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DÉPASSEMENTS DE LA MÉTAPHYSIQUE

Il y a quelque chose d’étrange dans la fortune de la phénoméno-


logie au XXe siècle. Son succès considérable, certainement, est au
départ indissociable d’une lutte antimétaphysique. Mais, en bout de
course, il se peut qu’elle se soit révélée l’ultime recours de cette
même métaphysique qu’elle avait dénoncée. Et, dans un curieuX
échange de propriétés, tantôt elle a pu endosser la figure de la méta-
physique condamnée, tantôt celle de la métaphysique recherchée
auX yeuX de celle que l’on apprend maintenant à voir comme sa
sœur jumelle, la philosophie analytique. Il y a, dans cet entrelacs
de significations et de valeurs contradictoires, certainement une
énigme.

Phénoménologie et positivisme

Antimétaphysique, la phénoménologie l’a été au départ, en


un certain sens : celui d’une eXigence purement et simplement
positiviste.
Rappelons la fameuse boutade de Husserl au début des Ideen :
« Si par “positivisme” on entend l’effort, absolument libre de préjugé,
pour fonder toutes les sciences sur ce qui est “positif”, c’est-à-dire suscep-
tible ’être saisi de façon originaire, c’est nous qui sommes les véritables
positivistes. »1

Il faut retenir ici la distance prise par rapport au positivisme et


la correction qui y est faite. Mais il faut aussi prendre au sérieuX la

l. Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie, trad. fr. Paul Ricoeur,
Paris, Gallimard, 1950, â 20, p. 69.

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revendication de positivisme. Historiquement, la phénoménologie a


pris naissance dans le contexte brentanien de la recherche d’une
psychologie scientifique, dont les références étaient constituées par
l’empirisme britannique classique (Locke, Hume) et le positivisme
contemporain, français (Comte, auquel Brentano a consacré son
premier essai philosophique) et britannique (Mill, auquel Brentano
vouait une grande admiration, avec qui il a correspondu et pris un
rendez-vous que seule la mort de Mill fit échouer).
Avec ce positivisme brentanien au moins la première phénomé-
nologie entretient plus d’un rapport, elle qui s’est d’abord définie
comme « psychologie descriptive ». Elle aussi a son champ de phé-
nomènes observables et se détermine essentiellement par la simple,
la pure et simple prise en charge de celui-ci. « Retour au donné »,
tel est le mot d’ordre, et c’est un mot d’ordre essentiellement positi-
viste. Le premier Husserl, comme Brentano, est aussi et d’abord un
grand lecteur des empiristes britanniques (Locke, Hume et Berke-
ley), ce qu’on tend souvent à oublier aujourd’hui, et de Mill. Plus
fondamentalement encore, le thème séminal de la phénoménologie,
héritage direct de la « psychologie descriptive » brentanienne en
tant qu’opposée à la « psychologie génétique » — à savoir, la mise à
l’écart de la causalité afin de dégager le champ de phénoménalité
que l’on veut décrire, faite pur objet de description —, est un thème
proprement positiviste. La phénoménologie en retirera une diffi-
culté à appréhender la causalité dont on peut dire que, si nous ne
suivrons pas certains à penser qu’elle fait sa force (contre la sup-
posée objectivation causale des sciences de la nature), elle soulève
tout au moins une question intéressante.
Au-delà du refus ou tout au moins de la mise en suspens
méthodologique de la causalité, il faut ici poser la question de la
fameuse absence de présupposition ou de préjugé (Voraussetzungs-
losigkeit) de la phénoménologie, comme si le donné pouvait se déli-
vrer indépendamment de toute interprétation. Il y a là certaine-
ment l’idée séminale de la phénoménologie, qu’en ce sens-là on
opposera à l’ « herméneutique », avec laquelle on s’est habitué à la
confondre. Or, dans le fond, cette idée est positiviste. Tout au
moins contribue-t-elle à la Stimmung positiviste qui est celle de la
première phénoménologie et, sans doute, de toute phénoménologie
au sens strict.
Évidemment, en même temps cette idée est source de tous les
conflits sur la détermination de ce qu’est la phénoménologie. Car
qu’est-ce que le « donné » Ÿ Que sont les « phénomènes euX-
mêmes » auxquels il faudrait revenir? Et qu’est-ce qui nous les
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garantit comme « eux-mêmes » Ÿ Sur ces points, certainement, phé-


noménologie et positivisme divorcent.
L’un comme l’autre partagent une certaine forme d’exigence
antimétaphysique : refuser les constructions qui nous éloignent de
l’expérience et ne sont pas fondées dans une rigoureuse prise en
compte des phénomènes. Décrire, rien que décrire, tel pourrait être
leur mot d’ordre commun. Mais les avis divergent sur ce qui revient
dans les filets de la description, et c’est ce dont la formule de Hus-
serl porte témoignage.
La thèse de Husserl est que le positivisme, là où il croit simple-
ment décrire, interprète, mais sur un mode privatif et éliminatif qui
l’empêche de voir. Dans la Ile Recherche logique, Husserl a un mot
pour cela : Wegdeutung, interprétation éliminatrice. Au lieu de libé-
rer le champ de la phénoménalité, on le restreint, et il y a là, à pro-
prement parler, une forme d’interprétation.
Ainsi, dans le champ phénoménal husserlien, il n’y aura pas sim-
plement les positivités simples du positiviste (qu’il s’agisse des
choses du monde, arbres, maisons ou hommes, ou de contenus men-
taux empiriques, représentations ou actes), mais des positivités fon-
dées, d’ordre supérieur : des abstracta, dont la Recherche H défend
l’existence, contre l’empirisme britannique et contre Mill, mais
aussi ces entités sémantiques (sens et propositions) dont le maître,
Brentano, avait toujours refusé qu’elles puissent constituer une
forme d’être. Il y a deux sortes de nominalisme : celui, proprement
ontologique, qui se fixe sur la question de la généralité et des pré-
tendus objets généraux (classes et concepts), pour les refuser ; celui,
plus proprement sémantique, qui, tout en admettant le principe
d’objets généraux, éventuellement sous certaines restrictions (par
exemple comme ce à quoi peut nous engager une certaine théorie),
refuse plus particulièrement l’usage descriptif de la notion de
« sens » comme renvoyant à des entités d’un certain type. Brentano
et Quine par exemple sont des nominalistes seulement du second
type. Husserl, quant à lui, rejette une forme de nominalisme comme
l’autre au nom d’impératifs descriptifs : dans l’expérience, pour lui,
en un certain sens (celui d’une « fondation » phénoménologique
— Fundierung — qui étaie une forme d’intuition sur l’autre), on
trouve et rencontre aussi et lesdits objets généraux et les significa-
tions, qui en constituent un cas particulier. Refuser de voir cela,
c’est pratiquer l’ « interprétation éliminatrice ». En fait, la suspen-
sion phénoménologique des interprétations et le retour au « donné »
nous conduit à une sphère plus riche que celle que nous croyions,
victimes d’une certaine construction philosophique (empiriste clas-
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sique) de cette notion de « donné», construction elle-même de


l’ordre de la théorie et nullement de l’observation.
Là résiderait le sens de ce que Husserl nomme « percée »
(Durchbruch) accomplie par la phénoménologie, notion qu’il
emploie à propos de l’invention de l’intuition catégoriale, qui préci-
sément enrichit l’intuition au-delà des limites dressées par l’empi-
risme classique. Des limites qu’il faudrait donc entendre comme
proprement métaphysiques ?
Dire le donné, rien que le donné, mais tout le donné, refuser les
constructions qui débordent l’expérience mais aussi celles qui
l’amoindrissent et la mutilent : telle serait la forme de « dépasse-
ment de la métaphysique » proposée par la phénoménologie.

Le positivisme phénoménologique comme métaphysique .9

Or, sur ce plan, les difficultés surgissent, de deux ordres : d’une


part, c’est cette exigence antimétaphysique même qui se verra par
certains qualifiée, en un autre sens, de métaphysique ; d’autre part,
peut-être en confirmation de ce jugement, porté de l’extérieur sur la
phénoménologie husserlienne, il faudra souligner la persistance,
chez Husserl lui-même, d’un emploi positif du terme « métaphy-
sique », présenté comme l’achèvement et l’accomplissement du pro-
jet phénoménologique, et cela en un sens somme toute extrême-
ment traditionnel.
D’une part, on soulignera comment c’est ce qui fait de Husserl
autrement que par boutade «le vrai positiviste » qui le qualifie
aussi et le disqualifie comme métaphysicien aux yeux d’une phéno-
ménologie ultérieure, telle que celle de Heidegger. Husserl endosse
le thème de la scientificité moderne, du voir comme obtention d’un
champ de positivités ininterprétées et absolues, sans l’avoir critiqué
ni préalablement élucidé avec des moyens qui seraient proprement
phénoménologiques. En ce sens, ce serait l’orientation transcendan-
tale, au sens le plus large de l’expression : « orienté vers la connais-
sance » (donc dès les Recherches logiques), de la phénoménologie hus-
serlienne qui serait en questionl.
De façon similaire, on interrogera la déclaration d’intention,

l. Cf. la critique de Husserl dans Martin Heidegger, Prolegomena zur


Geschichte des Zeitbegriffs, Ga 20, édition Petra Jaeger, Francfort-sur-le-Main,
Vittorio Klostermann, 1979. En commentaire, voir notre essai « Egologia y
fenomenologia: la critica heideggeriana de Husserl », Revista de filosofia
(Madrid), n° 22, 1999, p. 21-42.
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qui se veut subversive et antimétaphysique, quant à « l’absence de


préjugés » à la lumière du diagnostic gadamérien ayant trait au
« préjugé » constitué par la prétendue « absence de préjugés » elle-
même, dénoncée comme à la fois impossible et néfaste, nous éloi-
gnant plus que nous rapprochant de la « chose même », dont font
partie ses interprétations.
Pour notre part, nous éprouverons quelque méfiance par rapport
à ce diagnostic, que nous trouvons décidément rapide. 11 ne nous
paraît pas du tout évident qu’il n’y ait pas de « chose même » ou que
celle-ci soit toujours vouée à échapper à notre vue, et à se résorber et
disparaître à l’infini de ses interprétations. Quelque réflexion sur le
contenu non conceptuel de la perception, tel qu’une certaine philo-
sophie analytique l’a aujourd’hui remis à l’honneur, et tel qu’il se
trouvait au centre de la première phénoménologie, nous paraît assez
apte à faire s’évanouir les mystères de l’interprétation, tout en soule-
vant d’autres problèmes, non moins difficiles à résoudre — comment
ce contenu non conceptuel s’articule-t-il au discours, et peut-il être
dit ou non ?, etc.
Reste que le fond de la critique heideggérienne ou, en un sens,
derridienne (celle du premier Derrida, formulée dans La voix et le phé-
nomène, et l’introduction à L’origine de la géométrie) subsiste : ce en
quoi la phénoménologie canonique, celle de Husserl, a pu développer
une forme d’inversion de la métaphysique, au sens d’une déconstruc-
tion des transcendances spéculatives et conceptuelles, reconduites à
la seule immanence du sensible, donc ce qu’elle partage au fond avec
l’empirisme classique, tout en proposant une forme plus sophis-
tiquée, stratifiée, de pensée de l’expérience, est aussi bien ce qui la
réinscrit, comme l’empirisme classique, dans la métaphysique.
Évidemment, le concept de métaphysique n’est plus alors le
même. La métaphysique, c’est la figure de ce qui se définit comme
savoir et purement comme savoir tout d’abord (comme si le plan de
la phénoménalité était à replier à la simple mesure d’un savoir), puis
comme savoir reconduit à une base de certitude qui, en l’occurrence,
est celle du sensible. Qu’il y ait là déconstruction d’une certaine
figure de la métaphysique, comme transcendance en un sens ontolo-
gique, dépassement du sensible ou du phénoménal, c’est certain.
Mais ce retour au sensible ou à la phénoménalité n’accomplit rien
d’autre que la métaphysique comme recherche de la certitude et de la
présence, obtenue dans l’auto-donnée, en renversement même du
platonisme, qui en est la figure inversée.
En un sens, cet ancrage métaphysique de la phénoménologie
elle-même, comme discours du phénomène, c’est-à-dire discours qui
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prétend en ahsolutiser le champ et en faire un principe intégral de


vérité, sans limite, est confirmé par l’emploi que Husserl fait lui-
même du terme « métaphysique », en un sens positif, et tout à fait
assumé comme tel. Il y a une composante antimétaphysique dans la
phénoménologie au sens du refus des théories préconstituées qui
nous écartent, ou sont supposées nous écarter, des phénomènes.
Mais ce sens postpositiviste de la critique de la métaphysique
n’exclut nullement l’objectif d’une métaphysique, qui est présentée
par Husserl lui-même comme l’accomplissement, il est vrai encore à
venir, de la recherche phénoménologique. Au hout de la collecte et
de l’examen de la donnée, reste la question de son fait, au sens de sa
facticitél, et là s’ouvre une interrogation qui serait proprement celle
d’une métaphysique phénoménologique (une métaphysique du phé-
nomène même).
Reste qu’au principe même de cette critique de la phénoméno-
logie comme « métaphysique » que nous venons d’esquisser il y a
encore quelque chose de proprement phénoménologique, comme une
poursuite des exigences de la phénoménologie au-delà d’elle-même,
et contre elle-même. Dans son principe, la critique heideggérienne de
la phénoménologie est phénoménologique : la méthode phénoméno-
logique telle que Husserl l’a mise en oeuvre y est contestée, au moins
au départ, comme « non phénoménologique » (unphänomenolo-
gisch) dans ses attendus, c’est-à-dire comme insuffisamment phéno-
ménologique. Il ne s’agit pas alors de moins, mais de plus, toujours
plus décrire, ni de moins revenir à l’immanence de la donnée, mais de
s’y enfoncer toujours plus, en en modifiant le sens — en apercevant
que celle-ci ne peut correctement être qualifiée comme sujet, si ce
n’est par un préjugé métaphysique, mais doit l’être comme être, qui
se rencontre toujours dans le format d’un monde.
Et, en effet, comment l’idée du « dépassement de la métaphy-
sique », comme laisser-venir de l’être, soustrait à tout projet
d’arraisonnement par le savoir, aurait-il pu naître si ce n’est au
bout et en retournement de cette forme ultime de métaphysique qui
s’est nommée « phénoménologie » ? C’est de l’exigence du retour
aux choses mêmes que tout devient possible, à partir du moment où
ce retour n’est plus entendu comme captation et mise à la disposi-
tion pour la conscience constituante, mais pur laisser-être de la
chose. En ce sens, Heidegger est bien héritier de la phénoménologie,

l. Au sens esquissé par exemple dans l’appendice XXXII de Erste Philo-


sophie Il, Husserliana VIII, édition Rudolf Boehm, La Haye, Nijhoff, 1959, où
l’on trouve (p. 506) cette déclaration conclusive : « Geschichte ist das groBe
Faktum des absoluten Seins. »

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une fois celle-ci libérée de son ancrage préjudiciel dans une idée de la
science qu’au fond elle n’avait jamais explicitement critiquée, au
moins dans sa version husserlienne.
D’où la représentation tentante, et partagée aujourd’hui au
moins par une bonne part des phénoménologues français, d’une
phénoménologie qui viendrait « après la fin de la métaphysique »,
comme son achèvement et sa dissolution naturelle. Une telle repré-
sentation est, bien sûr, liée à une entente heideggérienne, ou post-
heideggérienne, de la phénoménologie. Pour elle, au bout du
compte, à force de réductions cumuléesl, de retours répétés au seul
donné des phénomènes, voire à leur « donation »2, la phénoméno-
logie a fini par libérer, fût-ce contre elle-même, l’espace de la pensée
postmétaphysique qui viendra.

Caractère « métaphysique » du thème


de « la fin de la métaphysique »

Cette pensée qui se place sous le signe de l’après nous gêne à plus
d’un titre. D’une part, on ne pourra pas ne pas être frappé, dans le
discours heideggérien comme encore plus dans le discours ultérieur
qui s’en réclame cette fois aux fins positives de l’édification de la
« pensée postmétaphysique » (à supposer qu’une telle édification
puisse avoir un sens précisément à titre de projet), par l’hypostase
de la « métaphysique », qui y trône, comme une sorte d’instance
globalisante et, à vrai dire, fort énigmatique. Qu’est-ce donc que la
« métaphysique » Ÿ En dehors même de l’imprécision intrinsèque
de ce terme, attaché traditionnellement à une partie de la philo-
sophie, mais on ne sait pas toujours exactement laquelle, et sans se
prononcer sur elle, il faudra souligner que nous avons affaire, histo-
riquement et peut-être encore aujourd’hui, à des métaphysiques.
« La métaphysique », cela n’existe pas. C’est une pure construction
théorique, dira-t-on, empruntant un vocabulaire qui répugnerait
certainement à Heidegger, mais qui siérait assez à certains de ses
disciples, qui tendent à utiliser aujourd’hui ce qu’on pourrait appe-
ler « la thèse de Heidegger sur la métaphysique » — à savoir, l’idée
que toute métaphysique aurait une structure onto-théologique3 et

l. Selon la présentation qui en est donnée par Jean-Lue Marion dans la


conclusion de son livre Réduction et donation, Paris, PUF, 1989.
2. Concept, mis au centre de sa propre phénoménologie par Jean-Lue
Marion, dans Etant donné, Paris, PUF, 1997.
3. C’est-à-dire qu’elle cherche à définir l’être par sa reconduction à un
étant de référence, sur lequel son sens général est censé se constituer.
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se caractériserait par là — comme un modèle explicatif en histoire de


la philosophie.
Pour notre part, la thèse nous paraît extrêmement générale et,
par là même, faible. Elle ne nous semble nullement rendre compte
de la diversité et de la complexité de ce qui a pu être entendu par
« métaphysique », et ne pas expliciter entièrement le fond de pré-
jugés sur laquelle elle-même fait fond : il est clair notamment que,
derrière la présentation/dénonciation du modèle de la métaphy-
sique comme intrinsèquement lié au principe de raison (Satz vom
Grund, conséquence dudit modèle onto-théologique puisque celui-
ci, dans l’institution d’un étant de référence, tend à le penser sous
l’espèce du fondement), il y a la conviction, voulue radicale, de la
nécessité d’un dépassement de ce principe. Cette conviction a tout
à fait à voir avec la provenance phénoménologique de l’herméneu-
tique heideggérienne: elle ne fait que prolonger et radicaliser la
robuste inimitié pour la causalité sous les auspices de laquelle la
phénoménologie avait pris son vol. Mais, présentée ainsi par cer-
tains successeurs de Heidegger sur le mode du dépassement, avec
une forme d’évidence, elle a à vrai dire de quoi attirer notre soup-
çon. Il faut dépasser le principe de raison, dit-on. Mais qu’y a-t-il
après le principe de raison Ÿ Rien de bien clair, et nous sommes en
vérité bien étonné de la légèreté avec laquelle on spécule sur sa
mort, comme si on pouvait même se représenter une pensée qui ne
le mette pas en jeu d’une certaine façon (n’est-ce pas cela même
penser : fonder et raisonner Ÿ), et si la question n’était pas, plutôt
que de croire trop facilement le supprimer, ce qui n’est même pas
possible, de l’interroger et de limiter son application, comme l’a
déjà fait Kant. Il est possible et probable qu’il faille pluraliser les
modes de fondation et d’argumentation suivant les champs phéno-
ménaux considérés. Il est possible aussi qu’il faille concevoir un
espace de phénoménalité qui échappe dans une certaine mesure à
la fondation. Mais pouvons-nous jamais nous représenter la raison
comme quelque chose que nous aurions « derrière nous », comme
semble nous y inviter une certaine rhétorique post-
heideggérienne Ÿ La question nous paraît bien plutôt être celle de
son application à la phénoménalité (dans sa diversité) et de son
éventuelle phénoménalisation. Il est plus important de redonner
une chair à la raison que de libérer la chair de la raison, et telle
pourrait être la tâche, opératoire, d’une phénoménologie. La ques-
tion, plutôt que du dépassement de la raison, nous paraît encore et
toujours être celle de sa limitation, et de sa coexistence, de fait,
avec autre chose qu’elle-même.
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Dépussements de lu métaphysique 175

La difficulté de la problématique heideggérienne et post-


heideggérienne du dépassement de la métaphysique nous semble du
reste tenir à son caractère proprement... métaphysique.
En effet, comment ne pas reconnaître, dans cette vision téléolo-
gique de l’histoire, dans laquelle un principe, nommé « métaphy-
sique », s’accomplirait jusqu’à son retournement en arraisonne-
ment et maîtrise technologique du monde, une forme à peine larvée
d’idéalisme historique Ÿ Comment croire que la « métaphysique »
soit au principe de l’histoire du monde Ÿ Il y a là une répétition des
structures de l’idéalisme historique — et, pour être plus précis, de
l’idéalisme hégélien —, d’autant plus absolue qu’elle se présente sous
les espèces du dépassement radical de cet idéalisme, parlant depuis
un au-delà qui lui donne l’intelligibilité de l’ensemble du processus,
l’idéalisme et sa catastrophe compris.
On le comprendra, ce qui nous gêne dans le thème de la « fin de
la métaphysique », qui fut, ces dernières années, la clé d’une cer-
taine phénoménologie, c’est son caractère globalisant, époqual,
absolu. Comme si nous nous tenions dans un au-delà depuis lequel
nous pourrions juger tout le reste. Il y a là sans doute une des pré-
tentions, et un des malentendus, qui ont pu isoler la phénoméno-
logie dans le débat philosophique contemporain, en faisant pour
ainsi dire un continent à part, dans lequel le droit d’entrée parais-
sait exorbitant : comme s’il fallait se tenir « au-delà »... Mais com-
ment jamais être sûr d’être « au-delà » Ÿ
Un tel constat (celui suivant lequel nous serions « au-delà », et
quelque chose serait radicalement fini), ou encore plus une telle
injonction (celle à se tenir au-delà), si tant est que cela puisse jamais
en être une, nous paraissent à vrai dire extrêmement probléma-
tiques. Ils nous paraissent, dans leur fétichisation même de l’His-
toire, manquer sérieusement de sens historique. La réalité de
l’inscription historique de nos pensées est beaucoup plus humble et
contraignante que cela à la fois : elle nous reconduit à des questions
précises et définies qui se déplacent assurément, mais sans jamais
que la rupture avec la tradition soit totale, ni que le sens d’une
question ne disparaisse vraiment, même s’il se modifie ou se relati-
vise. Nous ne sommes pas convaincus, quant à nous, que la philo-
sophie ait réellement changé de nature ou, à plus forte raison, soit
menacée (cette menace fût-elle présentée comme son espoir ultime)
de disparaître ou de se transformer en un autre type de pensée fon-
damentalement différent. Et la phénoménologie n’est certainement
pas le gouffre où celle-ci devrait s’engloutir et/ou se régénérer une
fois pour toutes.
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176 Jocelyn Benoist

Qui est métaphysicien .9


Phénoménologie et philosophie analytique
Du reste, le paradoxe est qu’au XXe siècle la palme du dépasse-
ment et/ou de la critique de la métaphysique s’est disputée en termes
plutôt contradictoires. D’un côté, avec Heidegger, la phénoméno-
logie est présentée comme une forme naturelle d’accomplissement,
mais aussi, par là même, de retournement possible, donc de dépasse-
ment de la métaphysique. De l’autre, les critiques les plus vives
adressées à la métaphysique par la philosophie analytique dans sa
phase conquérante, polémique, le furent précisément à la phénomé-
nologie, voire centralement au prétendu dépassement phénoménolo-
gique ou postphénoménologique de la métaphysique (en d’autres
termes à la postphénoménologie heideggérienne).
La philosophie du XXe siècle, rétrospectivement, renvoie l’image
d’un terrain de bataille étrange : comme si, au cœur des années 1930,
qui constituent certainement l’épicentre de ce siècle, le point auquel
les ruptures décisives s’accomplissent, s’opéraient toute une série de
mouvements confus autour du cadavre supposé de la métaphysique.
Par après, d’un côté il y a ceux qui sont persuadés de se tenir « après
la fin de la métaphysique » et qui taxent les autres d’une naïveté pré-
judiciable qui les aurait fait rester en deçà de la limite invisible ainsi
franchie ; de l’autre il y a lesdits naïfs, mais qui, quant à eux, tien-
nent les premiers, justement, pour les vrais et seuls métaphysiciens,
et les combattent comme tels, s’estimant seuls vrais détenteurs de la
critique de la métaphysique.
Tout se cristallise dans le fameux débat entre Heidegger et Car-
nap. D’un côté, Heidegger suggère qu’on serait arrivé au bout de ce
qu’il nomme « métaphysique » (il est vrai que, dans le texte en
débat, Qu’est-ce que la métaphysique .9, 1929, il emploie encore le
terme en un sens positif), au moment où elle se retourne en discours
de la finitude et « métaphysique du Dasein »1 ; de l’autre, Carnap
voit en Heidegger précisément le métaphysicien type, celui qui joue
sur les mots et pousse le langage, qui est un bien commun, au-delà
des limites de son usage ordinaire tout en prétendant bénéficier de
cet usage, sans payer le prix de cette infraction aux règles linguis-
tiques. Heidegger est analysé et attaqué comme la forme actuelle, à
la mode, de métaphysique, dans l’article polémique de 1931
« Dépassement de la métaphysique ». La phénoménologie et son
discours de l’intuition ou de l’ « expérience » (en l’occurrence, celle
du Néant, ou supposée telle) est alors tenue, comme dans certains

l. Suivant la formule mise au centre du livre sur Kant, en 1931.

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Dépassements de lu métaphysique 177

textes de Schlickl, pour le vêtement de rechange emprunté par les


métaphysiques traditionnelles et leur ultime recours, critiquable et
contestable comme tel. Il y a à parier que Carnap aurait été ample-
ment confirmé dans cette analyse par les développements contem-
porains de la phénoménologie, qui l’ont décidément installée sur un
terrain très éloigné de la positivité empirique qu’il objectait déjà à
la dramaturgie existentielle heideggérienne.
Mais, précisément, les heideggériens ou post-heideggériens s’em-
presseront de taxer la conception carnapienne de l’expérience, telle
qu’elle est sous-jacente à la fameuse critique formulée dans
« Dépassement de la métaphysique », avec l’espèce de dualisme qui
la traverse, entre positivité empirique seul objet de discours théo-
rique et dimension expériencielle du sentiment pur, comme « senti-
ment de la vie », de « métaphysique » : elle fait fond sur des décou-
pages préjudiciels qui témoignent certainement d’un manque de
description et d’analyse phénoménologique. Carnap semble accepter
un concept de l’expérience prédéterminé, qui est grosso modo celui
de la tradition, et qu’il n’a pas préalablement critiqué. Critique
qu’au contraire la phénoménologie, y compris et surtout dans sa
radicalisation heideggérienne, serait particulièrement apte à mener,
et dont elle ferait son fort, ce qui ferait qu’avec elle un seuil décisif
dans l’histoire de la pensée serait franchi, et cela sans retour pos-
sible. Un tel type d’argumentation est censé souvent invalider d’un
coup un siècle de philosophie analytique et nous reconduire à Hei-
degger comme seul point de départ authentique de notre époque.
Il est pourtant certain que les choses sont beaucoup plus compli-
quées, ambiguës et diverses, dans cette extraordinaire période
d’élaboration et d’initiatives que fut le XXe siècle, dont nous com-
mençons seulement à pouvoir faire l’histoire.
D’une part, bien sûr, la phénoménologie n’a pas en ce siècle le
monopole de l’interrogation sur le concept d’expérience, y compris
au-delà du seul concept d’expérimentation, qui en présente un
aspect très restreint. La vitalité actuelle du débat sur le « contenu
non conceptuel» dans le monde analytique est là pour en témoi-
gner. On dira que celui-ci se centre une fois de plus sur la seule
teneur cognitive de l’expérience, et la considère donc d’un point de
vue purement théorique, mais c’est loin d’être évident (cf., par
exemple, l’œuvre de McDowell). D’autre part, on reprochera à de
telles discussions leur caractère anhistorique, leur absence de

l. Sur la critique de la métaphysique par Schlick, voir notre article « Schlick


et la métaphysique », in Les Etudes philosophiques, no 3, 2001, p. 301—316.
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déconstruction ou « destruction » de l’ancrage métaphysique des


notions concernées (expérience, perception, etc.). Mais cette anhis-
toricité relative est aussi une chance. Elle est une forme de retour à
la « chose même », et il n’y a rien là qui devrait gêner les
phénoménologues, enfin rencontrés et discutés sur leur terrain,
après plus d’un demi-siècle d’historicisation forcée induite par le
poids de la pensée heideggérienne et de l’herméneutique.
Mais, plus profondément, avant même de considérer des formes
de philosophies analytiques plus contemporaines, et de suivre
l’histoire même du mouvement analytique (ce en quoi il ne faudrait
pas se hâter, poursuivant toujours la même illusion, de trouver sa
vérité), il faut déjà revenir au reproche fait à Carnap, et s’interroger
sur sa légitimité.
On remontre à Carnap le caractère rudimentaire, conventionnel
et, au fond, métaphysiquement chargé de son concept d’expérience.
Sur ce terrain, dit-on, la phénoménologie a fait beaucoup mieux. Le
tout est de savoir à quel prix. Lorsque Carnap, en 1931, dans cet écrit
polémique, soutient qu’un terme auquel on ne peut faire correspondre
une expérience positive, un donné empirique, est dépourvu de signifi-
cation, il taille à la hache, et semble aussi bien faire fond sur une ana-
lyse plutôt simpliste de la notion de signification. Mais c’est sans
doute aussi que l’intérêt de la critique carnapienne est ailleurs : plutôt
que dans sa théorie de la signification, délibérément caricaturale et
chargée d’un préconcept de l’expériencel, dans sa théorie de la syntaxe
et son usage, essentiellement critique, de ce qu’elle nomme « nouvelle
logique ». Les discours métaphysiques — et, parmi ceux-ci, les dis-
cours phénoménologiques, prompts à tout essentialiser ou à tout
« radicaliser », ont une place de choix — sont soumis à la question de
leur forme et, de ce point de vue, l’analyse de ladite « preuve ontolo-
gique », menée après Kant avec de tout autres moyens, est tout à fait
exemplaire. Le problème n’est plus tant celui de l’expérience, qui
seule peut permettre de rencontrer l’être comme « position », que
celle de la hiérarchie logique du discours et de la nature de prédicat de
second ordre (c’est-à-dire qualifiant et déterminant comme tels des
concepts) qu’est l’existence : en d’autres termes, de la nature logique
de l’existence. Ce sont ces questions de logique que la phénoménologie
aurait mieux fait de ne pas oublier, et, de ce point de vue, la dénoncia-
tion de la « logique » comme structure métaphysique globale, et

l. Concept de l’expérience par rapport auquel Carnap, du reste, témoigne-


rait de la plus grande plasticité et de la plus grande relativité — n’importe quel
lecteur de l’Auflmu le sait.

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Dépassements de la métaphysique 179

encore à déconstruire par un retour à l’expérience (mais quelle eXpé-


rience Ÿ), paraît décidément trop rapide, car inévitablement se pose
alors à elle la question des conditions de sa propre discursivité.
Il peut paraître paradoxal, en vérité, de reprocher son déficit
d’analyse linguistique à une pensée qui, à partir d’un certain
moment, s’est précisément caractérisée par sa façon de jouer la
carte du tout linguistique. Penser, c’est parler, et quand nous par-
lons/pensons, c’est la langue qui parle. Telle serait la leçon du der-
nier Heidegger. De plus, l’analyse heideggérienne de l’ancrage lan-
gagier du penser aurait le mérite, par rapport à l’analyse supposée
analytique (comme si celle-ci représentait un bloc homogène), de
tenir compte du caractère vernaculaire d’un tel enracinement, ren-
voyant la langue à sa nature d’idiome, loin de ce qui pourrait passer
pour spéculation logique abstraite sur le « langage ».
Une telle perception des choses est, bien sûr, fondée sur l’ignorance
de tout le très riche débat, central dans la littérature analytique en phi-
losophie du langage, suscité par la thèse quinienne sur l’in-
détermination de la traductionl, thèse dont il faudra souligner qu’elle
n’est elle-même pas sans rapport avec la tradition humboldtienne qui
est à la source de la position heideggérienne sur le langage. Quoi qu’il
en soit, le problème est de toute façon celui posé par l’existence de deuX
approches différentes du langage et de son rapport à la pensée (quoi
qu’on pense d’ailleurs de la nature, mentale, sociohistorique, ou autre,
de celle-ci) : d’un côté, une approche globalisante et qu’il sera difficile
de ne pas nommer « métaphysique », qui se contente d’affirmer
l’équation générale qu’il y a du langage à la pensée, et à faire de celui-ci
par là même la mesure même de l’être, non sans une forme d’idéalisme
subreptice, en historicisant et traditionalisant l’être dans la foulée ; de
l’autre, une approche critique et de détail qui, prenant les langages au
point précis où ils sont faits et où l’on en dispose, analyse les processus
et les formes linguistiques effectifs dans lesquels, suivant les points de
vue, ils produisent ou eXpriment des effets de pensée. En d’autres
termes, l’alternative est entre un point de vue qui généralise et hypos-
tasie le langage comme il l’a fait de l’être et un point de vue dont
l’objectifest de démonter les logiques des langages possibles ou réalisés
et de tirer leurs conséquences philosophiques. Termes dans lesquels,
nous semblera-t-il, pourrait être formulée l’opposition entre le style
philosophique d’un Heidegger et celui d’un Wittgenstein.

l. Sur le rapport de cette thèse et de la question du relativisme, voir San-


dra Laugier: « Relativité linguistique, relativité anthropologique », in His-
toire, épistémologie, langage, nO l8, novembre 1996.

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En ce sens, il y aura lieu, à notre avis, de distinguer un dépasse-


ment de la métaphysique qui se représente comme lui-même méta-
physique, à la mesure de l’énormité du poids qu’il a à porter (celui
de la défunte métaphysique), et une critique beaucoup moins radi-
cale, ne prétendant se tenir en aucun au-delà, mais juste àflanc des
langages constitués, mais par là même, dans son style, beaucoup
moins « métaphysique ».
Voilà ce qu’une certaine inspiration analytique pourrait appor-
ter de positif à la phénoménologie, en termes de critique de la méta-
physique, c’est-à-dire de réserve critique par rapport à ses propres
aspirations métaphysiques : plus d’attention à son langage et plus
de défiance par rapport à lui. Apprendre à mesurer le priX des mots
dans la supposée restitution des phénomènes, et cela non pas au
simple sens de l’évaluation purement sémantique, fiXée sur les
termes (comme on le voit souvent chez les heideggériens, non sans
fétichisme abusif qui isole les termes du discours dans lequel ils sont
pris), d’un effet de traditionalité, mais bien d’une attention précise,
au sens logique affûté, à la mise en oeuvre des mots dans leur rap-
port, dans leur syntaxe et la façon d’en user. Sans doute est-ce à ce
niveau, dans l’aspiration conjointe au retour auX phénomènes, mais
aussi dans la régulation proprement linguistique de cet effort et de
l’exposition de ces résultats, que se jouerait la possibilité d’une véri-
table critique de la métaphysique, qui n’en soit pas « sortie » radi-
cale, mais dissolution, de l’intérieur et à la marge, à l’épreuve des
phénomènes et des façons de les dire enfin assumées comme tel-
les — c’est-à-dire comme façons de les dire, rien de plus que cela, et
non captation de quelque « essence ».
D’où notre conviction : c’est dans une analyse précise des
années 1930 et de leurs déchirures jumelles — heideggérienne, d’un
côté, carnapienne, de l’autre — qu’on trouvera aujourd’hui les rai-
sons et des critiques de la métaphysique en ce XXe siècle, et de
l’impossibilité de s’en défaire tout à fait (de l’absence de sens d’un
tel projet, qui nécessairement reconstitue l’adversaire, voire le cons-
titue de toutes pièces dans le geste même de l’annihiler). À une
méditation de ces figures adverses du dépassement, qui furent agi-
tées avec tant d’insistance, on trouverait peut-être au premier chef
quelque raison de se débarrasser de ce qu’il faut dépasser en premier
lieu : la rhétorique du dépassement, et de réinventer les voies de la
critique.
Jocelyn BENOIST,
CNRS - Archives Husserl de Paris,
benoist@ens.fr.
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