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LE TEXTE DU REIKI ECRIT PAR L’EMPEREUR DAIGO (896-930)

SOURCE RÉVÉLATRICE SIGNIFICATIVE DE L’ORIGINE DU REIKI


DE MIKAO USUI
(Par Christian MORTIER, Président d’Honneur
de la Fédération Française de Reiki Traditionnel)

C’est une voie très sérieuse sur l’origine de la méthode de Reiki dont Mikao USUI s’est sûrement
inspiré étant chercheur (Docteur en Ecritures) et Bouddhiste pratiquant. Son haut niveau de formation
et son génie de transcendance de simplification directe n’autorise de sa part qu’une recherche
poussée dans les textes anciens et sacrés reliés d’une connaissance approfondie des mécanismes
énergétiques de guérison spirituelle.
Etant Bouddhiste pratiquant depuis 1986, j’ai toujours recherché l’origine Bouddhiste du Reiki de
Mikao USUI, les mantras, les moudras et les symboles Bouddhistes, Shintoïstes et Taoïstes
accompagnant la pratique rituelle ne faisant aucun doute pour les initiés du Bouddhisme ésotérique.
Mon émerveillement s’est posé sur la substance du document écrit par Fabio RAMBELLI, Professeur
d’histoire des religions Japonaises à l’Université de SAPPORO (Département des études culturelles),
en 2002 dans le journal Japonais des Etudes Religieuses :

LE MONDE RITUEL DU SHINTO-BOUDDHISME


Le REIKIKI (le 2ème KI se traduisant par texte) et les initiations KAMI (JINGI KANJO) dans le
Japon fin médiéval et début moderne

En effet, Fabio RAMBELLI décrit "Le Reiki KANJO", initiation secrète issue du REIKI par un texte clé
parmi les rituels combinatoires pré-modernes. L’origine de ce texte écrit par l’Empereur DAIGO est la
suivante : un jour, une très belle femme émergea du jardin de Shinden’en, alla au Palais et expliqua le
sens profond du JINDO avec les coutumes japonaises. Puis elle transmis à l’Empereur DAIGO le
Dharma l’enseignement du Bouddha le plus secret et le plus profond : le prétendu AMEFUDA NO
MAKI. Ce chapitre là ne devait pas être transmis légèrement, même à la lumière la plus noble du
Dharma. Seul, un disciple devrait recevoir cette initiation (REIKIKI KIKIGAKI page 213)
L’article du Professeur RAMBELLI apporte un grand intérêt sur les fondations incontournables de ce
texte incluant les rituels initiatiques utilisés également pour transmettre des savoirs concernant aussi
des savoir-faire professionnels (Ce que Mikao USUI a souhaité avec le Reiki)
Dans les écrits de Fabio RAMBELLI, j’ai découvert une profonde similitude avec la pratique du Reiki
Traditionnel Japonais et Tantric® de Mikao USUI et le Reiki Kanjo, initiation secrète issue du texte du
Reiki. Dans un premier temps, le Reiki Kanjo est un rituel d’autorisation (Initiation) ; dans un second
temps, il est la certification d’un niveau d’études et de réalisation d’un élève au niveau de la
transmission (identique dans le Reiki USUI).
Fabio RAMBELLI traduit le Reikiki par : "texte sur l’essence merveilleuse du Reiki" et le Reiki Kanjo
par "rituel de la consécration par le texte du Reiki."
Mikao USUI s’est sûrement inspiré de cet enseignement racine du monde rituel du Shinto-
Bouddhisme qui a du influencer la source originelle du Reiki. En effet, trop de similitudes sémiotiques,
de théories et de pratiques dans ce texte ancien sont trop flagrantes pour dépendre d’un phénomène
stochastique ou d’un simple concours de circonstance par rapport à la méthode USUI REIKI RYOHO
enseignée par le Docteur USUI. C’est ce que je propose de développer après la lecture de l’article du
Professeur Fabio RAMBELLI que l’Institut de Reiki a traduit en Français.

INSTITUT DE REIKI
7, rue du Printemps – 75017 PARIS – Tél : 01 44 40 29 50 / e-mail : institut.reiki@wanadoo.fr – www.institut-reiki.com

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LE MONDE RITUEL DU "SHINTO BOUDDHISTE"
Source : http://www.nanzan-u.ac.jp/SHUBUNKEN/publications/jjrs/pdf/637.pdf

Le Reikiki et les Initiations Kami (jingi kanjo)


dans le Japon Fin Médiéval et Début Moderne

Fabio Rambelli
Source : http://www.semioticon.com/people/rambelli.htm

Cet article décrit un ensemble de rituels étroitement liés aux initiations bouddhistes ésotériques, dans
lesquels les symboles kami et impériaux se substituent souvent à la symbolique bouddhiste. Ces
rituels, formes de honji suijaku appliquées, sont à la base de la transmission du savoir et des
pratiques concernant les kami au sein du cadre plus large que constituait la religiosité médiévale et
kenmitsu début moderne. Le Reiki kanjo, initiation secrète issue du Reikiki, un texte clé influant bien
qu’évasif de la religion combinatoire pré-moderne, joua un rôle particulièrement important parmi ces
rituels. Considérées comme aberrations syncrétiques aux yeux des pures bouddhistes ou par
l’orthodoxie shintoïste, ces traditions rituelles furent écartées après l’ère Meijï, et n’ont pu par
conséquent faire l’objet d’une analyse approfondie. Or, ce fut au sein du contexte des initiations
ésotériques kami que les premières lignées shintoïstes prirent forme concrète. Enfin, cet article
précise également que bien qu‘étant d’origine médiévale, ces traditions rituelles touchèrent leur plus
large diffusion début du 19e siècle. Ceci nous pousse à reconsidérer l’image établie du Shintoïsme de
l’ère Edo comme religion se scindant du bouddhisme.

Dans le Japon médiéval, la transmission de tous les textes importants et du savoir en général repose
sur l’accomplissement de rituels initiatiques (kanjo). A l’origine, le kanjo était une cérémonie
bouddhiste ésotérique typique qui servait à transmettre doctrines et pratiques et sanctionnait le niveau
de réalisation des pratiquants. Vers la fin de la période Heian et plus fréquemment sous l’ère
Kamakura, différents kanjo commencèrent à apparaître sous formes de rituels initiatiques secrets
(kuden/hiden) basés sur des textes ésotériques spécifiques, des doctrines et des rites souvent de
nature hétérodoxe, telles les pratiques ou autres notions issues du Tachikawaryu ou du Genshi
Kimyodan. Peu à peu, des rituels initiatiques furent utilisés également afin de transmettre des savoirs
concernant des textes littéraires comme les recueils de poésie et le Ise monogatari (waka kanjo), des
arts théâtraux, des savoir-faire professionnels ainsi qu’artisanaux…
C’est dans ce large contexte social et épistémologique que commencèrent à se développer, sous l’ère
Kamakura, des rituels initiatiques basés sur des textes et des doctrines kami généralement connus
sous le nom de shinto kanjo ou jingi kanjo. Le contenu intellectuel de ces rituels est généralement
constitué d’instructions orales et d’interprétations ésotériques des mythes issus du Nihon shoki.
Pourtant, ce n’est pas le Nihon shoki mais un autre texte, le Reikiki, qui semble constituer le cadre
mythologique et ontologique de tels rituels. En fait, plusieurs auteurs médiévaux considèrent
explicitement le Reikiki comme étant à l’origine du shinto kanjo. Il est donc nécessaire d’étudier ce
texte afin de mieux cerner ces rituels et leur contexte intellectuel.
La raison pour laquelle s’est développée une aussi large variété de rituels initiatiques n’est pas claire.
Je crois que c’était la conséquence de la « mandalisation » systématique pratiquée dans le
bouddhisme ésotérique du Japon médiéval afin d’établir une sorte d’hégémonie culturelle parmi les
élites intellectuelles. Dans un tel cadre, chaque texte, chaque objet culturel fabriqué, incluant ceux à
caractère non religieux, était perçu comme symbole ésotérique potentiel doté de plusieurs degrés de
significations secrètes. En raison de leur accent sur la cosmologie, la cosmogonie ainsi que de la
spécificité du Japon, les textes concernant les questions kami jouèrent un rôle particulier. Les
références aux kami dans ces textes ajoutèrent également une touche concrète aux hautes
spéculations métaphysiques bouddhistes.
L’acquisition de la connaissance secrète transmise au cours des rituels initiatiques était un but
sotériologique puisqu’il s’agissait de l’équivalent de la réalisation de la libération (devenir un bouddha
ou dans le cas du shinto kanjo, s’identifier soi-même avec le kami) et impliquait une promesse de
bienfaits terrestres (au-dehors du monde religieux cela se traduisait par des succès professionnels et
artistiques) ; il s’agissait également d’une obligation morale dans la réalisation des principes essentiels
et des devoirs d’un art spécifique ou d’une profession et en même temps de l’acquisition des secrets
professionnels d’une lignée familiale spécifique.
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Cet article aborde les rituels initiatiques bouddhistes liés aux kami, particulièrement parce qu’ils
développèrent les traditions shintoïstes Shingon du Goryu (localisées à Muro-ji dans les montagnes
de l’Est de Nara) et du Miwaryu (localisées à Byodo-ji et Omiwa-dera, l’ancien Jinguji de l’actuel lieu
saint Omiwa près de Nara). Je me concentrerai particulièrement sur les rituels basés sur le Reikiki
connus sous le nom de Reiki kanjo en raison de leur centralité (tout du moins à l’origine) dans le
discours bouddhiste kami. J’analyserai le fond et la forme de ces rituels, les objets ainsi que les
activités impliquées et je suivrai leur évolution du moyen âge jusqu’à l’ère Edo. Pour cela, j’introduirai
brièvement le Reikiki afin de pourvoir des connaissances générales garantissant la compréhension
des kanjo qui lui sont apparentés. J’analyserai également les généalogies de transmissions et la
perception qu’avaient les participants à ces rituels de l’histoire de leur propre tradition. Enfin,
j’explorerai les dimensions sociales et idéologiques du Shintoïsme bouddhiste en les confrontant
également à des formes concurrentes de discours shintoïstes qui commencèrent à émerger sous l’ère
Tokugawa.

Les rituels initiatiques shingon


En général, les expressions jingi kanjo ou shinto kanjo indiquent l’initiation ou la transmission (kanjo)
des doctrines et des pratiques liées aux kami qui se déroulaient au sein des traditions shintoïstes
Ryobu principalement localisées à Miwa et Muro-ji. Des initiations similaires étaient également
accomplies dans les temples Tendaï. Les jingi kanjo présentent la même structure que les initiations
bouddhistes ésotériques, plus précisément le rituel spécifique de la consécration d’un moine (denbo
kanjo), quelque peu modifié cependant afin de mieux représenter les mythes présents dans le Nihon
shoki, la structure spatiale des lieux cultes kami. Il est donc utile de commencer par une brève
description du denbo kanjo Shingon pour ensuite analyser en détail des formes particulières de jingi
kanjo ainsi que le rôle que joua le Reikiki dans ces rituels.
L’initiation (kanjo, sk. Abhiseka) est un rituel dans lequel un maître (jp. ajari, sk acarya) transmet au
disciple l’essence du bouddhisme ésotérique. Littéralement le terme signifie « verser de l’eau sur la
tête d’une personne ». A l’origine, abhiseka était accompli en Inde lors de la cérémonie d’intronisation
d’un nouveau roi ou pour la proclamation de l’héritier au trône. On aspergeait sur la tête du nouveau
souverain de l’eau spécialement tirée des quatre océans, symbolisant de la sorte son contrôle légitime
sur le monde entier. L’adoption de ce rituel au sein de la tradition ésotérique afin de symboliser la
transmission des doctrines et des pratiques indique une circulation constante de la symbolique
impériale et religieuse dans le bouddhisme. Au Japon, une cérémonie kanjo fut accomplie pour la
première fois par Saicho (767[ou766]-822) à Takaosan-ji en 805 ; le premier kanjo complet des deux
mandalas fut pratiqué par Kukai (774-835) dans le même temple en 812.
On trouve différentes formes de kanjo classifiées de manières diverses selon des textes variés. La
typologie la plus courante repose sur cinq catégories (goshu sanmaya, littéralement les cinq sortes de
sanmaya[activité symbolique menant à la libération]). Le premier samaya est la vénération et
l’offrande au mandala. Cette catégorie correspond aux rituels effectués pour un mandala (tel le
mandaraku), est n’est pas à proprement parlé une forme d’initiation. Le second samaya est une
initiation dans laquelle une relation karmique est établie avec un aspect du bouddhisme ésotérique
(kechien kanjo). Dans celui-ci l’initié accède yeux couverts à un mandala sur lequel il jette une fleur, et
sur la base de la déité sur laquelle elle atterrit, le maître lui enseigne le mantra ou le mudra
correspondant. Le troisième samaya est accompli lorsqu’on devient disciple d’un maître (jumyo kanjo),
littéralement « initiation dans laquelle une formule est conférée au disciple ». Dans celui-ci, un objet
spécifique de méditation (mantra, mudra et visualisation) parmi d’autres choses est enseigné à l’initié.
Le quatrième samaya est le plus important. Appelé denbo kanjo (« rituel initiatique de la transmission
du dharma »), il a lieu après que le disciple ait accompli un certain cursus d’études et de pratiques
religieuses à la suite desquels il devient lui même un nouveau maître. Il existe un cinquième samaya,
une initiation secrète (himitsu kanjo) pratiquée lors d’occasions spéciales pour des destinataires
particuliers.
Le denbo kanjo et peut-être aussi le himitsu kanjo (étant donné l’origine extra-canonique des rituels
shintoïstes) apparaissent comme étant la structure de base des initiations de formes kami de l’époque
médiévale et début moderne. Le denbo kanjo étant le plus systématique et le plus complet, examinons
le plus en détail.
L’initiation authentique est précédée d’une phase de purification du corps et de l’esprit (kegyo,
littéralement « pratiques additionnelles ») qui peuvent s’étendre d’une semaine jusqu’à cent ans. Le
corps est lavé par des bains d’eau bénite parfumée et par le port d’une robe blanche. L’esprit est
purifié en recevant les préceptes samaya (sanmayakai), en prenant refuge dans les trois joyaux et en
faisant vœu de respecter certaines éthiques bouddhistes.
L’espace où doit se dérouler la cérémonie initiatique est divisée en une zone externe et interne,
respectivement gejin et naijin. Dans l’espace intérieur se trouvent deux autels sur lesquels sont placés
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le Vajra et les mandalas Matrices utilisées lors du rituel du jeté de fleurs (voir ci-dessus) ; on y voit
également un autre autel, appelé « l’autel du véritable éveil » (shogakudan), où le kanjo approprié est
accompli. Sur les murs est et ouest de la zone intérieure se trouvent les portraits des huit patriarches
humains Shingon : Nagarjuna, Nagabodhi, Vajrabodhi, Amoghavajra(Bukong), Subhakarasimha
(Shanwuwei), Yixing, Huiguo et Kukai. Le décor est donc une réplique de l’entière tradition Shingon.
Le rituel a pour but de placer l’initié au même niveau que celui de ces patriarches dans une opération
qui met l’accent sur la continuité immuable.
L’initié entre dans la zone intérieure visage couvert, rejoint un des autels et jette une fleur sur le
mandala afin de déterminer la déité avec laquelle il est karmiquement en relation. Puis, l’étoffe
couvrant son visage est enlevée d’un geste symbolisant l’ouverture de l’œil de sagesse, permettant
l’abolition de l’ultime séparation entre le monde illusoire de la réalité quotidienne et le royaume absolu
du mandala. L’initié est alors mené jusqu’à l’autel du véritable éveil (shogakudan) où l’initiation
appropriée doit avoir lieu. Il s’assoit sur un tapis représentant une fleur à huit pétales, le siège de
Mahavairocana lui-même dans le mandala, et reçoit l’initiation directement du maître. Le contenu de
l’initiation varie mais il s’agit en général d’instructions très spécifiques et pratiques sur
l’accomplissement de certains rituels ou l’interprétation de certains textes (quels moudras employer,
succession des formules mantriques...etc.). Le maître donne également au disciple un ensemble
d’objets sacrés (une couronne, un vajra, un horagai, une trompette, un miroir etc..) pour certifier de
l’accomplissement réussi de l’initiation. Ces objets symbolisent la transformation de l’initié en corps-
esprit inflexible de Mahavairocana. L’initié rend ensuite hommage aux icônes des patriarches pour
les informer de sa nouvelle réalisation. Enfin, le maître salut l’ancien disciple et le reconnaissant
comme nouveau maître, il l’abrite sous son ombrelle en signe de respect et d’équanimité. Le rituel
s’achève ici.
Les rituels kanjo étaient des compléments naturels du sémiotisme bouddhiste ésotérique qui se
configure comme une forme de connaissance libératoire extraite directement des signes. Compte-tenu
de la nature d’un tel savoir, tout le monde n’était pas autorisé à le recevoir. Les rituels initiatiques,
avec leurs régulations strictes, fonctionnent comme des moyens permettant le contrôle de la
prolifération et de l’accès au sens. Ils représentaient aussi le moyen de contrôler la légitimité.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les initiations ne révèlent généralement pas de doctrines
occultes ou de vérités ésotériques. On les trouve, ainsi qu’on les trouvait déjà dans le passé,
relativement facilement dans des textes étudiés avant l’accomplissement du rituel initiatique. Le rituel
promulgue l’autorisation d’enseigner certaines doctrines et d’accomplir certains rituels. Il garantit
également l’acquisition sotériologique de l’initié, laquelle était souvent liée à sa position sociale dans la
hiérarchie institutionnelle religieuse. En d’autres termes, les rituels initiatiques contrôlent la
structuration et la reproduction du système ésotérique bouddhiste, système qui repose à la fois sur le
savoir et le pouvoir. Ce n’est donc pas le fruit du hasard si le denbo kanjo devint la base des
procédures transmettant la connaissance légitime en s’intégrant à certains systèmes hiérarchiques
telles les lignées familiales s’occupant de littérature spécifique, de textes artistiques, des technologies
et d’enseignements extra-canoniques telles les questions liées au kami.

Shinto Kanjo
La relation entre la symbolique religieuse et impériale typique des rituels initiatiques du bouddhisme
ésotérique fut développée davantage dans les rites ésotériques concernant la transmission des
doctrines et des pratiques liées aux kami, dans lesquels les objets rituels ainsi que les images étaient
directement en relation avec l’Empereur Japonais. Beaucoup de textes décrivant le shinto kanjo
existent toujours. Apparemment, il n’y avait pas une structure de base unique mais différents modèles
organisés autour du denbo kanjo Shingon, comme résumé ci-dessus. Comme nous le verrons ci-
dessous, le shinto kanjo devint au fil du temps de plus en plus complexe par l’addition de nouveaux
segments rituels, d’objets sacrés, de sens et d’images. Ce qui suit dans cette section est une
description du rite initiatique Miwa authentique selon les formes kami basées sur le Miwaryu jingi
kanjo (1818).

Passage à travers trois torii et purification


Dans les sanctuaires shintoïstes majeurs, il faut traverser trois portails torii avant d’atteindre le hall
principal. La première étape des initiations shintoïstes est présentée de manière analogue comme un
passage au travers de trois torii durant lequel diverses purifications du corps et de l’esprit sont
accomplies. Les trois torii font référence respectivement au ciel, à l’homme et à la terre, chacun
correspondant aux cinq kami parmi ceux répertoriés dans le Nihon shoki, soit un total de quinze kami.
Au premier torii le disciple accomplit un rituel de protection afin de se protéger lors de la phase de
contact avant le divin. A chaque torii le maître asperge d’eau le disciple, ensemble ils entonnent des
mantras et des invocations envers les kami.
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Approche de l’autel principal
L’initié commence par purifier son corps avec de la fumée d’encens et de l’eau bénite parfumée tout
en entonnant des formules, des chants mantriques et visualise des lettres Sanskrites. Puis, les yeux
couverts d’une étoffe blanche ou rouge, il pénètre dans l’espace rituel principal. Afin d’y parvenir il doit
passer au-dessus d’un encensoir en forme d’éléphant et exposer son corps à la fumée. La fumée
d’encens symbolise l’ultime élimination des afflictions, le réveil de la bodhicitta et l’acquisition de
l’esprit du boddhisattva Fugen. (l’éléphant représente en fait le mont Fugen selon l’iconographie
traditionnelle). L’initié se tient désormais debout devant l’autel en forme de lotus à huit pétales, image
clairement issue du bouddhisme ésotérique. Au centre se situe Tensho daijin entouré de cinq kami
étroitement liés au centre culte Miwa : Miwa, Sumiyoshi, Kumano, Kasuga, et Hachiman. On trouve
autour d’eux les vingt-quatre déités principales des lieux saints majeurs du japon. L’initié lance une
fleur sur l’autel mandala établissant de la sorte un lien karmique avec un kami. On lui enlève
maintenant l’étoffe des yeux. Il peut alors voir le monde réel des déités et leur rendre hommage.
Derrière cette autel se situe un autre espace carré sacré entouré de torri et de palissades sur les
quatre côtés, chacune représentant un des éléments matériels du cosmos ( terre, eau, feu, air, plus
l’espace et la conscience) et un kami (Ame no mikudari musubi no mikoto, Ame no ai musubi no
mikoto, Ame no yahoyorozuhi misubi no mikoto, Ame no minakanushi no mikoto). Au centre de cet
espace se trouve un arbre sakaki couvert d’une étoffe représentant Tensho daijin se cachant dans la
caverne des cieux, comme il est raconté dans le mythe Nihon shoki. Un miroir est suspendu à l’arbre
sakaki représentant le miroir sacré (yata no kagami), le premier insigne impérial. L’avant du miroir
symbolise Tensho daijin, l’arrière Touyouke daijin, les deux déités principales des Sanctuaires d’Ise.
Leur combinaison est représentée par le joyau sacré (yasakani no magatama), le second insigne
impérial. Des deux côtés du miroir se trouvent deux épées qui représentent l’épée sacrée (ame no
murakumo no tsurugi), le troisième insigne impérial. D’autres objets sont présents dans cet espace
sacré (des guirlandes, des tablettes ema, des copies du Sutra du Cœur) dans une association
complexe de motifs tirés du bouddhisme ésotérique et des cultes kami.
En général, l’espace sacré du rituel est une représentation de l’univers honji suijaku, dans lequel les
objets kami sont les symboles des bouddhas dans le mandala. En fait, ce rituel peut être défini comme
une forme appliquée de honji siujaku. La structure métaphorique sous-jacente au rituel - un passage
du profane au sacré, de l’ignorance à la sagesse, du monde humain à celui des déités - est une
adaptation directe de la symbolique bouddhiste ésotérique (La section du jeté de fleurs et le
dévoilement du royaume des déités, le mandala etc..) doublée de la substitution d’articles à valeur
kami (les torii, l’arbre sakaki, l’autel, les kami qui remplacent bouddhas et bodhisattvas etc.…). La
manière dont se déroule l’initiation elle-même, qui dans le bouddhisme ésotérique est décrite au
travers du symbolisme de Nagarjuna ouvrant le Stupa de Fer dans le sud de l’Inde (voir Orzech 1995),
est représentée dans le shinto kanjo par des références au mythe de l’ouverture de la caverne des
cieux dans laquelle Amaterasu s’était cachée. Le sens véritable de l’initiation – la vraie nature des
déités d’Ise - est représentée par les trois insignes impériaux très semblables au modèle bouddhiste
ésotérique dans lequel l’initiation et l’éveil sont décrits en empruntant des métaphores impériales
indiennes.

Incarnation de l’espace sacré du kami


Quand l’initié pénètre l’espace sacré du kami, il incarne la cosmologie du système qu’il représente.
Ceci s’exprime à travers le poème secret récité lors de l’occasion « mon corps est l’espace sacré du
kami (kami no yashiro) ; mon souffle est le Temple Extérieur et Intérieur[du sanctuaire d’Ise] »
(Miwaryu jinji kanjo shoju shi ki, p 53). Le Miwaryu shinto kanjo ho shinsho explique « ce hall rituel est
le vide ; le vide est l’esprit unique. Ceci est la terre pure ; Cette terre pure est l’endroit où demeurent
les kami. En entrant dans ce hall rituel et en recevant l’initiation, on se sépare de l’illusion de la vie et
de la mort et on acquière l’esprit de Mahavairocana Tathagata » (shinto ho shinsho, p 82 ; voir aussi
Hatta 1991, pp 87-88). Cette phase sotériologique équivaut à celle des autels dans les halls Yuki et
Suki à l’époque des cérémonies d’intronisation impériale. (daijosai)

L’autel de l’éveil parfait (shogakudan)


L’étape suivante du rituel se déroule près de l’autel de l’éveil parfait. Maître et disciple sont assis sur
des coussins décorés par un lotus à huit pétales de chaque côté de l’autel rectangulaire. Les coussins
représentent le siège lion du bouddha, qui symbolise le fait que les deux participants à l’initiation sont
déjà des bouddhas pleinement réalisés. Le maître asperge le disciple d’eau bénite et entonne ensuite
une formule reliée à une visualisation ésotérique. « sur la tête de l’initié se trouve la lettre kham. Elle
projette une lumière intense. En son centre si situe un disque lunaire et au-dessus se situe la lettre
vam. Elle se transforme en un vajra à une branche . Le vajra se transforme en Toyouke daijin. Sur le
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même disque lunaire de l’esprit apparaît la lettre A. Elle se transforme en miroir sacré. Le miroir se
transforme en Tensho daijin (Amaterasu) » (Miwaryu jinji kanjo shoju shi ki, p53) . Le disciple se
purifie une nouvelle fois avec de la fumée d’encens et le maître lui donne les trois insignes impériaux
(le joyau, l’épée, le miroir) de même que des mantras et des explications secrètes. Enfin, l’initié, en
signe de confirmation de sa réalisation, entonne un poème secret selon lequel dorénavant toutes ses
pensées et toutes ses actions seront l’accomplissement des kami. Les kami sont représentés ici
comme étant la force de vie à l’intérieur des êtres humains.

Reiki Kanjo
Le prochain segment rituel est l’initiation selon le Reikiki. Il représente l’incarnation de l’esprit du kami
symbolisé extérieurement par les trois insignes impériaux et par le Temple Extérieur du Sanctuaire
d’Ise. J’analyserai cette phase dans la prochaine partie de cet article.

Initiation selon la signification secrète du mythe de la caverne des cieux


La légende mythique à la base de ce segment rituel est celle dans laquelle Tensho daijin, fatiguée par
les actes malveillants de son frère Susanoo, se cacha dans une caverne. Le Miwaryu interprète ce
mythe comme étant l’accomplissement du Reiki kanjo réalisé précédemment . La caverne représente
le Hall Sacré (shinden) du Temple Intérieur ; Tensho Daijin à l’intérieur de la caverne est perçue
comme la métaphore correspondante du tathagatagarbha, selon laquelle la nature de bouddha est
présente de manière cachée dans chaque être. Selon le langage symbolique du mythe, l’initiation
révèle à l’initié sa propre nature de bouddha ainsi que la présence en lui-même de l’esprit de Tensho
daijin. Dans ce cas Tensho daijin est dénommée Ohirume no muchi.

Second et troisième degré du SHINTO KANJO


Nous avons vu jusqu’à présent le premier degré (shoju) du rituel initiatique du shinto. Des documents
tel le Miwaryu shinto genryu shu décrivent également un second et un troisième degré. Leur structure
est essentiellement la même que la première. Cependant, les kami impliqués et certains mantras et
moudras différent. Il est intéressant de noter que le second degré est appelé dans certains documents
« sokui kanjo bun » (section de l’initiation d’intronisation), une référence encore plus explicite aux
rituels impériaux. Durant la cérémonie le maître dit au disciple :
« le sceau (jinji) représente le symbole du souverain de ce pays. Il est gardé dans le palais impérial et
remis à l’Empereur lors de la cérémonie d’intronisation. Maintenant je vous le donne. Pénétrer le hall
de l’initiation d’intronisation signifie que les roturiers sont sur le même plan que l’Empereur. Etant
donné que les moines sont sur le même plan que celui du bouddha, lorsque les roturiers regardent cet
autel, ils acquièrent le siège impérial. C’est une indication selon laquelle les gens ordinaires sont des
bouddhas. » (Miwaryu shinto genryu shu, p 347)

Ce passage propose un modèle sotériologique pour les profanes qui consiste à « acquérir le siège
impérial », ce qui signifie devenir des empereurs, correspondant à l’étape intermédiaire dans le
processus de transformation vers la bouddhéité. L’idée sous-jacente à ce modèle est peut-être la
suivante. Afin de devenir bouddha directement, il est nécessaire d’abandonner le monde profane
(shukke) et de devenir un moine. En ce sens « les moines sont sur le même plan que le bouddha ».
Les roturiers doivent traverser une étape intermédiaire, celle de l’Empereur, qui était ainsi perçu au
Japon comme la manifestation du bouddha. Des formulations similaires plaçant les roturiers sur le
même plan que l’Empereur – des formulations selon lesquelles le maître attribue à l’initié les
prérogatives de l’Empereur - accompagne la transmission des deux autres insignes impériaux. Il est
cependant difficile de dire si ce rituel était accompli également pour les roturiers, comme la formule
précédente semble le suggérer, ou si ces formulations sont essentiellement rhétoriques. Je reviendrai
sur cette question dans la conclusion.
Le troisième degré des initiations s’effectue apparemment sans moudras et mantras. Comme l’indique
un texte, l’essentiel de ce degré consiste dans la récitation de la phrase suivante :
« je suis Tensho daijin (…) kami et bouddhas ne nous sont pas extérieurs ; je suis Mahavairorana, le
Tathagata de l’illumination originelle.(…) pour ceux qui se trouvent dans l’illusion, Tensho daijin est
différente des êtres ordinaires. Pour les éveillés, les êtres ordinaires et Mahavairocana ne font qu’un.
(Miwaryu shinto genryu shu,p349)

En d’autres termes, le second et le troisième degré approfondissent la conscience de l’identité de


l’initié, d’une part avec l’Empereur, et d’autre part avec Tensho daijin. J’aborderai quelques
implications de ces identifications dans la conclusion de cet article.
Les rituels shinto kanjo, tout comme les autres initiations ésotériques, étaient des rituels secrets. Dans
leur forme paradigmatique, seul un nombre limité de disciples sélectionnés y avait accès. De
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nombreux textes apparentés au Reiki kanjo précisent qu’un seul disciple doit recevoir l’initiation de
chaque maître. On intensifiait le secret par des formules de malédiction à la fin des textes. On trouve
par exemple dans un document « celui qui viole ces règles [concernant la transmission du secret]
n’est pas descendant de Amaterasu Omikami (« Nihongi shiryo » dans abe2000, p 72), suggérant
donc une sorte d’excommunication de la lignée d’Amaterasu (et peut-être également du peuple
japonais ?). D’autres textes avertissent que les instructions que contiennent les textes « ne doivent
pas être transmises pour mille pièces d’or, qu’elles « doivent être gardées dans le plus grand secret et
que les violateurs de cette règle encourront la sentence des kami » (shinbatsu) ou quelque châtiment
divin (meibatsu).

A l’origine du shinto kanjo : le Reikiki


Dans son jindaikan shikenmon, le prêtre Tendai Ryohen (fin 14e/début 15e) écrivit : « ce que le
Shingon appelle kanjo, le Shintoïsme l’appelle Reiki ; le Reiki est par conséquent « un autre terme
pour définir kanjo »(p.585). Il est impossible de savoir si l’explication de Ryohen était très répandue,
mais l’importance du Reikiki et du Reiki kanjo en particulier dans les rituels kami bouddhistes est très
claire. Plus précisément, le prête Jodo-Shingon Shogei(1341-1420) écrit à propos du 12e fascicule du
Reikiki : « A en juger une instruction orale (kuden), l’initiation d’origine (kanjo) repose sur ce
fascicule » (Reikiki shisho, p.30). Le Reikiki seisakusho réitère ceci « il est indiqué que l’origine du
kanjo réside dans ce [i.e, 12e] fascicule (p 163). Ainsi, les observateurs établissent une connexion
explicite entre l’origine du shinto kanjo et le Reikiki, en particulier dans son 12e fascicule. Etant donné
l’importance du Reikiki pour l’histoire et la compréhension du shinto kanjo, et puisque notre analyse
ultérieure du rituel fera fréquemment référence à ce texte évasif, il semble nécessaire d’apporter
quelques informations le concernant avant de traduire son 12eme fascicule.
Le Reikiki est un des textes le plus important de la tradition shintoïste Ryobu. Il est composé de 18
fascicules : 14 composent le texte principal, les 4 derniers contenant exclusivement des ouvrages
iconographiques. De nombreuses copies du texte existent bien que les érudits aient signalé la
présence d’au moins trois versions différentes. Ce texte intriguant défie toutes les catégories qu’ont pu
développer les académistes ou autres « religionistes » au cours des siècles afin de classifier les
doctrines shintoïstes et leurs rituels. Son étrange association d’éléments japonais, chinois et indiens le
rend tout à fait irrégulier dans le panorama de la culture de la religion japonaise médiévale. De ce fait,
ce n’est probablement pas par hasard que le Reikiki ait été aussi peu étudié.
Malgré son importance, on connaît peu de chose sur son origine. Il fut attribué dans le passé à
différents personnages tels que Kobo Daishi, Shotoku Taishi et même à un effort collectif entre En no
Gyoja, Kobo Daishi , Dengyo Daishi et l’Empereur Daigo. Le texte lui-même se revendique de la
transcription faite par l’Empereur Daigo (885-930,r897-930) d’une initiation secrète qu’il aurait reçu de
la femme dragon vivant dans la mare de l’enceinte du palais impérial. Les érudits modernes pensent
que le Reikiki fut écrit par un ou des prêtres Shingon en relation avec le Sanctuaire d’Ise (Ito Satoshi
dans le shinto jinten ,p.790d). Cette attribution n’est pourtant pas complètement convaincante étant
donné la présence de nombreux éléments ésotériques Tendaï dans le texte. Notons également
l’absence d’informations claires concernant la date et l’endroit de la composition de l’œuvre. Le texte
est cité dans le Ruiji jinji hongen de Watarai Ieyuki de 1320, et devait par conséquent déjà existait à
l’époque. Sur la base de sources citées dans le Reikiki ainsi que des idées présentes dans celui-ci,
des érudits le considèrent comme un texte datant de la fin de l’ère Kamakura Wata Hidenori en
particulier date sa composition entre l’ère Koan (1278-1288) et 1320 (Heibonsha Daihyakka jinten,
vol.15 : 860).MURAYAMA pense qu’il fut crée par un prêtre fréquentant le Sanctuaire Extérieur d’Ise,
mais nous n’avons pas de preuves concrètes de cela (1974, p.344).
Toutes les attributions apocryphes que j’ai mentionnées suggèrent un lien étroit déjà établi au niveau
de la paternité littéraire et rationnelle de la composition de l’œuvre entre le Reikiki, les doctrines
bouddhistes ésotériques et les protocoles impériaux concernant les kami. Le statut de ces derniers est
en fait un des points d’attention majeurs du texte, mais le Reikiki ne relève pas du traité philosophique
mais plutôt du manuel rituel. Les thèmes abordés dans les divers chapitres sont très courants dans la
littérature combinatoire médiévale. Ils se classifient de la cosmologie (particulièrement les théories
cosmogoniques et la place du Japon dans l’univers) à la théologie (le statut et le rôle des kami), la
sotériologie (théorie et pratique de libération par divers éléments hongaku [originellement illumination],
au rôle de l’autorité, surtout celle de l’Empereur, et aux questions liées à la représentation du sacré.
La façon dont ces thèmes sont traités est cependant étrange, dans certains cas sans aucunes autres
équivalences avec d’autres textes déjà existants. Ceci, ajouté à une iconographie singulière marque
peut-être une indication sur la nature essentiellement expérimentale du Reikiki.
La singularité du Reikiki se perçoit sous différents aspects. Le plus frappant réside sans doute dans
son lexique obscur qui se lit dans deux langues relatant souvent des choses différentes. Par exemple
le terme zokutai (« corps profane ») écrit en caractère chinois est traduit makoto no sugata (« aspect
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véritable ») dans le katakana. Cela diffère certainement selon les buts recherchés : donner au texte
une valeur plus symbolique par sa qualité obscure et initiatique, le démarquer des autres discours
shintoïstes qui se développaient en ce temps ou exploiter explicitement les possibilités de langage afin
de mettre en valeur les principes initiatiques les plus hauts. La structure du texte est très libre. On y
trouve généralement un manque de cohérence discursive et thématique. Les mêmes sujets sont
traités dans plusieurs fascicules. Le Reikiki apparaît comme l’assemblage d’une grande variété de
textes et de documents : récits cosmogoniques, tableaux de lignées, noms de déités, mythes et
contes d’origines diverses, (plus cités que relatés intégralement), instructions rituelles, doctrines
bouddhistes ésotériques…etc.. Ceux-ci sont associés suivant une logique qui n’est pas très claire. Sa
nature fragmentée confère au texte un parfum étrangement post-moderne. Le plus important reste son
sens rituel très claire que j’analyserai au cours des deux sections suivantes.

Le Rituel et les dimensions Mythiques du Reikiki


Examinons de plus près le 12e fascicule du Reikiki, lequel est décrit par les spécialistes médiévaux
comme étant l’essence du texte intégral et l’origine des rites initiatiques bouddhistes basés sur les
kami. (Dans la traduction, les expressions en accolades rendent l’interprétation de la lecture katakana
des caractères)

Le Reikiki de la Représentation des Trois Mondes {Manifestation des déités détachées de ce monde}

Le rayonnement du roi des cieux Mahabrahma, le souverain originel du monde de Saha, est descendu
par la métamorphose de son aspect véritable{corps profane} et l’apport unique de son
âme/joyau{miroir}. Depuis le temps de la création du ciel et de la terre, c’est à dire le temps où la
claire matière fut définie en tant que ciel et la matière trouble en tant que terre, quand la substance
pure fut placée au-dessus et la substance impure en-dessous, depuis que le haut et le bas furent
définis, ignorance et illumination apparurent, la discrimination ainsi que les deux concepts d’être et de
non-être furent établis, l’absolu et le chemin inconditionnel furent oubliés et la nature lumineuse et
absolue perdue. Désireux de rendre les êtres conscients de cela, le roi Brahma, accompagné de
trente-six kami, sont descendus dans le monde de Saha ; ils ont parcouru le chemin, claquant leurs
cymbales, faisant retentir leurs cloches, faisant entendre leur voix et révélant les choses. (Le passage
ci-dessus est extrait du Hozanki)
Le sermon éternel du roi des cieux Mahavairocana :
Formule essentielle : donnée en premier à l’homme : Vajradhatu vam
Formule essentielle : donnée ensuite à la femme
Le Roi des Cieux Mahabrahma dénomme ceci « Mahavairocana du royaume Vajra »
Formule essentielle : chanter vam hum trah hrih ah
Ceci représente la graine mantrique de l’esprit unique des êtres sensibles.
La formule exprime le fait que les noms représentent l’essence des choses : Vam A vam ram ham
kham
Le Feu du roi des cieux Mahabrahma, le souverain originel du monde de Saha, est descendu par la
métamorphose de son aspect véritable{corps profane}apportant son unique âme/joyau originel{miroir}.
Accompagné de trente-deux brahma, il est descendu se métamorphosant, a pénétré le palais du
Dragon et a transmis le Dharma de son esprit.
Quand il est descendu du ciel il a transmis cette formule essentielle : a vi ra hum kham transmise en
premier à la femme.
Formule essentielle : a a am ah amh transmise par la suite à l’homme.
Le Roi des Cieux Mahabrahma dénomme ceci « Mahavairocana du royaume Matrice »
Lorsque ceci est accompli, chanter a va ra ha kha. La formule exprime le fait que les noms sont
l’essence des choses : a ra pa ca na
De la sorte, la rencontre et l’union des deux éléments (ryobu) constitue la permanence du corps
sublime éternel. On ne peut définir ce qui vient en premier de ce qui vient ensuite, les deux éléments
ne peuvent être distingués. Ceci est la sublime et incompréhensible opération du non-dualisme, l’autel
du kami représentant l’identité de trois mille. (Le passage ci-dessus est extrait de Amefudasho).

Les spécialistes du moyen âge analysent ce chapitre du Reikiki afin de trouver des indices sur l’origine
et le sens du texte intégral. Ryohen écrit dans le jindaikan shikenmon :
Les enseignements datant de l’âge des dieux avaient été oubliés et personne ne les connaissait plus.
Même l’Empereur qui gardait les trois insignes et les transmettait de génération en génération ne
connaissait pas leur signification. Un jour, l’Empereur Engi [Daigo] demanda en vain à des
représentants de toutes les écoles bouddhistes du royaume. Il y avait en particulier un texte d’une
seule page dont le sens était inconnu. L’Empereur, attristé, priait les bouddhas et les kami [pour
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répondre à sa question] lorsqu’une femme vêtue de bleu émergea de la mare du jardin impérial de
Shinshen’en et lui enseigna. C’était l’émissaire de Tensho daijin (Amaterasu). Le texte en question
était le 12e fascicule du Reikiki intitulé Amefuda no maki.
(extrait de OGAWA 1997, p 155)

La femme mystérieuse dit à l’Empereur « vous révérer le bouddhisme, il est donc bon pour vous
d’étudier le jindo [le royaume des kami] selon les écritures des patriarches qui ont répandu le
bouddhisme au Japon ».(OGAWA 1997, p 155)
Le Reikiki kikigaki, un recueil de notes prises par Raisun (n.d) lors de conférences données par
Ryohen, nous donne des indications supplémentaires :

L’origine de ce texte [Reikiki] est la suivante. Un jour, durant le règne du 60e souverain humain,
l’Empereur Daigo, une femme très belle émergea de la mare du jardin de Shinden’en, alla au Palais et
expliqua les sens profonds du jindo et des coutumes du Japon.[…] Puis, elle transmit à l’Empereur le
Dharma le plus secret et le plus profond, le prétendu Amefuda no maki. Ce chapitre là ne devrait pas
être transmis légèrement, même à la lumière la plus noble du Dharma. Seul un disciple devrait
recevoir cette initiation.
(Reikiki kikigaki, p.213)

Nous trouvons ici une variante intéressante de la parabole de la femme dragon dans le Sutra du
Lotus, à la différence que dans notre cas la femme dragon s’adresse à l’Empereur du Japon au sujet
des coutumes de son pays et du jindo - le royaume de kami. Dans cette version du récit d’origine du
Reikiki, l’Empereur n’était pas incité à demander de l’aide divine afin de comprendre le talisman des
cieux qu’il avait trouvé, comme dans l’histoire précédente. Dans ce cas le talisman est un texte sacré
donné à l’Empereur par la femme dragon après l’avoir initié, il fonctionne donc comme un double du
joyau/relique (dans l’histoire originale du Sutra du Lotus), comme un outil religieux puissant.
Comme il est argumenté de manière convaincante par Ogawa, le 12e chapitre du Reikiki décrit
l’origine imaginaire du shinto kanjo (OGAWA 1997, p.154). Comme nous pouvons le voir à partir des
récits légendaires relatés ci-dessus, le destinataire originel de ce rituel était l’Empereur Daigo ; le
contenu du rituel était constitué de vérités et de coutumes en relation avec le Japon et les kami. La
partie finale du chapitre est censée reproduire les phases variées du rituel initiatique marqué par une
série de mantras et de visualisations qui lui sont apparentés.

Reiki kanjo
Tournons notre attention vers le Reiki kanjo. Etant donné qu’il semble y avoir différents protocoles
pour ce rite, il est difficile d’identifier un model unique. La source la plus ancienne se rapportant à
l’accomplissement du Reiki kanjo est un document de transmission (injin) intitulé « Nisho Kotaijingu
Reiki kanjo injin » préservé au temple Shinpuku-ji à Nagoya. Il rapporte que le 21 du cinquième mois
1353 (Bunna 2), le prêtre Gikai de Chushoinryu le transmit à Yue, le prêtre résidant de Takahata Fudo
dans la province de Musashi. La deuxième source la plus ancienne est le Reiki seisakusho, écrit avant
1389 (Koo 1) ; une note à la fin du livre suggère qu’il eut été donné à un initié lors du Reiki kanjo
comme commentaire du Reikiki.
Le même texte contient également le certificat d’initiation et les procédures rituelles à partir desquels il
est possible de se faire une idée du Reiki kanjo vers l’ère Nanbokucho (Reiki seisakusho, pp.153-54).
Ce qui suit est une reconstruction du rituel sur la base du document précédent.
1. Préparation de l’environnement
1a L’image principale (honzon) est mise en place ; c’était probablement une image peinte de
l’épée sacrée (riken) suspendue au mur.
1b L’encensoir et les offrandes sont mis en place.
1c Maître et disciple prennent leur place respective sur des tapis spécialement préparés et se
saluent en s’inclinant deux fois.

2. Accomplissement
2a Le maître (ajari) lève sa main droite, le disciple la gauche et ensemble ils forment le sceau du
vajra à cinq branches ; ils entonnent les formules du Vajra et des Royaumes Matrices,
respectivement vajradhatu vam et a vi ra hum kham.
2a’ Maître et disciple se saluent deux fois et répètent l’opération précédente mais en invertissant
leurs mains (le maître utilise sa main droite, le disciple sa gauche). Le Reikiki kikigaki de
Ryohen indique que dans ce segment, maître et disciple échangent leur siège ; le
Seisakusho ne spécifie pas ce détail.

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2b Le maître lève sa main droite, le disciple la gauche, ensemble ils forment le sceau de la non-
dualité ; ils entonnent les syllabes germes mantriques des cinq bouddhas du royaume Vajra
(vam hum trah hrih ah) et les cinq transformations de la lettre A symbolisant le royaume
Matrice (a a am ah amh).
2b’ Maître et disciple se saluent en s’inclinant deux fois et répètent l’opération précédente mais en
invertissant leurs mains (le maître utilise sa main droite, le disciple sa main gauche)

3. Procédures finales (non décrites)


Comme nous pouvons voir d’après l’exposé précédent, le Reiki kanjo est essentiellement une
variante des rites ésotériques kanjo. La déité principale (honzon) du rituel était probablement un
parchemin représentant l’épée sacrée éliminant les afflictions et indiquant le principe véritable de
l’univers (ri). La singularité du rituel consiste dans le fait que le maître et le disciple forment
ensemble des moudras de leurs mains réunies. Comme le suggère ITO Satoshi, c’était
probablement une représentation de l’union des principes yin et yang (2000b,p.84), un thème qui
imprègne le Reikiki, les textes shintoïstes de Ryobu ainsi que les rituels en général.
Dans ce contexte, le disciple se charge en premier du rôle de la femme puis de l’homme, pour
indiquer la réalisation du processus religieux. Nous pouvons voir dans cet aspect sexuel une
manifestation d’une métaphore plus générale du bouddhisme ésotérique, à savoir le fait que
l’illumination était décrite comme « transformer de femme en homme » (hennyo nanshi). Cette
métaphore ne s’appliquait pas seulement aux femmes, mais représentait une image plus générale
de transformation sotériologique.
L’argumentation la plus complète sur le contenu de l’initiation selon le Reikiki nous a sans doute
été laissée par le moine Jodo-Shingon Shogei dans son Reikiki shisho. Son commentaire est
plutôt impénétrable pour le lecteur non initié, mais il permet de bien illustrer le goût pour la
spéculation du bouddhisme ésotérique médiéval en ce qui concerne les questions kami. Nous
pouvons reconstruire la structure du récit sous-jacent au rituel de Shogei de la manière suivante.
L’initiation est une réplique de la transmission de la femme dragon à l’Empereur Daigo, qui
comme nous l’avons vu concernait un talisman céleste lié à la création de l’univers (et du Japon
en particulier) ainsi que le maintien de l’ordre sacré du cosmos. Cette transmission, comme le
signale le chapitre traduit du Reikiki ci-dessus, était également liée aux dieux qui descendaient sur
la terre afin d’éveiller les êtres humains sur la raison de leur souffrance : cela est dû à la création
originelle qui produisit la différentiation, la discrimination et la renaissance.
Les deux séries de mantras du 12e fascicule du Reikiki qui sont au centre du rituel initiatique
représentent les deux principes qui structurent l’univers : masculin et féminin, principe (ri) et la
sagesse (chi), le Vajra et le mandala Matrice. Dans la première série, le mandala Vajra (de paire
avec l’humanité et le principe cosmique), représenté par le premier mantra vajradhatu vam, est le
point de départ du processus sotériologique. Le second mantra, vam hum trah hrih ah, indique le
type d’illumination associé au mandala Vajra, c’est à dire l’esprit pur et immaculé imprégnant le
Dharmadhatu dans la forme des cinq sagesses (gochi) associées aux cinq bouddhas centraux du
mandala. Le troisième mantra, vam a vam ram ham kham, indique, par contraste, la matérialité de
Mahavairocana. L’implication réside dans le fait que l’initié incarne à la fois le corps et l’esprit de
Mahavairocana dans le royaume Vajra. Ce stade représente l’illumination originelle, la possibilité
innée de réaliser que nous sommes un bouddha.
Avec la seconde série de mantras, nous sommes maintenant dans le mandala Matrice. Les cinq
éléments représentés dans le premier mantra indiquent la possession par l’initié du corps matériel
de Mahavairocana. Le second mantra indique le processus sotériologique pour devenir un
bouddha culminant avec le Mahavairocana réalisé. Le dernier mantra sanctionne la réalisation
finale.
Regardons maintenant de plus près l’interprétation de Shogei.
Le premier mantra vajradhatu vam est enseigné en premier à l’homme puis à la femme. Etant
donné que les femmes ne participaient pas à de telles initiations, « homme » et « femme » dans le
texte font référence respectivement au maître et au disciple. Leur relation était souvent exprimée
métaphoriquement en des termes sexuels. La formule signifie : Vajra (vajra) royaume (dhatu)
Mahavairocana (vam), c’est à dire, la modalité du bouddha cosmique dans le royaume Vajra. En
d’autres termes, le mantra représente le royaume Vajra, c’est à dire le principe cosmique (ri) et le
principe masculin.
Le mantra suivant, vam hum trah hrih ah, représente l’état d’illumination associé au royaume
Vajra. Le mantra représente les cinq bouddhas (respectivement Mahavairocana, Aksobhya,
Ratnasambhva, Amitabha, Sakyamuni), les cinq directions (centre, est, sud, ouest, nord), et
d’autres séries corrélatives basées sur eux. L’expression « ceci est la graine mantrique de l’esprit
des êtres sensibles » fait référence à la transformation de la machine discriminatoire de l’appareil
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mental en pur miroir clair indifférencié, habituellement référé en tant que cinq sagesses (gochi).
En fait, selon le bouddhisme ésotérique, l’illumination (c’est à dire l’acquisition des cinq sagesses)
repose précisément sur une telle transformation de la conscience ordinaire qui est censée
apparaître lors du rituel.
Dans notre cas, cette transformation est produite par un ensemble de mantras. En particulier, le
ah représente la transformation des cinq consciences sensorielles en sagesse permettant la
perfection de tous les actes (joshosachi) ; hrih indique la transformation de la sixième conscience
(ishiki) en sagesse d’appréciation des particularités individuelles au sein de la totalité
indifférenciée (myokanzatchi) ; trah indique la transformation de la septième conscience
(manashiki) en sagesse de l’identité indifférenciée du sujet et de l’objet (byodoshochi) ; hum
représente la transformation de la huitième conscience (arayashiki) en sagesse réfléchissant
toutes les choses comme un miroir parfait (daienkyochi) ; enfin, vam représente la neuvième
conscience (amarashiki). A cause de son statut particulier amarashiki n’est pas sujet à
transformation mais constitue le mandala non duel et sans signe du monde Dharma, ou, en
d’autres termes, la sagesse de la nature originelle de Dharmadhatu (hokkaitaisho chi). Ceci
explique pourquoi ces cinq syllabes sont définies comme étant la graine mantrique de l’esprit des
êtres sensibles : elles représentent l’esprit universel pur et immaculé imprégnant le Dharmadhatu
(êtres sensibles et bouddhas) dans la forme des cinq sagesses.
Shogei explique ensuite la phrase « la formule exprime le fait que les noms représentent
l’essence des choses » et aborde une question importante concernant la philosophie du langage
du bouddhisme ésotérique. Il argumente que parmi les trois dharma linguistiques (noms, phrases,
lettres), les noms (myo) indiquent directement l’essence des choses qu’ils désignent : « c’est
comme dire saule pleureur ou cerisier [pour les désigner].» Par contraste, « les phrases (ku)
articulent les traits distincts des choses. Par exemple, lorsque l’on dit « le saule est vert » on
signifie quelque chose qui diffère de la couleur rouge ; lorsqu’on dit « la fleur est rouge » on
indique quelque chose qui diffère de la couleur verte ». Finalement, « les lettres (mon) sont les
caractères qui constituent les mots et les phrases. »
Le troisième mantra, vam a vam ram ham kham, est interprété comme la représentation de
Mahavairocana (l’initial vam) et des cinq éléments (respectivement terre, feu, eau, vent, espace
représentés par les cinq syllabes suivantes) constituant son corps matériel.
Les formules suivantes sont liées au principe féminin de l’univers : le royaume Matrice et la
sagesse. En conséquence, elles devraient être transmises en premier à la femme. A vi ra hum
kham est une représentation alternative des cinq éléments. A a am ah amh représente dans
l’ordre, les quatre phases de la transformation vers la bouddhéité (respectivement, réveiller le
désir d’illumination [boddhicitta], accomplir des pratiques religieuses, atteindre l’illumination et
entrer dans le nirvana) culminant avec la syllabe mystique amh de Mahavairocana. En d’autres
termes, Une référence au corps matériel de l’univers est suivie par une simulation du processus
sotériologique culminant avec le bouddha réalisé. La formule finale, représentant à nouveau
« l’essence des choses », indique tout de même une autre modalité de Mahavairocana.
Shogei conclut son exposé en signalant que tout ce qui a été dit ci-dessus représente « la
descente de Tathagata des Deux Royaumes vers les Deux Sanctuaires [d’Ise] »(Reikiki shisho,
p.31). Cependant, il ajoute « il y a quatre niveaux de signification pour cette question »(Reikiki
shisho p.31), faisant référence à la structure sémantique du bouddhisme ésotérique.

L’écrit original (honki), en se référant uniquement aux trois entités fondamentales (ciel, terre,
homme rapporte seulement le sens superficiel. Le Reikiki présente deux niveaux, le superficiel et
le secret, lorsqu’il dit que les traces de la descente du ciel fait référence à Mahavairocana et son
cortège. […] Puis, le secret et le plus secret combinés sont indiqués par la graine mantrique de
l’esprit unique. Le plus secret et le bien plus secret combinés font référence à l’ordre de
transmission des mantras. Par conséquent, nous pouvons dire que le Reikiki présente les quatre
niveaux. Cependant, le sens du secret le plus élevé doit être trouvé au-dehors du présent
commentaire : [la dernière phrase du chapitre commençant par] « de cette manière, la rencontre
et l’union des deux éléments » fait référence au sens secret du Yugi[kyo]. (Reikiki shinsho, p.31)

Ici, Shogei suggère que le contenu intellectuel général de la transmission secrète s’articule sur la
base des quatre niveaux de sens typiques de l’épistème ésotérique bouddhiste. Au premier
niveau, le monde est constitué des trois entités - ciel, terre et homme ; le ciel est descendu sur
terre comme les kami des Sanctuaires d’Ise. Le second niveau indique que les kami dans Ise sont
en fait Mahavairocana et son escorte ; ils prêchent un mantra pour les êtres humains. Le troisième
niveau indique que ce mantra est la graine de l’esprit unique, c’est à dire la formule vam hum trah

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hrih ah . Le niveau final se rapporte à la transmission du mantra ; son sens réside à l’extérieur du
Reikiki dans l’initiation selon le Yugikyo (yugi kanjo).
Ce qui se trouve ci-dessus est un bref exposé de la connaissance qui était nécessaire pour
recevoir l’initiation selon le Reikiki - qui comme nous l’avons vu était considéré comme étant à
l’origine du shinto kanjo - comme il a été décrit par Shogei entre le 14e et le 15e siècle. D’après les
manuscrits existants il est difficile de savoir si cette connaissance était transmise lors du rituel
initiatique ou si le rituel sanctionnait juste la transmission précédente du savoir initiatique.
Comme l’indique cependant Ito Satoshi, le Reiki kanjo devint de plus en plus complexe sous l’ère
Muromachi par le développement de trois, quatre, ou cinq degrés d’initiations plus profondes. Le
principal objet d’adoration (honzon) change également : dans certains cas le Reikiki(le texte)lui-
même était utilisé comme le principal objet de culte, dans d’autres cas c’était le corps d’un kami
(shintai) de la forme d’un serpent (selon certaines théories honji suijaku, les formes réelles des
kamis sont en fait des serpents).
Un exemple de Reiki kanjo de l’ère Muromachi est donné dans le colophon (okugaki) du Jindaikan
shikenmon de Ryohen(p.53). Il indique brièvement que du 19 au 27 du sixième mois 1424(Oei
31), Ryohen donna une conférence sur le Nihon Shoki. Par la suite il accomplit un Reiki kanjo et
enseigna à propos du Reikiki. Le 17 du dixième mois de la même année, il transmit le injin du
Amefuda no maki. La transmission de Ryohen s’exécutait en cinq phases (voir aussi ITO
2000b,pp.84-85). Pour Ryohen, le Nihon shoki et le Reikiki devaient être transmis d’un seul
ensemble. Cinq années auparavant, en 1419, il avait accompli les mêmes enseignements et
transmissions rituelles. A cette époque, il fit une conférence sur le Nihon shoki à compter du 21 et
du 29 du second mois puis il enseigna sur le Reikiki à partir du 8 du troisième mois. Des notes
issues de ces conférences existent toujours dans le Nihon shoki kikigaki et le Reiki kikigaki. Lors
de cette occasion il accomplit également la transmission secrète du Amefuda no maki ; les
protocoles sont répertoriés dans le Reikiki kikigaki(pp.264-66). Il divisa le rituel en deux segments,
respectivement en rapport au Sanctuaire Extérieur et Intérieur d’Ise ; En conséquence, on trouvait
deux sièges dans le hall cérémonial, maître et disciple ayant chacun le leur. Il dit explicitement
que les divers mantras sont des certificats initiatiques (injin) issus du talisman céleste. Les
mantras sont divisés en deux ensembles qui constituent les transmissions orales des Sanctuaires
Extérieur et Intérieur(p.264). Il ne donne pas son interprétation du contenu véritable de ces
transmissions mais présente un diagramme des deux séances (accomplies deux fois chaque, une
fois orienté vers le nord, l’autre au sud)de l’initiation orale (p.265). La séquence était comme celle
que nous avons vue auparavant selon le Seisakusho ; l’unique différence, comme je l’ai déjà
mentionné, réside dans le fait que la deuxième fois, maître et disciple échangent leur place.
Encore dans un exemple plus postérieur, le Reiki kanjo est représenté comme étant une section
du Nihon shoki kanjo accompli par shinto ajari Gyokei pour son disciple Gyoyo en 1513 (Eisho
10). Un ensemble de documents très importants (protocoles, formules, images, lignées,
diagrammes etc.) concernant le kanjo est préservé à Ninna-ji à Kyoto. Sur la base du résumé
fourni par ITO(2000b, p.85), le rituel Nihongi kanjo était accompli de la manière suivante :
50 ou 100 jours de pratiques religieuses préliminaires (kegyo)
Rite du hall cérémonial extérieur (gedojo)
Rite du hall cérémonial intérieur (naidojo)
Dans le hall cérémonial intérieur se trouve un grand autel (daidan) et un petit autel (shodan) ; il y a
également un autel Reiki. La transmission rituelle principale a lieu près du petit autel. Tout
d’abord, l’ajari entre dans le hall, prépare les autels, et demande à l’initié d’entrer. L’initié entre les
yeux couverts et jette une fleur sur le mandala placé sur le grand autel afin d’établir un lien
karmique avec une de ses déités. Puis, l’étoffe couvrant ses yeux est enlevée et l’initié avance
vers le petit autel. Après la purification par l’encens et l’aspergement d’eau bénite, une série de
rituels est accomplie, tels la cérémonie d’intronisation, la transmission des trois insignes sacrés, le
Dainihongi kanjo, les moudras et les mantras des trois insignes sacrés et la transmission des dix
trésors sacrés. Après cela, le Reiki kanjo est accompli. Il consiste dans la transmission de trois
ensembles de moudras et de mantras ainsi que des moudras et mantras des trois insignes
impériaux et des dix trésors sacrés.
Un autre exemple tardif de Reiki kanjo comme segment d’un rituel initiatique plus large est donné
dans le Miwaryu shinto kanjo juyoshiki. Dans ce cas, l’autel Reiki était placé près de l’autel de
l’illumination parfaite (shogakudan). Comme nous l’avons déjà vu, le Reiki kanjo allait de paire
avec le rituel initiatique selon le sens secret du mythe de la caverne des cieux (iwato no daiji). Ce
Reiki kanjo représentait le Sanctuaire Extérieur d’Ise, le hall Suki dans le Daijosai et l’apparence
extérieure de l’esprit du kami qui repose sur les trois insignes impériaux (l’épée en particulier). A
ce titre, il était aussi directement lié aux rites ayant lieu à l’autel de l’illumination parfaite.

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Les déités principales (honzon) étaient Nyoirin Kannon, Fudo Myoo et Aizen Myoo, toutes
représentées par un joyau. Le joyau véhicule un symbolisme complexe, décrit par les protocoles
rituels comme suit. Nyorin Kannon est la trace (suijaku) de Tensho daijin, symbolisée par le
miroir ; Fudo Myoo est le suijaku de Ame no koyane no mikoto, symbolisé par un arc et des
flèches (dans ce cas, l’arc s’identifie probablement au joyau convexe [magatama]). Les trois
insignes symbolisant les trois paires de déités bouddhistes et kami sont perçus comme des sous-
variétés de l’objet sacré le plus important, la combinaison des reliques du bouddha (busshari) et le
joyau accomplisseur de souhaits (cintamani). Le texte en question indique que les reliques du
bouddha (le joyau) est la forme originelle (konji)de Kunitokotachi no Mikoto, la déité créatrice
primordiale dans la mythologie du Nihon shoki. Etant donné que ces trois dieux remontent à ce
premier ancêtre, tous les objets sacrés peuvent se réduire au joyau, lequel est aussi une
représentation du cosmos avant la séparation du ciel et de la terre.
Le Miwaryu jingi kanjo décrit le Reiki kanjo comme étant la transmission de l’esprit de Tensho
daijin, qui n’est autre que l’esprit de Mahavairocana des deux royaumes Vajra et Matrice. En ce
sens, la signification secrète du mythe de la caverne des cieux (awato no daiji) est la réalisation
selon laquelle l’esprit de Tensho daijin se trouve déjà au sein de l’initié. Le troisième et le dernier
ensemble de rites, celui sans moudras et mantras, représente l’identification parfaite de l’initié
avec la déité. Nous pouvons voir que vers l’ère Edo, le Reiki kanjo avait perdu à la fois son
autonomie et son importance symbolique et était devenu un simple segment intégré dans un
ensemble de rituels plus complexes dans lequel il ne constituait plus la partie centrale.

Les lignées de transmissions

Tournons notre attention vers les lignées de transmissions du Reiki kanjo. Par exemple, le Reiki
seisakusho rapporte le tableau suivant (p.153) :

Tensho daijin → cinq générations de dieux célestes → Empereur Jinmu → tous les Empereurs
postérieurs → Empereur Daigo → Kobo Daishi

Il apparaît que même avant que l’Empereur Daigo ait écrit le Reikiki, selon l’attribution traditionnelle,
les moudras et les mantras du Reiki kanjo étaient transmis d’une génération de dieux et de souverains
aux autres.
Il existe une autre lignée de transmission (kechimyaku) du Reiki kanjo. Datant de 1513 (Eisho 10), elle
est connue comme étant la « transmission à travers les Trois Pays »(sangoku sojo), à travers l’Inde, la
chine et le japon. (« Reiki kanjo kechimyaku »dans Abe 2000, p.84)

Mahavairocana → Vajrasattva → Nagarjuna → Nagaboddhi → Vajraboddhi →


Amoghavajra(shanwuwei) → Huiguo → Kobo Daishi → Shinga → (liste d’autres prêtres) → Gyokei →
Gyoyo → Raiyu → Jisshin

Ce tableau fut transmis par le clan Kokyo de la branche Hojuin de la lignée Hirosawa de l’école
Shingon et beaucoup de copies existent encore. Dans ce cas, le Reiki kanjo suit la transmission de
l’enseignement concernant le royaume Vajra selon l’école Shingon. Le Reikiki était ainsi traité comme
une écriture bouddhiste ésotérique.
Cependant, un tableau de transmissions très différent fut également trouvé. Il provient d’un recueil de
documents initiatiques de la lignée Goryu. Sa singularité réside dans la description de la transmission
du Reikiki en tant que combinaison de celle du bouddhisme ésotérique et du Nihon shoki. Une
interprétation abrégée est présentée dans le premier diagramme (« Kechimyaku zu », dans ITO
2000b, p.86-87).
Ce tableau, basé sur le kechimyaku du Ono-ryu, l’autre tradition rituelle principale du pouvoir Shingon,
présente le cas intéressant d’une transmission mutuelle entre Kukai et l’Empereur Saga. La
transmission du bouddhisme ésotérique à travers les Trois Pays de Mahavairocana à Kukai ainsi que
la transmission du Nihon shoki au Japon à partir du dieu primordial Kunitokotachi jusqu’aux
Empereurs contemporains, croise Kukai et l’Empereur Saga pour suivre ultérieurement des chemins
différents, ceux des Empereurs et du clergé Shingon. Ce tableau combinatoire représente bien à la
fois le discours religieux honji suijaku et la théologie politique de l’interdépendance des autorités
impériales et des institutions bouddhistes (obo buppo). Dans ce contexte, Kukai et l’Empereur Saga
étaient considérés comme les liens humains entre ces deux discours différents. Comme Ryohen le
rapporte dans son Nihon shoki shikenmon, quand Kukai et Saicho enseignèrent à l’Empereur Saga
les moudras et les mantras qu’ils avaient appris en Chine, ils réalisèrent qu’il s’agissait exactement
des mêmes enseignés dans le Nihon shoki. Puis, le kannushi de Hirano transmit à Saicho et Kukai les
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moudras et les mantras des kami (shinto inmyo) – un événement qui est traditionnellement considéré
comme étant à l’origine du Nihon shoki kanjo Shingon et Tendaï (cité dans le Nihon shoki shi kenmon
de Ryohen ; voir aussi HARA 1998).

Conclusion
Nous avons vu jusqu’à présent les évolutions du shinto kanjo du commencement sous le règne
Kamakura à la diffusion maximale sous l’ère Edo. J’ai suggéré que ces rituels commencèrent comme
un moyen de transmission d’un savoir spécialisé concernant les kami au sein d’un contexte culturel,
celui du Japon médiéval, lequel était fortement influencé par les doctrines et les pratiques bouddhistes
ésotériques. Ces rituels sont un des phénomènes les plus intéressants du Shintoïsme Ryobu. Même
un coup d’œil rapide aux données existantes suggère que cette tradition, malgré son parfum et son
origine médiévale indiscutable, fleurit réellement sous l’ère Tokugawa. Sur la base d’une recherche
préliminaire des colophons des documents Miwa, nous pouvons identifier au moins trois vagues
majeures de diffusion de textes shintoïstes et de rituels associés aux temples Shingon : la première
début du 17e, la seconde durant la deuxième moitié du 18e et la troisième, de loin la plus intensive,
lors de la première moitié du 19e. Le règne discursif commença à s’écrouler à la fin de l’ère Edo,
quand les efforts des prêtres Yoshida et des activistes Kokugaku amoindrirent peu à peu les bases
sociales et intellectuelles des cultes kami d’inspiration bouddhiste. Le coup fatal vint avec les
persécutions anti-bouddhistes au début des phases de la restauration Meiji qui visèrent plus
violemment les manifestations les plus répandues de la religiosité combinatoire. Aujourd’hui, il
apparaît que les shinto kanjo sont toujours accomplis occasionnellement sur le mont Koya, mais ils ne
jouent plus de rôle religieux actif. Ces rituels initiatiques sont des reliques d’un passé lointain de
culture différente. Cette situation explique l’obscurité qui entoure toujours ces rituels. Par exemple, ce
qui était réellement transmis lors du shinto kanjo n’est pas clair : était-ce une forme de libération
procurée par des textes tel le Nihon shoki ou le Reikiki ? Etait-ce la signification secrète de certains
textes selon des lignées spécifiques données ? Si tel est le cas, le sens était-il donné pour des
portions de textes, des textes entiers ou pour les deux ? Il est surtout difficile de savoir à qui en fait se
destinaient de telles initiations et pourquoi ils ressentaient le besoin de les accomplir. Nous avons
plusieurs noms de prêtres bouddhistes qui participèrent aux shinto kanjo, mais nous connaissons peu
de choses à leur sujet, principalement en ce qui concerne leurs motivations. Ces gens étaient-ils en
relation avec des sanctuaires affiliés aux institutions bouddhistes ? Cherchaient-ils une sotériologie
alternative ? S’intéressaient-ils tout simplement aux mythes kami ? Ou leur intérêt était-il lié aux
questions d’identité telles la nature et la spécificité du Japon, comme le démontre l’accent que porte
les rituels sur le caractère sacré du royaume. Nous ne savons pas non plus si les shinto kanjo étaient
accomplis pour les profanes. Certains textes, tel le Miwaryu shinto genryu shu, semblent suggérer
qu’ils se destinaient non seulement au clergé bouddhiste, mais également aux roturiers. Ceci est
certainement une possibilité. Après tout, de nombreux rituels bouddhistes impliquant des kami furent
conçus pour des profanes, tels les rites Miwa pour les professionnels et les maîtresses de maison.
Nous ne connaissons pas cependant l’importance de la diffusion de rituels bouddhistes de ce genre et
spécialement leurs destinataires et leurs motivations.
Le contenu symbolique et idéologique de ces rituels mérite une analyse plus poussée. Comme nous
l’avons vu, les prêtres bouddhistes ont pris soin d’étudier des textes non-bouddhistes et ont réalisé
des rituels initiatiques qui étaient souvent très compliqués, très longs et qui coûtaient probablement
beaucoup d’argent. A travers ces rituels, les initiés devenaient égaux à l’Empereur : ils acquéraient les
trois insignes sacrés qui symbolisent la légitimité de l’Empereur. Ils devenaient également identiques à
une déité « shintoïste », créant de la sorte une nouvelle sotériologie qui remplaçait l’idée commune
« devenir un bouddha » (jobutsu) par une formule du type « devenir un kami » ; tout ceci était lié à la
conscience de la spécificité du Japon comme étant un lieu sacré. Cela marquait sans aucun doute
une évolution pratique du discours honji suijaku qui demande plus d’attention.
Ce qui est particulièrement frappant dans les shinto kanjo est d’une part l’imagerie impériale qu’ils
véhiculent et d’autre part, l’idée qu’une forme secrète de connaissance, à l’origine uniquement
destinée à l’Empereur, était désormais disponible à des prêtres bouddhistes en relation avec le clan
impérial sans l’intention d’exercer un quelconque pouvoir politique. Il serait faux d’interpréter une telle
imagerie impériale comme une indication de l’importance symbolique et émotionnelle de l’Empereur
dans la société médiévale et début moderne. Au contraire, le fait que même des personnes d’origine
non-aristocratique pouvaient avoir accès aux insignes impériaux et aux secrets de l’empire – la
théologie politique sous-jacente au statut du souverain japonais – suggère que l’Empereur n’était en
ce temps rien de plus qu’une figure mythologique et non une personne réelle dotée de pouvoirs
spécifiques.
Le fait que les destinataires de ces rituels étaient (à l’origine ?) des prêtres bouddhistes pour qui ces
rituels s’ajoutaient à leurs pratiques usuelles signalent l’intérêt en terme d’imagerie symbolique et
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religieuse, porté au-dehors du programme standard bouddhiste. Ceci pourrait être pris comme
l’indication soit d’un déclin du pouvoir symbolique bouddhiste ou vice versa d’un développement du
pouvoir bouddhiste souhaitant inclure de nouvelles créations symboliques émergeantes. De toute
façon, ces rituels rendirent légitime l’émergence des discours shintoïstes concernant le caractère
sacré du Japon et des fondations de l’ordre social et idéologique. Particulièrement sous le règne
Muromachi, époque de changement social et d’agitation, l’étude de textes et l’accomplissement de
rituels liés au cœur de l’imperium apparaissent comme des tentatives de contrôle sur l’instabilité social
et le changement culturel d’une façon rituel et métaphysique, par des personnes comme des prêtres
de demi-rang qui perdaient peu à peu leur autonomie vis à vis de seigneurs féodaux régionaux ou
d’institutions religieuses plus vastes – des gens dont le monde s’écroulait et qui cherchaient des
raisons métaphysiques pour se persuader du contraire. Mais ce n’est pas la seule explication
possible. Ces rituels et la connaissance secrète qu’ils transmettaient ont pu aussi être utilisés par les
initiés afin de mieux s’adapter au niveau climat social, idéologique et culturel, en formant des
seigneurs féodaux, des dirigeants de guildes et des intellectuels possédant l’essentiel savoir faire du
fonctionnement métaphysique du pouvoir. C’est probablement ce qui s’est passé sous le règne Edo.
Ce qui est cependant commun aux deux interprétations est une diffusion des prérogatives impériales
et du savoir ainsi que le gain de pouvoir consécutif des roturiers. En d’autres termes et malgré les
apparences contemporaines, les idées et les pratiques shintoïstes fin médiévales et début moderne
possédaient un composant transgressif, représenté par leur effort d’élimination des distinctions et des
barrières séparant le sacré du profane, les dieux des êtres humains, les roturiers de l’Empereur.
Réside peut-être ici une des raisons profondes de l’attrait des discours shintoïstes de l’époque fin
médiévale début moderne. Dans tous les cas, une étude de l’histoire sociale des shinto kanjo doit
toujours être menée. Nous pourrons seulement vérifier l’exactitude de ces spéculations quand nous
aurons étudié plus précisément les contextes sociaux et idéologiques de ces rituels.

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Transmission du Reikiki à travers les Trois Pays

Mahãvairocana

Vajrasattva Kunitokotachi no mikoto
│ │
Nagãrjuna Sept générations de dieux célestes
│ │
Nãgabodhi Amaterasu
│ │
Vajrabodhi Cinq générations de dieux célestes
│ │
Amoghavajra Empereur Jinmu
│ │
Huiguo Tous les autres Empereurs postérieurs
│ │
Kõbõ Daishi Empereur Saga

Shinga Tous les autres Empereurs postérieurs
│ │
Autres prêtres Empereur Daigo

Figure 1

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294 Japanese Journal of Religious Studies 28/1–2

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ABBREVIATIONS
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COMPARAISONS SIMILAIRES FACTUELLES SUR LE FOND

Citations et phrases tirées du texte Mikao USUI


de Fabio RAMBELLI Fondateur du Reiki
Le Reikiki et les initiations Kami (1865 – 1926)
Le Reikiki (le 2ème KI se traduit par texte ou texte Mikao USUI a appelé sa pratique « REIKI » en
du Reiki) et le Reiki Kanjo : initiation secrète issue fonction d’un texte ancien correspondant à ses
du Reikiki. aspirations synthétisées ainsi qu’aux formes
initiatiques correspondantes (Il existe les
initiations dans le Reiki de Mikao USUI (On parle
souvent de Tantra texte et pratique rituelle
initiatique)

REIKIKI : Mikao USUI a été élevé dans la tradition Tendaï,


Au Japon, une cérémonie Kanjo fut accomplie dans un temple Tendaï, à l’âge de 4 ans. Il faisait
pour la première fois par SAICHO en 805 partie d’une famille très ancienne de Samouraïs.
(SAICHO étant le Maître Japonais fondateur de Son inspiration de SAICHO était très présente.
l’école Tendaï)
Les rituels initiatiques Shingon et Tendaï, Mikao USUI, par sa position de chercheur spirituel
REIKIKI : (Docteur en Ecritures), a étudié le Shingon avec
Le premier Kanjo complet fut pratiqué par KUKAI un Moine Bonze Shingon (Docteur WATANABÉ
dans le même temple en 812. père)
(KUKAI était le Maître Japonais fondateur de
l’école Shingon)

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les Ce sont exactement les initiations en Reiki de
initiations ne révèlent généralement pas de Mikao USUI qui permettent de faire vibrer (de
doctrines occultes ou de vérités ésotériques. « remettre en marche ») les potentiels naturels
L’acquisition de la connaissance secrète d’évolution et de « guérison » que tout être
transmise au cours des rituels initiatiques était possède déjà en lui-même (Et non pas de faire
dans un but sotériologique puisqu’il s’agissait de appel à des énergies ou des êtres supérieurs qui
l’équivalent de la réalisation de la libération nous transmettraient leurs énergies par des
(Devenir un Bouddha ou s’identifier soi-même moyens occultes)
avec le Kami)

Passage à travers 3 Torii de purification Dans le Reiki de Mikao USUI


Les 3 Torii font référence respectivement au ciel, Les 3 Torii de purification correspondent aux 3
à l’homme et à la terre, chacun correspondant aux initiations et les 5 Kamis aux 5 chakras, aux 5
5 Kami. émotions racines transcendées en 5 qualités de
l’esprit parfait, aux 5 éléments, etc.
Approche de l’autel principal L’autel principal est représenté par la personne
elle-même (comme un stupa, un temple de
l’esprit)

L’initié commence par purifier son corps avec de Mikao USUI a transformé l’eau en « énergie divine
la fumée d’encens et de l’eau bénite parfumée intérieure » substrat de cette eau parfumée
apparaissant très clairement dans le Reiki Tantric®
comme « énergie parfumée de couleur ».
Incarnation de l’espace sacré du Kami Mikao USUI Crée l’espace sacré avec le symbole
Quand l’initié pénètre l’espace sacré du Kami, il du Maître incarnant la cosmologie du système
incarne la cosmologie du système qu’il qu’il représente.
représente. Ceci s’exprime à travers le poème Il utilise aussi des techniques de souffle
secret récité lors de l’occasion "mon corps est symbolique très fortes et très importantes dans le
®
l’espace sacré du Kami, mon souffle est le temple Reiki Traditionnel Japonais et Tantric .
extérieur et intérieur"
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2ème et 3ème Degré du Shinto Kanjo Il y a aussi un 2ème et un 3ème Degré dans le Reiki
USUI

A l’origine du shinto kanjo : le Reikiki Nous sommes là au cœur du sujet de Mikao


le prêtre Tendai Ryohen (fin 14e/début 15e) USUI.
écrivit : « ce que le Shingon appelle kanjo, le De famille noble d’anciens Samouraïs, tournée
Shintoïsme l’appelle Reiki ; le Reiki est par vers l’avenir de l’Empereur MEiJI naît un dilemme
conséquent « un autre terme pour définir sacré : comment concilier une pratique de
kanjo »(p.585). Il est impossible de savoir si guérison spirituelle (motivation personnelle de
l’explication de Ryohen était très répandue, mais Mikao USUI, en osmose avec une pratique fiable
l’importance du Reikiki et du Reiki kanjo Toutes représentée par des études « poussées »
les attributions apocryphes que j’ai mentionnées (Doctorat, méditant, pratiquant Bouddhiste, etc.) et
suggèrent un lien étroit déjà établi au niveau de la les traditions ancestrales anciennes (Shintoïstes),
paternité littéraire et rationnelle de la composition réconciliant les traditions Bouddhistes et l’esprit
de l’œuvre entre le Reikiki, les doctrines Japonais « Shinto » ? Par un seul texte (presque
bouddhistes ésotériques et les protocoles inconnu), le Reikiki qui unifie justement les deux.
impériaux concernant les kami. Le statut de ces Notons aussi qu’il a été écrit par un Empereur du
derniers est en fait un des points d’attention Japon (entité spirituelle) et qu’USUI s’inspirera à
majeurs du texte, mais le Reikiki ne relève pas du son époque des poèmes de l’Empereur MEIJI
traité philosophique mais plutôt du manuel rituel. pour formaliser ses préceptes.
(Ensemble de rituels étroitement liés aux
initiations Bouddhistes ésotériques dans lesquels
les symboles Kami et impériaux se substituent
souvent à la symbolique Bouddhiste)

Son étrange association d’éléments japonais, Les symboles du Reiki de Mikao USUI sont aussi
chinois et indiens le rende tout à fait irrégulier dans ces mêmes éléments.
dans le panorama de la culture de la religion Japonais : les Kanji Japonais que nous
japonaise médiévale. De ce fait, ce n’est retrouvons dans 2 symboles (2ème et 3ème Degré)
probablement pas par hasard que le Reikiki ait été Chinois : un symbole Taoïste que nous
aussi peu étudié. retrouvons dans un 2ème Degré.
Indien : un symbole Bouddhiste et la partie des
chakras et de leurs énergies en Sanskrit au 2ème
Degré.
Mikao USUI, pour entretenir le mystère sacré et
secret durant sa quête, a choisi un texte inconnu
et libérateur répondant à la fusion de toutes ses
aspirations.

La sotériologie (Théorie et pratique de libération La philosophie spirituelle de Mikao USUI


de l’esprit) concernant la guérison
Souhaitant une pratique très profonde et en même
temps simple et synthétique en s’adressant à tout
être et sans aucun préjugé, Mikao USUI a instauré
une simplification rituelle infusée de l’essence du
Shinto-Bouddhisme, à savoir que le potentiel
d’évolution, d’éveil et de guérison est déjà en nous
et qu’il suffit de réveiller ce potentiel par les
enseignements et les initiations pour retrouver au
fur et à mesure santé, joie et bonheur. Il n’y a
aussi aucun caractère magique concernant les
initiations, comme le stipule une partie de l’article
de RAMBELLI « Contrairement à ce que l’on
pourrait croire, les initiations ne révèlent
généralement pas de doctrines occultes ou de
vérités ésotériques. » Cette phrase crédibilise
aussi les initiations, liens indispensables de la
transmission dans le Reiki USUI et démontre
aussi que la simplification « rituelle » faite par
USUI n’est ni magique, ni le fruit d’une croyance
personnelle, mais une connaissance très
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ancienne.
Donc, dans le Reiki, inutile d’aller chercher
l’énergie parfaite à l’extérieur, car personne ne
pourrait la transmettre. Si c’était le cas, les
Maîtres spirituels anciens et ceux d’aujourd’hui
nous donneraient la leur volontiers avec amour et
nous repartirions quelques instants après avec
l’éveil et la guérison ultime ! Mais cela se saurait
et la file d’attente serait longue ! Mais ce n’est pas
ce que nous enseignent les Maîtres spirituels,
les tantras, les textes anciens et le Reiki.
SOTÉRIOLOGIE
Du Grec « sôtèria » issu de « sôzô » signifiant
libération de l’esprit, délivrance de la souffrance
(maladie).
Ce mot signifie aussi la préservation de la santé
(conserver en bonne santé).
En ce sens, le Reiki est une pratique énergétique
sotériologique intemporelle et universelle. C’est
une science sacrée de l’expérience humaine.

Le rituel promulgue l’autorisation d’enseigner Dans le Reiki d’USUI, le rituel pratiqué dans
certaines doctrines et d’accomplir certains rituels. l’initiation autorise la personne à accomplir des
Il garantit également l’acquisition sotériologique de séances de Reiki et enseignements.
l’initié, laquelle était souvent liée à sa position
sociale dans la hiérarchie institutionnelle
religieuse. En d’autres termes, les rituels
initiatiques contrôlent la structuration et la
reproduction du système ésotérique bouddhiste,
système qui repose à la fois sur le savoir et le
pouvoir.

Le Rituel et les dimensions Mythiques du Nous retrouvons l’énergie de Mahavairocana dans


Reikiki le 3ème Degré du Reiki Traditionnel Japonais et
Mahavairocana du royaume Matrice Tantric®. La matrice est symbolisée par la matrice
« vibratoire » au Reiki Tantric®.

Les enseignements datant de l’âge des dieux C’est en partie pour cette raison que Mikao USUI
avaient été oubliés et personne ne les connaissait a dit du Reiki et de son enseignement qu’ils sont
plus. Même l’Empereur qui gardait les trois sacrés et secrets. Il ne souhaitait pas, à priori,
insignes et les transmettait de génération en transmettre ses sources spirituelles.
génération ne connaissait pas leur signification.

Reiki Kanjo Nous sommes au cœur de la pratique de Mikao


Avec la seconde série de mantras, nous sommes USUI qui est identique par les 3 initiations, la
maintenant dans le mandala Matrice. Les cinq dernière étant la réalisation finale de la pratique
éléments représentés dans le premier mantra avec l’énergie de Mahavairocana.
indiquent la possession par l’initié du corps
matériel de Mahavairocana. Le second mantra
indique le processus sotériologique pour devenir
un bouddha culminant avec le Mahavairocana
réalisé. Le dernier mantra sanctionne la réalisation
finale.

Le mantra représente les 5 Bouddhas Ces 5 Bouddhas sont aussi représentés dans le
Respectivement, Mahavairocana, Aksobhya, Reiki Tantric® représentant les 5 couleurs
Ratnasambhava, Sakyamouni (Les 5 couleurs) énergétiques qui en transcendent (par la
pratique), dissolvent les maladies par les 5
sagesses de l’esprit.
Les 5 couleurs représentent, suivant les pratiques,
les 5 éléments du corps, les 5 émotions racines
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soulevant les 84 000 émotions porteuses de
84 000 maladies, de souffrances…
Les noms (myo) indiquent directement l’essence "Myo" dans le Reiki USUI est présent dans
des choses qu’ils désignent : « c’est comme dire certains mantras et symboles, de même pour
saule pleureur ou cerisier [pour les désigner].» Par "Ku".
contraste, « les phrases (ku) articulent les traits
distincts des choses. Par exemple, lorsque l’on dit
« le saule est vert » on signifie quelque chose qui
diffère de la couleur rouge ; lorsqu’on dit « la fleur
est rouge » on indique quelque chose qui diffère
de la couleur verte ». Finalement, lettres (mon)
sont les caractères qui constituent les mots et les
phrases. »

Les 5 éléments Très présents dans le Reiki Tantric® d’USUI.

Le texte du Reiki présente 2 niveaux : le Identique au Reiki Usui. La pratique intègre la


superficiel et le secret. superficie du corps à la profondeur de l’esprit.

Puis le secret et le plus secret combinés sont Le sens de la pratique USUI est bien identique à
indiqués par la graine mantrique de l’esprit unique. l’unité du corps, de l’esprit et de l’énergie. Ce texte
ancien le confirme.
Les lignées de transmissions Très attentif aux traditions d’honneur, le Reikiki
Empereur Daigo → Kobo Daishi ayant été l’œuvre de l’Empereur Daigo, USUI cite
en continuité de son époque l’Empereur Meiji pour
les préceptes.

Le texte du Reiki était ainsi traité comme une Nous sommes très loin des idiosyncrasies du
écriture Bouddhiste ésotérique Reiki passé à l’Occident.

Epoque EDO Mikao USUI est né entre la fin de l’époque EDO et


la nouvelle époque MEIJI (Il devient lui-même la
transcendance de ces deux époques en les
« infusant » dans sa pratique du Reiki.

COMPARAISONS SIMILAIRES FACTUELLES TECHNIQUES


(Sur la forme)

REIKIKI (Texte du Reiki)


Reiki de Mikao USUI
ou Reiki Kanjo
Le nom Reiki Kanjo Nom identique Reiki USUI

Dans le rituel Shingon, il y a des initiations Idem dans Reiki USUI


majeures avec mantras, symboles et moudras

Le moudra ABHISEKA (L’initiation) ABHISEKA est employé aussi dans le Reiki


Traditionnel Japonais pour l’initiation

Dans le Reikiki et Reiki Kanjo : souvent 3 Idem dans Reiki USUI


initiations

Quelques énergies dans le Reiki Kanjo (texte du Idem dans Reiki Traditionnel Japonais et
Reiki) Tantric® ; nous retrouvons :
- MAHAVAIROCANA - MAHAVAIROCANA
- AMITHABA - AMITHABA
- NYORIN KANNON - KANNON
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- FUDO MYO - FUDOMYO
- Energie des 5 éléments - Les 5 éléments
- Les 5 sagesses - Les 5 sagesses

VAJRA a 5 branches dans le Reikiki Idem dans Reiki Tantric®

La lettre A symbolise le royaume matrice Idem dans Reiki Tantric®

Les 5 sagesses associées au 5 Bouddhas Idem dans Reiki Tantric®


centraux du mandala

CONCLUSION
Mikao USUI, Moine Japonais de tradition Bouddhiste Tendaï (son prénom spirituel était GYOHO) a
passé sa vie à apprendre, à méditer, à chercher. Depuis son tout jeune âge, il s’intéressa à la
guérison spirituelle (guérison de l’esprit) et rechercha dans ce sens à créer une pratique simple,
agnostique et efficace répondant à tout être sensible, qu’il soit croyant ou non. Son dilemme (on le
perçoit à travers sa biographie) étant de trouver une méthode de synthèse transdisciplinaire, fiable et
permettant de répondre aux exigences des codes d’honneur spirituels de ce chercheur. (N’oublions
pas que Mikao USUI était Docteur en Ecritures, méditant du Bouddhisme Tendaï depuis l’âge de 4
ans dans un Temple, Shintoïste par son « esprit japonais » portant une dévotion pour les Empereurs
et issu d’une très ancienne famille de Samouraïs. Comme le précise son histoire personnelle gravée
sur son mémorial au Temple Sahoji, il a eu une forme de Satori, c’est à dire d’éclaircissement
synthétique de tout ce qu’il avait appris, comme une révélation de cohérence, transcendance de
simplification de toute sa vie studieuse en transformant cette fusion psychique en pratique du Reiki.
(Les « bulles de couleur » sortant de son esprit comme l’indique certains auteurs ne sont autres que
les 5 couleurs, les 5 « Bouddhas » dont parle le texte du Reiki et le Reiki Kanjo ; les symboles du
Reiki correspondant à des symboles de guérison ancestraux issues du Shintoïsme, du Taoïsme, du
Bouddhisme et des Kanji (écriture sacrée japonaise issue des Kanji Chinois). Mikao USUI médita
entre autre au Mont Kurama ou le Temple Kurama (Divinités Sonten appelées « énergie universelle
de vie » comme le Reiki) abrite encore des prêtres qui consacrent des initiations à des disciples sans
pour cela changer de religion ou de croyance afin qu’ils puissent s’élever spirituellement (Cela
ressemble complètement au Reiki de Mikao USUI).
Il était donc difficile pour Mikao USUI de mélanger le Shintoïsme, religion officielle ancestrale ancrée
au Japon, et le Bouddhisme, tradition spirituelle du Bouddha, implanté aussi dans le pays (Shingon,
Tendaï, Zen). Comme le précise le Professeur RAMBELLI " Les traditions rituelles touchèrent leur
plus large diffusion au début du 19ème Siècle (période proche de la vie d’USUI). Ceci nous pousse à
reconsidérer l’image établie du Shintoïsme de l’ère EDO (1630-1868 [USUI est né en 1865…] comme
religion se scindant du Bouddhisme".
Mikao USUI étant Bouddhiste Tendaï et Shintoïste de cœur et de tradition, le texte du Reiki réconcilie
parfaitement les deux voies en une seule (tout en restant purement japonaise).
Nous remarquons aussi dans les écrits du Professeur RAMBELLI que ce texte est peu connu (pour ne
pas dire inconnu) et que seul, à cette époque, un érudit Japonais comme USUI pouvait en avoir
connaissance par son Doctorat en Ecritures et y avoir secrètement accès dans un temple près de
Kyoto. De plus, c’est le seul texte rituel connu au monde réunissant les deux pratiques Shintoïstes et
Bouddhistes. Cela éclaire aussi le « mystère mystique » entourant jusqu’à présent la pratique du Reiki
devenue des idiosyncrasies sans fondement dénaturant complètement le Reiki.
Pourquoi tant de mystère ? N’oublions que Mikao USUI Senseï commença le début de sa pratique
vers 1920, qu’il fonda son école "USUI REIKI RYOHO" en 1922 et qu’il décéda en 1926 (soit 4 années
d’enseignement).
Il n’est pas étonnant qu’il n’ait pas eu le temps de dévoiler ses sources à travers ses écrits, ses
enseignements étant oraux. (En avait-il l’intention ?)
Tout ceci est fortement troublant en associant ainsi la multitude de concordances (même nom Reiki,
même philosophie, même essence pratique, mêmes énergies, mêmes styles de syllabes germes, de
symboliques (mantras, moudras) rapproche très sérieusement, pour ne pas dire complètement,
l’historicité de la pratique du Reiki de Mikao USUI avec le Reiki KANJO lié au texte du Reiki.
Naturellement, la profondeur et la pratique de l’enseignement sont explicites lors des formations à
l’Institut de Reiki avec d’autres similitudes plus techniques.

Je remercie profondément le Professeur Fabio RAMBELLI de l’Université de Sapporo au Japon pour


ses recherches ainsi que la qualité de ses interventions intellectuelles scripturaires.
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