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Yvonne Lange
Résumé
Après douze ans d'apprentissage de l'anglais, beaucoup d'étudiants appréhendent de s'exprimer devant un groupe. Ce n'est
certainement pas un manque de connaissances, puisqu'ils ont réussi leurs examens, ni un manque de mémoire. Ce silence a
des causes psychologiques (peur du ridicule, absence de motivation) et méthodologiques. L'approche communicative exposée
ici par A. Péchou et Y. Lange révolutionne l'art d'enseigner les langues mais doit encore s'affiner pour venir à bout des forces du
silence.
Péchou Anne, Lange Yvonne. Le geste et la mimique en classe de langue : des résultats étonnants. In: Communication et
langages. N°75, 1er trimestre 1988. pp. 38-52.
doi : 10.3406/colan.1988.1021
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1988_num_75_1_1021
LE GESTE ET LA MIMIQUE
EN CLASSE DE LANGUE :
par
et Yvonne
Anne Péchou
Lange
ETUDE DESCRIPTIVE
- -- visage
yeux
froncer
nier
râler
regard
regarder
roulerbaissés
de renfermé
neutre
des
les
laailleurs
yeux
tête
sourcils 5,0
2,0
3,87
2,47
1,44
i1 ,&
1,5,B 6,1
g2
o',53
A-j! >0
3,8 28
65
q25
COMPORTEMENTS GESTUELS
mimer avec les mains 15,25 i l, o
désigner 5,0 ^,4.
écrire des petits papiers 5,47 5 9
donner les papiers 4,15 1,6
mains aux hanches \ f^ 0 9
toucher sa jupe 0,75 0,55
jouer avec son stylo 2,3 0,41
lisser ses feuilles 0,9 0 9
se gratter la tête 5,07 3 6
se balancer 0,72 1,0
se tenir la tête 0,77 ^,0
se pencher en avant 4,9 3 25
se pencher sur le côté 2,9 0 75
reculer sur sa chaise 0,55 1 33
s'avancer sur sa chaise 0,52 0,7
se lever 1,37 2,7
se déplacer 12,25 10,9
s'asseoir 0,85 5,68
s'agenouiller 0,15 0,4
se frotter les mains. 0,25 0 2
Comparaison
sur l'ensembledes
desindications
séances. non verbales pour les 2 groupes
Fréquence moyenne des apparitions d'unités comportementales pour 10 minutes.
Pédagogie
IMPORTANCE DU MIMO-GESTUEL
On s'interrogeait sur les raisons de la différence de succès
d'une pratique pédagogique dans deux groupes. Cette étude
nous montre le rapport entre les éléments non verbaux de la
communication pédagogique et le succès ou l'échec de l'e
nseignement. Rappelons le double statut de la mimo gestualité
qui, d'une part sert aux participants à communiquer entre eux et
d'autre part, permet à l'observatrice de mesurer les interactions
dans le groupe.
Le tableau ci-dessus regroupe les résultats et permet la compar
aison entre les deux groupes. La majorité des unités comporte
mentales, en particulier les items à haute fréquence d'appari
tion : mimer avec les mains, se déplacer, regarder le groupe, se
retrouvent dans les deux groupes. Toutefois, certaines di
fférences sont observables.
Les histogrammes offrent une représentation graphique de la
fréquence d'occurrence de certaines mimiques indicatrices de
^ renforcement positif et négatif. On voit que certains comporte-
^ ments gestuels (se gratter la tête, jouer avec son stylo) et
$ mimiques négatives ont des fréquences d'apparition supé-
| heures dans le groupe A qui est mal vécu. Au contraire, dans le
§ groupe B qui est bien vécu, l'enseignante a préférentiellement
^ des mimiques indicatrices de renforcement positif (rire, hocher
c la tête, sourire en grand). Ces différences observées traduisent
| bien en termes quantitatifs, donc comparables, la perception
•^ inégale avouée par l'enseignante. On peut penser que ces
| signes non verbaux négatifs sont perçus par les apprenants et
£ répercutés sur l'enseignante dans un mouvement de va-et-vient
o qui souligne leur interdépendance.
Geste et mimique en classe de langue 43
Les histogrammes
Groupe A Groupe représentent les
fréquences d'occurrences
des items pour chaque
séance avec deux
5- Sourit groupes dissemblables.
En abscisse figurent les
5- numéros de séance, de 1
à 4 pour le groupe A et
de 1 à 6 pour le groupe
n Q n Q B.
En ordonnée est
représentée la fréquence
d'occurrence des items
pour chaque groupe.
10- Rit
—
5 5-
n In n
Mimiques indicatrices de renforcement positif
5- Râle
5-
Visage renfermé
12 3 4 12 3 4 5 6
Mimiques indicatrices de renforcement négatif
Pédagogie
FAIBLE IMPORTANCE
DES SOLLICITATIONS DU PROFESSEUR
L'insistance de l'enseignante est sans rapport avec le succès
d'un cours. Avec le volume d'incitation le plus élevé (735), la
séance 4 du groupe A est Un échec, tandis qu'un faible taux
d'incitation (258) est compatible avec un cours réussi (groupe B,
séance 6). Autant dire que l'atmosphère de la classe est capitale
pour favoriser les interactions. Il ne suffit pas de demander aux
apprenants de parler pour qu'ils s'expriment. On pourrait même
dire que la réussite de la méthode communicative va de pair
avec la discrétion de l'enseignant.
IMPORTANCE DE L'HUMEUR
DE L'ENSEIGNANT
Humeur et comportement sont liés et en corrélation avec la
^ réussite. De façon générale, lors de séances où l'humeur et la
^ réussite sont bonnes, il y a davantage d'items indicateurs
£ affectifs positifs et très positifs. C'est le cas avec le groupe B
S1
!* pour la séance
(réussite + , humeur
5 (réussite
+). Au+ contraire,
+ , humeurquand
+ + ) et
l'humeur
la séance
et la6
^ réussite sont très mauvais (séance 4, groupe B, remise en
c question de l'attitude du groupe), les mimiques et attitudes
B indicatrices de renforcement négatif ont des fréquences d'appa-
■0 rition plus élevées.
o
^> 2. Watzlawick P., Le langage du changement, Paris, Seuil, 1980.
Groupe ^"^ Groupe E3
Séance 1 2 l 3 4 5 6
Sujets
chauds
Sujets + * > +
irai ds
Chaud/Froid + *■
Réussi te - 0 0 Ù - — ♦■ +
Huaeur + 0 + ù ♦ - 0 — ♦ •*• ♦+
■
Vol une 284 174 576 735 64 282 262 486 630
d 'inci tations
Zone proche
gauche
Groupe A
(ïrtiupH B
Geste et mimique en classe de langue 47
ÉTUDE EXPÉRIMENTALE
•g Paris V, 1982.
s 7. Webb N., « Student interaction and learning in small groups », Review of educational
| Research, 1982, 52 421-445.
§ Webb N., « Verbal interaction and learning in peer-directed groups », TIP, 1985, 24
:
G 32-39.
:
Geste et mimique en classe de langue 49
DÉROULEMENT DE L'OBSERVATION
Méthode pédagogique
Pendant la première partie du cours les apprenants sont répartis
en deux demi-groupes, 1 et 2, dans deux salles contiguës.
Chacun écoute l'enregistrement d'un voyage en canoë, l'un
décrit par un homme épris d'aventure, et l'autre par sa jeune
femme qui est moins enthousiaste. On recommande aux étu
diants de s'entraider.
Pour la seconde phase de la leçon, quatre petits groupes mixtes
sont formés en mélangeant des étudiants des demi-groupes 1
et 2.
La consigne est de mettre en commun les informations recueill
ies lors de la première phase et de discuter sur les points de
ressemblance et de différence entre les deux récits. Dans les
deux cas l'enseignante intervient le moins possible, fournissant
uniquement des indications lexicales à la demande des étu
diants.
Les apprenants
Leur niveau a été établi en fonction de plusieurs éléments :
— participation aux conversations du groupe ;
— exactitude de la production orale sur le plan syntaxique,
lexical et phonétique ;
— rapidité du débit ;
— résultats à deux épreuves du TOEFL, (Test of English as a
Foreign Language) qui fournissent une évaluation objective pour
la compréhension et la correction grammaticale.
Les étudiants ont ainsi été répartis en trois niveaux indiqués à
l'aide d'étoiles :
— très bon *** parlent correctement et avec aisance : Sabine
(S), Vincent (V), Anne-Marie (AM), Marie-Jean (MJ), Christian
(C)
— moyen
; ** Berrada (B), Denis (D), Fabrice (F), Sandrine (S),
Viviane (Vn) ;
— faible * parlent péniblement et uniquement s'ils sont sollici
tés par l'enseignante : Line (L), Marie (M), Philippe (P), Régine
(R).
Méthode éthologique
L'étude a été effectuée par deux observatrices. Lors de la
première phase du cours (30 minutes), on a relevé le volume
d'interactions entre les étudiants pour chaque demi-groupe. Un
tableau d'enregistrement à deux entrées a permis de relever le
Pédagogie
qu'elle
informations
peuvent
le cas présent
permet
être renforcées
empiriques,
onde
a vu
quantifier
comment
parendesterme
les
données
l'impression
comportements.
de plus
succès
deobjectives.
malaisé
ou Ainsi,
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éprou
Dans
les
I
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