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Exposé de droit constitutionnel : la présidence du général de Gaulle était-elle une dictature ?

Introduction :

Les deux protagonistes dressent un tableau très critique de l'exercice du pouvoir politique par
le Général de Gaulle: la France qu'il dirige se pose d'après sa Constitution comme éminemment
démocratique, et pourtant différents points semblent leur faire penser que cela n'est pas réellement le
cas. La référence à un "président militaire" peut ainsi se comprendre comme un oxymore visant à
mettre en exergue la nature ambivalente de l'homme situé à la tête de la République française d'alors:
dans le cadre d'un tel régime, il apparaît impensable qu'un militaire puisse détenir le pouvoir politique,
cela ne correspondant pas à la logique démocratique qui veut que ces deux fonctions ne puissent être
confondues.

Dans une démocratie, le pouvoir militaire est donc soumis au pouvoir politique, c’est à dire au
Président de la République. Celui-ci est le chef d'Etat d'une République : il est donc situé au sommet
du pouvoir exécutif. En France, il est élu au suffrage universel direct depuis 1962, pour cinq ans
depuis 2000. Il dispose de pouvoirs et de prérogatives prépondérants dans la Vème République.

Un tel régime démocratique suppose la séparation des pouvoirs, mais il existe un système
-parmi d'autres- qui permet dans une certaine mesure d'y déroger. Il n'est pas propre à toute
démocratie, mais est instauré sous la Vème République: il s'agit des pleins pouvoirs qui peuvent être
attribués au Président, évidemment sous conditions. Les pleins pouvoirs du Président de la République
et les modalités de leur exercice font référence aux pouvoirs exceptionnels qui sont conférés, en
situation de crise, au Chef d'Etat par l'article 16 de notre Constitution. C'est un droit relativement
contesté dans nos sociétés contemporaines démocratiques, qui n'a cependant été utilisé qu'une seule
fois en 1961 à l'occasion de la tentative de putsch militaire à Alger.

Dans la description du paysage politique français, nos personnages évoquent aussi l'existence
d'une police secrète: une police politique est un service politique opérant dans le secret pour maintenir
la sécurité nationale contre les menaces internes à l'Etat. Elle est généralement le propre des régimes
totalitaires et n'a donc pas lieu d'être dans une démocratie. Un autre élément contraire à l'idée
démocratique est celui du contrôle des médias par l'Etat. Le contrôle étatique de la diffusion de
l'information constitue une forme d'emprise de l'Etat sur ses sujets. Il vise à influencer l'intériorité
même des citoyens en cadrant leurs schèmes de pensée et de représentations pour servir les intérêts des
personnes concentrant le pouvoir politique. Son usage se manifeste dans un régime autoritaire, et serait
contraire à l'idée démocratique en ce qu'il s'oppose à plusieurs libertés fondamentales garanties par un
Etat de droit.

Hubert et Dolorès exposent donc l'idée selon laquelle le régime gaullien serait dictatorial. La
dictature constitue une forme de régime dans lequel une personne où un groupe d'individu est doté de
pouvoirs absolus et illimités. Elle est traditionnellement opposée à la démocratie, caractérisée selon la
formule d'Abraham Lincoln par "le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple »
(expression d'ailleurs reprise dans l'article 2 de la Constitution de 1958).

Si l'opposition dictature-démocratie n'est pas aussi limpide que nous le présentent les médias,
il n'en reste pas moins que l'on attache traditionnellement plusieurs caractéristiques de l'exercice du
pouvoir politique constitutif d'une dictature: la répression de l'opposition, l'absence de garantie des
libertés fondamentales des sujets de droit, la violence comme mode d'établissement et de garantie du
maintien du régime, l'illégitimité des dirigeants politiques, le gouvernement d'un parti unique ou de
l'armée, l'absence d'élections libres, le non-respect des droits et de la pluralité de la presse ou encore
l'arrivé au pouvoir du dictateur par un coup d'Etat. Ces différents éléments ne sauraient être absolus et
exemptes de critiques quant à leur objectivité (par exemple, Kim II-sung est arrivé au pouvoir par la
voie légale), mais ils permettent de mieux saisir la notion de dictature.

Dolorès propose ici une typologie des principes définissant, selon elle, une dictature et
s'opposant donc à ceux qui régissent une démocratie. Alors que l'article premier de la Constitution de
la Vème République consacre le caractère démocratique de la République française, Hubert affirme
que la France du Général de Gaulle se trouve dans une situation aux antipodes de cette disposition. Il
s'agira donc pour nous de s'interroger sur la véracité de tels propos, en évitant l'écueil d'un
basculement vers la science politique ou l’histoire. Ainsi, les évènements historiques de la Vème
République ne feront pas l'objet d'un développement précis tout comme les innovations gaulliennes de
communication politique; mais ils pourront serviront de base à la mise en lumière des modalités de
fonctionnement du système institutionnel de la Vème République. Par ce que celui-ci est complexe et
met en jeu une multitude d'acteur, il apparaît nécessaire de se concentrer en particulier sur le Président
de la République qui y occupe la première place. Plus précisément, il incombe de se porter sur son
statut, ses pouvoirs et ses prérogatives.

Il s'agit donc de mettre sur la sellette les divergences entre une dictature et une démocratie,
dont l'opposition n'est pas aussi évidente que semble nous le faire comprendre les médias qui les
opposent systématiquement. Plus précisément, à l'aube de la Vème République se pose la question de
savoir si sa nature démocratique s'objective dans les faits, comment cet idéal peut-il être exprimé dans
les textes, et dans quelle mesure.

Pour cela, saisir les logiques de l'exercice gaullien du pouvoir s'impose, celui-ci étant à
l’origine de plusieurs interrogations. Face au caractère provocateur de la citation, quelles sont les
ambiguïtés démocratiques de la République gaullienne ? Plus qu'un simple changement de paradigme
fondé sur la dualité démocratie-dictature, la compréhension et l'analyse de la nature du régime de la
Vème République nécessite de mettre en relief la conception qu’avaient ses fondateurs de cette
République. Car comme en témoigne les nombreuses archives de témoignages de ceux qui ont
participé à l'élaboration de la rédaction de la Vème, l'ambition de ses créateurs était d'instaurer un
système politique stable et efficace, dans la continuité de la tradition républicaine.

Pourtant, force est de constater que la nouvelle Constitution marque un recul net du poids du
Parlement, représentant de la volonté populaire, au bénéfice d'une seule fonction, incarnée par un seul
individu, qui ne tirait à l'époque pas sa légitimité des urnes: le Président de la République et plus
précisément Charles de Gaulle.

L'idée de pouvoirs exorbitants concentrés entre les mains d'une seule personne rappelle
automatiquement dans nos schèmes de pensée l'image d'un dictateur. Se pose alors la question
suivante : comment la Vème République peut-elle être comparée à une dictature alors même que
l'ambition du Général était précisément celle de rapprocher le peuple des fonctions et institutions qui
le gouvernent ?

Il s ‘agit donc de saisir les nuances de ces deux idées contradictoires pour dégager les éléments
constitutifs de la nature du régime gouverné par de Gaulle. Celui-ci repose sur une instauration aux
logiques ambivalentes, dont il apparaît nécessaire de comprendre et étudier les différents aspects. La
naissance de la Vème République s'effectue en effet dans un cadre historique particulier qui amène à
de nouvelles pratiques constitutionnelles dont la teneur démocratique reste à questionner, à la fois dans
au moment précis de sa création mais finalement aussi dans ses premiers pas sous la présidence du
Général: en effet, l'imbroglio juridique de la mise en place de la Vème République se double d'une
évolution des pouvoirs, des rôles et des pratiques des différents acteurs du système institutionnel.

Dès lors, il apparaît essentiel de mettre en lumière la manière dont se réalise l'avènement
parfois critiqué de la Vème République (I), pour mieux comprendre ensuite l'objectivation de l'idée
démocratique et la pertinence de cette réalisation dans son fonctionnement compris sous le prisme de
son évolution (II).

I. L’établissement controversé du régime

A. L’hypothèse d’un coup d’Etat (+ légitimité)

- Histoire :

 Crise du 13 mai 1958, Alger, les français et les militaires se rebellent et on crée des
comités de salut public, Salan et les militaires appellent le gal. de Gaulle à former un
gouvernement après la mauvaise gestion de la crise algéroise et la nomination de
Pflimlin, favorable à la séparation

 les militaires débarquent en Corse et préparent l’opération résurrection, à savoir monter


assiéger Paris au cas où le gouvernement refuserait l’arrivée de de Gaulle

- Il faut définir constitutionnellement la notion de coup d’Etat : d’un point de vue


constitutionnel on parle d’abord de Coup quand il y a une action de force à l’encontre du
régime, qui est déstabilisé. Ici on a une crise coloniale qui déstabilise la IVe république

- Les militaires préparent un putsch qui a l’aval de de Gaulle (opération résurrection des para
qui attendent en Corse l’ordre de monter sur Paris en cas de refus de Coty de rappeler de
Gaulle aux affaires (« vous direz au général Salan que ce qu’il a fait ou fera c’est pour le bien
de la France » - de Gaulle), ce qui correspond à la définition du coup d’Etat par la force

- La question est de savoir si l’intention d’un putsch compte comme tel pour définir de Gaulle
comme un dictateur

- Selon le dictionnaire constitutionnel d’O. Duhamel et Y. Ményl, le propre du coup d’Etat est
que celui qui l’a produit va essayer de se justifier en se présentant comme le sauveur de la
nation, et se déclarer légitimé par la population

- On a figure du chef qui est mise en avant, et qui est le propre des dictatures et qui se voit avec
le fait que de Gaulle met sa personnalité en avant, ainsi la légitimité personnelle (« la
légitimité nationale que j’incarne depuis 20 ans » « me suivre quoi qu’il advienne ») supplante
la légitimité démocratique

- Plus tard on retrouvera cette notion de « coup d’Etat permanent » chez Mitterrand, de dictature
dans la durée avec le chamboulement de l’ordre constitutionnel (interprétation de l’article 11
en 1962 afin de réviser la constitution avec un simple référendum sans soumettre les révisions
au parlement comme cela était prévu par la constitution par exemple)

- En réalité, on n’a pas de coup d’Etat, parce qu’on n’a pas de chamboulement de l’ordre
constitutionnel, juste des interprétations audacieuses de la part de de Gaulle de la constitution.
- Ainsi en 1958 la passation de pouvoir se fait dans les règles (transition)

B. L’investiture et la mise en place de la constitution de la Ve République

- De Gaulle accepte l’appel de Coty comme président du conseil sous la condition des pleins
pouvoirs

- Investiture de GDG par le Parlement le 1er juin 1958

- Pleins pouvoirs le 2 Juin confirmés par la loi du 3 juin (présentation des lois et rapports de ces
dernières avec la problématique)

- La loi constitutionnelle du 3 juin lui donne le droit, avec l’aval du parement (donc des
représentants du peuple), de réviser la constitution, on est donc dans un cadre démocratique

- Il y a de plus des conditions qui rendent cette révision démocratique (mise en place d’un
comité consultatif, obligation de la validation par référendum)

- Donc au final l’arrivée au pouvoir est démocratique

II. Le cheminement de la Ve République vers l’idéal démocratique

A. Les lacunes d'un régime bivalent

- Le monopole étatique de la diffusion de l'information : ordonnance du 4 février 1959, loi du


27 juin 1964 qui crée l'ORTF, mise en place du SLII

- La police politique : le service d’action civique (SAC) : présentation, rapports à la dictature)


1960-1981

- Un exécutif monocéphale : un Gouvernement affaibli par l'interdiction des Conseils de


Cabinet, la négligence de CDG pour le Conseil des Ministres et les comités restreints qui
mènent les grandes politiques de la nation

- La prédominance de l'exécutif sur le législatif et la séparation des pouvoirs inégalitaire :


articles 39, 40, 49.3, 48

- Critique du recours intensif au référendum prévu par l'article 11


B. L’avènement de la démocratie

- Dans un premier temps on observe une volonté de démocratie dans la constitution :

 On y consacre la défense des libertés publiques et fondamentales et des droits de


l’Homme dans le préambule

 On y reconnaît la nécessité d’une pluralité des partis pour faire bouger la vie publique,
contrairement aux dictatures ou l’on observe une politique de parti unique

 On limite dans l’article 16 les pleins pouvoirs à des situations d’urgence pour éviter les
abus de la part de l’exécutif

- Le conseil constitutionnel est mis en place, pour la première fois on a la présence sur la scène
publique d’un véritable garant de l’ordre démocratique, efficace contrairement aux
précédentes républiques, afin d’éviter les débordements des pouvoirs

- Le peuple, essence même de la démocratie, est fréquemment sollicité, d’une part par les
élections régulières, et d’autre part par les référendums populaires, marqueurs de démocratie,
même s’il existe des limites à cette méthode que nous avons déjà observées, au nombre de 5,
pour l’élaboration de la constitution en 1958, pour la politique algérienne en 1961, pour les
accords d’Evian et l’élection du PR au suffrage universel en 1962 et pour les pouvoirs du
sénat en 1969

- De Gaulle est en ballottage à la présidentielle de 1965 face à Mitterrand

- Le passage au suffrage universel direct augmente encore plus cette notion de démocratie, cette
volonté que ce soit le peuple qui décide de ceux qui les dirige

- Le parti soutenant de Gaulle (UNR) devient majoritaire lors les élections (233 sièges de
députés en 1962 aux législatives), ce qui renforce la légitimité démocratique au sein du pays

- Après le non du référendum de 1969, de Gaulle se retire, n’ayant plus l’aval du peuple,
marqueur ultime de la place de la démocratie au sein de la Ve république

- En réalité, on observe que le général de Gaulle, fort d’un pouvoir autoritaire qui aurait pu le
mener à une dictature, utilise ce dernier afin d’appliquer à la France sa propre vision de ce
qu’est la démocratie, qui puisse être stable et efficace, contrairement aux anciennes visions de
cette dernière sous les précédents régimes.

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