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crânien, notamment en cas d’atteinte partielle du IIIe nerf crânien, s’accompagnant d’une atteinte pupillaire.

Les troubles de la motricité conjuguée peuvent être le mode de révélation d’une lésion inflammatoire ou isché-
mique, le plus souvent dans le tronc cérébral. Un œdème papillaire bilatéral, témoignant d’une hypertension
intracrânienne, peut être la manifestation d’un processus expansif intracrânien. Une tumeur intracrânienne
peut aussi se manifester par une ou plusieurs paralysies oculomotrices, une neuropathie optique compressive
ou encore des déficits systématisés au champ visuel, en cas d’atteinte chiasmatique ou rétrochiasmatique. Une
neuropathie optique ischémique antérieure aiguë peut être la première manifestation d’une maladie de Horton.
Mots-clés :
La suspicion d’une origine artéritique impose un traitement parentéral par corticostéroïdes, en urgence, pour
Diplopie prévenir l’atteinte controlatérale. Un syndrome de Claude Bernard-Horner (CBH) (douloureux) fait suspecter
Anisocorie une dissection carotidienne ; ailleurs, il peut témoigner d’une lésion de la chaîne sympathique dans sa portion
Œdème papillaire centrale ou encore thoracique. À travers quelques descriptions neuro-ophtalmologiques, cette actualisation,
Maladie de Horton non exhaustive, remet en perspective la conduite clinique et les examens les plus appropriés en situation
Neuropathie optique ischémique antérieure aiguë d’urgence.
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Neuro-ophthalmic emergencies can raise life-threatening diagnostic and therapeutic challenges. Various condi-
tions can cause acute neuro-ophthalmic manifestations, including inflammatory or ischemic processes, as well
Keywords: as tumoral or aneurysmal compression or metabolic and systemic diseases. Diplopia related to a third nerve
Diplopia palsy may reveal an intracranial aneurysm; a Horner syndrome may be the presenting sign of carotid dis-
Anisocoria section. Bilateral papilledema may be the manifestation of an intracranial tumor. Arteritic anterior ischemic
Optic disc swelling optic neuropathy may be the first manifestation of giant cell arteritis, prompting rapid treatment with steroids.
Horton disease Beyond these classical emergencies, this article will also present more rare clinical situations, describing novel
Acute anterior ischemic optic neuropathy algorythms for quick recognition and prompt intervention in acute neuro-ophthalmology.
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Plan ! Anomalies de la motilité oculaire


■ Introduction 1 Un trouble de la motilité oculaire provoque le plus souvent
■ Anomalies de la motilité oculaire 1 une diplopie binoculaire. Une première approche permet de
Anomalies du regard conjugué 1 différencier une atteinte infranucléaire (nerf crânien, jonction
Paralysies oculomotrices périphériques 3 neuromusculaire ou muscle oculomoteur) d’une atteinte supra-
Pathologies de la jonction neuromusculaire 5 nucléaire, qui affecte la motricité conjuguée. L’étude du réflexe
Pathologies musculaires 6 oculocéphalique permet de différencier une atteinte nucléaire (ou
Diplopie transitoire 7 infranucléaire) d’une atteinte supranucléaire. Le réflexe oculocé-
phalique explore la motricité conjuguée des globes oculaires lors
■ Anomalies pupillaires 7
de la mobilisation passive de la tête horizontalement ou vertica-
Mydriase 7
lement. En cas d’atteinte supranucléaire, cette manœuvre permet
Myosis 8
de vaincre la limitation oculomotrice volontaire. Les mouvements
Anomalies bilatérales 9
oculaires en revanche restent limités en cas d’atteinte nucléaire ou
■ Pathologies des voies visuelles 9 infranucléaire (Fig. 1).
Troubles visuels transitoires 9 Lors d’une atteinte infranucléaire, il est important de déter-
Atteintes préchiasmatiques 9 miner s’il s’agit d’une dysfonction d’un nerf crânien, de la
Atteintes chiasmatiques et rétrochiasmatiques 11 jonction neuromusculaire ou du muscle oculomoteur en lui-
■ Conclusion 11 même. Pour cela, l’étude attentive des versions et ductions, avec
la réalisation d’une coordimétrie (test de Hess Lancaster) et la
recherche de signes associés permet d’orienter les hypothèses
topographiques.

! Introduction Anomalies du regard conjugué


L’apparition brutale de symptômes neuro-ophtalmologiques La découverte d’une anomalie subite du regard conjugué (affec-
impose un raisonnement clinique précis en raison de la possibilité tant donc la motilité des deux globes oculaires dans une ou
d’une urgence vitale sous-jacente. plusieurs directions du regard) impose la réalisation d’une image-
L’enquête diagnostique repose donc d’abord sur les données rie cérébrale en urgence, de préférence une imagerie à résonance
cliniques permettant de localiser l’atteinte, afin de guider notam- magnétique (IRM), à la recherche d’une origine tumorale, vas-
ment la neuro-imagerie. L’urgence de sa réalisation est aussi dictée culaire (accident vasculaire cérébral [AVC], plus rarement une
par l’histoire de la maladie et le terrain du patient (âge, antécé- malformation artérioveineuse), ou inflammatoire. L’identification
dents). Enfin, les données de l’imagerie doivent être en adéquation clinique de l’atteinte permet d’orienter le radiologue vers les struc-
avec les hypothèses émises. tures lésées.

EMC - Ophtalmologie 1
Volume 13 > n◦ 1 > mars 2016
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0343(16)66095-1

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Pathologies oculaires :
- troubles réfractifs
Réflexe
- atteinte cornéenne
oculocéphalique
- pathologie irienne
- cataracte

Conservé = paralysie Altéré = paralysie nucléaire


supranucléaire ou infranucléaire

Ophtalmoplégie internucléaire Neurogène périphérique : Jonction neuromusculaire : Myogène :


« Un et demi » de Fisher - nerf III - myasthénie - orbitopathie
Syndrome de Parinaud - nerf VI - botulisme dysthyroïdienne
Skew deviation - nerf IV - myosite, tumeur orbitaire
- multiple

Figure 1. Arbre décisionnel. Diagnostic devant une diplopie.

Paralysie de la verticalité soit une incyclotorsion de l’œil le plus bas et une excyclotorsion
de l’œil le plus haut. Dans le cas d’une réaction de torsion oculaire,
Syndrome de Parinaud (ou « dorsal midbrain syndrome »)
lors de l’inclinaison de la tête sur un côté, on observe une hyper-
Il s’agit d’une atteinte supranucléaire caractérisée par tropie ainsi qu’une incyclotorsion de l’œil « le plus haut », et une
l’association d’un ou de plusieurs éléments :
hypotropie ainsi qu’une excyclotorsion de l’œil « le plus bas ». À
• une paralysie de la verticalité touchant le regard vers le haut,
l’inverse, dans le cas d’une paralysie du IVe nerf crânien, lorsque la
vers le bas ou les deux sens. Il existe typiquement une hypotro-
tête s’incline du côté de l’atteinte, il existe une hypertropie mais
pie bilatérale en position primaire ;
aussi une excyclotorsion de l’œil « le plus bas ».
• une conservation des réflexes oculocéphalogyres (les yeux
Sa présence est toujours une urgence diagnostique et indique
montent et descendent passivement lors de la mobilisation de
une atteinte des voies vestibulaires otolithiques, allant du nerf
la tête haut/bas) ;
vestibulaire au mésencéphale. Un examen par IRM cérébrale doit
• une rétraction palpébrale bilatérale (signe de Collier) ;
rechercher une atteinte d’origine centrale, notamment au sein du
• une limitation de la convergence pouvant aller jusqu’à une
tronc cérébral.
paralysie complète, et parfois associée à une paralysie de
l’accommodation ;
• une dissociation de la réponse pupillaire à la lumière et en
convergence (myosis absent lors de l’éclairement, apparaissant
en convergence) ; Paralysie de l’horizontalité
• parfois, des mouvements oculaires anormaux tels que le nys- Ophtalmoplégie nucléaire
tagmus retractorius (en position primaire ou dans le regard vers
Une atteinte du regard latéral (limitation de l’abduction d’un
le haut), ou encore des spasmes en convergence.
œil – du côté de la lésion – et de l’adduction de l’autre œil) oriente
Il est secondaire à une atteinte des voies de la verticalité,
vers une atteinte du noyau du VIe nerf ou de la formation réticu-
à la jonction méso-diencéphalique, par une lésion tumorale,
lée pontique paramédiane (FRPP), dans la partie basse du pont.
une hydrocéphalie, une lésion inflammatoire, dans le cadre
Il s’agit le plus souvent d’une atteinte ischémique ou inflamma-
par exemple d’une sclérose en plaques (SEP), ou encore un
toire (SEP), imposant une imagerie par IRM, visualisant la fosse
AVC.
postérieure.
« Skew deviation »
Elle se caractérise par une déviation verticale acquise non para-
lytique des axes oculaires [1] , souvent responsable de diplopie
verticale et oblique. L’atteinte est le plus souvent concomitante, Ophtalmoplégie internucléaire
à l’inverse d’une paralysie du nerf trochléaire (qui est le principal Secondaire à une lésion du faisceau longitudinal médian (FLM),
diagnostic différentiel). l’ophtalmoplégie internucléaire (OIN) provoque :
Il existe un défaut d’alignement vertical des deux globes, le côté • une limitation de l’adduction de l’œil homolatéral à la lésion
étant donné par convention par l’œil le plus bas. La skew devia- du tronc, qui peut aller d’un simple ralentissement de la saccade
tion peut parfois être alternante (alternance de l’œil le plus haut jusqu’à la paralysie ;
dans les regards latéraux). Elle peut s’accompagner d’un torticoli • un nystagmus ataxique de l’œil controlatéral en abduction ;
et d’une cyclotorsion, cette triade définissant la réaction de torsion • une convergence typiquement respectée.
oculaire ou ocular tilt reaction. Chez le sujet jeune, elle est fréquemment secondaire à une SEP,
De façon physiologique, l’inclinaison de la tête d’un côté pro- particulièrement si l’atteinte est bilatérale. Chez les patients plus
voque une cyclotorsion des deux yeux vers l’oreille la plus haute, âgés, il s’agit le plus souvent d’une atteinte ischémique [2] .

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• ophtalmoplégie, avec limitation de la verticalité et/ou de
l’horizontalité. Il s’agit principalement d’un déficit bilatéral de diagnostic gold standard d’un anévrisme (Fig. 2). Néanmoins, ce
l’abduction ou d’une anomalie du regard latéral. Un nystagmus dernier examen est à envisager en cas de forte conviction clinique,
vertical peut s’y associer ; et si possible après une imagerie cérébrale réalisée et interprétée
• syndrome cérébelleux avec ataxie ; par un neuroradiologue expérimenté [6] .
• syndrome confusionnel. La microangiopathie du IIIe nerf crânien concerne plutôt les
Une encéphalopathie de Wernicke peut avoir comme seule hommes de plus de 50 ans ayant des facteurs de risque car-
manifestation, au début au moins, une ophtalmoplégie. Elle est diovasculaires (diabète principalement, mais aussi hypertension
rencontrée habituellement lors de situations favorisantes (alcoo- artérielle [HTA], dyslipidémie, tabac, etc.). La paralysie survient le
lisme chronique, malabsorption digestive, nutrition parentérale plus souvent de façon brutale mais des atteintes progressives ne
sans adjuvants vitaminiques, chirurgie bariatrique, vomisse- sont pas exceptionnelles [7] . Elle peut s’accompagner de douleurs,
ments prolongés, notamment d’origine gravidique, anorexie, et l’atteinte intrinsèque est le plus souvent absente (80 %) ou très
etc.). L’IRM cérébrale, qui peut parfois être normale, retrouve typi- modérée [8] . La paralysie régresse de façon spontanée dans les six
quement des hypersignaux en T2 sur les corps mamillaires et le mois, parfois en deux à trois mois, l’absence de récupération jus-
thalamus. Le dosage plasmatique de la thiamine ne doit pas retar- tifiant une imagerie cérébrale si celle-ci n’avait pas été réalisée au
der la supplémentation urgente en cas de suspicion diagnostique départ.
(injection parentérale de vitamine B1 ), afin d’éviter l’aggravation Plus rarement, une apoplexie hypophysaire peut se mani-
clinique (syndrome de Korsakoff) et le décès [3] . fester par une paralysie du IIIe nerf douloureuse avec atteinte
intrinsèque ; elle est détaillée dans les atteintes oculomotrices bila-
térales.
Paralysies oculomotrices périphériques Enfin, chez les patients de plus de 65 ans, il faut rechercher une
maladie de Horton lors de l’installation rapide d’une paralysie du
Les paralysies du IIIe ou du VIe nerf crânien peuvent révéler de IIIe nerf crânien, associée souvent à des céphalées temporales. Les
véritables urgences vitales sous-jacentes. La paralysie du IVe nerf paralysies oculomotrices représentent la deuxième manifestation
crânien est en revanche plus rarement une urgence car peu fré- la plus fréquente des complications oculaires de la maladie de
quemment un symptôme isolé d’une compression tumorale ou Horton (6 %) [9] . Elles se manifestent par des épisodes de diplopie
vasculaire. Toute paralysie oculomotrice récente ou transitoire, transitoire, par ischémie d’un nerf ou d’un muscle oculomoteur,
unique ou multiple, chez un patient de plus de 50 ans motive avec une préférence pour le IIIe nerf crânien et les muscles verti-
un interrogatoire orienté et un dosage de la vitesse de sédimenta- caux.
tion (VS) et de la protéine C réactive (CRP) à la recherche d’une
maladie de Horton (cf. infra).

Paralysie du IIIe nerf crânien


Une paralysie complète associe, avec plusieurs degrés :
“ Point fort
• une paralysie extrinsèque (ptosis, perte de l’élévation, de
Devant une paralysie du IIIe nerf crânien non traumatique
l’abaissement et de l’adduction), provoquant une déviation
spontanée de l’œil, le plus souvent en abduction ; de survenue brutale, la présence d’un des « 5P » motivera
• une paralysie intrinsèque, se manifestant par une mydriase ou une imagerie neurovasculaire en urgence à la recherche
une diminution du réflexe photomoteur. d’un anévrisme ou d’une apoplexie hypophysaire :
La présence de signes neurologiques associés (hémiplégie, • pupille : la présence d’une mydriase ;
troubles de la vigilance, ou encore un syndrome méningé) fait • progressive ;
suspecter une origine parenchymateuse cérébrale ou ménin- • pain : l’existence de douleur ;
gée, imposant une prise en charge en milieu neurologique ou • partiel : le caractère incomplet de l’atteinte extrinsèque ;
neurochirurgical pour une exploration urgente, notamment par • pas plus de 50 ans.
neuro-imagerie et ponction lombaire.
Lors d’une paralysie brutale isolée du IIIe nerf, les deux grandes
causes évoquées sont la microangiopathie et l’anévrisme de
l’artère communicante postérieure dont la rupture engage le pro-
nostic vital [4] .
Paralysie du VIe nerf crânien
Un anévrisme est plus volontiers suspecté chez les patients La paralysie du nerf abducens provoque une ésotropie avec une
de 20 à 50 ans, sans facteurs de risques cardiovasculaires, a for- limitation de l’abduction, et donc une diplopie horizontale. Une
tiori en cas d’atteinte pupillaire et/ou de douleurs associées. En paralysie de l’abduction n’est pas synonyme d’une paralysie du
effet, la situation périphérique des fibres nerveuses responsables nerf VI ; de nombreuses autres pathologies, notamment muscu-
de la contraction pupillaire au sein du IIIe nerf crânien les rend laires (myopathie, myasthénie, etc.) peuvent provoquer un déficit
vulnérables à une compression anévrismale. En revanche, une de l’abduction.
mydriase strictement isolée, sans atteinte oculomotrice, est excep- Chez les enfants, les causes principales sont traumatiques et
tionnellement un symptôme de compression anévrismale. Une tumorales. Dans ce dernier cas, l’atteinte du nerf VI isolée oriente
paralysie partielle ou progressive, affectant successivement les vers une lésion pontique, mais n’a pas de valeur localisatrice dans
muscles droits supérieur, inférieur et médial ainsi que du muscle le cas d’une hypertension intracrânienne (HIC), où il est habituel
releveur de la paupière oriente vers une atteinte compressive [5] . de constater une paralysie bilatérale.

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angioscanner Mydriase Atteinte
en urgence extrinsèque
isolée

Atteinte Paralysie
Examen
partielle ou extrinsèque
normal
progressive complète

Ponction Bilan sanguin


lombaire ± (glycémie,
artériographie VS) ±
cérébrale angio-IRM
sans urgence

Chez l’adulte de moins de 50 ans, les principales causes sont les Paralysie de plusieurs nerfs crâniens
suivantes (en dehors des origines traumatiques) [10] :
Atteinte unilatérale
• inflammatoire : SEP ;
• compressive ; D’un point de vue anatomique, l’association d’une paralysie
• idiopathique ; du IIIe , IVe , et/ou du VIe nerfs crâniens homolatéraux suggère
• HIC idiopathique ; une lésion du sinus caverneux ou de la fissure orbitaire supé-
• microangiopathique. rieure, d’autant plus s’il existe une atteinte de la première division
Chez l’adulte jeune, l’imagerie cérébrale et orbitaire en urgence du Ve nerf crânien et/ou des dysfonctions oculosympathiques
(de préférence une IRM) est donc recommandée, ainsi qu’une homolatérales (syndrome de Claude Bernard-Horner [CBH] post-
ponction lombaire en cas de normalité du premier examen ganglionnaire). Il peut s’agir :
(Fig. 3). • d’une thrombose du sinus caverneux ;
Chez un patient de plus de 50 ans, une paralysie aiguë du • d’un anévrisme intracaverneux ou d’une dissection caroti-
nerf VI unilatérale, isolée, et sans antécédent néoplasique mais dienne ;
en présence de facteurs de risques vasculaires, fait suspecter une • d’une inflammation (granulomatose, syndrome de Tolosa-
microangiopathie. La nécessité de réaliser en urgence une ima- Hunt) ;
gerie cérébrale est alors discutable, à condition d’observer une • d’un syndrome tumoral avec extension intracaverneuse.
surveillance rapprochée (toutes les deux semaines environ), et de Dans le cas d’un syndrome de l’apex, l’atteinte oculomotrice
recourir à cet examen en cas d’aggravation, d’apparition de nou- multiple unilatérale s’associe à une atteinte du nerf optique homo-
veaux symptômes ou en l’absence de récupération à deux mois. latéral à son entrée dans l’orbite.
Ailleurs, une paralysie du nerf VI chez un patient de plus de
Fistule carotidocaverneuse
60 ans doit motiver la réalisation d’un dosage de la CRP et de la
VS en urgence à la recherche d’une maladie de Horton. Il s’agit d’une communication anormale entre la carotide et le
contingent veineux du sinus caverneux, qui peut être directe ou
indirecte.
La fistule directe, à haut débit, comporte un plus haut risque de
Paralysie du IVe nerf crânien complications. Elle résulte d’une altération de la paroi de la caro-
La paralysie du nerf trochléaire provoque une diplopie oblique tide interne d’origine principalement traumatique, mais est aussi
ou verticale, avec une hypertropie homolatérale majorée en décrite dans le cas d’anévrisme intracaverneux ou de pathologies
adduction et lors de la manœuvre de Bielschowsky, du côté atteint. du tissu conjonctif (Ehlers-Danlos, etc.). Bruyant et d’installation
Les principales causes de paralysie aiguë du nerf IV sont : rapide, la fistule directe est suspectée devant :
• traumatique, d’autant plus si elle est bilatérale ; • une exophtalmie ;
• ischémique, par microangiopathie ; • une dilatation des vaisseaux épiscléraux « en tête de méduse » ;
• dues à une décompensation aiguë d’une paralysie congénitale • une congestion périorbitaire ;
non connue : torticoli ancien retrouvé sur les photographies, • une possible hypertonie oculaire ;
excyclotorsion objective, grande amplitude de fusion verticale, • une ophtalmoplégie avec un ptosis ;
etc. • une baisse d’acuité visuelle par neuropathie ischémique ou défi-
En l’absence d’argument pour l’une de ces trois causes, une ima- cit vasculaire rétinien ;
gerie cérébrale avec injection doit être réalisée à la recherche des • un syndrome d’effusion uvéale.
autres causes, bien que rarement responsables d’une paralysie du L’exophtalmie a un caractère pulsatile avec un souffle supraor-
nerf IV isolée : tumorale, infectieuse, inflammatoire. bitaire, qu’il faut rechercher à l’aide d’un sthétoscope. La

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Progressive Bilan sanguin
Douloureuse (glycémie,
Pas d’amélioration VS) ± angio-IRM
à 3 mois Surveillance
Antécédent de néoplasie

Angio-IRM ou
angioscanner en
urgence ± ponction
lombaire

neuro-imagerie morphologique classique recherche des signes laire et, avant tout, par ordre de fréquence, une pathologie
indirects (visualisation d’une veine ophtalmique dilatée, augmen- de la jonction musculaire.
tation de la taille des muscles oculomoteurs par phénomène de
stase). La confirmation est apportée par une imagerie neurovas-
culaire (angio-IRM), suivie d’une artériographie conventionnelle,
Pathologies de la jonction neuromusculaire
qui est souvent l’occasion d’un premier temps thérapeutique Myasthénie oculaire
par embolisation. Cette intervention est une urgence vitale car
la fistule carotidocaverneuse (FCC) peut être responsable d’une Elle se caractérise par une atteinte oculomotrice et/ou palpé-
hémorragie massive par saignement intracrânien ou par épistaxis. brale, uni- ou bilatérale, qui est variable dans le temps, s’aggravant
La fistule indirecte, de bas débit, est une malformation artério- à l’effort et s’améliorant au repos. Lorsque les symptômes sont
veineuse sous-durale. Les symptômes sont, à l’inverse de la fistule limités à la sphère oculaire, il s’agit une myasthénie oculaire pure.
de haut débit, plus discrets avec une hyperhémie conjonctivale, L’examen clinique ophtalmologique a pour but de mettre en
des troubles oculomoteurs modérés et une élévation de la pression évidence cette variabilité clinique dans le temps, voire dans dif-
intraoculaire. L’abstention thérapeutique est fréquente en cas de férents territoires moteurs. Ainsi, toute diplopie accompagnée ou
retentissement modéré. non de ptosis, non douloureuse et sans atteinte pupillaire, peut
être une première manifestation d’une myasthénie oculaire. En
Atteinte bilatérale de l’oculomotricité effet, la diplopie et le ptosis sont les symptômes initiaux de la
L’apoplexie hypophysaire, par envahissement des sinus caver- maladie chez 75 % des myasthénies généralisées [11] . L’apparition
neux, peut être responsable d’une ophtalmoplégie uni- ou secondaire de symptômes respiratoires peut ensuite rapidement
bilatérale, avec une atteinte préférentielle du IIIe nerf crânien, engager le pronostic vital, ce qui en fait une urgence diagnostique
suivie par le VIe puis le IVe nerf. D’autres signes de syndrome et thérapeutique.
chiasmatique s’associent à l’ophtalmoplégie (cf. infra « Atteintes L’atteinte ophtalmologique de la myasthénie peut concerner
chiasmatiques et rétrochiasmatiques »). Il s’agit d’une urgence tout muscle oculomoteur, avec une prédilection pour le muscle
vitale, nécessitant une imagerie cérébrale en urgence pour confir- droit médial et le releveur de la paupière supérieure. Le déficit est
mer le diagnostic. typiquement plus marqué en fin de journée ou après sollicitation
Une lésion tumorale ou encore une FCC peuvent être à l’origine musculaire, et est amélioré par le repos, par un test au glaçon ou
d’un envahissement simultané des deux sinus caverneux. par un test à l’édrophonium. Le bilan diagnostique comporte le
Le syndrome de Miller-Fisher, variant du syndrome de Guillain- dosage des anticorps antirécepteurs à l’acétylcholine (retrouvés
Barré, survient généralement après une infection, et est caractérisé seulement dans 50 % des myasthénies oculaires) et la réalisation
par une triade (qui peut être incomplète) : d’un électromyogramme. La négativité de ces tests n’exclut pas
• ophtalmoplégie externe, mais une atteinte pupillaire y est sou- une myasthénie, dont le diagnostic est clinique. Il est habituel de
vent associée ; rechercher dans ce cadre un thymome par une imagerie thora-
• ataxie cérébelleuse ; cique.
• aréflexie.
Les autres nerfs crâniens peuvent aussi être atteints, notam-
Botulisme
ment le nerf facial. La ponction lombaire met en évidence une Cette toxi-infection alimentaire est responsable d’une paralysie
augmentation de la protéinorachie, sans cellularité. De manière généralisée des jonctions neuromusculaires, de progression symé-
caractéristique, il existe des anticorps antigangliosides dans le trique et descendante, secondaire à une endotoxine sécrétée par
sérum (anti-GQ1B, anticorps anti-GM, etc.). La récupération Clostridium botulinium. La contamination est principalement ali-
clinique est spontanément favorable, mais des traitements immu- mentaire par des boîtes de conserve artisanales (consommées 12 à
nosuppresseurs et/ou par plasmaphérèse sont parfois nécessaires. 36 heures avant le début des symptômes), beaucoup plus rare-
Une atteinte bilatérale de la motilité oculaire doit aussi faire ment par l’infection d’une blessure (délai d’apparition des signes
rechercher une cause orbitaire bilatérale, une myopathie ocu- cliniques plus long, 4 à 17 jours) [12] .

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aigu et parfois une fièvre. Il est crucial de rechercher une
escarre nasale ou palatine. Cette pathologie peut se compliquer
L’ophtalmoplégie externe et le ptosis sont des symptômes pré-
rapidement tant sur le plan oculaire (névrite rétrobulbaire, réti-
coces de la maladie et sont accompagnés d’une mydriase bilatérale
nochoroïdite) que général (méningite, abcès cérébral, atteintes
quasi aréactive et d’une paralysie de l’accommodation. Cette
multiviscérales). Il s’agit d’une urgence diagnostique et théra-
atteinte parasympathique, tout comme la présence de symptômes
peutique, compte tenu de la mortalité élevée (1 cas sur 2) dès
digestifs, permet de distinguer le botulisme d’une myasthénie
la première semaine d’infection [14] . Une biopsie tissulaire doit
généralisée, et d’anticiper les complications vitales respiratoires
s’accompagner d’une analyse et d’une coloration fongique adé-
et cardiaques qui marquent l’évolution naturelle de la maladie.
quates, demandées par le clinicien. Le traitement antifongique,
parfois associé à un traitement chirurgical, doit être instauré en
urgence.

“ Point fort Origine inflammatoire


Orbitopathie dysthyroïdienne
Causes de limitation oculomotrice bilatérale à évo-
Première cause d’ophtalmoplégie bilatérale restrictive de
quer en urgence
l’adulte, l’ophtalmopathie dysthyroïdienne survient principale-
• La maladie de Horton
ment en cas d’hyperthyroïdie (maladie de Basedow), avec une
• Le botulisme phase inflammatoire qui dure deux ans en moyenne. Elle est
• La myasthénie responsable d’un syndrome orbitaire bilatéral, avec une inflam-
• La méningite basilaire infectieuse, inflammatoire ou mation oculomotrice affectant préférentiellement les muscles
néoplasique droits inférieurs et droits médiaux, et d’une rétraction palpé-
• Les polyradiculonévrites (syndromes de Guillain-Barré, brale, responsable d’une asynergie oculopalpébrale. Le caractère
de Miller-Fisher) restrictif de la limitation est confirmé par le test de duction
• Les étiologies tumorales (lésions de la ligne médiane) forcée et par l’élévation de la pression intraoculaire dans les
• L’encéphalopathie de Gayet-Wernicke regards opposés au champ d’action du muscle atteint. L’imagerie
orbitaire met en évidence l’exophtalmie et l’augmentation de
volume des muscles oculomoteurs, qui épargne typiquement
les tendons musculaires. Une orbitopathie dysthyroïdienne peut
se compliquer de NO compressive et justifie alors un traite-
ment en urgence, le plus souvent par corticothérapie parentérale,
Pathologies musculaires plus rarement par radiothérapie externe ou par chirurgie de
Les causes musculaires et orbitaires de diplopie sont souvent décompression.
accompagnées d’un syndrome orbitaire : De même, une exacerbation inflammatoire majeure peut se pro-
• la douleur orbitaire ou à la mobilisation du globe ; duire après thyroïdectomie ou un traitement à l’iode radioactif,
• l’exophtalmie ; provoquant alors une exophtalmie œdémateuse maligne asso-
• l’œdème palpébral ; ciant une exophtalmie majeure irréductible avec ophtalmoplégie,
• l’hyperhémie conjonctivale ; des complications cornéennes (ulcères, abcès) et une NO. Le trai-
• le chémosis. tement en urgence repose alors sur les bolus de corticoïdes par voie
intraveineuse, et sur les méthodes invasives décrites ci-dessus.
Origine infectieuse : cellulite orbitaire Inflammation orbitaire spécifique/non spécifique
Pathologie volontiers pédiatrique, la symptomatologie orbi- Une inflammation orbitaire peut provoquer une atteinte ocu-
taire est bruyante et s’accompagne d’un syndrome septique lomotrice par le syndrome orbitaire restrictif ou par le déficit
avec fièvre, douleur et adénopathies. Elle complique une musculaire. Outre une exophtalmie uni- ou bilatérale progres-
infection des voies lacrymales (dacryoadénite, dacryocystite), oto- sive, non réductible, l’inflammation peut être localisée à un
rhino-laryngologique (sinusite) ou cutanée, et est favorisée par ou plusieurs muscles oculomoteurs (myosite), responsable d’une
l’immunodépression (diabète, corticothérapie), ou encore la prise limitation oculomotrice douloureuse.
d’anti-inflammatoires non stéroïdiens. L’exploration étiologique repose sur un bilan biologique inflam-
L’ophtalmoplégie débute plus fréquemment par une atteinte du matoire et la réalisation d’une imagerie orbitaire avec injection de
VIe nerf crânien, et la stase veineuse est responsable d’une dilata- produit de contraste. En cas d’inflammation de structure acces-
tion des veines rétiniennes et d’un œdème papillaire (OP), parfois sible chirurgicalement, ou en cas de suspicion de pathologie
a minima. Une baisse de l’acuité visuelle est secondaire à une kéra- infiltrative type lymphome ou métastase, il est légitime d’avoir
tite neurotrophique par anesthésie cornéenne (par atteinte du V), recours à une biopsie diagnostique, avant d’instaurer un éventuel
à une neuropathie optique (NO) ou à une ischémie rétinienne. traitement d’épreuve par corticothérapie orale. En cas de risque
L’une de ses complications à redouter est la thrombose du sinus chirurgical plus important, on pourra surseoir à la biopsie de
caverneux. La symptomatologie associe un syndrome orbitaire à première intention, qui sera discutée si la corticothérapie est inef-
des signes plus généraux (céphalées, nausées/vomissements, pou- ficace, ou en cas de rechute. Si le diagnostic est dans la majeure
vant aller jusqu’au syndrome méningé), inhabituels dans le cadre partie des cas une inflammation orbitaire non spécifique (IONS),
d’une cellulite isolée. celui-ci reste un diagnostic d’élimination. Dans 10 % des cas, il

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Une mydriase isolée est exceptionnellement le tout premier
la limitation oculomotrice. Le diagnostic repose sur une imagerie
signe d’une paralysie du nerf III, particulièrement en cas de
orbitaire, parfois complétée par une biopsie.
compression anévrismale. Néanmoins, même dans ce cas, un exa-
men attentif a pour but de détecter les prémices d’une atteinte
extrinsèque : ptosis débutant, parésie minime du muscle droit
Diplopie transitoire médial ou droit supérieur.
Les causes les plus fréquentes de diplopie transitoire sont Les causes les plus fréquentes de mydriase unilatérale iso-
les décompensations phoriques ou encore les décompensations lée sont la pupille d’Adie et la mydriase d’origine pharmacolo-
de paralysies congénitales du IVe nerf crânien. Il existe d’autres gique.
causes possibles, comme l’orbitopathie dysthyroïdienne (diplo- La pupille d’Adie affecte principalement les femmes d’âge
pie le matin), la maladie de Horton, les spasmes fonctionnels en moyen (70 %), de façon volontiers unilatérale. À la phase initiale,
convergence, la myokimie de l’oblique supérieur, ou encore la la pupille pathologique est dilatée et peu réactive à la lumière. La
neuromyotonie. Les atteintes myasthéniques sont en revanche de présence de contractions vermiformes de l’iris, visibles en biomi-
plus longue durée. croscopie et en variant la lumière, est alors très évocatrice de la
pupille d’Adie. Avec le temps, la pupille a une meilleure contrac-
tion lors de l’accommodation/convergence prolongée (« pupille
tonique »). De même, après arrêt de la convergence, la redila-
! Anomalies pupillaires tation pupillaire est « lente ». Lors d’une atteinte de type Adie,
on peut mettre en évidence une hypersensibilité de dénervation :
La constatation d’une anomalie pupillaire impose une l’instillation bilatérale de pilocarpine diluée à 0,125 % provoque
démarche diagnostique rigoureuse. un myosis seulement du côté atteint, n’affectant pas la pupille
Devant une anisocorie, il est toujours nécessaire d’étudier son saine.
degré en fonction de l’éclairement. Si la différence est plus Avec le temps, la taille de la pupille peut se modifier et
marquée à l’éclairement que dans la semi-obscurité, la pupille passer à l’inverse en myosis, devenant une pupille d’Adie
pathologique est la pupille la plus large, et il s’agit donc d’une « vieillie ».
mydriase anormale. À l’inverse, on parle de myosis si l’anisocorie Une dilatation pharmacologique de la pupille peut être consé-
est moins marquée en pleine lumière que dans la semi-obscurité cutive à une instillation volontaire ou occulte d’une substance
(Fig. 4). parasympatholytique ou sympathomimétique. Une paralysie par

Anomalie
Unilatérale = anisocorie Bilatérale
pupillaire

Plus marquée dans Plus marquée


la semi-obscurité à la lumière

Myosis Mydriase Myosis Mydriase

CBH Pathologie
Pupille d'Adie vieillie intraoculaire Botulisme
Surdosage
Diphtérie
Atteinte Pas d’atteinte morphinique
Uvéite Syndrome de
extrinsèque du III extrinsèque Pupille Argyll-
GAFA Parinaud
Robertson
Trauma irien Encéphalopathie
Ischémie
irienne Paralysie du Pilocarpine
Pupille d’Adie
IIIe nerf 0,125 % Diminution de
l’anisocorie
Pas de modification

Pilocarpine
Pharmacologique
1% Pas de modification

Figure 4. Arbre décisionnel. Diagnostic devant une anomalie pupillaire. CBH : Claude Bernard-Horner ; GAFA : glaucome aiguë par fermeture de l’angle.

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Aspect initial :
suspicion de CBH
droit

Cocaïne 4 %: pas de
dilatation de la pupille
pathologique = CBH
droit

Apraclonidine 0, 5 ou
1%
Inversion de
I’aniscorie = CBH droit

Hydroxyamphétamine
1%

Dilatation égale des 2 pupilles Pas d’action sur la


pupille pathologique

Figure 5. Tests pharmacologiques devant un syndrome de Claude Bernard-Horner (CBH).

atteinte pharmacologique atropinique (par exemple après contact de localiser l’atteinte afin d’orienter la recherche radiologique
avec une plante type datura) ne réagit pas après instillation de (Fig. 5). En cas d’atteinte du premier neurone, le CBH peut
pilocarpine 2 %. s’accompagner de signes neurologiques. Une atteinte pré- ou
postganglionnaire chez l’enfant impose la recherche d’un neu-
roblastome par le dosage des catécholamines urinaires et la
Myosis réalisation d’une imagerie cervicale, thoracique et abdominale.
Une dissection carotidienne peut se manifester par un
Syndrome de Claude Bernard-Horner CBH, souvent douloureux, retrouvé dans deux tiers environ
Il s’agit d’une parésie oculosympathique, responsable classi- des cas [15] . Des épisodes d’amaurose transitoire, secondaires à
quement d’un ptosis et d’un myosis. L’atteinte sympathique l’hypoperfusion de l’artère ophtalmique, sont retrouvés dans 30 %
provoque un ptosis (par atteinte du muscle de Müller de la des cas [15] , et plus rarement on peut observer des occlusions
paupière supérieure) et une ascension de la paupière inférieure, de branche ou d’artère centrale de la rétine. La dysgueusie ou
l’ensemble donnant l’impression d’une enophtalmie ipsilaté- l’atteinte du Ve nerf crânien sont exceptionnelles, tout comme
rale. Une hyperhémie conjonctivale y est fréquemment associée. les troubles oculomoteurs qui peuvent résulter d’une ischémie
L’anisocorie est typiquement majorée en condition d’obscurité. orbitaire.
La pupille myotique réagit normalement à la lumière mais sa La dissection carotidienne, en l’absence de traitement, peut se
redilatation à l’obscurité est retardée, par dysfonctionnement compliquer d’AVC ischémique, qui survient généralement moins
sympathique. Le diagnostic est confirmé par une anisocorie supé- d’un mois après l’apparition des symptômes décrits précédem-
rieure à 1 mm 45 minutes après l’instillation de cocaïne 4 % dans ment [16] . En cas de suspicion de dissection carotidienne, il est
chaque œil. Toute lésion du nerf sympathique sur son trajet important de positionner à la phase aiguë le patient en décubi-
pouvant provoquer un CBH homolatéral, il est utile d’essayer tus dorsal strict afin de favoriser la perfusion encéphalique. Le

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diagnostic positif est permis par la réalisation d’un angioscanner, Atteintes préchiasmatiques
d’une angio-IRM ou plus rarement par un échodoppler des troncs
supra-aortiques, qui est un examen très opérateur-dépendant. Cet Névrite optique
examen montre un hématome intramural avec une diminution Elle touche plus volontiers les adultes, typiquement entre 20
du calibre artériel. Le traitement repose sur une anticoagula- et 45 ans, et plus souvent les femmes (77 %). Elle est responsable
tion efficace, afin de prévenir les complications thromboembo- d’une baisse visuelle rapide plus ou moins profonde avec dou-
liques. leurs à la mobilisation du globe dans 92 % des cas [17] . Les examens
retrouvent un scotome souvent central au CV ou une atteinte dif-
fuse, plus rarement un déficit de localisation autre, associé à une
Anomalies bilatérales dyschromatopsie rouge-vert. Au fond d’œil, la tête nerf optique
Le botulisme est responsable d’une mydriase bilatérale, associée peut être normale (névrite optique rétrobulbaire) ou œdémateuse
à une ophtalmoplégie et à une paralysie de l’accommodation (cf. (papillite). En cas d’atteinte plus ancienne, une pâleur papillaire
supra « Pathologies de la jonction neuromusculaire »). est manifeste.
La pupille d’Argyll-Robertson est en revanche un myosis Les causes de névrites optiques sont principalement la SEP et
bilatéral, irrégulier, avec diminution ou abolition du réflexe pho- l’inflammation idiopathique, mais elles peuvent parfois survenir
tomoteur, mais une contraction préservée lors de la convergence. dans le cadre d’une inflammation systémique (sarcoïdose, lupus)
Elle résulte d’une atteinte mésencéphalique, classiquement en ou d’une infection (syphilis, lyme). Il est donc nécessaire de réali-
phase tertiaire d’une infection syphilitique. ser un bilan biologique devant une névrite atypique ou l’absence
de récupération visuelle. L’interrogatoire recherche par ailleurs des
épisodes neurologiques déficitaires antérieurs.
L’IRM cérébrale est indispensable dans le bilan d’un premier épi-
! Pathologies des voies visuelles sode de névrite optique, dans un but essentiellement pronostique.
L’existence d’une SEP est recherchée par une IRM cérébrale et
Une NO se caractérise par une baisse d’acuité visuelle, un médullaire, qui peut montrer des lésions de la substance blanche.
trouble du champ visuel (CV), une dyschromatopsie, un déficit Leur absence sur ces deux examens prédit un risque d’évolution à
du réflexe pupillaire afférent, tandis que l’aspect de la papille varie 15 ans vers une SEP de 25 % [18] .
selon le siège de l’atteinte. Si l’atteinte est antérieure, il existe un Le traitement d’une névrite optique dépend de sa cause. En
œdème papillaire, alors que si l’atteinte est située derrière la lame cas d’inflammation isolée ou associée à une SEP, le traitement
criblée, la papille est par définition normale (NO rétrobulbaire). repose sur une corticothérapie par voie générale intraveineuse,
Après six à huit semaines d’évolution, la papille devient pâle, voire mais l’abstention thérapeutique avec surveillance est aussi envi-
atrophique. sageable, surtout en cas d’atteinte peu sévère. En effet, la
Au plan sémiologique, lors d’une NO, on peut retrouver des récupération visuelle est le plus souvent très bonne malgré des
photopsies brèves, plutôt déclenchées par les mouvements ocu- anomalies résiduelles du CV ou de la vision des couleurs. L’étude
laires. La douleur à la mobilisation du globe est un symptôme Optic Neuritis Treatment Trial (ONTT) a démontré l’utilité des
fréquent d’une NO inflammatoire, ou névrite optique. corticostéroïdes pour accélérer l’amélioration visuelle et pour sou-
Une NO unilatérale ou asymétrique s’accompagne en règle d’un lager les douleurs à la mobilisation. Le traitement requiert une
déficit du réflexe pupillaire afférent, qu’il faut rechercher. En effet, administration par voie intraveineuse (schéma classique de bolus
il y a une exception à cette règle dans le cadre des NO héréditaires, de 1 g de solumédrol par jour pendant 3 j), suivie ou non par la
en particulier la NO de Leber qui épargne les cellules à méla- prise d’une corticothérapie par voie orale pendant deux semaines.
nopsine. Enfin, la réalisation d’un CV permet de situer l’atteinte À l’inverse, le traitement corticostéroïde par voie orale seule est
sur les voies visuelles, surtout en cas d’atteinte chiasmatique ou contre-indiqué, car associé à un risque accru de survenue d’un
rétrochiasmatique. nouvel épisode de démyélinisation [17] .

Troubles visuels transitoires Périnévrite optique


La notion de survenue d’un ou de plusieurs épisodes brefs L’importance de sa distinction avec la névrite optique est
de baisse visuelle transitoire doit avoir a priori la même valeur double : typiquement, il n’y a pas de risque évolutif vers une SEP,
d’alerte que celle d’un accident ischémique transitoire. Cepen- et le traitement par cortisone influence sa récupération et son
dant, la gestion de ce type d’événement est rendue plus difficile évolution.
par le fait que l’examen ophtalmologique du patient est le plus La périnévrite optique (PNO) concerne une population plus
souvent normal, lors de la consultation, pouvant rassurer, à tort. âgée, avec une prédominance féminine. La présentation clinique
Toute amaurose transitoire unilatérale est une urgence imposant est souvent similaire à la névrite optique, avec une baisse d’acuité
la recherche d’une maladie de Horton (si terrain en faveur), ainsi visuelle douloureuse plus progressive, souvent associée à un OP.
que des sources d’embolies, notamment carotidienne, plus rare- Le CV retrouve un déficit paracentral avec une relative épargne
ment cardiaque. La visualisation d’emboles rétiniens rend certain centrale. L’IRM met en évidence un rehaussement des gaines du
le caractère d’urgence de ces explorations. Les autres diagnostics nerf optique ainsi que du tissu périoptique, en « rail de train »,
urgents à évoquer sont résumés dans la Figure 6. visible en coupe axiale ou en « donut » en coupe coronale. Dans

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• IRM orbitaire et cérébrale Fond d’œil Normal sinon Nodules cotonneux
• Ponction lombaire : chimie, bactériologie, électropho- Papille Pleine, non excavée Peut être excavée
rèse et immunofixation controlatérale
Angiographie fluo Retard remplissage Retard remplissage
papille choroïdien + papille
la plupart des cas, il s’agit d’une forme d’inflammation orbitaire
Bilatéralisation Différée Rapide (jours), très
idiopathique, qui reste un diagnostic d’exclusion. Il est impor- fréquente en l’absence
tant de rechercher une infection (tuberculose, etc.) ou encore une de traitement
maladie systémique inflammatoire (granulomatose de Wegener).
CRP/VS Normale Élevée
La PNO répond bien au traitement par corticostéroïdes qui peut
être administré par voie orale. Ils doivent parfois être poursuivis AEG : altération de l’état général ; CMT : cécité monoculaire transitoire ; CRP/VS :
pendant plusieurs mois [19] . protéine C réactive/vitesse de sédimentation.

Neuropathie optique ischémique antérieure aiguë pales causes sont la maladie de Horton et l’hypotension sévère
La neuropathie optique ischémique antérieure aiguë (NOIAA) prolongée, souvent associée à une anémie.
est le résultat d’une ischémie de la tête du nerf optique secondaire Diagnostic. Le diagnostic de NOIAA artéritique est fortement
à une hypoperfusion au sein des artères ciliaires courtes posté- suspecté par l’association de signes cliniques systémiques typiques
rieures. Elle se définit par une baisse d’acuité visuelle unilatérale avec un syndrome inflammatoire. L’élévation de la CRP serait
brutale, accompagnée d’un OP sectoriel ou diffus, d’hémorragies plus sensible que celle de la VS, et l’association des deux consti-
en flammèche et péripapillaires. Le déficit du CV est classi- tue le meilleur algorithme diagnostique biologique, en première
quement altitudinal ou arciforme, mais peut être central. On intention.
différencie les NOIAA non artéritiques des NOIAA artéritiques, La maladie de Horton est confirmée par une biopsie d’artère
moins fréquentes (10 % des NOIAA), secondaires à la maladie de temporale retrouvant une artérite gigantocellulaire segmentaire et
Horton. focale, avec destruction de la limitante interne. Ces signes peuvent
être retrouvés jusque quatre à six semaines après l’instauration
Neuropathie optique ischémique antérieure d’une corticothérapie. Si l’histologie reste le gold standard du
aiguë artéritique : maladie de Horton diagnostic, 10 à 15 % des cas diagnostiqués ont une biopsie néga-
Il s’agit d’une vascularite systémique touchant les artères de tive, qui ne remet pas en cause le diagnostic devant une forte
moyen et gros calibres, plus particulièrement les artères tempo- conviction clinique.
rales et du reste du crâne. La maladie de Horton est associée Évolution et traitements. La baisse visuelle secondaire à la mala-
à une pseudopolyarthrite rhumatoïde dans un tiers des cas [20] . die de Horton est dans la grande majorité des cas irréversible. Le
L’âge médian de survenue de cette pathologie auto-immune est traitement est destiné à limiter la dégradation visuelle et surtout
de 75 ans [9] , et les femmes sont atteintes deux fois plus souvent à prévenir l’atteinte controlatérale. À ce titre, la mise en place
que les hommes par la maladie [21] . Les atteintes ophtalmolo- du traitement parentéral est une urgence d’autant que la bilaté-
giques sont inaugurales de la pathologie dans 26 % des cas [22] , ralisation survient en moins d’une semaine [9] en l’absence d’un
et dans environ 10 % des cas les signes oculaires sont les seuls traitement approprié.
présents, sans qu’il n’y ait de signes systémiques associés (maladie Dès la suspicion du diagnostic, il est usuel d’administrer une
de Horton occulte) : altération de l’état général, fièvre, céphalées, forte dose de corticoïdes (500 mg à 1 g/j pendant 3–5 j), géné-
claudication de la mâchoire, sensibilité des artères temporales. ralement par voie intraveineuse. Les bolus sont relayés par un
Les épisodes de cécité monoculaire transitoire (CMT), ou amau- traitement per os à 1 mg/kg jusqu’à normalisation de la VS, soit
roses fugaces, y sont fréquentes (30 %) [21] . La CMT est une baisse en moyenne quatre à six semaines. Ce résultat obtenu, le traite-
de vision profonde brutale, monoculaire, et réversible spontané- ment par corticoïdes est diminué progressivement et maintenu
ment en quelques minutes. Lors d’une maladie de Horton, elle pour un à deux ans au minimum.
présage de la survenue rapide (8 j) d’une NOIAA dans environ 50 %
des cas [9] . Neuropathie optique ischémique antérieure aiguë artéritique
La NOIAA artéritique se manifeste par une baisse visuelle bru- non artéritique
tale, profonde, liée à un OP ischémique, très pâle au fond de Plus commune que la NOIAA artéritique, elle concerne des
l’œil (contrairement à la NOIAA non artéritique) et possible- patients un peu plus jeunes (âge moyen 60 ans). Le diagnostic de
ment accompagnée de nodules cotonneux. L’angiographie à la NOIAA est purement clinique, et le principal défi est d’éliminer
fluorescéine peut retrouver un retard au remplissage choroïdien. une origine artéritique (Tableau 1). La plainte visuelle, indolore,
L’atteinte peut être bilatérale dans 30 % des cas au moment du est souvent constatée au réveil. L’examen retrouve une baisse
diagnostic et, bien que l’atteinte d’emblée bilatérale reste plus rare, d’acuité visuelle moins sévère que dans la NOIAA artéritique,
elle est en revanche évocatrice du diagnostic (16,7 % des cas) [22] . avec une amputation altitudinale unilatérale du CV. Le fond d’œil
L’atrophie optique, irréversible, s’installe en quatre à six semaines. montre une papille plutôt colorée, avec un OP sectoriel ou diffus,
Autres atteintes ischémiques du nerf optique dans la mala- des hémorragies péripapillaires fréquentes et une papille pleine
die de Horton. Si la NOIAA est la plus fréquente des atteintes controlatérale. La prise en charge d’une NOIAA non artéritique
ophtalmologiques de la maladie (97 %) [9] , l’atteinte du nerf repose tout d’abord sur la lutte contre les facteurs favorisants.
optique peut être très postérieure et le fond d’œil peut alors appa- Il n’existe pas à l’heure actuelle de consensus pour un traite-
raître normal. Il s’agit alors d’une neuropathie optique ischémique ment dans la NOIAA non artéritique. Les différentes options sont
postérieure, beaucoup plus rare que la NOIAA, dont les princi- l’aspirine (qui pourrait prévenir une bilatéralisation de l’atteinte),

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gies cérébrales) et digestifs (nausées, douleurs abdominales) qui
rarement altérée, le traitement repose sur des moyens médi-
vont accompagner l’atteinte ophtalmologique. Il s’agit d’une NO
caux. La perte de poids, en cas d’obésité, est aussi importante
bilatérale symétrique avec une baisse d’acuité visuelle profonde
que difficile à mettre en pratique. Le traitement médicamen-
et un OP.
teux de première intention est l’acétazolamide (inhibiteur de
Le diagnostic, évoqué par le contexte (troubles digestifs, neuro-
l’anhydrase carbonique) par voie orale jusqu’à 4 g/jour, les autres
logiques, confusion) et suspecté devant une acidose métabolique,
molécules disponibles étant le topiramate ou encore le furosé-
est confirmé par le dosage positif de la méthanolémie. Le trai-
mide [25] . En cas de progression de l’atteinte visuelle, qui doit
tement, qui est une urgence vitale, repose notamment sur les
être étroitement surveillée par l’ophtalmologiste à l’aide des
moyens de soutien des fonctions vitales, et sur le fomépizole,
CV, on peut avoir recours aux méthodes plus invasives décrites
qui limite la dégradation hépatique du méthanol. Malgré cela,
précédemment.
le pronostic est redoutable avec une évolution vers l’atrophie
optique [23] .

Hypertension intracrânienne
Atteintes chiasmatiques
et rétrochiasmatiques
L’œdème papillaire est la manifestation non spécifique d’une
souffrance de la tête du nerf optique ou de sa portion intraor- Une lésion parachiasmatique (adénome, méningiome, cranio-
bitaire. L’élévation de la pression intracrânienne peut être pharyngiome chez l’enfant, etc.) peut être responsable d’une
responsable d’un OP, pratiquement toujours bilatéral bien que compression chiasmatique. Le CV retrouve alors un déficit
parfois asymétrique. L’OP nécessite au moins 24 heures pour appa- bitemporal respectant le méridien vertical, pouvant se limi-
raître, et son importance est généralement corrélée à celle de l’HIC. ter à la région centrale en cas de compression postérieure. La
Un fond d’œil normal ne signe donc pas l’absence d’une HIC NO compressive secondaire est responsable d’une papille pâle
hyperaiguë ou de faible importance. avec une perte de fibres temporale et nasale, et d’une possible
Dans le cas d’une HIC, l’OP est rarement isolé, et l’on excavation.
retrouve à l’interrogatoire et à l’examen d’autres symptômes L’apoplexie hypophysaire, causée par une hémorragie d’un adé-
évocateurs : nome préexistant au sein de la glande hypophysaire, provoque
• céphalées ; des céphalées avec un syndrome méningé, et est responsable d’un
• diplopie par paralysie du VIe nerf crânien uni- ou bilatéral ; syndrome chiasmatique brutal qui associe :
• acouphènes ; • NO compressive par atteinte du chiasma ;
• éclipses visuelles. • envahissement des sinus caverneux avec ophtalmoplégie uni-
Au fond d’œil, les caractéristiques de l’OP de stase sont des ou bilatérale ;
bords flous qui masquent en partie les vaisseaux rétiniens, une • insuffisance hypophysaire aiguë.
disparition du pouls veineux, une hyperhémie papillaire, des Le pronostic vital peut être engagé en raison de l’insuffisance
télangiectasies pré et péripapillaires et des hémorragies en flam- corticotrope ou du caractère compressif de l’hémorragie intrahy-
mèche. pophysaire sur le diencéphale ; une IRM cérébrale, plus sensible
Une fois l’HIC suspectée, une IRM, une angio-IRM ou un angios- que le scanner pour cette pathologie, est à réaliser en urgence
canner est indispensable afin de rechercher une cause d’HIC pour confirmer la suspicion diagnostique.
secondaire (tumeur, thrombophlébite cérébrale), et avant la réali- En cas d’atteinte rétrochiasmatique, les CV retrouvent des
sation d’une ponction lombaire. amputations homonymes controlatérales à la lésion, respectant
le méridien vertical. Il peut s’agir le plus souvent d’un AVC, mais
aussi de lésions tumorales, inflammatoires ou traumatiques. En

“ Point fort cas d’atteinte du territoire artériel carotidien, d’autres déficits neu-
rologiques sont associés à l’atteinte visuelle. Une hémianopsie
latérale homonyme congruente isolée évoque plutôt une lésion
occipitale, territoire vascularisé par l’artère cérébrale postérieure.
Causes d’HIC secondaires La cécité corticale résulte elle d’une destruction des deux lobes
• Thrombose veineuse cérébrale occipitaux. Elle peut être précédée d’épisodes de cécité binocu-
• Tumeur cérébrale laire transitoire, de quelques minutes, responsables de flou visuel
• Hydrocéphalie bilatéral avec scintillements. La persistance d’un réflexe pupillaire
• Fistule durale normal à la lumière permet de distinguer la cécité corticale d’une
• Méningite, hémorragie sous-arachnoïdienne atteinte chiasmatique sévère bilatérale.
• Cause iatrogène : vitamine A, isotrétinoïne, cyclines,
œstroprogestatifs, amiodarone, etc.
! Conclusion
Souvent associées à d’autres symptômes généraux ou neurolo-
Hypertension intracrânienne idiopathique giques, les atteintes neuro-ophtalmologiques sont parfois isolées ;
L’HIC idiopathique, qui touche principalement les femmes la caractérisation des signes retrouvés permet de définir le degré
jeunes (98 %) obèses, est évoquée devant un OP de stase bilatéral d’urgence de la prise en charge, tout en orientant les recherches
avec imagerie cérébrale normale, imposant une ponction lom- étiologiques, notamment sur un plan radiologique.

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temps et dans sa localisation, évoque en premier lieu une [13] Thatai D, Chandy L, Dhar KL. Septic cavernous sinus thrombophle-
myasthénie. bitis: a review of 35 cases. J Indian Med Assoc 1992;90:290–2.
• Une hypertension intracrânienne doit être recherchée [14] Spellberg B, Edwards J, Ibrahim A. Novel perspectives on mucormy-
cosis: phyiopathology, presentation, and management. Clin Microbiol
devant la découverte d’un œdème papillaire bilatéral.
Rev 2005;18:556–69.
• Le diagnostic d’une neuropathie optique ischémique
[15] Guillon B, Biousse V, Massiou H, Bousser MG. Orbital pain as an
antérieure aiguë avec des arguments en faveur d’une mala- isolated sign of internal carotid artery dissection. A diagnosis pitfall.
die de Horton justifie un traitement par corticostéroïdes en Cephalalgia 1998;18:222–4.
urgence, sans attendre une confirmation du diagnostic, [16] Biousse V, D’Anglejan-Chatillon J, Touboul PJ, Amarenco P, Bousser
pour prévenir la bilatéralisation de l’atteinte. MG. Time course of symptoms in extracranial carotid artery dissec-
tions. A serie of 80 patients. Stroke 1995;26:235–9.
[17] Optic Neuritis Study Group. The clinical profile of optic neuritis.
Experience of the Optic Neuritis Treatment Trial. Arch Ophthalmol
1991;109:1673–8.
Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en [18] Optic Neuritis Study Group. Multiple sclerosis risk after optic neuritis;
relation avec cet article. final follow-up report from the optic neuritis treatment trial. Ophthal-
mology 2008;115:1079–82.
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A. Caignard (ancaignard@chu-angers.fr).
S. Leruez.
D. Milea.
Service d’ophtalmologie, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 9, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Caignard A, Leruez S, Milea D. Urgences en neuro-ophtalmologie. EMC - Ophtalmologie 2016;13(1):1-12
[Article 21-480-E-02].

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