COURS COMPLET
D'IIISTOMT DE F'R.AI\{CE
t.,,..
u'usA.oE
^
OES C(}URS COIiIPLÉMEIITATRES & DES CA}iDIDATS
AUX BREVETS OE CAPACITË
0uvrago torleqrrl des leçonl, des rdcih ellrdll des gmndl hirtorienr
del erercicet omur of dclilt
ur onnrÉ
TRDNTD.SNP'IIi'TIT1: IiDITION
PARIS
LIBITAINIE CLASSIQUE EUGÈNE BETIN
B'i"ii"^*T*":i's
ril;
Tout exemplaire de cct ouvrsger non revêtu de notre
griffe; sero réputé contrefait.
c,// /lzZ-'"'
-/)
(/
(pnrvrna-' 4.Lflt 04
t!
AVERTISSEMENT
4 :,:
s.
* AvERTISSEMENT. .
.4
OOUI|^el OOICPLE:T
D'HISTOIRE DE T'RANCE
.I
LA GAULT. _ LES GAULOffi
LEçON t
à,
. \ LÀ OÀULE INDÉPENDÀNÎE. 7
vin et les denrées les plus utiles à I'homme. Mais, dans les
siècles qui ont précédé l'ère chrétienne, la Gaule présentait,
au lieu de champs cultivés et de pâturages-vertloyants, des
marais inabordaËles et de profondès forêts. c'était le domaine
des animeux seuveges plutôt que celui des hommes. Les
loups, les ours, Ies 6lans, les auiochs ou Srends bæufs des
boiË, y e*raient en maitres. Dans les clairières et les maré-
cages s'ébattaient d'immenses troupeaux de porcs' presque
auisi féroces que les loups. L'air éiait âpre, le ciel gris, du
moins dans Ie nord, et if ertt désolé les yeux des habitants'
s'il n'eût été le ciel de leur patrie.
La terre de Gaule recélaii les mêmes richesses qu'aujour-
d'hui, mais les Gaulois préféraient la chasse à I'agriculture
et la gueme à I'industrie. Le millet, I'orge et .le blé furent
cultiv?s d'abord dans le midi, puis dans les vallées de I'Au-
vergne et sur le bord des grands cours d'e&u. Toutefois,
l'élËve des bestiaux fut toujôurs plus en honneur que Ie tra-
vail de la terre.
habitants de la
3. Ires Gaulois. - Les plus anciens
Gaule furent les Galls, Gaêls ou celtes. sept cents ans avant
Jésus-Christ, les Kimris vinrent de I'Allem&8ne, les lbères
vinrent de l'Éspagne, et ils occupèrent, les uns Ie.nord, Ies
autres le midi àe la êaule. Les Galls furent refoulés vers le
centre. ces peuples étaient divisés en tribus, tantôt-alliées,
tantôt en.re*ie* les unes des autres. lls vivaient dans les
forêts ou les landes couvertes de bruyères, occupés de la
chasse ou de la gueme. Les querelles étaient fréquentes-entre
des hommes éfalement vaniteux et braves, qui voulaicnt
tous dominer leurs voisins.
Les hardis navigateurs de Tyr et de Carthage, -q-ui-par-
coururent de si bonne heure tous les rivages de la Médjter-
ranée, fondèrent aussi quelques.c_olonies dans Ie midi de lo
Gaule. D'après la tradition, I'Hercule tyri_en arriva &ux
bords du Rhône, où il eut à soutenir un combat terrible. ses
nUth.. épuisées, il allait succomber lorsque .son père vint à
son aide : Jupiter fit tomber d'u ciel une pluie de pierres qui
fournit de nôuvelles &rmes su héros. tes pierres, on peut
les voir encorê''i l'immense plaine de la Crau en est toute
jànchee. Hercuie victorieux fônda, ron loin de Ià,la villede
"Nimtt,
et, au cæur de lo Gaule, celle d'Alésia'
4. Fond.ation de Marseille. - L'an 600 aventnotre
ère, un marchand grec, nommé Euxène, abordo dans un
8 EISToInE DE FRANoE.
g_olfe profond, i I'est des bouches du Rhône. Le roi du poys,
Nann, ofrait alors aux jeunes nobles un grand festin. e, t"
Iin .de ce festin, sa lille devait, suivont la ôoutume, désigner,
en lui présentant à boire, le mari qu'elle choisisiait. N"no
accueille.les étrangers et les fait assèoir à sa ttrble. Le jeune
fille parait, tenent à la main une coupe pleine; soit ha'sard,
soit
-caprice,
elle s'arrête devant nuiene. Nann accepte ce
gelrdre,. qu'il moit envoyé par les dieux, et lui accorddpour
dol' le rivage,du golfe où son vsisseau est à I'ancre. Euxène,
tout joyeux de cette alliance Èvec un puissant chef, dlnne à
Gyptir et Eurèue.
Menhir gaulois.
LECTUNES
PnEMIÈRE IBCTURE.
- La France à vol d,'oiseau.
Montons sur un des points élevés des vos.ges, 0u, si vous voulez, du
Jura. Tournons le dos àux Alpes. Nous distiîgrieroris (poui"o qoe o'otre
regard p{islg percer un horiz-on de trois centi lieuesi'une lisËô-onau-
leuse, q.ui s'étend_ des collines boisées du Lurembouri et des"Ardennes
1II ltlLqll-des, vosges;. de là, par,les coteaux.vineui de la nooigôgne
aux dechlrements volcaniques des cévennes, et jusqu'au mur prodigreur
de.s Pyrénées. cetle.ligne-est la séparation'des" earir; au côtE ôcclaen-
[ar' la- selner ta Lolre et la Garonne descendent à l'Océan: derrière
i é19"]gll I {,ql!u, au .nord;. ta Saône et le Rhône, au miail Àu iôû;
deur espèces d'iles continentales : la Bretagne, âpie et basse, simplË
T,A GAUTE INDÉPENDANTE. 13
-quartz et granit, grand écueil placé au coin de la France pour porter
le coup des courants de la lllandhe ; d'autre part, la verte ôt rud'e Au-
Tergne, vaste incendie éteint, avec ses quararrte'volcans.
Les bassins du Rhône et_ de- la Garonde, malgré leur importance, ne
sont que seeondaires. La vie forte est au iord.-Là s'est onèré re erând
mguvement des rrations. L'écoulement des races a eu lieu d'e I'AlleËague
à la France dans les temps anciens.
En latitude, les zones-de la France se marquent aisément Dar leurs
produits. Au nord, les g.rasses et belles plaines dô. Belgique et deïrandie;
avec lenrs champs de lin, de colza ef de houblon,-la- vigne amère dû
nord. De Reims à la lloselle eommence la vraie vigne eÈ le vin: tout
esprit en Champague, bon et chaud en Bourgogne, il"se charge, s'âlorr-
0rt e.n Langued0c, p0ur se réveiller à Bordeaux. Le mùridr. I'olivier
pararssent à Montauban; mais ces enfants délicats du midi risouent
toujours sous le ciel inégal de la France. En longitude, les ,onËs ne
sont pas moins marquées...
0n I'a dit, Paris, Rouen, le Havre sont une même ville dont la Seine
est la grand'me. Eloignez-vous au midi de cette rue magnifigue.-où les
châteaux touchent aux châteaux; Ies villages aux villagel; pàssbz de Ia
seine-lnflérieure au calvados, ét du catiados à la tta'ict[e : qrrelles
gue soient la richesse et la fertilité de la contr'ée, les viiles dirninuent
de n0ûbre., les-cultures aussil les pâl.urages augmentent. Le pavs est
sérieux : il va devenir triste et sauvàge. Aix crrâiearrx altiers dôià rr{or-
mandie vont succéder les bas manoirs ïretons. Le costume semble Juivre
l^e changement de I'architecture. Le bonuet triomphal des femmes dà
Caur, q.ui anllonce si dignenrent le-q nl]qg- des conquérants de i'nngtà:
terre, s'évase vers Caenf s'aplatit dès Villetlieu; à'Saint-lfalo, il se"di-
vise, et. fig're vent tantbt les ailes d'un mbulin, tantô[ tei vôites
-au
d'un vaisseau. D'autre part, lcs halrits de peau c0mmencent à Laval.
Le.s lbrêts qui vont s'épa-ississant,la solitudeTe la Trappe, où teimoines
menent en commun la vie sauvaEe, les noms expressil'i des villes. Fou-
g_ères ct Rennes (Rennesveut dire aussi fougèrrj), les eaur
srises'de la
Mai'enne et de Ia Vilaine, tout annonce la dure'iontrrie.
Itlrcunlnr, llisloire de France,
il
I.A GATILE ROMAINE & CERÉTIENNE
rEÇoN
RÉCIT
HI$TOIR6 DE TRÂNCE.
Suppllcc dc Blanilioc.
Lutècc.
IECTURE.
- impo.rtaaoe d,e,paris e-pliquèe
par le gêograplrie.
En ne considêrant la situation de Paris que par ses avanlages immé-
diats., .appréciables mê.m.e pour..des homme3 à ôivilisation rudirnentairi,
Ia vieille Lutèce avait le privilège de se trouver près du confluent di
deur rivières considérables et de-posséder ainsi rl'eux grands cbemins
naturels se ramifiant en nombreuses voies secondaires îans toutes les
vallées latérales. un groupe d'iles situé en aval du confluent facilitait
le passage evant qu'on eût eneore appris à construire des ponts sur les
larges rivières, et les habitants qui venaient bâtir leurs càbanes dans
ces iles se trouvaient défendus par de larges fossés nalurels otr des ar
saillants ne pouvaient s'aventurer sans dànger. La haute butte llont-
uartre, à une petite distance au nord, étail très favorablement nlacée
pour servir de muntagne de guet; de là il était fa,'ile d'observer aï loin
la plaine.e.nvirunnante, ainsi que les longs méandres de la rivière qui
se déroulaient vers Ie nord-uuest.
Beaucotrp d'autres villes des Gaules avaient, il est vr.ai, des âvantaqes
locaux d'égale-ou mème de plus granrle importance: mais, relativeurEnt
à I'ensemble du territoire qui est devenu la Franee, Paris a d'autres
privilèges d'ordre supérieur. D'abord Ies rives de la Seinc font partie
de eette voie naturelle qui réunit-la Méditerranée à l'Océan et qui, par
la force des choses, devâit servir de grand ebemin à I'histoire même'de
la eivilisation; 0r, sur cette voie, Paris oceupe précisément Ie point où
vient aboutir la route de I'Aquitaine et de I'Ednacne par la vallée de
la Loire et le seuil du Poitou. Paris oceupe ain.qi.-le sômmet du srand
triangle des voies historiques de la Franne, et par consequent I'eritjroit
où les [orces du pays peulent ôtre le plus facileurent eentralisees.
Ce n'est pas tout: placé au milieu géométrique du ærcle durrt les
rayoos sont les vallées de I'Yonne, de la llarne, de l'0ise, de la Seine-
In[érieure, Paris est aussi la ville où les habitants du bassin de Ia Seine
et des contrées linitrophes doivent chercher spontanément leur centr,e
de vie conrmerciale et-politique. En outre, le tercle d'attraction rlrnt
Paris occupe le milieu-est en partie un cercle stratégique de défense,
et tout le faite demi-circulairede hauteurs qui s'étend du Nlorvan à
I'Ardenne a pu êlre comparé justement à une enceinte de place forte.
Trrus ces traits géogralrhiques du territoire erpliquent Ia nàissance et
I'agrandissemeut rapide de la ville, mais est-ii nécessaire de I'aiouter?
-.Le rôle de capitale qu'a pris Paris a singulièrement accéleré ia cen-
tra I i satiorr.
m
LES FnÀNCS. - CLOVTS
(181-5tr)
mçoN
RÉCIT
Baptême de Clovis'
LECTURD.
- Les Fra^ncg,
Les guenes des Francs contre les Romain;, depuis le nilieu du troi-
sième siécle, ne furent point des guerres défensives. Dans ces enl,re-
prises militaires, la coniérlérati"n avait un double but: celui de gaguer
ilu terrain aux dépens de I'empire, et celui dc s'enrichir par le pillaee
des nrovinces limItruohes. Sa nremière con0uête fut celle tle la grantlc
tle di nnin, qu'on nômmait I'ile des Batàues. Il est évident [u'elle
nourrissait le bruiet, de s'enrparer de ia rivc gauche du fleuve et de con-
quérir le nord'de la Gaule. 'Aninrés par de Éetits succès et par les re-
làtions de leurs espions et de leurs cùureursi à la poursuite de ce Jes-
sein gigantesque, ies Francs supplôaient à ia faibfesse de leur nloyen
d'attaque Dar une activité infaligrble. Chaque année ils lançaient de
I'autre côté du llhin des bandes de ieunes fariatiques' dorrt I'inrâginrrtion
s'était enflammée au récit des explôits d'0din et'des'plaisirs qui atten'
daient les braves dans les salles du lalais des morts. Peu de ces enlants
nerrlus repassaient le flcuve. Souverit Ieurs incrrrsi0ns, qu'ellcs fussent
àvouées ou désavorrées par les chefs de leurs tribus, étaient cruplle:rtent
punies, et les léEions rdmaines venaient mettre à leu et à sarig la rive
$crmanique du Rhin; mais, dès que le fleuve él,ait gelé, les passages et
I'aeressiôn reconmcicaient. S'itârrivait que lcs postes nrilitaircs fus;cnt
dc[arnis par les mouv'ements de tLoupes qui avaicnt lietr rJ'une I'rurrtiùre
de l'errpiie à I'autre, toute la confédération, cbefs, homnres fails,,lettttes
Aens. st levaient en armes pr-rur faire unc trorrée et tlétruire lcs forte-
it'sses oui Drotùceaient la rive romaine. C'est à I'aitle de frareille. ten-
tatives,'bidn deË fois réiiérées! que s'accotlrplit cn{in, dans la dcrnière
moitié'du cinquième siecle. la'cônquête du'nord de la Gaule par une
nortion de la iisue des Francs.
' La oeinture que les écrivains du temps tracent des guerriers franks
à cettè époqueiet jusque dang le sirièine siècle, a quelque chose de
38 NISTOIBE DE FRANCE.
sinsulièrement sauvage. Ils relevaient et rattachaient snr le sommet du
froit lerrrs cheveur d'irn blond roux, qui foruaient une espèce d'aigrette
et retombaient par derrière en queue de cheval. Leur visage était entie.
rement rasê, à l'exception de derrx longues moustacltes qui leur tr,rm'
baient de chaque côté de la bouche. lls portaient des habits de toilt
serrés au corps et sur les membres avec uit large ceinturon auquel pen'
dait l'énée. Lèur arme favorite était une hache à un ou deux tranchants,
dont le'fer était épais et acéré et Ie manche très court. Ils commen-
caient le combat en lanQant de loin cel,te bache, soit au visage, soit
ôontre le bouclier de I'ennemi. Rarement ils manquaient d'atteindre
I'enrlroit nrécis otr ils voulaient frapDer.
0utre li hache. qui. de leur norù, s'appelait frankiske, ils avaient
utre arme de trait'qiri leur était particulièie, et que, dans leur langue,
ils nommaienl hanq, c'est-à-dire hameçon. C'était une piqrre de médiocre
Iongueur et capahle de servir également de près et de loin. La putnte,
IonÀue et fortc, étaii, armée de plusieurs barbes ou crocltets tranchattts
et iôcourbés comme des hameqons. Le bois était recouvert de lames de
fer dans Dresgue toute sa longireur, de manière à ne porrvoir ètre brisé
ni entamé à cbups d'épée. Lorsque le hang s'était fiché au travers d'un
bouclier. les crois dont il était gârni en rendaut I'extraction impossible,
il restaii susnendu. balavant Ia terre par son extrémité; alors le Franc
oui I'avait ieié s'étânqait, et, posant uir pied sur le javelot, appuyait de
tuut le poids de son corps I'aiiversaire à baisser le bras et à
'et et-forqait
se désainir ainsi la tète la poiirine. Quelquefois le hang, attaché au
bout à''une corde, servait, en guise de harpon, à arnener tout ce qu'il
atteignait. Pendant qu'un des Francs Ianqait Ie trait' son cornpagnon
tenaii la corde, puis tbus deux joignaient lèurs efforts, soit pour désar-
mer leur ennemi, soit pour I'attirer lui-môme par son vêtcment 0u son
armure.,.
Quant au caractère moral qui distinguait les Francs à leur entrée en
Gaule, c'était, comme je I'ai dit plus ltaut, celui de tous les uoyants à
la divinité d'Odin et aux ioies stinsuelles du Walhalla' Ils aimaient la
guerre avec Dassion, comfoe le moYen de devenir riches dans ce monde,
Ët. dans I'autre, coirvives des dieur. Les plus jeunes et les plus vio-
leirts d'entre eur éprouvaient guelquefois- tlrns le combat tles accès
d'extase frénétique.'pendant lesquels ils paraissaient insensibles à la
douleur et douéi d'uie puissancè de vie t'out à fait ertrar.rrdinaire. lls
restaie^-t debout et combattaient encore, atteints de plusieurs blessures
tlont la moindre eùt suf[i pour terrasser d'aulres hommes. Une conquète
exécutée oar de telles àens dut être sanglante et accompagnéè de
cruautés àratnites : mai"heureusement les détails manquent pour eD
marquer lës circonstances et les progrès. Aug. Turunnt.
!. Erplicationdes mots.
- Ripuaires, c'est-à-dire habitant les rives
du Rhin. Saliens, nom d'une fribu franque. - Sicambre, nom d'une
tribu -
franque, Thermes. Ce palais consl,ruit par I'empereur Jrrlien
est aujourd'hui- le musée de Clrrny. - Orhians, préfecture du Luiret.
Chalnns, préfecture de la [taine. Sot'sson], surrs-préfecture de
-l'Aisne. Rèims, sous-préfecture de -Ia illarne.
- - Tolbiae, ville des
Etats prussiens, provincè du Rhin, aujourd'hui appelée Zulpich. -
Cotoghe, ville rie'Prusse, dans la prbvinôe du Rhin.^ - Diion, préfec-
LES.SUCCESSEURS DE CLOYIS. 39
ture de la Côte-d'0r. Poitiers, préfecture de la Vienne. Cambrai,
sous-préfect,ure du Nord.- -
Thérôwnne, village du Pas-de-Calais.
2. 0uestioonaire. -
Quels sont les barbares qui envahirent la Gaule
-
au.début du cinquième siècle? Qu'était-ce quô les Francs?
-
étaient leur religion, leur costume, leurs armes? -
Quels
Quel était leur
-
gouvernement?- Quels sont les trois premiers chefs des Francg saliens
en .Ga.ule?
- Quelle élait I'origine des Huns? Leurs mceurs?
-
était le caractère d'Àttila?- Dites la date de leur entrée en Gaule. -
Quel
Faites connaitre la ma-rche d'Al,tila iogqu'ê 0rléans. Qu'est-ce que
-
sainte Geneviève? -
Racontez la bafaill-e des champs Catalauniques.
-
Quelles sont les dates de I'avènement et de la inort de Cloïist -
Qnelles étaient les populations établies en Gaule, vers 481 ? -
étaient-les espérances de Syagrius ? -
Quelles
Racontez I'expédition de Clovis
contre lui. fut le sort-du vaincu?- Racontei i'histoire du vase
de Soissons. -
--QuelPourquoi les Bourguignons et les Visigoths étaient-ils
-
hais des Gaulois? Quelles furent lés conséquenees-du mariaEe de
Clovis? -
Bacontez la bataille de Tolbiac et le-baptème de Clovls.
-
Quelles sont ses deux dernières victoires ? Quélle fut sa corduite -
-
envers les rois des autres l,ribus franques?- Donnez un jugement sur
Clovis el son æuvre.
3. Ilevoirs à rédiger. Raconter I'histoire des Francs avant Clovis.
-
Raeonter I'invasion d'Attila en Gaule.
Raconter le règne de Clovis.
w
T/ES SUCCESSEUNS I}E CLOVIS.- LA NEIISTRIE
ET L'AUSTRASIE
(6114yr)
tEçot{
l. Les llla de Clovis. Les quatre flls de Clovie ee naltaeè-
rent I'héritage de leur -Dère. Tliierry. I'ainé, régna à Metz: C"lo-
domir, à Orléane; Childebert, à paii's; Clotaire] à Soissolis. Ils
passèrent leur vie à faire des expéditions en Germanie, en Bour.
gogne, en Auvergne, en ltalie et en Bspagne.
- à ctotaire lor di sei tlts. Clotaire lui iurvécul À ees frères et
-
remit sous sa domination tout le royaume des Francs (558-56f ).
ll laissa aussi quatre file qrri ffrent ud nouveau partage.'Gontran
eut la Bourgog-ue; Sigctlèrt, l'Austrasie; Chilpèric, iâ Neustrie.
Le quatrième frère, Caribert, était mort sans ônfant.
3. Rivalité de Brunehaut et de Frédégonde. Le règne des trois
-
freres fut ensanglauté par la rivalil.é de deux femiles: Brune-
haut, ferume tle Sip4ebcrt, et Frédô*onde, femme de Chilpéric.
4. Clotaire II et ltagobert. Apràs ces guerres civiles,- Clo-
-
taire II (6t3-628) et Dagobert(628-G3S) réuniient tout le royaume
Ces Francs. Ce fut l'éptque I'a plus brillante de la dynasiie des
Slérovingiens.
{O HISTOIRE DE FRANCE.
6. Les rois fainéants et les maires rln palais. Après le règne ùe
Dagobert, les rois rnérovingicns furent sans-autôrité. On Ies ap-
pelle rofs fainéants. Le pouvoir fut exercé par les maires duTtalais,
6. Ebroin, maire de Neustrie. Dans lt Neustrie, le plus célèbre
maire du pulais fut Ebroïn.- Cet homne énerAiquô essava tle
l'elover I'autorité royale et de souqrettre les giadUs qui Teve-
naiclt tout-puissants. ll fut assassiné.
?. Viotoire ds I'Austrasie.
- A sa fut
pl.us de chef capabl-e_.tle la_dôfeudre,
mort, la Neustrie, n'ayant
fncilement vaincue par
I'Austrasic. p,rpin d'lléristal,_nraire du palais en Austrasic, grgnil
sur lcs NeustriÊns la grandc bataille dd Testry (6S?).
RÉCI?
Ctirte do I'Auvergne,
I'--.
Yoll ll _. ç.
te font demander
conseil surce qu'on
doit faire des en-
fants; veux-tu
/ft, qu'ils vivent la
,7 chevelure coupée,
o
a ou veux-tu qu'ils
-è
soient égorgés ! >
i$' I q Clotilde, stupéfaite
,,-
)rREï,i et hors d'elle, s'é-
cria dans l'égare-
ment de la dou-
leur:<S'ilsne
sontpas rois,j'aime
mieux les v oir
morts que tondus. u
Arcadius se hilta
de se retirer, s&ns
Carte de la Bourgogne.
lui donnerle temps
de la réflexion. et
porta cette répgnse &ux deux rois. Alors Clotaire prit le
plus âgé par le bras, le jeta contre terre, et, lui plongeanl
un couteau dans I'aisselle, le tue impitoyablement.- Son
petit frère, tout tremblant, embrassa les genoux de Chil-
debert, {ui se laissa attendrir. lVlais Cloteire furieux :
a Laisse-le, cria-t-il, ou je te tue à sa place t c'est toi qui
m'as poussé à faire ceci, et voilà que tu manques à ta foi. >
Childebert lui jeta I'enfant; Clotaire le saisit et lui enfonca
son couteau dans le flanc. Alors les serviteurs et les leudès
de Clodomir firent irruption dans la chambre, enlevèrent le
jeune Clodoald que ses oncles allaient tuer, et Ie déposèrent
Eu monastère de Nogent, qui prit le nom de Saint-Clodoald
ou Saint-Cloud. a Ces choses étant faitcs, dit Grégoire de
Tours, Clotaire alla sepromener tranquillement par la ville. >
Les deux frères occupèrent ensuite la Bourgogne (584),
tEs guccEssEuRs DE crovls. 43
firent une expédition contre les Visigoths d'Espegne et furent
controints à la retraite.
5. Clotaire seul rol (558-56f). Clotaire resta
seulroi par la mort de ses frères et de- ses neveux. Les
Soxons lui refusèrent le tribut et le battirentl ses leudes le
maltraitèren{, et faillirent le tuer pour le forcer à les mener
au combat I son lils Chramne se révolta ; il le saisit, I'attacha
dans une ohaumière oyec sa, femme et ses enfants, et mit le
feu. L'année suivante, il fut pris de Ia lièvre et disait en gémis-
sunt : a S/ah t que pensez-vous que soit le roi du ciel, qui
tue ainsi de si grands rois ? > Et il rendit I'esprit.
6. Les flls de Clotaire I" (56t-613).
- Sous les lils
et les petits-fils de Clotaire I", les Francs tournèrent leurs
armes contre eux-mêmes. Sigebert fut roi d'Austrasie ou de
Metz; Chilpéric, roi de Neustrie ou de Soissons; Gontran, roi
de Bourgogne ou d'Orléans; Caribert, roi de Paris et d'Aqui-
taine. Caribert mourut bientôt (567), et I'Austrasie com-
menga contre la Neustrie une lutte acharnée, qui fut marquée
par le haine de deux femmes, Brunehaut et Frédégonde.
7. Brunehaut et Frédégonde. Sigebert eut
honte de la conduite de ses frères qui épousaïent des femmes
de serviee et changeaient d'épouse suivant leur caprice; il
Iit demander la main de Brunehaut, lille d'Athanagilde, roi
des Visigoths. Il l'obtint et célébra son meriage à Metz, au
milieu d'un nombreux concours de guerriers francs et de
nobles gaulois. Rien n'y m&nqu&, ni les longs et bruyants
festins, ni les éclats de la gaîté tudesque, ni les chants
rouques des barbares, ni même les vers latins d'un Italien
bel esprit, que tout le monde applaudissait pour avoir I'air
de le comprendre. Tant de gloire donna de la jalousie à Chil-
péric. Il renvoya sa femme Frédégonde, une servante, et lit
demander la sæur ainée de Brunehaut, Galeswinthe. C'était
une maintive et pure jeune fille : le grossier Chilpérie I'aima
d'abord par vanité, pa,rce qu'elle étoit ûlle de roi, puis pur
&varice, parce qu'elle lui avait apporté une riche dot; enûn
il s'en dégoùta, et un matin eette malheureuse reine fut
trouvée étranglée dans son lit. Frédégonde reprit sa plece.
Sigebert, excité per ss, femme, &ccusa son frère d'assassin&t,
conquit toute la Neustrie, et fut percé de coups devant Tour-
nai, par des émissaires de Frédégonde (5?5). Chilpéric eut
le même sort, et Ie pacifique Gontran se déclara le protecteur
de Frédégonde et du jeune Clotaire II, son fils. Mois, menacé
&L EISIOIRE DE TRANcE.
par le parti romain et ecclésiastique, qui soutenait un pré-
tendant nommé Gondowald, il se rapprocha des Austrasiensl
au traité d'Andelot (587), il reconnaissait pour héritier Chil-
debert II, Iils de Sigebert, et prenait, d'accord &vec son nevcu,
des précautions contre les trahisons des grands.
8. Supplice de Brunehaut. Les deux lils de Chil-
debert, Théodebert II et Thierry II,-moururent jeuncs, et la
vieille reine Brunehaut fut livrée à Clotaire II par lcs Austra-
siens, dont ses essais d'administration romaine gônaient lr
seuyege liberté. < Lorsqu'elle fut amenée en présence de
Clotaire, dit Frédégaire, il sentit se ranimer la haine furieuse
qu'il lui portait, et il lui reprocha d'avoircausé la mort de dix
rois francs. Ensuite il la livra pendant trois jours à toutes
sortes de tourments, et la lit passer, montée surun chame&u,
à travers toute son s.rmée. Après cela, elle fut attachée par
Ies cheveux, p&r un pied et pûr un bras à la queue d'un che-
val très vicieux, qui la brisa, membre par membre, à coups
de pieds, en I'entraînant dans s& course. > Ainsi les Francs
se vengeaient de la femme énergique qui avait voulu les
plier au joug de la loi et de la volonté royale (6{3).
9. Clotaire If. La Constitution de 615.
taire - Clo-
II resta I'humble sujet de I'aristocratie qui I'avait fait
vaincre. < Ce Clotaire était patient, instruit dans les lettres,
craignant Dieu, grend bienfaiteur des églises et des prêtres,
très charitable envers les pauvres, plein de bonté et de pitié
envers tous. Néanmoins il eima un peu trop la chasse des
bêtes fauves, et, vers la fin, il prêtait trop facilement I'oreille
eux suggestions des femmes. Il en fut vivcment blâ,mé par
ses leudes. > Le pauvre prince eut besoin de toute cette
patience, dont le loue Ie vieux chroniqueur, pour porter le
joug pesant que sa victoire venait de lui imposer. Il resta
entre les mains des grands, conseillé, redressé, surveillé,
réprimé. 0n lui fit asscmbler Ie fameux concile de Paris (615),
réunion de leudes et d'évêques qui prit à tâche d'émire dans
lo loi les conquêtes de I'aristomatie laïque et ecclésiastique.
Le gouvernement liscal et absolu que les Mérovingiens ar.aient
essayé d'éts,blir fut, imévocablement condamné, et la royauté
fut réduite à I'impuissance. RôtLr,blissemcnt des élections
canoniques, et, p&r conséquent, annulation de I'influence
royale dans le choix des évôques; défense au fisc de mettre
la main sur les successions dont un testament ne disposait
pas, d'augmenter les impôts et les péages, d'employer les
tEs succEssEuRs DE clovts. 15
LECTURE.
- Galeewinthe.
Le mariage ile Sighebert, ses pompes, et surtout l'éclat que lui prêtait
le rang de sa nouvelle épouse, flrent une vite impression sur I'esprit
d'llilpërik, roi des Francs de Néustrie. Au milieu des femmes qu'il ai'ait
épouiées à la manière des anciens chefs germains, sans beaucoup de
cèrémonies, il lui sembla qu'il menait une vie moins noble, moins royale
oue celle dé son ierrne frère'. Il résolut de nrendre. commeliri. uneépouse
de haute naissanee; et, pour I'imitcr en fout point, il fit paitir unè am-
bassade ehargée d'aller demander à Athanagiiild, roi des Goths,la main
de GaleswintÈe. sa fille ainée. Irlais cettedemânde rencontra des obstacles
qui ne s'étaieni pas pré;entés pour les envoyés de Sighebert, lorsqu'il
dvait dcmandé lâ rrdin de Bninehaut. Le biuit des d"ébauches du ror
de Neustrie avait pénétré jusqu'en Espagne. Les Goths, plus civilisés
oue les Fraucs. disàient hdutement què l-e roi lliloérik menait la vie
d'un païen, Dé son côté, la fille afnée d'Athanaghild, naturellemenl
timidri et d'un caractère doux et triste, tremblait à-l'idée d'aller si loin
et d'appartenir à un pareil homme. Sa mère Galeswinthe, qui I'aimait
tendrement, partageait sa répugnauee, ses craiutes et ses pressentiments
de malheur. Le roi était indceis et différait de jour en jour la répottse
déflnitive. Des courriers partirent pour la Gaule et revinrent, apportant
enfin de la part du roi llilpérik rine promesse formelle d'abandonnel
toutes ses ferirmes et de vivie selon la loi de Dieu ayec son épouse.
BIST. DE T'R. C. COUPL.
TO EISTOIRE DE TRANCE.
A travers tous les incidents de cette longue négoeiation, Galeswinthe
n'avait. cessé .d'éprouver une.grâlqg répu gnance-porrr l'hbmnre auquel
on la destinait et de vagues inquiétudei puur l'avenir. Les promesses
faites au num du roi Hilpérik n'avaient prila rassurer d'une nianière ir-
-terreur
révocable; saisie d'un mouvement de qu'elle ne nuuvait sur-
moDler, elle courut vers sa mère, et, jetant ses brirs autour d'elle comme
un enfant qui cberche du secours, elle la tint embrassée plus d'une
heure en pleurant et sans dire un mot. Les ambassaderrrs francs se pré-
sentèrent pour saluer Ia fiancée rle leur roi et prerrdre ses ordres Dour
leur départ; mais, à Ia v,re de ces deux femmês sanglotant sur le'sein
I'une de l'autre, et se serrant si étroitement qu'ellei paraissaient être
liées ensemble, tout rudes qu'ils étaient, ils frirent énus et n'osèrcnt
parler de voyage. Ils laissèient. pas$er d-eur jours; et, le troisième, ils
virrrent de nouveau se présenter devant la relne. en lui annoncant cette
fois qu'ils avaient hâte-de partir. lui parlant de I'impatience dè leur roi
et de la longueur du chemin. La reine pleura, et ilemanda encore uû
jour de délai; mais le lendemain, quand bn vint lui dire que tout était
prêt pour le départ: n Un seul ,1our encore, répondit-elle,-et je ne de-
manderai plus rien. Savez-vous que là où vous'emmenez ma dlle, il n'v
aura plus de mère pour elle? > Mais tous les retards possibles étaieni
épuisés; Athanaghild interposa son autorité de roi et dè père: et. pxl.
gré les larmes de la reine, Galeswinthe fut remise entre les'rnains de
ceux qui avaient mission de la conduire auprès de son futur épour.
. Une longue file-de_cavaliers, de voitures- et de chariots de bagages,
traversa les rues de Tolède, et se dirigea vers la Dorte du nord. -Ldroi
suivit à cheval le cortège.de sa fiJle.jusqu'à un pont jeté sur le Tage,
à quelque distance de la viJle; nais là reine ne fut st résoudre à re-
tourncr si vite,.et_voulut aller au delà. Quittant-son propre char, elle
s'assit auprès de Galeswintbe, et, d'etape en étape, de'iorirnée en'iuur-
nee, elle se laissa cntrainer à plus de tent millès de distance. Ctiaque
jour, elle disait : << C'est jusque-là que ie veux aller: D et. Darrenue
à ce terme, elle pa.ssait outrè. A l'àppfoche des moritagnes,'les che-
mins devinrent dilficiles; elle ne s'eh- apercut pas, et voul.ut encore
aller pltrs loin. IIais c0mme les gens qui [a sùivaient, grussissant beau-
coup le cortège,.aug.mentaient lès embarras et les d'aàgers du voyage,
les..seigneurs gglbl résolurent _de ne pas permettre qne leur reine [it-uÉ
mille de plus. Il thllut se résigner d unô séparation inévitable. et de
nouvelles scènes de tendresser mâis plus caimes, eurent ticu dntre Ia
mère et la fille. La reine exprima, en paroles douées, sa tristesse et ses
craintes maternelles : < Soii heureuse, mais.i'ai peur pour toi; nrends
garde, ma fille, prends bien garde...'n A cés uiots riui s'accoitlaient
trop bien ayec ses propres sentiments, Galeswinthe -pleura et rénon-
dit: a Dieu le veut,-il l.aut que.ie me soumette. > Et'la triste sériirra-
tion-s'accomplit-; un partage se ût dans ee nombreux cortège: car,âliers
et chariots se divisèrent, les uns eontinuaient à marchsr en avant. les
aulres retournant vers Tolède. avant de monter sur le char qui devait la
ramener en arrière, la reine des Goths s'arrêta au bord de ia route, et,
lixant les Jeur vers le chariot de sa fille, elle ne eessa de la resaroer
debout et immobile, jusqu'à ee qu'it disparùt dans l'éloisnement e't dans
les détours du cheorin.- Galesrvinthe,
-triste
et résign"ée, continua sa
route vers le nord.
Cependant Hilpérik, fidèle_à sa prom-esse, avait répudié ses femmes.
-Frédégunde elle-même, la plus belle de toutes. ne put échanner à Ia
proscriplion générale. .EIle-s'y soumit avec uné rési'gnation àfparente
catESItrlNTH E. 5t
oui aurait tromné un homme beaucoup plus fin le roi Hilpérik.
que
Celui-ci lui permit de rester dans la maiscjn que devail, habiter sa trou'
velle éoouse.
-lés-ôreniers
mois de mariage furent sinon heureur, du moins pai
sibies,'pour Galeswinthe. Douei et patiente, elle supportait avcc. rési-
qnatiOn ce qu'il y avait de blrsqlerie sauvage dans le..caractere.de son
h-aii. n;aitt'eurs'llilpérik eut qirelque teprlis..pou.r elle.tne véritable
afl'ection : il I'aima d'abord nar vattité, ioYeur d'avotr en elle une el)ouse
àussi noble que cclle de stin frere;'il'friis, lorsqu'il fut un peu blasé sur
ce contentenient d'anour-Dtoptet I'aima par avarice,- à cause des
'qu"etlti avait apprirtées. trtais, après. s'être
srro,lôs-Jormes d'argcnt
éomnlu queloue temnÀ dans le calcul de tOutes ces richesse3' tl ces5a
àtv irouier ilu olaiiir et, dùs tors, aucun attrait ne I'attacha plus à
ôdtei*intne. Ce'qu'il y ivait en elie de beauté morale,.son peu d'or-
s;eit. sa charité dnverË les nauvres, n'étaient pas de natttre à le char-
heî.'fiOr]O.,tôntte ieprit bienLôt sa piace auprèd de Hilpérik, et,fit.éclat
de SOn nurttveau trionrfrhe. DIIe affecta mème envers l'épouse d-edalBnce
dàstaits hautains et rnénrisants. Doublemcnt blessée cbmme femme et
cJr*e reine, Galesrvinttre pleura d'a5urd en silence;.puis elle osa se
niainare et dire au roi qu'il'n'y Avait plus dans sa maison attcttn hon-
i"or oô,,* elle. mais det iniurËs et des alfronts qu'elle ne pouvait sup-
pàtterl Elle demanda comme une grâce d'être répudiée; elle offrit d'aban-
â;;;;i'toit-ii qo'ette avait aplrorté avcc elle, pourvu qu'il lui fùt
oermis de retourner dans son paYs.
'-Laïanàon volontaire d'un iiclre trésor, le désintéressement par flerté
d'âme, étaient des choses incornprélrensibles_ pour le roi. Ililgerik,. et'
n'eu àii',1 pas la moindre idee,'il ne pouvait'y croire. .rl.us.si, pplgrç
lôur sÏncerifé. les naroles de lâ lriste'Galesrvinthe ne lui inspirèrent
diautre sentimenl, qir'une dé[iance sombre et la crainte de perdre,. par
une ru0trrre 0uverte. des riCltesseS qu'il s'estimait heureux d-avolr en
Ji oos*ei.iÀn. ilIaitrist,rt ses émotioris et dissirnulant sa pensée avecvoix la
iirË-,fii-srirvage, il clangea tout à coup de maniè.res,. pr.i[ une
àô*.. ri ciresrinie, fit d'és pr0testiltionÀ de. repentir ct d'amour, qui
iromnOr*nt ta fitle â'tttranagùittl. Elle ne parlait' plus. de.séparatior, et
se flàttâit d'un retour sincère, lorsqu'une nuit, par I'ordre du .101,. u.n
ieroilcii.atndé hrt inlroduit dairs sa ciranrbre et l'élrangla pendant qu'elle
dormait. En la trouvarrt morte dans son lit, Hilpérik joua de- son mletll
la surnrise et l'afflietiol; il fit mêmc sem[]ant de verser des larmes'
quelqucs jours après, i[ épousa Frétlcgontle.
et,'Àiïsi
ioouri t ccite'feune feryïme, qu'une Iorte dc révélation intérieure
.etnfiiitïertir d'avdnce du sort ilrii tui était réservô, c0$me figure mélanco-
u,ne ap-
linue et douce qui trarersa la barbarie mérovingiennc.
nrrition d'un nuire siècle. NIalgré la rudesse des mccttrs et la deprava-
iiiriîenOriià. ii v éui dcs âmës q1i se sentircnt ètrtucs en présenee
a'iirdiof.rf"ie a'isii neu méritée,' et lerrrs sympathies prircnt,.selon
I'esnrit du temnS. unô cguleur sttperstitictrse. 0tt disrit qtt'tlne lampe
de èristal susrrôndue près du tonrlreau de Galcsrvintbe, Ie Jr)ur de ses
fùr;;;lii;-;;;,liulï àêrdit,ee iuSiterrretrt, .sans que pcrsgnne-y portât la
rriï. ôr qi,'elle était tonrtrée sur le pavê de marbr'e,latre sans se.briser et
sans s'étein<.lre. De semblables récitJ peuvent nous sounre.; mals
i" .iiiO"* siecte, quana ces légerrles passaienl de b'uche en bouche
cjni*e fternrèssiôn'vlvinte et p'oétique'des sentiments et de la foi.po-
iirïiiièr. pensif, et'l'on irleurait en les entendant raconter.
r-'-----' ôf,âevenaitA'ugustin Trrrnirr, Temps mérouinginns, t
62 EISÎOIRE DE FRANCE.
v
LÀ socrÉTÉ FnatrQnE
gOUg LSS UÉROVINGIENS
rEço!f
l. f,e 0aulc franque. *
Lea Gaulois, délivréa des Romains, su-
bireut lc despotisme brutal des Francs.
â. La gooiétô mérovingi€ue. On remarquait chez les Franca
quatre classes d'hommos : leg - loudes, lee hommeg libres, les
ti'ibutaires et les eerfs, et troie sortcs de propriétés : Iee alleur,
les bénéfices of les terres tributaires. Chaque homms euivait la
loi de sa nation,
3. L'8glise.- L'Bsliso. sui avait essayé de défendre la nonula-
tion conlre la flscaÏité dei empereurs, joua le même rôle'côntre
I'svidité des barbares. Saint-Maur, disciple de saint Benoît, et
eaint Colomban, fondèrent des monastères qui défrichèrent leg
terres et congervèrent le dépôt des connaisstnces de I'antiquité.
C'est ds lir que partirent les apôtres de la Germanie.
nÉar
l. Ira Boclété mérovingtenne. A lo mort de Clo-
-
vis, le Goule n'est pas encote tout entière û,ux Francs, mois
tÀ s0clÉTÉ rnaN0uE s0us tEs MÉR0vlNolENs' 63
Un monastère.
LECTURE.
- Un roi mérovingion.
La famille mérovingienne, devenue maitresse de la Gaule,, nq sot:gea
pai â âetr"iie les insiitutions politiques qu'elle y trouvait établies.. Elle
frétendit, au contraire, g6uverner à la mantère lgmalne et cùnllnuer
I'empire.
- -Si'nous
voulons nous faire une idée exacte de ces princes, il fartt
nous ieniésentei àes hommes qui parlent le latin, qui s'habillent à la
ro*ainri-, qui sÙccopent à écrire en'latin, qui se plaiient,surtuul à sié-
eèr ior ieirr nrétuir'e à la laçon des emperôurs, ei à y dicter des arrêts'
Ëo .oorerurn't ie titre 4e roi rles Franis, ils y ajoufent volontiers les
titres tout romains de patrice et d'homme illustre.
56 HISTOIRE DE FRANoB.
Ils prennent
.le seeptre, la le.s insignes impériaur, Ia couronne d'or, le trône d'or,
chlamyde et la tunique de pourpre. Lerirs imases lei
représentent en costume d'empereurs romains e[ eu robe consul-aire.
lls ont une cour, qu'ils appellent, comme les empereurs. le Dalais
sacrél 0n leur voit une suite de dignitaires et de courtisans'qui's'ap-
pellent comtes, domestiques, chancellers, ré[érenrlaires, caméricès. Toûs
ces noms sont romains; toutes ces dignités sont passées du palais des
emp.ereurs dans le pal-ais des rois francs. Les hommes des plris grandes
familles, Francs oï Gaulois indifféremment, se pressent à cel,ti cour;
rangés autour du prince, ils attendent des rirdrei; ils lui font cortègé
dans ses fètes. Les eufauts de la plus haute naissance forment une
sorte d'école de pages où ils apprennent à servir. Cette vie de cour
est large et brillante; il ne faut pas se figurer ces rois vivant dans des
fermes de paysans grossièrement-construftes; ils ont à leur disposition
les nombreux palais qui avaient été construiLs an siècle précédént pour
I'usage des empereurs ou de leurs fonctionnarres.
Cette royautë n'était pas élective. Quelques historiens ont professé
que le droit public des Francs prescrivait que le roi fùt élu par le
peuple; mais cetle assertion ne s appuie sur àucun fait, sur aucrin do-
cument de cette époque. Les fl)s dc Clovis lui succé,]èrent sans au'il v
efrt même une apfarènce d'élection, et iten fut ainsi durant un siiicle ei
demi. Fusrer. ns CoulrNce s, Institutions d,e l'ancienne France,
(687-S87)
I
errÈununNT DEs caRLovrlrcrtNs
rEç0N
RÉCIT
Batailie de Poitiers.
le Bref.
IBCTURB.
- eoèou-ent de Pépin
L'étroite union de Pépin et de Boniface amena une grande révolution
chez lés Franes. Pepin ire voulant pas rester .sim.ple conquérant, 9t dq-
sirant changer la souveraineté réelle qui était dans sa famrlle depurs
soixante eÈ dOuze Ans eu Austrasie,-et depuis soixante-quatte ans en
6I EISTOIRE DE FRÀNCE.
Neustrie, en souveraineté légale, s'edressâ, d'après les conseils de Bo-
nifaee, au siège de Rome comme à la source du droit. ll entoya, en 749,
Burchard, évêque de \Yurtzbourg et disciple de ûoniface, et Fulrad,
abbé de Saint-Denis et archichapelain du palais, auprès du pape Zacha-
rie. nour lui demander si celui qui remrilissait lei fonctioirs^de roi ne
méiifait pas mieur d'ètre roi qrrè celui'qui n'en portait que le titre.
Zacharie iépondit que celui-là dcvait être roi qui e.rercait la puissance
r0Yale.
"Dès que
ses envoyés furent de retour, et gu'il apprit d'eux cette ré-
ponse, Pépin n'hésiLa plus. Il se fit éiever sur irh bouclier par les
itranc!, et'Boniface Iui tionna I'onctiorr royale selon te vienx usai4e juif,
dans ld cathédrale de Soissons. Ce fut, thez les Francs et en"Giule,
le premier sacre ecelésiastiqne. Le dernier roi môrovingien, Chiltléric,
fut tonsuré et mis dans un monastère.
Trois ans après, le pape Btienne lI, qui avait succédé â Zacharie, se
rendit lui-mëme auprès de Pépin. Le roi des Longobards, Astolf, ayant
envahi l'Exarchat et la Pentapole, Etienne écrivit au nouveau roi-des
Francs pour demander son assistanee au nom même de I'apôtre Pierre:
u Moi, i'ierre, apôtre de Dieu. ,r lui dit-il, ( qui vous ai pour tils rdoptif,
.je vous adjure, par votre affection, de défendre de ses ennemis cette
Eglise romaine et le peuple que Dieu m'a confié, et la demeure oùr je
repose selon la charr,.parce que vous tous, peuples francs, vous êtes
notre peuple elu Darml les natlons. ,t
EtieÏne II, s'étant abouclré x pxvie avec Astolf, sans obtenir qu'il
renonqâ[ à ses prétentiuns, partit pour la Garrle. tépin, qui avrit eiigé
du roi des Lonàubards qu'il'laissât passer Etienne,'envoya I'abbé Ful-
rad et le duc Rothard à sa rencontre.jusqu'au monaslère de Saint-\lau-
rice, dans les Alpes du Valais. ll alla lui-nrôrne au-dcvant de lui et
I'attendit dans son palais de Ponthyon. A la rue du pape, il rlescendit de
cheval e[ se prosterna devant lui. Etienne lui avant denrandé de le se-
courir contre-les Longobartls, Pépin le Iui prourït par serment, et s'en-
gagea à Iui rendre I'exarchat de Ravenne, Ics droiis et les patrimoines
àe"la répul-rlique romaine. S'étant acheminés ensemble veis Paris, le
pape Eti'enne bccupa le monastère de SrinlDcnis, où il renouvelâ Ie
èacre de Pépin, qu'il étendit à ses deux fils. Cette cérémonie eut surtout
porrr objet d'établir l'hérôdité royale dans la famille nouvelle. Anssi le
lrape en.joignit aux nolLles francs qui y assistaient de ne jamais choisir,
sous peine d'exæmmuication, que dcs rois issus de la race de Pépin.
Etienire nornma de plus patricesïe llome Pépin et scs deux tls, dispo-
sant ainsi d'une digirité ilui n'avait jamais éti conférée que par ies em-
pereurs.
' Pépin, fidèle à sa prorDesse, passa denx fois les Alpes avec une armée,
et força les Longobards à abandonner I'exarchat de llavenne, la Penta-
pole et le duché de Rome, dont il fit donation au siège apostolique. Ful-
iad, abbé de Saint-Denis, fut chargé d'opérer cetie investitrire, et il
déposa dans le conlessionnal de Saint-Pierre I'acte de donation de Pépin
avèc les clefs des villes.
C'est ainsi qu'à Ia suite des relations établies par Boniface entre les
Romains et le-s Francs s'aceomplit le grand changement qui rendit le
I)îpe prince territorial en ltalie.'et fit plrrs tard de'lui le chef srrorème
ile'la monarchie chrélienne en'Europe. Le christianisme commenca à
passer de la domination morale à la domination temporelle, et I'Eglise
à devenir la source du droit et de I'autorité.
I\ltcxnr, Noticcs ltistoriques,
CEARIEMÂONI. 0s
il
CEANI'.EMAGNE
(76&8r{)
rEç0N
66 -
. EISTOIRE DE FRÀNCE.
Bn Espagne, il repoussa les musulmaus au delà
margré r'échec de Foncevaux, fonda le. mii.n.À d;de l,Ebre, et,F"ilùiù;
et de Barcelone.
Jaloux de sa nuissance, Tassiron,.duc de Bavière, réunit
lui_ tous.ceux ïui avaienr.teur inaef.nîîil;'il;tffiâi;;;.
coutre
à défeudre. l'aËsilon fut rivré, i.. -ô*.. fureut .uÀuu*ËË., ru.""
saxons ôcrasôs, er le peuple nrinuiqJe-aes A;;"; priiiiiiË
sors _el sa puissancc, àprôs une rutfc de sii-annaeË;iôii--""
t.e-
.3. tharlem.asne, empeie.ql..- !n 800, Chirle;as;o','âiÀt r,u*_
jusqu'à I'Elbe, rut coïionnl,
Hï f,Êlllttait
reur d'uccldent,. Ë".Ë'p;;;;;p._
{. Eouvernement de charlemagne. crrarremagne
constitu* son empire pqr dq sages- insiitutionËï eseava ru. cle
"Ëuiii
assern bl écs d'autonr nc ct- de prin tciirps, : i p u niË |u.-;"piiiirirc.
et s'efrorça tte protéger tcs- hornrnès' tlËr..,s,'îË"îaii'i',ilT. r.*
g:i: l:^ *l,{: *:* g:: f Ir ll : g. D; -.iii ;;'sd;;' it âË* ;;ÏilËi ;., -
.
ro vurccs, d cs inspect e urs "
imp ériau s survci llàien r
JËigiï:,liil
5. Renaissauce des Isttres et ires arts. pc.ples, trouvant
quelquc sécurité sous .cc gouvernemcnt - Leg
vlsii;nt,'î.ïioï"n-
cèrert à s'occuper des travàux dc l'csprit. iii;;ld uttiiJ''u rri
ûes nomlres rnstrutts, comnlc ÂlcUin, fOnda I'acatlér:rie du palais
et fit bôtir de nombreuses écoles. '
nÉcrr
l. Charlemag.ng.(zzt-814).
ses victoires, - < Charles,
dit Eginhard, son secrétaire
grend par
et son -histo.iôn,
fut_plus grand encore p&r son génie civilisateur. > La guerre,
I'administration, les lettres, voilà la vie de Charleiragne.
Heureux ceux qui naquirenù et moururent aveo lui t IIs nteo-
tendirent le bruit des armes qu'aux frontières de I'empire;
ils vécurent sous une administrotion bienveillante, qui ne ti
pas le mal, si elle ne I'ernpêcha pas toujours ils eu.ent même
;
assez de sécurité pour se livrer aux travaux de I'esprit, en-
couragés- par I'exemple de ce guerrier qui se faisait îrunilte-
ment l'élève des savants.
2. Guerre de Sare (772-S0l).
- Le plus
plus difûcile des guerres de Charlemagne
l_a
longue et
fut ceile . de
Sye. Les Saxons, ou hommes a.ux longJ couteaux, hobi-
!1ient entre I'Eyder et la mer du Nord au nord, l,Emi et le
Itlin I fouest, la Lippe et I'Unstrutt au sud, I'Elbe et l'Oder
à I'est. La nation comprenait guatre tribus, 'Westphaliens,
0stphaliens, Angariens et Nordalbingiens, subdivisées en
tantons; nobles, hommes libres et colons envoyaient des
députés.B.ux *ssemblées du canton et à I'assemhlée générale.
Leur religion étuit cellc d'oilin ; leur principale idole était
l'Irminsul, tronc d'arbre grossièrement iaillé,'planté au fonrl
at
CHARLEMÀGNE. 67
I
qililltlllll
br' J+' É.;!1 a\ '".
.Ê I {Jltr#u
af /*" *r"4 |\ù )a
tt* €.._.,_-.:.*- Ë \ à\. 3Jn
I/ \< ni lr
i:.Ê E r'. Ir6
.?Ë/r
ffi+3
\Fo
ffi
\ :a(
i"./ nfi
.#-^-
{4 J \ '',;l'!
1.H
\-.
-i """"'1.
fr'É'\
E r ii
'Fl
hEqet E \' îrr;.>3
E
:4/ ".tii ,
i
t:r''',i
'.-.^*{*'^
\ 'rV .d^ s
Itr ")$oon
-oux*â.
P/y-\-j*{ st .{(
{-".-.-..,
q-ff;
F
c)
ç1
FI
u2
F
^s
?ts
[ çqÂ
r g.$
Ï*+;v3
5ëÀ1
r Ætltil
t4
Fi
q
4
F.
ffi
I
,r;:f'
.ta 1: v ..;
IECTURBS
PnElllÈRE LECTURE.
- charlomagno ot les Normands.
Si I'on en croit le moine de Saint-Gall, qui écrirail au moment où
les invasions étaient le plus désastreusés,'les inrasions normandes
commencèrent avant mêm'e la tnort de Charlenragne. < Charles, dit-il,
arriva par hasard et inopinément dans une ville de la Gaule narbon-
naise. Èendant qu'il dinàit et u'était encore connu de personne, des
corsaires normafds vinrcnt pour exercer leurs pirateries j-usque dans le
port. Quand on apercut les iaisseaux, on les aitribua à des marchands
ïuifs. ifricains od bretr-,ns. I\lais I'habile monarque, reconnaissant à la
Ëonslruction et à I'aqilité des bâtiments qrr'ils-nortaient des ettnemis,
dit aux siens : t Ces'vlisseaux ne sont rroiirt elrireés de marclt;rrr,li ics,
mais remplis de eruels ennentis. , A ces mols, lutis lcs Irrants cuttrenl,
à lcurs ilavires, mais inrrtilcrncnt. Les Nurmands, en eil'et, ir[]Prenilnt
la nrésenee de Charlcs, craignirent qrre toute leur flotte ne l'rit pri.;e
dan': ce port, el, ils évitèrcrrt, par une firite d'une ineonr"evable rapidité,
non scuiement les glaives, uiais mênre les yetrx de ccttx qtti les pour-
suivaient. Le religieux Clrarles cependant, saisi d'une juste craittte' se
mit à la fenètre -qui rcgardait I'orient et demeura très longterrps le
visase inondô dc nleurs.-Pcrsonne n'osant I'interroger, il dit : u Savez-
vous", mes lidèles,'pourquoi je pleure si amèrementf Certcs, je-ne crains
Das que ces hommês rcirssiéseirt à me nuire par leurs miséiables pira-
i,eriei: mais ie m'aflliee cue. moi vivant. ils aicnt été prôs tlc toucher
ce rivâge, et'je suis tîurineôté d'une violente doulerri, qrrand je pré-
vois de quels maur ils écraseront mes neveur
,ii'iiil,iit'Ëi;J:
DEUXIÈME LECTURD.
- Un domaino elo CharlemagDs.
Parmi les Canituleires. il en est un gui est particulièrement remar'
quable et sans l'equel on i'aurait qu'une iTée imparfaite de Charlemagne'
".ÊJ
,16 EISÎOIRE DE trNANCE.
c'est le capituleire sur lec tenes du domaine, véritable modèle d'ail-
ministratiôn domestique e[ rurale. Chaque villa élait placée soug Ia
direction d'un fermier en chef ou meire. qïi devait parcoririr le domaine
tous les jours; ses aides étaient le doy'en, le celleiier, le forestier, le
nrénosé âur haras. le préposé aur DéCges, etc. Tous ceur gui vivaient
3ur'le bien impériâl sè dlvisaient dn t-rois classes : les bénéficiaires,
dont nous condaissons la condition, les colons possesseurs de manses
ou lerniers héréditaires grevés de redevances et de services, enfin les
serfs logés, vètus et norirris en échange tle leur travail. Tous étaient
éealement iecommandés au maire. q IL doit éviter d'ètre à charge à ses
sùbordonnés; il ne doit jamais eriger d'eur le logement pôur lui-
mème. ni même I'abri pour ses chiens. Il ne peut accepter de leur Dart
que dé menus Drésents': quelques bouteilles'de vin, des légumes,-des
fiuits... Qu'on'ait soin dri toris ceux qui nous appartiennent, et qu'ils
ne soient réduits à la pauvreté par personne. u
La villa, ainsi habiiée, comprenait des bâtiments, des jardins, des
basses-cours, des champs cultivés, des rivières et des forêts. Chaque
chose était réglée par [e capitulaire avec les plus minutieur détails.
Au centre s'élàvait le manoir, qui comprenait ùne maison d'habitation
Dour I'empereur et sa suite, des dépendances, un arsenal tou.iours bieu
lonrni d'aimes, des ateliers d'homuies et de femmes chargés de fournir,
Ies uns du fer, des tonneaur cerclés, des chariots revètus de cuir, du
savon et de la'cire, les autres des vêtements de laine et de lin et des
provisions de bouche. jardins du manoir devaient être cultivés
Suirant un plan uniforme - Les
et contenir des plantes potagères, des arbres
fruitiers et âes lleurs dont le capitulaire orésentela liste cbmnlète.
La basse-cour ou Ênl'I renfermait cenf poules et trente oies avec -
quelques oiseaur de-lure tels que Daons, faisans et tourterelles. Les
-
licrge'ries avaient un nombre file de brebis et de chèvres, et il était
ordonné aur bergers de conserver les peaux et les cornes des chèvres
et des boucs, Dans les métairies ot ménils dépendants du manoir, la
basse+our se composait de cinquante poules et de douzg oies.
champs étaient labourés eractement ôt ensemencés avec le meilleur - Les
grainl les prés étaient bien arrosés et gardés à l'époque où I'on fauche
les foins; lcs vignes el la fabrication du vin étaient I'objet de prescrip-
tions détâillées."- Le maire avait ordre d'établir des vivicrs bïen rem-
pfis, de clore de haies vives les breuits on enclos destinés aux bètes
fauves, d'ordonner des battues aur loups et de détruire les louveteaur
au mois de mai.
Chaque année le maire de la villa remettait à son supérieur, I'inten-
dant dù district, les produits et les comptes de sa gestion. L'intendant
en ordonnait I'emploi et faisait approuv'er ses acteË par I'empereur, à
NoEl et aur Ranieaur. Tels étaiérit les eoins infinii dont s'occupâit
Charlemagne; le domiuateur de l'Occident se faisait fermier, et de c-ette
même main qui courbait sous le joug les Sarons, les Lombards et les
Arares. il éciivait des instructioDs Dour la tenue de ses basses-cours et
la destiuction des loups. < Soyez àttentifs, a dit un historien homme
d'Etat, aur plus petittis choses, car c'est d'blles que dépend souvent le
succès des ebtreprises les plua importantes de ce monde. "
D'après les Capilulairet,
ÛOUIg [E PIEUX.
'
.EXENCICES ONÂUX ETÉCRIÎS
ffi
LOUIS LE PIEIIX. - TRAITÈ DE VERDUN
, (8r&813)
rEÇ0N
?8 AISTOIRE DE FNÂNCE.
ncte, et uso Bô vie à réprimer des révoltes, tandis que lea
llotf,rois, les Sarrasins et les Normands insultaient les fron-
tières et les côtes.
8. Traité de Verdnn. sa mort (840), la bataille de Fon-
- Aprèsconsomtnèrent
lanet et le traitô de Verdun la divisron de I'em-
pire en trois royaumes : France, Italie et Germanie (843).
RÉCtT
IECTURE.
- Le traité de Verdun'
Cent tlir commissaires furent envoyés au démembrement de.l'e-BPire.
to"ii-fa-pattie Oà-ti Caole située à I'ouest de I'Escaut, d.e.la.ltleuse'
juiqu.'à Iut
âe"Ïà"SîOtiË-ï Ao-nt'0n., ."ôc ie-nora de I'Espagne I'Ebre,
lairsé;iu roi CharteJ surnommé le Chauve. Lès pays de.langile tettto-
itiq-,io t"ient Aonnes en partage à Louis. Lother rérrnit, à i'lhtlie tuute
laiùdô oiirniate de t; d;"i;:i'*prise, au sud, entre_le lllrô.ne-et les
lftirJ.'i- iidiï,ïnire'ie nntn'et la'Iteuie, et enlre lagu llclse-et rlI'Eseaut
iirià,iriï.ôï,;.i.fi ;; ài ïe* Aeo* Ileuves.' Cette lo n e .Dldt e terri-
Ëiti;fipti"irfùrrttË pàpoiitions et q'atre langués diférentes, for'
&,
82 EISTOIRE DE TRANCE.
mait une division en[ièremenl factice et de nature à ne pouvoir se per-
pétner; tandis que les deur autres divisions, fondées sui Ia distineiion
réelle des races et des eristences nationales, devaient se Dronuncer de
plus en plus. Il est probable que c'est alorÉ que s'introdirisirent dans
)e langage lcs dénuminations de nouvelle Fiance.nour dcsisner le
loyaume dc Karle, et d'ancienne France po.ur désigner èeluide Lridewig.
Quant au ruyaurne de Lother, trop morôelé pour prendre le titre d'aù-
cune arreienne division politique, on le dési{aita simplernent par le nom
de famille de ses chefs. Ce nom resta dans la suita attaché i une nar-
tic des provinces se;rtcntrionalr:s de I'ancienne Gaule, qu'on anpelaii en
l;rnsrre tudcsrluc-trolheringhe-,-lAe, rtryaume des eniarlts de Lôther, et
en latin Lotlmrîngia, dont nous avoni fait Lorraine.
Aug. Tunnrr, Leilres sur l'histoire de France.
IV
LES DENNIERS CANI,OVINGIENS
LES NORUANDS
(8{:}-98?)
rEç0h
l. Lee lnvaslons. - La Fronce, gouvernée par les faibles suc-
cesseurs de Charlem.ague, allait- être, pendant un siècle, en
proie à de nouvelles invasions.
8. Paiblesse des Carlo_vin_gieus. _- Charles le Chauve (814-877),
Louis le Bègue (877-8?9), Louis III et, Carloman (879-884), vireri[
TES DERNIERS TARIOVINGIENS. 83
les srands seigneurs devenir de plus en plus indépendanta et
--i.Normands-ae
lee iavager impunément le-territotre'
f;tT;c" tiibuia'-Charles le ,Gros (s81-q8ï -réunit
(res I'rancs;
encore une fois sous sa domination tout- l'entptle lcs
;;Ë-çiî;iËte-empereur ne sut.pas^ défentlre- Paris contrc
ffir-u'i1.l-if iui-a?po.C--et I'empiie fut définitivement partogé
- C.lanùtrirsement
à drète de Trihur 1887).
Aes friôisianAs ei Prauoe.
t. duc Eurles, fut plqclamé - Leroivaillant défen'
de Irrance e1
=u"r-âî-pi.G,-
iOnna mù,t'eri ggg.-SÀ*occi..ouri Charles !e S_irlple..cétla la
N,irmahrliri aux Normands, par le traité de Salnt-ultlr-sur-
Lrrte (912).
"tb."diirriiUrcment
do la Eranoe eu graurls flefs. - Sous le-s rQSges
a" nià"idc Bourgogne, aJ t ouiJ1v..t-oy.t1.q-{er,,d-e Lothaire
Jf àJ iàui. V tglZY--SEil,' la rovautê s'a{Taiblil de plus en plus.
i; ".id;;iià aèr^-c,iirii,i"giônÉ uluit faire place-à la
dyuasrie
des Câpétiens.
. nÉcIT
1. Ires Normands. Pendont que I'empereur luttoit
contre ses tls, de nouveaux
- barbares, sarrasins et Hongroist
insultoient les frontières et les côtes.
Les plus redoutnbles de ces envehisseurs furent les Nor-
mands ou hommes du nord. Ils venoient des côtesdu Dane-
mark et de la Norvège; ils s'appelaient eux-mêmes lrlliings
ou enfonts des anses. l\[arins audacieux,.ils s'abandonnaient
eux flots et eux vents, qui les poussaient au rivage où ils
voulaient aborder; pillards intraitables, ils remontaient les
flcuves et les rivièrès, enlevaient les chevaux des p'ysenst
étcndaient au loin leurs ravages et reventient mettre leur
butin eu srireté dans quelque îiot perdu I enfin, sectateurs fa-
natiques d'0din, iis avaienl, pour l-es chrétiens uoe haine fu-
rieuse et se piaisaient à tôrturer les prêtres. Quand ils
avuient incendié tout un canton I < Nous leur avons ch&nté
la messe tle! lances, disaient-ils; elle e commenc6 de grand
matin et elle a durô jusqu'à la nuit. I Conduits p_tr leurs
qois de mer, Hasting', Biôrn tôte-de-Fer, Ragnord-Lodbrog
et Rollon, ils comiiencèrent par tles course$ sur les côtes,
puis ils étoblirent des stations nux bouches des fleuves, enfi'n
ils occupèrent des Provinces.
'Cbauve
- Le
2. Charles le (843-8?7). p-artage de
I'empire favorisa les invasioni des Normands, et Charles le
chauve ne sut qu'acheter Ia retraite de ces paiens. Les suc-
cessûurs des comtes instilués pur Charlemogne se chargèrent
de défendre le pays et se lirent construire des châteaux forts
par le peuple, qïi y trouvait un refuge' En voin le roi
,/
84 SIsIOIRE DE FRANcE.
voulut-il interdire ces constructions par l'édit de piete :. lù
nécessitéfut plus forte que le roi, et ta lranr"rr-uairre,d[
mnisons-fortes ou fertës, au pied desquelles fæ p*vo"ïgà]
blirent leurs chaumières. Iiientôt *ê*o rr ;-pii;Ëir. a*
Kiersy-sur-oise (87?) accorda aux barons r r,eJa'iiâ-arl"*u*
charges et de leurs gouvernements. charles te crrouue
mourut la môme année. Il ovait usurpé la Lothari;t;;
Lorraine sur s'n neveu Lothaire II, il avait conquis
.o
l,emnlre
et ceint la couronne de charrema.gne, et il était *:Àrc irpi,ir-
sant contre quelques borquos de piraîes.
Carte de la Normandie.
LECTURE.
- Los Normanda.
- I,q Gaule, durant soixante et dix ans, essuya de la part des hommes
du Nord des calamités qui rappelèrent les invdsions du'cinquième sièclà.
Les trois peuples teutoniqués des contrées boréales, Dairois. suédois
et Norvégiens, que le reste de I'Europe confondait sousle nom d'bommes
d u Nord (Nor t hmen,. par corrupt i oi No.rmands)., avaient été lon gtem ps
presque sans rapport avec la chrétienté. IIs avaient longtemps c-oncen-
tré leur activité et leurs relations dans la mer du Nord"et Iâ Baltiqrre,
et essayé -leurs_ forces dans d'interminables guerres eutre eur et avec
Ies Finnois et les slaves septentrionaur. Leur florce et leur audacg
LES DERNIERS CARTOYINGIENS. 89
croissaient obseurément au fontl de ces r{gions ineonnues. La confr-
guration de leur pays les avait rendus les premiers marins de I'Ettrope;
ieur relision. qui'nd connaissait de vertu tiue le courage, de vice que la
làcheté. ît q'ui^n'ouvrait le paradis qu'aui braves morts sur le champ
de bataille, Ît d'eru les premiers guèrriers du monde.
IIs étaient arrivés au blus haut-desré de lerrr belliqueuse exaltation
eu moment oir I'empire frank commença de peqc.her iers son déclin :
la destruction du rràgarrisme en Germànie pàr Charlemagne contribua
beaucoup à attirer ieurs flottes vengeresses dans les mers de la Gau-le,
sans êtrè I'unique cause d'un moulement d'erpansion et d'agression
ginérale, aussi'inévitable que I'avait été jadis le débordement de la
éermaniô sur I'emuire româin. Divers chroiriqueurs rapportent que les
progrès de la poprilation dans le Nord ct I'iisuffisancb-des moy-ens de
àubÈistance avàient fait établir une loi suivant laquelle on obligeait,
tous les cinq ans. une Dartie de la ieunesse à aller chercher fortune sur
la terre étrângèr'e ; d'âutres assurbnt mème que cette loi s'étendait,
dans chaquc familie, à tous les puinds. L'antiquité offre plus.d'un
exemple rie coutumes analogues. 0à peut dorrter qu'une_telle loi ait été
nratitiuée réqulièrement et traisiblemônt chez les-scandinaves : ce qui
èst cêrtain.1'est sue toul'chef qui se trouvait à l'étroit sur son do-
maine, ou'qui en était expulsé pâr quelque rival, se faisait guerrier
errant' et piiate, avec les champion's déioués à sa personne f qui ne
^
nouvait ëLie roi'de terye se faisaii roi de mer, et Dlus-d'un roi de terce
êchangea volontairement sa royauté pour I'autre. ies chefs lerritoriaux
essavôrent d'a rrèter I'immense"dévelop rrement de la piraterie ; quelques-
uns lussent entrés volontiers dans I'alliance des Franks, dlns la société
chrétienne; vaines tentatives I longtemps encore Ie génie natio-nal les en-
traina ou les brisa : Ies braves étaient pour Odin et pour les rois de
I'Océan. Toutes les mers ettous les fleuve^s s'ouvraient à leurs navires;
toutes les terres leur étaient livrées en proie. lls s'él,aient partagé le
monde : aur Suédois, le levant; aux Danois et aur Norvégiens' le c0u-
chant : les guerriers errants de la Suède, conduits par Rourik, cc,mmen-
eaient à s'assu.iettir les Rttsses, et allaient fonder I'empire des Wargrs
ôu Warècucs Rirssiens. entre la Baltique et la mer Noire, dans ces mémes
régions oï lcs Goths, dont les frèrcs iubsistaient encore en Scandinavie,
avaient régné cinq siècles auparavant; les Danois et les Norvégiens pour'
suivaient Ia conqirète des iles Britanniques, et envahissaient la Germa'
nie et la Gaule.
Ces irruntions n'eutent de commun avec les anciennes invasions bar'
bares que les maur qu'elles causèrent. Ce n'êtaient plus Iâ des. peuples
quittant leurs foyers en masse pour se ruer pesamtnent sur des pays
plus favorisés dd Ia natrrre, mals bien des assbeiations peu nombreuses
àe guerriers d'élite, sans femmes, sans enfants, sans esôlaves, matelots
et sblAats tout ensemble, parcourant les mers aussi rapides que les
oiseaur de temoête, et o'néi'ant leurs descetttes avec une- soutlaineté et
une imnétuosité qui naralvsaient la défense et qui glaçaient de terreur
leurs e'nnemis vaincus arârtt d'avoir rendu te cbmblt.'Dans les nuits
orageuses des équinoxes, guand les marins des autres peuples se hâtent
de éhercher un abri et dti rentrer dans les norts, ils mettent toutes
voiles au vent, ils font bondir leurs frèles esqïifs iur le.s flots furieux;
ils entrent dans I'embouchure des Ileuves aveila marée écumante, et ne
s'arrêtenI qu'avec elle;ils se saisissent d'un ilot, d'un fort, d'un-postc
de ditficile'accès, propre à servir de cantonnement, de dépôt et de re-
traite; puis remoîtenf le fleuve et ses aflluents jusqu'au cæur du conti'
90 EIsTOIRE DE FRANcE.
nent, sur leurs longues et sveltes embarcations aux deur voiles blanches,
à la proue aiguë, à la carène aplrtie, sur lcurs u dragons de merl i
la tète menaqarrte, c0rnme ils disent. Le jorrr ils restentlmmobiles dans
les anses tes plns solitaires, 0u sous I'ombre des forêts du rivage : Ia
nuit venue, ils.abordent, ils escaladent les murs des corrvents, les" tours
des châte.aur, les remparts des cités; ils portent partout lé fer et la
flarnme.;.ils improvisent une cavalerie avec jes chevâur des vaincus, et
courenl le pay.s en tous sens jusqu'à trenle 0u quarante lieues dc lbur
rlr'ttillc. Quel irnrnense ayrnl.rge un tcl système d'attaque ne doit-il pas
av')ir sur un Etat désorga.nisé, oir les milices ne se rassemblent que
peuiblenrent, et otr les.petjts despotes. Iocaur sont bien moins dispo'sés
à se porter secours qu'à s'entre-détrrrire I
llenri Mrnun, Ifisloire de Franee,
v
IJA SOCIÉTÉ FÉODALE
rEç0t{
t. Le régine féodal. - Lorsque le pouvoir royal eut été
rérluit à I'irnpuissance, les seigneirrs, mailres tle vastes territoircs
ou fiefs, s'y rentlirent indépeudants ct devinrent de véritables
souverains. Alors s'établit le réeime féodal.
3. Itroits du reigneur. Le ïeigneur avait trois principaur
-
ta s0clÉ1É rÉoD,rtts. 9l
droite, qui faisaient de lui un roi indépendanf; il pooouit lever
des soidâts, rendre la justice et pcrcevoir des tareô en nat,ure
ou en ,rrgcut.. Il evait incore urtc rnultitutle tl'autres droits qui
pesaient."les uns sur la personne du vassal, les autres eur son
ilouraine. Ert revanchc, ii devait protôger son vassal.
3. Les vilains et les'serfs, cËux qui n'étaient pas sei-
gneurs s'a0pelaicnt les serls Ou- Tbus
esclrues eLles uilains oumqnants.
fls eurent bcaucoup à souilrir tle la société féotlale.
4. L'EgIise et la^ohovalerie. - L'Eglise rendit tle grands ser'
vices da-ns cet[e époque barbare. Elle'' rrrrôta les guerres par la
lrêue de Dieu: elle nunit les violcnces pu;r I'etcommunicationl
enln, elle adôucit. ies mæurs féodalcs dn crôaut la cheualerie,
nÉcn
Chltaau féodal.
Sacre d'nn
IECTURE.
- Un château féodal.
lllontbason est un dss plus beaur châteaux de France.
Reorèsentez-vous d'abdrd une position superbe, une montagne escar-
pée, hérissée de rochers, sillonnée de ravins et de précipices ; sur le
ben'chant est le château. Les petites maisons qui I'entourent en font
iessortir la grandeur; I'Indre semble s'écarter avec respect; elle fait un
larse demi-cercle à ses pieds.
it faut voir ce ehâtea'u, lorsque, au soleil levant, ses galeries exté-
rieures reluisent des armures de ceur qui font le guet, et que ses tours
se montrent toutes brillantes de leurs grandes grilles neuves. ll faut
voir tous ces hauts bâtiments qui remplissent de eourage ceux qui les
défendent et de frayeur ceur qu1 seraient tentés de les attaquer.
La porte, Ilanquée de tourelles et couronné.e d'un haut corfs-de'garde,
se préïente toute courerte de tètes de sangliers ou de loups; entrez-
voris. trois enceintes, trois fossés, trois ponts-levis à passer; Yous votls
trouiez dans la grande cour carrée où iont les citernes, et à droite, à
Rauche les écuries, les poulaillers, les colombiers, les remises. Les
Ëaves, les souterrai'ns, les prisons sont par-dessous; !ar-dessus sont les
logements; par-dessûs le-s logements,' les magasins, Ies lardoirs ou
saÏoirs. le6 a'rsenaux. Tous lef combles sont boidés de mâchecoulis, de
parapets, de chemins de rontle, de guérites. Au milieu de la conr est
Ie ddnjon, qui renferme les archives et le trésor. ll est profondément
fossoyê dans tout son pourtour, et 0n y entre par un pont presque
touioirrs levé; bien que-les murailles aient, comme celles du château,
pluË de sir pieds.d'éfaisseur,ilestrevêtu, jusqu'à la moitié de sa hau-
-ou
ieur, d'une themise second mur en grosseJ pierres de taille.
Ci château vient d'être refait à neuf. Il a quelgue chose de léger, de
frais, de riant que n'avaient pas .les châteàux lourds et massifs des
sièclés passés. \ious vous doutèz bien qu'il est bâti dans le genre mo-
derne,'dans le dernier goùt : grandes chambres voùtées à croisécs
oeived. à vitres de verre-peint; grandes salles pavées en carreaux de
diversés couleurs; grands meubles de toute espèce; grands guéridons
avee des bas-reliêfi représentant I'enfer et Ie purgatoire; grandes ar-
-écrins; grands
moires sculptées en feirètres d'église; grands bahuts
ferrés: grands coffres rouges; Srands miroirs de verre de plus d'un
pied: srinds miroirs de m-étal dé même dimensiou; grards fauteuils à
bras. c-ouverts en tapisserie et ornés de crépines; grands bancs à dos-
siers srillés: srands bancs tle vingt pieds, âvec housses traluantes ou
banqu"iers dé d'raps brodés et armoiiéi. Je vous dirai cependant que les
Iits he me oaraisïent pas tout à fait proportiounés à l'état des maitres :
ils n'ont gutre que dii à onze pieds de large; j'en ai vu de plus grands
"moindres
dans de maisons. Mâis pour ce qui est de la décoration des
rpnartements. rien de plus somptuêux : il y-a des salles de parade, des
châmbres de baremeniqui prednent leur nom particulier des couleurs
ou des renréientationsTes-préeiettses tapisseries dont elles sont ten-
t
dues. Il y en dont les pilieis qui soutiennent leg Srosses poutres sout
LA SOCIÉTÉ TÉODÀtE. IOI
incrustés de ûlets et de fleurs en étain. Il y en a où des persoDnagel
de qrantteur naturelle. neints sur les murg. porteut ou tiennent des rou-
leaùr sur lesquels soûi écrites de belles s'eiteuces qu'on prend plaisir
à lire au srand proût de Ia morale.
Quant fta manière de vivre dans ces grands châteaur,.i'en suis assez
content, à ceta près qu'on ne dino guère que vers le milieu du jour et
qu'on tre soute gu'aDrès Ie coucher du soleil. ce qui me parait un peu
tard. La journôô eit d'ailleurs trës agréabiemeilt variéê. Le maiin,
vous voyei la cour se remplir d'écuyeis, de piqueurs, de pages qui
font faire à leurs chevaui mille diÏérentes voltes. Quelquefois les
damoiseaux, dont plusieurs sont des prodiges de force, de jeunes Sam-
son, assnillent ou dôfendent pendant plirsieuis heures, avec leurs longues
piques ferrécs, un petit carié de fuùier, une petite butte de terre, aur
apDlaudisscments de tous Ies sDectateurs.
^Àprès
diner, les barres, Ies quilles, le palet et plusieurs autresjeux.
Noub avions en outre le's papècais êt le's sinses. Nous avons aussi la
vieille folle du feu sire de lioritbason, et le petit fou du seigneur actucl,
si gentil, si e;piègle, que les jours de mauvais tenps il court toutes les
salles et devient l'âme de la maison.
L'aumônier est chargé des plaisirs de la veillée. Il a vu le monde;
il narre agréablement; nrais, cômme il n'a jamais été pèlerin et qu'il n'a
vécu ni dans les couvents ni dans les mouastères, il ne peut, sans cou-
rir risque de se répéter, faire deur ou trois contes par soirée. Ileureu-
semeni nous avons un âncien commandeur de Rhoïes, qrri a visité la
Terre Sainte et a voyasé dans les trois nrrties du monde. C'est un frère
du sire de l\Iontbasrin.-ll raconte voloritiers et bien; c'est grand dom-
mage que ses llurions le forcent d'aller se coucher de bonne heure.
Souvent il uous vient aussi des ionsleurs. des sauleurs: on entend
souvent aussi des conccrts de trdmpis, de'trompettes, d'e 0rltes, de
cbalumels, de tambours, de harpes, dê luths, de cimliales, de sonnettes,
de rebecs : auiorrrd'hui il est oassé un musicien oui iouait de la vielle
et qur n'a.iamàis pu I'accorderi on a enfin reconnu'qudles cordes étaient
nroiiié de Ïoyaur'de brebiset moitié de boyaux de^loup : il a été payé
aussi généreusement que les autres,
La vie de ces clrâteaux serait troo heureuse si. comme toute autre.
elle n'était mèlôe d'anxiêtôs et d'alaimes. Quelquôfois,
-milieu au moment où
I'un s'v attend le moins, pendanl le repas, au du sommeil, le
guet sonne la cluche, on crie; aussitôt tout ést en mouvement; Ies ponts
Iont levis, les hersés tonbcnt, les portes se ferment : tout'le donde
quilte précipitamment la table, le lit, court aur créneaux, aux màche-
cbulis,'aux ineurtrières, aux b'arbacanes. Ces jours derniers je fus té-
moin d'une de ces alertes, et, durant deux fois vingt-quatre heures, il
n'y eut que I'aumônicr ct moi à qui il fut permis de, dormir; on se tint
sans cesse sur ses sardes. mais if n'en [ut'0ue cela. C'était un vidlme
des environs qui aiait cru que le sire rle trlbntbason faisait des levées
et dcs prénaratifs contre lui. et qui. sans envoycr des lettres de dé-
llance, 's'étài[ mis en campagde avéc irois cents liommes; il y a eu des
pourpar)ers, des erplieations : tout s'est arrangé. A ce sujet, ma.dame.
la douairiùre nous disait qu'au.iourd'hui les guerres ne sont plus si
frirluentes qu'autrefois. Elle se souvient que, la semaine de ses noces,
il fut fait une si longue et si rude attaque contre ce château que per-
sonne n'alla se coucher de huit iours.
À). .Voxrnr, Ilistoiri des Françuis d'es diaers états.
t02 EISÎOIRE DE TNÀNCE.
I
LEs pREMTERS cEpÉtrnNs, - coxguÊru
DE I,'ÀNGLETERRE. _ LA CROISAI}E
LEçoN '
RÉcI1
Cet homme, qu'on doit appeler tyran et non roi, est la tête
et la cause de tous les maux de la France. Il vient, comme
un brigond, d'arrêter des marchands qui se rendnient à une
foire dc France et de leur cnlever des sommes immenses. S'il
ne veut pas s'amender, je vous ordonne de mettre son
roytume en inl,erdit : si celo ne suflit pas, nous tenterons,
avec I'aide de Dieu, d'arracher son royaume de ses mains. r
llus tard, Ie pape Urbain II I'excommunio au concile de
Clermont (1095), et Philippe fut obligé de renvoyer Bertrade.
A partir de 1099, vieilli par les excès, il abandonne son gou-
vernement à son fils Louis I'Eveillé, qu'il fit sacrer roi.
Ainsi, Ies quatre premiers Capétiens. ne sont que les chefs
nominaux de la Francc. Spectateurs indolents de I'activité
d'autrui,, ils ne s'émeuvent ni des insultes, ni des usurpe-
tions, ni des aventures héroïques. L'histoire de France est
ailleurs qu'à Paris. Elle cst dans lcs châteaux féodaux où
tgs PREMIERS oÂPÉrtrns. 107
ra tR0tsaDB. lll
nées. Charlemagne et ses lils les avaient repoussés derrière
I'Ebre, et depuis ce temps les chrél,iehs d'Espagne n'avaient
pas cessé de les combol,tre, Le pape résolut de conjurer I'in-
vssion musulmane p&r une invasion chrétienne.
Outre cette cause politique, la uoisade eut une c&use
sociale, lo nécessité d'occuper I'activité guemière des borons.
L'Eglise avait commandé la trêae de Dieu; mais déjà son
arme unitlue, I'excomrnunication, semblait s'user dans ses
mains. En vain metlait-elle soub lo protection des bons che-
valiers la cabnne du pauvre et la moisson du laboureur, la
passion de Ia gueme faisoit sortir les borons deleurs châteaux,
les violcnces recommençaientl les tournois et les combats
judioiaires étoient, les occupations lcs moins æuelles de la
société féodale. A la trêve de Dieu, I'Eglise Iit donc succéder
Ia gueme de Dteu,, bien stre d'èlre plus oisément obéie, Elle
montro aux chevaliers les inlidùles à pourfendre, et leur ten-
dit l'épée qu'elle leur avait arrachée. Alors les descendants
des Germains, emprisonnés dans le donjon ou la chaumière,
sentirent se réveiller en eux le goùi des aven{,ures. Leur sang
bouillonna, à la pensée de courir le monde, dc visiter les
grandes cités de l'0rient, conduits cctte fois par de redoutobles
évêques qui bénissaient ce qu'ils avaient maudit.
Ainsi la religion n'inspira pas seule les moisés; il est vrai
néanmoins que, sans elle, rien n'ourait pu jeter I'Europe sur
I'Asie. Depuis I'an {000, la ferveur s'était ianiméc, la haine
des inlidèles s'entretenait par les expéditions en Espagne, par
les pèlerineges eu tombenu du Christ, et par les souvenirs
légendaires de Charlcmagne, qui n'était &ux yeux du pcuple
que le vainqueur de l\Iohomct, et le libôratcur du Saint-
Sépulme.
15. Pierre I'Ermite. Parmi les visiteurs deg lieux
snints se trouve un ermil,e- du diocèse d'Amiens, nommé
Picrre. < C'était un homme de très pctite taille et dont I'as-
pcct n'avait rien que de misérable : mais une grande âme
habitait ce corps chétif ; il avait I'cspritprompt, l'æil perçant,
le regerd pénétrant et doux, la parole éloquente. r II obtint
du patriarche de Jérusalem, Siméon, des lettres pour Ie pape
Urbnin II, et se rendit à Rome. Urbain I'envoya prècher en
Italie, en Allemagne et en France, et, quand les esprits furent
préparés, il vint lui-même présider le concile de Cler-
monl (r095).
Sur lo grande place ful dressée une vaste estrade où
II2 BISTOIRE DE FRÀNCE.
prirent place le pape et I'ermite Pieme &vec son hâton de
pèlerin et son montceu de leine. Après uu discours de I'apôtre
qui communiqua à lo foule le vive émotion dont il étoit
onimô, Urbain se levo :
<r Guerriers qui m'écoutez, dit-il, vous qui cherchez sons
cesse de vains prétextes de guerre, réjouissez-vous, car voici
une guerre légitime i le moment est venu de montrer si vous
êtes s.nimés d'un vrai courage. Il ne s'agit plus de venger les
injures des hommes, mois celles de lu Divinité; il
ne s'ogit
plus de I'attaque d'un chôteau, mais de le conquète des
lieux saints. u
Concile do Çlerrnont.
LECTURE.
- Batallle d'Eastlngr.
Sur le terrain qui porta depuis et gui aujourd'hui torte encore le uom
du lieu de la .bataille, lep.lignes des Anglo--caxons ocôupaient une longue
chaine de cullines fortifiées par lln rempart de pieur ef de claies d'osier.
Dans la nuit du {3 octobrc, Guillaumlfit annoïcer aur Normands que
le lcndemain serait jour de combat. Des prêtres et des religieur. ôui
avaient suivi en grand nombre I'armée d'invasion. attirés comnrb ies
soLluts par I'espoir du butin, se réunirent pour prier et chanter des
litanies pendant que les gens de guerre préparaient leurs armes. Le
temps^qui leur resta après ce premier soin,-ils I'employèrent à faire
la confession de Ieurs pôchés et à reccvoir les sacremdnts. Dans I'autre
armée, la nuit se passa d'une manière bien différcnle: les Saxons se
divertissaient avcc,grand bruit et chantaient de vieux chants nationaux,
en.vidant, autour de leurs fcux, des cornei remplies de bière et de vin.
Au malin, dans le camp normand,l'évèque de'Baveur, fils de la mère
du duc Guillaume, célébfa la messe et bônit les irorrDes, armé d'un
baubert sous s0n rochet; puis il monta un grand coursiêr blanc. nrit un
bâtun dc commandement et lit ranger la cavaleric. L'armée sé ^divisa
en trois colonnes d'attaque : à Ia première étaient les gcns d'armes
venus des comtés de Roulogne et de Ponthieu, avec la- plupart des
aventuriers engirgés individuellement pour une solde; à la'seèonde se
trouvaient les auxiliaires bretons, manceaux et poitevins; Guillaume en
personoe commandait la troisième, formée de-la cavalerie nurmtnde.
En tête et sur les flancs de chaque corps de bataille. marchaient nlu-
sieurs rangs de fantassins arméï à la [égère, vêtus de casaques mite-
lassées, et purtant de longs arcs de bois ou des arlialètes d'acier. Le duc
montait un cheval d'0spagne, qu'un riche Normand lui avait amené d'un
pèlerinage à Saint-JacQues en Galice. Il tenait suspendues à son cou
BATAITLE D'HASIII{GS. TI?
les plus révérées d'entre les reliques sur lesquelles- Harold avait juré'
et l'ëtendard bénit par Io pape était porté à côté de lul per un Jeune
homme appelé Toustain le Blauc.
--U;r;nêË';e irouvi bientôt en Yue du camp sâx'n' au nord.-ouest
a'Uaiiini*. Les ptètres et les moines qui I'acconpagnaient se détachèrent
àt-màntt'reni s,ir une hauteur voisinô pour priei èt regarder .le combat.
U" ii;im;"d, àppôté Taitlefer, poussa^ son'cheval en àvartt du front de
Ùrtrliiô. *fôhtôhhilJ.tant fârireux, dans toute Ia.Gattle., d.e Charle-
masne bt de Roland. En chantant il jouait de son.épé_e, la lanqait en
f:rii** torcË eilf terevait dans sa fiain droite; lei Normandj répé-
ses refrains ou criaient : Dieu aidel Dieu aidel
--I-ioitOÀ
taient
ael.iit, les archers commencèrent à lancer leurs flèches' et
teiiilatbiiie.s-teuiir
-nar-Ëîirt citreuox; mais la plupart dei coups furent am,ortis
pàranet dés redoirtes saxoirnds. Les farrtassins armés de
hîcèi ôt ia lavalerie s'avancèrent jusqu'aur portes des. redouteset ten-
iOi.itii âe les forcer. Les AngloJSax'ons, tôus à. pied aulour.de leur
étendard nlanté en terre, et formant, derrière leurs pallssades' une
il;;;ù;dDiaie et solitld, requrent leï assaillants à gfands coups de
[aitre, qui, a'un tevers, biisai'ent les lances et eo'paicnt' les. arm*res
Ae maitl'es. Les Normands, ne pouvant pénétrer dans les ledoutes' u
en a.iàcné. les pieux, se réplièient, fatigués. d'une attaque inutile, vers
la division que ôommandait-Guillaume. Le duc alors fit aYancer de nou-
veaï trus sËs archcrs et leur ordonna de ne plus tirer droit devant eux,
mais de laneer leurs traits en haut, pour qu'ils tombassent par{essus
te-iorprrt du camp ennemi. Beaucouil d'Anglais furerrt blessès, Ia plu-
Trriîo'iiirs*, pai siiite de cette mairæuord; tlarold lui-mêmc eqt l-æil
ôrene à'uneièche; mais il n'en contin'a pas moins de comruander et
àï.ôrliftis.-L'ittaque des gens de pied êt de chevalreeommença de
oiUr. i"t iiis aC: Nutre-Da"mel Dieri aidel Dieu aidel llais les Nor-
'di"àiii,teiii-re-poussés, à )'une des portes dr caml)' jrrsqu'à..un.grand
ravin recounert de brousirilles et d'herbes, Otr leurs cltevaux trébuchèrent
ôT oil lislombèrent pêtc-mêle et périrent'en gra_nd nombre. ll y eut un
no*enf OàJôrreur Trns I'armée'd'outre-mer-. Le bruit corrrut.que le
duc avait été tué, et, à cette nouvelle,. la fuite commença. Gurllaume
iJlela-iui-même'auldevant des fuyaids et leur barra le" passage, les
fr''eiiirnfiitei frappant de sa lancri; puis se découvrrnt la tète : < Ille
îoiiî,"ià,it .rii:t-it, i'esardez-moi, ie vis' encore, et je vainmai avec I'aide
de Dieu. l
--leiôivaliors retournèrent aur redoutes, mais ils ne pttrent davan-
tase en forcer les portes ni faire brèche: alors le duc s'avisa d'un stra-
ûËÀril. pouifaite'quitter aux Anglais leur positio-n.et leurs.rangs : il
doîna i'ôrdre à mill'e cavaliers de s'avancer et de fuir aussrtÔt. La vue
ôé-æitâïeioule simulée fit perdre aur Sargns lepr sang-fruid; ils.cou-
rureut tous à la pOursuite, la hache.suspendue au cou. A une certalne
distance. un corps p0sté à dessein joigdit les fuyards, qui tournèrent
[iia*l ôi ies An'slais. surDris dans- Ieirr désotdrê, furent assaillis rle
loos dOtes à coup"s de'lancei et d'épées dont ils ne pouvaienI se garanlrr,
avant les deux inains OCcupéeS à manier leurs grandes haches. Qttltttt
itË-àurent oerdu leurs rangi, les clôtures des redoltes furent enfoncée.s I
ialitiéir ef fantassins v pënbtrèrent; mais le combat fut vif, pêle--mèle
il;;;;-teorus. Guillàuine eut sou'cheval tuê sous l9i;l-e rôi llarold
étendard.,,.qui fut
;i ;;;'àeor-rt'eie* tombèrent morts au pied dedelerrr
;;ù;it;tlômpiice-par ia bannière envovée Romc. Les débrisjus- de
l';;i; ingtàG[, iàni-chef et sans drapedu. prolongèrent la lutte
,'E EISÎOIRE DB trRANCE.
qu'à la fin.du jour,.tellement.qrre les combattants des deur partis nc
se reconnaissaient nlus ou'au lansage.
Les mèrcs et les^femnics de ccilx"qui étaient venus de la contrée voi-
eine combatIre et mourir avec leur roi, se riunirent p0rrr reclrereh,rr
ensemble et enserelir lcs corps de leurs Droches. celui du roi ilrrolrl
derneura qrrelque temps sur Ie champ dè bataille, sans q'e r)ers{}r)ne
osâl lc réclamer. Enfin la veuve de Godrvin, appelée Ghifha, surm{)n-
tant sa d0rrleur, envoya un message au duc Guitiaume pour r'i deman-
der la pcrmission de rèndre à son liis les derniers honneirrs. Eile offrait,
discnt les historiens normands, de donner en or le rroids du coros dé
son frls. Mais le duc refusa duremerrt et dit gue I'homme qui 'avait
menti à sa foi et à sa religion n'aurait d'autre séôulture gue le sable du
rivage. ll s'ad.oucit pourlânt, si I'on en croil une vieilltl traditiun, en
faverrr des religieux'de \\'althaur, abbaye quc, de son vivant. Ilaiold
avait fondee et enrichie. Dcux moines sàxoirs demandèrent et dbtinrent
de transporter dans Icur ôglise les restes de leur bien[aiteur. Ils ailèrent
à I'aruas des corps. dé.pouillds d'arnres et de vôtements, les eraminèrent
avec soin l'un rIrès I'arrtre, ct ne reconnrrrent point'celui qu'ils cher-
chaient, tant ses blcssures I'avaient défieuré. Trlstes et désdsocrant de
réussir seuls dans cette.recherche, ili s'adressèrent à uue' fcmme,
Edithe; on la surnommait la Belle au c0. de cygne. Elle consentil
à suivre lcs deur moines.et hrt. plus habile qu'eui à découvrir le ca-
d avre de celui qu'elle alait ainré.-
Aussitôt aprèi sa victoire, Guillaume fit væu de bâtir en cet endroit
un couvent sous l'inrocation de la sainte Trinite et de saint Martin, le
patron des.guerr.iers de la Gaule. ce væu ne tarda pas à être acconriili,
et le grand autei dr nouveau monastère fut élevê au lieu môme orr
l'étendard du roi llarold avait été plirnté et abattu. L'cnceinte des murs
ertérieurs fut tracée autour de la'colline que Ics Ânglais avaient corr-
verte. de.lerrrs corps, ct toute la lieue de tcrie circorrvoisine, oi-r s'étaienl
passces les diverses seènes ce courbat, dei'irt la proyrriôté de cette ab-
baye, grr'on appela, en langue normande, l'AbLale tle la RaLaillc.
,.,On^
dit ,qrre, dllns le temps or). furent posées leÉ premières pierres de
r edrrtc.e, te.s.arcttrtcctes decouvrll'e nt cerIainement que I'eau y manqlle_
rait : ils allèrent torrt décontenancés porter à Guilliunre cette norrielle
dcsagréable : r'[ritvaill,,z, travaillez'tOujours, rétrliqua Ie conqrrérant
d'unton jolial; car, si Dieu me prête vie,il v iura' plus de vin tlrez les
r-eligieux de la Bataille, qu'il n'y a d'rau'claire dans'le meiileur couvent
de la chrétienté. 'r
Aug. Turunnt, Histoire de la eonquéte de l'Angleterre.
II
LOUrS Vt & LOrrrF Vrr. - LES COUMUNES
FRANçAISES
(r108-1 rE0)
rEçoN
l. Louis VI le 0ros. Louis VI le Gros fit une guerre sûng
-
relâche aux barons pillards et mcurLriers qui entouiaient Parig
ct Orléans; il essay-a vainement de chass'er de la Normandie
Ilcnri Ior, roi d'Algleterre, et intimida l'ernpereur d'Àllemagne,
llenri V; qui voulàit envahir la France. Avànt de mourir, il fif
épouser à son [ils, Louis VII, I'héritière de I'Aquitaine, et lui
laissa un sage couseillor, I'abbé Suger.
3. Lou s VII et la seconde croisade. -- Louis le Jeune. pressé par
saiut ljcruurtl et voulant expicr le urassacre de Vitrv. prif la
croix. Cette seconde croisade fut désastreuse : le rrii' ne put
B'emparcr de Damas, et revint nprès avoir perdu toute son ar.
r20 EISTOIRE DE FRANCE.
mée. Après la mort de Suger, il divorca avec la reine Eléonorc
qui donna sa main et son héritaee à Heirri II Plantasenet: celui-
cl devint le maître de I'Angletérre et de toutes les c6tes de
France, depuis la Somme jus'iJu'à I'Adour.
3. L'afranchissement oommunal. Ces deux règnes virent leg
premiers progrès des communes -dans la voie dè l'a{franchisse.
ment. Tantôt c'étaient les anciennes municipalités de I'cmpire
romain qui retrouvaient leurs traditions oublièes, comme Nîùes,
Toulouse et Bourges; tantôt c'étaient des bourgs uouveaux pour-
vus par leurs seigneurs de franchises civiles, éomme Orléairs et
Paris; tantôt enfin c'étaient des cités poussées à hout par lcs
exactions de la féodalité qui demandai?lnt à I'jnsurrectiob la li-
b_erté qu'elles n'obtenaicnfpas autrement, comme Laon, Àmiens,
Vézelaï.
{.. [i. royauté fran-gaite et les oonlmunes. La royauté, bien-
vcillante pour les bourgs franes, hostile -aux conimunds, finiù
par leur ôter les droits polil.iques cn leur laissant les droitg
civils; elle constitua ainsif au liCu de pctitcs républiques indé-
pendantes, le troisième ordre de I'Eta[, le tiers etat '
RÉcIT
FRANCE
GLETERRE crrÉtufr-ornncrs
o
08?-13a8
,on
e9"r"ù.-.- -l ,+
rL4tu+
gæoilcoÈotgoorc
'!4æs -Eetiw
4.. flc
- i"û
*é ,a
(a
:%'qi$J;"sJ-'s.i
flvlktrouv
'tu
"r.f.ir*j clermonto
Pér'i$ord ÀtrvERG}{D Sat oic
&aLa
r?'anyn{rt]z.rru, Q4
ROYIP {/â
D'ARLE S
z;; ^";7{*Rt
Bdzarc {4 IÈ, ^otriy
.: -*-...-..!,... "Foit
La cité do Carcassonne.
I.ECTURES
Bourger.
PREMIÈRE LECTURE.
- Une munioipalité. -
Bourses (Auaricuml était à I'épogue de I'invasion une importante
cité rofrrainè qui nosséilait des muiailles, des lrènes, un amphithéâlre'
une curie, unri police et tous les privililges municipaux....Au septième
SièCle. BOnrgeS- avait un sénat. Ce sénat âvait une Jurldlctlgn sguYe-
iài"e.'car dt"esgii. de Tours cite un arrèt rendu par les premiers de la
cité. L'évêoue-v était élu par le clergé de concert avec le peuple; -car'
iôïi }i i,iii niérovingiens'et carloviàgiens, les évêques Sulpice, Didier,
Âuilresislie. Àsiuiphel furent ainsi libiemeirt choisis par. leius ouailles'
-nïoleàiïliii-iei'moirnaies
sui portaient son nom ou celui de ses habi-
laïisi veis I'an l{00, le vicomtri de llourges, Herpin, qui partait pout
la Palestine, vendit au roi Philippe Ior la ville et sa.banliette, et le c6rps
de ville ou asSemblée des prud'ltgntmes fut ngmmê dans I'acte 0e ces-
Jion. C'est alors sue I'arihevèque établit une association de la pair
qui embiassait la iille et son diocèse. a Pour résister aux rebelles et
iiotate,irs des droits de I'Eglise, écrivait le chapitre au pape Grégoire IX'
en t228. c'est un usace introdût depuis des siècles, que les^bar0ns'
iei puissants et les nîbles, e[ mêmô le.peuple du Berry, prêteraient
corpbrellement sermcnt à I'archevôque de Bourgcs de suivre sa com.-
mine ei d'observer sa trêve. u Sotts l'archevêqtte VOlgrtn, sur sgn AYIS
et à la prière tlu clergé et du peuple, Louis le- Gros publia une charte
qui réfOimait plusieurs coutttmes mattvatses' mâlS Sans rlen_cnanger nI
Ëli comrnne hioeésaine, ni a I'institrrtion municipale. En 1145, Louis VII
cornimali charte de soî père, et appcla bons'hommes et ôarons les
iii,i.irrioiOà Ii ritle, cerri qu"on nbinmait jadis les sénateurs. ou les
ôur;itôs. Ainsi, dans' cette ville municipale-,.Ie pouvoir ecclésiastiqle
n'intervint que nour conserYer ce qui existait, étendre au dl6cèse la
iiii-q,ii'regïiait'dinr ta cité, et ameirder les tois défectueuses, d'accortl
avec le Pouvou royal.
Plan_tagenet?
- sonI les causes qui I'empèchèrent de ruiner
-.Quelles
la dynastie capétienne? A quelle époôue mollnrt Louis VII?
I
m
PEILIPPE.AIIGUSTE
(fi80-1223)
tEÇoN
nÉfiÎ
1. Pr.emletrB rct-es de Philippe II(f r 80). phitippe,
-
suivant I'usage des Capétiens, tourne ses premières or-mes
contre les ennemis du clergé. Ebo de Charenton, Guillaume
de Châlons et Humbert de Beaujeu furent forcés de restituer
les domaines ecclésiastiques qu'ils avaient usurpés. Alors,
chéri des prêtres et soutenu per eux, il put ngir. Ses oncles
maternels, I'archevêque de Reims et les comtes de Blois, de
Champagne et de Sancerre, pensaient régler la conduite du
roi enfant. Il prit à tâche de les soumettre, et, sur.les con-
seils de Robert Clément, maréchal du palais, il chercha un
appui près de Philippe d'Alsace, comte de Flandre, son p&r-
rain. Le jeune roi épousa la nièce du comte, Isabelle de Hai-
naut, et regut Ie Vermandois pour dot. Isabelle était la der-
nière descendsnte de Chariemegne : ce mariage donna une
légitimité nouvelle à la dynastie capétienne, et, quand le roi
de quinze ans fit dans Paris son entrée solennelle evec sa
reine de treize ans, le peuple les reçut avec des transports
de joie. Dès lors, les Capétiens se dispensèrent de faire samer
leurs ûls avant de mourir.
2. Troisième croisade (f t90). A cette époque er-
riva en France la nouvelle de Ia prise- de Jérusalem par le
sultan Saladin I I'archevêque de Tyr vint implorer le selours
des chevaliers de I'Occident, et les trois plus puissants princes
de la chrétienté, Frédéric Barberousse, empereur d'Atle-
magne, Philippe-Auguste et Richard Cæur de lion, roi d'An-
gletene, se croisèrent. L'ardeur des lidèles fut extrême: plu-
sieurs conciles furent réunis et décrétèrent le levée d une
contribution universelle destinée aux frais de la guene sainte
et qu'on appela la d,tme saladine. L'honneur chevaleresque
uni à la passion religieuse précipita de nouvoau I'Europe sur
I'Orient.
L'empereur suivit la route des premiers ooisés; il périt
en se baignant dans les eaux glacées du Selef, et son fils, le
duc de Souabe, amena. à Saint-Jean-d'Acre les débris de son
armée. Philippe et Richard s'embarquèrent, I'un à Gênes,
I'autre à Marseille. Ils passèrent I'hiver en Sicile, où leur
union se rompit, et vinrent I'un après I'autre débarquer sur
le rivage de Saint-Jean-d'Ame assiégée per Guy de Lusignan.
Philippe, dont le courege était réglé par lo, politique, se hâtc
PEILIPPE.ÀUCUSTE. 136
Batrillo dc ljtruvines.
IECTURE.
- Victoire de Bouvlnel.
0n chevaucha jusqu'à un petit pont nommé le pont de Bovines : co
pont traverse une petite rivière qui se jette dans la-Lvs. Déià était outre
-point
ce pont la plus grande partie de I'armée; le roi n'était eneore
passé, mais il s'était désarmé et se reposait un peu sous I'ombrage d'un
PBI LIP P E.ÂUC USIE. ITI
frêne, lorsque arrivèrent des messagers de I'arrière'garde criant à mer-
veilleur cris tue I'ennemi venait...
anrés une brève oraison à Notre-seigneur. se fit armer hàti-
Le roi.'saillit
vement, sur son destrier en aussi grande lfessi (joie) qu.e s'il dùt
aller à une noce ou â une fète, et lors commença-t-on de crter parmt
les champs : < Aur armes, barons, aux armes I r Trompes el bucctnes
(claironsi commencèrent à bondif, et les batailles I retourner qui
àvaient déià nassé le uont. et fut ranpelée l'oriflamme de Saint-Denis,
que l'on a"coirtume de oorier par devant toutes les autres au front de
là batailte. Mais, comme elle tardaitr on ne I'attendit pas, et le roi par-
tit à grande couTse de cheval,. et se plaça à la première ligne, séparé
des ennemis par une petite élévation de terrain.
Quand Othbn et led siens virent que le roi s'était tetourné, ce qui les
étonna fort, its se rculièrent sur la-droite et s'étendirent vers I'ouest :
ils couvraiént la paitie la plus élevée de la plaine, en telle manière
ou'ils eurent droitèment aux yeux Ia lueur dn sbleil, qui fut plus chaud
rit plus ardent en cette journé'e qu'il n'avait été aevarit. Le roi déploya
ses chevaliers au midi lle la nlaine. avec le soleil à dos, sur une ligne
de t0i0 nas de long, à peu drès éâale à celle de I'ennemi... L'évêque
Guérin dd Senlis ordonnà les bataiTles (rangea les escadrons) : u Sei-
gneurs chevaliers, criait le bon évêque, le champ est grand : élargissez
ios rangs, que.l'ehnemi ne vous enôlave I Ordodnez-vôus en telle-sorte
que vous puissiez combattre tous ensemble et tous d'un même frontl I
Ën face on aocrcevait 0thon au milieu de sa gent, avec son aigle dorée
-les 'Français
perchée sur un dragon qui tournait deverg un-e gueule
béante, t corDIDe s'il voulait tout manger 'r.
Ce furent les vassaur de I'abbé de Sâint-l\tédard de Soissons qui
eurent la gloire d'engager la grande bataille: cent cinqua_nl,e scrgents à
cheval du-Soissonnaisf tous ioturiers, chargèrent audacieusement les
chevaliers de l'landre. qui se trouvaient vii-à-vis d'eux; ces brales
gens furent repoussés ei démontés, mais les chevaliers bourguignons
èt cbampcnois, avec une pariie des Françars, s'élancèrent à la ren-
contre d'es Flamands. et e-n un instant I'aile droite des l'rançais et la
gauclre des coalisés lurent aux prises : I'ordre de bataille fut rompu;
ies rangs se nôlèrent en un êltroyabte tourbillon d'hommcs et- de
chevauxl se lteurtant, se rcnverÈant,'s'écrasant parmi des llots de pous-
sière... Enfin, après trois heures et plus, tout le faix de Ia bataille se
tourna sur Ferrahd et les siens: le comte de Flaudre fut abattu à terre,
blcssé et navré de mainte gra'nde plaie, pris et liê avec maint de ses
chevaliers...
Durant cette rude mèlée étaient accourues en toute hàte les légions
des communes. qui se trouvaient bien au delà du pont de Bovines.
Toules ces milicei, et spécialement les communes de Corbie, d'Amicns,
d'Arras, de'Beauvais e[ de Compiègne, accoururent lorsque I'action
commerirçait, avec I'enseigne de SaintlDeiris au milieu d'elles, là oir elles
vovaienf' I'enseiene rovàle d'azur semée de fleurs de lvs d'or: elles
ouireuassèrent foutes les batailles (escadrons) des'chevaliers,' et se
mirerit devant le roi, eontre Othon eù sa bataille. u Quand Otlton ait
telles oens. st n'en fut moult ioueux. Cenendant les hommes d'armes
thiois"(tetions, allemands), geis"de grande prouesse, chargèrent avec
furie le! sens des communes, les poussèreni rudement, les rompirent
sans leur"faire lâcher pied, et percilrent au travers, de telle sorte qu'ils
approchèrent de bien brès de la bataitle du roi. Guillaume des Bames
ei tous les preud'homuies qui gardaient le corps du roi, voyant qu'Othon
ê
I&2 gISTOIRE DE TRANCE.
et les Îtrr'ois tendaient à venir droit à philippe et ne quëraæaÉquera
pelsoune, s.e.mirent devant et laissèrent le iôi derrièré ieuidôi;'nars,
pendant qu'ils combattaient 0thon et seE chevaiieri; le;
sr;;-de pied
thto.zs, qui avaient poussé de I'avant, cernèrent le roi et le"trébuchèïeni
Jus a rerr€ d€ son coeyal avec des lances et des crocs de fer; et, sans
son erccllente armure,ils I'eussent là occis sur l'instant. 0uelquei che-
valiers demeurés avec Ie.roi assommèrent et oc-cireni tôos*ôeiiùgents
à p.ied,.et-remirent le.roi sur son destrier... r La ctrevàrerie-au-iôi et
celle d'0thon se mêlèrent de nouveau, avec un mervôitteùi iuatis
d'hommcs et de chevarrx.
Les Français .se. battirent si
fortement. et si ,longuement, qu'ils
repoussèrent.toute la bataille d'Oilron, et vinrent irrqïÀ t,ii.-!i nres.
qu'un chevalier français (pierre de Nlauvoisin) prit "le destriei d; ft;ml
par,le lrein, et le cuida (crut) tirer hors de la presse. La m'lti-
P9.9ol
[u0e. 0es I nluls gul se_ serraient encore alentour ayarit empêehé Mau-
vorsrn d'exécuter son dessein, un autre bomme d.arineg fraricais voulut
donner un gra.nd..coup de côuteras à Othon; maiilà-c[eoa'i'àe't]em-
jt
p::g]'I^,.gre]^a J!rg, er reçut, à travers l'æil, t jusqu.en Ia cerr.elle,
I estocade destrnee _e
à son mritre. Le destrier, forôené de douleur, eu-
porta Othon hors^de. la môlée, et tomba.mgr! tr quelque airtàn,ï; on
amena un cheval frais,à.I'emirereur : mais_othon,'rcm'unté en-selie, ne
ret0rrrna point.au. combat, eoDn)c avait fait le rôi pbitippe : il se'mit
â l'urr,, au. contraire,.du plus vitc qu'il put,, abandonnairi, son aigle et
8ctr cnar rmpernl, et _ne pouuant plus èndurer la aertu des cherc-
&ers de france. Le ehar.sur quoi seazf.l'étendard impérial fû dcpiéct,
l:.djqîgl_f-ul_brlqg,,el
I'ai*le d'or, ayant les aitesaridcnÈri Jiù,fprer,
tut deposée au picd du roi. H. Ilrnrlr.
'
w
SAI![T LOÛIS
(uzelz?0)
rEçoN
NÉCIT
TECTURES
,. 9^.-lq! gu! itqit le plus religieur et Ie plus juste des hommes, et qui,
0uranl Ie cours 11'une longue vie,-ne manqua pas une seule fuis'à la'loi
morale du christianisme iuivie dans touÈe sà ,igiaite,-î*ôiiae'i'rr-
croisseme.nt.de sa puissance, du respect, et de ia"conninte-iïirïornet
qu'lt rnsplratt, p0ur opcrerdes réfurmes appropriées au nouvel état sucial
de la Frànce. tirattaôha.plus fortemenL iii couronne les lrois classes
des ecclésiastiqrres, des lio.urgeois et des re .raiLiiiài,-q.ià iài, teîista-
uon rnûependailùe en rsolart trop, et il prépara leur réirDion nruc"haine
dans tes etat,s gcnerarrr. Tout en conservanI aux villes la librè élection
de teurs magrstrats et leuradministration intérieure, il les soumit
à ses
olnclers en ce qui concernait Ia justice et les armes.'ll placa la nohlesse
reoûare ûaDs depcndance plus èl,roite de la courdnnë, en faisant
.une
retever ses tnbunaux dc la j.uridiction royale, et en modr{iait d'une ma-
nière srave le résime sousiequel elle viiait. voici quôl to1- teïirioge-
me_nt iê plus décisif et le plus' fécond Oc irus.
ll y avait deur choses dans la législatiou féodale : Ia iustice et la
guerre....La guerre était co.nstituée,
.dàns l'ordre politique,'pïr-ie droii
d'hostilités^privéep; dans I'ordre cii,il, par le combït.iutticiiiri. t ouis tx
vou.la.lt ra tarre drsparaitre de la législation, et réÉler uniquemcnt la
socrete. sur la Justrce, son autre base. Il erigea donc, Dar là quaran-
tatne'[e-roi, que ceux des feudataires qui, d'après le cbde fèo'dal. au-
rarent ûes contestailons entralnant des hbstilités- armées, demeuraisent
qu.arante jours sans les commencer. Le plus faible pouviit, pen,rliî cet
un as.ç_eurement devant Ia jrrstice royale, ôt la guerre
ll,elu_1]19, p,rendre
cll,ngeait en procès. II abolit. également"te combai
ie
rei rnDunaur de la couronne,. d'oir cette réforme passa Juâiciaiie'îans
blus tard dans
les tribunaux des barons. Faisant parricipei sei ôouii {à-ioiiiù-aor
progrès du droit dans les universitéi, et âe ti-ptôreli,te-oâoi"lei
tri-
SAINT LOUIS. I53
bunaur ecclésiastiques, il ordonna le recours aur enquêtes dans tous
les procès qui se jùgeaient par la voie des armes, et iubstitua ainsi à
la jurisprudence de la force lajurisprudence plus concluante des témoi-
gnages. Saint Louis, législateur d'uhe société-moins décomposée, moins
violente et plus éclairée, lui frt faire un grand pas rers le droit, qui
reçut non plus la forme de la force, comme dans la période précédente,
màis celle-de la iustice.
Il ne se borna"point à remplacer Ia Eueme. Drincipe de Ia société féo-
dale, par la justiie, qui devini le prinôipe de Ia société monarchique, il
centralisa enïore l'âdministration'de ce'lle-ci en établissant les airpils.
Louis Ie Gros avait traduit les vassaux devant sa cour dans leurs ôâuses
personnelles et féodlles, Louis lX les soumit à la juridiction royalc
dans les eauses ordinaires de leurs su.jets. Il établit,-dans ce but, les
quatre grands bailliages de Sens dani le duché de'France, d'Amiens
en Yermandois, de llâcon en Bourgogne, de Sainl,-Pierre-le-Moùtier elr
Auvergne, qu'il investit du droit de ressort sur les justices seigneuriales
du centre, du nord, de I'est et du nidi du royaume. Il étendit Ie sys-
tème des'appels adx juridictions supérieures j et, de même que les jirs-
tices seigneiriiales relevaient des grarids bailliages'dans leurs jugemeits,
les courJ des grands fiefs et des "grands bailliiges relevèrent"dir parfu-
ment da,ns les" teurs.
Le parlement judiciaire. qui devint au treizième siècle et oui est
resté.iusrru'à ces ïerniers ieuins un des prineinaur ressorts de ïa mo-
narchie, âut son origine aux appels. ll faut le ûistinguer du parlement
féodal, qu'il remplaçà peu e pôri. tt y avait eu, dep"uis Louii le Gros,
des assemblées de ce nom,. moitié militaires, moil.ie judiciaires, comp0-
sées de barons et convoquécs sans régularité. A datêr de 1254, époque
de la- révolution opérée'par saint Lôuis, aprôs ses victoires srir jes
grands vâssaur et son reiour de la croisade,'ces asscmblées se régula-
risèrent. Leurs sessions devinrent annuelles : il v en euI soixante-neuf
jusqu'en t302. Le parlement môme commença à-changer de nature en
changeant de dcstination. Les ol'ficiers de la couronne. eomme le chan-
celiei, le connétable, etc., furent adnris dans le pârlement lorsque,
cessant d'être uniquement'l'assemblée des grands vassaul, il tlevini ld
cour souvcraine du roi. L'intrtrduction de la procédure par écrit et
I'etablissemcnt d'une legislation plus compliquée bbligèrent le roi d'ad-
joindre aux barons et àrrr prélais des hdmrires sachint lire et versés
dans Ie droit. Il aD0ela donc dans le parlement des docteurs aumaitres
en droit, qui étaieni des clucs ou dei laïqucs gradués dans les univer-
sités, pour ranporter les affaires. Ces maltres n'avaient oas voir déli-
bérative, et ne faisaient qu'instruire les Drocès. qui étaieni iusés oar les
barons et les prélats. Pendant la dernièie uroitié du treizièirrri siilcle, Ie
n0uveau parlernent ne fut pas sédentaire à Paris, et ses membres, soit
jugeurs, soil rapporlezrs, nommés pour l'année, quittèrent leur charge
anrès Ieur session.
'0utre cette centralisation
de la iustice. oui fut un srand moven
d'ordre pour le pays et de puissance"pour lâ ioyauté, sain"t Louis orga-
qui d'rfféra de l"'administration féodale.
nisa unri adrninilslration loËale.'des
Cette administratitrn fut cclle sénéchaux, des baillis, des prévôts,
afficiers déjà établis par Philippe-Auguste et par Louis Ylll daus les
pays que la couronne avait aequis et qu'elle n'avait pas donrrés en âpa-
ira[e. iouis lX régla les fonctions de ôes officiers, qÏi eurent beaucorrp
de ressemblance avec les comtes et les vicaircs de; deux preoières
races. Ils affermèrent dans leurs districts les domaines de la èouronne,
7.
t5{ EISTOIRE DE TRÀNCE.
levèrent ses revenus, jugèrent ses sujets, et conduisirent en campagle
ses hommes de guerre, Zélés pour I'accroissement du pouvoir royal, et
très entreprenanfs, ils ruinèrrint la féodalité intérieure dans le terri-
toire de ldur ressort. Ce svstème d'administration, qui rendit amovibles
les fonctions gue le régime précédent avait rendues héréditaires, et
ooi nt une magistratureÏe ce qui était devenu un patrimoine, remplaça
ieu à neu le sistème féodal sui le territoire. Ainsi saint Louis créa uu
irouvel ordre dï choses, et c'est de lui que date la monarrhie moderne
sous le rapport politique, comme elle date de Philippe-Auguste sors le
rannort teiiitoriât. Sei ihstitutions et sa sagesse pôitèrent leurs frnits
nehhant sa vie mème;' cdr, dit Joinville, le ioyaume se multiplia tel'
'lement par la ôonne droiture qu'on g uoyait régner, que te do'
maine,'censiae, rente, et reaenu du ioi, èroissaiT tous-les ans de
moitië'. Mrcxrr, Némoires historiques.
v
PEILIPPE IV LT BEL. - I.ES DERNIERS
CAPÉTIENS I'IRECTS
(1270-18S8)
rEçolr
RÉCIT
IECTURE.
- Leg légister.
A la fin du treizième siècle, la rovauté avait à sa disposition' sous
les noms de sénéchaur, baillis, prévôts, etc., de véritables magistrats'
Souvent, il est vrai, ces magistiats ne jugeaient pas seuls I ils 3.ppe.-
laient qûelques homhres du lièu à rendre avec eux le jugement. C'était
là un sbuvénir, un reste de I'intervention judiciaire de la société. Ces
asseiseurs accidentels des magistrats, qu'on appelait iugeuts,..1en-
daient mème, en certains lieux, le jugement vérttable, et le batllt ne
faisait guère'que le prononcer. Pèndant quelque temps se rcunirent
ainsi. a"utour des baillis. de petits possesieurs de lieÏs, des cheva-
liers'qui venaient remplir des fonctions de jugeurs' -Les baillis eur-
mêmei furent d'abord il'assez grands possessèuis de fiefs, des barons
de second ordre. gui acceptaient les fônctions dont les grauds barons
ne se souciaient'plus. Mai's, au bout d'un certain temps, par I'incapacité
des anciens posiesseurs de fiefs, par leur ignorance. par .lcur goùt
ercessif pour- Ia guerre, la cltass-e, etc., ils laissèrent éch;tpper ce
dernier dê'bris du pôuvoir judiciaire; et à la place des juges-chevaliers,
des iuges tcotlaux. se forma une classe d'hobmes uniqrtement occupés
d'étudier soit les coutttmes, soit les lois écrites, et qui peu à peu, à
titre soit de baillis, soit de jugeurs associés aux baillis, restèrent à peu
nrès seuls en possession de iadministration de la justice. Ce fut la classe
iles lC.qisles;'et après avoir été pris quelque temps, en pa.rtie du moins,
dans Ié clergé, ils'flnirent par sôrtir, tous ou à-peu $rès tous, de la
bourgeoisie.
Un"e fois instituée de la sorte, en possession du pouvoir judiciaire
et séparée de toutes les autres, Ia classe des légistes ne pouvait man-
quer'de devenir, entre les maihs de la royauté, un instrument- admi'
iable contre les'deur seuls adversaires qu;elle eût â maindte, I'aristo-
cratie féodale et le clergé. Ainsi arriva-t--il, et c'est sous Philippe le Bel
gu'on voit s'engager a"vec éclat cette grande lutte qui a tertu tant de
rilace dans notre histoire. Les légistes y rendirent, non seulemenI au
lrône, mais au pays. d'immenses-services; ear ce fut un immense ser-
vice que d'abolii,'ou e peu près, dans le gouvernement de I'Etat, le pou-
voir féodal et le pouvoir ectlésiastique.
Gurzoi, Histoi,re de la ciuilisation,
tô{ EISTOIRE DE TRANCB.
rEçoN
t. Philippe TI ite Valois. Philippe VI, chef de la branehe
des Valoià. parvint au trône- en veriù de lh loi salique. Il fut le
roi des geirt'ilshommes, et, avec une armée féodalei il alla ven-
ger à Caésel, sur les bourgôois llamands, le désostre de Courtrai.
- l. &uerre he Cent ans. Ùéfaite rte Créoi (t346). Le chef de la
- à son tour en
démocratie flamande, Jacques Àrteveld, Beveûgea
opposant à Philippe Edouard III, roi d'Angleterre, qui com-
nieïça la guerre iid Cent ans. Vainqueur à Cré-"cy, Edouârd s'em-
para'de c[tais.
- Malheurcux ûrr la suerre. par la peste. par I'excès des im-
pôts, les Franêais virËnt nriii triste-ment'cle règne commencé
àvei un faste si chevalcresque.
3. Joan lo Boo. Itéfaite de Foitiers (1356). Jean le Bon, rapace
et prodiguc, gaspilla les finances,' s'attira - I'hostilité du roi de
Naiarre,-Châri'es le Mauvais, et ne sut pas se servir des grundes
ressources gue mirent à sa disposition les états généraux
de t355: iI fuf battu et fait prisonniôr à Poitiers par le princ-e Noir.
{. Etienne [arcel et ta réïolution parisienne. -] Àlors la F-rance
tomba dans le désordre. La bourgcoisie de Paris, dirigée par
Etienne Marcel, revendiqua des réfôrmes et perdit sa ceuse par
la violence: lés navsanà ûrent dans la Jaiquerie une abomi-
nable quemô a ta irobtcsse:boJ.rrgeois et pa-ysairs furent vaincus.
5. Tiâité de Brétigny (1356).
Brétigny, et ne revint en France- iean signa le désastreux trail,é dc
que pour aliéner Ia Bourgogne
nÉctr
ÀITOLETERRE
'ffi$æ
ï;i'rilii-;;z-*
cpruo ^-n*n
%r-**
q*"+
\":uf
-\cæ;*a, -:..... h
æ#+:q -e^ 4ûîo1,
**io"ru#i "il:-
b"ù *'*.'t'
g"***èùT,i.'--:" t+
â \^lo1-y3355ifu,g:@"
à. oG-'irrotlc
"'::K;l*.::o"
GUERR[,
DE CEi{T AN
I 337-l d53
;;;-Ï
3. Gommencement de la g:uerro de Cent ans
(1337). A son retour, Phllippe regut I'hommage
d'Edouard III, comme duc de Guyenne, dans la cathédrale
d'Amiens, et se livra à des fêtes cofrteuses que payaient
d'intolérables exaetions. Robert d'Artois, exiié commc faus-
saire, allo exciter I'ambition du roi d'Angleterrel Jacques
Arteveld, le grand brasseur de Gand, le supplia de passer le
détroit et le fit reconnaître par les Flamands comms roi
légitime. L'amèstation des marchands anglais qui venaicut
vendre des laines en Flandre f.t éclater la lutte. Les lords,
168 EISÎOIRE DE I'RANCE.
dont les laines formaient toute la richesse, étaient ruinés, si
le marché de Bruges leur éteit fermé. Les artisons de
flondre, dont le tissage était le principale industrie, étaient
ruinés si les laines anglaises ne venaient plus alimenter
leurs métiers. < Toute Flandre, dit I'historien contemporain
Froissard, est fondée sur draperiel or, sans lainer on ne
peut draper. > Aussi, lorsque Philippe eut ordonné au comte
Louis de fermer ses ports aux Anglais, le mécontentement
des bourgeois flamands fut terrible, et ils s'abandonnèrent
aux conseils tl'Arteveltl, Ie compëre d'Edouard III. Alors,
I'Anglais, prenant le titre de roi de France, délio Phi'Iippe
d.e Vo,Iois, et partit pour conquérir son royoume. Vaingueur
à la bataille navale de I'Ecluse (t340), il essaye en vain de
marcher sur Paris, et fit une trêve.
4. Suecession de Bretagne ({ 34t'), - L'année sui-
vante, la mort de Jean, duc de Bretagne, lui donna de nou-
reaux alliés; comme Philippe soutenait les prétentions de
Charles de Blois, son parent, Edouard se déclara pour Jeen
de Montfort, frère du dernier duc : alors commenga cette
longue gueme de Bretagne, qui causr tant de maux, vit
tani de prouesses et fit naître tant de héros. Après l'heu-
reuse défense d'Ilennebon pûr Jeanne de Montfort, les deux
rois signèrcnt une trêve à Malestroit ({343).
5. Bataitle de Crécy (1346). - L'exécution du sire de
Clisson, capitaine breton des ports anglais, ranima la guerre.
Edouard s'emborque pour la Guyenne, que Jean de France,
tls du roi, menagait, lorsqu'il fut repoussé dans la Mancbe
per un coup de vent. Geolfroy d'Harcourt, un des compa-
gncns de Clisson qui avaient échappé à I'ét'hafaud, lui con-
seilla de descendre en Normandie. Les Anglais débarquèrent
à Saint-Vaast, prirent C&en, échouèrent devant Rouen,
remontèrent la rive gauche de la Seine jusqu'à Saint-Ger-
main, et brùlèrent tout le pays. A I'approche de Philippc'
ils traversèrent la Seine, forcèrent le passage de la Somme
eu gué de la Blanchetache, et s'anêtèrent sur les hauteurs
de Crécy en Picardie. La chevalerie française arriva en dé-
sordre, toute à I'avant-garde; elle chargea, sous une pluie
battante et au milieu de la boue, une infanterie bien repo-
sée et bien postée, pûssû brutalement sur le corps de ses
auxiliaires génois, fut atteinte par les cunons et ôomÔordes du
roi Edouard, et eulin se fit battre à force d'indiscipline et de
témérité (26 aorit {346).
JsÀN Lh) BoN. f69
6. Prlee de Calats (f 3f?). La victoire de Crécy
donna Colais à I'Angleterre I cette- ville, ossiégée pendant
un &n, défendue par le couruge de son gouyerneur, Jean
de Vienne, et I'obstination patriotique de ses habitants, fut
enlin forcée de se rendre, lorsque les bannières du roi de
France eurent disparu à I'horizon. Edouard, furieux d'une
si longue résistance, voulait passer au fil de I'épée toute lo
population. II consentit enlin à laisser aux assiégés la vie
sâ.uye, à condition que six des plus notables bourgeois vien-
draient, nu-pieds et la corde au cou, lui apporter les clefs
de la ville et seraient livrés eu bourreau. A cette nouvelle,
tout le pcuple fit entendre un lamentable $émissement, et
chacun se taisait, lorsque Eustache de Saint-Pierre vint
s'offrir pour le salut commun; cinq autres suivirent ce géné-
reux cxemple, et tous ensemble partirent pour le camp on-
glais, B,ccompagnés par les bénédictions de leurs .compa-
triotes. A leur arrivée, Edouord ordonna d'aller chercher le
< coupe-têtes >. llais les prières de la reine, Philippine de
Hainaut, obtinrent leur grû.ce. Irlle les habilla, leur donna à
chacun une pièce d'or et les renvoya. Le roi d'Angleterre
expulsn de la ville tous ceux qui lui refusèrcnt le serment, Ia
repcupla d'Anglais, et eut ainsi une porte toujours ouverte
sur le continent. Calais resta aux Anglais pcndant plus d.e
deux siècles (l 347-1 558).
7. Fin du règne de Philippe \If U,317-t 3S0).
Aux malheurs de la guerre se joignirent ceux de lo peste -
( qui bien enleva, dit Froissard, ls tierce partie du genre
humain >, La famine suivit Ia peste, et le peuple, rendu
furieux par I'excès de lo misère, massa,cra les juifs et se livrd
à la folie des flagellants : c'éiaient des fanatiques qui par-
couraient le pays, à demi nus et qui se frappaient à coups
de verges, pour apaiser la colère divine. Enfin le roi, tou-
jours à court, établit de nouveaux impôts et surtout la ga-
belle, ou impôt sur le sel, qui est resté si impopulaire. Le
domnine royal s'agrondit cependant alors du Dauphiné, cédé
par Humbert II, comte de Vienne, à condition que le titro
d,e Dau1thtn serait porté par I'héritier du trône (f 349), eù du
comtô de l\Iontpellier, cédé par Jayme, roi de Majorque.
Faiblc compensation pour de si grands désastres t Phi-
lippe VI mourut peu de jours aprês.
È 8. Jean le Bon (.1850-t964). Altération des
monuaies.
- Jean, dit le llon, c'est-à-dire le l,ibé,rnl,
8131. DR FR. C. COYPL.
I7O EISÎOIRE DB FRANTE.
perce qu'il prodigueit, aux nobles I'argent du peuple, était
chevoleresque par imagination, et violent par caractère.
Vaillnnt comme les trente Bretons, ses contemporains, qui
combattirent avee Beaumanoir sous le chône de Mi-Voie, il
avait la brutalité de Philippe le Bel. Ses premiers actes
trent voir que la défaite de Crécy ne lui avait rien appris; il
autorisa ses barons à ne point peyer leurs dettes, doubla leur
solde, que son père avait déjà portée à vingt-quatre francs
par jour, renouvela la promesse de tolérer les guerres pri-
vées, et institua I'ordre de l'Etoile. Le gaspillage des
Iinances fut au comble : un jour, Ie roi donna cinquante
mille écus à un chevalier, pour la seule raison qu'il était
pauvre. En vain les états généraux, assemblés en l35l,lui
adressèrent-ils de vives réclamations. Il promit des réformes,
et continuo à ne pos peyer ses créanciers et à faire de la
fausse monnsie. En 1350, le marc d'argent valait cinq
livres cinq sous; en t35t, onze livres; en 1352, quatre
livres cinq sousl en 1353, douze livres; en 1354, quatre
livres quatre sous; en {355, dix-huit livres; en 1356, cinq
livres cinq sous; en 1359, ccnt deux livres. < C'est la Ioien
démence, r dit un historien. Quel sommerce atrrait subsisté
&yec une pareille perturbation dans la valeur du métal? Et
quel peuple ne se serait révolté d'indignation contre ce roi
banqueroutier?
9. Charles le Mauvais. Etats de 1355. - Aussi
passionné dans ses vengeances que capricieux dans son
gouvernement, Jeon avait fait mettre à mort le connétable
d'En, et donné sa place au favori Charles d'Espagne. Le
nouve&u connétable reçut encore le somté d'Angoulême, qui
appartenait à Charles de Navame, petit-Iils de Louis le
Hutin. Le roi de Navarre tt poignarder le favori, et Jean
confisqua les apanages du meurtrier. Les capitaines naY&r-
rois, qui occupaient les villes de Normandie, appelèrent les
Anglais : Edouard. III ravagea I'Artois; son tls, le prince
Noir, entra en Languedoc, et romen& à Bordeaux sir mille
charrettes remplies des dépouilles de la provincer s&ns que
le gouverneur, comte d'Àrmagnac, osàt sortir de Toulouse
pour le combsttre ({355).
Il fallait donc reprendre la gueme, et, par conséquent,
convoquer les états pour avoir des subsides. Les députést
dirigés par Etienne Marcel, prévôt des marchands de Paris,
ee montrùrent, pleins tlc rl,ifiance. et réclamèrenù des gersn-
JEAN T.,B BON. I?I
ties contre un gouyernement dilopidateur. Ils obtlnrent lc
formation d'un conseil de neuf membres tir6s des états,
pour assister Ie roi; le répartition des impôts sur toutes les
classes de la population; le droit de percevoir eux-mêmes
les taxes et d'en surveiller I'emploi; la création d'une miliee
nationale; Ia périodicité des assemblées. Jean aecorda tout.
Mais la noblesse, excitée par Charles de Navarre, refusa de
ptyer I'impôt, et le roi, ss,isissant en trahison celui qu'on
appelait Charles le Mauvais, le jeta en prison et lit décapiter
ses conseillers.
Étieuuc Marcol.
":*ii*&.
"1
I
LECTURE.
- ttienne lfiarcel.
Iei apparait un homme dont la ffgure a, de nos jours, grandi pour
I'histoiiô. Daree qu'on a pu mieuf le comprendre,
-la Etienne Marcel'
prévôt dbs'marchânds, c'dst-à-dire chef de municipalité de Paris.
Cet échevin du- quatorzième siècle ar p-ar une anticipation. étra.nge'
voulu et tenté des- choses qui semblent n'appartenir qu'aux révolrrtions
modernes. L'unité sociale èt I'uniformité adùinistratiïe ; les droitb po-
litioues étendrrs à l'éeal des droits civils; le principe de I'autorité pu-
blidue transféré de lf conronne à la nation, IeÈ étatè généraux chanfés,
sous l'influence du troisième ordre, en représentation nationale; I'ac-
tion de Paris sur les provinces comme tête de I'opinion et centre du
mouvement sénéral; là dictature démocratique, et la terreur exercée
ilu nom du -bien cômmun ; de nouvelles côuleurs prises et portées
comme signe d'alliartce patriotique et de rénovation ; Ie transpori de la
rovauté d'une branche à I'autre en vue de la cause desréformes etpour
I'i;térêt olébéien : voilà les événemcnts et les scènes qui ont donné à
notre sièôle et au précédent leur caractère rrolitiqrre. Ehbien, il y a de
-prévôt
tout cela dans les irois années sur lesquellès doùine le nom du
Marcel. Sa courte et courageuse carrièr-e fut comme un essai prématuré
des grands desseins de la Providence, et comme le miroir des san-
slantés nérinéties à travers lesquelles, sous I'entrainement des passions
fiumaines, ôes desseins devaient mârcher à leur accomplis^sement.
Marcel vé'cut et mourut pour une idée, celle de precipiter, p-ar la force
des masses roturières, I'æuvre de nivellement graduel coinmertcé par
les rois; mais ce fut son malheur et son mime d'avoir eu des convic-
tions impitovables. A une fougue de tribun qui ne recula pas devant le
meurtre, il .ioignit I'instinct oiganisateur : il- laissa dans là grande cité
qu'il avâit foouvernée d'une façon rudement ahsolue des rnstitutions
fbrtes, de giands ouvrages et un nom que, deux siècles après lui, ser
d e sc e nd ant s po rt ai e n t *'
i Ëili il i i, i-iil rï,ïr% !,r, ifl',ifli' *
".
EXERTICES ONÂUX ET ÉCRITS
3. Ilevoirs à rédiger.
-Valois Exposer les relations de philinpe VI
et de la Flandre.-
de
Erposer l'histoire du prince^ Noir.
Raconter I'histoire d'Etienne- ltlarcel et des états généraïr. -
I
CEARLTS rr & I}UGT'TSC1,IN
(r3ô{-1380)
rEçoN
l. Charlea Y et lluguesolin. Charles V, par st prudente
politique, Duguesclin, par se -bravoure, reiei'èrent li Franco
abattue. --
1. Brploits de lluguesclin. La victoire de Cocherel délivra
la Normandie des Navarrais; le traité de Guérande fernra Ià
Brctagne aux Anglais; l'expédition d'Bspagne délivra le sol iles
grantles compagnies; I'olliance du roi de Castille donna à
Charles V I'appui précieux d'une flolte; I'orgucil dcs Ang]ais et
la_fiscalité du -princc de Galles firent désirer â I'Âquitainà le ré-
tablissernent de la dominution francaise.
3. Nouvelle tactiquo oontre les Anglais.
- Alors le roi reprit
la guerre n^atio,nale : en vain lp prince Noir, Robert Knolles, le
comtc de Pembroke et le duc de Lancastre essayèrcnt-ils tour à
tour une invasion; ils ruinèrcnt leurs arrnées ôt ne trouvèrent
pas à livrer dc brrtaille.
4. Mort de Cbarles V et de lluguesclin.
- Le connétal_rle
clin rnourut cn conquéranl un dcrtier château,
Dusues-
et Charles le Sage
en supprimant un impôt vexaloire.
CEÀRLES V ET DUOUESCTIN. 177
RÉCIT
Chnrlee V.
tr*',t,
/iel*,l*'
I82 SISTOIRE DE FRANCE.
ports engleis de Rye, Yarmouth, 'Winchelsea et plymouth ;
son connétable occupa les villes de la Guyenne, sâuf Bor-
deaux, Bayonne et Bazas I enûn Charles le Mauvais, ollié
des Anglais, perdit toutes ses places de Normandie et de
Languedoc.
8. Mort de DugUsgslin et de Cha,rles V. Le
sage -
roi, ûer de tous ces succès, crut qu'il pouvait annexer
la Bretagnel mais ses meilleurs capitaines I'abandonnèrent,
la province appela Jean de Montfort qu'elle avait chassé,
Duguesclin lui-même renvoys,l'épée de connétable. Il la re-
prit, sur les instances du roi, et mourut en assiégeant Chlr-
teauneuf-de-Randon, dans les Cévennes (lAB0). Le gouver-
neur anglais, qui avait promis de se rendre à jour 1ixe, ap-
porta les clefs de la forteresse sur le lit de mort du vieux
soldat. Charles V lit transporter les restes du bon connétable
dans les c&veeux de Saint-Denis, et le peuple s'empressaou-
tour du cercueil. La postérité n'o pas été plus ingrate que
ses contemporains ; le nom de Duguesclin est resté popu-
laire. Quelques semaines après mourut Charles V. Son der-
nier ecte fut la suppression d'un impôt qu'il avait établi sans
I'assentiment des états. Il avait protégé les arts et les lettres,
rassemblé au Louvre dans la tour d,e la librairie jusqu'à neuf
ccnts manuscrits précieux, construit la Bastille et bon nombre
de châteaux et notables manoirs. Il éta.it, dit Christine de
Pisan, n saige homme, grand clerc, droit ertiste et deviseur
de beaux mûçonneges D.
IECTURE.
- Le rol Charles V.
Il me semble utile de réciter la belle manière de vivre mesurément
en toute chose de notre sage roy Charles,.comm€ eremple à tous suc-
cesseurs d'empires, rovaumes ef autres seigneurres.
L'heure de Èon levei était comme de sii à sept heures; après, lui
peigné, vê.tu.et ordonné,, allait. à la,m.esse, laquelle était célétirée 'gio-
rieusement chaque jgur à chant mélodieux et dolennel; à I'issue de sa
chapelle, toutes manières de gens, riches 0u pauvres, dames ou damoi-
selles, lemmes reryes ou autres.qui_elssent afraire, pouvaient là pré_
senle.r leurs requêtes; et lui, très débonnaire, s'ariêiait à ouïr leurs
supplications, desquelles octroyait charitablement les raisonnables et
plteuses; les plus douteuses les remettait à un maitre de ses requêtes.
, Après..ce, .aII iours réglés pour. c.ela, allait au conseil; après'lequel
s'asseyoit à table; son lnanger n'étoit pas lons et il ne sé charseait de
diverses viandes, car ildisoit que le's qualités de viandes àiverses
troublent I'estomac et empëchent la mémoire; vin clair et sain. sans
grand bouguetl le buvait bien trempé et non à îoison, ni de divers uus.
CHÂRIES Y ET DUCUESCTIN. r83
Lui levé de table. la conversation vers lui Douvaicnt allcr toutes
â
manières d'étrangers-0u autres venus pour une a'llaire; là trouva-t-on
souvent maintes manières d'ambassadeurs de pays étrangers et seigneurs,
divers princes, chevaliers de diverses contré-es, dont souvent il y avait
telle presse, que en ses chambres grandes et magniliques, à peine se
pouvait-on tourner: et sans faute. le très nrudent rov tant sâgeûlentet
âe si bortne mine reôevoit tous et donnoil, rôponse et dë si belle-manière,
et si dùment rendoit à chacun I'honneur qui lui appartient, qne tous
s'en tenoient pour trés c,-rntents et partoient joyeux de sa présence.
Là, lui étaiènt apportées nouvelies de touies manières'de pays, ou
des aventures ou fàiis de ses guerres, ou d'autres batailles, et ai-nsi de
divers choses; là, ordonnoit ce qui étoit à faire, selon Ie cas que on lui
proposoit, ou'dorinoit comnrissioit d'en déterminer au conseil,-dél'endoit
Ie cbntraire de raison, passoit grâces, signoit lettres de sa main, donnoit
dons raisonnables, ociioyait oifices vaca"nts ou licites requôtes.'Et ainsi,
"occupations
en telles ou sembiables travailloit cûmme l'espace de deux
heures, après lesquelles il s-e retirail. et son repos durait une heure.
Après son'dormir. étoit un Deu de temps avec ses familiers et cette
ré'création prenoit, afin que ld soin de trôp grandes occupations ne pût
alTaiblir sa- santé.'
Puis alloit à vèpres, après lesquelles, si c'étoit en été, aucunes fois
entroit en ses jarlins oir (si te roy étoit en son hôtel de Saint-Paul)
eucunes fois venoit Ia reinè, et on lui apportait ses enfants. En hyver,
s'occupait souvent à ouir lire de bclles hlstoires, de la Sainte-Ecriture
ou dei faicts des Romains, ou moralités de philosophes et d'autres
sciences iusou'â I'heure du souoer. auouel s-assevoit d'assez bonrre
heure etlui'était léger; et ainsi, pâr continuel ordie, Ie sage roi bien
morigéné usait le cours de sa rie. Christine np Ptsltt.
UI
rEçoN
nÉcn
IECTURE.
- Démenoe de Gharleg \i|I (13921.
0n était au commencement d'aoùt, dans les jours les .plus chauds de
I'année. Le soleil était ardent, surtout dans ce pal's sablonneux. !e rol
était à cheval. vêtu de I'habiliement court et étroit qu'oû nommait une
iaoue: le sien était en velours noir etl'échauffait beaueoup. ll avait
iuf ta iète un chaneron de velortrs écarlate, orné d'un cliapelet de
grosses perles que'lui avait donné la reine à son départ. Derrière lui
ètaient deur nakes à cheval : I'un portait un de ces beaux casques
d'acier. léEers'et"nolis. qu'on fabriquait à llontauban; I'autre tenait une
lance, hoit Ie fei avait'été donné'au roi par le sire de la Riviè.re, qui
I'avaii ranoorté de Toulouse. où on les fôrSeait mieux que nulle part
ailleurs. h'our ne pas incomri,oder le roi pai la poussière et la chaleut,
ôn le laissait mariher ainsi Dresque seul. Le duc de Bourgogne et le
duc de Berrv êl,aient à Eauclie. qirelques pas en avant, conversant en-
'de Bourbon,
semble. Le'duc d'Orléàns. le àuc le sire de Coucy et
0ueloues autres étaient aÉssi en avanl, formant un groupe. Par der-
rière'étaient les sires de Navarre, d'AIbret, de Bar, d'Artois et beau-
- d'autres formant une assez grande
coup troupe'
0h cheminait en cet équipage,'et I'on venàit d'entrer dans la grande
foréf Ou trlans, lorsque ttiut'àioup sortit-de derrière uû arbre.,-au bord
il ii iôute. uh stan'a homme, la t?te et les pieds nus, vêtu d'uneparmé-
chante sou{ueniÏle blanche. Ii s'élança e.t sai'sit le. cheval du roi la
bride : n Nà va pas plus loin, noble roi, cria-t-il d'une voir terrible;
ietourne, tu es tiahi l', Les hômmes d'armes accoururent sur-le-champ,
et. fraonînt du bàton de leurs lances sur les mains de cet homme, lui
Àr'ent h'ôher la bride. Comme il avait I'air d'un pauvre_fou.et de rien
Oà oio*.'on le taissa aller sans s'informer de rien, et mème il suivit Ie
roi'nenûant Drès d'une demi-heure, répétant de loin le même cri'
--Lô.oi-Ëi'foit
troublé de cette ippârition subite. Sa tête, qui était
touté tinte, en fut ébranlée ; cependiirt on continua à marcher. La forêt
it-
I
r90 EISTOIRE DE FRÂNCE.
l5li.rl,,o1.:,e^J10lJ.1 4qt^ Il9 q.rande plaine dc sabte, _o_ù tes rayons
î:
0u :girl^gl1l.r,or,!rÏ^r
eclaranrs g!,prus brùtants.encore. un der pager
r0r, raugue de ta chat€ur, s-'étant endormi, la lance qu'il nbrlait
tomba sur re casque, et fir soudainéÀe* iôteritii-r'iiieî. ii'ioT trer-
saillit, et.alors ori le- vit, se levant surseveiiieil, iir;jl;;n,ipej, pr.r-
ser son cheval des éperons et s'élancer en crianl': i. Èn ivifiiiur ces
fraitres I ils veulent ùe livrer aur ennemis. u chaôun s;ociriiïi'toutg
hâte,,.pas^assez tôt cependanj
on dit mê.me gue pluiieu.rs.furent ryu1 que quelques-uns ne fù;ilnt lresieïl
iuési enire autres un-Èoiiqnac. t e
duc d'orléans-se trouvait rà, auprbsl-tô-roia.dt ,;; i"riïaû;
-tout
le-vée, et.allait le frapper : u'Futez, frôn rieveu, s'éôriàlL aïc'aï nour-
gggne,qur etalt accouru ; m.onseigneur veut vous tuer. Ah I quel malheur t
Monseigneur est dans le détirer'nron Dieu t qo;on lâche dJiiiirrcoare r ii
I gFll sr luneux que personne n'osait s'y risquer. 0n le laissait courir
ça er ra et se tatrguer en poursuivant tantôt I'rrn ct tantôt I'autre. Enfin,
quand il fut lassé et torit trempé de sueur, son ctramtreliin, -mèrr,re
9:i]l::*:-Yrtrtr..l;r.qpl-09n1
on.r'en[0ura' 9i le prit
0n lulor,a son épée,.on
pai' oc,,icie a ïræ_iel.àrp. ;
]e descendit de cheval, il fut cou-
ch.é doucem.ent par.tmr-e, on lui'défit sa jaque : 0n rrouva sur
le che-
mln une volture â Dæ]ris-'_o_rl.v Rlaça re roi-de France en le liant,
peur que sa fureur ne le prît; ôn Ie ramena à la viiie,--ians-Ëîuve-de
ment et sans parole. Ds brnirirn.'
rv
CEARLES VII & JEAIIINE D'ARC
(1{'NS-U61)
rEçoN
l. 0barlegYII. Lo règne de Charles VII vit deur grands
faits : I'expulsion -des Anglaie et la réforme du gouvernement.
-à
It. Jeann^e d'Àro à 0rléani et à Reims. Vaincu Cravant et à
Verneuil, Charles allait perdre Orléans,- la clef -du Mid-i, lorsque
le natrio[isme et la relisîon donnèrent Jeanne d'Arc à la France.
Elli convainquit le pàuple de sa tnission divinc, délivra Or-
léans, battit ltennemi^à Patay, prit Troyes, 9t fit sa-crer le roi À
Reimâ : dès lors Charles fut l"e v-rai roi [our l,: peuple.
3. Prooès ot mort ile Jeanne d'Aro. -- Contraiiée par les poli-
tiques du Conseil. Jeanne échoua devant Paris et fub faite pri-
sohnière à Compiègne. I,€s. Ànglais firent instruire^son Prpcès
Dar une commission ccclésiastiitue. Que présidait Pierre Cau-
ôhon. évêque de Bcauvaisl elle firt ôoridarnnée à mort et brûlêe
vive.' Le duc Philippe se iéconcilia avec le roi au traité d'Arras
et Paris ouvrit scs portes.
{. Réformes de Chârles VII. Avant d'achever la délivrance du
sol national, Charles réprima- la révolte féodale de la Praguerie,
réforma I'armée par la création des contpagnies d'ordonnance et
-débarrassa
de I'infanterie des francs a,rchcrs, et le royaume
des bandcs d'écorcheurs, par deux expéditions en Lorraine et
en Suisse.
5. fin de la guerre de cent ans. Alors, maître d'une armée
permanente et disciplinée, d'irnpÔts- réguliers et perpétuels,
àtlio au ctergé de !'rànce, â qui ii avait rlonné la piagmatique
sanction, il lhassa les Anglais de la Normandie par la bataille
de Formigny et de la GuyËnne par celle de Castilion.
aÉcrT
Carte de la Guyennc.
IECTURE.
- Jacques C@ur.
avrit-ellé.insistô
du
9.
CHAPITRE V
I.E TRIOITPHE DU P|IUUOIR RtlTÂI. SUR I.I FÉ(IDATITÊ
(r{6r.rr90)
I
IINTENTIONS & DÉCOUVERTES
, I.EçON
t. Inventlons et ddoouvertes.
prise. prr tes Turcs : cette date- a En 1453, Constantinople fut
été choisiJ pôùrîbiiô,ier re
début des temns mode.rnes. A. cette époque,
-' diàr;nâ;T?.ou-
verteg transfor-mèrent le monà"-.----
. ?; Lq poudre à_ oanon. L'artillerie,
-- d'un usage gei_oiai-efdéjà à Ia ba-
employée
taille de crécv. dev-i{ arors éiaigàï ru,
conditions de-ll queme.
8. Les oanaur â éoruses. Les canaux à écruses, imaginés
- diminuèrent tès-rrai's âîiiuo.-
vers la fin du. quinzième siècJe,
port, augm.entèrent la -quantité de marchandises t.âo"poitee..
rcnûrrenr l,lndusrne ptus actrve et multiplièrent les relationé
paciEques des hommes.
4. L'imprimerie. L'imprimerie. iwentée par Gutenberg,
multiplia les li'r.es -et les rccteurs; eile fit sortir t';instruiiiil ocs
eouvents et rendit accessibres à toris res æuvre J ddù;;Ë;;p"ita
ûes siècles passés.
5. La boulsore. La boussore, perfectionnée par l'Itaricn
-.
Flavio Gioja, permit aux navigatéur's de .;eioig*.'.1i. ôôiË* .t
dc traversër'rËs océans :_ ainsi I'ure't poÀ*irrr.îiiïeiài,iu.ù a.
I'Amérique par christophe coromb, c^elre dti"
par Vasio dô Gama. et ie premi;;;ôya;e aùioir. ;"rËàu*ii,ru,
aï,i;;à;;pu,
Itascllan.
nÉur
l. Prlse de Conetantinople par les Turcs. _
En t458, I'année même de la Uataittide Cestillo;;il;*_
nière de la guerre de. cent ons, constantinople, ruiiirru
au
llempire romain d'Orient, Tut prise per le ar',-rli;; îri..,
Mahomet II. c'est à cette date que ion est ,orru.nu
ae pra-
cer le commencement des temps-mod,ernes, et la
tn i;;;,Vrn
102
INVENTIONS ET IIÉCOUVERTES. 203
Un canal à écluse,
Presse ù irnprirner.
- g. -Devoii
ritime des lndes, du premicr voJage atttour du nonde?
e rétigei. - Quellôs-sont les principales tlécouvertes du
quinzième siècle ?
u
LOUIS XI & CEARLES LE TÉUÉNEIRE
(r{Bt-t{83)
rEçoN
l. Progràs
-
dn pouvoir royal'-- L-e quinzièruc. siècle vil, partout
erandir lc pouvoir royal. En t'rance, Lo.uis- xl ' collttj.tuant
F;ï;;.lc Chartcs Vll, Ëourbattit toutc'sa vie lo grantle féoda-
iiîal'ài"itô-àÈôi-te-plus puissant était Charlcs Ïe Téméraire,
duc de Bout'gogne.
- e. iouis x.lit Ctrartesle Téméraire.- La féodllitô nrcnaqa' à trois
rcpliscs di[1ér'ctrtcs, lc pouYoir royal' En 1465, elle tit la ligue
;iiti* ùutlir,laLiit te loi à nlorrilhôr'y et lui inrposa lcs trlités
dc Connins c[ t]c Saint-l\latrr. En l4GB, lc duc de l]ottrgogne,
CInrlr:s le'l'éurÛrtirc, lc tiut prisouuier à Pér'onnc et lui til si.gner
Jcs col.liti.-,ps tlisirstrcuscs,- Iiu I172, lcs prittces corup)olèl'ent
Jà-rôu,nloccr Lorris par son fr'èrc illarlcs- ct de tlôrlctnbrct' le
iotnu,r'c : Cltitt'lcs trtourttl, cL lc Téurérairc, rcpoussô t1u Bcau-
viis, acccpta la trôve tic Scnlis.
l.'p.oiÀit ct mort de Gharles le Téméraire. - Lc roi^profita tles
eurlra'rCs que lc duc se crét en Alleutagne_et cn Sutssc pour
i.iit.r avcd E.louartl IV, roi d'Angletmrel ii Pccquigny;-puis il
itOôiura la féodalité, tantlis qtrc lô duc de Bourgogne, battu à
Grausou et à tlorttt, périssait a Nitttcy.
4. Guerre rte la sirôcession de Bour"gogns. - Louis XI s'aliéna
on.' .ôr ncr.fittics t'héritièrc dc llourgognc qui donua sa ntajn à
[ii*i,i,itit, rl'AuLriche : ]a lrlance n''ôblint q-u'unc partic,de I'hé'
ritase:
-- rnais elle acquit pcu après Ics bicus tle larnaisrrn d'An.iou.
S.'Couv.rncment dô louis Xi. - L'agrattiisscntcnI t]u royaunre
rendit néccssairc la créalion dc tlois parlernents DouYeirux;
touls xI. 209
les postes furent lnstituées; I'armée fut doublée, les impôts
triolés. Cependant I'industrie et le commerce, protégés contre
la'violenqe', ûrent des progrès, et la première-imprïmerie fut
êtublie a Paris.
nÉcIT
--'T$ïiij
.",.44,4,
;il
Louis Xl.
t-.
2I+ EISTOIRE DE SRANCE.
qu'on ne pouvait uoire r. Le roi lui laissa le champ libra
9. Projets du duo de Bourgogne.
- - Dès {469,
Chorles avait occupé I'Alsace engagée parSigismond d'Au-
triche. En t,173t le vieux duc de Gueldre déshérite, &u
profit du due, son propre ûls, Adolphe le Parricide. Le, même
année, il demanda la couronne royale à I'empereur Fré-
déric III, et alla assiéger la ville de Neuss, dans le pays de
Cologne. Mais Louis XI fournit de I'orgent à Sigismond
pour dégager I'Alsace, dissuada I'Empereur d'accorder le
titre royal et Iït conclure une alliance défensive entre les
viiles alsaciennes, Ies cantons suisses et les princes alle-
mands de la Souabe, que I'ambition bourguignonne men&-
çait égalemcnl. i
10. Invasion des Ang1aia, traité de Pdcquigny
(t hit). - Tandis que Charles s'opiniâtrait au siège de
Neuss, il formait con[re la Franee une nouvelle ligue avec les
princes aponagés et les rois d'Angleterre et d'Aragon. Jean II,
roi d'Aragon, avait engagé le Roussillon à Louis XI pourune
forte somme, et il voulait reprendre le gage sans payer la
dette. Louis envoya. des troupes dans le Roussillon qu'il con-
$erva, et se porta au-devant d'Edouard IV, qui venait de
débarquer à Calais. II lui envoye un héraut qui lui démontra
que la France était en défense, le duc de Bretagne vaincu, le
duc de Bourgogne ruiné, et olfrit de I'indemniser de ses dé-
penses. Les lords reçurent des cadeaux et des pensions, les
soldats furent nourris par les soins de Louis XI et tous << trou-
vèrent ees ouvertures très bonnes >. Le traité fut signé à
PE[uigny. En même temps, le Téméraire consentait à lo
trève de Soleure : le roi livrait la Lorraine, le duc livrait le
connétable de Saint-Pol, qui trahissait tous les partis, et que
le roi tt décapiter, tandis que Charles établissait sa capitale
à Nancy. < Il venait dorénavant de Hollande jusqu'auprès de
Lyon, toujours sur s& teue. >>
LECTURE.
- Le traitô de Péronne.
Le Roy qui se vit enfermé dans ce cbasteau et force archers à la porte,
n'étoit p'oirit sans doute (inquiétude): et se voyant logé rasibusï'une
grosse tour, oir un comte de Vermandois flt mourir un sien prédécesseur
iov de France (Charles le Simnle).
Iædit duc, qirand il vit les furfes fermées, fit saillir (sortir) les gens
de sa chambre, et dit à aucuns que nous estions, que le Roy estoit venu
là pour le trahir, et qu'il avoit dissimulé ladite venu0 de toute sa puis-
sance. et qu'elle s'estoit faite conlre son vouloir : et va eonter ses nou-
velles de Liège, et comme le Roy I'avoit faite conduire par ses ambas-
sadeurs : et comme toutes ces gens avoienI esté tuet, et estoit
terriblement esmeu contre le Rov. et le menaeoit fort : et croy vérita-
blement que, si à cette heure là'ii erit trouvé ceur à qui il s'alressoit,
nrests à le conforter ou conseiller de fairo au Rov une mauvaise com-
ilasnie. il en eùt esté ainsi fait: et pour le môins eût esté mis en
èet"te giosse tour. Nous u'aigrismcs riei, nous adoucismes à nolre pou-
voir. Tost après tint aucunes de ces paroles à plusieurs, et coururent
par toute la ville jusques en la chanbie oùr estoil, le Roy, lequel fut fort
ellrayé...
EIST. DE FR. C. COIPL. l0
2I8 SISTOIRE DE FRÀN0E.
Ces porteb_ainsi fermées et gardées par ceux qui y estoient commis,
-
furent ïinsi deur ou trois.jours.: et ceirendant le?lit Tuc de Bourgogne
ne vit point .le. Rgyj n'y n'entroit_des gèns du Rgy_qu ch.asteau, que peu,
et par le guichet de la porte, Nuls des gens dudit seigneur nè furent
ostèz d'auprès de luy, màis peu, ou nuls de eeur du duc alloient parler
à luy, ny en sa chambre, au moins de ceux qui avoient aucune authorité
avecluy. Le premier jour ce fut tout effroy e[ murmure par la ville.
Le second jour ledit duc fut un peu refroidy; il tint conseil'la pluspart
du jou.r et partie de la nuict- Le Roy faisoit parler à tous ceïx {u'il
pouvoit penggr qui lui pourroient aidèr, et ne îailloit pas à prometlre,
et ordonna distribuer quinze mille escus d'or; mais celuy qul en eut la
charge en retint une pàrl,ie et s'en acquitta rhal, commd Iè Roy sceut
0eDuls.
Leste nuict. gui fut la tierce, ledit duc ne se dépouilla oncsues. seu-
lement se coùclia par deur ou irois fois sur son lii, et puis sô poirrme-
noit (car telle estoit sa façon, quand il estoit troublé). je coucfiay cette
nuict en sa chambre, et me pourmenay avec luv par plusieurs foi-s. Sur
le matin, se trouva én plus grande colère que jïmais, en usanl des me-
naees et prest à exécuter grand'chose. Toutesftiis il se réduisit gue si
le Roy juroit la pair, et vouloit aller avec lui à Liège, pour lui aider à
yenger monseigneur de Liège, qui estoit son proche paient, il se con-
tenteroit : et soudainem-ent partit pour aller en la chambre du Roy, et
Iui porter ses pa.roles,. Le,R.o.y euiquelque amy qui l'en adveriit, iias-
seuTant oe n'avorr nut mat s'lt accoroott ces deur Dolncts, mars que en
faisant le contraire, il.se nettoit en si grand péril, que riul plus^grand
ne luy nourroit advenir.
Coririre le duc arriva en sa présence, la voix luv trembloit. tant il
estoit esmri et prest de se courrôucer. Il Ît humble côntenance d'e corns.
mais son geste-et parole estuient aspres, demandant au Rov s'il voulbi[
tenir le tiaité de paix qui avoit esié eÉcript et accordé, ei si ainsi le
vouloitlurer; etle Royluy responditque ouy. A la vérité il n'v avoit
rien esté renouvellé de ce qui avoit csté fait devant Paris, touchant le
duc de Bourgogne, 0u peu du moins : et touchaut le duc dé Normandie,
lui estoit amendé beaucoup, car il estoit dit qu'il renonceroit à la duché
de Normandie, e[ auroil Charnpagne et Brie, et autres pièces voisines,
pour sott partage. Après luy demanda ledit duc s'il.ne vouloit point
venir avec luy à Liège, pour aider à.revancher la trahison que lcs-Lié-
geois luy avoient faite, h cause de lui et de sa venue; et âussi il luv
dit la prochaineté du lignage, qui estoit entre le Rov et l'évesoue dé
Liège (car il estoit de limàison-de Bourbon). A ces pâroles le Rov res-
pondit que ouy,..m.ais que la paix fust jurée (ce qri'il désiroit) : qu'il
estoit content d'aller avec lrty à Lièee, ct d'v mencr des gens. en si
petit ou si grand nornbre rtue bon luvlemblerôit. Ces naroleis éiôuircnt
fort ledit d-uc, et incontinént fut apforté ledit traité 'de paix ": et fut
tirée des coffres du Roy_ la-_vraye crbir, que sainct Charlemàgne portoit,
qui s'appelle la Croiz de Victoire, et jurèrent la paix, et ta[tost furent
sonnées les cloches par la ville : et tout le monde fut fort é.iouy. Austres
fois a plù au Roy me faire cet honneur de diLe que j'avois bien servy
à cette paciûcatioï. Couurles, Iilémotres.
n
CEARILES VIII & ANNE DE BEAIIi'EII
(l{E}r190)
rEçon
l. f,dgenoe d'Anue de Beaujeu. - Charles VIII, euccesseur do
Louis Xl, gouverne d'abord sous ls tutelle de sa sæur, Anne
de Bqaujeu.
2. Etats généraur de Teure. 0uerre folle.
avoir convoqué les états eénéraur à lours - La régente, après
(f481); réprima la
révolte des sêigneura, appelie la guerre folle. '
/
RÉCIT
IECTURE.
- Étatg gén6raur de 1484. '
I
. CEÂRLES VIII A NÂPLES
rEç0N
nÉur
il
LES GTIERRES D'ITALIE SOT'S LOUIS :rN
(r.{08-r515)
tEç0!r
NÉCIT