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Phénoménologie et positivisme
l. Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie, trad. fr. Paul Ricoeur,
Paris, Gallimard, 1950, â 20, p. 69.
une fois celle-ci libérée de son ancrage préjudiciel dans une idée de la
science qu’au fond elle n’avait jamais explicitement critiquée, au
moins dans sa version husserlienne.
D’où la représentation tentante, et partagée aujourd’hui au
moins par une bonne part des phénoménologues français, d’une
phénoménologie qui viendrait « après la fin de la métaphysique »,
comme son achèvement et sa dissolution naturelle. Une telle repré-
sentation est, bien sûr, liée à une entente heideggérienne, ou post-
heideggérienne, de la phénoménologie. Pour elle, au bout du
compte, à force de réductions cumuléesl, de retours répétés au seul
donné des phénomènes, voire à leur « donation »2, la phénoméno-
logie a fini par libérer, fût-ce contre elle-même, l’espace de la pensée
postmétaphysique qui viendra.
Cette pensée qui se place sous le signe de l’après nous gêne à plus
d’un titre. D’une part, on ne pourra pas ne pas être frappé, dans le
discours heideggérien comme encore plus dans le discours ultérieur
qui s’en réclame cette fois aux fins positives de l’édification de la
« pensée postmétaphysique » (à supposer qu’une telle édification
puisse avoir un sens précisément à titre de projet), par l’hypostase
de la « métaphysique », qui y trône, comme une sorte d’instance
globalisante et, à vrai dire, fort énigmatique. Qu’est-ce donc que la
« métaphysique » Ÿ En dehors même de l’imprécision intrinsèque
de ce terme, attaché traditionnellement à une partie de la philo-
sophie, mais on ne sait pas toujours exactement laquelle, et sans se
prononcer sur elle, il faudra souligner que nous avons affaire, histo-
riquement et peut-être encore aujourd’hui, à des métaphysiques.
« La métaphysique », cela n’existe pas. C’est une pure construction
théorique, dira-t-on, empruntant un vocabulaire qui répugnerait
certainement à Heidegger, mais qui siérait assez à certains de ses
disciples, qui tendent à utiliser aujourd’hui ce qu’on pourrait appe-
ler « la thèse de Heidegger sur la métaphysique » — à savoir, l’idée
que toute métaphysique aurait une structure onto-théologique3 et