Sémiologie. Pr Jounieaux.
On peut faire des embolies graisseuses, gazeuses, amniotiques (beaucoup de choses peuvent
s’enclaver dans l’artère pulmonaire) mais la plus fréquente est l’embolie fibrino-cruorique.
Définitions.
Embolie pulmonaire : migration dans le système artériel pulmonaire d’un embol fibrino-
cruorique qui se bloque lorsque le calibre du vaisseau n’en permet plus le passage.Le
caillot s’enclave et obstrue l’artère pulmonaire (embolisation) : cela crée une gène à
l’écoulement veineux vers les capillaires pulmonaires.
Douleur horaire, aigu/ brutale, souvent mal tolérée (s’accompagne souvent de malaises
vagaux). Elle peut nécessiter le recours aux morphiniques.
L’examen clinique est normal (même la radio). On note toutefois, régulièrement, une
tachycardie.
Transitoires
Permanants :
Majeurs :
Chirurgie récente ( < 3mois) : Majeurs :
notamment orthopédique et du Thrombophilie (sang
petit bassin car nécessite une hypercoaguleux) :
immobilisation. Déficit en antithrombine III.
Traumatisme. Déficit en protéine C ou S.
Hospitalisation. Mutation Leiden facteur V.
Mutation gène prothrombine 20210A.
Modérés : Facteur VIII > 150%.
Contraception oestoprogestative : Cancer avec chimiothérapie (cytokines
favorise la coagulation du sang. inflammatoires +++).
Trait hormonal substitutif.
Grossesse/ Post partum. Modérés :
Antécédents MTEV.
Faible : Insuffisance cardiaque congestive.
Voyage prolongé ( > 6 heures).
Position assise trop longue Faibles :
(ordinateur). Formation du caillot Varices. Anomalies des veines ou débit
et migration de ce caillot lorsqu’il cardiaque diminué : stagne, coagule.
se lève. Obésité
Quand on interroge le patient, s’il y a des mots de cette liste qui ont été dit, il faut penser à
l’embolie pulmonaire (par exemple : douleur thoracique après une chirurgie récente).
II. Physiopathologie.
A. Mécanismes :
Migration d’un caillot provenant d’une TVP dans la circulation veineuse de retour.
Traversée du cœur droit.
Passage dans la circulation artérielle pulmonaire.
Enclavement à des niveaux variables avec oblitération du lit artériel pulmonaire.
Le calibre des artères pulmonaires va en se rétrécissant jusqu’aux capillaires : au bout d’un moment
le caillot se bloque => embolisation.
B. Clinique de l’EP.
Signes fonctionnels :
Douleur brutale, intense, horaire de type pleurale (augmentation à l’inspiration
profonde et à la toux).
Dyspnée aigüe.
Signes physiques :
Pauvres ou absents malgré la richesse des signes fonctionnels, en dehors de la
tachycardie (constante), parfois isolée.
Signes de TVP (œdème, chaleur locale, douleur).
Manquent dans 50% des cas.
C. Evolution :
Lyse spontanée :
Par fibrinolyse physiologique. Les anticoagulants ne sont pas là pour dissoudre le caillot
mais pour éviter les récidives.
Entre 4 et 21 jours.
Si étendue :
Hypertension artérielle pulmonaire (HTAP).
Cœur pulmonaire chronique post-embolique (le caillot n’est pas dissout, le cœur droit
n’arrive pas à éjecter son sang, il se dilate : HTAP).
D. Conséquences :
A lieu quand le caillot est volumineux ou quand les artères pulmonaires sont obstruées de manière
massive et bilatérale.
Attention : mise en jeu du pronostic vital +++ !
Définition :
Apoplexie hémorragique du tissu pulmonaire évoluant vers la nécrose des parois
alvéolaires avec atrophie définitive et tissu cicatriciel.
Se traduit par une condensation alvéolaire ayant la forme d’un tronc de cône, à sommet
hilaire et à large base pleurale (image triangulaire dans les jours qui suivent).
1. Hypoxémie (PaO2) :
EP : effet espace mort (territoire ventilé et non perfusé).
Puis shunt droite-gauche secondaire aux conséquences ventilatoires (collapsus
alvéolaire par diminution du surfactant, baisse de la Pa02 responsable d’une
bronchoconstriction périphérique).
Baisse P02 sang veineux mêlé : hypoxie.
Au niveau cardiaque on a une dilatation du VD donc de l’OD. Cela entraine une
ouverture du foramen ovale avec shunt OD => OG (shunt droit gauche) en cas d’embolie
pulmonaire massive. Du sang veineux va passer directement de l’oreillette droite à
l’oreillette gauche =>hypoxémie.
Quand on a une embolie pulmonaire le caillot migre et s’enclave dans une artère
pulmonaire : le territoire au dessus est correctement ventilé mais il n’y a plus de perfusion.
Le sang veineux va être détourné pour être correctement oxygéné : on parle d’effet espace
mort. Le sang est détourné vers les territoires qui ventilent bien (territoires bien ventilés
mais pas perfusés).
Ensuite mode d’adaptation : bronchoconstriction. On a une diminution de la ventilation,
parfois cela peut sibiler. La ventilation diminue partout, le sang va être moins bien
oxygéné : du sang veineux va arriver au cœur gauche.
Au début on a du sang veineux, puis il est oxygéné, donc il n’y a pas d’hypoxie. Le problème
c’est que pour s’adapter le sujet va diminuer sa ventilation ce qui va déborder la zone
embolisée. Dans le territoire à côté de l’embolie pulmonaire on va diminuer la ventilation :
le sang va être moins oxygéné, on va avoir une hypoxie.
HTAP :
PAPm < 40 mmHg sur lit vasculaire antérieurement sain.
PAPm > 40 mmHg sur terrain cardio-pulmonaire pathologique préexistant.
Le ventricule gauche est écrasé par la PVD ce qui entraine une diminution du débit
cardiaque et donc une diminution de la pression artérielle. Le patient aura donc une douleur
+ une dyspnée + une turgescence des veines jugulaires externes + une hypertension
artérielle pulmonaire. La fonction cardiaque gauche ne marche plus, c’est mal toléré par le
patient : chute de la tension (PAS < 90mmHg), collapsus, malaise…
C’est par exemple le sujet qui a été opéré, se lève et meurt : mort subite ! Urgence +++.
C’est une urgence mais les anticoagulants ne servent à rien alors que faire ?
On injecte un fibrinolitique dans les veines pour dissoudre le caillot. Mais attention
beaucoup de contre-indications, cela peut faire sauter les sutures, rompre des
anévrysmes, perforer des ulcères…! S’il y a une contre-indication il faut alors opérer
d’urgence.
EP graves :
5% des cas.
PAPs > 90 mmHg.
Mortalité > 30%.
EP de gravité intermédiaire :
10 à 15% des cas.
Dilatation des cavités cardiaques droites.
Mortalité 5-30%.
Augmentation BNP et troponine.
EP non graves :
80 à 90 % des cas.
Mortalité : 5%.
Il faut faire le diagnostic le plus tôt possible (hospitalisation dès qu’on a des crachats
hémoptoïques).
Risque de récidive après l’arrêt du traitement est fonction des facteurs de risque (FdR) :
Faible si FdR identifié et transitoire (ex ; opération chirurgicale).
Elevé si FdR persistant(cancer) ou non identifié (maintien anticoagulation au long
cours).
Souvent il y a une cause à l’embolie pulmonaire qu’il faut traiter à long terme.