Вы находитесь на странице: 1из 2

LES DÉMONS, Alexandre Pouchkine, 1830

Lourds nuages, noirs nuages,


Une lune errante luit
Eclairant la neige en rage,
Trouble ciel et trouble nuit.
Le traîneau cahote et glisse,
Les grelots – “drelin-drelin”,
L’épouvante, quel supplice
Dans ces plaines sans chemin.

-Fouette, enfin, cocher ! « Les bêtes


Souffrent trop, mon bon monsieur ;
Plus de route, la tempête
Qui nous souffle dans les yeux.
On aura perdu la trace,
Je parie – c’est un démon
Qui s’amuse et nous pourchasse,
Et nous fait tourner en rond.

Là, il se démène, il flaire,


Joue à nous cracher dessus ;
Là, il pousse dans l’ornière
Le cheval qui n’en peut plus.
Tiens, c’est lui qui nous emmêle,
Cette borne, on croit la voir ;
C’était lui, cette étincelle
Dans le vide sourd et noir.”

Lourds nuages, noirs nuages,


Une lune errante luit,
Eclairant la neige en rage,
Trouble ciel et trouble nuit.
Et l’on tourne et l’on s’épuise ;
Les grelots, muets d’un coup.
On se fige. “L’ombre grise,
Là, c’est quoi ?… un tronc ? un loup ?”

La bourrasque hurle, pleure,


Soufflent les chevaux tremblants ;
Le démon reprend ses leurres,
Ses yeux rouges sont brûlants.
On repart, le traîneau glisse,
Les grelots – “drelin-drelin” ;
Les démons se réunissent
Sur l’espace blanc sans fin.

Sans visage, sans image,


Sous la lune trouble et floue,
Feuilles quand novembre rage,
Les démons voltigent, fous.
Qui les pousse ? pour quoi faire ?
Comme ils chantent, quels sanglots ;
Ils marient une sorcière,
Pleurent un génie des eaux ?

Lourds nuages, noirs nuages,


Une lune errante luit
Eclairant la neige en rage,
Trouble ciel et trouble nuit.
Foule folle, à perdre haleine,
Aspirés par la hauteur,
Les démons, à voix humaine,
Crient, me déchirant le cœur.

dans « Le Soleil d’Alexandre: Le Cercle de Pouchkine 1802-1841


» par André Markowicz

Вам также может понравиться