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Revue internationale de droit

comparé

Le droit civil de la Louisiane


Joseph Dainow

Citer ce document / Cite this document :

Dainow Joseph. Le droit civil de la Louisiane. In: Revue internationale de droit comparé. Vol. 6 N°1, Janvier-mars 1954. pp. 19-
38;

doi : 10.3406/ridc.1954.9402

http://www.persee.fr/doc/ridc_0035-3337_1954_num_6_1_9402

Document généré le 04/06/2016


CIVIL DE LA LOUISIANE
PAR
Joseph DAINOW
Professeur à l'Université de Louisiane

Introduction

Le droit privé d'une nation est l'image non seulement de sa vie


actuelle, mais aussi de son histoire. En lui sont absorbées les
influences principales qui ont contribué à la formation de la
tournure d'esprit et de la manière de vivre de la nation. L'établissement
originel des Français en Louisiane à la fin du xvinme siècle, sous
l'autorité de leur Roi et dans un territoire qui portait son nom, fut
consolidé par deux ou trois générations qui développèrent le pays
comme une province française ; cette expérience établit une base très
solide de droit civil dans le nouveau territoire. L-'attraction dut être
très puissante entre ces premiers colons et leur droit d'une part,
et leur nouveau pays d'autre part, puisqu'après avoir été territoire
espagnol pendant quarante ans et territoire américain pendant plus
de cent cinquante ans, les principes fondamentaux et la structure
générale du droit privé de la Louisiane sont encore ceux du droit
français. Certes, la période espagnole de son histoire a laissé ctes
traces dans le droit actuel, et les influences de la common law
continuent à se faire sentir ; mais à travers les années et les changements
un profond intérêt pour le Code civil et un affectueux attachement
ont subsisté, solides et durables.
Lorsque les habitants d'un pays constituent pour leur majorité
un fond continu, c'est un phénomène commun que la préservation
de leur droit privé, en dépit des changements de souveraineté et des
altérations concomitantes du droit public. En Louisiane, la
continuité du peuplement français assura la continuité du droit civil, et
ses modèles français réapparurent lorsque l'autorité espagnole eut

(*) Le texte de cet article est extrait pour sa plus grande partie de l'Intro-
ductory Commentary to the Louisiana Civil Code, paru dans le Civil Code
Annotated, vol. 1 (West Publishing C°, éd., 1952) et de l'article intitulé The Louisiana
Civil Law, dans Civil Code of Louisiana (West Publishing C° éd., 1947).
Traduit par Guy Sibony, Attaché au Centre français de droit comparé.
20 LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE

cessé de s'exercer. La persistance de la langue française, ainsi que


l'intérêt porté à la culture française ont certainement contribué à la
renaissance de l'influence française après l'établissement de la
souveraineté américaine en Louisiane.
L'on entendra dans cet article le « droit privé » comme
embrassant le droit des personnes et des biens, le droit des donations et
des successions, celui des obligations et des contrats ; ce sont là les
principales matières traitées par un code civil moderne.

Les premiers établissements français (1699-1769).


L'exploration du Mississipi date des voyages de La Salle en
1862, et les premiers véritables établissements dans le pays furent
créés par des Français en 1699. Il semble que la colonie fut fondée
et administrée sous le contrôle de l'autorité militaire française, le
gouvernement civil étant subordonné au Conseil Supérieur, organe
qui fonctionnait déjà au Canada d'où étaient venus les Français
aventureux qui découvrirent le Mississipi.
En 1712, un privilège royal fut accordé à un marchand français,
Antoine Crozat, l'autorisant à exercer le commerce en Louisiane et
lui conférant un important contrôle du gouvernement. A cette
époque, le territoire de la Louisiane comprenait la plus grande partie
de ce qui est aujourd'hui la central belt des Etats-Unis, des grands
lacs au Golfe du Mexique. Il ne semble pas que Crozat fit grand
usage de ses droits ; il les abandonna en 1718. Cependant, en 1716,
le Conseil Supérieur de la Louisiane était devenu un organe
permanent. Ses membres, étant des citoyens français, agissant sous
l'autorité du Soi de France, utilisèrent tout naturellement le droit
français pour régir les rapports juridiques des colons, français eux
aussi.
En 1718, une nouvelle charte fut accordée à la Compagnie de la
Louisiane ou de l'Occident, à laquelle était lié le nom de John Law.
Cette charte prescrivait expressément que les tribunaux rendraient
leurs jugements conformément aux lois et ordonnances du Royaume
et à la Coutume de Paris. Après quatorze ans d'une administration
prospère, la Compagnie renonça à ses droits en 1732. Le Conseil
Supérieur fut alors quelque peu réorganisé, et la colonie fut
administrée directement par le gouvernement français.
Pendant plus d'un demi-siècle de colonisation et
d'administration françaises, les traditions du droit français jouèrent le même
rôle pour ces colons que pour leurs cousins restés en France.

la domination espagnole (1769-1803).


En 1763, la France céda la Louisiane à l'Espagne (en même
temps que le Canada à l'Angleterre), mais les habitants de la
Louisiane chassèrent par la force les Espagnols venus prendre possession
de leur pays. Ce n'est qu'en 1769 que l'Espagne envoya des forces
LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE 21

suffisantes pour contrôler le territoire et établir un nouveau


gouvernement sous le commandement d'Alexandre O'Reilly.
La mesure dans laquelle les lois françaises furent abolies, de
jure ou de facto , par les Ordonnances d'O'Keilly de 1769 a été une
question controversée. En dehors de la nouvelle forme de
gouvernement, il n'est pas improbable que les sources du droit privé tant
espagnoles que françaises furent reconnues par les tribunaux. A
cette époque, il n'existait pas un ensemble unique et cohérent de
droit privé espagnol, mais plutôt un pêle-mêle de textes différents
jouissant d'une égale autorité. Le manque de matériaux et la
difficulté des communications ont certainement été une des raisons de
L'acceptation du droit privé existant. De plus, les origines romaines
communes ont probablement joué en faveur de l'absence de
distinction entre le droit espagnol et le droit français.

Retour à la France et transfert aux Etats-Unis (1803).

En 1800, l'Espagne accepta de rendre la Louisiane à la France;


mais le traité intervenu fut gardé secret (traité de Ste Idelfonse),
et le statu quo continua pendant encore trois ans. Cependant, en
avril 1803, la France céda la Louisiane aux Etats-Unis.
Le transfert effectif de l'Espagne à la France eut lieu le 30
novembre 1803. Le préfet colonial français, Laussat, se proposait, sem-
ble-t-il, de rétablir complètement le gouvernement et le droit
français ; mais son autorité ne s'exerça que pendant trois semaines.
Le 20 décembre 1803, il devait remettre le territoire aux Etats-Unis.

Sources du droit privé de la Louisiane.

Ainsi, les premières sources directes du droit civil de la


Louisiane sont le droit français, le droit espagnol et le droit romain. Les
lois et ordonnances françaises et la Coutume de Paris constituèrent
le droit du pays pendant la période de colonisation française. Sous
la domination espagnole, de 1769 à- 1803, les divers codes et les lois
coloniales espagnoles s'appliquèrent en Louisiane ; en outre, il semble
qu'il y ait eu aussi, dans une certaine mesure, utilisation directe du
droit romain. Ces éléments des sources originelles du droit sont
commentées plus loin dans cet article.
Trois sources nouvelles vinrent s'ajouter pendant la période
américaine de l'histoire du droit de la Louisiane: l'une, externe, fut
l'influence de la common law anglo -américaine, les deux autres,
internes, furent les actes législatifs et les décisions des tribunaux.
L'influence qui prévalut en dernier lieu lors des codifications
de 1808 et de 1825, tant dans le fond que dans la forme, fut l'influence
française. Cependant, la combinaison des divers éléments précités
a produit un droit qui n'est semblable à aucun autre, parce qu'il
reflète la vie de la Louisiane et les caractères de sa population.
LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE

Le droit civil de la Louisiane en 1803

Dans une étude historique du droit civil de la Louisiane, la


période la plus importante est le quart de siècle qui suivit le transfert
du territoire aux Etats-Unis. C'est la période du conflit entre droit
civil et common law, de la lutte des influences respectives du droit
français, du droit espagnol et du droit romain, et de l'ajustement
qui devint la base du système juridique propre de la Louisiane.
Les nombreuses références générales aux différents droits privés
qui régissaient le territoire en 1803 s'appliquent naturellement à la
mosaïque des divers droits en vigueur antérieurement ; et il semble
qu'il y ait encore quelque incertitude et une certaine obscurité quant
aux droits dont il s'agissait. Certes, il n'y a pas de controverse quant
aux éléments espagnols. Mais quant aux éléments français, bien que
la question ait été discutée, on n'a pas indiqué de façon concluante
la mesure dans laquelle le droit civil français continua, sons la
domination espagnole, à régir les rapports amiables ou judiciaires des
particuliers entre eux. On admet très généralement que le
rétablissement de l'autorité française pendant trois semaines, en décembre
1803, n'apporta aucune modification substantielle à< la condition
des droits antérieurement en vigueur.
Il semble que le droit privé de la Louisiane en 1803 était
essentiellement espagnol. Le droit romain, source historique respectée
du droit espagnol, s'appliquait dans une certaine mesure à des
matières d'importance secondaire, soit pour renforcer l'autorité d'une
règle particulière du droit espagnol, soit pour combler une lacune
de celui-ci, en une matière qu'il ne régissait pas. Mais rien ne laisse
penser que des lois françaises reconnues comme telles fussent
appliquées. Il est significatif que dans les années qui suivirent, lorsqu'on se
référait aux lois en vigueur en 1803, il s'agissait généralement de
lois espagnoles et non de lois françaises.
Le conflit entre droit civil et common law qui suivit, et son
aboutissement favorable au droit civil, ne constituent pas un
phénomène aussi singulier que l'ont dit certains auteurs qui ont décrit
cet épisode mouvementé et romantique de l'histoire du droit de la
Louisiane. Il faut se rappeler que le système du droit civil est
beaucoup plus ancien que la common law ; en raison du développement
des pays du continent et de leur expansion coloniale, il était la base
du droit privé dans la plupart des territoires civilisés longtemps
avant que la common law apparût en Angleterre comme un système
juridique cohérent. Puis, lors de l'expansion coloniale britannique,
l'autorité britannique et, avec elle, la common law s'établirent
dans des territoires lointains où le droit civil s'appliquait déjà. Le
conflit qui s'ensuivit fut plus ou moins intense selon les nombreux
facteurs locaux qui jouèrent dans les différents territoires. Le fait
le plus intéressant et le plus significatif est que, partout, le droit
civil resta en place et sortit vainqueur de la bataille.
LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE 23

L'exemple le plus digne d'attention est peut-être celui de la


province canadienne de Québec. Lorsque les Anglais succédèrent aux
Français en 1763 (après la guerre de sept ans), il y avait une colonie
française bien établie, avec de solides racines dans le droit civil
français. Presque aussitôt, une Proclamation royale de 1763
prescrivit l'introduction du droit anglais. De là naquit le conflit, qui
devint une lutte amère dans laquelle les deux camps combattirent
avec acharnement. Son histoire, pendant onze années, est remplie
de proclamations, de commissions et d'appels à Londres, de
manifestations, de désordres et d'hostilités ouvertes. Les rapports
succédaient aux rapports, et la ténacité de l'opposition arriva à un tel
point qu'une seule solution était possible : en 1771, le Quebec Act
restaura le droit en vigueur antérieurement à la cession, et la
Province de Québec est toujours restée depuis une forteresse du droit
civil au Canada, une île de droit civil, pour ainsi dire, entourée par
la common law en vigueur dans toutes les autres provinces du
Canada.
Des conflits analogues, mais moins violents, se produisirent
encore en Afrique du Sud, à Ceylan, dans la Guyane britannique et
dans les îles anglo-normandes (Jersey, Guernesey, Alderney, Sark).
De même le droit civil a résisté avec succès à la concurrence de la
common law à Porto Rico, à Cuba et aux Philippines.
La situation était quelque peu différente au Texas, et aboutit
à un résultat opposé. La question de savoir si le droit civil espagnol
n'avait pas de racines aussi profondes et une influence aussi étendue
qu'aurait pu le faire attendre une domination espagnole et mexicaine
prolongée (1682-1836), ou si les Texans nouvellement émancipés et
imbus d'indépendance étaient anxieux de rompre tout lien avec les
traditions espagnoles et mexicaines, et donc avec leur droit, ferait
l'objet d'une étude qui n'entre pas dans le cadre de cet article. Une
telle étude devrait accorder une importance considérable aux
caractères ethniques et culturels de la population. Quoi qu'il en soit,
vers 1840, la plus grande partie du droit espagnol avait été écartée
sans résistance sérieuse, même avant l'entrée du Texas dans l'Union
en 1845.
En Louisiane, les 'premières années de la domination américaine
connurent un conflit intense, mais bref, entre le droit civil de la
population locale alors en vigueur et la common law anglo -américaine
du nouveau Gouvernement et des nouveaux colons. Heureusement,
les hommes au pouvoir tant en Louisiane qu'à Washington
comprirent la gravité de la situation avant que se soient manifestés les
effets désastreux d'une obstination prolongée ; ils reconnurent, à
regret, mais d'un commun accord, que le maintien du droit privé
existant était indispensable et inévita/ble.
Les détails historiques de cette intéressante et importante
période du développement du droit de la Louisiane sont exposés dans
de nombreux ouvrages et ne seront pas rapportés ici. Comme on l'a
déjà dit, la victoire du droit civil en Louisiame est conforme aux
24 LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE

données de l'expérience. Il est naturel qu'une population indigène


préfère conserver le système de droit par lequel et avec lequel elle
a vécu, et il faut prévoir la résistance des hommes de loi ; mais
l'uniformité du résultat fortifie la croyance qu'il y avait aussi une bonne
raison de fond inhérente au droit civil, qui justifiait et le désir de son
maintien et l'issue du conflit.

Le Code civil de 1808


Une question à laquelle on n'a pas donné de réponse concluante
est celle de savoir pourquoi le Code de 1808 suit de si près le droit
français et lui emprunte tant, alors que le droit civil en vigueur était
le droit espagnol. Il y a aussi une question secondaire : pourquoi
les textes français furent-ils les seuls utilisés en fait ? Etant donné
qu'il n'y a eu aucun écrit sur ce point, ni des commissaires, ni de
qui que ce soit d'autre, les réponses faites par la suite à ces
questions comportent nécessairement un certain degré de conjecture.
Il semble que les commissaires et, de même, les législateurs aient
éprouvé un très grand intérêt pour l'expérience de la codification
française, non seulement quant au procédé, mais aussi quant au
contenu, qui reflétait les résultats de la Revolution adaptée à la
société du siècle nouveau. Il y a lieu de croire aussi que les
commissaires et les législateurs n'avaient pas l'intention délibérée de
négliger les instructions qu'on leur avait données de rédiger un code
civil fondé sur les différentes lois qui régissaient alors le pays. Il
faut présumer au contraire qu'ils agirent dans le cadre de l'exécution
de leur mandat.
Il n'est pas sans intérêt de noter ici que la codification
relativement récente du droit civil au Japon (1898) a suivi de très près le
Code civil allemand. Quand au Code civil chinois de 1931, rédigé
avec l'aide d'un professeur français, il s'est largement inspiré des
codes étrangers et en particulier du Code civil français. La
codification turque a suivi les grandes lignes du Code civil suisse.
On ne peut prétendre que dans ces divers cas on a introduit le
droit étranger en écartant purement et simplement le droit indigène.
Le droit japonais est resté le droit du Japon ; son remaniement et
sa simplification, fondés principalement sur le plan allemand, et même
l'incorporation de parties importantes du Code civil allemand, n'ont
pas fait de celui-ci la loi du Japon. Il n'en reste pas moins,
cependant, que l'utilisation d'emprunts directs entraîne nécessairement
des références ultérieures aux commentateurs allemands et aux
autres sources allemandes en ce qui concerne les interprétations
particulièrement complexes et les applications les plus délicates des
dispositions adoptées.
L'expérience de la Louisiane, en 1808, a emporté des
conséquences analogues. L'utilisation du Code français comme modèle et
comme source peut n'avoir pas été comprise comme la substitution
du droit français au droit espagnol. Etant donné la proche parenté
LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE 25

de ces deux systèmes de droit, les plus remarquables et les plus


évolués des systèmes de droit civil, et l'importance du fond commun
tiré du droit romain, on devait seulement attendre que les juristes
de la Louisiane fissent leur profit de l'expérience française et s'en
servissent au lieu d'essayer la tâche impossible d'établir eux-mêmes
un ordre quelconque dans la diversité et la confusion existantes. A
ce propos, l'échec de la tentative faite en 1806 pour consacrer la
reconnaissance en Louisiane de la plupart des vieilles lois romaines
et espagnoles (le Gouverneur Claiborne s'y étant opposé) peut être
considéré comme un fait très significatif. L'alternative la plus
voisine de ces modèles fondamentaux et, avec de nombreuses
adaptations, de théories économiques et sociales plus modernes et plus
acceptables, était l'exemple de la codification française. L'un des
caractères les plus marquants du Code civil français était la
consécration des libertés nouvelles issues de la Révolution. C'est là, sans
aucun doute, une des raisons de son influence dans tant de pays du
monde entier. Il était normal qu'on l'utilisât en Louisiane, que ses
précédents français avaient si fortement marquée.
Il s'est produit un désaccord quant à la question de savoir quels
ont été les textes français effectivement utilisés pour la préparation
du Code civil de 1808. Le Code civil français a été achevé et
promulgué en 1804, et les juristes de Louisiane commencèrent leurs
travaux en 1806. C'est pourquoi on a soutenu qu'ils ont certainement
utilisé la version définitive officielle. Mais par ailleurs, il y a des
exemples remarquables d'adoption par le Code de la Louisiane (dans
l'article premier, par exemple), de dispositions qui figuraient dans le
projet du Code civil français, mais qui ne survécurent pas à la
procédure législative et furent abandonnées. On en a conclu, considérant
d'autre part les difficultés des communications, que les juristes de
Louisiane ne disposaient que du projet de Code civil, ou de versions
intermédiaires, et non du texte définitif.
Lors des travaux de la Compiled Edition of the Civil Codes of
Louisiana, la question fut examinée à plusieurs reprises. Une des
règles adoptées dans l'annotation des articles était l'indication sous
chaque article de la disposition correspondante du Code Napoléon ;
et les éditeurs notèrent aussi des dispositions du projet du Code civil
français, lorsqu'il n'y avait pas de disposition correspondante dans
le Code Napoléon lui-même ou lorsque le texte du projet était plus
proche du texte du Code de la Louisiane. Dans certains cas, une
disposition, qui avait été l'objet en France de modifications
successives au cours de la procédure législative, avait été adoptée par les
juristes de Louisiane dans le texte de la version définitive du Code
Napoléon. On conclut généralement à l'époque de ces travaux que
les juristes de Louisiane avaient disposé tant du projet que de la
version définitive et les avaient tous deux utilisés. Il ne faut pas
négliger cependant le fait que le Code civil de 1808 contenait une
quantité importante de textes tirés directement des sources
espagnoles.
26 LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE

I/e Code civil de 1808 tenait son importance principalement du


fait qu'il constituait la reconnaissance expresse et l'établissement
du droit civil dans le territoire de la Louisiane. Suivant le conflit
des premières années et la possibilité redoutée de voir imposer un
système de common law, la victoire du droit civil avait plus de sens
que toute discussion sur le point de savoir s'il y avait de sérieuses
différences entre les systèmes français et espagnol.
Lorsque les textes français eurent été adoptés dans le Code civil
de 1808 (et ces emprunts devaient être encore développés en 1825),
ils devinrent des dispositions du droit civil de la Louisiane. Leur
application fut considérée comme l'application non du droit français,
mais du droit de la Louisiane ; et en tant que droit civil de la
Louisiane, leurs sources locales étaient essentiellement espagnoles. Ceci
est démontré par les références qui continuèrent d'être faites à des
dispositions du droit espagnol qui n'avaient pas été englobées dans
le Code de 1808 ni abrogées par lui. Cependant, l'interprétation des
dispositions qui avaient été empruntées mot pour mot au Code
Napoléon, et leur application à des situations nouvelles durent être
effectuées de deux manières : par l'utilisation d'ouvrages doctrinaux de
droit français plus substantiels et par l'activité propre des tribunaux
de Louisiane administrant la justice.
En promulguant le Code civil de 1808, la législature abrogea tous
les textes antérieurs contraires aux dispositions du nouveau Code
ou incompatibles avec elles. Ceci pouvait difficilement être
interprété comme l'élimination absolue de toutes les vieilles lois civiles ;
et les tribunaux ne le comprirent pas ainsi. Au contraire, ils se
référaient fréquemment au droit espagnol ou au droit romain. La
fréquence de ces recours aux vieilles lois espagnoles pourrait être
comprise comme une manifestation de ressentiment à l'égard de
l'importante quantité de textes français incorporés au Code de 1808.
Mais ce n'était pas là- la véritable explication. D'abord le caractère
restrictif de la disposition d'abrogation de 1808 impliquait
nécessairement le maintien de toutes les lois antérieures qui n'étaient
pas contraires aux dispositions nouvelles ni inconciliables avec elles.
Et comme ces lois antérieures étaient en fait surtout espagnoles,
c'était à- bon droit qu'on se référait à elles.
Il se peut que beaucoup d'hommes de loi du moment aient cru
(ou espéré) que le Code civil de 1808 marquait un nouveau point de
départ, fondé sur la rupture complète avec la confusion de ses
antécédents. Les importantes décisions judiciaires sur l'interprétation
de la clause d'abrogation de 1808 les ont vraisemblablement déçus ;
mais ces décisions ne peuvent guère être critiquées et taxées
d'incorrection.
Bien plus, à la suite de la plus importante de ces décisions,
rendue en 1817, une compilation des lois espagnoles qui devaient être
considérées comme toujours en vigueur en Louisiane fut établie par
Moreau Lislet et Henry Carletpn et publiée avec l'approbation et
la sanction législatives.
le droit civil de la louisiane 2/

Le Code civil de 1825


On a maintes fois rapporté l'histoire du Code civil de 1825, en
faisant l'éloge mérité des commissaires qui l'ont préparé. Leur
rapport préliminaire est un des documents les plus utiles dans l'étude
du droit civil en Louisiane, et sa réédition en 1937, comme premier
volume des Archives juridiques de la Louisiane {Louisiana* Legal
Archives, Volume I), a apporté une aide considérable aux hommes
de loi.
Lorsque les commissaires entreprirent leurs travaux, les besoins
à satisfaire étaient fort différents de ceux qui s'étaient manifestés
lors de la codification de 1808. Vers 1822, le premier code était bien
établi au cœur même du droit civil de la Louisiane. Certes, il y avait
encore, en certaines matières, quelque incertitude et peut-être
quelque confusion au sujet des vieilles lois espagnoles non abrogées,
mais avant tout il y avait un système de base unique, connu de tous.
Vers cette époque aussi, les premiers commentateurs du Code civil
français avaient publié leurs travaux et avaient reçu en France le
succès et la critique qui leur étaient dûs.
Le but que se proposait la codification de 1825 était surtout
une consolidation, non seulement pour tenir compte des ajustements
et des améliorations dont l'expérience avait montré la nécessité,
mais aussi pour faire œuvre complète et balayer les obscurités des
anciennes lois civiles. Il est important de noter qu'au même moment,
un mouvement de codification remarquable et très compréhensif
visait un objectif beaucoup plus large et même complet. Le principal
animateur de ce mouvement fut Edward Livingston, et son plan
comprenait non seulement un Code civil et un Code de procédure,
mais aussi un Code de commerce et un Code pénal, qui furent
préparés mais non adoptés.
Le dessein envisagé par le Code civil de 1825 explique deux choses :
en premier lieu, il justifie, avec l'aide demandée à l'expérience
française du Code Napoléon et aux premiers commentateurs français, les
emprunts ultérieurs au Code civil français et le nombre important
des articles du nouveau Code (3522, alors que le Code français n'en
comporte que 2281). D'autre part, il explique la clause d'abrogation
de l'article 3521 du Code de 1825 par le désir de balayer complètement
toutes les lois anciennes et de mettre fin à toutes les incertitudes du
passé.
Il se trouve que cette clause d'abrogation comporte une
disposition curieuse : elle abroge en les énumérant les lois non seulement
espagnoles ou romaines, mais aussi françaises, en vigueur à l'époque
de la cession aux Etats-Unis. Comme il ne semble pas qu'il y ait eu
à cette époque de loi française en vigueur, et puisqu'entre 1803 et
1825 les références faites à des lois antérieures concernaient surtout
des lois espagnoles, cette mention des anciennes lois françaises dans
l'article d'abrogation du Code de 1825 peut être interprétée comme
la manifestation d'un désir très net de balayer complètement tout
28 LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE

vestige des anciennes lois. Afin d'éviter les doutes qui pouvaient
s'élever à ce sujet, il était assez simple de comprendre les lois
françaises dans la clause d'abrogation, ce qui confirmait la volonté de
marquer un départ réellement nouveau dans la meilleure manière de
la codification".
Aussi dut-on éprouver une surprise et une déception lorsque la
Cour Suprême de Louisiane, en 1827 (à la session d'avril), affirma
que les dispositions de droit espagnol qui n'étaient pas contraires
au Code civil de 1825 n'avaient pas été abrogées par les nouvelles
dispositions. Deux mois plus tard (lors de la session de juin), la Cour
affirma encore que les dispositions du Code de 1808 qui avaient été
omises par le Code de 1825 n'étaient pas par là-même abrogées.
L'obstination avec laquelle la Cour persistait dans sa position
était injustifiée, et les arguments techniques d'interprétation qu'elle
invoquait n'étaient pas convaincants en regard du but clair et com-
préhensif de la codification de 1825. En vertu de la clause
d'abrogation de 1808, une telle interprétation était à la fois possible et
exacte ; en vertu de celle de 1825, elle était de l'obstination pure et
simple et devenait erronée. Quoi qu'il en soit, ceci montre combien
la tradition de l'ancien droit civil était profondément ancrée.
A la suite de ces décisions, la législature vota deux lois en 1828,
dont l'une abolit expressément les articles du Code civil de 1808
(sauf une partie d'entre eux) et dont l'autre abrogea toutes les lois
civiles en vigueur antérieurement au Code de 1825. Cela confirme
l'intention première de la clause d'abrogation de 1825, et on pourrait
croire que cela ait mis un terme à la discussion ; mais il y a des
choses qui refusent purement et simplement de se laisser exterminer.
Au cours des années suivantes, les tribunaux essayèrent encore de
ménager une échappatoire pour les anciens principes généraux du
droit, distingués des règles positives. Par bonheur, ce mouvement
ne s'est pas poursuivi.
Une autre question qui s'est posée à propos du Code civil de 1825
est celle des différences entre les versions française et anglaise du
texte officiel. Bien que les deux versions fussent officielles, les Codes
de 1808 et de 1825 avaient été d'abord rédigés en français, et la
version anglaise était une traduction. La qualité de la traduction
a été souvent contestée, à juste raison. Lors de la promulgation du
Code de 1808, il fut décidé qu'en cas d'obscurité ou d'ambiguïté, on
devrait consulter les deux textes afin d'interpréter l'un au moyen
de l'autre. En 1825, on prescrivit simplement la publication dans
les deux langues, les textes se faisant face. Il n'y avait pas de
disposition relative à la solution des différences ou ambiguïtés, mais
du fait que l'original avait été établi en français et que la qualité
médiocre de la traduction anglaise était unanimement reconnue, on
admit que la version française était la plus exacte.
Depuis la révision de 1870 et la promulgation du Code civil
seulement en anglais, deux opinions sont possibles quant à la question
de l'effet de l'ancienne version française. Une première opinion
LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE 29

considère le Code de 1870 comme un texte législatif se suffisant à


lui-même sans aucune référence à l'ancienne version française ; il
n'est donc pas question de différence entre deux versions, il n'y a
qu'un texte, qui est le texte anglais. La seconde opinion regarde le
Code de 1870 comme la continuation du code précédent, avec les
modifications relativement peu nombreuses qui lui furent apportées
à la suite du rapport de John Kay en 1869. Selon la première
opinion, on doit conclure que bien que telle disposition du code eût
été textuellement reproduite, la législature avait entendu changer
sa signification. Selon la seconde opinion, le droit contenu dans un
article inchangé était après 1870 le même qu'avant 1870 ; et s'il y
avait une divergence entre les premières versions française et
anglaise, le sens véritable de la disposition litigieuse devait être
cherché dans la version française.
Un code civil doit suivre la procédure législative comme tout
autre texte de loi. Mais le code civil est un texte durable et
permanent, il a son identité et son histoire propres. II est ainsi
difficile de croire que la législature de 1870 a entendu couper
complètement le Code civil de ses antécédents. Cette opinion trouve un
appui dans le préambule de VAct 31 de 1868 (créant le comité chargé
de la révision des lois) qui déclara que le but de la révision était
de simplifier la langue, supprimer les incongruités, combler les
lacunes et élaborer un texte cohérent et clairement ordonné. Lors
de la même session, VAct 182 de 1868 enjoignit au comité de nommer
des commissions pour la révision du Code civil; mais il n'existe pas
de disposition ni de mandat ordonnant d'introduire des changements.
Un autre argument à considérer en faveur de cette thèse est la
déclaration que fit John Kay dans son rapport pour expliquer qu'il
était impossible de conserver la même numérotation des articles.
Depuis 1870, plusieurs décisions des tribunaux se sont appuyées
sur cette interprétation pour appliquer les dispositions du Code
conformément à la première version française. Cette opinion semble
sage et est en harmonie avec le sens véritable du Code.
Prises dans leur ensemble, ces raisons et considérations ne
laisseraient aucun doute quant à la continuité du Code civil, étroitement
relié à ses antécédents historiques. Du moment qu'il y a encore
beaucoup de ces divergences de termes (comme le souligne la Compiled
Edition of the Civil Codes of Louisiana) et du moment qu'il nJj a
pas de règle expresse d'application générale pour la solution de ces
ambiguïtés, les tribunaux devront résoudre chaque cas donné en
considérant tant les circonstances particulières de l'espèce que les
solutions générales.

Le droit civil de la Louisiane aujourd'hui


Common law contre droit civil.
Pendant les dernières années, on a fréquemment soutenu deux
opinions opposées : que la Louisiane est devenue un Etat de common
law, ou que le système de droit civil prévaut en Louisiane. Sans
30 LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE

entrer dans la discussion détaillée de ces controverses, et sans penser


plus particulièrement à tel ou tel auteur ou à une des deux thèses
impliquées, il faut voir dans ce désaccord la preuve de quelque chose
de plus fondamental et de complètement impersonnel.
De cette diversité d'opinions ressort, depuis une date qu'on peut,
avec un certain arbitraire, situer au début de ce siècle, le fait qu'il
y a en Louisiane un nouveau conflit, différent du précédent et plus
subtil, entre common law et droit civil. Cette évolution récente est
encore trop proche pour qu'on puisse exprimer une appréciation
parfaitement objective.
Il est certain qu'au cours du xixe siècle, la common law a exercé
une certaine influence en Louisiane, mais il ne semble pas que la
question même de la nature du système juridique de la Louisiane se
soit réellement posée. Lorsque les deux systèmes juridiques entrèrent
en conflit et se heurtèrent de front, au début du xixe siècle, on ne
douta pas un seul instant que le droit civil non seulement se
maintiendrait sur ses positions, mais encore gagnerait du terrain.
Le conflit qui se déroule aujourd'hui entre les deux systèmes est
très différent. On n'essaie pas, en s'aidant de forces extérieures, de
substituer la common law au droit civil. Néanmoins, les traditions
profondément enracinées et l'esprit du droit civil combinés avec les
nombreuses pratiques et attitudes spécifiques de la common law ont
provoqué un conflit interne qui a donné lieu à malentendus et à
discussions.
Parmi ces pratiques et attitudes de la common law, dont
l'influence tend à renverser la nature du système juridique de la
Louisiane, deux sont le plus fréquemment citées.
La première est l'utilisation de la jurisprudence, tant par les
avocats dans leur recherche du droit et dans leurs discussions devant
les tribunaux, que par les tribunaux eux-mêmes dans leurs décisions
et par les facultés de droit dans leurs programmes d'enseignement.
D'autre part, on recourt à la méthode simple qui consiste à
adopter une solution immédiatement possible et socialement
souhaitable, plutôt que d'adopter le procédé le plus compliqué qui consiste
à formuler une règle de droit indigène qui obligerait à faire des
recherches considérables et difficiles dans des ouvrages étrangers.
On peut encore citer un autre fait voisin : la classification et la
reproduction des décisions des tribunaux de Louisiane avec celles
des tribunaux de common law dans l'index juridique national et dans
les autres recueils. Ceci, de même que le contact d'autres matériaux
juridiques de portée nationale a tendu à influencer la façon de
penser des juristes de Louisiane. De plus, dans la publication des
textes juridiques locaux, la classification des concepts juridiques
sous des titres propres au système de common law a eu le même effet.
Un facteur qui favorise ces pratiques et ces attitudes est la
pénurie d'ouvrages doctrinaux sur le droit civil de la Louisiane. A
cela il faut ajouter l'impossibilité pratique résultant de la barrière
linguistique qui empêche la plupart des hommes de loi d'accéder à
LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE 31

la grande richesse de la doctrine française ou espagnole. Un autre


facteur du même genre est la tendance naturelle à développer les
points de ressemblance entre le droit de la Louisiane et celui des
Etats voisins. De nombreuses matières ont toujours été de la même
nature que dans d'autres Etats, par exemple le droit public, le droit
des effets de commerce, le droit criminel, le droit maritime, d'autres
matières relevant de la législation fédérale, etc.
On peut concéder tout de suite qu'il y a une part de vérité dans
certaines de ces allégations. Mais il est tout à fait erroné de conclure
en même temps que la common law a supplanté le droit civil.
On peut faire un examen critique plus détaillé des diverses
influences exercées par la common law. Certaines, telles que
l'utilisation de la jurisprudence, peuvent être expliquées tout à fait
autrement que par la disparition du droit civil en Louisiane. Par exemple,
il y a en droit civil la théorie de la jurisprudence constante, qui
reconnaît qu'une série de décisions peut établir une règle de droit,
à côté de la règle de stare decisis de la common law. De même,
l'étude de la jurisprudence peut être comprise comme l'interprétation
des textes du code plutôt que comme la source même d'une règle de
droit. Les décisions de tribunaux revêtent une importance croissante
dans les pays de droit civil, mais il serait hardi d'en déduire que
ces pays ont adopté le système juridique de la common law.
Réciproquement, la règle de stare decisis doit céder de plus en plus
fréquemment devant les tribunaux de common law, mais ceci n'est pas
considéré comme un signe de décadence du système. Chaque système
juridique est une organisation vivante qui, tout en conservant son
individualité propre, continue à refléter la pensée, le comportement
et le développement de la société qu'il est destiné à servir.
De la même façon, l'adoption en Louisiane de plusieurs règles de
la common law doit être comprise comme une mesure exceptionnelle
applicable seulement dans les matières relativement réduites où il
n'existe pas de solution expresse ou du moins aisément accessible
dans le droit de la Louisiane ou dans les quelques matériaux
juridiques en langue étrangère disponibles. De plus, la solution adoptée
doit être en harmonie avec les principes fondamentaux du droit de
la Louisiane. En aucun cas l'adoption d'une règle de la common law
concernant un point particulier ne doit être interprétée comme
l'incorporation des principes régissant la matière considérée dans son
ensemble. Les codificateurs ont envisagé la question des matières
non réglées par le Code, et l'article 21 autorise les tribunaux à agir
dans ce cas ; mais on peut difficilement soutenir que lorsque les
rédacteurs du Code donnaient pouvoir aux tribunaux de « décider
selon l'équité », ils entendaient par là le système d' equity des pays
de common law.
La pénurie d'ouvrages doctrinaux en Louisiane est certaine;
et on peut regretter l'utilisation excessive des ouvrages sur la
common law. Cependant, il y a encore loin de tout ceci à la
conclusion que la Louisiane est un Etat de common law.
32 LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE

La proposition que droit civil et common law sont deux systèmes


concurrents est trop étroite. Peut-être l'erreur est-elle dans
l'affirmation que la Louisiane doit être soit un Etat de droit civil, soit
un Etat de common law. Peut-être est-ce cette erreur de fond qui a
empêché qu'on donne une description exacte de la situation.
La vérité est simplement que la Louisiane a élaboré un système
juridique sui generis qui lui est propre. Ce n'est plus le système de
droit civil de l'époque où la Louisiane fut rattachée aux Etats-Unis ;
on ne peut dire non plus que la Louisiane est devenue un Etat de
common law. Le droit civil de la Louisiane a suivi un processus
évolutif particulier, partant d'une base de droit civil compréuénsif et
conservant encore des traditions de droit civil importantes et
fortement enracinées. En même temps, d'autres forces actives sont
intervenues dans son développement.
On n'a jamais prétendu que le droit français ait perdu dans une
mesure quelconque son caractère de droit civil par là seule raison
qu'il a adopté des solutions et des idées nouvelles venues de la
common law. On n'a pas soutenu davantage que la common law de
l'Angleterre ait perdu quoi que ce soit de ses caractères spécifiques par
suite de l'influence exercée sur elle par le droit civil ou même des
emprunts directs qu'elle a pu lui faire. Peut-être peut-on dire que
l'évolution de chacun des deux systèmes a tendu vers une conception
plus large qui les a amenés à avoir des points communs et des
similitudes. Sur beaucoup de points particuliers, le droit civil et la
common law sont partis d'extrêmes opposés et se sont chacun dirigés
vers une solution intermédiaire aboutissant à des résultats similaires.
En aucun cas cette évolution n'a changé la nature ou l'identité du
système envisagé ; les principales différences qui les séparent
existent toujours et conservent la même portée.
Ainsi, l'utilisation du vocabulaire de la common law par les
hommes de loi et les magistrats de Louisiane ne signifie pas
l'incorporation des théories et des techniques de la common law. Certains
peuvent regretter qu'il y ait encore trop de juristes déraisonnables
et dénués de sens pratique, inconsciemment imbus de droit civil;
d'autres, réciproquement, peuvent déplorer qu'il y ait trop d'hommes
de loi qui n'opposent qu'une faible résistance à l'utilisation des
matériaux et méthodes de la common law. Il faut reconnaître
cependant que ces deux tendances, comme d'ailleurs plusieurs autres,
représentent des parties intégrantes du droit actuel de la Louisiane.
La description du droit de la Louisiane pris à un moment quelconque
est la somme de résultantes nombreuses et divergentes.
Il y a, parmi les avocats, comme dans la magistrature et dans
les facultés, des représentants de ces diverses opinions. Entre la
thèse extrême qui préconise un retour sans réserve au système de
droit civil et l'extrême opposé, qui veut une adoption complète
de la common law, des opinions diverses sont soutenues avec
sincérité et conviction. On ne peut dire, avec une certitude absolue,
que telle d'entre elles soit l'expression de l'entière vérité. Par ail-
LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE 33

leurs, chacune comporte certainement une part de vérité. II faut


donc voir la vérité dans l'addition de ces divers points de vue et dans
l'image composite qui en résulte.

Droit écrit et droit non écrit.


.L'article premier du Code civil dispose : « La> loi est une
déclaration solennelle de la volonté législative ». C'est là une expression
précise du principe fondamental d'un système de droit écrit, et on
l'explique généralement en disant que le pouvoir législatif appartient
exclusivement à la législature, tandis que les tribunaux ne sont
chargés que de l'application pure et simple de la loi. On a opposé
cette disposition au système de droit non écrit qu'est la common
law dans lequel la loi n'est pas l'expression solennelle d'un pouvoir
législatif exclusif, mais émane principalement des décisions rendues
par les tribunaux à l'occasion de cas d'espèce. Si cette distinction a
pu autrefois avoir une portée générale, elle peut à l'heure actuelle
n'être pas absolument valable. Il y a des différences importantes
entre les deux systèmes de droit, mais elles ne sont pas aussi faciles
à exprimer et doivent être examinées avec circonspection.
On considère généralement le droit civil comme un système de
droit écrit parce que la promulgation d'un code civil est un acte
législatif. Les dispositions écrites du droit antérieur, la coutume
et l'expression judiciaire du droit sont fondues, avec des données
nouvelles, dans le nouveau texte écrit, qui constitue un nouveau point
de départ d'interprétation et d'évolution ultérieures. Par ailleurs,
il faut admettre qu'il est de la nature d'un droit ainsi codifié de
consister en règles générales et en principes plutôt qu'en solutions
particulières s' appliquant à des situations déterminées.
Il en résulte que les tribunaux oui administrent la justice dans
un système de droit écrit font plus qu'appliquer purement et
simplement la loi. Ils ont le devoir d'interpréter le droit écrit et de
fixer le sens des termes utilisés selon leur contexte, de déterminer
l'applicabilité des articles du code à de nouvelles situations de fait,
d'étendre leurs dispositions par analogie selon la méthode propre à
leur système, et de résoudre les problèmes nouveaux d'une manière
qui soit conforme à la législation existante. Ce faisant, le tribunal
complète les principes généraux établis par les textes et, dans la
mesure où ses décisions sont acceptées, institue des règles destinées
à régir le comportement, les droits et les devoirs des individus. On
dit parfois que les tribunaux « font le droit ».
En France, en Espagne, et dans d'autres pays où la doctrine
a écrit d'importants ouvrages sous forme de commentaires, ces
matériaux constituent l'une des sources les plus respectées auxquelles on
se réfère. Cette ressource n'existe pas en Louisiane, et la barrière
linguistique empêche la plupart des hommes de loi de recourir aux
ouvrages européens. Le système de références au remarquable traité
de droit civil français de Planiol, sous les articles du Code civil de
34 LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE

la Louisiane, peut s'avérer de quelque secours à ce sujet, et la


traduction anglaise de cet ouvrage facilitera des recherches plus poussées.
Dans les pays de common law qui ont un droit non écrit, les
législateurs n'ont pas renoncé à leur fonction législative, et les lois
écrites remplacent souvent le droit jurisprudentiel. Les lois
concernent généralement des sujets particuliers et n'ont qu'un champ
d'application très limité, mais il y a, de plus en plus nombreux, des
textes plus larges qui régissent toute une matière et sont très
semblables aux textes codifiés d'un système de droit écrit.
Tandis que les deux systèmes sont partis d'extrêmes opposés,
ils ont évolué respectivement vers des solutions intermédiaires
voisines, faites à la fois d'éléments législatifs et d'éléments jturispru-
dentiels. Cependant, il y a entre les deux systèmes une différence
importante qui provient de leurs points de départ opposés. Ainsi il y
a dans le système de droit civil la règle jurisprudentielle de
l'interprétation libérale des textes, qui confère aux dispositions
législatives une portée plus large, tandis que les tribunaux de common law
ont adopté une règle d'interprétation étroite afin de restreindre au
minimum les dérogations apportées au droit commun par la loi.
En outre, dans un système de droit civil, on procède en général
à des révisions périodiques des codes ; un système de common law, au
contraire, évolue au moyen des distinctions ou des modifications
apportées par les jugements au fur et à mesure des cas d'espèce qui
se présentent, ou au moyen de textes régissant des points
déterminés, de règles nouvelles répondant à des besoins déterminés.

Le Gode et la jurisprudence.
Parmi les références citées dans un code civil annoté, il y a
surtout les articles de codes étrangers et les décisions de jurisprudence.
.En gros, les articles de codes sont de beaucoup les moins importants ;
dans une situation de fait donnée, les décisions se rapprochent le plus
souvent davantage du problème particulier qui se pose. Les hommes
de loi, en Louisiane, ont pris l'habitude de consulter et de citer les
décisions des tribunaux de manière beaucoup plus abondante que les
textes eux-mêmes. Que ce procédé soit approuvé ou condamné, sa
pratique doit être reconnue comme un fait. Cependant, il faut avant tout
se souvenir de la portée relative des textes de codes et des décisions
de jurisprudence. Mais si on se réfère uniquement aux
décisions des tribunaux et aux dicta, sans l'examen indispensable et
l'utilisation des textes du code, on court le danger d'interpréter
faussement la loi et de dévier l'évolution du droit de la Louisiane.
L'utilisation comme point de départ des termes d'une décision qui
est déjà une extension d'un dictum émis antérieurement peut
conduire à des résultats fort éloignés du principe et du but originels du
texte du Code, qui ont pu être oubliés en chemin. Il est peut-être
exact que dans certains cas les dispositions du Code sont désormais
inadéquates et ne peuvent s'adapter aux développements rapides des
LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE 35

techniques ou des ressources naturelles, mais il n'est guère salutaire


au système que les fondements de la codification soient dénaturés
et perdent leur stabilité. De même on ne saurait trop souligner qu'il
faut, chaque fois que cela est possible, partir des textes du code, et
que les décisions des tribunaux doivent être lues et interprétées en
fonction de ces textes — et non inversement.

Le droit écrit.
Dans les pays de droit civil, la législature élabore des textes sur
des matières non envisagées par le code, mais elle édicté aussi des
lois complémentaires sur des matières déjà régies par lui. Ainsi,
hormis quelques modifications expresses relativement peu
nombreuses, la législature de la Louisiane a accumulé une quantité
considérable de textes relatifs à des matières déjà réglées par le Code,
sans avoir abrogé ou modifié les articles du Code eux-mêmes. La
disposition générale d'abrogation, qui vise « toutes les lois ou
dispositions contraires au présent code », a soulevé de nombreux problèmes
d'abrogation implicite que les tribunaux ont dû résoudre. Il n'a pas
été facile d'expliquer comment le système de droit civil de la
Louisiane s'est accommodé de tout cela. La voie législative la plus rapide
qui a été adoptée pour la réalisation des buts visés a abouti à
l'exclusion presque complète des considérations de forme, auxquelles on
devrait pourtant attacher de l'importance dans un système de droit
civil.
Un palliatif fut apporté en 1942 lorsque le Louisiana State Law
institute publia les Louisiana Statutes Related to the Civil Code, qui
groupe les textes législatifs sous les titres des rubriques principales
du Code. Lors de l'adoption des Revised Statutes en 1950, cette
compilation de textes législatifs fut incorporée dans le titre 9, intitulé
« Civil Code — Ancillaries ». On esipère qu'une grande partie de ces
textes sera incorporée dans la révision actuellement projetée du Code
civil, mais il est inévitable qu'une quantité importante reste hors
du Code.
L'évolution du droit s'est faite dans certains domaines de façon
particulière à la Louisiane ; ce sont par exemple le droit des délits et
quasi-délits et le droit des mines. En matière délictuelle, les
tribunaux ne disposaient que d'un petit nombre d'articles généraux et
ils se sont mis à développer le droit en adoptant les règles de la
common law sur la responsabilité. Les opinions diffèrent quant à la
nécessité ou à l'opportunité de cette méthode, mais le fait de son
utilisation subsiste. En matière de mines, le Code civil ne contenait
aucune disposition relative aux ressources pétrolières de l'Etat, et
les tribunaux ont créé un ensemble de règles nouvelles en procédant
par analogie tant avec le bail et les servitudes du droit civil qu'avec
les règles générales des obligations. Dans les deux cas, l'action
législative a complété ce développement, mais elle n'a jamais réglé
une question de façon complète.
36 LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE

Conclusion
Toute tentative en vue de prédire le résultat final du conflit qui
se déroule aujourd'hui en Louisiane entre droit civil et common law
serait présomptueuse. D'autant que, à l'échelle de l'Etat comme à
l'échelle nationale ou internationale, la pensée moderne traverse une
période importante d'adaptation a. des théories et à des forces
nouvelles issues des bouleversements économiques et sociaux. Le droit
civil et les façons de penser qui lui sont propres ont généralement
en Louisiane des racines profondes et bénéficient d'un attachement
sentimental dans de nombreux esprits. Durant les toutes dernières
années, l'influence du droit civil a joui d'un regain de vigueur, qui
a suivi les empiétements de la common law. Il ne faut pas oublier
que la Constitution de la Louisiane a toujours contenu et contient
encore la disposition qui consacre le système de droit civil en
interdisant d'adapter dans l'Etat le système de la common law dans son
ensemble.
Les dernières années ont vu la consécration définitive de
plusieurs victoires du droit civil, parmi lesquelles il faut citer :
1° la réédition, en 1938, des projets de Code civil de 1823 et de
Code de procédure de 1825, qui constituent les deux premiers tomes
des Archives juridiques de la Louisiane (Louisiana Legal Archives,
Volumes 2° la1 création
et 2) ; du Louisiana State Law Institute qui a effectué
différents travaux, en particulier : la Compiled Edition of the Civil
Codes of Louisiana, publiée, en 1940 et 1942, comme tome 3 des
Louisiana Legal Archives; la compilation des Louisiana Statutes Related
to the Civil Code, publiée en 1942 ; le Code pénal de 1942 ; les Revised
Statutes de 1950, qui sont une révision complète de tous les textes
de loi de la Louisiane ; les projets de révision du Code de procédure
et du Code civil, actuellement en cours; le projet de traduction
anglaise du traité de Planiol, également en cours ;
3° la renaissance récente du droit civil dans les facultés et dans
les revues de droit ;
4° l'établissement d'un système de références sous les articles
du Louisiana Civil Code Annotated (West Pub. C° 1952-1953)
permettant de se reporter aux parties correspondantes du traité de
Planiol, et aidant ainsi à redonner de l'importance à l'étude du droit
civil.
Si on les envisage dans le cadre d'un mouvement de longue durée,
ces événements importants apparaissent comme un renforcement de
ceux des fondements du système juridique de la Louisiane qui sont
issus du droit civil, et comme la préparation d'une renaissance
progressive du droit civil et d'une prochaine révision du Code.
Le droit civil de la Louisiane a subi des changements
considérables depuis 1803. Un siècle et demi du progrès le plus étourdissant
que le monde ait jamais connu dans tous les domaines de l'activité
humaine a nécessité des adaptations correspondantes dans tous les
LE DROIT CIVIL DE LA LOUISIANE 37

systèmes juridiques civilisés. En faisant subir de telles adaptations


à ses principes essentiels, le droit civil de la Louisane a conservé sa
nature fondamentale. Il est et continuera d'être un système juridique
individualisé et particulier à la Louisiane.

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