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Agatha réécoute la bande en prenant des notes. À la fin, son cahier est couvert de
points d’interrogation.
— Qui est cette Mme Hoffman ?
Larry fait défiler les fichiers informatiques.
— Ici, il y a une photo et une brève bibliographie, mais je peux élargir la recherche.
— C’est une chanteuse d’opéra, l’interrompt sèchement Mister Kent. C’est même la
meilleure soprano du monde.
Le majordome est devenu tout rouge.
Sur la gauche, le fleuve se sépare en deux pour contourner une petite île, puis le
cours d’eau s’interrompt : les chutes du Niagara ! Le bruit qu’ils entendent, c’est le
rugissement de l’eau qui tombe à une hauteur vertigineuse, en soulevant un gigantesque
nuage de vapeur.
— Ça, ce sont les chutes américaines. Elles font plus de 250 mètres de large, et on
les appelle « Le voile de la mariée », explique Scarlett. Mais les chutes canadiennes,
appelées « Le fer à cheval », sont trois fois plus larges.
Les passagers du van ont le nez collé aux fenêtres, incapables de quitter des yeux ce
spectacle incroyable.
— Regardez cet arc-en-ciel ! lance Larry.
— Magnifique, murmure Agatha.
Watson saute dans les bras de Mister Kent et gratte sur la vitre comme s’il voulait
attraper les bandes colorées. Ils arrivent au Rainbow Bridge, une imposante structure
de fer qui relie les deux rives du fleuve. Au bout, il y a un poste frontière, orné du
drapeau canadien, avec sa traditionnelle feuille d’érable. Après avoir passé la douane,
Scarlett demande :
— Et maintenant, on va où ?
Il est 12 h 30 quand ils arrivent à l’hôtel. Il s’est écoulé exactement un jour depuis
que le vol a eu lieu dans la suite de la diva.
Par habitude, Scarlett tend sa carte de presse à l’agent de surveillance de l’hôtel,
mais c’est une erreur : pas de journalistes, le directeur a été très clair à ce sujet.
Pendant que Larry explique au garde à l’air mauvais qu’il est détective, Agatha raconte
en détail à sa cousine le but de leur visite aux chutes du Niagara.
— Laisse-moi vous aider, déclare finalement Scarlett. Je vais rassembler des
informations ici, dans la région. N’oublie pas que je suis une journaliste de terrain.
Quand je trouve des témoins, je sais comment les faire parler.
— Parfait ! acquiesce Agathe, enthousiaste.
Elles se mettent d’accord, et Scarlett part de son côté. Agatha rejoint Larry pour
l’informer que tout est réglé. Au même instant, un coursier de la TopExpress sort en
trombe de l’hôtel, les bras chargés d’une pyramide de paquets et de lettres. Il percute
Agatha dans un grand BANG !
— Pardon, mademoiselle, je ne vous avais pas vue ! s’excuse-t-il.
Agatha se relève et l’aide à ramasser les enveloppes avant qu’elles ne s’envolent
dans l’eau tourbillonnante de l’autre côté du parapet.
Une minute plus tard, le gorille de la sécurité laisse entrer les trois Londoniens avec
un grognement désapprobateur. En se dirigeant vers la réception, ils sont alors
interpellés par un homme à l’allure excentrique, qui surgit du restaurant.
Il porte un blazer gris avec des boutons rouges, une cravate jaune citron, des
moustaches et un petit bouc pointu qui lui donne un air de Lucifer.
— Mon nom est Bill Curtis, dit-il en s’inclinant. Je suis le propriétaire et le
directeur de l’hôtel Overlook.
— Et moi, je suis l’agent LM14 de l’Eye International, annonce Larry avec
assurance.
M. Curtis jette un regard méfiant au museau de Watson, qui pointe entre les bras de
Mister Kent.
— Soyez les bienvenus, dit-il enfin. Mme Hoffman vous attend.
— Là ! s’exclame-t-elle soudain. Je parie que Ratmusqué s’est caché là. Nous allons
avoir besoin de torches électriques et de bonnes chaussures de montagne.
Ses compagnons la fixent, ébahis. Larry regarde sur la carte le point indiqué par sa
cousine. Il s’agit d’un parc national, situé au cœur des collines rocheuses.
— Réserve Dark Sky ? Mais qu’estce que c’est ?
— Bien vu ! s’exclame alors Scarlett. La réserve est un endroit sauvage sans
éclairage, idéal pour se cacher en pleine nuit car il y fait très sombre. C’est un lieu
fabuleux pour les passionnés d’astronomie, qui viennent y observer les étoiles. Et le
sentier principal passe tout près d’ici.
— Vite ! les presse Agatha. Il faut se mettre en route !
— On vient avec vous, dit M. Curtis. Nous avons appelé des renforts, mais en
attendant, hors de question de vous laisser affronter seuls ce dangereux bandit.
Le petit groupe, Scarlett en tête, se met en route sur le chemin escarpé.
Le feuillage épais des arbres et les cris des oiseaux rendent la nuit encore plus
effrayante. Plus loin, la journaliste remarque une trace de pas bien nette dans la boue.
Le chemin grimpe de plus en plus, et les arbres laissent la place à des arbustes
épineux et à des rochers pointus. Bientôt, le sentier disparaît dans une étendue de
pierres.
— Éteignez vos torches un instant, souffle Scarlett. Vous allez voir...
Au-dessus d’eux, des milliards d’étoiles illuminent le ciel.
— Je ne voudrais pas gâcher le spectacle, intervient soudain Mister Kent, mais je
crois que je viens de voir une lumière.
Il désigne un gros rocher au sommet d’une petite colline très pentue, à un kilomètre
de là. Un faisceau de lumière bouge en effet dans toutes les directions, comme si celui
qui tenait la torche était perdu.
— Laissez vos lampes éteintes, ordonne Scarlett. S’il nous voit, il va s’enfuir à
nouveau.
— Qu’est-ce qu’on fait ? demande Larry.
— On forme deux groupes, propose le policier. Un pour l’assaut frontal, l’autre pour
assurer les arrières.
Le plan est approuvé. À la faible lueur des étoiles, ils ne peuvent pas aller vite, mais
le trio formé par le gorille, le directeur de l’hôtel et le tunique rouge saute entre les
rochers avec une grande agilité.
Scarlett mène son groupe derrière la colline, où ils se cachent derrière de gros blocs
de pierre. Soudain, un coup de feu brise le silence, puis la voix de M. Curtis s’élève,
dans un flot d’exclamations incompréhensibles. Ratmusqué dévale alors la colline à
toute vitesse et disparaît dans la nuit.
— Suivons-le ! s’exclame Agatha.
Mais Larry et sa cousine avancent lentement sur le chemin rocailleux, et sont vite
dépassés par Scarlett et Mister Kent. Les deux cousins s’arrêtent dans un ravin étroit où
coule un filet d’eau.
— Et maintenant ? demande Larry. On fait quoi ?
— Que dirais-tu de retrouver Ratmusqué grâce à l’EyeNet ? Si ma mémoire est
bonne, tu m’as parlé d’aligner les satellites comme tu le veux. Si tu réussis à les diriger
sur nos coordonnées, normalement nous ne verrons plus qu’une seule source
lumineuse…
— Sa torche !
— Exactement.
Larry parvient enfin à entrer les bonnes coordonnées. Une minute passe,
interminable. Soudain, il dit d’une voix étranglée :
— Agatha, je crois que la torche est juste derrière nous.
Agatha et Larry se retournent d’un coup et sont éblouis par le faisceau lumineux. Ils
poussent un hurlement dont l’écho se répercute dans le ravin.
Le voleur s’élance vers le fond du canyon, mais Scarlett et Mister Kent l’y attendent.
Il revient vivement sur ses pas et tombe nez à nez avec le trio mené par le policier.
Celui-ci tire un coup de feu en l’air, et l’homme n’a plus qu’à se rendre. Le tunique
rouge lui passe les menottes.
Agatha et Larry se jettent dans les bras de Scarlett et de Mister Kent en s’écriant :
— On a réussi ! On a capturé l’imprenable Ratmusqué !
Il reste toutefois un petit détail à éclaircir : le voleur refuse de leur dire où il a caché
les bijoux. Ils rentrent au chalet à minuit, épuisés.
— Il faudrait peut-être prévenir Mme Hoffman, suggère Agatha.
Larry, qui s’est affalé sur un fauteuil, sort son appareil et commence à chercher le
numéro avec une lenteur exaspérante.
— Pff, je suis vraiment maladroit avec cet EyeNet, aujourd’hui !
Ratmusqué agite alors ses mains prises dans les menottes et murmure :
— RM53.
— Quoi ? demande Larry, distrait.
Agatha sursaute. RM53 ? J’ai déjà entendu ça, mais où ? Je sais ! Dans l’avion
pour New York, on parlait du chef de secteur de la zone 5, celui qui nous a fait le
briefing de la mission.
Elle observe le visage de toutes les personnes présentes. Elle revoit le film des
événements depuis le début. Soudain, elle comprend… Agatha se dirige discrètement
vers Mister Kent et lui murmure quelque chose à l’oreille. Le majordome parvient à
dissimuler son étonnement. C’est le moment de révéler qui a volé les bijoux de Mme
Hoffman.
— Je réclame toute votre attention ! annonce Agatha en se plaçant au centre de la
véranda.
Elle se frotte le nez et regarde le majordome. C’est le signal. Mister Kent, jouant de
l’effet de surprise, assomme de deux coups de poing M. Curtis et le policier. Au même
moment, Ratmusqué bondit et, d’un coup de pied, fait valser le pistolet du tunique rouge
dans le lac, par la fenêtre. Le gorille est sur le point de sauter sur le majordome avec
un hurlement de guerrier, mais Agatha, les mains en l’air, se dresse devant lui.
— Arrêtez et laissez-moi vous montrer quelque chose…
— Lui montrer quoi ? demande Larry, stupéfait.
Agatha lui fait un clin d’œil.
— La cachette des bijoux, bien sûr !
Scarlett n’a pas tout compris, mais elle décide de faire confiance à sa jeune cousine.
— Vous serez notre témoin, dit Agatha au garde du corps. Quel est votre nom, déjà ?
— Smith. Robert Smith.
— Regardez bien, monsieur Smith.
Agatha sort du chalet, s’approche du cheval du policier et ouvre la besace dans un
geste théâtral. Elle en sort un colis avec le logo de la TopExpress. Elle l’ouvre
lentement. À l’intérieur : les bijoux !
— Vous voyez, les deux complices ont été très malins, dit-elle. Ils ont préparé leur
coup pendant des mois. Ils voulaient qu’on accuse quelqu’un que tout le monde croirait
coupable, à cause de son passé de voleur.
— C’est M. Curtis qui a volé les cartes magnétiques dans la loge quand Mme
Hoffman montait sur scène ? demande Larry.
— Oui. Puis il a profité de sa liberté de mouvement dans l’hôtel pour prendre les
bijoux, les empaqueter et les expédier à cette adresse.
— Et c’est lui qui a laissé le morceau de fourrure dans la chambre de Mme Hoffman
? dit Mister Kent.
— Oui, pour nous mettre sur une fausse piste.
— Et le policier, quel était son rôle là-dedans ? interroge Larry en se grattant la tête.
— Il était de mèche avec le directeur depuis le début, répond Agatha. Il venait ici
pour récupérer les bijoux, quand il a été averti par son complice que nous arrivions.
Alors il est venu à notre rencontre. Puis il a insisté pour nous précéder au chalet.
Quand il est entré dans le cottage, il a pointé son arme sur Ratmusqué, qui a été obligé
de se sauver par la fenêtre. Dans son message, l’agent RM53 nous disait qu’il était en
mission. Je suppose qu’il a trouvé ce paquet plein de bijoux en rentrant chez lui et qu’il
se demandait quoi faire. N’est-ce pas, agent RM53 ?