Вы находитесь на странице: 1из 14

2017/2018

Master Droit des Affaires


Semestre 1

Le cautionnement à l’épreuve
des difficultés de l’entreprise.

Réalisé par : -Fadel Idriss


-Tazi Othmane
Plan :
Introduction

I- La modification des droits et obligations de la caution par le


jugement d’ouverture:
A- Le prononcé du jugement : Une altération du caractère accessoire.

B- Les quelques dispositions atténuant l’atteinte au caractère accessoire.

II- La caution selon le plan adopté par le tribunal :


A- L’incidence du choix d’un plan de continuation sur le cautionnement.

B- L’incidence d’une procédure de liquidation sur le cautionnement :


Introduction :
Laurant AYNES a dit : « sans sûreté, pas de crédit et sans crédit, pas d’économie moderne ».

Cet adage résume parfaitement et de manière circonscrite, l’importance des sûretés dans
l’économie telle qu’on la connait. En effet, le monde consumériste actuel, basé sur la loi du
marché donne une importance accrue aux crédits qui n’est plus une option mais une nécessité.

Le risque de crédit ou d’insolvabilité du débiteur pèse sur le créancier dès lors qu’il consent
un crédit au débiteur, d’où la nécessité pour ce dernier de conditionner l’octroi du crédit au
débiteur par la souscription d’une sûreté.

Les sûretés constituent des moyens permettant à un créancier d’être garanti contre le risque
d’inexécution par le débiteur de son obligation1. Quoi de mieux qu’une sûreté personnelle, ou
quoi de mieux qu’un cautionnement qui constitue la sûreté personnelle par excellence.

Preuve en est, le cautionnement est la seule sureté personnelle mentionnée par le code de
commerce et le DOC marocain, qui la définit comme suit dans son article 1117: « Le
cautionnement est un contrat par lequel une personne s'oblige envers le créancier à satisfaire à
l'obligation du débiteur, si celui-ci n'y satisfait pas lui-même. ».

Le contrat de cautionnement se caractérise de par son caractère accessoire qui constitue son
essence même, comme il a été exposé par nos camarades dans un premier temps.

De ce caractère accessoire découle le principe inhérent au cautionnement, à savoir,


l’opposabilité des exceptions, dont peut se prévaloir la caution. Ce principe permet à la
caution de se prévaloir de toutes les exceptions dont pourrait se prévaloir le débiteur.

Or, ce caractère accessoire et le principe d’opposabilité des exceptions corolaire du premier,


peuvent se trouver altérer. C’est le cas lorsque le débiteur principal se trouve soumis aux
procédures collectives suite à une cessation de paiement.

Les procédures de traitement des difficultés de l’entreprise font l’objet d’une réglementation
dans le cadre du livre 5 de la loi 15-95 portant code de commerce.

Dans le cadre de ces procédures, la situation de la caution, régie par les articles 662 à 665 du
code commerce, se trouve modifiée.

Après ces considérations certaines questions se posent, à commencer par celle de savoir dans
quelles mesures les procédures collectives, depuis le jugement d’ouverture jusqu’à la
consécration du plan de redressement, portent-elles atteinte ou non à la situation de la
caution ?

1
Professeur Meryem BENNIS professeur à la faculté de Casablanca, revue droit et stratégie des affaires au Maroc
numéro 4, Juillet/Aout 2017 page 52.
Dans ce qui suit, nous allons mettre en exergue dans une première partie, les effets du
jugement d’ouverture sur la caution, pour traiter dans une seconde partie, des effets du
redressement sur la caution ainsi que de ses voies de recours.
I- Le jugement d’ouverture ou la modification des droits et
obligations de la caution :
Le prononcé du jugement de l’ouverture des procédures de traitement des difficultés de
l’entreprise produit un certain nombre de conséquences. Ces dernières sont tantôt protectrice
du caractère accessoire du cautionnement (B), tantôt elles font prévaloir l’efficacité de la
garantie au détriment de ce caractère (A).

A- Prononcé du jugement : Une altération du caractère accessoire.


Le prononcé du jugement d’ouverture des procédures de traitement des difficultés de
l’entreprise produit un certain nombre d’effets sur les créanciers. En effet, selon le Code de
commerce marocain, le jugement d’ouverture entraine des effets divers sur les droits des
créanciers de l’entreprise débitrice, qu’il est possible de classer en cinq catégories à savoir : 1-
L’arrêt des poursuites individuelles ; 2)- L’interdiction de payer les dettes antérieures au
jugement ; 3)- l’arrêt du cours des intérêts ; 4)- l’interdiction d’inscriptions et enfin 5)- La
priorité des créances nées après le jugement de redressement.2
Si le prononcé du jugement parait intervenir en faveur du débiteur en cessation de paiement et
parait léser les créanciers, ce n’est pas le cas puisque ces effets ne sont prévus que dans le but
de garder tous les créanciers sur le même pied d’égalité et leur garantir les mêmes chances de
remboursement. Or quand est-il du cautionnement et de la caution à laquelle le législateur a
prévu des dispositions spéciales qui dans un temps interviennent en faveur de celle-ci et dans
un autre portent atteinte au principe de l’opposabilité des exceptions que lui confère
normalement le DOC.

En effet, selon les dispositions des articles 662 et suivant du code de commerce, la caution ou
les cautions, qu’ils soient solidaires ou non, ne pourront pas se prévaloir ni des dispositions du
plan de continuation (qui sera traité dans la seconde partie), ni de l’arrêt des cours des intérêts
légaux et conventionnels3 : Cette disposition est considérée comme personnelle au débiteur
(Art.659 du code de commerce). Vient s’ajouter à cela l’opposabilité de la déchéance du
terme4. Ceci porte atteinte au principe de l’opposabilité des exceptions dont devrait en temps
normal jouir la caution.
En ce qui concerne la suspension et l’interdiction des actions en justice pour le paiement
d’une somme d’argent (Art.653), la caution ne pourra s’en prévaloir, au même titre que
l’entreprise débitrice, que pour la période dite transitoire qui s’étale de la date du jugement
d’ouverture à la date du jugement arrêtant la solution choisi par le tribunal. Au-delà de cette
date, la caution ne pourra plus se prévaloir du bénéfice du régime applicable au débiteur
principal5.

2
Abdeljalil ELHAMOUMI, Droit des difficultés de l’entreprise, Dar ESSALAM, 3 ème édition, 2008, p. 91

3
Cour de Cassation, 863, dossier n°120/3/3/2011.

4
Cours Suprême, arrêt n°1545, le 18/12/2002, dossier n°640/3/1/2002.

5
Droit des difficultés de l’entreprise, op.cit.
Aussi, concernant l’interdiction de payer les dettes antérieures au jugement, une situation
particulière et intéressante se pose dans le cadre du contrat de cautionnement. Effectivement,
la Cour de Cassation française avait décidé dans un arrêt du 16 juin 2004 que la créance de la
caution, qui avait désintéressé le créancier par le règlement de la dette et qui agit contre son
cofidéjusseur, prend naissance à la date de l’engagement de la caution et non pas à la date du
paiement.6

En France, la caution, qui s'est obligée à se substituer au débiteur défaillant, ne pouvait pas se
prévaloir de la suspension ou de l'arrêt des poursuites individuelles contre ce dernier. Telle
était la position de la jurisprudence, sous l'empire de la loi du 13 juillet 1967 est celle du
25 janvier 1985.

Une loi du 10 juin 1994 a toutefois ajouté à l'article 55 de celle du 25 janvier 1985 un alinéa
second disposant que : “Le jugement d'ouverture du redressement judiciaire suspend jusqu'au
jugement arrêtant le plan de redressement ou prononçant la liquidation toute action contre les
cautions personnelles personnes physiques”. Les poursuites pouvaient être reprises ou
engagées, après ledit jugement, sans qu'il soit nécessaire de le notifier à la caution et
nonobstant l'existence d'un pourvoi contre l'arrêt arrêtant le plan7

Inscrite dans le Code de commerce, à l'article L. 621-48, alinéa 2, d'abord, à l'article 622-28,
alinéa 2, ensuite, la formule précitée a été par deux fois modifiée dans le sens de l'extension,
d'abord par la loi de sauvegarde du 26 juillet 2005, aux “personnes physiques cautions,
coobligées ou ayant donné une garantie autonome”, enfin par l'ordonnance n° 2008-1345 du
18 décembre 2008, aux “personnes physiques coobligées ou ayant consenti une sûreté
personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien en garantie

Cette disposition dérogatoire et discriminatoire entre les garants personnes physiques et


morales, est fondée sur des motifs de politique juridique : le législateur a voulu lever les
hésitations des dirigeants de société à déposer en temps utile le bilan de leur entreprise, par
crainte des poursuites contre eux-mêmes et/ou leurs proches en leur qualité de garants. C'est
ce qui explique que cette faveur soit réservée aux seules personnes physiques8.

6
Cass. Com. 16 juin 2004, Cass. Com. 30 juin 2004, www.coursdecassation.fr

7
Cass. com., 27 févr. 2007, n° 05-20.522 : JurisData n° 2007-037796 ; JCP G 2007, IV, 1722 ; Bull. civ. 2007, IV, n° 68 ;
D. 2007, p. 947, obs. Lienhard ; RD bancaire et fin. 2007, comm. 105, obs. Legeais).

8
Philippe Simler, Cautionnement : rapport entre créancier et caution, Jurisclasseur, fasc 41, 2 Juin 2015
B- Les quelques cas atténuant l’atteinte au caractère accessoire.
Si le caractère accessoire du cautionnement se trouve bafouiller lors du jugement
d’ouverture, il existe toutefois certaines dispositions qui sont favorables à la caution.
Il en est ainsi, tout d’abord, du cas où le créancier auquel a été consenti le cautionnement,
omet de déclarer sa créance au syndic dans les délais légaux (2mois suivant la publication du
jugement d’ouverture) : Dans ce cas, le créancier se trouvera dans une situation de forclusion,
c'est-à-dire qu’il ne sera plus admis dans les répartitions et dividendes sauf dans le cas de la
levée de forclusion dès lors qu’il prouve que la défaillance n’est pas due à son fait.

En droit français, avant l’avènement de la loi du 26 juillet 2005 instaurant la procédure de


sauvegarde, et sous le régime de la loi de 1985 réglementant les procédures collectives, cette
dernière, et au même titre que le droit marocain, sanctionnait le défaut de déclaration dans les
délais de la créance par son titulaire, entrainait l’extinction de celle-ci et la forclusion du
créancier. En effet l’application de cette solution, jadis prévue par l’article 53 de la loi de
1985 relative au redressement judiciaire, a été expliquée par la Chambre de commerce de la
Cour de Cassation par le fait que cette extinction de dette était une exception inhérente à la
dette dont la caution peut se prévaloir. Donc, cette solution était parfaitement justifiée au
regard du caractère accessoire renforcé du cautionnement. D’une autre part, cette solution
pouvait aussi être justifiée par l’idée qu’une caution ne devrait pas avoir à subir la négligence
du créancier.

Néanmoins, l’extinction par voie accessoire du cautionnement à la suite du défaut de


déclaration de la créance contredisait la fonction de garantie du cautionnement, puisque les
créanciers se trouvaient privés de leur garantie au moment où, par définition, ils en avaient le
plus besoin et ce, d’autant plus que la jurisprudence conférait à cette extinction une très large
portée.9
En effet, la caution se trouve dégager alors même que le défaut de déclaration de créance de la
part du créancier ne lui cause aucun préjudice. Bien mieux encore, ce dégagement lui est
profitable alors même qu’elle ait été condamnée par une décision définitive, dès lors que
l’extinction de la créance préexistait à cette condamnation et qu’elle n’avait pas encore
payé le créancier à la date du jugement d’ouverture.

Toutefois, après l’arrivée de la loi de 2005, les incidences du défaut de déclarations sont
devenues moins sévères à l’égard des créanciers ayant omis de déclarer leurs créances. En
effet, en vertu de l’article L622-26 apporté par cette loi, les créanciers non déclarés ne sont
pas admis à participer aux répartitions ou au versement des dividendes du plan de sauvegarde
ou de redressement. Cette nouvelle sanction implique, certes, que le créancier ne puisse
recevoir paiement tant que l’ensemble des sujétions de la procédure collective n’ont pas
disparu, mais elle ne fait pas disparaître, en revanche, la créance elle-même.10 Il était permis

9 Jobard-Bachellier, Marie-Noëlle,Brémond, Vincent,Bourassin, Manuella Droit des sûretés, 4ème édition, Dalloz, 2014, p.282
,

10 Droit des sûretés, op.cit. p.284


d’en déduire que la loi de 2005 avait implicitement supprimé une cause d’extinction du
cautionnement par voie accessoire et avait conforté, par là même, l’efficacité de cette
sûreté.

D’un autre part, la caution peut aussi se délier de ses engagements en invoquant l’article
2037 du code civil. Ce dernier dispose que La caution est déchargée, lorsque la
subrogation aux droits, hypothèques et privilèges du créancier, ne peut plus, par le fait
de ce créancier, s'opérer en faveur de la caution. Toute clause contraire est réputée non
écrite. Ainsi à la lecture de cet article, son application nécessite trois conditions à
savoir :
+Un droit susceptible de profiter à la caution par voie de subrogation doit avoir été
perdu. Il doit s'agir d'un droit qui ajoute un avantage à la situation de la caution.
+La perte du droit est imputable au créancier. En effet, l'article 2037 ne peut être
invoqué par la caution que si le créancier a commis une faute. Mais cette faute peut être
le fait d'une simple négligence ou d'une omission.
+La faute du créancier doit avoir causé un préjudice à la caution. La jurisprudence
exige, pour que la caution puisse invoquer l'article 2037, que la faute du créancier lui ait
causé un préjudice.
Lorsque ces trois conditions sont réunies, la caution est alors libérée. Les dispositions
de l'article 2037 du Code civil sont d'ordre public et toute clause contraire est réputée
non écrite.
La question se pose de savoir comment les dispositions de cet article peuvent être
applicable lors d’une procédure collective.
Si les trois conditions prévues par l’article 2037 sont réunies, la caution pourra se
prévaloir des dispositions de l'article 2037 et pourra donc se trouver libérée. En effet,
lors de la procédure collective, la caution peut invoquer l’article 2037 lors d’une
déclaration de créance qui est incomplète. En effet, la caution pourra se libérer sur le
fondement de l'article 2037 si par exemple, le créancier déclare sa créance sans indiquer
son caractère privilégié. En la déclaration doit indiquer la nature du privilège ou de la
sûreté dont la créance est éventuellement assortie. A défaut, la créance sera admise à
titre simplement chirographaire, faute pour le créancier d'avoir corrigé dans le délai sa
déclaration. Dans cette hypothèse, la caution pourra se trouver libérée si, bien entendu,
la perte du caractère privilégié de la créance lui cause un préjudice. En revanche, si
l'actif du débiteur est totalement absorbé par les créanciers privilégiés, aucun préjudice
ne peut alors être constaté. En conséquence, dans cette hypothèse, la caution ne pourrait
se prévaloir de l'article 2037 du Code civil- Ainsi, dans une affaire qui a été soumise à la
chambre commerciale de la Cour de cassation le 16 avril 1991, une caution a pu se
prévaloir de l'article 2037 en raison de la négligence du créancier. Dans cette affaire, le
créancier était titulaire d'une inscription de nantissement sur le fonds de commerce
appartenant au débiteur. Mais, dans le cadre du plan de continuation adopté par le
tribunal, le créancier figurait à titre chirographaire et, en outre, subissait une réduction
de sa créance alors qu'il n'avait consenti aucune remise. Ce plan de continuation violait
donc les dispositions de l'article 74 de la loi du 25 janvier 1985 qui interdit toute
remise judiciaire. Se posait alors la question de savoir si la caution pouvait invoquer
l'article 2037 du Code civil pour se libérer. A priori, une réponse négative semblait
s'imposer car le créancier n'est pas habilité à faire appel du jugement qui homologu e le
plan de continuation ni à former une tierce opposition. En réalité, la caution a pu être
déchargée sur le fondement de l'article 2037 car le créancier aurait pu demander au
représentant des créanciers d'agir contre la décision du tribunal. En s'absten ant d'une
telle demande, le créancier a été considéré comme ayant laissé la caution contre laquelle
il s'est retourné perdre une chance de recouvrer la créance acquise par voie de
subrogation.

Enfin, il est opportun de souligner qu’en droit français, à la différence du droit


marocain, prévoit l’inopposabilité de la déchéance du terme envers la caution. En effet,
en vertu de l’article 56 de la loi de 1985, le jugement d’ouverture ne rend pas exigible
les dettes non encore échues à la date son prononcé. La Cour de Cassation a décidé
d’étendre cette disposition à la caution en vertu du caractère accessoire du
cautionnement. Aussi, c’est sur la base de l’article 56 que la Cour de Cassation a déclaré
non écrite une clause de déchéance du terme envers la caution alors que la dette garantie
n'est pas encore exigible lors du jugement d'ouverture.

II- La caution selon le plan adopté par le tribunal :


Lorsque le juge prononce un redressement judiciaire, il peut soit choisir un plan de
continuation soit un plan de cession, chacune ayant une incidence particulière sur la caution
(A) soit une liquidation. (B)

A- L’incidence du choix d’un plan de continuation sur le


cautionnement.
Lorsque le tribunal considère que l’entreprise peut être sauvée, le juge demande au syndic de
proposer un plan de continuation (lorsque le juge estime que le débiteur est compétent) ou de
cession (lorsqu’il estime le débiteur incompétent), qu’il exposera dans son rapport.

Concernant le plan de continuation, l’article 662 du code de commerce dispose : « : Les


cautions, solidaires ou non, ne peuvent pas se prévaloir : - des dispositions du plan de
continuation ; - de l’arrêt du cours des intérêts prévus à l’article 659. La déchéance du terme
leur est opposable. » Conformément à la législation française en la matière, aucune
distinction n’est faite entre les cautions solidaires et les cautions simples. La caution ne peut
profiter des remises de dette prévues au profit du débiteur dans le cadre du plan de
continuation, ni des délais prévus par ce dernier, tandis que la législation française permet aux
cautions simples de s’en prévaloir, ces dernières étant imposées et non consenties librement.
Ceci a été expliqué par la jurisprudence française notamment dans un arrêt de 17 novembre
1992 de la chambre commerciale de la cour de cassation qui a énoncé : « malgré leur
caractère volontaire, ces réductions de créances participent de la nature judiciaire des
dispositions du plan arrêté pour permettre la continuation de l'entreprise », ce qui permet de
déduire que ces réductions ne peuvent pas être assimilés à des remises conventionnelles,
empêchant donc les cautions de s’en prévaloir, et par extension toutes les cautions au Maroc.

Il ne faut pas oublier le fait que les conditions du plan de continuation peuvent porter atteinte
aux créanciers, en effet, le syndic lors de sa préparation du plan de continuation, transmet aux
créanciers des propositions de règlement comportant remises et délais, le créancier a alors le
choix entre accepter la proposition du syndic qui devient définitive lorsque le tribunal arrête le
plan de continuation, ou refuser la proposition, dans quel cas, il se retrouve soumis au délai de
paiement imposé par le tribunal, mais ne peut être forcé à consentir des remises.

En droit marocain comme en droit français, le plan de redressement peut subordonner


(d’office ou sur demande du syndic) l’adoption du plan de redressement à des modification
statutaire (capital, actionnaire, dirigeants), la caution ne peut se prévaloir de cette
modification pour échapper à son obligation de couverture et de règlement.

Lorsque les obligations couvertes portent sur des dettes indéterminées, la caution peut résilier
le cautionnement, mais restera tenue des dettes antérieures à l’exercice du droit de résiliation.

Dans le cadre du redressement judiciaire, le juge peut aussi adopter un plan de cession qui a
pour but d’assurer le maintien d’activités susceptibles d’exploitation autonome, de tout ou
partie des emplois qui y sont attachés et d’apurer le passif. Elle peut être totale ou partielle.11

La caution dans le cadre du plan de cession a été discuté par la doctrine, qui a soulevé la
problématique de l’effet de la cession des contrats sur l’engagement de la caution : « La
cession du contrat principal emporte-t-elle de droit transfert du bénéfice du cautionnement
garantissant son exécution ? »12. Autrement dit est ce que le refus de la caution est pris en
considération lors de l’application du plan de cession ?

Le professeur ABOULHOUSSEIN a soutenu que la cession des contrats doit emporter


systématiquement transfert du bénéfice de l’engagement pris par la caution au profit du
cessionnaire, et ce selon l’article 606 du code de commerce.

Deux moyens sont évoqués :

La novation qui ne peut permettre de préserver les chances de survie de l’entreprise débitrice.

Le principe de continuité des contrats, tel qu’institué par l’article 573 du code de commerce,
qui fait fi des considérations d’ordre personnelles ayant conduit à la conclusion d’un contrat,
et plus particulièrement du contrat de cautionnement. Ces considérations ne peuvent entraver
la continuité de l’entreprise.

Abdeljalil ELHAMOUMI doute du bien-fondé de cette réflexion, il soutient d’une part que
l’éviction de la novation dû au seul fait qu’elle puisse sembler incompatible à la continuité de
l’entreprise, manque de force juridique, et de base légale ou jurisprudentielle, et d’autre part
que l’article 573 du code de commerce lui semble inapproprié, vu que cet article concerne la
période de préparation de la solution, période où le syndic dispose de prérogatives dont il use
pour préserver le climat juridique et économique de l’entreprise, ce principe de continuité, ne
peut pour lui être appliqué lors de cession de l’entreprise.

Il aborde ainsi cette problématique comme suit :

Lorsque l’entreprise est un commerçant personne physique, la cession des contrats se fait via
novation qui doit être acceptée par la caution

11
Abdeljalil ELHAMOUMI, Droit des difficultés de l’entreprise, librairie dar salam, 3 ème édition 2008, page 151.

12
France GUIRAMAND et Alain HERAUD, Droit des sociétés manuel et application d’unode 8 ème édition 2001 page 529
Lorsque le plan de cession concerne une personne morale, donc changement des actionnaires
ou associés, le débiteur reste le même (la personne morale), le contrat de cautionnement est
donc maintenu de plein droit.

Le tribunal de commerce de Casablanca a rendu une décision dans ce sens, lorsqu’en arrêtant
le plan de cession d’une société, il a été décidé de la subrogation de la caution par le
cessionnaire pour un cautionnement donné à une banque en garantie d’une ouverture de
crédit.

La caution qui a payé, dispose de deux actions permettant de recouvrer les sommes qu’elle a
déboursée, à savoir, le recours subrogatoire traité par l’article 1147 du DOC et le recours
personnel traité par l’article 1143 du DOC.

L’article 1143 dispose : « la caution qui a valablement éteint l'obligation principale a son
recours, pour tout ce qu'elle a payé, contre le débiteur, même si le cautionnement a été donné
à l'insu de ce dernier. Elle a recours également pour les frais et les dommages qui ont été la
conséquence légitime et nécessaire du cautionnement.

Tout acte de la caution, en dehors du payement proprement dit, qui éteint l'obligation
principale et libère le débiteur, vaut payement, et donne ouverture au recours de la caution
pour le principal de la dette et les frais. ».

Le recours subrogatoire, ne permettant pas à la caution de récupérer les sommes qu’elle a dû


débourser lorsque le débiteur cautionné est soumis à des procédures collectives, le recours
personnel s’impose comme seul et unique moyen de recouvrer les dites sommes.

Le paiement du créancier par la caution est le fait générateur du recours subrogatoire et du


recours personnel, alors qu’il entraine une cession de créance dans le premier cas, le recours
personnel donne naissance à une nouvelle créance, qui donne à l’action en remboursement
une force risquant de bousculer et perturber le bon déroulement et l’efficacité des procédures
collectives.

Il faut distinguer deux cas de figure :

La caution qui a réglé la dette du débiteur avant l’ouverture de la procédure de redressement

La caution qui a réglé la dette après l’ouverture de la procédure de redressement.

Lorsque la caution a réglé la dette avant l’ouverture des procédures collectives, elle doit
déclarer tout ce qu’elle a payé (l’intégralité de la dette ou une partie de celle-ci), faute de
déclaration, il y a forclusion de la créance qui cause l’extinction définitive du recours
personnel ainsi que du recours subrogatoire.

Lorsque la caution a réglé la dette au cours du plan de continuation, il n’y a plus d’arrêt des
poursuites individuelles, la caution qui a acquitté sa dette à ce moment doit être
immédiatement et intégralement désintéressé.

Ce qui constitue un risque pour l’équilibre financier des plans adoptés, (entrainant une fois
encore l’entreprise vers une procédure de liquidation), surtout que lors de l’adoption d’un plan
de continuation, les créanciers acceptent généralement de consentir à des remises, afin de
faciliter le sauvetage de l’entreprise, remises qui ont été jugées inopposables à la caution, et
par l’effet de son recours personnel, ces remises se transforment en dettes non soumises au
plan de continuation, et sont immédiatement exigibles.

L’intensité des effets de l’action personnelle de la caution est multipliée selon l’influence de
deux facteurs qui augmentent la dangerosité de cette dernière par rapport aux procédures
collectives :

Facteur légal

La liberté d’action laissée à la caution

Le recours personnel constitue donc une protection des droits de la caution, ainsi qu’un
danger pour le bon fonctionnement des procédures collectives.

B- L’incidence d’une procédure de liquidation sur le


cautionnement :
La liquidation judiciaire, est admise lorsque le syndic ne pense pas l’entreprise viable ou
lorsque la procédure de redressement se solde par un échec, une fois ouverte, la situation
de l’entreprise se trouve irrémédiablement compromise.

C’est lorsque le tribunal décide que l’entreprise n’a plus de chance sérieuse de survie qu’il
prononce la liquidation, où un juge commissaire s’occupe de la liquidation des biens du
débiteur avec l’aide du syndic.

Les créanciers titulaire d’une sureté, une caution en particulier, se saisissent de cette
dernière, qui ne pourra se prévaloir de l’ouverture de la liquidation pour échapper au
paiement, le principe d’opposabilité des exceptions inhérent au contrat de cautionnement
étant mis en échec par l’ouverture des procédures collectives.

Le droit français propose une solution logique en disposant dans l’article L.643-1 du code
de commerce que le jugement qui ouvre ou prononce la liquidation judiciaire rend
exigibles les créances non échues.

La jurisprudence française a aussi estimé que la solvabilité de la caution et du cautionné


est une règle essentielle pour la validité du cautionnement, il ne peut donc y avoir de
cautionnement lorsque le contrat est conclu après le prononcé de la liquidation.

L’article L641-11 du code de commerce français dispose : « Les coobligés et les


personnes ayant consenti une sûreté personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien en
garantie peuvent poursuivre le débiteur s'ils ont payé à la place de celui-ci. ».

La caution a donc un recours personnel lorsqu’il s’agit de réclamer le remboursement


d’une dette payée, en poursuivant le débiteur, activant son recours personnel.

La caution devra tout de même déclarer sa créance sous peine de ne pas pouvoir se faire
rembourser.
En effet la jurisprudence française tranche, et réduit à néant les parts de la caution au
niveau des dividendes remises aux créanciers ayant déclarés leurs dettes, si le créancier
qu’il a libéré ne s’était pas inscrit, seul lui restera le recours personnel, le recours
subrogatoire étant dénué de toute chance de remboursement dans ce cas ; le recours
personnel reste valable même si la caution a payé après le jugement de clôture de la
liquidation judiciaire pour insuffisance d’actifs.

Idem pour le recours subrogatoire, si la caution a déclaré sa créance, ou si le créancier


l’avait fait, ce recours sera plus avantageux pour la caution si le créancier était titulaire de
suretés.
Bibliographie :
Dominique LEGEAIS, Sûretés et garanties du crédit, 5ième édition, L.G.D.J, 2006

Jobard-Bachellier, Marie-Noëlle,Brémond, Vincent,Bourassin, Manuella, Droit des sûretés,


4ème édition, Dalloz, 2014

Abdeljalil ELHAMOUMI, Droit des entreprises en difficulté, 3ème édition, Librairie Dar
ASSALAM, 2008

Pascal RUBELLIN, Petites affiches - 21/06/1995 - n° 74 - page 16

Jean-Loup COURTIER, Petites affiches - 24/05/1996 - n° 63 - page 13

Cautionnement et procédures collectives Etude par Jean-Luc PUYGAUTHIER Consultant au


CRIDON Bordeaux-Toulouse La Semaine Juridique Notariale et Immobilière n° 37, 15
Septembre 1995, p. 1259

Philippe Simler, Cautionnement : rapport entre créancier et caution, Jurisclasseur, fasc 41, 2
Juin 2015

https://www.lexis360.fr/Document/cautionnement_et_procedures_collectives_etude_par_jean
_luc_puygauthier/p4i_u3cs_fjp838aPGb0H3IGHgnFIXtXV43IdhJYaRU1?data=c0luZGV4P
TEmckNvdW50PTM1MiY=&rndNum=1315494027&tsid=search6_#note_10

https://www-lextenso-fr.ezproxy.univ-paris13.fr/lextenso/ud/urn%3APA1995062116

http://www.cours-de-droit.net/les-causes-d-extinction-du-cautionnement-a121609122

http://www.dalloz.fr/documentation/Document?id=RECUEIL/COMALD/1994/0017&ctxt=0
_YSR0MT1jYXV0aW9uIGRpZmZpY3VsdMOpIGRlIGwnZW50cmVwcmlzZcKneCRzZj1z
aW1wbGUtc2VhcmNo&ctxtl=0_cyRwYWdlTnVtPTHCp3MkdHJpZGF0ZT1GYWxzZcKnc
yRzb3J0PcKncyRzbE5iUGFnPTIwwqdzJGlzYWJvPVRydWXCp3MkcGFnaW5nPVRydW
XCp3Mkb25nbGV0PcKncyRmcmVlc2NvcGU9RmFsc2XCp3Mkd29JUz1GYWxzZcKncyRi
cT0=&nrf=0_UmVjaGVyY2hlfExpc3Rl

Вам также может понравиться