Вы находитесь на странице: 1из 43

Revuee Algérienne des Politiques Publiques

Revue scientifique à caractère pluridisciplinaire

ISSN 2170-094X

Publiée par le Laboratoire d’Etudes et d’Analyses des Politiques Publiques en


Algérie, une structure de recherche qui a pour mission de réaliser des études et des
recherches se rapportant aux politiques publiques, tout en suscitant chez la
communauté académique des réflexions et des débats visant à soutenir la
rationalisation des politiques gouvernementales. Le laboratoire se veut un lieu de
convergence entre débat méthodologique et préoccupations institutionnelles, où le
rôle formatif est essentiel autant dans l’évaluation et la recherche de l’efficacité que
dans le domaine comparatif.

Adresse de la Revue
Rédaction de la Revue Algérienne des Politiques Publiques
Faculté des Science Politiques et de l’Information (nouveau bâtiment)
11, rue Doudou Mokhtar, Ben Aknoun, Alger-Alger 1608, Algérie.
Adresse électronique : leappa.revue@gmail.com
Site du Laboratoire :www.leappa- alger3.dz

Remarques
Les articles publiés dans la revue n’engagent que leurs auteurs, et ne reflètent
pas nécessairement une prise de position du laboratoire.
Les manuscrits, qu’ils soient publiés ou non, ne seront pas rendus à leur auteur.

Cette revue a été publiée par l’imprimerie ZIDCOM


NOTE AUX AUTEURS
La Revue Algérienne des politiques Publiques, vise à l’étude de thèmatiques se
rapportant aux politiques publiques, en permettant un regard croisé entre les
disciplines des sciences politiques, de la sociologie, de l’économie, du droit, des
sciences de gestion et de l’information.
A ce titre, elle se fixe comme objectif de diffuser des connaissances inhérentes
aux différentes approches des politiques publiques,
publiques, de mesurer la dimension
comparative dans l’étude et l’analyse de ces politiques et apporter des éclairages en
terme d’évaluation des réformes de l’Etat. Elle ambitionne d’être un instrument de
dialogue entre espace universitaire et environnement.
La Revuee Algérienne des Politiques Publiques s’adresse aux universitaires,
chercheurs et étudiant, et parait trois fois par an (octobre, février, juin). Chaque
numéro comporte 6 à 8 articles de fond. Les manuscrits soumis à la rédaction de la
revue ne doivent pas être parus dans une autre publication.
Les articles envoyés à la Revue Algérienne des Politiques Publiques sont soumis
à une évaluation anonyme. Les chercheurs, enseignants et étudiants trouveront sur
le site du laboratoire toutes les informations relatives
relatives au fonctionnement de la
revue, les conditions requises de soumission des manuscrits et de leur évaluation.
Conditions de soumission des manuscrits :
- Les manuscrits peuvent être soumis en langues arabe, française
ou anglaise.
- Les manuscrits soumis ne doivent doivent pas avoir été publiés
auparavant, sous forme papier, ni soumis à d’autres revues.
- Les manuscrits soumis doivent impérativement respecter les
normes suivantes :
• Le volume des manuscrits ne doit pas dépasser les 20 pages-références
pages
bibliographiques comprises-
comp sans être inférieur à 12 pages.
• Les manuscrits doivent être accompagnés d’un résumé d’une demi- demi
page et d’une traduction de même calibre, ainsi que des mots-clés mots du
document.
• La saisie informatique de l’article en langue arabe doit se faire en
Simplified
ified Arabic taille 13, et en Times New Roman taille 13 pour les articles
en langues étrangères.
Procédure d’évaluation des manuscrits :
L’évaluation des articles se fait par des professeurs et des chercheurs spécialisés,
selon la procédure suivante :
- Examen en préliminaire de l’article par le comité de rédaction.
- Soumission de l’article de manière anonyme à l’expertise scientifique d’un
jury composé de trois experts.
- Décision sur la base des rapports d’expertise et de l’avis du comité de
rédaction. La décision peut aller entre une acceptation franche et inconditionnelle
de la publication du manuscrit, à un accord conditionné par l’apport de certaines
modifications de fond ou de forme, jusqu’au rejet de la publication.
Les critères d’évaluation sont :
- La valeur de la recherche et son originalité.
- Le degré de conformité aux normes de l’intégrité scientifique et des règles
de la présentation des références bibliographiques, respect des règles
grammaticales et style de présentation approprié.
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013

Directeur de la Revue responsable


de la publication : Comité de parrainage :
Mezoui Mohamed Réda Abiret Moukadem - Université Amar Tlidji
– Laghouat – Algérie
Ben Abdelaziz Mustapha – Université
Alger3
Ben Antar Abdenour – CREAD – Alger
Rédaction : Boukra Idris – Université Alger1
*Zeghdar Lahcène Charour Cherifa – CNRS – Paris X –
*Chaterbech Ahmed France
*Akkache Fadila Djabi Nacer – Université Alger2
*Amrouche Abdelouahab Djeflat Abdelkader – Université Lille III –
*Kellaa Chrifa France
*Bourennane Naima Fates Yousef - Nanterre Ouest - Paris –
France
Jean Robert Henry – Université Aix-en-
Provence – France
Kacher Abdelkader – Université Mouloud
Conception et Réalisation : Maâmeri – Tizi-Ouzou – Algérie
Bekhedouma Mohammed Nabil Kadri Aissa – Université Paris IIX – France
Haddj Mohammed Mehdi Kardoune Azzouz – Université Mentouri –
Rouabha Abd Elwaheb Constantine – Algérie
Keddi Abdelmadjid – Université Alger3
Kellala Mohamed Salim – Université
Alger3
Laraba Ahmed – ENA – Alger
Lauriot André – Université de Montréal –
Canada
Mezoui Hanifa – Institut des sciences
politiques - Paris – France
Nohra Fouad – Centre des études
diplomatique et stratégiques – Paris – France
Picco Dominicio – Université de Rome –
Italie
Tourret Jean Claude –Institut de la
Méditerranée – Marseille – France
Zekkan Ahmed – ENSESA (ex-INPS) –
Alger
Ziani Salah – Université El Hadj Lakhdar –
Batna – Algérie

5
Revue Algérienne des Politiques Publiques- N0 2- Octobre 2013
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013

SOMMAIRE

Articles en français :
Etat et mondialisation: réguler la dérégulation? Abdennour Benantar 07
Mer caspienne : Le statut juridique à l’épreuve des
Mohammed Semime 25
égoïsmes nationaux

Les Résumés …………………………………………….............................. 37


Articles en arabe :
Less politiques publiques dans la construction de
l'État-nation:
nation: une perspective comparative entre Abdelkader Abdelaali 07
la France, Israël et l'Algérie
Les politiques nucléaires
ucléaires et leurs effets sur
Chaouki Ardjoun 17
l’environnement
Le boom pétrolier et la politique sociale en
Amel Fadel 31
Algérie
l’Impact de acteurs locaux sur la mise en œuvre
des politiques publiques en Algérie dans le Samir Ben Ayache 51
contexte des nouvelles réformes
formes (2012)
Les politiques migratoires adoptées par les pays 77
Roqiya Lakel
de la méditerranée occidentale
La nouvelle stratégie pétrolière américaine et ses Mohamed Karim 99
Répercussions sur l'OPEP Kheder
La sécurité au maghreb et la région du sahel: les Abdelouahab
116
difficultés et les stratégies Amrouche
l'Expérience des partis politiques islamistes dans
le domaine du travail parlementaire en Algérie et Abdelhak Ben Saadi 133
au Maghreb
Position de recherche:
Une approches sociologique et philosophique Abdenour Nabet 145
pour comprendre la crise européen

6
Publiques N0 2- Octobre 2013
Revue Algérienne des Politiques Publiques-
ETAT ET MONDİALİSATİON
MONDİALİSATİ : RÉGULER LA
DÉRÉGULATİON ?

Abdennour BENANTAR
Maître de conférences, Université Paris 8 (France)

Introduction:
Surclassée dans les préoccupations académiques et politiques par la thématique
terroriste depuis les attentats du 11 septembre 2001, la mondialisation a été replacée
au centre des préoccupations planétaires depuis la crise financière et économique de
2008-2009.
2009. L’une des problématiques centrales du débat que la mondialisation a
suscité durant la décennie écoulée et suscite encore avec plus d’acuité, sur fond de
crise mondiale, concerne la place de l’Etat. Bien que ce dernier ait réinvesti la sphère
politique et sécuritaire dans la foulée des événements du 11 septembre 2001, la
sphère économique n’a pas été réellement touchée hormis les mesures prises pour
sécher les sources financières du terrorisme et lutter contre le blanchiment d’argent.
Malgré de nombreuses crises (asiatique 1997-1998,
1997 1998, russe 1998, latino-américaines
latin -
brésilienne 1999), les enseignements n’ont pas été tirés. Il a fallu attendre celle de
2008-2009
2009 pour que les Etats et les organisations internationales compétentes
s’interrogent sur la dérégulation. La mondialisation comme ces crises posent posen avec
acuité la question du rôle de l’Etat, sa nature et surtout la nécessité d’une sorte de
régulation de la dérégulation. Une mission qui incombe à l’Etat si les acteurs majeurs
(grandes puissances influentes) le lui permettent. C’est en substance la problématique
pr
que l’on s’efforcera d’analyser dans les réflexions qui suivent à travers un retour à ce
débat qui a marqué les toutes dernières années du 20ème siècle et la première décennie
du 21ème siècle, un débat d’une actualité déconcertante. Ces réflexions
réflexions partent de trois
hypothèses. 1) Le rôle de l’Etat demeure central en dépit d’une prolifération d’acteurs
non-étatiques,
étatiques, infra et supra-étatiques.
supra 2) La mondialisation induit des effets
ambivalents sur le rôle de l’Etat qui se métamorphose (érosion dans certains secteurs
et renforcement dans d’autres). 3) Face aux effets pervers de la mondialisation, le
retour à l’Etat est plus que jamais pressant et c’est à celui-ci
celui ci qu’incombe le rôle de
régulation de la dérégulation.
Dans cette contribution on s’efforcera,
s’efforcera, dans un premier temps, d’analyser les
effets contradictoires de la mondialisation, se développant simultanément, qu’érodent
et renforcent en même temps le rôle de l’Etat. Ce qui requière un Etat fort et efficace
pour en corriger les effets pervers Il s’agira aussi de démontrer qu’en dépit d’une
7
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

certaine hégémonie néolibérale, on ne s’achemine pas vers un modèle de l’Etat


minimal libéral mais plutôt vers celui de l’Etat efficace car c’est bien l’impératif de
l’efficacité qui est requis en matière de gestion des biens publics. Dans un deuxième
temps, on analysera la dynamique complexe qui implique divers acteurs des deux
espaces interétatique et transnational en démontrant que des forces perçues comme
centrifuges agissent en fait comme des forces centripètes, œuvrant pour le
renforcement du rôle de l’Etat. Enfin, dans un troisième temps, on examinera la
question de la régulation de la dérégulation que la récente crise internationale a posée
et imposée aux acteurs majeurs (grandes puissances et organisations internationales
compétentes). Ces derniers admettent désormais l’idée d’une régulation, mais plutôt
pour sauver le système financier et économique international au lieu d’une de sa
refonte. On peut dès lors de se demander si les leçons ont réellement été tirées ?
Avant d’aller plus loin, un bref rappel conceptuel quant à la notion de mondialisation
s’impose.

Qu’est-ce que la mondialisation ?


Voilà une question souvent posée et à laquelle il est pourtant difficile de répondre
de manière précise. C’est là toute la complexité et l’élasticité de ce terme. La
mondialisation est à la fois économique, financière, culturelle, environnementale,
épidémiologique… Comme le soulignent, à juste titre, Guido Bertucci et Adriana
Albertini, phénomène complexe recouvrant d’importantes et diverses réalités, la
mondialisation ne peut donner lieu à une définition unique. Elle peut cependant être
décrite comme l’accroissement et l’intensification des flux de biens, de services, de
capitaux, d’idées, d’informations et de personnes entre pays, produisant une
intégration transfrontalière des activités économiques, sociales et culturelles.1 Pour le
FMI, « la ‘mondialisation’ est un processus historique qui est le fruit de l’innovation
humaine et du progrès technique. Elle évoque l’intégration croissante des économies
dans le monde entier, au moyen surtout des courants d’échanges et des flux
financiers. Ce terme évoque aussi parfois les transferts internationaux de main-
d’œuvre ou de connaissances (migrations de travail ou technologiques). La
mondialisation comporte enfin des dimensions culturelle, politique et
environnementale… ».2
La mondialisation est donc difficile à cerner et les perceptions des uns et des
autres diffèrent largement. Emmanuel Glaser a bien résumé cette

1 Guido Bertucci & Adriana Albertini, « Globalization and the Role of the State: Challenges and Perspectives », in:
Dennis A. Rondinelli, & Shabbir G. Cheema (eds)., Reinventing Government for the Twenty-First Century. State Capacity in a
Globalizing Society, West Hartford/Connecticut, Kumarian Press, 2003, p. 1.
2 FMI, « La mondialisation : faut-il s’en réjouir ou la redouter ? », Etude thématique, n°00/01F, 12 avril—

http://www.imf.org/external/np/exr/ib/2000/fra/041200f.htm (date d’accès : 11/01/2012).


8
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

perception/instrumentalisation multiple : elle « est tantôt vécue comme la source de


tous les maux des sociétés contemporaines, notamment dans les pays développés,
tantôt utilisée comme l’alibi parfait de l’impuissance des gouvernements, tantôt au
contraire idéalisée, quand elle ne devient pas une véritable idéologie. Pour certains,
elle est une donnée incontestable et inévitable, ou voulue et souhaitable, mais à
laquelle il faut de toute façon s’adapter pour ne pas disparaître ; pour d’autres, elle est
un danger qu’il faut combattre parce qu’elle accroît les inégalités entre les pays riches
et les pays pauvres comme au sein de ces pays ».3 En fait, la mondialisation est un
processus caractérisé par son idéologie libérale, son libre-échangisme, et certains de
ses idées-forces tel que le déclin de l’Etat.4 Cela nous amène à l’idée de sa
construction, politique, économique et historique, ce qui questionne donc son
caractère incontournable ou du moins non rectifiable. A l’instar des régimes
politiques et des systèmes économiques, la mondialisation est « une construction »
ayant pour matrice le capitalisme et les gouvernants des puissances majeures.5

Ere post-internationale ou mondiale : prolifération des acteurs non-


étatiques
Les acteurs non-étatiques n’ont cessé de s’affirmer. Leur prolifération a fini par
brouiller et effriter les frontières entre l’interne et l’externe et par concurrencer l’Etat.
Cela a induit une remise en cause du terme international qui n’est plus valable, selon
James Rosenau, pour des politiques qui ne sont pas du tout internationales, sauf s’il
s’agit de relations gouvernement à gouvernement. Quant à l’expression relations
internationales, elle est également dépassée en raison de la croissance des interactions
d’origine non-étatique. Rosenau propose de lui substituer celle de politique post-
internationale qu’il utilise aussi pour faire référence aux peuples, aux biens et aux idées
traversant les frontières nationales. Il distingue le monde centré sur l’Etat (state-centric
world), où l’Etat est le principal acteur, du monde multicentré (multi-centric world) où les
acteurs non-étatiques sont omniprésents.6
La typologie suggérée par Ali Kazancigil rejoint celle proposée par Rosenau,
même s’elle est essentiellement fondée sur une perspective économique. Kazancigil
distingue l’espace interétatique de l’espace transnational. Le premier est composé
d’Etats et d’organisations internationales gouvernementales (OIG), créées et
contrôlées par les Etats et est traversé par des clivages interétatiques et inter-
organisationnelles : les logiques opposées de l’OMC et de la Banque mondiale, d’une

3 Emmanuel Glaser, Le nouvel ordre international, Paris, Hachette Littératures, 1998, p. 201.
4 Pierre Hassner, La terreur et l’empire : la violence et la paix II, Paris, Editions du Seuil, 2003, p. 227.
5 Ali Kazancigil, La gouvernance : pour ou contre le politique ? Paris, Armand Colin, 2010, p. 168.
6 James N. Rosenau, Turbulence in World Politics: a Theory of Change and Continuity, Princeton, Princeton University Press,

1991, pp. 5-6, 35.


9
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

part, et des agences de l’ONU de l’autre. Quant à l’espace transnational, beaucoup


plus récent, il est composé d’acteurs non-étatiques (ONG, multinationales…). Ses
principales caractéristiques sont l’extrême hétérogénéité de ses acteurs, les problèmes
de représentativité – légitimité –, l’inégalité en matière de ressources et de capacités…
Il est, à l’instar du premier, traversé par des logiques opposées entre les entreprises
transnationales d’une part et des ONG de l’autre. Pour les entreprises
transnationales, la primauté est aux intérêts privés sur l’intérêt public, alors que pour
les autres acteurs, ONG notamment, c’est l’intérêt public qui doit passer avant les
intérêts privés. Les deux espaces sont donc travaillés par des fractures propres.7 Il
convient de souligner qu’il y a une certaine convergence de préoccupations et
d’intérêts de certains acteurs des deux espaces, notamment entre les agences de
l’ONU – espace interétatique– et des ONG et des mouvements sociaux – espace
transnational (on y reviendra).
Ces acteurs non-étatiques comme les ONG « basées sur des intérêts partagés
plutôt que sur des similarités géopolitiques », ayant proliféré à la fin du siècle dernier,
existaient auparavant, mais la nouveauté réside dans leur multiplication et dans leur
influence croissante. Au début du 21ème siècle, l’ONU a recensé environ 30 000
ONG opérant à l’échelle mondiale, dont certaines sont désormais conviées à des
réunions internationales (conférence de l’ONU sur le financement pour le
développement, sommet mondial sur le développement durable...).8 Elles sont
devenues une force influente et tentent de rectifier la trajectoire de la globalisation.
L’irruption de ces forces non-étatiques est facilitée et renforcée par l’extension des
nouvelles technologies de l’information. En dernière analyse, l’adjectif international est
plus que jamais inapproprié pour qualifier la scène mondiale de nos jours.

Mondialisation : érosion et besoin du rôle de l’Etat


Le marché s’est développé au détriment de l’autorité de l’Etat dont le rôle se
transforme au fur et à mesure de l’affirmation d’autres acteurs infra (acteurs locaux)
et supra-étatiques. Hedley Bull avait remarqué, dès 1977, ce transfert de l’autorité vers
le haut en faveur des acteurs supranationaux et vers le bas au profit d’acteurs
infranationaux. La mondialisation va donc de pair avec la redéfinition du rôle de
l’Etat comme acteur central du système international.9 En ce sens, la configuration
économique et politique mondiale constitue une mise en concurrence de l’Etat par

7 Kazancigil, op.cit., pp. 174-178.


8 Bertucci & Alberti, op.cit., p. 5.
9 Richard Higgott, « Mondialisation et gouvernance : l’émergence du niveau régional », Politique étrangère, n°2, été

1997, p. 279.
10
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

d’autres acteurs publics (organisations supranationales, régions…) et privées


(multinationales, ONG…).10
La complexité des échanges mondiaux et la nature transnationale des questions
contemporaines ont conduit des spécialistes à prédire la « fin de l’autorité nationale
de l’Etat ». Certains arguent que l’Etat peut, peut-être, seulement s’adapter à la
mondialisation, mais il n’a pas de rôle actif sur elle. Mais en dépit des inquiétudes
concernant la perte de sa souveraineté, l’Etat demeure l’acteur clé. Croire que
l’émergence d’une société civile mondiale, la croissance du commerce transfrontalier,
les flux de finances et d’investissements vont faire de l’Etat-nation un anachronisme
est une vision erronée. Sur la scène internationale, une coopération étroite et une
action concertée des Etats constituent un exercice de souveraineté. Une telle action
concertée n’affaiblit pas nécessairement les Etats, plutôt elle les renforce en créant un
environnement international plus stable et en leur donnant une plus grande portée
pour développer leurs divers échanges. Puisque les marchés ne sont ni stables, ni
équitables, un réel multilatéralisme est nécessaire pour éviter que la mondialisation ne
conduise à des crises. La mondialisation libérale a besoin de l’Etat car seul l’Etat peut
garantir le respect des droits de l’homme et de la justice, promouvoir – avec d’autres
acteurs – le bien-être national, et protéger l’intérêt général. Son rôle est aussi
fondamental dans la mise en place d’arrangements multilatéraux
intergouvernementaux.11
La mondialisation affecte donc l’Etat de manière contradictoire : elle renforce et
affaiblit le rôle de l’Etat, favorise et menace les cultures locales, contribue aux
exacerbations religieuses et nationalistes et menace les particularismes locaux. Ainsi,
elle contribue au développement simultané de tensions diverses : « fragmentation-
intégration, localisation-globalisation, décentralisation-centralisation ».12 Elle crée à la
fois des opportunités et engendre des coûts. C’est pourquoi, elle ne devrait être ni
diabolisée, ni sanctifiée, ni servir de bouc émissaire aux problèmes majeurs affectant
le monde.13
Il convient de souligner à ce propos que la mondialisation est, généralement, plus
voulue que subie par les Etats. Selon un rapport de l’ONU, « la mondialisation n’est
pas un processus spontané, mais découle de décisions délibérées des gouvernements.
La mondialisation économique, à savoir l’intégration transfrontalière croissante de
systèmes économiques à base nationale, est la résultante de décisions politiques en

10 Jean-Marc Siroën, « L’Etat-nation survivra-t-il à la mondialisation ? », — http://www.dauphine.fr/siroen/epi.pdf


(date d’accès: 12/01/2012), p. 1.
11 Bertucci & Alberti, op.cit., pp. 9-10.
12 Stephen J. Flanagan, « Meeting the Challenges of the Global Century », in : Kugler, R & Frost, E (eds)., The Global

Century : Globalization and National Security, Washington, The Institute for National Strategic Studies, 2001, pp. 12, 15.
13 Bertucci & Alberti, op.cit., p. 1.

11
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

termes de libéralisation des marchés et du progrès technologique ».14 Les efforts des
Etats à soutenir le libre commerce et à encourager la réduction des barrières ont
permis de mettre sur pied un système multilatéral du commerce que représente
l’OMC. Ces efforts ainsi que ce système ont non seulement permis de réduire les
barrières face au commerce des biens mais aussi de procéder à la libéralisation des
services et des flux de capitaux. La mondialisation économique n’est donc pas « une
force aveugle ». Ce sont bien les gouvernements qui mettent en place ses politiques
et ses règles. Elle découle donc de décisions politiques prises par des Etats pour
permettre au marché global d’opérer. Aussi, il convient de souligner l’origine politique
de la mondialisation économique afin d’éviter de voir dans ce phénomène une force
fatale contre laquelle peu de choses peut être entrepris. En fait, la vraie question est
de savoir quels sont les pays qui mettent en place les règles, qui les favorisent et
comment influencent-ils l’élaboration de décision en matière internationale. Certains
pays n’ont pas assez de prise sur l’établissement de l’agenda économique et politique
international. Le déséquilibre des forces interétatiques se reflète dans les institutions
internationales puisque la mondialisation est façonnée par des règles établies par les
puissants Etats, ne favorisant pas nécessairement les pays en développement et en
transition.15 La prolifération des acteurs non-étatiques et leur montée en puissance
sur la scène mondiale affectent ce modèle de la globalisation. Ces acteurs ont bien
saisi cette nuance, une mondialisation voulue plus que subie, et militent pour sa
régulation.

Mouvements sociaux, contestation planétaire et altermondialisme


Plus mondialisation prend de l’ampleur et son rythme s’accélère, plus la
mobilisation contre ses orientations s’amplifie. Mais c’est une contestation des
politiques poursuivies par la Banque mondiale, le FMI, l’OMC, l’OCDE car les
mouvements de contestation s’opposent à la philosophie de ces institutions et aux
politiques (libéralisation des économies et des échanges, rétrécissement du secteur
public en faveur du secteur privé, non régulation, loi du marché…) qu’elles
imposent. Ils appellent à une « autre mondialisation » ; à une reprise en main du
politique par rapport à l’économique et au primat de l’intérêt général sur les intérêts
privés.16 Cette dynamique sociétale planétaire constitue paradoxalement un aspect de
la mondialisation. C’est bien la globalisation de la technologie qui a contribué à
14 UN- Economic and Social Council, « Work of the Group of Experts on the United Nations Programme in Public
Administration and Finances at its fifteenth Meeting », Report of the Secretary-General, United Nations Economic
and Social Council, 2000, E/2000/66, 14 June 2006, —http://www.un.org/documents/ecosoc/docs/2000/e2000-
66.pdf (date d’accès: 10/01/2012), pp. 14-15.
15 Bertucci & Alberti, op.cit., p. 2.
16 Yahia El Yahiaoui, « A propos de la globalisation de la contestation de la mondialisation », Fikr wa Naqd, vol. 5,

n°45, janvier 2002, pp. 17, 19-21.


12
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

l’explosion de la croissance de l’échange d’information via Internat et au


développement d’opportunités d’éducation et de réseaux sociaux transnationaux.
Cela a permis aux citoyens d’être en contact permanent, et donc de partager leurs
points de vue, d’exprimer leurs demandes et d’accroître leur influence en général. Les
mobilisations anti- sommets internationaux sont des exemples de « ces nouvelles
formes de mouvements transnationaux organisés et de la mondialisation elle-
même ».17
Les mouvements de contestation globale ne visent pas la mondialisation en tant
que telle mais ses aspects négatifs ; l’exclusion de la majorité de l’humanité du cycle
de redistribution des richesses mondiales. De plus, ces mouvements eux-mêmes ont
pu s’exprimer grâce justement à la mondialisation. Ils dénoncent le
« fondamentalisme libéral », qui veut mettre au-dessus des lois les mécanismes du
marché au détriment de l’aspect social, et cherchent à corriger et à atténuer les effets
pervers de la mondialisation, tout en évitant le repli étatique. Ils ne visent pas non
plus l’Etat : ils vont au-delà de la souveraineté étatique pour dénoncer les méfaits de
la mondialisation et appeler à une redéfinition du rôle de l’Etat, non pas pour réduire
celui-ci à une forme minimale, mais, au contraire, pour le rendre plus apte et plus
efficace à agir face et sur la globalisation. Ces forces centrifuges, qui tendent à
s’éloigner du centre étatique, sont en réalité des forces centripètes. Aussi inséré soit-il
dans la mondialisation, ce mouvement citoyen mondial se forge et évolue dans une
perspective étatique.
L’altermondialisation ou l’altermondialisme est né de cette dynamique
contestataire globale. Il s’agit d’un mouvement associatif et citoyen qui œuvre pour
une mondialisation maîtrisée et revendique certaines valeurs fondamentales
(démocratie, justice économique et sociale, préservation de l’environnement…). C’est
un mouvement très hétérogène composé d’une multitude de mouvements et
associations de divers horizons. Puisqu’un défit global exige une réponse globale, ce
mouvement se mobilise collectivement et travaille en réseaux transnationaux. C’est
lors des grandes manifestations à l’occasion de la conférence de l’OMC à Seattle
(1999) qu’il a pris réellement forme et s’est mondialisé. La suite des événements
(mobilisation lors de sommets internationaux – G8, OMC, FMI, Forum de Davos,
G20 – et les contre-sommets associatifs les forums sociaux mondiaux) ont confirmé
l’irruption de cet acteur sur la scène mondiale.
Véritable plateforme représentant les populations qui souffrent de la
mondialisation néolibérale, le Forum social mondial a vu le jour à l’occasion de son
sommet fondateur de Porto Alegre (Brésil) en 2002. Il est devenu depuis un grand
animateur et fédérateur du mouvement altermondialiste. C’est dans le cadre de ce

17 Bertucci & Alberti, op.cit., pp. 4-5.


13
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

Forum que l’espace transnational associatif a développé une réflexion collective en


vue de repenser la mondialisation et de faire des propositions pour une
mondialisation alternative. Ce forum et ses acteurs ont pris de l’importance sur la
scène mondiale. Ils ont un important impact médiatique et jouissent de la sympathie
de larges secteurs des opinions publiques de part le monde. Ce qui a contraint les
Etats et les grands intérêts économiques monopolisant la gestion de la globalisation,
à prendre au sérieux les idées et les actions des acteurs altermondialistes.18
L’altermondialisme porte un certain nombre de revendications : modification des
règles des grandes instances internationales, suppression de la dette des pays pauvres,
prélèvement de taxes sur les transactions financières, développement du commerce
équitable, préservation des ressources naturelles via un développement durable,
exclusion de certains secteurs (agriculture, éduction, santé et services sociaux) des
négociations de libéralisation de l’OMC…Certaines de ces revendications sont aussi
portées et soutenues par certains grands pays ou par des organisations
internationales. Le développement durable, la santé publique et la diversité culturelle
sont des préoccupations essentielles de certaines agences spécialisées de l’ONU, et
même de l’organisation mondiale en général. Des notions comme celle du
développement durable ou encore celle de la sécurité humaine, théorisées
notamment par des agences de l’ONU, mettent l’accent sur de nombreuses questions
à l’origine de la mobilisation altermondialiste. Les questions considérées par le
PNUD comme étant le fondement de la « sécurité humaine », sont au cœur de
l’agenda altermondialiste. Cela comprend la préservation de la dignité humaine et la
satisfaction des différents besoins de l’homme. Le développement économique
durable, le respect des droits fondamentaux, l’Etat de droit, la bonne gouvernance, la
justice sociale sont les principaux moyens pour y parvenir. La sécurité humaine a
plusieurs déclinaisons : économique (revenu minimum garanti) ; alimentaire (accès à
la nourriture) ; sanitaire (accès aux soins) ; environnementale (accès à l’eau potable, à
l’air propre et à des terres non dégradées) ; personnelle (sécurité face à la violence et
aux menaces) ; communautaire (préservation de l’identité culturelle) ; politique
(protection des libertés et des droits humains).19 Ces différentes déclinaisons sont le
leitmotiv de l’altermondialisme qui partage ainsi l’analyse du PNUD : la nécessité de
mettre l’économie au service de l’homme (citoyen) et de son environnement naturel.
Ils sont donc pour une régulation publique.
Les mouvements altermondialistes sont peut-être parvenus à infléchir la politique
ou du moins le discours des institutions tels que le FMI, la Banque mondiale et
l’OMC, puisque au sein même de ces milieux favorables à la mondialisation

18 Kazancigil, op.cit., p. 179.


19 UNDP, Human Development Report 1994: New Dimension of Human Security, New York, 1994, pp. 22-25.
14
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

dérégulée, l’idée de la maîtriser fait son chemin.20 Certains objectifs altermondialistes


sont désormais une réalité. C’est le cas notamment du commerce équitable qui s’est
développé un peu partout. Et c’est la mondialisation qui lui a permis de se
développer. Ainsi, un effet négatif de la globalisation est, en partie, neutralisé grâce à
l’usage de la dynamique de la mondialisation autrement.
Ainsi, grâce à leur activisme et propositions, les acteurs altermondialistes (ONG,
mouvements sociaux et Forum social mondial) ont obtenu quelques résultats. Certes,
leurs propositions phares (régulation alternative, un système de taxation global,
annulation des dettes des pays les moins développés, sauvegarde des services
publics…), n’ont pas été admises dans l’immédiat, par les acteurs majeurs de la
globalisation mais elles ont acquis une forte légitimité. Concrètement, ils ont obtenu
des résultats sur trois dossiers majeurs : production de médicaments à bas prix dans
les pays en développement ; la création d’une taxe globale est reprise par les
politiques ; annulation par le G8 des dettes multilatérales des pays les plus endettés ;
augmentation de l’aide publique au développement en faveur des pays africains.21
Depuis peu, certaines puissances se montrent favorables à la mise en place de la
« taxe Tobin » alors qu’elles y étaient auparavant farouchement opposées.
Le mouvement altermondialiste connaît pourtant un certain déclin qui trouve son
explication dans plusieurs facteurs. D’abord, la reconnaissance et l’adoption de
certains de ses thèmes mobilisateurs par de grandes instances internationales et par
des Etats ne justifie plus la mobilisation autour de ces thèmes. Ensuite, la crise
financière et économique a démontré les méfaits d’un système dénoncés par les
altermondialistes. Enfin, l’émergence d’autres types de mouvements et formes de
protestation et de mobilisation. Il s’agit notamment de mouvements sociaux et
démocratiques, certes moins structurés que les ONGU et forums altermondialistes
mais pas moins visibles et mobilisateurs. C’est le cas notamment des mouvements d’
« indignés » comme c’est le cas en Espagne ou encore en Israël. Mais à la différence
des altermondialistes qui partent du mondial pour agir sur le local, les « indignés »
partent du local tout en ayant une perspective mondiale car ce qu’ils remettent en
cause ce n’est pas seulement la légitimité des instances nationales, aussi
démocratiques soient-elles, mais aussi celle des instances internationales. Les
mouvements d’« indignés » agissent et évoluent dans une perspective étatique, mais
compte tenu de la globalisation ils agissent aussi dans une perspective mondiale.
L’usage massif des réseaux sociaux sur le web, leur permet une plus grande capacité
de mobilisation et une indépendance en termes médiatiques. En effet, à l’instar des

20 Hassner, op.cit., pp. 227-228.


21 Kazancigil, op.cit., p. 181.
15
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

acteurs des révoltes démocratiques arabes, les « indignés » sont eux-mêmes des relais
et des producteurs d’images et d’information de leur propre mobilisation.

Globalisation de l’exclusion : retour à l’Etat


Puisque le processus d’exclusion est à l’œuvre aussi bien au Nord qu’au Sud, la
mondialisation de l’exclusion a accéléré la montée de la « société civile mondiale » qui
défend à la fois des préoccupations des pays en développement (endettement,
pauvreté…) et des pays développés (croissance des inégalités, recul de la protection
sociale et des lois protégeant les salariés…). C’est cette jonction des intérêts des
sociétés du Nord et du Sud qui explique la forte mobilisation sociale planétaire
contre l’ultralibéralisme et la mondialisation sans régulation.
Certes l’Etat est contraint par la mondialisation à se replier, mais eu égard à cette
exclusion son retrait n’apparaît pas évident en matière de dépenses publiques. De
plus, sa légitimité repose notamment sur la préservation d’une homogénéité qui, à
son tour, renforce cette même légitimité, en sauvegardant les systèmes de
redistribution sociale. Cet impératif d’homogénéité est destiné à limiter les inégalités,
à l’origine de fractionnements au sein des Etats. Compte tenu de la montée de
l’insécurité intérieure et des inégalités et la fragmentation des sociétés, l’enjeu se situe
à l’intérieur des frontières nationales et implique évidemment des risques d’instabilité
politique. En ce sens, la mondialisation ne condamne pas vraiment l’Etat-nation,
mais redéfinit ses contours et ses fonctions. Ce dernier n’a pas de substitut quant à
certaines de ses fonctions : préserver la stabilité et la sécurité interne et garantir
l’homogénéité sociale. Son rôle est d’autant plus indispensable que la mondialisation
exacerbe l’hétérogénéité. Aussi, « l’Etat-nation survivra à la mondialisation tant que »
cette dernière « affirmera son besoin d’Etat pour en compenser certains effets ».
Dans cette perspective, deux pistes peuvent être envisagées : soit la mondialisation
permet aux Etats de sauvegarder « une certaine homogénéité sociale » permettant
ainsi au processus de se poursuivre ; soit elle ne leur permet pas, compte tenu
notamment de la concurrence fiscale qui limite les actions des Etats en la matière, et
dans ce cas la mondialisation fera face à des conflits intra-étatiques,22 de nature
sociale. Or, l’instabilité politique n’est propice ni au marché, ni à la mondialisation
(exceptée celle du crime). Il est donc fort à parier que la première piste sera
privilégiée d’autant plus que le phénomène de l’exclusion globale est une menace à la
mondialisation qui a besoin de stabilité (politique, économique et sociale) pour
progresser.

22 Siroën, art.cit., p. 14.


16
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

Vers un rôle plus régulateur de l’Etat ?


Les appels à « plus d’Etat » se multiplient à mesure qu’apparaissent de nouveaux
défis de la mondialisation. La Banque mondiale, par exemple, a consacré la vingtième
édition de son rapport annuel à l’Etat. Selon elle, les marchés ne peuvent se
développer en l’absence d’un Etat efficace et crédible, d’où la nécessité de restaurer le
rôle de l’Etat « pas en tant qu’intervenant direct mais comme partenaire, catalyseur et
promoteur de la croissance ». La relation Etat-marché est ainsi articulée : « les pays
ont besoin des marchés pour se développer, mais ils ont besoin d’institutions
publiques performantes pour développer leurs marchés ». Un juste milieu est préconisé
entre l’interventionnisme et le retrait : les Etats ne doivent pas s’ingérer trop dans la
vie économique, mais il ne faut pas qu’ils se désengagent des services principaux.
L’expérience de l’Asie de l’Est, des Etats-Unis et de l’Europe démontre, selon la
Banque mondiale, que le développement a souvent exigé une forte intervention de
l’Etat. En l’absence d’un « Etat efficace » il ne peut y avoir « de développement
économique et social durable ». Et seul l’Etat peut agir sur les réglementations, les
politiques économiques, les services sociaux et les infrastructures, la protection de la
population vulnérable et de l’environnement. La Banque mondiale se montre même
soucieuse de la légitimité : un « Etat qui se veut efficace doit représenter tous les
citoyens ».23
De son côté, le FMI, partant du postulat/constat, que les économies ouvertes et
intégrées à l’économie mondiale sont celles qui comptent moins de pauvres,
reconnaît un certain rôle politique dans la sphère de la mondialisation. « Le marché
favorise l’efficience grâce à la concurrence et à la division du travail » et « grâce à la
mondialisation des marchés, il est possible de tirer parti de marchés plus nombreux
et plus vastes dans le monde » et avoir donc « accès à davantage de capitaux et de
ressources technologiques ». Mais « les marchés ne garantissent pas nécessairement
que cette efficience accrue profite à tous. Les pays doivent être prêts à lancer les
politiques indispensables et, dans le cas des plus pauvres, ils peuvent pour ce faire
avoir besoin de l’appui de la communauté internationale ».24 La crise asiatique 1997-
1998 a d’ailleurs révélé la fragilité des marchés et signalé l’urgence d’une révision des
rapports Etat-marché. Mais la leçon n’a pas été retenue par les chantres du
néolibéralisme et la mondialisation dérégulée comme en attestent les crises russe en
1998,25latino-américaines en 1999, ou encore la crise des subprimes en 200826 partie
des Etats-Unis pour gagner l’Europe... Et à chaque crise on fait le même constat que
23 Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 1997 : l’Etat dans un monde en mutation, Washington,

Banque mondiale, juin 1997, pp. 1, 6, 36-42, 59-68.


24 FMI, « La mondialisation : faut-il s’en réjouir ou la redouter ? », op.cit.,
25 Jacques Sapir, « La crise financière russe comme révélateur des carences de la transition libérale », Diogène, n°2,

vol.2 n°194, 2001, pp. 119-132.


26 Etienne Perrot, « ‘Subprimes’ : la morale de l’histoire », Etudes, tome 409, n°10, 2008, pp. 317-326.

17
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

l’on peut très bien reprendre pour les crises qui suivent. Un constat que résume
Jacques Sapir, en évoquant la crise russe, en ces termes : « La crise financière russe
d’août 1998, survenant entre la crise asiatique et la dévaluation du réal brésilien de
janvier 1999, a provoqué une remise en cause de nombreuses certitudes. Elle
témoigne que les comportements spéculatifs les plus destructeurs des agents
financiers ne peuvent se déployer totalement qu’en raison d’un effondrement de
l’Etat [et] que les marchés ont besoin d’un État auquel ils ne peuvent se substituer.
Elle a aussi été le moment d’une prise de conscience des dynamiques d’une économie
financière globalisée (…), conduisant à une relecture critique des politiques
préconisées durant les années 90 et à une mise en cause directe du FMI et de son
action ».27
Ces crises successives montrent que l’on n’a toujours pas trouvé une bonne
articulation entre l’Etat et le marché, entre la dérégulation et la régulation. Cette
incapacité à penser la (dé)régulation s’explique par des positionnements idéologiques
des acteurs majeurs, mais aussi par le rapport ambivalent que le marché entretient
avec l’Etat. Ce lien ambigu est bien analysé par Kazancigil : « le marché est
intimement lié à l’Etat, avec lequel il a des rapports ambigus. D’une part, il est
structuré par des règles édictées par le pouvoir souverain et il a en permanence
besoin de son aide, à la fois pour fonctionner et, en cas de crise grave, survivre,
comme on l’a constaté une fois de plus, en 2008. De l’autre, il cherche en
permanence à éviter la réglementation publique ».28
En fait, la mondialisation oblige les Etats à corriger les déséquilibres résultant du
fonctionnement des mécanismes du marché et leur assigne une fonction sociale. Le
rapport de l’ONU, cité plus haut, a émis quelques remarques pertinentes quant au
rôle de l’Etat : « a) le rôle de l’Etat en matière d’établissement du cadre législatif et
réglementaire a été sous-estimé ; b) la nécessité de pallier les lacunes du marché par
des politiques redistributives a été ignorée, ce qui a conduit à des inégalités
croissantes ; c) l’importance des systèmes de sécurité et de protection sociale en tant
que fonctions essentielles de l’Etat a été sous-estimée ; et d) le rôle de l’Etat en tant
qu’institution de gouvernance économique a été négligé : s’il y a une mutation vers
un rôle plus régulateur de l’Etat, tout ne peut être organisé au moyen du marché ».
Les résultats des réformes entreprises dans les économies en transition et celles en
développement ont réaffirmé l’importance du rôle de l’Etat en matière de
gouvernance économique. Aussi, « loin de représenter deux forces antagonistes, des
marchés solides et des Etats forts sont vraiment complémentaires et sont des
conditions nécessaires à la prospérité et à la justice sociale ». Toujours selon le même

27 Sapir, art.cit., p. 119.


28 Kazancigil, op.cit., p. 56.
18
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

rapport, seul un Etat fort peut protéger les groupes « vulnérables de la société,
combattre l’exclusion sociale de groupes minoritaires et assurer une distribution plus
équitable des ressources (…) La mondialisation n’est pas une panacée. Elle implique
beaucoup de contraintes mais offre aussi des opportunités, qui, comme l’expérience
le montre, ne sont pas répartis équitablement à travers le monde ».29 Cela pose
évidement la question de la nature de l’Etat. Un Etat démocratique fort est requis
pour redistribuer les bénéfices de la mondialisation et minimiser les coûts que
certaines couches de la population peuvent supporter.30 Toutefois, la crise actuelle
qui frappe l’Europe, et tout particulièrement la zone euro, montre une certaine
incapacité des démocraties à protéger les couches sociales les plus vulnérables.
Il revient donc à l’Etat d’assumer les fonctions d’allocation, de redistribution de
richesses et d’assurance qui ne peuvent ou qui n’incombent pas au marché. Dans la
société, chaque agent se préoccupe de ses propres intérêts et c’est à l’Etat qu’il
revient de se soucier de ceux de l’ensemble de la collectivité. « En ce sens », écrit Jean
Pisani-Ferry, « la mondialisation n’implique aucune convergence vers un modèle
libéral d’Etat minimal. Au contraire, elle pourrait paradoxalement induire un
renforcement des fonctions publiques. La mondialisation soumet aussi les Etats à la
contrainte d’efficacité et leur impose une définition précise de leur mode de
faire […] Loin d’être une charge improductive, les dépenses publiques en
infrastructures ou en formation peuvent être un facteur de croissance et de
compétitivité. Elles peuvent cependant tout aussi bien être un handicap si leur
allocation est mauvaise. Il y a donc, non pas une fatalité de l’Etat minimal, mais une
obligation de l’Etat efficace ».31 En redéfinissant les fonctions de l’Etat, la
mondialisation n’a pas conduit et il est peu probable qu’elle conduise à un Etat libéral
minimal.32
Mais cet impératif d’efficacité n’est pas le même que celui prôné par le
néolibéralisme qui est lui motivé par la rentabilité. En effet, tout ne peut être
approché sous l’angle de la rentabilité, les services sociaux ou la culture ne peuvent
être appréhendés de la sorte car cela revient à les transformer en biens marchands.
Mais force est de constater que la logique néolibérale a gagné du terrain dans ce
domaine puisque l’action publique est davantage menée selon des logiques
d’efficacité plutôt que de distribution. Cela s’est opéré sous la pression de la logique
néolibérale dominante qui « assimile le secteur public au monde des affaires et

29 UN- Economic and Social Council, op.cit., pp. 7-8, 14-15, 17.
30 Bertucci & Alberti, op.cit., p. 11.
31 Jean Pisani-Ferry, « Mondialisation : vrais et faux débats », Commentaire, vol. 20, n°77, printemps 1997, p. 35.
32 La notion d’Etat minimal a été notamment développée par les théoriciens du libéralisme le plus dur comme Robert

Nozick, pour qui l’Etat minimal se limite à des fonctions de protection contre la force, le vol, la fraude et de garantie
des contrats. Un Etat plus étendu enfreindra, selon lui, les droits des personnes. L’Etat minimal est donc celui qui se
limite à la protection des droits naturels des individus.
19
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

privilégie l’efficacité technique de l’action publique, la réduisant à des choix


rationnels sans prendre en compte les conditions de sa légitimité politique ».33
Toutefois, les crises successives du marché exigeant l’intervention de l’Etat pour
sauver le système de la faillite montrent les limites du néolibéralisme et la logique
d’efficacité qu’il prône.
De ce qui précède, on peut dire que les questions du retrait, du déclin ou encore de
la fin de l’Etat sont à reformuler car ce qui est à l’œuvre aujourd’hui ce n’est pas la fin
de l’Etat, mais celle d’une forme particulière de l’Etat qu’ont connue les démocraties
occidentales durant le dernier demi-siècle.34 L’Etat du 21ème siècle différera donc de
celui que l’on a connu par le passé, et s’écartera du modèle de l’Etat-providence, mais
il est imprudent de le concevoir comme étant un « Etat minimal ». C’est l’efficacité
qui est désormais requise comme un « attribut essentiel de la bonne gouvernance ». Si
l’Etat-providence a conduit dans certains cas au progrès économique et social, il a, en
revanche, conduit dans d’autres à la dette publique et à la mauvaise utilisation de
ressources de la nation. Mais l’Etat minimal, caractérisé par un petit gouvernement,
une dérégulation, une privatisation et un passage du secteur public au privé, n’a pas
été dans certains cas suffisant pour stimuler ou soutenir un développement humain
durable. Aussi, les réformes économiques ont-elles besoin d’être complétées par de
meilleures politiques sociales. Il revient donc à l’Etat de garantir les services sociaux.
La question des effets de la mondialisation sur la capacité de l’Etat à assurer de tels
services a ainsi été au centre des débats, mais il est clair que les pays ayant un taux
d’ouverture économique élevé sont aussi ceux où les dépenses sociales sont élevées
(pays nordiques, Autriche…). Les économies ouvertes à la globalisation n’impliquent
donc pas des dépenses sociales de bas niveau. Evidemment, un niveau élevé de
protection sociale peut être nécessaire dans certains pays plus exposés aux risques
extérieurs ou devant subir un ajustement structurel.35

Crise internationale : l’Etat comme régulateur de la dérégulation


Les gouvernements des acteurs majeurs ont fait en sorte que la mondialisation
s’émancipe de toute régulation sociale, or une telle régulation est requise pour tout
ordre public, qu’il soit étatique ou transnational. La crise de 2008-2009 a montré
que sans une régulation publique mondiale, la globalisation devient un « processus
instable et nuisible à la société, à l’environnement, et même à la pérennité du
capitalisme qui en est pourtant le principal bénéficiaire ».36 Cette crise a remis en
cause la dérégulation et mis en exergue l’incapacité des marchés à s’organiser et
33 Kazancigil, op.cit., p. 73.
34 Higgott, art.cit., pp. 287-288.
35 Bertucci & Alberti, op.cit., pp. 11-16.
36 Kazancigil, op.cit., pp. 168, 170.

20
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

surtout leur capacité de nuisance pour l’économie mondiale. D’où donc la nécessité
de (re)penser la régulation étatique de la dérégulation. Ainsi, plus le processus de
mondialisation s’accélère, donnant l’impression d’une paralysie de l’Etat, plus le
besoin d’Etat se fait davantage sentir. Son rôle régulateur est désormais reconnu et
s’est notamment axé, suite à cette crise, sur le contrôle des marchés financiers et du
système bancaire. L’Etat a été à l’origine de la dérégulation, perçue alors comme une
vertu économique, et le voilà aujourd’hui encore à l’origine de sa régulation. Cela
confirme ce que l’on a avancé plus haut : la mondialisation est plus voulue par les
Etats que subie et leur capacité d’action demeure non seulement importante mais
surtout nécessaire pour l’évolution de la mondialisation.
Toutefois, cette prise de conscience quant à la nécessité de la régulation de la
dérégulation est biaisée. D’abord, parce qu’il « n’existe pas de consensus en faveur
de la régulation de la globalisation ».37 Ensuite, parce que les acteurs majeurs
s’accordent à dire que l’Etat doit intervenir juste pour sauver le système financier et
économique international, non pas pour le changer. Or, sauver le système sans
s’attaquer aux sources du problème, revient à laisser la porte ouverte à de nouvelles
crises… C’est une gestion et non une résolution du problème.
En effet, les différentes réunions du G20, crée à cet effet, ont préconisé des
mesures pour réguler et contrôler le système financier mondial (fonds spéculatifs,
marchés des produits dérives, paradis fiscaux…). Mais ces mesures ne reflètent pas
un dispositif de refonte du système. Malgré leur portée limitée, elles ne sont pas
susceptibles d’être appliquées réellement faute de volonté politique. La logique qui
anime les acteurs influents du G20 ne consiste pas à changer la mondialisation
néolibérale mais à veiller à sa pérennité en la protégeant aussi de ses propres excès.
Ainsi, lorsque le système est sauvé grâce à l’argent du contribuable, on renoue avec
les mêmes pratiques de prise de risques spéculatifs et de rémunérations démesurées.
C’est bien ce qui s’est produit en 200938 avec l’intervention des Etats en utilisant
l’argent public pour sauver les banques sans exiger de réelles contreparties pour
éviter que la crise ne se reproduise. Cela revient, affirment certains, à « socialiser les
pertes » et à continuer à « privatiser les profits ».
Si un consensus a émergé au sien du G20 sur le principe d’une re-régulation du
système financier international, les divergences persistent, entre ses Etats membres,
sur la manière de sa mise en œuvre. Et faute d’avancées concrètes en la matière,
c’est bien la légitimité, déjà faible, du G20 qui sera réellement mise en cause.39 Le

37 Ibid., p. 171.
38 Ibid., pp. 171-172.
39 Lim Wonhyuk, & Françoise Nicolas, « Le G20 de Séoul à Cannes : vers un comité de gouvernance mondiale », Les

rapports Ifri, Paris, 12 Avril 2011, 19 p — http://ifri.org/?page=detail-contribution&id=6535 (date d’accès :


10/01/2012), p. 7.
21
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

problème n’est donc pas autant de faire admettre la nécessité de la régulation, mais
de concrétiser les mesures de régulation. Il faut rappeler que c’est bien la dérégulation
voulue par les Etats et la privatisation des instruments de contrôle qui ont
grandement contribué à la crise de 2008-2009. Des biens publics comme les
pensions de retraite ont été transformés en biens marchands (assujettissement de
l’intérêt général à des intérêts privés). De plus, les Etats ont permis, dans les années
1990, aux banques de faire de la titrisation (diviser des dettes à risque en parts et les
vendre sous forme de contrats), ce qui a contribué à cette crise. Ces instruments
spéculatifs ne pouvaient être juridiquement contrôlés et évalués par des autorités
financières indépendantes car cette mission avait été confiée à des agences de
notation privées. Or, celles-ci ne peuvent réellement contrôler des clients qui les
payent.40

L’Etat comme pivot de la mondialisation


Les compétences de l’Etat sont grignotées de partout : transfert de certaines
compétences vers des autorités locales (décentralisation) et vers des structures
internationales. Mais comment se développe cette articulation du mondial et du local
qui évolue aux dépens du rôle de l’Etat ? Au plan transnational, le multilatéralisme,
produit de la coopération interétatique, a été submergé par la globalisation. Les
OIG, les multinationales, les ONG ainsi que les réseaux issus des sociétés civiles
jouent un rôle important aux côtés des Etats. Le multilatéralisme est aussi
submergé en matière de sécurité car les Etats ne sont plus les seules sources de
menace à la paix mondiale car désormais concurrencés par des acteurs non-
étatiques (réseaux internationaux, mafias) qui pratiquent la violence transnationale.41
Au plan local, les choses évoluent également dans la même perspective, celle de la
concurrence faite à l’Etat. Les acteurs locaux (élus, entreprises, mouvements
sociaux écologistes) ainsi que les divers réseaux ont gagné en influence. Toutefois,
la fonction protectrice du gouvernement central persiste toujours. L’articulation
entre ces deux dimensions se fait notamment à travers l’action de certains acteurs
infra-étatiques comme les collectivités locales. C’est le cas notamment des villes qui
agissent aux différents niveaux, national, régional et global. Aux côtés des autres
entités infra-étatiques, la ville est désormais un acteur qui compte dans l’articulation
des trois échelons territorial (collectivités territoriale), étatique (Etats souverains),
régional (type Union Européenne) et global (mondialisation)42 Le rôle des

40 Kazancigil, op.cit., pp. 70-71.


41 Ibid., pp. 168-169.
42 Ibid., p. 74.

22
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

collectivités locales agissant au-delà du cadre étatique est à l’œuvre en Europe et


s’amorce désormais à l’échelle euro-méditerranéenne.43
Ainsi, l’interdépendance économique et sociale et la complexité du monde
globalisé affectent le processus décisionnel national de deux manières : un transfert
de décisions vers le niveau international, d’une part, et vers les niveaux locaux d’autre
part, et ce en raison de la demande croissante de participation. Cela induit une double
remise en cause des politiques publiques. Ainsi, la mondialisation rend le processus
décisionnel complexe, qui se fait désormais aux différents niveaux ; infranational,
national et global. Décentralisation et dérégulation ont ainsi donné une importance
au gouvernement local et aux acteurs non-étatiques auxquels des fonctions
significatives sont désormais imparties. Paradoxalement, cette situation inconfortable
de l’Etat en fait un élément incontournable de l’édifice, puisqu’il est davantage appelé,
comme le notent Bertucci et Alberti, à agir comme une plate-forme d’un complexe
processus (consultation, négociation et élaboration de décision) qui implique divers
acteurs, et ce aux différentes échelles de gouvernance. L’Etat est la plaque tournante
des activités connectant multiples partenaires. Il agit comme interface dans des
domaines variés et impliquant divers acteurs.44 L’ensemble gravite donc autour de
l’Etat, pivot de la mondialisation.

Conclusion
Il n’y a pas d’alternative au rôle régulateur, distributeur et social de l’Etat d’autant
plus que la mondialisation est un mauvais instrument de répartition de dividendes,
aussi bien au plan interétatique qu’intra-étatique. L’Etat est le seul rempart contre
l’exclusion, voire le désordre. Eu égard à ses implications politiques, la question de
l’exclusion est liée à celle de la représentativité des gouvernements. Sous l’effet de la
dérégulation sociale rampante, qu’illustre la concurrence à rebours (socialement), la
précarisation menace tout l’édifice de la protection sociale. Pour attirer les
investissements étrangers et créer des conditions favorables à la compétitivité,
certains Etats se livrent à une diminution de la protection sociale. Or, si des
politiques publiques entraînent l’appauvrissement et la précarisation des couches
vulnérables de la population, cela pose le problème de la légitimité des
gouvernements qui les décident et les mettent en œuvre.
L’Etat demeure incontournable. Certes, ses fonctions comme ses compétences
subissent de fortes altérations, rétrécissements et redéfinitions, mais c’est vers lui que
l’on se retourne toujours. Même s’il est devenu un acteur parmi tant d’autres, l’Etat

43 CherifDris, « Dynamique infra-étatique des relations euro-maghrébines : la coopération décentralisée », in Abdenour


Benantar (dir)., Europe et Maghreb : voisinage immédiat, distanciation stratégique, CREAD, Alger, 2010, pp. 119-124.
44 Bertucci & Alberti, op.cit., pp. 9-14.

23
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
ETAT ET MONDİALİSATİON : RÉGULER LA DÉRÉGULATİON ?
Abdennour BENANTAR

n’est pas un acteur comme les autres, c’est l’acteur clé dans le monde. On se
demande même si l’accélération du processus de la mondialisation n’a pas, in fine,
donné un nouvel élan à l’Etat. Certains phénomènes remettent en cause le cadre
étatique, mais au fond, l’Etat est plus que jamais le cadre le plus pertinent pour la
gestion des affaires de la cité mondiale. Curieusement, les forces qui grignotent ses
attributs et ses compétences sont celles-là mêmes qui lui demandent d’être actif et
efficace. C’est évidement un paradoxe de la mondialisation. En outre, celle-ci se
déploie et s’accroît en partie au détriment de l’Etat, or pour se développer elle a
précisément besoin de lui. La mondialisation exige des Etats d’être forts car son
ennemi est bien la déliquescence de l’Etat. Seul un Etat fort peut assurer une
dérégulation régulée. Une régulation de la dérégulation que la crise financière et économique
internationale ne fait que confirmer la nécessité. Mais la régulation exige une refonte
du système financier globalisé.

24
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Mer caspienne :
Le statut juridique à l’épreuve des égoïsmes nationaux

Mohammed SEMIME
Doctorant à l'Université d'Alger3
et enseignant en sciences politiques et relations internationales.

Introduction:
Vingt ans se sont écoulés depuis l’assourdissante désintégration de l’Union
soviétique, officiellement le 9 décembre 1991, sans qu’un accord à même de mettre
fin à cette controverse portant sur la question de la qualification légale de la
Caspienne n’intervienne. Cette dernière est-elle
est elle une mer ou un lac ? Question
lancinante demeurant, à ce jour, grandement ouverte. Si du temps du soviétisme, la
Caspienne était conjointement régie par la Russie soviétique et l’Iran l’Iran en tant que
lac, aujourd’hui la donne s’est profondément modifiée. Car, autour de cette mer il
n’y a plus que deux Etats mais bel et bien cinq et, subséquemment, toute discussion
sérieuse à ce propos doit absolument prendre en ligne de compte cette nouvelle
donne. Il va sans dire qu’au final cette multiplicité d’acteurs n’est pas de nature à
faciliter l’ébauche d’une réponse satisfaisante. Seraient-ce,
Seraient ce, les politiques porteuses
d’intérêts égoïstes, forcément contradictoires, des uns et des autres qui en sont la
cause ? Une petite évolution, cependant prometteuse, est à souligner dans ce
domaine. Les gouvernements locaux semblent prendre, ces toutes récentes années,
conscience de l’utilité à y trouver une issue. Mais, toujours est-il
est il qu’il n’en est rien
de concret. La première conséquence, vérifiable au demeurant, n’est autre que celle
ayant trait au développement même de la Caspienne. L’exploration et l’exploitation,
donc l’essor, de ses ressources énergétiques se trouvent, dans ce cas précis,
entravés(1). Cette situation ne peut, logiquement, que se répercuter sur le
développement et la modernisation même de ces sociétés et ces Etats qui
avoisinent cette mer, plus singulièrement, les républiques issues de la désintégration
du régime soviétique. Inutile de dire que la réussite de leur transition post- post
soviétique est, pour de larges parts, tributaire de la résolution de cette épineuse
équation. C’est, très précisément, ce qui nous amène à s’interroger sur cette
incapacité, à première vue chronique, de l’ensemble
l’ensemble de ces Etats à trouver un modus
vivendi, nonobstantl’existence d’une volonté politique, traduite d’ailleurs par le

(1)- Jean-Marc
Marc (Braichet), "Les Consortiums : le développement des gisements face au statut juridique de la
Caspienne", Groupe d’échanges et de réflexion sur la Caspienne, Compte rendu de réunion (décembre 1997-octobre
1997
1998), Document de travail n°99 15,
n°99-15, CEPII, novembre 1999, p.38.
www.cepii.fr/francgraph/doctravail/pdf/1999/dt99
www.cepii.fr/francgraph/doctravail/pdf/1999/dt99-15.pdf (site visité le 26-11-2011).
25
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Mer caspienne : Le statut juridique à l’épreuve des égoïsmes nationaux
Mohammed SEMIME

récent rapprochement des positions de certains gouvernements. L’enjeu de la


qualification juridique de cette plus grande étendue d’eau enclavée dans le
monde(2)est-il, ainsi et in fine, aussi crucial qu’aucun accord, aussi minime soit-il, ne
soit possible entre ces Etats ? L’interrogation est en effet aussi légitime
qu’inévitable au regard du lien existant entre énergie et modèle de développement
conçu et mis en œuvre par l’ensemble des pays du pourtour caspien. La nécessité
d’arriver vite et maintenant à un terrain d’entente devient encore plus impérative
lorsque l’on sait que de par un passé encore récent des conflits ont failli dégénérer à
propos des activités d’exploration menées par certains Etats dans la région. C’est
dire que le sujet du statut légal de la Caspienne est absolument stratégique à plus
d’un titre du fait qu’il est étroitement liée non seulement à la rente pétrolière que
cette mer pourrait générer mais plus fondamentalement à la sécurité de la zone.
N’est-elle pas une lapalissade que de dire qu’en dehors de la paix et de la sérénité,
toute œuvre d’édification demeurerait plus que fragile ?
La Caspienne, caractéristiques géographiques
Il est désormais établi que la totalité des géographes présentent la Caspienne, de
par sa superficie, comme le plus immense des lacs connus dans le monde. Il s’agit
d’une étendue d’eau dont la découverte n’est pas toute nouvelle et, l’on sait, à cet
égard, qu’elle remonte à des temps immémoriaux. Un autre fait marquant cette très
longue période de son existence est que cette mer a constamment changé
d’appellations. L’on avance, à ce propos, qu’elle a connu, en tout et pour tout, pas
moins de cinquante huit (58) noms(3). Ils sont globalement les noms des villes
côtières, des Etats, des zones adjacentes, des montagnes ou des tribus qu’elle
prenait. Preuve en est que sa présente appellation trouve son origine dans celui
d’une tribu turkmène, les Caspis, qui, suivant les historiens, avait vécu sur sa rive
sud-ouest, entre le fleuve Araxe(*) et l’actuelle ville d’Astana(**) au cours de la
période couvrant le 2ème et le 1èr millénaires de notre ère(4). Au registre purement
géographique, elle se situe précisément entre les montagnes du Caucase à l’est et les
steppes d’Asie centrale à l’ouest(5). Elle a une forme ressemblant à la lettre S et
s’étend du nord au sud entre le 36° 34° - et le 47°- 13° de latitude nord, le 44°-18°

(2)- Thibaut (Richard), " Les enjeux de la mer Caspienne et de ses « tubes »", Bulletin d’Etudes de la Marine, p.14.

www.cesm.air.defense.gouv.fr/IMG/pdf/BEM_46_Partie1.pdf(site visité le 26-11-2011).


(3) –Garik (Galstyan), " LagéopolitiquedcaspienneelaRussiedanslarégion", (thèse pour l'obtention de doctorat, dirigée

par Annie Alain), Université Charles de Gaule,lille 3,2005,


http://www.univ-lille3.fr/theses/garik-galstyan/html/these.html ,(site visité le 02-11-2011).
(*) –l’Araxe est une rivière d’Asie centrale dont l’amont se trouve en Turquie. Elle est longue de 994 kilomètres et sert

fondamentalement de frontière entre la république islamique d’Iran et la république sud-caucasienne d’Azerbaïdjan.


(**) – Astana est la nouvelle capitale du Kazakhstan deuis 1998 en remplacement d'Almaty.
(4) – Garik (Galstyan), op. cit.
(5) - Reda( Benkirane), " Geo-economy and Geopolitics of oil", Caspian sea Country Analysis Briefs, Energy

Information Administration, US Department Of Energy, Janvier 2007.


http://www.eia.gov/cabs/caspian.html (site visité le 14-11-2011).
26
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Mer caspienne : Le statut juridique à l’épreuve des égoïsmes nationaux
Mohammed SEMIME

et le 52°24° de longitude(6). Cette étendue d’eau salée est longue de 1200 kilomètres
alors que sa largeur est de 320 kilomètres(7). Sa superficie est assez difficile à
déterminer avec précision du fait de l’incertitude de ses rivages qui se déplacent
constamment en fonction des fluctuations incessantes du niveau des eaux. Il ne
serait pas inutile de signaler, à ce sujet, qu’ en 1937 elle comptait 422 000 km2 et en
1986 elle n’était plus que de l’ordre de 376 000 km2 alors qu’en 1994, son niveau a,
d’une manière aussi bizarre que brutale, baissé de 2,2 mètres. Cette instabilité
hydrographique ne pourrait raisonnablement s’expliquer que par les conditions
climatiques(8). Mais, toujours est-il que l’on peut avancer sans grand risque de se
tromper que sa superficie, à l’heure actuelle, varie entre 380 000 et 430 000
kilomètres carrés(9). Elle est entourée de cinq Etats souverains : la fédération de
Russie au nord, le Kazakhstan au nord-ouest, le Turkménistan au sud-ouest, la
république islamique d’Iran au sud et l’Azerbaïdjan au sud ouest. Tout au long du
XIXe et jusqu’à la dernière décennie du XXème siècle, elle était sous contrôle russe,
puis soviétique et, donc, liée au système dit des Cinq Mers, à savoir la mer blanche,
la mer Baltique, la mer d'Azov, la mer Noire et la mer Caspienne. La chute du
régime communiste en 1991 et le recouvrement des souverainetés par les anciennes
républiques soviétiques d'Asie centrale et du Caucase à, de fond en comble, modifié
la structure géopolitique de la région. L’apparition de nouvelles entités politiques,
souveraines et indépendantes de toute tutelle, aspirant, entre autres, à arracher et
préserver les droits qui sont les leurs en Caspienne constitue indubitablement une
nouvelle réalité géopolitique que les puissances régionales, voire mondiale intègrent
désormais dans leurs politiques orientées vers la caspienne., alors qu’auparavant
seuls deux pays riverains, la Russie au nord et la Perse, devenue, dans les années
trente du siècle dernier Iran, au sud partageaient cet espace maritime.
Les hydrocarbures, un enjeu majeur
Très peu médiatisée et, donc, marginalisée par les majors pétrolières du fait de la
domination principalement russe, la Caspienne n’était pas comptabilisée parmi les
zones de production pouvant apporter un plus au marché mondial de l’énergie.
Même l’union soviétique qu’y avait la haute main ne s’y intéressait pas autant qu’à
la Sibérie en la matière. Ce n’est qu’après la disparition du soviétisme que la
Caspienne s’est trouvée soudainement projeter sur la scène internationale, avec
cette fondamentale caractéristique relative à sa richesse énergétique. L’on ne parle
(6) - Jean (Radvanyi), La nouvelle Russie. L’après 1991 : un nouveau "temps des troubles". (série géographie), Ed.

Masson, Paris, 1996, pp.310, 311.


(7) - Reda (Benkirane), op. cit
(8) - André (Dulait) et François (Thual), La nouvelle Caspienne. Les enjeux post-soviétiques. Ed. Ellipses, Paris, 1998,

p. 59.
(9) – Jean (Radvanyi), op. cit., pp.310,311.

27
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Mer caspienne : Le statut juridique à l’épreuve des égoïsmes nationaux
Mohammed SEMIME

depuis que des considérables réserves qu’elle pourrait receler. C’est désormais, en
somme, une zone se définissant par le gaz et le pétrole. Cette manne pétrolière et
gazière est devenue un enjeu non seulement régional mais plus encore mondial.
Dès lors, une compétition féroce s’y déroule entre puissances intra et
extrarégionales pour le contrôle de la région. Les réserves(***) sont, en effet,
gigantesques. Et l’on commença a évoqué dans toute littérature politique portant
sur la Caspienne d’un " nouveau grand jeu" en référence à cette grande rivalité ayant
opposé la Russie, l’Allemagne et certains pays de l’Entente, après la première guerre
mondiale et jusqu’à la naissance de l’Union soviétique, au sujet justement du pétrole
caspien. Pour tout dire, la région est devenue un véritable pole énergétique, à tous
le moins stratégique, pouvant concurrencer la très instable région du moyen
orient(10). A proprement parler des réserves, il faudrait reconnaître que leurs
estimations diffèrent d’une source à l’autre. Elle pourrait en renfermer des réserves
prouvées se situant entre 30 à 40 billions de barils, alors que d’autres sources
avancent que ses réserves potentielles dépasseraient les 200 billions de barils(11).
Plus important, au moment ou les discussions font rage en 1998 à propos de la
construction de nouvelles routes pour le transport des hydrocarbures de la région,
l’International Institute for StrategicStudies, dont le siège se trouve à Londres, a
fait savoir que cette richesse se situe entre 25 et 35 billions de barils, ce qui est
comparable à celle de la mer du Nord(12). Aux yeux de beaucoup d’experts, si cela
s’avérait juste, la Caspienne pourrait constituer une véritable menace pour le golf
persique(13). L’Organisation pour la Coopération et le Développement souligne,
pour sa part, que les réserves pétrolières prouvées de cette mer constituent 3٪ des
réserves mondiales et 7٪ des réserves mondiales de gaz naturel(14). De leur coté, des
spécialistes occidentaux estiment que les réserves prouvées de pétrole caspien
seraient de l’ordre de 2,36 à 6 milliards de tonnes, soit 17,25 à 43,79 milliards de
barils, alors que celles de gaz naturel seraient, elles, de 6,57 trillions de m3(15).
L’Agence Internationale de l’Energie, pour sa part, crédite, dans ses projections

(***) - Les spécialistes des questions énergétiques font la distinction entre différentes notions de réserves. Elles sont
dites" prouvées" quand on estime pouvoir produire 85 à 95% de leur montant, en fonction bien entendu des
données géologiques et techniques de réservoirs connues et aux conditions techniques et économiques du moment.
Celles dites "non prouvées" sont divisées en réserves "probables", probabilité de production de 50% dans les
conditions économiques présentes ou dans un futur proche et, enfin, les réserves "possibles" sont celles dont la
probabilité de production varie de 5 à 15%.
(10) -"Les rivalités autour du pétrole de la mer Caspienne : une menace pour la sécurité européenne ?"

Rapport de l’Institut des hautes études de la défense nationale(IHEDN, France),8 juillet 1999,
http://www.voltairenet.org/Les-rivalites-autour-du-petrole-de,8536.(site visité le 20-11-2011).
(11) – Bulent ( Aras) et Ahmet (Okumus), Caspian Riches and Gulf Security,The Brown Journal of World Affairs,

Summer/Fall 2000 – Volume VII, Issue 2,p.86.


(12) – Ibid., p.86.
(13) –"Les rivalités autour du pétrole de la mer Caspienne : une menace pour la sécurité européenne ?",op.cit
(14) –Bulent (Aras) et Ahmet (Okumus), op.cit., p. 86
(15) – Garik (Galstian), op.cit.

28
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Mer caspienne : Le statut juridique à l’épreuve des égoïsmes nationaux
Mohammed SEMIME

d’approvisionnement global jusqu’au 2013, la caspienne d’une croissance de


production représentant presque 70٪ de l’approvisionnement non-OPEC(16). Quant
à l’étude réalisée par Wood Mackenzie en 2001, elle a révélé que cette région serait
en mesure d’assurer la production d’environ 3,9 millions de barils par jour en 2015,
ce qui, en soit, représente trois fois la production de 2000 qui était de 1,2 millions
de barils par jour(17). La localization, cependant, de cette richesse est inégalement
répartie au niveau de la géographie caspienne. A cet effet, il y’a lieu de noter que
trois principales zones emergent. Le bassin nord caspien que l’on peut considérer
comme étant le centre de gravité de la caspienne en matière d’hydrocarbures. Car, à
en croire les estimations du Cambridge ResearchEnergy Associates et le Wood
MacKenzy, la république Kazakhe recèle, à elle seule, plus de 70٪ des ressources
accordées au développement énergétique de la région(18). Les principaux champs de
cette zone sont notamment Tenguiz et Karatchaganak; Lebassin sud-caspien, qui
s'étend de l'Azerbaïdjan au Turkménistan, compte aussi d’importants champs -
Guneshli, Chirag, Azéri et Neftianyekamni – qui se situent dans sa partie Azerie; Le
bassin de l'Amou Darya, essentiellement gazier, se trouve au Turkménistan et,
enfin, le bassin médio-caspien, allant de la Russie jusqu'au Kazakhstan, dont les
réserves sont non moins importantes(19). Considérable, cette richesse allait, dès le
retour de la Caspienne sur la scène internationale, provoquer la convoitise non
seulement des grandes puissances industrielles mais, aussi et avant tout, celles Etats
riverains. Ces derniers estiment, non sans raison au demeurant, que cette manne
constitue une source de monnaie forte indispensable à la conduite de leurs
politiques publiques. Mais, la volonté des nouveaux Etats de jouer cette carte
énergétique pour soutenir l’effort de la construction nationale entamé
conséquemment à leur accession à l’indépendance bute sur l’une des plus sérieuses
questions, celle de la qualification juridique de cette mer. Les Etats riverains
affichent, à ce sujet, des positions différentes et rien n’indique qu’une synergie est
toute proche en dépit de leur attachement à une solution qui ait l’onction de tous.

Le statut juridique, une perspective historique

(16) - International Energy Agency, ‘’Perspectives on Caspian and Gas Development’’,Working Paper Series,
december 2008, p.5.
(17) – Djalilli (Mohammed Reda), La géopolitique de la nouvelle Asie centrale, de la fin de l'URSS à l'après 11

septembre. Ed. PUF. Paris, 2003, p. 199.


(18) - Alexandre, Huet, "Hydrocarbure en Asie centrale. émergence d’un nouveau pole énergétique", Le courrier des

pays de l’Est, n°1027, aout 2002, p.27.


(19) - Claude (Voisin, Dhyca),’’Les réserves pétrolières et gazières des pays de la Caspienne’’, pp.22,23.in Dominique

Pianelli Georges Sokoloff, "Recueil des comptes-rendus de réunion du Groupe d'échanges et de réflexion sur la
Caspienne", Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales, n°1999, 15 novembre 1999.
www.cepii.fr/francgraph/doctravail/pdf/1999/dt99-15.pdf. (site visité le 12-11-2011).

29
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Mer caspienne : Le statut juridique à l’épreuve des égoïsmes nationaux
Mohammed SEMIME

D’un point de vue tout à fait historique, la gestion de la caspienne a toujours été
une affaire russo-persane d’abord, et soviéto-iranienne ensuite, avec, précisons le
tout de même, une suprématie patente de l’empire russe puis soviétique. Les tous
premiers Traités porteurs d’une clarification de la situation juridique de la caspienne
sont ceux dits de Saint-Pétersbourg signé en 1723 et, plus particulièrement, celui
de Recht. intervenu en 1732, ce dernier octroya à la Russie certains droits au
détriment de la Perse. C’est dans le cadre de ce Traité que la Russie tsariste a eu le
droit d’étendre sa souveraineté sur des territories adjacents à la caspienne, cédés,
faut-il le signaler, par la Perse. Il définit également un nouveau régime relative aux
activités commerciales et à la navigation sur la mer et les fleuves Koura(****) et
Araxe. La possession des navires militaires ne fut accordée, conformémément à la
lettre et à l’esprit de cet accord, qu’à la Russie. Évidemment, certains droits sont
accordés à la Perse, mais ce sont des droits relatifs quasi-particulièrement au
domaine de la navigation(20). Cependant, les spécialistes en la matière affirment
qu’en fait, les premières dispositions d’une nature véritablement juridique précisant
d’une manière, on ne peut plus clair, la situation légale de la Caspienne sont
stipulées par le Traité de Gulistan(*****), signé le 12 octobre 1813 entre l’Empire
tsariste et la Perse. Intervenant suite à une victoire militaire tsariste sur la Perse, il
ne pouvait que favoriser grandement le vainqueur, soit l’Empire des Tsars, au
detriment du vaincu. L’article cinq stipule que :

“ les vaissaux marchands russes auront, comme antérieurement, le droit de naviguer le long
des cotes de la mer Caspienne et d’y aborder. En cas de naufrage, les persans leurs donneront
amicalement du secours. Les bâtiments du commerces persans auront aussi comme auparavant le
même droit de cabotage le long des cotes de la mer caspienne et d’aborder sur le rivage russe et, en
cas de naufrage les russes leurs donneront toute l’assistance nécessaire. Quant au vaisseaux de
guerre, comme avant la guerre, ainsi que durant la paix et dans tous les temps, le pavillon russe a
seul flotte sur la mer caspienne, il aura maintenant sous ce rapport le même droit exclusif
qu’auparavant, de manière qu’outre la puissance russe aucune autre ne puisse aborder un pavillon
militaire sur la mer Caspienne(21).’’

Clairement, cette disposition accorda à la Russie des droits, aussi énormes


qu’importants, relatifs à toute sorte d’activités en Caspienne. Ainsi et pour la

(****) – La Koura est un fleuve du Caucase, long de 1510 kilomètres. Il traverse la Géorgie et l’Azerbaïdjan pour se
jeter en mer Caspienne
(20) – Garik (Galstyan), op.cit.
(*****) - Ce traité mit fin à la première guerre russo-persane et plus particulièrement au contrôle perse de la Caspienne

qui devint du ressort de l’Empire tsariste.


(21) - Traité de paix et d’amitié perpétuelle entre l’Empire de Russie et celui de Perse, dit Traité de Gulistan, le 12

octobre 1813.

30
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Mer caspienne : Le statut juridique à l’épreuve des égoïsmes nationaux
Mohammed SEMIME

première fois de sa longue histoire, cette dernière connut un statut conventionnel,


essentiellement de nature militaire en faveur de la Russie. Un autre Traité, non
moins important, ayant succédé à celui du Gulistan, portant sur la gestion de la
Caspienne est celui dit Traité de paix de Turkmentchaï signé le 22 février
1828(******). Ce nouveau Traité ne manqué pas, pour sa part, de favoriser la Russie
tout en concédant à la persane les memes prérogatives commériciales qu’elle a
acquises en vertu du Traité de Gulistan. En effet, son article sept stipula, de
manière en ne peut plus Claire, que:

“les batiments marchands russes jouiront par le passé du droit de naviguer librement sur la
mer Caspienne et le long de ses cotes et d’y abordertrouveront en Perse secours et assistance en cas
de naufrage. Le meme droit est accordé aux batiments marchands persans de naviguer sur l’ancien
pied dans la mer Caspienne et d’aborder aux ravages russes ou en cas de naufrage, les persans
recevront réciproquement secours et assistance. Quant aux batiments de guerre, ceux qui porteront
le pavillon militaire russe, étant ab antique les seuls qui aient eu le droit de naviguer sur la mer
Caspienne, ce memeprivilege exclusif leur est par cette raison également reserve et assure
aujourd’hui de sorte, qu’à l’excéption de la Russie, aucune puissance ne pourra avoir des batiments
de guerre sur la mer Caspienne(22).”

En vertu de ces Traités, la situation de la Caspienne se caractérisa, pour de


longues années, par une prédominance russe. Ce n’est qu’après l’arrivée au pouvoir
en Russie du Bolchevisme, puis du soviétisme, à la faveur de la révolution
d’octobre de 1917 que d’autres Traités sont venus annuler tous les accords
précédents. Un nouveau Traité est alors signé en date du 26 février 1921. Le fait
marquant dans ce Traité est qu’il établit pour la première fois l’égalité des pavillons
en Caspienne. En clair, la perse avait désormais le droit d’avoir sa propre flotte
navale(23). Les deux parties ont procédé également le 1 octobre 1927 à la signature
d’un accord relatif à l’Exploitation des pêcheries sur la côte méridionale de la mer Caspienne.
Ayant une durée de vingt cinq ans, cet accord n’apporte, dans le fond, rien de
nouveau, ni pour la promotion des relations bilatérales, ni pour la question relative
au statut international de la Caspienne(24). Ce n’est que bien plus tard qu’une
ébauche juridique a vu le jour. En fait, en procédant à la signature du Traité de
commerce etde navigation en date du 25 mars 1940, les deux parties, la Perse - devenue
depuis peu l’Iran, et la Russie tsariste - devenue entre temps soviétique - ont

(******)- Ce Traité de paix signé entre l’Empire tsariste et la Perse est venu suite à la fin de la deuxième guerre ayant
opposé les deux parties. Il annula Traité du Gulistan.
(22) - Traité de Turkmentchai du 28 février 1828.
(23) – Garik (Galstyan), op.cit.
(24)- ibid.

31
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Mer caspienne : Le statut juridique à l’épreuve des égoïsmes nationaux
Mohammed SEMIME

convenu que la Caspienne était une possession commune. Cependant, les deux
signataires n’ont procédé, dans le cadre de cet accord, à la délimitation, de quelque
manière qu’elle soit, de leurs frontières maritimes respectives. C’est dire, en
somme, que ce nouvel instrument juridique, en dépit de l’évolution qu’il a apporté
dans le sens d’une définition claire d’un régime juridique pour la Caspienne, n’était
pas porteur d’une réponse définitive à la question centrale. En un mot comme en
mille, la gestion de la Caspienne et, ce, jusqu’à la disparition de l’Union soviétique
fut assurée par les Traités de 1921 et 1940. En clair, elle était considérée tout au
long de cette période comme étant une propriété russo-iranienne et, ce faisant,
l’équation du statut ne se posait absolument pas.

L’effondrement du soviétisme, la nouvelle donne.

Toute une nouvelle situation géopolitique et géostratégique est soudainement


apparue à la suite de ce " séisme planétaire" qu’est la désintégration violente du
régime soviétique. Cet événement majeur de la dernière décennie du vingtième
siècle a eu des répercussions, certaines s’en ressentent aujourd’hui encore, sur
l’ensemble de la planète. Pour nous limiter dans la région qui nous concerne, l’on
constate la brusque apparition de nouvelles entités politiques. Autour de la
caspienne, il n’y a plus désormais que deux Etats, mais bel et bien cinq. Trois pays
auparavant soviétiques, deux faisant partie de l’Asie centrale - le Turkménistan et le
Kazakhstan, et un autre Sud-caucasien, l’Azerbaïdjan en l’occurrence, deviennent
aussi riverains de cette mer. Ces Etats, alors nouvellement delivrés du joug
soviétique, entendent bel et bien avoir leurs parts des richesses que renferme cette
mer. Du coup, la problématique du statut juridique de la Caspienne se posa avec
acuité. Induiscutablement, ce qui a compliqué d'avantage cette donne, ce sont les
estimations des réserves énergétiques - pétrolières et gazières- dont est crédité cet
espace maritime. A l’évidence, d’autres facteurs aggravants y ont énormément
contribué . Le réveil nationaliste parmi les élites et les acteurs politiques,
singulièrement, des trois Etats post-soviétiques bordant la Caspienne en est un.
Aussi et fondamentalement, ces troiss derniers pays ne conçoivent pas de la même
façon la caspienne, surtout durant les premières années de leur indépendance. En
somme, les Etats riverains, en dépit des efforts qu’ils déploient depuis, n’arrivent
toujours pas à s’entendre sur une définition légale, acceptable par tous, de la
caspienne. Or, dans cet esprit "

il n’y a qu’une alternative. Ou bien la Caspienne est un lac et, dans ce cas, ses resources sont
communes à tous les Etats et leur exploitation relève de la conclusion d’accords entre eux, ou elle

32
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Mer caspienne : Le statut juridique à l’épreuve des égoïsmes nationaux
Mohammed SEMIME

est une mer interieur dont les eaux sont reparties en eaux territoriales, plateaux continentaux et
zones economiques exclusives determinant les droits de chaque Etat riverain(25)."

Alors, est-ce une mer ou un lac? Sempiternelle question à laquelle aucune


réponse unanime n’a vu le jour. le droit international, quant à lui, ne fait
qu’accentuer cette ambiguité du moment qu’il ne dit absolument rien au sujet des
étendues d’eaux salées comparables à la Caspienne. Pour faire assez court, la
convention des Nations Unies relative au droit de la mer , dite convention de
MontegoBay signée en 1982, ne dit, en effet, pas plus dans son article 122, qu’ "aux
fins de la convention, on entend par mer fermée ou semi-fermée, un golf, un bassin ou une mer
entourée de plusieurs Etats et reliée à une autre mer ou à l’occéan par un passage étroit, ou
constitué entièrement ou partiellement par les mers territtoriales et les zones économiques exclusives
de plusieurs Etats"(26). A première vue et ainsi formulée, cette definition onusienne de
la mer ne s’applique systématiquement pas à la caspienne. Cette dernière, à titre
illustratif, n’est pas liée par des détroits ou par des fleuves aux mers ouvertes ou à
l’occéan mondial. Quant au concept de lac, il n’est également pas défini par le droit
international de la mer. Autant que nous sachions, il n’existe aucunement de
convention intrenationale qui en parle. La repartition des eaux des lacs n’est, ce
faisant, pas clarifiée. Toutefois, dans la pratique internationale des précédents
favorisant un partage equitable des ressources existent à l’exemple des grands lacs
se situant à la frontière américano-canadiennne(*******). L’absence de toute reference
au droit international de la mer s’agissant de la Caspienne a debouche sur un
véritable imbroglio. Ce qui constitue, tout compte fait, une aubaine pour les cinq
Etats concernés pour plaider chacun le point de vue qui arrange le plus ses interets.

Des positions contradictoires

Soulevée pour la première fois en 1994 suite à la signature du contrat, dit alors
"contrat du siècle" par l’Azerbaïdjan et le groupe AIOC- Azerbaijan International
Operating Compagny- à l’effet d’exploiter les gisements de Chirag, Guneshly et
Azéri, la question de la qualification légale de la caspienne a dévoilé d’une manière
irrécusable combien les régimes en place, plus singulièrement, ceux des républiques
(25) – Mohammed (Semiem), "La politique russe en Transcaucasie Postsoviétique", (Thèse pour l'obtention du
diplôme du Magistère en sciences politiques et relations internationales, dirigée par Mohammed Réda Mezoui),
Université d'Alger, Alger, 2005, p.76.
(26) - "Convention des nations unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1928, dite convention de MontégoBay".

http://www.un.org/french/law/los/unclos/closindx.htm ,( site visité le 10-11-2011).


(*******) - Pour de plus amples informations relatifs à la délimitation du plateau continental et les zones de pêche du

golf de Maine se trouvant à la frontière américano-canadienne, consulter l’arrêt du 12 octobre 1984 de la cour
internationale de justice sur le site :
Www.icj-cij.org/cijwww/ccases/ccigm/ccigm/-cjudgment/ccigm--cjudgment-19841012.pdf.( site visité le 02-11-
2011).
33
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Mer caspienne : Le statut juridique à l’épreuve des égoïsmes nationaux
Mohammed SEMIME

issues de l’éclatement de l’URSS, sont extrêmement déterminées à profiter de la


géopolitique nouvelle pour réussir le processus d’édification nationale. C’est ce que
reflète, d’ailleurs, les positions souvent contradictoires prises par les uns et les
autres en la matière. La Russie et l’Iran ont dès le début des discussions à ce
propos font valoir le principe de condominium ou rescommunis, qui permet une
utilisation communes des ressources énergétiques des fonds marins.
Principalement, ces deux pays se fondent dans leur plaidoyer sur les accords qu’ils
ont contractés du temps de l’Union soviétique. Ils affirment que l’ensemble de ces
accords qualifie la caspienne de lac(26). Cette option est, en réalité, défendue par ces
deux pays parce qu’elle permet une répartition équitable des ressources entre les
cinq riverains, sachant que leurs secteurs caspiens sont assez pauvres
comparativement à ceux des autres Etats. La quasi-totalité des réserves russes en
pétrole se trouve en Sibérie occidentale alors qu’elle n’en aurait que 5% dans son
secteur caspien ; quant au gaz son volume est nettement moindre dans cette même
zone. L’Iran, pour sa part, n’est pas aussi pressé pour exploiter son secteur caspien.
Il n’a, d’ailleurs, entamé son exploration qu’en septembre 2004. Ceci est
naturellement dû au fait que son littoral ne serait pas du tout prometteur(28). A
l’inverse, les trois républiques ex-soviétiques -le Turkménistan, l’Azerbaïdjan et le
Kazakhstan- ont été favorables, durant les premières années de leur indépendance,
au statut de mer. Bakou, la capitale Azérie, donne l’impression d’être le plus
farouche défenseur de ce statut. L’ex-président de cette république avait clairement
déclaré que " nous avons dans cette mer notre propre secteur dont nous exploitons les réserves
pétrolières et nous avons bien l’intention de continue(29). Tout compte fait, cette attitude des
trois républiques est très facilement explicable. Disposant de considérables réserves
on off-shore, elles ne veulent guère les partager avec Moscou et Téhéran. Rigides
au départ, les positions des cinq pays se sont évoluées au fils du temps. Preuve en
est, d’abord, le fléchissement apparu dans les positions russe et iranienne à partir de
1996. A partir de cette date, Moscou a reconnu, plus clairement lors d’une réunion
des Etats riverains de la Caspienne ayant eu lieu à Ashckabad les 11 et 12 novembre
1996, à tous les pays riverains le droit d’exercer leurs souverainetés respectives sur
une bande de 45 miles(********), la zone se trouvant au milieu de la mer devrait être
considérée comme propriété commune. La réponse des gouvernements azéri et
Kazakh ne s’est pas faite attendre. Ils ont tout bonnement refusé de signer la
(27) - Nader,(Jalilosoltan), "Le Caucase et les Enjeux énergétiques de la mer Caspienne".
p.113. www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/FD001348.pdf
(28) - Clément (Vigneaud), Géostratégie de la Caspienne, Année 2007-2008
http://www.memoireonline.com/09/09/2703/Geostrategie-de-la-Caspienne.html (site visité le 02-11-2011).
(29) - David (Allonsisus)," Le régime juridique de la mer Caspienne. Problèmes actuels de droit international public".

(Mémoire pour le diplôme d’études approfondies de droit international, option droit international public). Université
Panthéan- Assas(Paris II), LGDj, Paris, 1997, p.15.
(********) - Un mile nautique équivaut à environ deux kilomètres, exactement 1,85 kilomètres

34
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Mer caspienne : Le statut juridique à l’épreuve des égoïsmes nationaux
Mohammed SEMIME

déclaration sanctionnant les travaux de ladite réunion en signe de leur niet


catégorique. Deux ans plus tard, soit en 1998, Moscou a exposé, de nouveau, un
autre projet dont le contenu se résume en la répartition des fonds sous-marins tout
en réaffirmant sa proposition de garder les eaux sous juridiction conjointe. Encore
une fois, le gouvernement azéri s’est dit formellement opposer à cette issue(30).
Initialement proche de l’Azerbaïdjan quant à la définition de la situation légale de la
Caspienne, le Kazakhstan, s’est, lui aussi, rapproché de la Russie en procédant au
début du mois de juillet 1998 à la conclusion d’un accord relatif à la délimitation
des fonds marins de la zone septentrionale de la Caspienne(31). La république
islamique d’Iran réaffirme, par le truchement de son ministre des affaires étrangères
de passage à Bakou au mois d’août 1998, sa position initiale et déclare que :" le
système de partage équitable est la meilleure base pour le régime juridique de la Caspienne et
garantira les intérêts de tous les pays riverains"(32). Le Turkménistan n’est pas en reste
puisqu’il s’est aligné, lui aussi, sur la vision russo-iranienne en ne se prononçant pas
ouvertement pour la considération de la Caspienne comme un lac mais en appuyant
fortement " le caractère immuable du principe du consensus(…) pour toute prise de décision
relative au statut légal de la Caspienne"(33). En décodé, c’est l’esprit même des
propositions russe et iranienne. Ce chapelet de prise de position et son contraire,
un consensus s’est finalement ébauché à la faveur du sommet des pays riverains de
la Caspienne ayant eu lieu à Téhéran, la capitale iranienne, au courant du mois
d’octobre 2007. Les participants- les cinq chefs d’Etats des pays concernés- se sont
mis d’accords sur le fait que le statut de la Caspienne doit impérativement être
défini dans le cadre d'une convention, dont l'adoption sera consensuelle(34). Il s’agit
là, à n’en pas douter, d’une prise de conscience sans équivoque quant à la nécessité
plus qu’impérieuse d’arriver au plus vite à un règlement définitif de cette question
au regard de ce que représentent les hydrocarbures pour leurs économies
respectives d’une manière particulière et le processus de développement national en
général. L’ensemble des pays caspiens, secret de polichinelle s’il en est, sont des
Etats rentiers. En termes plus clairs, leurs économies sont éminemment fondées
sur les ressources naturelles(.........), plus singulièrement, le pétrole et le gaz. Si la
fédération de Russie et la République islamique d’Iran ne sont peut être pas pressés

(30) - Arnaud (Dubien), " Pétrole et Gaz du Bassin Caspien", La Revue Internationale et Stratégique. Eté 1999, n°34,
pp. 84,85.
(31) - Nader (Jalilosoltan), op.cit., p.113.
(32) - Le monde du 15 août 1998, p. 03.
(33) - Le monde, du 11juillet 1998, p. 02.
(34) - Déclaration adoptée au terme du sommet des dirigeants des pays riverains de la Caspienne en Octobre 2007 à

Téhéran.
(.........﴿- d’une manière général une économie basée sur les ressources naturelles est définit comme étant une économie

oū les ressources naturelles comptent plus de 10٪de son produit intérieur brut et 40٪ des exportations
35
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Mer caspienne : Le statut juridique à l’épreuve des égoïsmes nationaux
Mohammed SEMIME

d’explorer et d’exploiter leurs secteurs caspiens du fait essentiellement que leurs


grosses réserves se trouvent ailleurs, Sibérie pour la première et la partie sud du
territoire pour la seconde, il n’en est absolument pas de même pour les trois autres
républiques issues du démantèlement du soviétisme. Nouvellement souveraines,
elles n’auraient rien d’autre sur lequel s’appuyer pour garantir le financement de leur
développement en dehors des hydrocarbures. Cette manne énergétique a joué,
après tout, un rôle assez fondamental dans le rétablissement de leurs économies de
la dépression relative à la post-transition. Depuis l’année 2000, les trois économies
ont enregistré une croissance stable vacillant entre 7 et 30٪ par an dans leurs
produits intérieurs bruts(35). La croissance économique parait constamment forte
dans ces trois pays. A titre illustratif, le Kazakhstan a réalisé en 2007 une croissance
du produit intérieur brut avec un surplus de 7 ٪; au terme de l’année précédente,
l’Azerbaïdjan avait atteint le taux de 31٪, alors que l’économie turkmène continue
de croître à hauteur de 20٪(36). Il va sans dire, au demeurant, que les exportations
pétrolière et gazière sont une source de monnaie forte permettant à ces pays de
s’approvisionner en biens et services de tout ordre. Ces mêmes revenus
garantissent logiquement une couverture importante des besoins économiques et
sociaux des populations locales et autres dépenses, militaires à titre d’exemple, à
mêmes de protéger des indépendances nationales encore vulnérables(37). Il devient
ainsi clair comme l’eau de roche qu’en l’absence de cette rente énergétique les
politiques publiques des Etats en question auraient eu de sérieuses difficultés à se
matérialiser. Et, c’est indiscutablement là que réside l’explication de cette place de
choix qu’occupe la Caspienne et les questions y afférents dans leurs politiques
respectives.

(35) - Yelena (Kalyuzhnova), Economics Of the Caspian Oil and Gas Wealth. Compagnies, Governments, Policies.
Ed. Palgrave McMillan, New York, 2008, p.10.
(36) - ibid., p.11.
(37) -V (John Mitchell),L’autre face de la dépendance énergétique, Politique étrangère. n°2, 2006, pp. 257, 258.

36
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Les Résumés :

Résumé : La Nouvelle stratégie pétrolière américaine et ses répercussions


sur l'OPEP
Mohamed Karim Kheder
Dès son accession à la Maison-Blanche,
Maison Blanche, le président américain George W. Bush
et son équipe, constituée en grande partie de personnalités très proches des milieux
pétroliers, dont le vice-président
président Dick Cheney est le symbole, ont déclenché une
opération destinée
tinée à casser le contrôle par les pays de l’OPEP de leurs ressources
pétrolières nationales. Cette opération doit aboutir à la prise de contrôle des
américain des régions pétrolières comme le Golfe arabe (où se trouve le plus gros
des réserves pétrolières)
s) soit par la présence des compagnies pétrolières américaine
ou par la présence des forces militaires ( le cas de l’Irak ). Cette stratégie US dans
ces régions vise à renforcer son hégémonie dans le monde et a affaiblir les autre
puissances qui menaces sa suprématie sur la cène internationale.

Résumé : Le boom pétrolier et la politique sociale en Algérie


Fadel Amel

Les revenus de la rente pétrolière constituent en Algérie le pilier de toute


politique publique, qu’elles soient sanitaire, éducative, sécuritaire ou autre. De ce
fait, les différent gouvernements de l’Etat Algérien n’ont cessé de chercher les
différents moyens pour tirer profit de cette rente, considérée comme le moyen
d’assurer une paix sociale .
Pour cela, les reformes engagée par l’Etat à travers la lois dite « chakib khalil sur
le pétrole » adoptée en 2005, a soulevé les craintes de la classe politique et sociale
sur l’avenir de cette richesse, au moment le but essentiel de l’Etat visait à de
maximiser les revenus pour faire face aux différents défis sociaux

Résumé : l’Impact de acteurs locaux sur la mise en œuvre des politiques


publiques en Algérie dans le contexte des nouvelles reformes (2012)
Samir Ben Ayache
Le nouveau climat politique de la région arabe
arabe et les effets des crises économiques et
financières en Europe ainsi que la dynamisme des revendications de populations qui
aspirent au changement, représentent des défis urgents qui exigent du régime politique
algérien la nécessité de répondre aux revendications
revendications locales et de ne pas exagérer dans
la centralisation des décisions et le pousse à lever la pression exercée par les systèmes
bureaucratiques sur les citoyens et à faire réagir la force de la loi sur la relation établie
entre le citoyen et l'administration
nistration au sein de la démocratie locale et ce, en répondant

37
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Les Résumés

aux enjeux économiques de façon à servir la citoyenneté et le respect des droits de


l'homme en vue d'éviter d'autres processus que connaissaient certains régimes arabes.
Les politiques publiques et les réformes ne sont pas appliquées en tant que
politiques de l'Etat lui-même et n'ont aucun effet sur la société tant qu'elles restent des
lettres mortes. De ce fait, il est indispensable de continuer leur exécution de sorte à
éviter qu'elles ne deviennent des lois sans effet tout en mettant à disposition un
potentiel organisationnel, matériel, financier et humain pour les faire aboutir dans
leurs délais déterminés. Aussi, il est essentiel de changer le comportement de la société,
y compris les décideurs et les exécutants conformément à l'esprit des réformes et
politiques en question. En effet, les auteurs ,quel que soient leurs postes de
responsabilité, sont dans l'obligation de s'engager à les mettre en œuvre et ne pas y
mettre des entraves même si leurs intérêts et ceux des structures auxquelles ils
appartiennent sont touchés. Dans ce sens, il est indispensable d'évaluer et de passer en
revue les politiques exécutées et de relancer les mécanismes de contrôle sur tous les
niveaux.
Bien que les décideurs ne s'engagent pas effectivement à réaliser l'indépendance des
auteurs locaux et ne se rendent pas compte également du fait qu'ils peuvent, dans une
certaine mesure, affecter la réussite de l'exécution des politiques publiques, voire leur
aptitude à les entraver, l'intérêt attaché à l'aboutissement de la stabilité des organes
locaux élus dans le contexte de nouvelles réformes et leur accorder davantage de
pouvoirs et de compétences. A cet effet, les discours fréquents et les mesures
opérationnelles prises révèlent que nous nous orientons vers davantage de pouvoirs
accordés aux organes décentralisés en vue de réaliser le développement local et de
permettre à ceux-ci de jouer un rôle prépondérant à l'exécution des politiques
publiques.

Résumé : Les politiques migratoires adoptées par les pays de la


méditerranée occidentale
Roqiya LAKEL

Depuis plus de deux décennies, l’immigration clandestine fait la une des journaux
télévisés, trône les quotidiens et les magazines avec des titres de plus en plus
attractifs, et préoccupent les sociétés d’accueil et de transit, qui ont finit par
développer des attitudes de plus en plus xénophobes vis-à-vis des immigrés (qu’ils
soient réguliers ou clandestins),alors que l’émigration est considérée comme un rêve
qui fait envier les individus de tout âge et des deux sexes, qu’ils soient : jeune ou
vieux, de sexe masculin ou féminin, l’émigration est devenue un échappatoire pour
les gens en nécessité, et sans avoir à ignorer les effets négatifs qu’elle apporte aux
pays d’accueil et de transit en méditerranée occidentale, ces derniers réagissent
rapidement en qualifiant ces effets de « menace » à la sécurité sociétale (en terme de
Ole Weaver) et à l’ordre public de façon générale, ce qui a conduit ces pays à
élaborer des politiques visant à contrôler l’immigration régulière d’une part, et à
réduire (voir même stopper) l’immigration clandestine d’autre part, ces politiques

38
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Les Résumés

sont décrites de préventives et répressives à l’encontre des immigrés, passant de la


régularisation du statut de l’immigré clandestin, à son emprisonnement, et à son
expulsion dans l’unique objective de préserver la sécurité des individus et l’intérêt
national.

Résumé : La sécurité dans le Maghreb et la région du Sahel: difficultés et


stratégies
Abdelouahab Amrouche

Le Maghreb constitue un vaste ensemble géopolitique qui se situe au nord de


l’Afrique, il connaît même un nouveau voisinage géopolitique élargi, l’union
européenne, mais li subit aussi les mutations que vit le Proche-Orient, les révoltes
arabes, le Maghreb affronte également des dangers toujours présents dans la région
tels que l’émergence des groupes terroristes au sahel, le conflits du Sahara
occidental , l’immigration clandestine, et la déstabilisation de certains pays comme
l’intervention française au Mali.
Face au crises émergentes dans la région les grandes puissances tels que l’OTAN
et la France adoptent une approche globale de la sécurité qui constitue l’instabilité
et une menace pour les interés stratégique de l Algérie qui insiste sur une approche
globale basé sur le développement et la sécurité.

Résumé : l'Expérience des partis politiques islamistes dans le domaine du


travail parlementaire, en Algérie et en Maghreb
Abdelhak Ben Saadi

Cet article concerne le phénomène des partis islamo- référencées et leur


participation à la vie politique et leur implication dans les politiques publiques et
contrôle du travail du gouvernement à travers l'adhésion au parlement en Algérie et
au Maroc.
l'Importance de cette question Est déterminée dans le contexte historique de
l'Algérie et du Maroc , et du monde islamique en général , qui est caractérisée par
relation tendue entre les islamistes et les régimes , les conflits et les affrontements
armés et le recours à la politique d'exclusion et de répression , avant l’adaptation
des factions islamique le processus de révision méthodologique et intellectuelle
qui a conduit à la conviction de la nécessité de la participation politique et juridique
pour apporter un changement pacifique.
Cela a permis aux islamistes d’atteindre le niveau de l'administration et de la
gestion et de la représentation des citoyens dans les différentes institutions de l'Etat
y compris le Parlement , malgré les contraintes et les obstacles, et a également

39
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Les Résumés

montré des partis islamistes impliqués dans l'institution législative , que ce soit en
Algérie ou au Maroc, avec des performances exceptionnelles en terme de
l'efficacité dans l'utilisation des outils de la législation et de contrôle , en particulier
par le Parti Justice et Développement marocain qui pourrait être son modèle dans
le travail parlementaire, après qu'il a été en mesure de former un gouvernement
après sa victoire législative en 2011, un résultat de l'activité parlementaire variée
depuis 1997.

Résumé : Une approches sociologique et philosophique pour comprendre


la crise européenne
Abdenour Nabet

La crise européenne est il une crise conjoncturelle ou bien une crise structurelle
et civilisationnelle ? en s’appuyant sur la classification du philosophe et sociologue
allemand jurgen habermas, sur la crise notre étude veut actualiser cette classification
aux événements actuelles (crise économique, crise de démocratie…ect). Cette crise
européenne remonte aux débuts de la civilisation occidentale en 17 siècle, le siècle
du libéralisme économique et politique ou les grandes théories philosophiques sont
apparues, Enfin la crise économique a influencee la vie politique et culturelle et
surtout les valeurs. A cet égard, sociologues et philosophes présentent leurs
contributions pour résoudre cette crise qui est cyclique.
Mots clés :
Crise européenne, la démocratie, la légitimité, motivation, civilisation occidental,
le sens, crise économique, jurgen habermas.

Abstract:
Public policy in the contruction of the nation-state: a comparative
perspective between France, Israel and Algeria.
Abdelkader Abdelaali

The study attemps to treat, in comparative historical viewpoint, the state-


building process's, according to modern Nation-State model, throughout three
historical cases: France, Israel, Algeria, this comparison, despite defferences
between experiences in each case, but they reveal a commom patterns in the
process of building the Political center of the political entity, enshrined in a
pattern of public policy, which featured in targeting the demographic contents
of the state, according to different policies. led to the Center-Periphery
cleavage, this relationship between the Center and the periphery differ from
case to another, the second element in those policies is the space of
citizenship, which resulted from the construction of the state, according to
three models of citizenship, in each of the three cases, those cases have

40
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Les Résumés

similarities in the output of these policies; on identity and conflict between the
center and the periphery.
Keywords: State building, citizenship, public policy, demographic policies,
Center-Periphery, Identity.

Abstract:
Nuclear energy and environment
Chaouki Ardjoune

He radioactivity to which we are exposed as a result of the development of


nuclear power is a minute proportion of the total that we receive from nature and
from diagnostic and therapeutic X-rays. The world's need for energy will quadruple
in the next thirty years and for compelling reasons a growing share of the total will
be provided by nuclear energy.
The rapid growth in nuclear power production will inevitably increase the
amount of radioactive wastes that must be managed in a way which avoids
environmental pollution. The technology of waste management is well developed
and this could be done.
Nuclear energy, far from being a major contributor to the pollution of the
environment, will in fact diminish pollution as it replaces other sources of electric
power such as coal and oil. Nevertheless, particular attention must be, and is being,
given to a number of problems such as the thermal effects of nuclear power plants;
the improvement of the technology and economics of containment techniques for
reactors and radioactive waste; decommissioning of old nuclear power plants; the
behaviour of radioactive materials in water and aquatic organisms.
…. Perhaps what I mentioned earlier is a soft face of nuclear energy, but I argue
in my article is the other side
My article examines the flowing problematic
What is multi-faceted and possible of the desired effects of nuclear energy on the
environment and / or human in the modern world based on the model of the
French peaceful and military nuclear program, -as a case study-?
I will try to address these problematic through four main points in this article:
First, the risk of nuclear war on the environment and mankind or “military use
of nuclear weapons” it is the worst case scenario …
The destructive properties of a nuclear bomb in four effects: blast, heat,
radiation, and fallout, which covers the scene of the explosion in large areas.
Beginning with the explosion, the energy resulting in a shift of materials used to gas
and thus result in tremendous pressure, strong and fast winds, then shows flashing
incandescent stronger than the light of the sun, the temperature reaches ten million
degrees, the highest temperature of the soles of the sun, As for radiation, launched
a powerful wave of deadly radiation and scattering of dust mixed with it, thereby
gaining radiative properties and begin the destruction and devastation.
Second, nuclear tests, environment and man.
41
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Les Résumés

There are two types of nuclear tests:


First, the military nuclear tests: that is performed on the nuclear bombs and the
atomic and hydrogen to make sure of their impact and lethality, and the States do
these experiments to show of force and intimidation and prove the existence and
countries belonging to the nuclear club
Second, the nuclear tests conducted for the purposes of scientific research and
discoveries to develop the use of atomic interactions in the provision of energy for
peaceful uses
It is certain that both types are harmful to the environment because it is simply
called poisonous gases and pollutes the air, water and soil.
Third: risk of peaceful nuclear energy on the environment and human,
Although the beauties of a peaceful nuclear energy, but also there are a great
risks..
Why? Because the process of “Chain Fission Reaction” that operates accordingly
all nuclear reactors in the world sends an "enemy of the environment the number
one", a toxic gases that are harmful to man and his environment vital....Cesium Cs-
137, strontium sr-90, Plutonium 241/239, uranium 233/235, tritium h-3 .
Add to that nuclear accidents and disasters, which have become increasingly,
such as the Chernobyl accident in Ukraine in 1986, and its disastrous results, in
addition to the latest incidents, a Fukushima accident in March 2011..
Finally: model of French nuclear policy, and the controversy over the internal
and external environmental impacts, in particular on Algeria, considering that
Algeria is not only the first affected by the French nuclear program, but still the
threat of nuclear disaster in France threatens directly our country, because the
geographic factor and a large community Algerian in France “more than three
million persons”, especially if we consider that the barn French nuclear park
characterized two advantages make them a real threat “environmentally and
humanly” : it is the second largest parks in the world in terms of the number of
reactors “ 58 reactors”, which is distributed in small space if we compare the
United States of America for example and, secondly, that these reactors are
characterized by prescription, which reduces the effective and efficient procedures
for nuclear safety.
Regardless of the French nuclear explosions in the Algerian desert during and
after colonization, this issue has become a focal point in the relations between the
two countries.
…..Between all these contradictions, it remains the future of the effects of
nuclear power threat is specific, and if some people think that nuclear power
already exist, and it is one of "the inevitability of human evolution," and we must
get used to cope with harm, others believe that we must get rid such as weapons
and reactors to avoid harm, and that the world would be better without uranium.
Although the environment sounded the alarm, but none of us knows which
team will win the bet, and win the other team…

42
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013
Les Résumés

Abstract:
State and globlazation: regulation the deregulation?
Abdennour BENANTAR

Globalization constitutes a process of assertion of the non-State actors. However,


if the role of the State is eroding in some fields it is also reinforcing in others. The
world does not move towards a model of the minimal liberal State. Globalization
shows its limits and it demands a strong State governing which action and efficiency
are also claimed by non-State actors. After many years of deregulation, more wanted
than undergone, the World seems to experience, on the light of the financial and
economic crisis, a certain come back to regulation.
Keywords: State, Globalization, (de)regulation, non-State actors.

‫تا‬ ‫ر‬ ‫ا‬ ‫ا‬: ‫و‬ :

‫ا ول ا ورة‬ ‫دون أن‬ ‫دا‬ ‫ا ر‬ !"# $%& '( ) '# *+,‫أ‬


=9 >?‫ @ ل و‬AB ‫ ق‬8 ‫ ا‬D‫ إ‬-‫ ن‬9 :;, ‫ ن و‬9 0‫ زا‬2 ،‫ ان‬4‫ إ‬،‫ ن‬6‫ أذر‬، $ ‫ را‬8 ‫ رو& ا‬-'(‫و‬-.
.$ E E F ‫ا‬
‫"ة؟‬# ‫ ا أم‬،'(‫ ا ن ا )و‬+ ,-‫ و‬، ‫و‬ ‫ ر‬./0‫ ا‬123 4
.‫ ر‬H IJ‫ وا‬8( >K AL>M N OD‫ ن ا و‬E F ‫ن ا‬P ‫ن‬QR ‫ ا‬#P S TU ‫ال‬V ‫ا ا‬WX $S YZ ‫إن‬
$ `a,‫ و‬bc & - Y _.‫ ا‬2 ‫ د ا‬Z @‫ أن ر‬X $ [ ‫ﻩ ا‬WX F>K O] ‫ زاد‬# ^ W,
-‫ ن‬9 :;, ‫ ن و‬9 0‫ زا‬2 ،‫ ن‬6‫ – أذر‬$FL% ‫ ا‬O] ‫ ة‬4 Y ‫د دول‬d # ' 8&‫ أ‬. $ ‫ دو‬$ E E .
. $FL% ‫ ا‬O] ، f# $( . L ‫ ا‬$g 0 ، RIh # ' _ ‫ و ا‬i L ! g‫أ‬
;R ‫ ان‬4‫! رو& وإ‬E 2 ‫ذا‬n .mh ‫ وا‬j.‫ ا ا‬O] *Q , k. % ' 8&‫ ك أ‬%X ‫ ا‬8 ‫> د ا‬K ‫إن‬
‫*ت‬QpK # q ‫ إذ‬،‫ ة‬4 rh‫ ول ا‬H $ : S ^ W, TU #s ‫ن‬n $ "F ‫ﻩ ا‬WX ‫ وز‬S %# @ # j. #
Y‫' أ‬# _ ‫ ف ا‬L ‫ ا‬0‫ آ‬O] ‫ﻩ ا ول‬WX !E 2 ‫ وإذا‬. D‫و‬s $Y‫ ر‬S $ H0‫ ا ا‬R ‫ و‬t i @ R8.‫ ا‬#
،OD‫ ن ا و‬E FH R;R ‫ و‬z‫*ا‬Q 8 i @ ‫ ا‬S ‫*ﻩ‬w9>K x @ ،'(‫و‬-. S ‫)[ن‬y ‫ @ ة‬# $ E E . $ >?‫و‬
‫ي‬W ‫ ء ا‬b} ‫ ا‬X‫ و‬،‫ ك‬%X ‫ ة‬Y‫ ا‬9 ‫~ ا‬8% ‫ ر ا‬S‫_ وآ‬y %# O] *+,‫• أ‬€ 9 ‫' ا‬# f€; $ >? ‫ﻩ ا‬WX ‫•ن‬
.O 0‫ ا ا‬X‫ ء‬%S $ H; ‫ ح‬E‫ ض وإ‬0 O] X M
‫ ا ول‬$;. ‫ د‬F>Š‫إ‹ ا‬ 2007 6 9,‫ أ‬%# „ s O] ‫ زت‬S . ‫; ع‬Y‫† إ‬#d# ‫ ك‬%X !E 2 ‫وإذا‬
‫ أن‬OŒ‫ و‬$ & &‫ أ‬$LFE ‫ @ ل‬$ [ ‫ﻩ ا‬W • $ %> ‫! ا ول ا‬F8 ‫ ا‬x @ ،‫ ان‬RŽ O] '(‫و‬-. ‫ا ورة‬
ً ،‫ ا ول‬2 ‫; ع‬YnS •‘ 4 ‫ ق‬8 ‫ ر ا‬Ž‫ إ‬O] •9 ‫ ان‬i 4
‫ن‬n ‫ا ا‬WR $ E E F ‫ ا‬$ >? ‫ ا‬4
‫ ا د‬OŒ ‫ال‬- N $ %Ž ‫ ت ا‬E Es ‫ﻩ‬WX ‫>’ أن‬M # X‫ و‬.d( Ž ‫ال‬-4 N ‫ ق‬8 Z ‫ا‬WX D‫دي إ‬V ‫ („ ا‬L ‫ا‬
.$ [ ‫ﻩ ا‬WX ‫ ا ﻩ‬$FL% ‫& ت دول ا‬ b“U” ‫ا‬

43
Revue Algérienne des Politiques Publiques
N0 2- Octobre 2013

Вам также может понравиться