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Dictionnaire de pédagogie et

d'instruction primaire /
publié sous la direction de F.
Buisson,... avec le concours
d'un [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire / publié sous
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DICTIONNAIRE
DE PEDAGOGIE
KT
T

D'INSTRUCTION PRIMAIRE

PCBHË SOUS LA DIRECTION DE

F. BUISSON
a g* ré de )'Uni ver site
inspecteur général de l'enseignement primaire

AVEC LE CONCOURS D'UN GRAND NOMBRE DE COLLABORATEURS

MEMBRES DE L'INSTITUT, PUBLICISTES


FONCTIONNAIRES DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, INSPECTEURS,PROFESSEURS
ET INSTITUTEURS DE FRANCE ET DE L'ÉTRANGER

IIE PARTIE
TOME SECOND

DEUXIÈME TIRAGE.

PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET C"-
~9, BOULEVARD SAINT-GERMAIN '!9

1888
Droits de traduction et de reproduction réservés.
DICTIONNAIRE

DE PÉDAGOGIE
HT
D'INSTRUCTION PRIMAIRE
CORBEH. – IMPRIMERIE CRÉTÉ.
DICTIONNAIRE
DE PEDAGOGIE
ET D'INSTRUCTION PRIMAIRE

(DEUXIÈME PARTIE)

IDÉE. Psychologie, V. Etym. du grec dement de toute certitude relativement à l'existence


eidos, image. L'idée pourrait, d'après l'étymo- du monde extérieur et de Dieu.
logie, se définir l'image des objets dans l'esprit. En un sens, le nombre des idées est illimité i]
Cependant la signification du mot idée est plus dépend, pour chacun, du degré de savoir ou de
générale encore il désigne l'acte le plus simple de réflexion auquel il est parvenu. L'homme fait a
l'intelligence, s'appliquant soit au monde extérieur, plus d'idées que l'enfant, le savant que l'ignorant.
soit au monje intérieur de la conscience, soit à Mais les idées présentent entre eUes certains traits
l'ordre des réalités suprasensibles. Ainsi nous de ressemblance ou de différence qui ont permis
avons les idées des sons, des couleurs, de diffé- de les classer. Ces classifications elles-mêmes sont
rents êtres, inanimés ou vivants voilà pour le de valeur inégale selon la nature des caractères
monde extérieur; nous avons les idées de plaisir considérés.
et de douleur, celles des résolutions que nous Ainsi les idées sont dites claires ou obscures,
avons pu.prendre autrefois, etc. voilà pour le distinctes ou confuses, particulières ou générales,
monde intérieur nous avons les idées d'espace abstraites ou concrètes, vraies ou fausses, etc.
infini, du temps éternel, d'être parfait, etc. voilà Elles sont claires quand elles représentent vive-
pour le monde suprasensible. ment leur objet à l'esprit; distinctes, quand elles
L'idée se distingue à la fois de la sensation pure représentent l'objet avec tous les attributs essen-
etde la déterminationvolontaire.Je puis avoir en effet tiels qui lui appartiennent dans la réalité; en ce
l'idée d'une souffrance ou d'une jouissance, sans les cas, elles reçoivent quelquefois le nom d'adéquates.
éprouver actuellement; je puis d'autre part avoir Une idée peut être claire sans être distincte si
i'idée d'un choix à faire entre deux motifs d'action, je me brûle la main, j'ai l'idée très claire de la
sans pour cela me décider. Enfin, si l'idée est une douleur éprouvée; cependant j'ignore des
comment
tissus de la
représentation des choses dans l'esprit, elle n'im- une modification toute mécanique
plique pas nécessairementl'existence d'un objet à peau peut produire dans l'âme une sensation
titre de réalité distincte de l'esprit lui-même. l'idée de la souffrance n'est donc pas ici une idé e
Un cheval ailé, une montagne d'or, n'existent pas distincte. Une idée particulière est celle qui
dans la nature il m'est cependant possible de n'exprime qu'un seul individu; par exemple, l'idée
m'en former l'idée. Mais on remarquera que ces do tel homme, Pierre ou Paul. L'idée générale,
idées factices, ainsi que les appelait Descartes, au contraire, est celle qui convient à toute une
nous apparaissent comme telles, c'est-à-dire que espèce ou à tout un genre l'idée de l'homme, de
nous avons conscience de les produire volontaire- l'animal, etc. L'idée particulière est également
ment, et nous connaissons par là même qu'elles concrète, c'est-à-dire qu'elle représente un objet
ne correspondentà rien de rée) on remarquera ayant une existence propre et indépendante de
de plus que la nature et l'expérience nous en l'esprit; l'idée générale est par la même abstraite,
fournissent tout au moins les éléments. S'il n'existe l'abstraction étant ce procédé qui consiste à déga-
pas de montagne d'or, l'or et la montagne existent ger des caractèresceux multiples des individus qui for-
séparément c'est seulement la combinaison des ment un genre, qui conviennent à tous, en
idées représentant ces deux objets qui est notre négligeant les autres. Mais si toute idée générale
couvre, et nous le savons très bien. On peut donc est le produit d'une abstraction, il est des idées
idées gé-
admettre en principe que toute idée qui ne nous abstraites qui ne sont pas pour ce la des
apparaît pas comme une création artificielle de nérales ainsi je puis, dans une orange, considérer
notre esprit, et qui est accompagnéede la croyance seulement la forme, ou la couleur les idées de
à l'existence d'un objet en dehors de nous, impli- ces qualités prises à part seront abstraites, sans
que l'existence réelle de cet ob'et. Là est le fon- qu'il soit nécessaire de les affirmer de tous les
fruits appelés oranges. Enfin les idées vraies dent pas dans le temps, que le temps ait com-
sont celles qui sont conformes à leurs objets, bien mencé d'être, qu'un temps ait été où le temps ne
qu'en réalité le vrai et le faux soient plutôt des ca- fut pas, et qu'à un moment quelconque de l'ave-
ractères du jugement, lequel est Impression d'un nir, le temps puisse cesser d'exister? De telles
rapport entre deux idées. hypothèses répugnent à la raison; elles impli-
Tous ces principes de classification ont leur uti- quent contradiction dans les termes comme l'es-
lité en logique mais leur importance n'est après pace, le temps est nécessaire.
tout que secondaire. En effet, telle idée, claire et L'école rationaliste énnmère d'autres idées en-
distincte pour tel esprit, sera obscure et confuse core à qui elle reconnalt le même caractère de
pour tel autre; une idée sera plus ou moins géné- nécessité l'idée de cause première, celle du bien
rale, selon qu'on la considère en rapport avec celle absolu, ou fin suprême de la volonté, celle d'être
de l'espèce dont elle exprime le genre, ou celle du parfait, etc. It faut reconnaltre d'ailleurs qu'eue
genre supérieur dont elle n'est que l'espèce. Par n'a jamais pris soin d'en dresser une liste complète
exemple, l'idée d'homme est plus générale que et méthodique.
celles de Pierre, de Paul, de Français, d'Européen Une idée nécessaire est en même temps abso-
et moins générale que l'idée d'être animé. Aussi lue, c'est-à-dire qu'elle ne dérive d'aucune autre;
les psychologues sont-ils à peu près d'accord pour l'idée contingente, au contraire, est relative. Je
reconnaître que la veritabie classificationdes idées ne puis concevoir un corps sans concevoirl'espace
est celle qui se fonde sur la différenced'origine. qui le contient; mais la réciproque n'est pas vraie.
La question de l'origine des idées, qui touche L'idée de corps est donc relative à l'idée d'espace
aux problèmes les plus élevés de la métaphysique elle en dépend, tandis que celle-ci est première,
et de la morale, est une de celles qui ont tenu le et ne dépend que de son objet, lequel ne dépend
plus de place dans les préoccupations des philoso- de rien.
phes à toutes les époques de l'histoire. Les uns, Enfin, les idées nécessaires sont universelles;
ce sont les sensualistes, ont prétendu dériver elles existent, plus ou moins claires, mais tou-
toutes les idées, par suite toute la connaissance jours identiques, dans toutes les intelligences.
humaine, soit de la sensation (Epicure, Hobbes, Les idées contingentes sont particulières, en ce
Cffndillac); soit de la sensation et do la réflexion sens qu'elles peuvent ne pas exister dans tous les
(Locke, Laromiguière); plus généralement, de esprits, ou être conçues différemment par chacun
l'expérience externe ou interne (sens ou Conscience), d'eux.
d'où le nom d'empirique (du. grec empeiria, expé- De cette opposition de caractères, l'école ratio-
rience) donné quelquefois à cette école. Les au- naliste conclut à une différence d'origine. Il est
tres se sont efforcés de montrer que certaines manifeste que les idées contingentes, relatives,
idées doivent être nécessairement rapportées à particulières, viennent des sens ou de la cons-
une source différente, qu'elles sont le produit cience, en un mot de l'expérience. H n'est pas
d'une faculté souveraine distincte des sens, de la moins évident que les idées nécessaires, absolues,
conscience, et des opérations intellectuelles telles universelles, ne sauraient découler de la même
que la comparaison, l'abstraction, la généralisa- source. L'expérience nous révèle ce qui est, à tel
tion, le raisonnement; cette faculté est la nMMH, point de l'espace, à tel moment de la durée non
et les philosophes qui professent cette doctrine ce qui ne peut pas ne pas Être, ce qui est et
sont appelés rationalistes.Le rationalisme est re- doit être, partout et toujours. La faculté qui nous
présenté dans l'histoire de la philosophie par les donne ces connaissances d'ordre supérieur s'ap-
noms de Platon, de Descartes, de Leibnitz, de Kant, pelle la ration
de Royer-Collardet de Victor Cousin. Sans nier les différences profondes qui séparent
Nous ne pouvons retracer ici tes phases diver- ces deux classes d'idées, les philosophes de l'école
ses de ce grand débat; contentons-nous d'esquis- empirique cherchent à les atténuer, en dénaturant
ser, dans ses traits essentiels, la démonstration les notions nécessaires pour les rapprocher insen-
de la thèse rationaliste. siblement des notions contingentes. C'est ainsi
Un examen, même superficiel, de nos idées, qu'ils ramènent les idées d'espace, de temps, à
suffit à faire reconnaltre que les unes sont contin- celles d'étendue, de durée indéfinies. Nous com-
gentes, les autres nécessaires. Les idées contin- mençons, disent-ils, par considérer abstraitement
gentes sont celles qui pourraient ne pas exister telle étendue particulière, celle de ce livre ou de
dans l'esprit sans que leur non-existence impli- cette table cette étendue, bornée de toutes parts,
quât contradiction. J'ai les idées d'arbre, de mai- nous l'amplifions par l'imagination, nous l'agran-
son, de couleur, mais je pourrais ne pas les avoir; dissons au delà de toutes limites assignables
mon intelligence n'en subsisterait pas moins. voilà l'espace infini des rationalistes; il n'est en
Tout autres sont les idées nécessaires eiles sont réalité que l'indéfini, notion toute négative, qui
.elles que l'on ne saurait concevoir un esprit qui exprime simplement l'impuissance où nous som-
ne les possédât pas, à un degré quelconque de mes de fixer un terme à la multiplication idéate
clarté et de précision. De ce nombre sont les idées des étendues que l'expérience nous fournit. Celle-
d'espace et de temps. ci donne les matériau! l'abstraction, la généraU-
Ce caractère de nécessité de certaines idées ré- sation, l'imagination les élaborent nul besoin
sulte évidemment de la nécessité même de leurs d'une faculté spéciale pour expliquer l'existence
ubjets. Tandis que je puis sans absurdité suppo- dans l'esprit de prétenduesnotions nécessaires qnt
ser anéantis la table sur laquelle j'écris, la cham- ne sont que les transformations ultimes des don-
bre qui la renferme, la maison que j'habite, et la nées empiriques.
terre même, et le système solaire, et les millions Les adversaires de la thèse rationaliste ramènent
d'étoiles qui peuplent les cieux, je fais de vains de même l'idée de temps éternel à celle de durée
efforts pour supprimer par la pensée l'espace vide indéfinie; l'idée de cause première à celle d'une
et illimité. Antérieurementà toute création, tl est succession de phénomènes, à laquelle nous na
1~ pour contenir les corps possibles l'univers saurions assigner de premierterme; l'idée de bien
fût-il anéanti, il serait encore là, éternellement absolu à celle d'utilité, etc. Mais it faut recon-
prêt à en recevoir un nouveau. naître que leur tentative est partout infructueuse.
De même pour le temps. Dans la nature exté- En fait, nous avons conscience que les notions né-
rieure, comme au sein de ma conscience, les phé- cessaires n'apparaissent pas dans notre esprit
nomènes s'écoulent. Chacun d'eux a commencé comme les produits laborieux de procédés d'ab-
d'exister la série tout entière a eu un commen- straction et d'amplification elles se manifestent,.
cement. Mais puis-je concevoir qu'ils ne se succè- spontanément, immédiatement, a l'occasion du
contingent et du relatif. L'étendue bornée éveitte bles, car il est de principe, pour M. Spencer, qu'a
invinciblement la notion de l'espace sans limites, tout état de conscience correspond un état déter-
la durée des phénomènes qui passent fait conce- miné du cerveau et du système nerveux. Si l'on
voir l'éternité immuable, l'enchalnement des cau- admet, comme les faits 1 établissent,. que les dis-
ses secondes provoque l'affirmationde l'existence fants,
positions organiques des parents passent aux en-
d'une cause première absolue. Logiquement, on on comprendra que dans la suite des âges,
aura beau multiplier le fini par lui-même, on n'en les hommes, héritiers d'un cerveau déjà façonné
fera pas sortir l'infini si modifié, si torturé qu'on par les pensées habituelles de leurs premiers
le suppose, le contingent ne donnera jamais le pères, manifestent une prédisposition innée les
à re-
mêmes
nécessaire, ni le relatif, l'absolu. y aIl plus le produire les mêmes pensées, à formuler
fini ne se conçoit que comme négation de l'infini; jugements. Les idées et vérités nécessaires ne se-
de ces deux termes, l'infini seul a une significa- raient alors que les expériences les plus générales
tion positive l'intuition du nécessaire, de l'ab- et les plus constantes des générations antérieures,
solu, rend seule explicable la connaissance du accumulées pour ainsi dire et gravées en traits
contingent et du relatif. ineffaçables dans l'organisme de leurs descen-
L'erreur des empiriques tient à ce qu'ils ont dants.
confondu, dans la question de l'origine des idées, Cette théorie ingénieuse, vraie peut-être à quel-
l'ordre logique et l'ordre chronologique. U est ques égards, ne semble pourtant pas en état de
clair que dans la première période de sa vie, répondre à toutes les objections que sou)ève la
rhomme étant pour ainsi dire tout sens, est inca- doctrine empirique. D'abord, l'hérédité des dispo-
pable de s'élever encore à la notion distincte du sitions intellectullesest encore une hypothèse sans
nécessaire la raison se développe tardivement, et valeur scientifique suffisante; puis, fût-elle admise,
si les données de l'expérience ne venaient solli- il resterait toujours à expliquer commentlale con-
citer son éveil, elle resterait éternellement en- tingent devient qui le nécessaire, comment con-
gourdie. Chronologiquement, les idées contin- naissance de ce est se transforme en une con-
gentes précèdent donc les idées nécessaires. Mais naissance de ce qui ne peut pas ne pas être. Quel'on
n est clair aussi que dans l'ordre logique, celles-ci considère l'expérience de la race, ou celle de
sont antérieures à celles-là. C'est la raison seule l'individu, la difficulté est la même elle est seule-
qui rend possible la connaissance en organisant ment répartie sur un plus large espacehumain, et une
l'expérience et en lui imposant dès le début ses plus longue durée. L'expérience du genre
formes et ses lois. comme celle de chacun de nous, implique des
On voit d'après cela quelle est l'exacte valeur principes et des idées qui la dépassent, lui soient
des critiques célèbres qu'au xvn' siècle le philo- logiquement antérieurs et l'organisent de fait manière
voir
sophe anglais Locke adressait à la doctrine des à la rendre vraiment intelligible. Kant a
sensation quel-
idées !'K~M5 de Descartes. Locke avait sans doute qu'il y a déjà dans la plus humble
raison de soutenir que l'enfant, le sauvage, le fou, que chose que la sensation ne donne pas, et
l'idiot, n'ont pas l'idée claire de l'infini, de l'être Leibnitz corrigeait admirablement l'axiome sensua-
parfait, etc.; mais en parlant d'idées innées, liste « il n'y a rien dans l'entendement qui n'ait
Descartes avait entendu tout autre chose. Il pré- été d'abord dans la sensation, en ajoutant
tendait seulement que nous apportons en naissant « excepté l'entendement lui-même. » L'esprit avec
la faculté de concevoir de telles idées, et que ses formes constitutives, la raison avec ses notions
cette faculté est en elle-même et par sa nature es- essentielles, aussi obscures et enveloppées qu'on
sentiellement distincte des autres modes d'acqui- veuille les supposer à l'origine, voilà ce que dut
sition de la connaissance. Et Leibnitz, réfutant apporter l'humanité naissante en face de la nature,
Locke et amenant la doctrine cartésienne à un de- sous peine de l'ignorer éternellement. Voilà par
religion,
gré de précision supérieur, comparait les idées où la science, l'art, la moralité, la tout
nécessaires à des veines qui, dans l'intérieur d'un progrès et toute civilisation sont possibles, et par
btoc de marbre, dessineraient vaguement la figure où se manifeste entre l'homme et la bête une dif-
d'une divinité. Ces veines sont ignorées, jusqu'à férence en quelque sorte infinie.
ce que le ciseau du sculpteur tasse tomber les Pour la réfutation du sensualisme de Locke, voir
écailles qui les dissimulantet, suivant les lignes tra- surtout )e premier livre des Nouveaux essais sur
cées à l'avance, produise au grand jour la statue l'entendement humain, de Leibnitz, et les Leçons
l'histoire de la philosophie au xvni* siècle, de
que la nature avait en quelque sorte préformée. sur Carrau.]
De même les notions nécessaires sont des MmeM- V. Cousin, t. I). [L.
Grammaire. XXI. Etymo-
ces que nous apportons en naissant, des traits lu- IDIOTISME.
idios,
mineux cachés au dedans de nous-mêmes, et que logie de la racine grecque propre,. par-
la rencontre des objets extérieurs fait paraître dans ticulier à). L'M~oh'swe est une façon de parler
la conscience. particulière et propre à une langue, mais qui s'é-
Après la réfutation de Locke et de Condillac carte des lois générales de la grammaire. Chaquelan-
par Leibnitz, Royer-Collard et Cousin, il semblait gue a ses idiotismes.trouvent-ils?) Wie befinden Sie s:c/t7 (mot
pour demander:
que le débat séculaire entre l'école empirique et à mot: commentportez-vous? se
n est un idiotisme alle-
l'école rationaliste fût épuisé. Mais de nos jours, « comment vous
l'illustre philosophe anglais Herbert Spencer est mand. ~/OM) do you do? (mot à mot comment faites.
venu apporter un élénent nouveau dans la ques- vous faire?) pour dire « comment vous portez-
tion c'est celui de l'hérédité. Herbert Spencer vous ? f est un idiotisme anglais. Comment vous
estime, avec les rationalistes, que certaines no- po~fez-fOMS ? pour demander: « comment est votre
tions, certains jugements ne sauraient s'expliquer santé ? a est un idiotisme français.
par l'expérience de lindividu; mais il pense qu'on aK~HcMMe, Idiotisme est le nom générique; germanisme,
en peut rendre compte par l'expérience de la race latinisme, etc., désignent les es-
tout entière. Pendant des générations innombra- pèces.
bles, ies hommes ont dû, nécessairement, et cela, Les idiotismes français se nomment des galli-
pour ainsi dire, à chaque instant, faire quelques- cismes.
élémentaires sans les-
unes de ces observationsmaintenir Un gallicisme est donc une façon de s'exprimer
quelles ils n'eussent pu leur existence toute particulière à notre langue. Cette particu-
contre les causes de destruction qui les assiégeaient larité d'expression peut se trouver soit dans le sens
de toutes parts. Ces observations indéfiniment figuré, soit dans la construction syntaxique de la
répétées ont dû imprimer à la longue à leur or- phrase. Ainsi cette proposition Il a le c<BMr sur la
ganisation cérébrale certaines modificationsdura- main, n'a rien qui répugne à notre syntaxe, mais
l'image hardie qu'elle évoque est propre au fran- disaient nos pères, c'est-à-dire
çais et serait intraduisible dans tonte autre langue. Le vrai sens de ce gallicisme est donc manque le drap.
il s'en man-
C'est un gallicisme de figure. Au contraire dans que de beaucoup, etc., en supposant que s'en man-
J'ai entendu dire cela à votre père, chaque mot quer soit français.
a son sens propre, la phrase n'a rien de figuré; Ils criaient à qui mieux mieux est un peu plus
mais à es~ explétif et presque impossible à expli- difficile à expliquer. Nos ancêtres disaient qui
quer grammaticalement. C'est un gallicisme de mieux mieux, et même qui p&! plus, sans mettre
syntaxe. Pour analyser cette proposition il fau- A. Nous aurions donc, en décomposant notre exem-
drait mettre J'ai entendu votre père dire cela. ple ils criaient, celui qui criait le mieux, faisait
Mais la phrase devient aussitôt lente et incolore; le mieux; c'est-à-dire ils criaient à l'envi les
un étranger pourra parler ainsi, un Français, ja- des autres. La préposition à a été ajoutée plut uns
mais. C'est que le gallicisme n'est pas seulement tard, comme dans les locutions <Me-Me, à 6oM-
une tournure en dehors des règles communes, che que veux-tu, à profusion, etc.
une expression destinée à exercer la patience des CotMe
apôtres fervents de l'analyse grammaticale et logi- que l'on que
co! c'est-à-dire que cela coûte ce-
voudra que cela cotise.
que c'est )e tour préféré du français si alerte et ~M fOM~o:f à quelqu'un est des innombra-
si vif c'est ce qui donne notre langue je ne bles gallicismesformés par le un mot J) signifie
Mis quoi de pittoresque et de hardi, avec une proprement avoir un sentiment de en.
sorte de grâce native qui n'appartient qu'à elle et tre quelqu'un. Vouloir, joint à la particulerancune con-
en, si-
que les Français peuvent seuls lui conserver. Mais gnifie avoir des prétentions sur une chose; de ia,
tout dépend de 1 heureux emploi du gallicisme le sens dérivé de mauvaise intention.
c'est ce qui constitue le bon goût chez nous, ce Ne t;o:M-<-t~ pas une belle équipée? est un sin-
qui constituait l'urbanité chez les Latins et I'a«t- gulier exemple de gallicisme. L'adverbe voilà est
cisme chez les Grecs. Tous tes auteurs qui ont composé, comme chacun sait, de vois et là; mais
écrit dans le genre tempéré, Pascal, madame de dans le cas particulier qui nous occupe, voit est
Sévignë, La Fontaine, Voltaire en fourmillent. évidemment à la troisième personne, et la locution
C'est une des ressources du dialogue comique, et complète est pour Ne voit-il pas là une belle
Molière,Regnard, Destouches en usent largement. équipée ? Le t est amené ici par le son a qui
Par contre, dans Racine, Bossuet, Massillon, on donne au mot composé voilà l'apparence d'un,
en trouve peu à mesure que le style s'élève, verbe de la première conjugaison Cette assonance
les gallicismes sont plus rares. Aussi la langue finale nous parait une des raisons qui ont fait pré-
populaire en est pleine, et la plupart de nos pro- férer voità à voici dans cette locution. Mais il est
verbes sont des gallicismes. mis ici pour <M; et la phrase redresséeserait donc
Nous n'entreprendronspas d'en donner une liste Ne voit-on pas là une belle <~Mjoef.
complète un volume n'y suffirait pas. Citons seu- Tout et ~Mc/$'M" donnent naissance à une foule
lement quelques exemples des deux grandes clas- de gallicismes qu'on trouvera expliqués à leur
ses de gallicismes que nous avons établies, en place (V. Syntaxe).
commençant par ceux qui sont particulièrement Nous bornerons là notre étude sur les gallicis-
du domaine de la grammaire, c'est-à-dire par les mes de construction le peu que nous
gallicismes de construction ou de syntaxe. en avons
dit suffira pour en faire comprendre le sens et en
10 GALLICISMES DE SYNTAXE. Ces gallicismes faciliter l'analyse.
sont presque tous des phrases explétives, ou des GALUctSMs DE FiGBBE. Ces gallicismes
formes' elliptiques qu'il faut redresser si l'on veut proviennent le plus souvent d'une ellipse, d'un
tes analyser. pléonasme d'une inversion. ]I faut a)ors,pour
Il y a s'écrivait autrefois il a (la forme Il y a les analyserouet les expliquer aux élèves, suppléer
apparaît cependantdès le treizième siècle). y a à l'ellipse, retrancher le pléonasme, faire dispa-
des gens signifie donc il (on) a (trouve) (les gens. raître l'inversion et surtout bien dégager le
Il est pris dans le sens neutre, et correspond figuré. Ainsi coiffé d <a Titus signifie coiffé sens à la
aux pronoms allemand et anglais es et it. Quant façon de Titus.
à y, il se trouve placé là, dit M. B. Jullien, pour fa:< à la cfM&/< fait à la manière du diable.
éviter la confusion de cet impersonnel avec la Battre la caMpo~ne, qui se dit d'un malade dans
troisième personne du singulier du verbe avoir. le délire, est une métaphore qui rappelle les chas-
Mon dme est un gallicisme euphonique t?<n?! seurs ou les soldats ennemis qui courent les
est mis pour ma (V. Adjectif, p. i)0'. champs.
Les vieilles gens sont soupçonneux gallicisme Battre quelqu'un à plate couture, c'est-à-dire le.
historique dont l'explication se trouve au mot battre complètement, au point d'aplatir les cou-
NOM.' tures de son habit.
Cela ne laisse pas de nous inquiéter ici, .Vo)i<ff sur ses yMM<~ chevaux, se mettre en
laisse a le sens de cesser, de s'abstenir, de dis- colère, montrer de la sévérité dans ses paroles.
continuer et est par conséquent verbe neutre. Cette expression no~s fait remonter au temps de
Sij'étais que de vous est mis pour
et que de est explétif.
«'a~ vous, la chevalerie. On distinguait alors deux espèces de
chevaux le patefroi et le destrier. Le palefroi
Ce que c'est que de nous phrase explétive de était le cheval de promenade, de parade le des-
est surabondant. trier, le cheval de bataille, plus grand et plus fort
On n'a~'OMaM fu, que je sache, les alouettes tom- que le palefroi. Quand chevalier montait sur
ber toutes ~dhex. L'expression que je sache est la son destrier, c'était pour un la bataille ou le tournoi.
traduction littérale de ~Mo~ sciam, que les Latins De là le sens de se mettre en colère.
employaient avec le sens de à ma connaissance. Faire pi~ce à quelqu'un, moquer de quel-
L'autre forme de cette locution je ne sache pas qu'un. « De même que l'onseinvente des sujets,
o~'ot! ait jamais vu, est une inversion toute fran- des pièces de théâtre, dit Vaugelas, aussi ce qu'on
çaise. Le verbe .'af0!'f conserve le mode subjonc- invente contre une personne pour s'en jouer et
tif, en prenant la négation de l'autre verbe, et le divertir, s'appelle une pièce et inventer ces cho-
que suit je sache au lieu de le précéder, en entraî- ses-là s'appelle faire une pièce. a
nant l'autre verbe (ait vu) au subjonctif. ~foc' maille à partir avec ~uf/yK'Mn, c'est-a-
Il s'en faut de beaucoup que la Seine ait monté dire avoir un différend avec lui, s explique avec
M haut: ici, faut ne représente pas le verbe fal- de grammaire historique. La maille,
un peu
loir au sens ordinaire, mais le verbe manquer (en monnaie de billon carrée qui avait
latin fallere). « Au bout de l'aune faut le drap '). rois Capétiens, était la plus petitecours sous les
de toutes les-
monnaies quand on voulait la partir (la partager), les troubles de l'esprit, dans le rêve, dans la folie,
on ne pouvait que se quereller, puisqu'il n'y avait que l'image est prise pour l'objet lui-même il
aucune unité monétaire au-dessous d'elle. plusieurs
Du reste se produit alors ce qu on appelle une Aa/~M< :Ha-
ce mot maille, qui entre aujourd'huidans tion, c'est-à-dire une confusion de la pensée avec la
gallicismes, était autrefois d'un usage courant et réalité.
signifiait un demi-denier. On dit encore « Un Mais l'imagination est le plus souvent tout
pince-maille, n'avoir ni sou (autrefois ni denier) autre chose que la représentation fidèle des im-
ni HMtHe o, etc. pressions antérieures des sens. D'ordinaire, ce mot
Beau, belle, forment aussi une foule de galli- désigne le travail spontané ou réfléchi d'un esprit
cismes, sur le sens étymologique desquels on n'est qui combine à sa façon les images déjà acquises et
pas bien d'accord Vous avez beau jeu; uoM< <'t)M conservées par le souvenir, qui les modifie, qui les
beau dire; Ct'M de plus belle; vous me la baillez groupe et les ordonne dans des cadres nouveaux;
belle; il l'a échappé belle. qui en altère les proportions, qui les rapetisse ou
CœMf, grâce à ses sens multiples de viscère, les agrandit, qui enfin les transforme à son gré et
sentiment, partie intime d'un objet, etc., forme les idéalise. L'imagination alors est synonyme d'in-
également nombre d'idiotismes est au c<BMr ~e vention, d'esprit inventif elle est la fantaisie libre
la di'~cM~ je vous H!t!e)'a: de grand ccBMf,' il a qui ne s'astreint plus à copier servilement la réa-
ri de bon cœMf; il a le eceM'' solide, etc. lité. Par la nouveauté des formes qu'elle impose
Nous n'insisterons pas davantage on voit seule- aux éléments qu'elle emploie, aux matériaux qu'elle
ment, par ces quelques exemples, que la plupart rassemble de toutes parts, elle a les apparences
de nos gallicismes de figure sont des expressions d'un pouvoir créateur, et on l'appelle imagination
venues de notre vieille langue et détournées peu créatrice.
à peu de leur sens primitif. On les emploie et on Les œuvres propres de l'imagination créatrice
les cite à tout propos aujourd'hui, en comprenant sont les fictions, les fictions de toute espèce, cel-
d'instinct le sens général et figuré qu'elles repré- les qu'enfante le poète, comme celles qui égarent
sentent mais on serait souvent bien en peine de le fou. Seulement le poète n'est pas dupe de ses
les analyser et de rendre raison de chacun des inventions imaginaires, tandis que le fou croit il<
termes pris à part. Il y a pourtant là une source la réalité de ses chimériques rêveries.
d'études curieuses que nous ne saurions trop re- C'est une question de savoir si l'imagination
commander aux instituteurs. [J. Dussouchet.] représentative est capable de renouveler autre
Auteurs à consulter. B. Jullien, Grammaire ~e- chose que les impressions des sens extérieurs, si
nérale. Ëmtm-Martm, Courrier de Vutf~fM. – Quitard, elle peut faire revivre, dans un fugitif retour, les
Dictionnaire des Proverbes. Charles Ro~an, les Petites émotions de la sensibilité. Il semble cependant
Ignorances de la conversation. qu'il soit possible de ressentir à distance et par
IMAGINATION. Psychologie, IX. Défini- la seule force de l'imagination les passions jadis
~OM c~ <'itKa!/iHa/!OH.' M ?ta<M''e. -L'imaginationest éprouvées. En tout cas, le doute n'est plus permis
un mot complexe qui exprime des états de l'esprit pour l'imagination créatrice, qui a bien certaine-
assez différents les uns des autres. D'abord, et ment le pouvoir de combiner les sentiments et
sous sa forme la plus simple, l'imagination se les idées non moins que les images et les sensa-
confond presque avec la mémoire, dont elle n'est tions. Le poète dramatique qui imagine un car?.c-
qu'un degré particulier elle consiste alors dans tère ressent en partie les passions qu'il lui attribue,.
le fait de se représenter les objets en l'absence tout comme le peintre ou le poète descriptif voit
des objets, de les voir, de les entendre mentalement, les traits de la figure idéale qu'il dessine ou qu'il
comme si on les voyait, si on les entendait en dépeint.
réalité. Elle est la simple faculté de concevoir, les C'est ainsi que, partie des commencements les
yeux fermés, ce que tout à l'heure on a aperçu, plus humbles, l'imagination représentations s'élève et s'épure
tes yeux ouverts. Vous venez de considérer un peu à peu d'abord liée aux sen-
paysage qui maintenant a disparu de devant vous; sibles, faite d'éléments pour ainsi dire matériels,
mais ce paysage, vous pouvez encore le contem- elle devient une force propre de l'esprit, elle est
pler dans votre pensée, vous pouvez le revoir et la manifestation d'une intelligence qui conçoit le
en retrouver tous les détails, tous les traits, dans beau et qui le réalise dansc'est-à-dire les différents arts. Elle
une sorte de photographie intérieure vous avez est alors guidée par l'idéal, par une con-
de l'imagination. ception intellectuelle qui, comme une loi supé-
Sous cette première forme, l'imagination n'est rieure, domine les images et les oblige à se grou-
qu'une mémoire vive, une mémoire descriptive et per dans un certain ordre.
pittoresque, qui représente toutes choses à votre Il est aisé de démêler les rapports de l'imagina-
esprit comme si elles étaient encore devant vos tion avec les autres faits de la vie morale. Puissance
yeux, qui anime ses conceptions au point qu'il dérivée à l'origine, puisqu'elle emprunte ses ma-
vous semble que vous continuez de sentir, quoique tériaux l'expérience, elle acquiert bien ensuite son
réglées
vous ne fassiez plus que penser. On l'appelle initiative propre; mais dans les âmes
:ma~:K<oK représentative. elle reste sous la dépendance de la pensée, dont
L'imagination représentative n'est donc que la elle est l'instrument. Elle dépend aussi de la sen-
faculté de produire des images, comme la mémoire sibilité, elle obéit à la tristesse et à la joie. Dans
celle de produire des souvenirs. L'image sera plus une âme triste, les imaginations se conforment
ou moins parfaite, selon qu'elle reproduira avec à l'état général de l'esprit et se teignent d'une
plus ou moins de fidélité l'impression primitive couleur sombre dans une âme joyeuse, au con-
et bien que ce mot image s'applique proprement traire, il se fait comme une éclosion spontanée
au renouvellement des impressions de la vue, de représentations riantes et gaies. Soumise à la
tous les sens peuvent donner lieu à des représen- volonté chez les esprits réfléchis, elle a cependant
tations imaginaires. Le musicien imagine les sons ses heures de caprice et do licence il lui arrive
comme le peintre les formes et les couleurs. Tout de s'émanciper, de secouer tout frein, et alors,
ce qui a été impression sensible peut se renou- sans règles et sans contre-poids, substituant son
veler dans l'esprit sous forme d'imagination action indépendante à l'action des autres forces
mentale. morales, elle enfante des situations anormales, la
Ajoutons que, dans l'état normal d'une intelli- divagation, le rêve, la folie.
gence saine, l'image, quelque vive qu'elle puisse Du rôle de l'imagination. D'après l'analyse
être. n'entraîne pas la croyance à l'existence de qui précède, on comprend sans peine pourquoi l'i-
l'objet qu'elle représenta C'est seulement dans magination est de toutes les facultés de l'esprit la
plus vantée et aussi la plus décriée, la plus utile peut- graphes il y a là encore une autre forme de l'im-
être et certainement la plus pernicieuse, le don le pôt.
plus brillant et le plus funeste de la nature. Distinction des contributions directes et indi-
Pascal l'appelle une <; maîtresse d'erreur et de rectes. La distinction des contributions directes
fausseté, » et, en effet, longue serait la liste et indirectes est essentielle le mode d'établisse-
des illusions, des superstitions qu'engendre « cette ment, de perception est durèrent pour les contri-
partie décevante de l'homme. On a dit d'elle dans butions directes et les contributions indirectes. Les
ce même sens qu'elle était la « folle du logis, n contributions directes sont perçues en vertu da
parce que dam les esprits où elle est livrée à rôles nominatifs dressés chaque année par lea
elle-méme, elle bouleverse tout, elle met le dé- agents de l'administration les contributions indi-
sordre et la confusion. Mais a coté des égarements rectes sont perçues en vertu de tarifs généraux,
iont elle est la source, il n'est que juste de rap- établis par la loi, et qui doivent recevoir leur exé-
peler ses bienfaits. cution tant qu'une loi nouvelle ne les modifie pas.
Dans la vie pratique, elle alimente ces rêveries Des administrations financières distinctes sont
innocentesqui embellissentetcharment l'existence. chargées du recouvrement de ces deux natures d'im-
Elle entretient l'espérance. Elle est même un res- pôts. Les contestations entre les particuliers et. l'ad-
sort essentielde l'activité ceux-là seuls travaillent ministration a l'occasionde la perception des impôts
ardemment pour atteindre le but de leurs efforts, directs sont jugées en général par le conseil de
qui l'imaginent avec vivacité. Enfin, elle est né- préfecture les contestationsrelatives a la percep-
cessaire pour animer les rapports sociaux, et si tion des contributions indirectes sont jugées par
nous voulons aimer véritablement nos semblables, les tribunaux ordinaires.
il est bon que notre imagination se mêle notre Impôts de répartition et de ~Mo<:<e. Les im-
sensibilité. pôts se divisent aussi en impôts de répartition et
Dans la recherche de la vérité scientifique, elle impôts de quotité. Dans les impôts de répartition,
a aussi son utilité elle inspire les hypothèses, et le chiffre total eue l'impôt doit atteindre est déter-
un philosophe éminent de notre temps, M. Paul miné à l'avance par la loi de finances votée chaque
Janet, a pu demander sans paradoxe qu'une logi- année puis, au moyen de répartitions successives
que complète contint un chapitre intitulé Des entre les départements, les communes et les contri-
erreurs commises par défaut d imagination n. buables, on arrive à déterminer la part que chacun
Enfin dans les beaux-arts elle est la faculté doit payer. Dans les impôts de quotité, le chiffre &
essentielle et souveraine. Si nous la supprimons, percevoir n'est pas déterminé à l'avance, et il varie
la peinture cède la place à la photographie et la suivant que l'élément imposable est plus ou moins
poésie au réalisme. Et encore le réalisme lui- considérabte. Les impôts de répartition sont:
même, pour assurer l'exactitude de ses descrip- l'impôt foncier, l'impôt personnel et mobilier,
tions, a-t-il besoin du premier degré de l'imagina- l'impôt des portes et fenêtres. Toutes les contri-
tion, l'imaginationreprésentative. butions indirectes, et, parmi les contributions di-
Sur les avantages et les inconvénients de l'ima' rectes, celle des patentes, sont des impôts de
gination. comme sur l'analyse de ses opérations, quotité.
on consultera avec fruit, parmi tant d'autres tra- 2. Impôts directs. Les contributions ou im-
vaux consacrés à l'étude de cette faculté, les livres pôts directs sont l'impôt foncier, l'impôt person-
récents de_MM. Tissot, Michaut et Joly ~Ma$<- nel et mobilier, l'impôt des portes et fenêtres,
nation, ses bienfaits et ses égarements, 1868 De l'impôt des patentes. H faut distinguer dans les
~'YmoyM'!hon,~u~e~ycAo<o~MC, 1816; l'Ima- contributions directes le principal de la contribu-
gination, étude psycholo.qique,t877. tion, et les centimes additionnels qui s'ajoutent
[Gabriel Compayré.] par corrélation au principal, à raison d'un certain
IMPOTS. Législation usuelle. V.
tinition et notions générales.
i. Dé- nombre de centimes par franc. Ces centimes addi-
L'impôt est la tionnéls sont établis pour subvenir à des charges
part contributive de chaque citoyen dans les dé- accidentelles et temporaires, et spécialement pour
penses d'intérêt public. Le gouvernement assurant faire face aux besoins particuliers des départe-
a chacun la sécurité, le respect de la propriété, le ments et des communes. Le produit des contribu-
libre exercice du travail, il est juste que chaque ci- tions directes se partage ainsi entre l'État, pour les
toyen contribue aux charges publiques. On emploie dépenses générales, le département et la commune,
comme synonymesles mots impôts et contributions. pour leurs dépenses spéciales. Le principal des
Deux principes essentiels dominent la matière contributions directes est Nié le budget de
des impôts le premier est qu'aucune contribu- )88t de la manière suivante parimpôt foncier,
tion publique ne peut être perçue qu'en vertu 176320000 fr.; impôt personnel et mobilier,
d'une loi votée par la Chambre des députes et le 65 403 000 fr.; portes et fenêtres, 45162000 fr.;
Sénat; le second est que l'impôt doit être propor- patentes, 986)8600 fr.
tionnel, c'est-à-dire payé par chacun proportionnel- Impdt /'o~Ctcr. –~L'impôt foncier est établi sur
lement à ses facultés. Pour arriver à ce résultat, le le revenu net des propriétés bâties et non bâties.
législateur a été amené à établir des impôts assez Le chiffre total de l'impôt foncier et le contingent
nombreux afin d'atteindre les différents éléments de chaque département sont fixés par la loi de
imposables. finances. Le conseil général fait, dans chaque dé-
Division des :mpd~. L'impôt se perçoit sous partement, la répartition entre les arrondisse-
diverses formes. Tantôt le chiffre d& par le contri- ments le conseil d'arrondissement, sous l'au-
buable est déterminé à l'avance, inscrit sur un torité du conseil général, opère la répartition entre
rôle où figure le nom du contribuable, et en vertu les communes; enfin, dans la commune, la réparti-
duquel des poursuites sont exercées contre lui en tion est faite entre les contribuables par une com-
cas de non paiement c'est l'impôt direct. Tantôt mission de répartiteurs. Cette répartition entre
l'impôt est perçu à raison de l'entrés en France ou les contribuables a lieu au moyen du cadastre,
de la vente de certaines marchandises, ou à l'occa- qui contient la désignation des parcelles, leur con-
sion de certains actes; il ne frappe nominative- tenance, la classe à laquelle elles appartiennent et
ment ancun contribuable, mais est payé par celui le revenu afférent à cette classe.
qui consomme la marchandise ou accomplit l'acte ImpM personnel et mobilier. L'impôt person-
soumis au droit: c'est l'impôt indirect. Enfin t'htat nel et mobilier est d& par tout habitant de l'un ou
s'est réservé le monopole de la vente de certai- de l'autre sexe, français ou étranger, non réputé
nes denrées, comme le tabac, ou l'exploitation de indigent il se compose de deux taxes la taxe
certains services, comme tes oostes et les télé- personnelle et la taxe mobilière. La taxe person
nelle représente le prix moyen de trois journées frappés de diverses taxes d'abord un droit de
de travail, suivant le tarif fixé pour chaque com- circulation qui est perçu lorsque les liquides sor-
mune par le conseil général. La taxe personnelle tent des caves du producteur et sont transportés
est due dans la commune du domicileréel du con- chez les consommateurs, et à chaque enlèvement
tribuable. La taxe mobilière est établie sur la va- ou déplacement du liquide soumis au droit. Le
leur lucative des locaux consacrés à l'habitation liquide ne peut voyager que muni d'un congé ni
personnelle du contribuable; elle est due partout constate 1~ paiement du droit de circulation. Un
où la personne a une habitation. droit spécial appelé droit d'entrée, et qui ne doit
Impôts des portes et fenétres. L'impôt des point être confondu avec le droit d'octroi, est perçu
portes et fenêtres est établi sur les ouvertures, dans les villes ayant une population agglomérée et
portes ou fenêtres donnant sur les rues, cours et permanente de 4,000 âmes au moins. La vente en
jardins des maisons et bâtiments il n'atteint point détail des vins donne lieu à la perception de deux
les portes et fenêtres qui servent seulement à droits nul ne peut se livrer à la vente en détail
aérer les ranges, bergeries, caves et autres locaux sans avoir obtenu et payé une licence délivrée
non destinés à l'habitation. L'impôt se perçoit par la régie; en outre le débitant est assujetti à
d'après un tarif fixé suivant la population et la un droit de tant pour cent sur la valeur vénale de
qualité des ouvertures; si ce tarif donne un chiffre la marchandise. Les détaillants sont soumis à
insuffisant, le complément est fourni par un droit l'exercice, c'est-à-dire que les employés de la ré-
proportionnel qui s'ajoute au droit fixe. L'impôt des gie ont toujours le droit de pénétrer chez eux pour
portes et fenêtres peut être exigé du propriétaire; vérifier les quantités de marchandises livrées à la
mais le propriétaire, à moins de convention con- consommation.Le produit de l'impôt des boissons
traire, se fait rembourser par le locataire sur le- est évalué au budget de t884 à 425753000 fr.
quel l'impôt doit peser en définitive. 7':tKtfe. – Le timbre consiste dans une em-
/M~)f!< des patentes. L'impôt des patentes est preinte apposée sur un papier qui est vendu aux
payé par tous les citoyens exerçant une profession particuliers par l'administration. On distingue le
qui n'en est point expressément dispensée. Il se timbre de dimensions, dont le prix varie, suivant
compose d'un double droit: un droit fixe établi la grandeur du papier, de 60 c. à 3 fr. 60 c. par
d'après la profession et suivant la population, et feuille, et le timbre proportionnel, qui est employé
un droit proportionnel, assis sur la valeur locative pour les effets de commerce, billets à ordre, lettres
des locaux consacrés à l'exercice de la profession. de change la valeur du timbre, et par suite le
Certains patentables ne paient qu'un droit fixe; droit perçu, est graduée suivant la somme portée
d'autres que le droit proportionnel. au billet. Un timbre particulier du prix de 10 cen-
Recouvrement des contributions directes. Le times doit être apposé sur toutes les factures, quit-
rôle des contribuables de chaque commune est tances ou actes de même nature délivrés aux
dressé tous les ans par la direction des contribu- particuliers. Les quittances des comptables de
tions directes. Les rôles sont rendus exécutoires deniers publics sont assujetties un droit de tim-
par le préfet, publiés et affichés, êt mis en recou- bre de 20 centimes. Le produit du timbre pour
vrement par le percepteur. Les contributions sont 1884 est évalué à 156012000 fr.
payables par douzième et d'avance; le contribuable Obli,qation d'employer le papiertimbré; sanction.
n'est valablement libéré qu'en représentant une Tous le* actes ou écrits, publics ou privés, des-
quittance signée du percepteur. Le contribuable tinés à constater un droit ou à être produits en jus-
qui ne paie point peut être poursuivi par le per- tice, doivent être sur papier timbré. Les demandes
cepteur. adressées aux administrations publiques sont éga-
Demandes <m cMc~n~e ou r~MC/MK. Le con- lement soumises a cette condition. La sanction
tribuable qui prétend avoir été imposé à tort, ou de l'obligation d'employer le papier timbra consiste
imposé a un chiffre trop élevé, peut demander la dans une amende qui est perçue indépen lamment
décharge ou la réduction de sa cote de contribu- du droit de timbre sur l'écrit non timbré. Cette
tion. Ces demandes doivent être formées dans les amende, lorsqu'il s'agit du timbre proportionnel
trois mois de la publication des rôles elles sont des billets, est fort considérable etie s'élève à
adressées au sous-préfet, ou au préfet dans l'arron- 6p. 100 du montant du titre. En général l'omission
dissement chef-lieu, t.es quittances des douzièmes de l'emploi du papier timbré n'influe pas sur la
échus doivent être jointes à la demande, qui sans validité même des actes; une conventionécrite sur
cela ne serait point recevable. Les demandes en papier non timbré a entre les parties la même va-
décharge ou réduction sont jugées par le conseil de leur que si elle était portée régulièrementsut pa-
préfecture, dont la décision peut être déférée par pier timbré.
voie d'appel au conseil d'Etat. BK!Mr)'p??t"i<. L'enregistrement est une
Demandes en remise ou modération. Ces de- formalité qui consiste dans l'inscription d'un acte
mandes ne doivent pas être confondues avec les sur un registre public tenu par un agent de l'admi-
demandes en décharge ou réduction de cote. Il y a nistration, appelé receveur de l'enregistrement.
lieu à remise ou modération lorsque, par suite d'é- L'accomplissement de cette formalité donne lieu à
vénements imprévus, le contribuable a perdu tout la perception d'un droit à ce point de vue
ou partie de son revenu il s'adresse à l'équité de l'enregistrement a le caractère d'un impôt; mais
l'administration pour être exonéré en tout ou en l'enregistrementa, en outre, en droit civil, eut eSet
partie du paiement de l'impôt Le contribuable en important de donner date certaine aux actes sous
pareil cas n'invoque point un droit, et n'a aucun seing privé soumis à la formalité. Les droits
recours à exercer si sa demande n'est pas accueil- d'enregistrement se divisent en droits fixes et
lie. Les demandes en remise ou modération sont droits proportionnels. Le droit fixe pour les actes
adressées au préfet, qui, à la fin de l'année, statue de même nature ne varie point suivant l'impor-
sur toutes les demandes dont il a été saisi. tance de l'acte le droit proportionnel est calculé
3. Imputa indirects. Les contributions indi- à tant pour cent sur la somme ou la valeur faisant
rectes forment la partie la plus considérable des l'objet de l'acte. Le droit proportionnel est dû
revenus publics; élite comprennent un grand toutes les fois qu'il y a mutation, c'est-à-dire
nombre de droits dont les principaux sont: les transmission de propriété ou d'usufruit, obligation
droits sur les boissons, les droits de timbre et ou libération.
d'enregistrement,les droits sur les sels et les su- Droits de mutation à <'h'c gratuit. Le droit
cres, les droits de douanes. de mutation à titre gratuit est dû par l'héritier
Impôt des boissons. Les boissons, le vin, la qui recueille une succession, par le légataire ou
bière, le cidre, les eaux-de vie et esprits sont donataire. La quotité des droits s'élève à mesure
que le degré de parenté s'éloigne en ligne directe produits ou de l'exploitation de certains services.
entre ascendants et descendants, le droit de mu- Ces monopoles ont différents caractères les uns
tation par succession ou legs est de 1 p. 100; par sont de véritables impôts, comme le monopole de
donation, de 2 fr. 50 c. p. 100 en ligne collatérale la vente des tabacs et du papier spécial destiné à
le droit varie de 6 fr. 50 c. à 8 p. 100 les do- la fabrication des cartes à jouer; d'autres sont fon-
nations ou les legs faits à des étrangers sont as- dés sur des raisons d'intérêt général, ont un but
sujettis a un droit de 9 p. 100. H faut remarquer de sécurité publique, comme la fabrication et la
que le droit se paie sur l'actifbrut, sans déduction vente de la poudre, on tendent & assurer la regu"
des dettes qui grèvent la succession ou des char- larité et le bon fonctionnementde certains services,
ges attachéesà la donation ou au legs.d'obligation comme les postes et les télégraphes ces derniers
Droits de mutation à titre onéreux, monopoles peuvent augmenter les revenus de l'E-
et de quittance. Le droit de mutation à titre tat, mais dans ce cas le caractère fiscal n'est qu'ac-
onéreux est dû en cas de vente ou d'échange il cessoire. Nous allons parcourirles plus importants
s'élève à 5 fr. 50 c. p. 100 pour les immeubles, et de ces monopoles.
à 2 p. IQO pour les meubles. Le droit d'obligation Tabacs. L'importationdes tabacs étrangers et
est en général de 1 p. 100 le droit de quittance la culture en France ne peuvent avoir lieu que
de 50 centimes par 100 fr. Pour les baux, lo droit pour le compte de l'Etat, qui seul fabrique et vend
est calculé sur le prix du bail capitalisé pour toute les tabacs, soit étrangers, soit indigènes. La cul-
sa durée, ou, s'il est divisé en périodes, capitalisé ture du tabac n'est autorisée que dans certains dé-
pour chaque période, mais le droit n'est que partements dans ces départements celui qui veut
de
20 centimes par 100 fr. Lorsqu'il n'y a pas de bail se livrer a la culture du tabac doit en faire la dé-
écrit pouvant être présenté à l'enregistrement,le claration et se munir d'une permission. Le culti-
propriétaire doit faire une déclaration et avancer vateur doit compte à l'Etat de la totalité de sa
le droit dont il se fait rembourser par les loca- récolte la culture est soumise a une surveillance
taires. constante et rigoureuse des agents de l'adminis-
Délai pour le paiement des droits; double droit. tration des contributions indirectes. La fabrication
Les actes reçus par les notaires doivent être des tabacs se fait dans les manufactures de l'Etat,
enregistrés dans un délai qui est au maximum de et la vente aux particuliers dans des débits dont les
quinze jours, à peine d'une âme nde contre le no- titulaires sont nommés par l'administration. Des
taire. Les actes sous seing privé doivent être pré- pénalités sévères assurent contre la fraude le
sentés à l'enregistrementpar les parties dans un monopole de l'Etat. Le produit de la vente des
délai de trois mois en général. Les droits de mu- tabacs pour 1884 est évalué à 373590000 fr.
tation par décès, succession ou legs, doivent être Cartes à jouer. qu'avec La fabrication des cartes &
ac quittés dans les six mois du décès. Le retard jouer n'est permise une autorisation ou
dans le paiement entraîne comme peine la percep- licence de l'administration des contributions indi-
tion d'un double droit. Les droits d'enregistre- rectes. Le papier servant à la fabrication des
est
ment figurent au budget de 1884 pour 557 02!) UOO fourni par l'administration, la
et vente cartes
francs. n'est permise qu'aux marchands commissionnéspar
Droth sur les sels et tes sucres. Les sels sont la régie.
soumis à.une taxe de consommation les sels pro- Poudres. Le monopole de la fabrication et de
venant de l'étranger acquittent, en outre, un droit la vente des poudres se justifie par les dangers
de douane. Les sucres fabriqués en France sont que pourrait faire courir la fabrication, la vente ou
soumis à une taxe de consommation élevée. Pour la détention de ce produit. La poudre ne peut être
assurer la perception du droit, les fabriques de fabriquée que dans les poudrières de l'Etat,
sacre indigène sont soumises à l'exercice, c'est-à- sous la surveillance d'ingénieurs spéciaux. La
dire à la surveillance permanente des agents de vente et la détention de la poudre dede guerre
l'administration,qui constatentles quantités pro- sont interdites en principe. Les poudres chasse
duites et livrées à la consommation. Les sucres et de mine sont vendues par des débitants choi-
venant des colonies ou de l'étranger paient un sis par la régie.deLes kilogr. particuliersne peuvent avoir
droit de douane plus ou moins élevé suivant la chez eux plus 2 de poudre de chasse
provenance. Pour 188t, les droits sur les sels sont ou de mine.
évalués à 33 M9 000 fr. les droits sur les sucres Monnaies. La monnaie est fabriquée sous la
coloniaux et étrangers à tt 917 500 fr.; et le surveillance de l'Etat, qui, par son intervention, en
droit de fabrication sur les sucres indigènes à garantit le titre et la valeur. La monnaie est fa-
92 0.')8 000 fr. briquée dans des ateliers spéciaux créés dans
Droits de douane. Les droits de douane sont différentes villes. Le contrôle de la fabrication est
perçus sur les marchandises importées en France exercé par les agents de l'administration des mon-
ou sur les marchandises exportées de France à l'é- naies aucune pièce fabriquée n'est mise en cir-
tranger. 'Ils sont perçus en vertu de tarifs généraux culation qu'après constatation par les agents
établis par une loi. Les traités de commerce faits qu'elle est conforme au type adopté, tant pour le
avec les puissances étrangères peuvent apporter poids que pour la qualité du métal et le mode de
certaines modifications à la perception de ces fabrication.
droits. Les droits de douane sont calculés, tantôt Postes et télégraphes. Les postes et les télé-
sur la valeur de la marchandise, tantôt en ayant graphes sont réunis aujourd'hui en une seule
égard au poids, à la mesure ou au nombre des administration, et forment un ministère appelé mi-
objets. Le produit des droits dt douane pour 1884 nistère des postes et télégraphes.La taxe des let-
est évalué a 80t ~15000 fr. tres est fixée pour toute la France, par loi du
la
Octrois. Les droits d'octroi constituent nn 6 avril 1878, 15 cent. pour les lettres affranchies,
impôt particulier perçu au profit de la commune à 30 cent. pour les lettres non affranchies par 15
fraction de Des taxes ré-
sur les objets de consommation. Lorsque las re- grammes ou
établies
15
les
grammes.
imprimés, les papiers
venus d'une commune sont insuffisants, un décret duites sont pour
rendu en Conseil d'Etat, sur la demande du con- d'affaires, les échantillons. La taxe pour les dé-
seil municipal, peut autoriser 1 établissementd'un pêches télégraphiques est do 5 cent. par mot
octroi. Les règlements relatifs aux octrois et les pour toute la France, sans qu'elle puisse descen-
tarifs sont arrêtés par décret rendu en Conseil dre au-dessous de 50 cent. (Loi du 21 mars 1878).
d'Etat. Le produit des postes et télégraphes pour !88test
t. Monopoles établis au profit de 1 État.–L'E- évatué à 166 408 000 fr. fE. Delacourtie.]
tat s'est réservé le monopole de la vente de certains TMi'M.SSÏON.–V. Tissage.
IMPRIMERIE ou TYPOGRAPHIE. – Tout d'a-tion de ses enfants. Puis, tonnant de l'extension à
bord expliquons-nous sur le sens réel des motst cet outillage primitif, il aurait imprimé des livres.
<lont on se sert pour désigner cet art qui a litté-Ainsi disent les gens do Harlem, qui veulent avoir
ralement changé la face intellectuelle du monde. l'honneur de la grande découverte. Mais voici
'Ces mots, nous les tenons des anciens (des La-venir ceux de Strasbourg qui, avec plus de raison,
tins pour le premier, du verbe imprimere, des semble-t-il, en réclament le mérite, un de
'Grecs pour te second, des deux mots typos, em- leurs compatriotes, Jean Gœhsûeiseh,pour dit Guten-
preinte et graphein, écrire). Devons-nous en con- berg. Fort bien mais Commenul n'est prophète en
clure que les anciens, ayant les mots, avaient lat son pays, ce Gutenberg,aussi pauvre qu'ingénieux,
chose ? Nous pourrions répondre affirmativement, n'ayant pas trouvé à Strasbourg l'aide nécessaire
si nous ne voulions considérer que l'opération, pour mener à bien son invention, se rendit à
toute naturelle en quelque sorte, qui consisté àMayence, dont il était originaire, et où cet appui
faire qu'un objet portant un relief quelconque enL lui aurait été donné par un riche orfèvre nommé
laisse l'empreinte, l'impression sur un autre ob- Jean Fust ou Faust, qui adjoignit à ses travaux
jet. Presque aussi loin que nous remontions dans son gendre Pierre Schceffer. A l'origine, pouvons-
l'histoire, nous entendons, par exemple, parlernous croire, Gutenberg se servait de caractères
de cachets gravés qui servent à sceller, & au- sculptés sur de petits paralléiiptpèdes de bois, qui,
thentiquer les écrits. Mais les anciens n'allèrent rapprochés les uns des autres, serrés ensuite d'en-
pas au delà, et ce que nous appelons l'imprime- semble, formaient la planche typographique.
rie leur resta toujours inconnu. Ils prirent des em- Schœffer, qui était ouvrier bijoutier, aurait
~)'et~<M d'objets gravés ils n'!))!pf:'mereNt pas dit-on, l'idée de graver les lettres sur acier, eteu, de
dans la véritable acception du terme, tel que nous les frapper sur du cuivre, npur former des matri-
l'entendons aujourd'hui. Ils n'imprimèrent pas ces où l'on pouvait les comar en plomb ce qui
plus que ne le font maintenant les Chinois, qui constituaitun grand progrès. Quoi qu'il en fût,
passent cependant pour avoir connu l'imprimerie moment où le premier ouvrage important allait être
au
plusieurs siècles avant les Européens, mais qui, livré au public, Gutenberg se trouva évincé de
en réalité, ne font, eux aussi, que prendre des l'association où il n'avait malheureusement
empreintes, puisque pour faire un livre ils gra- porté que son esprit inventif; et le livre porta ap- les
vent encore autant de planches que ce livre a de seuls noms de Faust et de Schœner.
pages. Gutenberg trouva peu après un nouvel associé,
Pour nous, l'imprimerie, la typographie réside avec le concoursduquel il
essentiellement dans l'emploi de caractères ou atelier. Mais, soit qu'il fût put monter un autre
las à la suite d'une
types mobiles qui. après avoir été assemblés de longue et très active carrière, ou qu'il eût à subir
telle façon en vue de l'impression de tel ouvrage, de nouveaux tracas commerciaux, après avoir mis
peuvent être séparés et assemblés d'une autre au jour une édition fort remarquable d'une
façon pour l'impression d'un autre ouvrage. C'est pèce de manuel encyclopédique (le Catholicon es- du
là seulement,que se trouve le trait de génie qui Génois Jean Balli), il céda matériel ouvriers
donna naissance à cet art admirable, vers le milieu qu'il avait formés, et son retira
aux
auprès de l'élec-
se
ou dans la seconde moitié du quinzième siècle. teur-archevèque de Mayence, qui l'avait pourvu
Nous ne précisons rien; car une ombre égale en- d'un titre et d'une pension modestes.
veloppe la date de l'invention aussi bien que Il mourut,
dit-on, en )468. La postérité, lui tenant particu-
l'histoire, nous pourrions dire la légende de l'in- lièrement compte des nombreux déboires qu'il
venteur ou des inventeurs. éprouva, et qui semblent être l'apanage distinctif
Tout s'enchaine fatalement dans le progrès. On des chercheurs
sait de source certaine, et pour en avoir retrouvé laire véritable dedelagénie, l'a reconnu comme titu-
magnifique invention; et c'est
les témoignages électifs, que dès le commence- à son de l'aveu général,
nom que,
ment de ce quinzième siècle d'ingénieux artisans, la principale, en reste acquise
la première gloire.
et notamment des ca~'ef~ ou faiseurs de cartes Les premiers livres signés de Faust et de
à jouer, avaient imaginé de graver des planches Schten'er, et le livre publié sans signature par Gu-
de bois dur dont ils servaient pour produire tenberg, parurent de 1456 à 1462 telle serait
de grossières estampes,se qui se vendaient dans le conséquent la date qifil conviendrait d'assigner par
populaire, industrie favorisée par la fabrication aux débuts
du papier de chiffons, qui depuis un certain temps fort brillantspratiques vérité,
de la typographie. Débuts
était venu se substituer économiquement au vélin, en car ces anciens spécimens
nous prouvent que l'art avait atteint dès
au parchemin jusque-là employés pour l'écriture, le principe une singulièrenouveau perfection; si ce n'était la
et dont l'usage était fort onéreux. Il arriva même différence des types employés, ils supporteraient
que certains d'entre eux, ayant gravé plusieurs certainement et presque
planches où le dessin était accompagnéde légendes paraison sans désavantage la com-
avec les produits des plus belles époques
et avait trait au même sujet, en formaient des ca- de l'art.
hiers, qui étaient en réalité de véritables livres et Puisque
qui avaient un débit considérable. C'est nous mentionnons ces types primitifs,
ce qu'on avons-nous besoin de remarquer qu'ils reprodui-
est convenu d'appeler la x,ylographie (de .EM&M, saient les caractères gothiques généralement
bois, et~a~e!'?:, écrire), procédé qui, répétons-le, ployés alors em-
pour
n estautre que celui dont les Chinois se sont servis quoi s'agissait-il,
la confection des manuscrits. De
longtemps avant nous, et dont ils se servent en somme?D'obtenir économique~
sivement encore, mais qui n'a qu'une exclu- ment, à l'aide de procédés mécaniques, ces livres
sorte de que les ~tt~MM ou copistes produisaient
communauté de résultat avec l'~prtm~M de lenteur et devaient, en conséquence, vendre avec tant
prement dite. pro-
piu si
Comment se fit la transition des types invaria- cher. Et, commercialement, industriellement, on
bles aux types mobiles? A cette question répond pourrait même nous demander si le but visé ne fut
la douteuse légende. Ecoutons-la, elle pas de les imiter assez fidèlement pour que la con-
Il y avait dans la ville de Harlem sera brève. fusion ou la substitution devint possible. Eh bien
en Hollande pourquoi ne le constaterions-nous pas? Il est avère
certain Laurent Coster, garde
palais royal, qui, se trouvant à la ou concierge du que les premiers se vendirent bel et bien comme
s'avisa
de tailler avec son couteau des écorces de hétre manuscrits, au-dessous du prix ordinaire, cela va
campagne,
de soi; car c'était en quoi la production méca-
en forme de lettres, avec lesquellesil traça sur du nique pouvait
papier, en les MKjM-im~-l'une après l'autre, songer à l'emporter sur la produc-
modèle composé de plusieurs lignes un tion manuelle.
pour l'instruc- Toutefois il n'en alla pas longtemps ainsi; et
~MC<~ C~ pÏH~CHtC MCpoBtOM~Mt p0t~ obtenus
le moment vint bien vite où les livres,
<~ppoHc~ ~Mc~ ac(c~eqMtf<tH~K~ style ouMM le
secours «
de la plume
du dn roseau,
furent diffé-
<-<tM~ m<tf«MMB M~$tf<ttMM~ renciés des manuscrits par !e soin même
que prenaient tes imprimeurs concur-
t~t6<i?~EHtOtHfqM<!HttMo~~Mrent* d'en indiquer le mode de confec-
~H8~fc~ttpteHS$on!mcaMKKt]M<~t(t~ tion.
Imprimeursconcurrents, disons-nous,
~<Mtnc<~tt<M~~ ~ttH~HeéaRtS<e mencements
bien qu'il ne s'agisse que des com-
de l'imprimerie:c'est qu'en
~HS~~MttCM~qM~OHtC~Me ~M</ effet, quoique Faust et Schcener d'une
Gutenberg de l'autre, eussent
part, et
(OM/ m{~6 &e MH~ ~O~C t~t ~tt Ot~tC~~ attentivement
que
veiné tout d'abord à ce
leur secret restât ignoré, encore
CfMpO!(C66c ntCtOf Me.~fMHMehM~qMit~ avaient-ils dû le révéler à des ouvriers,
Il des aides, dont quelques-uns ne se
~tC~t ~6 que pOC COMïMHMCt~HOMtMttt p firent nul scrupule d'en aller tirer proBt
loin des lieux où ils l'avaient appris, de
Sppc gch~tH<& C'c6 g~e a~t que top !t~ <E~e'telle sorte que l'imprimerie se répandit
Mttnt/ncStHtoweqm OH&Ke;&6~c
avec une rapidité vraiment surprenante..
Les premières bibles imprimées
«H~ MCSpfCC/MMt6 h6 Mte ~ttC~pM~M~ avaient été apportées en assez grand
nombre à Paris, centre intellectuel où
~jCe~MC~e c~e~Hf/qKt:
MSt6~Mt~ng elles devaient naturellement trouver
facile débit. On dit même que les
<tM~tC c$cu«ftM~cèpatttee YD~tM<!t<~<~ un ~crttM)!7M, voyant leur industrie mena-
~bnt$CH6 qHCMM6~HCHt:6p«C~O~<M{t8e< cée, portèrent contre les vendeurs, qui
n'étaient autres qut des émissaires ga-
MK~t ~6C$0~6ÏMMHCt~H~e «HtStOH?~ ges par Faust et Schœner, une accusa-
tion de magie, et les firent condamner
qHC MH~ <tHtifcM!!CM6 bu <tt8S~ ~C~Mp C~
à la prison, a l'amende et & la saisie
M(~tCtC~t pOC~C MMHCt~eO~~tCtM des exemplaires. Mais l'affairevint aux
oreilles du roi Louis XI, qui. s'en étant
~tt9cM&cC«<fcc/ct M~Ïe~.
p«CM~ faitrendre compte, non seulement cassa
l'arrêt, mais encore fit partir pour
t~cH«ttcc ~cwt o~ p<H6MUHe~nt~ Oe6 m~
Mayence (en 1462) un graveur de la mon-
naie de Tours, nommé Nicolas Jenson,
MetdH:6~<xÏH~ eM~M~s&cËt
~o~ufmc « afin de s'informer secrètement de la
taille des poinçons et caractères, an
to~cOc~qHcfcotnpt~c~&~twe moyen desquels se peuvent multiplier
les plus rares manuscrits, et pour en
~HBMt/Oc6ÛMgoM6/ &ee po~MScMcta~ enlever subtilement l'invention. »
L'envoyé s'acquitta très habilement
<< ~MH~tM C~C6<H~tqHC pCt <CMppM< de sa mission, mais, le secret enlevé,
'&H pteS~cc e~ ûn/ ce
et OMM <!M~t)p~6~te au lieu de l'apporter en France, il alla
se mer à Venise, où il l'exploita pour
P~MS~~ v son propre compte. Peu après cepen-
dant, toujours sans doute à l'instiga-
~~<t n~n~Kt~Mt~~c~M~M <~<t&~ tion du roi, qui comprenait « le profit
$Mi:fHt3e~M~c {t~~ea~~a~ct~ et l'utilité
toute la
pouvant revenir dudit art à
chose publique tant pour l'aug-
mentation de la science qu'autrement
trois imprimeurs allemands venaient
s'établir dans une des salles de la Sor-
bonne, où, en l'espace de quatre ans, ils
imprimèrent une vingtaine d'ouvrages.
Entre temps, des ouvriers de Faust et
Schœner, passant les monts, s'étaient
allés réfugier dans un couvent des en-
virons de Rome, où ils firent plusieurs
éditions d'anciens auteurs latins. Un de
leurs apprentis ne tarda pas à s'établir
à Rome même, pendant qu'un autre
transfuge des ateliers de Mayence, Jean
de Spire, allait à Venise, accompagnéde
son frère Vindelin, se poser en concur-
rent de Jenson. Nous ne sommes encore
qu'en 14<.9. En 1410 on compte sur les
divers points de l'Europe civilisée cinq
villes qui voient s'établir des imprime-
ries on en signale vingt de 1471 à )473;
et de 1474 à 1475 trente, parmi lesquelles
Londres, et Valence en Espagne. Dès
lors la diffusion de l'art typographique
est un fait largement accompli, et qui
Fac-simile d'une colonne d'un livre d'Ant. de la Sale (La Salade, va progressant à ce point que les biblio-
OMYrtge encyclopédique), imprimé en 1520.
graphes constatent qu'à la fin du quin-
zième siècle le nombre des édition:
faites par les diverses. imprimeries s'élevait déjà ou moins fantaisistes; par exemple l'italique, dont
!t seize mille. l'usage est universellement consacré pour repro-
Destiné à l'alimentation des esprits et des âmes, duire les mots que l'auteur a soulignés dans son
le nouvel art n'exigeait pas seulement de ceux manuscrit; la normande, qui n'est qu'un romain
qui s'y consacraient une habileté purement maté- très gras l'égyptienne, qui est un romain
rielle aussi le vit-on, presque dès l'origine, exercé écrasé; les capillaires, toutes faites de déliés, etc.
par des hommes qui, le considérant comme une Ces quelques détails purement professionnels
sorte de noble ministère, s'y distinguèrent par nous ayant introduits dans l'atelier typographique
l'union du savoir, du goût et d'un véritable en- moderne, restons-y pour tâcher de prendre une
thousiasme professionnel. Les Alde Jean de idée sommaire des travaux qui s'y exécutent.
Tournes, Dolet, les Estienne, Froben, Tory, Les caractères employés aujourd'hui sont faits
Gryphe, Plantin, les Elzévir, les Didot, pour ne parle procédé dont on attribue la première idée à
citer que quelques noms, sont autant de per- SchœHer, c'est-à-dire que la lettre ou le signe ayant
sonnalités ayant une place d'honneur dans l'his- été d'abord gravé à l'extrémité d'une petite barre
toire intellectuelle des derniers siècles. d'acier doux que l'on durcit ensuite par la trempe,
Nous avons dit, en en signalant la raison, qu'à on se sert de ce poinçon pour former, en le frap-
l'origine les caractères typographiques gardaient pant sur du cuivre, une matrice qui en garde
la forme gothique de ceux qui étaient employés l'empreinte creuse, et dans laquelle, après l'avoir
pour les livres manuscrits, et il en fut de même, placée au fond d'un petit encaissement quadran-
au moins dans la plupart des imprimeries, jusque gulaire, on coule un mélange fondu de 80 ou
vers le quart du seizième siècle, mais notamment 90 parties de plomb pour 10 ou 20 d'antimoine,
durant la fin du quinzième. Aussi est-ce aux livres contenant aussi parfois un peu d'étain, de
imprimés ainsi que les bibliographes appliquent cuivre qui lui donne plus de dureté. Cette ou coulée
plus particulièrement la dénomination d'!K<tCM- refroidie, l'encaissementou moule s'ouvre, et l'on
bles ~du mot latin incunabula, qui signifieà la fois en retire un parallélipipède de métal mesurant
berceau pris au sens positif, et en fance, commen- 23mm,50 de hauteur, sur une largeur et sur une
een~Mts, pris au sens figuré), ce qui est une façon épaisseur dépendant du corps que doit avoir le
de les considérer comme les prémices de l'art caractère, et portant en relief à l'une de ses extré-
typographique (V. le /i!e-sMK:~eci-contre). Toutefois mités (mais renversée) la lettre ou le signe gravé
cette qualificationdoit être pareillementappliquée sur le poinçon primitif. Chacun de ces caractères
à des éditions faites à l'aide de caractères qui, se trouve marqué, au cours de la fusion même,
bien qu'employés par les premiers imprimeurs, sur celle de ses faces latérales qui correspond au
s'éloignent déjà du type originel. Jenson, s'éta- haut du signe qu'il représente, d'un owt dont
blissant à Venise, se servit de caractères beaucoup nous verrons plus loin le rôle. Fondus en quantité
moins hérissés que ceux des Allemands, imitant suffisante de chaque nature, et en assortiment tel
en cela les écrivains français qui, même dans les qu'il soit possible de répondre à toutes les éven-
manuscrits, avaient fait subir une demi-métamor- tualités de la composition,ces caractères,rompus,
phose à la gothique. « Alde Manuce le Vénitien, dit frottés, coupés de façon à ce que rassemblés ils
M. P. Lacroix, dans le seul but de faire que sa soient tous exactement de même hauteur et ar-
patrie ne dût pas son écriture nationale- à un rivent à ne former par juxtaposition latérale qu'un
Français, adopta le caractère italique, renouvelé bloc des plus homogènes, sont livrés à l'impri-
de l'écriture cursive ou de chancellerie, qui ne fut meur. Il y est joint une quantité relative de pièces
jamais qu'une exception dans l'imprimerie, malgré de fonte de même métal, d'une hauteur un peu
les beaux travaux des Alde et d'autres imprimeurs moindre que celle des caractères, les
vénitiens. » L'avenir était pour le caractère romain, lées McacM et destinées à être placéesunes appe-
entre les
de Nicolas Jenson, qui, à quelques modifications mots afin de ménager les blancs qui les séparent,
près, est encore celui qu'on emploiede nos jours. Un les autres appelées, selon leur volume, cadrats ou
type un peu différent, dit Elzévir, est dû aux im- cadratins, devant servir à combler les vides des
primeurs hollandais de ce nom il avait été gravé lignes non achevées ou reculées par l'alinéa; enfin
par les Sanlecque (1625-1628), et offre des formes des lames qui sont coupées à la longueur assignée
plus archaiques que le romain ordinaire il a été aux lignes, et qui, comme l'indique leur nom
remis en honneur depuis quelques années par un d'interlignes, doivent servir à ménager entre les
certain nombre d'imprimeurs. lignes des blancs ou vides analogues à
On désignait autrefois les différentes hauteurs les espaces établissent entre les mots. ceux que
du caractère (ce qu'on appelle sa force de corps) Le compositeur, qui est l'ouvrier chargé d'as-<-
par des noms conventionnels, tels que Philoso- sembler les lettres d'après les indications du texte
pAM-, Ctc~'o, Saint-Augustin, tirés en général du à imprimer, travaille ordinairement debout. Il
titre de l'ouvrage où le caractère de ce corps devant lui une sorte de grand casier placé sur una
avait été employé pour la première fois. Ainsi, pupitre appelé rang; ce casier, nommé casse, est di-
le Cicéro avait servi à imprimer la première visé en autant de compartiments que le texte peut
édition des Lettres familières de Cicéron, parue nécessiter de lettres, de signes ou d'espaces diffé-
à Rome en 1467 le Saint-Augustin dut son nom rentes. Dans ces compartiments cassetins ont
a la grande édition des œuvres de saint Augus- été distribués les caractères livrésou le fondeur.
tin faite à BMe en 1506. Ces appellations ne sont Les compartiments les plus éloignespar de l'ouvrieret
plus en usage aujourd'hui, et on désigne simple- par conséquent les plus élevés, dont l'ensemble
ment le caractère par le nombre de points de force porte le nom de haut de casse, ont reçu les grandes
de corps (corps douze, corps onze, corps dix,sa etc.). et petites capitales, et les signes qui sont d'un
Le point typographique équivaut à 0"376 (autre- emploi peu fréquent. Les autres, dont l'ensemble
fois 1/6 de ligne). Le texte courant de notre est dit bas <~e casse, et qui sont plus immédiate-
~!c<!o?!?!atre dec~~o~te, parexemple.estimprimé ment sous la main du compositeur, contiennentles
avec des caracteres romains de 7 points, non in- lettres ordinaires et les signes auxiliaires qui re-
terlignés. On nomme CM/l'aspect général des carac- viennent le plus souvent dans le texte courant,
tères I'œ!7 peut être gros ou petit, la forcede corps ainsi que les espaces et les chiffres. Le composi-
restant néanmoins la même. Chaque texte courant teur, ayant sous les yeux un feuillet de la copie .e
d'ailleurs, outre ses lettres capitales ou majus- (nom donné au texte qu'il s'agit de reproduire),
cules, comporte pour les nécessités que nous tient dans la main gauche instrument nommé
pourrions appeler pittoresques de la composition, composteur, qui est fait de un deux réglettes de fer
des types de même corps ou hauteur, qui sont plus assemblées en équerre à un bout l'angle est fer
me par un talon de métal, à l'autre est une l'état de ta mue ett pages a M reconnu irrépro-
pièce semblable, mais mobile, qui peut avancer ou chable soit par l'auteur s'il s'agit d'un ouvrage
reculer vers la première et qu'une vis arrête au nouveau, soit par le prote (premier)les on chef de
point voulu, c'est-à-dire à une distance égalant la l'atelier s'il s'agitd'une réimpression, mots bon
longueur que doivent avoir les lignes de la com- d tirer étant écrits sur la dernière épreuve, la forme,
ipOMtien. Le compositeur, ayant tu un mot du bien serrée, à l'intérieur de laquelle la composition,
texte, prend de la main droite, une à une, dans le bien plane, ne semble plus constituer qu'un bloc
compartiment où il sait qu'elles ont été mises, les très résistant, est portée sous la presse pour le
lettres qui doivent servir à composer ce mot, et il tirage ou impression.
'tes place dans le composteur, le cran latéral en A l'origine, au temps de l'imprimerio xylogra-
-dessous, en suivant t'ordre de gauche à droite; le phique, les imprimeurs, après avoir encré leur
mot flni, il ptace une Mpace, et il va ainsi jusqu'à planche a l'aide d'un tampon, et après l'avoir re-
ce que le vide ménagé entre lei deux pièces de couverte de la feuille sur laquelle devait s'emprein-
métal formant les réglettes du composteur soit dre l'image, M bornaient, dit-on, à frotter par
rempli, ce qui indique qu'une ligne est finie. dessus avec un corps dur ou légèrement élastique,
Avant d'en composer une seconde, il place ordi- comme par exemple noaa faisons avec le dos de
nairement sur t ensemble de la première une in- l'ongle quand nous voulons lustrer la place du pa-
<<f/t~n< plus ou moins epaiMe, Mton le p)<m ou pier où nous avons usé du grattoir. Mais ce pro-
,moins de blane qui doit exister entre les lignes. cédéélémentaire fut aussitôt délaissépar Gutenberg,
'Quand il a composé atnN plusieurs lignes, il les qui, voulam obtenir une action plus régulière, ap-
-enlève adroitement dt composteur, et lea met sur pliqua au tirage de ses livres une presse analogue
mne planchette bordée de deux cotés seulement, à celle que de temps immémorial les vignerons
qui a recw le nom de ~crMe, et où le composi- ont employée pour Mtraire le jus de la vendange,
teur les dépose en les massant contre Feacoi- en plaçant toutefois sous le plateau un drap, un
gnure des rebords de la galée. Quand la galée feutre rendant la pressionplus moelleuse et empê-
est pleine de lignes, le compositeur lie provisoire- chant l'écrasement des caractères. Cette presse
ment ce paquet de plusieurs tours de neelte, et primitive est venae jusqu'à nous sans perdre son
glissant ordinairementpar dessous une feuille de principe d'action verticale et d'ensemble sur toute
ipapiar fort, il place ce paquet sous son rang, où l'étendue de la forme. H va de soi que la machine
viendra le prendre le metteur ea pages, pour en de Gutenberg a reçu depuis le xv* siècle toutes
'former des placards. !t est alors tiré de la com- sortes de perfectionnements que noas n'avons pas
position une ou plusieurs ~rntpts; elles sont don- tinteftMn de détrire, et qui en ont rendu le jeu
née* à lire ax «Mvtetettr ot à l'autenr, qui l'un et aussi régulier et aussi rapide que possible. Elle
Tautre marquereet en marge, en regard de chaque est, en somme, composée d'une forte et solide
-ligne, les medincatioM ou eorr<e<!<Mtî qui lear table à chariot, portant la forme qui, après avoir
<emMer<mt devoir être faite* pour la pureté et la été encrée au dehors du bAtis principal, et après
bon)M disposition du texte. avoir reçu la femUe a imprimer, va chercher la
Quand les épreuTee ont été vues, 8n otffrter pression en entrant sous le plateau que fait des-
.procède )t)M chan~meets de lettres, de mots, cendre sur elle un levier qui, mu par le bras de
aux feM<ttMenMt<*de lignes, de phrttses, d'alinéas l'imprimeur,tourne l'écrou d'une vis; un ressort
tndtqués sur l'épreuve. remonte le plateau, quand la pression est donaée.
Le metteur en page*, comme MB nom l'indique, La table a chariot revient en dehors du bâtis on
~t qui d'ailleurs ~ett autre qu'un eomptMteur enlève la feuille, on encre de nouveau, et l'on con-
~natgé d'une tache plus dUNcHe, pt<m déMeate, tinue le tirage. L'encrage s'était fait longtemps à
prend dans le* paquets autant de lignes qm'it en l'aide d'un gros tampon portant le nom <te o<t/
taut pour faire une page; s'il s'agit d'un livre, il y sorte d'entonnoirde bois dans le erem duquel on
ajoute les fottes des pages, les titres, il e*p*ee par bourrait,de la iaiM et qu'on retoavrNt d'une peau
des interlignes les chapitres, M comble par des ca- très fine clouée tout autour do bord. Puis on se
<Irats les nns de page* devant rester Manches, H servit de rouleaux a~ manche, garnis pareillement
intercale s'il y a lieu le* gravure*, les vignettes, de pea*. De nos jours tas roulefMH, coulés en gé-
~tace les notes, e<t&n tout te q)u, formanten quet- iatine, ont tous tes a!vanta,ges de moelleux et de
q<M sorte l'aeceMoire de la tompteitton, n'tppap- âneMe destrabteo.
ttent pM an. tranil eotmmt. Cela Mt, il preeède Notons simplement que tes fsnMtes a imprimer
à l'tntpOtt<t<M), qui corniste à placer et *t espacer ont (Mt être an préahtbte~humectées, et que, s'il il
ces paquets, représentant tapage*, s))r <M MMr~e, s'agit da: trartad soignés, on les soumet au glaçage,
<'e*t-t-4M'e*af <MM tableaostrefsM Meo)s*erted'une qu'opère sne pression pmesante ou un laminage.
claque de marbre, nso* qui au~rd'hm a le plus Une M* ttr&t eHew sont séchées, puis pHées, puis
~ettrent pour phte*)* wae ptaqae de <ttn<e très assembtées, punie nvM, étant broché, peut paraître.
mtie; U tM *e<rre ensuite, au moyen de ~<tM~ Qttetqne glorieu états <~ services qui puissent
<M~< tt de coins, dans un cadre <~ etta<mt de être recenxus à la presse de Gutenberg, oo presse
fer de la grandeur d. la feuille de papier sur of~, ~nt eu diveM tempa a mis au jour tant de
taquett* tfewrrage doit 6tee i«tprM)té. B dispose là ntstgnittque* éaM<MM, et sf laquelle en recourt en-
<haq<M page de façon ce qu'après 1 impreMion, MM powr un certain nombre d'impressions de
'ta feuitte étant pliée sur ette-mem~ dan* <Ba ordm hae Mutes' spëcMes,B eet évident qu'avec notre
<envetn, les pages le s«<oèdw)it FéguBèrommst. siècle en le champ de h mtMMté s'estetaccru si
Aw)f-no<ts besota de fanre MMarquer qme fiu)t- M!MM<i!aNesa*nt, nMsB~dievaitsomner la len-
preatuern d'une feniUe exige t'aetplot de de<M/b~ tour Mtatiw de Ma M«oa t'empêchaitde répon-
<HM q~ doivent swetestiventent imprimer la* dMM dre aM besohttnoavMtm.NOM venons parler no-
fates d)t papier, et <te ttUe maMère que la conti- tamment de Itt dtmmitHt des journaux, qui aurait
nxité dm teM soit cMtsetTée aprè~ le pliage de la été normalement empêchée, st des appareils extrê-
feuille. mement plus expéditt&,aHés d'auteurs par la
Ce s<Mt là, on le comprea~i, autant de détails pu- ~r~o~pM, ne fussent vanna se substituer & t'an-
ret<Mnt teehnologiques sur lesquels nous ne sau- cienne machine.
rions ins!ater, étamt donné que nous ne pouvons LMée des presses tx~enn~tM', appartenant &
faire ici qn''un simple résumé des travaux typogra- un journalisteaméricain, d«teMit,paratt-il, de 1790,
phiques. mais la première fut construite a. Londres en 181t
LortqM, enfin, aprèe une <m plusieursrévisions, pour l'impression du journal le rtMf!, sans que
suiviM~ehacuned'un nouveau travail de correction, toutefois il fût possible d'y voir autre chose que le
point de départ d'un incroyable avancement dans lant des animaux, le mot d'inclinations est réMrvé
fa voie des tirages rapides. Nous ne saurions vouloir à l'ensemble des prédispositions naturelles de la
décrire ici en quelques lignes ces merveilleux ins- sensibilité chez l'homme.
truments pour la création desquels plusieurs prin- Les inclinations peuvent se ramener un petit
cipes ont été mis en oeuvre, et qui chaque jour nombre de groupe. distincts, suivant les objets
d'ailleurs bénéficient de quelque nouveau progrès. auxquels elles se rapportent. On ne peut aimer.
Tout d'abord, et même pendant longtemps, la que soi-même, ou autrui, ou un objet pris en
presse mécanique exigea de nombreux auxiliaires dehors de l'humanité. De là trois classes d'inclina-
humains, véritables esclaves de la travailleuse tions, les unes personnelles, les autres sociales, les
automatique. Il fallait lui présenter les feuilles, autres qui peuvent'être appelées plus spécialement
les recevoir, les lui redonner à imprimer d'un se- MO~M.
cond ctté après qu'elle les avait imprimées sur une Le' tableau ci-dessous présente, groupées sous
face. Aujourd'hui on met à l'une de ses extrémités ces trois chefs, l'énumération de nos principales
un énorme rouleau de papier sans fin, dont on se inclinations:
borne a engager le bout sur ses rouleaux en une
heure elle imprime, découpe, plie, compte et livre, Relatives MNutrition.
dans des corbeilles qu'on emporte à mesure,jusqu'à Eterciee et MmmeH.
15 et 20 mille numéros de journal ne le faut-il pas S t (appétit) ) Reproduction.
corps
ainsi, puisqu'il est actuellementtelle feuille popu- t Amout de la vie.
laire parisienne qui, mise sous presse seulement S
mi][tes
mIxtes A.mmir de la propriété.
5 Amour du bien-être (domicile,vête
vers minuit,se répand au point du jour à un demi- S jt ment, santé, etc.).
million d'exemplaires, dont le texte, à vrai dire, S f Re)~ti~es à t Amour de t'honnem (orfne!t, été.)
composé une seule fois, mais reproduit en 5 ) ~nMurdatommtt<tement([tmbit!on).
ou 6 planches stéréotypées, est tiré par autant de e f Amour de t'indépeNdanee.
machines. o Instinct de société ou MMur des hommet.
S

u
Quant aux procédés stéréctypiques que nous < An'eetioM patriotiques on amour de it patrie.
3 Amourconjugal.
venons de mentionner et qui servent d'auxiliaire à 3
la presse mécanique, bomons-n&usdire qu'ils se S
g f domestiques
Amourpaternel et ma.
tetne).
réduisent aujourd'hui à prendre un moulage, une S éternel.
empreinte de l'ensemble de la composition, et à
couler dans ce moule du métal en fusion qui,
Affections
Affeetion
indhidneUes
(
Amour
~<r.~terneI.
"M'
Amo'ur:
refroidi, produit d'un seul bloc un eliché identique
à la forme composée de caractères mobiles cette S Amour du Beau, principe de l'art.
empreinte est ordinairement prise aujourd'hui en Amour du Yra!, principe de la science.
foulant vigoureusement sur la composition une g Amour du Bien, principe de la morale.
épaisseur' de feuilles de papier humide que
Amour de Dieu, principe de h religion.
l'on fait ensuite sécher et qui donne le moule Notre intention n'est pas de traiter ici en <MtsH
où l'on coule la matière métallique. C'est même à de ce qui se rapporte & chacune de ces inclinations
la flexibilitéde ce moule que l'on doit de pouvoir nous avons voulu seulement en donner une ciassi-
transformer à la fonte l'empreinte plane en forme fication qui permit à la mémoire d'en retenir plus
cylindrique, pouvant s'adapter aux rouleMtX im- facilement la nomenclature. On trouvera des dé-
primants de la presse mécanique. H suffit pour cela veloppements relatifs à un certain nombre de ces
de les placer à l'intérieur d'un cylindre de même penchants de notre natnre aux articles /H~tyt<V,.
calibre que celui de la presse. Quoi qu'il en soit, P<M!t<Mt~, Sensibilité, Jtfcr<t<c.
la stéréotypie pernMtt&n.td'obtenir presque immé-
diatement plusieurs formes semblables à la com-
tiNBE. Histoire gettërah;; t.
primitives. Castes. – –
PopM~t'o~s
Séparée du cofttinent asia-
position première, il s'ensuit qu'on peut tirer sur tique par la gigantesque et infranchissable bar-
autant de presses le même texte, et partant arri- rière des monts Hinmiayas, enveloppée dans sa
ver à un chiffre de tirage vraiment, prodigiem en partie mandionale par l'Océan, t'Inde forme tin
très peu d'heures. Pour les procédés de eMchags toondw s part. ri a'eat anentM regton da. globe
en usage dans la gravure, Y. Sa/OtMMp/a~h'e. plus belle, plus merveilleusement douée. Nulle
Quel que Mit, du reste, le système des presses part on ne trouve une plus TasM quantité de terre
mécaniques, il a toujours pour base un va-et-vient arable, arrosée par de plus nombreux et de plus
mettant successivement en contact la forme typo- magnifiques eouM d'eau, propre à la fois à la eut-
graphique avec des rouleau* fMCMMM, puis avec tnfe du blé et du riz, du palmier et do la vigne
des rouleaux presseurs. qui amènentet appuient la possédant un climat chaud, mais tempéré par des
feuille blanche. La forme est tantôt placée telle aéries régulières de venta et de pfuies. Peuplée
qu'elle a été composée, tantôt rendue cylindrique anjourd'h~ de 240 miM!ons d'agriculteurs et de
par l'opération stéréatypiqne mat~ il &m a~oir marchands, cetteterre favorisée en pmrrait porter
vu fonctionner une; presse mécanique, s'en être et nourrir Mm peine le double.
fait explique!'lejeu et avoir réussi a~ le compren- Cette TMte penitfmi~, d'une form& trian~uîaira
dre, pour prendre une idée juste de cet que peut presque parfaite, ne eommuMiqee' avec le reste da
l'ingéniosité humaine. globe (tes eommunfcMdoM ntaritime~ étant laissées.
Notons, pour achever, qu'en ces demies temps de côté) que par ses deux angtès' nord-ouest etr
une presse mécanique a été présentée qui, tout en noMt~st. C'est en effet. Mr cew dent seut? points
gardant une extrême célérité, permet de &Me Mf que; la bairrière de montagnes s'aMMe et latsss
une même feuille des tirages de diverses cottlenft, deu~ trouvât ast)M vastes, l'une' & t'otfest pM- 1~
non seulement simultanés, maisiencoire'jnttaposëSt vaMeede;Cabeu<, L'mtrba i'ëstpar iaaaute vailea-
Serait-ce le dénué!* mat du ptogree? –Non, car du Btahmapoutra. C'esV par ces deMX Muta poïtKs~
qui dit progrèsne sturait dire-arrêt. Da'ce que neus il n'en faut pas' deutBr; que sont entrées' toutes
avons vu bien des merveilles, nous davonat con. les Ntces' ëtran~res- qui composent aujourd'hui,
clure qu'il nous en Msta bien d'autrasrà.voit'. avec I'ëlemet!t aNMchthone, ht popuiatidn de
[Eugène MNler.l l'Inda.
tNCMNATIONS, – Psychologie, IV. Les Les'habitante primitifs delTn'de appartenaient'~ r.
divers penchants inhérents à. la nature humaine
sont souvent désignés indifféremment par les une race noire, à cheYewt liases, qu~ l'on a nom-
méa ?!f'yf!<o:<~ pour la distinguer (te- la race nègre
d :McKKa<:<Msou d'!w<Mc~. Toutefois, tandisnoms africaine a cheveux crépus-. Ces ~~o~, de pe-
que
le mot d'instinct. s'emploie de préférence: en par- tite taille, aux membres grêles et chétifs, n'ayant
d'autres armes que des pierres taillées ou des bl- ainsi la plus fantastique idolâtrie qu'ait vue le monde.
tons durcis au feu, ne purent opposer une résis- Plusieurs tiède* après la conquête, les Brahma-
tance sérieuse aux premiers envahisseurs, et du- nes rédigeaient les fois de Manou, code antique
rent se soumettre ou se réfogier dans les monta- qui avait été la règle des premiers Aryas, et dans
gnes et dans les marais empestés de l'Inde cen- lequel ils introduisaienttoutes leurs barbares in-
traie, où on les retrouve encore aujourd'hui it novations. Ce code, que l'on a longtemps considéré
Ï'état primitif. Les premiers conquérants de l'Inde comme une œuvre très ancienne, ne date proba-
furent des peuplades jaunes venues du nord-est, blement, dans sa forme actuelle, que du troisième
de la Chine et du Thibet. Comme nous l'avons dit, siècie avant notre ère. Les grands poèmes épiques
ils refouleront en partie les noirs autochthones, du Mahabharata et du Ramayana ne remontent
mais ils se mélangèrent aussi à eut, donnant nai))- eux-mêmes qu'au quatrième siècle.
sance à une importante race de métis. Cette pre- Le BoM<MAnm<. – Le brahmanisme, arme puis-
mière invasion eut lieu à une époque reculée, sante des conquérants aryens, s'était répandu sur
bien des siècles avant l'arrivée des conquérants toute la péninsule, lorsque le bouddhisme vint ar-
Aryas, qui n'envahirent l'Inde qu'environ vingt rêter ton essor. Un prince aryen, Çakya-Mouni, né
siècles avant notre ère. Les Aryas, branche impor- vers <!3<t av. J.-C. dans une vallée du sud de
tante de la grande famille blanche ou indo-euro- l'Himalaya, est regardé comme l'auteur de cette
péenne, arrivaient des plateaux de l'Asie centrale, réforme; mais il parait aujourd'hui prouvé que le
au nord du Pamir. D'une civilisation relativement bouddhisme, sous une forme primitive, existait
avancée, professant un culte d'un naturalisme dans l'Inde bien avant Çakya, peut-être avant
sublime, et parlant une des plus belles langues l'invasion aryenne. En tous cas Cakya, rejetant les
imaginées par le génie humain, le sanscrit, ces doctrines brahmaniques, opposait au système dos
Aryas M divisaient en deux grandes classes, les castes l'égalité absolue de 1 homme, et promettait
Brahmanes ou prêtres et les Kchatriyas ou guer- l'émancipation finale de l'Ame au lieu de l'inces-
riers. Trop faibles par le nombre pour asservir les sante métemptjfchosedes Brahmanes. Le succès du
peuples qui les avaient précédés dans la pénin- bouddhisme fut immense refoulant le brahma-
sule gangétique, ils se les assimilèrent en leur ou- nisme, il se répandit sur l'Inde entière, puis de là
vrant leurs rangs et les classant dans la hiérarchie gagna lIndo-Chine, la Malaisie, la Chine, tout le
brahmanique. Les conquéraats de race jaune for- nord de l'Asie et peut-être le nord-est de l'Europe.
mèrent la troisième caste, celle des Vaichyas, tan- Mais ce succès, dans l'Inde, où il avait eu a lutter
dis que le peuple des métisconstituaitla quatrième contre la puissante organisation brahmanique, fut
caste, celle des Soudras. Quant aux populations d'une durée relativement courte. Sous leur appa-
noires qui ne s'étaient ni soumises ni croisées avec rente humilité, les immenses couvents bouddhi-
les jaunes, elles restèrent en dehors de l'organisa- ques, les congrégations enseignantes, le clergé
tion des castes et formèrent la classe vile et mé- régulier avaient fini par dominer, accaparer le pays
prisée des Parias. Telle est, dépouillée de l'au- entier; l'égalité était devenue un vain mot. Aussi
réole de fables dont l'entourèrent, depuis, les au vui* siècle de notre ère, après quatorze siècies
écrivains brahmaniques, l'origine de l'institution de domination, le bouddhisme disparut complète-
des castes dans l'Inde. ment, radicalement de l'Inde, balayé par une for-
Le Brahmanisme. Védas. Lois de JtfatiOM. – midable réaction. Les Brahmanes, instigateurs do
A leur arrivée dans l'Inde, les Aryas profes- ce mouvement anti-bouddhique,avaient gagné le
saient le culte brahmanique dans toute sa pu- peuple en abaissant encore leur doctrine jusqu'à à
reté, tel qu'il était exprimé par les FM<M, simple lui pour lui plaire ils remplacèrent les Yédas par
recueil d'hymnes et de pnères que la tradition tes Pouranas (tx* siècle), et détrônant les anciens
se transmettait depuis des siècles, et qui ne fut dieux, ils placèrent au sommet de leur Olympe un
rédigé définitivement dans sa forme actuelle que héros populaire, Krichna, autour duquel ils grou-
1400 ans avant J.-C. Les Védas nous montrent pèrent tous les symboles les plus grossiers. C'est
les premiers Aryas adorant la voûte du firma- ce brahmanisme, religion basse, corrompue, indi-
ment et le tonnerre, le soleil, le feu, l'aurore, gne d'un grand peuple, qui règne encore aujour-
les forces de la nature en général. Respectueux d'hui sur l'Inde.
de tout ce qui a vie, ils s'interdisaient la viande Histoire politique jusqu'à la com~M~e mtMM~-
des animaux, ne se nourrissant que de laitage ou mane. Lorsque les Aryas entrèrent dans l'Inde,
de légumes. Des divinités spéciales présidaient à ils se partagèrent en petits royaumes la région en-
chacun des éléments trois d'entre elles, Brahma, tre l'Indus et le Gange, et ce n'est que lentement,
Vichnou et Siva, finirent par occuper le premier progressivement, qu'ils avancèrent dans le pays.
rang, et constituèrentune sorte de trinité, la Tri- Quinze siècles avant notre ère, leur domination
mout-ti, dans laquelle Brahma joue le rôle de dieu s'arrêtait aux Vindhyas, chalne de montagnes qui
générateur, père de toutes choses, Vichnou celui coupe la péninsule en deux parties: au N., l'Hin-
de dieu conservateur,et Siva celui de dieu des- doustanou pays des Hindous, au S. le Dékhan ow
tructeur. Les Brahmanes, chargés de conserver les pays du Sud. C'est à cette époque, sans doute,
traditionssacrées, n'avaient d'abordaucune fonction qu faut placer l'expédition dans le Dékhan qui
fait l'objet du poème du Ramayana. Le roi Rama,
sacerdotale ils cultivaient le sol, gardaient les trou-
peaux, tandis que les Kchatriyas veillaient à la aidé' des populations noires, s'avança dans le sud
défense de la communauté. Mais à peine les et poussa son expéditionjusqu'à Ceylan. Mais il ne
Aryas furent-ils arrivés dans l'Inde, cette organi- fit que traverser le pays en conquérant, et, sauf
sation si simple, si rationnelle,ce naturalisme pur, quelques parties, le Dékhan resta, comme il est en-
se modinèrent rapidement. Enorgueillis par la core de nos jours, aux mains des races jaunes de
conquête, les Kchatriyas s'adjugèrent le gouverne- langue dravidienne. Au moment où Alexandre,
ment des vaincus, tandis que les Brahmanes, en 327, franchissait l'Indus, l'Hindoustan se parta-
abandonnantla charrue, devenaient les prêtres du geait encore en d'innombrables principautés, et
culte nouveau qu'ils créaient pour séduire les Porus et Taxile n'étaient que deux des nombreux
grossières populations primitives. Délaissant les rois du seul Pendjab. Cependant presque à la
pures doctrines des Védas, ils élevaient peu à peu même époque il se fondait dans le bas de la vallée
un monstrueux panthéisme où, non contents de du Gange un royaume, le Magadha, qui, gouverné
faire entrer Brahma, Vichnou, Siva, Indra, et tou- par un Soudra, c'eat-a-dire un homme de la der-
tesles anciennes divinités symboliques,ilsplaçaient nière caste, allait rapidementabsorber tous ses voi-
au même rang des démons ou les grossières idoles sins. Chandragoupta, le Sandrakotès des Grecs,
du calte des aborigènes. Le brahmanisme devenait roi du Magadha, étendait en 315 sa domination sur
1 commencement de
l'influence anglaise dans
l'Indus bouches du que le
empire à ~de. va grandir avec
tout l'Hindoustan, de l Inde Tandis que celle-ci une ra-
installait la capitale de son des Grands-Mo-
Gange, et il receva pidité piditE prodigieuse, la puissance
Palibothra (Patna), sur le Gange, où petit-fils, gols décline à grands pas.
l'ambassadeur grec Mégasthènes. Son222, portait peut AuranzMb
Au ~considéré 61s de Chah Djihan (1658-nui),
long règne de 263
durant puissance de l'empirede Magadha, peut à dernier empereur
comme le M~t~j~arra_
à son apogée lason
Açoka,
sceptre. Ce muM musulman de l'Inde. Lui-même 1 empire
réunissait l'Inde entière
princ~rv'entzétateurdubouddMsme~u~s
et sous son cher les plus belles provinces de par les
~'en~and~ tribu guerrière du DékhM qui se re-
cr~m~; de la religion
principaux propagateurs l'empire se morcela de pand
en une infinité de petits royaumes.
Au Ive siècle de notre ère, des peuplades d'ori- vant ces
nouveau
de Çakya- Maharates
Maha
Mais
pillards sur
Mais ses successeurs indolents enlèvent à la fin
envahisseurs qui leur
Rentier.
le
cMentbient~ de-

rapprochant par leur du xvnt*


x siècle jusqu'à l'ombre du pouvoir.
gine douteuse, quoique se Durant ces dissensions intestines, les Anglais
type des Aryens, tes Rajpouts, passèrent
.~t
l'Indus,
linde augmentent rapidement leur P~sance~n mo-
envahirent en petit nombre
et se répandirent surdes
Mpërie~r. C'étaient
dans leur organisation quelque
les Germains. Leurs
le
le
tribus
chefs
nord-ouest
Rajpoutana et
guerrières,
portaient le
de
le Gange
par~up~n
offrant
ressemblance avec par
titre dee
augr
~ance
men
Fran
vo~ntsu~e
par
qui
en n44
P~
ils se voient
dispute
leur 1~9. l'empire des
le traité de PondicMry leen
point de perdre
menacés
Indes.
par la
Bat us
n54, ils se
Bengale par un
mais tous se considéraientcomme égaux et se voie soulèvement des

d~r~
,roi,
rr~o~ntte~
paraient du nom de Rajpout. c'est-à-dire
fils de ~sFran~
superstitions bar- les
l'emblème d'un che-
sou]

rent
ren1 le
indigènes. En
Dekhan, que le honteux traité de
n5S,
conduits par LaHy-TolIendal conque
de nouveau,
Paris
pusde-
bares, le culte du soleil sous ~3) rend aux Anglais. Ceux-ci, n'ayant
&~S'S~~=~
~s

val et l'infanticide sormais d'autres rivaux que les


opprimés par les. Bouddhistes, accueillirent
conférèrent
ces
)t
son
liaueux
liqu princes deMatssour ou Mysore, Haider Ail

;i-~M.SS
nouveaux venus comme des frères,
leur Tippou-Saib,poussentactivement
titre de Kchatriya et, pour mieux les \s et sons succesaeur
en masse le
sa
dogmes à toutes leurs s~i- leu le traité de
gagner, ouvrirent leurs Seringapatam, et en 1804
nprsdtions Les Rajpouts se répandirent alors sur u capitale,
cap
l'Inde entière, où ils s'emparèrent partout du pou- Bai
voir, mais sans que
Ce fut une conquête
leur
avoir une influence ethnique sur les
plutôt
nombre
qu'une
très restreint
invasion. S
populations, sur
en
ra~ Dés lors l'Angleterre
1lt ratea.
pût
en 18'.?
règne mrtuellement
mais est ëtouftee dans desabandonné
Compagnie des Indes ayant
flots de sang,
son
Conquête MMSM~Me.
Rajpouts, an nouvel élément ~P~ Qua~-e siècles
"rva~Pe~e-indienne.avec
redoutable faisait son

~nd~~am~ n~e ~an,


apparition dans l'Inde. Cent ans franchissaient
Musulmans
es
)fi privilège

nt
pri

Statistique.
1
à la reine Victoria, celle-ci

La vaste péninsule indienne,


est procla-

avec
superficie
&%t~la
l'hégire, en 111, les
s'emparaient du Scinde. A partir de ce i
moment,
de
de
eac~SRégal
territoire
s~ annexe,
ti)nmètres
A celui da l'Europe
occupe une
carrés, représentant un
sauf la Russie,
l'Islam va s'acharner à la conquête
Musulmans
de cette riche
nt
font
~po~ons~
ter

~~m~eM.
la Suède et la Norvège. Sa
population s'élevait

~S
'nd~
proie. Durant deux siècles, les 911, Sabouktighin, ne habitants.
en en 1812 à 243163900
~~&m~
sultan de Ghazni, s'empare
en
de tout
Goudjerat et pille la cité sainte de que le général
le Pendjab
Ln,
en
jusque dans le au carréa (non compris Ceylan), égal à quatre
Somnath.
rai foi
tri le~toire
tres
fois
~~ah'"ou'pr~!ndigenes
de l'Inde s'étendent

de la France, avec une population


d'habitants.
Koutaé, esclave affranchi de Mohammed Ghor, s'em- m- de 190 millions
me de l'Inde, Raj-
et, usurpant la couronne, se proclame possèdent encore
pare de Delhi, Indes. Ses successeurs étendent jnt pouta,pc Maharates, Sikhs, etc.,
kilomètrea carrés, pres-
empereur des ut territoirè de 1 428 OOU
domination jusque dans le Dékhan. En 1397, un grand que la France, et peuplé
leur farouche dévastateur, ur, y yue trois fois plus
Timour Lang ou Tamerlan, le

~s~
Delhi, et itte quitte de
dE 48 millions d'habitants.
dans linde un terrnoirEterritoire
envahit l'Inde, prend et brûle
le pays qu'il abandonne à
sordre.
Daolat Lodi, un aventurier
l'anarchie et au dé-
<té.

sur de
La France
Po~~J~
conserve
509 kilom&tres carres avec une
d ~uOO~mes;
de
sujets.. et le
population
[Louis Roussetet.J
le trône resté vacant et le Tamerlan,
1525, et
Delhi Baber, descendant de
laisse à son
fonde la dynastie des Grands-Mogolsoude
fils.
s'empare,de
En
T!S=~:&~–~B
de
Ti-
iNDCCTION.-V.M~mM<vn-
a
avec 445 000

j~MitTRIE. – XXXVII.
Histoire de France,
Histoire générale, X~A\u,
Le mot Industrie,
mourides. Son petit-fils Akbar le Grand
amène
prospérité l'Inde à unn'a
qu'elle plus possédé depuis. Sous
couvre de
(i555-t605)

routes et
;0&)

,ouss;
de
IJ
degré de grandeur et de crivéea d'une même source, il est vrai, et pins ou
de r
n
même, de ne pas confondre.
son règne, le pays se développe, de magnifiques iuea parenté
p dit Ch. Coquelin (Dict.
canaux, l'agriculturese Dans lo langa~e vulgaire, n'entond guère par indus-
monuments s'élèvent. Conquête anglaise. d'économiepolitsque),on
°'°1' c
trie genre d'opérations, plus ou moinw
commencent apparattre iltro t que ce amène à 1 état
MaAs~é~ les Européens V~codeGamad.ube
Portugais uble compliquéea, par lesquelles l'homme spontanés d~;
dans l'Inde. Le
c
produits, dits fabriqués, lea dons
~de~c~e~~ucces~
le cap de Bonne-Espérance et
atteint en 1498 8 la
lbu- la
Albu-
de
(
1 nature ou les fruita
igais sol, généralement désignés sous c'est
Portugais
directs de l'exploitation
lo nom de matiéres
la manu fac-
du

querque prend et brûle en 1510. LesBombay. En pTemières. L'industrie, en ce sens,


s'établissent sur la côte àd'Angleterre Goa et à 1
opposition à Cagrlculture et su com-
autorise
ae la ture, par

=S=xr~
1599, la reine Élisabeth Encore convient-il d'ajoutermonde que, par suite
fondation de la Compagnie anglaise des Indes, s, et merce.
qu'aprise dana le manufacture, moderne
le premier ambassadeur de la nouvelle société
té se se de l'eatensiou qui
dea forcea naturelles, la
E~Tcce~d'A;b~7~
présente en 1603 à la cour de l'empereur Akbar.
:bar.
au-
l'emploi
au- était à l'origine
à
le façonnage des chosesmécanique· la maiu,

~se'm~l les Anglais à fonder des factoreries


Ahmedabad. Cette date mar- et par masses en sorte que le nom
d'industrie ss
~ura~. Cambaye et
restreint de plus en plus à ce qu'on appelle, quandtnd On a dû, sans doufe, pour mettre de l'ordre
on veut préciser davantage, &; grande MefM~fC. rie. dans 1 exposition des phénomènes, partager ce do-
Un industriel est celui qui a sous ordres un marne immense en un certain nombre do parties
ses
personnel d'une certaine importance et dirige des plus ou moins nettement déHmitées.
ateliers étendus. Nous avons
tappeté tout a t'heure ta ciassincation vulgaire
Dans un sens plus large, on comprend la déno-
no- ~fMM/<MM, industrie, co~m~-ce; nous rappene-
mination d'industrie tous les travaux,sous en ton< cernent, sans commentaire, ceMe t
que! qu'en
soit l'objet, qui s'apptiquentà la matière ou ten- beau-
en- coup dégards plus complète ptus
dent à un résultat matériel mais on en exclut les mats plus dehors de ta langue
occupations intellectuelles du savant, de l'artiste,
de l'administrateur. Un chimiste, un physicien,
te.
en
adopte M. Dunoyer:
suMMs~t
dans ce sens, feront de l'industrie lorsque, dans a~-ico/e, ~a~/ac<MnA-een industrie et
et
i' ~M scientinque,
courante, qu'avait
~)M~?~/M
M~cf.M,
tns et eo!<M~'&'e; :° M~
une usine Maquette ils seront attachés, ils déter- ?- o.?MM~ Mr Ao~
pann~ësoueUM

'r'
mineront la compositiond'un bain de teinture,ins- distingua ceUes U
talleront un moteur électrique, on surveilleront
la préparation d'un sel ou d'un acide destiné a mt
.s- qui s'occuMM~
ceties qm ontpan,. objet t~catibn ~e
sp nN~
n
tac~u~MS-
du'e~~
la ~M, ceUes qu'4 tendent &
ta
vente ou à l'alimentation des ateliers ils n'en fe- fe. taon et des ~a~u; onttra~
ront pas lorsque, dans leur laboratoire,ils cher-
cheront les lois d'une combinaison ou se livreront
ceHe9
W~e Mit, parmi
~nt ces class.ncat~ns, catle qu~ fon adopte,
à des études d'un caractère actuellement théorique. t9. ciusMn commune se dëMM âne coh-
to~oMs~de Mbse~a-
Un agriculteur ou un horticulteur, de même, fera
de l'industrie lorsqu'il élèvera des bestiaux des .ra t.on des fa~ c'est qnel~'p,~ df~~e
n~t~
ndust~eu~r~~estl'~të!
ou M mouvement
volailles, effectuera des croisements ou produira
ra ret personne!, contenu çh,n&me temps ~e~
des espèces nouvelles en vue du profit; il n'en
~P~
en mu~ par concurrence; efque S~ibSe

P~
fera pas lorsque son mobile sera l'avancement des que'.to.t~e dan~
connaissances agricoles on la ffatistaction de C-est aus.i tien

's~s
m !e grand organisme du trayaii, et Uen~
goût pour tes beaux animaux ou les plantes son que ma~d~
des

dë~
rares.
.s. étroits unissent ensembie la ~andenr
Des leçons, des conférences, seront une industrie
pour le. chef d'institutionou pour le professeur qui
en vit; elles n'en seront pas une pour l'ami désin-
ie et ~grandeur tnorate, ravaccement des science
?-'
pA.~1:
a- pmspérité, p:l"JVe~.
téressé de l'instruction qui ne compte
ueine.
Dansun troisième
sens. enfin, plus
pas sa
étendu et ~E'°ys~
is
tivées arl raISon d'11eur, fel1,Wté. ne sontpas cul~
'a tioerte..)~u on ëlarg)sse la formule- en raïson:)ip.I
de

S~'&N~
en réalité plus exact (car il est aisé de voir que dee terrea ôn ',rl,ettp, )'u,l)lve~Ji,té ~es Qu'au
les distinctions précédentes sont forcément incer- E
le pro(essjons,
taines et jusqu'à un certain point arbitraires),dans
!f sens économique et philosophique du
mot. onn n'est âptlçq chos~ ~8 l'~p.nt;,ijlatIl,I\l graduelle

~~ES~
embrasse sous l'appellation générale d'industrie le do
tous les travaux, de quelque ordre qu'Us soient, t, hpmaine, d'abord dé~adée gl, tO!lIWJ, à la
qui tendent à assurer l'existence et le développe-
ment de ITiumanité en pourvoyant à la satisfaction
de ses besoins. L'industrie, ~&S'S'Sg?r.R'X
et à la liberté.
ainsi entendue, c'estnIt dana 1 ancien monde 1 antiquité
dignité

l'ensemble des travaux, tant intellectuels


tériels, par lesquels l'homme, <?- M~-M-Na- que ma- i- jCe régime, e,t que dans

par excellence, exerce sa domination sur la naturee berté, et il est le lot d'Atrea
entière vécu sous
le IJPuvea.J¡.' il Ila subsisté
?~P''°?°~ en de cette œuvre, les lumièresa pas. I On a par,lé de jours
qui ne s'appartiennent
qui 1 éclairent et la sécurité qui la nos (je 1'ouvrfér.e, çomme
observations de l'astronome qui relèveprotège Less d'unec nou"ea\lt~ i~pie, qu'auçurl siècle n'aurait
la carte dess cconnue avant 1e n$tre. 11
cieux en font partie aussi bien l'art de l'onti- quoiq,u'on y ay¡¡.it des ouvrières,

&
cien qui fabrique les lunettes que c ert ait dit, et des ou,Vriers, auasi, fort
1 intervention du gendarme qui ou les boussoles ett misérllblcs,
r mè!pe, et fort m.6»riSés. dana
prévient le désor- monde le vigux
dre ou du magistrat qui réprime la fraude n'y B
t
estt taier~; dee
gaiqn
~"ç.es, !JIlli.. ce q,il
e'e'fcà-djr~ y a,ait surtout. c'é-
pas plus étrangère que celle du mineur qui extrait bpmmes rédpits
la houille, du voiturier qui la t à 1a CQIld¡tlon d~ bétail et q: l/JstrnDJents
chauffeur qui l'enfourne. C'est transporte ou du Sana
S entrer â cet égard dans des détails pâat~its.

°' "e M~
plaçant, ;place esx I,ill~~ (Y.. ~sc~~vQge), dont la
point de TM que Rossi a pu direenqu'un se à ce p
juge ou un l'industrie
l' s.o1\8 UI}, tel r,égime que pourait être
préfet vendent de la justice ou de l'administration 1. ~n faisapt dlJ. tra-

~T~~
!ë~
comme le boulanger vend du pain et le marchand norait v
n le t~:VI\II; et, el1 désb,oQpr,ant le on dés,bo-
étoffes. ~co~ tput éjaq et, tpnts éner~e. Ettravail

~~es~
,lui e¡¡leyait on
a rangé le professeur, le médecin et le en sépa-
parml'Iea producteurs de richesse au moraliste r. la Jouissan.ce ds 1 eftDl't qui en
le
que mattre de forges, le charpentier et le vifme- titre le
'fc. sel, on, 'fW, en,lèv, à, I$fois
tpqte saveur et
est
ron; procurer l'instruction, a-HI dit, la santé ta plaisir, la bride com!11o à

res~n?~i~
lesquellesle travail, même te p!us matériel
deshommes~
res sains et honnêtes, n'est-ce pas la pourvoir des de
instruments de production tes
J.-B. Say avait dit, plus anciennement plus
on 1.~gf
choses sans'
s'an-Att. {i!

précieux? M
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f!" tl!~t~~ 1~1\ qo"vQf~i~es ei

~I'n.mm~?"?'
i homme, q C est apn. motemr,
professeur
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il ~u~s lea, eai-
p01lf le, maltre ey
tB stimuiant et le &eM de ia responsaS

"eu'
et son ven~aur..Mn rémunérateur
pour

qu'une seule industrie «II n'y a Aussi a-t-OH remarque que dans p
tes sociétés à
considère son but'e~ abonden~Mmnte
ses résultata énéraux; il ~sciaves
es tes Brodmtsde ~e
<I°4e,
sidère la variété de leurs procédésmilledes où tant & ~mne-
Xsq~~ agissent. »
et
si l'on con-
matikres :ments
ml
reté
et de r<ch.esse se mMent à tant de grossiè-
dec~r~
C'ellt à la technologie qu'appartient
la description prr
l'énumération de ces madère le
nous n'avons à envisager ici que les lois eénéra~es st,
et de mis~e mais les produit
~?'M''t.es de ce queie. ~aJs~ppM courMia ies
et insuNtanta: c'est & peine
du travail ou~ telles que
révèle et que l'histoire tes montre de l'homme les compte
0
si, parmi les m~enhons de ces sociétés,
o'. quetquM-unes d'un intérêt vraiment on en
en action, nera). L antiquité, en particulier, succombé gé-
lé a sous
ses vices autant que sous les ravages des Barbares. hier, et la garenne, sans compter les pillages et
Elle ne produisaitplus assez pour se soutenir. les violences personnelles, ont, malgré des adou-
L'un des principaux effets du christianisme, très cissements graduels, continue jusqu'à la fin de
certainement, a été de relever le travail. « Quicon- l'ancien régime d'écraser les terres et les gens.
que ne travaille pas n'est pas digne de manger Aussi la première de toutes les industries, l'indus-
a dit saint Paul, faisant des tentes pour joindre trie nourricière, était-elle misérable, et les famines
l'exemple au précepte. « Qui travaille prient a dit fréquentes; telles que personne, si haut que fût
à son tour saint Augustin. Et dans les primitives son rang, ne pouvait se flatter d'en éviter toujours
communautés de l'Orient, comme plus tard chez les atteintes. On a vu, en 1663, des personnes
ces moines de l'Occident auxquels est dû en partie K vêtues de soie tromper nne faim de deux jours
le défrichement de l'Europe, le travail, la sueur avec du son bouilli et M"" de Maintenon, en 1709,
même, étaient d'obligation stricte sudore tuo à Versailles, a dû manger du pain d'avoine. Quant au
vesceris pane. Les outils étaient bénits et consa- pauvre peuple, les rapports officiels des intendants
crés et mainte légende témoigne de l'estime dans à Colbert le montrent dévorant l'écorce des ar-
laquelle étaient tenues les K vertus qui sortaient bres et broutant l'herbe des champs et le régent,
des mains, vouées au labeur même le plus rude. sous Louis XV, apporte au Conseil du pain de fou-
Des siècles se passent cependant avant que gère pour faire voir au roi de quoi ses sujets se
l'esclavage ait disparu du sein des nations nourrissent.
devenues chrétiennes. A l'esclave succède non La condition des artisans, ou de l'industrie pro-
l'homme libre, mais te serf et bien des entraves prement dite, était-elle beaucoup meilleure Sans,
encora pèsent sur le serf (V. Servage). Le chris- doute, en se groupant dans les villes, les de
tianisme, en outre, s'il relève le travail par un métiers, comme on tes appelait, avaientgens pu se
coté, le rabaisse par un autre; car il a pour la ri- donner un peu de la sécurité personnelle qui
chesse et pour tes moyens qui la procurent des manquait presque totalement aux paysans. C'est
anathèmes dont toute trace n'est pas ejfacée en- même de ce besoin de défense que paraît être née
core. Il prêche le renoncement, il exalte la pau- la corporation. Ces hommes faibles, qui s'élevaient,
vreté et il conserve, à l'égard des travaux manuels dit Rossi, « comme des plantes tendres, et frêles,
ou salariés, cette expression de serviles à laquelle au milieu des épées et des faux tranchantes
on n'a pas cessé d'opposer celle d'occupations s'étaient groupés, parce que l'isolement pour eux
libérales. L'oisiveté, en même temps, est considé- eût été la ruine et la mprt, pour travailler, pour
rée par les puissants du jour comme un privilège exister. La corporation fut d'abord une armure dé-
non moins que'l'ignorance. Tel déclare aèrement fensive gênante ou non, il n'y avait pas moyen
ne savoir signer, vu sa noblesse, et tel autre se de s'en passer.
vante d'être de race vivant noblement, c'est-à-dire Mais avec le temps le caractèrede cette associa-
sans rien faire. La plupart des professions font tion changea, et à l'esprit de légitime défense, qui
déroger; et quoique le commerce maritime, le en avait été, l'inspirateur, succéda l'esprit d'op-
K grand commerce soit au nombre des excep- pression et de monopole. Les maltres,
tions admises, lorsqu'un gentilhomme en Bretagne sion d'une situation faite, toluvèront bon en posses-
de fermer
est contraintpar la pauvreté à s'y livrer, it dépose la porte derrière eux aux nouveaux venus; et les
son épée et ne la doit reprendre que le jour où il rois, de leur côté, après avoir, comme saint Louis
aura entièrementrenoncé au négoce. Les Thébains lorsqu'il fit rédiger le t.~re des mestiers, songé
dans l'antiquité allaient plus loin ils exigaient,de surtout à la loyauté du travail et à la bonne con-
la part de ceux d'entre eux qui s'étaient souillés fection des produits, songèrent a battre monnaie
par l'industrie ou le commerce, la purification de avec les faveurs et privilèges qu'ils octroyaient ou
cinq années d'oisiveté complète avant de pouvoir maintenaient en vigueur. Ils en vinrent peu à peu
entrer au Sénat. Les temps sont bien changés ne à afhnner, comme Henri m, que « le droit de tra-
nous en plaignons pas. vailler était un, droit domanial et royal, que le roi
Des articles spéciaux, sont consacrés, dans ce pouvait vendre et que les sujets devaient acheter,
Dictionnaire, aux Communes, au Commerce, aux et à déclarer, comme Louis XIV, a qu'au roi seul
Paysans, etc. On y trouvera ce qui ferait double appartientde faire des maîtres ÈSrarts. ? u
emploi dans celui-ci; il nous suffira d'ailleurs, pour L'histoire des corporations demanderait à elle
donner une idée de la condition de la masse labo- seule un volume. Disons seulement que deux faits
rieuse et par conséquent du trayait pendant le principaux caractérisent ce tégime 1° la classifi-
moyen âge, de deux citations. cation officielle des métiers, les règlements
L'une est de ~eaumanoir, le jurisconsultede la defabrjcation etlasurveillanceavec destinée' à en garan-
féodalité « Le sire (le seigneur), dit-il, peut tir l'observation et X" la limitation du nombre des
prendre aux serfs tout ce qu'ils ont, et les tenir maitris.es, dans plus d'un corps, de métier, et, dans
en prison toutes les, fois qu'il lui plait, soit à ceux mêmes où le nombre n'en était pas limité,
tort soit à c~-ot<, et il n'est tenu à en répondre fora l'obligationde se. faire accepter par les maîtres en
à Dieu. » exercice, l'apprentissage foMé, le, ehef-d'œu.
L'autre est de Guibert de Nogent, chroniqueur Yre. et les,avec formalités de réception.
du xnc siècle. « Communes, dit-il à son tour, est L'impossibilité d'arriver librement Ma ma!trisc)
un mot nouveau et détestable; et voici ce qu.'on c'était évidemment la coalition permanente des
entend par ce mot. Les gens, taillables ne paient mattres contre les ouvriers et contre le public;
plus qu'unq fois l'an à leur seigneur ce qu'ils lui l'exclusion de quiconque portait ombrage
doivent et s'ils commettent quelque délit, i)a; en déplaisait, l'impuissance pour quiconque récla- ou
sont quittes pour. une amende légalement nxéo. » mait. « Le consommateur, dit Turgot, a toujours
Il y a eu des serfs, il ne faut pas t'oublier, jusqu'à tort. »
la Révolution la lutte de Voltaire contre les L'apprentissage forcé, c'était une servitude tem-
moines de Saint. Oaude, sur le territoire desquels poraire, généralement fort longue, sept, huit, dix
on ne pouvait demeurer un an et un jour sans ans, au profit des maîtres, et d'ailleurs sans issue
compromettre sa liberté et risquer de faire per- la plupart du temps. C'était aussi, a défaut du mé-
dre à sa famille tout droit sur son héritage, est là tier qu'on avait appris, la jjermeture des autres.
pour l'attester. Les tailles arbitraires,les corvées, « Tu as appris à faire des clavecins, dit
les taxes de toutes sortes, contre lesquelles a si ce propos Rossi on n'en fait plus, mais onencore à
fait des
courageusement travaillé Turgot, les droits de harpes, et tu pourrais y réussir. Tant pis pour toi
banalité (four, pressoir, moulin et le reste), le tu n'en feras pas.
gibier du roi, le gibier du seigneur, et le colom- »
Pour ce qui est des règlements de fabrication et..
de la divisionofncielle des professions, la moindre gnale Lyon, en t744 notamment et en t7M, d'ef.
réaeïion montre ce qu'il faut penser de cette pré- froyablescrisessuivies dt grèves et d'insurrections;
tention de « l'orgueil administratif. f En fait de chaque fois ta ville est pendantplusieurs jours aux
travail tout se touche et tout se modifie. On ne mains des ouvriers, et l'ordre n~st rétabh que par
peut, comme dit très bien M. Droz, « concilier des une occupation militaire. D'ailleurs, remarque-t-il
goût* et des besoins changeants avec des règle- justement,« les maux les plus apparentsne sont pas
ments immnaNes;et c'est un singulier moyen de toujours~ les plus réels.Des génération* entières
perfectionner les arts que de leur interdire le pro. ont pu se succéder, végétant et mourant les unes
grès. Aussi n'hésite-t-il pas, après avoir justiNé après les autres, sans même concevoir la pensée
cette conclusion par des exemples, a appeler cette d'une situation meilleure. Le silence de l'histoire
consécrationde la routine « une guerre perpétuelle cache à lapostérité ces misères muettes. Elles n'en
« de l'administration contre l'industrie. » Quelle sont pas moins réelles elles sont même d'autant
situation, dit pareillement M. F.Cadet (fM~ot.H- plus tristes pour qui saitréaechir qu'elles sont plus
brairie centrale des publications populaire*), que générâtes et moins faciles à guérir.
celle d'hommes enfermés dans ce dilemme: ou C'est donc de la chute des corporations que date,
étoutTer en eux l'esprit d'invention, ou violer la loi7 en France au moins, l'émancipation matérielle et
,Telle était pourtant, au siècle dernier encore, la morale de l'industrie, l'affranchissement du travail
situation commune, et l'on n'y échappait, exception- et l'anranchissementde l'homme qui travaille. En
neliement, comme Réveillon,le célèbre et malheu- Angleterre des règlesanaloguesavaient été édictées,
reux inventeur des papiers peints, qu'en obtenant notamment par le statut de la cinquième année
l'érection de son établissement en manufacture d'Élisabeth, ou statut des op/M'Mt~M; mais iu mal
royale. a Les règlements, d'ailtenrs toujours avait été moins grand,grâce à cette habitude d'ap-
violés, < s'entassent sur les règlements. Colbert a pliquer les lois dans leur lettre qui est un des
lui seul en lit cent quarante-neuf. Les procès de traits du caractère britannique. Les dispositions
leur côté se multiplient A s'éternisent.La querelle restrictives n'étant observées qu'it l'égard des in-
des fripiers et des tailleurs, sur la distinction d'un dustries et des localités formellement visées, le
habit neuf avec un vieilhabit, dure plus de deux travail avait pu trouver la liberté sous d'autres
siècles; eUe durerait encore sans la suppression noms ou dans d'autres lieux. Le carrossier, dont le
des maîtrises. < De t5'!8 a H67, les saveuers et les métier était réglementé, ne pouvait faire de roues
cordonniers se disputent pour arriver à la défini- mais l'ouvrier en roues, au sujet duquel la loi se
tion d'une vieille botte. Les oyers-rotisseurs,les taisait, pouvait faire des carrosses. Les centres
poulaillers, et les cuisiniers, d'une part;« les mer- manufacturiers pour la plupart n'étaient pas villes
ciers, les gantiers et les bonnetiers-chapeliers, de à l'époque d'Élisabeth t)s se trouvaienten dehors
l'autre, sont également aux prises et < le Parle- des entraves imposées aux villes, et pouvaient se
ment rend des arrêts contradictoires, maistoujours développer librement. De là, sans aucun doute.
graves, sur le droit de vendre de la viande cuite pour une bonne part, l'avance prise par l'industri''
ou crue, de faire des sauces, sur le nombre des anglaise.
plats de Meassée a porter en ville, oa sur la C'est à Turgot d'abord, à la Constituante en-
quantité de gants ou de chapeaux à mettre en éta- suite, que revient, en France, l'honneur d'avoir
lage. t brisé les chatnes de l'ancien régime industriel.
On n'en finirait pas d'énumérerseulementlesvices Turgot, en H76, après avoirmagistralement dressé
de ce régime. « Patrons et ouvriers en souffraient l'acte d'accusation des corporations, et non moins
également. Les patrons étaient gênés dans leurs magistralement proclamé, dans un immortel
moyens d'action, dans le nombre d'apprentis et préambule, la charte du travail libre, faisait rendre
d'ouvriers qu'ils pouvaient faire travailler, dans par Louis XVI, et enregistrer par le Parlement (au
leurs achats et leurs ventes, dans leur fabrication prix d'un lit de justice, il est vrai), un édit par
et leurs privilèges ne les empêchaient pas de souf- lequel, sauf l'imprimerie,la pharmacie, l'orfévrerie
frir des privilèges des autres. Les ouvriers étaient et les offices de barbiers-perruquiers-étuvistes,
enfermés dans une profession, et ne pouvaient toutes les professionsétaient déclarées libres.
d'ailleurs,sauf de rares et dispendieuses eKep- La coalition des privUégiés le renversait, quel-
tions, espérer d'arriver à la maîtrise. ques mois après, et détruisaiten grande partie son
On a dit que, du moins, la corporation étant une œuvre. Mais la Constituante ia reprenait, et après
famille, dont l'ouvrier faisait partie, il était cer- avoir, par l'art. 2 de la loi du 2 mars 1791, sup-
tain de ne jamais être abandonné; la confrérie, primé « les brevets et lettres de maltrises, et tous
sainte et bienfaisante union de fraternitéchrétienne, privilèges de profession.sousquelque dénomination
ne lui offrait-elle pas un refuge assuré? C'est une que ce soit, elle déclarait, dans l'art. 7, « libre
erreur. < Ni compagnons, ni apprentis,dit M. Le- à toute personne de faire tel négoce ou d'exercer
vasseur~ tvalent droit aux secours ils n'étaient telle profession, art ou métier qu'elle trouvera
pas plus a au bénénce de l'aumône qu'aux bon, souft la condition seulement « de se pour-
autres av tages de la communauté. Les maîtres voir d'une patente, d'en acquitter le prix et de se
seuls et le re veuves en profitaient. Encore fallait-il conformer aux règlements de police. Ce ne sont
que les sq ours fussent sollicités. En réalité, dans plus H des exclusions ni des faveurs ce sont des
,une sociét fondée sur des privilèges, chacun est mesures d'ordre, plus ou moins bien entendues,
jaloux de' elui qu'il possède, » et c'est de l'un à mais les mêmes pour tous, et qui laissent le
l'autre un* cascade de dédains. Les bourgeois mé- champ libre à toutes les ambitions comme toutes
prisaient lea artisans; « ce mépris, les artisans le les capacités.
rendaient avec usure aux ouvriers, et ceux-ci, Telle est, depuis bientôt un siècle, sauf quelques
i« de leur coté, ne ménageaient guère les appren- exceptions qui ne sont peut-être pas toutes suffi-
ti*. samment justiûées, mais qu'il serait trop long
Au point de vue social, en somme, au point de d'examiner ici, la condition du travail en France.
vue moral, aussi bien qu'an point de vue profes- Il est libre, à l'intérieur au moins, qu'il s'agisse
sionnel, le régime de la réglementation était dé- de culture, de commerce ou d'industrie'propre.
plorable. La dignité humaine n'en souffrait pas ment dite. A l'extérieur la cause est pendante, et
moins que le travail. ce n'est pas une des moindres questions de l'heure
On a dit aussi qu'il n'y avait alors ni chômages présente. Chacun, quel qu'il soit, est seul maître
ni grèves, et que les difficultés contre lesquelles du choix de sa profession; et chacun, dans cette
lutte notre temps étaient inconnues au temps profession, marche comme il lui convient, à ses
Mssé. Cela n'est pas plus exact. M. Levasseur si- risques et périts
On sait quelles ont été les conséquences de ce chesse, en tout cas, infectée dans sa source, e:t
changement; et quel essor ont pris, une fois déli- le plus souvent le prix de la rapine et de l'oppres-
vrés de leurs entraves, non seulement la produc- sion, et l'industrie, pour H peu qu'elle existe, est
tion et le commerce, mais la science. M. Moreau à toute heure la proie du brigandage. De là,
deJonnès,dans son livre surla Statistique de ft?!- pour le dire en passant, tes anathèmes, alors trop
dustrie en France, a montré cette industrie, ai- justifiés, dont le souvenir pèse encore sur la ri-
franchie de la veille, sauvant la France en 1T92, et, chesse.
pour premier emploi de sa liberté, improvisant les Les hommes cependant, par la guerre même ou
plus merveilleux moyens de défense et d'équipe- parles voyages, voient s'élargir peu àpeu leur hori-
ment. M. Droz qui, comme tut, avait connu l'an- zon. Des productions inconnues leur sont révélées i
cien régime, et pouvait parler pertinemment de des désirs nouveauxsurgissenten eux. Des échanges,
ses vices et de son dénuement,a lui aussi, dans d'abord rares, et bornés naturellement,sauf pourles
une page non moins remarquable, attribué à <t de la courtesdistances, aux objets rares, les seuls qui puis-
liberté donnée à l'industrie, dans l'intérieur sent supporterdes déplacements difficiles,commen-
~'E<<!<, la facilité avec laquelle la France, dans le cent à s'opérer, et le commerce, auquel la sécurité
premier tiers de ce siècle, a supporté tant de cala- est indispensable, impose, sous peine de refuser
mités et répare tant de ruines. Nous avons fait, ses services, de premièreshabitudes d'ordre et de
plus récemment, la même expérience c'est assu- loyauté. Il exige en même temps de premiers
rément à la puissance de son activité productrice, moyens de communication des sentiers sont tra-
affirmée avec tant d'éclat dans la dernière Expo- cés, des lignes de caravanes s'organisent,et la na-
sition, que la France a dû la rapidité avec laquelle vigation s'essaie le long des côtes pour se hasarder
elle s'est relevée des désastres de la guerre étran- bientôt plus loin. Peu à peu, avec les choses, les
gère et de la guerre civile. hommes se mêlent, et les idées s'échangentcomme
Le même Moreau de Jonnès écrivait, à la pre- les produits. Et non seulement on vend et l'on
mière page du livre qui vient d'être cité, les lignes achète, c'est-à-dire on porte ici ce qui était là et
que voici là ce qui était ici; mais on s'associe et l'on obtient,
« Abandonnée aux esclaves chez les peuples de par des rapprochements que la nature n'avait pas
l'antiquité, dévolue aux serfs pendant tout le faits, des ressources nouvelles et des produits d'o-
moyen âge, enchalnée jusqu'à nos jours par les rigine humaine. Ces trouvailles, souvent, sont
jurandes et les corporations, l'industrie a passé dues au hasard mais souvent aussi, au lieu d'at-
quarante siècles au moins dans la servitude, ran- tendre patiemment les heureuses rencontres, on
çonnée comme un ennemi, vendue comme un cap- veut aller au-devant et l'on cherche, au risque de
tif au pouvoir des pirates, opprimée dans les ne pas trouver. On observe, on expérimente, on
moindres actes de son travail et de son intelli- raisonne; des faits connus on déduit des lois, et
gence, châtiée comme le nègre et méprisée comme des lois on déduit la possibilité, la certitude même
le paria. Elle est aujourd'hui libre, riche et ho- d'autres faits. La science ainsi emprunte sa lu-
norée elle est l'arbitre des destinées des premiers mière à la pratique, et son tour l'éclaire. La
à
peuples du monde, qui lui doivent à la fois leurs chimie, la physique, la mécanique, la minéralo-
trésors, leur puissance et leur civilisationraffinée. » gie se mettent au service de la production; les
Ces lignes peuvent paraître, au premier moment, outils se perfectionnent;les machines se multi-
dictées par un enthousiasme exagéré. Elles ne plient la vapeur, l'électricité, en réduisant sous
sont, en réalité, que l'exact résumé de l'histoire de les pas de l'homme l'espace et le temps, agrandis-
l'industrie. sent sa place sur la terre et de plus en plus lui
Aux premièresheures de l'humanité, l'industrie, permettent de dominer la matière. Ce n'est plus
à vrai dire, n'existe pas. L'homme n'est qu'un ani- le bras alors qui est l'outil, il n'est que l'in-
mal qui, sous l'impérieuse impulsion du besoin, termédiaire par lequel la pensée commande à
cherche autour de lui la pâture et l'abri. Il ne l'outil. La navette et le marteau, selon la prophé-
produit pas alors; il consomme, on pourrait dire tie peut-être inconsciente d'Aristote, marchent
qu'il <Mt)<M<e. Aussi a-t-il bientôt épuisé le coin de seuls, et le labeur servile n'est plus nécessaire.
terre sur lequel il se trouve jeté, et lui faut-il, Et non seulement il n'est plus Au nécessaire, mais
pour végéter péniblementd'une vie misérable, des il est impuissant et dangereux. perfectionne-
espaces immenses. Mais l'intelligence chez quel- ment de l'outillage le perfectionnement de
ques-uns s'éveille, la prévoyance apparaît; aux l'homme doit répondre. Pour conduire les puis-
ressources spontanées de la nature on songe à sants et délicats engins de la mécanique moderne,
ajouter des ressources préparées par la main de pour ne pas compromettre à toute heure, par de
l'homme; on façonne le bois, la pierre, le métal; fausses manœuvres, non seulement le travail,
on creuse des tanières ou l'on élève des huttes; mais le matériel, et le personnel lui-même, il iaut
on garde des animaux ou l'on multiplie des plantes. des hommes a l'abri des témérités de l'ignorance
Toutefois le cercle dans lequel s'opère cette ac- et des irrégularités de l'insouciance. De là, comme
tion est étroit encore, et l'effort matériel y do- pour le maniement plus délicat et plus dangereux
mine. Les muscles, mal armés, restent le principal encore de la machine politique, la nécessité d'une
outil, et contre les résistances sans nombre de la instruction plus générale, plus étendue et plus
nature cet outil est trop faible pour remporter précise. De là aussi, par une inévitable réaction,
d'importantes victoires. Quelques-uns seulement, l'élévation du niveau général, et la mise au jour
les plus forts et les plus habiles, en se faisant des d'une foule d'aptitudes qui, dans d'autres condi-
autres des instruments, arrivent à se procurer tions, se seraient toujours ignorées. L'industrie,
quelque aisance et quelque luxe relatif la force dit admirablement encore M. Moreau de Jonnès,
est le grand moyen d'acquisition, et l'esclavage donne aux hommes la nourriture et le vêtement i
soutient, à la surface des sociétés, un état-major, elle change les torrents en force motrice, la foudre
au fond bien mat pourvu lui-même, d'hommes plus en messagère, et fait du soleil un peintre à nos
ou moins libres qui se disent la nation et la cité. ordres. Par elle les hameaux deviennent des
Le Spartiate, selon la vieille chanson dorienne,la- villes, et la richesse éclôt dans les déserts. Mais
boure avec sa lance et moissonne avec son glaive; « elle fait mieux, elle féconde les esprits par ses
il n'en est pas beaucoup plus heureux pour cela. inspirations. Un pauvre ouvrier, un barbier, un
Le Germain, d'après Tacite, estime honteux d'a- filateur, un tisserand, » un mineur, un Arkwright,
cheter au prix de la sueur ce que le sang peut un Jacquart, un Stephenson, « deviennent des
payer; sa vie ne paraîtrait guère enviable aux plus mécaniciens habiles, des hommes de génie, qui
humbles de nos ouvriers contemporains. La ri- reculent les limites du possible, et agrandis-
sent la sphère où semblaient enfermées à jamais MttpSTMES CLASSEES. – V. Sa/MOftM M.
nos destinées. C'Mt beaucoup de préeeMet le MK)'tfe.
peuple des intempsties et de la malpropreté, q<n tK~i.ORESCEKCE – Betaxtqae, VIII.
attiraient sur non aaoêtMt les Béam mettMriers –
terme d'tM/ïcfe~MMee s'emploie dans deux accep-
Le
des épidémies; mais oest davantage de « don, tions il signifie tantôt l'Mran~emeat des aeurs
ner aux populations t'acMvité du corps et de l'es.. sur la plante, tantôt un ensemble de fleurs non.
prit, qui agrandit leurs. facultés et les rend eapa- séparées les unee des autres par des teuilies bien
htes d'accomplir la ~stton départie à ftomme développées
sur ta terre, celle de gagner M vie paf son ta~ Dam *ne inaoMMexee, <M appeBe p~<<OM<t~M
beur. De tous les phémomène*, t~ pttaa nnpop. oup~Ao~M teeuto qui supportent tM tteara, et
tant pour t& moraliste et le pMtosepbe e'eat tfac~M tee tMiMes a raieseMe desqoeUw naissent
pertBctionnMttent de l'entendement h)MMia pa~ !et pM<MMa~M; ces bnMtëMmMqxentdma quel-
ta diffuion det coaMiManee* utiles. L'indMtttt 'lues inbeeœ»eee,pat
ques in~MMeeBtM. ad --Ille- 4_.lear
eMttp~ dans oeUes des
moderne a fait na)tM par iM hM~)Mttx)~die M*
nécessités pin* de. desMMteaM, de MttatatewM,
eMcMh-M. Les bMeMw ~ft~ <)MM tw farme
forme;
<!Iea Mat g6aëft)exKmo petttM (MetHe}, n<et<nbM.
de, mecanicient, de ehimiete*, que tous tee enset- neweet, TNttet,
<m dtverMm<nt to<0féee<.
gnements n'en avaient pn Meduu-e pendant dea On nomme, axe )Mnm<t<~ <t~ l'inawMaeene~ le
siècles. Elle a infuse dans dea population. no~- p4donoate oommttn d'où n<t!MMtt tMe les
breuMa des habitudes d'ordre, de devoir, de fe- eM demMU antres
prennent tes non» d'~tBM Me<n<~<fet,
flexion, de recherche, etc. Enatt, et pour terni- <MM <<f«a<~M suivantleur ordre d'apparition.
ner cette longue et incomplète nomenclature, c'est L'Maoreacence est dite <M/!Mte lorsque son axe
à 1'industrie que~ le monde moderae doit les no- primaire et tous auxquels il donne nais-
tions x, tzèSiMsufatantesasaurëment, «d'économie sance se terminenteeat par tme fleur (mouron des ot-
politique qu'il possède, » MMM, ancolie, etc.).
Où s'arrêtera ce mouTenteat? n serait témé- L'innoFescence est tM<«!~e torsqw t'Me pfi-
raire de le dire. Le passe, quel qu'it soit, ne donne maire, au lieu de se terminer une fleur, s al-
qu'imparfaitementla mesure de l'avenir. Mais il longe MMMnniment et que tes par aenM sent portées
est, dès maintenant, parmi les conditions du déve- sur les branches secondaires nées a l'aissetle des
loppement industriel et scientifique dont nous feuilles de t'axe primaire.
sommes témoins, des conséquencesqui s'impo- Les aenra sont M/ttan~, quel que soit te mode
sent, comme s'est imposée la liberté intérieure, et <Hndorescence,torsq~M chaque pedonoateest sim.
qui avant peu s~ réaliseront. Au, premier rang est ple, qn'H natt immédiatement de la tige, et
la nécessité, .pour tourtes peuples, d'étendre leur montre isoté~ des autree par des femUes se
peu défor-
sphère d'action et de devenir~ de plus en plus, méest
par tours achats et par leurs ventes, les fournis- Les CeaM t~sTMe~ Mt ~fOMpt sont tantôt poer-
seurs et tes clients les. uns des antres. t'mdustne, vues de bractëea et tantôt nues.
le commerce, ragrioaltnre elle-même', à mesure 7n/tor<MeMCM indéfinies. Les inflorescences-
qu'ils augmentent la puissance cte leurs moyens, indénnies sont ta grappe, le co~MAe~ l'OM~e,
sont forcés d'augmenter leurs ressourcée, et de l'épi et le capitule.
franchir les limites, non seulementde leur terri- La yojfpe est ineorescen~e dont te~ axes
toire propre, mais des oontinenta. Le travail, quoir secondaires, à peuune près égamt, naissent le long' de
qu'il en ait, devient international. La fraternité, l'axe primaire. La~Mtppe :tmp/e est oett6 dont les-
avant de passer dans tes esprits, est dé~t dans les pédicettes naissent immédiatement de l'aM pri-
faits. Aucun peuple. fut-it le plus riche et le plus maire et se terminent par une fleur ~réséda, gro-
sobre du monde, ne peut plus se suffire il est, seitie). liA y~ppe cot~mot~o ou paMtCM~e est une in-
à toute heure, et sous mille formes, en relations florescence composée dans laquelle tes a~as secon-
avec les autres et si, par son fait ou sans son fait, daires nés de l'axe primaire se ramifient en axes
ces relations, comme pendant la guerre de Crimée tertiaires (yucca). Le txmMM~ se nomme thyrse
ou la guerre de la sécession américaine, se trou- quand tes pédicelles. du milieu. sont plus longa
vent interrompues, n souffre. dans sa nourriture, que ceu dos ewtnSmitea, et quo l'ensemble de
dans son vêtement, dans son travail, aujourd'hui en rinuoresoenoe présente une firme ovoïde.
proie à la disette du blé et demain à la famine du Le conym&e est une inflorescence voisine de la
coton. Ainsi le veut ta solidarité croissante du grappe, danslaquelletes pédiceiles inférieurs, beau-
genre humain, et c'est l'intérêt, c'est t'industrie coup plus longs que les supérieurs, mettent les
qui, ici encore, au nom du pregrès matériel, com- fleurs sur un m6me plan, formant ainsi une sorte~
mande le progrès moral. C'est elte qui, après de parasol rayons inégaux.
avoir rapproché les viHagea, puis les provinces, et L'ombelle est une inflorescence que l'on peut
créé les peuples, rapproche les peuples eux- comparer à une grappe dont l'axe primaire extrê-
mêmes et peu à peu les pousse vers cette société mement raccourci est réduit à une surface étroite)
du genre humain que nommait déjà Gicéron, MCt'e- et dont les axes secondaires, égaux entre eux, par-
<<M 0<MM« humani. tent tous d'un même point. L'ombelle est simple
L'industrict on te voit, n'estf donc autre chose quand les axes secondatresseterminent chacun
que l'exploitation, d'abord grossière, puis moins une fleur. L'ombelle est e<wtptM<< quand les axes se.
par
imparfaite, puis savante et- puissantedu globe par condaires émettent chacun des axes tertiaiMS dis-
le travail. Elle est l'ascension graduelle de posés eux-mêmes, en ombelles si les que l'on
l'homme non seulement vers le bien-êtret mais nommeombellules(carotte). Les bractées des ombel~
vers la liberté, vers l'égalité, vera la justice, vera les, ramenées sur un même plan, puisque tous les
la paix, grâce à l'e~pénence qui éclaire et a la axes secondairespartent d'un même point; forment
science qui découvre. OEuvre~ non de la main, unYerticelIe que l'on appelle ttHK~Mcre l'om-
mais de l'esprit, elle agit sur la matière sans belle tout entière, et 'nuo/MceMe quand ilpour embrasse
doute, mais pour It dompter et pour s'étever au- la base des rayons de chaque ombellule.
dessus d'elle. Et c'est pourquoi il ne faut pas mau- L'épi est une grappe dont les axes secondaires
dire en elle, a bien dit M. de Fontenay, a le progrès sont nuls, de telle sorte que les fleurs sont sessiles
matériel e il faut saluer et bénir n le signe maté- sur l'axe primaire (plantain); h'~pt est dit com-
riel du progrès, lequel est moral. « Nous avons posé lorsque lesaxessecondairesde l'innorescenM,
des corps, avait déjà dit Franklin, mais nous au lieu de fleurir, produisent chacun un petit épi
sommes des esprits. » distique nommé épillet (blé). L'épi prend le
[Frédéric Passy, de l'Institut.] nom de chaton lorsque ses fleurs sont incomplètes
(chêne). Le chaton lui-même est désigné sous le blent ble naître sur des feuilles ou sur des bractées.
)C.-E. Bertrand.')
de co~tf oa s<fo~!7e lorsque ses écailles sont
nom
grandesetépaisses(pin);il est désigné sous le
le cha-
ÏNFUSOtHES.
1
MO~CAHONS.
t
– V. Protozoaires.XIX; Agricul-
– Météorologie,produites, soit
nom de spa<<t<:e lorsque dans sa jeunesse
bractée nommée ture,
tu; IV. Les inondations sont
ton est enveloppé par une grande des pluies prolongées ou extraordinairement
spathe (arum pied~te veau). Le spadice rameux des par pal
soit la fonte rapide des neiges
palmiers a reçu le nom de f~t~e. abondantes,
ab( par
Le capitule est une inflorescence dans laquelle acf accumulées sur le sol dans les jours antérieurs.
les fleurs sont agglomérées en tête sur un récep- Il
1 est impossible d'établir, par une formule gé-
tacle commun c'est un épi aplati dont l'axe pri- né! nérale, les relations qui existent entre le volume
maire s'est refoulé sur iui'mème de haut en bas des de! eaux pluviales qui tombent sur le bassin d'un
(composées). Le capitule, de même que l'om- fleuve Be et le volume des eaux débitées par le fleuve.
dernières sont le résidu de l'évaporation du
belle, est ordinairementmuni a sa base de bractées Ces Ce
transpiration des plantes, qui changent
dont l'ensemble forme un mvolucre. Tantôt cha- sol et desaison la
que fleur du capitule est(camomille)
pourvue de sa bractée, avec
av~ la et le climat, avec la nature et l'incli-
réduite à l'état d'écaille ou de simples naison na des terrains, avec les cultures de chaque
poils (bleuet). D'autres fois, toute trace de ces région. rej L'observation locale pourrait seule ren-
bractées intérieures a complètement disparu (pis- seigner se! à cet égard, par la mesure du débit de
senlit). C'est au capitule qu'on doit rapporter chaque cb ruisseau, comparée avec la somme des
l'inflorescence du figuier nommée A~pan~oatc. pluies pli que reçoit son bassin d'alimentation. Cette
C'est un réceptacle très déprimé qui porte des usure comparaison,
co commencée par M. Belgrand pour la
incomplètes, enchâssées dans des enveloppes à Seine Se et ses affluents, lui a permis de formuler les
bords déchirés. Les fleurs mâles occupent le haut règles rè pratiques de l'annonce des crues prochai-
de la tige, et les petites écailles qui ferment son nes ne aux populations menacées. Ces règles sont
orifice représentent un involucre de bractées qui appliquées ap couramment par M. Le Moine, élève
dans l'état normal ceindraient la base du récepta- et collaborateur de M. Belgrand. Une commis-
de commun, comme cela a lieu dans les capitules nombre sil hydrologique fonctionne depuis un grand
sion
ordinaires. d'années à Lyon pour le Rhône et la
Dans la grappe, l'épi, la corymbe, l'ombelle Saône;
Sa M. Poincarré en a établi une à Bar-le-Duc
simple, le capitule, la floraison se fait soit de bas pour
pc la Meuse. Il est à désirer que de semblables
institutions
in s'étendent à toute la surface de la
en haut, soit de la circfmférence vers le centre de France.
l'inflorescence.
/?:ore<ceKCM définies. Les inflorescences dé- Les inondations sont rares dans la saison d'été;
6nies sont désignées d'une manière générale sous M celles qui s'y produisent sont dues à de violents
le nom de cymes; les principales sont les cymes or orages, à des trombes d'eau, qui peuvent parcou-
~tparM et les cymes MHtparM. ri des bandes de terrain assez longues, mais
rir
Cymes bipares. Pour former une cyme bi- généralement g< étroites. Leur soudaineté produit
fleur dont le pé- qi1 quelquefois de grands désastres, surtout quand les
pare, la tige se termine par une les flancs d'une grande chaine de
doncule porte à sa base deux bractées à l'aisselle nuées n~ longeant
de chacune de ces dernières na!t un axe secondaire m montagnes, leurs eaux se réunissent rapidement
terminé lui aussi par une fleur dont le pédoncule dl dans les thalwegs des vallées. Le plus générale-
porte inférieurement deux autres bractées, dans ment m ces inondations sont locales et ont peu d'ac-
l'aisselle desquelles naissent deux axes tertiaires ti tion sur les grands cours d'eau. Dans cette période
terminés chacun par une fleur. Il y a donc là une d~ de l'année, en effet, la végétation dans toute son
série de bifurcations portant chacune une fleur dans activité a; retire du sol de grandes masses d'eau
son aisselle. Si, au lieu de bifurcation, en chaque q' qu'elle verse dans l'atmosphère sous forme de
point naissaient trois branches de second ordre, vapeur; v. la terre peut donc accepter des pluies
la cyme serait dite tripare (cerastium). copieuMS
et sans en être saturée et sans ruisselle-
Cymes unipares. La cyme unipare a pour ori- ments n] superficiels abondants, surtout quand sa
gine une cyme bipare dont une des branchesavorte surface s~ est peu inclinée et que sous-sol est per-
le

coMM..
constamment à chaque nouvelle division. On dis- méable. n au contraire, la végétation
tingue deux sortes de cymes unipares les cymes Dans la saison froide, considérablement
MMMMM'<Ms scorpioides et las cymes unipares héli- est e! peu active et l'évaporation
réduite.
r' La terre perdant moins d'eau est plus
La cime unipare ~corp:oMe est ainsi nommée promptement
p saturée par les pluies dont l'excé-
parce que l'espèce de grappe unilatérale qu'elle dant d fait gonfler les rivières et les fleuves.
constitue, et dans laquelle la formation des fleurs i Une différence non moins grande est produite
marche de la base au sommet, se contourne en par p la nature du sol et du sous-sol.
volute. Son rachis résulte de la superposition d'un Il est des terrains perméables par eux-mêmes et
grand nombre de petits axes nés les uns des autres. q qui reposent d'autre part sur des sables, des gra-
Les fleurs, toutes situées d'un même côté en deux viers
v ou des roches fendillées au travers desqne)-
files longitudinales, sont opposées à tout autant de hles l'eau s'infiltre aisément.
prairies sauf
Ces
dans
terrains sont im-
le voisinage des
bractées situées de l'autre coté du rachis (myo- propres
p MX
sotis). ccours d'eau, à moins que les pluies de la région
La cyme unipare hélicoïde (hémérocalle) ne dif- ne
t) soient fréquentes ou que l'on puisse irriguer
fère de la cyme scorpioïde que parce que les neurs en t
e été les vallées secondaires
qu'elle porte, et les bractées qui leur sont oppo- Bment dépourvues de tout cours d'eau et le ravine-
y sont ordinaire-

spirale.
i
sées, s'élèvent le long du rachis suivant une ligne Bment des terres y est exceptionnel.
il est d'autres terrains, au contraire, qui sont
On désigne sous le nom de glomérules ou cymes argileux a et reposent sur l'argile ou la marne, ou
contractées des cymes à pédicelles très courts, bien 1: qui sont assis sur des roches compactes. Ces
queUe qu'en soit d'ailleurs la nature spéciale. t
terrains sont toujours frais; les sources y sont
Plusieurs auteurs (MM. Duchartre et Decaisne)nombreuses, r et les prairies naturelles faciles à
appellent inflorescences mixtes celles qui parti- établir. 6
cipent à la fois des inflorescences définies et des9 Les uns et les autres se comportent tout
inflorescences indéfinies (labiées, mauve); et l'on différemmentif sous l'action des pluies un peu
Dans les premiers, les eaux du ciel
désigne sous le nom d'inflorescences épiphylless prolongées. 1
celles de certaines plantes dont les fleurs sem- pénétrent 1
profondément dans le sol elles échap-
pent ainsi, en partie, aux racines des plantes et bateaux employés sur l'Elbe. On l'attribuait
se rassemblent lentement dans tes nappes sou- déboisement; mais il s'est également produit surau
le
terraines qui émergent au dehors en sources gé- Volga, dont l'immense bassin n'a subi que des
néralement abondantes et ne subissant dans leur déboisements relativement imperceptibles. Il y a là
débit que desoscillationsgraduelles et relativement des oscillations climatériques à longues périodes
peu prononcées. Dans les seconds, les eaux du qui se sont déjà reproduitesplaceurs fois, et aux-
ciel, arrêtées à une faible distance de la surface, quelles se surajoute l'influence du progrès des
restent longtemps disponibles pour la végétation sociétés humaines. De nos jours encore, on voit,
locale; le surplus suinte du sol en sources nom- dans des régions depuis longtemps déboisées de
breuses dont le débit suit de très près la marche la France, des sources anciennes disparaître
des pluies. Dans la saison où ces dernières sont peu
à peu, tandis que les innondations d'hiver persis-
abondantes, et surtout si le terrain présente des tent et s'aggravent.
déclivités très accusées, les eaux ruissellent en Le drainage des terres, le curage des ruisseaux,
outre à la surface, et se rendent directement dans le desséchement des marais, diminuent de plus
en
les cours d'eau dont le volume augmente avec plus les eaux dormantes les résidus des eaux
rapidité et décroît ensuite avec une rapidité pres- pluviales s'écoulent plus promptement les
que égale. Neuves dont les crues sont plus rapidesvers
et plus
Tout cours d'eau dont le bassin est composé en hautes, en même temps que les nappes souter-
majorité de terrains imperméables, soit par eux- raines ont moins de ressources d'approvisionne-
mêmes, soit par suite de leur déclivité exagérée, ment. Mais il est une autre cause dont on ne
est à régime torrentiel les crues y sont souvent tient pas suMsamment compte en été. Autre.
subites et violentes,mais peu durables. Tout cours fois nos champs ne portaient que de maigres ré-
d'eau dont l'ensemble du bassin est composé de coltes et les jachères étaient fréquentes. Aujour-
terrains perméables garde des allures tranquil- d nui une culture pins parfaite
a augmenté les
les. Ses crues sont lentes et aussi ses décrues. rendements; les plantes fourragères remplacent la
Cette diiférence de régime se retrouve tou- jachère, et leurs racines vont profondément puiser
jours, que les terrains soient nus on boisés. Sur Feaudu sol qu'elles rendent a l'atmosphère à l'état
les terrains imperméables du Morvan, le Ruz de vapeur. Or, si on considère que chaque kilo-
de la Grenetière. dont le bassin est entière- gramme de blé produit enlève à la terre de 1000
ment boisé, passe par tes mêmes alternatives que à 1200 kilog. d'eau, et que le sainfoin, le trèfle, la
le Cousin, dont le bassin est aux deux tiers déboisé. luzerne, en dépensent deux ou trois fois plus
D'un débit de 2'!00 mètres cubes par heure en que le blé, on comprendra que plus les rende-
hiver, il peut tomber à sec en été. Les passages du ments s'élèvent, plus la proportion des eaux plu-
régime d'hiver au régime d'été, et réciproque- viales consommées par les récoltes augmente,
ment, y ont lieu en mai et en octobre comme dans plus aussi est faible la proportion qui s'en écoule et
les terrains déboisés. Dans les régions de la vers les sources. C'est la loi nécessaire du progrès
Champagne pouilleuse, à peu près absolument agricole et qui se retourne contre ce progrès même.
déboisées, mais à sons-sol très perméable, nous Le seul moyen d'y pourvoir est d'aménager les
voyons, au contraire, les eaux de l'Ardusson, l'un eaux d'hiver, toujours surabondantes, rarement
des principaux amuents de la Seine, ne varier que utiles et fréquemment désastreuses.
de Om,20 en hauteur dans ses plus fortes crues. En C'est à leur origine même qu'il faut lutter contre
dehors du climat et du mode de répartition des les dangers des inondations et si nous ne pouvons
pluies, le régime d'un cours d'eau dépend donc rien sur les pluies, nous pouvons, du moins, en
essentiellement du degré de perméabilité et du rég'i)ariser les effets.
degré d'inclinaison des diverses parties de son Dans les pays à pluies fréquentes et générale-
bassin. ment modérées, le ravinement des terres est peu
Les bassins de la Loire et de l'Allier sont pres- à craindre, sauf par le débordement des eaux ve-
que entièrement composés, dans leurs parties hau- nues de plus haut. La végétation naturelle suffit
tes, de terrains Imperméables leur lit, presque a à la défense du sol contre l'exagération desypluies
sec en été, a besoin d'être endigué, et souvent il qu'il reçoit. Le reboisement et le déboisement n'y y
déborde en hiver. Dans le bassin de la Seine, au sont qu'une simple question d'exploitation du sol
contratre, les terrains perméables sont en majo- et de rendement maximum. Il n'en est plus ainsi
rité le régime du fleuve est mixte et ses crues dans les pays à pluies torrentielles et à pentes ra-
sont complexes. Jusqu'à Montereau, la Seine a des pides. Alors même que le sol en serait naturelle-
allures tranquilles à partir de ce point, l'Yonne ment perméable, il n'y suffit plus à l'absorption
lui apporte des eaux torrentielles. Les crues de des eaux qu'il reçoit. Une forte partie de ces eaux
l'Yonne passent toujours avant les crues de la Hante- ruissellent à sa surface; si cette dernière est nue,
Seine qui ne font que soutenirles premières mais les ruisselets forment des ruisseauxdont la rapidité
si plusieurs crues se succèdent de manière, par et la puissance d'entraînement augmentent avec
exemple, qu'une seconde crue de l'Yonne coin- leur volume; ils deviennent bientôt des torrents
cide avec une première de la Haute-Seine, le vo- dont rien ne peut ralentir la vitesse croissante.
lume total des eaux charriées par le fleuve peut Les terres sont ravinées et charriées au loin. Leurs
prendre de grandes proportions. L'annonce des parties les plus fines et les plus précieuses sont
crues de la Seine n'est pas fondée sur le régime emportées à la mer où elles sont perdues sans
des pluies il est plus simple de s'appuyer sur les retour; les graviers qui se déposent, d'autant
allures des petites rivières, particulièrement des moins loin qu'ils sont plus lourds, encombrent les
rivières torrentielles qui résument le mieux les lits des rivières et forcent leurs eaux à se frayer
effets de ces pluies sur le sol, et que l'expérience d'autres voies en propageant le fléau et ses ruines.
a montré être le plus directement liées aux crues Il ne s'agit donc plus ici, seulement, d'aménager
générales qu'il importe de signaler à l'avance. des eaux nuisibles pour les riverains d'un fleuve,
Le régime de nos cours d'eau n'est pas invaria- mais de conserver dans la montagne les richesses
ble il change beaucoup d'une année à l'autre et, que le temps y avait accumulées et qui lui appar-
de plus, il se modifie graduellement avec )e temps. tiennent, tout en les empêchant de devenir une
L'affaiblissement de leur débit a été général en cause de ruine pour les pays situés plus bas.
Europe depuis le dernier tiers du siècle dernier, Là où les longues sécheresses, la déclivité trop
et Berghauss, en partant de cet affaiblissement, prononcée du terrain, les abus de la dépaissanee,
prétendait que s'il continuait, il faudrait dès lo ont rendu le gazon impuissant lui seul à défendre
milieu du siècle actuel changer le tonnage des le so], le déboisement a été une faute et le reboi-
sement est devenu une impérieuse nécessité. Les tous sens, plus développé chez les mâles que chez
moins leur caractère les femelles,de même que les antennes. En dessous
crues n'en conserveront pas répri- de la tête s'ouvre la bouche, entourée de pièces
torrentiel, mais leurs dévastations seront
mées. La montagne gardera sa terre et cessera buccales très diversiBées, servant aux insectes à
d'encombrer les lits des torrents; les eaux rencon- la préhensionde leurs aliments, soit à l'état solide
trant plus d'obstacles à leur écoulement,auront importance soit à l'état liquide, et qui ont une très grande
moins de tendance à se réunir, elles auront moins pour la classification des insectes, la-
d'impétuosité dans leur descente; une plus forte quelle est fondée à la fois sur les ailes et sur les ap-
proportion pourra rester sur place, dans la terre pendices qui entourent la bouche.
protégée par sa végétation. Les crues torrentielles A l'intérieur, les insectes offrent toujours l'a-
hau- à la région opposée à la bouche (caractère de
en seront donc allongées et réduites dans leur
de
nus
supériorité animale), tube digestif compli-
teur. En même temps les eaux, moins chargées qué plus
avec un
flexueux. Un incolore
détritus du sol, rendront possibles les travaux d'a- et ou moins sang
ménagement destinés à les répartir sur la saison circule entre les divers organes internes, qui en
où elles font défaut. sont baignés, sans qu'il y ait de vaisseaux propres;
Mais si le reboisement de certains cantons mon- il reçoit l'impulsion, d'arrière en avant, par une
tagneux est une opération préliminaire indispen- série de cœurs placés au milieu du dos (vaisseau
sable, il faut se garder d'y chercher la solution dorsal) et dont on voit très bien les mouvements
complète d'une question encore plus vaste. Il est de contraction sur la chenille du bombyx du mû-
des cantons entièrement boisés dont les inonda- rier ou ver à soie. L'air, destiné à l'hématose du
tions sont presque aussi redoutables en hiver, et où sang, pénètre dans toutes les parties du corps des
la sécheresse n'est pas moins nuisible en été. Il insectes, contenu dans des tubes, ou cylindriques
faut aménager les eaux d'hiver; l'intérêt de l'agri- et maintenus béants par l'élasticité d'un fil spiralé,
culture, qui est l'intérêt du pays, l'exige impé- ou renflés en ampoules d'autant plus volumineuses
rieusement. Il faut y pourvoir à l'aide de travaux que les insectes adultes sont meilleurs voiliers.
d'ensemble, mais qui sont variables suivant les Ce sont les trachées, qui s'ouvrent sur les cotés
conditions spéciales de chaque région et qui ap- du corps par des orifices nommés stigmates, en-
pellent le concours simultané de l'ingénieur et tourés d'un cercle corné, le p~fiMnte, et si visibles,
du forestier. V. Irrigations. [Marié-Davy.] par une coloration différente, sur les flancs de
INSECTES. Zoologie, XXIII, XXIV. –Classe beaucoup de chenilles.
de l'embranchement des Articulés*. Le mot insecte L'hématose devient considérable chez les insectes
signifie en latin coupé en segments il a la même adultes, surtout ceux à vol puissant ils sont.
signification que le mot grec entome, qui est inu- alors de vrais animaux à sang chaud ou à tempé-
sité, mais dont on a fait entomologie, étude des rature constante et dégagent une forte chaleur.
animaux segmentés. Le nom d'Insectesétait donné On sent entre les doigts la chaleur du corps des
par Linné à tout l'embranchement des Articulés gros sphinx (sphinx du liseron et du troène),
actuels, animaux dont le corps et les appendices papillons dont on ne distingue plus les ailes, tant
sont formés d'articles plus ou moins nombreux, en elles vibrent vite, et qui butinent le soir sur les
série à la suite les uns des autres. On a succes- Oeurs des jardins. Ce sont surtout les insectes
sivement séparé des Insectes, dans cet embran- sociaux et vivant en colonies qui offrent une cha-
chement, los classes des Crustacés* et des Arachni- leur accumuléeconsidérable, d'un grand nombre
des*, enfin celle des Myriapodes", que Cuvier de degrés au-dessus de l'air extérieur, de 8° à 12°
réunissait encoreaux Insectes. pour les nids de bourdons, les fourmilières, les
Caractères généraux. – Les Insectes, tels que guêpiers, bien plus encore pour les ruches d'a-
les restreignentles auteurs modernes, sont des Ar- beilles, où règne en hiver la chaleur du printemps
ticulés dont les anneaux du corps, à l'état parfait au milieu des pelotes d'insectes serrés les uns
ou adulte, capable de reproduire l'espèce, se grou- contre les autres; dans ces ruches, lors de l'es-
pent, presque toujours très nettement, autour saimage, la température peut monter à plus de
de trois centres, la tête, le thorax et l'abdomen 40°, au point de décoller des gâteaux de cire. C'est
les ganglions de la chaîne ventrale du système dans le thorax, portant les muscles des ailes et
nerveux suivent la même coalescence. Le thorax des pattes, que se localise la chaleur lors du
se divise en trois .segments, pro<Aofa.< mésotho- vol, chez les bons voiliers, la température du
rax, métathorax,qui portent, à leur arceau ventral, thorax peutCette être de 4° à 8° supérieure à celle de
de
chacun une paire de pattes, sorte que le second l'abdomen. dernière région du corps, qui est
caractère général des insectes adultes est d'avoir sans pattes chez les adultes, se termine souvent
six pattes (Hexapodes de Blainville) presque tou- chez les femelles en une tarière ou oviscapte,tuyau
jours les deux arceaux du dos du mésothorax et du soit rigide, soit mou et rétractile, destiné à la ponte
métathorax portent chacun une paire d'ailes il des ceufs. Une partie des Hyménoptères offre, chez
n'y a jamais d'ailes au prothorax. La tête offre en les femelles, la tarière transformée en un aiguil-
avant deux antennes, qu'on appelle vulgairement ~<M acéré, organe défensif du couvain ou réunion
cornes, présentant les longueurs et les formes les des petits.
plus variées, organes certainement de l'odorat et Malgré leur faible taille, les insectes sont, parmi
très probablement aussi de l'ouie (tiges vibrant à les Articulés, des animaux supérieurs, car ils
l'unisson des sons extérieurs). Au-dessus de la en possèdent au plus haut degré tes apanages, c'est-
tête sont assez souvent, et surtout chez les insec- à-dire le mouvement et la sensibilité. Les sphinx
tes industrieux et constructeursde nids, des yeux du liseron et du laurier-rose arrivent au vol du
simples ou ocelles, ordinairement au nombre de centre de l'Afrique jusqu'en Angleterre;les légions
trois, destinés à une vision avec grossissementà désastreuses des criquets passentau-dessus des na-
très courte distance; sur les côtés se trouvent vires en plein Atlantique diverses mouchessuivent
deux yeux composés ou à facettes, no manquant les trains de chemin de fer et pénètrent dans les
presque jamais, très aisés à voir à la loupe sur une voitures. Certains sens des insectes, l'odorat sur-
libellule, sur un frelon, sur un faux-bourdon(abeille tout, ont une perfection incroyable; dès qu'une
mâle) ou sur une grosse mouche à viande. Ce sont taupe ou un mulot sont gisants sur le sol, arrive11
plusieurs milliers de petits yeux accolés, formant la ronde la troupe funèbre des nécrophores (Co-
un réseau d'hexagones, chacun avec sa cornée, léoptères) les mouches stercoraires et celles des
son cristallin en cône allongé, son filet nerveux viandes viennent d'une grande distance, attirées
optique leur ensemble constitue un appareil par l'odeur et non par la vue, car on peut recou-
sphéroïde ou ovoïde de vision panoramique, en vrir la viande gâtée d'un linge sans mettre fin à
leur odieuse poursuite. 11 y a des papillons, les Papillons).Les pattes (appendices ventraux), après
Bombyclens, dont tes miles interrogent l'atmo- nn court article d'attache, la hanche, suivi d'ar-
sphère avec leurs larges antennes plumeuses et, ticles plus longs, la ctfi'Me et la yani&e, se termi-
d'un vol à continuelles saccades, se rendent de nent par le tarse, dont les articulations succes-
l'intérieur des bois et des jardins à plusieurs kilo- sives sont d'un continuel secours pour les
mètres auprès des femelles, même dans l'intérieur classincateurs. Le tarse présente, le plus fré-
dés villes; ainsi le Bombyx tau, le .Bo~)&y;c dis- quemment, 5 ou 4 articles, 3 plus rarement, 2 et
para<e, l'Orgyie antique, etc. Les insectes in- 1 très rarement; le dernier article se termine par
dustrieux qui construisent des nids savent, par un ou deux ongles ou crochets, parfois avec une
une paresseuse sagacité. approprierà leur usage pelote molle entre eux, servant au tact. Les pièces
les vieux nids et ceut d'autres espèces, de manière qui entourent la bouche ont aussi une importance
à n'avoir !t exécuter qu'un minimum de travail capitale pour subdiviser les insectes. D'abord
bien plus, placés par le fait de l'homme dans des vient, an-dessusde la bouche, une pièce impaire.
conditions insolites, ils exécutent des actes qu'il le labre ou lèvre supérieure puis la bouche est
est impossible d'attribuer & l'instinct seul, de entourée de pièces paires, jouant latéralement,
sorte qu'on est obligé d'accorder le raisonnement c'est-à-dire dans un sens perpendiculaire à celui
et des lueurs d'intelligence à ces ehétives des mâchoires de l'homme et des vertèbres. Ce
créatures. sont les mandibules, élargies en meules pour
Chez les insectes, les sexes sont toujours sépa- broyer, on tranchantes et coupant les aliments
rés, et les femelles pondent des œufs, à part quel- comme des cisailles (ces mandibules mordent
ques cas exceptionnels (les pucerons; certaines notre doigt chez le carabe,la sauterelle, la guêpe)
mouches à viande, etc.) où elles mettent au jour puis les Mitc~oif'M, & un on deux lobes, achevant
des petits vivants. U y a des insectes t<MM méta- la division des aliments; ennn, au-dessous de la
morphoses, dans lesquels l'évolution s'est accom- bouche, la lèvre ttt/~f~urt, à deux pièces plus ou
plie tout entière à l'tntérieur de l'œuf. Dans ces moins soudées sur la ligne médiane. Sur les cotés
insectes, toujours sans ailes ou aptères, les petits externes, les mâchoires et la lèvre inférieure
sortent de l'œuf pareil. aux adultes, sauf la taille. portent des pàlpes articulés, presque toujours
ont la même nourriture, sans autre phase que des grêles, ramenant vers la bouche les parcelles
mues ou changements de peau et l'accroissement échappées aux pièces buccales, servant surtout
général ainsi les Poux et les Ricins, parasites des d'organes de tact pour apprécier la nature et la
mammifères et des Oiseaux, et les Thysanoures consistance des aliments. Telles sont les pièces de
(lépismes, podures, etc.). D'autres insectes, à la bouche dans les insectes, soit adultes, soit
m~atMo~/KMMMcompMtM, n'ont jamais de phase larves, qui sont broyeurs. Quand les aliments,
d'inactivité. D'abord larves sans ailes, ils de- visqueux ou fluides, sont léchés ou sucés par les
viennent, après plusieurs mues, nymphes, offrant insectes, ces mêmes pièces se modifient.Certaines
des ailes renfermées dans des fourreaux et im- disparaissent, d'autres s'allongent, soit en languette
propres à la fonction du vol, puis adultes aptes molle. que l'insecte applique pour lécher, soit en
à la reproduction, ayant des ailes servant au vol dans tube flexible et spiralé au repos, lui servant à
ces divers états, ces animaux ont la même nourri- aspirer les jus sucrés, soit en lancettes perfo-
ture, ce qui rend très funestes leurs espèces nui- rantes, formant en outre une gaine de succion
sibles, dont les dégâts ne cessent à aucune phase qu'il enfonce dans les divers organes des plantes
de l'existence. Tels sont les Perce-oreilles, les ou sous la peau des animaux; dont il aspire le
Blattes, les Courtilières, les Grillons,les Sauterelles sang pour se nourrir.
et les Criquets, les Termites, les Libellules, les
Punaises des boit èt des jardins, les Cigales, les CLASSIFICATION,
Pucerons, les C ochenilles, etc. Enfin les insectes On divisé les fnséctes en cinq grandes sections,
réputés les plus parfaits passent par trois états bien comprenant chacune un
dinérentsaprès leur sortie de l'cauf; d'abord larves ou plusieurs ordres.
sans ailes, en particalte~ cAet!t/~t chez les Papii-
tons,sans pattes ou avec des pattes en autre nombre I. OXB~E~ BM'YEOt~ A L'ÉTAT D'ÀÛCL-rt ~T DE LARVE.
que l'adalte.ils prennent ensuite un état d'immobilité t" Coléoptères, a métamorphoses complètes.
presque complète, sans avoir besoin de nourri- Nous avons consacré à cet ordre, nn des plus im-
ture, ayant les organes dé l'adulte, en particulier portants~ ne article spécial.
tes ailes, envetcpjtés sous une peau phis ou moins 9* OrthoptèMjt, à métamorphoses incomplètes.
dure; ce sont les nymphes, MryM&efM ou fèves, –Tantôt carnassiers, tantôt omnivores, tantôt phy-
et pupes. Puis paraissent les adultes, à ailes bien tophages (vivant de fruits, de fleurs, de feuilles, de
développées et fonctionnelles, prenant souvent t!ges), loir Orthoptères sont les gros mangeurs de
une alimentation tout Ii fait distincte de celle de la création entomologique les moins nombreux
~eurs larves. DaiM ces inseetee a f~<tntot-pAo<M des insecte~ en espècea, ils sont en compensation
~MMpM<M ae rangent les Coléoptères, les Fourmi- d'une ëïtt'aoM fécondité, de façon que certaines
lions, Chrysopes et Phryganes, les Hyménoptères espèceo ont nae quantité d'individus excessive.
(abeilles, guêpes, fourmis, ichneumons, eynips, Deux sons-ordre* t'
FoMteoutNs ou Perce-
tenthrèdes, etc.), les Mpidoptères ou Papillons,
enfin cet ordre immense d'insectes qu'on nomme
Oreilles. –Ces insectes, toujours de couleurs
brunes on fauves, sont remarquables par la pince
Diptères, parce qu'ils semblent, au premieraspect, courbe qui existe au bout de l'abdomen dans les
n'avoir que deux ailes (cousins, moustiques, deux seMS. Cette pince, de faible force pour ser-
taons, mouches, etc.). rer, rappelle ie petit outil dont se servaient autre-
La classificationdes insectes repose 811r l'examen fois les joailliers pour percer le lobule de l'oreille
de certains appendices, sur lesquels nom devons des enfants. Leurs ailes supérieures sont de cour-
donner des notions sommaires. En France, d'après tes élytres ou étuis cernés, ne recouvrant pas
Linné, les noms des ordres sont tir6s des ailes l'abdomen, de sorte que les forficules semblent
(appendices dorsaux), qui sont toujours eh réalité porter une veste. Sous ces ailes de la première
au nombre de quatre. Elle sont formées d'une paire, si réduites, se trouvent des ailes membra-
membrane plus ou moins épaissie, tendue par neuses, très amples, pliMées en éventail, puis re-
des MefcMfet qui déterminent un réseau de cel- piiées, dont l'insecte se sert très rarement et
lules, d'un grand secours dans la classification de qu'il étale avec sa pince. Lesjardins'~ourrissenten
détai), pourvue de poils plus ou moins abondants, abondance IafO)'eM<e auriculaire, Linn., très nui-
parfois éiargis en écailles (ailes ~m'tncMSM des sible aux fruits et aux fleurs par sa voracité, et dont
les jeunes larves vivent en société. Elle fuit la lu-
grandes herbes, domestique dans les maisons en
mière on en profite pour la recueillir dans desAllemagne, en Russie, dans le nord de la France,
chiffons humides, des amas de paille, des pots à dans certains restaurants de Paris, dévorant jus-
fleurs renversés et pleins de mousse, des sabots qu'à l'encre et au cirage, difficile à détruire parce
de cheval, des cornets de papier, des feuilles de qu'elle vole bien. Il faut employer contre les
chou pliées en quatre, puis on livre les forfi- blattes les insufflations de poudre Vicat, ou les
cules aux flammes vengeresses. recueillir entre des linges mouillés, puis les brû-
2° ORTHOPTÈRESpMPBEs. Ce second sous-or- ler.
dre tire son nom des ailes antérieures ou pMM- Les Mantes sont, au contraire, d'utiles carnas-
délytres, longues et droites, demi-coriaces, sous siers de proie vivante,
verts ou jaunâtres comme
tes feuilles, toujours à l'an'ût sur les broussailles,
les vignes, les grandes herbes, saisissant les insec-
tes entre la jambe et la cuisse de devant, repliées
en pinces et munies d'épines acérées, et les portant
sous leurs mandibules. Elles semblent dire leurs.
prières aussi les paysans du Midi les nomment
/M'M-D:eM, jo~a-DMM. L'espèce principale est la.
;UaM<e religieuse, Linné, qui remonte jusqu'à Fon-
tainebleau et plus au nord sur les côtes océani-
ques. Il faut recommander aux enfants de ne pas
tuer les mantes, et de respecter les grosses cap-
sules ovoïdes et papyracées, où les œufa sont en
série dans des logettes, capsules collées aux rochers
et aux arbustes.
Les autres Orthoptères propres sont des MM-
teurs; leurs cuisses postérieures,à muscles éner-
giques, se débandent comme un ressort pour lan-
cer l'insecte en avant. Ce sont des insectes
Fi, 1. Maate'retigieuse saisissant une meuene. bruyants, surtout le soir, les mâles étant munis
d'appareils de stridulation propres à appeler les
iesqueUcs les secondes ailes membraneuses, femelles par dps bruits variés et qui diffèrent sui-
très larges, ~ont plissées en éventail au repos. vant les espèces.
Cette disposition des ailes est bien visible sur la L'instrument musical n'est pas toujours le
grande Sauterelle verte et sur ces Criquets aux même les Grillons et les Sauterelles sont des
ailes bleues ou rouges qui volent en abondance à cymbaliers, produisant le son d'appel en frottant
la fin de l'été sur les coteaux secs. Un premier l'une contre l'autre leurs pseudélytres,munies d'un
groupe, celui des marcheurs ou coureurs, a les tympan ou miroir formé par une membrane sèche
pattes impropres au saut; ce sont, en outre, des et vibrante les Criquets, au contraire, sont des
insectes muets. On y range les Blattes, insectes violonistes, les mâles frottantv vivement
1"nif"o~ t,.ôa,.l~te
Incifuges,très plats, mcuu leurs
ieura pat-
pa~-
tes postérieures cré-
bruns ou jaunâtres, nelées contre de
à corselet arrondi, fortes nervures de
cachant la tête. Les leurs pseudélytres,
femelles traînent formant des tiges
leurs œufs dans une sonores, rigides.
capsule qui ressem- Les femelles des
ble à une graine.Les groupes des Gril-
Blattes sont omni- lons et des Saute-
vores et deviennent relles ont l'abdomen
aisément domesti- terminé par une lon-
ques, dévorant nos gue tarière saillan-
provisions, nos vê- te, tantôt droite
tements, nos livres. comme une épée,
Noua citerons, par- tantôt recourbée
mi les Kakerlacs ou comme un sabre
Cancrelats comme c'est un tube formé
on les nomme aussi, de deux gouttières
la grande Blatte ou accolées, par lequel
Blatte américaine,
d'un roux ferrugi- passe l'œuf.qm est
ainsi déposé dans
neux, infestant les le sol, et, bien plus
serres, les docks, rarement, à l'inté-
les vaisseaux, où rieur de végétaux.
l'on est forcé d'en- Le groupe des
fermer en des cais- Grillons nous pré.
ses de fer-blanc sou- sente d'abord les
dées à l'étain les Courtilières (du
comestibles et mar- Ft~.3.–Dectiqueverrucivorepoudant. vieux mot français
chandises; la Blatte _·
orientale, Linna, ou blatte des cuisines (cafard, dire jardin), eoMrft<,qui veut
o~e noire, ravet), d'un brun noir, dont les pattes de devant ont les
ne volant jambes robustes, élargies digitées, fouillant la
par atrophie des ailes, souillant la nuit les aliments terre comme les mains de et
pas
dans les cuisines et les armoires, se réfugiant du la taupe, d'où le nom
dans les cheminées, sous les marches d'éscaliers, tilière genre Taupe-grillon ou Gryllotalpa. La Cour-
dans les gonds des portes, près des machines à couleur est un gros insecte d'aspect hideux, de la
et un peu de l'apparence d'une écrevisse,.
vapeur, pour manger les graisses, etc. la Blatte ses longues ailes repliées
c<'m!<MtyMf, plus petite et jaunâtre, vivant libre l'abdomen. Elle abonde dans en fourche dépassant
dans nos bois sous. les feuilles sèches et les jardins à terre
sur les meuble et sablonneuse, dévorant les légumes at
bouleversant aussi les racines pour chercher les le canon, à les poofser au-dessus de tranchées
creusées à l'avance où on tes enterre, ou sur des
larves, car sa voracité la rend omnivore. Elle pond cri
broussailles arrosées de pétrole, auxquelles on
des œufs en tas dans le fumier ou le terreau. Il br le feu. L'invasionde 1866 a causé la mort, par
faut verser de l'huile ou du pétrole dans dans les trous met m.
de refuge de la Courtilière, disposer les la famine et les épidémies, de plus d'un million
et l'histoireest pleine dM récits dues lamen-
plate-bandes, aras du sol. des vases pleins d'eau d'Arabes, d',
de ces famines suivie* de peste, au
recouverte d'essence de térébenthine, où des elle se tables
tal
espèces, de l'Eu-
ap- Criquet
Cr pèlerin. Ce sont d'autres
noie et s'empoisonne enfin, lui dresser orientale et méridionale, qui dévastent la
p<«~-p!~M, formés de petits tas de fumier chaud; rope
ro
écraser avec soin. Provence par intervalles, imposant aux villes des
ont les pattes pareilles, et sacrinces pécuniaires considérables en primes de
Les vrais Grillons sa
destruction.
dt L'une des espèces est le Pachytyle
l'abdomen de la femelle terminé par une tarière migrateur, Linné, grisâtre, à ailes membraneuses
droite et savante pour la ponte des oeufs. Ils ne m
sont pas nuisibles. Citons le Grillon domestique, incolores;
in l'autre, le Caloptène t<a~ écoles
Charpen-
peuvent
de tier, à ailes rosées. I.es enfanta des
d'un jaune enfumé, vivant derrière les plaques in- tt<
rendre de grands services en ramassant ces Cri-
cœur des cheminées etcri-o-i dans les boulangeries, re
du foyer, buvant avi- quets, ql et surtout en recueillant pondus les amas d œufs,
secte très frileux, le par un enduit glutineux et sur le soi
dement l'eau et le lait, sortant parfois en été pour cotiés ce d'instrument
se promener au soleil; et le 6< t~oa cA<Mtp<K'-< mcme m par les femelles, dépourvues
insecte brun, dont les femelles se tiennent à pour
p< creuser la terre. Les prairies nous présentent
gros et abondance deStMoto~fM,petits Acridiens, généralement.
rentrée de leurs terriers, tournés au midi, tandis verts, en
du genre que les enfants des
les mâles se promènent le soir aux alentours, Vf
que
appelant les femelles par une stridulation intense. vS villages nomment Soutriaux ou SaMMrtaM-E. Un
Les Locustes ou Sauterelles vraies lont peu L.) Criquet très commun en certaines années dans
nuisibles. On reconnaltles femelles à leur longue les vignes, sur les collines et les falaises, est
le
tarière, tantôt recourbée en sabre, tantôt droite i'ÛE~tpode tj à bandes, Siebold, remarquable par ses
elles déposent ai ailes d'un beau bleu, ou d'un rouge vifdans une race
comme une épée, avec laquelle plus méridionale, avec bande noire. Ces derniers
leurs œufs en terre ou dans les fentes des arbres, pl Criauets ne sont pas nuisibles d'ordinaire.
Les antennes des Sauterelles sont très longues, C: 3°NtvroptèrM.–Cetordreestcaractériseparses
comme des fils, et leurs tarses ont quatre articles.
La plus connue est la G' an~e Sauterelle verte, quatre q ailes membraneuses et finement réticulées,
faisant entendre tout l'après-midi son cri xtC-MC sans s: plissement, avec tous les rapports de gran-
les buissons; elle deur d, d'une paire à l'autre. Il se divise en deux
au milieu des chaumes et dans nord de la France et sous-ordres bien nets.
est appelée Cigale dans le partageaitLa Fontaine.
s<
Le premier, celui dès NÉVROPTÈRES PSEUDOR-
près de Parts, erreur que
faite sous les yeux THOPTÈRES, que les entomologistes allemands et
car, dans une édition illustrée T]
réunissent aux Orthoptères vrais, n'offre
du fabuliste, on voit la cigale de la fable si connue, anglais ai
des métamorphoses incomplètes.
la Cigale et la Fourmi, représentée sous la forme qque Un premier groupe de ces Névroptères est con-
d'une sauterelle. Une autre grande espèce, com- stitué ta!a)/eM)-s ae
mune dans les jardins, grise, marquetée de noir, si par les rerntt/M. les grands
Linné. Ces grandes << la H~M'-e des auteurs anglais, rongeant toutes les
est le Dectique MrrMCtoore. ligneuses, faisant disparaltre les végé-
Sauterelles mangent des chenilles, et nous les matières n
insectes sociaux, com-
croyons plus utiles que nuisibles leur salive brune t.taux morts. Ce sont desdes femelles ailés, qui
indique des carnassiers. Les paysans sué- prenant
p des mAles et
et âcre et perdent leurs
dois se funt mordre les verrues des mains par la sortent s au dehors par essaims des
ailes après l'accouplement; et neutres sans
seconde espèce, afin de les cautériser, a
distinguant ouvriers, en nombre im-
Les ~c; tdtcM ou Criquets, nommés très souvent ailes, a se en
allant butiner au dehors, construisant les
~m C-rnnnllue_
m aa Lurc
e~ ~aun-n:u"a, ow.oo nntlna mense,
n
autennescourtes
antennes courteset fortes, nids ou termitières, nourrissant les larves,
et fortes,
et en
mandibules
tête, armés de fortes
les tarses de trois articles, soldats, à grosse de la demeure commune,
l'abdomen des femelles dé- saillantes, défenseurs d'ouvriers. En France, l'es-
pourvu de tarière de ponte. dirigeant les colonnes
Certaines espèces, tes unes pèce la plus nuisible, l'état sauvage dans les
des Landes, est le rerMtff luci-
de l'ancien monde, les an- souches de pins tiges des plantes, les
détruisant les
tres du nouveau, méritent fuge, Rossi,planchers des maisons, tes meubles, le
véritablement le nom de poutres et les maisons de plu-
Néau que leur donne la Bi- tinge, tes fruits secs. infestant des Charentes, du nord du
ble. A certains moments, sieurs villes et village* quelque sorte
chassées des déserts par la Bordelais et d'AIgéne, où olle est en
faim, elles s'envolent, aidées en domestication. Les essaims paraissent au prin-

Fig: 3. Abdomend'A- t-–- -t


par le vent, en nuages épais temps,
qui cachent ie soleil et
lune pendant J~- des t~M~n~~a
la que les
puis en été; on ne rencontre
journées fourmi, d'un blanc jaunâtre (/o«rnttt
eridten et tarse grossi. entières, font table rase de sans yeux composes, n'ayant que
toutes les cultures sur les- ocelles, cheminant toujours
des tubes de parcelles
à
deux
l'abri de
d'ordinaire
ouvriers et tes soldats, de la taille d'une
blanches),
très
la
de bois disposés le
petits
lumière
quelles elles s'abattent, rongeant à la fin jus- dans des et des puits. Si on racle
qu'au bois des arbres et aux portes des maisons. long murs de cavemêlés
aux débris ligneux,
L'espèce la plus funeste est le Criquet pèlerin, ces tubes, on ramasse,
quelques soldats ces
Olivier, qui se rencontre des rivages de la Chineune multitude
d'ouvrière et
répandent une forte odeur de rhum. H
à l'extrémité occidentale du Maroc, envoyant quel- insectes faut sUieatiser les bois de charpente ou leslinges rem-
ques sujets égares en Andalousie. Selon les races fer, enfermer les
des solives de
it est jaunâtre ou rougeltre, marqueté de noir. Il placer les
par
registres dans des bottes de fer-blanc.
exerce ses ravages en Algérie sorties à peu près tous les et
des œuts, Une autre série de ces Névroptères est celle
vingt-cinq ans, et ses larves,
continuent la dévastation. C'est par corvées de les i des ~cAt&M~MM, comprenant les Libellules,
N!)A<~M et tes Pertes, passant les états de
milliers d'hommes qu'on requiert rarmée on cher- où
che à empêcher la descente des Criquets sur leslarve et de nymphe au fond des eaux doucesLes
d'insectes d'eau et de mollusques.
champs cultivés par des bruits divers, même parr elles vivent
tt'&e/Met sont appelées vulgairement Demoiselles variées de taches noires. Les mâles ont l'abdomen
chez nous, et Mouches-Dragonspar les Anglais, nom redressé et muni d'une grosse pince rougeâtre.
bien plus exact, car ces insectes sont de conti- d'une ressemblance grossière avec le dard caudal
nuels chasseurs de proie vivante, mettant en pièces du scorpion, ce qui a fait nommer les Panorpes
papillons et mouches. Les enfants ne doivent pas Mouches-Scorpions.La femelle offre l'abdomen pro-
les détruire, sauf dans le voisinage immédiat des longé en tarière effilée et rétractile, et pond ses
ruches d'abeilles. Les couleurs de tous ces in- œufs dans la terre humide, où les larves vivent de
sectes sont fort vives, bleues, vertes, jaunes, avec racines et de détritus.
taches noires; leurs yeux énormes interrogent Un autre groupe de Névroptères offre une singu-
l'horizon en tous sens, et leurs antennes ne sontlière conformation de la bouche des larves, toutes
que de très courtes soies. Les Libellules propres carnassières d'insectes vivants. Les mandibules et
ont un vol rapide, et tiennentleurs quatre grandesles mâchoires soudées constituentune pince courbe
ailes à plat au repos; par les beaux jours on voit et creuse, communiquant à la bouche et servant à
attachées aux roseaux les dépouilles des nymphes sucer le sang des insectes dans desquels s'enfon-
cent ces crochets. Les larves de Fourmilions creu-
sent dans les talus sableux des entonnoirs de sa-
ble, au fond desquels elles se tiennent cachées,

Fig.S.–n~tonïioirduFourmLtioa.
Fig. 4. Libellule adultesortant de sa nymphe. la pince et les yeux sortant seuls. Elles sont tra-
pues et poilues, d'un gris rosé, et lancent, avec leur
d'où sortent les adultes, ayant d'abord les ailes large te te, une pluie de sable sur l'insecte impru-
courtes, ramasséea.qui se sèchent et s'étalent peu dent qui roule au fond du précipice, dont les parois
à peu au soleil. Les Ca/o~n/.r, qui ne quittent s'éboulent sous lui. Son cadavre, sucé au fond de
pas le bord des eaux courantes, ont le vol plus l'entonnoir, estre jeté au dehors, d'un vigoureuxcoup
faible, les ailes à demi relevées au repos, ornées de tête. Ces larves se filent des cocons sphériques,
chez les mâles de magniflques bandes d'un bleu d'une douce soie blanche au dedans, mêlée à l'ex-
chatoyant. Les ~~<0~t ont le corps grêle, comme térieur de grains de sabte. De la nvmphe roulée dans
un gros fil, les yeux très proéminents sur des pé-
doncules, le vol faible, les ailes le plus souvent
relevées au repos.
Les Ephémères sont des Libellules dégradées, à
ailes inférieures réduites et même nulles dans
certains genres, ne mangeant pas à l'état adulte,
ne durant guère qu'une journée, à moins qu'on
ne les empêche de s'accoupler, auquel cas elles
peuvent vivre plus d'une semaine. En larve et en Fig. 6. Laive, nymphe et cocou du l'o~rmiiion.
nymphe aquatiques,leur vie est de près d'une année.
On voit les Éphémères voler, en montant et dés- ces berceaux soyeux, sortent d'élégants insectes,
cendant continuellement au-dessus de l'eau, leurs répandantune odeur de rose, munis de longues ailes
longues pattes de devant dressées au delà de la de gaze, à antennes grenues, ressemblantun peu à
tête. On les attire le soir avec des lumières et on des Libellules, mais bien différentes pour quiconque
s'en sert comme excellentes amorces de pêche les voit voler le soir, d'un vol frémissant, faible et
(manne des poissons); il y a des pays où leurs comme moelleux. Des espèces de genres voisins ont
cadavres couvrent le sol en nombre tel, qu'on les des larves qui ne creusent pas de pièges de chasse,
ramasse par charretées pour fumer la terre. mais se cachent dans le sable et s'élancent sur tous
Le sous-ordre des NÈVMpTÈREs VRAIS présente les insectes qui passent à leur portée.
<Ies métamorphoses complètes, une nymphe inactive Plus utiles encore sont les Chrysopes,qu'on appelle
venant s'intercalerentre la larve et l'adulte. Ils ne souvent Demoiselles ~'fMtrMou Demoisellesà yeux
nous offrent que des espèces utiles ou indinérentes. d'or, a cause de la couleur éclatante de leurs yeux.
Les fano~B~ volent sur les broussailles et dans On les voit voler le soir, mais d'un vol lent et faible,
les prairies, surtout dans les lieux ombragés et hu- sur les buissons et dans les jardins, passant la journée
mides. Leurs'pièces buccales sont prolongées en sous les feuilles, fermant leurs ailes, à nervures
une sorte de bec et perforent les insectes vivants, vertes ou jaunâtres. Si on saisit ces insectes, ils
auxquels les panorpes, très courageuses, font une laissent aux doigts une odeur d'excréments. Les fe-
chasse acharnée. Nous avons deux espèces de ces melles pondent sur les feuilles des œufs portés sur
Névroptères, la P<M<M-pe commune, Linné, et la de longs filets blancs et dont l'amas est souvent
fCMOfpe germanique, Brauer, toutes d~ux à ailes pris pour des champignons, mais qu'il faut bien re-
commanderaux jardiniers de ne pas détruire. En nymphes, laissant bien voir tous les organes de
effet il en sort des larves, que Réaumur appelle l'adulte, repliés et emmaillotés sous une mince
KotM des pMCM'o~M, et qui parcourent sans cesse les pellicule.
plantes chargées de cochenilles et de pucerons, Un premier sous-ordre, celui des HV)[ÉNOPTÈRES
dans tes sociétés desquels elles portent le carnage. A ABDOMEN PÉNCCMÈ, comprend des insectes qui
La larve saisit un puceron entre ses pattes de de- font la taille ~e ~M~pe, c'est-à-dire dont l'abdomen
vant, le suce avec sa pince buccale, puis rejette est toujours uni au thorax par un pédicule étroit,
la peau vide, ou, dans certaines espèces, la place de longueur très variable. Leurs larves sont sans
sur son dos. de sorte qu'elle porte une couverture pattes, le plus souvent aveugles, n'ayant que des
des dépouilles de ses victimes. Ces larves devien- mouvements de translationtrès imparfaits ou nuls,
nent nymphes dans de petites boules de soie un épiderme très délicat, incapables de se défen-
blanche, Bxées aux feuilles. Les instituteurs re-. dre, même contre l'ennemi le plus faible. Aussi la
commanderont aux enfants d'apporter des Chryso- mère passe toute sa vie a assurer, par des provi-
pes dans les serres et sons les châssis, où ils ver- sions convenables mises à sa portée, l'existence
ront les plantes infestées de pucerons, et de ne d'une progéniture qui lui demeure le plus souvent
pas détruire les Chrysopes qui se réfugient en inconnue.
hiver dans les maisons champêtres. Le groupe des BymA!Op<A'e< porte-aiguillon
Les Névropteres vrais se terminent par une tribu offre des femelles ayant au bout de l'abdomen un
d'insectes aquatiques dans leurs premiers états, aiguillon acéré, communiquant à une poche à
les Trichoptères (allés pollues), ressemblantun peu venin, formé surtout d'acide formique. Les mâles
à des papillons nocturnes, ne prenant pas de nour- ne piquent pas. L'aiguillon est une arme purement
riture à cause de ~imperfection de leur bouche, et défensive, dont l'insecte ne se sert que pour pro-
s'écartant très peu des eaux, où les femelleslaissent téger sa vie ou celle de son couvain; on peut sans
tomber leurs œufs en paquets gélatineux. On les danger laisser tous les Hyménoptères se poser sur
appelle encore Phryganes (fagots), parce que leurs notre corps.
larves, véritables chenilles d'eau, rampent au fond Dans ces porte-aiguillon se trouvent d'abord
des eaux, entourées de fourreaux de soie qui re- les Mellifiques, formés d'insectes léchant le nectar
tiennent des morceaux de feuilles, de mousse, de des Oeurs et apportant à leurs larves une pâtée
branchettes, des grains de sable, des débris de co- de miel et de pollen. Ils ont une grande utilité
agricole générale,car, en butinant sur les fleurs, ils
assurent la fécondité de beaucoup d'entre elles,
surtout les Légumineuses, les Crucifères, les Com-
posées on doit apprendreaux enfants il ne jamais
détruire les Mellifiques. Il en est de sociaux,
réunissant en commun une ou plusieurs femelles
fécondes, des mâles, et des ouvrières ou femelles
avortées, à la fois nourrices des larves ou couvain
et architectes des gâteaux de cire. Tels sont les
Abeilles (V. ce mot), et les Bourdons,dont les socié-
tés sont une dégradation de celles des abeilles. Les
nids des bourdons sont sous terre, ou au milieu des
mousses ou des gazons les larves vivent dans des
Fij;. 7. Fourreaux de ta tarre de Ja Phrygane rhumbique boules grossières do miel et de pollen, et il y a en

et de la Phrygane flavicorne, ce dernier construit avec des outre des pots de cire contenant un miel très fin,
coquilles. que savent recueillir les faucheurs. Les sociétés
des bourdons ne durent qu'un an; tout périt à
quilles, même des coquilles encore habitées aussi l'entrée* de l'hiver, sauf de grosses femelles, fé-
les paysans les nomment charrées, porte-bois, condées au début de l'automne et qui passent
porte-sables. La tête et les pattes du thorax de la l'hiver engourdies dans des trous. Réveillées par
larve sortent du fourreau; elles se cramponnent au les premiers soleils du printemps, elles parcourent
fond par une paire de crochets, ce que savent bien les prés et les bois et commencent seules les nids,
tes pêcheurs à la ligne, qui ont soin de pousser la qu'agrandissent bientôt les ouvrières nées de la
larve hors du fourreau, à partir du fond, pour l'ob- première ponte de la mère.
tenir entière; ces larvcs constituent d'excellentes La plupart des Mellifiques sont solitaires et font
amorces de pèche. des nids très variés où les femelles pondent leurs
œufs entourés de miel et de pollen souvent ces
II. ORDRE A ADULTES LÉCHEfBS~ A LARVES nids sont creusés dans la terre des talus (~M<Ao-
phores), ou dans les vieux troncs d'arbre et les po-
BROYEUSES.
teaux (Xylocopes ou Abeilles charpentiers, à ailes
4° Hyménoptères, à métamorphoses complètes. violettes), dans les murs et les coquilles de coli-
Les quatre ailes sont entièrement membraneuses, maçons (Osmies), ou façonnés en terre gâchée et
comme chez les Nevroptères, mais tes inférieures collés aux murailles (CAaHcodonte~)les Jfe~acAt/e~
toujours bien moins amples que tes supérieures, coupentavec leurs mandibules les feuilles de rosier,
auxquelles les rattachent à la base de petits cro- de bourdaine, et façonnent, avec les morceaux circu-
chets. Les mandibules sont restées pareilles à celles laires, des cornets empilés où elles pondent les
des ordres précédents,propres à couper, déchirer Anthocopes tapissent des trous en terre avec les
et broyer les aliments; mais tes mâchoires et la pétales du coquelicot on peut dire que leurs en-
tèvra inférieure se sont allongées en une longue fants naissent dans la pourpre, qui entoure le nid
langue flexible et rétractile, propre à lécher les li- d'une collerette éclatante.
quides sucrés. Ce sont des insectes souvent indus- D'autres Hyménoptères porte-aiguillon sont les
trieux, doués d'Instincts. admirables et de lueurs G~~pe~ ou Diploptères, ainsi nommées parce que
d'intelligence, d'une grande puissance de vol, avec leurs ailes de devant se plient en long au repos.
des yeux composés,qui envahissent toute la tête Les Guêpes sociales ont dans leurs nids ou gué-
chez les mâles, et possédant presque toujours trois pMM les trois sortes d'individus que nous avons
ocelles en triangle au-dessusde la tête. Les larves cités pour les abeilles et les bourdons. Elles ne font
des Hyménoptères se filent presque toutes des co- pas de cire, mais édinent les alvéoles hexagonaux
cons, qui ont en général plutôt l'aspect d'un fort de leurs gâteaux avec une espèce de papier formé
papier que d'un tissu de soie, et s'y changent en de fibres de bois agglutinées par la salive de l'in-
secte certains alvéoles contiennent du miel. et prennent, pour toute leur vie, l'état de nourri-
Les Guêpes dévorent les fruits, dont elles portent ces sur lieu.
les morceaux à leurs larves; elles déchiquètent Beaucoup de Fourmis parcourent sans cesse les
avec leurs mandibules les viandes des boucheries plantes chargées de cochenilles et de pucerons,
de village, où le mieux est d'abandonner a. leur vo- les caressant de leurs antennes, afin de leur faire
racité un foie, sur lequel elles se jettent de pré- éjaculer une liqueursucrée,dont elles sont friandes,
férence, à cause du glucose qu'il renferme elles ce qui a fait dire à Huber « Qui aurait cru que les
viennent dans les maisons dévorer le sucre, les pâ- fourmis fussent des peuples pasteurs! '<
Parfois
tisseries, les confitures. Les espèces les plus nui- les fourmilières sont établies autour de racines
sibles sont le Fr~fM, à piqûre redoutable, faisant chargées de pucerons, et les Fourmis ont alors
l'étable.
un guêpier très friable dans les vieux troncs;la tenrs vaches à détruire
Gt~pe commune et la Gudpe ~e)'mat:Me, espèces Il ne faut pas en général les Fourmis
très voisines, dont les guêpiers sont sous terre. des bois, parce qu'elles noua délivrent de beau-
La GM~pe silvestre attache son guêpier, couvert coup d'insectes nuisibles aux arbres. H est néces
de feuillets de papier gris, aux branches des ar- saire d'empêcher les Fourmis de grimper après
bustes. Les Polistes sont de petites Guêpes, peu les arbres à fruit, soit parce qu'elles dévorent les
nuisibles, dont les guêpiers sont à découvert, sans fruits ou bien qu'elles excitent outre mesure les
enveloppes, fixés par un pédicule aux murs de jar- pucerons, au détriment de l'arbre qu'ils épuisent
dins ou aux espaliers. !t faut détruire les guêpiers pour refaire leur miellat sucré. On enduit le bas
s'éboule sous les
à l'eau bouillante ou par des injections de pétrole: de l'arbre de glu ou de craie, quiFourmis
les mères-guêpes fécondées passent seules l'hiver, pattes des Fourmis. Quant aux qui enva-
car les colonies des Guêpes meurent à l'arrière- hissent les maisons, pour dévorer le sucre, le cho-
saison l'instituteur recommandera aux enfants de colat et diverses provisions, ou bien pour celles
chasser au filet les mères-guêpesqu'ils verront au qui pénètrent sous les châssis vitrés, le mieux est
printemps butinant sur les groseilliers-cassis en de les attirer dans des éponges pleines de mélasse,
fleurs; chaque femelle écrasée est un guêpier de qu'on jette ensuite dans l'eau bouillante. C'est par
moins pour la fin de l'été. des aspersions d'eau bouillante ou de pétrole qu'on
Les Guêpes solitaires ressemblent d'aspect aux détruit les fourmilières.
Guêpes sociales, par leurs colorations jaunes et Les Fourmis se divisent en trois groupes
Fourmis vraies, dépourvues d'aiguillon et dont
f
les
les
noires et leurs ailes de devant pKées en long mais
leurs moeurs, très différentes, sont celles des Fouis- nymphes sont en général entourées de cocons;
seurs. Ces derniers sont des Hyménoptères à ailes elles lancent en abondance de l'acide formique
non pliées, qui approvisionnent leurs nids d'une fa- quand on bouleverse la fourmilière 3° les Ponères,
contres curieuse. Leurnourritureconsiste en nectar qui ont un nœud au pédicule de l'abdomen, un
des fleurs; mais la nourriture du premier état est aiguillon et des cocons autour des nymphes; 3° les
tout autre, car les larves sont carnassières et ont Myrmiques, ayant deux noeuds au pédicule de
besoin d'une proie toujours fraiche et sans défense. l'abdomen, un aiguillon sensible à l'homme dans
Les femelles creusent des nids en terre, ou dans les les grandes espèces, et dont les nymphes restent
branches sèches, ou les maçonnent en terre gâchée nues. A ce dernier groupe appartient une espèce
elles y apportent des insectes de toute sorte, non du midi de la France, de Corse et d'Algérie, l\4~a
pas tués, mais engourdis et anesthésiés par le structor, très nuisible aux jardins et aux champs,
venin de l'aiguillon, et qui restent ainsi,pendant plu- car elle amasse dans de grands trous en terre des
sieurs mois, incapables de résister aux morsures graines de céréales, de plantes fourragères, de lé-
des larves. Les Sphex apportent des criquets et gumes, etc., provisions d'hiver que mangent ces
des grillons, les Bembex des diptères, les Ammo- Fourmis, quand l'amidon de ces graines a subi un
philes, à très long abdomen effilé et rougeâtre au commencement de transformation en sucre. C'est
bout, traînent des chenilles nuisibles jusqu'à leurs ce genre Atta qui a donné lieu aux fables qui cé-
nids, creusés sur les talus de sable et qu'il ne faut lèbrent la prévoyance des Fourmis; les Fourmis
pas détruire. Quelques fouisseurs nous sont nui- du nord meurent ou s'engourdissent en hiver, et
sibles le Philanthe apivore emporte au vol, dans son ne font pas de provisions comme les FoMfmM
terrier, ventre contre ventre, l'Abeille domestique moissonneusesdu midi de l'Europe.
engourdie par son venin; les Pélopées et les Po)?i- D'autres Hyménoptères du premier sous-ordre
piles ravissent les araignées, qui sont si utiles, sont appelés Térébrants, parce que l'aiguillon de
pour approvisionner leurs nids. la femelle est transformé chez eux en un tube ou
Les Fourmis sont des Hyménoptères véritable- tarière, de longueur très variable et par lequel
ment anormaux, formant des sociétés de mâles et passe l'œuf. La plupart sont des entomophages
de femelles; seules ailées~lesfemelles perdentleurs internes au lieu de donner a leurs larves une
ailes après l'accouplement qui suit l'essaimage; proie vivante engourdie, ils percent la peau des
d'ouvrières sans ailes, architectes des fourmilières larves et des chenilles vivantes et pondent leurs
et nourrices des larves parfois de soldats à fortes œufs à l'intérieur. Les larves qui en sortent vivent
mandibules. Les larves et les nymphes, qu'on d'abord du tissu graisseux sans attaquer les orga-
appelle à tort a°:< de fourmis, sont très recher- nes vitaux essentiels, de manière à prolonger
chées pour nourrir les jeunes oiseaux de faisan- le plus possible la vie de leurs victimes; puis elles
derie et de volière. Elles sont l'objet de la con- se filent des cocons soit à l'intérieur du cadavre,
tinuelle sollicitude des ouvrières, qui les por- soit aussitôt après en être sorties en perforant la
tent de place en place dans la fourmilière, aux peau. Bien plus utiles que les oiseaux, ces ento-
endroits les plus chauds et les moins humides. Les mophages internes sont les grands protecteurs de
Fourmis se nourrissent de gommes et de sucs vé- l'agriculture, en détruisant à leur premier état
gétaux, de débris de fruits, d'insectes blessés ou un nombre énorme d'insectesnuisibles. Les insti-
récemment morts et même d'insectes vivants. Il en tuteurs doivent comprendre le danger d'organiser
est qui ne savent pas nourrir et élever leurs lar- leurs élèves au hasard en sociétés de destructeurs
ves après la ponte une fureur guerrière anime ces d'insectes indistinctement; au contraire, qu'ils
amazones. Elle vont à l'assaut des fourmilières leur recommandentle respect des entomophages.
d'espèces à instinct maternel bien développé, em- Ces entomophages courent sur les talus, les murs,
portent comme esclaves tes jeunes fourmis ouvriè- les troncs des arbres et des arbustes, agitant sans
res, encore en nymphes. Celles-ci, a t'éctosion, cesse leurs longues et grêles antennes, en quête
trouvant des enfants à élever dans leurs nouvelles de victimes par l'ouïe et l'odorat. Les grandes espè-
habitations, ne s'inquiètent pas de la provenance ces nous présentent les Ichneumons, les yroyMM,
les Tryphons, les Ophions à l'abdomen comprimé sent les pontes de beaucoup de Bombyciensnuisi-
en faucille; tous ces genres, à tarière courte, atta- bles.
quent les larves et les chenilles qui vivent à dé- Les Cynips ont en général d'autres mœurs les
femelles percent tes végétaux avec leur tarière, et
un afflux de eève produit dea galles autour des
oeufs, les larves se nourrissant de la fécule de la.
galle. La forme des galles est très variée les bé-
ci~Ma~ ou galles des églantiers sont chevelues.
Le chêne offre beaucoup de galles diverses c'est
un Cynips qui, en A)gérie et dans )e midi de la
France, fait naître sur les feuilles de chêne des
galles sphériques et dures, dites noix de galle,
très riches en tannin, servant à faire l'encre et les
teintures noires l'adulte sort de la galle en y per-
çant un trou circulaire.
Un second sous-ordre,les HYMÉNOPTÈRES A ABDo-
*EN SESStLE, renferme des insectes à corps épais,
dont l'abdomen est largement implanté sur le
Fig. 8. Ophion obscur. thorax; les femelles sont munies d'une tarière de
ponte, agissant par son tranchant dentelé, pour
couvert; les Cryptes, les Pimples, les Ephialtes, pratiquer au pétioie des feuilles ou dans tes tiges
au contraire, à très longue tarière saillante, parais- des entailles dans lesquelles elles déposent leurs
sant formée de trois soies, interrogent les vieux oeufs, ce qui fait donner à ces Hyménoptères le
nom de Mouches à scie. Les larves sont munies
de pattes et ornées de couleurs variées, souvent
vives elles séjournent presque toutes à l'air libre
sur les végétaux qu'elles dépouillent de leur
feuillage, se déplaçant avec facilité. Leur ressem-
blance avec les chenilles de papillons les a fait
nommer /a~'sM c~eKt~M, le nombre des pattes
est autre que chez les vraies chenilles, étant infé-
rieur à huit ou supérieur à seize. Beaucoup s'en-
roulent quand on les touche et laissent suinter
une liqueur âcre, d'odeur forte, qui les protège
contre les oiseaux. Ces larves doivent souvent être
détruites par l'échenillage, et sont très nuisibles
par leur voracité aux bouleaux, aux aulnes, aux

Fig. 10. Lophyre du pin, mâle, grossi.

rosiers, aux arbres fruitiers, aux arbres verts, etc.


Les pins ont beaucoup à souffrir des mandibules
des fausses chenilles du Lophyre du pin, Linné,

Fi~.9.–Pimp)cmanifestateurfemeUe.

arbres pour introduire leur tarière dans les larves


qui ont creusé leurs galeries à l'intérieur. Les
petites espèces, encore plus utiles, sortent
centaines d'une seule chenille; une espèce par de
Microgastre détruit la funeste chenille du papil-
lon blanc du chou, et ses larves filent à côté du
corps amaigri de la chenille mourante des amas
de petits cocons jaunes, que tes jardiniers doivent
bien se garder d'enlever on voit briller, dans la
sombre verdure des luzernes, les amas de cocons
blancs d'unautre Mierogastre, recouvrant le
de chenilles de noctuelles d'ou les larves corps
sont
sorties; le fermier a lieu de se réjouir quand ses
sacs de blé se recouvrent de légions de petits Fig.H.–Fausses chenilles de CimbexTarïaMe.
CA~CtdteTM d'un vert métallique,
car ils ont dé-
truit les larves de la calandre ou charançon des dont le mâle a de larges antennes pectinées,
grains de microscopiques les Bombyciens; il faut
entomophages se déve-
loppent dans un seul œuf d& papillon et anéantis- comme couper et brûler
les extrémités des branches chargées des amas de
les paysans des environs de Paris l'appe-
petits cocons bruns filés par les larves. Les Cim- jardin autrefois
bex comptent parmi les plus grosses mouches à laient des le Suisse, à cause de l'uniforme
scie; ainsi le CtM&cj- variable, vivant sur le saule rouge troupes suisses au service de la France.
Les Hémiptères HoMOpTÈRES,formant un second
le bouleau, le hêtre. Le Cèphe pygmée, Linné, en- sous-ordre,
taille la tige du froment au-dessous de l'épi la ont les quatre ailes plus ou moins ana-
dans toute leur étendue.
larve descend à l'intérieur de la tige qu'elle ronge, logues Cigales
faisant avorter l'épi, et se filant un cocon près de Les ont les quatre ailes membraneuses
inférieures plus petites.
la racine. II faut arracher et brûler les chaumes les mâles
après la moisson et passer la terre au rouleau Les ont à la base du
culture, si ventre un appareil sonore
compresseur, ou bien alterner la on
très bruyant. Deux grandes
veut détruire tout à fait la funeste engeance. cavités, formant tambour de
III. ORDRE A ADULTES SUCEURS, A LARVES BMYE'JSES. résonnance, et recouvertes
5" Lépidoptères ou Papillons, à métamorphoses de volets présentent un
complètes. Nous leur consacrons un article spécial tympan membraneux sec,
au mot Papillon. que fait vibrer une sorte
d'archet.Nous en avons trois
IV. ORDRES DONT LES LARVES COMME LES ADULTES espèces. La plus grande est
ONT LA BOUCHE CONFORMÉEPOUR LA SUCCION. la Cigale du /fA:e ou pM-
6" Hémiptères, à métamorphoses incomplètes. &eMK'!C, qui remonte jus-
La bouche se relie à un rostre de succion, rigide, qu'à Fontainebleau. La Ci-
articulé, placé au repos sous la poitrine, essen- <ya~ de ~'o!*Ke (arbre voisin
tiellement formé de quatre lancettes perforantes, du frêne) est plus méridio.
provenant des mandibules et des mâchoires trans- nale; la C:~e sanglante,
formées. ainsi nommée à cause de
Le sous-ordre des HËTÉROpT~REs présente les ses marques rouges, vit
ailes inférieures entièrement membraneuses, tan- dans les vignes du sud-ouest
dis que les supérieures ou MM(V</<)'M sont coria- de la France. Les femelles
des cigales ont une tarière
ces à leur base, membraneuses seulement
le
au bout.
de ponte,
ponte, perforant les bran-
On réunit tous ces insectes sous nom général
ches pour déposer les œufs ~i~ne,-(-M'cpté-
de Punaises. Les unes. les Punaises d'eau, qui mate,
male, ~ue
vaeM
eo
piquent fortement avec leur rostre quand on les les larves sucent les feuilles dessous.
saisit, vivent dans les eaux douces tous leurs
à et les bourgeons, tes nym-
états, carnassières d'insectes, de mollusques, de phes vivent accrochées au
frai de poisson. Telles sont les Nèpes et les ~CKa- pied des arbustes. Ces insectes sont peu nui-
tres, à l'affût dans la vase, saisissant leur proie sibles.
avec la patte antérieure transformée en pince ra-
Les ~p7t)'opAo)-M, dont les adultes sautent avec
visseuse, comme chez les Mantes, et les Notonectes agilité, ont des larves qui font sortir la sève des
ou PMMaMM à avirons, qui nagent renversées sur plantes sous la succion de leur rostre et vivent
le dos, à l'aide leurs longues pattes postérieures entourées de sève écumeuse, en amas qu'on
aplaties et ciliées. nomme crachat de coMco". c~cAat de
.MOtt:
Les Punaises terrestresont des genres, comme les et qu'il faut enlever et brûler, car ces larves épui-
Hydromèlres et les Get-Ws, qui n'entrent pas dans sentles plantes.
l'eau, mais courent sur sa surface pour chasser leur
proie, soutenues par un effet de capillarité sous
leurs tarses, comme une aiguille d'acier graissée
qui flotte sur l'eau. La Punaise des lits, dont le
rostre acéré fait naître des pustules, est privée
d'ailes, même chez les adultes on la détruit par-
faitement au moyen de la poudre de pyrèthre
Vicat, non éventée, insufflée dans les trous
de refuge. Elle a pour correctif une longue pu-
naise, volant très bien, qui fait la chasse dans les
maisons à la punaise des lits et aux mouches do-
mestiques on la nomme le Réduve m~tte, parce
que la larve masque sa présence en s'entourant de
flocons de poussière.-II ne faut pas toucher aux
Réduves, car ils piquent très cruellement, avec
leur rostre un-pregné d'une salive venimeuse.
Dans les jardins potagers et les vergers se trou-
vent les Pentatomes (à antennes de cinq articles),
répandant une odeur infecte; plusieurs espèces
percent les légumes, notamment les feuiltes des
navets et des choux, et sont très nuisibles; la
Pentalome grise et la Pentatome u<')'e, communes
groseilliers et les arbres Fig. t3. Larves d'Aphrophorc écumeuse.
sur les framboisiers, lesmauvaise odeur aux fruits
fruitiers, donnent une
lesquels elles'courent. Les SeMM/o-M présen- Do petits insectes sauteurs à leurs divers
sur qu'on réunit souvent sous le nom de C:ea-
tent un écusson prolongé en pointe jusqu'au bout états, beaucoup de
de l'abdomen les Tingis sont bordés d'expansions delles, abondent en automne sur
foliacées, et une espèce, dite le Kyre du poirier, plantes les vignes sont souvent couvertes par un
minuscule représentant de groupe, de couleur
fait beaucoup de tort aux poiriers en espaliers, cri- ce
blant leurs feuilles de trous. Les Lygées sont peu verte, criblant les feuilles de trous (~&fM snaa-
nuisibles; ornées de vives couleurs rouges et noi- t-a~M~, FaUon). que beaucoup de vignerons con-
phylloxéra.
sur beaucoup de vé- fonde Lt avec Homopt.ères dégradés, demeurant à
le
res, elles vivent en familles
gétaux. La .L~c aptère, généralementprivée d'ai- Ce sont les
les, est très commune à la base du tronc des til- poste fixe sur les plantes où ils s'attachent par leur
leuls de nos promenades et au bas des murs de rostre, qui sontles plus redoutables. Les F~yit~
an! Mutent à l'état adulte, sont sédentaires à sent sous leur corps tes œufs qu'elles pondent, puis
1 état de larves et de nymphes, ces dernières pa- meurent,la peau du ventre se collant celle du dos.
raissant entourées de collerettes, qui sont des de façon que les œufs sont protèges par une ca-
fourreaux d'ailes. La Psylle du figuier se rencon- rapace dure, souvent entourée de filaments blancs.
tre sur tout le pourtour de la Méditerranée; la Une espèce couvre de ses coques roussâtres les
P~/e du A«M remplit de ses larves les bourgeons vignes de treille; une autre parsème d'écailles
dn buis, qui se renflent en boules et qu'il faut blanchâtres le dessous des feuilles de laurier-rose;
couper et brûler d'autres Psylles font beaucoup une autre espèce, dite Kermès coquille, vit par
de tort aux poiriers. milliers sur les écorces des pruniers, des pom-
Les Pucerons ou Aphidiens ont des espèces miers et surtout des poiriers, avec de petites
spéciales a chaque plante. Pendant toute la belle ques brunes et arquées en virgule, comme une mi- co-
saison il n'y a que des femelles, qui se succèdent nuscule coquille de moule.
continuellement, mettant au jour de petites lar- Le groupe des Coccides est encore plus nuisi-
ves toutes femelles qui sortent vivantes de l'abdo- ble, parce que les femelles demeurenterrantes et
men de la mère, sans le concours d'aucun mâle. disséminent partout leurs flocons cireux et leur
Quand les plantes s'épuisent, certaines de ces miellat; elles pondent leurs œufsdans un nid coton-
femelles, dites de migration, prennent quatre neux derrière elles, et non sous leur corps, qui ne
ailes, et, à l'aide du vent, propagent sur d'autres se dessèche pas et reste annèlë. A ce groupe ap-
plantes l'espèce funeste; c'est ce qu'on vo'it très partiennent deux espèces utiles, originaires du
bien sur le Puceron vert du rosier. Aux premiers Mexique, les Cochenilles proprement dites
froids seulement naissent des mâles ailés, qui graines <f~ca'a~. On cultive 1 une d'elles en Al- ou
s'accouplent a des femelles sans ailes. Celles-ci gérie sur le cactus nopal, et le corps desséché des
pondent alors des œufs, qui passent l'hiver au- femelles fournit le carmin, la plus riche teinture
tour des bourgeons, et d'où naissent au printemps rouge connue. Une espèce est très nuisible aux
des femelles vivipares, qui recommencent le cycle orangers et aux citronniers,dans l'extrême midi de
destructeur. la France; une autre, le poM blanc des serres, cause
Beaucoup de pucerons éjaculent un miellat su- de grands dégâts dans les serres chaudes. On
eré. qui attire les fourmis; ces gouttes sucrées, ploie en général, pour détruire les cochenilles,em- les
tombant sur les feuilles et les fruits, servent de mêmes moyens qu'à l'égard des pucerons, des
terreau à un cryptogame noir, la fumagine, qui badigeons de lait de chaux phéniqué, de jus de
arrête la respiration des végétaux.Souvent du corps tabac, des enduits de savon noir mêlé à la fleur de
des pucerons suintent des filaments de cire blan- soufre.
che, qui semblent un duvet laineux. C'est ce qu'on Il est une très importante remarque, commune
remarque surtout sur le Puceron &Mt'~ey'e du aux pucerons et aux cochenilles, et qui concerne
pommier, espèce redoutable, importée d'Amérique un préjugé très répandu. Ces Homoptères prédo-
à la fin du siècle dernier. Elle fait périr les pom- minent les plantes de serre ou d'orangerie et
miers, qui se couvrent de nodosités. En hiver une sur les sur végétaux bien abrités des jardins, plutôt
partie de ces pucerons lanigères se porte sur les sur les sujets des bois et des champs. Ce
racines, et échappe ainsi aux agents destructeurs. que
n'est nullement qu'ils aient une préférence pour
!i faut badigeonner au pinceau ces pucerons avec les végétaux affaiblis par le premier mode de cul-
de l'huile minérale, ou flamber les branches à la ture, mais seulement parce qu'ils sont bien moins
torche, ces deux moyens, bien entendu, avant diminués dans conditions par les influences
l'épanouissement des bourgeons. Les procédés atmosphériques ces et par les entomophages internes.
généraux de destruction des pucerons sont d'en- Les P~/<o.r~'os (auxquels nous consacrons un
lever à la fin de l'hiver les bouts de rameaux article à part) sont intermédiairesentre les puce-
chargés d'œufs et de les brûler, d'asperger en été rons et les cochenilles.
les pucerons avec un lait de chaux mêlé d'acide T* Diptères, à métamorphoses complètes. Au
phénique, ou des lotions de jus de tabac, des fu- premier aspect ces insectes semblent n'avoir que
migations de tabac sous les châssis, etc. deux ailes, ce qui a donné le nom à l'ordre. En
Il y a des pucerons dont les succions détermi- réalité ils en ont quatre, la seconde paire d'ailes
nent des galles végétales, qui se remplissent de étant constituée par les balanciers, formés par une
larves dans un duvet cireux; certains pucerons tige grêle, terminée par un bouton renflé; ces
souterrains vivent sur les racines des légumes, balanciers sont en vibration rapide pendant le vol,
des céréales, des arbres. Bien des personnes les auquel ils sont indispensables, car le diptère
confondent avec le phylloxéra de la vigne; de cesse de voler si on coupe ses balanciers avec de
là ces récits erronés, ou que le phylloxéra va fins ciseaux. On voit très bien ces balanciers chez
passer sur les blés, ou bien qu'il suffit de semer les Tipules, si communes dans les jardins. La
certaines plantes entre les ceps pour en détour- bouche des Diptères est entourée de pièces de
ner le phylloxéra et sauver la vendange. succion très variées, tantôt molles et réagissant
Les Cochenilles sont aussi nuisibles que les pu- que sur des liquides ou des substances visqueuses,
cerons. Chez ces insectes les femelles n'ont jamais ainsi chez les mouches; tantôt en stylets acérés,
d'ailes et se fixent aux tiges ou sous les feuilles en dards rigides, perforant la peau de l'homme et
par leur rostre les jardiniers les nomment pOMa;, des animaux pour sucer le sang. Il ne faut jamais
punaises, <s're< sur bois, tigres sur feuilles. A laisser les Diptères demeurer posés sur notre
certaines époques apparaissent pendant quelques corps, car certains cherchent à nous piquer pour
jours des mâles très petits, à deux ailes, l'abdo- se nourrir; on peut, au contraire des Hyménoptères
men ordinairement terminé par deux grêles filets porte-aiguillon, saisir tous les Diptères entre les
blancs; ils ne vivent que pour féconder les fe- doigts, même les Diptères charbonneux, car,
melles. De même que chez les pucerons, beau- lysés par la peur, ils ne songent pas alors à para- leur
coup de femelles ont des exsudations sucrées que alimentation et ne nous font aucun mal.
recherchent les fourmis, et qui donnent nais- Un premier sous-ordre, les NÉHOcÈftEs, nous
sance, par leur aspersion sur les végétaux, à la présente des antennes variées, mais assez longues
fumagine, avec les accidents qui en résultent. La et bien visibles. Tels sont les Cousins et les AfoM<-
plupart des femelles se couvrent par suintement ~MM, dont les larves et les nymphes vivent dans
de filaments blancs cireux. les eaux croupies et respirent par des branchies.
Dans un premier groupe de Cochenilles,celui des Ils piquent l'homme et les animaux
/.<'<'aKK~Mou Kermès, les anneaux s'enacent chez les trompe très grêle et sont le fléau des avec une
pays humides,
femelles, qui demeurenttoujours fixées. Elles pous- soit chauds, soit froids. Les Tipulides, qui ont une
trompe courte et épaisse et de jongs et grêles les ailes vibrantes, sous les rayons du soleil. Cer-
balanciers, ne piquent pas. Parmi les CAtro~omM tains genres nous sont très utiles dans les jardins,
(genre appartenant aux Tipulides), une espèce par leurs larves, appelées souvent M; <:maeM,
à antennes plumeuses a une larve d'un rouge sans pattes, tête effilée, rampant sur les feuilles
de sang qui vit sous l'eau dan~ le sable; c'est des arbres fruitiers, des groseilliers et des plantes
le ver de vase des pêcheurs à la ligne. Les Ti- de jardins, pour sucer les pucerons et les che-
pules terrestres ont le corps élancé, avec le tho- nilles des petites espèces de papillons, qui sont
rax renflé, le bout de l'abdomen renflé chez le les plus nuisibles. A cette tribu appartiennent les
mâle, terminé chez la femelle en longue tarière Volucelles, dont certaines espèces, à corps pare
rétractile, pour pondre dans la terre humide. de bandes jaunes et noires, pénètrent pour pondre
Elles se balancent pendant des heures entières, dans les nids des frelons et des guêpes leurs
'appuyées sur les feuilles par leurs pattes très
longues et très grêles, qui rappellent celles des
Faucheurs (Arachnides). Une espèce, la Tipule des
potagers, Linné, est très nuisible aux légumes,

Fig. i5. Volucelle zonaria, adulte.

larves grises, à peau cuirassée et épineuse défiant


l'aiguillon, se repaissent du couvain. Les Taons
sont des Diptères à corps robuste, large, aplati, la
tête portant une trompe droite et acérée. En été,
leurs bourdonnements irritent et épouvantent les
chevaux et les boeufs, dont le sang coule bientôt
sous les taons fixés à la peau pour aspirer lepetits,
sang.
A côté des Taons proprement dits et plus
sont d'élégants Diptères à ailes diaprées de brun,
qui piquent également l'homme et les animaux do-
mestiques l'un est le CAr~op~ aveuglant, à gros
yeux d'un vert doré, l'autre est l'~Ktt!a<opo<e plu-
vial, qui ne pique que par les temps d orage et
après la pluie. Les piqûres de tous ces taons sont
douloureuses, mais sans danger de charbon, car
ces insectes ne sucent pas les cadavres.l'immense
C'est aux Brachycères qu'appartient
tribu des Musciens ou Mouches, dont certaines es-
pèces nous rendent des services, tandis que nous
Fig. i4. Tipule des potagers,pondant. méfaits-
ne connaissons les autres que par leursgénérale-
Les larves sans pattes, à tête pointue,
dont ses larves allongées, sans pattes, à peau ment blanchâtres, sont appelées asticots; elles ne
cuirassée et grise ( Vers à jaquette de CM: des changent pas de peau pour devenir nymphes, mais
Anglais) dévorent les racines. Les Cécidornyies la dernière peau de la larve devient dure, brune
sont de petites Tipulides dont les femelles per- ou noire, et l'adulte s'organise à l'intérieur
des
de ces
graines de
cent les végétaux avec leur tarière pour' y pon- petits barillets, qui ressemblent à
dre leurs œufs, et font souvent naître des belle de nuit et qu'on nommepupes. Certains Mus-
galles où vivent leurs larves. Plusieurs espèces ciens, poilus ou même épineux (;B'c/t:'Mntx!M),
perforent les jeunes poires qui tombent bientôt, rougeâtres ou d'un gris d'acier, les raeAina:
et deux minuscules Cécidomyies, l'une jaune, volent sans relâche en été au-dessus des plantes
l'autre noire, s'abattent en troupes sur les blés, à la recherche des chenilles. Les femelles, dé-
leurs larves vivant dans le grain; on est souvent pourvues de tarière, ne peuvent pondre dans le
forcé d'alterner la culture pour s'en débarrasser. corps des chenilles, mais collent leurs œufs sur la
Les Si'MM~'M, qui piquent l'homme, les chevaux peau de leurs victimes. Les larves entrent dans
et le bétail, sont dangereuses parce qu'elles ont la chenille, dont elles sucent l'intérieur, permet-
souvent sucé des animaux malades ou des cada- tant en général la transformation en chrysalide.
vres, et peuvent inoculer dans le sang la bactéridie Elles sortent de celle-ci, tombent sur le sol où
du charbon. elles deviennent pupes, la reproduction du papil-
L'autre sous-ordre des Diptères, celui des BRA- lon nuisible étant ainsi interrompue. D'autres
CHYCÈREi), n'a. que de très courtes antennes. Les Musciens sont des agents de la salubrité atmo-
balanciers très courts sont souvent entourés de sphérique. Les Sea<opAo~M, à corps jaunâtre et
membranes blanchâtres, les cueillerons. Les Asiles, poilu, font disparaître les excréments; d'autres
à corps élancé, à pattes velues et robustes, sont mouches amènent rapidement la destruction des
des carnassiers qui saisissent au vol dans les animaux morts, sur lesquels elles pondent et qui
champs et les sentiers des insectes vivants qu'ils bientôt sont remplis de larves. Trois mouches, dit
percent de leur rostre. L'~s:/e-/r~/OM, ayant les Linné, débarrassent la terre du cadavre d'un che-
couleurs d'une guêpe, vole au soleil, se posant val, plus vite que ne le ferait un lion. Telles sont
fréquemment sur les mottes de terre; les autres les Sarcophages, mouches rayées de gris et de
Asiles sont gris. Les Dasypogons, à corps noir et noir, la plupart vivipares., pondant sur les viandes
luisant, ont les mêmes moeurs et sont des bois. Le des larves vivantes, semblables à de petits vers
groupe des Syrphes comprend des Diptères à vol blancs les CaKipAo'ex, comprenant la grosse
très rapide, demeurantsouvent en vol sfa<:07MMK!'e, mouche bleue de la viande; les Lucilies, à cou-
leurs métaiHque! d'un vert doré ou bleuâtre. Ces
deux derniers genres pondent des oeufs.
Nous devons signaler, parmi les Musciens nui-
sibles, les Stomoxes, piquant l'homme et les ani-
maux et pouvant amener des accidents charbon-
neux, car ces mouches sucent les animaux mala-
des et les viandes putrides. Dès qu'on a été piqué
à l'endroit même un
par une mouche, il faut placersublimé
petit emplâtre saupoudré de corrosif; on
écarte ainsi tout danger de charbon. Les institu-
teurs devront agir auprès des maires pour faire
exécuter l'enfouissageimmédiat des animaux morts
du charbon. Une mouche de l'espèce dite Sarco-
phage rurale, Meigen, pond dans les plaies des
chevaux et les remplit de ses larves; elle fait périr
les lièvres sous le nombre de ses larves. La Mou-
che domestique fatigue beaucoup les malades et
les blessés et devient parfois insupportable en
automne par son abondance. Le remède est d'é-
loigner du voisinage de la maison le fumier où
vivent ses larves.
Beaucoup de Musciens attaquent les divers or-
ganes des végétaux, et nous ne pouvons guère
F)g. )7. – Po~en d'estomac de cheval avec iMYfs d'M~trc!.
trouver d'autre destruction que d'arracher et brû- Les derniers Diptères sont des épizoiques (para-
ler, ou bien changer la culture. Les oignons, les sites), passant toute leur vie sur les mammifères ou
choux, les carottes, les betteraves, l'oseille, les
luzernes sont la proie des larves de diverses mou- les oiseaux. Ils ont souvent des ailes, mais ne s'en
l'Ortalis des cerises, à ailes bigarrées de servent pas leur abdomenest énorme, car les larves
ches
noir, pond dans les cerises, surtout le& guignes et à
se développent intérieur du corps de la femelle,
qui est pMjMDa~, c'est a-dire pond des pupes. Tel
les bigarreaux, que dévore sa larve; une petite est l'MppOMM~Me ~'w fAe- r
mouche aux yeux verts remplit les olives de ses ~jet PH~A~~f~ du
larves et compromet la récolte d'huile de la façon ua<,ou)aJtfoMC/ie-~ra:-
la plus grave. D'autres très petites mouches (gen- ~a~, qu'on trouve en grand
res Chlorops, Oscinis) pondent en mai, puis en nombre au printemps dana
octobre, sur les blés, les seigles et les orges, et les aines et sous la queue
leurs larves dévorent les tiges et les feuilles il de ce quadrupède. Ce dip-
faut enlever ait sarclage les pieds attaqués, et tère, à abdomen très dur et
souvent on est forcé d'alterner la culture. Ces cuirassé, pique non seule-
petites mouches très frileuses se réunissent en ment le cheval, mais l'hom-
nombre immense dans les greniers et les granges; me etle chien. Dansla laine
du mouton vit un epizoïque
on peut en tuer beaucoup par des flambages ou
des injections de pétrole chaque mouche écrasée encore plus dégradé, puis- Fig. 18.du
MMo~hage
fait une tache huileuse. qu'il n'a plus d ailes; c'est mouton.
Il y a des Musciens qui attaquent d'une manière )e Mélophage ou p-)M du
fort singulière nos animaux domestiques. La fe- mouton. On voit souvent les étourneaux suivre en ·
melle de l'OEsh'e du cheval colle ses œufs aux bandes les moutons, et se poser sur leur dos, les
débarrassant à coups de bec de cette vermine.
V. ORDRES SATELLITES, BROYEURS OU SUCEURS.
Il y a quelques ordres dégrades, qui ne comp-
tent que peu d'espèces. Les Anoplourea ou Épizoï-
ques, auxquels les Diptères pupipares font un pas-
sage, n'ont pas de métamorphoses,et sont toujours
privés d'ailes.
Ils comprennent les Poux, qui sont suceurs, et
vivent surtout sur les mammifères, et les Ricins,
munis de pièces buccales broyeuses, et passant
leur vie sur les oiseaux. L'homme peut être atteint
Fig. 16. OEstre du cheval, mâle et femelle.
par plusieurs poux celui de la tète, collant aux
cheveux ses œufs allongés, nommés lentes, est fré-
poils, dans les places que la langue de l'animal quent chez les enfants. Les instituteurs devront
peut atteindre, de sorte qu'ils parviennent dans exiger des parents les soins de propreté nécessai-
l'estomac les larves s'accrochent aux parois par res, et au besoin faire couper les cheveux ras et
des couronnes de crochets et y prennent tout leur enduire la tête de l'enfant d'axonge ou d'onguent
accroissement, baignées dans les liquides stoma- gris. Un Ricin infeste les poules dans les poulail-
caux puis elles sont expulsées avec les excré- lers et s'attache souvent aux bras des femmes
ments et deviennent pupes sur le sol. Les Cépha- qui plument les volailles, mais se détache bientôt.
lémyies s'introduisent dans les narines des mou- Les Suceurs ou Puces sont'constitués par des
tons pour y pondre et leurs larves y vivent; les insectes qui ont la bouche conformée comme celle
moutons s'enfoncent le mufledans le gazon ou dans des punaises deux écailles sur les côtés de la
la terre pour échapper aux Céphalémyies;on les puce représentent des ailes rudimentaires. Les
trouve en grand nombre rassemblées sur les soli- puces ont des métamorphoses complètes; leurs
ves des bergeries. Les Hypodermes pondent sur larves sont des vers blancs allongés, sans pattes,
les bœufs et les vaches, en perçant la peau une ayant sur la tête un tubercule corné, qui leur sert
tumeur purulente se forme autour de l'œuf, et la à fendre la coque de l'œuf, comme celui qui se
larve vit dans cet horrible berceau, puis crève la trouve sur le bec des jeunes oiseaux à l'éclosion.
peau et tombe sur le sol ot elle devient pupe. Ces larves vivent dans la poussière, les détritus
divers, rongeant le sang desséché et d'autres
tières azotées elles tombent en grand nombre ma- vermisseaux. Beaucoup d'entre eux sont à demi
quand on peigne les longs poils des chats angoras.eexistence, nocturnes, passent sous terre une partie de leur
et tombent, pendant la mauvaise saison,
Ces larves se filent de petites coques de soie, où dans un sommeil léthargique. Quelques-uns,
elles deviennent nymphes. La Puce !7on~ est commeles t
propre à l'homme, et pique surtout la peau déli- et nagent avec une grande
D~ma/M, ont des habitudes aquatiques
facilité.
cate des femmes et des enfants les puces dess C'est à l'ordre des Insectivores qu'appartiennent
mammifères et de quelques oiseaux offrent de lé- petits mammifères,
ces si communs dans nos cam-
gères différences spécifiques; celles du chien et pagnes,
du chat peuvent piquer l'homme, mais moins for- de J~MMt<e~ t que l'on connaît vulgairement sous le nom
ou de Musaraignes, et qui, par les
tement que la Puce irritante, et le quittent volon- formes extérieures, par la nature et les couleurs
tiers. du pelage,
Les Thysanoptères ou Thrips sont de petits in- pëces du ressemblent beaucoup aux petites
Rat. Les musaraignes toutefois es-
sectes, presque linéaires, volant sur les fleurs dedistinguent des souris genre se
beaucoup de plantes, dans lesquelles vivent leurs par leurs dents par leur tête plus effilée et
disposées pour couper de la chair
larves rougeâtres ils n'ontque des métamorphoses et i
incomplètes. Les pièces delabouche sont broyeuses, couvert de poils non pour broyer des graines. Leur corps est
courts et de leurs flancs
avec des mandibules très allongées. Il y a quelques une humeur odorante.,Ellesvivent dans dessuinte
i
espèces très nuisibles aux céréales, au lin, aux plan- et trous
tes de serre, rongeant les organes floraux et par- Jamais, se nourrissent d'insectes et de vermisseaux.
fois les feuilles. quoi qu'on en ait dit, elles n'ont causé, par
leurs morsures, de maladies aux bestiaux; ce sont
Les Thysanoures, privés d'ailes et sans méta-
au contraire des
morphoses, sont des insectes broyeurs, les uns qui méritent la petites bêtes extrêmement utiles
protection des agriculteurs.
sauteurs, les autres coureurs. Nous citerons seu- Les Taupes sont d'autres Insectivores dont )e
lement parmi ces derniers les ~MMM, dont
espèce, le Z.qoM~e du sucre, est fort nuisible. C'est unecorps est plus trapu, le museau plus allongé que
celui des musaraignes, et dont les pattes de devant
un insecte gris et plat, couvert d'écailles argen-sont singulièrement raccourcies,
tées qui restent aux doigts, ce qui le fait appeler etterminêe dirigées en dehors,
petit poisson d'a~e~t. Il court vivement dans les la terre. A l'aide par des ongles énormes, propres à fouir
armoires humides et les garde-manger, rongeant de ces sortes de pelles, les taupes
le sucre, les matières sèches, pain, biscuit, etc., ereasent dans le sol, avec une rapidité extrême,
de véritables labyrinthes, avec des chambres de
les linges empesés à l'amidon. On doit écraser refuge. Comme
elles ne sortent presque jamais de
ce lépisme quand on le rencontre. ces sombres retraites, le sens de la vue leur est
Bibliographie. Les instituteurs ont intérêt à presque entièrement inutile; aussi leurs yeux
naître les travaux publiés en France spécialement surcon- les sont-ils d'une petitesse extrême, parfois même
insectes utiles et nuisibles. Yoici tes priucipaux Goureau, complètement imperceptibles. La ?'<!Mpe
Les 7)iMciM nuisibles aux arbres fruitiers, coMmMHf,
plantes aux co'ee~M, qu'on trouve dans les champs et dans les prairies
aux potagères et fourragères, au.c forêts et aux de l'Europe, et qui est d'un noir de velours, été
arbres d'aocHue, à l'homme et aux aMt'mau. domestiques, a
3 vol. et 2 supp)., paris, tieior Masson et fils, 185i à 1867. pendant longtemps et est même encore, dans beau-
– Gehm, A~fe~pour servir à l'histoire des MscetM Ktf.iit~ coup de contrées, traquée et détruite comme un
à l'agriculture, à l'horticultureet à la sylviculture. Metz animal essentiellement malfaisant. Sur certains
S brochures, 1856 à 1860. Menault, les Insectes eo~sMet-M points seulement des agriculteurs intelligents, loin
comme nuisibles à i'~tteu~ttre; moyens de les com&aMre de faire à ia taupe une guerre acharnée, considè-
Paris, Furne, Juuvet et C", 1866. U' Boisduval, rent ce petit Insectivore comme un auxiliaire,.
l'entomologi6 horticole, Paris, Donnaud, 1867. jE'Ma:sM)' Miat chargé de purger les cultures
les Insectes auxiliaires et les insectes Mhh:, Paris,H.librai- des vers et des lar-
rie Mrieote, 26, rue Jacob, i870. J. Lichtenstein, ves nuisibles, et se contentent de niveler les tau-
nuel d'entomologie à ~'MM~e des horticulteursdu midiMa- pinières qui déparent les prairies et qui empêchent.
la France, MONtpeUier, librairie centrale du Midi, i872. de de faucher au ras du sol.
Y. Rendu, Les 7t!iec<M nuisibles à l'agriculture, Enfin nous citerons encore, parmi les Insectivo-
dins et aux forêts de la France, Paris, Hachette aux jar-
et C" res, les Hérissons dont le corps est couvert de
<S.6~ AI aurice Girard, Les Métamorphoses des insectes,
5- éd., Paris, Hachette et C", 1879; Catalogue raisonné piquants au lieu de poils, et qui, en fléchissant la
des animaux utiles et MMMi't/M de la ~raMCe. ptttHe tête et les pattes le ventre et en contractantles
les auspices du -MnMtefede ;tM<t'c;!0)t pnth'<7"e 2 fase f0,,i! muscles de leurvers dos, peuvent prendre la forme
2'éd., Paris, Hachette et C". )~9. Une rab!ieatiun d'une boule hérissée de pointes, et défier ainsi les
mensuelle d'entomologie apptiquée, à t'user de3 institu- dents de leurs ennemis. Les hérissons
teurs, est le Bulletin d'insectologie agricole, 3 fr tiennent
rue Monge, par
chez M. Hamet, sec.êtaire de la So-
an par rapport aux porcs-épies, qui sont des Rongeurs,
ciété d'agriculture et d'insectologie. une place analogue à celle que les musaraignes
[Maurice Girard.] occupent par rapport aux souris. Ils sont représen-
tés en Europe par une seule espèce, dont la chair
MSECT!VOttES. – Zoologie, VII. D'une n'est point bonne à manger et dont la dépouille
manière générale, le nom d'insectivores convient est aujourd'hui
à tous les animaux qui se nourrissent d'insectes sans usages. Dans l'antiquité, au
mais, dans un sens particulier, il a été appliqué à cherchées contraire, les peaux de hérissons étaient fort re-
et servaient à fabriquer des cardes pour
un ordre de mammifères qui se rapprochent à cer- peigner la laine. [E.Onstalet.]
tains égards des chauves-souris ou Chiroptères, MSTtXCT. – Psychologie,
tout en digérant de ces derniers par la conforma- tin instigare :7:~tte''e, IV. Etym. du la-
tion des membres. Chez les Insectivores, ou exciter. L'instinct
les pattes antérieures ne sont pas transformées en enet serait ainsi, d'après l'étymologie, une sorte d'exci-
ailes elles ressemblent par leur structure en tation intérieure qui pousse l'animal ou l'homme
pattes postérieureset se terminent, aux à accomplir certains actes, et cela sans l'interven-
comme celles- tion de l'intelligence et de la volonté. Si en
ci, par des doigts, de longueur médiocre, munis chemin mon pied rencontre
d'ongles plus ou moins robustes. En les une pierre qui me fasse
Insectivores sont des quadrupèdes qui un mot, trébucher, mes mains se portent rapidement en
cheminer sur le sol à la manière des Carnassiers peuvent avant
f pour amortir la chute et garantir le visage:
des Rongeurs~ etc. Ils ont trois sortes de dents, des un
i tel mouvement est dit instinctif, car il précède
incisives, des canines et des molaires, dont les der- tion toute
t rënexion et n'est l'effet d'aucune détermina-
nières sont hérissées de pointes coniques admi- t volontaire.
rablement faites pour écraser les insectes et L'instinct est un principe qui nous est commun
et les avec
a les bêtes; mais, chez celles-ci,les instincts sont
plus nombreux, et les actes qu'ils produisentgéné- On a vu un singe prendre la clef de la chambre
ralement plus compliqués. Chez les animaux eux- où il était renfermé, l'enfoncer dans la serrure et
mêmes, a mesure que l'intelligence, apparaît, les ouvrir la porte. Un autre, étant trop petit pour at-
instincts sont plus pauvres et semblentFrédéric perdre teindre à la serrure, alla chercher une chaise et
quelque chose de leur infaillibilité. Aussi t'en fit un marchepied. Un troisième prit une pierre
Cuvier et Flourens ont-ils posé cette loi que dans pour casser la noix qu on lui avait donnée, et,comme
les animaux l'instinct et l'intelligence sont en rai- celle-ci s'enfonçait dans le sol sons les coups, il ia
Pour nous borner, en plaça sur une tuile pour la frapper avec plus de
son inverse l'un de l'autre.considérerons principar succès. C'est aussi sans doute l'instinct général
aussi vaste, nous
un sujet instincts
ïement les qui sont communs l'homme
a de conservation qui explique, chez l'homme et chez
énumëreroM rapidement plusieurs espèces d'animaux, certaines appréhen-
-et aux animaux, et nous sions naturelles,telles que la crainte de la solitude,
les plus importants d'entre eux.
On peut distinguer, avec un éminent psycholo- des ténèbres. N'allons pas de ce coté, se disaient
classes d'instincts ceux deux petits enfants; il n'y a personne, on pourrait
gue, M. Garnier, àtrois
des objets personnels,ceux qui nous. faire quelquemal. » De là également les ruses
qui se rapportent
a nos semblables, ceux qui se rappor- si variées par lesquelles la plupart des animaux
se rapportent personnels. non domestiques cherchentà tromper leursde enne-
tent à des objets non mis. On sait que le renard change souvent ter-
J. Les premiers ont pour but la conservation et chevreuil, le lièvre,
le développement de notre être s'il ne s'agit que rier, que le cerf, le daim, le
-de la vie physique, on les appelle les appétits. vont et reviennentplusieurs fois par le même che-
Comme tous les animaux, l'homme cherche instinc- minbonds pour dépister les chiens et les chasseurs,font
tivement la nourriture qui lui est propre. Une che- des considérables, tantôt d'un coté, tantôt de
nille, destinée à vivre d'une seule plante, voyage l'autre, pour interrompreleur voie,feignent de ren-
de feuilles d'une autre espèce trer au gtte. et s'en éloignent brusquement. De
sur des milliers arrivée à celles qui forment sa même, chez l'homme, la ruse semble innée à cer-
sans en goûter aussitôt, et les tains individus et certaines races.
nourriture naturelle, elle s'y jette à
dévore avec avidité. De même, le nouveau-né dont N'est-ce pas encore à l'instinct de conservation
les yeux ne sont pas encore ouverts se tourne qu'il faut rapporter l'usage où sont quelques es-
guidé sans doute, comme pèces vivant en troupes, de placer des sentinelles
vers le sein nourricier, accomplit
animal, par l'odorat. Il des la première et de se choisir un chef auquel toute la bande
fois, avec une précision parfaite, les mouvements obéit? a Les peuplades de ruminants,de pachyder-
si compliqués de la succion et de la déglutition. mes, de singes, ont des chefs auxquels le soin de
De tous les instincts, c'est celui-là peut-être dont la défense commune n'en est conné par une délégation
le caractère vraiment primitif et inné est le moins qui, pourinstitué, être tacite, est pas moins formelle.
contestable. Quelques auteurs admettentl'existence Une fois le guide ou chef exige et obtient
d'un instinct de la chasse et Bossuet va jusqu'à dans toutes les circonstances une obéissanceabso-
croire que l'agriculture et l'art pastoral ont été ré- lue, comme s'il personnifiait la peuplade entière et
vélés directement a l'homme par son Créateur. Ce centralisait en soivieux l'instinct de tous. Aussi avec
qui est certain, c'est que quelques animaux sont quelle dignité le singe, par exemple, exerce
naturellementchasseurs, d'autres pasteurs. « Quel- son emploi d'intelligence directrice ou d'organe
et nourrissent dans directeurL'estime qu'il a su conquérir,
ques races de fourmis élèventespèces
exaltant
es sortes d'étables d'autres d'insectes, et son amour-propre, lui donne une certaine assu-
principalement des pucerons, qu'elles soignent rance qui manque à ses sujets; ceux-ci lui font
pour les traire et pour en obtenir un aliment assuré toujours la cour. Les femelles, remarque Brehm,
dans les temps de disette, comme nous tenons en mettent tout leur zèle à débarrasser son pelage
domesticité nos vaches, nos chèvres, nos brebis. des parasites incommodes, et il se prête à cette
<Duméril). opération avec une grotesque majesté. En retour,
On a rapporté aussi à un instinct spécial l'art de il veille fidèlement au salut commun. Aussi est-il
produire le feu. A peine pourrait-on citer une ou de tous le plus circonspect ses yeux errent con-
deux peuplades sauvages qui ignorent l'art d'allu- stamment il arrive de coté et d'autre sa méfiance s'étend
et toujours à découvrir à
mer du feu en frottant l'un contre l'autreEtdeux mor- sur tout, danger qui
presque
la bande. Il exerce le
ceaux de bois d'espèces différentes. pourtant temps le menace
l'animal le plus intelligent est incapable d'en faire commandement par la voix. De temps en temps, il
d'un grand arbre, et du haut de
autant. On raconte, dit M. Garnier, l'histoire d'un monte au sommet
il examine chaque objet d'alen-
singe qu'une chalne trop courte empêchait d'attein- cet observatoire satisfai-
dre une noix qu'il convoitait un valet, en passanttour. Lorsque l'apprend
le résultat de l'examen est
à ses sujets en faisant entendre
près du singe, ayant laissé tomber une serviette, sant, il
celui-ci s'en empara et s'en servit pour amener à lui des sons gutturaux particuliers en cas de danger
l'objet de sa convoitise. Cependant ce même singe, il les avertit par un cri spécial. » (Alf. Fouillée.)
placé en hiver près d'un feu qui s'éteignait, n'eut H y a évidemment là, outre l'instinct de conserva-
jamais l'idée de prendre du bois à un monceaution, la manifestation d'un instinct de sociabilité
voisin et de le jeter dans le feu, quoiqu'il eût vu que nous mentionnerons tout à l'heure. Quant au
plusieurs fois les valets lui en donner l'exemple, fait lui-même, il est particulièrement intéressant
et quoiqu'il fût transi de froid. conservation
» en ce qu'il éclaire pour nous l'origine des gouver-
L'instinct plus général de la inspire nements humains. La crainte du danger a d& pri-
aux animaux les actes les plus variés, et quelques- mitivement grouperles hommes autour du plus fort
que par un ou du plus habile et lui déléguer l'autorité
néces-
uns semblent ne pouvoir s'expliquer saire veiller salut de tous.
véritable raisonnement. Reimarus, G. Leroy, Fré- pour au
déric Cuvier, Flourens, abondent sur ce point en Mentionnons encore, parmi les instincts se rap-
exemples intéressants. Ainsi, quand un limaçonportant des objets personnels, l'amour quelques
de la pro-
espèces
~'est introduit dans une ruche, les abeilles, pour prietë, qui existe aussi bien chez
le faire mourir, l'enduisent tout entier de cette) d'animaux que chez l'homme. On sait que le cam-
matière gommeuse qui leur sert à boucher les fen- pagnol, le mulot font des magasins, que le renard,
approvisionnements. II
tes de leur habitation. « On a vu des ours pousser le loup amassent puisse saisir dans le règne sem-
des
ani-
avec leurs pattes, dans le bassin de leur fosse, blé même qu'on
i
des gâteaux empoisonnés qu'on leur avait jetés, les mal quelques indices
t
d'un amour de la propriété
agiter dans l'eau, puis les flairer avec attention et foncière l'aigle, par exemple, a son canton où il
compétiteur le rossignol, le
ne les manger que quand le poison s'était évaporé. ne souffre aucun
rouge-gorge agissent de même; une fols établie elle supporta de même le second. Cette lionne-
sur une montagne, une troupe de chamois expulse mourut à son tour; alors le chien nous offrit un
tous ceux qui ne sont pas du troupeau. tout autre spectacle il refusa de quitter la loge-
Nous sommes portés naturellement, non seule- qu'il avait habitée avec elle sa tristesse s'accrut
ment à conserver notre être, mais encore à l'agran- de plus en plus le troisième jour, il ne voulut
dir, à le développer. De là certains instincts plus plus manger, et il mourut le septième. »
spécialement propres à l'homme, mais apparaissant Nombre d'animaux connaissent l'amour conjugal,
aussi chez certains animaux, tels que l'émulation, qui survit souvent à l'époque de la reproduction.
l'amour du pouvoir, l'amour de la louange. L'attachementréciproque du mâle et de la femelle
II. Inclinations qui se rapportent à nos sembla- chez les pigeons est passé en proverbe. Quant a.
bles. Les principales sont l'instinct de société, l'affection paternelle et maternelle, il n'est pas rare
la sympathie, l'amitié, l'amour, les affections de qu'elle inspire des actes d'un véritable héroisme.
famille. Nous n'en donnerons qu'un exemple. « La voix.
L'homme est un être sociable, et l'existence craintive d'un jeune singe abandonné par sa mère
d'un prétendu état de nature qui, selon certains dans sa fuite désordonnée, dit Brehm cité par
philosophes (Hobbes, Rousseau), aurait précédé M. Fouillée, se fit entendre sur un arbre au-dessus
celle de la société, est une chimère. Pourquoi de ma tête. Un de mes Indiens y grimpa. Dès que
l'homme ne serait-il pas poussé d'instinct à vivre le singe vit cette figure qui lui était étrangère, il
avec ses semblables, puisque certains animaux, les jeta les hauts cris, auxquels répondirent bientôt
abeilles, les fourmis, les castors, les moutons, les ceux de sa mère qui revenait chercher son petit.
chevaux, les bœufs, les éléphants, les chiens, etc., Celui-ci poussa alors un cri nouveau tout particu-
ne vivent qu'en communauté ? Quelques-uns lier, qui trouva un nouvel écho chez la mère. Un
même dépérissent dans la solitude. < On sait de- coup de feu blessa celle-ci elle prit immédiate-
puis longtemps, dit Dugald Stewart, que les bœufs ment la fuite, mais les cris de son petit la ramenè-
et les vaches n'engraissent pas aussi rapidement rent aussitôt. Un second coup tiré sur elle, mais
lorsqu'ils sont seuls que lorsqu'ils paissent en qui ne l'atteignitpoint, ne l'empêcha pas de sauter
troupeaux, quand bien même on compenserait péniblement sur la branche où se tenait son petit,
leur solitude par de pins gras pâturages. » qu'elle mit rapidementsur son dos. Elle allait s'é-
La sympathie est très voisine de la sociabilité, loigner avec lui, lorsqu'un troisième coup de feu,.
et n'en est pour ainsi dire que la conséquence et tiré malgré ma défense, l'atteignit mortellement.
le prolongement. Le plaisir que nous causent la Elle serra encore son nourrisson dans ses bras pen-
vue et le commerce de nos semblables nous dis- dant les convulsionsde l'agonie, et tomba sur le sol
pose à une certaine bienveillance à leur égard; en essayant de se sauver. »
par suite, nous nous réjouissons de leurs joies, III. La troisième classe d'inclinations que nous
nous nous attristons de leurs peines et nous faisons avons distinguées comprend celles qui se rappor-
effort pour soulager leurs maux. La sympathie, tent à des objets non personnels. Tels sont l'amour
chez les grandes âmes, fortifiée par le sentiment du bien moral, l'amour du vrai, l'amour du beau, le
du devoir ou le sentiment religieux, devient la sentiment religieux. En effet, ces affections ne pré-
philanthropie, la charité, et engendre les plus su- tendent pas faire de leurs objets une possession
blimes dévouements. qui leur soit propre. K Nous ne voulons pas, dit
Sans attribuer aux animaux ni la moralité ni la M. Garnier, exclure les autres du plaisir que nous
religiosité, on ne saurait refuser à quelques-uns causent la vertu, la science, les ehefa-d'œuvre
une sympathie pour ceux de leur espèce, qui va de la nature et de l'art; nous les appelons, au con-
parfois jusqu'au sacrifice de la vie. Les singes ont traire, au partage do notre joie, et nous la sentons
leurs Décius et leurs Coclès. Brehm a vu en doubler par celle qu'ils éprouvent, »
Abyssinie un babouin tenir tête tout seul à une Nous n'insisterons pas sur ces affections d'ordre
meute de chiens pour leur arracher un jeune de sa supérieur, d'abord parce qu'elles ne nous sont pas,.
bande qu'ils allaient mettre~en pièces. « Il y a quoiqu'on en ait dit, communes avec les animaux.
quelques années, dit M. Darwin, un gardien des ensuite parce qu'elles diffèrent assez profon démen
Zoological Ga~e'M me montra quelques blessures selon que se modifle par le développement de la
profondes, à peine cicatrisées, que lui avait faites civilisation la conception rationnelle des objets
au cou un babouin féroce, pendant qu'il était à auxquela elles ~e rapportent.
coté de lui. Un petit singe américain, grand ami du Il est enfin quelques inclinations complexes qui
gardien, vivait dans le même compartiment et avait ont aussi leur fondement dans la nature humaine
une peur horrible du babouin. Néanmoins, dès et qu'il est assez difficile de faire rentrer dans l'une
qu'il vit le gardien en péril, il s'élança à son se- des divisions de la classification précédente. Tel
cours et tourmenta tellement le babouin, par ses est, par exemple, le patriotisme.
morsures et par ses cris, que l'homme, après avoir Plusieurs théories ont été proposées pour expli-
couru de grands risques pour sa vie, put s'échap- quer l'origine de l'instinct, principalement chez les
per. » D'autres faits, plus touchants peut-être, ré- bêtes. Descartes n'y voit qu'un effet purement mé-
vèlent une sympathie qui ressemble à de la charité. canique et inconscientde la structure des or~nes
On cite un pélican, vieux et complètement aveugle, hypothèse insoutenable, car elle fait de l'animal
qui depuis longtemps était nourri par ses compa- une machine et lui refuse tout principe sensible et
gnons. Le même cas a été observé sur des corbeaux affectif.Locke,Condillac,et surtout Darwin, ramè-
indiens et sur un coq domestique. Quant à l'amitié, nent l'instinct à l'habitude. Pour eux, les actes,
elle se manifeste souvent chez les animaux entre aujourd'hui instinctifs, furent primitivement l'effet
deux individus d'espèces fort différentes, et parfois de la volonté et de la réflexion. On ne saurait nier
naturellement hostiles. M. Darwin a vu un chien que beaucoup d'instincts ne soient des habitudes
qui ne passait jamais à coté d'un de ses grands acquises et devenues à la longue organiques et hé-
amis, un chat malade dans un panier, sans le lécher réditaires mais dans sa généralité absolue, cette
en passant, le signe le plus certain d'un bon senti- doctrine n'irait à rien moins qu'a prêter à des ani-
ment chez le chien. » Une lionne, dit Frédéric maux placés fort bas dans l'échelle des êtres une
Cuvier, avait perdu le chien avec lequel elle avait intelligence égale, sinon supérieure, à celle de
été élevée, et, pour offrir toujours le même spec- l'homme. Où auraient-ils appris la géométrie, les
tacle au public, on lui en donna un autre qu'aus- ancêtres de ces araignées qui disposent avec une
sitôt elle adopta. Elle n'avait pas paru souffrir de régularité si parfaite les polygones concentri-
la perte de son compagnon l'affection qu'elle ques de leurs toiles? Plusieurs faits analogues
avait pour lui était très faible, elle le supportait, semblent absolument réfractaires à la théorie de
Darwin, et, jusque nouvel ordre,l'instinct doit être combinaison assez simple. Sur un engrenage cir-
considéré comme un principe aussi distinct de culaire central sont Cxées des tiges ou bras hori-
l'habitude que de l'intelligence et du mécanisme zontaux qni s'écartent comme les rayons d'un cer-
organique. V. G. Leroy, Lettres philosophiques cle. Les animaux, attelés à l'extrémité de ces bras,
sur ftM~Ht~ence et la perfectibilité des animaux. marchent en suivant la circonférence. L'engrenage
Paris, 1802. Reimarus, Observationsphysiques et central est ainsi mis en mouvement. Il actionne
morales sur l'instinct des animaux. Traduction une série d'autres roues dentées ou de pignons
française. Paris, t870. Frédéric Cuvier, art. Ins- combinés de telle manière que le mouvement soit
tinct, dans le Dictionnaire des sciences médicales. accéléré. Ce mouvement est transmis à la machine
Garnier, Traité des facultés de ~tme. – Flou- à faire mouvoir, soit par un arbre, soit par une
rens, r7~<t'MC< et l'intelligencedes animaux. Paris, courroie sans On. On distingue généralement deux
1845. Joly, l'Instinct, ses rapports avec la vie et systèmes de manèges celui dit manège par terre.
l'intelligence. Paris. 1874. Albert Lemoine, /a- qui transmet le mouvement par un arbre de cou-
che; celui dit en l'air, qui commandeles machiner
bitude e< llnstinct. Paris, 1875. L. Carrau,
Études sur la théorie de f~o/M<t07t Première par une courroie sans fin passant au-dessus des
étude. Paris, 187M. [L. Carrau.J animaux. La conduite des manèges est simple
INSTRUMENTS ARATOIRES ET MACHINES elle ne demande que quelques précautions. Il y a
AGRICOLES. Agriculture, V. Pour retirer aujourd'hui plusieurs types excellents de ces ma-
du soi les produits que l'agriculturelui demande, chines, que l'on rencontre dans la plus grande
pour préparer ces produits en vue de la consom- partie de la France.
mation ou du commerce, il est nécessaire d'avoir Les organes des machines agricoles sont ceux
recours à des instruments spéciaux, à des machi- de toutes les autres machines engrenages, pou-
nes qui permettent de tirer le meilleur parti de lies, arbres, coussinets, volants, etc. C'est à la
)a force employée. L'étude de l'adaptation de ces mécanique qu'il appartient d'en faire connaître le
instruments aux besoins qu'il s'agit de satisfaire rôle. Il n'y a pas lieu non plus de décrire les ma-
est doncd'une réelle importance pour l'agriculteur chines a vapeur employées en agriculture comme
l'emploi de bons instrumentséconomise la force ou moteurs. 11 est toutefois utile de faire observer
lui permet d'obtenir un effet utile plus considé- que, parmi les nombreux types qui sortent des
rable. Un des caractères principaux du progrès ateliers de construction, il en est un qui est em-
agricole au dix-neuvièmesiècle a été l'abandon des ployé presque exclusivementdans les exploitations
anciens et grossiers engins de la culture, et leur agricoles c'est la machine à vapeur locomobile,
remplacementpar des machines, soit plus com- c'est-à-dire montée sur roues. Les cultivateurs
plètes, soit tout à fait nouvelles. la préfèrent, parce qu'elle n'exige ni construc-
La machine ne crée pas la force; elle l'utilise, tion spéciale ni assises, et qu'elle répond, par
elle transforme son action. Mais cette transfor- sa facilité de transport, à la mobilité des travaux
mation ne se fait pas sans une perte, c'est-à-dire de la ferme.
sans l'absorption d'une partie de la force par la Après ces considérations générales, quelques
machine elle-même pour le jeu de ses organes. détails doivent être donnés sur les principaux
Une des principales qua)ités des bonnes machines, instruments et machines employés dans les tra-
c'est de n'absorber ainsi qu'une fraction très mi- vaux agricoles. Afin que cette description soit faite
nime de la force initiale. Mais il est impossible de avec ordre, nous la diviserons en sept parties,
construire une machine qui rende d'une manière savoir instrumentspour la préparation des terres,
absolument complète la force qu'elle reçoit. pour les semailles, pour l'entretien des récoltes,
La force est produite par les moteurs. Ceux que pour l'abatage et la rentrée des récoltes, pour le
l'agriculture a à sa disposition sont l'homme lui- battage des céréales et autres graines, pour l'ali-
même, les animaux domestiques, la vapeur, l'eau mentation des animaux de la ferme, pour les tra*
et le vent. Mais ces deux derniers éléments ne vaux divers.
sont utilisés que dans des circonstances tout à Instruments pour la préparation des <e;'?'M.
fait restreintes. La vapeur elle-même n'a encore Le principal instrtAnent pour la préparation du
pénétré que dans les exploitations d'une assez sol est la charrue. C'est l'instrument essentiel du
.grande étendue, quoique l'on commence aujour- cultivateur on le retrouve dans l'histoire des
d'hui a construire des petites machines qui pour- Ages les plus reculés. La charrue, jadis informe,
ront rendre des services utiles Jusque dans les faite en bois durci, munie seulementd'un soc mé-
petites exploitations. Mais l'homme et les animaux tallique, qui grattait le sol plutôt qu'elle ne le la-
domestiques sont partout les agents principaux de bourait, est aujourd'hui un Instrument perfec-
la force employée dans les exploitations agricoles. tionné, qui exige une dépense de force beaucoup
La force de l'homme est utilisée soit pour sou- moindre, tout en faisant un travail beaucoup plus
lever ou porter des fardeaux, soit pour manierdes considérable.
instruments divers, tels que la bêche, la pelle, Les principales parties de la charrue sont le soc,
la houe, soit pour faire tourner la roue d'un le contre, le versoir, l'age, le sep, les manches ou
puits, etc. A la mécanique générale revient le mancherons, le régulateur. Le soc est la partie
rôle de donner la mesure de la force dépensée principale c'est un couteau placé horizontalement
dans chaque circonstance. au dessous de l'age, auquel il est nxé par sa partie
Les animaux domestiques employés comme mo- supérieure il entre dans le sol et coupe, quand la
teurs sont le cheval, l'âne, le mulet, le bœuf et charrue marche, une bande de terre proportion-
même la vache dans les contrées pauvres. C'est nelle à sa largeur. Le sep est une pièce de bois
par la traction que leur force est utitisée. La trac- muni de fer, ou une pièce tout en fer, placée der-
tion s'opère en ligne droite, lorsque l'animal est rière le soc, et qui glisse au fond du sillon, en
atteté à un chariot, sur une route, ou lorsqu'il tire appuyant dessus. Le coutre est un couteau vertical
ia charrue qui laboure un champ, etc. Elle s'exerce placé sur l'âge en avant du soc, et qui coupe ver-
suivant une ligne courbe, lorsque l'animal est ticalement la bande de terre que le soc doit cou-
attelé à un manège destiné à mettre un instru- per horizontalement. Le versoir est une pièce
ment ou une machine en mouvement. métallique, placée den*ière le soc, et dont la sur-
Le manège est, en effet, l'organe de transmis- face est disposée de manière à rejeter sur le côté,
sion de force le plus usité en agriculture.li a pour en la retournant, la bande de terre coupée par le
but de transformer le mouvement lent de trans- soc. L'age forme la charpente de ia charrue; c'est
lation des animaux en un mouvement de rotation une pièce horizontale, le plus souvent en bois,
rapide.* On obtient cette tr~sformation par une parfois en fer, sur laquelle sont fixés les organes
d
à la par- d'une serie de disques montés sur un même axe.
qui viennent d'être décrits. Il se termine munie de dents puis-
& dont la circonférence est
et
tie postérieure par deux manches ou mancherons Il agit à la fois par son poids et par ses
lesquels le laboureur conduit la charrue; à santes.s. Quand il s'agit
par qui dents,
d pour briser lesfriables, mottes.
sa partie antérieure est fixé le régulateur, d terres facilement le rouleau brise-
n'est pas autre chose qu'une manière pièce verticale, glis- de remplacé le rouleau plom~
ou mottes peut être par
sant dans une mortaise, desuivant à élever Il
Celui-ci est un rouleau en fonte monté
abaisser la ligne de tirage, que l'on veut beur.
b
un axe quand il adeux une grande longueur,
faire pénétrer le soc plus ou moins profondément il
dans le sol.
t..
j char- Pour
catégories de
sur
s
est souvent divisé en
t en rendre
ou trois segments.
l'action plus puissante, le rouleau
On distingue deux grandes
les avant-train. est parfois surmonté d'une caisse que l'on remplit
les araires, et charrues à e suivant les
rues que de d pierres, dont le poids est variable
Elles ne sont distinguées les unes des autres du travail.
par l'absence ou ladeux présence de l'avant-train. Celui- besoins
b
roues montées sur un es- ameublir Pour achever le travail du rouleau, c'est-à-dire
ci se compose de complètement le sol, de même que pour
sieu. L'extrémité antérieure de l'age est fixée à aextirper les mauvaises herbes,ou pour recouvrir les
l'essieu, et celui-ci porte le régulateur qui devient,dans
e
on a recours aux herses. On désigne sous
dans beaucoup de types, plus compliqué que semences,
s bois
plus ce nom des châssis munis de dents en ou en
l'araire. La charrue à avant-train demandel'avan- c
t droites ou
fer, recourbées, parfois tranchantes, qui
de tirage que l'araire, mais elle présente du la-
attaquent la partie supérieure du soi. Les dents
tage d'exiger moins d'habileté de la part a
char- doivent être disposées de manière à former des
boureur. On construit même aujourd'hui des (
parallèles, et a ne pas marcher les unes der-
rues à avant-train qui, une fois réglées, demeu- raies1
espacées
rière les autres. Elles doivent être assez doit
rent absolument fixes et stables, quelle que soit i1pour ne pas s'engorger. Enfln l'attelage être
la profondeur du labour.
Il serait oiseux d'entrer ici dans bien
j
la descr)ption combiné de telle sorte
parallèlement au sol,
que l'instrument marche
que ni l'avant ni l'arrière
de tous les types de charrues. Chaque région a, beaucoup de modèles de
pour ainsi dire, le sien qui a été plus ou moinsne se relève. Ilquiexiste sont aujourd'hui particulière-
Celles
modifié. La plupart des charrues perfectionnées herses. estimées sont les herses articulées, c'est-à-
qui sont construites aujourd'hui dérivent de la ment indépendants, reliés à
charrueDombasle,qui vient d'être décrite. Tous les dire formées de châssis travaillant isolémentune de
par même barre d'attelage, les et
travaux de culture ne peuvent pas êtreà faits manière à suivre toutes irrégularités du sol.
une seule charrue, comme on le verra 1 article SeMatHM. – Le plus ordinairement. les semailles
/.aAoMr~. Il y a des charrues de défoncement, des la main. Pour les céréales,
des charrues de des graines sont faites ac'est-à-dire
charrues de labours profonds,tourne-oreilles, des on sème a la volée, que le semeur,
labours légers, des charrues marchant d'un pas mesuré, jette méthodiquement
charrues bisocs ou polysocs, etc. l'utilité de ces autour de lui les grains par un mouvement du bras.
divers instruments sera alors expliquée. les légumineuseset plusieurs autres plantes,
Il faut cependant donner ici quelques explica- Pour onsème avec le plantoir, qui n'est autre qu un pi-
tions sur le labourage à la vapeur. Dans ce système
de labour, la force motrice n'est plus demandée quet de bois, avec lequel on fait dans la terre un
animaux domestiques, mais à la vapeur. Deux trou qui reçoit la graine. Pour les pommes de
aux
puissantes machines à vapeur sont placées à cha- terre, oncharrue, sème soit à la charrue, soit à la houe.
munies1 Avec la on fait une raie dans laquelle les
que extrémité d'un champ; eHesCesont ensuite placés avec la houe, on
d'un tambour oh s'enroule un câble. câble, quand1 tubercules trou sont
par un deuxième
la machine marche, tratne une charrue à plusieurs i creuse un qu'on
quand le
La coup de houe, semoirsmécaniquestend
remplit*
tubercule est semé.
socs qui laboure plus ou moins profondément. L emploides néanmoins
charrue est tirée alternativementpar chacune dess généraliser. Il est, en effet, prouvé aujourd'hui
machines; sous leur action, elle fait la navette a se le
d'une extrémité du champ à l'autre. Parfois, on que semoir, tout en faisant un travail plus ra-
semence et assure une plus
seule machine à vapeur; le pide, économise àla la
ne se sert que d'unecharrue végétation de la plante.
mouvement de la est obtenu par une9 grande vigueur il, y a cinquante ans, le semoir
disposition du câble qui tourne autour du champ. Dombasie a inventé,
Le labourage à vapeur peut rendre des servicess dit à brouette. Il se compose d'une trémie dans
on place le grain; cette trémie se termine
dans les grandes surfaces planes, surtout quand il1 laquelleplan incliné sur lequel glisse le grain pour
s'agit de défrichements ou de défoncements. par un godets, qui le jette dans
Quand il s'agit de retourner la couche super- arriver à une roue à un
tube d'où il tombe par terre. Le mouvement est
ficielle de la terre arable, afin de la débarrasser dee à godets par l'essieu de la brouette.
mauvaises herbes dont on veut empêcherla matu-i- donné à la rouepoussé
rité, ou d'enlever le chaume d'une céréale coupée, Les
pluss
Ce semoir est
semoirs à cheval
par un homme.
sont plus grands et plus
ou encore de préparer le sol pour un labour placée une
complet, on remplace la charrue par un instrument ,t compliqués.Sur l'axe de deux roues est traversée
spécial désigné sous le nom d'extirpateur ou dee longue caisse qui reçoit le grain. Elle est
arbre
scarificateur. C'est un bâti monté sur deux ou troiss par uncuillers. L'arbre muni de disques qui portent des pe-
petites roues, portant de petits socs, ou des cou- tites tourne sur lui-même, elles
u cuillers saisissent le grain, qu'elles font tomber
teaux à pointe recourbée, qui pénètrent plus ou verticaux et articulés qui se termi-
moins profondément dans le sol. Ces instruments, s, dans des tubes
généralement légers, n'exigent que peu de force. 1. nent près
du sol. En avant de chacun de ces tubes,
Les sillons ou les planches formés par la charruee un petit soc ouvre une raie dano laquelle tombe réglée
le
profondeur d'entrure des est
sont constitués le plus souvent par une grandee grain. Laleviers munis de contre-poids. La vitesse socs
quantité de mottes de terre qu'il est nécessaire dee par des la trémie, et par suite la
désagréger pour que toutes leurs parties subissent it de l'arbre qui traverserépandue
l'action des météores. C'est avec les rouleaux quantité do semence varier à volonté, sur une surface
& laide
qu'on obtient ce résultat. Autrefois on se servait it déterminée, peuvent substitue les
de rouleaux en bois; leur action était souvent in- ]- de pignons dentés qu'on uns aux
suffisante. On a quelquefois recours à des rouleaux LX autres.

en pierre; mais ceux qui rendent le plus de ser-


r- Aux semoirs se rattachent les distributeurs d'en
vices sont les rouleaux en fonte. Le type le plus is grais, instruments destinés
répandre sur le so-
soit après les semailles
estimé est le rouleau dit Crosskill. Il se compose se les engrais pulvérulents,
soit aa printemps. Ils se composent généralement scie son mouvement de va-et-vient. La scie. for-
d'une caisse traversée .par un arbre muni de pa- mée par de larges dents, est portée, latéralement
lettes, dont le jeu fait sortir l'engrais soit par des au bâti de la faucheuse, par une barre rigide
tubes, soit par des ouvertures à la partie inférieure munie de pointes qui pénètrent dans la récolte a
de la caisse. couper. Le conducteur, placé sur un siège au-
Instruments pour les travaux d'entretien des dessus des roues motrices, tient d'une main les
récoltes. Toutes les plantes cultivées ne deman- guides des deux chevaux qui trainent la faucheuse
dent pas, pendant leur croissance, les mêmes et, de l'autre, il peut faire manœuvrer un levier
soins. Il en est qui poussent et se développent avec lequel il relève ou abaisse la scie pour
presque sans qu' on ait à s'en occuper, du moins qu'elle coupe à dinérentee hauteurs, pour qu'elle
dans les années favorables. Pour d'autres, au con- passe au-dessus des pierres ou des obstacles pré-
traire, il faut faire des travaux de sarclage, de bi- sentés par le terrain. La largeur de coupe est de
nage, c'est-à-dire de nettoiement et d'ameublisse- 1 m. 30 environ. En même temps qu'elle fait un
ment du soi. D'autres enfin demandent que la terre travail rapide, régulier, la faucheuse assure une
soit retavée au pied de leurs tiges. De cette diver- grande économie dans le prix de revient de la
sité de besoins, sont nés des instruments spéciaux, coupe des fourrages. La différence est surtout con-
les houes ou bineuses, les buttoirs. sidérable quand on a à couper des récoltes très
Chacun connalt la houe a main, qui est employée fourniet, sur de grandes surfaces.
pour le travail des vignes, de même que pour le Les machines destinées à faire le fanage méca-
sarclage. C'est une lame tranchante fixée & angle niquement sont formées par un tambour disposé
aigu sur un manche. Il y en a plusieurs types va- sur l'essien de deux roues motrices. Ce tambour
riant avec les dimensions de la lame. C'est un tra- est armé, sur son pourtour, de longues dents re-
vail pénible que de biner a la main les cultures de courbées qui saisissentle foin sur le sol et le pro-
plantes-racines, d'autant plus qu'il demande à être jettent en tous sens; suivant que la faneuse prend
fait avec une assez grande rapidité. La houe à le foin par le côté concave ou le coté convexe de
cheval est destinée à remplacer la houe à la main. ses dents, cette projection se fait plus ou moins
Elle est montée sur deux roues, et se compose énergiquement. Un seul cheval sufBt pour traîner
d'un bâti portant un certain nombre de lames re- l'instrument. La faneuse peut faire le fanage de
courbées ou rasettes qui ameublissent la surface quatre hectares à peu près par tour.
du sol, et coupent tes mauvaises herbes. Les plus Les râteaux a cheval destinés a réunir le foin en
petites houes n'ont qu'une rouelle à la partie an- tas plus ou moins gros, ont à peine besoin d'être
térieure. Les rasettes doivent être mobiles sur les décrits. Ils sont formés par de longues dents re-
tiges auxquelles elles sont nxées, afln que leur courbées, portées
sur l'essieu de deux
écartement puisse être modiné. Toutes les plantes dents sont articulées de manière à agirroues.
Ces
indépen-
ne sont pas en effet cultivées sur des lignes égale- damment les unes des autres. Le travail du râteau
ment distantes, et la houe doit pouvoir servir pour à cheval est très rapide, et il est d'ailleurs excel-
les diverses natures de récoltes. La houe, qu'on lent. Il peut remplacer une trentaine d'ouvriers.
désigne aussi sous le nom de bineuse, doit être Enfin, récemment, on a imaginé un chargeur au-
conduite avec beaucoup d'habileté, car il suffit tomatique qu'on place à l'arriere du chariot, et qui,
de déviations très faibles pour qu'on attaque les lorsque celui-ci est en marche, saisit le foin ré-
ulantes cultivées, au lieu des mauvaises herbes. pandu sur le sol ou en meulons, et le fait passer
Les buttoirs servent à relever la terre autour du sur la voiture.
pied de certaines plantes, notamment les pommes La moisson dts céréales peut être faite méca-
de terre, les choux, le mais. Ils ont la forme niquement, la récolte des fourrages. C'est
d'une véritable charrue araire, souvent munie d'une même sur lacomme construction des machines à mois-
petite roue à l'avant de l'age. Ils se distinguent de sonner que se sont d'abord portés les efforts des
la charrue ordinaire en ce qu'ils sont munis de deux inventeurs. Le problème est plus complexe que
versoirs placés dos à dos quand le buttoir marche pour la fauchaison. Que demande-t-on, en effet,
entre deux lignes de plantes, il enlève la terre une moissonneuse? De couper régulièrement
placée au centre de l'espace, et la rejette a droite les tiges des céréales sans égrener les épis, et de
et à gauche. Les versoirs sont munis de charnières déposer ces tiges sur le sol en javelles, c'est-à-dire
qui permettent de varier l'écartement de leur en petits tas prêts à être liés pour former des
partie postérieure,suivant l'espacementdes lignes. gerbes. Il faut, pour arriver à un travail régulier,
Instruments de récolte. La coupe et la ren- une combinaisonde mouvements assez compliquée.
trée des récoltes fourragères et des céréales sont La plupart des moissonneuses sont construites
aujourd'hui la grande préoccupation des agricul- a peu près de la même manière. La machine re-
teurs. Ces travaux demandent à être faits rapide- pose sur une seule roue motrice munie intérieu-
ment et dans de bonnes conditions. rement d'une dentée. Sur celle-ci en-
Les fourrages des prairies naturelles ou artin- grène un pignoncouronne
dont l'axe porte une roue d'angle
cielles sont le plus souvent coupés à la faux. transmettant le mouvement de la roue à une bielle
L'herbe étendue par terre est fanée, c'est-à-dire qui agit sur un plateau manivelle pour imprimer à
retournée avec des fourches en bois, jusqu'à sa la scie placée latéralement un mouvement rectiligne
dessiccation, puis le foin est ramassé avec des alternatif. La scie est supportée, comme dans la
râteaux pour être chargé sur les chariots qui l'em- faucheuse, par une barre rigide, et derrière elle
portent à la ferme. Toutes ces opérations peuvent est nxé un tablier en bois muni d'armatures
être faites aujourd'hui avec des machines parfai- métalliques. Sur l'axe de la roue motrice, un
tement appropriées au travail qu'on leur demande. deuxième pignon transmet le mouvement à une
Les faucheuses mécaniques coupent l'herbe. Elles roue à qui commande l'appareil javeleur.
sont presque toutes construites d'après le même Celui-ci cames se compose généralement de deux râteaux
type. La faucheuse est montée sur deux roues et de deux rabatteurs, passant alternativementsur
motrices présentant extérieurement des cannelu- le tablier, soit pour incliner les tiges sur celui-ci,
res pour mieux mordre le sol. Intérieurement ces soit pour les pousser en arrière et les déposer en
roues sont garnies d'une couronne dentée; dans javelles sur le côté de la piste de la moissonneuse.
chaque couronne s'engrène un pignon. Les deux La vitesse de la scie est généralement de 1
pignons sont portés par un axe commun, au mi- à 1 m. 20 par seconde. La machine demandem.
10
deux
lieu duquel est un engrenage d'angle qui multiplie chevaux. Grâce à des leviers placés
la vitesse et la transmet à un plateau manivelle, du conducteur, celui-ci peut embrayer sous la main
arrêter
auquel est fixée la bielle chargée de donner à une la machine, régter !n hauteur de co)tpe,ouvarier le
javelage, de manière 6t faire un nombre démettes le batteur et le contre-batteur
plus ou moins coasM~bt.e sur âne longueur dé- reusement parallèles leurs surfaces ne sont pas rigou-
terminée, suivant l'état de la rétolte. sont plus.
rapprochées du coté des épis. Cette disposition a.
Les résultats de l'emploi des maeMnes à mois- pour but d'empêcher le froissement excessif delà.
sonner sont considérables. Elles donnent ta faculté paille et de lui conserver sa valeur; dans les ma-
de mettre rapidement le* moissons t'abri des chines en bout, contraire,elle est toujoursbrisée.
intempéries, elles tffraBchiwsestle cultivateurdes au
En sortant du batteur, les grams sont chasses
exigencesdesfaucheurs, etetles laiMettttous les bras dehors par tm ventilateur,dana les machines les.
disponibles pour le liage et le transport des ger- au plus simples, et la paille tombe sur un plan in-
bes. On a même invente récemment des moisson- ctiné en dehors de la machine. Dans les batteuses
neuses-lieuses qui Mvrent la gerbe toute liée. plus complètes, la paille est pousséesur un organe
Quelques types de machines sont construits de secoueur formé de lattes paraItèJes, animé par
manière à pouvoir servir successivement comme un arbre coudé d'un
faucheuses et comme moissonneuses. A cet effet, a pour but de la débarrasser dede sassement,
mouvement
les
qui
tous grains
on change la scie et quelques pignons pour mo- qu'elle peut encore renfermer elle est ainsi con-
difier la vitesse du mouvement, et on adapte un duite à l'extrémité de la machine. Dans ces mêmes
appareil javeleur qui peut être enlevé à volonté. batteuses, le grain
Mais la plupart de ces machines n'ont eu qu'un chasse les passe dans un ventilateur qui,
menues pailles et les balles; de là,
succès restreint. Il n'en est pas de même des dans un criblenr qui
moissonneuses et des faucheuses Il un cheval ré- les machines les plus en achève le nettoyage. Dans
complètes, l'opération du
cemment introduites. Elles sont construites exac- criblage se répète par plusieurs nettoyeurs, de
tement d'après les mêmes principes que les ma- telle sorte que le blé est séparé en quaiitës diver-
chines à deux chevaux, mais. elles ont nne plus ses et qu'il est débarrassé de tous les grains
grande légèreté et elles coupent sur une largeur soires qu'il peut contenir. acces-
moindre. Ces machines peuvent rendre des servi- Les machines à battre sont mues soit par un
ces réels à la petite culture. manège, soit par une machine a. vapeur. Avec une
Battage des récoltes. Jadis le battage des batteuse manège bien construite mue par
céréales, c'est-à-dire la séparation du grain et de cheval, onà peut battre par heure 40 à 60 gerbes un de
la paille, se faisait par les moyens les plus primi- dix kilog. avec machine mue par un manège
une
tifs. Les épis, rangés sur une aire, étaient triturés à deux chevaux, 6(t à 100 gerbes. Les batteuses à
par les pieds des chevaux, ou bien on faisait pas- vapeur, pour moyenne culture, peuvent battre,
ser par-dessus un gros rouleau de pierre. Le fléau avec une machine de trois chevaux, 100 à 150
articulé a succédé, dans le nord et dans le centre gerbes par heure
de la France, à ce premier système il règne en- on peut battre 150 avec une force de cinq chevaux,
à 250 gerbes; avec les batteuses
core dans beaucoup de petites exploitations, mais, plus forte:, on peut atteindre 300 gerbes.
dans la plupart des fermes un peu importantes, Afin de faire profiter les cultivateurs des avan-
il a été remplacé par la machine à battre. tages de ces grandes machines, il s'est formé dan~
On distingue deux catégories de machines à beaucoup de départements des entreprises de
battre. La première comprend les machines dites battage à faç<m. L'entrepreneur
batteries en travers ce sont celles qui agissent à chine à vapeur et sa batteuse de promène ferme
sa ma-
ferme,
la fois sur toute la longueur de la paille. La se- et il bat la récolte de chacun en
conde renferme les batteries en bout, qui sou- qui est, en général, de 75 à pour un prix modérée
90 centimes par hec-
mettent successivement toutes les parties de la tolitre de grain battu.
paille, présentée par une de ses extrémités,à l'or- On construit aussi des machines spéciales pour
gane batteur. Dans chacune de ces catégories, on le battage des graines fourragères, des colzas
distingue plusieurs classes, d'après l'état du grain mais leur usage est beaucoup moins répandu.
au moment où il sort de la machine. Tantôt il est Instruments pour préparer la MOM?'r~M'e du bé-
rejeté pêle-mêle avec la paille; tantôt il en est sé- tail. En première ligne se placent les instru-
paré, mais sans être dégagé des battes et menues ments destinés au nettoyage des grains. Les uns
pailles tantôt enfin, il est plus ou moins nettoyé servent simplement à
et divisé en catégories de grosseur différente. nettoyer le grain et à le
débarrasser des corps étrangers qui y sont mêlés;
La premièreopération consiste & faire arriver les sont les tarares. Les autres, appelés trieurs,
gerbes déliées sous l'appareil batteur. Dans la ce séparent, le grain en qualités diSérentes, et le
plupart des machines~ les tiges sont posées sur purgent de toutes les impuretés qu'il renferme.
une table et poussées par la main de ~ouvrier; par- Ces divers instruments servent surtout poar la
fois le tablier est formé d'une toile ou d'une série préparation des grains de
de lattes mobiles qui entralnent les tiges. Dans ces semence.
Les tarares se composent généralement d'UT-
derniers temps, quelques eonstruetaaTS ont ima- volant à ailettes, mû
giné des appareils spéciaux qui permettent de par une trémie. Le mouvement par une manivelle et surmonte
'aire l'engrenageautomatiquement. du volant produit
une ventilation énergique qui agit sur le grain, et
L'organe principal des machines à battre est le chassé la poussière, les balles les
batteur. Celui-ci consiste le plus souvent en une Leur travail est, comme et corps légers.
on le voit, des plus
sorte de tambour ou cylindre porté par un axe simples.
horizontal, tournant très rapidement sur lui-même Dans les cylindres ou cribles trieurs, le grain
et dont la surface enveloppante est armée de passe sur des toiles métattiques portant des trous
barres espacées parallèlement, destinées a frapper de dinérentes grandeurs, et disposés de manière
la paille et à en séparer le grain.. Le batteur est à faire tomber le grain dans des caisses spéciales
généralement en fonte, et les lames ou battes de pour tes diverses sortes.
sa circonférence sont en fer on en acier. Le con- Les moulins
tre-batteur consiste en âme sorte de caisse curvi- mer le grain enagricolesfarine.
sont destinés & transfor-
Leur usage est peu ré-
ligne, concentrique au batteur, et dont la surface pandu. Il faut toutefois faire
interne est munie de battes ou cannelée. La paille tes petits moulins à bras destinés une exception pour
à préparer la
est froissée dans le passage entre le batteur et le farine d'orge qui entre, en de larges
contre-batteur, et les grains que les battes du tions, dans la ration des animaux soumispropor- à l'en-
batteur n'ont pas d'abord atteints sont ainsi sépa- graissement.
rés. La distance qui sépare ces deux organes est Quant aux instruments destinés d'une manière
regtée suivant la grosseur de la paille et la nature absolument spéciale à préparer la nourriture du
du grain. En outre, dans les batteuses en travers, bétail, l'agriculteur n'a
que l'embarras du choix.
Les principaux instruments employés sont souvenir que rien n'est plus nuisible un métal,
Les concasseurs de grains, formés par des cy- et surtout au fer, que l'humidité.Il aura donc soin
lindres cannetés entre lesquels on fait passer les de ne pas exposer ses instruments t~ l'action de la
graines, pour les briser grossièrement, afin qu'elles pluie, en dehors des cas de nécessité. Il est bon
soient plus facilement absorbées par les animaux d'ailleurs de graisser, de temps en temps, même
domestiques ¡ tes grandes pièces de machines au repos. Quant
Les aplatisseurs d'avoine, destinés à briser la aux organe* subissant des frottements, ils doivent
pellicule souvent dure de l'avoine, avant que ce toujours être huilés avec le plus grand soin. Le
grain soit donné aux chevaux; bon fonctionnement d'une machine, même des
Les coupe-racines, dont le nom indique suffi- plus simples, dépend souvent de son état de pro-
samment 1 usage; ils servent à débiter en tranches preté la rouille en. est le pire ennemi.
minces tes carottes, navets, betteraves, etc.; ils Henry Sagnier.]
sont généralement composés d'une trémie ouverte INTELLIGENCE. Psychologie, V. Etym.
affleure, du latin tM<e~erf, comprendre. L'intelligence
sur un c6té; un disque muni de couteaux racines est la faculté de penser. Penser est un de ces ter-
en tournant, cette ouverture, et coupe les
qui dépassent par leur propre poids; mes à la fois si généraux ef si clairs qu'il est inu-
Les hache-paille, employés pour diviser en pe- tile d'essayer de les déBnir. L'acte de la pensée,
tits morceaux la paille' qu'on mélange aux autres sous quelque forme et dans quelque circonstance
aliments du bétail; ils sont formés d'un bâti qu'il se produise, est un phénomène d'une nature
portant un tiroir horizontal dans lequel sont pla- toute confondre spéciale, nettement caractérisé, que l'on ne
cées les tiges. Ce tiroir se termine par deux cy- peut avec aucun autre phénomène. On
lindres entre lesquels celles-ci sont forcées à peut être et l'on est souvent embarrassé pour dé-
passer, pour arriver devant les couteaux d'un terminer le point précis où commence la pensée,
disque tournant qui coupe la paille en morceaux pour savoir ce qu'elle serait sans la parole, ou pour
de 2 ou 3 centimètres ou davantage, au gré du tracer la limite entre l'instinct chez l'animal ft
cultivateur. Il y a beaucoup de modèles construits l'intelligence chez l'homme, entre la pensée de
d'après ce principe. Le hache-paille est un instru- l'enfant et celle de l'adulte, ou encore pour dire
ment d'une grande utilité dans une exploitation quelle est rigoureusementladans part de l'intelligence
rurale; et celle des autres facultés certains faits de
Les laveurs destinés a nettoyer les racines ou conscience qui sont multiples et complexes. Mais
tubercules qu on donne au bétail. Ils sont formés la difficulté que présentent toutes ces questions
légère- tient précisément à cette complexité, & cette indé-
d'une caisse cylindrique à claire-voie,
ment inclinée, mobile autour de son axe, et plon- cision des divers éléments qui s'y mêlent et dont il
geant a moitié dans un baquet rempli d'eau. Les faudrait pouvoir faire le départ pour résoudre le
racines sont introduites par une extrémité dans le problème. Dès qu'il s'agit au contraire d'observer
laveur, et elles sortent a l'autre extrémité. la pensée dans ses manifestations normales, les
Il faut encore signaler, dans cette catégorie, plus humbles ou les plus élevées, tout le monde est11
les appareils pour la cuisson des racines, pommes d'accord pour les reconnaltre en quelque sorte
de terre, etc. Ces appareils sont généralement très première vue, tout le monde convient qu'affirmer
simples, sauf dans les grandes exploitations ayant on nier, que croire ou douter, que se souvenir on
des machines à vapeur, qui cuisent à la vapeur les prévoir, c'est penser; que louer ou blâmer, cons-
aliments du bétail. tater ou imaginer, dire vrai ou dire faux, c'est en-
Instruments pour travaux divers. En dehors core penser; que percevoir, concevoir, raisonner,
des catégories qui viennent d'être décrites, il existe déduire, induire, comparer, comprendre et se faire
quelques instruments ou machines dont t'usage se comprendre enfin, ce sont autant de manières de
répand de plus en plus. Il en est deux qui doivent penser, autant d'actes d'intelligence.
être particulièrementsignalés, la bascule et la Si, au lieu de se borner a cette définition, on re-
presse à fourrages. cherche en quoi consiste essentiellement l'acte
Quand on entre dans une ferme, on peut tout même de la pensée, on arrive à cette formule iden-
de suite porter un premier jugement sur celui qui tique à la précédente, quoique un peu moins gé-
la dirige, par la présence ou l'absence d'une nérale dans l'expression L'intelligence est la
bascule, destinée à peser les voitures chargées faculté de juger. Le jugement n'est pas absolu-
qui entrent ou qui sortent, a juger le poids des ment le seul phénomène de la pensée, mais il en
animaux domestiques. La bascule est formée gé- est l'acte par excellence, l'acte à la fois le plus
néralement par un bâti en maçonnerie, portant simple, le plus normal et le plus complet non
un système de leviers sur lequel repose un tao- seulement il résume'et resserre en soi tous les
blier mobile lorsque le tablier est chargé, la éléments de la pensée, mais il en fait un tout vi-
charge agit sur les leviers comme dans une bascule vant, il leur donne une âme, un sens, une unité
ordinaire, et son poids est indiqué sur un bras de logique. V. Jugement.
romaine. Si l'intelligence ou le pouvoir pensant a pour
Les presses à fourrages sont formées par des opération fondamentale le jugement, c'est par la
caisses a fond mobile faisant fonction de piston, diversité des différentes sortes de jugements que se
de manière à comprimer le fourrage mis dans la distingueront le plus naturellementles divers mo-
caisse. Par des dispositions spéciales et variables des d'action de l'intelligence, et la classification des
suivant les systèmes, la botte de fourrage arrivée facultés intellectuellessera sous un autre nom la
au maximum de compression est serrée par des classificationdes jugements. Autant il y a de clas-
liens qui la maintiennent au volume auquel elle ses distinctes de jugements, autant il y aura de.
a été réduite. On construit des presses à fourrages chefs sous lesquels on pourrra les grouper, c'est-
propres à donner une haute densité au foin, et de à-dire de facultés intellectuelles,lequel car une facnité
simples botteleuses qui forment seulement des n'est autre chose que le nom sous on résume
bottes d'un poids déterminé. et on classe un ordre de faits psychologiques. ·
Soins à donner aux machines. L'entretien Nous indiquons au mot Jugement Les principales
des machines et des instruments en assure la classifications proposées par tes divers systèmes
durée. Trop souvent les cultivateurs oublient ces de philosophie, avec la division des facultés intel-
soins d'entretien, et ils se plaignent d'avoir à re- lectuelles qui y correspond. Aucune de ces classi-
nouveler souvent un matériel parfois coûteux. fications ne satisfait complètement l'esprit, parce
L'entretien des machines agricoles ne demande que toutes ont quelque chose d'arbitraire ou tout
pas beaucoup de peine. Le cultivateur doit se au moins d'artificiel. Il n'est pas nécessaire, du
reste, d'adopter rigoureusementl'une ou l'autre et rience directe il y en a de deux sortes, tes nntt
de s'en faire une sorte d'article de foi. L'important d'ordre matériel, tes autres d'ordre spirituel. L'ex-
pour tous, et principalement pour les instituteurs, périence dans le domaine matériel se produit par
est d'entendre les termes dont on se sert constam- la perception e.):<<')'?M, les cinq sens. L'expérience
ment en cette matière, d'en connaître le sens pré- dans le domaine spirituel ou supra-sensible se fait
cis et de ne les employer que dans ce sens. Quant par la Be''eep<!M interne, qui révèle l'âme à elle-
aux points controversés, et ce sont les plus nom- même dans la coMCtence.
breux, il ne faut pas prétendre les résoudre à moins 2° L'intuition de l'absolu ou intuition ration-
d'études tout à fait spéciales et approfondies en- nelle porte un nom spécial on l'appelle la ranoH;
core doit-on ajouter que ceux-làmêmes qui ont fait elle nous fait apercevoir, en nous repliant en quel-
ces études n'arrivent pas toujours a tomber d'ac- que sorte au fond de notre esprit, non pas les
cord ni sur les mots ni sur les choses de ce do- phénomènes d'ordre expérimenta), mais les lois et
maine. les principes régulateurs de notre intelligence
Sous ces réserves et uniquement pour présenter elle-même et en particulier de l'expérience. Elle
avec un certain ordre nos observations sur les fa- nous fait apparaitre avec la souveraine clarté de
cultés intellectuelles, nous choisissons parmi les l'évidence immédiate les idées éternelles, im-
classifications en usage celle qui distingue trois muables, nécessaires, absolues, qui sont, peut-on
grandes formes d'activité intellectuelle dans dire, le point de départ et le terme de toutes nos
l'homme à l'état adulte et civilisé l'intuition, la pensées, sans lesquellesil n'y a pas d'intelligence
conception et le raisonnement. humaine, qui dans leur expression populaire consti-
L'intuition, comme le mot l'indique (du latin tuent le bon sens, le sens commun, et dans leurs
intueri, voir), c'est la vue immédiate, sans effort, formes plus savantes les axiomes, et les vérités
sans intermédiaire, sans travail préparatoire. Par premieres.
elle, l'esprit aperçoit la réalité comme existant en LacotMeptiOM peut s'appliquer ou à des objets
dehors de lui et se manifestant tout entière et tout qui ont été réels et ont cessé de l'être actuelle-
d'un coup moyennant une seule condition, l'at- ment elle s'appelle alors la mémoire; ou à des
tention, les phénomènes d'ordre intuitif apparais- objets qui n'ont jamais existé, mais qui auraient pu
sent dans teur pleine lucidité en quelque sorte exister: c'est l'imagination; ou à des objets qui
spontanément; c'est qu'ils ne dépendent pas de ne peuvent exister que dans l'esprit humain qui
nous ils résultent d'un objet réel, distinct de les isole artificiellement c'est l'a&<<)'ac<:ott et la
notre esprit, et qui, pour ainsi dire, se montre lui- généralisation,qui s'attachent aux idées abstraites
même à nos regards. Supprimez l'objet, l'intuition et générales, à ces produits factices de la pensée
cesse. Faites-te reparaître, elle recommence. humaine que la scolastique appelait des « êtres
La conception a bien encore, à un certain degré, de raison », des universaux», des « concepts n
la spontanéité et la promptitude, mais elle n'a pas ou enfin, à des rapports d'idées ou d'images: c'est
la vérité certaine, la ferme et indubitable solidité l'association des idées.
de l'intuition. Concevoir, ce n'est plus percevoir Le raisonnement, enfin, s'exerce en deux sens
un objet; c'est se le représenter, c'est le placer différents tantôt, il part de principes géné-
soi-même, par un effort ou par un jou de l'esprit, raux et en tire des applications ou vérités par-
devant les yeux de son imagination. On se figure ticulières c'est alors le raisonnement déduc-
qu'il existe, on le crée, on peut le façonner à son tif; tantôt, an contraire. il part de faits parti-
gré. La conception est, si l'on peut ainsi dire, culiers et, s'élevant de plus en plus, en conclut
une intuition artificielle. Elle n'a plus besoin de la des lois générales on le nomme alors raisonne-
présence réelle de son objet c'est son triomphe de ment inductif. La premier fonde les sciences
se déployer en l'absence de toute réalité où rien exactes dont les mathématiques sont le type le
n'existe, elle enfante des mondes, si elle le veut second les sciences expérimentales,physiques,
faculté merveilleuse d'invention et de fécondité, naturelles, historiques et morales.
mais faculté trompeuse qui nous verse avec une On a proposé de désigner ces trois groupes de
égale abondance l'erreur et la vérité. facultés sous les noms de facultés d'ordre primaire,
Le raisonnement enfin se distingue des deux d'ordre secondaire, et d'ordre tertiaire, pour bien
modes précédents il n'a pas la prompte et sou- marquer qu'elles diffèrent non seulementpar leur
daine clarté de l'intuition, mais il en a toute la objet, mais par le degré de travail mental qu'elles
sûreté ses résultats sont autrement, mais aussi supposent percevoir est l'opération la plus élé-
certains que ceux de l'intuition. Il ne nous fait mentaire, concevoir présuppose des perceptions
apparaître d'un coup rien de réel, ni d'imagi- déjà acquises et soumises par l'esprit à une cer-
naire il nous fait lentement, laborieusement, taine transformation artincielle, raisonner enfin
graduellement découvrir l'une après l'autre les est impossible sans la pleine possession des deux
diverses parties de la vérité. Par là même, il se précédentes facultés et sans un effort méthodique

t"–
sépare bien de la conception. S'il n'en a pas la vi- de l'esprit pour en coordonner les produits suivant
il
vacité inépuisable, n'en a pas non plus la légè-
reté inconsistante. Prenant son point de départ
certaines règles.
dans des vérités certaines, il procède suivant une TABLMC DEt FACnMtt I~THLLECTCELLEt
marche certaine aussi et aboutit à des conséquen- du fini j
ces non moins certaines il a pour résultat une (immédiateet) ~erceph'ott ) Mterne MM.
interne:<:Ot!MKnM.
évidence non plus immédiate, comme celle des Mrtaice) t'.h- ( p~'ort.
vérités intuitives, mais médiate et néanmoins de
valeur absolument identique. g t ra~son f ~dée de Dieu.
Ces trois formes principales de la pensée peu- du passé m~KOtft.
S (immédiate <t P~ibie t'~ma~M.
vent à leur tour se subdiviser d'après l'objet S 'incertaine)
auquel elles s'appliquent. ë eoneenhon de. idées ~<'m')-ahMt!(m.
L'intuition peut s'appliquer à toutes les réalités; S
des rapports ~MMh~~tWM.
les unes sont finies, relatives, contingentes; les Ë ~~acffttMt) des t<K<~M.
autres absolues et nécessaires.
t" L'intuition du ftni ou intuition expérimen-
tale se fait par la perception. Les facultés de
perception sont celles qui nous font connaître
fmediate etet
raMeatMt)te))<
rauonnement
t
!<
~n<al au
t<edMC~
indacti
f.
particulier raisDmiemen1
an particulier:
< g~n~rat
raMon)MtKe!K

<-atMttM)ttett<

les êtres et les choses appartenant au monde de On demandera )<eut-âtre pourquoi ne fai-
l'expérience, pouvant être connus par une expé- sons pas entrer dans cette liste troisnous
ou quatre
moM qui se trouvent dans beaucoup de traftés en trait à des tpératioM la
lois intellectuelleset phy-
siologiques, parler, compter, lire; on enftn d'autres
tête des facultés inteMectuelies et dont nous ne
méconnaiasens pas l'importance l'aMenMoM, la qui concernent des opérations de h sensibilité ou
réflexion, la comparaison, le jugement. Voici nos de ta volonté unies 4 celles de l'InteHigence, a~t-
raisons. rer, se décider, obéir, etc. Notre réponse est dans
Aucun de ces termes, à proprement parler, ne le sens même de ces mots aucun ne désigne ni une
désigne une faculté intellectuelle ils indiquent, opération simple et irréductible, ni une Acuité
soit des actes de toutes tes facultés ou de certaines intellectuelle se manifestant isolément. Ce sont des
facultés, soit des manières d'être ou des caractères produits mixtes, des résuttats multiples, dans les-
de l'intelligence. quels on peut rechercher quelle est la part des
L'a<feM/to?t n'est pas une faculté spéciale ayant diverses facultés. Ce sera mêmelit un excellent exer-
nn objet spécial elle s'applique & tout, elle donne cice psychologique à faire faire dans une 3' année
a toutes les facultés leur puissance, à tous les ré- d'école normale. Mais la classification des facultés
sultats de la pensée leur valeur. L'attention, c'est intellectuelles doit évidemment se borner aux
le degré d'intensité avec lequel l'esprit s'applique groupes de faits élémentaires et irréductibles;
a un objet, soit par la perception, soit par la con- !a liste que nous en avons dressée est ce qu'ette
ception, soit par le raisonnement. On peut dans devait être s'il n'y manque aucun fait intellectuel
chaque ordre de facultés opérer avec ou sans atten- tMt ~enerM, et s'il n'y figure aucun phénomène
tion, avec plus ou moins de force d'attention. complexe pouvant être ramené à des étéments
La r~MOtt est le nom qu'on donne a fattention plus simples.
quand la pensée se replie sur etie-même; avoir INTERET (Règle d'Arithmétique, XL!–
une grande puissance de réflexion, ce n'est pas 1. On appelle intérét ie bénéncequerapporte une
exercer une faculté distincte des autres, cest somme prêtée ou placée dans une entreprise quel-
exercer son intelligence d'une certaine façon dont conque. La somme dont il s'agit prend le nom de
tous les esprits ne sont pas également capables et capital, et on appelle taux de intérêt ce que
qui varie suivant les âges, les tempéraments, les rapportent 100 fr. dans une année. L'année com-
circonstances. Tel a l'esprit porté à l'observation merciale est comptée pour 360 jours. Dans' le
externe, à la constatation des phénomènes maté- commerce, le taux stipulé ne peut être supérieur
riels tel autre a plus de facilité a se recueillir, à 6 p. 100; mais dans une entreprise industrielle
à rentrer en lui-même, observer en quelque le bénéfice peut être plus considérable.
sorte sa propre intelligence. Savoir rénéchir, t'est L'intérêt se calcule conformément à une règle
avoir conscience plus fortement et plus nettement facile à établir. Supposons, pour Oter les idées,
que le commun des esprits superficiels. que le capital placé soit de 800 fr., le taux
La eom~arauoMest un autre genre d'attention.On 6 p. 100, et que la durée du placement soit de
l'a assez mal dénnie une attention double, pour 90 jours. On raisonnerade la manière suivante
dire tout simplement qu'elle suppose l'attention
rapprochant deux faits ou deux idées. Comparer, 100f pendant S60 jours rapportent 6'
ce n'est pas être attentif & deux choses & la fois,
c'est être attentif au rapport de deux choses, en
saisir la ressemblance et la différence. Il ne faut
100f 1 jour rapporteront –
6'

donc pas voir non plus dans la comparaison un


ordre spécial de faits intellectuels c'est une opé- 100'
100~ –
· 9090 jours rapporteront 6~x90'
ration qui peut se produire dans tontes les facul- 6'x90
tés et qui est particulièrementfréquente dans les lf
tf 90 rapporterait~~
rapporterait
facultés secondaires, puisque la mémoire, Fimagi-
nation, l'association des idées ne vivent que par 2800'.f;.9&
d'innombrables comparaisons. et 3800' – 90 rapporteront
ssuuu
Ainsi ces trois mots désignent non pas des fa-
cultés à part, mais des condttion~ d'exercice des On voit que, pour obtenirl'intérêt, il faut <mM~-
facultés intellectuelles,l'attention indispensable en tiplier le capital par le taux et par ~e nombre de
particulier à la perception externe, la réflexion à ours, et diviser le produit par 36000. Dans
la perception interne, la comparaison aux facultés t'exempte actuel, en trouve 42 fr.
de conception. On trouveraitde même que l'intérêt de &96 fr.
Quant au jugement, nous n'en pouvons faire pendant 125 jours est
une faculté particulière, après ce que c'est nous en
avons dit au début de cet article. Juger, pen-
ser. II n'y a pas un seul acte de l'intelligence qui ou 12.41
ne se résolve en un jugement. On peut distinguer 360CU
diverses espèces de jugements; mais le jugement
comprend toute l'intelligence. Voir un objet, c'est 2. commerce, où on a sou-
–~ Dans les maisons de
juger qu'il existe, le témoignage de la vue vent à calculer les intérêts à un même taux, on
avoir conscience de sur ce qu'on éprouve, c'est juger simplifie un peu le calcul. Si le taux est de
qu'on est danstel on tel état se souvenir ou ima- 6 p. 100 par exemple, on remarque que mul-
giner, c'est juger que telle chose a été, que telle tiplier par M et diviser ensuite par 36000, revient
autre pouvait être raisonner,c'est juger plusieurs à diviser tout de suite par 6000, c'est-à-dire que,
fois de suite et en mettant un certain rapport entre pour obtenir l'intérêt, on multiplie le capitaldans
par
ces jugements. le nombre de jours, ce qui donne ce que,
Ce n'est donc pas méconnaître l'importance du les habitudes commerciales, on appelle le nombre;
jugement que de l'omettre dans la liste des diver- et l'on divise par 6000, qu'on appelle le dtfMeM!'
ses facultés intellectuelles c'est au contraire lui )!a:e. Ainsi, dans le second exemple traité plus
restituer son véritable rôle, celui d'opération fon- haut, le' nombre est 596'XlM, c'est-à-dire
damentale et essentielle de l'intelligence. 74500; en divisant par 6000 ou d'abord par 1000
Enfin il y aurait peut-être encore à expliquer et ensuite piu" 6, on obtient comme ci-dessus
pourquoi nous ne portons pas'dans ce tableau cer- 12 fr. 41.
tains faits intellectuelscomplexeset dérivés dont on On pourrait, pour d'autres taux, employer le
a proposéquelquefois de fairedes facultés. Par exem- même procédé, en remarquant que, pour le 5 p.
ple, certains termes empruntés à la vie religieuse, 100, le diviseurfixe seraiH200 pour 4; le diviseur
tels que croire, adorer, prier; ou d'autres qui ont fixe serait 8000; pour 4 ce serait 9000; mais on
préfère généralement commencer par calculer l'in- 1 ~~16~00~ 121,1 jours et une fraction.
1360 =
térêt à 6 p. !00, et en déduire l'intérêt à un autre 1 ~}~Q ou 121 .< Jours
ractlOn.
taux par la règle suivante, facile à justifier
On adopterait 121 jours. On voit que la ques-
Siletftuxest
e: W t~"R oac
tion est indépendante du taux de l'intérêt, et qoe.
5. retrancher 1 sur 6. ou prendre le Mt'eme obtenir l'échéance commune, il faut faire
4, – 1'
t~smr6,
sur 6, – le qxsn~~t yS'a pour
te~Maff des NOMBRES (produit des capitaux par le!
4. – -~surë, –– !e<:<~ t~T: somme nombres de jours), et <)Me<' par la somme <<e.t
36ur6, Ia?KOt<:< Lg~ capitaux.
3, – S'il y a, par exemple, quatre billets,
Soit, par exemple, à calculer l'intérêt de 875 fr. pen-
dant SO jours a4; p. 100. Le nombre étant 875X80 L'un de 810t payable dans 130 jour
ou 65200, en divisant par 6000 on obtient d'abord Un second
10 fr. 8666. retranchant le quart ou 2 fr. 71666. Untroisi&ma de 640'
de MO' t80 –
210
il reste 8 fr. 15.
3.–Quand l'inconnue du problème est le capital,
Un quatrième de 1000' 300
ae taux, ou le nombre de jours, on remarque que, le nombre n de jours exprimant l'échéance com
d'après la règle de l'intérêt simple, le produit de mune sera
l'intérêt par 3600U doit être le même que le pro-
duit du capital par le taux et par le nombre de 810xlM+7Mx 180+640x9)0+1000x3~)
jours. On obtiendra donc le nombre cherché en ~S10-T-7ÏU+640+JOOO
divisant ce prodmt
Par le taux et par le nombre de jours, si l'in- 669300
connue est le capital; 0 LI
ou ?: = -g-j~ == 1S0.40
1g0,40
Par le capital et par le nombre de jours, si l'in-
connue est le taux; On pourrait adopter 180 jours. [H. Sonnet.]
Par le capital et par le taux, si l'inconnue est le tNTËRÉTS COMPOSÉS. Arithmétique,LV.
nombre de jours.
Supposons, par exemple, qu'un capital de 720 fr. 1. Unechaque somme est dite placée a. intérêts composët
ait produit 13 fr. 20 d'intérêt, au taux de 6 p. 100, lorsque année le capital t'augmente des in-
produits pendant 1 année précédente. La
et qu'on demande le nombre de jours. On multi- térêts placée prend le nom de capital primitif, et
Pliera 13 fr. 20 par 36000, ce qui donne 475 MO somme
puis on divisera ce produit par 720 et par 6, ce capital, augmenté de ses intérêts composés, s'ap-
pelle le capital définitif. Supposons qu'on plac.-
ou, ce qui revient au même, par 4320, ce qui une somme de 1400 fr. à intérêts composés, ait
donne 110. L'inconnue a donc pour valeur 11U
jours. taux de 5 pour 900. Puisque l'intérêt de 100 fr. en
Supposons, en second lieu, qu'un certain capital un an estproduits de 5 fr., et que le capital s'augmente de
intérêts
ait produit 19 fr. 2~ au bout de 120 jours, au taux mitif de 100 fr. devient pendant l'année, un capital pri-
de p. 100, et qu'on demande ce capital. On an bout d'une année 1~5 fr
multipliera 19 fr. 20 par 36000, ce qui donne 1 fr., dans la même circonstance, deviendrait –– '10.'r
'691 200 fr. puis on divisera par 120 et par 4.5, ou,
ce qui revient au même, par 540, ce qui donnera ou 1 fr. 05obtient et )400 fr. deviendront 1400'x t,05.
1280 fr. pour le capital demande. Ainsi, on le capital définitif au bout d'une
4. Comme application de ce qui précède, nous année en multipliant le capital primitif par t,OA.
traiterons une question qui se rencontre dans les Au bout de la seconde année, la quantité HO)!'
transactions commerciales, et qui est connue sous X 1,05 sera encore multipliée par 1,05, ce qui don-
le nom d'échéance commune. nera 1400'X (1,05)2. Au bout de latroisiemeanné'!
Une personne a souscrit au profit d'une autre on trouvera 1400' X (1,05)3. Et, en continuant ainsi,
trois billets l'un de 540 fr. payable dans 90 jours, on voit que le capital définitif au bout de n année
le second de 450 fr. payable dans. HO jours, le sera 1400f X (1,05)". On voit que, pour oA<emt)' le
troisième de 370 fr. payable dans 180 jours et elle capital definitif, il faut multiplier le capital pri-
propose de les remplacer par un billet unique, mitif par l'unité plus /< centieme du taux élevé M
énonçant la somme totale, et produisant le même une puissance marquée par le nombre des années.
intérêt la question est de savoir quelle échéance Plus généralement soit a le capital primitifet t
il faudra fixer. Remarquons d'abord que la somme le taux. Au bout d'un an, un capital de 100 fr. de-
totale est 1360 fr. La somme désintérêts, en dési- vient 100' + t; 1 franc, au bout du même temps,
gnant par t le taux, sera d'après la règle d'intérêt 100' + t
devient –.–––Ott 1' -+-–t'
om )t +f,
ou -f-r, en désignant
en désignant
540'. ~.90 450'. ~.lt0 370r. t.180
36 000 + + par r le centième du taux; le capital a devient donc
~tiUOU 36UOU a (t -)- r). Au bout de la seconde année, ce résultat
doit encore être multiplié par 1 +
r, ce qui donne
Cette somme peut s'écrire a (1 + f)~. Au bout de trois ans on obtient a (1 + f)~.
Et au bout de n années, le capital définitif A est
(.4n.90+450.)10+370.tf;0)>«
t 164700. t donné par la formule
;tnuut) ou gSOiX)

D'un autre côté, si nous désignons par H le


A = a (1 + (1)

nombre de jours cherché, la somme de 1360 fr. qui revient à l'énojicé ci-dessus.
produirait un intérêt marqué par En appliquant le! logarithmes a cette formule,
on obtient
1:!60'M
n
36 UUO
log A = log a + M log (1 + r) (2)

Ces deux expressions de l'intérêt total devant c'est-à-direque, pour o&<e?Mt-Wo~ar!'MMe du ca-
être les mêmes, on doit avoir pital dg/!K~t/ il faut, au /oya)'~AtKe du capital
pWMM<t' ajouter n fois le <a<~<t''t~Ame de <'M);Mp<M
164700=1360.?!
n /e centième du taux.
d'où résulte Soit par exemple
a=tt:00', n=13, et 4~)etauï, d'où r=0,045 d'où:
A==:l:6',63
on aura:
A = 12(M'(t,045~ 2. l'aide de la formule (2). dans laquelle on
A
d'où: suppose a = 1, on forme aisément le tableau des
capitaux définitifs eorreapondant aux taux tes plus
log A = log t2<M' + 13 log ft,045)
+13X0,0191163 = 3,079t8i: usités, et à divers nombres d'années depuis 1 jus-
qu'à 21. Pour toute autre valeur de a on n'aura
ou qu'a multiplier les nombres de la table par la va
log A = 3,3216931 lenr a du capital définitif. Voici ce tableau

~MËES 3 si/s 4 <i/t S i;t/2 6

1 1,030000 ,035000 1,040000 t,04&000 1,050000 t,055000 1.060000


2 1,060900 1,071225 !,08)600 1,092025 1,102500 1.113055 1,123600
3 1,092727 1,108717 1,124864 ,141166 ,157625 t,H4:t! t.191016
4 ),t25509 1,147522 t,t69858 1,192518 ,:t5506 ~,M88M ~MMU
5 1,159213 1,187685 l,!t6652 ,46)82 ,Ï'!6'!8t t,306960 1,338226
6 ,t9M52 ,:29M4 t,:65318 1,302260 ,340095 t,3'!8843 1,418520
t ,229873 t,2'!2278 l,3t5930 1,360862 .MTtOO 1,454679 ),M363t
8 1,266769 t.316808 ),368M8 1,422101 1,477455 <,534687 t,593849
9 .304772 t,36:896 1,423310 .486095 1,551328 t,6)9096 ),689480
10 ,3439)6 1,410597 1,480243 ,552969 ,628894 ),708t46 1,790845
H 1,384233 t,45996S ),5394&2 ,62:853 1,710339 1,802094 1,898300
12 1,425760 1,511066 1,601029 1,695882 ,795856 1,901209 2,012t98
13 ,468532 1,563954 1,665072 .77219G .885649 2,005776 2,132930
14 .512588 1,618692 1,731674 .85)946 1,979931 2,116094 2,260906
15 ,557966 ,675346 1,800941 1,935283 2,078928 2,232479 ?,396561
)6 1,604706 1,733983 1,872979 2,OX!370 2,182875 2,355266 2,540355
17 .652846 1,794672 1,947897 2.113377 2,292018 2,484806 2,692776
18 1,702431 ,857485 2,025813 2,208)79 2,406619 2,621470 2,854343
19 1,753504 1,922497 2,106845 2,307861 2,526950 :,76S651 3,025604
20 1,806109 1,989784 2,191119 2,411715 2,653297 2,911763 3,201141
21 1,860293 2,059427 2,27876~ 2,520242 ~.785963 3.078240 3,399569

Si nous reprenons, par exemple, les hypothèses IogA=3,07918t2+t3XO,Ot9n63+0,OtM372


=
a 1200', t = 4 et 't = < 3, la table donnera pour
ce tMï et ce nombre d'années ],2)96; en mul- d'où
==3,3405303
tipliant ce nombre par 1200, on obtient 2126'63, A=.2t90',43
qui est le capital dénnitif trouYé plus haut.
8. Il peut arriver que la durée du placement soit 4. II peut se faire que l'inconnue du problème
se compose d'un certain nombre entier d'années cement. le capital primitif, le taux ou la durée du pla-
augmentéd'une fraction dans ce cas, on suppose La solution des deux premiers cas se tire
de la formule (2) qui donne
que le capital primitif a été place a intérêts com-
posés pendant le nombre entier d'années, et que tog « = log A – n log (1 + r) (5)
la somme produite est restée placée a intérêt sim-
ple pendant la fraction d'année. La somme pro- et
duite an bout de n années étant toujours a (t + r)° log(t+.)=~~
a (6)
produira, a intérêt simple, pendant une fraction n
k d'année, un capital définitif représenté par Lorsque c'est la durée du placement qui est in-
A=a(l+r)'()+A~ connue, la même formule donne
(3)
En appliquant les logarithmes à cette formule, ~!ogA-I.g~a (7)
on obtient: log(t+~
togA = log a + log ()+).)+t )og () -)- &r) (4) Mais si la valeur trouvée pour n est fraction-
naire, et que m représente sa partie entière, il con-
Si, par exemple, on a viendra d'employer la formule (4) en y remplaçant
<t=12CO', M==)3, t=~t n par m. On en tirera alors:
r =0,045 et
ar (t A Ft
on aura + r)"
log A= log t:00 -)- 13 log (t,045) + log (t,03)
d'où ce qui fera connaître la fraction d'année à ajouter
au nombre entier m.
Supposons, par exemple, que l'on cherche le ions de l'énoncé seront exprimées par les équa-
temps nécessairepour qu'un capital placé à 5 p. 100 tions
<-t à intérêts composés
soit doublé il faudra faire 3600' (1 r)'" + 2400 (1 + f')'" = 8?4'44
+ ~-)"'+
2 a, et f=5. La formule (7) donne alors 3600 (1 +
A
(8) =0 2028 ==
la
2400t (1 + = 9089',42
m = t4 et la formule Posant
durée cherchée est donc 14 ans,
13 jours. A 4 pour tOO, on trouverait
mois et
de même
z=(t+~ et y=(l+f')"
15 ans, 8 mois et 27 jours. il viendra, en divisant par 100
5. Dans les questions relatives au Crédit fon- 87,4744 et 24.E + 36y = 90,8942
c:'e)' les intérêts, au lieu de se capitaliser par 36x + 24y
années, se capitalisent par semestres. En raison- On en tire, par les méthodes connues (V. ~Mtt
nant comme on a fait pour établir la formule (1), tions)
on trouve qu'il faut y remplacer r par 1, r, et le
nombre n d'années par le nombre s de semestres, x = 1,6288940 et y = 1,3439165
ce qui donne d'où l'on déduit, à l'aide de la table ci-dessus
A = a (1 + '')" (9)
Soit, par exemple, r=0,0.! et t'=0.05
a ==10 000', f= 0,045 et ~==n; Les deux taux demandés sont donc 3 p. 100 et
5 p. 100.
on aura III. Une somme a été placée pendant un cer-
A=10000'(l,02!5)" tain nombre d'années à :'M<<'?'~ compo~ en capi-
talisant les intérêts par ïe<KM<t-C; à quel taux au-
ce qui donne rait-il fallu placer la m~me ~ommc penefo~ le même
A=t459ï',43. temps pour obtenir le rn~Me capital cléfinilif,si les
été capitalisés par CMt!~ ?
Si les intérêts se capitalisaient par trimestres, la M<e)'~ avaient
formule à employer serait Soit a le capital primitif, r le taux connu et x le
taux cherché, n étant le nombre d'années du place-
A=a(l+~ (10) ment on devra avoir:

en désignant par T le nombre de trimestres com-


<!(t+~'=a(l+-~
posant la durée du placement. d'où, en divisant par a et extrayant la racine d'or-
On peut se proposer sur tes intérêts com-
6.
posés un grand nombre de problèmes divers; nous
nous contenterons d'en donnerquelques
L
exemples.
Une somme de 60 000 /r. a été ~~ac~e à in-
dre
d'où
K

.E =
1 +

(1
=
+ ~)<
(1 -r-
1 = f+If
~)'e<! c<M:)MM~ pendant un certain nombre d'an-
nées. Si elle était restée placée un nn de moins, le
Si, par exemple, on a r= 0,04, on trouvera
capital définitif eût été !?!eM?- de 3996/'r. 12;
T == 0,0404
si, au contraire, eMe était restée placée un an de
c'est-à-dire que le taux serait 4 fr. i.
fH. Sonnet.]
[H.
0
plus, le capital définitif eût été ~Mp~CM)' de INTESTINS. –
ÏNTESTmS. V. Digestion.
Û:OM<MM.
4J56 02. OK demande le taux de ~M~~f et la tNTERJECTXM. – Grammaire, XVIII. L'in
dM~'ef du placement. te)'ec~oyt est un cri, une exclamation qui exprime
ait+'-)'- et a () +f)"-test
conditions du problème sont
a +~)"
Remarquons d'abord que la différence entre
donc exprimées
les mouvements subits de l'âme a/)/ oh! fi!
Les
hélas!
par
Interjection vient du latin Mter/ee~o, propre-
les équations: ment action de jeter au milieu (de la phrase).
60000' (t + f)–t.r= 3996~,12 C'est une sorte de cri jeté au milieu des autres
et: mots. D'après cette définition, on comprend que
60000' (1 + f)' r = 4156',02 les véritables interjections sont simplement nos
voyelles a, e, o, u, aspirées ou redoublées, sous
En les divisant membre à membre, on en tire les formes ah, ha, Af, hihi, oh, hue, etc. Elles
n'ont en général sous cette forme aucun sens
1 + r = 0,04 particulier; leur signification très vague dépend
du sentiment qu'il s'agit d'exprimer, et de lac-
Au moyen de cette valeur, la seconde des deux cent
équations devient: avec lequel elles sont prononcées.
Les principales interjections sont
60000' (t,04)' 0,04 4156,02 Pour exprimer la joie Ah! bon
ou la douleur ~:e/ ah! AeMst
4156,02 la crainte hé! ho!
=~6u000x 0,04 l'admiration: ~A/eA/o/t/
Fi!
l'aversion
d'où l'on tire par logarithmes n = 14. Pour encourager Sus!
II. On a deux sommes, l'une de 2400 fr., Pour appeler Holà! hé!
l'autre de 3600 /f. à placer, pendant 10 ans, à
deux taux différents et à tK~eh composés. Si Il faut ajouter à cette liste un grand nombre de
fo?: place la p<MS petite au taux le plus élevé et la mots qui s emploient accidentellement comme in-
tels peste, miséricorde, allons,
plus grande au taux le plus bas, OM obtiendra un terjections, que
capital définitif de 8747 44. Si, au contraire, on courage, ~)-Mf, etc.
place la plus petite somme au taux le plus bas et Les interjections sont formées soit à l'aide de
la plus grande au taux leplus élevé, on ~aynera noms (paix! allons! courage! patience!); soit à l'aide de
à celte combinaison 341 /'< 97. On demande à quels verbes (soit! SM/~</J; soit par de simples
taux les deux sommes doivent ~rep~c~M. exclamations (ah! oh! etc.).
Si r et f' désignent rintérêt annuel de 1 fr. Si nous laissons de côté les locutions telles que
correspondant à chacun des deux taux, les condi- p<K.t/ courage! soit! etc., qui sont plutôt des
propositions elliptiques (pnur /<<e< paix, prenez Lolive. Ah monsieur, demandez-le aux voisins
courage) que des interjections proprement dites, qui m'ont vu passer.
il nous restera peu de chose à dire des interjec- M. G'~eAerof. Lui a<~tn denné t'afoine?
tions. Deux seutement,.hélas et dame, coceMitent ~/tt;e. Oui, monsieur, Gtullaume y était pré-
quelques explications. sent.
~M~7 que nos aïeux écrivaient en deux mot* M. GftcAa'Mais tu n'as pointportéces bouteilles
las est composé de l'interjection hé et de l'ad- de quinquina ou je t'ai dit?
jectlf las, qui signifiait malheureux dans notre Lolive. Pardonnez-moi, monsieur, et j'ai rap-
vieille langue. On disNt.auxin'aiè~e "~Cette mère porté les vides.
est lasse de la mort de son fils; Hé las
suis Ce n'est qu'au xv' eiècle que les deux
que je ~f. GtTcAar~. Et mes lettres, les as-tu portées à la
poste. hein?2
mots se soudèrent et qu'hélas devint inséparable. Lolive. Peste moneienr, je n'ai eu garde d'y
En même temps las perdait son 6nergle primi- manquer.
tive et passait du sens de douleur à celui de fa- M. Grichard. Je t'ai défendu cent fois de racler
tigue, comme cela est arrivé pour les mots gêne ton maudit violon; cependant j'ai ~nte~du ce ma-
et eKMW qui signifiaient à l'origine tourment et
Aattte.
tin. Lolive. Ce matin ? Ne vous souvient-il pas que
L'interjectiondame (qu'il ne faut pas confondre vous me le mites hier en mille pièces ?
avec le substantif féminin dame) est l'abréviation de M. Gt'tcAorff. Je gagerais que ces deux voies de
Dame-Dieu, exclamation de l'ancien français, qui bois sont encore.
signifie Seigneur-Dieu! (Domine-Deus.) 0n trouve Zo/tce. Elles sont logées, monsieur. Vraiment,
à chaque page dans les textes du moyen âge Que depuis cela, j'ai aidé Guillaume à mettre dans le
Dmne-fMeM nous aide o Dome-MfM, et simple- grenier une charretée de foin, j'ai arrosé tous les
ment dame, s'employait comme interjection et arbres du jardin, j'ai nettoyé les allées, j'ai bechoé
l'exclamation Ah! dame, qui pour nous a perdu trois planches, et j achevais l'autre quand vous av ez
aujourd'huitoute signineation, revientà dire Ah frappé.
~ei~MeMf. Nous retrouvons encore ce mot dame M. Gr:cAat'd. Oh 1 il faut que je chasse ce co-
dans les noms géographiques Dammartin, Dam- quia-là; jamais valet ne m'a fait enrager comme ce-
pierre, etc., qui signifient le tire Martin, le sire lui-ci il me ferait mourir de chagrin. Hors d'ici!1
Pierre. (BRUEYS.)
Les termes employés dans le Itmgage familier et 2* Dicter ou écrire au tableau le même morceau
dans le style comique, tels que corbleu, diantre, en remplaçant.les interjections par des tirets; les
~a~nf, tKor& etc., ne sont que des jurements et élevés mettront les interjections convenables.
des Maspbemes aujourd'hui déngurés. Corbleu est 3* Dicter ou écrire au tableau le même morceau
pour corpa de Dieu; diantre pour d!'aMe;/afnt ou et faire <tp!iquer ami élèves le sens et l'origine de
jarnidieu pour je renie Dieu, etc. chaque interjection. [J. DutMuchet.]
Modèles d'exercicea. – 1° Lire aux élevés MVAStONS. – Histetre générale, XXXIX-XL
<e morceau suivant en leur faisant remarquer les Histoire de France, XXXVtU-XL. – Le nom d't~-
interjections. vasion pourrait s'appliquer à teat eavahissement
LE GRONDECR. d'un pays par une armée étrangère mais on le
réserve d'ordinaire,en histoire,à rentrée en masse
if. Grichard. Bourreau! me feras-tu toujours d'un peuple encore barbare sur le territoire dun
frapper deux heures à la porte y peuple plue civilisé. En outre, abstraction faite
Zo<toe. Mensieur, je travaillais au jardin; au du degré relatif de civilisation des peuples en
premier coup de marteau, j'ai couru si vite que je jeu, une même nation appellera velentiers guerret
suis tombé en chemin. d'invasion celles où son propre territoire a été
M. Grichard. Je voudrais que tu te fusses rompu envahi, et guerres de <fM<M~f, campagnes, expé-
le cou. double chien que ne laisses-tu la porte ou- ditions, celles e& elle a joué eUe-meme le rôle
vette?.? d'envahisseur.Ainsi, dans l'histoire de France, on
to~tce. Hé monsieur, vous me grondâtes hier parle de la eoMpa~Me d'Egypte en 1798, de la cam-
à cause qu'elle l'était, quand elle est ouverte, vous pagne de Russie en 1812, et de l'invasion des
vous fâchez; quand elle est fermée, vous vous fâ- alliés en 1814. Les peuples latins désignent sous
chez aussi je ne sais plus comment faire. le nom d'invasion des &<t''6are~ la prise de posses-
if. Gfte&ard. Comment faire? comment faire ? in- sion de l'empire romain par les hordes germani-
ftme! ques, tandis qu'en Allemagne cet événement s'ap-
Lolive. Oh et, monsieur, quand vous serez pelle la grande Mt9fa<teMdes peuples.
sorti, voulez-vous que je laisse la porte ouverte ? Les principales invasions que mentionne l'his-
M. Grichard. Non 1 toire mnverseHe <ont, par ordre chronologique
ZoHt)e. Voulez-vous que je la tienne fermée?
M. Grichard. Non.
L'invasion des ~M<M ou Hyk-shos ( rois pas-
teurs ") en Egypte, vers le vingt-troisième siècle
Lolive. Si faut-il, monsieur. avant notre ère (V. E~/ofe, p. 652)
M. GrtcAo'd. Encore! Tu raisonneras, ivrogne? L'invasion des Scythes ou Awi~We~M dans
Lolive. Morbleu j'enrage d'avoir raison.
M. Grichard. Te tairas-tuT
l'Asie occidental,de 694 à 627
Perse);
(V.te, Médie,
Lolive. Monsieur, je [me ferais hacher. Il faut Les diverses invasions des Gaulois Italie, en
qu'une porte soit ouverte ou fermée choisissez, Grèce, en Asie-Mineure (V. Gaule, p. en 848)
comment la voulez-vous? Celle des Cimbres et des t et<<o?M, a la fin dn se-
Je
JM. Grichard- Je te l'ai dit mille fois, coquin la cand siècle avant notre ère (V. Rome);
veux.je
valet à
la. Mais voyez ce maraud-là Est-ce à
venir
La grande tnoaston des Barbares, anx quatrième
faire des questions ? Si je te et cinquième siècles (V. Ba)'6arM et Rome)
un me
prends, traître je te montrerai bien comment je la L'invasion ara&e, aux septième et huitième siè-
~reux. As-tu balayé l'escalier? cles (Y. drabes et Khalifes)
~o/!tx. Oui, monsieur, depuis le haut jusqu'en L'invasion normande ou scandinave, en Angle-
cas. terre, en France, en Italie, à partir du septième
M. Grichard. Et la cour? siècle jusqu'au milieu du onzième (V. Normands
Lo~tw. Si vous y trouvez ordure comme cela, et Scandinaves);
veux perdre mes gages. Les deux invasions des Mongols sous Gengis-
M. Grichard. Tu n'as pas fait boire la mule? Khan et ses successeurs, au treizième siècle, et
sous Tamerlan, à la fin du quatorzième siècle ingénieurs.Rarcmentlesinventions sontimagincet
(V. J~omyo~). de toutes pièces; elles sont le plus souvent de
tNVËNTtON. – V. CoMpOSt<M' simples Modincatieus aux procédés en vogue, aux-
INVENTIONS. Histoire générale, XXXVII. quels on donne des applications inédites, et que l'on
On demandait à Newton comment il était arrivé simplifieou l'oncomplique pour de nouveauxusages.
à formuler la grande loi de la gravitation qui ré- On a remarqué qu'il y a des époques plus fé-
Ainsi,
git notre globe, notre système solaire, l'univers en- condes en inventions que les autres. notre
tier ? a En y pensant, répondit-il avec une no- génération et celles qui l'ontEncyclopédie, Dréeédé<, à partir de
ble simplicité. Ce mot, qui donne le secret de la plus la publication de la grande ont fait
superbe découverte peut-être qu'ait faite notre es- déjà une œuvre immense, et, sans exagération au-
pèce, s'applique également à la plupart, sinon à la cune, sont en train de renouveler la face du monde.
totalité des inventions non pas que tontes soient le Il est facile de s'expliquer l'intermittence de ces
produitd'une longue réflexion,soientane déduction époques de transformation, qui sont le contre-coup
logiquement poursuivie de faits et de principes des impulsions religieuses et philosophiques, mo-
déjà connus ces découvertes par la voie théori- rales et scientifiques se produisant de période en
que sont beaucoup plus rares que celles que l'on période. Quand une idée, quand une théorie gé-
doit au hasard, comme on dit mais le hasard n'a
a nérale est lancée dans le monde, les intelligences
jamais rien montré aux hommes inintelligents; pour éveillées la transportent chacune dans la sphère
transformer l'accident en acquisition durable, il a d'activité qui lui est propre, l'y établissent, l'y dé-
toujours fallu qu'un esprit avisé analysât, raisonnât veloppent, l'y maintiennent, jusque ce qu'une
le pourquoi, le comment, dégageât le principe géné- conception nouvelle amène d'autres changements.
rai du fait particulier. L'histoire des inventions et La série de ces révolutions partielles dans le temps
des découvertes n'est autre que l'histoire de la et dans l'espace n'est autre que la grande évolu-
pensée s'appliquant à mieux connaître la consti- tion de l'humanité. Les idées ont aussi leur évo-
tution de l'univers en son ensemble et dans ses lution partielle; comme les plantes, elles germent,
détails, par l'emploi des connaissancesacquises, par frondoient, fleurissent, fructifient, et leur semence
la meilleure adaptation de l'homme à son milieu, reproduit des sujets similaires, mais cependant
et du milieu à l'homme. A mesure que cette distincts et nouveaux. Voilà pourquoi des inven-
adaptation s'accomplit, l'hommeprogresseetse per- tions analogues surgissent, à peu près au même
fectionne, il se modifie lui-même à mesure qu'il instant, dans plusieurs cervelles, et l'inventeur
transforme la nature ambiante. Dans nos pays ci- qui tarde trop à publier sa découverte s'en voit
vilisés, ces changements qti se poursuivent depuis dépouiller l'honneur par un rival plus pressé. Cette
qu'il y a une histoire, et qui avaient commencé remarque a donné lieu au paradoxe que les in-
longtemps auparavant, ont agi d'une manière déjà venteurs ne trouvaient pas leur invention, mais
puissante sur la constitution chimique du sol, sur que l'invention allait trouver son inventeur. La
le régime hydrographique, sur le climat. L'homme, vérité est que les idées nouvelles viennent en
qui a bouleversé le pays qu'il habite, avait com- leur temps, parce qu'elles sont la production des
mencé, la langue le dit eUe-mome, par être un sau- idées antérieures, le résultat des développements
vage, unebête fauve, certainementla plus féroce de de la science.
toutes. Il n'avait à l'origine que des besoins tout à Ce serait s'engager dans un dédale que de vou-
rait restreints, les seuls, d'ailleurs, qu'il pût satis- loir énumérer les inventions qui ont été faites de-
faire. Nos désirs portant tous sur quelque diminu- puis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours;
tion de peine, de fatigue et de temps, tendent, par un volume, des volumes n'y suffiraient pas sans
conséquent, à une augmentation de force, de res- parler de l'impossibilité matérielle de fournir des
sources et de loisirs, à un accroissement de vie, à une dates authentiques, des renseignements certains
augmentation quantitative et qualitative dans la va- sur plusieurs d'entre elles qui ne sont pas des moins
leurde l'homme.Notre existence est tout autrement importantes. L'histoire des inventions est une
mobile, féconde en impressions variées et en senti- science par elle-même. Précise en ce qui touche
ments profonds que celle de nos premiers ancê- aux temps modernes, elle est vague pour le moyen
tres. Il est vrai que nous employons notre puis- âge, incertaine pour l'antiquité, obscure pour les
sance accrue, notre intelligence mieux armée à temps préhistoriques. S on étude ne date que d'hier,
former de nouveau! souhaits plus vastes qui pro- et n'aurait pu être abordée utilement avant les
voqueront des efforts plus puissants, des réalisa- travaux de nos derniers géologues. Nous indique~
tions plus considérables. Notre puissance aug- rons les lignes principales de cette histoire aussi
mente et aussi nos inquiétudes, et le désir tou- exactement que le permettent nos connaissances
jours inassouvi du mieux, et encore du mieux, qui actuelles; nous en tenant principalement à la
n'est l'ennemi du bien que par exception, quoi- genèse même, à la filiation des inventions, et à
qu'on dise le proverbe. leurs relations mutuelles. Nous renvoyons aux ar-
C'est le moment de rappeler la distinction qu'on ticles spéciaux du Dictionnaire pour les détails
a faite depuis longtemps entre les inventions et relatifs aux inventions les plus importantes, telles
les découvertes. Les découvertes sont plus spé- que l'imprimerie, la boussole, la poudre à canon,
cialement la simple constatation de faits, de lois, la machine à vapeur, le <~yap~e,etc.
ou de principes inconnus jusque-là, en histoire, La classification la plus simple et la plus prati-
en géographie, dans les sciences en général. Les que nous parait être celle des inventions: 1° par
inventions impliquent le plus souvent une mise au leur objet, ou par les besoins auxquels elles doi-
point nouvelle, une transformation, une adaptation vent satisfaire, 2° par les moteurs ou par la nature
de la part de l'homme. Ainsi, la découverte des de la force qu'elles emploient.
propriétésmerveilleuses de la pierre'aimantéeren- L La nécessité est la mère des inventions, dit
dit possible l'invention de la boussole, qui permit un proverbedont l'expérience journalière prouve la
aux navigateurs de perdre les côtes de vue, de se justesse. N'était le besoin qui nous presse, nom
lancer dans la haute mer, et de mettre le cap vers nous endormirions dans la jouissance et dans l'oi-
des contrées encore inconnues. Les découvertes de siveté. Il est certain que la même cause qui au-
nos physiciens et de nos chimistes donnent aux jourd'hui nous fait perfectionner les découvertes
industriels et aux mécaniciens le moyen de faire antérieures les a inspirées sous une forme
une multitude d'inventions dans le domaine pra- barbare dans les temps primitifs. Les besoins
tique les découvertes de nos mathématiciens, les plus urgents sont les plus efficaces à réveiller
les hautes analyses de nos géomètres sont mises à l'intelligence engourdie. Les besoins moindres ne
proBtde mille et mille manières par les opticiens et se font sentir que lorsque ceux de premier ordre
sont déjà satisfaits. Nul mobile n'a été plus puis- cédés mécaniques dont on ignorait jusque-là l'ori
sant que la faim a créer des ressources nouvelles, gine tarière, vilebrequin, baratte, archet, mortier
et à modifier peu à peu l'ordrede choses précédem- et pilon, etc. La meule antique dans laquelle on
ment étaNi. L'homme, un omnivore, a commencé broyait )e grain est un de ces appareil dérivés.
par demanderà la chasse la presque totalité de sa Sur la meule gisante, qui restait Immobile,tournait
subsistance. H tuait pour manger. Ses armes ont la meule roulante emmanchée sur un axe. L'allu-
pu à l'origine n'être que celles du gorille et de mette chimique devait faire tomber ces procédés
l'orang-outang tantôt une pierre, tantôt une divers en rapide désuétude. Les trois choses que
massue dans ses poings robustes. Ce fut une véri- le monde sauvage envie te plus à notre civilisation
table inspiration de génie quand il emmancha sa sont l'allumette ou bâtonnet à feu, l'eau de feu,
pierre au bout d'un bâton fourchu, se faisant ainsi l'arme à feu.
un instrument qui fut le premier casse-tête, le Le feu ayant été ainsi obtenu à t~and'peine, il
premier marteau, la première hache, la première fallait le conserver. H est telle peuplade nomade
tance, le premier épieu, le premierjavelot, le pre- chez laquelle tes femmes portent au moindre de
mier hoyau. D'abord, it avait pris ces pierres pour leurs voyages un tison qu'elles ravivent fréquem-
'faire poids it fut amené à tes prendre pour leur ment en le faisant tournoyer dans l'air. Les tribus
dnreté. ensuite pour leur tranchant; it en vint à mieux assises entretiennent des foyers constam-
tailler tes silex qui devaient lui donner toutes sortes ment allumés autour desquels se rassemblent les
d'instruments l'un après l'autre couteaux, poi- chefs et les guerriers. Ces prytanées sont les sanc-
gnards, épingles, aiguilles, grattoirs, râctoirs, tuaires nationaux d'où les colonies emportent de
times et scies, pointes aiguës et barbetées de plu- précieux brandons dans leurs nouvelles demeures,
sieurs modètes.De ces pointes remplaçant les os où les chefs de famille vont au nouvel an prendre
et tes arêtes de poissons, il arma les ûèches qu'il des charbons pour allumer leur foyer domestique.
venait d'inventer après avoir reconnu l'élasticité C'est ainsi que nous voyons le feu à l'origine des
de certains bois et les profits qu'on en pouvait institutions nationales et familiales. Tant est vraie
tirer en courbant une branche, en la sous-tendant la légende des Grecs, d'après laquelle Prométhée
de boyaux tordus. Plus tard. il se mit à polir les ou Vulcain aurait été le créateur de l'homme
pierres les plus dures, du grain le plus fin, le plus d'autres termes, c'est au feu et à tout ce qu'ilena
serré, et même à les percer, à les forer. On trouva produit et amené que notre humanité, celle des
des minerais plus durs, plus résistants et plus civilisés ou demi-civitisés, doit son existence.
lourds que la pierre; par exemple le cuivre natif Jusque-là, on avait mangé cru; dorénavant, les
dont on flt des armes redoutables. viandes furent rôties où bouillies; fréquemment
En taillant les silex, en les frappant l'un contre on torréna le grain avant de le passer à la meule.
l'autre, on avait vu des étincellesjaillir, et l'on de- On inventa le procédé pour la fabrication du pain,
vina que cette étincelle est de même nature que on découvrit les propriétés des levains on eut do
l'éclair qui sillonne la nuée ça et là ces étincelles pain levé, des boissons fermentées.
avaient fait jaillir la flamme aux entours, ce qui ne L'art culinaire prit alors naissance. Les premiers
manqua pas de remplir l'homme d'effroi. Combien vases avaient été des coquilles, des gourdes, de
de siècles, combien d'Ages se passèrent avant qu'il grosses noix, et autres fruits creux et desséchés,
se soit familiarisé avec les feux de la foudre, des des pailles et des roseaux étroitement tressés.
cratères, des sources de gaz, de naphte, de pétrole, Bientôt, on tira parti de la plasticité et de l'im-
avec les divers usages de l'eau qui sourdait des perméabilité de l'argile pour en enduire les roseaux
fontaines thermales dans les pays volcaniques? tressés qui servaient de parois aux premières
C'est ce qu'il est encore impossible de dire. Enfin huttes, qui formaient les premièrescorbetitesqu'on
se fit la découverte des découvertes, l'invention transforma ainsi en cruches, et qu'on songea plus
des inventions. L'homme se rendit compte des ma- tard à durcir en les brûlant. Nos collections ont
tières qui sont plus facilement combustibles que encore quelques débris de anciens brocs, dans
les autres, il les disposa habilement dans le voisi- lesquels des joncs et des ces carex, enco e engagés
nage des cailloux qu'il heurtait et dont il tirait des dans la pâte, nous font surprendre les secrets de
étincelles ce fut le briquet. Il fit bien plus. A dé- la fabrication primitive. Telles furent les origines
faut de pyrites, il frotta des morceaux de bois sec de la céramique, art humble et bien modeste à ses
les uns contre lès autres, fit tourner rapidement débuts, mais qui a rendu à notre espèce d'incalcu-
la pointe d'un bois dur dans le trou d'un bois mou. lables services donnant à peu de frais une matière'
Au prix d'efforts énergiques, habiles et persévé- qui se prêtait sans effort à toutes les fantaisies des
rants, que nous avons encore l'occasion d admirer doigts qui la pétrissent, et remplaçait en une foule
chez plusieurs peuplades contemporaines, on de circonstances le bois, la pierre et les métaux.
voyaitle bois s'échauffer peu à peu, se charbonner, Les vases de toute espèce restèrent généralement
une fumée s'élever; au milieu de la tache noire lourds et irréguliers tant qu'on n'eut pas trouvé la
apparaissait un point rouge, première lueur qui avec laquelle l'art du potier entra dans la
btentot gagnait en étendue et en intensité; encore roue, période artistique. Ce n'est pas tout: avec l'argile
un moment, le bois craquait et la flamme surgissait on construisit des fourneaux qui concentraient la
vive et vermeille. Seul de tous les êtres animés, chaleur à un degré que les foyers ordinaires n'eus-
l'homme a conquis le feu, seul it sait l'entretenir. sent jamais pu atteindre; et dans fourneaux;
Nous sommes en droit de dire qu'au point de vue on obtint la fusion des substancesces jusque-lit ré-
pratique, c'est l'usage du feu qui met une ligne de fractaires, qui livrèrent des vernis, des verres, des
démarcation aussi nette et tranchée entre l'homme faïences, auxquelles les Chinois ajoutèrent la por-
et la bête qu'il est possible de le désirer. Ceux cotaine. Ils permirent de procéder à la fusion des
qui ont fait du sujet une étude spéciale n'hésitent minerais: on obtint à l'état pur des métaux tet~-
pas aafnrmer que s'il était vrai, comme quelques- que le plomb, t'étain, le cuivre, l'argent, l'or; et
uns prétendent,sans raison suffisante, nous semble- enfin les alliages déterminés, tels que le laiton, le
t-il, qu'il existe, ou qu'ilil existait tout récemment bronze, vrai métal précieux. La facilité de les obte-
encore, des hordes assez arriérées pour ignorer nir, non pas seulement en lingots, mais aussi en
l'usage du feu, ces hordes n'auraient eu d'humain lames minces, flexibles, malléables, élastiques,
que la figure. M. Tyler, le savant auteur de la susceptibles d'un beau poli, et relativement très.
Civilisation primitive, a recherché tes diverses légères, les fit rechercher pour l'ornementation.
manières employées par tes sauvages pour faire Les premiers guerriers étaient jaloux, plus encore
le feu et montré qu'elles ont pu, qu'elles,ont dû que tes femmes d'aujourd'hui, de se parer de-
donner naissance plusieurs instruments et pro- chaînes, de diadèmes, de bracelets, de cheviller.
de pectoraux, de torques et colliers, d'agrafes et vaillées jusqu'à ce que le lacis de fibres eût été
libules. L'absence bien constatée de tout oxyde de dépouillé de ses~-concrétions. Quelques-unes des
ter dans les fouilles où l'on trouve déjà de nom- étoffes ainsi préparées par les insulaires des mers
breux objets en bronze, a fait supposer que l'inven- du Sud peuvent rivaliser avec nos plus belles
tion du bronze a précédé d'un long temps l'inven- mousselines. C'est ainsi qu'on travailla le papyrus,
tion du fer, supposition que confirment certaines prototype de notre papier. C'est ainsi que nos
traditionsrelatées par les auteurs classiques. Ce- premiers livres furent écrits sur du liber, et nos
pendant, il se peut qu'on ait tout au moins exa- premiers « bouquins )) sur l'écorce du hêtre (en al-
géré la période qui s'est écoulée entre les deux lemand Buche) des forêts de la Germanie.
découvertes. M. de Mortillet explique la rareté Mais revenons aux claies qu'on fabriquait en
relative des objets de fer dans les tombes, par la entre-croisant les branches souples de saule ou
considération que ce métal, si facilement attaqué d'osier, les branches droites et flexibles de tout
par la rouille, devait être tenu en bien moindre autre arbre, les pailles et roseaux. Les plus
estime que le bronze et ne trouvait pas sa place lourdes et solides, accrochées à des pieux de
dans les cercueils des chefs, des riches et des puis- distancé en distance, formaient les toits et les pa-
sants, qui avaient seuls l'honneur de reposer dans rois les plus légères servaient de portes qu'on
des tumulus. Toujours est-il que le fer a été em- plaçait, déplaçait replaçait, à volonté; de plus pe-
ployé en Egypte, déjà du temps des premières dy- tits clayons, transportésavec la personne,servaient
nasties, et qu'on a même retrouvé dans la chambre de manteaux, de coiffures. On a remarqué que les
secrète d'une pyramide un morceau de fer qui couvre-chefs affectent eonvent une ressemblance
y avait été oublié. marquée avec le genre de toiture usitée dans le
On a lieu de croire que le fer a été inventé dans pays. Insensiblement,on étendit, on développa le
l'intérieur de l'Afrique, où se trouvent des minerais procédé dont il s'agit; on croisa des lanières de
le plus facilement réductibles, et où cette fabrica- peaux et de fourrures, qui s'enroulèrent étroite-
tion s'effectue par des procédés simples et bien en- ment autour des surfaces de plus en plus petites.
tendus qui se sont transmis de génération en géné- En rapprochant les mailles, on eut des tissus qui
ration. Les perfectionnements successifs apportés excluaient complètement l'eau, la lumière et même
au travail du fer et du bronze, des armes offensives l'air; en les écartant, on eut des Blets. Le tres-
et défensives, provoquèrent maint bouleversement, sage donna naissance à l'industrie du tricot, dont
mainte révolution dans l'histoire des empires, la mécanique vient de s'emparer. Le croisage des.
firent gagner mainte bataille, élever maint royaume fils est à l'origine de tous les systèmes de tisse-
sur les ruines d un autre royaume. Plus d'un his- randerie qui, transformés par le génie de Jacquart,
torien attribue les victoires des Romains à la su- ont pris un développement dont s'enorgueillit
périorité de leur épée, plus courte, mais mieux notre siècle. Toutes les ressources de la science
coupante et mieux trempée que celles qu'on leur ont été mises à la disposition du tissage et des
opposait. Parce que le fer a été le grand instrument filatures mécaniques, des teintureries et imprime-
de meurtre, n'oublions pas qu'il a fait le soc et le ries sur étoffes. Les lentes quenouilles, les fuseaux
contre, et que la charrue a nourri et fait vivre plus solitaires, dont nos anthropologuesretrouvent les
<)e millions d'hommes que la guerre n'en a tué. pesons dans les plus anciens palafittes, sont rem-
< "est au fer que nous sommes redevables de l'agri- placés dans nos fabriques par des milliers de
culture. broches mues simultanément par la vapeur et
La passion avec laquelle on se jeta sur la posses- avec une rapidité qui les rend invisibles. Les
sion des métaux précieux, surtout ceux qui avaient riches couleurs qu'on applique sur ces tissus
été travaillés et frappés en médailles à l'empreinte délicats, on ne les tire plus péniblement du suc
d'un dieu, d'un grand personnage ou d'un poten- de quelques fruits, de quelques bois, de quelques
tat, la facilité avec laquelle on échangeait ces herbes, d'insectes on de mollusques écrasés,
petites pièces contre des denrées et des marchan- cochenilles ou murex, mais des houilles qu'on
dises incomparablement plus lourdes et plus diffi- distille par tonnes. Comme nous sommes loin de
ciles à transporter, donna naissance au commerce, l'époque à laquelle les hommes, désireux de passer
au trafic de l'or et de l'argent monnayés. pour rouges, jaunes ou bleus, s'enduisaientd'ocre
La vanité personnelle autant que la nécessité de on de marne 1 Alors, ils s'ornaientde dessins, de re-
se protéger contre les morsures du froid et de la présentations variées de plantes et d'animaux, de
chaleur, les piqûres des insectes et des épines, marques indiquant le rang, le titre, la fonction,
firent recourir aux vêtures, qui d'abord furent très qu'ils étaient obligés de se graver sur la peau. Ces
succinctes des herbes, des feuillages, des couches ponctions, ces tatouages ont été, pensons-nous, la
de cette même argile dont on enduisait les parois première écriture. Puis la représentation directe des
des masures et des corbeilles à contenir l'eau. objets fit place à des figurations conventionnelles
Longtemps on convoita les dépouilles des ani- que, peu à peu, on abrégea jusqu'à les rendre
maux, brillantes écailles protectrices, toisons lé- méconnaissables mais grâce à l'habitude, grâce à
gères, chaudes fourrures, beaux plumages; mais la persistance des traditions, leur signification
le cuir sur lequel elles sont implantées se dessèche resta comprise; on écrivit en rébus. L'écriture
bientôt après la mort de l'animal, durcit et se rac- hiéroglyphique, se faisant de plus en plus cursive,
cornit, quand il ne pourrit pas. Avant de prendre donna naissance à nos alphabets.
possession de ces trésors convoités, il fallait in- De bonne heure, quelques dessins, des mots
venter les moyens de nettoyer le cuir, de lui magiques, des .mots de reproches, tes noms des
rendre sa souplesse sans- nuire à sa durabilité rois, des gouverneurs, des propriétaires, furent
ce qu'on fit par les procédés primitifs de tannage, gravés sur des cachets, coins et matrices, peur être
de mégisserie et de parcheminerie,qui, dans toutes ensuite reproduits sur l'argile molle, sur la cire,
leurs diversités, avaient cela de commun qu'ils sur les monnaies et médailles, sur des plaques de
étaient longs, fatigants et dispendieux. Un des métal, même sur le front des criminels. On multi-
premiers résultats de la chimie régénérée, presque pliait de la sorte les impressions et estampages.
créée par Lavoisier et par ses émules et disciples, Les Romains avaient laissé à Mayence, la ville où
fut d'opérer une révolution dans cette fabrication. naquit Gutenberg, de nombreuses tuiles avec des
Les écorces qui, conjointement aux peaux de mots y estampés. Les monastères bouddhistes dis-
b6tes, couvraient les toits des huttes, firent surgir tribuaient à foison aux pèlerins des prières et
une industrie parallèle à la tannerie. Certaines formules sacrées parfaitement imprimées sur du
écorces, qui s'y prêtent bien mieux que d'autres, papier et des étones. Les Chinois gravaient des
furent nettoyées, rouies, battues, triturées, tra- volumes entiers sur des planches de bois; en Eu-
rope, on fabriquait des cartes àjouer parles procé- d'eau dont une seule peut équivaloir au travail
dés dits xylographiques, avant qu~n eùtimaginéde utile de quelques milliers d'hommes. On parle
M servir des caractères mobiles, un pour chaque déjà d'utiliser la chute du Niagara comme on a
lettre. Cette simpliBcation,qu'on s'étonne presque utttisé celles du Rhône à Bellegarde, de la Sarma
de n'avoir pas vu se produire bien des siècles au- à Fribourg; d'utiliser la force énorme du flux et
paMvant, donna une impulsion puissante à l'esprit du reflux. Mais relatons ce qui est réalisé et non
humain. EUe généralisa l'instruction, la rendit pas ce qui pourra t'Être un jour.
accessible aux massée; une èM nouvelle com- La force du vent a été mise contribution pour
mença pour l'humanité. Aujourd'hui,,au moyen des la propulsion de nos navires à voiles et des ailes de
clichages au pHtre, au plomb, au carton-pâte, t la moulins, pour l'asseeheatantdos eaux. En divers en-
gatvanapiastie, on reprodtut MdéNnunent les ca- droits de la Chine, nous racontent tes voyageurs.
ractères d'impression. Lei matrices sont eties- le vent est utilisé pour la traction des brouet-
mêmes moulées et reproduites en autant d'exem- tes et des chars sur les grandes routes. L'air com-
plaires qu'on peut le désirer. primé a déjà aocompli l'œuvre immense des
L'indication des principaux moyens par lesquels percements du Mont Cents et du Gothard, et va
les hommes se sont efforcés de satisfaire lears be- bientôt aborder le Simplon. La scieace de l'aéros-
soins de toute nature est loin d'être complète. tation qui, à ses premiers débuts, excita un en-
Ainsi, noos n'avons encore rien dit des inventions thousiasmeImmense et bien légitime, n'est encore
qui ont été faites pour l'agrément purementintel- que dans la phase des études préliminaires, et il
lectuel et artistuma. On n'avait pas été sans re- ne paraît pas qu'on doive entrer de quelque temps
marquer que les boucliers frappés rendaient des encore dans la période des grandes réalisations. En
sons éclatants, et les calebasses vides des sons revanche, letéléphoneet le phonographe sont venuss
sourds. Dne peau fut tendue par hasard sur un pot récemmentnous éblouir par l'étalage de merveilles
de terre vide, et les tambourins et tarabankas se auxquelles nous Be nous attendions pas.
troufèrBnt inventes. Re bonne heure, on avait Les machines à vapeur .nous donnant la combi-
taillé des .roseaux en syriages on faisait montre naison de l'air, de l'eau et du feu comme moteurs.
de tibias humains accommodésen ûûtes. Avec une C'est par millions que se comptent maintenant les
outre pleine d'air, en manchéed'une de ces tllites, on chevaux-vapeurqui travaillentnuit et jour pour le
eut la cernemnse avec plusieurs flûtes combinant compte de l'homme, faisant tous les travaux les plus
leurs timbres divers, on eut l'orgue. On souf- rudes comme les plus délicats, mettant en œuvre
rait dans des cornes, dans des conques et grands des machines-outils, qui forent, percent, clouent.
coquillages, qui plus tard se transformèrent en liment, laminent, divisent ou assemblent, agrègent
trompettes retentissantes.Les archers avaient ob- et désagrègent, compriment, détendent, scient,
serve que, tandis que leur flèche partait en sifflant, même le fer, et rabotent, même l'acier, travail-
le boyau tordu qui leur servait de corde émettait lant nuit et jour, ne buvant que de l'eau, ne man-
des sons aigus ils eurent l'idée de tendre plusieurs geant que de la houille, devenue ainsi mille fois
de ces cordes sur une planche creuse ou sur une plus précieuse à l'humanité que l'or, dont, le cas
carapace de tortue, comme dit la légende et l'o- échéant, il serait facile de se passer, tandis que
reille se détecta désormais aux doux sons de la lyre toute notre industrie s'arrêterait incontinent si
et de la cithare. H leur prit la fantaisie de racler la houille venait à disparaltre soudain. Ce n'est
ces cordes tendues avec une autre corde tendue, pas ici le lieu d'entrer dans les divisions et sub-
celle de leur arc, et ils inventèrent le violon. Ils divisionsde cet immense sujet: machinesà vapeur
multiplièrent le nombre des cordes, les disposè- flxes ou locomobiles,à basse, a hautepression, ter-
rent suivant certaines grosseurs, certaines lon- restres, ûuviales, steamers à aubes, à héli-
gueurs, et ils obtinrent la harpe, maîtresse de ces, etc. La vapeur a révolutionné l'industrie et
plusieurs octaves. La harpe donna naissance à l'é- la locomotion; eUe.tate déjà l'agriculture sur plu-
,pinette, au clavecin, au piano moderne. sieurs points, et en plusieurs endroits elle ne
II. En classant par groupes la majorité des prin- manquera pas de la transformerprofondément dans
cipales inventions,en indiquantleur connexité, leur un avenir plus ou moins rapproché. Elle modiflo
Nhation tant&tprouvée, tantôtseulementprésumes, les conditions matérielles du travail et de l'indus-
nous n'avons ~as achevé notre tâche. Il nous reste trie aussi radicalement que la poudre a déjà change
à indiquer à quelles forces nos arts et nos indus- l'aspect politique des nations dans les deux mon-
tries ont eu recours, quels moteurs ils ont em- des. La pondre a été longtemps trop précieuse
ployés, quels perfectionnements ceui-ci leur ont pour servir à autre chose qu'à tuer les hommes
.apportés. mais à mesure que sa composition et ses proprié-
Chacun sait que l'homme n'a. d'abord employé à tés ont été étudiées et que sa théorie générale a
ses différents ouvrages que la force de ses bras, été mieux comprise, on a fabriqué des poudres
que l'adresse de ses doigts. A l'origine le travail de mine, des fulmi-cotons, des nitro-gfycérines.
était essentiellementpersonnel; mais dès que le et plus récemment des dynamites dont on se sert
groupe social se fut étendu et compliqué, les la- maintenant pour faire sauter les écueils, faire
beurs durs, fatigants ou simplement lourds et en- tomber des montagnes, ouvrir de larges voies à
nuyeux, furent réservés aux esclaves et plus tard travers les rochers.
aux serfs. Aristote ne croyait pas possible que les Les forces que la physique et la chimie ont en
pierres meulières pussent tourner seules, que les quelque sorte fait éclore grandissent à vue d'oMi
navettes pussent filer seules. Cependant on inventa à mesure que nous avançons dans leur connais-
des manèges auxquels des animaux domestiques sance, leur puissance et leur grandeur semblent
furent attelés au lieu et place des hommes les no- s'accroître. La chimie proprement~ftite a fait mer-
rias ou puits à roue furent une des premières in- veilte dans ces dernières années. L'immense con-
'ventMHss de ce genre. Ce fut un bien grand esprit sommation de combustible tMte par nos machines
que Cttlui qui imagina de faire tourner une roue a appelé l'attention sur les houilles, leur produc-
par la rivière elle-même, de manière à lui faire tion, leur constitution. Les mines de combusti-
déverser son eau dans les champs riverains,draguer ble se sont trouvées être en nteniB temps des mi-
elle-même les impuretés de son lit, ou bien encore nes de gaz, d'huilesdiverses, 4e geudrans, d'acides
mettre en mouvement le mécanisme d'un mou- désinfectants, de matières colorantes l'éclairée
lin. De là à nos turbines verticales et horizontales public et privé, le chauffage se sont perfectionnés
il y avait loin, mais le principe était trouvé, et de du coup. La fabrication des aciers a totalement
progrès en progrès on inventa la presse hydrauli- changé de face, et bientôt un excellent acier ne
quo. Aujourd'hui, on utilise en grand les chutes coûtera plus que ce que coûte aujourd'hui une
fonte médiocre. De nouveaux métaux ont été dé- provinces méridional'es d'une part par suite du'
couverts, parmi lesquels l'aluminium s'est fait im- climat, et d'autre part, dans les régions monta-
médiatement une ptace à part. Les découvertes gneuses où les eaux sont plus abondantes et plus
dans le domaine de ta science pure sont bientôt faciles à capter.
suivies par des inventions corollaires dans le do- L'irrigation a un double but. Elle sert d'abord à
maine industriel. Les recherches sur tes électro- donner aux plantes l'humidité qui leur est néces-
aimants, sur t'étectricité statique et dynamique, saire pour se développer. La plante exhale sans
ont précédé l'établissement des lignes télégraphi- cesse, mais surtout sous finnuence de la chaleur
ques, la création d'industries pour l'exploitation de, et de ta lumière, une grande quantité de vapeur
ta galvanoplastie, de la galvanographie, de la lu- d'eau. Quand le sol ne lui fournit pas cette quan-
mière électro-magnétique, pour la dorure, l'argen- tité d'eau indispensable, la plante végète miséra-
ture et la nickelure par l'électricité. L'électricité blement, elle languit et finit par mourir. Les pre-
s'est trouvée installée partout, même dans la thé- mières expériences sur la transpiration des plantes
rapeutique. Grâce à son action si rapide, si déli- sont dues à Hales; il a constaté, par l'expérience
cate et subtile, on a pu construire des appareils et par le calcul, que les chouxplantés sur un hec-
mesurant des modificationsde la température des tare de terre peuvent perdre, par transpiration,
corps, et notamment de l'air, qui eussent été insen- jusqu'à 20,000 kilog. d'eau pendant une journée
sibles aux anciens thermomètres.Tout ce qui ser- de douze heures. L~activitédes fonctionsde la plante
vait à peser, à chiffrer, à évaluer, a pris un degré dépend de la régularité de cette transpiration.
de précision qui nous semble admirable aujour- D'un autre côte, les eaux employées anx irriga-
d'hui, mais qui demain paraîtra sans doute impar- tions renferment toujours soit en suspension, soit
fait. Après tes gnomons, les clepsydres, les sa- en dissolution, une proportion notable de matières
bliers, les bougies graduées; après les horloges et utiles à la végétation. Les substances tenues en
les montres qui ont donné successivement l'heure suspension sont déposées sur le sol cultive, du
juste, les minutes, les secondes, on a voulu plus moins en grande partie, pendant qu'il est recouvert
ae précision, et nos navigateurs ont des chronomè- d'eau; quant à celles qui sont en dissolution, elles
tres qui varient & peine de quelques secondes dans sont introduites dans la terre végétale par feau
l'année, et nos astronomes ont des appareils qui qui y pêr.btre. It en résulte que, tout en se gardant
mesurent un espace de temps aussi court que le des exagérations par lesquelles on a dit quelque-
millième d'une seconde; ils ont des plaques pho- fois que l'irrigation équivaut s une bonne fumure,
tographiques sur lesquelles se dessinent et, au on peut considérer certaines eaux d'irrigation
besoin, se gravent les paysages de laLune, la con- comme pouvant fournir à la terre une proportion
jonction du Soleil et de Vénus. Par l'analyse des notable des principesque la fumure lui apporterait.
rayons qu'ils recueillent dans leurs télescopes, Cela est vrai surtout quand il s'agit des irrigations
ils discernent quels sont les métaux, quels sont faites avec les eaux d'égout et certaines eaux pro-
les éléments qui constituent une étoile lointaine. venant des usines et chargées de matières nom-
Et la raison de tous ces progrès rapides qui ont breuses qui enrichissent le sot, tandis que ces
été accomplis dans ces derniers temps, c'est que eaux, dirigées immédiatement sur les rivières, ne
la géométrie devient le grand instrument d'inves- pourraient que les polluer et détruire le poisson
tigation. Bon gré mal gré, notre esprit se plie à la qu'elles renferment.
méthode mathématique, et l'on commence à com- Les eaux employées à l'irrigation ont des origi-
prendre qu'il n'y a d'invention féconde que celle nes diverses. Mais on peut les placer dans quatre

tRt.AKDE. – V. Anglelerre.
[Elie Reclus.] f
qui est précédée d'une étude patiente et d'une catégories
observation consciencieuse. Les eaux de source ou de ruisseau. Le pro-
priétaire du sol a le droit de capter les sources qui
IRRK1ATIONS.–Agriculture,JV. Les irriga- sortent de terre sur son fonds, et de les employer
tions constituent des opérations qui ont pour but à sa convenance. Il peut donc les employer a des
de répandre méthodiquement sur les terres culti- irrigations. H en est de même des eaux des ruis-
vées une certaine quantité d'eau, afin de donner seaux qui traversent les propriétés, mais on est
aux plantes l'humidité qui leur est nécessaire pour obligé de les rendre à la sortie de celles-ci.
croltre et se développer. 2° Les eaux de rivière arrosant les terrains sub-
La nécessité de l'eau pour la végétation n'a pas mersibles. Sur les bords de la plupart des rivières,
besoin d'être démontrée. Que l'on seme des graines surtout dans les pays de plaines, les terres du
dans un sol absolument sec, elles n'y germeront fond de la vallée sont souvent couvertes par les
pas; qu'un champ ne reçoive aucune goutte d'eau eaux quand le niveau monte et surtout quand il y
pendant la période de la végétation, et il ne donnera a des débordements. C'est là une irrigation natu-
aucune récolte. D'un autre côté, l'excès d'humidité relle, mais souvent il est difficile de se débarrasser
est nuisible à la végétation; quand les pluies sont de l'excès d'eau qui peut être nuisible.
trop abondantes, les plantes ne poussent pas. Il 3" Les eaux des canaux. Le périmètre des terres
en est de même dans les terres naturellementsa- qui peuvent être arrosées par les eaux d'une ri-
turées d'eau, soit par leur situation, soit à raison vière est très limité. Le cours de celle-ci va tou-
de la nature de leur sous-sol. On peut voir au mot jours en descendant,de sorte qu'on ne pourrait
Drainage les opérations par lesquelles on se dé- utiliser la plus grande partie de sqs eaux qu'en les
barrasse, dans beaucoup de cas, de l'excès d'e'au. élevant artificiellement Pour parer à cet inconvé-
Il était naturel que la pratique de l'irrigation nient, on construit des canaux d'irrigation. Un
prit d'abord de l'extension dans les climats secs et canal d'irrigation est une rivière artificielle qui dé-
chauds où l'eau manque trop souvent. La plus rive les eaux d'un point déterminé,et dont le tracé
haute antiquité nous a laissé le souvenir et les est creusé avec une faible pente en s'écartant de la
traces des irrigations faites par les peuples de rivière d'où il part, et en suivant la ligne de faite
l'Orient, les Assyriens, les Arabes, etc. De là, les des terres à irriguer.Il lui faut souvent contourner
travaux d'irrigation se sont répandus d'abord en des obstacles, traverser des bas-fonds sur des
Grèce et en Italie, puis en Espagne surtout au remblais ou même des aqueducs, de manière à
moment de la conquête par les Maures. Peu à peu, embrasser le périmètre le plus étendu qu'il est
ils ont été pratiqués dans les autres parties de possible d'atteindre. Parfois il revient, sur un point
l'Europe, plus ou moins, suivant les nécessités du plus bas, à la rivière d'où il part; d'autres fois, il
climat, des diverses cultures, etc. En ce qui con- déverse dans une autre rivière l'ex.cédantde ses
cerne particulièrement la France, les travaux d'ir- eaux qui n'a pas été utilisé. Les canaux d'arrosage
rigation ont été principalement exécutés, dans les sont donc des entreprises considérables le plus
aonvent ils sont exécutes par l'État ou par des pendant longtemps, et elle t'y dépouille des subs
compagmte. concessionnaires; ce n'est que dans tances qu'elle peut renfermer. Quant aux irriga-
de rares circonstancM qu'ils peuvent être faits par tions d'été, elles agissent surtout physiquement
des particuliers. elles fournissent aux plantes rénorme quantité
Les eaux des canaux de navigation sont parfois d'eau nécessaire it leur évaporatton, et elles en ac-
utilisées, sur leur parcours, poar des travaux d'ir- tivent la végétation.
rigation. Pra~tOMe des trrt~a~MM. Après ces indica-
40 Les eaux élevées artificiellement. L'ean. des tions sur tes manières de se procurer l'eau et sur
puits peut être employée pour les irrigations. Il les diverses sortes d'irrigations, il faut insista
faut avoir recours, dans ce cas, à des machines sur la pratique des irrigations, d'abord pour les
élévatoires. Aujourd'hui, dans un certain nombre terres arables, puis pour les prairies.
de grandes exploitations, on emploie, à cet effet, Il convient d abord d'indiquer la quantité d'eau
des pompes puissantes mues par de grandes ma- nécessairepour les irrigations, suivant les circon-
chines à vapeur. Mais le plus souvent on élève stances. Dans le midi, il est admis comme une
l'eau avec une noria mise en mouvement par un règle que la quantité d'eau nécessaire à un hec-
manège à chevaux ou à mules. La noria est une tare, pour une irrigation d'été complète, doit cor-
machine dont l'origine remonte à l'antiquité; elle respondreà un litre par seconde pendant la saison
consiste en une grande roue placée au-dessus du des arrosages, c'est-à-dire pendant les six mois
puits, sur laquelle s'enroule une longue corde ou d'avril à septembre inclusivement; c'est donc une
chalne qui descend dans celui-ci; sur cette chaîne quantité totale de 15 550 mètres cubes d'eau en-
sont nxés des vases en terre qui se remplissent au viron qu'un hectare doit recevoir. C'est sur cette
fond du puits et déversent en haut leur contenu, règle que sont nxées les concessions d'eau faites
<n tournant sur la roue, dans une rigole qui aboutit aux canaux d'irrigation et que sont déterminés les
à un réservoir. L'antique noria a été perfectionnée périmètres que ces canaux peuvent arroser. Mais
aujour-
par les constructeursmodernes, et il y en aemploie, cette quantitétotale d'eau n'est pas donnée en unn
d'huid'excellents modèles.D'autresfois. on seule fois ni d'une manière continue. Elle est ré-
pour l'élévation artificielle des eaux, des turbines, partie sur la surface en un nombre d'arrosages
4es roues hydrauliques, des vis d'Archimède, etc. plus ou moins considérable, à intervalles plus ou
Les machines élévatoires peuvent aussi servir à moins longs, suivant la nature des cultures, les
élever l'eau des rivières, pour ramener sur les règles locales et les usages, etc. Pour régier cha-
terres hautes. que arrosage, on se sert, sur les rigoles de répar-
Enfin à cette catégorie appartiennentencore les tition de l'eau, de vannes d'un débit déterminé,
irrigations faites avec les eaux des puits artésiens. que l'on ouvre pendant un temps qui varie sui-
Ces eaux sont recueillies dans des réservoirs ana- vant la quantité d'eau qu'il s'agit de donner à la
logues à ceux adoptés pour emmàgasiner les eaux terre. Quant aux irrigations d'hiver, tes quantités
de source, et elles sont réparties sur les terres sui- deau qui y sont employées sont beaucoup plus
vant tes' besoins de la culture. considérables; les exemples sont nombreux où,
Dans les régions méridionales, les irrigations pendant les mois d'hiver, on donne au sol plus do
sont appliquées au plus grand nombre des cultures. 50 litres d'eau par seconde et par hectare; la pro-
Elles sont adoptées pour les céréales, tes cultures portion atteint même parfois 150 litres.
arbustives, les légumineuses, les plantes potagè- Il est certain que la quantité d'eau à employer
res, comme pour les prairies naturelles ou arti- doit varier, d'une manière générale, suivant k's
ficielles. Dans le centre de la France, au contraire, climats, la nature du sol et tes plantes que l'on
sauf quelques cas particuliers où on les emploiedans cultive. EUe dépend beaucoup des circonstances.
les cultures potagères, les irrigations sont presque Dans les cultures potagères, on va souvent jus-
exclusivement réservées aux prairies naturelles.Et qu'au double et même au triple des quantités qui
même, dans le midi, ce n'est souvent qu'à titre viennent d'être indiquées; on a même cité des
exceptionnel que les irrigations sont faites sur les exemples où il a été employé des quantités encore
céréales et les cultures arbustives, dans les an- plus considérables.
nées particulièrement sèches elles sont presque Quelquefois, on n'a qu'une faible quantité d'eau
toujours réservées aux plantes potagères et fourra- à sa disposition. Dans ces circonstances, on la ré-
gères. Il en résulte que, le plus souvent, quand on partit au mieux des intérêts des cultures, d'a-
parle d'irrigation, on s'occupe des irrigations des près la saison, la nature des terres, leur perméa-
nrairies. bilité et les autres conditions particulières.
Le terme générique d'irrigations est réservé à Le sol doit être aménagé d'une manière spéciale
l'ensemble de l'opération. On désigne sous le nom pour les irrigations. Les travaux préliminaires va-
d'arrosage l'opération partielle qui consiste à faire rient suivant la disposition du sot ils ne seront
couler l'eau sur le sol pendant un temps déterminé. pas les mêmes s'il est à peu près plan, ou s'il est
Ainsi, si, pendant une saison, on couvre deux ou en pente assez prononcée.
trois fois une prairie d'eau, on dit que l'irrigation Wt~at'o?! des terres cultivées. Les méthodes
de cette prairie comporte deux ou trois arrosages. d'irrigation des terres arables sont assez nombreu-
Suivant la saison dans laquelle les irrigations ses, mais elles peuvent être ramenées s trois ou
sont faites, on distingue entre les irrigations d'été quatre types principaux qui, dans la pratique, sont
et les irrigations d'hiver. Les irrigations d'été se assez souvent combinés ensemble.
font du 1" avril au 30 septembre quant aux irri- 1o Irrigation par déversement. On entoure le
gations d'hiver, elles se pratiquent depuis la fin du champ (dans ce qui va suivre, nous supposerons
mois d'octobre jusqu'au printemps. Dans quelques toujours qu'il s'agit d'un champ unique, ce qui est
pays, on emploie ces deux modes d'irrigation si- dit d'un champ pouvant s'appliquer à un ensem-
multanément. C'est ainsi que, dans le Limousin ble de cultures) par des rigoles communiquant à
par exemple, les prairies sont arrosées pendant leur point le plus élevé avec le canal ou le fossé
l'hiver et au printemps, puis pendant l'été, après d'amenée de 1 eau. La rigole de la partie inférieure
la fauchaison, pour activer la pousse des regains. est dite rigole de colature elle sert a l'évacuation
Ailleurs, au contraire, les irrigations sont exclusi- des eaux excédantes après l'irrigation. Pour arro-
vement des irrigations d'été. Dans la Provence, les ser, on dirige, à l'aide de vannes mobiles ou de
canaux d'arrosage chôment a partir du 1" octobre, pierres, l'eau dans une des rigoles, et on en ferme
et ils ne donnentl'eau qu'après le l*avril. D'une l'extrémité avec une vanne ou par un bourrelet en
manière générale, les irrigationsd'hiver sont sur- terre. L'eau, montant rapidement dans cette rigole,
tout des irrigations fertilisantes;l'eau couvre le sol se déverse quand son niveau a atteint le bord de
celle-ci, et elle se répand en nappe dans le champ. 7t'rt~<!<t0t! des p)'at'e~. Quand les prairies
Une grande partie est absorbée par la terre, avant font f partie d'une exploitation str laquelle les irri-
d'arriver à la rigole de colature ou d'asséchement gations d'été sontl'une pratiquées, elles peuvent être
à la partie inférieure. L'eau en excès s'échappe par arrosées 1
suivant des méthodes qui viennent
celle-ci. d'être indiquées. Mais quand on établit des irriga-
Pour que l'irrigation par déversement fonctionne tions spécialeslepour dans les prairies, comme c'est le
régulièrement, il importe que le champ n'ait plus souvent cas une grande partie de la
qu'une faible déclivité, et en outre que le bord de
France,
d'hiver, à
on a recours,
des méthodes
surtout
spéciales.
pour tes irrigations
la rigole d'arrosage soit bien horizontal, pour que
l'eau ne s'écoule pas plus sur un point que sur Le plus souvent, pour l'arrosage spécial des prai-
ries,
l'autre; on obtient cette horizontalité, au besoin, de ruisseaux, les eaux dont on peut disposer sont des eaux
de terre de torrents et surtout de sources.
par quelques remblais faits avec un peu
rapportée. Il est inutile d'insister sur la nécessité C'est au propriétaire ou à l'exploitant à les amé-
d'aplanir, avant l'arrosage, le sol, pour que l'eau nager pourréservoirs en tirer le plus grand profit. A cet
effet, des sont construits à la partie
ne s'arrête ni ne séjourne dans des parties for- supérieure des terres, et des rigoles ou canaux
mant vallon. U y a en outre, quand le sol est sa-
blonneux, à veiller à ce que le déversement de partent- de ce réservoir pour amener l'eau aux
l'eau ne se fasse pas avec une trop grande rapidité prairiesqui à arroser. Ces rigoles sont fermées par des
tl se produirait,dans ce cas, des ravinements qu'ilil bondes permettent de prendre au réservoir la
quantité d'eau qui est nécessaire. Des agriculteurs
est essentiel d'éviter. même, avoir de sources.
La même méthode peut être appliquée de ma- intelligents savent sans
créant des réservoirs et
nière a arroser un champ par parties. On sépare se procurer de l'eaudesen fossés les pluviales
alors celles-ci par de petits bourrelets, et on leur en y amenant par supérieurs.
eaux
Ailleurs,
distribue successivement l'eau, d'après les règles provenant des fonds on em-
qui viennent d'être indiquées. magasine dans le même but des eaux provenant
Quand on n'a a sa disposition qu'une quanttté des terres drainées. L'eau étant procurée, d'une
d'eau limitée, on arrête le déversement lorsque manière ou d'une autre, et étant amenée par un
l'eau a couvert les trois quarts ou les quatre cin- fossé à la partie supérieure d'une prairie, nous
quièmes du champ; la partie inférieure s'arrose allons indiquerl'y quelles sontles différentesméthodes
par approche et par imbibition, et il ne s'échappe adoptées pour distribuer avantageusement.Cette
qu'une très faible quantité d'eau dans la rigole de 1° Irrigations par les rigoles de niveau.
colature. méthode s'applique surtout aux prairies en pente.
2° Irrigation par submersion. Cette méthode Elle consiste à faire dans la prairie, transversale-
ressemble à la précédente par la disposition géné- ment à la pente, une série delerigoles tracées de
rale des rigoles d'arrosage. Mais le champ est en- manière à conserver toujours même niveau, et
touré, en outre, par des bourrelets qui retiennent suivant les sinuosités du terrain. Lorsque l'eau
l'eau. Celle-ci est ainsi retenue à la surface, et remplit une de ces rigoles, elle se déverse par son
elle y demeure pendant un certain temps. Quand bord inférieur et se répand en nappe sur l'herbe
aval, jusque qu'elle atteigne la rigole infé-
on juge que la submersion est suffisamment pro- en
rieure, qui forme
ce
nouvelle qu'elle dé-
longée, on pratique une saignée dans le bourrelet une
ainsi da
nappe
suite jusqu'au bas df
à la partie basse du champ, et l'eau qui n'a pas été verse en dessous, et
absorbée par le sol s'écoule dans la rigole de co- la prairie. Sur ces artères principales s'embran-
lature. chent de petites rigoles qui se dirigent à droite et
Cette manière de faire évite quelques-uns des à gauche, sans issue, de manière à faciliter la for-
détails de la méthode précédente mais elle peut mation des nappes.
eHrir des inconvénients au point de vue des fonc- Par cette méthode, les diverses parties de la
tions des plantes qu'on maintient complètement prairie sont arrosées successivement, et l'eau en
déposer sur les excédants'échappe par un canal de colature, où elle
sous l'eau, et du limon qui peut sechargées. peut être employée pour arroser une autre prairie.
jeuilles, lorsque les eaux en sont
3° Irrigation par raies. Elle consiste à diviser Pour égoutter la prairie, quand le sol n'est pas
le champ en sillons larges ou planches de 1 mè- suffisamment perméable, on pratique quelques
saignées dans les rigoles secondaires, et elles se
tre à )"50 de largeur, dirigées à peu près dans
le sens de la plus grande pente, et à tracer lavident assez facilement. surveillance de
rigole principale d'arrosage perpendiculairement Ce système demande une grande maintenir l'eau à un
à ces raies, à la partie supérieure du champ. L'eau1la part convenable de l'irrigateur, pour
dans les rigoles, pour l'empe-
est dirigée de la rigole dans ces raies, et elle yL niveau dans les vallonnements du sol,
séjourne un certain temps. Elle pénètre dans la cher de séjourner
terre des planches par infiltration ou fait imbibition. et pour couvrir d'une manière à peu près uniforme
Quand on juge celle-ci suffisante, on écouler toutes les parties de la prairie.
l'excédant de l'eau dans une rigole de colature. 2" Irrigations par razes ou par rigoles rectilignes
Ce système est celui qui est le plus fréquem- inclinées. Ce système diffère du précédent en
ment adopté pour les irrigations des céréales, des ce que, pour las'astreint construction des rigoles de distri-
cultures maraîchères ou potagères, des jardins. L
11 bution, on ne pas à suivre les lignes de
donné presque toujours d excellents résultats, et 1niveau.
il Elles sont prises sur les rigolos princi-
présente l'avantage d'éviter l'action directe de l'eaut pales qui suivent les lignes de plus grande pente,
ligne droite, plus larges
sur les tiges et les organes foliacés de plantes sou- et elles s'en écartent en
vent délicates. à leur commencement qu'à leur extrémité. Au bas
Dans tous ces systèmes, un point sur lequel il1 de la prairie, comme précédemment, sont tracées
faut insister, c'est qu'il est indispensable d'assurerr les rigoles système, l'eau
de colature.
l'écoulement régulier des eaux après l'arrosage. Dans ce court dans les rigoles
Autant la pratique des irrigations est utile quandavec une assez grande rapidité; c'est pourquoi on
système de rigo-
elle est bien organisée, autant elle peut devenirr lui donne quelquefois le nom
Quant
de
la répartition des
dangereuse quand l'excès des eaux ne s'écoule pass les à eau courante. à
et reste sur le sol. 11 faut que celui-ci se ressuiei rigoles de distribution et des rigoles d'arrosage,
rapidement; autrement les plantes cultivées pour- elle peut varier dans des proportions très grandes
rissent ou végètent mal, et elles sont remplacées} suivant la configuration du terrain, la pente, etc.
3° Irrigations par planches ados. C'est la
par de mauvaises herbes qui aiment les eaux sta- méthode généralement adoptée
en
pour les prairies
gnantes.
en terrain ptxt ou dont l'inclinaison n'atteint pass Il est, en enet, absolument nécessaire, pour
5 t
cent. pour ) mttre. maintenir et accroltre la production des prairies
Le canal d'amenée de t'eau longeant un dess arrosées, de leur donner des engrais
côtés de la prairie, celle-ci est divisée en planchess grande abondance. Plus la vie végétale est en assez
bombées plus ou moins larges; le ptns souvent laa et plus elle enlève au sol de principes utiles. active,
largeur des planches est de 8 mètres elle estt eaux d'arrosage ne peuvent, le plus souvent, Les
quelquefois de 12 mètres, et elle atteint parfois slui que
en rendre une faible portion. Le rôle de la
20 mètres. Le relief de ces ptanches est, en géné- fumure est de combler cette tacMte. La loi de la
rât, de 20 cent. pour les planches étroites; il peutt restitution générale en agriculture, et eUe
atteindre 50 cent. penr tes planches tes plus5 trouve aussiest bien son application dans les cuItuMs
larges. Un canal de distribution de l'eau est tracé irriguée* que tans toutes les autre*.
sur la ligne de faite de chaque planche. Lorsque L'augmentation de production des terres imgnées
ce canal est rempli, l'eau se déverse à droite et à amène natwellement mt aecroisaement propor-
gauche, pour atteindre des rigoles de colatnre9 tienne! dans leur valeur locative MMi bien que
creusées entre tes planches. Ces rigoles de cola- dans leur valeur vénaie. L'application des irriga-
i
ture aboutissent toutes à un fossé de colatnre qui tions sur des terres snfnt toujours pour en doubler
court à la partie inférieure de la prairie. Quand1 et en tripler la valeur, souvent pour la quintupler,
on veut faire des arrosagts abondants, on ferme et parfois même pour la décupler. Les exemples
t extrémité des rigoles de eolature, de manière à de cette plus-value multiples, et ib se ren-
maintenirpendant le temps nécessaire t'eam surr contrent presque toussont les jours. C'est surtout dans
les planches. le midi qu'ils sont frappants; dans ta PMvence,
i
Ce système est particulièrementavaDtagMmdans par exemple, les terres soumises à l'irrigation
les sels argileux et de nature de glaise, parce dix fois la valeur des terres arrosées
ont
c'est
qu'il assure l'égouttement régulier de toate l'eau que, sous ce climat si sec, les non
t premières donnent
qui n'est pas absorbée par le sot. Le renouvelle- d admirables récoltes, tandis tes secondes
que
t.Il
ment de t'eau est d'ailleurs rapide et complet, et donnent presque rien.
il n'y a jamais danger de stagnation ni de ses multi-
ne
n'est P" étemnamt qu'en présence de: ces
ples inconvénients.C'est le système qui a été adopté5faits, t eau employée aux irrigations ait parfois une
dans tes célèbres prairies du Milanais soumises) valeur vénale considérable. Les compagnies pro-
aux irrigations d'hiver coimbes soua le nom de prietaires des canauï d~arrosage, dans les départe-
marcites. ments méridionaux, font souvent payer l'eau très
4' Irrigations en terrasses. Sur les coteaux cher. Néanmoins les cultivateurs la recherchent
rapides, on dispose parfois le sol en terrasses
successives soutenues par dew murs en pierresavec
atdenr, et on demande de tous cotés la
création de nouveaux canaux. C'est là, en effet,
sèches. Pour arroser ces terrasses, en crée des une oeuvre de la plus haute atitité,
rigoles de distribution d'eau à la partie supé- 1au point non seulement
d* vue de la prodMtion agricole, mais au
rieure, et des rigoles de cotatmre à la partie infé- point
] de vue plu étevé d)t développement de la
rieure; l'irrigation se fait alors par diversement, richesse
] génémte da pays.
comme it a été dit plus haut. Y'vty<t<toa< awc les eaua industrielles. Jus-
Quelle que soit la méthode d'irrigation adoptée, qu'ici
< il n'a été parlé que des irrigationsfaites avec
elle exige, comme on t'a vu, doa travaux impor- 1les eaux ntttnreites. Dans certaines circonstances
tants erensement de foesés et d& rigoles, terras- spéciales,
< on peut se servir avec avantage des eaux
sements parfois considérables, etc. En outre, il {provenant de certaines usines, et qui sont chargées
est de la plus haute importance que les fossés et tde substances pouvant être particntièrement
les rigoles soient toujours en bon état d'entretien; pices à la végétation. pro-
{
que leurs bords soient protégés contre l'érosion de C'est ainsi que let eaux provenant des féculeries,
l'eau, qu'ils eoient refaits en cas de détérioration ddes distilleries, des suerenet. les eam de lavage
par un courant trop violent; que tes rigoles soient des d laines dans tes fabriques de drap, etc., peuvent
périodiquement débarrassées des dépôts limoneux être 6 employées im~tims avec un grand
qui pourraient finir par les obstruer. Tous ces tra- ppront. Ces eaux, aux quand elles sont dirigées dans
vaux exigent des dépenses, mais ces dépenses sont tles rivières, les poUaent, tandis que, dirigée* sur
largementrécupérée* par le produltdesirrigations. liles prairies, eNes en accroissent notablement la
Ë~e<< des irrigations.
– Le premier effet des production.
irrigations est d'txgmenter, dans des proportions p Dans la plupart dep cas, les résMua des usines
très eonsidéraMes, le produit de la terre. A ddoivent, pour produire uh effet utile, être étendus
quelque culture que l'on applique têt arrosages, dd'une grande quantité d'eau. En effet, si
les effets sont toujours les meoMt; mais Ils sont ssont trop chargées de certains sets, ces eaux
ceux-ci
surtout manifestes pour les cuttnrea m<trth:hëres et aavoir une influence néfaste sur la végétation. peuvent
En
pour tes prairies, outre,
o il est important de les employer sur des
En ce qui concerne tes cultures nMratchëres, terres t( suffisamment perméables pour les absorber
l'emploi de l'eau permet, dans te midi. d'obtenir, sans s. que la surface retienne un excès nuisible de
dans )a même année, une successionininterrompue sels contenus dans ces eattx.
de récoltes sur un sol qui n'en porterait aucune s< Irrigation.
avec les Mtu: <f<yo«<. Les
s'il n'était pas arrosé.. dd'égout sont un des néaux des grandes vitiés.eaux qui
Quant aux prairies, tes irrigations d'Mver ont n, ne peuvent s'en débarrasserqu'en tes rejetant dans
pour résuttat d'assurer une fauchaison abondante, le tes rivières voisines, au grand détriment de la sa-
9t de mettre la production fourragère absolument lubrité lu publique. Des expériences nombreuses
à l'abri des sécheresses qui, au printemps, cm- fa faites en Angleterre, en Italie et en France, ont
pèchent souvent la pousse de l'herbe. Ces mêmes démontré d. qne le meilleur système pour utiliser le~
prairies, arrosées après la premièrecoupe, donnent eaux el d'égout et les épurer, sans perdre les prin-
un regain très abondant, et, H la saison est pro- ci cipes fertilisants qu'elles réarment en grandet
pice, elles peuvent encore fournir une troisième et quantités,
ql est de tes employer à des irrigations.
une quatrième coupe. Dans le midi, sous la L'eau des égouts nitre travers le sol qu'elle
double influencede la chaleur, d'irrigationsabon- at arrose, et elle s'y débarrasse de ses impuretés
dantes, et aussi de fumures copieuses, les prairies pourp( en sortir à l'état de limpidité complète. C'est
peuvent donner plus de t0,60~ kilog. de fourrage ce qui ressort des expériences faites
sec par an, et les luzernes atteignent un produit de par la ville
de Paris dans la presqu'tle de Gennevilliers. Les
qui dépasse quelquefois 15 000 kilog. irrigations par les eaux d'égout y ont donné les
iri
plus remarquables résultats, tant pour la produc- phylloxéra*.La submersion des vignes se fait à
tion fourragère que pour les cultures maraîchères. l'automne, après les vendanges, ou au commence-
Malheureusement, il est difficile de trouver des ment de l'hiver. Elle doit durer au moins de trente
surfaces assez considérables pour utiliser de cette à quarante-cinq jours, et le vignoble doit être
manière la quantité énorme d'eaux d'égout que complètement maintenu sous l'eau, depuis le com-
produisent les grandes villes. mencement de l'opération jusqu'à la nn.
On a parfois émis des craintes relativement L'efficacité de la submersion est aujourd'hui
à la qualité des produits venus dans des champs démontrée par une pratique de près de dix
arrosés avec des eaux d'égout. Les faits ont dé- Mais il est nécessaire que le sous-sol ne soitans. pas
montré que ces craintes étaient chimériques les perméable à l'excès dans ce cas, l'eau ne pourrait
légumes et les fourrages qu'ils produisent ne pré- pas être maintenue d'une manière assez complète
sentent aucune différence avec ceux venus dans les sur la vigne. Cette pratique a trouvé des applica-
conditions ordinaires. tions assez nombreuses dans le Midi et dans le Bor-
Dessèchements. Les travaux d'irrigation se delais.
trouvent parfois liés à des travaux d'assaioisse- Des fumures dans les ~t't-M irriguées. C'est
ment ou de desséchement de terrains marécageux une idée assez généralementrépandue que l'irriga-
ou même complètement inondés. Quand ces ter- tion peut dispenser de l'emploi des engrais. C'est
rains occupent de vastes surfaces, il y a lieu, pour une erreur contre laquelle on doit réagir, quand
les dessécher, de se livrer à de grands travaux il s'agit d'irrigations faites des eaux qui ne
qu'il est impossible d'indiquer ici. Mais quand ils sont pas chargées de matièresavec fertilisantes.
sont limités à des portions de domaines, aux rives En effet, l'irrigation a pour effet d'activer la
d'un petit cours d'eau, l'exploitant ou le proprié- puissance de la végétation et d'augmenterla quan-
taire peuvent les entreprendre assez facilement. tité des produitsrécoltés. Sous cette influence, les
Souvent, s'il s'agit de terres rendues maréca- plantes empruntent au sol une plus grande quan-
geuses par le passage d'un ruisseau, il suffira de tité de principes utiles. Il y a donc appauvrisse-
creuser un peu le lit de celui-ci, et de le resserrer ment de celui-ci, et cet appauvrissementn'est que
par des remblais peu élevés sur chaque rive, pour faiblement compensé par ce que l'eau apporte,
ressuyer les terres voisines. Mais quand il s'agit surtout dans les irrigations d'été. Il donc in-
de terres rendues marécageuses par des sources, dispensable de faire au sol, par desest engrais, la
il faut creuser des rigoles et des fossés pour donner restitution nécessaire pour qu'il puisse donner de
issue aux eaux par de véritables ruisseaux créés de nouvelles récoltes. [Henry Sagnier.]
main d'homme. Le drainage peut aussi rendre ISLANDE. V. Scandinaves (f~s).
des services dans de semblables circonstances. tSKAEL'TES. – Histoire générale, IV.
Mais, dans tous les cas, il est essentiel de donner L'histoire des Israélites est surtout celle de leurs
un écoulement facile à l'eau. idées morales et religieuses. Manifestées d'abord
A ces travaux se rattachent ceux du dessalage dans un petit pays de l'Orient, sein d'une fa-
des terres conquises sur la mer ou voisines de mille de pasteurs nomades, ces au idées sont, après
celle-ci. Quand le sol est de nature assez com- bien des crises, devenues celles d'un peuple, puis
pacte, deux ou trois irrigations suffisent souvent se sont répandues dans l'humanité Pour les
com-
pour le dessaler pour toujours. Mais il n'en est prendre dans leur développement primitif, il faut
pas de même pour les sols perméables, ou à sous-sol donc étudier le milieu où elles se sont produites,
perméable, comme il en existe beaucoup sur les les circonstances qui les ont contrariées et le peu-
bords de la Méditerranée, notamment dans la Ca- ple qui s'en est fait le propagateur. Nous
verrons
margue. Dans ce cas, l'eau salée renferméedans le ce peuple naître, grandir et disparaître politique-
sous-sol tend à remonter, par capillarité, pour rem- ment mais ses idées lui survivent et deviennent
placer l'eau des couches superficielles, au fur et à le patrimoine de l'humanité.
mesure qu'elle s'évapore. Le sel remonte en même GÉOGRAPHIE DE LA PALESTINE. La Palestine, où
temps, et forme à la surface des efflorescences ont vécu les Israélites, a été le berceau da nos re-
faciles à reconnaître. On ne peut dans ces natures ligions européennes elle porte différents
de terre, du moins jusqu'ici, que se débarrasser qui résument toute son histoire noms
Terre de Canaan,
temporairementde cette salure, par de fortes irri- Terre Promise, Terre a!ra<K, Terre Sainte, -/Mo~.
gations d'hiver. Située sur le bord oriental de la Méditerranée,
Colmatage. On désigne sous ce nom une elle avait limites au nord la Phénicie, le
opération qui a pour but de former sur un terrain Liban et lepour territoire de Damas; à l'est, elle s'é-
naturellementstérile une couche de terre suscep- tendait jusqu'au désert, et, au sud, sa frontière
tible d'être soumise à la culture et de donner des tait de la par-
Morte et suivait le torrent d'Egypte
produits. Cette pratique, originaire d'Italie, a jusqu'à la mer Méditerranée.
donné, dans diverses circonstances, en France, La Palestine est un pays de montagnes. Le Liban
d'excellents résultats. Elle consiste à amener sur ou Mont Blanc forme deux chaînes principales,
ces terrains, à l'aide de canaux spéciaux, les eaux le Liban proprement dit, et l'/<M<:<:<)tM qui péné-
limoneuses des rivières, et à les y faire séjourner trait seul dans la terre d'Israël et dont les princi-
pendant quelque temps, pour qu'elles y déposent paux sommets sont: le N~o, où mourut Moise; le
la plus grande partie de leur limon. Les terres à Thabor, célèbre e
par la victoire de la prophétesse
colmater sont entourées de digues, de manière à Déborah et, selon saint Jérôme,
retenir les eaux. Quand l'action de celles-ci est tion de Jésus le Carmel, renommé par la transfigura-
achevée, on les fait évacuer, avec une faible vitesse, et aussi par sa fertilité
par la retraite qu'y fit le prophète Elie;
par la partie la plus basse le Gelboë, où périrent Saut et ses fils; enfin les
Le meilleur moment pour employer les eaux au monts Sion et ~Kbt'iaA et la Montagne 6~ Oliviers,
colmatage est celui des grandes crues, car c'est compris dans l'enceinte même de Jérusalem.
alors que les eaux renferment la plus grande pro- Entre coule le Jourdain, seul
portion de matières limoneuses. La rapidité avec fleuve duces montagnes qui prend sa source au nord dans
laquelle le colmatage se fait dépend de la nature la pays,
de Panéas, traverse les lacs de Mérom et
des eaux, ainsi que des proportions de limon qu'el- de grotte
2:~M<~?, et se jette dans la Mer Morte. Cette
les renferment.
Submersion des vignes. mer, appelée aussi Lac Asphaltite, était autrefois
La dernière applica- une riante vallée où se trouvaient les villes de
tion des eaux dont nous ayons à parler est leur Sodome et de GomorrAe, détruites à l'époque
emploi à la submersion des vignes, suivant le pro- braham. d'A-
cédé imaginé par M. Faucon pour détruire le La fertilité de la Palestine était très grande;
dans ses plaines arrosées par la fonte des neiges nivers il y maintient l'ordre et le bien. L'espèce
et tes pluies du printempset de l'automne, les cé- humaine est son œuvre de prédilection; faite a l'i-
roalos et tes fruits croissaient en abondance. Les mage divine, elle a le devoir et le droit de remplir
pâturages et tes bestiaux y étaient nombreux le et de dompter la terre. Pendant la création qui,
1 ait et le miel y coulaient,dit la Bible dans son suivant les traditionshébraïques,a duré six pério-
langage figuré. des, Dieu lui-même a travaillé à son imitation,
ANCIENS HABITANTS. La Palestine était habitée, l'homme doit travailler six jours et se reposer le
déj& avant l'arrivée des Israélites, par des peuples septième, comme signe de sa haute dignité.
restés célèbres. Au nord, tes Phéniciens, les plus Les Israélites croyaient aussi par tradition à l'u-
grands commerçants de l'antiquité, les inventeurs nité des hommes, à la sainteté du mariage et de la
de l'alphabet; leur capitale fut d'abord Sidon et vie humaine, à la liberté et à la responsabilité.
ensuite Tyr. Au nord-est, tes Syriens, qui avaient ~am, c'est-à-dire la terre, le sol, et Eve, c'est-à-
pour capitale Damas. Au sud les PAt~Mttn:, les dire la vie, sont nos premiers parents à tous. Eve
Moabites, les Madianites, les Iduméens, tes ~m- est de la même chair qu'Adam, c'est-à-dire son
m~itM et enfin les ~moMtt~, ennemis hérédi- égale, son épouse. Libres d'obéir ou de désobéir à
taires des Hébreux.Les habitants primitifs du pays, Dieu, sauf à être récompensés ou punis, ils ont,
les Rephaim, d'une taille gigantesque et d'un as- par leur faute, perdu, pour eux et leurs descen-
pect terrible, étaient établis sur les deux rives du dants, le bonheur dont ils jouissaient; leur fils,
Jourdain. Ils avaient été subjugués, déjà avant l'é- Ca:tt. meurtrier de son frère Abel, a été poursuivi
poque d'Abraham, par tes Cananéens, émigrés des par la justice divine et n'a plus trouvé desiècles, repo&
environs du golfe Persique, et par tes Philistins, nulle part. De même, après plusieurs
venus de Crète. Les Cananéens étaient divisés en quand un déluge universel est venu désoler la terre~
plusieurs tribus, contre lesquelles les Israélites c'était en punition de la perversité générale. Noé,
eurent surtout à lutter. le seul juste de son temps, échappe au fléau, et ce
RELIGIONS CANANÉENNES. Comme les grands sont ses descendants, issus de ses trois fils, Sem,
peuples de la Haute-Asie et de l'Egypte, les po Cham et Japhet, qui repeuplent le monde. Une cu-
pulations palestiniennes étaient idolâtres. Les rieuse table de leurs migrations, conservée par les
de la Israélites, semblait le témoignage que, malgré la
astres étaient leurs divinités préférées. Dieux
vio et du plaisir, le Soleil (Ba~, Adonis, c'est-à- dispersion des hommes et la diversité des langues,
dire le JMaHre) et la Lune (Baala, .~<oW<, c'est-à- les peuples ont une origine commune.être arrivés.
dire la Maitresse, la Reine du <t<) étaient les plus Les Israélites ne prétendaient pas
populaires. Moloch (le Roi) était adoré par le d'un coup à des traditions religieuses si pures; ils
meurtre des enfants, brûlés a ses pieds; Baa/pA~Of conservafent le souvenir de plusieurs ancêtres mé-
était le dieu impur des Moabites,et Da~OM. moitié sopotamiens qui étalent idolâtres, et ils faisaient
homme, moitié poisson, ceiui des Philistins. Le remonter à Abraham, fils de Tharé, la première ma-
culte avait lieu sur les hauteurs, dans des bosquets nifestation de Jeurs croyances. Abraham (e'eat-a
consacrés des fêtes funèbres ou joyeuses célé- dire le Père élevé) avait quitté son pays pour so
braientpériodiquement Adonis mort ou ressuscité, soustraire aux influences païennes, s'était établi en
c'est-à-dire le soleil que l'hiver éloigne ou que le Palestine et s'y était fait une grande place par ses
printemps ramené. Les prêtresses s'arrachaientles vertus. Il parait avoir reconnu de bonne heure
cheveux, tes prêtres se lacéraient le corps et les l'existence d'un Etre suprême c'est là sa vocation
fidèles se jetaient dans les excès les plus odieux. religieuse, féconde en bienfaits pour les hommes.
qui l'inspire dans de fréquentes.
On consultait les mouvements des serpents, la Son Dieu, en effet, à la fois comme le
forme des nuages, les tressaillementsdes victimes visions, se montre à lui tout
qu'on sacrifiait. On demandait, avant d'agir, les avis protecteur et comme le justicier suprême des.
pardonner
des pythonisses ou des oboth, sorte de sorciers hommes; il est toujours prêt à en fa-
qui prétendaient avoir la puissance de faire parler veur des justes, mais il n'hésite exemple, pas à frapper les
méchant:) endurcis il est, par 1 auteur
les morts. terrible dans laquelle péri
Au milieu de ces excès, tout sentiment moral de la catastrophe ont
avait disparu. La probité était méconnue le tra- Sodome et Gomorrhe, à cause de leurs crimes
vail, méprisé la vie humaine, comptée pour rien odieux; il apprend donc à Abraham à repousser
absolument. Les les immorales et les sacrifices humains des
les devoirs de la famille, ignorés moeurs
s'il des offrandes
femmes, regardées comme des êtres inférieurs, Palestiniens barbares, et accepte
étaient prises et renvoyées sans égard ni pour les et des prières, il veut par dessus tout que ses ado-
lois
liens de la parenté, ni pour lesuniverselle du mariage. rateurs marchent dans le chemin de la chanté, de
En un mot, la dépravation était et c'é- la justice et du droit.
tait la religion qui l'entretenait. Cette religion fut léguée par Abraham à son nift
TRADITIONS ISRAÉLITES pKUttïrvM. – Environ seize Isaac et par
Isaac à son fils Jacob. Isaac, homme-
siècles avant notre ère, un peuple de pasteurs, les très modeste, laisse peu de souvenirs. Jacob, au
Hébreux ou Israélites, qui comptait environ trois contraire, a une existence fort remplie. Après.
millions d'individus, quittait l'Egypte, conduit par avoir eu des torts envers son frère aîné JMatf,
un homme extraordinaire, Moïse, fils d'Amram, et dont il sut plus tard obtenir le pardon après avoir
ses premiers an- travaillé vingt années, subi
de grands malheurs
se dirigeait vers la Palestine, iloùallait revendiquer qui ne purent abattre son courage, et mérité le
cêtres avaient habité et dont c'est-à-dire lutteur divin, Jacob
l'héritage par les armes. Cette migration de pas- beau nom d'Israèl, bénédiction, l'idée religieuse de sa
teurs devait avoir sur l'humanitéeffet entière une laissa, avec sa
portaient famille ses douze fils et à leur descendance, dont
influence considérable. Ces tribus en extraordinaire de circonstances ne
qui étaient la né- un concours
avec elles des idées religieuses dégradants
gation formelle des dogmes de la tarda pas faire un peuple puissant.
Palestine et de tout le mondeancien, et qui devaient ÉPOPÉE ÉGYPTIENNE. Joseph, un des nts.d Is-
être le salut moral des hommes dans un avenir raël, avait été vendu comme esclave par ses
encore lointain. frères qui le haïssaient mais, grâce à son intelli-
Les Israélites n'adoraient pas la nature; ils la gence, il devint, dans l't%ypte où il avait été con-
croyaient au contraire l'oeuvre d'une force intelli- duit et qu'il sauva'de la famine, premier ministre
gente suprême, d'un Dieu unique qui « dès le du Pharaon ou souverain de ce pays. Oublieux
t))''7!<e avait créé le ciel, la terre, » les astres des injures, il fitprovince du bien à ses frères et les établit
dans la fertile de Gessen. Les Israélites
et tous les êtres. Après la création, Dieu, selon de Joseph,
les croyances Israélites, continue à gouverner l'u- s'y multiplièrentrapidement après la mort
continuèrent & vivre en pasteurs,et restèrent séparés plade arabe, les Amatécites, vient les attaquer'
de la grande nation au sein de laquelle ils avaient été Moise les soutient Josué, son disciple, bat l'en-
amenés. L'hostilité se déclara bientôt contre eux. nemi la Providence leur fait trouver la nour-
Un prince, probablement Ramsès II, qui ne se riture d ont ils ont besoin leur libérateur insti-
souvenait pas des services de Joseph et qui se tue des chefs qui les jugent, et il leur apporte,
préoccupait des embarras dont les Israélites pou- au nom de Dieu, leur loi fondamentale, le Déca-
vaient être la cause en cas de guerre, essaya de logue. C'était environ trois mois après la sortie
les affaiblir par un travail excessif et par des d'Egypte; les Israélites étaient au pied du Sinai, où
cruautés odieuses. Il ordonna que leurs petits gar- Moïse avait eu sa première vision; il en gravit la
çons fussent étouffés en naissant ou jetés dans le cime que des nuages ento urent et d'où partent des
Nil. Ces desseins abominables échouèrent; une éclairs et le bruit du to nnerre, et le peuple est
mère israélite, Jocabed, osa désobéir au tyran témoin de la promulgation du décalogue. Le dé-
elle cacha d'abord son fils, et l'exposa ensuite sur calogue pose devant les Hébreux les principes pre-
le fleuve. La fille même du Pharaon le recueillit, miers de toute société; il est la plus haute et la
l'adopta plus tard et lui donna le nom de Afofse, plus précise expression de la vérité morale et
c'est-à-dire sauvé des eaux. sociale.
Initié à la civilisation égyptienne, le jeune Moise Moise descend du Sinai portant deux tables de
apprend en même temps les traditions religieuses pierre sur lesquelles le décalogue était gravé il
de ses frères et s'indigne des cruautés dont ils voit le peApte adorant un veau d'or, image de l'A-
sont les victimes. Un jour, il prend ouvertement pis égyptien. Indigné, il brise les deux tables,
leur parti obligé de fuir pour échapper à la mort, châtie les coupables, et, pour empêcher le retour
il gagne le désert de Madian, dans la pres- de semblables folies, fait construire un sanctuaire
qu'île Arabique, près du Sinai il est accueilli par où le vrai Dieu seul devait recevoir un culte, et
un prêtre, nommé Jethro, dont il épouse la fille et promulgue des lois civiles et religieuses d'une
garde les troupeaux. Dans cette vie paisible, Moïse grande sagesse. Mais un peuple ne se fait pas en
pense à ses frères et au Dieu de ses ancêtres. un jour; Moïse t'éprouva bientôt. Les Israélites,
Comme autrefois Abraham, Isaac et Jacob, mais qui craignent les géants de la Palestine, refusent
avec une inspiration plus haute, il a des visions d'avancer; lis erreront donc quarante ans dans le
dans lesquelles la Divinité se révèle à lui et lui désert, et la conquête sera réservée à une autre
montre son devoir ses frères souffrent, il faut génération, plus digne de la liberté. Cette longue
qu'il les délivre; c'est en vain qu'il hésite, se expiation est fertile en révoltes intérieures et en
méfie de lui-même et ds ses frères, dégénérés par hostilités de la part des peuples voisins. Moïse
la servitude; son Dieu, qui se nomme JAHVÊH (Je triomphe de toutes IM difficultés, et s'il ne lui est
suis celui qui suis) c'est-à-dire le Dieu de la pas donné d'entrer en Palestine. il établitdu moins
justice éternelle, le soutiendra dans la lutte. Moïse deux tribus et demie à l'est du Jourdain, et meurt
se sépare donc de sa famille, et, secondé par son en confiant à Josué la direction de la conquête.
frère aîné Aaron, homme très éloquent, il vient Il laissait dans sa doctrine un éternel monument
demander au Pharaon Ménephta, Sis de Ramsès, de sa gloire.
la liberté pour les Hébreux. LoiDEMoïsE.–LesIsraélites n'avaient eu jusqu'à
Le roi d'Egypte refuse, et Moïse commence Moïse d'autres règles de conduite que les tradi-
contre lui une longue lutte dont le pays est trou- tions patriarcales malgré leur élévation sous cer-
blé profondément les traditions Israélites en tra- tains rapports, ces traditions étaient loin d'être
cent un tableau grandiose où la poésie vient se parfaites; il fallait donc les compléter tant au
mêler à l'histoire. Des catastrophes nombreuses point de vue religieux qu'au point de vue social,
frappent successivement l'Egypte c'est la voix de et en développer les tendances morales. Tel fut le
Moise qui les appelle; c'est le doigt de Dieu qui but de la législation de Moïse.
les accomplit. Le Pharaon cède enfin en se Dogme. Le Dieu que Moise enseigne n'est
voyant lui-même terriblement atteint pendant pas une divinité nationale; c'est le Créateur de
la nuit du 14 au 15 du mois d'Abib (germi- l'univers, le juge de toute la terre, le maitre des
nal), alors que les Israélites, avertis et préparés esprits de toute chair; il est éternel, infini, incor-
au départ, célèbrentle repas de la P~~Me (passage porel voilà pourquoi on n'en peut faire aucune
de l'esclavage à la liberté), tous les premiers-nés image. Il est unique c'est un Dieu jaloux, dit
égyptiens et les animaux sacrés, c'est-à-dire les figurément la Bible pour indiquer qu'il ne souffre
prêtres et les divinités, sont frappés de mort. ni le mensonge, ni l'injustice mais si élevé qu'il
Les Israélites quittent en toute hâte ce pays où sqit, ce Dieu est la providence universelle des
ils avaient résidé près de quatre siècles. Poursuivies êtres il n'est pas un Dieu de vengeance; it châ-
par le roi, les tribus fugitives arrivent, sous la tie, parce qu'il est juste, mais paternellement,
conduite de Moïse, à la pointe occidentale de la parce qu'il est bon. Ainsi compris, Dieu devait
mer Rouge, du côté où se trouve aujourd'hui Suez. remplir la vie entière du peuple hébreu il est la
Un vent d'est très violent, venu de l'Eternel, dit source de l'autorité et de la justice sociale
la Bible, avait divisé les flots les Israélites les la terre lui appartient. Le gouvernement est
traversent de nuit, à l'insu des Egyptiens, qui le donc une théocratie, si l'on entend par ce mot,
matin veulent les suivre, sont surpris par le retour non point le pouvoir sacerdotal, mais la puis-
des eaux, et engloutis. Un cantique enthousiaste sance impersonnelle d'une ici suprême à laquelle
célèbre cette merveilleuse délivrance, et chante le tout le monde est soumis, et qui est considérée
D:'eMCM:acMpt'o~M~)?'ee;~M:apfec!p:MdcH5<a par tous comme l'expression immuable de ta vo-
mer chevaux et c<n)a/!er~. Il existe sur la servitude tonté divine; cette loi auguste, c'est le décalogue.
des Israéliteset sur leur exode quelquesrares docu- Loi po~Me. Chez les patriarches, le père
ments égyptien:, desquels il résulte, comme de la était l'unique représentant de Dieu il gouvernait
tradition israélite, que la tyrannie du Pharaon a pro- la famille et présidait au culte. Moïse ne réunit
voqué une révoltedestravailleurs opprimés;c'estia pas ces deux autorités en une seule main pour la
certainement une des plus glorieuses luttes d'éman- direction du peuple; il les sépare de son vivant, et
cipation qu'an enregistréesl'histoire de l'humanité. maintient cette séparation dans sa loi. Le gouver-
LES ISRAÉLITES DANS LE BÉSEHT. L'épopée nement politique appartient à un chef suprême, le
commencée en Egypte continue au delà de la SM~<e tJuge), nommé par les Anciens d'Israe), et
mer. Les Israélites sont au milieu des plaines plus tard à un roi. Ce chef décide les cas difficiles
du Sinai où Moise avait passé les années de son avec le grand-prêtre, mais sans lui être subor-
exil; ils manquent d'eau, ils ont faim; une peu- donne il n'est soumis qu'a la loi seule c'est lui
qui commande les armées. La guerre devait être des Tentes (séjour dans le désert et récolte), <~t
conduite avec humanité; l'extermination des Ca- Expiations (pardon des fautes).
SoMt)e?:!f et des
nanéens n'a été qu'un fait exceptionnel, dont la Par opposition aux cultes palestiniens, célèbres
cause était l'immoralité horrible des cultes pales- dans des bosquets sur les montagnes, le culto
tiniens. d'Israël ne pouvait s'accomplir que dans le sanc-
A côté du sun'ete ou du roi se trouvait parfois tuaire où se trouvait l'arche sainte, contenant les
une assemblée de soixante-dixhommes, choisis par deux tables du décalogue.
les anciens chaque tribu avait son prince, cha- Les lévites remplissaient les offices inférieurs
que ville son conseil d'anciens, ses juges inférieurs du culte; les prêtres, descendants d'Aaron, entre-
et ses officiers de police. Quand l'intérêt public tenaient les autels, convoquaient et bénissaient le
t'exigeait, tous ces chefs se réunissaient en assem- peuple, et soignaientcertaines maladies leur nais-
blée générale de la nation, sous la présidence du sance et leur moralité devaient être irréprocha-
suffète ou du roi; on regardait leurs décisions bles ils se mariaient. Leurs seules possessions
comme inspirées par l'Esprit divin. étaient les villes où ils demeuraient;leurs seules
La justice se rendait aussi au nom de Dieu; on ressources, une partie des sacrifices et les dons
ne prononçait aucune peine qu'après une enquête volontaires. Au-dessus d'eux était le grand pon-
publique et sur la déclaration de deux témoins qui. tife, qui, malgré sa haute situation, n'avait aucune
avaient vu le fait; les condamnations capitales autorité dogmatique ni aucun pouvoir social excep-
étaient fort rares. Le principe général de la légis- tionnel. Aaron et son fils, les deux premiers
lation pénale israélite était la loi du talion œ~ grands-prêtres, avaient été installés par Moise
pour as:7, dent pour dent, etc., qui, d'après l'inter- dans la suite, leurs successeurs reçoivent l'inves-
prétation pharisienne, ne consistait pas à prendre titure de la main des rois. Les prêtres et les lévi-
au coupable un oeil ou une dent en punition du tes devaient nécessairement étudier et enseigner
mal qu'il avait commis, mais qui obligeait a rendre la loi; mais cela ne constituait pas pour eux,
à l'offensé, par une compensation pécuniaire, la comme dans l'Inde et l'Egypte, un privilège exclu-
valeur approximative du membre dont on l'avait sif Vous êtes tous prêtres, tous saints, dit la
privé, ou, en général, du tort qu'on lui avait fait Parole sacrée; le premier Israélite venu, s'il se
subir. sentaitinspiré, pouvait se vouer à l'étude des livres
Propriété. Famille. Esclavage. Si Dieu est le saints, devenir propre, et acquérir ainsi, au point
maître unique, tous les citoyens sont égaux; il de vue religieux et moral la plus grande autorité.
n'y a ni patriciens,ni plébéiens, et la loi est la .Mc~a~e. La constitution politique des Hébreux
même pour tous, même pour les étrangers. Les et leurs prescriptions religieuses étaient fondées
grandes fortunes sont rendues presque impossi- sur une morale qui peut se résumer en deux
bles par la constitution spéciale do la propriété. mots Aimer /lieu de tout son ca'Mf et de <OM<e
La terre, qui appartient à Dieu, ne peut être ven- son dme, et son prochain comme soi-mdme. Cette
due que temporairement; tous les cinquante ans, belle morale apprend à l'homme le respect de soi-
le Jubilé la fait rentrer en possession des vendeurs même, l'observation de la justice, la pratique de
ou de leurs héritiers, et l'égalité est rétablie. Dans la chanté et les vertus de la f&mille. L'homme est
la famille, comme dans la société, l'égalité est la créé à l'image de Dieu; voilà pourquoi il est ap-
loi fondamentale. Le mariage est une institution pelé à être saint comme Dieu est saint. Comme
sacrée, moralement obligatoire, à laquelle les Dieu, il doit repousser le.mensonge et l'injustice
époux sont appelés avec les mêmes devoirs. Il est sous quelque forme que ce soit. La superstition,
vrai que la polygamie et le divorce sont tolérés, la déloyauté, la fraude sont des abominations de-
mais ils sont entourés de restrictions, parce qu'ils vant le Seigneur, et le travail honnête est une loi
sont contraires à l'esprit de la loi et aux vieilles pour tous. La soumission aux autorités légales, le
traditions israélites. Les femmes des patriarches, respect des vieillards, sont de stricts devoirs de
Sara, Rebecca, Rachel, Léa, qui ont fondé la mai- justice; la piété filiale est une vertu essentielle;
son d'Israël, sont représentéescomme ayant exercé pour un enfant israélite, le plus grand des mal-
la plus grande influence sur leurs maris. Les en- heurs, c'est d'être privé de la dernière bénédiction
fants sont aussi égaux entre eux; Moïse abolit paternelle.
l'ancien droit d'alnesse des patriarches, et en ré- Mais la morale de Moise ne se contente pas de
duit le privilège à une double portion d'héritage. devoirs négatifs. Tous les hommes, descendus des
il n'est pas jusqu'à l'esclavage dans lequel on ne mêmes parents, doivent se traiter en frères. Prêts
retrouve chez les Hébreux ce même esprit de sans intérêts, protection des veuves et des orphe-
justice et d'égalité. Moise n'a pu l'abolir il ra lins, égards do toute nature envers les gens sala-
transformé. L esclave hébreu est payé pour son riés et envers les pauvres, bienfaits envers les
service et recouvre sa liberté après six années; étrangers et les ennemis, enfin touchante bonté
l'esclave étranger ne peut être maltraité impuné- s'étendant aux animaux eux-mêmes, voilà com-
ment. Fugitif, il n'est pas rendu à son maître; ment la morale de Moïse entend la charité.
blessé gravement, il est de droit émancipé, et Bien que le Pentateuque contienne de nom-
celui qui le tue est puni de mort. Le sabbat, insti- breuses allusions à une vie d'outre-tombe,sa mo-
tution sociale grandiose, fait participer les mal- rale, surtout sociale et politique, ne formule pas
tres an travail et les serviteurs au repos hebdoma- le dogme de l'immortalité de l'âme, qui ne fut
daire. enseigné aux Hébreux que bien plus tard. Pour
Culte. Dans l'ordre religieux, les prêtres et maintenir son peuple dans le bien, Moïse use
les lévites étaient les représentants de la Divinité d'un moyen qui n'a rien de dogmatique il
devant le peuple et ceux du peuple devant Dieu. fait appel aux sentiments puissants de la fa-
Ils avaient la direction du culte, dont le but était mille et montre que Dieu compte aux enfants
d'éloigner le peuple des immoralités idolâtres, de l'iniquité des pères jusqu'à la troisième et à la
rappeler les grands faits de l'histoire nationale, et quatrième génération, mais qu'il use de bonté
par dessus tout d'inspirer le respect de la loi et jusqu'à la millième envers ceux qui lui obéissent.
l'amour de Dieu. Le culte domestique comprenait, C'était dire qu'une solidarité impossible à briser
-entre autres actes, ta circoncision~ l'instruction existe entre toutes les générations passées, pré-
des enfants, des règlements sur la pureté person- sentes et futures; que les suites des bonnes et des
tielle et la nourriture, et la pratique du. sabbat; le mauvaises actions se perpétuenttravers les siè-
<ulte public consistait en sacrinces; et en fêtes cles, et que, par conséquent, pour assurer la pros-
solennelles dont les principales étaient celtes de périté de l'avenir, il faut dans le crésen; être
ff~Me (sortie d'Egypte), des Semaines (moisson), ndèlc !a vertu et au bien.
Telles sont les principales lois politiques, reli- rupture jette le roi dans une mélancolie profonde.
gieuses et morales des Hébreux elles enseignent et pour la dissiper on a recours au talent musical
l'unité et la spiritualité de Dieu, l'égalité, la jus- de David. Le jeune homme se distipgue bientôt par
tice, l'amour et la charité universelles. son courage; il tue le géant Goliath, bat les Phi-
CONQUÊTE DE LA PALESTINE. Josué, appelé par listins et devient le gendre du roi. Mais la jalousie
Moïse au gouvernement des Hébreux, devait con- de Sa<tl l'oblige à s'exiler pendant de longues
quérir la Palestine; il ne perd pas de temps; il années, et ce n'est qu'après la mort du roi et de
fait célébrer la P~que et, en peu de jours, il passe Jonathan, tués dans une bataille livrée aux Philis-
le Jourdain et s'empare de Jéricho, ville forte qui tins, et après le meurtre d'Isboseth, autre fils de
défendait l'entrée du pays. Les chants nationaux Saül, que David est reconnu roi par toute la na-
des Hébreux expriment la rapidité de cette marche tion (1055).
foudroyante, en nous montrant le fleuve qui recule Sur le trône, David déploie les plus sérieuses
et les murs de la ville qui s'écroulent devant les qualités; il conquiert Jérusalem, restée jusqu'ators
vainqueurs. Enrayés de ces succès, les Gabaonites, au pouvoir des Jébusites, et en fait sa capitale.
Cananéens du sud, deviennent par ruse les alliés Puis il soumet les Philistins et, docile aux inspi-
des Israélites et, attaqués par leurs compatriotes, rations des prophètes Gad et Nathan, il donne au
ils appellent Josué à leur aide. En une nuit, Josué culte une première organisation; il s'allie avec
arrive, surprendl'armée cananéenne campée autour Hiram, roi de Tyr, et traite avec générosité la fa-
de Gabaon et, après une longue journée de com- mille de Jonathan. Dans la suite, une faute grave
bat, la met en complète déroute. Dans le cantique qu'il commet et les désoràres de ses fils, dont
qu'il compose pour célébrer cette victoire, il pré- l'un, Absalon, son favori, se révolte contre lui,
sente poétiquement le soleil et la lune comme remplissentsa vieillesse de douleur. Son fila Salo-
a s'étant arrêtés à son gré pour éclairer le combat"
o mon lui succède.
(Munk, Palestine, p. 222). La défaite des Cana- Salomon, qui ne fut pas un guerrier comme son
néens du nord n'est pas aussi prompte; Josué père, se rend dès le début très populaire par
parvient pourtant à les battre, et, maltre de trente sa rare sagacité. Il construit un temple colossal et
et une provinces,il les distribue aux Israélites, en plusieurs villes; ses expéditions commerciales avec
leur laissant le soin de conquérir peu à peu le les Phéniciens, ses écrits de morale et d'histoire
reste du pays. Il meurt sans avoir désigné de naturelle (ces derniers ne nous sort pas parve-
successeur. nus), et son faste oriental portèrent partout sa
LES SupFÈTES ou JMES. L'anarchie ne tarda réputation. Mais tant de luxe ne pouvait que mé-
pas à régner et les cultes immoraux des Cananéens contenter le peuple et surtout les prophètes, déjà
à séduire les Israélites abandonnés à eux-mêmes. froissés par les nombreux mariages du roi avec des
Un sanctuaire, rival de celui du vrai Dieu établi femmes idolâtres. Aussi de graves symptômes de
à Silo, est élevé dans le nord de la Palestine. La révolte éclatèrent-ils bientôt, et le roi, en mourant,
guerre civile éctato, et la tribu de Benjamin y est ne transmit-il à son fils Roboam qu'une autorité
presque détruite. Au milieu de ces désordres, des fortement ébranlée (975).
héros s'élèvent et, sous le titre de ~M~M, gou- LE scaMME DES DIX TRIBUS. – RoAoaM commence
vernent leurs frères, au nom de Dieu. Othoniel son ret;ne en refusant avec arrogance la diminution
délivre les Israélites de la domination du roi de des impôts dix tribus l'abandonnent, et il reste roi
Mésopotamie Ehod, de celle du roi de Moab Sam- de Juda et de Benjamin. II se livre à l'idolâtrie et
gar, de celle des Philistins Débora, prophétesseet administre si mal ses Etats qu'il ne peut empê-
suffète, de celle des Cananéens du nord; Gédéon cher Sésonchis,roi d'Egypte, d'entrer en vainqueur
bat les Madianites et, après sa victoire, refuse la à Jérusalem.Jéroboam, ancien ofncier de Salomon,
royauté.m~ec/i, son fils, l'usurpe et l'exerce nommé roi d'Israël par les dix tribus révoltées,
pendant trois années, au bout desquelles sa cruauté n'est ni plus sage ni plus heureux ann d'éloigner
excite une révolte où il périt. ï'Ao~a et Jaïr ne sont ses sujets du sanctuaire, il fait élever deux veaux
que d'obscurs suSètes Jephté au contraire est cé- d'or et abolit la loi mosaïque; vers la fin de son
lèbre par la défaite qu'il inflige aux Ammonites et règne, Abiam, fils et successeur de Roboam, lui
par le vœu imprudent qu'il prononce au sujet de inflige une sanglante défaite. Aza règne avec
sa Slip. Samson, renommé par sa force extraordi- gloire en Juda, d ou il fait disparaîtreles cultes ca-
naire, fait, sansrésultat sérieux, une longue guerre nanéens, pendant que Nadab, fils de Jéroboam, périt
aux Philistins, qui s'emparent de lui par trahison. assassiné par Baasa. Cet usurpateur ose s'attaquer
Héli, grand-prêtre et suffète, a moins de succès en- au roi de Juda, qui venait de repousser les Ethio-
core ses deux fils sont battus et l'arche sainte est piens il est battu aussi. Ela, son fils, tombe sous.
prise; mais Samuel, qu'il avait élevé et qui lui les coups d'un autre assassin, et la guerre civile
succède, réussit enfin à imposer la paix à ces bel- éclate en Israël. L'armée donne la royauté à son
liqueux ennemis d'Israël. Juge et prophète, Sa- général ÛMM' qui bâtit Samarie, en fait sa capi-
muel rétablit l'ordre, relève le culte, et fonde, pour tale, et laisse le trône à son fils Achab, peu d'années
instruire les jeunes prophètes, une confrérie qui avant l'avènementde Josaphat,01)) d'Asa, au trône
devait rendre d'immenses services. Malheureuse- de Juda.
ment ses fila, associés à ses fonctions, manquent Ces deux princes d'un caractère si opposé s'al-
d'intégrité, et le peuple demande un roi. C'est en lient étroitement. Josaphat poursuit l'idolâtrie et
vain que Samuel expose les inconvénients de tout s'occupe de l'instruction du peuple. Achab au con-
genre dont le pouvoir héréditaire est la source, et traire, poussé par la reine Jésabel, princessephé-
prédit aux Israélites qu'ils gémiront un jour de nicienne, et malgré l'énergique opposition du pro-
leur résolution il est ooiigé de céder, et fait phète Elie, fait régner en Israël le culte immorat
choix, pour occuper le trône, d'un jeune benja- d'Astarté. Brave et généreux cependant, il bat deux
mite nommé Saül. fois les Syriens, et, malgré le concours de Josaphat,
LES PREMIERS Mis (1095). Contestée d'abord, il périt dans une troisième guerre qu'il entreprend
la royauté de Saül fut bientôt unanimement recon- contre eux. Achasias et Joram, ses deux fils, restent.
nue, grâce à ses victoires et à celles de son fils les alliés de Josaphat, qui fait avec ce dernier une
Jonathan sur les Ammonites, les Philistins, les campagne contre les Moabites et termine sa belle
Moabites, les Iduméens, les Syriens. Mais il n'é- carrière par d'utiles réformes dans l'administration
coute pas les inspirations de Samuel au sujet des de la justice. Le fils du pieux.Josaphat, nommé
Amalécites, ennemis irréconciliables des Hébreux, Joram comme son beau-frère le roi d'Israël, suit
et le prophète désigne secrètement pour la royauté l'impulsion idolâtre et cruelle de sa femme Athalie,
le jfnne nh d'Isaie de Bethfécm. Cette fille de Jésabel; il fait périr ses frères, voit l'en-
nemi envahir ses États et tuer ses propres enfants; périt assassiné au bout de deux ans; Josias, fils
il meurt après quatre ans d'un règne honteux. d'Amon, marche an contraire sur les traces d'E-
Achasias, son seul fils survivant, lui succède, et à zécbias. J~Kte, Sophonie et la prophétesseHulda
peine sur le trône co malheureux prince périt, le conseillent; la loi de Moïse, dont on retrouve
avec son oncle le roi Joram, sous tes coups de un antique exemplaire, est remise en honneur.
Jéhu, générât israëfite. Les deux trônes d'Israël et Mais toute cette prospérité est arrêtée par de
de Juda sont vacants à la fois (884). grands maiheuM qui, en peu d années, amènent
FIN eu ROYAUME D'fsBAEt.. Athalie et Jéhu la ruine complète de Juda. Placé entre les deux
s'emparent des deux royaumes l'une massacre les souverains puissantsd'Egypte et de Chaldée, Josias
enfants d'Achasias, ses petits-Os; l'autre, toute eut le tort d'intervenir dans leurs querelles; il
la race d'Achab. Athalie favorise ardemment le voulut arrêter Néchao quimarchait contre Babylone,
culte de Baal, que Jébu, docile à l'influence d'Elisée et périt 'a la bataille de Mageddo son fils cadet,
le prophète, poursuit au contraire avec sévérité. ./oacA<M, fut élu roi par le peuple, mais ie vain*
Après six ans d'un règne odieux, l'usurpatrice est queur t'exita en Egypte et mit sur ie trône .Ma.
mise à mort et remplacée par Joas, un de ses petits- chim, le nis a!në de Josias. Joiakim ne fut qu'un
enfants, sauvé de la mort par le grand prêtre Joiada, tyran odieux et un prince inhabile; malgré Jérémie
son oncle. qu'il persécute et malgré la défaite de Néchao, il
Pendant que Jéhu laisse affaiblir son royaume se révotte contre le roi de Babylone, et meurt pres-
par tes Syriens, Joas, sous la tutelle de Joiada, que aussitôt. Jéchonias, son nia, subit les consé-
maintientl'ordre et la religion dans le sien mais quences de cette faute c'est en vain qu'il se rend
à la mort du grand-prêtre,il devient idolâtre et fait à discrétion à Nabuchodonosor,it est exilé a Ba-
lapider Zacharie, le Sis de son sauveur; il périt bylone avec tu 000 Juifs, et remplacé par son oncle
Im-meme assassiné. Joachaz,Bis de Jéhu, ne réus- Sédécias. Après quelques années de calme relatif,
sit pas à tenir les Syriens en échec, mais son fils le nouveau roi, oublieux de l'expérience du passé,
Joas les met en déroute et bat Amasias, roi de se déclare indépendant. Nabuchodonosor revient,
Juda, qui meurt assassiné, comme son père. Pon- prend Jérusalemaprès dix-huit mois de siège, fait
dant un demi-siècle, l'ordre et la prospérité renais- égorger la famille royale et crever tes yeux à Sédé-
sent dans les deux Etats, sous les règnes d'Oyat cias, qui est envoyé a Babylone. Le temple est
et do Jotham, fils et petit-nis d'Amasias, et sous brûlé et la ville détruite de fond en comble.
celui de JéroboamIl, fils de Joas d'Israël dans les Un assez grand nombre d'habitants notables du
deux Etats, le praphétisme.représenté par Jonas, pays furent emmenés en Chaldée; mais tes vain-
~mo~, Joe/ et Osée, exerce une haute influence queurs laissèrentquelqueslaboureurs dont la sur-
morale; mais bientôt les crimes des rois amènent veillance fut connée à un gouverneur israélitu,
d'irréparables malheurs. nommé CM~a/ta~qui, peu après son installation,
Zacharie, nls de Jéroboam II, est assassiné par fut traîtreusementassassiné. Ce meurtre causa la
Sellum; Sellum, par Menahem, et Phaceia, fils du ruine complète du malheureux pavs, dont pres-
meurtrier, par Pékah, un de ses officiers. Pékah que tous les habitants furent envoyés à Babylone;
est vainqueur d'~cAtM, fils de Jotham, roi de Juda, il n'y resta qu'une population pauvre et ignorante,
mais il est vaincu par Tiglat-Phalasar, roi d'As- mélange de Juifs, de Samaritams et de Cananéen-)
syrie, et assassiné à son tour par Osée. L'anarchie idolâtres (588). Comme le royaume d'Israël, celui
est affreuse; Tiglat en profite pour s'emparerd'une de Juda périt par la faute de ses rois mais il
partie du royaume, et ce n'est qu'en devenant son devait bientôt se relever, grâce aux principes de
vassal qu'Osée monte sur le trône. Achaz régnait morale et de religion enseignés par les prophètes.
alors en Juda; c'était lui qui avait, malgré les LES PROPHÈTES ET LA LITTÉRATURE SACRÉE D'IS-
conseils du prophète Isaie, appelé Tiglat pour RAËL. On se trompe généralement sur les pro-
repousser l'usurpateur Pékah. Plus impie que les phètes leur mission n'était pas de faire des mira-
rois d'Israël eux-mêmes, Achaz élevé des autels à cles et de prédire l'avenir, mais de moraliser et
Baal, consacre un de ses fils à Moloch, et laisse d'instruire le peuple, et c'est par là seulement
dévaster honteusement ses Etats. A sa mort, il est qu'ils étaient considérés comme les envoyés de
privé de la sépulture royale. Ezéchias, qui lui Dieu. Au point de vue politique, ils sont les con-
succéda, vit au début de son règne la ruine du seillers libres des rois mais on doit les regarder
royaume d'Israël. Osée, qui s'était révolté contre plutôt comme des orateurs religieux; ils détour-
son puissant suzerain, Salmanasar, successeur de nent le peuple de l'idolâtrie, et surveillentle culte,
Tiglat, fut jeté en prison; Samarie fut prise et le qu'ils considèrent comme un moyen de moralisa-
peuple Israélite emmené en captivité en Assyrie tion. Censeurs courageux des moeurs publiques,
(Mt).). les prophètesn'hésitent pas à risquer leurs jours
LES DEMflEMROts DE JcDA. Grâce à la sagesse pour arrêter l'immoralité des princes et des classes
d'Ezéchias, le royaume de Juda jouissait alors riches; ils prennent le parti des pauvres et des fai-
d'une grande prospérité; s'inspirant des conseils bles, protègent les étrangers, et mettent au-dessus
des prophètes Isaie et Michée, Ezéchias avait aboli de tout la justice et la charité. C'est par la prati-
les cultes phéniciens et rouvert le temple. Les que de ces vertus qu'arrivera l'ère messianique,
Philistins sont repoussés, et le terrible Sennaché- qui fera disparaître les haines et les guerres, et
rib, roi d'Assyrie, qui était venu mettre le siège unira les hommes dans un amour universel.
devant Jérusalem, est obligé de se retirer précipi- La littérature des Hébreux contient leur histoire
tamment, après avoir vu presque toute son armée et leurs doctrines; elle se compose de livres histo-
détruite par la peste, cette terrible messagère de riques et de livres poétiques, dans lesquels l'his-
Dieu, comme l'appelle la Bible. Les derniers évé- toire et la poésie sont mêtées étroitement. Le plus
nements de ce règne presque constamment heu- important de' tous, le Pentateuque, a conservé les
reux furent une grave maladie du roi, que le pro- traditions sur les premiers temps du monde et
phète Isaîe soigna et guérit, une alliattce impoli- raconte l'histoire des Hébreux jusqu'à la mort de
,tique avec les Babyloniens, et la fondation d'une Moise. Le livre de Josué est le récit de la con-
académie de savants, qui réunit les monuments de quête celui des Juges paraît n'avoir pour but que
la littérature Israélite et assura le développement de.montrer les avantages du pouvoir héréditaire.
religieux de l'avenir. Le livre de Ruth, qui se rapports au même temps,
Manassé fut pendant quarante cinq ans un des est une gracieuse idylle qui nous apprend l'origine
plus mauvais rois de Juda; une chronique incer- de la race royale de David et nous offre dans tout
taine affirme qu'il revint à de meilleurs sentiments. son charme le tableau de la charité. Les deux livres
Son fils ~MOM, qui suit ses mauvais exemples, de Samuel et les deux livres des Rois racontentles
ces espérances la. Babylonie fut
conquise
régnes de Saül, de David, de Salomon et l'histoire réaliser
ri
im-
du schisme jusqu'à la chute de la royauté. Les deux par p eux, et le roi Cyrus, devenu le chef d'un Hé-
livres des C/fonMMM rapportent parfois textuelle- mense n empire, autorisa par un édit tous les
ment les mêmes faits, mais avec des de détails nou- breux
b de ses Etats à retourner dans leur patrie ft
(Esdras) et Néhémie, à rebâtir leur temple (536). Ceux de Juda, c'esl-
veaux; les livres d'Ezra
Daniel, qui écrit moitié
y
à-dire les Judéens ou Juifs, partirent à peu près
ainsi que celui de est en à
chaldéen, moitié en hébreu, continuent l'histoire seuls, s sous la conduite de Zorobabel, arrière-
générale des Israélites après le retour de la capti- p petit-fils du roi Jéchonias, et s'établirent dans la
vité; quant au livre d'Esther, il raconte un événe- Palestine, t qui désormais prit d'eux le nom de
construction du temple, retardée par les
ment particulier des annales juives sous la monar- Judée. J La
Samaritains, ne fut achevée que sous
chie persane. }intrigues des
Les livres poétiques des Hébreux pont pas le 1 règne de Darius, fils d'Hystaspe; sous celui de
(Assuérus), prince fantasque, les Juifs,
moins d'importance que leur littérature historique. Xerxès 3
Les PfOMrA&s et l'2?ccM:<Mte contiennentdes ma- grâce e ~Esther, jeune tsraélite appelée au trône, et
oncle Mardochée, échappèrent à la destruc-
ximes de morale; lun se termine par un remar- àS son préparée Aman, premier mi-
quable tableau des vertus do la femme; l'autre, tion t pour eux par
empreint d'un scepticisme décourageant, énonce nistre du roi.
pourtant le dogme de l'immortalité. Le liure de
i
Un demi-siècle s'écoula, et le nouvel Etat “ juif, ..“
d'ailleurs par les événements qui s'étaient
Job est un poème grandiose qui nous montre les entravé <
malheurs d'un juste et nous enseigne à accepter passés
1
en Perse, végétait sous la direction aristo-
des grands-prêtres oublieux de leurs de-
les décrets de la sagesse suprême que nous ne cratiqueF~a (Esdras), autorisé par Artaxerxes
pouvons toujours comprendre. voirs.
Les Psaumes, sublimes poésies lyriques, sont Longue-Main à conduire en Palestine une seconde
comme le cri de l'âme humaine patriotisme, colonie de Juifs, vint porter remède à la situa-
amour de Dieu, tion (458). Ezra~ quipieux appartenait à la classe des
vengeance, repentir, humilité, que savant; il fut se;
vertu; Création, Providence, miséricorde et justice scribes, était aussi
divines. tout y est chanté dans un magnifiquelan- condé dans son œuvre par Néhémie, éehanson du
gage. Sous une forme plus simple, le Cantique roi, qui avait obtenu un peu plus tard lesprophètes. pouvoirs
des Cantiques a une grande portée c'est l'hymne les plus étendus, et par les derniers
le paganisme fut consommée, et la
pastoral de deux jeunes fiancés, étroitement unis La rupture avec
de Moïse remise en vigueur. Des st/nayo~M~s,
et dont l'amour contraste avec les abus de la po- loi réunions laïques, où la prière était faite et la loi
lygamie.
Les prophètes, hommes politiques, moralistes et lue et expliquée au peuple par les scribes, furent
orateurs inspirés, tiennent une place considérable établies dans le pays. Enfin un grand conseil na-
dans la littérature israélite. Ceux dont les œuvres tional suprême, la Grande Synagogue, composédes
la captivité, Jonas, dont le savants les plus distingués, fut institué avec la
nous restent sont, avant;0&6!~M,~Mos, Joèl, OMe; mission particulière de veiller au maintien des
livre est une parabole; l'étude de la loi; c'est à cette
Isaïe et Michée, tous deux apôtres de la paix et de traditions et à
époque et par l'impulsion d'Ezra et de Néhémie
la réconciliation universelles Nahum, Sophonie, la collection des livres sa-
Habacuc; Jérémie qui prédit et voit la ruine de que fut commencée
Juda et dont les LamentationsÉzéchiel sont de touchantes crés.
élégies. Pendant la captivité, a des visions Les années qui suivent sont paisibles pour la
dont les allégories portent une empreinteAggée, toute Judée. Le pays est toujours gouverné par les
grands-prêtres, investis de l'autorité politique, au
babylonienne; après le retour de l'exil,
Zacharie et Malachie sont les derniers orateurs grand détriment de leurs fonctions religieuses.
prophétiques. Par contre, l'étude de la loi par le peuple, dans
Ecrits dans une langue enthousiaste et poétique. les synagogues, prend de jour en jour plusclasses
ainsi, sein des
d'im-
les livres sacrés des Hébreux n'ont qu uninfinie but portance, et il se forme au
la justice populaires, un parti, celui des ~.M:eMe?M ou des
montrerun Dieu unique qui estmanifeste dans le PieMŒ, qui se donne pour tâche de conserver, en
et dont l'action incessante sela conscience et dans5 dépit des classes supérieures, les traditions reli-
monde physique comme dans la nation dans toute leur intégrité.
l'histoire des hommes. On n'est pas d'accord surr gieuses de
les auteurs qui les ont écrits et sur l'époque de9 Sous trouble le pontincat de Jaddus, les Juifs passent
leur rédaction; mais il est impossible de mécon-e celle sans de la domination des Perses sous
pensée religieuse
naître la vérité et la hauteur de la littérature, d'Alexandre le Grand (332).
a faitt Alexandre est très bien-
et morale, qui, de cette grande DOMINATION
veillant
GRECQUE.
les Juifs, et la Palestine prospère tour
le livre par exceilence de l'humanité, la Bible. pour
les rois d'Egypte et de Syrie, ses sac-
LES JCIFS SOUS LES BABYLONIENS ET LES PERSES. à tour sous premier P~m~e,
LES SYNAGOGUES. Pendant les dernières années s cesseurs. Sous le nous rencon-
de Jérusa- trons en Judée grand-prêtre célèbre, le petit-
du royaume du Juda et après la priseemmené un
le qui fut un des
lem, les rois de Babylone avaient enn fils de Jaddus, Simon Juste,
Grande Synagogue. Pen-
captivité un grand nombre d'Hébreux, parmi les- derniers membres de la
pontificat d'Eléazar, frère et successeur de
quels se trouvaient des hommes distingués, telss dant le traduit en grec à
que Daniel, ses trois compagnons et le prophètee Simon, le Pentateuque est nombreuse colonie do
!S Alexandrie, où
Ezéchiel. Bien traités par les vainqueurs, les exilés vivait une
obtinrent de haute. positions politiques et purent tt Juifs; cette traduction, attribuée à 72 savants en-
lois religieuses. Les pro-)- voyés de Jérusalem et dite, pour ce
motif, Version
vivre sous leurs propres fait connaitre la Bible au monde
phètes remplacent les prêtres désormais sans Ls des septante,
dans la
ir païen (M4 a 2M); elle canoniques, fut continuée
fonctions; Ezéchiel, et sans doute aussi l'auteur
inconnu de la deuxième partie du livre d'Isaïe, suite, et,sacrés outre les livres reconnus
anciens et le peuple. comme par les Juifs, on y inséra d'autres
réunissent autour d'eux les le* livres de
et président aux assemblées de prières ils sont it ouvrages dont les principauxhistoriques, sont
livres
~t ToMe et de Judith, romans
les
aidés dans leur tâche par des hommes pieux et recueils de
savants, des scribes, qui copient les livres saints,9 de la Sapienée et de l'Ecclésiastique, jMaeAaA~, récits
et les Hébreux, maintenus ainsi dans leurs tradi- i- sentences, et les deux livres des
tions religieuses et consolés, entrevoientleur libé- 9- des graves événements arrivés en Judée sous le
ration prochaine. règne d'Antiochus Epiphane.
C'étaient les Mèdes et les Perses qui allaientit La Judée, après plusieurs pontificats sans gloire
mais non MM troubles, était passée définitive-
du messianisme. Comme leur moral?
ment sous la suzeraineté des rois de Syrie. Les était irréprochable
es
grands-prêtres, de plus en plus oublieux de leurs très grande, ils et leur douceur au pouvoir
rs
devoirs, s'occupent d'intrigues de cour. Onias 7/f étaient aimés du peuple et avaient
grand-prêtre pieux, est supplanté uno grande autorité; aussi y avait-il parmi eux
7<Mon,auMchète)e pontiflcatet qni, par son frèrere des faux-frères, que le Talmud appelle
~a-
à son tour, est
st t~MM teints et que l'Evangile nomme
trahi de la même façon par son plus jeune frère,
Resté maltre du pouvoir, e, cres blanchis. Une troisième secte, celle des A~-
l'appui
ai niens, tenait des Pharisiens presque toutes
d'Antiochus Epip hane, Ménélas fait par vendre les doctrines à cela près qu'elle admettait bien moins ses
trésors du temple pour payer sa dette, et 35 la Providence que la prédestination. Livrés
sassiner son frère alné, Omas III, resté à Antio- as-
s- au
che. Jt ose revenir à Jérusalem, où bientôt ta o- mysticisme, les Esséniens prétendaient faire des
la miracles et avoir puissance sur les esprits infer-
guerre éclate entre lui et Jason. Antiochus, arriveré naux; réunis hors des villes, ils renonçaientà la
au secours de son protégé, massacre née pre- propriété individuelle, évitaient de
priaient, travaillaient et mangeaient se marier,
mière fois le peuple innocent de
i année suivante, ces querelles et,
t,
ordonne de nouveaux pillages et ,t Ils avaient des mystères qu'on n'était admis en commun.
de nouvelles tueries. Un grand nombre de Juifs ts naître qu'après un long noviciat. Ces din-érentes à con-
sont vendus comme esclaves le temple est souilléé sectes étaient nées Judée; en Egypte aussi,
et le culteproscrit; maisl'enseignementdes scribes
avait lentement porté des fruits, et le peuple il s était formé une enautre grM''o école; cer~
juif,f,
atteint dans sa patrie et sa religion, se soulève ~"? ses membres, les r~a~M, dont les
e Esséniens avaient im~é l'association, vivaient
contre Antiochus (t6ï). dans la solitude et la contemplation. D'autres
GotVBMfEMENT
NATIONAL DES MACHAB~ES.
fut un simple prêtre, Matathias, de la famille eles
Ce Juifs hellénistes d'Alexandrie, désireux d'a-
e mener le triomphe de leur foi religieuse
Asmonéenne, qui leva avec ses cinq H)s !'étendard d paganisme empirant, s'enbrsaient de concilier sur le
de la révolte aidé par quelques patriotes, il tint philosophie la
la campagne pendant trois mois, et mourut. Let *r grecque avec les vérités dogmatiques
plus vaillant de ses fils, Juda dit Machabée (Mar- de la Parole et ils croyaient y arriver en faisant
tel), défait successivement tous les zénëraux une créatrice, du Verbe divin de la Bible,
sorte dmtermédiaire entre Dieu le monde
syriens envoyés contre lui, reste mattre de Ju- et en l'identifiant avec le Logos desetphilosophes
dée au bout de trois ans, rouvre et purifie ielatem-
!e et, après de nouvelles victoires, meurt héroï- platoniciens. représentants
L'un des derniers et des plus illus-
de cette école fut, un siècle plus
quement sur le champ de bataille. Jonathan ett tard, Philon, surnommé
le Platon juif. Ce mouve-
Simon, ses frères, continuent la lutte avec l'appui
i
ment
des Romains, et le dernier reçoit de Démétrius, cnse rengieuse iMmet des esprits annonçait une grande
oi de Syrie, les titres de grand-prêtre et de prince temps
prochaine
la
elle aHait se produire
ruine
des Juifs, titres qu'une assemblée nationale luiJudée. que politique de la
confirme. Comme Jonathan, Simon périt
assas-
siné, et Hyrcan, son fils, qui lui succède, proclame DOMINATION MMAtNB. RnnfB
DE LA JnDËB. ~w-
i ~dépendance de la Judée, que la Syrie, affaiblie
S
t
MM, fils et successeur de Shcon Machabée, occupa
pontificat pendant trente ans; les
par ses querelles intérieures, est obligée de re- Muméens et les Samaritains furent soumis, et
connaître. 1 alliance conclue avec Rome
La victoire définitive des Machabées eut fut par Jonathan et Si-
conséquence la réorganisation du pays. La Grande pour mon renouvelée. Mais la fin de ce regne heu-
Synagogue, qui n'existait plus, fut remplacée reux fut troublée par les querelles des Pharisienset
électif, par des Sadducéens, tour à tour protégés par le
un sénat le Sanhédrin, composé de soixante Aristobule, son fils aîné, qui prit le prince.
et onze membres, qui réunissait les hommes les Alexandre titre de roi et
plus instruits de la nation, à quelque classe qu'ils bles Jannée, son deuxième fils, sont d'horri-
appartinssent. Le grand-prêtre n'en était le prési- Après tyrans; le dernier mérite le nom d'assassin.
dent que s'il avait les capacités nécessaires. An- ~) a, une courte régence de sa veuve Alexan-
desMM de ce conseil, à qui étaient réservées < ses deux fils se disputent le pouvoir ~/)
can,
i
les affaires d'intérêt majeur, on institua de petits.Aristobule, ]o laine, est battu et devient grand-prêtre,
MM<«rttM de vingt-trois membres cadet, est élu roi malgré les Pha-
qui jugeaient risiens.
i Le grand Pompée, alors à Damas, inter-
les affaires criminelles ordinaires, et de <rt'AM- vient, s'empare
i de Jérusalem et donne à l'Idu-
MaM: de trois juges pour les contestations civiles, iméen Antipater le
EcoLBS IT SECTES jcivES. Pour avoir amené sserve que fapparence. pouvoir dont Hyrcan no con-
avec tant de rapidité cette restauration politique, <! La Judée est désormais
H fallait que l'enseignement des scribes eût
dépendante de Rome (63).
fondément pénétré dans !e peuple; en efet,pro- Antipater, habile et rusé, ne gouverne guère
les
écoles diverses qui s'étaient formées chez tes procurateur que
q dans nntéret de sa propre famille; nommé
Juifs avaient fini par exercer une grande influence. tdde hautes po<itiOM de la Judée, ilconne a ses deux fils
i.e< Sadducéens, qui constituaient l'une de dans l'Etat. Hérode, le plus
ces jeune,
j~
écoles, comprenaient les familles pontificales et paternelles; il est 1-héfMer de l'ambition et de l'habileté
les classes nettes; ils s'attachaient servilement à p épouse Marianne, petitp-nlle d'Hyr-
can,
c
la lettre dans l'interprétationdu Pentateuque, ils CUiassé de et devient le favori du triumvir Antoine.
n acceptaient pas les traditions orales, et Jérusalem, il y revient accompagné de
repous- légions
I<
raientles dogmes de t'immortalité de l'âme et de l'a- cerné à Rome et avec le titre de roi qui lui avait été dé-
vènement messianique. Egoistes et orgueilleux, et voir c. par le Sénat, et affermit son pou-
très durs dans l'application des lois pénales, ils A v~ par le meurtre des membres de la famille
étaient fort wpopuiaiMs. Les PAa~t~M sont Asmonéenne et du Grand Sanhédrm. Bientôt la
op-
posés en tout aux Sadducéens. Continuateurs des viennent
reine
ri Marianne elle-même et ses propres aïs de-
Assidèens et partisans de la tradition, ils sont les vi élever
él
ses victimes enfin, après avoir fait
des constructions splendides, il meurt au
représentants de la démocratie et de l'esprit milieu d'horribles souffrances et de l'exécration
m
laique; leur interprétation, qui est large, facilite universelle.
) exécution de la loi et en assure le maintien, bien La Palestine, déj&
m
qu'elle descende parfois a de trop minutieux dé- luttes gravement troublée par les
t~is réglementaires. Ils enseignent lu des patriotes, les Zélateurs, et du parti
les grands m main, est partagée, à la mort d'Hérode, entre ses ro-
dogme. de la Providence, de la liberté, de l'immor- tr trois Bis survivants, et peu après la Judée, enlevée
à Archéta&s, l'un d'eux, qui s'était attiré la haine chef des écoles israélites, lui donna l'appui de son
publique, est réduite en province romaine. Le autorité et crut voir en lui le Messie annoncé par
pouvoir des proconsuls pèse lourdement sur le les prophètes. En peu de temps, Barcochbah fut
malheureux pays privé de son indépendance un maître du pays, et, pour dompter cette redoutable
de ces magistrats,Ponce-Pilate,mécontentegrave- rebellion, Adrien fut obligé d'envoyer en Judée
ment le peuple c'est sous son gouvernement Jules Sévère, son meilleur général. Jérusalem est
qu'eut lieu le procès et la condamnation de Jésus, bientôt reprise et de nouveau rasée mais Béthar,
mis en croix par ses ordres, sur les accusations des forteresse où Barcochbah s'était enfermé, n'est em-
grands et des prêtres membres du parti saddu- portée qu'après trois ans d'un siège horrible. Bar-
céen et inféodés à la politique de Rome (27-36). cochbah mourut les armes à la main, Akiba dans
Sous Caligula, les Juifs refusent d'adorer le fou les tortures, et environ 600000 Juifs furent massa-
qui était le maître du monde, et sont l'objet de crés (135). ·
cruelles persécutions, que l'empereur Claude fait Désormais la Judéen'est plus qu'un désert; son
cesser. Agrippa, petit-fils d'Hérode, favori de existence politique est finie~ mais le mouvement
Claude, est nommé roi de la Judée, qui prospère dogmatique qui s'était produit dans son sein et les
sous son règne trop court, mais qui retombe bientôt diverses doctrines religieuses qui y avaient pris
sous l'administration directe de Rome. C'en est naissance devaient régénérer le monde et ta con-
fait désormais de toute paix. Les querelles vio- quérir aux vérités éternelles du Sinai.- Pour l'his-
lentes des Juifs, des Samaritains et des Grecs, les toire du peuple juif après sa dis~rsion définitive,
brigandages commis impunément au milieu de V. Juifs. [E.-A. Astruc.]
l'anarchie, les insolences des soldats romains et ITALIE (GÉOGRAPHIE). Géographie générale,
surtout la rapacité inouie des proconsuls excitent XIII. l. Géographie physique. Situation, li-
des révoltes journalières; enfin, sous l'administra- mites. L'Italie est une contrée de l'Europe mé-
tion du féroce Florus, il éclate une insurrection ridionale, comprise entre les Alpes, au nord, et la
générale. Méditerranée, au sud. Des mers secondaires dépon-
Les Zélateursen prennent la direction, et dès les dant de celle-cila limitent de tous les autres côtés
premiers temps remportent de grands avantages la mer Ionienne et la mer Adriatique, à l'est
sur les Romains, qui sont refoulés hors du pays. la mer Tyrrhénienne, et le golfe de Gênes ou
Néron confie à Vespasien le soin d'apaiser la révolte. mer de Ligurie. à l'ouest.
Accompagné de son fils Titus, ce général vient. En latitude, l'Italie est comprise entre 38° et 4T
avec une armée formidable, mettre le siège devant de lat. N. elle appartient donc essentiellement
Jotapat. Cette forteresse, défendue par un jeune à la zone tempérée; en longitude, elle va de 4° &
prêtre qui fut plus tard l'historien Flavius Josèphe, 16° à l'est de Paris.
tomba au pouvoir des Romains après une vaillante Forme, caps et golfes du littoral. Sa direc-
résistance. Vespasien,élu empereur,laissa le com- tion générale est au S.-O., sur une longueur de
mandement à Titus, qui vint mettre le siège de- 1000 kil. en ligne droite. Sa largeur moyenne est
vant Jérusalem en proie a la plus affreuse discorde. d'environ 200 kil. Elle a la forme caractéristique
Ne pouvant s'emparer de la ville par laforce, Titus d'une botte, dont les caps Gargano, sur la mer
essaya de la prendre par la famine. Après une Adriatique, Leuca et Spartivento, sur la mer Io-
héroïque résistance, Jérusalem fut prise et le nienne, indiquent respectivement l'éperon, le ta-
temple brûlé. Massada, forteresse près de la Mer lon et la pointe. Entre ces deux derniers se creuse
Morte, ne se rendit pas aux vainqueurs; ses dé- le golfe de Tarente. Du côté de la mer Tyr-
fenseurs se tuèrent tous de leurs propres mains rhénienne, le littoral est découpé les principaux
avec leurs femmeset leurs enfants. Environi 100000 golfes qu'il forme sont ceux de Gaete, de Naples
Juifs avaient péri dans la lutte; plus de 600 000 fu- et de Salerne. La partie septentrionalede l'Adria-
rent vendus ou réservés aux jeux du cirque (72). tique, entre l'Italie et la péninsule d'Istrie, porte
Les Juifs n'étaient pourtant pas encore écrasés le nom de golfes de Venise et de Trieste.
comme peuple, et leur doctrine restait debout. Au 7<M. Au-devantdes rivages, qui abritent des
plus fort de la tyrannied'Hérode, les écoles avaient ports nombreux, l'Italie se complète par de grandes
continué à se développer; nous voyons fleurir à ïtes au sud, ta Sicile, séparée du continent par te dé-
cette époque chez les Pharisiens deux grands doc- troit de Messine a l'ouest, laSardaigne et la Corse,
teurs, Hillel et Schamaï, qui rept'esentent des ten- cette dernière appartenant à la France depuis un
dances opposées. Schamai, dans son interprétation siècle. Les Mes plus petites sont l'ile d'Elbe, entre
rigoureuse des textes bibliques, se rapproche des la Corse et la Toscane au devant des golfes de
Sadducéens. Hillel au contraire fait la part des cir- Gaëte et de Naples, l'archipel des ttes Ponza,
constances et admet, dans l'intérêt même de la loi, Ischia, Procida et Capri; enfin, l'archipel volcani-
la nécessité d'en abroger certaines dispositions. Sa que des Lipari, au nord de la Sicile.
réponse à un païen, qui lui demandait le résumé Superficie et ~)op!<M:'on. – L'Italie avec ses dé-
de la loi, est restée célèbre Ce que tu M'eues pas pendances a une superficie de 300000 kil. carrés en-
pour toi, dit-il, ne le fais pas à autrui; c'est viron, les trois cinquièmes de la France, et est peu-
toute la loi; le reste n'en est que le commentaire. plée de près de 28 millions d'habitants, les trois
Pendant le siège de Jérusalem, un autre docteur quarts de notre populationactuelle. Cela correspond
éminent, Johanan ben Zaccaï, avaitrquitte secrète- en moyenne & N4 habitants par kil. carré. Notre po-
ment la ville et obtenu de Vespasien la permission pulation spécifique n'est que de 70.
de fonder une école à Jamnia, dans l'ancien'terri- OROGRAPHIE. Les Alpes. Les Alpesforment la
toire des Philistins. Cette école resta pour les plus haute chatne de montagnes et en grande
Juifs un foyer ardent de patriotisme et de religion partie la limite septentrionale de l'Italie. Entre
aussi les persécutions éprouvées sons Domitien, cette contrée et la France, la frontière suit pres-
et les succès momentanés obtenus sous Trajan, que constamment la ligne de faite depuis le col
leur firent-ils concevoirplus que jamais l'espérance de Tende, au nord-estde Nice, jusqu'au MontBlanc,
d'un libérateur messianique. Sous l'empereur en passant successivement par le Mont Viso et le
~d<e?t, qui avait d'abord favorisé, puis proscrit Mont Cenis. C'est encore la crête, passant par le
leur religion, ils font une dernière et terrible ten- Saint-Bernard, le mont Cervin ou Matterhorn, et
tative pour recouvrer leur indépendance. Jérusalem le Mont-Rose, qui sépare la Suisse de l'Italie,
n'était guère détruite que depuis un demi-siècle, entre le Mont-Blanc et le Saint-Gothard. Mais à
lorsqu'un vaillant guerrier, Barcochbah, se souleva, partir de ce point, la Suisse garde la haute vallée
prit le titre de roi, et se vit entouré d'une armée du Tessin, et le Tyrol autrichien comprend le
considérable. J~!&a"Ae?: ~0~ illustre rabbin, cours supérieur de l'Adige et de la Brenta. Parmi
les pics qui jalonnent cette partie de la frontière, au sud jusqu'à Vérone, et tourne ensuite & l'ouest
il tant citer la Bernina, entre la source de l'Inn pour finir entre Chioggta et les bouches du Pô.
et l'Adda, l'Orteler et l'Adamello, entre celui-ci Le M. Celui-ci, qui est !e fleuve le plus con-
et l'Adige. La frontière suit ensuite les Alpes sidérable de l'Italie, par sa longueur, l'étendue
Cadoriques, puis Camiques, depuis la Brenta jus- de son bassin et l'abondance de ses eaux, com-
qu'au col de Tarvis, sur la route de Venise a mence au mont Viso et coule de l'O. à l'E. à
Vienne, et descend de là à l'Adriatique par une travers le Piémont, la Lombardie, la Vénétie.
ligne conventionnelle courant entre l'Isonzo et le C'est par sa rive gauche qu'il reçoit des Alpes ses
Tagliamento, deux petits tributaires du golfe de affluents les plus considérables. Il se grossit, a
Venise. Turin, de la Doire Ripuaire qui descend de Suse
Les Apennins. Les. Apennins, moins élevés et du Mont-Gonèvre entre Turin et Casal, de la
que les Alpes, forment l'ossature de la péninsule. Doire Baltée, qui descend du Mont-Blanc par le
Courant d'abord de l'O. à l'E. à une petite dis- vat d'Aoste puis de la Sésia, qui vient du Mont
tance de la Méditerranée, depuis le col de Tende Rose. Ensuite commencent tes grandes rivières, qui
jusqu'à l'extrémité du golfe de Gènes, ils se re- se débarrassent, dans tes lacs qu'elles traversent,
courbent ensuite au S.-E. en se tenant plus près des alluvions qu'elles ont arrachées aux flancs
de l'Adriatique que de la mer Tyrrhénienne. des A)pes le Tessin, qu'alimentent!ts neiges du
Depuis le col de Tende jusqu'à la source du Tibre, Saint-Gothard, et qui, après avoir traversé le, lac
l'Apennin Mc<<w~t'ot!a! est peu élevé (1000 à Majeur, sépare le Piémont, l'ouest, de la Lom-
1500 m.). Entre la source du Tibre et la latitude bardie, a l'est, passe à Pavie et se réunit au PO,
de. Rome environ, l'Apenntn central est au con- un peu en aval de cette ville; l'~cMa, qui sort des
traire beaucoup plus haut en même temps que glaciers de l'Orteler, arrose la Valteline, traverse
plus large. C'est là que s'élève le Gran Sasso d'I- le lac de Cdnte, en sort à Lecco, passe à Lodi, et
talia, sa cime maltresse, qui atteint près de 3000 tombe dans le PU entre Plaisance et Crémone
mètres et domine l'épais rempart des Abruzzes. t'O~t'o, qui traverse le val Camonica, puis le lac
A partir des sources opposéesdu Vulturne,affluent o"Mo le Mincio, qui sort du lac de Garde,
du golfe de Gaete, et du Sangro. tributaire de forme les marais enveloppant la place-forte de
l'Adriatique, l'pewttH méridional s'abaisse rapi- Mantoue, et sépare la Lombardie de la Vénétie.
dement et se partage en deux branches la plus Sur la rive droite, les affluents du PÔ sont bien
orientale et en même temps la plus faible traverse moinsconsidérables. Le principal est le Tanaro, qui
la terre d'Otrante et finit au cap Leuca; la plus descend du col de Tende et se grossit à Alexandrie
occidentale forme la charpente de la montagneuse de la Bormida. Puis viennent la So'tna, dont la
Calabre et se termine au détroit de Messine. valtée sert de débouché au port de Gênes vers
Parallèlement à la chaîne principale des Apen- Alexandrie et Milan, et qui passe à Tortone la
nins et au littoral de la mer Tyrrhénienne, le sol Trebbie, qui tombe dans le Pô à quelque distance
se relève en bourrelets moins prononcés, qui por- au-dessus do Plaisance la .~feeA:< dont )e con-
tent successivement le nom d'Alpes Apouanes, fluent fait face à celui du Mincio le Panaro, le
Sub-Apennin toscan, montagnes de la Sabine, et Reno qui passe à Bologne. Ces deux derniers se
obligent les affluents de la mer Tyrrhénienne, réunissent au Pô près de Ferrare, là où le fleuve
l'Arno, l'Ombrone, le Tibre, a couler parallèle- se partage en plusieurs branches, dont le cours
ment au rivage, avant de s'ouvrir un passage qui indécis se promène entre Venise et Ravenne.
leur permette d'y aboutir. Plus au sud, les monts De tous tes fleuves qui débouchent dans la Mé-
de l'ancien pays des Volsques, entre Rome et diterranée ou tes mers en dépendant, le Pô est,
Capoue, impriment la même direction au Gari- après le Danube, celui qui porte à la mer le plus de
gliano. débris. Chargé d'alluvions, il exhausse sans cesse
Volcans. Seul sur le continent européen, le son lit et court au-dessus de la vallée qu'il arrose,
mont Vésuve, près de Naples, donne encore de entre des digues qu'on est obligé de renforcer et
temps en temps le spectacle d'une éruption mais de surélever, pour protéger les campagnes envi-
d'un bout à l'autre de la péninsule abondent les ronnantes et les villes assises sur ses bords con-
cratères des volcans éteints, où dorment aujour- tre le danger des inondations. Malheureusement,
d'hui des lacs charmants, qui sont un des princi- ces obstacles sont souvent impuissants a conjurer
paux attraits de ce pays si pittoresque. lo fléau, et le fleuve non seulement se crée de
La Sicile a l'Etna, dont la cime, haute de plus nouveaux passages en recouvrant et dévastantdes
3000 mètres, se couvre de neige, en même temps campagnes fertiles, mais abandonne à l'état de
qu'elle vomit la lave. Le Stromboli, dans les lies marécages névreux celles où il coulait précédem-
Lipari, est aussi de temps en temps en ignition. ment. Ses apports continuels forment dans la
Entre le Vésuve et 1 Etna, la Calabre a été fré- mer un promontoire toujours grandissant (80 m.
quemment agitée par de terribles tremblements par an), ou sont entraînés par les courants de
de terre. Le dernier, celui de 1857, coûta la vie à l'Adriatique pour former des cordons littoraux pa-
10000 personnes; celui de 1783 renversa 109 vil- railè)es aurivage, etquiséparentde la pleine mer les
les ou villages et fit périr plus de 30 000 âmes. lagunes de Venise et celles de CumaccAto, au nord
Autres montagnes. La Sardaigne et l'ile de Ravenne. Cette dernière ville, qui fut autrefois
d'Elbe sont montagneuses comme leur voisine la un port florissant, est aujourd'hui à plusieurs kilo-
Corse. En Sicile, l'Etna forme le point culminant, mètres de l'Adriatique, moins loin toutefois en-
mais ne se rattache pas à l'ossature montagneuse core qu'Adria, qui lui a donné son nom.
qui partage l'lie en trois versants, dont celui du S.-O. Au sud du PÔ, l'Apennin central n'envoie à la
est le plus étendu, celui du nord le plus étroit. mer'Adriatique que des torrents courts et rapides.
Dans l'Italie septentrionale, le Monferrat, qui Nous avons déj~ nommé le Sangro plus loin coule
étale ses pentes sur la rive droite du Pô, en l'Ofanto, sur les bords duquel les Romains perdi-
face de Turin, se rattache au sud à l'Apennin de rent la bataille de Cannes.
Ligurie. Bassin de la Mer ï'yrAe?!tM~e. Du côté de
HYDROGRAPHIE. Versant de lAdriatique. la mer Tyrrhénienne,la Toséane verse t'~fMO, le
Les Alpes Carniques et Cadoriques n'envoient au fleuve de Florence et de Pi~, et t'O~roHe;
golfe de VeÊise que des torrents rapides, dont le Rome envoiele J't&r? le golfe de Gaëte reçoit le
2'a~HamMto et la Piave sont les plus célèbres. Gariglianoet le Vulturne, au bord duquel est assise
Puis vient la Brenta, qui passe à Padoue et finit Capoue.
dans les lagunes de Venise. Sans être un fleuve aussi considérable que le
L'Adige, né dans le Tyrol, descend rapidement Rhône ou le Pô, le Tibre est sujet à de fortes crue*
qui ravagent la ville de Rome et ses environs. A abritée par le rempart des Alpes contre les vents
l'état ordinaire, il roule deux fois moins d'eau que du nord, on peut dire que l'Italie, d'un bottt à
la Seine, mais en revanche il ne descend jamais l'autre, jouit d'un printemps perpétuel. En re-
aussi bas que ce dernier cours d'eau. vanche, la fièvre y sévit sur beaucoup de points.
Lacs. En dehors des lacs dont les eaux se Dans la plaine du Pô, couverte de rivières souvent
déversent dans le Pô, l'Italie renferme un certain inondées, dans les Maremmes de Toscane, qui
nombre de lacs assez étendus, entre Rome et avoisinent l'embouchure de l'Arno et de l'Ombrone,
Florence notamment. Les plus importants sont dans les marais Pontins, entre Rome et Gaëte, au-
ceux de Pérouse ou de ïy<M:meMe, de Bolséna et de tour de Ravenne, le long des côtes de Sicile, sur
B~Mt'a~o. tous les points en général où les eaux douces sont
RÉGIONS PHYSIQUES. Par sa disposition orogra- arrêtées dans leur écoulement vers la mer, le mau-
phique, l'Italie est partagée en régions bien dis- vais air (malaria) exerce ses ravages, et la fièvre
tinctes. Le long du golfe de Gènes, les Apennins existe & Fêtât d'épidémie permanente. Par un con-
enferment un littoral étroit: c'est la Ligurie, pays traste dont on est surpris, les lagunes de Venise
essentiellement maritime en même temps qu'ilil et de Comacchio, remplies par le flot salé, échap-
jouit d'un des plus heureux climats du monde, pent à ce fléau. Le voisinage des forêts est un
grâce à son exposition méridionale, et au mur de élément de salubrité, et les plantations d'euca-
montagnes qui l'abrite du vent froid du nord. lyptus sont en ce moment poussées avec vigueur
Le bassin du Pô forme une deuxième région comme un sûr moyen d'assainissement.
bien distincte. Dans l'antiquité, il n'était pas con- II. Géographieagricole et industrielle. Fer-
sidéré comme faisant partie de l'Italie, et s'appelait tilité de ~<t:<e. L'Italie est un pays d'agricul-
Gaule Cisalpine, du nom des Gaulois qui l'avaient ture plutôt que d'industrie.Où trouver ailleurs des
peuplé. C'était le Rubicon, petit torrent descendu campagnes plus fertiles que celles de la vallée du
de l'Apennin vers l'Adriatique, qui formait sa limite Pô, qui depuis des milliers d'années ne cesse de
au sud. Dans cette région, le PU forme la division produire, grâce aux irrigations qui renouvellent et
principale par la largeur de son lit, et la difficulté enrichissent sans cesse le sol de tous les débris
qu'offre généralement son passage. Dans le haut arrachés aux montagnes. Dans la plaine, ce ne sont
de son bassin, le Piémont s'étend sur ses deux que rizières, champs de blé ou de mais, prairies
rives au pied des montagnes (d'où son nom), jus- qui donnent jusqu'à huit coupes dans une année.
qu'au contrefort des Apennins qui s'abaisse au 'fout autour des champs courent les ruisseaux d'ir-
nord vers Plaisance. Mais au delà du Tessin, quand rigation à l'ombre des mûriers, des érables, des
le fleuve s'est grossi de ce puissant affluent, la ormeaux qui portent, suspendus à leurs rameaux,
Lombardie occupe seulement la rive gauche, jus- les pampres grimpants de la vigne. Malgré les dé-
qu'au lac de Garde où commence la Vénétie. Le sastres des guerres et des inondations, tant de
pays situé sur la rive droite du Pô depuis le fois répètesdepuis des milliers d'années, le paysan
Piémont jusqu'à l'Adriatique porte aujourd'hui le ne se lasse jamais de remettre en culture ce sol
nom d'Emilie, d'après l'ancienne voie Emilienne, généreux. Les collines bordant la plaine sont cou-
que suit à peu près le chemin de fer entre vertes de vignes et de mûriers, et des champs pé-
Plaisance et Rimini. C'est la route la plus directe niblement défrichés couvrent les flancs des monta-
pour aller de Milan & l'extrémitéde la péninsule par gnes partout où le laboureur peut arrêter un peu
les bords de l'Adriatique. De l'autre côté des de terre végétale le long de la pente rapide.
Apennins, la Toscane, anciennement l'.E~'MrM, La Toscane, cultivée comme un jardin, la Roma-
occupe les bassins de l'Arno et de l'Ombrone. Celui gne sur le versant opposé des Apennins, ne sont
du Tibre se partage entre l'OMï&rM et le Latium pas moins fertiles. Et que dire de la Campanie,
ou pays de Rome. A l'est de l'Ombrie, les ~?'e/t~ dont le sol, formé de cendres volcaniques, tire sa
occupent la région comprise entre l'Apennin et fertilité du soleil qui t'échauSe et du voisinage
l'Adriatique. A l'est du Latium, les Abruzzes, des volcans qui t'ont tant de fois bouleversé? De
l'antique Samnium, occupent la région la plus même, sur les pentes de l'Etna, un vieux châtai-
élevée de la péninsule. Quel contraste entre ce gnier peut abriter jusqu'à cent cavaliers sous son
pays sévère et la riante Campanie (aujourd'hui ombrage. La Sicile fut autrefois le grenier de
la Terre de Labour) qui lui confine au sud autour Rome. Mais les ravages causés par les guerres, qui
de Naples t La Calabre, qui occupe la péninsule ont tant de fois désolé cette lie, et les déboisements
dirigée vers la Sicile, est de nouveau toute cou- qui en ont rendu le climat plus sec, ont singuliè-
verte de montagnes, tandis que la Pouille (l'an- rement diminué cette prospérité.
cienne Apulie) ne porte du côté du canal d'Otrante Irrigations. Les irrigations, si indispensables
que des plages sablonneuses dominées par les sous le soleil de l'Italie, y sont parfaitement en-
grands plateaux stériles des tavoliere, que par- tendues. Parmi les canaux créés dans ce but, on
courent les troupeaux de brebis. Entre la Pouitle doit citer le canal Cavour, de construction récente,
et la Calabre se creuse le golfe de Tarente, sur les qui, dérivé du Pô à Chivasso, arrose les cam-
bords duquel les Grecs fondèrent autrefois une pagnes de Verceil et de Novare et la Lomelline,
foule de cités opulentes, Sybaris,Héraciée, Tarente entre la Sésia et le Tessin. Les canaux qui entou-
et plusieursautres. Aujourd'hui la vie s'en est re- rent Milan, ceux du val de Chiana, en Toscane,
tirée, et la Basilicate est une des régions les plus des environs de Ferrare et de Hovigo vers les bou-
arriérées de la péninsule. ches du Pô, ne sont pas moins remarquables.
CLIMAT. Par sa latitude, l'Italie appartient à PRODUCTIONSPMNOtPALES.–Cénéales, légumes, etc.
la zone tempérée par excellence, puisqu'elle est à La principale culture alimentaire est celle du blé,
égale distance du pôle et de l'équateur. Les mers dont on évaluait récemment la production à 50
qui baignent ses rivages contribuent en outre à la millions d'hectolitres. C'est la moitié de la récolte
garantir des extrêmes du chaud et du froid, en de la France, et cette quantité ne saurait suffire à
même temps que les montagnes créent une diver- nourrir une population qui est les 3/4 de celle de
sité d'altitudes et d'expositions propres aux pro- notre pays. Le mais fournit 30 millions d'hecto-
ductions les plus différentes. Quoique en descen- litres, et sa farine bouillie, consommée sous le
dant vers le midi on se rapproche de plus en plus, nom de polenta, forme la principale nourriture
dans la Sicile par exemple, du climat et des pro- d'une grande partie des paysans. Le riz, dont on
ductions de l'Afrique, les endroits bien abrités du récolte millions d'hectolitres,est exporté en asse~
nord de l'Italie, tels que les îles Borromées, sur grande quantité. A ces ressources s'ajoutent celles
le lac Majeur, et les bords du lac de Corne, voient des céréales de second ordre, seigle, orge, avoine,
mûrir les orangers à la latitude de Lyon. Bien cultivées surtout dans les montagnes, les légumes
secs, les châtaignes. C'est dans le Piémont et sur pende tes fils télégraphiques à des piliers de cette-
les Apennins qu'on trouve le plus grand nombre pierre plutôt qu'à des poteaux de bois ou de fer.
de châtaigniers. L'Italie produit aussi, grâce à son C'est à l'abondance et à la richesse des matériaux
climat, beaucoup de primeurs, des oranges, des de construction qu'on doit en partie la splendeur
citrons, des amandes, qui viennent surtout de la des églises et des palais de Milan,de Gènes, bâtis
Sicile et du pays napolitain. tout en marbre. La ville de Pouzzoles, près de
TroNpMM'. – Le Piémont, la Lombardie, l'E- Naples, a donné son nom à la pouzzolane, terre
milie possèdent des troupeaux de bœufs et de d'origine volcanique, qni forme un excellent ci-
vaches. Ce sont celles-ci qui fournissentle beurre ment.
du Milanais, le fromage parmesan et le stracchino. INDUSTRIE. L'industrie proprement dite est
Dans les pays marécageux de la Toscane et des peu développée en Italie à cause de l'absence de la
anciens États pontincaux, le bœuf fait place au houille et de la rareté des capitaux. Pour cette
bufnet Les Apennins méridionaux et la Pouille double raison, rétablissement d'une filature de
nourrissent de nombreux troupeaux de montons coton, par exemple, Muterait moitié plus en Ita-
et de porcs, dont le nombre ne saurait être mis lie qu'elle ne coûte en Angleterre, et les frais
en parallèle néanmoins avec ceux de la France de fabrication seraient plus considérables. C'est
ou de l'Allemagne. La Calabre élève de petits dans le nord de l'Italie, sur les rivières descendant
chevaux de race arabe, remarquables par leur des montagnes, et fournissant la force motrice a~
énergie; mais c'est dans la Vénétie qu'on trouve bon marché, que se concentrent surtout les usines.
les chevaux les plus forts. ï'M:<!<e<. La filature du coton occupe à elle
~M:/M et vins. Les huiles d'olives et les vins seule plus de &0 000 ouvriers dans la Lombardie
constituentunedes grandes ressources de l'Italie.La autour de Milan, et près de Gênes. Le tissage se
vigne et l'olivier réussissent d'un bout à l'autre de fait généralement dans les campagnes de Toscane,
la péninsule, sauf sur les terres trop élevées, et ou dans le royaume de Naples, et occupe 6000U
l'on récolte 3 millions d'hectolitres d'huiles, en personnes. Lecco,Bergame, Brescia, Milan, Gènes,
grande partie exportées au dehors, et neuf ou dix Bologne fabriquent aussi les toiles de chanvre ou
fois autant de vins. Les huiles les plus estimées de lin, dont la filature se fait surtout à la main,
sont celles de Toscane; les vins les plus célèbres ainsi du reste qu'une partie du tissage.
sont les vins liquoreux de Sicile, le Marsala, le Corne, Lecco et les cités voisines ont encore la
Syracuse, qui sont surtout expédiés en Angleterre, spécialité de la fabrication des soieries; Gênes,
en France ou en Allemagne; puis les vins de celle des velours.
l'Emilie, ceux du Monferrat, de la Toscane, ou des Quant aux draps, ils se fabriquent surtout dans.
environs de Naples, où ils puisent sur les cendres le Piémont, en Toscane, et près de Naples. L'Italie
volcaniques un goût de terroir tout particulier. ne trouve pas du reste dans ses troupeaux une
Cultures industrielles. En fait de cultures quantité de laine suffisante elle en importe de la
industrielles,le chanvre et le lin occupent le pre- Plata, et beaucoup de draps ou de tissus, d'Angle-
mier rang. Le premier ne couvre pas moins de terre ou d'Allemagne.
) 33 000 hectares, dans la partie méridionale du Industries diverses. L'Italie a donné son nom
versant méditerranéen, et surtout dans l'Emilie, aux pâtes alimentaires, faites avec la farine des
qui, à elle seule, fournit plus de la moitié de btés durs. Entre Gènes et Savone, on trouve une
la production totale, 500 000 quintaux. Le lin centaine de fabriques de vermicelle, et qui n'a en-
couvre 80 000 hectares, et ne donne que le quart tendu vanter le fameux macaroni de Naplea, les
de la production du chanvre. C'est surtout la Lom- délices du lazzarone?
bardie qui le produit. C'est aussi en Italie, et surtout en Toscane,
Quant au coton, que la Sicile et le midi du qu'on tresse les plus belles pailles pour la cha-
royaume de Naples sont aptes à produire, la cul- pellerie. A elle seule cette industrie exporte pour
ture en est en décroissance depuis que l'Améri- 30 millions de produits.
que a recommencé à en fournir les manufactures Venise n'a plus, comme autrefois, le monopote de
européennes. la fabrication des cristaux, mais elle produit encore
Soie. L'Italie est au contraire un grand pays beaucoup décès verroteriesde couleur, qu'on porte
producteur de soie. Dans certaines années elle comme objets d'échange en Afrique, en Chine ou
aurait même dépassé la Chine sous ce rapport. In- aux colonies, et en même temps des cristaux de luxe.
dépendamment de ce que le pays consomme dans C'est aussi en Italie qu'on a inventé la fabrication
ses fabriques de soieries, il exporte en une seule de la faïence, à laquelle Faenza a donné son nom.
année jusqu'à 3 600 000 kilogr. de soies grèges ou Aujourd'hui, cette industrie a passé dans d'autres
Olees. pays. Toutefois Florence et Milan produisent en-
Richesses minérales. L'lie d'Elbe contient une core de la céramique. Florence fabrique aussi des
masse énorme de minerai de fer d'excellente qua- camées, des mosatques et une foule d'objets de
lité. On en exporte annuellement 200 000 tonnes luxe rentrant dans l'aptitudeartistiquedes Italiens.
do là ou de t'He de Sardaigne. Cette dernière pos- Les bijoux de corail de Naples, l'or ntigrané de Ve-
sède les riches mines de zinc de Malfidano, de dé- nise ou de Gènes, appartiennent au mémo genre
couverte récente, et des g!tee de plomb dont de produits. Les terres cuites de Naples se rap-
l'exploitation remonte sans doute aux Phéniciens. prochent de la statuaire, pour laquelle les Italiens
On trouve en outre du cuivre en Vénétie. ont tant d'aptitude. Milan est renommée pour sa
La Toscane possède une richesse toute spéciale, carrosserie, Brescia pour ses armes. C'est en Lom-
les M/~CTn, qui laissent dégager l'acide borique. bardie que se trouvent le petit nombre de forges
La Sicile approvisionne l'Europe entière de soufre italiennes. Grâce à la qualité des minerais, elles
dont on envoie- raffiner une grande partie à Mar- produisent d'excellentes fontes. On ne trouve d'a-
seille. Les lles d'origine volcanique sont riches en teliers de construction qu'autour des grandes villes
produits chimiques, qu'on recueille sur place dans comme Naples ou Gênes.
les Lipari. C'est aussi de là que viennent toutes Milan et Turin fabriquent des produits chimi-
les pierres ponces demandées par le commerce. ques et l'on trouve sur divers points de nom-
Comme la Grèce, l'Italie est riche en beaux mar- breuses papeteries, favorisées par la force motrice
bres. Le plus recherché par les sculpteurs est des cours d'eau et l'abondance du chanvre et autres
celui de Carrare, sur le versant sud des Apennins, matières premières.
entre la Toscane et la Ligurie. Puis viennent les Savone a donné son nom aux savons, mais cette
marbres de Gênes et des Alpes. Près du lac Ma- industrie n'y a plus guère d'importance.
jeur, le granit est assez commun pour qu'on sus- L'Italie a des eûtes fort étendues par rapport à
s.t superficie; aussi sa marine a-t-elle pris, depuis rattache (jettes a Marseille. La ligne
qui relie Bo-
l'unification du pays, un grand développement. logne à Florence à travers les Apennins est la
Les chantiers de construction maritime ont une grande artère intérieure de l'Italie, rattachant en-
grande activité sur le littoral de Gènes et aux envi- semble Milan, Venise, Florence, Rome et Naples.
rons de Naples. On se livre aussi àsépia, une pêche ac- Bologne est par suite le grand centre de jonction
tive sur les rivages. Le thon, la le corail des voies ferrées de la péninsule.
sont les principaux produits de cette industrie dans III. Géographie historique. L'Italie ancienne.
la mer Tyrrhénienne, et sur les côtes de Sicile et Les plus anciennes populations de l'Italie fu-
de Sardaigne. Du côté de l'Adriatique, les lagunes rent les Ligures, dont le nom est resté à la côte
de Comacchio constituent de véritables réservoirs de Gènes; les Ëtrusq.ues, qui avaient atteint, un et~t
pour retenir et élever le poisson. de civilisation très avancé avant la fondation de
COMMERCE. – De 1862 à 18'!6, le commerce ex- Rome (753 ans avant J.-C.); les Grecs, qui étaient
térieur de l'Italie a passé de 1500 millions à venus fonder dans l'Italie méridionale une foule de
2700 millions; les exportations notamment ont colonies riches et prospères, auxquelles se mêlèrent
doublé dans cet intervalle. C'est avec la France, quelques établissements dus aux. Phéniciens, les
l'Angleterre,l'Autriche que se font le plus de tran- premiers navigateurs de la Méditerranée. Au nord
sactions. enfin habitaient des Celtes, frères des Gaulois.
Flotte. La flotte de commerce comprend ;!o00 Nous renvoyons à l'article Rome tous les détails
navires ou barques, dont le tonnage, un peu supé- concernant le développement successif de la puis-
rieur à celui de la marine française, s'élève à près sance romaine, qui soumit une grande partie du
de 1200 000 tonneaux. monde à
connu cette époque avant de s'écrouler
Ports principaux. Les principaux ports de sous les invasions barbares.
commerce sont, en première ligne, Gênes, qui dis- L'invasion des &a)'&st'es. Les Hérules et les
pute à Marseille le commerce de la Suisse et de Ostrogoths fondèrent successivement en Italie
l'Allemagne occidentale sur la Méditerranée, La des monarchies éphémères. Les Lombards, arri-
Spezzia est le grand arsenal militaire du royaume, vant à leur tour, se partagèrent l'Italie avec les
grâce à sa situation naturellement très forte. Li- empereurs grecs de Constantinople. Ceux-ci se fi-
vourne a pris la place qu'occupait Pise au moyen rent représenter en Italie par un e-Em'f/Me résidant
~ge, lorsque l'état de l'Arno et la taille des navires à Ravenne, sur le côté des Apennins qui regarde
lui permettaientd'être un port. Civitta- Veccltia a l'Orient. Les Lombards avaient pour eux le pays
de même remplacé pour Rome le port d'Ostie en- qui porte encore aujourd'hui leur nom, la Toscane,
vahi par les envasements du Tibre. Naples et Me- et le duché de Bénévent dans le sud de la pénin-
sine se disputent aujourd'hui le premier rang après sule. A Rome, qui appartenaitaux empereurs grecs,
Gènes. Le dernier est une étape importante sur la le pape devint bientôt indépendant et réclama l'ap-
route de Marseille à Alexandrie, au canal de Suez pui des Francs contre les Lombards.
et danstout le Levant. Pa~mcest un autre grand CAat'~tna~rte, le patrimoine de Saint-Pierre.
port; les produits de la Sicile peuvent du reste être Charlemagne, vainqueur de ceux-ci, ne leur laissa
embarqués sur une foule de points différents, rap- que Bénévent. Il forma au nord le royaume d'Italie,
pelant de bien loin les anciennes cités si prospères qu'il réunit à son empire, et au centre le patri-
de l'antiquité; Catane, Syracuse, Port Empfit/oc/e moine de Saint-Pierre attribué au pape, mais placé
près de Girgenti (l'ancienne Agrigente), r;apa?M sous l'autorité impériale. Ce patrimoine compre-
sont les principaux de ces ports. naitl'exarchatde Ravenne, que les Lombardsavaient
Du côté de l'Adriatique, Venise occupe le pre- enlevé aux Grecs et que Charlemagne leur reprit,
mier rang. Elle a perdu la prépondérance dont elle ainsi que la Pentapole Rimini, Pesaro, Fano, Si-
jouissait au moyen âge lorsque sa flotte était mai- nigaglia, Ancône), et l'ancien duché de Rom(.
tresse de la Méditerranée, et sa diplomatie la plus Les républiques italiennes. Au moyen âge, les
écoutée dans les conseils de l'Europe. Trieste lui a villes maritimes se constituenten républiques Gè-
enlevé le commerce de l'Autriche; mais le viaduc nes, Venise,Pise, Naples, Amalfi, et surtout les trois
qui la réunit par une voie ferrée à la terre ferme lui premières atteignent un haut degré de richesse et
ouvre de nombreux débouchés en Lombardie, dans de prospérité. Le commerce de la Méditerranée est
le Tyrol et l'Allemagne occidentale par le Brenner. entre leurs mains. Au nord d'autres républiques
Ancdne jouit de l'avantage d'un col de montagne Milan, Pavie, Crémone, Modène.Padoue,Plaisance,
qui la met en communication relativement facile Ferrare, vivent pendant plusieurs siècles d'une
.avec le versant occidental des Apennins, l'Ombrie, existence indépendante. Au centre, les États de
la Toscane et le Latium. Plus au midi, Brindisi est l'Eglise s'agrandissentpar la donation de la grande
le port avancé de l'Europe vers l'Orient, tant que comtesse Mathilde, et les cités de Florence, Luc-
les chemins de fer ne traversent pas la Turquie et ques, Sienne deviennent de riches républiques
ne mettent pas Constantinople ou Salonique en marchandes.
communication directe et ininterrompueavec l'Eu- i'~cHe méridionale. Les Français en Italie.
rope occidentale. Au midi s'établissent les Normands, qui fon-
Chemins de fer. -Les chemins de fer sont moins dent le royaume des Deux-Siciles. Tandis que ce-
nombreux en Italie qu'en France. Le réseau n'y lui-ci passe successivement dans la maison fran-
est guère que le tiers de celui de notre pays. C'est çaise d'Anjou, puis dans la maison d'Aragon, pour
dans le bassin du Pu que les mailles en sont le rester définitivement au pouvoir de l'Espagne, la
plus serrées. Par le Mont-Cenis, le Piémont est Toscane devenait le domaine des Médicis qui y
relié à la France la Lombardiele sera bientôt à la firent fleurir les beaux-arts. Les Visconti, puis les
Suisse par le Saint-Gothard. Le Brenner, le pre- Sforza régnaient à Milan, que se disputèrent bien-
mier passage des Alpes franchi par une voie ferrée, tôt la France et l'Espagne les Gonzague à Man-
rattache la Vénétie au Tyrol. Parmi les voies de toue, la maison d'Este à Ferrare; Venise était de-
la péninsule méridionale, la principale & signaler venue puissance de terre ferme; le duc de Savoie
est celle qui suit l'Adriatique depuis Rimini jus- jetait les fondements de cette dynastie qui devait
qu'à Otrante, en continuantainsi la ligne qui borde arriver à posséder toute la péninsule.
la voie Emilienne et réunit Plaisance, Parme, Mo- L'Italie mode'-ne. L'Espagne, l'ayant emporteà
dène, Bologne. C'est actuellementune des grandes sur les Français, resta maitresse du Milanais et des
voies du trafic international. Sur le versantopposé, Deux-Siciles jusqu'au dix-huitième siècle Ce fat
le golfe de Gênes est bordé par une voie littorale alors l'Autriche qui devint souveraine du Milanais.
qui se continue au sud jusqu'à Civitta-Vecchia,et tandis que les Bourbons d'Espagne s'établissaient
relie ensuite Rome et Naples, comme au nord elle à Parme et à Naples. Dans le cours du même sièct~
la Toscane passa entre les mains de lamaison de Lor- la Basilicate forme la province de Potenza; la Ça-
raine, qui occupa bientôt le trône impérial d'Autri- labre en comprend 3 Catanzaro, Cosenza et Reg-
che. Pendant les guerres de la république et de gio la Sicile 7 Caltanisetta, Catane, Girgenti,
l'empire, les Français s'emparèrentde toute l'Italie, Messine, Palerme, Syracuse et Trapani; l'Ile de
sauf de la Sicile, où les Bourbons maintinrentleur Sardaigne, 2 Cagliari et Sassari.
souveraineté on y forma successivement les répu- L'Italie, qui ne renfermait, il y a un siècte, que
bliques cisalpine à Milan, ligurienne à Gênes, par- 15 millions d'habitants, en compte aujourd'hui 28
thénopéenne a Naples, qui n'eurent qu'une durée millions.
éphémère. Bientôt les départements français s'é- C'est la Ligurie, avec 164 habitants par k. c.,
tendirent jusqu'à Rome, et le royaume d'Italie, qui offre la population la plus dense. Viennent
formé de la Lombardie, de la Vénétie, d'une par- ensuite la Campanie avec )5S, et la Lombardie
tie de l'Emilie, et des Marches, était une dépen- avec 153 habitants. La Vénétie. l'Emilie et le Pié-
dance directe de l'empire. Le royaume de Naples, mont dépassent encore la moyenne de tout le
au midi, était l'apanage d'un frère ou d'un boau- royaume. Les parties les moins peuplées sont, M,
frère de Napoléon. contraire, l'ile de Sardaigne avec 27 habitants, et
L'ltatie df txlà à 1860. Le congrès de Vienne, la Basilicate avec 49.
en 1815, Introduisit un nouvel ordre de choses. Il L'unité de l'Italie s'est faite par les Italiens de
donna au roi de Sardaigne, possesseurde la Savoie, nord, plus éclairés, plus laborieux que ceux du
du Piémont, du comté de Nice, l'ancien État de sud, encore ignorants, superstitieux, dépourvus de
Gênes le royaume lombard-vénitien à l'Autriche, besoins et paresseux. L'accord moral est encore
les duchés de Parme, de Modène, de Lucques, la loin d'être établi entre tes deux parties de la pé-
Toscane à des princes de Bourbon ou de la maison ninsule, également jalouses de leur indépendance
d'Autriche. Le pape fut réintégré dans ses États et remplies d'attachement pour leurs anciennes
le roi de Naples recouvra tout son royaume. En mœurs. Si peu à peu tes lumières de l'instruction
1847, Lucques fut réuni à la Toscane.. et un état de civilisation plus avancé pénètrent
L'Italie contemporaine. En 1859, l'alliance de au midi, le fléau du brigandage y sévit encore,
la France permit au roi de Sardaigne de lutter notamment en Sicile où, par moments, il exerce une
victorieusement contre l'Autriche. Abandonnant à véritable terreur. Pour soutenir les guerres au
la France la Savoie et une partie du comté de Nice, moyen desquelles elle a acquis son indépendance,
il réunit à ses États la Lombardie conquise par les pour développer les travaux publics, l'Italie a du
armées alliées. En même temps les princes étaient dépenser des sommes énormes qui ont endetté
chassés de Parme, de Modène et de Florence, et l'Etat tout en le chargeant d'impôts très durs, dont
l'Emilie et les Marches se donnaient à Victor-Em- plusieurs, tels que l'impôt sur la mouture, ont un
manuel. L'année suivante, la Sici!f* et le royaume caractère particulièrement vexatoire.
de Naples étaient conquises par Garibaldi, et le (;r<Me~ villes. Les grandes villes sont plue
roi de Sardaigne réunissait sous son sceptre, en nombreuses en Italie que dans notre* pays, et sur--
prenant le titre do roi d'Italie, la péninsule tout tout plus riches en souvenirs historiques, et en
entière, sauf la Vénétie restée entre les mains des monuments ou collections antiques. C'est, avec la
Autrichiens, et la 1 artie occidentale des États de beauté du climat et les curiosités pittoresquesdu.
l'Eglise laissée au souverain pontife. En 1866, une pays, ce qui y attire et charme tant les voyageurs.
nouvelle alliance, conclue avec la Prusse contre YM' tM, la première capitale du nouveau royaume,
l'Autriche, permit aussi à l'Italie de s'annexer la après avoir été celle des rois de Sardaigne, ren-
Vénétie, et pendant la malheureuse guerre de 1870, ferme plus de 200 000 habitants les routes qui y
ses troupes entrèrent à Rome qu'avait jusqu'alors aboutissent, en venant du Mont-Cenis ou du Mont
protégée l'empereur Napoléon III. Le pape conti- Genèvre, suivent les vallées dites Vaudoises (des
nue à résider dans la ville ~e~e, où on lui a protestants qui les habitent en partie), et passent
laissé )e palais du Vatican et tous les attributs de par Suse et Pignerol, fameuses dans l'histoire des
la souveraineté;mais il n'a plus aucun territoire à guerres, comme Saluces, qui est plus au sud et
gouverner. Les souverains étrangers entretiennent près du PU. Sur la route de Turin à Savone sont
auprès de lui des ambassadeursspéciaux, de même Mondovi,Millesimo,Montenotte,Dego, témoins des
qu'il leur envoie de son côté des nonces. Le roi premières victoires de Bonaparte en Italie.
d'Italie, dont la capitale a été Turin jusqu'en ISMj, Alexandrie, la seconde ville du Piémont par sa
puis Florence jusqu'en t8'!Û, réside maintenant11 population (6C 000 hab.), en est la principale for-
Rome où sont réunis le parlement, les ministèreset teresse et occupe le centre du triangle Turin-
tous les organes du gouvernement central. Gènes-Milan. C'est presque sous les murs d'A-
IV. Gouvernement,divisions administratives. lexandrie que s'est livrée la bataille de JtfareM~o,
Le nouveau royaume est soumis au régime et c'est sur la route d'Alexandrie à Plaisance qu'ont
de la monarchie constitutionnelle et parlemen- été gagnées celles de Montebello.
taire, ainsi que le règle la constitution ou sta- Pavie (25,000 hab.), au confluent du PA et du
tut accordé aux Etats Sardes en 1848. H est di- Tessin, nous rappelle la triste défaite de Françoia.
visé en 69 provinces, savoir 4 dans le Piémont I". C'est aujourd'hui une ville universitaire. Plus
Alexandrie, Coni, Novare et Tarin dans la Li- haut, sur la même rivière, sont les ponts de Tur-
gurie Gênes et Port-Maurice 8 dans la Lombar- bigo et de Buffalora qui conduisent à Magenta,
die Bergame, Brescia, Corne, Crémone, Mantoue, entre Novare et Milan. C'est à Novare que Char-
Milan, Pavie et Sondrio; 8 dans la Vénétie Bel- les-Albert fut vaincu en 1849 par tes Autrichiens.
lune, Padoue, Rovigo, Trévise. Udine, Venise, Sa défaite retarda de dix ans l'unité de l'Italie.
Vérone et Vicence; 8 dans l'Emilie: Bologne,Fer- Avec ses faubourgs, Milan renferme près de-
rare, Forli, Modène, Parme, Plaisance, Ravenne 300 000 habitants. Sa population, son activité~ son
et Reggio. L'Ombrie forme la province de Pérouse; industrie, ses palais, sa cathédrale de marbre, son.
les Marches, les 4 provinces d'AncÔne, Ascoli et théâtre de la Scala, en font une des plus belles
Piceno, Macerata, Urbin et Pesaro. La Toscane villes de l'Italie. Au nord de Milan, Monza (25 0<~
comprend 8 provinces Arezzo, Florence, Grossoto, hab.) garde la couronne de fer des anciens rois
Livourne, Lucques, Massa et Carrare, Pise, et lombards. Cdme (25 000 hab.), Bo'yame (40 000
Sienne. Les environs de Rome forment la province hab.), Brescia (40000 hab.), se distinguent par
de Rome; les Abruzzes,4provinces Aquila, Cam- leur industrie. Entre Milan et Crémone, voici
pobasso, Chieti et Teramd' La Campanie comprend Melegnano, l'ancien Marignan, et sur les bords de
5 provinces Avellino, Bénévent. Caserte, Naples t'Adda.ZoeH, théâtre d'une autre victoire des Fran-
et Salerne; la Pouille 3 Bari, Foggia et Lecco; çais.
Plaisance (35 000 hab.) garde le passage du Pô œuvres d'art, et ses collections sont recueillies uniques sou9
le rapport des antiquités romaines à
au pied des contreforts des Apennins. En avançant
à l'est, on trouve entre le Mincio et l'Adige le fa- Pompe:. Les cités populeuses se pressentsuffisent autour
lequel les Autrichiens de Naples; les richesses du sol et de la mer
meux quadrilatère, sur
appuyaient la défense de leurs possessions Ita- à nourrir de nombreux habitants qui ont, du reste,
liennes Pfsc/t:e)'a sur le lac de Garde, Mantoue, peu de besoins. La douceur du chmat permet de
aux
sur le Mincio, FeroKe (70 000 hab.), et Legnago, lazzaroni de vivre presque nus; un sou maca-
sur l'Adige. roni suffit àles nourrir, et quand ils se sont assuré
C'est à l'ouest du Mincio qu'ont été livrées les la nourriture du jour, ils jouissent du soleil et de
batailles de Castiglione et de So//ë)':MO c'est entre la belle nature, en vrais artistes qu'ils sont. Caserte
le lac de Garde et Vérone qu'a Été remportée est, après Naples. la principale cité de la Campanie
la victoire de Rivoli. ~'M/e est sur la rive gauche (30000 hab.) Gaeïedéfendaitle royaume de Naples
de l'Adige, entre Vérone et Legnago. Que de sang contre l'Italie du nord. C'est là que le dernier roi
répandu sur ce petit coin de terre Par leurs mo- a soutenu le siège
baie
dont
de
l'issue
Naples,
a consacré sa dé-
C<Mfe~am<M'e,
numents, Vérone, Padoue (6t,0t)0 hab.), la ville chéance. Sur la
universitaire, servent d'introduction à la magni- So)'en~ sont chéris des voyageurs à cause du
fique Venise ()3~ 000 hab.), si riche en œuvres charme qu'offre leur séjour. Sur le golfe de Salerne,
d'art merveilleuses, palais, églises, musées. la ville de ce nom rappelle une école de médecine
Dans l'Emilie, Fe~'are est célèbre par le séjour fameuse au moyen âge. C'est à l'ouest de Salerne
d'.i Tasse, Ravenne, par la victoire et la mort de que se trouve
~n!< dont la prospérité remonte à
Gaston de Foix, Parme (45 000 hab.) par les œu- la même époque. Dans la Pouille, Foggia est une
vres du Corrège; Isologue, ville universitaire, oc- ville de 50 uOO habitants.
cupe aujourd'hui le premier rang parmi toutes ces Dans la Sicile, Palerme, remarquable par ses
cités, par sa population de plus de 100 000 habi- beaux monuments de t'époque arabe, renferme
tants et ses institutions scientifiques. plus de 200000 habitants. Messine, grande étape
C'est à peu de distance au sud de ~tMt~ où la de passage, en a 110 000. Elle nous rappelle l'affreux
voie Emilienne se terminaitdu côté de l'Adriatique massacre des vêpres siciliennes. Catane, malgré
porte triomphale, que l'on trouve, perché le voisinage de l'Etna qui la domine et la menace
par unemontagnes,l'Ëtat perpétuellement, 000. Par contre, l'antique
sur les minuscule de SaM<-Ma)':M en a 85
(7000 hab., sur 57 kil. carrés), dont l'indépen. Syracuse, dont la population s'éleva aujourd'hui peut-être à
dance remonte à plus d'un millier d'années. un million d'habitants, n'en a plus
Dans la Ligurie, Gênes, avec 130000 habitants, est qu'une vingtaine de mille. C'est aussi la population
aujourd'hui le premierport de la péninsule. Quand de Girgenti, l'ancienne Agrigente,.MarM/a,fameuse qui fait face à la
elle formait un État indépendant,elle possédait la Tunisie. Sur la côte occidentale,
Corse avant que cette ile ne devint française. par ses vins, a 35000 habitants. Elle occupe l'em-
Occupée par Masséna en 1800, elle soutint un des placement de l'ancienne Lilybée, et offre un lieu de
sièges qui ont le plus illustré les armées fran- débarquement facile, ce qui l'a fait choisirjadis, comme
çaises. point d'aKérissement par les Carthaginois et
En Toscane, NoreKce (170 000 hab.) est une des par Garibaldi en 1860. lorsqu'avec ses mille com-
villes les plus riches du monde par ses musées, pagnons il alla conquerir le royaume de méridional, Naples.
plus de En Sardaigne, Cagliari, sur le rivage
ses palais. Son dialecte passe pour le pur
l'Italie, son industrie est fort active pour tout ce est à la fois le port le plus commerçant et la cité la
qui concerne les objets d'art. Livourne (100 000 plus populeuse (300u0 hab.). Sassari, au nord-
hab.) n'est importante que par son commerce. ouest, n~at pas au bord de la mer et n'en a que
Lucques (70000 hab.) est remarquable par les 25000. [G.Meissas.i
cultures qui l'entourent et l'ardeur laborieuse des ITALIE (HISTOIRE). Histoire générale, XXX.
jardiniers à qui elles sont dues. Pise (50 000 hab.) L'Italie gothique, byzantine et lombarde, jus-
a encore sa tour penchée, son fameux Campo- qu'à la formation de l'Em
révolution de 476 qui déposa
pire
le
carolingien.
dernier

empereut
La
santo, mais a perdu son ancienne activité. Sienne
('~ 000 hab.) est remarquable comme Florence romain, Romulus Augustule, et donna le pouvoir
par ses admirables monuments. à Odoacre, chef des Hérules, eut pour conséquence
Rome, quoique n'ayant que 250 000 habitants, est principale l'établissementdéfinitif des Barbares sur
la ville la plus célèbre de la terre par les souve- le sol de l'Italie. Régis jusqu'à la fin du cinquième
nirs qui se rattachent à l'époque où elle fut la mai- siècle par de vieilles dispositions des lois impé-
Barbares,
tresse du monde, le point de départ des lois et de riales, les officiellement possédé maltres en réalité de l'Empire,
la civilisation, par toutes les institutions qu'y a n'avaient que les droits des
fondées l'Eglise catholique, par les admirables A<Mes etdesQM.c~tKr~. Odoacre leur distribua des.
monuments qu'y ont laissés les anciens Romains, terres, surtout celles du fisc, qui avaient appartenu
ou qu'y a élevés la foi chrétienne. Le Colisée offre aux anciens empereurs.
Réduite à la condition de
les ruines d'un édifice grandiose l'église de Saint- la Bretagne, de la Gaule et de l'Espagne, l'Italie
Pierre est le plus beau temple de l'univers; les ne pourrait-elle devenir un royaume uni, sinon
galeries, les bibliothèques renferment les collec- homogène, sous l'autorité d'un Barbare capable
tions les plus précieuses. Aussi est-ce à juste titre d'imposer des devoirs à ses compatriotes armés, et
population italienne
quo le gouvernement français entretient à Rome de maintenir les droits de la 71

Pendant douze ans (477-489) Odoacre essaya d'ac-


une école pour ses jeunes artistes.
Dans l'Ombrie, Pérouse (50 000 hab.) est le siège complir cette tâche, d'ailleurs difficile. Mais son.
d'une université. Dans les Marches, Urbin est la œuvre fut brusquement interrompue par l'arrivée
patrie de Raphaël, PcMyo, celle de Rossini; ~KC~Me de nouveaux envahisseurs.
(45000 hab.) est située dans une position maritime Les Ostrogo ths, frères des Wisigoths, s'étaient
et militaire importante, qui l'a fait occuper par la fixés jadis sur la rive droite du Danube, dans la
France ou l'Autriche quand elles ont voulu dominer province de Pannonie. Leur chef se nommait
en Italie. Théodoric. Comme beaucoup de jeunes barbares
A'ap/es, dans l'ancien royaume qui porte son nom, de distinction, Théodoric avait été élevé à la cour
est la première ville de l'Italie par sa population de Constantinople. A dix-huit ans, il revint en Pan-
(450 000 hab.). Elle est aussi la mieux située, car aux nonie. Allié de l'Empire d'Orient, il conçut le pro-
avantages d'un port, elle réunit ceux d'un climat jet de conquérir l'Italie. Le peuple ostrogoth tout
délicieux et d'environs admirables. Comme les entier suivit son chef. Odoacre vaincu dut partager
autres grandes cités italiennes, elle est riche M le pouvoir avec le vainqueur. Théodoric régna à
Vérone, et Odoacre à Ravenne. Rome se déclara er; de Narsès fut remarquable. Mais l'exarque fut
faveur de Théodoric; les évoques du nord lui victime, comme Bélisaire, du misérable esprit d'in-
étaient favorables. Théodoric se débarrassa bien. trigue qui agitait la cour impériale. Il fut remplacé
tôt de son rival par l'assassinat (490). par Longin, personnage d'humeur opiniâtre et
Deux cent mille Ostrogote partagèrent les ter- d'intelligence étroite. L'Italie mécontente suppor-
res de l'Italie avec les anciens propriétaires. Aux tait impatiemment ces Grecs qu'elle avait cepen-
Italiens furent confiées de préférence les carrières dant appelés contre les Goths. Destinée à tourner
évites, aux Ostrogoths les carrières militaires. En- durant des siècles dans un même cercle d'inva-
touré de conseillers romains, Cassiodore, Symma- sions et de tyrannies, elle cherchait des vengeurs
que, Liberius, Théodoric pratiquait la politique de nouveaux. Les Lombards se présenteront (5ti8)
conciliation. Les Goths et les Romains composaient conduits par A!boin.
par moitié les tribunaux des provinces; les formes C'étaient-de vrais barbares, étrangers a la civi-
administratives de Rome étaient conservées, tous lisation romaine et au christianisme. Gouvernés
les cultes respectés, sauf le paganisme. La loi bar- par des rois héréditaires, des ducs et des cente-
bare se retirait peu à peu devant le code théodo- niera, ils triomphèrent facilement, grâce à cette
~ien, dont Théodoric ordonna la rédaction complète organisation militaire, des Byzantins affaiblis. La
<560). L'Italie retrouvait enfin, avec le repos, une Vënétie reçut un duc (568). ancêtre des ducs futurs
image de la prospérité passée. Les marais étaient du Frioul; le duché de Spolète fut fondé (569).
desséchés, les mines exploitées. Rome reconnais- Alboin lui-même se fixa à Pavie. Assassiné en
sante accueillait Théodoric avec de grands hon- 573, il a pour successeurs Helmichis (573-574),
neurs. A l'extérieur, la politique du roi goth n'é- Kleph (574-575). Rimini est emportée; un duc
tait pas sans gloire. Uni aux familles royales des lombard s'établit h Bénévent. Après ta mort de
Francs, des Wisigoths, des Burgundes, des Van- Kleph, tes ducs évitent de nommer un roi. Ils se
dales, il intervenait avec succès dans la guerre partagent l'Italie, la divisent 36 duchés,
entre Clovis et Alaric n, étendait son autorité sur échouent devant Rome, séjourendes papes, etmais
la Norique, la province d'Arles, le Valais, le Rouer- vant Naples, où se maintiendra longtemps de-
gue et le Vivarais. Son pouvoir semblait bien fort, l'autorité des empereurs byzantins. Menacés encore
et, tout en affectant une grande déférence pour le pape Pélage II, l'empereur Maurice !I, et par les
Constantinople. Théodoric s'intitulait « héritier de Franks, les ducs donnent enfin la
couronne à Au-
1 Empire, toujours Auguste ». tharis (584-591). Les Franks repoussés au delà
Mais cet empire si puissant tomba en décadence, des Alpes, les Grecs chasséssont de Parme et de Plai-
lorsque Théodoric, qui était arien comme la plu- sance. Enfin un mariage unit Autharis
part des barbares, voulut lutter en faveur de l'aria- linde, Bile du puissant duc des Bavarois.à Théodo-
nisme contre l'ëgtise orthodoxe. Le pape Jean, Le pouvoir des Lombards s'affermissait. Autharis
envoyé à Constantinople pour réconcilier le prince leur donnait des lois. L'Italie
et l'empereur, posa solennellement sur la tête de vainqueurs, qui, en droit, étaientappartenait seuls
aux
hommes
ce dernier la couronne impériale. Théodoric se libres. La population vaincue fut soumise, surtout
crut environné de traîtres. Le sénateur Symmaque dans les campagnes, a des tributs fixes. Une nou-
et l'écrivain Boèce furent livrés au supplice. Ce velle société allait se former. La catholique Théo-
règne si brillant finissait dans la tristesse. A son delinde, la Clotilde des Lombards, suscite des
lit de mort (526), Théodoric recommanda à son conversions nombreuses. La papauté brille d'un
petit-Sis d'aimer Rome, le Sénat et l'Empereur. éclat nouveau sous le pontificat de saint Grégoire
Théodoric laissait l'Italie a sa fille Amalasontho le Grand (590-604). Le
et à un enfant, Athalaric. Malgré l'habileté d'Ama- plus d'être l'éveque de Rome, pape, qui ne se contente
impose autorité
lasonthe, la situation devenait tous les jours plus spirituelle aux prélats de l'Italie et deson l'Occident.
critique. Les Italiens invoquaient ouvertement l'ap- Assiégé en 599 dans Rome
pui de Justinien, empereur orthodoxe d'Orient. lulph (59)-6t5), le
Les Goths, quene contenait pins la main ferme avec lui des relations repousse,
par le roi lombard Afd-
amicales,
mais lie bientôt
de Théodoric, se livraient sans retenue aux excès gnation des Byzantins. L'Italie, sià longtempsla grande indi-
bou-
et aux querelles intestines. Athalaric mourut (a34\ leversée 'par les guerres, allait-elle enfin trouver
Un neveu de Théodoric, Théddat, s'empara du le repos prix de la servitude?Sous le règne de
pouvoir. Amalasonthei jetée en prison, fut assas- Rothàris au (MS6-652), la grande Msemblée de Pavie
sinée par Théodat, ou peut-être par les Byzantins. (644) promulgue les coutumes lombardes. Le roi,
Justimen trouvait enfin l'occasion patiemment u.vesti de certaines attributions monarchiques,
attendue de mettre la main sur l'Italie. domine également les ducs et les simples hommes
Pendant vingt ans, l'Italie fut mise à feu et à libres. L'homme libre, le soldat lombard, est le
aang par les Grecs, les Goths et d'autres peuples, patron naturel des indigènes jadis libres, réduits
comme les Franks, que les belligérants appelèrent désormais à la condition de colons. Ce n'est pas
à leur secours. Dans la première période de la d'ailleurs la servitude. Le colon, dans l'an-
guerre (534-540), les Grecs entrent à Naples. et Vi- cienne loi romaine, est plus près comme de la liberté que
tigès succède à Théodat (535). Bélisaire, général de de l'esclavage. L'esclave Ini-mème
Justinien, s'empare de Rome. y soutient un siège chi. Devenu libre, il jouit peut être affran-
de
d'un an (537-538), et prend Vitigès dans Ravenne même de celui de mariage. Par là s'opèrera tous les droits,
(540). Dans la seconde période (549', Réiisaire, ment la fusion entre les vainqueurs lente-
victime d'intrigues, est remplacé par onze généraux Il s'en fallait cependant et les vaincus.
que l'Italie eut enfin
<)ueTotila. successeur de Vitigès, bat à Faenza et à trouvé le repos. De 652 à '!12. le lom-
Mugello. Mais bientôt un autre général grec, l'en- bard retombe dans l'anarchie. Entreroyaume les Lombards
nuque Narsès, relève ses compatriotes abattus. affaiblis et les Byzantins toujours impuissants, les
Totila est battu et tué à Lentagio (552). Son suc- grandes villes italiennes essaient de fonder leur
cesseur Teias éprouve le même sort sur le Sarno liberté. Rome se soulève contre Constantinople
(553). L'Italie devient province grecque, et Narsès en 602
sous le pontificat de Sergius; dans l'tle
on est nommé exarque ou gouverneur. d'Héradée. le patriarche de Grado et les princi-
Débarrassé, après une grande bataille sur le Vul- paux habitants investissent du pouvoir Anafestus,
turne, des Franks et des Alamans qui avaient à le premier des ducs ou doges de Venise. Le roi
leur tour envahi l'Italie, Narsès songe à restaurer lombard Luitprand (612-744) essaie de
ce malheureux pays. Les campagnes, comme su l'ordre dans ses Etats agités. Mais il trouve ramener
temps d'Odoacre, étaient désertes. Milan avait les papes Grégoire Il, Grégoire III et Zachariedans de
perdu la moitié ()~ ses habitants. L'administration redoutables adversaires. Le souverain lombard
est orthodoxe, ami des Franks et de Charles Mar- bles recommencèrent. Bernard, fils de Pépin,
tel; prince libéral, il promulgue des lois favorables n'accepta pas le décret d'Aix-la-Chapelle, qui pro-
aux indigènes. Cette politique habile ne réconcilie mettait l'Italie à Lothaire, fils de Louis le Débon-
pas avec les conquérants la majorité des popula- naire. Il fut mis à mort (818). Lothaire, qui lui
tions italiennes. L'Italie refuse Pavie pour capi- succéda, lutta avec succès contre les papes Paul I" et
tale. EUe se tourne vers Rome. Contre l'empereur Eugène H, qui visaient déjà à l'indépendance.
Léon l'Isaurien, le prince iconoclaste, la papauté L'Italie, toujours tourmentée du désir de l'unité,
prend la défense des images et d'un culte partout espérait trouver un roi national dans ce prince,
populaire. Contre les Lombards, voisins trop mena- qu'elle soutint ett tt33 contre Louis le Débonnaire,
çants, le Saint-Siègetrouvera un appui dans la Gaule en 84) contre Louis le Germanique et Charles le
franke, orthodoxe depuis Clovis. Les descendants Chauve. Le traité de Verdun (843) sembla détruire
de Pépin d'Herstall ont tout espérer de la re- les espérances de l'Italie. Lothaire se fixa à Aix-
connaissance d'un pape. En 741, une ambassade la-Chapelle. Mais, après sa mort, Louis II, son
romaine apporte à Charles Martel les clefs de saint fils (85.87&), donna à la royauté italienne un der-
Pierre, et réclame son appui contre les Lombards. nier reflet de grandeur. Les musulmans avaient
Mais Charles est t'aUié <e Luitprand. En ~5), pen- pillé Rome sous le pontificat de Sergius. Ils. furent
dant le règne d'Astolphe, prince mal disposé pour écrasés à Bari (STO). Cependant le Saint-Siègese
le Saint-Siègo, le pape Zacharie donne à Pépin le proclamait indépendant du pouvoir temporel, sous
titre de roi. Pépin descend en Italie (754-755), im- le pontificat de Nicolas I". Les ducs et les comtes
pose à Astolphe la paix avec l'Eglise, et fait dona- luttaient contre l'autorité royale. Enfin la féodalité
tion au pape de 1 Emilie, de la Pentapole et de se formait, composée des seigneurs laïques et des
Rome. Le pape devient prince temporel. L'élection évêques, grands propriétaires fonciers, morcelant
pontificale n'intéressera plus seulementla religion, partout l'autorité comme la terre. En 876, Charles
mais aussi la politique. Le roi lombard Didier le Chauve reçut de Jean VIII l'empire a comme un
(75G) essaie inutilement de substituer à Etienne III présent. » L'empereur était sans force, le pape
un pape de son choix. L'Italie centrale et septen- lui-même trouvait un de adversaire redoutable dans
trionale est en feu. Le pape et le roi se tournent Ansperto, archevêque Milan. En 88), ce dernier
vers les Franks. Le roi donne ses filles à Carloman décidale pape àproclamer empereurCharles lé Gros.
et à Charles. Carloman meurt, Charles expulse les A ce fantôme d'empereur on donnait un fantôme
princesses lombardes Didier proteste. Celui qui d'empire. Charles fut dépose (887), et le monde
sera bientôt Charlemagne tend la main au pape carolingien retomba dans(888-951). le chaos.
Adrien I". L'Italie est envahie par les Franks (773). La féodalité italienne A la fin du
Acclamé à Rome par le pape et le peuple, Charles neuvième siècle, l'Italie comprend au nord le mar-
prend les titres de patrice et de roi (774). Les Lom- quisat d'Ivrée et le duché de Frioui.Ies sièges épis-
bards conservent leurs lois nationales, mais les copaux de Milan, Pavie, Vérone, Turin; Venise et
perdent en 777, après une révolte inutile. Des Gènes sont déjà indépendantes;au centre, le mar-
comtes franks sont substitues aux ducs lombards. quisat de Toscane, les villes de Pise et de Florence;
L'autorité de Charles, pui& de son fils Pépin, cou- le marquisatde Spolète, dans l'Ombrie; Rome,rési-
ronné roi d'Italie (78) ), s'étend sur toute la Pénin- dence des papes au sud, les duchés de Bénévent,
sule, sauf les duchés de B~névent, de Naples, d'A- Salerne et Capoue, l'abbaye puissante du Mont-
malfi, la Calabre et la Sicile. Cassin, le duché de Naples, la ville libre d'A-
L'Italie dans l'empire oarolingien f800-888). malfi, le thème ou province de Lombardie, débris
-Maître de la Gaule,de l'Italie, de la plus grande des possessions byzantines. La Sicile est ravagée
partie de l'ancienne Germanie et de l'Espagne et occupée par les Sarrasins. Ainsi divisée, l'Italie
septentrionale, Charles en 799 avait réuni sous soupire encore après l'unité, dont elle aurait be-
son autorité la plupart des pays occidentaux qui soin pourrepousser les Hongrois et les musulmans.
composaient jadis le monde romain. Pour la pre- Mais on ne peut s'entendre sur le choix d'un sou-
mière fois depuis le cinquième siècle, l'Europeocci- verain. L'archevêque de Milan donne la couronne à
dentale et centrale obéissait à un chefunique. Après Bérenger, duc de Frioul le pape Étienne V pro-
les agitations qui avaient précipité dans l'ancien clame Guido, duc de Spolète. Bérenger a pour alliés
monde comme un monde nouveau, verrait-on se les Allemands, Guido les Franks. L'Italie ensan-
rétablir un Empire romain ? L'œuvre semblait d'au- glantée voit s'ouvrir a le siècle de fer ». Guido vic-
tantmoins impossible que les institutionsromaines torieux veut imposer son autorité au pape Formose
étaient vivaces encore: la « romanité même au (892). Celui-ci appelle l'Allemand Arnulph. Ber-
neuvième siècle, n'était pas un mot vide de sens. game est pillée Guido meurt (894), et les Aile-
Un souvenir durable était resté de ce gouvernement mands entrent dans Rome (896). Aux lueurs de l'in-
qui avait donné aux provinces trois siècles de paix. cendie, Arnulph se fait couronner empereur. Alors
Enfin la papauté, qui voyait avec terreur grandir une réaction s'opère. Le papeEtienneVI (896-897)
à l'ombre du trône de Constantinople l'autorité de tire du cercueil le cadavre de Formose, le traduit
patriarches qui se proclamaient œcuméniques, dé- devant un tribunal, et le fait jeter dans le Tibre.
sirait opposer un empereur catholique d'Occident Quant au roi Bérenger, tour a tour soutenu et
aux Césars orientaux. Le 25 décembre de l'an 800, combattu par le puissant Adalbert de respecté Toscane, il
le pape Léon III proclama Charlemagne* empereur n'a de la royauté que le nom. Le pape, au
et posa sur sa tête la couronna impériale. La pa- dehors, est faible en Italie et presque prisonnier à
pauté fondait peut-être sa puissance. Mais l'acte de Rome. Du haut de leurs maisons fortinées ou
l'an MO, en associant désormais le sort de l'Italie dans les rues encombrées de débris antiques,
à celui de peuples étrangers, empêchait pour long- les barons romarns se livrent souvent des luttes
temps l'indépendancede ce malheureux pays. sanglantes. Le véritable maltre de la ville est le
L'Italie conserva son roi Pépin, qui mourut en comte Théophylacte. Après lui, sa veuve Théodora,
810. Quelques années de paix suffirent pour don- « patricienne et sénathce de Rome, fait donner
ner à la Péninsule au moins l'apparence de la pros- le pontificat à l'archevêque de Ravenne, Jean X
périté. Les villes, suEtout dans le nord, croissaient (914). Le nouveau pape, plein d'énergie, forme
en nombre et en richesse; le commerce florissait, contre les Sarrasins une ligue avec Bénévent, Ca-
grâce à l'expulsion des pirates sarrasins; Venise, poue, Naples et l'empire d'Orient. Il offre la cou-
avec le doge Participatius, prenait possession de ronne impériale et le commandement des forces
ses lagunes. Les lettres et les arts renaissaient confédérées à Bérenger (915). Les Sarrasins sont
sur cette terre qui « ressuscite les choses mortes. v écrasés sur les bords du Garigliano (916). Mais le
Mais, après la mort de Charlemagne (814), les trou- marquis d'Ivrée se révolte contre Bérenger, et
appelle en Italie Rodolphe de Bourgogne. Bésen- vie (t003). Tandis que le roi et l'empereur se font
ger, craignant de perdre la couronne, invoque une guerre sanglante, les vassaux s'affranchissent.
t'appui des Hongrois. La terreur et l'indignation la féodalité s'affermit, tes évoques étendent leur
soulèvent l'Italie. Bérenger est assassiné (9M). pouvoir spirituel et temporel au deHt même de
Rodolphe de Bourgogne parviendra-t-il a surmon- leurs cités épiscopales. Henri II M pouvait arrêter
ter cette anarchie? La veuve du marquis d'Ivrée, le courant qui allait bientôt transformerla société
Hermengarde, épouse son frère utérin Hugues, italienne. Son ambition était d'étendre ses droits
usurpateur de la Provence, et le fait proclamer vagues de suzerain Mf l'Italie méridionale. Mais
roi (926). Dans Rome, la fille de Théodora, Marozia, il mourut sans avoir pu réaliser ses projets.
lutte contre l'autorité de Jean X, épouse Guido, Une Italie nouvelle se formait. Les évêques très
frère de Hugues, et fait étire pape son propre fils, puissants luttaient contre les bourgeois. Ceux-ci se
sous le nom de Jean XI. Deux femmes semblent rapprochaient des petits vassaux; les barons en-
tenir entre leurs mains les destinées de l'Italie. traient au service des villes. Le nom de l'empe-
L'assassinat et t'adultère sont leurs moyens de reur Conrad U couronné en 1027 par Jean XIX,
gouvernement. Hugues surpasse par ses crimes était à peine prononcé.Ce prince promulguait ce-
ces femmes criminelles. La mort le délivre de pendant en 1037 la constitution de Pavie, qui
Guido; it chasse Hermengarde de son palais, et il déclarait les nefs des vassaux < irrévocables, immé-
vient à Rome épouser Marozia, la veuve de son diats et héréditaires. Au temps de Henri III *(t039-
frère (932). L'Italie cependant n'était pas encore à 1056), l'Eglise, réformée par es moines de Cluny,
bout de souffrances. Un fils de Marozia, Albéric, de Saint-Romuald et de Vallombreuse, tendit à
se révolte contre Hugues.Le Saint-Siège devient le s'affranchir de l'Allemagne. L'empereur lui fit
fief d'AIbéric, patrice et consul, qui disposera pen- sentir durementson autorité, en déposant trois pa-
dant vingt ans de la tiare en faveur de créatures pes au concile de Sutri (1046), et en leur substi-
indignes. Hugues fugitif lutte contre les Sarrasins. tuant des prélats allemands, Oément II, Benoît IX,
non pour les exterminer, mais pour obtenir leur Damase II, Léon IX. La politique du Saint-Siège
alliance (940). La conscience publique se soulève était dirigée par un homme énergique, Hildebrand,
contre l'infâme. Bérenger 11 d'Ivrée, appuyé par moine de Cluny, que secondait le vertueux Pierre
les Allemands, expulse d'Italie Hugues qui va Damien, évêqua d'Ostie. Hildebrand pousse
mourir dans un couvent de Provence. Le roi lais- Léon IX à lutter contre les Normandeétablis dans
sait un Ois, Lothaire, marié à Adelhaide de Bour- le midi de l'Italie. Battu par eux Civitella (1053),
gogne. Bérenger II et Lothaire partagentle pouvoir. il transforme les vainqueurs en vassaux. Sous le
Mais Lothaire meurt (950), sans doute empoisonné. pontificat de Victor 11 (1055-105'!), Hildebrand
Berenger II, seul roi, veut marier de force Adel- augmente la puissance de la Toscane, alliée du
haïde à l'un de ses fils. La princesse résiste on Saint-Siège, en mariant Béatrice de Toscane à
l'enferme dans une tour du lac de Garde; elle Godefroi de Basse-Lorraine, ennemi des empe-
s'évade, et, du château de Canossa où elle s'est reurs. Au concile de Latran (1059), Nicolas 11 (1058-
réfugiée, implore l'appui d'Othon I", roi de Ger- 1061) déclarait que l'élection pontificale appartien-
manie. Les Allemandsfranchissent les Alpes (951), drait désormais aux cardinaux et à un petit nombre
Othon épouse Adelhaide à Pavie. L'Italie a trouvé de laïques. La papauté, défendue par le Normand
de nouveaux: et de terribles maîtres. Robert Guiscard, maltre d'Aversa, de la Calabre
I. Italie etiea empereurs allemands (951-1250). et de la Pouille, semblait très forte. L'Allemagne
– Othon I"'s'allia d'abord à la papauté, qui sem- était très affaiblie par la longue minorité de
blait préférer la domination étrangère & Henri IV* (1054-1106). Enfin, en 1073, Hildebrand
royauté nationale. En 962, dans Rome garnieune de prenait possession de la tiare, sous le nom de
troupes, il se fait couronner empereur par le pape. Grégoire VU. Il entreprit la lutte contre l'Empire,
Mais l'autorité germanique parut bientôt insup- soutenu par les Normands du midi, et par Ma-
portable, et des révoltes éclatèrent (V. Comn)M?tet. thilde, grande comtesse de Toscane, maltresse
p. 465). et remplirentla fin du règne d'Othon I" de Parme, Plaisance, Modène, Mantoue, Ferrare et
et celui d'Othon H*. Spolète.
Othon III* est le vrai fondateur du Saint-Empire Selon GrégoireVII, il n'y a sur la terre qu'une
romain germanique. Si jadis on avait vu Jean X autorité, celle du pape, qui vient de Dieu. La
et Jean XI soumis à l'tnûuence toute-puissante puissance talque doit lui être soumise. Pierre
d'une Marozia et d'un Albéric, on voyait mainte- ayant résidé à Rome, l'Église romaine étend son
nant un pape, Grégoire V, soumis à l'autorité non pouvoir sur toutes les églises dn monde. Si le
moins puissantede l'impératrice Théophanie, mère Prince des apôtres peut lier ou délier dans le ciel,
du jeune Othon III. Cependant l'Italie ne paraissait il peut, à plus forte raison, enlever ou donner les
pas entièrement résignée & la servitude. Le Ro- bien* de la terre. L'empereur, qui vient après le
main Crescentius, prenant le titre de consul, es- pape, lui doit sa puissance, comme la lune doit
sayait de restaurer la république romaine. Il est son éclat aux rayons du soleil. Telle est la théorie
défatt par les Allemands et mis à mort (997). A émise par Grégoire VH, et soutenue par cinq de
Grégoire V, OthonIII substitue le Français Gerbert
(Sylvestre II), son ancien précepteur, dévoué à ses successeurs choisis par lui, Victor m, Ur-
bain H, Pascal H, Gélase H. Calixte 11.
1 Allemagne. Alors se forme un empire étrange, Henri IV dut s'humilierà Canossa (1077); mais
qui a pour chefs un empereur et un pape, mêlés bientôt la fortune tourna l'empereur battit ses
également aux choses de la politique et de la reli- ennemis à VoUcsheim (1080), et vint assiéger dans
gion dualité mystique qui prétend gouverner les Rome (1082) le pape, qui mourut en exil (1085). Si,
âme* et les corps. Othon III est un moine, Syl- en Italie, les Normands et la comtesse Mathilde de
vestre 11 est un empereur; ils sont tous deux en Toscane avaient appuyé les prétentions pontificales,
même temps empereuret pape. Sylvestre agrandit beaucoup d'évoqués du nord s'étaient prononcés
l'empire (conversion de la Hongrie); Othon agran-
dit le domaine de l'Eglise des comtés de Romagne. pour les Allemands. Comme son père, tantôt
vaincu, tantôt vainqueur, Henri V* ()i06-tt:5) ac-
Le pape se féiiette d'avoir pour soldat le chef de la cepta en tl2t la transaction de Worms. L'empereur
Germante, l'empereur pense trouver dans l'appui donnerait aux éveque* l'investiture temporelle par
de l'Eglise une force nouvelle. Mais une telle con- le sceptre, le pape les consacrerait par l'anneau.
raston sera-t-elle de longue duréeî A peine Un pareil traite ne pouvait satisfaire aucun parti.
Othon III est-il mort (1002), qu'Ardouin, marquis La papauté cependant obtint un triomphe en fai-
divrée, profitant de la faiblesse de l'Allemand
Henri Il (t002-tOM). se fait couronner roi à Pa- sant interrompreen Allemagne l'héréditéimpériale,
qui tendait à s'établir, et en revendiquant les biens
de la comtesse Mathilde. Lothaire de Saxe fut élu luttes acharnées contre Grégoire IX et Innocent IV,
empereur (1125-1137). Il vint en ttaUe(tt36) sou- les revers de ses dernières années et sa mort (f!50)
tenir le pape Innocent It, et consentit à figurer sur ont été racontés ailleurs (V. f~aMWe Il).
un tableau, les mains jointes, incliné, recevant la La papauté triomphait, et l'Italie était perdu?
couronne des mains du pape, placé sur un trône pour les Hohenstaufen. Conrad IV*, fils de Frédé-
élevé. Déjà s'étaient formés les deux partis des Gi- ric, mourut en 1254, laissant un jeune enfant,
belins ou Impériaux et des Guelfes ou papalins. Conradin, à la garde du prince allemand Manfred.
Déjà aussi la plupart des villes de la Lombardie Innocent IV s'était déclaré possesseur des Deux-
<StMent devenues des municipalités indépendantes. Siciles. Urbain IV, Français d'origine, chargea un
Le gouvernement républicain s'était même établi frère de saint Louis, Charles d'Anjou, d'enlever à
à Rome, grâce à Arnaud de Brescia (1139). Profi- Conradin l'héritage de ses pères. Manfred fut tué
tant de la faiblesse de l'empereur Conrad III' de à Grandella (1266), Conradin fut pris à Palenta
Hohenstaufen (1137-1152), les villes avaient formé (1268), condamné à mort par un jugement déri-
deux ligues. Aux Guelfes de Milan obéissaient soire, et décapité. La lutte contre l'Allemagne
Crème, Tortone, Parme, Modène; aux Gibelint de était terminée. Les papes avaient étendu leur
Pavie, Côme, Lodi, Novare, Crémone. Plaisance. souveraineté dans la Péninsule. Une période nou-
Milan s'était emparé de Lodi (1109), et l'antique velle s'ouvre alors dans l'histoire d'Italie.
Tivale de Rome se croyait désormais la capitale du L'Italie indépendante jusqu'à la tin du XV- siè-
nord. Mais une lutte plus terrible encore que les ole, Après la mort de Frédéric II, les villes gi-
précédentes allait éclater. Ce que l'AHemagne belines du Nord avaient, malgré les papes, recou-
voulait maintenantarracher à l'Italie, ce n'était ni vré leur indépendance. Charles d'Anjou, « sénateur
sa royauté nationale, ni sa suprématie spirituelle, de Rome, roi des Deux-Sicites, vicaire impérial di- et
mais bien les constitution: indépendantesde ses pacificateur, essaya, sous le couvert de ces
cités. vers titres, de dominer la péninsule entière,
La lutte de Frédéric I" Barberousse et de la guelfes et gibelins. La papauté l'arrêta, comme
Ligue lombarde a étéracontée ailleurs (V. Com- elle avait jadis arrêté les souverains allemands.
munes, p. <66, et Frédéric Barberousse). Le Des conspirations, conduites surtout par Jean de
puissant empereur dut laisser aux villes italiennes Procida, unirent bientôt contre Charles d'Anjou les
fa plupart de leurs droits mais, avant de mourir, Siciliens, Rome et Pierre III d'Aragon, maitre
il put marier son fils Henri VI à la princesse nor- d'une marine considérable. Les Français furent
mande Constance,qui allait apporter à la maison de massacré* (Vêpres Siciliennes, )28X), Pierre III fut
Souabe le riche héritage des Deux-SiciIes. proclamé à Palerme. Charles d'Anjou mourut dé-
Quarante pèlerins normands débarqués a Pa- sespéré (tM5). Son successeur Charles le Boiteux
lerme (1006), et trois chevaliers de même nation, parvint à se maintenir dans l'Apulie et la Calabre
entrés au service des Grecs (1016), avaient jeté en Jayme, successeurde Pierre III, gouverna la Sicile.
Italie les bases d'un nouveau royaume. En 1057, Dans le Midi comme dans le Nord, Etats et con-
quatre ans après la bataille de Civitella,Robert Guis- fédérations se brisaient en morceaux. L'ère des
card prit le titre de due. En 1077, Salerne, en 1080, grands papes était close. Boniface VIII (1284-1303)
Otrante et Tarente étaientprises. En t08ï, Robert voulut reprendre la politique de Grégoire VII et
Guiscard préparait une expédition contre les By- d'Innocent III, et soumettre comme eux les prin-
zantins. Rappelé en Italie par Grégoire VII, Robert ces de la terre aux vicaires du Christ. 11 força
était mort en i085, laissant a ses successeurs un Jayme à abandonner la Sicile en échange de la
pouvoir incontesté. Le mariage d'Henri VI et de Corse et de la Sardaigne, prétendit imposer aux
Constance donnait aux Allemands le midi de l'Ita- villes du Nord l'autorité de ses légats, affirma,
tie.Le nouveau souverain ne se contenta pas de cette enfin, ses prétentions ambitieuses dans le grand
acquisition. La Toscane, Spolète, les Romagnes, le Jubilé de l'an 1300. Mais Boniface se brisa contre
marquisat d'Ancône, furent donnés en fief à des la résistance d'un roi de France, Philippe le Bel.
princes et à des dignitaires de la maison impériale. Arrêté par tes Colonna qu'assistait un légiste
La papauté était ainsi séparée de la Ligue lom- français, Nogaret, le pape mourut,(1303). Son suc-
barde. L'Italie fut sauvée par la mort inattendue cesseur, Benoît XI, fut peut-être empoisonné.
d'Henri VI (1197). Il ne laissait qu'un fils en bas La tiare fut donnée à Bertrand de Got, archevêque
âge, qui devait devenir Frédéric 11 de Bordeaux (Clément V), qui fixa sa résidence à
L'empire s'affaiblissait au moment où parvenait Avignon. Avec Clément V commence la captivité
la chaire pontificale un homme énergique, Lo- de Babylone (1305-1378).
thaire, comte de Segni, pape sous le nom d'In- Guelfes ou Gibelins,les Italiens du xiu* siècle
nocent 111 (il9S-!2<(i). 11 soulève l'Italie en fa. n'avaient ni le sentiment de la liberté, ni celui de
veur du Saint-Siège les duchés du centre se ré- la patrie. La cohésion apparente de l'Italie n'avait
voltent contre les Allemands Spolète, Ancône, tenu qu'a la présence d'un pape et d'un empereur.
la Romagne, se soumettent au pape, qui trouve Empereur et pape avaient disparu. Les villes se
des alliés fidèles dans les villes de Florence, Luc- séparent et s'isolent; chacune aura sa constitu-
ques, Pistoia. La reine Constance, morte en 1198, tion, chacune aussi ses partis et ses luttes intes-
avait conné au Saint-Siège la garde du jeune tines. Ici l'on penche vers l'aristocratie. A Venise
Frédéric. L'Italte entière semblait obéir au pape. les nobles seuls prennent à part l'élection du grand
En Allemagne, il disposait de la couronne impé- conseil (t297); plus tard, on proclamera l'hérédité
riale en faveur d'Othon de Brunswick. Il l'obligeait du sénat, on formera le conseil des Dix. Ailleurs,
à renoncer au patrimoine de Saint-Pierre (1201), la démocratie l'emporte. Florence a son peuple
qu'avait revendiqué Henri VI. Bientôt le pape et l'em- gras, vaincu souvent dans les élections par te ceu-
pereur se brouillèrent.Innocent résolut alors de re- ple !Mt~re. Partout des haines terribles vain- dont
lever en Allemagne et en Italie le parti gibelin au Dante s'est fait l'éloquent interprète. Pise,
profit de Frédéric. Ce dernier promit de respecter cue par Gênes en 1M4, se jette dans les bras d'un
la volonté de Rome, de ne jamais prétondre à la tyran, Ugolin. Bientôt, elle est lasse du maître
possession du nord de l'Italie, et il partit pour l'archevêque Roger l'enferme dans une tour avec
l'Allemagne, héritier des Hohenstaufen et soldat ses enfants, les malheureux y meurent de faim.
du Saint-Siège,tandis que lapapauté affirmait hau- Quelques Mmiltes puissantes essaient parfois
tement sa puissance spirituelle au concile de Ba- de se perpétuer au pouvoir. Lf<t Visconti sont
tran (1215). capitaines à Milan. les Este à Fertt-e et à Modène.
Mais, après la mort d'Innocent III, Frédéric II Parfois aussi, l'ambitieux roi de Naples, ami des
se brouilla à son tour avec le Saint-Siège. Ses Guelfes, essaie d'étendre son pouvoir dans le nord
de l'Italie. An milieu de cette confusion, on en- les beaux vers de Dante, les poésies passionnées
tend tout à coup prononcer le nom d'un empe- de Pétrarque, les enthousiastes et bizarres impro-
reur. Henri VII de Luxembourg passe les Alpes visations de Rienzi. Amoureuse de la forme, l'I-
on le couronne a Milan et à Rome, mais les villes talie se consolait des tristesses de la réalité par le
guelfes ferment leurs portes l'empereur extor- culte de l'idéal. Morcelée et asservie, elle s'eni-
que de l'argent aux gibelins. L'Italie se soulève, vrait des mots de liberté et de patrie, dissimulant
et le César allemand meurt (1313). sous les neurs un cercueil, chantant avec Rienzi
Cependant, au milieu de ces querellessanglantes, l'indépendance au milieu des tyrans, avec Boccace
l'Italie voyait se développer avec une rapidité mer- le bonheur et la vie, sur le seuil même de la mort
veilleuse les richesses de ses campagnes, de ses (peste de Florence, 1348).
villes et de ses porta. D'innombrables canaux Pendant ce temps, la famille des Visconti s'em-
sillonnaient la Lombardie et faisaient de cette parait de toute la Lombardie. Venise et Gènes, tout
terre une des plus fertiles du monde. L'industrie occupées de leur rivalité commerciale, devenaient
des draps était florissante à Milan, a Vérone, dans commeétrangèresà la Péninsule.Florence défendait
toute la Toscane. Venise, qui avait obtenu dès péniblement son autonomie Pise se soumettait
992 l'immunité du commerce dans tous les ports Agnello, ami des Visconti. Le chef de cette mai-
un
grecs, avait fondé sa puissance maritime au son, Bamabo, s'intitulait pape, empereur et roi
commencement du xm* siècle, lors de la croisade sur son territoire. » Qui pourrait l'arrêter? Les
de 1204. Elle possédait tout le commerce de Ro- papes ne songeaient qu'à remplir les coffres d'Avi-
manie, Grèce, Archipel, Candie. Négrepont; elle gnon (1350, Jubilé) l'empereur Charles IV M con-
avait odes consulats en Arménie, en Syrie, en duisait en Italie, selon l'expression de Villani,
Chypre, en Egypte. Vingt-cinq mille matelots m comme un marchand forain. Le royaume de Na-
montaient les 3000 navires de sa nette marchande. ples était en plein désordre. Dansles Etats du Saint-
Elle fabriquait des draps, des soieries, des armes, Siège, les Romagnes se soulevaient (1376). Uneréac-
de la verrerie. Des traités lui assuraient le com- tion éclatacependantcontre Visconti. On crut voir
merce exclusif des blés de Lombardie. Enfin, dans les papes les libérateurs de l'Italie, menacée
d'intrépidesvoyageurs,Marco Polo, Nicole di Conti, par le tyran de Milan. Catherine de Sienne décida
portaient son nom dans des régions jusqu'alors enfin Grégoire XI à venir mourir à Rome. Mais à
inexplorées. Rivaux de Venise, les Génois possé- la captivité de Babylone allait succéder le grand
daient tout un faubourg de Constantinople, Péra schisme d'Occident (13'!8-i449).
ils avaient des établissements en Crimée, à CaSa, Déchirée par Urbain VI, et ses successeurs, la
chez les Maures d'Espagne, à Majorque, à Séville, papauté n'exerce plus d'influence sur l'Italie. Le
à Nice, en Corse. Pise avait eu ie monopole du mysticisme des pen~e~ t&MM, le matérialisme
commerce africain mais sa marine fut détruite au élégant des adorateurs de l'antiquité*remplacent
xv* siècle par les Génois. Florence, au commence- les doctrines plus austères du catholicisme.
ment du xv* siècle, devenait maîtresse de Li- Le royaume de Naples est en pleine dissolution.
vourne, et devenait aussi une puissance maritime. Jeanne I" appelle Louis d'Anjou pour lui succé-
Ses institutions de crédit fonctionnaient dans toute der le pape Urbain VI appelle Charles III de
l'Europe. Les Peruzzi, au xn* siècle, avaient pour DurazzOhHengrie. Celui-ci meurt en 1385 le
débiteurs les rois d'Angleterre. Les Alberti.au royaume, disputé par Ladislas et Louis D, se par-
jav* siècle, avaient des représentants à Avignon, à tage entre les Hongrois et les Français. Jeanne II,
Bruges, & Amsterdam, à Anvers. Les villes du sœur de Ladislas (1414-1435), est protégée par un
midi étaient, il est vrai, moins florissantes. Amalfi, aventurier nommé Sforza. Impuissante contre les
dont les marins avaient, dit-on, inventé la bous- révoltes de la noblesse, elle appelle à son secours
sole, était ruinée depuis !e xn* siècle. La royauté Alphonse V d'Aragon. Plus tard, elle fait un tes-
avait été plusfatale encore au midi que l'anarchie tament en faveur de René d'Anjou. Les deux prin-
aux villes du nord. ces luttent jusqu'en 1442. Les Aragonais unissent
Les Césarsallemands, toutefois, n'avaient pas dé- par demeurer maitres de Naples.
Bnitivement renoncé à leurs prétentions sur la Pé- Florence est bouleversée par les révolutions.
ninsule. Les richesses de l'Italie septentrionale Mtthel Lando, un simple cardeur de laine, fait
éveillèrent la cupidité d'un empereur, Louis de Ba- entrer dans la seigneurie les députés du petit
vière, et d'un pape, Jean XXII. Ils ne parvinrent peuple (ctOMp;). Mais cette révolution démocrati-
pas cependant à établir leur domination dans la val- que, bientôt suivie d'une réaction, ouvre les
!ée du Pô. Jean de Bohême ne fut pas plus heureux voies du pouvoir aux Albizzi (13S2-1434), puis aux
quand il voulut, en 1330. pacifier l'Italie. Plus Médicis.
modestes et plus redoutables, de petits seigneurs La seule maison vraiment forte en Italie est
bornaient leur ambition à la conquête d'une ville, celle des Visconti, représentée par Jean Galéas
d'un bourg, d'un château, dont ils devenaient les (13M-)402i. Sa fille Valentine épouse le duc d'Or-
~raM. Matteo Visconti s'intitulait seigneur de léans. Lui-même achète de l'empereur Wenceslas
Milan, Alexandrie et Pavie. Cane della Scala était le titre de duc (t395). La Lombardie et la Toscane,
maître de Vérone, Vicence, Trévise. Castruccio sauf Florence, lui obéissent. Pour rester indépen-
Castracani, tyran de Lucques, faillit prendre Flo- dante, Gênes se donne à la France. Jean-Marie
rence (t327) les Rossi achetaient Parme, les Fo- (1401-1412) et Philippe-Marie (1412-H4'!), succes-
gliani Reggio. Taddeo de Tepoli s'imposait à seurs de Galéas, sont absorbés par de longues
Bologne (t339), Gauthier de Brienne dominait guerres contre Venise, dans lesquelles s'illustre
Florence par la terreur (1342-1343). A Naples, le l'aventurier Carmagnola. L'Italie est devenue la
roi André était assassiné. Son frère, Louis de Hon- terre classique des condottiere, capitaines merce-
grie, voulait expulser la reine Jeanne (1347). Là naires, toujours à la solde du plus fort, qui espé-
aussi de nouvelles révolutions se préparaient. raient, comme Carmagnolaet Sforza, se tailler un
La démocratie italienne, d'ailleurs peu libérale, royaume à la faveur de ces luttes obscures, mais
avait enfanté les tyrans. Le poète Pétrarque interminables.
chante, il est vrai, les libertés d'une République Une solution, d'ailleurs, était prochaine. L'agi-
idéale le tribun Rienzi proclameà Rome le gou- tation démocratique, si forte à la fin du xive siècle,
vernement républicain (13471. Mais que signifient était vaincue dans toute l'Europe. Partout allait
ces grands noms de République romaine, de peu- triompher le pouvoir des rois ou des soldats
ple et de sénat ? Ici encore, les Italiens sont le heureux. Sforza devient duc de Milan (1450),
jouet d'un rêve. Ce qu'ils comprennent et ce qu'ils dans le temps où Cosme de Médicis impose son
aiment, ce n'est ni la liberté ni la patrie ce sont autorité à Florence. Après les conciles libéraux
de Pise (1409) et de Constance (t4t4), la pa- le nord et le midi de la Péninsule. Le duc de
pauté restaurée va embrasser une politique nou- Savoie Philibert II, plus Français qu'Italien,s'était
velle avec Nicolas V et ses successeurs. C'en est empressé d'ouvrir les Alpes à Louis XII. Lerapide-
Mila-
fait des rêves d'autrefois. Stephano Porcaro est nais fut rapidement conquis (1499), plus
pendu à Rome (1453) pour s'être souvenu de ment perdu, occupé de nouveau en 1500 et confié
Rienzi. L'Italie n'est plusanarchique.La paix de Lodi à l'administration de Georges d'Amboise.Ludovic,
(1454) a réconcilie les républiques et les monar- trahi par les Suisses, était envoyé prisonnier en
chies. Le pape est à Rome, un prince aragonais France. Cette trahison avait valu aux Suisses la ville
à Naples, Sforza à Milan, Médicis à Florence de Bellinzona. Le midi fut aussi rapidement con-
Gonzague est duc de Mantoue, Borso d'Este duede quis sur Frédéric I", et partagé entre les Français
Modène, Ferrare et Reggio. Enfin, la maison de et les Espagnols, conformément an traité de
Savoie a obtenu, elle aussi, le titre ducat. Elle se Grenade (1501). Français et Espagnols ne tardent
dresse déj& au sommet des Alpes, un pied'en pas à se battre; les Français sont vaincus à Semintja
France, l'autre en Italie, semblant regarder cu- et à Cerignola (1503). César Borgia profitait de la
rieusement cette terre Étrangère qui sera un jour lutte pour prendre une à une les villesde Romagne.
son royaume. Mais Alexandre VI meurt. Le pape Jules II (1503-
La pacification de Lodi ne fut pas de longue 1513) veut dominer l'Italie, et expulser les barba-
durée. Dès 1458, à l'avènement de Ferdinand I", res. Les Espagnols,maîtres de Naples, sont conte-
la lutte recommençait dans le royaume de Naples. nus par les Français, maîtres de Gênes. Venise,
revendiqué par Jean de Calabre, Sis de René qui avait étendu ses possessions de terre ferme,
d'Anjou. Les papes Calixte III (1455-1458), Pie 11 voit se former contre elle la ligue de Cambrai (1509).
(1458-1464),Paul 11 (1464-1471) faisaient lentement Alors se révèle la duplicité du pontife.Ils'empresse
reconnaîtreleur autorité dans un pays si longtemps de relever Venise abattue (1510) il a conquis nne
et si profondément bouleversé. Sixte IV (1471-1484) alliée Bdèle dans cette ville, désormais ennemie de
partageait entre ses neveux le patrimoine de Saint- ta France et des seigneurs du nord. Les Espagnols
Pierre. Cette politique, habile peut-être, mais con- n'auront garde de bouger dans Naples. La ligue de
damnable, fut suivie par innocent V1H (14S4-1492) Cambraiétait dirigée en réalité contre les Français 1
et surtout par Alexandre VI (1492-1503). Florence, Le pape entre dans la Mirandole par la brèche
sous le gouvernement des Médicis, Cosme (1434- (15H) vainqueur du concile de Pise qui devait le
H64), Pierre I" (1464-1469), Laurent (1469-1492), déposer, Il forme au nom de la foi la StttM<<-Lt~Me
Pierre H, semblait tout occupée de la Renaissance contre la France. Les Français, vainqueurs des
des lettres et des arts. En somme l'Italie, malgré Espagnols il Ravenne (1512), perdent leur meilleur
l'éclat trompeur de sa civilisation, n'avait jamais général, Gaston de Foix. Les Médicis rentrent à
été plus près de la ruine. Les cinq capitales, Florence, Maximilien Sforza à Milan. La politique
Rome, Naples, Venise, Florence, Milan, étatent ja- de Jules H est continuée par Léon X (1513-1521).
louses l'une de l'autre. Le pape excommuniait le Qu'importe la réforme religieuse qui commence
roi de Naples, et offrait sa couronne à Charles VIII, en Allemagne? Les Français sont écrasés à Novare
roi de France (1489). Le duc de Milan détestait les (1513). Le pape donne à ses neveux Parme, Plai-
Napolitains, mais redoutait la famille française sance, Florence. Il compte leur tailler d'autres
d'Orléans, héritière des droits de Valentine Vis- Etats dans les possessions vénitiennes.L'avènement
conti. Parfois aussi grondait dans les villes un long de François I" et la grande victoire de Marignan
murmure de mécontentement. On eût dit d'une (1515) renversent tous ces projets. Les Français
flammejaillissant soudaine d'un foyer mal éteint. rentrent à Milan, le pape restitue Parme et Plai-
A Florence, Savonarole réclamait la liberté. Les sance. Trois ans plus tard (1519), l'Allemagne élisait
coursétrangèresétaient pleines de réfugiés italiens. pour empereur Charles d'Autriche-Espagne, héri-
L'Italie était à qui voudrait la prendre. Les Fran- tier de Ferdinand le Catholique et des droits espa-
çais se présentèrent. (t49i). gnols sur Naples; héritier aussi des Habsbourgs
Lesinvasions étrangères en Italie jusqu'en1598. et des prétentions des Césars allemands sur la
Charles VIII se prétendait héritier des droits de Lombardie et le Saint-Siège. Français, Impériaux
la maison d'Anjou sur le royaume de Naples. A la et Espagnols désoleront l'Italie jusqu'à la fin du
tête d'une armée que son artillerie surtout rendait siècle (V. CMO-rM d'Italie, p. 925).
redoutable, il débouche en Italie, au moment où Le Flamand Adrien VI et l'Italien Clément VII
Alphonse II succédait à Ferdinand I". Soutenu par favorisèrentla politique de Charles-QuintLes dé-
la Savoie, le Montferrat et Milan, il entre & Flo- faites des Français à la Bicoque (1522), à Biagrasso
rence, à Pise, à Rome; Alexandre VI lui cède (1524), à Pavie (1525) donnèrent la Péninsule aux
Civita-Vecchia et Spolète, et livre comme otage Impériaux.L'ftalieeffrayée prit les armes, mais trop
César Borgia. Les Français entrent a Naples et tard. Rome fat mise à sac par les soldats allemands
Alphonse Il abdique en faveur de Ferdinand Il. du connétable de Bourbon (1527); les Français fu-
Mais une ligue se forme contre la France entre rent battus à Gênes-et à Naples. Clément VII dut
Ferdinand le Catholique, qui réclame une partie s'humilier à Bologne devant l'Empereur (1529), et
des Deux-Siciles, le marquis de Mantoue, les Vé- le sacra roi d'Italie. Le duché de Milan, laissé à
nitiens, et le duc de Milan, Ludovic le More, accusé Sforza, devait retourner plus tard à l'Empire; la
d'avoir fait mourir Jean-Galéas. Les confédérés marquis de Mantoue et Alexandre de Médicis rece-
ferment à Charles VIII le chemin de la France. Ils vaient le titre de duc; la Savoie et le Monferrat de-
sont battus à Fornoue (1495).Les garnisons laissées venaient feudataires de Charles-Quint. Chaque
dans le midi abandonnent Naples (1496), qui rap- Etat devait entretenir une force militaire que com-
pelle un prince aragonais, Frédéric. La France n'a- manderait l'Espagnol Leyva.
vait trouvédans l'Italie qu'unealliée fidèle,Florence, Les hostilités recommencèrent à la mort de
gouvernée par Savonarole. Le moine dominicain Sforza. François I" réclamait le Milanais. Charles-
futbrùlévif(H9S.) Quint se l'adjugea. L'entente se rétablit entre les
Rien n'égale l'inconstance de la politique ita- deux adversaires après l'entrevue de Nice (1536-
lienne. Venise, qui avait lutté contre Charles VIII, 1538). L'Italie était en réalité perdue pour les
s'empresse da reconnaître comme duc de Milan Français, malgré la victoire de Cerisoles (~5<4) et
Louis XU l'ancien duc d'Orléans, descendant des la connivence secrète de Paul III. En apparence ce
Visconti. Le pape devient l'ami des Français, moyen- pape ne songeait qu'à la réforme de l'Eglise, fon-
nant la cession du duché de Valentinois à César dait les ordres des Théatins et des Jésuites (1540),
Borgia. Et pourtant, que de dangers courait l'Italie et affirmait son alliance avec l'Empereur dès les
La France réclamait maintenant Naples et Milan, premières sessions du Concile de Trente (1545;. En
fait il détestait les Espagnols, qui avaient assassiné pher tes droits d'un prince français, le duc de Ne-
son fils Pierre Famèse et occupé Plaisance. Pour vers. Le duc de Savoie, Victor-Amédée I" (1630-
recouvrercette ville, OctaveFarnèse, fils de Pierre, )637), qui s'était prononcé contre ce personnage,
appela les Français. Sienne leur ouvrit ses portes dut lutter deux fois contre tes Français an Pas-de-
et reçut Montluc. Mais Charles-Quint fut partout Suze (1629-1630).La paix se rétablit au traité de
vainqueur. Sienne capitula (1555) et se mit sous la Cherasco (t631). Elle ne fut pas de longue durée.
protection de l'Espagne. Richelieu allait entrer dans la fameuse guerre de
L'énergique cardinal CarafTa, devenu pape sous Trente ans Le traite de -Rivoli (1635) unit à la
)e nom de Paul IV (1558-1559), rêvait d'expulserles France les ducs de Savoie, de Mantoue et de
Espagnols de la Péninsule.Dans !e même temps, Parme. Mais ce dernier fut désarme par tes Espa-
Charles-Quint abandonnait le pouvoir, laissant gnols (1637). Le duc de Mantoue mourut (1638),
l'Allemagne à Ferdinand, l'Espagne et l'Italie à et sa veuve se soumit à l'Espagne. Victor-Amédée
Philippe Il. Le pape s'allie auroi de France Henri II, de Savoie mourut la même année, laissant son fils
qui envoie à Naples le duc de Guise. Mais l'habile mineur aux prises avec les princes Thomas et Mau-
roi d'Espagne cède au duc de Parme la ville de rice, dévoués à l'Espagne et à l'empereur. Pen-
Plaisance, Sienne à Cosme de Médicis. La victoire dant sept années, lltalie dn nord fut le théâtre da
des Espagnols à Saint-Quentin (155'!) décida du luttes opiniâtres. La France finit par l'emporter,
sort de l'Italie. Le traité de Cateau-Cambrésis(1559) malgré les mauvaises dispositions du pape Inno-
donna à l'Espagne les pr~fM de Toscane (ports cent X. Les Italiens semblaient d'ailleurs las de
d'Orbitello, Porto-Ferrajo, Telamone), Verceil et la domination espagnole. A la voix d'un pécheur,
Asti dans le Piémont. La mort de Paul IV et l'a- Thomas Aniello ou Masaniello, Naples se soulevait
vènement du faible Pie IV ()559-)565) accrurent ()647~juiiiet~, et proclamait la répubiique (24 oct.).
l'influence espagnole au delà des Alpes. Mazarin songeait, parait-il, à donner Naples au duc
Pendant ces longues guerres, le Piémont avait de Modène. Le duc de Guise empêcha la réalisa-
été comme broyé entre les armées de France et tion de ces projets. Sans l'agrément dn gouverne-
d'Espagne. Le duc Charles III (1504-1533) n'avait ment français, il se jeta dans Naples, mais ne put
eu longtemps pour abri que le château de Nice. la gouverner. La ville se rendit aux Espagnols
Aussi bten le Piémont était-il devenu comme une (avril 1648). La Toscane et Mantoue se tournèrent
province française. De 1559 date une politique nou- alors vers les Espagnols. D'ailleurs, nulle mite
velle. Emmanuel-Philibert recouvra son duché; il' dans la politique italienne. Le pape Innocent X
en flt un Etat italien, reprenant avec habileté (1644-1655) changeait d'alliés au gré des maltresses
Turin, Chiari, Chivasso, Pignerol. Il restaura que lui donnaient tour à tour la France et l'Espa-
l'armée, le commerce, l'agriculture,l'industrie. Ce gne. En réatitë, les troubles durèrent jusqu'à la paix
n'est pas sans raison que les historiens actuels de des Pyrénées (1659).
l'Italie saluent dans ce prince à Tdte de fer le vé- Pendant quarante ans, l'histoire politique de
ritable fondateur de la puissance piémontaise. l'Italie est Intimement liée à cette de la France.
L'honnêteté et l'activité de ce petit Etat reposent Alexandre VII ()6&6-1667) était obligé de s'humi-
l'esprit des turpitudes et de la décadence du reste lier devant Louis XIV dont il avait insulté l'am-
de l'Italie. La Péninsule r41e sous la botte des bassadeur (t66!). Les petites cours italiennes
Espagnols et sous les sandales d'un Pie V et d'un étalent à la solde de la France. Venise luttait inu-
Borromée, archevêque de Milan. Les pirates bar- tilement contre tes Turcs, et, malgré nn secours
baresques enlèvent des villages entiers; la Toscane dérisoire de la France, leur abandonnait Candie
se dépeuple; on n'exporte plus que des objets (1669). Les papes, Alexandre VII, Ctément IX
d'art et de luxe Venise et Gênes sont bien déchues (t66ï-16'!5),dilapidaient les trésors de Sixte-Quint.
de leur splendeur passée. L'Italie a pour héros un Les ducs de Modène et de Mantoue oubliaient la
Piccolomini et un Bemardi, chefs de bandits qui politique p.onr t'opéra. Les Espagnols tenaient bon
jouent désormais nn rôle officiel dans l'histoire. dans le m!di, malgré la révotte de Messine (1674),
Devant ces obstacles se brisent l'intelligence et et les victoires navales de Duquesne à Strombolii
l'énergied'un Sixte-Quint.Ce pape (1584-1590)n'ose et Palerme (t675-1676). L'Italie semblait dormir.
pas donner l'absolution à Henri IV. Clément VIII Elle assistait avec indifférenceà l'entrée des Fran-
(1590-1605) réconcilie enfin le roi de France avec çais dans Casai (t681), au bombardement de Gènes
'Eglise. L Italie espère une délivrance prochaine. (1684). aux humiliations infligées à Innocent XI
Les princes s'allient à la France. Philippe II signe (tMï). Venise était absorbée par une guerre nou-
le traité de Vervins et meurt (1598). La Péninsule velle contre les Turcs. A Florence, on faisait des
va passer du joug de l'Espagne sous celui de la savants, à Turin des soldats. L!~ était le danger
France. pour la France. Quand l'orgueil opiniâtre de
I.ïtatte tmnmiae à l'intinenoe française au Louis XIV suscita contre ce prince une coalition
XVn* eiecle. Venise s'était déclarée en faveur formidable (1688-1689), le duc de Savoie, Victor-
de la France, le duc de Savoie Charles-Emmanuel Amédéell ()675-n30) se déclara contre les Fran-
avait mis son armée sur pied. Décidé à suivre une çais. Catinat le battit à Staffarde (1690), à la Mar-
politique franchement italienne, il avait cédé à saglia (1693). Mais les Impériaux, commandés par
Henri IV la Bresse, le Bugey et Iq Valromey en le prince Eugène, opprimaient les Italiens. L'ha-
échange du marquisat de Saluces (1600). Il comp- bile duc de Savoie, sachant à la fois se rendre po-
tait s'emparer du Milanais avec l'aide de la France. pulaire en Italie et soigner les intérêts de sa mai-
La mort de Henri IV ()6t0) rompit ses projets. Le son, signale premier un traité avec la France (t696).
duc de Savoie, d'accord avec Venise, essaya bien Il recouvrait ses Etats, et donnait au duc de Bour-
d'occuper le Montferrat.Mais la France se rappro- gogne, petit-ills de Louis XI V, la main dela gracieuse
chait alors de l'Espagne, et le duc dut signer le et spirituelle Adétatde de Savoie. Le traité de
traité de Madrid (1618). Malgré tout, l'influence Ryswick (1697) pacifiait l'Europe. Les Turcs et les
espagnole baissait en Italie. Le gouverneur de Mi- Vénitiens signaient la paix (1699). Le vieux pape
lan échouait dans une tentative pour renverser à Innocent XII, dans un jubilé solennel, appelait les
Venise le gouvernement républicain (1618). Un bénédictions du ciel sur ie siècle nouveau. Quel-
vice-roi de Naples,Ossuna, tentait de se faire pro- ques mois plus tard la guerre recommençait.
clamer roi à Naples (1619-1620). Enfin Richelieu LeaBoarhonaenIta]!*(1700-1789,. L'Europe
empêchait tes Espagnolsd'occuper la Valteline, qui pouvait difficilementadmettre que le Milanais et
reliait le Milanais au Tyrol (1695). L'ouverture de les Deux-Siciles, selon le testament de Charles n,
la successionde Mantoue divisa encore les Italiens. tombassent au pouvoir d'un prince d'origine fran-
Louis XIII parut sur les Alpes pour faire triom- çaise, Philippe V. Une guerre générale éclata. Vic-
tor-Amédée, auquel la France avait secrètement dène, *t Fcrrare, on proclama la République.
promis le Milanais, se tourna en 1703 contre Charles-Emmanuel IV (1796-1802), menacé de pér-
Louis XIV dont il se défiait. Le duc de Vendôme dre ses Etats, dut se conformer aux ordres des
fut rappelé en France la Feuillade fut battu à vainqueurs. Les victoires d'Arcole (1796), de Ri-
Turin, les Impériaux s'emparèrent de Naples et voli (1797) aboutirent au traité de Campo-Formio,
les Anglais de la Sardaigne. Les traités de t'!t3 dont certaines stipulations furent une honte pour
modifièrent profondément J'état de l'Italie. La mai- la France la république Cisalpine, il est vrai,
son de Habsbourg reçut le Milanais, Naples, le ~tait fondée avec Milan pour capitale mais Ve-
Mantouan et la Sardaigne. Victor~Amédée obtint nise fut cédée aux Autrichiens, avec l'Istrie et la
le titre de roi et l'Ile de Sicile, malgré les réclama-Dalmatie (179!-1'!98). Quelques mois plus tard, la
tions du Saint-Siège. république était fondée à Rome (fév. 1798), à Na-
En nn, la politique d'Alberoni remit tout en pies (janv. 1799), en Toscane (mars 1799).
question. Après une courte guerre suscitée par Mais ia révolution n'était que superficielle.
1 Espagne, Victor-Amédée échangea la Sicile pour Après les défaites des Français à Magnano, Cas-
la Sardaigne. Plus tard encore, à l'extinction des sano, Novi (1799), les anciens gouvernements fu-
maisons de Farnèse (1731) et de Médicis (~736', rent restaurés à Naples, à Florence, à Milan. Le
l'Espagne et l'Empire se disputèrent Parme, Plai- pape Pie VU (1799-1823) succéda régulièrement à
sance et la Toscane. En HM, Philippe V obtint Pie VI. La domination autrichienne fut rétablie, au
pour un de ses fils, Don Carlos, Parme et Plaisance. grand détriment des libéraux. La bataille de Ma-
Quelques mois après, poussé par les conseils se- rengo (1800) et le traité de Lunéville (1801) la ren-
crets du nouveau roi de Sardaigne Charles-Emma- versèrent encore. On reconstitua les républiques
nuel JIl (l'!30-mS), don Carlos consentait à lais- Cisalpineet Ligurienne mais Pie VII rentra à Rome
ser don Philippe, son frère, Parme et Plaisance, et Ferdinand resta à Naples; Parme et Plaisance
à conquérirles Deux-Siciles,et & aider les Piémon- furent donnés à la France, qui céda la Toscane à
tais à occuper le Milanais. On préparait ainsi l'ex- l'ancien duc (royaume d'Etrurie). Où était la
pulsion des Autrichiens de la Péninsule. Le traité liberté promise aux Italiens? Bonaparte acceptai
de Vienne ()73&) donna s don Carlos les Deux-Si- la présidence de la république Cisalpine (1802). Le
ciles et les présides de Toscane; maisl'Autriche mit Piémont formait six départements français.Victor-
la main sur Parme et Plaisance, annexés au Milanais; Emmanuel t" (1802-1821) était relégué dans la
la Toscane fut cédée au duc François de Lorraine. Sardaigne. Bientôt Bonaparte, empereur, trans-
Les Autrichiens furent plus puissants que jamais. forma la républiqueCisalpine en un royaume, dont
En 1740, à la mort de Charles VI, on pouvait Eugène Beauharnais fut vice-roi (I80.'<). La Ligurie,
espérer que l'Italie se débarrasseraitde la domi- Parme, Plaisance, Lucques et Piombino étaient
nation autrichienne. Mais le roi de Sardaigne, fi- annexés à l'empire. Le traité de Presbourg (déc.
dèle à la politique astucieuse de sa famille, traita 1805) acheva de soumettre l'Italie à Napoléon.
avec Marie-Thérèse, après s'être déclaré son en- L'Autriche céda au royaume d'Italie Venise, l'Istrie
nemi (1742). Vaincus à Bassignano (H45) et vain- et la Dalmatie. Les Bourbons furent expulsés de
queurs à Plaisance (H46), les Impériaux durent Naples, où un frère de Napoléon, Joseph, fut pro-
signer le traité d'Aix-la-Chapelle(1748), qui laissait clamé roi (mars 1806). En 1808, l'empereur, qui
à François la Toscane, à don Carlos tes Deux-Si- disposait à son gré de l'Italie, nommait son beau-
ciles, donnait à don Philippe Parme, Plaisance et frère Murat roi de Naples, sa soeur Pauline Bor-
Guastalla, au roi de Sardaigne le Haut-Novarais et ghese duchesse de Guastalla, et réunissait la Tos-
Vigevano. cane (royaume d'Etrurie) à la France. Déjà Napo-
L'Italie put respirer. Quelques princes tentèrent léon entamait les Etats du Saint-Siège. Deux ans
des réformes. Don Carlos, devenu roi d'Espagne en plus tard (~810) il réunissait a l'Empire Rome et
1759, connala tutelle de son fils FerdinandIV, roi de Spolète. L'Italie entière était annexée à la France;
Naples, au jurisconsulte Tanucci.Ceministrerétablit le pouvoir temporel des papes n'existait plus. Mais
l'ordre dans les finances, encouragea le commerce partout libéraux et catholiques commençaient à
et l'industrie. En Toscane, Léopold le, réformait le protester contre l'asservissementdu pays et des
code criminel, abolissait la peine de mort, favo- consciences. L'Italie, qui avait longtemps cru en
risait l'agriculture, réduisait la dette de 81 mil- Bonaparte, l'abandonna dès 1812. Aux premiers
lions a 24. En Piémont, Charles-Emmanuel orga- revers en 1814, Murat se prononça contre l'empe-
nisait l'armée, construisait des forteresses,et ad- reur. Dans le Nord, Eugène Beauharnais, vice-roi
ministrait ses Etats comme une vaste caserne. à Milan, dut se retirer devant les Autrichiens. Le
Dans le Milanais, les Autrichiens toléraientl'illus- premiertraité de Paris ramena dans la Péninsule,
tre Beccaria, développaient l'agriculture et sur- outre les Autrichiens, le pape Pie VII, Victor-
veillaient de près la noblesse et la bourgeoisie. Emmanuel, François de Modène, François de Tos-
A Rome, le pape Benoît XIV se contentait d'être, cane, le conseil municipal de Saint-Marin et le
selon sa propre expression, « un bon vivant ». prince de Monaco. Durant les Cent-jours, Murat
Après lui, Clément XIV prononça la suppression de essaya vainement de soulever l'Italie au nom de
l'ordre des jésuites. Sous le pontificat de Pie VI l'empereur. Waterloo condamnait les Bonaparte
(1775-1799),l'Etat romain, au dire d'un panégyriste et leurs alliés. Ferdinand IV rentra dans Naples,
du pape, fut « le plus mal administré de l'Europe et Murat, pris à Pizzo où il avait débarqué, fut
après la Turquie. » Venise et Gênes se faisaient mis à mort (1815).
oublier. Personne ne protestait contre la domi- L'occupation française n'avait pas été inutile aux
nation autrichienne qui s'imposait peu à peu Italiens. Napoléon avait encouragé les grands tra-
même aux Etats indépendants,sous le couvert de vaux dans la Péninsule. Le droit français avait
mariages et d'alliances. achevé la défaite de la féodalité italienne. Pour la
L'Italie contemporaine (1789-1879). -L'Italie a première fois depuis des siècles, l'Italie avait enfin
largement profité des bienfaits de la Révolution formé un Etat. L'unité italienne était donc pessi-
française. Envahie dès n92 par les Français, qui ble l'Italie ne l'a pas oublié. Le patriotisme ita-
occupèrent Nice et la Savoie, elle n'opposa qu'une lien était né; il avait un but. Il Fa poursuivi opi-
faible résistance au général Bonaparte, qui l'ap- niâtrement durant un demi-siècle, comptant sur
pelait à l'indépendance. Victor-Amédée(1773-1796) la maison de Savoie, qui n'a point trompé ses es-
dut signer le traité de Cherasco (1796). Partout pérances, séparant point l'idée de la patrie de
des conspirations éclataient contre les princes. La celle de laneliberté, précieux héritage de la Révo-
victoire de Lodi expulsa les Autrichiens du Mila- lution.
nais (H96). A Milan, à Bologne, à neggio, à Mo- Les traités de Vienne livraient à l'Autriche la
Lombardie et la Venétie, réunies sous le nom de En 1856, Cavourposait devant le Congrès de Paris
royaume lombard-vénitien ()815~. Milan et Venise la question italienne, et, en 1859, il obtenait le se-
en furent tes capitales tes soldats italiens furent cours de Napoléon ni contre l'Autriche, au prix de
disséminés dans les régiments autrichiens. Les la cession de Nice et de la Savoie (V. Guerre
collatéraux de la maison de Habsbourg furent a!<aHe, p. 942).
grandement favorisés. A l'archiduc Ferdinand on Par l'annexion au Piémont de la Lombardie, de
donna la Toscane avec Piombino et flle d'Elbe la Toscane et de l'Emilie (1859,1860), un royaume
à François d'Este, le duché de Modène; à l'ex-im- vraiment italien était enfin constitué. Il n'avait
pératrice Marie-Louise,le duché de Parme. Gènes plus en face de lui que les gouvernements de
était annexée au Piémont. Le fantôme même de Naples, de Rome, et de ta Vénétie restée autri-
la liberté avait disparu. Victor-Emmanuel I"' livrait chienne. Les États napolitains furent soulevé* par
ses Etats aux jésuMes. FerdinandIV de Naples, qui Garibaldi (ls60), qui y fit proclamer Victor-Emma-
s'appelle désormais Ferdinand I", roi des Deux- nuel, en même temps que les troupes pontificales
SicUes, abolissait une constitution libérale promul- étaient battues par t'armée sarde à CastelMardo;
guée en 1812, et luttait avec t'aide des Autrichiens les Marches et l'Ombrie sont annexées au
contre les sociétés secrètes des carbonari.La réac- Piémont; le pape ne garde que Rome et un petit
tion était conduite par M. de Metternich, policier territoire. En 1861, Victor-Emmanuelprend le titre
plus que diplomate, homme d'une immoralité ex- de roi d'Italie; Cavour peut mourir (juin 1861) sa-
trême, mais défenseur acharné des principes con- tisfait de son œuvre. Garibaldi, qui voulait atta-
servateurs. quer Rome, est désarmé par le gouvernement
La place nous manque pour raconter avec quel- italien; les troupes de Victor-Emmanuel l'arrêtent
que détait i'histoire de l'Italie, des traités de 1815 a Aspromonte (1862), et le contraignent à renoncer
à nos jours. Nous devons nous borner à un résumé à son projet.
chronologique très sommaire. En vertu de la convention du 5 septembre 1864,
En 1820 et 1821, des révolutionnaà Naples et dans les Français, qui occupaient Rome depuis 1849,
ie Piémont obligèrent Ferdinand à accorder une consentent à évacuer cette ville dans un délai de
constitution et Victor-Emmannel à abdiquer en fa- deux ans, si Victor-Emmanuel s'engage à respec-
veur de Charles-Félix, transformé aussi en roi ter le territoire pontifical. Pie IX, se déclarant me-
constitutionnel. Mais l'intervention autrichienne, nacé, lance l'Encyclique du 8 décembre 1864.
appuyée par la Sainte-Alliance, comprima les as- qu'accompagne le célèbre Syllabus. Sans s'arrê-
pirations libérales de sanglantes exécutions, ter & ces récriminations, Victor-Emmanueltransporte
des proscriptions impitoyables, décimèrent les sa capitale de Turin à Florence, puis s'allie à la
rangs des patriotes, les constitutions furent Prusse, et déclare avec elle la guerre a l'Autriche
abolies, et la terreur régna dans l'Italieentière. ()866); grâce à la victoire des Prussiens à Sadowa,
Cela dura jusqu'en 1830. Alors l'exemple des et malgré les défaites de Custozza et de Lissa,
jeomées de juillet enflamma de nouveanlajennesse l'Italie obtint ennnIaYénétte;en même temps, en
italienne. Les insurrections partielles de Parme, vertu de la convention de septembre, les troupe'
de Modène, des Romagnes furent encore compri- françaises évacuaient Rome.
mées par l'Autriche. Mais, cette fois, les patriotes, En octobre 1867, Garibaldi, toujours impatient,
malgré leurs échecs, ne devaient plus se décou- envahit les Etats pontificaux a la tête de ses vo-
rager. Un grandparti, celui de la Jeune Italie, s'é- lontaires aussitôt une armée française est envoyée
tait formé sous la direction de Mazzini et, durant au secours du pape, et Garibaldi est vaincu là
quinze ans, d'incessantes conspirations tinrent les Mentana, où « les chassepots firent merveille. »
espritsen éveil.Lorsque le cardinal Mastai Ferretti, Mais en 1870, Napoléon III se voit contraint de re-
qu'on croyait libéral, fut devenu pape sous le nom noncer à défendre plus longtemps le gouverne-
de PieIX(juin 1846). l'Italie accueillit cette élection ment pontificat, et les Italiens entrent à Rome,
avec enthousiasme il semblait qu'une ère nouvelle qui devient capitale définitive du royaume. La loi
allât commencer; des réformes s'accomplissaient de garantie, votée en 1870, assure au pape, souve-
en Toscane et en Piémont, où régnaientLéopold II rain spirituel, une liberté absolue.
et Charles-Albert. Victor-Emmanuel, mort en l!i78, a eu pour suc-
Mais la République est proclamée en France, et cesseur son fils Humbert I".
le contre-coup de la révotution de février se fait [L.-G. Gourraigne.]
ressentir dans toute l'Europe. Milan s'insurge; tTAUE (LnrÉRtTCttE). Littératures étran-
Charles-Albertoctroie à son peuple une constitu- gères, XI, XII. Jusqu'au douzième siècle, les Ita-
tion et déclare la guerre à l'Autriche. Partout les liens s'exprimaient en langue latine, cherchant à
souverains italiens sont chassés ou obligés de faire se soumettre aux règles, quand ils prenaient la
des concessions. Mais Charles-Albert est vaincu: plume, et n'en ayant nul souci quand ils parlaient.
le pape et le roi de Naples font cause commune Leur idiome, alors, c'était ce latin des soldats et
avec la réaction européenne. Abandonnés par les des gens du peuple, dont on retrouve la trace dans
princeo, les patriotes italiens ne désespèrent pas Plaute, et qu'ils avaient encore dénaturé, un latin
de la cause nationale la république est proclamée moins semblable a celui de Cicéron que le fran-
t Venise,à Florence, à Rome, d'en le pape s'enfuit.
La guerre recommence entre le Piémont et l'Au-
çais de nos soldats et paysans ne l'est a celui de
Bossuet. Quiconque était trop Ignorant pour écrire
triche Charles-Albert est encore écrasé (à Novare, tant bien que mal en latin écrivait en français
mars 1849), et abdique en faveur de son fils notre vieille langue était alors très répandue. Ce
Victor-Emmanuel Il, qui fait la paix avec l'Au- n'est guère qu'à la nn du douzième siècle que le
triche- les princes sont rétablis a Parme, à Mo- latin parlé commence à devenir un idiome mo-
dene, a Florence. Pendant que les Autrichiens as- derne il faut alors expliquer en langage vulgaire
siégeaient Venise, Louis-Napoléon,devenu président aux auditeurs tel sermon prononcé en latin. Ita-
de la République française,envoyaitune expédition lien et français procèdent l'un et l'autre de la
détruire la République romaine. Le général Oudi. langue latine; seulement l'italien termine les mots
not s'empare de Rome, défendue par Garibaldi sur les voyelles, tandis que le français les tronque
(juillet 1M9); Venise capitule (août 1849). sur les consonnes, en supprimant la finale. Au
La réaction triomphait dans l'Italie entière; treizième siècle, il existe une langue italienne
seul, le Piémont avait gardé sa constitution; sous on a déjà dans cette langue des cahiers de
la direction d'un politique habile, le comte de comptes ou de dépenses et des lettres d'affaires.
Cavour, il voyait grandir son importance. En 1853, Quatorzième siècle. L'instrument trouvé, on
les Piémontats prennentpart t la guerrede Crimée. ne pouvait tarder à s'en servir. La poésie qui,
dans le domatne des lettres, devance partout la lie et la soumettre au pouvoir d'un seul, maUre
prose, parut, au treizième siècle, à la cour de dans l'ordre temporel comme le pape l'est dans
Palerme, sous le règne de Frédéric !I. Ce sont les l'ordre spirituel c'est dans cette dualité, selon lui
troubadours provençaux qui l'y ont importée; de sans péril, qu'il voit le salut, comme il entreprit
là elle passe en Toscane, plus tôt qu'à Naples ou de le montrer dans un vigoureux ouvrage écrit en
pris langue latine et intitulé De Monarchia. Quand
à Rome, parce que le peuple florentin, avaitaussi l'échec d'Henri VII de Luxembourg lui eut ôté ses
l'avance sur les autres peuples de l'Italie, et il de faire de Cane
naître temps-là dans illusions à cet égard, essaya
parce que le hasard fit en ce
Florence un grand génie, le plus grand peut-être Grande della Scala, dont il était l'hôte à Vérone, le
du moyen âge, un de ceux qui consacrent par héros de son rêve, qu'il ne devait pas voir réalisé.
d'immortels exemples les progrès accomplis et qui Ces pensées et ces desseins, qui étaient alors
en accomplissent eux-mêmes,Dante Alighieri (1265- une des formes du patriotisme, d'un patriotisme
1321). Après avoir beaucoup étudié et s'être fait mal entendu, se retrouvent fréquemment dans la
inscrire dans la corporation des apothicaires, il Divine Comédie; mais ce n'est point là ce qui en
qu'ait pris part aux combats extérieurs que livrait fait le charme, d'attrait. Ce qui attire et retient le
sa patrie, aux querelles intérieures qui la divi- lecteur, ce sont tant d'immortels épisodes, Fran-
saient en Blancs et en Noirs; il finit par être en- çoise de Rimini. Ugolin et la tour de lapoète Faim, le
veloppé dans la disgrâce, dans l'exil des Blancs. portrait de la fortune, l'entrevue du avec
Son caractère irritable et chagrin lui avait fait Brunetto Latini, son maître, la redoutable descente
beaucoup d'ennemis. au huitième cercle, les deux épisodes des serpents
Dante n'est pas, comme on l'a dit,
solitaire dans la nuit sombre; » plusieurs
un de
astre et tant d'autres; c'est l'originale et difficile inven-
ses tion par laquelle Dante se représente et cherche
contemporains ont un nom dans les lettres, et il à représenter les splendeurs éblouissantes de
est même disciple de deux d'entre eux, Guido l'empyrée, cette rose blanche dont les feuilles
Cavalcanti et Cino de Pistoia, renommés pour éclatantes et pures deviennent les sièges des saints
leurs poésies sur le modèle des troubadours et des saintes, revêtus de blanches étoles c'est
provençaux ou siciliens. En écrivant comme eux surtout qu'il a su créer des personnages vivants
des poésies amoureuses, il relève et perfectionne avec deux éléments disparates, l'idéal et le réel,
qui, réunis par son art, ne peuvent plus être sépa-
ce genre, en même temps que, par divers ouvrages traits caractéristiques de son
en prose, il fixe à jamais la langue toute nouvelle rés. Mêlant ainsi aux
qu'on parlait autour de lui. Mais c'est surtout par temps, qu'il fixe à jamais, les richesses de sa
son grand poème. la Divine Comédie, qu'il marque puissante imagination, il le dépasse par la force
Renaissance,
sa place pour l'immortalité. Le cadre est emprunté de son génie, il entrevoit l'aube de la
aux conteurs français. Rien de plus ordinaire il donne de hautes leçons de littérature comme de
parmi eux que de faire voyager tel ou tel person- morale. S'il reste un modèle à ce point inimitable
l'imiter,
nage aux enfers, au purgatoire, au paradis. Heu- qu'on n'osa guèremourir dansses exil de Vérone,
contemporains,
reusement, Dante transforme, ennoblit tout ce après l'avoir laissé son
qu'il touche. D'un court et licencieux fabliau, il dont il ne voulut pas être rappelé au prix d'une
fait une trilogie ample, chaste, élevée, sublime. soumission humiliante, se prirent pour lui d'une
Il donne l'Italie son épopée, qui est pour ce pays admiration sans bornes voyant dans ses vers un
ce qu'est pour nous la CAa/no't de Roland, avec texte presque aussi sacré que celui de l'Ecriture
ces différencesessentielles, qu'au lieu de raconter sainte,le ils fondèrentdespartout, pour l'expliquer,
dans une langue encore informe un épisode pour commenter, chaires qui, en plus d'un
d'histoire nationale, il expose dans une langue endroit, furent établies dans les églises. S'il y eut
formée, avec toutes les beautés que sait trouver le exagération dans un enthousiasme qui tenait peut-
génie et tout l'art d'un maître en fait de style, les être du remords, Dante n'en est pas moins, et de
croyances religieuses du moyen âge, en sorte beaucoup, le plus grand nom de l'Italie.
qu'italien par Hdiome dont il se sert et par ses La D:r:Me Comédie fait trop oublier les services
incessants retours sur l'histoire de l'Italie et de sa rendus à la prose italienne par quelques écrits de
ville natale, il est le poète de toute l'Europe chré- Dante mais en prose il n'a pas la même supério-
tienne par le fond même de son poème. Ces retours, rité qu'en vers il n'a guère que celle de son grand
malheureusement,sont si nombreux, ses allusions esprit et des choses qu'il pense. Les auteurs de
si fréquentes à de menus faits peu connus, ses chroniques, de souvenirs personnels, consignés au
allégories, genre alors à la mode, parfois si ob- jour le jour, qu'on appelait ricordi ou ricordanze,
et qui sont comme la forme primitive des mémoires.
scures, qu'il paraltrait souvent inintelligible, si, contribuaient
presque à chaque vers, les notes de ses éditeurs eux aussi, par leur langage simple
n'y portaient la lumière. et naturel, aux progrès de la prose. Il suffira de
C'est lui-même qui fait le triple voyage, guidé citer ici Giovanni Villani (1310-1348), son frère
dans l'enfer et le purgatoire par Virgile, dans Matteo et son neveu Filippo, tour à tour historiens
le paradis par Beatrice Portinari, une jeune de Florence leur patrie, avec un effort louable vers
Florentine enlevée à la fleur de l'âge et qu'il avait l'exactitudeet l'impartialité. Ce qui leur manque,
aimée de cet amour platonique dont tout poète, en c'est le génie. Pétrarque et Boccace sont, à cet
ce temps-là, était tenu de brûler. Esclave des égard, les seuls héritierspartie de Dante; mais ils n'ont
usages et des idées de son temps, Dante mêle, à la recueilli que la moindre de son héritage.
merveilleuse poésie qui lui est propre, la sco- Francesco Petrarea (1304-1 .t74), né à Arezzo, de
lastique, la philosophie, la théologie qui en dimi- parents florentins en exil, avait pris dans sa jeu-
nuent pour nous l'attrait, mais qui en augmentent nesse, en terre d'Avignon, à la cour du Saint-
singulièrement la portée historique. Ces idées Siège, le goût de la poésie lyrique des Provençaux.
abstraites, ces souvenirs de l'école dominent sur- Libre de sa vocation par la mort de son père qui
tout dans le Paradis; mais on en trouve déjà trop le voulait légiste, il revêtit l'habit ecclésiastique,
dans le Purgatoire, où elles sont, il est vrai, mê- qui donnait alors l'indépendance avec la considé-
lées à des descriptions saisissantes de supplices, ration, et .il consacra une vie de loisirs à chanter
dont l'unique défaut est de répéter celles, plus en vers l'amour platonique que lui inspirait une
saisissantes encore, qui remplissent l'Enfer, et jeune femme du Comtat, Laure de Noves, mariée à
qui en ont fait, depuis des siècles, l'incomparable Huguesde Sade. Dix-septannées, il vécut dans des
popularité. larmes et des soupirs de commande ses sonnets
En politique, Dante est gibelin, c'est-à-dire qu'il sollicitaient ou célébraient la modeste faveur d'un
appelle l'empereur allemand pour regénérer l'Ita- regard, d'une mair. dégantée, d'une parole auec-
tueuse ou seulement polie. Quand )a mort lui a verset. On s'étudie !t écrire le latin comme Cicéron,
ravi Laure, il en célèbre encore les mérites, et ses et, un peu puérilement, à ne se servir que de mots
regrets sont plus touchants que les précédents par lui employés. En langue italienne, on n'écrit
désespoirs de son Cansoniere. t) s'y montre, en guère plus qu'en vers. Laurent de Médicis et Ange
somme, très supérieur aux troubadours et aux Politien eont au nombre des meilleura poètes de
Italiens qui les avaient imités, quoiqu'il ne soit ce temps. D'autres mettent en vers italiens nos
point exempt de leur subtilité fleurie. Dans ces chansons de gestes, nos romans de la Table Ronde.
poésies, où le fond n'est rien, où le charme du sen- Mais dans le Morgante maggiore de Putci ()43t),
timent, du rythme, du style est tout, rien n'a dans l'Orlando innamorato de Bojardo (X34), on
vieilli. On peut seulementregretter que Pétrarque ne retrouve point )e sérieui. la bonne foi de nos
ait donné naissance, tant il-était facile de marcher vieux auteurs primitifs. Les imitateurs de ceux-ci
sur ses traces, à l'école des pétrarquistes, séculaire au sud des Alpes sont un peu suspecte de ne ra-
Oéau qui n'a point cessé encore de sévir sur l'I- conter qu'en plaisantantles exploits de leurs héros,
talie. comme, au surplus, faisaient eux-mêmes les der-
Chose remarquable t Les sonnets et MtMTM qui niers de nos trouvères.
sont a nos yeux la gloire de Pétrarque, n'en étaient Seizième siècle. Au siècle suivant, la littérature
point le fondement, aux yeux de ses contempo- italienne prend une floraison nouvelle, inférieur?,
rains. Ils admiraient surtout de lui ses poésies la- quoi qu'on en ait dit, il cette du ïtv*,mais où,néan*
tines. C'est un poème latin, l'Africa, qui lui valut moins, s'épanouit de nouveau le génie. Ce qui nuit
l'honneur de recevoir à Rome, au Capitole, le lau- aux écrivains, alors, c'est qu'ils sont des serviteurs,
rier poétique. Ses écrits en prose ou en vers dans des sujets, au lieu d'être des hommes libres. Leur
la langue des vieux Romains attestent du moins un inspiration est en quelque sorte commandée. Elle
effort, quelquefois heureux, pour en user avec une manque de Berté, de dignité. Leur t&che est de
élégance depuis longtemps perdue. Passionné fondre dans une composition harmonieuse tes élé-
pour les lettres antiques, Pétrarque parcourait. ments nombreux, mais épars. qu'ils ont sous la
l'Europe pour en découvrir, acheter, transcrire ou main. L'imagination de détail et le goût sont dé-
faire transcrire les manuscrits, oubliés et comme sormais tes qualités dominantes. L'effort de l'ar-
perdus dans la poussière des couvents. Par la il rangement et du style devient sensible, et le nom-
est un des premiers qui aient acheminé l'Italie, bre des auteurs considérable, parce que le travail
et à sa suite l'Europe, dans les voies de la Renais- et l'art suffisent à leur assurer une place d'honneur.
sance. Mais ceux-là seuls envers qui la nature s'est mon-
II avait trouvé un puissant auxiliaire dans son trée prodigue peuvent ici nous arrêter.
ami GiovanniBoccaccio (1313-1376),fils d'un Toscan Au premier rang, par le temps comme par le
des environs de Florence et d'une Parisienne, génie, est Niccolô Macchiavelli (t469-t52~).Homme
élevé à Paris, et destiné au trafic, qu'il abandonna de transition, il appartient, par la durée de sa vie,
pour t~s lettres, comme Pétrarque avait fait le autant au xv* siècle qu'au xvf. Issu d'une ancienne
droit. Moins novice dans la connaissance du grec, famille de Florence, successivement chancelier et
c'est surtout les manuscrits grecs que Boccaces'é- secrétaire de la République,puis destitué et banni,
tudiait à répandre de sa belle main de copiste. assez honnête pour être sorti pauvre de sa charge,
C'est un titre sérieux à l'estime publique pour cet mais pas assez stoique pour se résigner a sa pau-
écrivain, que le plus important de ses écrits con- vreté, il pactisa trop avec les puissants pour mar-
damne à tout jamais à une renommée équivoque. quer une juste horreur de leurs pratiques scélé-
tl avait la prétention d'être surtout un poète, et, rates ou infâmes, et ces accommodementsavec le
de fait, il écrivit beaucoup en vers; mais ses mal ont nui à ses ouvrages, par suite à sa re-
poèmes sont un peu négligés aujourd'hui, quoi- nommée. D'un naturel observateur, il note froide-
qu'on y remarque le désir et l'art de conter, c'est- ment, il indique avec un flegme imperturbableles
à-dire le génte même de Boccace. Il avait beaucoup actes propres à étendre ou à affermir le pouvoir,
lu et goûté les conteurs français it les imita, par dans un ouvrage intitulé le Prince, chef-d'oeuvre
manière de passe-temps, dans son Décaméron, profond, mais qui n'est ni un livre de morale, ni
recueil de cent nouvelles en dix journées, et il les même un livre moral. On y trouve mises à nu les
laissa bien loin derrière lui, par sa sobriété, son plus secrètes idées de son temps, car il a fouillé
esprit, son style, sa langue. Longtemps il a été comme avec son scalpel dans l'âme des tyrans de
considéré comme le modète de la prose italienne. l'Italie, sans plus s'indigner de ce qu'elle a de dif-
Si l'on reconnaît aujourd'hui que sa période, trop forme, que ne ferait un anatomiste des difformités
imitée de Cicéron, a trop d'ampleur; si l'on pré- physiques. Indifférent aux principes, comme on
fère la phrase plus courte des chroniqueurs ses t'était en un siècle où Gonzalve de Cordoue osait
contemporains, on ne peut méconnaître en lui un dire que la toile d'honneur doit être d'un tissu
des plus habiles écrivains de tout pays. On re- lâche, ce qu'il admire, c'est l'art de gagner la
grette seulement que le goût des aventures licen- partie, ou, tout au moins, de la bien jouer. Etran-
cieuses ou obscènes, général en ce temps-là, nous gement superstitieux, malgré sa profondeur, il n'a
force à reléguer cet ouvrage parmi ceux dont on ne pas eu le pressentiment da l'avenir, et cet esprit
sait trop dire s'il faut les appeler chefs-d'œuvre ou moderne qu'il a méconnu, l'en a châtié en formant
livres honteux Les nouvelles de la dixième jour- de son nom le mot mal famé de machiavélisme,
née et l'introduction, où est admirablement décrite qui exprime des pratiques raffinées et tortueuses
la peste noire de )34<, pourraient seules être bien antérieures à lui. Mais alors il ne choquait
mises dans toutes les mains. Pas n'est besoin de personne: le Prince parut avec le privilège d'une
dire que, dans ce genre facile, Boccace trouva de bulle pontificale, qui en recommandait la lecture
nombreux imitateurs; mais pas un, pas même comme très salutaire aux chrétiens, et il a été
Franco Socchetti, le meilleur de tous, ne peut lui depuis, pour tes despotes, le livre de chevet. C'est
être comparé. mal juger Machiavel que de le poursuivre, comme
~MMMtcme tMc&. Après ces auteurs de génie on l'a fait souvent dans les deux derniers siècles,
semblent se tarir les sources de l'invention. Ils ont de violentes invectives, ou de voir en lui, comme
donné à l'Italie une langue définitive, et, cependant, on le fait de nos jours, un apôtre de la cause natio-
elle retourne au latin. Une admiration trop enthou- nale et démocratique. H est un témoin, qui, par
siaste de l'antiquité retrouvée lui fait croire qu'elle prudence ou indifférence, refuse d'être un juge.
n'a plus qu'a se remettre à l'école. Le xv* siècle re- D'autres ouvrages recommandent encore le nom
noue la chalne qu'ont brisée les temps barbares et de Machiavel. Ses Discours sur la première décade
le moyen âge. Le goût de l'érudition devient uni- de J':<e-f.tt:e, sans imposer les mêmes réserves,
contiennent pourtant trop de maximes semblables tante et fralche. Son style est d'une si rare perfec-
à celles du Prince. Faisant la philosophie de l'his- tion, que la Crusca, toujours sévère pour ce qui
toire romaine, il analyse et développe ce que n'est pas florentin d'origine, a admis le Roland fu-
Bossuet résume, et il se distingue de lui, comme rieux au nombre des < textes de langue », c'est-à-
de Montesquieu, par une application constante des dire des livres qui offrent les vrais modèles du
faits anciens aux intérêts modernes. Ses Histoires langage italien. Auteur de comédies dans la ma-
florentines jusqu'en 1492 ne sont, quant aux faits, nière latine et de satires piquantes contre les
que la reproductionde l'historien Cavalcanti, aussi grands et les oppresseurs de l'Italie, clercs ou laï-
obscur que médiocre; mais il fait oublier son guide ques, l'Arioste a su conquérir parmi les meilleurs
par des appréciations judicieuses,même des événe- auteurs de son pays un des premiers rangs.
ments qu il connaltmal, etparunstyle bref, nerveux, L'autre grand poète de ce siècle, c'est Torquato
sans images ni ornements, qui diffère très heureu- Tasso ()5t~-1595), né à Sorrente, d'un père citoyen
sement de celui de Boccace, qu'on proposait alors de Bergame, et poète lui-même. Le Tasse était
pour modèle. Parmi bien d'autres écrits, la plu- trop de son temps pour ne pas rechercher la pro-
part politiques ou militaires, signalons ses heu- tection des princes et les délices des cours mais
reuses excursions sur le domaine de la nouvelle l'humilité dont il y fallait faire preuve, les liens
(Relphégor) etdela comédie(ta~a?Mh'o~o~ etc.). dorés qu'il y fallait porter, durent singulièrement
Son théâtre est licencieux, mais le pape Léon X contrarier les habitudes de fière et sauvage indé-
n'en aimait pas moins à s'en donner le divertisse- pendance qu'il avait contractées dans sa jeunesse.
ment. L'équivoque règne malheureusement sur De là, les amers chagrins d'une vie qui, voulant
les écrits comme sur la vie de ce philosophe poli- être libre, ne sut pas s'imposer les sacrifices
tique, et ne permet pas de joindre une entière qu'exige la liberté. De là, son dégoût des cours,
estime à l'admiration. ses violences, son hypocondrie de maniaque, sa
Après lui, bien d'autres ont écrit en prose, qui captivité, vengeance peu généreuse de la maison
ne le suivent que de loin, même Guicciardini (Gui- d'Este envers un grand poète dont les chants déjà
chardin), renommé pour son Histoire d'Italie, et les célèbres lui avaient donné plus de gloire qu'elle
Novellieri ou conteurs, dont aucun ne vaut ceux n'en méritait. En un an sa Jérusalem délivrée avait
du xtv* siècle. Le xvt', en sa seconde moitié, tom- obtenu sept éditions. On ne pouvait choisir un plus
bait dans ce travers de croire qu'un rien avait de beau sujet de poème épique que la première Croi-
l'importance, quand il était bien exprimé. Des aca- sade. L'auteur connaît bien l'histoire, et il la res-
démies fort nombreuses, et, dans le principe, utiles pecte, sauf aux endroits où un heureuxinstinct lui
aux lettres, devinrent, en un temps d'oisiveté ser- montre qu'il la peut modifier. N'ayant pas, en sa
vile, une végétation luxuriante qui étouffait tout matière, la foi qu'aurait eue un trouvère du moyen
développement spontané des esprits. !I y avait les âge, il l'embellit par un merveilleux tour à tour
académies des Lucides, des Obscurs, des Gelés, chrétien et musulman. Mais il est admirable dans
des Enflammés,des Altérés, des Insensés, etc. Les l'exécution, comme dans la conception. Il sait com-
membres de chacune portaient des surnoms appro- biner son plan avec proportion, avec justesse, et
priés au titre général de leur compagnie. Tel des y rester Mole. Il s'interdit les digressions oiseu-
Enflammés s'appelait le Brûlé, tel autre le Grillé ses, et ne tire que du sujet même ses nombreux
ou l'Ardent. L'emploi du temps était digne de ces et brillants épisodes. !1 décrit les lieux avec une
puérilités. On faisait l'éloge des grands nez, de la exactitude si minutieuseque Chateaubriand,qui les
salade, du concombre, de l'hypocondrie, comme, parcourut la Jérusalem délivrée à la main, les re-
au temps de la décadence du monde ancien, celui connut sans hésiter. Pour la première fois depuis
de la chevelure ou de la calvitie. On recherchait l'antiquité, on voyait une véritable épopée, où
qui était antérieur, de la poule ou de l'œuf. Le scènes d'amour, conseils, processions, palais en-
langage était à l'avenant, vain étalage de figures de chantés, cabanes de pasteurs, campements, batail-
rhétorique et d'érudition pédantesque. Une seule les, villes assiégées se succèdent pour aboutir non
de ces académies a conservé en partie, malgré ces à une fin de hasard, mais a celle que le poète s'é-
ridicules dont elle n'était point exempte, sa re- tait Bxée dès le début.
nommée d'autrefois: c'est l'académie florentine de Ce qu'on lui peut reprocher, c'est de retracer
la Crusca ou du Blutoir, qui se donne pour mission les mœurs, surtout celles des Musulmans, avec
de trier les tours et les mots de la tangue, selon moins de «délité que les faits, défaut qui lui est
les principes du goût. commun avec Racine c'est d'abuser du bel esprit,
C'est merveille que le « mal académique ainsi des allégories forcées, des vers précieux, des ima-
qu'on l'a justement nommé, n'ait pas été un in- ges trop fleuries, des expressions affectées, sous
vincible obstacle à d'heureuses créations do la prétexte de finesse. Voilà le clinquant que Boileau
poésie. Chez quelques-uns le génie naturel triom- censurait en rappelant l'or de Virgile, et qui mé-
pha de tout. Lodovico Ariosto (H'!4-1533), né à riterait un nom plus sévère, celui de mauvais goût.
Reggio dans le duché de Modène, s'est immorta- Quoi qu'il en soit, le Tasse, moins spirituel et
lisé par un poème d'aventures chevaleresques, le moins fécond que l'Arioste, est plus égal et plus
Roland furieux, continuation du Roland amoureux pénétré des sources antiques. Son poème, malgré
de Bojardo et de nos chansons de gestes, mais où ses taches, est lu encore, après trois cents ans,
le nom de Roland ne vient que pour attirer le lec- par tous les hommes que charme l'épanouissement
teur, en le trompant, et dont le sujet véritable, complet d'une riche et poétique imagination.
encadré dans la croisade fabuleuse de Charlemagne Le xV siècle compte encore d'autres poètes et
contre les Sarrasins, enrichi de cent épisodes di- d'autres genres de poésie. Alamanni se fit un nom
vers, ce sont les aventures, les amours, le mariage dans le genre didactique; le Tasse, Annibal Caro,
de Roger et de Bradamante. L'Arioste a l'air de Michel-Ange, qui posait parfois le ciseau et la
croire à ce qu'il raconte, bon moyen d'y intéresser brosse pour la plume, dans le genre lyrique. Si-
les autres. Imperturbable dans sa bonne humeur, gnalons encore Berni, dont le talent valut au bur-
il a l'intérêt d'Homère, sans en avoir la simplicité, lesque, c'est-à-dire a la folie, l'honneur de devenir
le naturel et la grandeur, Il représente les choses, un genre. Par les contrastes, les disparates, les
les batailles par exemple, avec tant de relief qu'on rapprochements inattendus, les comparaisons gro-
croit les voir. Il donne la vie à ses personnages. tesques, il dériderait les plus graves lecteurs;
S'il pèche, c'est par trop de bouffonneries, d'exa- mais de son burlesque au plaisant de l'Arioste, il
gérations, de digressions, de monologues, d'-doges y a tout l'écart du trivial au distingué, du talent
courtisanesques de la maison d'Este. Mais nul poète au génie. Les expressions à double sens, dont
n'a eu au même degré que lui l'imagination écla- l'honnêteté apparente laisse entendre mille indé-
cences, mille ordures, tel est le triomphe de cet dier le sujet de ce petit poème, empruntéà l'Ms-
art de bas étage. toire du xm* siècle, est la ridicule guerre qu'un
Mis en action, il donne la farce improvisée seau de boit, ravi par les habitants de Modène et
ou Comédie de /'ar<, comme on dit en Ita- conservé dans le clocher de leur cathédrale, alluma
lie, souvenir attardé des Atellanes antiques, entre eux et les Bolonais. C'est une satire litté-
canevas que remplissent les acteurs au gré de raire où divers traita d'une critique plus générale
leur fantaisie, !e plus souvect écrasés, dans leur introduisentla variété.
médiocrité, par une liberté si grande, qui n'en- DM:-AMt<t~?te siècle. Au siècle suivant, le gé-
fantait que lazzi sans finesse et conversations nie italien sembla se réveiller. Le grand éctat que
recousues. A coté ne développait la comédie tégu- venait de jeter, que jetait encore la littérature fran-
lière, dont l'Italie avait pris le goût en faisant con- çaise le tira de son sommeil C'est le temps où, à
naissance avec Plante et Térence. On a vu que la voix de Voltaire, les princes de tout pays es-
Machiavel et t'Arioste écrivirent des comédies. sayaient tous plus ou moins de rompre avec leur
Plus de mille auteurs au xvi* siècte, et près de passé, de marcher dans les voies mieux ouvertes
quatre mille au xvn*, marchèrent,à cet égard, sur de la civilisation et du progrès. Nos belliqueux
leurs traces sans les égaler, ni même tes appro- auteurs n'étaient plus réduits a se détourner des
cher. La tragédie ne fut, au début, qu'un tissu grands sujets défendus sur de petites choses qu'on
d'horreurs et de monstruosités. Les trouvant dans relevait, pour parler comme la Bruyère, par la
le théâtre grec, on croyait l'imiter en tes reprodui- beauté du génie et du style. Ils furent imités comme
sant, sans comprendre que ce qui les y explique, jadis on imitait Boccace et Pétrarque, non seule-
c'est la fatalité, ressort essentiel du drame anti- ment dans les pensées, mais jusque dans les mots.
que. Trissino, Rucellai, Alamanni, le Tasse sur- La critique, l'histoire marchentd'un pas ferme et
tout, accomplirent un progrès dans Fart tragique, sûr avec Tiraboschi, Maffei, Muratori. Gian-
<ans toutefois produire un eheM'cBuvre. none. Beaucoup de savoir, point ou peu de génie.
La gloire du théâtre en Italie, au xvf siècle, On en trouve pourtant, dans l'ordre des ouvrages
c'est le genre pastoral, genre faux et funeste, re- sérieux, chez le Napolitain Vico (1668-1'!44) qui
nouvelé de Théoerite par Sannasar dans ses églo- cherche en des pages profondes, mais obscures et
gues latines, découpé en scènes plus ou moins sans cet ordre qu'il veut nous faire admirer dans
dramatiques par diverx poètes. Ici encore, c'est le l'univers, l'explication rationnelle du développe-
Tasse qui donna le modèle. Son Aminta obtint ment de l'humanité. Ce sont ses Principes de la
plus de succès que sa Jérusalem on y admire science nouv elle, vaste synthèse qui embrassait pré-
encore aujourd'hui la grâce, t'étégance, la pureté, maturément tous les connaissances dont l'homme
tous les agréments de la langue et du style. Dans est l'objet. On ne peut parler de Vico sans nommer
ces sortes d'églogues dramatiques, le charme des aussi le Milanais Beccaria (ï738-!79<) qui a mar-
vers fait oublier tout le reste, et-c'est fort heu- que sa place par son livre Des <Mt<< et des peines,
reux, car faction en est trop sensiblement ab- où it expose tes principes du droit criminel, et
sente tout s'y passe en dialogues et récits. Les dont l'autorité est invoquée encore anjonrd'hut. Il
bergers y sont héroïques, détieata, .portés a l'a- y demande l'abolition de la torture, l'institution
mour, tout différents, en un mot, des bergers rudes du jury, et il défend la plupart des causes géné-
et primitifs de Thooorite, et même de ceux plus reuses chères II. notre temps.
rafnnés, mais naïfs encore, de Virgile. On ne sau- En poésie, Pétrarque et Marini faisaient toujours
rait omettre, en parlant de ce genre, le P<M<ot' école. La prétention de tes imiter produisait nom-
/Mo de Guarini (1537-1612), imitateur du Tasse, bre d'csuvres médiocres, qu'un succès immérité a
quoiqu'il prétendit être original. Dans cette < tragi- rendues ridicules. Ceux qui voulaient revenir an
comédie comme il lui plaît de l'appeler, Gua- simple n'aboutissaientqu'au fade témoin un genre
rini mêle le triste et le ga). le bouffon et le noble, nouveau d'académie, les Arcades ou Arcadiens,
le simple et le somptueux. Il se recommande par l'Arcadie étant, par convention, le lieu primitif de
l'éclat de l'imagination, par dos récits animés, élo- la vie simple des pasteurs. Quelques noms surna-
quents, pleins d'intérêt, par des descriptions pa- gent Casti, de Prato (1721-1804), qui a fait de l'a-
thétiques, quelquefois même par le mouvement pologue un long poème en vingt-six chants, Les
du drame. De la pastorale devait prendre nais- ~tUMaM: paf/antt, bien licencieux pour provenir
sance le mélodrame ou drame en musique, ap- d'un abbé; Parini, de Milan (1729-1799), un abbé
pelé, malgré ses défauts inévitables, à de grandes aussi, véritable poète satirique qui, dans son
destinées. poème intitulé Le VoMr ou quatre parité* du
DtMfpMMMtt~e.–Lexvn* si ède est aussi pau- ~ou*' A ct//e, flagelle la noblesse en évitant l'in-
vre en Italie qu'il est riche en France. L'Italie, qui vective, et en montrant, avec une apparence de
~vait devancé les autres peuples dans les voies sérieux qui fait sourire, tes devoirs puérils d'un
de la civilisation, est alors en proie à une mata- jeune patricien qui veut être un parfait cavalier.
~iie de langueur et de décadence, tandis que L'ironie est dans les choses, non dans les mots, et
les autres peuples sont en pleine noraison. Le Parini semble baiser la main quand il mord jusqu'au
fléau des académies sévit de plus en plus. Des sang, forme toute nouvelle de la satire, dans les
auteurs estimables dans tous les genres, aucun temps modernes comme dans les temps antiques.
génie, tel est le bilan du siècle. Le Napolitain L'Italie sent ennn le mal qui la ronge, l'abaisse-
Marini (tM9-t625), le < cavalier Marin comme on ment des caractères, Immanquable fruit d'un des-
l'appelaiten France oùil passa une partie de sa vie, potisme prolongé.
représente alors ta poésie. Le plus naturellement C est surtout au théâtre que paraît, pendant le
poète de tous les Italiens après l'Arioste, pour xv)M* siècle, la seconde renaissance des lettres
plaire il seCt bizarre, et il gâta ses heureux dons italienne*. Le Romain Métastase (1698-1782),dont
faisait ptmer d'aise les le vrai nom est Trapassi,transforme le drame mu-
par un mauvais goût quiRambouillet.
habitués de l'hôtel de Durant tout sical et sait rester poète, tout en le pliant avec
lernf tiède, Il fut placé au-dessus des elassigues souplesse aux innombrables exigencesdu musicien.
sa
italiens, et ii tralna suite un troupeau d'imita- Comme Quinault, jusque je vous hais, il dit
teurs qui ajoutèrentau faux la platitude et l'inep- tout tendrement, mais chez lui la route du Tendre
tie. Dans ce temps, une seule œuvre vraiment mène au royaume du pathétique où 11 règne en
distinguée est à signaler c'est le Seau enlevé du maître. Voltaire passe la mesure quand il écrit que
ModenaisTassoni (1565-t635),qui comprit, éclairé certaines scènes de Métastase sont dignes de
peut-être par le succès dè Don Quichotte, qu'il Corneille, quand il n'est pas déclamatoire, et de
'fallait renouveler l'épopée romanesque et la paro- Ilacine,quandiln'est pas faible; mais c'est quelque
chose qu'une telle bouche ait cru pouvoir risquer notre Révolution, qui mettait en pratique les idées
un tel éloge. de son traité De la Tyrannie? Démocrate féodal,
La comédie s'honore du Vénitien Goldoni (1707- il fut toujours un ennemi de la France, comme
1793), que l'Italie appelle le Molière italien. Molière on le voit dans l'histoire de sa vie écrite par lui-
soit, mais un Molière sans poésie et sans génie. même, et dans un ouvrage spécial, le Misogallo,
Auteur à la solde d'un directeur de troupe, tl s'o- ou « Ennemi des Français ».
bligeait par traité à fournir douze comédies dans Dix-neuvième siècle. Avec Alfieri se clôt le
une année, et il tenait parole. Il en a laissé ainsi xvm* siècle. Le X!X* est aujourd'hui assez près de sa
plus de deux cents, toutes en prose écrire en fin pour qu'on puisse dire qu'il tiendra dans les let-
vers lui eût pris trop de temps. Il se proposait am- tres italiennesau moins autant de place que le xvm",
bitieusement de renouer la tradition de Machiavel et infiniment plus que le ïvn'. L'histoire, cet
et de l'Arioste, en s'aidant de Molière pour les cor- honneur de notre temps, y est représentée par
riger et les compléter; mais il avait la vocation Botta, Colletta, Balbo, Cantù, Amari, Capponi, par
d'un genre de comédie moyenne où l'observation diverses publications érudites consacrées à la divul-
remplaçait la gaieté, et il était tenu à ne pas trop gation et à la critique des documents, t'~rcA:o
s'écarter du langage de la comédie improvisée, storico, l'Antologia, etc. Dans la poésie, Monti,
pour plaire à un public qui aimait le parler popu- né au pays de Ravenne (1754-1828), citoyen peu
laire d'Arlequin et de Pantalon. Les pièces où il se estimable, tant il fut versatile, est un poète de ju-
rapproche le plus de ta haute comédie sont celles gement et de goût, d'imagination vive et de sensi-
qui reproduisent les mœurs des petites gens parmi bilité délicate. Il achève d'arracher l'Italie à l'imi-
lesquels il vivait, d'autant plus heureux dans son tation de Métastase pour la ramener à Dante. Ugo
art subalternequ'il y portait une main plus légère Foscolo, de Zante (1778-1827) a sur lui, malgré les
et moins de prétention. Son principal mérite est, incidents d'une vie orageuse, l'avantage d'un pa-
en somme, d'exprimer des choses vraies ou vrai- triotisme ardent et d'un désespoir sincère, dans les
semblables dans un langage simple et naturel. lettres émues qu'il prête à son héros Jacopo Ortis,
Une de ses pièces, le Bourru bienfaisant, fut frère en mélancolie d'Obermann, de René, de Wer-
écrite par lui en français pour la France, car il y ther, ces désespérés si fort à la mode au commence-
exerçait sur ses vieux jours, auprès de la famille ment de notre siècle. La déclamation et l'emphase
royale, les fonctions de maître d'italien. Carlo déparentmalheureusementces lettres écrites pour
Gozzi (1718-1801), Vénitien lui aussi, passe pour le public, et, si l'on veut bien juger l'auteur, il faut
son rival, sans l'être, tant il en diffère. Mieux doué, lire celles qu'il écrivait confidentiellement à ses
plus écrivain, il cultive la comédie populaire et le amis. On l'y trouve éloquent et gracieux,grave et spi-
genre fantastique ou fiabesque, goûté des Italiens rituel, énergique et sincère. Sa prose est d'un poète,
pour son style, et des Allemands pour ses invrai- comme celle de Chateaubriand, et ses vers ne sont
semblables mventions. point prosaïques. On lira toujours son bref mais
Dans la tragédie,il suffit de rappeler que Maffei admirable poème, les Sépulcres, qui est à la fois
a donné une Mérope où il essaie de s'inspirer tout une oeuvre lyrique, une élégie, une satire, dans
ensemble du xvn* siècle français et de l'antiquité. un style fort et pénétré de l'antique. Son but uni-
C'est le Piémontais Alfieri (1749-1803) qui est que, c'est l'affrànchissement de sa patrie; il ne
alors la gloire du théâtre italien. Gentilhomme peu varia jamais que sur le choix des moyens.
instruit, marié à la veuve du dernier des Stuarts, Au-dessus de ces deux poètes s'élève Leopardi
grand lecteur de Plutarque, il fit de sa plume, à (1798-1837), né à Recanati. Erudit et philologue,
défaut de son épée, dont il n'avait pas l'usage, un prosateur vigoureux, d'une ironie âcre et profonde,
instrumentde regénération pour l'Italie. Son théâtre il gémit et il s'irrite parce qu'il souffre de son
est un appel aux armes mais il a une théorie dra- tempéramentrachitique, parce qu'il a honte da sa
matique de novateur. Il supprime le hasard, dinbrmité d'épaules, qui le rendait presque ridi-
n'admet que des incidents naturels et même néces- cule à ses propres yeux. Il est surtout un admi-
saires il élimine tous les accessoires, afin de rester rable poète, à qui le dégoût et le désespoir ont
simple et vraisemblable. Simple, il l'est, plus inspiré d'inimitablesaccents. Il est conduit à dou-
même que les Grecs, et jusqu'à la sécheresse. ter de tout, du progrès, de la vertu, de la vie
Vraisemblable, on en peut disputer: les monolo- éternelle. La société n'est pour lui qu'une ligue
gues sont-ils plus naturels que les récits de con- des fripons contre les honnêtes gens. Mais c'est le
fidents ? D'ailleurs, il ne s'efface pas devant ses scepticisme d'un désespéré,nullementd'un scepti-
personnages. C'est lui qui parle par leur bouche que. Du reste, les vers où il exprime ses doutes
toujours le même langage raide et guindé. Il a ne dépassent jamais par l'expression sa pensée.
autant de monotonie dans la force que Métastase Le style, brûlant et ironique tour à tour, plein
dans la douceur. Il ne sacrifie point à l'agrément, d'amertume et de larmes, est d'une pureté sobre,
qui est pourtant une partie essentielle de l'art. Il d'une concision énergique qui ne coûte de sacri-
est bon écrivain, mais, à force de chercher la con- fices ni au sens toujours exact et profond, ni au
cision, il met les mots à la torture, il pèche par rythme, toujours naturel, savant et harmonieux.
rudesse, par obscurité, et malheureusement cet On admire particulièrementses canzone sur l'Ita-
écrivain si sec confond l'enflure avec l'éloquence. lie, sur le monument qu'on préparait à Dante, et
Malgré ses défauts, il a fait oublier ou négliger surtout ce mâle et gracieux poème, son chef-d'œu-
tous ses devanciers, tant sa simplicité d'action et vre, qu'il intitula r~moMf et la Mort. Par la sim-
de langage contraste avec leurs absurdes et mons- plicité élégante, c'est presque du grec.
trueuses complications. Leopardi vivait encore quand éclata la grande
tl a traité les plus grands sujets, plusieurs de querelle des classiques et des romantiques. Ceux-
ceux qui ont tenté aussi Voltaire: Mérope, Sopho- ci étaient en France amis de la règle en politique
nisbe, Antigone, Agamemnon, Oreste, les deux et de la révolte en littérature; ceux-là, défenseurs
Brutus, Marie Stuart. Son cheM'oauvre est peut- de la règle littéraire, provocateurs à la révolte po-
être sa tragédie de SaK~; mais en général il réus- litique. En Italie, les deux factions montrèrent
sit surtout dans les sujets romains, parce qu'il plus de logique. Ce furent les patriotes, ennemis
ressemble aux Romains par la raideur. En tout de la domination étrangère, qui entreprirent,
cas, il est hors de pair dans son pays, auquel il comme les romantiques français, de réhabiliter le
administra un puissant tonique par des pensées moyen âge, pour exciter la papauté à reprendre
mâles exprimées dans un style sobre, vigoureux, ses anciens rêves de suprématie universelle et à
concis, sans autre exemple dans la poésie drama- rendre, sous sa domination, l'Italie aux Italiens.
tique. Comment ne comprit-il pas, ne gouta-t-il pas Les deux écoles reçurent les noms de formistes et
de coloristes, qui caractérisaient plus ou moins antique la couleur romantique que proscrivait la
bien leur tendance à préferar. les classiques, le vieille écote. C'est en flattant la passion nationale,
dessin, les romantiques, la couleur. Milan était la en traitant le sujet des Vêpres siliciennes (Jean ~e
citadelle des coloristes, Florence cette des ~rrnis- Procida, 1830), qu'il fit admettre sa tentative de
tes. Le chef de cette dernière écote, de récole conciliation. Ses deux meilleurs ouvrages sont in-
classique, c'est Leopardi; mais il l'est, en quelque titulés Filippo Strozzi et Arnaldo di Brescia. !t
sorte, sans le savoir et sans le vouloir. Jamais on t
n'est pas, proprement parler, un poète dramati-
ne vit deux chefs d'école aussi près l'un de l'autre que, car U dissémine l'action en dialogues histori-
qu'il l'est du chef des coloristes ou romantiques ques, comme Manaoni, an lieu de la concentrer
italiens. Tous deux ont su rester dans tes limites mais il a de fortes pensées et de mates beautés.
du raisonnable, ne prendre aux Allemands que la Il n'en est pas moins un eolitaire, et on l'a admiré
meilleure partie du romantisme, et abandonner des plutôt que suivi. Tel est souvent le sort de qui veut
classiques ce qu'ils ont de plus contestable. Tant éteindre, dans les lettres comme dans la politique,
de sagesse n'a point marqué chez nous le début le feu des factions.
de cette grande querelle. Solitaire aussi est le chansonnier toscan Giusti
Le premier chef des romantiques fut Manzoni (1808-18&0) mais il le fut par amour de son indé-
(1784-1872), Milanais, auteur de deux drames cé- pendance. Le tour satirique, qui est la dignité de la
lèbres (Carmagnola, les Adelchi), faits pour la lec- chanson et qui lui donne droit de cité dans la
ture plus que pour la scène, et qui plaisent, mal- république des lettres, commande l'isolement.
gré l'insuftlsance de l'action, par un style vraiment Dans le style sobre et sûr des meilleursclassiques,
poétique, qui repose de la sécheresse d'Atneri. Les Giusti poursuit de sa haine princes et prêtres, do
chœurs lyriques y sont d'une réelle beauté. Mais ses attaques abus et ridicules, surtout parmi les
son principal titre de gloire, c'est son roman his- hommes dont le pouvoir rend les exemples conta-
torique, Les Fiancés, écrit dans un système op- gieux. Il n'a pas l'invention de Béranger, mais il le
posé à celui de W. Scott et bien plus vrai. Tandis surpasse par la délicatesse et le naturel.
que l'auteur anglais expose et développe des faits, La politique,enfin, qui se mêle à tout dans notre
met en scène des personnages qui appartiennent siècle, paraît aux romans d'Azeglio, le gendre de
& l'histoire, non sans tes altérer souvent et beau- Manzoni, comme aux travaux philosophiques de
coup, pour leur donner plus de relief et d'intérêt, l'abbé Rosmini, défetiseur vigoureux des doctrines
Fauteur italien place des personnages de fantaisie, absolutistes, et de .l'abbé Gioberti, apôtre de la
dont il a par conséquent la libre disposition, dans démocratie, ennemi des jésuites, mais partisan
un milieu historique savamment, profondément de l'hégémonie-pontincate. L'un a été ministre du
étudie, et it se trouve que ses héros imaginaires Saint-Siège, sous Pie IX, un moment monarque
sont plus vrais que bien des héros emprunté* aux cona~tutionnet, l'autre du Piémont sous Charles-
chroniques ou a l'histoire. Il trace un vivant ta- Albert, devenu roi libérât et même un moment
bleau de la société milanaise au dix-huitième siè- démocrate.
cle, avec trop de descriptions peut-être, mais dans Cette invasion de la politique dans tes lettres
un style simple sans triviatité, éloquent sans dé- n'est pas le moindre danger qu'elles courent dans
clamation, entaché seulement d'idiotismes lom- notre siècte. On pense trop au but à poursui-
bards qui ont plus d'une fois le mértte d'être des vre pour penser beaucoup t l'art de la com-
néologismes uttles ou nécessaires. position et du langage. Rendue t etie-meme. l'I-
Ce beau livre, en mettant au grand jour les talie retrouvera-t-elle un grand siècle littéraire?
maux de la domination étrangère, espagnole, en C'est le secret de l'avenir. Mais son passé suffit a
inspirait l'aversion, et par conséquent servait le sa gloire, surtout dans la poésie, car elle a d'ad-
patriotisme, irrité alors de la domination autri- mirables poètes, et un, parmi eux, est sans pareil.
chienne. Celui de Manzoni parut cependant man- Si ses grands prosateurs sont en petit nombre,
quer d'ardeur, et, de fait, ses disciples Grossi et on en pourrait dire autant des autres nations, sauf
Pellico, l'imitant par son côté faible, comme font de la France, dont c'est le privilège d'avoir créé
d'ordinaire les imitateurs, donnèrent le spectacle la seule prose qui puisse être comparée, par le
d'une énervante mansuétude, d'une regrettable nombre et la supériorité des talents, a la prose
soumission. Nous passerons sur Grossi, romancier des Latins et des Grecs. [F.-T. Perrons.]
et poète, dont le principal titre est peut-être une Les arta en Italie. Du ~Mat~M siècle au
vive satire en dialecte milanais; mais Silvio Pellico quinzième. La peinture italienne procède de
a un nom trop célèbre pour qu'on puisse s'abstenir l'école byzantine de Salonique. Cimabue (né en
d'en dire un mot, malgré la médiocrité de son 1240), Giotto (né en 1276) ne peignent que des
talent comme prosateur et comme poète. Ce nom, sujets religieux. La découverte de la peinture à
it le doit an récit trop résigné qu'il a fait de sa l'huile par les frères van Eyck (t42S) donne l'art
longue captivité dans les cachots de l'Autriche. IfM un nouvel essor. Fra Angelico(mort en 1455) peint
Prisons sont un tableau simple et touchant de son le Couronnement de la Vierge, Masaccio (1402-
martyre. L'horreur que, sans le vouloir peut-être, 1443) commence l'étude du nu, dans laquelleexcel-
il inspire pour les bourreaux, a été pour eux un leront tes peintres de la Renaissance.
juste et cruel châtiment. Ainsi, ce chrétien à ou- La sculpture dérive de la ciselure et de t'orfë-
trance n'a pas peu contribué à l'expulsion de l'étran- vrerie, si remarquables an moyen Age. Ghiberti
ger. Il n'en est pas moins vrai que cette lecture (mort en 1455) sculpte tes portes du baptistère
attendrissante laisse un malaise indénnissabie. On de Florence. Donatello (mort en 1466) est l'auteur
voudrait contre le despotisme ces haines vigoureu- de Judith et Holopherne, Saint-Marc, David, etc.
ses dont parle Molière, et on ne trouve que les té- L'Italie a laissé périr la plupart des admirables
moignages .répétés d'une soumission à l'injustice monuments de l'antiquité. Pendant cinq siècles,
et à l'oppression qui ne saurait être ni une vertu l'architecture produit peu d'œuvres originales. Le
ni un devoir. tombeau de Théodoric à Ravenne est une construc-
Entre les deux écoles se place le Florentin Nic- tion massive, ne rappelant en rien ce qu'on a ap-
colini (t785-1861) qui essaye de les concilier. Cri- pelé plus tard architecture gothique. Mais dès te
tique éloquent et philologue habile, il est sur- xt* siècle, à Venise, s'élève l'église Saint-Marc, de
tout auteur dramatique. Il s'inspire d'Alfieri et des style byzantin au xn* siècle, à Pise, le Dôme, le
Grecs, dont il reproduit la simple énergie, tout en Baptistère, la fameuse Tour penchée; a Florence,
s'abandonnant à cette nèvre d'allusions politiques Santa Croce et Santa Maria, achevée par Brunel-
dont l'Italie était dévorée depuis Foacolo. Dans sa leschi ~377-1444).
tragédie de Forcarini (1SÏ7), il joint à la simplicité La musique reste longtemps religieuse. Saint
Ambtoise à Milan, et plus tard saint Grégoire à pieri (le Dominiquin), Guido Reni (le Guide),J. F.'
Rome, réforment les chants liturgiques(chant gré- Barbieri (ta Guerchin).L'école napolitaine produit
gorien). C'est surtout dans l'Allemagne et les Salvator Rosa (1665-1673).- V. Peinture.
Flandres qu'il faut chercher le développement ori- La sculpture entre dans une voie nouvelle avec
ginal de l'art musical. On a beaucoup exagéré les Michel-Ange et Benvenuto Cellini.
réformes du moine Guido ou Gui d'Arezzo (mort La musique devait quelques réformes au Ha-
vers 1050). Il n'a fait qu'introduire la clarté dans mand Dufay (mort en 1432), qui se fixa à la cour
la notation obscure des neumes, et substituer aux pontificale. Un siècle plus tard, un autre Flamand,
tâtonnementsdes écoles, où la mémoire jouait un Desprez (mort en 1531), tantôt & Ferrare, tantôt
grand rôle, une méthode rationnelle pour rensei- à Rome, composaitdes messes fort renommées de
gnement du chant. son temps. Le Français Goudimel (mort en )5'!2)
La Renaissance. La Renaissance des lettres fonda à Rome une école de musique. Son meilleur
et des arts est le résultat d'un grand effort tenté éieve fut Palestrina. Désormais l'Italie eut des
au xv* siècle pour renouer avec l'antiquitélachaine musiciens illustres après Palestrina (1524-1594),
des traditions intellectuelles et morales. Cosme de Zarlino, Tartini, Scarlatti.
Médicis, Laurent le Magnifique, et Léon X de Mé- Du dix-septièmesiècle jusqu'à nos jours. L'I-
dicis ont puissamment encouragé ce mouvement. talie asservie a perdu ses grands peintres et ses
Tandis que les lettrés italiens étudient les an- grands sculpteurs, mais elle a tror.vë de grands
ciens, et bientôtproduisent à leur tour des œuvres musiciens. Pergolèse (mort en 1736), Cimarosa
originales, les arts brillent déjà d'un éclat incom- <mort en i80t) n'ont pat été dépassés, même de
parable avec Pollaiuollo, Nallo, Ghirlandaio. Mais nos jours. Guglielmi et Paesiello ont beaucoup
le sentimentchrétien tend à disparaître. Le siècle perdu de leur ancienne réputation. Le bruyant
d'Alexandre VI adore la force. La violence éclate Piccini (1728-1800) a rempli le dernier quart du
dans les faits; le culte des muscles s'impose à la xvnt* siècle de sa lutte contre Gluck et les musi-
peinture et à la sculpture, dans les œuvres de Pie- ciens français. Après lui viennent les grandes
T*o Vanucci (le Pérugin), maitre de Raphaël; de
illustrations contemporaines, Cherubini, Spontini,
Léonard de Vinci (t452-)5n), d'Andrea del Sarto, Rossini, Bellini, Donizetti, et Verdi, le seul survi-
<<e Michel-AngeBuonarotti (1474-1564), qui enfante vant des maestri qui ont porté si haut la gloire
des colosses; de Raphaël (H83-H20) et de son de la musique italienne. V. Musique.
élève Jules Romain. Le sensualisme domine en- La peinture n'a plus produit de nos jours en
core ptus dans l'école'vénitienne, dans les œuvres Italie des artistes d'une réputation européenne.
de Tiziano Vecelli (le Titien), et de Giacomo Ro- L'école moderne de sculpture italienne reconnalt
busti (le Tintoret) Paolo Caliari (Paul Véronèse, pour chef Canova (mort en 1822). De beaucoup
1528-1588) se distingue par la richesse et la va- supérieurs, dans cette branche de l'art, aux autres
riété du coloris. L'école lombarde affecte une fière peuples, les Italiens possèdent encore aujourd'hui
indépendance Antonio Allegri (le Cotrège) n'a de grands artistes, MM. Dupré, Romanelli, Vela,
pas visité Rome. L'école bolonaise brille surtout Monteverde, Braga, Civiletti, etc.
[L.-G. Gourraigne.]
au XVH* siècle avec les Carrache, DomenicoZam-

JACQUES. Nom de deux rois d'Angleterre, rois, disait-il au Parlement en 1604, sont, par Dieu
de la dynastie des Stuarts même, appelés des dieux, comme étant ses lieu-
Jacques I" (Jacques VI d'Ecosse).– Fils de Marie tenants et ses représentants sur la terre en eux
Stuart, ce prince était encore au berceau lorsque brillent quelques étincelles de la Divinité, » Mais
la révolution qui enleva la couronne à sa mère le l'esprit d'indépendance,étouM sous les Tudors,
porta lui-même au trône d'Ecosse sous la régence de commençait~ renaître. Le roi eut beau menacer
son oncle lord Murray (1563). Elevédans la religion d'une amende les villes qui nommeraient des
protestante, il devint l'allié d'Elisabeth d'Angle- députés de l'opposition le Parlement ne se laissa
terre, qui, après avoir fait tomber la tête de la pas intimider. Une lutte permanente s'engagea,
mère, s'était décidée à choisir le fils pour son pro- et Jacques finit par avoir le dessous. En 1623, il
pre héritier. A la mort d'Elisabeth (1603), Jacques avait envoyé à Madrid son favori, le duc de
fut reconnu sans difficulté comme son successeur Buckingham,demanderpour son <Us Charles lamain
!il avait d'ailleurs des droits à la couronne d'An- d'une infante d'Espagne grâce à l'insolence de
gleterre par son arrière-grand'mère Marguerite, Buckingham, les négociations, au lieu d'aboutir à
tille d'Henri VII Tudor), et prit le nom de roi de un mariage, finirent par une déclaration de
la Grande-Bretagne. guerre; mais le Parlementrefusa alors les subsides
Jacques maintint les lois portées contre les ca- qu'on lui demandait, et, pour les obtenir, Jacques
tholiques aussi ceux-ci formèrent-ils contre lui dut consentir à ce que les commissaires du Par-
plusieurs complots, dont le plus sérieux fut la lement en surveillassent l'emploi la royauté de
fameuse coKsp:~a<:o7t ~MpoM~'M ~t605), à la suite droit divin capitulait devant la persévérante fer-
de laquelle les jésuites furent bannis du sol an- meté des Communes.
glais. Les non-conformistes protestants furent L'Angleterre, dont Elisabeth avait fait la pre-
persécutés avec plus de rigueur encore que les mière des puissances protestantes, ne joua sous
catholiques de nombreux puritains énugrèrent ce règne qu'un rôle effacé dans la politique euro-
dans l'Amérique du Nord, où ils fondèrent les co- péenne Jacques se désintéressa de la grande
lonies de la Nouvelle-Angleterre. lutte que so livraient en Allemagne le catholi-
D'un caractère faible, Jacques I"' se laissa gou- cisme et la réforme, bien que son propre gendre,
verner par des favoris, dont l'arrogance et la cupi- l'électeur palatin, réclamât son intervention en
dité rendirent le roi impopulaire. Les bizarreries faveur de ses coreligionnaires (V. Guerre de
de son humeur, sa pusillanimité, sa pédanterie, Trente ans).
<e couvrirent de ridicule. Imbu des maximes du Mais les actes du souverain, qui portent l'em-
pouvoir absolu, il voulut lei faire prévaloir. « Les preinte de son esprit étroit et timide, ne sont que
ta partie extérieure de l'histoire de cette période. JARDIN.- Agriculture, XIX. Le jardin est
Si nous considérons le développement national l'annexe de toutes les exploitations agricoles. Il
du peuple anglais, abstraction faite du monarque sert à la fois pour donner des légumes et des
et de sa politique, nous trouverons peu d'époques fruits à la consommation de la famille, et pour la
aussi fécondes que le premier quart du xvn~ siè- distraire par la culture de quelques fleurs, dont la
cle. La bourgeoisie anglaise s'éveille au senti- pousse est suivie avec intérêt par les enfants et
ment de sa force elle commence à défendre tes dont la tacite culture sert à les Initier aux mystères
droits de la nation, et les idées qui produiront de la végétation. Nous n'aurons pas à parier ici du
la grande révolution de 1648 fermentent déjà dans jardin fruitier tes méthodes de culture des arbres
les esprits. En même temps, la renaissance litté- à fruits ont été indiquées au mot Arboriculture.
raire et scientifique produit deux génies immor- Le but de cet article est de donner des indications
tels Shakespeare (mort en 1616) occupe la scène, sur la culture du jardin potager et quelques no-
et Bacon (mort en )626), renouvelle la philosophie tions sur les soins à donner aux plates-bandes ou
en la fondant sur l'étude des sciences. aux corbeilles de fleurs.
Jacques I" mourut en 1625,aprèsavoir marié son Le potager est la partie du jardin consacrée aux
fils Charles à Henriettede France,sœur de LouisXIII. légumes. Nous indiquerons successivement les di-
Jacques H. – Frère puiné de Charles II, ce vers travaux nécessaires pour la préparation du
prince monta sur le trône en 1685. Il professait le sol, tes principales sortes de plantes qui y sont
catholicisme aussi le sentimentnational l'accueil- cultivées, et nous donnerons quelques détails sur
lit-il avec crainte et dénance. Le duc de Mon- la culturepotagère en grand, qui prend le nom de
mouth, nls naturel de Charles I), essaya de pro- culture maraîchère.
fiter de cette dispositiondes esprits pour s'emparer Le jardin doit être travaillé avec le plus grand
du pouvoir par une insurrection il fut vaincu et soin. Le plus souvent, le sol est façonné avec la
décapité. Les puritains, eMpects an roi, furent bêche souvent on désigne le bêchage des plan-
cruellementpersécutés, et le juge Jenries, instru- ches de jardin sous ie nom de labourage. C'est à
ment servile des haines de son maltre, mérita, une profondeur de 20 à 25 centimètres que la
par sa cruauté, de voir sa mémoire vouée a l'eïé- bêche doit pénétrer. Voici la manière dont le bê-
cration. Jacques II s'était mis, comme son frère, chage doit être fait.
à la solde de Louis XIV, et, sans se laisser arrêter On ouvre un petit fossé, appelé parfois jauge, le
par le mécontentement général, il marchait ouver- long d'un des côtés de la planche.La terre qui en
tement à une restauration du catholicisme. Par est extraite est transportée, par une brouette, à
la déclaration d'indulgence (t6S7), il abolit l'acte l'autre extrémité de la planche. A la fln du travail,
du test, qui fermait aux catholiques l'entrée aux cette terre doit remplir le vide laissé par la der-
emplois publics. Les chefs du parti whig, sentant nière tranchée. En bêchant, il faut toujours con-
le danger, entrèrent en négociation avec Guil- server la même jauge, c'est-à-dire l'intervalle égal
laume d'Orange, gendre de Jacques II, pour ren- à ce fossé, entre la tranche de terre qui a été re-
verser le roi. Cependant, comme Jacques n'avait tournée et celle qui ne l'est pas encore. Cette
pas d'enfants, les mécontents, hésitant devant une jauge a la même profondeur que le labour et une
révolution, eussent été disposés à attendre que largeur de 30 centimètres environ. Si les pelletées
l'ordre naturel des choses appelât au trône un renversées à chaque coup de pelle ne se divisent
prince protestant. Mais la naissance d'un prince pas elles-mêmes sur les bords de la jauge, on
royal les décida à agir Guillaumed'Orange passa opère cette divison avec quelques coups de la
en Angleterre avec une flotte; et tandis que Jac- tranche de la pelle. Ces tranches doivent être re-
ques il s'enfuyait sans essayer de résistance, son tournées et divisées, de manière que le sol con-
gendre était reçu à Londres avec enthousiasme et serve toujours le même niveau. Les pierres que
proclamé roi sous le nom de Guillaume 111 (1688). ]a bêche rencontre sont rejetées sur les cotés de
La dynastie des Stuarts était déclarée déchue du la planche. Les mauvaises herbes sont enfouies
trône, et l'Angleterre voyait s'établir dénnitive- pendant le travail; mais, si elles sont vivaces, leurs
ment le gouvernement constitutionnel, pour la racines sont enlevées avec soin. Si le labour con-
conquête duquelelle luttait depuisprès d'un siècle. corde avec l'enfouissement du fumier, celui-ci est
Jacques Il, réfugié en France, chercha vaine- d'abord disposé régulièrementen une couche con-
ment à recouvrer sa couronne avec l'appui de tinue sur la planche. A chaque coup de bêche,
Louta XIV (bataille de la Boyne, 1690). Il mourut le fumier est répandu par parcelles au fond de la
en exil en 1701. Son CIs Jacques, dit le chevalier Jauge.
de Saint-Georges, et son petit-OlsCharles-Edouard, Si le bêchage est fait quelque temps avant les
ne furent pas plus heureux et la famille des semailles des plantes, on peut laisser la surface de
Stuarts s'éteignit avec ce dernier, qui mourut en la planche subir l'inauence des agents atmosphé-
1788, sans postérité. riques et s'effriter naturellement. Mais si les se-
LEcrmM M mcTits. « L'Angleterre se ren- mailles doivent être faites tout de suite, on égalise
dait bien compte de ce qu'elle venait d'accomplir la surface en brisant les mottes au moyen d'un
par la révolution de 1688. A la place du droit divin râteau.
elle fondait le gouvernement parlementaire c'est- Le défoncage d'un jardin se fait de la même ma-
à-dire la discussion des grands intérêts du pays, le nière que le bêchage, mais en descendant à une
vote des lois et des impôts, par les représentants profondeur double ou triple. Le défoncage varie
mêmes du pays. Un droit nouveau, celui des peu- suivant l'épaisseur de la couche cultivée, mais il
ples, se levait donc, dans la société moderne, en n'est réellement utile que lorsqu'on descend à la
face du droit absolu des rois qui, depuis deux siè- profondeur de 50 centimètres an moins.
cles, la régissait, et qui venait de trouver en France, Les soins à donner au sol des jardins sont, après
dans Louis XIV, sa plus glorieuse personnification, le bêchage, le sarclage, qui consiste à gratter la
et dans Bossuet son plus illustre défenseur. II n'y surface du sol avec une rMissoire ou un sarcloir,
t
a plus s'étonner de la lutte acharnée qui va de manière à couper les racines des mauvaises
éclater entre la France et l'Angleterre. Ce ne sont herbes, en ménageant celles des bonnes – t'és-
pas deux intérêts contraires, ce sont deux droits herbage, qui consiste à enlever les mauvaises
politiques différents qui seront aux prisas. p herbes avec la main; le binage, qui consiste à
(Duruy.) remuer la terre avec une binette, jusque 5 à
JACQUEME.–V. Guerre de Cent ans, p. 921, 10 centimètres, entre tes plantes cultivées, et a le
Paj/MM. double avantage de détruire les mauvaises herbe~
– V. Orient (E.B<~me).
JAPON. et d'ameublir la surface de la planche pour qu'elle
subisse plus efficacementl'action des agents exté- ploie, dans les grands jardins, pour les arrosages,
rieurset des arrosages. des pompes montées sur brouettes ou des ton-
Les plantes, suivant leur nature, sont cultivées neaux montés sur roues auxquels des pompes sont
sur planches, c'est-à-dire la terre étant labourée à jointes. Les seringues d'arrosage sont aussi em-
plat; sur ados, c'est-à-dire sur planches faisant ployées, surtout quand il s'agit de faire des bas-
saillie d'un seul côté et parallèles les unes aux sinages avec des solutions insecticides.
autres sur billons, c'est-à-dire sur planches bom- Les vents, dans quelques régions, nuisent beau-
'bées d'une largeur de 1 mètre & t°*,50, hautes à coup aux jardins. Pour les protéger,
leur partie supérieure de 40 à 50 centimètres, et des brise-vents. Ce sont le plus souvent on établit
de forts
formant dos d'âne leurs deux pentes sont recou- paillassons fixés debout à des piquets enfoncés
vertes par les plantes cultivées. Il est enfin un terre. D'autres fois, ces brise-vents sont formés en
système spécial, appelé culture sur couches, qui par des plantations d'ifs ou d'autres arbres rési-
demande une explication particulière. On désigne neux, très rapprochés les uns des autres, de
sous le nom de couche un amas de matières ca- nière à constituerun rideau protecteur. Les murs
ma-
pables de fermenter, disposées en lit, et recou- qui entourent les Jardins servent aussi à protéger
vertes d'une épaisseur variable de terre sur la- les plantes contre l'action des vents, en même
quelle est faite la semaille ou la plantation. Ces temps qu'ils renvoient la chaleur du soleil sur les
matières s'échauffent par la fermentation, et leur plates-bandes les plus rapprochées,et sur tes ar-
chaleur se communique à la terre, et par elle aux bres placés en espalier.
plantes. Les couches se font tantôt avec du fu- On a dit, avec une grande raison, que la mul-
mier, tantôt avec des feuilles, tantôt avec un mé- tiplication des plantes et leur entretien renfer-
lange de fumier et de feuilles ou d'autres matières ment presque toute la science du jardinier. Les
organiques. Pour que leur chaleur, qui consti- plantes potagères multiplient par graines ou
tue un climat artificiel pour les plantes, ne par bourgeons.Le se bouturage, le marcottage, l'é-
s'exhale pas en pure perte dans l'atmosphère, les clatage sont les méthodes les plus usitées de
couches doivent être recouvertes d'un coffre ou multiplication par bourgeons. Ces procédés ont
châssis vitré qui concentre la chaleur autour des l'avantage de conserver les qualités spéciales à
plantes. une plante, tandis que la multiplication par graines
Pour que le jardin ait une production abondante, amène souvent des modifications ou même une
il est absolument indispensable que les engrais dégénérescence qu'il est impossible d'éviter.
lui soient prodigués. Il en est des légumes et des Les graines sont semées de diverses manières,
autres plantes potagères comme de la grande suivant la nature et la grosseur. Plus les graines
culture la terre ne produit que proportionnelle- sont fines, et moins elles doivent être enterrées
ment à ce qu'on lui donne. Pour les jardins, les souvent, quand la semence est répandue sur le sol,
fumiers constituent à la fois l'engrais le plus actif on se contente de la presser avec le dos d'une
et celui qui est le plus facile à trouver. Dans ces pelle d'un râteau. Les semis se font sur place
dernières années, on a préconisé l'emploi de cer- ou en oupépinière. Quand la plante diffi-
tains engrais chimiques; cette pratique a donné cilement, on sème sur place; parmi reprend les légumes,
de bons résultats, au point de vue de la produc- la carotte, le cerfeuil, la fève, la mâche, le navet,
tion mais quand les légumes sont principalement le peasil, le radis, etc., sont dans
cultivés pour la consommation de la maison, la mis sur place se font à la volée, encejetant cas. Les se-
question du prix de revient est très importante, main la graine sur la terre, de sorte qu'elle avec la
s'y
et elle pourrait souvent s'opposer à l'emploi de éparpille régulièrement en rayons, ou dans
ces engrais. Les meilleursfumiers pour les jardins des rigoles tracées le long d'un cordeau tendu;
sont les fumiers dont la décomposition est avancée. poquets, ou dans des trous creusés en li-
Ils constituentce qu'on appelle les fumiers chauds gne,en avec la serfouette, à quelques centimètres
ils ont le grand avantagede contribuerpuissamment de profondeur. Un grand nombre de graines sont
à l'ameublissementdu sol. semées en pépinière les graines sont d'abord se-
A côté des fumiers, les arrosages sont un des mées sur couche, afin que leur végétation soit
principaux éléments de la production des légumes. activée; quand les plants poussé quelques
Les meilleures eaux à employer pour arroser les feuilles, ils sont enlevés etont repiqués à la place
jardins sont les eaux de pluie et de source, celles qu'ils doivent occuper. Ce système offre beaucoup
de ruisseaux et de rivières. Quant aux eaux de d'avantages pour un certain nombre de plantes;
puits, elles sont généralement trop froides, trop il favorise le développement de leur système radi-
crues, suivant l'expression vulgaire; pour les em- culaire. Les plants repiqués doivent être abon-
ployer, il est utile de les faire séjourner dans des damment arrosés après leur mise en place.
réservoirs où elles sont exposées a l'action de Le plus grand nombre des graines sont semées
l'air et du soleil. Un tonneau ouvert, enterré au- à l'automne et au printemps. Toutefois il faut
près du puits, peut très bien servir de réservoir. ajouter qu'il est impossible de fixer une date pré-
Il est difficile d'établir des règles précises pour les cise pour les semailles. Le jardinier doit
souvent
arrosages, mais on peut dire qu'en général les se laisser guider par des circonstances extérieures;
légumes sont d'autant ~)lus beaux qu'ils ont été tous cas, il se règle sur le climat, sur la plante
plus fréquemment arrosés. Au printemps, quand en elle-même, la durée de sa vie et les résultats qu'il
les gelées tardives sont encore a craindre, les veut en obtenir. Ainsi, par exemple, dans les dé-
arrosages doivent être faits le matin. On doit partements septentrionaux,le plus grand nombre
prendre les mêmes précautions à l'automne. Par des plantes annuelles doivent être semées à la fin
cette méthode, l'humidité est évaporée pendant de l'hiver ou au commencement du printemps;
le jour, et elle ne peut pas contribuer à augmen- mais pour celles dont on veut avoir des primeurs,
ter les effets de la gelée, quand celle-ci se pro- il faut tes semer sur couche dès le mois de no-
duit. En été, les arrosages peuvent être pratiqués vembre celui de décembre.
pendant presque toute la journée mais le meil- Il est ou très bon, pour hâter la végétation, de ré-
leur moment est le soir, quelque temps avant le pandre sur la planche une certaine quantité de
coucher du soleil. terreau après les semailles ou avant cette opéra-
Les appareils servant aux arrosages sont très tion. Le terreau est répandu
variés. Le plus souvent, on se sert d'arrosr'rs à un râteau, de manière à formeravec une pelle on
une couche aussi
pomme ou à soupapes brise-jets. Pour les arbus- égale que possible. Cette adnition de terreau,
tes et pour le nettoyage des feuilles, on se sert qu'on désigne quelquefois par le terme de ter-
de petites pompes a main. Quelquefois on em- reautage, a pour but d'échauffer le sol,
en même;
temps que de céder aux plantes des éléments nu- plantes refroidies. Pour empêcher cet effet de se
tritifs chaque fois qu'il pleut on qu'on arrose. Le manifester, le moyen qui est à la portée de tous les
terreau proprement dit est obtenu par la décom- jardiniers est de couvrir, le soir, dans les cas où
position des fumiers de ferme; il forme une ma- le ciel est pur et présage une nuit froide, les plan-
tière grasse, onctueuse au toucher, très noire. On tes les plus délicates avec des toiles grossières.
:pent aussi !e préparer avec des feuilles ou d'au- des paillassons, des litières, des feuilles, etc. Il
tres matières végétâtes, qu'on fait décomposer. faut remarquer que les plantes croissant dans une
Outre le terreau qui provient des couches dont vallée sont plus souvent exposées à la gelée blan-
la formation a été indiquéeplus haut, on peut en che que celles qui viennent à mi-côte ou même
'préparer de la manière suivante. On fait au prin- sur des plateaux.
temps, dans un coin du jardin, un tas de fumier Il arrive souvent que les gelées blanches cau-
bien égalisé et bien piétiné, de 2 mètres environ sent surtout des dégAts dans courant du mois le
pendant t'été, on l'arrose copieusement, afin d'en d'avril et au commencement de mal. De là est
hâter la décomposition. Puis on le refait, do ma- venu le préjugé de l'influence de la lunelune rousse.
nière à placer à l'intérieur les parties qui for- Les jardiniers désignent sons ce nom la qui
maient tes faces. A la fin de l'hiver. ie fumier est commence en avril, et qui devient pleine dans les
décomposé et forme une masse homogène qu'on derniers jours de ce mois ou an commencement
émfetta avec le râteau. de mai. Elle est, H est vrai, toujours le témoin
L'emploi dos paillis est aussi à recommander. des gelées blanches, mais elle n'y est pour rien;
On désigne par ce mot une couche de fumier court elle brille au ciel, parce qu'il n'y a pas de nuages,
à demi consommé, peu épaisse, qu'on répand- sur et c'est cette absence de nuages qui, activant le
la planche. Cette couche a pour effet de maintenir rayonnement terrestre, amène le refroidissement
la terre humide et de s'opposer a son évaporation. du sol.
Elle doit donc être employée surtout au commen- Les excès de chaleur sont préjudiciables à la
cement de l'été, principalement sur les sols légers plupart des plantes des jardins; on y obvie par
et sablonneux. des arrosages copieux et, si l'on arrose sufnsam-
A côté de ces procédés d'entretien, il faut si- ment, l'excès de chaleur peut se transformer en
gnaler le buttage, qui consiste à amonceler de la agent d'une production beaucoup plus active. Une
terre au pied d une plante. On butte les pommes lumière trop vive ou trop prolongée peut aussi
de terre afin de multiplier les tiges souterraines causer certains préjudices; le remède est dans
qui portent les tubercules on butte le céten et les abris temporaires qu'on crée aux plantes.
le cardon, afin de faire blanchir leurs feuilles et de Il ne peut être ici question de donner des dé-
les rendre plus tendres. Dans un but analogue, tails sur la culture de chacun des légumes pro-
on provoque artificiellement l'étdotement des duits dans le chaque
jardin potager. Leur nombre de-
feuilles ou des tiges des légumes. C'est surtout vient d'ailleurs jour plus considérable.
sont employés. Nous nous bornerons donc à une simple nomen-
pour tes salades que ces procédésl'escarole,
On blanchit la chicuréo frisée, la ro- clature, dans laquelle nous classons ces plantes
maine, en rapprochant et en liant leurs feuilles suivant les familles botaniques auxquelles elles
ou en couvrant tes pieds en entier avec des pail- appartiennent.Liliacées ail, ciboule, échalote, oignoa, poi-
lassons, de la litière ou des feuilles.
11 faut maintenant donner quelques explications reau.
sur les modes de propagation autres que la se- Bruxelles, Crt<ei/M; choux pommés, chou-fleur, chou de
maille, usités dans les jardins. cresson, radis, rave, navet.
C'est d'abord la multiplication par A'/«~ qui OM&eHt/M~ angélique, carotte, céleri, cer-
consiste à détacher d'une plante vivace des frag- feuil, panais, persil.
ments munis de bourgeons 'et de racines. Quel- Légumineuses fève, haricot, pois.
quefois cependant le bourgeon est privé de racines; Chénopodées bette, betterave, épinard.
il prend alors le nom d'a'tMe~oM c'est par ce pro- Po~M~M oseille, patience, rhubarbe.
cédé qu'on multiplie l'artichaut. Composées estragon, artichaut, cardon, chico-
La marcotte est une partie de plante, bourgeon rée, barbe de capucin, laitue, romaine, saisine,
ou rameau, qui est abaissée et couchée dans le escarole, scorsonère.
sol, sans être séparée du pied mère, et qui y Fa~M~M mâche ou doucette.
émet des racines. Quand celles-ci ont poussé, on CMeurMac~M concombre, courge, melon, pas-
sépare par incision la marcotte de la plante d'où tèque.
elle provient, et elle acqmert une vie indépen- Solanées aubergine, pomme de terre, tomate.
dante. Quelques arbrisseaux fruitiers et quelques CM~xre maralchère. La culture maralchère
Oeurs se multiplient très bien par marcotte. est, après la vigne. la branchela plus riche de
La bouture diffère de la marcotte, en ce que le l'agriculture. Il sumt, pour s'en convaincre, de
''ameau qui la forme a été séparé de la plante d'où réfléchir à l'énorme masse dé produits qu'un jar-
j provient, et de
planté isolément, de manière à vivre dinier habile tire, aux environs des grandes villes,
immédiatement sa propre vie. La bouture, pour de quelques ares de terre. Le successives, sol porte, chaque
vivre, doit émettre rapidement des racines; c'est année, trois à quatre récoltes quel-
cinq. C'est à force de travail et d'engrais
ce qu'on appelle reprendre. La chaleur, la lu- quefoisrésultat est obtenu. Le maralcher n'a pas,
mière et l'humidité, dans des proportions conve- que ce
nables, sont les éléments indispensables de la en effet, à sa disposition de force naturelle par-
reprise des boutures. Quelques plantes se mul- ticulière.
tiplient très facilement par boutures; il en est Mais, pourC'est ces produits, il faut des débouchés
d autres qui MM, au contraire,absolument réfrac- importants. pourquoi, pendant longtemps, la
taires à ce mode de propagation. C'est surtout culture maraîchère a été limitée au voisinage
pour les fleurs qu'on y a recours dans les jardins, immédiat des grandes villes, au rayon dans le-
rarement pour les légumes.. quel la voiture chargée de légumes peut partir
Après ces principes généraux sur le jardinage, chaque soir, pour revenir dans lanombreuses matinée du len-
grâce aux voies
il convient d'indiquer les moyens de se prémunir demain. Aujourd'hui, rapide, ce rayon s'est agrandi,
contre quelques influences des agents extérieurs. de communication 1 apanage exclusifde quelques
En première ligne il faut placer la gelée blanche, et ce qui était jadis
EUeest produite par la congélation terres
privilégiées, est devenu possible pour un
au printemps. grand nombre Paris, pour ne citer que cet exem-
de M vapeur d'eau eonteame dans l'air, qui, pen-
dantles nuits calmes, se dépose sur la surface des ple, voit s'accroltre chaque jour l'affluence de ses
approvisionnements. L'hectare de terre, bien ex- d'une surface de révolution,divisée en deux par
ploité en culture maraîchère, peut donner, dans ties égales par le plan perpendiculaireà l'axe mené
une année, 4 000 à 5 000 francs de produits au- par le centre de la bonde. Si l'on pouvait négliger
cune autre culture, sauf la vigne, ne peut attein- la courbure des douves, chaque moitié du tonneau
dre ce résultat. pourrait être assimilée à un tronc de cône. En
D'un autre côte, la consommation est devenue nommant, dans ce cas, R le rayon du bouge (cer-
partout plus difficile à satisfaire son goût est plus cle mené par la bonde), r le rayon du jable (cercle
délicat, il lui faut des produits plus fins. Le suc- formant le bout du tonneau), et h la demi-longueur
cès sera, dans l'avenir, pour ceux qui sauront de la pièce, on aurait pour l'expression du demi-
répondre à ces besoins. Ces quelques considéra- volume
tions suffisent pour montrer le rôle que la produc- ~(R<+Rr+r').
tion des légumes peut jouer dans beaucoup d'ex-
ploitations agricoles.
Production des /!cM~. Les fleurs sont le Mais cette expression donne un résultat trop
plus bel ornement des modestes habitations de la faible, puisqu'on
a négligé la courbure des douves.
campagne. Leur variété est infinie quelques-unes Pour en tenir compte, on remplace le produit Et
demandentdes soins assidus,d'autres sont moins par le carré R*. Si alors H désigne la longueur to-
exigeantes. C'est à chacun de choisir, parmi les tale du tonneau. D et d les diamètres du bouge
innombrables cultures florales, celles qui con- et du jable, et V la capacité cherchée,
viennent le mieux à ses goûts et qui orneront le on trouve,
en faisant les substitutions
mieux son jardin, suivant les dimensions de celui-
ci et suivant les saisons. V=~t:H(2D'-)-<)=0,262H(2D'+<~).
Les plantes d'ornement sont des arbustes, ou
des plantes vivaces qui chaque année poussent
des tiges, ou enfin des plantes annuelles. C'est la formuled'Oughtred, qui y est arrivé en
Les arbustes d'ornement demandent, pour la assimilant la courbe de la douve à un d'ellipse.
conduite et pour la taille, des soins analogues a Elle donne un résultat un peu fort. arc
ceux que réclament les arbres fruitiers. Ils se On emploie aujourd'hui la formule de Dez
multiplient soit par greffe, soit par bouture, soit
par drageon ou rejet qui s'enracine naturellement V~H~R-~R-~]' 2
en poussant une certaine distance de la souche,
à
et qu'on peut séparer de celle-ci pour faire un
sujet spécial. Si, par exemple, on suppose D=00,61, ~==0°*,5~
Les plantes vivaces sont celles dont le pied ou et H==0°'~90, on trouvera
la racine vit pendant un certain temps, en déve-
loppant chaque année des tiges annuelles. Elles Par la formule du tronc de c&ne 0*°'M6i2 ou 2M'iï
d'Oughtred. 0 ,239Mou!39 ,M;
se multiplient par éclat, en détachant de petites
portions de la souche, ou bien quelquefois par
deDez. 0 ,M486ou234 ,86.
[H. Sonnet.]
bouture, ou enfin par semis.
Quant aux plantes annuelles ou bisannuelles, JEAN. Histoire de France, XI, xn. – Nom
elles ne peuvent être propagées que par graines. de deux rois de France.
Les semis se font, soit sur place, soit en pépinière. Jean I", fils posthume de Louis X le Hutin,
Pour ces plantes, aussi bien que pour les autres, naquit en 1316, mais ne vécut que quelquesjours.
les conditions suivantes sont nécessaires à la Son oncle, Philippe de Poitiers, prit alors la cou-
réussite du semis les graines doivent être de ronne sous le nom de Philippe V. Une fille que
bonne qualité; le sol doit être convenablement Louis X avait laissée, Jeanne (née en 1311), fut
préparé, et les semailles doivent être faites par un exclue de la succession paternelleau nom de la loi
temps propice, à une époque convenable. Les salique (V. Guerre de Cent ans, p. 920).
fleurs les plus rustiques peuvent être semées Jean II le Bon, nie de Philippe VI de Valois,
dans le courant d'avril quant à celles qui sont monta sur le trône en 1350. La guerre avec l'An-
plus délicates, elles le seront à la fin de ce mois gleterre, suspendue par une trêve, recpmmença
ou dans le courant du mois de mai. en 1351. Elle se borna d'abord à quelques escar-
L'arrosage doit être une des préoccupations mouches sans importance. Le roi de France, qui
pour la culture des fleurs. Celles-ci ont besoin aimait les plaisirs et les parades chevaleresques,
d'eau pour se développer régulièrement. Plus les avait dissipé ses ressources il essaya vainement
plants sont petits, d'une manière générale, et de remplir son trésor en altérant les monnaies,
plus its ont besoin d'être arrosés souvent. comme avait fait son père, et dut enfin avoir
Quelques fleurs exigent, pour bien venir, le cours aux Etats-Généraux. Ceux-ci, assemblés re- en
terreau dont la formation a, été indiquée plus 1355, accordèrent des subsides pour les frais de
haut; d'autres demandent une terre spéciale, ap- la guerre, mais à la condition de contrôler eux-
pelée terre de bruyère. C'est une terre noire, mêmes les dépenses. Cependant, le prince de
légère, que l'on recueille dans quelques parties Galles, fils d'Edouard III, s'avançait vers la Loire;
de bois, où elle est formée par l'agglomération des Jean marcha contre lui, fut battu à Poitiers, et
débris végétaux. Elle tire son nom de ce fait que demeura prisonnierdes Anglais avec la plus grande
la bruyère y vient d'une manière spéciale. partie de sa noblesse (1356). La conduite chevale-
L'exposition du levant est la plus favorable pour resque du prince de Galles envers les vaincus est
la culture de la plupart des plantes florales ou racontée dans une page célèbre de Froissart, que
potagères mais celles qui demandent beaucoup nous donnons ci-dessous. Conduit à Londres, Jean
de chaleur se trouvent mieux de l'exposition du y resta captifjusqu'à la signature du traité de Bré.
midi. tigny (t360). En recouvrant la liberté, il avait dû
Rappelons, en terminant, les services que peut livrer pour otages deux de ses fils l'un de ceux-ci
rendre le jardin de l'instituteur, pour ta propa- s'étant échappé, Jean retourna se constituer pri-
gation des bonnes variétés de légumes et d'autres sonnier des Anglais, et mourut à Londres on 1364.
plantes potagères, ainsi que pour tes essais sur les Les événements qui suivirent la bataille de Poi-
nouveaux procédés de culture. tiers sont racontés à l'article Guerre de Cent ans,
[Henry Sagnier.1 p. 921 et 922.
JAUGEAGE DES FUTS.- Géométrie, XXVIII. Lectures et dictées. MeepMo?! du roi Jean
La capacité intérieure d'un tonneau a la forme par le prince de Galles, le Mtf de la bataille de
Pot<<eM.– Puis !e comte de Warwick et messire dans son Msur, il pria Dieu, s'il n'était vrai hoir
Regnault de Cobham (qui amenaient le roi Jean de la noble maison de France, de lui donner la
prisonnier) entrèrent au pavillon du prince de grâce d'échapper MM mort ni prison, et qu'il se
Galles, et ini nrent présent du roi de France; pût sauver en Espagne ou en Ecosse. «
lequel présent ledit prince dut bien recevoir à Hors de la cour, la misère semblait avoir abattu
grand et à noble. Et aussi fit-il vraiment, et s'in- l'espoir et le courage. Depuis quinze ans, le temps
ciina tout bas contre le roi de France, et ie reçut des GrandesCompagnies était revenu; les gens de
comme roi, bien et sagement, ainsi que bien le guerre Anglais, de tous les partis, Armagnacs, Bourgui-
savait faire; et fit la apporter ie vin et les épiées; gnons, vivaient sur le paysan, de rapmes
et en donna lui-même au roi, en signe de très et de brigandages. < Quelques-uns de ces capitaines
grand amour. étaient peut-être les hommes les plus féroces qui
Quand ce vint au soir, le prince de Galles eussent jamais existé. Il euMt d'en nommer un,
donna à souper au roi de France et à monseigneur dont le nom seul fait horreur, Gilles de Retz, l'o-
Philippe son fils, & monseigneur Jacques de Bour- riginal de Barbe-bleue. » (Michelet.) Livrés sansdé-
bon, et à la plus grand partie des comtes et des fense a ces hommes de proie, tes paysans
barons de France qui prisonniers étaient. Et assit fuyaient au bois avec les bêtes fauves. Adieu les
le prince ie roi de France et son fils monseigneur femmes-et tes enfants. faisons le pis que nous
Philippe, monseigneur Jacques de Bourbon, mon- pourrons et remettons-nous dans la main du dia-
seigneur Jean d'Artois, le comte de Tancarville, ble. » Et tes champs restaient an friche et la fa-
le comte .d'Etampes, le comte de Dampmartin, le mine suivait la guerre. Dansles villes, la vie n'était
seigneur de Joinville et le seigneur de Parthenay, ni plus sûre ni meilleure. A Paris, les hôtels des
à une tabla moult haute et bien couverte, et tous seigneurs n'étaient que des forteresses garnies de
les autres barons et chevaliers aux autres tables. herses, de mâchicoulis, et pleines de soldats; la
Et servait toujours ie prince au devant de la table nuit, 600 chaînes tenduesbarraient les rues et la
du roi, et par toutes les autres tables, si humble- Seine. Et la misère décimait le peuple. En t4t8, la
ment comme il pouvait. Ni oncques ne se voulut famine et la peste avaient fait 80000 morts. « Il
seoir & la table du roi, pour prière que le roi sut fallait faire dans les cimetières de grandes fosses
faire; ains (au contraire) disait toujours qu'il où on les mettait par trente et quarante, arrangés
n'était mie (pas) encore si suf~sant qu'il appar- comme lard, a. peine poudrés de terre. (Monstre-
tenist de lui seoir à la table d'un si haut prince let. ) Et depuis, le fléauavait reparu chaque année.
et de si vaillant homme que le corps de 1m était, Aussi, c'est en 1424 que ce peuple démoralisé
et que montré avait à la journée. Et toujours s'a- par le désespoir inventait la danse macabre, la
genouillait par devant le roi, et disait bien « Cher danse lugubre des morts, au cimetière des Inno-
sire, ne veuillez mie faire simple chère, pour tant cents, au milieu des charniers, où l'on avait jeté
si Dieu n'a voulu consentirhuy (aujourd'hui) votre d'innombrables squelettesarrachés trop tôt de la
vouloir; car certainement monseigneur mon père tombe.
vous fera tout l'honneur et amitié qu'il pourra,
s'accordera à si raisonnablement, factions
ce
C'est peint que la folie d'un roi, vingt ans de
furieuses et la défaite d'Azincourtavaient
et vous que vous
demeurerez bons amis ensemble à toujours. Et poussé la France. Il n'y avait point de roi, point
m'est avis que vous avez grand raison de vous de gouvernement, et il semblait qu'il n'allait plus
estiescer (réjouir), combien que (quoique) la beso- y avoir de peuple. Les Ang'ais s'apprêtaientà un
gne ne soit tournée à votre gré; car vous avez décisif et dernier effort pour achever la conquête.
aujourd'hui conquis le haut nom de prouesse, et St~e <fOfMatM. Orléans était le vrai boule-
avez passé tous les mieux faisants de votre coté. vard des provincesfidèles, la clef de la Loire, dont
Je ne le dis mie, cher sire, pour vous lober (rail- le cours marquait en m9 la frontière de la France
ter) car tous ceux de notre partie, et qui ont vu restée française. Le régent anglais, Bedford, en-
les uns et les autres, se sont par pleine science à ce voya pour la prendre 6 000 de ses meilleurs sol-
accordés, et vous en donnent le prix et le chape- dats. En quelques jours, malgré son courage, la
'et, si vous le voulez porter, x ville était cernée par les bastilles anglaises dont
A ce point commença chacun à murmurer (à l'artillerie la battait en brèche bientôt, la défaite
faire entendre un murmure d'approbation); et de la Journée des Harengs venait décourager les
'disaiententre eux, Français et Anglais, que noble- plus braves qui désertaient la résistance.L~miral
ment et à point le prince avait parlé. (Froissart.) de France et 2 000 soldats se retirèrent d'Orléans
JEAN SANS TERRE. – V. P/anfoMn~. le 13 février 1429. Cette fois la fin de la France
JEANNE D'ABC. – Histoire de France, XIV. semblait prochaine et irrémédiable.
de <a France.
~– Etat agonie, Depuis 1419,la France Mais une indestructibleespérance vivait dans le
était en frappée du même coup que le duc peuple acculé à la mort et qui pourtant refusait
Jean-Sans-Peur; ie crime de Montereau avait eu de mourir. Des moines, des visionnaires parcou-
pour résultat l'alliance anglo-bourguignonne,et le raient les campagnes et y répandaient des prédic-
traité de Troyes ()MO), que la moitié des Français tions merveilleuses. L'enchanteurJtfefKn n'avait-il
avait accueilli en silence. En 1422, après la pompe pasannoncé qu'il viendrait, pour sauver le royaume,
funèbre de Charles VI à Saint-Denis, Paris avait une vierge douée par les fées et qui sortirait du
entendu sans révolte les hérauts d'armes anglais bois Chenu? Et la croyance populaire ajoutait que
crier « Longue vie au roi Henri VI, par la grâce de le bois Chenu était situé « vers les marches de
Dieu roi de France et d'Angleterre, notre souve- Lorraine. L'agitationpatriotique gagnait de pro-
rain seigneur. che en proche. « Il régnaitune de ces grandes at-
Pendant ce temps, le vrai dauphin, Charles de tentes qui appellent et suscitent le prodige at-
Valois, était proclamé roi par quelques serviteurs tendu. n (H. Martin.)
fidèles, au fond d'un château obscur, à Espaly en Enfance de Jeanne d~rc.'– Domrémy est sur
Velay. Mais depuis, vaincu encore à Crevant et à la rive gauche de la Meuse, a cinq lieues en amont
Verneuil, le prince national demeurait inactif dans de Vaucouleurs.Aucommencement du xv* siècle,
sa cour de Chinon, pleine d'intrigues. En vain le c'était un villagede frontière,entre le Barrois,dont
patriote connétable de Richemont,avait cousu dans les habitants avaient suivi le parti français, et la
un sac et noyé dans l'Indre un malfaisant favori, Lorraine, dont le duc servait le parti de Bourgogne.
le sire de Giac. LtTrémouitte avait pris la place de '< Le village était a deuï pas des grandes forêts des
Giac et fait éloigner Richement. Désespérantdelui- Vosges. De la porte de la maisonde son père, Jeanne
même et des autres, Charles. s'abandonnait jusqu'à voyait !e vieux bois des chênes les fées hantaient
douter des droits de sa naissance. « Un jour, de- ce bois elles aimaient surtout une certaine fon-
taine, près d'un grand hêtre qu'on nommait l'ar- dans un entretien particulier, répondant aux doù
bre des Fées, des Dames. Les petits enfants y sus- tes les plus secrets du prince. « Je te dis, de lt
pendaient des couronnes, y chantaient. Jeanne part de Messire, que tu es vrai héritier de France,
naquit parmi ces légendes, dans les rêveries popu~ et fils du roi. Ce qu'elle lui a dit, nul ne le
laires. Née sous les murs mêmes de l'église, ber- sait, écrivait Alain Chartier bien peu après mais
cée du son des cloches et nourrie de légendes, il est bien manifeste qu'il en a été tout rayonnant
Jeanne fut une légende elle-même, rapide et pure, de joie, comme à une révélation de l'Esprit saint.
de la naissance à la mort. » (Michelet.) Elle était Cependant, les épreuves n'étaient point finies.
née le 6 janvier 1412, de Jacques d'Arc et d'Isabeau On la conduisit à Poitiers devant plusieurs éve-
Romée. L'enfant, rêveuse et un peu sauvage, veil- ques et docteurs qui l'interrogèrent. « Ce fut un
lait aux champs sur le troupeau de son père, écou- beau spectacle que de la voir discuter, femme
tant le son des cloches que lui apportait la brise contre les hommes, ignorante contre les doctes,
et les mystérieusesvoix de la forêt qu'elle croyait seule contre tant d'adversaires. » (Ai. Chartier.)
entendre. Le dimanche,elle s'agenouillait en extase Délivrance d'OrMnm.. Cependant l'enthou-
au pied des images saintes. Mais un jour cette siasme était devenu général La Hire et les soldats
paix fut troublée les Anglais avaient pénétré jus- juraient qu'ils la suivraientpartout où elle vou-
qu'à Vaucouleurs, ils ravageaient ce pays épargné drait les mener. » Les favoris cessèrentleur opposi-
jusque-là. Il fallut fuir dans une lie de la Meuse. tion, malgré leurjalousie contre Jeanne; 12 000hom-
Et, au retour, on vit le pauvre village pillé et brûlé mes furent réunis. Ils partirent le 27 avril 1429,
par les soldats étrangers. Désormais Jeanne sentit suivant l'étendard de Jeanne qui portait ces mots,
« la grand pitié qui était au royaume de France»
Jhésu Maria, pour la croisade qui devait délivrer
et dans i'égHse, aux champs, sa prière appelait la patrie. Mais « vingt ans de guerres avaient
ardemment « les anges du ciel « susciter un li- changé ces hommes en bêtes sauvages. Il fallait
bérateur. « La jeune fille, à son insu, créait, pour de ces bêtes refaire des hommes. Grand et difficile
ainsi parler, et réalisait ses propres idées; elle en changement. Dans la route, le long de la Loire,
faisait des êtres, elle leur communiquait, du tré- elle fit dresser un autel, elle communia, et ils
sor de sa vie virginale, une splendide et toute- communièrent. La beauté de la saison, le charme
puissante existence. x (Michelet.) De là son rêve d'un printemps de Touraine devaient ajouter sin-
grandiose et poétique qu'elle avait conçu et qu'elle gulièrement à la puissance religieuse de la jeune
exécuta de là ses « voix qui venaient l'entrete- fille. » (Michelet.) Plus de débauches, ni de pil-
nir de sa mission sainte et l'avertir que le peuple lage ni de violence. La sainteté de Jeanne avait
de France attendait l'héroine promise de sa déli- comme purifié l'armée. Désormais le peuple vit
vrance. avancer sans crainte et accueillit les soldats de
La mission. C'est un jour d'été, en 14!5, France, redoutés longtemps à l'égal des Anglais,
qu'elle entendit « ses voix pour la première fois. Le 29 avril, on était devant Orléans. Pendant
L'archange Michel lui ordonnait « d'aller en que l'armée retournait passer la Loire à Blois,
France, au secours du Dauphin, afin que par elle Jeanne entra dans la ville, où tous étaient venus
il recouvrât son royaume. » Et souvent depuis, à sa rencontre, « avec une aussi grande joie que
durant plusieurs années, les voix se firent enten- s'ils avaient vu Dieu descendre parmi eux. » (Jour-
dre plus pressantes à chaque retard. En vain son nal du siège.) Dès le lendemain, elle voulait com-
père essaya-t-il de s'opposer à son dessein, elle ob- battre. Dunois lui fit attendre l'arrivée des ren-
tint de se rendre chez son oncle qu'elle sut convain- forts qui venaient de Blois. Mais les Orléanais
cre et qui la conduisit à Vaucouleurs. « Je viens de ayant attaqué la bastille Saint-Loup, Jeanne courut
la part de mon Seigneur, dit-elle au sire de Bau- les soutenir de sa présence; car elle ne frappa
dricourt, capitaine du bailliage, vous charger de jamais qu'à toute extrémité dans son procès
mander au Dauphin que mon Seigneur lui donnera même elle déclara qu'elle « n'avait oncques tué
bientôt du secours.-Et qui est ton Seigneur?-Le homme. » « Derrière elle tout homme sortit hors
roi du ciel. » Baudricourt la repoussa. Mais, à la d'Orléans pour aller enclore les Anglais. (Journal
nouvelle du siège d'Orléans « Jl faut que je parte, du siège.) Et la bastille fut promptement enlevée,
dit-elle. J'irai, dusse-je user mes jambes jusqu'aux démolie et brûlée. C'était la victoire du peuple,
genoux. B Cependant on parlait d'elle dans le peu- remportée sans ordres et en dehors des capitai-
ple. Peut-être était-elle « la vierge douée des nes. L'enthousiasme populaire, véritable appui de
fées dont Merlin avait prédit la venue. a Va Jeanne, monta à son apogée. Ce succès devint le
donc, Jeanne, lui dit enflit Baudricourt, et ad- signe de sa mission. Le 6 mai, un conseil de guerre
vienne que pourra. Le 25 février 1429, elle résolut l'attaque de la bastille des Tournelles dans
quitta Vaucouleurs. « J'aimerais pourtant mieux, l'assaut, « Jeanne, exhortant les soldats à avoir bon
misait-elle en prenant son costume d'homme d'ar- cœur et bon espoir en Dieu (Journal du siège), ap-
mes, rester à filer auprès de ma pauvre mère car pliquait aux murs une échelle, quand elle fut per-
ce n'est pas là mon ouvrage! mais il faut que cée d'une flèche entre le cou et l'épaule; on 1 em-
j'aille; Messire le veut. cest pour cela que je porta, et les Français plièrent. A cette nouvelle,
suis née. – Elle commençait la mission qui la elle reprend ses armes et court aux Tournelles.
conduisit au martyre. Le dauphin Charles tenait On la croyait morte, sa vue abat la confiance des
toujours sa cour à Chinon en Touraine. Dieu fai- Anglais qui reculent, et exalte la confiance des
sait la route de Jeanne, » elle arriva rapidement. nôtres; ils combattirent comme s'ils se fussent
Mais Charles, poussé par ses favoris, Ttesitait à la crus immortels, » la bastille fut prise. Le lende-
voir. Enfin, le 9 mars 1429, elle fut introduite dans main, les Anglais, inférieurs en nombre (C 000 con-
la grande salle du château de Chinon, dont on voit tre 12000 soldats et les Orléanais), fatigués d'une
encore un pan de mnr et la cheminée; Charles longue campagne, laissés sans renforts par Bed-
se dissimulait au milieu de ses courtisans « Gen- ford qui était lui-même sans ressources, enfin dé-
til dauphin, lui dit-elle, j'ai nom Jeanne la pu- moralisés par la présence de Jeanne, abandonnè-
celle le roi des cieux vous mande par moi que rent le siège. Orléans était délivré, en dix jours.
vous serez sacré et couronné en la ville de Reims, Bien que la mauvaise situation des Anglais suffît
et vous serez lieutenant du roi des cieux, qui est à l'expliquer, ce succès parut à tous un prodige.
roi de France. Baillez-moi gens pour que je fasse Sacre de Reims. Mais Jeanne en voulait faire
lever le siège d'Orléans et vous mène sacrer à un second plus considérable encore. Je ne du-
Reims. C'est le plaisir de Dieu que vos ennemis rerai guère qu'un an, disait-elle; il faut songer
les Anglais s'en aillent. le royaume vous doit à bien besogner cette année, car il y a beaucoup
demeurer. Le roi doutait encore. Jeanne alors. &. faire. » Quand elle revit Charles à Tours, elle
le pressa instamment de se laisser conduire t violence, elle changeait malgré elle. Un jour, en
Reims pour le Mère. Mais tes chefs de guerre 1430, elle laissa pendre un capitaine bourguignon,
et les favoris t'y opposaient. Sagement, ils voû- vrai scélérat, mais prisonnier. Autrefois, elle n'eût
laient une base d'opérations pour agir contre les *pas ainsi versé le sang. Dans le camp, elle dut
Anglais; ils condamnaient avec colère la folie tolérer les déhanches des soldats qui n'avaient pu
d'une expédition à travers cinquante lieues de 'longtemps soutenir l'austérité de l'héroïsme.
territoire ennemi. Mais Jeanne était plus sage < Malheurease condition d'une telle Ame tombée
encore. Sortie du peuple, eUe sentait comme lui. dans tes réalités de ce monde. Elle devait chaque
Or, depuis )<:2, )e peuple hésitait entre deux prin- jour perdre quelque chose de soi. » (Michelet.)
ces, Henri VI et Charles ~IL Jeanne elle-même Cependant, au sortir de Reims, elle montrait
appelait encore Charles VU du seul nom de dau- an roi le vrai chemin, celui de Paris. Bedford
phin. Il fallait montrer au peuple son vrai roi en était sans argent ni soldats. Il fallait en profiter
le sacrant à Reims, an nom de l'Eglise. pour mettre le roi dans capitale avant Farrivëe
HeureusementJeannen'était pas seule. Le con- des renforts qu'amenaitsade Londres le cardinal
nétable de Richemont était venu la rejoindre mal- Winchester. Mais Charles mena lentementl'armée
gré le roi. Les deux petits-fils de Du Gueaclin, le à Soissons. puis à Provins on il conclut une trêve
due d'Atençon, une foule de volontaires accou- de quinze jours avec Philippe de Bourgogne, puis
raient chaque jour. On emporta rapidement toutes a la Ferté-Milon, pendant que Senlis et Com-
les. villes de la Loire, Meung, Beaugency, Jar- piègne appelaient les Français et que Beanvais
geau. Bien plus, le 18 juin tt29 on se heurta a chassait son évêque, Pierre Cauchon, chef du
t'armée anglaise à Patay, entre Orléans et Cha- parti bourguignon. En même temps. Richement,
teandun. « En nom Dieu, s'écria Jeanne, il faut avec ses propres forces, entamait la Normandie et
combattre; quand tes Anglais seraient pendus menaçait Evreux.
aux nues, nous es aurons, car Dieu nous a envoyés Alors, irritée de son inaction, Jeanne résolut
pour tes punir. Mon conseil m'a dit qu'il étaient d'entraîner le roi; elle quitta le camp « avec une
a nous. Quelques heures plus tard, les Anglais bellecompagnie de gens de guerre, n etcourut sur-
fuyaient et l'un de leurs plus glorieux chefs, Tal- prendre Saint-Denis pour attaquer Paris. Mais sur
bot, était prisonnier. Jeanne rentra en triomphe cette population moqueuse, « la poésie de Jeanne
dans Orléans. C'était elle décidément la « vierge devait avoir peu de prisq; pour les Parisiens,
douée des fées le peuple ne voyait qu'elle dans outre. Chartes VII n'était toujours que le chef
legrand œuvre de la délivrance qui commençait en des Armagnacs. Cependant l'attaque était impos-
et les soldats juraient de la suivre sans regarder sible sans le roi, qui gardait le gros de l'armée. Il
où elle les mènerait. < Le cri de l'armée était fallut aller le chercher deux fois à Senlis pour l'a-
trop fort. Elle se fut débandée plutôt que de se mener « a grand regret a Saint-Denis. Mais Paris
laisser conduire à toute autre entreprise. Il fallut avaitorganisé sadéfênse.L'assautfut enfin donné le
céder. Le roi se mit en route, le 29 juin,la tête 8 septembre, malgré les conseillers du roi. Jeanne
de t2 000 combattants, presque tous a chevat. emporta le boulevard SaInt-Honoré et réussit à
Quatre mois à peine s'étaient écoulés depuis que franchir le premier fossé. Mais, en tentant le
Jeanne était entrée, humble et ignorée, dans cette sage du second qui était plein d'eau, elle pas- fut
même ville de Gien, d'où elle partait maintenant grièvement blessée. Elle restait néanmoins pour
pour sa glorieuse croisade. (H. Martin.) les nôtres, quand la TrémouiDe fit
Sur la route, les villes hésitaient; Auxerre encourager
sonner la retraite. II fallut la ramener de force
n'offrit que des vivres. A Troyes, la garnison ferma en arrière, dans son camp, à la Chapelle. Le len-
les portes. On n'avait pas de machines; le con- demain elle voulait recommencer, mais l'année
seil délibérait déjà de retourner mais aupara- avait perdu 1500 hommes, et en voulait à Jeanne
vant on appela Jeanne. « Gentil dauphin, dit-elle, de ce combat déclaré inutile par les chefs. Le roi
si vous voulez demeurer ici devant votre ville de qui, la veille, n'avait pas quitté Saint-Denis, leva
Troyes, elle sera en votre obéissance avant deux te siège et, profitant de l'échec subi par Jeanne,
jours.On attendit, en préparant l'assaut. Le il reprit le chemin de la Loire, sur les bords de
lendemain, on lançait déjà tes fascines dans les laquelle bon armée formée de volontaires allait
fossés, quand la ville effrayée demanda a capi- se disperser. Jeanne avait suivi la retraite, en
tuler le roi y entra le 11 juillet. Le )5, l'armée pleurant son impuissance. A Gien, elle voulut
était à Chatons enfin le t6 elle franchit les portes quitter la cour pour aller guerroyer en Norman-
de Reims. « Le lendemain Charles VII fut oint die on refusa et ells~ partit assiéger la Charité-
de l'huile de la Sainte-Ampoule qu'on apporta de sur-Loire. Mais la jeune fille n'était point un chef
Saint-Romy. Il fut, conformément au rituel anti- de guerre; ce n'était pas pour conduire une cam-
que, Mutevé sur son siège par les pairs ecclé- pagne méthodique et régulière que ses voix
siastiques, servi par les pairs laïques au sacre et vaient appelée elle échoua.
t'a-
au repas. Toutes les cérémonies furent accom- Jeanne à Compiègne. Cependant Bedford
plies, sans qu'il y manquât rien. (Michelet.) avait conM la garde de Paris au duc de Bour-
Quand il eut reçu l'onction sainte, Jeanne, qui gogne Philippe avait Meanx qui commandait le
était à l'honneur après avoir été à la peine, em- cours de la Marne, il voulut Compiègne pour tenir
brassa tes genoux du prince t Gentil roi, lui dit- la vallée de 1 Oise et communiquer librementavec
elle, ores est exécuté le plaisir de Dieu, qui vou- la Picardie. Une armée bourguignonne vint assié-
lait que vous vinssiez à Reims recevoir votre digne ger la ville (H30). Mais Jeanne résolut d'aller dé-
sacre, en montrant que vous êtes vrai roi et celui fendre ceux qui s'étaient mis en péril pour le roi
auquel le royaume doit appartenir. L'effet dtt et que le roi oubliait. « Vers le milieu d avril 1430,
sacre fut immense le peuple n'hésita plus, tout elle fit semblant d'aller en aucun ébat et sans
allait s'ouvrir au roi a marqué de Dieu x. retourner s'en alla en la ville de Lagni-sur-Marne,
Attaque sur PorM. – Malheureusement la con- pour ce que ceux de la place faisaient bonne
fiance enthousiaste du peuple et des soldats n'était guerreaux Anglais. » Suivied'une petite troupe,
point partagée par les courtisans et la plupart elle partit sans congé, l'Ame disputée entre les
des capitaines. Jaloux de Jeanne dont la gloire éclatantes promesses du passé et les pressenti-
les échpsait, Us contrariaient ses desseins, et le ments funèbres de l'avenir. Ses voit se firent
roi suivait leurs conseils. Jeanne elle-même, de- entendre à elle sur les fossésde Melun « Jeanne,
puis le sacre, ne montrait plus la même décision tu seras prise avant la Saint-Jean. Il faut qu'il
impérieuse pour imposer les ordres de <( ses soit ainsi fait! ne t'étonne point, prends tout en
voix Placée dans un milieu de guerre et de grét Dieu t'aidera. 0 (H. Martin.)
tians Compiègne, elle montra pourtant la même compagnaientla charrette à travers une foule trrsio
activité guerrière. Les Bourguignons tenaient la et muette. Comme on allait lui lire la sentence
rive droite de l'Oise en aval et en amont du pont. « Emmenez-la, dit le bailli aux gardes, et au
Elle voulut couper en deux l'armée. L'attaque, ru- bourreau « Fais ton devoir 1 Arrivée sur le b&-
conduite, réussit d'abord. Mais 500 Anglais cher, elle s'agenouilla, demandant à voir la croix
dement de l'église Saint-Sauveur que lui apporta frère
survinrent fermant le retour. Aussitôt on recula, Isambard de la Pierre. Elle pleurait sur son pays,
Jeanne fut entralnée de force; elle soutenait vail- «
lamment la retraite, quand, sans la voir, onrive ferma sur les assistants, comme sur elle-même « Rouen,
la porte de la ville. Elle était acculée à la de Rouen, mourrai-je ici? seras-tu ma dernière de-
l'Oise « Baillez-moi votre foi 1 lut cria un capitaine meure ? j'ai grand peur que tu n'aies à souffrir de
artésien, le sire de Vandomme. J'ai baillé ma foi, ma mort Quand la flamme monta, son confes-
répondit-elle en se défendant, à un autre qu~a seur, frère MartinLadvenu, descendit du btMier. x
e Mais (Guizot.)A travers lesCammes et la famée, on en-
vous, et je lui en tiendrai mon serment. tendit encore « Mon Dieu Jésus Marie Mes
enfin elle dut se rendre.
Captivité et procès. Vandomme la conduisit voix, mes voix » Et ce fut tout. C'était le 30 mai
à son suzerain, le' comte Jean de Luxembourg, 1431.
vassal du duc de Bourgogne. Celui-ci la mena pri- « Quelle légende plus belle que cette incontesta-
sonnière à Beaulieu, puis a Beaurevoir près de ble histoire ? Mais il faut bien se garder d'en faire
Cambrai. « Deux fois en juillet et en octobre H30, une légende. On doit enVierge respecter la réalité tou-
Jeanne tenta de s'échapper; la seconde fois. elle chante et terrible. La secourable des ba-
se tailles que les chevaliers appelaient,
attendaient
poussa le désespoir et la hardiesse jusqu'à prison d'en haut, elle fut ici-bas, ') et derrière elle, « il y
précipiter du haut de la plate-forme de sa
elle fut relevée, cruellement meurtrie, mais sans eut un peuple, il y eut une France. Cette dernière
blessure grave. » (Guizot.) Bgure du passé fut aussi la première du temps
Cependant l'Université de Paris, l'Inquisiteur de qui commençait. En elle, apparurent à la fois la
Rouen et l'évoque de Beauvais, Cauchon, avaient Vierge ° et déjà la patrie." (Michelet.) [P.
SeMe er].
fP.Schafer).
réclamé le droit de la juger Cauchon affirmait que Vocation de Jeanne
t( selon les
droit et coutume de France, tout pri- Lectures et dictées.
sonnier de guerre pouvait être racheté au nom du d'Arc, son départ siège d'Orléans sacre de
siège de Compiègne captivité et
roi d'Angleterre, moyennant une indemnité de Charles VII
supplice. V. ct~rc,
10000 livres.)) Luxembourg était pauvre, Philippe procès de Jeanne; son Jeanne
de Bourgogne avait besoin de Bedford. Le 21 no- par H. Wallon, pp. 8, n, 57, M, 118, 127,
vembre 1430, Jeanne fut livrée aux Anglais et con- )35, ?59. Une enfant de douze ans, une
duite à Rouen. Jeanne <f~rc.
Le 21 février HX), malgré les refus de plusieurs toute jeune si l'on fille, conçoit l'idée étrange, improba-
juges, le tribunal fut constitué sous la présidence ble, absurde veut; d'exécuter la chose que
de Cauchon et le procès commença. Pendant trois les hommes ne peuvent plus faire, de sauver son
mois, « la servilité passionnée et la subtilité juri- pays. Elle couve son idée pendant six ans, sans la
dique des juges s'employèrentà lasser le courage confiernul à personne, elle n'en dit rien à sa mère,
qui rien à confesseur. Sans nul appui de prêtres
ou à tromper l'intelligence d'uneàjeune fille dis- Dieu
se refusait tantôt a mentir, tantôt entrer en ou de parents, elle marche toute seule avecattend
cussion avec eux, et ne se défendait qu'en se tai- dans la solitude de son grandalors, dessein. Elle
(Guizot.) Enfin, qu'elle ait dix-huit ans, et immuable, elle
sant ou en appelant àDieu. » sur
et malgré tout le monde.
l'avis de l'Université de Paris, on la somma de se l'exécute malgré les siens ravagée
soumettre à l'Église, et non plus seulement à Dieu; Elle traverse la France et déserte, les
sur son refus, on la déclara hérétique et rebelle à routes infestées de brigands; elle s'impose à la
l'Église. Désormais, elle pouvait être condamnée cour de Charles VII, se jette dans la guerre,les et
obtenir d'elle dans les qu'elle n'a jamais vus, dans
légalement. Mais on voulait surtout camps
qu'elle reniât le caractère divin de sa mission. On combats, rien ne l'étonné elle plonge intrépide
de
et en abusant son au milieu des épées; blessée toujours, découragée
y réussit par des menaces
ignorance; elle ne savait ni lire24nimai écrire. On lui jamais, elle rassure les vieux soldats, entraîne
fit signerunerétractation.Et, le 1431, elle fut tout le peuple, qui devient soldat avec elle, et
condamnée à la prison perpétuelle, « avec le pain personne n'ose plus avoir peur de rien. Tout est
de douleur et l'eau de tristesse pour qu'elle dé- sauvé La pauvre fille, de sa chair pure et sainte,
plorât les erreurs et les fautes qu'elle avait com- de ce corps délicat et tendre, a émoussé le fer,
mises. » brisé l'épée ennemie, couvert de son sein le sein
Elle échappait à la mort. Alors éclata la fureur de la France. La récompense, la voici. Livrée en
des Anglais à la nouvelle, les soldats vinrent jeter trahison, outragée des barbares, tentée de ceux
des pierres aux juges. Jeanne, par ses victoires, qui essaient en vain de la prendre par ses paro-
avait profondément blessé l'orgueil anglais. a A les, elle résiste à tout en ce dernier combat, elle
Orléans, l'invincible gendarmerie, les archers, monte au-dessus d'elle-même, éclate en paroles
Talbot en tête, avaient montré le dos. à Pa- sublimes, qui font pleurer éternellement.
qu'elle
Aban.
sauvés,
tay, ils avaient fui à toutes jambes, fui devant donnée et de son roi et du peuple a
(Michelet.) le cruel chemin des flammes, elle revient dam
une fille 1 voilà qui était dur a penser. par
(Miehelet.)
Et voilà pourquoi Warwick, tout chevaleresque le sein de Dieu.
qu'il était, poursuivait à mort la prisonnière. C'est JEUX. Connaissances usuelles, X. Nous
quelle
à lui qu'un des affidés de Cauchon dit, après le disons dans la I" PARTIE, au mot attachent Jeu,
jugement « N'ayez aucun souci, Mylord, nous la importance l'hygiène et la pédagogie au
retrouverons.» En effet, quelques jours après, ses choix et à la direction des jeux. Nous donnons
gardiens la contraignaient à reprendre ses habits ci-dessous le catalogue des jeux les plus connus. mais
d'homme, auxquels la sentence lui ordonnait de On pourrait les classer par 4ge et par sexe, artificiel
renoncer. On la surprit aussitôt; en même temps ce travail serait nécessairement bien
on lui fit avouer qu'elle avait de nouveau entendu nous les groupons seulement d'après la nature
« ses voix*. C'était assez pour un nouveau
procès. de l'exercice ou de la distractionqu'ils procurent.
Cette fois, elle fut déclarée hérétique relapse, et Nous n'ajoutons point de définition à chacun de
condamnée au bûcher. ces mots, elle serait presque toujours fort longue,
A neuf heures, on vint la prendre pour la con- aussi longue qu'inutile. Si quelqu'un l'explication de nos lec-
duire à la place du Vieux-Marché 800 soldats ac- teurs se trouvait embarrassé pour
d'un de ces fermée, ]e premier enfant anqnet ilncation c'est le livre intitulé /e!M: des a~o/MM):
la demandera e'empremera de ]a lui donner en parM.G.Bélèze. [U'San'ray.1
action~ trop heureux de rendre service en faisant JOSEPH. Histoire générale, XXVII. Nom
une bonne partie. de deux empereursd'Allemagne.
~n<.c<fe<;<Mm~ta))<&M<r«)Kett<tt
JoaeBhï* Cis amé et successeur de Léo-
pold I", monta sur le trône en n06. L'Allemagne
Cache-cache. La Mère Garuche à cloche- était alors engagée dans la guerre de la Succession
Le* Barrée. pieds. d'Espagne, le prince Eugène de Savoie, général
Le Saut de menton. L~ Quatre ceina. de l'empereur, gagna sur les Français les hataitles
Le Saut de mouton avec Deux c'est assez, mais trQis de Tunn (1706)
mouchoirs. c'est trop. et de Malplaquet (1709). Joseph I"
Le Saut ~e mouton avec cou- Le Colin-Maillard. ne vit pas la fin de la guerre il mourut en 1711,
ronnea. Le Coiin-N~ithrd à la ba- et eut pour successeur son frère Charles VI.
Le Cheval fondu. eaette. Joseph n, ds de François t" de Lorraine et
les MétieM. de la célèbre Marie-Thérèse, reçut le titre d'em-
Le Chat perché.
Le Chat coupé.
t.'Himn<)eU<
L'OuM.
Les Animaux.
pereur
rie-Thérèse
la mort de son père, en H65 mais Ma-
resta investie de l'autorité récite, et
La Passe. Le Roi d&trcné. continua à
La Mère Garuche. L'Imitation. gouverner elle-même, tant qu'elle
vécut, les Etats autrichiens. Prince éclaire, Joseph
y<M! traction acee <)M<ntn)en<< employa les années de M jeunesse à voyager il
/<<MB de balle La Balle M Le Bouchon.
visitâtes principales villes de l'Europe, entre autres
mur, la Balle au camp, la Le Tonneau.
Rome et Paris, et se fit remarquer par la simpli-
Balle aux pots, la BaUe an Les Boules. cité de ses manières et l'indépendance4e ses idées.
bâton, la Balle- à la crosse, Le Galet. En 1780, Mane-Th<;rèMéMntmoMe,iIprit le pou-
la Balle à la riposte. la Les Quilles. voir. et voulut réaliser aussitôt les réfermes qu'il
Balle en posture, la Balle Le Jeu de Siam. méditaitdepuis longtemps. Son plan était d'enle-
an chasseur, la BaBe ca- Le Mail. ver an clergé et à la noblesse leurs privilèges, et
valière. La petite Corde. de donner
/<«.<' de ~xmaM.- La Longue La longue Corde. à ses Etats une administration unihrme
paume, la Courte paume, Le Cerceau. en substituant partout sa propre autorité à celle
le BaHon. La Bataneoire ou Escarpo- du vieux droit féodal. H désirait sincèrementfaire
Jeux <!e M!!e< La Pour- lette. le bonheur de ses sujets et supprimer les abus:
suite,' le Triangle ou le La Bascule. mais, agissant en monarque absolu, sans tenir
Cercle, la Tapette, la Bïo- Le Volant. compte des traditions nationales, il devait se
quette, la Pyramide, le Les Grâces. heurter à la fois aux résistances des privilégiés et
Tirer, le Pot, tes Villes, le Le Diable.
Jeu du serpent, le Calot et Le Bilboquet. a celles des peuples auxquels il imposait despoti-
la Trime. L'Emigrant. quement ses réformes.
Le Toton. Dès son avènement, il abolit les dimes, les cor-
La Toupie à BceUe. Le Bâtonnet. vées et tes droits seigneuriaux, diminua ie pou-
Le Sabot. Le Cerf-volant. voir du clergé, supprima de nombreux couvents
La Marelle, qu'il transforma en hôpitaux, et rendit un édit de
La Marelle ronde. Le Billard.
La Marelle des jours. Le Bm~rd anglais.
tolérance (n<l) autorisantt'exercice des cultes
Le Palet. grec et protestant. Le pape Pie VI, alarmé des
~« ~a<tf6<M avec tMfrmnenK changements introduits par l'empereur dans la
discipline ecclésiastique et dans la législation
Les osselets. Le
J Trie-trac. [e mariage, se rendit à Vienne pour l'engager àsurne
Lu Jonchets. JLes JeM de cartes.
teLoto. i Tours de cartes.
Les
pas persister dans son entreprise de réformes'
LM Dominos. ]Les Tours d'adresse et d'es-
mais Joseph II tint bon. !i développa l'instruction
Les DMBM. camotage. publique, créa des manufactures, encouragea le
Les Echeia. commerce intérieur par la suppression dès doua-
nes provinciales, ouvrit des routes, creusa des ca-
1-
7eu.e ~~fm'MHtt~netawe ou sans instruments
Saut en largeur.
Saut en profondeur.
Saut en tauteur.
Eserime.
Jeu de l'arc et de l'arba-
naux, et s'efforça par une réglementation minu-
tieuse, et parfoisoppressive, d'assurer le bien-être
matériel et moral de ses sujets.
lète. Pendant plusieurs années, il n'y eut pas de ré-
La Marche par évolutions. La Fronde. sistance ouverte à la volonté du souverain.
La Course. Le Patinage. Mais,
La Lutte. Les Glissades.
après les désastres de la guerre des Turcs, les
Sautata perche. Lea Pelotes de neige. mécontentements sourds se changèrent, la en op,
NatationaMt. Les Constructionsen neige. position passionnée, ici en révolte. La, Hongrie
Natation. DMtes et rondes. demandait le retour aux usages nationaux, que
Joseph avait abolis elle voulatt conserver la lan-
.Mf<f<t<fOM m<e~e<!<t<eMM.-
gue magyare, qu'il avait cherché à remplacer par
Bêconpage. DMtia. 1 allemand. Dans le Brabant, les rancunes du clergé
Jtm de p~tienet. Mede~e.
moddoge. s'unirent aux aspirations des patriotes qui dési-
Coloriage. raient secouer la domination autrichienne une
~<t)«c<fejpW<~ insurrection victorieuse éclata en t7M. A la nou-
Jen tka homonymaeou Com- Jeu de proverbes. velle de la révolte des Pays-Bas, Joseph II, malade,
ment l'aimM-Vom? Enigmes.
assombri, craignant de voir la Hongne se soulever
Chtrade*. ProMemea amnmnts. à son tour, accorda aux Magyars leurs demandes.
ChBr*de<en action. Il mourut peu après (H90), désespérant de son
Œuvre, que ses successeurs en çffet ne devaient pas.
/<xe de toeMM, <M<< Vm.B &m<x!0)f: tarder à détruire.
ta Sellette, Pigeom-~ote, le nombrable férié des gages En 1788, Joseph n avait déclaré la à la
Furet, !M Coa!ean, les q«i toat ecx-mtmes au- Turquie, alors aux prises avec la Russie guerre
mais il n'a-
Prepos interrompm, le tant de pet)tt jeux. vait essuyé que des déMtes, et la Hongriefut même
CcrMUM, etc, avec rin- envahie par les Turcs. Le maréchal Laudon, tou-
Nous aimerions tefois, arrêta l'ennemi, et prit Belgrade. La guerre
& Toh dans toutes les M- durait encore lorsque Joseph mourut, et ne se ter-
bliothèques scolaires un excellent manuel des mina que par le traité de 1791.
feux, dont nous avons tmite, en partie, la classi-
jom- – Cosmographie,H, III, IV. Le so-
leil, la lune et tous les astres semblent tourner er du soleil. Le moment où l'ombre est réduite h
autour de nous, en allant de la partie du ciel iel longueur minimum est évidemment celui où sa
nommée levant ou orient, où ils apparaissent,vers le
la partie opposéenommée couchant ou occident, rs soleil se trouve & sa plus grande hauteur dans le

W ciel; il divise en deux parties égales le
temps que
ils se cachent, pour reparaltre ensuite là où ils ils cet astre met pour aller de son lever à
s'étaient montrés la veille, et continuer ainsi in-n- cher; c'est le milieu du jour ou midi. La droite
son cou-
dénniment la même marche. Ce mouvement marquée à ce moment sur la surface horizontale
générai est nommé mouvement diurne. Dans nt le par la direction de l'ombre
langage ordinaire on désigne par le nom de jour dienne; les deux points de l'horizon est appelée méri-
«' où aboutit
ou de?ou7t!~ le temps pendant lequel le soleil !ii son prolongement sont, l'un le nord
nous éclaire, depuis son lever jusqu'à son cou- et l'autre le
1- sud.
cher la nuit est le temps pendant lequel nous Supposons maintenant qu'une plaque
ne
'e
le voyons plus, depuis son coucher jusqu'à son bien plane, établie verticalement le long de mince. la mé-
lever. Ce mouvement diurne n'a aucune réalité; ndienne, prolonge indénniment
c'est une illusion dont nous sommes le jouet, comme un se
cercle immense;
dans le ciel
quoique nous sachions très bien qu'elle est tout ce cercle divise en deux
à fait semblable à celle qui se produit pour le it parités l'arc décrit parle soleil de son lever à son
e coucher, et le moment où cet astre le traverse
voyageur entraîné à grande vitesse sur un chemin
de fer, lorsqu'il croit voir les arbres et les mai-L-n est midi. Ce cercle porte le
Dans 1 accomplissement de nom
de méridien.
leur
sons qui bordent la route fuir rapidement en sens
inverse. Le véhicule dans lequel nous sommes a diurne, c'est-à-dire dans l'espace de lamouvement journée et
's de la nuit, les astres traversent deux fois le méri-
assis, c'est la terre elle nous emporte avec elle,), dien
au point le plus élevé allant d'orient en
sans que nous nous en apercevions, dans la rota-t- occident, et en un point plus en bas
tion qu'elle accomplit sur elle-même en un jourr d'occident opposé allant
en orient on distingue donc leen
et une nuit. Or l'étendue de la journée est va- supérieur et le pasMo<r
riable avec les époques et les lieux chez nous, passage in férieur. C'est du premier
t, s'agit toujours
par exemple, elle est plus grande en été et moinss passage de l'astre. quand on dit simplement le
qu
grande en hiver. Au contraire, le temps qui sé- On appelle jour solaire le temps qui s'écoule
pare deux levers consécutifs du soleil semble tou- entre deux passages consécutifs du soleil au mé-
jours avoir à peu près la même étendue; aussin ridien. Le du
fut-il tout naturellement adopté dès la plus moment passage est le moment
antiquité pour la mesure du temps nous lehaute e même où l'ombre de l'aiguille
signons par le nom de jour. Ce jour, qui comprend
la journée et la nuit, est celui dont il s'agit i y~
dé- dans la direction de la méridienne.
verticale se retrouve
sidéral. A l'aide de lunettes dont l'axe
quand1 est exactement dans la direction du méridien, les
on dit par exemple que la semaine a 7 jours, queastronomes peuvent saisir le
les mois en ont 30 ou moment précis où
i
31, etc. Mais cette notion un un astre quelconque traverse le
peu vague ne saurait sufflre; pour l'exposer ici1 mesurant, à l'aide d'une penduleméridien. Or, en
avec toute la clarté et la simplicité nécessaires, toute la précision possible, le construite avec
nous raisonneronscomme si le mouvement diurne deux passages consécutifs d'une étoilequi sépare temps
était réel, suivant ainsi la voie dans laquelle les d une planète), ils (mais non
astronomes ont marché eux-mêmes pour arriver invariable ont reconnu que ce temps est
à la déterminationexacte de cette unité de temps.. étoiles et qu'il est le même pour toutes les
Horizon. indistinctement. En raison de cette durée
La surface de l'eau tranquille, priseconstante, ils l'ont adopté
sur une faible étendue, peut être regardée commesure du temps sous le pourdeunité dans la me-
plane, quoiqu'elle ait en réalité la courbure de jour
la mer; elle se' nomme surface horizontale la heures sidérales; j se divise en 24
nom
parties
jour
égales
sidéral. Ce
nommées
l'heure en 60 parties égales
ligne verticale indiquée par le fil à plomb lui
perpendiculaire. Imaginons qu'une surface plane ties estnommées
i
t égales
minutes sidérales, et la minute en 60 par
nommées secondes sidérales. Elles
parallèle à celle de l'eau, c'est-à-dire perpendi- indiquées
culaire au SI à plomb, s'étende indéaniment sont
e dans les observatoires par une
au- pendule réglée sur la marche des étoiles et nom-
tour d'un observateur, en passant par son œil mée 1
raison
dans une vaste plaine complètement découverte i pour cette pendule sidérale.
Inégalité des jours solaires. Jour solaire
son contour semblera une immense circonférence Supposons que le soleil et une étoile moyen.
Le cercle ainsi déterminé sépare la partie du ciel ensemble passent
visible pour nous de celle qui reste au-dessous main, e au méridien un certain jour. Le lende-
cachée à nos yeux c'est l'horizon astronomique. n on observe que l'étoile y revient la première
Le lever d'un astre est le moment ou le point 4 minutes et
e que le soleil est en retard sur elle d'environ
de horizon où il apparalt au-dessus de ce cercle est à sidérales. Le surlendemain le retard
du côté de l'orient; son coucher est le moment triple, peu près double; le jour suivant, il est
e
ou le point dans lequel il disparatt au-dessous,
t: etc.; de telle sorte que ce retard augmen-
Méridien. Jour solaire. tant
t! de jour en jour, le soleil finit par se retrouver
Quoique le lever en e m6me temps que l'étoile au méridien. Le temps
d'un astre soit asset bien déterminé cette qui s'est
définition, tes astronomes ont néanmoins trouvé tané des écoulé entre le premier passage simul-
par q
plus commode de prendre un autre point ti deux astres au méridien et le suivant est
reconnaître la durée du jour. Imaginons qu'une pour p précisément ce qu'on appelle année sidérale
table soit posée bien horizontalement en plein sidéral (V.
H Année). Cet excès du jour solaire sur le jour
air et qu une tige flne, droite, comme une aiguille fectuantsi provient de ce que le soleil, tout en ef-
à tricoter, par exemple, y soit Bxée perpendi- dent, fE son mouvement diurne d'orient en occi-
culairement. La surface de cette table Bgurera d. comme tous les astres, possède un autre
l'horizon pour un observateur qui aurait l'œit mouvement
m propre, en vertu duquel il semble
niveau de cette surface. au marcher
m en même temps d'occident en orient, en
avançant
ai
Qu'on suive l'ombre projetée par l'aiguille dans d'environ chaque jour dans cette direction d'un arc
d' un degré.
une journée où le soleil n'est pas voilé par les La vitesse du soleil dans ce mouvement propre
nuages. Très longue le matin, elle diminue peu n'est n'
à peu en pivotant autour du pied de l'aiguille pas constante à certaines époques de l'année
Msqu une certaine position, à partir de laquelle tit el
elle est plus grande, a d'autres époques, plus pe-
'i)e grandit au contraire jusqu'au soir, en con- jour tite. De là vient que l'excès du jour solaire sur le
tinuant à tourner en sens inverse de la direction jo sidéral n'est pas constamment le même et qu'il
se trouve tantôt un peu inférieur, tantôt un peu
se
supérieur à 4 minutes. Les Jours solaires n'ont midi
r est la période du matin celle qui le suit est
df~nc pas tous la même durée.
eelledusoir.
e
de la durée des jours et des nuits.
Voyons quelle conséquence en résulte pour la ~<m<t<ton<
moyen de nos horloges. Cet article serait incomplet s'il ne renfermait
mesure du temps au soit réglée sur le soleil à t quelques explications
pas sur les variations qu'on
Qu'une bonne montre observe dans la durée du jour par opposition a
une certaine époque, en d'autres termes qu'elle c
celle de la nuit. Ce phénomène si remarquable
,marque midi ce jour-là et le lendemain,au moment t
du passage du soleil au méridien, c'est-à-dire au ne t se produit pas partout avec le même carac-
m«& OMt. qui se trouve indiqué par la position de tère. t
Dans tes lieux situés sur t'équateur terrestre,
l'ombre de l'aiguille verticale sur la méridienne ou
est constamment égalcontraire, à la nuit pendant
cette de l'ombre projetée par le style d'un cadran 1le jourl'année. Chez nous, au cette éga-
solaire (V. CodraMMO~K'c), l'accord ne subsistera toute t
vers le
le midi, de la 1iité ne se présente que deux fois par an,
pas longtemps. De jour
montre avancera pendant une certaine
en jour,
retardera pendant une autre sur le retour du pour
période et 21 mars et le 22 septembre; ces époques,
1 cette raison équinoxes, sont, la première, )e
nommées

soleil au méridien, de sorte qu'on serait'dans ta <commencement du printemps, et l'autre, le com-


nécessité de déranger fréquemment les aiguilles <mencement de l'automne. Du 21 mars la durée
l'accord et pouvoir dire de sa mon-«du jour continue à aller en grandissant jusqu'au
rétablir elle di-
pour
qu'elle marche comme le soleil. C'est ce qu on 21 juin où elle atteint son maximum puis
tre minue jusqu'au 22 décembre où elle arrive à son
lit pendant longtemps. ont 1
minimum. Ces deux époques sont nommées sol-
Pour éviter cet inconvénient, tes durée astronomes i
serait la stices la première est le commencement de t été
pris pour unité un jour dont la le commencement de l'hiver.
moyenne des durées différentes dequ'ils tous les jourset la seconde durée maximum du jour n'est pas la
M~M-M vrais de l'année c'est ce nomment Mais la
jour solaire moyen. Jl correspond a un soleil même en tous les lieux; elle est d'autant plus
le
imaginaire qui décrirait l'équateur céleste, d'un grande que le lieu est plus loin de l'équateur.
Ainsi, à Paris, où la latitude-est de 48<- 50'. le jour
mouvement uniforme et dans un temps égal à la solstice d'été dure 16 heures 17 minutes b,
durée de la révolution du soleil vrai. Le passage au Saint-Pétersbourg, où la latitude est de 59° 56', il
de ce soleil actif an méridien est ce qu'on nomme atteint demie. Au
le midi moyen. C'est sur ce jour réglées solaire moyen, une durée de 18 heureset pôle, le jourcer- à
aujour- cle polaire, qui est à 23* M' du
d'une durée constante, que sont l'époque du solstice d'été est de Xt heures; plus
d'hui toutes les horloges. loin il est d'un mois, de deux mois, etc., jus-
De même qu'ils peuvent calculer d'avance 1 heure
qu'au pôle où il est de six mois. Ces phénomènes
précise du lever et du coucher du soleil, les astro- même manière dans les
nomes .déterminent aussi à l'aide du calcul t a- se reproduisent de la mais en sens
moyen fur le midi inverse, pays qui sont au sud de t'équateur.
vance ou le retard du midi c'est-à-dire qu'ils ont les jours les plus
vrai pour tout les jours de Tannée. Ces indica-
du bureau courts quand nous avons les plus longs et réci-
tions sont inscrites dans l'Annuaire chaque jour le proquement.
des /oMt<M< On y trouve pour de durée, suivant les lieux et
temps M~M qu'il faut faire marquer a l'horloge *e~e"înégalité
même lieu,
moment du midi vrai. On lit, par exemple, que suivant les époques de l'année dans un lieu coupe les
au devait marquer midi tient & ta manière dont l'horizon jour du
pour l'année t88'). l'horloge par le soleil
13 minutes 47 secondes au midi
du cadran so- cercles parallèles décrits chaque de la terre.
laire le t" février, et que le 1" octobre elle de- dans son mouvement apparent autourtes astrono-
à instant 11 heures C'est en résolvant ce
problème que
contraire, marquer cet heures du cou-
vra, au
minutes M secondes. Ce n'est que quatre fois mes peuvent calculer d'avance tes trouve dans les
49
le midi moyen a lieu en même temps cher et du lever du soleil, qu'on traiter
par an que vrai. Ces quatre époques varient peu calendriers. Nous n'entreprendronspas de
que le midi question, qui est en dehors du cadre élé-
d'une année a l'autre elles sont actueilement: cette cosmographiedoit
mentaire dans lequell'étude de la
le 15 avril, le 15 juin, le 31 août et le 25 dé- être ici renfermée. Cependant, nous terminerons
cembre. t article par quelques explications qui en don-
La différence entre le temps
vrai est la cause d'une singularité qui
moyen et le temps cet
étonne neront peut-être une idée, et d'autant réels de juste
beaucoup de personnes c'est que, pendant le que nous y envisagerons les mouvements
l'accroissement de la durée du t ta terre, fnn sur elle-même en M heures et 1 au-
mois de janvier,
jour (du lever du soleil a son coucher) est beaucoup
t'aprea-midiaue dans la matinée.
tre autour du soleil en par
Représentons lesoleil
une année.
unepebte lampe placée
sensible dans
~lus t
En effet, pendant les mois de janvter.févner et près du centred'une tabledeovale, et la terre par une
est en avance sur le midi boule i qui ferait le tour la table en un an, tout
mars. le midi moyen
vrai il y a par conséquent moins de temps entre en tournant sur
même sens autour d'une
elle-même en M
tige
heures
passant
et dans le
par son
te lever <hi soleil et le midi de nos horloges qu'en- Le plan de la table sera
tre ce midi et le coucher de l'astre, et par suite centre et figurant son axe.
t'éctiptique. Or, taie de ro-
'ta seconde partie de la journée commençant à ce qu'on appelle lieu d'être perpendi-
midi est plus longue que la première.midi
tation diurne de la terre, au
1 culaire, se trouve incliné sur ce plan. Maintenant,
L'avance la plus considérable du M secondes. moyen
qu'on tienne la boule à la main pour la faire
vrai est do 14 minutes
sur le midi
le retard le pluss tourner autour de lamoitié tige oblique, on verra qu'il il
et elle arrive le 10 février;il s'élève a 16 minutess n'y a jamais qu'une de la boule qui est
grand a lieu te 9 novembre et éclairée par la lampe, et qu'en même temps, par
20 secondes.
du temps moyen. Le jour solairele fait de l'obliquité
de t'aK, la circonférence que
Evaluation
divise aussi 24 heures; l'heure enfi décrit un point de la terre cercle ae trouve coupée en
moyen se en par le qui fait la sé-
60 minutes et la minute en 60 augmenté secondes. Sa du- deux parties inégales
de 3 mi- paration entre la moitié éctatrée qui a le jour et
rée est égale a un jour sidéral la moitié obscure qui a la nuit. Par du soleil h conséquent,
nutea &ï secondes sidérales. n ea
e durée du passage de ce point enà traverser la partu
face
Les astronomes font commencer le jour solaire égale au temps qu'il met
moyen à midi. Dans les usages de la vie civile, il a pas opposée. Ainsi s'explique l'inégalité de la duré<
commencement a minuit, et il est divisé en deux x présente
son des nuits. Cette expérience ne
périodes de lï heure* chacune. Celle qui précèdee desjours et
pas de difficultés d'exécution en la répétant, on I1 une droite qui serait perpendiculaire à ce plan.
qui pourrait
devra avoir soin de tenir la tige de la boule in- La figure suivante éclaircira ceexplication.
clinée sur le plan de la table de manière à ce rester d'un peu obscur dans cette
qu'elle fasse un angle d'environ SS" et demi avec [G. Bovier-Lapierre.]

[.atei'reM![SoIstices;iD~a)it6<)esjouMetdesnmt!.

JOURNEES – Histoire de France, XXXVIII- attribut. Le feu est chaud, la terre est ronde,
«
XL. On a l'habitude de désigner par ce nom l'homme est un animal raisonnable Dieu est bon, .<
de journées un certain nombre d'événements de sont des jugements.
l'histoire de France, dont les plus célèbres sont Exprimé par le langage, le jugement s'appelle
la Journée des barricades (12 mai 1588), à la suite proposition. Toute Froposition a en effet trois ter-
de laquelle Henri 111 dut quitter en fugitif Paris mes: le sujet et l'a~fitM, mis en rapport par le
soulevé par les Guises; la JoMr'~e des tfHpM verbe.
(11 novembre t630), dans laquelle Richelieu déjoua On sait que l'analyse grammaticale retrouve
les intrigues de la reine mère et obtint la dis- aisément ces trois termes dans les propositions
grâce de ses ennemis; la seconde Journée des mêmes qui no sont formées que de deux mots.
barricades (5août 1648), qui fut le commencement « J'aimo )) est pour et je suis aimant»; "j'existe ou
de la Fronde, et eut pour cause l'arrestation de «je suis», pour «je suis existant»,etc.Et ainsi l'ex-
trois conseillers au Parlement ordonnée par la pression du rapport qui unit le sujet et l'attribut est
cour; la Journée du 14 juillet 1789 (prise de la universellement le verbe être, à des personnes et à
Bastille) les Journées des 5 et 6 octobre 1789, où des temps dinérents. Ces remarques élémentaires
les femmes de Paris, suivies de la garde natio- jettent un grand jour sur la théorie philosophique
nale, se portèrent à Versailles pour en ramener du jugement. On s'est demandé si le jugement est
le roi; la 7oM'M~e du 10 ao~t 1792 (prise des Tui- toujours le résultat d'une comparaison entre deux
leries et renversementde la royauté) les Journées termes antérieurement et isolément connus. C'est
de septembre, du 2 au 5 septembre 1792 (massa- la doctrine des anciens logiciens et du grand psy-
cres dans les prisons); les ~oMmee~ du 3 mai et chologue anglais, Locke. On objecte qu'il y a des
du 2 juin 1793 (chute des Girondins) la Journée jugements, dits primitifs, où cette comparaison
du 9 <~crMMo)'an Il (chute de Robespierre) les n'existe pas. Soit, par exemple, cette proposition:
/OM-?t~ de prairial (1" et 2 prairial an III, sou- « Je suis. o Peut-on raisonnablementsoutenir quo
lèvement des faubourgs do Paris contre la Conven- l'esprit ait d'abord conçu l'existence abstraite
tion dominée par la droite) la Journée du 13 ven- possible, puis un moi également abstrait et possi-
démiaire an /F (insurrection des royalistes contre ble, et qu'il ait ensuite réuni ces deux termes,
la Convention, écrasée par Barras et Bonaparte); aperçu leur convenance, pour afflrmer l'existence
les Journées des )8 e< 19 brumaire an
d'Etat de Bonaparte contre la
F/ (coup
représentation
réelle et concrète du moi? Il est clair que le con-
cret est connu avant l'abstrait, que je perçois mon
na-
tionate); les JoM)-M~ des 27, 28 ef2~'MMe< 1830 existence avant de concevoir l'existence en géné-
(révolution à Paris provoquée par les ordonnances ral, que celle-ci ne m'est donnée que par celie-la;
de Charles X) les Journées de février )SM (révo- qu'ainsi le j ugement «JesuiSNestantérieuratoute
iution des 23 et 24 février, qui renversa le trône comparaison des termes que t'analyse y découvre,
de Louis-Philippe). qu'il est l'intuition directe, immédiate, irréducti-
JUGEMENT. Psychologie, V. Juger, dit ble, d'une réalité où le sujet et l'attribut se con-
Aristote, c'est affirmer uno chose d'une autre fondent absolument.
chose. Le jugement est essentiellementl'opération Telle est, en résumé, la critique adressée par-
de t'esprit qui consiste à affirmer un sujet d'un V. Cousin àla théorie de Locke. Elle est incontes-
tablement fondée sur un point l'esprit ne débute ment pour dire qu'il perçoit naturellement, entre
pas par dM abstractions.Je connais mon existence les choses, les rapports vrais qui les unissent; en
avant de connaltre l'existence en générât, cela est d'autres termes, qu'il il distingue exactement, et par
hors de doute. Mais il ne s'ensuit pas que le ju- une sone d'heureuse disposition, le vrai du <aux.
gement: << Je suis ne soit que ta simple appréhen- Seulement, ainsi que le faitobserverM. Janet, « dans
sion de l'existence telle qu'elle est impliquée dans le sens ordinaire, on réservele mot jugement pour
la première et la plus obscure manifestation de les eu importants, rares et difficiles on ne dira
ia conscience. A ce compte, dit très bien M. Janet, pu QM tTMp'me montre ttjtetnent en disant
il faudrait dire que l'huître juge, car <m doit lui qneh tteiee estMtnehe :<? te ~ote pour les
supposer quelque sentiment d~Ue-même. Or, M CMea U EMt dB~tscemostMttt.de Ja pénétra-
n'y a jugement que quand H y a retexion, et la tion.» mais «mjours ii s'a~tt d'trfb~t formuler
réflexion implique déjà quelque distinction entre
le sujet et l'attribut, et la cOBMtMaace, tu moins
0"6' e
une propotttion qui n'est, en deânMMttthél'expres-
sion d'un rapport entre deà< tcMm*. xpres-
confuse, de celui-ci a ~tre de caractère générât
pouvant convenir à d'autres chose* encore qu'au
La &cnM dejnger
hqnme*, et'
hommes, et
~set néea&jN~a tous
~vonttneme'ttfthué
~otes`:
BMW
les
qu'elle
qu'elle
suje t dont on t'aMrme.QMnd Je dis: Je suis je est cajxctetMqwe de notre etpew~wpeutmême
n'exprime pas seulement le vague sentiment que
tout animal doit avoir de son existence je fais
avancer q~tfeUe ut dans Mm eMWtt~tdentiqueà
l'intelligencemême (V. 7<t<<Nt~e<tM).Mais toua les
plus le me distingue des autres êtres, et je cir- hommee.nejngentpM ëgatMMntb~M, et les au-
conscris en quelque sorte ma part d'existence teurs de ht torquede Port-ttoyal wat jusqm'tdire
dans le sein de l'existence générale. En d'autres « qu'on ne rencontrepartout que dM ttMtrits faux. n
termes, je me-saisis et m'affirme comme une per- Avoir l'esprit faux, c est meeonnaitre~fes rapports
sonne dont l'existence se pose en face et indépen- vrais entre les choses. on en suppoter de chimé-
damment de toute autre existence connue ou con- riquet.H est eMrque la &nMeM d'esprit ne
cevable. Donc le jugement a Je suis implique Murait exioter (an moins, à rettt MMnaI) pour les
véritablement la notion de Mire en générât donc jugements on le rapport est ttMhifeste; nul
il implique, au moins logiquement,Tt distinction homme MiBonnaMe n~mrmera <toe deux et deux
des trois termes,je M<tt étant, l'attribut possédant font cinq. L'esprit faux ne se trmnse que sur les
ce caractère de généralité que ne Murait avoir le rapports nn peu cachés on eto~e*. Les rapports
sujet je qui est individuel. On doit conclure de les plus superMeh lui paraissent essentiels il
là que le jugement n'appartientpas à l'animal, car prendra une simple eomeMence,nae succession
it suppose l'abstraction et la généralisation, qui sontfortuite pour une)i<tiseneonBttttt et nécessaire de
des opérations propres, à l'entendementhumain. cause ettet. tMt ta MteMMd'esprit n'est jamais
On doit en conclure aussi/contre lessensnalistes, incurable, car elle est toutMMTeZetde la précipi-
que le jugement se distingue profondément de la tation et de la prévention. Le remède est contenu
sensation. «Juger et sentir, dit Rousseau, cité par dans ce précepte de Descartes, que nous rappelions
M. Henri Joly, ne sont pas la même chose. Par la tout à l'heure suspendre son jugement. Ajoutons
sensation, les objets s'offrentà moi séparés, isolés, que cette suspension ne doit pas être Indéfinie ni
tels qu'ils sont dans la nature par la comparaison, conduire an scepticisme; il faut seulement sus-
je les remue, je les transporte, pour ainsi dire, je pendre son jugementjusqu'à ce que, par une obser-
les pose l'un sur l'autre pour prononcer sur leur vation plus scrupuleuse,une réflexion plus péné-
différence ou sur leur similitude, et généralement trante, le rapport vrai se dégage et apparaisse en
sur leurs rapports. La faculté distinctive de l'être pleine lumière. Rien de plus utile, par conséquent,
actif et intelligent est de pouvoir donner un sens que de mettre les jeunes esprits en garde contre
à ce mot est. Je cherche en vain dans l'être pure- les affirmations hâtives, résultat ordinaire de l'i-
ment sensitifcette force intelligentequi superpose gnorance il sera même bon de leur apprendre /1
et puis qui prononceje ne saurais la voir dans sa douter en leur présentant sur une même question
nature. Cet être passif sentira chaque objet sépa- plusieurs solutions également plausibles en appa-
rément même il sentira l'objet total formé des rence, ou en les amenant, par une série de ques-
deux mais, n'ayant aucune force pour les replier tions appropriées, une solution précisément con-
'l'un sur l'autre, il ne les comparerajamais, il ne les traire & celle qu'ils avaient d'abord avancée. C'é-
jugera point, x tait la méthode de Socrate, méthode excellente,
C'est uniquementdans le jugementque résident pourvu qu'elle n'aboutisse pas a l'indifférence et
la vérité et l'erreur. La pure sensation est infail- qu'elle ne soit en quelque sorte que le point de
lible, car elle ne contient aucune affirmation expli- départ d'investigations plus profondes.
cite. Le jugement est vrai ou faux, selon qu'il On a proposé plusieurs classificationsdes juge-
exprime entre l'attribut et le sujet un rapport qui ments, en se plaçant à différents points de vue.
correspond ou ne correspond pas à la réalité des Aucune n'est encore universellement adoptée à
choses. Il est des cas où le rapport est tellement l'exclusion des autres; nous nous contenterons
évident, que le jugument se prononce pour ainsi donc d'indiquer brièvement les divisions les plus
dire de lai-mêmela réBexion n'est pas sans doute fréquemment employées.
absente, mais elle se borne à concevoir exactement 1. Jugementsa/)!t~M<t/< et jugements ~yoft~,
les termes et à les mettre en face l'un de l'autre selon qu'on affirme ou qu'on nie l'attribut du su-
leur convenance ou leur disconvenance se mani- jet « Dieu est bon la terre n'est pas carrée. »
feste immédiatement. Plus souvent, une réflexion Mais en réalité tout jugement est une affirmation,
prolongée est nécessaire; et comme la réBexion car si je dis la terre n'est pas carrée », j'affirme
implique la volonté, le jugement est alors, au que l'attribut carr< ne convient pas aa sujet
moiM partiellement, un acte volontaire et libre. terre.
Aussi Descartes a-t-il eu raison de dire que là où 2. Jugements aMa~yM~tMt et jugements<.yM~-
d n'y. a pas évidence, il est toujours possible de <MMM. Les premiers sont cenx dans lesquels l'at-
suspendre son jugement, et, par suite, d'éviter tribut ne fait que développer l'idée exprimée par
l'erreur. En ce sens, l'erreur est volontaire, et l'on le sujet; exemple « l'homme est un animal raison-
est toujours plus. ou moins responsable de s'être nable x l'idée d'animal raisonnable est implicite-
trompé. ment contenue dans l'idée d'homme. Dans les ju-
Dans le langage ordinaire, le mot jugement synthétiques, l'attribut ajoute quelque
n'est pas pris dans une acception essentiellement gements chose à l'idée du sujet: "l'atrestcomposéd'oxygène
différente de celle que lui' donne le langage philo- et d'azote. Je puis avoir l'idée de l'air,
aophique. On dit d'un homme qu'il a du juge- voir quels sont les gaz qui le composent. sans sa-
S. Jugements à~-t'o)': et jugements <tpo~e)-oW. sans doute quelques restrictions à ces avantages;
Les jugements p?':o)'t sont ceux dans lesquels le mais Julien, au contraire, va jusqu'à vouloir rebâtir
,rapportentre les deux termes est affirmé antérieu- le temple de Jérusalem.
rement à toute expérience, comme «tout corps Pendantles deux premiers siècles, il n'éclate pas
est dans l'espace. Ils sont encore nécessaires,c'est- de graves dissentimentsentre les chrétiens et les
à-dire qu'ils expriment une vérité dont le contraire Juifs, réunis dans une destinée commune; mais, à
est impossible. Nécessaires, ils sont -par consé- partirdu Concile de Nicée,qui fixe le dogmecatho-
quent universels et absolus, et constituent ce qu'on lique (325), la division s'accentue et les deux com-
appelle des vérités premières (V. Idées). Les munions entrent en lutte. En Espagne, des col-
jugements à posteriori sont ceux où le rapport loques théologiques ont lieu (311), et les prêtres se
n'est donné que par l'expérience ils sont austsi plaignent de ce que leurs ouailles font bénir les
contingents et relatifs. moissons par les rabbins. Valens,Maxime et Théo-
4. Jugements généraux, jugements paM'ti'CM/M)' dose le Grand interviennent pour empêcher les
jugements individuels. Les jugements généraux évoques de faire démolir les synagogues; ~395), saint
sont ceux par lesquels on affirme un attribut de Ambroises'opposeàces mesures de protection
toute une classe d'êtres a tous les corps sont pe- et Honorius exclut les Juifs des fonctions publiques
eants. Les jugements particuliers sont ceux (399). Dans Alexandrie, partagée entre les éatholi-
où l'attribut n'est affirmé que d'un nombre plus ques orthodoxes,les ariens,les Juifs et les paiens, lea
ou moins grand d'individus d'une classe: e quelques excitations du fougueux éveque Cyrille soulèvent
hommes sont ambitieux. » Enfin les jugements in- chaque jour des luttes armées, et les églises, les
dividuels ne s'appliquent qu'a un seul être déter- synagogues et les temples sont tour à tour pillés
miné « Shakespeare est le plus grand poète dra- et brûlés (419). AMinorque, une communauté ~ulve
matique de l'Angleterre. entière est violemment convertie au christianisme
&. Jugements classés d'après leurs objets ju- après un assaut donné à la synagogue sous la con-
gements portant sur des réalités ou des faits ce duite de l'évoque. Tous les chrétiens ne tombent
sont les jugements d'expérience ou de perception pourtant pas partout en d'aussi tristes excès. Saint
(comprenant eux-mêmes les jugements des sens Hilaire, éveque d'Arles, vers 430, Sidoine Apolli-
et ceux de la conscience); jugements portant naire,de Clermont, vers 472, et les princes goths
sur des idées premières et sur des vérités abso- d'Italie et du midi de la Gaule, prennent le parti
lues ce sont les jugements rationnels ou princi- des Juifs, qui reconnaissent ces bienfaits ils contri-
pes de la rcMOM pure; jugements portant sur buent à la défense d'Arles attaquée par Clo-
des notions abstraites ou idées conçues par l'es- vis (508), et à celle de Naples contre Bélisaire
prit, mais sans réalité correspondante:ce sont les (537).
jugements de conception (qui comprennent les Justinien fait passer l'intolérance dans les lois
produits de l'abstraction et de la généralisation, irrité peut-être du concours que les Juifs de Perse
de la mémoire, de l'imagination, de l'association avaient offert contre lui à leur roi Chosroês, il res-
des idées) enfin jugements portant sur le rap- treint leur aptitude à posséder et à recevoir des
port logique de plusieurs idées ou de plusieurs héritages, et leur interdit la lecture de la Bible en
jugements: ce sont les raisonnements (raisonne- hébreu et de la Mischna (537). Les conciles lès
ment par déduction, raisonnementpar induction). excluent de l'état militaire et de la magistrature;
V. Intelligence. fL. Carrau.] Avitus, éveque de Clermont-Ferrand, les oblige à
JUIFS. -Histoire générale. XVI-XXVI. I. LES opter entre le baptême et l'exil (579), et ceux qui
JUIFS SOUS LES EMPEREURS ET LES BARBARES JUSQU'A fuient dans le Midi sont soumis aux mêmes vio-
L'INVASION DES ARABESEN ESPAGNE ( t35-t )). – Après lences parlesévêques d'Arles et Marseille (58.7).
de
la chute de la Judée (V. Israélites), les Juifs ne son- Le pape Grégoire I" le Grand intervient en leur
gent plus qu'à la conservation de leurs doctrines; faveur; veut il qu'on leur laisse pratiquer libre-
leurs écoles florissent en Palestine et en Babylo- ment leur culte et qu'on ne les amène au
nie, sous la direction des ï'aM~nt (rabbins déposi- christianisme que par la persuasion et la cha-
taires de la tradition). Leurs anaires civiles sont rité.
présidées en Palestine par un Nassi (prince) et Ni le clergé, ni les rois ne s'inspirent de cette
en Babylonie par un ~McA-Ca/OM<Aa; (chef de mansuétude à Paris, où se trouve déjà en 582 une
l'exil). Le plus célèbre de tous, Juda te Saint, petit- synagogue, un concile tenu à l'avènement de
<ils de Gamaliel, descendantd'Hiltel, est, vers 220, Clotaire II déclare les Juifs impropres à tout em-
le chef de l'école da Tibériade et le prince des ploi public; Dagobert renouvelle ces exclusions et
Juifs; il écrit la Mischna (recueil des traditions décrète le baptême forcé. Les princesTolède visigoths
orales). Cet ouvrage reçoit plus tard dans les d'Espagne et la plupart des conciles de vont
deux pays un complément (GMcm~ra) qui con- jusqu'au comble de l'intolérance malgré les ser-
tient les discussions des rabbins; l'ensemble, qui vices des Juifs qui participaient vaillamment à la
porto le nom de Talmud (étude), n'est achevé que garde des fameux défilés des Pyrénées, le bannis-
sement est prononcé contre tous ceux qui refusent
vers la fin du cinquième siècle. Dans cet intervalle, d'apostasier.
d'autres travaux importants sont accomplis, par Un éveque, saint Isidore de Séville,
exemple, la fixation du calendrier juif par le calcul, fait dominer momentanément les idées de Grégoire
et des traductions chaldéennes du Pentateuque où le Grand et cherche, mais sans succès, à con-
dominent des idées spiritualistes. Le Talmud, vertir les Juifs par la discussion pacifique, vers
dont le but est d'assurer l'unité du judaïsme, 630. Mais les conciles et les rois continuent à
contient de nombreuses décisions casuistiquestrès prendre des mesures où se montre par avance
minutieuses il porte la trace des superstitions du l'esprit de l'Inquisition. Une surveillance domesti-
temps et des souffrances cruelles des Juifs; mais que est organisée les enfants sont enlevés et mis
il reste fidèle à la morale du Pentateuqueet main- au couvent; la bastonnade, la connscation, l'exil
tient la liberté de penser. frappent les récalcitrants, les lettres de no-
Dès que les Juifs eurent renoncé a toute velléité blesse sont accordées en récompense à l'apo-
de révolte, les Romains les laissèrent travailleren stasie.
paix;ils reconnurentleurs chefs etparfoisles entou- Il était impossible que les Juifs,traités ainsi, ne
rèrent de considération;ils leur permirent de fon- se tournassent pas vers l'Orient qui allait leur
der librement des communautés dans tout l'Em- offrir des libérateurs. Depuis quatre siècles déjà,
pire et même d'exercer un certain prosélytisme ils étaient en contact dans l'Yémen avec les Arabes.
ils leur ouvrent l'accès des charges et leur accor- et ils avaient converti au mosaisme un de leurs
dent le titre de citoyen romain. Constantin met princes, Tobla, et quelques-unesde leurs tribus. Ils
vêtaient, non MM combat, soumis à Mahomet, ot à d'autant d'érudition que d'intelligence vraie des
(érusa)em, & Alexandrie et en Perse, ils avaient textes. A Worms, le rabbin Gerson, nommé la lu-
reçu Omar à bras ouverts. Après les rapides vic- mière de ~a;t/, préside un synode qui proscrit la
toires des califes, les Juifs étaient devenus les polygamie. En généra), les Juifs sont protégés;'
compagnons d'études des Arabes et avaient vu Ali Philippe I" de France, Guillaume II d'Angle-
honorer leurs chefs et leurs savants. Ils ne pou- terre. Renaud, comte de Sens, le pape AlexandreII,
raient donc en Espagne rester fidèles aux princes don Pedro d'Aragon, ainsi que le clergé espagnol,
ingrats qui les persécutaient.Dès que Tarik eut résistent aux excès que les populations veulent
~asse le détroit. ils se donnèrentouvertement à lui, commettre contre eux.
et, commandes par nn des leurs, Kauta-al-Yehudi, m. Ho!tR!BLES)HSÈRESET TRAVAUX MTEf.LECTCBM
Us prirent part à la bataille de Xérès, qui eut pour BBS JUtFS PENDANT LES CROISADES (1095-1300).
résultat t'étabUssementdela monarchie arabe dans Tout à coup, le fanatisme se réveilla avec fureur
tacéninsule ibérique (711). en Orient et en Europe; le féroce khalife Hakem,
H. RoTANtES XCSCUtANS ET CHBETIENS JCSQC'ACX sorte de Caligulamahométan, persécutait cruelle-
CROISADES C!t<-1095). Les écotes juives d'Orient ment les chrétiens et les Juifs de son empire, et,
avaient pris sous les khalifes un nouvel essor; di- par ses ordres, au Caire, 12000 Juifs avaient été
rigées par dos chefs spirituels qui portent le massacrés. Le bruit ne s'en répandit pas moins
uom de Gaon(Excellence),elles accomplissent une en Occident que c'était par leur conseil qu'il avait
tuvre importante, la Jtf<Mto« (critique tradition- détruit le Saint-Séputcre. La guerre sainte est
telle), qui nxait non seulementla prononciationdu proclamée d'immenses multitudess'ébranlent en
Mte, mais encore le nombre des versets et même désordre et commencent par tuer les Juifs, pre-
tes lettres de la Bible; ces précautions étaient né- miers inttd&ies qu'ellesrencontrent.Lesëv&quesne
tessaires à cause des discussions dont l'Ecriture réussissentpas les sauver mêmedans leurs palais.
tainte était alors l'objet. Un prétendu Messie, Les femmes se jettent dans les fleuves, les pères
Sérène, suscité par tes persécutions du calife égorgant eux-mêmesleurs enfants et se tuent après
Omar Il, rejetait le Talmud C!20;, et une secte, pour échapper aux Croisés. A Jérusalem, après la
celle des Xof<<M (textuaires), vers '!50, voulait, en victoire, tous les Juifs sont réunis dans la syna-
s'appuyant sur le texte du Pentateuque comme gogue et égorgés, comme les Musulmans dans les
autrefois les Sadducéens, répudier toute interpré- mosquées. Malgré saint Bernard, Frédéric Barbe-
tation biblique et par suite tout progrès. Sous rousse et l'empereur Henri YJ, les Juifs subis-
Haroun-al-Raschid, les Juifs continuent leurs sent partout la haine populaire. Philippe-Auguste
travaux et jouissent d'une certaine autonomie. et Jean d'Angleterre les frappent de décrets de
Sous les rois français de la deuxième race, leur confiscation et d'exil; à Paris seulement, 42 fa-
situation est presque aussi favorable. Charlemagne briques leur sont enlevées et données à des chré-
institue un ma«fe des Juifs qui veille à leurs in- tiens.
térêts Louis le Débonnaire et Charles le Chauve Le midi de l'Europe est plus clément pour les
facilitent leur commerce et obligent certains éve- malheureux persécutés; Innocent III, si terrible
ques fanatiques à les laisser en paix mais, après aux Albigeois, et son successeur Honorius, défen-
la mort de ces princes, les conciles de Meaux et de dent de les contraindre au baptême. Les comtes de
Paris organisent des prédications pour les con- Toulouse, les bons ducs comme les appelaient
vertir. Les Juifs émigrent alors vers le Midi où, les troubadours, leur accordent tous les droits et
grâce at voisinage des Arabes, il régnait une cer-< toutes les libertés ils sont en rapports étroits avec
taine tolérance. Abd-el-Rahman 111 (Abdérame), leurs coreligionnaires d'Espagne, qui continuent,
khalife de Cordoue,de la race des Omeyades (945), sous les rois chrétiens et les khalifes, à se distinguer
prince instruit et juste, avait pour médecin et dans les sciences et la littérature. Juda Halevy
pour ministre nn Juif, Chasdai-Ibn-Schaprout. (1080-1X6) est poète la fois en hébreu et en cas-
théologien;
qui faisait fleurir à la cour de son maître et chez tillan, médecin et son œuvre capitale
ses coreligionnaires tes sciences et la littérature. est le Khozari, où il raconte la conversion du roi
Chasdai se mit en rapport avec le royaume juif des des Khazares et expose les doctrines fondamen-
Khazares, en Tartane, près de la mer Caspienne, tales du judaïsme. Abraham Ibn-Ezra de Tolède
et obtint de leur roi, Joseph, mis d'Aaron, de cu- (mort en t )6S) est poète, philosophe, exégète sur-
rieux détails sur leur histoire et leur situation. H tout la hardiesse de ses interprétations est
parait que, vers '!&0, nn des ancêtres de Joseph, remarquable. Ibn-Daond écrit un ouvrage, la
Boulan, pressé par les chrétiens et les mnsut Foi sublime, dans le but de concilier la religion
mans d'abandonnerle paganisme, s'était décidé à et la philosophie. Benjamin de Tudèle, en Ara-
adopter le mosaïsmo. Son royaume avait alors gon, savant et courageux voyageur, parcourt en
30 milles d'étendue et se trouvait en lutte contre pleines croisades presque toute l'Europe, une
tes Russes, sous les atteintes desquels il succomba partie de l'Asie et de l'Afrique, et donne sur les
peu de temps après. C'est grâce à Chasda: aussi qu'il Juifsqu'il visite une;curieuse relation ()165& U73).
se fonda à Cordeue une école talmudique impor- Le fanatisme venait d'éclater au sein de l'Es-
tante, qui devint bientôt elle-même un centre de pagne arabe elle-même. Un sectaire cruel, Ab-
science et de littérature. dalla-Ibn-Tumart, venu d'Afrique, avait fondé la
Les penseurs juifs dè tout genre abondent à dynastie des Almohades, qui ne souffrait aucune
cette époque. En Babylonie.le Gaon Saadya, vers dissidencereligieuse les écoles de Sévilie, de Cor-
930, écrit une œuvre théologique, le Lavre des doue et de Lucena sont détruites chrétiens et
croyances et de, opMttfMM,où l'autorité de la raison Juifs sont envoyés au supplice, s'ils n'embrassent
est reconnue à coté de celle de l'Ecriture. En Italie pas l'islamisme. Quelques Juifs s'enfuientdans les
se fonde l'école de médecine de Salerne, dont les royaumes voisins et en Italie à la cour de l'empe-
premiers professeurs sont des Arabes et des Juifs. reur Frédéric II, ou ils trouvent une certaine
En Espagne, plusieurs Juifs distingués sont ap- faveur. Parmi ceux qui se convertissent en ap-
pelés au visirat et rendent aux lettres de grands parence se trouvent Maïmon et son ~eune nls
services. Le Talmud est traduit en arabe, les Moise surnommé Maimonides. qui fut un des plus
études grammaticales sont approfondies Gabirol, grands penseurs du moyen âge (113& à 1204); t
poètesublime, connu dansle monde chrétien sous le 23 ans, il écrit nn commentaire sur la Mischna;
nom d'Avicebron,est l'auteur d'une œuvre philoso devenu le médecin du sultan Saladin, il com-
phique, la Source de la vie, vers 1050. En France, pose un abrégé systématique du Talmud, un,
te célèbre Raschi compose sur la Bible et le Talmud grand nombre d'ouvrages de médecine et de théo-
des commentaires considérables qui témoignent logie, et, enfin, un traité d'interprétation phil&-
60pn:que da la Bible intitulé le Guide des ~ofA. d'une sorte de folie, se flagelle lui-même et tombe
Le siècle n'était pourtant pas propice aux sur les Juifs qu'il accuse devoir empoisonné les
travaux de la pensée partout le sang des Juifs fontaines. H se passe partout d'épouvantables
Mutait à flots. Un grand nombre avaient péri dans la scènes; ici des Juifs sont mis dans des tonneaux
guerre des Albigeois avec les autres victimes de la et jetés dans le Rhin; là on en roue et on en
croisade. A Bordeaux, à Angoulême, à Saintes, et décapite un grand nombre ailleurs, on les brûle par
Poitiers (1236), aMecUembourg, à Breslau (1226), milliers; dans quelques villes, notamment & Paris,
h Francfort et Mayence (1246), des massacres ont ils n'obtiennent la vie qu'à prix d'or.
lieu sous prétexte d'hosties profanées. Saint Louis Pendant cette horrible explosion, la Pologne,
fait brûler le Talmud, décrète l'exil et la confis- sous Casimir le Grand, inspiré par une autre
tation contre les Juifs, en n'exceptant de ces Esther (1333), et les rois d'Espagne qui ont
mesures que ceux qui pratiquent des métiers besoin d'eux pour la lutte contre les Maures,
(1244). Le synode de Vienne ressuscite les ancien- leur accordent une grande in&uence. Jean le Bon,
nes proscriptions (126T): c'est en vain que les Juifs Charles V le Sage, Charles VI de France et
d'Allemagne essaient d'échapper à de tels tour- Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, leur as-
ments et veulent, sous la conduite d'un illustre surent, moyennant de fortes redevances, un peu
rabbin, Meir de Rottembourg, se diriger du coté de sécurité. On leur fait porter un signe distinctif
de l'Orient; l'empereur Rodolphe, qui pourtant et on leur assigne des quartiers spéciaux, afin de
ne les persécutait pas, les fait ramener dans leurs les protégerplus facilement mais on leur permet
foyers (1286). de devenir médecins à la condition de fréquenter
Quelques souverains furent plus cléments à les universités de l'Etat. Les savants juifs con-
cette époque troublée. Au début du siècle, Pem- tinuent à jouir en Provence d'une réelle fa-
broke, régent d'Angleterre, avait révoqué les veur à Lunel, la famille des Tibbon traduit en
édits hostiles aux Juifs (1216), édits qui furent hébreu les ouvrages arabes et les fait connaltre
remis en vigueur après sa mort. Grégoire IX et le ainsi aux savants chrétiens à Bagnols, Levi-
concile de Tours (1236), Innocent IV(1247) les pro- ben-Gerson, maitre Léon, cultive l'exégèse avec
tègent, condamnent les baptêmes forcés et les accu hardiesse, et il peut nier le dogme de la création
sationscalomnieuses'élevéescontre eux. Philippe III ex nihilo sans Être, de la part de ses coreligion-
de France se contente de les pressurer: Boleslas V naires, l'objet d'aucun anathème (1360) à Alger
les soutient en.Pologne; Edouard!" d'Angleterre, enfin fleurit une grande école, dans laquelle on
meilleur que son père Henri III, défend qu'on les enseigne les sciences profanes avec la théologie.
maltraite en Gascogne; Philippe le Bel lui-même, Pendant les désordres qui avaient suivi la folie
mais dans des intentions intéressées, prend souci de Charles VI, un édit avait expulsé les Juifs de
de leur liberté et allège les impôts qui pèsent France; Charles VII les rappelle, et la situation con-
sur eux (1288). Aussi, le mouvement littéraire et tinue à s'améliorer partout pour eux. Le pape
scientifique continue-t-il chez les Juifs pendantces Martin V interdit de les forcer au baptême, leur
intervalles moins tourmentés. L'étude du Talmud permet la célébration de leur culte et engage les
se développe principalementau nord de la France souverains à les traiter avec humanité ()419). Cette
et en Allemagne; celle de la philosophie, dans la voix tolérante est entendue; dans le Dauphiné et le
Provence et en Espagne. Les écoles, fort nom- Comtat d'Avignon, les autoritésprotègent les Juifs
breuses, discutent avec ardeur l'œuvre de Maimo- contre le peuple (t436), et en Castille le roi Jean II
nides. Accueilli avec enthousiasme par les uns, les défend contre le pape Eugène IV, oublieux de~
taxé d'hérésie et brûlé par les autres, le Guide traditions de son prédécesseur. Sixte IV est plus
des ~/ar~, traduit de l'arabe en hébreu pendant clément les persécutionsvenaient de recommen-
la vie même de Fauteur, finit par triompher de cer en Allemagne, en Bohême et en Pologne; le
toute opposition. L'exégèse et la morale, d'une bruit s'était répandu que des enfants chrétiens
part, et d'autre part les doctrines mystiques de la avaient été assassinés; les Juifs sont aussitôt tor-
Kabale, qui remontent aux Esséniens et à l'école turés et brûlés le magnanime pontife refuse avec
d'Alexandrie, et ne sont pas sans rapports avec le sévérité d'accueillir ces calomnies odieuses (H'!5).
christianisme, ont de nombreux adeptes. Aussi un En Orient, la situation était meilleure encore
synode rabbinique interdit-il l'étude de la phi- 1- Mahomet II, après la prise de Constantinople
losophie avant l'âge de 25 ans. Les colloques se (1453), avait appelé le grand-rabbin dans son
multiplient également entre les prêtres et les conseil suprême avec les chefs des autres cultes
rabbins le roi Jacques I" d'Aragon les provoque et les Juifs fournissaient aux sultans de savants
(t236); saint Louis les permet en 1240 et 1241, médecins et d'habiles diplomates.
mais il interdit bientôt ( à quiconque n'est pas L'Espagne et le Portugal,où les Juifs occupaient
bon clerc de disputer aux Juifs. » Les Juifs ne né- aussi de hautes positions, étaient loin de cette tolé-
gligent pas les autres sciences; leurs mathémati- rance. Depuis longtemps le clergé, chez lequel
ciens sont l'objet des faveurs d'Alphonse X d'Es- s'était réveillé l'esprit des anciens Visigoths, s'ir-
pagne ils dressent les tables astronomiques qui ritait de voir les Juifs persister dans leurs croyan-

(;2M).
portent le nom de ce prince le concours de ces, pratiquer ouvertement leur culte et occuper
leurs médecins, qui se distinguent en grand nom- les emplois civils à l'égal des chrétiens. Les repré-
bre, est réclamé par les chrétiens eux-mêmes en sentations qui avaient été faites aux princesétaient
déoit des conciles de Béliers (1246) et d'Alby restées sans résultat comme les tentatives de pro-
sélytisme. L'Inquisitionfut établie malgré la no-
IV. PREMIÈRESAMÉUORATMNS DANS L'ÉTATDES JUIFS blesse, et les persécutions commencèrent (t4'!8).
j! scu'A L'ExtL D'ESPAGNE (1300-1492). Le xiv' siè- Isaac Abravanel, grand hébraisant et politique
cle commence mal pour les Juifs. Philippe le Bel habile, qui avait été ministre d'Alphonse V de
les chasse de France pour prendre leurs biens; Portugal, était alors chargé des Bnances de Fer-
Louis X les rappelle pour les rançonner les Pas- dinand et d'Isabelle; son crédit ne put améliorer
toureaux les massacrent; et sur la recommanda- la situation qui devenait chaque jour plus péril-
tion du pape Jean XXII, désireux de les convertir, leuse. La chute de Grenade, dernier boulevard des
Philippe V le Long les sauve, mais en leur pre- Maures en Espagne (1492), amena la catastrophe.
nant 47000 livres (1321). Les tueries continuent en Sous l'inspiration de Torquemada grand-inquisi-
Navarre malgré le roi Charles le Bel, et, malgré le teur, Isabelle et Ferdinand décrëtèrent contre les-
pape ClémentVI et l'empereur Louis V, s'étendent Juifs l'exil ou le baptême. Un certain nombre crut
en Allemagne (1348). La peste avait éclaté; pour la pouvoir, à l'exemple du passé, trouver la sécurité
conjurer, le peuple malheureux, ignorant et saisi sous les apparences du christianisme;traités avec
mépris par le peuple, qui tes appelait Marranos leurs frères de la Péninsule, dont la position
(maùdits), ils devinrent pour la plupart la proiede continuait à être horrible; parfois ils étaient au-
'l'Inquisition. Mais environ 600 000 Juifs, Mêles a. torisés à quitter le pays presque constamment
leur foi, partirent dans le plus affreux dénûment: ils étaient abandonnés à l'Inquisition, qui, pen-
Les uns furent réduits en servitude, ou périrent dant le xvf et le xvn* siècle, fit brûler plus de
par la trahison do ceux a qui ils s'étaient eonnds. 30 000 victimes et en condamna environ 270 000
Les autres, après d'horribles soum-Mcet), purent se aux gaières. Les malheureux Marranos sont pour-
réfugier dans le midi de la France, en Afrique, en suivis jusqu'au Brési), où ils n'obtinrent un peu
Italie, en Turquie et dans les Pays-Bas. Le fana- de calme que lors de la conquête de ce pays par
tisme avait étoufféchez Ferdinandet Isabelle le sen- tes Hollandais et ot vint les trouver une co-
timent même de leurs véritables intérêts; l'expul- lonie envoyée par les Israélites d'Amsterdam
sion des Maures et des Juifs eut pour l'Espagne (1624).
des conséquences plus fatales encore que, deux Il souffle a cette époque dans plusieurs pays un
siècles plus tard, en France, l'exil des protestant; esprit de tolérance envers les Juifs. Henri IV de
ce pays cessa d'être un centre de scienoe, d'indus- France, Christian IV de Danemark et le duc de
trie et de commerce. Depuis ie commencement du Savoie leur sont favorables. Une émeute san-
xv* siècle, des penseurs remarquables, philosophes glante contre ceux de Francfort est réprimée
et littérateurs s'y étaient montrés, ainsi qu'en Italie, par les autorités (16H) ceux de Prague sont atta-
où les papes accueillent les savantsjuifs. En Alle- qués par le peuple qm les accuse d'avoir assassiné
magne, ce sont toujours les études talmudiques deux chréhens, mais une enquête démontre
qui prédominent l'illustre Reuchlin, qui avait eu leur innocence (1694). Louis XIV règle la situa-
un Juif pour maltre d'hébreu, y gagna, devant tion de ceux de l'Alsaceéditsnomme leur grand
l'empereurMaximilien, la cause du Talmud qu'un rabbin et confirme les de ses prédéces-
Juif apostat voulait faire brûler (1510). Peu après, seurs pour ceux de Metz et de Bordeaux (165~.
le Talmud était imprimé a Anvers, ainsi que l'Ecri- Cromwell, sur l'envoi d'une députation juive
ture sainte et ses'grands commentateurs, et se d'Amsterdam, autorise leur retour définitif en An-
trouvait désormais sauvé du fanatisme. gleterre ()65t). et leur accordeie droit de propriété
V. Fm DES PEBSËCUTMNS, XVm* sIÈCLE. RÉ- qu'ils conservent sans entraves sous Charles II.'
VOLUTION FMNCAist!. – L'invention de l'impri- Jean-Casimir et Sobieski maintiennentleurs pri-
merie, la Réforme protestante, le progrès géné- vilèges en Pologne (1674). Quelques troubles ont
ral des sentiments d'humanité devait avoir lieu en Turquie, suscités, sous Mahomet IV, par
pour résultat d'adoucir en général le sort des un imposteur juif qui se fait passer pour Messie et
Juifs.La dispersion de ceux d'Espagne dans trouve des adhérents même dans 1 Europe chré-
l'Europe fut, pour ainsi dire, l'invasion d'une tienne mais ils n'amènent aucune persécution at
nouvelle civilisation. » (Michelet, Réforme.) La n'atteignent pas sérieusement la tranquillité des
plupart des Etats les reçurent et surtout les Israélites d'Orient (1665).
républiques commerçantes d'Italie Ravenne La Hollande, qui est le centre de toutes les li-
demande à Venise de lui en envoyer une colonie. bertés, offre le plus curieux spectacle. Un de ses
L'Allemagne, où le fanatisme éclate encore, en- plus illustres enfants, Grotius, le créateur de la
tend Luther réclamer pour ceux qu'il appelle science du droit des gens, revendique pour tous
« les frères du Christ, et demander qu'on leur les hommes les droits de la conscience. Les Juifs,
permette les travaux utiles afin qu'ils puissent qui contribuentà la prospérité de son commerce
abandonner l'usure. La Turquie, toujours lar- et la soutiennent par leurs sacrifices dans ses
gement ouverte aux Juifs, met à profit leurs ser- guerres d'indépendance, ont donc toute liberté
vices. Le sultan Sélim se fait représenter à Venise pour leurs doctrines religieuses et leurs écoles.
par un ambassadeur juif (1512). Le grand Soliman A la tête du mouvement intellectuelà Amsterdam
a pour ministre Joseph, un ancien Marrano se place Manassé-ben-Israei, né à Lisbonne où
échappé d'Espagne après les plus étonnantes aven- son père était mort victime de l'Inquisition; il
tures. Elevé à la dignité de prince de Naxos, Jo- écrit et imprime en hébreu, en latin, en portugais
seph fait écrire par son souverain une lettre et en anglais c'est lui qui négocie avec Cromwell
menaçante qui arrache à l'Inquisition d'Ancône le retour des Juifs en Angleterre. A côté de lui se
quelques-uns de ses coreligionnaires, sur le point trouvent de nombreux écrivains et savants, des
d'être broies (1566). Les Juifs du nord de l'Afri- professeurs et des médecins qui avaient réussi &
que se vengent noblement des souffrances de quitter l'Espagne où ils vivaient sous tes appa-
leurs pères; sous le règne de Don Sébastien, rences du christianisme. C'est de ce milieu
arrière- petit-fils d'Isabelle, les Portugais sont aussi que sort, tt cette époque, an génie, l'un
battus près de Fez ils sont heureuxd'être ache- des plus grands philosophes des temps moder-
tés par tes descendants des victimes, chez lesquels nes, Baruch Spinosa ()632-taï7). Disciple de
ils retrouvent leur langue maternelle et la plus Malmonides et d'Ibn-Ezra, autant que de Des-
touchante humanité (1578). La France enfin com- cartes, mais surtout penseur original, Spinosa in-
mence en faveur dea Juifs une réaction de justice terprète ratiouBu~ement la Bible, mais s'éloigne
et de tolérance qui ne s'arrêtera plus, des lettres par sa. doctrine panthéiste, qui confond en une
patentes d'Henri n, en <5M, et d'Henri III, en seule substance Dieu, la nature et l'homme, du ju-
t5'!4, autorisent les Marranos, qu'on nommait daisme pour lequel tes frères d'Espagne et de
alors nouveaux eAr~MM et nMrcA<nMfsMpa~tM~ Portugal versaient encore tous les jours leur sang.
et portugais, à t'établir a Bayonne et & Bordeaux. Les rabbins d'Amsterdam le frappent d'interdit,
Les Jnifs du Dauphiné sont admis par un arrêt jugement sévère, qu'explique la situation pénible
du parlement, et ceux de Metz par une ordon- des Juifs a cette époque, mais non la tradi-
nance royale (1567). La Pologne, tolérante aussi, tion Israélite, toujours favorable a la liberté de
donne aux Juim vers t54S l'égalité et la liberté, que penser.
tes intrigues des jésuites devaient plus tard leur Le progrès des idées de justice continue et le
faire perdre. iudaisme devient l'objet de l'attention générale
La Hollande avait d'abord refusé de s'ouvrir les détracteursne lui manquent pas, mais les es-
aux exilés d'Espagne, qu'elle prenait pour des prits sérieux l'étudient sans prévention nous
émissaires de Philippe IL. et ils ne purent célébrer sommes arrivés au xvm* siècle, au siècle des re-
leur culte qu'en secret; mais ensuite ils obtin- vendications intellectuelles et de rémancipation
rent la permission d'élever une synagogue (1598). politique des hommes. Richard Simon, Basnage,
Peu à peu, leur nombre s'accrut par l'arrivée de l'évoque Lowth en Angleterre, Herder en Alle-
magne, tous chrétiens, étudient la langue sainte, dimensions, et qui, dans les classifications an-
l'histoire et la poésie des Hëbreux.L'abbé Guénée, ciennes, étaient associés aux Eléphants et aux
en France, réfute les railleries de Voltaire qui Porcins pour constituer la grande division des
attaque la Bible sans la comprendre. Moise Mendels- Pachydermes.
sohn enfin, Juif deBerlin, prend hautement, mais Les Jumentés sont conformés pour se mouvoir
avec tact, fa défense de sa religion. Célèbre déjà à la surface du sol; les quatre membres se ter-
par son Phédon, entretiens philosophiques sur minent par des doigts généralement en nombro
l'immortalité de l'âme, et ses Matinées, ouvrage impair, munis d'ongles indivis, en forme de sa-
sur l'existence de Dieu, Mendelssohn donne une bots. Leurs dents sont de trois sortes, des in-
traduction du Pentateuque où dominent les idées cisives, des canines qui font parfois défaut, ou
de Maimonides; dans un écrit intitulé Jérusalem, sont peu distinctes,au moins à la mâchoire infé-
il met en relief les principes juifs qui accordent le rieure, et des molaires séparées des dents précé-
salut à tous les justes sans distinction de culte, dentes par une lacune et offrant sur leur couronne
et il demande que les droits civils et politiques de des replis plus ou moins compliqués. Ces replis,
l'homme ne dépendent plus de sa croyance reli- étant constitués par une substance dure qu'on
gieuse ()78l). Mendelssohn est soutenu par toute appelle l'émail, s'accusent naturellement par
une pléiade de Juifs intelligents qui deviennent l'usure de la portion tendre ou osseuse de la dent.
avec lui les fondateurs du judaïsme moderne. L'estomac des Jumentés est simple, c'est-à-dire
De si légitimes revendications ne pouvaient pas ne consiste qu'en une seule poche, et les intestins,
ne pas triompherdes dernières résistances du fa- fort longs, présentent sur leur trajet au moins un
natisme. Quoique la situation des Juifs fût précaire appendice terminé en cnl-de-sao, ou M'cMm. Le
encore dans bien des pays, l'heure de la liberté ap- cerveau montre à la surface de ses hémisphères
prochait pour eux. Au commencement du xvm* des circonvolutions plus ou moins nombreuses,
siècle déjà, le jeune roi d'Espagne, Philippe Y, ce que l'on considère ordinairement comme l'in-
avait refusé d'assister à un autodafé c'était un dice d'une intelligence développée. Enfin la peau
signe des temps. Les Juifs obtiennent en Prusse est tantôt très épaisse et presque entièrement dé-
la juridiction commune et, en Angleterre, la con- nudée, tantôt plus souple et complètementrevêtue
firmation de leura anciens droits (1723). En Lor- de poils.
raine, où la liberté leur avait été donnée, puis La plupart des Jumentés ont des habitudes sau-
reprise (1728), le roi Stanislas les organise et vages et un naturel brutal ils vivent générale-
nomme leurs syndics (1754). ClémentX!V,Louis XV ment en troupes, dans les prairies ou dans les
et les parlements français défendent qu'on leur forêts humides, et se nourrissent presque exclu-
enlève leurs enfants pour les baptiser (1764). sivement de substances végétales, de plantes four-
L'empereurJoseph II, plus tolérant que ses sujets, ragères, de feuilles, d'écorces et de branches
leur accorde une égalité presque complète, fait d'arbres. Aux époques antérieures à la nôtre,
soutenir leurs écoles par l'Etat, et prescrit aux dans les plaines marécageuses de l'Europe habi-
prêtres d'enseigner au peuple envers eux des taient de nombreux représentants de l'ordre des
sentiments de justice (1782). Les Etats-Unis d'A- Jumentés; mais de nos jours on ne trouve plus
mérique, après la guerre de l'indépendance, les dans nos régions une seule espèce de ce groupe
admettent aux fonctions publiques (1783). Les vivant à l'état sauvage.
philosophes surtout plaident leur cause avec Le genre Cheval (E~MM) comprend non seule-
ardeur. Lessing, le grand apôtre de la tolérance, ment le Cheval proprement dit, mais l'Ane, le
attaque de front l'intolérance dans son drame, Zèbre, l'Hémione, etc. Il est essentiellement ca-
NaMa?< le Sage, qui établit une assimilation com- ractérisé par la conformationdu pied, terminé par
plète entre tes doctrines des différents cultes. un seul doigt apparent, dont l'extrémité est ep
Dohm, conseiller militaire à Berlin, Voltaire et fermée dans un ongle en sabot. De là vient le noi
Mirabeau réclament hautement pour les Juifs les de solipède, qui a été imposé à ces animaux.
droits de citoyens. Louis XVI accueilleleurs délé- Chez les chevaux, on compte, à chaque mâchoire
gués et nomme une commission chargée de pré- et de chaque côté, six incisives tranchantes, six
parer pour eux des réformes. Mais la Révolution molaires, et parfois une petite canine. Entre celle-
éclate. Sur la proposition de l'abbé Grégoire, en ci et la première molaire est l'espace vide nommé
1790, et sur celle de Duport, en 179t, l'émanci- barre, dans laquelle on place le mors qui sert à
pation des Juifs est proclamée par l'Assemblée diriger ces animaux. Les molaires offrent les replis
constituante. caractéristiques des Jumentés; quant aux inci-
Quelques années plus tard, de nouveaux progrès sives, elles sont creusées, sous la couronne, d'une
s'accomplissent Napoléon convoque à l'Hôtel de fossette qui disparalt avec l'âge. L'œil est vif et
Ville de Paris une réunion de notables juifs et saillant, l'oreille longue et mobile; les narines
un grand sanhédrin, et il organise officiellement sont dépourvues de mufle, et la lèvre supérieure
le judaïsme (1808). La Restauration fonde un sémi- peut s'avancer de manière à constttuer un organe
naire à Metz pour les rabbins; et, après 1830, te do préhension. Tout le corps est revêtu d'un poil
culte israélite reçoit, comme les autres, les subsides bien fourni, qui s'allonge sur le dessus du cou
de l'Etat en France, en Belgique et en Hollande. pour former une crinière. La queue présente éga-
Dès lors, les Juifs, devenus citoyens, entrent dans lement une touffe de poils aHongés.
toutes les carrières et s'unissent étroitement aux Le cheval proprement dit se distingue de l'âne,
pays qui les ont adoptés. Si quelques explosions du zèbre et de ses autres congénères, par sa robe
hameuses se produisent de temps en temps, elles de couleur uniforme et par sa queue touffue à
deviennent de plus en plus rares, et sont l'objet partir de la base. Il est généralement d'une taille
de l'universelle réprobation. Quelques petits pays élancée et de formes élégantes. Sa patrie d'origine
résistent encore à la justice mais, sous l'inspira- parait être l'Asie centrale; mais il est maintenant
tion de la France, 1 Europe, réunie en congrès, répandu dans toutes les parties du monde; intro-
admet dans le droit publie des peuples la liberté duit en Amérique à l'époque de la conquête, il y
de conscience et l'égalité de tous les citoyens de- est revenu à 1 état sauvage sur certains points,
vant la toi (1859 et 1878). [E.-A. Astruc.] particulièrement dans les Pampas de Buenos-
JUMENTÉS. Zoologie, X. Sous le nom Ayres. En Europe, la domestication du cheval
de jMmeH~ on a, dans ces derniers temps, pro- remonte à une époque extrêmementreculée, et,
posé de désigner certains mammifères herbivores, avec le temps, se sont formées des races qui ont
tels que les Chevaux, les Rhinocéros et les Ta- chacune des mérites particuliers. Citons seule-
pirs, qui, pour la plupart, atteignent de grandes ment le cheval anglais, le cheval percheron, le
cheval des landes, le cheval corse, etc. V. Che- mentaires de droit pénal, en renvoyant, pour t'or-
val. ganisation judiciaire et pour ce qui concerne têt
A l'état de liberté, le cheval préfère les pâtu- attributions des tribnnMH en matière civile, à
rages secs; en domesticité il peut être nourri avec l'article TrttMtatM:.(V. au Supplément).
vesce, de la paille d'orge, de froment et d'avoine

du foin, de la luzerne, du trèBe, de l'avoine, de la PMNCtpM e&NËttACX. Le droit pénal est cette
partie de la législation qui établit les peinea
et des feuilles de mais. applicables à certaines !nfr*ctioM réprimées par
L'âne, presque toujours d'une stature moins ta loi, et qui détermine lei formée à suivre pour
élevée que le cheval, a les oreilles plus longues, arriver à la répression de ces faits. Le droit
la queue plus grêle à la base, le poil plus rude pénal se divise ainsi en deux parties bien dis-
et de couleur plus terne. Une croix noire se tinctes le droit pénal proprement dit, qui déSnit
dessine sur ses épaules. Doué d'une patience et et détermine les faits punissables et les peines
d'une sobriété exemplaires, fane rend dans beau- qui doivent être prononcée*! et l'instruction crimi-
coup de contrées d'éminents services aux gens de nelle, qui t'occupe des juridictionset de la procé-
la campagne; malheureusementil perd de sa vi- dure. La législation péMie M trouve contenue 6M
vacité en vieillissant, et devient avec l'âge d'un grande partie dans deux codes le Code pénal et le
entêtement stupide. V. ~M. Code destruction criminelle.
L'hémione, au pelage lustré, offrant des teintes Division des <M<<< et des peines. Lee faite
fauves qui se fondent, d'une part dans du blanc prévua par la toi pénale, compris sous la dénomi-
pur, de l'autre dans du brun foncé, habite la Perse nation générale de délit*, se divisent en trois
et la Mésopotamie. Le couagga, le daw et le classes les crimes, tes délits de police correc-
zèbre, qui ont des couleurs plus vives, des raies tionnelle, les contraventions de simple police. Les
brunes ou noires sur fond jaunâtre, se trouvent an crimes sont punis de peines amictives et infa-
contraire dans le sud et dans l'est de l'Afrique, mantes et jugés par les cours d'assises tes délits
jusqu'en Abyssinie. Ces superbes animaux sont sont punis de peines correctionnelles et jugés par
d'un naturel farouche et rebelles à toute domesti- les tribunaux de police correctionnelle les con-
cation. traventions de simple police sont punies des
Beaucoup plus lourds de formes que les Jumen- peines de simple police et jugées par le juge de
tés du genre Cheval, tes Rhinocéros se font remar- paix, statuant comme juge de simple police.
quer encore par leur peau extrêmement épaisse, Peines en matière criminelle. Les peines en
généralement dénudée, verruqueuse,et fortement
ptissée sur certains points du corps,par leurs mem-
matière criminelle sont f la peine de mort, ré-
servée pour quelques crimes d'une gravité excep-
bres terminés chacun par trois doigts, par leur tionnelle; 2° la peine des travaux forcés à perpé-
queue courte et presque nue, et enfin par la pro- tuité ou à temps, qui est subie dans des établis-
tubérance cornée, simple ou double, qui surmonte sements crées aux colonies la durée de la peine
leur nez. Cette protubérance,reposant sur une des travaux forcés à temps est de cinq ans au'
voûte constituée par les os du nez. adhère à la peau moins et de vingt ans au plus; 8* la réclusion, dont
et parait résulter de l'agglutination d'un grand la durée est de cinq ans au moins et de dix ans
nombre de poils. Les rhinocéros ont pour patrie au plus. et qui est subie dans les maisons centra-
les contrées les plus chaudes de l'ancien conti- les. 11 faut ajouter les peines réservées aux crimes
nent, c'est-à-dire le centre de l'Afrique, le sud de politiques, la déportation et la détention, et doux
t'Asie et les lies avoisinantes, telles que Java, peines dont le caractère est seulement infamant,
Sumatra et Bornéo. Ils vivent dans les endroits le bannissement, qui consiste dans l'expulsion du
humides et ombragés, et se vautrent dans la boue territoirefrançais, et la dégradation civique, qui en-
à la manière des porcs. traîne la privation des droits politiques et la priva-
Les Tapirs ont une taille moins élevée et des tion de certains droits civils, par exempledu droit de
formes moins massives que les Rhinocéros ils ont faire partie d'un conseil de famille, d'être témoin
aussi la peau moins rugueuse, le nez dépourvu dans les actes. Les peines criminelles entralnent
de corne, mais prolongé en avant en forme de comme conséquences accessoires la dégradation
trompe. Par l'aspect extérieur et par les moeurs ils civique,l'interdictionlégale,qui prive le condamné
rappellent les cochons, mais ils n'ont pas comme pendantla durée de la peine de l'administration de
ces derniers les pieds fourchus; leurs membres ses biens, la surveillance de la haute police, qui
antérieurs sont terminés par quatre doigts et leurs permet à l'administration d'assigner une résidence
membres postérieurs par trois doigts seulement. au condamné après l'expiration de la peine.
Ils vivent dans l'Inde et dans l'Amérique tropi- Peines correctionnelleset peine, de 'Impie police.
cale. Les peines qui peuvent être prononcées par les
Parfois enfin on réunit aux Jumentéa des mam- tribunaux correctionnels sont l'emprisonnement,
mifères de petite taille, qui sont connus depuis la dont la durée est de six jours au moins, de cinq
plus haute antiquité, puisqu'il en est déjà ques- ans au plus; l'amende, qui ne peut être inférieure a
tion dans la Bible. Ces mammifères sont les Da- seize francs; l'interdiction de certains droits, tels
mans ou Hyracidés, qui ressemblent extérieure- que le droit de vote et d'élection, le droit de port
ment aux marmottes et aux cochons d'Inde, et qui d'armes, le droit de faire partie d'un conseil de
ont les pattes courtes, avec cinq doigts en avant famille et d'exercerla tutelle enfin la surveillance
et trois doigts en arrière, le corps assez allongé de la haute police. Le juge de simple police peut
et tout couvert de poils, la tête amincie en avant prononcer un emprisonnement de un à cinq jours
et surmontée d'oreilles arrondies, les mâchoires et une amende de un à quinze francs.
pourvues seulementd'incisives et de molaires.Les PERSONNES PUNISSABLES,RESPONSABLES OU EXCUSA-
damans sont des animaux fort doux, mais peu in- BLES. Personnes qui ne sont pas KMpo?MaA~M.
telligents, qui se nourrissentde végétaux, mais qui Il y a certains cas dans lesquels l'auteur d'un
n'ont pas la faculté de ruminer. Ils ont pour fait coupable échappe à touteresponsabilité celui
patrie l'Afrique australe et orientale, la Syrie et qui est en état de démence au moment de l'acte,
la Palestine, et se tiennent dans les endroits ro- ou qui a agi sous l'empire d'une force a laquelle
cailleux, où ils se creusent des terriers entre les il n'a pu résister, n'est pas responsable. L'homicide
pierres. Dans la Bible ils sont désignés sous le ou les blessures ne sont pas punissables, lorsque
nom de Saphans et rangés parmi les animaux im- celui qui en est l'auteur se trouvait en état de
purs. [E. Oustalet.] légitime défense, par exemple s'il repoussait une
JUSTICE. Législation usuelle, X. Nous attaque nocturne, ou ae défendait contre les
donnons dans cet article Quelques notions élo- auteurs d'un vol commis avec violence. Aucune
peine ne peut être prononcée dans ces diverses porter partie civile devant la juridictionrépres-
circonstances. sive, qui statue en même temps sur l'action pu-
Excuses. La loi a établi en outre certaines blique et sur l'action civile; lorsque la personne
excuses qui font disparaître la peine ou la dimi- lésée point portée'partie civile, elle peut
ne s'est les
nuent. Ainsi le vol commis par un fils au préju- former devant tribunaux civils une demande en
dice de son père, ou réciproquement,ne peut être dommages-intérêts soumise aux règles ordinaires
puni, à raison de la relation de parenté qui unit de la procédure en matière civile. –V.rrt&MnaMŒ.
l'auteur et la victime du délit. La provocation est Prescription en matière pénale. Le droit dé
une cause d'excusequi atténue seulementla peine poursuivre le fait punissable et l'exécution de la
le meurtre, les blessures et les coups sont punis condamnation prononcée se prescrivent par un
d'une peine moins sévère, lorsqu'ils ont été pro- certaindélai; le temps, en effaçant le souvenir du
voqués par des coups ou des violences graves en- fait coupable, fait disparaître la nécessité de la ré-
vers les personnes. pression. Lorsqu'il y a condamnation prononcée,
Minorité de seize aM!. – La responsabilitépénale le délai de la prescription est de vingt ans pour
complète ne s'appliquequ'à l'individu qui a atteint les condamnations en matière criminelle, de cinq
t'âge de seize ans. Lorsqu'un mineur âgé de moins ans pour les condamnations correctionnelles, de
de seize ans est traduit devant la cour d'assises ou deux ans pour les condamnations de simple police.
la tribunalcorrectionnel,le jury ou les juges ont à Ces délais expirés, la peine est prescrite. L action
résoudre cette question H-<«:~t*MM discerne- publique et l'action civile résultant d'un crime,
Me?~ S'il est décidé que le mineur de seize ans d'un délit ou d'une contravention se prescrivent
Tt agi sans discernement, il est acquitté, rendu à lorsqu'aucunepoursuite
n'a été exercée contre le
ses parents ou envoyé dans une maison d'éduca- coupable, pendant dix ans, si le fait est qualifié
tion correctionnelle. S'il est reconnu que le mi- crime; pendant trois ans, s'il s'agit d'un délit;
condamné,
neur a agi avec discernement, est considéra- simple police.
il pendant un an, si le fait est une contravention de
mais la peine qui lui elt appliquée est
blement réduite it ne peut jamais être condamné Diverses phases de la pt'oe~Mre ou instruction
qu'a l'emprisonnement,quelle que soit la gravité criminelle. La procédure en matière pénale se
du crime. divise en deux phases distinctes: la première,
Circon&tances atténuantes. Les circonstances qu'on appelle instruction préparatoire,a pour but
particulières peuvent dans chaque affaire influer de rassembler les preuves du fait coupable.
sur la culpabilité. Pour que le juge puisse tenir L'instruction préparatoire a toujours lieu lorsque
compte de ces circonstances, la loi fixe pour les le fait présente les caractères d'un crime; elle est
peines temporaires un minimum et un maximum facultative, lorsqu'il s'agit d'un simple délit de
entre lesquels la condamnation peut être pro- police correctionnelle. Après l'instruction, l'affaire
noncée. En outre, le jury de la cour d'assises ou le est portée devant la juridiction chargée de juger
tribunal correctionnel peut déclarer qu'il existe le coupable la cour d'assises, s'il s'agit d'un
<n faveur de l'accusé ou du prévenu des circon- crime; le tribunal correctionnel, s'il s'agit d'utt
stances atténuantes. Cette déclaration entraîne délit de police correctionnelle.Pour les contra-
-une diminution de la peine à appliquer; elle fait ventions, il n'y a point d'instructionpréparatoire,
descendre la peine d'un ou de deux degrés et l'affaire est directement portée devant le juge
suivant les distinctions indiquées dans l'art. 463 chargé de statuer.
du Code pénal. /yM<)'Me<tOM pr~)a)'a<o:re. Dans chaque ar-
Tentative. La loi ne punit pas seulement le rondissement, la poursuite des crimes et des dé-
trime accompli; la simple tentative criminelle, ma- lits appartient au procureur de la République.
nifestée par un commencement d'exécution et qui Lorsqu'une plainte a été adressée au procureur df
n'a été suspendue ou n'a manqué son effet que par la République ou lorsqu'un fait coupable parvient
une circonstance indépendantede la volontéde son à sa connaissance ou à celle de ses auxiliaires,
auteur, est punie comme le crime Iui''mem9. Les juges de paix, officiers de gendarmerie, maires,
tentatives de délits ne sont punies comme le délit commissaires de police, le procureur de la Répu-
lui-même qu'en vertu d'une disposition spéciale blique requiert une information. L'instruction est
-de la loi. faite par un magistrat attaché à chaque tribunal de
CompKctM. Les complices, c'est-à-dire ceux première instance, le juge d'instruction.
~ui ont coopéré au crime ou au délit, sont punis Pouvoirs du juge d'instruction. Le juge d'ins-
,comme l'auteur principal. La complicité existe truction a pour mission de recueillir les preuves
'chez ceux qui provoquent l'auteur du crime ou du du crime ou du délit; il entend l'inculpé, fait ou
délit à le commettre, ceux qui lui donnent des ordonne des perquisitions, saisit ou fait saisir
instructions, lui fournissent des armes, l'aident les papiers ou les pièces qu'il peut être utile de
rou l'assistent dans l'accomplissement du fait cou- mettre sous la main de la justice, entend les té-
pable, ou qui recèlent sciemment les choses enle- moins, procède à toutes les constatations qu'il croit
vées à l'aide du crime ou du délit. nécessaires. Le juge d'instruction a la faculté de
Récidive. Lorsqu'un individu déjà condamné délivrer contre l'inculpé un mandat de dépôt ou
commet un nouveau délit, la condamnation déjà d'arrêt en vertu duquel il peut être saisi par les
-subie peut être une cause d'aggravation de la agents de la force publique et incarcéré.
peine. La récidive manifeste en effet chez le Détention pr~en~ce; mise en liberté prot)MO!'re.
délinquant une perversité plus grande, et une Cet emprisonnement de l'inculpé avant le juge-
peine plus forte doit lui être appliquée, puisque ment, mesure souvent nécessaire pour qu'ilil
ia première condamnation n'a point eu pour effet n'échappe point aux poursuites, s'appelle la dé-
de le détourner de commettre un nouveau délit. tention préventive. L'inculpé peut obtenir du juge
INSTRUCTION CRIMINELLE. –No<MH! qénérales sur d'instruction sa mise en liberté provisoire, à charge
fac~OK pM&HfjfMe civile. Le fait délictueux par lui de prendre l'engagement de se représenter,
donne naissance a une double action: l'action pu- et de fournir un cautionnement, si le magistrat le
blique, qui tend à l'application de la peine, et l'ac- juge nécessaire. Le caution'nement consiste soit
tion civile, qui a pour objet la réparation du dom- dans le dépôt d'une somme d'argent, soit dans
mage causé par le délit à celui qui en a été victime. l'engagement d'une personne solvable. La mise en
L'action publique est exercée par les magistrats du liberté provisoire est de droit lorsque le fait pour-
ministère public l'action civile, par la personne suivi est un délit correctionnel, que i'incutpé a
'iëaée. Ces deux actions peuvent être réunies: en son domicile dans l'arrondissement, n'a point en-
4effet, celui qui a été victime d'un délit peut se couru de condamnation grave, et enfin lorsque la
maximum de la peine prononcée par la loi pour conseillers, si la cour d'assises se tient au siège~
le fait à raison duquel il est poursuivi n'atteint de la cour d'appel; dans le cas contraire, le&
point M emprisonnement de deux années. assesseurs sont pris parmi les magistrats du tri-
Comment ae termine fM~<rt«:<t<~t. Lorsque bunal du lieu où M tiennent les assises.
le juge d'iMtructiqn a réuni tout les éléments qui Jury. Lejury se compose de citoyens appelée
sont de. mature à 1 éclairer, il eMt l'instruction. Si à donner leur avis, en leur Ame et conscience,
le fait ne tui parait pu établi ou s'il ne constitue sur la culpabilité de l'accusé. Une liste de toutes
n ieri~e ni délit, il rend une ordonnance de non les personnes aptes à remplir les fonctions de
iieu, t i* suite de laquelle l'inculpé détenu est juré est chaque année dressée pour le départe-
mis en Uberté. L'ordonnance de non lieu ne fait ment. Dh jours au moins avant l'ouverture de la
pas obstacle a ce que l'instniction soit reprise, si session des assises, il est procédé, à l'audience
de nouveaux indices sont recueillis. Lorsque le publique de la cour d'appel ou du tribunal chef-
fait constitue un délit, le juge d'instruction ren- lieu judiciaire, au tirage au sort de trente-six
voie devant le tribunal correctionnel; si le fait a noms pris dans la Us~e annuelle; on y ajoute
les caractères d'un crime,! inculpé est renvoya quatre jurés suppléants également tirés au sort.
devant la cour d'appel, qui statue sur la. mise en Les jurés ainsi désignés par le sert forment la
accusation et le renvoie devant la cour d'assises, liste de session, e~ auront a Juger les affaires ins-
jHMNcnottSM iu6E)tENT. – Les juridictionsde crites au rôle pour cette session.
jugement sont, comme nous l'avons dit. les tribu- Formation «M <aMeat< <<Mj'«ry. – Sur la liste-
naux de simple police pour les contraventions, les de session on procède pour chaque affaire et au
tribunaux correctionnels pour les délits de police jour indiqué pour le jugement a la formation du
correctionnelle, la cour d'assises pour les crimes. tableau du jury, c'est-à-dire de la liste des jurés
Tribunal de <~p/e police. Le juge de paix qui doivent connaître de l'affaire. Le tirage du ta.
remplit dans chaque canton les fonctions de juge bleau du jury est fait par le président de la cour
de simple police; les fonctions du ministère pu- d'assises entre tous les jurés composantla liste de
blic sont eonnées au commissaire de police. Le tri- session, en présence de l'accusé et de son défen-
bunal de simple police peut prononcer une amende seur. L'accusé et le ministère public ont le droit
de quinze francs et un emprisonnement de cinq de récuser un nombre égal de jurés sans avoir à
jours au plus. La personne Mtée devant le tribunal indiquer les motifs de la récusation le droit der
de simple policecomparait en personne ou par fondé récusation s'arrête lorsqu'il ne reste plus que-
de pouvoir. Les jùgements par défaut sont suscep- douze noms dans l'urne. Le jury est constitué
tibles d'opposition dans les trois jours de la si- lorsqu'il est sorti de l'urne douze noms de jurés~
gnineation. Les jugements de simple police qui qui n'ont point été l'objet de récusation.
prononcent la peme de l'emprisonnement ou qui Procidure devant la cour d'oMMM. – L'accusé-
contiennent une condamnation supérieure à cinq comparait devant la cour d'assises en état de dé-
francs non compris les frais, sont susceptibles tention préventive; il est assisté d'un défenseur
d'appel; l'appel est interjeté dans les dix jours qu'il a choisi ou qui lui a été désigné d'oNce par
et est porté au tribunal çorrecttonmel. le président de la cour d'assises. Après la lec-
Tribunaux correc~toane~. Les tribunau de ture de l'acte d'accusation, résumé des charges de
première instance jugent, comme tribunaux cor- l'accusation, le président interroge l'accusé, puis
rectionnets, les faits quaitnés délits, c'est-à-dire procède à l'audition des témoins. Le ministère-
punis de peines correctionnelles. Le prévenu doit public prend la parole pour soutenir l'accusation
comparaltre en personne devant le tribunal cor- le défenseur de l'accusé lui répond et doit tou-
rectionnel il ne peut se faire représenter par un jours avoir !a parole le dernier. Le président ré-
avoué que si le délit pour lequel il est poursuivi sume les <t<bats en rappelant les preuves princi-
n'entraîne pas la peine d~ l'emprisonnement. Le pales pour ou contre l'accusé, donne lecture au
prévenu qui ne comparait pas est jugé par défaut; jury des questionsqui lui sont posées, et l'envoie
les jugements par défaut peuvent être frappés dans la chambre de ses délibérations.
d'opposition dans le? cinq jours de la signinca- ()MMftO)M ptM~M au jury; circonstances atté-
tion. Les jugements des tribunal correctionnels nuantes. Les questions que le jury a à résoudre
sont toujours susceptibles d'appel l'appel est se composent d'abord d'une question principale
déclaration
interjeté dansaulesgrele
dix jours du jugement par une comprenant les éléments constitutifs du fait
l'appel
déclaration au gre9e l'appel est porté àa la cour pable, puis de questionsspéciales sur chacunecou- des
d'appel dans le ressort de laquelle se trouve le circonstances aggravantes relevées par l'accusa-
tribunal. tion ou des faits d'excuses légales invoqués par l'ac-
CoBM <F<M<MM. – La cour d'assises est la cusé. It n'y a point de question pour les circon-
juridiction la plus élevée en matière criminelle; stances atténuanteo; mais le préjudent avertit les
elle juge les crimes, e'esH-dire les faits les pins jurés qu'ils peuvent à la tnajorité reconnaître des
graves, ceux qui sont punis d'une peine aMicdve circonstances atténuantes en faveur de l'accusé.
ou infamante. Il n'existe dans chaque départe- IMM<ra<ton du jury; majorité. Les jurés
ment qu'une cour d'assises, qui se tient au siège délibèrent et votent au scrutin secret sur les dif-
de la cour d'appel, s'il en existe une dans le dépar- férentes questions ils sont présidés par le chef
tement. sinon an siège du tribunal, qui est le chef- du jury, qui est le premierjuré désigné par le sort
lieu judiciairedu département. Les assises ne sont lors de la formation du tableau ou celui que d'un
pas une juridiction permanente elles sont réunies consentement unanime les jurés ont choisi
une fois au moins par trimestre; le jour de l'ou- comme chef du jury. La décision contre l'accusé
verture des assises dans chaque département est se forme à la majonté, c'est~-dire par sept voix~
nté par le premier président de la cour d'appel et s'exprime ainsi Oui, à la maJorité. Le par.
et publié à l'avance. tage est faveur de l'accusé. Aussi la déciHon
Composition de la cour d'assises; magistrats. du jury, en qui reconnaît l'accusé non coupable,
La cour d'assises se compose de deux élé- s'exprime par ce simple mot Non, sans ajouter
ments les magistrats ou la cour, et le jury. Le à la majorité. Il faut la majorité pour l'admission
jury statue sur la culpabilité de l'accusé, et, si des circonstances atténuantes; et la décision du
1 accusé est reconnu coupable, la cour lui appli- jury
sur ce point se formule ainsi A la majo-
que la peine portée par la loi. La cour d'assises ftM, tf y a des circonstances atténuantesen faveur
est présidée dans chaque département par un de faccM~. Si le jury n'a point admis de circon-
conseiller à la cour d'appel désigné pour chaque stances atténuantes, il n'en est pas fait mention
session; le président est assisté de deux autres dans la décision.
169 décisions rendues en dernier ressort
Verdict; acquittement; condamnation. Lors- toutes
répression, peuvent être dé-
que la décision du jury est formée, les jurés re- par les tribunaux de
wiennent à l'audience; le chef du jury donne lec- férés à la cour de cassation. Le délai pour se
est ramené et il lui est pourvoir est de trois jours à compter de la déci-
ture du verdict. L'accusé sion attaquée. Le pourvoi formé en matière de
donné connaissance de la réponse du jury. Si cette simple police ou en matière correctionnelle doit
réponse est négative, le président de la cour être accompagnéde la consignation d'une amende
d'assises prononce l'acquittement de l'accusé, et de 150 fr., qui est restituée si la décision atta-
ordonne sa mise en liberté. Lorsque le jury a quée est annulée. La consignation d'amende n'est
reconnu l'accusé coupable, la cour rend un arrêt
le condamnant à la peine portée par la loi. Le point exigée pour les pourvois contre tes arrêts
président avertit le condamné qu'il a trois jours des cours d'assises. Le pourvoi est suspensif il
pour se pourvoir en cassation. arrêts do la est jugé par la chambre criminelle de la cour de
Co?/)- de crassation. Les cour cassation.
d'assises portant condamnation, de même que [E. Delacourtie.]

KHALIFES. Histoire générale, XVIII. Le Les Abbassidestransportèrent le siège de leur puis-


mot Khalife ou plus exactement Khalifat signifie sance dans tes provinces orientales. Leur capitale
lieutenant. Après la mort de Mahomet en 632, fut d'abord Anbar, puis la ville nouvelle de Bag-
Abou-Bekre, choisi pour le remplacer, prit le nom dad qu'ils construisirent sur les bords du Tigre.
de Khalifat rafOK~ Allah, lieutenant de l'envoyé Mais, pendant ce temps, l'Occident leur échappait,
de Dieu. Ses successeurs, chefs religieux et poh- L'Ommiade Abd-el-Rhaman, qui avait survécu au
tiques du monde musulman, conservèrentle titre massacre de sa famille, s'était réfugié en Espagne.
qu'il avait adopté. Il y fut reconnu comme souverain et fondu le
Khali fat parfait. Les successeursimmédiats khalifat de Cordoue. Un peu plus tard. un royaume
de Mahomet, Abou-Bekre, Omar, Othman, AU, for- séparé se constituait en Afrique et faisait recon-
ment ce que l'on appelle le khalifat parfait. naître son indépendance politique sous ta dynastie
Comme le prophète lui-même, ils vivaient sans ap- des Aglabites.
parat Abou-Bekre prenait dans le trésor quel- L'empire arabe se divisait donc, mais cette rup-
ques pièces de monnaie qui suffisaient à ses be- ture
de l'unité n'annonçait pas une décadence.
soins. Omar faisait son entrée dans Jérusalem Chacune des trois fractions du monde musulman
monté modestement sur un âne. Mais en 660, commençaune existence particulière et développa
après la mort d'Ali, Mohawia fonda la dynastie des une civilisation originale etEn puissante.
Orient, les Abbassi-
Ommiades ou Omeyades, et transporta le siège de KHALIFAT DE BAGDAD.
J'empire à Damas. des ne commencèrent a décliner qu'à la fin du
Les Ommiades. Le pouvoir jusqu'alors électif ix* siècle, quand ils se furent asservis à la milice
revint héréditaire. Le khalifat perdit son carac- turque. Mais ils eurent auparavant une période
tère de simplicité primitive pour devenir, comme glorieuse avec Almanzor, Almahadi, Alhadi, Ha-
les anciennes monarchies de l'Orient, fastueux et roun-al-Raschid, Motassem. Ces Khalifes tournèrent
despotique. Cette transformation ne s'opéra pas surtout vers le gouvernement Intérieur l'attention
tes partisans d'Ali, de leur politique. Ils avaient trouvé une organisa-
sans résistance. La famille et Il
.plusieurs autres prétendants soulevèrent l'Arabie tion déjà ébauchée par les Ommiades. y avait
et les provinces voisines. Il fallut quarante ans une chancellerie d'Etat,et quatre conseils ou divans
pour tes soumettre. préposés & la solde des troupes, à la perception
C<m<yM~(M des Arabes. Aux guerres civiles des impôts, à la nomination des fonctionnaires
succédèrent des guerres de conquête. Déjà, au subalternes, au contrôle de la comptabi)ité..Un
signal donné par Abou-Betre, les Arabes s'étaient grand-juge assistait ou suppléait le souverain pour
jetés sur les empires grec et persan. A l'ouest, ils prononcer sur les appels interjetés contre les juges
s'emparèrentrapidementde la Syrie, puis de l'E- ordinaires ou cadis. Les Abbassides conservèrent
gypte. Longeant ensuite le littoral de la Méditer- ces institutions et les complétèrent, en appelant
ranée, ils soumirent à leur domination et conver- auprès d'eux une sorte de premier ministre, le
tirent à leur foi toute l'Afrique du nord. En 711, le u:ztf, ou porteur de fardeaux,chargé de préparer
Berbère Tarik, qu'ils avaient lancé en avant, gagna par un travail préliminaire les décisions du kha-
la décisive bataille de Xérès, qui leur donna l'Es- life. Ils établirent un véritable budget; la quotité
pagne. Les Pyrénées furent franchies, et la Gaule des contributions qui devaient être fournies par
à son tour allait être soumise, quand Charles- chaque province fut réglée d'une manière nxe. Il
Martel arrêta Poitiers la conquête musulmane y avait un impôt direct et un impôt indirect. L'im.
~32). A l'est, les Perses avaient été écrasés, et les pôt direct comprenait le djezié ou capitation éta-
Arabes en les poursuivant avaient pénétré jusque blie sur les habitants inSdèles de l'empire; le
dans l'Asie centrale. &ara'(~ établi sur les terres des inMèles la dlme
Vers le milieu du vni~ Siècle, l'empire arabe était prélevée sur les terres que les musulmans avaient
à l'apogée de sa puissance. Il comprenait toute acquises par la conquête; les prestationsen nature
l'Afrique septentrionale, divisée en deux gouver- fournies par les peuples tributaires. L'impôt in-
nements, Egypte et Maghreb. En Europe, il s'éten- direct se composait des droits de douane, du pro-
dait sur l'Espagne avec la Septimanie et les Ba- duit des péages, mines, etc. Le revenu total au
léares. En Asie, il occupait l'Arabie, la Syrie, une temps d'Haroun-al-Raschid montait à 4,420,000
partie de l'Asie-Mineure, et tout l'ancien empire dinars et 270,375,000 dirhems, soit environ 21C
perse, dontles limites avaient même été dépassées. millions de notre monnaie.
Les Abbassides. Une nouvelle révolution se Prospérité générale. Ces immenses ressour-
produisit alors. Les Abbassides, alliés à la famille ces étaient en grande partie employées à des tra-
d'Ali, se mirent à la tête d'une insurrection. Ils vaux d'utilité publique. Des caravansérails furent
j"que
furent vainqueurs dans une grande bataille. Pres- établis et des citernes creusées de distance en
toute la famille des Ommiades fut exterminée. distance sur le long parcours qui s'étend depuis
Bagdad jusqu'à la Mecque. Une rente fut créée buer dans d'innombrables canaux, les attirer a )a
entre la Mecque et Médme. Une police bien orga- surface du sol au moyen do pui ts et de norias.
nisée protégeait ,tes personnes. La sécurité des Bien irrigué, le sol de l'Espagne donnait jusqu à
transactions était garantie par des syndicats de trois moissons par an. Dei productions jnsqu'alor&
marchands. Une agriculture et une industrie Bo- étrangères an pays, la canne à 'mère, le riz, le
rissantes alimentaient le commerce Les fruits de coton, le safran, la myrrhe, le m&rier, avaient été!
la Perse, les vins de Chiraz et d'Ispahan étaient introduites et acclimatées. L'Espagne est riche en
demandés dans tout l'empire. Les ressources du mines de fer, de cuivre, de mercure, en gisements
sol, mines, carrières, salines étaient exploitées de soufre. L'exploitation, abandonnée depuis la
avec intelligence. Dans l'Irak et dans la Syrie, temps des Carthaginois,en fut reprise avec activité.
surtout dans les villes de Damas, de Mossout et Des industries puissantes se développaient dans
d'Alep, on commentait à fabriquer des étomes ma- les principales villes et obtenaientune réputation
gninques. presque universelle. Cordoue était renommée
~MM.af<<. De l'industrie a fart, le passage pour ses cuirs, Tolède pour ses armes, Murcie
est rapide. Les vases d'or, les vêtements précieux, pour ses draps, Grenade, Atméria, Séville pour
les tapisseries qui ornaient les palais des khalifes leurs soieries.
étaient souvent des chefs-d'œuvre. Le Coran in- Lettres, sciences, <t~<. – L'activité intellectuelle
terdisait la reproduction de la figure humaine et n'était pas moindre. L'Espagne musulmane avait
la représentation matérielle de la divinité mais ses bibliothèques et écoles à Séville, à
il n'interdisait pas la construction des monuments Cordoue, à Grenade, àsesTolède. Elle forma des
qui couvrirent bientôt les principales villes, sur- astronomes dont le plus célèbre est Arzachel, des
tout Bagdad, Bassora, Mossoul et Samareande. historiens qui racontaientla conquête, des poètes
Lettres et <ct<MCM. Depuis longtemps, les dont les nouvelles et les romances servirent plus
Arabes avaient une poésie. Mahomet en écrivant tard de modèles aux écrivains espagnols et
le Coran avait créé la prose. Les khalifes de Bagdad troubadours français. Mais ce furent surtout aux les
encouragèrent tes lettres et déterminèrent un arts qui atteignirentà une véritable perfection, et
mouvement scientifique en établissant dans leur entre tous les arts, l'architecture.Les architectes
capitale même un collège qui fut fréquenté par musulmans de l'Espagne sont partis de l'imitation
(iMO étudiant*, des bibliothèques ouvertes à tout du style byzantin. Un des monuments les plus
le monde, des observatoires pour les travaux astro- marquables qu'ils aient étevéa, la mosquée de Cor- re-
nomiques, des hôpitaux et des laboratoires pour doue, rappelie les églises que construisaient les
('étude de la médecine et de la pharmacie. Le Grecs. Mais bientôt l'ornementation jugée in-
goût national des Arabes pour la poésie continua snmsante on multiplierales détails,sera les festons,
de produire des oeuvres remarquables.Leur lan- les arabesques des courbes variées accidenteront
gue, qui avait maintenantsa grammaire et sa rhé- la monotonie de l'arc byzantin. Plus tard, la Gi-
torique, fut maniée avec succès par tes historiens ralda et t'Alca~ar de Séville, l'Alhambra de Gre-
Maeoudi, 'MMti.Ibn-el.Athir,tbn-Khatdoun. Mais nade seront les types achevés d'une architectura
ce fut surtout dans tes sciences que ce peuple se tout à fait originale parvenue à son point de per-
signala. Les mathématiques lui doivent de remar- fection.
quables progrès. Les premiers, les Arabes intro- A~MQCB. Royaume de fez. Moins éclatante~
duisirentla méthode dos tangentes dans les cat- qu'en Orient et en Espagne, la civilisation arabe
cnls trigonométriquës ils appliquèrent l'algèbre d'Afrique ne manquait cependant pas d'une cer-
à la géométrie et résolurent tes équations cubi- taine grandeur. Les Edrissites, qui se rattachaient
ques. En astronomie, ils ont cateuié l'obliquité de a la famitie des Alides, après avoir enlevé aux
t'écUptiqne, t'CKentricité de l'orbite terrestre, la Aglabites la ville de Tlemcen et le Maghreb occi-
duréede t'année.Dans les sciencesphysiques et na- dental, fondèrent la ville de Fez dont ils firent leur
tureUes,ils ontété tes maîtres de l'Europe moderne. capitale. Fez fut en même temps le centre d'un
Leurs médecins atteignaient à un tel savoir, à une grand commerce avec l'Espagne. A côté d'une
telle habileté pratique,'que te vulgaire attribuait mosquée magnifique,des bibliothèques et des éco-
leurs cures à l'emploi de moyens surnaturels.Quel- les s'y élevèrent.
ques-uns d'entre eux consignaient dans des traités .~«tM<e~. La dynastie des Agiabites, bien
les résultats de leurs observations et posaient les qu'elle eût perdu une partie de ses possessions,
principes de leur science. L'un de ces livres, les montra beaucoup d activité et d'intelligence. Des
Canont d'Avicenne, a servi de base a l'enseigne- flottes construites et équipées dans ses ports
ment médicat pendant cinq siècles dans les uni- allaient piller les côtes européennes de la Médi-
versités de France et d'Italie. terranée et faisaient la conquête de la Sicile. En
KHAUFAT DB CoMocE. A l'autre extrémité du même temps, l'agriculture,l'industrie et le com-
monde musulman, en Espagne, un mouvement merce étaient favorisés par un gouvernement ha-
anato~ne se produisait sous la domination des M!e. Des relations s'établissaientavec le désert.
Ommiades. L'Espagne avait été partagée en Un service de postes et de courriers traversait
quatre provinces;la Septimanie, tant qu'elle ap- tout le pays depuis le Fezzan jusqu'à l'Egypte. Les
partint aux Arabes, en forma une cinquième. villes importantes, Tunis, Kairoan, Tripoli, se
Chaque province était administrée par un vali ou couvraient de monuments. Les sciences et les
gouverneur, et se divisait en cités dont chacune lettres étaient étudiées avec la même ardeur
était régie par un cald. Les impôts étaient l'aza- qu'en Asie et en Espagne.
que ou aime sur tes produits de la terre, le <o{K<t7 Fathimites. Les Aglabites furent renversés en
ou imposition sur toutes les richesses du payf, 908 par un certain Abou-Obéidoilaqui se donnait
un droit d'entrée et de sortie sur les marchandi- comme le descendant d'Ali et de Fathima, fille du
ses, et ennn une capitation payée par tous tes ha- prophète. En 968, ses successeurs les Fathimites
bitants non-musulmans. Le revenu total repré- s'emparèrentde l'Egypte et y créèrent un nouveau
dentait à peu près 140 millions de notre monnaie. centre de civilisation.Ils réglèrentavec soin l'orga-
Agriculture et industrie. Jamais l'Espagne nisation administrative et la perception des impôts.
n'avait été aussi florissante. La seule ville Grâce à la prospérité du pays, ils obtinrentun re-
de Cordoue comptait un million d'habitants. Les venu presque aussi élevé que celui qu'avait eu
conquérants musulmans avaient apporté avec eux Haroun-al-Raschid. Ils fondèrentla nouvelle ville
Jos savants procédés de culture employés dans du Caire, qu'ils embellirent de monuments et de
i Egypte, ta Syrie, la Chaldée. Ils savaient emma- mosquées. Là aussi des écoles s'ouvrirent et des
gasiner leurs eaux dans des barrages, les distri- savants se formèrent. Un d'entre oui, Ibn-Iounis,
dressa des tables astronomiques qui firent long- parts une civilisation briUante. Les croisades de-
temps autorité. vaient mettre en contact ces deux mondes si dif-
En face de l'Occident chrétien plongé en pleine férents et instruire l'Europe à l'école de ses enne-
barbarie,le monde musulman développaitde toutes mis. V. C)'0!'M~M. [MauriceWahl.]

L
LABtEKS. – Botanique.XXV!. Etym. Du

latin labium, qui signifie lèvre. Ce nom fait allu-
ferme quatre loges oont chacune contient un seul
ovule dressé anatrope. A la maturité le fruit se
sion à la forme de la corolle. sépare en quatre nucules ou akènes.
Définition. Les plantes de la famille des Les genres de la familte des labiées sont extrê-
Labiées ont toutes une corolle gamopétale hypo- mement voisins les uns des autres leur ctassinca-
gyne irrégulière et d'apparence labiée; selon les tion très compliquée repose sur l'ensemble des
groupes, cette corolle est uni ou 6!7<:t:~< Toutes caractères tirés des diverses parties de la Neur et
les labiées ont entre elles de très grandes afn- du port de la plante; nous ne pouvons, sans dé-
nités elles forment un groupe très naturel que passer les limites qui nous sont assignées, dresser
Brongniart réunissait aux Verbénacées pour for- une clef dichotomique des genres.
mer sa classe des Verbéninées. t~'ayM des ~.oM~M. Nous ne citerons, parmi

C<M'a<'Mfetto<an)~MM. Les graines des labiées
demeurenttoujours enfermées dans le fruit leurs
les labiées usitées, que les principaux genres;
toutes tirent leurs propriétés de l'huile volatile
téguments séminaux sont minces, aplatis leur contenue dans les glandes do leur tige, de leur
embryon, tantôt droit, tantôt courbé, est entouré feuille ou de leur calice.
d'une couche d'albumen très peu développé. Les Basilics, originaires de l'Inde, sont cultivés
Les racines des labiées sont fasciculées et sou- dans les jardins comme plantes aromatiques.
vent traçantes. Les Lavandes, séchées, servent à parfumer les
Leur tige est presque toujours herbacée, très armoires à linge et à préserver les vêtements de
rarement ligneuse (romarin), ordinairement dres- laine des attaques des mites. La Lavande Spic,
sée. toujours tétragone cette forme particulière originaire d'Afrique et de Sicile, donne une es-
de la tige des labiees est souvent employée pour sence employée en peinture; on l'emploie aussi
reconnaître à première vue un végétal de cette en frictions contre les douleurs rhumatismales.
famille. Chaque tige se ramifie dès la base; elle La Lavande o/~cMo~e est cultivée en bordure
porte des feuilles opposées ou verticillées dépour- dans les jardins; on en extrait un alcoolat qui
vues de stipules. Ces feuilles entières ou décou- sert à faire une eau de toilette. Les fleurs de la
pées ont une nervation pennée-réticulée. De Lavande S<œcAos, originaire de Provence, forment
même que la tige- elles sont couvertes de nom- la base d'un sirop connu en pharmacie sous le
breuses glandet qui sécrètent une huile volatile nom de sirop de Stœchas composé.
très odorante (sauge, thym. lavande). Le Patchouly est une labiée aromatique-origi-
L'inflorescence des labiées est toujours pour- naire de l'Inde, son odeur forte le fait rechercher
vue d~ feuilles elle est composée le plus ordi- comme parfum et aussi comme préservatif des
nairementc'est un épi de cymes (lamier blanc); fourrures contre l'action des teignes.
plus rarement, l'épi présente des fleurs solitaires Presque toutes les espèces de ilfenMM ont été
ou géminées à l'aisselle de chacune de ses bractées. utilisées en médecine;aujourd'hui la menthe poi-
Les <leurs sont hermaphrodites; elles présen- vrée est seule employée; sa saveur aromatique
tent, de l'extérieur à l'intérieur est accompagnée d'une sensation do grande frai-
)' Un calice gamosépale à cinq lobes lorsque cheur dans la bouche. On retire de la menthe
ceux-ci sont égaux, le calice a un aspect régulier; poivrée une essence qui est la base des pastilles
plus ordinairement ces lobes sont inégaux et et des liqueurs de menthe. L'essence de menthe,
groupés de façon à former deux lèvres la lèvre poivrée la plus estimée est celle qui nous vient
supérieure est composée de trois lobes, l'inférieure d'Angleterre; on attribue cette supériorité à la
n'en présente que deux. Ce calice est jt)M~M<<M< précaution que l'on prend de détruire toutes les
il continue à protéger le fruit jusqu'à sa maturité. autres espèces de menthe dans le voisinage des
2° A l'intérieur du calice est une corolle gamo- cultures de menthe poivrée; on évite ainsi l'abâ-
pétale à deux lèvres l'une supérieure, bilobée tardissement de l'espèce. H nous vient de Bour-
l'autre inférieure, tritobée (lamier, sauge, etc.). gogne un extrait de menthe poivrée qui peut riva-
Dans le genre Bugle (Ajuga), la lèvre supé- liser avec celui qui est fabriqué en Angleterre.
rieure est remplacée par une échancrure; dans On suppose que la menthe poivrée est originaire
le genre Germandrée (Teucrium), la lèvre supé- d'Asie les Chinois en font un grand usage comme
rieure est représentée par deux lobes filiformes médicament.
qui sont rejetés sur les cotés de la lèvre infé- L'Or:yaM, la Marjolaine, employés comme aro-
rieure. Dans les Menthes, la corolle presque ré- matiques, stimulants et toniques, sont surtout
gulière n'a plus que quatre lobes égaux. connus à cause de leur parenté avec le D:e<ttM:e
3* Sur la gorge de la corolle sont insérées de C~<e, dont les anciens se servaient pour la gué-
quatre étamines didynames, ce qui signifie que rison des blessures.
deux d'entre elles sont plus longues que les deux Tout le monde connaît le Thym, employé comme
autres. Dans le genre Menthe, toutefois, les quatre assaisonnement.
étamines sont égales; dans les genres Lycope, On fait usage du Se'yoM contre les catarrhes
/<<M!<M':K, Sauge, Cunile, il n'y a que deux éta- chroniques.
mines ce sont les inférieures qui ont persisté. On emploie encore la Sarriette comme assaison-
Dans les genres Sauge et Romarin, une seule des nement, les infusions de Mélisse, d'Hysope, de
loges de chaque anthère est fertile. Calament, de Sauge, pour leurs propriétés stoma-
4* Au centre de la fleur, on trouve un ovaire chiques et stimulantes.
libre, supère, composé de deux carpelles bilobés Le LtMfe terrestre est antiscorbutique.
et surmonté d'un style gynobasique, lequel se Le Marrube, les Germandrées ont des propriétés
termine par un stigmate bifide. Cet ovaire ren- toniques.
Les feuilles de la B~ot'ne o/)!f!)M<e sont quel- contre les autres, ainsi que cela se pratique dana
quefois employées comme celles du tabac, dans la grande culture, les plantes tendent à s'étendre
les cas de catarrhes chroniques. en profondeur. Si les racines rencontrent une
Le RoM<!r<!t est un arbrisseau originaire du couche meuble, eUes y pénètrent facilement, se
midi de l'Europe; c'est a aa présence dans les développent, et la tige de la plante suit la même
environs de Narbonne que le miel de ce pays progression. Au contraire, si tes racines rencon-
doit sa saveur aromatique particulière. trent un sol dur, elles ne peuvent y pénétrer, et
[C.-E. Bertrand.] l'arrêt de leur développement entratne celui de la
LABOURS. -Agriculture,IV. -Les labours sont tige. La profondeur des iabours a donc pour con-
des travaux qui ont pour but d'ameublir la terre séquence naturelle l'augmentation du produit des
arable à une profondeur variable, d'enfouir les en- récoltes: l'expérience a toujours démontré l'exacti-
grais et les amendements, de détruire les mauvat- tude de ce raisonnement.Il faut aussi ajouter que,
ses herbes qui se développent t la surface. quand le labour a été exécuté plus profondément,
L'ameublissement da sol est le principal objet tes plantes ont beaucoup moms à redouter les
des labours. Mais en même temps que la tranche excèsde sécheresse ou d'humidité.
de terre attaquée par l'instrument est déplacée, n est rare que, dans d88 labours de défoncement,
elle doit être retournée aussi complètement que on n'atteignepas le sous-sol et qu'on n'en entratne
possible, ann que la partie inférieure vienne a la pas une partie. Dans ce cas, la conduite a suivre
surface et réciproquement. La couche super- dépend de la composition du sous-sel. Lorsque
edelle, dit M. Girardin, toujours plus fertile en celui-ci est de même nature que le sol supernciei,
raison de son exposition t l'air et de la décompo- il n'y a aucun inconvénient a les mélanger, et le
sition & sa surface des matières organiques, se labour se fera comme a l'ordinaire. U en sera de
trouve ainsi mise en contact avec les racines des même lorsque le sous-sol, sans être de même na-
plantes, et la couche inférieure, privée depuis ture que le sol, ne sera pas apte a nuire aux plantes
quelque temps du contact de l'air, vient réparer cultivées; dans cette circonstance, on augmente
les pertes qu'elle a éprouvées sous l'action absor- sans inconvénients la couche de terre arable. Mais
bante des racines. « il peut arriver que le sous-sol soit impropre à la
Les labours sont exécutés soit avec des Instru- végétation, et que son mélange avec la terre arable
ments a mains, soit avec la charrue. Les labours soit de nature à diminuer la valeur de celle-ci.
exécutés 1t la main sont toujours les plus parfaits; Alors, il faut bien se garder de faire le labour de
mais. dans la culture, il est impossible d'y avoir défoncement en suivant les pratiques ordinaires,
recours i les labours ne seraient jamais achevés, et on agira différemment. La charrue ordinaire
dans une exploitation rurale, s'il fallait les faire a atteignant a la profondeur du sous-sol, on la
la bêche et a la houe. Les charmes sont d'autant fait suivre par une charrue fouilleuse qui attaque
plus parfaites que leur travail se rapproche davan- celui-ci, l'ameublit, mais ne le ramené pas à la
tage de celui fait & la main. surface. A cet effet, cette charrue n'a pas de ver-
On vient de voir que les labo<m à bras s'exécu- soir, son soc est en forme de cein allongé qui pé-
tent soit avec la bêche, soit avec la houe. Le labour nètre dans le sons-sol et le travaille a !a profon-
& la bêche été décrit au motJardin; il n'y adonc deur que l'on vewt atteindre. Lorsque la charrue
pas y y revenir ici. Quant an labour it la houe, fait la raie suivante, elle renverse au-dessus de
voici ctmment il s'exécute cette partie du sous-eoi ainsi ameublie la terre
Après avoir ouvert une tranchée, l'ouvrier, arable, sans que le sous-sol soit ramené à la sur-
tourné du coté du terrain a. labourer, enfonce la face. Peu à peu, il se mélange avec la partie infé-
houe dans le sol, attire a lui la terre dans la tran- rieure de la couche arable, et il s'améliore en
chée formée, où il l'émiette; puis il continue a quelques années.
avancer,en marchant sur la partie du sol qu'il vient Quand on opère des labours de défoncement, il
de labourer, tandisqu'en travaillant avec la bêche, est toujours prudent de les faire progressivement.
il marche en arrière, sur terre non encore re- Le premier labour mélange avec la terre arable
la
muée. Ce travail n'est pas aussi parfait que celui une couche de sous-sol de 3 a < centimètres le
de la bêche; la terre n'est que partiellement re- deuxième labour attaque une deuxième couche de
tournée.
Dans quelques pays, notamment dans plusieurs qu'on ait atteint la limite voulue.
même profondeur; et ainsi de suite jusqu'à ce
parties de l'Auvergne, la bêche est remplacée par En même temps qu'ils augmententla couche de
une fourche à deux dents on & trois dents. Le tra- terre arable, les laboure profonds présentent le
vail s'exécute, avec cet instrument, de la même grand avantage de détruire les plantes nuisibles
manière qu'avec la bêche. 5 racines vivaces et traçantes que les labours
Le labour a la houe est celui qui est le plus sou- ordinaires ne peuvent atteindre qu'imparfaite-
vent adopté dans la culture des vignes, surtout ment.
dans le midi de la France. Les labours de défoncement sont toujours une
Le travail à la charrue doit être fait de manière opération coûteuse. Ils exigent des charmes spé-
à se rapprocherautant que possible du labour à la c!ales, des attelages puissants, et ne se font que
bêche. Dans ce but. la charme détache, verticale- lentement, Il faut donc calculer avec un grand
mentpar le coutre, horizontalement par le soc, une soin, quand on veut y procéder, les frais qu'ils
bande de terre, que le versoir rejette sur le coté entraîneront. Les charrues de défoncement exi-
en la retournant. Si ces trois organes fonctionnent gent des attelages de huit dix chevaux, suivant
régulièrement,avec leur maximumd'effet, le tra- la nature du soi elles paraissentdonc d'un accès
vail sera excellent. difficile à la petite culture, et ce n'est que par
Les labours doivent être considérés d'abord au l'association que celle-ci pourrait réunir les atte-
point de vue de la profondeur & laquelle Us attei- lages Bécessatres pour cette opération fructueuse.
gnent la couche arable, et ensuite a celui de la U existe d'excellents types de charmes pour la-
forme qu'ils donnent à la surface du champ. bours profonds les principaux sont !a charrue
Au point de vue de la profondeur, les labours Dombasie perfectionnée à Grignon la charrue Bon-
peuvent être divisés en trois catégories les la- net, la charrue Vailerand, les charrues Bajac, Bo-
bours de défoncement, les labours ordinaires et din, etc.
les labours superficiels. La diMculté de se procurer les attelages ou les
Les labours de défoncement sont ceux qui dé- instruments pour les labours profonds a fait adop-
passent 30 centimètresde profondeur. Leur utilité ter, dans certaines localités, une méthode mixte
est facile a démontrer. En effet, serrées les unes que M. Girardin décrit ainsi On ouvre avec la
de 0*M envi-
charrue ordinaire une raie profonded'ouvners, présente des difâcultés pour l'épandage régulier
vingtaine ar- des fumiers et pourles semailles il rend difficile
ron, puis on y place une nouvelle couche l'emploi des instrumenta perfectionnés, des her-
més de bêches, qui enlèvent une
de 32 cent. de profondeur qu'ils rejettent sur le ses, etc. enfin, il met des obstacles aux charrois
labour. Si l'opération est dirigée de manière que pour l'enlèvementdes récoltes.
l'attelage n'attende pas après les ouvriers, ou ceux- Dans les labours en planches, on divise le soi
ci après l'attelage, il peut en résulter un travail en parallélogrammes plus ou moins larges, sépa-
très satisfaisant. Ce procédé est usité avec avan- rés par une raie moins profonde que pour les
Belgique. billons. D'un coté, la terre labourée est renver-
tage dans le département du Nord et en être exécute sée à droite, de l'autre elle est renversée à gau-
~i, au contraire, le défoncement doit
de telle sorte que le sous-sol soit seulement pul- che. La largeur des planches varie suivant beau-
vérisé, mais non ramené à la surface, le travail ne coup de circonstances; elle est généralement les
plus
armés d un bi- grande les terres légères que pour ter-
diffère qu'en ce que les ouvriers, pour
fortes.
dent au lieu de b&che, laissent retomberbande au fond res
Quant aux labours à plat, ce sont ceux qui se
de la raie la terre, sans la placer sur la de
terre renversée par la charrue. Ce mode de défon- rapprochent le plus du labour à la bêche. La sur-
cement, usité dans la vallée de la Garonne, y face du champ est nivelée aussi complètement qu''
prend le nom de pelleversage. On peut, à l'aide possible, et on obtient ce résultat par des labours
de ces procédés, défoncer environ 20 ares de terre dans lesquels la terre est toujours renversée du
même coté.
par jour. Les labours en planches et les labours à plat ne
La saison la plus favorable pour les labours de
dofoncement est l'automne. Les terres ramenées présentent pas les inconvénients des labours en
~La surfacesont plus tôt mûries, selon l'expression billons. La terre peut être facilement assai-
de l'hiver.
.ri.
consacrée, sous l'influence des gelées et des pluies nie par
plus
Les labours ordinaires sont ceux qui se font à tionnés peuvent l'un de
la profondeur de 15 à 30 cent. la profondeur de l'adoption de [abourés
des
grande
rigoles

suivant
tracées suivant le sens de la
pente. Tous les instruments perfec-
être employés sur les champs
labours
ces systèmes. C'est donc
que l'on doit pousser,
30 à 25 cent. est celle qui est la plus usitée, dans à ces
particulières
la plupart des circonstances. Le plus souvent, ils quand desl'adoption circonstances ne comman-
suivent les labours profonds, et ils servent ache- dent pas des labours à billons. Pour la
du sol avant les semailles. culture des plantes qui demandent à être buttées
ver l'ameublissement première période de leur végétation, les
Les labours superficiels sont ceux dont la pro- dans la labours à plat s'imposent d'une
fondeur n'excède pas 10 cent. Ces travaux sont planches et les absolue.
faits, tantôt avec une charrue légère, tantôt avec manière presque
un extirpateur. Ils ont pour but, ou bien de dé- Pour être profitables, les labours doivent être
truire les mauvaises herbes, ou de déchaumer faits aux saisonsleur convenables. La condition indis*
bonne exécution est l'état
un champ de céréales, ou d'enfouir des engrais pensable pour
H faut que celle-ci soit
pulvérulents, ou enfin, de recouvrirles semences. favorable de la terre.
Quelle que soit la profondeur à laquelle on dans un état moyen d'humidité, et surtout qu'elle
laboure, quand un sillon est tracé avec la charrue ne présente ni excès d'eau, ni excès de séche-
ordinaire, le laboureur doit revenir à l'extrémité resse. Quand le sol est s'ameublit trop humide, il se forme
d'où il est parti, pour faire un deuxième sillon à en grosses mottes et ne pas, ce qui est
côté du premier, ou bien en revenant tracer son le but principal du labour. Si, au contraire, il est
sillon à une certaine distance du premier, pour trop sec, il oppose souvent une très grande
pulvérise
ré-
à
retournée. Afin sistance aux instruments ou il se
ne pas rejeter sur celui-cide la terre
l'excès.
d'éviter les inconvénients ces pertes de temps,
tourne-oreilles. Quant au nombre des labours que doit recevoir
on a imaginé des charruesappeléesalternativement
Ces charrues peuvent renverser un champ, il dépend à portée, la fois de la nature du sol,
la terre de gauche à droite ou de droite à gauche, de la récolte qu'il a do celle qu'il est
de telle sorte qu'on peut, en allant et en revenant, destiné à recevoir, etc. 11 est donc impossible de
des règles absolues à cet égard.
renverser toujours la terre dans le même sens. donner [Henry Sagnier.]
Ces charrues rendent* des services signalés dans XIII.
le labour des terrains en pente. Elles sont dis- LA FONTAINE. né le juilletfrançaise, Littérature
posées de telle sorte que le versoir jt le soc Jean de La Fontaine, 8 1621 à Château-
peuvent basculer autour de l'age. C'est dans le Thierry en Champagne, où on lui a ékvë une
même but que sont construites les charrues dites statue, était d'une bonne Fontaine, famille bourgeoise du
brabant doubles. pays, fils de Charles de La maitre des
Depuis quelques années, les charrues à plu- eaux et forêts, et de Françoise Pidoux, fille d'un
sieurs corps ont commencé à se répandre en bailli de Coulommiers. Son enfance n'offrit rien
France. Elles sont surtout à deux socs ou à trois socs. de remarquable sa, première éducation fut même
Avec les charrues bisocs on peut tracer deux sil- assez négligée. It commença ses études à Château-
lons parallèles, avec les charrues trisocs on fait Thierry et les acheva au collègesortir du collège, de Reims. Doué
trois sillons. Ces charrues présentent une grande d'une imagination vive, il lut, ascétiques au
qui firent
-économie de temps et de main-d'oeuvre,mais elles Lactance et quelques livres
ne peuvent être adoptées que pour les labours sur lui une telle impression qu'il se crut la voca-
superficiels et pour les labours ordinaires. tion ecclésiastique il entra à vingt ans aux Orato-
Si l'on considère maintenant les labours au riens de Reims, puis au séminaire de Saint-
point de vue de la forme qu'ils donnent à la sur- Magloire peut-être,après tout, sans vouloir suivre
face du champ, on les divisera en labours en la carrière religieuse, ne voulait-il prendre que les
U
billons, labours en planches et labours à plat. ordres nécessaires pour obtenir des bénéfices.
Le labour en billons partage le champ en plan- se repentit: un an après, renonçant à la théologie,
ches bombées étroites, séparées par des rigoles il rentra dans le monde où il se fit remarquer par
profondes. Ce système présente des avantages ses distractions, son indolence, un goût vif pour
dans les terres fortes ou reposant sur un sous-sol tes plaisirs et même la dissipation il menait une
désœuvrée, soit dans la maison paternelle, soit
non perméable il permet t'égouttement de la vie parait avoir éta le théâtre de
terre et l'écoulement des eaux en excès. En outre, à Reims, qui ses
quand la couche arable n'a qu'une faible profon- premières erreurs et qu'il aima toujours beau-
deur, il augmente artificiellement celle-ci. Mais il coup.
On a raconté partout qu'un an après ~e trant dam le monde, MM le connaître, le trouva
sortie
du séminaire, tgé de vingt-deux ans, ilsaentendit it charmant, mais ne s'en soucia point davantage. I)
un ofaeier en garnison à Château-Thierry liree faut se méfierde ces anecdotes qui expriment plai-
l'ode de Malherbe: samment l'aversion du poète pour les devoirs de la
Que ditM-VM~ rMtt httmrtt. vie positive. Celle-ci a sans doute été exagérée à
plaisir, comme tant d'autres on sait en effet que
i-
et que cette lecture éveilla chez lui le génie poéti- M" de la Sablière recommanda cet enfant an pré-
que. La vérité est que son père aimait beaucoup laa sident de Harlay, qui se chargea de lui à qui
poésie et rengageait à la cultiver, et que le jeune e fera-t-on croire que le père n'ait pas connu cet
homme avait déjà rimé quelques vers de circons- démarches ? Disons tout de suite que La Fontaine,
tance fort prisés à Château-Thierry. Toutefoisii see ce semble, n'aima jamais les enfants ce petit
passionna dès lors pour Malherbe, il le lut beau- peuple dont ii fallait tant s'occuper lui
parut
coup, ainsi que Voiture il lut encore les poètes ett toujours exigeant, importun, insupportable.
les conteurs du moyen âge et du xvt* siècle, less La Fontaine n'avait écrit que l'Eunuque,
auteurs anciens et étrangers qu'il s'essayait à imitation de Térence,encore ou l'invention paraît lui
imiter. Son goût le portait aux écrivains italiens. manquer (t6M), lorsqu'il fut présenté à Fouquet
Tout cela risquait de l'égarer des amis le sauvè-
rent. Pintrel, traducteur de Sénèque, et ie cha-
par
au un oncle de sa femme, J. Jannart, substitut
parlementde Paris. Fouquetse l'attachacomme
noine Maucroix, traducteur de Platon, t'initiè- poète et lui fit une pension de 1,000 livres, lui
rent aux œuvres des Grecs et des Latins cette imposant l'obligation d'acquitterchaque trimestre
t
étude le guérit de son admiration pour le bel de rente par une pièce de vers. La Fontaine n'y
esprit à la mode; Horace, surtout, lui d~t~a /e~manqua jamais. La reconnaissance ne l'attacha pas
yeux. seule au surintendant Fouquet lui plaisait par
Pendant quatre ans il ne s'occupa que de plaisirs) les qualités de personne, par son esprit, son
et de poésie. Cette inutile vie de province ne le enjouement, ses sa grandes manières. Cette situation
menait à rien. Son père, pour fixer son humeur dura sept ans elle faisait à La Fontaine la vie la
volage, lui céda sa charge et le maria à Marieplus conforme & son humeur; il y trouvait une
Héricart, fille du lieutenantau bailliage de la Ferté- société brillante, une véritable
Milon, patrie de Racine, un autre Champenois. La par la grâce, cour qui préludait
par l'éclat des lettres et des arts, au
Fontaine avait alors vingt-six ans (1647) c'étaitgrand siècle de Louis XIV. Le plus bienveillant
t'Lomine le moins capable de liens, l'esprit le accueil y fut fait à La Fontaine les hommes les
moins propre aux affaires caractère insouciant, il plus distingués par leur talent, les femmes les
négligea sa place et son ménage ii n'apprit jamais plus aimables surent l'apprécier. C'est là qu'il
son métier, et, regardant le mariage comme un connut Molière il le devina. « C'est mon homme,
esclavage, H s'éloigna peu à peu du toit conjugal. dit-il. Molière de son côté comprit la valeur de
Sa femme ne manquait ni de beauté ni d'esprit, La Fontaine Vos beaux esprits auront beau
elle avait même de l'instruction et du goût, et son se trémousser, le bonhomme ira plus loin que
mari la consulta plusieurs fois avec proflt pour ses nous.
vers. Mais elle était trop jeune (seize ans) pour La disgrâce de Fouquet, qui appartient à l'his-
prendre de l'empire turlui: dans la vie inoccupée toire politique, donna à La Fontaine l'occasion de
que lui faisait son mari, elle lisait beaucoup de montrerune vertu rare, la ndélité à un protecteur
romans; elle n'avait ni l'amourde l'ordre et du tra- tombé tandis que les anciens courtisans du su-
vail,ni la fermeté de caractère qu'il auraitfallupour rintendant, comblés de ses faveurs, se taisaient
attacher La Fontaine. Le poète qui a écritFAt~ott ou reniaient leur bienfaiteur, la reconnaissance
et Baucis, la plus touchante image du bonheur de inspirait à La Fontaine ses premiers accents vrai-
deux époux qui ont su vieillir ensemble en se suf- ment poétiques. Son Elégie aux Nymphesde ~«M;
fisant à eux-mêmes, était peut-être capable de changea en pitié l'animosité publique soulevée
router les calmes et sereines jouissances du foyer contre Fouquet, coupable de dilapidations, coupa-
domestique. A vrai dire, it ne parait pas qu'il lit ble surtout d'avoir déplu à Louis XIV que des
de grands efforts pour vaincre ses penchants vo- sentiments de jalousie personnelle de diverse
lages; et.aprèsplusieursséparations momentanées, nature ] poussèrent à des rigueurs excessives.
non sans avoir donné à sa femme bien des sujets Jannart, exilé & Limoges après la disgrâce du
de plainte il finit par t'abandonnercomplètement. surintendant,emmena avec lui (IM~tt-a Fontaine,
Dès lors sa vie n'eut plus rien de régulier il 1qui < a fait. une relation très agréable en prose et
vendit peu à peu pouf vivre son patrimoine,mor- en < vers de c& voyage il y décrit les villes, les
ceau par* morceau1 campagnes qu'il ne fait qu apercevoir en passant,
Jean t'en alla comme il «ait TtDn. sans rien étudier de près: on relit encore avec
Mao~Mot le fonfh MM ie revenu. plaisir
1 ses observations faites du seuil de l'auberge
où il relaie. Le voyage n'est cependant pas telle-
Du moins il ne mangea pas la fortune de sa ment [ rapide qu'il ne l'utilise pour ses plaisirs et la
femme séparée de biens, elle fut à l'abri du be- galanterie:
f la relation en est d'autant plus pi-
soin il semble même qu'elle s'accommoda de l'i- quante q qu'elle est adressée à sa femme. Revenu
solement. de
)j Limoges, il partage son temps entre Château-
Plus tard, quand La Fontaine était à Paris de- Thierry
1 et Paris, tantôt avec sa femme, tantôt
puis longtemps déjà, ses amis, Racine, Boileau, sseul, jusqu'à ce que la séparation fut devenue
intervinrent pour opérer un rapprochement entre dénnitive.d
sa femme et lui. Tout le monde connalt cette C'est à ce moment qu'il connut la duchesse de
anecdote. Il partit pour voir sa femme à Château- Bouillon,
B Marie-Anne Mancini, nièce de Mazarin,
Thierry et se rapprocher d'elle. Deux jours après, qui q était venue résider dans sa terre de Chateau-
il était de retour; ses amis d'accourir, empressés T Thierry pendant une absence de son mari. La du-
de savoir ce qui s'était passé. <t Eh bien avez- chesse ci se déclara sa protectrice, et la Fontaine
vous vu votre femme? Eht non 1 elle était au s'en s' est toujours souvenu il l'a célébrée jusque
salut. x La Fontaine était trop heureux d'esquiver dans d les detweM efforts de ça muse (Fables, XII,
un rapprochement qu'il redoutait, ne voulant ~3): 2.
point se plier aux devoirs d'époux ni de père. Il
avait eu en effet un Os 11 ne s'en occupa pas des amenrt déesse tutélaire.
MMMin,
'plus que.de sa femme. On a raconté que, plus Elle exerça sur la direction de son esprit une
tard, cet enfant devenu grand, son père, le rencon- ir
influencedécisive et moralement pernicieuse.Bien
que menant une vie plus régulière que ses sœurs, hommes les plus illustres de son temps, et, si
la duchesse. licencieuse d'imagination, ne s'effa- l'on en excepte le bilieux Furetière, il n'eut pas
rouchait pas de la liberté des mœurs, et pardon- d'ennemis. Il était d'un commerce charmant; les
nait volontiers en faveur du talent aux crudités de gens du monde, comme les écrivains, le recher-
la muse elle seconda de toute son influence l'in- chèront pour la supériorité de son talent et le
clination naturelle du poète pour les légèretés chérirent pour la douceur de son caractère, dont
italiennes. une candeur enfantine fut toujours le trait princi-
En 1664, La Fontaine donna ses premiers Con!es pal. Ses distractions sont célèbres peut-être est-il
et Nouvelles en vers, écrits pour la duchesse de permis d'y voir, outre le laisser-allerd'une nature
Bouillon, et pour la plupart imités de l'Arioste, de indolente,une sorte de calcul fin pour s'isoler au.
Boccace, de Machiavel. Joconde est le début. Les milieu des importunset sauver cette indépendance.
lois de ta morale et delà décence y sonttrop offensées d'esprit dont il était si jaloux.
pour que nous en parlions ici. La Fontaine s'y La mort de la duchesse d'Orléans avait fait re-
montra un conteur par excellence il a, dans ce tomber La Fontaine dans une position précaire
genre, surpassé les Grecs et les Romains, les M" de la Sablière retira le grand enfant chez elle.
Italiens du moyen-âge, la reine de Navarre, Marot C'était une femme aussi distinguée par les qualités
lui-même, et n'a pas été égalé depuis, même par du cœur que par les dons de l'esprit. La Fontaine
Voltaire. retrouva à l'hôtel de la Sablière la plus brillante
Il avait quarante-sept ans quand it
commença société La Fare, l'ami particulier de la mattresse
de la maison, Bernier, que Saint-Evremond appe-
à publier l'ouvrage qui a fait sa réputation, les
Fables que tout le monde connalt les fruits de lait le joli philosophe,. et qui initianotre poète à la
l'automne sont les plus savoureux. Les premières philosophie épicurienne de Gassendi, plus con-
parurent en 1668 elles étaient dédiées au dau- forme à ses goûts que celle de Descartes. M°" de
phin, qui avait alors six ans et demi, et dont le la Sablière fut pour lui une véritable mère et lui
précepteur était le président de Périgny (car épargna les mille soucis de la vie pour lesquels il
Bossuet ne fut chargé de l'éducation du fils de n'était pas fait. Il sentit tout le prix de cette ami-
Louis XIV qu'en 1670). Ces fables étaient modeste- tié délicate. C'était juste ce qu'il fallait au poète
ment intitulées Fables d'Esope mises en vers par qui a écrit ces vers charmante
M. de La Fontaine. Les six premiers livres, ache- 1.
Qu'un ami véritable est une douce chose
vés l'année suivante, devaient former l'ouvrage Le vivre et le couvert que faut-il davantage t.~
complet, comme le prouve l'épilogue qui les ter- Bon soupé, bon gîte et le reste.
mine
Bornons ici notre carrière Pendant vingt ans, la sollicitude de M°" de la Sa-
Les longs ouvrages me font peur. blière ne se démentit pas elle ne crut jamais
Loin d'épuiser une matière, pousser trop loin son rôle de tutrice attentive, qui
On n'en doit prendre que la fleur. contribua sans doute à entretenir cet état de per-
C'était sa manière, c'était sa nature. 11 dit pétuelle enfance où se complaisait /e bonhomme.
ailleurs Lasse de la vie, trompée par La Fare, délaissée à
son tour par son mari, elle se retira peu à peu du
Je suis chose légère et vole à tout sujet; monde elle réforma sa maison et ne garda, dit-
Je vais de fleurs en fleurs et d'objet en objet. elle, « que ses bêtes son chien, son chat et son
Cinq autres livres, formant une troisièmeet une La Fontaine. » Surveillé de moins près, La Fon-
quatrième partie, parurent seulement en 1618 et taine se laissa facilement entraîner par les princes
i6~9 un second épilogue les termine. Enfin, en de Vendôme et toute cette société d'aimables et
1690, il y ajouta un douzième et dernier livre, qu'il brillants débauchés qui égayaient le fameux hôtel
dédia au duc de Bourgogne. du Temple, Chapelle, Chaulieu, La Fare, etc.
On a encore de La Fontaine le Songe de ~at< En 169.t, à la mort de sa protectrice, La Fontaine
Adonis, poème mythologique où il y de l'élé-
la
restait
tutelle
encore seul à soixante-douzeans, quand la
et l'appui d'un ami lui devenaient plus in-
gance, de la grâce, le sentiment et 1 amour de
nature, chose rare au xvn* siècle; un poème sur dispensables que jamais il trouva tout cela chez
le Quinquina, un autre sur la Captivité de Saint- M. d'Hervart, conseiller au Parlement de Paris,
Malc, des ép!tres, des ballades, des rondeaux un dos amis de M°" de la Sablière, qui vint le
dans tous ces ouvrages, on trouve des choses di- chercher « Venez loger chez moi. J'y allais »,
gnes de La Fontaine, une imagination brillante, la répondit La Fontaine avec une admirable simpli-
magie du style. Il publia encore un roman, Psyché, cité qui honore le bienfaiteur et l'obligé. M"' d'Her-
imité d'Apulée, en prose mêlée d'excellents vers vart remplaça M°" de la Sablière dans son rôle
le cadre est une lecture faite à la campagne dans maternel, et La Fontaine passa le reste de ses
une réunion de quatre amis « dont la connaissance jours, entouré de soins que l'âge rendait plus
avait commencé par le Parnasse », La Fontaine, touchants. Sa protectrice, plus jeune et plus sage,
Boileau, Molière, Racine, sous les noms de Po- lui faisait de la morale. Ninon aussi prêchait la
lyphile, Ariste, Gélaste. Acanthe. Molière, Cor- sagesse à La Fontaine, qui ne la pratiquait pas, pas.
neille et Quinault reprirent cet ouvrage et en plus que sa conseillère.
firent un opéra dont Lulli composa la musique. Il jouissait de sa gloire de son vivant. Fénelon
Enfin, outre l'Eunuque, La Fontaine a composé apprenait à son élève, le duc de Bourgogne, à
quatre ou cinq comédies et deux opéras qui n'a- l'admirer et à l'aimor. Louis XIV sout ne lui ren-
joutent rien à sa gloire. dait pas justice. Le poète eut beau, comme les
Voilà toute l'œuvre de La Fontaine. Depuis autres, payer son tribut d'éloges à la gloire du
longtemps il avait vendu sa charge son incapacité grand roi il n'eut jamais part aux faveurs de
pour les affaires, son insouciance pour ses intérêts Louis ni aux bienfaits dont Colbert était le dispen-
matériels, son peu de conduite avaient achevé sateur. On ne saurait croire que le roi et le mi-
d'anéantir sa petite fortune. Ses amis lui ob- nistre aient gardé si longue rancune à la coura-
tinrent une charge de gentilhomme servant de geuse fidélité de l'ami de Fouquet. Peut-être
la duchesse douairière d'Orléans, Marguerite de méconnurent-ils la valeur d'un genre jusque-là
Lorraine, veuve de Gaston, qui l'admit parmi les modeste, et ne comprirent-ils pas quels trésors y
familiers de sa petite cour du Luxembourg. avait épanchés le génie du poète. Car on ne saurait
M°" de Montespan protégea aussi notre poète, qui croire à un excès de vertueuse indignation, chez
dédia à la favorite le septième livre do ses fables, un prince si peu sévère dans sa conduite, contre
un des plus beaux. La Fontaine fut lié avec les l'auteur de contes licencieux. Madame de Mainte-
mon le tint-elle à l'écart des faveurs royales, parce elle représente toute la société, rois, nobles, cu-
qu'il l'avait connue quand elle n'était que la femme rés, moines, magistrats, bourgeois, paysans
de Scarron ? Quoi qu'il en soit de cet rigueurs On a contesté la moralité des fables de La
officielles,dont Boileau s'est rendu complice en ne Fontaine il est nécessaire de réfuter ici cette
parlant pas de La Fontaine dans son Art poétique, erreur. Le poète ne tire pas toujours directement
La Fontaine avait soixante-trois ans quand il M pré- la morale de ses récits, sans doute it ne fait pas
sents t l'Académie, qui <tt un acte d'indépendance la fable pour la morale, comme La Motte il la
unique à cette époque en le nommant en remplace- laisse découler dos faits qu'il généralise. Ce n'est
ment de Colbert, de préféreneea~ Boilean que pro-
tégeait la cour. Le roi mécontentrefusa son
sion. Une nouvelle vacance eut tien Bcilean fut
é- pas sa faute ai
la raiMn du plu fort est toujours la metUtm'e.
Selon que vous serez p<tiMMtt on misérable,
nomme à son tour. «Lechohqne v<tus avez fait de Les jugement* de tour vous tendrext Mme es noir,
M. Despréaux, dit le roi aux délégué*de l'Acadé-
mie, m est fort agréable il sera approuvé de tout etc., etc. Il en va ainsi dam) le monde. Rousseau
le monde. Vous pouvez maintenantrecevoir'La et Lamartine, qui ont entre antres critiqué la
Fontaine; il a promis d'être sage. L'âge avait moralité de ces fables, n'ont paa compris que La
d'ailleurs amendé le caMetère et les mœurs du Fontaine MM fait voir ce qm est, et que c'est t
10 ramena la
fabuliste. Une maladie grave qui faillit l'emporter
religion qu'il avait fort négligée
toute sa vie. Son confesseur le tourmentait, au
chacun de nous à tirer la leçon des faits. La na-
ture a *M lois invariables; il nous tes met sous
les yeux et les dégage a la lumière d'une mise
grand étonnement de sa garde-malade qui trou- en scène admirable à nous de conclure, comme
vait que le bon Dieu n'anrait pas le courage de dans la vie. Lessing a essayé de refaire les fables
le damner. » Il Ct amende honorable pour ses de La Fontaine pour tes rendre plus morales
Contes. Ce ne fut pa< Mn< peine; il dëtirait vi- it en a fait des berquinadesplus puériles qu'hon.
vement en publier une dernière édition, offrant netes, innocentes, vertuemtes, mais qui n'ont rien
naïvement d'en donner le produit aux pauvres. Il de réel. Ne dissimulons pas la Tenté à l'enfant
~e repentit de son mieux des erreurs de sa jeu- devenu homme, ii viendrait se heurter douloureu-
eeKe, et tes expia par des exercices d'une aus-
tère piété. Il y eut bien quelques rechutes
sement la réalité.
ti est une autre erreur que nous devons relever.
On a pu croire que La Fontaine écrivait facile-
Promettre est un tt tenir est un autre. ment. La duchesse de Bouillonl'avait appelé son fa-
C'est ainsi que le cinquième et dernier ti- Mtef, croyant qu'il produisait des fables natu-
-vre de ses Contes, publié depuis sa conversion, rellement, sans effort, comme un pommier produit
est aussi licencieux que les premiers. Toutefois, des pommes. Elle n'avait pas compris ce que ce
ses dernières lettres à Maucroiï le montrent tout style si naturel et si facile cache d'art, de travail
~ui sentiment* religieux. Sa
s'éteignitle 13 avril 1695 t t'hotel d'Hervart.
ses négligences
mort fut douce il bonnes fortunes, mêmes ne sont pas toutes des
c'est le fruit d'un art pro-
fond et caché. » (Tissot.) C'est une perfection sa.
Rien ne ttaabtt ta an, dest !< «)<r d'en beau jour. vante. Aussi, sa langue est-elle à lui c'est
Maucroh, en apprenant sa mort, écrivit « Nous parlé, la plus personnelle que jamais écrivain ait
avoM été amis plus de cinquante ans. Je l'ai lité lui sans excepter Molière. Une seule qua-
tendrement aimé, autant le dernier jour que le & la sincérité de est naturelle, c'est la naïveté il la doit
premier. C'était Ume la plus sincère et la plus La Motte la connalt son âme; ii ne l'a pas cherchée.
candide que j'ai connue. Jamais de déguisements. Chamfbrtaporté ne pas, qui l'a poursuivie.
Je ne sais s'il a menti -de sa vie. » sur Fontainece jugement,qui
La
est définitif:.
Il est difficile 4e faire un choix parmi ses plus teur trop libre d'un Il offrit le singulier contraste d'un con-
belles fables. Citons pourtant Le Loup et f~- çut partage l'esprit et moraliste excellent H re-'
en le plus fin qui fut jamais, et
gneau, Le CA<t« et <e Roseau Le Chat et le fMMa. devint tout temps le modèle de la simplicité! It
~!a<j Z.M ~MtMa«.Bmalades de /<! peste, Le Héron, possédaen le génie de t'observation.meme de la satire,
Les DeNic P~eattt, Le Chat, la Belette et le petit jamais
et ne passa
Lapin, La Laitière et le, Pot au lait, Le P!e!~)c!e< dérobe que pour un bonhomme. Il
les trois jeunes hommes, Le Paysan du Danube. les arttnces sous fart d'une négligence parfois réelle
Ce sont autant, de chefs-d'œuvre, et l'on pourrait ressembler de la compositionla plus savante, fait
l'art au naturel, souvent même à
-en multiplier la liste. l'instinct cache génie génie même.
son par
La Fontaine a peu Inventé il emprunte ses et fut, dans le siècle des grands écrivains, sinon leson
fables à Esope, à Pilpai, a Phèdre, au moyen âge, premier,du moins le plus étonnant. s
a la Renaissance. Mais Finissonsparces lignes de Féneton <r Lisez-te,
Son îmittttonn'est pu un eM!tïagt. et dites si Anacréon a su badiner avec plus de
grâce, si Horace a paré la philosophie et la mo-
Il imite da façon à avoir mérité le nom d'tMMtM. rale d'ornemente plus variés et plus attrayants; si
table. Il dérobe les anciens, et nul n'a été plus ori- Térence a peint les
ginal il est tellement créateur dans ce genre, de naturel m<eurs des hommes avec plua
et de vérité si Virgile, enfin, a été
que La Fontaine n'est plus le nom d'un fabuliste, plus touchant et plus harmonieux. »
mais le synonyme même de la Fable. Ce qui le [A. Pressard.]
distingue surtout, c'est la vérité, la vie il ne con- LAIT. V. Aliments.
naît pas l'abstraction, it rend l'humanité visible LANCASTRE. Histoire générale, XXVIIf. –
dans une action continue qui est la peinture la Nom d'une branche de la famille des Piantageneta,
pins vivante de l'homme de tous les temps et de qui a donné trois rois a l'Angleterre, Henri IV,
la société du xvn* siècle. Ses fables sont Henri V et Henri VI. La maison de Lancastre ayant
Une ample comédie aux cent actes diteM dans ses armes une rose rouge, on appelle aussi
Et dont la Ment est l'univers. ces trois souverains rois de la rose rouge, par op-
position aux MM de la rose blanche ou de la mai-
Les auteurs de ces drames sont tout le monde, son d'York.
mous, nos semblables. Les bêtes nous prêtent Henri IV, ou Henri de Bolingbroke (tes prin-
leur masque et leur langage (V. Fable). Mais c'est ces anglais ajoutaient à leur nom le nom de la ville
aussi une épopée véritable et qui descend en où ils étaient nés),né en 1367, pour père Jean
droite ligne des vastes épopées du moyen âge; de Gand, duc de Lancastre et eut troisième fils d'E-
douard III. Le roi Richard H, successeur et petit- sons rivales, une énergie virile. Elle ne put em-
fils d'Edouard avait banniet dépouillé de ses pêcher toutefois la défaite du parti de la rosé-
biens son cousin Henri celui-ci, réfugié en France, rouge. Henri VI, fait prisonnier une première fois
forma un complot dans lequel entrèrent la plu- par ses adversaires, puis délivre, retomba entre
part des grands seigneurs anglais. Comptant sur les mains d'Edouard IV d'York, fut rétabli un ins-
le mécontentement causé par la tyrannie de Ri- tant sur le trône en 1470, par Warwick, puis,
chard, il tenta un débarquementà la tête de quel- captif de nouveau, fut mis à mort en ] 47
ques partisans, et vit bientôt la plus grande partie LANGAGE. –Psychologie, XIV.–Dans son ac-
de la nation se rallier à lui. Richard 11, fait pri- ception la plus générale, le mot langage désigne
sonnier, dut abdiquer, et le Parlement donna la tout système de signes destinés à exprimer les
couronne à Henri de Bolingbroke (1399). Par cet sentiments ou la pensée. Par suite, on peut dis-
acte se trouvaientécartées du trône, au profit de tinguer autant d'espèces de langage qu'il y a d'es-
la famille de Lancastre, non seulement la bran- pèce de signes pouvant servir à établir entre les
che amée des Plantagenets,en la personne du roi hommesla communicationdes pensées ou des sen-
déposé, mais encore la descendance du duc de timents. L'ancien télégrapheaérien était ainsi une
Clarence, second fils d'Edouard III. sorte de langage; de même les signaux de ma-
Quelques amis du souverain déchu tentèrent un rine, encore en usage aujourd'hui. Les Orientaux
soulèvement; ils furent vaincus, et Richard fut ont composé un langage symbolique par le moyen
mis mort dans sa prison (1400). Un peu plus des fleurs, etc.
tard, une autre révolte, celle du comte de Percy Les mouvements du corps (jeux des muscles du.
de
et son fils, le fameux Hotspw-, mit en danger visage ou physionomie, gestes) sont également un
le trône d'Henri IV; les Gallois avaient pris parti langage, et celui-là très expressif et très varié.
pour les rebelles. Ceux-ci furent néanmoins défaits Néanmoins, sauf chez les sourds-muets,il ne fait
a la bataille de Shrewsbury, où périt Hotspur qu'accompagner, accentuer le langage articulé,
(1403). Plusieurs fois encore, Henri IV eut à qui est la manifestation la plus parfaite du lan-
lutter contre des tentatives de révolte. Aussi, pour gage vocal ou auditif.
consolider son pouvoir, s'appuya-t-il sur l'Eglise « L'organe qui est le siège de la voix est le la-
d'une part, dont l'influence, ébranlée quelques rynx. La voix est produite par l'air expiré qui, exer-
années auparavant par les prédications de Wicleff, çant une certaine pression sur ce qu'on appelle les
s'exerça au proOt de la maison de Lancastre; et cordes t;oca<M, les fait entrer en vibration. Or les
d'autrepart sur le Parlement,à qui Bolingbrokede- sons de la voix sont de deux sortes, articulés ou
vait sa couronne, et qui obtint par cette raison inarticulés.
une part considérable dans le gouvernement. » On appelle articulés les sons qui, ayant leur
Henri IV mourut en 1413. origine dans le larynx, sont modinés au passage
Henri v, de Monmouth, succéda à son père par le pharynx, la bouche et les fosses nasales.
Henri IV. H avait dans sa jeunesse mené l'exis- Les sons inarticulés, qui ne subissent pas ces
tence la plus dissipée Shakespeare en a retracé modifications, s'appellent les cris.
quelques épisodes dans les deux parties de son » Les sons articulés sont ce que l'on appelle la
drame d'~e~rt /t~, en immortalisant sous le nom parole.
de Falstaff l'un des compagnons de débauche du » Le langage inarticulé est commun à l'homme
jeune prince. Mais, à peine sur le trône, Henri V ot aux animaux; le langage articulé est propre à
montra toutes les qualités d'un souverain à la fois l'homme. Quelques animaux sont capables d'ar-
ferme et prudent. Il continua la politique de son ticuler des sons mais ils ne s'en servent pas
père à l'égard de l'Eglise et du Parlement; et, comme d'un langage, c'est-à-dire pour exprimer
voyant l'occasion favorable, il résolut de récla- leurs besoins. Lorsque le perroquet a faim, il crie,
mer de la France l'exécution du traité de Brétigny. il ne parle pas. La parole est pour lui un amuse-
Lors de la déposition de Richard H, le duc d'Or- ment, non un instrument de communication avec
léans, qui gouvernait alors la France an nom de ses semblables. » (P. Janet.)
son frère Charles VI, avait refusé de reconnaltre Une des distinctions les plus généralement usi-
l'usurpateur Bolingbroke comme roi d'Angleterre. tées, est celle qu'on établit entre le langage natu-
Or, c'était justement le parti d'Orléans ou des rel et le langage artificiel. Le langage naturel
Armagnacsqui, en )413,après l'écrasementdes Ca- comprend les signes que l'homme emploie indé-
bochiens, venait de ressaisir le pouvoir à Paris. pendamment de toute rénexion et de toute volonté:
Henri V déclara la guerre à Charles VI, gagna la tels sont les cris de la douleur, de la joie, de la
bataille d'Azincourt, et obtint, par le traité de colère, etc., et en général tous les gestes, toutes
Troyes, plus qu'il n'avait demandé d'abord. De- les attitudes qui traduisent les émotions ou les
venu gendre et héritier de Charles VI, il mou- passions les plus simples. Les deux caractères
rut en 1422. Il laissait un &Is au berceau. principaux des signes naturels, c'est qu'ils sont
« Henri de Monmouth, dit-il à son lit de mort, identiques chez tous les hommes sous l'empire de
aura régné peu et conquis beaucoup Henri de la même paseion (à moins que par un effort éner-
Windsor règnera longtemps et perdra tout. e gique et assez difficile de la volonté la manifesta-
Henri VI, de Windsor, fut proclamé roi de tion extérieure de la passion ne soit supprimée)
France et d'Angleterre à la mort d'Henri V. Après c'est ensuite qu'ils sont instinctivementcompris
un règne long et malheureux, il devait, selon les par tous les hommes, de tam&memanière, comme
paroles prophétiques de son père, perdre ses expression d'une passion donnée.
deux couronnes. Nous avons raconté ailleurs (V. Le langage artificiel ou conventionnel est formé
Guerre de Cent Ans) comment les Anglais furent par des signes inventés ou choisis expressément
chassés de France.La trève de Tours (1444) mit fin et arbitrairement par les hommes. 11 est évident
à la longue lutte entre les deux peuples voisins, et que pour une même idée les signes artificiels peu-
Henri VI épousa alors une princesse française, Mar- vent varier à l'infini, et qu'ils ne sont compris que
guerite d'Anjou. Mais bientôt éclata la sanglante de ceux-là seuls qui sont au courant de la conven-
guerre civiledes Deux Roses,causée par les préten- tion. Parmi les différentes espèces de langages
tions de la maison d'York,quiavaithérité des droits artificiels, il faut citer, suivant M. Janet 1° les
de la maisonde Clarence,et qui revendiquait la cou- langues scientifiques, notammentla nomenclature
ronne (V. Guerre des DeuxRoses).Henri VI, faible chimique, la langue algébrique, la nomenclature
d'esprit, était incapable de défendre lui-même son botanique; 2" la notation musicale; 3° les chif-
autorité; mais Marguerite d'Anjou déploya, dans fres 4° le langage sténographique, l'écriture, les
la lutte implacable engagée entre les deux mai- systèmes de signaux dont il a été parlé plus haut
5* le tangage des sourds-muettinvente par l'abbé pes du trMM&M(Xme, que le chant fut le moyen
de t'Epée et l'abbé Sicard. etc. principal par teqwttt'htmme primitiftraduisit au
Ici se pose comme d'elle-même la question de dehors des émoaoM.Et e*<*tpar un vague ressou-
savoir si têt tanguesproprementditesrentrentdans venir dos conditions d'nThtmro de nos premiero
la catégorie des signes naturels on dans celle des ancêtres, que M. H. Spencere~N~ae la puissance
signes artificiels. D'une part, il semble que les parfois prodigieuse de la mutiq<mCMtmeexpres-
mots qui composent toutes les langues con- sion de la passion.
nues n'ont avec tes idées qu'ils expriment que Qu'on nous permette ici de nous citer Mas-
de rapportspurement conventionnels;autrement, même, en nous résumant:
une seule langue devrait exister, dont tons les Diminuez le volume de la voix, supprime)! les
hommes auraient l'intelligence sans l'avoir jamais notes quidépassentune certainehauteur moyenne,
apprise. D'autre part, il est impossible d'indi- et la phrase musicale se rapproche du récitatif,
quer, pour une langue donnée, l'inventeurdu vo- assez voisin lui-même de la phrase parlée. On
cabutaire il est l'œuvre collectée, anonyme, in- peat concevoir un nombre plus ou moins considé-
consciente du peuple on de la race. Be plus, les rable de transitions, en sorte que le ton passionné
langues modernes dérivent de langues plus an- ae soit abaissé peu a peu a celui de la raison tran-
ciennes, mortes aujourd'hui, et cea dérivations quiUe. N'est-ce pas là ce que confirme la marche
s'accomplissent suivant des lois nullementarbi- historique de l'esprh humaint La prose n'est-eUe
traires que déterminentles philologues. Et en re- pas née partout de longs sièctes après la poésie
montant aussi haut qu'il nous est possible dans le qui, à l'origine, ne confondit avec le chant ?P
passé, nous ne saurions trouver l'homme de génie L'explicationprécédenterendapeuprès compte
qui fut l'inventeur du langage, s! rudimentaire de révolution générale de l'expression vocale;
qu'on veuille le supposer à l'origine. En sorte que mais elle ne noas apprend pas d on est sorti l'élé-
la parole parait bien être le produit spontané d'une ment même du langage articulé, le mot. Sur ce
faculté essentielleà l'amo humaine, l'expression nouveau point, qui est décisif, le transformisme
naturelle de la pensée. aurait, semble-t-il, gain de cause, s'il pouvait éta-
C'est la le problème célèbre de l'origine du lan- blir que le mot est dérivé naturellement, soit des
gage, problème si souvent agité par les philoso- interjectionsinarticulées,qui traduisent les senti-
phes, depuis Pythagore, Démocrite et Platon jus- ments primordiaux de l'âme humaine, soit do l'i-
qu'à. nos jours. Parmi les solutions qu'il a reçues, mitation des sons ettérieurs, et particulièrement
mentionnons, mais seulement pour mémoire,celle du cri des animaux. Rien, en effet, ni dans l'in-
de M. de Bonald, pour qui le langage était l'œuvre terjection, ni dans l'imitation, qui dépasse les ca-
de la révélation, et avait été directement donné pacités mentales des animaux supérieurs, »
par Dieu au premier homme. Hypothèse à peine D'éminents philologues, notamment l'illustre
digne de la discussion, si l'on entend, comme on Max Millier, se sont attachés à montrer que l'une
ie fait ordinairement, que l'homme reçut de Dieu et l'autre était également iasufnsante pour expli-
une langue toute faite, et dont toutes celles qni quer l'origine des mots. C'est aux racines que
ont été parlées depuis ne sont que des images dé- Max MuUM- attribue, pour la formation du langage,
ngurées; mais peut-être est-ce pousser la doctrine une importancedécisive elles marquent, selon lui,
de M. de Bonald an delà de ce qu'il a voulu le point précis où commence la parole vraiment
dire. humaine, et établissententre le langage émotion-
L'hypothèse du langage considéré comme nne nel, qui pourrait nous être commun avec la bête.
inventionpurement artificielle, a été soutenue par et le langage intellectuel, qui nous appartient
Bémocrite et réfutée avec éclat dès l'antiquité par en propre, une ligne de démarcation infranchis-
Lucrèce. Un si merveilleux instrument ne saurait sable.
être l'muvre volontaire et réfléchie d'une intelli- Mais de graves autoritésrepoussentaujourd'hui
gence qui ne'l'aurait pas déj& à son service. La la théorie de Max Muller. On peut toujours se de-
parole, dit Rousseau, serait nécessaire pour in- mander, en effet, d'ofi viennent les racines elles-
venter l'usage de la parole. » mêmes. Max MuUer refuse de poser cette ques-
La troisième hypothèse, généralement adoptée tion, sous prétexte qu'elle échappe, par sa nature,
de nos jours, fait du langage, comme nous le di- aux conditions de la science expérimentale. Sans
sions tout à l'heure, le produit spontané d'une fa- doute, si l'on s'en tient aux langues entièrement
culté essentielle à Urne humaine, l'expression na- constituées et susceptibles d'être étudiées dans
turelle de la pensée. Mais, ainsi présentée, cette des monuments écrits, on ne peut remonter au
solution, dont se contentaientJounroy et Garnier, delà des racines et on doit les considérer comme
est vague et superncielle. Elle ne saurait suffire, les éléments ultimes auxquels l'investigation po-
en présence de la théorie transformiste et des tra- sitive puisse atteindre. Mais ces limites relative-
vaux des philologues contemporains, qui ont en- ment étroites, l'induction peut essayer de les fran-
tièrement renouvelé le problème. chir. D'autre part, les innombrables idiomes des
On sait que, pour les transformistes, l'homme tribus sauvages ont beaucoup à nous apprendre,
dérive d'une espèce animale, aujourd'hui éteinte, et en recueillantet concentrant ces diverses sour-
et qui fut la touche commune de tous les singes ces d'information, plusieurs philologues contem-
anthropomorphes. Ceux-ci sont donc, comme on porains sont arrivés à cette conclusion que l'in-
t'a dit, non pas précisément nos ancêtres, mais tartectiOB, l'onomatopée, l'imitation des bruits
nos cousins germains. Attribuant ainsi une origine extérieurs ou des cris des animaux, suffisent pour
purement animale au genre humain, le transfor- expliquer l'origine, sinon de tous les mots, au
misme ne saurait reconnaître, sans se contredire moins d'un fort grand nombre. Par là se trouva
lui-même, l'existence d'une faculté du langage qui confirméela théorie que Platon proposaitdéjà dans
soit le privilège exclusif de l'homme, et établisse le dialogue du Cratytej-
une barrière infranchissable entre lui et l'animal. Selon lui, les articulations les plus simples,
Mais entre le cri de la bête et le verbe qui traduit voyelles ou consonnes, sont l'imitation, par l'or-
la pensée humaine, quel ablme 1 et comment le gane vocal, de certaines qualités élémentaires
combler? Le chef du transformisme contempo- des objets. Ainsi la lettre R, pour la prononcia-
rain, M. Darwin, incline à croire que le chant tion de laquelle la langue tourne rapidement, a
pourrait bien fournir la transition cherchée. dû traduire naturellement te mouvement. Dans
Il semble en effet prouvé que certains singes la prononciation du D et du T au contraire, la
peuvent produire une série régulière de notes langue presse, appuie, s'arrête pour ainsi dire,
musieales. On peut conjecturer, selon les princi- contre les dents eu le palais l'analogie a du. con-
duire à exprimer par ces lettres ou par des syl- la faculté d'abstraire, de considérerune qualité à
labes qui les renferment, les qualités de stabilité, l'exclusion des autres,
de repos. Platon examine successivement à ce On peut aller jusqu'à dire que le langage ne
point de vue les articulations primitives, et essaie nomme pas proprement des choses, mais seule-
d'en déterminer la signification. Les applications ment des qualités. Pourtant les mêmes qualités
de détails de cette théorie peuvent sembler par- conviennent souvent à plusieurs choses différentes
fois puériles; mais le principe en est accepté le même signe pourra ainsi servir à désigner plu-
par les plus autorisés des philosophes contempo- sieurs
réalités d'espèces distinctes qui se ressem-
rains. blent par un trait commun. Quelque imitatif qu'il
On voit par là quel rôle considérable l'analogie ait été à l'origine, le mot fut donc dès )e principe
a dû jouer dans la formation des mots. N'est-ce un produit,non seulement de l'abstraction, mais de
pas en effet procéder par analogie que de peindre la généralisation. Ajoutons que le mot est double-
avec des sons articulés la rapidité, la lenteur, la ment abstrait et gênerai, car le signe qui a été
stabilité, et généralement les propriétés exté- tout d'abord choisi pour exprimer lion, arbre, ri-
rieures des objets? Mais dans cette voie, les pro- vière, etc., a dû servir immédiatement a nommer
grès sont en quelque sorte illimités. Si, par non pas tel individu spécial et isolé, mais tous
exemple, une articulation rapide et brève traduit ceux de la même espèce. Par l!t se trouve suffisam-
l'oreille un mouvement de même nature, elle ment réfutée l'assertion des évolutionnistes qui
pourra aussi bien donner l'idée d'un espace court, prétendent que les sauvages n'ont pas de termes
car un tel espace est vite parcouru; par suite, elle abstraits. Tout mot est abstrait, par cela seul
exprimera tout objet petit, faible, insignifiant. qu'il est un mot.
C'est encore à l'analogie qu'il faut rapporter ce Quant aux choses qui ne tombent pas sous les
procédé, si fréquent dans les idiomes sauvages, sens, il est infiniment probable que primitivement
de la répétition. Il servira à traduire, tantôt la elles furent toutes nommées par analogie avec cer-
continuation de l'action, tantôt l'agent ou l'instru- tains objets ou phénomènes matériels. La méta-
ment de cette action, tantôt la grandeur ou la pe- phore a été et est encore aujourd'hui l'une des
titesse de l'objet. sources les plus fécondes du langage. Sans doute,
H faut admettre enfin qu l'origine, ces diffé-
même
ces analogies furent d'abord superficielles, presque
arbitraires la plupart nous échappent; mais l'im-
rents procédés ont donné naissance dans le
idiome à plusieurs formes diverses pour traduire portant pour l'homme, c'est qu'un signe soit at-
la même idée. Les formes les plus simples, les taché à une idée l'usage, la tradition consolident
plus intelligibles, ont peu à peu éliminé leurs ri- le lien, fragile au début, qui les unit. Et ces pro-
vales. Ce travail inconscient de sélection dut être cédés analogiques et métaphoriques ne sont au
d'autant plus rapide, que l'idiome était de forma- fond que 1 application de ces mêmes pouvoirs
tion plus récente par suite, des dialectes sortis d'abstraire et de généraliser, condition essentielle
d'une souche commune ont dû promptement di- du langage humain.
verger, au point que leur parenté devint prompte- On doit conclure de tout cela que le langage est
ment méconnaissable. l'œuvre volontaire et réfléchie de l'homme. S il est
Mais si la philologie la plus récente semble vrai que la grammaire d'une langue traduit au de-
aboutir a des conclusions assez différentes de celles hors des lois nécessaires de la logique, et, par
de Max Muller sur la question de l'origine du lan- suite, peut être considérée comme l'expression
gage, il ne s'ensuit pas qu'elle supprime toute spontanée de la pensée en acte, il n'en est pas de
barrière entre le langage émotionnel et le langage même du vocabulaire. Celui-ci se forme peu à peu,
intellectuel,et qu'elle se refuse à reconnaître dans par additions successives; il s'enrichit et se mo-
la formation des mots l'opération de facultés ex- dine incessamment et dans la plus large mesure.
clusivement propres à l'homme. En effet, le pro- Les mots qui le composent ont tous été créés et
cédé de l'imitation, tout naturel et spontané qu'en cela par une volonté expresse; chacun d'eux a
paraisse l'emploi, implique déjà la réflexion et la commencé d'exister un certain jour, quelqu'unl'a
volonté. La bête en est incapable. On n'a jamais lancé dans le monde, et la société tout entière est
vu l'agneau, le bœuf, le singe môme, après avoir devenue sa mère d'adoption. Fut-il donc un temps
échappé à la poursuited'un lion, exprimer la cause où l'homme ne parlait pas? Cette hypothèse n'a
de leur terreur par un rugissement. L'onomatopée rien d'invraisemblable mais elle n'implique pas
n'est déjà plus le cri soudain, irrésistible de l'é- qu'un état d'isolement absolu ait précédé dans
motion elle est une traduction, par l'intelligence, l'histoire du genre humain les premières formes
de quelque chose d'extérieur; elle est analogue au de l'existence sociale; l'homme a pu d'abord com-
dessin qui retrace à l'œil le contour des formes, muniquer avec ses semblables par gestes, par si-
et il n'y a pas, que nous sachions, d'exemple d'un gnes, par différents moyens inarticulés d'exprès
animal qui ait dessiné sur le sable, avec sa patte sion. Elle n'implique pas davantage que la pensée
ou son bec, l'image, si grossière qu'elle fût, d'un et la réflexion aient été absentes au début; loin
objet. C'est que la production imitative des sons d'être fille du langage ou même de naltre en même
et des formes n'est possible qu'à la suite d'une temps que lui. la pensée lui est logiquement et
abstraction, et que la faculté d'abstraire semble chronologiquement antérieure, comme l'ouvrier a
bien être le privilège de notre espèce, en même l'instrument. D'ailleurs, tout en admettant que le
temps que la source de tout langage. langage soit en toute rigueur une invention de
Une remarque analogue s'applique à l'imitation l'bomma, rien n'empêche de supposer que cette
des mouvements, si bien décrite par Platon dans découverte fut une des premières et qu'elle a été
le passage mentionné plus haut. Si le son que pro- presque contemporaine de l'humanité et de la so-
duit l'émission rapide de l'air par l'organe vocal a ciété. Quoiqu'il en soit, nous pensons que le lan-
primitivement exprimé l'idée d'un objet qui s'é- gage est l'oeuvre, non d'une faculté spéciale d'ex-
coule rapidement, il a fallu d'abord dégager cet pression et d'interprétation,comme le voulaient
attribut de tous ceux qui sont communs à cet ob- .feuffroyet Garnier, mais simplement de ces facultés
jet. L'eau d'une rivière est brillante, froide, sonore; d'abstraire et de généraliser qui, essentielles à
elle étanche la soif; elle engloutit le baigneur im- l'esprit humain, furent en acte dès le premier jour,
prudent, la barque mal dirigée, etc.; voilà bien et ont créé avec la parole tous les arts, toutes les
des caractères que les premiers hommes qui ont sciences, toutes les manifestations infiniment
parlé, ont dû laisser & l'écart pour aller droit au variées de la pensée réfléchie.
trait essentiel, qui est la rapidité de l'écoulement. Ces facultés à leur tour ont dû au langage do
La condition d'un tel choix, c'est donc toujours rapides et merveilleux développements. Nous n'a-
vons pas à insister ici sur les rapports du tangage choses sera résumée en une phrase courte, claire,
qu
avec la pensée; qu'il nous suffise de rappeler il
e
substantielle, que le maltre prononcera ou qu'il
est pour celle-ci le plus puissant instrument de fera trouver à l'élevé. On la fait répéter par una
l'analyse. Or, sans l'analyse, nulle science possible. série d'élèves jusqu'à ce que tout le monde la
On a quelque peine à se représenter ce que serait sache, et alors on demande qu'elle soit rappor-
l'intelligence de l'hommesans le langage, et l'iden- tée par écrit. Si les enfanta sont trop jeunes, on
tité des mots rafM et oratio en latin, le double peut t'ecrire au tableau.
sens en grec du mot logos, montrent que l'homme Une autre leçon de langue maternelle se ratta-
a compris de bonne heure la parenté nécessaire .chera à la lecture d'un texte. Le vocabulaire de
de la pensée et de la parole, du verbe et de la l'enfant est borné il ne contient que les mots qui
raison. lui sont nécessaires pour M* acte* et ses senti-
A eensmtter. – Paul Janet ~«M dlémentaire <<<pM. ments de tous les jours. La lecture présentera
~OMpAtt,eh. et M; Ad. Gamhr~ 2Va«~ d« /iMt<K~ <ie quantité de mots nouveaux que l'enfant ne com-
t'dNM~ liv. vm, eh. n RenM), OrMaM dit tott~e~t. mai prend pas et qu'il est nécessaire de lui expliquer,
MuUtr, ~<foM no- la teMxtt <<t< Mxaa~e; et nos ~<tdM non par des définition*,mail par des exemples ott
<<<r la ft~erM fJ?ee&<tMM, tuuëax étude. phrases où on les fera entrer. C'est
[L.Carrau.] par d'autre* note Bêcheuse pour une école, quand
encore une
tANGCE D'OC, ~Aa6~ns D OtL. – V. Ro- on découvre que les élèves y emploient'des mots
tMaaM (~~n~MM). – dont ils ignorent la stgnimcation. Il arrive alors
LANGUE MATERNELLE. Grammaire fran- que, trompés par des assonances, ils emploient un
çaise, I. On appelleainsilalangue que dans la pre- terme pour un autre, comme trahison pour tradi-
mière enfance nous apprenons de notre mère. Déjà tion, ou continence pour co'XttMMCt. Mieux vau-
les anciens avaient remarqué l'influence des femmes drait n'avoir qu'un petit nombre de mots à sa dis-
sur le langage de FenJant, et pour le choix d'une position et les employer avec justesse et bon sens,
nourrice ils recommandaient de tenir grand compte que détaler ces fausses richesses.
de sa prononciation, Par une distinction aussi fine Les nombreuses métaphores que contient la
que vraie, nous disons la langue maternelle,tandis langue et que nous employons sans en scruter
qu'on dit la maison paternelle.L'enfant, quand il l'origine ont besoin d'être expliquées: pourquoi
arrive à fécote, apporte avec lui cette langue mater- dit-on un esprit étroit, une dme basse, cœMr
nelle, et c'estlà nn premier fondauquel t'mstituteur cAaMd ? autant de comparaisons abrégées Mn qui peu-
attribuera aTec raison une grande importance. vent donner lieu à quelques mots d'intéressante
Pendant longtemps on a trop enseigné le fran- explication. Le maître don surtout faire la guerre
çais comme une langue morte.Et pourtant l'enfant aux métaphores mal suivies, comme remp/tr un
a employé des substantifs, des verbes, des pro- but, fBt&raMtr une ea~rt~'t. Quand âne Mcution
noms avant de franchir le seuil de t'écote. H est incorrecte se présente, ce n'est pas assez de la
bon de le lui faire constater. S'il s'agit, par exemple, relever: ii faut taeuer d'en découvrir la cause.
d'expliquer ce que c'est qu'un substantif, le moyen Presque toujours c'est quelque fausse analogie qui
le plus simple est de prendre dans les derniers a trompé l'écolier. Pourquoi entend-on dire de
mots prononcé* par t'écoNer quelque substantifet plus en plus je demande à ce ot«. ? c'est par
de leslai donner en exemples. On demande ensuite fausse analogie avec M <t<Mdr<m à ce que, je con-
des exemptes aux autres éteves de la classe chacun <MM ce ~tr,
fournit le sien. U en est de même pour les autres ren~/tf Mtt
que. De même remplir Mn AM< ment de
et oaAraïïef une carrière est
parties de la grammaire. C'est toujours une sur- l'inutation d'ettt&r<M<e<-une religion,une opinion.
prise de voir ce que savent les enfants. D'eux- Quand l'élevé voit la cause de la faute,il est mieux
mêmes, pour peu qu'on les mette en train, ils préparé à l'éviter.
conjugueront, sur le verbe finir, le verbe se réjouir, Sans faire de nos écoliers de petits orateurs,
sans avoir appris ce qu'est un verbe réQéchi. Ds on peut les exercer à parler sur un sujet pendant
mettront le tubjoncttf après tes conjonctions à trois ou quatre minutes, à condition qu'ils aient
<KOt7M ~t«, poMrMf~Me, coMf que, sans avoir ap- d'abord étudié le sujet et qu'ils le connaissent
pris tes modes. Ils emploient des conditionnels bien. On a remarqué la facilité avec laquelle les
longtemps avantde conjuguer des verbes J'achè- écoliers américains manient leur langue mater-
terais des gâteaux, si j'avais de fargent. J'aurais nelle cela tient aux exercicesde l'école primaire.
porté secours, si j'avais été ta. Il faut, an moment Ce n'est pas assez de faire apprendre la langue
d'enseigner le conditionnel,leleur faire remarquer. française à l'enfant il faut la lui faire aimer. Le
On doit avant tout tirer de l'enfant ce qu'il sait; maitre dira donc à l'occasion que notre langue a
c'est alors un plaisir pour lui de voir que la gram- été la première qui, au moyen âge, se soit dégagée
maire n'est pas une chose nouvelle qu'on lui ap- du latm que dès le xa* et le xm* siècle on la par-
porte du dehors, mais qu'il la pratique depuis lait dans tonte l'Europe, que nos vieux poèmes
longtemps de lui-même. du moyen âge ont été traduits en toutes les lan-
l'enfant possède une quantité de locutions gues, etque nos héros français, comme Roland, ont
toutes faites, parfaitement françaises et dont it con- été populaires dams le monde entier; il parlera en-
naît le sens géné<'al. Seulement il serait souvent suite de l'éclat incomparableque notre littérature a
embarrassé pour tes décomposer. La tache du jeté au ivre, au xvH*etauxvm* siècles;rappellera
t
maître sera de tut apprendre en distinguer les que la langue française est devenuela langue de la
dinérentes parties. Par exemple cette phrase: diplomatieainsi que de la sociétépoliede tous pays,
Comment cela M-<-M? est claire pour tout le et il pourra ajouter qu'aujourd'hui encore tout
monde mais la dictée on obtiendrait, avec une homme tultivés'appliquealaparler, ce qui n'est pas
classe mal préparée, les séparations de mot les une raison pour nous de ne pas apprendreles
plus fautives. Ces fausses séparations, qui ont plus langues étrangères, mais plutôt une raison de les
de gravité que les fautes d orthographe, sont un apprendre,pourn'être pas moins instruite et moins
des signes auxquels on reconnaît une instruction bien préparés à tout événement que nos voisins.
grammaticale mat dirigée. Pour faire comprendre les mérites <Me l'étranger
Parler et écrire sont essentiellement des arts découvre dans la langue française, le mahre fera
pratiques,des arts de même nature que de marcher remarquer de temps à autre l'énergie ou la finesse
ou de se servir de ses mains. Il faut donc exercer de certaines expressions souvent les locutions
les enfants à parler et a écrire. La première leçon populaires sont d'une concision et d'une force par-
de langue maternelle doit être intimementunie à ticulières, que nous ne songeons pas à relever
la leçon de chosett. Chaque partie de la leçon de parce que nous y sommes habitués. Quelle préci-
-eion dans un proverbe comme Qui terre a, guerre dispose notre langue et le parti intelligentqu'elle
a, ou dans faut bien faire, et laisser dire. Un en a su tirer. Le maitre pourra écrire exprès et
moyen de faire aimer en même temps que de dicter quelque narration renfermant nombre de
faire apprendre la langue maternelle, ce sont les mots de même famille, et que l'élevé rapportera
chansons, qui doivent avoir une place importante soulignés.
& l'école, a condition que les paroles soient bien On sait la difficulté qui se rencontre ici à côté
choisies et méritent d'être retenues. Le jour où les des mots d'origine populaire, il y a des mots d'ex-
élevas de toutes les régions de la France empor- traction savante, tirés du latin par les érudits.
teront de l'école un certain nombre de chants Tandis que les mots populaires sont toujours bien
partant d'une inspiration pure et élevée, un lien formes, ceux d'origine savante laissent parfois à
<te plus aura été créé entre Français et la dire, car ils ne sont guère autre chose que le mot
langue maternelle aura accru son empire sur les latin qu'on a fait entrer tout vif en français. Ainsi
cœurs. éteindre et éteignoir sont d'origine populaire
Pour faire sentir la propriété des termes, un mais inextinguible et extinction sont de prove-
bon exercice est de choisir une idée et de montrer nance savante. C'est au tact de l'instituteur qu'il
de combien de manières la langue parvient à la appartient d'examiner dans chaque cas s'il est pos-
rendre. Je suppose qu'il s'agisse du verbe prendre sible de faire sentir la parenté aux élèves. Pour
-et de ses différentes nuances Le soldat saisit son le verbe muer, par exemple, on pourra montrer le
arme l'enfant cueille une fleur les gendarmes sens primitif, qui est « changer », par le rappro-
<!pp?'~AeM<~en< un voleur le chat attrapela souris chement des composés commuer et remuer, et dès
l'armée e<iMM la position l'écolier comprend le lors il sera possible de mentionner les mots sa-
problème. » On fera percevoir ainsi la métaphore vants tels que permutation et commutation. Mais
qui assimile notre intelligence à des mains qui il serait difficile, à l'école, de faire sentir la parenté
s'emparent d'un objet. La langue anime tout de strict et étroit, de direct et adresse. Entre deux
« Une auberge borgne; une affaire louche; so~t'~ mots d'origine populaire, souvent la parenté re-
comme un pot. » Les images de notre langue se rat- monte aux temps de la langue latine il vaut
tachent à un passé qu'il faut tâcher de faire revivre. mieux alors n'en point parler. Commentfaire com-
Tantôt elles nous viennent d'un jeu, par exemple prendre à des écoliers le lien qui rattache le verbe
du jeu de paume :Mlt a pris la balle au bond. Je vais lui pondre aux substantifs n'~p<M et compote ? D'autres
renvoyer la balle. H s'est laissé empaumer. x Tantôt fois, on peut bien composer des groupes, comme
c'est à quelque professionqu'elles sont empruntées, quand sous le verbe écrire on reunit les mots sa-
comme celle du meunier, ou de l'aubergiste,ou du vants conscription et proscWp~on mais le sens
marchand, on encore à la vie militaire on à la ma- qu'ont' ces derniers termes n'est éclairé que par
rine. Pour ne parler que de cette dernière, voyez l'histoire de la langue latine et des institutions
combien elle fournit de termes «Allons l'accoster romaines. Il faut donc un certain choix dans cette
Il ne veut pas démarrer d'ici. Aborde-le! Mettons étude si intéressante.
le grappin sur lui Donnons-lui la chasse Des Pour les élèves voisins de nos frontières du
expressions d'un usage courant, telles que échouer midi, l'italien ou l'espagnol aideront à éclairer ]e
ou arftco', n'ont pas d'autre origine. Les écrivains français ils seront comme des plantes exotiques
<;omme La Fontaine et Saint-Simon abondent en qui appellent l'attention sur les productions de
expressions pittoresques,parcequ'ils savent ialan- notre soi. Pour tous ceux qui, à côté du français,
gue de beaucoup de corps d'état et de la plupart possèdent un patois, le patois donnera pareille-
<les situations sociales. ment matière à de nombreux et instructifs rappro-
L'étude de la formation des mots et leur classe- ments. Les expressions anciennes et bien formées
ment en groupes et en familles a fait des progrès, y abondent. A Jersey, non loin de Saint-Hélier,
grâce à de bons livres qui sont aujourd'hui entre sur un poteau placé à l'entrée d'un champ, on
les mains de tous nos maîtres. Ici surtout il im- peut encore lire aujourd'hui ces mots « Il est dé-
porte de choisir ses exemples autant que possible fendu de trépasser dans ce champ. » Nous avons ici
des verbes, et des verbes ayant pris naissance en l'ancien mot trépasser, en italien <rapftM<t' em-
français. Tel est le verbe monter, qui vient du ployé comme dans le livre des Rois « Et la cha-
substantif Mio"<, l'idée du mouvement ascension- rogne Jesabel girra cume feins (comme du fumier)
nel en général ayant été exprimée par un verbe el champ de Israel, si que li trespassant dirrunt:
qui voulait dire d'abord escalader une montagne. Est-ço la noble dame Jesabel ? » Ce mot, qui mar-
Voyez la hardiesse d'une langue qui dit monter que le passage à travers, n'est plus usité en fran-
à cheval, le prix du blé a Mo'~e, le vin monte dans çais littéraire que dans le sens unique du grand
la bouteille. Ce verbe a donné les composés passage. Le même préfixe se trouve dans ~-MM!7-
surmonter (avec son dérivé insurmontable), re- tir, <7'~MM<e' et notre adverbe <?'M, qui voulait
monter (un cavalier de remonte), démonter (cette dire a de part en part, tout à fait n'a pas d'au-
interruption a démonté l'orateur). On dit aussi tre origine. Que d'expressions pittoresques les
la montée d'une colline le montant d'une échelle, patois ne contiennent-ils pas 1 Dans le Berry, une
ou encore d'une note à payer le montage d'une toile d'araignée s'appelle une arantèle; nous avons
machine, d'une filature; la monture d'un cavalier, ici l'ancien mot d'aragne, encore employé par La
ou encore celle d'un thermomètre, d'un violon, Fontaine, figurant comme premier terme d'un
d'un pistolet, d'un éventail, d'un bijou. Quand on composé.A des enfants on dit: «Allez vous ~'ayMM-
dit qu'un directeur de théâtre monte une pièce, dans le jardin 1 » C'est le même verbe qui est con-
on compare le drame à un mécanisme dont les tenu dans vagabond et N:trat)'"y<Mf. Les petits
acteurs et les décors forment les ressorts et les Parisiens n'ont pas de patois à leur usage mais
rouages. Monter la tête à quelqu'un, c'est lui l'instituteur fera bien de leur citer de temps à autre
disposer la tête de telle façon qu'elle soit prête à quelques mots de ce genre, pour leur donner une
un certain acte, ordinairement quelque sottise. idée plus juste de ces anciens dialectes ils ne
Nous retournons maintenantau primitif mont pour sont pas la corruption ou la caricature du fran-
l'entourer de ses dérivés M<Mt<"eM;): et montagne çais ce sont des idiomes non moins anciens, non
~qui a donné mon~Maraf et mt~a~eM.t). Enfin, moins respectables que le français, mais qui, pour
<n latin mons avait déjà donné pronto~ot'fc.Les n'avoir pas été la langue de la capitale, ont été
verbes passer, tourner, d'autres encore, pour- abandonnés à eux-mêmes et privés de culture lit-
raient donner lieu à des classifications analogues. téraire. Que nos enfants accueillent toujours avec
Un tel exercice, fait de temps à autre, montre à affection et curiosité ces frères déshérités du fran-
t'étèvc quels sont les moyens de formation dont çais Une fois qu'ils auront l'habitude d'observer
les mots, ils feront attention aux idées et aux usa- On a remarqué justement que le latin est avant
ges. tout la langue de la tribune, la langue oratoire. Il
C'est ainsi que tous les moyens concourront à se prête mal à la poésie, car il est peu métaphori-
enrichir le vocabulaire de l'élève. On a remarqué que il ne se met pas non plus facilement au ser-
que nos écoles jettent tous les ans dans ia société vice de la philosophie, car il est trop pauvre en
une qntntité de jeunes gens qui savent lire, mais expressions abstraites. On y rencontre peu de ces
qui ne lisent point. Les plus belles oeuvres de mots composés qui abondent en grec et qui tra-
uotre Uttérature sont non avenues pour eux tout hissent dans l'esprit d'un peuple des instincts
au plus tes journaux avec leurs produits frelatés, d'analyse et des habitudes de UnetM et de ré-
:aits divers, procès criminels,feuiUetons, parvien- flexion.
oent-its a captiver un instant leur attention. Si les Tous les alphabets italiques sont d'origine grec-
élèves de nos écoles ne lisent pas assez, c'est que que on sait que les alphabets grecs ne sont eux-
beaucoup de mots qu'ils rencontrent dans les li- mêmes que des réductions de l'alphabetphénicien.
vres n'ont pas pour leur esprit un sens précis et Qui introduisit l'alphabet grec en Italie? Evandre
clair. Ils fermentbientôt des volumes dont la pen- et les Arcadiens selon Denys d'BalicarnaM~, Tite-
ee se dérobe pour eux. Le temps passé à expli- Live et Tacite, les Pélasges selon Pline.
mer tes mots ouvrira l'esprit aux idées et aux Cicéron comptait 21 lettres dans l'alphabet
choses. Par les mots l'homme entre en possession latin en y comprenant le G, qui n'est autre chose
de l'héritage intellectuel de ses ancêtres. Quelles que le C modiflé; deux des voyelles, 1 et U, ser-
longues et précieuses conquêtes de l'humaniténe vaient a la fois de voyelles et de consonnes (J et V).
représentent pas les noms de vertu, liberté, ~M'- La prononciation du latin qui a cours en France
tice, honneur, charité, droit, devoir, patrie Mais n'est pas la même que celle qu'on a adoptée en
pour les posséder, il ne suffit pas de les recevoir; Allemagne et en Italie, où l'on s'est probablement
en ne les tient vraiment que quand on a refait le moins écarté de la prononciation ancienne. Par
travail qui les a créés. Il faut repenser ces mots, exemple, le son u ma jamais existé en latin; on
U faut savoir ce qu'ils ont coûté d'efforts et de devrait prononcer ou Dominus devrait se pro-
luttes parfois sanglantes; autrement on ressemble- noncer Dominous. C et G n'ont pas non plus, dans
rait à l'homme qui apporte une dépêche, mais qui la prononciationsuivie en France, la même valeur
en ignore le contenu. Voltaire pendant soixante qu'en Allemagne et en Italie. Il serait à souhaiter
ails pense, écrit, agit, combat, et cette longue que la prononciation italienne, qui marque l'ac-
suite d'efforts vient se résumer dans le mot de to- cent tonique et qui doit être évidemment la moins
lérance, qui prend place dans notre vocabulaire. défectueuse, fût enseignée dans l'Université, sauf
Celui de bienfaisance, si familier à nos oreilles, peut-être quelques légères modificationsde détail.
est seulement entré dans la langue au siècle der- Cette pratiqueaurait, entre autres avantages, celui
nier il est dû a l'abbé de Saint-Pierre. Montrons d'encourager et de faciliter l'étude de l'italien.
aux enfants cequevalent ces diamants du langage. En latin, tes noms, pronoms, adjectifs et verbes
Une fois que l'élevé aura pris l'habitude de sont variables. Les flexions se font surtout par
chercher ce qui est derrière les mots, ce sera pour des changements dans la terminaison. Il y a trois
son esprit un besoin et une régie. Il voudra véri- genres, mais seulement deux nombres; cinq cas
fier ce qu'on lui propose. Il n~st pas surprenant dans la déclinaison des noms, adjectifs et pro-
que l'enseignementde la langue, nris dans toute noms, et deux voix dans les verbes, la voix active
son étendue et dans son vrai sens. se confonde et la voix passive mais certains verbes, n'ayant
avec l'éducation générale, puisque le langage est que la formedu passif avec le sens de l'actif, sont
le principal instrument de communication entre appelés cM~o?tM<<.
les hommes, et puisque au moyen de la parole les On peut diviser l'histoire de la littérature latine
générations sont solidaires tes unes des autres. en quatre périodes principales
C'est ainsi que l'enseignement de la langue mater- )° Période primitive, avant l'influence grecque.
nelle forme & la fois le commencement et le centre 2" Période de formation, depuis Livius Andro-
des études, et que le maître qui le donne dans nicusjnsqu'autemps de Sylla.
toute son étendue en fait pour ses éteves le prin- 3' Epoque de perfection (On de la république
cipal instrument de progrès. [Michet Bréat.]] et siècle d'Auguste).
LATINE (LANGUE ET HTTÉRATUKE). – Littératu- <° Période de décadence, depuis Auguste jus-
res étrangères, VU-IX. Le latin est une des deux qu'à la fin de l'empire romain.
langues classiques. Il a cessé d'être une tangue vi- Si l'on jette un coup d'ceil d'ensemble sur les
vante vers le vin" siècle de notre ère. H a exercé destinées du peuple romain, on reconnaîtra d'a-
une très grande influence sur le développement bord que le goût des lettres comme des arts ne
de la civilisation moderne, d'abord comme langue lui est venu qu'assez tard. Parmi les genres litté-
d'un des plus grands empires du monde, puis par raires, l'éloquence est le seul véritablement indi-
la richesse de la littérature dont il a été l'organe, gène les autres champs de connaissances furent
ensuite parce qu'il est resté la langue officielle de longtemps négligés, et ce n'est que vers le Vt* siècle
l'église catholique, et longtemps aussi la langue en après la fondation de Rome que les Romains fo-
quelque sorte internationale des érudits, des sa- rent amenés, par des relations plus étroites avec
vants et des diplomates de toute l'Europe occiden- les Grecs, à imiter sous toutes ses formes la litté-
tale, enfin parce que c'est du latin que sont sorties rature de ces derniers. Un manque d'originalité,
les langues romanes italien, espagnol, portugais, au début, et plus tard une constante prédomi-
provençal,français et roumain. N'oublions pas non nance du genre oratoire même dans la poésie, la
plus la place importante qu'a tenue et que tient philosophie et l'histoire; enfin, le culte du bon
l'étude de cette langue dans ce qu on est convenu sens, le souci du décorum, avec Une certaine ten-
d'appeler une éducation libérale. dance à la malice et à la raillerie, tels sont les prin-
D'après les données de la philologie moderne, cipauxcaractères généraux de la littérature latine.
le latin, ainsi appelé parce qu'il fut la langue des I. FÉRtOBB PRIMITIVE.
peuples du Latium (Italie centrale), est une des
deux branches de l'ancienne langue italique, qui La pauvreté de la littérature romaine pendant
avec le grec, l'allemand, le sanscrit, etc., s'est for- la période primitive, c'est-à-dire pendant les cinq
mée d'un ancien idiome asiatique qui fut la langue premiers siècles, s'explique en partie par cette
des Aryas primitifs. La langue latine n'est donc longue suite de guerres au prix desquelles Rome
pas issue de la langue grecque; c'est seulement dut acheter laborieusement la conquête de l'Italie.
âne langue soeur de celle des Hellènes. Les fragments les plus anciens de littérature
latine qui nous soient parvenus sont de trois recueils de ces premiers vers en rhythme grossier.
sortes f des textes de lois; 2° des inscriptions On peut ranger dans la même classe les chants
3 des poésies. dits des prêtres Saliens (sauteurs), chargés de con-
1° Textes de lois. Il ne reste que quelques server le fameux bouclier sacré tombé du ciel
débris peu importants des Lois royales, que l'on temps de Numa, sorte de palladium qui devait as- au
suppose avoir été rédigées par un certain Papi- surer l'éternité de Rome. Ils célébraient des fêtes
rius les lois de Nunta, qui auraient été brûlées annueUespendant tout te mois de mars; ils exécu-
par ordre du Sénat comme hérétiques, n'ont peut- taient alors autour des autels une danse guerrière,
être jamais existé. On possède au contraire de pré- comparée par Sénèque au trépignement du foulon,
cieux fragments de la loi des Douze Tables rédigée et chantaient des espèces de litanies en frappant
par les Décemvirs, et qui aurait été affichée au Fo- sur leurs boucliers il ne reste rien de ces fameux
rum. Ces tables, détruites par les Gaulois lors de chants dont Quintilien dit que les Saliens de son
leur entrée à Rome, furent recomposées dans la temps ne comprenaient plus eux-mêmes le sens
suite et restèrent longtemps le fondement du droit original.
romain. Cicéron dit qu'on les faisait apprendre Une autre corporation de prêtres, les Frères
aux enfants par cœur comme une formule obliga- Arvales, c'est-à-dire rustiques, dont la légende
toire. M. Mommsen y trouve déjà l'influence des faisait remonter l'origine jusqu'au temps de Ro-
idées grecques et quelques progrès d'humanité, mulus et qui étaient voués au culte de la déesse
quoiqu'elles soient très dures et très rigides encore, Dia, très semblable à celui de Gères, chantait
et empreintes çà et là d'une superstition gros- aussi un rituel rhythmé accompagné de
sière. Ce progrès relatif se voit surtout dans ce ments de danse, dont un fragment, déterré àmouve- Rome
qui touche aux règlements de la vie civile et dans en t77S, révèle une forme de langue encore très
les clauses qui concernent le mariage, le droit de primitive.
tester, la limitation des droits du père de famille, On peut encore citer, parmi les monuments in-
le droit d'appelen cas de condamnation à mort, etc. formes de cette poésie primitive, les fragments de
Le débiteur insolvable y est surtout maltraité; il complaintes funèbres ou nénies, répétées avec ac-
est à la merci de son créancier, qui peut le garder compagnement de n&te et qui renfermaient des
en prison chargé de chalnes dont le poids est dé- maximes morales avec l'éloge du défunt; plus
terminé, et, après cinquante jours de sursis, le tard, ces nénies furent récitées devant la maison
tuer ou le vendre au delà du Tibre; cette loi per- mortuaire et près du bûcher par des pleureusesà
met aussi de tuer les enfants dinbrmes, punit de gages.
mort une insulte aux magistrats, le vol noc- On aura épuisé la liste de ces poésies pri-
turne, etc. mitives, si on y ajoute les chants de triomphe,
2° Inscriptions. Ce qui distingue les inscrip- répétés l'armée victorieuse en rentrant à
tions romaines des inscriptions grecques et ce Rome etpar en suivant le char de son général. En
qui fait qu'elles sont beaucoup moins instructi- somme, tout ce que nous venons de voir ne tient
ves pour l'historien, c'est qu'elles sont plus conci- encore à )a poésie que d'assez loin.
ses les Grecs, grands parleurs de tout temps, Y a-t-il eu chez les Romains comme presque
avaient même certaines tendances à bavarder sur chez tous les peuples quelques éctosions sponta-
la pierre. Le génie romain, au contraire, a gardé nées de poésie épique ? Un grand érudit alle-
longtemps le laconisme le plus sévère dans les mand, M. Niebuhr, le croit, et il suppose que
inscriptions; ce n'est que vers l'époque de la dé- toutes les légendes relatives à la fondation et aux
cadence des lettres latines que les inscriptions premières années de Rome, l'histoire de Remu-
sont devenues verbeuses et prolixes. lus et de Rémus, leur naissance, leur allaitement
Les recueils modernes les plus importants d'in- par une louve, puis l'enlèvement des Sabines, le
scriptions latines (ceux d'Orelli et de Mommsen) combat des Horaces, auraient leur origine dans
renferment principalement la chanson des Frères une grande épopée primitive,eu sorte d'Iliade ro-
Arvales, l'inscription dutombeau des Scipions(qua- maine qui aurait été composée après l'invasion
tre épitaphes), l'inscription de la colonne Dui- des Gaulois; mais il semble que ce n'est là qu'une
lienne, document précieux pour l'historien, mais ingénieuse et brillante hypothèse sans fondements
où il n'y a guère autre chose à glaner pour les dans la réalité, car si toutes ces légendes romaines
lettres que des noms et des dates. avaient été des créations du génie poétique, et
3° Po~:eM':M!<!M. Les Romains n'ont eu ni étaient devenues populaires à force d'être chan-
la versatilité, ni l'imagination, ni l'esprit ouvert des tées et répétées dans les festins, commele prétend
Grecs. Leurs qualités dominantes étaient un juge- Niebuhr, il est évident que les poètes auraient
ment sain, beaucoup de bon sens, en même été dans la vieille Rome, comme dans la Grèce
temps qu'une grande force et une grande persé- antique, entourés d'une certaine auréole de popu-
vérance de volonté. Ces qualités ne sont pas par- larité. Et au contraire, nous avons déjà dit le peu
ticulièrement favorables au développement du de cas que les Romains faisaient d'eux.
goût poétique. Aussi longtemps donc qu'ils res- De toutes les espèces différentes de poésies, la
tèrent eux-mêmes à l'abri de toute influence étran- poésie dramatique semble avoir été le plus en
gère, il n'y a pas à chercher chez eux les traces conformité avec le caractère du peuple romain.
d'une véritable poésie, ni autre chose qu'une muse Comme lesltaliens actuels, dit Teuffel, les anciens
utilitaire et pratique au service de la religion et Romains possédaient un œit éveillé pour remar-
des nécessités de la vie quotidienne. La poésie quer les particularités et les apparences extérieu-
n'était tolérée que pour l'usage du culte. Caton, res. Ils avaient le talent et le goût de l'observa-
cité parAulu-Gelle, dit à l'éioge de la vieille Rome tion minutieuse, et une grande facilité à imiter les
que l'art des poètes n'y était pas en honneur. travers d'autrui et à trouver de vives reparties.
Parmi tes plus vieux fragments poétiques, c'est-à- De là ces improvisations, chansons, ces dialo-
dire les fragments de prose rhythmée,il faut citer gues enjoués et satiriquesces qu'on trouve de bonne
d'abord les prédictions et les oracles; les anciens heure dans la littérature latine. Les plus ancien-
Romains croyaient à des dieux et surtout à des nes de ces chansons plaisantes sont les chants.
déesses placés dans les bois, près des sources /e'M:t?M, appelés ainsi de la ville de Fescen-
d'eau minérale, dans les grottes, et auxquelles ils nium en Etrurie. Ils chantaient dans des fêtes
prêtaient la connaissance de l'avenir; des for- rustiques célébrées àsel'occasion des moissons d'a-
mules attribuées à ces prophétesses, à ces sybilles, bord, puis des cérémonies nuptiales, dans let-
telles que Fauna, Egéria, etc., il ne reste que des quelles on se renvoyait de grossières plaisante-
MUYenirs )<gendait'es; Horace parle cependant de ries qui faisaient les délices de la populace.
Ces chants fcscennins ont été probablement lo que le poète latin par excellence, qui avait eu une
berceau de la comédie latine. D'autres représen- éducation toute plébéienne, se donnait exclusive-
tations champêtres, qu'on appelait les Satires ment comme un traducteur. Quoique le théâtre
(mélanges),pots.pourrisconfus de récits comiques, grec ait eu beaucoup de peine à s'établir à Rome,
de tours de force grotesques et de danses an son une fois qu'il y fut adopté les pièces qui ne
de la Oùte, étaient encore en honneur en l'an 36t venaient pas de cette source étaient mat accueil-
avant Jésus-Christ, quand on éleva un théâtre de lies. Plaute se fit entrepreneur de représentations
bois dans le cirque à Rome et même lorsque les publiques, et arriva à la richesse et à la célébrité
drames réguliers à la mode grecque s'importè- tout jeune encore; on lui attribue une fécondité
rent à Rome, ces représentations de saltimban- extraordinaire; il aurait écrit jusqu'à cent trente
ques et ces farces grossières des clowns étrus- comédies mais ce chiffre paraît exagéré. Ses
ques restèrent encore sur la scène, comme des sujets sont surtout tirés de la comédie de mœurs,
espèces d'intermèdes plus en harmonie avec les c'est-à-dire empruntés au théâtre de Ménandre,
goûts grossiers de la majorité des spectateurs. de Diphile, etc. On est surpris aujourd'hui que
Les Mimes, qui fleurirent aussi de très bonne les anciens aient conçu la comédie de mœurs sans
heure à Rome, ne se distinguent pas très bien de rôles de femmes. Mais c'est qu'à Rome, comme à
cette première forme scénique. Ce devait être, Athènes, la femme vit dans le gynécée, file la
d'après les auteurs anciens, une espèce de repré- laine et parait peu dans la vie commune. La ma-
sentation bouffonne de la vie ordinaire, mélange trone restera donc dans la coulisM c'est tout au
bizarre de plaisanteries licencieuses et de sen- plus si on parle d'elle. Les seules femmes qui pa-
tences d'une sagesse pratique, tout à fait accom- raissent au théâtre sont des esclaves ou des
modé au tempérament plébéien. La satire des joueuses de Bute. Le domaine de Plaute est ainsi
grands personnages contemporains n'en était pas considérablement resserré il n'est pas étonnant
exclue. Le costume des Mimes était une sorte que son théâtre paraisse un peu monotone; il a su
d'habit d'arlequin. Les acteurs qui représentaient néanmoins créer des situations intéressantes avec
ces pièces étaient toujours des personnages de ces données un peu uniformes et des types
condition basse, objets des mépris de tous. Ce qui se ressemblaient trop les uns aux autres,
théâtre bouffon était tellement dans les moeurs Il a su aussi laisser de côté beaucoup de traits de
et le génie des Romains, qu'il a traversé les mœurs particuliers à la Grèce pour les remplacer,
siècles et survécu dans la Commedia dell' Arte en soit dans les prologues, soit dans le cours de la
Italie. pièce, par des scènes qui reproduisaient vivement
Outre les Mimes, le théâtre populaire primitif la physionomie latine. Le fond de ses pièces est
comprenait encore un autre genre de pièces, presque toujours une tromperiegénéralement our-
les Atellanes (d'Atella, petite ville de Campanie). die par quelque esclave, ancêtre de Scapin, pour
Les jeunes patriciens de Rome jouaient eux-mê- servir les intérêts de quelque jeune maître malheu-
mes masqués dans ces pièces. L'intrigue générale, reux en amour ou tenu trop en bride par son
fort simple apparemment, était arrangée à l'avance; père. Les autres personnages principaux de ce
mais les détails étaient laissés à l'improvisation théâtre sont, outre tes pères dupés par leurs es-
d'acteurs qui n'épargnaient pas les jeux de mots claves ou leurs enfants et tournés en ridicule,
grossiers et les gesticulations équivoques. les marchands d'esclaves, corrupteurs et corrom-
II. PËMODE DB FOMtMMN.
pus, qui se laissent insulter et battre et ne sont
préoccupés que de réussir dans leur honteux trafic,
C'est par le théâtre que les chefs-d'œuvre grecs tes soldats fanfarons, sorte de Don Quichottes ou
sont arrivés & Rome. L'historien Tite-Live raconte de capitaines Fracasses de l'antiquité. Les jeunes
qu'a l'occasion d'une peste qui eut lieu à Rome, gens du théâtre de Plaute sont quelquefois tou-
on introduisit pour la première fois des jeux scé- chants, mais leur amour, même quand il commence
niques qui vinrent s'ajouter aux jeux du cir- par une idylle, par quelque attachement désinté-
que et aux divertissements que possédait déjà le ressé, a toujours quelque fin assez terre à terre.
peuple. Parmi les vingt pièces de Plaut~que nous avons,
Les premiers jeux scéniques avaient été impor- les deux plus célèbres et les plus morales sont les
tés d'Etrurie, et c'étaient de simples danses non Captifs et le Cdble. Il faut encore mentionner
accompagnées de chants. Les acteurs étaient ap- l'~mp/tt~OM, imité par Rotrou dans tes Sosies
pelés At~n'OM, d'un mot étrusque. Enfin, un es- et surtout par Molière dans la pièce du même
clave fait prisonnier au siège de Tarente, Livius nom <a Marmite, qui a servi d'original à l'Avare;
Andronicus, après avoir traduit l'Odyssée, eut les Menechmes, dont s'est inspiré Regnard et qui
aussi l'idée de faire représenter des pièces imi- décrivent tes joyeuses erreurs et les plaisantes
tées du grec. Jusque-la le théâtre romain n'a- équivoques produites par la ressemblance de deux
'-ait jamais connu de pièces à intrigue suivie. frèresjumeaux laCowa etIaJK<M<eM<c, imitées
Cette innovation eut évidemment un grand suc- par Destouchesdans le'Re~r imprévu et le r'm-
cès Livius était à la fois auteur et acteur der- &OMf noctMrmf; les trois Ecus ou le rWKMmmm,
rière lui était placé un joueur de flûte et à côté imité par Andrieux dans le Trésor, etc. En somme.
un enfant qui lisait les paroles, tandis qu'il se PIaute est assurément un grand génie comique,
contentait de faire les gestes. Peu à peu le nom- original, quoique imitateur des Grecs, qu'il trahit
bre des acteurs s'augmenta; l'art scénique nt des sans cesse en lestraduisant,pour intercalerquelque
progrès. plaisanterie de son cru. La différence de culture
Longtemps, cependant, tes pièces du théâtre entre les deux nations exigeait aussi que chez le
latin ne furent qu'une pure reproduction du poète latin les lignes fussent plus marquées, les
théâtre grec. Ntavius, Ennius, Pacuvius, Attius, ombres du tableau plus saillantes. Les plaisante-
traduisirent surtout les pièces tragiques, en y ries de Plaute consistent trop souvent dans de
introduisantbeaucoup de gravité mais leur style purs rapprochements de mots et de simples allité-
s'égarait quelquefois jusqu'à la déclamation et la rations mais ses pièces sont un trésor précieux
trivialité. Les chœurs des pièces grecques étaient pour l'étude de la langue latine populaire. Elles
exclus des drames romains, par la simple raison se jouèrentencore longtemps après sa mort.
que l'orchestre, ou partie du théâtre où s'exécu- Ennius, quoiqu'ilsoit surtout connu commepoète
taient en Grèce les évolutions du chœur, était épique, avait aussi travaillé pour la scène il avait
occupé à Rome par le Sénat. traduit Euripide et composé quelques comédies.
Le théâtre de Plaute, lie ghnd comique romain, Son neve Pacuvius traduisit plusieurs pièces de
est aussi imité du grec. Il est singulier de voir Sophocle dans un style et dans une versification
qui font souvent tort à son modèle; enfin Attius deux poctes qui forment la transition avec la pé-
acclimata tout à fait latragëdieanomo entrai- riode suivant;,Luotce et Catulle, nous font pres-
tant des sujets romains; mais l'œuvre de ces poètes sentir l'âge de maturité « II y a dans l'année, dit
ne nous est parvenue que très mutilée. Il ne nous M. Patin, des jours intermédiaires qui ne sont
reste aussi que des fragments d'un autre cop)ique, déjà plus l'hiver, qui ne sont pas encore le prin-
Cé cilius cet écrivain avait imité les Grecs avec temps, et où certaines plantes, sentant, on le croi-
p)~us de fidélité. C'est aussi le caractère de Té- rait, l'approche de la tiède saison, se couvrent
rence, le plus célèbre comique latin après Plaute. prématurément de fleurs et de feuillage c'est
Il était originaire de Carthage, mais vint de bonne ainsi que fleurit, que verdit, dans les vers de Lu-
he ire à Rome, où il fut l'esclave du sénateur crèce et de Catulle, la poésie de Virgile et d'Ho-
Té. entius Lucanus, qui lui fit donner une éduca- race. »
tion libérale et l'affranchit. A vingt-six ans il pré- Lucrèce, le poète athée, qui travaiUait la nuit.
senaaux édiles une comédiedont le succès fut si en proie à un génie fiévreux voisin, dit-on, de la
grand qu'il excita de vives jalousies. Scipion folie, révèle, dans son magnifique poème didac-
Emilien et Lélius l'admirent dans leur intimité; tique de la Nature des choses, aux Romains
on al la même jusqu'à dire qu'ils étaient les inspi- grossiers et superstitieux mais déjà travaillés par
rateurs, sinon les véritables auteurs de ses meil- les premières atteintes du scepticisme, les beau-
leures pièces. Il se fait gloire lui-même, dans le tés de la libre philosophie grecque, en même
prologue d'une de ses comédies, de ce haut patro- temps que des théories d'une haute portée scien-
nage et de cette précieuse collaboration. Après tifique sur l'origine et l'essence des êtres. Il est
avoir donné plusieurs pièces qui eurent toutes impossible de ne pas admirer l'ardeur avec la-
granf* succès, il alla faire un voyage en Grèce et quelle il acclame la doctrine d'Epicure, y cher-
y recueillit les manuscrits de Ménandre. Mais au che une genèse rationnelle du monde, une phy-
retour son vaisseau fit naufrage, et de chagrin d'a- sique et une métaphysique satisfaisantes, et la
voir perdu tous ses trésors littéraires, il tomba représente comme arrachant l'humanité aux té-
malade et mourut. Les pièces que nous possédons nèbres et à la superstition; souvent son génie
de lui sont: l'Andrienne, imitée par Baron; l'Hé- l'emporte même en dehors des limites qu'il s'é-
cyre ou la belle-mère, le Bourreau ~e ~M~mf, tait tracées, et son inspiration véhémente enfante
)H MotMM?: que Molière abeaucoupimité dans les une poésie moins achevée que celle de Virgile,
F<'M)'&M de Sca~tt), l'E~MM~M?, et enfin les mais parfois plus primesautière et plus grande
Adelphes dont Molière a tiré l'Ecole des Maris. par sa simplicité même.
Le caractère de Térence n'est pas l'originalité; il Disciple aussi et imitateur des Grecs, Catulle
a suivi de très près Ménandre, bien qu'il ait sou- écrivit un poème religieux, Atys, et un poème
vent fondu plusieurs pièces de son modèle en héroique, les Noces de Thétis et Pelée, qui n'é-
une seule. Ses intrigues sont un peu monotones; taient peut-être que des traductions d'un auteur
il n'a ni la vivacité, ni la fraîcheur, ni la variété de grec Catulle, qui mourut très jeune, aurait en
Plaute par contre il est exempt d'extravagance, tout cas mérité l'immortalité par ses épigram-
et son style est élégant et correct. César, qui le mes et surtout ses poésies lyriques, dont les plus
trouvait trop pauvre en verve comique, l'appelait, connues sont ses vers adressés à Lesbie, idole
dit-on, un demi-Ménandre. Ses caractères sont probablement peu digne d'une si fervente ado-
soigneusement dessinés, et il excelle dans le dia- ration.
logue de )a vie ordinaire, tandis qu'il rend fai- Quant à la prose, c'est par l'histoire qu'elle dé-
blement le langage de la passion. C'est un poète bute à Rome. Les grandes Annales des pontifes,
raffiné, plutôt fait pour charmer les connaisseurs qui enregistraientsèchement les événements dans
que pour plaire au peuple. l'ordre chronologique, avaient été interrompues.
Presqu'à la même époque où le drame naissait Des chroniques et des mémoires individuels les
à Rome, la poésie épique s'y acclimatait aussi. remplacèrent de bonne heure. Parmi les plus an-
Livius Andronicus avait fait une traduction de l'O- ciens historiens romains, qui écrivaient en grec,
dyssée qui devint bientôt classique et qu'on appre- le premier en date et le plus importantest Fabius
nait dans les écoles, comme le raconte Horace; Pictor, qui vivait au temps de la seconde guerre
Ennius, étranger comme Andronicus, originaire punique il faisait commencer son récit a Enée et
de la Grande-Grèce et qui avait été amené à Rome le poursuivait jusqu'à son propre siècle. Au nombre
par Caton l'Ancien, voulut écrire des Annales en des plus anciens spécimens de prose latine, il faut
vers, dans lesquelles il racontait l'histoire de Rome, citer le sénatus-consultesur les BaceAaHS~
depuis l'arrivée d'Enée en Italie, en suivant l'ordre Les tendances nationales du caractère romain à
chronologique des événements jusqu'aux temps cette époque s'incarnèrent surtout dans la per-
mêmes où vivait le poète. Mais, bien que les Ro- sonne de Marcus Portius Caton, surnommé le Cen-
mains aient voulu voir en Ennius une sorte d'Ho- seur, caractère vigoureusementtrempé, doué d'une
mère latin, il est évident, d'après les fragments indomptable énergie, alliée à une finesse et à une
qui nous sont parvenus de cette grande épopée ruse de campagnard; Caton est le type par excel-
historique, que la valeur artistique de cet ouvrage lence du vieux Romain, patriote avant tout, dur
était assez mince. Ennius mériteraitcependant sa pour les autres comme pour lui-même, sans être
renommée, ne fut-ce que pouravoirabandonnél'an- pourtant exempt d'é!;o!sme et de vanité. Malgré
cien mètre dit M~MrK'M,et adoptéles mètresinven- le grand mépris qu'il professait pour les lettres
tés par les Grecs. Cnéus Nœvius avait composé et pour les lettrés et surtout pour la culture grec-
aussi un récit héroïque de la première guerre pu- que, il a mérité d'être regardé lui-même comme
nique. le premier prosateur romain. )1 fut un des pre-
Si on ajoute, aux genres que nous venons de miers orateurs romains qui écrivirent et publièrent
parcourir, quelques épigrammes et quelques cau- leurs discours. Cicéron en connaissait de lui plus
series en vers sur divers sujets, qu'Ennius intitula de cent cinquante.JI nous est resté des fragments
Satires, et qu'imita Lucilius en y introduisant un d'environ quatre-vingts: les uns, plaidoyers judi-
éiémeat de raillerie contre les mœurs du temps, ciaires, les autres, discours politiquesprononcés de-
d'attaques personnelles qui ont donné à ce mot vant le Sénat ou devant une assemblée du peu-
de sa/M'e, signifiant d'abord simplement mélange, ple. Ces fragments témoignent d'une grande élo-
le sens de poésie caustique qu'il a gardé jusqu'à quence naturelle, d'un mélange d'enjouement et
ce jour, on aura parcouru tout le champ de la de sérieux et d'un art déjà accompli à manier la
poésie latine jusqu'à la fin du vie siècle de Rome. raillerie. Caton fut aussi historien; il composa
Enfin, sur le seuil même du siècle d'Auguste, dans sa vieillesse sept livres intitulés les Origi-
nes, ouvrage auquel it travailla jusqu'à la fin de lettrés qui avaient embrassé l'opposition, tels que
sa vie. C'étaient des espèces d'annales ethnogra- Labiénus et Cassius Sévérus.
phiques et historiques de l'ancienne Italie, tantôt La plupart des productions littéraires de cette
concises, tantôt détaxées, et où pouvaient trouver époque sont destinée* seulement & être lues
place des harangues composées par l'auteur. H dans ~es « Récitations, ? » devaht un public d'élite
écrivit aussi des traités sur l'agriculture, l'hy- naturellement restreint.
giène, l'éloquence. l'art militaire, etc. Voyons rapidement la part des principaux
Son rt'at~t<W<r!CM/<Mre est le seul de ses ou- écrivains que nous venons de nommer, dans la
vrages qui ait survécu tout entier. grande oeuvre commune du siècle d'Auguste.
Après Caton, les plus grands noms de la tribune Auguste et ses favoris, Mécène et Agrippa, ne
romaine sont ceux des deux Gracques, ces patri- se sont pas contentés d'encourager tes lettres ils
ciens qui se sont mis au service de la cause popu- ont eux-mêmes composé plusieurs ouvrages
laire, et dont la parole éut tant de retentissement (Beu)é, Auguste, sa famille et ses amis, Paris. 1867 ).
de Marius, dont la rude éloquence soulevait les Les deux personnages les plus importants après
passions de la multitude de Marc-Antoine,aïeul eux dans l'opinion de )eurs contemporains sem-
du triumvir, et de Crassus. l'orateur lettré, qui blent avoir été deux riches patriciens, lettrés et
ne se contentai: pas d'exceller dans son art, mais protecteursdes gens de lettres, Asinius Pollion et
en cherchait aussi et en fixait la théorie idéale. Messala; le premier, auteur de tragédies et d'une
histoire inachevée des guerres civiles; le second,
IH. PÉRIODE DE PERFECTION. oratefb* de renom, grand admirateur de la litté-
rature grecque et auteur lut-meme de poésies
Ce qui marque la transition entre la seconde écrites en grec.
et la troisième période, c'est-à-dire entre la pé- Mais la postérité a un peu oublié tes patrons
riode de formation et la période de perfection pour ne se souvenirquede leurs brillants protégés.
dans laquelle nous allons entrer, ce ne sont pas Virgile, né près de Mantoue de parents pauvres,
seulementtes grands changements politiques et la avait reçu une éducation soignée, Il perdit son
fin des guerres civiles, c'est le triomphe définitif héritage paternel, confisqué au profit des soldats
de t influence grecque. d'Octave,qui ne le lui lit rendre, ptus tard, que grâce
Le siècle d'Auguste présente la fusion harmo- à l'intervention d'amis influents, probablement
nieuse du génie hellénique et du génie romain Pollion et Mécène. Virgile en exprime sa reconnais-
le résultat de cette alliance est une littérature sance à plusieurs reprisesdans ses égtogues.C'était
exquise, délicate par la forme, mais qui manque une nature frêle, d'un caractère innocent et tendre,
un peu d'originalité dans le fond. L'Age d'Auguste et de goûts paisibles; il fut bon fils et ami fidèle;
présente un double aspect; à coté des institu- mais il lui manquait le sens de la vie pratique
tions nouvelles qui se forment, on sent des insti- ce qu'il traite le mieux, c'est la description de
tutions anciennes qui s'en vont. Si c'est l'avène- la campagne, la peinture de son pays natal les
ment de la monarchie, c'est aussi la mort de la attachements de la famiite, tes affections du
République. Parmi les grands écrivains de ce siè- foyer, enfin les troubles de l'amour. H ne sut pas
cle, plusieurs ont ressenti le contre-coup des évé- persister dans la voie qui convenait le mieux à
nements plusieurs nnt passé leur jeunesse à son génie il se laissa entraîner vers des sujets
combattre pour la liberté expirante, tandis qu'ar- de commande où il ne pouvait pas être original.
rivés à la maturité de leur vie, ils se rallient peu à Il ramassa patiemment tes matériaux de son
peu au parti du vainqueur. C'est le cas principa- Enéide, en érudit plutôt qu'en poète inspiré,
lement d'Horace. L'éloquence, encore plus que la cherchant à combiner les traditions latines avec
poésie, souffrit du caractèreambigude cette époque les légendes grecques. Cependant, ce travail
nouvelle. La vie publique, si active sous la Répu- assidu donna à ses vers une correction, une élé-
blique, se ralentit et cessa peu à peu sous le gance de facture qui rehausse merveilleusement
principat d'Auguste les assemblées populaires le charme dn sujet et lui a mérité de rester le
deviennent rares et sans importance, et le rôle poète latin classique. Les poèmes qu'il a laissés
du Sénat et des tribunaux fut amoindri au profit sont, d'abord, les Bt<co/t~«M (mot a mot, chant
du monarque qui absorba tout dans sa personne. des bouviers), consistant en dix églogues, imita-
D'autre part, ce déclin de la vie politique favo- tion et parfois traduction presque littérale de
risa le développement de l'érudition et d'une Théocrite, mais avec un mélange artificiel de per-
poésie raffinée, d'imitation plutôt que d'inven- sonnages et d'événements contemporains. André
tion. Les poètes écrivent pour un cercle choisi, Chénier dans ses Idylles a imité et souvent égalé
pour les connaisseurs et pour tes âges à venir; Virgile, dont les bergers manquent de simplicité
ils ne sont point en sympathie avec le gros de et parlent un peu trop un langage de convention.
leurs contemporains; t ces poètes artistes, ces
poètes de cour, comme les appelle Teunet dans
Les ~/<~MM les plus célèbres sont la
Virgile se met en scène sous le nom de Tityre et
f, où
son excellente Histoire de la littérature latine, vante la générosité du prince qui lui a rendu son
encouragés par Auguste, raillaient la foule qui patrimoine; la 3°", où deux bergers disputent
leur rendait leurs sarcasmes, et qui regrettait îe prix du chant; la 5* dont le sujetse est la mort
ses vieux poètes nationaux, au génie inculte, et l'apothéose du berger Daphnis, inventeur de la
aux vers raboteux, mais qui étaient beaucoup plus
selon le cœur du peuple.
poésie bucolique; la 6' où Silène, garrotté par
deux faunes et une nymphe, n'obtient sa liberté
Parmi tes cercles littéraires qui s'étaient for- qu'en chantant des légendes mythologiques enfin,
més autour du vainqueur d'Actium, il faut sur- la t0°" qui chante les plaintes du poète Gallus,
tout mentionnercelui que présidait Mécène, riche ami de Virgile et abandonné par la volageLycoris.
favori du prince, qui se fit le patron des érudits Virgile avait un peu plus de trente ans, quand à
et des poètes. Outre Horace, ce cercle compre- la prière do Mécène, peut-être d'Auguste, il èom-
nait Virgile, Varius, Quintilius Varus, Properce, mença les Géorgiques(iittératementtravaux de la
tous plus ou moins partisans du nouveau régime. terre), poème sur l'agriculture qu'il mit sept an-
Un autre cercle, celui de Messala, était moins nées à composer. A la suite des guerres civiles.
favorable aux changements politiques, et parait l'agriculture était tombée en défaveur, la cam-
avoir été plus indépendant c'est à ce groupe que pagne manquait de bras il fallait encourager les
se rattachaitTibulle et aussi Ovide, dont Auguste, Romains à retourner à la charrue si honorée ch<'z
redevenu soupçonneux dans sa vieillesse, signa tours aïeux; c'est ce que voulut faire Virgile par
la proscription en même temps que celle d'autres les Géorgiques. Le poème comprend quatre livres
Inculture de la terre; culture des arbres et
élève
ce talent si pur et ce style dont Montaigne a dit'
qu'il ne se contente jamais d'une superficielle
principalementdo la vigne et de
l'olivier
des troupeaux !V, apiculture. expression et qu' « il veoit plus clair et plus oultre
Les passages les plus célèbres des G~o'~Mes dans les choses ». Son rêve est la tranquillité d'es-
sont ce qu'on appelle les ejOMOc!es, digressions prit à l'abri des orages de la passion. Rien ne lui
dont les principales sont la description des pro- est plus étranger que l'exagération, la déclamation;
diges qui suivirent la mort de César (livre I), ne perdant jamais de vue la brièveté de la vie, la
t'élbge de l'Italie et la description du bonheur fragilité humaine, il parle de lui-même d'un ton
champêtre (livre II), la peste des animaux (livre IH) enjoué, et avec ironie de tous ceux qui se croient
et l'épisode du berger Aristée, suivi du récit de grands.Ilexcelle àfaire des tableaux en raccourci
ta descente d'Orphée aux enfers (livre IV). Delille et à enchâsser une pensée morale dans une forme
a donné des Géorgiques une traduction en vers qui séduit l'imagination et qui ne s'oublie pas.
français, renommée pour son exactitude et son De là l'immortelle popularité d'Horace, de tous le~
élégance. poètes celui qu'on relit le plus. Malheureusementce
L' En~tt/e, épopée en douze livres, n'était pas ter- charme se fane le plus souvent dans la traduction,
minée Ma mort de l'auteur, qui en avait commandé car il tient beaucoup au choix et à la place des
la destruction elle fut conservée contre son désir. mots de la langue originale, à l'harmonie parfaite
C'est le récit des destinées d'Enée, héros troyen, du mètre et au tour de la strophe. La traduction
fondateur d'une secondeTroie et indirectementde de Jules Janin, quoique très libre d'allures, est la
Rome, ancêtre de la famille Julia et par suite meilleure pour ceux qui n'ont pas l'intelligence de
d'Auguste. On voit l'intention flatteuse du poète la langue latine et ne peuvent pas lire l'auteur
courtisan. Dans la première partie. Virgile mon- dans le texte. De ses Epitres, composées dans le
tre sa familiarité avec la mythologie hël~éni- même mètre que ses S<!<r~, riches en détails sur
que dans la seconde, sa grande connaissance de le caractère et les vues littéraires de l'auteur, la
l'histoire locale des villes d'Italie. H excelle dans plus célèbre est celle qu'il adressa aux Pisons et
ia description des sentiments de l'âme; cependant que l'on appelle son Art poétique. On connalt
son héros, trop uniformément pieux et sage, est peu l'imitation originale qu'en a faite Boileau, et d~))s
intéressant. laquelle presque tous les traits saillants ont été
L'Enéide renferme à la fois une Odyssée et une conservés.
Iliade la première partie raconte le voyage de la Il est remarquablede voir combien la poésie dra-
flotte troyenne en route pour l'Italie et qu'une matique tient peu de place au siècle d'Auguste
tempête a jetée sur les côtes d'Afrique. Enée, re- les quelques tragédies dont il est question, comme
cueilli par la reine Didon, raconte la prise de la Médée d'Ovide et le Thyeste de Varins, malheu-
Troie et inspire une violente passion à la reine, reusement perdues, n'étaient pas destinées à la
qui le retient comme Calypso retenait Ulysse dans représentation et la comédie était retournée aux
son île. Désespérée du départ d'Enée, Didon se mimes.
<Ionne la mort. La fin du poème, celle où l'on sent L'élégie, au temps d'Auguste, est représentée
surtout l'influence de l'Iliade, contient l'établisse- par Ovide, qui s'est fait dans ses MfoMe.< le tendre
ment des Troyens en Italie, où le roi du Latium, interprète des amantes délaissées, et qui a aussi
Latinus, accueille Enée et lui accorde la main de chanté ses propres infortunesdans trois autres re-
sa fille déjà promise au roi des Rutules, Turnus. cueils, les ~n!OMf~, les yrM<M et les ~p«t'&! écrites
Turnus prend les armes pour reconquérirsa fian- du Pont; il estplus connu.cependant.parson poème
tée, et après une lutte prolongée et des batailles des Jf~a~orp/tosM, longue suite de 246 légendes
sanglantes, il périt dans un combat singulier qui mythologiques, commençant au chaos du monde
termine la guerre. et se terminant à la mort de César. Ovide avait été
L'Ft!<'Me a été aussi traduite par Delille on précédé dans le genre de l'élégie par plusieurs
sait que Scarron en a fait une parodie assez amu- poètes moins féconds, mais qui sont souvent ses
sante intitulée l'Enéide travestie. égaux dans la peinture de l'amour, Properce, et
Le nom d'Horace ne se sépare pas de celui de surtout Tibulle, dont l'aimable génie a été heu-
Virgile. Né à Venouse et fils d'un affranchi, ins- reusement caractérisé, quoique d~ne manière un
truit à Rome et plus tard à Athènes, où il connut peu affectée, dans un vers célèbre de Boileim ·
Brutus, Horace a combattu pour la cause républi- Amourdictait les vers que soupirait Tibuue.
caine mais la défaite de Philippes, où il abandonna
son bouclier pour fuir plus vite, termina sa carrière Dans la prose comme dans la poésie, la période
militaire.!) profita de l'amnistie pour rentrer àRome, qui va du temps de Sylla jusqu'à la fin du siècle
où il acheta la charge de greffier d'un questeur. Il d'Auguste est aussi un âge d'or littéraire; l'élo-
se fit connaître d'abord en publiant des Satires et quence et l'histoire y sont représentéespar des
des Epodes. Il touche peu dans ses satires à la noms immortels. Ce sont d'abord, parmi les
politique, car les blessures des guerres civiles sai- orateurs, Hortensius, Jules César, Cicéron.
gnaient encore, et c'est surtout aux vices socfaux Le premier, dont les discours ne nous sont pas
et aux travers littéraires qu'il s'attaque, se faisant parvenus, était doué d'une mémoire extraordi-
l'apôtre de la morale et du bon sens, mais avec naire, d'une élocution merveilleuse et d'une dia-
beaucoup d'aisance et de variété dans le ton. Il lectique aussi savante que variée. Tout autre
fut présenté par Virgileà Mécène, qu'il accompagna était l'éloquence de Jules César, qui porta dans
dans son voyage à Brindes et qui lui fit don d'un les conseils et les discussions du Sénat les qua-
charmant petit coin de terre ') dans la campagne lités de l'homme d'Etat et du capitaine sévérité
sabine. Mécène le présenta plus tard à Octave;i de la forme, netteté dans les idées, vivacité, pré-
Horace ne survécutpas longtemps à son bienveil- cision. Mais l'orateur romain par excellence, celui
lant patron et fut enterré près de lui. qui restera pour la postérité le type du grand
Ses autres ouvrages sont quatre livres d'CMe! avocat romain, c'est Cicéron. La nature lui avait
à l'imitation des lyriques grecs, principalement donné, avec un grand talent, un esprit propre à tout,
d'Alphée et de Sapho, touchant avec un désordre des instincts généreux et des aspirations élevées.
savant aux sujets les plus divers, religion, morale, Malgré certaines défaillances, son caractère ne
littérature, passant d'une chanson à boire à un peut manquerd'inspirer le respect et fait contraste
billet d'amour, d'un hymne patriotique à l'éloge avec l'égoisme qui régnait dans son entourage.'
d'un ami ou d'un protecteur. Horace montre une Ressentant toujours l'impression du moment, it,
morale aimable et indulgente, un peu trop sen- n'avait pas toute la stabilité d'esprit nécessaire à
suelle. On ne louera jamais trop la flexibilité de l'homme d'Etat, et pourtant ne pouvait pas se rési-
gner à renoncer à la direction des hommes et au reproché & son style des traces de provincialisme-
maniement de la chose publique. Il savait admi- (pataMntM) que nous ne savons pas y retrouver.
rablement s'assimiler les idées étrangères, ce Le premieressai important d'histoire universelle,
qui lui permit d'enrichir considérablement la lit- bien que l'idée eut déjà été timidement abordéa-
térature romaine par des emprunts qu'il rendait par Varron, Atticus et Cornélius Nepos, remonte à
originaux; et il peut être considéré comme le Trogue Pompée, dont l'ouvrage nous est surtout
créateur de la prose latine classique, à laquelle il connu par t'abrégé qu'en a fait Justin. Pendant la
a donné une forme si bien en harmonie avec le période impériale, l'histoire, au moins la ndèle-
génie de la langue latine, que plusieurs des écri- relation des temps contemporains,disparatt a me-
vains qui l'ont suivi ont cru devoir couler leur sure que la flatterie servile gagne du terrain. Le-
style dans le monle qu'il avait laissé. Ses discours, goût de l'érudition caractérise la fin du siècle
soigneusement préparés à l'avance, montrent une d'Auguste. Parmi les noms des nombreux gram-
grande vivacité d'imagination, un vocabulaire mairiens et des savants de cet âge, il faut citer
d'une surabondance étonnante, une phrase tou- ceux de Cinnius Capito, Fenestella, Hygin et
jours ample et sonore, une merveilleuse habileté celui de l'architecte Vitruve.
à passer de l'enjouement au pathétique, enfin IV. PÉMOM BE DÉCADENCE.
toutes les ressources que fournissent là nature et
l'art. Parfois sa rhétorique a des effets trop étudiés, A l'époque impériale, le despotisme croissant
et la grandeur des mots ne sert qu'à cacher la qui suivit la monarchie d'Auguste éteignit gra-
pauvreté de la pensée et la faiblesse de la cause. duellement toute vie intellectuelle, toute indé-
Mais, en somme, après Démosthène, aucun orateur pendance dans la littérature. La poésie et l'élo-
de l'antiquité n'a su plus puissamment peindre, quence durent se taire ou prendre un langage
persuader, émouvoir. Ses principaux discours hypocrite. Toujours espionnés ou du moins
sont les Verrines, sept discours destinés à con- croyant t'être, les écrivains de cet âge se sentaient
vaincre Calus Verrès de cruauté, de concussion et pour ainsi dire sur la scène. Ils ne suivaient point
de déprédations de toutes sortes pendant sa pré- une inspiration libre, mais calculaient l'effet que
ture en Sicile; les Catilinaires, série de quatre produiraient leurs écrits et leur conduite sur l'es-
discours dans lesquels il déjoue une conspiration prit de leurs contemporains et de la postérité
ourdie contre la République par Catilina; le aussi la littérature de cette époque, éloquence,.
discours pour la loi Manilia, qui devait donner à histoire, poésie, a-t-elle un caractère théâtral dont
Pompée le commandement de la guerre contre le style même se ressent; on ne parle pas, on
Mithridate; le discours pour Milon, accusé de la déclame. L'incertitude de l'existence, les appré-
mort de Clodius le discours pour Marcellus et le hensions continuelles où t'en vit, donnent a toutes-
discours pour Ligarius, demandant à César le re- les productions de ce temps quelque chose de
tour de deux adversaires politiques; enfin les fiévreux, d'agité, de morbide. On veut frapperiez
quatorze discours contre Marc-Antoine, appelés imaginations par des idées surprenantes plutôt
Philippiques, Cicéron n'a pas seulement été un que profondes, par du clinquant, une concision.
grand orateur ses nombreuxécrit* philosophiques laborieuse, une obscurité artificielle, un coloris
et littéraires et principalement ses traités sur la surabondant. C'est le règne des rhéteurs. Tibère
théorie de l'art oratoire, ses Lettres à Atticus et impose silence aux lettres t'éioquence est celle-
<t son frère, le placent encore au premier rang des délateurs, la philosophie reste dans l'ombre,
parmi les critiqueset les épistolairesdel'antiquité. la poésie ne compte que des noms obscurs Ÿ
L'histoire, depuis la période précédente, a fait l'histoire ne produit, outre Tibère lui-même, au-
aussi un grand pas; en ne croyant écrire que des teur de mémoires qui furent la lecture favorite
Mémoires, César a trouvé du premier coup les de Domitien, que deux auteurs, Yeliéius Pater-
principales qualités du style historique la clarté, culus, qui admire aveuglément, dans un sty]e~
la rapidité, l'exactitude des détails, la simplicité pompeux et affecté, tout ce que fait l'empereur,
du récit. Los histoires de Salluste, dont nous ne son ancien général, et Valère Maxime, écrivain
possédons que des fragments, ses deux récits de aussi servile, avec moins de talent, compilateur-
la Guerre de Jugurtha et de la Conspiration de sans goût et sans discernement, qui nous a laissé
Catilina, où l'on sent plus que chez César l'ora- neuf livres d'anecdotes indigestes. La grammaire,
teur derrière l'historien, plus riches aussi en vues grâce à son caractère inoffensif, est le seul genre-
philosophiques et en analyses morales, sont des qui fleurit réetlement à cette époque avec Justus-
ouvrages de premier ordre. On peut encore citer, Modestus et Pomponius Marcellus; quant à la
parmi les historiens de cette époque, Cornélius poésie, elle n'est presque représentéeque par des
Népos, un ami de Cicéron, dont les ouvrages prin- traductions; l'ouvrage le plus original fut une
cipaux ne nous sont pas parvenus, mais dont il traduction en vers des Fables d'Esope par Phèdre..
est possible d'apprécier le style élégant et pur, Sous les successeurs de Tibère, Caligula, Claude
grâce à ses Vies des grands capitaines, bien qu'on e~Néron, où l'on voit gouverner tour à tour l'in-
y ait relevé d'assez graves inexactitudes de détail. trfgne, la malice, la méchanceté, la force brutale, r
La période d'Auguste produisit l'Histoire ro- la littérature et surtout la philosophie sont le
maine de Tite-Live, magnifique monument qui refuge de quelques âmes d'élite.
nous est arrivé malheureusement très mutilé; il La ngure qui domine cette époque est celle de
ne reste que 35 livres des 150 dont se composait l'Espagnol Sénèquo, sénateur sous Caligula et
cette histoire. Tite-Live est encore un historien de Claude, puis précepteur de Néron, préteur et con-
l'école oratoire, auquel on peut reprocher de n'a- sut. On sait comment it se vit forcé au suicide, ac-
voir pas été assez scrupuleux dans la recherche cusé d'avoir participé à la conspiration de Pison..
des documents dont il se servait, souvent satisfait C'est un écrivainde beaucoupde talent, philosophe
do répéter en les embellissant les récits de Polybe d'apparatplutôt que de conviction,qui pose devant
et des autres annalistes. Quoique un peu optimiste, ses amis et devant lui-même. II cherche à caresser
grâce à la nature douce et conciliante de son es- le goût de l'époque dans le choix des sujets qu'il
prit, il s'efforce d'être impartial admirateur en- aborde comme dans la manièrede les traiter. Il est
thousiaste des vertus viriles de l'ancienne Rome, moraliste. II aime à disserter plutôt encore qu'à
il trahit aussi une sympathie touchante pour les méditer sur le cœur humain. On relira toujours
opprimés et les vaincus. Son histoire, qui présente avec grand charme ses écrits philosophiquespleins
toujours les événements sous une forme drama- de fines observations, de renseignements érudits
tique, abonde en discours qui sont restés des mais toujours présentés sans pédantisme, de no-
modèles d'éloquence tempérée. Les anciens ont bles préceptes que le maltre n'a malheureuse-
ment pas toujours suivis lui-même dans sa vie. pour les lettrés. Parmi les principaux protégés des~
Après tout, la forme, dans Sénèque, vaut peut-Être deux premiers Flaviens, nous trouvons Pline l'An-
encore mieux que la fond, bien que ce style bril- cien et ValériusFlaccus.
lant, chatoyant, à phrases coupées, à incessantes Pline l'Ancien, esprit encyclopédique, compila-
oppositions de mots, manque de simplicité et fati- teur infatigable, victime de sa passion pour la
gue le lecteur à la longue. Les principaux ouvra- science lors de l'éruption du Vésuve, sut concilier
ges de Sénèque qui nous sont parvenus sont ses avec ses absorbantes occupations officielles d'ins-
Lettres à Lucilius et quelques traités de morale pecteur des finances de l'empire, une féconde ac-
sur la Clémence, la Co/ft'e, la Tranquillité d'dme. tivité littéraire qui lui a mérité de prendre un
On trouve aussi de réelles beautés dans ses dix rang élevé parmi les historiens. les grammairiens
tragédies, d'un style trop sententieux, trop subtil, et les naturalistes. Valérius Flaccus, imitateur de
trop chargé d'antithèses, composées pour l'école Virgile et d'Apollonius de Rhodes, retraça l'expédi-
plutôt que pour le théâtre. Les principales sont tion des Argonautes dans un poème prolixe, et en
Phèdre, CM:pe, Médée, Agamemnon, et peut- vers qui manquent parfois de lucidité à force de
être aussi une tragédie sur un sujet contempo- rechercher la concision et la hardiesse.
rain, O'~aM'e. Domitien, bien qu'il affecte lui-même le goût des
L'histoire sous Caligula et Néron était géné- lettres et de la poésie, ne permet qu'un genre le
ralement une sorte de rhétorique déclamatoire. panégyrique de son despotisme. Quiconque veut
Cependant sous Claude elle produit un ouvrage dire la vérité doit dérober ses ouvrages au public
où l'on trouve des traces d'une réelle critique ce fut le parti que prirent Tacite et Juvénat.
historique, les dix livres de Quinte-Curce sur Parmi ceux qui eurent la faiblesse ou la servilité
l'histoire d'Alexandre le Grand. L'ouvrage de de se faire les adulateursd'un monstre, il faut citer
Columelle,compatriote de Sénèque, sur la campa- Silius Italicus, Stace, Quintilien et Martial.
gne et les travaux des champs, est une sorte de Silius Italicus empruntele fond de son monotone
paraphrase prosaïque des Géorgiques de Virgile. et déclamatoire poème des Guerres puniques à
Les principaux orateurs sont les sénateurs Pac- Tite-Live, et les développements et les procédés
tus, Thraséas et Helvidius Priscus. Les philoso- poétiques à Homère et à Virgile, introduisant la
phes de cet âge écrivent en grec, comme Carnu- mythologie au milieu des événements historiques.
tus et Epictète mais ces philosophesstoïciens et Stace, esprit cultivé, poète spirituel, compose une
plusieurs autres encore, avec Sénèque, méritent, foule de pièces de circonstance, réunies sous le
à cause de leur caractère, sinon- à cause de leurs le nom de &7f.B (les Forêts), jolies esquisses de
écrits, que la postérité ne les oublie pas. C'est le mœurs de l'époque, et un poème en douze chants,
cas aussi des deux célèbres poètes Perse et Lu- la 7'A~aMe, qui ne manque pas d'imagination et
cain. d'audace, mais que déparent un style maniéré, des.
Né dans l'opulence, mais élevé à l'austère traits exagérés et trop de détails mythologiques.
école des stoïciens, Perse s'attaque à la corrup- L'Espagnol Martial prend Catulle et Ovide pour
tion sans en avoir lui-même connu les souillu- modèles. C'est un satirique, mais qui enferme sa
res ses satires sont des espèces de sermons en malice dans le cadre restreint de l'épigramme. On.
vers dirigés contre ses contemporains en général admirerait beaucoup plus son talent s'il ne servait
plutôt que contre telle ou telle individualité parti- pas souvent à mettre en relief une absence cho-
culière. II emprunte à Horace beaucoup de ses quante de sens moral et de dignité. Il se complaît
tours de phrase et de ses expressions mais on à persifler les vices et la corruption de son temps,
sent qu'il n'a pas vécu dans le commerce des mais sa médisance n'est souvent qu'une flatterie
hommes, et t'exagéra)ion ampoulée de son style déguisée à l'adresse du maître et de ses favoris.
très imagé, mais parfois obscur, fait supposer Quintilien est aussi originaire d'Espagne, quoiqu'il
par moments que son indignation est un peu ait été élevé à Rome. Longtemps professeur d'é-
factice. loquence à Rome, puis chargé par Domitien de
Le poète Lucain, neveu de Sénèque, enlevé l'éducation de ses neveux, )) composa dans sa
prématurément à la poésie, est de la même école vieillesse un ouvrage sur les Causes du déclin
que Perse et transporte dans le genre épique, de /o~Mnce et un autre ouvrage sur I'~c<Mca<MM
comme son ami l'a fait dans le genre satirique, les oratoire, dont la portion la plus précieuse pour
brillantes doctrines de la philosophie stoïcienne. nous et la plus admirée est le dixième livre, qui
Sa Pharsale, récit malheureusement inachevé de contient une liste critique des auteurs latins les
la guerre civile entre Pompée et César, est toute à plus utiles pour la formation de l'orateur.
la gloire du parti républicain, que le poète ne Les règnes de Nerva et de Trajan permettent à
sépare pas de la liberté et de la grandeur de la littérature un libre et nouvel essor. Les écri-
Rome. Malgré l'enflure de son style artificielle- vains qui s'étaient enfermés dans le silence par
ment pathétique, qui trahit un certain manque nécessité sous Domitien déversent contre le des-
de maturité, on sent dans les descriptions, dans potisme qui vient de finir, avec leur colère, d'au-
les discours, surtout dans les maximes générales tant plus d'amertumequ'ils se sont plus longtemps
dont le poème pullule, le souffle d'une véritable contenus. C'est le cas de Juvénal, de Tacite, et
poésie, c'est-à-dire d'une poésie inspirée par un même en partie de Pline le Jeune.
cœur généreux. Parmi les seize satires que nous a laissées Juvé-
A coté de cette littérature stoïcienne, quelques nal, les plus caractéristiques décrivent les vices
disciples de la doctrine épicurienne, esprits super- de la société romaine avec une éloquente indigna-
ficiels et mondainsauxquels appartenait sans doute tion et une vigoureuse énergie; il ne se contente
Néron lui-même, ont laissé plusieurs monuments, plus, comme Perse, d'accuser son époque en gé-
entre autres ie roman satirique attribué à un néral il nomme les coupables. Les personnages
courtisan plus tard victime de Néron, Pétrone, que le poète met au pilori, pour son temps et pour
contenant des aventures diverses rattachées à un les siècles à venir, appartiennent surtout à l'épo-
voyage imaginaire. Le fragment le plus important que de Néron et de Domitien. Mais, malgré les
qui nous en est parvenu est le f'e~i'~ de Trimal- explications des commentateurs, on ne reconnaît
cA:'o?:, description humoristique mais souvent trop pas toutes les figures. On ne saisit pas toutes les
licencieuse des moeurs contemporaines. allusions dans ces vers qui, pour rappeler,le juge-
Sous la dynastie Flavienne, à l'ombre de la paix, ment de Boileau,
les lettres semblent reprendre vie avec Vespasien
et Titus; mais avec Domitien, les mauvais jours de Tm]t pleins d'affreuses vérités
la vanité et de la cruauté impériale recommencent Etmcellent pourtant de sublimes beautés.
D'origine plébéienne, mais nourri des souvenirs dianus. La vieille écoie ne produit guère qu'un'
de la Répubtique aristocratique, l'auteur des His- poète qui ne suffit pas à la relever, Némésien.
toires et des Annales, vigoureux tabteaux embras- L'éloquence de l'Eglise s'inspirede TertnUien, que
sant les règnes des empereursd'Auguste à Domi- l'évoque de Carthage, Cyprien, rappelle par la lu-
tien, Tacite s'est indigné aussi, mais il s'est cidité et le charme de son style, mais sans égaler
résigné pendant les jours mauvais et a attendu ce sa féconde originalité.
moment bienheureux où il futennn permis, comme Vers la fin du siècle, l'apparition des Barbares et
ii le dit lui-môme, de penserce qu'on voulait et de l'élévation au trône d'une série d'empereurs sol-
dire ce qu'on pensait. La forme de son style éner- dats, d'origine thrace et illyrienne, contribue à
gique a gardé la marque d'an temps où le génie accélérerla décadence. An iv* siècle, tandis que
devait se contraindre et se cacher; il s est habitué le polythéisme cesse d'être la religion d'Etat et que
à la concision,à une réserve calculée, aux sous-en- la capitale de l'empire est transportée en Orient,
tendus, aux pointes épigrammatiques. H est sans les lettres jettent encore quelque éclat passager.
contredit le prince des historiens romains il L'éloquence appartientsurtout aux orateurs ecclé-
a l'esprit critique, le culte de la vérité et de siastiques, aux pères de l'Eglise, Ambroise.Jérûme
l'exactitude il ne se contente pas de noter les et Augustin. L'histoire produit quelques abrévia
faits, mais en cherche philosophiquement les causes, tours de talent, Aurélius Victor et Eutropo, et sur-
et fouiiie en psychologue les bas-fonds des carac- tout le boursoufné mais judicieux Ammien Mar-
tères. cellin. H faudrait citer encore, parmi les poètes
Homme de lettres avant tout, bien qn'ii eût suivi chrétiens, le moins obscur. Prudence parmi les
la carrière du barreau et des emplois publics, grammairiens, Macrobe, Servius et Donat, et deux
Pline le Jeune, neveu et fils adoptif de Pline l'An- auteurs épistolaires, Symmaque et Sidoine Apol-
cien, a écrit neuf livres de lettres, soigneusement linaire, originaire de Gaule. La poésie latine
variées de ton et de sujet, et évidemment compo- s'éteint avec Claudien, poète emphatique, auteur
sées plutôt pour la postérité que pour ses corres- de panégyriques et de l'Enlèvement de PrMerpt~;
pondants. Mais elles ont tant d'intérêt, et souvent Ausone, né a Bordeaux, qui a surtout réussi dans
tant d'esprit, elles sont écritesd'un style si coulant, l'épigramme et la poésie descriptive, se perdant
qu'on pardonne à l'auteur une vamté qu'il a le dans les minuties puériles enfin Fortunat, que
bon goût de confesser lui-même. l'histoire des Mérovingiens nous montre à la cour
Sous tes Antonins, la littérature latine, malgré de Sigebert et de Chiipéric, célébrant it la fois
ia protection que les empereurs lut accordent, s'é- Brunehant etFredégonde. C'est en Gaule, en effet,
carte de plus en plus des traditions du bon goût, que les lettres latines ont survécu le plus long-
et s'achemine rapidement vers la décadence à temps. et nous y trouvons encore sur le seuil du
mesure que les invasions menacent l'empire et que va* siècle un historien qui écrit dans un latin
l'extension du droit de cité diminue l'importance presque correct, l'auteur des jMyeM~M <~ saints
de Rome. Les écrivains qui restent fidèles aux et de l'~OM'e <<M Francs, Grégoire de Tours.
meilleafes traditions sont peu nombreux. Les tB. Buisson.1
principaux sont Suétone, secrétaire particu- LATITUDE, LONGITUDE. Cosmographie,U.
her d'Adrien, archéotogue, historien ou plutôt Etym. Latitude est dérivé de latitudo,qui vient
biographe; ses Vies des douze C~MM abondent en de latus, large, et longitude dérive de longitudo,
renseignements puisés aux meilleures sources; qui vient de longus, long. Ces dénominations, dé-
le rhéteur Florus, auteur d'un tableau en rac- fectueuses aujourd'hui,nous ont été transmisespar
courci de l'histoire romaine abrégée; et Justin, les anciens, qui ne connaissaient qu'une partie de
autre abréviateurde talent. La majorité des autres la terre, laquelle était plus longue dans le sons où
écrivains se perd dans de vains efforts à la re- nous évaluons les longitudes.
cherche de l'originalité. L'Africain Fronton exer- La latitude d'un lieu ou, plus exactement, d'un
çait une suprématie littéraire que ses ouvrages point pris à la surface de la terre A (flg. )),
ne connrment pas. L'érudition remplace le génie est l'arc de méridien AB compris entre ce point et
on fouille le passé au lieu do créer de nouveaux l'équateur EOBE'. Ainsi, tous les points situés sur
monuments pour l'avenir. Les grammairiens, les
mattres de rhétorique pullulent; le nom le plus
célèbre est celui de l'auteur des Nuits Attiques, le
studieux Aulu-Gelle une littérature grécisante de-
vient de plus en plus a ta mode. Suétone, Adrienlui-
même, Fronton, Apulée, Tertullien écrivent en
grec presque autant qu'en latin. La jurisprudence
au contraire grandit avec le déciin des autres
branchesde la littérature elle enregistreplusieurs
noms illustres ceux de Pomponius, de Gaius et
de Papinien, qui contribuent à la fois au dévelop-
pement de la science du droit par leurs écrits et
par leur enseignement.La poéNO ne produit rien;
ta mythologie ancienne a fait place an christia-
nisme, qui à ses débuts inspire à peine quelques le même parallèle ont la même latitude. Cette dé-
hymnes sans valeur. Ce sont surtout les illettrés, finition suppose la terre rigoureusement sphén-
les pauvres, tes opprimés, les femmes qui se tour- que.
nent vers la doctrine du péché et de la rémission La longitude d'on point est l'arc de partHèie
et vers le dogme qui promet une vie meilleure. ou d'équateur OB compris entre le méridien PAP'
Dn reste tes chrétiens affectent de mépriser les qui passe par ce point et un méridien déterminé
lettres. Ceux qui, comme Minutius Félix et Lac- choisi par convention, PEP'E', et nommé premier
tance, essaient de concilier les traditions de l'anti- méridien. Tous les lieux BituéB sur le même demi-
quité avec l'esprit nouveau, font exception. Le méridien compris entre les deux pôles, ont la
plus grand nombre, commeTertullien, maudissent même longitude.
la fois et la religion et la culture littéraire de
la Rome paienne.
Les divers peuples ne se servent pal tous du
même premierméridien. En France, on a fait choix
Au t~ siècle, le déclincontinue et s'étend même de celui qui passe par Paris et, plus exactement,
jusqu'à la jurisprudence le christianisme produit par l'Observatoire. Les Anglais font passer leur
premierméridien par l'Observatoire de Greeuwich;
son premier poète, le lourd et incorrect Commo-
tes Allemands par l'lie de Fer, l'une des Canaries gitude de Lyon, et de savoir si cet arc doit être
les Russes par Pulkowa. Entre le méridien de compté à droite ou à gauche, ou, si l'on préfère, à
i i'tle de Fer et celui de Paris il y a justefacilement 20 degrés l'est ou à l'ouest du méridien de Paris. La longitude

'tde différence, ce qui permet de passer de Lyon étant de '*° 29' tO" à l'est, cet arc sera
d'une longitude estimée par rapport t'nn à la compté sur le parallèle de Paris, à partir de Paris
même longitude estimée par rapport à l'autre. !) et vers la droite, puis on mènera le méridien pas-
serait préférable qu'il y eût un seul premier méri- sant par ce point, et Lyon se trouvera sur ce mé-
dien pour le monde entier. ridien. D'autre part, la latitude de Lyon est 4~°
La latitude et la longitude portent conjointement 45'45" nous compterons sur le méridien 45'
tracé, et
te nom de coordonnées ~o~apAtgMM. Elles s'ex- à partir de l'équateur, un arc de 45° 45"; nous
priment en degrés, minutes et secondes. La lati- obtiendrons ainsi le point correspondant à Lyon.
tude est nord ou sud, ou boréale ou australe, selon L'équateur partageant la surface de la terre en
que le point considéré est situé dans t'hémisphën- deux hémisphères, l'hémisphère nord et l'hémi-
nord ou dans l'hémisphère sud, et, par conséquent, sphère sud, il est bien évident que, dans l'indication
d'un côté ou de l'autre de l'équateur. La longitude des latitudes, on doit dire si elle est comptée d'un
est orientale ou occMe~rn/fou, si l'on préfère, est côté ou delatitudes l'autre de l'équateur. Pour la France,
ou ouest, et, par conséquent, à droite ou à gauche toutes les appartiennentà l'hémisphère
du méridien de Paris pour la France. nord, et sont par conséquent d'un même côté de
La latitude et la longitude servent a fixerla po- l'équateur.
sition des divers lieux; elles permettent de cons- Détermination de la latitude d'un point. Nous
truire les globes et les cartes géographiques. On savons maintenant ce que c'est que la latitude
comprend donc toute leur importance. Chaque et la longitude d'un point, nous en comprenons
point est ainsi déterminé la
sur terre par le point l'utilité il nous reste à connaltre le moyen de les
de croisementde deux lignes, comme sur une table déterminer. Commençonspar la latitude.
de multiplication le produit se trouve à la rencon- Figurons par la circonférence EPE'P' (ng. 2) le
tre des deux lignes partant, l'une du multipli-
cande, et l'autre, du multiplicateur.
Nous ne saurions voir la terre tout entière nos
regards n'embrassent que la faible étendue qu'en-
terme l'horizon. Sans doute cette étendue est plus
ou moins grande, selon qu'on se trouve sur un
4ieu plus ou moins élevé ainsi du haut d'une
montagne elle est plus vaste qu'au niveau de la
plaine; mais lors même que notre vue s'étend sur
un espace de vingt, trente ou quarante lieues de
rayon, un tel espace est relativement nul si on le
compare à la surface de la terre. Et pourtant, mal-
gré notre impuissance apparente saisir la terre
dans son ensemble, à la voir comme nous voyons
le soleil et la lune, nous pouvons en faire une
sorte de portrait, de représentation exacte, au
moins pour les parties connues, qu'on nomme
un globe ou une sphère terrestre. Nous parvenons Ffg.S. 2.
à figurer sur une sphère les chaînes de montagnes,
les cours d'eau, les contours des continents, en méridien oui passe par le point considéré A dont il
faut déterminer la latitude. Représentons l'axe
un mot tous les accidents géographiques. Nous terrestre PP', le diamètre de l'équateur situé
traçons les limites des Etats ou des contrées; nous dans le méridien par
marquons la place des villes, et, comme s'il s'a- par EE'. La latitude du point A
gissait du plan d'une maison, nous poursuivons est l'arc AE qui répond à l'angle AOE. Mesurer
jusque dans ses moindres détails l'image fidèle de l'arc ou l'angle, c'est la même chose, puisqu'i] il
la surface du globe. Or, tout cela n'est possible s'agit d'estimerl'arc en degrés, non en mètres.
qu'à l'aide de la latitude et de la longitude de Or, l'angle AOE est égal à un autre angle plus
chaque point. facile à mesurer. Observons que le rayon équato-
Imaginons en effet le réseau ou filet formé par rial OE est perpendiculaire à l'axe OP, que le
t'entre-croisement des méridiens et des parallèles. rayon terrestre OA n'est autre que la verticale au
On peut en multiplier les mailles autant qu'on le point A, et qu'il est par conséquent perpendicu-
veut, car le nombre des méridiens et des parallèles laire a l'horizontale AH au même point. L'angle
est illimité. Par chaque point de la surface de la AOE est donc égal à l'angle P; AH' (deux angles
terre, passe un méridien et un parallèle. Un sem- qui ont leurs cotés perpendiculaires et dirigés dans
blable réseau étant reproduit en petit sur une le même sens sont égaux) vu les faibles dimen-
sphère, tous les points de la terre qui répondent sions de la terre par rapport à l'univers, la terre
être considérée un point, les lignes
aux points d'entre-croisementdes fils auront leur peut menées de les
comme
points de la terre parallèlement
image sur le globe. Prenons un méridien quelcon- tous
que que nous regarderons comme celui qui passe tementsel'angle AOE, à PP' confondent. Au lieu de mesurer direc-
par Paris, par exemple il suffira, pour fixer la po- c'est-à-dire l'angle nous allons mesurer Pi AH',
sition de Paris, de connaître l'arc de méridien que forme l'axe avec l'horizon-
compris entre Paris et l'équateur ou la latitude tale. C'est cet angle qu'on désigne sous le nom
cette latitude étant de 48° 50' 49' (au Panthéon), on de hauteur du cd~e. La hauteur n'est pas ici une
prendra à partir de l'équateur un arc de cette ligne droite qu on évalue en unités de longueur,'
grandeur, et on aura le point qui répond à Paris. mais un angle ou un arc estimé en degrés. Donc
Qu'il s'agisse maintenantde fixer la position de la /<t<!t!«fe<fM~pOtK<~<~a/e à la Afn~eMrdt~xMe
Lyon; il existe un méridien et un parallèle passant ence point.
par cette ville et dont elle occupe le point d'inter- dernier Enfin, on peut encore substitneràla mesure de ce
section. Si nous parvenons à tracer ces deux cer- angle celle de son complément, c'est-à-dire
cles, nous obttendrons la position de Lyon. Or, l'angle ZAPi formé par la verticale avec l'axe. (La
pour tracer le méridien de Lyon, il suffit de con- figure ne doit pas être faite tout entière d'avance;
naltre l'arc de parallèle compris entre le méridien chacun des angles ou chacune des lignes énoncés
de cette ville et celui de Paris, c'cst-a-dit'e la lon- doit être tracé au moment où l'on en parle.)
En définitive, it s'agit de mesurer l'angle formé le soleil en24 heures, soit 15 degrés par heure. Dès-
par la verticale on le fil à plomb avec l'aie de la lors, deux points sépares par un intervalle de t5 de-
terre prolongé. grés voient passer )e soleil dans leur mérfdien aune
Comment peut-on obtenir.cette dernière ligne? 9 heure d'intervalle ou, si l'on préfère, l'horloge de
S'il se trouvait une étoile sur le prolongementde l'un des points avance ou retarde d'une heure
t'axe terrestre, cette'étoile serait toujours immo- l'autre. Il y a avance sur
du côté de l'est, retard du
bile, CM'te mouvement apparent des étoites est côté de l'ouest. Ce qui se passe pour deux points
produit par le mouvement réei de la terre. Il suf- situés sur l'équateur est également vrat de deux
Brait donc de diriger la lunette sur l'étoile pour points quelconques qui voient le soleil. La diffé-
obtenir la direction de l'axe. Cette condition n'est rence des heures pour deux points du globe nous
pas nécessaire, car chaque étoite décrit, soit un donnera donc la distance en degrés de leurs mé-
arc de cercle, soit un cercle apparent, dont le ridiens, c'estra-dire la différence de leurs longitu-
pôle est le centre. Parmi tes étoiles, on choi- des, et si l'un des points est Paris,nous obtiendrons
sira une de celles qui restent constamment vi- aussi la longitude de l'autre point.
sibles, et décrivent un cercle complet. Elle a, Donc, pour déterminerla longitude d'un point, il
comme on sait, un pa~o~e Mpe~eMr et un passage faut prendre un ou plusieurs chronomètres indi-
inférieur, c'est-à-du'e qu'elle traverse le méridien quant l'heure de Paris, se transporter arec ce ou
à deux reprises, tantôt au-dessus et tantôt au-des- ces chronomètres an point déterminé et constater
sous du pôle. Si l'on vise l'étoile au moment de la différence entre l'heure de Paris et celle de ce
chaque passage, il suffira de diviser en deux par- point.
ties égales l'angle formé par les deux directions Comme on peut craindre le dérangement des.
obtenues. Cette bissectrice est précisément la di- cbronomètres pendant la route, il est bon d'avoir
rection de l'axe, c'est-à-dire l'un des cotés de l'an- d'autres moyens à sa disposition. Or, un signal
gle à mesurer; l'autre est la verticale. qui serait aperçu simultanémentde Paris et du
On sait que la direction du ni à plomb prolon- point considéré, comme la lumière produite par
gée rencontre la sphère céleste fictive au point l'inflammationd'un tas de poudre, permettrait de
nommé zénith, et que la distance du passage au noter l'heure au même instant à Paris et au point.
zénith est ce qu'on nomme la distance zénithale; en question et par suite de connaître la différence
donc, en définitive, la mesure de la latitude se ré- 4ts heures. C'est un des moyens dont on s'est servi
duit à celle des distances zénithales d'une même et qui permet d'obtenir une valeur assez approcher
étoile. On obtiendra la latitude d'un point en de la longitude.
prenant le complémentde la moyenne des distan- Au lieu de ce signal artificiel, on peut faire usage-
ces zénithales <~M'~ m~me étoile en ce point. de signaux naturels tels que les occultations d'é-
Au lieu de faire deux déterminations pour éva- toiles par la lune, les éclipses, particulièrement
luer la latitude, on peut n'en faire qu'une si l'on celles des premiersousatellites de Jupiter par leçons
connalt d'avance la déclinaison Ee' (fig. 3) d'un as- d'ombre projeté par cette planète. Les éclipses de
lune, au contraire, sont peu propres à fournir un
moment précis. Ces phénomènes sont prédits long-
temps à l'avance, et l'heure indiquée est celle de
Paris il ne s'agit que d'observer l'heure de la ma-
nifestation au point dont on veut connaltre la lon-
gitude et de faire la différence des heures.
Très simples en théorie, ces moyens n'offrent
pas dans la pratique toutes les conditions de sécu-
rité le moment précis de la manifestation d'un
phénomène n'est pas chose aisée à constater.
La télégraphie électrique nous a fourni un des.
Fig.3.
a. moyens les plus efficaces d'obtenir un instant
précis identique pour Paris et pour un lieu déter-
tre (c'est ainsi qu'on nomme la distance angulaire miné. On peut admettre qu'un signal envoyé de-
de t étoile à l'équateur céleste). Il suffit, dans ce Paris à Lyon par le télégraphe électrique ne met
cas, de déterminer la distance zénithale Ze' ou Ze pas un temps appréciable pour franchir la distance
de cet astre au moment de son passage. La lati- qui sépare Paris de Lyon. Au moment même où il
tude est, en effet, égale à la somme ou à la diffé- part de Paris, il est à Lyon.
rence de ces deux éléments. H est vrai qu'indépendamment du trajet parcouru
L=d
L= d
-)- si l'étoile passe au sud du zénith. par l'électricité, quelques secondes peuvent s'é-
z, si l'étoile passe au nord du zénith. couler entre l'arrivée de la vibration électrique et
En mer, on détermine la distance zénithale du le mouvement de l'appareil on arrive à en tenir
soleil au moment du passage et on trouve la dé- compte. On ne se contente pas non plus d'invoquer
clinaison du soleil pour chaque jour dans un re- le signai de la première station à la seconde mais
cueil de données astronomiques nommé Con- aussi de la seconde à la première. Ces opérations
naissance des temps. C'est à l'aide d'un appareil sont répétées un grand nombre de fois, après quoi
nommé sextant que les marins déterminent la on prend la moyenne des résultats.
hauteur du soleil dont la distance zénithale est le Dans ces derniers temps MM. Lœwy et Périer, de
complément. l'Institut et du Bureau des longitudes, ont déter-
Ajoutons, en terminant, que dans ces diverses miné les longitudes de Marseille et d'Alger avec
mesures, on tientcomptede laréfraction atmosphé- un degré d'exactitude qui ne laisse rien à désirer.
rique. Il est bon d'observer également que la terre ~o~ot'~M~ et /tt<<<u<M c~e~M. On nomme~
n'est pas rigoureusementsphérique et que la ver- ainsi des arcs qui permettent de nxer la position
ticale d'un lieu diffère légèrement du prolonge- d'une étoile et de tout autre corps céleste, analo-
ment du rayon terrestre en ce lieu. gues à la latitude et à la longitude géographiques
Détermination de la longitude d'un point. mais au lieu de l'équateur, c'est à l'écliptique et
Le soleil dans sa marche apparente passe succes- à un grand cercle passant par les pôles de l'éclip-
sivement au méridien de chacun des points de tique qu'on rapporte les [Félix Sèment.]
t'équateur ou, si l'on préfère, la terre, en tournant LAVIS. t. BUT DU arcs. LAVIS. Le lavis a un
sur elle-même, présente successivement au soleil double but i° Faire sentir les formes planes ou
tous les points de son équateur. arrondies, les parties fuyantes des objets ainsi que
Les MO degrés équatoriaux défilent donc devant leurs positions respectives 2° indiquer la nature
de ces objets. Dans le premier cas, on emploie faible pour les massifs; deux teintes vertes super-
généralement des teintes d'encre de Chine; dans posées pour les arbres isolés, dont une forte du
le second, des teintes diverses, dites conven- côté de l'ombre; ombres projetées par les arbres
tionnelles. en sêpia. Ft-M fond vert clair et touches horizon-
II. CLASSIFICATION DES COULEURS. On admet en tales avec le même vert plus intense. t~Kes
peinture trois couleurs simples ou tons qui, par teinte neutre et ceps à la plume alignés. Terres
leur réunion, forment le blanc le jaune, couleur labourées: teintes diverses, où le jaune domine,
claire et brillante; le rouge, couleur éclatante et appliquées par hachures ou sillons dans le sens
demi-claire, et le bleu, couleur sombre. Le noir de la longueur des parcelles. Rivières teinte
n'est pas une couleur, mais l'absence de toute fondue en bleu de Prusse du côté de l'ombre.
.couleur. Selon que ces tons sont mêlés de noir ou IV. PRÉPARATION ET APPLICATION DES TEINTES.
de blanc, on dit qu'ils sont rabattus ou éclair- Pour préparer une teinte simple, on met quelques
-cis. gouttes d'eau dans un godet et l'on frotte avec un
Si l'on mélange deux tons simples en parties pain de couleur en appuyant sur le godet;
.égales, on obtient un ton composite de premier ajoute ensuite de l'eau en quantité convenableon et
ordre rouge et jaune donnent o'an~e; rouge et on délaie pendant plusieurs minutes avec un pin-
bleu donnent violet; jaune et bleu donnent vert. ceau propre, de manière à obtenir une teinte bien
'Si l'on mélange un ton composite de premier limpide. Quand il s'agit d'une teinte composée,
ordre avec un ton simple, on obtient un composite on prépare séparément, avec tout le soin possible,
-de deuxième ordre. Ex. o?'<M~-)'OM~e, vert. chacune des teintes simples qui doivent la com-
,;aune, etc. Enfin on pourrait obtenir une nouvelle poser, puis l'on fait le mélange.
série de tons composites, tels que ot'a/i~e-roM~- Avant d'appliquer une teinte quelconque, il
rouge, etc. faut l'essayer sur son ~arcfe-MaM ou sur toute
Deux tons sont complémentaires lorsque par autre feuille d'un papier de même nature
!eur mélange ils donnent du blanc ou un gris que celui employé pour le dessin. Celui-ci
simple. D'après cela, si les trois couleurs simples, doit être nettoyé et gommé, au préalable (car
jaune, rouge et bleu, donnent le blanc, il en ré- il ne faut pas penser à donner un seul coup de
sulte que la couleur complémentaire du jaune est gomme sur une teinte), avec la gomme élastique
te violet, c'est-à-dire un mélange de rouge et de ordinaire seulement. On prend ensuite de la
bleu, que la couleur complémentaire du rouge est couleur avec un pinceau de grosseur proportionnée
le vert, et celle du bleu, l'orange. à la surface à laver et toujours rempli, et lave
On trouve rarement les couleurs pures. Elles hardiment de gauche à droite et de haut on en bas,
sont toujours plus ou moins mêlées à un pigment en tenant le dessin incliné et en ayant soin sur- r-
noir, de manière que deux couleurs complémen- tout de faire écouler la teinte par la pointe du
taires donnent du gris noir et non du blanc. pinceau plutôt que par le flanc. Un grand nombre
Voici les couleurs principales employées dans le de taches viennent, en effet, de ce qu'on veut

jaune.)
dessin:

Sepia.)
Ocre
Gomme-gutte.jaunes. 1
obliger la teinte à sortir par le flanc, tandis qu'elle
s'écoule naturellement et sans effort par la pointe
du pinceau.

Carmin.
Vermillon. ¡
rouges.
Lorsqu'on a de grandes teintes à appliquer, il
convient d'humecter d'abord d'eau propre tout
le dessus avec une petite éponge et de commen-
cer le lavis quand la feuille est presque sèche.
brûlée.
Indigo.
Terre de Sienne
Prusse.
Cobalt.
Bleu de i
bleus.
L'eau pure est préférabte à une dissolution d'a-
lun. qui forme une espèce d'enduit. Quelquefois
aussi, pour rendre une couleur délayée plus lim-
pide, on la décante, soit en la versant dans
un
autre godet avec précaution, soit en la versant
Nous avons dit que l'encre de Chine n'était pas dans une petite botte improvisée en fort papier.
une couleur. Il faut avoir soin d'essuyer un chiffon tout
Jtl. TEINTES CONVENTIONNELLES. NOUS allons bâton de couleur ou d encre avec de Chine qui vient
indiquer la composition des teintes employées d'être employé, pour éviter que cotte couleur
dans l'industrie des machines, notamment à l'u- fendille et s'émiette se
en petits morceaux.
sine Cail à Paris. On y verra ngurer des tons Dans un dessin à effet, lavé et ombré, on doit
composites préparés directement par l'industrie opérer dans l'ordre suivant 1° appliquer
une
pour éviter le mélange toujours difficile des tons teinte d'ébauche à l'encre de Chine, d'un gris-
simples. foncé, toutes les portions dans l'ombre pro-
Fonte: teinte neutre. Fer bleu de Prusse. pre 2°sur faire les lavis des ombres propres, le mo-
~cï~t- teinte neutre et un peu de carmin. Bronze: delé des parties arrondies, soit en dégradé, c'est-
terre de Sienne brûlée. Cuivre jaune gomme- à-dire au moyen de teintes plates superposées,
gutte. CM!f)-e
)'oM~c carmin. Plomb, zinc et d'inégale intensité, soit en <c:e fondue, c'est-à-
étain: bleu de Prusse très clair. CA~e; fond clair dire étendue d'eau et diminuant peu à peu d'in-
en sépia et veines foncées de même couleur. tensité 3" faire le lavis des
ombres portées, d'a-
Sapin: fond clair et veines en terre de Sienne bord sur les surfaces planes, puis sur les surfaces
'brûlée. Cuir et caoutchouc sépia claire. Mastic de courbes; 4° appliquer les teintes conventionnelles.
/bf~e.' sépia claire et points à la plume en sépia Il convient, dans le dégradé en général, à l'en-
foncée. Pierre de taille terre de Sienne cre de Chine ou en une teinte quelconque, de
relle. ~afo?!M<')-e.-carmin très clair. Briquenatu-
or-commencer par les tons les plus foncés et d'étendre
dinaire brun rouge. Brique ?-)-HC~:re terre d'eau de plus en plus pour arriver aux tons clairs.
de Sienne naturelle et un peu de brun rouge. La méthode inverse, qui consiste à commencer
Béton carmin clair avec points à la plume. Terre:
badigeon da sépia. Ballast fond clair en terre par les tons clairs et à les renforcer, présente
plus d incertitude et de difficulté. Dans les deux
de Sienne brûlée et points de mémo couleur cas, il faut avoir soin de ~Mpc'po~er les teintes, et
foncée.
non pas les juxtaposer. On évite ainsi un bour-
Voici maintenant, pour la topographie, quelques relet de taches qui se produit infailliblement
teintes conventionnelles adoptées à l'Ecole cen- entre les teintes juxtaposées.
trale des arts et manufactures V. CONVENTION POUR LE HYIS A L'ENCRE DE CHtKE.
Bois fond de terre de Sienne brûlée et de vert Le lavis à l'encre de Chine étant de beaucoup
le plus employé, non seulement dans les ombres, milieu de l'atmosphère,à l'abri des reflets du sol
mais encore à la place des teintes conventionnel- et des corps environnants, Us recevraient encore
les, aussi bien en architecture qu'en mécanique. des reflets de l'atmosphère;car l'air a la propriété
nous allons donner les principales conventions de rénéchir la lumière t la manière des corps
qui s'y rapportent. opaques. Sans cela, le passage du Jour t la nuit
)° pMMd une surface plane Mf~ara/M~e à un ou de la
ni
nuit
crépuscule
au jour
ni
serait subit et il n'y aurait
de.< pM?n de p)'o/ec«OM et se trouve <n<<eretHei!f «M< ofc.
éclairée, elle dott recevoir une teinte plate, claire Voici maintenant une expérience qui permet
et uniforme, daM toute son étendue. d'apprécier les intensités diverses de ces rayons
2° UMaMd une surface plane M< oblique à un indirects ou de reflets.
pfati de projection et se trouve m~terement éclai- Lorsqu'on regarde le ciel avec une lunette dont
rée, elle doit recevoir une teinte claire, dégradée, l'objectif est remplacé par un verre dépoli, l'éclat
dons /f<çue~e la partie la plus éloignée de l'obser- maximum de ce verre a lieu quand on fixe le
vateur est la mo'tM claire. soleil. Si la direction s'en éloigne, 1 éclat diminue
On admet avec raison que la quantité de lu- très rapidement et, pour un angle de 30*, il est
mière envoyée dans t'œil d'un observateur par environ quatre fois plus faible que pour un angle
un objet éclairé diminue avec l'éloignement de de 3*. Cet éc!at passe par un minimum qui répond
cet objet, bien qu'il soit également éclairé dans environ à un angle de 90', augmente ensuite fai-
toutes ses parties. A dire vrai, cette différence blement et repasse par un maximum relatif pour
d'intensité est inappréciable dans la plupart des un écart de Ï80", c'est-à-dire pour le point directe-
cas où l'on prend le soleil pour source lumineuse, ment opposé au soleil. Les choses se passent donc
mais il convient de l'accentuer afin de mieux faire comme si les objets étaient éclairés par deux so-
sentir le relief des objets. leils, l'un qui envoie des rayons directs intenses,
3° Une surface plane A-/an'<e est d'aula plus l'autre, des rayons indirects beaucoup plus faibles.
brillante et doit ~e en teinte d'autant plus claire t° Les surfaces situées dans l'ombre po."<M par
qu'elle se rapproche plus de la position perpendi- d'autres surfaces doivent dire en teintes d'autant
culaire au rayon lumineux. plus foncées qu'elles seraient elles-mdmes plus
On sait que le rayon lumineux adopté par les éclairées s'il n y avait pas <<'om&'< portée.
dessinateurssuit la direction de la diagonale d'un D'après cette loi, le dégradé du lavis sur les
cube qui va de haut en bas, d'avant en arrière et surfaces courbes dans les ombres portées est in-
de gauche à droite (V. Omt''M). verse du dégradé ordinaire dont il a été question,
4° Quand une tMr/hee plane est oblique à un et doit être superposé à ce dernier.
des p/anj de projection et se trouve e?!<!et'<me)t< 8° Sur toute ar~e saillante qui <e;'MMe deux
dans fo~ttre, elle doit recevoir une teinte foncée également éclairées, l'une visible et l'autre
!Kft~t&/cpOM!' ~e m~Me ooM''t)a<Ct<t', il est K<ce~a!)'c
deyrad~e, dans laquelle la partie la plus éloignée
de /'o<<M~uf est la moins foncée. de tM~ta~er un filet clair très étroit MOH'Md filet
On admet, en effet, et l'expérience le prouve, de lumière, pourvu que /'MM< des surfaces au
que l'ombre s'affaiblit en s'éloignant, qu'elle est moins soit plane ou qu'elles le soient toutes les
atténuée par des reflets de lumière venant du sol, deux.
des objets environnants et de l'atmosphère. est la contre-partie du <)'a:<
Ce filet de lumière
5° (/M<Md! deux surfaces planes sont parallèles c!? force dans les dessins non lavés. 11 doit suivre
et ec/a~ee~, celle qui se trouve la plus proche du les intensités des teintes auxquelles il appartient
spectateurreçoit une teinte plus faible que fat~re. il reste blanc si la teinte qu'il accompagne est
Si ces surfaces sont dans foM&?'?, c'est la p/Ms' assez faible mais il doit être un peu teinté dans
éloignée qui doit recevoir la teinte la plus faible. le cas contraire.
Cela résulte évidemment de la deuxième et de la 9° Sur toute a;e saillante qui termine deux
quatrième lois. surfaces dans l'ombre, l'une visible, l'autre invisi-
Tout ce qui vient d'être dit s'applique aux sur- ble, on m~aac aussi un filet étroit en teinte fai-
faces courbes, que .l'on peut considérer comme ble, appelé reflet, pourvu que l'une des surfaces
formées d'un grand nombre de faces planes de soit plane ou qu'elles le soient toutes les deux.
petites dimensions. Par conséquent, dans une Ce filet est du à la lumière rénéchie par les
sphère, par exemple, on distinguera une portion objets environnants. Si le dessin était simplement
brillante, puis une série de tranches de plus en au trait, sans lavis ni ombre, on mettrait un trait
plus sombres par suite do leur inclinaison de de force à la place de ce reflet.
plus en plus grande par rapport aux rayons lu- )0° Le contour des ombres portées d'une certaine
mineux, et enfln une zone sombre suivant laquelle étendue doit toujours dire terminé par une to?'-
ces rayons rasent la sphère et qui limite la partie dure en teinte plus faible représentant la pé-
éclairée. Au delà de cette zone, il n'y a plus que nombre.
de l'ombre; elle est la séparation de l'ombre et Cette bordure est généralement étroite mais,
de la lumière. à la rigueur, sa largeur devrait être proportionnée
6" Dans la partie ombrée des surfaces courbes, à l'éloignement de l'objet qui porte ombre. On
la teinte d'ombre doit diminuer d'intensité à l'obtient en lavant l'ombre en deux teintes super-
partir de la ligne de séparation d'ombre et de posées de manière que la seconde n'atteigne pas
/Mmte~ey!M~M'aM.B points qui se trouvent direc~e- tout à fait les limites de la première.
ment opposés aux rayons lumineux. Telles sont les lois fondamentales du lavis à
C'est d'après cette loi que se fait le dégradé l'encre de Chine. [A. Bougueret.]
dans la partie ombrée du cylindre, du cône et de LEÇONS DE CHOSES. Les leçons de cho-
la sphère. ses, application de la méthode intuitive aux con-
En effet, dit M. Pillet, si la lumière solaire était naissances de l'ordre sensible, sont la continuation
unique, si elle ne donnait pas lieu à des reflets, raisonnée, dans la salle d'asile ou l'école en-
tous les points dans l'ombre seraient absolument fantine, du premier enseignement donné par la
noirs. Or, il n'en est rien ces points sont dans mère. Suivant d'instinct l'ordre même de la na-
des demi-teintes d'éclat variable les ombres sont ture, la mère nomme et fait répéter à l'enfant les
éclairées par dos rayons indirects que nous nom- objets ou les personnes que les détails réguliers
merons rayons de reflets, dus à la masse d'air envi- de la vie de famille, et de ce monde qui com-
ronnante, au sol ou aux objets voisins. mence à la fenêtre, ramènent chaque jour sous ses
En admettant même que les objets que 'nous yeux; elle lui apprend à en distinguer le nombre,
presentons soient, comme des aérostats, isolés au la forme, la couleur, les propriétés, les usages ou
les emplois et elle débrouille ainsi, en se jouant, point convenable les leçons suivies dont ils on
les premiers éléments de la pensée et de la pa- besoin.
role. Rien de pareil n'est encore établi dans l'asile,
Malheureusement on ne se doute point assez où cette organisation rendrait des services analo-
des innombrables et sérieuses difficultés que pré- gues. Depuis le mois d'octobre t879, nous l'avons
sente la continuation de cet enseignement, si introduite à titre d'essai dans deux salles d'asile
humble à son début. On a l'air de dire ou de du !&' arrondissementde Paris, dont les directri-
penser vaguement La mère était si ignorante, si ces, par leur intelligentdévouement, noua offraient
étrangère aux questions de méthode, et elle n'a- toute garantie.
vait pas, comme moi, le certificat d'aptitude Sa Rattacher la leçon de choses, le dessin, la leçon
succession n'a donc rien d'effrayant. morale, les jeux et les chants, de manière que
Eh bien, en réalité, il n'y a rien de plus diffi- l'unité d'impression de ces diverses formes d'en-
cile. D'abord il faut beaucoup et bien savoir pour seignement laisse une trace plus durable dans
donner des détails sûrs et précis, non pas avec l'esprit et le cœur des enfants;
des termes scientifiques, mais en langage exact et Régler enfin l'ordre des leçons par l'ordre même
sérieux dans sa familiarité, sur le moindre fait des saisons, afin que la nature nous fournisse les
qu'on prétend expliquer pour satisfaire la naïve objets de ces leçons et que l'enfant contracte ainsi
curiosité d'un petit enfant. l'habitude d'observer, de comparer et de juger
Aussi, que de mots vides et incompris dans ces Telle est la double idée générale de ce nouveau
prétenduesleçons de choses, quand ce ne sont pas programme, qui n'a d'autre prétention que d'in-
des erreurs et des préjugés 1 Là est surtout la diquer à grands traits une direction naturelle et
cause grave de la faiblesse générale de ce genre de donner quelques indications pratiques pour la
d'exercices. On ne sait pas en réalité; on n'a ja- suivre.
mais feuilleté le grand livre de la nature pour y Il est divisé mois par mois, réduit à des plans
apprendre à observer simplement des faits inté- sommaires, où des mots rangés autour d'un mot
ressants qui nous crèvent les yeux, comme on principal sont autant de sujets pour des leçons
dit. Mais, grâce aux petits manuels des hommes, d'ensemble et de détail; pour les dessins, ont
on s'est farci la mémoire de quelques définitions, fera bien de se servir d'abord de ceux qu'a em-
de quelques classifications, de quelques termes ployés M. Pellissier, dans la Gymnastique de l'es-
scientifiques qui semblent faire bon effet. p7-:<. Il ne faut pas s'attacher à l'exécution des
Un second défaut, non moins grave au fond et détails, avant que l'élève ait bien compris l'en-
qui nous préoccupe surtout dans cet article, c'est semble et les principales divisions de l'objet. Nous
le manque de proj~OMMe, l'absence de direc- donnons aussi, àtitre d'exemple, une ou deux stro-
tion. phes plus spécialementrelatives au sujet traité j avec
Dans nos écoles pourvues d'une organisation l'indication de la source. Les paroles doivent être
pédagogique, un programme largement tracé règle lues, expliquées rapidement, comme vérification
mois par mois, avec beaucoup de sûreté, pour de la leçon, et chantées ensuite.
chaque matière d'enseignement, les principales Enfin, quant aux histoires morales, que notre
questions a traiter. C'est un guide et un stimu- personnel ne sera pas embarrassé de trouver ou
lant pour tout le monde, sans être une gêne au- d'imaginer, nous nous bornons à quelques re-
trement que pour la paresse, le caprice, l'impré- commandations qu'elles soient courtes, abondan-
voyance. Aucune partie des cours n'est ainsi tes en détails bien choisis, vives et animées que
négligée, et malgré les fréquents déménagements, les personnages y parlent et que la maltresse ne les
les élèves ont la possibilité de trouver partout au interrompepas par d'ennuyeux et inutiles sermons.
PROGRAMME DE LEÇONS DE CHOSES
OCTOBRE.
Leçons de choses. Dessin.
La vendange. Vigne, raisin, vin cuve, ton- Grappe de raisin, feuille de vigne, pressoir~
neau, bouteille, verre, bouchons, litre; Bourgogne, cuve, tonneau, bouteille, verre, entonnoir, litre.
Bordeaux, Champagne; pommes, cidre, Norman-
die houblon, bière, Flandre, Alsace.
Chants et Jeux,
L'AUTOMNE. Que la chaleur de ton vin
Réchauffe tout le monde.
enfant.
Tous.
Ouvrez-moi, pan, pan, pan.
Pan, pan, ouvrez-moi donc, Gué, chantons, gué, chantons,
Car j'apporte en passant, Dansons en toutes saisons.
Des fleurs et du gazon. (Z'~Mcatton nouvelle de M. Deibmck, 3~ ser.
ZeeA<BM~.
LE TONNELIER.
Dis-nous donc, la bette.
Comment l'on t'appelé ? Nous menons, alors que l'automne
A fait mûrir le doux raisin
.Z/eM/~M~. C'est nous qm fabriquonsla tonne,
Je suis,enfants,, Et la cuve ou Fon fait le vin.
L'automne aux raisins noirs et blancs. Tonneau,foudre,oarrit;ue,
Qu'on voit dans le cellier,
ZecAo?ur. Sortent de la noutique.
Belle saison du raisin, Du joyeux tonue!]er.
Entre dans notre ronde (~MM~OK nouvelle, 4'séiie.;
NOVEMBRE.
Leçons de choses. 11 Dessin.
Le labourage. Charrue, herse. Soc de charrue, herse.
~'f'c<a:o~e. Chandelle, bougie, lampe, gaz,
-az 1 Chandelier, bougeoir, lampe, bec de gaz, phare.
phare,auroreboréale.
Chants et Jeux.
LE LABOUR. Befrain.
Gué, gué, bons paysans,
four M nourrir, il faut du eain;¡ Le monde a faim du courage, à l'ouvrage!
Gais laboureurs, dès le matm Gué, gué, bons paysans,
Nom allons préparer la terre Vivent les bmub, ta charrue et les champs.
Voici Novembre, dépêchons.
Bonjour, traçai] adieu, misère, LM SEMAILLES.
Et Dieu bénira nos sillons (bis). Nom <en)en<fjtous semon),
Hue, oh mes bœuh, le long du champ (ttt), Amis, prenons patience.
Tirez droit la charrue, Ion la Ion la Ion li re la Nous semons nous semons,
Tiret droit la charrue, Ion la. Ptus lard. nous reoMe!Herom.
(M°" Pape-Carpautier,Jeux ~mmM<t'~aM./
'un.
DÉCEMBRE.
Leçona de ohoeea. Dessin.
Le chauffage. Froid, neige, glace, avalanche, Patin, tratneau, thermomètre, poMe, cheminée,
fuisse. Alpes, patins, traîneaux, Rusaie, renne, soufflet, pelle, pincette, pompe à incendie.
Laponie; thermomètre, poêle, cheminée, bois,
-charbon~ mines, allumettes; engelure, rhumes,
brûlure; incendie, pompiers le foyer, la famille..
Chants et Jeux.
LE PETIT RAMONEUR LEFEO.
Z-'eM/aH~. Quand le triste hiver ramène
Pou rquoi,petHe mère, Laneige et la longue nuit,
Dejàm'éveillez-vous? Y Nous oublions notre peine
A ma faible paupière Auprès du foyer qui luit.
Le sommeil est st doux.
La mère.
Refrain.
Mon fils. l'aube est venue Le feu, le feu
Du jour le travail est la loi. Nouarendtousbeureux,
Et dès longtemps, là, dans la rue, Nous rend tout joyeux,
D'un enfant petit comme toi ViTelefeut1
Entends-tula voix bien connue 1
Quand le soir étend son ombre,
Le ramoneur. Il apporte à nos côtés,
Ah 1 ramona, ramona, ramona Pour distinguer la nuit sombre,
La chemina du haut en bas. MiUe brillantes dartés. Refrain.
CAù~r. Pour éviter les ravages
Puisqu'il travaille, Que le feu cause en tout lieu,
Au petit ramoneur U faut craindre, à tous les âges,
Rendons honneur1 De jouer avec le feu. Refrain.
Et que le paresseux (~dt«:a<t0)tncw~2'serii'.j
Honteux
Sur son lit dorme et battle.
(M' Pape Carpantier, Jeux ~ymntM~MCt.~
JANVIER.
Leçons de choses. Dessin.
Nouvelle année. Mouvement de la terre au- Sphère.
-tour du soleil; compliments, étrennes, charité, Tirelire.
orange, marrons, Afrique, Espagne, Italie; chô- Ciseaux, mètre à ruban.
mage, caisse d'épargne.
L'habillement. Fourrures, couvertures, édre-
dons, laine, coton, draps, flanelle; filage, tissage,
~inture aiguille, épingle, ciseaux, mètre à ruban.
Chants et Jeux.
L'HIVER.
PaeM/Oa<. SOUHAITS DE BONNE ANNBÉ.
Outrez-moi,pan,pan, pan, Refrain.
Pan, pan, ouvrez-moidonc.
Je n'apporte pourtant Bon travail, boiine année
Que neige et que glaçon. A nos petits amis1
Henreuse destinée)
ZccAf~ur. C'est l'avenir promis.
Dis, saison nouvelle,
Comment l'on t'appelle. Le travail est le père
Detouabieusici-bas:
L'enfant. L'homme perdrait la terre
Je suis, enfanta, S'il ne travaillait pas.
L'hirer, saison du mauvais tempe. La science féconde
Aux enfants travailleurs
Le cA<BMf. Donne la terre et t'cnde,
t
Qu'importe Comme tes aoeurt
Entre dans notreronde.
Et le ciel et les fleurs.
Car du sein de tes rigueurs
t"
j~'j~duca~t'OMnoMup~Pj s(;[-;c~
La terre sort féconde.
e. tES PETITES TRICOTEUSES.
Tous.
Gué, chantées, gné, dansons, (Delcasso, Recueil de ntorMNtM: de chant.)
Dansons en toutes saisons.
(Z,MM<f<m 'iOMoeHt. 3* série.)
FÉVRIER.
Levons de choses. I Dessin.
Le corps humain. Principaux organes; sens. Cœur, poumon, estomac.
L'alimentation. Mets et boissons; boulanger, Fourneau, casserole, poêle, chaudron, marmite,
boucher, fruitier faim, appétit, indigestion méde- bouilloire, gril.
cin.
Chants ef
et Jeux.
T.a~
LA GYMNASTIQUE. Le beau pain blanc que nous mangeons,
Protectrice de la faiblesse Ton ton ton taine ton ton.
Et délassement pour le fort, Nous pourrons avoir des brioches
De la santé, de la sagesse,
Tu donnes le fécond trésor. Et des gâteaux que nous aimons,
Ton ton, etc.
Re frain. Et nous pourrons remplir nos poches
Puissante gymnastique aux effets salutaires, De biscuits et de macarons,
Rien ne peut remplacer tes utiles leçons (bis). Ton ton, etc.
(Laisné, Recueil de chants spéciaux.) Pauvres enfants qu'on abandonne
LE PAIN. Et qui n'avez pas de moissons,
Ton ton, etc.
Quand la farine sera faite Heureux des biens que Dieu nous donne,
Au mitron nous la porterons, Avec vous nous partagerons,
Ton ton ton ton ton taine ton ton Ton ton, etc.
Pour qu'il pétrisse et nous apprête (Z/Mea<tM HOiftjf~.)
MARS.
Leçonsde choses. Dessin.
L'habitation. Beis, pierre, fer, briques, ar- Maison, fenêtre, porte; table, lit, chaise, ar-
doise, plâtre, chaux; tuile, chaume, zinc; diverses moire, commode; mur, rangées de pierres de taille.
industries du bâtiment. de briques; plan d'une maison, charpente; mar-
Les abeilles. Ruche, cellules, cire, miel. teau, scie, tenaille, équerre, compas, fil à plomb,
~augetjtrueMe.
Chants et Jeux.
LES PETITS ODYRIEt'.S. LA RONDE DES ABEILLES.
Refrain. Rr frain.
Bien travailler,
C'est s'amuser, Suivez les prés, suivez les champs,
Faisons la guerre à la paresse. Votez, blondes abeilles;
Laborieux, Autour de vous l'heureux printemps
On est heureux. Etale ses merveilles.
Le talent
Vaut mieux que l'argent. Couplet.
Cueillez le miel, et montrez-nous,
Menuisiers,refendons nos ptanchcs, Montrez à qui Nous aime
Men!nsie['s,poussonslerabot, 18
Que du travail les fruits sont doux
Pch, pch, etc. Re frain.
Autant que le mLelmème.
Serruriers, limons nos serrures,
Serruriers, battons le fer chaud, ( bis
Pan, pan, etc. Refrain.
(M"* Pape-Carpantier, Jeux ~ym!i<H/M!')!

AVRIL.
Leçons de choses. Dessin.
La ce;y~<MM. – Graine, racines, tige, fleurs, etc. Fleurs, feuilles, haricot.
Les M!Ws d'oiseaux. Services que nous rendent
les oiseaux, chenilles, insectes, hannetons; vers à
soie.
Chants et Jeux.
LE PRINTEMPS. CAcBMr.
Ehb!eD!entre,gaiprmtemps,
~:M/!t~. Entre dans notreronde,
Ouvrez-moi, pan, pan, pan. Et de tes bouquets charmants
Pan, pan, ouvrez-moidouc, Fais don à tout le monde.
Ca.t'j'apporteenpassa.at
Desiicursetdugazon. Tous.

CAœ~r.
Gué,chantons, gué,dMsens,j,.
Dansons en toutes saisons, )"
~s
(L'Éducation nouvelle, 3* série.]
Dis-nous donc, la belle,
Comment i'oa t'appclle.
LEVER A SOIE.
L'en fant.
~eeAœMr.
Je suis, enfants, Pauvre petit ver à soie,
La saison du joyeux prmtcmps. Dei'œufsortifaiMeetnu,
2<'PARTIE.
Dis-nous, petit ver à soie, Je file,' je Ste,je file
Pour te nourrir que teui-tu? Mon jou cocon blanc.
Z< ver. Z<eA<eto'.
Donnet-moisur ma couchelte Dis eneor, 6 rer à soie,
La feuille au duvet brillant D)UM ton travail <ti!)pM'U,
Cueillette, cueillette, cueillette, Dis encore, 6 rer à <oie.
J'aime le mûrier blanc. Ainsi etcM que fais-tu?
Le eAœMr. Le ver.
Te voilà grand, ver à soie,
Bien long, bien fort, bien venu. Je me change en chrysalide,
Dis-nous, o grand var à soie, Profitez-en, c'est l'instant
A présent que cherches-tu? Dé~ide.dé~ide,déride
mon joli cocon blanc.
~e ver. (H** fape.Ctrpantier, yot-c ~tnM<<<}«M.)
Laisses-moieeul et tranquille,
Travailler tout doucement.

MAI.

Leçons de choses. Deasfn.


L'eau. Ruisseau, rivière, fleuve, mer, marée, Baignoire.
bains froids, natation.
La pêche. Flandre, Normandie, Bretagne, Bateau, hameçon, filet, poisson.
Provence; baleine, thon, maquereau, hareng,
sardine.
Le blanchissage. Savon, propreté. Baquet, pompe, fontaine, paits, battoir.

Chanta et Jeux.
VIVE L'EAU I Et ces eaux dans nos campagne
Coulent en jolis ruisseaux.
Refrain. (L'Education nouvelle, t" série.)
Yherean,~Wel'eau
Qui rafraiehit et rend propre,
Vive t'MLU,Vue l'eau, LES BODMEOMDE PROVBNCE.
Qui nous lare et nous rend beau.
Les bourgeois de Provence
L Et eem du Dauphiné
Elle retombe en rosée S'en vont tar la Durance
Sur les Beurt tous les matins, Pour apprettdre à voguer.
Et par l'homme utHnée Et vogue ma nacelle,
Ftit tourner de gais moulins. 0 dom léphyr
Seis-mei fidèle,
Et vogue ma nacelle,
Les grtmtb bois sur la montagne
Det'furattireNUeseaM,
Nous toucherons le port.
Ba.ha.ha.ha. )')
JUIN.

Leçons de choses. Dessin.


La ferme. La fenaison, cheval, âne, chien de Terrine, baratte, boite au lait, litre.
berger, loup, moutons, porc, dindon, poule, oie,
canard, pigeon laiterie, lait, beurre, fromage.
Chants et Jeux.
Qui mécontent d'abord
LE PETIT BERGER. Loin du bercail trouva la mort 1
i. En ~*iN ma ~eit fidèle
Cent fois le rappela,
Paissez, petit! agneaux D'un loup la dent cruelle
En )iber)é, mangez l'herbette, Hélu ) 1 le déchira.
claires eaux
Buyez des
QuevoustrouTexaeesDusse~u~
Ma main tient la houlette,
Et de wus je suis près.
Ant sons de la musette LA FENAISON.
Egayez-vous en paix 1
ï.
A.htredoutczlesort (McMM, .NMtfeft de mercMtf* de eAmit.)
De ce mouton fier et rebelle,
LET.

Leçons de choses. Dessin.


L'orage. Ec~ir, tonnerre, grêle, vent, para. Maison, paratonnerre, arc-en-ctet, parapluie.
tonnerre, arc-en-ciel.
Les fruits. Cerises, fraises, abricots, poires, Bouquet de cerises.
pommes, prunes.
Chants et Jeux,
L'ÉTÉ. LA MARCHANDEi'E VRUITS.
Un enfant. Le cAû?Mr.
Ouvrez-moi,p~n, pa.a, pan, Quels sont les fruits qnc vous vendez ?
Pan, pan, ouvrez-moi donc. Dites-nous, gentille marchande,
Car aqorte en passant Quels sont les fruits que vous vendez
Le blé do la moisson. Et cultivez T?
~cAo'~r. La marchande.
Dis-nous donc,la belle, J'ai parmi les fruits à noyaux
comment l'on t'appelle. Des prunes et de beUes pèches,
L'enfant. J'ai parmi les fruits à noyaux
Des abricots.
Je suis, enfants,
ij'ëtë, saison des jours brûlants. Le cAo?Mr.
Est-ce tout ef que vous vendez ?
Le e~œM~. Dites-nous, gentille marchande ?
Entre donc vite au milieu, Est-ce tout ce que vous vendez
Au milieu de la ronde; Et cultivez ?7
Avec lepaindu bon Dieu
Viens nourrir tout le monde. La marchande.
Gué, chantons, gué, dansons, ( b~. J'ai de belles pommes d'api,
Dansons en tontes saisons. Pommes d'été, pommes rainette j
(L'Educatiannouvelle, 3< série.) J'ai de belles p'jmmes d'api,
D'un goût exquis.
(L'Education nouvelle, i" série.)
AOUT.
Leçons de choses. Dessin.
La moisson. Blé, orge, avoine, farine, pain,
Gerbe, épi de blé faux, faucille; moulin à vent.
pâte, four, boulanger, pâtissier. paire de meules; balance, poids.
Les voyages. Routes, chemins de fer, ba- Locomotive, rails, bateau à voile, à vapeur, ra-
teaux à vapeur; cartes, points cardinaux, boussole, mes, gouvernail, boussole.
aimant Christophe Colomb; races d'hommes, la
patrie, le monde.
Chants et Jeux.
LE JEU DU BLÉ. Pan, pan, pan, pan, pan, pan.
Le fléau frappe en cadence,
Fauchons, fauchons, Pan, pau, pan, pan~ pan, pan,
-Ces beaux b[fs fruits de la ~rre, De l'épi sort le froment.
Fauchons.faucbons,
mûrs et blonds.
'Ces beaux épis Ticaticatac, dans le moulin
Le beau grain devient belle farine,
Ticaticatac, dans le moulin
La meule en tournant écrase le grain.
Tordez vos liens, moissonneurs.
C'est le lien qui fait la gerbe, (M"' Pape-Carpantier, ~M? gymnastiques.)
Tordez vos liens, moissonneurs
'Les mieux tordus sont les meilleurs.

LA RONDE DU TOUR DU MONDE.


Viteenroute,Titeà!agrange
Ramenonsles belles moissons. (t'.MMM<t<mHmtMHc,2"sërie.)

SEPTEMBRE.
Leçons de choses. Dessin.
La chasse. Chevreuil, cerf, sanglier, loup, Corde chasse, carnassière, fusil.
Tcnard, lièvre, lapin, perdrix, alouette, caille fu-
~ils.fUets,pièges.
L'; du t!a~<?. Foire, boutique, feu d'ar- Monnaies.
tifice, poudre; guerre, commerce, monnaie.

Chants et Jeux,
LEHENARD. LES QCAT* SOUS DU PETIT NICOLE.
1. Maman m'a donné quat' sous,
Renard, tu viens de me prendre Pourm'amuserata foire;
,Mon coq si gentil (bis). C'est pas pour mander ni boire,
Vite, vite, il
faut lerendre C'est pour m' régaler de joujoux, etc.
Ougarea.u.fusit(6~). (F. Bér.t.)
2
Vois, mon chien jappe et s'apprête: LtFÉTEMHAMEAO.
ïtctuls~iteou sinon (bis)
DeuxbaileaYoutd~nsta-t~te
JK'enrt'ndre raison (bis).
(Delcasso, ~ccttc~ de morceaux de c~<x~)
Voici quelques pages de madame Pape-Carpan- vous, enfants, elle ne peut encore donner de,
tier qui nous paraissent donner une juste idée de fruits. Il faut que cette herbe grandisse, qu'elle
la leçon de choses. Elles sont extraites d'une con- devienne du blé mûr pour pouvoir produire la.
férence que l'éminente directrice du Cours prati- graine qui contient la farine. Et quand elle est~
que a faite à la Sorbonne aux instituteurs venus à devenue grande, voici ce qu'elle est
Parie pour l'Exposition universelle de 186?. De là (M" Pape montre une petite gerbe de beau froment
tes recommandations et les conseils qui ne trou- mûr.)
veraient pas place dans une leçon faite à des en-
fants, mais que nous croyons utile de recueillir Voilà la plante grande, belle, parfaite et fé-
dans cet article. conde 1 Elle ne ressemble guère à cette pauvre
« Le plaisir de la surprise est très grand dans
petite poignée d'herbe que je vous montrais tout
l'enfant. Il est proportionnel au désir de connaltre. à l'heure. Mais un tout petit enfant blanc et rose
Il faut savoir profiter de cette ardeur, et la mé- ne ressemble pas non plus à un homme fait,
nager avec art, de manière à concentrer sur la barbu, dont les bras sont robustes. La petite
leçon tout l'intérêt et toute l'attention que la na- plante n'a donc autre chose à faire que de gran-
ture de l'enfant comporte. dir, bien droite devenue grande, elle produira
Cet art n'exige ni complication, ni recherche. naturellement, et sans effort, ces beaux épis dans.
Les mères le trouvent dès la naissance de leur lesquels sont renfermés les grains avec lesquels,
enfant, preuve que rien n'est plus simple, plus on fait la farine et le pain
naturel que cet art-là. Il consiste simplement à Mais comment et où sème-t-on le blé ? Dans les
aimer, et à désirer faire plaisir à ceux qu'on aime. jardins? Non, certainement. Il y en aurait trop-
Et il est si doux d'aimer les enfants 1 et si facile peu pour nourrir tout le inonde, car tout le monde
de leur être agréable ) Ils se laissent si aisément ou à peu près. tout le monde mange du pain.
charmer, et entralner là où l'on veut les conduire Il faut semer le blé dans les champs. Mais alors
Si donc on montre aux enfants une corbeille comme comment travaille-t-on la terre! Comment ouvre-
celle-ci, t-on le sein de la terre pour y déposer la se-
mence ?7
(M" Pape ouvre une caisse et en tire une éMgante pe- On l'ouvre avec un grand couteau. Oh ce n'est
tite corbeille tressée.)
pas un couteau de table, bien sûr c'eat un cou-
et qu'on leur dise J'ai là-dedans une chose teau fait exprès pour labourer les champs. Le
très précieuse, l'une des plus précieuses qu'il y ait voici on l'appelle une charrue.
sur la terre un véritable trésor Devinez! (M"' Pape montre une petite charrue sans roues nf
Les enfants intrigués, et les yeux avidement accessoires.)
fixés sur la corbeille, nommeront tout ce qu'ils
savent de plus beau De l'argent? de l'or ? des bi- On fait voir et distinguer à l'enfant les diffé-
joux ? des diamants? Mieux que tout cela rentes parties de cet instrument, on les lui
Alors l'institutrice, la mère qui joue avec ses nomme; on lui explique comment le soc de la
enfants, ouvre son petit panier et leur montre. charrue enfoncé dans le sein de la terre y trace
ceci un sillon en la rejetant à droite et à gauche.
Mais comment parvenir à labourer les champs?
(M*" pape, ayant ouvert la corbeille, en tire un morceau Elle
de pain 1)
est bien dure, la terre Les forces de l'homme
n'y suffiront pas.
Qu'y a-t-il sur la terre de plus précieux que le Comment? Dieu ne nous a-t-il pas donné des
pain ? Le pain qui nourrit le corps de l'homme, amis pour nous aider? Les bons amis que voici:
son serviteur obéissant, l'instrument docile de sa (M~e pape présente une paire de petits chevaux atteles-
volonté, de son âme que sont l'or et l'argent à à un avaut-train sur lequel elle pose l'arbre de la
coté du pain ? Rappelez-vous l'histoire de ce roi charrue.)
de la fable, Midas qui, ayant obtenu que tout ce
qu'il toucherait fût changé en or, vit tous ses ali- Oui, les voilà, ces amis vaillants et dociles, qui,
ments se transformer en cet indigeste métal, et prêtant leur force à l'homme, labourent pour lui,
faillit périr de faim au milieu de ses richesses. tirant à eux seuls non seulement le poids de la
Voici donc du pain. Mais comment et avec quoi charrue, mais le poids de la terre sèche qu'il faut
se tait le pain? Avec quoi ? Eh bien 1 Il se fait avec ouvrir profondément. Et ces amis, que Dieu nous
cette chose que voici a donnés, non seulement sont plus forts que les-
hommes, mais ils sont plus dociles et moiss exi-
(M** Pape montre un petit sac de farine). geants. Ils ne demandent pour prix de leurs efforts,.
C'est une poudre blanche. Mais toutes les pou- parfois bien pénibles, qu'un peu de paille ou de
dres blanches ne sont pas bonnes à faire le pain. foin, une poignée d avoine, des soins réguliers et
de la douceur, c'est-à-dire ce qui est de la plus
)M°" Pape montre nn antre petit sac semblable au premier.) stricte justice.
Celle-ci, par exemple, sert à faire des maisons. Aussi je pense que nous devons bien les aimer,
L'une est de la farine, l'autre est du plâtre. Le ces généreux et fidèles amis; que nous ne les
plâtre, si on en mangeait, ne pourrait que donner frappons jamais, que nous ne les maltraitons pas,
la mort! Combien donc il est essentiel de ne que nous ne les surchargeons pas. Car si nous
pas confondre les choses qu'on emploie! de ne leur donnions une tache au-dessus de leurs forces,
pas prendre le plâtre pour la farine 1 le poison nous serions des insensés. Nous épuiserions ces
pour la nourriture 1 le mal pour le bien1 forces précieuses que Dieu a mises à notre ser-
Mais où trouve-t-on cette farine? Qui est-ce vice. Et si nous frappions les animaux, si nous les
qui la donne? D'où provient-elle? Elle provient maltraitions, nous serions plus que des insensés.
d'une plante qu'on nomme le blé. Et cette plante, nous serions des ingrats) e»
la voici (Conférences pédagogiques faites à la Sorbonne
(M** Pape présente une poignée d'herbe verte.) en H67. 2°" partie, p. ~-M.)
Comment1 diront les enfants, c'est cela qui pro- Voilà bien le programme et l'esquisse d'une le-
cure de la farine? Où donc est-elle cachée? Nous çon de choses qui serait assurément charmante.
ne la voyons pas. La seule critique sérieuse que nous serions tenté
En etïet, répondrez-vous, il n'y a pas de farine de faire, c'est que les enfants y sont trop sim-
là dedans. Ceci c'est la plante enfant, et comme plement d'heureux spectateurs, et qu'ils gagne-
raient à être plus intimement associés à l'œuvre d'ailleurs dans la leçon proprement dite de lec-
de la maltresse, à être interrogés chemin faisant, ture et d'écriture simultanées.
et mis, au besoin, en présence de quelque diffi- La lecture et l'écriture se tiennent et se com-
culté à résoudre. Pour n'en citer qu'un exemple, plètent, « comme les deux faces d'une médaille ».
supposez qu'au moment de chercher la poudre Toutefois, si, théoriquement, l'on suppose que
blanche nécessaire à faire le pain, Mme Pape- l'une a précédé l'autre, c'est l'écriture qui du
Carpantier retrouve ces divers sacs avec les éti- venir la première. <' On ne peut évidemmenta pas
quettes bouleversées et qu'elle appelle les enfants lire ce qui n'a pas été écrit. Ce que les hommes
à la tirer d'embarras 1 L'instruction sera bien ont dû inventer, c'est donc l'écriture, le signe
plus utilement et agréablement conquise par la visible de la parole la lecture s'ensuivait néces-
classe, si les plus attentifs et les plus sages des sairement. »
petits auditeurs sont admis à venir toucher les Mais l'écriture est dessin à tout le moins.
deux poudres et à donner leur avis, et si l'enquête elle procède du dessinun et elle s'y rattache. L'en-
amène promptement cette triomphante conclu- fant, à qui l'on veut apprendre à écrire,
sion sera
donc préparé à cet enseignement par quelques
Oui, prenez celle-ci, madame, nous la reconnais- exercices préliminaires de dessin. Et de la façon
sons à sa douceur, nos mamans s'en servent pour la plus simple.
faire de bons gâteaux: c'est de la farine! Aht Le maître marque un point sur le tableau
mais ne prenez pas de celle-là, madame, elle est noir, et dit « Ceci est un point. » Il fait répéter
dure; les maçons l'emploient pour bâtir c'est du la phrase par quelques enfants isolément, puis à
piâtre toute la classe, en chœur. Il pose un second
Ces leçons de choses nécessitent évidemment point au-dessous du premier, et dit K Ceci est
ta formation d'une petite collection d'objets, qu'il « encore un point N (répétitions individuelles et en
est plus facile et moins coûteux qu'on ne pense chœur). Le mattre montre les deux points, et dit
de réunir progressivement,à condition de ne per- <' Voici un point en haut et un point en bas. »
dre aucune occasion de l'enrichir, à condition de (c Les élèves apprennent ensuite à distinguer
préparer avec soin chaque leçon. Les familles des de la même façon la droite de la gauche; puis,
enfants se feront un plaisir, sur l'indication de tant à droite qu'à gauche, un point supérieur et
la directrice de salle d'asile, de donner quelques un point inférieur, ce qui produit la figure que
échantillons des produits spéciaux de leur travail. voici
Les noms des donateurs seront inscrits sur les
objets. Il y a là une mine très riche à peu près
inexplorée jusqu'ici. Nous la signalons tout parti-
culièrementau zèle intelligentdu personnel chargé
de l'éducation de la première enfance. V. Mu- « Le maitre trace alors une ligne entre un
-sées scolaires dans.la Ire PARTIE. point supérieur et celui qui est verticalementau-
[Félix Cadet.1 dessous, et dit: «Ce trait que je trace est une
LECTURE. – C'est dans 1'~ PARTIE du Dic- « ligne. Cette ligne qui va de bas en haut s'ap-
tionnaire qu'il convient de chercher ce qui con- « pelle une ligne verticale. » On grave dans la
cerne la légitimité et l'importance de la lecture mémoire des enfants le sens de ce mot, en mon-
comme matière du programme de l'instruction lignes trant des objets offrant dans leur construction des
primaire, les qualités que doit présenterune bonne verticales. Puis les enfants marquent sur
méthode de lecture, les rapports de la lecture leurs ardoises deux points, l'un au-dessous de
-avec les autres matières du programme, l'histo- l'autre, et les réunissent par une ligne. Pendant
rique de l'enseignement de la lecture, etc. que le maître se consacre à une autre division,
Nous ne voulons présenter ici qu'une sorte de il occupe celle-ci à faire des lignes verticales.
mise en œuvre de la méthode qui nous parait à « En réunissant deux points situés a même
'la fois la plus rationnelle et, au point de vue pra- niveau, les enfants traceront une ligne horizon-
tique, la plus rapide et la plus sûre, c'est-à-dire tale ils construiront des lignes obliques en tirant
celle qui mène de front l'enseignement de la lec- diagonalement des traits du point supérieur de
ture et de l'écriture, l'art de représenter graphi- droite au point inférieur de gauche ou du point su-
quement les sons et les articulations et celui de périeur de gauche au pointinférieur de droite. »
retrouver par la mémoire la valeur de ces repré- Lorsque les enfants savent faire ces traits sim-
sentations et de les traduire par la parole (V., dans ples, on leur demande des combinaisons succes-
ta Il' PARTIE, l'article Ecriture). Nous n'aurons sives, comme celles-ci
pour cela qu'à nous approprier, en les abrégeant,
les excellents principes développés dans le livre
.dM maître de la méthode Schüler.
D'après ces principes, le jeune élève, dans l'é-
cole, n'est pas mis tout de suite à la lecture. L'en-
fant que l'on amène à l'instituteur sait déjà parier, Puis d'autres un peu plus compliquées
soit patois, soit français. A celui qui ne sait par-
ler que patois, il faut d'abord apprendre à parier
français l'école ne peut pas connaître d'autre
'langue. Mais, à bien peu d'exceptions près, lors
même que l'enfant sait parler français, il parle Et, pour donner quelque intérêt aux exercices,
mal, et surtout, dit fort justement la méthode on leur fait représenter les contours d'objets de
'Schüler, d'une manière inconsciente, d'instinct forme très simple où la ligne droite seule sera
plutôt d'habitude. « Le maitre commencera donc ou
employée, par exemple, d'une échelle, d'une fe-
par exercer t'étève à la parole, en rattachant ces nêtre, etc.; etc.
exercices à des choses qui l'intéressent. H l'habi-
tuera à s'exprimer clairement et sans fautes de
prononciation. Ces exercices apprennent
aux élè-
ves à analyser les mots et à distinguer les sons;
les enfants retiennent facilement chaque sot
le rattachant par le souvenir à l'idée d'un objet en
qui leur est familier, Pour cela les leçons de
.choses seront fort utiles; elles interviendront
Nouvelle occasion de leçons de choses. aux questions du maître. Leur langage et son-
On pourrait de même, bien que la méthode ne vent leur prononciation ne perfectionneront ainsi.
l'indique pas, essayer quelques exercices avec des D. DEUXtÈtBPARTtE Dt L'EXEftCtCE f tM ~~te~
de la terre
ronds et dos courbes; enfin, on commencera les « Qu'est-ce que
d'eau.
l'lie
D.
? – R.
Combien
L'lie
de
est
fois
exercices d'écriture proprement dite par des tracé* entourée bouche dire t-/e 7 – R. Pour
ouvrez-
dira
trë!< simples bâtons et jambages. vous la pour
Nous voici en face du problème éetire les let- < <?, j'ouvre la bouche deuxdefois.
(Le maître expli-
que qu'un mot a autant syllabes qu'il faut
tres pour tes lire ensuite.. de fois la bouche pour le prononcer.)
!i est évident que, ai nous avions a choisir, ouvrir
nous aurionsrecours à un système contenant au- D. Combien de syllabesDites-moi a le mot <e7 – R. Le met
notre << a deux syllabes. la première syl-
tant d'éléments graphiques qu'il y a dans
langue d'éléments phonétiques; que, de
graphique
plus,
le
labe
tes-moi
?
la

R. La
deuxième
première syllabe
syllabe.
est t.
R. La
D. Di-
deuxième
nous ferions correspondre l'élément -D. Combien de syllabes a le mot
plus simple à l'élément phonétique le plus simple syllabe estR.le.Deux. (L'enfant devra donner une-
aussi. Mais notre alphabet, comme tous tes autres te-te P
alphabets, est un système d'ordre historique, et réponse complète.) D. Dites-moi la première Y?
qu'il R. Té. D. La seconde ? R. Te.
non d'ordre rationnel it faut le prendretel il
D. Combien de syllabes distinguez-vous dansr
ses redondances et
est, avec ses anomalies,empiriquement. at<, noir, blanc ?.
C'est le mot ai-le, plu-me, bec,
ses lacunes, et procéder Les D. Quand vous prononcez le mot
ainsi que la méthode Schu)er, au lieu de com- 2* M?M.'
d'abord? (Le maltre ré-
faites-vous
mencer, par exemple, par le son a, qui est le pètecomment Me,
le mot en insistant sur l't t t~e.) R. Je
son le plus naturel et le plus général, commence
t<

par le son i, qui se trouve être dans notre langue fais d'abord i. (Le maître explique que cela s'ap-
ce'ni dont le signe graphique est le plus facile à pelle émettre un son.) D. Quel son entendez-
reproduire. Viennent ensuite. 4ans un ordre de vous en premier lieu quand vous dites Me P (Ap-
difficulté croissante au même point de vue, le son puyez au besoin sur l't.) R. J'entends le son t.
D. Cherchez d'autres mots où vous commencez
u, l'articulation n, l'articulation m, etc., etc. R. Hibou, if,
Mais ce n'est pas là un grand inconvénient. par dire i (par émettre le son i).
Quelle que soit la méthode de lecture que vous it, Isidore, MaM/e et d'autres. (Le maître aide au-
employiez, vous ne sauriez échapper à l'anomalie; besoin par des questions.) D. Quel son enten-
tôt ou tard, M vous faudra bien mettre l'enfant dez-vous au commencement mot u u usine?
J'entends,
du
au commencement du mot usine, le~

eu présence, soit des signes graphiques soit
dants, comme le k et le c dur, l't et l'y,
signes polygrammes représentant des sons
redon- R.
ou
de son
des TMtsi&tM
M. s
PtMHt m: L'EXMOCB « D. Combien
articulations simples, comme ou, eu, cA, etc. de syllabes a le mot <-<< ? R. Le mot <t a
L'important,c'est d'amener l'enfant le plus vite deux syllabes. D. Quel est le son de la pre-
possible à une connaissance pratique indispensa- mière
ble, par une voie qui lui plaise et ne le rebute est i.
syllabe
Nous
? –R.
allons
Le premier
maintenant
son du mot <<
apprendre à
point, et en laissant dans son esprit, à coté de écrire le son i, que nous venons d'émettre.
l'acquisition matérielle et mécanique, des notions (Le maître écht la lettre tu tableau noir, très~
uti'es et durables. lentement, et en faisant remarquer tous les dé-
Pour en arriver là, et l'expérience a prouvé tails deprésentées la forme. Puis il insiste,à l'aide de ques-
diversement, laissant la lettre
qu'elle y arrive,
thode Schuter.
–voici comment procède ia. mé- tions
ngurée au tableau. ) D. Que signifie cette let-

Chaque exercice de langage est signalé, dans le tre ? R. Cette lettre signifie qu'il faut dire i, our
livre de l'élevé ou dans le tableau mural destiné à cette lettre représente le son i. D. Que faut-iF
l'enseignement collectif, par une image, cette faire d'abord pour écrire un i ? –* R. Il faut tracer-
image représentant un son ou une articulation, une ligne nne (un trait fin) obliquement, de bas~
et l'exercice se compose de trois parties expli- en haut.
cation de l'objet représenté, analyse des syllabes trace, de haut
D. Que fait-on ensuite ?
en bas, une ligne (un
– R. On-
trait) plus
et des sons, tracé du signe représentatif du son grosse, un peu penchée et arrondie, contournée
ou de l'articulation. par le bas. – Comment finit la lettre ? R. Par
Exemple La méthode, avons-nous dit, débute une ligne (un trait) fine, arrondie, allant oblique-
celle d'une ment, de bas en haut. D. Que met-on sur la~
par l'i. La première image est signe graphiqueau- Me,
i. lettre R. On met point.
dessous de laquelle est tracé le ? un
PREMIERE pABTtE DE L'EXttMicE < D. Que re- » Le maître efface
ensuite la lettre et dit: Sb
présentecette image? (L'instituteur montre l'image.) je veux écrire l'i, comment faut-il que je m'y-
R. Cette image représenteune lie ? (Si les élèves prenne ? Que dois-je faire en premier lieu. R.-
n'ont jamais vu dite, le maître doit leur dire avant Tracer une ligne fine de bas en haut. D. Que
tout qu'on appelle 1le un espace de terre entouré faut-il faireappréciera ensuite?–R. Une ligue plus grosse.
d'eau de tous cotés qu'il y a des Mes dans les (Le maître quand le moment sera venu*
rivières et dans les mers, que les Nés sont gran- d'apprendre à l'élève quo les lignes ftnes ou. traits~
plantées fins s'appellent des détiéSjetlea lignes plus grosses
den ou petites, habitées ou désertes, ou
incultes, etc.) D. De quoi l'ile est-elle entou- des pleins.)
rée ? R. L'Ile est entourée d'eau. Comment a La lettre étant do nouveau écrite sur le ta-
est l'eau qui entoure l'lie ? R. L'eau qui en- baguette, bleau, le maître prend un Indicateur, une petite
toure l'Ile est claire (profonde, courante, sta- et repasse sur les trait!. <!<' 1'! en faillant.
gnante). D. Quelle forme a l'Ile? R. L'ile compter MK pour!e délié initial, deux pour le plein
est ronde (longue, carrée, etc.). D. Qu'est-ce et un pour le délié nnal. Les enfants répètent en
qu'il y a sur l'!le R. Il y a sur l'tte des ar- chmur. Le maître fait mettre l'index sur le bord-
bres, des plantes. » de la table et dit: « Vous allez écrire l'i en l'air;.
n va sans dire que ces questions e: ces répon- de bas jo haut,MH.
quand dira1 vous marquerez le trait qui va.
ses ne sont que des indications, le maître sura en et, quand je dirai <<<«.):, celui qui
souvent obligé de dire aux enfants certaines cho- va do haut en bas. Je compterai encore un pour 1&
ses que le Mvre met dans leurs réponses. Le second délié, et deux pour le point. Après un.
but est d'amener les enfants à trouver des idées court exercice, il fait prendra les ardoises, fait
et a les exprimer, 't répéter ensuite ou a résumer d'abord tracer, entre les lignes espacées, un
ce qu'aura produit l'ensemble des réponses faites puis toute une série d'
Et ainsi pour toutes les lettres. Quand il s'agit Lamotte, Perrier, Meissas et Michplot, chez Ha-
d'une articulation, par exemple de la consonne n, chette, etc.). Toutes les méthodes de cet or-
qui vient la première, la méthode insiste pour dre ne varient que par la disposition et les com-
que le maître, non seulement ne prononce pas binaisons des éléments et par les procédés d'ap-
enne, mais même évite de faire entendre l'e muet plication. Ici, ce sont deux roues concentriques
en nommant la consonne. H ne dira pas ne, mais sur l'une desquelles se trouvent les articulations,
il émettra l'articulationpure de l'n; à cet effet, il tandis que l'autre présente les sons ta ce sont
faut l'émettre sans desserrer les dents. « La même deux rubans se déroutant pour remplir le même
règle s'applique à toutes les consonnes; et plus rôle (méthode Maître, chez Hachette) ailleurs, ce
le maitre tiendra à la pureté de l'articulation et la sont des cartons, dits syllabateurs, glissant côte
dégagera de toute voyelle, plus les progrès de à côte, pour donner lieu aux combinaisons les
l'enfant seront rapides. Cette prononciation n'offre plus variées (méthode Henry Gervais, chez Ha-
aucune difficulté à l'enfant. Elle pourrait au pre- chette) ailleurs encore, ce sont deux baguettes
mier moment en présenter au maitre, à cause des ou une seule indiquant, soit simultanément,
habitudes prises; mais cela disparaîtraaprès un soit successivement, divers éléments à rappro-
instant d'exercice. On a dit d'abord e?!?;e + a = ?M cher pour en tirer une syllabe (méthode Néel,
puis ne + a =na. On comprendra vite qu'il est plus chez Colin) ou de petits cartons portant un
simple et plus exact encore de dire n* a=na. e son ou une articulation, et placés a~ l'extrémité
La méthode arrive vite aux mots prononcés et d'une baguette pour être rapprochés d'éléments
écrits. Ainsi la première page du livre de l'élève disposés sur un grand tableau (méthode Chéron,
donne déjà ni, nu, uni, mi, muni. Ces mots sont chez Delagrave méthode Blanchon, chez Ha-
ceux que permettent de composer le peu d'élé- chette). De ces exercices, dont un ou plusieurs
ments qu'on a encore étudiés. Si le mot par lui- grands tableaux muraux sont le principal instru-
mëme n'est pas intéressant pour l'enfant, on le ment, les élèves passent ordinairement à des li-
fait dans une phrase: « Le petit Paul est vres d'application, qui les accoutument peu à peu
partientrer
cette après midi pour la promenade, muni à l'usage du livre.
:de son goûter, qu'il portait dans son panier. Muni Synthétiques ou analytiques, les .méthodes de
~'de son goûter, cela veut dire qu'il portait son lecture peuvent présenter des différences essen-
goûter avec lui.De quoi faut-il être muni quand tielles. Les unes donnent tout de suite tous les
~'on vient à l'école?–De son livre,de son cahier. éléments de la lecture (méthode Lafforienne); les
~–Bien: vous avez compris. Ainsi donc, le petit autres procèdent progressivement et par voie de
~Paul, partant pour la campagne, s'est muni de son récapitulation, ne donnant d'abord que quelques
~'goûter. Sauriez-vous écrire ce mot muni? » éléments et les combinant immédiatement pour
Après l'étude des caractères d'écriture courante, composer de petits mots ou de petites phrases, et
vient l'étude des caractères typographiques, qui ajoutant ensuite peu à peu à ces premières con-
permettra de lire dans les livres. Elle se fait par naissances, jusqu'à ce qu'elles aient épuisé et mis
le rapprochement des caractères d'écriture cou- en œuvre tous les éléments (méthode Michel, chez
rante et des caractères typographiques correspon- Delagrave; méthode Villemereux, chez P. Du-
dants préparée par les exercices dont nous avons pont méthode des frères des écoles chrétien-
donné le spécimen, elle ne présente pas de dif- nes, etc.).
ficulté. Telles de ces méthodes adoptent, pour les con-
Nous avons choisi la méthode Schüler comme sonnes, l'ancienne appellation bé cé dé, etc.
type de la méthode pour l'enseignement simul- (méthode Henrion, chez Belin, etc.); telles autres,
tané de la lecture et de l'écriture, parce que c'est ce qu'on appelle la nouvelle appellation (générale-
celle que nous connaissions le mieux, et aussi ment attribuée à Port-Royal) be, <j'!<e, de, fe,
parce qu'elle a été expérimentée avec succès gue (méthode Béhtgnon, chez Behn méthode
dans différents établissements, notamment à l'é- Peigné, chez Colas, etc.) il y en a, enfin, d'a-
cole normaleprimaire des instituteurs de la Seine. près lesquelles on doit éviter même de pro-
Récemment introduite en France, où elle n'est noncer, dans les exercices, l'e muet que la nou-
guère représentée que par la méthode Schüler velle appellation fait entendre après l'articulation
(chez Hachette), la méthode Mougeol (chez Dela- (méthode Mignon, chez Hachette); nous avons
grave) et la méthode Magnat, spécialement des- vu que la méthode Schüler est de ce nombre.
tinée aux sourds-muets (chez Fischbacherl, la Mentionnons spécialement les méthodes à imtt-
méthode de lecture et de lecture combinée est ges méthode Larousse, chez Boyer; méthode Ré-
depuis longtemps populaire en Allemagne, en Au- gimbeau, chez Hachette; mentionnons aussi la
triche, en Suisse, en Belgique, aux États-Unis. méthode phonomimique (V. Phonomimie dans la
Les autres méthodes de lecture sont, chez nous 1"' PARTIE)), dont l'inventeur est M. Grosselin, et
comme partout, fort nombreuses. On pourrait qui a pour objet de rappeler à l'esprit par des
presque dire que chaque instituteur a la sienne, gestes appropriés les éléments des sons et des
car, s'il adopte pour son école telle ou telle mé- articulations (Manuel de la pAonom'~tte, de Bour-
thode spéciale plus on moins en vogue ou plus gain /M~MC<!OM pour ~e?:<e~n~M~ la lec-
ou moins recommandée, il lui arrive bien souvent ture par la phonomimie; Enseignement de la lec-
de la modifier, de la transformer, d'après son ture par la phonomimie, livret du maître, livret
expérience personnelle, suivant ses goûts ou sui- de l'élevé, chez Picard; M** Pape-Carpantier
vant les besoins particuliers de son enseignement. Enseignement de la lecture <'a!of? du pfOc~tM
II semble cependant que l'on peut partager pAo?:6M)!W~Mede M. Grosselin, chez Hachette).
toutes ces méthodes en usage dans nos écoles On se sert aussi, dans les salles d'asile et dans
en deux grandes catégories, ordinairement dési- les familles, pour l'enseignementde la lecture, des
gnées sous le nom plus ou moins bien choisi de boites et casiers typographiques. [Ch. Defodon.]
méthodes synthétiques et de méthodes analytiques LEGENDES. – Connaissances usuelles, X.
(V. I' PARTIE, p. 1543), selon quelles partent de
l'alphabet pour arriver à la syllabe et de là au mot,
On appelait ainsi en principe (/e</eM~, devant
être lues) des histoires de saints, de martyrs, qui
ou qu'elles partent du mot entier qu'elles décom- avaient été spécialement composées pour que la
posent pour en tirer l'alphabet. Les méthodes les lecture en fût faite à haute voix dans les monas-
plus anciennes procèdent par épellation la plu- tères pendant les repas pris en commun, ou à
part des méthodes modernes n'épèlent point (mé- d'autres heures de réunion. On faisait plus parti-
thode Dupont, chez Ducrocq; méthode Laffore, culièrement coïncider cette lecture avec le jour où
méthode Abria, chez Garnier frères; méthode se célébrait la fête commémorative du bienheu-
reux personnage. Les premiers récits de ce genre croyances il y avait, de fait, beaucoup plus mé-
sont attribuésà saint Jérôme, grand docteur chré- lange ou coexistence que substitution. De là, l'é-
tien du quatrième siècle. Mais il faut croire qu'il trange caractère des légendes qui, chez nous, re-
ne nt déjà lui-même que donner une forme plus montent à ces temps de fusion des idées de deux
correcte, plus littéraire aux notices que les évo- âges. Nous citeronsprincipalement ces druidesses
ques avaient coutume de faire rédiger pour con- qui, en tant que prêtresses du grand Teutatès,
server le souvenir des Mêles mentants, et qui, étaient investies par la crédulité populaire de tous
se répandant dans les divers centres de la chré- les prestiges, de toutes les puissances occultes.
tienté, formaientdès lors un vrai recueil de beaux Commandantaux éléments, ayant verta d'ubiquité,
exemples. Au dixième siècle, Siméon le Méta- sondant les immensités céiestes, on pénétrant les
phraste, au onzième, Rugger, réunirent tant mal profondeurs souterraines, elles n'avaient qu'à le
que bien tes principales de ces pieusesbiographies vouloir pour devenir la flamme qui court, la nuit,
enfin, au treizième, Jacques de Voragine publia sa sur les landes humides, le nuage qui vogue dans
fameuse Légende dorée, qui effaça tout ce qui avait le vent, l'élan qui bondit dans les halliers, l'au-
été écrit jusqu'alors sur le même sujet, et qui rochs lourd qui renverse tout sur son passage, le
reste le modèle par excellence de l'histoire poéti- ramier qui s'envole, en faisant chatoyer son aile
quement faite avec la nalve acceptation de toutes rapide. Quand les fictions religieuses de Rome
les assertions tes plus hasardeuses. Quoi qu'il en vinrent disputer les sanctuaires aux terribles divi-
soit du mérite propre de ces compositions, et du nités des Gaules, ces mêmes druidesses, sous les
puissant rôle qu'elles ont joué dans le monde noms de Parques, de Junones, de Nymphes des
chrétien aux siècles de foi vive et absolue, comme bois, s'emparèrentdu culte, de la ferveur des po-
elles affectaientd'avoir plus particulièrementtrait pulations qui, contraintes bien plus que persua-
à des événements tenant du prodige, à des exis- dées, ne firentqu'accepterune transformation plu-
tences d'un caractère surhumain, 1 usage ne tarda tôt qu'une innovation. A favènemant de la croix,
pas it s'établir de leur assimiler toute tradition qui la mystique déité gallo-romaine, précipitée de ses
8'écartaitplus ou moins du domaine de la vraisem- autels, sut encore, pour régner puissante sur son
blance. Pour tes chrétiensdonc, dès le moyen âge, antique domaine, se trouver la plus poétique, la
devinrent légendes tous le!) articles de foi des an- plus prestigieusedes incarnations elle devint la
ciennes religions qu'avaient détrônées le culte de Fée. Et ce règne merveilleux, inauguré il y a quinze
la croix. A vrai dire, ce même usage, restant ûdète ou seize siècles, nous savons qu'il n'est point
à la douceur de son point de départ, voulut bien achevé! La fée, reconnaissons-la, car c'est bien
qu'en dépit de l'acception fort dubitative du terme elle, la druidesse dont le dieu des grands chênes
employé, aucune idée de mépris ni de réproba- prenait la figure et la voix pour se révéler à nos
tion ne s'y attachât. Il sembla convenu qu'en fai- tiers et libres ancêtres.
sant participer les croyances profanes de la dési- La fée, c'est la druidesse avec 8a connaissance
gnation attribuée aux saintes traditions, quelque du destin et son empire sur la nature entière,
chose leur serait laissé de la mystique vénération avec son accent qui console ou terrifie, avec ses
qu'inspiraient celles-ci Et ce fut en quoi s'éta- capricieuses transformations séduisante jeune
blit la différence entre la légende qui, gracieuse fille, pauvre vieille décrépite, rayon de lumière,
ou terrible, imposa toujours par son poétique souffle d'air, insecta, d'or, oiseau d'aznr. Si vous
caractère, et les sottises superstitieusesproprement doutez que ce soit elle, demandez an paysan d'Ar-
dites qui se trouvèrentfrappées de ridicule. D'au- morique, qui vous affirmera avoir vu en réalité cet
tant plus facilement d'ailleurs se nt cette assimi- être tncorporel qui n'a jamais passé que dans vos
lation que (comme chacun peut le savoir, car tous rêves demandez-lui l'origine des Korrigans (c'est
les historiens de l'église des premiers siècles le le nom qu'il donne aux fées dans son âpre langage):
constatent), il arriva souvent que, pour annihiler- il vous apprendra que ce sont de grandes prin-
parmi les populations certains cultes, certaines cesses gauloises qui, à l'arrivée des apôtres, refu-
pratiquesd'idolâtrie, les pasteurs chrétiensdurent sèrent d'embrasserla foi nouvelle et qui, pour cela,
s'ingénier a déplacer habilement, si nous pouvons frappées de la malédictionde Dieu. furent condam-
ainsi dire, les manifestationsdes anciennes croyan- nées à errer éternellement, l'âme rongée par le
ces au bénéfice des nouvelles. C'est ainsi que sur remords ou par le dépit de leur désobéissance.
notrevieilleterre des Gaules,où s'étaientlentement Ainsi naquit la fée qui, par elle-même ou par ses
unifiées les mythologies druidique et romaine, congénères, peupla les longs siècles de notre his-
nombre d'objets ou de lieux étaient consacrés à toire d'une multitude de légendes effroyables ou
telles on telles divinités, qui, selon la tradition charmantes, ne le cédant en rien, pour l'imagina-
populaire, les hantaient et y révélaient leura mys- tion, pour le pittoresque, aux fictions mythologi-
térieuMt influences. « Un respect pieux, dit ques de l'antiquité, si nombreuses, si originales
M. Alfred Maury, continuait à entourer les objets qu'elles puissent être partout encore dans nos
si longtemps vénérés, et ce n'était qu'en les dé- provinces,d'ailleurs, le souvenir est bien vivant de
diant au nouveau culte, qu'en sanctifiant en quel- ces traditions populaires qui. longtemps formèrent
que sorte ces vestiges païens, que les ap&tres de un fond réel de croyances dont l'empire empiète
1 évangile. Mêles en cela au conseil que le papf souvent sur celui des dogmesreligieux cux-mêmes.
Grégoire le Grand donnait à t'abbé Mélitus allant Est-il un château ruiné, un site sauvage,un rocher
travailler à la conversiondes Gaulois, parvenaient de forme bizarre, une lande déserte, une source
à extirper les souches de la superstitionqui avaient sylvestre, un arbre séculaire qui niaient gardé
projeté dans le sol de si profondes racines. Ces leur légende? Ici et lé ne parle-t-on pas des Dames
forôts sacrées, par exemple, dans lesquelles le blanches, des Dames vertes, grises, noires (autant
peuple ne pénétrait que commedans un sanctuaire, de transformations de la fée), qui pi otègent tel ma-
l'âme saisie d'une crainte retigLeuse, continuèrent noir, qui apparaissent pour annoncer tels événe-
a inspirer le même respect, la même vénération. ments ? N'est-il jMS question de lavandières noc-
Des images pieuses furent placées sur les arbres turnes, de sorcières se réunissant en tel lieu, à
jusqu'alors adorés, et les habitants, en venant, telle heure, pour des incantations, des préparations
selon leur antique coutume, se prosterner sous de philtres? Les cercles que, par une curieuse
leur ombre, honorèrent presque !t leur insu un disposition de leur thallus souterrain, de petits
nouveau dieu. x Mais les idées nouvelles, les pen- agarics forment sur les prés humides, ne sont-ils
sées chrétiennesqui allaient désormais s'attacher pas regardés comme les vestiges des rondes fan-
à ces simulacres naturels, n'efïaçaient pas entière- tastiques que les fées ou les sorciers sont venus
ment dans l'imagination populaire les anciennes faire là durant les nuits brumeuses? Le feu follet,
cette curieuse phosphorescence des marais, des sacrent comme réel maint personnage, maint évé-
putréfactions, n'est-il pas un esprit malin qui se nement fictif ou douteux Roland et Roncevaux,
complaît à égarer le voyageur ? Est-il une province Aymon, ses quatre fils et le siège de Montauban,
qui n'ait un pont construit par le diable, archi- Renaud et les douze pairs, Oger, Lancelot, et tout
tecte pieusement frustré du salaire promis ? Ne cet ensemble de preux auxdivins exploits surhumains
raconte-t-on pas, au nord comme au midi, soit tes qui doivent être comme les porte-flambeaux
méfaits, soit la mystérieuse assistance des lu- de la chevalerie. Dans les poèmes, dans les ro-
tins, des farfadets, ou la malice des nains ? L'hom- mans dont ils sont les héros, à plus d'une reprise,
me rouge n'a-t-il pas fait ici sa sinistre apparition ? notons-le, ils viennent en contact avec les créa-
Là, nenous indiquerait-on pas la cache de l'immense tions de l'autre légende, de la légende fantastique,
trésor infernal qui, à telte époque funèbre, s'ouvre par exemple avec des fées comme Orlande, ou Mé-
minuit pour se refermer au der-
au premier coup detrouvés lusine, notre Médée, avec des enchanteurs comme
nier, et où se sont retenus tant de cupides Maugis, ou Merlin, notre Apollonius de Tyane.
imprudents? Et l'âme en peine qui, demandantdes Et ainsi en va-t-il jusqu'auxCroisades, ces étranges,
prières, gémit depuis des siècles dans ce vallon ces tumultueusesentreprises aux lointains échos
témoin de son crime; et le chasseur noir, le me- desquelles mainte étoile nouvelle s'allume au ciel
neur de loups, dont on entend retentir le cor, légendaire. Puis voici qu'une pauvre pâtoure de
aboyer la meute sur les grands bois; et jeteur
le Lorraine, allant s'asseoir au pied de l'<M'A)'e des
de sorts, et le semeur de maladies, qui passe sous fées, entend des voix lui commander de chasser
les.traitsdu mendiant, et qui exercera sa funeste l'étranger qui détient malement la terre française.
influence s'il est repoussé du seuil où il a frappé; Elle part, et dès lors commence, s'édifie et grandit
enfin, tout un monde fantaisiste qui se meut tantôt la plus pure, la plus douce à la fois, et la plus hé-
.dans les radieuses lueurs de l'Olympe, tantôt dans roïque et la plus merveilleuse de nos légendes
les ténèbres sinistres de l'enfer? De nombreux re- nationales. Et quand sont achevés les temps
cueils ont été faits, et se font encore chaque jour d'unité religieuse, la légende encore s'attachera
de ces légendes qui, si naïves, si futiles qu'elles çà et là, plus souvent sombre ou sanglante à
puissent tout d'abord paraître, ne laissent pas ce- vrai dire, à tel qui impose ou subit le martyre,
pendant de constituer un riche fonds de docu- à tel qui persécute ou détie la persécution. Le
ments pour l'histoire de l'esprit humain. Presque siècle qui précède le nôtre s'achève sur la dou-
toujours, en effet, de l'étude qu'on en fait, et du ble et contraire légende de deux idées se heur
rapprochementqu'on en peut établir avec les tra- tant aux limites de deux ères. Enfin, le siècle où
ditions des peuples antérieurs, ressortent les plus nous sommes s'ouvre tout empli de la légende
'intéressantes démonstrations d'une sorte d'unité d'un guerrier, qui, après tous les triomphes, va
dans la marche, dans le mouvement des idées tant tégendairement finir sur un îlot des antipodes.
morales que purement intellectuelles, des diffé- C'est ainsi que, chez nous, l'histoire et la légende
,rents âges, des différentes régions; à tel point s'enchaînèrent presque toujours étroitement. En
même, qu'en y regardantde près, on arrive presque sera-t-il de même pour les siècles à venir? Les
toujours à hésiter dès qu'il s'agit de se prononcer siècles à venir seuls pourront le dire à nos neveux.
<ur l'origine de telle ou telle fiction, car il est [Eugène Müller.]
tMre de n'en pas trouver l'idée première ou l'analo- LEGISLATION USUELLE. Nous donnons
gue en des temps ou en des lieux très éloignés les ci-dessous le programme d'un cours de législation
uns des autres. C'est que partout l'âme humaine a, usuelle, en indiquant les divers articles de ce
sous des dehors dissemblables, les mêmesinstincts, Dictionnaire où se trouvent traitées les matières
les mêmes faiblesses, et que d'une identité de contenues dans ce programme.
causes doit forcément résulter une identité d'ef-
fets. Quoi qu'il en soit, l'on ne saurait vraiment
I. – NOTIONSDE DROIT PUBLIC. – (V. D?'Ot~pM&C.)
Principes fondamentaux. Droits garantis et
que louer et encourager tous les efforts, si modes- obligations imposées à tous les citoyens.-Distinc-
tes fussent-ils, dont le but est de soustraire à l'ou- tion des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.
bli les moindres fragments de notre vieille my- Pouvoir législatif. Sénat. Chambre des
thologie populaire, qui, quelques racines qu'elle députés.
puisse avoir dans le passé, n'a pu manquer de Composition du Sénat. – Sénateurs inamovibles.
s'imprégner chez nous d'un certain parfum du Sénateurs élus. Modo d'élection. Nomination
terroir, qui en fait le charme en même temps que par les conseils municipaux des délégués sénato-
l'originalité. Chez nous, au surplus, l'imagination riaux. Durée des fonctions des sénateurs élus.
légendaire ne s'est pas seulement exercée aux trans- Chambre des députés. Sa composition.
formations des vieilles données superstitieuses du
.peuple primitif et du peuple envahisseur, car il

Mode d'élection des députés. Confection et révi-
sion des listes électorales.–Formes de l'élection.
était dans l'instinct primesautierde notre esprit Conditions d'éligibilité.
national même de faire naitre la légende au jour le Proposition, discussion et vote de la loi à la
jour, pour ainsi dire, des étonnements que lui cau- Chambre des députés et au Sénat. Promulga-
sait l'histoire locale et c'est le propre glorieux de tion.- A quel moment la loi devient exécutoire.
cette histoire d'avoir pu, dès le principe, et pres- Pout)Otr~(;M<–Président de la République.
que sans discontinuité, donner lieu à ce poétique Nominationdu Président de la République.
enfantement. En ce cas, nos légendes sont bien les Ses prérogatives. –Rapports avec les Chambres.
nôtres, bien nationales, bien autochthones. Que si Ministres. Nombre des ministères. Attribu-
nous ouvrons, par exemple, les premières annales tions et fonctions des ministres. Conseil d'Etat.
dues à Grégoire, le vénérable éveque de Tours, Attributions administratives. Attributions
aussitôt, et mêmealors que le pieux historiennefait contentieuses.
que retracer des événements contemporains,aussi- Dénomination des actes de l'autorité publique.
tôt la légende terrible ou touchante apparaît entée Décrets. Règlements d'administration pu-
sur les sauvages réalités de l'âge mérovingien. blique. Arrêtés. Circulaires. Instructions.
C'est bien autre chose quand surgit Charlemagne II. DROIT ADMINISTRATIF. (V. Droit aa&MHtt!-
qui, de son vivant même, entre, illuminé de surna- h-a<t/)
turel, dans un monde légendaire tout peuplé de ~)/!t7!M<fa~OK centrale. Centralisation et
héros gigantesques. Et pendant plusieurs siècies hiérarchie. – Division administrative de ta France
la légende ne fera qu'enchérir sur les données en départements, arrondissements, cantons et
qu'ontadmises les temps mêmesdu puissant empe- communes.
'reur. C'est alors que les chansons de gestes con- ~<M:.sft't.!<:oy: du fMpw~fMcn~.–Préfet.–Ses
attributions: comme agent du gouvernement; Mines, minières et «meMt- – Detteehement
comme représentant le département.–Tuteite ad- des marais.
ministrative.–Secrétaires généraux de préfecture. EtaMtssements dangereux, incommodes et insa-
Conseils de préfecture. Composition et attri- lubres. Diverses classes. Enquêtes de com-
butions. – Autorisation de plaider aux communes modo et incommodo. Opposition. Recours. ·
Conseils généraux.
tt établissements publics. nomination. V. SUITE DU DROIT ADMINISTRATIF. IMPOTS
Composition. Mode de Sessions. (V. /Mpd~).
Attributions des conseils généraux. Dineren- D~/M~ton. -Division des impôts.–Distinction

tes sortes de délibérations. des contributions directes et indirectes. Im-
Budget du département. – Centimes addition- pôts de répartition et de quotité.
nels. /Mpd<~ <<t' ff<<. Impôt foncier. Impôt per-
Commission départementale. Composition et sonnel et mobilier. Impôt des portes et fenêtres.
attributions. Patentes. Recouvrement des contributions
Administration de f<!frMMKMM«M(.– Sous- directes. Demandes en décharge ou réduction.
préfet. Ses attributions. Demandes en remise ou modération.
Conseil d'arrondissement. Sa composition. 7Mpo<s indirects. Impôt des boissons. -Tim-
Ses attributions. bre. Obligation d'employer le papier timbré
HI. SUITE en DROIT ANtfNiSTMTtF. sanction. Enregistrement. Droits de mutation
AMnN!STRATtO!t MUNtCtPALE. (V. CoM~mtne.) à titre gratuit. Droits de mutation à titre oné-
Maires et adjoints. Elus par le Conseil mu- reux. d'obligation et de quittance. Détais pour
nicipal on nommés par le Président de la Répu- le paiement des droits; double droit.- Droits sur le
bHque. – Durée de leurs fonctions. Suspension sel et les sucres. Droits de douane. Octrois.
et révocation. Monopoles établis au pro/ de l'État. Tabacs.
Attributions diverses du maire. Cartes à jouer. –Poudres. – Monnaies.
Officier de l'état civil et officier de police judi- Postes et télégraphes.
ciaire. VoîME. (V. Voirie.) Distinction de la grande
Attributions du maire comme agent du gouver- et de la petite voirie.
nement publication et exécution des lois et rè- Grande voirie. Routes nationales. Routes
glements. départementales. Chemins de fer. Rivières
Attributions de police municipale: arrêtés indi- navigables et flottables.
viduels règlements temporaires ou permanents. Petite voirie. Chemins vicinaux diverses
Attributions du maire représentant la commune classes. Chemins de grande communication.
considérée comme personne civile. Nomination Chemins d'intérêt commun. Chemins vicinaux
aux emplois communaux. ordinaires. Ouverture et entretien des chemins
Adjoints.-Lapr nombre. Leurs attributions. vicinaux. Centimes additionnels et prestation
Conseils MMKtc:pt!M.f. – Leur composition. en nature.
Mode de nomination. Listes électorales. Elec- Voirie urbaine rues et places des villes,
tions municipales. Durée des fonctions des bourgs et villages.
conseils municipaux. Sessions ordinaires des Servitudes imposées aux pfoprM<a!rMriverains
conseilsmunicipaux. Sessions extraordinaires des voies publiques et des cours <fMM. Aligne-
Tenue des séances. – Diverses espèces de délibé- ment. Autorité compétente pour délivrer l'ali-
rations des conseils municipaux. Délibérations gnement. Effets de l'alignement. Chemin de
exécutoires par elles-mêmes. –Délibérations son- halage et marchepied.
mises à l'approbation de l'autorité supérieure. VI. DROIT pxrrÉ. (V. Droit ptT < et Codf.~
Avis et vœux. Définitionet division. Matièresdu droit privé
Budget de la commune. –Dépenses obligatoires t" Personnes; 2° Biens et modifications de la pro-
et facultatives. Recettes ordinaires et extraor- priété 3° Différentes manières d'acquérir la pro-
dinaires. priété 4° Obligations et contrats.
IV. SUITE DU DROIT ANnMSTRMn'.
générales sur les divers services publics.

Notions DES PERSONNES.–(V. E<a< C!M<.) Na<tO?MHM.–
Personnes qui naissent françaises. Acquisition
~m''e. –(V. Se~Mfemt'H/att'e.) de la quaHté de Français naturalisation. -Perte
Recrutement de l'armée de terre. Service de la qualité de Français.
obligatoire. Tableau de recensement. Tirage Actes de t'état civil. Leur importance. Per-
tu sort.- Exemptions. Dispenses. Engage- sonnes qui concourent à la rédaction des actea.-
mentdécennal. Sursis d'appel.–Soutiensde fa- Officiers de l'état civil. Parties et déctarants
mille. Témoins. Tenue des registres et rédaction des
Conseils de révision. actes. Extraits dès-registres; foi qui leur est
Durée du service. – Armée active. Réserve due.
de l'armée active. Armée territoriale.-Réserve Actes de naissance. Dans quel détai et par
de l'année territoriale. Engagements et renga- qui doit être faite la déclaration. Enonciations
gements. Engagementsconditionnels d'un an. que doit contenir l'acte de naissance. Actes de
Registre matricule. Obligations en cas de décès. -Autres actes oui ngurent sur les registres
changement de domicUe. de t'état civil. Rectification des actes de i'état
Mode de recrutement de l'armée de mer; ins- civil.
cription maritime. Du domicile. Ses effets. Acquisition et
Ct~M. (V. Droit administratif.) Notions changement de domicile.
sur l'organisation ecclésiastique. Culte catholi- De l'absence. Mesures auxquelles donne lieu.
que. Cultes non catholiques. l'absence.
instruction pMoHo~Me. – (V. Instruction publi- Du mariage. Le mariage est un contrat civil.
que dans la I" PARTIE, et tes divers mots qui Qualités et conditionsrequises. Age. Con-
s'y rattachent.) Enseignement primaire. sentement des époux. Consentement des ascen-
Enseignement secondaire classique et spécial. dants ou de la famille. Actes respectueux.
Enseignement supérieur. Établissements spé- Prohibitiondu mariage résultantde l'existence d'un
ciaux. premier mariage, de la parenté ou de l'alliance.
~<ï!!<!M.<?t<Mfe<.-(V. Droit administratif.) Formalités antérieures à la célébration du ma-
Servitudesimposéesa la propriété privée. -Expro- riage. Publications. Oppositions. Pièces
priation pour cause d'utilité publique. Travaux que tes luturs époux doivent produire. Formes
de défense militaire servitudes qu'ils entrainent. delà célébration du mariage. Acte de mariage.
tion alimentaire.

Puissance
I.
Obligationsqui résultent du mariage. Obliga- gâtions du bailleur. Obligations du preneur.
Dissolutiondu mariage.

paternelle.
personne de l'enfant.
obligations qui en résultent.
Vit. – SUITE DU DROIT
Séparation

Droits du
Usufruit légal
PRIVE. – (V.
~f:;Mt'M et tutelle. Des mineurs. Mineurs en
tutelle.
~<
de
Preuves de la filiation des enfants légitimes.
Reconnaissance des enfants naturels.
tion. Adoption.
–Légitima-
père sur
droits
civil.)-

la
et
Commentfinit le bail.
corps. Société. Prêt. Dépôt. – Contrats aléatoires:
rente viagère et contrat d'assurance. Mandat.
Cautionnement.-Transaction.-Nantissement.
Privilèges
vilèges
meubles
Hypothèques
d'hypothèque.
et hypothèques. Privilèges. Pri-
généraux.
et sur
conventionnelles.
les
légales et
Rang
Privilèges spéciaux sur les
immeubles.
judiciaires.-
Forme

légale dos père et mère tutelle déférée par le t'hypothèque. Précautions à prendre par le tiers
dernier mourant des père et mère tutelle des détenteur de l'immeuble hypothéqué.

des
Différentes espèces de tutelle tutelle elles. Inscription des hypothèques.– Effets de
de
Hypothèques.
la
Hypothèque:
constitution
hypothèques

Prescription acquisitive.
entre

ascendants; tutelle déférée par le conseil de fa- P'MM't'pftOM.


mille. Composition du conseil de famille; ses Prescription libératoire. Interrurtion et suspen-
attributions. Subrogé-tuteur. Administration sion de la prescription.
du tuteur. Comptes de tutelle. IX. ORGANISATION JimfCIA'HK ET NOTIONS SOM-
Emancipation. Ses formes. Ses effets. MAmES SUR LA pnocÉDunE. (V. Tribunaux et C~c.)
Interdiction et conseil judiciaire. Causes de Principes y~~<!M.E sur les attributions de l'au-
l'interdiction et de la dation du conseiljudiciaire. torité ~'M<.f:eM!e. Distinction de la juridiction
– Par qui ces mesures peuvent être provoquées. civile et de la juridiction en matière pénale.
– Effets de l'interdiction et de la nomination du Of~aMiMHon~Mf~eMtfe. Division territoriale
conseil judiciaire. Composition des cour. et tribunaux. Minis-
DE LA PROPRIÉTÉ ET DE SES NFFÉRENTES MODIFI- tère public. Officiers ministériels; notaires;
CATIONS. (V. Propriété.) greffiers; avoués; huissiers; commissaires pri-
Des biens. Distinction des meubles et des seurs. Avocats. Assistance judiciaire.
immeubles. Diverses classes d'immeubles. Compétence des ~t/Tt/e~ yu'-t'~tcttoas ma-
Diverses classes de meubles. tière c:M:7c. Juges de paix. Procéduredevant
Définition de la propriété. Ses éléments. le juge de paix.-Jugements susceptibles d'appelé
Restrictions au droit de propriété. délai d'appel.
<7sM/?-M:<. Droits de l'usufruitier Obliga- Tribunaux ~femf~'e insiance. Caractère
tions de l'usufruitier. Extinction de l'usufruit. de la procédure devant ces tribunaux ministère
Droits d'usage et d'habitation. Droits d'usage obligatoire des avoués. Voies de recours contre
dans les bois affouage. les jugements.- Opposition.- Appel jugements
Servitudes. Servitudes dérivant de la situa- susceptibles d'appel délai d'appel. Cours d'ap-
tion des lieux. Droits sur les eaux de source.- pel. Cour de cassation.-Juridictionsspéciales.
Droits du propriétaire dont le fonds est bordé ou X. NOTIONS DE DROIT PÉNAL. (V. JM~ÏM.)–
traversé par une eau courante. Drainage. Principes généraux. Division des délits et des
Bornage. Servitudes établies par la loi. Mur peines. Peines en matière criminelle.–Peines.
mitoyen; droits et obligations qui résultent de la correctionnelles et de police.
mitoyenneté.–Mitoyennetédes fossés et deshaies. Personnes punissables, responsables ou excu-
–Distancesa observer pour les plantations.-Vues sables.- Non responsabilité légitime défense.
sur la propriété des voisins.–Egoutdes toits.-Droit Excuses. Minorité de seize ans. Circonstan-
de passage en cas d'enclave. Servitudes établies ces atténuantes.–Tentative.– Complicité.– Ré-
par le fait de l'homme. Etablissement et extinc- cidive.
tion de ces servitudes. INSTRUCTION CRIMINELLE. Notions générales
VIII. SUITE DU DROIT PRIVÉ. DES DIFFÉ- sur l'action publique et l'action civile.- Prescrip-
RENTES MANIÈRES D'ACQUÉRIR LA PROPRIÉTÉ. tion en matière pénale. Diverses phases de la
(V.0?-0:<pr:f<) procédure ou instruction criminelle.
SMcceM:o?M. Divers ordres d'héritiers. Suc- j~M~'MC<:OM préparatoire. Pouvoirs du juge
cesseurs irréguliers. Différents partis que l'hé- d'instruction. – Détention
ritier peut prendre; leurs conséquences. Par- liberté provisoire. Comment se termine l'in-
préventive. Mise en

tage des successions. struction.


Donations entre ft/it et testaments. DéSnidon ~M't6f:c<OM~<$'cmet!<. –Tribunaux de sim-
de la donation entre vifs et du testament. Ré- ple police. Tribunaux correctionnels. Cours
serve et portion de biens disponible. -Formes des d'assises. Composition de la cour d'assises.
donations entre vifs. – Irrévocabilité de la dona- Magistrats. Jury. Liste de session. Forma-
tion exceptions à la règle. Formes des testa- tion du tableau.- Procédure devant la cour d'as-
ments. Exécution du testament. Diverses es- sises.-Questions posées au jury.-Circonstances
pèces de legs. Exécuteurs testamentaires. atténuantes. Délibération du jury. – Majorité.
Partages d'asceM<~aK<s. Donations par contrat
de mariage: Donations entre époux.
Verdict. Acquittement. Condamnation.
Cour'.le cassation. [E. Delacourtie.]

DES CONTRATS. Division des contrats. Dé- Nous reproduisons ci-dessous le programme dit
finition de l'obligation. Diverses espèces d'obli- cours qui se donne dans la 3' année d'études des
gations. Extinction des obligations.–Dos preu- écoles normales de la Belgique, sous le titre de
ves. – Acte authentique. – Acte sous seing privé. NOTIONS DES LOIS ORGANIQUES:
Preuve testimoniale. Constitution belge. Des Belges et de leunr
Notions sur les pn'MMpaM.T contrats. Contrat droits dispositions du Code civil qui déterminent
de MiM'M~f. Principes généraux le
sur contrat comment la qualité de Belge s'acquiert et se perd,
de mariage. Divers régimes. Régime de com- et principales dispositions de la loi sur la natura-
munauté. – Régime dotal. Séparation do biens. lisation. Organisation et attributions des trois
Régime exclusif de communauté. grands pouvoirs de l'Etat. Mode de sanction et de
Fe/<<c. – Définition. – Obligationsdu vendeur. – promulgation des lois; mode de publication des
Garantie en cas d'éviction. – Garantie des vices ca- lois et des arrêtés; conditions requises pour être
ehés.–Vicesrédhibitoires.–Obligationsde l'ache- électeur et éligible aux Chambres législatives
teur paiement du prix. Transportdes créances. formation de la liste des électeurs réunion des,
Louage.- Preuve du contrat de louage. Obli- collèges étectoraux.
OfyaMtM<tOMcfe /a province. – Des différentes
-autorités de la province et de leurs attributions
volution était tout accomplie; les légistes s'étaient
emparés exclusivement des tribunaux.
en générât. Qualités requises pour être membre Comme l'unité que les légistes voulaient établir
du Conseil provincial. Conditions d'électorat et ne pouvait être fondée que par le pouvoir royal,
formation de la liste dea électeurs. Réunion des ils étendirent de diverses manières la compétence
collèges électoraux. judiciaire du roi. Ils professèrent cette doctrine
0~<M!'M<tM de la commune. Composition que les sentences portées par la Cour du roi étaient
du corps communal. Qualités requises pour être exécutoires dans les domaines des barons. Ils
électeur, et formation (les listes électorales. Des employèrent le système des évocationset celui des
assemblées des électeurs. Conditions d'éligibilité. cas foyaM', au moyen desquels il était facile de
Durée des fonctions des autorité? communales. s'emparer de tous tes jugements. Ainsi la com-
Principales attributionsdu conseil municipal et du pétence des tribunaux du roi devint tous les jours
collège des bourgmestres et échevins. plus considérable.
Organisation oe l'enseignement primaire. Loi La formation du Parlement vint couronner
du ?S septembre 1X42 (remplacée aujourd'hui par l'fBuvre des légistes. Les attributions du parle-
la loi du t" juillet Ht9), avec les pnneipalesdis- ment consistèrent a connaître les causes qui lui
positions des arrêtés organiques. furent soumises directement, juger les appels
(Plan d'études des écoles normales belges, du et à recevoir les rôles de bailliage. Quand sa com-
10 octobre 1868.) pétence eut été ainsi établie, Philippe le Bel régta
LÉGISLATIVE (Assemblée). V. Révolution la division des chambres suivant les besoins du
/)'aMcatM. service. Il y eut trois chambres 1" celle desre-
LËGtSTES. – Histoire de France, XI. Les qudtes, ou l'on jugeait les causes portées direc-
légistes ou hommes de lois, appelés encore tement 2* celle des eH~M~M, instruisant les af-
~MfM~, jurisconsultes, chevaliers- s-lois, com- faires sur lesquelles l'appel éta!t interjeté S' la
mencèrentà jouer un rôle important dana notre grande chambre ou chambre des p~atf/oyer~, qui
histoire à pirtir du xiii* siècle. Les lois romaines, jugeait les affairesportées aux enquêtes. Les pré-
étudiées depuis l'an 1200 dans les Universités lats et les barons siégeaient seuls dans la grande
françaises, parurent commele modèlede la justice, chambre; ils étaient conseillers nés du parlement
de l'ordre, de la régularité à tous ceux qui les et ne recevaient aucuns gages. Les légistes n'é-
comparaient aux institutionsimparfaitesdu moyen taient admis que dans la chambre des requêtes
âge. Dans l'inextricable confusion des coutumes ou celle des enquêtes; ils avaient des gages, re-
féodales, la puissante unité de la législation ro- cevaient des manteaux deux fois l'an, et portaient
maine, dans le morcellement du pouvoir seigneu- la livrée royale.
rial, t'unique et forte puissance impériale, leur Dès que la magistraturefut constituée, les dif-
apparurent comme des institutionsnécessaires de férents corps qui lui sont annexés se constituè-
la société. Aussi telle fut l'oeuvre capitale dos lé- rent également. On trouve déjà en 1302 des avo-
gistes à la multiplicité des coutumes substi- cats et des procureurs du roi, assistés de substi-
tuer l'unité de la loi, à la multiplicité des souve- tuts. Ces charges furent exclusivement occupées
rainetés locales substituerl'autorité centrale de la par des légistes.
royauté. Ils traduisentle principe de la loi romaine Les légistes eurent une grande influence sur le
que la volonté de l'empereur est la loi vivante règne de Philippe le Bel dont ils furent les con-
par ces termes nouveaux Si veut le roi, M veut seillers. Enguerrand de Marigny, Guillaume de
<0t. Nogaret, Pierre Flottes, Raoul de Presles,<'ierrede
Les Établissements de saint Louis, dit M. Da- Latilly étaient les plus éminents parmi les légistes
'reste, dans son Histoire de /'a~M!MM<r<!<MM en qui travaillèrent a élever sur les ruines de la
France, furent le premier grand ouvrage des lé- féodalité l'autorité royale. Mais ces grands légistes
gistes ce fut un vaste code de procédure féodale, du xiv* siècle furent soumis à la destinée com-
où le législateur reproduisait tous les usagés du mune de tous ceux qui préparent et accomplissent
temps, mais en citant et en commentant sans cesse une révolution les plus illustres périront sous la
les lois romaines. Ce code fut aussitôt rendu réaction des intérêts qu'ils avaientblessés. Enguer-
général, c'est-à-dire appliqué à toute la France, rand de Marigny fut pendu à Montfaucon, sous le
et c'est un des plus anciens exemples que l'on régna de Louis X Pierre de Latilly, chancelier de
ait d'actes législatifs généraux. Les légistes en- franco, et Raoul de Presle, avocat du roi au
treprirent aussi la rédaction des coutumes. On vit parlement, furent mis à la torture sons le même
paraltre les coutumiers de provinces entières, règne Gérard de la Guette, ministre de Philippe
telles que la Bourgogne, la Champagne, la Nor- )o Long, mourut à la question en 1322; Pierre
mandie et l'Anjou puis des traités composés par Frémy, ministre de Charles le Bel, fut pendu en
des praticiens comme Beaumanoir et Pierre de 1328. Mais leur œuvre ne périt pas et, malgré les
Fontaines. faiblesses de quelques règnes, la lutte de la royauté
Connaître les lois et les coutumes devint alors contre la féodalité, lutte dont ils avaient été les
une obligation formelle pour les juges cette instigateurs, aboutit au triomphe du pouvoir royal
obligation fut plus rigoureuse encore le jour où et à l'avènement de la bourgeoisie.
saint Louis défendit dans son domaine les batailles Notregrand historien national, AugustinThierry,
auxquelles il substitua les preuves par témoins, a apprécté le rôle des légistes au moyen 4ge dans
et les guerres privées qu'il remplaça en obligeant son Essai sur l'histoire de la formation et des
la partie lésée à donner à sa partie adverse un progrès du tter~<a<. Nous croyons utile de repro-
asseurement, c'est-à-dire une assignationdevant la duire ici quelques passages intéressants de cette
cour du roi. Cette cour dut prendre ainsi connais- remarquable étude.
sance d'un plus grand nombre de causes, et l'ins- La révolution sociale fut accompagnéeet sou-
tructionde ces causes devint plus difficile. Il fallut tenue dans son développement par une révolution
donc de toute nécessité admettre les légistes dans scientifique, par la renaissance de l'étude des
les tribunaux, et surtoutdansles tribunauxroyaux. lois romaines et des autres monuments de cette
D'abord ils y entrèrent comme préparateurs des vieille et admirable jurisprudence. L'impulsion
procès et rédacteurs des enquêtes puis ils s'y fut encore donnée par l'Italie, où l'enseignement
multiplièrent a l'envi; puis un jour vint où, re- public du droit ne cessa point durant tout le
poussant la barrière qui était entre leur dos et moyen Age, et subsista obscurément à Ravenne,
les pieds des seigneurs, ils montèrent jusqu'aux avant de refleurir à Bologne.. Dès le Xtf siècle,
lauteuils de ces derniers. Au xiv* siècle, cette ré- de nombreux étudiants qui, dans leurs migrations,
passaient les Alpes, rapportèrent en France la ment séminal recouvre une lame de parenchyme
nouvelle doctrine des glossateurs du droit civil corné susceptible de se gonfler énormément sous
et bientôt ce droit fut professé concurremment l'action de l'eau et, grâce à cette propriété, cette
avec le droit canonique dans plusieurs villes du lame devient, au moment de la germination, le
Midi, et dans celles d'Angers et d'Orléans. Les principal agent provoquant la rupture du tégument
maximes et les règles puisées dans les codes séminal; 2° un embryon volumineux dicoty-
impériaux par des esprits ardents et soucieux du lédoné. très fortement courbé. Le grand déve-
vrai et du juste, descendirent des écoles dans la loppement des cotylédons de cet embryon rend
pratique, et, sous leur influence, toute une classe inutile l'existence d'un albumen; aussi cette troi-
de jurisconsultes et d'hommes politiques, la tête sième partie de la graine fait-elle défaut dans la
et l'âme de la bourgeoisie, s'éleva et commença plupart des cas. Quand l'albumen existe dans la
dans les hautes juridictions la lutte du droit ro- graine des légumineusespapilionacées,la réserve
main et de la raison contre la coutume, l'excep- nutritive est de nature cellulosique. Les matières
tion, le fait inique ou irrationnel. alimentaires renfermées dans les cotylédons sont
t) La cour du roi ou le parlement, tribunal su- de nature amylacée ou aleurique. Les graines des
prême et conseil d'État, devint, par l'admission légumineuses peuvent conserver leur faculté ger-
de ces hommes nouveaux, le foyer le plus actif de minative pendant plusieurs années. A la maturité,
l'esprit de renouvellement. C'est là que reparut, ces graines sont mises en liberté par suite de la
proclamée et appliquée chaque jour, la théorie du déhiscence du fruit les ~fac/M\' et quelques
pouvoir impérial, de l'autorité publique, une et plantes voisines font seules exception; ces plantes
absolue, égale envers tous, source unique de la ont la faculté d'enterrer directement leurs fruits
justice et de la loi.Remontant, par les textes, sinon dans le sol.
par la tradition, jusqu'aux temps romains, les lé- La germination des graines des légumineuses
gistes s'y établirent en idée, et, de cette hau- se fait très rapidement; lorsque les conditions
teur, ils considérèrent dans le présent l'ordre sont favorables, elle s'accomplit dans l'espace de
politique et civil. A voir l'action qu'ils exercèrent deux à trois jours l'usure préalable du tégument
au xin' siècle et au siècle suivant, on dirait qu'ils séminal, de brusques variations de température,
eussent rapporté de cette étude juridique cette une humidité abondante favorisentbeaucoup cette
conviction que, dans la société d'alors, rien n'é- opération.
tait légitime hors deux choses la royauté et l'état La racine des légumineuses est généralement
de bourgeoisie. On dirait mêmequ'ils pressentaient pivotante dans certaines espèces herbacées,
la destinée historique de ces deux institutions, comme la luzerne, elle peut acquérir une lon-
et qu'en y mettant le sceau du droit, ils marquè- gueur de plus d'un mètre et une épaisseurrela-
rent d'avance les deux termes auxquels tout de- tivement considérable; dans les espèces arbo-
vait être ramené. Toujours est-il de fait que les rescentes, la racine est presque toujours moins
légistes du moyen âge, juges, conseillers, officiers volumineuse, eu égard au volume de la tige dont
royaux, ont frayé, il y a six cents ans, la route des elle dépend, que dans les espèces herbacées; cette
révolutions à venir. Poussés par l'instinct de leur racine contient souvent des sucs âcres, amers,
profession, par cet esprit de logique intrépide qui très employés en médecine et sur lesquels nous
poursuit de conséquence en conséquence l'appli- reviendrons en parlant des usages des légumi-
cation d'un principe, ils commencèrent, sans la neuses.
mesurer, l'immense tâche où, après eux, s'appli- La tige des légumineuses papi)ionacées varie
qua. le travail des siècles réunir dans une seule beaucoup d'une plante à l'autre herbacée, grêle,
main la souveraineté morale, abaisser vers les filiforme et rampante dans les lupulines, elle se
classes bourgeoises ce qui était au-dessusd'elles, dresse dans les trèfles; elle acquiert la consis-
et élever jusqu'à elles ce qui était au-dessous. tance ligneuse dans le genêt à balais, elle devient
fDésiré Blanchet.] tout à fait ligneuse dans le Robinia pseudo-ncncia,
LEGfMtNEUSES.– Botanique, XVII. – Etym. vulgairement, mais improprement, nommé Acacia.
La famille des Légumineuses tire son nom du mot Les tiges des légumineuses herbacées sont sou-
légume, en latin legumen, par lequel on désigne vent susceptibles de s'élever en s'enroulantautour
la forme particulière de ses fruits. d'un support; certaines d'entre elles sont en outre
D~n:~oM. La famille des Légumineuses ap- munies de vrilles foliaires qui leur permettent de
partient aux Dicotylédones dialypétales; par l'in- se suspendre aux plantes arborescentes voisines.
termédiaire des .M:M<Mf'M, elle se rapproche des Quelques espèces ligneuses ont des tiges sarmen-
Rosacées et rattache celles-ci aux Térébinthacées. teuses telle est par exemple la glycine, plante
Cette famille est une des plus nombreuses du originaire de la Chine, qu'on cultive beaucoup au-
règne végétal, et la plus importante peut-être par jourd'hui dans les jardins comme plante ornemen-
le grand nombre des substances qu'elle fournit à tale un très petit nombre seulement ont des
l'industrie, a l'économie domestique et à la ma- tiges comparables à celles des lianes de la famille
tière médicale. des Ménispermées. Ex.: la Bauhinia.
Caractères botaniques. Pour faire connaître Le bois des légumineuses oBre cette particula-
les caractères botaniques des légumineuses,nous rité que ses vaisseaux, très gros, sont souvent
prendrons, comme type de ces végétaux, les légu- obstrués par des productions cellulaires spéciales
m!Me!MM MjM/MKfK~M, ainsi nommées a cause de nommés thylles. La densité de ce bois varie depuis
la forme de leur corolle. Brièvement et par com- celle du bois de fer, dont le nom rappelle la grande
paraison seulement, nous indiquerons ceux des dureté, jusqu'à celle du liège. Nous trouvons, en
légumineusesccMa~ptKt~Met ceux des M~tMMMeMM effet, dans les ~sc~MOtKcne et les ~)'m!'M'e~
mimosées. légumineuses aquatiques de la Cochinchine et de
La graine des papilionacéesprésente de dehors l'Abyssinie, un bois exclusivement parenchyma-
en dedans 1° un tégument épais dont la région teux, tellement léger qu'il flotte à la surface de
superficielle est formée de petits troncs de pyra- l'eau comme le ferait un bouchon de liège. Dans
mide solides exactement appliqués les uns contre les pays où croissent ces plantes, leur bois est em-
les autres et dont la grande base est extérieure. ployé comme allèges pour soutenir les filets à la
Ce système est parfaitement disposé pour per- surface de l'eau.
mettre au tégument séminal de résister à toute Les feuilles des légumineuses papilionacées sont
pression venant du dehors, tandis qu'il cède sous toutes composées-pennées et pourvues de sti-
la moindre pression venant de l'intérieur de la pules ces feuilles sont terminées tantôt par une
graine. Cette couche solide superficielle du té~u- foliole impaire, tantôt par deux fotioles. Dans
les gesses, chaque feuille se réduit souvent à rechercher comme bois de teinture. Un petit
ses deux folioles inférieures; toute la partie su- nombre fournit des matières résineuses. Les
périeure de la feuille n'est plus représentée que principaux de ces bois sont
par des transformées en vrilles. Dans le Le bois d'aloès, qui est gris à l'état frais et qui
lathyrusnervures
Aphaca, chaque feuille n'est ptus repré- noircit sons l'action de l'air. U est résineux, aro-
sentée que par ses deux stipules foliacés; tout matique, il brûle en répandant une odeur suave.
ie reste de l'organe est changé en vrilles. Les Il est originaire de la Cochinchine; son nom
feuilles des papilionaeées sont caduques, minces, 'botanique est ~&)M'~<on ~yaMocAMM.
très sensibles à l'action de la lumière. A l'état de Le bois de Catnpe'fAe (~ematoTy~on Campechia-
sommeil, ie rachis de chaque feuille est rabattu M'n) est originaire des Antilles et de Campeche
vers le sol; chaque foliole s'incline égaiement vers on l'appelle aussi bois d'Inde il est odorant son
le soi, et toutes ensemble s'appliquent les unes parfum rappelle celui de l'iris de Florence frais;
sur les autres et se rapprochent dp l'extrémité it l'état frais, sa couleur est rouge-brun pâle. La
du rachis; exemples la sensitive (Jf&WM pM- teinture extrait du bois de Campêche de belles
dtca) et l'Hedysarum (V. Végétal, page MM). couleurs noires et violettes.
Dans nn peut nombre de genres, les stipules de Le &o~ de Brésil ou bois de Fernambouc
chaque feuille sont transformés en épines; ce (Ca'~a~pt'Mtft echinata) est originaire du Brésil;
sont là des organes de défense que la plante pré- on l'emploie dans la teinture à cause de son prin-
pare contre les animaux, en particulier contre les cipe colorant rouge une de ses variétés a reçu le
singes et les animaux grimpeurs. nom de bois de SatM<e-Af<!f<Ae.
L'inflorescence des papilionacéesestunegrappe, Le bois de Santal rouge (P~roM'pM ~raco)
plus rarement un épi ou une ombelle; exception- croit aux Antilles; il est brun noirâtre à l'exté-
nellement les neurs sont solitaires. Chaque fleur rieur, rouge-sang à l'intérieur. En pratiquant des
f
présente de dehors en dedans: un calice bilahié. incisions à la surface de la tige du Pterocarpus
dont la lèvre supérieure est bidentée tandis que Draco, on voit s'écouler une résine rouge très as-
la lèvre inférieure est divisée en. trois parties; tringente nommée S<)ra~o?t. Son bois est
2° une corolle formée de cinq pétales qui alternent aussi appelé bois de cora~.
avec les sépales du calice. Dans l'Amorpha, le Le P<eroca)'pM Santalinus donne le ~OM de
nombre des pétâtes peut se réduire à un seul. Caliatour, fort recherché à cause de sa couleur
Lorsque les cinq pétales existent, ils sont ordinai- rouge foncé et de son grain nn cette espèce est
rement libres, inégaux; ie pétale postérieur,nommé dépourvue de résine.
étendard, embrasse tous les autres; les deux laté- Le bois '<*<Mtar<M<eviolet (Coparfera bractenta)
raux ont reçu ie nom d'ailes; ils sont semblables est gris à l'état frais; il offre alors une odeur
entre eux et recouvrent les deux pétales anté- poivrée très forte sous l'action de l'air il prend
rieurs ces derniers, semblables entre eux, sont une teinte violet foncé; de même que son congé-
souvent connivents et simulent un pétaie unique nère le bois d'amarante rouge, il est très re-
que l'on appelle carètte ou noce~e; 3* un an- cherché dans l'ébénisterie.
drocée composé de dix étamines, dont les filets Le bois de pa/MM't'e ou Jacaranda (Dalbergia
sont tantôt MonaeMpAef, c'est-à-dire tous soudés latifolia) nous est expédié du Brésil, de l'Inde et
entre eux; tantôt <~<:</e/F/tM, c'est-à-dire soudés de l'Afrique. Le plus estimé provient de Rio-Ja-
en deux masses, l'une de ces masses ne compre- neiro. Exposéà l~air, il passe au pourpre foncé, et
nant qu'une seule étamine; tantôt complètement au noir.
libres (SopAora) 4° un gynécée composé d'un Deux autres espèces de Dalbergia fournissent,
seul pistil à ovaire unique, sessile, pluri-ovulé; l'une le bois de OM, originaire du Brésil et de
ovules campylotropes; style filiforme, stigmate Cayenne, et l'autre le bois violet, très rechurché à
terminal. A ce pistil, après la fécondation,succède cause du mélange de ses deux teintes violet-clair et
un fruit nommé légume,qui s'ouvre en deux valves violet foncé. Le bois violet ne peut être employé
à la maturité. qu'en placage, parce que la plupart de ses bûcher
Les légumineuses eaMa/ptnt~e.! ne diffèrent des sont cariées au centre.
légumineuses papilionacées que par leurs tiges Le bois d'Angico, que l'on substitue quelquefois
souvent flexueuses, aplaties, rubanées, leur co- à l'acajou, est fourni par un acacia brésilien.
rolle presquerégulière,leurs étamines libres, leur
arille séminale, leur embryon droit, aplati, enve-
Le buis Kep/o'e~ïM ou bois du Mexique (;Mo-
rM~a p<e)'~o.<pft'ma) est employé en infusion
loppé d'un albumen corné de nature cellulosique. contre les coliques néphrétiques.
Les principaux caractères qui séparent les lé- Le bois de (~'eM<K~e est originaire de Cuba; il
~MMMftMM mimosées des papUionacées sont est surtout recherché pour tes objets tournés.
tirés 1° des feuilles qui sent le plus souvent ré- Le bois de boco est le bois de fer du commerce
duites à des ~)Ay~o</es 2° des fleurs qui sont (Bocoa prouasensis) sa couleur est brun noirâtre
polygames régulières et groupées en épis. Le ca- il est recherché à cause de sa grande résistance.
lice de ces fleurs est quadri-partit. à prénoraison On donne quelquefois le nom de bois de fer au
valvaire; les pétales, en même nombre que les bois du tib&HKt: panacoco; cependant ce dernier
pièces du calice, sont égaux entre eux, et tantôt est plus spécialement désigné sous le nom de
libres, tantôt cohérents. Les grains de pollen sont bois de perdrix, qui lui vient des dessins formés
souvent agglomérés par quatre ou par six; la par ses zones alternativement claires et foncées
graine rappelle beaucoup celle des cœsalpiniées. et dont les figures rappellent une aile de perdrix.
Dans le petit groupe des Moringa, cette graine Le bois de Vouacapou(Andira t'acemoM, A. :nef-
triangulaire présente trois ailes (noix de ben.) m!<) croit dans !a Guyane. Une de ses variétés est
Usages des légumineuses. I. Bois. Les nommée bois pa/mMte elle est remarquable par
légumineuses dont le bois est employé dans l'in- ses dessins clairs qui se détachent sur un fond
dustrie sont toutes originaires des pays tropicaux, rouge.
toutes sont arborescentes, et la plupart atteignent Le bois de Coumarou (0:p~et't.c odorata) rap-
des dimensions considérables; leur hois, très pelle le bois de perdrix, mais il est rejeté à cause
dense, généralement plus lourd que l'eau, toujours de la facilité avec laquelle il est attaqué Dar les
coloré de teintes vives, d'un grain très fin (t par insectes.
suite susceptible d'un beau poil, est surtout Le bois de CoM')'< (H.Me/!<Mt CoMt'&af!'< croit
emp)oyé dans l'ébénisteriepour la fabrication des à Madagascar; il est extrêmement solide, d'une
meubles de prix. Les matiercs co.nriintes, qne couleur rouge-foncé, et malgré ses quaUtés il est
beaucoup d'entre eux renferment les font aussi assez peu recherché, parce que sa couleur est
trop uniforme. Eh pratiquant des incisions à la plante grimpante nommée M~msh'~m!! veneno-
surface de l~~eM~a <,OMr&a'on voit s'écouler SMm; elle contient un principe vénéneux très actif.
une résine appelée copa/, insoluble dans l'alcool, L'Arachis Aypo~ea ou ot'ac/tid~,herbe annuelle,
soluble dans l'huile de lin, et dont on fait un très ne mûrit ses fruits que dans le sol; à cet effet,
bon vernis. sitôt après la floraison, ses ovaires s'enfoncent
IL- Ecorcesdes légumineuses.- Les principales dans la terre jusqu'à une profondeur de huit cen-
écorces de légumineuses employées en pharmacie timètres. Là, chacun d'eux forme une gousse qui
sont renferme deux graines rouges, à tégument sémi-
L'écorce d'Alcornoque(JSo~~cAMmajor),quel'on nal mince chaque graine est gorgée d'une huile
emploie au Brésil contre l'hydropisie. qui rappelle t'huile d'olive et dont on fait aujour-
L'écorcede jBa~atimao,qui provient de plusieurs d'hui un très grand commerce. La graine Q'ara-
espèces d'acacias brésiliens. chlde est quelquefois nommée pistache de terre;
L'écorce des ~H~tra, que l'on emploie comme elle est originaire du Brésil. A Madagascar
purgatif, comme narcotique et comme vermifuge. croit une herbe, la Voandzeia subterranea, dont
L'écorce de Mussenna, qui est produite par les fruits, comme ceux de l'arachide, ne mûrissent
l'Albizzia a!t<Ae/m:M~!ca de l'Abyssinie; on ré- qu'après s'être enfouis dans la terre.
duit cette écorce en poudre, et cette dernière est La graine du ~oHcA<M urens est arrondie et pré-
employée comme vermifuge. sente à sa surface une grande tache noire qui la
m.– NaeMM <<e~MM!MeMM~.–La seule racine fait ressembler vaguement à un œit de là, l'épi-
de légnmineuse qui offre un intérêt spécial est thetc d'œil de bourrique qu'on lui donne quel-
celle de la ~yo/ft Az'za glabra, vulgairement nom- quefois. La gousse du Dotichos urens, comme
mée réglisse officinale. Cette plante croit naturel- celle du ~oHc/MM pruriens, est couverte de poils
lement dans le midi de l'Europe;sa racine, que l'on piquants dont le contact sur la peau provoque des
emploie à l'état sec pour sucrer les tisanes, nous démangeaisoninsupportables aussi nomme-t-on
est apportée de Sicile et d'Espagne. Quand elle est quelquefois ces plantes des pois à gratter. La
bien conservée, elle présente à l'intérieur une belle plupart des dolichos sont américains.
couleur jaune; mais elle s'altère facilement, et La pulpe du tamarin, fruit du ?'amat'tft!ef (Ta-
son goût sucré fait place à une âcreté désagréa- marzndus Indica) est utilisée comme laxatif. Ce
ble. On extrait de la racine de réglisse un ou fruit, conservé dans le sirop qu'on extrait du fruit
<MC qui se vend dans le commerce sous forme de du caroubier, donne une sorte de confiture que
bâtons noirs cylindriques aplatis à l'une de leurs l'on consommeen Egypte.
extrémités par un cachet. Cette préparation se Le genre Cassia fournit deux sortes de produits
fait surtout en Italie et en Espagne; pour l'obte- purgatifs; les uns, nommés casse, sont les fruits
nir, on fait bouillir dans l'eau la racine de réglisse, du Cassia fistula ou caneficier,grand arbre de l'A-
et on la comprime fortement; la liqueur obtenue mérique tropicale; les autres sont désignés sous
est évaporée dans une chaudière de cuivre. Lors- le nom de séné; toutes les espèces qui produisent
que l'extrait est cuit, on le coule en bâtons. A le séné sont semi-ligneuses. Le séné est formé
plusieurs reprises, on a essayé en France de fa- soit par des follicules, soit par des feuilles. Le
briquer le suc de réglisse cn avait obtenu dans Cassia obovata et le Cassia <MyM<~oK<tne don-
l'Indre-et-Loire un produit capable de rivaliser nent que des sénés de qualité inférieure.Le pre-
avec le réglisse d'Italie; mais les nombreuses fal- mier est désigné dans le commerce sous les noms
sifications dont il est devenu l'objet l'ont bientôt de séné de S~)':e, séné <f~t~p, séné de Sénégal
fait abandonner. il entre aussi en notable proportion dans le mé-
IV. Graines, ~MM, fruits et feuilles des légu- lange appelé séné de la patte. Le cassia aM.~i'
mineuses. Plusieurs légumineuses ont des folia est vendu dans le commerce sous les noms
graines farineuses comestibles, très usitées pour de séné de l'Inde et de séné moka.
l'alimentation de l'homme et des animaux domes- Le Cassialenitiva, le plus recherché des sénés,
tiques. Telles sont celles des haricots tPAaseo/M~). présente deux variétés, la variété aculifolia et la
des fèves (Faba), despois (Pisum), des ~oM e~c/iM variété obtusata ou .eMMpMM la première croit
(Cicer), des lupins (JLMpM!M.<),des/eKt:</e!(~rt)Mm); plus spécialement en Egypte, la seconde en
une espèce particulière de lentille, la jarosse, a Ethiopie. Ces deux variétés, mêlées au Ca~
des graines vénéneuses. Le Do~:cAo~ lablab de obovata, forment le séné de la patte. Ce nom
l'Inde et le chdtaignier d'Australie (Castanosper- lui a été donné à cause d'un impôt appelé palle
tKMm australe) ont aussi des graines farineuses qu'on prélevait autrefois sur ce produit. Ce séné
comestibles. est apporté par les Arabes à Syène et à Esné,
Dans les pays tropicaux et plus particulière- et de là dirigé sur Boulacq qui est l'entrepôt gé-
ment dans l'Inde et dans l'Afrique, les graines néral. Il arrive chaque année environ 16,000 quin-
luisantes rouges et tachetées de noir de l'Abrus taux de séné à Boulacq. Les Arabes de Syèna-fal-
pMM<ortMs et de l'Adenanthera pavonina sont sifient le séné avec des feuilles d'arguel (Cynan-
employées comme monnaie, et comme unité de chum argel), plante de la famille des Asclépiadées,
poids pour peser le diamant et les métaux pré- dont les feuilles chagrinées purgatives sont en
cieux on tes appelle alors karats; c'est ainsi que même temps vénéneuses de là, la nécessité de
la valeur des diamants s'évalue en karats. purifier le séné en en retirant l'arguel. A Bou-
Les graines d'Angelin (Geoffroya ~)M:u<<Ma) lacq, on sépare les follicules des feuilles du séné.
sont administrées au Brésil comme médicament A Marseille, on mêle quelquefois aux feuilles de
anthelminthique. séné des feuilles de redoul (Coriaria myrtifolia),
La fève tonka est produite par le Coumarouna qui sont extrement vénéneuses. Le Cassia ~</ito-
odorata, dont le bois est appelé bois de Coumaron p!c<t se trouve aussi dans le commerce sous le nom
ou de Gaiac en Guyane. L'odeur de la fève tonka de séné de Tripoli; il vient alors du Fezzan.
rappelle celle du mélilot; on ne l'emploie guère Certaines légumineuses sont cultivées comme
que pour parfumer le tabac. fourrages pour les bestiaux ce sont le trèfle
Les graines de fenugrec (Trigonella /'asMM'n- (M~o/tMm), la luzerne (Af~:ea.o sotiva), le sain-
~t'~cMm) sont aromatiques, amères on les mêle foin (Onobrychis),le m~7of(Afe/<<ofMïo/y!e:K«/).
à titre de stimulant à l'avoine des chevaux. Ce dernier est recherché surtout à cause de son
L'éseré ou fève d'épreuve du Calabar tire son odeur agréable.
nom du rôle qu'elle joue dans les épreuves judi- Le genêt des teinturiers (Genista <!HC<0)':a)a été
ciaires des naturels du golfe de Biafra (Afrique utilisé autrefois pour la teinture en jaune il est
occidentale). Cette graine est produite par une aujourd'hui remplacé par la gaude.
V. t~MM des M~Mfn~eM~M. On extrait des plantes sont chargées de poids et le tout est cou-
fruits verts de l'Acacia Mt~'ca un suc astringent, vert d'eau on laisse fermenter jusqu'à ce qu'on
amer, qui est le vrai suc d'acacia. Cette matière voie se former une écume irisée à la surface de
était fort recherchée dans l'ancienne pharmacie la liqueur; on soutire l'eau qui est fortement
elle a disparu du commerce depuis 1880elle est aérée de verdâtre qu'elle était, la liqueur devient
remplacée ~)ar un extraitdes fruits verts du prunier bleue sous l'action de l'oxygène de l'air; la ma-
sauvage d'Allemagne, vendu sous le nom d'acacia tière colorante bleue est absorbée par la chaux.
nostras, mais qui ne jouit d aucune des propriétés Pour l'avoir à l'état de pureté, il suffit de traiter le
du auc d'Acacia nilotica. Cette substance doit être précipité terreux par un acide. L'indigo sec pré-
d'autant plus rejetée qu'il est facile de préparer sente une couleur bleu foncé, une cassure uni-
le véritable suc d'acacia avec les fruits de l'~cwx: forme, fine il prend un éclat cuivré par le frot-
arabica vendus dans le commerce sous le nom de tement de l'ongle. V. Co~antM (Matières).
bablahs. Les At~o~t'a sont originaires du Mexique.
Dans l'Inde, on prépare avec l'~caeM catechu On peut aussi extraire de l'indigo de l'Isatis
une pâte masticatoire astringente que l'on me)e tinctoria, vulgairement nommé pastel (famille des
à de la chaux et que l'on roule dans des feuilles Crucifères~. fC.-E. Bertrand.]
de bétel. Ces rouleaux, que les Indiens nomment LÉOPOLDt ET Il. -V. Na~oo:
bétel, ont pour effet de combattre le ramollissement LEt'tDOPTÈRES. – V. Papillons.
des gencives et la chute prématurée des dents LETTRES. Grammaire, III. On appelle
ils ont l'inconvénient toutefois d'exagérer la sé- lettres (du latin liltera) les signes qui représen-
crétion salivaire et de teindre les dents et les os tent les différents sons du langage et qui servent à
en rouge. former les mots.
On donne le nom de kino au suc desséché du On considère deux choses dans les lettres le
P<efoca)'pt<~ e)'Haee!M et à celui du Butea /fOM- son ou la prononciation, et le caractère ou la figure.
dosa. Nous ne nous occuperons ici que des figures. (Pour
VI. Gommes de légumineuses. On appelle le son, V. Prononciation.)
ooMMM des substances solides transparentes,so- La réunion de toutes les lettres d'une même
lubies dans l'eau ou susceptibles de se gonfler langue s'appelle aMaM. (De même que nous
sous l'action de ce liquide, et qui se transforment disons en français 1 ABC pour dire l'alphabet, les
en acide mucique sous l'action d'un corps oxydant. Grecs disaient l'AB, c'est-à-dire l'alpha et le M<a
Les légumineuses produisent un grand nombre qui désignent en grec les deux premières lettres,
de gommes. Parmi les principales, nous citerons d'où les Romains ont tiré le mot a~aAe~m, qui
la gomme arabique, qui n'est autre chose que le suc est devenu en français alphabet.)
séché et solidifié des Acacia nilotica, Acacia ara- L'alphabet français est composé de M lettres
bica, Acaciaverek, Acacia oummt/e''a. La gomme rangées dans cet ordre: a, b, c, < e, f, g, h, i, j,
arabique est soluble dans l'eau; lorsqu'elle de- k, m, n. o, p, f. <, u, t), x, y, z. Pourquoi
meure longtemps exposée à l'air, sa surface est notre alphabet suit-il cet ordre bizarre où les con-
toute craquelée. sonnes et les voyelles sont jetées pêle-mêle?
La gomme adragante, qui s'écoule de l'Astraga- Parce que ces lettres viennent du latin, langue
lus wr!M, est blanche, compacte, translucide, dont l'alphabet était déjit disposé dans le même
cornée, insoluble dans l'eau; elle résulte de la ordre. Les Romains tenaient leur alphabet des
géiincation des parois des cellules de la plante, et Grecs, les Grecs avaient reçu le leur des Phéni-
se montre comme nn*produit morbide de l'organi- ciens.
sation végétale. Tous les sons de la langue française sont divisés
La gomme de Sassa ou de Bassora, qui res- en deux classes les voyelles et les consonnes.
semble beaucoup à la gomme adragante, est un t° Voyelles. Les voyelles (du latin vocalis,
mélange de gomme d'Inga et de gomme d'~)<a- vocal, qui émet une voix, un son) sont les lettres
~a/M<~MmM!/<)'. (V. GoMtKM.) qui ont par elles-mêmes une voix, un son. Il y a

VU. Produits résineux et balsamiques des lé-
gumineuses.
cinq voyelles simples en français a, e, i (ou y),
o, u. Ces voyelles sont représentées par une seule
On appelle résine copal ou résine a?t:M~ la lettre; mais il y a aussi d'autres sons simples
résine produite par l'~MMM'a verrucosa de Ma- représentés par plusieurs lettres, et qu'on appelle
dagascar cette résine s'enflamme facilement, fond pour cette raison voyelles composées. Ce sont eu
à une douce chaleur, et son odeur rappelle celle et ou. Ces voyelles ne sont composées qu'en appa-
du bois d'aloès. rence, pour les yeux, mais non pour l'oreille à
Le Copat/era officinalis est un arbre de l'Amé- laquelle elles offrent un son unique, eu, ou, aussi
rique centrale qui produit un baume résineux, simple que celui de a ou de o. Volney dit à ce
fluide, appelé baume de copa~M. Mêlé avec de la sujet a Beauzée, et, avant lui, l'abbé Dangeau,
magnésie calcinée, ce baume se durcit rapidement; eut le mérite d'établir si clairement ce qui con-
il est très employé en médecine. stitue la voyelle, que la majorité des académiciens
Les arbres du genre A~ro~/ot laissent exsuder ne put se refuser à reconnaître pour telles les pré-
à leur surface une liqueur transparente plus ou tendues diphthongues ou, eu, qui réellement ne,
moins colorée que l'on appelle baume de Pérou; sont pas diphthongues, mais digrammes, c'est-à-
une variété de ce baume s'appelle baume de Tolu; dire doubles lettres. Quant à la voyelle ou, re-
il est employé en médecine comme calmant. marquons, en passant, qu'elle est représentée dans
VIII. Indigo. L'indigo est une matière colo- toutes les langues de l'Europe, excepté le grec,
rante que l'on retire des feuilles d'un certain par un sdul signe.
nombre de légumineuses nommées Indigofera; Toutes les voyelles peuvent être brèves ou
les principales espèces sont 1'l. argentea, l'I. <?<-
perma, I' anil. La piante qui fournit l'indigo est
bisannuelle; mais en général, on l'épuise dès la
longues, selon qu'on les prononce vite ou lente-
ment; ainsi a est bref dans patte et il est long
dans pd~e. De même
première année on la sème tous les ans en mars;
deux mois plus tard, on fait une première récolte, est long dans Me et bref dans ~«e
deux mois après, une autre, et quelquefois une ie – j~e '– pe<!<e
troisième dans le courant de la même année. La
plante est coupée avec des faucilles et déposée par
o – c<)<c
– <<<!f0<e

couches dans une très grande cuve appelée f)'eMt-


M – flûte – butte
po;)' la cuve est remplie aux trois-quarts, les
eu – heure – ~'CM
o:t – t)OM<e
– <OM<e
Il est assez difficile de dire dans quels cas pré- ceUedtixiVeneM.DeoepIuseu.onacoin-
cis on sait en français qu'une voyelle est brève ou posé le groupe bizarre <BM, qui a persisté dans les
longue. Toutefois, il faut observer que les voyelles mots tels que ~CBM~, ctBMr, etc. » (Brachet, ~OM-
marquées de l'accent circonflexe (qui remplace !:e//e$)'aMMt<!t)'e.)
presque toujours une éliminée par l'orthographe Y, dans le corps d'un mot et précédé d'une
moderne) sont longues. Il y a en outre une règle voyelle, se prononce comme deux i pavs, moyen,
pour les avant-dernières syllabes les voyelles en yoYeM.c, qui se prononcent pai.is, t?!Ot-eM, joi-
sont ordinairementbrèves quand eHes sont suivies MM-e.
d'une consonne double pAtte, butte, trompEtte, Dans tous les autres cas il se prononce comme
bElle, etc., sauf quand cette consonne double est i MM.r, c~s~Yse, yu?'t.
rr, comme dans terre, serre, verre, qui sont longs. Diphthongues. On appelle diphthongue la
Il n'y a rien à remarquer sur a et i; mais e, o, réunion de deux voyelles qui se prononcent par
CM et y nécessitentquelques observations. une seule émission de voix, comme ui dans /tui-
La lettre e sert a marquer en français trois sons leux. Ui, composé des deux voyelles u et < est une
tout à fait différents diphthongue.
t" Un son sourd que l'on appelle e muet, parce Diphthongue vient du mot latin <<!pA<AoM</M~,
qu'il est le plus faible de tous nos sons français. qui a été emprunté au grec et qui signine deux
C'est cet e que l'on entend à peine dans vEnir, sons.
tEnir, et qui devient tout à fait nul dans oppEler, Les principales diphthongues sont ia, ie, io, oi,
élEver, pèlErin, cAfMfB<er, que nous prononçons ue, ui, OMS, CMC, oui. Ex. piano, RIB~, pioche,
en réalité ap'ler, ~fue' p~'fM, cAar'fMf. etc.
roiyoye~M
nasales. Toute voyelle suivie de
2° Un son aigu que l'on appelle e fermé, comme
dans MME, <MM<E. Le son de cet e est ordinaire- deux consonnes dont la première est m ou n,
ment marqué par le petit signe ('), qu'on appelle comme o dans tox&er ou cONter, est prononcée en
accent aigu, excepté dans les mots comme pied, partie par le nez, et est alors appelée voyelle nasale.
clef, nez, rocher,aimer, oit le son fermé est amené Les voyelles nasales étaient inconnues aux Ro-
par la consonne. mains, qui prononçaient toujours sonores les
3" Un son très ouvert que l'on entend dans voyelles suivies de m et de n. Notre langue ne les
terre, mer, en fer, procès, succès. On appelle cet e connaissait pas non plus à sa naissance; ce n'est
l'e ouvert, et on le distingue ordinairementpar le guère qu'à la fin du onzième siècle que ces voyel-
petit signe ( '), qu'on appelle accent grave. les sont devenues nasales en français.
On ne met pas d'accent quand l'e ouvert est Il en est de même quand n ou m terminent
suivi de deux consonnes (commedans pEste, fM<e) le mot comme dans an, en, vin, ton, un, daim,
ou qu'il termine le mot et est suivi d'un r sonore nom, etc.
(comme dans fEr, Mf, oitKEf). Ce son de e ouvert Les principales voyelles nasales sont an, en;
est aussi rendu tantôt par ai (comme dans clAir, in, ain, aim, ein; on; un, eMK, que nous re-
~c/Atf, qui se prononcent réellement clère, trouvons dans pAN, ENtrer; cm, terrAIN, MOYEN,
~cM)'e),tantôt par ei (comme dans pEmc, SEMe, /7'EtN, mOK<ON; !MpO)'<UN, (à) ~EBH. Ajoutons
que Ion prononce p~!e, ~te). Pour l'emploi encore M~ am, em, im, OM, devant un b ou
des accents grammaticaux et l'influence de l'accent un p, ou comme syllabe finale par/'Mt, dAM, AM-
tonique sur les syllabes muettes ou sonores, V. jOOM~e, EMbarras, Mp~MEM. ombre.
Accentuation. Mais si n ou m sont suivies d'une autre voyelle,
Rien à remarquer sur o bref (dévote, note). De il ne se produit pas de voyelle nasale ainsi an
même que le son de è ouvert est exprimé à la fois n'est pas nasal dans pANais, ni en dans mENer, ni
par è (~MeeÈs), e (enfEr), ai (clAIr), ei (SEIne), in dans /tN:y, ni n dans monarque, ni un dans
le son de d long est exprimé en français à la fois c/iacoNe, etc. Il en est de même quand n ou M:
par << (t!&<re, apôtre) et par au ou eau (comme dans sont suivis d'un second n ou d'un second m ainsi
vAutrer,~EAn~'e, Autel, bEAUté). an n'est pas nasal dans ANnuel; de même en reste
Le digramme au se rencontre le plus souvent sonore daM EtmeaM, on dans tONner, etc.
dans les mots où se trouvait on latin la syllabe al ou 2" Consonnes. Nous avons dix-neuf consonnes
el. Ainsi les mots latins a~e, pftAna, bellum, de- en français b, c, d, f, s', h, j, k, l, m, n, p, q, r,
vinrent d'abord albe, palme, bel, dans notre vieille t, v, x, z. On appelle ces lettres consonnes, du
langue, qui plus tard adoucit 1 en u, d'où aube, mot latin consona (qui se prononce avec, à l'aide
paume, beau, dans lesquels au, eau sont pronon- de), parce que les grammairiens romains croyaient
cés <! (de même que le latin au, lui aussi, a été que l'on ne pouvait jamais prononcer une consonne
prononcé puis écrit o en français, dans or de au- sans le secours d'une voyelle.
runz, clos de clausus, chose de causa, etc.). Plusieurs de ces consonnes expriment un même
Comme e ouvert et comme d, la voyelle eM est son ainsi k, c, q, rendent tous les trois le son
un son simple qui est représenté en français par
quatre formes différentes, savoir eM comme dans
hEure; (BM comme dans <'QEU/, ~OEU~, CEU~; <B comme
dur du c MKa~oM, cavalier, Qualifier; s et c
ont le même son dans servir et cervelle;
dans j'at et Geai, joli et ae<M:e?';
j
et g
z et s dans
dans QE! et enfin ue, comme dans accttE: cuEiMe, zéro et déserteur (que l'on prononce dézerteur).
orguEil, etc., qui se prononcent commes'ils étaient II faut ajouter à ces 19 lettres les consonnes
écrits aecŒMt~c, c<BM!~e, etc. Remarquons cepen- composées ch, ph, th.
dant que <B suivi d'une consonne se prononce < L'~ a une sorte <le eon chuintant que l'on en-
OEdipe, QECMnt~t!}Me, etc. tend dans caa~re, cHirurgie, CBetttMe, etc.
« 0 bref latin devient eM en français, comme dans Ph et th ont le son de ~et < dans les mots dé-
MEc~ de Mouom mais entre o et le français eu, il y rivés du grec pH:7oMpne, même, PHilippe, THéo-
a les intermédiairesdu vieux français qui sont uo PHile.
au x' siècle, ue au xi* siècle, puis oe au xn', Le w n'est pas une lettre française, jnais il
<M au xiv'. Ainsi noMm donne successivement se rencontre souvent aujourd'hui, grâce à l'inva-
MMe/* au xi' siècle, noef au xn*, neuf au xiv*. sion des mots étrangers dans notre langue. Dans
Quelques mots, comme accueillir, sont restés. les mots anglais il se prononce ou whist, w~M,
dans l'orthographe, à l'étage ue et n'ont pas suivi <'a!?:way (prononcez ouiste, ouig, traMOMa:). J.
la transformation en eu; d'autres, comme <B:7, Dans les mots allemands, il se prononce v
sont restés à l'étage oe contracté en a?; enfin les Westphalie, Weimar (prononcez Vestphalie, Vei-
mots comme A<BM/ m'Mf, etc., sont un compro- ma!).
mis entre l'orthographe du xn* siècle en oe et a Les sons, dit M. Ayer, sont dits articulés
parce que la voix, en sortant du larynx, est sou- tien, et du degré d'exactitude que l'on veut obtenir.
mise, dans son passage par la bouche, a faction du Dans toutes cea méthodes, on a au moins une
gosier. de la langue ou des lèvres. qui la trans- ligne droite IL mesurer directement. Après l'avoir
forment en sons de forme déterminée. jalonnée, on la mesure à la chaîne, plusieurs fois
Les consonnes sont produites par treis organes s'il est nécessaire, ann d'être sûr du résultat, au
différents le gosier, les dents, les lèvres. degré d'approximation qne comporte l'instrument
Les consonnes c; k, q, g, ch, qui sont produites employé. Cette ligne est alors ce qne l'on appelle
par le gosier, sont pour cette raison appelées gut- une base; et c'est de l'exactitude de sa mesure
tMra~M (du latin guttur, gosier). que dépend, pour la plus grande partie, la Mélité
C et g ont un double son, dur devant tes voyel- du plan. – V. Arpentage (Instrumenta d').
tes a, o, u (comme dans camarade, corridor, cu- 2. ï~vm A Lt CHAnnt. – Quand le terrain est
muler; eamM, Gobelet, Guttural), doux devant sensiblement horizontal, découvert, et facilement
les voyelles e et i (comme dans cercettM, ctfer, accessible en tous ses points, on peut en lever le
cet-mer, Gt&te)'). plan à l'aide de la chalne seule. Cette méthode
T et d, qui se prononcent a l'aide des dents, sont consiste a diviser le terrain en triangles dont on
pour cette raison appelée~ <<tH<a<M. mesure directementtous les côtés.
S, c doux (devant e et t), ç, z, sont appelées con- On prend, sur le terrain même, un croquis ap-
sonnes M/~oM<M. S entre deux voyeUes le
a son proximatif, sur lequel on consigne le résultat de
du .'pOtSOK, bise, raison. ses mesures; ce croquis servira plus tard de base
P, 6, qui sont produitesà l'aide des lèvres, à la mise au net du plan, comnte nous le verrons
sont pour cette raison appelées labiales (du latin plus loin.
labia, lèpres). 3.–LEVBttALACZABtEETAL'ÉQDEME.–Dansles
L et r sont appelées liquides, parce que ces deux mêmes circonstances,si l'on dispose d'une équerM
lettres se joignent facilement aux autres conson- d'arpenteur, on peut opérer le lever d'une ma-
nes, telles que p, b, c, g, comme dans pLaine, &L<M- nière plus sûre, et surtout plus commode pour la
che, cLameur,~LOtre,–pBMMter,tBM<, cMtre,~naK- mise au net. On joint par une ligne droite jalonnée
dir. Liquide vient du latin liquidus (coulant). deux points remarquablesdu terrain, et suffisam-
M, n, suivies d'une autre consonne, comme ment distincts l'un de l'autre, par exemple les
dans toxber, cONter, donnent un son nasal à la deux sommets tes plus éloignés du polygonetopo-
voyelle qui précède et sont appelées pour cette graphique et, de tous les autres points remarqua-
raison consonnes nasales. bles du terrain, on abaisse sur cette directrice des
La liquide < et la nasale n ne mouillent dans perpendiculaires. On mesure ces perpendiculai-
certains cas, c'est-à-direqu'elles sont alors suivies, res, ainsi que la distance entre le pied de chacune
dans la prononciation,d'un i très faible, que l'on d'elles, et un point nxe pris sur la directrice; ces
entend, par exemple, dans campaGNard, travaiLLe. deux longueurs suffisent pour nxer sur le plan la
X est une consonne double, qui se prononce position de chaque point, et permettent de le
tantôt comme' es (<Mx«etM'), tantôt comme gz rapporter avec suteté sur le plan.
(examen). Elle peut avoir aussi le son du e simple t. –
– LEVER A1& PLANCHETTE. Dans cette mé-
excellent, exception; le son de l's six, dix, thode, il faut d'abord se procurer une t<He AB
Bruxelles, ~«xerre du k, X~'M enfin du x.' dix- (ng. 1), choisiede manière que, de ses extrémités,
AMtf. dixième, etc. Cette équivalence de T et de s
explique pourquoi les mots terminés au singulier
par x, comme heureux, voix, prix, ne changent pas
au pluriel les heureux, les voix, les ~Mt.
La consonne A est muette ou aspirée l" Elle
est muette lorsqu'elle ne se fait pas sentir dans la
prononciation. Exemple l'Homme, l'Habitude,
qu'on prononce comme s'il y avait l'orne, l'abitude.
2° Elle est aspirée lorsqu'elle empêche l'éli-
sion, comme dans la Haine (ne prononcez pas
l'haine), ou la liaison, comme dans les Héros (ne
prononcez pas IeszA~ro<).
L'h latine était fortement aspirée, à la manière
de l'h allemande ou anglaise. Cette aspiration ae
perdit en frayais, ce qui amena la disparition de
h, comme dans avoir de habere, on de homo. L'an-
cien français écrivait de même ome de homo,
abit de habitus, eure de Aora, vers le xv* siècle,
tes latinistes et les clercs rendirent à ces mots l'h on puisse apercevoir tous tes points importants do
latine, d'où homme, habit heure; mais ils ne pu- terrain, et particulièrementles sommets du po-
rent leur rendre la prononciation latine de h que lygone topograptuque. On trace sur la planchette
le français avait abandonnée des l'origine. une droite at qui représente AB à l'échelle choisie.
[J. Dussouchet.] On place la planchette horizontalement en A, de
LETTRES. V. Epistolaire (genre). manière que le point a soit dans la verticale de A.
LEVER DES PLANS. Arpentage, V-VII, On vise alors avec l'alidade les points C, D, E, etc.,
X-XI. – t. Le but de cette opération est de repré- que l'on veut représenter sur le plan, et qui ont
été préalablement désignes par des jalons, à dé-
senter sur une surface plane la projection horizon-
tale d'une certaine portion de terrain. Pour cela, faut de tout autre signal et l'on trace, sur la feuille
on choisit sur son contour un certain nombre de de papier qui recouvre la planchette, les directions
points remarquables que l'on joint par des droites aC, aD, aE, etc., l'aide de l'alidade comme règle.
consécutives; ces droites forment les cotés d'un On transporte alors la planchetteen B, de manière
polygone auquel on donne le-nom de polygone que b soit dans la verticale de B, que &a soit di-
topographique. On lève d'abord avec soin le plan rigé suivant BA. On trace, avec l'alidade, les di-
de ce polygone, et l'on y rapporte les autres rections bC, bD, oE, etc., qui coupent respective-
points remarquables du terrain, auxquels on rat- ment en c, d, e, etc., les directions obtenues à lt
tache ensuite les menus détails. On suit pour cela station A. Les points a, b, c, d, e, etc., représen-
diverses méthodes qui dépendent de la nature du tent sur la planchette les pointa correspondante
terrti~ des instrument* que l'on a à sa disposi- A, B, C, D, E, etc., du terrain.
Cette méthode n'est pas susceptible d'une prendre pour base une ligne qui ne soit pas un
grande précision; mais elle est expéditive. 1) faut coté du polygone topographique, mais qui en ait
seulement qu'aucun point important du terrain ne été déduitepar une opération précédente.
se trouve trop près dela base ou de son prolonge- Pour corriger autant que possible les causes
ment, parce que ces points, obtenus alors par d'inexactitude tenant à l'emploi de la boussole,
l'intersection de deux droites faisant entre elles on rapporte parfois les points qu'on veut fixer sur
un angle très aigu ou très obtus, seraient mal dé- le plan à deux bases au lieu d'une seule, par
terminés. exemple à deux côtés consécutifs du polygone
Cet emploi de la planchette est connu sous le topographique. Chaque point est alors détermine
nom de méthode par intersections. La méthode par l'intersection de trois rayons visuels; et si les
n'exiged'autre mesure directe que celle de la base. directions obtenues ne concourent pas en un
Mais la planchette peut encore être employée de même point sur le plan, elles y forment un pet~
deux autres manières. triangle, dans 1 intérieur duquel le point cherche
5. S'il existe dans l'intérieur du terrain un est vraisemblablement contenu. On prend donc
point d'où l'on puisse apercevoir tous les autres, vers le centre de ce petit triangle un point que
on y transporte la planchette; et, par le point de l'on regarde comme le point cherché; cette sotu-
la feuille situé sur la verticale du point de station, tion, quoique un peu arbitraire,est cependant plus
on trace, à l'aide de l'alidade, les rayons visuels probable que celle qui correspondrait à un des
dirigés vers tous les points remarquablesdu ter- trois sommets du triangle, attendu qu'elle tient
rain. On jalonne et l'on mesure à la chaîne toutes compte des trois rayons visuels.
les droites ainsi déterminées sur le terrain, et l'on 8. Lorsqu'on a pris sur le terrain toutes les
a tous les éléments nécessaires pour reporter sur mesures nécessaires et recueilli tous les rensei-
le plan tous les points visés. Cette méthode porte gnements dont on peut avoir besoin, on procède
le nom de méthode par rayonnement. à la mise au net du plan.
Lorsque le terrain est couvert, cette méthode La première chose à faire est de tracer, au bas
n'est plus applicable, et il faut opérer autrement. de la feuille sur laquelle on va opérer, une échelle
Soient A,B,C,D,E, etc., les sommets consécutifs des longueurs. Dans l'arpentage, le mètre est son-
du polygone topographique. On mesure le coté vent représenté par un centimètre, quelquefois
AB, et l'on trace sur la planchette une ligne ab par & millimètres, rarement par un millimètre.
qui ait avec AB un rapport convenu, par exemple Quelle que soit la longueur adoptée pour re-
un millimètre par mètre. On place la planchette présenter le mètre, on porte 10 fois cette [lon-
en B, de manière que le point b soit dans la ver- gueur, de gauche à droite, a partir d'une origine
ticale de B, et que la ligne ab ait la direction tixe marquée zéro, sur la droite qui doit former
BA, ce dont on s'assure à l'aide de l'alidade. Puis l'échelle on la porte ensuite une fois vers la gau-
on vise avec l'alidade dans la direction BC, et l'on che, à partir de la même origine, et l'on divise
prend sur la droite ainsi tracée une longueur bc, cette longueur en 10 parties égales, qui représen-
qui ait avec BC, qu'on a préalablement mesuré, teront des décimètres les fractions de mètre
le même rapport que ab avec AB. On trans- moindres que le décimètre s'apprécient à l'œil.
porte la planchette au point C, de manière que c Avec cette échelle, il est facile de prendre une
soit dans la verticale de C, et que c& ait la direc- ouverture de compas représentant une longueur
tion CB; puis on trace une droite cd avant la di- donnée quelconque, exprimée en mètres et frac-
rection CD et dont la longueur soit à CD comme tions du mètre.Nous n'insisteronspas sur ce point,
ab est à AB. On transporte la planchette au point les développements que nous pourrions donner
D et l'on continue ainsi jusqu'à ce qu'on ait fait appartenant au dessin linéaire plus qu'à l'arpen-
le tour du polygonetopographique. On a alors sur tage.
la planchette un polygone a&ccfe semblable à 9. – Si le lever a été exécuté à la chalne seule,
ABCDE. Cette méthode s'appelle la méthode par les triangles dont le plan se compose se tracent
cheminement. Elle s'emploie surtout pour obtenir successivement au moyen de leurs trois côtés.
le polygone topographique; et l'on y rattache les On trace, par exemple, sur le plan, une droite
points intérieurs au moyen de la méthode des in- qui représente, à l'échelle adoptée, fun des cotés
tersections, en prenant pour bases les eûtes du d'un premier triangle; de ses extrémités comme
polygone topographiqne eux-mêmes. centre, avec des rayons respectivementégaux aux
6. LEVER A LA CHAJNE ET AU GHAMOMETM!. deux autres cotés, on trace, du côté convenable,
Dans ce mode de lever, on mesure, comme plus deux arcs de cercle dont l'intersection détermine
haut, une base, à laquelle on rattache les divers le troisième sommet; et le premier triangle se
points du plan à l'aide des angles que font avec trouve fixé sur le plan. A l'aide de ce premier
la base les rayons visuels menés de ses extrémités triangle on construit de même un des triangles
à ces différents points. C'est la méthode par inter- voisins; et, de proche en proche, on obtient tous
sections, comme avec la planchette, sauf cette les triangles.
différence qu'au lieu de tracer directement sur le Si le lever a été exécuté & la chalne et à t'é-
plan les directions des rayons visuels, on mesure querre, on commence par tracer sur le plan la
au graphomètre les angles qu'ils forment avec la droite qui doit représenter la directrice. Pour ob-
base, et qu'on reporte ensuite sur le plan à l'aide tenir un point quelconque du plan, on porte, sur
du rapporteur. la directrice, à partir de son extrémité, une lon-
On pourrait aussi employer avec le grapho- gueur qui représente celle qui a été mesurée sur
mètre les méthodes par rayonnement ou par che- le terrain entre l'extrémité correspondante de la
minement, mais on en fait rarement usage. directrice et le pied de la perpendiculaire abais-
t. LEVER A LA CMA)NZ ET A LA BOUSSOLE. La – sée du point que l'on veut obtenir. Ayant ainsi
méthode est la même qu'avec !e graphomètre; sur le plan le pied de cette perpendiculaire, on
c'est-à-dire qu'on opère principalementpar inter- la trace, et, & partir du pied, on porte, dans le
sections. Mais comme les angles ne peuvent pas sens convenable, une longueur qui représente la
être mesurés à l'aide de la boussole avec la même perpendiculaire mesurée. On a ainsi le point que
approximation qu'avec le graphomètre, on ne L'on se proposait de nxer; et l'on opère de même
l'emploie que pour rattacher les points de second pour tous les autres. Ce mode de représenta-
ordre au polygone topographique. On prend alors tion est surtout en. usage pour les lignes cour-
pour base le côté du polygone le plus avantageu- bes, telles que les sinuosités d'un ruisseau, ou le
sement placé par rapport aux points nouveaux contour d'un étang.
quel'on veut fixer sur le plan. On peut même Si le lever a été exécute à ta planchette, la
feuille tendue sur la planchette est le plan même Pour tes /<M- on fait usage d'un jaune-jon-
qu'il s'agissait d'obtenir, puisque tous les points quille, composé de 1 partie de gomme-gutte et de
du terrain y ont été déterminés par l'intersec- 7 a 8 parties d'eau.
tion de deux droites tracées à l'aide de l'alidade. On désigne les ynM~ par une teinte aurore,
Il ne s'agit donc plus que de la mettre à l'encre formée de deux parties de gomme-gutte, { de par-
et de la détacher de la planchette. tie de carmin, et 16 parties d'eau. Les terres hu-
Si l'on a suivi la méthode par rayonnement, mides sont panachées horizontalement de vert et
toutes les directions du point central aux divers de bleu le vert est celui des prairies le bleu se
points du plan sont directement tracées sur la. compose de t partie d'indigo et de 8 a tO parties
planchette môme, et il ne reste plus qu'à porter d'eau. Les marais sont teintés de vert d'herbe, et
sur chacune une longueur qui représente celle de bleu léger, lequel se compose de t partie d'in-
qui a été mesurée à la chalne. La méthode par digo et ) 18 à 20 parties d'eau. Les étangs, lacs, ri-
cheminement donne surtout, comme on l'a vu, le vieres, /ïeM:)M, se désignent par le bleu léger ci-
polygone topographique les points intérieurs sont dessus mais on renforce les bords par une
donnés par la méthode d'intersections. teinte un peu plus foncée. La mer est représentée
10.– Si le lever a été exécuté àla chalne et au
graphomètre, on commence par tracer sur le
par un bleu verdâtre composé d'une partie d'in-
digo, } partie de gomme-gutte, et 20 à 24 parties
plan une droite qui représente la base qu'on a d'eau. On renforce les bords par une teinte plus
choisie et mesurée. Les angles que fait cette forte.
base avec les rayons visuels menés de ses extré- Les bâtiments et constructions se désignent par
mités aux différents points du terrain, et qui ont la teinte carmin (V. aussi Lavis).
été mesurés au graphomètre, sont tracés sur le 12. On peut avoir à copier un plan déjà mis
plan à l'aide du rapporteur (V. Zt~<M) et tous les au net, ou à le réduire a une écheMe plus pe-
points du plan se trouvent déterminés par l'inter- tite. On peut alors exécuter la copie à l'aide
section de deux directions, comme dans le cas de des procédés mêmes qui ont servi à établir !e mo-
la planchette. dèle. Mais, lorsqu'il y a beaucoup de détails, il
C'est également à l'aide du rapporteur que l'on est souvent plus commode de faire usage de la
transporte sur le plan les angles qui ont été me- méthode des carreaux. Elle consiste a diviser la
surés à la boussole, et tes points ainsi visés se surface du modèle, soit effectivement à l'aide de
trouvent déterminés sur le plan par l'intersection lignes au crayon s'il est permis de les tracer, soit
de deux ou trois directions. fictivement à l'aide de fils tendus, en un certain
11.- Pour swppléeràtareprésentationexacte des nombre de petits carrés égaux. On trace ensuite,
objets que l'on peut avoir intérêt à consigner sur sur la feuille destinée à la copie, le même nombre
le plan, on emploie certains signes convenus et de carreaux, en réduisant les cotés dans le rap-
certaines teintes conventionnelles, qu'il est utile port voulu. On numérote de part et df~utre les.
de connaltre. Nous nous bornerons aux notions rangées horizontales ou verticales de carreaux,
Drincipales sur ce sujet. en sorte que chaque carreau du modèle a son cor-
Les terres cultivées ne se désignent d ordinaire respondant sur la copie. On n'a plus alors qu'à
que par les lignes de division des pièces de dessiner à vue, dans chaque carreau de la copie,
terre, ou tout au plus par des ttgnes ponctuées les lignes ou les points contenus dans le carreau
dans le sens des sillons. correspondant du modèle. Quand on a opéré ainsi
On désigne les bois par un semis de petites pour chaque carreau, on se trouve alors avoir repro-
touffes imitant les arbres vus de haut; les ut'~KM duit l'image exacte du modèle. On met à l'encre, et
par un semis de petits signes en forme d's barrée, l'on efface les lignes en crayon léger qui avaient
imitant les ceps les terrains sablonneux n~r un servi à former les carreaux.
pointillé générât les prairies par un pointillé On peut aussi faire usage du pantographe. Cet
plus gros; les terrains marécageux par des lignes instrument, réduit à ses parties essentielles, se
horizontales rapprochées, mais entremêlées de composede quatre règles, OA, AM, Bm, am (fig. 2),
pointillés les pièces d'eau par des lignes rappro-
chées, sans pointillé; les bords de la mer par des
lignes courbes parallèles au rivage, et allant en
s'écartMt à mesure qu'elles s'avancent vers le
large.
On représente un sentier par un simple trait;
une route par deux traits parallèles, dont la dis-
tance est proportionnelle & ta largeur de la route;
pour une grande route on ajoute latéralement
deux lignes de points pour ngurer les arbres
dont la route est supposée plantée. Un ruisseau
se désigne, suivant son importance, ou par un
simple trait sinueux, ou par plusieurs traits si-
nueux rapprochés et parallèles. Un canal, un che-
min de /<t' se désignent comme une route par
deux traits parallèles.
Lorsque l'on a recours aux teintes convention-
nelles, on représente les vignes par un brun-rouge
composé de 1 partie de gomme-gutte, 1 partie de articulées aux points A, B, a, m, et remplissant
carmin, de partie d'encre de Chine et 8 parties deux conditions la première, que la figure BAam
d'eau en entendant ici, par le mot partie, la quan- soit un parallélogramme la seconde, que les trois
tité de couleur que contient un pinceau plein, la points 0, M, m soient en ligne droite. Il est aisé
couleur étant délayée au plus haut degré de de voir que si ces conditions sont rempliespour une
force qu'elle puisse atteindre sans cesser d'être position déterminée de l'instrument, elles le se-
liquide. ront encore pour toute autre position. Cela résulte
On emploie pour les prairies un vert d'herbe do proportionnalités évidentes. Les triangles Oam
composéde 3 parties de gomme-gutte, 1 partie de et OAM, quoique variables,résulte demeurent cons-
bleu indigo, et 8 à 10 parties d'eau. Le même vert tamment semblables U en que Om et
réduit à la moitié de son ton sert représenter OM restent dans un rapport constant. Si donc, le
'es verqers. point 0 étant thé, le point M décrit une hg~e
quelconque PMQ, le point m, armé d'un traçoir, devient eu dans MeMf, et ou dans /a~nM)', labou
décrira une ligne semblable jt)M~. )'e:<)'. On trouve des changements aualogues dans
Dans l'exécution, l'appareil comporte quelques meule, moulin, molaire.
parties accessoires, mais nous n'insisterons pas La première chose dont s'occupe la lexicologie,
sur ce sujet, parce que la vue de l'instrument en c'est la détermination de la nature des mots, leur
ferait immédiatement comprendre l'usage, et parce classement dans l'une des neuf ou dix parties du
qu'il est rare que l'arpenteur ait cet instrument à discours. Il importe que l'élève s'habitue a ne
sa disposition. [H. Sonnet.] pas considérer seulement la forme, mais surtout
LEXICOLOGIE. Grammaire, IX. Ce le sens du mot, et à distinguer les mots qui dé-
terme est formé de deux mots grecs lexicon signent les êtres avec leurs qualités ou leurs actes,
(mot) et logos (doctrine ou science) l'Académie des mots qui n'expriment que de simples rap-
ne l'a placé en son Dictionnaire qu'à la der- ports.
nière édition (tS'n). La Lexicologie est cette par- Vient ensuite l'examen des flexions grammati-
tie de la grammaire qui traite spécialement, des cales ou des modincations que subissent les mots
mots isolés, de leur valeur, de leurs modifications pour marquer les idées de genre ou de nombre
et de leurs éléments elle conduit à l'orthographe (noms, adjectifs, pronoms), ou les idées de per-
et à l'étymologie. On l'oppose généralement à la sonnes, de temps et de modes (verbes). C'est ce
Syntaxe, qui considère les mots dans la phrase qu'on appelle dans les langues anciennes et dans
et étudie leur arrangement pour l'expression de certaines langues modernes la déclinaison et la
la pensée. conjugaison. La déclinaison a disparu du français
Le terme de Lexicologie a été surtout employé depuis le X!V siècle, mais il pourra en être mon-
par P. Larousse dans les divers ouvrages qu'il a tré la trace dans les doublets pdtre, pasteur; sire,
composés pour l'enseignementpratique de la lan- M!?:eu)t, et aussi dans les formes des pronoms
gue française. Au lieu de se borner, comme on personnels ~c, me, moi; tu, te, toi; il, le, <Mt.
l'avait fait généralement jusqu'à lui, à de purs Quant à la conjugaison, elle y est restée assez
exercices d'orthographe, il voulut que l'élève riche relativement à la plupart, des langues mo-
s'habituât à saisir le sens des mots, trouver dernes. Elle doit surtout être étudiée avec soi~il
l'expression la plus exacte pour telle ou telle quant l'usage des auxiliaires, et des formes
idée, et se préparât ainsi à la composition. Ce diverses que peut revêtir un verbe pour rendru
fut lui qui commença à montrer le sens particu- la même idée on vendra la maison, la maison
lier que le suffixe donnait à un mot simple, com- sera vendue, la maison se ucn~ a.
ment vertueux, silencieux, dérivaient de vertu Enfin doit venir en troisième lieu l'étude des
et de silence; craintif, abusif, de crainte et de mots quant & leurs éléments racine, préfixe et
abus, et quel sens leur donnait le suffixe eux suffixe. C'est une partie très riche et pleine d'in-
ou if. térêt, mais où il importe de garder une juste
M. Ayer a, de son côté, appelé aKs~se lexicolo- mesure et de rester dans les limites que com-
gique la décomposition des mots en leurs élé- mande l'enseignement du français quand il ne
ments et a, le premier, demandé qu'on complétât s'appuie pas sur l'étude du latin. Il sera toujours
ainsi l'analyse dite grammaticale, qui n'envisa- possible à un instituteur de montrer le sens
geait le mot que dans sa nature et ses modifica- attaché aux noms par les suffixes er ou ier, on,
tions. Il avait en même temps indiqué la division aire, ard, dans vacher, fermier; oisillon, canne-
de la grammaire en trois parties ton adjudicataire, propriétaire; vantard, mou-
« A. Lexicologieou plutôt formologie, étude des cAar< comme de faire distinguer la valeur
formes grammaticales des suffixes, eux, if, able dans les adjectifs;
» B. Etymologie ou étude des mots d'aprèsleur joyeux, boueux, décisif, aimable, etc. Il mettra
formation par dérivation ou par composition; ainsi des idées justes dans l'esprit des élèves et
» C. Syntaxe ou étude des formes et des rapports empêchera qu'ils n'emploient les mots à contre-
de la proposition tant simple que composée. » sens. Il fera de même pour la valeur des pré-
Voici l'exemple qu'il donne d'une analyse lexi- fixes, ad, dis, con, en ou in, re, etc., dans les
cologique verbes dérivés admettre, disjoindre, construire,
« La richesse ne le dégoûtera pas du travail. enfermer, inhumer, revenir.
])~}:eAesMj mot dérivé, formé de l'adjectif)'!cA~ Nous croyons que ces trois parties essentielles
au moyen du suffixe esse, qui sert a former des nature des mots, flexions, dérivation ou composi-
noms abstraits du genre féminin. tion, doivent constituer la lexicologie dans les
» De'~OM<e?', mot composé de~o~er et du préfixe écoles primaires; elles concourent à donner & l'é-
dé, qui a le plus souvent un sens privatif, c'est- lève une orthographe sûre et un style précis.
à-dire qu'il donne au mot composé un sens con- [B. Berger.1
traire à celui du simple auquel il est ajouté, LICHENS. Botanique, XII. Etym. Le
comme dans décolorer, déformer, dépeupler; ainsi mot lichen vient d'un mot grec ayant la même si-
dégoûter, c'est ôter le goût, et, au figuré, donner gnification.
de l'aversion. Go:Ker prend un accent circon- .De'tYtM:.–Les végétauxdont l'ensemble forme
flexe sur l'M, parce qu'autrefoisil s'écrivait avec la famille des lichens ne sont qu'un groupe de
un s qui ne se prononçait pas gouster; cet s sup- champignons qui vivent aux dépens d'algues colo-
primé reparait dans le dérivé o'e'OMS~ rées en bleu ou en vert.
» Travail donne le verbe <fa!;a:7M?', et, au moyen caractères botaniques. Les lichens se pré-
du suffixe e~y, le nom de personne travailleur. sentent pour la plupart sous la forme d'expansions
Y)'a!)a:7 a pour synonyme labeur, qui ne se dit foliacées ou de croûtes grisâtres étalées sur le sol,
guère qu'en poésie, dans le style soutenu, et en ou fixées aux écorces et aux rochers.
parlant d'un travail distingué. De labeur dérive Ces expansions constituent le thalle du lichen.
l'adjectif laborieux, et de son synonyme étymolo- A leur face inférieure, elles portent des cram-
gique labour le verbe labourer, d'où le nom de pons que l'on nomme rhizines et qui servent à les
personne laboureur. » (Cours gradué de langue attacher aux corps sous-jacents l'ensemble des
française, page 199.) rhizines constitue l'hypothalle. Le thalle des lichens
On voit, par ce dernier exemple, que la lexi- peut affecter quatre formes principales, qui don-
cologie s'appuie sur la phonétique*,qui est l'étude nent les caractères des quatre groupes des li-
des sons et des modifications que l'usage leur a chens. Les premiers, dits lichens /rMf['CM~M.ï',
fait subir dans les dérivés d'une même racine. L'o tiennent à leur support par une base étroite et
du mot latin labor se trouve dans laborieux; il s'élèvent en productions grêles simples ou rameu-
ses (Usnea barbata, Cladonia); les seconds sont fier; la spore de lichen germe, mais bientôt le fila-
nommés lichens foliacés; ce sont des expansions ment qu'elle produit s'atrophie et meurt. Rappro-
minces, lobées, ondulées, qui s'étalent largement che-t-on la spore de lichen des algues qui en sont
à la surface de leur support, n'y adhérant toute- voisines, on voit ie germe produit par cette spore
fois que par un petit nombre de points (Peltigera, t'attacher aux algues, prendre un développement
Pat~neHa) les lichens du troisième groupe sont considérable, et bientôt englober complètement
appelés crustacés;ils adhèrent à leur support par toute l'algue. Le champignon est donc bien para-
toute leur face inférieure, parfois même ils s'y en- site de l'algue; cette dernière a mission de fournir
foncent assez profondément (C~pAM, OMOtHca- a son parasite les hydrates do carbone que celui-
<a) le dernier groupe est formé par les lichens ci ne peut fabriquer, étant dépourvu de pigment
gélatineux, dont le nom rappelle la consistance chlorophyllien mais l'algue, entourée de toutes
molle (coMfma). parts par nn être riche en matières albuminoides,
La substance des lichens, comme celle des emprunte a son parasite une partie de ces subs-
champignons, résulte de l'enchevêtrement d'un tances, et, grâce à ce supplément de nourriture,
ttrand nombre de filaments celluleni appelés prend un développement presque anormal, se
A'/p~M, et chaque hyphe possède un accroisse- multiplie beaucoup, mais exclusivement par voie
ment indépendant de celui de ses voisins. Dans la végétative. Le parasitisme des champignons sur
généralité des lichens, la région inférieure du tes algues ressemble beaucoup à une association
thalle est formée d'éléments intimement appli- où chacun des membres tire profit du travail des
qués les uns contre les autres, et dont plusieurs autres, tout en contribuantpour sa part au bien-
en se prolongeant intérieurement forment les être commun. Toutefois, dans cette association,
rhizines; cette zone inférieure est nommée sou- l'un des membres, l'algue, peut vivre solitaire et
vent zone corticale. La région moyenne 4u thalle se sufnre a lui-même, tandis que le champignon
résulte du feutrage d'hyphes lâchement entrelacés ne peut vivre sans le secours de son associé.
cette assise médiane, nommée assise m~MHatff, Usage* des Uohena. – t* Lichen <f/~Kde
devient un peu plus dense vers sa région supé- (PAy«M t!~ttMftca). Le lichen d'Islande croit
rieure, ce qui fait distinguer parfois une région très abondamment dans le nord de l'Europe on
superficielle appelée hypothecium; certaines cel- l'emploie en infusion contre les affections des
lules de l'hypothecium, en se prolongeant les unes voies respiratoires; seulement on doit auparavant
en poils stériles. les autres en glandes dissémi- ie débarrasser de son principe amer en le lavant
natrices, donnent l'assise désignée sous le nom à l'eau tiède. Soumis a l'action de l'eau bouillante,
de </t<t~tMtMm; dans la couche médullaire du le lichen se dissout en grande partie et le liquide
thalle du lichen, on observe fréquemment de se prend en gelée. On a essayé a diverses repri-
grosses cellules vertes que les auteurs nomment ses d'employer cette gelée comme aliment, mais
gonidies. Ce ne sont autre chose que des algues son amertume insupportable l'a fait abandonner;
déformées par le parasitisme; chacune d'elles est cette amertume est due une matière spéciale,
l'acide cétrarique. Dans les régions hyperboréen-
Nïée aux hyphes voisins par des crampons que ces
derniers envoient k la surface de l'algue. nes, on trouve mélangé au lichen d'Islande le fa-
Au point de vue de la dissémination, les lichens meux Cenomyce Ranyt/iTttm, qui forme la princi-
ne diffèrent pas sensiblement des champignons pale nourriture des rennes pendant l'hiver.
ascomycètes. Chaque glande disséminatrice ou 9* Le lichen pulmonaire du chêne (Stricta jn<t-
thèque produit de quatre a~ huit spores. Ces thè- monaria) était naguère employé contre les mala.
ques oblongues, parallèles entre elles, et proté- dies du poumon. Aujourd'hui, il est utilisé pour
gées par des poils stérilesqu'on nomme paraphyses, teindre la soie. En employant comme mordant le
se groupent en grand nombre en certains points bitartrate de potasse et le chlorure d'étain, on
du thalle où l'ensemble produit l'effet d'un petit obtient une couleur carmélite fort belle et très
disque ou ~CMW!. Ces disques sont nommés solide. On récolte ce lichen dans les Vosges, mais
apothécies. La région marginale de l'apothécio est il est peu abondant.
désignée sous le nom d'M:C!pM<Mn!. Les apothécies 3' Le lichen des murailles (Parmeliaparietina)
sont étalées à nu a la surface du thalle dans les prend, sous l'influence des alcalis, une couleur
lichens qualinés pour ce motif du nom de gymno- rouge foncé qui permet de l'utiliser dans la
carpes; elles sont au contraire enfoncées dans le teinture. Près du lichen des murailles se place le
thalle et plus ou moins cachées, dans les lichens lichen vulpin dont M. Hébert, de Chambéry, a
que l'on nomme pour cette raison lichens angio- extrait une matière colorante jaune que l'on pour-
carpes. Certains lichens présentent des spores rait utiliser en teinture.
spéciales, nommées stylospores,qui doivent séjour- 4* On désigne sous le nom d'OfteMM tous les
ner un certain temps sur le sol avant de pouvoir lichens qui produisent la couleur rouge violette
susceptible à cer-
germer. Le thalle du lichen estrésoudre à laquelle on donne le nom d'orseille. 11 y a deux
taines époques de l'année de se en petits sortes d'orseilles l'orseille de mer, fournie par
fragments dont chacun est capable de reproduire les Roccela des pays chauds, et l'orseille de terre,
le lichen; chacun de ces petits fragments est qui est fournie par les For<o!arttt.
nommé sorédie. La matière colorante que l'on extrait des orseil-
Les organes de la reproduction des lichens sont les est le résultat des opérations qu'on leur fait
presque inconnus; les organes mâles sont de très subir. Pour obtenir la pâte d'orseille, on pile ces vé-
petites glandes désignées sous le nom de !pm-ma- gétant et on les laisse pourrir au contact de l'air
lies. Les organes femelles sont complètement in- en les arrosant d'urine. La matière colorante est
connus. Les spermaties, abandonnées a elles- extraite de la pâte d'orseille par des lavages.
mêmes pendant un temps très long, changent de 5' Tourneso en p<?M. Cette matière colo-
nature, et deviennent susceptibles de germer. rante bleue, très soluble dans l'eau et dans l'alcool
La véritable nature des lichens n'est connue que que des chimistes emploient pour reconnaître les
depuis très peu de temps elle a été découverte acides, s'extrait de la pare/te d'Auvergne (Vario-
par M. Schwendener et confirmée par MM. Bornet laria orcina). On ramasse la plante, on la fait
et Treub. Pour avoir un lichen, on sème une sécher, on la pulvérise avec la moitié de son poif'
algue dans une goutte d'eau !t la surface d'une de cendres, puis le tout est arrosé d'urine o<-
lame de verre; sur la même lame, à côté da la laisse le métange se putrénar pendant 40 jours,
goutte d'eau, on place une spore de lichen dans on ajoute alors un peu d'urine fralche, et c'est
une autre goutte d'eau. Si les choses restent dans quelques jours après cette addition que la pâte
cet état. l'algue continue de vivre, sans se modi- devient bleue on ajoute alors de la chaux, puis
du carbonate de chaux, après quoi la matière qu'en 1 et BC jusqu'en 0, on aura par la définition
est divisée en petits parallélipipèdes que l'on fait même de la ligne droite.
sécher.
6° Le lichen pyxidé a joui autrefois d une AB+BKAM+MI
grande réputation comme préservatif contre l'é- BC+CO<BI+IN+NO
pilepsie, cette maladie était, croyait-on, radica- CD<CO+OP+PD
lement guérie par l'emploi de F~mde du ct'dne
humain, qui n'était autre que le lichen pyxidé Ajoutant ces Inégalités membre à membre, et
développé à la surface des crânes humains expo- supprimant les termes communs aux deux mem-
sés à l'air. Leymeri rapporte que des malades bres, on obtient
eurent la folie de payer cette drogue jusqu'à
1000 francs les 30 grammes. AB+BC+CD<AM+MI+IN+NO+OP+PD
latine tombée du ciel (Lichen esculentus).
En t845, à la suite d'une pluie, on a trouvé sur ou
le sol, en Anatolie, une substance grisâtre que <:AM+MN+NP+PD c.o.F.c.
les habitants ont regardée commeune manne tom-
bée du ciel et dont on s'est servi pour faire REMARQCE. – La démonstration étant indépen-
du pain. Cette manne est formée de petits corps dante du nombre des côtés de chaque ligne brisée,
blancs, arrondis, farineux, tuberculeux, qui ne sont peut être étendue au cas où ces lignes brisées
autre chose qu'un lichen (Lichen esculentus). Nees auraient un nombre infini de côtés infiniment pe-
d'Esenbeck etLedebour,quiontplus spécialement tits par conséquent, on peut dire que si, d MH
étudié cette matière, nient, malgré les assertions point à un autre, on mène deux lignes coM~&e.<
des témoins, que cette manne soit tombée sous convexes, dont l'une enveloppe l'autre, la courbe
forme de pluie mais ils admettent volontiers convexe enveloppanteest plus longue que /a courbe
qu'elle a pu se former très rapidement & lit sur- convexe enveloppée.
face du sol après des pluies chaudes. La manne 3.- On nommec:)'fOK/X)'ence deégalement cercleune courbe
distants
dont il est question dans la Bible au livre des plane dont tous les points sont
Nombres n'est autre que ce même Lichen MCMfen- d'un point intérieur nommé centre. La distance
h«;elle diffère de la manne du Sina! décrite dans du centre à un point quelconque de laUne circonfé-
l'Exode: celle-ci est produite par le Tamarix m- rence est ce qu'on appelle le rayon. droite
dica. [C.-E. Bertrand.] qui passe par le centre et se termine de part et
LIGNES. Géométrie,
la la
II-VIII.
plus
– t.
courte
– On nomme
qu'on puisse
d'autre à la
diamètre.
circonférence
Tout diamètre
est ce que
est
l'on nomme
donc le double du
LIGNE DROITE H~Me un
MMte;' d'un point à un autre. Il est évident que rayon.
d'un pointM?t OM~'e on ne peut mener qu'une Une circonférence de cercle se trace à l'aide du
seule ligne droite. Et il en résulte que deux droi- compas. Sur le terrain, on substitue au compas
tes qui ont deux points communs, que nous dési- un cordeau tendu, fixé au centre par unequi de ses
gnerons par A et B, coïncident dans toute leur extrémités, et armé à l'autre d'un piquet sert
étendue. D'abord elles coïncident entre A et B. De de traçoir.
plus, si un point C, pris sur le prolongement de la 7out diamètre divise la circonférence en deux
première, n'appartenaitpas à la seconde, on pour- parties égales; car, si l'on plie la figure le long
rait faire tourner la seconde autour du point A, de ce diamètre, les deux parties devront coïnci-
jusqu'à ce qu'elle vint passer par le point C mais, der autrement, il y aurait des points inégalement
dans ce moment, les deux points qui coïncidaient distants du centre.
en B se seraient séparés; on aurait donc, de A à Toute portion de circonférence se nomme un
< deux lignes droites,résulte
ce qui n'est pas possible. arc de cercle la droite qui joint les extrémités
De cette remarque que deux points suf- se nomme la corde; on dit que la corde sous-tend
fisentpour déterminer une ligne droite. l'arc. Toute corde qui ne passe pas par le centre
Une ligne droite se trace à la règle, au cordeau, divise la circonférence en deux parties inégales,
~uand on en a deux points. Une ligne droite se l'une plus grande que la demi-circonférence, l'au-
mesure, suivant sa longueur, avec le double déci- tre plus petite.
mètre divisé en millimètres, avec le mètre ou avec Une même corde sous-tend toujours deux arcs,
le double mètre, avec le décamètre. Les distances mais c'est toujours du plus petit de ces deux arcs
itinéraires, supposées droites, s'évaluent en kilo- qu'il est question, à moins que l'on n'exprime
mètres et myriamètres. positivement le contraire.
2. On nomme ligne tf~e une ligne composée Toute corde est plus petite que le diamètre;
de lignes droites les lignes droites sont les côtés car, si l'on joint le centre aux deux extrémités, la
de la ligne brisée. Une ligne brisée est dite con- corde, qui est une ligne droite, sera plus petite
vexe, lorsqu'elle ne peut être rencontrée par une que la somme des lignes de jonction qui forment
droite en plus de deux points. une ligne brisée, et qui sont des rayons, c'est-à-
Si d'un point A à un point D (fig. 1) on n:<'t!e dire qu'elle est plus petite qu'un diamètre.
4. Deux circon férencesde même rayon sont éga-
les car, si l'on transporte l'une de manière à faire
coïncider les centres, les circonférences devront
coïncider, sans quoi il y aurait des points incré-
ment distants du centre.
On peut remarquer que lorsque deux circonfé-
rences égales ont même centre, on peut faire
tourner l'une d'elles autour de ce centre sans que
la coïncidence cesse d'avoir lieu.
Dans le même cercle, ou dans des cercles
égaux, à deux arcségaux correspondentdescot'des
égales; car, s'il s'agit, par exemple, d'arcs pris
rig.t. t.
dans des cercles égaux, il est évident que l'on pourra
deux lignes brisées convexes ABCD e< AMNPD, faire coïncider les arcs égaux et que dès lors les
dont la seconde enveloppe la pre~Mf-e, la ligne cordes coïncideront.
brisée enveloppée est p~ courte que la ligne bri- Dans un même cercle, à un plus grand arc cor*
sée enveloppante. Car, si l'on prolonge AB jus- respond une plus grande corde.
Soit AB>A'C' (ng. S). Prenons, à partir du isolé, la lettre du sommet suffit, et l'on dirait l'an-
point A, l'arc AC = A'C'; la corde AC sera égale à gle A.

Fig.3.
3.

Dans la considération des angles, on n a point


égard à la longueur des côtés.
Fig. On compare les angles entre eux à l'aide
des arcs de cercle décrits de leur sommet comme
la corde A'C'. Joignons OB+OC, qui coupera centre avec un même rayon.
AB en un point I. On aura On remarque d'abord que, si deux amc~M inter-
AI+IC>AC et OI+IB>OB ceptent des arcs égaux sur des orcoM/~Moes de
m~te rayon d~Cf!<M de leur sommet comme cen-
Ajoutant ces inégalités membre & membre rem- tre, ces angles sont égaux. Car, si l'on fait coinci-
plaçant AI + IB par AB, et 01 + IC par OC, ou der les centres, et qu'on fasse tourner l'une des
circonférences autour de ce centre jusqu'à ce que
par son égal OB, il vient les arcs égaux coincident, les côtés des deux
gles. coïncideront deux à deux; les deux angles an-
AB+OB>AC+OB ou AB>AC sont donc égaux.
Ces deux propositions démontrent leurs t-dc:- Cette proposition sert à faire en un point d'une
jCt-f~MM; c'est-à-dire que droite un angle égal à un angle donné. Il suffit
Deuxcordes égales sous-tendent des arcs égaux; de décrire du point donné, et du sommet de l'an-
et, à une plus grande corde correspond Mn plus gle donné, comme centre, des arcs du même
grand arc. rayon, et de prendre sur le premier, à partir de
5. -Pour comparer entre eux les arcs d'une même la droite donnée, une ouverture de compas égale
circonférence, on suppose cette circonférence di- à la corde de l'arc intercepté par l'angle donné.
visée en 360 parties égales, à chacune desquelles On montrerait de même que, si deux <My/m
.on donne le nom d~ degré, chaque degré en sont égaux, ils interceptent des arcs égaux sur
60 parties appelées minutes, et chaque minute les circonférences de M~Ke rayon décrites de leurs
60 secondes. Pour évaluer un arc on dira, en sommets comme centres.
exemple, un arc de 68 degrés 43 minutes et 17 par Cela posé, si l'on suppose une circonférence
condes, ce qu'on écrit 6s" 43' H". Le quart dese-
la divisée en 360 degrés, et qu'on mène des
rayons
circonférence, ou 90 degrés, forme ce qu'on ap- à tous les points de division, les angles consécu-
pelle un quadrant. tifs formés par ces rayons seront égaux. Il en
Dans le système décimal, le quadrant se divise rait de même si l'on subdivisait chaque degré se- en
en 100 grades, chaque grade en 100 minutes, et 60 minutes, ou chaque minute en 60 secondes.
chaque minute en 100 secondes. Un arc ainsi L'angle au ceqtre qui intercepte un arc d'un degré
évalué s'exprime immédiatement par un nombre est ce qu'on appelle un angle de un degré; celui
décimal. Ainsi, 81 grades, 73 minutes et 25 secon- qui intercepte un arc d'une minute est un angle
des s'écrira Sl~7325. de une minute, etc. De cette manière, un angle
Pour convertir un nombre de grades en de- au centre quelconqueest exprimé en degrés, mi-
grés, il su~it de le multiplier par –) puisque nutes et secondes, de la même manière que l'arc
qu'il intercepte s'il intercepte un arc de 28" 45'
90 degrés font 100 grades. Ainsi, 8)",T325 donne, 16", c'est un arc de 28° 45' 16", etc. On exprime
cette relation générale en disant qu'un angle au
en multipliant par –, centre a MCR MESURE l'arc eomprM entre ses côtés.
8. La mesure effective des angles s'effectue,
'!3°,M925 ou '!3''33'3~,3. sur une surface de peu d'étendue,à l'aide de l'ins-
Réciproquement, pour convertir un nombre de
trument qui. porte le nom derap/xM-~M'. Il se
compose d'un demi-cercle dont la circonférence
degrés en grades, il suffit de multiplier par ou limbe, est divisée en degrés. Soit XOY (ng. 4t
après avoir converti préalablement les minutes
et secondes en décimales du degré. Ainsi

6S"43'tT',
68043'17" ou 68°~,
2.;87
3600 ou encore 6S°,72139..
ouencor6

multiplié par- donne ?8",]348..


6. On appelle angle le plus ou moins d'écart
de deux droites qui se rencontrent; ces droites
sont les côtés de l'angle, et leur point de rencon-
tre en est le sommet. La fig. 3 représente l'an-
gle formé par les deux droites AB et AC. On est
convenu de désigner un angle par trois lettres,
dont l'une est celle du sommet, et les deux autres l'angle à mesurer. On porte l'instrument sur cet
sq~nt prises sur les deux côtés mais la lettre du angle, de manière que son centre tombe au som-
sommet doit occuper le milieu ainsi, l'on dira met 0, et que le diamètre AB coincide avec la
l'angle BAC ou CAB. Cependant, si l'angle est direction OY de l'un des côtés de l'angle. Le
côté OX vient alors couper le limbe en un cer- arcs AB, BC, CD, DE, EA, qui mesurentces angles,
tain point M, et l'on note le nombre de degrés équivaut à quatre quadrants.
compris entre les points A et M. Ce nombre est 12. Lorsque deux droites se coupent, les
la mesure de l'arc AM, et par suite celle de l'an- gles ûppo~~af le sommet sont égaux. Soient,an-en
gle proposé.
Sur le terrain, on emploie un instrument ana-
logue qui porte le nom de graphomètre. V. ~<
pentage (Instruments d').
9. Un angle de 90° est ce qu'on appelle un angle
e
droit; tel est l'angle principal d'une équerre. Un
angle plus petit qu'un angle droit s'appelle un
angle aigu. Un angle plus grand qu'un angle droit
est un angle obtus. Deux angles sont dits supplé- Fig.8.
8.
mentaires, lorsque leur somme vaut deux angles
droits; ils sont dits complémentaires, si leur effet, deux droites AB et CD qui se coupent en
somme vaut un angle droit. point 0. un
10. Lorsqu'une droite OC (fig. 5) en ren- On a
contreune autreAB, la somme des an~M ADJACENTS
AOC + COB =2 droits et COB + BOD = 2droits
d'où:
AOC + COB = COB + BOD
ou simplement:
AOC=BOD
On démontrerait de même que AOD = COB.
13.- Lorsque deux droites se coupent,si l'un des
Fig.6.
s. quatreanglesqu'elles forment est droit, les trois au-
~'essoH< droitsaussi, commeétant adjacents au pre-
AOC + BOC équivaut à deux angles droits. Car, mier, comme lui étant opposés par le sommet.
si du sommet commun 0 de ces angles on décrit Deux ou droites qui se rencontrent ainsi à angles
une demi-circonférence ACDB, ces angles auront droits sont dites pM-pe?:cHcM&);M'M entre elles.
pour mesure les arcs AC et BC, dont la somme Dans la pratique, c'est avec l'équerre que l'on
équivaut à deux quadrants. mène ou que l'on vénMe les perpendiculaires. Cet
COROLLAIRE. Lorsque deux angles adjacents sont instrument
égaux, ils sont droits. Tels sont AOD et BOD. se compose, en eS'et, de deux règles
assemblées à angle droit. On pourrait aussi se
RÉCIPROQUEMENT. Si deux angles a~/aceM~ AOC servir du rapporteur, puisque
avec cet instrument
et BOC sont ~MppMtneK~aM'fs, leurs c6tés exté- on peut faire des angles de 90" mais nous verrons
rieurs AO et CO sont en ligne droite. Car, si la plus loin des procédés plus précis pour tracer les
somme des ares AC et BC équivaut à une demi- perpendiculaires.
circonférence, la droite qui joint les points A et B Par un point donné on ne peut mener qu'une
est un diamètre, et passe conséquemment par le seule perpendiculaire à une droite donnée.
centre donc OA et OB ne forment qu'une même Cela est d'abord évident, si le point donné est
ligne droite. la droite donnée; car si, par ce point, on a
H.–~sMMMe des angles successifs AOB, BOC, sur mené une droite faisant avec la droite donnée des
COD, DOE (fig. 6), formés en un même point d'un angles adjacents égaux, toute autre droite menée
par ce point ferait avec cette même droite donnée
des angles adjacents inégaux.
Supposons, en second lieu, que le point donné
soit extérieur à la droite donnée. Soit 0 (fig. 9)~

Fig.6.
même coM t~'MMe ~)'o:<e, est égale à deux aH-
a<M droits. Car la somme des arcs AB, BC, CD,
DE qui mesurent ces angles équivaut deux
quadrants.
La somme des angles successi fs AOB, BOC, COD,

r;g.9.

ce point, et AD la droite donnée. Soient, s'il était


possible, OC et OB deux perpendiculaires & AD.
Faisons tourner la figure autour de AD, de manière
Fig.7. que le point 0 vienne se rabattre en 0'. Les an-
gles en C étant droits, les lignes CO et CO' sont
DOE, EOA ~Maffe QM~OM?-d'un
/'(M'm<~ autour
(<ig. 7), formés somme des
<fMMpO:'M<, ~~M: en ligne droite. Si les angles en B étaient droits
vaut à quatre angles droits. Car la somme des aussi, OBO' serait aussi une ligne droite; on pour
rait donc d'un point 0 à un autre 0' mener deux égale distance des extrémités de AB,est perpendi-
droites distinctes, ce qui est impossible. culaire sur le milieu de AB.
BtMANQCt. OC étant supposée perpendiculaire
tdroite.
AD, OB est dite oblique par rapport & la même
14. Si par Mtpot'n< 0 (flg. 9) extérieur à tine
droite AD, on méne la perpendiculaire OC et
eM'XrM<M oMt~MMOB, OD, OA f perpendi-
culaire est plus courte que toute oM~Me, 2° deux
<)6Ho!<e~ OB et OD, qui s'écartent également du
piedC de la perpendiculaire,sontégales; 3° de deux
o&~Mue< OD et OA qui s'écartent inégalement du
pied de la perpendiculaire, celle qui s'en écarte /<
plus est la plus longue.
Faisons tourner la figure autour de AD de ma-
nière que !e point 0 vienne se rabattre en 0' on CoMUAiMs. 1. Si du centre 0 d'une circon-
anraO'A=OA;0'B=OB;0'C==OC;0'D==OD. corde, elle férence on abaisse une perpendiculaire sur une
Ceiaposë divise cette corde, e~ farc sous-tendu,
1° La Hgne OCO' étant droite, on a chacun en deux parties égales.
II. Si sur le milieu d'une corde on lui élève une
OCO'<OBO' ou 20C<20B, ou OC<OB. perpendiculaire, cette perpendiculaire passe par
<e centre et par le milieu de l'arc que MM-tend
2" Faisons tourner la figure OCD autour de OC; la corde.
les angles en C étant droits, la Ugne OD prendra Ce dernier corollaire offre un moyen de faire
la direction CB; et, puisqu'elles sont égaies, le passer une circonférence par trois points donnés
point D tombera en B; donc OD coincidera A.B.C qui ne <oft<o<M en H~Me droite. Il sufBt
avecOB; donc ces obliques sont égales de joindre AB et AC, et d'élever sur le mUtea de
3° La ligne brisée OAO' enveloppant OBO' qui chicane de ces cordes deux perpendiculaires qui
a les mêmes extrémités, on a passent toutes deux par le centre. Le centre de-
mandé sera donc le point d'intersection de ces
CAO'>OBO' ou 20A>20B Qu OA>OB. deux perpendiculaires.
gi les trois pointa donnés étaient en ligne droite,
Il en rémite OA > OD. les deux perpendiculaires ne pourraient se ren-
15.- Si, par ~e milieu C d'une droite AB (ng. ta), contrer, sans quoi on pourrait d'un même point
on lui ~eM une perpendiculaire CD l* tout abaisser deux perpendiculaires sur une même
droite. Il en résulte qu'une droite ne saurait
r~eoM<rer une circonférence ea-p~ de deM-c
poi,ts.
pot <7. –
Une droite AB (Bg. 12), perpendiculaireà
fe.E<re~!t<e a'un rayon OC, n'a OM'MM point com-

Fig.iO.
pOMt 0 pris sur cette perpendiculairesera égale-
ment distant des e.<r~<<~ A et B de la droite;
2' tout point K, pris en dehors de la per endicu-
laire, sera <?«'Mt/M!CM~ distant de A e< (? B. 'eu
1° On aura OB == OA comme obliques s'ëc~rtant Pig.t2.
égalementdu pied de la perpendiculaire.
2' Joignons KA et KB; la première de ces droi- mun avec la circonférence. Car si l'on Joint le
tes rencontrera CD en un point 0, et si l'on joint centre 0 à un point quelconque D de la droite AB,
=
OB, on aura OB OA. Mais on a la droite OD sera une oblique plus grande que
la perpendiculaire OC; le point D est donc situé
KB<M+OB ou KB<KO+OA hors de la circonférence.
Une droite qui, comme AB, n'a qu'un point
c'est-à-dire KB < KA.
Ce qu'il il fallait démontrer. commun avec une circonférence, est dite tangente
à cette circonférence, et la circonférence est tan-
RmuBQUES. 1. On réunit ces daux propositions gente a la droite. Toute droite qui rencontre une
en une seule en disant que la perpendicu- circonférence en deux points est dite sécante par
laire élevée sur le milieu <fMne droite est le LIEU rapport & cette circonférence.
eËOMËTMQCB de tous les points qui sont à égale
RÉCIPROQUE DU THÉORÈME PttËCÉDMT. Toute tan-
distance des extrémités de la droite. gente à une circonférence 0 est perpendicu-
Il. Deux points suffisant pour déterminer une laire àABl'extrémité OC qui aboutit au
droite, on peut dire que si une droite a deux de point de contact. Cardu rayon point D de cette droite,
tout
ses ,points à égale distance des extrémités d.une différent du point C, étant situé hors du cercle, le
A'0t<e, elle est pet'pe7tdtc!</a<?'e sur <e milieu de la
droite. rayon OC mesure la plus courte distance du centre
à la droite; c'est donc la perpendiculaire abaissée
16. Le milieu C (Bg. t)) d'un arc AB, le mi- du centre
lieu 1 de sa corde et le centre 0 du cercle sont tou- sur cette droite.
*OMM sur une même perpendiculaire à cette corde.
t9. Si deux circonférences. 0 et C (Sg. !9) ont
un point
Car les arcs CA et CB étant égaux, it en est de leurs centres, A commun hors de la ligne OC qui ~o<~t
elles en o~M~ceMatremeK~un second.
même de leurs cordes le point C est donc égale- Faisons, effet,
ment distant de A et de B; it en est de même du OC jusqu'à en tourner ta figure OAC autour de
centre 0; la droite OC ayant deux de ses points à en A'; on auraque ce le point A vienne se rabattre
OA'=OA et CA'=CA; !e point
A' appartiendra donc à la circonférence 0 et à la REMARQUE. – La droite qui divise un angle en
circonférence C. deux parties égales s'appelle la bissectrice de cet
angle.
20. Deux droites perpendiculairesà une même
troisième ne peuvent se rencontrer quelque loin
qu'on les prolonge, car autrement on pourrait,
d'un même point, abaisser deux perpendiculaires
sur une même droite.
Deux droites qui, étant situées dans un même
plan, ne peuvent pas se rencontrer quelque loin
qu'on les prolonge, portent le nom de droites pt-
faHe/M. L'énoncé ci-dessus revient donc au sui~
vant deux perpendiculaires à une M~ne droite
sont parallèles entre elles.
Fig. i3. On admet que, par un point pris hors d'une
drotfe, on ne peut lui mener qu'une seule paral-
COROLLAIRES. I. Si deux circonférences se tou- lèle. Cette parallèle est facile à obtenir. Du point
chent, et n'ont qu'un point commun, ce point est donné, on abaisse une perpendiculaire sur la droite
situé sur la ligne des centres. Si les circonfé- donnée, et, par ce même point donné, on élève
rences se touchent extérieurement,ladistance des une perpendiculaire sur cette perpendiculaire
centres est la somme des deux rayons. Si les c'est ia parallèle demandée.
circonférences se touchent intérieurement, la dis- j!.o)'~Me deux droites sont parallèles, toute per-
tance des centres est la différence des rayons. pendiculaire à l'une est en méme temps perpendi-
Il. Si deux circonférences sont sécantes, on a. culaire à faM~'e. Car si elle rencontraitcette autre
sous un angle aigu ou obtus, on pourrait, par
OC<OA+AC; leur point de rencontre, lui élever à elle-même
on a aussi une perpendiculaire, qui seraft parallèle à la pre-
OA<OC-)-AC, mière des deux droites données;on pourrait donc,
d'où: par un même point, mener deux parallèles à une
OOOA–AC; même droite, ce que l'on regarde comme impos-
sible.
ainsi la distance des centres est plus petite que la 21. Deux parallèles AB et CD (ng. 14) sont
somme des rayons et plus grande que leur diffé- partout ~<~etKe?!< distantes. En d'autres termes, si
rence.
III. Si deux circonférences sont séparées, la
distance des centres est plus ~'<<M</e que la somme
des rayons. Si l'une des circonférences est inté-
rieure à l'autre, la distance des centres est plus
petite que la différence des rayons. Il suffit pour
le reconnaître de faire la figure.
19. – Les propriétésdes perpendiculairesdémon-
trées aux numéros 13 à fournissent le moyen F!g,t4.
de résoudre, avec la règle et le compas, divers
prob)èmes relatifs à ces droites. des points C et D, pris où l'on voudra sur l'une
I. En un point A d'une droite XY élever une d'elles, on abaisse sur l'autre les perpendiculaires
per~Mttf:cM~re à cette droite. Prenez sur la CA et DB, ces perpendiculaires seront égales.
droite, de part et d'autre du point A, deux lon- Pour le démontrer, élevons par le milieu 1 de AU
gueurs égales AB etAC. Des points B et C comme la perpendiculaire IH, et faisons tourner la figure
centres, avec un rayon plus grand que AB, dé- IBDH autour de IH pour la rabattre sur JACH. Les
crivez deux arcs de cercle qui se couperont en un angles étant droits, IB prendra la direction de !A;
point D. Joignez AD, ce sera la perpendiculaire et puisque 1 est le milieu de AB, le point B tom-
demandée. bera en A. Les angles en B et en A étant droits,
IL D'un point A, pris en dehors d'une droite BD prendra la direction de AC, et le point D tom-
XY, abaisser une perpendiculairesur cette droite. bera quelque part sur AC. Or, les angles en H
Du point A comme centre, avec un rayon suffisam- étant droits, HD prendra la direction de HC, et le
ment grand, décrivez un arc de cercle qui coupe point D tombera quelque part sur HC. Devant
la droite XY en deux points B et C. De ces points tomber à la fois sur AC et sur HC, le point D tom-
comme centre, avec un rayon plus grand que la bera au point C; BD et AC coïncideront, donc ces
moitié de BC, décrivez deux arcs de cercle, qui se droites sont égales.
couperont en un point D. Joignez AD; ce sera la 22. Deux droitesparallèles à une troisième sont
perpendiculaire demandée. parallèles entre elles. Car si l'on mène une per-
III. Diviser une droite AB en deux parties égales. pendiculaire à la troisième, elle sera perpendicu-
Des points A et B, avec un rayon plus grand que laire aux deux premières; ces dernières étant ainsi
la moitié de AB, décrivez deux arcs de cercle qui perpendiculairesà une mêmedroite sont parallèles
se coupent au-dessus de AB en un point C, et entre elles.
deux autres arcs de cercle qui se coupent en des- 23. Deux droites AB et CD (Bg. 15) sont paral-
sous en un point D. Joignez CD; cette droite sera lèles si, étant coupées par une sécante EFGH, elles
perpendiculairesur le milieu de AB. forment avec cette sécante des angles intérieurs
IV. Diviser un arc de cercle en deux parties AFG, CGF supplémentaires. En effet les angles
égales. Tirez la corde, et du centre abaissez une BFG et CGF etant tous deux le supplément de
perpendiculaire sur cette corde; elle passera par AFG, sont égaux entre eux. De même, les angles
le milieu de l'arc. EGD, AFG étant tous deux le supplémentde CGF,
V. Diviser un angle en deux po"<:M e~a~. Du sont égaux entre eux. H en résulte que les bran-
sommet de l'angle, comme centre, décrivez un arc ches FU et GD sont placées par rapport à EH,
compris entre les deux côtés; tirez la corde de d'un c&té de cette droite, de la même manière
et arc, et du sommet abaissez une perpendicu- que les branches GC et FA sont placées de l'autre.
lire sur cette corde; elle divisera l'angle
en deux Si, par conséquent, ces deux branches se rencon-
Prties égates. traient, les deux autres se rencontreraient aussi;
et !es deux droites distinctes AB etCD auraient pliant dès lors la figure le long de cette perpen-
eux anglescominuns, ce qui est impossible. Doncdiculaire, on fera coïncider les extrémités des cor-
des, et par suite les arcs interceptés entre les pa-
j<t
ql K
ic rallèles
]1 donc ces ares sont égaux.
Le théorème subsiste lorsque l'une des paral-
lèles est tangente; car la perpendiculaire abaissée
du centre sur la corde passe alors par le point de
contact, et, en pliant encore la figure le long de
cette perpendiculaire, on fait encore coincider les
deux arcs.
28. On appelle angle inscrit un angle dont le
sommet est sur la circontérence et dont les côtés
sont des cordes.
Tout angle inscrit a pour mesure la moitié de
l'arc compris entre ses cd< Supposons d'abord
que le centre 0 du cercle soit situé sur l'un des
H6;.4a.

ces droites ne se rencontrentpas, et sont par con-


séquent parallèles.
RÉCIPROQUEMENT. Si deux parallèles AB f< CD
sont coupées par une sécante EFGH, les angles in-
<encM~ AFG CGF sont supplémentaires. Car,
H cela n'était pas, on pourrait toujours, au point
F, faire avec FG un angle égal au supplément de
CGF, et la droite ainsi menée serait parallèle à
CD, en vertu du 'théorème direct. On pourrait
donc, par un même point F, deux paral-
lèles à une même droite CD, mener
ce qui est impos-
sible. côtés de l'angle. Soit ABC cet angle. Menons le
24. REMABorEs. 1. Les quatre angles en F et diamètre DE parallèle à AB; l'angle DOC sera égal
les quatre angles en G forment deux groupes qui à ABC puisqu'ils sont correspondants. L'angle au
se correspondent; et l'on nomme correspondants centre COD a pour mesure l'arc CD. Or CD == BE
les angles qui, dans ces deux groupes occupent des
positions analogues. Tels sont les angles AFE et comme interceptés par des angles égaux, COD et
BOE, et BE = AD comme arcs interceptés par des
CGF, ou AFG et CGH; tels sont encore les angles parallèles. Donc CD=AD c'est-à-dire que CD, qui
EFB et FGD, ou BFG et DGH.
On appelle angles alternes-internes ceux qui est la mesure de l'angle ABC, est la moitié de
l'arc AC intercepté entre les côtés do l'angle ins-
sont situés intérieurement aux parallèles, de part crit.
et d'autre de la sécante; tels sont AFG et FGD, ou Si le centre tombe dans l'intérieur de l'angle
bien BFG et CGF.
II. Si les angles Intérieurs AFG et CGF sont proposé, on mène par son sommet un diamètre qui
supplémentaires, les angles alternes-internesAFG le divise en deux angles partiels rentrant dans le
et FGD sont égaux comme étant tous deux le sup- cas précédent. Chacun de ces angles partiels a
plément de CGF. Et les angles correspondants AEG pour mesure la moitié de l'arc qu'il intercepte
et CGH sont égaux entre eux comme étant tous l'angle total a donc pour mesure la somme de ces
deux égaux à FGD. mesures, c'est-à-dire la moitié de l'arc compris en-.
Réciproquement, si les angles alternes-internes tre les cotés de l'angle inscrit.
sont égaux, ou si les angles correspondants sont Si le centre tombe en dehors de l'angle, en me-
égaux, les angles intérieurs sont supplémentai- nant un diamètre par son sommet, on forme deux
res. angles inscrits rentrant dans le premier cas, et
ill.
Il résulte de ces remarques et des théorèmes dont la différence est l'angle proposé on arrive
ci-dessus que 10 Si e!e!M:~afaHc~ïo?tf coupées encore de la sorte à la même conclusion.
var unesécante, les angles intérieurs sontsupplé- 29.-L'angleABC (Hg. n) formépar une tangente
mentaires, les angles a~efMM-t'n~'nessont égaux
les angles correspondants sont égaux; X° Si ~M?!t
de ces relations a'angles a lieu, les droites coupées
par la sécante sont parallèles.
25. Deux angles qui ont leurs côtés parallèles
chacun à chacun et l'ouverture dirigée dans le
mlme sens, sont ~aM. Car si l'on prolonge l'un
des cotés du premier jusqu'à sa rencontre avec le
côté du secondqui ne lui est pas parallèle, on for-
me un troisième angle qui est égal commecorres-
pondant à chacun des angles donnés.
Si les angles avaient l'ouverture tournée dans
un sens différent, ils seraient supplémentaires.
26. –DeM: angles qui ont leurs côtés perpendi-
culaires chacun à chacun sont égaux ou supplémen-
AB et par une corde BC aboutissant au point de
tangence, a pour mesure la moitié de /'a)-e BH:C
taires. Car si l'on fait tourner l'un d'eux à 90° sous-tendu par cette corde. Menons, en effet, par le
autour de son sommet, ses côtés deviendront paral- point C la droite CD parallèle à AB l'angle inscrit
lèles à ceux du second angle. BCD sera égal à ABC comme correspondant, et
27- –.DeM~pat-oMe~Minterceptentsur CM'con-
/~Mcc des arcs égaux. Si, en effet, onune
abaisse du
aura pour mesure la moitié de BD. Or, BD est
égal à BmC comme arcs interceptés par des pa
centre une perpendiculaire sur les deux cordes, ratlëies. Donc ABC a pour mesure la moitié f!.
elle les divisera thMune en deux parties égales, BmC.
-et le point où elle rencontrera la circonférence REMARQUE. L'angle A'BC étant le supplém'~t
sera le milieu commun dea arcs sous-tendus. En de ABC, la somme de leurs mesures doit f'r&
deux quadrants. L'angle ABC ayant pour mesure DUNES PROPORTIONNELLES. –Géométrie,
ia moitié de B~tC, l'angle A'BC doit avoir pour IX, X. Définilions. Le rapport de' deux lignes
mesure la moitié du reste de la circonférence, ou est le quotient qu'on obtient en divisant entre eux
la moitié de BDC. Ainsi le théorème s'applique à les nombres qut expriment les grandeurs de ces
un angle obtus à
comme un angle aigu. deux lignes mesurées avec la même unité. Par
30. On appelle segment d'un cercle la partie de exemple, la largeur d'une table étant de 84 centi-
ce cercle comprise entre un arc et sa corde. Ainsi mètres et sa longueur de f',25, c'est-à-dire 125
l'espace ABB'B"CA [Hg. 18) est un segment. Il en centimètres,le rapport entre la largeur et la lon-
gueur est
–t
84
ce qui signifie que la largeur estt
égale à 84 fois la 135' partie de la longueur. Entre
12a
la longueur et la largeur, 1le rapportserait- ce
qui signifie que la longueurest égale à 125 fois la
rapport–– l'inverse
84' partie de la largeur. Le est
84
du rapport ––
On appelle proportion une égalité entre deux
rapports. Si, par exemple,le rapport entre deux droi-
tes a et b est égal au rapport de deux autres droites
c et d, on peut écrire

A"~dc
<!

Cette égalité est une proportion, et on dit que les


est de même de AMCA. Tout angle qui a son som- deux droites a et b sont proportionnelles aux deux
met sur un arc de cercle, et dont les côtés abou- autres droites c et d. (V. Proportion.)
tissent aux extrémités de sa corde, est dit inscrit La théorie des lignes droites proportionnelles
dans le segment compris entre cet arc et cette est une des plus importantes de la géométrie
corde. Ainsi l'angte ABC est inscrit dans le seg- plane nous allons en présenter l'exposé avec la
ment ABB'B"CA, et l'angle AMC est inscrit dans le simplicité qu'elle doit avoir dans l'enseignement
segment AMCA. primaire, et en faisant suivre chaque principe des
Tous les angles inscrits dans un mA~e segment applications dont il est susceptible.
sont égaux, puisqu'ils ont pour mesure la moitié THÉORÈME I. Lorsque les deux côtés d'un an-
de rare sous-tendu par une même corde; et le gle sont coupés par des droites parallèles entre
segment est dit capable de l'angle dont il s'agit. elles, ~t les parties interceptées sur un côté sont
Ainsi, par exemple, les angles ABC, AB'C, AB' G, égales, les parties M<~t'e<p~M~M''<'aM<re~oK< aussi
etc., sont tous égaux, et le segment est ditcapable égales entre elles.
de la valeur commune de ces angles. Supposons les droites AA',BB' et CC' parallèles
Deuxangles, tels que ABC et AMC, inscrits dans (fig. 1), et OA' = A'B' == B'C' les parties OA,AB et
les deux segments opposés correspondants à une BC seront aussi égales entre elles.
même corde AC, sont supplémentaires, puisque la
somme de leurs mesures est la moitié d'une cir-
conférence entière, ou deux quadrants.
Tout angle inscrit dans une demi-circonférence
est un angle droit, puisqu'il a pour mesure la
moitié d'une demi-circonférence, c'est-à-dire un
quadrant.
31. Cette propriété fournit un moyen de mener
t<ne tangente à une circonférence 0 (fig. 19) par
un point A extérieur à cette circonférence. Pour
cela joignons AO et sur cette droite comme dia-
Fig.i.
Pour le démontrer considérons-en deux seule-
ment, AB et BC par exemple, et menons les droi-
tes AH et BK parallèles au côté OY. Ces droites
sont égales l'une A'B' et l'autre à B'C', comme
étant les côtés opposés des parallélogrammes
HAA'B' et KBB'C' elles sont donc égales entre
elles. Maintenant, imaginonsqu'on portele triangle
BCK sur le triangle ABH, en appliquant le coté BK
sur le côté AH qui lui est égal le côté BC se pla-
cera sur la direction du côté AB, puisque les an-
Fig.i9. gles CBK et BAH sont égaux à cause du parallé-
lisme des côtés BK et AH, et l'extrémité C se
mètre, décrivons une circonférence qui coupera la. trouvera sur cette direction. De même, les angles
première en deux points B et B'. Tirons AB ce CKB et BHA étant égaux comme ayant leurs cotés
sera une tangente à la circonférence 0. Car, si l'on respectivement parallèles, le côté KC prendra
ioint BO, l'angle ABO, inscrit dans une demi-cir- la direction de HB et l'extrémité C se trouvera
conférence, sera droit, et AB étant perpendiculaire sur cette direction. Ainsi le point C, devant être à
à l'extrémité du rayon OB sera tangente à la cir- la fois sur HB et sur AB, se trouveraleur intersec-
conférence 0. tion B. On voit par là que les deux triangles coin-
On aurait une seconde tangente en joignant AB'. cident, ce qui montre que les côtés AB et BC sont
[H. Sonnet.] égaux.
Application. –Division d'une droite en parties
égales. 2* Si !e côté AB était par exemple les
du côté
La division d'une droite en 2, 4, S, t6 par- AC, chacune des cinq parties
ties égales revient !t mener une perpendicnlaire égales de AB serait
par le milieu d'une droite; c'est !e théorème pré-
cédent qui fournit le moyen de diviser une droite
les
de chacune des cinq parties égales de AC;
en un nombre quelconque de parties égales.
Soit à diviser une droite AB en trois parties par
conséquent, AD serait les de AF et BC 9 les
égate<(ng. 2). D'une extrémité B on mène une de CF; donc les deux parties situées d'an m6me
côté de la sécante parailèle sont proportionheUes
aux deux antres parties, ce qui donne la propor-
tion
DB AB
FC°*AC (3)

3' Réciproquement,si une droite qui coupe un


triangle divise deux cotés en parties proportion-
nelles, elle se trouve parallèie au troisième coté
En effet, les points D et F, par exemple, divi-
sent chacun des cotés AB et AC en deux parties
droite indéfinie BX, faisant avec AB on angle quel-
dont i'une est les de l'autre. Or, la droite menée
conque. Sur cette droite, on porte à partir de B, a
l'aide du compas, trois longueurs BR, RS, ST éga- du point D parallèlement à BC doit couper aussi
les, mais d~ine longueur arbitraire; on joint te
dernier point T a l'autre extrémité A et, par les ie côté AC en deux parties dont l'une soit les de
autres points S et R, on mené des droites parallè-
les à AT ces parallèles coupent la droite AB en de l'autre; elle doit donc aboutir au pointF;
c'est le seul qui divise le côté AC en car
parties égales. deux parties
Nota. Cette division se fait très promptement, dont l'une est les de
l'autre, et par suite la droite
si on trace les parallèles à l'aide de la règle et de
l'équerre. qui joint les points D et F n'est autre que cette
THËOBÈitE 11. Quand un <ft<m~ est coupé é parallèle.
par une droite parallèle à l'un de ses côtés, les
deux autres côtés sont divisés par cette droite en
~M~MaMoM. – f Dans un triangle (Og. S) on a AB
parties proportionnelles. = 20 millimètres, AC = 26 millimètres et AD = 5
En effet divisons le cotejAB (ng. 3) en parties de AB calculer les longueurs des quatre parties
égales, cinq par exemple, la partie AD est les de déterminées sur les côtés AB etAC par la droite
DF, menée du point D parallèlement à BC.
l'autre partie DB. Si du point D on tire DF paral- On a d'abord
lèle a BC, AF sera aussi les- 3 de FC. AD=20'X~==8°°
puis on trouve
BD = 20°"' 8*° = 12""
On a ensuite
AF AD AF 8
AC~'AB '26-2U
d'où
AF=~t.
En effet si, parles points de division du côté AB, 2" Problème. Trouver la hauteur d qu'il faut
on mené des droites parallèles à BC, elles parta- donner à un rectangle ayant une base c,pour que
gent le côté AC en cinq parties égales, et comme il sa surface soit équivalente à celle d'un autre rec-
y en a deux dans AF et 3 dans FC, on voit que AF est tangle dont la base est b et la hauteur a (fig. 4).
les de FC.
Donc les deux parties du côté AC sont propor-
tionnelles aux deux parties du côté AB; c'est ce
qu'on exprime par la proportion anivante
AD AF
DB=Fn
CoroMaM'M. – t* Les parties AD et AF sont les
Si les dimensions des rectangles étaient données
des côtés correspondants AE et AC; les parties en nombre, on calculeraitla surface en multipliant
sont les de entre elles la base b et la hauteur a, et on divise-
BD et CF ces cotes donc les côtés rait le produit par c.
AB et AC sont coupés en parties proportionnelles
Ici il s'agit de trouver la hauteur demandée par
entre elles et proportionnelles à ces côtés. une construction géométrique.
On a ainsi Or on doit avoir
e><=ax&
AD AF BD CF En divisant les deux membres de cette égalité
AB°'AC AB~AC par a et par d, on trouve la proportion
c_&() les points A' et B' des droites parallèles à C'C. Elles
a~</d divisent OC en parties proportionnelles aux droi-
tes OA', A'B', B'C, c'est-à-dire proportionnelles aux
Ainsi !a itauteur demandée est une 4* propor- droites a, A, c.
tionnelle aux trois droites c, a, &. THÉORÈME IV. –
Zo~M'U~e droite joignant
Pour la trouver, on porte sur un côte OX d'un deux c<M~ <<'MM triangle est paraM~eau <<'oM:Me,
angle quelconque (Sg. 5), et à partir du sommet 0, les trois c~t~ du triangle partiel ainsi formé sont
proportionnels aux trois côtés homologuesdu pre-
mier triangle.
En effet, supposons AD égal aux de AB (ng. 7);
AF sera les de AC, et il reste à faire voir que

DF est aussi tes de BC.

Fig. 5.

une longueur OC = c,
CA= a; sur le deuxième
et la suite une longueur
côté OY une longueur
OB = b. On tire la droite CB et par le point A
on mène la droite AD parallèle à CB. La droite
BD est la droite cherchée.
Observations. – 1° On pourraitaussi porter les Pour cela, on mène du point F la droite FK pa-
deux longueurs c et a l'une sur l'autre à partir du rallèle à AB, et à cause du parallélogramme BDFK
sommet, par exemple, OC =
e et OA = n; on
achèverait la construction comme précédemment,
la droite DF est égale à BK. Or FK. étant parallèle
à AB, coupe les deux côtés CA et CB en parties
mais alors la quatrième proportionnelle cherchée proportionnnellesà ces côtés, et comme AF est les
serait OD.
2* Si, au lieu d'un rectangledonné, on avait un de AC, la partie correspondante BK, et par con-
carré dont le coté serait a, le problème reviendrait séquent la droite DF qui lui est égale, est aussi
à chercher une quatrième proportionnelle aux
droites c, a et a; c'est ce qu'on énonce ordinaire- les de BC. Le théorème est ainsi démontré.
ment en disant chercher une troisième propor-
tionnelle à deux droites C et A. Corollaire. Lorsqu'une droite joignant deut
THÉORÈME IH. Quand les côtés d'un angle côtés d'un triangle est paraUèta au troisièmecôté,
sont coupés par plusieurs droitesparallèles entre ce côté et la parallèle sont coupés en parties pro-
elles, les parties interceptées sur fMt des côtés portionnelles par des droites quelconques menées
sont proportionnelles aux parties interceptées sur du sommet à ce côté.
l'autre.
En effet,tironsles parallèles A'A, B'B, CC'(6g. 6),

En effet, soit DF parallèle à BC (ng. 8), et AD


égal aux de AB. D'après ce qui vient d'être dé-
a
montré, DL sera
les
de BH et AL
les
de AH;
et supposons que OA' soit, par exemple, les de
OA. D'après le thëoremen(coroll. 2), A'B' sera par p suite, LI sera les- de HK, etc.
lea de AB et OB' les de OB. Par suite dans le
0
Application. Ce théorème fournit un second
n
moyen fort commode pour diviser une droite en
triangle OCC', B'C' sera les de BC, etc. parties
p égales (fig. 9).
0 Soit à diviser la droite l en 5 parties égales. Sur
Application. Ce théorème fournit le moyen uneu droite indéfinie on porte cinq longueurs con-
de diviser une droite en parties proportionnelles sécutives
s égales entre elles mais quelconques, ce
à des droites données. Soit, par exemple, à divi- qui
q donne la droite BC. Sur cette droite on cons-
ser une longueur oc en trois parties proportion- truit
t) un triangle équilatéral ABC sur les côtés
nelles à trois droites a, b, c. On mène de l'extré- AB
A et AC on prend les distances AM et AN égales
mité 0 de la droite donnée une droite quelconque à
OY, sur laquelle on porte à partir du sommet 0 On C
et
on tire la droite MN qui se trouve égala à
mène ensuite du sommet A des droites aux
= =
les longueurs consécutives OA' a, A'B' b, B'G' points
p
== e; on joint C à C' par une droite et on mène par visent
v
de division de la base BC; ces droites di-
MN en cinq parties égales.
et ]a hauteur sont des droites & et a on devra
avoir:
~=&~aa
Or cette égalité donne la proportion
&~
iE a
Pour cette raison, on dit que la droite iB est
moyenne proportionnelle entre les deux droites &
et a.
Ainsi une droite moyenne propo~MKtte~/e entre
(.!eM. autres droites M< MM droite <~on< carré
MoKÈMEV. – La bissectrice d'un angle d'un
M ~u:t)a<eM< aMprodMt~ des a~M. autres.
La construction de la moyenne proportionnelle
triangle coupe le côté opposé en deux parties pro- dépend des théorèmes suivants.
portionnelles aux deux autres c<)< THÉORÈME VI.
– DeM*dtttM~M
Soit AD bissectrice de l'angle BAC (ag. 10). M~t cercle se trouvent
C<M'~M ~Mt M coupent dans
fn parties tMferM-
MM< prcporHottHeMM.
An En (Tautrestermes(ng. 11), le rapport entre une

Pour démontrer que le rapport entre BD et DC


est égal au rapport qu'il y a entre AB et AC, me-
nons du sommet C une droite parallèle a ta bissec- partie AB de la première corde BC et une partie
trice,Jnsqu'a la rencontre du prolongement du AD de la seconde DF est égal au rapport qu'il y a
côté BA en F. entre la deuxième partie AF de la seconde M la
A cause de la droite AD parallèle CF dans le deuxième partie AC de la première.
triangle BCF, on a Pour ie démontrer, tirons les cordes BD et FC;
les angles inscrits ABD et AFC sont égaux comme
DB BA ayant tous deux la même mesure, la moitié de
DC°*AF l'arc CD il en est de même des deux angles ins-
crits ADB et ACF. Rabattons maintenant le trian-
II buffit donc de faire voir que AF est égal a AC. gle ABD sur le triangle AFC, en leur conservant
Or l'angle F est égal a l'angle A~ cause du paral- le sommet commun A et en appliquant le côté AB
lélisme des droites AD et FC; pour la même rai- sur AF en AB'. Les angles BAD et FAC étant égaux,
son, l'angle Ci est égal l'angle A, donc les le côté AD se placera sur AC en AD', et le triangle
angles Ct et F, égaux deux angles égaux A~ et ABD aura ainsi la position AB'D'. Or, l'angle
A., sont égaux entre eux, et par suite dans le AB'D', qui n'est autre que l'angle ABD, étant égal
triangle CAF le coté AF est égal au côté AC. On à l'angle AFC, le coté B'D' se trouve narallèle à
BD BA FC. Par conséquent les côtés AF et AC sont divi-
trouve aiM!~=.j~. sés par B'D' en parties proportionnelles à ces côtés,
Application. Les trois cotés d'un triangle ABC ce qui donne la proportion
sont
AB' AD'
AB=32m, AC=28m et BC=41m AF AC
Trouver les deux parties BD et DC déterminées
sur le coté BC par la bissectricede l'angle BAC. ou, ce qui est la même chose
Le théorèmeprécédent donne la proportion
AB_AD
BD AB BD 32 AF"AC
DC""AC ou DC~M
C'est précisément le théorème qu'il s'agissait de
En augmentant chaque dénominateur de son démontrer.
numérateur, on obtientcette autre proportion Cero~atre.–Decette proportion on tirel'égalité
BD 32 BD 32 ABxAC==ADxAF
DC-r-BD°**28+32 4t "60 Le théorème précédent se présente ainsi sous la
De là on tire forme suivante, dont l'application est plus faciie
quand deux cordes se coMpe~c~ttMun cercle pro-
BD==*i~=3t",6<i6 <tut< des deMT parties de l'une est égal au pro-
60 duit des </eM?o<!r<tMde l'autre.
TKÉOBÈME VII. La perpendiculaire abaissée
MoTEMM MopOMioNNELLB. Soit Il trouver le d'un point de la ctfcon/i'rMc? sur un diamètre est
coté x que doit avoir un carré pour que sa surface mo~eKMe proportionnelle entre les deux parties
Mit éqaivatente & celle d'un rectangle dont la base qu'elle tibr~e sur ce diamètre.
Ce n'est qu'un cas particulier du théorèmepré- On tire les cordes DC et DB. Les angles ADC
et B sont égaux, comme ayant pour mesure la
moitié de l'arc DC. En prenant AC'=AC et
AD' === AD et en joignant C' et D', on forme le
triangle AC'D', qui n'est autre que le triangle
ADC retourné; l'angle AD'C' étant égal à l'an-
gle B, la droite D'C' se trouve parallèle à DB. On
a donc la proportion
AC'_AD' AC_AD
AD"AB' ou AD"AB'
d'où l'on tire
AD~ACxAB.
cédent. En effet, soit la corde DF perpendiculaire THÉORÈME VIII. Si, d'un point M~e«'' à un
sur le diamètre Bp (ng. 12) on a cercle, OK lui mène deux sécantes ~)'MM~ à
ADXAF=ABxAC ~t rencontre de la circonférence, les produits de
chaque sécante par sa partie extérieure sont
et comme AF est égal à AD, l'égalité précédente égaux.
devient: En effet, on a(ng. 14):
AD2 = AB x AC
ABxAC==AD~
ce qui est !e théorèmeénoncé. AFxAG=AD*
Application. Construire une droite qui soit
moyenne proportionnelle entre les deux côtés AB De là on déduit
et AC du rectangle ABDC (fig. 13).
ABxAC=AFxAG.
Ce qui démontre le théorème.
Corollaire. Cette égalité peut être mise sous
la forme de la proportion suivante
AB_AG
AF"AC'
Elle exprime que les deux sécantes sont inver-
sement proportionnelles à leurs parties exté-
rieures.
Application. Diviser une droite donnée m en
deux parties telles que la plus grande soit moyenne
proportionnelle entre la plus petite et la droite
entière.
On prolonge BA d'une longueurAC' = AC sur On construit un triangle rectangle ABC (Og. 15),
la droite BC' prise pour diamètre, on décrit une en faisant l'un des côtés de l'angle droit BA égal a la
demi-circonférence et on élevé en A, sur le dia-
mètre, )a perpendiculaireAF cette droite AF est
la moyenne proportionnelle cherchée.
En construisant sur AF le carré AFGH, on a le
carré équivalent au rectangle ABDC.
(Voir d'autres applications de la moyenne pro-
portionnelle dans l'addition à l'article ~:fes,
pages 56 et 57).
THÉOR&ME VU.
– Si d'M! JMM< e.E<A'MM?' MM
cercle ott lui )~e une sécante et une ~H~K<e
<M-M:K~e~ à la rMCOM<?'e de la C:rco?:/};re?!M, da
<a7:yeK~ est moyeKMe jM'opo~MMM~c eK~'e
sécante e~h'~e et sa partie e.cMf:'eM~.
Par exemple, la tangente AD (Bg. <4) est droite m, et l'autre côté AC égal à la moitié de m;
du sommet C pris pour centre, on décrit avec CA
A/\ pour rayon une circonférence; on rabat la par-
tie extérieure BD de l'hypoténuse sur BA en
en BD'; la droite BA est partagée au point D'
conformément au problème.
En effet, on a d'abord la proportion:
BA_BD
BF BA'
En diminuant chaque dénominateur de son
numérateur, on obtient cette autre proportion:
BA BD
BF–BA"'BA–BD' ·
moyenne proportionnelle entre la sécante AB et ou:
sa partie extérieure AC. La démonstration est la BA _BD~
même que celle du théorèmeVI. BD'"AD''
~< n n~
De là on tire: d'autre effet que de les faire M décomposer en
BD''=BAxD''A. produits plus simples. Le bois que l'on chauff?
en vase clos ne fond jamais mais ses éléments
0&M)'uo<on. Ce problème est précisément s'associent de façons diverses et engendrent par
celui qui est énonce dans tes ouvrages classiques un groupement nouveau certains produits vola-
sous cette forme bizarre partager une droite en ti)s l'acide pyroligneux, l'espritde b~is, etc. Quant
mo yenne et fa;<<'A?:e raison. aux substances qui sont gazeuses à la température
11 sert à inscrire !e décagone régulier dans un ordinaire, l'acide carbonique, t'oxygène, l'azote et
cercle car on démontre que le côté du décagone même l'hydrogène, il est aujourd'hui parfaitement
est la plus grande des deux parties du rayon par- établi par les dernièresexpériences de MM. Cail-
tagé en moyenne et extrême raison. letet et Pictet qu'elles sont toutes sans exception
G Bovier-Lapierre.] liquéfiables. Ce n'est plus qu'une question de
HGMES. –Histoire générale, XXXIX-XL; His- pression et de température.
toire de t'rance, XXXVHI-XL. – On désigne, sous Voilàdoncunpremier point établi: sauf un petit
ce nom, soit une confédération permanente entre nombre d'exceptions, tous les corps sont capables
plusieurs villes ou Etats, constituant un véritable d'affecter la forme liquide. Le charbon, il est vrai,
organisme politique régi par des lois particulières n'a pu être encore fondu, mais il est susceptible
soit une association formée par des particuliers de se dissoudre dans la fonte de fer, et c'est bien
en vue d'une lutte politique ou religieuse; soit là en somme un genre de liquidité.
encore une alliance temporaire entre des souve- Maintenant, l'état liquide représente-t-il une
rains ou des Etats dans ce dernier cas, on em- forme bien stable de la matière? un liquide ne
ploie aussi les mots d'alliance (la Triple Alliance, tend-il pas plutôt à abandonner cet etat, qui
la Sainte-Alliance, la Quadruple Alliance) ou de ne serait que transitoire, pour se convertir en
de coalition. vapeur ou en gaz à la faveur d'une évaporation
Parmi les ligues de la première catégorie, nous continue? Il y a lieu ici de faire une distinction.
citerons la Ligue achéenne et la Ligue eh~t'MMe Oui, toutes les fo is que le corps liquide est, par
(V. Gr~e, p. 907-908) la Ligue <o~Aar~, une surface libre, en contact avec le vide (si nous
(V. Communes,p. 466, et Italie, p. t075) la Ligue pouvons nous servir de cette forme de langage),
hanséatique (V. Allemagne, p. 95, et CotHmMteï, ou avec un gaz non saturé de sa vapeur oui, dans
p. 4?t) la Ligue suisse, formée d'abord de trois, ces conditions, la forme liquide n'est que transi-
puis de huit, et plus tard de treize cantons (V. toire, le groupement moléculaire qui lui rorres-
Suisse) et les trois Ligues grisonnes, qui s'appe- pond n'offre aucune stabilité, le liquide se gazéifie
laient la Ligue Caddée ou de /a Maison-Dieu, la de Ini-même et d'une manière continue jusqu'à
~.t'oMe GfMe, et la Ligue des DM Juridictions ou ce que, dans l'espace vide dont il vient d'être ques-
t~' Dt'-c Droitures (V. Suisse.) tion, ou dans le milieu gazeux qui touche la sur-
Au nombre des ligues de la seconde catégorie, face libre, la vapeur formée ait acquis une force
l'histoire mentionne en particulier la Ligue du élastique égale à la force élastique maxima qui
Bien ptt/e, formée contre Louis XI (V. Louis X/) convient à la température de l'expérience. Au con-
la Ligue de Smalkalde, formée en )530 par les traire, l'équilibre moléculaire est d'une stabilité
protestants d'Allemagne (V. Chaules-Quint et Ré- remarquable à partir du moment où la condition
/'0fm<) la SatK~e-tt~Me,qui joua un si grand rôle précédenterelative à la force élastique de la va-
dans les guerres de religion, sous les règnes peur est réalisée cette persistance, pour ainsi dire
d'Henri Ht et d'Henri IV (V. Henri Ill, Henri IV); indéfinie, de l'état liquide est en outre mani-
et dans notre siècle, les associations formées en feste quand le corps n'a pas de surface libre.
Angleterre pour obtenir l'abolition des droits Citons des exemples. Une goutte d'eau est in-
d'entrée sur les céréales et la réforme électorale, troduite à l'aide d'une pipette dans un mélange
sous les noms d'<t-Cor~atf League, et de d'huile de lin et d'essence de girofle qui, à la
tie/ornt ~.ea~Mf. températureoù l'on opère, a la même densité que
Enfin, parmi les simples alliances ou coalitions, l'eau elle-même. Cette goutte reste alors libre-
citons la f.t~Ke de Cam6''a: et la S<<yM, ment suspendue au sein du mélange comme un
formées tontes deux à l'instigation du pape Jules 11, aérostat dans l'atmosphère. De plus, par son mode
(V. Guerres d'Italie et Louis XII), et la Ligue de suspension, elle n'est en contact, par aucun
d'Augsbourg au dix-septièmesiècle (V. Louis X~ ~). da ses points, ni avec un solide toujours recou-
LILIACÉES. V. Lirioidées. vert d'une mincecouche gazeuze, ni avec un espace
LIQUIDES. Physique, VI. La liquidité re- vide; elle n'a pas, en d'autres termes, de sur-
présente un état particulier de la matière. Tou- face libre dans le sens que nous avons attribué
tes les substances minérales et un grand nom- à cette expression. Eh bien, on peut chauffer
bre de matières d'origine organique sont sus- cette eau par l'intermédiaire du liquide qui la bai-
ceptibles, sous certaines conditions, de devenir gne jusqu'à 110, 120, 150° sans que la goutte
liquides et de conserver cette forme entre des d'eau se réduise en vapeur. Dans l'une des expé-
limites déterminées de température, limites va- riences dues à M. Dufour, de Lausanne, on a même
riables d'ailleurs d'un corps à un autre. Ainsi, le pu chauffer la goutte d'eau jusqu'à ns°, et, alors
soufre est liquide entre 1]1° et 400°; le mercure, que la force élastique de la vapeur d'eau corres-
entre – 40° et 350' le phosphore, entre + 44*,2 et pondante à cette température était de plus de 8
2&0", etc., etc. Certains corps simples ont pour- atmosphères, la goutte est restée liquide sans
tant leur températurede volatilisation si voisine trace de vaporisation.
de celle de la fusion qu'il est impossible de les Autre expérience, et celle-ci est de Cagnard-
obtenir fondus sous la pression ordinaire ils se Latour et de Drion. L'éther sulfurique, sous la
réduisent en vapeur avant de devenir liquides. pression ordinaire, bout à 35. mais si on le place
L'arsenic et l'iode sont dans ce cas mais il suffit dans un tube clos, de diamètre étroit et à parois
de les placer en vase clos, dans un tube de verre suffisamment épaisses pour résister à la pression
difficilement fusible, tube que l'on a soin de fer- intérieure de la vapeur qui va se former, on con-
mer hermétiquement aux deux bouts, pour que, state quo cet éther peut conserver la formeliquide
par une élévation convenablede température, la à des températures bien supérieures à celles de
liquidité de ces corps se produise et se maintienne. l'ébullition normale. Drion a reconnu que la liqui-
Quant Mï substances organiques à composition dité de l'éther se maintient jusqu'à 190° environ
très complexe, telles que la cellulose, l'amidon, à partir de cette température,il se réduit totale-
le gluten, etc., l'élévation de température n'a ment en vapeur dans un espace qui n'est que le
double ou le triple de son volume primitif. Les ces conditions, l'eau, en montant dans le tube,
mêmes expériences ont été faites avec l'alcool, avec fournissait, par la réduction de volume de l'air,
l'eau, et elles ont conduit aux mêmes conséquences. la mesure de la pression.
Ce n'est pas tout la même stabilité du grou- On faisait fonctionner la pompe. L'eau dans
pement moléculaire dans les liquides se montre laquelle le piézomètre était plongé recevait et
encore quand on abaisse leur température jus- transmettait intégralementla pression reçue par
qu'au degré habituel de leur solidification. Ainsi, le liquide que ce piézomètre contenait. Ledit li-
en évitant tout choc, tout ébranlement, et surtout quide se comprimait à son tour et sa diminution
en empêchant le contact d'un cristal de glace, on était rendue sensible et mesurable par la marche
a pu faire descendre l'eau pure à 10" au-dessous de l'index de mercure. On avait donc, d'une
!le zéro, sans amener sa congélation. Un résultat part, la diminution de volume du liquide mis
analogue a été obtenu avec le soufre et le phos- en expérience, et, d'autre part, par l'indication du
'shore.En prenant les précautions convenables, ce- manomètre, la pression exercée. Il ne restait plus
iui-ci demeure liquide indéfiniment à la tempéra- qu'à déduire de là, par un calcul fort simple, la
ture ordinaire. réductionde volume que subissaitl'unité de volume
Voici donc un autre point établi L'état liquide du liquide employé MftepfM~'tMd'une atmo-
t'ep)-e~!<e un équilibre moléculaire d'une grande ~/te'e, ce qu'on a pour
appelé le coefficient de com-
stabilité. pressibilité du liquide. Une correction était indis-
Les caractères de la liquidité sont, on l'a dit pensable. Il est évident que ce que l'on observait
ailleurs V. Hydrostatique, Equilibre, Capil- directement dans le piézomètre, c'était, non pas la
/a)' Archimède (principe d') t" une mobilité
très grande des molécules, qui fait qu'un liquide
diminution absolue de volume du liquide, mais bien
sa compressibilité apparente. Car le réservoir de
prend très exactement, et dans tous les cas, la verre se comprimait tout aussi bien que le liquide
forme du vase qui le contient; ï° l'absence de frot- emprisonné, puisqu'il était soumis à une pression
tement entre les molécules du liquide qui glissent identique. Il fallait donc, pour arriver au résultat
l'une sur l'autre ou entre ces mêmes molécules et vrai, ajouter, à la compression apparente observée,
les parois des corps solides le long desquelles elles la diminution réelle de volume du réservoir vi-
se déplacent. Le principe de Pascal, les conditions treux. Celle-ci était connue à l'avance la correc-
d'équilibre des liquides pesants sont les consé- tion reconnue nécessaire devenait donc facile à
quences mêmes de cette extrême mobilité. Nous introduire dans le calcul.
n'insisterons pas sur ce point, puisque ces ques- On a ainsi obtenu pour la valeur du coefficientde
tions ont été traitées ailleurs. Nous ferons tou- compressibilité des liquides ci-après les nombres
tefois remarquer que cette mobilité des particules suivants
liquides n'est pas aussi parfaite qu'on serait porté
à le supposer tout d'abord. Il existe toujours pour Eau~n"
EauàO" 48 millionièmes.
ce genre de corps une certaine viscosité qui, dans
bien des cas, n'est pas négligeable, et qui, d'ail-
leurs, change très notablement de valeur quand
on passe d'un liquide à un autre. Ainsi l'éther et
l'alcool pur ont moins de viscosité que l'eau;
AtcûoH.
Ether à
Mercure à
O"
0"
58 id.
83
)Hid.
4
id.
id.
celle-ci en a moins que l'acide sulfurique, etc. On remarquera que la compressibilité de l'eau
Un autre caractère des liquides sur lequel nouss décroît à mesure la température s'élève.
insisterons un peu plus, c'est que leur compressi- On remarquera, en que outre, ce qui dans la prati-
bilité est très faible elle est intermédiaire entree que a bien son importance, que le coefficient de
celle des solides et celle des gaz, plus grande quee compressibilité du mercure est extrêmement
celle des solides, beaucoup plus faible que celle desa faible.
gaz. Pendant longtemps, on a même cru qu'ellee Quant à la propriété qu'ont les liquides d'être
n'existait pas, et on donnait des liquides cette dé- élastiques, nous n'avons pas à y insister. La fa-
i finition ce sont des fluides incompressibles. cuttë qu'ils possèdent de propager le son en est la
C'est une erreur. Les expériences des académi- preuve évidente. (V. Acoustioue.) [A. Boutan.]
ciens de Florence, de Canton, de Perkins, d'OErsted, LIRIOIDÉES. Botanique, XIV. Etym.
J de Regnault ne peuvent plus laisser de doute surr Le mot Lirioïdées a été crée~ par Brongniart pour
ce point tous les corps de la nature, quel que soitt désigner les LUiacëes et les plantes qui s'en
leur état, diminuent de volume quand on exercee prochent le plus. rap-
sur eux une pression mécanique. Nous décrironss
ici sommairement Brongniart a réuni dans la classe des Lirioidées
les expériences d'OErsted, quii plusieurs familles naturelles de végétaux mono-
sont devenues classiques, parce qu'elles présententt cotylédonés dont les représentants actuels ont
une très grande netteté dans leurs résultats. entre eux la plus grande afnnitë. Tous, par exem-
OErsted plaçait le liquide qui devait être soumiss pie, présentent des fleurs à symétrie /ef?:a[!fp,
à l'expérience dans une sorte de thermomètre en) périanthe double corollin, composé de six pièces. un
verre à large réservoir. Le tube de diamètre étroitt Nous prendrons, comme type de la classe des
qui surmontait ce réservoir était divisé en partiesi Lirioïdées, la famille des Liliacées; et, par com-
offrant des capacités égales, et le liquide en ques- paraison, nous ferons connaître les caractères des
tion se trouvait séparé du milieu ambiant parr familles les plus importantes de cette classe.
une bulle de mercure remplissant la fonction d'un Le nom de Liliacées vient du latin /:7:MM, qui
index. La position de la bulle indiquait le volumeti signifie lis.
occupé par le liquide avant qu'aucune pressiont Caractères botaniques des Liliacées. La
étrangère ne s'exerçât sur lui. On introduisait cett graine des Liliacées présente,de dehors en dedans
appareil, nommé;o:ezonte~'e,dans un grand cylindre t° un tégument séminal généralement dur, crus-
en verre à parois épaisses, rempli complètementt tacé, fortement coloré en brun ou en noir, et
d'eau et surmonté d'une pompe qui permettaitt composé presque exclusivement de parenchyme
d'exercer sur l'eau une pression allant jusqu'à 6corné; 2° un albumen corné, constitué surtout par
ou 8 atmosphères. La pression était d'ailleurs me- de la cellulose, et une petite quantité seulement
surée exactement à l'aide d'un petit manomètre'dematièresaieuriques;X°unembryontrèspe-
air comprimé qui se trouvait adapté au piézo- tit, dont le cotylédon unique, à l'époque de ta
mtitre. Le manomètre dont il s'agit consistait toutt germination, demeure longtemps enfermé dans j.
simplement en un tube de verre vertical, plein l'enveloppe séminale pour absorber tout l'al-
i
d''a]r, fermé par le haut et ouvert par le bas. Dans bumen.
LM ratines desLiliacéessont dites fascicules Usagea des Mliaotes. – 1° Plantes <<'0)'KeM<n~.
elles sont gt6)M, cylindriques, peu raminées Les Liliacées sont cultivées dans les jardinsà cause
elles naissent de la partie la plus inférieure de de la beauté et de l'éclat du pérmnthe de leurs
la tige; elles sont d'autant plus jeunes qu'elles fleurs. Parmi les plus répandues, nous citerons:
naissent plus haut sur cet organe. tes lis (lis blanc, lis Martagon, lis tigré, lis du Ja-
La tige des Liliacées peut présenter de très pon) les fritillaires ou couronnes impériales les
grandes variations; elle est bulbeuse dans les yae!~Aes, les ornithogales, les tubéreuses, tes tu-
lis, les tulipes, les jacinthes, les oignons; sa par- Kpet. C'est en Hollande que la culture des tulipes
tie souterraineforme un rhizomedans les asper- est portée à son plus haut degré de perfectionne-
ges, le sceau de Salomon, le muguet; sa partie ment.
aérienne est volubile et yttmpan~ dans les saise- Plantes comestibles. La partie comestible-
pareilles; elle est transformée en expansions fo- des LiHacées est fournie par leur tige on mange
liacées désignées sous le nom de cladodes dans les bulbes crus ou cuits des oignons, des poi-
le petit houx (fragon) dans un petit nombre reaux, de l'ail; à titre d'assaisonnement on con-
d'exemples seulement cette tige devient arbores- somme aussi tes bulbes d'échalote, de civette, de
cente-ligneuse (<&'a~oMMtf, yucca). ciboule; toutes ces espèces appartiennentau genre
Les feuilles sont généralement sessiles, entiè- ail (allium). On recherche beaucoup les jeunes
res, planes, assez épaisses et à nervures tontes pousses étiolées et charnues que donnent au prin-
parallèles; sur les parties souterrainesde la tige, temps les rhizomes des asperges. Les asperges
les feuilles normales, que nous venons de décrire, les plus estimées sont celtes ~de Montmorency,
sont remplacées par des écailles charnues inco- près de Paris.
lores, plus ou moins développées. Ces feuilles, 3* Plantes t'tK~hte~M. La plus importante
comme la tige qui les porte, sont souvent le siège des Liliacées employées dans l'industrie est le
des principes actifs que contiennent ces végétaux 'PAo~MtMM <M!0. ou lin de la Nouvelle-Zélande.
tous fournissentun latex incolore. On retire chaque année, des feuilles de cette
L'inflorescence est tantôt une grappe comme plante, des fibres très longues, fort tenaces, dont
dans les jacinthes, tantôt une cyme comme dans les qualités rappellent celles du jute et du
les lis. Dans un petit nombre de genres, les fleurs c/tt'ma-t~f'M.
sont solitaires et terminales (ex. tulipe). On extrait des fleurs de tubéreuses, de jacinthes
Chaque fleur présente cinq verticilles formés et de lis des parfums très recherchés. Ces par-
chacun de trois pièces; les pièces des deux pre- fums nous viennent surtout de l'Algérie pour les
miers verticilles, pétalotdes, plus ou moins adhé- obtenir, on met dans un vise fermé des couches
rentes entre elles, forment le périanthe (entière- alternatives de pétales de lis, de tubéreuses, etc.,
ment libres lis, adhérentes jacinthe). Les et de coton imbibé d'huile de ben on laisse ma-
deux verticilles suivants constituent l'androcée, cérer pendant quelques jours; on remplace les
dont les six étamines libres (lis), ouanleta soudés à fleurs par des fleurs fraîches, puis on soumet le
leur base avec le périantho (jacinthe), ont des an- coton à l'action de la presse hydraulique l'huile
thères oscillantes introrses. Au centre de la fleur de ben, chargée du principe odorant, s'écoule il
on trouve le gynécée ou cinquième verticille; ce suffit alors, pour isoler ce dernier, d'employer
dernier présente un ovaire supère à trois loges, convenablement un alcool recti6é.
formé de trois carpelles adhérents entre eux, et 4* Plantes Mt~tO'tM~. Parmi les Liliaeées
surmonté d'un style terminé par trois stigmates. employées en pharmacie, nous citerons la Scilla
Dans l'épaisseur des cloisons des carpelles, on maritima, dont les bulbes très vénéneux ne doi-
trouve des glandes ou nectaires sécrétant une li- vent être employés qu'avec les plus grandes pré-
queur sucrée qui a pour mission d'attirer les in- cautions cette plante croît spontanément dans
sectes et de favoriser la fécondation croisée. On les dunes des bords de la Méditerranée et de
désigne parfois les nectaires des Liliacées sous le l'Océan et l'aloès, dont on retire une résine douée
nom de glandes septales, à cause de leur position de propriétés purgatives et astringentes, que l'on
(Mpfa sjgnine cloisons). Après la fécondation, le désigne sous le nom de la plante elle-même.
gynécée se transforme en une capsule triloculaire L'aloès est une liliacée arborescente d'un port
polysperme déhiscence loculicide. Un petit nom- très étégant; ses feuilles, fort grandes, terminées
bre de Liliacées remplacent la capsule sèche dont en pointe, sont dentées et épineuses sur leurs
il vient d'être question, par des baies vivement bords; elles sont dures et cassantes; elles for-
colorées dont la région charnue est fort appréciée ment une large rosace, du centre de laquelle s'é-
de certains oiseaux frugivores. lève, au moment de la Noraison, une hampe char-
En s'appuyant sur des considérations tirées de gée de fleurs. Pour obtenir la résine dite aloès,
la déhiscence des fruits, de l'adhérence de la co- trois procédés sont usités le premier, qui donne
rolle avec les étamines, et de la consistance de la l'aloès le plus pur, consiste à couper les feuil-
tige, M. Van Tieghem classe les Liliacées comme les assez près de la tige et à les placer verti-
ti suit calement dans un récipient, de façon à permettre
LILIACÉES au liquide qu'elles contiennent de s'écouler
dans le second procédé on hache les feuilles, on
mmT SEC DEBfSCEKT FRUIT CHttUni en exprime le jus, qu'on décante ensuite et qu'on
fait évaporer au soleil. Enfin, à la Jamaique, on
Calice,corolle et étamines plonge les feuilles dans l'eau bouillante, on ne les
y laisse séjourner que quelques instants mais
libres. soudés.
les feuilles retirées sont sans cesse remplacées
.–-–-–' Asparagindes, par des feuilles fraîches, jusqu'à ce que le li-
Tulipe
quide paraisse assez chargé en résine; celle-ci
Agraphis
Tige Fritillaire Hyacinthe est retirée du liquide par évaporation. Les aloès
bulbeuse Lis Muscari croissent dans l'Amériqup tropicale, dans l'Inde,
Scilla et dans la région de l'Afrique qui regarde l'lie de
Rhizome
ttnttome
Ail
( Asphodètt
j ~therieum Potyanthe
2
Muguet ovules
H~méroeatie Asperge
dans
Socotora.
Pour résumer brièvement les caractères bota-
Phormium Fragon 'ch.)oge. niques des familles naturelles qui forment, avec
Tige f frangées les Liliacées, la classe des LirioMées, nous nous
arbores-~Yucec.
<
Aloès Draesna d'ovules
,~M contenterons de les exposer sous forme de tableau
ccnte
ch.togc. synoptique
.< cause de son odeur de violette et ceux del's
3
Ë
a
presque libres, trois styles,
mince
séminal
Étamines extrorses, trois carpelles
débis-
hiélanEkacées.
C:
/~M:Mtm<t donnent
/<
ttère.
e
LITTÉRATURE ET STYLE.
les pois

deux
d'iris

mots
ou pois à caM-
[C.-E. Bertrand.]
Nous avons
communément
Étamiaes introrses, trois carpelles réuni sous ce titre les
S adhérents, style simple, dëhtscenee employés pour désigner le double examen litté-

tacé
bMses.fMiMes
cent.
loculicide, tégument séminal crus- Gidiacées.
"Pentes but- frmt<Mhis-
rectineryiees,
cent.
Am~
Amo.'ÏI..llidées.
raire que comporte en France
tprogramme du
rieur
r
térature,
<
brevet de
d'une part, un examen
capacité
les différents genres
et à l'étranger le
du degré supé-
théorique
littéraires,
sur la lit-
l'analyse
fleurs Fruit indé- et la critique littéraires d'autre part,leundisent examen
hermaphrodites Hypoxydées.
hiscent.. BypM!t<M<-s. <
pratique do composition, ou, comme les
c!. Ptxntes ~o-
candidats, une composition de style.
éta- lubiles,
La première partie du sujet, l'étude de la théo-
feuilles désigna le
mines
Plantes à tu- éparses, rie littéraire, eût été autrefoissupprimersous le mot,
berçâtes, cvMre tn- DtOMOrMefM. nom de rhétorique. Sans vouloir et pour
Ë
l1li feuiHes&Mr- [ocu~ire.. auquel nous renvoyons pour la définition pensé qu'ilH
'Ë tures réticulées Feuilles quelques développements, nous avons
5 fleurs dioïques toutes radi- est trop étroit, trop spécial et trop technique pour
? 'l/ cales,
uni-
loculaire Taccacées.
embrasser les
rait résumer
notions
mieux le
très diverses
titre plus
que nous pa-
populaire de
littép'ah.~re.
Trois f Staminés ettrorses. Mtt~. Pourdu style et de la composition lit-
l'étude
téraire, elle ne peut guère sedesfaire que par

-aee
éta- Burmanniacées.

-1~ mines
Étamines introrses l'exercice direct, par la lecture meilleurs au-
composition méthodi-
les Liliacées. t
teurs, par la pratique de la
-Uso.aes des Lirioïdéesautres que
de cette famille quement
9 dirigée, et aussi par 1 habitude de la
Les plantes
elles ont été au- Voici
parole. dans
le programme que nous avons suiviclassé
P
sont presque toutes vénéneuses sont beau-
trefois employées en pharmacie; ellesleur emploi iles C Dictionnaire et
ce d'après lequel nous avons
coup délaissées
aujourd'hui parce que articles rapportant aux études littéraires
le se
n'était pas sans danger; nous citerons coM 1
LITTERATURE
d'automne et l'ellébore(Veratrum al-
blanc PRQGRAMME DU COURS DE
que ET DE STYLE.
bum).
~y~mafuM~M. – Cn certain
ryllidées sont cultivées
narcisse
comme
des
plante
poètes,
nombre
le
d'ama-
d'ornement;
narcisse-
I.1
1 De la théorie littéraire et de la rhétorique.
But, utilité, historique. -V. Littérature et style,
tels sont le
i~
jonquille, le perce-neige, le o-WM~, le végétaux
etc. La plupart des bulbes
violents.
de ces
pancra- .] URhétorique. Règles générales de l'art d'écrire ou de la
composition littéraire. Invention, disposition,
~nnt des poisons âcres et élocution. V. Composition, Prosodie. divers
des amaryllidées arborescentes
Les agaves sont
Mexique. Ces végétaux m La poésie. Règles particulières aux
qui abondent surtout au poésie épique, lyrique, dramatique, di-
Sourissent au bout de dix-huit à vingt-cinq
dures et i
ans
pi-
genres
dactique, satirique. V. Po~te, Epopée, ~t-
leurs feuilles, très développées, sont (Genre), Dramatique ~Genre; et Drame,
quantes, les blesaures qu'elles provoquent sont)t que
facilement le siège Comédie, Tragédie, Thédtre classique,
douloureuses et deviennent Fable, Satire.
d'une suppuration intense; cet accident est dû aux divers
La prose. Règles particulières auxlettres.
~x
de chaux qui pénètrent IV.
petits crëtaux d'oxalate épines. Lors- genres éloquence, histoire, romans, Roman,
les
dans la
les
plaie en
agaves
même temps
fleurissent,
que
leur bourgeon floral al V. Prose, Orateurs,Discours, Histoire,
que de hauteur; conseils de style.-
donne une hampe de 10 a 15 mètres à cinq V. Du style. Des figures. Conseils
style.
oelle-ci porte à son
mille fleurs. Au Mexique,
extrémité
les
de
agaves
quatre
sont cultivées
du pulqué; lorsque
<n grand pour la productionle bourgeon floral, et VII.
lq
es V~~e~é~e~-V.
V. Style, Figures de style.
Critique littéraire. V. Critique.
l'agave va fleurir, on coupe àà VIII-IX.-Exercices de composition gradues cours
la plaie est creusée en forme de coupe de façon
élémentaire, moyen, supérieur. V. Lo~jo
recueillir la sève qui s'écoule; cette sève sucréeée
sition.
est enlevée par des ouvriers
.et placée dans des jarres
les Mexicains appellent aguamiel
Mve. Un pied d'agave peut
.d'asuamiel par jour et
où.
au moyen de pipettes
on la

l'écoulement
laisse fermenter
la sève de a_
fournir jusqu'à 8 litres
séveux
es

dure
Quant à
consacrons
l'e
es ~eeg d'élocution. Le discours.
'a' V. Déclamation, Discours. littérature, nous lui

trouvera
deux séries d'articles spéciaux, dont
l'indication aux mots Littérature
cinq mois; pied d'agave donnene on
.ordinairement
donc jusqu'à douze
un
hectolitres d'aguamiel. La française
sève et Littératures étrangères. intérêt de
il n'est pas sans
d'agave fermentée prend le nomagréable de pulqué; c'est ~t De ce programme de quelques pays étrangers, Boit
rafratchissante fort au M
goût. rapprocher ceux
une liqueur
distillation, retire un alcool nommé né pour leurs écoles normales, soit pour les exa-
Par la on en mens du brevet supérieur.
me.scal.
"~DMMcort'act'M. Dans cette famille se trou- )U- SUISSE.
vent des plantes à racines tuberculeuses comesti-ti-
bles, que l'on désigne sous le nom d'ignames; ÉCOLE NORMALE D'mSTtTUTRICESDE DEL~MONT(CaN-
leurs tubercules se mangent cuits sous la cendre.re. TON DE BERNE).
4° Iridacées. Plusieurs de ces végétaux sont PREMIÈRE ANNÉE (5 heures par
semaine).
d'ornement; tels sont
cultivés comme plantes
les 1. Préceptes de rédaction Invention; dévelop-
les glaïeuls,les crocus, Mts.
Mt pement par les
safran, faits, par le raisonnement, par le
Les stigmates de crocus fournissent lechauds. pathétique. Disposition règles applicables à
usité comme condiment dans les règles particulières.
pays
Les rhizomes de l'iris de Florence fournissent ent toute espèce de sujet;des – tours, dea mouvements
la poudre d'iris, recherchée comme parfuml àà Du
tissu du discours
et des figures. Figures de mots
et figures de
de Du fond et de la forme dans la
pensées. Qualités et défauts du style composition
des moyens par
2. Exercicede style sur des sujets faciles.
perfectionnent. forme se
3. Analyses de descriptions,de narrations
et de Des idées, des pensées, des jugements,
dissertationsfaciles pour préparer
do rédaction.
4. Mnémonisation et récitation de
exercices
c~ sonnements, des ~e~:m'u'es~
formes litttéraires de raisonnement; des
des In:i-
dévelop-
choisisenversetenprose. ~ei.~
morceaux
mx pements et de l'amplincation.
Du
"eveiop-
5. Compte rendu analytique oral en général du sentiment esthétique.
textuel ou substantiel du sujet étudie ou .t
écrit, du beau dans la nature et dans l'art, des
tères auxquels carac~
DEUXIÈME ANNÉE (5 heures on le distingue.
Des différents genres <" P~OM.- éloquence, Du sublime, de ses caractères, de sa forme.
par semaine).
ce,
genre didactique, histoire, style épistolaire, etc. Du go&t du talent, du génie, de l'idéal.
2. Des a~enh genres en poésie éléments de le poète.
de De la poésie, des principales qualités qui font
versification, grands poèmes, poèmes, poé-)é- De la versification; de
sies fugitives. son utilité pratique.
3. Compositionsvariées, prises dans !e domaine Du style en général, de la ~on,de l'élocu-
ne tion, de l'action et de la prononciation oratoires,
des connaissances des élèves, en s'attachant prin-
cipalement 1° à la justesse de la pensée
-Du
in- de la lecture.
but essentiel
au naturel du sentiment qualités essentiellesde la parole et du style, des
3 au développement régulier des idées, en épui- li-
du style et des défauts oppo-
sant successivement celles du sujet donné –4° à sés à chacune de ces qualités.
l'arrangementsystématique des diverses parties de q'MUtës du style qu'on appelle secondaires,
la composition; de particuhères ou d'ornement; énumërer et dënnir
5' a l'expression propre; les plus importantes.
6" à la correction et à la clarté du style.
4. Répétition générale du cours. De l'harmonie du style, du nombre oratoire, de
5. Exercices de mnémonisation et d'analyse i onomatopée.
des morceaux de littérature choisis dans la chres- sur .Du style figuré; définition de la figure
néral en gé-
diverses espèces de figures, définition
tomathie Vinet.
6. Exercices de déclamation. de chaque espèce: en donner des exemples.
T. Essais d'improvisation. De la narration, de la description, de l'exposition
8. Conférences littéraires. didactique, du dialogue, du style lyrique, du style
N. B. Pendant les deux années, les M!mMSt'<)0~ simple, du style tempéré ou fleuri, du style élevé
des élèves sont corrigées et accompagnées d'obser- M ou sublime, du style pathétique, du
fa~OM critiques. de la période et dn style périodique. style coupé,
(Plan d'études du 21 février 1863.) "nvES.ECRtTES. –
1' Analyse littéraire.
– 2" Composition littéraire.
MOGRANtE DE L'EXAMEN POUR LE (Programme du 10 septembre t810.)

°!r
BREVET DE CAPA-
CITÉ, NEUCHATEL.
.~< C<M~Mee des O-M-
PRUSSE.
vres ou des faits littéraires. L'aspirant devra iCOLES NONttMS D'INSTITUTEURS.
prouver, par ses réponses, qu'il a lu, qu'il étu-a
dié assez ou ~es a
appartenant
la littérature classique, pour pouvoir fournir àExercices f
PREMIÈRE ANNÉE.
oraux et
Lecture de morceaux choisis.
écrits d'élocution de
exemple de chacune des espèces de compositions un sition.
s Notions sur l'essence et la formeetde lacompo-
? poésie,
énumérées ci-dessous (désigner
leur titre, leurs auteurs, et ces exemples par
en faire une analyse que:
les
1
g
éléments de la métrique, la rime. Poésie
la chanson .poésie épique: la narration lyri-
sommaire). poétique,
p la légende, le conte, la ballade poésie
L'aspirant pourra être 'nterrogésur l'apologue didactique
d la fable et la parabole.
(ou lafab e), biographie,la chanson,la )a comédie. DEMISE ANNÉE. -Lecture de
le conte, la composition didactique
!M en prose et
didactique, le discours oratoire, le drame lEleen les que ceux de l'année précédente. Ces
morceaux choisis
e prose et en vers, plus étendus et plus difflci-
l'élégie, 1 épigramme.I-épitre, l'épopée morceaux
(épopée hé-serviront
tf à faire connaitre aux élèves tes carac-
roique, épopée héroi-comique), l'idylle, la lettre, tères généraux de la poésie lyrique, épique
la nouvelle, l'ode, l'oraison funèbre, le psaume d
dramatique la chanson populaire, l'ode, la bal- et
roman, la satire, la tragédie, le vaudeville. lade, la r-mance, l'épopée, le drame.
la
'=
Il devra déBnir les espèces de compositions TttoisiELt ANNÉE. Révision des matières
qui seignées
précèdent,on bien, leursdéBnitionsé~nt données SI dans les deux années précédentes, en-
nommer ces compositions et en faire ressortir les le plétée par de nouvelles lectures. De com-
principaux caractères; ~.m'M jg les unes sont privées, les autres se font ces lectures,
Etablir une classification des en classe.
Mttéraires Pour les lectures privées, la bibliothèque de
œuvres “
en genres principaux et genres secondaires 1 école mettra entre les mains des élèves les chefs-
expliquer et justifier cette classification énumérer ù œuvre de nos poètes et de nos prosateurs. Les
les espèces de compositions en morceaux lus en classe seront expliqués tant
vers et en prose pc
que l'on attribue à chaque genre P" le fond que pour la forme: on choisira des
pour
Exposer sommairement les règles qui de poêste et de prose allemande, appar-
nent chacun des genres <cr-
concer- morceaux
tenant à la période postérieure à Luther, et
Exposer sommairement les règles qui
sont pruntés
P''r de préférence aux auteurs classiques.em- Un
ttculières à chaque espèce de composition par. certain nombre des morceaux de poésie expliqués
Définir la littérature en général donner d'autres seront appris par cœur.
déNnitions ou descriptions de la littérature, re- (Programme du 15 octobre 1872.)
latives aux divers points de vue lesquels
sous on
peut la considérer.

~t~
ITALIE.
t~î" Théorie littéraire P~eep<M.
théorie httéraire diviser ou Définir la
cette matière en ses prin- ËCOLES NORMALES.
cipalesparties; motiver ou expliquer cette division.
général des diverses mo
PtŒMtEM:
1 ANNÉE. Lecture et explication de
opérations qu elle comprend. morceaux choisis de bons auteurs. Exercices de
composition
cnr narrations, descriptions, lettres.
DMXtt.ME ANNÉE. Les principales figures de f) franques, gallo-romaines ou gallo-franques. De
grammaire. Préceptes et exercices relatifs à la l'
l'époque celtique ou gauloise, nous savons peu de
construction de la période. Lecture et explication chose,
c: soit sur la langue elle-même, soit sur la
de morceaux choisisde bons auteurs. Observations littérature,et
li ce sont des éléments bien incertains
et exercices sur la pureté et la propriété des ter- de
d l'une et de l'autre qu'on peut retrouver dans
mes et des locutions. Exercices de composition l'idiome
l' de nos paysans bretons et dans leurs
narrations, lettres, rédactions usuelles. chansons
c populaires, ~n y cherchant, à quinze siè-
TitotsiMtE ANNÉE. Exemples, règles et exer- ccles de distance, un écho des chants sacrés des
cices relatifs aux qualités générales du style ddruides. La langue et la littérature des Romains
clarté, pureté, propriété, convenance, élégance. oont laissé dans l'histoire de l'ancienne Gaule des
Les tropes et les figures de pensées règles et traces plus t faciles
Marseille
à recueillir.
Bordeaux,
Toutes nos contrées
de Lyon à Tou-
exemples. Les principales compositions en prose ddu midi, de
du genre narratif et du genre didactique. Exer- I< louse, ont eu leurs écoles d'éloquence et* de
cices de composition: narrations, compte rendus, ppoésie latines, et il y eut un moment où l'empire
discours, dialogues. rromain en décadence trouva son principal éclat
(Programme du 10 octobre t86') lilittéraire dans ses provinces gauloises. Mais ce
HTTEMATUHE FRANÇAtSE. – .EteK'/ue, li- ddéveloppement tout latin du génie gaulois appar-
mites et d, visions.
l'histoire de
-Il
la
y a deux manières d'envi- titient à l'histoire de la littérature romaine et nous
littérature française, et, t~touche seulement par l'influence que celle-ci a
sager
suivant celle qu'on adopte, cette histoire présente eexercée sur nos populations indigènes, leur langue
une étendue, des limites et des divisions très dif- et e leur caractère. L'élément germanique qui, après
férentes. Pendant longtemps, on a restreint notre l'l'invasion des Francs en Gaule, a une si grande
littérature à la suite des oeuvres écrites dans cette part p dans les transformations politiques et ethno-
langue mûre et perfectionnée, aujourd'hui parlée graphiques g de l'Europe, n'a qu'une très médiocre
et comprise par les classes instruites de la société importance
i] littéraire. Les diverses tribus germa-
dans nos diverses provinces, et, en ce sens, notre niques,
n également voisines de leur origine barbare,
histoire littéraire remonterait à peine au commence- n n'avaient guère de traditions de culture intellec-
ment du xvn' siècle. Laissant de côté les auteurs tuelle
t à se transmettre, et chacune d'elles, sur le
dont le langage vieilli ne se comprendbien qu'avec point
p où elle s'établit, en est aux premiers tâtonne-
le secours d'un dictionnaire, elle prendrait pour E ments d'une grossière poésie, qui va prendre ses
point de départ la réforme classique de Malherbe allures
a et ses formes propres dans la diversité des
qui, après les tentatives de restauration gréco- circonstances
c locales et historiques. Loin de par-
latine du xvi' siècle, vient enfin mettre la langue ticiper
t au réveil du peuple gaulois, l'élémenttudes-
et la littérature dans une voie qu'elles ne devaient qque s'élimine visiblement de la langue comme des
plus quitter. Son champ serait alors assez borné, idées
i~ de la nation reconstituée de ce côté du Rhin
et les divisions en seraient faciles; elles corres- ppar Charlemagne. et l'on est étonné de voir com-
pondraient aux trois siècles écoulés depuis tbien peu de mots d'origine germanique subsistent
Malherbe le xvn*, le xvm' et le xix' siècles. àa coté du latin dans les plus anciens monuments
Mais la critique de nos jours a élargi singuliè- <jde la première langue vulgaire française désignée
rement notre horizon. Elle nous enseigne à cher- ssous le nom de langue romane.
cher la littérature d'un peuple dans toutes les Cette langue laisse entrevoir sa physionomiepro-
manifestations, écrites ou parlées, de son génie, rpre dans un premier document, le double serment
à toutes les périodes de l'histoire nationale et cde Strasbourg, prêté en 842 par Louis le Germa-
à travers toutes les révolutions de la langue. Dans nique r à Charles le Chauve et par les soldats de
ce sens, l'histoire de la littérature d'un peuple Charles
( à Louis, avant de marcher contre Lothaire.
remonte jusqu'aux origines de sa nationalité, en On
( y voit disparaître ces désinences changeantes
suit et en reflète toutes les phases. Ainsi entendue, rpar lesquelles les mots latins marquent leurs
l'histoire de la littérature française, comme celle rapports r entre eux, et l'on y remarque aussi l'ab-
de toute littérature moderne, offre trois grandes ssence de l'article. Voici le texte et la traduction
périodes, correspondant aux divisions mornes de dde la première partie:
l'histoire générale le moyen âge, la Renaissance
Pro Deo amur et pro chris- Pour l'amour de Dieu et
et les temps modernes. Des subdivisions plus ou tian t' poplo et nostro com- pour le peuple chrétien et
moins nombreuses peuvent être établies, soit d'à- mun “ salvament, dist di en notre commun salut, de ce
près des points de repère chronologiques, comme avant, a in quant Deus savir jour en avant, autant que
les siècles ou les règnes, soit d'après l'influence et e potir me dunat, si satyara Dieu m'en donne le savoir et
dominante des hommes et des œuvres, ou d'après jeo j' cist meon fratre Karlo, te pouvoir.je sauverai mon
les conséquences d'événements qui changent les e in adjudha et in cadhuna frère Charles, ici présent, et
et
d'existence extérieure morale de la f
coza, si corn om per dreit son lui serai en aide en chaque
conditions ou fradra
fi salvar dist in o quid chose, ainsi qu'un honune
société. Si la division par siècles s'applique assez il mi altresi fazet, et ab Lu- selon la justice doit sauver
bien aux diverses phases de notre littérature de- dher d nul plaid nnnquam son frère, en tout ce qu'il il
puis la Renaissance, c'est, au contraire, d'après prindrai, p qui, meon vol, cist ferait de la même manière
les genres et les œuvres qu'il nous parait néces- mcon n fradre Karlo in damno pour moi, et je ne ferai avec
saire de diviser la longue période littéraire du sit. S Lothaire aucun accord, qui,
de ma volonté,porterait dom-
moyen âge, où, en dehors des limites chronolo- mage à mon irère Charles,
giques ordinaires, on voit les mêmes genres se con- ici présent.
tinuer et souvent les mêmes œuvres se reprendre
de siècle en siècle, en se transformant suivant Cette langue naissante de populations encore
les idées, les mœurs, l'état social contempo- barbares, t livrées à toutes les incertitudesd'un état
rain. ssocial en formation,va bientôt, au milieu
d'un dou-
1ble courant de faits et d'influences, se partager'en
I. PREMIÈRE PÉRIODE. MOYEN AGE. deux idiomes distincts et rivaux, la langue d'oïl
(
1 Pre'Mr'e"~ éléments de langue et ~po~'c. et < la langue d'oc, c'est-à-dire la langue du nord et
Il est difficile de marquer l'époque précise où com- 1la langue du midi de la France. Et ces deux langnes,
mence la langue française, et, dans cette langue, parlées I par des populations dont l'hostilité ira.
les premiers germes d'une littérature. Pendant la dans ( la guerre des Albigeois, jusqu'à l'extermi-
suite d'invasions dont l'ancien sol gaulois a été le nation, i partagées elles-mêmes en deux familles
théâtre, notre histoire, notre langue et notre litté- de ( dialectes, auront deux littératures différentes,
ratura oont tour à tour celtiques, romaines, répondant
t à la diversité des milieux, des races et
df" événements. Mais le Nord doit l'emporter, en ne remontent pas au delà du milieu du x'* siècle.
littérature comme dans l'histoire, sur le Midi. La Mais. l'élan une fois donné, la verve d'invention
langue provençale, si gracieuse et si sonore, avec populaire fut aussi rapide qn'inépuHable, et le
les inventio~, plus ingénieuses que puissantes,de xn* siècle nous en montre déjà le riche épanouis-
ses poètes on <f<)N&adoMr! rentrera dans l'ombre sement.
des langues et des littératures mortes, tandis que Prises dans leur ensemble, tes chansons de
les rudes et sourds dialectes, du Nord formeront geste étaient divisées par leurs inventeurs eux-
par leur fusion la langue française, et que les mêmes en trois groupes, suivant les matières dont
compositionsbarbares, mais fortes, de leurs trou- elles traitaient. Il n'y avait, en effet, pour l'imagi-
vères resteront dans le patrimoine ou dans la tra- nation poétique de ce temps, que trois ordres de
dition directe de la littérature nationale. traditions ou de souvenirs: l'histoire nationale,
Dans la langue du serment de Louis le Germa- les légendes celtiques, et l'antiquité dont Rome
nique, on ne s'attend pas à trouver de riches pro- était le centre. C est ce qu'exprimait ainsi le
ductions littéraires. Les premières que l'on signale trouvèreJean Bodel:
sont de simples chansons, qui ont reçu le nom de
cantilènes, à cause de la lenteur mélancolique Ne sont que troh matières à nu) hommetntendmt
laquelle elles disaient (cantus lenis). De Franee, de Bretagne tt de Rome la pant.
avec se H
nous en est parvenu une qui a un caractère exclu- La < matièrede France, la plus riche et la plus
sivement religieux c'est la Cantilène de sainte populaire, aux xn* et xni* siècles, avait pour point
Eulalie, qui appartient au x' siècle et qui est le culminant Charlemagne, et comprenaittoutes les
plus ancien monument littéraire de notre langue, légendes dont il était personnellementle héros ou
a peine échappée des langes de la latinité, mais relatives aux personnages associés à sa mémoire.
déjà affranchie de tout germanisme. C'est, en sept En tête de ces derniers figurait le héros Roland.
stances inégales, la rapide et naïve esquisse de la ce type poétique par excellence, sur lequel l'his-
vie et de la mort d'une vierge martyre. Il nous toire et la chromque sont à peu près muettes,
suffira d'en citer le début mais dont l'imagination des trouvères fit la plus
haute personitcation de l'idéal chevaleresque.
Bmont pulcella fut Eulalia; La Chanson de Roland est une sorte d'~ta~e ro-
Bel avret corps, Mtezoer Mime.
Yotdrent la peintre li Deo inimi, mane. L'un des plus anciens de nos poèmes
Voldrentla faire di~te servir. héroïques et le plus remarquable peut-être, elle
a subi des remaniements qui l'ont portée de 4,0 ~0
(Eulalie fut une bonne jeune fille -Elle avait vers à 10,000; on en ignore l'auteur, et l'un de ses
beau corps, plus belle âme. Voulurent la vaincre manuscrits porte seulement le nom d'un obscur
les ennemis de Dieu, Voulurent lui faire servir copiste. On la considère avec raison comme un vé-
le diable.) ritable poème épique, et, dans ses cinq chanta,
Le plus souvent, sans exclure le sentiment reli- elle a toutes les qualités du genre un sujet na-
gieux toujours dominant, au moyen âge, dans tional, l'unité d'action, une exposition simple et
l'art comme dans la vie, la cantilène était inspirée grandiose, la concision des détails, une largeur
par des souvenirs guerriers; c'était un chant de magistrale du style et, dans la suite des épisodes
combat ou de victoire, ou une complainte sur la intimement liés au récit, un intérêt soutenu. La
mort d'un héros avec un résumé légendaire de sa Chanson de Roland, dite aussi ffe AMMMM,
vie. Elle popularisait, par une poésie grossière, a pour sujet l'expédition de Charlemagne en Es-
les événements et les personnages, mais elle en pagne, pays que la légende lui fait conquérir tout
dénaturait peu à peu ie caractère historique et entier,et la défaite éprouvée, en T!8,par l'arrière-
surtout les proportions, donnant souvent le pre- garde de son armée dans les déniés de Roncevaux.
mier rang dans l'imagination à ce qui avait tenu En voici quelques vers, pour donner une idée, non
le moins de place dans la réalité. La cantilène est du mouvement général, mais du style, du rythme
devenue le point de départ et le thème des grands et de la langue du temps. Il s'agit de la décou-
romans épiques ou chansons de geste, qui sont res- verte que fait Roland de son fidèle compagnon
tés les principales œuvres littéraires du moyen âge. Olivier parmi les morts. Il l'apporte à l'archevê-
2° Les yra?«.b poèmes épiques. La chanson de que Turpin, pour qu'il le bénisse, et il lui adresse
geste est une sorte d'épopée spontanée, continue un adieu funèbre
et collective,qui jaillit de l'imagination poputaire, Rollao. s'en tumet le camp vait recenser
changeant de jour en jour de forme, comme la De MU un pin, de lei un églentier,
langue elle-même, recevant de bouche en bouche, Sun compaignum ad truvet Olivier,
suivant les temps et les lieux, des développements Contre sun p)i estreit l'ad embraciet.
nouveaux, se mettant sans cesse en harmonie Si cum il poet al ttrceveBqne en tient.
avec les idées, les mœurs, les sentiments, les pas- Sur un escut l'ad as attres culchiet,
sions de la foule à laquelle elle s'adresse. Le mot E l'arcevesques l'ad asolt et seigniet.
geste, dans son sens particulier, exprime toute Jdnne agreget li doels e la pitiet.
Ço dit ReOani: < Beh cumpainz Oliviers,
la suite des hauts faits accomplis par un peuple Vus fnstea fila al bon eunte Renier
ou par une famille, en entendant toutefois par fa- Ke tint la marche tresqn'at val de Rivier.
mille un groupe de personnages unis moins par Pur hantes fraindre, pur escuz pécéier
le sang et la naissance, que par l'accomplissement B pnr osberes derumpre ed esmaiUier,
d'une série de grandes œuvres, par une commu- E pur produmestenir e cunseillier,
nauté de destinée héroïque. Les auteurs des chan- E par glutuns veintre e esmaier,
En nnle tere n'ont meillur chevalier.t
sons de geste sont le plus souvent incertains ou
tout à fait inconnus. Pour quelques-unes des plus (Rolland s'éloigne, il parcourt de nouveau le
célèbres, on ne sait que le nom du copiste qui les champ; Sous un pin, près d'un églantier Il
a transcrites ou du chanteur ambulant'qui les ré- a trouvé son compagnon Olivier; Contre sa poi-
citait. Il semble, au milieu de leurs transforma- trine il l'a étroitementpressé. Comme il peut,
tions incessantes, que le peuple, véritable créateur il revient vers l'archevêque. Sur un écu, il a
du sujet et des héros, ait dédaigné de garder le couché Olivier, auprès des autres, Et l'arche-
souvenir de l'artiste qui avait donné à l'oauvre, non v&que les a absous et bénis. Alors augmente le
sa marque individuelle, mais celle de la nation et deuil et la pitié. Et Rolland dit Beau compa-
du temps. gnon Olivier, Vous étiez fils du bon comte
Les premières chansons de geste, sorties par Renier, Qui tint la marche jusqu'au val de
amplification des cantilènes franques ou romanes, Rivier. Pour briser les lances, pour mettre en
boucliers, Pour rompre et démailler jrend un certain nombre de poèmes reliés
pren
autour
événements.
nièces les les mêmes héros et des mêmes
un n~bert,- Et pour conseiller les gens de bien, des relies sont la Geste des ~orM!?M ou LoAe~atM,
vaincre et abattre les traîtres, En TeU &<M~o~<c.
Et pour chevalier.) les Gestes du Nord, la Geste
nulle terre, il n'y eut meilleurplus sa & dehors de tous ces cycles de poèmes
En légen-
Chanson de Roland, la connue pour chroniques nmées de
La
poétique,est loin de donner une idée suf- dair daires. se produisent des le ton
valeur faits contentporains,qui prennent encorecelui de
fisante de la fécondité épique du génie de Charle- épique épiq lorsqu'un grand intérêt, commesiècle, la
âge. Il y a d'autres compagnons est en cause; telle est, anxm'
moyen
qui onhnspiré des poèmesou des suites la la foi,
CAanMK
f
croisade contre les Albigeois, com-
magne considérables. Ainsi la C/M de
de poèmes autrement Garin de prenant près de 10,000 vers, offrant les formes
Geste de Guillaume au Cow~M ou de pre~
composition et de rythme des poèmes carlovin-
ne comprend pas moins com
destinée a être récitée comme eux.
branches, toutes du xm' siècle, et formantRoi un total giens,
gier etmultiplicité
la même de ses sujets, par les ef-
Pépin du a le Par
P
de 117,000 vers. La Geste de ou
auxu' siè- fort
forts incessants del'imagination pour en renouveler
commencée
même nombre de branches
jusqu'au xiV siècle, de lele développement,par la part de plus en plus grande
d
clé, elle se prolonge chefs faite aux sentiments humains, spécialement à la
poèmes en poèmes. Une geste spéciale des passion de l'amour, dans les événements MroiqMs,
hostiles à Charlemagne,celle de siècle, la chanson de geste perd peu peu à son grand ca-
branches du xm' sans ( d'aventure.
compte encore onze
parler des branches perdues et des imitations ou r~èreépiqueet
rac tourne au roman
le poème épique, est tou~
ultérieurs. Et de tous ces Mais
Mai le roman, comme et
des remaniementi.
seulement sont rapportés ou
jours inspiré des idées et des mœurs du temps, de
poèmes, trois ou quatre ne sont que la forme littéraire
à Adam de l'ut et l'autrereprésentation
à des auteurs connus, spécialement 1300), pro- l'histoire, l'hi la mobile de la mobilité
Adénes-le-Roi (mort vers la grande dis-
Brabant ou
Roi des ménestrels à la cour du comte des mœurs contemporaines de là productions des
c~mé «
tance qui sépare les diverses
tan
Flandre. épiques du xn* au xv' siècle.
de
Les chansonsde geste de
relatifs a
la matiÈre de France, cycles
l'avènement de notre
» cy(
"LMpoeMM didactiques, satiriques ~aH~o-
avecleurs incidents A coté de tous ces récits poétiques,
des
de rois, guerres et expéditions de riques.
riq faire place. II y
seconde race aux
efforts de leurs suc- genres
ge. distincts commencent à se Bestiaires,
Pépin, de Charlemagne, aux de poésie didactique les
cesseurs contre les Normands, etc., composent a cdes essais de traités d'histoire naturelle, le plus sou-
cycle épique, le cycle carlovingien. so
sortes description physique
un premier de Bretagne, » qui prend son déve- vent ve. en vers, consacrés à la
et des
La « matière
plus tard, déroule le tableau et morale des animaux, à celle des végétaux leçons de
loppement un peu minéraux, mais plus remplisd'observations
mi encore de
religieuse et pol tique du peuple scienti-
de l'histoire celto-normand morale et d'allégories que fait
breton, sous l'influence du legénie roi fabuleux Artus,
mi
fiques.
Bq La poésie morale se une place dans les
principal de la
fables, où nos pères recueillent les trésors
q
eUeapour héros exploits des chevaliers fal
et pour thème ordinaire les antique et de la sagesse de l'Orient.
Saint-Graal, philosophie
pl
de la Table-Ronde à la recherche du du Christ. Un th roman indien, le Livre des sept conseillers, tra-
qui a reçu le sang de l'Eu-
vase merveilleux, cycle, le cycle duit dt ou imité dans français, les diverses langues
Ces chansons composent un second Elles présentent rope,
ro devient, en le Roman des sept
Table-Ronde.
d'Artus ou de la carlovingicn de notables dif- sa sages ou de Dolop athos, et fournit la trame d'une des
avec celles du cycled'une inspiration plus savantefoule fo de récits, de légendes ou de fables et
férences; elles sont
et d'une forme moins populaire; on en connaitprétextes pi de leçons.
E~enre'qurparalt compatible avec
le ca-
mieux les auteurs plusieurs sont en prose, et ont racMpîq~, prend peu inat-
été faites moins pour être chantées que
de
pour être
cycle
r
rendus
tE c'est le genre
des
satirique
développements
il affecte bien des
lues. Les principaux romans en vers ce mais il a son centre et pour grande ainsi dire sa
même auteur, Chrestien de Troyes, quiformes
fc Roman de Renart, allé-
ont le citadelle dans le
mourut vers 1195.
La « matière de Rome, comportant un senss gorie
souvenirs de q
q'~la~é
ci
g qui représente, sous son jour le moins
féodale. Sous les traits des
héroi-
animaux,
très large, recueille tous les vagues tant sacréee le Roman de Renart met en scène toutes les clas-
l'antiquité,tant grecque que romaine, 1.
sociales les grands et le peuple, lejuges; roi lui-
oue profane. Elle a inspiré des poèmes de geste dee ses s
même et ses conseillers, le clergé et les il
d'aventure les uns n prises avec la violence,
forme épique, et des romans mains mains des dé- nnous montre la ruse aux débauche, limmoraUte
~t les autres, recevant de en l'hypocrisie couvrant la
touchent à 1 histoire e
veloppements nouveaux, ne
des
1
t habSe triomphant de l'innocence et de la vertu.
des per-
ancienne que par
sonnages et sont,
les
avec
noms
les incidents
pays
les
ou
plus fabu- i Cette
( vaste composition,
commJrouvrage le plus
considérée
achevé de
avec raison
l'art littéraire
domaine exclusif de l'imagination. c de commun avec
leux, du
à deux autres cycles les
.< français
f au moyen âge, a celaépopées primitives,
On rapporte encore d'aventure du n les poèmes cycliques et les
chansons de geste et romans moyen 1
semble pas le produit d'une création
la croisade et le cycle provincial. L qu'elle
( ne successif collec-
âge le cycle de iindividuelle, mais d'un
travail et
comprend tous les poèmes de longue siècle, avant
Le premier
grand mouvement qui entrai i. tif ébauchée en latin, au xn-
relatifs à en langue romane,
1
haleine ce
donnant à la fois is de prendre sa forme populaire
na l'Europe vers l'Orient, en
à la soif des elle se grossit, en passant de mains en mains, de
satisfaction au fanatisme religieux et .s vraies ou fictives, de récits
héros principaux Godefroi 0~ traditions, d'anecdotes prennent,
aventures. Ils ont pour remaniés, de fables qui
deBouillon et Baudoin, et pour théâtre Jérusalem, n, recueillis et et substi-
Constantinople. Quelques-uns sont
nt en se développant, des allures épiques, remarquable raffi-
Antioche et des auteurs tuent à la naïveté primitive un
mais la plupart ont de Renart, après avoir
encore anonymes,
Plusieurs se succèdent et s'enchaînent, nement d'idées. Le Roman remaniements et des suites,
connus. et con- eu, en France, des
même
comme la suite d'une siècle.œuvre, nous n-
de l'Europe en s'appropriantsi bien, par
Le cycle provincial ~1 fit le tour
duisent jusqu'au XIV les détails, aux mœurs des fois diverses nations, que
offre un groupe nombreux de chansons de te
geste s'imaginèrentà la l'avoir inventé.
cycles précédents et qui plusieurs
ne rentrant pas dans les sujets, légendes ir- La satire se mêle à l'allégorie dans une autre
appartiennent, par leurs
Chacune
aux
d'elles
par-
com- grande œuvre littéraire, le Roman de la Rose,
ticulières d'une province. Ti-
commencé au xin' siècle par Guillaume de
Lorris (mort vers 1260) et achevé, que se développe
au lui- et qu'on a appelé un
siècle sui- genre propre au moyen âge
essentiellement gaulois, le fa-
vant, par Jean de Meung (1280-1320.) Son impor- bliau
tance est considérable par l'influence qu'il or- ou petite fable (fableau). C'était un récit en
cée sur tous les genres de poésie a exer-
er- vers, comme la chanson de geste, mais qui
ou de prose,
se, trastait a dessein avec elle par le ton léger et con-
queur, par lea inventions comiques, la malicen~
mettant partout en honneur, au moyen âge le
ratllnement et la recherche de la ferme allégori- observations, des
quo.
'ri- un naif dévergonde' Le trouvère
Le Roman de la Rose se compose de 92,000 champenois Rutebeuf(xm' siècle) est à la foison
'CO des premiers satiriques et !e principal a
vers, dont t,000 seulement appartiennent au de son temps. Ces récits fableor
premier de ses deux auteurs, et sont étrangera malins, légers,'voon~
caractère satirique de leur longue continuation. Boccacean
au tiers licencieux, furent très goûtes en Italie où
il ne s agit, au début, que d'une sorte de m. nous les emprunta au siècle suivant
voyagege ils ont été repris succès
au pays d amour, ayant pour objet la conquête avec
~e Fontaine, Voltaire, et autres conteurs par Rabelais, La
d une rose emblématique, en dépitde mille épreu- à l'esprit
ves, dans un monde de personnages imaginaires n- gaulois des temps modernes.
représentant des qualités, des défauts et toutes es 4° Les genres ~~MM. Ce n'est pas seulement
es dans les œuvres de longue haleine, poèmes hé-
sortes de choses abstraites animées par la nc-
tion. Mais avec )e continuateur de Guillaume c- roiques, ~1"~ ou moraux, que le sentiment
M Iittéra)re se développe en France au moyen 4M
de Lorris, )e ton et les idées changent, et l'allégorie ie il se fait ~our dans une foule de petites pièces
n'est plus que le voile transparent d'une satire de
universelle. Non seulement toutes les classes de re vers représentant, par les sujets ou la forme,
le toutes les variétés de la chanson. Le par
la société sont prises à partie et malmenées, mais 's qui domine est amour, mais il se mêle sentiment
les institutions elles-mêmes et les idées idées
quelles elles reposent reçoivent de rudes assauts. s- du temps, aux détaifs de la vie du poète,aux
sur les-
Voici comment le poète donne s. venirs des grands événements, en sorteauxqu'un sou-
pour origine à la genre modeste de poésie est
royauté, la force brutale une repré-
sentation fidèle de la société encore
contemporaine. La
Ung grand vilain entre eus eslurent, chanson se montre très florissante xiu' siècle,
au
Le plus ossu de quanqne furent, sans avoir cette variété de rythme qu'elle attein-
Le plus eorsu et le greimcr, dra peu à peu. L'un des premiers
Si le firent prince et te~nor. chansons, et des plus célèbres, est le auteursThi- de
baut de Champagne, qui, après avoir pris comte
Et ce roi qu'on dit maltre de tout, n'est rien
~r'dis~on' de ses sujets; il est tout entier quee importante, pendant la minorité de saintune part
Louis,
leur discrétion aà a )a coalition féodale, la nt échouer
par son em-
pressement
1 à subir le prestige de Blanche de Cas-
Ains est lor; car quant il vodrout, tille,
t devenue la dame de ses poétiques pensées.
Leur aides au roy todront: Voici un échanttUon du sentimentet de la langue,
Et Ii roi tous sens demorra, aau début de ce genre de poésies, qui doit être
Si to5t com ji pueple si
Car lor bontés ne lorvorra. a fécond
Ler cen, lors forces, proesces,
1er MceMei,
Ne sunt pas siens, ne riens Mout cet amors de merroiUtTpeoir
Nature bien les Ii zyt. ma Qui bien et mal fait tant corn li Mree
Moi fait ele trop longuement dotoïr.
Le Roman de la Rose eut, comme le No~MM de Raisons me dit que j'en o~t ma pensée.
Renart, remaniements e Mai j'ai un cuer, ttcs tel
ses en France, et ses tra- ne fu troTëa,
Tos jors me dist amés, amés, tme<.
ductions et imitations a l'étranger, surtout en An-
gleterre mais nulle part on ne contesta N'autre raison n'iert jà par lui mostt'ec,
gine et son caractère éminemment français. son ori- Et j'aimerai, n'en puis estre tornés.
Dame, merci, qui tos les biens Mes
La satire se fait encore une place importante Toutes ralors et toutes grans bontés
dans des ouvrages qui, empruntant leur Sunt plus en ~os qu'en dame qui soit née;
livres saints, s'appellent des Bibles il titre aux Secorez-moi que fere le poez.
conservé deux échantitions du xnr siècle: en a été
Bible de Guyot de Provins et celle de Hugues de la (Amour est de très merveilleux pouvoir, – Dut
Berzi. Dans l'une et l'autre, les diverses classes bien et mal fait, comme il lui agrée.
bi Il me
de la société sont passées en revue et donne à moi de trop longs chagrins,
d<
Raison
rées avec véhémence. La Bible censu- me dit d'en ôter ma pensée.
m Mais j'ai un cœur,
Guyot, comme on
~~n
disait au moyen âge. qui renferme environ 2,600 tel
te qn ne s en trouva jamais; Toujours il me
vers~éb~ crie
cr aimez, aimez, aimez. Aucune autre rai-
son ne sera obtenue de lui, Et j'aimerai, je n'en
~600
Dom siècle puant et orrible puis
pl être détourné. Dame, ayez merci, vous
qui avez tout bien
M'estaet (il me convient) eommene:r
Qui ne sera pas losengiere (louangeuse), une Bible des
Q<
–Tout mérite et toutes gran.
bontés Sont plus en vous, qu'en dame qui
Mtdt fine et voire (vraie) et droiturière. soit
SO née – Secourez-moipuisquevous le
faire.)
fa: pouvez
Elle s'attaque particulièrement clergé
au
ordres religieux; elle n'épargne ni et aux Au même siècle appartiennent, dans la chan-
les cardinaux, son d'amour, le mystérieux châtelain Raoul de
so
ni le pape lui-même, qu'elle appelle notre père Coucy,
Cc dont la passion pour la dame du Faël donna
Apostoie, et auquel elle reproche de ne pas être lieu une des plus tragiques
la boussole, la tresmontaigne » des ndèies. Elle
peint, sous les plus sombres couleurs,
lie légendes; Adam de
la Halle, bourgeois d'Arras, plus célèbre l'in-
Rome et les vices, les crimes dont elle
la ville de vention
ve des premiers « jeux e dramatiquesparColin
a été et
est ie théâtre. Guyot, si sévère pour les moines Muset, ménestrel de profession, qui porte la chan-
Mi
de son de château en château moyennant salaire.
so;
son temps, était moine iui-mème, et d'un âge assez Au xiv* siècle nous citerons le fécond et ingé-
avancé lorsqu'il écrivit cette bible, qui fait tour nieux Guillaume de Machault (mort en t377), qui
à tour voir en lui a un homme de génie, a ni<
né trois « (commencha, dit-on, toutes tailles nouvelles et
sièeies trop tôt, ou simplement < un moine ir-
rité contre le monde, au milieu duquel il les parfais iais d'amour, » et Jean Froissart (1337-
plus vivre. n ne peut 1410),
141 chez qui la gloire du chroniqueur ne doit
C'est dans le domaine de l'allégorie et de la satire pas faire oublier le talent heureux du poète. Il est
pa!
un de ceux qui nous montrent, a cette époque,
dans un degré étonnant de perfection, les formes 1les appelle-t-on des mystères ou encore des mi-
savantes du rondeau, du virelai et de la ballade. racles,
r suivant leur sujet. Le spectacle de ces
}pièces, liées ainsi aux
cérémonies religieuses, se
Une stance, qu'il est superflu de traduire, suffira
donne longtemps dans l'église même, à l'occasion
pour marquer le progrès de la langue et du genre (
des grandes fêtes comme Noël, l'Epiphanie, Pâ-
d'un siècle à l'autre l'Ascension. Les personnages traditionnels,
ques,
j
Sus toutes flours tient on !a rose à belle, 1les animaux eux-mêmes ont leur place marquée
Et, en après, je croi, la violette. dans le cortège. On parle aux yeux, par les attri-
La flour de lys est belle, et la perselle (&!«?<) buts et les costumes aux chants liturgiques se
La flour de glay (~<ft:eM!)est plaisans et parfette, mêlent des dialogues en langue vulgaire; toute la
Et li plusieurs aiment moult l'anquelie
Le pyonier (pivoine),le muget, la soussie, légende est mise en action.Quand le chœur même
Cascune flour a par ti sa mérite. de l'église ne suffisait pas à ces manifestations scé-
Mes je Tous di, tant que pour ma partie niques d'une foi naive, des échafauds étaient dres-
Sus toutes Bours, j'aimme la Margherite. sés dans le parvis ou dans les cimetières. Le
La chanson, développant toutes ses formes lyri- plus souvent un s<!rmon ouvrait la scène, en guise
rang dans la de prologue, et I:t représentation était close par
ques, prend, au xv" siècle, le premier
littérature française de la fin du moyen âge. Les un Te DeMm, ou tout autre morceau de plain-
plus
rythmes deviennent encore plus divers et attei- chant, qu'assistants et acteurs disaient à la fois.
savants le virelai, la ballade, le rondeau Le drame, sans abandonner son caractère reli-
gnent à une perfection de forme, à une grâce de gieux, ne commença à sortir de l'église qu'au
sentiments, qui ont fait oublier les essais précé- xv° siècle. Des confréries d'ouvriers se formèrent
dents. Les poètes qui excellent sont Eustache pour jouer des mystères, dont la composition et
Deschamps, Christine de Pisan, Alain Chartier, la mise en scène se compliquèrent de plus en
Charles d'Orléans, Martial d'Auvergne, Guillaume plus. Ils eurent pour sujet tous les grands actes
Coquillard et, pour abréger la liste, François Vil- de la vie de Jésus, mais il y en eut un qui prima
lon, à qui Boileau ne craint pas de sacrifier en toujours tous les autres dans la faveur populaire
bloc tout le passé poétique de la France ce fut le Mystère de la Passion. Celui-là prenait
ordinairement de vastes proportions et parfois
Villonsut le premier, dans ces siècles grossiers, une longueur incroyable. Celui que composa Ar-
Débrouiller 1 art confus de nos vieux romanciers. noul Gresban se divisait en vingt journées et con-
Villon n'est pas d'une autre famille que les tenait environ 25,OGO vers te nombre en fut
poètes dont noua venons de parler, mais il a sa porté par ses continuateurs à plus de 60,000.
physionomie propre, un sentiment personnel et, Le frère de ce fécond auteur, Simon Gresban,
langage. Connu pour
avec la grâce, la vigueur dudésordonnée, alla plus loin encore, avec le Triomphant myir-
son existence irrégulière et il se re- tère des actes des apdtres, n translaté ndèle-
proche ainsi dans son plus long poème, le Grand ment de la vérité historiale, ordonné par person-
Testament,le mauvais emploi qu'il a fait de sa jeu- nages » grande féerie religieuse qui se maintint
nesse au théâtre tout un siècle, malgré les difficultésde
jM Dieu se j'eusse estudié
la mise en scène, et qui n'a pas moins de 80,000
Au temps de ma jeunesse folle, vers, avec un répertoire de 425 personnages. Ce
3t à bonnes mceurs dédié, mystère gigantesque s'est réimprimé, avec le
pousse maison et couchemolle 1 détail descriptif des scènes et des décors, jus-
Mais quoi ? je fuyoye l'escolle qu'au milieu du xvf siècle.
Comme faict le mauvais enfant. Outre l'Ancien et le Nouveau Testament et les
En escrivant ceste parolle légendes des saints, des événements de l'histoire
A peu que le cueur ne me fend.
contemporaine pouvaient fournir quelques sujets
L'oeuvre la plus gracieuse de Villon est la Bal- de drames populaires. Tel est le Mystère du
lade des Dames du temps jadis, avec son refrain siège d'Orléans, qui compte lui aussi plus de
mélancolique 20,000 vers, et qui fut représenté pour la pre-
mière fois, le 8 mai 1439, à Orléans, pour l'anni-
Mais où sont les neigea d'antan. versaire de la délivrance de cette ville par
Elle est dans tous les recueils. D'autres pièces Jeanne d'Arc.
montrent chez lui une précision, une énergie de Aux confréries, qui jouaient les mystères, il
langage dont la strophe suivante, sur la mort, faut joindre des troupes profanes qui firent
donnera l'idée entrer le théâtre du moyen âge dans une nou-
velle voie, comme celle des Enfants sans souci, ou
La mort le faict fremir, pallir, des clercs de la Basoche. Après les anciens « jeux»
Le nez courber, les veines tendre,
Le col enfler, la chair mollir, dramatiques, dont Adam de la Halle avait autre-
Joincts et nerfs croistre et estendre- fois donné le modèle, elles représentèrent des
Corps féminin, qui tant est tendre, moralités, sortes de pièces allégoriques, qui eu-
Polly, souef (~OMa'), si precieuix, rent encore quelquefois pour thème des para-
Te faudra-t-il ces maulx attendre ? boles de l'Ancien ou du Nouveau Testamentmises
Ouy, ou tout vif aller ès cieulx.
en dialogues, mais qui le plus souvent dévelop-
Voilà la langue poétique que le xv' siècle lègue paient, avec des personnages abstraits et fictifs,
au siècle suivant après quatre siècles de transfor- comme ceux du Roman de la Rose, une action
mations et de progrès. comique très libre, ou une violente satire. Ainsi
o° Le théâtre. Mystères, moralités, /'<:reM. – Il naissait la comédie, qui prit un tour plus vif
est un genre littéraire où chaque société, chaque encore dans les sotties, ou satires dramatiques,
époque, ont laissé leur image la plus fidèle et qui en honneur jusqu'au milieu du xvf siècle.
ne pouvait manquerau moyen âge, c'est le genre Un souvenir populaire a survécu aux tentatives
dramatique. Il prend, à l'origine de nos sociétés de comédie du xv', c'est celui de la Farce de
modernes, gouvernées par l'Eglise, un caractère' Maistre Pierre Pathelin, œuvre à peu près ano-
particulièrementchrétien, on peut dire même ec- nyme de quelque « poète satirique et joyeux com-
clésiastique. Le théâtre n'est, au début, qu'une père D, compagnon et fournisseur dei clercs de
annexe du temple, et les premières représenta- la Basoche.C'est la mise en scène d'une joyeuse
tions dramatiques ne sont que la mise en scène friponnerie, où la morale et la justice trouvent
des mystères de la foi et des faits merveilleux de mains leur compte que la vieille gaieté française,
t'histotre biblique ou de la vie des saints. Aussi d'une suite et comme d'un ricochet de ruses et
4e fraudes, sans autre moralité que le plaisir de gnage personnel. Ce sont « choses, dit-il, que j'ai
voir tromper un trompeur. Mattre Pierre Pathe- oralement veues et oyes. Le narrateur
lin, avocat sans causes ou du moins sans argent, met entier dans son livre, avec ses souvenirs se et
endort par sa flatteuse parole la dênajtM de son ses impressions, sans jactance ni fausse modestie,
'voisin le drapier et se fait livrer une pièce de cédant naturellement au plaisir de faire con-
drap, qu'il se promet bien de ne pas lui payer. !1 naltre < son bon seigneur et à celui de conter;
enseigne aussi au berger Agnelet à tromper les acteur et héros Im-mëme, il M met en relief aussi
juges par une feinte bêtise, en bêlant, pour toute bien que les aottces, avec une naïveté to~tte che-
céponse, et celui-ci a recours au même strata- valeresque et une simplicité pleine de grandeur.
gème pour frustrer son avocat de ses honoraires. Un de ces courts récita où il excelle fera connaî-
Cette simple farce, que l'on peut appeler la perle tre, en quelques lignes, la langue de Joinville et
littéraire de notre vieux théâtre, produite ou plutôt sa manière. !1 s'agit de la reine qui, étant en-
Teprodnite, au xv siècte, en un français déjà très ceinte, a suivi ta croisade en Egypte et qui, au
net, très vif, très agréable, n'a cessé d'être l'objet moment d'accoucher, apprend la défaite et la
d'imitations, de traductions, et, jusqu'à nos jours, tivité du roi. Avant qu'elle fnst accouchée, cap- elle
de tentatives do rajeunissement. list vider hors toute sa chambre, fors que le che-
a* La prose. Chroniqueurs. Pendant ces valier, et s'agenouilla devant lui, et lui requit un
cinq sièctes de développement poétique, la prose don, et ie chevalier ie lui octroya par son Mrment,
française a fait aussi son chemin, mais avec plus et elle lui dist Je demande, Ost-eIIe, par la
4e lenteur, et elle offre moins de richesse litté- foi qu& vous m'avezvous baillé, que si les Sarrazins
raire et moins de variété. La théologie, qui est la prennent cette ville, que vous me coupiez la teste,
première et longtemps la seule occupation de avant qu'ils me prennent. Et le chevalier respon-
l'esprit, a pour langue officielle et exclusive le dist Soyez certaine que je le feray volontiers;
latin la philosophie, qui accepte le rôle de a ser- je l'avoye ja bien on pensée que je veus ocoiroie
vante de la théologie n'a pas d'autre langage; avant qu'ils nous eussent pris. n
l'éloquence, qui arrive a une haute puissance, à Le troisième grand chroniqueur est, a nn siècle
en juger par tes effets des prédications des croi- de distance, Jean Froissart;t33?-m0), homme du
sades, n'a rien fait pour enrichir l'idiome roman; monde, de cour et de plaisir, moins directement
si, à l'occasion, l'orateur s'adressait à la foule en engagé dans l'action. Poète brillant et habile, qui
langue vulgaire, les grands sermons, comme ceux met de l'art dans ses récits, de la couleur dans
de saint Bernard, s'écrivaient et se conservaient ses tableaux, il devient par là supérieur à ses de-
en latin. vanciers, sans perdre la naiveté de l'expression,
Il n'y a qu'un genre de prose qui adopte de qui fait le charme de la chronique. Son livre, inti-
bonne heure la tangue romane c'est l'histoire, tulé Chroniques de France, cf'~My~erre, <fN-
ou plutôt la chronique. Les récits fantastiques coese, d'B<p<!?M< de Bretagne, de G<Meo$Me,Flan-
des romans de la Table-Ronde, en prenant les dres e< /MtM; d'alentour, est un tableau vivant et
premiers la forme de la prose, conjointement avec complet de son temps, des beaux faits d'armes,
la forme poétique, ont préparé l'emploi de la des actes loyaux, de l'élégance naissante, du dé-
,langue vulgaire aux récits des événements réels. sordres, des cruautés, des malheurs qui signalent
Quatre noms dominent parmi les chroniqueurs des guerres continues, des fêtes de la des
du moyen âge tous les quatre hommes d'action, incendies des villes et des massacres descour, peuples
acteurs et témoins des faits qu'ils ont racontés. mais dans ce mouvement, un peu confus, de la
C'est, à la fin du xn* siècle, Geoffroi de Villehar- société féodale au xrv* siècle, règne l'incertitude
douin (1155-1213), qui ouvre la marche avec son chronologique et manque le sentiment de la vie
Histoire de la canote Constantinople, com- populaire.
prenant une période de neuf ans, de 1198 à 1207. Le dernier chroniqueurde cette longue période
Marquant par les allures mêmes de son style la littéraire est Philippe de Commines ()44'M9).
transition entre le récit poétique et la simple qui, avec une langue de plus en plus mûre et
,prose, il a des tournures, des mouvements, des dans une société de moins en moins naive, aspire
traits de sentiment, qui rappellent tes trouvères à faire œuvre d'historien. M&lé aux affaires pu-
-et les chansons de geste; il célèbre les faits au- bliques, sous les règnes de Louis XI et de
tant qu'il les raconte, il offre un mélange de Charles VIII, il ne raconte point seulement les
caiveté et d'héroïsme qui se traduit par des for- événements, il les explique et les juge; H pénètre
mules solennelles et un peu banales d'admiration les secrets de la politique, cherche les causes et
« Or oiez une des plus grandes merveilles et des les conséquences il étudie le caractère du peuple
graigneur aventures que vous onques o!ssiez
rpourrez ouir étrange prouesse.
t. et le fondement des institutions les idées mo-
et sachez que dernes prennent chez lui conscience d'elles-
onques Dieu ne tira de plus grands périls nuls mêmes, et ses Mémoiresont mérité d'être appelés
gens comme il fit ceux de l'ost (armée), en cel le bréviaire des hommes d'Etat. Il
jour. » Un des passages les plus remarquables est excessif de comparer Commines à Tacite, ou de
peut être
la description de Constantinople et de l'effet pro- voir en lui notre Machiavel il n'en a pas moins
duit sur les croisés par la vue de cette ville, « que le mérite de donner à l'histoire l'expression défi-
de totes les autres ere souveraine, t et qui leur nitive de son temps, dans une langue simple, na-
'donne une si haute idée de leur entreprise. turelle, claire et précise, encore imprégnée de
< Et sachiez que il ni ot (eut) si hardi cui (a qui) naiveté et de malice gauloise, et que la meilleure
le cuer ne fremist, et ce ne fut mie (pas) mer- prose du xv[* siècle aura de la peine à dépas-
veille, que onques si grant affaire ne fut empris
de tant de gent, puisque (depuis que) li monz ser.
(monde) fu esterez (créé). II. DEDEIÈME PÉMODE. –REHAMSAnOtOCXV!' SIÈCLE.
A Villehardouin succède le sire de Joinville,
(12M-1319), originaire également de Champagne, 1" La prose. Deux grands faits dominent
élève et compagnon du comte Thibaut et fidèle toute l'histoire au xvi* siècle un besoin uni-
serviteur de saint Louis. Ses Mémoires, dictés à versel d'affranchissement et de rénovation, et un
la fin de sa vie, ont pour sujet tes expéditions et retour enthousiaste, dans les lettres et dans les
l'administration intérieure du règne de Louis IX. arts, vers l'étude et l'imitation de l'antiquité. Le
Ils respirent, d'un bout à l'autre, le dévouement mouvement général d'indépendance aboutit, en
et l'admiration pour la mémoire de son souverain. matière religieuse, à la réforme luthérienne et
Ils ont au plus haut point le caractère de témoi- calviniste, et celle-ci agit, à son tour, sur la lan-
gué par la nécessité qui s'impose aux réformateurs science humaine comme atteinte d'une irrémédia-
de soutenir leur cause devant le peuple, en sub- ble incertitude.Montaigne, se complaisant dans son
stituant le langage vulgaire de chaque nation au rôle de douteur, ne se lasse pas d'opposer le pour
latin, si longtemps la langue officielle de l'Eglise. et te contre sur toutes les questions, de mettre
De même qu'on a vu, en Allemagne, Luther régler en regard toutes les opinions et toutes les auto-
et, pour ainsi dire, créer la langue allemande gé- rités, pour conclure qu'il n'y a pas lieu de choisie
nérale, par sa traduction de la Bible dans lé dia- entre elles. Sa devise favorite est « Que sais-je ?
lecte dont il doit se servir pour ses traités et ses également éloignée de l'affirmation et de la néga-
pamphlets, de même on voit, en France, Jean tion. Ce scepticisme universel est exposé dans les
Calvin (1509-1564) donner au français sa forme Essais avec un abandon charmant, un désordre
presque définitive, en l'employant à la propagande capricieux, qui déroute le lecteur, sans cesser de
et aux polémiques religieuses. Son livre de l'Ins- le captiver, avec un luxé d'érudition facile et
titution chrétienne, écrit d'abord en latin (Baie, légère qui assouplit la langue française en la met-
1536), puis traduit en français par l'auteur lui- tant sans cesse aux prises avec l'antiquité grec-
même, n'est pas seulement le plus importantma- que et latine.
nifeste du protestantisme dans notre pays c'est ) A Montaigne, il faut rattacher Charron ()54t-
aussi le premier monument d'une prose vraiment 160S), qui, dans son livre de la Sagesse(1601),donne
française, appliquée à des sujets et à des intérêts au même système du doute universel plus de
qui jusque-1~ paraissaient au-dessus d'elle. Du consistance méthodique, mais moins de charme et.
premier coup Calvin a donné à notre langue les de valeur littéraire; puis Etienne de la Boétie
qualités les plus conformes à l'esprit français (1530-1563), célèbre par l'amitié de Montaigne, et
clarté, correction, vivacité, énergie, variété des dont le Discours sur la servitude volontaire, ou.
tours; pour son propre usage, il l'a dégagée de le Co~re-Mn, est resté la plus belle déclamation
ses périodes embarrassées et de toute cette sur- classique du siècle.
charge d'incises qu'elle devait à sa parenté avec te On ne peut oublier Jacques Amyot (1513-1593),
latin et dont quelques grands écrivains repren- qui, par son aimable traduction de Plutarque,.
nent encore après lui la pénible chaîne. eut une telle influence sur la langue des gens du
Contemporain de Calvin, François Rabelais monde et des écrivains, que Montaigne lui attri-
(148?-165?), sans se tenir sur le terrain exclusi- bue l'honneur de les avoir tirés du bourbier ni
vement théologique, obéit aussi à l'esprit de ré- le doux et un peu maniéré saint François de Sales
forme mais, pour échapper aux rigueurs aux- (1567-1622), qui, pour mieux embellir la prose
quelles l'écrivain est exposé, de son temps, par française, la surcharge de festons et de fleurs; de
une pensée trop hardie, il enveloppe la sienne nobles et intègres magistrats, comme Michel de.
dans un flot de plaisanteries qui éloignent la l'Hospital (1505-1573) ou Etienne Pasquier (1529-
défiance. Philosophe, théologien, médecin, et le 16i5), qui, consacrant leurs loisirs aux lettres an-
premier par l'érudition, au lieu d'un livre dogma- ciennes, maniaient en maîtres la langue nationale
tique, il écrit les contes les plus invraisemblables quand il s'agissait de défendre contre des fanati-
et les plus bouffons, le Gargantua et le Panta. ques et des forcenés les droits de l'humanité et
g~Me~ (t532-t564), qui forment comme le rêve de la tolérance ni de savants et
courageux édi-
l'épopée en délire, comme l'orgie de la raison et teurs comme Henri Estienne ()53)-)598) ou Do-
du génie K œuvre inouïe, dit Sainte-Beuve, let tt509-]5M), payés de leur dévouement a
mêlée de science et d'obscénités, de comique, l'érudition par l'exil ou par la mort ni enfin, à.
d'éloquence, de haute fantaisie, qui. vous saisit la dernière heure des malheureuses luttes reli-
et vous déconcerte, vous enivre et vous dégoûte, gieuses et politiques du xvj" siècle, les auteurs-
et dont on peut, après s'y être beaucoup plu et plus ou moins anonymes du cëièbre recueil de
l'avoir beaucoup admirée, se demander sérieuse- pamphlets appelé la Satyre Ménippée (1593), qui,
ment si on l'a comprise. ') La Bruyère avait déjà après avoir plus fait pour la cause d'Henri IV que
déclaré que Rabelais est incompréhensible, et son les armes de l'Espagne pour celle des Ligueurs,.
livre, une énigme. C'est un monstrueux assem- est resté, par la verve, l'esprit mordant et l'élo-
blage, dit-il, d'une morale fine et ingénieuse et quence, le triomphe littéraire le plus complet du
d'une sale corruption. Où il est mauvais, il passe bon sens et du patriotisme.
bien loin au delà du pire, c'est le charme de la Il faut aussi faire une place à part, dans la
canaille où il est bon, il va jusques à l'exquis et jeune prose française, à la double famille des.
à l'excellent, il peut être le mets des plus déli- conteurs et des auteurs de mémoires. Les
cats. » Rabelais n'en reste pas moins au premier miers, comme Marguerite de Navarre (H9Ï-15M) pre-
rang des créateurs de la langue française; avec dans i'~p<amero~ puisent aux mœurs mêmes du
moins de rigueur et de précision que Calvin, il K temps ou empruntent à l'Italie d'agréables mais
fourni à l'idiome national, par son immense éru- trop libres histoires d'amour, ou bien, comme
dition, une variété infinie de ressources, et en le Bonaventure Des Périers (mort en 1544), dans le.
mettant au service de ses arrière-pensées et de Cymbalum mundi et les Nouvelles ~(.y~t'o~
ses rêves de philosophe, il l'a rendu capable de mêlent, à la manière de Rabelais, les joyeusetéa
répondre non seulement au libre déploiement aux hardiesses religieuses et métaphysiques. Les
d'une verve et d'une imagination sans frein, mais seconds, comme Montluc (1501-1577), Brantôme
aux délicatesses du sentiment et à la noblesse de (1540-1614), ou Agrippa d'Aubigné (1550-1630), ce
la pensée. dernier non moins célèbre poète, animent
Avec presque autant d'érudition, une égale leurs précieux témoignagescomme les faits contem-
souplesse, mais moins de fougue, Montaigne porains de toute la vivacité de leur vanitésur
(1533-1592) a aussi doté la littérature française nelle ou des fureurs du fanatisme. person-
d'une grande œuvre qui fait époque dans l'his- 2" La poésie et le <<M~'e. Au siè-
toire de la langue et des idées; ce sont les Essais cle, la poésie jouit d'une haute faveurxv:' et jette
1580). Sous ce simple titre, l'auteur nous offre beaucoup d'éclat. Elle aborde les grands sujets
la peinture générale de l'homme, se dévelop- moraux et religieux qui répondent à la fermenta-
pant à travers ses intarissables confidences sur tation intellectuelle de l'époque, mais elle s'atta-
lui-même, car Montaigne a la prétention d'être che surtout au travail de la forme littéraire, soit
« lui-même la matière de son livre. » Mais en perfectionnant les vieux genres français, soit
l'homme est un sujet ondoyant et divers, » dont en en créant de nouveaux, où elle puisse lutter
la mobilité naturelle et les perpétuelles contra- les littératures et les langues de la Grèce,
dictions induisent le philosophe à regarder toute avec d" l'ancienne PtOme, et de la moderne Italie.
Ctément Marot (t495-)&44) forme comme la tran- poème épique classique, imité des épopées grec-
sition entre les poètes du moyen Age et tes poètes ques et latines, Ronsard entreprit la Franciade,
nouveaux. C'est un habile metteur en œuvre des consacrée a célébrer les origines de la nation fran.
formes poétiques les plus charmantes du temps çaise, dans les formes où l'<M<e célébrait celles
passé, et Boileau a justement toué son « élégant de la nation romaine. Cette entreprise ne fut
badinage Il porte la grâce et l'esprit dans tous guère plus heureuse que celle de Marot à l'égard
tes genres légers, la ballade, le rondeau, l'épi- de la 'poésie sacrée ni le génie de Ronsard, ni
ptutune, t'épttre, etc. puis, touché par le soume la langue de l'époque, ne suffisaient à une telle
de la réforme religieuse, it veut donner au pro- tentative.
testantisme français ses chants sacrés, et entre- Parmi les noms qui brillent autour de Ronsard,
prend la traduction ou la paraphrase en vers des soit dans la pléiade, soit en dehors, nous devons
Psaumes de David: tàcne supérieure à la fois à mentionner Remy Belleau (1528-1579), le poète
son talent et aux ressourcesacquises de la langue pastoral au talent abondant et souple Jean-An-
française; sur tes données les plus lyrique*, les toine de Baif (1532-1589), qui tenta d'introduire
f~atOKM de Marot ressemblent encore a nos vieux dans notre prosodie, au lieu ou a côté du vers
Noëls. rimé, le vent mesuré des anciens; le seigneur Du
Après Marot et un petit nombre de poètes qui Bartas (tM4-)59 )), qui osa, dans son poème de la
n'ont pas des visées plus hautes, comme Margue- Sepmaine (1579), chanter l'oeuvre des sept jours
rite de Navarre (1492-1549), plus célèbre par ses de la Création et qui fut quelquefois, par l'idée et
contes que par ses vers, ou Mellin de Saint-Ge- par la langue, à la hauteur de son sujet Philippe
lais (1491-1558), qui lutta pour retenir la poésie Desportes (1545-I6M) et Jean Bertaut ()570-1611),
dans les afféteries amoureuses, commence enfin les deux poètes les plus corrects et les moins am-
la véritable renaissance littéraire avec Ronsard, à bitieux db l'école; Jean Passerat (1534-160Ï), poète
la fois célèbre par ses œuvres personnelles et par érudit, sans pédantisme, mais non sans vigueur,
son influence comme chef d'école. Six des plus l'un des collaborateurs de la Satyre Ménippée;
notables de ses contemporains se réunissent à lui enfin deux poètes dont l'un résume le xvf siècle
pour former ie groupe brillant désigné sous le dans ses traits les plus caractéristiques, et dont
nom de pléiade française. Ils ont leur manifeste, l'autre marque la transition entre ce siècle et le
ou déclaration de principes, rédigé par l'un d'eux, suivant Théodore-Agrippa d'Aubigné (t551-1630)
Joachim du Bellay (1520-1560) sous le titre de et Mathurin Régnier (1573-1613). Le premier,
Défense et illustration de la lan ue française homme et poète d'action, voué au protestantisme
(1549). Joachim du Bellay fut lui-même un poète, avec une ardeur indomptable qui lui valut quatre
attaché par système à l'imitation des Grecs et des arrêts de mort, ne s'arrêta pas aux petits genres
Latins, mais qui n'en porta pas moins une grâce si chers à l'école de Ronsard, mais il osa tenter la
toute française dans le genre du sonnet, récem- poésie toute moderne et toute vivante, en prenant
ment emprunté à la littérature italienne. On l'ap-
pela le « prince du sonnet n, comme on appela le
chef de t'écote le prince de l'ode ».

pour sujet les guerres religieuses de son temps;
son poème, les Tragiques, comprenant neuf
mille vers et divisé en sept livres, qui, sous les
La principale étoite de la pléiade, Ronsard titres de Misères, Princes, Chambre <fM~e, Feux,
(1524-1585), rayonne sur tous les genres à la fois; Fers, Vengeance, ~MoeMCKt, sont autant de ta-
mais le poète excette surtout dans le genre lyrique, bleaux terribles et d'implacables satires des vio-
dont il varie les tons et les formes à l'intini. Et, lences et des infamies, qui, au nom de la religion,
dans ce genre, tes sujets gracieux lui conviennent ont désolé ou déshonoré la France. Régnier traite
le mieux. Il y porte tantôt le charme naturel du aussi la satire, mais en moraliste et non en sec-
langage et du sentiment, comme dans cette ode- taire homme du monde et homme d'église, il se
lette '< si connue moque des traverset flagelleles vices par la mise
Mignonne, allons voir si la rose en scène de l'hypocrisie, il prépare et annonce
Qut, ce matin, avait d<c)ose
Molière.
Sa robe de pourpre au soleil, Le théâtre, à l'époque de la Renaissance, est
A point perdu, cette vesprée, l'objet d'une tentative de réforme littéraire qui,
Les plis de sa robe pourprée rompant avec la foi naive du moyen âge, le ratta-
Et son teint au vutre pareil. che pour longtemps à l'imitation et à l'influence
Tantôt il redouble la grâce du langage par les de l'antiquité. Pendant la première moitié du
recherches ingénieuses du rythme siècle, les mystères sont encore le spectacle favori
du peuple les sotties, farces et moralités trouvent
Bel aubépin florissant, aussi dans Pierre Gringoire ~475-1544} leur der-
Verdissant,
Le long de ce beau rivage, nier et plus brillant interprète mais l'école de
Tu es vestu jusqu'au ba< Ronsard dédaigne ces amusements vulgaires elle
Des longs bras retourne, par une imitation déjà savante, à l'an-
D'une lambrunche(vigne) sauvage. cienne tragédie classique. Etienne Jodelle (1532-
Ronsard ne le cède à personne dans le sonnet. 1573), Jacques Grévin (1540-1570), Robert Garnier
Le suivant figure avec raison dans tous les recueils (1545-1601), Antoino de Mentchrétien (1575-1621),
prennent l'antiquité grecque et latine, ainsi
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle, qu'à l'histoire sacrée, les sujets que traiteront
Assise auprès du feu, devidant et filant, après eux Corneille et Racine ils prennent aussi
Direz, chantant mes vers et vous esmerveillant
« Ronsard me cÉlébroit du temps quej'estoisbelle. < aux tragiques anciens, mais aux Latins plutôt
qu'aux Grecs, la manière de les traiter. On sent,
Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, malgré les erreurs du goût et l'insuffisance ma-
Dësja sous le labeur à demy someillant, nifeste de la langue, que nous touchons au théâtre
Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,
Bénissantvostre nom de louange immortelle. classique.
Je serai sous la terre et, fantosme sans os, III. TROISIÈME PÉMODE. TEMPS MODERNES.
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos
Vous. serez au foyer une vieille accroupie, DuMep<:?m<<'c/<– Ici, nous entrons dans
1"
Regrettant mon amour et vostre Her dédain. un monde plus connu les noms des auteurs et
Vivez, si m'en croyez, n'attendezà demain; les titres de leurs œuvres sont plus familiers, les
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.
rôles mieux définis, les sources et les renseigne-
Jaloux de donner à la langue française un ments sous la main nous pouvons donc être
court et marquer simplement par des noms pro- quelques autres qu'il serait injuste d'oublier. Le
pres, sans autant nous y arrêter, les étapes par- poème d'opéra est créé par Quinault (1635-1668).
courues. Le xvn" siècle s'ouvre littérairement qui a survécu aux injustices de Boileau. Dans la
avec François Malherbe (1555-1628), qui, très in- comédie brillent encore, quoique au-dessous de
férieur, pour l'invention, aux meilleurs poètes de Molière, Boursault (1638-1701), l'estimable auteur
l'école de Ronsard, a été proclamé par Boileau le du Mercure galant, et Regnard (1655-1709), dont
premier maître de notre poésie, pour la pureté de ie Joueur et le Légataire universel sont des
la langue et la cadence harmonieuse du vers. œuvres encore très vivantes. Mais, dans la tragédie,
Balzac (1594-1654), Voiture (1598-1648), portent les rivaux de Corneille et de Racine, comme l'abbé
dans la prose la même sdvérité, et s'étudient à lui Boyer (1618-1698), ou Pradon (1632-1698),
sont
donner de la grandeur et de la délicatesse. L'hôtel restés célèbres que par de tristes succès denecabale
de Rambouillet met à la mode les raffinements du ou de justes chutes. Il est d'autres poètes qui,
sentiment et du bel esprit. L'Académie française sans renoncer aux genres élevés, se sont fait
est fondée par Richelieu pour régler d'autorité la nom dans les genres secondaires tels sont un
langue à la fois et le goût (1635). En dehors de son Racan (1589-1670), le poète des bergeries; Bense-
influence, Descartes (1596-1650)assouplitla prose, rade (1612-1691), si célèbre par ses rondeaux;
en l'assujettissant, dans le Discours de la ~~iode Scarron (1610-1660), le créateur de la parodie;
(1637), à l'interprétation des systèmes philosophi- Segrais (1624-1701), dont les églogues
ont fait ou-
ques, et Pascal (1623-1662), dans ses Lettres pro- blier le théâtre; M"" Deshoulières (1637-1694),
vinciales (1656), lui donne toutes les ressources dont la poésie pastorale vaut mieux aussi
de la dialectique et de l'éloquence, pour la défense essais dramatiques; Chapelle que les
(1626-168..), et
de la foi et de la morale. Au théâtre, après les Chaulieu (1639-1720), si goûtés
innombrables improvisations d'Alexandre Hardy vers, faciles et légers. Le grand pour leurs de
petits
l'épopée
(1560-1632), parait le grand Corneille ()606-16S4), n'offre au contraire genre
que des œuvres prétentieuses
qui, à la suite d'une assez longue période de tâ- et ridicules, comme la Pucelle de Chapelain (1595-
tonnements, affirme son génie, méconnu de Ri- 1674), sauvée de l'oubli par les épigrammes et la
chelieu et de l'Académie française, dans une série satire.
de chefs-d'œuvre tragiques: le Cid (tt;36), Horace, La prose, au règne de Louis XIV, prend son plein
Cinna, Polyeucte, Pompée (1643), sans compter essor dans la littérature religieuse. Le christia-
le ~eH~Mr. qui crée chez nous la haute comédie; nisme, développant, avec toute l'ampleur de la
puis il se laisse envahir par une longue décadence. forme oratoire, l'austérité des principeset l'accord
Le théâtre, si brillamment inauguré avant l'a- de la raison avec la foi, a suscité une famille entière
vènement de Louis XIV, restera pendant son d'écrivains et de prédicateurs dignes des plus
règne le principal centre littéraire du siècle au- beaux temps de l'Eglise; car la chaire et le livre
quel ce roi donne son nom. C'est, après le sublime de piété se répondent, avec la même dignité de
Corneille,le sensible et profond Racine (1639-1699), style et le même sentiment de spiritualisme pro-
qui, dans les tragédies d'~cb-omao'M (1667), Bf:- fond. Au premier rang marche Bossuet (1627-1704),
tannicus, j~/M-M~f, Iphigénie, P/K~b-e (16T7), qui résume en lui tous les Pères, par la science
donne à toutes les passions humaines le plus élo- théologique et par l'éloquence chrétienne,
quent langage, et qui, après douze dont
d'une re- tous les tons lui sont familiers: tour à tour apôtre
traite causée en grande partie par ans les injustices fougueux, panégyriste brillant, controversiste in-
de la critique, emprunte à la tradition biblique fatigable. Puis vient Fénelon (1651-1715), qui,
les sujets et l'inspiration d'Esther (1689) et
d'Athalie (1691). Racine avait montré, en passant, sans dédaigner les sources chrétiennes, a puisé
dans l'antiquité grecque un pur atticisme, qu'il
une grande verve comique dans les P/at't/eM~ conserve partout, soit qu'il enseigne et discute le
(!668). Mais le vrai représentant de la comédie, dogme, soit qu'il développeune utopie morale en un
c'est Molière (1622-1673), qui aborde avec succès poétique roman, ou qu'il s'abandonne aux effusions
tous les genres: la farce, la comédied'intrigue, la d'une âme mystique. Autour de ces maîtres de la
comédie de mœurs ou de caractère, et prodigue chaire, l'Eglise de France voit se grouper le sé-
tour à tour la gaieté, l'esprit d'observation, les vère Bourdaloue (1632-1704), l'agréable Fléchier
hauts enseignements. Maniant avec le même bon- (1632-niO), l'habile et élégant Massillon (1663-
heur la prose et le vers, il s'est placé et maintenu, j 1742).
dans la faveur publique, au premier rang des mo- Horsde la chaire, on retrouve la parole austère
ralistes et des écrivains de tous les temps. mais non sans grandeur des solitaires de Port-
Un autre écrivain a conservé une popularité au Royal, l'infatigable Arnauld (1612-1694), le docte
moins égale; c'est La Fontaine (1621-1695), qui, re- et prolixe Nicole (1625-1695), qui faisait les délices
nouvelant l'ancien esprit gaulois et unissant le de M"" de Sévigné, et surtout l'éloquent et tour-
plus parfait naturel à un art consommé,a su faire, menté Pascal, dont l'œuvre suprême n'existe pour
d'un simple recueil de Fables, une véritable comé-
die universelle, essentiellement humaine, et re- nousqu l'état de débris dans le recueil des
Pe/M~M. A l'étude morale de l'homme appartien
présenter sous le masque des animaux, avec le nent deux autres livres immortels: les Maximes
langage et les mœurs de son temps, les types de de La Rochefoucauld (1613-1680), dont le pessi-
toutes les classes de la société, et toutes les misme reste aussi étranger aux sentiments reli-
scènes de la vie. Aux quatre grands représentants gieux du temps qu'~ celui de la dignité de l'âme
de la poésie sous Louis XIV il convient de ratta- humaine, et les Ca~ae~'M de La Bruyère (1645-
cher le nom de Boileau (1636-1711), sinon pour 1695), qui associe aux peintures si fines et si déli-
1 originalité des œuvres, du moins pour l'impor-
icates de l'homme la défense du spiritualisme
tance du rôle et de l'influence: Boileau, dans ses chrétien. La philosophie de Descartes trouve
.EpKr~ et ses Satires, soutient et guide les bons <
aussi dans Malebranche (1638-1715) un interprète
écrivains et fait une guerre implacable aux moins pieux qu'éloquent. A cette époque, la
mau- non
1
vais; son Art poétique l'a fait appeler le législa- tthéologie et la philosophie sont partout. Cachant
teur du Parnasse » son ~t-:M est resté un modèle 1un fond sérieux sous la forme la plus légère et la
du genre héroï-comique. On voudrait à sa critique plus gracieuse, Mm. de Sévigné (1626-1696) mêle
plus de largeur et d'indépendance, mais il était 1
les
1 dissertations jansénistes ou cartésiennes aux
impossible de donner à la langue plus de rigueur commérages de la cour et aux inépuisables épan-
et de précision. <
chements
( de. l'amitié. L'histoire, médiocrement
En dehors de ces consacrés par la tradition
classique, le théâtrenoms
au xvn' siècle en offre encore
représentée
i par Mézeray (t610-)6S3), manque
siècle, avec l'esprit de critique qui en est au
xvn~
J la
condition; mais. elle cet rachetée pour la postérité et la raison même de leur développement, de teut
par des Jf<motrM,qui,du cardinal de Retz ()6H- progrès on de leur décadence.parmi D'un autre cote,
1(!79.) et de M" do Motteville(t62t-i688) a Saints BuNbn, classé ordinairement tes quatre
Simon (16~5-H5&~ jettent une lumière aussi vive grands écrivains dn siè~ie, trouve dans l'étude de
qw'tmprévae sur les hommes et têt événements la nature, non seulement la eatisfaction d'une cu-
contemporains. riottté savante, mais aussi un aUmentpour~resprtt
Dtz-AM~Me M~:<e. Le xvn)' siècle philosophique, et partieuMèfement une matière
ne e'éloigne que d'une façon insensible, dans le inépuisable de peinture littéraire.
domaine littéraire, du siècle :de Louit X!V, avec Un cinquième écrivain, Diderot, mérite d'être
lequel it doit rompre d'une maMere si violente, ptacé sur la même ligne, et par ses qualités litté-
par 80n esprit généra! et par see aoetttnes, en raires et par sa pttrticipation infatigable aux htttes
philosophie et en religion. Un homme le domine du temps à part son rôle philosophique, dans
et partit le remplir tout entier,c'est Voltaire (16M- lequel û pousse trop votontters la liberté de pen-
1178), qui reste le premier adorateur du grand- ser et d'écrire jusque la licence, Diderot intéresse
règne en se faisant le chef du mouvement qui dott particulièrementl'histoire littéraire par la création
en ébranler les principes. Voltaire s'exerce daat de la critique d'art, et par son inttnence sur le thét-
presque tous les genres à la fois et, tottjoursplas tre, où Il s'efforce, par labourgeoise
théorie et par l'exemple,
philosophe qu'artiste, il fait de presque tontes d'introniser la tragédie ou le drame
ses oeuvres Itttératres des instruments de guerre; moderne.
sinon contre le christianismelui-même, du moins Dans i'œnwe do propagande philosophique et
contre l'ignorance superstitieuse ou l'esprit d'in- de progrès social du siècle, se présentent ensuite,
toléranceet de fanatisme qui ont trop souvent là des rangs différents le centenaire Fonte-
régné en son nom. C'est pourtant à des inspira- nelle (t66ï-t'!57), bel esprit et savant tout en-
tions chrétiennes que se rapportent plusieurs de semble, qui, appartenant aux deux siècles, étonne
ses plus belles œuvres. A peine sorti des bancs du ie diï-septième par la hardiesse de sesréserve para-
collège, il entreprend de donner à notre littéra- doxes, et le dix-huitième par sa discrète
ture le poème épique classique, vainement essayéé l'égard des idées nouvelles; d'Alembert dans (1717-
depuis Ronsard, et il y réussit dans une certaine 1783), ie représentant de la libre science le
mesure, en écrivant la Henriade. H aborde ensuite monde des encyclopédistes; Turgot (1727-1781),
le théâtre et la renouvelle, aplusieurs égards, sans le sage défenseur de la tolérance et l'un des
abandonner tout à fait la tradition classique créateursde l'économie politique Condorcet (1743-
Zaïre, J~aAotn<<, la Mort de César, .M~qpc, 1794), ie théoricien du nouveau dogme de la per-
Rome sauvée, font appel tour à tour à rémotion fectibilité humaine.
populaire et à la raison, l'esprit d'indépendance. Pour rentrer dans un ordre plus spéeMement
Inférieur dans la poésie lyrique proprement dite, littéraire, il nous faut citer, dans le roman Le-
Voltaire est incomparable dans la poésie familière sage (1668-1747), avec ses attachantesétudes d'ob-
et badine, ainsi que dans l'épitre et le discours servation morale, le Diable boiteux et Gil A&M;
philosophique. H manie la parodie avec une verve, l'abbé Prévost (169ï-t763), avec son émouvante
une liberté qui ne connaît pas de mesure. Dans histoire de JihmoM Z,MMM<; Marmontel (1723-
il
la prose, est un des créateurs de l'histoire, à t'!90), dont les CM<e~ M<M'atcc, le Bélisaire et les
laquelle il ouvre des horizons nouveaux et qu'il ~t«M furent plus Mutés de ses contemporains
embrasse tout entière, depuis la monographie que ses utiles Eléments de littérature; Flo-
biographique jusqu'à la philosophie de l'histoire. rian (tt55-)794), dont les prétentieux récits en
Comme philosophe, tout lui est prétexte a polé- prose eufent aussi plus de vogue que ses Fables,
mique au nom du bon sens, de la raison ou de seules dignes de lui survivre; puis, dans la poésie
la science, il est sans cesse en lutte avec les pré- lyrique, Jean-Baptiste Rousseau (1670-1741). dont
jugés, les abus ou l'erreur, soit dans le roman, les mérites comme versificateur ont été tour à
qu'il traite avec une rare finesse, soit dans les tour loués et dépréciés outre mesure; Lefranc de
libres articles de son Dictionnairephilosophique, Pompignan (1709-1784), dont quelques belles
soit dans les innombrablespamphlets qui marquent strophes sont citées partout; Gilbert ()'!51-
toutes les périodes de sa longue carrière, soit dans 1780), qui marqua aussi sa place dans la satire;
cette immense et précieuse Correspondance entre- Eèouchard-Lebrun, dit Lebrun-Pindare (1729-
tenue, d'un bout de l'Europe à l'autre, avec tout 1807), non moins connu par la malice de ses épi-
ce qui compte dans le mondedes affairespubliques grammes que par la pompe de ses odes.
et dans les lettres. Voltaire est, en outre, Famé de Au théttM, à c6té de Voltaire, se rangent le
la grande machine de guerre philosophique et sombre Crébillon (t674-n62), son constantet iné-
religieuse qui s'appelle l'EMcye/op~te. gal rival; De Belloy (t727-m5), l'auteur de la
Jean-Jacques Rousseau (nt2-t778),dontle nom patriotique tragédie <e Siège de Calais; La-
est resté si étroitement lié à celui de Voltaire, fosse (le33-1108), dont le Manlius rappelle d'un
pousse son siècle vers le même but avec une ar- peu loin les Romains de Corneille; La Chaus-
deur non moins soutenue. Après la Nouvelle Hé- sée (169H754), dont les comédies larmoyantes
~oMf, qui mêle à l'éloquence de la passion la furent accueillies comme des homélies; Lesage
discussion ardente de vérités neuves ou de para- qui, avec C)-MpM et 7'MrcarC<. porte à la scène,
doxes, son Émile est accueilli moins comme un comme dans le roman, la critique des mosurs
ingénieux traité d'éducation que comme le hardi contemporaines; AlexisPiron (1689-1773), célèbre
manifeste de la religion naturelle. Il propose, par ses épigrammes de circonstance et dont la
dans le Contrat social, la refonte complète, par Métromanie a mérité de survivre; Gresset (1709-
une utopie, de la société dont il a renversé les ITn), dont la grande comédie dn Méchant al'ingé- moins
bases dans de célèbres pamphlets. Ennn, il ouvre vécu que son petit poème de Vert-Vert;
de nouvelles sources littéraires dans ses Confes- nieux Marivaux (lMS-n63), avec toutes les
sions, par le retour intime sur soi-même et par finesses de sentiment et de langage que rappelle
le sentiment exalté de la nature. son nom; La Harpe ()739-)803) qui, malgré ses
Un penseurplus calme, Montesquieu (t689-l'?55), nombreuses tentativesdramatiques, est plus connu
après avoir sacriné à l'esprit frondeur du siècle comme professeur et critique, par son volumineux
dans les Lettres persines, recherche dans des Cours de littérature- Fabre d'Eglantine (1755-
œuvres longuement méditées et fortement écrites, t799), dont le Philinte de Molière fat le meilleur
la GfatM~Mf et la décadencedes Romainset t'Esprit succès enfin et surtout Beaumarchais (i73'2-
des lois, les conditions naturelles des institutions 1799), dont le BarKer"~ Séville et le Mariage été
Figaro ont défendu avec une verve si brillante que convaincu, Rivarol(lT53-)801), les idées et
un
les nouvelles idées et légué à la littérature et
type immortel.
Un certain nombre d'écrivains en prose se tien
les institutions du passé sont & peine défen-
dues. De Mirabeau à Danton, de Vergniaud à
Robespierre, de Camille Desmoulins à Hébert,
nent en dehors du mouvement philosophique nous ne pouvons suivre ces luttes parlementaires
dont Voltaire est le centre, ou s'efforcent d'y rë et ces guerres de plume, tour & tour brillantes et
sister tel est l'honorable et savant Daguesseau sinistres, et nous rappellerons plus volontiers,
(1668-1751), aux œuvres oratoires, laborieuses et pour clore l'histoire littéraire de tout le siècle,
raffinées; tel est notre bon vieux Roliin(lu6t-n4t), que la poésie n'avait abdiqué dans la tour-
qui, voué au latin jusqu'à soixante ans passés, mente révolutionnairepaselle s'affirme jusqu'au
aborda le français avec tant do bonheur, que son pied de l'échafaud, André Chénier (1762-
Traité des études, si précieux à tant d'égards, est, t794), qui, suivant avec célèbre devise
selon Villemain, « un des livres le mieux écrits de sa
notre langue, après les livres de génie; » tel est Surdes pensers nonveam faisons des vers antiques,
encore le jeune et sympathique moraliste, Vauve- va retremper son originalité dans l'inspirationgrec
nargues (1715-1147), dont le généreux livre des que. Ses idylles et ses élégies, dont laJeune cap-
Réflexions et Maximes ne se rattache à la phito- tive l'impérissable
eophie du xvm* siècle que d'une façon générale, chantsestnationaux dont lamodèle, se mêlent aux
Marseillaise de Rouget
par la liberté de la pensée. Parmi les adversaires de Lisie (1760-1836) reste le type. Le théâtre qui,
de Voltaire, il n'y a guère à citer que l'abbé Gué- s'affranchissant des traditionsclassiques, accueitli
née (1817-1803) pour sa polémique spirituelle et les œuvres de Shakespeare arrangées a Ducis
savante, et Fréron (t718-t776)) pour son infatiga- (1733-1816), voit se produire une suite par de pièces
ble courage; les autres, et ce dernier lui-même, de circonstance inspirées la Révolution
sont moins connus par leurs osuvres que par les qui n'ont qu'une vogue éphémère par et
innombrables épigrammes dont les accabla la citer, mais il faut
malice voltairienne. au milieu même du procès de Louis XVI, les
généreuses protestations produites & la scène par
L'histoire inspire, au xvtn* siècle, des travaux Jean-Louis Laya (H6)-18~i) dans MtHt des lois.
hardis ou savants; ceux de l'abbé Mably (1709- On ne peut quitter le xvin* siècle sans remar-
1785), qui reprend en sous-œuvre les paradoxes quer l'influence qu'y exercent les femmes. l'éc! t
de Jean-Jacques et les méditations de Montes- que jette l'esprit de conversation, et l'incroyable
quieu ceux de Fréret (1688-1749), qui,
recherches personnelles,inaugura toute la par ses extension de la langue et de la littérature fran-
science çaise à l'étranger. C'est le siècle des salons litté-
moderne de nos origines nationales; ceux sur- raires, des doctes cafés '), des réunionsmondaines,
tout des Bénédictins de Saint-Maur,dont les '<
grands où l'on traite des chosesde l'esprit commedu grand
recueils, la Gallia christiana, l' Histoire littéraire intérêt du présent où les femmes prennent
de la France, etc., continués jusqu'à nos jours main la en
cause des lettres et de la philosophie et con-
par l'Institut, sont l'honneur de 1 érudition fran- tribuentà en faire des puissances où M "Du Châ-
çaise enfin l'ingénieux et savant abbé Barthé- telet, Du Deffand, d'Eptnay, Necker, de Staël
lemy( ) 716-1 795) dont te fo~e a~ ~M~c ~MacAa~ d'autres soutiennent et tant
et étendent
sis fut. pour les gens du monde eux-mêmes, taire, des d'Alembert, des Diderot, des Jean-
l'action des Vol-
une révélation de l'antique société grecque. Des Jacques et des Turgot. La sociabilité française
mérites tout littéraires et des circonstances favo- vient aide
rables ont popularisé les compositions historiques, toute en au sentiment d'humanité qui anime
la philosophie du siècle, et, par la double
bien inférieures pour le savoir et l'exactitude, de contagion de l'idée et do la mode,
l'abbé de Vertot (1655-1735) sur les révolutions de donne plus notre nation
que jamais le ton à
la République romaine, de l'abbé Raynal (f!<3- cours, à ses académies. Notre souveraineté intel- l'Europe, à ses
~796) sur les établissements européens dans les lectuelle littéraire est proclamée plus haut à
Indes, et de Duclos (1704-1773) sur son propre Berlin etetà Saint-Pétersbourg qu'a Paris. Non
siècle. Aux historiens proprement dits, Û faut seulement le roi de Prusse, Frédéric le Grand,
joindre les nombreux et intéressantt mémoria- élève de Voltaire, philosophique fran-
listes, comme )e duc de Luynes, d'Argenson, çaise dans sa résidence a une cour
Barbier, Bachaumont, etc., et les auteurs de ces d'écrire lui-même de Potsdam, il est ner
en prose et en
grandes correspondances avec l'étranger, qui peu- langue 1 impératricede Russie, Catherine Il, la vers dans notre
vent, comme celle de Grimm, devenir des monu- même ambition et le même orgueil. L'étranger a
ments, et qui onttant contribué à étendre à toute nous fournit des écrivains français, comme Hamil-
l'Europe le mouvement littéraire et philosophi- ton, Grimm, le prince de Ligne, l'abbé Galiani, qui
que de la France. joignent à la correction et à la clarté le mouvement
Vers la fin du xvm* siècle, il faut distinguer et la finesse. Avec notre langue,
la littérature pure et la littérature d'action. Dans notre nos ouvrages et
philosophie pénètrent partout, et, par un
la première, la poésie, s'inspirant du senti- excès qui appellera des réactions, l'imitation fran-
ment de la nature, fait une très grande place au çaise, provoquée successivement par la perfection
genre descriptif. Après Roucher (nM-t794) et de nos œuvres classiques et par l'ascendant de
son poème des Mois, et Saint-Lambert (1716-1803) nos idées révolutionnaires, paraît suspendre, de
et celui des SoMO~, vient i'abbé Delille (1738- tous côtés, en Allemagne, en Angleterre,
1813), qui, ayant traduit avec bonheur les Géor- en Espa-
gne, en Italie, en Russie, le mouvement propre à
giques de Virgile, applique la poésie didactique à chaque nation et à chaque littérature.
tout ce qui. est susceptible d'être décrit. Sous 30 DM'-neMM'~Mesiècle. Au moment où les
l'influence plus directe de Jean-Jacques Rousseau, agitations politiques de la France révolutionnaire
Bernardin de Saint-Pierre (n~-)8t4). dans ses sont comprimées par la main puissante de Napo-
Etudes de ~f nature et dans Paul et Virginie, con- léon, un nouveau mouvement littéraire, celui de
sacre le genre de la description en qui fart romantique, se dessine et se développe tout
devait avoir jusqu'à nos jours tant prose,
de faveur. fait en dehors de l'action du pouvoir. Il prend
Dans la littérature d'action, la révolution qui ter- naissance dans les théories critiques qu'une
mine le siècle renouvelle l'éioquence politique 'emme à l'esprit brillant, M-' de Staël (~66-)817),
et le pamphlet, et crée le journalisme vaste mou- a fille de Necker, développe dans son livre de
vement dans lequel, à part les boutades d'un froid ~t/ema~nc, sous l'influence des nouvelles écoles
et caustique observateur, Chamfort (fMi-<79i) et ittéraires et philosophiques d'outre-Rhin. M'" de
les vives escarmouchesd'un écrivain plus spirituel jtael, qui a écrit en outre deux beaux romans
d'analyse morale, de passion et d'art, Delphine nom de l'école romantique, jeter dans ce même
et CortKTM, et un livre d'un grand sens politique, genre lyrique une richesse de forme inattendue;
les Considérations s~r la Révolution ~rn~faMe. appartenant au passe par le sentiment monarchi-
s'est vue en butte aux hostilités du gouvernement que et religieux, les <MM et &a//a</es (1822), que
impérial et a dû fuir devant la proscription pro- suivent les 0~<M<<M(t828), les Feuilles d'aut omne
voquée par sa trop libre pensée. Dans le même (1831), etc., tirent de la tangue poétique tous les
temps, un esprit plus éloigna de celui du effets de la musique et la peinture; une ncuvelle
xvm' siècle inspirait Châteaubriand (HOS- pléiade de poètes se groupe, sous le nom do
t84S) le Génie du Christianisme ou les Beautés « cénacle, autour de ce chef d'école de vingt ans;
de la religion chrétienne, ouvrage destiné & rafne- tes deux Deschamps (Emile, 1791-187), et Antony,
ner les 'mes à la foi, non par la démonstration, 1800-1869), Sainte-Beuve (1804-1869), et plus tard
mais par le sentiment et la poésie deux petits Alfred de Musset (1810-1857), le plus populaire
romans, ~<a/a et René, dont le second fat appelé après io maître, Théophile Gautier 0811-1872),
un K Werther chrétien, » faisaient partie de cette etc., rompent le vers lyrique à tons tes caprices
apologétique d'un nouveau genre qui introduisait du rhythme, du sentiment et de l'imagination.
dans la littérature, comme dans la religion, des Mais les grands coups de la réforme se portent
formes et des habitudes de langage inusitées, un au théâtre. Victor Hugo a donné lui-même le
grand vague dans les idées et leur expression, manifeste dit romantisme, dont le nom vague e<
le luxe de la poésie dans la prose, la recherche obscur prêtait aux interprétations les plus exagé-
des traits pittoresques, un usage immodéré du rées, dans la célèbre préface du drame de Crom-
néologisme. Châteaubriand donna ensuite, sous la well (1827), qui n'était point fait pour la scène
même inspiration poétique et religieuse, le poème puis il obtint dn roi Charles X, malgré tes do-
épique en prose des Martyrs, puis, dans un grand léances de l'Académie française, de faire passer
nombre d'écrits de littérature, de voyages, d'his- au théâtre son drame d'Her~OMt (25 février t830},
toire, de politique, soutint ce rôle de penseur resté le principal type littéraire du genre et qui,
chrétien et de politique royaliste auquel il devait détrônant enfin la tragédie, amène tes partisans
donuer un éclatant démenti posthume par ses de l'art classique à compter avec les innovations.
Alémoires d'outre-tombe. Casimir Delavigne leur donne une heureuse part
La cause de la religion et du royalisme était dé- dans les Enfants d'Edouard et Louis Xf; Fran-
fendue avec moins d'art, mais avec plus de ri- çois Ponsard (1814-1867), malgré l'apparence de
gueur par un écrivain, moitié étranger, moitié retour aux traditions classiques, dans sa tragé-
français, le comte Joseph de Maistre (1754-1821), die de Lucrèce (1843), leur fera, dans Charlotle
l'auteur des remarquables Soirées de Saint-Pé- Corday et ses autres drames une largo mesure.
tersbourg et d'une foule de virulents pamphlets Quant à Victor Hugo, poursuivant au théâtre
contre la raison, la liberté, contre tous les prin- les luttes mêlées de chutes et de triomphes du
cipes et institutions des sociétés modernes. romantisme, il produit Marion Déforme (1831),
Tandis que ces trois écrivains échappaientM'ae- le Roi s'amuse (1832), Lucrèce B<'ry&(1833), ~M-
tion de l'Empire par leur génie littéraireou se tour- gelo (1835). Ruy-Blas (1838), les Burgraves(1843).
naient ouvertement contre lui, la littérature offi- Les principales de ses pièces, comme Hernani
cielle, maintenue dans les traditions classiques, et Ruy-Blas, seront longtemps reprises au théâ-
se mourait d'épuisement. Le gouvernement impé- tre avec le plus brillant père
succès. D un autre côté,
(1803-1870) exploite avec
rial avait ses poètes, académiciens ou sénateurs, Alexandre Dumas
auxquels il commandait des odes, des poèmes, un rare bonheur !e drame tiré de l'histoire, en
des tragédies, qui jetés, par ordre, dans les mou- pliant d'autorité les faits et les personnages aux
les connus, manquaient de mouvement et de vie, combinaisons de sa puissante imagination de ro-
et n'avaient aucune prise sur la génération nou- mancier. Il trouve, dans cette direction, une
velle. Parmi les noms les moins oubliés de cette nombreuse suite d'imitateurs.
littérature médiocre, on peut citer, en renvoyant Le genre dramatique présente, à la même épo-
pour plus de détails aux dictionnaires spéciaux, que, d'autres veines de succès; une longue po-
Arnault, de Jouy, Fontanes, Campenon, Luce de pularité s'attache au vaudeville, par lequel Eugène
Lancival, Parseval de Grandmaison, Raynouard, Scribe (1791-)86<) et ses nombreux collaborateurs
Baour-Lormian,Legouvé,Népomueene Lemercier, présentent.dansune infiniediversité, l'image super-
Lebrun; un groupe d'auteurs comiques ne man- ficielle, mais intéressante, delà sociétébourgeoise.
quant pas de finesse, Collin d'Harleville, Picard, D'autres viendront qui, comme MM. Alexandre
Duval, Etienne, etc. Excité par la pénurie même Dumas fils, Emile Augier, Th. Barrière, etc., pein-
du présent, le besoin de nouveautés cherchait une dront nos plus mauvaises mœurs avec crudité et en
satisfaction dans les littératures étrangères. On se ferontl'amère satire, ou bien, comme E. Legouvé,
passionnait pour les poèmes nébuleux et sans au- Octave Feuillet, V. Sardou, etc., représenteront
thenticité d'Ossian; on prenaitau théâtre allemand des mœurs plus sympathiques avec des ridicules
ses élucubrations les plus sombres au lieu des ou des vices moins odieux; sans compter les
arrangements de Shakespeare par Ducis, on ré- nombreuses fantaisies dramatiques dont l'exemple
clamait des traductions complètes et fidèles. On a été donné par les gracieux Proverbes d'Alfred
empruntait aussi à l'Angleterre une poésie lyri- de Musset.
que plus vivante, et le genre byronien devenait Mais la peinture infatigable du siècle par lui-
une mode, une fureur. même se produit dans le roman, qui, multipliant
C'était, en effet, par la poésie lyrique et par le les volumes ou envahissant le journal par le
théâtre~ que la littérature dfvait trouver, en feuilleton, prend tous les tons et toutes tes for-
France, sa rénovation. Casimir Delavigne (1793- mes, et qui devient tour à tour, avec Honoré de
t84~), sous l'influence du sentiment patriotique, Dalzac (1799-1850), Victor Hugo, Alfred de Vigny
avait rajeuni les formes de l'élégie, dans ses (!799-1'863), Nodier (1780-1844), les deux Alexan-
premières AfMs~e'fTtes (18)8); Béranger (1780- dre Dumas, Eugène Sue (1804-1859), Mérimée
1857), avec une langue encore classique et sobre,' (l8"3-l)i70), George Sand (1804-1876), MM. Octave
donnait au simple genre la chanson une
de variété, Feuillet. J. Sandeau, G. Flaubert, Erckmann-Cha-
un intérêt patriotique, qui commençait sa longue trian, etc.; une représentation générale de la co-
d'histoire populaire, une
popularité; bientôt Lamartine (nsO-~869), dans médie humaine, un cours
ses Méditutions (1MH), renouvelait si complète- école, parfois malsaine, de politique ou de science
ment la poésie lyrique, qu'il paraissait l'avoir sociale, enfin une mine inépuisable d'art et de
créée. Alors Victor Hugo (né en 1802) vient, au fantaisie.
La poésie ne s'est pas arrêtée, hors du théâtre, avec toutes les ressources de l'érudition et la
aprè-~ie premier effort du romantisme. Outre ses puissance du talent Guizot (1787-1874), de Ba-
Maux recueils de Nouvelles !?!ea!:<a<tOHS, d'Ha; rante(n82-186e).Michelet(H98-18'!4),Edgar Qui-
mo7t!'Mpoe<Q'Me!et 'e/t~teMfte!,de Recueillements, net ('(803-1875), Thiers (17M7-1877).de Vaulabelle
Lamartineadonne à notre temps son épopée intime, (1799-1879), Lamartine, MIgnet, Henri Martin,
dans Jocelyn.Aux poésies lyriques de ses débuts, Louis Blanc, etc., qui, parcourant en tout sens le
Victor Hugo ajoute, sous des inspirations poli- champ du passe, se sont efforcés de rendre aux
tiques et philosophiques toutes contraires, 1s institutions leur portée, aux objets la couleur, aux
livre vengeur des CA<}<!me?: les mélancoliques personnages la vie, aux moindres drames l'intérêt
Contemplations, l'aventureuse Légende des siècles, et la passion. La critique est devenue à son tour
les capricieuses Chansons des rues et des bois, etc. une histoire lumineuse et féconde: après l'impul-
Avec moins d'originalité, mais avec une grande sion donnée par Villemain, grâce à la curiosité uni-
distinction de langue poétique et de sentiment, verselle de Sainte-Beuve, aux vues ingénieuses et
MM. Aug. Barbier, Autran, de Laprade, Leconte de aux savants travaux d'une foule de professeurs et
Lisle, Baudelaire, de Banville et bien d'autres, ont de journalistes, toutes les littératures anciennes
exploré, comme poètes, le champ de la politique, ou modernes ont été l'objet d'études minutieuses,
de la philosophie ou de la nature. approfondies,qui ont remis en lumière les hommes
La littérature philosophique, religieuse ou po- et les ouvrages de tous les temps, de tous les pays,
litique a gardé une large part dans la prose. Dans et ont permis de juger la valeur absolue et relative
la controverse théologiqua, Joseph de Maistre a de chacun, en le replaçant dans le milieu où il a
pour successeurs de Bonald (17~-1840), de Frays- vécu.
sinous (1765-1841), Lamennais (1782-1854), tour à Telle est la longue carrière que la littérature
tour ardent défenseur des doctrines ultramontai- française a remplie, depuis le moment où, sur
nes et de la politique radicale Lacordaire (1802- l'antique sol gaulois, s'est formée la langue qui
1861), son disciple, qui abandonne ses doctrines lui sert d'instrument, à travers toutes les vicissi-
dès que Rome les a condamnées Montalembfrt tudes morales, sociales et politiques dont elle est
(1810-1870), autre disciple du même maltre, s'ef- la constante et fidèle image. Intimement liée à la
forçant jusqu'au bout de concilier le libéralisme vie nationale, elle est appelée à s'associer encore
avec l'orthodoxie Mgr Dupanloup ()802-1877), aux transformations de l'esprit français et à se-
jaloux défenseur des prétentions de l'Eglise sur conder l'influence qu'un peuple maitre de lui-
l'éducation, etc. Le spiritualisme philosophique, même peut exercer sur ses destinées et sur celles
restauré dans l'Université par Royer-Collard, du monde. S'il est vrai que le passé réponde de
trouve un magistral représentantdans Victor Cousin l'avenir, celui de la langue et de la littérature
(1792-1867) et de bridants ou savants interprètes françaises autorise encore de patriotiques espé-
dans ses élèves Jouffroy ()796-t842), MM. Va- rances. [G. Vapereau.]
cherot, J. Simon, etc.; mais il lui faut compter Outre l'article général qu'on vient de lire, et
avec les nouvelles recrues du matérialisme scien- qui donne un tableau d'ensemble de la littérature
tifique, maintenu en médecine par Broussais (1772- française, ce Dictionnaire consacre à diverses
1838) et transformé en positivisme par Auguste parties de cette littérature et à quelques auteurs
Comte (1795-1857) et Littré. L'économie poli- classiques un certain nombre d'articles spéciaux,
tique produit, de Jean-Baptiste Say (1767-1832) à conformément au programme du cours tel que
Michel Chevalier (1806-1879), toute une école de nous allons le donner. (Pourcelles dessectionsdu
publicistes distingués, tandis que le socialisme lui programme qui ne sont pas suivies de l'indication
suscite dans Proudhon (t~OM865)un redoutable d'un article spécial, le lecteur voudra bien se re-
contradicteur. Et ce grand mouvement d'idées porter à l'article ci-dessus, qui sera d'ailleurs con-
n'est pas sans un intérêt littéraire; car, de nos sulté avec profit pour chacune des autres sections.)
jours plus que jamais, le succès de propagande
du philosophe tient au talent de l'écrivain. Le PROGRAMME DU COURS DE LITTÉRATURE FRANCAISE.
journalisme a participé, comme le livre, à cette
libre activitëdelapenséemoderne;lespub)icis- I. Origines. Formation de la langue. V. Ro-
tes de la presse quotidienne et des grandes revues M<MM (langues), Franeaise (langue).
ont souvent mis au service d'une doctrine ou d'un II. La langue d'oc et la poésie de la France du
parti une science profonde du style. midi. V. Troubndours.
Nos institutions, depuis la chute du premier III. La langue d'oil. La poésie épique et la
Empire, ont tenu presqueconstamment ouvert le poésie lyrique de la France du Nord jusqu'au
champ de l'éloquence politique, et les luttes de la treizième siècle.
tribune font aujourd'hui partie de notre histoire. IV. La poésie didactique, satirique, allégo- t
Bornons-nous à rappeler, pour ne parler que des rique, lyrique, du treizième au quinzièmesiècle.
morts, les noms de Royer-Collard, du général t'oy, V. Le théâtre français au moyen âge.
de Manuel, de Casimir-Périer, de Berryer, de Le- VI. La prose française au moyen âge.
dru-Rollin, de Lamartine, do Thiers, de Guizot, de VII-VIII. Le seizième siècle prose et poésie.
Jules Favre. La chaire a aussi ses beaux jours, à IX. Malherbe et ses contemporains; le premier
Notre-Dame da Paris, avec Frayssinous, Lacordaire, tiers du dix-septième siècle.
de Havignan, qui, à part leur talent oratoire, aidè- X. Pierre Corneille. V. Corneille.
rent quelquefois au succès de la prédication reli- XI. Descartes, Pascal, Port-Royal. V. Des-
gieuse par des excursions sur le terrain profane cartes (dans la I" PARTIE), Pascal.
de l'histoire et de la politique centemporaines. XII. Molière. -V. Molière.
Une tribune d'un autre genre a jete aussi un grand XIII. La Fontaine. V. La Fontaine.
éclat: c'est celle de l'enseignement public dans XIV. Boileau. V. Boileau.
nos facultés, auxquelles la Sorbonne, sous la Res- XV. Racine. V. Racine.
tauration, a donné, dans les leçons de Guizot, Cou- XVI. – Bossuet, Fénelon et la chaire chrétienne
-V. Bossuet (dans la I" PARTIE), Fénelon (dans
sin et Villemain, de mémorables modèles.
L'histoire et la critique littéraire ont eu encore
de nos jours de brillantes destinées. La première
laf PARTIE).
XVII Autres écrivains de l'époque de Louis XIV
a été transformée, pour l'art de la composition et XVIII. Epoque de transition Le Sage, J.-B.
l'autorité de la science, dans les écrits d'Augustin Rousseau, Fontenelle, La Muthe, Racine le fils,
Thierry (1795-1856). que la perte de la vue a fait Massillon.
appeler l'Homère de l'histoire. Puis sont venus, XIX. La première moitié du dix-huitième sie-
de débuts de Voltaire et de Montesquieu. XI-XII. Littérature italienne. V. Italie
V. Voltaire, Montesquieu. (p. 1080).
XX; Le dix-huitième siècle, de l'apparition
l'Encyclopédie à la mort de Voltaire et de Rous-
de XIII. Littératures espagnole et portugaise.
V.&'<!pa~e'p.04),Por<M!/a<. –
seau. V. FTtcyc~op~MfM, Voltaire, Rousseau XIV-XVI. Littératare anglaise. -V. Angleterre
(dans la I" et dans la 11' PARTIE). (au supplément). Shakespeare.
XXI. Le dix-huitième siècle, de la mort de XVH-XY1IL –supplément). t.ittérature allemande V. Alk-
Voltaire et de Rousseau a la Révolution. André magne (au
Chénier. V. Chénier (André). XIX-XX. – Littératures américaine, belge, hol-
XXII. La littérature française classique sous le landaise, polonaise, russe, scandinave, suisse.
Directoire, le Consulat et l'Empire. V. jE<< ~ft'~ (p. ÏM), Bf~t<te (au supplé-
XXIII. L'école nouvelle du commencement du ment), Pays-Bas, Poloyne, Russie, Scandinaves
xix* siècle Châteaubriand, M" de Staël, Bé- (E<<!<s), Suisse.
rangfr, etc. On pourra consulter également, pour l'ensemble
XXIV XXV – L'école romantique dans la poésie des littératures étrangères, les articles Cnm~M,
première moitié UrtMM~Me (genre), E itre, Epopée, Fable, N~M-
et au théâtre. La prose dans la lettre), OrafeMf~P/tt~opAte (His-
du xix" siècle histoire, roman, etc. toire, Z.yn~Me
XXVI. La littérature française contemporaine. toire de la), Po~te, Prose, Roman, Satire, Tra-
XXVII-XXX. Révision générale. gédie.
Outre les articles auxquels renvoie ce pro- LOCOMOTIVE.
motive est machine
I. DÉFtNtTTON.
à

haute
La loco-
pression,
gramme, on pourra consulter aussi un certain munie de une générateurvapeur a
et portée sur des roues
nombre d'articles de notre co ors de littérature et son
style, tels que Poésie, Épopée, ty'tOM? (genre), qu'elle fait mouvoirgrande elle-même. Elle sert à re-
Epi~e, Fable, Satire, DranM~KC (genre) et morquer, avec une vitesse, les convois sur
les chemins de
'~a~f, Cmedie, ï'f<~<M!'e, Thédtre classique, La locomotive diffère de la locomobile fer.
Pro<< Orntpurs, Histoire et N~<0)'enï, Roman; en ce que
et beaucoup d'autres articles généraux ou spéciaux · cette dernière ne se transporte pas elle-même au
Philosophie (histoire de la), Critique, F' f)?!M (his- point où son action est nécessaire et qu'elle peut
toire), «enotManef, Siècle (.eizième), Siècle (dix. être considérée, en quelque sorte, comme une
~ep<?"?), Siècle (6f!<tMt<t~Mt?), Siècle (~M-nCM- machine fixe, puisqu'elle ne change point de place
vième), ~ca~m<e/~ancatM, Louis XI V, Directoire, pendant la durée de son premier action.
essai de locomo-
Consulat, Amyot, etc. II. HISTORIQUE. Le
LITTÉRATURES ÉTRANGÈRES. – L'étude tive est dû à un ingénieur français, Cugnot, qui
des littératures étrangères ne forme pas une partie construisit, en t769, une voiture à vapeur mar-
chant sur les routes ordinaires. Les expériences,
expresse du programme des examens du brevet faites en présence du ministre Choiseuiet du pu-
supérieur, et, en effet, comme il ne peut être ques- blic,
tion d'exiger des instituteurs la connaissance de l'insuffisance ne furent pas très heureuses. A cause de
plusieurs langues étrangères, on ne saurait raii vait fournir de la chaudière, la voiture ne pou-
sonnablement leur demander d'apprécier des lit- était difficileune longue course; son maniement
tératures dont ils connaissent à peine quelques mètres à l'heure. et sa vitesse ne dépassatt pas 4 kilo-
fragments par des traductions. Néanmoins, comme On la voit encore aujourd'hui
Conservatoire des arts et métiers it Paris.
les notions générales de littérature impliquent auLa première locomotive marchant sur des rails
(V. Littérature et style) quelques vues d'ensemble été construite )804 dans le de Galles
en pays
sur l'histoirelittéraire des principaux peuples ci- apour le transport du charbon de terre elle remor-
vilisés comme la connaissance des langues an- 10 tonnes et sa vitesse était de 8 kilomètres
glaise, allemande, italienne et espagnole, qui fait quait l'heure. Son principal défaut consistait dans
partie du brevet facultatif, doit être accompagnée le
de quelques notions élémentaires sur les littéra- manque d'adhérence sur les rails, de telle sorte
si l'on dépassait le poids indiqué précédem-
tures correspondante3 comme enfin il est inad- que, les p~tM!M<, c'est-à-dire tournaient
missible que les plus grands noms et les chefs- ment, roues
remédier à ce grave inconvé-
d'œuvre de l'esprit humain en dehors de la France sans avancer. Pour
l'idée, en )8<t, de placer
soienttotalement étrangers aux maîtres et aux élèves nient, Blenkinsop dentée
eut
milieu de la machine et une
de nos écoles normales, nous avons jugé opportun une roue au
les rails; Chapman, en
de grouper sous le titre trop ambitieux peut-être crémaillère fixe entre
de Littératures étrangères quelques leçons très fin, 1812, remplaça la crémaillère par une chalne sans
sommaires destinées à former, à ce point de vue, lia les parallèle aux rails; Stephenson, en 1814, re-
le complément soit du cours d'histoire générale, lesquelles passait
trois essieux par des roues dentées sur
soit du cours de littérature française. Plusieurs 18~5. Hackworth trouva une chalne sans fin; enfin, en
la véritable solution en
de ces leçons ne sont que des subdivisions d'une le poids de la locomotive, et en rem-
leçon d'histoire générale; quelques-unesont pris augmentant
plaçant la chalne et les roues dentées par une
un développement beaucoup plus grand en raison bielle d'accouplement.
de l'importance ou de la popularité du sujet. Une deuxième question, aussi importante que
Voici le programme que nous avons suivi la précédente,restait a résoudre il fallait trouver
PROGRAMME DU COURS DE LITTÉRATUREÉTRANGÈRE. le moyen de produire rapidement une grande
L Généralités. -Divisions et limites du sujet. quantité de vapeur sans augmenter les dimensions
V. Littératures étrangères, et les principaux ar- de la machine. En tH28, un Français, Marc Séguin,
ticles du cours de littérature et style. né à Annonay, résolut complètement le problème
!I. Les littératures de l'Inde, de la Perse an- par l'invention des chaudière, tubulaires, dont la
tique et de l'extrême Orient. V. Inde, Perse, première application fut faite sur le chemin de
Orient (E.E~me). fer de Lyon à Saint-Etienne,
111. Littérature hébraïque. V. Bible (dans la Le ?0 octobre 1829 eut lieu a Rainhill, en An-
I" PARTIE). Israélites, Jui fs. gleterre, un concours organisé par la Compagnie
IV-VI. Littérature grecque. -V. Grèce (p. StO). de Liverpool à Manchester, avec promesse d'une
VH-1X.– Littérature latine. V. Latine (~<< forte récompense pour l'inventeurde la locomotive
rature). la plus parfaite. Stephenson remporta le prix avec
X. Littératures arabe et perEMe. – V. JMa- la Fusée, machine a chaudière tubulaire, dans la-
H/iM, Mahomet,Perse. ouelle le tirase était activé par un jet de vapeur
dans la cheminée. Elle remorquait un poids de qui sont simplement des machines voyageurs,
38 tonnes avec une vitesse de 25 kilomètres. destinées a la traction rapide de trains express
Ce concours eut un retentissementconsidérable lourds ou à la traction de trains ordinaires de
et décida de la création des chemins de for. voyageurs sur des profils un peu accidentés.
Pendant une vingtaine d'années, l'attention des Cette tendance est de nouveau constatée à Vienne
ingénieurs fut principalement portée vers l'aug- en 1873 et à Paris en 1878.
mentation de vitesse des locomotives. En 1845, En effet, la notice sommaire insérée, selon l'ha-
Stephenson présenta une nouvelle machine per- bitude, dans le catalogue officiel de 1878, par les
fectionnée qui pouvait tralner au moins 100 ton- soins du comité d'installation, résume la situation
nes avec une vitesse de 40 à 60 kilomètres et qui en ces mots
fut adoptée aussitôtsur tous les chemins de fer. Ce « Pour les machines locomotives, les progrès
brillant résultat fut encore dépassé en ]8i9 pur la portent principalement sur l'emploi plus étendu
locomotiveCrampton, qui faisait 80~ 100 kilomè- des machines à quatre roues couplées de grand
tres par heure, et qui fut adoptée sur les grandes diamètre, pour le remorquage a grande vitesse de
lignes de France pour remorquer les trains ex- trains plus lourds que les trains anciens. »
press. 111. CLASSIFICATION ACTUELLE. t" Sur les gran-
On divisait alors les locomotives en quatre des lignes, on emploie des machines à 4 roues
classes machines à ~ot/a~fMfs, avec roues indé-
)Ka'f*A:'iM ~E<e~, avec deux essieux
couplées pour les voyageurs,
les marchandises
et 6 roues couplées
pendantes pour
couplés machinesà M~re/tam'~M~, avec trois es- 2a Dans les pays accidentés, on emploie des
sieux couplés machines express à grandes roues machines à 6 roues couplées pour les voyageurs,
indépendantes. et à 8 roues couplées pour les marchandises
Si les Anglais s'occupaient avec tant de succès 3° Dans les chemins de fer d'intérêt local, on
ds la vitesse des locomotives, le continent, de son emploie des Ma!cA:nM-~M<<e)'~ à 6 roues couplées,
c~té, ne restait pas inactif et dirigeait ses re- dans lesquelles les réservoirs d'eau et de coke
cherches vers un autre point, la force de traction. font partie intégrante de la machine, pour tout le
En effet, les lignes de chemins de fer les plus service;
faciles avaient été faites les premières et l'on 4° Enfin on emploie la t?M<t:'?c-f/er ordinaire
avait pu éviter les fortes pentes et les courbes à 4 roues couplées pour la banlieue des grandes
ayantmoinsde7a800metresderayon.Maia.ilil villes et le service des gares.
y avait d'autre~tignes à faire dans des pays acci- IV. DESCRIPTION DE LA LOCOMOTIVE STEPHENSOK.
dentés, à travers des montagnes. C'est alors que Toute locomotive comprend trois parties la
le concours du Semmering, en 1852, dirigea les machine à vapeur, le eAtt' :ot, la chaudiére et ses
études des ingénieurs vers les machines àforte annexes.
traction. Dans la locomotive Stephenson, la machine à
Quatre machines furent présentées à ce con- vapeur se compose essentiellementde deux cylin-
cours elles furent classées, par ordre de mérite, dres à vapeur dont les pistons actionnent, chacun
de la manière suivante .Bat)"yta, H~t'eH~-NcM- par l'intermédiaire d'une bielle et d'une mani-
~an'<, Se' a:my et Vindobona. Elles furent toutes velle, l'essieu portant les roues motrices.
récompensées, mais aucune d'elles ne fut admise. Le chariot se compose d'un châssis formé par
On peut dire que le concours du Semmering a deux longues pièces en fer appelées longerons,
été le point de départ de l'étude des machines à réunies à leurs extrémités par deux traverses en
grande puissance et faible vitesse, et qu'a ce titre, bois. Ce châssis repose sur les essieux des roues
il a une importance historique comparable à celle par l'intermédiaire de forts ressorts en acier il
du concours de Rainhill en 1829; il a donné lieu est e.c~!fM' c'est-à-dire que sa largeur est plus
à la fameuse machineautrichienne Engerth, en 1855, grande que la longueur de~ essieux et qu'il en-
ayant 4 paires de roues couplées, pesant 62 tonnes toure les roues. Ces roues sont au nombre de
et pouvant remorquer, sur des pentes de 5 milli- six.
mètres par mètre, un poids de 4 à ;)UO tonnes La chaudière proprement dite se compose d'un
avec une vitesse de 30 kilomètres à l'heure. gros cylindre horizontal appelé corps e</t!K(A'Mf,
Pour suivre maintenant l'historique de la loco- qui est traversé, dans toute sa longueur, par un
motive, il suffit de jeter un coup d'oeil sur les grand nombre de tubes en cuivre, 130 à 150, s'a-
grandes expositions internationales. bouchant à une extrémité dans la &n~e à feu, et
L'Exposition de 18.')5, à Paris, fut un reflet a l'autre extrémité dans la boite à fumée. Le com-
assez exact de la situation des chemins de fer il bustible est placé sur une grille à barreaux mo-
y avait un certain nombre de machines puissantes, biles et indépendants au fond de la boîte à feu.
entre autres trois machines Engerth, dont une Cette dernière est entourée d'eau de tous côtés,
exposée par le Creusot, toutes les trois destinées sauf en dessous du cendrier et vers la porte
à la France. On voyait également à cette Exposi- d'entrée. Les tubes sont entourés d'eau do tous
tion de 1S55 une machine à 8 roues couplées, la cotés. Le corps cylindrique est ordinairement re-
W!'c?:-Ra"&, le premier système de ce genre, tel couvert d'une < ~em~e ou enveloppe en bois pour le
qu'on l'emploie actuellement, et côté la machine garantir du refroidissement; il est muni de diffé-
Crampton. rents appareils de sùreta:manomètre,indicateur
Les deux types opposés, Engerth et Crampton, et robinets de niveau, soupape de sûreté w et
jouèrent un rôle considérable, mais furent bientôt sifflet d'alarme J (fig. 1).
modifiés et transformés. En effet, la locomotive Les gaz provenant de la combustion traversent
Engerth, qui trônait à l'Exposition de 1855, après les tubes en cuivre en abandonnant à l'eau une
avoir supplanté les quatre machines du concours partie de la chaleur et s'échappent par la chemi-
du Semmering, ne parait plus à l'exposition de née après avoir traversé la boite à fumée. Le tirage
l!f!8. La locomotive Crampton ne figurait même est, d'ailleurs, activé par un jet de vapeur dans
pas à l'exposition de 1867. la cheminée.
En 1862, à Londres, on trouve un dérivé de la La vapeur formée dans la chaudière tend à
machine Engerth, la machine S<MM6~ qui re- s'élever et se rend d'abord sous le dômep, appelé
parait à Paris en 1S67, mais qui est bientôt aban- t'~e'uot)' de t~peM; Un ;M/a:<eMr à p ~p!<M q,
donnée. espèce de robinet mu par la MtMe~e r, sert a
L'Exposition de 1867 indiquait une tendance fermer ou à ouvrir un gros tube longitudinal s,
bien accusée du renforcement des machines,qu'on entouré de vapeur. Si ce tube est ouvert, la vapeur
appelait '~).):~)' dans l'ancienne classification, et s'y précipite, descend deux tubes verticaux ",pé-
notre dans les deux machines à vapeur et, après la machine à vapeur, extrait l'eau du tender et la
avoir agi sur les faces des pistons, revient dans refoule dans la chaudière. Un robinet e, placé
la cheminée par le tube v pour activer le tirage. sous la main du mécanicien, sert à régler l'ali-
La tige de chaque piston a s'articule avec une mentation.
bielle ce' que fait mouvoir l'essieu coudé des roues Aujourd'hui, le mode précédent d'alimentation
du milieu et entraine la locomotive.Il faut remar- est absolument abandonné et remplacé par un
quer que les deux coudes de l'essieu sont à angle appareil très ingénieux appelé l'injecteur Gif-
droit, l'un par rapport & l'autre, et non pas dans fard.
!e même plan. Le but de cette disposition est de La mise en marche des locomotives en avant
faire que l'un des pistons soit encore au milieu on en arrière se produit à volonté à l'aide d'un
de sa course quand 1 autre est au bout de la sienne, système de leviers articulés, que l'on voit en par-
de manière que la locomotive avance régulière- tie sur la figure 1, au-dessous de la bielle, et qut
ment et non par saccades. porte le nomde coulisse de Stephenson.
Un wagon spécial, appelé <eK< qui suit im- On remarque encore en avant des locomotives
médiatement la locomotive, porte la provision de une tige verticale, )tppe)ée chasse-pierres, qui sert
combustible et d'eau nécessaire au service de la à écarter les obstacles qui peuvent se trouver sur
machine. Un tuyau e' fait communiquer le tender les rails, et un robinet purgeur pour enlever la
avec l'intérieur de la chaudière. Une petite pompe vapeur d'eau condensée dans les cylindres.
aspirante et foulante, actionnée par le piston de V. LocoMOTivE CRAHpTON. – La figure X ropré-

Fig. 1. Locomotive Stephenson.

sente une locomotive Crampton, à faible puissance nuantr le diamètre des roues, en augmentant les
et à grande vitesse, employée pour les trains dimensions
( du foyer et de la ~M)'/<~ce de chauffe
&m~M. tpour activer la production de vapeur et en accou-
Dans cette machine, les roues motrices sont plant 1 les roues par des bielles pour augmenter
placées & l'arrière elles ont S'.IO 2*,M de dia- 1l'adhérence sur les rails.
mètre, tandis que celles de la locomotive Stephen- Dans cette machine, le tender est relié à la
son n'ont que t°*,40 environ. C'est là qu'est la locomotive
1 par un boulon particulier qui permet
cause principale de la différence de vitesse, car, le
1 passage dans les courbes; il porte une partie
en supposant que les roues motrices fassent, du
c foyer. Les cylindres à vapeur sont extérieur:
dans les deux cas, le même nombre de tours pen (et horizontaux et tout le mécanisme est visible.
dant des temps égaux, la machine Crampton par- VII. MOUVEIIENTS ANOMAUX. – Les locomotives,
courra un chemin presque double. indépendamment
i de leur mouvement de progres-
La machine Crampton se recommande par une E sion principal, sont sujettes à divers mouvements
grande stabilité qui tientà l'abaissementdeson cen- anormaux qu'il importe de resserrer dans d'é-
tre de gravité et à l'écartement des essieux tout troites
1 limites si l'on veut éviter l'usure rapide du
le mécanisme est placé à l'extérieur et facile à matériel des chemins de fer et diminuer les chan-
surveiller. ces de déraillement. Ces mouvements sont au
VI. LocoMOTtVE ENGERTH. La figure 3 repré- nombre de quatre, savoir
sente une locomotiveEngerth, à grande puissance f
Le mOMfem<H< de lacet ou mouvement ei-
et à petite vitesse, employée pour les trains de nueux, qui se propage dans toute l'étendue du
marchandises. On a obtenu ce résultat en dimi- train et fait que celui-ci s'avance en serpentant.
Il tient au défaut de symétrie des deux pistons l'insuffisance de la charge portée sur les roues
dont l'un va en avant pendant que l'autre va en extrêmes. On le diminue en rendant les cylindres
arrière, et il est fort difficile de l'éviter à moins horizontaux et en répartissant convenablement la
d'employer trois cylindres à vapeur. charge sur les essieux
2° Le mouvementde galop ou mouvement oscil- 3° Le mouvement de roulis ou mouvement
latoire autour d'un axe perpendiculaire à la voie. oscillatoire autour d'un axe paraHèie à la voie.
peut tenir à l'inclinaison des cylindres et à II peut tenir à l'imperfection de la voie dans le cas

F]g. 2. Locomotive Crampton.

où les rails fléchissent inégalement, et au manque la sécurité des voyageurs, mais le plus désa-
forcé de symétrie dans le mouvement des bielles gréable.
qui relient les pistons aux essieux. VIII. RENSEIGNEMENTS CtVERS. – Une locomo-
4° Le mouvement de tangage, ou mouvement tive Stephenson coûtait 42000 francs une ma-
oscillatoire rapide d'avance et de recul. Il tient chine mixte, dans l'ancienne classification,coûtait
aux réactions exercées alternativementpar la va- 45000 à 50000 francs; une machine Crampton,
de chaque cylindre et il est
peur sur les bases C'est 55000 à 60000 francs, et une machine Engerth, en-
impossible à éviter. le moins dangereux pour viron 100000.

Fig. 3. Locomotive Engerth.

Dans la locomotive Stephenson, la vapeur se au lieu de. 150, et un foyer plus grand, ce qui
forme à 5 atmosphères la force moyenne est de porte sa surface de chauffe à près de 100 mètres
60 chevaux-vapeur; la surface de chauffe, com- carrés; son poids est de 30 tonnes, et elle con-
prenant les parois de la chambre à feu entourées somme environ 8 kilogrammes de coke par Mo-
ti'MU et les parois intérieures des tnbes, est de mètre.
50 mètres carrés. Le poids de cette machine est La locomotive Engerth a une surface de chauffe
de 12 tonnes elle consommeenviron44 titres d'eau de près de 200 mètres carres la vapeur s'y forme
et 7 kilogrammes de coke par kilomètre. à une tension de 8 atmosphères; son poids tot!i!,
l,
La locomotive Crampton renferme lf3 tubes, y compris le tender avec lequel eHe est liée, est
de 62 tonnes, et elle consomme 16 al8 kilogram- Maison conséquente pour Maison considérable.
mes de coke par kilomètre. Recouvrir la santé –Recouvrerlasanté.
Dessus la table – Sur la table.
IX. PROBLÈME. La ~t<<ance entre les <~tM: Faites excuse – Je vous fais mes excuses.
gares de Cognac et eT~n~OM/~te ~<n< de 50"90 Avoir des raisons – Avoir des contestations.
est supposée parcourueen 1 heure 36 minutes par
une locomot:ve pesant 40 tonnes et à roues cou- C'est, commeon le voit, une déviationdu sens dès-
plées ~a~s de )"~0 de diamètre. On a'em<!?!d!< mots causée par l'ignorance ou par de mauvaises
l* le nombre de tours faits par chaque roue; habitudes. Recouvrir et recouvrer, de«:M et sur,
le poids que pourra traîner cette locomotive,si conséquent et considérable sont des paronymes
le coefficient de frottement est tlgal au </)0 du Éloignés faciles à confondre pour des oreilles peu
poids lie la machine et si le tirage est à la charge délicates. Trop souvent les enfants trouvent chez
dans le rapport de 1 à 100. eux ou parmi leurs camarades ces locutions
Quand une roue fait un tour sans glissement, vicieuses, contre lesquelles il faut réagir, car ces
la machine avance d'une longueur égale à la cir- fautes, légères en apparence, pourratent boule-
conférence de cette roue. Dans le cas présent, verser la langue si elles arrivaient à passer dans
cette longueur est de le langage littéraire.
L'histoire de notre langue onre un exemple re-
t",50X3,H16=4" marquable de l'influence du barbarisme dans les.
Autant de fois elle sera contenue dans la dis- évolutions du langage. Le français, qui vient du
tance à parcourir, autant chaque roue fera de latin corrompu et graduellement transformé dans
tours. la bouche des Gaulois et des Francs, n'a été d'a-
bord qu'un tissu de mots tronqués,, défigurés,
50900 4,7) = 10807 tours.
qu'on <t peine à reconnaitrè dans le texte fameux
La puissance de traction d'une locomotive est des serments de Strasbourg (842). Le barbarisme
limitée par l'adhérence sur les rails, et cetie-ei joua alors ufi rôle important dans la formation
est égale au poids de la machine dans le cas des de la tangue. tt en reste des traces encore vi-
roues couplées. Par conséquent, dire que le coef- n'est sibles, et l'on peut citer telle irrégularité qui
ficient de frottement est égal à )/t0 revient à qu'un lointain souvenir de ces anciennes
dire que le train est entralné par une force fautes de langage. Par exemple, tes noms du genre
égale à neutre on latin ont ordinairement donné des
40 )0=4
40: 10 = 4 tonnes, noms masculins en français membrum le
membre; templum, le temple, etc. Mais dans la
et comme une force de traction de 1 kilogramme basse latinite, le pluriel neutre a été souvent
est capable d'entraîner un poids de 1CO kilogram- confondu avec les noms féminins de la première
mes, il en résulte qu'une force de 4 tonnes pourra déclinaison, à cause de l'identité de la terminai-
remorquer une charge de 40~ tonnes. son a; et c'est grâce à ce barbarisme que pom~M
[A. Bougueret.] (pluriel poma) a donné le substantif féminin
LOCUTIONS V!CtECSES. – Grammaire, XXHI. pomme; folium (pluriel folia), le féminin feuille;
On appelle locutions vicieuses des façons de cornu (pluriel cornua), le féminin corne, etc.
parler contraires au bon usage et aux règles de C'est grâce encore à un barbarisme semblable
la grammaire. Un ai-éonaute pour un aéronaute, que le mot orgue est des deux genres en français.
f~s''A<!rf)<t/' pour rébarbatif, allons promener Il était neutre en latin (o'mMm) et, comme têt,.
pour allons nous promener il a recouvert la vue il était termine par a au pluriel (or<ya?M) cette
pour il a recouvré la vue, sont des locutions vi- désinence féminine a fait illusion à nos pères qui,
cieuses, parce qu'elles, altèrent la forme et le appliquant le genre féminin, disaient une &eHc
sens des mots et qu'elles blessent les règles de orgue, de ~ran~e< oryMM. Les latinistes de la
la syntaxe. En généra), toutes les fautes contre la Renaissance, pour rapprocher le mot du latin, lui
pureté du langage sont des locutions vicieuses, enlevèrent le genre féminin (que le peuple
et la grammaire tout entière n'a pas d'autre s'obstina d'ailleurs à lui conserver), et dirent un
but que de nous indiquer le moyen de les bel orgue, de beaux orgues. Les grammairiens,
éviter. pour plaire aux deux partis, décrétèrentque orgue
On distingue deux sortes de locutions fi'CteMM serait masculin au singulier et féminin au plu-
!o barbarismeet le solécisme. riel.
t* BARBARISME. Ce mot vient du grec bar- 2" SoL~ciSMB. Ce mot vient du latin M/te-
barismos, qui vient lui-même de AQr&at'os, bar- cismus, venu lui-même du grec soloïkismos, pro-
bare. On sait que les Grecs appelaient barbares prement manière de parler particulière aux
tous les peuples étrangers; le barbarisme était habitants de Soles, en Asie-Mineure. On raconte
donc à l'origine une locution étrangère à la langue en effet que des colons athéniens, transportésdans
grecque. Chez nous, c'est une faute qui dénature cette ville, perdirent avec le temps toute la pu-
la forme ou le sens des mots. reté de leur langue maternelle et donnèrent
Ainsi on fait un barbarisme quand on dit naissance au verbe soléciser (parler comme à
Apprentive (une) pour Apprentie (une). Soles). De nos jours, faire un solécisme, c'est
Aréostat Aérostat. parler contrairement au bon usage et blesser les
Cieux-de-lit (des) Ciels-de-lit (des). règles de la syntaxe. Le barbarisme porte sur les
Corpulence. mots, le so~ecMnfe porte sur la construction. Ainsi
Corporence
Colidor Corridor. cMM~s/'M' pour dégrafer est un barbarisme; de
Définitif (en) Définitive (en). peur ~M t7 se fdche pour de peur qu'il NE se /<!c/t~
solécisme. Dans le premier exemple, c'est
Disezfvous)
Mairerle
– Dites (vous).
Mairie, etc.
). est un
le mot qui est dénguré, dans le second c'est la
construction. Aussi les solécismes sont-ils plus
Dans tous ces exemples, la forme régulière dti fréquents que les barbarismes. Ces derniers ne
mot a été pervertie par une mauvaise prononcia- so rencontrent guère dans la langue écrite, si
tion. ce n'est chez les écrivains qui se piquent de re-
On fait encore un barbarisme quand on emploie produire au vif l'argot populaire. Les solécismes
une expression dans un sens qu'elle n'a pas, ou au contraire peuvent échapper même à une plume
qu'on unit ceux mots qui ne peuvent aller en- exercée, et nos meilleurs écrivains ne sont pas à
semble. Tels sont l'abri de ces petites défaillances.
Voltaire a écrit dans la ~emrt'a~ Parmi les auteurs qui sont entre les mains des
élèves, La Fontaine surtout abonde en archaïsmes
TfmtM l'horreur du peuple et tantôt leur amour.
qui semblent naturels dans sa langue pleine d'une
Leur se rapportant à peuple est au moins hardi. fine bonhomie. Les formes archaïques sont aussi
Lamartine, dans Jocelyn très nombreuses dans les dialectes provinciaux,
dans
Voir de combien de palme avaient grandi leurs troncs. vieux les patois qui ne sont autre chose que du
français, et nos instituteurs peuvent relever et
Il est clair que palme devrait être au pluriel. corriger bien des archaïsmes dans le langage de
Châteaubriand, dans le Gf~ie du C/irK<!a?:Mme leurs élèves. Enfin les notaires, les juges, les
Recevoir ceM.E CM: ENTRENT e< ceux qui SORTENT de avocats, etc., ont conservé un tangage spécial, des
ce ro!MH!e de douleur. Entrer et ~o~M' ne peu- formules de jurisprudence qui n ont guère varié
vent avoir le même complément. depuis leur origine et qui nous ont valu les bi-
Ces exemp'es suffiront pour montrer en quoi zarreries de syntaxe et d'orthographe des lettres-
consiste le solécisme. royaux, des ayants-droit, etc. Dans notre gram-
On peut encore, dans certains cas, considérer maire actuelle, quelques archaïsmes sont restés
comme des fautes contre la langue le néologisme et resteront sans doute encore longtemps, grâce
et l'archaïsme. à la force de l'habitude tels sont grand dans
NÉoLosi~ME. – Le néologisme est l'habitude grand fOt~e,j~'<:Maf chose: la forme fémininee~M.
d'employer des termes nouveaux, ou de donner dans pécheresse. devineresse, etc. le pluriel de
aux mots reçus des significations différentes de vingt dans quatre-vingts, etc., débris de la vieille
celles qui sont en usage. ti se dit aussi d'un mot langue disparue, aujourd'hui rangés parmi les
forgé ou transporté sans nécessité d'une langue exceptions et les anomalies de la syntaxe, mais
dans une autre. Ainsi a~Mse'ncnt, abracada- qui rentraient autrefois dans la règle générale.
A~'aT: ae<:f~7', am~rteaMMme, baby, balnéaire, Ils servent du moins à nous faire comprendre par
bock, &OM~CM/aae, détective, ensoleillé, leader, quelle dérivation régulière et par quelle marche
maestria, etc., etc., sont des néologismes. Il faut, progressive et naturelle notre langue est sortie
sinon fuir absolument l'emploi de ces mots que de la langue latine. [J. Dussouchet.]
l'Académie n'a pas encore admis dans son diction- LOGAHITHMES. – Arithmétique, LIII, LIV.
naire, du moinsn'en faire qu'un usage très modéré. Etym.: des deux mots grecs logns, rapport, et
Ainsi les inventions nouvelles exigent des noms a<</itKo. nombre. La connaissance des loga-
nouveaux; on trouve un instrument qui porte au rithmesne remonte pas à une époque bien reculée.
loin la voix, et on le baptise d'un nom formé de Dans te cours du xvi" siècle, quelques mathémati-
deux mots grecs, M~pAotM (têlé, loin, p/t0~, voix) ciens avaient déjà cherché des procédés abréviatifs
de même pour phonographe, instrument qui écrit de calcul ce fut au commencement du xvti' siècle.
la voix (phond, voix; <ympM, j'écris); c'est fort que, par l'étude des propriétés des progressions,.
bien. Mais voici un autre instrument qui sert à t'Ëcossais John Neper ou Napier découvrit la,
grossir la voix, à la rendre plus éclante on le théorie des logarithmes, et donna ainsi aux sa-
nomme microphone, c'est'a-dire petite voix (de vants le moyen d'effectuer rapidement les plus la-
mikros, petit, et p~n~, voix) c'est un non-sens. borieux calculs. Cette théorie est susceptibled'être
Bien plus, un cornet acoustique a reçu le nom exposée avec assez de simplicité pour qu'elle entre
d'aMah~AoKe, terme hybride formé du latin audire naturellement dans le cadre de l'enseignement
(entendre et du grec p~on~ (voix) Ce n'est pas primaire supérieur. C'est le caractère que nous
tout; on semble dédaigner sa propre langue pour tâcherons de lui donner ici.
parler anglais ou italien en français. Pourquoi I. DEFINITION DES PROGRESSIONS. On appelle
square, m'~on, ballast, reporter, gentleman, ci- pfO~MMK par différence une suite de nombres
cerone, etc., ont-ils remplacé c~re, fo:/M?'e, sable, tels que chacun est égal au précédent augmenté
KOM:)e</M~, gentilhomme, guide, etc. ? En géné- d'une quantité constante. Par exemple en ajou-
ral, on ne devrait avoir recours à un néologisme tant 2 à 1, ce qui donne 3, puis 2 à 3, ce qui donne
que pour enrichir la langue d'un terme qui lui 5, etc., on obtient la progression:
manque en second lieu, il faudrait se conformer
dans la formation des mots nouveaux au génie, 1.3.5.7.9. H.13.
aux formes propres de la langue.
AttCHAistfE. Ce mot vient du grec archais- Le nombre constant qu'il faut ajouter à chaque
terme
mos dérivé d'archaïos qui veut dire ancien; la progression. pour avoir le suivant est appelé raison de
c'est l'emploi d'expressions surannées, de mots Cette raison peut être une frac-
ou de tours vieillis appartenant à la langue du
tion aussi bien qu'un nombre entier.
moyen âge. Pieça mis pour depuis longtemps, de nombres tels
On appelle p)'oyre<s:o?: par quotient une suite
cejourd'hui pour aujourd'hui, moult pour beau- que chacun est égal au précédent
coup, sont des archaïsmes.
multiplié par un nombre constant. Par exemple, en
Ce nom, dans un sens plus général, s'applique multipliant 3 par 2, ce qui donne 6, puis 6 par 2,
encore au style des écrivains qui veulent imi- ce qui donne 12, etc., on obtient la progression:
ter le langage de nos anciens auteurs, soit en fai-
sant revivre quelques termes oubliés, soit en s'ef-
~3:6: 12:2t: 48:96.
forçant de revêtir leur pensée d'expressions et Le nombre constant par lequel on multiplie
de tours familiers à nos pères. Sans remonter ici chaque terme, pour avoir le suivant, est appelé
jusqu'aux Latins, chez lesquels Lucrèce, Sal- raMOM de la progression. Il peut être entier ou
luste, etc., ont affectionné certaines formes ar- fractionnaire.
chaïques, nous pouvons citer chez nous La Fon- 11. –PROPRIÉTÉS QUI ONT DONNÉ NAISSANCE AUX LO-
taine, J.-B. Rousseau, Paul-Louis Courier, de Ba- GARITHMES. )° Lorsqu'une progression par dine-
rante, Balzac, etc., qui ont écrit des ouvrages de rence a 0 pour premier terme, le second est lui-
longue haleine dans une langue archaïque de con- même la raison et tous les autres termes sont les
vention. C'est que cette langue naive, et hardie mulLip!es successifs de la raison.
dans sa naïveté, semble donner à nos idées mo- Pour mettre plus de simplicité dans nos expli-
dernes, avec une couleur plus piquante et plus cations, représentonsla raison par d (lettreinitialo
vive, une allure plus pittoresque et un tour plus de différence); nous aurons la progression:«
original. C'est une sorte de renouveau du lan- 0.d.2~.M.M.5'A6~
gage, toute une flore encore vivante et parfumée
dont la grâce toujours jeune séduit bien des gens. Si dans cette progression on additionne entre
eux deux ou plusieurs termes, par exemple le En effet le dividende étant le produit du diviseur
troisième 2 d et le cinquième t d, la somme 6 d multiplié par )e quotient, son logarithme est la
est olle-môme un multiple de la raison, et par somme des logarithmes au diviseur et du quotient;
conséquent elle est un des termes suivants de la par conséquent on aura !e logarithme du quotient
progression c'est le septième. en retranchant le logarithme du diviseur de celui
ï" Lorsqu'uneprogression par quotient a 1 pour du dividende. C'est ce qu'on peut présenter ainsi:
premier terme, le second est lui-même la raison, soit p ie produit de a par b, on aura d'après le
et tous les autres sont tes puissances successives principe précèdent
de ta raison.
Représentons la raison par q (initiale du mot log. p = log. a + tog. t
quotient) nous aurons la progression On en tire
? 9' ?' ?* :?':}' )og.o==logp–log. a
Si dans cette progression on multiplie entre eux Nota. On verra plus loin comment se fait la
deux ou plusieurs termes, par exemple le troi- soustraction quand le logarithme du diviseur sur-
sième et le cinquième
puissance de la raison;
< le produit y* est une passe ie logarithme du dividende.
conséquent il est un 3° On obtient le logarithme d'une puissance
par
des termes suivants de la progression c'est le d'un nombre en multipliant le /oyart<AM~de ce
septième. nombre par le degré de ~apMt'M~ce.
3° La somme de deux ou plusieurs termes de la Cette règle n'est autre que la première, dans le
progression par différence et le produit des termes cas où les facteurs du produit sont égaui. En effet
qui leur correspondent dans la progression par on a par exemple
quotient se correspondentaussi dans tes deux pro-
gressions. a'==aX"X <!
C'est ce qu'on voit clairement en mettant les D'après la première règle on aura
deux progressions en regard
t 9* 9' ?' 9* (t) log. a~ = log. a -)- log. a + log. a
4. 0. d. 2d. 3d. 4d. 5d. 6d. (2) ou:
log. a' = 3 log. a
La somme du troisième terme 2d et du cin- Aussi pour trouver le logarithme du carré d'un
quième terme 4d, dans la progression par diffé- nombre, on multiplie le logarithme de ce nombre
rence, est le terme 6d, qui occupe le septième par 2; pour avoir le logarithme de son cube, on
rang. Le produit du troisième terme qt par le
<xnquième terme < dans la progression par quo-
multipliera son logarithme par 3, etc.
4° On obtient /e logarithmed'une racine a'M?t
tient, est}', qui occupe aussi le septième rang. nombre en divisant le /o<ya!-t~me de ce nombre
De cette propriété découle une conséquence
importante. Supposons que tes termes des deux par le degré de la racine.
En effet on a d'après la règle précédente
progressions, au lieu d'être représentes par des
lettres, soient des nombres, et qu'on ait besoin de log. a' = 2 log. a
connaître le produit ~iu troisième terme multiplié log.&'=31og.ob
par le cinquième terme dans la progression par Or dans
quotient, il ne sera point nécessaire d'effectuer ces égalités a est la racine carrée de a*
leur multiplication;il suffira d'additionner entre et b est la racine cubique de 6' on en tire
eux le troisième terme et le cinquième terme de
ta progression par différence, et de chercher la log.a=-
1
los.a*
somme parmi les termes suivants le terme qui,
dans la progression parquotient, correspond à cette
somme dans la progression par différence, est le log.o~A

produit cherché. En raison de cette correspon-


dance remarquable entre les termes des deux pro- IV. –DIVERS SYSTÈMESDE LOGAMTHmS. -A une
gressions, tes termes de la progression par diffé- même progression par quotient commençant par
rence ont été appelés logarithmes des termes de 1, peuvent correspondre diverses progressions par
ia progression par quotient. différence commençant par zéro. Soit une progres-
On peut donc donner cette définition: /et loga- sion par quotient ayant 2 pour raison, et deux pro-
rithmes des nombres sont les termes d'une proy~- gressions par différence ayant pour raison l'une
sion par di~reMce comMet!fa7!<par 0 et M'rM-
pondant à ces nombres considérés comme termes 0, 1 et l'autre
(lune progression par quotient commençant par 1.
III. –
lu
RÈGLES POOR LE CALCUL LOGARITHMIQUE. ~): 2 4: 12: 24:
6 48: (3)
l" Le logarithme du produit de deux ou de
MeMrj/ac'fMM est égal à la somme dts ~artMMM
-5-0.0,1.0,2.0,3.0,4.0,5. 0,6. (4)
dM/izcteMr~. (5)
C est la propriété fondamentale que nous venons
de faire remarquer sur les deux progressions (t)
et (2). En effet le troisième terme 2d et le qua- Les termes 0,t
trième terme 3d de la progression par différence
et
seront tous deux logarith.
sont les logarithmes du troisième terme <~ et du mes du nombre 2 les termes 0,2 et seront les
quatrième de la progression par quotient, et la
somme des deux premiers, 5< est le logarithme du logarithmes du nombre 4, etc. Il y a donc une in-
terme qs, qui est le produit des deux autres. Soit imité de systèmes de logarithmes.
donc p le produit des trois facteurs a, b, c; on On appelle base d'un système de logarithmes le
aura nombre qui dans ce système a pour logarithme
tog.p=log.a+log.&+log. c l'unité. Ainsi dans )e système fourni par la pro-
gression (5) la base serait 6. Dans tous les systè-
2* Le ~a't~Kie du quotient de deux nombres mes le logarithme de 1 est 0.
est égal au /o~a''t<Ame du dividende diminué du V. – LoGAMTHMES VULGAIRES. -On désigne par
logarithme du diviseur. ce nom les logarithmes dont l'usage est général. Ce
nombres en-
livres intitulés to, 0 à leur partie entière; pour les
tous
sont ceux qui se trouvent dans les tiers
.1.: de 2 chiffres, les logarithmes ont tous 1 à leur
y;f/)/M de /ooat':<MM. fondé partie entière pour les nombres entiers de 3 chif-
Le système des logarithmes vulgaires est pa
à leur
fres, les logarithmes ont tous autant d'unités
2 partie en-
deux progressions suivantes il à
sur les tii
tière. En d'autres termes, y a
~.1-10:100:1000:10000: (6) la paf<:e entière du logarithme d'un nombre en-
3. (1) <M~9M' contient de chiffres moins un.
C; 1. 2.
Cette partie entière du logarithme, que l'on
Elles montrent que le logarithme celui de 10 esti, reconnalt
,.e à l'inspection du nombre, se nomme
que le logarithme de )004,est 2; que de 1000 caractéristique.On doit toujours l'écrire avant de
etc. La base est
est 3 celui de 10000 est calculer
donc 10. chercher
cl la partie décimale dans les tables, comme
Mais comment a-t-on pu les logarithmes on va l'expliquer dans ce qui
suit.
des autresnombres entiers'
3.4.11,I~etc~ VII. LOGARITHMES DES NOMBRES ENTIERS TER-
C'est ce que nous devons essayer de faire com- “,
MINÉS' PAR DES ZÉROS.
Soit le nombre 630
Pour
prendre.
cela, imaginons qu'on insère un
même comme
Ct
égal au
il est égal à 63 X 10, son logarithme sera
logarithme de 63 plus le logarithme de
1:
exemple, 10 qui est 1. Or on trouve dans les tables
nombre de moyens proportionnels, )5 par dans la pro-
100, etc.,
entre 1 et 10, entre 10 et autant de moyens log.63=l,9934.
dif-
gression par quotient, et
férentiels entre 0 et 1, entre 1 et 2. etc., dans la En 1 à ce logarithme, on aura »
(V. Progressions). Ces E ajoutant
progression par différence log.630 = 2,79934.
des deux progres-
moyens placés entre les termes
sions précédentes formeront avec eux deux nou-
différence t-Le logarithme de 100 étant 2, on
aurait de même «
velles progressions. La progression par
Iog.6MO=3J9934.
aura pour raison la progression par quotient
1 ce qui précède résulte la règle
De suivante pour
raison la racine seizième de 10. logarzthme d'un nombre entier terminé
aura pour racine seizième de 10, en SHOtr caractéristique
On peut obtenir la G
des zéros, on écrit d'abord sa
puis la par puis on lui
extrayant d'abord
carrée de
la
cette
racine
racine
carrée
carrée,
de
ce
10;
qui donne ~o~m~
1
£
règle précédente;
décimale la partie décimale
racine
racine carrée de la donne pour sa partie
la racine quatrième; puis la
huitième,
1
~M'o.~ trouve dans la table, pour le nombre M<!er
donne la racine
racine quatrième, ce
et enfin la racine carrée
qui
seizième.
de la racine huitième,
Cette racine
ce
seizième
1
) co~M~MM~M~z~ros.t-t)..
Observation. Quelques auteurs désignent de la
racine
valeur ap-partie décimale d'un
qui donne la logarithme par le nom
de 10 est incommensurable elle a pour mantisse emprunté aut Allemands. Il ne serait
prochée 1,15418: représentons-lapar k. quelque dénomination
pas moins utile de trouver caractéristique
Nous avons alors les deux progressions pour la
moins longue que le mot

1 2 3 1 2i.
~l-t:/t"tO:10A:10&100 (8)) partie entière du logarithme. Pourquoi ne dirait-
faute de mieux, l'entier (le nombre
on pas,
1.
1
2 (9),) entier) ?
VIII. LOGARITHMES DES NOMBRES
DÉCIMAUX.

Les nombres entiers 2, 3, 4, 5, etc., ne se trouventCef Le nombre est plus grand


nombre étant le quotient de 1536
que 1. Soit 153,6.
divisé par 10,
de
(8), puisque les termes au logarithme 1536
pas dans la progression incommensurables mais son logarithme sera égal est ).
qui ont été Insérés sont compris diminué-dû logarithme de 10, qui3,18639;
le nombre entier 2, par exemple, sera Or le logarithme de 1536 est on aura
consécutifs. On trouverait qu'il
il
entre deux termes donc
est entre et ks. Le logarithme de 2 sera <~ log. 153,6=3,18639-11
compris lui-même entre qui est le logarithme log. 153,6 = 2,18639
~-qui est le logarithme de c'est-à-dire Soit étant le
de et encore le nombre 1,536. Le nombre
conséquent, en prenant par 1000, on trouvera son
tt quotient de 1536 divisé logarithme
entre 0,25 et 0,3125. Par de 2, on aurait un loga- logarithme en1000, ôtant au de 1536 le 10-
0 25 pour le logarithme qui est 3. On aura donc
rithme trop faible, mais affecté d'une erreur moin- j- garithme de
log. 1,536 =0,t8639
dre que et à plus forte raison moindre que 0,1. 1.
Ainsi quand un nombre ~e:ma< est plus grand
qu'on pourrait déter- est la
C'est de la même manière
des logarithmes des que 1, la caraeMrMt~ue de son logarithme nombre,
miner les valeurs approchées du
même que celle de la partie cKhereprend dans la
nombres entiers. décimale, on
autres aussi si et pour aM~ /a!)ar<M
Il est évident qu'avec une approximation bientable lelogarithme du nombre comme si ce nom-
faible, les logarithmes ne rendraient pas de entier.
au- bre était MM nombre
grands services mais l'approximation sera dinsé- 2° Le nombre décimal est plus petit ?Mel. Si
tant plus grande que le nombre des moyens lé-
10 le nombre décimal 1,536, on a
rés sera plus considérable. Ce qui précède
-t on divisele par
doit logarithme de 0,1536 sera par consé-
la construction n 0 '536;
suffire pour donner une idée de
décimales, quentégal au logarithme de 1,536 diminué de 1.
des tables de logarithmes avec 5 ou On aura donc
même avec 7 décimales. Les log.O,t536=0,186M–t-
VI. CARACTÉRISTIQUE D'UN LOGARITHME. es
les lo-
.0-
deux progressions (6) et (1) montrent que pouvant pas soustraire 1 du nombre plus fai.
1 jusqu & Ne
garithmes des nombres entiers depuisjusqu'à 1; blé 0,18639, on se borne à indiquer
1-
la soustrac-
exclusivement s'étendent depuis 0 zéro à la
ÎO
logarithmes des nombres entiers depuis 10 tion seulement comme il n'y a que entier
que les oe partie entière, on y
place le nombre sous-
jusqu'à 100 s'étendent depuis 1 jusqu'à q ne
soin de mettre le signe de la
entiers depuis 100 jusqu'à 1000~00 tractif, en ayant sui-
ceux des nombres soustraction au-dessus de lui, do la manière
s'étendent depuis 2 jusqu'à etc. Ainsi pour les
les
Nombres entiers d'un chiffre, les logarithmes ont mt vante
!og.0,t536==1,19639. X. – SocSTttACTMX DMSi L06AMTBMM
TËRtSTiQOB NÉGATIVE. l'on voûtait
A CAXte-
Divisons encore 0,t536 par 10, qui donn obtenir !&
0,01536; on obtiendra de même ce me logarithme de
le logarithm sans transformer le~ dem
de 0,0t596, en retranchant 1 au logarithme de
d nombres en nombres entiers,
0,t536 on aura ainsi on devrait de:
Jog.O,Ot5M=5,tM39. log. 0,0017 =~,23045
Ainsi quand un nombre décimal est in férieur à 1 retrancher
la caractéristique de son logarithme est négative log. 0,024 ==?,MO:t.
et <e nombre d'unités dont elle se compose III,
marqué par le rang qu'occupe à droite de la vir.
gule le premier <-At~'e significatif du nombre dé.
cintal; la partie <.f<<cttna<t du logarithme est la
tie
e~ On effectue d'abord la soustraction
décimale; puis, comme on a augmenté
dixièmes le chiffre 2 des dixièmes du
sur la pap.
de 10
logarithme, premier
mA?te que si le nombre <f6ctMa< était
entier. un nombre)onne on augmente de 1 le chiffre 2 de la ce-
suivante dans le deuxième, conformément à
Ce qui précède est résume dans la règle su~ la règle ordinaire, qui donne + 1 ou a re-
vante ce
Pour avoir le logarithme d'un nombre décimât, trancher de ?.
Or pour soustraire ~'°" nombre quelconque
on ie cherche dans la table si )e nombre nombre négatif, il faut ajouter au un
n'avait pas de virgule quant comme premier le
nombre négatif pris comme nombre positif, c'est-
à la caractéristique,
on lui donne autant d'unités qu'il y a de chiffres
moins un à la partie entière du nombre décimal s a-d.re_d6barrassë du signe On retranchera
Il donc de 3 ?,
quand il est plus grand que 1 s'il est plus petit en ajoutant t à ce qui donne pour
que 1, on donne à la caractéristique un nombre g rester (V. ~Are, règle de la soustraction). On
d'unités négatives marqué par le rang qu'occupee trouvera ainsi;
'e 1" chiffre significatif du nombre décimal à
droite de la virgule.
IX. LoGABITHME D'CNE FRACTION ORDÏNAIM. – ~T=~
0,00)'!
Une fraction ordinaire n'étant
de la division du numérateur
par le dénominateur,
t
que le quotient XI. DIVISION D'UN MSAMTEME
A CARACTt-
on obtiendra le logarithme de cette frac ion, M.TIQUE NÉCATIVE. Il arrive souvent qu'ona.
retranchant du logarithme du numérateur le loga- en1 à diviser par
un nombre entier un logarithme
a
rithme du dénominateur. dont la caractéristique est négative. Si
Cette opération ne présente rien de particulier ractéristique est divisible par )e nombrecette ca-
entier,
quand le dénominateur est plus petit quia a.lieu, par exemple, dans la division
que )e numé- ce
rateur mais elle exige quelques éducations
de
dans X,8;02t par 2, it n'y a aucune difnculte;
ie cas contraire. a)orsT,~5tÏ. car on a
Soit par exemple à chercher le logarithme de r tilogarithme
n'en serait pas de même, si l'on avait
En appliquant la règle, on
ce par & diviser
3. Dans ce cas. la caractënstL
aura que négative n'étant pas divisible par 3, il faut
2~
~ë'~=Iog.<7–!og.M.
log. = log. 17 log. 24i remplacer 'S par 3, ce qui diminue ie logarithme
de 1 mais par compensation on ajoute unité.
devant la partie décimale positive. On une
remplace
Or les tables donnent
ainsi
iog.n=i,93045 2,8502t par ?+t,850:4.
log. 24= 1,3802t. En effectuant ensuite la division
par 3 sur ta
D s'agit donc ici de retrancher le plus grand lo- partie négative et sur la partie positive,
on trouve r
garithme du plus petit. Voici comment opère
on
On ajoute à la caractéristique du plus petit lo-
garithme le nombre d'unités suffisant
2,850~% ~=1,6~66.
=1,61dT466.
pour rendre
ce logarithme supérieur à l'autre, et on e/7e<'<Me
alors la MM~aehM. Puis on diminue le reste Observation. Dansla division d'un loga-
rithme. on conserve au quotient le même nombre
d'autantd'unités qu'on en avait O~OM~ aM premier
logarithme, ce qui revient à donner de chiffres décimaux que dans le logarithme
d'unités pour caractéristiqueau reste, ce
gne au dessus.
nombre
avec le si-
mais on doit toujours augmenter de le
dernier
chiffre conservé, lorsque le chiffre suivant
Dans l'exempte ci-dessus, on augmentera de
le logarithme de tï: du nombre ainsi obtenu
1 fournirait la division est 5 on plus grand
D'après
1 règle,
cette on aura
que
que 5.
retranche 1,38021, ce qui donne pour reste 0,85024on 3,850~
puis diminuant ce reste de 1, on
aura –g–==~1675.
i,61675.
log.= 1,85024. XH. DISPOSITION DES TABLES DE MaAt)tTmfB&.
H
y a des tables qui contiennent avec T
Cette règle sera toujours applicable, même dans (décimales les logarithmes de tous les nombres de-
t
le cas dune division de nombres décimaux mus 1puis jusque 10800'); d'autres tables contiennent
pour plus de facUité, on aura soin de multiplier 8seulement avec 5 décimâtes les logarithmes des
d'abord le dividende et )e diviseur par 10, 100, nombres depuis 1 jusqu'à t~OOO. Ces dernières
1000, etc., pour les convertir tous deux t
bien
sont
suffisantes c'est de celles-là que nous allons
en nom expliquer l'usage. Les
bres entiers. Par exemple, si l'on avait à trouver â deux principales sont celles
le logarithme do chercherait
loga- de Houël, qui ont le format in-8, et celles de
,0.
0,024 on le I
Dupuis qui ont le format in-~0. Dans les unes et
17 les autres, on a bien fait d'omettre les caractéris-
1Il
rithme de ttiques qui étaient dans les anciennes tables.
Les tables de Houël renferment les nombre*.
depuis t jusqu'à tOOM dans des colonnes con- On ne prend que la partie entière, 8, de ce ré-
sécutives surmontées de la lettre N, et vis-à-vis sultat mais comme la partie décimale qui suit est
les logarithmes dans les colonnes indiquées par plus forte que 0,5, on doit augmenter 8 de 1, ce
l'abréviation Log. placée en tête. La troisième co- qui donne 9.
lonne, surmontée de la lettre D, renferme les La mantisse du logarithme de 3458,67 est donc:
différences qu'il y a entre les deux logarithmes 53882 + ==53891
consécutifs placés gauche.
Les tables de Dupuis ont reçu une disposition et par suite on a
est celle des grandes ta-
un peu différente, quipremière
bles à 7 décimales. La colonne à gauche, Iog.345S6'!=5,5389t
marquée N. dans chaque page, ne présenta que les
nombres de trois chiffres mais le quatrième se On peut donner à ce petit calcul la disposition
trouve en gros caractères dans la première ligne suivante
horizontale placée soit au haut de la page, soit au Iog.3458.538M
bas. Les deux premiers chiffres du logarithme
sont les deux chiffres isolés de la colonne 0 en
pour 0,6~8J1
allant de haut en bas les trois derniers sont sur log.34,5867=t,5389t.
la ligne horizontale du nombre et dans la colonne
qui correspond au quatrième chiffre placé en tète. Le produit de la différence 13 par 0,67 est inscrit
Par exemple, pour avoir le logarithme de 7523, on dans les tables, en dehors du cadre sur la marge,
cherche 752 dans la première colonne. Les deux dans les tables de Dupuis, et dans la colonne à
premiers chiffres du logarithme sont 87 les trois droite indiquée par P. pr. (parties proportionnel-
autres sont 639 sur la ligne horizontale de 752 et les) des tables de Houët. Au-dessous de la diffé-
dans la colonne verticale portant en tête le chiffre rence 13 est une double colonne les nombres
3. Mais quand les trois derniers chiffres du loga- 1, 2,1,9 qui sont à gauche sont les dixièmes de
l'unité ceux qui sont vis-à-vis, à droite, sont les
rithme sont marqués d'une étoile, il faut prendre
pour les deux premiers, dans la colonne 0, non pas dixièmes de la différence 13. On trouve ainsi:
les deux chiffres isolés qui sont au-dessus de la
ligne horizontale du nombre, mais les deux qui HOUËL DUPUIS
sont au-dessous. Par exemple le logarithme de Pour 0,6 8 7,8
6761 sera 3,83001. Pour0,<n 0,9 0,9t
XIII. TROUVER LE LOGARITHME D'UN NOMBRE
DONNÉ. 10 Si c'est un nombre entier n'ayant Pour 0,67 8,9 8,71 ou 9
pas plus de quatre chiffres, la mantisse de son Re~Qf~ue. – La proportionnalité admise dans
logarithme se trouve dans la table, comme on vient
de l'expliquer. ce calcul entre l'accroissement des nombres et
Si c'est un nombre entier,terminépar un ou plu- l'accroissement de leurs logarithmes n'est pas
sieurs zéros, ou un nombre décimal, ou cherche rigoureusementvraie mais l'erreur qui en résulte
la mantisse du logarithme sans considérer les ici est assez faible pour qu'elle puisse être né-
zéros du nombre entier ou la virgule du nombre gligée.
décimal; il ne reste plus qu'à donner au loga- XIV. TROUVER LE NOMBRE CORRESPONDANT A
UN LOGARITHME DONNÉ. – 10
On cherche la man-
rithme la caractéristique,conformément à la règle
indiquéeplushaut. tisse dans la table, sans faire attention à la
On trouve par exemple caractéristique si elle s'y trouve, on prend le
nombre qui lui correspond dans la colonne N. On
Iog.)5)9=3,'8156 donne ensuite à sa partie entière autant de chiffres
log.l51')ÛO=5,18t56 plus un qu'il y a d'unités dans la caractéristique,
log. 0,1519=1,18156. quand celle-ci est positive. Quand elle est néga-
tive. elle indique le rang que doit occuper à par-
2" Si le nombre, sans compter les zéros qui tir de la virgule le 1" chiffre significatif du nom-
peuvent être & sa droite quand il est nombre en- bre. On trouve ainsi
tier, ou sur sa gauche quand il est nombre déci- Nombres.
Log.
mal, a plus de quatre chiffres, on opère de la 1,21352 16,35
manière suivante.
Soit par exemple le nombre 34,5867. D'abord la 5,21352 lt.3~00
caractéristiquedu logarithme sera 1. Pour avoir 2,21352 0,01635
la mantisse, on déplace la virgule dans le nombre
de manière à ce qu'il reste 4 chiffres à sa gauche, 2" Soit à chercher le nombre qui a pour loga-
rithme l,2t!i60. La mantisse ne se trouvant pas
ce qui donne 3458,67 la mantisse cherchée sera la table, on prend celle qui en approche le
la même que celle du logarithme du nombre dans
3458,67. plus sans la dépasser c'est 2ni52, et le nombre
On prend dans la table le logarithme de la correspondant est 1635. Le nombre cherché est
partie entière du nombre, et on a ainsi, sans donc compris entre 1635 etdifférence 1636, dont les loga-
écrire d'abord la caractéristique: rithmes ont entre eux une égale à 26.
La différence entre le logarithme donné 213CO et
tog.3458==5M82 le logarithme 21352 est 8. Pour trouver l'augmen-
Or la différence entre les logarithmes de 3458 et de tation a donner au nombre 1635, on répète le
fait dans la question précé-
3459 est 13; cette différence est marquée dans raisonnement déjà
les tables de Houël; on la calcule à vue dœil dente logarithme 21352 augmentait de 26, le
dans celles de Dupuis. Pour connaitre la quantité Si le correspondant
t ajouter à 53882 afin d'avoir le logarithme de nombre t635 augmenterait de 1.«
3468,67, on fait le raisonnementsuivant: Lorsque le logarithme augmente seulement de
Si le nombre 3458 augmentait de 1, son loga- 8, c'est-à-dire de 8 fois la 26. partie de 26, te
rithme augmenterait de 13 (unités du 5' ordre nombre doit augmenter de 8 fois la 26' partie de
décimal). 1, ou de
–ce
qui fait 0,3. On ajoute donc 0,3au
Lorsque le nombre augmente de 0,f!7, son loga-
rithme doit augmenter des 67 centièmes de 13, nombre 16~5; puis la caractéristique du loga-
c'est-!t-direde!i,76. rithme donné étant 1, le nombre cherché doit
avoir 2 chiffres sa
partie entière. On trouve ainsi
16,353 pour le nombre demandé.
La surface de la sphère a 1 décim. carré 39 cen-
tim. carrés 46 millim. carrés.
Si le logarithme était r,:t360, le nombre cor- PROBLÈME 3. Une ville emprunte 185000 /f.,
respondantserait 0,16353. qu'elle doit rembourser e< 12 paiements annuels
L'augmentation à faire au nombre pris dans la <au.c, dunt <e t" aura lieu '<7! <t'< après <'en:-
table se trouve toute calculée dans les petites co- p'T"<- Le ~M.t; de rMM~ ~attt de 4, 50 */“ cal-
lonnes placées au-dessous do la différence sur la culer la somme à payer chaque année.
marge dans les tables de Dupuis, dans la colonne
P. pf. des tables de Houe). On ou cherche a droite
(Brevet facult. Aspirants. Aisne 1878).
du filet vertical, sous la différence 26,le nombre St on désigne par x l'annuité demMdée, on
qui approche le plus de la différence 8 c'est trouve
7,8 dans les premières et 8 dans les autres. Le
chiffre 3 qui correspond à gauche est le nombre
x t.O~" x 0,045
“_185000 1,045"–t'
de dixièmes à ajouter au nombre entier 1635.
Observation. On doit avoir soin de chercher Les logarithmes à 5 décimales étant approchés
toujours le logarithme donné dans la partie da la à moins d'un demi-cent-minième,lorsqu'on doit,
table contenant les nombres supérieurs à 10M, ce
qui donne d'abord l'avantage d'obtenir immédiate- commedans cet exemple, multiplierun logarithme
ment les quatre premiers chiffres du nombre. Il par )2, l'erreur du produit se trouve seulement
moindre que 6 cent-mtUièmes et n'a pas ainsi
y a une autre raison, c'est que la proportionnalité un degré d'approximation suffisant pour donner
admise entre tes accroissements du logarithme et le résultat avec l'exactitude nécessaire. Dans cas
du nombre correspondant donnerait qu'un il convient d'employer les logarithmes à ïcedéci-
résultat inexact, si on opéraitnesur tes logarithmes males. C'est pour en donner un exemple
des nombres inférieurs à 1000. que
XV. Nous terminerons cet article en appli- nous avons choisi ce problème.
quant tes logarithmes à la résolution de quelques
problèmes. CALCUL DE t,045'
PROtLLËKE 1. Calculer la surface d'un hexa- iog.l,045t'=<21og.t,045
gone régulier dont le côté 38 centimètres.
Si on désigne le côté dea l'hexagone Iog.),045 = 0,0191)63
surface S est exprimée par la formule par a, sa t21og.t,045 = 0,2293956
g_3a'X\~ 08.
t6958.746
l,69M;!=!,Û'i5"
nU'

On a donc
ç_3X38'XV3 CALCUL DE T.
2 t85000 X t,<m" X 0,045
S=t,5x38'X~3 0,6S5t!8
185000 Xt,045" X 45
!og. S= log. t ,5 + 2 log. 38 +' log. 3 :J:
<i95,88

log. 38=),57978
tog.3==:0,4'?712
).,“ 185000+tog.
"'g-c–~log.'og.
695,88
1,045" + log. 4~

2iog.38=3,t5956 Iog.t85000==5,M'?)717
~og.3=. 0,23856 Iog.t,045"=0,:29:t956
tog.45=1.65.2)25
Iog.1,5=0,t7609 't4:n79)i
)og.S=.(,5742t tog.695.S8=2,~?5M4
37à!4)f.
__M.6 )og..x=4,30?M54
20288.392
S~3~t,5 03.62
L'hexagone a 37 décim. carrés 51 centim. car- x = 20288,3
rés.
PROBLÈME 2. Calculer la surface S d'une XVI. DES COIIPLIMENTS. Lorsque d'une
fp/t~'e ayant un volume ~e 154 centimètres cubes somme de logarithmes on doit retrancher une an-
867 millimètres cubes. tre somme de logarithmes, on peut remplacer la
Si l'on prend le centimètre unité, et qu'on soustraction par une addition, à l'aide de ce qu'on
pose V = 154,867, on trouve:pour appelle Co)M<me?t< d'un logarithme.
Soit le problème suivant L'aire '<'M'< secteur de
S=~36x~xV' cercle de 13° a pour surface Tï décimètres M)-;
Ca/cuJe)' l'aire del'hexagonef~h/Mr inscrit dans
=_2iog.V+log.36+!og.~
1t ce cercle.
3
tog.V==
2,18996

(Brevet facult. Aspirants. Paris; ]8'!T).
Si on désigne par S la surface cherchée, on
:V=4~~M
!og.36=),55630
trouve
)08 X 360 x \/3
)og.~=0,i9715 e
""––1~~––
S'og. S=6,4.!ii3!
tof;. 8=2,14446 log. S= {'"S- !08 +Iog. 360 + log.
~3
13i)4.42& (–iog.t3–iog.~
__0~20
S=139,4(,
7t

Voici d'abord le tableau du calcul tel qu'il est~


indiqué par la formule
~prî~re~méthodique vérités série
systématiquement
l.g.MS~OMM)l-~=~~
~.360='5.6M
log.~=~M~ ~moyen~
~q~
~g.~O~T!_
un corps
enchainées,
e
e
ou bien comme unede
de maximes

~?~
r
~8-28 l'objet de
Aristote avait dit à peu préa de môme:
~6no9 démonstration. Les auteurs de

~i~lui Pvrt-Royal, la logique claaslque de


tog.S=3,ï't9 la Logique de defini-
raison de modifiercette
"S=t6M9
V'y' tion, et
C'était
Or on appelle rapport à l'unité, ce qu'il faut lui C'était
int~
et de q~
direque la logique étaitl'art
dedire
indiquer déjà era~n~em~~q
de penseo·.
operation&
d'autresqu~'obser-
pour
logarithme par
la rendre égale à 1. Ce complément
se trouve facilement; il suffit de retrancher devation,
gauche à droite chaque chiffre de et
intellectuelles
inti
~t
vation, par
le derniersontsoi aussi l'objet
'~ë~~ la
P~uo.puisqu'eUescon-
que
exemple,
de
que la simple
t~eT~e~
perception
Mais
con-
exemple tribuent
tril à la découverte de les
On par laissait trop dans l'ombrecélè-
seulement de 10. a nition de Port-Royal de la logique. Dans aon

&~c~
théoriquea

~&=S'.?''S'
C'dellM4==88606; caractères le philoso-

=~
ça;
ca] de logique,
~~––––e~3"se
C'de~9T5=!-0285.
et de 49115 = S0285. bre
b~ traité intitulé
~t o~
Sy.stème
anglais Stuart Mill donne, au
contraire, une

/e:
retranchons phe
ph

~1~
somme 4,82828 s doHnition
M~t~ut
Maintenant de la
d'abord la caractéristique de
fait en changeant son signe on
4,82828
M)g.
a ainsi
ce qui
que,
lE
C'est
CI
l~iq~
suggérer
oubher
qui a le
dit-il, est
que
la
la
science dea c~pérations de
de la prettue. n
but de
la découverte, les moyens
lea procédés deconceptions
i.
1. s.
sid~
st
suIte~rl6eesparlMr~~d~a~
si
qui seront en-

on ajoute au
contraire son
la mantisse,
complément, ce qui
ul se
s,
le
le
rapprochait
SI sous-titre
il
~ë?
davantage dela vérité
la preuve
quand, dans
et les
va
mé-
donne: 4,82828 e l'investigation scientifique..
c" Ë
..=~
thodes de de définir briève-

S~
1,88606
logicien
forte de rment la logique; et 'Mt~e le 'M
la nombres sera trop

.M~
.somme de ces deux ue tériser cette science, comme 10 la
~,88bUb.
t
anglais, M. Bain, en disant qu'ello est lois
4,82828 le logarithme ~~i~.
de 1, et d'ajouter à
ainsi on trouverale même que
résultat q~ fondamentales de toute affirmation, de tout juge-

~E'~=~
En opérantretranché l,UdJ4 de ,aMC/<er de toutes les formes

~T~
=r'
si on avait M~ système de méthodes
De là cette règle
loguri~hme d'un autre on
peut ch<rnger le signe rle
de 1, rem-
<.
de la prf*.
preuve; 30 enfin, un et
t ~M~trt* de
eomplément et ajouter objet la preuve
lacer la mantisse par son premier. définitive qu'un seul et même soit dea
règle au calcul précédent, principes que l'analyse intellectuelle nous décou-
En appliquant cette théorie de l'in-
tableau suivant et un méca-
on aura le duction, soit des formes spéciales
~1M=2.03MÏ
los.l08=X,mM~L et de raisonnements,
log.S''0== 2,55630 enfin, des combtnaiaons da moyens et de
log.~ =0,M856 soit
procédés, en un mot dea méthodes.

~X~ logique est la science à la fois


–tog. 13 =2,88606 En résumé, la conditions de
enseigne lea

~d-un~
–h~~=~MM5 arriver. Elle no sert pas
vérité et lea moyens d'yvérités
–log.S=S,2ma la déjà trouvées clle
uniquementà vérifierdes vérités encore inconnues.

~1. S~
des
:ette apprend à découvrir

&?~ r~~rd-u~
règ'enen.uspar~P~i découvertes scieutifiques sont
dirons nous Sans doute, lea d'une
°~°.
~e
'c'ëtMt momapour plus qu'elles
soudaine, mais il arrive aussi
que la plupart moins
l'indiquer, c'étaitmarche à pour inspiration
insp
avons cru devoir une autre
calcul, que pour éviter le reproche
.oche de
·oche de 1lalalogique.
~i
logique.
de la ~neetintëressantde
,L
~f~ ~u ~~?:H~~
vre dans ce cet article. recherchercomment lalogique s'est constituée peu
[G, Bovier-Lapierre.]
'e.] recl devenue ce qu'ello est
~uue peu, L~P comment elle est générales, appli-
MG~ La logique est
t une aujourd'hui,
auji un corps de règles de l'intelligence,

&X
l' Dé finit2on de ladea logique.
sciences philosophiques soitla recherche acientifique do la vérité, le
rattachée a ce groupe roupe soit
morales. Eile doit étre vvde de la pensée en un mot.

~P°"r ~&xs.?.?.~ en
héori- ~1
(
c'est
Elle n'est, à

S~ à P~i:
qui comprend la moralerhé- ou de la psychologie.

-part,
pratiques, dépend
ques et
torique,
nous tra
condition,
logique
traite. Au fond
nous de
~°~~e ~r<-<!e;
la théorie.
psychologie abs-

~=~
une science et les
un une
pensée, les conditions
Utions psycl.ologie
de comm~poin~P~~dans l'es-
connaitre lois do la
vous trouvezXVII" siècle, qui distinguait
fait
normales du développement
'car elle nous apprend à régler
intellectuel; unn art,
,~t
l'intelligence,i, elle
découvrir la vérité et
VOl
classique au
pr
la conception, le
plus, la Log2que de
~dans
'nous enseigne les moyens de
d'échapper à l'erreur.
La logique a été diversament définie, et
de qu'on
.oa l'a
'diversit~ provient précisémentaspectce théorique,
incomplète
in
jugement,leraisonnement.De d'aubrea
jU!

~'e ~ych~i~ra'i~L
et
n'ont fait
tant
l'induction, dans
parties, est
leur
~emepa.
thoo-
théo-
leur
~ous ~pec~ pratique
'considérée, tantôt sous son ou bien rique, auteurs
co~.e av
pas 11
g~ et
~.cei~ ~S~M!
dernes, celles x=~
.0.,
lee de
~°'L.
MGtQUt!

!&P~e.
même,
Stuart
de Stuart Mill dans
Mi1 f
ple, il est facile de reconnaitro

"&?e~eu-
les principes rationnels
et
et
de lea
-i200–
M. Bain, par exem-
de M. Bain, yu~s mo- ment
n..Qn-
tout un systèmede
guére
de
-_u,
're plus l'on
a
r
LOGIQUE
une quintessencede la psychologie,
de la science. elle est

~qu~
l' S'étonne et
et innés de l'intelli- que Kant ait écrit « Depuis Aristoto

m&~S~
~pMMa'P~M
'0~
application de la Psychologie.
~~e
Ir

qu'une IIe est vraiqu-it


est vrai
en~S~.n~ a~o~~M
gagné quant au lond,
~t

J~rt.
ëgard..
~~P~ ?e Met~
"~T'
A mesure
que )e
que le acquérir
qu'ilajoutait: Mais eUe
« peut clarté.
très bien

<
théorique ac plus loin
phénom8nea de l'esprit, lue des Il faut

~~it~d~%"f ~e le logicien progresse


de déterminer les
'ales de la pensée. A coup eQr,
resseet
lois
il ne faut pas
'°.e~,
et queql
e~re~~
aller
depuis
n

~H~
doa titonnementa, que la
que la
mage P'
dea incertitudes, des
moraie proprem~
la morale erreurs de l'eaprit, pas Iments,
I ~&~&
P~ plus
proprement dite ne peut étre fi-jeoni
et renouvelé ses théories.
je, et sa théorie

?~
la façon des La Bruyère renouvelée. On a appliqué des
dea à
&re~s-sMorg~e~

~r~
ou La Rochefoncautd.
ne perdra pas son caractères~eta (n
Mais la logique idéat Boote)
psychologie de quelle manière
tiona/La~
idéal Bo
de la diMeuftnode~M~uan~°~°'"P~'tq''e
à l'école ma- tio
~desp~po~
«t
miesten'oyen~ac~u'ër~r î)la pensée
pensée ae un ton.
'"eun dix le phitoM~eM~


et se produit Y cette elle ma- ton
.Utre
,"T'
!'entendement,qui~t~n~
connaissance de t..
'lie un
~n~
ton, le philoaophe
P'Mt's
~o~
~a~~ les propogttj.na'ia anglais, en eaigeant que dans
ce de tes
.uMieMe~
~e dirieëesn'Mti)~
~< des
~me.h.~q~P~P~~m.nt.a
i~e?~ .'eler-
mena- Mcrn
P.~M~ta)e,
le
nombre~

~'p'
terminée fut dé-
btement ent.a accru
convena- m~
ace du sujet,
même chose que leur ent la modes poasiblea desa
7.La
non~M~~i~d~ ""s
enumè~'
)istes,iflM
'osiq~a-t-elteautre eaercica nécessaire au point

~U.t~=~ cnre,
La ''st
liat, que, dans une de aes
de ses
ait

t.n'
Certes
recu)6 les borner resm~t~'
les applications
crbtes que fait sans
cesse de son entendement, con- rect ~'< "t
lui-même?
"PP~ P
~M~
rapprocher de la Psychologie, ai
MM cesse grâce aux'prosres
àse
se~d~i~
non ou e
mais le Igaire mais

elle s'est accrue et dl


cula
avec
avec
nous croyons qu'ilily quelque
plua
progrès spé-
d'exactitude les conditionsà déterminer
p~
de la pensée
.~e
(ju elle a'alimente et a'enrichit; elle avec tes iatuit.ong pou~ do
n'est pas seulement 1 esprit En d'autres termes,
,? ~a~
progresae avec lea i,intuitions pourtant par
si clairvoyantes ont dont ~c<

S
aujour-
fonds ëternct et immuab)~ c'f~~ ~'s
considéré dana son tels
Phqaë aux diverses rechercha
science, qui inspire et qui
et que Newton
ie la et aussi
et Herschell, savants
les méthodes ont
par des généralisataura
qui,
éprouvé par
expérimentales j
est de la logique commeguide le logicien. Il al
en Mill, comme Stuart

~ss~
de la poétique. On de la rhétorique les grands progrès
,e et science, n'ont
deT
peut rheïoriau~
doute ~ner qu'à résumer, de la
on partie les lois sans
~e. par une considëratiMa~str~~
de
P"
déterminer ment
le tra
f~°"
en à formuler en lois
derniera biècles. Coar-
<tudie,~u~d~a~e~
humaine on

P°~
"nt
ne peut
Ms et tes mener à ~nr
~q'
étudier lea œuvres des
ceDen~~
plus distingués. De mêmola~~
compiëter ces
lé ti- ment nier
~e ment et du proerèsdM
~)e
ces togique
:ans
orateurs et dea poètes les ~se!
pas qu'en
logique
re<;SsMnt~s
après cela
e~t~?~
0 on veui~e u~n
DMD?~
la possibilité du renouvelle-

on veuille lui contester la fixité


''enouvette-
n'est

et n.c
t'onneetsedëTefoppe~lM~
Mtentif J'œuvre~a perfec-
de selses principes immuable

S&K'SS~
tousles par J M~men M i-ëtert
attentifde enc~
méthodeempto~e, sans~'au~î~~ ? ~d~~?- X~MSM
1en l'étudier
l'étudi dans Euclide.
Mais que dirait-on, de

~f'
'.S par
méthode emplo,vée,
d'ajouter chapitre aansnou~r
qu'aussitôt
°'~T~ etla il
,lie d Homère,
de
n'y sit lieu
logique,
'ë'e
ignore ne traiterait que de la poésie épique
temps
dëcnre deun nouvelles formai ~a et
penet~an~
~s. et grâce a la divination et~M~ de drait-i)
~°"' thodeinductivet6~f~delame-
drait-il pas juger de même
tes grands'eBbrts une logique, qui, après
!'Hogi<)ue devancera le travaUd~T~f ~sont~P~ique'n,
ic- "'°~'

"e "<ai-0~~
S~
u- depuis Bacon
tres fois et le plus
expSn~~n~
ia~s~o~
Murent ~P"" &t'ëtuda.t. ?
~'e demeurer
de ~~s'"
Pouriamëthode
pour
Claude Bernard,
d~t
n~
des savants a?i '<Ar.st.te
la méthode expérimentale
appliquée dé- par
ar
demeurer à l'étude du
d-Aristote?
d'Ariat~ 7
voudrait en
syllogisme et IL l'OrgQnon

du~
rontles
couvertes rëOexionI ~°"* ~e- 3"

~&
ront Dt-coM~
<!ue !men,e
qué lui-même dans
danrses~vau'
~e /am<F<~ inspire-
e- lui )ui iaZ
~~P'
écrit en quat
la LLogique de Port-Royal
!i- de la propoaition,
divisaient la et âpre,
logique
dea éléments
PHncipesiogiquesqu'HvM~~ses travaux 8cientifiques les 'ss théorie
théorie, c est-à-dire doa idées;
puis la
philosophiques rësum~cec~~ °'
mattoenquefait nnnt, deiadë~n~ es lieu l'étude du raisonnement en troisième
i'ëtude unies e~reSS.n que forment dea

D, ~?~~
~i~
n P'POsit
propositions
enfin
S~nd
~lagravita~nu&e~?~ mathé-
S-

oartie~ s- enfin l'étude


démonstration ou de la lois;

~<
de la gravitation universelle:
)'~ de la Aujourd'hui m~
thode e généra
son
HerscheJ a consacre l'illustre astronome P'~r~tplus reai
en mé-

P~
y~ exposersur reg~ une de logicipn dispose à
d-aD~?~~
rrlle à exposer lea règl,.s d après avecavec la pplua entière indépendance son gré et
lea matières de
~Siqu
f"?"~
dirigé ses propres études En~ lesquelles iI avait
tive, telle que
~s
signaté'
i-ont

~e~m~
orMn~ée
anglais Whewefj ~tua~.
été possible que parce quedesran~
da~ ~?
MÎ),~M~
ava.t six
six livret
Mvret

auxilinires de Pinduclion 'e.< i<


5. lea sophis.es; 00 la
en

yduetives ont
dc~ut p~ qui~i~'p~a~
dire
P~M. Bain
coa
co
logique, comme aussi
contre la division adoptée
de la
et
gue à la précédente. La logique dé M. Bain com- tvoir embrassé dans son domaine plus vaste et plus
;ompréhensif l'étude des règles de l'induction, la
prend six livres 10 Les mots, les idées, les pro-
,,o.«< 2' la ~~MC~~K; 3° l'induction; 4° la logique ne doit pas oublier cette autre partie de
définition; 5° la logique des sciences; 6"essais les M- :a tâche, la déduction. Ne partageons pas le dé-
répandu de nos jours pour l'art syllo-
re- dain trop dédain
oAt<me~. Ce qu'il faut retenir de ces qui veut se donner les airs d'une
marquables, c'est que la logique doit être désor- gistique, grande force d'esprit, mais qui n'est au fond
mais divisée en deux grandes parties, la ~t?M<- plus
w/Kc~M et la logique ~efMC~'e. – celle nt t on qu'une Sans paresse, une vaine délicatesse intellec-
doute, on comprend qu'au dix-sep-
traite des divers procédés qui conduisentl'esprit tuelle.
tième siècle, au sortir de cette longue période où
des faits particuliers aux vérités générales, et des logiciens formalistes excluaient de leur science
celle où sont étudiées les lois du raisonnement à la
inverse qui nous mène des vérités générales Sans théorie pré- tout ce qui ne se rapportait pas directementl'in-
du syllogisme, Bacon, le logicien de
céut'mment établies aux cas particuliers.
doute on peut croire que' la diversité détruit apparente duction, se soit laissé aller à répéterAmbroise le cri d'impa-
tience qui échappait déjà à saint A
de l'induction et de la déduction ne pas
~l~M~o'eH.! libera nos, Domine, Délivre-
l'unité des opérations logiques, et qu'il est permis dialectica Seigneur, de la dialectique d'Aristote. Mais
de résoudre cette antinomie créée par l'opposi- nous, aujourd'hui
tion des deux formes du raisonnement;mais mal- tyrannie du syllogisme que la pensée est affranchie de la
gré tous les efforts qu'on pourra faire pour ra- et qu'on n'a plus à craindre
de forme de raisonnement, il importe
mener l'induction à la déduction,moins ou la déduction l'abus logicien cette
à l'induction, il n'en restera pas nécessaire que le analyse avec soin les diverses
et formes syllogistiques. Alors même qu'il serait
d'étudier à part, dans leurs caractères spéciaux ancien que ceux qui s'en-
distinctifs, ces deux grandes formes de la pensée, vrai de dire avec un
dialectique peuvent être comparés
ces deux mouvements inverses du
raisonnement ferment dans la
humain. aux mangeurs d'écrevisses qui, pour une bouchée
Cette division fondamentale une fois indiquée, j,. de chair, perdent leur temps sur un monceau
il faut en signaler une autre, celle de la logique d'écaillés, « nous estimerions encore que cette'
générale, qui étudiera en eux-mêmes les procédés substance excellente, contenue au fond de la dia-
du raisonnement,et la logique app/«ie, qui sui- lectique, mérite que, pour arriver jusqu'à elle, ont
par-dessus les difficultés qui la hérissent.
vra dans les sciences le développement pratique passe En résumé, le logicien moderne doit se proposer
de ces procédés. la logique dé-
Enfin on pourrait encore distinguer la <o~'?Me pour but de réconcilier et d'associer inductive
d'Aristote et la logique de Bacon.
pos~'fe, qui donne des lois pour la recherche de ductive Ce qui n'est moins important, c'est de con-
la vérité, de la logique ;.eya<:ue, qui démasque pas
logique incomplète si elle se
l'erreur. Les formes régulières du raisonnement sidérer que la reste
nécessaire d'étudier les contente de se tenir sur les hauteurs de la philo-
une fois connues, il est paralogismes sophie générale, si elle ne se préoccupe pas de
formes incorrectes, les et les so- d'être enfin logi-
phismes. descendre aux applications, une
Ajoutons que le postulat de la logique étant que élémentaire et pratique.
l'existence de la vérité et la possibilité de la con- C'est pour cette raison que la logique doit élar-
naître, il ne sera pas inutile, au début des études lo- gir de plus en plus la place qu'elle a toujours ac-
giques, de consacrer quelques chapitres prélimi- cordée à l'étude des diverses méthodes scienti-
naires à ces questions Y a-t-il de la cer<:<Ma'e? très fiques. Dans les traités modernes cette partie est
foM quoi doit-on repousser les arguments du développée. Ainsi la Ao~'f/Me de M. Bain con-
sc~ph~~me? La réfutation du scepticisme est sacre plus de trois cents pages à la logique des di-
complète. verses sciences: mathématiques, physique, chimie,
comme la préface de tonte logique pa\cho)ogie. sciences de classification,
D'après cela, on peut juger des imperfections de biologie, telles la politique et la
la Logique de PorfPo~a/.ie seul texte français sciences pratiques, que
entre les mains médecine. Nous trouvonsà pied là une logique réelle et
que nous ayons encore à mettredans l'œuvre de technique qui suit pied les sciences dans
des élèves. Sans doute, il y a leurs contours,
Nicole et d'Arnauld des parties durables, de fines leurs démarches, s'ajustant à tous
progrès. afin d'en extraire
réflexions morales sur les égarements de l'amour- serrant de près tous leurs
mais il y a aussi la substance et de nous présenter, dans une série
propre, sur les sophismes, etc. des lacunes consi- de tableaux, les moyens dont dispose l'esprit hu-
des parties vieillies, et surtout à la diversité des problè-
dérables. Ainsi, le mot induction n'est prononcé main pour faire face logique appliquée,
qu'une fois dans la Logique de Port-Royal, et mes scientifiques. Ces études fournir
de
seulement par une étrange distraction à propos outre qu'elles peuvent aux savants de pro-
des sophismes ou des faux raisonnements. On ne fession descontribuer indications utiles, ont encore pour
s'explique pas que l'induction, sur laquelle Ar- résultat de à cette cuttnre générale de
nauld garde un silence absolu quand il s'agit l'esprit, qui est le<<~<e. but principal de l'éducation.
d'ana!yser les procédés réguliers et légitimes du 4" t/fM de la –L'utilité de la logique
raisonnement, apparaisse inopinément parmi les ne saurait être contestée. Sans doute, on devient
sources d'erreurs. Le plus étrange, c'est que souvent un savant sans le secours de la logique,
Port-Royal savait parfaitement que c toutes nos mais avec l'aide de la logique on le deviendrait
commodément et plus fréquemment. Un au-
connaissances commencent par l'induction, parce plus Galton, qui applique ingénieuse-
anglais, M.
que les choses singulièrfS se présentent avantl'au- )e! teur
universelles. » Mais la force de l'habitude et ment la statistique aux questions morales, a ouvert
torité de la tradition condamnaient encore le; dans ces derniersscientifique, temps une enquête sur les con-
esprits les plus pénétrants du dix-septième sièct< ditions du génie surl'cduc~tion et le
conviennent à la jeunesse
à respecter les limites étroites de la logique dé r<me intftifctnet qui
témoignages qu'il a
ductive. dea futurs savants parmi les
Aujourd'hui, ce défaut n'est plus à craindre cf recueillis, il y en a un grand nombre uonf. les au-
qu'ils ont dù à l'étude de la
serait plutôt le défaut opposé. Le syHo~isme, qu teurs reconnaissent ce
était le tnut de la vieille logique, semble n'êtrE togque.
plus rien dans certaines logiques modernes, qu Mais ce n'est pas seulement le sa ant, c'est
modeste qui,
le traitent de soienneUf futi!ité.H ne faudrait pa; l'homme le plus humble et le plusdans la vie
oublier cependant que le syllogisme est Fexpres pour bien conduire ses jugements pra-
exercé à la dialectique,
sion parfaite du raisonnement déductif. Poui tique, a besoin de s'être
d'avoir réfléchi sur les conditions de la vérité. rut en 855, et
Sans doute le raisonnement humain est naturelle- trois fils. ses Etats furent partagés entre ses
ment droit mais ii est exposé cependant à tomber Lothaire n, – Histoire générale, XVIII,
dans bien des pièges. Une étude attentive de lasecondBtsdeLothaireI'~reçutpoursa –
logique, outre qu'elle fortifiera la rectitude natu- d'héritage le pays entre la Meuse et le Rhin, part qui
i
relle de nos facultés de jugement, nous mettra en prit de lui le nom de ~.oMart~te
garde contre les principaux écueiis où peut aller A sa mort (869), la Lorraine fut partagée ou Lorraine.
echouer notre raison. Rien de plus utile, par Charles entre
le Chauve et Louis le Germanique.
exemple, que l'examen et l'analyse des formes
principales du sophisme, c'est-à-dire de ces rai- 2* Famille carlovingienne, branche cadette.
sonnements captieux qui servent de point de dé- Lothaire, Histoire de France, Vtl, – fils de
part à la plupart des préjugés et des superstitions Louis IV d'Outremer, succéda à son père en 954.
de l'humanité. Roi territoire, sans soldats, sans finances,
Ainsi, outre l'influence positive qu'elle exerce it luttasans vainement, durant trente-déni années,
sur les progrès réeis de la vérité, sur les grandes contre la féedatité déjà toute-puissante (Bordier
découvertes scientifiques, la logique a aussi pour et Charton). Le plus redoutable de
résultat de a dégager le cerveau, de nettoyer la vassauxétait Huguesëapet, fils de Hugues ses grands
tête, o selon l'expression de Hegel, c'est-à-direde duc de France et futur fondateur d'une nouvelle
te Grand,
réduire le nombre des erreurs, de dissiper les dynastie. Lothaire
chimères et les fantômes, d'empêcherles écarts de couronne à son fils mourut en 986, laissant la
Louis V, qui fut la dernier
l'esprit. De même que l'étude sérieuse de la poé- des Carlovingiens de France.
tique et de ses lois nous débarrasserait des faux
poètes, soit en les décourageant, soit en les ren- 8* ~HMta~te.
dant meilleurs, de même la connaissance appro- Lothaire de Saxe, Histoire générale, XIX,
fondie de la logique aurait tout au moins l'avantage d'abord duc de Saxe, fut élu roi de Germanie
de diminuer le nombre des faux savants. Les en Uï5,a)a mort de Henri V de Franconie. Son
aberrations de l'esprit de système, tes règne, qui s'intercale entre l'extinction de la mai-
tions irrénéchies de l'imagination, les concep- utopies son de Franconie et l'avènement de la maison de
sociales, les préjugés et la superstition, en un mot Souabe, n'offre pas d'événements importants.
la déraison sous toutes ses espèces et sous toutes Après s'être fait couronner
ses formes,tout cela nous serait épargné en partie, mourut en 1137 pendant uneempereur en 1133, il
expédition en Italie.
si tous ceux qui se mêlent de penser et d'écrire LOUIS. Nom d'un grand nombre de rois de
avaient d'abord soumis leur esprit à la sévère dis- France, et de plusieurs empereurs d'Occident
cipline de la logique. d'Allemagne. Nous consacrons ci-dessous une no- ou
On ne saurait donc trop recommander l'étude de tice à chacun de ces souverains,
la logique, et protester contre le discrédit où elle iéveloppementsnécessaires en donnant les
au récit des règnes
semble tombée. L'irrénexion le plus souvent, les plus importants.
quelquefois l'esprit de système, ont admis et
pagé nous ne savons quel dédain de la logique.pro- De f
plus en plus on s'imagine que la pensée émancipée Lonia I". – V. Louis le Débonnaire,
Rois de France.

n'a pas besoin de s'astreindre à des règles, que la Louis II le Begne, – Histoire de France, empereur.
meilleure logique, c'est le talent, le tempéra- VI,
fils de Charles le Chauve, lui succéda en 877.
ment. Les politiques répètent volontiers ce lieu Son règne ne dura que deux ans. Louis le Bègue
commun, que les hommes des sociétés modernes dut confirmer le capitulaire de Kiersy, par lequel
songent plutôt à revendiquerleurs droits qu'àprati- son père avait reconnu l'hérédité des fiefs et con-
quer leurs devoirs. Les savants pourraient avec sacré l'organisation de la féodalité. Il mourut en
quelque raison faire entendre des plaintes analo- 879.
gues. La liberté de penser, qui est le droit, tout Louis m, – Histoire de France, VI, fils
le monde la réciame avec raison mais la logique e aîné de Louis le Bègue, lui succéda et partagea
qui est le devoir, le devoir d'user d'après les règles l'héritage paternel
de la pensée libre, trop peu de gens se soucient deux rois guerroyèrent avec son frère Carloman. Les
d'en apprendre les lois. contre Boson, roi d'Arles,
[Gabriel Compayré.] et contre tes Normands qui ravageaient la France
Parmi )es ouvrages à consulter sur la logique, du nord-ouest. Louis battit ces derniers à Saucourt
nous si- Picardie, et accorda ensuite à l'un de leurs chefs
gnalerons surtout l'Organon d'Aristote, le ~Vootmt en
orga- tes plus fameux,
num de Bacon, la Logique de Port-Royal et premier le pirate Hastings, l'investiture
des ouvrages modernes, les .EtMt: mr lestufondement. rang
(S du comté de Chartres Il mourut en 882. Carleman,
no. connaissances, par Cournot, tMt divers essais de sa- resté seul roi. continua à lutter
vants français contemporains: la Méthode dans ~MteacM contre tes Nor-
de mtto~nemext, de M. Duhamel; la Philosophie cAmtoM mands, et mourut deux ans après son frère.
de M. Dumas; l'Introduction à la m<H«-M.: expérimentale, Louis IV d'Outremer, Histoire de France,
de M. Claude Bernard enna, le Système <i< logiqde de VII, fils de Charles le Simple, fut appelé au
Stuart Mit) (traduction française de Louis Peisse, 1866); la trône en 936 par Hugues le Grand, duc de France,
Logique '<'M"c<tf< et Mf<M;tt)e d'Alexandre Bain (tradtte- qui le fit revenir d'Angleterre où la mère
tion française de Gabriel Compayré, tS7ii). de Louis
avait emmené ce prince pour le soustraireà ses en-
LONGITUDE. V. t"<e, ~on~M~. nemis pendantlerègne de Raoul. Maisil n'eut qu'un
LOI HAIRË. – Nom de divers souverains dont pouvoir nominal, car tes seigneurs étaient souve-
les principaux sont mentionnés ci-dessous rains sur leurs terres, et )e domaine royal ne com-
1° fa~it~f carlovingienne, brancheatnée. prenait plus que quelques villes. Louis fut en
Lothaire I", Histoire générale, XVIII, guerreavec Uthon I", roi de Germanie, dont it avait
fils a)né de Louis le Débonnaire, fut associé à ilépousé la sœur, et qui s'empara de la Lorraine;
l'empire dès 8)!; se révolta plusieurs fois contre Hugues eut aussi à lutter à plusieurs reprises contre
de France et divers autres vassaux puis-
son père; puis fut en lutte avec ses frères, Louis sants. Dans
)e Germanique et Charles le Chauve, qui une guerre contre le duc de Norman-
ne vou-
laient pas reconnaltre sa suprématie. Le traité de vité. Il die, it fut fait prisonnier, et resta un an en capti-
Verdun (Xt3) lui assura, avec la couronne impé- ne recouvra la liberté qu'en cédant à Hu-
riale, la possession de l'Italie, de l'Helvétie, de la gues le Grand Laon, la seule ville qu'il possédât
région à l'est du Rh&ne et de la Saône, encore. Le roi Othon et le pape se déclarèrent
et du alors en sa faveur: il réussit à reprendre Laon,
territoire eitué entre la Meuse et le Rhin. Il mou- et à faire reconnaltre
se par les seigneurs d'Aqui-
taine. Mais la mort l'arrêta inopinément dans saa tard la couronne d'Angleterre, et Louis VII voit
lutte contre Hugues (954). Son fils Lothaire luii se dresser devant lui un rival redoutable. Ce fut
succéda. en vain que le roi de France accueillit Thomas
Louis V le Fainéant, – Histoire de France,VII, Becket, archevêque de Cantorbéry, l'ennemi
– fils et successeur de Lothaire (986), se trouvaa
comme son père isolé et sans force au milieu1
d'Henri Plantagenet, et que plus tard il soutint
les fils du roi d'Angleterre révoltés contre leur
d'une féodalité belliqueuse, dont Hugues Capet* père il ne parvint pas à ressaisir les possessions
était le représentant le plus puissant. En dépit duJ qu'un divorce impolitique lui avait fait perdre. Il
surnom que lui ont donné des chroniqueurshos- mourut en H80.
tiles, ce prince montra de l'énergie mais it mou- Louis VIII.–Histoire de France, IX, fils
rut au bout d'un an de règne, à peine âgé de3 et successeurde Philippe-Auguste, employa son
vingt ans, empoisonné, dit-on, par sa femme la1 court règne (1223-1226) a. affermir la puissance
reine Blanche. Avec lui s'éteignait la dynastie royate dans le Midi. Il 'envahit d'abord l'Aqui-
carlovingienne. Hugues Capet, qui n'avait pas étéS taine, qu'il enleva au roi d'Angleterre Henri III,
étranger à la mort de Louis, se fit donner la
couronne.
t
et se fit prêter hommage par les seigneurs de ce
pays. Puis, soutenu par le pape, il entreprit une
Louis VI le Gros, Histoire de France, IX, nouvelle croisade contre les Albigeois, plutôt
fils et successeur de Philippe I", régna de 1108 à contre )e comte de Toulouse Raymond ou VU, qu'il
!137. Par son activité incessante et son habileté, voûtait déposséder il conquit Avignon,
grâce aussi au concours de l'Eglise, la royauté, le Languedoc, mais dut battre en retraite
jusqu'alors sans prestige et sans force au milieut avoir pris Toulouse. Il mourut
ravagea
sans
du monde féodal, commença à devenir une puis- expédition, probablement empoisonné. au retour de cette
sance réelle. Louis sut obliger les seigneurs à recon- Louis IX ou s&lnt Louis'()226-)270). His-
souvent les brigandages des barons féodaux. Le
tla
naître la juridiction de la cour royale, et réprima toiMde France, X. Etat
~-ot/a'M~e. – Quand
mort prématurée du roi Louis V!)I mit sur le
mouvement des communes agitait la France trône son fils encore enfant, la royauté capétienne
du nord, et maint seigneur était forcé de concé- était déjà
der des chartes aux villes de son domaine Louis acceptée laforte, mais elle n'était pas encore
victoire de Bouvines avait montré le
intervint quelquefois dans les querelles entre roide France plus
bourgeois et nobles mais ce fut seulement pour appuyés du dehors;puissant que les barons, même
elle avait assis son autorité
tirer le plus d'argent possible des deux partis1 sur une large base territoriale,
en lutte, et c'est à tort qu'on l'a représenté conquêtes définitives; et depuis, Louis en rendant ses
VIII avait
comme le protecteur des communes il ne per- pu étendre le domaine au sud et & t'ouest mais
mit pas qu'il s'en étab)îtsurson domainepersonne), si la féodalité était battue, elle n'était
et se borna à donner aux villes qui relevaient domptée ni désorganisée; elle restait à point
directement du roi, comme Paris et Orléans, d'insurrectionpermanente contre le pouvoir l'état
quelques privilèges, mais point de charte (V. Com- veau qui ne prêtait hommage à nou-
« personne x et
MMMe.t, p. 469). A plusieurs reprises, il fut en voulait se mettre hors de pair, c'est-à-dire
guerre avec le roi d'Angleterre Henri I", auquel dessus de la société féodale. au-
il essaya inutilement d'enlever la Normandie. Ses ~Mc<'f/<'M<McAen'eCa<~<'()M6-'S38).–De
démêlés avec le duc d'Aquitaine au sujet de la là, tes ligues nombreuses et redoutables
querelle du comte d'Auvergne et de l'évêque de formèrent contre l'autorité d'un roi mineur, qui se
Clermont, avec l'empereur d'Allemagne Henri V, dont et
sa mère, Blanche de Castille, eut à soutenir
allié du roi d'Angleterre, avec les villes flamandes, l'effort. Par énergie et son habileté quelquefois
accrurent l'influence de la royauté française. Le empreinte son de coquetterie, la reine maintint et
dernier acte de son règne fut la conclusion du continua i'œuvre des rois précédents. S'appuyant
mariage de son fils Louis avec l'héritière du du- sur le peuple, elle fit
ché d'Aquitaine. convoquer au sacre de son
fils les milices bourgeoises (1226); et deux ans
Une sorte de renaissance intellectuelle et poli- plus tard, c'est
tique se produit dans la France du nord à cette qu'ette encore aux bourgeois de Paris
fit appel pour protéger l'enfant royal contre
époque. Tandis les bourgeois des villes re- une tentative d'enlèvement projetée
vendiquentleursque libertés communales, l'Université par les grands
barons. « Depuis Montthéry jusqu'à Paris, le che-
de Paris devient, avec Guillaume de Champeauxet min était plein, des deux
Abélard, un ardent foyer d'enseignement et de côtés, de gens d'armes
et autres, qui priaient
disputes philosophiques; l'abbé Suger et saint Ber- gneur de donner jeune roi à haute voix Notre-Sei-
nard font briller l'Eglise d'un vif éclat, l'un par rité, et de le garder contre bonne
au vie et prospé-
ennemis )' (Titte-
l'appui qu'il prête au pouvoir royal, l'autre ses
par mont, Histoire de saint Louis), Elle rompit ainsi
l'autorité de sa parole. Le moment approche où le la ligue qui menaçait
Nord, devenu par la civilisation l'égal du Midi, baut IV de Champagne il2M). son allié le comte Thi-
Et quand le versa
pourra lui imposer sa prépondérance, et où se tile seigneur fut devenu infidèle à
constituera, par cette fusion, la nationalité fran- lui imposa son tour, elle
çaise. un traité sévère (tM6), en disant
«Par Dieu, 'comte Thibaut, vous ne deviez pas
Louis VII le Jeune, Histoire de France, IX, nous être contraire; vous deviez bien
fils et successeur de Louis VI, avait épousé venir vous ressou-
EJeonore de Guyenne, fille du duc Guillaume X vint àde la bonté que vous fit le roi. mon fils, qui
d'Aquitaine, qui apportait en dot au roi de France tous les votre aide, pour secourir votre terre contre
les provinces du sud-ouest (H37). Prince dévot, brûler barons de France qui la voulaient toute
et
il prit la croix à la voix de saint Bernard, et la reine qui étaiten mettre charbon. M
Le comte regarda
parut pour la Terre-Sainte en même temps que grande beauté it fut sage ébahi. si et si belle que de sa
l'empereur d'Allemagne Conrad III (V. Croi- tout pensif. Et parcetout profondes De là, il partit
Mt/e.!), laissant la régence de son royaume à gendrent mélancolie, que pensées en-
l'abbé Suger. L'expédition n'aboutit, qu'à il lui fut cnnseiDé par
un dé- quelques sages hommes qu'il s'étudiât en chan-
sastre. Revenu en France en 1)49, Louis vil, irrité sons de vieth! et doux chants délectables. Si
de l'inconduite de sa femme, laisse un concile tit-il les plus bellesenchansons et les plns délec-
prononcer le divorce, et bientôt Eiéonore, séparée tables et les plus métodicusHa qui
de son premier mari, épouse Henri Ptantagenet, ouïes x (CAt'oM~Me onccjues furent
</e '-am~-De?: Quand,
comte d'Anjou. Ce derni'.r, devenu ainsi le plus l'année suivante (i2~, )!)anche de Castille
nuissant seigneur de France, obtient un aban-
an plus donna la tutelle du roi, Raymond Ytl d9 7')uiouse
-avait dû promettre sa fille et son héritage à Al- Quercy, l'Agenais, le Limousin, la Saintonge mé-
phonse de Poitiers, frère de Louis iX (12M, traité ridionale, contrel'abandondetoutes les prétentionsa
de Paris) le duc de Bretagne avait renoncé à des Anglais sur leurs autres anciennes possessions.
toutes possessions hors de son duché ()23), traité Les territoires restitués formaient le douaire
de Saint-Aubin du Cormier); le comte Thibaut d'Eléonorede Guyenne, morte seulement en 1.04
avait cédé au domaine royal Blois, Chartres et et qui n'avait pu être justement frappée par le
Chateaudun (t236) le comte de Provence allait jugement des pairs de t'«!
donner sa fille et son comte à Charles d'Anjou, Toujours fidèle à cette politique prévoyante qui
troisième fils de Louis VIII; ennn le clergé avait supprimait d'avance les causes de guerre par un
dû reconnaître la suprématie royale, quand la règlement amiable, saint Louis renonça encore à
reine-mère avait saisi les biens temporels des toutes ses prétentions sur le Roussitton, la Cor-
évoques de Rouen et Beauvais pour châtier leur dagne et la Catalogne en faveur du roi d'Aragon,
désobéissance. qui, en retour, abdiqua tout droit sur le Langue-
Saint Louis. Mais le service le plus éminent doc et l'Auvergne. (Traité de Corbeil, t2&8.)
que Blanche rendit à la France fut de former le roi En même temps. Louis IX n'oubliait point son
qui devint saint Louis. A dix-neuf ans, d'après le intérêt de roi; il se montrait vigilant à ne manquer
buste en or repoussé qui est à la Sainte-Chapelle, aucune occasion d'étendredese"Toulouse possessions; il fit
Louis était beau, d'une beauté fine et douce, qui renouveler à Raymond VII le traité de
révélait sa grandeur morale, sans annoncer une )229. qui préparait la réunion du haut Languedoc
grande force physique; il avait des traits délicats au domaine royal; il acquérait encore en t~t le
et purs, un teint éclatant, et des cheveux blonds, comté de Mâcon,Forcalquier, en )2d celui du Perche, en ~62
abondants et brillants, que, par sa grand'mère ceux d'Arles, Foix et Cahors, de
Isabelle, il tenait de la race des comtes de Hai- sorte que ce règne d'un prince désintéressé est
naut. H montrait des goûts vifs et éiégants ~1 ai- l'un de ceux quiterritoriale ont le plus contribué a l'extension
mait les divertissements, les jeux, la chasse, les de la puissance des Capétiens.
chiens et les oiseaux de chasse, tes beaux habits, Ascendant de sntM< Louis en t'hrope. Pen-
les meubles magnifiques. (Guizot.) Mais le fond dant que la France et la royauté unissaient de
de son caractère était la pieté, la conscience mo- p]us en plus leurs destinées, l'Europe était pleine
rale, qui le poussa avant tout et toujours à bien de troubles et de contradictions. En Angleterre
agir. A cet égard, il n'a pas eu de supérieur parmi Henri II! luttait contre les barons; l'Espagne
les princes que juge l'histoire et il n'a eu qu'un échappait à peine aux m~ns des Maures pour
égal, Marc-Aurète. Marc-Aurète et saint Louis tomber dans l'anarchie féodale; surtout l'Alle-
sont peut-être les deux seuls princes qui, en toute magne et l'Italie, lo pape et l'empereur, étaient
occasion, aient fait de tours croyances morales la plus que jamais en guerre acharnée. La papauté,
première règle de leur conduite Marc-Aurèle sous Innocent III et Innocent IV, avait quitté son
stoïcien, saint Louis chrétien. » (Guizot.) rôle d'arbitre pour exterminer les Albigeois et
SaMf Louis et la féodalité. Mais si cette détruire Frédéric Il. Mais « le fer est impuissant
conscience le poussait toujours à respecter le droit contre la pensée c'est plutôt sa nature, à cette
de ses adversaires, elle lui nt maintenir le sien plante vivace, de croître sous le fer et de fleurir
Hugues de Lu- sous l'acier. Combien plus, si le glaive se trouve
avec la même impartiale fermeté.épousé la dans la main qui devait le moins du glaive,
signan, comte de la Marche, avait veu~e user
du roi Jean d'Angleterre. L'orgueilleuse femme si c'est la main pacifique, la main du prêtre 1 L'E-
du nouveau glise perdant ainsi son caractère, ce caractère
ne voulut point subir la suzeraineté roi; à l'heure !t )a!que, à roi,
va
comte de Poitiers, Alphonse, frère du Hugues passer tout un un au
refusa outrageusement l'hommage. « Je te jure roi de France. » (Michelet.) Par sa renommée de
d'un cceur résoin, dit-il au prince, que je ne serai droiture désintéressée, saint Louis en effet deve-
jamais ton homme lige; tu as indécemment dérobé nait l'arbitre de l'Europe et le juge des partis.
ce comté à mon beau fils le comte Richard. » Puis, C'est lui qui tranche la querelle des maisons de
suivi de ses gens, il sortit de Poitiers au galop Dampierre et d'Avesnes en lutte pour la Flandre
(1241). Henri III d'Angleterre s'était aussitôt dé- depuis la mort de la comtesse Marguerite. En
claré pour son beau-père. Louis réunit ses vas- 12u4, Henri III d'Angleterre le prit à témoin de
saux, et, menant rudement guerre, la il écrasa. la son droit contre ses barons révoltés; et Louis IX,
révolte par deux victoires au pont de Taillebourg soucieux à la fois du droit royal et de la liberté féo-
et près de Saintes. Le comte de la Marche perdit dale, invita le roi à maintenir et tes seigneurs à
une partie de ses terres Cependant,et prêta humblement observer la grande charte de t2)5, qui contenait
l'hommage pour le reste. comme on la formule de leurs prérogatives réciproques.
engageait le jeune vainqueur à faire mettre à Si, dans la querelle du sacerdoce et de l'empire,
mort un fils du comte, quarante et un chevaliers, it nemoins pouvait arrêter les emportements des parts,
quatre-vingts sergeants et autre mennaille, à du donnait il avec fermeLé l'exempte et le
grand foison, » qui avaient longuement défendu le conseil d'une modération juste et désintéressée.
château de Fontenay « Non, répondit-i),l'un n'a pu Si, en 1239, il rejetait l'offre du pape frère qui lui pro-
obéissant à son père, niles posait la couronne impériale pour son Robert
se rendre coupable en l'empereur à mettre
autres en servant leur seigneur. x (Guillaume de d'Artois, en tx4i, il forçait
Nangis.) en liberté les prélats faits prisonniers au combat de
Après avoir fait craindre sa force, saint Louis Meloria; si, en '7.44, it refusait de laisser tenir
voulut montrer sa modération, son esprit de jus- en France le concile qui ennmmunia Frédéric de
II,
Naptfs
tice, son amour de la paix. Sa conscience li re- plus tard il n'acceptait point l'offre
mordait de la terre de Normandie et pour autres pour son fils. Et de ces gens étrangers qu'il
terres que il tenait, que Ii roi de France, ses avait apaisés, lui disaient aucuns de son conseil
ayeuls, a'aient tolues (enlevées) au roi Jean d'An- que il ne faisait pas bien quand ilapauvrir, ne tes laissait
gleterre, dit sans terre. et il s'entremit tous jours guerroyer; car se il les laissait ils ne
Jfan; lui courraient pas sus si tôt. Et& à ce répondait le
que il venait visiter le roi Henry (fils de (Guil- roi que ils ne disaifnt pas bien car autrement,
pour faire paix à Ii pour les dites terres. »
laume de Nangis.) La négociation fut longue par la haine qu'ils auraient à moi, ils me viendraient la
enfin le traité d'Abbeville )'ut signé (12.S9). malgré courre sus, dont je pourrais bien perdre sans Benoit
les conseils de son entourage et les protestations haine dc Dieu que je conquerrais, qui dit
des Périgourdins, « qui n'an'ectionnèrent oncques tbénis) soient tous li apaiseurs. » (Joinville.)
puis le roi. » Saint Louis rendit à Henri III le Croisade de saint Luuis. La piété sincère
de saint Louis ajoutait encore au respect de ses peuple qu'il n'y avait personne assez hardi pour
contemporains. Elle lui fit entreprendre les deux jes contredire en rien. » (Guiltaume de Nangis.)
dernières croisades, contre les vœux de sa mère, Bien accueillis de la régente à Paris, ils se laissè-
de ses conseith rs, de l'Eglise même que l'insuccès rent aller au pillage et à la violence. Excommuniés
des expéditions précédentes avait à la fin con- alors, ils furent dispersés, poursuivis et assommés
vaincue de leur inutilité. Le roi était gravement « comme des chiens enragés ».
malade à Pontoise en tït4 « l'une des dames La paix était complète, quand saint Louis re-
qui le gardaient voulait lui tirer le drap sur le prit en main le gouvernement; et désormais, à
visage, disant qu'il était mort n (Joinvttte),quand l'exemple de son frère Alphonse de Poitiers, le
il fit vceu de prendre « sur son épaule la croix roi consacra toute son activité )a rendre sûre et
du voyage d'outre-mer. Mais lorsqu'il voulut durable. Dans son domaine, it multiplia les ga-
partir, il se heurta aux prières de sa mère et de ranties contre les abus des prévôts que Philippe-
ses meilleurssujets. « Vous dites, répondit-il, que Auguste avait chargés de l'administration finan-
je n'étais pas en possession de mon esprit quand cière, judiciaire et militaire ces magistrats durent
j'ai pris la croix; eh bien, comme vous le désirez, s'entourer « d'hommes suffisants « pour prononcer
je la dépose, je vous la rends. » Tous les assis- leurs jugements ils furentastreints à ne rien ac-
tants se félicitaient, mais le seigneur roi « Mes quérir dans leur ressort pendant la durée de leur
amis. maintenant, à coup sûr, je ne manque pas de charge et à l'expiration do leurs pouvoirs, ils
sens ni de raison. je demande qu'on me rende durent rester quarante jours dans la prévôté pour
ma croix; il n'entrera aucun aliment dans ma que chacun pût obtenir justice contre eux auprès
bouche jusqu'à ce qu'elle soit replacée sur mon de leur successeur d'ailleurs, ils étaient surveil-
épaule. » A ces paroles, tous les assistants dé- lés par les baillis royaux ou grands-baiUis d'A-
ctarèrent qu'il y avait là le doigt de Dieu. L'as- miens, Sens, Mâcon. Saint-Pierre-te-Moustif'r
cendant du saint roi sur les âmes était tel que (Auvergne), que surveillaient à leur tour les en-
40,~u0 soldats et 'SOU chevaliers s'embarquèrent quêteurs royaux, chargés de visiter les provinces
avec lui à Aiguës-Mortes ()948). « En bref temps, et de redresser les abus. Le roi lui-même par-
le vent enfla les voiles et nous enleva si bien la courait chaque année ses domaines pour s'enquérir
vue de la terre que nous ne vimes que le ciel et des besoins et des vœux du peuple. « Maintes
l'eau le vent nous éloigna des pays où nous étions fois advint qu'en été le roi allait s'asseoir au bois
nés et par là vous fais-je voir que celui-là est de Vincennes, après sa messe, et s'accotait & un
bien fou hardi qui s'ose mettre en tel péril, en chêne, et nous faisait asseoir autour de lui. Et
péché morte), car on s'endort le soir ta, et on ne tous ceux qui avaient affaire venaient lui parler
sait si on ne se trouvera pas au fond de la mer au sans empêchement d'huissier ni d'autres gens. »
matin (Joinvi)Ie). Après s'être arrêtés à Chypre, (Joinville.) En même temps, il faisait rédiger le
les croisés arrivèrent devant les murs de Damiette. coutumier de t'ttp de France, connu sous le nom
« Je ne suis, dit le roi, qu'un homme dont la vie tablissements de sa:'H~ M:s; le mariage des serfs
d'
s'évanouira comme celle de tout autre homme y fut consacré et garanti, mais la pénalité y reste
quand il plaira à Dieu. Toute issue de notre en- très rigoureuse. La trahison, le rapt. le vol sur la
treprise nousest bonne. Combattons pour Christ. voie publique, le vol d'un cheval y sont punis de
C'est Christ qui triomphera en nous. » Et il sauta mort. Le vol simple entraine la mutilation (perte
tout armé dans la mer, pressé d'affronter les de l'oreille ou du pied). La police était donc sé-
Sarrasins. C'était la bravoure d'un chevalier chré- vère, au dedans comme au dehors du domaine.
tien, non l'habiletê d'un général. Heureusement Les routes devaient être entretenues par tes sei-
Damiette effrayée capitula aussitôt (lï<n). Mais on gneurs enfin )a monnaie royale, loyalement Sxée.
perdit dans le gaspillage et l'inaction cinq mois eut cours forcé dans tout le royaume on voit
dont profita le soudan d'Egypte pour réunir une gravé sur l'écu de saint Louis les six fleurs de lis,
armée. Si bien que les croisés, partis enfin contre symbole de la réunion des provinces, avec la
le Caire, se heurtèrent en désordre aux Musul- croix au revers et la légende LM~Ot~cM*, Dei <y''t!-
mans qui gardaient Mansourah. Sans rien vouloir lid. FranKu-M'!) ''M; (Louis, par la grâce do Dieu,
entendre, Robert d'Artois chargea aussitôt avec roi des Français).
quelques chevaliers; il périt avant que le roi pût Hors du domaine, saint Louis rencontrait l'ob-
accourir. Les croisés gardaient pourtant le champ stacle de la féodalité. Homme de son temps avant
de bataille. Mais le lendemain une innombrable tout, il ne contesta jamais le principe du droit féo-
cavalerie vint assaillir le camp encombré de ma- dal. Seulement, placé comme roi à la tête du sys-
lades et de bicssés. Egalement incapable d'avancer tème, au sommet de la hiérarchie, il se proposa
ou de reculer, saint Louis dut se rendre avec les pour tâche d'en bannir la violence et d'y introduire
in,000 hommes qui survivaient au désastre (U50). la justice. La royauté devint en ses mains le pou-
Les souffrances et les outrages de la captivité mi- voir régulateur, capable d'imposer à tous le res-
rent encore en relief la hauteur de son âme et la pect des devoirs et des droits féodaux. Par l'ins-
constance de son courage. Enfin il put partir en li- titution de la Quarantaine-le-Roi, il contraignit les
YrantDamiette pour sa rançon et hO J,()0~ tivrespour barons à laisser passer quarante jours, depuis
celle de s"a soldats. t! passa encore quatre années l'insulte, avant de commencer la guerre privée.
en Palestine, cherchant à obtenir pacifiquementla Par l'asseurement, qui permettait au seigneur atta-
délivrance de Jérusalem. Il faillit réussir auprès qué d'en appeler au roi, il mit la puissance royale
du sultan de Damas (125'2). Enfin il dut revenir au service du faible, et changea ainsi la guerre en
en apprenant la mort de sa mère (m<), sans avoir procès; c'était la cour du roi en effet qui devait
voulu visiter en pètcrin la cité qu'il n'avait pu prononcer alors entre les deux adversaires. L'ins-
affranchir par les armes. titution des cas t'o~M~, qui soumettait à sa cour
~a'mM:'i' ;'a<!o~ le M:m< Louis. Sous la ré- ou parlement le jugement de certains procès rela-
gence de Blanche de Castille (f248-5<), la France tifs au droit féodal, et celle des appels à la justice
était demeurée paisible, troubtée un instant (1251) royale, subordonnèrentnécessairementtoutes les
seulement par le soulèvement des Pastoureaux. justices féodales. Enfin la suppression du duel ju-
Formées en Picardie, ces bandes populaires tra- diciaire et l'introduction dans le parlement de la
versèrent le pays jusqu'à Bourges, sous prétexte preuvepar témoins, eurent pour résultat d'éloigner
d'aller en Terre Sainte délivrer saint Louis. « Lors- peu à peu les seigneurs ignorants des tribunaux,
qu'ils passaient par les viitages et les villes, ils
levaient en l'air leurs masses, leurs haches et au-
o ils furent remplacés par les légistes bourgeois.
L'ensemble de ces mesures, prises souvent d'ac-
tres armes, et par là. se rendaient si terribles au cord avec le conseil des bourgeois des villes, avait
pour résultat nécessaire de ruiner la souveraineté rare, point d'homme qui ait ainsi possédé )e pou-
judiciaireet administrative des barons an profit du voir souverain MM en contracter les passions et
roi, qui, dit Beaumanoir, « devenait souverain par les vices naturels, et qui ait à ce point déployé les
dessus tout. Grâce à ces lois d'ordre et de jus- vertus humaines dans le gouvernement. e (Guizot.)
tice, le peuple s'accoutumait à regarderla royauté [Paul Sch&fer.]]
comme un pouvoir tntéiaire et bienfaisant aux LouisX le Butin (c'est-à-dire le Querelleur),
faibles la bourgeoisie, au sein de laquelle le roi Histoire de France, XI, fils aîné de Philippe IV
choisissait ses agents administratifs, croissait ra- le Bel et de Jeanne, princesse de Navarre, reçut
pidement en richesse et en importance. Le en 1307 la couronne de Navarre, et en !3t4. à
royaume, dit Joinville, se multiplia tellement par la mort de son père, devint roi de France. Une
la bonne droiture qu'on y voyait régner que le do- réaction se produisit immédiatement contre le
maine, censive, rente et revenu du roi croissait système de gouvernement de Philippe le Bel: les
tous les ans de moitié. L'industrie en même nobles imposèrent au nouveau roi le rétablisse-
temps s'organisait pour la première fois, les cou- ment de la plupart de leurs privilège:) féodaux, et
tumes en matière d'industrie et de commerce, les obtinrent la condamnation à mort d'Enguerrand
attributions des corps de métiers furent exacte- de Marigny, qui avait été le principal ministre
ment rédigées par le prévôt des marchands de du monarque défunt. Bientôt après, Louis entre-
Paris, Boyleau (Livre des métiers). L'activité de prit contre tes Flamands une expédition qui n'a-
la Hanse (Compagnie des bateliers) de la Seine, boutit pas; puis il mourut en t3!6, ayant à peine
tes foires du Landit (près Saint-Denis), de Beau- régne deux ans. Il eut pour successeur un n~s
caire, de Champagne,étaient tes signes manifestes posthume, qui fut proclamé roi sous le nom de
de la prospérité nouvelle du pays. Jean I", mais qui ne vécut que quelques jours. (V.
~Mh~!? croiM~e. Saint Louis avait désor- Philippe V et Guerre de Cent ans.)
mais achevé son devoir de prince, de « pasteur Le principal événement du règne de Louis X,
dos peuples ». Le chrétien pouvait songer à lui- c'est nance célèbre par laquelle il annonça
même. Jamais l'ardeur religieuse n'avait été plus l'intention de tibérer à prix d'argent tes serfs de
puissante dans son cfBur qu'aux approches de la ses domaines. « Notre royaume, disait-il, est
vieillesse. C'est cette foi même qui lui m persé- nomme le royaume des Francs; voulant que la
cuter cruellement tes juifs et tes blasphémateurs, chose en vérité soit accordant au nom, nous avons
regrettable erreur de sa vie, qn'expliquentsans la ordonné que par tout notre royaume la servitude
justifier tes idées des contemporains. C'est elle soit ramenée à franchise, et franchise soit donnée
aussi qui le poussa a reprendre pour la dernière à tous, à bonnes et convenables conditions, Mais
fois la croisade. Excité par son frère Charles ce n'était là qu'une mesure fiscale et comme les
d'Anjou, que la victoire de Grandella avait fait roi serfs montraient peu d'empressementà racheter
de Naples (1266), Louis IX se dirigea vers Tunis leur liberté, le roi, pressé d'argent, imagina de
(tXTO). Sur ce rivage insalubre, les maladies dé- tes contraindre, en frappant d'une taxe spéciale
cimèrent aussitôt l'armée l'un des premiers, ie roi ceuxy qui ne se rachèteraient pas. L'ordonnance
prit le germe de la mort. Couché sur un lit de de )315, qui ne fut exécutée que partiellementet
cendres, it fit appeler son fils qui fut Philippe III. qui tomba bientôt en oubli, n'a pas la portée d'une
Beau fils, lui dit-il, la première chose que je grande réforme politique l'émancipationdupeuple
t'enseigne c'est que tu mettes ton cœur à aimer des campagnes ne s'opéra que lentement et gra-
Dieu. Aie le cœur doux et pitoyable pour les pau- duellement à la veille de la Révolution, il y avait
vres, les chétifs, les malaisés, et les conforte et encore des serfs en France.
aide, selon ce que tu pourras. Sois loyal et roide Louis XI (1461-1483), Histoire de France, XV,
pour tenir justice et droit à tes sujets aide au fils et successeur de Charles VII, naquit à
droit et soutiens la querelle du pauvre jusqu'à ce Bourges en 142t. Dauphin, il fut l'allié de la féo-;
que la vérité soit éc)aircie. » Quelques semaines dalité qu'il devait combattre plus tard comme roi.
après, Philippe III rapportaittristement en France Il prit part en 1440 à la révolte des grands, con-
les restes du dernier héros du moyen âge, qui nue sous le nom de Praguerie. Charles VU, pour
emportait dans sa tombe l'idée même des croisa- satisfaire l'ambition de son fils et sa turbulente
des (1270). activité, lui confia le gouvernement du Dauphiné
D'autres princes ont servi le peuple; saint Louis et le mit à la tète d'une expédition contre les
t'avait aimé De là vint le souvenir plein d'amour Suisses (bataille de Saint-Jacques, 1444). Le Dau-
que te peuple garda longtemps au bon roi saint phin se retira ensuite dans sa province qui devint
Louis et dont celui-ci s'était montré si digne, un foyer d'intrigues contre l'autorité royale. Me-
comme prince et comme homme. Sa piété ne le nacé par une armée que son père avait envoyée
poussait pas seulement aux croisades elle ne se contre lui, il chercha un asile auprès du duc de
manifestait pas seulementpar la construction de la Bourgogne, Philippe le Bon. C'est là qu'il apprit
Sainte-Chapelle,qu'éleva Pierre de Montreuilpour en 1461 la mort de Charles VII et son avènement
recevoir la couronne d'épines achetée en 1M6 à au trône.
l'empereur latin Beaudouin; elle fit surtout de Louis XI, après avoir reçu le sacre à Reims,
saint Louis la providencedes malheureux. Chaque rentra a Paris, escorté de son puissant protecteur.
jour, le saint roi prélevait sur sa dépense la nour- Dans son impatience de gouverner, il réagit contre
riture de cent vingt-deux pauvres; souvent il sor- l'administration précédente avec une imprudente
tait du conseil pour rendre visite à s~ s serviteurs précipitation. Il destitua les ministres de son
malades; le vendredi saint, il servait à table treize père et s'entoura de petites gens, Olivier )e Daim,
pauvres en souvenir du Christ et des apôtres; par- son barbier, Tristan l'Ermite, son prévôt ou son
tout it fondait des hospices pour les malheureux, bourreau, La Balue, qu'il fit éveque d'Angers et
tes Quinze-Vingts à Paris, les Hôtels-Dieu de cardinal. Il mécontenta le peuple en augmentant
Pontoise, de Vernon, de Compiègne. C'est pour la taille; le clergé, en détruisant la Pragmatique
cette charité active et personnelle, plus encore sanction de Bourges la noblesse, en supprimant
que pour ses croisades, qu'il a mérité d'être cano- tes droits féodaux et particulièrement le droit de
nisé, ie tt août t297, par le pape Boniface VIII. chasse l'Université, en lui enlevant ses privilèges.
« Le monde a vu de plus grands capitaines que Enfin it s'aliéna le vieux duc de Bourgogne et sur-
saint Louis, de plus profonds politiques, de plus tout son fils, le comte de Charolais, plus tard
vastes et plus brillants esprits, des princes qui ont Charles le Téméraire, en rachetant les villes de
exercé au delà de leur vie une plus longue et plus la Somme cédées au traité d'Arras, Saint-Quen-
puissante influence; il n'a point vu de roi plus tin, Amiens, Abbeville, Péronne, Montdidier. Tous
tes mécontentements Matèrentà la fois. Les chefs lis; le Bourguignon y adhéra (octobre 1472).
de la noblesse, le comte de Charolais, François U, Délivré de son plus puissantadversaire, Louis XI
duc de Bretagne, le duc de Bourbon, le frère frappa la noblesse. Le comte d'Armagnac,Jean I",
même du roi, le duc de Berry, les exploitèrent fut tué dans Lectoure par les soldats du cardinal
avec habileté, et conclurent, sous prétexte de dé- d'Alby le duc d'Alençon, qui avait voulu céder
truire les abus, une /Ke <<;< &~M public. Louis XI, ses Etats à Charles le Téméraire, fut condamné à
après la bataille indécise de Montlhéry, assiégé mort, son fils René à la prison perpétuelle le
dans Paris dont la fidélité était douteuse, ne se comte de Saint-Pol fut jeté à la Bastille, jugé et
tira de la situation critique où il s'était mis par décapité en place de Grève; te duc de Nemours,
son imprudence qu'en signant les deux traités de après deux ans de captivité, fut décapité malgré
Conflans et de Saint-Maur (1465). li cédait la les remontrances du parlement.
Normandie Il son frère, rendait au duc de Bour- Pendant que Louis XI fortifiait te pouvoir royal
gogne les villes de la Somme, et reconnaissait contre les entreprises de la fëodatité, Charles le
Findépendance de la Bretagne. Ces traités au- Téméraire se jetait dans les plus folles aventures.
raient ruiné le pouvoir royal, mais Louis XI en Réunir ses provinces françaises à ses provinces
les signant était disposé à ne pas tenir ses enga- flamandes, reformer dans les bassins de la Saône,
gements. de la Meuse et du Rhin l'ancien royaume de Lo-
Le roi, après avoir fait déclarer par le Parle- tharingie,telle était son ambition. H parut tout
ment que la Normandie était inaliénable, envahit d'abord réussir l'archiduc Sigismond lui vendit
cette province et en quelques jours l'enleva à une partie de l'Alsace, et l'empereur Frédéric III,
son frère (1466). Le comte de Charolaisvenait de avec qui il eut une entrevue à Trèves, était sur le
succéder à son père sur le trône ducal de Bour- point, pour marier son fils Maximilien à Marie de
gogne (15 juin t46'!). On l'appelait déjà Charles le Bourgogne,de lui donner le titre de roi de Gaule-
Terrible ou teTémëraire.It forma une nouvelleligue Belgique. Mais Louis XI ne perdait pas de vue
contre Louis XI avec le frère du roi, le duc de les manœuvres de son adversaire. Frédéric 111
Bretagne, le duc d'Alençon, les rois de Castille et refusa la couronne, l'archiduc reprit l'Alsace, et
d'Angleterre. Louis XI s'appuya sur les Etats les Suisses déclarèrent la guerre au duc et enva-
généraux réunis a Tours, se fit autoriser à garder hirent la Franche-Comté. Pendant que Charles
la Normandie et à forcer le duc de Bretagne à mettait le siège devant la ville de Neuss, Louis
i'obSissance. Il mena en effet une armée considé- XI s'empara des principales villes de l'Artois et
rable contre ce dernier, et le contraignit à signer de la Picardie. Le .roi d'Angleterre, Édouard IV,
le traité d'Ancenis (H68). Mais il n'osa pas tenter débarqua vainement à Calais ne trouvant pas l'ar-
avec le duc de Bourgogne le sort d'une bataille; mée de son allié sur laquelle il comptait, il signa
il se fiait davantage aux séductions de sa parole. avec Louis XI le traité de Pecquigny. Charles le
H demanda et obtint une entrevue à Péronne, Téméraire n'osant plus attaquer le roi de France, et
lugubre résidence qui rappelait la captivité et la impatient de se venger des Suisses, signa à son
mort de Charles le Simple. Le due de Bourgogne tour la trêve de Soleure (1475).
l'y reçut avec courtoisie il était déjà gagné par La guerre de Charles contre les Suisses fut fa.
les flatteries du roi, quand il apprit que les émis- tale à la maison de Bourgogne. VaincuàGrandson
saires royaux soulevaient à ce moment tout le et à Morat, le duc mourut sous les murs de
pays de Liège. Sa fureur fut terrible; Louis Xt Nancy (HT!).
eût couru un grand danger s'il n'avait été averti Charles le Téméraire ne laissaitqu'une fille, Ma-
par le secrétaire du duc, Philippe de Commines, rie, âgée de vingt ans. Louis XI réclama le duché de
qui plus tard devint un des conseillers et le plus Bourgogne comme fief masculin et s'en saisit, ainsi
célèbre historien de ce règne. H fallut souscrire à que de la Franche-Comté.Il envahit en même temps
un traité humiliant. Le roi cédait à son frère la la Picardie et l'Artois. Quant à la Flandre, il la re-
Champagne, en échange de la Normandie et il quit de foi et d'hommage. La princesse se soumit et
marchait, à coté du duc, contre les Liégeois qui réclama son assistance contre les Flamands révoltés.
combattaient aux cris de « Vive la France o (t468). Louis XI la trahit secrètement. La malheureuse Ma-
11 se vengea de toutes ces humiliations, en con- rie vit ses deux principaux ministres condamnés à
damnant à une cruelle captivité de dix ans, dans mort par la populace excitée par les agents du roi,
une cage de fer, La Balue, qui le trahissait. et exécutés. Elle se jeta alors dans les bras de l'em-
Dans la deuxième partie de son règne, Louis XI pereur, et épousa Maximilien,fils de Frédéric III.
se montra plus prudent et plus habile. Il cher- Ce mariage commença la longue rivalité de la
cha d'abord à annuler les désastreusesconséquen- maison de France et de la maison d'Autriche.
ces du traité de Péronne. La Guyenne fut donnée L'armée de Flandre, commandée par d'Esquerdes
à son frère en échange de la Champagnequi aurait et de Gié, livra la seule bataille importante de
livré Paris au Bourguignon. Le duc de Bretagne, cette guerre aux troupes de Maximilien. L'en-
qui protesta, dut signer te traité d'Angers. Puis, gagement eut lieu à Guinegate, près de Saint-
quand le roi eut gagné son alliance les Suisses, Orner. La victoire demeura indécise. La guerre
le duc de Milan et les Ecossais, quand il eut se prolongea jusqu'en 1482. A cette époque Ma-
rattaché à sa cause un certain nombre de sei- rie de Bourgogne mourut d'une chute de che-
gneurs en leur conférant l'ordre de S6[!?:<-jM<fAe<, val, à l'âge de vingt-cinq ans. Elle laissait deux
il fit casser le traité de Péronne par les notables, enfants, Marguerite et Philippe le Beau. Les Fla-
assemblés à Tours en 1410. Le duc de Bourgogne mands, qui n'aimaient pas Maximilien,le forcèrent
forma aussitôt une troisième ligue avec le projet à signer la paix d'Arras (1482). Ce traité ratifiait
de démembrer la France. Mais la mort subite du l'union de la Bourgogne à la France et stipulait
duc de Guyenne déconcerta ses plans. Charles le le mariage de Marguerite avec le Dauphin, en lui
Téméraire, accusant Louis XI d'un fratricide, se laissant pour dot la Franche-Comté et l'Artois.
jeta avecrage sur la Picardie. La ville de Nesle fut Ainsi, sous le règne de Louis XI, la France
saccagée, la population, réfugiée dans l'église, avait fait un pas immense vers son unité. territo-
égorgée Beauvais effrayé résista avec désespoir; riale. Le domaine royal s'était agrandi de onze
une femme héroïque,Jeanne Hachette, se mit à la provinces. La succe-sion de Charles le Téméraire
tête des soldats. Le duc échoua dans toutes ses en avait donné quatre Picardie, Artois, comté
attaques; il poursuivit ses ravages dans la Nor- de Boulogne, duché de Bourgogne avec le Charo-
mandie, où il brûla Saint-Valéry et Neufchâtel. lais et Auxerre. Le testament de René d Anjou
It avait compté sur les secours de François IL lui en avait donné trois autres, Anjou, Maine,
Mais celui-ci avait dû accepter la trêve de Sen- Provence. Un procès avait valu à Louis XI le du-
che d'Alençon et le Perche; la mort de son frère, mit On la querelle Louis XII conservait le Mi-
&
la Guyenne son intervention dans tes affaires lanais le royaume de Naples devait revenir au
d'Espagne, le Roussillon et la Cerdagne. petit-fils de Ferdinand V et de l'empereur Maxi-
Le pouvoir roya) fut fortiné non seulement par milien, Charles (le futur Charles-Quint) celui-ci
la lutte victorieuse contre la féodalité et les était en même temps fiancé à la princesse Claude,
agrandissements territoriaux qui en furent la fille de Louis XII, qui devait lui apporter en dot
conséquence,mais parl'administrationde LouisXI. la Bretagne et la Bourgogne(t&04). Heureusement
Le parlement de Paris reçut une nouvelle organi- pour la France, ce traite, qui menaçait d'enlever
sation trois nouveaux parlements furent créés au pays deux de ses provinces, fut bientôt déchire
en province, celui de Grenoble en 1451, celui de les Etats généraux déclarèrent que ie roi n'avait
Bordeaux en )462, celui de Dijon en )477. L'armée pu aliéner les provinces promises, et la princesse
compta &0 (MO hommes de troupes régulières, les Claude fut fiancée à François d,Angouléme(Fran-
milices des villes et 6000 Suisses. Le commerce çois !").
et l'industrie furent encouragés. Les principaux Cependant Jules II venait de succéder à Alexan-
traités prirent )e nom de trêves marchandes, à dre Borgia. Le nouveau pape voulait constituer
cause des stipulations qu'ils contenaient en fa- l'unité de l'Italie sous t'autorité du Saint-Siège
veur des marchands. La Rochelle et Bayonne de- pour cela, il lui fallait affaiblirVenise, seule puis-
vinrent ports francs; le nombre des foires fut sance italienne capable de balancer l'influence
multiplié. Le roi permit aux nobles de faire le de Rome; et expulser de l'Italie les étrangers qui
commerce sans déroger, et il établità Tours, en la tytannisaient.Mais, pour abattre Venise, Jules II
1470, la première manufacture de soie. L'institu- s'allia d'abord à ce~-H mêmes qu'il espérait
tion des postes, fondée par t'édit de 1464, fut pouvoir chasser ensuite il forma la ligue de Cam-
encore pour le commerce un puissant auxiliaire. brai, dans laquelle entrèrent le roi de France, le
Louis XI favorisa les lettres et tes sciences. L'im- roi d'Espace et l'empereur()508). Louis XII mar-
primerie de Paris date de son règne. Il en est de cha aussitôt contre Venise, dont l'armée fut mise
même de l'enseignement de la langue grecque, en déroute a Agnadel (1509) mais Venise elle-
qui fut apporté en France par des réfugiés de même restait inexpugnable dans ses lagunes, et
Constantinople. Plusieurs universités nouvelles, une armée de Français et d'Impériaux mit en vain
comme celles de Valence et de Bourges, furent le siège devant Padoue. Le pape, satisfait d'avoir re-
fondées. Le roi accorda à Paris une école spéciale pris aux Vénitiens les villes de la Romagne, fit la
de médecine. Le premier de nos grands poètes, paix avec la république, et songea alors à l'expul-
Villon. et le premier de nos grands historiens, sion des étrangers. S'alliant aux Vénitiens contre
Commines, vécurent sous ce règne. les Français, il réussit & former une coalition
Louis XI, mourut en 1483, à son château de qu'il appela la Sainte-Ligue, et dans laquelle it fit
Plessis-lez-Tours.Ce roi d'une activité si remuante entrer les Suisses, l'Espagne, l'Angleterre et l'em-
ne pouvait se faire à l'idée de la mort. Plus su- pereur ()5tf). Seul contre tant d'ennemis,
perstitieux que religieux, il fit appel a tout ce Louis XII devait succomber la brillante victoire
qui semblait pouvoir ie rattacher à la vie. Mais de Ravenne, qui coûta la vie au jeune général
en vain fit-il venir de Reims la Sainte Ampoule et Gaston de Foix, fut inutile; les Français durent
de Naples saint Francois de Paule; « le tout. dit évacuer le Milanais, où les Suisses et l'empereur
Commines,n'y nt rien et il fallait qu'il passât par rétablirent Maximilicn Sforza. En vain Louis XII
là où les autres sont passés. » avait fait réunir un concile au moyen duquel il
~Désiré Blanchet.1 espérait tenir en échec l'autorité du pape; en vain
Louis XII. Histoire de France, XVI, fils il détacha de la Sainte-Ligue les Vénitiens, et es-
du due Charles d'Orléans, connu comme poète; saya avec leur aide de reprendre le duché de
petit-fils de Louis d'Orléans, assassiné en 1407, Milan; la défaite de Novare ()5)3) consomma la
et de Valentine Visconti; arrière-petit-6!sdu roi ruine de la domination française en tt4!e. En
Charles V. Il avait épousé une fille de Louis XI, même temps, le roi d'Angleterre Henri VIII débar-
et à la mort de ce prince, il disputa la régence à quait à Calais, et voyait fuir devant lui à Guincgate
Anne de Be.~ujeu (V. ~Merre /"Me); mais il fut 1 armée que Louis XII avait envoyée pour t'arrêter
vaincu et fait prisonnier. Rendu à la liberté, il se (Journée des éperons) mais une attaque des
réconcitia avec Charles VIII, auquel il succéda, Ecossais l'obligcaà repasser le détroit. Les Suisses
celui-ci étant mort sans enfants en 1498. Louis XII envahirent la Bourgogne, et vinrent menacer
répudia alors sa première femme, pour épou- Dijon, que la Tremoille sauva à force d'argent et
ser Anne de Bretagne, veuve du roi défunt, et en signant un traité que le roi refusa ensuite de
conserver ainsi la Bretagne a la France. Puis, ratifier.
suivant l'exemple donné par son prédécesseur, il Cependant Louis XII ne pouvait continuer la
prépara une expédition contre l'Italie, riche proie lutte il négocia la paix, en faisant Il chacun de
dont les dépouilles tentaient la cupidité des hom- ses adversaires quelquesconcessions le nouveau
mes du Nord. Par sa grand'mère Valentine Vis- pape Léon X obtint le désaveu du concile schis
conti, Louis XII prétendait avoir des droits sur matiquo; Ferdinand V garda la Navarre espagnole
le duché de Milan. Une armée française com- dont it s'était emparé en en chassant le roi Jean
mandée par le condottière italien Trivulce Et la d'Albret, atiié de la France le roi d'Angleterre
conquête du Milanais (t4M9); le duc Ludovic obtint la ville de Tournai et une indemnité. Anne
Sforza, livré à Novare par ses mercenaires suis- de Bretagne était morte le vieux roi scella la paix
ses (1~0), fut envoyé captif en France. Puis Louis avec l'Angleterre en épousant la sœur de Henri Vit!
s'entendit avec le roi d'Espagne Ferdinand V pour mais il mourut trois mois après, le le' janvier
dépouiller de sa couronne le roi de Naples Fré- tâl5.
déric trahi par les Espagnols en qui il avait Les longues guerres d'Italie n'avaient abouti 4
cru trouver des alliés, Frédéric dut se rendre aux aucun résultat c'était en pure perte que tant de
Français ()5U1;. Mais quand il fallut partager, sang avait été versé et tant d'argent dépensé. Ce-
Louis et Ferdinand se brouillèrent; l'Espagnol, pendant la situation intérieure du royaume était
plus pernde que son rival, flnit par l'emporter moins mauvaise qu'on n'eût pu s'y attendre.
tandis qu'il amnsait Louis XII par des négocia- Louis XII, administrateur économe, avait trouvé
tions trompeuses, son général, Gonzalve de Cor- moyen, malgré ses guerres, d'attéger les impôts ¡
doue, attaquait les Français à l'improviste, les l'agriculture était florissante, la justice était
battait à Seminara et à Cerignola (1A03), et les mieux rendue, et les Etats généraux réunis à
chassait du royaume de Naples. Le traité de Blois Tours en ]506 purent décerner au roi le titre de
père du peuple sans que l'opinion publique pro- sous le nom de Louis. Porté ensuite sur le lit de
testât. Quoique, depuis Charles VII, le pouvoir son père, ce)ui-ci lui demanda comment il s'appe-
royal se fût substitué définitivement au régime lait maintenant. « Louis XIV, » répondit l'enfant
de la féodalité, les règnes de Louis XI et de avec naïveté. « Pas encure, dit le roi en sou-
Charles VIIt avaient encore été troublés par des riant.
révoltes des grands vassaux; Louis XII fut « le Les mémoires de Laporte, valet de chambre
premierreprésentant du gouvernement incontesté de Louis XIV, et les mémoires de Mongl~t, mon-
et unitaire qui devait régir la France jusqu'en trent combienfut négligéel'éducation de ce prince.
178'), et imposer pendant trois siècles aux insti- Les premières impressions qu'on lui donna ten-
tutions, aux mœurs, aux tendances du pays, la daient lui inspirer pleine croyance en sa propre
discipline de la monarchie absolue. )' (Bordier et infaiUibilité. On conserve parmi les manuscrit*! de
Charton.) la bibliothèque de Saint-Pétersbourg un modèle
Louis XIII, Histoire de France, XXII, fils d'écriture que son professeur lui donnait à copier.
et successeur de Henri IV, n'avait que neuf ans On y voit écrit six fois de suite, en grosses let-
lorsqu'il devint roi sous la régence de 'sa mère, tres péniblement formées, mots significatifs
Marie de Médicis (16)0). Celle-ci était dominée « L'hommage est dû aux roisces ils font tout ce qui
par un favori, Concini, aventurier florentin qu'elle leur plalt. On comprend de telles maximes
avait fait marquis d'Ancre et maréchal de France. aient faussé» de bonne heureque le cœur de cet enfant
Abandonnant les projets de Henri IV contre la et lui aient donné ce qu'il a eu au suprême degré,
maison d'Autriche, elle s'allia à l'Espagne, renvoya la superstition de la royauté. Ce prince, qui écrira
Sully, et ne chercha qu'a assurer son pouvoir plus tard dans ses mémoires que les rois re-
a
contre les mécontents. Il lui fallut acheter la sou- çoivent de Dieu des lumières particulières ne
mission des grands seigneurs. Elle convoqua les doit pas être rendu seul responsable de cettea,doc-
Etats généraux (1614); mais cette assemblée, qui trice du bon plaisir pratiquéepar lui à outrance.
se réunissait pour la dernière fois avant )789, et Cette responsabilité doit être partagée un
où un représentant du Tiers, Miron, fit entendre entourage de courtisans qui pervertirent depar bonne
inutilement quelques courageuses paroles (V. heure l'esprit du roi. Saint-Simon a dit très jus-
Etats généraux),fut congédiée sans qu'aucune ré- tement « II était né bon et juste. Tout le mal
forme eût été décidée. Les seigneurs continuaient lui vint d'ailleurs. » Jeune, il n'aimait pas le car-
à murmurer contre l'autorité de Concini; celui- dinal Mazarin. Laporte nous apprend que la garde
ci, conseillé par Richelieu, évoque de Luçon, dont le cardinal était entouré, et qui contrastait
essaya de quelques mesures de rigueur, et fit avec l'abandon dans lequel il était laissé lui-
arrêter le prince de Condé. Mais le jeune roi, à même, choquait son âme royale, et il le nommait
qui pesait la tutelle de sa mère, et que poussait le yra?!</ Turc. D'ailleurs, dit Monglat dans
ses
un de ses familiers, Albert de Luynes, se débar- mémoires, « le prince ne se mêlait de rien. Le
rassa de Concini en le faisant assassiner ()6fi), cardinal n'allait jamais chez lui, mais il allait plu-
et exila sa mère à Blois. Louis XIII, que la faiblesse sieurs fois le jour chez le cardinal auquel il fai-!
de son caractère devait condamner à une perpé- sait la cour comme un simple courtisan. Le
tuelle minorité, laissa ensuite le gouvernement à dinal recevait le roi sans se contraindre. A peine' car-
Luynes: celui-ci comprima les tentatives de révolte il se levait quand il entrait et sortait, et jamais il
de la reine-mère et les protestants,dont les liber- ne le conduisait hors de
tés étaient menacées, ayant pris les armes, il vint Louis sa chambre, o Plus tard,
XIV dissimula ou contint ses sentiments de
mettre le siège devant Montauban, une de leurs répugnance, et il parut reconnaissant envers Ma-
places-fortes; il y mourut~62)). Louis XIII réussit zarin des grands services rendus
cependant à faire rentrer les protestants dans monarchie. Il le laissait par celui-ci à la
gouverner d'une manière
l'obéissance il se réconcilia en même temps avec absolue, et il se livrait entièrement
aux plaisirs de
sa mère, qui fit entrer au conseil royal l'évoque son âge. Les efforts du marécha)deVilleroy, nommé
de Luçon, devenu le cardinal de Richelieu (1622). gouverneur du prince après le duc de Beaufort, et
A partir de ce moment, l'influence de Richelieu est le zèle éclairé de
son précepteur, l'abbé de Beau-
dominante, et c'est lui qui gouvernera la France mont, avaient été également stériies. H ne putjamais
jusqu'à sa mort sous le nom du faible monarque. apprendrele latin, bien qn'une traduction des Com-
Nous racontons ailleurs (V. Richelieu) les actes du m~K~M'M de César ait été publiée
grand homme d'Etat qui fonda définitivement la S'il apprit plus tard l'italien, sous son nom.
monarchie absolue, et qui reprit contre la maison à Marie Mancini. Il goûtait uniquement ce fut pour plaire
d'Autriche la politique de Henri IV bornons-nous romans et les livres frivoles. La danse, les les
à rappeler ici la guerre contre les protestants et la de bague, l'équitation, la chasse à tir, étaient courses
prise de la Rochelle1628;,i'abaissemenbdes grands, plaisirs favoris. Elevé ses
au milieu
le pouvoir des gouverneurs de province contenu remplissaient la maison d'Anne d'Autriche, il des femmes qui
par l'institution des intendants, l'alliance de la tarda pas à écouter la voix de ses passions. De- ne
France avec les adversaires de la maison d'Au- tenu amoureux d'une des nièces du cardinal,
triche et son intervention glorieuse dans la guerre Marie Maurini, il alla
de Trente Ans. Richelieu mourut en(,42 Louis XIII a beaucoup trop vantéjusqu'à vouloir l'épouser. On
dans cette circonstance le
ne lui survécut que six mois. Il avait épousé en désintéressement et le patriotisme de Mazarin
1615 Anne d'Autriche, fille du roi d'Espagne Phi-
lippe III, qui lui donna deux fils, Louis XIV et rompant ces projets d'union et éloignant sa nièce.
Des travaux récents établissent que la fermeté
Philippe d'Orléans. déployée alors par le cardinal lui fut imposée par
Louis XIV dit le Grand, Histoire de France, Anne d'Autriche, qui s'emporta violemmentcontre
XXIH, XXV, né à Saint-Germain-e~-Laye, le ce qu'elle considérait
16 septembre 16:!8, mort à Versailles le 1" comme la plus humiliante
sep- desmésaiiiances. D'ailleursle mariagede Louis XIV
tembre H)5. On donna la nom de f'MM~~t;' au avec Marie-Thérèse, fille de Philippe IV, roi d'Es-
prince qui. ondoyé dès sa naissance, fut bap- pagne, et les fêtes splendides dont mariage fut
ttse q~e cinq ans plus tard. Le 21 ne avril )643.! 1 occasion, effacèrent complètement ce le souvenir de
Lo~is XIII sur son lit de mort voulut i'on Marie Mancini.
s acquittât envers le dauphin d'un devoir dontque
Une éducation aussi négligée et des goûts aussi
jusqu'à ce jour on avait retardé l'itccomptissement. frivoles
Le cardinal Mazarin et la princesse de Condé fu- laisserait avaient persuadé la cour que Louis XIV se
rent chargés de présenter le dauphin au baptême. grand, lorsque gouverner. Aussi l'étonnement fut-il
Sur le désir exprimé par l'enfant, on le baptisa roi déclara à ladésormais mort de Mazarin, en 16'it, 1<
il dirigerait tout lui'
que
même. Il tint son conseil réuni trois jours durant aux seuls enfants du premier lit, il demande à
aCn de se mettre au courant de l'administration du Charles roi d'Espagne, enfant du second lit,
royaume. Il annonça qu'il consacrerait chaque jour au nom de Marie-Thérèse, issue du premier, la
ah heures aux affaires de l'État, et Il partie des Pays-Bas dans laquelle existe cette
prescrivit
aux ministres de ne rien signer, de ne rien coutume que l'on nomme droit de dévolution. Sur
payer
sans son ordre. Choisy raconte qu'Anne d'Autri- !e refus du roi d'Espagne, il entre en campagne,
che rit de cette résolution et que les courtisans ne et il se montre aussi surprenant par la rapidité
crurent pas à sa durée mais en réalité il a tenu de ses coups que par la modération de ses de-
cet engagement durant les cinquante-quatre an- mandes. Il acquiert les places de Charleroi, Binch,
nées de son règne effectif (1661-1715). Ath, Douai, Tournai, Oudenarde, Lille, Courtrai,
L'affairede la succession d'Espagne a été le pivot Armentières, Bergues, Furnes, avec leur terri-
sur lequel a tourné tout le règne de Louis XIV. toire, et il affermit ainsi, en les éteignant de la
Le remplissant pendant cinquante ans, elle a capitale, tes frontières septentrionales de la
amené les désastres de sa fin. Il est donc utile de France. Cette période fut une période de négo-
l'étudier dans ses causes afin de bien faire com- ciations merveilleusement conduites de f6Ht à
prendre quelles en ont été les péripéties. Eviter le )667, et une période de guerre de 1667 à 1668,
retour de la puissance formidable de Charles- année de la glorieuse paix d'Aix-la-Chapelle.
Quint, à la fois empereur d'Allemagne et roi Mais si Louis sut consentir au traité d'Aix-la-
d'Espagne, et replacer l'Espagne dans sa sphère Chapelle, dans lequel il évita d'alarmer l'Europe
naturelle de mouvement et d'action en la rame- par un agrandissement démesuré, it ne le fit pas
nant dans les voies de la France dont elle reçoit sans conserver contre la Hollande, qui l'avait ar-
et à laquelle elle procureuneprotection précieuse, rêté dans ses projets de conquête, un vif ressenti-
telle devait être la politique française au milieu ment et sans former dès cetteépoque le projet de se
du xvn' siècle. Mazarin eut le mérite de le com- venger d'elle. Il faut reconnaltre que la conduite
prendre, en unissant Louis XIV a Marie-Thért'se, des Hollandais fut des plus inconsidérées. Qu'ils
de manière à ménager à ce prince la succession eussent oublié que leur république était née et
d'Espagne. L'habileministre résolut une question avait grandi à l'ombre de la maison de France,
nationale, et sa main prévoyante disposa pour on peut l'admettre. Le souvenir des services ren-
ainsi dire les événements futurs. Louis XIV ne dus ne saurait prévaloir en politique sur la crainte
tarda pas à voir que là seulementétait le moyen d'un danger prochain. Les Hollandais avaient
de sa grandeur, et il mit tous ses efforts à tourner eu raison d'être effrayés par l'invasion de la
a son profit toutes les conséquences de ce ma- Flandre et par le rapprochement des frontières de
riage. Cette première période de son règne fut France. Mais ils commirent une grave imprudence
vraiment grande et glorieuse. U était admirable- en considérant la paix d'Aix-la-Chapellecomme
ment servi par des instruments incomparables un triomphe qui leur était propre, et en humiliant
formés au milieu des fécondes agitations de la la nerté de Louis XIV par des médailles aussi
Fronde, et soumis ensuite à une volonté ferme et pompeuses que mensongères. Louis XIV, en pa-
persévérante, instruments qui avaient reçu la vive raissant vouloir châtier leur ingratitude, obéit au
impulsion et le nerf que donnent les guerres ci- seul désir de venger son orgueil blessé. Il sembla
viles, mais auxquels il sut imprimer une même préparer une guerre de politique, mais en réalité
direction et un mouvement uniforme. Tels étaient it prépara une guerre de ressentiment. Pendant
dans la guerre Turenne et Condé, dans la diplo- les quatre années qui s'écoutèrententre la paix
matie et l'administration Lionne, Colbert et Le d'Aix-la-Chapelle et l'invasion de la Hollande
Tellier. Aussi rien n'égale l'incontestable gran- (t668-)6?2),tt négocia très habilement avec toute
deur et la profonde utilité des actes de cette pé- l'Europe ann de la rendre favorable à l'exécution
riode pendant laquelle, ne se contentant pas de de ses projets. Lionne l'y aida puissamment, et là
développer la prospérité du pays, de ressusciter encore, surtout avec l'Angleterre,dont on acheta
la marine, d'implanter en France l'industrieétran- à prix d'argent le roi Charles Il, on réussit dans
gère et de faire pénétrer l'ordre dans l'armée, toutes les négociations entreprises.
dans l'administration, dans les finances, il sut Malheureusement Lionne ne vécut pas assez
aussi porter un regard attentif a l'extérieur, mé- longtemps pour faire prévaloir dans l'exécution
nager avec soin ses alliés, maintenir dans le repos de la campagne contre les Hollandais la même
les puissances inquiètes et les préparer habile- sagesse et la même prudence que dans ses prépa-
ment la revendication de ses droits. ratifs. Il poursuivait en effet non pas leur ruine,
Aux yeux de l'Autriche, ces droits n'existaient mais leur châtiment. Lionne mort, et un ministre
plus. Afin d'empêcher la réunion sur la même violent, Louvois, ayant succédé dans la faveurvic- du
tête des deux couronnes française et espagnole, roi à un ministre sage, Louis XIV poussa sa
une renonciation à la succession d'Espagne avait toire jusqu'à ses conséquences extrêmes et com-
été imposée à Marie-Thérèse par son contrat de mit ainsi ia faute capitale d'où résulteront tous
mariage, qui la dépouillait ainsi du droit que la tes désastres de la fin du règne. En voulant écra-
loi espagnole accorde aux femmes de monter eur ser la Hollande, Louis XIV, loin de parvenir à
le trône. Mais ce contrat, déjà considéré par Louis l'abattre, la réduisit à ces efforts désespérés et
XIV comme radicalement nul, en ce que, essen- sublimes qui produisent les retours de fortune.
tiellement particulier, il ne pouvait pas modifier Sur les cadavres des frères de Witt, massacrés
la loi fondamentale d'une monarchie, ce contrat, dans une insurrection, sur tes débris du parti
rédigé d'ailleurs par Mazarin et Louis de Haro, français en Hollande, s'éleva Guillaume d'Orange,
ministre d'Espagne, de telle manière que la re- qui, pour sauver son pays de l'invasion, n'hésita
nonciation y était réputée clause de forme, n'était pas à l'inonder en faisant rompre tes digues. Le
pas exécuté par la cour de Madrid qui se refusaitdéfenseur de l'indépendance hollandaise devint en
à payer la dot accordée à Marie-Thérèse en 1688 celui du protestantisme anglais, Pt, sta-
échange de ses droits. Violé par l'une des parties,thouder révolutionnaire de 1672, puis roi d'An-
il ne pouvait donc pas être opposé à l'autre. gleterre, ne cessa d'être l'antagoniste le plus for-
Après avoir démontré ses droits futurs à la suc- midable de Louis XIV, le négociateur opiniâtre
cession totale d'Espagne, Louis XtV trouve un de toutes les coalitions formées contre lui, son
légitime moyen d'agrandissement dans une ques- ennemi imptacab~e et nnalement victorieux. C'est
tion de succession partielle. Se fondant sur unel'inexcusable abus de la force auquel se laissa
coutume en vigueur dans quelques provinces des entraîner Louis XIV qui a ouvert la carrière de
Pays-Bas, coutume qui donne l'héntage paternel1Guillaume III, en lui inspirant la noble ambi-
tion de délivrer son pays de l'invasion;car il était depuis la publication des lettres complètes de la
dans la destinée de ce grand homme de mériter princesse Palatine, duchesse d'Orléans, Louis XIV
par un immense service rendu chacun de ses révoqua l'édit de Nantes. Par là il chassa da
agrandissements de fortune il devint stathouder France des milliers de familles honnêtes et labo-
en sauvant la nationalité de la Hollande, roi d'An- rieuses qui allèrent porter à l'étranger les secrets
gleterre en débarrassant celle-ci du despotisme, de nos industries nationales. Plus de 200 000 pro-
chef de la ligne d'Augsbourg en préservant l'Eu- testants émigrèrent. Le souvenir des DrayamM~M
rope de l'assujettissement. est attaché à cette funeste mesure, qui porta au
Néanmoins,si l'on tomba dès lors dans le mépris commerce et à l'industrie de la France un coup
de la modération et de la prévoyance, les consé- dont elle fut longtemps à se relever. Les Dragon-
quences de cette nouvellepolitique ne furent pas im- nades consistaient à placer, chez les protestants
médiates,ou, du moins, furent compensées par l'ha- qui refusaient de se convertir, des garnisaires,
bileté des généraux illustres que comptait encore la presque toujours des dragons, qui se livraient à
France. La campagne, conduite par Turenne, qui tous les excès, qui pillaient et torturaient jusqu'àà
incendia le Palatinat,puis après sa mort tl6'!5~ par l'abjuration des infortunés. Aucun de ces excès
Condé, l'admirable organisation de l'armée par Lou- ne fut châtié, et Louvois prescrivait aux inten-
vois,aussibon administrateur que politique violent, dants, en novembre 1685, « de laisser les soldats
les victoires remportées par Turenne, Condé et vivre /bW licencieusement. La révocation de l'é-
Duquesne, aboutirent au traité de Nimègue, signé dit de Nantes et les persécutions qu'elle amena
le 10 août 1678 et qui marque l'apogée de la gran- firent rapidement perdre à la France la supréma-
deur de Louis XIV. Par ce traité, la France acquit tie économique qu'elle avait conquise. entreprit,
la Franche-Comté et quatorze villes des Pays-Bas. C'est à ce moment que Louis XIV
Ce fut encore Louis XIV qui rompit cette paix contre la coalition formidable dont Guillaume d'O-
en prenant violemment possession de Strasbourg, range était l'âme, la guerre dite d'Allemagne ou
de Kehl. de Dixmude et de Luxembourg. La trève de la ligue d'Augsbourg, qui dura huit années
de Ratisbonne conclue en t(i8~ sembla amener la (1689-169~). La France y conserva la réputation
paix, mais sans apaiser les ressentiments de l'Eu- de ses armes, mais Louis XIV se vit en défini-
rope, qui se manifestèrent en t68(; par la ligue tive contraint de subir les conditions que lui dic-
d'Augsbourg, unissant contre Louis XIV, s'il vio- tèrent les alliés. Le second incendie du Palatinat
lait de nouveau les traités,l'empereurd'Allemagne, ()6S9),Ia conquête des trois électorals ecclésias-
le roi d'Espagne, la Hollande, la Suède et la Savoie. tiques, la victoire de Luxembourg à Fleurus sur
L'avènement du prince d'Orange au trône d'Angle- les Allemands et de Catinat à Staffarde sur le duc
terre eut pour effet de joindre l'Angleterreaux puis- de Savoie (1'90), furent les événements principaux
sances déjà coalisées contre Louis XIV et de substi- des deux premières campagnes. En 1691, Louis XIV
tuer, à la ligue de 1686, la grande ligue de 1689. s'empara de Mons, et en 1692 de Namur. Les vic-
Pendant ce temps, des événements importants se toires remportées par Luxembourg à Steinkerque
produisalental'intérieur. Des différends s'étant éle- (1692) et à Nerwinde (1693), et par Catinat à la
vés entre Louis XIV et la cour de Rome à l'occasion Marsaille (1693) furent balancées par la terrible
de la régale, droit féodalgrâce auquel les rois jouis- invasion de Victor-Amédée, duc de Savoie, et par
saient des fruits temporels des archevêchés et des la défaite navale de la Hogue. Louis XIV, dont les
évêchés pendant leur vacance, Louis XIV voulut victoires avaient été stériles, fut contraint d'aban-
faire juger la querelle par le clergé de France lui- donner ses conquêtes pour avoir la paix. Par le
même. Le 16 juin 1681, il convoqua une assem- traité de Ryswick ()69?),il renonça à la Lorraine
blée générale du clergé qui, réunie en 168~, se et à la plus grande partie des réunions opérées
rangea de l'avis du roi. Le pape s'étant refusé à précédemmentdeauxreconnaltre dépens de l'Empire. En outre,
accepter cette décision, l'assemblée du clergé de il fut obligé le prince d'Orange,
France chargea Bossuet de rédiger une déclara- Guillaume III,pour roi d'Angleterre.
tion solennelle des maximes du pays sur la puis- La succession d'Espagne étant sur le point de
sance ecclésiastique. Adoptée à 1 unanimité,elle devenir vacante par suite delà débilité de Charles II,
fut homologuée par le parlement le 23 mars Louis XIV s'était empressé de partager d'avanceles
1682 en même temps qu'un édit du roi qui pres- Etats espagnolsavec Guillaume d'Orange et l'empe-
crivait d'enseigner la doctrine contenue dans cette reur Léopold, quandtout à coup on apprit, en même
déclaration. Les quatre fameux articles de la dé- temps quelamortdeCharles! l'existenced'untes-
claration portent en substance que le pape et tament qui instituait pour unique héruier Philippe,
l'Eglise n'ont d'autorité que sur les choses spiri- duc d'Anjou, second fils du Dauphin de France. Ac-
tuelles et n'en ont aucune sur les choses tempo- cepter ce testament,c'étaitannuler te récent traité
relles qu'en conséquence les rois (et nécessaire- de partage et irriter profondément l'Europe. Au
ment tous les gouvernements civils) ne sont en lieu de calmer cette irritation fort naturelle,
rien soumis à l'autorité ecclésiastique. Cette doc- Louis XIV l'aigrit et fortifia les craintes de tous
trine n'était pas nouvelle; elle était conforme aux par d'inexcusables maladresses et par des fautes
maximes des libertés de l'Eglise gallicane réu- capitales. Par des lettres patentes,il maintient au
nies et publiées un siècle auparavant par Pierre duc d'Anjou (devenu roi d'Espagne sous le nom
Pithou et qui avaient toujours été pratiquées en de Philippe Vj ses droits au trône de France, et
France, et elle n'était, selon Bossuet, « que la confirmeainsi le danger de voir un jour l'équilibre
doctrine même de l'Ecriture et de la tradition. » européen rompu par la réunion sous le même
Colbert mourut en disgrâce le 6 septembre t68S. sceptre de deux grandes monarchies. En même
Quelque temps après, son œuvre principale fut temps il fait prescrire par la cour de Madrid à
détruite, ou du moins singulièrement compro- tous les gouverneurs des possessions espagnoles
mise, par la révocation de l'édit de Nantes. Par d'obéir désormais aux ordres du roi de France
cet édit Henri IV avait, le 13 avril 1598, accordé comme à ceux de Philippe V. Puis il viole la paix
la liberté de conscience aux protestantset permis de Ryswick par l'invasion inopportune des Pays-
l'exercice public de leur religion dans un certain Bas espagnols; et, en traitant comme roi d'Angle-
nombre de villes. En outre, il avait créé une terre le fils de Jacques II, réfugié à Saint-Germain,
chambre de l'Edit pour connaître des procès des il blesse la fierté du peuple anglais auquel il sem-
réformés. Cet édit, enregistré par le parlement la ble imposer un maitre. A l'Autriche qui, seule d'a-
2 février 1699, subsista jusqu'au 22 octobre 1685. bord, a rej été le testament,Louis XIV vient de don-
Cédant alors à l'influencenéfaste de M°" de Mainte- ner ainsi pour alliés la Hollandeirritée de la violation
non, influence qui ne saurait être mise en doute menaçante d'un territoire voisin, et l'Angleterre
tiessée d'un tel attentat ses droits. Le hautain Philippe V d'abandonner une seconde Mt M ca.
monarque a dès lors le triste privilège de mériter pitale.
la devise que lui avait appliquée Louvois « Seul Louis dut céder davantage. U envoya Polignae
contre tous. et Huxellea à, Gertruydenberg, proposant cette
Contre la nouvelle coalition qui se prépare. les fou de ne plus donner aucun secours à, son
,ressources de la France sont devenues bien icsuf'- petites en Espagne, de rendre Strasbourg et
fisantes. Louvois est mort. Les grands capitaines ne Brisach, de renoncera ta souveraineté sur l'Alsace,
dirigent plus tes armées. Turenne et Condé ne sont de raser toutes ses placée depuis Btle jusqu'à
pins. Le mardehal de Luxembourg, étève digne de PMlinsboars; et de combler te port de Dunkerque.
tels mattres, a disparu comme eux, ainsi que les Jl alla même jusqu'& offrir un million par mois
deux plus redoutables marins qu'ait eus la France, pour aider les aitiés &détronet Philippe V. Mais
Duquesne et Tourville. A Catinat tombé en dis- ces offres, qui s'étendaient tvee ses désastres, ne
grâce, ont succédé les Manin, les Taiiardj les sufnrent pas. On exigea qu'il dëtrenM tat-meme et
Villeroy. M*" de Maintenon, conseiltère fatale tout seul son petit~nis~
dont Louis XIV avait fait sa femme, inspirait ses Jamais la France n'a éte~ plus près de sa perte.
choix, ses ordres; grâce à elle, l'incapable Pont- Set frontières septentrionales étaient envahies,
chartrain et le léger Chamillard occupaient la se* ports du sud menacés et un projet de démem-
place iitustrée par Louvoiset Colbert. La terre, à la- brement était discoté par les coalisés. De cet état
quelle les armées si souvent renouvelées ont en- où l'avaient jetée t~otgueil et tes fautes de Louis
levé ses laboureurs, languit et souffre, et le XIV, elle fut tirée grâce la mort de l'empereur
peuple, chargé d'impôts, désire ardemment la Joseph et grâce à la chute du parti whig en An-
pan, au moment même où de fausses mesures gleterre. Si l'archiduc Charles,remplaçant l'empe-
viennent de précipiter la France dans une longue reur Joseph sur le trône impérial, fut en même
guerre qui mettra son existence en péril. temps resté roi des Espagnes, l'Europe coalisée
Cependant ses débuts ne furent pas marqués par fût rétabli en Ini la puissance formidable de
d~s revers immédiats. L'armée française, habituée Chartes-Quint. C'est ce que l'on comprit en An-
jusque-là a vaincre, suivit quelque temps encore gleterre. Le parti whig, qui avait Godotphin pour
l'impulsion donnée. Mais, comme lui manquaient ministre et Marlborough pour général, fut renversé
à la fois les généraux, l'argent et les soldats, elle par le parti tury dirigé par Bolingbroke.Dès lors
ne tarda pas à succomber. Tallard est battu à la paix était assurée. Elle fut facilitée par la vic-
Hochstedt ~0t), Viiieroy A Ramitties ()70"), toire remportée par le duc de Vendôme à Villa-
Philippe V est chassé de Madrid par les confédé-t viciosa en Espagne, et par celle de Villars a
tés, et, après la défaite que Marlborough fait es- Denain. Le célèbre congrès d'Utrecht, ouvert en
suyer à Vendôme près d'Oi1denarde(t7u«), il faut février 1712 et terminé le Il avril 1113, régla les
songer à défendre les frontières elies-memes qui conditions de la paix. On y établit comme l'une
sont envahies. Ce n'est pas tout. Aux revers qui des règles fondamentales dn droit européen la sé-
démoralisent l'armée et qui compromettent le paration perpétuelle des deux monarchies de
sort de la France, viennent s'ajouter les calamités France et d'Espagne. Les Hollandais obtinrent la
~ui, pénétrant dans son cœur même, le rongent. fameuse barrière depuis longtemps demandée par
La révolte des Camisards, protestants des Céven- eux. et pour laquelle Louis XIV céda Menin,
nes exaspérés par le-a persécutions (t102-t'!th) Tournai, Furnes, Dixmude et Ypres. Les Anglais
n'est apaisée que par un arrangement conclu avec eurent Gibraltar et Minorquearrachés l'Espagne,
le chef des insurgés, Jean Cavalier. Une famine gé- et la France leur accorda quelques-unesde ses colo-
nérate, succédant à un hiver des plus rigoureux. nies, le comblement du portde Dunkerque,la recon-
tombe sur le peuple et le décime (H09). La mort naissance de la succession protestante et le renvoi
ne s'appesantit pas seulement sur lui; elle entre du prétendant. Les Pays-Bas, le royaume de
aussi dans la demeure royale et la ravage. Naples,les ports de Toscane et le duché de Milan
Louis XIV, accablé comme roi, sera frappé comme étaient réservés à l'empereur.Celui-ci n'agréa pas
père. Son fils, ses petits-fils, le précéderont au tout d'abord ces conditions. Mais, Villars s'étant
tombeau. La duchesse de Bourgogne, dont le sou- emparé de Landau et de Fribourg, les traités de
rire parvient encore à égayer la cour assombrie, Rastadt et de Bade, conclus avec l'Empire en 1714,
sera ravie tout à coup, et de cette nombreuse posté- ratinèrentles décisions du congrèsd'Utrecht. Cette
rité, ornement et soutien de la couronne, splendide longue contestation, pendant laquelle Louis XIV
cortège pour la longue vieillesse du roi, seul un avait failli tout perdre pour avoir eu une ambi-
rejeton subsistera. Les yeux du monarque, qui tion trop démesurée, et n'avait été sauvé que par
voyait naguère se presser autour delui trois géné- l'ambition désordonnée des coalisés, se terminait
rations, ne se reposeront plus que sur enfant fai- par l'établissement d'une dynastie française en
ble et débite. Espagne et par un partage.
Louis XIV avaitconsénti à s'humilier età demander Les graves périls auxquels la despotisme du roi
'la paix. Mais tes sacrifices auxquels il se soumet,et venait d'exposer la France furent
pour Louis XIV
que Rouillé et Torcy sont altés annoncer à La un châtiment, mais non une leçon. Jusqu'au der-
Haye aux plénipotentiaires, font naitre chez les nier jour, il crut à son omnipotence et la
alliés de nouvelles exigences plus rigoureuses en- nifesta- par les actes ma-
les plus arbitraires. Ce
core. Le prince Eugène, Marlborough et le grand prince, qui était si jaloux de son autorité, se laissa
pensionnaire de H~ltande, Heinsius, qui sont à ta souvent diriger, après avoir pris durant de
tête de la coalition, et qu'unit une haine commune longues années laet, voix de ses passions pour celle
contre Louis XIV, ne se laissent plus diriger par la de son devoir, il prenait maintenant la voix de son
prudence, qui est toujours modérée, et ils émettent confesseur sa conscience. C'est en cédant
de telles prétentions que Louis XIV adresse un aux habiles pour insinuations du père Tellier qu'il
appel à la nation. Cet appel est entendu. Un pa- chassa de leur retraite les solitaires de Port-
triotique enthousiasme étouffe les gémissements Royal, qu'il disgrâciaFénelon, et qu'il se jeta dans
et les cris de détresse qui depuis longtemps s'é- de ridicules querelles théologiques en fai-ant
lèvent de toutes parts. « Ce ne fut, dit Saint- condamner par le pape le livre du père Quesnel.
Simon dans ses mémoires, qu'un cri d'indigna- Tant d'intolérance matière religieuse suffit
tion et de vengeance. » Les volontaires accou- pas pour couronnerentristement règne ne dont les
un
rent, et Villars, mandé de la Savoie, se place à débuts avaient été glorieux. Louis XIV, entrainé
leur tète. Mais il est battu à Malplaquet (1709), par M"" de Maintenon, voulut élever sa vo-
tandis qu'en Espagne la défaite de Saragosse force lonté personneUo au-dessus des lois du royaume.
enfants p~passer brusquement d'entreprises modérées et
Ne se contentant pas de faire épouser ses et com-
adultérins par des princes et des princesses légi- sasages à des actes exagéras de vengeance, incliner
donné le m mencer une série de fautes qui devaient
times, il les avait légitimés et leur avait
Il fit plus. Par l'Etat vers sa ruine? Si le merveilleux esprit d'ha-
1'l
pas sur les seigneurs du royaume.
reconnut des droits à la bi bileté oui a inspiré la première période du règne
un édit de 1714, il leur méditait des projets plus é. émane tout entier de Louis XIV, pourquoi cet
couronne de France, Ilpréparait la réunion~ d'un e. esprit n'a-t-il pas survécu à Lionne? Sont-ce des
désastreux encore; il du é événements imprévus et qu'on ne saurait imputer
concile national appelé à proscrire une parlie si rude
clergé, et il allait de nouveau rompre la paix du au monarque qui ont porté plus tard unqui,
ai
sui-
Il ééchec à sa politique? Non, c'est lui seul
monde en tentant de rétablir le fils de Jacques les inspirations de la passion, ou subissant la
quand une maladie vant
sur le trône d'Ang)et.rre. v:
influence d'une conseillère génie étroit,
mortelle s'empara de lui dans les premiers jours néfaste n
détruit l'industrie nationale
au
la révocation de
du mois d'août t'!15. La résignation qu'il montra, a par
qu'il ma- l'édit
l' de Nantes, et coalisé l'Europe contre la
le langage touchant qu'il tint, les regrets
nifesta des fautes commises, font de sa mort unL FFrance par un violent abus de la force en Hollande.
spectacle qui n'est pas dénué de grandeur.vie ti
It eût I.Les désastres de la tin du règne, pendant lesquels
les Louis XIV reste personnellement très grand par
étp à souhaiter qu'il eût appliqué durant sa
I.
en- la L résignation touchante et de magnifiques élans
beaux préceptes qu'il donna à son successeur dde ctsur, ces désastres résultent de ce qu'il a subi
fant (le futur Louis XV) au moment des adieux très jaloux de
suprêmes, ssans cesse des directions, bien que
sson pouvoir. Son règne ne présente
de l'unité que
Louis XIV mourut le 1" septembre 1715. Il avaitt si i
avait épousé en s l'on considère le caractère personnel dulitmo-
régné soixante-douze ans. Il d'Espagne, de
1660 Marie-Thérèse, fille du roi
dont il1 rnarque, qui est resté grand jusqu'à son
eut plusieurs enfants, parmi lesquels un seul vé- rmort.
eut, le dauphin Louis; celui-ci eut, d'une princesse e Ce prince, qui a subi tant d'influences, a-t-il
exercé une influence aussi considéra-
XV; lui-même
de Bavière, le duc de Bourgogne, père de Louis
1
le nomn ble qu'on l'a dit sur les grands hommes de son
Philippe, duc d'Anjou, roi d'Espagne sous liaisons temps? Les panégyristes le montrent se présen-
de Philippe V; et le duc de Berry Des s 1
postérité avec un cortège de génies im-
do Louis XIV avec M'" de la Vallière stM"" dee 1tant à la
On le voit ayant à la tête de ses armées
Montespan naquirent un grand nombre d enfants s mortels.
Turenne, Condé. Luxembourg. Catinat, Vendôme
naturels ou adultérins. Duquesno et Tourville commandent
Louis XIV possédait plusieurs des qualités quiLi et Villars.
lee ses escadres. Lionne, Colbert, Louvois, Torcy
font les grands rois. Il avait au suprême degré brièvetéé sont appelés dans ses conseils. Bossuet, Bour-
sentiment de la grandeur. La rareté et la majesté. Massillon lui font connaltre ses de-
de ses paroles ajoutaient beaucoup à sa saillies daloue,
Il n'avait pas dans l'esprit les heureuses quand .s voirs. Molé, Lamoignon, Talon et d'Aguesseau
d'Henri IV, mais son jugement était droit, et d illustrent son parlement. Vauban fortifie ses ci-
t'aveuglaient pas, il voyait juste. 3. tadelles et Riquet creuse ses canaux.
Perrault et
ses passions ne le Mansart construisent ses palais qu'embellissent
« Jamais,
dit Saint-Simon, personne ne donna de
là le prixix Puget, Girardon, Poussin, Le Sueur, Mignard
meilleure grâce et n'augmenta tant naturellement
par
en dessine les
de sesbienfaits; jamais homme si tt et Le Brun, tandis que Le Nostre Molière, Descartes,
poli, ni d'une politesse si fort mesurée, si fort partr jardins. Corneille, Racine,
e, Pascal, Quinault, La Fontaine, La Bruyère,
Boi-
degrés, ni qui distinguât mieux l'âge, le mérite, loisirs.
le rang. )' Appliqué, persévérant et résolu, il eut ut leau éclairent sa raison ou amusent ses
hautlt Montausier, Bossuet, Beauvilliers, Fénelon, Fté-
l'esprit de détail et de suite, mais non ce
élèvent ses enfants. S'il fallait en
discernementet cette vue d'ensemble qui font 3S chier, Fleury
les
grands politiques. Si sa vie manque de cette unité té croire les panégyristes, toutes ces gloires auraient
]S plus ou moins pronté de l'influence
de Louis XIV.
qui distingue la vie de Richelieu s'avançant sans et leur examen
cesse vers un but marqué d'avance,
c'est parce ce Mais les dates sont impitoyables; considérablement
sa vie à laquelle les es attentif amène à réduire un
que Louis XIV laissa dirigerLionne, de Colbert, de le rôle démesurément grossi. Louis XIV n'a effecti-
influences fort diverses de époque,
Louvois, du père Tellier et de M"' de Mainte- e- vement régné qu'en 1661. Or, à cette Poussin
fort différents. Ce prince ce Le Sueur était mort depuis six ans, et
non donnèrent des aspects qu'un doit se s'était retiré à Rome, chassé de France par les
qui a dit dans ses ~e'moM'M roi ennemis. Descartes était mort depuis
de
décider lui-même, parce que la décision a besoin in cabales ses
Corneille avait depuis longtemps publié
d'un esprit de maltre, et que, dans le cas ou la onze ans
s'en fierer tous ses chefs-d'œuvre, il
et ne devait guère donner
raison ne donne plus ds conseils, il doit les hommes sousLouis XIVqu'~e.)t/<Met~)7a. Pascal, dontles
dans
aux instincts que Dieu a mis s'est tous es ans,aiiaitmou-
le plus souvent depuis cinq
nt P)'o!):nc!M avaientparuFontaine Bossuet
et ~f/OMf dans les r, is, » Molière, La et avaient
laissé inspirer ces MM'!nc~ par ceux qui l'entou- .u- rir. Enfin, étaient donc à
raient et qui savaient déguiser l'empirededelat flatte- rit alors trente-cinq à quarante ans;
esprit ils
tantôt te- cette époque en pleine possession de leur génie
sous la forme tantôt du conseil, IV qu'ils avaient déjà révélé, Molière par plusieurs co-
rie, tantôt du dévouement. Assurément Louis émi- XIV
médies, La Fontaine des contes, et Bossuet par
connut mieux que personne les services oi- par
nents que lui rendit Colbert en restaurant les ses admirables sermons. Le vrai est que l'immor-
finances, en fondant les manufactures, en proté- té- telle génération d'écrivains du xvu* siècle a reçu
en- son éducation
IjttéraireantérieurementaLouisXlV,
geant le génie dans ses plus illustres représen- féconds
tants. Mais pourquoi a-t-il cessé d'apprécier ses qu'elle s'est formée pendant les troublesplus tard
ses
services et l'a-t-il laissé mourir dans la disgrâce, ce, de la Fronde, et que la langue, devenue mâle
lorsque l'ascendant de l.ouvois s'est peu à peu ieu plus délicate et plus souple, a perdu cette
su- vigueur, cette originalité puissante qui la carac-
substitué à l'heureuse influence de Colbert? Assu- durant première moitié du siècle. Le
rément aussi, Louis XIV s'est mis tout entier dans <ns térisent la
la belle campagne diplomatique qui inaugure si cardinalsi de Retz non plus ne dérive en rien de
Com-
glorieusement son règne personnel.Mais comment "nt Louis XIV, car c'est dans le demi-exil deadmira-
pourrait-on lui en laisser à lui seul le mérite, ite, mercy et loin de la cour qu'il a écrit ses
comment pourrait-on contester la grande part qui bles jMëmoi~. Il a puisé dans l'esprit du coni-
en revient à Lionne, lorsqu'on voit, roi à la mort de mencement du siècle cette libre allure,lecette lan-
passionné,né, ) fierté dans la pensée, cette hardiesse dans
ce ministre, le roi habile devenir un
gage, ces rudes et primitives qualités qui !e dis is- ce pauvre peuple, il faudrait fui faire l'aumône
tinguent. Son génie ne s'est pas laissé énervet er )e nourrir. La France entière n'est plus qu'un et
par l'exquise politesse et l'élégante régularité queM grand hôpital désolé et sans provisions..EtVau-
Louis XIV met en honneur. TI ne serait pas plus
M ban écrivait en )M La dixième partie du
exact d'attribuer à Louis XIV la moindre inftnence ce royaume est réduite à la mendicité et mendie
surun autre auteur de mémoires, Saint-Simon, et effectivement. Mais
écrivain si original et si sévère qui, mécontentcet le la vérité étaient traités
de
ces audacieux défenseurs de
eon peu d'importance sous un roi auprès duquel
d'esprits chimériques et
l'effaçaient des courtisans qui ne le valaient
el tombaient en disgrâce. Leur témoignage n'était
s'est dédommage de ses froissements par ses ré- pas,s, pas mieux accueilli de Louis XIV qu'il ne l'a été
6- ensuite des historiens officiels. Heureusement
cits, et, portant la tumière dans tes recoins des
plus retirés et tes plus sombres de cette courles 's chercheurs patients et consciencieux sont venua
H depuis, qui se sont Uvrés à de minutieuses
<i
brillante à la surface, en a montré les pompeux en-
ridicules et tes misères cachées. tx quêtes et ont montre, par des travaux récents
et
Racine, Féneion, M"' de Sévigné, Boileau et La incontestables, ce qu'était cet ancien régime que
vantent ceux qui en regrettent les privilèges ré-
Bruyère, tels sont les seuls écrivains qui
tiennentvraiment au règne personnel de Louis XIV. serves à quelques-uns, et que beaucoup jugent
appar- r-
encore enseigne éclatante et
Or, parmi ces grands écrivains, il en est deux
moins qui n'ont pas subi l'influence du roi t'un
au UH était, d'ailleurs, dans la destinée detrompeuse.
Louis XIV,
Féneion. qu'ii nommait un bel esprit chimérique. li d être le pire ennemi du système de gouverne-
et dontla plupart des idées sont une protestation ment qu'ilti représentait, et de préparer par ses
peu déguisée contre les opinions dominantes,
n actes pour l'avenir des résultats diamétralement
i, opposés
contre le faste de la cour, contre ie goût dess la religion au but qu'ii poursuivait. H voulut anermif
conquêtes l'autre, La Bruyère, qui atoujoursvécu consciences, catholique il l'ébranla en troublant les
a
loin de la cour, et qui assurément n'a pas été ins- g'ques subtiles en provequant dos querelles théoto-
piré par Louis XIV dans son horreur pour la 1) voulut faire de et en persécutant les protestants.
a la noblesse le plus ferme sou-
guerre et dans ses éloquentes réclamations en fa-
veur des paysans si malheureux alors.
tien
dans
du trône il la déconsidéra en lui imposant
En réalité, legénienes'épanouitquodansune ère la cour une servitude abjecte et recherchée.
e et multipliant
de tiberté. Les quatre grands siècles littéraires de la voulut détruire les charges qui anoblissaient. Il
en
France ont eu pour point de départ, le premier,t l'autorité des parlements en
ie xvf siècie. le grand mouvement dans les idées lui-même remettant à celui de Paris son testament, il la fit
produit par la Réforme le second, tes troubles faire oublier dans rentrer dans la voie politique. Il voulut
de la Fronde le troisième, la mort de Louis XIV scandales qui avaient la dernière partie de sa vie les
le quatrième, la chute de Napoléon. Louis XIV
a !?*
eu la bonne fortune de recueillir une moisson dévotion mensongère augmenter
marqué la première il ne
l'hypocrisie et à créer une
et superCcieHe.
glorieuse, mais qu'il n'avait pas semée. Grâce L placer hors de toute atteinte l'autorité du Ilmonarque: voulut
poids dont ii a pesé sur les esprits, à la fécon- au
dité puissante de la première moitié du siècle ccendre est avec lui que la monarchie commença à des-
succédé la plus complète stérilité. Les auteurs a cette pente de décadence sur laquelle elle
dont l'esprit et le caractère se sont formés ne s arrêtera plus jusqu'à la Révolution. Enfin, il
sous voufut
le règne de Louis XIV sont Racine le fils, Campis- entrepris de apprendre au monde teut ce qui peut être
tron et Jean-Baptiste Rousseau. grand par la centralisation de tous
les pouvoirs entre les mains d'un
Il serait pourtant injuste de ne
pas accorder lité, tl a démontré, sans que, hélas seul s'en en réa-
une petite part à Louis XIV dans les grandes on soit
choses accomplies par Colbert et Vauban avant toujours souvenu en France, à quelles catastro-
phes s'exposent les nations qui
que ces deux immortels conseillers fussent tom- un seul homme.
bés en disgrâce. Les ordonnances sur tes
forêts, sur le commerce et
tion de la compagnie dessur
eaux et v~~y~
la marine la créa- X\VII-XXVIU.
Indes occidentales
se sont livrées à
l'Marius Topin.1J
Histoire de France,
Ce prince était l'arrière-pctit-
plus tard de la compagnie des Indes orientaleset his cinq
de Louis XIV. Parvenu au trône à l'âge de
les frontières de l'est et du nord défendues ans, il a passé sa vie et son règne dans une
par perpétuelle minorité. Le régent Philippe d'Ortéans
un triple rang de forteresses Rochefort construit (1~6-1723),
Brest et Toulon armés l'agrandissement du Jar-cardinal do le duc de Bourbon (t723-)726~ le
din des plantes, la construction de l'Hôtel des Fleury (1726 n4:i). des ministres obs-
Invalides et de l'Observatoire le château de Ver- curs, des favorites, le due deChoiseul ()756-1770)
sailles édifié Paris éclairé, pavé et rendu à la 1774) tes~tMmct~d'Aiguii)on,Maupeou et Terray(('!7<)I
sécurité par l'organisation d'une police forte la 1heureux règne,ont dirigé les affaires de l'Etat. Sous ce mal-
générosité du roi s'étendantjusque sur les artis- stons religieuses le désordre desnnances. les discus-
t
tes et les savants étrangers la'fondation de l'é- ( ultramontains, les entre les jansénistes et jésuites
les
cole de Rome, de l'Académie des sciences et de ou tes
1
revers inouis de nos armées,
écnts des philosophes, et surtout l'abaissement
celle des inscriptions la réorganisation de la bi- iincroyable de la royauté et de la noblesse, de-
bhothèque royale enrichie tout cela témoimera
toujours en faveur de Louis XIV, jusque dans la Les dernières la ruine de la monarchie.
vaient
< provoquer
postérité la plus reculée. années du règne de Louis XIV
Mais ces mesures utiles, ces créations grandio- avaient
a fatigué la France. Aussi applaudit-elle avec
ses, ces splendeurs éclatantes dissimulent trop aux ment,
t
transport à l'avènement du jeune roi. Le parle-
yeux des historiens officiels l'état de misère profonde E heureux de casser te testamentde Louis XJV.
dans lequel était le peuple écrasé d'impôts et lit- de qui
q nommait régent le duc du Maine, fils de .\)°"
d Montespan, avait donné la régence
téralement réduit à la mendicité. De loin en loin dd'Orléans. L'opinion au duc
s élevaient quelques voix éloquentes et courageu- publique réclamait d'ailleurs
réaction contre le gouvernement précédent.
ses qui portaient au roi la vérité. « La plus grande uuneL parlement de Paris avait hâte de
Le
partie des habitants de province (le Dauphiné) p recouvrer ses
n'ont vécu que de pain,made glands et de racines, prérogatives, jadis confisquées la haute nobte-se
si longtemps éloignée des affaires
si
et présentement on les voit manger l'herbe des tres bourgeois. par des minis-
prés et 1 écorce des arbres, » écrivait. Lesdiguières d ti réclamait et obtenait l'institution
des LonM:<< (17Hi), nouveauté dangereuse
en 1675. « Vos peuples, sire, meurent de faim, durable,
s écriait Fénelon. Au lieu de tirer d qui livrait àsoixante-dix ministres le etsecret peu
de l'argent de de d 1 htat. Au nom de la tolérance, le régent cessait
S~-n~ =~
~neMecntioncontrelesprotestants(éditdenn); Les
L luttes entre les prêtres et les magistrats pouvoir.
proscrivait les hypocrisies étaient
étai fatales à la religion comme au Pala-
au nom de la liberté, on
jusqu'à tomber dans J
Je ne crois pas, écrit en )1M la princesse ecclésiasti-
solennelles du dernier règne, ~ine qu'il y ait à Paris, tant parmi les personnes
<
que'que parmi les gens du monde, cent
Dubois, dont il avait fait un conseiller
d'Etat (171&), quc qui croient en
France un exemple funeste. qui qui aient la véritable foi et même de la Révolution,
donnait à la

~L"s~
le régent manifestait aussi par Notre-Seigneur.
Nol Au moment
A Hollande un royaliste écrira Le
l'extérieur, la réaction se clergé est définitivement
l'Angleterre et la parler.
des alliances avec l'Es- aboli.
abc On ne doit même plus en
(1711)t l'Empire (1718), et une rupture avec La royauté, entre les mains defavorites, Louis XV, de-
1
des la du-
pagne (1119). Méprisable. Dominé par
Louis XIV avait légué
suppressions
son successeur
d'offices et une
ch,
de
re-
vient
vie
chesse de Chateaurouxetses sœurs,
padour,
les
pa. affaireenfin
s de
Mm' Du Barry, le
l'Etat la plus
roi
coupable
M"'
témoigne
de
indifférence.
Pom-
pour

~SS~S.'S.?~ des La
remédier
fonte desparmonnaies. On créa même une chambre le! des

~F:X~
avantages
traitants, qui furent taxés Fr France ne retire que de médiocres (n33-H3.), de
de justice contre les guerres de la succession de Pologne
la successiond'Autriche (n~m8)
gu elle se couvre
de créer une ban- la dans la guerre de Sept ans, qui a pour
compagnies de trai- de honte
que qni se substituerait aux
tants. On devait lui accorder en outre grâce
le *°°~
à res-
S
conséquence
~~Choiseul(~6-nM)
Er
la perte de nos colonies (1756-1763).
donne quelque éclat
des compagnies de commerce, et, ces
Law à la monarchie par d'utiles réformes militaires, la
sur la confiance publique, (n6<).taréunionde
sources comptant et conclusion du pacte
procéderait au remboursement
de numéraire,
émettrait des billets tenant lieude la dette C'était~ïnrraine~ ca
la ta France (1166), et la conquête de la
~ccMseur: ~"capable d'A~
crédit. Elle parut tout d'abord dan- C, X Son
ruine de la Pologne et
la théorie du banque ton, X
10 assiste impassible à la
à fonder (1716) une
gereuse. Law se borna
particulière,qui deYtnt ensuite générale ~)-
Mississipi,
1 de la Turquie n772-1774).
fortune nationale et de
"D~~débac~d'~la

dont les actions furent


compagnie du
banque fut enfin déclarée banque royale (1718). Lesmi~taires
La
il fut mis à la tète d'une rapidement enlevées. l'honneur p'ibUc,~out disparait, jusqu'aux
Aussi'des le milieu du xvni'
vertus
siècle, la

~:P~ est-elle imminente. Ce ne sontgrande point les


devinrentt Révolution
If
alors se multiplierent. Elles R in-
~'n~ lA~p~Tl~-s~l~
actions plillosop iies qui l'ont provoquée. La
papier en c.reu~- p
l'objet d'un agiotage effrëné. Lenuméraire le fi
tion dépassa de beaucoup le sys- à refuser l'imp8t;
résulta pour l'Etat une banque- 1
soulève et menace de
tème tomba. Il en t 1750, le peuple de Paris se
r~un:s~ne1~n~
route, pour les particuliers un grand
aux jouissances matérielles. Les intrigues diplo- dans
ébranlement
t
au luxe et brûler
en
e
b
d
Versailles; le mot de
toutes les bouches. D'Argenson
Dans l'esprit public s'établit
Révolution
écrit
l'opinion
était déjà
en ~53
que la
devenu premier ministre e commel'Eglise uni-
D~srM~
«
matiques de Dubois, au-dessus des rois,
~é~ent pas à ces maux une
(1123).
compensation n nation
r est
verselle est su-dessus du pape. Il L'attentat
haine
de

~'y~ ~t~s
suffisante. Le régent mourutétait irréparable.Nile ] classes une

~r~ Le désordre des finances


duc de Bourbon cardinal de (1723-1126),

malgré son économie, ne purent


conseillé
combler
par
le
Paris-
gouf-
e
1- profonde
;), 1
f-
1

comme
( dans
¡J. culer sur les disettea et
celui qu'on appelait
pour peuple, misérable dans les villes
les campagnes, accuse le roi de
jadis le bien-

d'affamer ses propres su-


spé-

~o~u~
tentées par les contrôleurs gé- Les passions violentes
~uet~dy ~~r~t~.u~ fin
fre. Les réformes
néraux Orry (lï30-IH5),
santes. L'abbé Terray
Machault
(n. 9-tn4) assuma,
(1~45-17!.4),
à la
banqueroute-
'k), j
s-
in
tA
ijets Ipacte de

grand
Voltaire,
mouvement
famine,

Rousseau et
17651.
se calment et disparaissentpour un temps dans le
philosophique que dirigent
les rédacteurs de l'E?icyclo révolu-
du règne, la responsabilité d'une monarchie-u
inutile. tion, mais ayant perdu la (L.-G. Gorraigne.]

S~=~S~
(1713) avait allumé entre re
une lutte qui ui
La bulle
les jansénistes et les ultramontainsElle XVI fim-l'~). Histoire de France,

~i~u~
Me devint vio- Louis de ce prince, petit-fil,
autant que la monarchie. de Soanen évêqueue XXIX-XXXI. Le règne
lente après la condamnation XV, peut se diviser ens
présidait M. de et successeur de Louis

S~
concile que à
d'Embrun, par un (1727). L'agitation passa
~enci~re~t fort décrie te la proclamation
la rue. de la République.
Paris. Le ~)n4-nH9 Pendant quinze ans. la royauté
interdits à
Trois cents prêtres furentr ordre exprès du roi, oi, essaie inutilement de réformer les abus. Le roi,
malgré de bonnes intentions, appelleetau secours
tandis les jansé- plein

5~
j30)t que philosophes les écono-
d'enregistrer la bulle (1
l'autorité royale au de la monarchie les
nistes frondaient ouvertementconvulsioataaaare.s). Le mistes.
cimetière Saint-Médard(les France accueillit avec un vif enthousiasme
La

~e~
exilé. Les magistrats continuèrent mt XV. Il avait épousé
le jeune successeur de Louis
~1~.
~°~
contre.les doctrines ultramon- Marie-Antoi-
néanmoins à lutter
exilés de nouveau, pour
)tir en 1770 l'archiduchesse autrichienne savait que le
ils furent 17 56t nette, fille de
Marie-Thérèse. On
Paris. En avec son père

=-E'
leurs attaquesdeux contre les curés de rui n'avait rien incapable,commun
on supprima chambres. L'attentat de Pierre re nouveau qui était mort
Damiens (17571 décida le gouvernement
à mettretre le Dauphin, personnage rappelait comme un éloge le surnom
furent expul- e~~O'n de « gros
parlement de Paris, que lui avait donné l'anciennedecour, simplicité, de
sés de France (1162). Lefaveurs du pouvoir, con- on- garçon mal élevé. » On parlait sa
sérieuses
comme pour s'assurer les et l'Encycla- l'étude. On se fé-
lais et réfléchies, de son goût pour gentilshommes,
~e 'enone~t tracassiëreet
tracassière et licitait d'avoir, « après tant de rois le travail. C'était
.on opposition
il ne renonçait pas à recommençaient dis- un roi qui sût estimer et honorer
son e
aigres IV, et
saint Louis ou un autre Henri
1763 d
sans but. Dès Les parlements furent
cent un nouveau mille traits
cussions sur les Bnances. célébrait à l'envi ses vertus par
supprimés (1771), et le chancelier
remplaça par de nouvellescours dejustice,qui sub-
sistèrent jusqu'à la fin du règne.
Maupeou les
'u~orda
l'on
~ub- ingénieux et touchant.s. » c~urdejustinerces
espérances, réduisit les dépenses de m maison, servait le
H
a se barricada d'honnêtes gens, son. respect ofaciel de l'étiquette, des impru-
'ton !-e.prfs
d'un contemporain, renvoya les ministres ~n' dences que la calomniea dénaturées plus tard (af-

"î'
selon
Louis XV, et, après des hésitations, de faire du collier, 1785).Et pourtant,
pousse, dit-un ~J?. malgré M~~e
-un, reine voulait devenir un personnage
par sa tante, Madame Adélaide, confia la direction
~M.deMaurepas.Cevieillard frivole, tion d~~i ?
devint, pour le malheurde la Francepoliti-
oie. de sa famille; sen intervention dans te* affaires et
connu surtout par ses épigrammes et ~n- b iues ne pouvait que hâter la Révolution ~en pu-
ses chan-
sons mordantes, appâta au contrôle générât
finances Torget, intendant de Limoges. philoso- des d'ailleurs ne pouvait désormais le mouve-
Le ministère de la guerre fut ment. La noblesse ~fichait des enrayer
f~
allemand
de Saint-Germain, un rude soldat, plus
que français, la marine à M. de
airs.
fut des sentiments révotutionnaires. Comme frondeurs et
la bour-
ius geoisie, comme )e peuple, elle désirait régime
un
Sartine
étrangèresM. de Vergennes. Le ine, nouveau. à la fondation duquel chacun

~e'
pensait
tueux Mate~herbe. devint ministre de la maison ver- mettre la main. Toutes les ambitions étaient dé-
ver-
h°~ honnêtes gens voulaient effacer son
hontes et les crimes du dernier règne. Un les
chainë~ La France était inondée de pamphlets,
de brochure., d'ouvrages de toutes sortM dans
mença par rappeler les parlements ()7T4). C'était com-
rm- citoyen proposait son plan de
une faute, car les magistrats ne ces'.ère.it désor' réforme et de gouvernement.
Mut
mais de lutter contre tesreformos devenues or- La royauté française tombait, mais tombait

'°"
cessaires, né- milieu des fêtes. Après Jo)y de Fleury, après d'Or- au
desquelles se liait la des- as- messon, Calonne (<?83.n~) épuisa le trésor
tinée m~me de ta royauté. pu-
Les dissipations de f~uisXVaraient~Mreaue- blic par ses prodigatités. La dette était augmentée
de 8 fallut convoquer une assem-
laissée P"- L.ais XIV. V. Mée de notables (février t787). Calonne
Il fallait l'éteindre. La
~)~~ "eedu Mtr'siÈcte. ra- posa d'accomplir les réformes de Turgot.leur pro-
~o"omittes.pMtMtaitcontre tra-
règlements de Colbert, qui entraTaient le les les éta.t trop tard. Le cardinal de BriM~ucce~eur Mais il
com-m- de Calonne, se chargea de présenter parlement
m~'7"
merce et l'industrie. l Il fallait réformer ces tnstitu-
malgré
Turgot tenta cette ~ve u- ides ordonnances réformatrices, et au
difficileaccepter.
Maurepas, la cour et les parle- 1 i.e parlement, conduit par de des
les faire
hommes
ments. a Point de banqueroute, avait-il écrit le- d'action,
° < 'M"
~~P~
au t 'e.stance(HS7-t78)i).JUfattutsup-
Duport, opposa au minis-
roi, pastentation
Il voulait établir un impôtd impôts, pas d'emprunts.»
tprimer tes chambres des enquêtes et des req~-
territorial frappant tous
tes citoyens, abolir tes jurandes us tes, t diminuer le ressort des parlements
donner enfin à la France agricole et tes maîtrises v
commerce des grains. tt tomba 776), et fut
la liberté du lu @
?~~ une P'e,
grand chambre devenue plus nombreuse.Onque la
qui n'était
de pro-

placé par Clugny, puis par Necker (octobre rem- tait t: s'écrouler la vieille organisation monarchique. sen-
Cetui-c. était un banquier de Genève, 1776).'t Brienne
B convoqua les Etats généraux
réalisé en France une fortune considérable. qui it
avait
Son Necker
mai
n donna sa démission (août pour le 5
)7X8)
grand mérite,aux S fut rappelé it mit tous ses soins à arrêter
combattu tes idées de Turgot
P'Ti'ëgtés, était d'avoir
la circulation des
s une u épouvantable famine Mu.ée par l'exportation
sur
grains. Financier habile, Necker était fort 's des
d grains, et la hausse subite des biés. Il n'eut
de popu~.té Ami des avide e ë pas
p le temps d. travaitt.r seul réformes. Les
tirer part. des besoins de laréformes, it songeait à Etats généraux se réunissaientau. à Versailles. La
des libertés au peuple. royauté pour procurerr R Révotution commençait.
qu'homme d'État, it voulait
Plus administrateur
surtout
dans la perception des impôts, réduire mettre l'ordre
r
e m
tes fraiss lu
~n~ 2' 1789-1792. N<ms n'insisterons pas tonme-
le Louis XVI pendant la Révo-
lution, à laquelle nous consacrons
considérables des régies, étabiir enfin t'équiiibre
entre les recettes et les dépenses, et faire savoire c.ahV c? ~o/M/M..). un article spé-
Incapable de s'as-

~rr'
au peuple que cet équitibre existait. Il lui fallutr S
cependant contracter des emprunts,
la guerre d Amérique.Il
pensa
avec honneur
fiance de la nation par la publication
t
socier
so
Constituante,
pour per- concessions
co
augmenter la con-l'étranger,
du fameux Pans.
t'é
franchement à l'œuvre réformatrice de la
tl chercha toujours à revenir
sur les
qu'il avait d(t faire. Bientût. n'espé-
1 rant plus vaincre la Révoiution sans l'appui de
il essaya de s'enfuir (1791). Ramené &
CoMp~-r~M )78)). C'était l'apologie P, il jura Bdétité à ta constitution/La Législa-
administration. Necker, de son tiv tive lui imposa un ministère girondin, l'obligea
de directeur des finances, déclarait contentait du titre déciarer
dé, la guerre à l'Europe (t7M), et finit à
.?~ les ministres qui l'avaient se supérieura le suspendre de ses fonctions. Lt Convention par
éaitcombté.~La recette CMédait la dépense de nonça l'abolition de la royauté (21 sept. )79')pro-
précédé. Le déftcit noi
et
dix m< i.ons. Ma~s ce résattat merveitiem envoya
Ma
em Louis XVI à t'échafaud (21 janvier n93).
pas clairement démontré. On ne voyait pas, mal- la
n'était Marie-Antoinette t'y suivit, au mois d'octobre de
gré de vraies économies et des réformes la même année. [L.-G. Gourraigne.]
nistranves. par quels miracles ie ministre état admi- j
LontB xyli. – Histotre de France, XXXI. –
arrivé; lui même semblait démentir, y F~ par le parti royaliste au fils de
en annon-
qu'il faudrait bientôt revenir au projet de Lo
Louis XVI. Enfermé au Temple
avec le reste de
Turgot, des privilèges en matière d'im- sa famille après le 10 août ]792, it fut séparé de
pot, et en effet, <) parait que )e dëacit samère en juillet n93, et placé d'abord sous la
sa
lement n_était pas comblé, mais s-éievai't~ non )«. sarde
~.J du cordonnier Simon (jusqu'en janvier 1794),
lions. (LavaHée. mil-
Français). Nocker dut de lasous
0~
puis la surveillance directe de commissaires
qmt[ertennn)stèrefmai!7Ht) Commune. Selon la version généraiemont
Alors commence une phase nouvelle dans mi! il mourut au Temple ie 8 juin 179~ ad-
moe,
toire de Louis XVI. M. de Maurepas l'his- pendant,
~'n ptusieurs historiens sérieni ont pensé ce-
et la reine prend meurt (.78.) que i enfant

~de~a~°"
prit de son mari. une grande innuence sur l'es- ~hH
Maho-Antoinetm avait une in-

Versailles elle était restée autrichienne.


Mèi~'aux con-
seils de sa mère, t impératrice Marin-Thérèsp
phin,
par
à XXXIV,
XX~
Louis
'"L.
et que
XVIII,
mort au Temple n'était pas le dau-
le fils de Louis XVI avait été enlevé
des mains inconnues.
Histoire de France. XXXHI,
On ie bor
pulné de Louis XVI, porta d'a-
savait, et d'instinct la nation bord le titre de comte de Provence. Emigré
caractère téger, e!~ commit.dans l'aimait pas. D'un ~9) li91 il prit part l'année suivante à la
campagne
en
une cour qui con- des Prussiens contre la France. Sur l'annonce de la
mort du dauphin en 1795, il prit le titre de roi ett française pour faire la guerre
le nom de Louis XVIII, et fut reconnu en cette1 et rendre aux Cortès libérale*
roi Ferdinand
qualité par les puissances étrangères. Il résidat (V. Guerreau<f~<p<MMe). Le députe VII le pouvoir absolu
successivement à Vérone, en Allemagne, à Mittau proteste à la Chambre contre la Manuel, ayant
d'Espagne,
(Courlande), à Varsovie; puis, quand le tsar fut
Alexandre fut devenu l'allié de Napoléon,il se ren- se retira
expulsé par tes gendarmes
guerre
toute
lui (1823). Louis XVni mourut l'an-
la gauche
avec
dit en Angleterre. En 1814, après la capitulation née suivante il laissait la
de Paris, il fut appelé an trône par l'ancien Sénatt Charles X. couronne a son frère
impérial. Fort de 1 appui de l'étranger, Louis XVUt
voulait rentrer en France en souverain absolu il[ X* ~mpefeM~ d'Occident, t~M <te Germanie, em-
se décida pourtant, sur l'interventiondu tsar quii pereurs <f~Mfm<~M.
affectait des principes libéraux, a publier la décla- Louis I" le Bébonnaire, empereur d'Occident,
ration de Saint-Ouen (2 mai), qui garantissait àt – Histoire générale, XVII! Histoire de France, VI,
la nation une partie des conquêtes politiques de – Sis de Charlemagne, succéda à Ma père en
-la Révolution. Le 30 mai, le nouveau roi dutt 814. Charlemagne, voulant
signer le traité de Paris, par lequel la France nants qui t'aidassent à porter se créer des lieute-
reprenait ses limites de 1T92. Le 4 juin, il octroyaavoir, avait donné de le fardeau du pou-
son vivant à se* Ma le
A ses sujets une Charte (V. Constitutions) insti-
vernement de divers pays, avec le titre de gou- roi.
t
tuant le régime parlementaire. La majorité de la Louis imita cet exemple; en 817, il donna l'un
t
nation, lasse du despotisme impérial, accueillit de ses fils, Pépin, l'Aquitaine; à
d'abord la restauration des Bourbons avec faveur le Germanique, la Bavière; l'atné, un autre, Louis
mais bientôt diverses mesures impopulaires, ett associé à 1 empire, Lothaire, fut
et eut le gouvernement de
surtout les prétentions hautaines des émigrés l'Italie. Bernard, neveu de Louis, qui était déjà
rentrés à la suite des armées étrangères, changè- roi d'Italie, se révolta contre cet
rent cette satisfaction en mécontentement. Napo- fut condamné à avoir les arrangement; il
léon, instruit de ce revirement de l'opinion, en1des suites de yeux crevés, et mourut
profita pour quitter l'He d'Elbe et tenter de res- eut ce supplice. Louis le Débonnaire
saisir le pouvoir (V. Napoléon /") Louis XVIU, un vif repentir de cette mort, dont it fit pim
tard une pénitence publique. En M9, avant vou-
abandonné de tous, s'enfuit des Tuileries (19 mars
1815) et se réfugia à Gand. Après Waterloo, il fit
lupourvoir son quatrième fils, Charles le Chauve,
un nouveau partage de ses Etats; mais
)1 revint derrière l'armée anglaise. Cette fois. la
nls a!nés se révoltèrent et l'enfermèrent dans ses un
France n'échappa au démembrement que voulaient couvent. Remis il eut combattre une
la plupart des alliés, que grâce à l'opposition de nouvelle révolte,enfutliberté,seconde
l'Angleterre et de la Russie, qui se refusèrent ànier et détrôné (833).une fois fait prison-
détruire l'équilibre européen, mais il lui fallutsion s'étant mise entre les rebelles, il L'année suivante, la divi-
8e vit ren.
payerune énorme indemnitéde guerre, perdre plu- dre la couronne impériale, et accorda son pardon
sieurs places fortes, et subir pendant trois ans 1 oc- à ses fils. Mais bientôt il lui fallut
cupation étrangère (second traité de Paris, novem- la recommencer
bre 1815). Le parti royaliste prit sa revanche des avait guerre contre son petit-nis Pépin H, à qui il
Cent-Jours par des massacres dans le Midi, à Mar- Charles voulu enlever l'Aquitaine pour la donner à
seille, à Nimes (Trestaillons), à Avignon, à Tou- qui trouvait le Chauve, et contre Louis le Germanique,
louse, etc. Le maréchal Ney et le général Labé- cette dernière sa part trop petite. II mourut pendant
doyère furent fusillés. La nouvelle Chambre des lutte (840). Louis le Débonnaire,
députés, pleine de royalistes ardents, et qui que ses contemporains appelaient Louis le Pieux,
a montra
gardé dans l'histoire le sobriquet de Chambre et laissapour l'Eglise une respectueuse obéissance,
.introuvable, vota une loi des suspects, et l'éta- ment de la suprématie les papes s'affranchir presque entière-
blissement de cours prévôtales pour juger les en- des domaines à impériale; en distribuant
nemis de la monarchie. Cette terreur blanche perpétuelle, it favorisa ses leudes à titre de possession
dura quinze mois enfin, Louis XVIII, jugeant aboutir à la formation dule régime mouvement qui devait
féodal. Mais en
lui-même que les excès des royalistes M~ra met- même temps l'Eglise
que
taient son trône en péril, prononça la dissolution fiaient, les diverses nationalités et l'aristocratie se forti-
de la Chambre introuvable (5 septembre 1816) de avait réunies de que Charlemagne
nouvelles élections donnèrent la majorité force sous l'autorité de son
aux sceptre
royalistes constitutionnels. Les cours prévôtales pendance. commençaient à revendiquer leur indé-
toutefois ne furent supprimées qu'en 1818, année cela, des querelles « Tous ces peuples profitèrent, pour
qui vit aussi la fin oe l'occupation étrangère. de Louis le Débonnaire avec
Louis XVIII, que son caractère portait a la modéra- ses fils; c'est ce qui donna à leurs efforts l'appa-
rence de
tion, fit alors entrer au ministère son favori, M. De- blaient marcher guerres civiles, dans lesquelles ils sem-
cazes, qui inaugura la politique dite de bascule, en des princes mais en aveugles au gré de l'ambition
s enbrcant de se tenir à égale distance des ultras et formation des Etats de l'ordre en réalité, ils travaillaient à la
des libéraux. Mais l'assassinat du due de Berry par âge. (Lavallée.) et social du moyen
Louvel (13 février 1820) amena la chute de M. De- t
'CBMS, et rendit le pouvoir au parti rétrograde nérale, XVIII,
Louia il, empereur d'Occident, Histoire gé-
~u appuyait le frère du roi, le comte d'Artois nls aine de l'empereur Lo-
nouvelle loi électorale attribua un double vote une thaire, eut le royaume d'Italie avec le titre d'em-
(855). A la mort de son frère Charles, roi
aux électeurs les plus riches des mesures de pereur de Provence, it partagea les Etats de celui-ci avec
rigueur furent prises contre la presse, la liberté frère
individuelle fut suspendue. Des émeutes, des la son autre Lothaire 11, roi de Lorraine. Il fit
conspirations répondirent à ces actes du pouvoir le midi guerre aux Sarrasins qui s'étaient établis dans
(organisation de la charbonnerie, complots de Ce fut Charles de l'Italie, et mourut en 875 sans héritier.
Toulon, de Belfort, de Saumur, des quatre le Chauve qui se nt donner après
ser- lui la couronne impériale.
gents de la Rochelle, 1821 et 1822) d'autre part, Looia
une association à la fois religieuse et politique Histoire le Germanique, roi de Germanie,
la congrégation, dirigée par les jésuites, étendait Louis le générale. XVHt,
son pouvoir occulte sur toute la France,
– troisième nia de
Débonnaire, fut fait roi de Bavière en
faisait St7, at roi de Germanie en 833. Il
entrer au ministère ses créatures, MM. deetVillèle, plusieurs reprises contre son père, se
révolta à
de Corbière et de Peyronnet (décembre 1821).
ministère Villèle envoya en Espagne une armée les
1
Le
mort
1 de celui-ci, s'allia avec son frère cadet Char-
et, après la
1 le Chauve contre son frère aine Lothaire, qui
avait reçu la dignité impériale (bataille de Fonta- Louis-Philippe, sans renier tes convictions de
sa jeunesse, et MM rompre ouvertement avec le
net, 84t serments de Strasbourg, 84Ï).leLe traité parti royaliste, sut garder une attitude de réserva
de Verdun (<43) régla déûnitivement partage à la fois les
de la succession de Charlemagne entre les trois et d'attente silencieuse qui ménageait situation de prtM~
frères Louis !e Germanique eut les pays à l'est intérêts de sa popularité et sa
du sang. La simplicité presque bourgeoise de sa
du Rhin. A la mort de son neveu Lothaire fils
libérale qu it
de l'empereur Lothaire et roi de Lorraine, Louis vie privée, l'éducation puMique et
le Germanique partagea les Etats de ce prince faisait donner a ses enfanta, lui conciliaient ht
en 876, sympathie des classes moyenne'. Le Palais-Royal
avec Charles le Chauve (870). Ilquimourut
fut roi de Ba- qu'il habitait devenait peu peu, non pas mt
tatMant trois fils Carloman, répété plus
Louis, qui fut roi de Saxe; et Charles lefoyer de conspirations, comme l'ont
vière
Gros, qui fut roi de Souabe et obtint plus tard h
tard les partisans de

la légitimité,
rencontraient
mais
tes
une sorte
artistes,
couronne impériale. de terrain neutre se
journalisses, les écrivains, les grands tndua'
Louis m tAvMi9!e, empereur d'Occident,roi les
politiques, qui y recevaient un.
Histoire générale, XVm, – fils de Boson, trtels, les hommes
parfois d'utiles
d'Arles, et petit-Bis de l'empereur Louis II par sa accueil empressé et encourage-
mère, vint en Italie à la mort de l'empereur Ar- ments.
nulf, et ayant vaincu son compétiteur Bérenger, Le duc d'Orléans n'eut qu'a laisser faire se~
Mais trois ans ennemis et ses amis les fautes des uns rendirent.
se int couronner empereur (900).qui lui fit crever facile la tache des autres. Quand éclata la révolu-
après, il fut défait par Bérenger,
les yeux et lui enleva la couronne. tion de 1830, les chefs de l'opposition, presque
tous familiers du Palais-Royal, MM. Thiers,
I,ottlB IV t Entant, Histoire générale, XVin, Laffitte, Guizot, décidèrent sans peine la Chambre
fils et successeurd'ArnuIf, roi de Germanie et duc d'Orléans la heute-
des Cartovin-
empereur d'Occident, fut le dernier Germanie des députés a offrir au
nance générale du royaume. L'intérêt, la peur oit
giens d'Allemagne. Devenu roi de en
M9, à t'age de six Ma, il reçut la couronne impé- la raison groupèrent autour de lui tous ceux qui
riale en !<M. Sous son règne, tes Hongrois rava- voulaient la monarchie sans despotisme et la li-
gèrent la Germanie. B mourut en 911 sans posté- berté sans désordre. Le 31 juillet, Louis-Philippe
rité. se rendait à l'Hôtel-de-Ville, ens'engageait se faisant précé-
Louis V de Bttvtere, empereur d'Allemagne,- der d'une proclamation où il à faire
fat élu après la mort désormais de la charte une vérité,laetfoule,vieux. le
Histoire génërale, XIX, qui
de Henri VII de Luxembourg. Il eut pour compé- général La Fayette le présentait a
titeur Prédéric le Bel, fils d'Albert d'Autriche; acclamait avec enthousiasme le prince et surtout
après une longue guerre, il vainquit son rival à le drapeau tricolore flottant entre ses mains. Le
Mûhidorf. le fit prisonnier, et partagea ensuite le t août. la Chambre lui le offrait la couronne par
pouvoir avec lui. li fut en lutte ave~ les papes :19 suffrages sur 2iM, et 9 il était proclamé roi
le nom de Louis-Ptmtppe Jet
d'Avignon etles rois de France Char))p IV et Phi- des Français
lippe VI ce dernier essaya de lui apposer le roi et prêtait serment à la
sous
Charte.
Les débuts du nouveau règne furent difficiles~
de Bohême Jean l'Aveugle, qui prétendait à la
couronne impériale, et qui fut tné dans les rangs Louis-Philippe avait à combattre au dedans l'hosti-
français à Crécy. Ce fut à l'occasion de ces dé- lité de la noblesse et du clergé dévoués à la
melés que la diète germanique rendit la pragma- branche aînée, la dénance des populations ou-
tique sanction de Francfort ( 133!i), stipulant que vrières qui rêvaient déjà la République, et t indif-
chez
l'autorité impériale ne relevait que de Dieu seul, férence des paysans de l'Empire. Au dehors,qui les seuls souvenirs
choix des élec- vivants étaient ceux
et qu'elle se conférait par le librel'approbation
teurs, sans qu'il fut besoin de du l'Europe entière, à l'exception de la Russie, avait
pape. Louis V mourut en 1347.maison Après lui la cou- reconnu le nouveau gouvernement, mais elle
ronne impériale rentra dans la de Luxem- conservait une attitude réservée sinon hostile, et
les insurrections qui avaient éciaté en Belgique,
bourg. Italie, après la révolution de 1830,
LOUtS-PHïUPPE. – Histoire de France, en Pologne, en
i XXXV.<– Louis-Philippe, uls a!n6 de Philippe, pouvaient entraînertriompher
duc d'Orléans, qui prit en 1792 le nom de Philippe- Louis-Philippe sut
de graves complications.
de ces difBcultés
EgaHté. et d'Adélaïde de Bourbon-PentMevre, na- sans éciat, mais avec une
habileté qu'il serait in-
Contre l'hostilité des légi-
quit à Paris le 6 octobre 1773. tl porta jusqu'à la juste de méeonnattre.
mort de son père le titre de dnc de Chartres. timistes et des républicains, il chercha son point
En 1789, il embrassa avec ardeur les principes d'appui dans la bourgeoisie, qui aimait, comme
lui, l'ordre et la paix, et qui désirait sincèrement
de la Révolution, combattit à Valmy, à Jemmapes
et en Hollande sous les ordres de Dumouriez, mais, le maintien du gouvernement parlementaire.
compromisdans les intrigues de son général, il Fidèle & la Charte, mais sans accepter la ilfameuse
fut forcé <onwne lui de quitter la France, en 1793. maxime le roi règne et ne gouverne pas, essaya
Odieux aux émigrés comme partisan de la Révo- de maintenir l'équilibre entre la parti conservateur
lution et. comme fils d'un régicide, suspect à la représenté surtout par MM. Guizot, Mole et de Bro-
coalition qu'il avait refusé de servir contre son glie, et le parti du mouvement dont le chef était
et dut M Thiers, oscillant de l'un intérieure, à l'autre selon les
pays, il se trouva bientôt sans ressources fluctuations de la politique mais en-
accepter une place de professeur au collège de ses sympa-
Reichenau, en Suisse. Après de longs voyages en traîné du côté des conservateurs par
personnelles qu'il prenait volontiers pour
Danemark, en Suède, en Laponie et aux Etats-Unis, thies dehors, la base de poli-
il nnit par se fixer à Londres où il négocia sa récon- l'opinion du pays. anglaise, à laquelle il fit peut-
Au sa
ciliation avec la branche aînée des Bourbons. En tique fut MIiance
1809 il épousa Marie-Améiie.BUede Ferdinand IV, être trop de sacrifices, mais que justifiait la
la plupart des.
roi des Deux-Siciles, et revint en France en 1814, communauté des intérêts dans
i après la chute de l'Empire. Il y recouvra
de
la plus questions européennes.
Jusqu'en 1834, on put douter du succès. Dè~
grande partie des biens immenses sa maison
mais Louis XVIII le traita toujours avec une froi les premiers jours du règne, manifestations le procès des anciens
les tégiti-
deur calculée, et, sous des formes plus bien. ministres de Charlesrépublicaines X,
agitent Paris et
veillantes, Charles X dissimulait avec peine Ismistes, les émeutes le ministère moment
ménance que lui inspirait le passé révolutionnairf épouvantent la province; Dupont de
un
l'Eure est
du due d'Orléans. populaire de MM. Laffitte et
forcé de se retirer. La situation~extérienre deve- Algérie (prise de Constantine, 1837 Expédition df"
nait chaque jour plus menaçante; la Pologne Portes de fer, 1839) et au Mexique (prise du fort
soulevée contre les Russes faisait à la France des Saint-Jean d'Ulloa, 1838) flattaient sans danger de
appels désespérés auxquels le gouvernement fer- complications européennes l'amour-propre natio-
mait l'oreille, mais qui passionnaient l'opinion nal, et rendaient populaires les noms des fils du
publique; la Belgique insurgée contre les Hollan- roi, le duc d'Orléans, le duc d'Aumale et le prince
dais offrait au second fils de Louis-Philippe,le duc de Joinville. Mais la question d'Orient fait)n
de Nemours, une couronne que le roi se voyait compromettre toute l'œuvre politique de Louis-
contraint de refuser l'Autriche profitait des Philippe en réveillant des rivalités et des défiances
troubles des Etats Romains pour occuper toute endormies par la modération qui était la règle de
l'Italie centrale; il n'était pas jusqu'au tyran du sa conduite.
Portugal, don Miguel, qui ne se crût le droit d'in- En 1839, Méhémet-Ali reprit les armes con-
sulter la France impunément. tre la Turquie que des défaites sanglantes et lit
L'énergie d~in grand ministre, Casimir Périer, mort du sultan Mahmoud parurent un moment
comprima pendant quelque temps les agitations mettre à sa discrétion. L'Angleterre et la Rus-
socialistes(insurrection de Lyon, en novembre 183 )1)) sie se rapprochèrentpour empêcher la destruc-
ou légitimistes, arrêta les Autrichiens en faisant tion de l'empire ottoman, et entraînèrent la Prusse
occuper Ancône par les troupes françaises, vengea et l'Autriche dans une entente dont la France fut
l'honneur français à Lisbonne, et sauva l'indépen- exclue (traité de Londres, 15 juillet 1840), et qui
dance de la Belgique, dont le roi, Léopold de avait pour but de réduire Méhémet-AIi à l'E
Saxe-Cobourg, venait d'épouser une nUede Louis- gypte.
Philippe, en y envoyant une armée française qui M. Thiers, président du conseil depuis le
levait, à la fin de l'année 1832 ~23 décembre), dé- t" mars 1840, répondit à cette menace de coali-
cider la défaite de la Hollande par la prise de la tion par des mesures belliqueuses; l'effectif de
citadelle d'Anvers. l'armée fut augmenté, les fortifications de Paris
La mort de Casimir Périer, emporté par le cho- décrétées le sentimentnational se prononçait avec
léra (16 mai 1832), amena l'une des crises les une vivacité que le gouvernement encourageait
plus redoutables qu'ait eu à traverser le gou- le retour des cendres de Napoléon,que le prince
vernement de Louis-Philippe les légitimistes, de Joinvilleramenait de Sainte-Hélène,réveillait les
animés par la présence de la duchesse de Berry, souvenirs guerriers de l'empire. Un moment on
essayèrent de soulever la Vendée, les républicains put croire à une guerre générale mais la France
prontèrent des funérailles du général Lamarque n'était pas prête Louis-Philippe recula devant
pour tenter à Paris un coup de main qui aboutit une responsabilité aussi grave M. Thiers dut
aux sanglantes journées des 5 et 6 juin )8M. faire place à M. Guizot (29 octobre 1840), et la
Vigoureusement réprimée, l'insurrection républi- France accéda à la convention du 13 juillet 1841,
caine se renouvela à Lyon (9 avril 1834) et ensan- qui laissait l'Egypte à Méhémet-Ali et rétablissait
glanta de nouveau les rues de Paris, le 13 et le la paix en Orient.
14 avril 1834. En même temps les attentats se Les hésitations de la politique française et l'é-
succédaient contre la vie du roi, qui n'échappa chec qu'elle avait subi devaient laisser des traces
que par une sorte de miracle à la machine infer- profondes dans les esprits c'est une des princi-
nale de Fieschi (28 juillet 1835). Ces tentatives pales causes des accusations si souvent répétées
criminelles eurent pour effet d'affermir à l'inté- contre la faiblesse de la politique extérieure sous
rieur le gouvernement de Louis-Philippe en excitant le gouvernement de juillet.
l'indignationdu pays et en épouvantant l'opposition A partir de i84t), le principal conseiller de
elle-même aux troubles de la rue succède le tra- Louis-Philippe est M. Guizot, le chef du parti
vail lent et ignoré des sociétés secrètes, et la tran- conservateur, qui se maintiendra au pouvoir, jus-
quillité apparente ne sera plus troubléejusqu'en qu'en 1848.
1848 que par de nouveaux attentats contre la vie Au dehors nos généraux poursuivent la con-
du roi (deux en 1836, un en 1840, deux en 1846), quête de l'Algérie. Notre adversaire le plus
l'échaunouréerépublicaine du 12 mai )839, et les redoutable, Abd-el-Kader, réussit à entraîner dans
folles aventures de l'héritier des Bonaparte, le son parti le sultan du Maroc. La victoire du ma-
prince Louis-Napoléon,à Strasbourg en 1836 et à réchal Bugeaud sur les bords de l'Isly force le
Boulogne en 1840. Maroc à la paix, et Abd-el-Kader, après avoir
Mais les embarras extérieurs, un moment con- prolongé la lutte pendant trois ans, est fait pri-
jurés par la politique énergique do Casimir Périec, sonnier en 1847. La politique européenne du
renaissent après sa mort. Dans l'Europe méridio- ministère Guizot, prudente et que l'opposition
nale, deux représentants de la monarchie de droit accusait d'être timide (affaires de Taiti, 1843-44
divin, don Carlos en Espagne et don Miguel en l'indemnité Pritchard, 1844), ne montra de iMf'
Portugal, disputent le trône à Isabelle II, fille du diesse que dans une question où la famille royale
roi Ferdinand VII, et à dona Maria, fille de don pouvait paraltre plus intéressée* que le pays.
Pedro, qui représentent la monarchie constitution- Après une négociation laborieuse et malgré l'op-
nelle. En Orient, un ami de la France, Méhémet- position de l'Angleterre, Louis-Philippe réussit à
Ati, vice-roi d'Egypte, se soulevait contre son décider (oct. 1846) le double mariage de son plus
suzerain le sultan de Constantinople et menaçait jeune fils, le duc de Montpensier, avec la sœur
de précipiter la ruine de l'empire turc. L'extension de la reine Isabelle d'Espagne, et de la reine elle-
de sa puissance excitait les ombrages de l'An- même avec nn prince espagnol, neveu de Ferdi-
gleterre, et fournissait à la Russie l'occasion d'of- nand VII, don François d'Assise. Les mariages
frir ou d'imposer sa protection au sultan. Tout en espagnols portaient une grave atteinte à l'alliance
partageant les sympathies qu'on accordait géné- anglaise ménagée jusque-là avec un soin si
ralement en France au réformateur de l'Egypte jaloux.
et à la cause constitutionnelledans la Péninsule, Mais c'était la politique intérieure qui devait
Louis-Philippe redoutait toute intervention trop entrainer la chute du ministèreet celle de la mo-
active dans les affaires de l'Espagne ou dans la narchie de juillet. En 1842 (13 juillet) la mort Je
question d'Orient. Les événements lui donnèrent l'héritier du trône, le duc d'Orléans, victime d'f.)n
raison en Espagne et en Portugal, où la cause accident de voiture et qui laissait un fils de quatre
d'Isabelle II et celle de dona Maria triomphèrent ans, le comte de Paris, avait ranimé par la pers-
sans que la France eût à intervenir directement. pective d'une régence les espérances des partis
En mhne temps de brillants faits d'armes en hostiles à la dynastie. Les légitimistes recommen-
çaientleursmanifestations.déeouragéM depuis KM de façon & recevoir dans l'œll u'M nortiot* de la
par te triste résultat de l'aventure do la duchesse lumière émise. Du reste, cette lanuèrc peut leur
de Berry les républicains, tout en renonçant aux appartenir en propre et alors ils sont dits lumi-
émeutes, n'avalent pas désarmé les sociétés sa- a<MZ par ttm-M~ne: (le soleil, les étoiles, une
crètes se multipliaient; le socialisme recrutait de barre métallique portée
etc.), bien elle
t âne haute tempéra-
leur vient d'une source
nombreux adhérents parmiles populations ouvriè- ture, on
res la bourgeoisieéclairée commençaità se lasser
étrangère, et Ils ne font que la renvoyer dès
d'un système politique qui remettait le gouverne- qu'elle atteint leur surface, en hti imprimant
une modification plus ou moins profonde (la tune,
ment du pays entre M* mains d'une minorité dont planète*, le sot, les arbre*, feuille de pa-
le Mal titre était nm certain chiffre de fortune et tes nne
de cens électoral. Dès 1842 on avait proposé d'ad- pier, etc.). Ces derniers corps sont dits sim-
toindre aux électeurs censitairesun certain nom- plement <<~a<r<<; nous ne te* voyons plus, dès
Dre de citoyeM qui donneraientdes garanties de que la source qui leur fournissait de la lumière
capacité aussi respectables au moins que les ga- s'est éteinte ou a disparu pour <me cause quel-
ranties pécuniaire*. conque.
Soutenu dans les Chambres par une majonté I! y a encore une distinction a faire entre les
imposante, le ministère ne vit pas ou ne voulut diverses substances de la nature au point de vue
pas voir le danger; de mauvaises récolte* vinrent de l'absorption plna ou moins complète qu'elle.
aigrir ie mécontentement populaire des trouMew exercent sur le~ faisceaux lumineux reçus par
sanglants eurent lieu dans les département* du elles les une* ne laissent pénétrer la tumiëré
centre, des scandales éclatants qui te produisirent qu'a une très faible profondeur au-deMOua de la
dans l'entourage même de la famille royale h)Mnt surface qui lei limite; et alors le faisceau inci-
habilement eïpibités par les adversaire de h dent est en totalité renvoyé ou absorbé; on lea
monarchie, la réforme électorale devint t)r mot nomme <MO<<<tMCM opa~Mt; les autres laissent la
d'ordre de l'opposition, et dèa tM7 des banquets t&mière traverser leur masse, au moiM en partie;
politiques s'organisèrent dans tonte la France. on les nomme alon transparentesou /ratMtue«<M.
Un banquet projeté à Paris par l'opposition et Dans la première catégorie, substances opaques,
interdit par le ministère fut le signal de la révo- nous trouvons un grand nombre de corps so-
lution de février DMX. Les troubles commencè- lides, d'origine minérale ou organique (pierrea, fer,
rent le 21 févner. C'est un feu de paille, bois, etc.); dans la seconde, queique~.toUdet de
disait Louis-Philippe. Le surlendemain le feu de structure vitreuse, cristalline ou cornée (verre,
paille était devenu un incendie le roi et ses con- cristal de roche, mica, gélatine, etc.), la plupart
MiNers, étourdis par la rapidité des événements, des liquides et toutes les substances gazeuses Il
ne surent se décider a temps ni pour les conces- faut ajouter qu'un solide quelconque n'est jamais
sions, ni pour la résistance. Le 24 février les opaque dans le sens absolu du mot; pria sous
barricades couvraient Paris, les Tuileries étaient une épaisseur assez faible, il acquiert toujours
menacées, la Chambre envahie. Louis-Philippe une certaine translueidité ainsi for en feuilles
abdiquait en faveur du comte de Paris, trop tard minces est vert par transmission,l'argent que l'on
pour sauver sa dynastie, et pendant que le gou- dispose en pellicules très peu épaisses, sur une
vernement provisoire proclamait la république, le lame de verre, M laisse traverser par la lumière
roi allait chercher un asile en Angleterre, où il bleue.
mourut au château de Claremont en tO&O. t. Propagation. La lumière M propage en
Ce règne de dix-huit ans, malgré les fautes ligne droite dans ma milieu dont la nature et la
qu'on peut reprocher à Louis-Philippe,n'avait pas densité restent invariables. Cette loi se trouve
été stérile pour le progrès moral et matériel de la pleinement démontrée par le fait suivant que toutr
France. le monde peut vértûer si, sur la ligne droite qui
La conquête de l'Algérie, la construction de nos joint un point lumineux, une étoile par exemple,
premières lignes de chemins de fer, les grands à t'œil d~m observateur, on interpose un écran t
travaux d'utilité publique (canaux, routes, ponts, opaque, le point lumineux cesse aussitôt d'être
phares, etc.), la loi sur l'instruction primaire de visible pour l'observateur il reparalt dès que
1833, la création du musée de Versailles, les encou- l'écran est écarté et que la ligne droite dont il
ragementsdonnés aux caisses d'épargne, les adou- s'agit n'est plus interceptée en un point quelcon-
cissements apportés aux lois pénales, ennn le res- que de son parcours. La ligne droite suivant la-
pect des libertésparlementaireset de la constitu- quelle la lumière se propage s'appelle rayon lu-
tion dont te gouvernementde Louis-Philippe ne mMteM.);.
s'est jamais départi, sont des titres sérieux à la Cette loi de propagation de ta lumière permet
reconnaissance de la postérité. d'expliquer simplement, à l'aide de considérations
Louis-Philippe a eu huit enfant* 1* Ferdi- géométriques, tes phénomènes de l'ombre et do
nand, duc d Orléans, mort en 18t! 2* la princesse la pénombre que produisent les corps opaques
Louise, mariée à Léopold I", roi des Belges, morte placés sur le trajet de faisceaux lumineux (V.
en 1850; S* la princesse Marie, mariée au,prince EcK~Me, page 638).
de Wurtemberg et morte en )M9; 4* le due de Il. Vitesse de lumière. L'astronome Cas-
Nemours 5* la princesse Clémentine, mariée a un sini parait avoir eu le premier cette idée, que la
prince de Saxe-Cobourg 6* le prince de Joinville; lumière ne se propage pas instantanément,comme
T ie duc d'Anmaie 8" ie duc de Montpensier. on l'avait cru jusqu'alors, mais que sa vitesse de
[H. Pigeonneau.]] translation, quoique extrêmement grande, a ce-
LUMtEïUE. – Physique, XXX. Les objets pendant une valeur finie. En t676, un autre astro-
extérieurs, quoiqae éloignés de nous, produisent nome, Roemer, démontranettement par l'observa-
au fond de notre œil, sur la rétine, une impression tion des éclipses des satellites de Jupiter la réalité
particulière, distincte de toute autre, variable de cette conception de Cassini, conception que
avec leur forme, leur couleur, etc. L'agent qui, Cassini lui-même, préoccupé d'autres idées, avait
servant d'intermédiaire entre ces objets et l'ceil, déjà abandonnée. En étudiant les inégalités appa-
provoque la sensation dont il vient d'être parlé rentes de marche du premier satellite, que rend
porte le nom de lumière. L'optique est la bran- sensibles la fréquence de ses éclipses, Rœmer
che de la physiquequis'occupe des phénomènes lu- établit que la lumière emploie 16 minutes 26 se-
mineux et des lois qui les régissent. Nous voyons condes pour parcourir le diamètre de l'orbite
les corps, parce qu'ils envoient de la lumière dans terrestre, ce qui correspond a la vitesse énorme
toutes tes directions et que nous sommes placés d'environ 76,000 lieues ou dq 30~ millions de
ccope va pouvoir estimer le retard, s il'existe,
mètres RM-seconde c'est une vitesse dont nous ééprouvé par le rayon de retour. Voici comment
nous faisons difficilement unedes idée, habitués que dont de parler
mouvements des Les cinq miroirs
L nous venons
nous sommes k l'observation développaient
d en réalité une ligne dont la ton.
corps terrestres. Ainsi, tandis que la lumière venir
ne
du gueur totale était de 20 mètres. Tout est dis-
met qu'un peu plus de 8 minutes pour g
si le filet lumineux chemi-
soleil à la terre, un train express de chemin de posé
p de telle façon que
fer faisant t5 lieues k l'heure emploierait plus de nait
n librement, comme il vient d être dit, ledans point
Il
ddu micromètre qu'il atteindrait à son retour
deux siècles pour parcourirla même distance. Les champ de vision du microscope coinctderait exac-
conclusions de Rcomef furent confirmée* un peu c
point de départ, sur le même
plus tard par l'astronomeanglais Bradley, qui prit tement
t~ avec son
fait micromètre, mais il n'en est pas ainsi le miroir
pour point de départ de ses recherches uncelui sur sa route n'est pas
tout autre que celui qu'avait utilisé Rmmer, t que leilrayon rencontre
plan
grande
de l'aberration de la lumière des étoiles. immobile tourne au contraire avec une
vitesse. Ce même rayon se réaéehtt alors une
Jusque-la, il faut le reconnaître, c'était par des v
première fois le miroir plan, peu après son
moyens tout à fait indirects, par des observations f sur a
point de départ; il ie rencontre de nouveau
astronomiquesqu'on était parvenu à donner une I plus
valeur approchée de la vitesse de la lumière. De son
f retour, et, comme U ne le retrouve exac-
miro~
Foucault, en tement
t dans sa position initiale, puisque ce
nos jours, M. Fizeau, en 1849, et véritables aF tourné d'une certaine quantité
pendant le va e
1850, entreprirent séparément de expé-
vient du rayon ledit rayon va se trouver dévit
riences pour arriver, d'une façon plus précise, a
l'évaluation numérique dont il s'agit. de sa position première d'une quantité d'autant
Dans le procédé de M. Fizeau, un rayon lumi- plus lui-même grande que le miroir a tourné plus vite et
à Suresnes il que a mis plus de temps pour parcou-
neux était envoyé de Montmartrequi qui
le renvoyait ~r la distance comprend qu'il existe sépare le point d'aller du point
tombait à Suresnes sur un miroir une relation
ensuite à Montmartre où le recevait finalement de retour. On le
effet. déterminée entre la déviation subie par rayon
une lunette convenablement disposée à cet retour, déviation que l'on mesure sur le mi-
On mesurait alors aussi exactement que possible de cromètre, la longueur totale du chemin qu il a
le temps employé par ce rayon pour effectuer la vitesse de rotation du miroir plan et
l'aller et le retour, c'est-à-dire pour parcourir une parcouru, même de la lumière. Or de ces
distance totale de 17 kilomètres. La longueur du enfin laquantités, vitesse
les trois premières sont four-
parcours effectué par la lumière et la durée de ce quatre nies par l'expérience qui vient d'être indiquée
parcours étant évaluées, on en déduisait, par un la quatrième, c'est-à-dire la vitesse de la lumière,
calcul fort simple, la valeur de la vitesse du rayon donc en être déduite. Elle a été trouvée
lumineux. En réalité, le succès de l'opération dé- pourra à 298 millions de mètres par seconde, au
pendait exclusivement de la sensibilité de l'appa- égale de 308 millions de mètres, chiffre de Rcemer.
reil chronométrique mis en jeu. Cet appareil, que lieu Cette donnée numérique avait une grande im-
décrirons pas ici, était sans doute très in- rectifier une
nous ne
génieusementcombiné mais ce qu'on ne pouvait portance parce qu'elle permettaitdeconnattre
réaliser dans les conditions où on s'était placé, beaucoup mesure que nous avons intérêt distance
à
du soleil à la
avec
d'exactitude, la
quelle que fut l'habileté de l'expérimentatenr.c'é~ du soleil qui est
tait de faire traverser au rayon de lumière quiintimement terre ou, si l'on veut, la parallaxe
liée avec cette distance. On croyait
cheminait de Montmartre a Suresnet et inverse- dernière égale à 8",5'! elle doit être portée
ment une couche d'air calme et homogène. Ce cette
à près horizontal passait forcément dans a la suite des expériences de Foucault à 8",86.
rayon peu
l'atmosphère voisine du sol; laChose remarquablet les meilleures observations
une portion de enregistréestout récemment a propos au dernier
composition de cette couche était nécessairement t
de Vénus sur le soleil (en 1874) con-
variable d'un point t l'autre et eon agitation1passage duisent exactement au même chiffre. Cette confir-
était permanente. Aussi, l'image observée, quand Foucault nous montre,
on recevait le rayon de retour, l'époque était-elle toujours mation des résultats de
exacte de d'une façon éclatante, ce que peut la méthode
plus ou moins tremblotanteet quand elle est sagement et rigou-
son extinction devenait-ellefort M. difficile à obser- expérimentale Une simple expérience
ver. Les résultats obtenus par qui Fizeau et unreusement appliquée.
chambre de quelques mètres
d'optique dans
a répété les carrés de surfaceune
peu plus tard par M. Cornu, sufa pour évaluer avec préci-
mêmes essais dans des conditions un peu meil-sion la distance dea la terre au soleil.
leures, ne donnèrent pas la mesure de la vitesse III. Mesure de l'intensité de la lumière. Pho-
de la lumière avec plus de précision que les ob- tométrie. Il est nécessaire dans bien des cas de
servations astronomiques. les intensités de deux lumières,de savoir
Foucault n'avait voulu, à l'époque de ses pre- comparer
par exemple à combien de bougies d'espèce déter-
miers essais (en <8&0),que comparer la vitesse de minée et fixe équivaut une lampe, un bec de gaz,
la lumière dans l'air et dans 1 eau. Il avait con- comparaison est fon-
staté fait d'une grande importance qu'un“ un foyer électrique, etc. Cette d'une loi générale de
lentement dans l'eau“ dée sur la mise en application
rayon lumineux chemine plusdans le rapport de 3la
3 nature qui se rapporte à la lumière, tout aussi
que dans l'air, à peu près
bien qu'à la chaleur, à l'électricité, à la gravita-
à 4; de 1861 à 1869, il alla plus loin et perfec-t tion. la loi de la raison inverse du carré de la
tionna son procédé au point de le rendre apte à </M<<Mtc< En ce qui concerne la lumière, nous
fournir une évaluation plus exacte qu'aupara- l'énoncerons simplement de la manière suivante
vant de la rapidité de translation de la lumière.
Ses expériences peuvent être effectuées dans
Les M!<M!.<tf~ de deux sources /M".Me!MM,
quand
ordinaires. Voiciri ces source, produisent le m~e éclairement sur
une chambre de dimensionselles consistent. Lee une surface donnée, sont proportionnelles aux
très succinctement en quoi qui le j!<!M''M(d< cette sur-
rayon lumineux provenant d'une source fixe va carrés des distances
face. 1 étant l'intensité
successivement frapper un miroir plan, puis cinq placée à une distance d de la surface considérée.
de la première source

à l'autre, lui font reprendre, mais en sens inverse,


sa marche primitive pour le faire pénétrer finale-
ment dans un microscope au foyer duquell'ob-
placé un micromètre divisé. A ce moment,
3t
est
e
miroirs concaves,qui, après l'avoir renvoyé de l'un F celle de la seconde source placée & une distance
c!' de la surface,
aurface,
on a~=- Partant
on a f=- d 3 P~~nt de là,
)- l'intensité F de la deuxième source
si
est prise
servateur dont l'oeil est à l'oculaire dudit micros- s- comme unité on aura
'-s d'~
s'en assurer? Le petit instrument du D' Javat
rend cet examen facile. Voici en quoi il con-
et il sufnra de mesurer dans une expérience di- sisto Sur une feuille de papier blanc sont
recte d et d' pour obtenir la, valeur numérique tracées des raies noires paraHètes, égates en lar-
de 1 tntensité lumineuse cherchée. ue geur et séparées les unes des autres par des in-
Reste à savoir comment on pourra reconnaitre tervalles blancs qui sont aussi égaux entre
ti âne surface donnée reçoit nn éctairementégal Vues d'une certaine distance, tes bandes ainsi eux.for-
et de la source dont on vent mesurer l'intensité noires mées par cet ensemble de lignes alternativement
°
et de la source prise comme unité. Bien des mé- uniforme, et blanchea présentent t ))'<Bii une teinte
thodes, dites photométriques, ont été employées* i dont l'intensité inmtneuM totale dé-
cet effet: celles de Bouguer. de Lambert, iamethode pend du rapport qui a été établi entre la !ar-
des ombres comparées de Rumford, la perle genr des intervalles NanM et celle des raies
nante de Wheatstone,laméthode de Bunsen fondée notre:.
tour- Cette largeur est-elle la même pour les
sur la curieuse propriété deux sortes de lignes, il est évident quêta teinte
que possède une tache le obtenue aura une intensité
de matière grasse imprégnant; en son milieu, une d'éctairement égaie à
feuille de papier btancde disparaltre le 1/2 ou 0,50 de l'intensité offerte
complètement1t papier blanc. L'intervalle par la feuille de
quand tes deux faces de récran en papier sont noir est-il représenté
également éclairées par les deux sources que l'on 1t par 1, tandis que le blanc l'est par ta teinte
'n de la navette bande correspondra t une intensité
compare. tt est encore d'autres procédés photo- tumineuse
métnques comportant un haut degré de précision 0,66 et ainsi de suite. On pourra
qui ont pour point de départ les phénomènes en faisant varier & volonté le rapport entre te'
étudiés dans la haute optique (double réfraction. deux intervaUes, noir et blanc, obtenir <acitemens
polarisation, etc.), et dont Arago doit être consi- une séné de teintes dont les intensités lumineuses
déré avec justice comme le premier inventeur. seront parfaitement connues et égaies successive-
Nous nous bornerons ici Indiquer très sommai-i: ment0,05 0,)0 0,)5. 0,90 0,95. et ennn,
rement le photomètre de Foucault, parce qu'il est 100 centtèmes. Qu'on étate ensuite ces teintes,
aujourd'hui très employé en France dans l'indus- à la suite l'une de l'autre, sur une feuille de car-
trie et notamment pour évaluer numériquement ton blanc, en les numérotant et qu'enfin, immé.
t intensité lumineuse très variable, d'un jour à diatement an-dessusde chacune, on perce dans le
l'autre, d'une usine à l'autre, du gaz de l'éctai- carton une petite ouverture rectangulaire, une
rage.. sorte de fenêtre, dont tes cotés verticaux soient
Une lame de verre étant recouverte d'une parallèles aux lignes blanches et noires et dont la
base
couche parfaitement homogène et très mince de
grains d amidon est rendue par là même unifor- on inférieure les coupe par suite a angle droit
aura ainsi construit le photomètre dont nous
partons. – Voici maintenant ton emploi faites
mément translucide dans toute son étendue. Elle
constitue, dans )e photomètre de Foucault, la base tenir verticalement un aide une feuille de
verticale extrême d'un paratlélipipède en bois dont voulez papier Ma~c au pointpar de la satte de classe où voua
J'axe est horizontal. D'autre part, la caisse prisma- t tenter une première expérience, en A, par
tique dont il est question est divisée en deux exempte tenez-vous vous-même tout près de la
partimenta égaux par une cloison opaque verticale com- fenêtre qui donne accès jour dans la pièce;
au
elle aussi, et dont ie plan est perpendiculaire a interposez alors te carton photomètre entre votre
celui de la lame de verre. Les lumières à comparer
sont placées dans tes dits compartiments, l'une de? et la feuille de papier blanc tenue par l'aide
telle façon que le rayon visuel en traversant
droite, fautre à gauche de la cloison médiane, età t une des ouvertures du carton, l'ouverture n* 12
leur mobilité est telle qu'elles peuvent, au gré de par exemple, aille rencontrer ladite feuille. Vous
l'expérimentateur, être portées à une distance reconnaîtrez alors, sans peine, par une comparai-
quelconque de l'écran de verre. Ceci compris, lejeu son que la juxtaposition des teintes rend facile,
de 1 instruments'explique de tui-mème t ombre de si 1 éclairementde la feuille blanche, en la place
la cloison médiane provenantde la lumière de droite (qu'elle occupe actuellement, est plus grand ou
porte sur la moitié gauche de l'écran translucide 1plus petit que celui qui vous est offert
bande par la
pareillement, l'ombre qui provient de la lumière } 1 n° 12. Ceci constaté, vous ferez mouvoir
de gauche recouvre la moitié de droite du mêmelentement le carton devant votre œit, de gauche
écran. En faisant mouvoir la cloison dans Ià droite ou de droite à gauche suivant les
plan pour la rapprocher plus ou moins de la lame i son jusqu'à ce que vous ayez amené, sur le trajet du
cas,
de verre, on parvient à juxtaposerles deux ombres rayon visuel, une ouverture nouvelle qui vous
et alors, comme il y a continuité entre elles, it 1.laisse voir la feuille de papier demeurée immo-
btie, avec le même éclairement que la bande
est facile par le mouvement progressif de
des sources d'amener une égalité parfaite de l'une jacente
ji qui correspond à cette ouverture M«s- vous
t éctairement sur toute la surface de l'écran ami- 1;lirez,soità ce moment, le numéro inscrit sous la bande,
donné. A ce moment on mesure d et <f et l'on 0,70. L'expérience sera répétée, dans

par suite la valeur ou au besoin 1 en valeur restant
a les
), mêmes conditions: en B.
r'
en C, etc., l'opérateur
à la même place et l'aide se déplaçant seul
absolue, si r est pris pour unité. ppour porter la feuille blanche en ces différents
ponts on trouvera pour B, 0.5& C, 0,35, etc.
Le D' Javal a imaginé, dans ces derniers temps, L La conclusion finale sera que lespour diverses parties
une sorte de photomètre fort simple pour la lu- d. de la salle sont très inégalement éclairées,
mière diffuse, & t'aide duquel peut étudier les les et que
variations de ) l'éclairement aux on le enfants assis en A. B, C reçoivent des quanti.
divers points d'une tés
t€ de lumière qui varient comme tes nombres t4,
salle qui reçoit le jour d'une ou de plusieurs
fenêtres. Cette étude a de l'importance, Quand il 11, 1] 7.
IV. Changements de direction éprouvés dans
s agit notamment de nos salles de classe, dans les
écoles primaires. On veut aujourd'hui, et l'on certains
ce cas par le rayon lumineux. La lumière
raison, que t'écfairage soit unilatéral et a ne
n< se propage rigoureusement en ligne droite,
lumière arrive du dehors à la gauche de l'élève.' que la avons-nous
al dit, qu'autant que le milieu qu'eue
tr
traverse
'est fort bien; mais encore faut-il que les mmilieu doit demeurer identique est homogène, ce qui veut dire que ce
dispositions adoptées soient telles à tui-meme,
les plus mal placés, ceux qui sont assis que les é)èves p(point de vue de sa nature propre et de sas au
loin de la priétés physiques,et conserver, en particulier,dans pro-
fenêtre, reçoivent un jour suffisant. Comment nt
toutes
to les directions une élasticité constante-.
Mais lorsque, sur son trajet, un faisceau luminem titude
de lumières colorées simples, pondant
rencontre un corps nouveau, ces conditions n< chacune une réfrangibititê propre. Tant que
ces
sont plus remplies il éprouve alors à la surfact rayons de couleurs très diverses cheminent paral-
de séparation des deux milieux comme un double lèlement, tant qu'ils affectent notre rétine
brisement: une partie du faisceau est renvoyée er la fois en un même point, tous &
éprouvons
sens inverse de sa marche primitive, il revient sensation spéciale dite de couleur MaKeAe cette
nous
mais
pour ainsi dire, sur ses pas, et cela dans une direc- aussitôt qu'ils changentde milieu leur direction
tion déterminabio géométriquement et qui dépend primitive n'étant pas d'ailleurs perpendiculaireà
'exclusivement de l'angle que fait avec la surface la surface de séparation qu'ils vont traverser
le rayon incident. Cette portion du faisceau ainsi tous ces rayons subissent individuellement en se
renvoyée est dite réfléchie régulièrement (V. Ré- déviant de leur direction initiale la réfraction qui
flexion). Une autre portion du faisceau primitii est spéciale à chacun d'eux. Dès tors, ils cessent
pénètre dans l'intérieur du milieu rencontré, au d'être parallèles soit dans l'intérieur du prisme,
moins quand celui-ci est transparent, et alors, au soit quand ils en émergent; et, si on les reçoit
lieu de former le prolongement en ligne droite du alors sur un écran, chacun forme une tache colorée
rayon incident, le faisceau qui pénètre fait un cer- distincte en un point de cet écran dont la position
tain angle avec lui; on le nomme rayon réfracté. varie avec la valeur de la déviation subie. Théori-
Seulement, le sens de la propagation n'est point quement, et en se ptaçant dans certaines condi-
ici interverti comme dans le cas du rayon réfléchi. tions voulues, chaque rayon simple appartenant
Les lois de la réfraction ont été découvertes par à la lumière incidente devrait fournir une image
Descartes (V. Réfraction). colorée ayant les mêmes dimensions que la fente
V. Dispersion de la lumière. Spectre'solaire. eUe-même et les diverses couleurs devraient
Il y a plus lorsque la lumière blanche, celle voir être séparées dans le spectre. Il n'enpou- est
qui nous vient du soleil, change de mitieu, qu'elle rien c'est qu'en effet les couleurs simples sont
passe par exemple de l'air dans un prisme de loin de se réduire à sept dans la lumière blanche
verre pour émerger ensuite du prisme dans l'air, il y en a des milliers; les images colorées que l'on
ce n'est pas seulement un changement de direc- obtient par la dispersion dans le prisme, quelles
tion, une sorte de brisement qui se produit; le que soientles précautions prises, empiètent donc
phénomène que l'on observe est beaucoup plus toujours un peu l'une sur l'antre et on passe, par
complexe. Le faisceau émergeant du prisme, au nuances insensibles,d'une couleur principale àune
lieu d'être blanc comme l'était le faisceau inci- autre, du ronge a l'orangé, de l'orangé au
dent, fournit sur l'écran qui le reçoit une image jaune, etc. a 6
colorée dans laquelle les couleurs sont toujours Nous n'entrerons pas ici dans le détail des
distribuées dans l'ordre suivant violet, indigo, démonstrations expérimentales très variées par
'bleu, vert, jaune, orangé, rouge. Si les faces lesquelles Newton a étabii le principe ci-dessus
d'entrée et de sortie de la lumière dans le prisme énoncé nous citerons seulement la principale,
de verre sont disposées de telle manière que leur celle qui, par sa simplicité, paraîtra très pro-
intersection, qu'onnomme)'a)'~eafet'ë/ftH~encfdu bante au lecteur un premier prisme décompose
prisme, soit horizontale si, de plus, le faisceau un faisceau de lumière blanche et donne sur un
incident de lumière blanche est cylindrique, la écran un spectre fortement étalé cet écran porte
tache colorée reçue sur l'écran a la forme d'un une petite ouverture, une fente étroite, par la-
rectangle allongé dont les longs côtés sont recti- quelle on peut à volonté faire passer l'un ou
'lignes et verticaux et dont les petits cotés sont l'autre des rayons colorés, dont l'ensemble
Templacés par des demi-cercles. Les couleurs sus-
nommées y sont distribuées sous la forme de
e spectre. Au delà de l'écran, le rayonforme qui
traverse cette ouverture étroite peut être consi-
bandes parallèles entre elles et perpendiculaires déré comme nn rayon simple Isolé de tous
.aux longs cotés du rectangle. Cette image colorée voisins. On peut alors opérer sur lui, commeses on
.porte le nom de spectre solaire. On la produit l'entend, sans être gêné par la présence des autres
également dans les mêmes conditions et avec la rayons, on peut en particulier l'étudier au point
même distribution des couleurs, quand on emploie de vue de sa réfrangibiiité et évaluer numérique-
un faisceau de lumière blanche provenant de ment son indice de réfraction. Newton
sources autres que le soleil la flamme du gaz dans son expérience, faisait tomber successivement en effet,
de l'éclairage, la lumière oxhydrique, etc. sur un second prisme chacun des rayons colorés
Dans tous les cas, le spectre solaire obtenu est simples qui lui arrivaient du premier, dans une
d'autant plus pur que le faisceau incident a des même direction la fente de l'écran, et il cons-
dimensionsplus restreintes dans un sens perpen- tatait que chacunpar d'eux subissait dans ce second
diculaire à l'arête de réfringence du prisme. prisme une déviation déterminée qui n'apparte-
On opère comme il suit la lumière avant de par- nait qu'à lui. Il trouvait,
'venir à laface d'entrée d'un prisme très pur de flint, en effet, qu'après avoir
traversé le second prisme, chaque rayon simple
de quartz ou de sulfure de carbone, passe par une allait former image colorée
son
fente très étroite pratiquée dans un volet, laquelle rent sur un second écran Bxe. La en un point diffé-
fente est parallèle à l'arête réfringente. De plus, réfrangible est le violet; la moinscouleur la plus
réfrangible, le
Bur le trajet du faisceau et à une distance de la ronge les autres couleurs ont des réfrangibilités
fente égale au double de ta distance focale princi- intermédiaires entre
,pale, on dispose une lentille convergente qui, réfraction (V. Réfraction) ces deux-là, et l'indice de
avant l'interpositiondu prisme, eût donné sur un croissant depuis le violet, va régulièrementen dé-
écran placé de l'autre côté de la lentille et à cette qu'au où il est maximum, jus-
rouge, où il est minimum.
même distance, une image blanche, nettement dé-
limitée dans tous les sens, et de même grandeur deNewton ne s'est pas contenté de faire l'analyse
la lumière blanche en la décomposant, comme
que la fente. Cela réalisé, le prisme est placé sur il vient d'être dit, en ses éléments essentiels; il
le trajet de la bande lumineuse étroite, et l'on
voit alors sur l'écran dont il vient d'être question est parvenu à en réatiser la synthèse et cela par
plusieurs procédés. Voici l'une des méthodes em-
un spectre très pur à couleurs vives et parfaite- ployées l'expérience est très concluante. On t
ment distinctes. sept miroirs concaves parfaitement mobiles sur
Newton a le premier interprété avec une grande des supports distincts; on fait tomber sur leur
exactitude ce phénomène de dispersion de la surface
lumière; il a prouvé par des expériences décisives nées les diverses couleurs du spectre qu'a don-
prisme dans les conditionsdéjà indiquées
un
que la lumière blanche est composée d'une mut- le violet sur le premier miroir, le bleu sur le se-
eond, et~ <t on dirige têt axes des rémecteursles de suite,
si tefatMeau lumineux auquel elle donne nais-
manière a faire aboutir en un même point sance.
Si quand il sera décomposé par te prisme, ne
images colorées qu'ils fournissent.On constate que pourra
p que reproduire, en tes distribuant brillantes
sur un
qui est spectre étalé, les seules radiatioM que
S. cette façon l'image résultante, celle image. la
a]
h dite vapeur a émises: en aura donc un spectre
produite par la nperposition de toutes les en conclnt discontinu,
d eompMe d'un certain nombre de
Mrtielies,est parfaitement blanche. On
hrcement que l'ensemble de toutes les couleun banda b lumineuses Mparées les unes des autres
constitue bien par de* espaces obscura, Tel est en effet le
que présente le spectre complet p
~énomtue observé dans ce CM. SHa source
& lumière blanche. “ pour iumineuM
F
t est un corps solide non volatil émettant
L'appareil des sept miroirs rend facile radiations de tout genre, le Ipectre qui lui
l'expérimentation la détermination des conieuM des d
ira du rouge an violet <aM interrup-
complexes qui sont fournies par le mélange de correspondra c
deux on trois des couleurs simples du spectre. Il tion, t sans intervaltea oblcura, et tes raiës noires
3 feront
complètement défaut.
sufBt. par un mouvement convenable des miroirs, y point expliqué. D'autre part,
de superposer uniquement les imagesconvenable- que don- Voilà un premier l'étude de la chaleur rayon-
nent deux ou plusieurs d'entre eux ( a démontré, daM
on
nante t'égaUté du pouvoir émiMif et du pouvoir
ment choit! j la 1absorbant,
égaUté qui est toujours rigoureuse-
t~e* phénomènes )ti euriem qui rétuttent de < 1
quand il t'agit d'un m6merayon de
décomposition et de la recomposition de la lu- ]ment exacte, d'une réfrangibiUté déterminée.Or. ce qui
mière blanche permettent d'expliquer simplement chaleur encore vrai, dana es.
la coloration spéciale présentée par 517.) chacun des est vrai pour la cnateurest M/!<MctOM, M/ac~M).
de la nature. (V. CoM<<M!t, page pèce, -pour la lumière (V.
corps du
daMi'eïpériencedéjà citée Bpeetfeeon-
Ba<« ou spectre M&m-e. Le spectre so- Si donc, fourni par un corptaoUde,noMinterpOMna<ur
laire n'est pas continu son défaut de contmuité tinu
devient manifeste quand on le produit aussi pur le tratet du faiaceaulumineux une atmosphère con-
prisme de flint stituée par vapeur la incandescente de Mdium, –
poisible en employant un a-
que prenonsle sodium commeexemple, parce qu
bien homogène, dépourvu de stries et de bulles, nouslui l'expérienceest facilement réaSsaMe,
et en opérant, en outre, commeil a été indiqué plus vec
On les régions de celle-ci, au! a un grand pouvoir émissif pour les
trouve alors dans toutes noires rayons jaunes, absorberales dits rayons t raison
haut. de
lumineux multitude de raies
ce
ou espectre une
lignes obscures. parallèles entre elles et son grand
parallèles en même temps aux bandes chroma- tion, et dès
pouvoir absorbant pour la même radia-
lors le spectre primitif cessera d'être
manqueront dans
dques brillantes; eHes représentent comme au- continu les rayons absorbés trouvait tout à l'heure la
fait impor- ce spectre. Là où se
tant de solutions de continuité. CeNewton; apparaltra. C'est
tant n'avait pu être constaté par premtère ilfoisalignephénomène brillante D, une raie noire
été reconnu et étudié pour la
ensuite. Ce reies.
ce qu'on a nommé lMoer<MM des

par Wollaston, et par Frauenhofer Une conséquence importante se déduit de cette


dernier physicien proposa même un classement, explication. Les raies noires du spectre obtenu,
qui a été conservé, de ces raies obscures en septt1 les places qu'elles
aux principales y occupent pourront servir dé-
groupes principaux se rapportant à reconnaître la nature des vapeurs
couleurs du spectre, et il a désigné chacun de cest sormais lumineuse,
groupes par des lettres majuscules A, B, C, jus- incandescentes existant dans la source le foyer
qu'à H. La raie A se trouve dans le rouge, D dansi soit que ces vapeurs le trouvent dans iatmo-
dans
le jaune, etc., H dans le violet, etc. Un peugrand plus9 iui-meme, soit qu'elles se montrent analysant,
tard, en recourant à des réfracteurs d'un des1 sphère quisoin l'entoure. C'est ainsi qu'en
minutieux, le spectre du seleti à
pouvoir dispersif et en multipliantle nombre avec un
du spectroscope groupement de prismes
prismes qu un même faisceau lumineux doit tra-i l'aide on est
verser, on a reconnu que les grosses raies, qu'on possédant un grand pouvoir dispersif, potassium,
avait crues d'abord simples, se dédoublaient elles-a du arrivé constater la présence du
m6mes en une foule de raies plus petites qu'on a sodium, du fer, du chrome, du nickel, etc.,
qui permettent d'indiquer au- dans l'atmosphère dude cet astre,etc. et, an contraire,
pu numéroter etmanière précise, quand on faitt l'absence de l'or, mercure, C est encore
jourd'hui d'une a ainsi qu'on a pu découvrir de nouveaux métaux,
expérience, quel est le rayon sur lequel on
une
opère. rubidium, MBsmm, thallium, etc., dans des pro-
Les raies obscures existent dans le spectre, duits minéraux où leur proportion était si mimme
quand il a pour origine un gaz ou une vapeur in-h que les réactions chimiques ordinaires n'y avaient
candescente et que la radiation qui en provient~t rien signalé d'inconnu. Mais le spectre de la va-
de ces produits minéraux contenait des raies
traverse avant d'arriver au prisme un gaz ou unee peur conclu qu'il y avait des corps
vapeur de même nature. Le spectre est au con- t. nouvelles; on en a recherches chimiques bien
d'unn simples nouveaux. Des
traire continu et brillant quand il provient permis de les isoler.
solide lumineux non susceptible de volatilisation, L dirigées ont en effet
à laquelle il trouve La spectroscopie représente donc une méthode
au moins à la température se e
chimique des plus exactes, nous pouvons
porté. Quand la source lumineuse est simple,). d'analyse quelle est
quand elle consiste, par exemple, en une vapeur Ir dire aussi des plus précieuses, parce physicien, de son
e plus sensible que tout autre. Le
métaltique d'espèce unique placée dans la flamme journellement l'atmosphère du
du gaz de l'éclairage ou dans l'arc voltaïque, lee cabinet, analyse la lon-
de lignes !S soleil. H constate
la présence il
et mesure
spectre se réduit à un certain nombreemployé des jets d'hydrogène qui en émanent par
brillantes qui sont spéciaies au métal et
!t gueur les protubérances
!i intervalles et qu'on a nommés
qui sont alors caractéristiquesde ce métal; ainsi étoiles, des comètes,
le sodium est caractérisé, en particulier, par une e il étudie la constitution desil arrive à cette con-
bande brillantejaune correspondant au groupe D D même des nébuleuses, et
des raies noires du spectre solaire. clusion, tous les jours connrmée par des observa-
is tions nouvelles les astres qui
peuplent le flrma-
MM. Kirehhoff et Bunsen ont donné de ces mêmes éléments sun-
faits curieux une explication rationnelle, aujour- r- ment sont composés des
d'hui adoptée par tout le monde. Quand une le pies que notre terre, l'hydrogèneles en particulier
elle a se retrouve partout, jusque dans plus faibles
-vapeur est portée à une haute température, te nébulosités que nous apercevons avec
les té-
une couleur qui lui est propre et qui représente
1& résultante des rayons colorés émis par elle. Par tr lescopes.
VI!. T~oftM de la /Mn!t'e~ Jusqu'à présent, vitesse, elles vont choquer les obstacles placé: sur
nous avons examiné le mode de propagation de leur route et rebondir à leur surface comme des
la lumière et mesuré sa vitesse nous avons indi- balles étastiques,de même que la bille d'ivoire
qué les méthodes qui permettent de comparer les rebondit sur la bande d'un billard qu'elle atteint,.
intensités des diverses sources nous avons, enfin, en faisant l'angle de réflexion égat à l'angle d'in-
suivi le rayon lumineux dans les différentes modi- cidence et c'est là précisément,on le sait, la loi
ncations qu'il subit en se propageant rénexion, fondamentale de la réflexion de la lumière à la
réfraction, dispersion nous avons fait, en un mot, surface de séparation de deux milieux. On expli-
ce qu'on a appelé, avec raison, l'etude géométrique quait, de la même façon, et très simplement, la
de a lumière. Le calcul, un calcul élémentaire, réfraction, la dispersion, tes lois relatives à l'in-
s'applique, en effet, très simplement aux lois tensité de la lumière, en un mot, tout ce qui a~
expérimentales que les physiciens ont découver- rapport à l'optique géométrique. Mais tes difficul-
tes, et l'on a pu même analyser mathématique- tés se ilmontraient, et cette fois très sérieuses,.
ment, jusque dans ses moindres détails, )e disposi- quand s'agissait do rendre compte des phéno-
tif des instruments d'optique, lunettes, micro- mènes de la nouvelle optique, des interférences,
scopes, etc., dont la contruction est exclusive- deHuyghens, la diffraction, etc.
ment fondée sur ces lois elles-mêmes. V. Opti- Young et notre Fresnel sont tes vé-
que (Instruments d'). ritables auteurs de la théorie nouvelle, de la
Tout cela a pu être entrepris et mené à bonne théorie admise aujourd'hui par tous les physi-
An sans qu'il soit devenu nécessaire de se deman- ciens et qu'on a nommée théorie des on<<M/n-
der en quoi consiste l'agent lumineux et quelle tions. Voici en quoi elle consiste 11 existe dans
est sa vraie nature. Les questions qu'il nous reste tout l'espace, dans celui qu'on appelle le vide
maintenant à examineret qui forment le domaine interplanétaire,comme dans l'intérieur des corps,
de la haute optique, exigent, au contraire, pour et entre leurs molécules, un milieu éminem-
être résolues, la connaissance de la théorie géne- ment élastique, l'éther, qui est le véhicule de la
ralement admise pour expliquer les phénomènes lumière, de même que la matière pondérable est
lumineux. Il demeure entendu que nous noue appe- le véhicule du son. Un corps est lumineux parce
santironspeu sur cet ordre de faits, parce que leurs qu'il a la faculté d'exciter un ébranlement dans.
applications aux choses de la vie sont moins nom- l'éther qui le baigne, et cet ébranlement va se pro-
breuses et moins importantes et qu'ils exigent le pageant ensuite de proche en proche, avec la rapi-
plus souvent l'emploi du calcul infinitésimal pour dité que nous savons, dans tout l'éther environnant.
être bien compris. Toutefois, dans la haute optique Le mouvement propagé par l'éther, analogue à celui
comme dans l'optique géométrique, se trouve une qui produit le son dans les milieux pondérables,
partie élémentaire pouvant avec avantage être est un mouvement de va et vient, un mouvement
introduite dans l'enseignement secondaire et pri- vibratoire, comparable, moins l'amplitude etappelle la du-
maire, et qui chez nos voisins figuredéjà dans les rée, à celui d'un pendule. Dans ce qu'on
programmes de ces enseignements. On comprend le vide. l'éther a partout et dans tous les sens la
difficilement qu'en France on ait jusqu'à ce jour même densité cette densité change au contraire
systématiquementréservé à l'enseignementsupé- quand il se trouve dans les interstices d'une subs-
rieur l'étude de tout ce qui a rapport & la diffrac- tance pondérable, gaz, liquide ou solide. Les mo-
tion de la lumière. !1 y a là des faits intéressants, lécules du corps exercent évidemment sur lui,
susceptibles d'une application pratique, et qu'il il une action spéciale qui modifie sa constitution,.
serait utile de vulgariser. Il arrive même que, dans les corps cristallisés, son
Quoi qu'il en soit, occupons-nous
-upons d'abord des élasticité est variable autour d'un même point sui-
théories de la lumière, en conservant cet exposé vant qu'on choisit telle ou telle direction danst'in-
un caractère tout à fait élémentaire. La plus térieurdu cristal, à partir du point considéré. Des
ancienne, la seule qui ait eu cours jusque vers le modificationsdu même genre sont encore produites
milieu duxvn' siècle, est la théorie de l'émission; dans l'éther qui remplit un corps solide, quand on
elle eut un adepte éminent, Newton,et jusque dans fait subir à ce derpier des compressions, des dilata-
ces derniers temps elle conserva d'ardents dé- tions, ou même des flexions;ondulations en un mot, pour les.
éthérées,
fenseurs. Le dernier et non le moins célèbre fut partisans de l'hypothèse des
Biot, mort en 1862, qui, jusqu'à la fin de sa vie, <e mouvement vibratoire de l'éther, c'est la <M~M~'e;
demeura ndèle à la théorie de l'émission et fit l'immobilité de l'éther c'est l'obscurité. Aucune
de vrais tours de force en analyse mathématique particule ne se détache du soleil, des étoiles, etc.,
pour expliquer, à son aide, quelques phénomènes pour venir jusqu'à la terre c'est une communica-
de la haute optique. tion, une transmission de mouvement ondulatoire
L'idée de l'émission de la lumière se présente, qui se produit dans le milieu éthéré interposé entre
il faut le dire, la première à l'esprit de l'expéri- les deux astres.
mentateur. Il semble naturel de penser que, si les De toutes les expériences qui sont venues don-
corps lumineux sont en rapport avec nous, mal- ner à la théorie d'Huy~hens une éclatante confirma-
gré la grande distance à laquelle quelques-uns tion, la plus conctuMte est, sans contredit, l'expé-
sont placés, c'est qu'une portion de la matière rience dite des miroars de Fresnel, laquelle se trouve,
qui les constitue se détache à chaque instant de au contraire, en contradiction &)rme)le avec
leur masse pour atteindre l'organe de lavision; ils l'hypothèse de l'émission. Fresnel fait tomber sur
doivent, pensait-on, lancer dans toutes les direc- deux miroirs plans A et B, formant entre eux un
tions des particules émanées de leur surface. Ces angle fortement obtus, des faisceaux lumineux pro-
particules traversent l'espace avec une grande venant d'une même source. Une réflexion a lieu sur
rapidité, et elles sont tellement déliées qu'elles chacun des miroirs, et il en résulte des rayons ré-
peuvent même passer entre les molécules de cer- ûéchis par le miroir A qui se rencontrent sous
tains corps solides ou liquides, des corps dits un angle très faible avec les rayons que réfléchit
transparents, pour continuerensuite leur marche le miroir B. Un écran convenablement placé en
au-delà de ces corps. C'est ainsi qu'en pénétrant avant du miroir les reçoit à leur point de rencontre.
dans les milieux de l'œil et en les parcourant Ces rayons qui se coupent ainsi à des distances
dans toute leur épaisseur, elles peuvent parvenir variables du miroir o~t des différences de marche
jusqu'à l'épanouissementdu nerf optique, jusqu'àà ou d'espace parcouru qui peuvent être mesurées
la rétine et là, par leurs chocs répétés, produire avec exactitude par des méthodes géométriques.
cette sensation spéciale que nous appelons la vi- Or, le fait observé est celui-ci sur l'écran se-
sion. C'est encore ainsi qu'animées d'une grande montrent des bandes alternativement brillantes et
obscures dont la direction générale est parallèle à calcul mathématique à l'analyse des phénomènes de
la ligne d'intersectiondes deux miroirs. La bande <<t~f<te<tOK, les moindres particularités que pré*
centrale est brillante,elle correspond à une égalité sentent les expériences. Ainsi, on rend compte des
de marche des rayons concourants qui la forment; à franges brillantes qui se produisent dans 1 ombre
droite et a gauche, et a égaie distance de la bande géométrique produite par un écran opaque quand
centrale, est placée une première bande obscure un faisceau lumineux rase ses borde. On se
qui correspond à une différencede marche d des rend compte de la production d'une lumière
rayons concourants. Puis viennent, systématique- assez vive au centre même de l'ombre portée par
ment placées à gauche et à droite de la bande un disque circulaire opaque de diamètre étroit,
centrale et en s'éteignant d'elle, des bandes ou, ce qui, au premier abord, avait semblé para-
comme on les nomme habituellement,des franges doxal. Les anneaux colorés des lames minces,
bnttantes se rapportant à une différence de des bulles de savon par exemple, s'expliquent
marche M des rayons qui tes forment, puis de encore dans la théorie des interférences en
part et d'autre une seconde frange obscure répon- partant toujours des principes de l'hypothèse des
dant & une différence de marche M des rayons ondulations.
concourants, et ainsi de suite. D'une manière gé- VIII. Effets divers produits par les radiations
nérale, tes bandes brillantes correspondent à des des eofpt ~Mntt~etcc. – Prenons comme exemple
dinérences de marche les radiations solaires. Quand un faisceau de lu-
0. 2d. <cf. ad. etc. mtère qui provient du soleil a traversé un prisme,
le spectre obtenu ne se compose pas seulement
les franges obscures à des différences:: de rayonscapables d'impressionnerlarétine et d'a-
D. 3d. 5d. 7d. etc. mener en nous une sensation lumineuse; il existe
encore au delà du violet et en deçà du rouge des
Comment comprendre l'existence de ces der- radiations spéciales que notre œil ne discerne pas,
nières dans t'hypothèse de rémission? Quelle que mais que des instrumentsconvenables ou des réac-
soit l'inégalité des espaces parcouruspar les rayons tifs appropriés peuvent rendre manifestes. Au delà
tnmineux, it n'en est pas moins vrai que des l'ins- du violet, les radiations nouvelles dont nous par-
tant que deux rayons concourent, le prétendu choc lons sont capables de décomposer certains sels ha.
des particules lumineuses du premier rayon s'étant loides d'argent, l'iodure d'argent par exemple; en
ajouté au choc d'autres particules lumineuses du deç& du rouge, les rayons non lumineux qui y sont
second rayon, une clarté plus grande devrait être dispersésagissent sur le thermomètreet détermi-
!a conséquence de ce concours. La production nent une élévation sensible de température.Aussi
d'une frange obscure dans ces conditions est donc a-t-on été conduit tout d'abord à distinguer dans
bien évidemment incompatible avec ta théorie de le spectre solaire trois spectres différents, se su-
rémission. perposant en partie: un spectre calorifiqueempié-
Avec le système des ondulations, au contraire, tant d'une part sur le spectre lumineux et s'éten-
tout s'explique. Le rayon lumineux, cette fois, est dant de l'autre côté bien au deUt du rouge un
constitné, nous le savons, par un mouvement on- spectre lumineux, compris entre le ronge et le
dulatoire de t'éther. Or, si les deux rayons ré- violet; et enfin un spectre chimique empiétant
fléchis par tes miroirs se rencontrentau point où d'une part sur le spectre lumineux et s'étendant
~a molécule d'éther qu'ils ébranlent l'un et l'autre ensuite beaucoup plus loin que le violet. Est-ce
<st sollicitée par eux à se mouvoir dans le même à dire, comme quelques-unsl'ont pensé et écrit,
oens, la vitesse de ecette motécnte est égale à la que le soleil envoie dans l'espace trois sortes de
somme des vitesses individuelles que possèdent rayons des rayons calorifiques, des rayons lumi-
les deux rayons, elle est donc augmentée et la neux et des rayons chimiques? Non chaque rayon
lumière produite devient plus intense de la est capable, quoique à des degrés différents, de
tes franges brillantes. Si, au contraire, au moment produire les trois effets tout dépend de la nature
du concours des deux rayons, tes vitesses de l'é- et des propriétésdu corps qui reçoit le rayon con-
ther provoquées par chacun d'eux sont de sens sidéré et qui en subit l'influence.
inverse,la vitesse résultante est égale a leur diffé- La sensibilité de notre rétine est comprise entre
rence, la ctarté produite est donc diminuée. Si certaines limites; elle n'est mise en jeu qu'autant
même les deux vitesses composantes sont égales, que la radiation qui lui parvient a une longueur
comme elles sont de signes contraires, l'immobi- d'onde plus grande que 428 millionièmes de milli-
lité de t'éther en sera la conséquence, et alors de mètre et plus petite que 620 millionièmes. Il en
la lumière ajoutée à de la lumière produira de est de même pour notre oreille, qui ne peut être
fo~eMrtM. impressionnée par un son qu'autant qu'il n'est ni
Cette expérience célèbre des interférences des trop grave ni trop aigu. Rien n'empêche que la
rayons lumineux est très décisive, on le voit, en rétine de tel autre ammal n'ait un degré de sen-
faveur du système des ondulations. sibilité autre que la nôtre et ne perçoive, par
Elle a permis en outre de mesurer la longueur exemple, ou des rayons ultra-rougesou des rayons
d'ondulationdes rayons lumineux de diverses cou-
leurs, et de constaterque celle-ci varie avec l'espèce
t
ultra-violets qui laissent notre rétine &nous tout
fait insensible.Il faut ajouter d'ailleurs qu'il y a
des rayons considérés. Dans tous les cas, cette une autre cause, et celle-là est prépondérante,
longueur est très petite, comme on va le voir qui s'oppose elle aussi à l'impressionnabilité de
~ï3 millionièmes de millimètre pour le rayon vio-
notre nerf optique par l'ultra-rouge et l'ultra-
~et, 620 millionièmes de millimètre pour le rayon
violet c'est que les milieux de l'œil, on l'a dé-
rouge, et elle va en croissant, d'une manière con-
montré, qui sont nécessairement traversés par les
tinue, depuis le violet jusqu'au rouge. radiations de tout genre avant que celles-ci ne
En combinant maintenant cette donnée nnmé-puissent frapper la rétine, ont la propriété d'ab-
Tique, la longueur d'onde, avec le nombre déjà
sorber en grande partie le. deux sortes de radia-
4ndiqué plus haut pour représenter la vitesse de
tions dites obscures.
la tumière, on arrive a reconnaître que le nombre
La même chose est vraie pour ce qui concerne
d'oscillations par seconde qu'exécute une molé-
les actions chimiques et calorinqnes du spectre
cule d'éther est véritabtemtnt énorme, de 704 tril-
solaire. L'action chimique n'est localisée ni dans
tions quand il s'agit de la lumière violette, et de
le bleu, ni dans le violet, ni dans l'ultra-viotet;
<80 trillions quand c'est la lumière rouge qui se
elle existe partout, dans le spectre obscur comme
propage. dans le spectre lumineux, mais avec une intensité
On explique complètement, en appliquant le très variable; et, ici encore, l'effet obteau est en
relation avec l'espèce du réactif employé. Alors de ces mouvements et des inégalités qu'ils présen-
bromure d'argent ne sont dé- tent. des difficultés considérables lacompliquée, thëone de
que l'iodure et leradiation spectrale qu'à partir de la lune est ainsi la plus difficile,la plus
composés par la
la région voisine des raies F, G et H jusqu'à mais, par cela même, c'est la plusintéressantedelà
t'extrême violet, le chlorure d'argent subit, lui, mécanique céleste; aussi a-t-elle été pour cette
partir du rouge. En un science l'occasion d'importants progrès.
une action très sensible à Mais à ces considérations d'ordre scientifique,
mot il existe un certain rapport entre la longueur motifs d'intérêt que tout le
d'onde du rayon capable d'agir et la nature chi- se joignent d'autres
mique, ou mieux, le groupement moléculaire du de monde peut aisément comprendre. C'est l'action
réactif mis en jeu. la masse de la lune, combinée avec celle du
aux soleil, qui produit les oscillations périodiques de
Le même raisonnement s'applique enfin fois, la mer, les marées*. Une influence analogue, mais
radiations calorifiques. Il n'y a encore, cette
qu'une différence d'intensité d'une région à 1 autre beaucoup plus faible, s'exerce sur les couches de
Les préjugés très enracinés du
du spectre. Quand on se sert, pour disperser la l'atmosphère. donnent à la lune, à son influence sur
lumière du soleil, d'un prisme de sel gemme qui public de temps, les vents et les pluies,
laisse passer également les rayons calorifiques de les changements
toute longueur d'onde, et qu'on promène ensuite une importancebien autrement grande que celle
dans toute l'étendue de ce spectre un thermomètre qu'ont pu constater les observations scientifiques.
sensible, on constate que la température va en Mais ces croyances exagérées, presque universel-
croissant du violet au rouge; que l'accroissement lement répandues, sont elles-mêmes une preuve
continue au delà du rouge dans la partie obscure, de l'intérêt qui s'attache à tout ce qui regarde
jusqu'à une petite distance et qu à partir de ce notre satellite. donc devoir décrire,avec queiques
maximum, elle décroît de plus en plus à mesure détails, Nous croyons
qu'on s'écarte davantage de la portion lumineuse. les phénomènes lunaires, en laissant de
Ajoutons qu'on a pu constater dans 1 ultra- côté les A:<tpsM et les marées qui sont l'objet
rouge et l'ultra-violot des solutions de du
continuité, d'articles spéciaux dans ce Dictionnaire.
spectre Mouvement de translation de la lune autour de
des raies analogues aux lignes obscures la terre. Deux phénomènes, accessibles l'un et
lumineux. la réa-
IX. Phosphorescence. – SignatoM enfin une l'autre à l'observation vulgaire, démontrent
propriété très curieuse, manifestée par quelques lité du mouvement de circulation de la lune au-
ou alcallM ter- tour du centre de gravité de notre globe.
corps certains sulfures alcalins le bois L'un consiste dans les phases ou apparences
reux, les écailles d'huttresditsBaleinées,
phosphorescents. lumineuses présentée* par le disque lunaire, et
pourri, etc.; ces corps aont qui sont la conséquence des positions successives
Quand ils ont subi une insolation prolongée, ils de la lune occupe relativement à la
sont capables de constituer pardeeux-mêmes une que le globe
Quand la lune a la même longi-
véritable source de lumière et répandre une terre et an soleil.
c'est-à-direquand leurs
tude que ce dernier astre,
lueur dans l'obscurité. Seulement il est remar- Centres sont dans un même plan perpendiculaire
quable que la lumière propre qu'ils émettent à l'écliptique (fig. 1),-notre satellite tourne vers
dans cette circonstance correspond toujoursquià nous son hémisphère obscur la lune est nou-
une longueur d'onde plus grande que celle Si sa
appartenait aux rayons excitateurs. En général, velle ou en co"jo'!c<tOM; elle est invisible. inférieure
latitude était en même temps nulle ou
du reste, une radiation est d'autant plus propre à & t* environ, il y aurait éclipse totale ou partielle
provoquer la phosphorescence dans un corps du soleil.
qu'elle est plus réfrangible ou, si l'on veut, que A partir do ce moment, la lune a éloigne en
sa longueur d'onde est plus faible. Les rayons
du soleil; la différencede longitude des
ultra-violets en général exercent, dans ce sens, apparence deux astres en augmentant; quand, après un
une action plus énergique que les autres radia- intervalle devasept huit jours, elle atteint 90',
tions. est au premier quartier; la moitié de
La durée de la phosphorescence dans les corps la lune et dans l'inter-
est du reste très variable selon leur nature et leur valle son disque se trouve éclairée, comoMncé
phase lumineuse, qui par un
état moléculaire. Elle persiste plusieurs heures mincelacroissant, été
a
augmentant d'une ma-
a en
dans le sulfure de strontium, une demi-seconde nière insensible. La Lune est alors en quadrature.
dans le spath calcaire; de seconde dans le Elle
dans solution passe sept ou huit jours ptus tard en oppo~:<!on,
verre d'urace; de seconde une et alors la différence des longitudes de la lune
de sulfate acide de quinine. En outre ce dernier et du soleil est de 180'. La lune montre son dis-
corps prend une coloration d'unultra-violette
très beau bleu que entièrement éclairé c'est la pleine lune;
quand on le place dans la région du c'est aussi l'époque où ont lieu les éclipses de
spectre. Un effet du même genre est encore ma- lune, partielles ou totales.Puis, après une période
nifesté par quelques infusions végétales et en encore égale, on arrive au dernier quartier (diffé
particulier par l'écorce du marronnier d'Inde. Onrence de longitude de 270") le disque est éclairé
avait donné à ces dernières substances le nom de a moitié sur son côté occidental. Enfin, au bout
substances~MoretceK~s à raison de cette propriétéd'un intervalle de huit jours, la phase se réduit à
spéciale, mais, en réalité, la fluorescence n'est un croissant de plus en plus mince, pour dispa-
qu'un cas particulier de la phosphorescence. Il ra!tre tout à fait ou retombe sur la eoï~'otchoM
n'y a pas lieu d'établir entre les deux ordres ou nouvelle lune.
de phénomènes une distinction fondamentale. Ces apparences ou phases s'expliquent de la
[A. Boutan.] façon la plus simple par le mouvement de la
LUNE. Cosmographie,V. La lune est cer-lune autour de la terre, dans le sens de l'occi-
tainement pour nous, après le soleil, le plus im- dent à l'orient. Un satellite coup d'œit jeté sur la figure 1,
portant des corps célestes de notre système. Sa quiprésentenotre dans ses principales po-
proximité de la terre permet aux observateurs sitions sur son orbite, suffira pour montrer com-
d'étudier en détail les accidents de sa surface, ment les phases lunaires sont liées à ces posi-
et sa constitution physique; les particularités detions. La période comprise entre deux conjonc-
semblables est de 29 jours
son mouvement de circulation autour de la terre tiens ou deux phases
sont, par la raison même de sa faible distance, t2 heures 44 minutes 3 secondes. C'est ce qu'on
extrêmement sensibles aux procédés de mesure as-nomme la
tronomiques il en résulte, il est vrai, pour la théorie Le ~uo~M<t(K!S!/Mod~MC.
second phénomène, intimement lié aux
~î~?"
.phMM et rMhnt comme Mt)e.<t le

WtataMet elle parcourt


têt COMteUttioM, dans le n)6me
menTement )tai-meme,
1
sur la TotMcétMte, et en d'à
1
apparent qn'elle foia
14
MeeeMtvMMnttoute. diurne
<
mai* MM unê vitette
Mmi grande. Le soleil chaquepeu
peu près Ter* f
t
près trehe
jour a'Mtaee
l'orient; le meaTement moyen
de la lune est de )a* t0'; de sorte que son
sens que le soleil passage
t au méridien retarde chaque jour d'enYi-

Hg. i. Orbite de la Lune. –frincipttet phMes.

ron M minntea. En 21 jonm 7 heures 43 minutes Itater. En notant, & un


H secondes 5, elle est revenue à son point de dé- a une étoile, moment donne, M distance
on voit, une deux heures après,
part, et )a durée de cette période est ce)ie de M cette distMce augmentée oudiminuée
f<uoM!o<t <t~ra<e. Dam le cours d'une nuit, ou selon la po-
ce s!tt<Jn du disque & l'orient ou & l'occident de Fe-
mouvement apparent de la lune eet facile à cons- toile.

Fig. 2. Révolution synodique tt révolution sidérale.

A quoi tient la différence d'environ 2 jours Il est aisé de se rendre compte de cette diffé-
5 heure* que l'on constate entre la rëvoiution syno-
diqne de la tune et sa révoiution sidérate? Pour- rence, si l'on réûëchit que la terre tourne autour du
soleil, pendant que la lune tourne eUe-meme autour
quoi la lune met-elle plus de temps & revenir au de la terre. La lune étant nouvelle en L (Bg.
eoteU qu'à une étoile donnée? 2),
c'est que la ligne TL passe par le soleil quand
cette ligne sera, après une révolution complète lune se trouve à l'une des syzygies, c'est-à-dire
autour du centre de la terre T, revenue en T'L' à l'opposition ou à la conjonction.
parallèle à sa position première, la )'~t)0<M<:OK M- Les noeuds de la lune ne conservent pas la
dA-a~e sera accomplie; pour nous, le centre de la même position d'une révolution à l'autre; ils rétro-
lune correspondra au même point du ciel, à la gradent, c'est-a dire marchent en sens inverse du
m6meétoile. Mais la lune ne sera pas encore en con- mouvement de la lune. Ils accomplissent un tour
jonction ce n'est qu'aprèsun intervalle nouveau de entier dans une période de ttt ans 9/3 environ.
ï jours 5L'heures que, la terre étant en T" et la C'est dans une période un peu différente, de 18 ans
lune en la ligne T"L" passera de nouveau par 11 jours, que le soleil,!a lune et laterre se retrou-
te soleil, ou que, du moins, les deux astres au- vent dans une position identique, et qu'alors les
ront même longitude. éclipses qui ont eu lieu dans la période antérieure
L'orbite de la lune autour du centre de gravité se reproduisent à peu de chose près tes mêmes.
4e la terre considérée comme immobile est une Quelle est la forme de l'orbite lunaire? En mesu-
courbe dont le plan ne coinçide pas avec le plan rant jour par jour tes dimensions apparentes du dis-
de l'orbite terrestre. Son inclinaison sur ce der- que de la lune, on trouve qu'ellesvanent d'une façon
nier est égale, en moyenne, à 5° 8' 48". A chacune continue entre deux limites extrêmes, ce qui prouve
de ses révolutions, la lune coupe donc deux fois que la distance de ta terre à son satellite varie en
l'écliptique ce sont ces points qu'on nomme les sens inverse des dimensions du disque. L'orbite
no'MM l'un d'eux est e nœud <Meett<~Mf, parce qu'il n'est donc pas circulaire.C'est en effet une ellipse,
se rapporte au passage de la lune de l'hémisphère courbe ovale dont le centre de la terre occupe un
austral dans t'hemisphère boréal; l'autre est le foyer, <t dontle grand aie ne conserve pas dans
nœud descendant. C'est quand la lune est dans le l'espace une position invariable. La lune est au
voisinage d'un de ces nœuds ou à ce nœud m6me
éclipses,
p~e,
plus
quand elle occupe l'extrémité de l'axe la
voisine de nous; elle est à l'apogée, lort-
qu'ont lieu les phénomènes des parce
qu'alors seulement le soleil, la terre et la lune qu'elle se trouve à l'autre extrémité.
peuvent avoir leurs centres ou au moins une partie Quand nous disons l'orbite lunaire, nous enten-
de leurs points en ligne droite; et c'est par cette dons parler de la ligne que la lune trace à chacune
raison que le plan de l'orbite de la terre a été de ses révolutions, dans i'hypothèse de l'immobi-
nomme écliptique; il faut que la lune soit dans lité de h terre. C'est cette courbe qui est affec-
ce plan pour qu'il y ait éclipse. Seulementla con- tée, dans set eMmentt, d'une série d'inegatites
dit4on n est pas suffisante: il fant encm'e que la ou perturbations dont nous n'avons pas a parler

Fig. 3. la Terre et la Lune, dans leun vrais rapport* de dimentiont et de distance.

ici, et dont s'occupent les astronomes qui étudient soleil, d'où il suit que !t distance du soleil est
la théorie de la lune. Mais, en réalité, puisque environ 385 foM plus grande que celle de la lune.
la terre se meut autour du soleil, en même temps En rappelant ces donnée* d'astronomie, le pro-
que son satellite gravite autour d'elle, la courbe fesseur pourra, à l'aide de comparaisons famiiiè-
que trace la lune dans l'espace est fort com- res, essayer de les graver dans la mémoire des
pliquée c'est une suite de courbes sinueuses de enfants. Par exemple il leur fera calculer le temps
forme cyclotdate, présentant leur concavité au que mettrait un train express de chemin de fer
soleil. établi entre la terre et la lune ils ne trouve-
Quel est !e rapport des distances de la terre à raient guère moins de 300 jours; un boulet de
la lune et au soleil, ou si l'on préfère, quelle est canon, conservant sa vitesse initiale de 500 mètres
la distance de la terre à la lune, mesurée en par seconde, mettrait environ 8 jours 5 heures à
rayons du globe terrestre? C'est un problème qui franchir la même distance. Enfin, le même projectile
a été résolu approximativement par les anciens, mettrait près de 10 années pour arriver au soleil.
mais dont le calcul exact, avec les procédés de me- Dimensions de la lune. La distance de notre
sure de la science moderne, n'onre pas de diffi- satellite étant connue, un calcul très simple per-
culté sérieuse. On a trouvé le nombre 60.2Ï3, c'est- met, d'après ses dimensions apparentes (3!' S* ou
à-dire
que le centre de la lune, à sa distance à peu de chose près le diamètre apparent du so-
moyenne de la terre, et le centre de notre globe leil), de calculer ses dimensions réelles. Son dia-
sont séparés par un intervalle d'un peu plus de mètre est égal a0.2t3 rapporté au diamètre équa-
60 rayons équatoriaux terrestres et 1/4. C'est envi- torial de notre globe c'est un peu plus du quart.
ron 384 500 HIomètres, ou 96 125 lieues. A l'apo- En considérant la terre et la lune comme sphé-
gée, la distance de la lune est plus grande, et au riques, on trouve, pour la surface de notre salel-
périgée, plus petite la différence, en chacun de ces lite, le treizième environ de la surface terrestre
cas, est des 55 millièmes de la distance moyenne pour son volume, entre le 49* et le 50° (flg. 4).
c'est ce dernier nombre qui exprime la valeur de Traduisons en unités kilométriques ces nombres
t'excentricité de l'orbite lunaire. Il s'agit ici des relatifs. Le rayon de la lune mesure 1 T40 kitom.,
distances des centres si l'on voulait obtenir les soit 435 lieues son diamètre, 3 480 kilom. ou 870
distances des points les plus rapprochés des sur- lieues. Enfin sa surface évaluée en kilomètres
faces des deux astres, il faudrait ôter, des nom- carrés donne le nombre approché 38 000 000 c'est
bres cités, la somme des rayons de la lune et de près de 4 fois la superficie du continenteuropéen,
la terre, soit environ 8 120 kilomètres. un peu moins que celle de l'Asie c'est un excès de 8
La figure 3 représente la distance de la lune millions sur la surface du continent africain.
à la terre en proportion exacte avec les rayons Mouvement de rotation de la lune. La lune,
des deux astres. Il est bon de rappeler qu'il y a comme tous les corps célestes de notre monde so-
environ 23 200 rayons terrestres de la terre au laire, est seumise, dans son mouvement de trans-
lation ctreamtMrestre, aux lois de Kép)er, ou plus grande. Il tourne au contraire, si ces divers point*
jnctHment aux toi* de la gravitation. A-t-elle, sont successivement présente* à tous les pointa
comme tous, ces autres, un mouvement do rota- d'une circonférence qui l'enveloppe. Or, la lune
tion sur ette-meme ? C'est ce que examen de sa est dans ce dernier cas, par le fait de son mouve-
surface permet de décider, même sans qu'il soit ment de circulation autour de la terre l'une quel-
besoin do faire usage de télescopes. Les taches conque des taches qu'elle nous présente sans
du soleil, celles qu'on aperçoit sur Mars, sur cesse est donc successivement tournée vers des
Jupiter, ont permis, par l'étude de leurs déplace- points différents de l'espace, et cette circonstance
ments apparents, de leurs retours à la surface des particulière de la permanence qui caractérise la
disques, de constater et les mouvements de rota- face dirigée vers nous ne prouve qu'une chose,
tion, et leurs directions et leurs durées. à savoir que la durée de son mouvement de rota-
En examinant les taches de la lune, on ne tarde tion est précisémentégale à la durée de son mou-
pas à être frappé, comme le furent les astrono- vement de révolution. Son jour tMM)'a/ est de 27
mes anciens, de leur fixité relative. La lune sem- jours 12 heures, son jour solaire est de M jours
ble présentertoujours les mêmes taches, dans des 5 heures.
positions identiques,relativementà la terre c'est, L'ave de rotation de la lune est presque per-
en un mot, toujours la même face (ou a. peu près) pendiculaire à l'écliptique, de sorte que, quand
qu'elle nous montre. En faut-il conclure, comme elle est à ses nœuds, c'est-à-diredans l'écliptiquo,
on le fait souvent avant d'y réfléchir, que le globe on aperçoit également de la terre le pôle boréal
lunaire n'a pas de mouvement de rotation? Tout et le pôle austral de notre satellite; mais quand
au contraire. En effet, un corps est dépourvu de elle s éloigne des nœuds, et atteint sa pins grande
mouvement de rotation, lorsque, quel que soit élévationau-dessus ou au-dessous de l'éeliptique,
son mouvement de translation dans l'espace, ce c'estra-dire sa latitude maxima, c'estl'un ou l'autre
sont toujours les mêmes points de sa surface qu'il des polas qui se trouve invisible de la terre, tan-
présenterait à un observateur supposé lui-même dis que l'on aperçoit au delà de l'autre pôle une cer-
immobile et placé à une distance suffisamment taine zone de la surface lunaire. Cette ossUlatioa

Fig. 4. – La Terre et la Lune, dimensionscomparées.

nomme la /tArohot en ~e.


des taches lunaires du nord au sud est ce qu'on
Il y a aussi une
libration en longitude, due à l'inégalité de vitesse
que la lune tourne toujours la même face vers la
terre.
Avec une lunette d'une faible puissance, la
de la lune sur son orbite, et à l'inégalité qui en configuration des grandes taches devient très
résulte dans les angles de rotation et de transla- nette, et l'on peut en tracer tous les contours.
tion. Enfin, la librationdiurne consiste en ce que, C'est dans la moitié supérieure ou boréale
dans le mouvement qui fait passer là lune de qu'existent les plus grandes taches grisâtres: la
l'horizon au méridien à son point le plus élevé, moitié inférieure ou australe est presque entière-
ce n'est pas le même point de la surface lunaire ment lumineuse et Manche, sauf vers la partie
qui occupe le centre du disque ce ne sont pas orientale où les taches sombres descendent plus
identiquementles mêmes régions qui sont en vue loin vers le sud. On donne généralement le nom
aux divers instants de la trajectoire diurne. de mers aux taches grisâtres, bien que certaine-
De toutes ces oscillations optiques il résulte, ment ce ne soient pas des agglomérationsliquides.
en définitive, que de la terre on voit plus de la En examinant la surface de la lune au télescope,
moitié de la surface de la lune. D'après Beer et on voit aussitôt que, dans toutes les parties de la
Mœdier, 5'!6 parties sur 1000 sont accessibles à surface, existent une multitude de cavités des
l'observation. Voyons maintenant ce que donne dimensions les plus variées, mais qui toutes af-
l'observation sur l'aspect du disque ou de la sur- fectent la forme circulaire ovale, cette dernière
face do notre satellite. forme étant d'autant plus allongée qu'on approche
Constitution orographique et physique de la plus du bord du disque. Ces cavités sont toutes
lune. Vu à l'œit nu, le disque lunaire est par- limitées par des bords en relief, des sortes de
semé de taches sombres ou grisâtres sur un fond remparts dont les ombres portées soit M'intérienr,
lumineux blanchâtre, et d'un plus petit nombre soit à l'extérieur,indiquent nettement qu'il s'agit'
de taches blanches, plus brillantes que le fond. généralement d'ouvertures pareilles aux cratères~
Les contours en sont assez nets pour qu'on dis-
tingue et reconnaisse aisément les diverses régions
de nos volcans terrestres (flg. 5). Dans toutes,
profondeur interne surpasse de beaucoup l'élo
la
de la surface tournées vers nous. Ce premier exa- vation extérieure.
men suffit, comme on l'a dit plus haut, constater Les cratères lunaires sont beaucoup plus nom- f
breux dans les parties lumineuses du disque que de certains cratères apparaissent seuls eclaMa
dans les taches sombres ou mers. Il est à remar- sur la limite de l'ombre, et, dans l'ombre même,
quer, en outre, que ces dernières elles-mêmes ont on aperçoit des points lumineux qui ne sont autres
généralement la forme circulaire, et que leurs que les sommets de montagnes que le soleil
bords forment aussi des saillies prononcées, mais éclaire les premiers avant le lever, ou les derniers
interrompues et déchiquetées. L'intérieur des après le coucher du soleil sur la lune.
mers. est donc plus uni, comme si le sol avait été Outre les cirques ou cratères que nous venons
comblé par des alluvions c'est la région des de décrire, la lune offre encore des montagnes
plainos, par opposition aux parties blanchâtres du isolées ou pics, et un certain nombre de chaines
disque qui forment la région montagneuse. ayant quelque analogie avec les chaînes de mon-
Tous ces détails, que le télescope montre avec tagnes terrestres. Les pics se trouvent assez sou-
netteté dans toutes les phases, sont admirablement vent situés an centre ou tout au moins & l'inté-
accusés lorsque la lune n'est que partiellement éclai- rieur des cirques. Quant aux chaînes, la plupart,
rée. Aupremier ou au dernierquartier par exemple bordent les grandes taches grisâtres appelées
(fig. 6), tes bords de la ligne de séparation de la mers, et il y a tMM appétence que om~ sont
lumière ou de l'ombre sont comme dentela, et antre ehoM~)Mle*t~tmp<nfttMpMtttdttrtitsdg
l'on y volt avec évidence la structure cratéritartne ces andem~t eiWMAUa~iM. ?
de presque tous tes accidents du sol. Les bords) La forme et«w~irë tjt
t~MBeM .tMJ~té dea

Fig. 5.–Cratèreslunaires.
montagnes de la lune les a fait, dès le début des dire, la surface de certaines régions lunaires.
observations télescopiques, considérer comme Un mot sur les dimensions des cirques. Les
ayant une origine volcanique ou éruptive. Peut-on plus grands atteignent en diamètre des dizaines,
les assimiler en effet aux formations volcaniques des centaines de kilomètres. Le cratère Schickardt
terrestres? Une assimilation complète parait diffi- mesure d'un bord à l'autre 256 kilomètres. Platon,
cile, quand on songe aux dimensions énormes Ptolémée, Hipparque, Copernic, Tycho sont des
d'une grande partie des cirques. Ce qui est pro- cirques qui ont depuis 180 jusqu'à 90 kilomètres
bable, c'est que leur formation est due à l'action de diamètre. Les plus petits cratères ont à peine
des forces internes qui, s'exerçant sur l'écorce du un kilomètre. Quant aux hauteurs des montagnes,
globe lunaire alors que celui-ci était nouvellement chaines, remparts des cirques, pics isolés, elles
solidifié, brisèrent cette écorce suivant les lignes sont également considérables. Les remparts du
de moindre résistance, c'est-à-dire suivant des pe- cratère Newton dominent le fond intérieur de
tits cercles de la sphère, et formèrent, par soulè- pius de 7000 mètres. Clavius, Casatus, les monts
vement, les remparts en partie disloqués aujour- Doerfe! et Leibnitz mesurent de ÏOOO à 7200 mè-
d'hui qui simulent des chaînes de montagnes. Plus tres d'altitude; Tycho a 5000 mètres, et Eratos-
tard, par le fait d'une consolidation plus com- thènes, 4800. Ces hauteurs sont, relativement aux
plète de l'écorce, et aussi par l'affaiblissement dimensions du globe lunaire, plus grandes que
de la force expansive des gaz intérieurs, de celles des montagnes de la terre les plus éle-
nouveaux soulèvements eurent lieu, et cela sur vées.
une échelle progressivement décroissante, jus- Tels sont, en négligeant des particularités fort.
u'aux plus petite cratères qui criblent, pour ainsi curieuses, les caractères de l'orographie de la
tnne. !t aont reste, pour achever de donner une environ de l'intensité de la pesanteur & h Mrfae<
idée de sa eonatttntion physique, & transcrire quet- de la terre.
ques donnée* astronomiques et météorologiques. Le mouvement de rotation de t* lune, combiné
D'après les calculs les plus réeenta, la masse de avec celui de translation autour de la terre, dé-
t* tMe Mt égale à la 8i* partie de la masse de termine i sa surface les m6mea phënomènet de
h terre c'eat une quantité eniriron M millions jour et de nuit que noM avons io. Mais la durée
~tTob ptM petite que la masse du soleil. Quant en est considérablement plus grande. Dans lei
à M deMtté, elle <arp*Me un peu les 6 didëme! régionB équatoriates de la lune, le jour dure 35t
<!e la de!KM de notre globe. Rapportée ft. l'eau, heures environ, et & cette jonraee si longue tac-
eUe est égale 9.30; c eat la deMMé de pittsienn) cède une nuit de même durée.
minërMt de la crotte terrestre, et MMi des mé- Pour se faire une idée exacte de. enet< qu'une
téorite< da type commun. A t* mrftce de la lune, aussi longue présence et une pareiUe absence
t'intensité de la pesanteur n'est que le tittème de* rayoM solaires sur an même horizon doivent

ftj{. 6. – La tant à un premitt quartier (vue dans une luette tMTtKMt ttt objets).
produire à la surface de notre satellite, il faut y
étoiles, par l'effet du mouvement diurne, sont
joindre cette circonstance, que la lune n'a pointoccultées par son disque. Cette preuve négative
'd'atmosphère et pas d'eau, et qu'ainsi les rayons
indique tout au moins que l'atmosphèrelunaire,
<le lumière et de chaleur n'ont eu à traverser, si elle existe en effet, est d'une rareté exces-
quand ils frappent le sol, aucun milieu absor- sive.
bant, gazeux ou vaporeux. Pendant la nuit, le Quant à l'absence d'eau, elle résulte de la par-
rayonnement s'enectue donc dans les espaces faite netteté avec laquelle tous les détails de la
célestes avec une intensité extrême. A la chaleursurface' s'observent de la terre. S'il y avait de
directe de près de quinze jours d'un soleil ardent,
l'eau, rivières, lacs ou mers, la faiblesse ou la
succède le froid dune longue nuit absolument nullité de la pression atmosphérique en rendrait
sereine, la vaporisation très facile, dés se forme-
La lune est, en effet, comme nous venons de le raient et en quelques points nuages
absorberaient la
dire, privée d'atmosphère, comme le prouve l'ab- lumière, masqueraient de taches plus brillantes
Mnee de tonte rë&aetion observable, lorsque les ou plus sombres, suivant les cas, les accidenta si
minutieux de la surface du sol. Or, rien de pareil Le public n'en demande pas si long. Les culti-
n'a jamais pu être observé. vateurs, les marins et nombre de gens avec eux,
La météorologie de la lune, d'après tous les ont coutume de fonder leurs prédictions météoro-
éléments que nous venons de passer en revue et logiques sur l'âge de la lune; que l'événement
qui touchent à sa constitution physique, est donc les trompe ou non, ils ont foi à cette influence
probablement fort différente de la météorologie tous les raisonnements ne les convaincraient pas
terrestre. Il parait peu probable que notre satpl- de leur erreur. [A. Guillemin.)
lite possède actuellement des êtres organisés, LUXEMBOURG. Nom d'une famille qui a
soit végétaux, soit animaux, et les habitants de donué cinq empereurs à l'Allemagne.
la lune, dont on a si souvent parlé, sont tout au Henri VII, Histoire générale, XIX, était
moins très problématiques. comte de Luxembourg lorsque les électeurs le
Influences de la lune sur la <eyye. La lu- choisirent pour succéder à Albert I" d'Au-
mière que la lune réfléchit vers la terre, et qui triche (1308). Reprenant les projets des empe-
n'est autre que celle du soleil, sans modification reurs de la maison de Souabe, il passa les Alpes en
appréciable au spectroscope, sert à éclairer nos 1310 à la tête de quelques soldats pour se rendre
nuits, à la vérité d'une façon bien imparfaite, c'est- en Italie, où Dante l'appelait comme un sauveur.
à-dire bien inégale ou irrégulière. Mais c'est la Le pape Clément V l'excommunia, mais avec l'ap-
moindre des influences que notre satellite exerce pui des Gibelins il put se faire une armée, et
sur le globe terrestre. essaya de reconquérir le royaume de Naples. 11
En premier lieu, la lune agit sur la terre par mourut avant d'avoir réussi, en 1314, empoisonné
sa masse. Combinée avec l'action de la masse du par un moine. Son fils Jean l'Aveugle, qui avait
soleil, l'action de la masse lunaire produit la pré- épousé l'héritière du royaume de Bohême, ne lui
cession des équinoxes, dont la période est, comme succéda pas comme empereur; la couronne impé-
on sait, de 26000 années environ; seule, elle dé- riale passa sur la tète de Louis de Bavière. Mais
termine la nutation, autre phénomène astronomi- à la mort de celui-ci, elle revint dans la maison
que dont la période est de 18 ans 2/3. de Luxembourg, par l'élection à l'empire du roi
Ces deux influences tiennent à la forme aplatie de Bohême Charles, fils de Jean l'Aveugle.
de notre globe, au bourrelet équatorial qui en
résulte.

Charles IV. (V. Charles 71~, empereur d'Al-
lemagne, p. 382.)
Une autre influence beaucoup plus manifeste est Wenceslas, Histoire générale, XX, fils
l'action de la masse de la lune sur les eaux de de Charles IV, devint à la mort de son père (1378)
l'Océan, laquelle se combine également avec celle roi de Bohême et empereur d'Allemagne. Livré à
du soleil, et produit les mouvements périodiques des vices honteux, il laissa l'empire dans une
des marées'.Bien que la lune soit 26 millions de complète anarchie, déchiré par des guerres pri-
fois moins pesante que le soleil, grâce à sa proxi- vées que la diète essaya en vain de faire cesser.'
mité, elle a sur les marées une action environ deux Cet empereur, que ses sujets appelaient l'/u?'ognc,
fois et demie aussi forte que le soleil lui-même. fut déposé en 1400; mais il conserva jusqu'à sa
Outre les marées océaniques, 1% lune produit, mort (1419) le gouvernement de la Bohême. Ce
pour les mêmes raisons, des marées atmosphéri- fut sous son règne, comme roi de Bohême, que
ques dont la période doit évidemment être la Jean Huss prêcha une réforme religieuse et que
même. Mais les observations les plus minutieuses commença la guerre des Hussites (V. CMO're des
et les plus prolongées n'ont permis de constater, Hussites, p. 92'!). Il eut comme successeur sur le
de ce chef, qu'une influence extrêmementfaible, trône impérial Robert de Bavière.
puisque la hauteur du baromètre n'en est affec- Josse, Histoire générale, XX, marquis de
tée au maximum, dans nos latitudes, que de la Moravie,cousin de l'empereur Wenceslas, fut élu
18' partie d'un millimètre. A l'équateur, où l'ac- empereurà la mort de Robert de Bavière (1410);
tion est maximum, les variations dues à cette in- mais mourut après trois mois d'un règne sans
fluence de la lune ne dépassent pas 1 millimètre importance. Il avait eu pour compétiteur Sigis-
de pression. mond, frère de Wenceslas.
Ce n'est donc pas à cette cause qu'il est possi- Sigismond,– Histoire générale, XX, roi de
ble d'attribuer les changements de temps que l'o- Hongrie par son mariage avec la fille du roi Louis
pinion publique ou le préjugé veut à toute force le Grand, et frère de Wenceslas, fut élu empe-
considérer comme en dépendance avec les phases reur en 1410, en même temps que Josse, dont la
de la lune. Est-ce au rayonnement, lumineux, ou mort le laissa bientôt seul maître de l'empire.
calorifique, de cet astre qu'il est possible d'attri- Comme roi de Hongrie, il avait dû faire la guerre
buer des changements aussi considérables? Les aux Turcs, et avait perdu la célèbre bataille de
rayons lunaires ont une action chimique incontes- Nicopolis (1396), malgré le secours que lui avait
table, puisqu'ils permettent de très belles repro- apporté une armée de chevaliers français (V. /~oM-
ductions photographiques des phases du disque </fM). Le grand schisme d'Occident (V. Papauté)
mais cette action agit sur,.des substances chimi- agitait alors l'Europe catholique; le concile de
ques spéciales, non sur les gaz de l'atmosphère. Pise (1409) n'avait fait que l'aggraver, pour y
Quant à la chaleur, elle existe et a été mesurée. mettre fin, Sigismond fit décider la réunion du
Melloni et d'autres physiciens, en concentrant la concile de Constance (1414). On sait que Jean
radiation de la lune à l'aide de miroirs ou de len. Huss, cité a comparaître devant le concile, y vint
tilles, ont obtenu des indices d'une augmentation muni d'un sauf-conduit de l'empereur, et que ce-
sensible de température. Peut-être, aux limites lui-ci, au mépris de la parole donnée, laissa en-
de l'atmosphère, avant l'absorption due aux con- suite brûler vif le réformateurdont le concile avait
ches de cette enveloppe, la chaleur qui provient condamné la doctrine. En 1419, la mort da Wen-
des rayons de la lune est-elle assez grande pour ceslas fit passer la couronne de Bohême sur la
expliquer des changements notables rien n'est tête de Sigismond, qui eut alors à combattre la
prouvé encore à cet égard. Il faut ajouter que les redoutable insurrection des Hussites (V. Guerre
savants qui ont fait des hypothèses sur l'influence des Hussites, p. 924), contre lesquels échouèrent
de la lune sur le temps, n'ont pas établi d'une pendant quinze ans toutes les forces de l'empire.
façon certaine qu'il y ait une relation entre les Ce ne fut que grâce aux divisions des Bohémiens
phases de la lune et les changements de temps, que Sigismond, après la chute du parti taborite,
vents ou pluies, pression barométrique,tempéra- parvint à se faire reconnaître comme roi do
ture, etc. C'est cependant par là qu'il faudrait Bohême en souscrivant aux conditions que lui im-
commencer. posèrent les Hussites du parti M~'HOMis<e. Il mou-
rut en 1438, et avec lui s'éteignit la maison de moyen âge, la poésie commencé par le chant.
Luxembourg. Albert d'Autriche, son gendre, lui Homère a immortaliséa les aèdes helléniques qui
succéda sur le trône impérial. charmaient la cour des rois grecs par des chants
LYMPHE. Zoologie, XXXIV. -Les vaisseaux improvisés aux accords de la lyre deux mille ans
lymphatiques constituent un appareil vasculaire plus tard, les troubadours et les trouvères allaient
distinct du réseau capillaire sanguin, circulant de château en château, le luth ou la harpe en main.
dans tout l'organisme et venant déboucher, par C'est à ces antiques souvenirs qu'il faut remon-
deux canaux, dans les veines sous-clavièresgauche ter pour expliquer le terme de Fo~te /yrt~ue.
et droite.
j
¡
Etymologiquement et historiquement la poésie
Certains de ces vaisseaux lymphatiques rampent lyrique est avant tout un chant; la lyre dont
sous la muqueuse de l'intestin pour y former un 8 accompagnait le poète primitif a disparu, mais
système distinct, celui des vatsseaux chylifères. elle a donné à cette poésie son caractère distinc-
chargé de l'absorption intestinale. Tous les autres, tif entre la poésie épique et la poésie dramatique.
constituant les vaisseaux lymphatiques propre- Elle n'a ni les longs et majestueux développements
ment dits, recueillent dans tout l'organisme des de l'épopée, ni la saisissante viwcité du drame;
produits provenant soit de la transformation des mais, par un charme analogue à celui de la musi-
tissus, soit de l'excédant du liquide cédé par les que, elle exprime les sentiments les plus intimes,
capillaires aux organes pendant l'acte de la nutri- les plus profonds de l'âme humaine. Joies et
tion générale. Le liquide en circulation dans les douleurs, espérance et souvenir, fièvre du com-
chylifères s'appelle le chyle; celuiquetransportent bat, orgueil du triomphe, élans du patriotisme,
les lymphatiques se nomme la /ym~f. ivresse des passions, langueurs de la rêverie,
L'étude du système chylifère et celle du chyle tralnements de la volupté, enthousiasme de en- la
ont été faites avec celle de l'absorption intesti- vertu, illusions de la jeunesse, tendresses et fu-
nale (V. ~~orphott); nous n'avons donc ici qu'à reurs de l'amour, amertumes du remords, tris-
nous arrêter quelque peu aux lymphatiques vrais. tesses du deuil, jeux cruels de la fortune, éter-
L'origine de ces canaux dans les tissus est peu nelle instabilité de l'homme, inquiétudes ineffables
connue; ils paraissentd'abord longer les vaisseaux et curiosités inassouvies de lame humaine, tel
capillaires auxquels ils adhèrent, puis ils forment est l'objet de la poésie lyrique. Elle peut vraiment
des troncs libres et, après avoir traversé plusieurs dire comme le poète rien de ce qui est humain
glandes ou ganglions lymphatiques où ils forment ne m'est étranger. A la différence des autres for-
MS enchevêtrements pelotonnés avec des capil- mes de la poésie, celle-ci n'est pas un langage
laires sanguins, ils débouchent ou bien dans l'ap- exclusivement réservé à certaines conditions de
pareil veineux par l'intermédiaire de la grande l'homme ou de la société, assujetti à des règles
veine lymphatique s'ouvrant dans la veine sous- rigoureuses, enfermé dans des limites infranchis-
clavière gauche, ou bien dans le canal thoracique sables. Elle a la richesse et la souplesse, l'éten-
par l'intermédiaire d'un seul vaisseau; de sorte due et la variété de l'âme humaine, dont elle est
que la lymphe est finalement mêlée an sang vei- l'écho le plus pur, le plus clair, le plus libre.
neux. mais tout près du cœur. Ce liquide n'est Car suivant une juste et vive image, la lyre dont
pas formé de déchets, mais bien de substances elle fait vibrer les cordes, à proprement parler,
n'ayant qu'à subir l'action de l'oxygène de l'air c'est le cœur de l'homme. Aussi le philosophe
pour redevenir propres à se fixer dans les tissus; Jouffroy a-t-il pu dire la poésie lyrique, c'est la
aussi, immédiatement après son mélange avec le poésie elle-même.
sang veineux (sang non nutritif), il est projeté par De cette dénnition même ressort l'impossibilité
le cœur dans l'appareil pulmonaire où, par la res- tout ensemble et l'inutilitéd'une classification mé-
piration, il sera en même temps que le sang vei- thodique des diverses formes poétiques comprises
neux converti en sang artériel. sous le nom de genre lyrique. Les noms qu'on leur
Le sang veineux est donc le sang privé d'élé- donne rappellent pour la plupart l'idée de chant
ments nutritifs; il s'est formé dans tout l'orga- les mots ode et hymne sont les équivalents grecs
nisme la lymphe est un produit de la désassimita- de chant, chanson, cantique. Ces petits poèmes
tion générale, mais contenant des éléments de ré- changent d'allure, de ton, de rhythme, de carac-
paration qui se mêlent au sang veineux au moment tère suivant qu'Us sont un chant religieux (psau-
où celui-ci va subir l'action de l'oxygène de l'air mes, hymnes, cantiques), un chant de guerre, un.
Mus la muqueuse respiratoire et le chyle est un chant de fête ou de triomphe (dithyrambe, péan),
liquide provenant de l'absorption digestive, conte- un chant d'amour (ode anacréontique, romance,
nant aussi des éléments de réparation et se com- chanson, etc.), un chant de douleur (élégie,
portant comme la lymphe. Lhrène, etc.). Quelques-uns jaillissent du fond de
La structure des vaisseaux lymphatiques est 'âme sans effort et sans règle, expression natu-
celle des vaisseaux chylifères, et la lymphe a relle et naive du sentiment d'autres prennent
beaucoup d'analogie avec le chyle. une forme convenue et se plient à des conditions
Chez certaines personnes ayant la peau fine et métriques et rhythmiqpes tout artificielles (son-
blanche, les glandes lymphatiques sont sujettes à net, rondeau). M. Vapereau propose de rame-
des engorgements déterminantleur inflammation; ner tous les modes de poésie lyriqueà trois types
on dit alors que ces sujets ont le tempérament < l'hymne, l'ode et la chanson. L'hymnve, dont
lymphatique. Par suite d'accidents comme des le psaume et le dithyrambe sont dos variétés,
contusions ou des blessures, les ganglions du représente la poésie lyrique s'attachant à des su-
membre atteint peuvent s'enflammer et devenir le jets religieux, élevant l'âme vers la divinité et lui
siège d'une douleur qui cause une gène dans les adressant des hommages ou des actions de grâce.
mouvements du membre tout entier. La poésie lyrique garde le même nom quand elle
Enfln il est bon de savoir que, lorsque une plaie exprime le sentiment patriotique. Le mot hymne
(coupure, brûlure, etc.) se cicatrise, le travail de réveille l'idée d'une manifestation collective du
réparation se fait aux dépens d'un liquide visqueux sentiment religieux ou national. L'ode est l'ex-
que les éléments voisins de la partie malade pression de sentiments plus individuels et, sur
laissentexsuder et qu'on nomme lympheplastique. des sujets variés, rappelle à l'esprit les formes
Ce liquide, qui permet aux organes élémentaires particulières du rhythme où s'est enfermée la poé-
du tissu disparu de se refaire, n'est pas identique sie lyrique. La chanson désigne, avec non moins
à la lymphe proprement dite. [G. Philippon.] de variété, des inspirations d'un ordre moins
LYRIQUE (Genre). Littérature et style, M. élevé et qui sont restées plus intimementunies
Dans l'antiquité grecque comme dans notre au chant.n
Nous n'entreprendrons pas d'esquisser l'his- PSACMECXXXr(PS.CXXXVIDBLAVLLGATE).
toire de la poésie lyrique à travers tous les âges
et chez les divers peuples du monde civilisé. (Sur les Psaumes, V. Israélites, p. 1063.)
Nous croyons mieux faire, pour donner une idée Au bord des rivières de Babel
des différentes formes du genre lyrique, de trans- Nous étions assis et nous pleurions,
crire ici quelques morceaux caractéristiques. En nous souvenant de Sion.
En consultant les articles spéciaux que nous con- Aux sautes de la campagne
sacrons aux diverses littératures.le lecteur trouvera Nous avions suspendu nos lyres,
d'ailleurs quelques détails sur la poésie lyrique Car là nos ravisseurs nous commandaient des pa-
chez les Indous, chez les anciens Hébreux, chez [roles de chant,
les Grecs et les Romains, enfin, chez les différents Nos oppresseurs des accents de joie
peuples modernes, et particulièrementen France. « Chantez-nous un cantique de Sion a »
– V. Inde, Israélites, Grèce, Latine (Littérature),
Littérature /ftn!fa!M, Troubadours, Allemagne Comment chanterions-nous le chant da
(au supplément), Angleterre (au supplément), Es- Sur la terre étrangère 1 jJéhowah
pagne, Etats-Unis, Italie, Scandinaves (Etats), etc. Si je t'oublie, Jérusalem,
Dans l'espèce d'anthologie nécessairement Que ma main soit oublieuse aussi
très sommaire que nous donnons ci-dessous, on Que ma langue s'attache à mon palais
tira la traduction d'un hymne du /i!S'a, d'un Si je cesse de songer à toi,
psaume, d'une ode de Pindare, d'un chœur Si je ne mets point Jérusalem
de Sophocle, d'une chanson populaire grecque, Au-dessus de toutes mes joies t
de deux odes d'Horace puis quelques mor- Garde, Eternel, aux fils d'Edom
ceaux qui permettront de suivre le développement Le souvenir du jour de Jérusalem,
des diverses formes de la poésie lyrique dans A ceux qui disaient Rasez, rasez,
notre littérature, en commençant à Charles d'Or- Jusqu'à ses fondements!1
léans, Marot et Ronsard, et passant par Malherbe, Fille de Babel, dévastatrice,
Jean-Baptiste Rousseau et Lebrun, pour aboutir Salut à qui te paie pour ce que tu nous as fait
à la splendide floraison de l'école romantique et du Salut qui saisit et écrase
lyrisme contemporain. Nous n'avons pas prétendu Tes nourrissons contre le rocher!
ne donner que des chefs-d'œuvre il fallait bien, (ï'<'aa'MC<:o?t de JM. ~MS~
pour n'être pas trop incomplet, citer quelques stro-
phes de certains lyriques du xvn* et du xvm' siè- PINDARE, XtV 0~!p:~MC.
cle, malgré les défauts d'une poésie toute de con-
vention et trop souvent déclamatoire. D'autrepart, (Sur Pindare, Y. Grèce, p. 9i0.)
nous n'avons pu accorder autant de place que nous Pour le jeune ~opt'e/to~, vainqueur dan.
l'eussions voulu aux poètes contemporains en le stade.
dehors des grands noms qui s'imposent, le man-
que d'espace nous a obligés à ne faire qu'un choix Strophe 1. Vous qui régnez sur les eaux de
très restreint parmi les talents aimés du pu- Céphise, habitantes d'une résidence aux beaux
blie. coursiers, ô Grâces, illustres souveraines de la
brillante Orchomène, protectrices des antiques
POÉS)E LYfUQUE ANCIENNE. Minyens, écoutez moi 1 Je vous implore. C'est par
vous qu'arrive aux mortels tout ce qui platt, tout
UN HYMNE BU MG-VËOt.
ce qui charme que l'homme est sage, qu'il est
beau, qu'il est renommé. Car les dieux eux-
(Le ~it~-V~a, ou Yëdit de la tonange, est le plus ancien mêmes, sans les Grâces vénérées, ne président
des quatre livres sacrés des Indous. L'hymne dont nous ni chœurs, ni banquets mais, arbitres de tout ce
dounons la traduction est le premier de la i" section). qui se fait dans le ciel, assises sur des trônes
près d'Apollon Pythien à l'arc d'or, elles rendent
A Agni (le feu). un hommage éternel au père de l'Olympe.
1. Je chante Agni, le dieu prêtre et pontife, le Strophe 2. Auguste Aglaé, Euphrosyne amie
magnifique Agni, héraut du sacrifice. des chants, filles du plus puissantdes dieux, exau-
cez mes vœux, et toi aussi, Thalie qui chéris les
2. Qu'Agni, digne d'être chanté par les richis vers, regarde cette pompe qui s'avance légère,
(poètes) anciens et nouveaux, rassemble ici les dans la joie du succès. C'est pour chanter Aso-
dieux. pichos dans mes hymnes, sur le mode lydien, que
3. Que par Agni l'homme obtienne une fortune je suis venu. Car la cité des Minyens a vaincu à
sans cesse croissante, glorieuse et soutenue par Olympie, grâce à toi. Va maintenant dans la noire
une nombreuse lignée. demeure de Perséphone, ô Echo porte à un père
4. Agni, l'offrande pure que tu enveloppes de cette glorieuse nouvelle vois Cléodème, et dis-
toute part s'élève jusqu'aux dieux. Ini que son fils, dans les vallons de Pise la fa-
5. Qu'avec les autres dieux vienne vers nous meuse, a couronné sa jeune chevelure des ailes de
Agni, le dieu sacrificateur, qui joint à la sasssse la victoire.
des œuvres la vérité et l'éclat varié de la gloire. SopHooLE, CAosMf de la <ra~:e <fCEa':pe&à Colone.
6. Agni, toi qui portes le nom d'Angiras, le bien
que tu feras à ton serviteur tournera à ton (Sur Sophocle, V. Grèce, p. 9 H. Le chœur
duisons, et qui célèbre les louanges de que nous tra-
l'Attique, est
avantage. celui que, selon la tradition, Sophocle, tgé de plus de
7. Agni, chaque jour, soir et matin, nous quatre-vingts ans. lut devant ses juges, lorsqu'il dut, en
ve-
nons vers toi, t'apportant l'hommage de notre réponse à l'action judiciaire que lui avaient intentée des
fils ingrats, prouver qu'il joutssait encore de la plénitude
prière. de ses facultés.)
8. A toi, gardien brillant de nos offrandes,
splendeur du sacrifice à toi, qui grandis Strophe 1. Etranger, te voilà dans le plus
du foyer que tu habites. au sein beau séjour de cette ccntrée riche en coursiers,
9. Viens à nous, Agni, avec la bonté qu'un père dans le blanc Colone. Ici le mélodieux rossignol
chante au fond des vallons verdoyants, caché sous
'M-
a pour son enfant: sois notre ami, notre bien-
(Traduction de Langlois.)
le lierre rougeâtre, ou d~s le bois sacré que nul
pied ne foule, impénétrable aux rayons du soleil,
et dont tes arbres chargés de fruits sont toujours Ce ruisseau fugitif dont l'onde transparente
respectés des orages là Dionysos aux joyeux Sur des cailloux polis en gazouillantserpente ?
transports aime à errer, entouré de ses. divines Fais-y porter du vin, des parfums et des fleurs,
nourrices. Des fleurs que nous verrons, hélas, sitôt fanées,
Antistrophe t. Là fleurit chaque jour sous la Et jouis doucement de ces belles journées
rosée du ciel le narcisse aux belles grappes, anti- Que te laissent encor les infernales sœurs.
que couronne des grandes déesses, et le safran Ces bois, ces beaux
dore. Les sources du Céphise qui ne tarit jamais vergers que le Tibre caresse,
Cet élégant
versent sans cesse une eau limpide qui court I) faudra les quitter; palais qu'éleva ta richesse,
dans la plaine et féconde ces fertiles campa- un héritier joyeux
gnes, où se plaisent aussi les chœurs des Muses Fils de
Dépensera tout l'or dont tu repais tes yeux.
et Aphrodite aux renés d'or. pauvre ou de roi, puissant ou sans asile,
Strophe 2. On y voit un arbre que ne possè- Nul n'échappe Pluton. Nos noms sont, tôt ou tard,
dent, dit-on, ni la terre d'Asie, ni la grande île Tirés tous sans pitié de l'urne du hasard
dorienne de Pélops (le Péloponëse~, un arbre qui Et la barque fatale à jamais nous exile.
vient delm-même, sans culture, effroi des lances (Traduction de M. Goupy.)
ennemies, et qui dans cette contrée s'élève vigou-
reux, l'olivier au feuillage glauque, nourricier de A la fontaine de Bandusie (livre III, ode xni).
l'enfance. Nul chef ennemi, jeune ou vieux, ne
pourra jamais le détruire et l'arracher, car sur lui 0 fontaine de Bandusie, plus claire que le cris-
veillent sans cesse le regard de Zeus, protecteur tal, digne d'ètre honorée d'un doux tribut de vin
des oliviers, et Athéné aux yeux bleus. et de fleurs, demain tu recevras l'offrande d'un
Antistrophe 2. J'ai encore à dire le plus beau chevreau à qui son front, armé de cornes nais-
titre de gloire de cette grande cité, le don d'un santes,
dieu puissant l'art d'élever et de conduire les Promet des amours et des combats. Promesse
coursiers, et de voguer sur les mers. 0 fils de vaine
Kronos, c'est toi qui l'as élevée ce degré do
gloire, souverain Poseidon par toi, elle a connu la fraîches,
car il rougira de son sang tes eaux M
le rejeton du troupeau lascif.
première le frein qui dompte les chevaux; par toi L'heure brûlante de la Canicule enflammée ne
le vaisseau poussé par la rame que gouverne une saurait t'atteindre tu offres une aimable fraî-
main habile vogue rapidementsur les flots, émule cheur aux boeufs fatigués d~ la charrue et au
desagiIesNéréides. bétail errant.
CHANSON D'HARMODIOS ET D'ARISTOGITON. Toi aussi tu seras comptée parmi les fontaines
illustres, car je chanterai l'youse qui domine le
(Cette chanson popntaire, composée en l'honneur des deux rocher
libérateurs d Athènes par auteur inconnu, se chan-
creux d'où jaillissent tes eaux murmu-
un rantes.
tait à Athènes dans tous les banquets comme une sorte
d'hymne national.) t POÉSIE LYRIQUE FRANÇAISE.
t.
Je porterai mon glaive dans une branche de myrte, RONDEAU.
Comme Harmodios et Aristogiton, Le temps a laissié son manteau
Lorsqu'ils tuèrent le tyran De vent, de froidure et de pluye,
Et qu'ils rendirent Athènes libre. Et s'est vestu de brouderie,
De souleil luisant, cler et beau.
2. Il n'y a beste, ne oyseau,
Cher Harmodios, tu n'es point mort, Qu'en son jargon ne chante, ou crie
Mais on dit que tu habites dans les îles des Le temps a laissié son manteau
[bienheureux De vent, de froidure et de pluye.
Où sont Achille aux pieds légers
Et Diomède, le fils de Tydée. Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie
3. Goutes d'argent d'orfaverie.
Je porterai mon glaive dans une branche de myrte, Chascun s'abille de nouveau.
Comme Harmodios et Aristogiton, Le temps a laissié son manteau
Lorsqu'àla fête des Panathénées De vent, de froidure et de pluye.
Ils tuèrent le tyran Hipparque'. CHARLES D'ORLÉANS(mort en 14GG).
4. DIZAIN.
Votre gloire sera éternelle, la reine de Navarre.
~1
Cher Harmodios, cher Aristogiton,
Parce que vous avez tué le tyran Mes créanciers, qui de dixains n'ont cure,
Et que vous avez rendu Athènes libre. Ont lu le vostre, et sur ce leur ai dict
a Sire Michel, sire Bonaventure,
HORACE, ODES. La sœur du Roy a pour moy faict ce dict. »
(Sur Horace, Y. l'article Latine [Littérature], p. li27). Lors eulx, cuydant que fusse en grand crédit,
A Dellius (livre II, ode m). M'ont appelé Monsieur à cry et cor,
Et m'a valu votre escript autant qu'or,
Toujours égal et ferme au sein de l'infortune, Car promis ont, non seulement d'attendre,
Défends-toides transports dont une âme commune Mais d'en prester (foy de marchant) encor,
Dans la prospérité se laisse enorgueillir, Et j'ay promis (foy de Clément) d'en prendre.
Dellius. Notre sort à tous est de mourir, CLÉMENT MAROT (mort en 15 H).
Soit qu'un sombre chagrin ait rempli notre vie,
Soit qu'au sein de la joie elle ait coulé gaîment, SONNET.
Et que, sur le gazon étendus mollement,
Un Falerne fumeux l'ait souvent embellie. Je vous envoye un bouquet que ma main
Vient de trier de ces fleurs épames
Vois-tu ces ormes verts, ces pins hospitaliers, Qui ne les eust à ce vespre cueillies,
Mariantleurs rameaux à de blancs peupliers? Cheutes à terre elles fussent demain.
Cela vous soit un exemple certain De sa puissance immortelle
Que vos beautez, bien qu'elles soient fleuries, Tout parle, tout nous instruit.
En peu de temps cherront toutesflaitries, Le jour au jour la révèle,
Et, comme fleurs, périront tout soudain. La nuit l'annonce à la nuit.
Ce grand et superbe ouvrage
Le temps s'en va, le temps s'en va, ma dame N'est'point pour l'homme un tangage
Las! le temps, non, mais nous nous en allons, Obscur et mystérieux.
Et tost serons estendus sous la lame, Son admirable structure
Et des amours desquelles nous parlons, Est la voix de la nature
Quand serons morts, n'en sera plus nouvelle. Qui se fait entendre aux yeux.
Pour ce aimez-moi, ce pendant qu'estes belle. 'Dans une éclatante voûte
RONSARD (mort en 1585). Il a placé de ses mains
Ce soleil qui, dans sa route,
PARAPHRASEDU PSAUME CXLV. Eclairetousieshumains.
N'espéronsplus,mon âme, aux promesses du monde, Environné de lumière,
Sa lumière est un verre et sa faveur une onde Cet astre ouvre sa carrière
Que toujours quelque vent empêche de calmer. Comme un époux glorieux,
Quittons ces vanités, lassons-nous de les suivre. Qui, dès l'aube matinale,
C'est Dieu qui nous fait vivre, De sa couche nuptiale
C'est Dieu qu'il faut aimer. Sort brillant et radieux.
En vain, pour satisfaire a nos lâches envies, L'univers, à sa présence,
Nous passons près des rois tout le temps de nos vies Semble sortir du néant.
A souffrir des mépris et ployer les genoux. H prend sa course, il s'avance
Ce qu'ils peuvent n'est rien ils sont comme nous Comme un superbe géant.
Véritablement hommes, [sommes, Bientotsamarcheféconde
Et meurent comme nous. Embrasse le tour du monde
Dans le cercle qu'il décrit;
Ont-ils rendu l'esprit, ce n'est plus que poussière Et, par sa chaleur puissante,
Que cette majesté si pompeuse et si fière La nature languissante
Dont l'éclat orgueilleux étonnait l'univers; Se ranime et se nourrit.
Et dans ces grands tombeaux, où leurs âmes hau-
Font encore les vaines, [taines Oh que tes œuvres sont belles,
Ils sont mangés des vers. Grand Dieu 1 Quels sont tes bienfaits
Que ceux qui te sont fidèles
Là se perdent ces noms de maitres de la terre, Sous ton joug trouvent d'attraits
D'arbitres de la paix, de foudres de la guerre; Ta crainte inspire la joie;
Comme ils n'ont plus de sceptre, ils n'ont plus de Elle assure notre voie,
[flatteurs, Elle nous rend triomphants;
Et tombent avec eux d'une chute commune Elle éclaire la jeunesse,
Tous ceux que leur fortune Etfaitbrillerlasagesse
Faisait leursserviteurs. Dans les plus faibles enfants.
MALHERBE (mort en 1628). J.-B. ROUSSEAU (mort en 1741).
RONDEAU. LE LAC DE GENÈVE.
(Contre le livre de Benserade, les Métamorphoses d'OcMe écrit par Voltaire en arrivant dans sa
(Ce morceau fut
rondeaux.)
mt'My en campagne des Délices, près de Genève.)
A la fontaine où l'on puise cette eau 0 maison d'Aristippe, ô jardins d'Epicure,
Qui fait rimer et Racine et Boileau, Vous qui me présentez, dans vos enclos divers,
Je ne bois point, ou bien je ne bois guère Ce qui souvent manque à mes vers,
Dans un besoin, si j'en avais affaire, Le mérite de l'art soumis à la nature;
J'en boirais moins que ne fait un moineau. Empire de Pomone et de Flore sa sœur,
Recevez votre possesseur;
Je tirerai pourtant de mon cerveau Qu'il soit, ainsi que vous, solitaire et tranquille.
Plus aisément,s'il ]e faut, un rondeau, Je ne me vante point d'avoir en cet asile
Que je n'avale un plein verre d'eau claire Rencontré le parfait bonheur
A la fontaine. U n'est point retiré dans le fond d'un bocage;
Il est encor moins chez les rois;
De ces rondeaux un livre tout nouveau II n'est pas même chez le sage
A bien des gens n'a pas eu l'heur de plaire; De cette courte vie il n'est point le partage;
M ais quant à moi j'en trouve tout fort beau U y faut renoncer mais on peut quelquefois
Papier, dorure, images, caractère, Embrasser au moins son image.
Hormis les vers, qu'il fallait laisser faire
A La Fontaine. Que tout plait en ces lieux a mes sens étonnés! 1
CHAPELLE (mort en 1686). D'un tranquille océan l'eau pure et transparente
Baigne les bords fleuris de ces champs fortunés
ODE.
D'innombrables coteaux ces champs sont couron-
Bacchus les embellit; leur insensible pente [nés
Les cieux instruisent la terre Vous conduit par degrés à ces monts merveilleux
A révérer leur auteur Qui pressent les enfers et qui fendent tes cieux.
Tout ce que le globe enserre Le voilà ce thé&tre et de neige et de gloire,
Célèbre un Dieu créateur. Eternel boulevard qui n'a point garanti
Quel plus sublime cantique Des Lombards le beau territoire.
Que ce concert magniftque Voilà ces monts affreux, célébrés dans l'histoire,
De tous les célestes corps1 Ces monts qu'ont traversés, par un! vol si hardi
Quelle grandeur infinie1 Les Charles, les Othon, Catinat et Conti,
Quelle divine harmonie Sur les ailes de la victoire.
Résulte de leurs accords 1
Que le chantreflatteur du tyran des Romains, Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine 1
L'auteur harmonieux des douces Géorgiques Un vaisseau la portait aux bords de Camarine
Ne chante plus ces lacs et leurs bords magnifiques, Là, l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement
Ces lacs que la nature a creusés de ses mains Devaient la reconduire au seuil de son amant.
Dans les campagnes italiques. Une clef agitante a pour cette journée,
Mon lac est le premier c'est sur ses bords heu- Sous le cèdre enfermé sa robe d'hyménée,
Qn'habite des humains la déesseétemelle, [reux Et l'or dont au festin ses bras seront parés,
L'âme des grands travaux, l'objet des nobles vœux, Et pour ses blonds cheveux les parfums préparer
Que tout mortel embrasse,ou désire, ou rappelle, Mais, seule sur la proue, invoquant tes étoiles,
Qui vit dans tous les cœurs, et dont le nom sacré Le vent impétueux qui soufflait dans ses voiles
Dans les cours des tyrans est tout bas adoré, L'enveloppe étonnée, et loin des matelots,
La tiberté t J'ai vu cette déesse altière, Elle tombe, elle crie, eUe est au sein des flots.
Avec égalité répandanttous les biens, Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine!
Descendre de Morat en habit de guerrière, Son beau corps a roulé sous la vague marine.
Les mains teintes du sang des fiers Autrichiens Thétis, les yeux en pleurs,dans le creux d'un rocher,
Et de Charles le Téméraire. Aux monstres dévorants eut soin de le cacher.
Devant eUe on portait ces piques et ces dards, Par son ordre bientôt les belles Néréides
On tratnait ces canons, ces échelles fatales, S'élèvent au-dessus des demenres humides,
Qu'elle-même brisa, quand ses mains triomphales Le poussent au rivage, et dans ce monument
De Genève en danger défendaient les remparts. L'ont au cap du Zéphyr déposé mollement
Un peuple entier la suit sa nalve aHégresse Et de loin, à grands cris appelant leurs compagnes,
Fait à tout l'Apennin répéter ses clameurs Et les nymphesdes bois,des sources,des montagnes,
Leurs fronts so*t couronnés de ces fleurs Que la Tontes, frappant leur sein et traînant un tongdeuil,
[Grèce Répétèrent, hélas, autour de son cercueil
Aux champs de Marathon prodiguait aux vain-
queurs. « Hélas 1 chez ton amant tu n'es point ramenée,
C'est là leur diadème; Us en font plus de compte Tu n'as point revêtu ta robe d'hyménée,
Que d'un cercle a fleurons de marquis ou de comte, L'or autour de ton bras n'a point serré de noeuds.
Et des larges mortiers à grands bords abattus, Et le bandeau d'hymen n'orna point tes cheveux!
Et de ces mitres d'or aux deux sommets pointus. ANDBÉ CaÉMER (mort en t'!9~}.
On ne voit point Ici )a grandeurinsultante
Portant de l'épaule au coté LE VAISSEM Vengeur.
Un ruban que la Vanité
A tissu de sa main brillante; Au sommet glacé du Rhodope
Ni la Fortune insolente Qu'il soumit tant de fois à ses accords touchante
Repoussant avec nerté Par de timides sons le fils de Calliope
La prière humble et tremblante Ne préludait point à ses chants. ·
De la triste Pauvreté. Plein d'une audace pindarique,
On n'y méprise point les travaux nécessaires H faut que des hauteurs du sublime Hélicon
Les états sont égaux, et les hommes sont frères. Le premiertrait que lance un poète lyrique
Liberté, liberté, ton trône est en ces lieux. Soit une flèche d'Apollon.
La Grèce où tu naquis t'a pour jamais perdue,
Avec ses sages et ses dieux. L'Etna, géant incendiaire,
Borne depuis Brutus ne t'a jamais revue. Qui d'un front embrasé fend la voûte des airs,
Chez vingt peuplès polis à peine es-tu connue. Dédaigne ces volcans dont la froide colère
Le Sarmate à cheval t'embrasse avec fureur S'épuise en stériles éclairs.
Mais le bourgeois à pied, rampantdans l'esclavage, A peine sa fureur commence,
Te regarde, soupire et meurt dans la douleur. C'est un vaste incendie et des fleuves brûlants.
L'Anglais, pour te garder, signala son courage Qu'il est beau de courroux, lorsque sa bouche im-
Mais on prétend qu Londre on te vend quelque-
[fois
Vomit leurs flots étincelants1 [mensa
Non, je ne le crois point; ce peuple fier et sage Tel éclate un libre génie,
Te paya de son sang, et soutiendrates droits. Quand il lance aux tyrans les foudres de sa voix;
Aux marais du Batave on dit que tu chancelles Telle à flots indomptés ea brûlante harmonie
Tu peux te rassurer la race des Nassaux, Entralne les sceptres des rois.
Qui dressa sept autels à tes lois immortelles, Toi que je chante et que j'adore,
Maintiendra de ses mains fidèles
Et tes honneurs, et tes faisceaux. Dirige, 6 liberté, mon vaisseau dans son cours.
Venise te conserve, et Gênes t'a reprise. Moins de vents orageux tourmentent le Bosphore
Que la mer terrible où je cours.
Tout & côté du trône à Stockholm on t'a mise;
Un si beau voisinage est souvent dangereux. Argo, la nef à voix humaine,
Préside à tout Etat où la loi t'autorise, Qui mérita l'Olympe et luit au front descieux,.
Et restes-y si tu le peux. Quel que fût le succès de sa course lointaine,
t'appelle; Prit un vol moins audacieux.
Embellis ma retraite ou l'amitié
Sur de simples gazons viens t'asseoiravec elle. Vainqueur d'Eole et des Pléiades,
Elle fuit comme toi les vanités des cours, Je sens d'un souffle heureux mon navire emporté
Les cabales du monde, et son règne frivole. Il échappe aux écueils des trompeusesCyclades,
0 deux divinités 1 vous êtes mon recours Et vogue à l'immortalité.
L'une élevé mon âme, et l'autre la console; Mais des flots fùf-i! la victime,
Présidez à mes derniers jours. Ainsi que le Vengeur il est beau de périr
VOLTAIRE (t755). 11 est beau, quand le sort vous plonge dans t'aMme-
De paraltre le conquérir.
LA MCM! TAMHTIM- Trahi par le sort infidèle,
Comme un lion pressé de nombreux téopardSt.
Pleurez, doux alcyons o vous, oiseaux sacrés, Seul au milieu de tous, sa fureur étincelle
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez 1 Il les combat de toutes parts.
L'airain lui déclare la guerre Les Français de leurs droits ne sont-ils plus jaloux 7
Le fer, l'onde, la flamme entourent ses héros. Cet homme a-t-il pensé que, vainqueur avec tous,
Sans doute ils triomphaient mais leur dernier ton- Il pouvait, malgrétous,envahir leur puissance?
Vient de s'éteindre dans les flots. [nerre Déserteur de l'Egypte, a-t-il conquis la France?
Jeune imprudent,arrête: où donc est l'ennemi!
Captifs, la vie est un outrage Si dans l'art des tyrans tu n'es pas affermi.
Ils préfèrent le gouffre à ce bienfait honteux. Vains cris! plus de sénat; la république expire;
L'Anglais, en frémissant, admire leur courage; Sons un nouveau Cromwell naltun nouvel empire.
Albion pâlit devant eux. Hélas 1 le malheureux, sur ce bord enchanté,
Plus fiers d'une mort infaillible, Ensevelit sa gloire avec la liberté. 1

Sans peur, sans désespoir, calmes dans leurs com- Crédule, j'ai longtemps célébré ses conquêtes;
De ces républicains l'âme n'est plus sensible [bats, Au forum, au sénat, dans nos jeux, dans nos fêtes,
Qu'à l'ivresse d'un beau trépas. Je proclamais son nom, je vantais ses exploits,
Quand ses lauriers soumis se courbaient sous les
Près de se voir réduits en poudre, Quand, simplecitoyen, soldat du peuple libre, [lois,
Ils défendent leurs bords enflammés et sanglants. Aux bords de l'Eridan, de l'Adige et du Tibre,
Voyez-les défier et la vague et la foudre, Foudroyant tour à tour quelques tyrans pervers,
Sous des mâts rompus et brûlants 1 Des nations en pleurs sa main brisait les fers
Voyez ce drapeau tricolore Ou quand son noble exil aux sables de Syrie
Qu'élevé en périssant leur courage indompté; Des palmes du Liban couronnaitsa patrie.
Sous le flot qui les couvre, entendez-vous encore Mais, lorsqu'en fugitif regagnant'ses foyers,
Ce cri Vive la liberté I) vint contre l'empire échanger les lauriers,
Je n'ai point caressé sa brillante infamie;
Ce cri, c'est en vain qu'il expire, Ma voix des oppresseurs fut toujours ennemie;
Etouffé par )a mort et par les flots jaloux Et tandis qu'il voyait des flots d'adorateurs
Sans cesse il revivra, répété par ma lyre Lui vendre avec l'Etat leurs vers adulateurs,
Siècles, il planera sur vousI Le tyran dans sa cour remarqua mon absence:
Car je chante la gloire, et non pas la puissance.
Et vous, héros de Salamine,
Dont Téthys vante encor les exploits glorieux,
Non, vous n'égalez point cette auguste ruine, Le troupeau se rassemble à la voix des bergers
Ce naufrage victorieux. J'entends frémir du soir les insectes légers
ÉcoucHARD-LEBMN(mort en 1807). Des nocturnes zéphyrs je sens la douce haleine;
Le soleil do ses feux ne rougit plus la plaine;
LA PROMENADE. Et cet astre plus doux, qui luit au haut des cieux,
Élégie.
Argente mollement les flots silencieux.
Mais une voix qui sort du vallon solitaire
Roule avec majesté tes ondes fugitives, Me dit: Viens; tes amis ne sont plus sur la terre;
Seine; j'aime à rêver sur tes paisibles rives, Viens tu veux rester libre, et le peuple est vaincu.
En laissant comme toi la reine des cités. 1 est vrai jeune encor, j'ai déjà trop vécu.
Ah lorsque la Nature, à mes yeux attristés, L'espérance lointaine et les vastes pensées
Le front orné de fleurs, brille en vain renaissante; Embellissaient mes nuits tranquillement bercées
Lorsque du renouveau l'haleine caressante A mon esprit déçu, facile à prévenir,
Rafraîchit l'univers de jeunesse paré, Des mensonges riants coloraient l'avenir.
Sans ranimer mon front pâle et décoloré; Flatteuse illusion, tu m'es bientôt ravie1
Du moins, auprès de toi que je retrouve encore Vous m'avez délaissé, doux rêves de la vie;
Ce calme inspirateur que le poète implore, Plaisir, gloire, bonheur, patrie et liberté,
Et la mélancolie errante au bord des eaux. Vous fuyez loin d'un cœur vide et désenchanté.
Jadis, il m'en souvient, du fond de leurs roseaux, Les travaux, les chagrins ont doublé mes années
Les nymphes répétaient le chant plaintif et tendre Ma vie est sans couleur; et mes pâles journées,
Qu'aux échos de Passy ma voix faisait entendre. M'offrent de longs ennuis l'enchalnementcertain,
Jours heureux 1 temps lointain, mais jamais oublié, Lugubre comme un soir qui n'eut pas de matin.
Où les arts consolants, où la douce amitié, Je vois le but, j'y touche, et j'ai soif de l'atteindre
Et tout ce dont le charme intéresse à la vie, Le feu qui me brûlait a besoin de s'éteindre;
Egayaient mes destins ignorés de l'envie 1 Ce qui m'en reste encorn'est qu'un morne flambeau
Eclairant à mes yeux le chemin du tombeau.
Saint-Cloud, je t'aperçois; j'ai vu,loin de tes rives, Que je repose en paix sous le gazon rustique,
S'enfuir sous les roseaux tes naiades plaintives; Sur les bords du ruisseau pur et mélancolique
J'imite leur exemple, et je fuis devant toi Vous, amis des humains, et des champs, et des vers,
L'air de la servitude est trop pesant pour moi. Par un doux souvenir peuplez ces lieux déserts;
A mes yeux éblouis vainement tu présentes Suspendez aux tilleuls qui forment ces bocages
De tes bois toujours verts les masses imposantes, Mes derniers vêtements mouillés de tant d'orages;
Tes jardins prolongés qui bordent ces coteaux, Là quelquefois encor daignez vous rassembler;
Et qui semblent de loin suspendussur les eaux: Là prononcez l'adieu: que je sente couler
Désormais je n'y vois que la toge avilie Sur le sol enfermantmes cendres endormies
Sous la main du guerrier qu'admira l'Italie. Des mots partis du cœur et des larmes amies
Des champêtresplaisirs tu n'es plus le séjour: M.-J. CaËNtEtt (mort en 1811.)
Ah 1 de la liberté tu vis le dernier jour1
Dix ans d'efforts pour elle ont produit ~esclavage 1 LA SAtNTE-tU-IANCEDES PEUPLES-
Un Corse a des Français dévoré l'héritage 1
Elite des héros au combat moissonnés, J'ai vu la Paix descendre sur la terre,
Martyrs avec lagloire à l'échafaud tramés, Semant de l'or, des fleurs et des épis.
Vous tombiezsatisfaits dans une autre espérance 1 L'air était calme, et du dieu de la guerre
Trop de sang, trop de pleurs ont inondé la France Elle étouffait les foudres assoupis.
De ces pleurs, de ce sang un homme est l'héritier 1 « Ah disait-elle, égaux par la vaillance,
Aujourd'hui dans un homme un peuple est tout Français, Anglais. Belge, Russe ou Germain
Tel est le fruit amer des discordesciviles. [entier Peuples, formez une sainte alliance,
Mais les fers ont-ils pu trouver des mains serviles? Et donnez-vous la main.
D Pauvres mortels, tant de haine vous lasse Le Rhin lui seul peut retremper nos Mme?.
Vous ne goûtez qu'un pénible sommeil. Dieu, aes enfants, vous donne un beau trépas ) 1
D'un globe étroit divisez mieux l'espace; De quel éclat brillaient dans la bataille
Chacun de vous aura place au soleil. Ces habits bleus par ta victoire usés (
Tous attelés au char de la puissance,
Du vrai bonheur vous quittez le chemin. LaLibercé mêlait à la mitraille
Peuples, formez une sainte alliance, Des fers rompus et des sceptres brisés.
Et donnez-vous la main. Les nations, reines par nos conquêtes,
Ceignaient de fleurs. le front de nos soldats.
Chez vos voisins vous portez l'incendie; Heureux celui qui meurut dans ces fêtes t
L'aquilon souffle, et vos toits sont brûlés, Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas!I
Et quand la terre est enfin refroidie
Le soc languit sous des bras mutilés. x Tant de vertu trop tôt fut obscurcie
Près de la borne où chaque Etat commence Pour s'anoblir nos chefs sortent des rangs,
Aucun épi n'est pur de sang humain. Par la cartouche encor toute noircie,
Peuples, formez une sainte alliance, Leur bouche est prête à flatter les tyrans.
Et donnez-vous la main. LaLiberté déserte avec ses armes.
D'un trône a l'autre ils vont offrir leurs bras;
o Des potentats, dans vos cités en flammes, A notre gloire on mesure nos larmes.
Osent du bout de leur sceptre insolent Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas »
Marquer, compter et recompter les âmes Sa fille alors, interrompant sa plainte,
Que leur adjuge un triomphe sanglant. Tout en niant, lui chante a demi-voix
Faibles troupeaux, vous passez sans défense Ces airs proscrits qui. les frappant de crainte,
D'un joug pesant sous un joug inhumain. Ont en sursaut réveillé tous les rois.
Peuples, formez une sainte alliance, Peuple, à ton tour, que ces chants te réveillent:
Et donnez-vous la main. !) en est temps 1 » dit-il aussi tout bas.
» Que Mars en vain n'arrête point sa course;
Puis il répète à ses fils qui sommeillent
Fondez des lois dans vos pays souffrants. «Dieu, mesenfants, vous donne un beau trépas
De votre aang ne livrez plus la spurce BËRANOER (1823).
Aux rois ingrats, aux vastes conquérants.
Des astres faux conjurez l'influence;
Effroi d'un jour, ils pâliront demain. LE LIC.
Peuples, formez une sainte alliance,
Et donnez-vousla main. Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
x Oui, libre enfin, que le monde respire; Ne pourrons-nous jamais, sur l'océan des âges,
Sur le passé jetez un voile épais. Jeter l'ancré un seul jour ?
Semez vos champs aux accords de la lyre
L'encens des arts doit brûler pour la paix. 0 lac l'année à peine a fini sa carrière,
L'espoir riant, au sein de l'abondance, Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Accueillera les doux fruits de l'hymen. Regarde je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Peuples, formez une sainte alliance, 0& tu la vis s'asseoir!1
Et donnez-vousla main. u Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes;
Ainsi parlait cette vierge adorée, Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés;
Et plus d'un roi répétait ses discours. Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Comme au printemps la terre était parée Sur ses pieds adorés.
L'automne en fleurs rappelait les amours. Un soir, t'en souvient-il? nous voguions en silence;
Pour l'étranger, coulez, bons vins de France On n'entendaitau loin, sur l'onde et sous les cieux,
De sa frontière il reprend le chemin, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Peuples, formez une sainte alliance, Tes flots harmonieux.
Et donnez-vous la main.
BÉRANGER (18t8). Tout à coup des accents, inconnus & la terre,
Du rivage charmé frappèrent les échos
LE VYECX SERGENT. Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots
Près du rouet de sa fille chérie,
Le vieux sergent se distrait de ses maux. <t
0 temps, suspends ton volet vous, Tienres pro-
Et, d'une main que la balle a meurtrie, Suspendez votre cours? 1 [pices,
Berce en riant deux petits-fils jumeaux. Laissez-nous savourer les rapides délices
Assis tranquille au seuil du toit champêtre, Des plus beaux de nos joursI
Son seul refuge après tant de combats,
Il dit parfois a Ce n'est pas tout de naître e Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux;
Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent;
Mais qu'entend-il 1 le tambour qui résonne; Oubliez les heureux.
11-voit au loin passer un bataillon; Mais je demande en vain quelques moments en-
Lé sang remonte à son front qui grisonne Le temps m'échappe et fuit; [core,
Le vieux coursier a senti l'aiguillon. Je dis cette nuit sois plus lente et l'aurore
Hélas! soudain tristement il s'écrie Vi dissiper la nuit.
« C'est un drapeau que je ne connais pas.
Ah 1 si jamais vous vengez la patrie, Aimons donc, aimons donc t de l'heure fugitive,
Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas)' Hâtons-nous, jouissons!1
héroïque, L'homme n'a point de port, le temps n'a point de
Il Qui nous rendra, dit cet homme Il coule, et nous passons!" » [rive;
Aux bords du Rhin, à Jemmapes, à Fleurus
Ces paysans, fils de la République, Temps jaloux, se peut-il que cesmomentsd'ivresse
Sur la frontière à sa voix accourus. Où 1 amour à longs flots nous verse le bonheur,
Pieds nus, sans pain, sourds aux lâches alarmes, S'envoient loin de nous de la même vitesse
Tous à la gloire allaient d'un même pas. Que les jours de malheur?
Héquoi! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace! Il vit 1 Le colosse superbe
Quoi! passés pourjamais? quoi! tout entiers perdus? Qui couvre un arpent tout entier,
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface, Dépasse à peine le brin d'herbe
Ne nous les rendra plus ? Que le moucheron fait plier.
Eternité, néant, passé, sombres abimes, Mais sa feuille boit la rosée;
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ? La racine fertilisée
Parlez, nous rendrez-vous ces extases sublimes Grossit commeune eau dans son cours;
Que vous nous ravissez? Et dans son cœur qu'il fortifie
Circule un sang ivre de vie,
0 lac rochers muets 1 grattes forêt obscure Pour qui les siècles sont des jours.
Vous que le temps épargne et qu'il peut rajeunir, Les sillons, où les blés jaunissent
Gardez de cette nuit, gardez, belle Nature, Sous les pas changeants des saisons,
Au moins le souvenir! Se dépouillent et se vêtissent
Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages, Comme un troupeau de ses toisons
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux, Le fleuve nalt, gronde et s'écoule
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages La tour monte, vieillit, s'écroule;
Qui pendent sur tes eaux 1 L'hiver effeuille le granit
Qu'il soit dans la zéphyr qui frémit et qui passe,
Desgénérationssans nombre
Vivent et meurent sous son ombre:
Dans les bruits de tes bords par tes bords répètes, Et lui? voyez, il rajeunit)
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta sur-
De ses molles clartés [face Son tronc que l'écorce protège,
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire, Fortiné par mille nœuds,
Que les parfums légers de ton air embaumé, Pour porter sa feuille ou sa neiga
S'élargit sur ses pieds noueux;
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire, Ses bras que le temps multiplie,
Tout dise ils ont aimé! Commeun lutteur qui se repUo
LAMARTINE (Méditations poétiques).
Pour mieux s'élancer en avant,
Jetant leurs coudes en arrière,
LE CHÊNE. Se recourbentdans la carrière,
Pour mieux porter le poids du ventt
Voilà ce chêne solitaire Et son vaste et pesant feuillage,
Dont le rocher s'est couronné Répandant la nuit alentour,
Parlez à ce tronc séculaire, S'étend, comme un large nuage,
Demandez comment il est né. Entre la montagne et le jour;
Un gtand tombe de l'arbre et roule sur la terre; Comme de nocturnes fantômes,
L'aigle à la serre vide, en quittant les vallons, Les vents résonnent dans ses dûmes
S'en saisit en jouant et l'emporte à son aire, Les oiseaux y viennentdormir,
Pour aiguiser le bec & ses jeunes aiglons; Et pour saluer la lumière
Bientôt du nid désert qu'emporte la tempête S'élèvent comme une poussière,
tl roule confondu dans les débris mouvants, Si la feuille vient à frémir.
Et sur la roche nue un grain de sable arrête
Celui qui doit un jour rompre l'aile des vents. La nef dont le regard implore
L'été vient, l'aquilon soulève Sur les mers un phare certain,
La poudre des aillons, qui pour lui n'est qu'un jeu, Le voit, tout noyé dans l'aurore,
Et sur le germe éteint où couve encor la sève Pyramider dans le lointain.
En laisse retomber un peu. Le soir fait pencher sa grande ombre
Le printemps, de sa tiède ondée Des flancs de la colline sombre
L'arrose comme avec la main Jusqu'au pied des derniers coteaux.
Cette poussière est fécondée, Un seul des cheveux de sa tête
Et la vie y circule enfin. Abrite contre la tempête
La vie A ce seul mot tout œil, toute pensée, Et le pasteur et les troupeaux.
S'inclinent confondus et n'osent pénétrer; Et pendant qu'au vent des collines
Au seuil de l'Infini c'est ta borne placée. Jl berce ses toits habités,
Où la sage ignorance et l'audace insensée Des empires dans ses racines,
Se rencontrent pour adorer¡ Sous son écorce des cités;
Il vit, ce géant des collines Là, près des ruches des abeilles,
Mais avant de paraltre au jour, Arachné tisse ses merveilles,
ït se creuse avec ses racines Le serpent siffle, et la fourmi
Des fondements comme une tour. Guide à ses conquêtes de sables
Il sait quelle lutte s'apprête, Les multitudes innombrables
Et qu'il doit contre la tempête Qu'écrase un lézard endormi.
Chercher sous la terre un appui, Et ces torrents d'âme et de vie,
H sait que l'ouragan sonore Et ce mystérieux sommeil,
L'attend au jour. ou s'il l'ignore, Et cette sève rajeunie
Quelqu'un du moins le sait pour lui! Qui remonte avec le soleil
Ainsi, quand le jeune navire Cette intelligence divine
Qui pressent, calcule, devine
Où s'élancent les matelots, Et s'organise pour sa fin
Avant d'affronter son empire Et cette force qui renferme
Veut s'apprivoiser sur les flots, Dans un gland le germe du germe
Laissant filer son vaste câble, D'êtres sans nombre et sans fin;
Son ancre va chercherle sable
Jusqu'au fond de vallons mouvants~ Ht ces mondes de créatures
Et sur ce fondement mobile Qui, naissant et vivant de lui,
Il balance son mât fragile, Y puisent être et nourritures
Et dort au vain roulis des vents, Dans les siècles comme aujourd'hui:
Tout cela n'est qu'un gland fragile L'homme n'écrit rien sur le sable
Qui tombe sur le roc Mérite, A l'heure où passe l'aquilon.
Du bec de l'aigle ou du vautour J'ai vu le temps où ma jeunesse
Ce n'est qu'une aride poussière Sur mes lèvres était sans cesse
Que !e vent sème en sa carrière, Prête à chanter comme un oi'eau
Et qu'échauffe un rayon du jour! 1 Mais j'ai souffert un dur martyre,
Et le moins que j'en pourrais dire,
Et moi, je dis Seigneur, c'est toi seul, c'est ta force, Si je l'essayais sur ma lyre,
Ta sagesse et ta volonté La briserait comme un roseau.
Ta rie et ta fécondité AUMDDBJMUSSET (1835~.
Ta prévoyance et ta bonté! 1
Le ver trouve ton nom gravé sous son écorce, lA MOfT DU LOUP (fragment).
Et mon (Bit, dans sa masse et son éternité.
LA)fA«T)NE (1826. Harmonies poétiques ï1
et religieuses).
Les couteaux lui restaient au nancjusqu'Ma garde.
LA Ncrr DE MAI (fragment). Le clouaient au gazon tout baigne dans son sang
Nos fusils l'entouraienten sinistre croissant.
)) nous regarde encore, ensuite il se recouche,
La muse. Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Crois-tu donc que je sois commele vent d'automne, Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Qui se nourrit de pleurs jusque sur un tombeau, Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
Et pour qui la douleur n'est qu'une goutte d'eau? n
0 poète un baiser, c'est moi qui te ie donne. J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
L'herbe que je voulais arracher de ce lieu,
C'est ton oisiveté ta douleur est à Dieu. Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
Quel que soit !e souci que ta jeunesse endure, A poursuivre sa louve et ses Os, qui, tous trois,
Laisse-la s'élargir, cette sainte blessure Avaient voulu l'attendre, et, comme le crois,
je
Que les noirs séraphins t'ont faite au fond dn cœur Sans ses deux louveteaux, la belle et nombre veuve
Rien ne nous rend si grands qu'une grande douleur. Ne t'eût pas laissé seul subir la grande épreuve;
Mais pour en être atteint, ne crois pas, o poète, Mais son devoir était de les sauver, afin la fatm,
Que ta voix ici-bas doive rester muette. De pouvoir leur apprendre à bien souffrir
jamais entrer dans le pacte desvittes
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, A net'homme'a
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots. Que fait avec les animaux serviles
Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage, Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Dans les brouillards du soir retourne à ses ro- Les premiers possesseursdu bois et
du rocher.
Ses petits affamés courent sur le rivage [seaux, m
En le voyant au loin s'abattre sur les eaux.
Déjà, croyant saisir et partager leur proie, Hélas 1 ai-jepensé. malgré ce grand nom d'hommes,
Ils courent à leur père avec des cris de joie, Que j'ai honte de nous, débites que nous sommes t
En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux. Comme l'on doit quitter la vie et tous ses maux,
Lui, gagnant à pas lents une roche élevée, C'est vous qui le savez, sublimes animaux1
De son aile pendante abritant sa couvée, A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,
Pécheur mélancolique, il regarde les cieux. Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.
Le sang coule à longs tlots de sa poitrine ouverte Ah je l'ai bien compris, sauvage voyageur,
En vain il a des mers fouillé la profondeur Et ton dernierregard m'est allé jusqu'au cœur
L'Océan était vide et la plage déserte Il disait « Si tu peux, fais que ton âme arrive,
Pour toute nourriture il apporte son cœur. A force de rester studieuse et pensive,
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre, Jusqu'à ce haut degré de stoique fierté
à
Partageant ses fils ses entrailles de père, Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Dans son amour sublime il berce sa douleur; Gémir, pleurer, prier, est également lâche.
Et, regardant couler sa sanglante mamelle, Fais énergiquementta longue et lourde tacite
Sur son festin de mort il s'affaisse et chancelle, Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,
Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur. Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans par-
Mais parfois, au milieu du divin sacrifice, ler.'
Fatigué de mourir dans un trop long supplice, ALFaED DE VIGNY (1843).
Il craint que ses enfants ne le laissent vivant;
Alors il se soulève, ouvre son aile au vent, L'ENFANT.
Et, se frappant le cœur avec un cri sauvage, Lorsque l'enfant parait, le cercle de famille
H pousse dans la nuit un si funèbre adieu, Applaudit à grands cris; son doux regard qui brille
Que les oiseaux des mers désertent le rivage, Fait briller tous les yeux,~
Et que le voyageur attardé sur la plage, les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Sentant passer la mort, se recommande à Dieu. Et Se dérident soudain à voir l'enfant paraltre,
Poète, c'est ainsi que font les grands poètes. Innocent et joyeux.
Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps
Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes Soit que Jnin ait verdi mon seuil, ou que Novembre
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans. Fasse autour d'un grand feu vacillant dans la cham-
Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées, Les chaises se toucher, j~re
Quand l'enfantvient, la joie arrive et nous éclatro
De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater cœur. le On rit, on se récrie, on l'appelle, et sa mère
Leurs déclamations sont comme des épées Tremble à le voir marcher.
Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant Quelquefois nous parlons, en remuant la flamme,
Mais il y pend toujours quelque goutte de sang. De patrie et de Dieu, des poètes, de l'âme
Qui s'élève en priant.
Le poète. L'enfant paraît adieu le ciel et la patrie,
0 Muse! spectre insatiable, Et les poètes saints 1 la grave causerie
Ne m'en demande pas si long. S'arrête en Mnriant.
lie grondait faits! ces
Voyez comme ils sont [hommes
la plaine'
Enfant, vous êtes l'aube et mon âme est haleine
EU
l
Qui des plus douces fleurs embaume son ,es monstres ils auront cueilli
Le toutes nos pommes.
Quand vous la respirez aimons.
sombres ramures Pourtant nous les
Mon âme est la forêt dont lesde Mjadame, les garçons sont le souci des mères;
S'emplissent pour vous seul suaves murmures
Etderayonsdorés!1 :ar ils ont la fureur de courir dans les pierres
Ca
Comme font les démons 1.
sontpleinsdedouceursMnies
Car vos beaux yeux Puis un même sommeil, nous berçant comme un
Car vos petites mains, joyeuses 1et
N'ont point fait
Jamais vos jeunes pas
mal encor
n'ont touché
bénies,
notre ,“ i'
fange; fous deux au même lit nous couchait
Tr
Puis un même
côte
réveil..
Tête sacrée! enfant aux cheveux blonds bel ange Puis, trempé dans un lait sorti chaud de l'étable,
[hôte,
cote

Al'auréole d'ort
Le même pain faisait rire à la mem& table
V
doux sourire, Notre appétit vermeil i
Il est si beau, l'enfant, avec son veut tout dire,
Sa douce bonne foi, sa voix qui
Sespteursviteapaisés; Et nous recommencionsnos jeux, cueillant par gerbe
E
étonnée et ravie, L fleurs, tous les bouquets quiréjouissentt herbe.
Les
Laissant errer sa vue Le lis à Dieu pareil,
Offrant de toutes parts sa
Et sa bouche aux
jeune âme à la vie,
baisers 1

préservez-moi, préservez ceux que j'aime,


Il
Surtout
Luire
L
ces fleurs de flamme et d'or
à terre en avril comme des
qu'on voit, si
étincelles
Qui tombent du soleil!
[belles,
Seigneur,
S
ennemis même
Frères, parents, amis, et mes On nous voyait tous deux, gaieté de la famille,
Dans le mal triomphants, I front épanoui, courirennammé.sous la charmille,
Dejamaisvoir.Seigneur.l'étésansaeursyermeilIes, Le L'œil de joie
ruche sans abeilles,
La cage sans oiseau, laenfants 'tHélas! hélas! quel deuil pour ma tête
orpheUno!
La maison sans 1

d'automne). Tu vas donc désormais dormir sur la colline,
'J
VICTOR HUGO (les Feuilles Mon pauvre bien-aimé!
Tu vas dormir la-haut sur la colline verte,
A SON FRÈRE.
Qui, livrée à l'hiver, à tous les vents ouverte,
A le ciel pour plafond
à la suite d'une Tu vas dormir, poussière, au fond d'un lit d'argile
(Un frère dupo ète était mort jeune,raison.) Et moi je resterai parmi ceux de la ville
maladie qui avait altéré sa
Qui parlent et qui vont!
Puisqu'il plut au Seigneur de te briser, poète, VICTOR Hueo (Les MM intérieures.)
Puisqu'il plut au Seigneur de comprimer ta tète
De son doigt souverain, SOUVENIRS.
D'en faire une urne sainte à contenir l'extase,
D'y mettre le génie et de sceller ce vase 0 souvenirs 1 printemps aurore t
réchauffant
Avec un sceau d'airain; Doux rayon triste et 1

Lorsqu'elle était petite encore,


Tu pars du moins, mon frère, avec ta qui robe blanche! Que était tout enfant.
l'eau s épanche sa soeur
Tu retournes à Dieu comme Connaissez-voussur la colline
Par son poids natnrel t
Tu retournes à Dieu. tête de candeur l'haleine pleine, Qui joint Montlignon à Saint-Leu,
Comme y va la lumière et comme y va Une terrasse qui s'incline
Qui des fleurs monte au ciel! Entre le bois et le ciel bleu 7
Doux et blond compagnon de toute mon enfance, C'est là que nous vivions. Pénètre,1
Oh! dis-moi, maintenant, frère marqué davaDse Mon cœur, dans ce passé charmant
Pour un morne avenir; Je l'entendais sous ma fenêtre
Maintenant que la mort a rallumé ta flamme, Jouer le matin doucement.
Maintenant que la mort a réveillé ton âme,
Elle courait dans la rosée
Tu dois te souvenir! Sans bruit, de peur de m'éveiller
Feuillantines,
Tu dois te souvenir des vertes enfantines, Moi, je n'ouvrais pas ma croisée,
Et de la grande allée où nos voix De peur de la faire envoler.
Nos purs gazouillements, [taines, Aube pure!
laissé dans les coins des murs, dans les ton- Ses frères riaient.
Ont Tout chantait sous ces frais berceaux
Dans lenid des oiseaux et dans le creux des chênes, Ma famille avec la nature,
Tant d'échos si charmants! Mes enfants avec les oiseaux1
radieux! aube
0 temps! joursmet-il donc le meilleur trop tôt ravie!
Pourquoi Dieu de la vie Je toussais, on devenait brave;
Tout au commencement? Elle montait à petits pas,
Nous naissions! on eût dit que le vieuxmystère monastèree Et me disait d'un air très grave
bas. »
Pour nous voir rayonner ouvrait avec a J'ai laissé les enfants en
Son doux regard dormant. Qu'elle fût bien ou mal coiffée,
T'en souviens-tu, mon frère? après l'heure d'étude, Que mon cœur fût triste ou joyeux,
Oh! comme nous causions dans cette solitude, Je l'admirais. C'était ma fée, 1
Sous les arbres blottis, Et le doux astre de mes yeux
Nous avions, en chassantquelque insecte qui saute,
Nous jouions toute la journée.
L'herbe jusqu'aux genoux, car l'herbe était bien
0 jeux charmants 1 chers entretiens t
Nos genoux bien petits. [haute, était 1 aînée.
Le soir, comme elle
Elle me disait: Père, viens 1
Vives tètes d'enfants par la course effarées,
Nous poursuivions dans l'air cent ailes bigarrées allons t'apporter ta chaise,
Le soir nous étions las; « Nous
Conte-nous une histoire, dis [
Nous revenions,jouant avec tout ce qui joue, Et je voyais rayonner d'aise
Frais, joyeux, et tous deux baisés à pleine joue Tous ces regards du paradis.
Par notre mère, hélas!
Alors, prodiguantles carnages,
J'inventais un conte profond, LE SEMEUR.
Dont je trouvais les personnages C'est le moment crépusculaire
Parmi les ombres du plafond. J'admire assis, sous un portail,
Toujours, ces quatre douces têtes Lereste de jour dont s'éclaire
Riaient, comme à cet âge on rit, La dernière heure du travail.
De voir d'affreux géants très bêtes Dans les terres, de nuit baignées,
Vaincus par des nains pleins d'esprit. Je contemple, ému, les haillons
J'étais l'Arioste et l'Homère D un vieillard qui jette à poignées
D'un poème éclos d'un seul jet; La moisson future Ma sillons.
Pendant que je parlais, leur mère Il marche dans la plaine immense,
Les regardaitrire, et songeait. Va, vient, lance la graine au loin,
Leur aïeul, qui lisait dans l'ombre, Rouvre sa main et recommence;
Sur eux parfois levait les yeux, Et je médite, obscur témoin,
Et moi, par la fenêtre sombre, Pendant que déployant ses voiles,
J'entrevoyais un coin des cieux1 L ombre, où se mêle une
4Mpt.l846. Semble élargir jusqu'aux rumeur,
étoiles
VICTOR HUGO (les Contemplations).
Le geste auguste du semeur.
VICTOR HUGO (les Chansons des
rues et des bois).
PAROLES D'ExIL.
LA BRETAGNB.
Puisque la juste est dans l'abtme, 0 landes, 6 forêts, pierres sombres
Puisqu'on donne le sceptre au crime Bois qui couvrez nos champs, et hautes,
Puisque tous les droits sont trahis mers qui battez nos
Puisque les plus fiers restent mornes, Villages où les morts errent avec les
Puisqu'on affiche au coin des bornes Bretagne) vents,
1 d'où te vient l'amour de
Le déshonneur de mon pays tes enfants?
Des villes d'Italie où j'osai, jeune et svelte,
0 République de nos pères, Parmi CM hommes-brunsmontrer l'œil bleu d'un
Grand Panthéon plein de lumières, 1 [Celte,
D&me d'or dans le libre J'arrivais plein des feux de leur volcan
azur,
Temple des ombres immortelles, Mùri par leur soleil, de leurs arts enivré. sacré,
Puisqu'on vient avec des échelles Mais dès que je sentis, ma terre natale,
Coller l'empire sur ton mur; L'odeur qui des genêts et des landes
Puisque toute âme est affaiblie, Lorsque je vis le flux, le reflux de la s'exhale,
Et les tristes sapins se balancer dans mer,l'air,
Puisqu'on rampe; puisqu'on oublie Adieu les orangers, les marbres de Carrare
Le vrai, le pur, le grand, le beau, Mon instinct l'emporta, je redevins barbare, t
Les yeux indignés de l'histoire, Et j'oubliai les noms des antiques héros
L'honneur, la loi, le droit, la gloire, Pour chanter les combats des loups des
Et ceux qui sont dans le tombeau et taureaux.
A. BMZBin[.
Je t'aime, exil 1 douleur, je t'aime t
Tristesse, sois mon diadème 1 Sm LA NAISSANCE D'tJN ENFANT.
Je t'aime, altière pauvreté 1 Au fracas de l'airain, cloche ou
J'aime ma porte aux vents battue. Dans un pli de la pourpre au mondecanon qui gronde,
J'aime le deuil, grave statue
Qui vient s'asseoir à mon côte. Quand un enfant naissait, futur maîtreprésenté,
du monde
Autour de son berceau je n'ai jamais chanté.
J'aime le malheur qui m'éprouve; Mais je te chanterai d'une voix libre et fière,
Et cette ombre où je vous retrouve, Toi pauvre nouveau-né, toi fils du paysan 1
u vous à qui mon sourit, ht 1 héritier sans nom d'une obscure chaumière
Dignité, foi, vertu cœur
voilée, M'aura pour son poète et pour son courtisan.
Toi, liberté, aère exilée,
Et toi, dévoûment, grand proscrit « Semez, semez des fleurs sur l'enfant qui
» Ornez-le de vos dons, dirai-je repose,
J'aime cette !ie solitaire, » ~parram?;'
Et je ne t'offrirai, moi, ni jasmin ni
Jersey, que la libre Angleterre Mais, symbole meilleur, i'épi chargérose
Couvre de son vieux pavillon; de grains!I
L eau notre, par moments JOSEPH ACTttAN (Poèmes des beaux jours).
Le navire, errante charrue,accrue,
Le not, mystérieux sillon. A UN GRAVE ÉCOLIER.
J'aime ta mouette, o mer profonde, Monsieur recoller sérieux,
Qui secoue en perles ton onde Vous m'aimez encor, je l'espère 1
Sur son aile aux fauves couleurs, Levez un moment vos grands
yeux'
Fermons ce gros livre ennuyeux,
Plonge dans les lames géantes.
Et sort de ces gueules béantes Et souriez à votre père.
Comme l'âme sort des douleurs t Il est beau d'être un raisonneur,
J'aime la roche solennelle De tout lire et de tout entendre,
D où j'entends la plainte éternelle, De remporter les prix d'honneur!
Sans trêve comme le remords, C'est je crois, un plus grand bonheur
Toujours renaissant dans les ombres Dêtre un enfant aimable et tendre.
Des vagues sur les écueils sombres, Lorsqu'on a fait tout son devoir,
Des mëres sur leurs enfants morts1 Que la main est lasse d'écrire,
Décembre )85?. Quand le père est rentré le soir,
VICTOR HUGO (les
Avec les sœurs, il faut savoir
CAtK~en~). Jouer, causer. même un peu rire
Vous verrez chez les vieux auteurs, Homme, si,le cœur plein de joie ou d'amertume,
Expliqués au long dans vos classes, Tu passais vers midi dans les champs radieux,
Que la muse, à ses sectateurs, Fuis la nature est vide et le soleil consume
Ordonne, en quittant les hauteurs, Rien n'est vivant ici, rien n'est triste ou joyeux.
D'aller sacrifier aux Grâces. Mais si, désabusé des larmes et du rire,
Autres temps, autres conseillers! Altéré de l'oubli de ce monde agité,
Dans le savant siècle où nous sommes, Tu veux, ne sachant plus pardonnerou maudire,
On voit déjà les écoliers Goûter une suprême et morne volupté,
Avec l'algèbre familiers, “ Viens, le soleil te parle en lumières sublimes;
Aussi maussades que les hommes. Dans sa flamme implacableabsorbe-toi sans fin
Chez moi, qu'il n'en soit pas ainsi: Et retourne, à pas lents, vers les cités infimes,
Contre les pédants je réclame; Le cœur trempé sept fois dans le néant divin.
Je suis poète, dieu merci! LECONTE DE LISLE.
Et j'ai pour principal souci,
Mes enfants, de vous faire une âme. LE VASE BMSË.
Le vase où meurt cette verveine
Avant de savoir l'allemand, D'un coup d'éventail fut fêlé.
La physique et le latin même, Le coup dut effleurer à peine,
Aimez! c'est le commencement; Aucun bruit ne l'a révélé.
Aimez sans honte et vaillamment,
Aimez tous ceux qu'il faut qu'on aime! Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
Mais il est trop peu généreux D'une marche invisible et sûre
D'aimer tout bas et bouche close. En a fait lentement le tour.
A ceux que l'on veut rendre heureux, Sbn eau fraiche a fui goutte à goutte,
Des souhaits que l'on fait pour eux Le suc des fleurs s'est épuisé.
Il faut dire au moins quelque chose. Personne encore ne s'en doute;
Les vrais bons cœurs sont transparents; N'y touchez pas, il est brisé 1
On y voit toutes leurs tendresses. Souvent aussi la main qu'on aime,
Ah! chers petits indifférents, Effleurant le cœur, le meurtrit;
Gâtez un peu vos vieux parents Puis le cœur se fend de lui-même,'
Leur bonheur est dans vos caresses La fleur de son amour périt.
C'est beaucoup d'avoir la bonté: Toujours intact aux yeux du monde,
Montrez-labien, qu'on en jouisse!1 Il sent croître et pleurer tout bas
Hfautquc.dcsavantl'étë, Sa blessure fine et profonde;
En fleurs de grâce et de ga!té Il est brisé, n'y touchez pas
Votre bon cœur s'épanouisse. SULLY-PRUDHOMME (Stances et poèmes).
Voyez dans le meilleurterrain, LA PETITE CHAISE.
Parmi les blés hauts et superbes, Ils avaient perdu leur enfant.
C'est Dieu qui meie de sa main Je fus les voir du pauvre père
Le bluet d'azur au bon grain, Je serrai la main en pleurant,
Le pavot rouge à l'or des gerbes. Sans oser regarder la mère.
Vous, ainsi, savants, mais joyeux, Et lorsque je pus lui parler,
Charmez la maison paternelle Tandis qu'il cachait son visage
Quand on a le sourire aux yeux, « Je ne viens pas vous consoler,
A la lèvre un mot gracieux, Mais reprenez un peu courage;
La vertu même en est plus belle.
VICTOR DE LAPRADE. Vers Dieu l'ange a pris son essor.
Oui, me dit-il; mais, triste chose!I
Notre ange, avant-hier encor,
MIDI. Jouait, souriait, était rosé
Midi, roi des étés, épandu sur la plaine, Et maintenant, fit-il plus bas,
Tombe en nappe d'argent des hauteurswiuciel bleu. Il est froid sous la terre humide.
Tout se tait. L'air flamboie et brûle sans haleine L'herbe pousse déjà là-bas.
La terre est assoupie en sa robe de feu. Et la petite chaise est vide. » ·
L'étendue est immense et les champs n'ont point LOUIS RATISBONXE.
[d'ombre. LA LETTM.
Et la source est tarie où buvaient les troupeaux; Sonnet.
La lointaine forêt, dont la lisière est sombre, La lettre qui m'arrive est de noir entourée
Dort là-bas, immobile, en un pesant repos. Elle annonce la mort, et j'hésite l'ouvrir.
Seuls, les grands blés mûris, tels qu'une mer dorée, Mon
i âme n'est jamais tranquille et rassurée
Se déroulent au loin, dédaigneux du sommeil Acette voix qui dit: a Quelqu'un,vient de mourir t"
Pacifiques enfants de la terre sacrée, Ami, vieillard, enfant, fille ou femme adorée,
Ils épuisent sans peur la coupe du soleil. (Quel est le corps glacé qu'un marbre va couvrir? 1
Parfois, comme un soupir de leur âme brûlante, Sous quel toit la douleur est-elle encor entrée?
Du sein des épis lourds qui murmurent entre eux, Qui va porter le deuil, et quels cœurs vontsouffrir 2?
Une ondulation majestueuse et lente jJe devrais le savoir mais l'heure est trop remplie.
S'éveille, et va mourir à l'horizon poudreux. De
] délais en délais, l'âme en soi se replie
Non loin, quelques boeufs blancs, couchés parmi On
( remettait hier, on oublie aujourd'hui.
[lesherbes,~A l l'ami de vingt ans on ajourne un sourire,
Bavent avec lenteur sur leurs fanons épais, 1Et la lettre de mort un matin vient vous dire
Et suivent de leurs yeux languissants et superbes «e Vous ne le verrez plusjamais Priez pour lui
Le songe intérieur qu'ils n'achèvent jamais. 1n
EUGENE MANUEL.
M

MACÉDOINE. – Histoire générale, VIII-X.- Le ce corps peut demeurer la même, son groupement
royaume de Macédoine,dont les origines remon- moléculaire )e même, et la propriété susdite dis-
tent à l'époque mythique,était séparé de la Thes- paraltre; qu'oo chaune an rouge la pierre d'ai-
salie an sud par les monts Cambuniens, de t'Il- mant, et le phénomène d'attraction qu'elle exer-
lyrie à l'ouest par le Pinde, et de la Thrace b l'est çait auparavant sur le fer n'existera plus désormais.
par le fleuve Strymon tes Balkans le limitaientau Semblablement, oi on prépare artinciellement
nord. Il était habité par une population non hellé- l'oxyde salin de fer, en faisant passer, par exem-
nique, d'origine pétasgique, et parlant une langue ple, de la vapeur d'eau sur du fer pur chauffé au
différente de celle des Grecs aussi ceux-ci re- rouge, on obtient bien une substance dont la com-
gardaient-ils tes Macédonienscomme des Barbares. position chimique est cette de l'aimant naturel
Lors des guerres médiques, la Macédoine fut con- mais la propriété d'attirer la limaille ne se mon-
trainte de payer un tribut aux Perses, et le roi tre pas pour cela dans le produit ainsi obtenu.
Alexandre I" dut accompagner Xerxès dans son L'aimant naturel renferme 72,4 de fer pour 27,6
expédition contre les cites grecques; mais le d'oxygène, ce qui correspond à la formule Fo' 0~
prince macédonien,qui n'obéissait aux Perses qu'à ou bien FeO, Fe'O*. FeO, le protoxyde de fer,
regret, fit passer à plusieurs reprises aux Grecs jouerait par hypothèse, dans le composé, le rôle
des avis utiles, et obtint par là d'être admis dans de base, et le aesquioxyde Fe'O' celui d'acide.
leur alliance quand les Asiatiqnes eurent été re- C'est là ce qui fait considérer ce corps comme un
poussés. Sous le règne de ses successeurs~ la véritable sel, un oxyde salin; it résulterait, en effet,
Macédoine, livrée aux guerres civiles, ne joua de l'union d'un acide avec une base. Dans la pro-
qu'un rôle enacé. Mais Philippe n, monté sur le duction artificielle de l'aimant que nous indi-
trône en 359, sut faire d'elle une puissancemilitaire, quions, il y a un instant, la réaction est repré-
et son habileté à profiter des dtscordes des villes sentée par la formule chimique
helléniques le rendit maltre de la Grèce (V. Grèce,
p. 906). Alexandre III, le Grand, continua t'œuvre 3Fe + 4HO = Fe'O* + 4H
de Philippe, et fonda sur les ruines de l'empire
perse une vaste monarchiemilitaire (V.M:a?Mre). L'eau se décompose,en passant sur le fer chauffé
Après la mort d'Alexandre, la Macédoine, restée au rouge; l'oxyde salin Fe'O* prend naissance
d'abord simple province du nouvel empire sous le dans le tube de grès ou de porcelaine où le fer
gouvernement d'Antipater, redevint un royaume avait été d'abord placé, et l'hydrogène se dégage.
indépendantoù régnèrent successivement, de 306 à Quelle que soit la manière d'interpréter au point
2T!, Cassandre, mis d'Antipater, Démétrius Polior- de vue chimique la constitution de la substance,
cète, Pyrrhus d'Epire, Lysimaque, Séteucus, le fait fondamental, la propriété caractéristique
Ptolémée Cérannus, Antigone Gonatas, fils de subsiste. Sous certaines conditions le corps Fe~O*
Démétrias Poliorcète, puis de nouveau Pyrrhus. attire le fer doux, et ou le dit dans ce cas un ai-
Antigone Gonatas, après la mort do Pyrrhus (272), mant. Mais alors même qu'il perd la propriété
recouvra la couronne, qui devint héréditaire dans d'attirer la limaille, il conserve toujours celle d'ê-
sa famille. Nous racontons, à l'article Grèce, les tre attiré lui-même par un aimant voisin il de-
tentatives d'Antigone Gonatas et de ses succes- meure, comme on dit, magnétique. Ainsi, dans le
seurs Démétrius H, AntigoneDoson, et Philippe III, langage convenu des physiciens, une substance
pour replacer les Grecs sous leur autorité. Phi- peut être magnétique, sans être pour cela un ai-
lippe III, que son ambition mit aux prises avec les mant le fer est ma~h'~Me et n'est pas un ai-
Romains, protecteurs prétendus de la liberté de la mant, au moins dans les conditions ordinaires;
Grèce, fut battu à Cynocéphales(197), et dut payer l'oxyde salin de fer est toujours nMyn~tyMe;dans
un tribut à Rome. Persée, son fils, essaya de re- certaines circonstances seulement, il est constitué
lever la puissance de la Macédoine, fut vaipcu à à l'état d'aimant. En tout cas, on désigne sous le
Pydna par le consul Paul-Emile (t68), et conduit nom de magnétisme le chapitre de la physique
aptifa à Rome. Ce fut la fin de la puissance macé- qui s'occupe des faits et lois générales se ratta-
donienne quelques années plus tard, le sénatré- chant aux phénomènes d'attraction manifestés par
duisait la Macédoine en province romaine (142). les aimants.
MACHINES. – V. Mécanique. l.Faita fondamentaux. – La propriété que pos~
MACtUNES AGRICOLES. – V. ~(rMMMf~ sède la pierre d'aimant peut être communiquée,
aratoires. par voie de simple contact, à des barreaux de fer
MAGNÉTISME. Physique,XXV. -Etymolo- doux ou d'acier trempé. On prend généralement,
gie du grec magnès, aimant.- On trouve dans la à cet effet, des barreaux prismatiques d'une ton-
nature assez fréquemment, et en particulier en gueur de 30 à 40 cent., de 4 cent. de largeur et
Suède et à File d'Elbe, un minerai de fer qui !< d épaisseur. Ils deviennent de véritables ai-
jouit d'une propriétéspéciale, singulière, qui avait mants, quand on les a frottés avec l'aimant natu-
attiré l'attention des anciens et qui, plus tard, rel on les nomme même, pour ce motif, aimants
à l'époque des alchimistes, fut l'objet des dis- <a'<t/!et'e~. Seulement la propriété d'aimantation
sertations les plus étranges. C'est t'attKa~ ou transmise ainsi au fer doux n'est chez lui que tem-
pierre d'aimant (V. Aimant), que les chimistes poraire elle disparait rapidement aussitôt que
ont aussi nommé, en appliquant les principes de l'action de l'aimant naturel a cessé; tandis qu'elle
la nomenclature, fer oxydulé, oxyde salin de fer. persiste dans le barreau d'acier trempé et peut
Ce minerai attire le fer et l'acier. Plongé dans la même acquérir chez lui une très grande énergie.
limaille de fer, il la met en mouvement quand elle Voilà le fait. On ne sait en donner aucune
est placéeà une faible distance de lui, la nxe à sa explication; et quand on dit, pour en rendre
surface et l'y maintient adhérente malgré l'action compte, que l'acier a une force coercitive dont le
de la pesanteur qui tend à la faire tomber. fer doux est dépourvu, on n'emploie en déSnidvo
Cette propriété d'attirer le fer n'est pas liée né- que des mots, de simples mots destinés à cacher
cessairement, comme on pourrait le croire, à la notre ignorance. Ce qui reste comme certain, c'est
nature chimique de l'aimant la composition de que l'aimant donne au fer doux une aimantation
paMa~re, tandis qu'il communiqueà l'acier trempé qu'elle exerce sur son supportgrande. est très faible et
par suite sa mobilité est très Dans ces
une aimantation permanente. on reconnaît que ladite aiguille, aban-
Pour étudier les faits généraux du magnétisme, conditions, prend toujours une direction
tl est plus commode d'employer les aimants arti- donnée à elle-même, sensiblement du nord au sud donc
Cciels d'acier, auxquels on donne sans peine tou- invariable,
tes les formes que l'on veut, que de recourir aux elle se dirige. On reconnait en outre que le
aimants naturels. Le minerai qui constitue ces même côté de l'aiguille est toujours pointé vers
derniers se prête difficilement aux expériences. le nord et le même côté toujours vers le sud
Donc, quand nous parlerons désormais d'un ai- donc elle s'oriente. On a beau l'écarter avec la
main de position normale, l'aiguille y revient
mant, on devra entendre qu'il s'agit d'un aimant sa
d'elle-même aussitôt qu'on la laisse
artificiel constitué par une barre d'acier trempé constamment
possédant les dimensions indiquées plus haut. libre, après avoir exécuté un certain nombre
L'action attractive ne s'exerce d'oscillations à droite et à gauche de cette position,
1'" propriété.
pas avec la même intensité dans toutes les régions et l'orientationprimitive ne tarde pas à ne repro-
</M barreau aimanté; elle va, en général, en cro~- duire.
sant, d u milieuoù elle est nulle jusque vers les c~h'e- 3* propriété. Un long barreau aimanté sur le
mités où elle est maximum. On démontre expéri- milieu duquel on place une aiguille aimantée,
mentalementcette propriétéde plusieursmanières mobile comme à l'ordinaire ~t<)' son pivot, produit
celle-ci le effet produisait tout à
on présente successivement les diverses sections SM)' nt~MC que
seule. prend un bar-
du barreau à une petite aiguille de fer doux. sus.- l'heure la terre agissant
centimètres,
On
pendue comme un pendule au bout d'un long fil. reau aimanté de 50de l'aiguille, puis on met sur son
On constate que l'attraction sur ce pendule se milieu le support sur le sup-
manifeste à une distance d'autant plus grande que port l'aiguille elle-même on voit alors que, quelle
la section mise en regard de lui est plus voisine que soit la direction donnée au barreau, l'aiguille
de l'extrémité. La section moyenne et les sections lui demeure invariablement parallèle. Elle se
voisines n'attirent nullement ledit pendule. trouve comme liée, comme soudée au barreau, au
Voici encore un second moyen, – et celui-ci est point de vue de ce parallélisme remarquable qui
très saisissant, d'établir le même principe par ne se dément pas un instant quel que soit l'azi-
l'expérience on place sous un carton ordinaire, mut dans lequel le barreau soit porté en
qui a 60 cent. de long sur 40 de large, un bar- réalité le barreau dirige l'aiguille et annule mo-
aimanté; et, l'aide d'un tamis, on fait mentanémentl'effet de la terre, parce qu'ill'aiguille est très
reau avec mobile. De plus,
tomber, en l'éparpillant, de la limaille de fer sur rapproché de l'aimantdans le cas précédent, dans
le carton. On reconnaît alors après avoir donné, est orientée comme
avec la main, quelques petites secousses au carton ce sens que la même moitié de l'aiguille regarde
pour que le frottement ne soit celle-ci,pas un obstacle au toujours la même moitié du barreau.
mouvement de la limaille, que au lieu de Ce n'est pas tout si on marque à la craie de
dessiner simplement la forme du barreau, en s'ac- la même lettre sur l'aiguille et sur le barreau les
cumulant également aux différents points qui lui moitiés quise correspondaient invariablement pen-
correspondent, ce qui arriverait à coup sûr, si dant que se réalisait l'expérience précédente (on
les différentes régions du barreau attiraient le inscrit par exemple la lettre N sur une des moitié*
fer avec la même énergie, s'agglomère unique- et la lettre S sur l'autre), on constate que chaque
ment vers les sections extrêmes du barreau en moitié du barreau attire la moitié de 1'aiguiUe qui
figurant des courbes assez régulières, et qu'elle lui correspond, c'est-à-dire celle qui porte la même
manque presque complètement vers ladessinée région lettre. Ainsi le coté N du barreau attire le côté N
moyenne. On a appelé la figure, ainsi de l'aiguille; du barreau attire S de l'aiguille. Le
par la limaille sur le carton, /'an<dme magnétique. moyen de procéder à cette constatation est d'ail-
De cette expérience très facile à exécuter dé- leurs facile: l'opérateur prend le barreau ala main
coule une double conclusion. Premièrement, on et présente successivement N de ce barreau à N
signa- de l'aiguille et S a S. L'expérience réussit toujours.
en déduit la démonstration de la propriété aussi EUe est très concluante. Nous en déduirons que
lée, laquelle est même rendue de cette façon
claire que possible. On est convenu d'appeler lorsque l'aiguille est sous l'influence exclusive de
éloigné
txMes les extrémités de l'aiguille où semble con- la terre (le barreau se trouvait alors fort
centrée l'action magnétique, et ligne neutre ou d'elle) tout se passe comme si la terre renfermait
section neutre, la région intermédiaire.En second à peu près dans le plan méridien du lieu un bar-
lieu, la même expérience nous prouve que la pro- reau aimanté dont le pôle nord attirerait le pôle
priété magnétique s'exerce à distance, non seule- nord de l'aiguille et dont le pôle sud attirerait en
ment a travers l'air, mais encore à travers les corps même temps le pôle correspondant.
solides tels que carton.
le En variant la nature de 4* propriété. Les pôles de m~e nom se.re.
l'écran interposé entre le barreau et la limaille, on poMMemf, les pôles de nom contraire s'attirent.
arrive à reconnaître que cette propriété de <)-a?M- Qu'on place, à une assez grande distance l'une de
parence pour le magnétisme, analogue à la transpa- l'autre, deux aiguilles aimantées tout à fait pa-
rence qu'a le verre pour la lumière, existe pour reilles, posées chacune sur son pivot et parfaite-
toutes les substances, le fer et l'acier exceptés. ment mobiles, l'une et l'autre dans un plan hori-
2' propriété. Une at~MtHe aimantée posée zontal. Comme on doit s'y attendre, d'après ce qui
sur un pivot vertical et mobile dans un/?:MM!M plan ho- vient d'être dit, les deux aiguilles, obéissant à
f'tzon~af se d!t<ye et s'oriente, sous l'action de la terre, se placeront en équilibre dans
seule de la terre, à peu près dans la direction du des directions rigoureusement parallèles. Les pôles
sud au nord. Cette propriété se démontre aisé- nord des deux aiguilles peuvent être considérés
ment en recourant, non pas au barreau aimanté comme étant de même espèce, de me'me KOM!,
ordinaire qui serait trop lourd, mais à une mince puisqu'ils jouissent des mêmes propriétés; ils
lame d'acier trempé à laquelle on donne la forme subissent en effet la même action de la part de la
d'un losange très allongé, dont la grande diagonale terre et ils seraient l'un et l'autre attirables par le
a par exemple de 10 à 15 centimètres et la petite même pôleprésenterait. Même conséquence convenablement choisi du barreau
1 ou 2 centimètres. Cette lame ainsi taillée reçoit qu'on leur en ce
le nom d'aiguille aimantée; elle porte, fixée en qui concerne les deux pôles sud. Or, si on prend
son milieu, une chape en acier dur ou en agate à la main l'une des deux aiguilles et qu'on approche
qui permet de la poser sur un pivot vertical ter- son pôle nord du pôle nord de l'autre aiguitle de-
miné en pointe. De cette façon, le frottement meurée mobile, on constate une répulsion eMrcée
sur cette dernièra. Pareillement, le pôle sud de des fluides de même espèce le pôle nord de l'an
l'aiguille rendue fixe repousse le pôle sud de l'ai-
~e
i- attirera le pôle sud de l'autre, puisqu'ils contien-
guille mobile. Enfin le pôle nord de la première nent des fluides d'espèce différente.
attire le pôle sud de la seconde et semblablement,e
le pôle sud de la première attire le pôle nord de
t, <° Attraction f.c~oM-EjMf/'aiMaKf.–Enfin,
un aimant naturel ou artificiel devra attirer le fer
la seconde. On arrive comme conclusionnécessaireee doux car le fluide libre de l'aimant décomposera à
à cet énoncé formulé plus haut les po/M de Mt~ee distance le fluide neutre du fer doux, attirera dans
nom se repoussent, ceux de nom contraire s'at- la région la plus voisine le fluide de nom contraire
tirent. et repousseradans lapartie la plus éloignée ïeûuide
2. Hypothèse des Nutdes magnétiques. – Jus- de même nom le fer doux deviendra ainsi un ai-
qu'à a présent nous sommes restés dans ie domaine mant temporaire, qui se précipitera par sa partie
exclusif des faits; essayons maintenant, à l'aideee la plus voisine du pôle excitateur de
l'aimant
d'une hypothèse, d'en fournir l'explication. Il fautt
ce pôle lui-même; seulement, aussitôt que vers l'ai-
se garder de considérer cette hypothèse commee mant permanent sera éloigné, le fer, point de
représentant exactement la vérité des choses. Ellee vue magnétique, retombera dans au
n'est, en réalité, qu'un moyen commode de grou- mitive;il il perdra toute trace d'aimantation. son inertie pri-
per les faits entre eux et de montrer leur dépen- Ici se place une indication dont i! est bon de
dance. Voici cette hypothèse. prendre note pour pouvoir saisir l'explication des
On admet que dans toutes les substances phénomènes magnétiques dans les cours et dans
gnétiques il existe deux fluides distincts qui ma-s'y les livres. On a, en France, par une anomalie qui
trouvent en quantité telle que, combinés ensem- au premier
ble, ils se neutralisent complètement ils formentt austral le pôle moment parait singulière, nommé pôle
nord de l'aiguille aimantée et pôle
ce qu'on nomme le fluide neutre. Ces fluides pos boréal son pôle sud. En voici la raison. Admettre
sèdent la propriété de s'attirer l'un l'autre mais, l'existence de l'aimant
terrestre, c'est supposer
par suite de la nature ou du mode de groupe- que l'hémisphère nord renferme un fluide
ment des particules pondérables au milieu des- d'une espèce on l'a très naturellementnommé libre
quelles ils sont placés, ou bien encore par l'effet fluide boréal, et l'hémisphère sud le fluide de
de forces extérieures, ils peuvent, dans certains l'autre espèce qu'on
cas, demeurer séparés, et alors chacun exerce tout est logique. Mais si, a nommé austral; jusqu'ici
de l'aimant terrestre, nous
autour de lui une action qui lui est propre et que passons à l'aiguille aimantée mobile, nous sommes
rien ne contrebalance. En outre tes particules d'unL forcés d'admettre le côté de cette aiguille qui
même fluide magnétique se repoussent elles- se porte librement que
mêmes. On admet enfln que, dans le fer doux, ferme vers le nord de la terre ren"
un fluide de nom contraire au fluide boréal
aucune résistance n'est opposée par la matière qui du pôle terrestre, puisqu'il est attiré
forme le métal ni à la séparation des deux fluides, sera de même par lui. Il en
pour le pôle sud. Nous devons
quand une force extérieure intervient, ni à leur donc dire le pd/e nord d'une aiguille
réunion lorsque, étant déjà séparés, la force en jpd~e austral que est un
et le pd/e sud un pd/e boréal. Telle
question cesse d'agir. Dans l'acier au contraire, est la synonymie adoptée depuis longtemps dans
dans l'oxyde salin de fer, etc., cette résistance notre pays.
opposée au mouvement dans les deux sens des- On explique de la même façon, en partant de
dits fluides se montre incessamment elle est plus l'hypothèse des deux fluides,une foule d'expérien-
ou moins énergique pour l'acier suivant son degré ces intéressantes que l'on fait dans les
de trempe et aussi suivant qu'il est plus ou moins Nous n'y insisterons cours.
carburé. pas nous signalerons deux
de ces expériences seulement, en laissant au lec-
Partant de là, voici comment on explique les teur le soin d'en trouver l'explication.
faits précédemment signalés I. Lorsqu'on tient suspendu à un aimant un mor-
1" Aimantation d'un barreau <f<M:<'r. – J'ai
barreau d'acier trempé; pour l'aimanter, je pro- un ceau de fer doux, celui-ci devient capable d'en
attirer second, ce dernier un troisième, etc., de
mène à sa surface et toujours dans )e même sens manièreunqu'on ainsi
l'un des pôles d'un aimant naturel. Que se passe- ments de fer devenus a comme un chapelet de frag-
t-il? le fluide neutre contenu dans le barreau se l'aimant permanent,tous tous solidaires. Eloigne-t-on
décompose l'un des fluides, celui qui est de nom détachent d'eux-mêmes tombent.
les morceaux de fer se
contraire à celui du pôle excitateur, est attiré et et
II. Un de fer se maintient suspendu au
entraîné dans le sens de l'aimant, l'autre fluide est pôle d'un morceau
aimant et ne tombe pas malgré son poids;
repoussé et se porte en sens inverse. L'action vient-on à approcher du pôle
grandit & mesure que j'augmente le nombre de de nom contraire d'un autre aimant, en question le pôle
frictions jusqu'à une certaine limite, et alors je les deux pôles sont à on voit, quand
une petite distance l'un de
puis impunément éloigner l'aimant naturel; ies l'autre, se détacher de lui-même le fragment
deux fluides resteront séparés dans le barreau
raison de la propriété spécifique de l'acier, pro-
àfer doux.
Jusqu'iciles deuxfluides magnétiques ont dû pa-
de

priété mentionnée plus haut. Mon barreau est de- raitre au lecteur se rapprocher beaucoup, par leurs
venu un aimant permanent. 1propriétés et leurs actions mutuelles, des deux
2' Direction et orientation de l'aiguille aimantée.fluides électriques. Il n'en est rien; la différence
D'après ce qui a été dit plus haut, la terre elle- est profonde. L'expérience suivante est décisive à
même peut être considérée comme un aimant ce ( point de vue Qu'on prenneune aiguille à tricoter,
toujours existant; donc, une aiguille aimantée elle est formée, commeon sait, d'acier trempé, –
mobile autour d'un axe vertical devra, pour obéir et ( que par des frictions exercées, toujours dans le
aux actions magnétiques du globe, se placer tou- même avec le pôle d'un aimant, on la con-
jours parallèlement à l'aimant terrestre, son pôle vertissesens,
t
nord devant être de nom contraire au pôle nord de ttiés manifesteraen un aimant permanent. Une de ses moi-
la présence du fluide boréal
la terre puisqu'il est attiré par lui; son pôle sud libre
1 et l'autre moitié la présence du fluide austral.
de nom contraire au pôle sud de la terre puisqu'il Si S les deux fluides étaient effectivement séparés,
subit de sa part une attraction. De là par suite ccomme le sont les fluides électriques positif et
la direction et l'orientation de l'aiguille mobile. négatif
r dans un cykndre conducteur soumis à l'in-
3* Actions mutuelles des aiguilles aimantées. fluence
f! d'une source; s'ils se trouvaient l'un dans
Je présente le pôle nord d'une aiguille au pôle de la L moitié australe, l'autre dans la moitié boréale
même nom d'une autre aiguille ces pôles devront dde l'aiguille, on devrait
en coupant l'aiguille par
se repousser, puisqu'ils renfermentl'un et l'autre le L milieu emporter sur chaque fragment l'un dM
deux fluides seulement. Or l'expérience donne un mètre et demi de longueur, suspendu à un fil fin et
tout autre résultat quand on coupe l'aiguille par le placé entre les deux pôles d'un fort électro-aimant,
milieu, on obtient deux aimants au lieu d'un seul; accuse très nettement, par une rotation, laqu'onpro-
chaque fragment possède ses deux pôles sans au- priété diamagnétique dont il jouit aussitôt
pôle boréal
cune interversion, le pôle austral et le la fait passer le courant il tourne pour se fixer dans
gardant la positionqu'ils avaient avant rupture. la position équatoriale. Les nombreux composés où
On peut continuer ainsi, briser l'aiguille en une entre le fer sont tous magnétiques, alors même
foule de petits morceaux. Chacun d'eux constitue que ce métal n'y est représenté que bouteille par une très
toujours après la séparation un aimant complet. faible proportion. Ainsi, le verre à est
<~ue conclure de là? C'est que les fluides magnéti- magnétique il faut cependant ajouter que le prus-
ques ne se portent pas d'un bout du cylindre d'acier siate de potasse ou ferro-cyanure de potassium est
à l'autre. Chaque molécule, si l'on peut ainsi parler diamagnétique, quoiqu'il renferme du fer. L'eau
molécule de est diamagnétique, l'oxygène magnétique, etc.
pour être plus intelligible, chaque
fluide neutre ne se dédouble pas elle avait primi- 4. Magnétisme terrestre. On s'est demandé
tivement dans le fer ou l'acier non aimantés une quelle est au juste la aiguille nature de l'action que la
position quelconque, et l'ensemble des positions terre exerce sur une aimantée. Est-elle
occupées par les diverses molécules était tel que par exemple comparable à celle de la pesanteur?
la résultante de leurs actions sur une molécule L'expérience a nettement répondu Non, le globe
extérieure était nulle. Mais dès qu'il se manifeste n'exerce point une action de transport sur l'aiguille
aimantée; son action est purement directrice.
une influence magnétique venant de l'extérieur, s'o- En effet, si l'action magnétique de la terre pou-
les molécules de fluide neutre se dirigent et
riententtoutes dans le même sens; il s'etablit alors vait être assimilée à la force de la pesanteur, elle
dans la lame magnétique ce qu'on a appelé une serait représentée finalement par uno résultante
polarité déterminée. On peut du reste par le rai- unique appliquée en un certain point de l'aimant
que la résultante des actions
sonnement se rendre compte de l'effet que pourra considéré, de même
produire une polarité de ce genre, et l'on arrive à de la pesanteur.. le poids, est appliquée au centre de
reconnaître que grâce à elle il se manifestera une gravité. Cette résultante serait ou verticale, ou ho-
action australe prédominante dans une moitié de rizontale, ou oblique. Or, elle n'est pas verticale.
l'aiguille, une action boréale prédominante dans En voici la preuve on suspend un barreau d'acier
l'autre. trempé au-dessous de l'un des plateaux d'une ba-
Une explication des phénomènes magnétiques, lance très sensible, de manière à ce que son axe
beaucoup plus rationnelle que la précédente,a été soit vertical. On lui fait équilibre avec une tare
donnée à l'article ~ec<<<<< Les découvertes placée dans l'autre plateau. On aimante ensuite
d'Ampère ont montré qu'un aimant n'était en dé- fortement le même barreau et on le suspend de
finitive qu'un solénoïde d'une espèce particulière, nouveau sous le même plateau, dans les mêmespoids con-
c'est-à-dire qu'on pouvait le considérer comme con- ditions qu'auparavant. On reconnaît que son
stitué par un système de courants circulaires mar- apparent n'a pas changé. Cependant, si l'action
chant dans le même sens. Tout s'explique simple- magnétique du globe se réduisait à une force ma-
ment dans la théorie électro-dynamique. Nous ne gnétique unique de sens vertical, elle agirait ou
pouvons ici que la rappeler. Nousdirons seulement pour faire mouvoir le barreau aimanté de haut en
que c'est grâce aux électro-aimantsdont l'invention bas, ou pour le pousser de bas en haut. Le bar-
est due à Arago, que l'on est parvenu à constituer reau ne bougedonc pas, malgré la grande sensibilité
les aimants temporaires, de beaucoup les plus puis- de la balance, la force en question n'existe
sants. Une simple barre de fer doux contournée en pas, ou du moins, dans la conditioninférieure où est exécu-
fer à cheval et entourée d'une bobine d'un long tée l'expérience, sa pesanteur est à la
fil de cuivre, acquiert une aimantation tellement force d'un milligramme. La force terrestre est-elle
énergique, quand on fait passer un courant dans horizontale? Pas davantage. Placez une aiguille
la bobine, qu'on peut soulever à son aîde des ar- aimantée sur une lame de liège posée elle-même
matures de fer doux portant un poids de plusieurs sur l'eau; vous verrez le liège tourner de manière
centaines de kilogrammes. à faire prendre à l'aiguille la direction nord-sud,
3. Dlamagn6tiame. – Ces mêmes électro-ai- puis un équilibre final s'établira; l'aiguille n'en-
mants ont permis, en outre, de reconnaître la fa- tralnera le liège ni dans un sens ni dans l'autre;
culté magnétique dans une foule de corps où donc, point de force horizontale. Enfin, si la force
elle n'était même point soupçonnée. Pendant long- terrestre avait une direction oblique, elle pourrait
temps, on avait considéré le fer et ses composés, être décomposée en deux forces, l'une horizon-
plus trois autres métaux, le nickel, le cobalt et le tale, l'autre verticale; or aucune de ces deux
chrome, comme les seules substances magnéti- composantes n'existe réellement. L'expérience l'a
établi donc la résultante elle-même fait défaut.
ques mais lorsqu'il put disposer de la puissance terrestre. En l'action ter-
magnétique que procura l'emploi de l'électro- t" Coupie somme,
aimant, Faraday ne tarda pas à reconnaître que la restre est comparable à ce qu'on nomme un couple
catégorie des substances sensibles à l'aimant était en mécanique (V. Mécanique, p. 1275); elle se ra-
très nombreuse. On peut même dire d'une manière mène àun ensemblede deuxforces égales,parallèles,
générale que tous les corps de la nature sont in- agissant en sens contraire, et appliquées chacune i
nuencés par un aimant solides, liquides et gaz. l'un des pôles de l'aiguille aimantée. Pour se rendre
Il existe toutefois entre eux une différence essen- un compte exact de ceci, il ne faut plus laisser au
attri-
tielle les uns, placés entre les deux branches mot pôle le sens un peu vague qui lui a été M
d'un électro-aimant en fer à cheval, se dirigent sui- bué jusqu'ici. Précisons. Soit une molécule de
vant la ligne qui joint les deux pôles. axialement, fluide magnétique boréal libre placée à quelques
selon l'expression de Faraday; ceux-là sont attirés mètres de distance de l'une des moitiés AC de
et se comportent comme le fer; ce sont donc les l'aiguille aimantée, la la longueur par moitié australe exemple,
ê~le à cinq
corps proprement magnétiques ou para'Ha~?: dont nous supposerons particule magnétique du fluide
ques; les autres se placent dans une direction per- centimètres. Chaque
pendiculaire à la ligne des pales, équatorialement austral AC agira par attraction sur M. Il y aura donc
ils sont repoussés par l'aimant. Faraday les nom- autant de forces attractives intervenant qu'il y a
mait diamagnétiques. Les principaux parmi ces de particules libres en AC, et de plus ces forces
derniers sont le bismuth, l'antimoine, le zinc, pourront être considérées comme parallèles entra
l'étain, le mercure, l'argent et le cuivre. Un petit elles à cause de la faible longueur de l'aiguille et
barreau de bismuth d'un centimètre ou un centi- de la distance relativement grande qui la sépare
je M. Ces forces attractives parallèles entre elles lui soit perpendiculaire une aiguille aimantée dw
seront inégales, mais elles conserveront toujours manière que son centre de gravité se trouve sur
leurs rapports de grandeur,quelle que soit la po- t'aie de rotation, cette aiguille devra tourner;
hition qu on donne à l'aiguille par rapport à M, dans son plan, qui est le plan même du couple~
car leur intensité relative ne dépend que de la dis- terrestre, jusqu'à ce qu'elle se place dans la direct
tribution du magnétisme dans l'aiguille, laquelle tion des forces qui le constituent. A cette condi-
demeure invariable. Mais on sait (V. Mécant ue) tion seulement, elle pourra rester en équilibrer
que lorsque, sur un corps solide, agit un système Or l'expérience montre que l'aiguille dite cette-
de forces parallèlet dont les rapports de grandeur fois d'inclinaison n'est généralement pas horizon-
sont constants, toutes ces forces sont remplaçables tale. En ce moment, a Paris, le pôle nord plonge
par une résultante unique égale à leur somme, en-dessous de l'horizon d'environ 6&° 3t/.
parallèle à leur direction et appliquée en un point L'angle que forme avec 1 horizon la moitié nont
déterminé, invariable aussi, et qu'on nomme le d'une aiguille aimantée mobile autour d'un axe'
centre des forces parallèles. Dans l'espèce, toutes horizontal dans le plan du méridien magnétique
les actions de M sur AB se réduiront donc à une du lieu se nomme l'onze <~tMC/<naM<M.
seule force qui sera leur résultante et qui passera La connaissance de la valeur, en un lieu donné,
par un point fixe de AB. Ce point axe. c'est pré- des angles d'inclinaison et de déclinaison, fournit
cisément le pôle. Eh bien, quand on considère la positiondu couple magnétique terrestre. Quand
l'action magnétique exercée par le glebe sur l'ai- on y joint la mesure de l'intensité magnétique, on
guille aimantée tout entière, cette action peut être a déterminé ce qu'on appelle les éléments du ma-
représentée par deux forces égales, parallèles et gnétisme terrestre en ce lien.
de sens contraire, appliquées chacune à un pôle de <* Variations <!M ~MCtt~ magnétiques. La
l'aiguille et formant parsuite, par leur ensemble, détermination des éléments magnétiques a un
un véritable couple. L'aiguille, sous leur influence, grand intérêt leurs variations se lient avec les.
no peut, si elle est libre, si par exemple elle est changements de tout genre qu'éprouve notra
suspendue à un fil fin par son centre de gravité, globe. On a reconnu que la déchnaison et l'incli-
que tourner, de manière à devenir parallèle aux naison en particulier subissent des variations sé-
forces da couple. Alors, en effet, les deux forces culaires, des variations diurnes affectant les une&
agissant en sens contraire et suivant la mA?te ligne et les autres une périodicité réelle, et enfin des.
<0t<f se détruisent, s'annulent, et l'aiguille reste variations accidentelles, en relation avec l'appari-
en équilibre. tion des orages, des aurores boréales, avec les
t
Ceci nous conduit une méthode fort simple
pour trouver la direction des forces terrestres. Il
tremblements de terre.
Voici quelques aperçus sur les variations sé-
faudra déterminer t* le plan du couple; 2* la culaires à Paris t" de la déclinaison elle était
ligne suivant laquelle agissent les forces dans ce orientale en 1580, et sa valeur de lf',30', il
plan. juste 300 ans; puis l'aiguille s'est rapprochéeydea.
9° Angle <fe déclinaison. Le plan du «mpie plus en plus du méridien terrestre, et la déclinai-
est fourni par l'aiguille dite ef< ctec/tnaMon.est son est devenue nulle en t663. A partir de cette
précisément le petit appareil qui a servi jusqu'à époque, l'aiguille s'est écartée de plus en plus du~
présent à nos expériences. Par tâtonnement on ar- méndien vers l'ouest et le maximumde la décli-
rive en effet a donner à la moitié de l'aiguille, qui naison occidentale a été de 22«,34' en 1814. De-
doit être le pôle boréal, un surcroît de poids M tel puis 18t4, l'aiguille revient sur ses pas; elle se
que l'aiguille se maintienthorizontale (quand elle rapproche de plus en plus du méridien la décli-
est aimantée), malgré l'action magnétiquedu globe naison a successivement été de M<41' en t848~r
qui tend à incliner au-dessous de l'horizon le côté de 19'0,6 en 1863; de )6''56~,4 en janvier 1879;
nord de l'aiguille. En d'autres, termes, le centre S'' de l'inclinaison; depuis )671, l'angle d'incli-
de gravité proprementdit de l'aiguille n'est point naison va en diminuant à Paris d'une manière
sur le prolongement du pivot vertical qui la sup- continue comme si nous descendions progressive-
porte, et quand elle est désaimantée, l'aiguille ment vers une latitude magnétique moins élevée.
penche du côté du sud. Quand elle est aimantée, Il semble que le pôle magnétique terrestre s'é-
elle se maintientau contraire rigoureusementho- loigne de nous de plus en plus. L'angle d'incli-
rizontale. Elle tourne alors autour du pivot vertical, naison en 1671 était de '!5° il a diminué depuis
et après quelques oscillations elle vient se placer d'une manière continue 68", 1' en 1825; 66'0'9 en
nécessairementdans le plan même du couple ter- 1863; 65<31,8 en janvier t879.
restre. Là seulementelle peut se maintenir en Ces mêmes éléments magnétiques considérés a.
équilibre stable. Les composantes verticales des la même époque ont des valeurs très différentes~
forces du couple sont détruites par la résistance d'un lieu à l'autre. Ainsi, en juin 1876, la décli- {
du support de l'aiguille, et ses composantes hori- naison étant à Paris de n*.)9 avait pour valeur à,
zontales ne peuvent s'annuler réciproquement Lyon 15< t5*,t à Marseille, M'.M à Brest. On
qu'autant que l'aiguille se place dans leur propre a pu même marquer sur la carte de France des
direction. Le plan vertical passant par les deux lignes d'égale déclinaison magnétique ces lignes~
pôles de l'aiguille en équilibre est donc exactement dans leur allure générale, affectent un certain pa-
le plan même du couple terrestre. rallélisme et font un angle très sensible avec la
On a ainsi reconnu que le plan du couple ter- méridienne géographique. Ainsi la ligne corres-
restre, ou le méridien magnétique d'un lieu. ne pondant, le 15 juin 1876, à la déctinaison de 18*
se-confond pas habituellementavec son méridien passait par Rouen, le Mans, Niort en France, et
géographique. L'angle que font les deux plans Logrono en Espagne. La ligne donnant la déclinai-
porte le nom d'angle </e déclinaison. Quand le son de )TpassaitunpeuaI'estdeMelun,aà Bourges,
pôle nord de t'aiguille aimantée s'écarte du méri- & Guéret, un peu à l'est d'Auch, etc. !1 va sans
dien géographique vers l'est, la déclinaison est dire que les lignes elles-mêmes ne sont pas nies
dite orientale; elle est occidentale, quand le même elles vont en se déplaçant d'une manière continue
pôle s'écarte, au contraire, vers l'ouest. On a avec le temps..
imaginé des appareils spéciaux assez compliqués, Pour la valeur de l'inclinaison, on trouve des
que nous n'avons pas à décrire ici, pour mesurer variations tout aussi considérables quand le lieu
l'angle de déclinaison avec une grande exactitude. d'observation change. D'une manière générale,
ao Angle dinclinaison. Le plan du méridien quand on marche de l'équateur vers le pôle nord,
magnétique étant maintenant déterminé, si nous l'angle d'inclinaison va en croissant. On trouve
rendons mobile dans ce plan autour d'un axe qui même un point de la terre vers la latitude de ~5\
où cet angle prend ta valeur de 90°. En ce point, nation, il apprit bien des choses inconnues de ses
tes forces du couple terrestre sont verticales, compatriotes. Son mariage avec une riche veuve,
1 aigutUe d'inclinaison devient verticale elle-même. Khadidja, lui fit des loisirs. Il se livra dès lors à
Au contraire, dans une série de lieux voisins de l'étude et à la méditation. Tous les ans, il faisait
l'équateur, l'inclinaison est nulle la courbe qui les une retraite dans la solitude du mont Hira, près
réunit porte le nom d'Equateur magnétique. L'é- de la Mecque. Là, sous un ciel ardent, par l'effet
quateur magnétique ne se confond pas exactement de la prière, du jeûne, son imagination s'exalta.
avec l'équateur géographique la courbe qui lui Ses idées, jusqu'alors confuses, prenaient devant
correspond présente une forme sinueuse, elle lui une forme visible, il sentit << ~M'Mn livre
offre dans son ensemble la figure d'un grand avait été écrit dans son e<BMr. )I commença à
cercle dont le plan formerait avec celui de l'é- dicter les sourates du Coran, que» lui soufflait, di-
quateur terrestre un angle de )2" et demi. Au sud sait-il, l'ange Gabriel.
de l'équateur magnétique, le pôle sud de l'aiguille Etat de <fa&:< L'Arabie était alors pro-
plonge au-dessous de l'horizon, et d'autant plus fondément divisée. Les tribus se pillaient et s'en-
qu'on s'avance davantage vers les latitudes élevées tretuaient avec un furieux acharnement. L'anar-
de l'hémisphèreaustral. chie était dans les idées aussi bien que dans les
Quant aux variations diurnes do lit déclinaison, mœurs. La fameuse pierre noire tombée du ciel.
elles sont très faibles: pendant la nuit l'.ugnille les génies,les ogres, les idoles de toute espèce
reste a peu près immobile; le matin elle marche étaient adorés ensemble. La Cu~&a ou grand tem-
de l'est vers l'ouest à Paris, puis, le soir, à partir ple de la Mecque était un pandémonium. Mais
de une heure de l'après-midi, eUe revient sur ses tous les habitants de l'Arabie se réclamaient d'une
pas pour reprendre MO heures du soir sa position même origine, ils avaient des traditions commu-
primitive. nes, une langue, une littérature. A défaut do
3. Procédés d'aimantation. On distingue croyances précises, ils avaient un culte organisé
plusieurs procédés d'aimantation qui doivent être dont le sanctuaire était à la Mecque, où l'on ve-
employés, l'un ou l'autre, suivant les cas: celui nait déjit en pèlerinage.
de la simple touche avec frictions, celui de la Prédications de Mahomet. L'Hégire. Ce fut
touche séparée, celui de la double touche (V. Ai- en se servant de ces éléments d'unité que Maho-
maM<a<!OM). Nous indiquerons le plus facilement met entreprit de réunir
en nation ces peuples
exécutable, le procédé de la simple touche nous d'pars et de leur donner une religion. Doué d'un
l'avons déjà expliqué dans ce qui précède peu de remarquable talent d'écrivain et d'orateur, il
mots suffiront pour compléter ce qui a été déjà allait sur les places, dans les marchés, parlant,
dit. On pose sur une table de bois le barreaud'a- prêchant, convertissant. Les Coréischites, qui
cier trempé AB que l'on veut aimanter, on tient étaient maîtres de la Mecque, s'alarmèrentde ses
d'autre part à la main un barreau aimanté puis- progrès. Chassé par la persécution, il se réfugia
sant A'B qui doit servir d'excitateur, et on promène dans une ville voisine, Yatreb, qui prit le nom de
ce dernier sur le barreau fixe en le plaçant verti- Médinat-el-Nabi, cité du prophète. C'est de cette
calement en contact avec lui. En exerçant des fric- fuite ou hégire que date l'ère musulmane (622).
tions continues, toujours dans le même sens, de Fin de Mahomet. A Médine, Mahomet orga-
A vers B, par exemple, on arrive après plusieurs nisa sa religion et son gouvernement. Il se défendit
passes à l'aimanter à saturation. Si l'on a choisi victorieusement contre ses ennemis, prit à son
le pôle A pour provoquer l'aimantation, on cons- tour l'offensive, et tantôt négociant, tantôt
tate à la fin que le dernier point touché B est un battant, soumit toute l'Arabie..Il rentra en com- vain-
pôle de nom contraire iL A' et le premier point queur dans la Mecque, dont il voulait faire sa ca-
touché A un pôle de même nom. Il est bon de pitale, et installa son culte dans la Caaba. Déjà.
retourner le barreau et d'opérer encore des fric- il portait ses vues au delà de l'Arabie, il expédiait
tions comme auparavant en conservant toujoursle au roi de Perse et à l'empereur d'Orient des mes-
sens du mouvement déjà adopté. sages menaçants qu'allaient bientôt suivre des
On peut aussi aimanter très énergiquementun armées, lorsqu'il mourut en 632. L'unité politique
barreau en le plaçant dans l'intérieur d'une bobine de l'Arabie était un fait accompli, son unité reli-
de fil de cuivre que traverse un courant électrique. gieuse était fondée pour des siècles sur.une base
(V. Électricité.) solide: le Coran.
Enfin on peut produire l'aimantation par l'action Le Coran. Le Coran est l'ensemble des dictées
de la terre qui sert alors d'aimant excitateur. que Mahomet composait dans ses extases et qu'il
Une barre de fer doux placée dans une direction faisait écrire par ses disciples et ses secrétaires
parallèle à l'aiguille d'inclinaison est par là même sur des feuilles de papyrus ou des os de mouton.
aimantée, mais d'une façon transitoire: le pôle Chaque dictée forme une ~OM'atc, chaque sourate
austral est en bas et le pôle boréal en haut. se divise en versets. Le Coran n'est point livre
L'aimantation se conserve en partie si. pendant didactique ni un récit continu. C'est à la un fois un
que dure l'influence terrestre, on fait éprouver à livre religieux, un code, un recueil de narrations
la barre une action mécanique ou moléculaire où les prescriptions, les récits, les descriptions se
quelconque choc, friction, torsion, action chimi- succèdent avec une variété et une richesse inouïes.
que. Les barres de paratonnerre, qui sont implan- Le ton général n'est pas celui d'une démonstra-
tées verticalement au sommet des édifices, pren- tion. Mahomet procède par affirmations,par apos-
nent de l'aimantation sousi'action de la terre et la trophes,par images éclatantes il parM autant aux
gardent parce qu'elles se rouillent a leur surface sens qu'à l'esprit. Pour prouver l'existence de
pendant que s'exerce l'influence terrestre. Dieu, il atteste le soleil, la lune, le spectacle des
L'application de l'aiguille aimantée à divers choses créées.
usages pratiques, entre autres à la navigation, a L'A/aotMme f!a!M le Coran. Les doctrines
donné naissance à la boussole. V. Boussole. religieuses contenues dans le Coran peuvent se
[A. Boutan.] ramener à deux principes essentiels la croyance à
MAHOMET. Histoire générale, XVII Litté- un Dieu unique; la croyance à une vie future où les
ratures étrangères, X. Mahomet naquit à la actions de chacun seront examinées et deviendront
Mecque vers l'an 5'!0. Orphelin de bonne heure, l'objet d'une récompense ou d'un châtiment. Au
réduit à une extrême pauvreté, il fut d'abord con- jour du jugement, les morts se présenteront pour
ducteur de caravanes. Ce genre d'existence plai- passer le pont El-Sirdt, plus étroit qu'un cheveu,
sait a ses instincts contemplatifs; ses voyages le plus effilé que le tranchant d'une épée. Les vrais
mirent en rapport avec des hommes de toute fidèles pourront le franchir et iront jouir d'une
félicité éternelle dans le paradis toujours vert, leudes, et sauva la Gaule de l'invasion musul-
aux frais ombragea, aux eaux jaillissantes. Les mane, en battant tes Arabes à Poitiers ~32). Char-
autres, précipites dans les abîmes, y subiront des tes Martel laissa deux fils, Carloman et Pépin le
tourments sansnn. Bref, qui M partagèrent le pouvoir; mais bientôt
L'Islamisme daM l'histoire.-Tel est le dogme. Carloman se retira dans un clottre, et Pépin con-
Le credo musulman tient dans ces quelques mots: serva seul l'autorité. Déjà pendant un moment,
Dieu est Dieu et Mahomet est son prophète. Tout sous Charles Martel, le trône était resté vacant à
le reste n'est que règlements du culte, prescrip- la mort de Thierry IV C!97) Pépin le Bref, conti-
tions de morale, de politique ou simplement nuant la politique des chefs austrasiens, fit cou-
d'hygiène. L'idée fondamentale se dégage avec ronner en M2 Childéric III mais dix anl plus
tard, jugeant qu'il pouvait danger rompre
une précision et une netteté intelligible pour tous. sans
Des millions d'hommes l'acceptèrent. En un siècle, avec la tradition jusqu'alors respectée, ilmérovin- déposa
l'islamisme, par la parole et surtout par le sabre, le dernier représentant de la famille
avait conquis l'ouest de l'Asie,le nord de l'Afrique gienne, et se fit proclamer roi lui-même C!M).expé- Son
et l'extrémité de l'Europe. A son abri, des Etats alliance avec le Saint-Siège,à la suite de ses
t'organisèrent, des civilisations fleurirent. Dans ditions en Italie contre les Lombards, affermit
l'histoire de l'humanité, le moyen Age musulman son autorité, et lorsqu'il mourut en 768, nul ne
mérite une plus belle place que le moyen Age chré- songea à disputer la couronne ses à héritiers.
tien. Mais tandis que le reste du monde marchait, Une race nouvelle avait remplacé cellededePépin Clovis;
le
l'Islam est demeuré stationnaire. Les sociétés qu'il Charlemagne fils et successeur
ni Révolution. Bref, allait achever l'étonnante fortune des des-
a formées n'ont eu nideRenaissance
Elles sont menacée* périr, si l'Europe ne leur cendants des maires d'Austmsie en rétablissant i!
reporte la lumière qu'elle leur a prise autrefois. son profit l'empire d'Occident.
[MauriceWahl.] MAISONS. – Hygiène, VU. Nous avons rare-
MAIRES DU. PALAIS. Histoire de France, ment le privilège de faire construire notre de-
IV. Ce titre désigne, à l'époque mérovingienne, meure, souvent même nous ne pouvons guère la
an personnage dont les attributions primitives choisir, et nous sommes obligés de tirer le meil.
sont assez mal connues, et qui paralt avoir été leur parti possible d'une construction mal conçue
simplement, au début, le premier officier de la et mal exécutée. Peut-être les architectes de l'a-
maison royale, désigné par le roi lui-même pour venir apprendront-ils l'hygiène. De nos jours, ils
remplir ces fonctions. Mail dès le règne de Sige- ne s'en occupentpoint, il semble que cela ne soit
bert, dans la seconde moitié du Vf siècle (V.~ro- pas de leur ressort. H s'en faut de beaucoup que
B!<7Mn<\ le maire du palais, en Austrasie, noM le confort des: habitationsprogresse du même pas
apparaît comme le chef électif des leudes, c'est-à- que le luxe des constructions et des aménage-
dire dea grands du royaume et il en est bientôt ments c'est le contraire qu'il faudrait. Lorsque
de même en Bourgogneet e~ Neustrie. Clotaire II l'hygiène sera vulgarisée, l'opinion publique for-
s'engage, en 614, à ne jamais intervenir dans l'é- cera les architectes et les spéculateurs à bâtir des
lection des maires du palais; et pendant que lei maisons saines. Jusque-là, on ne peut espérer au-
royaumes francs sont réunis tous l'autorité nomi- cune réforme sérieuse.
xale d'un seul souverain, les maires occupent Il importe donc à chacun de savoir d'après quel-
dans chaque royaume la place d'un vice roi. Sons les règles une habitation doit être construite, afin
le règne de Dagobert et de son fils Sigebert U, d'apprécier, en toute connaissance de cause, les
Pépin de Landen ou Pépin le Vieux est maire du qualités et les défauts de celle qu'il habite ou se
palais en Austrasie, et il acquiert une telle puis- propose d'habiter. Si.le choix est possible, ces
sance, que cette dignité devient héréditaire dans connaissances seront d'un grand secours. Dans le.
sa famille. Grimoald, son fils, lui succède, et, cas précautions contraire, elles serviront du moins à suggérer
mépris des Austrasiens la du les nécessaires pour pallier les défauts
< voyant le pour race
grand Ctovis. il relégua le nls de Sigebert dans un du local imposé et défectueux.
monastère d'Irlande, et fit nommer roi son propre Nous aurons soin, d'ailleurs, après avoir décrit
Bis, Childebert. Mais le moment n'était pas encore ce~ qui devrait être, d'indiquer les compromis, les
venu de renverser l'antique famille des rois che- petits moyens qui peuvent rendre moins dange-
velus. Les Austruiens munirent aux Neustriens reuse une habitation malsaine.
contre Grimoald, qui fut tué avec Childebert. » J?M/)!acem<M<.– La localité, le sol, le voisi-
(Lavallée.) La tentative prématurée de Grimoald nage, l'exposition doivent être l'objet d'un minu-
ayant échoué, les royaumes franco se trouvèrent tieux examen, soit pour Bxer son choix, toit pour
placés de nouveau sous le gouvernement nominal prendre tentes les précautions possible* lorsque
des rois neustriens, au nom desquels comman- la nécessité permet seulement d atténuer certains
dèrent successivement deux maires célèbres, Er- désavantages.Le m~MM dans lequel semodifications trouve l'ha-
kinoald et Ebroin. Cependant l'Australiesupportait bitation apporte naturellement des
impatiemment le joug. Un petit-fils de Pépin le dans sa construction et son aménagement nous.
Vieux par les femmes, Pépin d'Héristal, y devint en parlerons en détail en traitant ce mot.
chef des leudes, et, après lai mort d'Ebroin, vain- Co?u<t'Mfft<M. Les bons matériaux de con-
quit les Neustriens à Testry (68~. Cette victoire struction doivent être mauvais conducteurs de la
assura définitivement la prépondérance de l'Aus- chaleur, non hygroscopiques, inattaquables par
trasie, et donna à Pépin d'Héristal un pouvoir tes moisissures, non susceptibles de dégager des
qu'il devait transmettre à ses descendants. Pépin gaz délétères. Les questions de prix, de durée, de
se contenta du titre de maire du palais, et laissa beauté, sont tout à fait secondaires. Le granit, le
la couronne au roi de Neustrie Thierry III et a grès, la pierre meutière, le calcaire dur, remplis-
ses faibles successeurs Clovis III, Childebert III, sent toutes ces conditions.Le calcaire tendre, qm
Dagobert Ht, que l'histoire a appelés les t'OM fournit à Paris la plus grande partie des pierres
fainéants. A sa mort en i4, il eut pour successeur de taille et des moellons, est plus sujet à retenir
son fils Charles Martel, qui, après avoir comprimé t'humidité. Cependant on a inventé plusieurs pro-
imperméable à la surface.
leur tentative des Neustriens pour reconquérir cédés qui le rendent
une indépendance, devint le maître de tout l'em- L'un d'eux consiste à t'imprégner de silicate de
pire franc, sans prendre toutefois la couronne, potasse. Une peinture à l'huile de lin cuite et sa-
et en conservant à côté de lui des simulacres de turée de litharge serait également utile.
rois pris dans la famille mérovingienne. Il confis- C'est surtout pour les fondations et le rez-de-
qua les biens de l'Eglise, qu'il distribua à ses chaussée qu'il importe d'employer, des
matériaux
inacéesslbles l'humidité, comme la pierre meu- travail forcé dans les ateliers où conspirent l'encombrement,
les émanations, les poussières, contre
)i(;re jointe au ciment. Au niveau des fondations, ¡.
ils s'entassent dans de misérables
le sol devrait être parfaitement drainé, puis rece- leur existence,
l'asphyxie
voir une couche de scories ou de pierrailles re- réduits, où règnent ledeméphitisme et Les conseil
couverte par une assise de ciment. De cette ma- c'est là une des plaies notre tempe.
nière on serait sûr qu'aucune exhalaison dange- de salubrité pourraient beaucoup pour atténuer
reuse ne pourrait s'élever du sol pour se répandre le mal. On a réussi en partie en quelques pays.
dans la maison. H serait même avantageux de bi- Mais la question du logement des ouvriers est tort
tumer le sol et les murs de la cave. complexe, elle touche l'organisation même de
La brique bien cuite, en partie vitrifiée, vérita- la société, aux salaires; il faut donc se résigner à
ble pierre siliceuse artificielle, est d'un excellent donner supportable des conseils palliatifs. En les suivant, on
emploi pourvu qu'on la joigne avec du ciment. La rendra ce qui est, et peu à peu l'es-
terre pilée, ou pisé, peut servir aux constructions prit public améliorera, sans secousses, la vie ma-
proté- térielle des travailleurs. L'hygiène est une science
sur les terrains très secs, à la condition de
sociale elle joindra sa voix aux revendications lé-
ger les murs contre la pluie et les infiltrations. des progrès apportée par le
Le meilleurplâtre est celui qui exige le moins gitimes et profitera société.
d'eau pour se gâcher au degré convenable. Dans temps dans l'organisation de la ouvrières, sortes de
La création de grandes cités
toutes les parties basses ou exposées à t'humidité fatalement insalubres, physique et
on doit lui substituer le ciment. Le plâtre, en effet, casernes au
moral, cède aujourd'hui le pas aux essais
est très hygroscopique, et au bout de quelque au bien mieux compris de petites maisons isolées ou
temps l'humidité qu'il retient produit le salp&trage
des murs, défaut auquel on ne peut guère remé- par groupes de deux à quatre, comme celles de la
dier. Société MMMoMMMtn' de la CoMpa~ des Mines
Les bois employés dans les constructions sont de Blanzy. Aujourd'hui les bons modèles ne man-
il s'agit de trouver les moyens de les
sujets à une décomposition lente produite par une quent pas,
graduellement accessibles a tous. Les plus
sorte de fermentation et par la production de moi- rendre qui doivent faire le plus d'ef-
sissures. C'est là une cause de dangers et d'insa- intéressés sontleur ceux
Aide-toi et la société t'ai-
lubrité qu'il serait facile de prévenir en imprégnant forts on peut dire
dera.
ces bois d'acide pyroligneux ou d'autres substances
préservatrices. En tout cas, il
faut savoir que les Distribution et usage. La maison la plus hum-
salle commune destinée aux
bois coupés en sève sont fatalement destinés à une ble doit avoir une
prompte destruction. On choisira les essences les réunions de la famille et aux relations. Si l'espace
plus résistantes et surtout on prendra soin que manque, elle pourra l'on fort bien servir aussi de salle
f'humidité n'ait accès nulle part. à manger, pourvu que ait soin d'y établir,
Si les maisons des villes laissent tant à désirer, après chaque repas, unles émanations.
rapide courant d'air, qui
de celles des chasse les odeurs et Que cette
sous tous les rapports, que direprovinces''L'es- salle commune, âme de la maison, réunisse tou-
paysans dans la plupart de nos de confort tempéra-
pace étroit enclos entre les quatre murs est recou-
tes les conditions désirables
vert d'un toit de chaume surbaissé, fertile réser- ture douce, air pur, beaucoup de lumière, des
voir de moisissures suspectes. Le sol de terre meubles l'esprit, bons à l'usage tout cela dispose favera-
battue se détrempe et s'imprègne de boue et deblement fait aimer la maison, et c'est là,
fumier; souvent même des animaux domestiques, en hygiène, comme en morale, un point essentiel.
admis dans une intimité compromettante, rendentL'amour du foyer crée des habitudes régulières,
la place inhabitable pour leurs maîtres, stoïque- des plaisirs simples, des satisfactions toujours
prêtes qui contribuent puissamment à entretenir
ment entassés dans des lits clos étagés comme l'esprit le dans de bonnes conditions. Le
ceux des cabines de navires. L'impôt des portes et salon deetparade corps
et la salle à manger sont des piè.
fenêtres ingénieusementéludé a fait percer dans lesquelles sacrifie à tort l'es-
le mur des trous bouchés en hiver par de la ces de luxe pour qui seraientonmieux employés ail-
paille. A coté de la maison un tas de fumier dont leurs. pace et l'argent
le purin forme ruisseau devant la porte, puis l'é- Les tentures sombres, les meubles d'apparat
table dont les émanations se mêlent à celles du n'ont rien de commun avec Fhygiène. Si les occu-
purin. Parfois même, un vide dans. la muraille pations exigent un cabinet de travail, que ce soit
grande, bien éclairée, dont on puisse
met celle-cien communication directe avec la mai- une pièce régler la température. Surtout, qu'elle
son pour que les animaux puissent y prendre leur facilement permette de s'isoler des bruits domestiques comme
nourriture dans l'auge ou le râtelier. dehors, le fatigue
Certes le mal n'est pas partout aussi grand des bruits du car cerveau se
mais presque toujours les constructions rurales s beaucoup plus lorsqu'il est obligé de faire sans
l'hygiène la bienséance. cesse abstraction de ces bruits pour rester seul
semblent un défi à et à double fe-
t.a réforme viendra de la vulgarisation de l'hygièneavec lui-même. beaucoup Une double porte, une
produire cet isole-
qui fera aimer, avec le bien-être relatif, tout ce) nôtre, peuvent maintenir
pour
température uniforme.
qui augmente la dignité humaine. Pour améliorer ment et une
Nous passons dans notre c~)m&)'e cpMC/t~* an
l'hygiène rurale, il faudrait d'abord choisir judi-
c eusement l'emplacement des habitations, lesmoinspartie un tiers de notre existence; mais comme
ccnstruire de façon à ne pas marchander l'air ett cette de notre vie est absolument privée,
la lumière, isoler les dépendances de l'habitation1 nous croyons salon que tout est assez bien pour cette
humaine, adopter pour les fumiers les fosses êtan- pièce dont le et la salle à manger réduisent
ches et couvertes, placées loin de la maison et loini l'envi les dimensions. En fait, ,en couche n'im-
des puits/Ensuite, l'instruction bien dirigée ap- porte où, dans un cabinet, une alcôve, une sou.
prendrait au paysan qu'il a intérêt à soigner sapente; il semble que là où l'on peut placer une
homme
maison, son fumier, sa santé, celle des siens, que couchette un contraire. Que la chambre à peut dormir. On devrait
c'est pour lui la meilleuredes spéculations. Quand chercher tout i le
bien éclairée, visitée du
cou-
soleil, le
il en sera convaincu, le reste sera facile. cher soit vaste,
assainisseur. Que l'air s'y renouvelle natu-
Malgré leurs misérables demeures, tes paysans9 grand
résistent à une foule de causes de maladies ou de9 rellement par la cheminée ouverte, on sera sûr
dégénérescence, parce que la plus grande partie alors qu'elle sera plus utile comme appareil de
de leur vie se passe au grand air. Les ouvriers des ventilation que comme appareil de chauffage. Un
villes sont encore plus malpartagés. Ils forment une aura donc soin de ne pas l'obstruer en baissant
i
population chétive, malingre, rabougrie. Après un le rideau mobile ou en y plaçant un devant de clio-
minée. Le trou béant n'est pas joli & !'œil. mais L'adulte de *0a 95 ans respire de 18 a Mfois
c'est un poumon qui fait respirer cette chambre par minute, l'enfant de 5 ans, 26 fois. Ces chiffres
où l'air doit sans cesse se renouveler. H y aurait montrent que tes besoins respiratoires de l'en-
d'ailleurs un moyen de tout concilier, ce serait fant sont bien supérieurs à ceux de l'adulte,
de fabriquer des devants de cheminée en toiles et comme, d'autre part, il résiste beaucoup moins
métalliques peintes et ornées comme des stores. aux causes d'atfaibtissement ou do maladie, on
!1 serait bon, en outre, de pratiquer près dn pla- comprend qu'il lui faut beaucoup d'espace et
fond une ventouse dans le tuyau de la cheminée. beaucoup d'air pour se développer convenable
L'air vicié s'écoulerait naturellement par cette ment. Le luxe mal entendu tue autant d'enfante
issue, que l'on pourrait fermer quand la cheminée que la misère, en les condamnant à l'immobi-
servirait au chauffage. lité, au silence, en les privant d'air et de lu-
La chambre à coucher, pour une personne, de- mière dans des appartements calfeutrés et capi-
vrait cuber 60 mètres environ, pour que l'air s'y tonnés.
maintienne dans un état de pureté convenable Les chambres de domestiques devraient peu
sans recourir à une ventilation forcée. En huit din'érer de celles des maîtres au point de vue de
heures nous absorbons dans nos poumons 3,600 l'hygiène. Nous admettrons qu'elles soient moins
litres d'air et nous exhalons 180 litres d'acide car- confortables, parce qu'elles sont moins habitées,
tonique. Ce gaz n'est pas à proprement parler mais la santé, l'hygiène, ne connaissent point de
toxique, mais it est irrespirable. L'air pur n'en distinctions sociales. Il y a égalité parfaite devant
contient que trois à quatre dix-millièmes, l'air les rhumes et les fluxions de poitrine, l'étiole-
d'une salle de spectacle, d'une classe, devient ment faute d'air et de lumière, l'asphyxie nu l'em-
malfaisant et cause des maux de tête. de l'engour- poisonnement dans une atmosphère confinée. Si
dissement, dès qu'il en contient quelques milliè- la classe des serviteursest utile, indispensable,il
mes. Jugez quelle doit être l'atmosphère d'un importe de la maintenir dans les meilleures con-
réduit étroit où l'on passe huit ou dix heures. ditions possibles, même au seul point de vue de
quelquefois en compagnie d'une lampe, d'un l'économie sociale. H appartient aux maltres de
chien, qui doublent la production de gaz irrespi- veiller à ce que les chambres des serviteurs soient
rable. aménagées et entretenues de manière à leur assu-
Notons que l'accumulation d'acide carbonique rer le confort et la salubrité compatibles avec les
ne constitue pas le plus grand danger de l'atmo- circonstances, mais les serviteurs doivent s'ins-
sphère confinée d'une chambre à coucher. La peau truire eux-mêmes des principes élémentaires de
et les poumons exhalent aussi dans l'air des va- l'hygiène pour tes appliquer avec soin et zèle ou
peurs, des miasmes qui imprègnent la literie, les pour réclamer les améfiorations urgentes dans
rideaux, les papiers de tenture, les murs même leur installation.
et qui constituent, dans certaines circonstances, A la campagne at dans les petites localités les
un véritable poison dont les effets se traduisent cuisines des maisons bourgeoises sont d'ordinaire
quelquefois par une maladie aiguë, et le plus sou- assez vastes, suffisamment aérées et disposées de
vent par une détérioration générale de la santë telle façon que les odeurs ne pénètrent pas dans
que 1 on attribue à toute autre cause. les appartements. Mais chez tes paysans, la salle
La laine des matelas et des couvertures, la commune dont nous avons parlé sert aussi à la
plume et le duvet surtout, retiennent facilement préparation des repas, de sorte qu'aux mille
les miasmes. Ces deux derniers articles devraient odeurs et émanations qui s'y rencontrent, s'ajou-
être bannis de la literie, car outre leur facile tent les vapeurs culinaires, tes senteurs Acres et
contamination ils habituent à une chaleur moite tenaces de graisses surchauffées. La plus humble
qui est malsaine. La laine est facile à nettoyer et maison rurale devrait avoir une cuisine séparée,
à désinfecter, il n'y a donc pas lieu de la pros- pour assurer la propreté et prémunir l'habita-
crire, pourvu qu'on procède fréquemment à son tion contre tes émanations, la fumée qui s'en dé-
épuration. Les sommiersélastiques tendent à rem- gagent.
placer partout la pnt~tMM, véritable sac à pous- Dans les grandes villes, la cuisine fait corps,
sière et à moisissures. Faute de sommier élasti- d'ordinaire, avec l'appartement; on lui donne à
que, que le premier matelas soit fait de paille, de regret, un coin obscur, étroit, carrelé, disposé de
balles d'avoine, de spathes de maïs, de crin végé- la façon la plus ingénieuse pour ruiner la santé
tal, mais à la condition de renouvelertrès sou- des personnes qui y séjournentet pour incommo-
vent ces substances pour assurer en même temps der plus ou moins les autres. Le fourneau chauffe
t'hygiène et le confort. fortement la tête, tandis qu'un courant d'air froid
Supprimez' tes rideaux de lit, obstacle au re- passant sous la porte glace les pieds; le tirage
nouvellement de l'air, refuge des insectes, réser- illusoire de la hotte laisse disperser aans la pièce
voir de poussière s et de miasmes. Aérez chaque l'oxyde de carbone, source immédiate de malaise.
tour et exposez s'il se peut au soleil les pièces de de maux de tète, et source lointaine d'un vérita-
la literie. Comme on fait son lit on dort et l'on se ble empoisonnement chronique. Par intervalles,
porte. des bouffées de vapeurs Acres et irritantes achè-
Là où les circonstances le permettent, nous vou- vent de rendre irrespirable cette atmosphère
drions voir sacrifier, au besoin, une des pièces de viciée. Ajoutez à cela mn évier dont le tuyau ou-
luxe pour en fa ire la cAnMtre des enfants. Lors- vert dégage une odeur méphitique d'œufs pourris.
que le mauvais temps ou d'autres causes ne leur Telle est la cuisine du plus grand nombre des
permettent pas les ébats au grand air, qu'ils aient logements de Paris et des grandes villes. Voici ce
au moins à la maison une pièce à eux, en rapport qu'il faut faire pour la rendre moins dangereuse et
avec leurs besoins. Pas de rideaux aux fenêtres moins désagréable à tous égards. Sur le dallage
presque toujours ouvertes, pas de meubles qu'il mettre une natte épaisse poser on bourrelet au
faille traiter avec cérémonie, rien qui gêne les bas de la porte et à mi-hauteurdes côtés établir à
franches allures, mais une natte sur le plancher la hauteur de la tête une prise d'air pur par la
pour amortir les bruits et au besoin les chutes. porte ou la fenêtre; pratiquer une ventouse près
Des jouets simples, qui soient une occasion d'exer- du plafond pour l'échappement du mauvais air
cice et de jeux actifs. Nous voudrions bannir la ventiler en grand, par un courant d'air, sans y
poupée, inventée pour immobiliser les enfants, rester exposé, dès qu'il s'est dégagé une odeur
ces « bandits aux ièvres roses o qui ne doivent un peu forte, et après la préparation de chaque
pas être « sages » si l'on veut qu'ils se portent repas: employer fréquemment, et partout, la
bien. brosse et le savon. L'évier nécessite des soins spé-
ciaux. Plus tard, les architectes sauront les dis- avoir plus de 0",16 de hauteur. On les fait d'or-
poser de manière à ne pas en faire des foyers dinaire planes ou légèrement inclinées en avant,
d'infection. On peut assainir les plus mat cons- de sorte qu'il faut un effort musculaire consi-
truits par de grands lavages avec une solution dérable pour porter le corps en avant pendant
bouillante de potasse. Pour empêcher l'air impur qu'on l'élève; cet effort serait notablement dimi-
de refluer par leur orifice, une soupape ou un nué si l'on inclinait légèrement les marches en
bouchon de métal suffisent à la rigueur. Pour faire arrière.
mieux, on couvre l'orifice d'un petit appareil Et- L'ascensionun peu rapide de quatre étage* fait
irant, mobile, en forme de cloche, dont le bord souvent monter lefonctions pouls de 72 à 130 pulsations
tjourë repose sur une rainure pleine d'eau, de sorte par minute. Les du cœur et des pou-
qu'en laissant passer les liquides il s'oppose a la mons se trouvent donc gravement compromises
rentrée de l'air. pendant quelque temps, chaque fois qu'on renou-
Les cabinets de toilette, garde-robes, <Mwr<M velle cette gymnastique. Les personnes disposées
~ont trop souvent des cabinets exigus, privés de aux maladies de ces organes oude qui en sont déjà
lumière et d'air, laboratoires suspects où s'élabo- atteintes doivent tenir compte ce fait Vivre
rent, fermentent et se multiplient les poussières, quelques étfges plusnotablement haut ou plus bas peut abré-
tes miasmes, les vapeurs, les moisissures, les in- ger ou prolonger leur existence.
sectes. A tout cela, il faut de l'air, des nettoyages Voici d'ailleurs un moyenl'ascension. pratique de réduire au
fond renouvelés souvent. Le mieux serait de minimum la fatigue de Prenez une
réur.ir dans une seule pièce nue, aérée, ensoleil- longue et profonde respiration et gravissez dou-
lée, toutes ces dépendances qui sont d'autant moins cement les marches jusqu'à épuisement de l'air
nécessaires que l'ordre règne davantage dans la lentement expiré arrêtez-vous alors et recom-
maison. Bannissezles vieilleries de toute sorte si mencez la manœuvre vous serez surpris du sou-
tout est en usage et en vue vous serez obligés de lagement produit par cette simpleNous précaution.
tout entretenir en bon état. Descendons un instant à la cave. savons déjà
Tout est à faire, chez nous, dans la construction que le sol doit être drainé, recouvert d'une cou-
et l'aménagement des cabinets. La meilleure dis- che épaisse de matériaux hydrofuges, puis de
position est celle qui permet aux matières de se ciment ou de bitume. Les soupiraux seront ouverts
rendre directementà l'égout, en totalité ou après toute l'année, protégés seulement par des bar-
réparation des parties solides dans des appareils reaux de fer, et l'on fera en sorte que les corri-
mobiles. Pour cela il faut un service d'eau dors, les escaliers qui y conduisent soient secs
-abondant, des soupapes bien disposées et une et bien aérés. Cette pièce doit être aussi sèche,
ventilation spéciale des tuyaux, afin que l'air des aussi salubre qu'une chambre à coucher, sans
egonts ne pénètre pas périodiquement dans l'ha- quoi elle répand dans la maison des exhalaisons,
bitation. Le système de fosses fixes est absolu- des miasmes, des germes de moisissures qui en
ment barbare et homicide. Même lorsqu'elles sont font un véritable foyer d'infection. Le bois, les
munies d'un tuyau d'évent pour les gaz en excès, provisions, les tonneaux y seront disposés de telle
elles infectentnécessairementles habitantschaque sorte qu'une surveillance journalière permette de
fois que s'abaisse la cuvette. De plus, il se produit remédier au moindre accident,d'assainir aussitôt
toujours quelque fissure dans ce réservoir d'im- qu'on aura découvert de l'humidité ou des moisis-
mondices, et le sol des caves, l'eau dea puits se sures. Il faudrait des ordonnances de police pour
trouvent tôt oa tard souillés sans remède. De obtenir la construction rationnelle des caves et
graves épidémies de fièvre typhoïde sont dues à l'assainissement de celles déjà construites. Tout
cette cause. A la fosse fixe il faut donc abso- ce qu'on peut faire comme palliatif, c'est de chauf-
lument substituer la fosse mobile en attendant fer au moyen d'un poêle pour sécher les murs et
tnieux. le sol, d'élever tout ce que l'on y conserve sur des
Dans les campagnes le moyen le plus simple, le madriers ou mieux des pierres, et d'établir une
plus salubre consiste dans l'emploi de la terre ventilation aussi complète que possible.
sèche et pulvérisée ou des cendres sans valeur L'hygiène des animaux est à peu près la même
pour recouvrir immédiatement les matières qui que celle des hommes. Si l'on veut en tirer tout le
sont tombées dans un tonneau. On ne perçoit profit possible, on a intérêt à tenir sains et propres
aucune odeur, il n'y a pas de fermentation pu- les locaux qui leur sont affectés. Ceux qu'on né-
tride. Ce moyen est non seulementfacile et hygié- glige le plus, les porcs, sont justement ceux qu'il il
nique, mais il rembourse bien vite les frais mi- importe de soigner davantage. La réforme sur ce
nimes d'installation, car le contenu des tonneaux point est partout possible il suffit d'en faire com-
forme un excellent engrais. H est facile d'improvi- prendre l'utilité, la nécessité. Même en supposant
ser une trémie qui laisse tomber à volonté un peu les écuries, tes étables, les pM'eAe)'M, les pou-
de poussière sèche, mais à la rigueur on pourrait ~a!~e' tes pigeonniers, etc., tenus avec la plu3
la verser de toute autre manière. Si l'on prend rigoureuse propreté, la nature même de ces an-
les précautions nécessaires et si l'on emploie assez nexes entratne toujours l'accumulation de détri-
'de matières absorbantes, ce tonneau pourrait re- tus et d'immondices d'où se dégagent des odeurs,
cevoir aussi tous les détritus de la cuisine. L'im- des miasmes toujours désagréables et dangereut
portant, c'est que tout soit bien couvert et sec à ce sont des nids de parasites. tt est donc indispen-
la surface. La plus humble habitation rurale, sable d'éloigner tous les bâtiments destinés aux
munie de cet appareil, sera mieux partagée que les animaux de ceux habités par les hommes.
somptueuses maisons de Paris. C'est une erreur de croire, sur la foi de tradi-
Un mot seulement sur les escaliers. C'est par tions sans fondement, que l'air des étables est
-eux, d'ordinaire, qu'arrive l'air extérieur lorsque hygiénique pour les gens saint ou malades.
les fenêtres sont bien closes. Il y aurait avantage Mieux vaut coucher, bien couvert, dans une cham-
et même économie à tes chauffer en hiver au bre froide que dans l'atmosphèred'une étable on
moyen d'un poèle, afin que l'air froid n'arrive pas d'une écurie chauffée par les exhalaisons des
subitement dans les pièces chauffées. Mais en tout animaux et toujours imprégnée de miasmes
cas, il importe qu'ils soient parfaitement aérés, qu'une circonstance impossible a prévoir peut
car c'est aussi par l'escalier que le mauvais air rendre dangereux.
d'un appartement s'introduit chez les voisins pour Humidité. Toute maison humide est mal-
y porter la gène, le dégoût ou la maladie. saine. Au bout d'un certain temps ses habitants
Les escaliers droits sont plus commodes que ressentent un trouble général des fonctions qui
fux dits tournants. Les marches ne devraient pas s'accuse par le lymphatisme, l'atonie, l'anémie~
le MOfbut, les scrofules, les rhumatismes; la giène, il importe que chacun apprenne à recon-
même cause suffit pour causer des maladies naltre les qualités et les défauts des logements
mieux déterminées ou plutôt mieux localisées tels qu'ils existent, et qu'on vulgarise tes connais-
angines, bronchites, fluxions de poitrine, pleuré- sances élémentaires au moyen desquelles une
sies, hydropisies. C'est surtout 1 humidité froide maison défectueuse peut être habitée avec le moins
qui est dangereuse. Dans la même maison et au de risques. Lorsqu'on en comprendra l'importance,
même étage, les pièces situées au nord seront on choisira son logement avec plus de soin qu'on
meurtrières, tandis qu'on habitera sans trop d'in- ne le fait d'ordinaire, et lorsqu'on sera forcé de
convénients celles au midi. vivre dans un milieu malsain. on s'appliquera à
Lorsque l'humidité tient à la construction même combattre les conditions défavorables par le&
et non a l'aménagement, elle est a peu près irré- moyens que nous venons de résumer.
médiable. Cependant ii y a des palliatifs qu'on ne [D~ Saffray.]
doit pas négliger. Le plus important, le plus MALADIES. Hygiène, XVI, XVIIf. Chaque
efficace, c'est d'élever la température, en com- milieu exerce sur la santé une influence plus oo
mençant par la cave et le rez-de-chaussée. C'est moins lente, plus ou moins manifeste, mais dont
aussi le remède le plus facile à employer dans l'effet contribue toujours à maintenir, améliorer
une maison à-loyer, où l'on ne peut ou ne veut ou détruire la santé. L'école, considérée comme
pas faire des dépenses d'amélioration. Un ca)orifère milieu au point de vue hygiénique, offre tous les
placé dans If< cave avec bouches de chaleur dans inconvénients des locaux exposés à l'encombre-
les corridors, les escaliers et les pièces du rez-de- ment, source de méphitisme et de contagion.Nous
chaussée, suffira presque toujours pour diminuer traiterons plus loin (V. Travail, Vue) de l'influence
dans une forte mesure les dangers de l'humidité. spéciale du travail scolaire. Nous devons nous
Si ce moyen est trop dispendieux, que l'on chauffe borner à donner ici quelques notions générales
avec des poêles, depuis octobre jusqu'en mai, les mais précises sur la malaaie, puis à signaler celles
chambres habitées. que les maîtres doivent s'efforcer de reconnaître
Si les réparations et améliorations sont possi- dès le début pour interdire l'école aux enfants qui
bles, la première consiste drame?' le sol sous le en sont atteints.
bâtiment et alentour. Cela suffira, dans bien des La santé et la mnladie. La santé est un état
cas, pour sécher les caves et les murs du rez-de- caractérisé par le fonctionnement régulier et con-
chaussée. Mais si les pierres poreuses, impré- cordant de nos organes, en harmonie avec le mi-
gnées de matières organiques, ont donné lieu à la lieu où nous vivons. Cet état constitue un idéal
formation de salpêtre qui recouvre leur surface dont nous trouvons peu d'exemples, surtout chez. >t
d'une inflorescence blanche, l'assèchement du sol les peuples rafnnés, mais heureusement nous
par le drainage ne suffira pas. pour sécher les sommes organisés de telle sorte que nous pouvons
mun, parce que le salpêtre, substance hygromé- nous en écarter sensiblement sans que notre exis-
trique, attire et retient l'humidité de l'air. Dans tence se trouve compromise.
ce cas, le chauffageconstituera le meilleur pallia- Entre )a santé parfaite et la désorganisation qui
tif. On couvre souvent de lambris de bois les murs produit la mort, on peut établir une série conven-
salpêtrés; c'est un moyen de diminuer la prppor- tionnelle d'états intermédiaires commençant à
tion d'humidité qui s exhale des murs, mais le l'indisposition et finissant à la maladie grave ou
bois pourrit infailliblement et la surface inté- mortelle. Le langage usuel est suffisamment pré-
rieur des lambris se couvre de moisissures dont cis par indisposition, on entend un désordre peu
la présence est toujours suspecte. On éviterait cet considérable et passager des fonctions; par mala-
inconvénient en interposantune mince feuille de die un désordre de longue durée. Au point de vue
plomb entre le mur et le revêtement de bois. médical, )e mot maladie indique, en outre, l'idée
La maison la mieux construite est humide long- de lutte ou plutôt de réaction des organes contre
temps après son achèvement. Les pierres perdent une cause de désordre ou de destruction. Quelque-
lentementleur eau de carrière; le mortier et le fois un organe a reçu simplement une impression
plâtre sèchent plus lentement encore. Habiter passagère, subite même. Cette impression a troublé
une maison nouvellement construite, essuyer les sa vie, sa manière d'être, il lui faut un certain
pldtres, comme l'on dit, c'est s'exposer sciemment temps pour rentrer dans son état normal. Souvent
et fatalement aux maladies causées par l'humidité. aussi l'impression a persisté, accumulant son in-
Dans les grandes villes, on emploie maintenant fluence, aggravant en proportion les troubles
des appareils de chauffage pour hâter l'assèche- fonctionnels, de sorte qu'ils se prolongent long-
ment des locaux neufs fest une excellente me- temps après la cessation de la cause. It peut arri-
sure qu'il faudrait généraliser et rendre obliga- ver enfin que l'impression soit permanente et dès
toire, mais on se fait souvent illusion sur son lors ne permette pas le rétablissement de l'équi-
efficacité et l'on ne continue pas assez ]ongtemps libre dans tes fonctions. Que cette impression
le chauffage forcé pour permettre aux parties provienne du froid, de la présence d'un gaz délé-
profondes des murs d'en éprouver l'influence. tère, d'un liquide vénéneux ou de parasites mi-
Quelques moyens empiriques permettent d'ap- croscopique~, le résultat est le même ii y a.
précier le degré d'humidité d'une maison, d'une réaction contre la cause morbide en vertu d'une
chambre. Le sel gris y devient promptement hu- loi de notre nature, et ce sont les phases de cette
mide, la chaux vive pulvérisée se délite en fixant réaction qui constituentla maladie.
['humidité de l'air et l'on peut apprécierla quan- Dans la plupart des cas la maladie ne consiste
tité d'eau absorbée en la pesant avant et après pas dans la présence matérielle d'un principe, d'un
l'expérience. agent, d'une substance qu'il s'agit de détruire ou
A moins d'urgence, on ne doit habiter une mai- de chasser. Le plus souvent, lorsque les désordres
son qu'un an après son achèvement. Si l'on est fonctionnels se manifestent, la cause impression-
forcé d'y vivre prématurément, le chauffage éner- nante a cessé d'agir, l'ennemi est hors de portée,
gique et continu constitue la seule ressource pour il ne reste que la réaction naturelle, qui constitue
atténuer l'influence dangereuse de l'humidité. la maladie. Que trois personnes s'exposent en-
Dans une maison humide, la literie devra être semble au froid, dans des conditions identiques,
exposée le plus souvent possible au soleil la toile l'une sera atteinte d'un coryza (rhume de cerveau).
sera bannie du lit et des vêtements l'usage de la l'autre d'une fluxion de poitrine, la troisième
flanelle sur la peau est de rigueur. d'une névralgie. Il n'y a eu qu'une cause, le froid;
En attendant qu'il ne soit plus permis de cons- il n'a fait pénétrer dans l'économie aucun principe
truire une maison contrairement aux lois de l'hy- morbide matériel, mais it a cause trois impres-
sions qui ont affecté des points différents et se sont de l'école à tout enfant qu'il soupçonne atteint
traduites par trois maladies distinctes. d'une maladie contagieuse. I) faut même qu'il soit
Tout ce qui produit sur nos organea une im- pessimiste dans son appréciation, car le tort qu'il il
pression perturbatrice peut devenir une cause de causera en faisant perdre à un enfant quelques
maladie. Ces causes peuvent être prochaines ou heures de classe n'est pas comparable à celui au-
éloignées, externes ou internes, principales ou quel il expose le sujet lui-même et ses camarades,
accessoires, généralesou locales,mécaniques, phy- en usant de tolérance ou de temporisation. Dès
siques, chimiques ou physiologique*. De plus, les qu'il soupçonne une maladie, il doit informer les
causes sont prédisposantes ou déterminantes. parents et n'admettre l'enfant que sur un certificat
Parmi les causes prédisposantes de maladies, il du médecin constatant ou la bonne santé de l'en-
y en a qui sont générales, qui affectent tous ceux fant, ou le caractère non contagieux de la maladie,
qui y sont soumis; telles sont la pression atmo- ou la guérison assez complète et ancienne pour
sphérique,la composition de l'air respiré, la quan- que tout danger de contagion soit passé.
tité et la nature de la lumière, les climats, les Qu'il soit donc bien entendu que l'instituteur,
saisons ,etc. elles produisent les maladies locales, après avoir acquis les notions premières de l'hy-
les endémies. D'autres causes prédisposantessont giène médicale, ne sera pas apte à porter un dia-
individuelles et dépendent de la personne même gnostic sûr. Il ne doit pas prétendre à cela. Mais
ou des circonstances spéciales de sa vie. De ce la connaissance de ces notions élémentaires le
nombre sont l'âge, le sexe, le tempérament, la mettra même de reconnaltre, avec une précisiott
constitution, les maladies antérieures, l'hérédité, suffisante, certains caractères qui lui suffiront
les impressions morales, la profession, les habi- pour agir sans faiblesse comme sans légèreté. A
tudes, les aliments, le vêtement, l'exercice. défaut d'un diagnostic précis, qui est souvent dif-
Les causes prédisposantes nous donnent seule- ficile, même pour le médecin, au début d'un certain
ment une aptitude à être anectéa par d'autres nombre de maladies, il suffira que certains signes
causes plus spéciales que l'on appelle causes dé- généraux indiquent un danger. II importe de ne pas
~rmMùMfes, telles que le froid, le chaud, les perdre de temps, quitte à se tromper et à croire
écarts de régime, les chocs, les blessures, les malade un enfant simplement indisposé, car pour
caustiques. Parmi les causes déterminantes,quel- beaucoup de maladies contagieuses, le danger de
ques-unes ont un caractère spéci fique, comme les diffusion commence avant le développement com-
parasites, les venins, )es virus, les effluves, les plet des symptômes. Ce que l'on doit demander
miasmes, les eaux souillées, l'air confiné. aux instituteurs, aux directrices de salles d'asile,
On appelle -ft/mphhmM les troubles morbides qui c'est bien moins un diagnostic de la maladie que
se manifestent à nos sens. Les uns se rapportent la connaissance de certains signes caractéristiques,
aux fonctions, comme la difficulté de respirer, le communs d'ailleurs à plusieurs affections, et qui
manque d'appétit, la fréquence du pouls, la para- suffisent pour faire isoler l'enfant qui les pré-
lysie les autres révèlent des altérations dans la sente.
structure intime ou dans l'apparence des organes On peut ranger en deux grandes classes les ma-
gonflement, rougeur, amaigrissement, ossifica- ladies contagieuses celles qui sont accompagnées
tion, etc. Quelques-uns frappent a première vue; de fièvre; celles dans lesquellesla fièvre n'existe
d'autres ne se laissent découvrir qu'après un pas. Les premières comprennent les maladies
examen minutieux et méthodique. Parmi les éruptives, les plus fréquentes et les plus graves
symptômes, il y en a qui constituentl'aspect prin- parmi les affectionscontagieuses de l'enfance. La
cipal de la maladie, d'autres qui ne sont qu'ac- fièvre est donc un symptôme général suffisant
cessoires il faut distinguer entin ceux qui appar- pour motiver le renvot d un enfant à ses parents
tiennent au désordre initial et ceux qui résultent jusqu'à l'avis du médecin. Peu importe que l'on
de désordres dépendants de la maladie principale. se trompe sur la nature de la fièvre et sur ses con-
Notons d'ailleurs que la maladie peut demeurer séquences. S'il s'agit d'une indisposition passa-
longtemps latente et ne se révéler par aucun gère, l'enfant se rétablira mieux chez lui qu'!t
symptôme bien déterminé. l'école, dont le séjour ne peut, dans ces conditions,
Il arrive souvent que la maladie se propage par lui être profitable en aucune façon. La fièvre la
contact, par eot!<a~toM, ou même par l'infection de plus bénigne exige du repos, des soins, et celui qut
l'eau ou de l'air qui deviennent les véhicules de la en souffre est incapable de profiter du séjour à
cause spécifique: c'est ce qui arrive pour les épi- l'école. Il n'y a donc lieu d'avoir aucun scrupule
démies. à cet égard tout enfant fiévreuxdoit être exclu de
Toute maladie passe par les périodes d'invasion, la classe. Cette précaution devient surtout impé-
de progrès, d'état et de déclin; quant à la durée, rative lorsqu'il règne une épidémie de fièvres
elles sont a:~t<jM ou chroniques. Elles se terminent éruptives. Il faut alors épier les moindres symp-
par la j~tt~rMom, la substitutiond'une autre mala- tômes, éloigner le malade avant toute contagion et.
die, l'altération permanente d'un ou plusieurs lui assurer un traitement immédiat.
organes, ou par la mort. Notre organisme est dis- Que l'on ne s'inquiète pas de reconnaître à quel
posé de telle sorte que la mort est la terminaison genre de fièvre on a affaire. L'important c'est de
la plus rare. savoir qu'elle existe. Le médecin lui donnera son
Ces notions sommaires suffisent pour faire com- vrai nom. Or il y a deux caractères auxquels les
prendre combien il est difficile, dans la plupart personnes les moins initiées à la médecine recon-
des cas, de former un diagnostic exact, complet, naîtrontla fièvre augmentation de la température
c'est-à-dire de reconnaîtrela nature de la maladie, du corps, accélération du pouls. II suffit de placer
les troubles fonctionnels et organiques apparents la main sur la poitrine, ou même d'ordinaire sur
ou latents, principaux ou accessoires, etc. Mais le les joues, le front, pour reconnaître la chaleur
diagnostic ne suffit pas, il-faut encore établir un insolite de la peau. Il est bon de se servir toujours
pronostic,prévoir et prédire, dans certaines limites, d'une montre pour constater l'accélération du
la durée, la marche et la terminaison de la ma- pouls cependant avec un peu d'habitude (que l'on
ladie. doit s'exercer à acquérir), les doigts qui pressent
Devoirs de l'instituteur. Seul le médecin est l'artère du poignet apprécient avec une approxi-
compétent pour établirun diagnostic assuré. Mais mation suffisantela dureté etla fréquence du pouls.
il importe que les parents, les instituteurs, La fièvre est ordinairementaccompagnée de quel-
apprennent à reconnaître les symptômes d'un cer- ques symptômes accessoires soif, frissons ou
tain nombre de maladies. Pour l'instituteur, c'est sueurs, manque d'appétit, langue blanchâtre,
un devoir impérieux, car il doit refuser l'entrée rouge ou sèche, alanguissement ou éclat des yeux,
mal de tète, fatigue, abattementou excitation déli- piderme pour que le danger de contagion soit
rante. passé. En temps d'épidémie de scarlatine, on ferait
Nous allons passer en revue les maladies que bien de donner aux enfants, tous tes deux jours,
les parents et les instituteurs, les directrices de deux on trois gouttes de teinture de belladone. Ses
salles d'asile, ont intérêt à connaître à cause de vertus préservatricesne sont pas prouvées, mais à
leur caractère contagieux. cette dose c'est un médicament inoffensif et il
FtÈttES EROPTtVES. – f<n'M~ on petite vérole. semble avoir produit de bons résultats.
– Dès le commencement, douleur dans les reins, OfoMont. Cette maladie se rapprocha, sous
puis dans le dos et la poitrine, vomissements, certains rapports, des Sèvres éruptives contagieu-
fièvre intense. Il peuty avoir délire et convulsions. ses, et nous pouvons, sans inconvénient, la men-
Du troisième au cinquième jour commence, à la tionner ici.
face, une éruption dépeints rongesqui deviennent Au début malaise, Sevré, gêne vers l'articula-
des taches, puis des pustulesdépriméesaucentre. tion de la mâchoire, puis gonflement douloureux
Du quatrième au sixième jour s'établit la suppura- de la glande parotide et des parties voisines. D'or-
tion, accompagnée de fièvre. Du neuvième au dinaire, tes deux c6tés de la face sont pris succes-
dixième jour, les pustules se dessèchent, les sivement. La tuméfaction se résout, le plus
croûtes tombent, laissant des taches rouges et des souvent, au bout d'une huitaine de jours quelque-
cicatrices. C'est pendant cette dernière période fois elle se porte sur d'autres organes.
que la maladie se transmet le plus facilement par F:~M'e typhoide (nommée aussi maligne, pu-
les poussières desséchées il est utile, pour pré- tride, muqueuse). Le début n'est jamais brus-4
venir leur dissémination, de graisser la peau avec que. L'enfant est abattu, il perd les forces et
une pommade ou de l'enduire de glycérine. L'en- l'appétit, puis la Cèvre se déclare, accompagnée de
fant devra être baigné plusieurs fois de
avant ren- mal de tête, saignement de net, ballonnement du
trer à l'école. ventre, diarrhée fétide, stupeur, somnolence, dé-
La variole est rare dans les asiles et dans les lire du sixième au douzième jour apparaissent,
écoles où les enfants ne sont admis qu'avec un sur l'abdomen et la poitrine, des taches sem.
certificat de Mcct'ie, car d'ordinaire ils n'ont pas blables à celles produites par des piqûres de puce.
atteint l'&ge où la vaccination cesse d'être efficace, Tels sont les symptômes de la première période.
puisque son action préservatrice dure une dizaine L'enfant cesse forcément de fréquenter l'école
d'années. Mais en temps d'épidémie de variole, avant l'apparition des plus graves, mais sa pré-
les instituteurs devront avoir soin de faire vacciner sence est dangereuse dès le début; par conséquent
tous les enfants âgés de plus de dix ans. it importe d'agir aussitôt que les premières indi-
Varicelle ou petite tefo/e volonte. C'est une cations sont corroborées par le développement de
maladie sans gravité. La fièvre, toujours peu in- la fièvre.
H0!t FfmtLES. S<<WM<t<<' «MtMM.
tense, passe parfois inaperçue. On voit d'abord MtLAnnfS
débuts marqué* et n'appellent
quelques taches rosées qui se déve!oppent en Les sont peu
bulles grosses comme un petit pois. L'eau qu'elles guère l'attention; parfois cependant il y a un peu
contiennent se trouble, se dessèche et tes croûtes de nèvre. Les gencives, l'intérieur des lèvres et
qui en résultent tombent sans laisser de cicatrices. des joues, le voile du palais, se couvrent peu à peu
Le cuir chevelu est toujours atteint. d'ulcérationsgristtres, saignantes, qui s'aggravent
Rougeole. Elle débute par un rhume de cer- assez rapidement. La fétidité extrême de l'haleine
veau avec accès de nèvre, puis arrive une toux est ordinairement le
premier symptôme que l'on
sèche. Quelquefois il y a des saignements de nez remarque.
<t de la diarrhée. Du troisième au quatrième jour ~tM dtpAM)-t<<ot<e on maligne, couenneute.
Cette maladie éminemmentcontagieuse consiste
apparaissent à la face, au cou, des taches rouges
semblables & des morsures de puce, qui se réunis- dans la formation d'une exsudation membraneuse
sent en groupes irréguliers. Souvent elle se com- jaunâtre (fausse membrane, couenne) d'un aspect lardacé,
plique de bronchite assez grave. Cette affection de ou noirâtre, qui recouvre d'abord les
f'enfance est éminemment contagieuse, mais pour amygdales,puis l'arrière-gorge. laQuand ces fausses
tes petits malades qui gardent la chambre et ne membranes gagnent le larynx, maladie prend le
sont pas exposés aufroidia terminaison est presque nom de croup. n importe de ne pas confondre le
toujours favorable. croup, maladie terrible et parfois foudroyante,
La convalescence,qui dure une dizaine de jours, avec la laryngite <<rt<<Mf<Meon faux croup. Celui-
commence lorsque la peau se dépouille de son ci débute brusquement par une toux rauque et
épiderme. Il est bon alors de la graisser ou de sifflante, mais sonore c'est une affectionprincipa-
l'enduire de glycérine pour empêcher la disper- lement spasmodique. membrane*. L'examen de la gorge ne
sion des pellicules, source de contagion.Des bains montre pas de fausses
sont nécessaires avant la rentrée à l'école. L'angme diphtéritique débute par nn peu de
Scarlatine Le début est celui d'un mai de gène dans ta gorge et d'enrouement,comme un
jamais
de simple mal de gorge. Il ne faut donc
~orge compliqué d'un accès de fièvre. Vers le cas qu'un
deuxième jour, quelquefois dès le début, apparalt négliger de visiter avec soin cette organe, dès L examen
aux mains, aux pieds, à la face, aux articulations, enfant y accuse un trouble quelconque.
la partie interne des cuisses, une éruption de au moyen d'une cuiller dont le manche abaisse la
petites taches roses pointillées, accompagnée de langue suffit pour constater A la présence on l'ab-
fièvre, parfois d'un peu de délire. Le pointillé pro- sence de fausses membranes. mesurecausent que celles-
vient de points plus élevés qui deviennent de pe- et gagnent tes fosses nasales, elles un
tites vésicules. Les articulations sont souvent enchi&ènement du nez avec écoulement plus ou
douloureuses.Après deux ou trois jours les sym- moins abondant. Les glandes qui se trouvent en
arrière de l'angle de la mâchoire t'engorgent, et te
ptômes s'apaisent et Fépidenne commence à se
détacher en larges écailles. gonflement s'étend le
vers cou.
Quelquefois la maladie est si bénigne que la Coqueluche. C'est une taeethmnerTense,
chute de l'épiderme appelle pour la première fois contagieuse et endémique. A son origine u n'est
l'attention. ans d'autres cas il survient à la gorge, pas facile de la distinguerd'na simple rhume; ce-
Mpoumon.aucerveau/des complicationssérieuses. pendant on remarque déj* que la teM se produit
L'usage de la flanelle est indispensable pendant par 9t<<M<M on accèt isolé* et surtout la nuit.
ta convalescence, qui est longue et réclame des Cette période un peumaladie indécise peut durer plusieurs
soins minutieux, surtout pour préserver du froid. semaines. Ennn la prend son caractère
tt faut au moins six semaines après la chute de l'é- spécial. L'accès débute par un malaise, puis la toux
Dès le commencement, des démangeaisons an-
tonvuls!ve se déclare par secousses rapides,sifflan- pres-
noncent l'invasion du parasite. Elles deviennent
d'inspirations np.
tes. Chaque accès se suivies
~ifininterrompues,
compose ordinairement d'un bientôt insupportables, et le cuir chevelu exhale
L enfant atteint
certain quintes qui se succèdent à peu une un odeur fétide caractéristique. complète gué-
Servie, mais la première est la plus violente. de teigne doit êtrele médecin.
nombre de éloigné jusqu'à

Lorsque le calme se rétablit, efforts produit


l'enfant rejette desrison ris certifiée par
à ce qu'elle
La teigne tonsurante doit son nom
mucosités épaisses. Souvent les fin à accè~ produit sur le cuir centimètres. chevelu une véritable tonsure
L'expectoration met début de 1 m-
le vomissement.
environ minute. Cette maladie selarge lai de deux à cinq Au
rougeâtres;
qui dure une vasion, les cheveux noirs deviennent
complique souvent d'accidents graves. Ce dernier nom i les
te.
[g.
blonds, d'un gris cendré; en même temps ils
D~M<e.-M de M".?. leur base se trouve
so grêles et friables. Bientôt
ou ~MB
suffit pour différcncierla dyssenterie de la diarrhée. sont parasitaire et tous les
de 1 intestin qui se- ét, étouffée par la végétation
Celle-ci n'est qu'un catar~e qu'à l'état normal. ch cheveux se cassent à deux ou trois millimètres au-
crète plus de mucus (glaires)enflammé sécrète du 1 dessus
de du niveau de l'épiderme. Le fond de la pla-
Dans la dyssenterie,l'intestin sanguine. Les be- que ql ainsi tonsurée semble chagrinée, elle prend
exsudation laisse échapper une poussière
mucus
3 soins d'aller
m61é à
la une
garde-robe sont fréquents, less une
matières rendues sont peu abondantes. malade Les
UI teinte bleuâtre et
grise. Quelquefois le mal est limité à une
forme
seule
plusieurs
à pl plaque, mais le plus souvent il se
ques et le malaise obligent bientôt le empêcher centres qui gagnent de proche en proche.
garder la chambre. Dès le cabinets début il faut r c¡ teigne décalvante pelade, au lieu de pro-
d'aisance, carr La ou
l'enfant de se rendre aux
!a dyssenterie peut être contagieuse.
MALADIES PARASITAIRES.
nom à une
insecte
maladie
facat-M~ long
de la
d'un

pean
Gale.
tiers
ressemble

causée
de
une
P"
On
millimètre
micros-
't
et
duire
d'

au
des plaques croûteuses ou des tonsures,fait
donne e disparaître entièrement les cheveux ou
Oonnece
it de la partie attaquée. La peau reste
toucher et très blanche. Les
quemment le siège de cette variété de teigne. Elle
a~
q
sourcils
les poils
unie, douce
sont fré-

un peu moinsDans large, qui s-


que les autres et
tortue. le principe, sa p~ence~e
pieds, aux m"M. ix peut. auxle e: est d'ailleurs plus envahissante répandre
p de proche en proche, se sur tout
décèle, particulièrementaux produisent ~s le corps.
nt
poignets, par de petites vésicules qui SouvMt~s Au début on ressent d'ordinaire une assez vive
nocturne.
revive démangeaisonles ongles et se trouant pas toujours
écorchées nt ddémangeaison, mais on ne remarque cheveux les chan-
.ont été par De la vesi li- dans
d la couleur et la nature des
remplacées par une croûte brunâtre. e, gements qui annoncent l'invasion des autres tei-
sillon grisâtre ou brunâtre,
part souvent un millimètres, @

tons de quatre à cinq semblable à une le gnes.


@
Souvent cette affection passe inaperçue pendant
terminé par une petite bosselure re
égratignure, et qu'avec ses allures assez
plus foncée. Ce sillon est creusé la nuit par l'in- n- aassez longtemps, de sorte fond, plus dangereuse, au
de la bosselure et y dé- [é- innocentes
i elle est, au
secte, qui habite le fond point de vue de la contagion, que les autres variétés
i a donc
pose ses œufs.
défenseurs t qui attirent promptement l'attention. Il y des
Comme les poux, la gale a eu ses tête
<
dépuratif digne de lieu 1 de surveiller périodiquement la en-
la considérait comme un lés premiers symptômes.
on
respect, voire même de reconnaissance. Aujour- tr- fants pour signalerToutes les fois que les paupières
OpHTHALMiES. –
S. on s'en débarrasse le plus tôt possible en
P~cuperdes les sont tuméfiées et sécrètent du mucus ou
du pus
tuant l'insecte parasite, sans se te- ou un mélange de liquides l'enfant on sanieux, doit se h4-
conséquenceschimériques attribuées à ce traite- atteint d'oph-
populaire. de faire traiter
ter d'isoler et s'inquiéter
dent rationneltaEale par la médecinehabitudes noctur-)r- thalmie, sans de savoir s'il s'agit d'oph-
L'insecte de ayant des ~:pA~' t<t?Me,pMfM~eou autre. Danstous
nes, la maladie se communique principalementala thalmie les cas il y a danger de contagion, et le souvent la
cependant la contagion diurne est toujoursIrs médecin
nuit; des enfants atteints s im-
m- maladie fait des progrès si rapides que considérer
possible, et l'isolement toujours
guérison. est impuissant. On doit doncnécessitant des soins
pose jusqu'à parfaite admettrons ici trois teignes tes l'ophthalmie comme grave et
Teignes. Nous isi- urgents. Surtout, que l'on ne perde pas de temps
«ut résultent de la présence de végétaux parasi- qu'of-
champignons, mais d une or- essayer les recettes de familles, ou celles ophthal-
taires analogues aux de village. Il y a des
ganisation tout fait élémentaire et si petits qu 'on on frent les guérisseurs lesquelles il suffit de quelques heures
reconnaitre qu'à l'aide du microscope. De mies dans
la perte desyeux.
neCe~végétaux
i peut les
se propagentau moyen de semences
flotter dans
rcs perdues pour occasionner
ns haut MALADIES M SYSTÈME NERVEUX.-~P.OU
d'une ténuité extrême. qui peuvent Mais le plus mal, mal caduc. Cette terrible maladie
l'air et disséminer la maladie. sou-
ou- la frayeur
contagion provient du contact d'un ijet
objet peut se transmettre soit par suite desimplement
vent la soit
imprégné de ces semences ou .M. comme un que imitation.
En règle générale, de par
cause la vue d'une attaque,
Il importe donc de savoir la recon-
peigne, une brosse, une coiffure.enfants naître. afin d'isoler les enfants dès le début de
il faut donc veiller à ce que les ne s expo-
po- maires useront pour cela. de prn-
sent pas ces contacts toujours suspects dans les l'attaque. Lesdiscrétion; ils se garderont bien de
Chaque teigneest caractérisée par dence et de
agglomérations.
développement ett la prononcer le nomcamarade, de la maladie, et,en éloignant
un végétal particulier, dont le ils auront soin de dire
multiplication à la surface de la peau sont accom- )m- les élèves de leur indisposition passagère, qui réclame
c'est une
pagnés de symptômes spéciaux. teigne faveuse, que la tranquillité et l'isolement. On pourra donner à
La teigne proprement dite, ou tse le nom de syncope, dire que l'enfant se
peut occuper toutes les régions cuir garnies de poils, l'accident
mais siège particulièrementau grêles, chevelu. Les trouve mal.
'ts' Quelquefois la personne épileptique prévoit, par
cheveux se décolorent,deviennent cassants
certaines sensations, l'arrivée de l'attaque et peut
il se forme à leur base des croûtes jaunâtres qui s'y préparer; mais le plus souvent l'invasion de la
se rejoignent peu à peu sur des espaceslaassez on-
con-
envahissent toute tète. Ces crise est soudaine.
eidérables, et même
de débris et de se- Quelquefois l'attaque est bénigne (petit mal),
croûtes, formées de sérosité, s'écaillent, qui consiste dans la
végétal parasite, lent c'est un vertige épileptique,
tombent
mences du
dispersion sème partoutt la perte de la connaissance et mouvement. Tantôt
du
en poussière, et leur le malade marche rapidement en ligne droite ou~
maladie.
en tournoyant, puis tombe, la face pâle. tes yeux les élèves, la rigueur de mesures péniHes.maia
fixes; tantôt le mal le surprend au milieu d'une ux
phrase, d'un mouvement, et il demeure comme ne nécessaires pour sauvegarder la sapté de l'école
frappé de la foudre. Dans quelques cas il ne assurer aux malades un traitement immédiat et
se remet CD' Sanray.1
presque aussitôt, achève Faction ou la phrase com-
m- MAMMïFERES – Zoologie, IV. On sait que
mencée, sans avoir conscience de ce qui est arrivé;
6; les animaux peuvent être répartis en un certain
dans d autres, il demeure un peu assoupi et in- nombre de groupes principaux, oa embranche-
conscient. n-
ments, dont le premier est constitué par les Ver-
L'enfant sujet au petit mat doit être l'objet d'une lébrés, c est-a-dire
surveillance spéciale; si les attaques sont oe par des êtres très élevés en or-
bénignes, il serait sans doute rigoureux de lui rares et ganisation et pourvus d'une charpente solide qui
re-
e-
fuser 1 entrée de l'école mais on a lieu de craindre bres, tandisest eUe-m6me formée de pièces osseuses ou vertè-
que la maladie ne prenne la forme plus grave du re que le dernier renferme des êtres
lu d'une simplicité extrême, les Zoophytes et les /x-
grand mal, qui est une cause d'exclusion. /MM!7-M, qui touchent par certains côtés
Au moment de l'attaque, l'enfant pâlit, au règne
d'ordinaire un cri, et tombe sans connaissance. Le végéta).
pousse le A leur tour ces embranchements
visent en groupes secondaires ou classes. Les Ver- se subdi.
corps se raidit, puis s'agite en mouvements con- .e
vutsifs de plus en plus violents. t- tébrés, par exemple, comprennent cinq classes
L'insensibilité est !t les Poissons, les Batraciens, les Reptiles, les (M- t
complète. La face devient rouge violacée, les traits ts seaux et enfin les JfaM~tt/Wre~, qui occupent le
grimacent, une écume abondante sort de la bou-
che. Peu à peu le calme se rétablit, la face pâlit sommet de la série et dont nous allons dire quel-
t, ques mots.
un assoupissement profond remplace l'agitation n LesMammifères.étanttespremiersdes
convulsive. Vertébrés
L'attaque dure ordinairementde deux à dix mi- sont par cela même le~ premiers des animaux, et
i- ils ont à leur tête l'espèce humaine,
nutes, mais elle peut se prolonger pendant plu-t- laquelle en faveur de
sieurs heures. Il est inutile de chercher à conte- classe on a voulu parfois créer un ordre, nne
nir le malade, on doit se borner à le placer de ou même un règne à part.
e A première vue, tes mammifères distinguent
telle sorte qu'il ne puisse se blesser. des vertébrés des autres groupes se leur forme
~fa~e nerfs. Il rare que cette af-1 extérieure et par la nature de leurs par
fection atteigne les petites est
filles en âge d'école' En effet, leur corps est ordinairement téguments.
cependant on doit savoir la reconnaître, surtoutt quatre membres muni de
pour ne pas la confondre avec t'épilepsie. Une3 ou qui peuvent être anectés qui servent tous à la locomotion,
émotion violente, une contrariété sont les causess sion des aliments; la tète est en partie à la préhen-
ordinaires de l'attaque de nerfs, qui n'affecte 5 est très distincte et le corps
le sexe masculin. Elle est remarquable pas souvent de
recouvert poils. Mais il n'en
tion générale, les cris, les pleurs, par l'agita-aquatiques est pas toujours ainsi certains mammifères
.compagnes de la perte de connaissance. rarement ac- en effet, tels que les baleines, ont ta
Si une enfant est sujette aux attaques de nerfs, bres tête confondue en arrière avec le tronc, tes mem-
anténeurs transformés en nageoires, les
sans qu'on puisse tes attribuer à une cause for- membres postérfeurs
tuite et extraordinaire, il devient nécessaire de glabre, surmonté d'uneatrophiée, le corps presque
1 Soigner de 1 école jusqu'à guérison complète. nageoire dorsale et termine
C est, en effet, par
1 une nageoire caudale; bref, ces animaux aqua-
une des maladies qui
tent le plus facilement par imitation,seettransmet- tiques
i ont tout a fait l'apparence des poissons,
produite elle peut dégénérer d'une façon alar-avec
une fois 1 lesquels on tes confond trop souvent. Les
tbaleines cependant ont le même mode de dévelop-
mante. pement
Chorée ou Danse de Saint-Guy. 1 que les autres mammifères, comme eux
Les filles elles < produisent des petits vivants, comme eux
sont particulièrement sujettes à cette névrose elles les nourrissent dans les premiers temps
qui consiste eh mouvements involontaires, irrégu- <avec du lait, liquide sécrété
tiers, ordinairement bornés à un membre, au cou, ticuliers a par des organes par-
à la face, mais qui peut se généraliser. Tout t nommés Ma'Mc«M.
H n'y a en effet qu'un nombre
fant atteint de cette maladie doit être éloignéen- de de mammifères assez restreint
1 école, car c'est une de celles qui
d qui naissent tes yeux ouverts et
imitation. se propagent qui q soient capables de courir immédiatement a
par droite
d et a gauche à la recherche de leur
Tic convulsif. II consiste en mouvements lo- ture. nourri-
eaux habituels, involontaires, de ti La plupart ont besoin des soins de leurs pa-
certains muscles rents r quelques-uns même viennent au monde
et particulièrementde ceux de la face. Ce tic non dans d un tel état de faiblesse qu'ils doivent s'abri-
douloureux fait faire des grimaces grotesques ter, pendant
hideuses, dont la vue est une cause de désordre ddisposéeou t< un certain temps, dans une poche
le de la mère. C'est le cas des
ou de dégoût. De plus. les enfants sont portés à kkangourous, des ventre sous
sarigues, dontil seraquestiondans
tes imiter, par raillerie d'abord, puis l'in- u
fluence de ce que l'on a nommé la contagion sous un autre article (V. Marsupiaux).
ner- Les poils qui couvrent les diverses parties du
MMe, c'est-à-dire l'imitation inconsciente. Une a corps des mammifères varient beaucoup sous le
fois l'habitude prise, le tic acquis devient aussi du nombre, de la longueur, de la qualité
rebelle que la maladie naturelle.Pour tous tes cas r: rapport
el de la couleur.
et
un peu marqués, il y a donc lieu d'exclure de l'é- Les uns, comme les cheveux de l'homme, sont
cole les enfants atteints du tic de la face. longs,
10 souples,etSns; d'autresau contraire,
Les indications sommaires que nous venons de le les piquants du porc-épic, sont épais etcomme assez
donner ne. constituent pas pour les non initiés durs,
des connaissances médicales, et ils ne
d) assez aigus pour constituer des armes dé-
doivent fensives
fe d'autres encore s'aplatissent en écailles
point s'en prévaloir à ce point de vue. Elles suf- de dl manière à former la cuirasse des tatous et des
sent toutefois pour permettre à ceux qui ont pangolins pl ceux-ci sont d'une seule couleur; ceux-
charge d enfants d'exercersur leur santé là marqués
veillance intelligente, afin de remplir leune sur-
devoir La forme
de zones ou d'anneaux, etc.
du corps des mammifères est déter-
délicat mais impérieux de les exclure de la classe minée le squelette, qui offre en général la
dès qu'ils présentent les symptômes des maladies m même
par
disposition que dans l'espèce humaine. On
m
<;ue nous venons d'énumérer. Ils y apporteront co constate cependant dans certains groupes des mo-
toujours le tact, l'humanité, les formes bienveil- di difications de détail le nombre des vertèbres de
iantes, qui adouciront, pour les parents et
pour la région antérieure ou de la partiepostérieuredu
corps augmente ou diminue suivant que la tête est ~n un certain nombre de groupes d'importance di-
portée sur un col allongé, comme chez la girafe, ou verse, en espèces, en genres, en familles, en tribut
bien au contraire enfoncée dans les épaules, et en ordres. Quelques-uns de ces groupes sont
comme chez l'ours suivant que la queue est bien nettement définis et par conséquent admis sans
développée, comme chez le lion. ou rudimentaire, conteste par tous les naturalistes; d'autres, au
comme chez le cerf. De même la forme, la lon- contraire, se fondent les uns dans les autres par
sont en rapport avec des transitions insensibles, desorte qu'il est difficile
gueur et le nombre des dentsqui vivent de racines de leur assigner des limites précises, et que tous
le régime; les mammifères
6t de graines dures ont des incisives bien déve- les auteurs ne leur attribuent pas une égale éten-
loppées, ceux qui mangent de l'herbe ont de larges due. Tout le monde n'étant pas d'accord du reste
molaires, ceux qui se nourrissent de chair, de sur la valeur qu'il convient d'attribuer à tel ou
puissantes canines. tel caractère, il y a de notables divergences entre
Sans être aussi profondément déguisés que les les classifications proposées successivement pour
baleines, s'il est permis d'employer cette expres- la subdivision intérieure de la classe des mammi-
sion, certains mammifères marins, les phoques, fères.
ont déjà les extrémités de leurs membres dispo- La classificationque nous indiquerons ici, et qui
sées en forme de rames; d'autres au contraire, est empruntée aux savants les plus autorisés, re-
qui pour chercherleur nourriture ou pour échapper pose principalement sur les modifications des qui
à leurs ennemis doivent courir rapidement à la existent dans le mode de développement
surface du sol, ont les pattes longues et grêles, la mammifères, dans la conformation de leurs mem-
portion correspondant au cou-de-pied et au poi- bres et dans la disposition
de leur système den-
gnet s'étant éurée pour ainsi dire et le nombre taire.
des doigts s'étant réduit. C'est le cas des chevaux, Nous avons dit plus haut que certains mammi-
des cerfs, des antilopes, etc. Chez la taupe, fères naissent dans un état d'imperfection les
ex-
plus
tous les os des bras ont subi une modification trême, tandis que d'autres, et ce sont
précisémentinverse; ils sont extrêmement courts nombreux, au moins dans la nature actuelle,
monde tous leurs organes;
et massifs, et la main affecte la forme d'une large viennent au
premiers,
avec
les deux hémisphères du
pelle. La tète présente également chez les mam- chez les offrent compliquée et
mifères une très grande variété de formes; elle cerveau une structure peu
indépendants l'un de l'autre chez les
est tantôt épaisse et arrondie, tantôt allongée et restent
pointue les oreilles sont tantôt à peine distinctes, derniers, au contraire, ces mêmes partiesmoins sont
tantôt longues et dressées la région frontale est marquées à leur surface de sillons plus ou
parfois surmontée d'appendices simples ou ra- nombreux et rattachés l'un à l'autre par un corps
recourbés, qu'on appelle des calleux ou mésolobe. On peut donc subdiviser
meux, droits ou occupe en deux
bois ou des cornes suivant qu'ils sont caducs ou immédiatement la classe qui nous Mammifères d!He<-
qu'ils persistent pendant toute la durée de la vie grandes catégories: )° les
monodelphiens.
de l'animal. Quelquefois enfin, comme chez l'élé- phiens;Mammifères 2° les Manzmifères
phant, le nez s'allonge démesurément et constitue Les didelphiens à leur tour com-
peut prennent deux groupes secondaires ou ordres les
une trompe au moyen de laquelle l'animal Monotrèmes,qui sont chacun
saisir les objets, cueillir des feuilles et les porter Marsupiauxet les spécial. De leur côté, les Mam-
à sa bouche, ou se défendre contre ses ennemis. L'objet d'un article
Nous avons déjà rappelé que les dents ne sont mifères monodelphiens se composent de Mammi-
ordinaires, conformés pour vivre ordinaire-
pas disposées chez tous les mammifères suivant fères ment à terre, et ayant par conséquent le corps
un plan uniforme quelquefois même ces organes de poils et porté par quatre membres, et
sont remplacés, comme chez les baleines, par des couvert Mammifères pisciformes, conformés pour une
lames cornées ou fanons, ou simplement, comme de
chez les ornithorhynques,par des lames garnis- existence aquatique et ayant le corps presque nu,
sant les bords du museau et ressemblant au bec terminé en arrière par une nageoire, privé de pat-
d'un oiseau palmipède. Signalons encore, pour tes postérieures et muni seulement de membres
terminer ce qui est relatif à l'appareil digestif, la antérieurs complètement transformés. Les Cétacés
les Siréniens (V. Cétacés) constituent à eux
nature plus ou moins complexede l'estomac, qui, et catégorie des Mammifères pisciformes;
chez les mammifères herbivores dits ruminants, seuls la beaucoup plus grand nombre de
se décompose pour ainsi dire en plusieurs parties mais il y a un
distinctes; les dimensions plus ou moins considé- Mammifèresde ceux-ci ordinaires.
rables de l'intestin, le développement inégal des En tète se placent les Bimanes,
glandes salivaires, du foie, du pancréas, etc. groupe composé de l'espèce humaine (V. ~'ces
L'appareil respiratoire et l'appareil circulatoire humaines); puis, un à niveau notablement infé-
présentent une plus grande fixité le premier en rieur, viennent les Quadrumanes, c'est-à-dire les
les (V. Singes); plus bas en.
effet est toujours constitué par une trachée-ar- S:H~M etChiroptères Z.€tM<r<€~M
les Inseclivores les Ron-
tère, des bronches et des poumons à petites cel- core les les CafTtt'Moret'ord!7:a:feï les Carnivores
lules; le second par des artères, des veines et un yeMM qu'on appelle aussi les Amphibies les
cœur à quatre cavités, deux oreillettes et deM marins Proboscidiens ou Eléphants, les Porcins les
ventricules.
Nuus ne saurions, sans sortir des bornes qu Jumentés (ces trois derniers groupes étaient l'ordre
au-
des
insister les degrés de trefois réunis en un seul et formaient
nous sont tracées, sur per
fection que peuvent offrir le système nerveux et les Pac/t~M-mM *) enfin les ~tMtMMt!~
organes des sens.; nous avonseu du reste l'occasior Pour l'étude détaillée de ces différents ordres,
de signaler ailleurs la finesse de l'odorat chez lt nous renvoyons le lecteur aux notices particu-
chien, la délicatesse de l'ouie chez le cheval, 1: lières qui leur sont consacrées dans le corps du
faiblesse de la vue chez la taupe, et nous avon! Dictionnaire. [E. OMtalet.]
montré que les différences de cet ordre sont er MAPPEMONDE. – Géographie générale, I.
rapport avec les mœurs de l'animal et les condi Forme du globe. globe On connaît depuis fort long-
tions dans lesquelles il se trouve placé. temps la formedu que nous habitons, puisque
En étudiant le genre de vie, le régime, les al Thaïes de Milet, 600 ans avant l'ère chrétienne,en-
tures, la physionomie et la structure intime d' seignait déjà sa sphéricité. Mais ce ne fut que deux
tous les mammifères, on est parvenu à découvri mille ans plus tard, au début du xvi" siècle, que Ma-
entre eux, soit des points de contact, soit des dis gellan, en accomplissant pour la première fois la
*emblanees, et par suite on a pu }es distribue, circumnavigation de la terre, vérinaparl'expérience
la réalité de cette théorie. Des lors aussi, on een- la communicationavec la polaire ne se fait !af'
nut à grands traita la distinction des eaux et des1 gement qu'entre l'Europemer et le Groenland, et elle
terres émergées à la surface du globe, connais- est réduite à des détroits à l'est et à l'ouest de l'A-
sance qui devient chaque jour plus complète à mériqne.
mesure que les nations civilisées pénètrent da- Nous avons déjà cité le détroit de Behring; le
vantage chez tes peuples encore barbares, s'ou- canal de Baffin, qui sépare le Grœntand de. terres
vrent de nouvelles routes que les difficultés de Parry, se partage en plusieurscanaux. A l'ouest,
térielles avaient jusqu'ici tenues fermées, ma- ou, te canal de Lancastre forme t'entrée du passage
perfectionnant leurs procédés d'expérimentation, JV.-O. Au nord, le canal de Smith conduit dans ta
mesurent d'une manière plus précise les dimen- mer paléocristique, c'est-A-dire de gtaee* ancien-
sions de la terre, et les coordonnées géographi- nés, où l'homme a gagné jusque présent la plus:
ques ainsi que l'altitude de chaque lieu. haute latitude, 83' environ.
Les mers et les terres. Quoiqu'on n'ait pas Les rivages de l'océan PaciH que se dévetoppenten
encore pu délimiter autour de chaque pôle l'es- courbes régulières du coté de l'Amérique, où t'en
pace occupé par les terres et celui qui, bien que ne remarque que la presqu'Ue de Californie et
couvert par tes glaces, se rattache aux mers, on te golfe ou la mer Vermeille qui la sépare du
peut dire que les trois quarts de la surface du Mexique, puis, au nord, tes archipels de t'A-
globe sont du domaine de l'océan. laska et de la Colombie britannique, au sud,
Leur </M<W&M<!ON sur le globe. Les grandsceux du Chili et de la Patagonie. Du cotéetde l'Asie~
océans. La distribution des continents et des au contraire, le Pacinque projette une suite de
mers n'est pas uniforme sur les diverses partiesmers intérieures, celles de Behring, d'Okhotsk, du
du globe. Au sud de t'équatenr les océans sont Japon, ta mer Jaune, la mer de Chine, que des
beaucoup plus étendus qu'au nord, et entre les qu'ttes comme le Kamtchatka et la Corée, etpres- des
côtes occidentales de lAmérique et les côtes archipels, comme tes Aléoutiennes, les Kouriles,;
orientales de l'Asie, l'immense océan Pacifique les lies du Japon, tes Philippines couvrent du coté
couvre à lui seul près de la moitié du globe. du large.
A l'est de l'Amérique, l'océan ~</a'<<ue, bien La mer des Indes entame aussi le continentpar
moins vaste que le Pacifique, puisqu'il n'a que de vastes golfes, ceux du Bengale et d'Oman, tes
~500 kilomètres de largeur entre la côte du Bré- golfes Persique et Arabique ou
sil et celle de Guinée, a néanmoins sufn pour mer Rouge.
L'océan Atlantique découpe encore davantage
isoler l'ancien et le nouveau monde jusquChris- les rivages de l'Europe. L'étroit canal de Gibral-
tophe Colomb. Aujourd'hui les navires le traver- tar débouche dans la Méditerranée, dont les ri.
sent en une dizaine de jours entre l'Europe et partagés entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique
l'Amérique du nord. Le troisième grand océan, ce- vages ont été le berceau de quelques-unesdes plus an-
lui des Indes, qui N'étend au sud de l'Asie et à tiques civilisations.La Mancheet le Pas-de-Calais,
l'est de l'Afrique, n'a été traversé dans son entier la mer du Nord et la Baltique pénètrent
qu'au xvt' siècle, lorsque les Portugais abordèrent dans l'intérieur des contrées septentrionalesde an loin
am lies de la Sonde, et les Hollandais à la côte l'Europe.
d'Australie. Allant au-devant du golfe Arabique, la Médi-
Avec les océans qui s'étendent probablement terranée faisait de lAfrique presqu'Ue ratta-
jusque sous les glaces des deux pôles, et que, chée à l'Asie par le seuil basune et étroit de l'isthme
pour cette raison, on appelle océan glacial du de Suez, avant qu'on n'y eût ouvert le canal mari-
nord ou océan Arctique, océan glacial du sud ou time qui en fait actuellement un des principaux
océan ~a<afc<<ot«. Je* trois grands océans que points de passage du commerce.
nous venons de nommer forment les grandes di- Du coté de l'Amérique, l'océan Atlantique pro-
visions maritimes du globe. jette sur les côtes de l'Amérique centrale la mer
~.M continents. L'ancien continent, constitué des Antilles, qui, avec le golfe du Mexique, forme
par la réunion de l'Asie, l'Afrique et l'Europe, est la séparation entre l'Amérique du nord et l'Amé-
baigné par ces trois océans et l'océan Arctique. rique du sud, et qui n'est séparée de l'océan
Le nouveau continent formé par l'Amérique est Pacifique que par t'étrol usthme de Panama, où
enveloppé par l'océan Pacifique, l'océan Atlanti- un canal maritime fera bientôt sans doute pendant
que et 1 océan Arctique. au canal de Suez.
De ce dernier côté, les deux continents ne sont Dans l'océan glacial Arctique, il faut citer l'ar-
séparés l'un de l'autre que par le détroit de Beh- chipel qui couvre l'Amérique. Au sud de cet
ring, et la chalne des Mes Aléoutiennes, jetées à chipel s'ouvre sur le continent la vaste baie ar-
la rencontre de la presqu'Me asiatique de Kam- d'Hudson; puis,M'est du Groenland, d'où descen-
tchatka, constitue un second trait d'union entre dent les plus vastes glaciers du monde, le Spitzberg'
les deux mondes. Peut-être, à une époque incon- et la terre nouvellement découverte de François-,
nue, des tribus asiatiques, émigrant de proche en Joseph forment des archipels presque toujours
proche, ont-elles suivi cette route pour venir peu- couverts de glaces. La Nouvelle-Zemble enve-
pler le continent américain. loppe au nord-ouest la de Kara, limite com-
Au nord-est de l'Amérique, le Groenland et l'Is- mune de l'Asie et de mer l'Europe. Au nord de ce
lande jalonnent aussi le chemin de l'Europe, et continent, la mer Blanche entame profondément
les navigateurs scandinaves ont ainsi trouvé la le rivage de la Russie.
route du Labrador avant que Colomb n'abordât à C'est au long de l'océan Indien qu'on trouve les
son tour sur le nouveau continent. plus vastes lies du monde, l'Australie qu'on appelle
C'est donc par le nord que les terres sont le quelquefois le troisième continent, Madagascar,la
plus voisines, c'est de ce côté qu'elles tournent Nouvelle-Guinée,Bornéo, Sumatra. On ne trouve,
leurs rivages les plus étendus. Au sud, au con- au contraire, dans toutt'océan Pacifique,au nord
traire, elles se terminent par des promontoires de ta Nouvelle-Zélande, qu'un très grand nombre
étroits le cap Hom pour fAmérique du sud, le de petites !tM. Dues pour la plupart am construc-
cap de Bonne-Espérance pour l'Afrique, le cap 1tions des coraux, elles semblent lea embryons d'un
Comorin pour l'Inde, le cap Romania,à l'extrémité continent
< en formation.
de la presqu'île de Malacca, pour l'Indo-Chine. Le relief des MM<MMH~. Les montagnes, qui
Leif mers MCOM~atrM. Les grands golfes et <M surgissent
archipels. Entre ces caps, les océans Pacinaue, plus E sur le sol des continents, n'y sont pas-
1 symétriquement distribuées que tes eaux à
Atlantique et Indien s'ouvrent de larges débou- 1la surface du globe. H y a des Mes fort petites où
chés aur l'océan Antarctique.Aunord, au contraire, s'élèvent
e des piea très ëtevés. Chacun connaît de~
réputation le pic de Ténériffe dans les Canaries, heures elles doivent parcourir la circonférence
qu'on aperçoit de 40 lieues en mer. Java et les de l'équateur, plus grande que celle d'un parallèle.
autres !ies de la Sonde, Hawai au centre du Paci- Les eaux qui s'éloignenttandis de l'équateur doivent
fique, renferment de nombreux pics de 3 à 4000 donc s'incliner vers l'est, que celles qui se
mètres d'altitude. rapprochent de l'équateur doivent, pour une raison
Sur les continents, c'est au pourtour des océans inverse, incliner vers l'ouest.
plutôt qu'au centre des terres qu'on rencontre les La rotation de la terre détermine une autre na-
chaînes et les sommets les plus élevés. Ainsi l'o- ture de courants. Les eaux et l'atmosphère enve-
céan Pacifique est enfermé. en Amérique, par la loppant le globe ne le suivent pas aussi vite dans
chalne des Andes,la Sierra-Nevadade Californie, le son mouvement de rotation que les corps attachés
mont Saint-Eiie et le mont Beautemps de l'Alaska, à sa surface. Ces eaux, comme l'air, semblent donc
où l'on trouve des sommets de 4000, 5000, 6000 reculer par rapport aux rivages dans le sens de
mètresd'altitude et au delà, à quelques lieues de l'est à 1 ouest. C'est ce qu'on appelle les courante
la cote. En face, sur t6s rivages de l'Asie,les volcans équatoriaux, situés au nord et au sud de l'équa-
du Kamtchatka, des Iles du Japon, et les Alpes teur. Ils ont pour contre-partie un contre-courant
de l'Australie ferment cette ceinture, sur laquelle équatorial suivant l'équateur même dans le sens
se rencontrent presque tous les volcans du globe de l'ouest à l'est.
qui n'ont pas encore perdu leur activité. ~.e GMy-~fMm. – Parmi les principaux courant*
L'Himalaya, où se trouvent les plus hautes maritimes faut citer celui duGulf-stream.Issudu
sommités de la terre, n'est pas au centre du con- golfe du Mexique, ce courant suit les côtes desEtats-
tinent asiatique le Caucase unit la mer Noire à Unis, traversel'Atlantique, où il se bifurque en deux.
la Caspienne, et c'est presque au bord de celle-ci grandes branches. L'une d'elles baigne toutes les.
que s'élève en Perse le haut mont Démavend. côtes de l'Europe occidentale, les réchauBe, y
En Europe, le pied de l'Etna baigne dans la mer verse des pluies bienfaisantes et s'étend au nord
Ionienne, la SierraNévada d'Espagne borde presque de la Scandinavie jusque dans les parages com-
le détroit de Gibraltar, les fjords de la Norvège pris entre le Spitzberg et la Nouvelle-Zemble. La.
découpent les hautes montagnes de la Scandinavie. seconde branche du Gulf-stream s'infléchit au
En Afrique, les monts Camérones se dressent au sud le long des côtes de l'Afrique. Une troisième
bord du golfe de Guinée, et le Kénia et le Kiliman- branche intermédiaire vient contourner le golfe de
djaro non loin de l'océan Indien. Et l'on pourrait Gascogne.
encore multiplier ces exemples. Le A'OM/o-SttO. Un second courant analogue
Les grands bassins. Les versants que sépa- au Gulf-stream part des côtes du Japon, traverse
rent les montagnes sont donc très inégaux en le Pacifique et vient baigner les côtes de l'Améri-
étendue. L'océan Pacifique ne reçoit que trois que septentrionale. C'est le Kouro-Sivo, dont les
fleuves considérables, le Kiang, le Hoang-Hô et effets, analogues à ceux du Gulf-stream, donnent
l'Amour. L'Amérique ne lui envoie que l'Orégon à la Californie un climat pareil à celui du Portugal,
et le Colorado, ce dernier aux eaux rares. et à l'Alaska celui de la Norvège.
C'est dans l'Atlantique ou ses dépendances, au Les deux courants froids les plus remarquables
contraire, que débouchent les deux fleuves les sont celui qui arrive du pôle nord le long des
plus considérables du monde par la masse de côtes du Labrador, en charriant de grandes mon-
leurs eaux, l'Amazone et leLivingstone, les fleuves tagnes de glaces descendues des glaciers du
les plus longs par l'étendue de leur cours, le Groenland. Ces montagnes fondent à la rencontre
Mississipi, le Nil, et d'autres encore très consi- des eaux plus chaudes dans le voisinagede Terre-
dérables, comme le Saint-Laurent, l'Orénoque, la Neuve, y déversant au fond de la mer les pierres
Plata. et les autres matières solides qu'elles tenaient en-
Les glaciers du Tibet s'écoulent dans l'océan fermées dans leur masse. C'est lit l'origine du
Indien par le Gange, le Brahmapoutre et l'Indus, fameux banc. Au delà le courant froid, poursui-
et les eaux de la Sibérie vers l'océan Arctique par vant sa route, plonge sous les eaux chaudes du
IaLéna,t'Iéniséi,t'OM. Gulf-stream et reparalt ensuite à la surface à
Au centre des continents, la sécheresse est assez l'ouest des Bermudes. Un autre courant froid ve-
forte pour que l'évaporation sur les nappes où se nant du pôle antarctique refroidit les côtes du
réunissent les eaux compense l'apport de fleuves Chili et du Pérou.
quelquefois considérables. La Caspienne boit ainsi Les courants maritimes ont une grande influence
le Volga, le fleuve le plus long de l'Europe, dont le sur le climat des pays qu'ils baignent. Ils servent
bassin couvre la moitié de la Russie l'Aral absorbe aussi à faciliter ou à entraver la marche des na-
le Syr et l'Amou-Daria descendus des hauts gla- vires. C'est d'après l'étude qu'on en a faite qu'on
ciers du Pamir. La mer Morte boit le Jourdain. Le trace aujourd'huila route la plus sûre et la plus ra-
Balkachi et plusieurs lacs de la Mongolie jouent pide à suivre pour se rendre d'un point à un autre.
le même rôle. Il en est ainsi du lac Tchad, en Mais plus d'un marin inexpérimenté aura été jeté
Afrique, du lac Salé dans les Etats-Unis, du Titi- hors de sa route par un courant dont il n'a pas été
caca en Bolivie, et de quelques nappes de la Con- le maître. N'est-ce pas ainsi sans doute que les
fédération argentine dans l'Amérique du Sud. terres isolées dela Polynésie avaient été successive-
La circulationdes e<tM.E.Les courants maritime. ment découvertes et peuplées par des blanc!
– Les eaux des océans, échauffées par le soleil sortis de l'Asie ? Qui sait même si les ancêtres des
sous l'équateur, s'élèvent et font place dans les Indiens d'Amérique n'avaient pas ainsi traversé
profondeurs de la mer à des eaux plus froides et toute l'étendue du Pacinque?
plus lourdes telles que celles des contrées plus Les vents réguliers. Les vents n'ont pas une
éloignées de l'équateur il tend donc naturelle- influence moins grande sur les climats que les
ment à s'établir à la surface de la mer un courant courants maritimes. De même que les eaux ma-
se dirigeant de l'équateur vers chacun des pôles, rines, l'air est appelé constamment des pôles vers
tandis qu'en dessous de ce courant supernciel le point au zénith duquel se trouve le soleil dans
règne un courant inverse dirigé vers le foyer la zone torride et comme le foyer d'appel se
d'appel. trouve animé dans le mouvement de rotation d&
Mais les eaux à l'équateur, entrttnées dans le la terre d'une vitesse plus grande que les paral-
mouvement de rotation de la terre de l'ouest à lèles d'où viennent ces vents, ils semblent se di-
l'est, sont animées dans ce sens d'une vitesse plus riger vers l'ouest en se rapprochantde I'équateur.
grande que les points du globe situés sur des pa- Ces vents, qui se nomment les alisés, soufflent
rallèles plus élevés, puisque dans les vingt-quatre ainsi du nord-est au sud-ouestdans l'hémisphère
nord, dn sud-est au nord-ouest dans l'hémisphère c'est au long des rivages que les pluies tombent
sud pour les océan* Pacifique et Atlantique. Dans la en plus grande abondance. Il en est ainsi dana
mer des Indes, le soleil passant alternativement au le golfe du Mexique,sur les côtes occidentales de
nord et au sud de l'équateur, le foyer d'appel se la Patagonie, de la Colombie britannique,dans l'A-
trouve différent pendant le printemps et l'été de mériqueseptentrionale, sur les cotes de Norvège,
ce qu'il est pendant l'automne et l'hiver. Durant de Malabar, etc. La côte du Pacifique, dans 1 A-
cinq mois la mousson souffle du nord-est, et mérique méridionale, fait exception, comme nous
pendant cinq autres mois du sud-ouest.Chacune l'avons vn.
des deux moussons est séparée par un mois de Les montagnes sont aussi de grands condensa-
calmes. teurs de l'humidité des nuages sous forme de
Les vents alisés et les moussons, reconnus de- pluies ou de neiges. Ainsi, sur le versant sud de
puis longtemps par les marins des nation* les l'Himalaya, il tombe chaque année plusieurs mè-
moins civilisées, ont joué le plus grand rôle dans tres d'eau.
les pérégrination* et les émigrations de ces peu- Les déserts, ~M /br~, les cM/<Mre<, les p<<tMra-
ples. Les Arabes, les Malais, les Hindous n'entre- ges. L'humidité est indispensable à la végéta-
prennent leurs voyages qu'al'époquede ia mousson tion aussi le Sahara et le désert de Kalahari, au
favorable. (V. Courants.) sud de l'Afrique, sont-ils extrêmement arides. Les
Climats. Division de la terre en cinq zones. premiers explorateurs qui ont tenté de traverser
Le climat d'un lieu tient tout d'abord à sa lati-
tude et c'est ainsi qu'on partage la terre en cinq
le continent australien ont péri de soif et de
faim. Le désert du Gobi, dan* la Mongolie, celui
zones au centre, la zone <o<vMe compriseentre tes de Thur, au nord-ouest de l'Inde, les steppes de
deux tropiques,et dont chaque point voit le soleil la Faim dans le Turkestan, les déserts de l'Arabie;
passer à son zénith au moins pendant un des jours sont aussi désoles. L'Europe n'offre de solitudes
de l'année puis les deux zones tempérées,situées semblables que sur quelques points du littoral de
entre chaque tropique et le cercle polaire du même la Caspienne. L'Amérique a le désert qui sépare
témisphère, dont les habitants, sans jamais avoir le Texas du Colorado, et celui d'Ataeama, où l'on
le soleil à leur zénith, ne le perdent du moins ja- n'exploite que des nitrières sur lesconnus communs
mais de vue pendant vingt-quatre heures consécu- du Pérou, de la Bolivie et du Chili.
tive* et enfin les deux zones polaires, qui ont au A part ces divers déserts, les zones tempérées
moins une nuit et un jour de vingt-quatre heures sont pour la plus grande partie couvertes de forêts,
chacun par an. que les hommes défrichent successivement pour y
Mais t'altitudat l'exposition, le voisinage des substituer diverses cultures plus productives.Cer-
océans ou des montagnes, le régime des vents et taines régions, toutefois, ne se sont pas recouvertes
<!e* pluies, la nature même du sol viennent mo- spontanémentde forets et restent à l'état de pâ-
difier singulièrement l'uniformité du climat à turages quand la pluie y fait verdir l'herbe. Au
laquelle seraient soumis les points de même centre de l'Asie et dans le sud de la Russie, les
latitude, si cette dernière circonstance seule était steppes sont le domaine des principales races no-
déterminante. mades, les Tartares, les Turcs, les Mongols, les
Les températures moyennee les plus élevées se Kirghiz, les Kalmouks. A l'ouest du Mississipi,
rencontrent dans l'hémisphère septentrional sur le la prairie s'étend jusqu'au pied des Montagnes
Soudan en Afrique, le golfe du Bengale en Asie, Rocheuses c'est l'ancien domaine des Indiens
la mer des Antilles en Amérique. Dans l'hémi- chassant le buffle,devenu aujourd'huile Far West
sphère sud, les lignes isothermes suivent à pen américain, où se créent chaque jour de nouvelles
près les degrés de latitude; mai* dans l'hémi- fermes et qui sera bientôt entièrement recouvert
sphère nord, elles dessinentau contraire des cour- d'épis et de moissons. Les pampas de la Républi-
be* très irrégulières. Grâce au Gulf-atream, la que argentine, les plaines de .l'Australie et de
température est aussi douce aux lies Lenbden l'Afrique méridionale nourrissent aujourd'hui les
qu'à Terre-Neuve, au Spitzberg que dans le nord plus nombreux troupeaux du monde.
de ta baie d'Hudson. Le nord de la Sibérie et de Les deux zones glaciales sont généralementsté-
l'Amérique, tourné vers le pôle arctique, est sou- riles, offrantça et là quelques mousses ou lichens
mis à une température moyenne trè* rigoureuse. dont les rennes seuls savent se contenter. Les
A l'embouchure de l'Amour, située à la même rares habitants de ces contrées doivent chercher
latitude que Copenhague, la moyenne de l'année dans la pêche et dans la chasse des animaux à
<stla même qu'au cap Nord de 1 Europe. fourrures le principal aliment de leur misérable
En général, l'hémisphère sud est plus froid que existence.
l'hémisphère nord, à cause de la plus grande Les races AMnxttMM. On trouvera aux articles
masse d'eaux qui le recouvre; les côtes occiden- Europe, ~e, ~rtçMe, ~M~'t~Me, Australie,
tales de l'Europe et de l'Afrique sont plus échauf- Océanie, les détails concernant les divers peuples
fées que les rivages de l'Amérique qui leur font qui se partagent le globe. On ne peut pas encore
face. Pour l'Amérique septentrionalo la tempéra- démêler d'une manière certaine la filiation qui
ture, a latitude égate, est plus élevée sur la côte rattache les races provenant de croisements aux
occidentale que sur la côte orientale. C'est l'in- trois grands types blanc ou caucasique, jaune ou
verse pour l'Amérique méridionale. ouralo-altalque, et enfin nègre. On ne connaît pas
Les pluies. Les pluies se déversent aussitrès non plus exactement les migrations qui ont dû
îrréguiièrement à la surface du soi. Le Sahara s'effectuer successivement pour les disperser de
africain, l'intérieur de l'Arabie, de la Perse, do la leur point d'origine sur les diverses parties du
Mongolie forment une zone presque continue où globe. L'Asie orientale et septentrionale reste
la sécheresse de l'atmosphère est extrême et où toujours le principal domaine de la race jaune,
il ne tombe jamais d'eau. Il en est de même au l'Europe est presque tout entière habitée par des
centre de l'Australie, sur les côtes péruvienne et blancs, ainsi que le sud-ouest de l'Asie, l'Inde et
bolivienne du Pacifique dans l'Amérique du sud, l'Amérique. L'Afrique est la terre des noirs.
et sur quelques points du littoral mexicain oa du (V. Jiacet humaines.)
Colorado américain.
Par contre le soleil pompe dans les mers équa-
Les aliments. – Bien que chaque pays cherche
à tirer de son sol sa propre subsistance,la faci-
toriales une masse énorme de vapeur qui se dé- lité des échanges tend de plus en plus à concen-
verse généralement en orages et pluies très trer sûr les points les plus favorables les diverses
épaisses. C'est là ce qui donne à la végétation in- cultures utiles.
Mrtropicale une Ii grande force. Généralement Le blé, qui forme la base de la nourriture de la
plus grande partie de l'humanité, est produit par Etats-Unis qui leur font face de l'autre côté de
l'Europe, les Etats-Unis, la Sibérie centrale, le nord l'Atlantique. Hambourg et Br&me pour l'Alle-
de l'Afrique, la Mésopotamie. Il occupe ainsi sur magne, Rotterdam pour la Hollande, Anvers pour
le globe une zone continue située dans l'hémi- la Belgique, le Havre pour la France et surtout
sphère septentrional. Le Chili, l'Uruguay, l'Aus- Londres, Liverpool et Bristol pour l'Angleterre,
tralie, le sud de l'Afrique en produisent en petite expédient journellement leurs navires sur New-
quantité dans l'autre hémisphère. York, Boston et Philadelphie.
Le riz, qui forme l'aliment préféré des Asiati- Plus au sud, les navires partis du Havre ou do
ques, est produit par l'Inde, l'Indo-Chine et la Saint-Nazaire, pour la France, se dirigent sur les
Chine, et un peu par les États-Unis. Antilles, la Vera-Cruz au Mexique, et Colon-
La viande qui n'est pas produite sur place est Aspinwall, sur l'isthme de Panama.
importée, dans les pays population trop dense, Bordeaux et Lisbonne expédient leurs navires à
de l'Amérique du sud, de l'Australie et des États- Rio-de-Janeiro et à la Plata, où débarquent égale-
Unis. ment beaucoup d'émigrants italiens venus de
Les nations européennes envoient leurs marins Gênes.
pucher la morue à Terre-Neuve, les harengs, ma- Londres, Liverpool, Bristol et Plymouth en An-
'juereaux et autres poissons sur les côtes d'Is- gleterre, Marseilleet Bordeaux en France, envoient
lande et de Norvège. Les mers de la Chine et du leurs navires desservir les escales de la côte oc-
Japon, la Caspienne et les eaux du fleuve des cidentale d'Afrique, depuis le Sénégal jusqu'au
Amazones sont aussi très poissonneuses. cap de Bonne-Espérance.
La France, l'Espagne, l'Italie, la Hongrie sont les Cette ancienne route des Indes est maintenant dé-
principaux pays producteurs de vins. On cultive sertée en partie depuis l'ouverture du canal de Suez.
encore la vigne en Grèce et en Asie Mineure, en Les navires qui sillonnent la Méditerranée, ce
Californie, dans l'Australie, en Algérie et au Cap grand lac intérieur, en venant de Gibraltar, Mar-
de Bonne-Espérance. seille, Gènes, Trieste, de la Turquie et de la
Le sucre qu'on ne retire pas de la betteraveest Russie méridionale, se rencontrent à Port-Saïd,
fourni aux raffinerieseuropéennes par l'Inde, les ties traversent le canal de Suez, et se séparent au
de la Sonde, laLouisiane,les Antilles et Maurice; le débouché de la mer Rouge, les uns, en petit
thé vient de la Chine, le café du Brésil,de Ceyian, nombre, pour desservir la côte orientale d'Afrique,
de Java, de la Réunion et de Mokha, le cacao de Maurice et la Réunion, la plupart pour gagner les
l'Amérique centrale et du Vénézuéla. Indes. Parmi ces derniers, les uns se dirigent
Le coton vient des États-Unis, de l'Inde, de la sur Bombay, les autres par Ceylan, sur Calcutta.
Chine, du Brésil la soie, de la Chine et du Japon, Pointe-de-Galles,sur la côte sud-ouestde Ceylan,
de l'Asie occidentale, de l'Italie, de la France la est un nouveau point de bifurcation entre la route
laine, d'Australie, de la Plata, du Cap de Bonne- de Melbourne, en Australie, et celle de Singapour,
Espérance; les cuirs, de l'Amérique du sud. au sud de la presqu'île de Malacca.
Le tabac vient surtout des États-Unis, des An- De Singapour, les navires vont aux Ues de la
tilles, de Turquie, de Hongrie~ des Philippines, Sonde ou remontent la côte de l'Asie, desservant
de l'Inde et de la Chine. la Cochinchine, Canton et Chang-Hai en Chine;
Les mines. La houille, ce pain de l'industrie, Yokohama au Japon. Pour ceux qui sont partis
est surtout' exploitée en Angleterre et exportée d'Europe, c'est là ce qu'on appelle l'extrêmeOrient.
de là dans les divers pays du globe. C'est une Le Pacifique est aussi sillonné par des routes
des grandes sources de fortune de l'Angleterre, car régulières. San Francisco en Californie est direc-
tous les navires qui viennent y décharger leurs tement relié avec Yokohama et les ports de la
marchandises sont assurés ainsi d'y trouver tou- Chine. Par Honoloulou, port des Iles Sandwich, il
jours un fret de retour. Les États-Unis viennent communique avec Sydney, en Australie, et la Nou-
au second rang sous ce rapport. La Chine possède velle-Zélande. De San Francisco, d'autres navires
les plus vastes bassins houillers, mais ils sont vont à Panama en suivant les côtes du Mexique,
encore trop mal exploités pour compter dans la et à Panama aboutissentles lignes qui desservent
consommation générale. On en peut dire presque les côtes occidentales de l'Amérique méridionale,
autant des gisements de la Russie. la Colombie, le Pérou, le Chili, et relient ces pays
-Le fer est le métal le plus répandu a la surface avec l'Europe par une route plus directe et moins
du globe. L'Angleterre et les Etats-Unis en sont périlleuse que la pénible voie du cap Horn.
les plus grands producteurs.La Suède, l'Espagne, fG. Meissas.1
l'Algérie fournissent les plus estimés. L'or existe MARÉE Géographie générale, I. Mouve-
plus généralement dans les pays chauds, tels que ment périodique d'élévation ou d'abaissement, de
la Californie,l'Australie, la Guinée toutefois l'Ou- flux ou de rc/?M. de la mer; est il dû à l'action
ral en renfermed'importantsgisements, comme de attractive que le soleil, et surtout la lune, exercent
la plupart des autres métaux. L'argentmélangé au à la surface de la terre.
plomb se trouve surtout dans le Névada aux Etats- Cette action varie en raison des masses qui
Unis, au Mexique, au Pérou, dans la Bolivie, dans s'attirent et en raison inverse du carré des distan-
l'Altai, en Asie. Le cuivre est exploité au Chili, ces. Le soleil a une masse beaucoup plus grande
sur les bords du lac Supérieur, en Australie, en que celle de la lune, mais celle-ci est plus rap-
Espagne, en Suède, en Sibérie, et les minerais en prochée de la terre que le soleil. L'inHuence de
sont apportés à Swansea, en Angleterre, où on les la distance l'emporte ici sur celle de la masse, et
fond presque tous. l'action lunaire est prépondérante.
L'étain vient de Malacca le zinc, de Sardaigne La lune attire davantage les points de la sur-
et d'Espagne. face terrestre dirigés vers le satellite que le cen-
Les grandes routes maritimes. Pour opérer tre terrestre elle attire davantage le centre que
les divers échanges auxquels ces produits donnent les points de la surface opposés au satellite. Les
lieu entre les nations, pour transporter les émi- deux extrémitce du diamètre terrestre passant par
attirée
grants qui, des contrées encombrées de l'Europe la lune sont donc l'une plus, l'autre moins
ou de l'Asie, se dirigent vers les terres fertiles du que l'ensemble dul'attractionglobe, en sorte que si l'on
Nouveau-Monde, les navires des divers Etats sont prend pour unité moyenne, l'une des
conduits à suivre un certain nombre de routes extrémités semblera attirée vers la lune et l'autre
principales. repoussée en sens contraire. Ce diamètre s'allon-
L'une des plus fréquentées est celle qui de gera, et la surface terrestre semblera légèrement
l'Europe occidentale conduit sur les côtes des renflée aux deux extrémités considérées.
C'est ainsi du moins que les choses se passe- tenir tes bâtiments à flot pendant les basses
raient si la terre était immobile, tournant mers.
tou-L- Les côtes voisines peuvent, au moyen de bassins
jours le même point vers la lune. Il n'en est pass doubles communiquant, l'un avec la haute
ainsi. La terre tourne sur elle-même et la lunee l'autre avec la basse mer,
mer, se créer ainsi des for-
tourne autour de la terre. H résulte de ces mou- ces motrices considérables et toujours prêtes.
vements combinés que tout le pourtour de laa Les marées sont loin d'être toujours égates dans
terre passe successivement en regard de la luneB un môme lieu. Nous n'avons tenu compte en effet
qui nous semble effectuer sa rotation complète en1 que de l'action lunaire. L'action solaire, quoique
24 heures 50 minutes environ. Le double renûe- plus faible, n'est
pas négligeable mais elle ne se
ment des eaux fera donc lui-même sa rotation) superpose pas exactement a la première. Les
complète en 24 heures 50 minutes. Chaque jourr doubles marées lunaires succèdent à des inter-
la mer montera et descendra deux fois, chaque3 valIesde 2i heures 50 minutesse
environ; les doubles
marée du jour étant de 50 minutes en retard surrmarées solaires
la marée du jour précèdent. se succèdent à des intervalles de
24 heures seulement. Les unes et les autres se
Mais ces deux immenses vagues qui courentt
ainsi à la surface des mers ne répondent pas in-
stantanément à l'appel de la lune elles sont tral-
etd'éclipsé
superposent exactement aux époques des nouvelles
des pleines lunes, surtout dans les
de
soleil ou
périodes
lune. aux ty~t'es. Elles
de
nées à son arrière. Au lieu d'être à son maximum< se contrarient dans les ~t<ae~'<!<M)'M,quand la lune
quand la lune passe au méridien, la marée en quel- est au quart ou aux trois quarts visible. Alors la
ques lieux commence alors à peine à monter et
n'atteint guère son plus haut point qu'après unt
t haute mer solaire coïncide avec la basse mer
lunaire, ou réciproquement, et l'excursion totale
temps variable suivant les localités. Ce retard se
nomme élablissement du port; il est peu consi-
dela marée en est notablement réduite c'est
l'époque de la morte eau des marins. Toutefois,
dérable sur les côtes qui bordent les grands( de même que le maximum de la température
océans; il augmente progressivement & mesurei n'arrive pas à midi, quand le soleil est le plus haut
qu'on pénètre plus avant dans des mers plus re- et
nous verse le plus de chaleur, de même la
tirées dans les terres. Voici quelques exemples( marée maxima ne coïncide pas exactement avec
de ces retards ou établissements de ports les syzygies, elle arrive 36 heures plus tard. Les

Bordeaux. effets s'ajoutent, et la marée augmente d'amplitude

Brest.
Embouchure de la Gironde. 3'53'"
Bayonne. 7,45
4,55
tant que la cause qui la produit est supérieure
aux frottements qui tendent à la restreindre.
La théorie mathématique des marées, ébauchée
Saint-Malo.
Cherbourg.
3 ,46
par Newton, a été développée dans tous ses dé-

Dieppe.
Dunkerque.
6,10
t.53
n,8s
12 ,13
tails par Laplace. Aujourd'hui on calcule la hau-
teur de chaque marée dans un temps indénni. et
la Connaissance des temps publie à l'avance la
table des grandes marées de chaque tnnée. Ces
La hauteur dM marées est très variable suivanl résultats théoriques étant connus, pour en déduire
tes localités. En plein océan elle est peu considé- la hauteur de la marée dans un port donné, il
rable mais quand la masse d'eau mise en mou- suffit de multiplier le nombre inscrit dans la
vement pénètre dans des golfes largement ouverts Connaissance (les temps par l'unité du port en
ou dans des mers intérieures communiquant avec question. Toutefois, le résultat ainsi obtenu n'est
l'océan par des espaces très étendus, cette masse pas toujours conforme à la réalité, parce que le
brusquement arrêtée par la côte peut atteindre à calcul suppose une atmosphère calme qu'on ne
desniveauxtresélevés. rencontre pas toujours. Quand le vent souffle en
On appelle unité de hauteur de la marée pour tempête de la mer à la côte, l'impulsion qu'il
un port donné, la quantité dont l'eau s'y élève, produit sur la mer s'ajoute à l'effet naturel de la
dans une marée moyenne, au-dessus du niveau marée, qui peut alors acquérir une énergie excep-
que la mer y garderait si les marées n'existaient tionnelle et produire de véritables désastres en

Mais.
pas. Cette unité de hauteur change d'un port a submergeantet détruisant sans retour de vastes
l'autre. En voici quelques exemples étendues de terrain. C'est ainsi MM doute que
Dunkerque. les lies anglaises de la Manche ont été séparées

Dieppe.
LeHavre.
Cherbourg.
2m,68
3,12
4 ,40
3,~7
du continent, dont le niveau baisse graduellement
d'ailleurs,bien qu'avec une extrême lenteur, dans
ces parages. Il en est de même des grandes inon-

Granville. dations de la Hollande. Inversement, un vent fort,

Brest.
Saint-Malo.
Lonent.
l'Adour.
2,82
6 ,15
ses
3 ,21
soufflant de la terre vers la mer, peut, en refou-
lant les eaux, réduire à une proportion ordinaire
une marée annoncée comme devant être très
forte.

T. _t-
Entrée de
Dans une marée moyenne àw,
2 ,24
j,4o
Granville,
rt
monte à environ 6 mètres au-dessus de son ni-
veau et descend ensuite à 6 mètres au-dessous.
Quand la marée apparaît à l'embouchure de
tains fleuves, tels que la Seine, elle y produit cer-
vague énorme
MARIE STUART.
qui remonte
la mer fleuve c'est le mascaret.
rapidement le cours
[Marié-Davy.]
Histoire générale, XXH.
Fille du roi d'Ecosse Jacques V et de Marie de
une
du

ce qui fait une excursion totale de 12 mètres. A Lorraine, princesse, née en 1542, fut élevée
l'entrée de l'Adour, l'excursion correspondante en Francecette les soins de ses oncles le duc de
serait inférieure à 3 mètres; elle est presque nulle Guise et lepar cardinal de Lorraine. En 1A58, elle
dans les ports français de la Méditerranée, mais épousa le dauphin François,
sensible au fond de l'Adriatique. Ces conditions reine d'AngleterreMarie Tudor et la même année, la
influent nécessairement beaucoup sur les habitu- prit le titre de reine d'Angleterre étant morte, elle
des et le régime des ports. Les ports où tes comme étant la
ma- plus proche héritière de Henri VIII (pour l'Europe
rées sont fortes ne sont généralement accessibles catholique, Elisabeth, fille d'Anne Boleyn, était
qu la mer montante et on profite pour la sortie enfant illégitime). Son époux devint
de la marée descendante.Des bassins roi de France
un
munis d'é- en 1559, à la mort de Henri II, et aussitôt les on-
cluses s'ouvrant à la marée montante et
se fer- cles de Marie Stuart s'emparèrent du gouverne-
mant quand la mer descend permettent de main- ment (V. Ft-anyoM II). Mais François
mourut à la
fin de 1560, et la reine-mère Catherine de Médicis d'Europe la pra~ntoh'~Me sanction, acte par lequo
obligea alors Marie à partir pour l'Ecosse, où elle il assurait sa succession à cette princesse.Mais à
devait régner. Elle y commit faute sur faute. Peu peine Charles VI fut-il mort (1740) que Marie-Thé-
aimée des Ecossais, dont le plus grand nombre rèse se vit attaquée par la Prusse, la Bavière, la
avait embrassé les doctrines calvinistes prechées France, l'Espagne et la Sardaigne (V. Guerre de
par John Knox, elle acheva de soulever ses sujets la succession d'Espagne). La jeune souveraine sut
contre elle par ses deux mariages successifs, avec tenir tête à cette formidable coalition; elle réussit
tord Darnley (1565), qui fut bientôt assassiné, et à faire donner la couronne impériale à son époux,
dont la mort fut imputée à Marie, puis avec le François de Lorraine, duc de Toscane, et après
meurtrier même de Darnley, lord Bothwell (t56'ï). huit ans de guerre, elle vit son pouvoir assuré dans
Les Ecossais se révoltèrent sous la conduite de les Etats autrichiens: elle avait dû seulementcéder
lord Murray, frère de Marie celle-ci fut faite pri- la Silésie à la Prusse et une partie du Milanais au
sonnière mais ayant réussi à s'échapper, elle se roi de Sardaigne. La période de paix qui suivit
féfugia en Angleterre. Elisabeth avaitde nombreux permit Marie-Thérèse d'accomplir des réformes
griefs contre Marie Stuart, qui lui avait autrefois administratives qui témoignèrentde la sagesse de
contesté sa couronne quand elle eut sa rivale ses vues. Engagée ensuite dans la guerre de Sept
entre les mains, elle prétendit lui faire rendre Ans (V.GuerredeSeptAns), elleessayainutilement
compte du meurtre de Darnley, en vertu du droit de reprendre la Silésie. Plus tard, elle s'associa a
de suzeraineté de la couronne d'Angleterre sur Frédéric II et à Catherine de Russie pour accom-
celle d'Ecosse puis elle retint Marie en captivité, plir une des grandes iniquités de l'histoire, la
sous prétexte qu'elle n'avait pas suffisammentdé- partage de la Pologne (1773). Elle régna jusqu'en
montré son innocence. Marie Stuart, prisonnière tTSO. Dès 1705, à la mort de son époux, elle avait
d'Elisabeth, intrigua de tous côtés pour recouvrer fait donner le titre d'empereur à son fils aîné Jo-
sa liberté et détrôner son ennemie. Les complots seph U mais ce fut toujours elle qui exerça di-
de ses partisansfurent tous déjoués par Elisabeth, rectement l'autorité dans ses Etats héréditaires
qui se contenta, pendant de longues années, de pendant les quarante années qu'elle passa sur la
faire surveiller plus étroitement sa captive. Mais trône.
la rivalité de ces deux femmes devait aboutir à un MARIE TUDOR. V. Tudor.
dénouement tragique. Marie Stuart avait pour elle MARINE. V. Navigation.
Je pape, le roi d'Espagne Philippe H, les ligueurs MARIOTTE (Loi de). V. Elasticité.
français, tous les mécontents d'Angleterre; Elisa- MARSUt'!AUX. – Zoologie, XIII. En parlant
beth se sentait sérieusement menacée. Une der- des mammifères en général (V. jfamm:/°e)'~),
nière conspiration ayant été découverte (1586), nous avons dit que parmi les vertébrés il en est
Marie Stuart y fut impliquée; une commission un certain nombre qui naissent dans un état d'im-
spéciale la condamna à mort. Elisabeth, qui joignait perfection extrême et qui achèvent leur dévelop-
d'hypocrisie à la cruauté, aurait préféré se dé- pement dans une poche (marsupium), placée sous
barrasser secrètement de sa rivale par le poison le ventre de la mère. Cette poche, formée aux
jj'ayant pu y parvenir, elle se décida enfin à faire dépens de la peau de l'abdomen, est soutenue par
exécuter la sentence, et Marie porta sa tête sur deux os particuliers ou plutôt par deux tendons
t'échafaud (1587). ossifiés, et renferme les mamelles auxquelles les
-< Toute
l'Europe avait tes yeux sur cette lutte petits demeurentquelque temps attachés.
.entre deux femmes qui se détestaient, l'une dans Les mammifères qui présentent cette disposi-
sa prison, l'autre sur le trône; mais la première, tion singulière et chez lesquels le développement
jtidée par la ligue catholique, son esprit ardent, la des jeunes est plus tardif que d'ordinaire, consti-
magie incroyable de sa beauté non encore ûétrie, tuent l'ordre des Marsupiaux, caractérisé d'ail-
semblait plus puissante que la seconde, tyranni- leurs par un certain nombre de caractères anato-
que, vieille, haie d'une partie de ses sujets. Ces miques, et entre autres par l'indépendance des
deux femmes représentaientles deux principes qui deux hémisphères du cerveau. Dans les temps re-
bataillaient en France la mort de l'une ou de culés, c'est-à-dire aux époques géologiques anté-
l'autre semblait devoir être la ruine des causes rieures à la nôtre, ces animaux comptaient des
qu'elles défendaient. Si Elisabeth désirait ardem- représentants jusque dans nos contrées mais à
ment la mort de Marie, et plusieurs fois même l'heure actuelle ils sont connnés dans l'hémisphère
avait demandé à ses gardiens de la faire périr en austral, et se trouvent principalement dans l'A-
secret, Marie fomentait tous les complots contre mérique du Sud, à la Nouvelle-Hollande, en Tas-
la vie d'Elisabeth, se croyant pleinementdans son manie et à la Nouvelle-Guinée. Dans ces diverses
droit, cherchant la liberté par tous les moyens, contrées ils revêtent des formes variées, corres-
usant des seules armes qu'elle eût en son pouvoir. pondant à des difTérences de régime, certains d'en
Ce fut un événement qui fit tressaillir l'Europe, et tre eux étant insectivores, d'autres rongeurs, d'au-
dont le retentissement est venu jusqu'ànous une tres carnassiers, d'autres, enfin, complètement
reine jugée, condamnée, exécutée! La Réforme en herbivores ou frugivores.
reçut partout une grande force; le trône d'Elisa- Parmi les marsupiaux insectivores ou ~<oMO-
beth se trouva consolidé; « l'espérance qu'ont eue phages, nous citerons les Péramèles, qui vivent e~
les Guises de jouir de l'Angleterre,dirent les pro- Australie et qui se reconnaissent à leur tête poin-
testants de France, est morte avec la reine d'E- tue, à leur corps ramassé, porté sur quatre pattes
cosse. » Le catholicisme en jeta des cris de fureur terminées par des doigts inégaux. Les trois doigts
il mit au rang des saints la malheureuse Marie; médians du membre antérieur sont en effet beau-
il se prépara des représailles terribles. Sixte-
Quint renouvela la bulle de déchéance contre la
coup plus développés que les doigts latéraux, le
pouce du membre postérieur est atrophié, et les
~OMt.'e de <a .S)'e<a~e;Philippe II hâta l'armement deux doigts suivants sont soudés jusque la pha-
d'une flotte formidable pour venger la martyre lange unguéale. Ces animaux bondissent plutôt
et mettre sur sa propre tête la couronne d'Angle- qu'ils ne marchent, et se servent de leurs pattes de
terre x(LavaUée\ devant pour porter les aliments à leur bouche.
MAtHE THERESE. – Histoire générale, XXV. Ils exercent de grands ravagesdans les plantations,
Fille de l'empereur d'Allemagne Charles VI, le en fouillant la terre pour découvrir des insectes
dernier des Habsbourgs directs, Marie-Thérèse ou des vermisseaux.
d'Autriche devait hériter des vastes domaines de Les T'A~acMMS et tes D<H!/M)'M sont d'autres
son père, qui avait cru lui en assurer la paisible marsupiaux des terres australes, aussi carnassiers
jouissance en faisant reconnaîtreà toutes les cours auo les loups et les civettes de l'Ancien-Mouds.
Aussi les Anglais établis en Tasmanie ont-ils très développé, leur estomac n'est toutefois pas
<!onné le nom de Zebra wolf (loup zébré) à la 7'Ay- aussi compliqué que celui des ruminants; en ou-
<"eMC cynocéphale, qui, dans les premiers temps tre leurs membres, au lieu d'avoir à peu près la
<to la colonisation, faisait une rude guerre aux même longueur et de reposer ordinairement sur
troupeaux, et qui, maintenant, repoussée dans le sol par l'extrémité des doigts, enfermés dans un
intérieur du pays, donne la chasse aux kangou- sabot, présentent une grande disproportion et ne
rous. Cette thylacine ressemble beaucoup au loup servent pas tous au même degré à la locomotion
par la taille et la forme générale du corps, mais les membres antérieurs, en effet, singulièrement
elle a la tête plus longue, la queue garnie de poils raccourcis, restent appliqués contre la partie su-
plus courts, les dents au nombre de 46, etc. périeure du corps quand l'animal est en observa-
Quant, aux dasyures, dont on connaît plusieurs tion ou quand il progresse par une série de bonds
espèces propres à l'Australie et à la Terre de Van successifs; dans l'un et l'autre cas, le corps, lé-
Diémen, ce sont des animaux de moyenne taille, gèrement incliné, s'appuie non seulement sur les
au muue nu, au corps eftilé, couvert d'un pelage tarses des membres postérieurs, mais encore sur
doux, bien fourni et souvent moucheté. la queue, qui acquiert des dimensions extraordi-
Dans les mêmes contrées que les daayures naires et constitue pour ainsi dire un cinquième
habitent d'autres marsupiaux bien différents et membre. Par la forme de leur tête et par la nature
par l'aspect extérieur et par le régime ce sont de leur pelage, les kangourous ressemblent un peu
les Phascolarctes ou Koalas, au corps court, dé- aux lièvres et aux lapins, mais ils en diffèrent
pourvu de queue et revêtu de poils laineux, à la par l'allongement bien plus marqué des membres
tête grosse, aux oreilles petites et touffues, aux postérieurs,terminés par quatre doigts dont l'un
pattee robustes, dont les doigts, au nombre de est armé d'un ongle tranchant, par le dévelop-
cinq, sont armés pour la plupart d'ongles puis- pement de la queue, par la structure des dents
sants. Dans leur dentition ces animaux singuliers molaires, et enfin par les proportions du corps,
offrent aussi des particularités curieuses à la qui sont beaucoup plus fortes. Une espèce de
mâchoire supérieure, il y a trois paires d'incisi- l'Australie méridionale. le Kangourou géant, me-
ves, deux canines très petites et cinq paires de sure en effet plus de deux mètres de long de-
molaires; à la mâchoire inférieure, une paire seu- puis le bout du museau jusque l'extrémité de la
lement de grandes incisives, point de canines, et queue, et pèse souvent plus de 100 kilogrammes.
le même nombre de molaires qu'à la mâchoire Tous les kangourous, il est vrai, n'atteignent pas
supérieure, ces dernièresdents étant séparées des des dimensions aussi considérables, et dans un
incisives par une large barre. Les koalas ont un groupe voisin, parmi les Fo~M'OMt, on trouve
pelage gris varié de roux et de blanchâtre ils se même des espèces de très petite taille. Les kan-
nourrissent de feuilles et de fruits, et grimpent gourous sont en Australie l'objet d'une chasse ac-
sur les arbres avec tant de lenteur qu'on les a tive à cause des qualités de leur chair.
surnommés parfois les Paresseux d'Australie. En Amérique, l'ordre des marsupiaux est repré-
Les Phalangers n'appartiennent pas exclusive- senté par les S~'t~Meï, auxquels Linné donnait
ment à la faune australienne ils se rencontrent le nom de Didelphes,qui a été appliqué plus tard
aussi à la Nouvelle-Guinéeet aux Moluques, où on par extension à tout le groupe des mammifères
les désigne généralement sous le nom de Cous- pourvus d'une poche abdominale. Les sarigues
cous. On les reconnaît immédiatement à leur ressemblent un peu aux kangourous par leurs
queue longue et pesante et à leurs pattes posté- membres postérieurs, en général plus dévelop-
rieures munies d'un pouce opposable et ongui- pés que les membres antérieurs, mais ils ont le
culé. Ils sont plus ou moins nocturnes, se tiennent museau plus pointu, la queue écailleuse et pré-
ordinairement sur les arbres, et se nourrissent <~e hensile, et ils ne dépassent point la grosseur
substances végétales, d'insectes, d'œufs. et même d'un chat domestique. On les trouve sur une
de petits oiseaux. Quelques-uns d'entre eux grande partie du continent américain, depuis les
exhalent, parait-il, une odeur camphrée très carac- Etats-Unis jusqu'au Paraguay. Ce sont des ani-
téristique. maux nocturnes qui se tiennent d'ordinaire sur
Le Phalanger tacheté d'Amboine est sujet à de les arbres, et se nourrissent de fruits, d'insectes
grandes variations de couleurs il est tantôt mar- et de petits oiseaux. D'après Audubon, le Sar~e
qué de larges plaques rousses sur fondblanc, tantôt opossum, qai vit sur les bords du Mississipi, s'at-
mi-partie roux et blanc, tantôt même d'un blanc pur. taque même au gibier à poil et aux volailles des
Le Phalanger renard, qui vit en Australie, ressem- basses-cours. Une autre espèce du Brésil, le Sa-
ble, en dépit de son nom, plutôt à un Lémurien, à rigue crabier, a des mœurs légèrementdifférentes,
un Galago, qu'à un renard de nos pays. Enfin le et comme son nom l'indique, fait la chasse aux
Phalanger nain, type du genre Dromicie, qui a crabes et autres crustacés marins.
pour patrie la Terre de Van Diémen, n'est guère Chez les Micourés, marsupiaux américains pro-
plus gros qu'un loir. ches parents des sarigues, la poche abdominale
Très voisins des phalangers, les Pétauristes s'en est incomplète et remplacée par un double repli
distinguent par la présence de membranes laté- longitudinal de la peau du ventre. Les petits de-
rales au moyen desquelles ils peuvent, à la manière meurent un certain temps sous cet abri, puis ils
des écureuils volants, se soutenir quelque temps grimpent sur le dos de leur mère, enroulent leur
dans les airs, quand ils s'e)ancent d'une branche queue à la sienne et se font ainsi transporterjus-
à une autre branche, souvent fort éloignée. Ils qu'à ce qu'ils soient assez forts pour chercher
n'ont d'ailleurs pas toujours la queue préhensile eux-mêmes leur nourriture. Le Brésil, la Guyane
comme les phalangers.Le P<i~M'M<e <a~<McMc,de et la Nouvelle-Grenade possèdent plusieurs es-
la Nouvelle-Galles du Sud, est une espèce d'assez pèces de micourés.
forte taille, au pelage noir, varié de gris et de Enfin chez les Hémiures, qui trouvent à peu
brun cendré; le Belidé sciurin est notablement près dans les mêmes régions, lasequeue est nota-
plus petit, et l'Acrobate pygmée, qui se nourrit blement plus courte que chez les micourés, mais
princjpalement d'insectes, peut être comparé, la forme du corps est sensiblement la même.
pour le régime et la dentition, à nos musaraignes [E. Oustalet.]
ou mMM~M. MAXÏMIUEN t et !I. V. Habsbourg.
Les Kangourous jouent parmi les marsupiaux à MAZAIUK – Histoire de France, XXHI. Jules
peu près le même rôle que les ruminants parmi Mazarin naquit en 1602 à Pescina dans les

les mammifères ordinaires. C'est dire qu'il!) sont Abruzzes (Italie). Elevé dans la maison des Co-
exclusivementherbivores. Si leur tube digestif est lonna, il embrassa d'abord la carrière des armes,
et fut nommé en 1622 capitaine d'infanterie. Mais 165'!), et les Espagnols sont éerasésala bataille
ses goûts le portaient plutôt vers la diplomatie, des Dunes (!R68). Epuisée d'hommes et d'argent,
'dont l'Italie était alors la terre classique. Lors de l'Espagne signe le traité des Pyrénées (<659). Elle
la guerre de la succession de Mantoue, devant Ca- cède à la France le Roussillon, la Cerdagne, une
sale (1630),il révéla son génie brillantmais un peu partie de l'Artois, Thionville,Montmédy,Avesnes;
théâtral, en arrêtant deux armées qui allaient en Louis XIV épouse l'infante Marie-Thérèse, dont la
venir aux mains. Désigné désormais à l'attention dot s'élèvera 500000 écus d'or. Mais on atipu'e
des gouvernements italiens, il fut nommé nonce que, dans le cas où cette dot ne serait pas payée,
du pape en France (16X4-t636), rendit de grands la renonciation de la reine de France à la succes-
services à Richelieu, fut naturalisé Français (1639), sion de son père Philippe IV deviendra nulle.
promu cardinal (1641), et, le lendemain même de Condé enfin fait sa soumission et rentre en France.
la mort de Richelieu, nommé premier ministre En 1660, l'Europe entière était pacifiée. Dans le
(5 déc. 1642). midi et dans le centre, l'Espagne et l'Autriche,
Après la mort de Louis XIII (1643), il devint le ennemies de la France, étaient vaincues. Dans !')
véritable maître du pouvoir, qu'il conserva jusqu'à nord, les traités d'Oliva et de Copenhagueavaient
la fin de sa vie (t6t!t). Souple et rusé, il rompit assuré la prépondérance politique de la Suède,
avec les traditions politiques de son énergique notre alliée. Mazarin qui, devant l'étranger, avait
prédécesseur, attendant tout du temps qui calme eu le cœur vraiment français, laissait la France
les haines. Il est certain d'ailleurs que Mazarin, puissante et honorée. [L.-G. Gourraigne.]
qui ne fut jamais prêtre, exerçait une vive in- MECANIQUE. La mdcanique a pour ol'y't
fluence sur la régente Anne d'Autriche. Peut-être l'étude des forces et des effets qu'elles produisent
même l'épousa-t-il secrètement. Grâce à cette sur les corps auxquels on les applique. Dans !a
intimité avec la reine-mère, il put triompher sans partie de cette science appelée c~M;n:M, on s'oc-
peine de la cabale des ~mpo'-<aM<s(1643). Et cepen- cupe de déterminer les diverses circonstances
dant, jamais ministre n'avait été moins populaire. du mouvement d'un corps lorsque l'on connaît les
On reprochait à Mazarin les faveurs, onéreuses forces qui agissent sur lui. La statique est la
.pour la France, dont il comblait sa famille. Son partie de la mécanique qui traite de l'équilibre des
frère Michel, archevêque d'Aix (1645), vice-roi de forces appliquées à un corps solide on y déter-
Catalogne ()6f!), devenait cardinal (1647), et cette mine les relations qui doivent exister entre les
promotion coûtait 12 millions à l'Etat. Les nièces forces pour que le corps prenne un mouvement.
de Mazarin,« les Mazarinettes, » richement dotées, égal à zéro c'est donc un cas particulier de ]a
épousaient un Conti, un Mercœur, un comte de dynamique, celui où le corps doit rester en repos
Soissons. Protecteur des arts, ami de Corneille, sous l'action des forces qui le sollicitent. Mais
de Chapelain, de Balzac, grand admirateur de comme, une fois ce dernier problème résolu, il
l'opéra italien, qu'il introduisit en France (O''p~e est facile d'y ramener l'autre, on commence ordi-
et Eurydice, )647), le ministre avait les goûts dé- nairementl'étude de la mécanique par celle de la
licats d'un prélat de la Renaissance italienne. Ce statique.
désordre élégant, qui contrastait avec l'attitude On a vu, à l'article Force, comment à l'aide d'un
austère de Richelieu, choqua l'opinion publique. peson à ressort on peut comparer toutes les forces
Nobles, parlementaireset bourgeois, irrités de la à un poids et les exprimer en kilogrammes com-
grande puissance du ministre, et de la gestion ment on représente, par une ligne, le point d'ap-
déplorable des finances, s'unirent pour renverser plication d'une force, sa direction et son intensité.
Mazarin (1644-1653). Le ministre brava l'opposition Nous admettrons comme évidents les aniomes
et garda le pouvoir (V. Fronde). qui suivent et qui nous seront utiles par la suite
A l'extérieur, Mazarin a continué avec talent et la seule difficulté qu'éprouvent les élèves, en li-
succès la politique de Richelieu voilà son vrai sant les premières pages d'un livre de mécanique,
titre devant la postérité. Les armées françaises se tient à ce que beaucoup d'auteurs entourent ces
couvrent de gloire dans la dernière période de la vérités d'un appareil de démonstrations moins
guerre de Trente Ans. Les victoires de Rocroy et claires que les énoncés eux-mêmes )° Une force
de Carthagène (16';3), de Fribourg (1644), de Nord- appliquée à un corps solide peut être appliquée
lingen (1645), de Lens, de Lavingen et de Sumars- en un point quelconque de sa direction pourvu
hausen (1648) obligent nos adversaires à accepter que ce nouveau point soit lié invariablement au
les traités de Westphalie (1648). La France obtient premier. Ainsi la force F appliquée en A (Hg. 1)
ta cession dénnitivo des Trois Evechés, Pignerol,
l'Alsace sauf Strasbourg, Brisach, Philipsbourg,
et la liberté de commerce sur le Rhin. En intro-
duisant la Suède en Allemagne, elle modifie à son
profit l'équilibre des Etats allemands. Des traités
d'alliance sontsignés aveclaBavière(1651),leBran-
debourg (1656) enfin la ligue du Rhin (165S) place
sous la protection de la France les petits Etats de
l'Allemagne du nord. La confédération franco-
allemande mettra sur pied )0000 hommes. La
France ne fournira pas moins de 1600 soldats et
SCn chevaux. Ce grand succès diplomatique console
Mazarin de n'avoir pu empêcher l'élection de
Léopold de Habsbourg à l'Empire (1657).
La branche espagnole de la maison d'Autriche
-avait refusé de traiter avec la France en lt!4s.
Pendant les troubles de la Fronde, l'Espagne avait
repris Barcelone, Ypres, Dunkerque. La défection
de Condé lui avait donné Rethel, Sainte-Me- peut être transportée en B et prendre la position F'
nehould et un général qui passait pour invin- sans que l'état du corps soit changé. 2° Si deux
cible (1652). Mais dès 1653, la guerre est poussée forces qui sollicitent un corps solide, libre de
avec vigueur. Les Espagnols sont arrêtés sur la tourner dans tous les sens, agissent suivant la
'Somme, battus à Stenay et à Arras (1654). Cam- même droite, en sens contraire, et ont la mem~
brai, Valenciennes, Condé sont assiégés (1655- intensité, elles tiennent ce corps en équilibre;te))<s
1656). Mazarin s'allie alors avec Cromwell (1656- sont les forces F et F'
Si les forces sont iné-
gales, ou bien n'agissent pas en sens directement du cordonvertical AD, et, pour vérifier t'énoncê de
contraire, le corps se mettra en mouvement sous notre proposition, il suffit de faire la constructio
l'action de ces forces. Ainsi, que deux personnes
de même force, placées aux extrémités d'une ta-
ble, la poussent dans le sens de sa longueur, mais
en sens contraire, elles ne produirontaucun effet
qne l'une d'elles pousse à droite ou à gauche de
cette direction, la table tournera.
Composition des forces concourantes. On
appelle résultanted'un système de forces F, F', F",
appliquées à nn corps solide, une force qui peut,
à elle seule, les remplacer toutes on dit que les
forces F, F', F sont les composantes de la
force R. Par conséquent, étant donné un corps
sollicité par plusieurs forces F, F', F' dont la
résultante est R, si l'on applique au corps une
nouvelle force R égale et directement opposée
à R, l'ensemble des forces F, F', F'' et R tien-
dront le corps solide en équilibre.
Un système quelconque de forces n'a pas tou-
jours une résultante unique, il est même rare
qu'il en ait une mais, dans le cas particulieroù
les forces sont appliquées au même point, on peut
toujours remplacer les forces proposées par
seule appliquée au même point; nous étudierons
unesuivante sur le tableau
i
noir qui est parallèle à
d'abord comment on détermine les éléments de la figure formée par les cordons et à une petite.
cette résultante. distance
«
ce cette figure
Prenons sur AB la distance AM = 4'°, et sur
PROPOSITION I. Si deux forces concourantes
agissent suivant la même droite et ont la même AC
J
la longueur AN = 5dm, c'est-à-dire sur les
direction, leur résultante est une force appliquée directions des cordons des longueurs proportion-
nelles aux intensitésdes composantes F, F ache-
au même point, agissant suivant la mêmedirection vons le parallélogrammeAMNG,et nous trouverons~
et dont l'intensité est égaie à la somme des deux 1° que le sommet G est sur AZ, ce qui démontra
premières. Si les forces agissent dans des di-
rections opposées, l'intensité de leur résultante que la résultante est dirigée suivant la diagonale.
est égale à la différence des intensités. du parallélogramme construit sur F et sur F'
Cette proposition est évidente. 2" que cette diagonale AC contient 6 décimètres,.
PROPOSITIONII. Si un nombre quelconque de ce qui prouve qu'elle représente en grandeur
forces agissent suivant la même droite, les unes aussi bien qu'en direction la grandeur de cette
dans un sens, les autres dans le sens opposé, leur rrésultante qui est de 6~ Les deux parties d&
résultante est égale à l'excès de la somme des t'énoncé
1 sont donc vérifiées, et cette démonstra-
forces qui tirent dans un sens sur la somme des tion expérimentale suffit parfaitement elle nou&
forces qui tirent en sens contraire. Cette résul- iparaît même préférable à la démonstration théo-
1rique, qui
est très longue et que beaucoup d'élè-
tante agit dans le sens des forces qui ont donné
la plus grande somme. ves apprennentpar cœur sans la bien comprendre.
Cette proposition est encore évidente. Relations entre les composantes et la résul-
Considérons maintenant deux forces F et F' ap- tante. PROPOSITIONI. Le carré de la résul-
tante de deux forces oK~M~airM est égal à la
pliquées à deux points A et B d'un corps solide et des carrés des co~npostM~ plus deux fois
dont les directions passent par le même point 0; somme
s
l produit de ces /!MY;et multiplié par le cosinus
le
on peut remplacerces deux forces angulaires par ( leur any~e.
de
une seule, et la règle à suivre s'appelle parallélo- En effet, considérons (fig. 3) deux forces F et F'
gramme <M-CM; c'est une des propositions les
phn importantesde la statique.
PROPOSITION Ut. La résultante de deux forces
<M</t~atrM est située dans le plan de ces deux
forces elle est dirigée suivant la diagonale du
parallélogramme construit sur les lignes qui re-
présentent les forces en grandeur et en directioni
son intensité est représentée par la diagonale de
ce m~eparaH~o~raMMe.
Dém<m~ra<on<Kp~meH/a/e.–Attachons fng. 2)
trois poids de 4~ ;,t~ 6~ à des cordons AB,
AC, AD, réunis au point A par un nœud faisons ffaisant entre elles l'angle A dans le triangle AC&
passer les deux premiers sur des poulies très mo- nous
r aurons:
biles, dont les axes sont implantés dans un tableau
noir; laissons pendre le troisième cordon AD l'en- + x
AD' == AC' CD' – 2AC CD cos ACD
semble de ces poids prendra bientôt une position et
e comme
d'équilibre et nous pourrons dire qu'alors la force
de 6Bg appliquée au point A suivant la verticale AD ACD=1M°–CAB=!M''–A,
fait équilibre aux forces F = 4B~ et F' = 5~ ap- cos ACD = cos A,
pliquées directementau point A suivant les di-
rections AB et AC les poulies de renvoi ont sim- nnous trouverons en substituant
plement pour but de remplacer les tractions des
poids F et F', qui agissent suivant la verticale, par ADI = AC' + CD' + 2AC X AB coo A,
des tractions dirigées suivant les cordons obli- :'est-dire
c
ques AB et AC. Une fois l'équilibre établi, la C
force R est donc égale et directementopposée à R'=F~+F''+2FxF'xCo3A.
la résultante des forces F et F' cette résultante
est donc dirigée de A vers Z dans le prolongement Conséquence. Si les forces F et F' sont ree-
tangulaires, l'angle A est droit, son cosinus est F et F' qui sont représentées par les lignes OA
nuletl'ona: et OB, nous construirons le parallélogramme
R2=F!+F". OABB'; puis nous composerons la résultante OB'
avec OC qui représente F', ce qui nous donnera
Ainsi le carré de la fe~Ma?: deux forces rec- la résultante OC' composant OC' et OD, nous
<(t?!~M/a~'M est égal à la somme des carrés des obtiendrons OD', et il ne restera plus qu'à compo-
composantes. dernier parallé-
ser OD' et OE, en construisant leOE'
PROPOSITIONII. Si ~OM COKsM~'e deux forces logramme OD'EE' sa diagonale représentera
F, F' et leur résultante R, il existe un )~ppo~ la résultante de toutes les forces pour sa direction
constant entre chacune de ces forces et le sinus de et son intensité. Il est bien clair qu'il n'est pas
~'OM~7e /orMC par les directions des deux autres. nécessaire de tracer tous les côtés et les dia-
En effet, le triangle ACD fournit la relation gonales de ces divers parallélogrammes;il suffit
AC R R de marquer le contour AB'C'D'K'.
CD Remarque. Si le contour se ferme, la résul-
sin CAD sin ADC sin C ou sin (t80"–C)' tante totale est nulle et les forces se font équi-
c'est-à-dire libre.
F F' R
PABALLÉLipiFÈcE DES FORCES. –
Comme cas par-
ticulier. considérons trois forces F,F',F'\ appli-
sin (F', R) sin (F, R)sin (f, F') quées au point 0 (6g. 5) et représentées par les
Décompositiond'une force en deux autres. –
PnoBLÈME. Etant données une force R appli-
quée au point A et deux directions AX et AY
issues de ce point et situées dans un même plan
avec R, on propose de décomposer cette force H
en deux autres F et F' dirigées suivant les direc-
tions AX et AY.
Solution. On peut déterminer les intensités
des forces F et F' par un tracé graphique il suffit
de mener par l'extrémité D de la force R les pa-
rallèles DC à AX et DE à AY ces paraUèles dc-
terminent sur AX et AY des longueurs AB et AC lignes OA,OB,OC non situées dans un même
proportionnelles aux composantes cherchées F plan leur résultante sera représentée pour sa
et F'. direction et son intensité par la diagonale OD du
Si l'on veut calculer les intensités F et F', U parallélipipëde construit sur ces trois forces.
suffit de s'appuyer sur la proposition précédente Si les trois forces forment un trièdre tri-rectan-
elle donne les relations gle, leur résultante R est donnée par la formule:
sinCAD ~sinBAD R:=F'+F''+F"'s
F = F
sin BAC' sin BAC
car dans un parallélipipède rectangle le carré do
Remarque. Si les composantes doivent être la diagonale est égal à la somme des carrés des
& angle droit, on a
trois dimensions.
PROBLEME. Décomposer une force en trois
sin BAC = I, et par conséquent autres dont les directions ne sont pas situées dans
F == R sin CAD = R cos BAD un ?)!);e plan.
Soit OD la force R qu'il s'agit de décomposer
F' = R sin BAD = R cos CAD.
en trois autres dirigées suivant les directions
Ainsi, chaque composante est égale au produit OA,OB,OC. On obtiendra les intensités de ces
de la résultante par le cosinus de t'angle compris trois composantes en menant par le point D trois
entre sa direction et celle de la résultante, ou plans parallèles aux plans OAB, OAC, OBC cha-
bien chacune des composantesest la projection de cun d'eux coupera la troisième direction, repré-
et les
la résultante sur les directions données. longueurs OC, OB, OA ainsi déterminées
Composition d'un nombrequelconquede forces senteront les intensités des composantes incon-
concourantes. PROPOSITION I. Pour trouver nues.
géométriquement la résultante d'un système de Conséquence. Si les trois directions données.
forces F, F', F", appliquées au même point 0 et sont rectangulaires, chaque composante est égale
dirigées d'une maHMfe quelconque dans l'espace, à la projection de la force donnée sur la direction
son intensité est égale à
on construit (Bg. 4)MMcOM<OMt- po~oHO< AB'C'D'E' de cette composante; multipliée
celle de la résultante par le cosinus
de l'angle que fait cette résultante avec la direc-
tion de la composante considérée.
En effet, le triangle DOA est rectangle en A et
l'on a
OA= OD cos AOD
OB~ODcosBOD
OC=OD cos COD

Si donc l'on pose


OA=X, OB=Y, OC=Z
AOD==ct, BOD=p, COD=y
dont les cd/~ sont respectivement égaux et paral- on aura pour les trois composantes de la force R:
lèles aux lignes OA.OB,OC,OD,OEqui représen-
tent ces forces on joint au point d'application 0 X=Rcosa, Y==Rcosp, Z=RcosY.
/'e.K<re~<dE' d? ce contour, et celle ligne OE' re-
présente la résultante en ~fOT~/eMt' en direction. Ces formules sont générales et représentent,
En effet, si nous composons d'abord les forces quelle que soit la direction de la force, la projection
de cette force sur les directions OA,OB,OC. Il
En effet, pour que la résultante R soit nulle, il
suffit de regarder comme positives les composantes faut et il suffit que l'on ait à la fois
suivant les directions OA,OB,OC et comme né-
gatives celles qui tirent suivant leurs prolonge- Xt=0, Y~O, Z.=0
ments. En effet, si l'angle et est obtus, son cosinus
est nëjpttif, et le produit R cos o: le sera aussi mais remarquer que le corps ne serait
II faut bien
alors la composante X sera dirigée en sens con- pas nécessairement en équilibre si la somme des
traire de OA donc R cos ft pris avec son signe projections des forces était nulle pour un seul
représentera à la fois la grandeur et le sens de axe, si l'on avait par exemple Xs = 0 seulement
la première composante. en effet, il pourrait se faire que la résultante R
PROBLÈME. Déterminer par le calcul la résul. fût située dans un plan perpendiculaire à l'axe
tante d'un système quelconque de forces concou- OX sans être nulle; mais si l'on a en même temps
rantes. Y) =
0 et ZI = 0, cette résultante est nécessai-
Sf)<M<MK. – SoientF.F'.F" les forces données rement égale à zéro.
appliquées au même point 0 d'un corps solide. Momentsdesforces concourantes situées dans
Menons par ce point trois axes rectangulaires de un même plan. On appelle MonieMt d'une force
direction arbitraire, OX, OY, OZ (fig. 6), auxquels F par rapport à un point 0 (fig. 7) le produit

F x OP de son intensité par la distance de ce


ce point estappeié
point à la direction de la force;
centre des moments, et la perpendiculaire abaissée
sur la force en est le bras de levier.
Il est clair que le moment d'une force est nul
nous rapporteronsles forces F, F.F" Pour que quand cette force passe par le centre des moments.
Les moments des forces F et F' par rapport au
les positions relatives de ces forces soient bien point 0 (fig. 8) sont
déterminées,il suffit que nous connaissions les
angles que fait chacune d'elles avec les trois axes FXOA et F'XOA';
nous désignerons les angles que fait F avec
OX,OY,OZ, par a, P, y; nous appellerons de mais si l'on imagine que la figure soit mobile
même a', f)', y', les angles qui correspondent autour du point 0, on voit eue la force F tend à
F', etc.
Décomposonschacune des forces en trois autres
dirigées suivant OX, OY, OZ nous aurons pour
les composantes de F
F cos x, F cos {}, F cos y,
pour celles de F'
F'cos a', F'cos~ F' cos y',
et ainsi de suite. faire tourner la figure dans le sens des aiguilles
Toutes les forces dirigées suivant OX se com-d'une montre, tandis que la force F' tendrait à la
poseront en une seule que nous appellerons Xt faire tourner en Mns contraire. On caractérise
de même les composantes suivant OY fourniront cette opposition de sens des rotations fictives de
une résultante Yt, et celles qui agissent suivant la figure autour du point 0, sous l'action séparée
OZ donneront la résultante partielle Z~ nous au- des forces F et F', par une opposition de signes; on
rons par conséquent: dit que le moment de F est positif et que celui de
Xt==Fcosa-)-F'cosa'+. F' est négatif on mette signe + devant le premier
Y)=Fcosfi+F'cos~'+. et le signe devant le second en écrivant
Z,=FcosY+F'cosY'-t- M~,F=+FXOA. Mo F'=F' XOA'.
Il ne restera plus qu'à composer les trois forces Cette convention est utile pour généraliser les
rectangulaires Xj,Y),Zj, pour avoir ta résultante formules et pour réduire à un seul plusieurs
définitive R; nous aurons donc énoncés.
R'=X,'+Y~+Zt'. PROPOSITION. Etant donné un nombre quel-
conque de forces concourantes situées dans le
Quant à la direction de cette résultante, elle même plan et leur r~M~N!?:<e, moment de cette
sera donnée par les angles a, b, c, qu'elle fait résultantepar rapport à un poM< ~Me/co~~Me f/M
avec les trois axes; les cosinus de ces angles sont: plan des /'07'CM Mf ~a~ à la somme algebrique
~M moment des composa?:
cosa=~Xi
cos&=~ Y. cosc=~ Zi Considérons d'abord le cas de deux forces con-
courantes F et F', appliquées au point A soit R
leur résultante et 0 le centre des moments (8g. 9)
PROPOSITION II. Pour que plusieurs forcesil faut démontrer que
MKCOMraM<M se fassent <M:7:&t'e, il faut el il
suffit que la somme algébrique des projections RXOP'~=FXOP+F'XOP'.
jfe ces forces sur trois axes rec~an~M~~M quel-
conquespassant par ce point soit égale à zéro pour Pour cela il suffit de remarquer que chacun de
chacun de ces axes. [ ces produits représente le double de l'aire d'un
de VtM'Mt)M, permet de trouver la direction de !:t
résultante d'un système de forces concourantes:
si l'on a calculé l'intensité de cette résultante et
son moment par rapport à un point 0, on en con-
clura le bras de levier de cette force; il suffira
donc de décrire du point 0 pris pour centre une
circonférence avec ce bras de levier pour rayon et
de mener parle point A, où concourent toutes les
forces,des tangentes à cette circonférence celle do
ces deux tangentes dont le moment aura le même
composantes F, F',
sultante cherchée.
F'
signe que la somme algébrique des moments des
sera précisément la ré-
Moments de forces concourantes non situées
triangle ayant pour sommet le point 0 et pour base dans
la force considérée ainsi: F, F', F'
le même plan.
que
dans un même
l'on
plan,
Si les forces angulaires
compose, ne sont pas situées
on ne peut plus dire que le
FXOP=2triOAF, triangle ayant pour sommet un point 0 quelcon-
F'XOP'=2triOAF', que et pour base la résultante est équivalent à la
R X OP" = 2 tri OAR; somme des triangles ayant même sommet et pour
bases les forces F, F', F". Mais ce théorème est
tout revint donc à démontrer que
tri OAR=tri OAF+ tri OAF' le système des forces F, F', F'
encore exact si l'on projette sur un même plan
et R.
Définition. -On appelle moment d'une force
Prenons OA (6g. 10) pour base commune a ces par rapport à un axe AB (fig. ] n le moment de la
triangles, abaissons des points F, F' et R les per-

projection de la force sur un plan perpendiculaire


pendiculaires FH, F'H, RK sur la direction OA; à l'axe, le centre du moment étant le point où
1

et menons FL parallèle à OA; nous aurons l'axe rencontre le plan de projection. Ainsi le
moment de la force F' par rapport à l'axe AB s'ob-
RK=KL+LR=HL+F'H' tient en projetant F' en F" sur un plan RR' per-
Ainsi la hauteur du triangle OAR est égale à la pendiculaire
I à AB et faisant le produit de F" par
somme des hauteurs des deux autres; ce triangle sa distance AS au pied de l'axe AB.
OAR est donc équivalent à la somme des trian- PROPOSITION. Si l'on considère un sy~em?
gles OAF et OAF', et le moment de la résultante forces concourantes dirigées a<-<)!<fat'f<)neK< dans
est égal à la somme des moments des composantes. l'espace et leur !MKaM<e, le moment de cette )'e-
Dans le cas de la figure, les trois forces tendent sultante par f'apport M?! axe fixe quelconque est
à produire autour du point 0 des rotations fictives
<
égal
<
à la somme a~M~Me moments des com-
de même sens, et les trois moments sont positifs: posantes.
1
Considérons d'abord (fig. t2) deux forces F et F'
si les rotations étaient de sens contraires,l'énoncé
du théorèmeserait encore exact, en tenant compte ~CC
des signes que nous sommes convenus d'attribuer
aux moments.
F, F', F'
Soit maintenantun nombre quelconq ue de forces
concourantes et R leur resu)ta.)ite;
nous composerons d'abord F et F' en une seule R),
et nous aurons
M,R,=M,F+M.F;
il faudra composer maintenant Rt et la troisième
force F", ce qui donnera une résultante R2, pour
laquelle
M.R~M,R,+M,F",
ou
i~R,=.M.F+M.F'+M.F";
et ainsi de suite jusqu'à ce que l'on ait compose
toutes les forces. Nous aurons donc en détimuve:
M,R=M,F+M,F'+M,F"+M,F'"+.
et la genér.ttité du théorème est démontrée.
théorème des Momf!t<s. – La prépo-
C7fi7t~ dit
sition pieeédeate, connue sous le nom de théorème
concourant au point A ainsi que leur résultante R! = p' + Qt + 2PQ cos O" ==P' + Q* + 2PQ
R, et projetons le parallélogramme ABCD sur ==(P+Q;'
un plan V; nous obtiendrons un parallélogramme
«OMf dont les côtés f et r sont les projections de F ou, en extrayant tes racines
et de F' et dont la diagonaler est la projection de R. R=.P+Q.
Si donc nous rapportons cette figure contenue dans
le plan V à un point 0 quelconque de ce plan, Il est facile de trouver le point 1 de la barre ri.
nous aurons gide auquel est appliquée cette résultante R en
effet, étudions (Cg. t4) la figure obtenue lorsque tes
M.r=M,/+M.
Mais, par définition, le moment de f par rapport au
point 0 est précisément le moment de F par rap-
port à l'axe UX, nous aurons donc

M~R=M~F+M~F'.·
Prenons maintenanttrois forces angulaires F, F',
F" non situées dans le même plan le théorème
précédent s'appliquera à la résultante partielle
RI de F et de F', puis à la résultante R de RI et
de F", qui est la résultante définitive du
tème des trois forces. On pourra donc écriresys-en
générât
MoxR = M~F+M.,F'+M.,F" +.
quel que soit le nombre des forces et leur disposi-
tion autour du point A. forces P et Q sont encore concourantes, et prenons
/<Ma' $Me. – Si l'on mène par un point 0 pris les moments de P, de Q et de H par rapport au
arbitrairementdans l'espace trois axes de coordon- point 1; le moment de R sera nul, puisque cette
nées rectangulaires OX. OY, OZ, auxquels on
force passe par le centre des moments, et nous
F'
rapporte le système des forces concourantes F, F'
ainsi que leur résultante R, on pourra pro-
jeter cet ensemble de forces sur les trois plans
aurons
(1) PxIK–QxIL=00
ZOY, ZOX, XOY, et le théorèmedes moments pris
par rapport au point 0 s'applique à chacune de ces Si maintenant nous considérons la figure 13. ob-
projections: le triangle ayant 0 pour sommet et tenue lorsque les forces P et Q, tournant autour
la projection de la résultante pour base sera équi- des points A et B, sont devenues parallèles, nous
valent à la somme de triangles ayant même som- voyons que les bras de leviers IK et IL sont en
met et pour base les projections des forces; on dit, ligne droite, et les triangles semblables AIK, BIL
pour abréger, que le moment de la résultante R fournissent la proportion
par rapport à chacun des axes OX, OY, OZ, est IK _AI
égal à la somme algébrique des moments des com- ~ÎB
posantes. On pourra donc tracer sur chacun des IL
plans de coordonnées la projection de la résultante Nous aurons donc, en remplaçant dans (1) les
R, et cette résultante sera connue dès que l'on bras de leviers IK et IL par les lignes AI et IB
aura ses trois projections sur les trois plans de qui leur sont proportionnelles
coordonnées.
Composition des forces parallèles. Pnoposi- PxAI=QXIB,
TtoN 1. DcMa: forces parallèles et de M~ne sens
appliquées aux extrémités d'une barre rigide ont ce qui revient à écrire
M~e r~M«an~p<!)'«Me~a/e!/r<i!)-ec<)07:, de mdme P_IB
sens, égale à leur somme et appliquée à la barre Q~AI
M un point ~Mt partage cette droite en deux
Mj/meMM <!<Mt< inversement proportionnels aux PROPOSITION II. – Deux forces parallèles et de
forces coMtt~UM. sens contraires appliquées aux extrémités d'une
Soient P et Q (nj;. 13) deux forces parallèles et barre rigide ont une résultante égale à leur dt~-
rence, de méme sens quelaplusgrandeet o~/t~M~
en MnpoM< du prolongement de la barre rigidequi
divise cette droite en deux segments soustractifs
inversement proportionnels aux forces <'OK<uëf.
Le système de deux forces parallèles et de sens
contraires peut être assimilé à la limite d'un
système de deux forces angulaires faisant entra
elles un angle très obtus voisin de 180. et dont le
point de concours s'éloigne de plus en plus.
En comparant les deux figures Ii, et 16 on voit

de même sens agissant aux points A et B d'un corps


solide; on peut les assimiler à deux forces angu-
laires dont le point de concours s'est éloigné à
i'inSni on voit donc que leur résultante R doit
être paraltèle à chacune des composantes de plus
elle est égale à leur somme, puisque l'on a
Siladifférence P-Q tend vers zéro, BI augmente
indéfiniment. On voit donc que la résultante du
système de deux forces parallèles rigoureusement
égaies est transportée à l'infini et a une intensité.
égale à zéro. Un pareil système ne peut donc
être remplacé par une force unique. On l'appella
couple. Le bras de levier d'un couple (fig. nj est
la distance AB des deux forces.
~tsmaf~M?. – La somme des moments de l'en-
semble des deux forces qui constituent un couple
s'appelle, pour abréger, moment de ce couple. Il
est facile de voir que le moment d'un couple par
que la résultante R est encore ici parallèle aux rapport à un point du plan de ce couple, ou par
composantes P et Q, et qu'elle est égale a P – Q, rapport à tout axe normal à ce plan, est constant
puisque l'on a dans ce cas et égal au produit de la valeur commune des.
R!=p!< Q9~-2PQ cos )80°== P~+Q'–2PQ, deux forces par le bras de levier.
En effet, soit 0 le centre des moments (flg. 17).
ou
R! = (PQ)'
c'est-à-dire, en extrayant les racines carrées,
R=P-Q
Enfin le théorème des moments fait voir que
cette résultante est appliquée en un point 1 du
prolongement de AB tel que l'on ait
PxIK=QxIL
Mais les triangles semblables AIK et BIL montrent le
proportion- moment de la force P (c'est la force F de la
que les bras de levier IK et IL sont figure ci-contre) est PxOA celui de la seconde
nels aux segments IA et IB; on aura donc force Q (qui est la force F do la Bgure) est
PXIA=QXIB, QxOB; ces deux moments de signes contraires
ou ont pour somme
p IB
Q "1A' (OB-OA)P=PXAB;
d'un couple (S g. 1S)
REMAUQCE. – Si l'on considère deux forces on voit donc que le moment
parallèles et leur ~MK<'?4~,il existe un rapport
constant entre l'intensité de chacune de ces /b) CM
et la droite qui joint les points d'application des
deux f'M<)'M.
En effet, si les forces sont parallèles et de
même sens, on a
P+Q
"F"" AI+BI
IB
ou
~P__Q
IA'
AB IB
Si les deux forces parallèles sont de sens con- est représentépar l'aired'un parallélogrammeayant.
traires, on a la force pour base et te bras de levier pour hauteur
P~Q_AI~BI ou bien encore par l'aire du parallélogramme qui
p = J31 aurait pour bases opposées les deux forces.
PROBLEME. C')!MBO~M' un 'tOM&7'<' quelconque
ou
_[~P _Q
AB"BI AI'
de forces parallèles appliquées à un corps solide.
Soient (fig. 19) les forces F,F',F" appliquées
Cette proposition nous sera utile pour décom-
poser une force en deux autres forces parallèles,
connaissant leurs points d'application.
PRoposmoN III. Le moment de la ffsultante
de deux /brcM paraMe~ par rapport à un point
quelconque de leur plan est égal à la somme
algébrique des moments des composantes.
Nous admettrons ce théorème comme consé-
quence de celui relatif aux moments des forces
angulaires nous considérons en effet les forces
parallèles comme deux forces angulaires dont le
point de rencontre s'est éloigné indénniment, et
la proposition étant toujours vraie, quel que soit
l'éloignement du point de rencontre, est encore
vraie a la limite.
PROPOSITION IV. Deux forces parallèles et de
sens coMfra:)'~ n'ont pas de résultante.
En effet, nous avons trouvé pour la distance BI
BI~ABXp-~Q
aM points A,B,C,D d'un corps solide. Composons ~ppor< un axe est égal à la somme algébrique
d'abord les deux premières F et F'; leur résul- des moments des composrntes.
tante Ht appliquée au point L. devra se composer On donne souvent de ce théorème un autre
avec F", ce qui fournira la résultante Rt appliquée énoncé, qui n'en diffère pas au fond, en introdui-
en L, en continuant ainsi, on obtiendra la résul- sant une déSnition nouvelle, celle du moment
tante dénnitive R appliquée au point L. d'M'ie force par rapport à un plan parallèle à sa
On voit donc que la résultante d'un nombre direction.
quelconque de forces parallèles et de même sens On appelle moment d'une force par rapport
app~M~e~ à </t~?'e?!~points d'un corps solide est à un plan le produit de cette force par la distance
<y<c 4 leur somme, parallèle à leur direction, et de son point d'application ace plan. Ainsi le mo-
a~:< dans le m~me sens que les forces propos4es. ment de la force P (ng. 20) par rapport au plan V
Si les forces parallèles n'étaient pas de même
sens, on composerait en une seule RI les forces
F,F',F",F'" qui tirent d'un côté, puis en une seule
Rt les forces F~Fi'.F~F," qui tirent en sens con-
traire, et l'on aurait ainsi les résultantespartielles
Rt=F+F'+F"+F"+.
R. =Fi+Ft'+F."+?.+.
Alors trois cas peuvent se présenter 1° les ré-
sultantes partielles R~ et Rt sont inégales, elles
se composeront en une seule et l'intensité de la
résultante définitive sera
R=(F+F'+.)-(F,+Ft'+.);
e système de toutes les forces se réduira donc à qui lui est parallèle est égal à P X Aa;
w]e force unique. ce moment
:° Les forces R, reste le même quel que soit le point
etR, sont égales et directement situé sur la direction de P auquel du corps solide
opposées leur résultante est nulle et toutes les pliquée on suppose ap-
forces appliquées au corps se font équilibre. la force P.
Admettant
3° Les forces RI et Rt sont égales, mais non di- moment <& lacette définition, on peut dire que le
rectement opposées; l'en semble des forces pro- rapport à un axe est égal deà plusieurs
résultante
la
forces par
des mo-
posées se réduit à un couple. somme
ments des composantes.
CENTHE DES FORCES PARALLÈLES. Étant donné En effet, prenons le
un système de forces parallèles appliquées à un les de même cas de deux forces parallè-
sens P et soit 0 le point de
corps solide, si /'OK incline successivementtoutes contre du plan V avec la ligne AB qui jointren-
Q

les forces dans différentes direction {~e telle sorte points d'application, les
qu'elles restent toujours parallèles entre elles et nous aurons, en prenant le
co?M?f!;e?:< <eMf~ ~f'aMtteMfs et leurs po:M/s ~'cppH-
moment des trois forces par rapport point 0
au
cohcM, les r~u~a?:<M ~M st/s<pme dans CM a:~ë- RxCO=PXAO+QxBO;
rentes positions passeront toujours par le même
lèles.
Reprenons en effet la composition des forces
parallèles F.F'.F" la première résultante par-
tielle Ri est appliquée au point Lt de AB dont
Ja position ne dépend que des intensités de F et
An
pf)M<. Ce point s'appelle centre des forces pa;'a/- mais les triangles semblables OAa, OBb, OCc,
fournissent les valeurs
OA=OCx~
OB=OCX~ Bb
de F' et nullement de leur direction il en sera OB=OC
de même de la position du point L, d'application
de la seconde résultante partielle Rt, et ainsi de et en substituant ces expressions dans la première
suite. On voit donc que la position du point d'ap- egatité, on trouve, après avoir chassé le dénomi-
plication L de la résultante définitive R restera nateur
'la même, quelle que soit la direction des forces RxC<:=PxAo'+QxB&
.parallèles.
Définition. On appelle centre de gravité d'un On étendrait facilement cette proposition au cas
d'un nombre de forces parallèles.
corps le centre des forces parallèles, qui sont les Il faut bien remarquer que ces moments par
poids de toutes les particules de ce corps.
Moments d'nn système quelconque de forces rapport au plan V ne sont autre chose que les mo-
~)araU6Ies appliquées en divers points d'un corps plan ments des forces par rapport à no axe situé dans le
solide. Projetons le système de forces parallèles V et perpendiculaire à la direction commune
P,Q,S,T, et leur résultante R, sur un plan V pa- aux forces P, Q. En effet,si nouamenons un plan U
rallèle à leur direction; elles se projetteront en perpendiculaire à V et parallèle am forces. les
vraie grandeur. Prenons un point 0 quelconque distances Aa, B&, Ce, se trouvent reportées paral-
culaires p, q, s,
de 8. t,
de ce plan et abaissons de ce point des perpendi- lèlement
que les
à elles-mêmes
forces P et Q,
sur les projections de P, de Q, la figure sur ce nouveau plan
les produits Pp, Q~ R)- représenteront
sur le plan U aussi bien
quand on projette toute
U. Les distances A'<,
les moments des forces P, Q. B&.
R par rapport au point
point 0 ou par rapport à l'axe OX perpendiculaire
sont donc
quelconque
précisément
de
les distances d'un
l'intersection des plans U
et
au plan V, et l'on aura, en considérant les forces plan U, V aux projections
l'on voit
des forces P,Q. sur le
parallèles comme un cas particulier des forces et que les moments par rapport
concourantes, à un plan ne sont autre chose que les moments
par rapport à un axe. La distinction nous parait
Pp+Q?+S~+.=Rr. donc assez inutile; elle nous semble même fâ-
cheuse qu'elle fait perdre de vue la géné-
Ainsi, en donnant des signes convenables au mo- ralité deparcecette proposition de géométrie qui s'ap-
ment, on peut dire encore ici que le moment ofe la plique aussi bien aux forces parallèles qu'aux
résultante ofMM ~<fhM? de forces parallèles par forces concourantes, qu'aux forces dirigées arbi-
trairement dans l'espace si l'on projette sur Décomposition d'une force en d'autres forcer
un plan un système quelconque de forces et sa parallèles. Soit R la force donnée appliquée
résultante, le triangle qui a pour sommet un point en 1 (fig. 13), il s'agit de la décomposer en deux
quelconque de ce plan et pour base la projection autres forces parallèles appliquées aux points A
de la résultante est équivalent à la somme des et B situés sur la droite A1B et de part et d'autre
triangles ayant même sommet et pour bases les du point I. Soient P et Q ces composantes incon-
projections des composantes. nues nous avons déjà trouvé la relation
APPLICATIONS. )° Déterminer la position de la R P _Q~
résultante d'un système de forces parallèles (; l'aide AB~BI~AI'
du théorème des moments.
Si l'on mène un premier plan V parallèle à la elle fournit les intensités P et Q des com-
direction de ces forces P, Q, S, et si l'on mesure posantes quipour
sont alors de même sens que R
leurs distances p, q, s, au plan V, on aura pour le
moment de la résultante
R~=Pp+Q~+S~
BI
Q~ AI

et l'on en tirera Si le point 1 était sur le prolongement de AB (ng. H),


les deux composantes seraient de sens contraires;
_Pp+Q?+S~+. la plus grande serait appliquée en A, qui est le plus
P+Q+S+. voisin de I, et l'on aurait pour les intensités de
ces forces les mêmes expressions que plus haut.
La résultante sera donc située dans un plan pa- On peut se proposer de décomposer une force F
rallèle à Y situé à la distance r. Si l'on mène en trois autres parallèles t", F'\ F'" (fig. 21), dont
maintenant un second plan V' parallèle aux forces,
on aura pour la distance < de la résultante à ce
plan V'
,_Pp'+Q~'+Ss'+.
P+Q+S+.
La résultante R sera donc aussi comprise dans un
plan parallèle à V et situé à la distance r'; R se
trouvera donc à l'intersection de ces deux plans.
2° Déterminer la position du centre des /o)-ce.s
parallèles ou du centre de gravité d'MM co<y~.
SoientA,B,C,les points d'application des forces
parallèles F,F',
rallèles
F"etL le centre des forces pa-
le système à trois plans de
rapportons
coordonnées rectangulaires XOY, XOZ, YOZ, et les points d'application sont B, C, D. Soit A le
désignons par a, b, c les coordonnées du point A, point où la force F coupe le plan BCD; nous sup-
par a', & c* celles de B, par x, y, z les coor- poserons d'abord ce point dans l'intérieur du
données inconnues de L; nous aurons, en prenant triangle BCD. Joignons AB et décomposons F en
les moments de F, F',
rapport plans
F"
YOZ,
et de leur résultante R
XOZ, XOY
deux forces, l'une F' appliquée en B, l'autre R au
point E où AB rencontre le côté DC. Nous décom-
par aux
poserons ensuite la seconde force R en deux autres
Fa + F'a' + F"a" + p;/ et pm appliquées aux points C et D. Comme
F + F' + F" + tontes ces forces sont de même sens, nous devrons
_FA+F'&'+F"6'+. avoir
F=F'+F"+F"
F+F'+F"+.
Fc+F'c'+F~+. Lorsque la force F perce le plan du triangle BCD
"F+F'+F"+. en un point A' situé en dehors du triangle, les
trois composantes ne sont plus dirigées dans le
Si nous supposons un corps pesant de poids P même sens.
formé de n particules de poids égaux à p, nous Composition d'un nombre quelconque de for-
aurons pour les coordonnées du centre gravité ces situées dans le même plan. PROPOSITION.
de
Un système de forces of:f:e~ arbitrairement dans
(a + a' + a') a+<t'+o;"+. un Ht~/Ke plan se réduit toujours à une force ré-
x =p np sultante unique ou à un seul couple.
&+4'+&"+. c+c'+c"+. Soient, en effet (fig. 22), les forces F, F',F~ ap-
n ?:

ses coordonnées sont les moyennes arithmétiques


entre les coordonnées de ses différentes particules.
On en déduit
1° Que le centre de gravité d'un corps qui a un
centre de symétrie est précisémentce centre de
symétrie
2° Que le centre de gravité d'un triangle est au
point de rencontre de ses trois médianes;
3° Que le centre de gravité d'une pyramide est
sur la droite qui joint le sommet au centre de gra-
vité de la base et au quart de cette ligne à partir
de la base.
]\ous ne pouvonsindiquerici tous les théorèmes
remarquables sur les centres de gravité des sur- pliquéesaux points M, M', M" d'un plan choisis-
deux pointsA etB,
faces et des volumes définis géométriquement sons arbitrairementdans ce plan
nousrenvoyons pour les énoncés et les démonstra- et joignons-les au point M; nous pouvons décom-
tions aux traités de statique. poser la force F en deux autres f et fi, dirigées
la ptMM&re mutant MA, la seconde suivant MB en équilibre, il faut et il suffit que les deux con-
de même, joignant M'A, M'B. nous décomposerons ditions suivantes soient
F' en deux autres et et ainsi de suite jusqu'à
/a
fois reMp~t?~
t° p~e la somme algébrique des projections de
<;eque chacune des forces proposées ait été ainsi toutes les forces sur deux axes quelconquestracés
décomposée en deux autres passant l'une par le dans ce plan soit nulle pour chacun de ces axes; g
point A, l'autre par le point B. Le système pro- 2" Que la somme des moments de ces forces par
pose sera alors remplacé par deux groupes de for- ff!pnor<au ~)OM< de rencontre de CM axes Mt~ ~oate ?'
ces: le premier composé des forces
f, f appliquées an point A,
à zero.
En effet, pour que le corps soit en équilibre, y
faut et il suffit que les forces appliquées se rédui-
ilf'
le second des forces sent deux forces égales et directement opposées; ·
/tt /i'! A" appliquées au point B. et lorsque ceci a lieu, la somme des projeclions
et la somme des moments est nulle. Ces condi-
Le premier groupe donnera une résultante uni- tions sont de plus snfBsantes, car si la première
que R), le second la résultante R2, et il ne res- est remplie, les forces ont une résultante nulle
tera plus qu'a composer ces deux résultantes ou se réduisent à un couple mais si la seconde
partielles R~ et R, ai elles ne sont pas parallèles condition est aussi remplie, les forces ne peuvent
et de sens contraire, elles se composeront en une se réduire à un couple par conséquent, si les
seule R qui sera la résultante uMyM? du système deux conditions précédentes ont lieu à la fois, le
proposé; si elles sont parallèles et de sens con- corps est en équitibre.
traire, elles donneront un couple; ennn, si les Composition d'un nombre quelconque de for-
deux forces Ri et R, sont égales et directement ces dirigées arbitrairement dans l'espace.
opposées,les forcesproposées se feront équilibre. PROPOSITIONL Un nombre quelconque de forces
tiectar~Me. – La décomposition précédente de peut toujours se réduire à trois forces appliquées
chacune des forces proposées en deux autres en <<'OM points donnés à volonté dans le co)'
f et /t n'altère ni la somme des projections de En effet (fig. 23) soit F l'une des forces données
ces forces sur un axe quelconque, ni la somme
<ie leurs moments par rapport à an point quel-
conque du plan. De même, lorsque l'on com-
pose en une seule toutes les forces appliquées
aux points A et B, la somme des projections et la
somme des moments est conservée on conclut
de là les deux propositions suivantes
1° Lorsque l'on a réduit à une seule force ou à
un couple l'ensemble de plusieurs forces situées
dans nn même plan, la projection de la résultante
ou du couple résultant sur un axe quelconqueest
égale à la somme algébrique des projections des
forces proposées sur ce même axe
2* Le moment de la résultante ou du couple appliquée au point M; joignons ce point trois
résultant par rapport à nn point quelconque du pointe arbitraires A, B. C. et décomposons la force
plan des forces est égal à la somme algébrique
des moments des forces proposées.
PROBLÈME 1. Déterminer la résultanteunique
d'un système <~< forces dirigées ahtM ~< mAne plan.
F en trois autres dirigées suivant MA, MB, MC;
faisonsde même pour les autres forces F', F",
Nous aurons en dénnitiM un premier groupe de
F'
On tracera dans leur plan deux axes rectangu- forces appliquées en A, un second en B, un troi-
laires OX, OY, et l'on décomposera chacune des sième en C. Chacun da ces groupes donnera une
forces en deux autres dirigées parallèlementà ces résultante unique, et nous obtiendrons ainsi une
force R appliquée en A. une force R' appliquée en
-axes; la summe algébrique de ces projections B, et une force R" passant par le point C. La ré-
.suivant OX, sera duction d'un système quelconque de forces & trois
Xt = F cos a + F' cos a' + sera donc effectuée.
PROPOSITION Il. Un Kom&t-e quelconque de
celle des projections suivant OY sera forces peut toujours se réduire à deMa; dont /<?!<'
Y, = F sin a + F' sin &' + passe par un point donné. Réduisons d'abord
le système proposé à trois forces R, R', R" appli-
~t la grandeur de la résultante R serr. quées aux points A. B, C choisis arbitrairement.
Menons un pian par ta force R' et ie point A (Bg. 24),
R==~X,'+Yt*.

XI
Sa direction sera donnée par les deux égalités
eosa=~, sina=~
si'na=yl
B
n

a étant l'angle que fait R avec l'axe OX.


Quant à sa position dans le plan, elle sera don-
née par le théorème des moments. On calculera
la somme des triangles ayant pour sommet com-
mun le point 0 et pour base les forces; ce sera
la surface du triangle ayant pour base la résul-
tante, et l'on en déduira facilement la hauteur.
Alors du point 0 comme centra avec cette hau-
teur pour rayon on décrira un cercle, et la résul-
taate sera la tangente à ce cercle parallèle à la un second plan par la force R'' et le point A; ces
direction trouvée plus haut et dont le moment a deux plans se couperont suivant la droite AD
le signe convenable. choisissons sur AD un point A' quelconque et
PROPOSITION. ~'OMf qu un corps sollicité par traçons les lignes AC, AB, puis A'C et A'B. La force
p~!CMM forces situées dans un même plan soit R' pourra se décomposer en deux autres que i'bm
signe indique la somme de quantités analo-
transportera l'une en A, l'autre en A'. On peut de
même décomposer la force R" en deux autres di-
le
h
ggues à celles qui suivent; F veut dire projection
rigées suivant les prolongements de AC et A'C et
transporter ces composantes aux points A et A'.
dde F sur ox M veut dire moment de F par rap-
On n'auradonc plus en définitive que deux groupes port à ox.
F
de forces appliquées aux points A et A'; le premier Cas où le corps est mobile autour d'un point
groupe se réduira à une seule force RI et le se- tfixe. S'il y a dans le corps un point fixe choisir autour
cond groupe à une seconde force R~ nous aurons duquel
d il puisse tourner librement, on peut
donc achevé la réduction à deux forces RI et Rz du cce point fixe pour le point d'application de la ré-
système de forces appliquées au corps solide. Il ssultante partielle RI; cette force est alors dé-
est important de bien se rappeler que l'une des ttruite par la résistance du point fixe supposée
résultantes partielles Rt passe par le point A indéfinie.l Pour l'équilibre il faudra que la se-
choisi arbitrairement. conde résultante partielleR~ passe également par le
Remarque. Lorsqu'on réduit un système de réduire point
1 A; en d'autres termes, les forces doivent se
forces d'abord trois, puis à deux résultantes r L'intensité à une seule passant par le point fixe A.
partielles comme nous venons do le faire, on n'al- de cette résultante totale est indiffé-
tère ni la somme des projections des forces sur rente r pour l'équilibre à cause de la résistance du
point la seule chose importante,c'est cette
un axe, ni la somme des moments. On peut donc lfforce passe par le point fixe. On voit doncque
fixe;
que les
dire premières équations d'équilibre, qui fournis-
1° Que la somme des projections sur un axe trois
t
ssent simplement
quelconque des résultantes R; et Ra est égale a fournissent l'intensité de la résultante, ne
ta somme des projections des forces primitives f pas de conditions auxquelles les for-
2" Que la somme des moments de ces deux ré- <ces
doivent satisfaire pour qu'il y ait équilibre il
sultantes Rt et Ra par rapport à un axe quelcon- 1ne reste plus que les trois équations des moments
qui fournissent l'aire et la positiondu triangle ayant
que est égaie à la somme des moments de forces (te point A pour sommet et la résultante pour base.
proposées. égale à zéro puisque
PROPOSITION III. Pour que des forces ~MeMO' 1Ce triangle doit avoir uneleaire
ques appliquées à un corps solide se fassent équi-jections sur les
la résultante passe par point A ses trois pro-
libre, il faut et il suffit: J trois plans de coordonnées doivent
f Que la somme des projections des /'or<'e~ iêtre
propo~'M sur un axe quelconque soit égale à z~t'o; doivent
également
remplir
nulles,
les
les
forces
seules
se
conditions
réduisent donc à
que

2" Que la M~me moments de ces forces par :M~F=0,SM~F=O.IM~F=0.


rapport M):a;Ee quelconque soit également nulle.
D'abord ces deux conditions sont nécessaires, Ainsi, quand un corps est mobile autour d'un
car si les forces F, F', F* se font équilibre, les ré- point fixe, il faut et il suffit pour l'équilibre que
sultantes RI et Rz doivent Être égales et directe- iIla somme algébrique des moments des forces par
ment opposées; la somme de leurs projections
celle de leurs moments sont donc séparément p
et
rapport à froM axes rectangulairespassant par le
point soit nulle pour chacun d'eux.
égales à zéro. Cas où le corps est mobile autour d'un axe
En second lieu ces conditions sont suffisantes fixe. Supposons le corps mobile autour d'un
en effet, lorsque la première condition est satis- nxe le long duquel il ne peut glisser, et en
faite, les deux résultantes partielles Rf et R; sontaxe équilibre sous l'action de forces quelconques
égales, parallèles et dirigées en sens contraires nous choisirons pour le point d'application A de la
elles se détruisent donc ou bien forment un cou- résultante partielle Ri, lequel est arbitraire, un
pie mais si la seconde condition est aussi remplie, point situé l'axe fixe; cette force se trouvera
sur
RI et Rf ne peuvent former un couple. Donc lors- détruite, et il est clair que la seconde résultante
que les deux conditions précédentes ont lieu à la partielle R, doit rencontrer aussi cet axe, sans quoi
équilibre,
fois, Rf et R, tiennent le corps en et il le corps ne serait pas en équilibre. Ainsi dans le
des forces proposées qui forment
en est de même cas actuel les deux résultantes partielles R, et R,.
un système équivalent. On rapporte doivent rencontrer l'axe de rotation peu importent
Des six équations d'équilibre. leurs intensités, l'axe se chargera de détruire ces
ie corps et les forces qui le sollicitent à trois forces en leur opposant une résistance indéfinie
axes de coordonnées rectangulaires ox, oy, oz; donc les trois sommes de projections peuvent être
il est facile de voir que si la somme des projec- quelconqueset les trois premièreséquations d'é-
tions des forces sur ces trois axes est séparément quilibre peuvent être laissées de côté, elles ne
nulle pour chacun d'eux, la somme des projec- fourniront aucune condition. Il n'en est pas de
tions sur un axe quelconque sera certainement même des équations des moments. Si l'axe fixe a
nulle; de même si la somme des moments des été choisi pour l'axe M;, les moments des for-
forces appliquées est nulle pour chacun de ces ces Rt et R, par rapport à ox doivent être nuls,
axes, la somme des moments de ces forces pour puisqu'elles rencontrent toutes les deux l'axe, et
un axe quelconque sera nulle également. c'est la seule condition qu'elles doivent remplir,
Les conditions que doivent remplir les forces car peu importe leur disposition par rapport aux
appliquées à un corps pour tenir ce corps en deux
équilibre ne sont donc pas en nombre infini; La autres seule
axes.
condition d'équilibre est donc
elles sont au nombre de six, savoir
S M F=0.
La somme des projections des forces sur <M; == 0 oz
– – c.t/~00 Ainsiquand un eO!?Mp<'M<?M tournerautour
oz = 0. tfMH fixe fixe, t! faut et il suffit p&Mf l'équilibre
La somme des moments par rapport à. 0~=0 0
que la somme algébrique des moments
ox = 0 données
par rapport à cette droite soit
des forces
égaleà zéro.
oz=0. Si le corps pouvait glisser le long de l'axe ox,
les résultantes Rt et R~ ne tiendraient le corps
On les écrit en abrégé de la manière suivante en équilibre que si chacune était perpendiculaire
à cet axe il faudrait pour l'équilibre que l'on eût
SF =0,SF ==0,SF =00 une seconde condition
-SM~Lo,XMj=0,EM~F=0; SF~O.
?*e~a'!fe que la somme o~e~-t'~Me des pro-
iections des forces ~OKN~' ~M)' /<! f/)'o:'<e le long
de ~~Me//c <e eot-p~ ~M< ~/MM?- /K< égalez~'o.
Cas où le corps est assujetti à s'appuyer sur
on plan fixe. Si nous supposons qu'aucun
frottement ne 3'exerce entre le corps et le plan, il
faudra qne toutes les forces se réduisent à une
seule. perpendiculaire au plan d'appui; son inten-
sité du reste peut être quelconque, car le plan
étant inébranlable détruira toujours cette force.
Ainsi la somme algébrique des composantes per-
pendiculaires au plan peut avoir une valeur arbi-
traire, mais la somme des composantes parallèles
au-plan doit être nulle, sans quoi le corps glisserait
sur le plan. Cette idée fournit les conditions d'é- comme dans les figures 25 et 26,
quilibre qui en sont la traduction algébrique. ou bien sur le
Prenons pour plan des axes ox et oy le plan fixe, prolongement de cette ligne (Bg. 27); les deux dis-
et pour troisième axe la perpendiculaire oz à ce
plan si nous projetons toutes les forces sur ox et
sur oy, la sommedes composantes de chacun de ces
groupes doit être séparément nulle, ce qui s'écrit
en abrégé
IFM=0, SF =0;
Ojf
d'autre part, la résultante étant perpendiculaire
au plan xoy donnera sur ce plan une projection
égale à zéro, et son moment par rapport à l'axe oz
sera nul; il doit donc en être de même de la Fig. 28.
somme des moments des forces primitives, et la positions ci-contre portent le nom de levier du
troisième condition que doivent remplir ces forces mier genre (Ng. 25), levierdu second genre (fig. pre-
27).
pour qu'il y ait équilibre doit être
2M F=O
M
Ainsi pour qu'un corps qui repose ~Mf Mt plan
fixe soit en équilibre sous ~achoM de plusieurs
forces, il faut 1° que la MN:me des projections
des forces données sur deux axes rectangulaires
tracés dans le plan fixe soit nulle séparément
pour chacun de ces axes; 2° que la somme de leurs
moments par rapport à un axe perpendiculaire
au plan soit éga a z~ro.
Machines simples.
On appelle machine un corps ou un ensemble CoMmON D'~QFtUBRE. Lorsqu'un levier est
de corps gênés dans leurs mouvements par des sollicité par f/eMiE forces, il faut et il suffit pour
obstacles fixes et au moyen desquels on peut qu'il y ait équilibre 1" que les deux forces et le
mettre en équilibre des forces de grandeur et de point d'appui MMK< dans ~H même p~SM; 2° que
direction quelconques. leurs intensités soient en raison inverse de leurs
Pour que les forces appliquées à une machine se 6fM<aKC~ oM point fixe; 3° que ces forces tendent à
fassent équilibre, il n'est pas nécessaire que leurs faire tourner le levier Mt sens contraire autour de
résumantessoientnuiles,il suffit queces résultantesce point /M.
soient dirigées vers les obstacles qui les détrui- En effet la résistance opposée par le point Bïe
sent par leur résistance supposée indénnie. tient lieu d'une force R' appliquée au corps en ce
Une machine est simple lorsqu'elle est formée point, et cette force R' jointe aux forces P et Q
d'un seul corps solide. On distingue ordinairement doit tenir en équilibre le corps supposé entière-
trois machines simples, d'après la nature de l'ob- ment libre. On voit donc que les forces P et Q
stacle qui gêne le mouvement du corps. Ce sont: doivent avoir une résultanteunique R égale et di-
1° le levier, 2° le tour, 3° le plan incliné. Dans rectement opposée à la réaction R' du point fixe
le levier l'obstacle est un point fixe dans le tour cette résultante R doit donc passer par le point
,c'est un axe fixe; dans le plan incliné l'obstacle est nie 0 et son moment par rapport à ce point étant
un plan inébranlable contre lequel le corps s'ap- nul, la somme algébrique des moments des force,
puie et sur lequel il peut seulement glisser. P et Q l'est aussi. On doit donc avoir
Une machine composée est un ensemble de ma- PxOC–QxOD~-O,
chines simples liées entre elles; elles sont très nom-
bi euses et leur dispositionvarie à l'innni suivant le ce que l'on écrit
genre de travail auquel on les destino. Nous n'é- PX.P=Q?;
tudierons ici que les machines simples, et au lieu
de les considérer en mouvement, nous nous borne- les perpendiculaires OC = p, OD = q abaissées
rons pour l'instant au cas où elles restent en repos du point nxe sur les directions des forces P et Q
sous l'action des forces appliquées. s'appellent bras de levier de la puissance et de la
l* Levier. Un levier est une barre AB (fig. 25) résistance. Il est clair que si p =?. on doit
dont les extrémités sont sollicitées par deux forces avoir P = Q. C'est le principe sur lequel on s'ap-
et qui est mobile autour d'un point nxe 0 appelé puie pour peser un corps à l'aide de la balance or-
point d'appui du levier. L'une de ces forces P dinaire.
s'appelle puissance, l'autre Q est la résistance le CHARGB DU POINT D'APPUI. Elle n'est autre
point d'appui 0 peut se trouver entre les deux chose que la résultante R des forces P et Q trans-
points A et B d'application des deux forces P et Q, portées parallèlement à elles-mêmes au point 0.
La balance est un levier du premier ces poids marqués représente exactement
le poids
BALANCE.
genre qui sert comparer le poids d'un corps à du corps. cylindre
l'unité de poids, c'est-à-dire au gramme. 2' Tour ou Treuil. Le tour est untourillons
Elle
se compose (fig. 28) d'une barre rigide appe- horizontal (8g. 29) mobile autour de deux

qui reposentsur des coussinets. Une corde enroulée


sur le cylindre porte à l'une de ses extrémités un
poids, et, pour faire monter le poids, il suffit de faire
enrouler la corde
tourner le cylindre de manière àcylindre
qui le soutient. A cet effet le porte une
roue de rayon beaucoup plus grand, et l'on tire sur
une corde qui passe dans la gorge de cette roue.
Dans le treuil des puits (fig. 30), l'Me de l'un des
lée fléau, traversée en son milieu 0 par un couteau
1.:

d'acier qui fait saillie des deux côtés et qui repose


par ces extrémités sur un obstacle le fléau du
peut
tourner librement autour de l'arête mousse cou-
teau. Ce fléau porte a ses deux extrémités A et B, à
l'aide de cordons et de crochets, deux plateaux
destinés à recevoir les poids marqués et le corps
qu'il faut peser; les distances AO, BO sont les deux
bras de levier du fléau. Perpendiculairementà sa
longueur le fléau porte une aiguille qui oscille en
même temps que lui; l'extrémité de cette aiguille
parcourt un petit arc de cercle gradué, et le zéro
de la graduation correspond à la position verticale
de l'aiguille et par suite à la position horizontale
du néau.
Pour faire une pesée, on place le corps dans
un des plateaux, et des poids marquéslibrementdans l'autre
jusqu'à ce que l'aiguille revienne au
zéro. Quand on a par tâtonnements obtenu cet
état d'équilibre, la somme des poids marqués tourillons fou se prolonge, se coude deux fois à angle
donne )e poids du corps. dr[ et forme la manivelleà laquelle est appliquée
droit
CONDITIONS DE JUSTESSE D'UNE BALANCE.
gravité de la partie
laforce de traction des mains32),delal'homme.
Il faut la
mobile, tre
Dans le
1" OM? le centre de treuil des carriers (fig. 31 et grande roue est
c'est-à-dire du fléau et des bassins, soit situé sur
la perpendiculaireà la ligne droite AOB qui joint
les trois points de suspension; 2° que les <Muj: bras
de levier du fléau soient rigoureusement~aM:r.
VÉRIFICATION D'CNE BALANCE. On l'abandonne
à elle-même, les plateaux étant vides; si, après
quelques oscillations, l'aiguille vient se placer au
zéro, la première Condition de justesse est rem-
plie et le centre de gravité du fléau est convena-
blement placé. S'il n'en est pas ainsi, on corrige ce
défaut en roulant une petite feuille de plomb ou
d'étain autour du bras de levier qui est trop léger.
On place ensuite dans les plateaux deux poids
que l'on règle de telle sorte que l'aiguille e'arrete
au zéro. L'équilibre étant établi, on transporte
dans le plateau de droite le poids qui était à gau-
che et vzce versa; si l'aiguille est encore au zéro,
on peut affirmer que les bras de levier sont égaux.
MÉTHODE DES DOUBLES PESÉES. On peut avec
une balance qui n'est pas juste faire une pesée
exacte, en procédant comme il suit
On place le corps à peser dans l'un des plateaux
et on lui fait équilibre avec de la grenaille de
plomb placée dans l'autre on enlève le corps et
on le remplace par des poids marqués jusqu'à ce
que l'aiguille revienne au zéro. Alors la somme de
celui d'un corps MN de poids Q tenu en équilibre
par une force P parallèle au plan incline nous
pouvons décomposer le poids Q en deux autres for-
ces, l'une normale au plan incliné, l'autre parallèle
à sa longueur; QQ", qui est la composantenormale,

sera détruite par la résistance du plan, et la force


de traction P devra seulement faire équilibre à la
normale composante IQ" parallèle au pian. (;at- 1-
nuions donc IQ" Les triangles sembtabfes IQQ" et
ABH fournissent la proportion
)Q"_Hf)
'~F ~XH
munie de chevilles sur laquelle montent les qui donne
hommes de la manoeuvre la force motrice est le
poids de leur corps.
-Q-Q~.
IQ' AilQ
CONDITION D'ÉoctUBKE. Pour qu'une force mo-
trice F appliquée à un treuil tienne en équilibre On doit donc avoir pour l'équilibre
un poids P, il faut qu'en multipliantF par le rayon Bu.
de la roue et P par le rayon du cylindre, on ob-
tienne deux produits égaux. En d'autres termes
la force motrice doit être aupoids soulevé comme de là résulte l'énoncé suivant
le rayon du e.'y/tndre est au rayon de la roue ou
de la manivelle. CONDITION D'ÉQOHIME. Lorsque la direction
En effet, un treuil est un corps solide assujetti de la puissance est parallèle «« plan tnc~n~, l'in-
à tourner autour d'un axe nxe il faut donc pour tensité de cette pMtMa~ce est au poids du corps
l'équilibre que la somme des moments des forces qu'elle tient en équilibre sur le plan comme la
appliquées, par rapport à cet axe, soit égale à zéro. hauteur du plan est à sa ~on~MeMf.
Soit R le rayon de la roue, r celui du cylindre, on Nous venons d'exposer dans cet article les prin-
doit avoir: cipes généraux de la composition des forces; nous
Pr=FxR, en avons déduit les conditions que doivent remplir
les forces appliquées à un corps solide pour qu'il
y ait équilibre; enfin nous appliqué ces
et l'on voit que dans les roues de carriers le poids principes généraux au cas desavons machines les plus
de deux ou trois hommes peut suffire pour faire simples. C'est le résumé rapide de la première
équilibre à celui de pierres énormes. partie de la mécanique. Il nous reste à exposer
La résultante des forces P et F rencontre l'axe les principes généraux de la dynamique et à étu-
et est détruite par cet axe. Si on la décompose en dier, comme application de ces principes, les ma-
deux autres appliquées aux points m' et m", mi- chines à l'état de mouvement, c'est-à-dire les
lieux des tourillons (ng. 29)j on a la charge qu'ils chines produisant un travail industriel. C'estma-
ce
supportent, et les forces R' et R" égales et oppo- que nous ferons dans un second article au mot
sées sont les réactions de ces tourillons; ces forces Travail des forces. '<b rE. Burat.1
en tiennent lieu et le treuil supposé libre est en MÉNCAMENTS.–Hygtëne,XVI. L'hygiène
équilibre sous l'action des forces P, F, R' et R" doit se garder d'empiéter sur le domaine de la
auxquelles il convient d'ajouter le poids H de l'ap- médecine. La prescription des remèdes n'est pas
pareil appliqué en son centre de gravité G et qui de son ressort. Mais, pour apprécierl'état de santé
n'est pas du tout négligeable. et de maladie, l'hygiénistea besoin de savoir ce
3° Plan incUnt. – Cette machine simple est qu'on entend par ces mots, il est obligé d'acquérir
formée d'une surface plane résistante inclinée à quelques notions élémentaires sur le mode d'inva-
l'horizon et sur laquelle un corps est assujetti à se sion, les symptômes et le traitement général des
mouvoir. affectionsles plus communes. L'hygiène doit ser-
Soit AB (Bg. 33) la ligne de plua grande pente du vir à mettre en garde contre les tes pré-
plan incliné, c'est-à-dire la perpendiculaire aux ho. jugés qui forment le fond de ceerreurs,
que l'on dit et
rizontales de ce plan, AH la projection horizontale fait dans la pratique domestique de la médecine.
de cette ligne, BH le fil plomb mené par l'extré- Il est donc utile, nécessaire même, de connaître
mité la plus étevëe on dit que sommairement ce que c'est qu'un médicament ou
AB est la longueur du plan un remède et comment ils agissent. De saines no-
AH est la base –– tions sur ce sujet préviendront beaucoup d'impru-
BH est la hauteur dences et de malheurs, c'estia do la bonne hygiène
Lorsque le médecin a interrogé, examiné le ma.
et l'on appelle inclinaison du plan l'angle BAH lade, établi son diagnostic, c'est-à-dire classé,
que fait avec l'horizontale la ligne de plus grande étiqueté pour ainsi dire la maladie, il ne se posa
pente. pas cette question: quel est le remède? mais bien
Considérons seulement le cas le plus simple. celle-ci quel traitenzent et quelle médication
vais-je adopter? UMt alors son plan ce campa- causé une accélération fiévreuse de la circulation,
gne, sauf à le modifier selon les circonstances. si nous opposons une impression capable
Aussi, comme un général d'armée, se trouve-t-il contre-balancer la première, nous aurons appliqi~ ,j
quelquefois dans la nécessité de choisir entre ces avec succès un remède. Mais il y a plusieurs
trois résolutions battre en retraite tout en sur- moyens d'obtenir cette impression médicatrice
veillant l'ennemi, s'abstenir en attendant les évé- plusieurs remèdes la produisent à des degrés di-
nements, agir et sonner la charge. Le médecin vers et avec des effets accessoires variés. Il y aura
choisit entre l'<:&~e~:<M, l'expectative et le irai- donc un choix à faire: c'est une question de dé-
<f;H!<M< <!C< tail. L'important est d'établir tout d'abord quelle
L'abstention est parfois le seul parti sage, quoi- nature d'impression et par conséquent quelles
qu'il déplaise aux malades, car certaines maladies modifications de fonctions ou de manière d'être
constituent un bien relatif, au moins pour quelque nous voulons obtenir c'est en cela que consiste
temps, préviennent des accidents plus dangereux la médication.
qui prendraient le dessus par suite d'une inter- Ces principes étant bien établis, nous allons
vention intempestive. L'expectative, très mal vue passer rapidement en revue les principales mé-
des malades et de leur entourage, est le parti le dications et les remèdes les plus importants dont
plus sage dans un grand nombre de cas où il suffit elles disposent.
d'interpréter la nature et de surveiller la réaction Médication tonique. Elle a'pour but de sti-
toute physiologique qui constitue la maladie. L'in- muler les fonctions, d'accroître la force, le volume
tervention active une fois résolue, il reste à fixer le de certains organes, afin de rétablir l'équilibre
mode de traitement et la nature de la médication. vital qui constitue la santé. Tout ce qui contri-
Le traitement pourra être purement hygiénique, bue à ce résultat est un tonique aussi les plus
préventif, préparatoire,radical ou palliatif, général importants sont-ils les aliments, la lumière, l'exer-
ou local, interne ou externe, rationnel ou empiri- cice. Rien ne peut remplacer ces agents naturels.
que. Expliquons ces deux dernières expressions. Le fer, par exemple, ce reconstituant dont on
Si le siège et la cause d'une maladie sont bien exagère singulièrement les vertus, n'est utile que
connus, s'il n'y a aucune hésitation dans le dia- comme adjuvant des moyens hygiéniques que nous
gnostic, le traitement est dit f<!t:OKM/, parce qu'il
il venons de mentionner.
agit en pleine connaissance de cause et d'une On attribue à quelques toniques tirés du règne
'façon presque mathématique, au moyen d'agents végétal la propriété d'augmenter la force de résis-
dont il connaît le mode d'action. Mais dans le cas tance vitale par une action spéciale sur le système
contraire, et en attendant de pouvoir établir un nerveux. De ce nombre sont le Quassia, le Mar-
traitement rationnel, on peut employer des moyens ronnier d'Inde, la Gentiane, la Centaurée, la Chi-
dits empiriques dont l'effet a été constaté sans corée sauvage, etle Quinquina, que remplacenttrès
qu'on en ait trouvé l'explication. Le traitement bien, à ce point de vue, nos plantes indigènes.
empirique s'adresse aux symptômes et combat Médication astringente. Elle complète Mu-
surtout l'élément douleur. vent la médication tonique en excitant la vitalité
Enfin il est un autre traitement qui s%ul accom- des tissus, en resserrant les trames relâchées.
plit presque des miracles et qui contribue puis- Elle emploie les végétaux riches en tanin écorce
samment au succès de tous les autres, c'est le de Chêne, Cachou, Ratanhia, Bistorte, Noyer des
traitement MM)'a~. Personne ne conteste l'influence sels de Plomb, l'Alun, etc.
.des passions, de l'imagination sur le fonctionne- Médication excitante. Son but est d'occasion-
ment de nos organes. Un élève de Boerhaave fut ner une exaltation de la vitalité, une sorte de
utilise les plantes
obligé de renoncer à la médecine parce qu'il fièvre éphémère. Pour cela, elle
éprouvait, à courte échéance, les symptômes des aromatiques Anis, Angélique, Thym, Mélisse,
'maladies décrites par le savant professeur. Nos Menthe, Sauge, Camomille, Arnica, Gingembre,
anciens rois guérissaient les scrofuleux par l'im- Cannelle, Girofle quelques autres saM arome,
position des mains dans le même temps, on comme le Raifort sauvage, le Cresson elle emploie
faisait disparaître certaines tumeurs en y appli- encore la Chaleur, l'Alcool,le Thé, le Café. Lors-
quant la main desséchée d'un pendu. Tout I? qu'il s'agit d'influencer spécialement les mem-
monde connaît les succès extraordinaires des pi- branes muqueuses, surtout celles des bronches,
tutes de mie de pain. Le courage diminue la gra- on choisit les balsamiques Térébenthine, Gou-
vité des maladies et en abrège la convalescence dron, Soufre, Genièvre, Benjoin, baume de Tolu.
la joie cause d'heureuses modifications dans la Pour augménter la sécrétion urinaire, on admi-
circulation et le fonctionnement des nerfs « les nistre la Pariétaire, la Scille, l'Asperge, le Nitre,
joyeux guérissenttoujours, f disait AmbroiseParé. qui possèdent des propriétés diurétiques bien
Les modificateurs moraux sont donc, entre les établies. Enfin, pour obtenir une abondante sécré-
mains du médecin, de puissants auxiliaires; c'est tion de la peau, on prescrit les sudorifiques
à lui de les choisir selon les circonstances,pour Gayac, Salsepareille, Sassafras, etc.
en obtenir les plus grands effets. Lorsqu'on a en vue de donner du ton, de l'éner-
Le nombre des remèdes est considérable et va gie aux muscles, on a recours & des remèdes dits
chaque jour grandissant, en attendant qu'une ex- e.KCttatpttt' dont les plus utiles sont la Noix vo-
périence plus mûre, des observations exclusive- mique, l'Ergot, l'Électricité, le Massage,lit Gymnas-
ment scientifiques, permettent de restreindre cet tique.
appareil encombrant dont s'embarrasse la méde- Met~caft'oM irritante. Elle repose, en grande
cine actuelle. Mais si les remèdes sont presque partie, sur des hypothèses, et même des préjugés.
innombrables, il n'y a, heureusement,qu'un petit Que l'on emploie des Alcalis, des Acides ou de la
nombre de médications. Moutarde pour produire une légère inflammation
Un remède n'est point une substance qui, in- superficielle qui stimule le système nerveux et
troduite dans nos organes, y pourchasse un prin- augmente la circulation capillaire, rien de mieux,
cipe morbide, le neutralise ou le tue. Quelques ce procédé peut rendre de grands services. Mais
contre-poisons et les remèdes antiparasitaires espérer qu'une mouche de Milan, ou tout autre
agissent seuls de cette façon. On entend par re- <;M)'Ma< posé sur le bras, y attirera de préten-
mède un agent capable de produire sur nos or- dues /tMmeM<'ï qui causent un mal d'oreille, rien
ganes certaines impressions qui en modifient les de moins fondé en théorie comme enplus pratique.
fonctions, la manière d'être, de même que les L'action du vésicatoire n'est pas non celle
causes de maladie ont été pour eux des sources qu'on lui attribue d'ordinaire le liquide qui s'y
d'impressions pertubatrices. A l'impression qui a necumuie provient exclusivement des vaisseaux ca~-
pillaires et jamais d'épanchements profonds Médication antispasmodique. Son objet con-
comme celui de la pleurésie. Quant à la cautéri- siste à calmer les surexcitations nerveuses. Elle
sation, elle rend d'incontestables services en dé- y réussit au moyen de la Valériane, de l'Assa-
truisant les tissus désorganisés et en provoquant, fœtida, du Musc, du Camphre, du Tilleul, de ta
dans les parties encore saines, une vive circulation fleur d'Oranger, de l'Ëther, du Chloroforme. Ces-
qui favonse la formation d'une cicatrice. deux derniers agents, employés à dose un peu
Médicationaltérante. Il fallait un terme vague forte, constituent des anesthésiques; non seule-
pour exprimer quelque chose d'assez mal défini. ment Ils calment les nerfs, mais ils produisent
L'expérience a indiqué que le mercure, l'iode, l'insensibilité leur emploi prolongé amènerait la
l'arsenic, les sels alcalins, agissent sur toute mort par asphyxie.
l'économie en ralentissant la nutrition et la for- –
Médication stupéfiante. Elle m'emploie guër&
mation de produits accidentels ordinairement in- que les narcotiques, qui agissent puissammentsur
flammatoires. La médication altérante exige une le système nerveux ce sont la Belladone, la Jus-
surveillance minutieuse,sous peine de produire de quiame, le Datura stramonium, le Tabac, la Mo-
véritables maladies qu'il faudrait combattre en- relle, le Pavot, et surtout l'Opium avec tous ses dé-
suite par un long usage des toniques et des rivés, Morphine, Laudanum, etc. La médication
agents hygiéniques. stupéCante exige les plus grandes précautions,
Médication évacuante. Elle comprend les vo- surtout chez les enfants. On a vu une seule goutte
mitifs et les purgatifs. Les vomitifs sont destinés de Laudanum tuer un enfant à le mamelle.
quelquefois à vider rapidement l'estomac, par Médication antiparasitaire. Elle s'adresse a.
exemple dans les cas d'empoisonnement; mais le un ennemi connu, déterminé, qui a élu domicile
plus souvent on ne désire utiliser que leur actio* à la surface du corps ou dans l'intérieur des orga-
sur le système nerveux, ce sont le Tartre stibié nes. Ses principaux moyens d'action sont le Sou-
(émétique), l'Ipécacuanha, la Violette, le Nar- fre, la Staphisaigre, le Borax, le Mercure, l'Arsenic,
cisse, etc. la mousse de Corse, le Semen-contra, la Santonine,.
On peut séparer les purgatifs en deux grandes la Fougère mâle, la Suie, etc. Cette médication
classes les sels de soude, de potasse, de magné- devient chaque jour plus importante, parce qu&
sie, qui produisent une exsudation de t~'MM des l'on croit pouvoir attribuer à la présence de para-
vaisseaux capillaires,en même temps qu'une stimu- sites microscopiques, végétaux et animaux, un.
lation de l'intestin; et les agents irritants qui ren- certain nombre de maladies dont la nature était
dent beaucoup plus actifs les mouvements naturels inconnue.
de l'intestin et causent un véritable catarrhe de la Médication spécifique. Certains agents comme
muqueuse dont il est tapissé, ce sont les huiles les poisons, les virus, produisent toujours des
de Croton, d'Epurge, de Ricin; le Jalap, l'Aloès, désordres identiques dans des organes déterminés
la Coloquinte, le Séné, la Rhubarbe, le Nerprun, il y a aussi des médicaments qui jouissent d'une
le Sureau, les fleurs et les feuilles de Pêcher, la sorte de faculté d'élection et agissent spécia-
Manne, le Calomel, etc. Notons toutefois que la lement sur certains organes ou combattent,
purgation, c'est-à-dire la sécrétion liquide de l'in- à coup sttr, certaines maladies, sans que noua-
testin ne provient pas toujours d'une irritation puissions expliquer leur mode d'action; on leur
directe causée par les purgatifs et peut se pro- donne le nom de spécifiques tels sont la Quinine,
duire par une simple action nerveuse; peut-être dans le traitement des fièvres intermittentes, 1&
les deux effets se combinent-ils toujours après Mercure, dans celui de plusieurs maladies de la
l'ingestion d'un purgatif. peau. L'idéal de la médecine serait d'avoir pour
Quel que soit l'agent employé et son mode chaque maladie un spécifique, en attendant de
d'action, la liquide rejeté par 1 intestin provient comprendre comment il agit. La médecine popu-
du sang; de là cet adage purger, c'est saigner. laire voit un spécifiquedans tous les remèdes, et
0~ distingue ordinairement trois classes de pur- ne demande point à comprendre.
gatifs les 7a.M<t~, dont l'action douce ne cause Maintenant que nous avons quelques notions
aucun trouble général, tels sont la Manne, le justes sur les maladies, médecine les médications et les
Miel les drastiques, qui opèrent avec énergie, remèdes, revenons à cette popf/a~'e qui
violence même, et dont les effets se font sentir vante encore les a remèdes de précaution », les
dans toute l'économie de ce nombre sont « remèdes qui ne font pas de mal s'ils ne font
l'huile de Croton, la Coloquinte, la Bryone, le pas de bien et les fameuses recettes transmises
Jalap; les cathartique., comme le Séné, l'huile de père en fils, surtout de mère en fille,
de Ricin, tiennent le milieu entre les laxatifs et avec la foi aux rebouteurs et aux sorciers.
les drastiques. Cette division n'a rien de bien Le temps n'est pas loin où l'on croyait indis-
rigoureux puisqu'il suffit de varier les doses pour pensable de se faire saigner au moins une fois
obtenir des effets plus ou moins prononcés. l'an, par précaution. Aujourd'hui on continue,
Médication calmante. Elle se propose de toujours par précaution, & se « rafraîchir a se
diminuer la vitalité, de ralentir la circulation « dépurer le sang » de temps en temps. Si les
c'est l'opposéde la médication excitante. Ses prin- remèdes de précaution n'étaient qu'inutiles, ce ne
cipaux moyens d'action sont la saignée, les pur- serait qu'un peu de temps et d'argent perdus.
gatifs, la diète, le froid, les bains. Mais ils causent un affaiblissement passager qui
Dans cette classe, ii faudrait ranger les médica- rend plus sensible aux impressions morbides, t)s~
ments dits émollients, les tisanes si chères à la accoutument l'économie à l'effet des remèdes qui
médecine domestique, préparées avec le Chien- agissent moins bien lorsqu'on en a besoin enfin,
dent, la Guimauve, la graine de Lin, les quatre- la médication périodique produisant une habi-
fleurs, et qui n'ont guère d'autres vertus que cel- tude, on se procure artificiellement, à échéance
les, très appréciables d'ailleurs, de. l'eau fixe, une espece de maladie qui ne cède qu'à un
chaude qui sert faire tes décoctions ou les infu- traitement'devenunécessaire.
sions. Cependant, si ces tisanes anodines con- Quant aux remèdes qui ne peuvent pas faire de
tiennent du mucilage, de la fécule, du sucre, il est mal, il faut s'entendre. L'infusion de quatre-fleurs
évident qu'elles sont utiles, comme aliments légers. peut causer la mort d'un malade si vous essayez
Médication sédative. Celle-ci a principale- de le guérir avec cette tisane inerte au lieu d'ap-
ment pour but de diminuer la force de la circu- peler le médecin.
lation ses agents sont le Froid, l'Antimoine, le Que dire des remèdes populaires inscrits par la
Bromure de potassium, le Véràtre vert, le Col- mère de famille à coté des recettes pour lea confi-
chique, la Digitale. tures, et de ces panacées auxquelles l'annonce
fait une lucrative popularité? Si les ingrédients lonc être en raison inverse des nombres 3 et 2;
-sont actifs, le médecin seul est compétent pour 3'est-à-dire que la quantité cherchée de la seconde
les employer s'ils sont inertes, ils vous feront 'spece de blé doit être les de 60 hect. ou 90 hec-
perdre un temps précieux. Que pensez-vous
d'une « eau pour les yeux qui s'offre de guérir tolitres.
toutes les affections internes ou externes des On voit qu'il a fallu, dans ce CM, )t!MK:j~M;' la
organes de la vue ? Le succès des banalités rou- ~MO~HM donnée pŒ)' l'excès du prix fort sur le
tinières et des réclames à la mode nous prouve prix moyen, et <~)MMer
que le public aime être trompé mais à cause p< moyen sur le prix le plus bas.
le produit par /c~ du
de cela nous devons faire effort pour l'instruire et On pourrait se proposer beaucoup d'autres
le désillusionner, même au risque de lui déplaire, questions
sur les mélanges; mais ce seraient des
pour détruire les préjugés, héritage des temps problèmes spéciaux qui ne rentreraient pas dans
de ténèbres, moisissures de l'esprit que fait dis- la Règle de mélanges, objet de cet article.
paraître la lumière. [D' Sanray.] [H. Sonnet.]
M) DtE V. Perse. MÉMOIRE.. Psychologie, VIII. La mémoire
MÉt.AKGES (Règle de). Arithmétique, XLV.
Nous donnons le type du calcul à effectuer est la faculté que nous avons de retrouver en
des notions antérieurement acquises, ou plus
pour résoudre les questions usuelles relatives nous exactement de nous retrouver nous-mêmes tels
aux mélanges de liquides ou de matières sèches, nous étions à tel ou tel moment du passé. A
et dont les principales sont analogues aux sui- que proprement parler, souvenons que
vantes nous ne nous
}. Un fermier a mélangé <)'OM espèces de Me, des états divers de notre esprit, parce que nous
Mfft'- 90 hectolitres Xa /?-. ~tcc<o~'<f< 160 hec- ne nous souvenons rien qui n'ait été l'intuition
de
<o/<M à 221,50, <;< 30 hectolitres 28 immédiate
fr.; ~Mg~f semble contredire de la conscience. Le langage usuel
est la t)a/eM!' ~'M'! hectolitre du m~~ans'?? cette assertion, mais seulement
en apparence Je me souviens de telle personne.
90 hectol. à 25'représentent valeur souviens d'OM!')' vu telle personne.
de 90 fois 25,c'est-à-dire. une
160 hecto). à 22'AO représentent une valeur
MM'
signifie
En
Je
d'autres
MM
termes, nous ne nous souvenons que
de nous-mêmes; l'objet de la mémoire, pour le
de 160foi922',50,c'est-!it-dire. MM' moi, c'est le moi lui-même dans le passé.
30 hectol. à 28' représentent une valeur
de 30 fois 28~,c'est-à-dire. Le fait de la mémoire est le souvenir. Les no-
840' tions que nous avons acquises s'affaiblissent avec
La valeur totale du métan ge est donc. 6690' le temps, disparaissent, puis se montrent de nou-
veau soit spontanément, soit par l'effet d'un tra-
Le nombre total d'hectol. étant de 90 + 160+30 vail de notre esprit. C'est ce retour qui constitue
ou 280, on aura la valeur d'un hectolitre du mé- le souvenir, lequel est par conséquent tantôt in-
lange en divisant 669i) fr. par 280, ce qui donne stinctif, tantôt volontaire ce qu'on nomme la
2~89. mémoire du cœur est le sentiment de reconnais-
On voit que, pour résoudre les questions de ce sance que fait nattre en nous le souvenir des ser-
genre, il faut faire la somme ~Mpro~M:~ des prix vices qu'on nous a rendus ou des bienfaits que
par les quantités co~'MpoKt~a~M, et diviser la nous avons reçus. Quand le souvenir est vague,
6ût):n:e par la at<at:<t~ totale. inconscient, on l'appelle réminiscence. Le souve-
Il. Un marchand a!e vin a du vin à O',80 le nir complet, conscient, suppose deux éléments
~:h'e, et du vin <55; il veut obtenir 120 Hfres la représentation mentale des objets que la mé-
,d'un mélange qui vaille O',60 le Kh'6; combien moire nous rappelle; la reconnaissance de ces
~6t-T<t-<< prendre de l'un et de fuMh'e? On re- objets comme ayant été déjà perçus par nous.
marquera que chaque litre à O',80 qui sera vendu La mémoire, comme toute faculté, a ses lois.
<j',60 occasionnera une perte de 0',20; au con- Pour les connaître, analysons un fait de souvenir.
traire chaque litre à 0',55 qui sera vendu 0',60 L'acte seul d'écrire le titre de cet article me rap-
donnera lieu à un gain de 0',05. Pour que le pelle le chapitre que le philosophe écossais Reid
gain compense la perte, il faut donc que les quanti- a consacré à cette faculté, et les réQexions que ce
tés mélangées soientenraison inverse des nombres chapitre a suggérées au philosophe français Royer-
20 et 5, ou 4 et 1. On obtiendra donc les quan- Collard. Je ne me souviens pas seulement que
tités demandées, en divisant 120 lit. en deux par- Reid a écrit ce chapitre, mais je me souviens du
ties, dont la plus petite soit le cinquième de 120, volume où il est imprimé, et de la place qu'il oc-
.c'est-à-dire 24 lit., et l'autre 4 fois celle-là, c'est- cupe dans le volume. De tous ces faits, je ne
.à-dire 96 lit. Ainsi on prendra 24 litres à 0~,80 et retiens pour le moment que le premier, à savoir
:96 litres à 0',M. l'idée d'un chapitre de Reid. Je sais qu'il existe,
La règle à déduire de ce raisonnement est donc j'en ai donc acquis autrefois la notion cette notion
la suivante faire la a!re?!ce entre le prix le plus reparaît aujourd'hui, et je la reconnais il s'est
haut et le prix mot/e):, la (<°e)'eMce entre le prix donc écoulé un certain temps entre la première
moyen et le prix le plus bas, et diviser le nombre perception et la seconde, et de plus je suis le
d'unités du mélangeo&<<M!f, en deux parles qui même être que j'étais alors. De là les deux condi-
soient en raison t'mMt~e de ces aeMx a~~MCM. tions du souvenir la durée et l'identité person-
On peut remarquer que la règle n'éprouverait nelle. Elles constituent la loi de la mémoire. Il est
aucune modification si l'une des matières à mé- bien évident, en effet, que, pour reconnaltre un
langer était considérée comme sans valeur; seu- état dans lequel je me suis déjà trouvé, il faut
lement la seconde différence se confondrait dans que j'aie duré dans l'intervalle, car, pour qu'une
ce cas avec le prix moyen. la quantité totale du chose soit l'objet de la mémoire, il faut qu'elle
III. Au lieu de donner soit passée mais il faut en outre qu'en durant, je
mélange, on peut donner la quantité de l'une n'aie pas changé dans mon fond, que je sois resté
des matières mélangées.Soit proposé, par exemple, identique à moi-même. En même temps que la
ce problème durée et l'identité sont nécessaires à l'exercice de
On a 60 hectolitres de blé à 28 fr.; combien la mémoire, c'est à la mémoire que réciproque-
faut-il y m<Her de blé à 23 /f. pour faire un mé- ment nous en devons la double notion. Nous ne
~anoe dont la valeur soit de 25 /f. l'hectolitre? La pouvons concevoir qu'une chose soit passée, c'est-
dinerence entre 28 et 25 est 3; la différence'entre à-dire nous souvenir, sans concevoir une du-
25 et 23 est 2; les quantités mélangées doivent rée quelconque entre le moment présent et ce-
lui où nous en avons eu une première idée. D'autre On remarque dans la mémoire de grandes di-
part, il n'y a point de souvenir sans la conviction versités selonles individus. Les uns retiennent plus
que nuus existions au tempf) que le souvenir nous facilement les notions acquises par les sens, avec
rappelle.Pour l'homme qui perdrait cette convic- les signes qui les représentent,comme les formes,
tion, le passé serait anéanti; il lui semblerait les couleurs, les sons; d'autres, les idées fournies
qu'il commence d'exister; tout ce qu'il aurait par la raison, comme les chiffres, les idées,
pnnsé, tout ce qu'il aurait dit, fait ou éprouvé abstraction faite de leur formule. De là, d'une
avant cet instant pourrait lui paraître appartenir part, la mémoire physique on mémoire des mots
à une autre personne, mais il ne pourrait se l'im- c'est celle des enfants, des peintres, des musi-
puter à lui-même, et sa conduite future ne présen- ciens, des poètes, en général des hommes d'imagi-
terait rien qui fût la suite de sa conduite passée. nation et, d'autre part, la mémoire rationnelle ou
Par là même et cela intéressedirectement l'édu- des choses, celle des mathématiciens, des histo-
cation dispara!traittouteobtigation,tonte respon- riens, des philosophes. Mais on rencontre encore
sabilité on n'est responsable que de soi-même,ou, des variétés dans ces deux sortes de mémoire
quand on l'est des autres, c'est dans la mesure où tantôt la mémoire est paresseuse, rebelle, tantôt
t'en a action sur eux. Quant à la notion de durée, il elle est vive et obéissante; tantôt elle est Bdète,
faut bien qu'elle se dégage un jour ou l'autre de tantôt elle laisse échapper le souvenir à peine
l'i ntelligence enfantine, pour que les mots de pré- formé. Ces inégalités s'expliquent jusqu'à un
sent, passé et futur lui présentent un sens et que, certain point par le degré d'impression de la no-
par exemple, l'enseignement du verbe soit possible. tion primitive dans l'intelligence et par le degré
Si nous reprenons le fait ci-dessus, dont l'a- d'intérêt de cette même notion. Quand l'esprit
nalyse nous a permis de formuler la loi de la mé- été très vivement frappé par une idée, il est na-a
moire, nous y trouverons encore la preuve des turel que le souvenir s'en reproduise plus vite.
rapports de la mémoire avec deux autres facultés, D'un autre côté, la mémoire est dans un rapport
l'imagination et l'association des idées. Non seu- nécessaire avec l'intelligence elle-même dans.
lement je me rappelle un certain passage des l'ensemble de son développement, et l'on peut
œuvres de Reid, mais je revois en esprit le vo- dire que plus on est intelligent, éclairé, instruit,
lume dont il fait partie; mon souvenir est enve- plus on a de mémoire. Un esprit lourd, peu ouvert,
loppé dans une image, il est une image. Non seule- a peu de mémoire pour avoir des souvenirs, il
ment jepense aReid.maisje pense à Royer-Collard, faut d'abord avoir des idées. Enfin il y a des in-
parce que celui-ci a également traité de la mé- fluences physiologiques le sexe, la santé, l'état
moire les deux souvenirs se tiennent, l'un vient du cerveau, l'Age. Les vieillards perdent la mé-
naturellement à la suite de l'autre. Ainsi double moire s'ils la conservent en partie, elle leur rap-
secours pour la mémoire, mai* non sans quelque pelle les époques les plus lointaines de leur
réciprocité d'inconvénients. L'imagination se mêle existence et non les faits contemporains. A la suite
parfois si intimement à la mémoire, que la con- de certaines maladies, on perd la mémoire ou'
fusion s'établit entre les produits de l'une et de totalement ou partiellement c'est l'amnésie
l'autre, même involontairement. « A beau mentir (privation de la mémoire). Une lésion du
qui vient de loin, x dit le proverbe et cependant il suffit pour produire un résultat analogue. cerveau
peut y avoir autant et plus d'illusion que de men- Quelles que soient les diversités et les inégalitéa-
songe dans tel récit qui parait incroyable.Le voya- de la mémoire, elle peut toujours se fortifier par
geur, en retraçant les scènes qui l'ont frappé, ne l'habitude, et elle ne peut pas se passer der
cherche pas à tromper; mais, l'imagination aidant, l'exercice aucune faculté ne demande à être
il force la couleur du tableau dont le cadre est tenue plus constamment en haleine ni ne se dé-
éel, et bientôt sa peinture n'est plus la repro- grade plus vite. Bien cultivée, elle présente à des-
duction exacte des choses ses souvenirs ont pris degrés divers trois qualités principales dont la
un air de fiction. Quant à l'association des idées, réunion complète constitueraitla perfection de la.
c'est une opération qui simplifie et facilite le tra- mémoire la facilité à apprendre, la ténacité &
vail de la mémoire, mais comme elle est spontanée conserver, la promptitude à reproduire le sou*
et involontaire, elle a besoin d'être gouvernée venir.
par la rénexion et la volonté. Elle devient alors la On tenté plusieurs explicationsde la mémoire,.
plus sûre et la plus rationnelle des méthodes pour en se ademandant ce que deviennent les notions.
cultiver la mémoire. Quand nos idées sont rangées acquises jusqu'à ce qu'elles se montrent de nou-
dans un ordre systématique, conforme autant que veau. Les uns ont cru qu'elles restent dans 1&
possible à celui de la nature ou aux lois de la rai- moi, latentes et obscures, mais réelles et prêtes à
son, tes souvenirs naissent et se suivent comme se raviver au premier signal. D'autresn'ont adopté-
d'eux-mêmes. « n est indubitable, dit l'auteur de cette opinion que par rapport aux idées ration-
la Logique de Port-Royal, qu'on apprend avec nelles, et ont attribué au cerveau la conservation-
une facilité incomparablement plus grande et des idées sensibles. Ni l'une ni l'autre de ces
qu'on retient beaucoup mieux ce qu'on enseigne hypothèses ne répond à la question. Il est bien-
dans le vrai ordre, parce que les idées qui ont évident qu'il faut tenir compte du cerveau dans
une suite naturelle s'arrangent beaucoup mieux la production et dans la reproduction d'une idée,
dans notre mémoire et se réveillent bien plus ai- le cerveau étant, non la cause, mais l'instrument
sément les unes les autres, x indispensable de la pensée. Ce n'est pas ici le Uen~
La liaison logique des idées est doncla meilleure d'aborder l'examen du rôle qu'il joue dans le
des mnémotechnies. On donne ce nom à des pro- travail de l'intelligence; mais nous rappellerons,
cédés fondés sur la faculté d'associer les idées, en ce qui concerne la mémoire, une série de phé-
mais artificiels par exemple, l'idée de telle cou- nomènes dont le premier l'intéresse directement
leur associée à celle de tel nombre rappellera à la suite d'une impression cérébrale (fait physio-
cette dernière idée. Ce sont donc des rapports logique) se produit un fait psychologique, sensa-
factices et accidentels que l'on suppose entre les tion, idée ou volition. Quand le même fait
idées que l'on veut retenir et les signes auxquels physiologique se reproduit, provoqué par une'
on les associe. Ces moyens donnent quelquefois circonstance semblable ou analogue, le fait psy-
des résultats assez surprenants, mais ils ont l'in- chologique primitif se manifeste aussitôt comme
convénient grave do fausser à la longue le juge- étant l'effet d'une même cause, et la conscience,
ment. Or, il ne faut pas cultiver la mémoire au qui l'avait perçu une première fois, le perçoit
préjudice du jugement, mais faire marcher de front de nouveau. La mémoire, qu'on a considérée si
ces deux facultés.
'<<
souvent comme une faculté à part et inexplicable,
n'est donc en résumé que la conscience qui per- marin; corps soluble dans l'eau et surtout l'al-
çoit une seconde fois les phénomènes internes cool, volatil au rouge sombre, cristallisable. Poi-
qu'elle avait déjà perçus. [Paul Rousselot.] son et remède violent, agent chlorurant, précieux
MER. – V. Oeea' pour la conservationdes herbiers et autres objets
MERCURE. Chimie, XX. Le mercure ou d'histoire naturelle.
vif-argent s'appelle en grec et en latin /)~ar- Protochlorure (calomel), obtenu par la tritura-
gyron ou /i!/cf!'<!r~t/fMM,c'est-à-dire argent liquide, tion de 3 parties de mercure avec 1 de subKmé
d'où sa notation chimique Hg. corrosif et lavage à l'eau bouillante, ou par dis-
Propriétés physiques. Le mercure est le seul tillation sèche des protosels de mercure avec le
métal liquide à la température ordinaire. Il est sel marin. Purgatif autrefois très employé, son
d'un blanc éclatant, et est doué au plus haut usage diminue.
point de la propriété de réfléchir la lumière. Il est Iodure rouge (biiodure), obtenu directement ou
sans odeur. Sa densité est de 13,6. Il est très bon par double décomposition. Employé en pharmacie,
conducteur de la chaleur, d'ou la sensation de dans la teinture (coûteux et dangereux) il se
froid qu'il produit quand y plonge la main. Il est dissout en grande quantité dans t'iodure de po-
très dilatable son coefficient de dilatation est tassium. La dissolution saturée et concentrée est
0,00018. Il est bon conducteur de l'électricité le liquide transparent le plus dense connu
grâce à la facilité que l'on a de l'obtenir pur, et comme elle se mêle à l'eau en toute proportion,
d'en avoir une colonne de dimensions parfaite- elle fournit des liquides de densités voulues entre
ment mesurables, on a pris pour unité de con- 1 et 4, utiles au lapidaire et au minéralogiste,
ductibilité électrique celle d'une colonne de mer- en leur permettant de séparer immédiatement
cure de 1 mètre de long et de 1 millimètre carré des pierres précieuses semblables en apparence.
de section à la température de 0°. Sulfure (cinabre, vermillon) naturel ou artificiel
Le mercure se solidifie a – 39°,5- On a pu opérer il fournit, quand il est très finement pulvérisé,
sur le mercure solidependant des hivers sibériens une très belle couleur rouge.
il tient alors par sa. malléabilité, sa ductilité et Parmi les divers sels, signalons seulement le
sa ténacité le milieu entre le plomb et l'étain; il sulfate, employé pour la peinture et pour des
désorganise les tissus animaux et produit, quand piles puissantes de petite dimension l'azotate de
on le touche, une sensation analogue à la brûlure bioxyde, cautérisant énergique; l'eau en quantité
d'un fer rouge; sa densité est alors 14,4. lui enlève une portion de son acide et le trans-
Le mercure bout&360"; la densité de sa va- forme en sous-azotate insoluble blanc, réaction
peur est «,98. caractéristique du mercure; le fulminate, qui sert
Propriétés chimiques. Chauffé au contact de à la préparation des amorces de canon et de
l'air un peu au-dessous du point de fusion, le fusil.
mercure absorbe lentement l'oxygène et se change Etat naturel, e.ch-ac<OH. Le mercure se
en oxyde rouge. Il ne décompose l'eau à aucune trouve surtout à l'état de sulfure, souvent impré-
température, ni en présence des acides. Les gné de mercure métallique; les mines les plus
acides chlorhydrique. phosphorique, sulfureux, célèbres sont celles d'Almaden en Espagne, d I-
sulfurique faibles sont sans action sur lui; l'acide dria en Carniole, du Pérou et du Japon. Le procédé
azotiqae et l'eau régale le dissolvent à froid; général consiste en une distillation du minerai
l'acide sulfurique concentré l'attaque à chaud en avec une quantité convenable d'un corps propre
dégageant de l'acide sulfureux; il se combine à à retenir le soufre, de la limaille de fer ou un
froid avec le chlore, le brome et l'iode, et, trituré mélange de chaux et de charbon. Les mines d'Al-
en présence de l'eau, avec le soufre. Le mercure maden sont exploitées depuis 2500 ans Pline
dissout un certain nombre de métaux en formant rapporte que de son temps les Romains en ex-
des amalgames, étain, plomb, zinc, argent, or il trayaient annuellement 300000 kilos; elles oc-
ne se combine pas dans les conditions ordinaires cupent aujourd'huikilos un millier d'ouvriers et four-
avec le fer, le magnésium, l'aluminium, le pla- nissent 1100 000 par an; toutes les autres
tine. mines en fournissent ensemble 250000. Le prix
Le mercurecontenant des métaux en dissolution, du mercure, de 4 à 5 fr. le kilo avant 1825, est
autres que l'or et l'argent, peut se purifier à depuis cette époque porté à 10 ou 12 fr., par
l'aide d'une petite quantité d'acide azotique qui suite, dit Laboulaye, de la cession provisoire des
dissout les métaux étrangers, et d'un lavage. La mines d'Almaden à la maison Rothschild par le
poussière, peut-être un oxydule qui le ternit, peut gouvernement espagnol.
être enlevée en le filtrant dans un cornet ou un Le vif-argent est un des corps sur lesquels les
entonnoir ayant un très petit trou. Le dernier alchimistes se sont le plus exercés; grâce à sa
globule retenu par capillarité contient toutes les propriété de dissoudre les métaux, ils comptaient
impuretés. On peut en tout cas le purifier par en faire l'agent principal des transmutationsqu'ils
distillation. espéraient. Ils avaient donné aux métaux les noms
des dieux des planètes celui de mercure est
Usages. – Le mercure sert à des préparations
pharmaceutiques, à la confection des baromètres, le seul qui
ou
soit resté en usage, le mot de vif-
thermomètres,manomètres, à l'étamage des glaces argent et surtout celuid'hydrargyrene s'employant
(vieux procédé insalubre tombant en désuétude). presque pas. [PaulRobin.]
à la métallurgie de l'or et de l'argent, M'amalga- MEROVINGtENS. – Histoire de France, III-1V.
mation du zinc des piles, etc.
Composés. Les principaux composés du mer-
–la L'histoire de la famille Mérovingienne, depuis
mort de Clovis peut se diviser en quatre
cure sont les suivants périodes 1° de 5U à 561, sous les fils de de-
Oxyde rouge (bioxyde) obtenu par calcination vis, les conquêtes des Francs continuent; 2° de
du métal ou même de son azotate c'est la base 561 à 628, sous les fils de Clotaire t", les guerres
d'une pommadecélèbre contreles ophtalmies. civiles désolent l'empire franc; 3" de 628 à 638, le
Oxyde noir (protoxyde ou suboxyde), sans im- règne de Dagobert marque l'apogée de la puissance
portance. La poudre noire obtenue en triturant mérovingienne; 4° de 638 à 752 la décadence
le mercure avec un corps gras parait n'être que commence et s'achève c'est l'époque des rois fai-
du mercure en très petits globules. néants et des maires du palais c'est l'avènement
Bichlorure ou perchlorure (sublimé corrosif), d'une nouvelle race, celle des Carlovingiens.
obtenu par l'action directe du chlore ou de l'eau Première période (511-561).- Les quatre fils de
régale sur le mercure, ou par la distillation sèche Clovis se partagèrent, suivant la coutume germa.
d'un sel de peroxyde de mercure mêlé à du sel nique, l'armée et les trésors de leur père ils s'é
tablirent, pour exercer le commandement sur les Envoie-nous les enfants, que nous les fassions
peuples vaincus, dans quatre résidences diffé- rois. « L:t reine embrassa ses petits-enfants et
rentes, Thierry & MeM, Clodomir à Orléans, Chil- les fit partir en disant Je croirai n'avoir pas
debert à Paris, Clotaire a Soissons. Le nombre perdu mon fils, si je vous vois régner à sa place. »
des leudes donnait la puissance militaire, les tré- Quand Childebert les tint en son pouvoir, au palais
sort Msnraitnt le dévouement des leudes. Aussi des Thermes, H envoya à sa mère Arcadius, un de ces
les quatre fils suivirent-ils l'exemple de leur père Romains qui mettaient leur esprit de ruse au ser-
iia recommencèrent les expéditions pour contenter vice des passions violentes des barbares. Celui-ci
les Francs, les pillages pour enrichir le fisc, et se présenta tenant d'une main une épée et de
les rahisoM pour M ruiner et se massacrer les l'autre des ciseaux. Très glorieuse reine, dit-il
uns les autres. froidement, nos seigneurs, tes fils, te font deman-
Thierry conquit la Thuringe par la guerre et der conseil sur ce qu'on doit faire des enfants;
la perfidie. Il persuada à Hermanfried, un des veux-tu qu'ils vivent la chevelure coupée, ou veux-
rois thuringiens, déjà meurtrier de son frère Ber- tu qu'ils soient égorgés ? ') Clotilde, stupéfaite et
taire, de tuer son autre frère Baderic. « Si tu le hors d'elle, s'écna dans l'égarement de la dou-
tues, lui dit-il, nous partagerons son pays. x La leur S'ils ne sont pas rois, t'aime mieux les
femme d'Hermantried, Amalaberge, ambitieuse voir morts que tondus e Arcadius se hâta de se
et cruelle, le poussait également au crime. Un retirer, lui donner le temps de la réCexion,
jour elle ne servit au roi que la moitié du repas. et porta sanscette réponse aux deux rois. Alors Clo-
Quand on se contente de la moitiéd'un royaume, taire prit le plus âgé le bras, le jeta contre
dit-elle, il faut se contenter de la moitié d'un terre, et, lui plongeantpar un couteau dans l'aisselle,
repas. v) Baderic fut tué. Thierry envahit aussitôt le tua impitoyablement. Son petit frère, tout trem-
la Thuringe et vainquit Hermanfried puis, lui blant, embrassa les de Childebert, qui se
prodiguant les promesses et les serments, il l'at- laissa attendrir. MaisgenouxClotaire furieux « Laisse-
tira dans son royaume, le conduisit de ville en le, cria-t-il, ou je te tue à sa place 1 C'est toi qui
ville et lui jura nne amitié inviolable. Un jour, m'as poussé à faire ceci, et voilà que tu manques
enfln, que les deux rois se promenaient seuls sur à ta foi » Childebertlui jeta l'enfant; Clotaire le
les remparts de Tolbiac, Hermanfriod tomba dn saisit et lui enfonça couteau dans le flanc..
haut du mur, a pouMé on ne sait par qui, et se Alors les serviteurs son et les leudes de Clodomir
brisa la tète. Thierry occupa la Thuringe. Mais firent irruption dans la chambre, enlevèrent le
Ma soldats étaient mécontente de ces expédi jeune Clodoald ses oncles allaient tuer, et
tions pénibles et peu fructueuses dans les forêts le déposèrent auque monastère de Nogent, qui prit
marécageuses do la Germanie; ils sommèrentleur le nom de Saint-Clodoald ou Saint-Cloud. Ces
roi de les conduire en Bourgogne et le menacèrent choses étant faites, dit Grégoire de Tours,« Clo-
de l'abandonner. Thierry, tout enrayé, leur dit taire alla se promener tranquillement par la
Venez avec moi dans l'Auvergne qui s'est ré- ville. <. i r
voltée contre ma puissance la terre est bonne et Childebert étant (558), Clotaire resta seul
les habitants seront à vous mais surtout ne sui- roi. Les Saxons tut mort refusèrent le tribut et le bat-
vez pas mes frères 1 o La malheureuseAuvergne tirent ses leudes le maltraitèrent et faillirent le
subit à son tour les douleurs de l'invasion qu'elle tuer pour le forcer à les mener au combat; son
avait évitées jusqu'alors, et les Francs emmenè- fils, Chramne, se révolta; il le saisit, l'attacha
rent de longues files de captifs liés deux à deux, dans une chaumière avec sa femme et ses enfants,
qu'ils vendaient chemin faisant, a Rien ne fut et y mit le feu. L'année suivante, il fut pris de
laissé aux habitants, si ce n'est la terre, que les la nèvre et disait en gémissant
vainqueurs ne pouvaient emporter. « Que pensez-
vous que soit le roi du ciel, qui tue ainsi de si
Le fils de Thierry, Théodebert, lui succéda, et grands rois? » Et il rendit l'esprit (561). Il laissait
sembla possédé de l'esprit aventureux de ses an- quatre Sis, Sigebert, Chilpéric, Gontran et Caribert.
cêtres il entraîna lUO.OOO hommes en Italie, Deuxième période (561-628). Sous les aïs
passa le Tessin sur un pont de cadavres, trompa et les petits-fils de Clotaire I", les Francs tour-
et battit tour à tour les Goths et les Grecs qui se nèrent leurs armes contre eux-mêmes. Sige-
disputaient la vallée du Pô, et mourut au retour bert fut roi d'Austrasie ou de Metz; Chilpéric,
de l'expédition. roi de Neustrie ou de Soissons; Gontran, roi de
Sons son jeune ni*, Théodebald, les maires du Bourgogne ou d'Orléans Caribert, roi de Paris
palais Leutharis et Bucelin entreprirent encore d'Aquitaine. La mort de ce dernier en 567, et et la
au delà des Alpes une expédition funeste à la fois partage de ses Etats entre ses frères, réduisit à
aux envahisseurs et au pays envahi. Théode- trois le nombre des royaumes francs.
bald mourut (5M), et le royaume des Francs de C'est à cette époque qu'éclata la guerre civile
l'est on ~tM~raMe fut partagé entre les autres connue sous le nom de rivalité de la Neustrie et
roia. de l'Austrasie. Elle fut provoquée par la différence
Clodomir, roi d'Orléans, se tourna contre la des des deux peuples francs et par la
Bourgogne où régnaient les deux fils de Gonde- hainemœurs violente de deux femmes. Les Francs Aus-
baud, Sigismond et Gondemar. La vieille reine trasiens, établis les bords dn Rhin et de la
Clotilde poursuivait contre les enfants de son Moselle, près dusur berceau de leur race, avaient
oncte la vengeance du meurtre de son père. « Que peu subi l'influence du christianisme et de la ci-
je n'aie point a me repentir, avait-elle dit à ses vilisation romaine;ils avaient conservé les institu-
fils, de vous avoir nourris avec tendresse; que tions et les coutumes de la Germanie. Les Neus-
votre indignation ressente mon injure, et mettez triens, au contraire, vivant au milieu des popula-
vos soins à venger la mort de mon père et de ma tions gallo-romaines, en avaient adopté les mœurs
mère. » Dans une expédition, Clodomir s'empara et les usages. Les deux peuples frères étaient
de Sigismond et le fit jeter dans nn puits avec sa ainsi devenus peu peu étrangers l'un à l'autre.
femme et ses enfants. Mais bientôt il fut puni de La rivalité de Brunehaut et de Frédégonde
en fit
son crime & la bataille de Vézéronce (534) il des ennemis.
tomba dans une embuscade et fut tué. Dix ans Le roi Sigebert, honteux de voir ses frères
après, Childebert et Clotaire soumirentla Bourgo- épouser des femmes de service et changer d'é-
gne à la domination franque. pouse à leur caprice, nt demander la main de
Clotilde avait pris avec elle, à Paris, les trois Brunehaut, fille d'Athanagilde, roi des Wisigoths.
enfants de Clodomir. Un jour, Childebert et Clo- Il l'obtint et célébra son mariage à Metz,
t~ire~M concertèrentet firent dire à leur mère au milieu
d'un nombreux concours .de leudes francs et de
nobles gaulois. Rien n'y manqua, ni les longs et elle réunit ses deux petits-fils contre Clotaire H,
bruyants festins, ni les éclats de la gaieté germani- et, victorieuse à Dormans et à Etampes (600-604),
que, ni les chants rauques des barbares, ni même elle enleva une partie de la Neustrie. Mais la dis-
les vers latins d'un Italien bel esprit, que tout le corde ayant éclaté entre Théodebert et Thierry,
monde applaudissait pour avoir l'air de le com- elle prit la défense de ce dernier et fit mettre à
prendre, le poète Fortunatus.Tant de gloire donna mort Théodebert. Les leudes furent indignés de
de la jalousie à Chiipéric. It renvoya sa femme- tant de crimes et de tant d'ambition. A la mort
servante Frédégonde, et fit demander la main de de Thierry, ils offrirent Clotaire II les deux cou-
la sœur ainée de Brunehaut, Galswinthe. Cette ronnes d'Austrasie et de Bourgogne et lui livrè-
jeune princesse, d'un caractère doux et timide, vit rent la vieille reine. Lorsque Brunehaut fut
cette alliance avec effroi, et sa mère partageait amenée en présence de Clotaire, dit le vieux chro-
toutes ses anxiétés. « Sois heureuse, ma fille, niqueur Frédégaire, celui-ci sentit se ranimer la
disait-elle mais j'ai peur pour toi, prends bien haine furieuse qu'il lui portait, et il lui reprocha
garde. » Le roi Athanagilde,désireux de consolider d'avoir causé la mort de dix rois francs. Ensuite,
son alliance avec les Francs, consentit à cette il la livra pendant trois jours à toutes sortes de
union. Chilpéric aima sa nouvelle lemme d'abord tourments, et la fit passer sur un chameau tra-
par vanité, parce qu'elle était fille de roi, puis vers toute son armée. Après cela, elle fut atta-
par avarice, parce qu'elle lui avait apporté une chée par les cheveux, par un pied et par un bras
riche dot; enfin il s'en dégoûta, et un matin la à la queue d'un cheval très vicieux qui la brisa,
malheureuse reine fut trouvée étranglée dans son membre par membre, à coups de pieds, en l'en-
lit. Frédégonde reprit sa place. Sigebert, excité traînant dans sa course. » Ainsi se vengeaient les
par Brunehaut qui voulut venger sa sœur, accusa Francs de la femme énergique qui avait voulu les
son frère d'assassinat, conquit toute la Neustrie, plier au joug de la loi et de la volonté royale.
mais fut assassiné devant Tournay par des émis- Clotaire II (613-628) resta l'humble sujet de l'a-
saires de Frédégonde (575). Cette femme à l'Ame ristocratie qui l'avait fait vaincre. a Ce Clotaire
féroce ne recula devant aucun crime pour assurer était patient, instruit dans les lettres, craignant
ta couronne à ses enfants elle fit périr tous les Dieu, grand bienfaiteur des églises et des prêtres,
fils que Chifpéricavait eus d'une première femme, très charitable envers les pauvres, plein de bonté
Audovère; mais ses propres enfants furent empor- et de piété envers tous. Néanmoins il aima un
tés par la maladie. En 5M, Chilpéric fut assassiné peu trop la chasse des bêtes fauves,et, vers la fin,
par une main restée inconnue quatre mois aupa- il prêtait trop facilement l'oreille aux suggestions
ravant, Frédégonde avait donné le jour à un fils qui des femmes. Il en fut vivement blâmé par ses
devait survivre à sa mère et lui succéder. leudes. Le pauvre roi eut besoin de toute cette
Pendant que Frédégonde épouvantait la Neustrie patience, dont te loue le vieux chroniqueur, pour
par ses crimes, Brunehaut faisait reconnaître en porter le joug pesant que sa victoire venait de lui
Austrasie l'autorité de son nls, Childebert II. imposer. Il resta entre les mains des grands,
Mais elle essaya vainement de soumettre à sa loi conseillé, redressé, surveillé, réprimé. On lui ut
la sauvage indépendance des leudes. Des révoltes assembler le fameux concile de Paris (615), réu-
éclatèrent Brunehaut, revêtue de l'habit de nion de leudes et d'évoqués qui prit à tâche d'é-
guerre, voulut se jeter au milieu des hommes crire dans la loi les conquêtes de l'aristocratie
d'armes « Femme, lui dit le chef des leudes, laïque et ecclésiastique. Le gouvernement fiscal
retire-toi, qu'il te suffise d'avoir régné sous le et absolu que les Mérovingiens avaient essayé
nom de ton mari maintenant, c'est ton fils qui d'établir fut irrévocablement condamné, et la
règne, et son royaume n'est pas sous ta garde, royauté fut réduite à l'impuissance. Rétablisse-
mais sous la nôtre. Va-t'en donc, de peur que les ment des élections canoniques, et, par consé-
pieds de nos chevaux ne t'écrasent contre terre. » quent, annulation de l'influence royale dans le
Brunehaut parvint cependant à reprendre son choix des évoques défense au fisc de mettre la
pouvoir, et, pour t'assurer contre de nouvelles main sur les successions dont un testament ne
révoltes des grands, elle ménagea à son fils disposait pas, d'augmenter les impôts et les péa-
Childebert l'alliance de son oncle Gontran, le plus ges, d'employer les juifs pour les percevoir; res-
doux et le plus pacifiquedes rois mérovingiens. Au ponsabilité des juges et des autres officiers du
traité d'Andelot (587). Childebert et Gontran se re- roi restitution des bénéfices enlevés aux leudes;
connurent héritiers l'un de l'autre au cas où ils défense au roi d'accorder à l'avenir des permis-
mourraient sans enfants; ils devaient rester unis sions pour enlever les riches veuves, les reli-
contre les trahisons des grands et, pour s'assurer gieuses et les vierges; peine de mort contre celui
la fidélité de leurs leudes, ils leur garantissaient qui oserait enfreindre un seul de ces articles
t'héréditéde leurs bénéfices,concessionimportante tels sont les principaux points de la Constitulion
.qui était un premier pas vers le régime féodal. perpétuelle dictée au roi par le Concile de 615.
Forte de cette alliance, Brunehaut recom- Tous les abus de l'autorité royale sont condam-
mença la lutte contre Frédégonde. Mais ses sol- nés ceux du gouvernement des grands vont com-
dats furent vaincus à Droisy, près de Soissons mencer.
(593). Childebert mourut sans avoir pu réparer 3° période (628-638).–MffSKM au septième
cette défaite. Ses deux fils Théodebert II et siècle. Le fils de Clotaire II, Dagobert (6~8 63'<)
Thierry II régnèrent en Austrasie et en Bourgogne. fut le plus puissant des rois Mérovingiens. Après
Leur aïeule, Brunehaut, régente -pendant leur la mort de son frère Caribert, à qui il avait aban-
minorité, tenta une fois encore le sort des armes. donné l'Aquitaine, il rentra en possession de cette
'Frédégonde fut de nouveau victorieuse à Latofao province. A la même époque, il reçut l'hommage
(596), et mourut l'année suivante, au milieu de de Judicaël, duc des Bretons, et se trouva ainsi
toutes les grandeurs, laissant la couronne à son maitre de tout l'empire des Francs. Il essaya da
~IsCtotaireII. ° ramener un peu d'ordre dans cette société si trou-
Tout autre fut la mort de Brunehaut. Cette blée, et, reprenant les idées de Brunehaut, il
femme qui avait l'instinct de la civilisation voulut voulut élever la royauté au-dessus des factions
combattre la barbarie par des moyens barbares, des grands. Il éluda les prescriptions de la Cons-
Chassée de l'Austrasie par une révolte des grands, titution perpétuelle et fit revivre le système de
elle retrouva son autorité en Bourgogne et t'exerça l'administration romaine. Sa cour devint aussi
avec une cruauté inon!e elle fit lapider t'évêque fastueuse que celle des empereurs il siégeait,
de Vienne, saint Didier, et chassa saint Colom- les jours de fête, sur un trône d'or massif forgé
'ban de son monastère de Luxeuil. Un moment par saint Eloi, qui avait été orfèvre et directeur
de la monnaie royale de Paris, avant de devenir Wisigoths à la fin du V siècle. la loi Salique et
évoque de Noyon. Dagobert bâtit l'abbaye de celle des Ripuaires au commencement du vu*.
Saint-Denis, dota les églises, mais écrasa le peu- La Loi salique est le monument capital de cette
ple d'impôts. Celui qu'on a appelé le Salomon des époque. Rédigée une première fois avant la con-
Francs a laissé après lui le souvenir d'une magni- quête du bassin de la Seine par les Francs, elle a
ficence dont le dén&ment de ses successeurs été l'objet de plusieurs rédactions postérieures
devait encore augmenter le prestige. dont l'une remonte à l'époque de Clovis. La loi
Quelles ont été les conséquences de l'invasion Salique, dit Guizot dans son Histoire de la civili-
germanique, et en particulier de l'invasion fran- M<!M: <m France, traite de toutes choses, du droit
que, sur la constitution de la société gauloise? politique, du droit civil, du droit criminel, de la
Elles ont été moins grandes qu'on ne le pense gé- procédure civile, de la procédure criminelle, de la
néralement. M. Fustel de Coulanges, dans un li- police rurale, et pète-mele, sans aucune distinction
vre remarquable sur les Institulinns politiques de ni classification.Quand on regarde de près au con-
l'ancienne France, a pu dire que l'invasion n'avait tenu de cette loi, on s'aperçoit que c'est essentielle-
apporté en Gaule ni un sang nouveau, ni une nou- ment une loi pénale, que le droit criminel y tient
velle langue, ni un nouveau caractère, ni des presque toute la place. Le droit politique n'y ap-
institutions essentiellement germaniques. paraît qu'indirectementet par allusion à des insti-
Les Gaulois ne firent que changer de maltres tutions, à des faits qui sont regardés comme établis
au fisc impérial succède le fisc royal, au comté ro- et que la loi n'a aucun dessein de fonder. Sur le
main le barbare, à l'oppression systématique droit civil, elle renferme quelques dispositions
la domination brutale et fantasque. Toutefois les plus précises. C'est un Code pénal. On y compte
impôts se payèrent en nature plus souvent qu'en .i43 articles de pénalité, et 65 seulement sur tous
monnaie, et devinrent par conséquent moins les autres sujets. Les délits prévus dans la loi Sa-
écrasants. Les rois eux-mêmes ajoutent volontiers lique se classent presque tous sous deux chefs, le
à leur titre ceux tout romains de prince, patrice, vol et la violence contre les personnes. Sur 343 ar-
homme illustre. Ils prennent les insignes impé- ticles de droit pénal, 150 se rapportent à des cas
riaux, la couronne d'or, le trône d'or, le sceptre, de vols, et dans ce nombre 74 articles prévoient et
la chlamyde et la tunique de pourpre. Leurs ima- punissent les vols d'animaux. La loi entre à ce
ges les représententen costumed'empereursro- sujet dans les plus minutieux détails le délit et
mains et en robe consulaire. Bientôt même, ils la peine varient selon l'âge, le sexe, le nombre des
sentirent qu'ils avaient besoin d'une administra- animauxvolés, le lieu et l'époque du vol. Les cas
tion dont les Romains connaissaient seuls le mé- de violence contre les personnes fournissent
canisme. Ils les appelèrent à eux, les opposèrent 113 articles, dont 30, pour le seul fait de mutilation,
à leurs leudea indociles et farouches, et consultè- également prévu dans toutes ses variétés. Cette
rent avec une véritable prédilection les éveques législation qui révèle des mœurs violentes, bruta-
et les patrices romains. les, ne contient point de peines cruelles elle
Les terres de la Gaule formèrent trois sortes de semble porter & fa personne et a la liberté de&
propriétés. Les alleux étaient les lots tirés au sort hommes libres au moins, un singulier respect; car,
entre les conquérants, qui y vivaient dans une dès qu'il s'agit d'esclaves et même de colons, la
indépendance absolue, obligés seulementau ser- cruauté brutalereparalt, la loi abonde en tourments
vice militaire, lorsque l'assemblée générale déci- et en supplices; mais pour les hommes libres,
dait la guerre. Les bénéfices ou bienfaits étaient Francs et même Romains, elle est d'une extrême
des portions distraites par les rois ou les chefs modération. Quelques cas seulement de peine de
puissants de leurs propres domaines ils les confé- mort; encore peut-on s'en racheter. Point de peines
raient à leurs compagnonsou fidèles sous certaines corporelles, point d'emprisonnement. L'unique
conditions. Tantôt viagers, tantôt héréditaires, peine écrite, à vrai dire, dans la loi Salique, est la
tantôt révocables à volonté, tantôt temporaires, les composition,Wehrgeld, Widrigeld,c'est-à-dire une
bénéfices obligeaient toujours le détenteur à des certaine somme que le coupable est tenu de payer
services militaires et domestiques. Les terres tri- à l'offensé ou à sa famiUe. Au Wehrgeld se joint,
butaires, qui étaient les plus nombreuses, payaient dans un assez grand nombre de cas, ce que les.
un cens au trésor du roi ou à un propriétaire par- lois germaniques appellent le Fred, somme payée
ticulier. au roi ou au magistrat, en réparation de la viola-
Comme les terres, les hommes libres se trouvè- tion de la paix publique; c'est l'amende. A cola se
rent répartis en trois classes. Les leudes francs ou réduit le système pénal de la loi.
gallo-romains demeuraient près du roi dans sa Quatrième période (<i38-M). Les rois fai-
truste ou suite, ou bien ils étaient chargés de gou- n~<n~.– Aprèsle règne de Dagobert, la décadence
verner un ou plusieurs cantons en qualité de ducs des Mérovingiens commença les descendants de
ou de comtes. Les hommes libres, ahrimans ou Mérovée et de Clovis ne furent plus que tes rois
racltimbourgs étaient les propriétaires d'alleux qui /HM~<tt)~, tristes instruments aux mains des tout-
n'étaient pas compagnons du roi. Leur nombre di- puissants maires du palais Ces magistrats, qui
minua rapidement, parce que leur isolement les avaient la surveillance générale de la maison et
exposait aux entreprises des grands. Les tribu- de la truste du roi, étaient devenus les premiers
tatres disparurentaussi peu à peu, les uns réduits officiers du palais et les plus grands personnages~
au servage, les autres élevés au rang de béné- après le roi. Réunissant à la fois les charges de,
ficiaires. l'Ëtat et les fonctions de la domesticité, ils se-
Il y avait en Gaule autant de lois que de nations, trouvèrent à la fin les chefs des leudes et les mi-
mais toutes avaient trois principaux caractères nistres de la royauté. Leur puissance avaittgrandi,
communs. Elles étaient purement pénales, c'est-à- à mesure que diminuait l'autorité des rois. Bru-
dire qu'elles ne s'occupaient qu a réprimer les nehaut, qui voulut arrêter leurs empiètements, fut
crimes et les délits. Elles admettaientla coutume vaincue Clotaire II fut obligé de promettre sous.
du Wehrgeld ou composition, par laquelle un cou- serment à Warnachaire de ne jamais lui enlever
pable pouvait toujours se racheter à prix d'argent. la mairie; Dagobert échappa un moment à la ty-
Enfin, elles instituaient dans l'instruction des rannie de ce magistrat des grands; ses descen-
procès les conjurateurs, qui attestaient par ser- dants y retombèrent à jamais. Dans l'Austrasie,
ment la véracité de l'une des parties. Toutes ces les maires trouvaient une royauté faible, une aris-
lois étaient des coutumes traditionnelles, origi- tocratie puissante ils se tournèrent contre les
naires de la Germanie, qui furent rédigées posté- Mérovingiens, qu'ils cherchèrent à supplanter.
rieurement, la loi des Burgondes et celle des Dans la Neustrie, ils voyaient des institutions ro-
main' encore vivaces, des leudes peu nombreux, titre d'évoqué. Il fit distribuer aux pauvres sa
un peuple dès longtemps habitué aupouvoir pouvoir ab- vaisselle d'argent, ordonna un jeûne de trois jours,
solu ils se firent les champions du royal demanda pardon à ceux qu'il avait offensés, et,
qu'ils exerçaient, et les adversaires de l'aristocra- se dévouant pour son peuple, sortit de ht ville et
tie, des Austrasiens et de leurs maires, membres langue se livra. On lui creva les yeux, on lui coupa la
de la grande famille d'Héristal. et les lèvres, et il comparut, ainsi mutité,
Dans cette lutte nouvelle de l'Austrasie et de la devant le concile de fut décapité Marly. Les partisans d'Ebroin
Neustrie, ce dernier pays soutint sans trop de dé- le condamnèrent, et il au fond d'un
savantage la lutte, grâce au génie violent d'Ebroin. bois (CM).
Ce maire du palais, issn du pays de Soissons, pas La prise de Crécy livra à Ebroin Leudès et
Thierry l'un fut massacré, c'était un rival l'au-
sesseur de grands domaines, mais d'une naissance
peu illustre, avait pris le gouvernement de la tre fut épargné, ce n'était qu'un instrument.
Neustrie et de la Bourgogne, au nom du jeune Clo- Ebroin lui rendit sa couronne et se débarrassade
Clovis III, qui n'était plus bon à rien. Alors,
taire IM. fils de Clovis II, et petit-fils de Dago- vainqueur
bert, tandis que les Austrasiens choisissaient pour partout, en Burgondie comme en
maire Wulfoald, et pour roi Childéric H, frère de Neustrie, il usa de son pouvoir sans scrupule et
Clotaire 111. Ebroin commença par supprimer l'ar- sans pitié. Il enleva les terres du domaine royal
ticle de la Constitution perpétuelle qui ordonnait aux leudes qui les occupaient, les répartit entre
de choisir les comtes parmi les grands proprié- ses créatures, constitua une classe nombreuse de
taires des comtés, brisa sans scrupule toutes les petits bénéficiaires, qui étaient tout àpatrimoine lui parce
résistances, força la reine Bathilde, mère de Clo- qu'ils tenaient tout de lui, confisquale
taire, à se réfugier dans le monastère de Chelles, des grands rebelles, et les força à s'exiler en
et mit à mort les évoques de Paris et de Lyon. Austrasie. En même temps, il gagna à sa cause
Léodegaire ou saint Léger, évêque d'Autun, se ceux des évoques qui aimaient l'ordre civil et
fit le défenseur de l'édit de 615 et des privilèges l'administration romaine, saint Ouen de Rouen,
conquis par les grands. L'hostilité des deux adver- saint Prix d'Auvergne, saint Réol de Reims, saint
saires éclata en 670, à la mort du roi. Egilbert de Paris. Les évêques d'origine franque,
Ebroin craignit, en réunissant les Francs pour tels que saint Genest de Lyon, firent seuls cause
l'élection du nouveau roi, de leur donner l'occa- commune avec les leudes.
sion de connaître leurs forces et d'attaquer son Ebroin poursuivit ses ennemis jusqu'en Austra-
autorité. C'est pourquoi il se hâta de proclamer sie il réclama leur extradition les maires Pépin
Thierry III, troisième fils de Clovis Il, et donna d'Héristal et Martin la refusèrent, et il envahit
ordre aux Francs, qui accouraient, de rentrer leur pays. Vainqueur à Latofao, il assassina Mar-
chez eux sous peine de mort. Ils se conjurèrent tin en trahison, et allait pousser jusqu'au Rhin
contre lui, brûlèrent, selon la coutume germani- lorsqu'il périt lui-même. Un leude, nommé Her-
qu'il avait insulté, l'attendit diman-
que, les maisons de ses partisans, et donnèrent la manfried,che matin, armé d'une hache. Ebroin
un
sortait pour
couronne de Neustrie à Childéric II. Ebroin, sur-
pris par ce mouvement soudain, fut abandonné de aller aux matines, lorsque son ennemi lui brisa
tous et se réfugia dans une église. Ses trésors fu- la tête (681).
rent pillés, lui-même fut tondu et enfermé au La mort d'Ebroin marque la chute de la puis-
couvent de Luxeuil le pauvre Thierry III eut le sance royale descontinuer Mérovingiens. Son successeur,
même sort, il fut enfermé au monastère de Saint- Bertaire, voulut son oeuvre, et marcha
Denis. La chute d'Ebroin eut les mêmes consé- contre Pépin d'Héristal à la tête « d'une grande
quences que celle de Brunehaut les grands im- multitude
de petites gens. » Il fut battu et tué à
posèrent leurs conditions au roi qu'ils venaient de Testry (681). La Neustrie était vaincue par l'Aus-
reconnaltre. Mais en s'établissant en Neustrie, trasie, la royauté par l'aristocratie, la famille de
dans la France romaine, Childéric se mit à suivre Clovis par celle de Pépin.
les exemples d'Ebroin. Léger le menaça de la ven- Désormais, en effet, les rois mérovingiens
geance divine s'il ne tenait son serment; le roi Thierry. Clovis, Childebert, Dagobert, Chiipérie
l'accusa de comploter la destruction de la royauté, ne règnent plus que de nom. Le pouvoir appar-
et l'envoya à Luxeuil rejoindre Ebroin. Alors il tient tout entier à Pepin d'Héristal, à Charles
s'abandonna a tous ses caprices, et osa faire bat- Martel', à Pépin le Bref qui ont l'autorité sans
tre de verges le leude Bodilon. Peu de temps avoir le titre de roi. En 752, Pépin le Bref, avec
après, il fut égorgé dans la forêt de Bondy avec sa l'assentiment du pape Zacharie, fit déposer dans
femme et son enfant (673). l'assemblée de Soissons le dernier Mérovingien,
Une effroyable anarchie s'ensuivit. « Les exilés, Childéric III, qui fut relégué au révolution, monastère de
dit la Vie de saint Léger, accouraient comme des Sithieu, près de Saint-Omer. Cette qui
serpents qui sortent de leurs cavernes, tout gon- substituait à la dynastie mérovingienne la dynastie
Béi de venin, au retour du printemps. » Ebroin et carlovingienne était depuis longtemps préparée
saint Léger quittèrent ensemble Luxeuil, après et acceptée par les peuples francs; aussi passa-t-
avoir renouvelé entre les mains de l'abbé le ser- elle inaperçue. [Désiré Blanchet.]
ment d'oublier le passe. Ils entrèrent aAutun avec Lectures et dictées.
leurs partisans, et se dirigèrent vers Paris, où FnÉcÉGONDE. – Agitée
– LA MORT DES ENFANTS DB
par ses craintes mater-
était le roi Thierry, qui venait de quitter son mo- nelles, Frédégonde se trouvait un jour avec le roi
nastère. En chemin, leur accord se rompit; Ebroin Hilperik (Chilpéric) dans la pièce du palais où
domaines leurs deux fils étaient couchés, proie à l'acca-
a ecnappa la nuit, se réfugia dans ses la flèvre. Il avait
en
du feu dans l'àtre
de Soissons et y rassembla ses amis, tandis que blement de y
Leudès, fils d'Erkinoald, était proclamé maire dn à cause des premiers froids de septembre et pour
palais par Léger et les leudes de Burgondie. la préparation des breuvages qu'on administrait
Ebroin prit hardiment l'offensive. Il opposa à aux jeunes malades. Hilperik, silencieux, donnait
Thierry un prétendu fils de Clotaire III, Clovis 111, peu de signes d'émotion; la reine, au contraire,
battit Leudès à Pont- Saint-Maxence, sur l'Oise, et soupirant, promenant ses regards autour d'elle,
le força de s'enfermer avec son roi dans les murs et les nxant, tantôt sur l'un, tantôt sur l'autre de
de Crécy. L'Austrasie et la Burgondie repoussaient ses enfants, montrait, par son attitude pensées
et ses
qui
encore le faux roi et le faux maire pour abattre gestes, la vivacité et le trouble des
les révoltés, Ebroin mit le siège devant Autun. l'obsédaient. Dans un pareil état de l'âme, il arri-
Saint Léger, qui n'avait montré jusqu'alors que vait souvent aux femmes germaines de prendre la
les qualités d'un chef de parti, se souvint de son parole en vers improvisés ou dans un langage plus
poétique et plus modulé que le simple discours. suivant une des pratiques religieuses du siècle,
Soit qu'une passion véhémente les dominât, soit ils l'exposèrent, couché dans son lit, près de la
<}u'eUes voulussent, par un épanchement de cœur, tombe du saint, et firent un vœu solennel pour
diminuer le poids de quelque souffrance morale, le rétablissement de sa santé. Mais le malade,
-elles recouraient d'instinct à cette manière plus épuisé par la fatigue d'un trajet de plusieurs
solennelle d'exprimer leurs émotions et leurs sen- lieues, entra en agonie le jour même, et il expira
timents de tout genre, la douleur, la joie, l'amour, vers minuit. Cette mort émut vivement toute la
la haine, l'indignation, le mépris. Ce moment population de la ville à l'impression de sympa-
-d'inspirationvint pour Frédégonde; elle se tourna thie que cause d'ordinaire la fin prématurée des
vers le roi, et, attachant sur lui un regard qui personnes royales, se joignait, pour les habitants
commandait l'attentioni elle prononça les paroles de Soissons, un retour personnel sur eux-mêmes.
suivantes Presque tous avaient à pleurer quelque perte
Il y a longtemps que nous faisons le mal et récente. Ils se portèrent en foule aux funérailtes
« que la bonté de Dieu nous supporte souvent du jeune prince, et le suivirent processionnelle-
« elle nous a châtiés par des Bèvres et d'autres ment jusqu'au lieu de sa sépulture, la basilique
« maux, et nous ne nous sommes pas amendés.» des martyrs saint Crépin et saint Crépinien. (Au-
« Voilà que nous perdons nos fils voilà que les gustin Thierry, ~M<~ des temps mérovingiens,
larmes des pauvres, les plaintes des veuves, les septième récit.)
soupirs des orphelins les tuent, et nous n'avons MESURES ANCIENNES (Conversion des).
plus l'espérance d'amasser pour quelqu'un. Arithmétique, XXXVII. 1. Avant l'établisse-
<f Nous thésaurisons sans savoir pour qui nous ment du système métrique,il y avait en France un
« accumulons tant de choses voilà que nos tré- grand nombre de mesures, variant d'une contrée
sors restent vides de possesseur, pleins de ra- à l'autre nous ne parlerons que des principales.
e pines et de malédiction. MESURES DE LOt)Gmc!t. L'unité principale était
« Est-ce que nos celliers ne regorgeaient pas la toise; elle se divisait en 6 pieds,chaque pied en
« de vin ? Est-ce que nos greniers n'étaient pas 12 pouces et chaque pouce en 1Ï H~Met. Le quart
« combles de froment? Est-ce que nos coffres n'é- du méridien, mesuré par les astronomes français,
taient pas remplis d'or, d'argent, de pierres a été trouvé de 5J30,740 toises. Il en résulte que
précieuses, de colliers et d'autres ornements 5,) 30,740 toises valent 10,000,000 de mètres. On
<t impériaux? Ce que nous avions de plus beau, obtient donc la valeur de la toise
« voilà que nous le perdons. » en mètres en
divisant ]O.OCO,000 par 5,130,740, ce qui donne
Ici les larmes qui, dès le début de cette lamen- ) "94 904. En divisant 6, on obtient pour la
tation, avaient commencé à couler des yeux de la valeur du pied 0*,32484 par divisant par 12, on trouve
reine, et qui, à chaque pause, étaient devenues plus pour la valeur du pouce O* ,02707 et la 12'
abondantes, étouffèrent sa voix. Elle se tut et tie de ce dernier nombre, soit O* ,00X256, estpar- la
resta la tête penchée, sanglotant et se frappant la valeur de la ligne. A l'aide de ces valeurs on peut
poitrine, puis elle se redressa, comme inspirée former le tableau suivant
par une résolution soudaine, et dit au roi « Eh
<t bien t si tu m'en crois, viens et jetons au feu tous 1 toise vaut 1",94904 6 toises valent 11 ",69422
ces rôles d'impôts iniques; contentons-nous, pour 2 3,8980'! 7 – 13 ,64326
« notre use, de ce qui a sufO à ton père, le roi 3 5,8471) 8 – 15 ,59229
Chlother. Aussitôt elle donna l'ordre d'aller 4 7,796)5 9 J1,54tM
chercher dans ses coffres les registres de recense- 5 – 9,745!8 10 19 ,49037
ment que Marcus avait rapportés des villes qui 1 pied
lui appartenaient. Lorsqu'elle les eut sous sa vaut 0°,3248t 4 pieds valent 1 ,29936
main, elle les prit l'un après l'autre et les jeta 2 – C,64868 5 1,624-20
dans le large foyer, au milieu des tisons brûlants. 3 – 0,97452
Ses yeux s'animaient en voyant la flamme enve- 1 pouce vaut ()°',02707 7poucesvalent0,16949
lopper et consumer ces rôles obtenus à grand
peine; mais le roi Hilperik, étonné bien plus que 32 – 0 ,05414 8 – 0,2t656
joyeux de cette action inattendue, regardait sans 4 – 0,08121 9 – 0,24~63

––
0 ,10828 M 0 ,27070
proférer un seul mot d'acquiescement. « Est-ce 5
« que tu hésites, tui dit la reine d'un ton impérieux 6


0 ,13535 11
0 ,16242
0 ,29777
« fais ce que tu me vois faire, afin que, si nous
<< perdons nos fils, nous échappions du moins aux
t ligne vant O',002956 71ig. valent 0",0l5791
« peines éternelles.
2 0 ,004512 8 – 0,0)8047
Obéissant à l'impulsion qui lui était donnée, 3 0,006767 9 – 0 ,020302

––
0 ,009023 10
HilperiJc se rendit à la salle du palais où les actes 4
publics étaient réunis et conservés; il en fit 5 0,011279 11 – 0 ,022558
0
024814
extraire tous les rôles dressés pour la perception 6
des nouvelles taxes, et commanda qu'ils fussent
– 0,013535
jetés au feu. Ensuite il envoya dans les diverses L'usage de cette table est des plus faciles soit
provinces de son royaume des hommes chargés à convertir en mètres une longueur de 3 toises
d'annoncer que le décret de l'année précédente 5 pieds 9 pouces 10 lignes la table donnera suc-
cessivement
sur l'impôt territorial était annulé par le roi, et
de défendre aux comtes et à tous les ofneiers pour 3 toises. 5'8471
fiscaux de t'exécuter à l'avenir.
Cependant la maladie mortellesuivait son cours¡ pour 5pieds. 1,62420
pour 9 pouces. 0,24363
le plus jeune des deux enfants succomba le pre-
mier. Ses parentsvoulurent qu'il fût enseveli dans pour lignes.
10 0,02255S
la basilique de Saint-Denis, et ils firent transpor- Total. 7°,737498
ter son corps du palais de Braine à Paris, sans ou, à très peu près, 7m,737 et demi.
l'accompagner eux-mêmes. Tous leurs soins se 2. Pour opérer la conversion inverse, on re-
portaient dès lors sur Chlodobert, dont l'état ne marque que fO~OOO,MO de mètres valent 5,)30,740
donnait plus qu'une faible espérance. Renonçant toises un mètre vaut b',5t3074. Pour convertir
pour lui tout secours humain, ils le placèrent en toises un nombre donné de mètres, il faudra
sur un brancard, et le conduisirent à pied jusque donc multiplier O',5t9074par ce nombre la par-
dans Soissons, à la basilique de Saint-Médard. Là, tie entière exprimera les toises
on multipliera
la partie fractionnaire par 6 la partie entière du la perche carrée est le carré de ce nombre, Ott
produit exprimera les pieds on multipliera la 34mq,1887 ou 34à ares,19. très peu près 34mq,19. Dès lors
nouvelle partie fractionnaire par 12 la partie en- l'arpent vaut
tière du nouveau produit exprimera les pouces S'il s'agit de la perche des eaux et forêts, sa va-
enfin, en multipliant la dernière partie fraction- leur est 0"32M4 x 22 ou T*,1M48 la perche
naire par 12, on aura les lignes. carrée est te carré de ce nombre, ou 5f"),0'?22.
On trouvera ainsi que Des lors l'arpent vaut 51 ares, 07.
Pour obtenir, au contraire, l'expression de l'hec-
l" équivaut à 3P ÛP 111,3. tare en arpents, il faut diviser l'unité par 94,t~
9°,8088 équivaut à &T OP 2P 4',2. s'il s'agit de l'arpent de Paris, ou par 51,07 s'il
3. La toise ayant s'agit de l'arpent des eaux et forêts, ce qui donne
MESURES DE SUPERFICIE. dans le premier 2 arp.,9249, et dans le second
de la toise cas
pour valeur l°~94904,on obtiendra celle arp.,9580.
carrée en multipliant ce nombre par lui-même, ce A l'aide de 1

q~i donne 3mq,7987. LaM'partiedecenombre,soit suivant: ces valeurs on a formé le tableau


<J""),1055, représente le pied carré. On obtiendrait
ta aleur du pouce carré en divisant celle du pied Arpents Hectares
arpents des EaM
carré par 144. On pourrait l'aide de ces valeurs des Eaux et Forêts
en hectares.
en
et Forêts.
former in tableau analogue au précédent; mais
nous ne .royons pas devoir le reproduire parce 1 arpent vaut 0,5107 1 hect. vaut 1,9580~
qu'il a peu d'applications. On le trouvera dans 2 – 1,0214 2 3,9160
5,f74t
l'Annuaire du Bureau des longitudes. 3 – 1,5322 3
A l'aide des valeurs ci-dessus, on trouvera que 4 – 2,042!J 4 7,8321
– –––
13~ 2j~ équivalent a: 5 2,5o3C 5 9,7'JOl
3"981 X 13 + Omq,1055 X 25, 6
7
–– 3.0643
3.575M
6
7
11,7481
13,706t
c'est-à-dire M""[, 0206. S – -t,085S 8 –– l.'),66t2
17,6M2
Pour opérer la conversion inverse, on remarque- 9 – 4,5')e5 9
– 19,5802
ra que la valeur du mètre en toises étant 10 – 5,1072 10
OT,5130T'4, on obtiendra la valeur du mètre carré Arpents Hectares
en toises carrées en multipliant ce nombre par lui- de Paris en hectares, en arpents de Paris.
même, ce qui donne Ol<632'!5. Pour convertir 1 arpent vaut 0,3419 1 hect. vaut 2,9249
carrées nombre donné de mètres –
en toises un
carrés, il faudra donc le multiplierpar 0~,263245
2
3
–– 0,6838
1,0257
2
3 –
5,8499~
8,7748
la partie entière du produit exprimera les toises 4 – ),3675 4 – 11,6998
carrées on multipliera la partie décimale par 36, 5 – ),094 5 – 14,6247
et la partie entière de ce produit donnera
pieds carrés; on multipliera la nouvelle partie dé- 7
les 6 – 2,0513 6 – 17,5497
20,4746
cimale, par 144, et la partie entière de ce produit 8 – 2,3932 7
2,7351 8 23,3995
donnera les pouces carrés. On trouvera ainsi que 9 3,0770 9 26,3245
M 3,4189 )0 29,2494
1°"! équivaut à OTq, 9~, 68pq et 2/3 environ,
et que II faut
U fantT'Rmarnnar
remarquer que nua le même ttableau ableau peut
Deut
servir àconvertir les ares en perches ou les per-
13~,75 équivalent à 3T<), 22~), 44M.1. ches en ares, puisque la perche est le 100' de
4. – MESURES DE VOLUME. La valeur de la l'hectare. Soit à convertir 126 arpents 58 perches des
toise en mètres étant l*,9490t, on obtiendra celte forêts en hectares. On aur ait à addition-
de la toise cube en élevant ce nombre à la 3' eaux et
puissance, ce qui donne 7~.403666. En divisant ner
par 216 (cube de 6), on obtiendra pour le volume
du pied cube 0"3,()342ï6. A l'aide de ces valeurs
100 fois O'5107
10 fois t.0214
soit. 51'M
10 ,2143
on trouverait que 2'M,!20M valent t8"'3,9204M. 10 fois 2',5536 0.25666
Pour opérer la transformation inverse, on par- 1 fois 4 ,0858 0,OMS58
tira de la valeur du mètre en toises, soit 0*,5t3U74; Total. 6l",580()
le cube de ce nombre sera la valeur du mètre
cube en toises cubes on trouve OT3,135064. Pour Soit au contraire à convertir 98",45 en arpents
convertir en toises cubes, pieds cubes, etc. un de Paris; on aura à additionner
nombre donné de mètres cubes, il faudra donc le
partie entière expri-
10 fois 26arp.,3245 soit. 263arp.,245
multiplier par 0,135064 la 1 fois 23 ,3995 23 ,3995
mera les toises cubes on multipliera la partie dé- 10 fois ilp.,6998 1 ,16998
cimale par 216; la partie entière du produit don- 1 fois 14p.,62M 0 ,116?4T
nera les pieds cubes on multipliera la nouvelle Total. 287arp.,9697
partie décimale par 1728 (cube de 12) la partie
entière du produit donnera les pouces cubes, etc. 6. –MESURES DE CAPACITÉ.-La principale unité
de capacité était le boisseau; il se divisait en 16
On trouvera ainsi que litrons; et 12 boisseaux formaient un setier. Le
lm9 équivaut à 29M 300P' environ, boisseau valait 13 litres, le setier valait donc 12
fois 13 ou 156 litres; et le litron valait le J6" do
et que 13 litres, soit O',8l25. On trouvera facilement, à
4°s,576 équivalent à 133' 865?? environ. l'aide de ces nombres,qu'une capacité de 3 setiert
7 boisseaux et 11 litrons équivalait à 5671,937 ou
5. MESURES AGRAIRES. L'ancienne unité des environ 5 hectolitres, 61 litres et 94 centilitres.
mesures agraires était l'arpent, de 100 perches car- etOn employait aussi la pM<e, qui valait O',93t3,
rées.Mais on distinguait deux espèces de perches, le'muid qui valait.2 hectol..68M.
la perche de Paris, valant 18P, et la perche des 7. ttESMES POUR LE BOIS DE CHADFtAe*. – La
eaux et forêts valant 22P mesure la plus usitée était la cfM-cte des eaux et
Supposons d'abord qu'il s'agisse de la perche forêts, qui valait 3 st. ,839 etla voie, qui en était
de Paris. Sa valeur est 0'°,32484~< 18 ou 5",84n2 la moitié ou 1 st.,9195.
– –
8. Mies. L'ancienne unité de poids était ta
livre; eUe se divisait en 2 <?MrM, ou 16 onces,
enfin cette dernière partie décimalepar 72, on aura
55 grains, 6<i56.
chaque once en 8 gros, et chaque gros en 72grains. Le poids dont il s'agit équivaut donc&52 livres
On en déduit aisément que la livre contenait 9onces2 2 gros et 55 grains.
t6 x 8 X 72 ou 9216 grains. Les mesures précises 9. MONNAIES. L'ancienne unité monétaire
exécutées à l'époque de rétablissement du sys- était la livre tournois; elle se divisait en 20 sous,
tème métrique ont donné pour la valeur du kilo- et chaque sou en 12 deniers. La livre valait donc
gramme 188k7 grains,15. La valeur de la livre en 20 X 12 on 240 deniers. La loi du 25 germinal an
kilogrammes s'obtient donc en divisant 9216 par IV ()4 avril 179h) aSxé lavaleur de ta pièce de 5 fr.
18827,15, ce qui donne 0 kit.,48950&847. En divi-
sant successivement par 16, par 8, par M, on en à 5 liv. 1 sou 3 deniers ou 5 Hv. –, ou – de

ou.
déduit la valeur de l'once, du gros et du grain. tb Ib
)ivre la valeur du franc, qui en est la 5* partie,
On obtient au contraire la valeur du kilogramme 8t de livre,
en livres en divisant 18827,15 par 9216, ce qui est donc ou 1 liv.,0125.
donne 2 liv.,042876519.
Ces rapports ont servi à former les tableaux
suivants
Réciproquement la livre vaut les du
franc
Ofr.,9376543
Livres
en kilogrammes.
Kilogrrammes
en litres. vautdonc.
le sou, qui en est la M* partie,
t livre
2
3


vaut 0,48951
0,979~1
),4Gft52
1,95802
1
2
3
4
kilog. vaut
4,0858
6,)286
8,1715
vaut.
2.0t29 et le denier, qui est la t2* partie
du sou,
0 fr. 0493827

0 fr. 0041152

Soit par exemple a convertir 11 livres 17 sous


5 – 2,44753 5 10,2144 6 deniers en francs et centimes il faudra prendre
'6 – 2.93~03 6 12,2573 19 fois 0 fr. 987ti543. plus 17 fois 0 fr. (H93827.

––
7 3,42654 7 14,3001 plus 6 fois 0 fr. 0041152; en faisant le calcul, on
8 3,91605 8 16,3430 trouve tt fr. 728 ou environ 11 fr. 73.
9
10
4,40555 9
4,8i)&0610 –– 18,3853 Soit, au contraire, à convertir 13 fr. 50 en livres,
20,4288 sous et deniers. On multipliera 1 liv.,0125 par 3,5.
Onces en grammes.
ce qui donne 1;! liv.,66875.On multipliera la partie
Gros en grammes. décimale par 20, ce qui donne 13 sous,37500. On
1 once vaut 30,59 1 gres vaut 3,82 multipliera la nouvelle partie décimale par 12, ce
2 – 61,)9 2 – *~5 qui donne 4 deniers,5. La somme proposée équi-
–– –
3 91,~8 3 11,47
4 ]22~38 4 – 15,30 vaut donc & 13 livres, 13 sous et 4 deniers

–––
5
6
– 15~,97 5
183,56 R
19,12
22,94
[H. Sonnet.]
METALLOÏDES. – Chimie, II, IV, VI-X. La-
7
8
– 214,16 7
244,75
26,77 voisier divisait les
corps simples en métaux, corps
9 275.35 non métalliques et gaz. Cette ctassincation était
10
bonne au temps où l'on ne connaissait, outre les
305,94 métauxusuels, que le carbone, le soufre et le phos-
Grains en gramme*. Grammes en grains.
phore, où les théories sur les gaz se ressentaient
10 grains valent 0,531 1 gramme vaut encore de l'influence de celle du phlogistique,
18,83 même dans l'ouvrage de celui qui l'avait ruinée.
20 1,062 2 37,65 On disait, et l'on répète encore aujourd'hui tes
30 1,593 3 56,48 corps métalliques ont un éclat spécial, font miroir,
40 2,125 4 75,31 rénéchissent la lumière, les images,
50 2,656 5 94,14 conducteurs de l'électricité et de la chaleur, sont bons
60 3,187 6 112,96 suite froids au toucher leurs oxydes sont par
70 3,718 7 t3t,~9 ou basiques, ils sont sans action sur la teinture neutres

––
8 ]50,62 de tournesol et la ramènent bleu lorsqu'elle a
9 169,34 été rougie par un acide. Les au
corps non métalliques
10 – 188.27 (et c'est strictementvrai
et le phosphore) n'ont
pour le charbon, le soufre
Soit à convertir 5 livres 13 onces 7 gros et 60 pas l'éclat métallique, sont
grains en kilogrammes et fraction de kilogrammes, mauvais conducteurs de la chaleur et de l'électri-
cité leurs combinaisons avec t'oxygènesont acides,
on aura à additionner rougissent la teinture bleue de tournesol. Plus tard
pour5IivrM. 2k,44753 l'incorporation des gaz et surtout de l'azote parmi
pourlOonces. 0,30594 les corps non métalliques raffermit encore cette
distinction. L'étude de l'action de la pile sur les
pour 3 » 0 ,09178
composés binaires conduisit à formuler cette
pour 7 gros 0,026T?
pour 60 grains. 0 00318 tôt incomplète les corps métalliques vont au pote
négatif, ils sont électro-positifs, les corps non mé-

kil.
Total .~x'8'!520 talliques vont au pote positif, ils sont électro-né-
Soit au contraire à convertir 2&7< en livres, gatifs. La découverte d'un grand nombre de corps
onces, etc., on aura à additionner: simples nouveaux, pendant le premier tiers du
pour 20 401iv.,858
siècle, tantôt fut en faveurde cette classification,
pour 5 le sélénium, le tellure vinrent se placer tout natu-
10 ,M4t rellement à côté du soufre; le potassium, le so-
pour '!hectog.(tet0°de7).. 1 ,4300 dium, etc., répondirent encore mieux au type
pour 4decag.(tel00'de~ 0 ,11817 métal que tes métaux usuels, tantôt elle lui fut
Total. 52tiv.,à8U contraire plusieurs corps incontestablement con-
Multipliant la partie décimale par !6, on sidérés comme métaux se présentèrent sous la
aura forme pulvérulente l'iode, par contre, a l'éclat
9 onces,3456 multipliant la nouvelle partie déci- métailique. L'étude
male par 8, on trouvera 2 gros.7648 multipliant plus complète des corps déjà
connus lui porta un coup fatal; l'arsenic, l'anti-
moine, parfaitement métalliques d'apparence, al- tion ne sont plus dévorées par les mulots et autres
lèrentrejoindre l'azote et le phosphore; le graphite, animaux nuisibles; il entre dans la composition de
variété du carbone, surpasse certains métaux en la mort aux rats, et sert à la préparation du savon
éclat et en conductibilité plusieurs métaux, l'or, arsenical, indispensable aux empailleurs. Il forme
l'étain, le manganèse, etc., forment avec l'oxygène des sels bien définis également très vénéneux. –
des acides bien définis. C'est vers 1825 que Ber- L'acide arsénique, AsO~, est beaucoup plus soluble,
zelius donna aux corps non métalliques le nom encore plus vénéneux; mais il offre moins de dan-
malheureux de métalloïdes (semblables à des mé- ger, étant un solide déliquescent, tandis que l'a-
taux) Ampère a adopté ce nom, et, dans sa Philo- cide arsénieux industriel se rencontre le plus sou-
sophie des sciences, a compté seize métalloïdes vent sous forme de poudre blanche à peu près
groupés en quatre classes, de quatrecorps chacune: sans odeur ni saveur, et peut se confondre avec
l" classe: Oxygène, soufre, sélénium, tellure. beaucoup d'autres corps il forme aussi des sels
X" classe Chlore, brome, iode, fluor. dont plusieurs, entre autres l'arséniate de fer,
3'c~<MM~Azote, phosphore, arsenic, antimoine. sont employés comme médicaments. L'hydro-
4* classe Hydrogène, carbone, bore, silicium. gène arsénié, gazeux, à odeur alliacée, très véné-
Les conceptions de cette sorte, fondées autant neux, décomposablepar la chaleur rouge, s'obtient
sur des idées à priori que surlesdesprogrès observations quand on produit de l'hydrogène dans un liquide
réelles, entravent un instant de la arsenical; de là un moyen de recueillir les moin-
science par l'influence qu'exerce sur les chercheurs dres traces d'arsenic contenues dans une dissolu-
le grand nom de leur auteur. tion, et un moyen de recherches dans les cas
De ces quatre classes, la seule naturelle est celle d'empoisonnement. Les substances suspectes sont
du chlore, que Lavoisiersupposait l'acidele plus oxy- carbonisées par l'acide sulfurique, le charbon est
géné d'un radical dont l'acide muriatique (aujour- repris par de l'eau distillée, la dissolution est
d'hui chlorhydrique) était la première combinaison versée dans un appareil à hydrogène ordinaire.
avec le générateur des acides. Dans la première Le gaz produit brûle avec une fumée blanche
classe, l'oxygène est beaucoup plus séparé des trois odorante; en interposant de la porcelaine dans la
autres corpsque ceux-ci ne le sont entre eux. Dans la flamme, elle se recouvre de taches miroitantes;
troisième classe, les différences ne sont guère moins on peut obtenir des anneaux noirs dans le tube
tranchéesque les similitudes, et l'antimoine va sou- de dégagement en le chauffant avec une lampe à
vent rejoindre l'étain parmi les métaux. Dans la qua- alcool; ces anneaux, ces taches sont de l'arsenic
trième, l'hydrogène a été placé de force, par respect isolé dont on peut constaterl'identité. Ce procédé
pour la classification quaternaire; les chimistes qui de recherchesest dû au chimiste Marsh qui lui a
tiennent encore à la division en métalloïdes et en donné son nom. Quand il est employé dans une
métaux, le rangent souvent parmi ces derniers, tan- expertise médico-légale, il est indispensable de
dis que les phénomènes de substitution étudiés en faire parallèlement l'expérience avec les mêmes
chimie organique lui assignentune proche parenté réactifs, mais sans y ajouter les liquides suspects.
avec le chlore, le brome etl'iode. Entre le carbone Il existe un assez grand nombre d'arséniures na-
et le silicium, oscille le bore, tantôt rapproché, turels employés comme minerais. L'arsenic en
tantôt éloigné de l'un ou de l'autre, suivant les poudre s'enflamme dans le chlore et forme des
considérations les plus en faveur. chlorures d'arsenic, vapeurs asphyxiantesdécom-
La proportion des équivalents des corps d'une posables par l'eau.
classe est souvent très remarquable. Par exemple L'/oet?, découvert en 1811 par Courtois dans les
ceux du fluor, du chlore, du brome, de l'iode sont eaux-mères des soudes de varechs, a été étudié en
à peu près dans les rapports de 1, 2, 4,5, 7 ceux 1813 par Gay-Lussac.Ils'obtient en traitant un iodure
de l'oxygène, du soufre, du tellure sont comme 1, alcalin par l'acide sulfurique et le peroxyde 4le
2 et 4; mais par exemple le sélénium se place manganèse, réaction analogue l'une de celles qui
à
plus difficilement par son équivalent dans cette produit le chlore. C'est un corps solide, opaque,
série que le phosphore, qui s'en éloigne à tout d'un gris métallique, cristallisable par solution
autre égard. De sorte que, jusqu'à ce que de nou- dans l'acide iodbydrique et par sublimation. Il
il
veaux points de vue soient présentés, ne faut fond àtrès 107, bout à ~80° en donnant une vapeur vio-
dense (8,8), est peu soluble dans l'eau,
accorder que peu d'importance à ces curieuses lette
coïncidences numériques. très soluble dans l'alcool et le sulfure de carbone.
Somme toute, la classification artificielle des On en reconnaît des traces à l'état libre par la co-
corps simples en métalloïdes et métaux a fait son loration d'un bleu intense qu'il donne à l'amidon.
temps, et il faut souhaiter de voir le premier de L'iode existe en très petite quantité dans l'eau de
ces mots tomber le plus tôt possible en désuétude. mer, seet rencontre dans les plantes marines. Il
Nous l'avons suivie ici à cause de son intérêt his- se retrouve dans leurs cendres, autrefois princi-
torique et parce qu'elle n'a pas encore été rem- pale source des sels de soude, et reste dans les
placée par une meilleure. eaux mères d'où on l'extrait; l'azotate de soude na-
Le Dictionnaire consacre des articles spéciaux à turel contient jusqu'à 2 p. 100 d'iodure. Par ses
un certain nombre de métalloïdes, savoir: oxygène, composés, 1 iode est un corps très précieux pour la
hydrogène, carbone (V. Charbon), soufre, azote, médecine et la photographie. Il forme avec
phosphore, chlore, fluor, silicium (V. Silice). Les t'oxygène des composés, acides hypo-iodique, 10*,
autres n'ayant pas d'articles spéciaux, nous allons iodique, 10~, et hyperiodique. 10~, sans importance
donner à leur sujet quelques brèves indications. pratique. Avec l'hydrogène il forme l'acide
L'Arsenic est solide, à éclat métallique,cristallin, iodhydrique, analogue de l'acide chlorhydrique
volatil au rouge sombre; densité 5,6; obtenu car et ayant des propriétés comparables & celles de ce
la réduction de l'acide arsénieux; s'allie aux mé- corps il s'obtient par l'action de l'hydrogène sul-
taux en les rendant durs et cassants. L'acide furé sur l'iode en présence de l'eau.
arsénieux, AsO~, est blanc, cristallisable, soluble L'iode forme des iodures avec tous les métaux
dans 20 parties d'eau c'est le terrible poison connu et plusieurs métalloïdes.
sous le nom d'arsenic il corrode et perce les mem- L'iodure d'azote est une poudre noire explosive,
branes de l'estomac on combat ses effets à l'aide comparable au chlorure d'azote. L'iodure de potas-
de l'hydrate d'oxyde de fer récent, de la magnésie sium, composé naturel existant dans les eaux
calcinée, et en provoquant en même temps les mères, ou obtenu artificiellement par l'action de
vomissements. A petite dose, c'est un médicament l'iode sur la potasse et la calcination du sel résul-
précieux contre l'asthme, l'anémie. Il sert à chauler tant pour décomposer la portion d'iodate formée,
les blés; les semences trempées dans sa dissolu- est un dépuratif énergique très employé en mé-
decine. Il sert aussi en photographie, mais moins vue théorique elle montre l'exempte le plus parfait
que les iodures d'ammonium, de zinc, de cad- dela transformation de lumière en mouvement. On
mium, de fer. Ces trois derniers s'obtiennent par se rappelle la découvertefaite par Scheele du bru-
combinaison directe à froid en présence de l'eau; nissementde chlorure d'argentet de sa décomposi-
l'iodure d'ammonium par la combinaison directe tion par la lumière en un demi-siècle cette expé-
de l'ammoniaque et de l'acide iodhydrique. L'io- rience intéressante a enfanté la photographie;
dure d'argent, contenant plus ou moins de bro- qui sait l'avenir réservé à la sensibilité du sélé-
mure, forme la couche sensible des plaques pho- nium ? Déjà on s'en est servi pour fabriquer un
tographiques il s'obtient par doublé décomposition. œil artificiel dont la paupière s abaisse comme les
L'iodure de mercure est un type d'iodacide se eom- nôtres en présence d'une impression lumineuse
binant avec l'iodure de potassium. intense.
Le Brome est un liquide très brun, d wne odeur LeTellure, encore plus rare que le sélénium, se
très pénétrante provoquant la toux, densité 2, 6 rencontre combiné an plomb, à l'argent, et rare-
it bout à ;)3°. Par ses propriétés chimiques, phar- ment natif. H a l'apparence de l'étain et est cris-
maceutiques, industrielles, son état dans la na- tallisable. Sa densité est 6,26 son équivalent 64,
ture, it se rapproche de l'iode de la façon la plus double de celui du sélénium. !i est en tous points
remarquable. Sa préparation est analogue à celle analogue au soufre et au séténium sa conductibi-
de l'iode. La dissolution de bromure de potassium lité électrique varie, comme celle du sélénium,
est entre tes mains des médecins un des meilleurs selon la lumière à laquelle il est soumis; it se
calmants du système nerveux. prête dont à l'expérience de Siemens.
Le Bore, qui a de grandes analogies avec le car- [Paul Robin.]
bone, se présente comme lui sous trois états: METAUX. – Chimie, II, XJ, XVII-XX. On
amorphe, graphitotde, adamantin. Nous parlerons indique comme premier caractère distinctif des
seulement de cette dernière forme. Elle s'obtient métaux un éclat particulier,dit éclat métallique;
en fondant ensemble à une très haute tempéra- en masse ils réfléchissent la lumière, conduisent
ture 100 grammes d'acide borique et 80 d'alumi- bien la chaleur et l'électricité. Quand les métaux
nium ce dernier décomposel'acide borique, une ont la ferme pulvérulente sous laquelle ils se pré-
partie forme de l'alumine, l'autre dissout le bore, sentent souvent, ces caractères disparaissent.
et quand la dissolution se concentre, le bore cris- Leurs oxydes sont en général neutres ou basiques.
tallise a l'état de diamant; des lavagesà la soude Pas plus que le précédent, ce caractère ne les
caustique, aux acides chlorhydrique et fluorhydri- distingue des métalloïdes d'une manière ab-
que enlèvent l'aluminium, l'acide borique, le fer solue.
et le silicium; reste le bore qui contient jusqu'à Laissant de coté une définition qui ne saurait
4 p. 100 de carbone, et qui est après le diamant le être irréprochablejcomparons a divers points de
orps le plus dur. Sa poussière polit le diamant; vue tes principaux métaux.
ce corps est probablement appelé à un certain P'op~~pAy~MM.–Les métaux sont tous, à
avenir industriel. Les deux autres états du bore l'exception du mercure etde l'hydrogène si on
sont sans importance. L'acide borique est le seul range ce corps parmi les métaux, comme le font
.composé oxygéné du bore; c'est un produit natu- plusieurs chimistes solides à la température
el qui se trouve dans certaines eaux thermales ordinaire plusieurs,et spécialement te bismuth et
l'antimoine, peuvent cristalliser.
et spécialement dans les lagoni de Toscane. Il est
soluble dans l'eau, et encore plus dans l'alcooldont Opaques dans tes conditions ordinaires, ils sont
la flamme est alors d'un vert caractéristique translucides et même transparents en lames très
aucun métalloïde ne l'attaque seul; mélangé avec minces; ainsi l'or battu, collé sur une lame de
d* charbon, i) est attaqué par le chlore et forme verre, se laisse traverser par la lumière verte,
du chlorure de bore l'acide fluorhydrique forme l'argent déposé par un procédé chimique sur les
avec lui du fluorure de bore gazeux et de l'eau. Il miroirs de télescopes en verre, par la lumière
sert tt fabriquer le borax ou borate de soude. H bleue.
fond à une haute température et dissout alors l'a- Les couleurs des métaux sont en général mas-
lumine par le refroidissement celle-ci cristallise quées ou atténuées par la grande quantité de
et forme le corindon artificiel et ses variétés, le lumière blanche qu'Us réfléchissent. En faisant
rubis, le spineDe. Le borax sert à décaper les mé- réfléchir le même rayon lumineux sur plusieurs
taux que l'on veut braser, souder avec les sou- surfaces successives d'un même métal, la lumière
dures fortes de cuivre, d'argent ou d'or; il forme blanche diminue à chaque réflexion et la couleur
alors un verre fusible dissolvant les oxydes métal- propre du métal apparalt avec son intensité, réelle
liques et conserve chimiquement propres les sur- l'or est jaune, le cuivre rouge, le strontium et
faces métalliques à souder. l'argent jaunâtres, le fer gris, le zinc bleuâtre, etc.
Lt~~ttMnt est analogue au soufre dans presque Voici la densité de quelques métaux en nombres
toutes ses propriétés,et les séléniures se trouvent ronds
en fort petite quantité mtlangés aux sulfures Platine, 21 à 23; or, 19; mercure, 13,6; plomb,
exploités dans la Thuringe et le Harz. A l'état 11,3 argent, 10,4; cuivre, 8,8; fer, 7,8; étain, 7,8;
amorphe, c'est un solide noirâtre brillant. Il est zinc, 6,9 aluminium, 2,6 (à peu près celle du
inutile d'étudier les acidessélénieux et sélénique, verre et du silex) sodium, 0,U7 potasstum, 0,86
l'hydrogène aélénié, les autres séléniurea, qui lithium, 0,59.
ressemblentbeaucoup aux composés sulfurés cor- La fusibilité des métaux est également très
respondants. Signalons seulement cette propriété variable. Voici une liste des principaux points de
ai remarquable, spéciale au sélénium et décou- fusion
verte en 1876 par M. Siemens. Le sélénium est Mercure, – 39° potassium, + 55* sodium, 90';
comme le soufre un très mauvais conducteur de étain, 2M"; bismuth, 264° plomb, 335*; zinc, 410*
l'électricité. Or sa résistance diminue immédia- argent, 1000'; cuivre, 1100*; or, 1250°; fonte de
tement quand il est exposé à la lumière. Si l'on fer, t:50'; fer forgé, 1500*; platine, 2000°; iri-
interrompt un circuit électrique et qu'on le ré- dium, 2500'; l'osmium n'a pu être fondu. Ces der-
tablisse à travers une petite goutte de sélénium nières températures ne sont qu'approchées des
fondu et pressé entre deux lames de verre, on recherches compliquées sur l'énergie mécanique
possède un appareil qui est d'une excessive sensi- des diverses couleurs des spectres donnés par les
bilité aux impressions lumineuses et les traduit métaux chauffés à des températures croissantes
en%un mouvement de l'aiguille du galvanomètre. permettent en ce moment à M. Crova de réviser
Cette expérience est très intéressante au point de et de préciser ces nombres.
Quelques métaux sont volatils le mercure boutd'd'inté rêt que les chimistes cette classinea-
à 360' le cadmium, le potassium, le sodium, le tion comprendpour 3 classes et R sections
zinc, au rouge plus ou moins vif; on peut les dis-
tiller.
t" cussE. Métaux s'oxydant directement à
une température plus ou moins élevée; leurs
La quantité de chaleur qui dans le même temps oxydes ne sont complètement réductibles pat
traverse une même section des divers métaux peut la chaleur seule.pas
être représentée par les nombres suivants t" section. Décomposent l'eau à la tempéra.
Argent, ~000; cuivre, 736; or, 532; zinc, 193; ture ordinaire potassium, sodium, lithium, ba-
fer, 119; plomb, 85; platine, 84; bismuth, 18. strontium, calcium.
La conductibilité électrique est l'inverse de la ryum, 2' section. Décomposent l'eau vers 100*
longueur des fils de même section qui, mis entre magnésium, manganèse.
les pôles d'une même pile, produisent le même 3' section. Décomposent l'eau
affaiblissement dans l'intensité du courant. Voici ou à la température vers le rouge,
ordinaire en présence des
ces longueurs d'après M. E. Becquerel acides: fer, nickel, cobalt, chrome, zinc, cadmium.
Argent, de 93 à )00 cuivre, de 89 à 91; or, 64 4' section. Décomposentl'eau au rouge, mais
à65; étain, 13,7; fer, 12,2; plomb, 8; platine, 8' pas à froid en présence des acides; forment avec
mercure, ),80. l'oxygène des
La chaleur spécifique ou quantité de chaleur cet égard, le composé dernier
acides (sont métalloïdes à
corps est souvent rangé
nécessaire pour élever d'un même nombre de de- dans cette catégorie) tungstène, molybdène, os-
grés un même poids des divers corps est, en pre- mium, titane, étain, antimoine.
nant pour unité celle de l'eau, pour les métaux 5* section. Décomposent à peine l'eau aux
suivants potassium, O.nO; fer, 0,H4 zinc, 0,096 hautes températures, et pas en présence des aci-
cuivre, 0,095; argent, 0,057; mercure, 0,033; pla- des cuivre, plomb, bismuth.
tine et or, 0,032; plomb, 0,031. 2e CLASSE. Ne s'oxydent à l'air & aucune tem-
La facilité qu'ont les métaux de se travailler pérature. Oxydes irréductible)! par la chaleur, et
au marteau ou au laminoir constitue la malléabi- même par l'hydrogène et le charbon seuls.
tité. L'ordre de malléabilité des métaux est le 6' section. Aluminium, glucinium, etc.
suivant, en allant du plus au moins mailéable 3* CLASSE. Oxydes facilement décomposés par
or, argent, aluminium, cuivre, étain, platine, plomb, 1la chaleur.
~inc, fer, nickel. 7° section. Absorbent l'oxygène à une tem-
La ductilité est la propriété qu'ont les métaux pérature élevée;
t
de pouvoir s'étirer à la filière en fils plus ou moins rature supérieure peu se réduisent à une tempé-
fins. L'ordre dans lequel ils possèdent cette i mercure, palladium, etc.
priété est le suivant or, argent, platine, alumi- res pro- 8° section. Inaltérables à toutes températu-
i argent, or, platine, iridium.
mum, fer, cuivre, zinc, étain, plomb. Les métaux des deux premières sections ne peu-
La ténacité d'un corps se représente par le vent v être employés au même titre que les autres,
nombre de kilogrammes capable de rompre à
traction un fil d'un millimètre carré de section. par à cause de leurs affinités puissantes. Ce sont des
réducteurs énergiques, dont l'un surtout, le so-
Voici celle de quelques métaut cobalt, 108 fer, rddium,
<;2 cuivre, 34. platine, 31 argent, 21
a sous ce rapport une grande importance
or, 16,5 industrielle.
i Le magnésium donne par sa combus-
zinc, 12,4; étain, 3,9; plomb, 2,4. tion une lumière des plus intenses, utilisable en
t
La dureté des corps se mesure d'après la faculté photographie.
p
qu ils ont de rayer ou de ne pas certains En outre la plupart des métaux
rayer sont pas ou
-corps, d'être ou de n'être pas rayés par eux. Les ssont peu employés purs, mais le ne sont surtout à
minéralogistes se servent de 10 types depuis le l'état l' d'alliages.
diamant jusqu'au talc prenons-en 3 qui diviseront Le Dictionnaire
'les métaux en 4 séries de dureté 1. Le consacre un article spécial à unIl
manga- certain
c nombre de métaux usuels, fer, zinc, étain,
mese, le chrome raient le verre. 2. Sont rayés plomb, cuivre,
par le verre et raient le marbre le fer l'anti- traite p mercure, argent, or, platine il
tj
moine, le zinc. 3. Sont rayés par le marbre le potasse, soude, chaux, de quelques autres à propos de leurs oxydes,
platine, le cuivre, l'or, l'argent, le bismuth, t'étain. nant les oxydes de baryum,métalliques compre-
p terres
4. Le plomb est rayé par l'ongle. Ajoutons-yle n strontium, magné-
po- sium, aluminium. Nous parlerons brièvement ici
si
tassium et le sodium, qui se pétrissent comme de de
la cire sous l'huile de naphte à 15" le mercure d Le quelques autres.
Manganèse métallique a peu d'Intérêt; il
qui est liquide. s'obtient par la réduction de son
La connaissance de ces propriétés est notre haute oxyde à une très
guide dans les applications industrielles des mé- ta
h température. Il est le plus dur des mé-
taux. Laissons de côté son protoxyde, MnO,
taux, et nous les choisissons d'après les résis- s< son sesquioxyde, tous deux peu stables et sans
tances qu'ils doivent offrir à l'action des forces, intérêt, in son oxyde ss~M MnSQ* ou MnO,Mn!0'
des agents de toute nature. parlons seulement de son peroxyde MnO'. Ce
Propriétés e~tM:?um. H serait long et peu n trouve
profitable d examiner séparément l'action des di- cc corps se assez abondamment dans la nature
et est appelé p~ro/Mt7e par les minéralogistes; il
vers agents chimiques sur la série des métaux. abandonne
Pour avoir des idées d'ensemble, il faut nécessai- al leur
le
une portion de son oxygène par la cha-
seule, et une portion encore plus grande en
rement établir des groupes, classer les corps étu- présence pi de l'acide sulfurique. Son mélange avec
diés. Or une classification en une seule série des ce corps agit comme source d'oxygène naissant,
métaux d'après leurs propriétés chimiques et
toujours imparfaite, reste sert
se à extraire le chlore, le brome, l'iode, des chlo-
tions en séné unique.comme
toutes les classinea- rures,ru bromures et iodures. La richessed'un man-
Tels corps rapprochés par ganèse ga s'estime par la quantité de chlore qu'il
un caractère s éloignent si l'on en considère d'au- pe peut produire. Les verriers en jettent parfois dans
tres, et la classification dépend de l'importance le fondu
accordée a telle ou telle propriété. verre pour diminuer la teinte verdatre
Classification des métaux. Voici celle produite
nr par le protoxyde de fer en le peroxydant
que l'on et 3t en y ajoutant la couleur propre du verre man-
emploie généralement aujourd'hui; elle surtout ganique. Si l'on
a ga ajoute un excès de ce savon des
pour base l'action sur les métaux de l'air et de ve ~n-i'et'ï, le teinte violacée.
1 eau aux diverses températures; verre a une Le per-
nous laissons ox oxyde de manganèse, chauffé la potasse ou
de côté un certain nombre de corps fort avec
nieux l'azotate depotasse, donne un sel violet très
incomplètement connus et qui n'ont actuellement rares, mi
;olorant, le permanganate de potasse, KO.Mn'O~.
co
Ce corps agit comme oxydant énergique sur les Le Cadmium est un métal voisin au zinc, tustbte,
ddistillable, comnustible comme lui. Ajouté par par-
matières organiques en dissolution dans l'eau et
vert; cette propriété
se transforme en manganatecaméléon t égales à l'alliage de Darcet, il forme un corps
ties
l'a fait autrefois appeler le minéral. Le t fusible, dit alliage de Wood, restant
très un cer-
permanganate potasse sert
de à éprouver la pureté ttain temps pâteux à la température ordinaire Le et
bon pour le plombagedes dents.
de l'eau potable; sa dissolution est employée en parfaitement p
cadmium,le seul qui soit jaune, fournit
lotions oxydantes et antiseptiques sans présen- sulfure
s de
elle possède plu- une t très belle couleur, dite jaune indien. Les
ter les inconvénients du chlore, sels sont sans importance.
sieurs de ses avantages. L'usage ne peut que s en autres a
Tungstène est un métal très rare, qui a ce.
répandre utilement. Les sels de protoxyde et Le
de sesquioxyde de manganèse, d'une couleur ro- pendant 1
peut-être un avenir industriel dam la
séo, n'ont aucun intérêt pratique. ifabrication du noir d'aniline.
Le Chrome est la base d'un certain nombre de Le Molybdène n'a d'importance que comme
couleurs employées dans diverses industries, 1base du molybdate d'ammoniaque, réactif spécial
d'où son nom. Comme métal, il n'a pas d'inté- servant à reconnaitre le phosphore.
L'O~M!UM< est le seul corps simple qui ait ré-
<
rèt. Son sesquioxyde, Cr'O~, est très réfractaire, sisté
il sert a la peinture sur porcelaine; l'hydrate à toute tentative de fusion, et, chose étrange,
de cet oxyde donne un vert-émeraudeinaltérable, ses composésparait oxygénés sont volatils.
les Le Titane augmenter la dureté du fer et
non vénéneux, remplaçant avantageusement des tissus et de l'acier qui en contiennent une petite quantité.
verts arsenicaux pour l'impressionisomère
des papiers. L'alun de chrome, à l'alun Ce métal et ses composés n'ont d'intér&t que pour
proprement dit, est remarquable par son dimor- les savants.
phisme. L'acide chromique est un oxydant des Les quatre métaux précédents sont de la fa-
plus énergiques; tons ses sels sont fortement co- mille de l'étain.
lorés. Les chromates de potasse sont employés L'Antimoine est tantôt classé parmi les métaï-
dans la teinture. Le chromate de plomb ou jaune loides à de côté de, l'arsenic,tantôt parmi les métaux
de chrome, obtenu par double décomposition à auprès l'étain. 11 a l'éclat métallique, est
l'aide des précédents et d'acétate de plomb, a cristallin, fragile, facile à pulvériser. Sa densité-
toutes les teintes du jaune à l'orangé suivantexcès que est 6, Il fond vers MO", est volatil au rouge vif,
brûle à une haute température en répandant une
la précipitation a été faite en présence d'un d'antimoine. Il s'enûamme
de l'un ou de l'autre réactif. Les chromâtes de po- fumée blanche d'oxyde dans le chlore à la température
tasse se forment par l'action à chaud du salpêtre surtout en poudre
et du carbonate de potasse sur le fer chromé ordinaire. est Il attaqué par les acides concentrés
naturel, FeO.Cr~, et servent a fabriquer tous les et L'antimoine chauds.
du chrome. isolé est sans usage. Aitté à quatre
autres composés plomb, il forme le métal des caractères
Le Nickel et le Cobalt ont de nombreuses analo- parties de L'antimoine forme un certain nom-
gies comme état naturel, préparation, composés; d'imprimerie. de composés qui sont ou ont été employés en
tous deux s'obtiennentpar l'action de l'hydrogène bre
très employé depuis pharmacie l'oxyde d'antimoine, Sb'O~, base ou
sur les oxydea. Le premierest énergique, vomitif violent, générale-
quelques année* ~a cause de son inaltérabilité à acide remplacé peu
aujourd'hui l'émétique, taE-
l'air; on le dépose par la galvanoplastie sur les ment double de sesquioxyde
par
et de potasse.
instruments de fer et d'acier employés dans l'in- trate antimonique, ce
dustrie, la chirurgie, etc., de manière à les préser- L'acide Sb'O', forme avec la potasse
divisionnaires de le seul réactif de la soude. La dissolution ré-
ver de la rouille. Les monnaies précipite les sels de
Belgique, de Suisse et des Etats-Unis sont de pe- cente d'antimoine deétendus. potasse
tites pièces élégantes etpropresforméesd'un alliage soude même assez
dans lequel domine le nickel. -Les sels de nickel L'hydrogène, préparé avec une eau contenant de
sont verts; la dissolution du sulfate est une des l'antimoine, contient de l'hydrogène antimonié-
couleurs les plus pures, c'est-à-dire qu'un rayon qui offre arsénié à peu près les mêmes réactions que l'hy-
<Ie lumière qui a traversé ce liquide ne donne drogène
.dans l'appareil de Marsli. Les ta-
qu'une seule couleur quand on la reçoit dans un ches et les anneaux d'antimoine sont beaucoup
"pectroscope; ce vert est complémentaire du rouge moins volatils que ceux d'arsenic et d'une nuance
également très pur fourni par la fuchsine. Quand 1de noir un peu roussatre. Le protochlorure o<t
on regarde à travers cette dissolution, on voit lest beurre d'antimoine sert pour cautériser les morsures
objets comme les voient les personnes incapables ou piqûres d'animaux venimeux, pour bronzer le
de discerner les couleurs et que l'on appelle dal- fer et le préserver de la rouille, en le recouvrant
toniens. Les sels de cobalt hydratés ou dissous ) d'une couche d'antimoine moins altérable que lui.
naturel a l'aspeét métallique et est
tient roses; secs, ils sont bleu violacé. Le verre) Le sulfure
bleu est coloré par l'oxyde de cobalt ou smalt. Ce i très fusible. Un oxysulfure rouge, le kermès, pré-
mét-tl est la base du bleu Thénard, ou bleu d'azurr paré à l'aide d'une réaction carbonate
assez complexe avec
de soude, est un
artificiel; un précipité d'oxyde de zinc et de cobaltt le sulfure naturel et le
constitue une belle couleur, le vert de Rinman. médicament très ancien et encore très employé
Quand on écrit avec une dissolution étendue d'un1 contre les affections pulmonaires.
se trouve à l'état natif; densité il est blanc
sel de cobalt, surtout le chlorure, les caractères Le Bismuth
i
sont invisibles sur le papier ils paraissent en rougeatre, fond à 264" cristallin et très fusible. Sa
dans le
est
d&
bleu quand on chauffe le papier telle est l'encres est 9,8. Il et, comme cas
au-dessus du liquide on
sympathique connue depuis longtemps, et à quii l'e:.u, le solide surnagegéodes de cristaux lais-
~'introduction des cartes postales avait donnéa obtient de magnifiques en
mi certain renouveau. Du papier buvard, du lingea sant refroidir le bismuth fondu, perçant d'un fer
imprégnés de chlorure de cobalt concentré chan-rouge la couche supérieurequi vient de se solidifier,
de liquide. Sa faible con-
gent de couleur suivant l'état hygrométrique deB et faisant écouler l'excès
chaleur et l'électricité le fait
l'atmosphère. On a utilisé cette propriété pourr ductibilité pour la des piles
'~ire un prétendu prophète du temps composé6 employer comme l'autre étant du cuivre ou de l'un des composants
~'un disque de papier cobalté entouré de cinq cou-r thermo-électriques,
leurs de comparaison variant du rouge au bleu, ett l'antimoine. Il est le type des corps diamagnéti-
de bismuth librement suspendu
des fleurs artificielles aux couleurs changeantes. ques un barreaupôles d'un aimant est également
Ces deux métaux donnent des produits utiliséss entre les deux
repoussé par les deux et se met en croix avec la
t'eu? la peinture sur émail et sur porcelaine.
ligne qui les joint. Cinq parties de bismuth, trois rencontré beaucoup d'opposition; mais la facilité
d'étain et deux de plomb forment l'alliage de Dar- avec laquelle elles expliquent des faits dont on
cet, fusible dans l'eau bouillante. Le bismuth ne pouvait se rendre raison auparavant, les ont
brûle à une haute température, s'enflamme dans fait assez généralement adopter, et elles ne peu-
le chlore froid. vent plus être contestées depuis que l'on est par-
De ses composés, le plus intéressant est l'azo- venu à produire expérimentalement des résultats
tate le sel acide est décomposé par l'eau en analogues.
acide azotique et sous-azotate insoluble, remède Dans les contrées où les dépôts stratinés ont été
excellent, prompt et sans danger contre la. diar- fortement disloqués, relevés ou renversés, les
rhée. Ce même sel est le fard, dont l'usage dété- roches sont généralementplus cohérentes et plus
riore la peau. Le phosphate est remarquable en cristallines que celles des contrées où elles son.t
ce qu'il est insoluble et fournit un des moyens de restées en couches horizontales, et, comme elles
dosage de l'acide phosphorique. se rapprochent beaucoup plus que celles-ci des
Le G/MC:'?:tMm, analogue de l'aluminium, fournit roches métamorphiques, on attribue aussi leurs
des sels à saveur sucrée, d'où son nom. C'est propriétés à une action métamorphique que
une curiosité de laboratoire. M. Daubrée a appelée f~MMa~, parce que, au
Le Palladium, compagnon fréquent et analogue lieu d'être restreinte à de petites portions de
du platine, est plus précieux que l'or. H donne roches, elle s'étend sur de vastes étendues. Cette
avec l'argent l'alliage qui se prête le mieux à la action métamorphique, plus générale, est moins
gravure, et est très inaltérable on l'emploie pour évidente et moins facile à concevoir que celle
les graduations d'instruments de précision. qui s'est opérée au contact des roches en fu-
L'/)'K/:Mm,que l'on trouve aussi à côté du platine sion aussi n'aurait-on peut-être jamais pensé 11
et qui a des propriétés semblables, forme avec lui l'admettre, si l'on n'y avait été conduit par l'ob-
un alliage fort dur qui tend à remplacer le pla- servation du métamorphisme de contact; mais on
tine pur pour la fabrication des appareils de ne peut plus contester son existence depuis que
chimie. l'on a reconnu qu'un même dépôt composé de
Le minerai de platine est encore accompagné craie, de sable et d'argile dans une plaine en cou-
d'autres métaux excessivement rares, rhodium, ches horizontales, passe à l'état de marbre, de
ruthénium, qui n'ont d'intérêt que pour le chi- quarzite et de schiste satiné dans une montagne en
miste. [Paul Robin.] couches disloquées, état de choses que M. Elie
MÉTAMORPHIQUES (Roches). Géologie, V. de Beaumont aingénieusementcomparé à un tissu
Les sorties de matières en fusion de l'intérieur à moitié charbonné. Du reste, une fois que l'on a
de la terre ne se sont pas bornées à amener vers reconnu que des émanations de l'intérieur ont pu
sa surface les divers amas de roches ignées jointes modifier des portions de roches, on peut conce-
aux éruptions de gaz et à l'action de la chaleur voir que les phénomènes qui ont soulevé et dis-
centrale, elles ont emore plus ou moins modiné loqué de grandes parties de t'écorce terrestre, ont
les matériaux préexistants, en donnant lieu à des produit une chaleur et des émanations suffisantes
phénomènes importants, dont les géologues ne se pour que l'action métamorphique se fit sentir sur
sont occupésque dans ces dernierstemps etauxquels tout le massif disloqué. Lorsque l'on a commencé
ils ont donné le nom de métamorphisme des à faire ce rapprochement, on assimilait entière-
roches. ment cette action au métamorphisme de contact,
On n'a d'abord connu que le métamorphisme de et on l'attribuait à l'action immédiate des roches
contact, c'est-à-dire les altérations actuelles, et les éruptives qui avaient traversé et soulevé des dé-
caractères particuliers que présentent quelquefois pôts disloqués mais, comme il existe des contrées
les roches de sédiment au contact des basaltes et où la transformation a eu lieu sans que l'on y
des trachytes, caractères que l'on attribuait aux aperçoive des roches éruptives, et que l'on voit
effets de la chaleur développée par ces roches. souvent de ces roches qui ont traversé les masses
C'est ainsi que l'on avait remarqué, par exemple, stratifiées sans que les parties de ces dernières
que des bancs de craie ou de calcaire compact qui avoisinent les premières soient différentes de
prennent, dans le voisinage des basaltes, une tex- la masse principale, on doit reconnaître que la
ture lamellaire ou saccharoide, un aspect brillant modincation est due à une action plus générale
et un commencement de translucidité; que de la que celle de l'injection des roches éruptives. On
houille se trouve transformée en anthracite, que conçoit d'ailleurs que quand celles-ci, en crevas-
le lignite devient plus sec et se divise en paralléli- sant l'écorce terrestre, parvenaient jusqu'au jour,
pipèdes, que des grès sont crevassés et prennent elles perdaientbientôt une partie de leur chaleur,
un aspect vitreux, que des schistes argileux de- et que les émanations gazeuses qui s'en échap-
viennent plus durs et passent au jaspe ou à la paient se dissipaient dans l'atmosphère, tandis
porcellanite. Mais depuis que l'on attribue à des que, quand le massif de roches stratinée~ mettait
éjaculations intérieures l'origine des dykes por- un obstacle au passage du liquide intérieur, la
phyriques et des filons cristallins, on a vu aussi chaleur dont celui-ci était doué, et les matières
un effet de ces éjaculations intérieures dans les gazeuses qui s'en échappaient, devaient exercer
différences qui existent souvent entre les parties une action beaucoup plus générale
des roches neptuniennes qui avoisinent ces ma- qui faisait obstacle à leur sur la masse
tières et celles qui en sont éloignées. D'un autre On voit par ce qui précède passage.
côté, on a reconnu aussi que ces différences ne exister de limites tranchées qu'il ne doit pas
consistent pas seulement dans la cohérence et tamorphiques et les autres matériaux entre les roches mé-
dans la texture des roches, mais qu'elles s'éten- sent l'écoree du globe. En enet, l'actionqui compo-
dent même à leur nature, c'est-à-dire que l'on phique partant du point de métamor-
voyait, par exemple, le calcaire passer à la dolomie cjaculées contact des matières
avec celles qu'elles traversaient, on con-
eu au gypse, les roches schisteuses aux roches çoit que ses effets doiventaller en diminuant d'une
feldspathiques ou talqueuses, d'ou l'on a conclu manière Insensible; de
presque sorte qu'il doit
que des émanations contenant, entre autres, du être souvent impossible de savoir où elle s'est ar-
magnésium, du potassium, du sodium, rendus rêtée, d'autant plus qu'il
gazeux par leur combinaison avec d'autres corps ses, notamment la pression, y a encore d'autres cau-
et aidés par le développement de la chaleur, s'é- les caractères originaires desqui peuvent modifier
dépôts.
taient introduites dans l'intérieur des roches cal- Les phénomènes du métamorphisme donnent
caires ou schisteuseset y avaient donné lieu à des aussi
combinaisons nouvelles. Ces idées ont d'abord minéraux une explication très facile de l'origine des
disséminés dans des roches d'une autre
la formation de ces plumes, les mouches piquent plus fortement, les
Nature, ou, pour mieux dire, poules se grattent et se couvrent de poussière,
minéraux n'est qu'une simple conséquence du les oiseaux aquatiques battent des ailes et se bai-
métamorphisme; car, si la chaleur a dilaté les
roches préexistanteset permis l'introduction dans gnent. Tous ces actes se rattachent a des causes
le diverses l'accroissement de chaleur et le calme
teur sein d'émanations de natures différentes,
à la for- humide qui précèdent l'arrivée des orages, les
jeu des afnnités a du donner naissance dans mouvements électriques de l'atmosphère, tout
mation de cristaux divers, de même que, nos
chaudières de cristallisation et dans nos fourneaux aussi bien que l'arrivée de la pluie. Tous ces pro-
de fusion, nous voyons se former des cristaux de nostics
n'ont donc de valeur pratique que si une
observation attentive et prolongée a permis de les
diverses natures. Cette manière de voir explique rattacher à l'état de l'atmosphère et à ses varia-
pourquoi les minéraux disséminés sont si rares
dans les dépôts neptuniens non métamorphiques, tions. L'emploi des instruments donne une base
dans tes dé- plus précise à ce travail de comparaison, sans en
et pourquoi ceux que l'on rencontre diminuer la nécessité.
pots métamorphiques ont en général beaucoup de Prono~tM ~K<aM.E. – Sur la surface de 1 Eu-
rapport avec ceux qui se trouvent dans les roches du temps sont sous la dépen-
plutoniennes. Il est à remarquer à ce sujet que, rope, lesdesvariations fluctuations du courant équatorial,
dans les roches trappéennes et au voisinagedes de dance
Sfst principalement formé (V. Courants aériens et marins), et des mouvements
ces roches, it tandis qui s'y succèdent à de courts intervalles
hydrosilicates, que ce sont des silicates tournants Tempéles.) Le ciel est généralement
anhydres qui se trouvent dans les granites et dans (V. Orages, le
y
trajet du courant équa-
tes dépôts voisins des granites. couvert ou nuageux sur
d'autant plus qu'on est plus près des côtes
Les changements résultant de l'introduction de torial élevé sur le versant occidental
principes étrangers dans des roches préexistantes ou qu'on est plus
ont aussi donné les moyens d'expliquer le relève- des massifs montagneux; d'autant moins qu'on
avant dans l'intérieur des terres ou qu'on
ment des couches qui recouvrent certains amas est plus abrité par les montagnes. Le ciel est
lenticulaires, notamment ceux de gypse enfermés est mieux établis les
dans des marnes triasiques. En effet, le calcul dé- pur dans les régions où sont courants
de retour courants polaires il il est encore
.montre que si du calcaire est transforme en ou
celui-ci prend un volume beaucoup plus beau, mais d'une manière moins constante, dans
gypse, équatorial "et
considérable que celui du calcaire. Or, lorsqu'on la région comprise entre le courant
voit que l'eau, en se congelant, brise les vases les le courant polaire.
plus tenaces, et que de simples racines d'arbres Les massifs montagneux produisent des dévia-
soulèvent des pierres d'un grand poids, on conçoit tions quelquefois considérabtea dans le courant
que le gonflement éprouvé par lemême calcaire trans- équatorial ou polaire, et il est nécessaire la
'd'en
France.
formé en gypse puisse relever et renverser tenir compte dans chaque région de
Chaque branche dérivée donnera lieu a des pro-
~M couches qui le recouvraient. de pluie d'autant plus grandes qu elle
Enfin le métamorphisme combiné avec les mou- babilités
marchera de régions plus chaudes vers des ré-
vements que les soulèvements ont imprimés aux gions plus froides ou qu'elle gravira des pentes
dépôts. donne les moyens de concevoir1 origine de plus prolongées. Les probabilités se changeront
la. foliation, c'est-à-dire des feuillets achistoides
contrastant avec la direction des couches, ainsi presque en certitude à l'approche de chaque bour-
dans les ardoisières rasque tournante, forme sous laquelle se présen-
que cela a lieu si téquemment a près toutes les perturbations atmosphé-
des Ardennes; fait dont il était impossible de se tent peu de 1 Europe.
rendre raison, car si ces feuillets résultaient du riques
dépôt successif des sédiments, leurs plans auraient 11 est presque sans exemple qu'un mouvement
dû être parallèlesou peu obliquesà ceux des couches tournant
de 1 air ait abordé l'Europe sans y semer
pluies, et qu'une pluie un peu Importante
qu'ils forment. On conçoit au contraire, et l'ex- des
périence a prouvé, que réchauffement d'une roche survienne sans se rattacher au passage plus on
proche ou lointain d'un mouvement tour-
dilatant ces molécules donne a celles-ci de l'apti- moinsCes derniers sont accusés, sur le bulletin
tude à glisser les unes sur les autres lorsque la nant. quotidien, la forme
roche est mise en mouvement sous une forte pres- météorologique
dirigée le centre du
par
mouvement, que prennent
concave,
sion; et qu'il peut en résulter la formation d'une vers
lignes d'égale pression barométrique a la sur-
texture feuilletée dont les joints de clivage sont les face de notre continent. V. P~t~o~t du temps.
parallèles à la direction de ce mouvement. d'un mouvement tournant en vue
Actuellement, un certain nombre de géologues Le passage dure généralement qu'un pe-
regardent comme métamorphiques un situées grand d'un lieu donné ne
ensemble de roches cristallines stratifiées tit nombre de jours; les plaies qu'il amène sont
encore moins prolongées, surtout endes été mais ces
tu-dessous de tous les terrains sédimentaires à phénomènes suivent souvent à Intervalles
fossiles; mais nous préférons les considérer en- rapprochés, seleur ensemble peut constituer toute
de la consolidation lente et
core comme le résultat saison toute une année pluvieuse. Les ora-
des parties les plus extérieures du globe terrestre une suiventou la marche des pluies. Il ne s'en forme
et les décrire sous leur ancien nom de terrains ges
pnM!~ [V. Raulin.1 jamais dans la région occupée par le courant po-
METAYAGE. – V. Exploitation (SysMMM <f). laire, mais seulement dans le courant
équatorial.
METEOROHNOStE. – Météorologie, XX. Quelquefois cependant il s'en forme dans la bran-
de ce dernier courant vers le sud,
Art de prévoir les changements de temps d'après che descendante
certains signes ou pronostics. alors que, limité dans son expansion sur l'Europe,
il pénètre travers do l'Allemagne ou de la
Pronostics /&m-KM par- fhomme et M< animaux- au
le bassin de la Méditerranée.
Un grand nombre de personnes dont le sys- France sur
tème nerveux a acquis un certain degré d'irrita- Pronostics ftr~ fM taroMM<t-e. La hauteur du
bilité soit par suite de maladies ou d'affectionsbaromètre en un lieu varie avec la direction du
rhumatismales, soit par affaiblissement du système courant général quid'une règne ce lieu et que les gi-
en
manière beaucoup moins
musculaire ou sanguin, soit par toute autre cause, rouettes accusent
ressentent fréquemment des indispositions plus sûre que la marche des nuages. Cette hauteur est
ou moins graves aux époques de changement de moindre que la moyenne quand on est en plein
courant s'approcheelle
équatohal augmente graduellement
temps. A l'approche de la pluie, les hirondellesquand de la rive méridionale du lit
rasent la terre de leur vol, les lézards se cachent, de on
elle est supérieure à la moyenne
les chats se fardent, les oiseaux lustrent leurs ce courant;
quand on est placé en dehors du courant, dans la ges et des pluies. Le courant polaire est chaud et
concavité de l'orbe qu'il décrit, entre le courant sec; l'évaporation qu'il produit à la surface de
équatorial et le courant de retour on courant po- notre corps nous aide à supporter la chaleur;
laire. L'oscillation des courants équatorial et po- mais la sécheresse jointe à une grande lumière
laire à la surface de l'Europe produit donc des amènent quelquefois le hâle des récoltes. Entre
oscillations correspondantes dans les hauteurs du les deux courants l'air est calme, chaud et hu-
baromètre mais ces oscillations sont générale- mide )a chaleur devient pénible. Les fluctuations
ment progressives et à longues périodes, durant du courant équatorial vers le sud ou le nord
plusieurs semaines, quelquefois des mois entiers. amèneront donc des fluctuations correspondantes
Les périodes de pression barométrique générale- dans la température d'un même lieu, mais elles
ment basse ne sont pas continues, elles sont en- sont généralement à longues périodes. On les
trecoupées par des hausses barométriques acci- retrouve encore en plein courant équatorial, mais
dentelles et temporaires dont chacune se rattache elles y sont dues aux bourrasques tournantes et
au passage d'une bourrasque avec retour ou elles ne durent alors que quelques jours, sauf à
recrudescence du mauvais temps. Chaque bour- se renouveler à des intervalles plus ou moins
rasque tournante est, en effet, précédée et suivie rapprochés. Sur chaque disque tournant de l'air,
d'une hausse barométrique elle est accompagnée la température est à son maximum sur le demi-
d'une baisse qui atteint son maximum au centre cercle méridional et antérieur, là où les vents souf-
même de la bourrasque. L'oscillation accidentelle flent d'entresud-estet sud-ouest;elleest à son maxi-
qui en résulte dans la hauteur du baromètre est mum dans le demi-cercle septentrional et posté-
d'autant plus brusque et plus profonde que le rieur, laoù les vents soufflent d'entre ouest et nord-
centre de la bourrasque passe plus près de nous est. Le passage d'une bourrasque tournante est donc
et que la perturbation est plus intense. précédé d'une hausse du thermomètre en même
En suivant la marche du baromètre, on recon- temps que d'une hausse du baromètre mais le
naitra, par un retour à la hausse succédant à une baromètre a déjà commencé à descendre que la
baisse, que le centre de la bourrasque,après s'être température continue à monter. Ce passage est
approché de nous, commence à s'en éloigner. suivi d'une baisse du thermomètre en même
Le baromètre est donc l'instrument par ex- temps que le baromètre se relève. C'est alors
cellence de la prévision du temps en France; que les gelées blanches sont particulièrement à
mais il est nécessaire de se familiariser avec ses craindre dans le printemps. Succédant à une pé-
indications par une pratique de tous les jours. riode de quelques jours humides et chauds,
On peut y employer soit un baromètre à cadran, elles trouvent de jeunes pousses pleines de sève
ancien système, soit un baromètre métallique, nouvelle et très sensibles au froid.
anéroide, holostérique, etc. On ne doit jamais Si, malgré la hausse du baromètre, l'air reste
s'en tenir à ses indications actuelles; mais con- tiède, levent rétrograderavers l'ouest.C'est qu'une
sulter ses mouvements, en partant, autant que nouvelle bourrasque suit la première le beau
possible, de sa hauteur moyenne dans le lieu où temps sera de courte durée.
il est placé. Le thermomètre employé peut être un thermo-
Dans les périodes de beau temps, le baromètre, mètre à alcool, qui est d'un prix peu élevé; autant
généralementhaut, varie peu. Sa baisse peu pro- que possible on le place au nord; s'il est adossé à
noncée indique une bourrasque passant au loin un mur, il doit en être écarté de 10 à 12 centi-
dans le nord, mais sans nous atteindre. Si la mètres. La température la plus basse de chaque
baisse s'accentue et se prolonge, c'est que le cou- nuit est celle à laquelle M. de Gasparin attachait
rant équatorial s'approche de nous amenant des le plus d'importance. Elle est donnée par le ther-
temps variables et souvent des pluies. Les signes momètre à minima à alcool, que l'on pose dans
barométriques acquièrent alors des valeurs très une position presque horizontale, le réservoir un
inégales suivant qu'on est en plein été, dans une peu plus bas que l'extrémité opposée, et qu'on
période de temps orageux, ou bien qu'on est en- redresse chaque jour après la lecture, pour re-
tré dans la saison froide, de l'automne au prin- mettre l'index en contact avec l'extrémité libre de
temps, époque des tempêtes. Dans cette dernière la colonne liquide.
les oscillations du baromètre sont profondes. Dans D'après M. de Gasparin, le vent soufflant de la
la première, au contraire, elles sont faibles et les région chaude et humide, si la température mi-
plus forts orages arrivent souvent quand le baro- nima de la nuit s'abaisse, la pluie est très proba-
mètre est à sa hauteur moyenne. Toute baisse ble pour le jour même ou le jour suivant.
du baromètre dans les périodes de temps va- Si cette température minima s'élève pendant
riables indique une tendance à la pluie, mais que règnent les vents froids et secs, ces derniers
l'arrivée de celle-ci est généralement précédée sont près de leur fin, et il peut y avoir pluie par
d'un ou deux beaux jours. Toute hausse du baro- l'entrée des vents du sud. La nxité des minima
mètre indique une tendance au beau temps, mais annonce la continuité du même temps.
souvent précédé de pluies peu durables. Le baro- Les minima haussant graduellementannoncent
mètre continuant à monter, le beau temps s'ac- que l'air devient moins sec, qu'il se sature de va-
centue mais si le vent des nuages, qui a tourné peur et qu'on marche vers la pluie. L'inverse a
vers l'ouest ou le nord-ouest, cesse de continuer lieu quand le ciel tourne au beau temps.
à gagner le nord et le nord-est, surtout s'il rétro- Pronostics ~KSM-M. Parmi les dictons les
grade vers l'ouest, ce n'est qu'un répit une nou- plus enracinés dans le peuple se trouvent ceux
velle bourrasque suit la première et produira la qui s'appuient sur les phases de la lune ce sont
même série d effets. aussi les plus controversés parmi les météorolo-
Pronostics tirés du thermomètre. En hiver, la gistes. H en est ainsi en particulier de la lune
température est généralement douce sur le trajet rousse. Cette lunaison coincide à peu près avec
du courant équatorial, en même temps que le ciel la période critique des gelées tardives. Elle a
est couvert ou pluvieux. Sur celui du courant po- longtemps tenu lieu pour les cultivateurs d'al-
laire elle est au contraire d'autant plus froide que manach et d'instruments météorologiques et on
ce courant vient de plus loin dans le nord-est. l'a considérée comme la cause des faits dont elle
Entre les deux courants, l'air est calme, le ciel n'est que le témoin accidentel. Quand la lune
souvent brumeux le froid moins vif est plus hu- brille, le ciel est clair; quand le ciel est clair, le
mide et plus désagréable. refroidissement nocturne est intense au printemps
Durant l'été, la température baisse au contraire et les gelées blanches sont à craindre, surtout si
en plein courant équatorial sous l'action des nua- elles succèdent à une période de jours pluvieux
et chauds. L'action de la lune sur le baromètre, celles que fournit l'examen direc: de l'état dn ciel,
sur le thermomètre,sur la pluie ou l'état du ciel, peuvent conduire à la découverte des causes des
est tellement problématique qu'il est à peu près variations du temps, elles sont insuffisantes pour
impossible de la constater par des chiBres précis en faire cnnnaitre tes effets sur la végétation ou
et que les résultats obtenus changent ou se ren- sur la santé publique. Ici, le champ de l'observa-
versent d'un lieu à l'autre ou d'une année à l'au- tion s'élargit et se transforme. Pour discerner
tre. La crédutité publique a étendu t'influence quelles sont tes données météorologiques réelle-
des phases lunaires à toutes les opérations agri- ment actives sur la végétation, quelles seront les
coles, à tous les actes de la vie des champs. Avec conséquences immédiates ou lointaines des allu-
M. de Gasparin, l'un de nos plus grands agrono- res d'un climat ou d'une saison sur les cultures
mes, nous dirons aux personnes les plus prévenues engagées ou sur celles qu'il convient d'entrepren-
en faveur des influences lunaires Ou vous pensez dre, les rapprochementsvagues, indéterminés ne
que ces influences résident principalement dans peuvent conduire qu'à l'erreur l'étude exacte de
les modificationsqu'ellesimpriment à l'atmosphère la marche des cultures doit être constamment as-
et, par contre-coup, à la végétation alors simpli- sociée a cette de la marche des saisons les me-
fiez votre tâche: adressez-vous'aux résultats sans sures doivent y être faites avec un égal soin. On
remonter aux causes, consultez, pour planter, se- constate alors que tes résultats ordinaires fournis
mer, récolter, etc., l'état du terrain et l'état du ciel,
par le baromètre, le thermomètre, le pluviomètre,
sans vous préoccuper des phases de la lune. Ou la girouette et l'inspection du ciel sont incomplets
bien vous croyez que la lune agit par elle-même au point de vue agricole qu'il est un antre élément
sur la plante, sur la marche occulte de la sève, etc. aussi essentiel à évaluer que la chaleur et l'hu-
Cette opinion a été soumise ë de nombreuses vé- midité c'est la lumière que le ciel nous départit
rifications, fondées sur des données précises régu- en proportions très variables. L'éctairement des
lièrement enregistrées et non sur de fugitifs sou- plantes ne peut pas être évalué avec quelquepré-
venirs, et rien n'est venu en confirmer l'exacti- cision par la simple inspection des nuages; on le
tude. Les concordances et les discordances se mesure exactement avec l'actinomètre.
présentent toujours en égal nombre et de valeurs Même augmenté de l'actinomètre, le matériel
semblables, et on en trouve l'explication dans d'observation du météorologiste est donc encore
les faits purement météorologiques et nullement très simple; mais la valeur du travail qu'on en tire
dans les phases lunaires. [Marié Davy.] au point de vue de la science ressort principale-
METEORE. – Météorologie VII et X1JL – ment de la réunion et de la discussion de l'ensem-
Etym du grec M~droï, élevé. Dans le langage ble des données similaires recueillies sur la plus
des météorologistes, ce mot s'applique à tous les grande étendue possible de la surface du globe.
phénomènes qui se produisent dans l'atmosphère. La théorie de la plupart des phénomènes mé-
Les nuages, la pluie, la neige, sont des météores téorologiques,envisagésen eux-mêmesetsurplace,
aqueux, comme l'arc-en-ciel; les couronnes, les est déjà très avancée grâce aux travaux des physi-
étoiles niantes sont des météores lumineux. V. ciens. C'est l'étude de leur origine, de leurs causes,
Météorologie, Phénomènesoptiquesde ~mo~Aet'e. de leurs effets qui laisse le plus à désirer. Déjà,
MÉTEORITES. Nom primitivement donné cependant, Humboldt, en réunisMmt les obser-
MX pierres tombées du ciel. – V. j~'o~es. vations de température connues de son temps, a
MËTEOROLOCtE. – Lamétéorologieou science pu figurer sur une sphère terrestre le mode gé-
des météores a pour objet l'étude des variations néral de répartition de la chaleur à la surface du
du temps et des climats, ainsi que la recherche globe. Berghauss, à l'aide des relevés de pluie
de leurs causes et de leurs effets. également épars, apu construire une carte approxi-
La météorologie est très ancienne. Dès le com- mative de la répartition des pluies sur la terre, en
mencement des temps historiques, on trouve dans sorte que l'on connaissait déjà deux des éléments
les traditions des peuples les moins civilisésquel- de la distribution géographique des plantes libres
ques cotions de météorologie particulièrement et des cultures.
applicables à la prévision des changements de Maury, en compulsant un nombre considérable
temps; dans les ouvrages des peuples de l'antiquité des livres de bord tenus par les marins pendant
classique, on rencontre une foule d'observations et leurs traversées,a pu reconnaître et figurer sur des
de lois météorologiques consignées avec soin. cartes le mode général de circulation de l'atmo-
Malgré cette origine reculée, et malgré ses rap- sphère sur la surface des océans il a pu en même
ports continuels avec l'astronomie, la météorolo- temps tracer aux navigateurs les routes les plus
gie est encore peu avancée. C'est qu'elle est essen- courtes en durée pour se rendre d'un point a un
tiellement une science d'observation portant sur autre et les traversées les plus longues ont été
des faits d'une mobilité extrême, et que pendant abrégées de plus d'un tiers. Tous ces grands tra-
de longs siècles les observateurs, dépourvus de vaux d'ensemble, plus ou moins imparfaits à l'ori-
tout moyen de mesure, devaient s'en tenir à l'exa- gine, se complètent peu à peu. Ils constituent de
men du ciel et des vents et aux impressions fu- grands progrès qui en appellentd'autres.
gitives et changeantes que les intempéries exer- Pour reconnaltre la nature des liens intimea
cent sur nos organes. Ses progrès les plus mar- qui unissent entre eux les divers climats du globe
qués datent d'une époque récente. pour trouver l'origine, la cause, la nature, le mode
L'invention du thermomètre a la fin du seizième de progression et les signes précurseurs des per-
ou au commencement du dix-septième siècle celle turbations atmosphériques auxquelles nous som-
du baromètre* vers le milieu du dix-septièmesiècle, mes exposés, les observations faites à des dates
ont déjà permis de substituer des évaluations pré- indéterminées sur les divers points de la terre et
cises aux indications vagues qui les avaient pré- des mers ne suffisent pas; il y faut, de plus, la
cédées, et d'agrandir le champ des observations. simultanéité de ces observations permettant la
Avec le pluviomètre, dont l'usage est a peu près construction de cartes synoptiques du temps dres-
contemporain des deux premiers, et la girouette, sées chaque jour, afin de figurer l'état général de
dont l'origine est très lointaine, on a l'ensemble l'atmosphère à un même instant, et de suivre les
des quatre instruments principaux qui ont long- changements qui s'y produisent d'un jour à l'autre.
temps suffi a l'étude générale des climats du globe Plus les régions embrassées gagnent en étendue,
et des intempéries des saisons. Aujourd'hui encore plus il convient au début de limiter les données
ils forment la base du travail des avertissements employées et de les réduire à celles qui ont le
météorologiques en usage dans la plupart des pays plus d'importance au point de vue du travail en-
civilisés. Mais si leurs indications, augmentées de trepris.
Le grand mouvement météorologique dont nous suffisammentétudiés. Rien n'est plus propre d'ail-
en France dans leurs a développer ses facultés
d'observation et à
sommes témoins a eu son origine accroître les plaisirs des champs.
la seconde moitié du siècle dernier.
Lavoisier, frappé de l'importance des premières La météorologie agricole est loin d'avoir suivi la
observationsde Borda sur la possibilité de prédire marche progressive imprimée à la météorologie
le temps à courte échéance, s'entendit avec lui générale. Elle a été magistralement traitée par
auxquelles prirent M. de Gasparin dans son Cours d'agriculture. De-
pour ouvrir des conférences cette époque, déjà éloignée cepen-
part Laplace,d'Arcy, Vandermonde,Montigny, etc. puis dant,
un peu
guère qu'on ait songé à com-
Il s'agissait d'établir des instruments et surtout nous ne voyons
des baromètres comparables sur un grand nom- bler les nombreuses et importantes lacunes que
de l'Europe, et même l'éminent agronome signalait lui-même aux mé-
bre de points de la France,
de l'univers. Nombre de ces instruments furent téorologistes. La Préoccupé cause en est restée la même que
distribués par Lavoisier, et, quand on en a lu la de son temps. « générale du des grands problèmes
description, il n'est pas difficile de s'assurer que de la physique globe, dit M. de Gas-
quelques châteaux possédaient encore, il y a peu parin (t. fi, p. 21, de son Cours d'agriculture), le
d'années, des instruments donnés par lui à cette météorologiste néglige lesQu'il détails qui sont les plus
occasion. importants pour nous. soit question, par
L'idée éminemment française de Lavoisier dis- exemple, des abaissements de température, le sol,
nous
Ift
France consulter leurs
parut avec lui, mais pour être reprise par la l'Ob- plantes, les époques où ils arrivent, leur coinci-
devons effets sur sur
dans des conditions plus favorables. C'est qui les rendent
servatoire de Paris que fut conçu et réalisé le pro- dence avec l'état de la végétation,indifférents; les
jet de réunir en un bulletin quotidien les obser- plus ou moins pernicieux ou
vations simultanées faites à la même heure le ma- régions du globe qu'ils affectent, leurs limites quii
de indiquent les limites des différentes cultures, les
tin de chaque jour dans les principales stations de leur retour en chaque lieu, ce quii
l'Europe et expédiées à Paris par télégraphe. C'est probabilités chances de réussite de certains végé-
là que furent inaugurées les premières cartes mesure les
synoptiques du temps sur l'Europe, que furent taux, etc. Toutes ces notions appartiennent bien
fédigées les premières cartes de la marche des à la météorologie, mais elles importent peu aux
tempêtes sur l'Atlantique, de la marche des orages physiciens, tandis qu'elles préoccupent vivement
l'agriculteur. Les premiers insisteront sur les
sur la France. qui rattachent à la température de
Tout cet ensemble de recherches qui s'est gé- questions se
du globe, tandis
néralisé en Europe et qui a été établi sur une très l'espace, à la chaleur intérieure
large échelle en Amérique, a pour principal objet que nous devonsoùsurtout étudier ce qui se passe
la science des mouvements de l'atmosphère, et les dans le milieu vivent nos plantes, la couche
avertissements qui en peuvent découler concer- d'air en contact avec la terre, la couche de terre
nant les changements de temps probables dans un où plongentdeleurs racines. »
avenir très prochain. Il est loin de répondre à Il en est même de la question capitale de la
tous les besoins de l'agriculture. lumière qui, en l'absence d'un instrument de me-
Il est sans doute des circonstances dans les- sure, a coûté tant de peines à M. de Gasparin pour
quelles l'annonce faite quelques heures à l'avance la sortir du vague où ellepréoccuperont était laissée. Les météo-
de l'arrivée d'un orage qui compromettra la ren- rologistes physiciens se surtout du
trée d'une récolte ou cette récolte elle m6me, peut pouvoir lumineux du soleil, du degré de transpa-
rendre à l'agriculteur de grands services. Il en est rence de l'atmosphère sous un ciel accidentelle-
de même de l'annonce des crues qui menacent ses ment pur. Le météorologiste agronome, au con-
intérêts les plus chers. Mais, en dehors de ces cas traire, s'efforcera surtout de mesurer la somme
spéciaux, l'agriculteursubit passivement les intem- effective de lumière que le ciel envoie par tous les
péries. Ce qui lui serait plus généralement et plus temps aux plantes, qui ne peuvent vivre et croître
pratiquement utile, serait de lui apprendreles re- que sous l'action de cette lumière.
lations vraies qui existent entre les variations du La météorologie doit être étudiée sous tous ses
temps et la marche de ses cultures de lui fournir points de vue, dans ses lois générales aussi bien
les moyens de prévoir quelle sera la valeur de ses que dans ses applications les diverses les premières
.récoltes pendantes et, par suite, de pallier pour servant de guide sûr dans secondes mais, dans
lui leur insuffisance ou de profiter le mieux pos- les campagnes surtout, celles-ci ne doivent pas
sible de leur succès; de le renseigner enfin, s'il être sacrifiées à celles-là. C'est dans ce sens qu'i
se peut, sur les caractères probablesd'une année convient de développer le programme suivant
agricole qui va commencer, afin qu'il puisse régler Nous le partageons en deux parties la premier-
météorologie générale; la second
ses emblavures au mieux de ses intérêts. consacrée à la
agricole. Les dévelop
Pour cultiver avec économie et profit, il faut consacrée à la météorologie l'autre
.connaître sa terre et son climat; il faut, de plus, pements à donner à l'une et à peuvent.
les-
savoir de quelle façon la plante cultivée se com- changer avec les conditions spéciales dans
porte en présence des éléments climatériques ou quelles est fait le cours.
autres au milieu desquels elle vit, ce qu'elle lui
exige
d'eau, de chaleur, de lumière; ce qu'il faut PROGRAMME DU COURS
,d'engrais divers en raison de l'eau, de la chaleur
et de la lumière dont elle dispose. L'observateur I" parMe.' MÉTËOMLOGtE G~NËttAM.
qui travaille pour la météorologie générale four
nit les matériaux d'un type uniforme et convenu I-IV. La météorologie, sa place dans les
qui seront élaborés dans l'établissement centra sciences, son utilité. L'atmosphère, variables
sa compo-
qu'elle
d'où lui reviendront les résultats déduits de l'en sition, éléments constants ou con-
semble. Tout en continuantcette collaboration né. tient son action sur les températures du globe.
cessaire, le météorologisteagricole doit travaille; Températures de l'air suivant l'altitude et sui-
aussi pour son propre usage, sur le terrain qu'i 1vant les saisons. Températuresà la surface du
occupe et que nul ne connaît mieux que lui. 1 sol leur distribution suivant la latitude et dans le
doit y associer sans cesse l'observation de la mar cours des saisons. Circulation générale de l'at-
ehe des cultures à celle de la marche des saisons mosphere et des mers leurs causes; leur influence
afin de se pénétrer de leurs liens communs, tro] réciproque sur les températures des continents.
V. Atmosphere, ~!f, Pous-

généralement faussés par des préjugés nés d'un, L]gnes isothermes.
interprétation incomplète de faits eux-mêmes in s!efMdefa<m<Mp/)?''c, C/ta<eMf,R<!)/o!!neBM?t<,7'em-
BMmMtM, Hygrométrie, Baromètres, Courant,
M~MM-e, tA<r)t!OM<'<ra, A La ctassincation qni séduit tont d'abord consiste
Gel, Gelée blanche, C<e~.
e. à diviser le-) métiers d'après la nature des besoins
V'VL Perturbations de l'atmosphère, vents,
s, qu'ils sont destines à satisfaire alimentation, vê-
tourbillons et tempêtes. Origine et mode dele tement, logement. Son inconvénient est de laisser
progression des vents et tempêtes.
des
:e de côté un certain nombre de métiers préparatoi-
Influence
vents sur l'état du ciel et sur la température -e res à ceux de cuisinier, de tailleur et de maçon, et
de l'air et du sol. V. Vents, Tempêtes, Baro- 9- d éloigner les ans des antres des travaux anato-
mètre. Du reste aucune classincation n'est parfaite.
VH-X. –Météores aqueux; nuages, pluie, neige, gnes. la etassincation
9, et dite naturelle est un idéat dont
grêle. Relations qui existent entre la pluie et la ~a on se rapproche sans doute, mais qu'on
circulation générale de l'atmosphère répartition ne peut
générale des pluies a la surface du globe. Rela- n atteindre. Nono préférerons donc une classification.
(- qui fasse mieux comprendre les rotations. tes~
tions qui existent entre les pluies et les venta, analogies des divers métiers, leur dépendance ré-
tourbillons ou tempêtes; distnbution des pluies ).à ciproqee, les propos que peut introduiredans l'ait
la surface de la France. Influence de la position 1 imitation des procédés employés dans un autre.
du lieu, de son altitude et des circonstances lo- Leue n
que nous adoptons
cales. Quantité d'eau tombée par jour de pluie, nature des modificationsa pour point de départ ta.
fréquence des pluies et nébulosité du ciel suivantt maténaux. Ces modifications que l'on fait subir aux
les saisons. V. ~oo~, Pluie, N~t, Baromètre. chimiques sont de deux sortes
Xt-XU. on géométriques. De là deux grandes.
Electricité atmosphérique orages,classes.
éclair, fondre, tonnerre paratonnerre. Magné- La première comprend la cuisine, la conserva-
tisme terretttre.– V. Electricité, Orages, Foudre,
~t-a~t~ffe, ~ya~t<Me. tion des aliments, les industries accessoires
préparatoires aux métiers du vêtement et du loge- en
XUI. – Phénomènes optiques de )'atmosphère ment, telles la préparation des fibres textiles,
auroresboréales, arc-en-ciel, halos; météore~ mé- la tannerie,laque teinture, la fabrication des produits
téontes, botidea, aéroiithes. -V. Météores, Aéro- chimiques.
lithes, fAM<m~nes optiques de ra~o~pM;-<. La seconde peut être subdivisée en trois, d'après
le nombre des dimensions dominantes des objets
n* partie: MÉTÉOROLOGIE AaMCOLB. fabriqués ou employés comme matières immédia-
XtV-~X.Inauencede l'eau tes.
sur la végétation; Dans la première subdivision se place la Claturo
pluies, irrigations. Influence de la chaleur
yégétatton; chaleur atmosphérique, chaleur sur la t des fibres textiles, de la laine, de la soie, la corderie,
laire durée des cultures. so-
Influence de la lu- qui
ie
s
tréfilage
mière sur la végétation quaiité des récoltes. – des épingles, des encore,
des métaux citons, parmi tes industriel
rattachent
aiguilles,
la fabrication des clous,
des chaînes
Climats, régions agricoles limites des cuttures. La seconde
comprend les tissus, tricots travaux
V. C/!ma<<, Régions agricole., P~tM, 7n;M-
tions, Inondations. V au crochet; toile et réseaux métattiques,' la con-
fection des vêtements, et en générât le travail
XX. – Avertissements météorotogtques. – Pro- papier, du du
du carton, des étoCes.des cuirs, des lames-
nosttcs temps. y. Prévision du temps, Mé-métalliques.
téoro nosie, Baromètre. [Marié-Davy 1 Dans la troisième, nous placerons à part la cul-
METfEBS. – Connaissances usuelles, XÎ. – ture, l'action de l'ouvrier n'étant qu'une aide
Il est difficile de tracer une ligne de démarcation cessoire ac-
précise entre tes métiers et la grande industrie. prendronsou une direction des effets naturels, et
On peut dire que les premiers sont pour type le modelage, d'où dérivent
ceux auxquels la poterie, la briqueterie, la verrerie, la forge, la
les ouvriers travaillent individuetiemetH
trtapetits groupes, otuts n'emploient que desou en tonaene et la sculpture, comprenant le travail du
relativement sfmDtes et dans lesquels leur outils bois, des blocs métalliques,de la pierre, divers
force genres de gravure. Un grand nombre destesmétiers
musculaire est geméraJement le seul moteur. Dans
la grande Industrie, au contraire, la force que nous avons cités se sont plus ou moins com-
h'M de l'ouvrier ne compte ptus; muscu- plètement transformés en grandes industries et
dtrectnce elle-même perd chaque jour de sa puissance des articles spéciaux leur ont été consacrés dans
importance, à mesure que les grandes machines- son ce Dictionnaire. Nous nous contenterons, dans.
outils se perfectionnent et se spécialisent. tes quelques considérations que nous altons pré-
Ce n'est pas ici le lieu de chercher à évaluer leurs. senter
< ici, d'indiquer ce qui ne le serait pas ail-
1
d avance tes conquêtes que l'industrie
est encore A. MÉTIERS QUI FONT SUBIR AUX ttATIÊHES
appelée a faire sur le domaine des anciens
tiers, ni (t apprécier leur influence probable sur s
mé- mËREs UNE MODIFICATION CHiMiecE.
PRE-
Les ani-
le bonheur humain. En tout cas l'étude et la t
maux mangent leur nourriture telle que la nature
pra- 1la leur fournit, et
tique des métiers resteront les seuls moyens de pour un certain nombre d'entre
cultiver une facu)té humaine importante,jusqu'ici eux
e le travail de la digestion absorbe une partie
neghgée dans l'éducation générate, nous voulons transformé notable
n de leur énergie. Une découverte qui a.
dire 1 habtieté manuelle c'est grice à la t: tes conditions de la vie humaine a dé--
posses- montré que l'action du. feu
Ston de cette faculté autant qu'à des conceptions ddu travail d'assimilation, remplaçait une partie
n
théoriques ou empiriques que les inventeurs qu'un aliment cuit se-
fait les grandes découvertes industrielles,et c'est ont digérait
d plus facilement que le même aliment cru j..
vraisemblablement elle aussi qui sera le facteur et
e la saveur de cet aliment a paru meilleure, ob-
principal des progrès de détail réservés à l'avenir. sservation probablement connexe avec la première.
Les
L innombrables expériences
C'est afin d attirer l'attention
sur le développe- ddécouverte ont fondé l'art de qui ont suivi cette
la cuisine. Cet art
ment de cette faculté, que nous allons présenter
quelques considérations sur les principaux mé- en e est arrivé aujourd'hui à comprendre une cer-
tiera, taine
t: quantité de préceptes pratiques qui devraient.
L'impossibilité de tout dire à la fois, le besoin La trouver
t~ leur place dans tout bon enseignement.
de suivre un ordre déterminé, de rapprocher L cuisine, dont la boulangerie, la pâtisserie, la
les préparation des conserves, ne sont que des bran-
travaux qui ont entre eux des rapports de diverse pches,
nature, tout cela n~e~ite une classification,et, ici devient déj& souvent, comme ces dernières,.
comme ailleurs, u
une grande
trouver une bonne classification, Isla compagnie anglaise industrie. Les manutentions militaires,
c est avoir fait la majeure partie de la besogne. du pain aéfé emploient
des
d machines, des fours continus dirigés
par des
mécaniciens plutôt que par des boulangers. Dans rénssit, entre des poinçons
les grands hôtels des capitales, les casernes, tesfaitement adaptées, à étendreet des matrices par-
ou à contracter deo
)
prisons, le cuisinier emploie aux divers degrés lames que les
moyens anciens
les appareils perfectionnés des industries chimi- ou froissées. Les tricots, tes eussent déchirées
travaux crochet, le.
ques. Tandis que le procédé d'Appert, fondé su) filet. sont relativement peu annexésauà la grande
ta destruction par la chaleur des germes de fer. industrie, et offrent à l'ouvrière
les ressources
mentation contenus dans les aliments enfermée les
plus variées les mailles sont formées par un.
dans des vases hermétiquementclos, ne s'applique
guère que sur une grande échelle, toutes les mé-
seul
fil dont les tours successifs viennent se lier
aux précédents d'une manière plus ou moins in-
nagères de la campagne et les petits marchands
des villes salent et fument la viande, sèchent des
t tune; la possibilité de fixer plusieurs points nou-
légumes, des champignons, des fruits. veaux à un seul ancien, ou inversement, d'aug-
menter ou de diminuer, permet de donner an tissu
Des métiers préparatoires cités dans notre pre- toutes les formes, tous les ornementsimaginables
mière classe, il n'y a guère que la préparation, de plus, le fil, dans les deux premiers tissus j-
teiilage, rouissage du lin et du chanvre, le lavage tout, n'est pas tendu, reste arrondi, ce qui leur sur-
de la laine qui occupent des travailleurs isolés; donne beaucoup d'élasticité et les rend
tous les autres sont complètement conquis à la spéciale-
ment propres à la confection des vêtements qui.
grande industrie. doivent s'appliquer exactement, tels que les bas,
B. MÉTtERS QUI FONT SUBIR AUX MATIÈRES PRE- les gants,etc.
MIÈRES UN CHANGEMENTDANS LA FORME GÉOMÉTRIQUE. Quels que soient la nature de la surface plane
I. Objets où le travail ne porte que sur une seule déformée le rôle qu'elle doit remplir, il est
f~metMtOM. On pourrait en dire autant de la rare qu'unetseul
morceau puisse suffire à l'exécu-
plupart des métiers de cette classe la quenouille tion de l'objet demandé. Les procédés pour join-
et le fuseau sont tombés en désuétude; on voit dre les divers morceaux offrent de l'analogie
encore le cordier, entouré de chanvre et marchant dans tous les métiers que nous plaçons dans cette
à reculons, arracher de sa ceinture les fibrilles qui seconde classe. Citons,
composeront le brin, mais ce n'est plus toujours dure autogène qui permet en première ligne, la sou-
de réunir une seule
un malheureux enfant qui tourne la roue les deux lames de plomb dont les bordsensont
ports militaires ont des corderies comparables aux posés, en fondant successivement leurs juxta- divers
filatures, sauf la dimension de l'objet fabriqué. Le points à la namme du chalumeau.
bijoutier emploie encore la nUère aux trous dimi- flammes puissantes et de petites dimensions de L'usage
nuant graduellement pour obtenir le fil d'or ou met d'étendre ce procédé à d'autres métauxper-
d'argent dont il ne peut avoir d'avance toutes les tout au moins d'employer ou
dimensions désirables, mais l'industrie seule four- exemple, pour le laiton, par
des soudures qui diffèrent à peine par
nit le fil de fer, de cuivre, de laiton. A l'aide leur fusibilité, leur couleur, leurs diverses pro-
d'un marteau qu'il manie avec une rapidité pro- priétés, du métal qu'elles ont à joindre. Le fer-
digieuse, le cloutierantique détache d'une baguette blantier, le plombier emploient des soudures
de fer rougie un clou irrégulier, pendant que la tout à fait différentes des
machine coupe à froid le fil de fer, en façonne travail l'analogie la plus métaux proche
à unir, et leur
a celui du
sans bruit et par simple pression la tête aux formes cartonnier, du relieur, de l'ébéniste avec la colle forte,
géométriques. La chaine de grosses dimensions la colle de pâte remplacent les alliages fusibles
rentrerait plutôt dans notre dernière division les mêmes précautions sont à prendre
celle de taille moyenne seule se fabrique à la rapprochement des surfaces à unir, pour le
main à froid à l'industrie encore appartiennent toyage parfait qui pour le net-
les chaînes a forme compliquées et celles de pe- substance interposée. assurera leur adhérence à la
tites dimensions, qui atteignentleur minimum sur La couture des étoffes, des
les fusées des montres et des chronomètres. peaux, du cuir fut
sans doute l'un des premiers métiers. L'aiguille
II. Objets où le travail porte sur deux dimen- rudimentaire,
sions. La seconde division est le vrai domaine cée, se retrouve os pointu on arête de poisson per-
des métiers proprement dits, sinon complètement vilisation primitivedansl'aiguille
les anciens restes de la ci-
moderne, merveille
en ce qui concerne la fabrication des matériaux à de perfection et de bon marché, type de
deux dimensions, au moins quant à leur utilisation. peuvent accomplir les forces industrielles, ce que
Après que l'industrie a fourni le papier*, le car- l'instrument est
inévitable de toutes les ménagères.
ton, les étoiles de toute espèce, le cuir*, les Nous devons renvoyer
lames métatUques, c'est l'ouvrier qui, guidé par aux traités spéciaux, pour les détails sur ce sujet
bien
des principes géométriques, les découpe à l'aide des plus intéressantesyMitqu'une partie théorique
de procédés analogues. Le problème général est ce- cependant grâce à l'intuition toujours négligée c'est
lui-ci étant donnée une surface déterminée,une le métier minutieux de de cette théorie que
si
partie du corps humain par exemple, la recouvrir ces vingt dernières années couturière a subi dans
de portions de diverses surfaces développables. Le complète une transformation
par l'introduction de la machine à cou-
cas le plus simple est évidemment l'emploi immé- dre. Tout a dû être méthodiquement calculé,
diat des surfaces planes elles-mêmes, comme pour longueur, tension, résistance des
la plupart des cartonnages. Mais ordinairement fils, distance
le des points successifs. A l'aiguille qui passe tout
plan doit être plus ou moins déformé, et modifié entière à travers l'étoffé, entraînant
avec une précision qui varie suivant le but à fil limité, on a substitué l'aiguille entrant un bout de
atteindre. De plus, à leur flexibilité les matériaux tie dans l'étoffe et laissant en par-
employés ajoutent une certaine somme d'élasticité chaque point y un fil illimité dont
se bouclait avec le précédent la
ou de malléabilité qui facilite le problème. Les machine fondée sur ce principe, employant
étoo'es, les toiles métalliques aux mailles carrées seul fil d'une longueur un
triple de la couture effec-
peuvent dans certaines limites s'allonger ou se tuée, forme le point de chaînette décousable,
raccourcir dans le sens des diagonales et prendre ce
qui est tantôt un inconvénient, tantôt un avan-
la forme de surfaces assez compliquées; les lames tage. Une deuxième
d'argent, de cuivre, de fer peuvent à l'aide d'un travail n'avait sorte de machine, dont le
martelage, qui les allonge surtout dans le sens couturière effectue aucune analogie avec celui que la
à la main, produisit à l'aide
perpendiculaire à la panne du marteau, être re- de deux aiguilles et de deux
poussées, et prendre les formes les plus variées. difficilement décousable, quifils indéfinis un point
L'industrie obtient sans choc, par des pressions amateurs; mais la machine à compte encore des
successives, des effets encore plus surprenants et multanément navette, inventée si-
par Singer et par Howe, parait lo der-
part. Deux fils de .on-
nier mot du progrès,détails às'entrelacent pproduisent peuvent etre constaeracs cummc en*
des cercles; d'où
& chaque sendrées par des lignes droites,
égale à la couture d'appareils tantôt rudimentaires, tantôt
g.
gueur L~un, indénni, est conduit par boucles suc- Pusage
1.
point. aiguille sembla- compliqués, spécialement propres à produire ces
cessives à travers l'étofTe par une c(
à point de chalnette; surfaces, rabot, tour, foret.
ble à celle de la machine si
Par les procédés employés pour joindre les di-
l'autre. enroulé sur une petite obinela placée boucle
dans
for- verses pièces d'un même objet, les métiers de
point
la navette, traverse à chaque serrent même v~
cette section se rapprochent de ceux de la préce-
mée par l'autre ni tous deux se en
identi-
ci
dente.
d Les clous, tes chevilles, les vis sont les
temps, et le résultat est un point presque assemblages du charpen-
analogues des rivets les
que celui des selliers et des cordonniers. Ces a
imprégnés de poix tier,
ti du menuisier ne sont que des modifications
derniers cousent avec deux fils dde ceux employés dans le travaildes lames minces.
aMiutinante, portant aux extrémités, suffisante au lieu
d'aiguille, une soie de sanglier raide et Les colles diverses, les soudures y jouent le même
L
introduire le III dans un trou percé d'avance rôle.
r.
pour A la fin de notre rapide promenade à travers tes
avec une alène.~Le~veîage?'employé
à joindre les cuirs, les métiers,
n nous trouvons la construction des édifices.
ddepuis la pins humbte masure jusqu'au palais.
la couture le
lames métalliques, est analogue àextrémités de pierre.
élar- Dans la jonction des masses pesantes
fil de fer ou le rivet a ses deux
L
dde métal ou de bois qui les composent, on s ar-
gies par choc ou pression, la jonction est parfaite. méta)- autant possible pour que ces matériaux
Ajoutons, comme mode de jonction des lames rrange que
action de la pe-
liques, le bouclage des ferblantiers, l'assemblage restent
r en équilibre sous la simple mortiers, des ciments
donnent, santeur, abstraction faite des
à queue des chaudronniers, lesquels s
considérés agglutinants et, quand c est
après que la pièce est soudée ou brasée, un ré- ciimpossible, comme il faut avoir recours aux puissants
sultat d'une solidité absolue. j de fer qui seuls peuvent longtemps résist~r
III. Objets où le travail porte sur les trois di- 1liens ciments ne
MM~'OM.– Dans cette dernière section, nous ne ¡à un effort continu. Les mortiers,àles résister a des
citons que pour mémoire le métier defaçonne cultivateur 1servent qu'à combler les vides, ou inférieures à
Il ne pas actions temporaires notablement
et ses nombreuses variétés. ¡
celle de la pesanteur. Leur rote diffère donc es-
directement la matière il vient en aide aux1 forces de celui des colles et des soudures.
naturelles des êtres organisés, en dirige action sentiellement A cette courte revue des métiers, sous le rap-
intervenant sans cesse dans la lutte pour
en
l'existence qui est le fait dominant de la vieani- port technique,il y aurait à ajouter quelques de leur
no-
dé-
déve- tions sur l'histoire de leur naissance,
male et végétale; il entrave on arrête le nuisi- mais, à ce point de vue, à défaut
loppement des espèces les moins utiles ouqui lui veloppement d'une nomenclature avec dates précises dont il
bles, facilite le développement de celles serait impossible de retrouver les éléments, on
servent. tout ce qui est nécessaire dans les ar-
Le travail de la matière, quand ses trois dimen- trouvera ticles Industrie et Invention. [Paul Robin.]
sions sont d'égale importance, peut se rapporter METHQCE. – Histoire générale, XVU-XXVL –
a deux types, le modelage et la de sculpture. Ce
l'humanité, I. remM primitifs. L'histoire des premiers ha-
sont bien les deux premiers efforts fait inconnue. C'est
et, quelque grand que puisse être dans 1 avenir le bitants du Mexique est tout àdu
seulement à partir du vf ou yn" siècle de no-
ro!e de la machine, le modelage et la sculpture cette contrée l'exis-
la main ne sera jamais tre ère que l'on constate en d'un gouvernement
sont des domaines d'où manifestations les plus tence d'un corps de nation et
chassée. Si, dans leurs
élevées, ces travaux appartiennent à l'art, plu- à peu près régulier. Les Toltèques, peuplade venue
sieurs métiers proprement dits s'y rattachent. La du Nord (et qui parait originaire
(s'il faut
de l'Asie),
croire les
enva-
tra-
poterie, la briqueterie donnent toutesconvenablesles formes hirent vers l'an à44 en
d'Anahuac.
cuissons ditions du pays) le haut plateau
aux diverses argiles que despierres. Ils y établirent le culte du dieu Queizalcohuatl,
transforment en véritables Cholula, de
Le verrier modèle à son gré le verre amené par comme l'attestent les pyramides de domination fit
sur leaPapantla et de Téotihuacan. Leur
la chaleur à l'état pâteux, le forgeron agit celle des Chichimè-
fer ramolli; mais, moins favorisé que le verrier,place, au x' ou xi" siècle, à
il n'obtient de résultats qu'à l'aide des choc& dut ques, des Tlascalais, des Acothuis, nations plus
marteau. Il n'appartient qu'aux puissances de lat grossières, qui se disputèrent longtemps le pays,
grande industrie de modeler les métaux chaudsmaisLe finirent par se policer au contact des vain-
Mexique subit encore, du xr au xm* siècle,
ou froids comme des matières plastiques. Les mé- cus.
une troisième invasion, celle des Aztèques. Ces
dailles, les monnaies se coupent sans bruit à derniers t par les
l'emporte-pièce, et la plus fine gravure y est non venus, vaincus d'abord et asservis recouvré
construisirent, après avoir
frappée mais imprimée par de formidables pressess Acothuis, indépendance, la ville de Tenochtitlan (que
mouvements déterminés de la manière la pluss leur
aux les Européens ont appelée Mexico, de Mexi ou
exacte La fonderie elle-même se rattache de loinnàMexitli, ancien chef divinisé des Aztèques). A par-
au modelage, soit l'argile, de moules à
par la fabrication pression d'éten-
l'aide du sable, de soit par la quee tir de cette époque (t325),ils ne cessèrentplus
ceux-ci exercent sur la matière amenée par laa dre leur empire. Le plus puissant et le re-
douté de leurs rois paratt avoir été Montézurna,
fusion, au maximum de plasticité. commencement du xvi* siècle. A co
La taille de la pierre est à la sculpture ce quee qui vivait siaul'on
l'art du briquetier est au modelage. La scie pourr moment, ne tient pas compte du petit Etat
républi-
qui formait une sorte de
les pierres tendres, le burin et le marteau pour.r de Tlascala, l'immense région comprise entre la Califor-
toutes, sont les instruments à l'aide desquels 1 ou-
L-
nie que,
vrier applique sa force musculaire et son adresse. chieetféodale, dont le chef ne régnait une
t'Amérique centrale constituait
qu'a
monar-
condi-
Le graveur sur métal, sur bois, conserve presque e
les privilègesde ses vassaux. La
toujours l'outillage individuel;la molette tournant lt tion de respecter les
rapidementest indispensable au lapidaire, au gra-t. noblesse possédait presque toutes terres et
métier celuides armes. La plèbe
veur sur pierre, et commencebois à pénétrer, trans- s- n'avait d'autre que
et des métaux. vivait dans le servage; des terres communes (<M<-
formée, dans le façonnage du t. assignées dans chaque province
S- p!~t). lui étaient
De la sculpture dérivent les travaux plus géomé-
triques du charpentier, du menuisier, du tour-Ls attachés pour Les
sa subsistance. (~ocaM)
aux temples
prêtres,
des
fort nombreux,
divinités mexi-
neur, du mécanicien. En général les surfaces qu'ils
caines (dont la principale était Mexi on Huitzilo- Cortez fit mettre à mort Guatimozin et la plupart
potii, personnification du soleil), sacrifiaient sou- des caciquesmexicains. Il est juste de dire qu'il fit
vent des victimes humaines. Mais, ea dehors de rebâtir Mexico et qu'il n'épargna rien pour attirer
ces pratiques sanguinaires, les mœurs de la nation dans la Nouvelle-Espagne(ainsi qu'il appelait sa
étaient assez douces. Les Aztèques cultivaient la conquête) la civilisation européenne. La prise de
terre avec soin. De nombreuses routes leur faci- possession de l'empire des Aztèques par les Espa-
litaient les relations commerciales, mais ils ne gnols fut complétée par les expéditions heureuses
possédaient pas de bêtes de somme. L'or et l'ar- que l'audacieux aventurier envoya ou conduisit
gent abondaient dans leur pays, mais s'ils excel- jusque dans le Guatemala et le Honduras (!521-
taient à en confectionner des objets d'art, ils n'a- 1525). Plus tard, il fit explorer et parcourut lui-
vaient pas l'idée d'en faire des moyens d'échange. même les côtes occidentales du Mexique et parti-
ils avaient du goût pour les sciences mathémati- culièrement la presqu'îlede Californie (1533-1536).
ques, pour l'astronomie, et avaient dressé un Mais après avoir enrichi Charles-Quint en lui
calendrier plus parfait que celui des anciens Ro- donnant, comme il disait, plus de provinces que
mains. Enfin, leurs aptitudesartistiques nous sont ses ancêtres ne lui avaient laissé de villes, il
révélées par leurs délicates poteries et par ceux éprouva toute l'ingratitude de ce prince, qui lui
de leurs monuments religieux (pyramides tron- retira le gouvernement de la Nouvelle-Espagne.
quées, tombeaux, etc.), qui ont échappé au van- Il mourut à Séville, presque oublié, en 1547.
dalisme fanatique des conquérants (ruines de Pa- II!. Le Mexique sous la 6<OH::KH/:n?t MpO~O~.
lenqué, d'Ytzalan, etc.). Pendant près de trois siècles, le Mexique a été
II. Conquête du Mexique par les Espagnols. soumis à un joug de fer et presque stérilisé par
Dès 1515, Velasquez, gouverneur espagnol de un despotisme religieux et administratif dont il se
Cuba, avait fait explorer par Hernandez de Cor- ressent encore cruellement de nos jours. Les vice-
dova la presqu'île du Yucatan. Un peu plus tard, rois (dontle premier fut Mendoza, nommé en 1536),
un autre de ses lieutenants, Grijalva, s'avança étaient, il est vrai, révocables: le pouvoirjudiciaire,
jusqu'à Guajaca et put apercevoir les bannières attribué à l'audiencia ou tribunal suprême, leur
blanches de Montézuma. Mais la conquête du échappait; le Conseil des Indes, siégeant à Séville,
Mexique ne commençaqu'en 1519. Elle fut l'œuvre avait sur eux un droit de contrôle enfin il leur
de Fernand Cortez, gentilhomme ambitieux et était défendu de prendre femme dans la Nouvelle-
hardi, qui, envoyé par Velasquez, puis rappelé, Espagne et d'y acquérir des terres. Ils n'en exer-
refusa d'obéir, brûla ses vaisseaux et commença çaient pas moins, vu l'éloignement de la métro-
par fonder la ville de la Vera-Cruz.Il n'avait avec pole et l'impossibilité d'une surveillance exacte,
lui que 553 soldats (dont 13 armés de mousquets une autorité presque arbitraire, dont ils n'usaient
et 3X d'arquebuses), 16 chevaux et 10 petits ca- en général que pour s'enrichirpar tous les moyens.
nons de campagne. Mais, bien secondé par une Au-dessous d'eux, douze :M<MC<a~.? procédaient à
jeune fille du pays, qui lui servait d'interprète, et peu près de même dans les provinces (Potosi,
profitant de la terreur inspirée par les armes à Sonora, Durango, Guadalaxara, Yucatan, Mexico,
feu aux indigènes, qui le prenaient pour le dieu Oaxaca, Vera-Cruz, Michoacan, Puebla, Zacatecas
Quetzalcoliuatl, il poussa rapidement jusqu'au et Guanaxuato). Dans les villes, les pouvoirs, d'a-
centre de l'empire. Comme il détruisait partout bord électifs, des alcades et regidores d'une part,
les temples, brisait les idoles et imposait de force des ayMKhM)!:en<(M (ou conseils municipaux) de
le christianisme, les prêtres de Cholula essayèrent l'autre, ne tardèrent pas à être usurpés par le
de l'attirer dans un piège, pour le massacrer, lui gouvernement central. Non contente des revenus
et ses hommes. Cortez se vengea en saccageant énormes qu'elle tirait des mines d'or et d'argent,
cette ville, dont il fit égorgfr presque toute presque inépuisables, du Mexique, l'Espagne s'at-
la population. L'Etat de Tlascala s'était sou- tribua dans cette colonie le monopole de l'impor-
mis à lui. Plusieurs caciques, vassaux de Mon- tation et de l'exportation. Elle y interdit ou res-
tézuma, étaient aussi devenus ses auxiliaires. Le treignit singulièrement certaines cultures qui
roi de Mexico voulut éloigner les étrangers par auraient enrichi ce pays (celles du cacao, du café,
de riches présents, qui ne firent que surexciter de l'indigo, par exemple). Quant aux colons, ils
leur convoitise. Obligé de recevoir pompeusement avaient commencé par décimer, comme à plaisir,
Cortez, ce malheureux souverain devint bientôt la population indigène. Charles-Quint, il est vrai,
son prisonnier. Le conquérant dut, il est vrai, en garantit aux Mexicains, par une loi, la liberté per-
mai ib'20, quitter la capitale pour marcher contre sonnelle. Les neuf dixièmes des indigènes n'en
Narvaez, que Velasquez avait envoyé contre lui, et demeurèrentpas moins, jusqu'à la fin du xvm' siè-
que, du reste, il ne tarda pas à faire passer sous cle, serfs de la glèbe. Lcsc/it'e~7M~M)'OU espa-
ses ordres. En son absence, son lieutenant Alva- gnols exerçaient seuls les fonctions publiques et.
rado avait fait périr les principaux chefs de la no- presque seuls, possédaient les terres. Les Aa~M
blesse mexicaine. Un soulèvement national s'était ou n:e<M étaient artisans. Au point de vue reli-
produit. Cortez, rentré à Mexico, vit tomber Mon- gieux, l'Inquisition régnait au Mexique comme en
'.ézuma. tué par les insurgés, et se trouva dans Espagne. Un clergé fanatique, astucieux et peu
une situation si critique qu'il crut devoir se retirerinstruit, disposait d'immenses richesses et mainte-
de nuit avec sa petite troupe, pour aller de- nait la nation dans une ignorance telle que, sur plus
mander des renforts à ses alliés ()" juillet). Moins de 4 millions d'habitants que comptait la colonie
de six mois après, il était de retour avec deux au commencement de ce siècle, trois ou quatre
tent mille auxiliaires. Guatimozin, successeur de cent mille à peine savaient lire et écrire.
Montézuma, ayant refusé de traiter avec lui, le IV. Guerre de l'indépendance. Les métis, qui
~icge de Mexico fut régulièremententrepris (mai formaient la classe la plus énergique de la popula-
15-21). H dura plus de 80 jours et amena la prise tion, aspiraient depuis longtemps à l'indépen-
et la destruction presque totale de la ville dance. Les Indiens étaient prêts à les soutenir.
(13 août). Plus de cent mille habitants avaient L'usurpation de Joseph Bonaparte en Espagne
péri. Les Espagnols recueillirent des richesses (18'JS) servit de prétexte aux patriotes mexicains
immenses. Guatimozin fut pris et, comme il refu- pour se soulever. Le curé Hidalgo, qui, en 1810,
sait d'indiquer l'endroit où était caché le trésor donna le signal de la guerre de l'Indépendance, fut
de son prédécesseur, on l'étendit sur des char- battu et fusillé (1811). Morelos, qui réunit un
bons ardents avec un de ses ministres. Ce dernier Congrès et fit voter une constitution (1812), n'eut
.poussant des gémissements Et Mo:, dit le roi, pas un sort plus heureux. Mina, qui prit les armes
<!U!e donc .~)- un lit de )-oM~ ? Bientôt, ttu reste, en 1815, fut également mis à mort. Mais la révolu*
tton espagnole de 1820 eut son contre-coup au M retournèrent presque tous contre lui (conspi-
Mexique. Le général Augustin Iturbide, après s'être ration de Santa-Anna). Le gros de la nation le
insurgé contre le vice-roi Apodaca (février 1821), baissait et soutenait moralement Juarez, dont les
le força de quitter le pays. il finit par se faire pro- gnériilas tenaient encore une grande partie du
clamer empereurpar un congrès () 822). Mai<, vio- pays. Quand Napoléon III, reconnaissant ennn la
lemment attaqué par plusieurs de ses lieutenants faute qu'il airait commise, et sommé par les Etats-
(Vittoria, Gucrrero, Santa-Anna), il dut abdiquer Unis de rendre le Mexique lui-même, annonça
fl" mai )823) et faire place a la république. l'intention de rappeler ses troupes, Maximilien,
L année suivante, il reparut en armes au Mexique, qui ne put le faire revenir sur sa détermination,
mais fut presque aussitôt pris et fusillé (t9 juillet se montra d'abord dispose à abdiquer (déc. 1866).
1824). Vittoria.quivenait de faire adopter (janvier; Mais, cédant aux instances et aux promesses d'une
par le Congres une constitution semblable à celle partie du clergé, il se décida ftnalement à défen-
des Etats-Unis (moins !e principe de la tolérance dre seul sa couronne. En février 1867, l'armée
religieuse), fut le premier président de la fédéra- française, sous les ordres de Bazaine, se retira.
tion mexicaine. Il lui fallut, pour satisfaire au vœu Les troupes républicaines réoccupèrent aussitôt
national,expulser une grande partie des Espagnols presque tout le Mexique. Maximilien était allé
qui étaient restés dans le pays. L'affranchissement s'enfermer à Queretaro (13 mars). Deux mois
de l'ancienne colonie fut complété par la défaite et après, la trahison de Lopez le livra au général
la capture du général Barradas, lieutenant de Escobedo, qui l'assiégeait (15 mal). Il ne tarda
FerdinandVII (1829). guère à être jugé, condamné à mort par un con-
V. Guerres civiles et M!~ert)CtftOM /<'<m{'ane seil de guerre, et fusillé (19 juin) en même temps
Malheureusement, le Mexique était mal préparé que les généraux Miramon et Mejia, qui, jusqu'au
par le régime oppressif qu'il avait si longtemps bout, étaient demeurés ses partisans.
subi a l'exercice régulier du gouvernement répu- VI. Le Mexique depuis la mort de Maximilien.
blicain. Le peuple n'avait presque pas conscience Le 15 juillet tfKn, Juarez rentra triomphale-
de ses droits. Les généraux n'avaient d'autre ment à Mexico. Béélu président en octobre, il
souci que de s'emparer du pouvoir. Les principes s'appliqua à effacer les traces de l'invasion, flt
de l'unitarisme et du fédéralisme, la liberté et la voter 1 amnistie de 1869 et s'efforça par des lois
religion, n'ont guère été, dans ce pays, depuis sages (sur la presse, sur le jury, etc.) et par des
1824 jusqu'à nos jours, que des prétextes à coups entreprises utiles (chemins de fer, lignes télégra-
d'Etat. Jusqu'en 18à5 le parti unitaire et rétro- phiques, etc.) d'habituer le pays au régime de la
grade a eu presque constamment le dessus, grâce liberté et aux travaux de la paix. Malheureuse-
à Santa-Anna qui, parvenu au pouvoir après plu- ment, de nouvelles insurrections se produisirent.
sieurs révolutions militaires (1833) et renversé Juarez, maintenu àla présidence en octobre 1871,
vainement quatre fois, a exercé plus de vingt ans luttait énergiquement contre les rebelles, quand
sur son pays la plus déplorable influence. C'est une mort subite l'arrêta dans son œuvre répara-
sous son administration que le Texas s'est déclaré trice (juillet 1S'!2). Son successeur, Lerdo de
indépendant (1836). L'annexion de cette contrée Tejada, a fait voter en 1873 des lois destinéesà
aux Etats-Unis (1845) amena (1846-1848)une guerre affranchir la société civile de l'autorité ecclésiasti-
funeste au Mexique, qui dut céder à ses puis- que. Vivement attaqué par le clergé, qui n'a pat
sants voisins non seulement le territoire en litige, hésité t fomenter des troubles graves dans plu-
mais le Nouveau-Mexique et la Californie (1848). sieurs Etats, il a été renversé, après une longue
Après la chute définitive de Santa-Anna, la fédé- lutte, par le général Porflrio Diaz (1876). Mais ce
ration étant rétablie, le président Comonfort(1856) dernier, qui est devenu président en avril t8TÏ,
essaya sans succès de réconcilier les partis. La appartient au même parti que son prédécesseur
guerre civile sévit pendant plusieurs années avec et semble devoir continuer la politique de Juarez
une nouvelle violence. Enfin. après le court pas- et de Lerdo de Tejada. [A. Debidour.]
sage au pouvoir du général Miramon, champion MIASMES. V. CuM~tM et Humidilé.
de l'aristocratie et do l'Eglise (1859-1860), les li-' MILIEU. Hygiène, IV et V. En hygiène,
béraux venaient de triompher avec Ortega et on appelle milieu l'ensemble des circonstance*
Juarez, et ce dernier venait de prendre posses- extérieures qui influencent le développement et
sion de la présidence (1861), lorsque le Mexique le fonctionnement des organes; qui modifient
ent à repousser l'invasion étrangère. L'Angleterre, l'homme au point de vue physique, intellectuel
1 Espagne et la France, au nom de leurs nationaux, et moral. Toutefois l'hygiène étudie surtout en
dont les intérêts avaient été lésés par le gouver- détail les modificationsphysiques.
nement toujours obéré de Mexico, occupèrent de Nous allons embrasser, en traitant ce sujet,.
concert la Vera-Cruz. De ces trois puissances, les tout ce que nous aurions pu éparpiller aux mots
deux premières, ayant reçu satisfaction, reti- ~motpA~f, Eau, Mee~tCt<< Sol, mais
rèrent après la convention de la Soledad se(1862). nous renvoyons pour certains détailsetc.;
spéciaux
Mais la France, ou plutôt Napoléon ni, qui exi- aux mots Climat, ~)!<~mtM, Contagion, Maisons,
geait le payement intégral d'une créance usuraire Pt'0/!°Mt'07t.
et qui se proposait de conquérir tout le pays L'Ant. Air libre. Le corps de l'homme est
pour y rétablir la monarchie, persista dans son soumis, au niveau de la mer, à une pression
action. L'échec du général Lorencez devant Pue- d'environ 18000 kilogrammes. Cette pression
bla (5 mai 1862) ne l'arrêta pas. En février 1863, trouvant également répartie à l'interieur et seà.
le général Forey, à la tête de 35,000 hommes, l'extérieur, n'en avons pas conscience et elle
reprit l'offensive. Cette fois, Puebla, rempart de n'entrave pasnous mouvements. Les poissons sup-
Mexico, dut capituler, après deux mois de siège portent, pour nos la même raison, des pressions cent
(mai), et les Français entrèrent dans la capitale fois plus considérables,
du Mexique (10 juin), pendant que Juarez, sans agilité. sans rien perdre de leur
désespérer, se retirait vers le nord. Bientôt, sous Si descendons au fond d'une mine, la pres-
la pression des vainqueurs, la constitution fut sion nous augmente; elle diminue lorsque nous nous
renversée,l'empire proclamé et la couronne offerte élevons au-dessus du niveau de la mer. Des expé-
à l'archiduc Maximilien d'Autriche. Ce prince, qui riences récentespermettentd'expliquer l'influence
vint s'étaMir à Mexico en juin 1864, n'eut jamais de la pression sur le sang. Quand elle augmente,
pour lui que quelques traltres, appartenant pour le sang contient plus d'oxygène et la proportion
la plupart à l'Eglise et au parti de la réaction, et d'acide carbonique est sensiblement diminuée..
qui, dès 1866. le trouvant sans doute trop libéral, Quand la pression diminue, on constate un ap-
pauvrissementen oxygène et en acide carbonique. culation. Le bain d'air peut donc être tonique. Si
Il est rare que l'on séiourne assez profondément le vent est rapide, il cause une compression qui
dans l'intérieur de la terre pour que l'accroisse- peut devenir douloureuse et susciter une réaction
ment de pression barométrique modifie puissam- trop vive du sang refoulé.
ment les fonctions. On se trouve d'ailleurs sou- La vitesse de l'air augmente l'effet de ses pro-
mis à d'autres causes perturbatrices beaucoup priétés météorologiques, surtout en raison de sa
plus importantes, viciation de l'air, humidité, ab- température et de son humidité. L'air froid en
sence de lumière, qui compliquent les résultats. repos nous impressionne bien moins que s'il est
La même pression, produite artificiellement, à la agité, car alors de nouvelles molécules se mettent
surface, ne produirait qu'une certaine accéléra- à chaque instant en contact avec l'épiderme pour
tion des fonctions vitales. lui enlever de la chaleur. Si le vent est humide,
Les habitants des montagnes et des hauts pla- le refroidissementde )a peau est encore plus sen-
'teaux, soumis à une faible pression atmosphéri- sible, car la vapeur d'eau est meilleur conducteur
que, ont le sang moins oxygéné que les habitants de la chaleur que l'air. L'air chaud et immobile
des plaines basses. Cette condition entralne une nous semble étouffant parce que les parties en
diminution dans la force musculaire. lis ont besoin contact avec la peau se saturent d'humiditéet s'op-
~'nn excédent de nourriture réparatrice pour posent dès lors à la transpiration pulmonaire et
accomplir le même travail que l'homme de la cutanée, sources de froid que nous favorisons par
plaine. une ventilation artificielle.
Sur les lieux élevés, la phtisie est rare, mais Les vents acquièrent certaines qualités suivant
<e poumon et le foie se congestionnent facilement; les pays qu'ils traversent.Ainsi en France les vents
les nèvres des marais offrent moins de fré- qui nous arrivent du nord-est, après avoir par-
quence et de gravité que dans les lieux bas. couru la Sibérie, la Russie et une partie de l'Alle-
L'air des montagnes produit certainement sur magne, sont froids et secs les vents du sud et du
~es voyageurs et les nouveaux venus une action sud-est, soufflant de l'intérieur de l'Afrique, se
excitante, tonique, mais il faut tenir compte du chargent de vapeurs en traversantla Méditerranée
changement de régime, de milieu, d'habitudes. et nous apportent un air chaud et humide dont
Les montagnards, en France, ne présentent pas l'influence déprimante est manifeste. Les vents
une mortalité moindre que les gens des plaines d'ouest, qui arrivent de l'Atlantique, dans la direc-
et des vallées. C'est d'ailleurs dans cet air, dont tion du courant marin chaud nommé Gulf-Stream,
on vante par routine les qualités, que vivent, sur sont chargés de vapeurs qui se condensent en
divers points du globe, à diverses hauteurs, les pluie s'ils rencontrent un courant d'air froid. La
~tres dégénérés que l'on nomme crétins. Un exer- présence des montagnes change la direction, la
cice suffisant, la vie au grand air, des habitudes sécheresse et l'humidité des vents. Ainsi un cou-
régulières aguerrissent le montagnard, mais il rant chaud et humide, passant sur un sommet
faut attendre de nouvelles études pour attribuer glacé, y perdra sa vapeur d'eau et son calorique
une influence bienfaisante au séjour des monta- il desrendra froid et sec dans la plaine.
gnes. On sait déjà qu'il ne faut pas y envoyer les L'air en mouvement entralne souvent des pous-
malades atteints de phtisie aiguë ou d'autres affec- sières, des miasmes, des émanations dangereuses.
tions du poumon, ceux qui souffrent du cerveau Au voisinage des marais le vent dissémine les
ou du cœur. Les personnes qui s'en trouvent le germes des fièvres intermittentes. Un rideau d'ar-
mieux sont celles d'un tempéramentlymphatique, bres suffit pour empêcher cet effet pernicieux des
débilitéespar l'anémie.Ie séjour des grandes villes, vents locaux.
t'hypocondrie. Mais les bons résultats obtenus Air confiné. L'air qui a servi à la respiration
ne dépendent pas, probablement, de l'air des ou qui est demeuré quelque temps en contact
montagnes, de sa moindre pression, mais de sa avec notre corps est empoisonné. Il n'y a de santé
pureté, et surtout du changement d'habitudes de parfaite qu'à l'air libre ou continuellementrenou-
ceux qui vont y chercher la santé. individus vi- velé. L'air confiné est une des principales causes
En Europe, il y a au plus 20 000 d'affaiblissement, de maladies et d'abâtardisse-
vant à une altitude de t200 mètres. Les religieux ment. Voilà des véritésqu'il faudrait t,voir toujours
du Saint-Gothard, qui résident à 2075 mètres, présentes à l'esprit.
ceux du Petit Saint-Bernard, à Ï250 mètres, suc- On peut respirer, sans éprouver de gène sensi-
combent,au bout de peu d'années, à la phtisie ame- ble, une atmosphère chargée artificiellement d'un
née graduellement par l'appauvrissement du sang. centième d'acide carbonique pur. Mais quand l'air
L'effet produit varie d'ailleurs beaucoup avec d'une chambre se trouve chargé, par la respira-
la latitude. Ainsi on trouve dans les Andes des tion, de la même proportion d'acide carbonique
villes florissantes à des hauteurs de 2600 à 4000 dégagé par les poumons et par la peau, on y
mètres. Potosi, la ville la plus élevée du globe éprouve un malaise qui devient bientôt intoléra-
{-t060 mètres) compte plus de 20 000 habitants. ble. C'est que les poumons et la peau ne versent
Lorsqu'on s'élève rapidement dans l'atmos- pas seulementdans l'air de l'acide carboniqueformé
phère, en gravissant une montagne, l'effort mus- aux dépens de son oxygène, ces organes exha-
culaire fait perdre graduellement au sang une lent en même temps plusieurs substances azotées,
portion de son oxygène qui n'est pas renouvelée. putrescibles, qui infectent rapidement le milieu
Les accidents nommés mal des montagnes, fati- où elles se dégagent. Le danger de l'air connue
gue, douleurs articulaires, fréquence du pouls, provient surtout de leur présence,mais l'accumu-
palpitations, soif, nausées, commencent à se faire lation d'acide carbonique complique toujours l'as-
sentir, en Europe, vers 4000 mètres, mais, dans phyxie, ou plutôt l'emprisonnement causé par
les pays où la limite des neiges perpétuelles l'air confiné.
est bien plus reculée, l'air étant moins froid, on Un animal renfermé dans un espace clos dans
consomme moins d'oxygène pour arriver à cette lequel on entretient l'arrivée d'un courant d'oxy-
hauteur, et les accidents sont retardés. gène, meurt lorsque sa présence a produit une
L'air en mouvement ou vent agit sur 1 homme quantité d'acide carbonique assez considérable
par son action mécanique, par ses qualités météo- pour s'opposer à la sortie de l'acide carbonique
rologiques, par les matières qu'il transporte. du sang. M~is si on absorbe à mesure l'acide car-
Les bouffées de vent modéré produisent sur la bonique exhalé, l'animal meurt néanmoins dans le
peau un effet comparable à celui des vagues, elles milieu artificiel bien pourvu d'oxygène, si l'atmo-
agissent mécaniquement, compriment les vais- sphèrenon renouvelée laisseaccumulerles matières
seaux capillaires superficiels et favorisent la cir- azotées.
C'est donc la présence de matières organiques frêles créatures, chétifs descendants d'une géné-
d'origine animale qui rend spécialement dange- ration débite. Voyez-le, ce petit membres arêtes,
reux l'air confiné. Pour constituer l'encombre- démarche hésitante, mouvements indécis, chairs
ment au point de vue de l'hygiène, c'est-à-dire Casques, peau terne d'un jaune cendré, cou tong
un danger sérieux, i) n'est pas nécessaire que le et maigre, tête trop forte en apparence parce que
nombre de personnes rassemblées dans le même le corps est en retard, pommettes saillantes, nez
local soit considérante, il suffit qu'il y ait dispro- pincé, lèvres minces et pales, oreilles plates et
portion entre le nombre de ces personnes et la transparentes,œii enfoncé dans un cercle bteuatre,
quantité d'air pur dont elles disposent. Un seul expression anxieuse, physionomie de vieillard.
homme dans une petite chambre peut produire Cet enfant a vécu dans un mauvais milieu, privé
l'encombrement et succomber aux effets de l'air d'air et de lumière. De-l'airl du grand soleil de
confiné. Les animauxagissent comme l'homme. libres ébats sur l'herbel voitit le salut. Avec cela
L'encombrement ne se manifeste pas d'ordinaire vous en ferez un enfant rose et joufflu, un peu
par l'apparition soudaine de maladies graves diable, i) le faut, mais cœur d'or, car le fond est
comme le typhus, mais sous son influence les ma- bon quand le corps est sain. Puis, quand it sera
ladies communes deviennent plus nombreuses, fort, vers les dix ans, vous pourrez l'envoyer à l'ë-
puis prennent graduellement un caractère grave cole, à la condition qu'il y trouve en abondance
et épidémique. Cependant le typhus peut éclater l'exercice, l'air et la lumière.
d'emblée lorsque l'air est rapidement empoisonné Ce n'est pas seulement l'enfant du travailleur,
par le miasme humain. On ne connalt pas la na- du protétaire, qui s'atrophie dans une atmosphère
ture de ce poison, on ne peut attribuer les acci- sombre et confinée. La postérité de ceux que l'on
dents morbides à la seule présence d'organismes appelle « les heureux de la terre n'est pas mieut
microscopiques, agents de putréfaction dans notre partagée. L'avantage est même parfois du coté d.e
corps et partout ailleurs, mais sa présence se ré- l'enfant pauvre. La rue ou le chemin lui appar-
vèle toujours par des symptômes que le médecin tiennent et il peut, de temps à autre, y jouer en
classe aujourd'hui sans hésiter. liberté. Mais dans les classes aisées, l'éducation
L'air conftné n'agit pas toujours en provoquant première commence par supprimer tout ce dont
une maladie aiguë. Son action peut être lente et l'enfant a le plus besoin. Les appartements sont
miner graduellement la eanté jusqu'à produire la bien clos, assombris par des tentures,et Bébé doit
phtisie pulmonaire. Les observations suivies dans comprendre, avant son premier mot et son pre-
;es casernes, à bord des navires et dans les locaux mier pas, que l'immobilité est l'apanage des en-
encombrés,concordent à démontrerque la phtisie, fants bien élevés.Aussi Bébé est sage, mais à quel
le fléau qui fait le plus de victimes, peut prove- prix 1 sauf une peau de satin et de fines petites
nir uniquement du manque d<& pur. De plus, manières, on dirait le frère jumeau de celui que
l'agent virulent de la phtisie Mt transmissible nous contemplions tout à l'heure. Les parents di-
et communicable, de sorte qu'âne fois répandu sent qu'il est déttcat, mignon, mais pour nous,
dans une caserne, un navire, une prison, une l'un et l'autre sont d'innocentes victimesde l'igno-
maison particulière, un atelier, toutes les person- rance, de l'insouciance, des préjugés. Plaignons-
nes qui respirent cet air empoisonné sont sous le les également, car ces corps débites ne peuvent
coup de la maladie, et les plus faibles, les prédis- servir de demeure à des âmes bien trempées; en
posées sont les premièresvictimes. Ainsi le miasme étiolant le corps, on atrophie et pervertit l'intelli-
humain suffit pour causer par infection la phtisie gence. De l'air) de la lumière)1
pulmonaire, dont le produit morbide, le tubercule, Nous renvoyons au mot Vue pour ce qui con-
peut ensuite se propager par contagion. cerne l'influence de la lumière sur ce sens et sur
On ne saurait trop tnsiater dans les leçons ses organes.
d'hygiène sur l'importance capitale du milieu en LES EAux. Nous n'avons à envisager l'eau que
ce qui concerne l'air respirable. L'air pur est aussi dans ses rapports avec le milieu dont elle modifie
nécessaire, plus nécessaire même que l'aliment, les propriétés.
car on peut vivre plusieursjours sans manger, et il Eaux en mouvement. La vapeur d'eau répan-
suffit de séjourner quelques heures dans l'air due dans l'atmosphère fait varier notablement l'in-
confiné,empoisonné par le miasme humain, pour fluencede celle-ci sur l'homme en rendant l'air plus
mourir sur place ou pour contracterle germe de ou moins conducteur de la chaleur,plus ou moins
maladies mortelles, tl faut absolument vaincre à apte à s'incorporerla transpiration pulmonaire et
ce sujet l'indifférence; le seul moyen, c'est d'é- cutanée. Lorsqu'elle se condense sous forme de
clairer sur le danger. Il ne suffit pas de dire « Res- brouillard, de pluie, de neige, elle apporte aussi
pirez un air pur; » on doit discuter, prouver, inté- dans le milieu ambiant des perturbations impor-
resser, émouvoir.Répéter en toute occasion cette tantes qui affectent plus ou moins les fonctions,
phrase de J.-J. Rousseau « L'haleine de l'homme la santé. Les pluies assainissent l'atmosphère en
est mortelle à l'homme. afin que l'on comprenne faisant retomber les poussières, elles lavent aussi
l'importance de la ventilation constanteet du net- les arbres, les routes, les rues, les toits des mai-
toyage fréquent de tout ce qu'a touché le miasme sons, mais elles forment, en bien des endroits.
humain linge, vêtements, literie, meubles, mu- des Caques d'eau qui deviennent, en été, une
railles. Un milieu d'air pur est un milieu de santé source de danger, et elles entretiennent tes marais,
et de longévité. véritables foyers de maladies. L'alternance de
LA LcniÈKE. L'homme n'a pas seulementbe- pluies et de sécheresse pendantla saison chaude
soin d'air libre et pur, ii lui faut, commeà la plante, développe souvent, dans des régions exemptes de
la lumière qui modifie les phénomènes de la vie. marécages, le dégagement de miasmes et l'appa-
Placez des œufs de grenouille dans deux vases rition de nèvres intermittentes.
pleins d'eau, l'un transparent,l'autre opaque; dans L'air marin est plus pur que celui des conti-
le premier ils se développeront normalement, dans nents, il contient du sel et d'autres substances
le second il n'y aura que des rudiments d'em- actives en petite quantité. Lorsque t'en peut éviter
bryons. Des têtards placés au soleil dans les l'encombrement et combattre les effets de l'hu-
mêmes conditions se développent d'une façon midité par des vêtements et une nourriture con-
très différente. Les plantes s'étiolent et meurent venable, le séjour sur la mer ne paraît pas être
dans l'obscurité: les fleurs, les fruits sont de la une cause spéciale de maladies. L'atmosphère
lumière vivante. maritime est même favorable aux individus affai-
Allez dans les crèches, dans les salles d'asile, blis, étiolés, atteints de maladies chroniques du'
dans les écoles des grandes villes et contemplez ces système nerveux mais il faut tenir compte doa
enets tout puissants d'un bon régime, du chan. Les schistes ardoisiers offrent des caractères à
goment d'habitudes, de la distraction, etc. peu près semblables, mais moins décidés. Les
L'évaporation de l'eau des rivières et des neuvess terrains calcaires se laissent
est une cause appréciable de refroidissement dee sans leur permettre entamer par les eaux
de filtrer à travers leur
plus elle modifie localement l'état hygrométrique9 masse, de sorte qu'il s'y forme des
de l'air et produit des brouillards insalubres. Cess des couches stagnantes souterraines: marécages ou
les
cours d'eau entrainent une grande quantité d'im- chargées de calcaires sont potables, mais~ de eaux
mondices et nettoient les parties hautes de leuir lité inférieure. La craie, plus qua-
lit, mais ils déposent sur leurs bords, près des re- caire, laisse filtrer les poreuse que le cal-
eaux, de sorte que, si elle
riche en matières putrescibles et en germes dan- isol
mous, et surtout dans les parties basses, un limon ne reposa pas sur un lit
est
imperméable d'argile, le
généralement sec et salubre. Les sables
gereux aussi la navigation fluviale, dans les payss peuvent constituer de bons et de mauvais sols.
chauds, est-elle beaucoup plus dangereuse que i
la Le sable pur, en masses épaisses, donne
navigation maritime. Il y a des pays où le bord1 un écoulement facile, à moins qu'il ne aux eaux
des fleuves et surtout leurs deltas sont des une couche argileuse,et,les recouvre
miasmes paludéens ne
milieux meurtriers. sont pas à craindre. Mais si le terrain sablon-
L'homme contribue puissamment, son sé- neux consiste, comme dans les Landes, en un
jour et par son industrie, à souiller etparà infecter mélange de grains siliceux et de matières organi-
les eaux courantes. ques, les pluies peuvent y développer des mias-
Dans l'eau infectée les poissons meurent en semes, des effluves dangereux, surtout lorsque le
putréfiant. Le cresson caractérise les eaux trèsi sous-sol est imperméable. De plus les sables
salubres. Dans les eaux corrompues, les alguess chargés de chaux et de magnésie
perdent leurs couleurs vertes et se réduisent auximpropresaux rendent les eaux
plus petites dimensions. usages domestiques.
Eaux stagnantes. li reste encore beaucoup à oùLes plus mauvais terrains sont d'ordinaire ceux
t
faire pour préciser l'effet des eaux stagnantes et vions. Les
dominent l'argile, les conglomérats, les allu-
leur rôle dans la production ou la propagation de face, s'y infiltrent eaux coulent difficilement à leur sur-
certaines maladies. Mais l'observation la plus su-sorte qu'il s'y forme plus difficilement encore, de
perficielle suffit pour établir que le voisinage desches stagnantes souterraines. des marécages et des cou-
marais, des terres alternativement sèches et Généralement les sols cultivés depuis
mouillées, est insalubre dans tous les pays. Latemps sont salubres. Les besoins long-
présence d'eaux stagnantes à la surface du sol, ou ont obligé à les améliorer, la végétation de la culture
même à une petite profondeur, modifie le milieu et active
empêche l'accumulation de l'humidité ainsi
d'une manière toujours défavorable et souvent ter- la production de, principes nuisibles. que
rible. Il se produit une sorte d'empoisonnement La nature de la surface du sol, sa couleur lit
spécial qui débilite et ouvre la porte à tous les présence
ou l'absence de végétation naturelle ou
germes spécifiques de maladies fièvres palu- cultivée, modifient l'absorption et la radiation
déennes, dyssenterie, fièvre jaune, etc. Il se calorique et du
par ta la température locale. Les
peut d'ailleurs que l'eau serve en outre de véhi- bles s'échauffent plus sa-
cule à ces germes pour les introduire dans l'orga- réfléchit la chaleur solaire que les argiles le calcaire
nisme. les terres noires l'ab-
sorbent les plantations, les forêts, entretien-
Ce qu'il importe de constater dans l'état actuel la fraîcheur et l'humidité. Les terres ri-
de nos connaissances, c'est la coïncidence fatale nent ches humus absorbent une grande quantité
de certaines altérations générales de la vitalité, ete d'eau en et leur humidité engendre facilement des
de certaines maladies, avec la présence des effluves; de plus. il s'y forme souvent de vaste&
stagnantes. eaux
Les précautions à prendre pour en diminuer danger. nappes souterraines dont la présence est un.
ou en annuler l'action sont les suivantes
vrir aux eaux dormantes des lits profondsOu- priétés On voit par cet exposé succinct que les
d'un lieu quelconque résultent dune pro-
pente ou en assurer l'écoulementpar le drainage en
du sol. Eviter <e séjourner dans le voisinage. cier foule d éléments dont il est assez dificile d'appré-
l'aire bouillir l'eau avant de l'employer comme circonstances séparément la valeur et que compliquent les
boisson. La clarifier dans de grands réservoirs de climat, de saisons, etc. Il est
par
le repos, puis par l'addition de 5 centigrammes endémies avéré que certaines localités donnent lieu à des
maladies
d'alun par litre. Ce dernier moyen ne constitue restreinte. He plus, le limitées à une population
ou
qu'une ressource extrême, car l'alun, même à ble dans la production sol joue un rôle considéra-
cette dose, ne serait sans doute pas inoffensif ladies épidémiques, du germe de plusieurs ma-
après un long usage d'eau ainsi modifiée. Nous ne fièvre typhoïde. Le sol et surtout du choléra et de la
mentionnons le filtrage qu'en dernier lieu, semble nécessaire à la for-
parce mation de certains principes morbides, entre
que les bons filtres sont rares et deviennent promp- autres celui des fièvres paludéennes.
tement inutiles. Le seul qui offre des garanties Cependant
sérieuses est le filtre à la braise récemment ils se développent aussi dans un milieu artificiel,
comme la cale d'un vaisseau mal entretenu. Mais
que le meilleur filtre c/a~e l'eau sans la
entièrement, et que certains germes suspects p~
éteinte, renouvelée chaque jour. Notons d'ailleurs dans

sent au travers des appareils dont on dispose dans pas-


ments
tières
cet égout du navire, on retrouve tous les élé-
d'un terrain marécageux imprégné de
organiques en décomposition.
ma-
Ces indications générales suffisent
la pratique journalière.
idée des qualités pour donner
LE SOL. Les~'tés une hygiéniques
du milieu résultent de L'humidité étant le plus grand fléau,
l'ensemble des modifications causées
d'une
on
localité.
s'attachera
l'air, les
eaux .t le sol Celui-ci agit de diversesparmanières partout à modifier, à assainir les terrains inondés
imperméables. Le desséchement des
par son étendue, son élévation, sa constitution, marécageux,
étangs des marais, la canalisation des eaux mal
la nature et l'état
nature et 1 état de la surface.
surface. et
La constitutiongéologique d'un lieu encaissées, le drainage, les amendements, la cul-
influence considérable sur la végétation exerce une ture, les plantattons appropriées, suffisent pres-
santé des habitants. Sur les terrains et sur la que toujours pour assainir une localité. Les admi-
les eaux sont potables et s'écoulent granitiques,
facilement,
rables résultats obtenus depuis un demi-siècie
doivent servir d'exemple et d'encouragement, d'au-
l'air local est sec, la végétation suffisante,
tions qui constituent d'ordinaire condi- tant plus que toute opération de ce genre produit,
un sol salubre. avec une amélioration hygiénique, une plus-value
considérable des terrains modifiés par l'industrie la lumière, la dilatation, la propagation de la cha-
humaine. leur restent constamment égales à elles-mêmes
Dans toutes les régions suffisamment peuplées, dans toutes les directions. Dans les cristaux qui
Thomme peut lutter avantageusement contre les présentent des facettes disposées symétriquement
défauts naturels du milieu. Quelques générations par 4 on par un des multiples de ce nombre autour
-meurent a tapeine, et lèguent à leurs descendants d'une direction et d'une seule, et dont le type est un
régions plus favori- prisme droit à base carrée, la vitesse de la lumière
une terre propice. Dans les recueillir le la même autour de cette direction unique,
sées, il sufnt d'un peu de peine pour reste
fruit de son travail et se faire un milieu salubre. la dilatation est aussi constante, ainsi que la dis-
'Les grands travaux publics y contribuent pour une tance laquelle une source de chaleur transmet
large part mais chacun doit agir dans son peut une même température. Toutes ces propriétés
domaine, dans son champ, autour de sa maison, atteignent tu contraire leur maximum de diffé-
pour que l'air, les eaux, le sol, concourent à lui rence suivant la direction do principale symétrie
assurer ces bieM inestimables santé, bien-être, cristallographique. Les cristaux dont le type est
longévité.. [D' SaBray.] un hexagone régulier ou un rhomboèdre dans le-
MtNERALOGtE, MtNÉRACX. – On appelle quel on observe 3, 6, quelquefois seule 9 ou même
direc-
.MM~raMB tous les corps de la nature qui existent 12 faces symétriques autour d'une
rentrent au point de vue physique dans le
sans avoir la vie, et sans présenter les organes tion,précédent. Dans les cristaux des autres sys-
qui l'entretiennent. La minés-alogie est la science cas
qui étudie les minéraux, leur composition, leurs tèmes, it y a toujours trois directions rectan-
propriétés, leur manière d'être leurs gisements, gulaires entre elles, que les physiciens appel-
leur importance, le rôle qu'Us jouent dans la na- lent prttc/pa/M, où la vitesse de la lumière, la
ture, leurs applications aux arts, t
l'agriculture,
l'une
dilatation par la
les
chaleur, la
changements
facilité
de
avec laquelle
température,
à l'industrie. C'est une science naturelle, et se propagent
des plus anciennes au point de vue de l'observation. présentent le maximum et le minimum de leurs
Théophraste et Pline avaient déjà réuni dans l'an- dinérences extrêmes, et une valeur intermédiaire.
'tiquité des notions souvent un peu vagues, mais Nous ne pourrions, sans être obligé d'entrer
aussi précises que le permettait l'état général des dans de trop longsdéveloppements, montrer com-
-connaissances de leur temps. Les découvertes de ment ces directions sont les seules où l'action
la géologie archéologique nou montrent que d'une force donne lieu à une réaction qui lui reste
l'homme a trouvé dans les pierres ses premiers ou- parallèle.
'tils de labourage, ses premièresarmes et sa pre- Nous nous contenterons de dire qu'elles coinci-
mière parure. L'homme a plus tard appris à ex- dent avec les axes cristallographiques dans les
traire et a travailler les metw. Aussi n'a-t-il cristauxdu prisme droit à base rhombtque; que dans
apprécié d'abord les pierres que pour leur couleur les cristaux du priame oblique à base rectangu-
et leur dureté, surtout pour !cmr résistance au laire ou rhombique, l'une d'entre elles est per-
choc. Puis il a cherché les matières minérales qui pendiculaire au plan de symétrie; let que dans les
pouvaient lui procurer le cuivre, le fer, le zinc, cristaux du prisme doublement obtiqut, elles n'ont
fétain, l'argent, qui.lui étaient devenus néces- ni les unes lea autres ni de position qu'on sache
saires. L'or, ne se rencontrant qu'a~ l'état métalli- déterminer jusqu'ici par rapport aux arêtes visi-
que, fut un des premiers métaux employés. Aus- bles d'un cristal.
sitôt qu'il y eut une chimie, cette science apporta Sans nous étendre beaucoup sur ces phénomè-
-son concours à la minéralogie. Aujourd'hui encore nes physiques, nous devons dire que, st on taille
ta minéralogie est une science naturelle en tant dans un cristal du système quadratique (prisme
qu'elle s'occupe d'êtres de la nature; mais ses droit à base carrée) ou du système hexagonal ou
méthodes d'investigation sont empruntées~ lachi- rhomboédrique, une plaque ayant ses deux faces
parallèles entre elles et perpendiculaires à l'axe
mie, Il la physique et même & la géométrie.
Les minéraux se distinguent d'abord les uns des de principale symétrie, et qu'on interpose cette
autres par leur composition chimique; on ne pcufi'a plaque entre deux niçois en croix, on observe des
as confondre ensemble,
de fer et le sulfate de
évidemment,
chaux. La
le carbonate anneaux colorés circulaires traversés par une croix
qualité de la noire. (On appelle nicol un rhomboèdre de spath
matière dont est composé un minéral a donc avant d'Islande, carbonate de chaux, qui a été coupé en
tout de l'importance. Mais ia chimie enseigne que deux moitiés qu'on recolle ensuite avec du baume
qu'un des
tous les corps ont une composition dénnie, et de Canada, et qui ne laisse plus passer
qu'en outre deux corps peuvent avoir des pro- deux rayons polarisés auxquels donne lieu un
priétés très différentes, lorsque leurs éléments, rayon de lumière naturelle en traversant le cris-
tout en étant identiques au point de vue de la tal.) Laharmonie symétrie des couleurs autour du centre
qualité., ne se trouvent pas combinés dans les est en avec celle des facettes que pré-
mêmes proportions. Il faut donc tenir compte de sente le cristal d'où la plaque a été tirée.
la quantité comme de la qualité. L'analyse chi- Toutes les autres propriétés des cristaux sont
mique permet de résoudre ce double problème. aussi en harmonie les unes avec les autres en même
Les donnée* de la chimie sont loin de suffire temps qu'avec celles dont il vient d'être question,
a la connaissance des corps. Tous l'état les composés et par exemple celle de la dureté, celle du clivage,
inorganiques, lorsqu'ils prennent solide, Dans un cristal la dureté peut varier d'une direc-
;peuvent revêtir une forme régulière, et se présen- tion à une autre; mais dans les cristaux qui possè-
ter à l'état de cristaux (V. C~t/). Ce n'est pas dent une direction de principale symétrie, elle
directions du plan
tout la forme cristalline extérieure d'un corps reste la même pour toutes les Il
correspond a. une disposition intérieure symétri- perpendiculaire cette ligne. en est de même
que, à un arrangement déterminé de ses parties de la cohésion, et l'on peut même dire que c'est
constituantes. L orientation des plus petites par- de la cohésion que tout le reste dépend dans le
ties d'un cristal est régulière et toujours la même cristal. De la cohésion dépend avant tout le cli-
dans une même direction elle constitue la struc- vage, cette propriété que possèdent un grand nom-
ture cristalline; elle règle le nombre et l'inclinai- bre de cristaux de se diviser, quand on les frappe
son relative des plans superficiels; elle est en har- à l'aide d'un marteau, en fragments
à faces planes.
monie également avec les phénomènes physiques Le diamant se rencontre en morceaux de forme
auxquels donne lieu dans le cristal l'action des plus ou moins régulière,mais qu'on ramène par le
forces de la nature, chaleur, lumière, électricité. clivage à celle de l'octaèdre régulier. Les formes
Dans un cristal du système cubique, la vitesse de du calcaire sont extrêmement variées toutes par
te clivage se réduisent à des parallélipipèdes à conforme aux relations naturelles de la composi-
.6 faces inclinées l'une sur l'autre d'un angle de tion chimique des corps et de leurles sulfates, les
forme, de leur
t0i'°5~ ou de son supplément. structure, de réunir en groupes
Puisque ces caractères sont toujours d'accord les carbonates, quel que soit le métal qu'ils contien-
uns avec les autres, on n'a pas besoin de les ob- nent. Dans ce rapide résumé, nous adopterons la
server tous à la fois; car l'un d'entre eux permet classification chimique suivante 1 Cofp.s ~Mp/es
de prévoir ceux qu'on n'a pas examinés. non mf'<<t//t~M<M. II Métaux natifs. Ml Sulfures.
Leurs connexions nous dévoilent la structure de IV Oxydes. V. CA/Ot'Mfes et Fluorures. VI S~
la matière il importe donc de les connaître mais cates. VII Caf&o'M~M. VIII Phosphates et Azotates.
l'étude en est délicate elle exige une connais- IX Sulfates.
1. CORPS SIMPLES NON METALLIQUES le soufre le
sance profonde de la cristallographie. et ses variétés.
Il est d'autres propriétésqu'on envisage dans les carbone de petits amas, des veines, mé-
corps pris en blocs. Telles sont la densité, la du- langés à desforme
Le soufre
reté, la couleur. marnes, aux environs de Caltanisetta
La densité d'une matière, c'est le quotient de son et de Girgenti en Sicile. Il a cristallisé dans des
poids par celui d'un égal volume d'eau distillée fentes de ces roches en octaèdres droits à base
.prise à la température de 4 degrés. rhombique.Ilestd'un jaunecaractéristique,et brûle
La dureté d'un corps est sa. résistance plus ou à l'air en donnant lieu à la production du gaz acide
moins grande aux frottements. Le gypse et le talc sulfureux, dont l'odeur est connue de tous ceux
brûlé allumettes soufrées.
sont facilement rayés avec l'ongle; le calcaire, le qui ontcarbonedes présente dans la nature
phosphate de chaux cristallisé ou apatite, )e sont à Le se sous
t'aide d'un burin. On a dressé une échelle des du- deux états bien différents l'un est celui du gra-
retés, dont les degrés sont occupés par des ma- phite, qui est disséminé dans les calcaires et les
tières prises comme des types auxquels on com- gneiss en écailles luisantes, d'un gris noirâtre,
le talc, a le pre- douces et onctueuses au toucher, facilement raya-
pare les autres. La plus tendre,diamant,
mier rang la plus dure, le porte le bles par l'ongle, ou qui constitue des masses gré
n° 10. nues assez importantes dans le district d'Ir- i
Echelle des duretés 1, talc 2, gypse; 3, cal- koutsk, en Sibérie, à Borrowdale, en lorsqu'il Cumberland.
eaire 4, fluorine 5, apatite; 6, feldspath; Il sert à la fabrication des crayons, dans
peut
7, quartz 8, topaze 9, corindon 10, diamant. se couper en petites baguettes il vaut ce
La couleur est un des caractères les plus faciles cas de 30 à 50 fr. le kilogramme. Le second état
observer, mais les plus capricieux. Lorsqu'il s'a- du carbone est celui qui fournit le diamant
git des pierres, elle a en général un médiocre in- (V. Pierres). Ces deux espèces, le graphite et
térêt au point de vue scientifique, bien qu'à elle le diamant, ont une origine minérale. Il n'en
seule elle donne quelquefois au contraire une va- est pas de même des matières appelées anthra-
leur considérable dans le commerce à une matière cite, houille ou charbon de pierre, lignite, tourbe.
qui par elle-même aurait peu de prix. Un corindon Celles-ci ont une origine végétale ce sont des
soumises dans le sein de la terre, après
rouge dont la couleur n'est pas franche, ni homo- plantes enfouissementdans les sables les argiles
gène, est peu recherché. Mais que la couleur en leur ou
rsoit vive. bien uniformément répandue, et la lim- qui les enveloppent, à des températures élevées
pidité complète, il devient le rubis, estimé quel- en même temps qu'à des pressions considérables.
quefois plus cher que le diamant. H ne faut pour- On a donné à du bois un faciès analogue à celui
l'action
tant que des quantitésd'acide chromique bien dif- des charbons fossiles, en le soumettant à
nciles à doser à cause de leur poids insignifiant combinée d'une haute température et d'une haute
La couleur ici pression. L'aK<Afse!<e ne renferme guère que du
pour produire cette métamorphose. il
ré- carbone; a la cassure conchoidale il f~t d'un
est purement accidentelle aussi la substance il exige pour b' Jlor un
duite en poudre fine paraït-elte souvent incolore. noir un peu jaunâtre houille, d'un beau
Dans les substances métalliques elle est des plus courant d'air très actif. La
importantes et des plus caractéristiques; elle est noir, contient ordinairement des proportions plus
essentielle, propre à la matière même. L'azurite, ou moins grandes d'hydrogène, qui lui donnent
un carbonate de enivre hydraté, est bleue en pou- ses propriétés les plus importantes 3 a 4 0/0
dre comme en masse. Le cinabre, vermillon natu- (homlles maigres)qui donne 5,2 à 5,8 0/0 (houilles à
rel, est d'un rouge vif, même l'état de poussière gaz). Le lignite, matières bitumineuses, à la distillation beau-
d'acide
aussi fine que possible. coup d'eau, de
L'éclat est aussi un caractère souvent utile à pyroligneux, d'alcool, est un moins bon combusti-
considérer. Le diamant a un éclat gras, particu- ble que le précédent; il fournit la matière appe-
lier, appelé adamantin, qu'on retrouve dans les lée jayet ouj'aM, dont on se sert pour la fabrica-
sels de plomb. Le cristal de roche a ce qu'on ap- tion de parures de deuil. La tourbe n'est qu'une
pelle l'éclat vitreux, celui du verre. agglomération de végétaux, dont l'altération con-
La cassure enfin, c'est-à-dire l'aspect des surfa- siste en ce qu'ils renferment plus de carbone que
ces obtenues à l'aide du choc, a quelquefois une le bois, environ 55 0/0.
grande utilité pratique. Les substances clivables II. MÉTAUX NATIFS. Les métaux les plus im-
offrent après cette opération des faces planes et portants qu'on connaisse l'état natif
à le sont
lisses dans certaines directions. D'autres ont une cuivre, l'argent, l'or et le platine. Ils cristalli-
réguliers. Le platine et l'or
cassure inégale, comme le cristal de roche cer- sent en octaèdres petites lamelles
taines une cassure conchoïdale, comme le verre. se rencontrentappelées
en ou en mas-
pépites dans des allu-
La cassure dite esquilleuse ressemble à celle du ses arrondies
bois mal raboté (agates, etc.). vions, ou couches formées de sable quartzeux
Classification. On a classé les minéraux en m&Ié de fer titané. On a trouvé quelques pépi-
s'appuyant sur des principes bien différents. La tes d'or d'un poids considérable. On en cite
composition chimique doit être évidemment con- une de Californie qui pesait 60 kilogrammes. L'or
sultée la première. Déjà sur ce point les uns est aussi répandu en filaments ou en lamelles
préfèrent grouper ensemble les composésqui ren- dans des fissures qui déchirent le quartz des
ferment le même métal, les autres ceux qui ont filons dans un assez grand nombre de surface régions où
le même acide ou mieux qui contiennent le même les roches cristallines affleurent à la du
élément électro-négatif. Il est plus commode pour sol; mais il est en général assez rare. L'argent
l'industrie de grouper ensemble les minerais du sort en filaments plus ou moins déliés, contournés,
fer, ceux du cuivre, de l'argent, etc. Il est olus d'autres minerais du même métal, particulière-
ment du sulfure; il est étalé en lames sur les il cristallise dans le système rhomboédrique;i) il
parois des fentes des silex. est composé M poids de mercure 86,29 et souire
Le cuivre natif offre les mêmes allures; mais 13,71. Chauffé avec de la limaille de fer ou de la
sur les bords du lac Supérieur, on l'extrait aussi chaux, il abandonne son métal qui distille, et
en blocs quelquefois considérables~ mêlé à de qu'on recueille dans des récipientsconvenablement
l'argent également natif. refroidis. La couleur d'un rouge écarlate de ce mi-
Le fer natif a peu d'intérêt au point de vue nerai le fait employer quelquefois en peinture soua
industriel. M. Nordenskiold en a trouvé en blocs
engagés dans le basalte d'Ovifak, He de Disko,
le nom de vermillon na< mais on préfère en
général fabriquerle vermillon au moyeu du soufre
Groenland, qui renferment du nickel et se rap- et du mercure, parce qu'on obtient
prochent à s'y méprendre du fer météorique, un composé
plus pur et de couleur plus nette que la combi-
tombé des espaces célestes. naison naturelle.
III. SULFURES. Us fournissent un grand nom- Les sulfures de cuivre assez nombreux:
bre des minerais métalliques. Le sulfure de plomb mais ils renferment d'autressont métaux. Le principal
ou galène cristallise dans le système cubique; il est la cAa/top~'t~; c'est le plus abondamment ré-
se clive en cubes il se présente le plus souvent pandu il contient environ 35 p. t00 de cuivre,
en masses lamellaires ou grenues, tendres, d'un autant de soufre et 30 de fer. Il est d'un jaune
gris d'acier un peu bleuâtre, à cassure lisse et verdatre, ballant, quelquefois varié de reflets
brillante. C'est le principal minerai de plomb ou bleus par suite d'altérations en général
(86,5 de plomb et 13,5 de soufre). II contient en rougessuperficielles; il a l'aspect métallique; la pous-
général un peu d'argent, jusqu'à 3 et 4 millièmes, sière est noire. Il est soluble dans l'acide azoti-
et quelquefois moins de 2 dit-millièmes. La que, en et la dissolution se colore en bleu céleste
/~<a!afe (ZnS) ou sulfure de zinc cristallise aussi quand
dans le système cubique et se clive suivant les poser en on y ajoute de l'ammoniaque, et laisse dé-
même temps un précipité jaunâtre de
faces du dodécaèdre rhomboidal. Elle est jaunâtre sesquioxyde de for hydraté. A coté de ce sulfure
et transparente, quelquefois brune ou même noire se placent la pAt'MjMtte ou cuivre panaché; le cui-
et presque opaque par suite de mélanges avec des vre gris, ou tétraédrile, appelé encore panabase,
oxydes de fer; elle a un peu l'aspectde la cire; elle à cause des nombreux métaux, cuivre, fer, zinc.
i enferme zinc 66,72; soufre 33,28. La co&a~Me, argent, qu'il peut renfermer; la &0!«
mlfo-arséniure de cobalt (cobalt 35,47 soufre mercure, nonite, qui est comme le précédentun sulfo-anti-
!M,35; arsenic 45,18) est mélangée souvent de moniure, mais qui ne renferme que du cuivre et
nickel et de fer; elle cristallise en dodécaèdres du plomb.
pentagonaux modifiés par lés faces de l'octaèdre Les sulfures d'argent sont en assez grand nom-
régulier ou du cube. C'est, avecla smaltine, biar- bre aussi celui dont la composition est la plus
séniure de nickel, la source à peu près unique simple est l'argyrose (AgS), dont la teneur ar-
du cobalt, qui joue un si grand rôle dans la fabri- gent est de 87 1o. Il est noir, il cristallise en en cubes.
cation du bleu d'azur ou bleu de cobalt. sous une des formesdu système cubique mais
Les bisulfures de fer simple ,(FeS'), appelés ou les cristaux sont rares; ce minerai forme sou-
Wt<M, sont divisés en deux espèces que distingue vent commenets des enduits ou même des taches à la
leur forma cristalline. Us contiennent en poids surface des matières que renferment les nions.
fer 45,74 soufre M,:6. L'un est cristaiûse en Les autres minerais d'argentsont des sulfo-antimo-
cubes marqués souvent sur lestrois facesadjacentes niures. Les uns ont la poussière noire
d'un même solide d'un teul système de stries, les exemple la psathurose et la polybasite, celle-ci par
stries d'une face étant perpendiculaires à celles contenant encore environ 70 '/“ d'argent. Les
des deux autres faces,. Souvent les cristaux sont autres ont la poussière la pyrargyrite, dont
des dodécaèdres pentagonaux ou d'autres formes la teneur en argent estrouge de 60 elle cristallise
hémièdres, qui n'ont que la moitié dea faces dans le système rhomboédrique la proustite, qui
qu'elles devraient avoir si le cubeprimitifavait ses les mêmes formes, et ne s'en distingue que par saa
éléments remplacés par toutes les faces que com- poussière qui est d'un rouge aurore, tandis que
porte la symétrie du cube proprement dit. Cette celle de la pyrargyriteest de couleur plus sombre.
pyrite, appelée pyrite ordttt<Mfe ou cubique, est Chimiquement, la pyrargyrite estunsulfo-antimo-
d un jaune d'or; elle est quelquefois assez abon- niure, et la proustite
'dante en petits grains ou en petits cristaux dans un sulfo-arséniured'argent.
IV. GROUPE DES oxrDES. Il fournit également
tes schistes argileux, les ardoises. Elle fait feu au un assez grand nombre de minerais. On distin-
triquet. La seconde pyrite, appelée marcassite, gue d'abord le cuivre <M;~M/<(Cu'O), composéde y
t~eer~tM, est d'un jaune plus pale; les cristaux 88.7S de cuivre et 11,22 d'oxygène, cristallisé
ontpourtype un prisme droit à base rhombique, mo- cubes ou sous une des formes du système cubi- en
diné par les faces d'un octaèdre droit à base rec- que, dont la poussière a la couleur rouge brique,
tangle ils sont souvent rassemblés en boule, en soluble dans l'acide azotique qu'il colore en vert,
rognons irréguliers dans les terrains secondaires et réductible en globule de cuivre au feu de ré-
~cu tertiaires. On prend souvent les deux pyrites duction sur le charbon, lorsqu'on active la flamme
.pour de l'or; mais les grains en sont bien moins au moyen du chalumeau.
lourds; leur densité est inférieure à 6, c'est-à-dire Puis viennent les minerais les plus abondants
peu près quatre fois plus petite que celle du du fer (V. Fer, p. 764). D'abord la magnétite, ou
métal précieux. oxyde de fer magnétique (FeO,Fe'0~), renfermant
Le sesquisulfure d'antimoine (Sb'S~), ou ~M))< 12,5 de fer et 27,5 d'oxygène. Elle a la poussière
a une couleur analogue à celle de la galène, mais noire, elle cristallise en octaèdres réguliers, en
il est tendre au point de laisser sa trace sur le dodécaèdres rhomboidaux elle agitfortement
papier; les cristaux sont allongés dans une direc- l'aiguille aimantée sur
certaines variétés, d'aspect
tion ils ont la forme de longues baguettes, quel- ordinairement terreux, attirent et repoussent le
quefois de fibres courbes; ils présentent di- même pute d'une aiguille aimantée suivant la ré-
rection plane de clivage des plus facilesune et des gion de leur masse qu'on présenteà l'aiguille elles
plus nettes. ont le magnétisme polaire; on les appelle pierres
Le sesquisulfure d'arsenic, orpiment, fournit l'au- d'aimant (V. Magnétisme). Le fer oligiste est un
rtpigmentum ou peinture d'or employée dans sesquioxyde de fer (Fe'O*), qui
j la teinture en jaune des bois blancs, ou par les que 70 p. 100 de métal. Cet oxyde ne contient plus
cristallise en
~Orientaux dans la préparation d'un dépilatoire. Le rhomboèdres modifiés
sulfure de mercure (HgS) est nommé eMS&T-e; les faces se rencontrentparsuivant un hexagonedont
des scalénoèdres
ré-
gulier; les faces en sont assez souvent irisées; du Mansfeld, du Tyrol, du versant français de la
mais la poussière en est rouge, un peu violacée chaine des Vosges et du versant allemand de la
les collections possèdent toutes des échantillons Forêt-Noire, dans le crétacé d'Algérie, dans le ter-
de ces masses cristallisées de l'île d'Elbe, à reflets tiaire de Wieliczka en Pologne, de Cardona en
verts, bleus, rouges ou de couleur d'or. L'oxyde Espagne. La fluorine, fluorure de calcium (CaFl),
appelé limonite contient de l'eau, environ 15 p. est une substance de filon. Elle sert de gangue à
100 c'est du sesquioxyde de fer hydraté; la pous- beaucoup de sulfures métalliques, pyrite, galène.
sière en est d'un jaune tirant plus ou moins sur Elle est ou cristallisée en cubes différemment mo-
le brun. Cet oxyde colore en jaune une grande difiés, ou en masses cristallines à clivages paral-
quantité d'argiles, de grès, de calcaires, de marnes, lèles aux faces de l'octaèdre régulier. Elle offre a
comme le précédent les colore en rouge. La limo- peu près toutes les couleurs du spectre. On croit
nite en forme de pois (variété pisolithique), ou de que les vases murrhins si célèbres dans l'anti-
grains aussi petits que des œufs de poisson (va- quité, promenés par les Romains du siècle d'Au-
riété oohtAif/Me), est le minerai de fer le plus ré- guste et des suivants avec la plus grande pompe
pandu en France; c'est le moins riche en métal. dans leurs triomphes, étaient faits de cette jolie
Les oxydes de manganèse servent à la prépara- matière. On en fabrique encore en Angleterre des
tion de 1 oxygène en même temps qu'à l'extraction coupes et des objets d'ornement d'un assez grand
du métal appelé manganèse, qui est employé dans prix; les variétés violettes sont les plus employées.
la préparation de l'acier. Le plus riche en oxy- Quelques minéralogistes modernes pensent que
gène est le bioxyde (MnO~) ou pyrolusite. !1 a la les vases murrhins étaient en améthyste.
poussière noire et se présente en fibres divergen- VI. GROUPE DES SILICATES. Un petit nombre
tes, en cristaux cannelés qui dérivent d'un prisme renferment assez d'oxydes métalliques pour être
droit à base rhombe. Un oxyde qui lui ressemble classés parmi les minerais mais il se rencontrent
beaucoup extérieurement,mais qui a la poussière en cristaux disséminés ou en masses de peu d'im-
brune, est l'acerdèse (Mn'03HO). portance en outre le traitement de la plupart d'en-
Enfin, il est un oxyde métallique d'autant plus tre eux serait difficile ou trop coûteux par rapport
intéressant a mentionnerque c'est le seul minerai au prix du métal qu'on en retirerait; aussi figu-
d'étain connu; c'est la cassitérite, bioxyde d'étain rent-ils plutôt parmi les objets de collection, et
ou acide stannique naturel (SnO~), qui contient parmi les espèces qui Intéressent les savants ou
théoriquement 73,62 d'étain et 21,38 d'oxygène. les amateurs, que parmi les matièresindnstrieltes.
Il est toujours cristallisé les cristaux sont des Deux silicates pourtant ont de l'importance à ce
prismes à base carrée combinés à des octaèdres dernier point de vue l'un est un minerai de zinc,
de même section, quelquefois à des dioctaèdres l'autre un minerai de nickel.
ou doubles pyramides à huit faces très aiguës. Ils Le silicate hydraté de zinc, appelé calamine, et
sont rarement incolores, ordinairement d'un jaune contenant 67,5 d'oxyde de zinc, 25 de silice et
brunâtre, quelquefois noirs la poussière en est 7,5 d'eau, forme des masses cristallines, fibreuses,
incolore. Ils se groupent souvent deux à deux, de mamelonnées les cristaux, dont les formes peu-
façon à ménager entre eux un angle rentrant, une vent être rapportées à un prisme droit à base
gouttière qui donne au groupe la forme d'un bec, rhombique, portent des facettes dissemblables aux
appelé par les mineurs bec d'étain. La cassure en extrémités d'un même axe. Cet axe est en même
est inégale et l'éclat un peu résineux. Chauffés au temps pyroélectrique, en ce sens qu'il présente
chalumeau sur le charbon après avoir été pulvéri- des pôles électriques de noms contraires à ses
sés, puis mélangés avec du carbonate de soude, ils deux extrémités, lorsqu'il a été porté a une tem-
donnent de l'étain métallique. Les oxydes, et par- pérature un peu élevée.
ticulièrementles aluminates, comprennent encore Le silicate de nickel, utilisé pour l'extraction
un certain nombre d'espèces minérales, dont nous de ce métal, est un composéde silice, de magné-
renvoyons la description au mot Pierres, parce que sie, de nickel et d'eau, que M. Garnier.a décou-
leur aspect n'a rien de métallique et les fait res- vert à la Nouvelle-Calédonie,où le minerai est ré-
sembler aux substances pierreuses. pandu en amas considérables dans des serpenti-
V. GROUPE DES CHLORURES, FLUORURES. Les nes. C'est une matière tendre, facile à rayer avec
deux chlorures métalliques véritablement impor- la pointe d'un burin. Elle est d'un beau vert éme-
tants sont celui d'argent et celui de cuivre. Le raude, lorsqu'elle est riche en nickel elle en con-
chlorure d'argent, argent corné, kérargyre des tient alors jusqu'à 34 p. 100 elle est d'un vert
minéralogistes, est incolore et transpareni à l'état pomme lorsqu'elle est pauvre. On en a distingué
frais mais, sous l'influence de la lumière solaire, deux espèces appelées l'une garniérite, l'autre HCM-
il devient gris, puis brun, enfin noir. Les cristaux méite, aussi mal définies scientifiquement l'une
très rares de cette espèce appartiennent au sys- que l'autre. Les deux espèces proviennent des
tème cubique. Le chlorure d'argent se coupe faci- environs de Kanala, et non de Nouméa, comme
lement a. l'aide d'un couteau, qui en détache des pourrait le faire croire un de leurs noms.
copeaux ayant la translucidité de la corne. Ce mi- VII. GROUPE DES CARBONATES. Les carbonates
nerai, qui renferme argent 75,25 et chlore 24,75, sont solubles avec effervescencedans les acides, au
se rencontre en petites masses, en enduits, en moins à une température inférieure à celle de l'é-
croûtes, mêlé à des sulfures argentifères, surtout bullition. Il y a dans ce groupe quelques minerais
dans les mines du Pérou, du Chili et du Mexique. fort utiles et d'un traitement assez simple car il
L'atacamite est un oxychlorure de cuivre d'un suffit de les chauffer en présence du charbon pour
beau vert émeraude, qui se trouve dans le désert en extraire le métal. Plusieurscristallisent dans le
d'Atacama en Bolivie, en masses cristallines assez système rhomboédrique; ils sont appelés isomor-
considérables pour être traitées comme minerais pAes à cause de la double analogie de leurs formes
de cuivre. cristallines,surtout de celle donnée par le clivage,
Les autres chlorures ou fluorures les plus im- qui est pour tous un rhomboèdre d'environ t06°,
portants sont le sel gemme et la unorine. Le sel et de leur constitution chimique qu'on peut tou-
gemme, ou chlorure de sodium,cristallise en cubes, jours ramener à la formule MOCO* (CMO* dans la
en cubooctaèdres; il se présente en masses quel- notation atomique).
quefois limpides, à clivages cubiques, ou colorées Le carbonate de fer (FeOCO~), sidérose ou fer
en bleu, en vert, par des matières organiques, en spathique, est d'un gris clair, tirant d'ordinaire sur
rouge par un oxyde de fer; il forme des dépôts le jaune ou même sur le brun, lorsqu'il est altéré.
souvent considérables dans le silurien des États- Il se présente en masses cristallines, facilement
Unis et dans les terrains permiens tu triasiques clivables, en cristaux dans les filons. M&ia de ma-
tières argileuses,il se rencontre dans les couches litique et religieux qui a prévalu de Constantin à
du terrain houiller, en rognons plats, ovoïdes, qui saint Louis. Cette lutte, qui s'appelle la Réforme a*
renferment ordinairement dans leur intérieur des xvt*siècle,la guerre de Trente ans ou la Révolution
débris d'animaux de cette époque, de sauriens par d'Angleterre au xvn*, la Révolution française au
exemple. xvm', elle se poursuitsous nos yeux, au xix*. et elle
Le carbonate de zinc(ZnOCO')ou iM!:<~oMt<e,est ne semble pas près de son terme. Nous allons tes
en
associé à la calamine dans les gisements de la esquisser les traits principaux, en montrer con-
Vieille-Montagne.Il constitue à lui seul de riches séquences plus sensibles de siècle en siècle, prou-
dépots dans tes mines du Laurium, en Grèce, que ver que tout a concouru depuis quatre cents ans,
les anciens ont exploitées au temps de Pénclèt malgré dos apparences contraires, des haltes pro-
mêlée. longées, des pas en arrière, de cruels malheurs
pour la galène argentifèrequi s'y trouvait de l'esprit
L'argent extrait !de cette galène a fait la fortune publics et privés, au développement
des Athéniens. humain, au progrès.dela moralité hutnaine.
Le carbonate de manganèse (MmOCO'), diallo-
M<e des minétatogistes, est fort peu abondant. Dans la seconde moitié du xv siècle une im-
Le carbonate de plomb (PbOCO~), c~'tMt, a une portante révolution s'accomplit de
en Europe la mo-
la féodalité. Cette
formule chimique du même type que celle des car- narchie absolue triomphe
bonates précédents; mais il cristallise en prismes victoire fut chèrement disputée et la noblesse
droits abaMrhombiqM;auchatmneau,sur le char- féodale succombèrent ne fut pas seule vaincue de précieuses
bon, it perd son uide carbonique, son oxygène, et libertés avec elle.
donne ~n globule de plomb métallique. Dans aucun pays triomphe de la royauté ne
le
Ennn.deux carbonates de cuivre hydtaté, l'un tut plus complet ni plus inattendu qu'en Angle-
bleu appe)é «zMt~f, ou tAe~yMAe, et cristaiiisé terre. Au sortir de la guerre des DeuxRoses, le roi
L'antre t reste seul debout sur les ruines de l'aristocratie
-en prismes obliques à base rhombique d'un
-beau vert, ordinairement aoncretionné ou mame- décimée par les boucheries de WakeNeld, Towton,
-tonné, qui porte ie nom de Ms~ac~e, tels sont Bamiet et Tewkesbury. Un prince habile, mais
tes principaux Mrbonates <j)ai foMnissent des mi- sans grandeur, le cupide Henri Tudor, vainqueur
serais. La, malachite,,àcause de sa belle couleur, de mariage Richard UI a Bos'worth (1485), réconcilie par
Mttvent emptoyée dans l'ornementation, sur- son avec l'héritière d'York les deux rosés
iMt
tout dans tes zMMiqnM ou en incrustations. rivales et règne en despote. L'aristocratie, réduite
Nous traHMM~u.<mot P«f<'M des~aiMminates, de M 29 lords, perd en 1487 le droit de mainte-
.tHieates, carbonates, phesphttes et sulfates en nance, en 1492 celui de substitution. Dudiey,
Henri VU
parmi
général, des services que rendent leura espèces choisit ses ministres, un Epsom, un
principales du rNe qu'elles jenent d*n< la na- les gens de rien, comme fait Louis XI, et amasse,
particulièrementdans la constitution de force d'extorsions, un trésor de 300 mitHons.
ture, et Angleterre est
.t'écorce solide dm ~lobe terrestre; ncus y parlons Son autorité en Irlande comme en
également des )piereea eréttewsM. sans bornes. Le gouvernement anglais est entré
:[Ed<mafdJannettM.] dans la voie de l'absolutisme, qu'il suivra pen-
MOBEBNNS <TE))tM). – Histoire .généMie, dant un siècle et demi; le parlement et la nation
XXXJX-iXL. – .On '6x0 tâ~. t'MMée t453 4e terme ne songeront à revendiquer leurs droits qu'à
du moyen tge. It soraitpin~ CMCt.de:prolonger le L'avènemeatde la dynastie impopulaire des Stuarts.
moyen tge d'un demt-siècleet.de dater de l'année En Ecosse, la nature même du sot, sans parler
HOO le commencememtdes.tempsmodernes. En des traditions d'indépendance, explique l'acharne-
les
France, en Angleterre, en Allemagne, les .grands ment de la lutte entre les rois et la noblesse
Etats d'alors, l'année t453 ne termine nen: en Ross, les Grampians, recèlent des tribus indomp-
Orient, l'Empire byzantintmeoembe) maia son ago- tées les Hes n'obéissent qu'au Lord désoles.
nie avait commencé le jour ott les Ottomans mi- .Jacques IlStuart (1437-1460) poignarde
organise la
de sa
Cour
rent le pied en Europe. En IMe.~u contraire, on main Guillaume de Douglas et
voit poindre une révolution; dans. lea croyances et des sessions. Jacques III (1560-H8S) est vaincu a
une révottHMn dans les teMre));om)peut prévoir J;annock Rurn par une lieue des seigneurs et
les conséquences inévitables de Ja double~ révolu- assassiné après ladebataille. justice
Jacques IV (1488-1513)
royale dans le Notd et
tion déjà accomplie, dans ta poHtique~r.la vic- établit ides cours
toire <te la-royauté sur l'artttocratte.dans les rela- soumettes Hébrides.
tions sociales eteconomiquesjMB~es inventions et En France, Charles TU et Louis XI poursuivent
les décoevertesBO~velles. La R6fM)me se prépare, et atteignentiemême but par des moyens bien
la Renaissance cemmenoe, t* Féodalité est vaincue, différents.
l'Amérique est ouverte voilà des événements Charles VU accepte et fait siennes (t445-t45'!)
autrement Naportantt que le bombardement de les budget réformes nnancières.de 1355 et 14t3, étab)i[L
Constantinople,par Mahomet H et t'établisMment un (H43), met un terme au désordre ju-
d!nne)mtp.turc~surte<T~ohré~tenne. diciaire par l'ordonnance de Montils-les-Toun
Cette constatation fatte, nous adoptons la date de ft45X), fait rentrer danssouvent le devoir l'Université et
1453; elle est arbitraire, mais elle est en usage dans ses 20,000 écoJiers trop déchaînés. 'Faible
t'enseignemect, et employée dans la langue cou- et indolent par nature, il sut se montrer vigou-
rante. reux et actif contre les seigneurs; il les attaqua
S'il est difacile .de préciser l'année exacte où de front par l'établissement de la taille royale
commencent les temps modernes, il est plus ma- (1439), la création d'une infantei-ie (1448) et d'une
laisé encore.de leur assigner un terme et de dire cavalerie (1456) permanentes.
quel événement et quel jour marquentle début de Louis XI fit le bien à coup de hache, et le mai
qu'on appelle l'histoire contemporaine. Sup- aussi volontiers que le bien. Après les fautes de
ce
primons donc cette distinction vaine, et réunissons son début (traités de Contlans et Saint-Maur) il se
dans un récit ininterrompu les quatre siècles qui .montre plus prudent, sait avancer on reculer à
signe le traité d'Ancenis; les trêves d'A-
nous séparent du moyen âge montrons les vieilles propos, de Senlis, de Soleure, enlève Commines,
institutions ébranlées, les vieilles opinions battues miens,
tn brèche, l'ancienneunité catholique rompue, la l'historien, à son colérique rival, Charles le Témé-
société féodale dissoute. En Allemagne,en France, raire, et après les défaites du duc de Bourgogneà
en Angleterre, la lutte est ouverte, encore incer- Grandson, à Morat, à Nancy, couronne sa lutte
taine dans sa marche, hésitante dans ses principes, contre le dernier représentant de la grande féo-
mais fort nette dans son but, contre le système po- dt)itc par le traité d'Arras (HS2). Fils dénaturé,
mauvais père, frère barbare, voisin perfldp,
Louis XI, s'il ne fut ni un bon roi, ni un grand
Au nombre des pays soumis de nom cet
Emptre,
il faut citer l'électorat de Brandebourg, moins
roi, fut un souverain de ferme volonté et un des pour son importance au xv siècle que pour sa
fondateurs de la France moderne. future grandeur; la ligue helvétique, indépen-
Son successeur (1483), « jeune homme de peu dante de fait depuis cent cinquante ans la Bo-
de sens, plein de son vouloir et peu accompagné hême, tour à tour réunie à la Hongrie et à la
do sages gens", était faible et sans culture d'es- Pologne. Cette dernière est encore la première
prit; mais t'ceuvre paternelle fut continuée par puissance du Nord; elle vient de soumettre la
madame de Beaujeu, n la moins folle femme du Prusse et de pénétrer jusqu'à la Baltique. Les hé-
monde. Chaque jour le pouvoir royal établissait ritiers de Casimir IV (~445-t<92) régneront à Var-
plus solidement sa suprématie. Louis XII (1498) sovie, à Prague et a Pesth.
justifia cet accroissement d'autorité par un gou- A l'extrémité orientale de l'Europe, Ivan Vasi-
vernement bienfaisant, d'allure moins despotique lievitch est un des premiers artisans de la gran-
en apparence, aussi absolu au fond. deur russe (1462-1505).Il s'intitule « grand prince,
La révolution que nous étudions fit perdre à par la grâce de Dieu souverain de la Russie »
l'Espagne quelques libertés, mais surtout une mais ses sujets, vêtus de peaux, vivant grossière-
prospérité, une intensité de vie que la monarchie ment dans des huttes de bois, ressemblent beau-
absolue n'a pas su lui conserver, qu'elle cherche coup plus aux soldats d'Attila qu'à leurs contem-
encore à travers les convulsions de son histoire porains de Venise ou de Florence.
contemporaine. Les Etats scandinaves sont plus avancés, malgré
Ferdinand le Catholique, souple et ferme, pru- la rigueur du climat et la difficulté des
dent jusqu'à la méfiance, <m jusque la fausseté, tions la prépondérance y appartient aucommunica- Danemark,
est le digne contemporain des Louis XI et des qui a civilisé la Suède et la Norvège, mais qui ne
Borgia il s'appuie sur la bourgeoisie contre les sei- parviendra
pas à les retenir sa domination.
gneurs, dépomite les grands de leurs terres, intro- La Turquie est alors une sous grande puissance.
duit l'étiquette qui oblige les nobles à plus de Mahomet JI, maître de Constantinople, soumis
déférence, proscrit les guerres privées (1488). la Grèce, renversé les Comnène a
en Asie et fait
Isabelle, plus noble, plus fière, plus généreuse, de la Mer Noire un lac ottoman. Seules Belgra-
soutient ou relève Gonzalve de Cordoue, Christo- de et Rhodes lui ont résisté victorieusement. A
phe Colomb, tous les hommes supérieurs victimes l'intérieur il ne s'occupa de fortiner l'armée
des déBances ou des jalousies de Ferdinand. L'u- aucun plan ne présida àque l'organisation politique
nion politique des deux époux donne à l'Espagne des provinces conquises. Les Turcs
l'unité territoriale,l'unité de gouvernement, l'unité rent jamais & s'incorporer les vaincus; ne cherchè-
religieuse assurée par l'expulsion des juifs, la prise toutes les nations, ils méprisant
de Grenade eti établissementde l'inquisitionft478). vices qu'ils ne prirent pas plus leurs
ne communiquèrent les leurs ils
A la mort d'Isabelle (<M4), Ximénès de Cisne- restèrent
en Europe ce qu'ils étaient en Asie,
ros, cardinal, grand inquisiteur et gouverneurde tour à tour altiers et efféminés,quelquefois
Castille, acheva d'affranchir la couronne de la plus souvent indifférents et dédaigneux. cruels,
tutelle des grands vassaux en « écrasant leur fierté A la fin du xv siècle la révolution religieuse
sous ses sandales. était accomplie dans les principaux États de l'Eu-
A Lisbonne, le féroce Jean II (1481-1485) con- rope, en France, en Angleterre,
fisque tous les privilèges de l'aristocratie,poignarde révolution littéraire était préparée en Espagne la
le duc de Viseu (1484;, enseignantà tous les rois verte de l'imprimerie et la diffusiondes par la décou-
du monde l'art de régner, » comme dit le Ca- révolution économique s'annonçait livres; la
les grands
moëns. Emmanuel le Fortuné (1495-152)) traite voyages d'exploration au delà des par Seule, la
les villes comme Jean II a traité l'aristocratie. mers.
révolution religieuse restait à faire ce sera l'œu-
Dans le mouvement de concentration politique du siècle suivant.
qui s'opère en Europe, l'Italie fait exception avec vre
l'Allemagne elle reste morcelée; seule la tyran- Voltaire le xvi' siècle à une robe de
nie est en progrès; dans chaque Etat le pouvoir soie et d'or compare ensanglantée;
d'un seul tend à remplacer les oligarchies oppres- ne fut plus sanglante ni plus aucune époque, en effet,
sives ou les démocraties turbulentes. La pénin- l'Occident le xvi' siècle est glorieuse âge
dans tout
héroique.
sule oublie ses libertés perdues et l'invasion im- un
L'Espagne est alors la puissance prépondérante
minente, dans le culte des beaux-arts, dans les et dangereuse. En 1516, Charles d'Autriche
travaux de la pensée, dans le prestige déjà décli- cueille l'héritage de Ferdinand d'Aragon. Ilre-
nant de la religion. e Les princes et la noblesse appris en Flandre l'art de a
s'amusaient plus à se rendre ingénieux et sçavans tente pou tant gouverner; il mécon-
ses nouveaux sujets dès le début
que vigoreux et guerriers. a (Montaigne). et provoq ~e l'insurrection des comuneros. Lais-
En Allemagne, les Habsbourg, qui sont remontés sant à
ses Flamands le soin de la comprimer, il
sur le trône en 1438, sont plus soucieux d'agrandir va prendre possession de la couronne impériale
leur maison que de maintenir la paix publique. risque de perdre celle d'Espagne (1520). L'ab-
Frédéric III, « le souverain de la chrétienté, au sence de concert entre les révoltés espagnols,
ne peut empêcher Mathias Corvin d'occuper l'antipathie entre les royaumes, entre les villes,
Vienne et la basse Autriche pendant cinq ans entre la noblesse la bourgeoisie, assurèrent
(1485-1490). Son successeur est le célèbre Maximi- victoire de la royauté. et la
lien, l'écrivain, le poète, le héros du Theuerdank, Charles De retour en Espagne,
l'ami de Peutinger, le chevalier errant de l'empire, amnistie,seil montre plus prudent; il publie une
adopte les mœurs, le costume des
qui promène des Pays-Bas en Italie ses coudes Castillans, il parle leur langue
percés, ses besoins d'argent et ses projets et trouve parmi les
roma- rebelles repentants les plus dociles artisans de sa
nesques. Sous son règne s'achève la constitution grandeur, de ses succès, de sa domination dans
du corps germanique par la création du conseil le monde entier. ) 540, absorbé par les affaires
aulique et la division de l'Allemagne en dix cercles. d'Allemagne, il Dès laisse le gouvernement de l'Es-
Maximilien pratiqua avec succès la politique à son Bis Philippe, en faveur duquel il ab-
ma-
trimoniale, établit une armée permanente(lansque- dique pagne
nets et reitres) et chercha vainement à donner à monastère en 1556; la même année il se retire au
de Saint-Just, où il expirera deux ans
l'empire d'Allemagne la prépondérance qu'il dut plus tard (1558).
plus tard aux victoires de Charles-Quint et à l'an- Philippe M, génie étroit et barbare, dans un
nexion de l'Espagne. règne de quarante ans, précipita la décadence de
l'Espagne. La volonté implacable, l'orgueil inûexi- le règne du Père du peuple. Prince chaste, sévèn)
ble, le fanatisme d'un sectaire qui ordonne le meur- et grave, Louis XII eut le mérite peu commun de ·
tre un crucifix à la main, lui tiennent lieu des dons fonder un gouvernement honnête, sérieux et appli-
qui ont fait la grandeur de Charles-Quint. Sa ré- qué. Le règne de son successeur est celui du bon
sidence préférée, l'Escurial, est moins nn palais plaisir le roi gentilhomme, moins occupé de ses
qu'un sépulcre. Il laisse le grand inquisiteur con- affaires que de ses amours, tranchant du despote
damner à mort son fils don Carlos son épouse avec le Parlement, immolantles libertés de l'Egtise
Elisabeth meurt peut-être empoisonnée. Ce des- gallicane, mérite comme souverain toute. les sévé-
pote est l'âme même de l'Inquisition. L'Espagne rités de l'histoire qu'il ne désarme que comme
sous son règne est soumise à un régime abrutis- appréciateur délicat des écrivains et des artistes.
sant tranquille et misérable, elle prend une Henri H, a de belle prestance et d'honnête accueil,»
physionomie sinistre, monacale, qui sied bien a mais aussi lourd d esprit qu'actif de corps, infé-
son appauvrissement. Philippe II fait banque- rieur à son père comme moralité,
politique et comme soldat,
laissa moins de regrets
route en 1575 et en 1&96; il laissera une dette le valant comme
d'un milliard, le commerce nul, l'industrie anéan- encore. Le règne de François II voit commencer
tie. Le plus riche pays de l'Europe, le plus in- la longue et fatale domination de Catherine de
dustrieux, le mieux cultivé, s'est comme pétriné Médicis. Après la retraite du chancelier de L'Hôpi-
entre les mains sanglantes du « démon du Midi ». tal dissolue, la raison, le bon temps,etdans
(1568), qui défendit quelque une
la tolé-
De toutes ses entreprises,une seule semble avoir cour sens
réussi la conquête et l'annexion du Portugal. rance, Morvilliers est sans influence Birague est
L'histoire de l'Espagne est souvent confondue le type du magistrat de cour servile et féroce. Le
avec celle de l'Allemagne dans la première moitié maltre vautla les valets Charles IX est un poltron
du xvr* siècle. Elu empereur en !&<9, couronné effaré que peur rend féroce; Henri III est « en
en )5:0, Charles-Quint fait élire roi des Romains, certaines choses au-dessus sa dignité, en d'au-
de
en 1531, son frère Ferdinand, déj& souverain de tres, au-dessous même de l'enfance. » Son long
l'Autriche, de la Hongrie et de la Bohême leur duel avec Henri de Guise se termine par la double
puissance eût menacé l'indépendance des princes tragédie de Blois (1588) et de Saint-Cloud (1589).
et des Etats allemands, si Ferdinand n'avait eu à Henri II avait rompu le dernier lien entre la
lutter contre les Turcs et Charles-Quint contre France et l'Italie: celle-ci, dominée par l'étranger
la Réforme. Après l'abdication de Charles-Quint qui l'asservit, passant sans regret d'un maitre
(1556), Ferdinand prit la couronne impériale sans à un autre, est incapabled'affirmer sa nationalité.
demander le consentement du pape, et mit fin L'affaiblissementde l'esprit militaire fut la prin-
ainsi a. la dépendance où le Saint-Siègeavait long- cipale cause de l'abaissement de l'Italie les vertus
temps tenu l'Empire. guerrières encore vivaces en Pologne maintiennent
Maximilien II, qui essaya vainement de se faire ce pays parmi les puissances prépondérantes,
élire roi de Pologne, fut sinon nn prince remar- malgré les vices de sa constitution, l'anarchie de
quable, au moins un modèle de tolérance et de ses diètes, la turbulencede sa noblesse. Sigismond
sagesse. Son successeur Rodolphe 11 OM6) ne I" dire
(1506-1548) est un des héros de son stècle, au
dePaul Jove. L'extinctiondesJageltons en 1572
mérite pas le même éloge gâté par l'influence de
sa mère, sœur de Philippe II, par la déplorable introduit dénnitivement l'élection dans la consti-
éducation qu'il reçut des Jésuites en Espagne, il tution polonaise et en 1587 une élection orageuse,
prit ouvertement parti dans les querelles reli- en portant au pouvoir Sigismond Wasa, met pour
gieuses, il fut maniaque, morose ou violent jus- quatre-vingt ans la Pologne dans une quasi dépen-
qu'à la frénésie toutes les espérances de ses su- dance de la Suède.
jets se tournèrent vers Mathias, troisième fils de L'alliance de la royauté et du peuple, qui aurait
Maximilien II; Rodolphe mourut en )612, peu.de pu sauver la Pologne, s'est accomplie en Suède
mois après avoir subi l'humiliation d'une abdica- avec Gustave Wasa elle a soustrait ce pays à la
tion forcée. dépendance du Danemark où l'aristocratie toute
Dans l'histoire de l'Angleterre, le xvr* siècle puissante annule le roi.
forme une période à part jamais peuple plus at- En Russie, le règne de Vassili IV (1505-1533) est
taché à ses franchises n'accepta plus docilement effacé entre ceux des deux terribles Ivan III, son
despotisme plus sanglant, outrages plus répé- père, et Ivan IV son fils. Ce dernier continue
tés à ses convictions. C'est dans la servitude et énergiquement la lutte de l'autocratie contre
dans les larmes que les Anglais ont fait l'apprentis- le pouvoir oligarchique des anciens princes sou-
sage du gouvernement représentatif et de la liberté verains, qui ne pouvaient physionomieà se résigner à n'être que
religieuse. Henri VIII (1&C9-1547), le premier de des sujets. Ivan IV a une part dans
ces tyran malfaisants, attaque sans relâche la reli- la galerie des princes du xvi* siècle; il a tous
gion et la liberté de ses sujets; Edouard VI, en- leurs vices sans leur hypocrisie la Russie est
fant maladif, intelligent et bon, monte sur le encore un Etat oriental et son chef un barbare.
trône à neuf ans et succombe à dix-sept en 1553. Les Ottomans aussi sont des Orientaux, mais
Jeanne Grey règne dix jours. Marie la Sanglante tous leurs sultans ne sont pas des barbares si
est la digne épouse de Philippe II. Elisabeth, qui Sélim l'Inflexible vaut Ivan IV, Soliman le Magni-
inaugure la grande politique anglaise et donne à fique (1520-1566) peut rivaliser avec Charles-
ses sujets un demi-siècle de gloire et de despo- Quint. Ses crimes, communs en Orient, n'ont pas
tisme, est un vrai roi. Sous le règne de cette diminué sa gloire aux yeux des Turcs. Le a lé-
femme, qui mourut peut-être d'un dépit amou- gislateur » est resté le plus grand de leurs sultans.
reux (1603), commencent toutes les institutions, Son successeur Sélim II l'Ivrogne, )e vaincu de
toutes les fondations qui devaient assurer plus Lépante (1572),ouvre la série des sultans efféminés.
tard la puissance, la richesse, même les libertés Au milieu de l'Europe monarchique, la Suisse est
de l'Angleterre. avec Venise la seule république indépendante. Le
Il manqua une Elisabeth à l'Ecosse pour sauve- xvi* siècle n'est pas la période la plus honorable
garder son indépendance Marie Stuart, qui de son histoire c'est pour de l'or que se battent
excite encore aujourd'hui de nombreuses sympa- désormais les vainqueurs de Grandson et de Morat.
thies, les doit surtout à sa fin si touchante et à La Suisse, par sa constitution fédérative,échappe
l'hypocrite cruauté de ses bourreaux la noblesse à la concentration du pouvoir aux mains d'un seul
de sa mort a fait trop oublier les fautes, les crimes dans les grands Etats d'alors, France, Angleterre,
peut-être de sa vie. Suède, Russie, Turquie, même en Allemagne, le
En France, ce siècle de despotisme s'ouvre par pouvoir absolu s'exerce sans obstacles. Deux mo-
narchies seulement font exception, le Danemark champion c vigoureux. Philippe 11 essaya d'impair
y est puissante, la à toute l'Europe les
décrets du concile de Trento
et la Pologne l'aristocratie
royauté annulée, la nation opprimée; les Danois, et e l'Inquisition il fut vaincu partout en Franco
peuple et roi, sauront s'affranchir au xvn' siècle par p Henri IV, en Angleterre par Elisabeth, chez
les Polonais le tenteronttrop tard au xvut*. les
1. Bataves par le prince de Nassau, Guitlaump
Le système d'équilibreet la politiquede coalition d'Orange; d sa victoire sur les Turcs à Lépante resta
qui datent de l'année 1495 et de la bataille de stérile, s et son succès en Portugal augmenta ses
Fornoue commencent avec les guerres d'Italie charges
c sans augmenter sa puissance.
période de L'année même de sa mort, le traité de Vervins et
ces guerres remplissent une longueCharles VIII t'éditde Nantes sont deuxnouvette* condamnations
soixante-cinq ans (1495-t5M).Sous 1

de brillants faits d'armes, l'initiation des Français de


d sa politique.
merveilles de l'art et à la corruption de l'Italie Les grandes découvertes maritimes remontent
aux à la du xv* siècle, la création des grandss
sont les seuls résultats d'une déplorable expédi- empires coloniaux
à fin
tion. Louis XII, plus déloyal que son prédéces- <tugais reconnaissent ne date que du xvt*. Les Por-
successivement Madère, les
seur, est aussi maladroit; à aucun moment de son t les !tes du Cap-Vert, et fondent des éta-
règne il ne comprit combien les chevauchées au Açores, J
Congo; 1486. Barthélémy Diaz
delà des monts étaient contraires aux intérêts de blissements t au
des
en
Tempêtes et entrevoit la route
la France: Ferdinand le Catholique et Jules II atteint s le cap
n'eurent qu'a exploiter ses fautes, le premier que < Vasco de Gama doit parcourir onze ans plus
le second pour chasser tard. C'est sur la côte de Malabar qu'abordèrent
pour agrandir sa maison, t
du grand marin. Après lui.
les barbares de l'Italie. François I" ne fut pas plus tes 1 trois petits navires
fonde à Calicut la première des colonies
habile après le grand et stélite succès de Mari- Cabral <
qui jette l'ouest
le fruit de cinq européennes une tempête le à
gnan, il perd en un jour à Pavie <
fait découvrir le Brésil. Albuquerque étend et
années de guerres: le traité de Cambrai no com- lui 1
l'empire portugais, prend Socotora, Or-
convention de Madrid; affermit
pense pas la déshonorante maltre do l'Italie et )
en 1530 Charles-Quint est le muz, et triomphe de Venise unie au soudan d'E-
le premier souverain de l'Europe. Il triomphe des gypte. Après Goa, Ceylan et Malacca furent occu-
Turcs comme it a triomphé des FrançaisSoliman )és et donnèrent à Lisbonne la mer du Bengale
le Magnifique,en possession de Rhodes, convoite la 'alliance du roi de Siam et de Pégu, le commerça
vallée du Danube il bat tes Hongrois et pénètre avec la Chine et le Japon augmentent encore cetto
jusqu'à Vienne où l'union de l'Allemagne chré- puissance elle ne déclinera que par la faiblesae
tienne arrête ses conquêtes. François I" ne saitde la métropole, par le développement maritima
pas profiter de l'utile alliance des Ottomans tes de l'Espagne et de la Hollande.
dernières guerres et les derniers traités de son Le Portugal avait mis ptus d'un siècle à fonder
règne laissent pourtant la France intacte. Entre cet empire. L'Espagne est maltresse de tout un
Henri II et Charles-Quint, puis Philippe H, ta lutte monde en moins de cinquante ans. Un Génois,
recommence avec plus d'ardeur. Allié desdes protes- Christophe Colomb, en cherchant par l'ouest la
tants allemands, le roi de France s'empare Charles- Trois route des Indes, trouve l'Amérique le 11 novem-
Evechés; Guise arrête la fortune de bre )492; Nuriez Balboa traverse l'isthme de
Quint à Metz, et Philippe II, malgré son alliance Panama et aperçoit ledécouvre grand Océan un aventu-
rier, Fernand Cortez, et occupe le Mexi-
avec Marie Tudor, malgré sa victoire derécentes Saint-
cinq cents soidats, seize chevaux et dix
Quentin, ne peut enlever à la France ses que avec
aventuriers, Pizarre, Alma-
conquêtes mais le traité de Cateau-Cambrésislui canons trois autres
gro et Luques, envahissent le Pérou avec deux
donne Naples, Milan et les Pays-Bas. quelques chevaux et inaugu-
La propagation des doctrines de Luther et de cents hommes et y
Calvin agite tout le xvi* siècle. Luther, en prêchant rent l'extermination des métropole. indigènes, politique trop
contre la vente des indulgences, provoque en fidèlement suivie par la
Europe une révolution aussi importante que la ré- Charles-Quint introduit l'ordre dans ces vastes
volution de n89. C'est d'abord t'AHemagne du conquêtes qu'il celui en divise deux gouvernements,
nord qui se détache de Rome, puis la Suède que celui de Mexico et de Lima.
Gustave Wasa arrache au Danemark et entratne Toutes ces découvertes ouvrent une nouvelto
dans le luthéranisme l'Angleterre, qui annonce carrière à l'activité de l'Europe et de nouveaux
dès le règne de Henri VIII son divorce avec te continents à la civilisation la marine et le com-
Saint-Siège; la Suisse, où Zwingli meurt pour la merce se développent, et l'Espagne, enrichie par les
foi nouvelle, où Calvin domine assez longtemps métaux précieux du nouveau continent, aurait
du protestantisme menacé l'ancien de sa redoutable prépondérance,
pour faire de Genève la Rome
le Danemark, où noblesse et royauté sont d'accord ai elle n'avait rencontré deux obstacles à sa tyran-
pour établir le luthéranisme. Quand le sociales peuple nie, la Renaissance qui éclaira les esprits, la Ré-
veut tirer les conséquences politiques et forme qui les émancipa.
des doctrines prêchées par Luther et par Calvin, Malgré l'intérêt qui s'attache à l'Itistoire politi-
réformés et catholiques sont d'accord contre les que, religieuse et économique du xvi* siècle, sa
sacramentairesetlesanabaptistes,maisreprennent grande attraction,Renaissance, c'est l'histoire littéraire et ar-
les armes au lendemain de la bataille. La lutte tistique,scientifique c'est la c'est le grand mou-
qui l'accompagne.
entre Charles-Quintet les protestants se termine vement Dans les directions l'esprit humain prit
au profit de ceux-ci: l'intérim et le traité d'Augs- toutes
bourg consacrent le triomphe de la Réforme en un rapidel'Église, essor affranchi de la lourde domina-
il s'élança hardiment dans le-
Allemagne au moment même où elle s'établit en tion de littérature, dans
Angleterre sous Edouard VI le règne de Marie la voies naturelles, en politique, en
les Gama s'élan-
Sanglante et sa réaction désespérée en faveur du les arts, comme les Colomb et
catholicisme, font place au despotisme d'Elisabeth çaient sans crainte sur les Océans inconnus. V.
qui règle souverainement le dogme et le culte de Siècle (.SM:em~, au Supplément.
ce que l'on a appelé l'anglicanisme. Le Saint-Siège d'Augsbourg, ï'édtt de Nantes, et la
n'est pas plus heureux que Charles-Quint:le con- Le traité !I. semblaicnt
cile de Trente réformera le catholicisme sans ra- victoire d'Elisabeth sur PhilippeEUes
mener les dissidents à l'unité catholique.Les pays avoir clos les luttes religieuses. se rouvrent
siècle et englobent toute l'Europe dans
bataves sont perdus comme l'Allemagne, et la au XVH"
France elle-mêmeaurait peut-être échappé à Rome une guerre mémorable.Charles-Quint menaçaient
Les successeurs de
sans Henri IV. L'orthodoxie rencontra pourtant un
les conquêtes de It Réforme en Allemagne les t'armée. TI faut oublier le roi M reporter M pen-
protestants, pour faire face à l'Espagne, à la mai- sée sur Colbert, sur Lonvois, sur Vauban, sur les
son d'Autriche et au Saint-Siège, s'appuyèrent sur grands généraux, sur les grands artistes et les-
la France et sur les puissances protestantes du grands écrivains, pour laisser & ce siècle le nom
Nord. Du c~té des catholiques, le grand rôle ap- que l'histoire trop complaisante lui a donné.
partient a l'empereur Ferdinand Il il triomphe Ce n'est pas seulement en France que l'ab~o-
facilement du médiocre Frédéric V, électeur lutisme est en progrès. En Espagtte, un prince)
palatin; il bat également le roi de Danemark, fastueux et misérable comme son royaume, Phi-
Christian IV, avec l'appui de ttax!mil!en de Ba- lippe III, se laisse gouverner par un favori, le duc
vière, de Tilly, de la Ligue catholique, et surtout de Lerine son nls Philippe IV n'a ni plut de vi-
d'un aventurierde génie Wallenstein. La Réforme gueur, ni plus de volonté Olivarez est le Riche-
semble anéantie par l'ëdit de restitution (]629). lieu de ce Louis XIII. CnarIesH est le dernier et
L'intervention de Gustave-Adolphe et de la SuMe indigne rejetbn de Charles-Quint au delà des Pyré-
lui repd la victoire et la prépondérance celle de nées, qui vont s'abaisser devant un prince de la.
Richelieu et de la France, de la Hollande et de ses maison de Bourbon. L'Espagne a perdu le Portu-
grands amiraux, assureM la défaite de l'Autriche, gal, reconquis par Jean de Bragance, le RouesiHon,
de l'Espagne et du catholicisme Ie~ traités de l'Artois, la Flandre et la Franehe-Comté cédés à 1.
Munster et d'Osnabruck consacrentl'indépendance France victorieuse.
des Provinces-Unies et de la Suisse, l'avènement Dans l'autre branche da la maison d'Autriche
d'une nation jeune et vigoureuse, la Suède, l'a- la décadence est moins rapide Mathias, Ferdi-
grandissement de la France et celui des princes nand II montrent encore quelque vigueur; le long.
protestants. règne de Léopold n'est pas sans gloire; mais la-
.La lutte générale des deux religions est termi- vie et la puissance ne sont plus ni à Vienne ni a
née par le traité de Westphalie la guerre entre Madrid, elles passent à Amsterdam, à Stockholm,
elles ne dépassera plus les limites de chaque Etat. Paris et à Londres Moscou et Berlin ne comptent
En Angleterre, cette lutte se prolonge pendant pas encore le Grand Electeur vient de mourir
tout le xvii' siècle et aboutit à deux révolutions à et Pierre I" se révèle à peine.
la fois politiques et religieuses, en 1<S et en 1688, Le xvu* siècle, comme le xvr, brille surtout de
qui eurent pour dernière conséquence la fonda- la gloire des lettres, mais il n'a ni sa fécondité, ni
tion définitive de la monarchie constitutionnelle son originalité. Le pouvoir absolu a accompli son.
dans ce pays, mais auxquelles l'Europe ne prit au- œuvre, discipliné les esprits et effacé les carac-
cune part. La religion anglicane, menacée par tères. La guerre seule, qui va bien au despotisme,
l'Irlande catholique et par l'Ecosse presbytérienne, est en progrès peu de noms peuvent être com-
persécute les non-conformistes; les Stuarts pré- pares ceux de Wallenstein, de Turenne, de
tendent exercer le pouvoir absolu des Tudors la Condé, de MontecucuUi. La civilisation, le goût,
foi et les libertés font cause commune, la révolu- l'instruction générale sont plus répandues en t700-
tion est inévitable préparée par l'incapacité de qu'en 1600, sous Louis XIV que sous Henri IV
Jacques I", h4tée par la mauvaise foi de Char- on n'oserait afnrmer que l'esprit humain soit plus
les lor, elle commence dès 1640. Le Long Parle- émancipé; que la société européenne soit plus
ment obtient la condamnation de Strafford, s'em- libre et plus heureuse mais Louis XIV va mou-
pare du pouvoir exécutif et prend la direction je rir, l'heure approche des grandes ruines et des.
la guerre. Il est d'abord soutenu par la secte des grandes reconstructions. –V. S~c<<°(Df:);-Mp<t~m<).
indépendants. Leur chef, Cromwell, vainqueur des
troupes royales, maltre de Charles I", le fait con- Le xvnt* siècle s'ouvre par une guerre géné-
damner à mort par un parlement intimidé ()6<9), rale l'Espagne, qui expie par un abaissement et
proclame la République et dissoutle Long Parle- une misère sans égale sa lutte contre la civilisa-
ment. Après la défaite de l'Irlande catholique tion et la liberté des esprits, est transmise par
et de l'Ecosse presbytérienne,il prend le titre de l'arrière-petit-fils de Philippe H. a un petit-aïs de.
Protecteur et sait rendre à l'Angleterre la pré- Louis XIV; Charles se donne comme succes-
pondérance en Europe. Son fils Richard n'a ni le seur Philippe V. L'Espagne accepte cette dynastie
goût, ni l'ambition du pouvoir la défection du nouvelle l'Europe forme une nouvelle ligue & la
générai Monk rétablit la royauté redevenue, après Haye contre l'ambition conquérantede Louis XIV
vingt années de lutte, aussi absolue sous CharlesII Angleterre, Empire, Provinces-Dnies,Brandebourg:
que sous Charles I". Les Stuarts restaurés n'ont et Hanovre s'engagent à ne laisser au nouveau rot
rien appris, rien oublié l'opposition parlemen- d'Espagne que la Péninsule. Grâce à trois hom-
taire leur arrache le bill d'habeas corpus; la mes énergiques, Eugène de Savoie,Marlboroughet
nation, menacée encore une fois dans sa religion Heinsius, la coalition atteint son but après treize
et dans ses libertés, les chasse définitivement en ans de luttes, qui ont mis la France a deux doigts
16M, et impose à leur successeur, Guillaume d'O- du démembrement, qui la laissent ruinée pour-
range, la célèbre Déclarationdes droits qui fondela vingt ans,letraité d'Utrecht (U avril 1713) donne la,
monarchie constitutionnelle au delà de la Manche. Sicile le Milanais et le titre de roi au due de Sa-
Pendant que la liberté de conscience recevait voie, la Haute-Gueldre et le titre de roi de Prusse-
en Angleterre une solennelle confirmation, le à l'électeur de Brandebourg, Gibraltar, Minorque,
fanatisme étroit remportait en France une déplo- la baie d'Hudson, l'Acadie, Saint-Christophe et
rable victoire l'édit de Nantes était révoqué. Cet Terre-Neuve à l'Angleterre. Les traités de Ras-
acte funeste était la conséquence du régime des- tadt et de Bade confirment celui d'Utrecht ils.
potique inauguré au xvt' siècle, poursuivi au xvn* enlèvent à l'Espagne les Pays-Bas, Naples, la Sar-
par Henri IV, par Richelieu et par Louis XIV; daigne, le Milanais et les présides de Toscane.
'snais Henri IV rachetait la tyrannie par l'esprit et Louis XIV meurt au lendemain de ces traités-
la bonne humeur, Richelieu par la grandeur du (1715). Ses excès de pouvoir ont rendu un relâche-
but qu'il visait et qu'il atteignit; Louis XIV tendit ment général nécessaire et certain.
à les brieer tous les'ressorts du gouvernement à De la mort de Louis XIV à la révolution fran-
l'intérieur comme au dehors sa politique est né- çaise, le maintien de l'équilibre dans l'Europe cen-
faste. Son ambition, ses fautes punies par de trale, assuré par la guerre de la succession de Po-
cruels revers, ont tour à tour porté à l'apogée et logne, par celle de la succession d'Autriche, et par-
mis à deux doigts de sa ruine cette monarchie ab- la guerre de Sept ans, est surtout l'œuvre de l'An-
solue, sévère pour le peuple, hostile à l'étranger, gleterre et tourne au profit de, sa grandeur,tandis
appuyée sur un clergé asservi, sur la police et sur qu'à l'Orient s'élève par l'affaissement da la.
Suède et de la Turquie et par l'anéantissementde 5 septembre). Clôture de la Législative' et
la Pologne une nouvelle et redoutable puissance, victoire de Valmy (20 septembre). Ouverture
la Russie, et qu'à l'Occident, au delà des mers, se de la Convention et proclamation de la Répu-
prépare et s'établit avec éclat la féconde liberté blique (2t septembre). Ministère Roland;
de l'Amérique. domination des Girondins; Victoire de Jem-
L'histoire politique et militaire, les agitations mapes (9 novembre). Commencement du
stériles des peuples à cette époque n'offrent pas procès du roi (11 t décembre).
le même intérêt que l'histoire det esprits qui Fondationd'une capitale fédérale, Washington,
vont enfanter les grands renouvellements de ta fin aux États-Unis. Paix définitive de Jassy entre
siècle. C'est surtout la France qui prépare la Révo- la Russie et la Turquie. Assassinat de Gus-
lution, c'est elle qui doit l'accomplir, comme c'est tave III à Stockholm.
elle qui en est restée le foyer et qui en a goûté 1793. Exécution de Louis XVI (2t janvier). La
tous les fruits doux ou amers c'est elle qu'il Conventiondéclare la guerre a l'Angleterre et a/
faut regarder pour comprendre combien cette révo-
lution était nécessaire. Le pouvoir royal absolu,
à la Hollande
(7 mars).-
(!
Soulèvement
février), puis à l'Espagne
de la Vendée (10 mars).
l'Eglise et; l'Etat confondus, la justice vénale, la Défaite de DumouriezMfeerwinden [18mars). J.
législation compliquée et inique, la misère entre- Trahison de Dumouriez (2 avril). Créa-
tenue par les lois et châtiée comme un crime, tion du Comité de salut public (6 avril). Chute
voilà ce que les philosophes ont attaqué, voilà ce des Girondins (31 mai). Constitution de 1793
que le grand mouvement de 1789 a emporté. Les (23 juin). Meurtre de Marat par Charlotte
philosophes proclament que la souveraineté réside Corday (13 juillet). La France est en guerre
dans la nation, ils veulent que la loi protège éga- avec toute l'Europe la moitié des départements
lement tous les cultes Montesquieu, Rousseau, sont soulevés. Décret de la levée en masse
les Encyclopédistes, l'école des économistes, tous (23 août). Commencement de la Terreur
contribuentà l'œuvre commune; Voltaire, le vrai (5 septembre). Loi des suspects (17 sep-
chef de l'armée philosophique, en affichant son tembre). Loi du maximum (29 septembre).
prosélytisme antichrétien, ruine la domination Arrestation de soixante-treize Girondins (3.
de l'Eglise sur let esprits des hommes et sur les octobre). Prise de Lyon (9 octobre). Exé-
affaires du monde, il inspire à tous l'horreur de cution de Marie-Antoinette (16 octobre).
la persécution et le respect de la liberté de con- Calendrier républicain (24 octobre).

Exécu~
science. Il fut le véritable artisan de la chute des tion de vingt et un Girondins (31 octobre,
jésuites, qui privait l'Eglise de son plus ferme ap- 10 brumaire an II). Fête de la Raison ()0 no-
pui et qui commençait bien d'autres destructions. vembre, 20 brumaire). Prise de Toulon
Sans doute Voltaire et les philosophes attaquent (19 décembre, 29 frimaire). Déroute des
sans ménagement la société et la religion. Sans Vendéens au Mans (23 décembre, 3 nivôse).
doute ils ont précipité les esprits au delà du En Amérique, deuxième présidence de Was-
monde réel en les détournant violemment do ce hington. Second démembrement de la Polo-
qui existait, et préparé les biens et les maux de la gne, au profit de la Prusse et de la Russie.
révolution, sa grandeur et ses excès cette révolu- t79t. Exécution des hébertistes (24 mars, 4 ger-
tion en était-elle moins légitime, moins nécessaire ?9 minal). Exécution des dantonistes (5 avril,
Nous n'avons qu'à comparer le passé au présent Hi germinal). Fête de l'Etre suprême (8 juin,
pour proclamer qu'elle fut un inestimable bien- 20 prairial). Loi du 22 prairial (10 juin).
fait. V. Siècle (Dix-huitième), au Supplément. Victoire de Fleurus (2(i juin, 8 messidor).
Chute de Robespierre (27 juillet, 9 thermidor).
Résume chronologique des principaux Domination des thermidoriens. Marat au
Événementsde 1789 à 1870. Panthéon (12 teptembre, 26 fructidor). Fer-
RBVOLUTION (1789-1799). meture du club des Jacobins (8 novembre,
18 brumaire an III). Rappel des soixante-
1789. Ouverture des Etats généraux à Versailles treize Girondins (8 décembre, 18 frimaire).
(5 mai). Assemblée nationale (17 juin). Abolition du maximum (23 décembre, 3 nivôse).
Serment du Jeu de Paume (20 juin). Assem- Agonie de la Pologne. Défaite de Koo-
blée constituante (9 juillet). Prise de la Bas- ciusko à Macejovice (10 octobre).
tille (14 juillet). Nuit du 4 août. Journées 1795. Pichegru entre à Amsterdam (20 janvier,
des 5 et 6 octobre. )" pluviôse). Déportation de plusieurs mem-
En Amérique, présidence de GeorgesWashing- bres des anciens comités révolutionnaires
ton. Révolte des Pays Bas contre Joseph II. (1" avril, 12 germinal). Paix avec la Prusse
t790. Réorganisation de la France par la Consti- (25 avril, 16 germinal). Insurrection du parti
tuante. Première fête de la Fédération montagnard (20 mai, 1" prairial). Mort du
(14 juillet). dauphin au Temple (8 juin, 20 prairial).
Mort de Franklin aux Etats-Unis. Mort de Exécution des derniers Montagnards (17 juin,
Joseph Il. 29 prairial). Victoire de Hoche à Quiberon
H9). Mort de Mirabeau (2 avril). Fuite du roi (17 juillet, 29 messidor). Paix avec l'Espagne
à Varennes (20 juin). Massacre du Champ- (22 juillet, 4 thermidor). Constitution de
de-Mars (17 juillet). – Congres et déclaration l'an III (22 août, 5 fructidor). Insurrection
de Pilnitz (27 août). – La nouvelle Constitu- royaliste (5 octobre, 13 vendémiaire an IV).
tion est sanctionnée par Louis XVI (13 septem- Dernière séance de la Convention (26 octobre,
bre). Clôture de la Constituante (30 septem- 4 brumaire). Installation du Directoire et des
bre). Ouverture de la Législative ( t" octobre). conseils des Cinq Cents et des Anciens.
Traité de Sistova entre l'Autriche et la Partage définitif de la Pologne (8 octobre).
Turquie, et prélimfnairee de Galatz entre la 1796. Fin de la guerre de Vendée. Abolition
Turquie et la Russie. La Pologne se donne des assignats. Glorieuse campagne de Bo-
une constitution moins anarchique.
1792. Louis XVI décore la guerre à François II
naparte en Italie. – Moreau et Jourdan en
Allemagne reculent devant l'archiduc Charles.
(20 avril!. Journée du 20 juin. Les Prus- Proclamation de la république batave; for-
siens envahisssent la France (5 juillet). Ma- mation de la république cispadane.
nifeste du duc de Brunswick (25 juillet). Prise En Russie, mort de Catherine I! et avènement
des Tuileries et renversement de la royauté de Paull".
(10 août). Massacres de septembre (* 3, 4 et 1797. Fin de la campagne d'Italie. Victoire de
RIvoH (janvier). Traité de Tolentino avec le lation d'Ulm (20 octobre). Trafalgar (21 octobre).
Saint-Siège (19 février). Préliminaires de Leo- Austerlitz (Ï décembre). Traité de Presbourg
ben (18 avril).
contre les royalistes
Coup d'Etat du Directoire
des deux conseils (4 septem-
(26 décembre). – Suppression dn calendrier
républicain nxée au 1" janvier t806 (an XIV).
bre, 18 fructidor an V. Mortde Hoche (18 sep- 1806. Mort de William Pitt (janvier) et de Fox
tembre).– Traité de CampoFormio(t 7 octobre). (septembre). Université impénale. Joseph
Républiques ligurienne et cisalpine. Re- Bonaparte, roi de Naples, Louis Bonaparte,roi
tour de Bonaparte en France (décembre). de Hollande. La féodalité impériale grands
Aux Etats-Unis, présidence de John Adams. duchés, duché:, comtés, baronies. Confé-
En Prusse, mort de Frédéric-Guillaume II. dération du Rhin. Quatrième coaHtion
A Constantinople, essai de réforme* euro- Mna, Auerstœdt. – Napoléon à Berlin. – Blo-
péennes par Séiim III. cus continental.
1798. République romaine (février). RépubH- 1807. Eyiau et Friedland. – Traité de Tilsit
blique helvétique (mars). Départ de Bona- (8 juillet). Jérôme Bonaparte, roi de West-
parte pour l'Egypte (mai). –Deuxième coalition. phalie. Le grand-duché de Varsovie est
Bataille des Pyramides (21 juillet). Dé- constitué. Réunion des Etats de l'Eglise à la
eastre d'Aboukir (1" ao&t). Etablissement de France. Occupation du Portugal. – Sup-
la conscription (8 septembre). pression du Tribunat. Cour des comptes.
Toussaint Louverture a Haiti chasse les blancs 1808. Fontanes, premier grand-maltre de l'Univer-
et proclame nie indépendante. sité impériale. Entrevue de Bayonne.
1799. République parthënopéenne (janvier). Joseph Bonaparte roi d'Espagne. Occupa-
Assassinat des plénipotentiaires français à Ras- tion de Rome. Murat, roi de Naples.
tadt (avril). Victoire du Mont-Thabor (avril). Guerre d'Espagne.
Triomphe des Jacobins aux élections de 1809. Cinquième coalition Echnuhl, Essling et
l'an VII (mat). Loi des otages (juillet).
La France perd l'Italie, sauf Génes. Souvaroff
– Wagram (6 Juillet). Traité de Schônbrunn
(14 octobre). Divorce de Napoléon et de José-
et Korsakoff en Suisse. –Victoires de Masséna phine (16 décembre).
& Zurich et de BruneBergen (septembre) la Guerre de la Russie contre la Suède et la
coalition est repoussée. Bonaparte revient Turquie. En Suède, abdication de Gustave IV
d'Egypte (octobre). Coup d'Etat du 18 bru- et proclamation de Charles XIII.
maire (9 novembre). Constitution de l'an VIII 1810. Napoléon épouse Marie-Louise. Abdica-
un Sénat, un Corps législatif, un Tribunat; tion de Louis Bonaparte, roi de Hollande. La
Bonaparte premier consul. Hollande est réunie à la France.
Dans l'Inde, Tippou-Saîb, allié de la France, Premières agitations dans les colonies espa-
succombeà Seringapatam. Mort de Washing- gnoles de l'Amérique. Bernadotte est pro-
ton aux Etats-Unis. clamé prince royal de Suède et adopté par
Charles XIII.
CONSULATET EMPIRE (1799-1814). 18H. Naissancedu roi de Rome (20 mars).
Massacre des beys Mameluks par le pacha
-t800. Traité de Luçon avec la Vendée soumis- d'Egypte, Méhémet-Ali.
mission de la Bretagne. Préfectures et sous- 1812. Campagne de Russie.
préfectures. Banque de France. Complots Les Etats-Unis déclarent la guerre a l'Angle-
jacobins et chouans. Kléber, vainqueur à terre. Traité de Bucharest entre la Turquie
Héliopolis (20 mars), est assassiné au Caire et la Russie.
(14 juin). Victoires de Moreau à Engen, 1813. Sixième coalition. Campagne d'Allema-
Mmeskirch, Biberach, Hohenlinden (3 décembre), gne. L&tzen, Bautzen, Leipzig. La France
de Bonaparte à Montebello et & Marengo(15 juin). est envahie. Résistance du Corps législatif à
L'Irlande est réunie & l'Angleterre et !t l'E- Napoléon II est ajourné.
cosse les Iles Britanniques n'ont plus qu'un seul 1814. Campagne de France. Entrée des alliés à
Parlement. Toussaint Louverture est prési- Paris (31 mars). – Le Sénat nomme un gouver-
dent à vie. Election de Pie VII, à Venise; nement provisoire et proclame la déchéance de
il succède Pie VI, mort prisonnier a Valence, Napoléon. Son abdication (6 avril).
en 1799. Les sept Mes Ioniennes sont consti-
tuées en républiquepar la Russie et la Turquie. LA RESTAURATION (t8t4-1830).
~t801. Restauration du catholicisme en France.
Concordat (15 juillet). Traité de Lunéville 1814. Napoléon part pour l'1le d'Elbe (20 avril).
avec l'Autriche. Menou, battu à Aboukir, Louis XVIII débarque a Calais <:4 avril). Dé-
perd l'Egypte. claration de Saint-Ouen (2 mai). Traité de
Pitt quitte le pouvoir qu'il a exercé dix-sept Paris (30 mai). Octroi de la charte constitu-
ans (8 février). Aux Etats-UnisThomas Jeffer- tionnelle (4 juin).
son est président. Assassinat de Paul I". Ouverture du Congrès de Vienne {)" novem-
~802. Paix d'Amiens entre la France et l'Angle- bre).- En Italie, restaurationde l'ancien régime
terre. Lois organiques, complément du Con- et des Jésuites. En Espagne, tyrannie de Fer-
cordat (8 avril). Réorganisation de l'ensei- dinand VII; soulèvement du Mexique, du Chili,
gnement (f mai). Création de la Légion du Venezuela et de la Nouvelle-Grenade. Aux
d'hgnneur. Vote plébiscitaire du consulat à Etats-Unis, victoires, puis défaites des Anglais
vie (mai). Réorganisation de l'Institut. et traité de Gand.
~1803. Nouvelle guerre avec l'Angleterre. Prépa- t8t5. Napoléon au golfe Juan (t" mars), à Lyon
ratifs de Boulogne. La France vend la Loui- (8 mars), à Paris (20 mars). – Les Cent-Jours.
siane aux Etats-Unis. Médiationde Bonaparte
en Suisse.
– Lonis XVIH a Gand.
(22 avril).
Acte additionnel
Acte final du Congrès de Vienne
~804. Conspiration Cadoudal et Moreau. Enlè- (9 juin). Campagne de Belgique; Waterloo
vement et exécutiondu duc d'Enghien (20 mars). (18 juin). Seconde abdication de Napoléon
Adoption du Code civil par le Corps législa- (22 juin). II part pour Rochefort (29 juin).
tif. Napoléon, empereur (18 mai). Seconde capitulation de Paris (3 juillet).–Ren-
1805. Napoléon, roi d'Italie. Eugène de Beauhar- trée de Louis XVIII (8 juillet.) -La Sainte
nais, vice-roi. Troisième coalition. Levée du Alliance (26 septembre). Deuxième traité de
camp de Boulogne. Campagne de 1805. Capitu- Paris (20 novembre). – Terreur blanche en
France. Cours prévûtales. Murat fusillé à russe dans la question grecque. Nouvelle
Pizzo le 13 octobre. tentative des Miguelistes en Portugal. Révolte
Organisation de la confédération germanique. et massacre des Janissaires à Constantinople.
Promesses libérales des princes. Progrès 1827. Dissolution de la Chambre des députés.
de la révolte des colonies espagnoles en Améri- Elections libérâtes. Chemin de fer de Saint-
que. Bolivar au Venezuela. Aux Etats-Unis, Etienne.
victoire du général Jackson à la Nouvelle-Or- Bataille navale de Navarin. La flotte ottomane
léans sur les Anglais. est détruite. Mort de Canning. Wellington
1816. Dissolution de la Chambre introuvable. premier ministre. Don Carlos proclamé en
Missionsdans les départements. Catalogne par les apostoliques qui ne trouvent
Indépendance des provinces unies de La pas Ferdinand VII assez absolu. Dom Miguel
Plata. La Serbie se révolte contre les Turcs. proclamé à Lisbonne :sa régence durera quatre
1817. Suppression des cours prévôtales. ans.
Fête de la Wartbourg en Allemagne (t8 octo- 1828. Chute du ministère Villèle. Cabinet Mar-
bre). Discours séditieux. Indépendance du tignac. Ordonnance du 6 juin sur les petits
Chili et du Venezuela. Monroë, président des séminaires les Jésuites quittent la France pour
Etats-Unis. la plupart.
1818. Congrèsd'Aix-la-Chapelle. Evacuation de Les Russes déclarent la guerre à la Porte
la France par les alliés. Ministère Decazes- qu'ils attaquent en Europe et en Asie. – In-
Dessolles. Le roi de Rome est nommé duc de tervention anglo-française en Grèce.
Reichstadt. 1829. Ministère Polignac.
L'Angleterresigne des traités avec différentes Le Zollverein est conclu entre la Prusse, la
puissances pour l'abolition de la traite. Avè- Hesse-Darmstadt, la Bavière, le Wurtemberg.
nement de Bernadotte (Charles XIV). Affranchissement des catholiques d'Irlande,
1819. Progrès des idées libérales en dépit des lois voté par le Parlement anglais. Convention de
restrictives. Agitation révolutionnaire en Londres en faveur de la Grèce. Succès écla-
Allemagne. – Assassinat de Kotzebue par Sand. tants des Russes traité d'Andrinople. Indé-
Mesures réactionnaires votées par la diète pendance de la Grèce. Mort de Léon XII.
de Francfort et le Congrès de Vienne. In- Election de Pie VIII. Odieux gouvernement
dépendance do l'Uruguay. La Nouvelle- de dom Miguel près de 100000 personnes exé-
Grenade et Quito affranchis par Bolivar forment cutées, bannies ou emprisonnées en un an.
la république de Colombie. Fermentation dé- 1830. Adresse des 221. Dissolution de la Cham-
mocratique et socialiste en Angleterre. Cons- bre (16 mai). Réélection des 221 (juillet).
pirations libérales en Espagne. Opposition Conquête d'Alger. Les ordonnances (25 juil-
des Belges au gouvernement de Guillaume I". let). Révolution des2' 28, 29 juillet.
Gouvernement libéral et modéré d'Alexandre
I" en Russie. LA MONARCHIEDE JUILLET (tS3()-1848).
1820. Assassinat du duc de Berry (13 février).
Chute du ministère Decazes. -Naissance du duc 1830. Abdication de Charles X et du Dauphin
de Bordeaux (29 septembre). (2 août). Proposition Bérard offrant la cou-
Sucre, lieutenant de Bolivar, affranchit le Pé- ronne au duc d'Orléans (7 août). Premier mi-
rou. En Portugal, en Espagne, révolutions nistère de Louis-Philippe (Dupont de l'Eure).
constitutionnelles. Avènement de Georges IV Ministère Lafntte (2 novembre). Procès des
à Londres. Insurrection victorieuse dans les ministres de Charles X.
Deux Siciles. Congrès de Troppau et de Lay- En Amérique, retraite de Bolivar. A Lon
bach. Révolted'Ali, pacha de Janina, en Epire. dres, avènement de Guillaume IV et du cabinet
1821. Mort de Napoléon à Sainte-Hélène (5 mai). whig de lord Grey. Premier chemin de fer
Ministère Villèle ()& décembre). pour voyageurs entre Liverpool et Manchester.
Intervention de l'Autriche dans les Deux Si- Abolition de la loi salique en Espagne
ciles et dans le Piémont. Iturbide généralis- Naissance d'Isabelle. Mort de Pie VIII à
sime de l'empire du Mexique. Début de Rome. Révolution de Bruxelles (25 août).
l'insurrection hellénique. Les Belges victorieux adoptent la monarchie
1822. En France, déplorable gouvernement des constitutionnelle,à l'exclusion de la maison d'O.
ultra-royalistes, des jésuites et des missionnai- range. Révolution à Varsovie.
res. Nombreuses conspirations émeutes. 1831. Manifestation légitimiste à Paris sac de
En Angleterre,Canning premier ministre.-Dom l'archevêché. Cabinet du 13 mars (CasimirPé-
Pedro, empereur héréditaire du Brésil. En rier). Insurrection de Lyon. Expédition de
Portugal dom Miguel, en Espagne Ferdinand VII Medoah contre les Kabyles.
tentent une contre-révolution. Congrès de Léopold roi des Belges (4 juin). Interven-
Vérone. Indépendance du Mexique, Iturbide tion de la France en Belgique. Election du
empereur (Augustin I"). Lutte entre les pape Grégoire XVI. Insurrection dans les
Grecs et les Turcs. Etats pontificaux. Nouvelle intervention des
1823. Intervention de la France en Espagne, Autrichiens en Italie, des Français en Portugal.
rétablissement de l'absolutisme. '– Manuel Les Russes maltres de Varsovie; sanglante
exclu de la Chambre (3 mars). réaction émigration. Réformes de Mahmoud
Indépendance du Guatemala. Mort de en Turquie.
Pie VII. Election de Léon XII. 1832. Choléra de mars septembre il emporte
)8M. La Chambre septennale. Mort de Louis Casimir Périer. La duchesse de Berry en
XVIII. Charles X. Vendée. Prise d'armes des républicains les
Réactions sanglantes en Italie et en Espagne. 5 et 6 juin à Paris. – Mort du due de Reich
Echec de dom Miguel à Lisbonne. Iturbide stadt aSchœnbrunn. – Cabinet du 11 novem
fusillé au Mexique. bre (Soult). Prise d'Anvers par Gérard et
1825. Un milliard est accordé aux émigrés. Vote Haxo. Occupation d'Ancône par la France.
de la loi du sacrilège. Mort du général Foy. Othon de Bavière roi de Grèce. -Lord Grey et
Mort d'AlexandreI". Avènement de Nicolas I". lord John Russell font adopter la réforme élec-
1826. Perpétuellesrévolutions et guerres fréquen- torale. Premiers succès des constitutionnels
tes entre les républiques américaines, le Brésil, en Portugal. Ibrahim, fils de Méhémet-Ali,
l'Espagne. Intervention de la diplomatie anglo- bat les Turcs en Syria.
1838. Loi Guizot sur l'instruction primaire. et à Robert Peel. -Insurrection polonaise la
Extension du Zollverein en Allemagne. république de Cracovie est incorporée à l'Au-
Avènement d'Isabelle n, régence de Marie- triche. Isabelle épouse don François d'Assi-
Christine les carlistes proclament don Carlos ses sa scecr dona Louisa le dac de Montpen-
sous le nom de Charles V. Agitation entrete- sier. Election de Pie IX ses premiers actes~
nue en Italie par Mazzini. DomPedro triom- sont libéraux.
phe enfin de dom Miguet en Portugal. La K47. Disette, émeutes en province. -Divers pro-
Russie, puis la France et l'Angleterre, intervien- cës scandaleux, où sont compromis de hauts
nent dans la latte entre te saltan et Méhétnet- personnages, portent atteinte au prestige du
Ali. gouvernement. Agitation pour la réforme
1884. Insurrections répabi!ca!nes à Paris et Il électorale; banquets réformistes.
Lyon. En Italie, Pie IX conMMte à se montrer libé-
Le congrès de Vienne diminue les pou- ral, et quelques souverains l'imitent. -Guerre
voirs de la diète au profit de l'absolutisme. du Sonderbund en Suisse la ligne séparatiste
Ministère Robert Peel-Wellington. Lutte des sept cantons est vaincue par l'armée fédé-
entre lesconstitutiMmeIset les absolutistes en rale. Guerre entre les Etats-Unis et le Mexi-
Espagne et en Portugal. La Suisse est forcée que cession du Nouveau-Mexique et de la
do dissoudre tes comités révolutionnaires ita' Nouvelle-Californieaux Etats-Unis.
liens qui se sont formés chez elle. Schamyl,
à la tête des Oircassiens,lutte contre la Russie. LA SECONDE RÉFCBHQCEET LE SECOND EMMB)!
1835. Ministère de Broglie-Thiers. Attentat (1848-1870).
de Fieschi. Lois de répression dites de sep-
tembre. Succès d'Abdel Kader en Algérie. 1848. France. 24 février. Gouvernement provi-
Chute de Robert Peel, cabinet Melbourne, Rus- soire, proclamation de la République. 4 mai.
sell, Palmerston. En Espagne guerre car- Réunion de la Constituante. 9 mai. Commis-
liste. sion exécutive. 15 mai. Tentative de Blanqui
1836. MinistèreThiers, puis Molé. Mort de Char- et Barbès contre l'Assemblée. 93 juin. Rap-
tes X à Goritz. Tentative du prince Louis- port de Fallouxconcluant à la dissolution immé-
Napoléon à Strasbourg. diate des ateliers nationaux; insurrection contre
Agitation entretenue parO'Connetten Irlande. l'Assemblée, journées de juin. 24 juin. Ca-
t83' Inauguration du musée de Versailles. – vaignac chef du pouvoir exécutif. 17 septem-
Prise de Constanttne. bre. Louis-Napoléon élu député à Paris.
Avènement de Victoria. Le Hanovre est sé- 4 novembre. Adoption de la nouvelle Constitu-
pare de l'Angleterre. Crise commerciale en tion. 10 décembre. Election de Louis-Napo-
Angleterre, aux Etats-Unis. léon comme président de la République.
J8i8. Intervention de la France dans la républi- ~Monoyoe. – 13-14 mars. Révolution à Vienne,
que Argentine et. au Mexique. Evacuation démission de Metternich. 17-19 mars. Révo-
d'Ancône. Intion à Berlin. 20 Révolution à Mu-
!M! Chute du ministère Molé (mars). Insur- nich Louis I" abdiquemars. en faveur de Maximi-
rection de Blanqui et Barbès (12 mai). Minis- lien Février-mars. Agitation en Hongrie,
tère Soult. Kossuth. Avril. Guerre en'Schleswig. Insur-
Par le traité de Bergara Espartero met fin à la rection républicaine dans le grand-duché de
guerre carliste. Nouvelle guerre entre Ibra- Bade. 25 avril. L'empereurd'Autriche accorde
him pacha et le sultan. une constitution. 10 mai. Les jésuites ban-
t~O. Ministère Thiers (t" mars); la question nis d'Autriche. 15 mai< Nouvelle révolution
d'Orient amène sa chute. 2* tentative de à Vienne. L'empereur Ferdinand se réfugie
Louis-Kapoléon, a Boulogne. Cabinet du 29 en Tyrol. 18 mai. Ouverture dn Parlement
novembre (Soult-Guizot). de Francfort. 22 mai. Ouverture de la Consti-
Campagne anglaise dans les mers de Chine. tuante prussienne. 26 mai. Le Parlement de
184!. Nouveaux troubles en province. Francfort nomme l'archiduc Jean vicaire de
Solution de la question d'Orient par le traité l'empire. Juillet. Guerre en Hongrie les
des détroits (13 juillet). Cabinet Robert Peel. Hongrois sont dirigés par Kossuth et Bem;¡.
Seconde campagne anglaise en Chine. Campagne contre eux combattent les Croates sous Jella-
désastreuse dans l'Afghanistan. Espartero ré- chich. -13 août. FerdinandI" revient à Vienne.
gent en Espagne. Les républiques de l'Amé- Septembre. Insurrection dans ie grand-duché
rique centrale se séparent. de Bade et à Francfort. 6 octobre. Nouvelle
1841. Mort du duc d'Orléans. Vote de la loi des révolution à Vienne Ferdinand quitte de nou-
chemins de fer. veau sa capitale. 28-31 octobre. Bombarde-
Robert Peel, quoique tory, propose des réfor- ment et prise de Vienne par Windischgra*tz. –
mes libérales et établit la taxe du revenu. 3' 9 novembre. Exécution de Robert Blum. 2 dé-
campagne anglaise en Chine traité de Nankin. cembre. Abdication de Ferdinand en faveur de
2* campagne dans l'Afghanistan. son neveu François-Joseph. 5 décembre. La
J8~3. Ouverture des chemins de fer de Paris a Constituante prussienne est dissoute par la
Rouen et OrMans. – Protectorat français sur force le roi fait lui-même une constitution.
les lies de la Société. ~a/e. Janvier. Insurrection de la Sicile. Fé-
Ligue libre-échangiste formée par Cobden. vrier. Constitutions accordées en Piémont, à
1844. Victoire de Bugeaud sur l'Isly. Traité de Naples, en Toscane. 15 mars. Constitution
commerce avec la Chine. Affaire Pritchard. accordée par Pie IX. 18 mars. Insurrection à
En Espagne, retour de la reine-mère. -Mort de Milan. Les Autrichiens évacuent Milan et Venise.
Bernadotte en Suède; son fils Oscar I" lui suc- 25 mars. L'armée de Charles-Albert entre à
code. Sonderbund ou alliance séparée des Milan. La Toscane, Naples et le pape se joignent
sept cantons catholiques en Suisse. au Piémont pour former la ligue italienne.
1845. Insurrection générale des Kabyles ils sont 9 et 11 avril. Révolutions à Modène et à Parme.
vaincus par Lamoricière et Cavaignac. 18 avril. Victoire de Charles-Albert à Goito.
Annexion du Texas aux États-Unis. – 25 juillet. Déroute des Piémontais à Custozza.
1846. Evasion de Louis-Napoléon. Crises finan- 5 avril. Radetzky rentre à Milan. 9 août.
cières et alimentaires. Armistice entre Charles-Albert et l'Autriche.
Triomphe du libre-échange, grâce à Cobden 10 août. Venise, abandonnée par Charles-AI-
bert, proclame la république. Septembre. dont les pouvoirs expireront en 1852. -Novem-
Bombardement et prise de Messine. 24 novem- bre. Le président propose l'abolition de la loi
bre. Pie IX quitte Rome pour se réfugier à du 31 mai; l'Assemblée rejette cette proposi-
Gaëte. 13 décembre. Constituante italienne tion. Est également rejetée la célèbre proposi-
convoquée à Rome. tion des questeurs, tendant à donner au prési-
Pologne. Mars et avril. Agitation et insurrec- dent de l'Assemblée le droit de réquisition di-
tions dans le grand-duché de Posen et à Craco- recte des troupes. 2 décembre. Coup d'Etat
vie, bientôt comprimées. de Louis-Napoléoncontre l'Assemblée. – 3 dé-
Angleterre. 10 avril. Manifestation chartiste à cembre. Combats dans Paris. Mort de Baudin.
Londres. Le même mois, troubles en Irlande. 4 décembre. Massacres sur les boulevards.
Suisse. 12 septembre. Constitution fédérale. Dans plusieurs départements,tentativesde résis-
i6 novembre. Election du premier conseil fédé- tance comprimées.–8 décembre. Décret du pré-
ral suisse. sident ordonnant la transportation sans jugement
)849. France. 22 avril. Expédition romaine de tous les individus regardés comme dangereux
par la police. – 20 décembre. Lemillions peuple français
sous le général Oudinot. 28 mai. L'Assem- le d'Etat de oui.
blée législative remplace la Constituante; les approuve coup par 7
Exposition univer-
républicains y sont en minorité. 13 juin. Ma- ~t~<e<erre. Mai. Première
nifestation dite du Conservatoire contre l'expé- selle, au Palais de Cristal.
dition romaine; proscription de Ledru-Rollin. 1852. France. 9 janvier. Décret ordonnant la
repré-
transportation le bannissement de 79
– Suppression des clubs.
Allemagne. Janvier. Commencement de la sentants. 14
ou
janvier. Nouvelle constitution
guerre de Hongrie. 28 mars. Le parlement un président, un sénat, unjanvier. corps législatif, la
de Francfort offre la couronne impériale au roi suffrage universel. 24 Rétablisse-
de Prusse, qui refuse. 14 avril. Kossuth dic- ment des titres de noblesse. 16 février. Le
tateur de la Hongrie;déchéancedes Habsbourg vrier.. t5 août est déclaré seule fête nationale. 7 fé-
proclamée. L'Autriche demande des secours à Décret sur la presse. Août. Divers
ta Russie. –Mai-juint Insurrections à Dresde bannis, entre autres M. Thiers, obtienhentl'au-
et dans le grand-duché de Bade. Le parle- –
torisation de rentrer. 9 octobre. Discours de
Bordeaux « L'empire, c'est la paix. »
ment de Francfort quitte cette ville, et bientôt vembre. Sénatas.-consulte ordonnant le
7 no-
rétablis-
aéra dissous. – 0 août. Capitulation de Vilâgos,
par laquelle le général Gœrgey livre l'armée sement de l'empire. –20 novembre. Le peuple
hongroise à la Russie. Fin de ~révolution français approuve le rétablissementdécembre. de l'em-
hongroise; sanglantes exécutions ordonnées par pire par 8 millions de votes. 2
le générât autrichien Haynau. Proclamation de l'empire.
Italie. Février. Ouverture de la Constituante ~7t~e<et')-e. Décembre. Ministère de coalition
romaine. République proclamée à Rome, puis de lord Aberdeen, lord John Russell et lord
Palmerston.

à Ftorenee. Mars. Charles-Albert recommence
la guerre contre l'Autriche. Il est vaincu à No- t853. France.- 30 janvier. Napoléon ÏU épouse
vare (23 mars), et abdique en faveur de Victor- ~a<:6. Ettgéme de Montijo.
Emmanuel qui fMt la paix avec l'Autriche. Soulèvement à Milan. Le, gouvernement
Avril. Les Autrichiens rétablissent la plupart autrichien met la.Lombardie en état de siège.
M~l. Rupture dos relations
des princes italiens dans leurs Etats.
avril. Le général Oudinot débarque à Civdta-
– 25 Russie et ï'ttr~tfte.
diplomatiques entre la Russie et la Turquie.
Vecchia. Siège de Rome, défendue par Gari- Juillet. Entrée des Russes à Jassy. Octobre.
baldi. La ville est prise le 3 juillet restaura- Déclaration de guerre de la Turquie à la Russie.à
tion de Pie IX. 22 août. Capitulation de Ve- Novembre. Destruction de la flotte turque
nise, assiégée par tes Autrichiens depuis près Sinope.
d'un an. Etats-Unis. Présidence du général Pierce, dé-
Etats-Unis. –Présidence du général Taylor, dé- mocrate.
Janvier-septembre.
mocrate. 1854. Russie et Turquie.
15 mars. Adoption de la loi orga- Guerre dans les provinces danubiennes. Siège
1850. France
nique de l'enseignement. Mai. A la suite de de Silistrie. Les troupes russes se retirent
plusieurs élections républicaines, l'Assemblée en septembre. Mars. Traité d'alliance entre
législative vote la loi du 31 mai, qui restreint la Turquie, la France et l'Angleterre. Avril.
le suffrage universel. Juillet. La majorité Bombardement d'Odessa. Août. Prise de Bo-
monarchiste de l'Assemblée, commençant à marsund. Septembre. Débarquement des
craindre un coup d'Etat de Louis-napoléon, alliés en Crimée; le 20, bataille de l'Alma.
institue une commission de permanence pour Octobre. Commencement du siège de Sébasto-
surveillerle président. – 26 août. Mort de Louis- pol. 5 novembre. Bataille d'Inkermann.
Philippe à Claremont. Août et septembre. Italie. 10 décembre. Pie IX publie le dogme
Voyages du président en province; manifes- de l'Immaculée-Conception.
tations bonapartistes. Octobre. Revue de 18b5. Russie et Turquie. Janvier-septembre.
Satory, cris de Vive l'empereur. Le général Continuation du siège de Sébastopol. 2 mars.
Changarnier, commandant militaire de Paris, se Mort du tsar Nicolas; Alexandre 11 lui succède.
prononce nettement contre la propagande bona- Mars. Le Piémont, où Cavour est ministre, se
partiste. joint aux alliés. Juillet-août. Expédition an-
~Me'<fa~M. – Juillet. Guerre dans le Holstein glo-française dans la Baltique. 9 septembre.
entre les Danois et les Allemands; les Danois Evacuation de Sébastopol par les Russes.
sont vainqueurs. L'armée anglo-française passe un second hiver
'S<C[~t7?:M. – Mort du président Taylor; il est
remplacé par le vice-présidentFillmore.
en Crimée.
France. Mai. Attentat de Pianori contre Napo-
)8')t. France. Janvier. Louis-Napoléondestitue léon III. Mai. Ouverture de la deuxième Ex-
le général Changarnier. Mai. Expédition de position universelle, à Paris.
Kabylie, destinée à créer des généraux en vue ~K~e~-re. Janvier. Ministère PaImeMton.
d'un coup d'Elat. Mai-juin. Nouvelles tour- 18a6. France. 16 mars. Naissance du prince
nées du président en province. Juillet. L'As- impérial. 30 mars. Traité de Paris qui met
semblée refuse de réviser la constitution, c'est- fin à la guerre d'Orient.
à-dire de permettre la rééligibilité du président, Suisse. Septembre. Insurrection royaliste à
Neachatel. Conflit entre la Suisse et la Prusse. PrMM. Mort de Frédéric-Guillaume IV. Son
1057. francf. –Juin. Secondes éfectionsau Corps frère Guillaume 1" lui succède.
législatif. Cinq députés de l'opposition sont Russie. 19 février. Ukase du tsar Alexandre II
nommés à Paris. Juin-juillet. Soumission émancipant les paysans russes.
de la grande Kabylie. Etats-Unis. Février. A la suite de l'élection de
Suisse. Le conflit entre la Suisse et la Prusse Lincoln, quinze Etats, sous la présidence de Jef-
est réglé par le traité de Paris (mai). ferson Davis, se séparent de l'Union. Avril.
Etats-Unis. Présidence de Buchanan, démo- Commencement de la guerre entre le Nord et
crate. le Sud.
Chine. Expédition anglo-française en Chine. t86' France. La guerre du Mexique est bUmée
.Me. Mai-décembre. Grande révolte des Ci- par l'opposition.
payes. Angleterre. Mai. Ouverture de la troisième Ex-
1858. France. 14 janvier. Attentat d'Orsini. position universelle à Londres.
19 janvier. Loi de sûreté générale. Italie. Août. Prise d'armes de Garibaldi en
~HyMetve. – Février. Le rejet d'un bill relatif Sicile. Il passe en Italie pour marcher contre
aux réfugiés étrangers amené la retraite de Rome il est vaincu, blessé et fait prisonnier à
lord Palmerston. Ministère tory Derby-Dis- Aspromonte par les troupes de Victor-Emmanuel
raêli. (99 août).
Italie. Novembre. Conflit entre le Piémont et Prusse. Octobre. Ministère de M. de Bismarck.
l'Autriche. 1
États-Unis. Continuation de la guerre civile.
Chine. L'expédition anglo-française aboutit aux 22 septembre. Proclamation de Lincoln émanci-
traités de T~en-tsin, ouvrant la Chine aux étran- pant les esclaves à partir du t" janvier 1863,
gers. moyennant indemnité.
Inde. L'insurrection.des Cipayes est étouffée Mexique.
et fes Négociationsentre le présidentJuarex
dans des flots de sang. 4 août. Le gouverne- puissances alliées. L'Angleterre et l'Es-
ment de Hnde est enlevé k la Compagnie des pagne, ne voulant pas de l'établissement d'un
Indes et transmis à la couronne. empire mexicain, se retirent et laissent la
1859. Frajtc~, 7;a&e, ~M~te&e. Avril. L'Autriche France agir seule.
déclare la guerre au Piémont. Napoléon III, 1863. France. Mai-juin. Elections générales.
attié de Victor-Emmanuel, déclare la guerre Triomphe de l'opposition à Paris et dans quel-
à l'Autriche. La Toscane, Parme, Modène, ques villes.
chassent leurs souverains. Mai. Garibaldi Allemagne et Danemark. Conflit au sujet de
guerroie dans les Alpes lombardes. 22 mai. la succession des duchés de Schleswig-Holstein.
Mort du roi de Naples Ferdinand II François II Pologne. Janvier. Insurrection qui dure toute
lui succède. 4 juin. Bataille de Magenta. l'année, et qui est réprimée cruellement par
Soulèvement de plusieurs villes des Etats pon- Monravien.
tincaux. 20 juin. Sac de Pérouse par tes sol- États-Unis. Continuation de la guerre civile.
data du pape. 24 juin. Bataille de Solférino. Mexique. 17 mai. Prise de Puebla. 8 juin.
It juillet. Paix de Villafranca. La Lom- Prise de Mexico. –10 juillet. Une assemblée de
bardie est annexée au Piémont. Août, sep- notables proclame empereur l'archiduc Maximi.
tembre. Sans s'arrêter aux stipulations de vilia- lien.
franca, la Toscane, Parme, Modène, les Léga-18B4. France. Convention du 15 septembre,pal
tions et la Romagne se donnent à Victor-Em- laquelle la France s'engage à retirer ses troupes
manuel par le vote de leurs représentants. de Rome dans un délai de deux ans. En re-
Angleterre. Ministère whig Russell-Palmerston- vanche, Victor-Emmanuel promet de respecter
Gladstone. le territoire pontifical et de prendre Florence
Russie. Conquêtedénnitive du Caucase, soumis- pour capitale.
sion de SchamyL Italie. Pie IX proteste contre la convention de
~.w<E. Commencement du percement de septembre et lance l'encyclique et le syllabus
nsthme de Suez. (8 décembre).
Etats-Unis. Octobre. Prise d'armes de John Allemagneet Danemark. Février-juillet. Guerre
Brown a Harper's-Feny. dans les duchés danois. Le Danemark doit les
1860. France. Janvier. Traité de commerce avec céder à l'Autriche et à la Prusse.
l'Angleterre. -Mars. La Savoie et Nice cédés à Etats-Unis. Continuation de la guerre civile.
la France par Victor-Emmanuel. Septembre. Novembre. Réélection de Lincoln comme
Expédition de Syrie. Novembre. Expédition président.
de Cochinchine, prise de Saigoun. .Ife-noue. – Juin. Arrivée de Maximilienà Mexico.
Ka~e. Mars. Plébiscite en Toscane et en Emilie, Octobre. Décret de Maximilien ordonnantde
rendant dénnitive l'annexion au Piémont. traiter les défenseurs de l'indépendance comme
Mai. Garibaldi et les Mille débarquent en Sicile. des malfaiteurs.
Septembre. Garibaldi entre à Naples. Les Pié- 1865. France. Progrès de l'opposition républi-
montais envahissent tes Etats pontificaux. La- caine ou libérale. La convention de septem-
moricière est vaincu à Castelfldardo (18 sep- bre a an autre aliéné le haut clergé vives dis-
tembre). Octobre. Le royaume des Deux cussions sur l'encyclique et le syllabus.
Siciles se donne a Victor-Emmanuelpar un vote Allemagne. -Brouille entre l'Autriche et la Prusse
national. Siège de Gaête, où s'est enfermé au sujet de la possession des duchés danois.
François IL Italie. Mai. Transfert de la capitale de Turin
E<ah-t~:M.
– Novembre. Election de Lincoln
commeprésident.Triomphe du parti républicain. Etats-Unis.
à Florence.
3 avril. Prise de Richmond, capi-
Chine. Avril. Nouvelle expédition franco-an- tale de la confédération du Sud. 14 avril.
glaise. Octobre. Pillage du Palais d'Eté. Assassinat de Lincoln. Le vice-président An-
Entrée des alliés à Pékin. La Chine consent à drew Johnson le remplace. Mai. Fin de la
l'exécution des traités de Tien-tsin. guerre civile par la capitulation des dernières
1861. France. Par la convention de Londres armées du Sud. Octobre. Un amendement à
(octobre), la France s'engage à intervenir au la Constitution, abolissant l'esclavage, est adopté
Mexique avec l'Angleterre et l'Espagne. par la majorité des Etats.
.!M<. – Victor-Emmanuel prend le titre de roi Mexique. Des volontaires belges et autrichiens
d'Italie. Juin. Mort de Cavour. viennent renforcer les troupes de Maximilien.
Angleterre. Décembre. Chute du ministère
Résistance désespérée des républicains. Disraeli. Ministère Gladstone.
Le gouvernement des Etats-Unis proteste contre Espagne. Septembre. Révolution qui renverse
l'intervention armée dota France. le trône d'Isabelle. Gouvernement provisoire
1866. Ft'nKce. Avril. Napoléon HIse décide, sur
de Serrano et Prim.
les menaces des Etats-Unis. à retirer Chambre ses trou- Turquie. L'insurrectionCretoise,qui dure depuis
pes du Mexique. Il se forme à la
duquel deux ans, est réduite à l'impuissance.
un parti libéral dynastique à la tête
est Emile Ollivier.
Angleterre. Chute du ministère Russell-Glad-
stone, dont le bill de réforme
,,“
électorale est
Etats-Unis. Procès du président Johnson de-
vant le Sénat. H est absous.
général Grant à la présidence.
Election du

Ministère tory Derby-Disraeli. 1869. France. Mai-juin. Elections générales;


rejeté. –
Agitation des fénians en Irlande. l'opposition l'emporte dans les grandes villes,
cinquièmes du total des suf-
Allemagne et Italie. Mars. Alliance secrète et réunit les deux
entre la Prusse et l'Italie contre l'Autriche. frages exprimés. -Juillet. L'empereur promet
de nouveau des réformes libérales. M. Rouher
Juin. La Prusse déclare la guerre à l'Autriche quitte le ministère et devient président du Sénat.
et à ses alliés allemands, Saxe, Hanovre, Hesse.
L'Italie leur déclare la guerre en même temps. Septembre. Sénatus-consulte introduisant
24 juin. Défaite des Italiens à Custozza. quelques réformes parlementaires.– Novembre.
Elections complémentaires. Rochefort est élu à
3 juillet. Victoire des Prussiens à Sadowa. Paris.
20 juillet. Défaite de la flotte italienne à Lissa. Allemagne. Janvier. Le gouvernement prussien
23 août. Paix de Prague entre l'Autriche et
la Prusse. La Prusse s'annexe le Hanovre, met sous séquestre les biens de l'ei-roi de
le duché de Nassau, la Hesse et Francfort. Hanovre et de l'ex-électeurde Hesse.
L'Autriche est exclue de l'Allemagne. Fon- Angleterre.-Juillet. Acte du Parlement pronon-
la çant le <!MMta&/MA)Me?t< de l'Eglise anglicane
dation de la Confédération du Nord, sous d'Irlande.
présidence de la Prusse. 3 octobre. L'Autri-
che cède la Vénétie à l'Italie par le traité de Espagne. Février. Ouverturedes Cortès consti-
Vienne, contre une indemnité. Décembre. tuantes.-Vote d'une constitution monarchique.
Les troupes françaises évacuent Rome, con- Serrano est chef provisoire du pouvoir exécutif
avec le titre de régent. Juillet. Août. Commence-
formément à la convention de septembre de l'insurrection carliste. Insur-
elles sont remplacées par divers corps de ment
rection des républicains fédéraux à Vaience,
volontaires. comprimée en octobre.
Turquie. Insurrection en Crête.
Etats-Unis Conflit entre le président Johnson, Italie. 8 décembre. Ouverture du concile œcu-
favorable aux sudistes, et le Congrès. ménique du Vatican.
Mexique. Les troupes françaises commencent à 1870. FyaKce. – 2 janvier.Ministère Emile Ollivier.
12 janvier. Grande manifestation populaire

évacuer le Mexique. L'impératrice Charlotte
vient en Europe et y cherche vainement des aux funérailles de Victor Noir, tuéinsurrection- par Pierre
appuis elle perd la raison. Les républicains Bonaparte. Février. Tentatives
reprennent le dessus. nelles dans Paris. –Mars. Procès et acquittement
Pierre Bonaparte. 8 mai. Plébiscite:
186' Ft'aHce. – 19 janvier. Napoléon III concède de 1 500 000 votants se prononcent contre le régime
à la Chambre le droit d'interpellationet annonce Juin-juillet. Conflit diplomatique
des mesures libérales. 1" avril. Ouverture impérial. de la candidature du
de la quatrième Exposition universelle à Paris. avec la Prusse au sujet
prince de Hohenzollern au trône d'Espagne.
6 juin. Attentat de Berezowski sur Alexan-
dre II. Octobre. Nouvelle intervention fran- 15 juillet. La guerre contre la Prusse est votée
çaise en faveur du pape; à Mentana (3 novem- par les Chambres surPremier la demande d'Emile
bre), «tes chassepots font merveille. a Ollivier. 2 août. engagement à
Saarbruck. Défaites de Wissembourg (4 août),
Angleterre. Le ministère tory fait voter lui- août. Mi-
même un bill de réforme électorale. de Wœrth et de Forbach (6 août). 9
Février. Première session du nistère Palikao. Batailles devant Metz (16-
Allemaqne. laisse enfermer. L'armée
Reichstag de la confédération du Nord, élu par 18 août), où Bazaine se
le suffrage universel. Conflit diplomatique de Mac-Mahon, où se trouve l'empereur, cherche
avec la France au sujet du Luxembourg. à rejoindre Bazaine; elle est coupée par l'en-
Autriche. Réorganisation de la monarchie aus- nemi et cernée à Sedan f30 août). Capitula-
tro-hongroise; elle est divisée en deux frac- tion de Napoléon 111 (2 septembre).–Révolution
tions autonomes, Cisleithanie et Transleithanie à Paris à la nouvelle de la capitulation de Sedan
(Hongrie). chute du régime impérial; installation du gou-
Septembre. Grande agitation populaire vernement de laDéfense nationale (4 septembre).
Italie.
en faveur de l'annexion de Rome l'Italie
.EMMcne. – Mai. Espartero refuse la couronne.
Garibaldi est arrêté à Sinalunga. Octobre. Juillet. Le prince de Hohenzollernla refuse aussi,
Expédition de Garibaldi contre Rome. Une à cause de l'opposition de Napoléon III.–16 no-
armée française est envoyée pour défendre le vembre. Le prince Amédée, fils de Victor-
Emmanuel, est élu roi les Cortès. 2S dé-
pape. 3 novembre. Défaite de Garibaldi à par
Mentana. cembre. Assassinat de Prim.
Etats-Unis. Le congrès vote un blâme à l'a- Italie. Juillet. Le concile du Vatican vote l'in-
dresseduprésident Johnson. faillibilité du pape. Les troupes françaises
Jite~MMe. Les dernières troupes françaises se évacuent Rome. – 20 septembre. Rome est oc-
Maximilien, fait prisonnier, est fu- cupée par les troupes italiennes. Décembre.
retirent. italien la translation de la ca-
sillé&Queretaro()9juin). Le parlement vote
Mars. Lois sur la presse, sur pitale à Rome. [Edgar Zevort.]
1868. France.
l'armée et sur les réunions publiques, en exé- MODES.-Grammaire française, XHI. passive, Quelle
cution des promesses du 19 janvier. Publica- que soit la voix que l'on considère, active,
tion de la ~<!m<e)-?:e. – Octobre. Le gouverne- moyenne ou réfléchie, un même temps peut y
ment français refuse d'évacuer Rome.-Novem- passer par des formes diverses qui, sans altérer en
bre. Manifestation sur la tombe de Baudin. rien la significationpropre du v~)e, la présentent
Procès, retentissants plaidoirie de Gambetta cependant sous des aspects différente qui consti-
tuent en quelque sorte autant de manières d'e'h'e
pour Delescluze.
4e cette signification.Les grammairiens appellent constituent, comme nous le disions en commen-
modes ces différents états, et ce terme, mode, dé- çant, antant d'états différents par lesquels peut
rive du latin modus, qui signifie manière. passer, dans chaque voix, la signification du verbe,
On pourrait donc dénnir les modes les différents et, en réalité, autant de manières de conjuguer
états par lesquels peut ~a~ef, dans K't~por/e chaque temps dans ses voix différentes.
quelle voix, la ï~<tt~e~t<tOM du verbe. Il y a, en français, six modes i* lV;td!ea/ où
Mais cette définition, si elle n'était expliquée le fait exprimé par le radical du verbe est pré-
par la pratique de la conjugaison, serait certaine- senté comme certain, positif. Aussi appelle-t-on
ment aussi peu intelligible que le mot lui-même l'indicatif le mode de I'a/ )M<)<OK. Ex.: « Nous
pour la plupart des élèves. L'intelligence des en- avons fini notre devoir et nous ~<Mt/to?M notre le-
fants reste longtemps rebelle aux formules abs- çon. »
traites de sorte que pour se faire comprendre de 2° L'/mpera~'y, oui sert à commander (impe-
ces jeunes esprits, le meilleur moyen est encore rare), & ordonner 1 accomplissement de l'acte ex-
de recourir aux exemples, et, quand on le peut, primé par le verbe. Exemple « jt~xdÏM votre
aux comparaisons les plus familières. Le terme leçon finissez votre devoir.
mode se prête tout naturellement & l'emploi de ce 3° Le Cot<<t(toKMC/, qui, comme nom fin-
dernier procédé. Puisque l'on assimile d ordinaire dique, devrait exprimer que l'actionson marquée par `
les mots à des pfr«M!M!~e~ qui jouent un )'<Me le verbe s'accomplira moyennant certaine condi-
~ans le affale du discours, on pourra dire aux tion. Exemple « T8 deviendrais savant si tu
élèves que le verbe peut jouer, dans chaque voix, étudiais. D Ce mode correspond & celui qu'on
<M: <M~ particuliers, et gue pour représenter ces appelle optatif (optare, souhaiter) dans les
,<tx personnages, il prend cet ma~t~~ d'~re et maires grecques; et par le fait, comme mode,
gram-
suit en quelque sorte des modes dt/en~M, de le conditionnel ne sert jamais qu'à l'expression
m6!ne que nous revetoM des costumes duférents d'un souhait, d'un désir. Ex. « Que je voudrnis
Mion que Nous devons travailler, faire des visites, c~e rtcAe/ ~'e dùirerais <0!<< ~oeo!r/ Dans tous
aller à la chasse ou tt la pêche, etc. Mats, de même tes autres cas, notre prétendu conditionnel n'est
~B'e;orevet<))t CM vêtements divers, nous restons plus qu'un temps, qui appartient au mode indica-
toujours ce que nous étions auparavant, de m~me tif; il sert tout simplement d'imparfait au futur, i'
it signincation propre à chacune des voix du et, en réalité, il est absolument formé comme lui,
verbe ne s'altère point en passant par les modes de l'infinitif et de l'auxiliaire toute la différence
elle ne fait que se présenter dans des états dUTé- consiste en ce que le futur est formé de linfinitif
rents. Examinons, par exemale, les deux phrases. et du~p)-~Mn( de l'indicatif du verbe aM<r, tandis
suivantes t J'ai récité KM leçon, Récitez votre que le conditionnel est formé de l'tmpaf/'a't du
.<<fMt. Dams les deux cas, le verbe réciter a la même auxiliaire. Ex. J'oHMer-a:, /'Ntme~<!M (ais
même signification; dans les deux cas, réciter veut est tiré de avais). Pour se convaincre d'ailleurs
<UM < ''<)M'Ot/Mtre de vive voix un passage appris que le conditionnei n'exprime par lui-même au-
~Mtr c<BMr. B Mais, dans la première phrase, «j'Qt cune condition et peut même s'employer pour
<C<« ma ~:Mt, x il n'y a que l'indication d'un exprimer l'affirmation la plus absolue, il suffit
&it. Celui qui dit a J'a! récité affirme que l'ac- d'introduire un petit changement ~te temps dans
tion de reproduire un morceau de mémoire a cer- cette phrase, qui n'a certainement rien de condi-
~taeMeM< été accomplie. Le verbe se présente tionnel Je vous assure que je reMMdrat fan
<!onc ici au mode indicatif, dont le caractère dis- prochain. » Mettons le verbe assurer à t'tmparfait,
tinctif est l'a/i<mMtft07t positive du fait exprimé et nous serons, en conséquence, forces d'écrire
par le radical du verbe. assurais que je revitndraù l'an pro-
« Je vous
Si l'on me dit au contraire chain. Or ce n'est pas évidemment'te change-
Récitez votre
teeon, B je sens très bien que la signification pro-
ment de temps qui a pu introduire dans cette
pre du verbe n't nullement changé; mais je com-
phrase une idée de condition donc le condition-
prends en même temps qu'elle se présente sous la
nel n'est en réalité ici qu'un temps, c'est-à-dire
forme d'un ordre, d'une injonction à laquelle je
l'imparfait du /~Mr.
4ois obéir; je m'explique en conséquence que 4° Le SM&/o')c<t/ présente l'accomplissement de
cette manière d'être nouvelle sous laquelle le verbe
l'action marquée par le verbe comme subordon-
r~e&ef m'apparalt maintenant, constitue un mode
née à une autre action, c'est-à-dire comme dépen-
particulier,que l'on appelle le mode impératif. du
dant d'une circonstance exprimée dans une pro-
latin imperare, qui sigolne commander. position précédente. Ex. «Le maltre exige
M:M HpprcntOtM nos leçons. Lafnrmation est
Si l'intelligence des étèves restait rebelle à des – o'
explications aussi. familières, il faudrait se rési-
donc loin d'avoir, dans te mode, le même degré
gner,pour le moment, à leur présenter simple-
de force et de certitude que dans l'indicatif. « Le
ment t'énumération des modes. Si, au contraire,
maltre vent que nous <f<HMtHtpt!<, x c'est fort
on les trouvait assez bien préparés par leurs études
bien; mais travaillerons-nous On devra donc faire
-antérieuDiS pour qu'ils puissent comprendre l'ex-
remarquer avec soin la dm'érence qui sépare i'm-
~<Mft/ du subjonctif, en disant que le premier
plication scientifique de la modalité, on leur rap-
petlerait tout d'abord que les mots n'ont pas été
exprime ce qui, en réalité, est, a été, ou sera
îaits d'une seule pièce; que le verbe, en particu-
tandis que le subjonctif exprime ce ~M peut ~{!-c.
lier, s'est formé d'éléments assez nombreux, queA" L'Infinitif s'appelle ainsi parce qu'il présent
l'analyse peut encore séparerdans les plus anciens
la significationdu verbe dans sa généralité )a plusi
idiomes de la famille à laquelle appartient la
indéfinie aussi l'a-t-on souvent comparé à u~
langue française, bien que nous ne distinguions
nom. Certains infinitifs, ii est vrai, sont devenus
plus aujourd'hui, dans les verbes de notre langue,
de véritables noms, comme le savoir, le devoir, etc.
que le radical et tes désinences personnelles. On
L'infinitif cependant se distingue du nom, dans tes
ajouterait ennn que l'idée accessoire qui constitue
cas où un long usage n'a pas amené une assimila-
le mode, était, comme celle du temps, primitive-
tion absolue, en ce qu'il éveitle toujours l'idée d'un
ment exprimée par un suffixe auxiliaire qui, placé
sujet accomplissant l'acte qu'il exprime.'Aussi /<;
à la suite du radical, s'est, avec le temps et sous
dormir et le sommeil sont-ils loin de présenter le
l'influence de l'accent tonique, soudé à ce radical,
meme degré d'abstraction.
ou même confondu avec lui au point de devenir 6° Le Participe, comme son nom l'indique, par-
le plus souven~méconnaissable. (V. Crantman'e
ticipe de la nature du verbe et de l'adjectif. Il
comparée, pagr890.) On démontrerait ainsi, tient du verbe en ce qu'il peut avoir, comme lui,
par des preuves irrécusables, que les modes un sujet et un complément, et concourir à la for-
mation de propositions absolues; il tient de l'ad- ou 30 jours environ, on adopta tout naturellement
jectif en ce qu'il s'emploie comme lui pour expri- cette période, et on évalua la durée du temps par
mer certaines manières d'être. Cette double nature le nombre de ces périodes, commefont les sauvages
du participe en fait un terme très original, et, à de l'Amérique qui comptent encore aujourd'hui par
ce titre, il a été regardé à bon droit comme une lunes, en disant que tant de lunes se sont écoutées
des parties du discours. depuis tel événement, ou qu'une chose aura lieu
Exercices. Un moyen excellent de faire con- à la première, à la seconde lune, etc. Telle est l'o-
stater par les élevés les différences qui caracté- rigine du ntott elle peut encore s'appuyer sur des
risent les modes, c'est de leur donner, comme preuves étymologiques.
exercices, des morceaux à <)'aK!~ofm< c'est-à- En effet, les mots grecs ménè,Inné, et m~, mois,
dire, à changer de telle sorte que les verbes pas- sont évidemment dérivés l'un de l'autre; de là
sent successivement d'un mode à un autre. Nous encore vient le mot latin mens-is, qui, se trans-
allons en donner quelques exemples. formant peu à peu dans le langage populaire de
Le maitre commence par dicter à ses élèves le nos ancêtres, devint d'abord mens par la chute de
morceau suivant la terminaison is, puis mès, usité encore aujour-
« Mon cher enfant, tu ysr~eras toujours la plus d'hui dans certains patois, et enfin mois par le
grande circonspection à l'égard d'un chien qui te changement de son de la voyelle e. Cette parenté
semblerait présenter les symptômes de la rage. entre les noms du mois et de la lune se montre
Quand une personne aura été mordue, tu emploie- aussi dans l'allemand, qui possède mond, lune, et
) <M immédiatement les moyens suivants tu ~?'e?:- monat, mois, et dans l'anglais où l'on trouve moon,
f<)'asun fer qui puisse pénétrer dans toute la pro- lune, et month, mois.
fondeur de la plaie; tu le rougiras dans un feu La durée de la période des phases de la lune étant
ardent tu /aM''a's la plaie avec de l'eau froide et de 29 jours et demi environ,les mois lunaireseurent
salée, tu en recouperas les bords, et tu la sècheras naturellement29 et 30 jours. Comment donc est-
soigneusement;tu cautériserasprofondément avec on arrivé aux mois actuels dont les uns ont 31 jours,
le fer rougi à blanc et tu M/~M même les chairs les autres 30, et parmi lesquels un a seulement 28
au delà de la partie qu'a atteinte la morsure. et quelquefois 29 jours? C'est ce qui a été expliqué
Ce morceau se prête à diverses transformations aux articles Calendrier et Ere.
de modes. On peut, en effet Le mois des Grecs était divisé en trois parties
ID Faire remplacer la deuxième personne du égales nommées décades, du mot déca qui signifie
singulier du futur de l'indicatif par la même per- dix; dans les mnis de 29 jours ou mois caves (par
sonne du présent de l'impérati f. Exemple opposition aux mois pleins, qui avaient 30 jours), la
« Mon cher enfant, garde toujours. emploie. troisième décade n'avait que 9 jours. La première
prends. etc. » décade s'appelait décade du mois commenrant; la
2° On peut faire mettre les verbes à la deu- seconde, décade du mois dans son milieu la troi-
xième personne du pluriel du même temps sième, décade du mois finissant. On indiquait le
« Mes chers enfanta, gardez toujours. em- jour du mois par le rang qu'il occupait .dans une
ployez. prenez. etc,p décade mais dans la troisième, les jours se comp-
3° On pourra ensuite faire mettre les verbes au taient à reculons ainsi, le « troisième jour de la
mode conditionnel. Ex. a Mon cher enfant, tu décade du mois finissant était le vingt-huitième
devrais garder. tu emploierais. etc. » jour des mois pleins, le vingt-septième des mois
Quand une petite modification est nécessaire, caves. Le premier jour du mois s'appelait noMM~
comme dans l'exemple précédent ou dans le sui- nie, c'est-à-dire nouvelle lune.
vant, le maître l'indique en donnant le devoir. Il La nomenclature des noms donnés aux mois
peut même faire modifier l'exercice de vive voix. grecs est trop peu utile pour qu'elle ngureici; pax-
4° On pourra faire passer l'exercice précédent sons immédiatement aux mois du calendrierromain.
au mode subjonctif, en introduisant il faut, il Selon la tradition, Romulus établit une année
est Ti~CMMM-e,il est utile. avant les verbes qui de dix mois lunaires et les désigna d'abord par leur
sont au futur. rang: premier MOM, deuxième mois, etc. Mais
Ex. « Mon cher enfant, il faut que tu gardes. bientôt après il donna au premier le nom de
Il faut que tu emploies. il est nécessaire que tu Martius (mars), en l'honneur de Mars, le dieu de
MM:.MM. il convient que <MrOM~t~M.x » la guerre, dont il se disait le fils. Le second reçut
A" En mettant les verbes des propositions prin- le nom d'Aprilis (avril), qu'on tire du verbe latin
cipales à un autre temps du mode indicatif ou du aperire, ouvrir, parce que c'est l'époque où la
conditionnel, on pourrait exercer les élèves sur la terre s'entr'ouvre en quelque sorte pour la germi-
concordance des modes. nation et la végétation des plantes. Le nom de
Exemple « Si une personne était mordue, il Maius (mai\que prit le troisième,vient, dit-on, de
faudrait que tu employasses. il conviendrait la déesse Ma!a, mère de Mercure; le quatrième
que tu saisisses. » prit le nom de Junius (juin) en l'honneur de Junon,
Tous les morceauxne se prêtent pas indifférem- la reine des dieux. A partir de juin, les mois étaient
ment à toutes ces transformations. Le maitre, en désignés par leurs numéros d'ordre le cinquième
faisant lui-méme les modifications avant de don- s'appelait quintilis, le sixième sextilis, le septième
ner le devoir, se rendra compte des difficultés september, le huitième october, le neuvième no-
qu'elles présentent, et pourra, s'il y a lieu, lever vember, le dixième december.
tous les obstacles en faisant exécuter ~e u~e t)OM! L'année de Romulus s'accordait trop peu avec
les transformations qui lui sembleraient devoir l'année solaire pour qu'on n'éprouvât pas bientôt
embarrasser les élèves. [C. Rouzé.] la nécessité de corriger ce grossier calendrier.
MOIS. Connaissances usuelles, VIII. La Aussi Numa ajouta-il deux mois à l'année, en les
première unité que les hommes durent employer plaçant au commencement, avant les dix autres
pour évaluer la durée du temps fut le jour, c'est- auxquels il conserva tours noms, de sorte que le
à-dire l'intervalle qui s'écoule entre deux levers dernier s'appela toujours december, quoiqu'il fut
consécutifs du soleil (V. Jour). Ils ne tardèrent désormais le douzième.
pas à sentir le besoin d'une unité plus grande, Le premier des deux mois ajoutés fut nommé
pour dos intervalles de temps plus considéra- Januarius (janvier),de Janus, le dieu à deux faces,
bles ce fut encore dans le ciel qu'ils la trouvè- parce qu'il semblait, comme ce dieu, regarder d'an
rent. Les changements d'aspects de la lune frap- coté l'année qui finit et de l'autre l'année qui
paient l'attention de tout la monde; en tes voyant commence. Le second reçut le nom de Februnrius
s'accomplir régulièrement dans une durée de 29 (février), du mot februa, sacrifices expiatoires,
parce que c était dans ce mois qu't'tnicntcélébrées élévation, un sublime qui sont restés sa marque
tes fêtes expiatoires en t'hotmeur des morts. Comme propre, ainsi Molière, laissé plus libre dans son
les douze lunaisons équivalent 35t jours, Numa œuvre, a donné à la comédie française classique
donna un jour de plus à l'année, car nn nombre une forme, une allure, un esprit qui font de lui
pair était regardé comme funeste. Sous ('influence un créateur.
de cette idée, les mois eurent alternativement des Il faut dire au moins un mot de :'homme. C'est
nombres impairs de jours, 2!) et 31 février, à cause la figure la plus sympathique de tout le xvtt* siè-
de son caractère funèbre, conserva le nombre cle je n'en excepte pas La Fontaine, qui avait
pair 28. un peu trop d'abandon moral. On sent en lisant
Le premier jour du mois était désigné par le Molière qu'il avait pour le vice, la bassesse, la
nom de calendes, d'un verbe co~at'e qui signifie ap- tyrannie ces haines u~oMt'e~~ qu'il a mises au
peler, parce que c'était ce jour-là que les prêtres cœur de son Alceste. Cela était assez rare alors.
annonçaient les fêtes du mois au peuple réuni. Il est né à Paris (t62t), il y est mort, à peine
Les calendes ne se trouvent que dans le calendrier âgé de cinquante et un ans; mais il n'y a pas passé
romain de là vint le proverbe « renvoyer aux M- toute sa vie, ce qui fut pour lui, poète comique,
lendes grecques, » c'est-à-dire à une époque ima- un grand avantage. On sait, en effet, que vers
ginaire, comme on dit quelquefois la semaine des l'âge de vingt à vingt-deux ans, après do fort so-
trois jeudis. lides études, il fut pris d'une vocation irrésistible
Deux autres jours, celui des nones et celui des pour le théâtre, essaya de tenter la fortune à Pa-
ides, divisaient le mois romain en trois parties iné- ris même, avec une troupe formée par lui, et
gales les nones arrivaient le 7 et les ides le 15 n'ayant pas réussi, se mit à courir la province.
dans les mois de mars, mai, juillet et octobre, le Cette vie aventureuse et souvent misérable eût
5 et le 13 dans les autres. sans doute été la perte d'un esprit médiocre, pour
Les Romains ne comptaient pas les jours du mois lui, ce fut un stage fécond, la préparation la plus
dans le même ordre que nous, mais en sens inverse. efficace qu'il y eût. Si les vices, les travers, les
Ils les désignaient parle rang qu'ils occupaient avant ridicules sont la matière indispensable de la
le jour des nones, des ides, puis des calendes du comédie et la proie même du poète, c'est en pro-
mois suivant. Par exemple le premier jour d'avril vince que la chasse est le plus facile et le plus
s'appelaitles calendes d'avril le 2 avril était le 4 abondante. Les provinciaux sont sujets à se don-
des nones d'avril, le 3 avril était le troisième jour ner plus volontiers en spectacle ils s'étaient da-
des nones, le 4 avril était le deuxième jour des vantage, ils ont le ridicule plus expansif, les
nones, le 5 s'appelait les nones d'avril. Venait en- prétentions de tout genre plus accentuées. Il fit
suite la période des ides: le 6 avril était le hui- donc là sa première moisson d'originaux mais ce
tième jour des ides d'avril, le 7 avril était le ne fut qu'a Paris qu'il mit en œuvre ces trésors
septième jour des ides, le 8 avril le sixième jour accumulés. H est fort probable que dans ses pé-
des ides, et ainsi de suite jusqu'au 13 avril, date régrinationsil écrivit pour sa troupe plus d'une
à laquelle tombaient les ides en ce mois-là. Enfin comédie plus ou moins au pied levé on a con-
venait la période des calendes, dont les jours, servé quelques titres de .ces essais informes en-
comptés d'après leur distance des calendes du core mais en réalité, dans cette première partie
mois suivant, s'appelaient dix-huitième jour des de sa vie qui va au moins jusqu'à trente-cinq ans,
calendes de mai (14 avril), dix-septième, seizième Molière est surtout chef de troupe et acteur. Il
jours des calendes de mai (15 et 16 avril), etc., ne devient auteur, sans cesser d'être comédien,
Jusqu'au 1" mai, jour des calendes. que vers 1658, l'année où it donne sur un théâtre
La réforme apportée au calendrier par Jules de Paris sa pièce des Précieuses ridicules. On
César a été expliquée au mot CalendrIer, ainsi raconte qu'à la première représentation,un vieil-
que l'origine des noms de juillet et d'ac: donnés lard se leva au milieu du parterre et s'écria
aux deux mois Quintilis et Sextilis. K Bravo,
Molière courage. Molière 1 Voilà enfin
Le jour supplémentaire qui fut alors ajouté à la véritable comédie 1 » Anecdote suspecte, et en
chaque quatrième année fut placé dans le mois de tout cas, ce vieillard eût bien restreint le génie de
février et intercalé entre le 5 et le 6 des calendes Motièro. La pièce des Précieuses ridicules, si
de mars (?4 et 25 février), jour anniversaire de charmante qu'elle soit, n'est après tout qu'une
l'expulsion du dernier roi de Rome mais pour ne pièce d'actualité, la satire d'un ridicule de la modo
pas changer le nombre pair 28 attribué au mois dans un certain monde. Il devait aller bien
de février, le jour intercal4 fut appelé deuxième au delà.
six des calendes de mars, en latin bissextus calen- On sait de quel poids était alors le jugement de
darum Jfar<H de là vint l'épithète de bissextilis, la cour sur les œuvres d'art quelles qu elles fus-
bissextile, donnée à l'année de 366 jours. sent c'était la cour qui faisait les réputations.
La réforme grégorienne, au xvr siècle, n'a Il n'y avait pas bien longtemps que la société
rien changé aux noms ni à l'ordre des mois. suivait les représentations dramatiques, grâce à
En 17!)3, la Convention nationale, en donnant à l'exemple donné par Richelieu, qui persuada au
la France un nouveau calendrier,enleva aux mois roi Louis XIII qu'il devait montrer comme son
leurs nom traditionnels, pour y substituer des ministre un intérêt particulier pour tout ce qui
noms nouveaux, dus au poète Fabre d'Eglantine touchait le théâtre. Le roi rendit même un édit
(V. Calendrier). Ce calendrierfut mis en vigueur en faveur des comédiens, défendant expressé-
le 24 octobre 1793 mais on lui donna un effet ment que leur profession put leur porter préju-
rétroactif, en faisant commencerla première année dice dans le commerce public et leur être impu-
de l'ère républicaine au 22 septembre 1792. Il fut tée à blâme en quoi que ce fût. On ne voit pas
aboli par Napoléon en 1805. que l'Eglise ait protesté alors contre tant d in-
[G. Bovier-Lapierre.] dulgence, elle qui se montra si sévère plus tard.
MOÏSSON. – V. Céréales. Mazarin aimait aussi le théâtre, mais il préfé-
MOLIÈRE. Littérature française, XII. rait la comédie,ou plutôt la farce, à la tragédie.
Le plus grand nom peut-être des lettres françai- C'est lui qui iastalla en France les Italiens,
ses, l'écrivain que Sainte-Beuve eût proposé de troupe bouffonne qui fut toujours la plus riche-
députer à un congrès des génies de tous les peu- ment subventionnée, jusqu'au jour où le roi
ples pour représenter la France. De même que Louis XIV, devenu vieux, chassa ces étrangers.
Corneille a créé chez nous cette forme de l'art que C'était donc comme une tradition établie, que
l'on appelle la tragédie et lui a donné, malgré les le roi se déclarât le protecteur des auteurs et
étroitesses de tout genre qu'il lui fallut subir, une acteurs dramatiques. L'Me dos troupe* avait le
titre de troupe du roi, comédiens ordinaires de l'avons dit, acclimata à la cour les bouffonneries
Sa Majesté, et était subventionnée d'une façon de son pays. Ajoutons notre Tabarin, et si l'on
si exiguë, sept ou huit mille livres, qu'elle avait veut encore, notre Scarron dont la comédie bur
grand besoin des contributions volontaires du bon lesque (Don Japhet af'~t'tK~Kte) n'est pas si mépri-
public pour pouvoir subsister. sable.
A partir de 1660, le roi Louis XIV témoigna de Les éléments de l'oeuvre de Molière se compo-
l'intérêt a Molière c'était juste, c'était marque sent de ce fond éternel de vices, de ridicules, de
de goût. On a singulièrementexagéré cette protec- travers de tout genre qui constituent la nature
tion, jusque-la qu'on a prétendu qu'un jour le humaine, et qui se manifeste par des formes di-
roi, pour venger Molière des dédains de quelques verses suivant les mœurs de chaque pays et d'i
officiers de sa maison, fit asseoir le comédien à sa chaque époque. Donc deux parties dans 1 œuvre
table et le servit de ses propres mains. Cette anec- l'une qui est l'accessoire, la peinture de la société
dote, relatée pour la première fois par M°" Cam- avec ses usages, ses goûts, ses idées, son train
pan en 1824, n'a aucun fondement sérieux, et de ordinaire, ce qui fait enfin qu'extérieurementpourL-
plus elle est en opposition formelle avec les rè- ainsi dire, un homme duxvn* siècle ne ressembla
gles les plus élémentaires de l'étiquette suivie à pas à un homme du xtx'. Cette partie, bien quu
la cour du roi qui eut l'honneur de servir de secondaire, offre un grand intérêt, et elle eut
modèle à Napoléon I" quand celui-ci voulut ren- offert chez Molière un intérêt tout-puissant, si le
chérir sur les splendeurs dont les monarques poète eût été plus libre. Que de vices, de préju-
aiment à s'entourer. La protection de Louis XIV gés, d'iniquités, d'abus de tout genre, qui étaientc
fut cependant réelle. D'abord, il accorda une sub- pour ainsi dire la société eUe-même, et dont ];t
vention à Molière puis il montra hautement en peinture lui était interdite Il a osé montrerl'hypo-
toute occasion que les pièces de Molière et son crite de religion, mais il n'a pas osé dépeindra
talent de comédien avaient l'heur de lui plaire le courtisan, si ce n'est en passant, et à la légère.
ce qui détermina les courtisans, en gens bien Il n'a pas parlé du traitant, du magistrat, de tanti
appris, à applaudir le poète acteur de leur mieux; d'autres, qui étaient comme les ressorts d'une
enfin, dans certaines circonstances où le génie de société fondée sur des institutions que nul n<'
Molière essayait de sortir du cadre un peu étroit songeait à examiner. Ce qui l'a attiré, ce que son
des libertés permises et de mettre sur la scène génie a saisi et rendu avec une incomparablu
des originaux redoutables, l'hypocrite de religion, puissance~ c'est cette partie de t'œuvre qui a pour
l'immortel Tartuffe, le roi, jeune alors et non but non la peinture des mœurs du jour, partie
encore troublé et ravalé par des terreurs dévotes, éphémère et périssable, mais ce que l'on peut
donnait au poète l'autorisation de faire jouer appeler la partie éternelle, impérissable, 1.~
(après quelques hésitations) la comédie que le peinture des caractères. L'homme du xvu* siècle,
crédit des amis de Tartuffe a fait si souvent inter- il l'a montré; mais il a surtout étudié et montra
dire. Il est regrettable qu'à la mort de Molière l'homme, il a pénétré ce fond invariable et mys-
le roi ne soit pas intervenu d'une manière plus térieux qui se retrouve sous toutes tes différences
directe et plus courageuse pour assurer à ce grand de costume, de langage, de mœurs, etc., etc.
homme des obsèques dignes de lui. Il fut enseveli Cette conception de l'art, c'est-à-dire la pein-
à la dérobée, de nuit. Le génie du poète n'avait ture de ce qu'il y a de plus général dans la na-
pu sauver le comédien. Disons à l'honneur de ture humaine, détermina la forme de l'art créée
Boileau que, le seul à peu près de tous les gens par Molière, ta comédie dite classique. On sait.
de lettres, il eut le courage de protester contre avec quelle rigueur jalouse et inflexible les divet-
cette inhumation furtive ses classes de la société étaient séparées les une~
des autres il en fut de même dans les genres
Avant qu'un pen de terre obtenu par prière littéraires. Ils ne devaient sous aucun prétexte se
Pour jamais sous la tombe eût enfermé Molière.
(Épître à Racine.) confondre les uns avec les autres. Qu'on lise avec
quel soin Boileau, le législateur du Parnasse,
C'est lui aussi, dit-on, qui eut la hardiesse de marque les barrières qui les séparent. La comédie
dire un jour à Louis XIV, qui lui demandait quel forma donc un genre bien distinct, et surtout.(.
était le premier poète de. son règne « C'est Mo- bien à part de la tragédie. La tragédie prenait se,
lière. Cela surprit fort le roi. qui ne voyait guère personnages dans le monde des rois, des héros,
en Molière qu'un amuseur supérieur aux autres. des princes; la comédie prit les siens dans lu
Ce n'est guère le lieu de parler ici avec quel- monde de la bourgeoisie la tragédie prenait ses
ques détails de la vie privée de Molière. Elle est sujets dans les grands intérêts et les passions
peu connue d'abord, nul homme n'était moins en d'ordre supérieur, la comédie se renferma dans
dehors, jusque-là que nous n'avons pas une ligne les événements qui composent le train ordinaire
de son écriture ensuite, il faudrait discuter et de la vie moyenne, surtout le mariage; enfin, la
réfuter, documents en main, les calomnies que tragédie avait le ton et le style sublimes, la co-
les amis de Tartuffe ont semées et sèment encore médie eut un langage familier, simple, naturel.
contre ce grand homme, qu'ils ont accusé, par C'est une étrange difficulté, disait Molière, que
exemple, d'avoir épousé sa fille. Cela donne une de faire rire les honnêtes gens; et tous les criti-
idée du reste. Molière était bon, généreux, ser- ques de quelque poids, à commencer par Horace.
viable. Il encouragea, aida à ses débuts Racine, estiment que les difficultés du genre ne le cèdent
qui ne le lui rendit guère, il honora hautement en rien à celles qu'offre la tragédie.
Corneille qu'on négligeait, et lui paya deux mille Voici comment procède Molière.
livres pour~a, pièce médiocre en somme. )I choisit un des travers, des ridicules, des vices
Ce qu'était la comédie avant Molière, on l'aura de la nature humaine, soit l'avare, l'hypocrite, le
bientôt dit. Corneille avait donné l'admirable mo- bourgeoisvaniteux, le malade imaginaire, la femme
dèle du ~e~Mr, spécimen du comique noble, pédante ce sera son personnage principal, le
emprunté à 1 Espagne, mais qui ne détermina pas centre même de t'œuvre. Il groupe autour de eu
un mouvement chez nous. Quelques pièces gaies, personnage les personnages secondaires, destinés
amusantes, composées surtout de scènes facétieu- soit à collaborer au but que poursuit le premier,
ses, sans liaison et sans composition, comme les soit à le combattre. Delà l'action, ou la lutte. Une
D'OM Oronge.de Bois-Robert Jes~ts:'o?:Kf) M'es de Des- partie des acteurs du drame seconde les desseins
marets, bref, à peu près rien. Ce qui était seul annoncés dès le principe par le héros, l'autre par-
vivant et prospère, c'était la farce les Italiens tie fait tous ses efforts pour les faire échouer. 11
nous avaient transmis ce goût, et Mazarin, nous s'agit presque toujours d'un mariage. L'avare, le
bourgeois vaniteux, le malade imaginaire, l'enti- étendaient la condamnation à d'autres pièces en-
ché de dévotion, tous dominés par une passion core ou à des parties de pièces. li faut savoir gré
égoïste et tyrannique, ne poursuivent qu'une à Molière de n'avoir point voulu sacrifier cet élé-
chose, de sacrifier leur fille a un épouï qu'elle ment comique: il a sa place dans l'art, qu'on ne-
n'aime pas, elle, mais qui leur convient, à eux, doit jamais borner. Il y a dans toutes les littéra-
parce que cette union les accommode la pé- tures des chefs-d'œuvre qui touchent au burlesque,
dante est bien aise d'avoir un pédant pour gen- ou tout au moins au bouffon. Aristophane et Plaute
dre, le malade imaginaire d'avoir un médecin tou- chez les anciens, et sans aller chercher si foin,.
jours sous la main, l'avare de se débarrasser de sa notre littérature nationale du moyen âge doit s~
nl)e sans donner de dot. Le conflit s'engage donc supériorité bien plus à l'élément comique qu'a ce&
entre ces tyrans, ces oppresseurs, d'une part, et longues et souvent fastidieuses épopées que nous.
de l'autre les victimes si intéressantes qui ont nous efforçons d'admireraujourd'hui.Nos fabliaux,
pour elles les droits de la jeunesseet de l'amour. le roman de Renart, certaines tdenoa farces,
Les moindres incidents mettent en reliefla passion comme celle de Pathelin, l'incomparable bouffon-
dominante du tyran ou son ridicule à qui il est nerie semée par Rabelais dans son Pantagruel,
prêt à tout immoler. Arguments des personnes voilà les autorités sur leapuellea Molière pourrait
raisonnables, supplications des victimes qui se s'appuyer s'il en avait besoin.
débattent, plaisanteries et railleries des person- On ne voit pas d'ailleurs que les contemporains
nages secondaires, notamment des braves ser- aient été aussi difSeites que Boileau mais c'est te
vantes, les Nicole, les Dorine, les Toinon, tout gros public, dit-on, le peuple, les habitués des.
contribue à nous présenter sous tous les aspects tréteaux et de Tabarin. Bien d'autres, j'imagine,
<*os originaux dont la plupart sont devenus des se rencontraient volontiers avec les spectateurs.
types et qui personnifient quelqu'une de ces qu'on affectait de mépriser. Ce qui est certain,
maladies morales que la comédie a pour but de c'est que Molière était loin de dédaigner les suffra-
peindre. ges qm venaient de ce côté, et a'il faut tout dire,
On a blâmé souvent les dénouements de Molière, c'étaient ceux qu'il préférait. Le bon goût, tu le
et non stns raison; lui-même semble y attacher vrai goût, répétait-it, tient encore au parterre, qui'
peu d'importance. Ils sont le plus souvent invrai- lui du moins est sincère et indépendant. Les cour-
semblables, ou arrivent un peu à la diable. Le tisans riaient et applaudissaient sur commande,.
dénouement heureux ou le mariage était imposé quand le roi les y autorisait et pour plaire au roi
au poète par la loi du genre; il a subi cette loi. les gens qui avaient donné leurs quinze sous pour
Mais il savait bien, ce grand observateur, que les s'amnser librement, en prenaientpour leur argent
choses ne se passent point ainsi dans la réalité, sans recevoir de mot d'ordre de personne.
que les passions absolues et tyranniquesdont sont Si l'on ne craignait de dépasser tes limites de
possédés les Harpagon, les Orgon, les Argan cet article, qui ne peut être qu'un résumé, on
mêmes, ne cèdent jamais et accomplissent leur traiterait la question de la morale dans le théâtre
œuvre, qui est de se satisfaire coûte que coûte, de Molière. Elle a été fort attaquée et par des ar-
de tout immoler à elles-mêmes; -qu'elles ont dans guments qui n'étaient pas, il t'en faut, bien con-
eo combat,qui est l'action du drame, toute la force vaincants, s'ils étaient sincères. Bossuet, qui garda
de leur coté, et ces droits invincibles dont la so- le silence tant que Molière vécut et plut au roi,
ciété arme les pères, qu'enfin le plus souvent découvrit vingt ans après la mort du poète une
elles écrasent, anéantissentla résistance des op- foule d'infamies dans ses pièces; J.-J. Rousseau
primées. Ce spectacle, on ne pouvait le montrer prétendit que Matière avait voulu dans son Misan-
aux yeux, il n'eût pu être supporté. Molière a thrope rendre la vertu ridicule. Je ne parle pas-
donc sacrifié la réalité à ces protestations de la de ceux qui dans tous les temps ont essayé de
conscience que l'injustice dans la violence sou- faire expier au poète le Tartuffe et le Don Juan.
lève en nous, mais sans se dissimuler que ces L'auteur comique n'est pas un moraliste de~
tyrans, vaincus sur la scène, ne l'étaient jamais ou profession il laisse cette tâche aux prédicateurs.
presque jamais dans la vie réelle. C'est parla que tl n'agit sur les âmes que par des impressions, et
son teuvre, si vraie dans la peinture des caractè- la sphère de son action même est dans le monde
res, ne va pas jusqu'à rendre la conclusion su- idéal.
prême qui est la peinture de la réalité sociale, ce L'oeuvre de Molière, prise dans son ensemble,
qui n'est p~s d'ailleurs le but du poète. est saine. Elle fait hair les oppresseurs,les tyrans.
Cette partie de l'œuvre de Molière appartient à de la volonté qui immolent tout à leur passion
ce que l'on est convenu d'appeler le eomique unique; elle apprend à rire des exagérés, quand:
noble elle obtenait presque sans restriction l'as- ils sont inoffensifs et simplement ridicules. Elle
sentiment de Boileau. prêche le bon sens, la,douceur, l'humanité, tout ce
que les avares, les hypocrites, les vaniteux, les.
C'est par là que Molière, illustrant ses écrits, maniaques oublient et persécutent. Ce n'est pas.
Peut être de een art ent remporté le prix. là toute la morale, mais ce n'est pas non plus si
Mais il y en a une autre, que le sévère critique peu de chose.
et les juges plus ou moins délicats ne pouvaient La gloire de Molière a été toujours en grandis-
admettre. C'est celle qu'ils désignaient sous le sant. D'autres, parmi les plus grands, ont subi des-
éclipses, lui
nom de comique bas. Achevons en effet la cita- dans l'admiration des hommes.
s'est élevé sans cesse de plus en plus-
tion de Boileau; il nous apprendra quels étaient Au xvm* siècle,.
les scrupules et les dégoûts de certains critiques. l'Académie, regrettant qu'il n'ait pu compter parmi
Molière, dit-il, eût remporté le prix de son art, ses membres, donna du moins 1 hospitalité à son
buste, avec cette inscription du poète Saurin
Si, moins ami du peuple, en ses doctes peintures
11 n'eût fait trop souvent grimacer les figures, Rien ne manque à sa gloire il manquait à la nôtre.
Quitté pour ie bouffon l'agréable et le fin, Les étrangers, sauf certains critiques allemands,
Et sans honte à Térenee aliié Tabarin. proclamèrent sa supériorité. Gœthe avait pour lui
Dans ce sac ridicule où Scapin 1 enveloppe, el
Je ne reconnais plus l'auteur du Misanthrope. la plus vive admiration. Les Anglais n'hésitent
pas à le mettre à côté de leur Shakespeare. Au
Le comique bas, c'est Monsieur de PûM'OMU~nac, xvm* siècle, l'Italien Goldoni s'honorait de se dire
les Foxr&ertM de Scapin, une bonne partie du un de ses humbles disciples. On sait enfin que.
.~</ae~ imaginaire et du BoMf~eo~ gentilhomme, la France lui a enfin élevé une statue, en face de
.S~aMwc~, etc. Les gens de bonne compagnie la maison où il est mort, et un tombeau. Depuis
-quarante ans, ses œuvres ont été l'objet d'ihnom- La bouche, située au milieu des bras, est en-
brables études; l'admiration, on pourrait dire .ourée d'un repliLes circulaire cutané, formant une
lèvre. mâchoires très développées
t'amour public, ne se lassent pas. Le xix" siècle ;orte de d'un bec de perroquet renverse.
.semble vouloir payer au grand poète la dette que )nt la forme de bec très puissant que les
ses contemporains du grand siècle[Paul n'ont acquittée ~'est au moyen ce
Albert.] céphalopodes déchirentleur proie, et nor. avec les
.qu'en partie. leurs bras et qui ne ser-
MOLLUSQUES. Zoologie, XXVIII. L'em- ventouses qui tapissent maintenir. Outre les
branchement des Mollusques comprend des ani- vent qu'à la saisit- et à la
mâchoires, la bouche présente une masse buccale
;maux mous, caractérisés par un système nerveux sept rangées de cro-
;formé d'un double collier œsophagien sans chaine ,rès développée armée de
râpe linguale des Céphalo-
ventrale, et par un système circulatoire incom- :hets et analogue à la
,plet, lacunaire. phores.
Il peut se diviser en sept grandes classes les Les Céphalopodes, à l'exception du nautile, ne
rudimentaire
céphalopodes, les Céphalophores, les Solénoeon- possèdent qu'une coquille interne
ques, les Lamellibranches, les Brachiopodes, les ou nulle.
Bryozoaires et les Tuniciers. Leur peau lisse est munie de cellules à pigment
donné le nom de cAro-
Les trois dernières classes renferment les ani- variable et auxquelles on a
maux les moins élevés de l'embranchement des ma<op/;0)'M.
Mollusques. Le système nerveux typique so réduit Ces chromatophores, disposés sur des plans dif-
à un seul collier chez les Brachiopodes et Tuni- a un férents, sont des cellules contractiles contenant
seul ganglion chez les Bryozoaires et les des granules pigmentaires, toujours d'une cou-
ciers. Ces trois classes sont réunies ensemble leur uniforme dans chacune d'elles, et produisant
pour former le sous-embranchement des Mollus- des taches rouges, brun jaunâtre, bleues ou vio-
.coîdes, les quatre premières formant le sous- lettes, qui, suivant que les cellules sont dilatées
embranchementdes Mollusques proprement dits. ou contractées,plus s'étendent plus ou moins et sont
ou moins foncée. Ce sont ces
Céphalopodes (Classe des'Les Céphalopodes, contractionsd'une nuance
dilatations alternantes et par
dont les types bien connus sont le Poulpe, le Cal- et
organisation groupe, qui produisent remarquables varia-
mar, le Nautile, occupent, par leur tions dans la couleur de
ces
la peau des Céphalopodes
élevée, le premier rang parmi les mollusques. puissamment à échapper à leurs en-
Ils ont un corps parfaitement symétrique, et et les aident
nettement divisé par un étranglement en deux nemis. Au-dessous de ces chromatophores placés
;parties, l'une, la tête, portant huit ou dix bras bien sous la volonté de l'animal, il existe encore une
développés, l'autre, le tronc, dans lequel se trou- couche de petites paillettes brillantes, qui don-
à la peau son éclat chatoyant et argenté.
vent renfermés les viscères. Le manteau, fixé à nent A l'intérieur, les Céphalopodes sont pourvus
l'animal sur la face dorsale, forme à la face ven- cartilagineux, l'on compare
trale une grande cavité palléale, divisée en deux d'un squelette interne
que
vertébrés. Ce
a sa partie inférieure, au moyen d'une membrane souvent au squelette
des
squelette sert à protéger les centres nerveux très
musculaire.
De cette cavité palléale fait saillie sur la ligne condensés chez ces animaux, et à fournir des
L'appareil digestif
médiane une sorte de tube, l'entonnoir,. qu'on points d'attache aux muscles. œsophage dans lequel vien-
considère comme l'analogue du pied chez les se compose d'un longpaires de glandes salivaires.
autres mollusques. C'est un tube cylindrique ré- nent déboucher deux
tréci en avant, fendu en dessous chez le nautile, Chez les Octopodes, l'oesophage présente un élar-
assez considérable auquel on donne
le
et dont la base très large est en communication gissement des parois
directe avec la cavité palléale. nom de jabot. L'estomac, arrondi,plis a
longitudi-
A l'intérieur de cette cavité se trouvent deux épaisses offrant à l'intérieur des
dont la surface naux. Au point où il se continue avec l'intes-
ou quatre branchies lamelleuses, pénétrant
-est baignée par un courant d'eau, par la tin, se trouve un vaste cœcum en général con-
fente du manteau. Cette eau est rejetée au dehors tourné en spirale et dans lequel viennent dé-
très
boucher les deux canaux excréteurs du foie
!par l'entonnoir, en entralnant lesdurésidus de la ensuite presque
digestion, grâce aux contractions manteau, la volumineux. L'intestin remontes'ouvrir
circonvolutions,
fente palléale se fermant alors au moyen de carti- sans l'entonnoir. pour aller au dehors
lages spéciaux par et le jeu de muscles particuliers. sous L'appareil circulatoire est bien plus compliqué
Dans la cavité palléale ou branchiale, on ren-
contre un certain nombre d'ouvertures. que chez les autres mollusques. Le système vei-
Sur la ligne médiane, sous l'entonnoir, se neux lacunaire tend à disparaître et il est rem-
partie par des vaisseaux à paroi
trouve, côté de l'orifice terminal du tube diges- placé en grande
.tif, l'ouverture d'une glande spéciale, pyriforme, propre se continuant par de fins capillaires, met-
existant presque généralement, et qui sécrète un tant en relation directe le système veineux et le
liquide noir, au moyen duquel l'animal peut s'en- système artériel.
tourer d'une sorte de nuage opaque et cacher sa L'appareil respiratoire se compose de deux ou
fuite à ses ennemis. quatre branchies lamelleuses situées dans la cavité
Au-dessous et de chaque coté existent les on- du manteau.
<!ces de deux grands sacs, dans lesquels sont des Les Céphalopodes se divisent en deux grands
suivant qu'ils ont deux ou quatre bran-
.masses spongieuses développées sur les artère: groupes les Tétrabranchiaux
branchiales et qu'on considère comme des reins, chies. Ces deux groupes sontbranchies,
Outre ces orifices, on trouve chez les Céphalo. ou CéphalopodesCéphalopodes à quatre et les Di-
,podes femelles un ou deux orifices servant à 1s branchiaux ou pourvus de deux
sortie des œufs, suivant qu'ils appartiennent ac branchies. Tétrabranchiaux. Les Céphalopodes tétra-
.groupe des Décapodes ou à celui des Octopodes branchiaux, autrefois très nombreux, ne sont plus
La tète, en général d'une forme globuleuse
,porte latéralement des yeux énormes qui ont un( représentés actuellementque par un seul genre,
grande analogie avec ceux des poissons. le genre Nautile.
Au-dessus des yeux, se trouve une couronnE Dans le nautile, la tête est entourée d'un grand
formée par huit appendices, désignés sous le non nombre de tentacules filiformes, que des l'on regarde
bras des
de bras. Ces bras, excepté chez le nautile où il! comme correspondant aux ventouses du nautile étant
sont peu développés, sont munis à leur face infé autres Céphalopodes, les bras
,rieure de ventouses ou de griffes. rudimentaires. Seul parmi les Céphalopodes ao-
tuellement vivants, le nautile est pourvu d'une pointe qui fait souvent saillie au-dehors de l'a-
coquille externe cloisonnée. ne
La coquille, épaisse, est divisée par des cloisons nimal. Cette coquiUe est très légère et très
M reuse. Elle est formée de couches cornées. sépa. po-
transversales en chambres remplies d'air et tra- rées par des dépôts calcaires.
ersêes par un siphon médian. Elle est constituée a-
Se Dans le seul genre Spirule,la coquille interne
par une couche calcaire extérieure, et par une
couche épaisse de nacre à l'intérieur. Les Chinois le spiratée et cloisonnée tes diverses chambre*deest tt
is coquille sont traversées par un siphon marginal
;.routent de cette disposition pour sculpter la Quelques genres de Décapodes
.ouche externe des dessins qui ressortent sur le à leur coquille, se conserver dansont pu, grâce
-nd nacré situé au-dessous. Les nautiles, quisur les terrains
ne
le géologiques; de tous ces genres, le plus impor-
ont plus représentés actuellement que par quatre tant de beaucoup est le genre Bétemnite, dont le
'a cinq espèces vivant dans les mers des Indes-es, rostre surtout, bien conservé, et atteignant par-
~nt apparu dès le terrain silurien. fois une très grande taille, est l'analogue de
Les genres fossiles les plus importants de la
;e pointe qui termine la coquille des Seiches.
ce
groupe des Tétrabranchiaux les Goniatites,
sont Les Céphalopodes dibranchiaux
pparaissant presque en même temps les considérés comme jouant, parmi tespeuvent
être
nautiles, mais s'arrêtant dans le trias lesque
Céra-
's
-le rôle que tes oiseaux de proie
mollusques,
tites,allant du dévonien à la craie; les Ammonites,
si abondantes surtout dans le terrain jurassique parmi les oiseaux. Bien armes, douésremplissent général
les Orthoceras, à coquille droite, apparaissant dèss
dune locomotion en arrière rapide, engrâce
le silurien inférieur.
partie au mouvement de recul qu'ils imprimentenà
Di'&t-aneAMtt~. – Les Céphalopodesdibranchiaux eur.corps en rejetant violemment par leur siphon
portent autour de la bouche huit bras armés dexe
t eau qui remplit leur cavité paUéate, de
ventouses ou quelquefois de crochets.
terribles destructeurs de poissons, dece sont mottus-
Outre ces huit bras.'un certain nombrede ques et de crustacés, qu'ils déchirent bien
genres
formant le sous-ordre des Décapodes, possèdent vent sans tes manger. D'un autre côté, ils sou- ont
t
deux longs appendices plus ou moins rétractiles, aussi de nombreux ennemis un grand nombre
cétacés
dont les extrémités, en forme de
massue,
dent seules des ventouses ou des griffes.
possè- de céphalopodes
poissons
vivent presque exclusivement que
les thons et beaucoup d'autres
s'acharnent
gros a leur
On donne a ces appendices le de tentacu-albatros, tes pétrets tes chassent poursuite; tes
les ou de bras tentaculaires. Cheznom aussi la nuit,
des dibranchiaux dépourvus de ces deux appendi-quand
les Céphalopo- ils apparaissent à la surface de l'eau.
Les animaux atteignent parfois
ces tentaculaires, et formant le sous-ordre des considérable. Dans la Méditerranée, une taille assez
Octopodes, les bras sont réunis à leur base
pardes poulpes dont tes
on rencontre
une membrane plus ou moins développée et for- longs que le corps, bras,quatre ou cinq fois plus
dépassent 1 mètre. Dans les
mant une sorte d'entonnoir au fond duquel se1mers .<Sud Océanie,
trouve la bouche. en on en rencontre quel-
quefois
Les huit bras sessiles sont ordinairement coni- )am trouvé d'une taille énorme ainsi celui que M. Vé-
a sur la plage de Die Saint-Paul me-
ques. Chez l'Argonaute femelle seule, deux des surait T", de long. Aussi
bras se replient sur eux-mêmes et sont très bien
i ces animaux pourraient
pourvus
d une membrane très extensible chargée de sécré- H y a loin de attaquer une barque et la couler; maia
là au monstre imaginé
ter une coquille très délicate, dans laquelle l'a- Montfort, et qui était capable,d'aprèspar Denis de
nimai place ses œufa. Cette coquille n'a lui, de cou-
aucun ler un trois-mâts.
rapport avec les coquilles des autres mollusques Dans certains
qui sont des sécrétions du manteau. A la surface sez recherchés pays, les Céphalopodes sont as-
interne de ces huit bras et sur toute leur lon- lieu dans la comme nourriture. C'est qui
Méditerranée et le golfe deceGasco-a.
gueur, se trouvent des ventouses disposées en gne. Dans le Nord de la France,
plusieurs séries, excepté dans le genre Eledone, très on n'en mange.
où il n'y en a qu'une seule rangée. que peu, mais on s'en sert comme d'appât.
C'est
Chez les Octopodes, les ventouses sont sessiles utilisés. surtout dans la pêche à la morue qu'ils sont
et entièrement charnues. Chez les Décapodes L'osselet internedes Seiches
les ventouses sont pédonculées, et leurs parois est aussi d'un grand
latérales, très minces, sont garnies sur leurs bords usage,
1 Il y en a dans presque toutes tes cages.
et les oiseaux captifs y trouvent le calcaire qui
d'un anneau corné et dentelé. C'est surtout <

de au leur
1 est nécessaire. On s'en sert encore pour faire
moyen cet anneau que ces animaux saisissent de ( la poudre de sandaraque. L'encre de seiche
et maintiennent leurs proies. était
Les bras tentaculaires portent aussi, sur leur (Chineautrefois employée pour faire de l'encre de
de la sépia.
extrémité renûée, des ventouses à et
corné. Parmi tes Octopodes vivant dans nos mers,
Mais dans le genre Onychoteuthis,anneau ces ventouses ttrouve les genres suivants
on
sont remplacées par de forts crochets pouvant Octopus (poulpe), dont les bras très ïonm sont
rentrer comme les griffes des chats. Aussi ces munis de deux rangées de ventouses le poulpe
animaux sont-ils redoutés des plongeurs. E

Aucun de ces Céphalopodes dibranchiaux ne commun c est quelquefois appelé pieuvre;


Eledone, dont tes bras n'ont qu'une seule ran-
porte de coquille externe sécrétée par le manteau. gée g de ventouses;
Mals chez la plupart des Décapodes, le manteau Argonauta; la femelle, plus grande que te mate,
secrète dans la région dorsale une coquille in- possède deux bras en forme de nageoires, qui se.
terne plus on moins délicate ou rudimentaire. p
crètent
Chez les Calmars, la coquille est formée d'une c Parmiune coquille mince.
substance cornée, homogène, d'un brun jaunâtre. tes Décapodes nous trouvons les
D après sa forme, elle
Se~M (seiche), dont le corps large est pourvu
a été comparée à une de d deux longues nageoires latérales;
plume (plume de calmar), ou à nn fer de lance.
Cette coquille présente, en effet, une tige amincie Loligoà (calmar), dont le corps très long est
une de ses extrémité* et deux ailes latérales pourvu
lus ou moins longues.
p
gulaires
gl
son extrémité de deux nageoires trian-
Chez tes Seiches, la coquille est bien différente. cotes~ tes plus petits Céphalopodes de nos
Se/M'o/a,

Elle est aussi large et aussi longue


c< a corps arrondi en arrière et muni de deux
que le corps, ni
nageoires demi-circulaires;
très épatsse en avant, concave en arrière à la face Onychoteuthis,dont
interne; elle <e termine tes tentaculessont pourvus
en arrière par une petite de d) crochets.
Céphalophores (Classe des). La classe des Tous les Gastéropodes pulmonés sont herma-
Céphalophores se divise en trois sous-classes phrodites c'est-à-dire la plupart des autres mollusques sont
dioiques, a sexes séparés.
bien distinctes:
Les Gastéropodes,caractérisés par un pied large, Les Gastéropodes teTrestres pondent des œufs
musculaire, servant d'organe de reptation isolés, entourés d'une enveloppe calcaire; les
aquatiques, à l'exception de quelques
Les P<<')'ojMc!<M, chez qui le pied est transformé Gastéropodes subissent des métamorphoses et
espèces vivipares,
en deux nageoires latérales pied chaînes d'œufs, ayant souvent des
LesHétéropodes, chez qui le est transformé pondent des
formes bizarres.
en une nageoire verticale. dernières sous-classes La larve au sortir de l'œuf est constamment
Les animaux des deux
sont essentiellement pélagiques. pourvue d'une coquille et d'un disque céphalique
Gastéropodes (Sous-classe des). Les Gasté- bilobé. Ce disque ou voile est garni de cils vibra-
ropodes, dont les escargots, les limaces sont des tils qui permettent à l'animal de nager librement.
représentants bien connus, sont caractérisés par Plus tard, la coquille disparaît chez les Gastéro-
podes nus, le voile est remplacé par le pied, et l'a-
un pied musculaire, très développé, au moyen nimal auparavant
duquel ils rampent. Leur tête bien distincte nageur ne peut plus que ramper.
porte deux et quelquefois quatre tentacules, deux Les Gastéropodes peuvent se diviser en deux
des principaux tes Gastéropodes pulmonés
yeux bien développés situés tantôt à la base groupes
les Gastéropodes branchies.
tentacules,tantôt à l'extrémité de la paire tentacu- et Gastéropodes
à
pulmonés comprennent pres-
laire postérieure. La bouche s'ouvre dans une ca- Les
vité armée de mâchoires latérales et d'une râpe que tous les mollusques terrestres: les Limaces,
linguale souvent très longue et pouvant dépasser les Hélices ou colimaçons, et quelques espèces
vivant dans les douces les Limnées, les
la longueur du corps de l'animal. Cette cavité est eaux
les Planorbes, à
suivie de l'œ=ophageet de l'estomac plus ou moins Physes, à coquille sénestre, co-
développé. L'intestin, après quelques circonvolu- quille discoide.
tions, vient s'ouvrir en général sur le côté droit en Les Gastéropodes à branchies sont presque
arrière de la tête. tous marins et contiennent un nombre considéra-
La cavité du corps constitue le plus souvent un ble de genres, parmi lesquels les principaux sont
Murex ou Rochers, dont la coquille est garnie
sac viscéral atténué de plus en plus vers son les Porcelaines, les Cônes,
extrémité postérieure et enroulé en spirale. Toute d'épines, les Pourpres, les Oreilles
cette masse est entourée par le manteau qui, dans les Strombes, les Haliotides ou de mer, les
Patudines vivipares
les Gastéropodes munis d'une coquille, en tapisse Patelles, les Oscabrions. Les
appartiennent
tout l'intérieur et la sécrète. de nos eaux douces à ce groupe.
Entre le manteau et le pied se trouve ménagée A l'exception des Hélices (escargots), des Halio-
(oreilles de mer) et d'un petit nombre d'au-
une cavité dans laquelle se trouvent les organes tidesespèces, les Gastéropodes ne sont pas utilisés
respiratoires. Ces organes se composent de deux tres
branchies inégalement développées. Cependant comme aliments. Les coquilles épaisses des
chez la plupart des Gastéropodes terrestres et Strombes et des Casques sont employées
dans la
chez quelques-uns de ceux qui vivent dans les eaux fabrication des camées.
douces (Limnées, Physes),ces branchiesn'existent Les Murex, les Pourpres sécrètent une liqueur
pas, mais alors la paroi supérieure de la chambre prenant au soleil une belle teinte violette. C'est
est parcourue par un réseau très riche de vais- de renommée cette liqueur que les anciens tiraient la couleur
de la pourpre.
seaux, à travers les parois desquels se fait l'en- si
Presque tous les mollusques terrestres, à l'ex-
dosmose des gaz. Tous les Gastéropodes jouissant
de ce dernier mode de respiration sont réunis ception des Testacelles, sont herbivores et par
dans un même groupe sous le nom de Mollusques conséquent nuisibles à l'agriculture. Parmi les
pulmonés. mollusques marins, ce sont au contraire les
La coquille calcaire qui enveloppe le plus sou- espèces carnivores, en particulier les Murex, tes
nuisibles. Ces animaux peuvent
vent les viscères, et dans laquelle l'animal peut Nassès, qui sont de leur râpe linguale les
généralement rentrer entièrement, est ordinaire- en effet percer au moyen
ment univalve et enroulée en spirale; l'enroule- coquilles des nuisibles bivalves et en dévorer l'animal. Ils
ment, à de rares exceptions près, est dextre, c'est- sont surtout dans les huitrieres, où ils
à-dire que l'ouverture de la coquille est à droite; occasionnent de nombreux dégâts. Les Ptéro-
chez les Clausilies, les Physes, la coquille est sé- Ptéropodes (Sous-classe des).
nestre, l'ouverture étant à gauche. On rencontre podes, qu'on désigne souvent sous nom de Pa-
le
quelquefois des monstruosités sénestres dans les pillons de la mer, présentent au-dessus de la bou-
espèces généralementdextres. che deux grosses nageoires latérales, qui, par leurs
L'ouverture est souvent entière; souvent aussi battements, font progresser l'animal.
elle est échancrée en avant ou prolongée en un Le corps est tantôt nu et sans manteau distinct,
canal. Cette échancrure ou ce canal indique la po- tantôt il est enveloppé d'une coquille symétrique
sition de l'orifice respiratoire. ou spiraiée, cartilagineuse ou calcaire dans ce
Dans les Patelles, la coquille est en forme de cas le manteau est bien développé et couvre en
coupe, et chez les Oscabrions elle est formée de avant la cavité palléale.
pièces placées bout à bout et mobiles les unes sur La bouche, située à l'extrémité céphalique, est
les autres; l'animal a alors une forme annelée et entourée, chez les Ptéropodes nus, d'appendices
parfois munis
peut s'enrouler en boule. Enfin la coquille peut Céphalopodes. Elle de ventouses analogues à celles des
s'atrophierbeaucoup, comme chez les Limaces, ou fait suite à une cavité armée
<nème disparaltreentièrement.Lorsque la coquille de mâchoires et d'une râpe linguale. L'oesophage,
est spiralée, l'animal porte fréquemment à l'extré- très long, est suivi d'un estomac spacieux et d'un
mité du pied une pièce calcaire ou cornée au large intestin à plusieurs circonvolutions. Les or-
ganes de la
moyen de laquelle il peut fermer l'ouverture. Ptéropodes respiration se composent, chez les
Cette pièce est l'opercule. Il ne faut pas la con- coquilles, de rudiments de branchies
fondre avec la production calcaire que sécrètent situées dans la cavité palléale. Chez les Ptéropo-
certains Mollusques dépourvus d'opercule, en des nus, ils manquent entièrement ou consistent
situées à l'extrémité posté-
particulier les Escargots, et au moyen de laquelle en lamelles foliacées
ils ferment leur coquille au moment de l'hiberna- rieure du corps.
tion. Cette pièce, complètement indépendante de Tous les Ptéropodes sont hermaphrodites les
t'animai, est l'épiphragme. œufs sont pondus en longs cordons flottant libre-
ment a la surface de la mer. Les larves sont libres
!S valves très souvent symétriques sont réunies entre
et ont un voile ci!ié à deux lobes et une coquille. elles, sur la face dorsale, par un ligament étas-
Le voile est ensuite remplacé par les deux na- t- tique, déterminant leur écartement. En outre,
geoires, la coquille disparaît pour toujours ou pour
~r leurs bords supérieurs présentent des dents et
être remplacée par une nouvelle. des fossettes qui, s'engrenant les unes dans les
Les Ptéropodes ont été divisés en deux groupes, autres, contribuent à les réunir sotidemect. Ces
suivant qu'ils ont une coquille ou qu'ils en sont H bords constituent ce qu'on appelle fa charnière.
dépourvus. A l'intérieur, les deux valves sont tapissées
Parmi les Ptéropode~ à coquille, les principaux par
x une membrane très fine qui tes sécrète. Les deux
sont les ~ya/cs, à coquille globuleuse, symétri- i- lobes de cette membrane ou manteau recouvrent
que, transparente, munie de trois pointes en ar- r- l'animal comme la couverture d'un livre.
rière les Cleodoi-a, dont la coquille a la formee Souvent les bords du manteau sont libres et
d'une pyramide triangulaire les Limacines, à co- t- portent, comme chez les Peignes, les Limes, des
quille spirale, sénestre les CyntA~M, dont laa taches pigmentaires considérées comme des yeux.
coquille en forme de nacelle est cartilagineuse. Plus souvent, les bords sont réunis entre eux, ne
Parmi les Ptéropodes nus, il y a les L/toy, dontt laissant que deux ou trois
le corps est dépourvu de branchies et la tête arméea trée et la sortie de l'eau ouvertures pour l'en-
de deux tentacules les P?MU'noc~motM, ayantt pied de l'animal. Parfois et pour le passage du
das branchies externes et une tête armée de tenta- et de sortie de l'eau sont ces ouvertures d'entrée
prolongées en forme de
cules à ventouses. tubes musculaires, susceptibles de s'allonger
Tous ces animaux de petite taille sont de haute beaucoup, en particulier dans les espèces
mer, où on les rencontre parfois en bandes con-santes. Ces tubes ou siphons sont situésfouis-
sidérables. Dans les mers polaires, les Clios ser- partie postérieure de l'animal. Par le siphon à la
vent de nourriture aux baleines. bra-
chial, le plus éloignédu dos, pénètre l'eau chargée
~e~ropod~ (Sous-classe des). -La sous-classee des matières
des Héteropodes comprend un petit nombre d'ani- à la respirationalimentaires le
et des gaz nécessaires
siphon
par anal sort l'eau qui
maux remarquables par leur transparence. Leurr a servi à la respiration, en entraînant les détritus
pied est transformé en une nageoire caudale très1 de la digestion. Ces siphons
développée et en une nageoire ventrale portant unt entre eux, les deux sont parfois réunis
canaux n'étant séparés que
1 etit suçoir, qui leur permetd'adhérer aux algues. par une
Tandis que la partie antérieure du corps, portant j Immédiatement
simple cloison musculaire.
deux tentacules, est très allongée, la masse viscè- de sous le manteau se trouvent,
chaque côté, deux paires de lamelles foliacées
rale est très petite et logée dans une coquille
transparente, spiralée ou patelliforme.
en forme de peignes; ce sont les organes de la
respiration, les branchies. Elles sont nxées sur
Les Héteropodes sont dioiques. Les larves sont l'animal par le bord supérieur dorsal
pourvues, comme chez tous les Céphalophores. réunissent entre elles à la partie ou et se
d'un voile bilobé et d'une coquille le pied porte Entre ces branchies trouve le postérieure.
fn outre un opercule. Ce voile, parfois l'opercule ma), formant une sorte se corps de l'ani-
de sac où sont logés les
et même la coquille tombent, le pied se transforme viscères, et un pied plus ou moins extensible
en nageoire et la métamorphose est accomplie. forme de soc de charrue. C'est au en
Tous ces animauxsont pélagiqueset progressent pied moyen de ce
lentement au moyen des mouvements de leur tiblesque se meuvent les Lamellibranches suscep-
de se mouvoir. Chez certaines espèces,
nageoire, la face ventrale tournée en haut. Ils sont comme les moules, les huîtres
tous carnassiers et saisissent les petits animaux bonneaux, ce pied est creusé, perlières, à face
les jam-
dorsale,
marins an moyen de leur râpe linguale très déve- d'une gouttière fond de laquellesa
loppée. au
glandes sécrétant des fils soyeux, au se trouvent des
Les principaux genres de cette sous-classe sont: quels l'animal moyen des-
tes Cart/MM'M, à coquille patelliforme; les Atlan- organe d'adhérence se fixe aux corps étrangers. Cet
tes, à coquille spiralée, et les Firoles, dépourvues porte le nom de byssus.
La bouche, en forme de fente, est entourée de
de coquille. deux paires de lamelles triangulaires, dont la
Sotënoconques (Classe des). Cette petite face est tapissée de cils vibratiles entraînantsur- les
classe de Mollusques renferme des êtres inter- particules alimentaires la
médiaires entre les Céphalophores et les Lamelli- trouve chez les Lamellibranches vers bouche. On ne
branches. aucun organe
comparable à la râpe linguale des Mollusques
Comme les Céphalophores, ils présentent une plus élevés. Le tube digestif, sans traces d'esto-
coquille univalve ayant la forme d'un tube allongé, contourné
conique, ouvert à ses deux extrémités. L'animal, versé mac, est en spirale, et après avoir tra-
le cœur situé sous la ch~nière, tl s'ouvre
de forme analogue, s'y tient caché, Bxé par un au dehors à l'extrémité d'un petit
muscle à la partie inférieure. La bouche est aussi tube.
Le reste du corps est occupé par dea glandes
armée d'une râpe linguale, elle est suivie d'un volumineuses, parmi lesquelles
pharynx, d'un estomac et d'un intestin à plusieurs tout le foie. il faut citer sur-
circonvolutions. Mais. comme chez les Acéphales, Deux muscles puissants,
le corps est symétrique, dépourvu de tête le l'un transversaux, situés
en avant de la bouche, l'autre à la partie pos-
cœur qui manque est remplacé par une sorte de ) térieure, sont fixés aux deux valves et
bourse traversée par le rectum. Les larves libres objet de fermer la coquille. Ces musclesont pour
laissent
ont une coquille presque bivalve et un voile ana- sur chaque valve des empreintes très
logue à celui des Lamellibranches. désignées
nettes.
Le genre principal des Solénoconquesest le genre(1Souvent lesous le nom d'empreintes musculaires.
Dentale. muscle postérieur s'atrophie et dispa-
raït même entièrement dans certains
Ces animaux vivent enfoncés dans la vase, genres, en
ou particulier
t dans les huîtres.
rampent à l'aide de leur pied trilobé. Ils sont car- Parmi les mollusques lamellibranches, les uns
nivores, et se nourrissent de Foraminifères et de restent constamment fixés c'est ce qui a lieu par
petits Lamellibranches. r
eexemple pour l'huître, qui adhère aux roches au
Lamellibranches(Classe des). La classe des nmoyen de sa valve gauche qui est la plus bom-
Lamellibranches ou des Conchifères comprend des bée, b
mollusques acéphales tous aquatiques, et, à l'ex- D'autres espèces restent Bxées au moyen du
ception de quelques genres, tous marins. L'animal byssusb qu'elles aécrètent. D'autres restent enfouies
CM logé dam une coquille bivalve, dont les deux d dans le sable ou dans la vase elles ont ato.-s un
pied très développé. qui leur permet de fouiller le Les genres dépourvus de charnières présentent
sol, et des siphons très longs dont les extrémités encore d'autres différences fondamentales ce qui
peuvent venir affleurer à la surface du fond. Cer- a permis de diviser les Brachiopodes en deux
tains bivalves, comme les Pholades, se creusent grands groupes
une chambre dans des sols plus durs et même dans 1" Les Brachiopodes pourvus d'une charnière,
des roches. D'autres, comme les Tarets, creusent le caractérisésen outre par un test calcaire et par
bois et peuvent occasionner des dégâts considé- un tube digestif dépourvu d'anus.
rables en ruinant les digues et les navires. Ce groupe, le plus nombreux, comprend les gen-
Enfin un grand nombre de ces mollusques resprincipauxsuivants:yere~a~M/a, Rhynconella,
vivent indépendants et se meuvent à la surface du Spirifer, Pt'0<~MC<MS, 0''</tM.
sol et sur les plantes marines au moyen des con- 2° Les Brachiopodessans charnières dans ce
tractions de leur pied, ou en ouvrant et en refer- groupe le test est corné, le tube digestif est
mant brusquementleur coquille (Limes, Peignes). pourvu d'un anus. Le genre le plus important de
La plupart des Lamellibranches sont dioiques ce groupe est le genre Z.:?!a.
!es œufs, en nombre considérable, sont retenus Si on ouvre la coquille d'un Brachiopode, on
entre les lobes du manteau et les feuillets des voit que sur chaque valve est adhérente une la-
branchies. Ils restent là jusqu'à leur éclosion, et meife membraneuse, analogue au manteau des
même chez certaines espèces, comme les Cyclas Lamellibranches, mais toujours les deux lobes du
de nos eaux douces, les jeunes y demeurent jus- manteau des Brachiopodessont disjoints et les
qu'à ce qu'ils aient atteint le tiers de la taille des organes génitaux y pénètrent, ce qui n'a pas lieu
adultes. chez les Lamellibranches. Le manteau est en
Tous les Lamellibranches subissent des méta- outre bordé de filaments chitineux présentant des
morphoses. Les embryons nagent toujours libre- stries de forme variable avec les espèces.
ment dans l'eau, au moyen d'un voile unilobé Sous le manteau, on ne trouve pas d'organes
qu'ils portent à leur partie .antérieure, et dont la comparables aux branchies des Lamellibranches,
surface est couverte de cils vibratiles.Ils peuvent mais on rencontre deux lamelles frangées, ayant
ainsi se répandre à de grandes distances, ce qui la forme de bras enroulés en spirale, d'où le nom
est en général absolument impossible à leurs de Brachiopodes donné à ces animaux. Ces la-
parents. melles partent de chaque côté de la bouche et
Après quelques jours de cette existence errante, sont supportées par un appareil apophysaire cal-
les animaux sédentaires choisissent la place qu'ils caire ou corné, adhérent à la valve dorsale, et de
occuperont toute leur vie. L'Huître se fixe par sa forme différente avec les genres. Ce support so-
coquille, la Moule et le Jambonneau fUent un lide empêche les lamelles de s'étendre et de sor-
byssus. La Mye et le Solen creusent dans le tir au dehors; c'est tout au plus si, chez les
sable ou dans la vase, le Taret creuse le bois, la Lingules, l'extrémité des bras est susceptible d'une
Pholade la roche. En même temps leur voile dis- faible extension.
caralt et la larve acquiert sa forme définitive. Ces bras, grâce au mouvement rapide des cils
D'après la présence ou l'absence de siphons, vibratiles qui les recouvrent, servent à entraîner
les Lamellibranches sont divisés en deux grands les particules alimentaires vers la bouche; ils
groupes les Siphoniens et les Asiphoniens. Dans concourent aussi d'une façon très efficace avec le
te groupe desSiphoniens nous trouvons les Lucines, manteau à la respiration. Le corps proprement
tes Cyclas,les Vénus, lesTellines,les Myes, les So- dit du Brachiopode occupe une faible place
!ens ou Couteaux, les Pholades, les Tarets, etc. près de la charnière, et sa plus grande partie est
C'est aussi dans ce groupe, qu'on place le genre remplie par le foie très volumineux et granu-
fossile si important des Hippurites. leux.
Les plus remarquables desAsiphoniens sont les Tous les Brachiopodes sont marins. On les
Huîtres, les Pintadines, les Moules, les Tridacne3 trouve dans toutes les mers et à toutes les profond
ou Bénitiers, les Peignes ou coquilles de Saint- deurs. Ce sont de tous les Mollusques les pre-
Jacques, et les Jambonneaux. miers qui aient apparu, et ils étaient surtout
Beaucoup de bivalves sont comestibles quel- abondants dans les terrains primaires.
ques-uns, comme les Huitres, les Moules, sont Bryozoaires (Classe des). Les Bryozoaires
très recherchés et leur culture a donné naissance sont des animaux qui, par leur mode d'existence
à des industries très lucratives, telles que l'os- et leur réunion en colonie, ont les plus grandes
tréiculture et la mytiliculture. ressemblances avec les Polypes hydraires. Aussi
D'autres, et en particulier la Pintadine ou les a-t-on pendant longtemps placés à côté de ces
Huttre perlière, sont recherchés pour la beauté de derniers; mais la découverte de leur tube digestif
,la nacre de leur coquille et pour les perles qu'ils à deux orifices, et de leur système nerveux, a
produisent. Enfin, dans quelques pays, on file les montré qu'ils étaient des animaux beaucoup plus
fils très soyeux du byssus des Jambonneaux. élevés. On les place maintenant à côté des Mol-
Brachiopodes (Classe des). Les Brachiopo- lusques proprement dits.
des, comme les mollusques lamellibranches, sont Chaque animal de la colonie est placé dans une
pourvus d'une coquille à deux valves; mais cette petite loge, dont les parois sont, ou cornées, ou
'eoquitte est toujours privée de nacre, et tandis incrustées de calcaire. Il peut arriver aussi que
que chez les Lamellibranches l'une des valves la partie calcaire et chitineuse disparaisse et soit
~st droite, l'autre gauche, ici l'une est ventrale, remplacée par une masse gélatineuse, d'où émer-
l'autre dorsale. En outre, chez les Brachiopodes, gent les polypes.
les deux valves, toujours équilatérales, sont iné- De chacune des loges ou cellules formant la
quivalves. La valve ventrale, la plus grande, est colonie peut sortir la partie antérieure de l'ani-
pourvue, en général, d'un crochet au moyen du- mal, constituant une sorte de panache qui diffère
quel elle se fixe aux corps étrangers, ou au tra- par sa forme dans les espèces d'eau douce et
vers duquel passe un organe d'adhérence. La dans les espèces marines. Dans les Bryozoaires
valve la plus petite ou dorsale est toujours libre d'eau douce, ce panache se compose d'une base
et imperforée. Ces deux valves sont le pius en forme de fer à cheval, le /op/top/M)v. Sur les
souvent articulées au moyen de deux dents deux bords du lophophore s'élèvent des tenta-
courbes, situées sur le bord de la valve ventrale cules très allongés, dont toute la surface est cou-
et reçues dans des fossettes de la valve opposée. verte de cils vibratils très mobiles. Au centre du
L'articulation est si complète qu'on ne peut sépa- lophophore est placée la bouche, au-dessus de la-
rer les deux valves sans rupture. quelle se trouve une petite languette, i'épistome.
Cet épistome n'existe que chez les Bryozoaires quelques instants ces mouvements s'arrêtent et
pourvus d'un lophophore en forme de fer à che- reprennent en sens inverse, de sorte qu'alternati-
val. La bouche est suivie d'un œsophage cilié, vement les vaisseaux sanguins jouent le rôle de
conduisant dans un estomac d'où part l'intestin veines ou d'artères.
qui remonte vers le haut et va s'ouvrir au dehors, Tous ces animaux sont hermaphrodites. Leurs
au-dessous du lophophore. larves, toujours fibres, passent par des métamor-
Des muscles puissants permettent a l'animal de phoses ils ont en général une longue queue qui
rentrer entièrement dans sa cellule. leur permet de se mouvoir. Outre la reproduction
Dans les Bryozoaires marins, le lophophore par larves, certains tuniciers se reproduisent
n'est plus en forme de fer à cheval, mais circu- encore par bourgeonnement.
laire avec la bouche centrale. Il n'y a plus d'épis- Les Tuniciers peuvent se diviser en deux grands
tome. Le reste de l'animal est semblable à ce que groupes, les Ascidies et les Salpes.
l'on trouve chez les Bryozoaires pourvus d'un Dans le groupe des Ascidies, on rencontre les
lophophore en fer cheval. Ascidies simples, vivant isolées, Cxées sur les
Les tentacules sont creux et communiquent pierres ou dans le sable, et dont la tunique se
avec la cavité générale, remplie du liquide sanguin recouvre de corps étrangers;
dans lequel flottent les viscères; les tentacules Les Ascidies agrégées, vivant en colonies for-
servent à amener, grâce au mouvement de leurs mées d individus placés sur des stolons ramifiés
cils vibratiles, les particules alimentaires vers la Les Ascidies composées, formant des colonies
bouche, et en même temps concourent a la respi- dans lesquelles les différents individus sont con-
ration avec les autres parties du lophophore. fondus dans une enveloppe commune. Ces asci-
Dans beaucoup de Bryozoaires marins, on ren- dies, de couleurs très vives, se développent sur les
contre près de l'ouverture des cellules où sont algues et les pierres
logés les animaux, des organes particuliers, que Enfin les Pyrosomes, dont les individus sont
l'on considère souvent comme des individus mo- réunis en colonies libres. Ces colonies ont la forme
difiés de la colonie. Ce sont les Aviculaires et les d'un long cylindre ouvert à une de ses extrémités.
Vibraculaires. Ces animaux sont remarquables par leurs brillan-
Les Aviculaires, ainsi nommés à cause de leur tes couleurs et leur phosphorescence.
ressemblance avec un bec d'oiseau, peuvent saisir Le groupe des Salpes comprend des animaux
les petits organismes qui passent dans leur voi- présentant le phénomène de la génération alter-
sinago et les maintenir jusque leur mort; ces nante. C'est du reste chez ces animaux que ce
organismes sont alors entrainésvers la bouche sous phénomène a été pour la première fois observé.
faction du courant produit par les cils vibratils On les rencontre soit isolés, soit réunis en lon-
des tentacules.Les Vibraculaires sont des organes gues chaînes flottant à la surface de la mer. Les
semblables aux aviculaires; seulement, au lieu de Salpes isolées sont asexuées et produisent à leur
pinces, ils portent un filament très long et très intérieur, par bourgeonnement, les Salpes en chaî-
mobile. nes ces dernières, de forme différente, sont
Les Bryozoaires se reproduisent par œufs, et sexuées et donnent naissance aux Salpes isolées.
aussi par bourgeons restant fixés à la colonie et Ces animaux transparents et phosphorescents
au moyen desquels cette dernière s'accrolt. flottent à la surface de la mer et progressent au
D'après la forme de leur lophophore, et par moyen des contractions de leur manteau.
suite, d'après l'existence ou non d'un épistome, D'après cette étude des Mollusques, on peut
les Bryozoaires ont été divisés en deux grands voir que tous, à l'exception de quelques genres,
groupes sont marins que les Lamellibranches presque
)° Les Phylactolèmes, a lophophore en forme de seuls ont une utilité immédiate, et encore assez
fer à cheval, renfermant presque tous les Bryo- peu importante, soit comme aliments, soit comme
zoaires d'eau douce. Les principaux genree de ce producteurs de nacre et de perles. Mais au point
groupe sont les Cristatellu, tes f/MmaM/a, les de vue géologique, les mollusques, au moins ceux
.~ej/MM~a.etc. qui sont pourvus d'une coquille, ont une toute
2° Les Gymnolèmes, à lophophore circulaire, autre importance. En effet, par leur nombre con-
tous marins, à l'exception des ~'na~Mt! et des sidérable, ces mollusques contribuent puissam-
Paludicella qui vivent dans les eaux douces. Les ment à extraire le carbonate de chaux dissous
principaux genres de ce groupe très nombreux dans les eaux de la mer, et leurs débris, aujour-
sont les Crisia, Tubulipora, Flustra, C~M~n'a, d'hui, comme aux époques géologiques antérieu-
Membranipora, Eschara, etc. res, jouent un rôle important dans les modifica-
Les Bryozoaires se fixent sur la plupart des tions que subit sans cesse l'écorce terrestre.
corps que l'on trouve dans t'ean, tels que pier- [J. Poirier.]
res, coquilles, tiges et feuilles de plantes aqua- MONGOLS. Histoire générale, XX-XXI.
tiques. Quelques Cristatelles seules peuvent ram- Les Mongols, qui paraissentdescendre de la tribu
per sur les corps submergés. des Tatares, établie entre l'Altai et le lac Baikal
Les Bryozoaires étaienttrès répandus aux diver- et dont le nom a été corrompu au moyen âge en
ses époques géologiques, et en particulier à l'épo- celui de Tartares, sont les nombreuses tribus
que de la mer jurassique, dans les sédiments de nomades qui habitent le haut plateau appelé
laquelle on retrouve un très grand nombre de Mongolie (et en Chine Tao-tsi, Terre des herbes),
débris de Bryozoaires. compris entre la Chine proprement dite au S.,
Tunioiers (Classe des). Les animaux de cette la Sibérie au N., la Haute Tartarie à l'O., la
classe, dépourvus de coquille, ont le corps pro- Mandchourieà l'E., et qui renferme centre I&
tégé par une peau coriace, la tunique, qui leur a vaste désert de Gobi ou Chama et le au Khou khou-
fait donner le nom de Tuniciers. Cette peau est nor. Ces Mongols, dont le nombre encore in-
percée de deux orinces l'un s'ouvre dans une vaste connu peut être évalué de 2 à 4 millions, ont donn6
cavité, le sac branchial, tapissée de cils vibratiles, leur nom à la race mongolique ou race jaune.
et au fond de laquelle se trouve la bouche. Par (V. Races humaines.)
le second orifice sortent les détritus de la diges- Ils se divisent aujourd'hui en Mongols occiden-
tion et l'eau qui a servi à la respiration. La cir- taux ou Kalmoucks, qui comprennent plusieurs
culation présente chez ces animaux un phéno- peuplades les Kochots, les Dzoongares, les Dur-
mène remarquable. Le cœur, en forme de long bets les Torgoouts; et en Mongols orientaux
vaisseau, est animé de mouvements rapides qui se qui comprennent les Khalkhas, les Bouriates, les
propagent sur toute soli étendue au bout de Kortchins, les Naimans, les Toumets.
L'histoire de ce peuple est d'abord très obscure. points de la Mongolie :t es Torgoouts, établis dans
En ~14 avant J.-C., l'empereur chinois Tsi-Chi- le Turkestan, put", au xvn* siècle en Russie, sont
Hoang-Ti, de la dynastie des Thsin, élève la revenus dans la Dzoungarie (1771), que peuplent
grande muraille pour arrêter les incursions de ces les Dzoungares les Kochots habitent le Khou-
peuplades entraînées par les Hiong-nou ou Huns, khou-nor ;lesDurbets,mêlés autrefois aux Dzoun-
qui appartiennentcomme eux à la famille tartaro- gares et aux Kochots, se sont établis depuis le
chinoise. Puis, pendant près de quinze siècles, xvin' siècle sur les bords du Volga et de la
l'histoire ne mentionne plus les Mongols. Kouma, où ils forment les troupes légères de la
Au moyen âge, les différentes peuplades mon- Russie pour ta défense des frontières; le Turkes.
goles ont été réunies deux fois sous une même tan oriental, conquis par les Mongols en 1758, a
domination. La première fois en 12(M, par le chef été soumis par les empereurs mandchoux, ainsi
d'une grande tribu, Temoudgin, qui fut surnommé que les trois khanats des Khalkhas. Les steppes
Tchingis-Khanou Gengis-Kan,le « chef des chefs. » des Kirghiz ont été conquisos par la Russie en
Avec une armée que la terreur fit croire innombra- 1819.
ble et qu'on n'évalue qu'à 20000 hommes, il con- Depuis que le boudhisme leur a été précité,
quit, par lui-mama ou par ses fils, l'empire des les Mongols sont devenus pacifiques et hospita-
Huns du Kharisme, la Perse et la moitié de la liers le vol et le pillage sont rares parmi eux.
Russie d~Europe. Il mourut en ]227, au moment Les lamas, prêtres et moines boudhistes, exercent
de conquérir la Chine, que subjuguèrent ses suc- une puissante influence. Les empereurs chinois,
cesseurs.Son empire, l'un des plus vastes qui aient qui ne craignent rien tant qu'une nouvelle coali-
jamais existé, se divisa en quatre royaumes le tion de toutes ces tribus, favorisent de tout leur
Kaptchak ou royaume de la Horde d'Or, le royaume pouvoir le lamaïsme ils fondent des lamaseries
d'Iran, le Djaggathai, et la Mongolie propre avec et donnent des revenus aux lamas selon le degré
la Chine.Les chefs de ces royaumes (khanats) pri- qu'ils occupent dans la hiérarchie ceux-ci, compo-
rent le titre de Khans; celui de Mongolie fut le sés de presque tous les cadets de famille, forment
Khan suprême ou Grand-Khan. Ces khanats de- au moins un tiers de la population. Les empe-
vaient former les parties intégrantes d'un empire reurs s'assurent encore la soumission des Mon-
unique; mais avant la fin du xni" siècle, la sépara- gols en donnant en mariage à leurs princes des
tion était complète. En 1463, l'empire de la Horde princesses chinoises auxquelles ils font une pen-
d'Or se divisait en cinq khanats le khanat des sion qu'une désobéissance peut leur faire perdre.
Tartares Nogaîs, entre le Don et le Dniester, qui [Th. Lindenlaub.]
fut détruit au xvtit' siècle le khanat de Crimée, MONNAIE.–Lamonnaie est une certaine mar-
qui fut définitivement réuni à la Russie par le chandise qui, d'un commun accord, est reçue dans
traité de Constantinople (1784) le khanat d'As- une contrée en échange de toutes les autres mar-
trakhan, qui y fut réuni en 1654; le khanat de chandises. C'est pourquoi l'on dit qu'elle sert de
Kaptchak, détruit par Ivan III en H8t et le kha- dénominateureoKMM à toutes <M valeurs. La va-
nat de Khazan, qui fut réuni à la Russie en 1552. leur d'une marchandise exprimée en monnaie,
Le khanat d'Iran fut détruit par un descendant c'est-à-dire à l'aide de ce dénominateur commun,
de Gengis-Khan, Timour-Leng ou Tamerlan, chef s'appelle le prix.
d'une tribu du royaume de Djaggathai, qui, pour Sans la monnaie, les hommes seraient réduits
la seconde fois, réunit tous les Mongols sous la à un troc grossier: ici un mouton s'échangerait
même domination. Il s'empara du Djaggathai tout contre un certain nombre de lapins, contre un fer
entier, et prit Samarcand pour capitale puis il de charrue ou une mesure de blé; là, celui qui
conquit la Khowaresmie,le Kachgar, le Khoraçan, voudrait acheter de la farine offriraitdes fruits ou
la Perse, l'Arménie, et s'empara de Delhi en Inde, des légumes. Il n'y aurait pas de terme général
en 1398. Il revint en Syrie, vainquit le sultan de comparaison des valeurs, parce qu'il n'y aurait
turc Bajazet à Ancyre (f40X), et mourut en se pas de mesure commune ie commerce serait tou-
dirigeant vers la Chine. A la mort de Tamerlan, jours difficile, souvent impossible et nécessaire-
tous les peuples qu'il avait conquis reprirent leur ment très restreint. Au contraire, lorsqu'on dit un
indépendance la domination mongole ne réussit moutonvaut 50 francs un lapin, 5 franc* un soc
à s'affermir que dans l'Inde avec Baber, petit- de charrue, 10 francs une mesure de blé, 25 francs,
fils du conquérant, qui y fonda l'empire appelé on a une expression claire de la valeur relative des
l'empire du Grand-Mogol. Cet empire s'étendit choses et l'on se rend aisément compte qu'un
bientôt sur tout t'Hindoustan et la Perse; quel- mouton vaut doux mesures de blé ou cinq socs
ques provinces restèrent sous la domination di- de charrue, et qu'un lapin n'a que le cinquième
recte de leurs princes (ranjahs);Ies contrées im- de la valeur d'une mesure de blé.
médiatement soumises au Grand-Mogol se divi- Si la monnaie n'avait pas elle-même une valeur
sèrent en 12 provinces (soubabies)subdivisées el- réelle, elle ne pourrait pas servir à mesurer d<!S
les mêmes en provinces secondaires (nababies).Cet valeurs. On ne peut comparer que des quantités
empire commença à déchoir dans la seconde partie de même nature: il faut une longueur pour me-
du règne d'Aureng-Zeb,cinquième successeur de surer les longueurs, un poids pour mesurer les
Baber. En n39, l'invasion du Persan Nadir-Schah poids. La monnaie n'est donc pas seulement une
et le pillage de Delhi inaugurèrent la période de mesure commune; elle doit être aussi un équiva-
troubles où cet empire fut attaqué par les Abdalis, lent. C'est un principe qu'il importe de ne pas
les Mahrattes, les Français et surtout les Anglais, perdre de vue. Il existe bien des instruments d'é-
qui conquirent successivement le Bengale (1759), change qui ne sont pas des équivalents, comme les
Bénarès, la sultanie de Mysore, Scringapatam sous ou les billets de banque; mais ceux-ci cons-
(1799), le Sindh (1843), le Pendjab (1849),le Bé- tituent, les premiers une monnaie divisionnaire
rar (1854), et le royaume d'Oude (1856). En Chine, qu'on n'est obligé de recevoir qu'en quantité très.
la domination mongole, renversée par la dynastie limitée et pour la commoditédes petits paiements,
nationale des Ming (1368), fut relevée en 1644 par les seconds une monnaie fiduciaire, c'est-à-dire une
la dynastie mandchoue, qui règne encore, et qui monnaie reposant sur la confiance, et représenta-
peu à peu soumit la plupart des Mongols; la tive d'une monnaie réelle.
Mongolie constitue aujourd'hui une des six par- Dans certains pays, on a employé comme mon-
ties de l'Empire chinois. naie diverses marchandises d'un usage très général,
Les différentes peuplades mongoles, divisées telles que le bétail chez les anciens, le tabac en
en grandes tribus commandées chacune par un Virginie,les peaux de martre en Russie. Mais les
chef, et en hordes, sont disséminées sur tous les métaux précieux, or et argent, présentent des
avantagea ai grands que les peuples civilisés les Les multiples et sous-multiples d'argent qui se
ont, depuis l'antiquité, adoptés pour la fabrication trouvent aujourd'hui dans la circulation sont la
-de la monnaie. En effet, ils ont: pièce de 5 francs, celles de 2 francs, de 50 cen-
1" Une grande valeur sous un petit volume. Le fer times, de 20 centimes (laquelle a remplacé celle
et le blé n'auraient pas cette qualité. Si l'on avait de 25 cent.).
.un paiement de 1000 francs à faire en plomb ou Les pièces d'or, qui étaient de 40 et 50 francs
en charbon de terre, on serait embarrassé pour le dans le principe et qui sont aujourd'hui de 100,
transport,tandisqu'onmet très aisément 10<'0 francs de 50, de 20, de 10, de 5 francs, sont frappées
en or dans sa poche et qu'on porte même sans à raison de 1 kilogramme d'or nn pour 15 kilo-
,peine )000 francs en argent (5 kilogrammes). grammes )/2 d'argent nn; c'est pourquoi la pièce
2* Une parfaite homogénéité de toutes les parties de 20 francs pèse 6",45161 à 900/1000 de fin
et la divisibilité de ces parties sans altération de (6",45)6) 0",645]61 d'alliage 5".80M49 de
la valeur. Un diamant vaut beaucoup plus que l'or fin X 15,5 = 90grammes d'argent nn ou 4~,50 X M). =
à poids égal mais deux diamants de même poids Les pièces de bronze, refondues en 1852, ont
ont, suivant leur eau et leur taille, des valeurs très une valeurnominale de 10 centimes, de 5 centimes,
différentes. Lorsqu'un diamant est cassé en plu- de 2 centimes et de 1 centime mais leur valeur
sieurs morceaux, les morceaux n'ont plus qu'une réelle est beaucoup moindre, puisque la pièce de
valeur totale très inférieureà celle qu'avait le dia- 10 centimes ne pèse que 10 grammes et que le
mant entier. Tout kilogramme de laine n'est pas kilogramme de bronze ne vaut pas aujourd'hui
l'équivalent d'un autre kilogramme de laine; il 2 francs sur le marché. Aussi sont-elles considé-
en est ainsi,de la plupart des marchandises. Au rées comme une simple monnaie d'appoint la loi
contraire, un kilogramme d'or fin ou d'argent fin, limite à 5 francs la somme qu'un créancier est
de quelque mine qu'il provienne, est exactement tenu d'accepter de son débiteur en monnaie de
semblable à tout autre kilogramme d'or ou d'ar- bronze.
gent fin.. Depuis 1864, le gouvernement français, voulant
3* L'inaltérabilité. Si l'on payait avec des fruits, rendre impossible l'exportation des monnaies
celui qui les aurait reçus et qui ne les aurait pas divisionnaires d'argent que sollicitait alors le
consommés ou cédés promptement, les verrait haut prix de ce métal, a décidé que les pièces de
.pourrir et perdrait bientôt tout son avoir. Si l'on 2 francs, de 1 franc, de 50 centimes et de 20 cen-
payait avec du bétail, il faudrait le nourrir et ce times seraient fabriquées au titre de 835/1000 de
bétail serait également exposé à périr. Si c'était fin seulement, au lieu de 900/1000. Aussi la circu-
-avec du fer, il finirait par s'oxyder. lation de ces pièces, qui n'avaient plus une valeur
4° La fixité de la valeur. Il n'y a pas de valeur intrinsèque égale à leur valeur nominale, a-t-elle
qui soit entièrementnxe. Toutes les marchandises été limitée, comme celle des pièces de bronze
subissent à cet égard, suivant l'offre et la demande, les particuliersne sont pas obligés de les accepter
des variations auxquelles les métaux précieux n'é- pour une somme supérieure à 50 francs.
chappent pas eux-mêmes entièrement. Mais it y Le 23 décembre 1865, la France conclut avec
< une grande différence entre l'offre des métaux la Belgique, l'Italie et la Suisse une convention
,précieux et celle de la plupart des marchandises. monétaire par laquelle ces Etats adoptèrent le
Le blé récolté, par exemple, est en très grande système français; la quantité de monnaie divi-
~partie consomméquand vient la récolte suivante sionnaire que chacun eut le droit de fabriquer
l'offre consiste donc chaque année dans la der- fut limitée à 6 francs par tète d'habitant. La
nière récolte, laquelle a pu être bonne ou mauvaise; Grèce fait, depuis 1868, partie de cette union, dé-
ta valeur se trouve ainsi très sensiblement affec- signée sous le nom d'union monétaire latine. La
tée par l'abondance ou la disette. On peut en dire baisse de l'argent a obligé les Etats à signer plu-
à peu près autant des autres marchandises que la sieurs conventions spéciales par lesquelles ils ont
-consommationdétruit ou transforme. limité d'abord (de 1874 à 1818), puis suspendu
Il n'en est pas de même de l'or et de l'argent, (depuis 1878) le monnayage de l'argent.
-dont une petite partie seulement est transformée De 1795 au 31 décembre 1878, les monnaies d'or
ou employée par l'industrie, et dont la majeure et d'argent frappées en France a diverses époques
partie circule à l'état de lingots, de pièces de mon- ont été
naie ou même d'objets fabriqués, sans s'altérer.
Aussi l'offre des métaux précieux consiste-t-elte
dans presque toute la masse qui s'est accumulée M ARGENT
durant la suite des temps. Que la production des
~nines soit plus ou moins abondante à un moment
donné, cette offre ne se trouvera que légèrement t" République. millions millions
modinée d'une année à l'autre. C'est pourquoi
la valeur des métaux précieux, qui a beaucoup
t-Empire.
BMtmratinn. 528
4!i!Ï
tM.Ï
8S7.S
tM7.33
changé par une action lente et continue dans Lottit-Phitippe. !)59 i7M9
le cours des siècles, est beaucoup plus fixe d'une 2'MptiMique.
~'Empire. 4Ï7Ï tM~i
~nnée à l'autre que celle du Né ou de la plupart 61519 <M.
3< Bëpmblique. 9268 4~.0
dee marchandises.
Si la valeur du métal avec lequel la monnaie est 6691.S (t) jMlt.9(S)
faite n'est pas absolument nxe, il importe du Dont I
moins que la quantité de métal fin qui constitue jiapiëeesdeïOfranesor.
l'unité monétaire soit invariable. C'est un principe
-qui est généralement reconnu aujourd'hui. Les
*– des–ardent
7147.S
M60.6
gouvernements le méconnaissaient souvent dans (ï) Ont été démon~H~ p<)n[ 7i milMoM de pMMt de te et de
les siècles passés, où les altérations de monnaies 6 frann
(!)'0ttpelit modèle.
étaient fréquentes. été d<mo~tite<pour M mJH!oM de ptttM d< 0 tt'. M,
d<tr.,d6lfr.,deOfr.MetteOfr.M.
Le système monétaire de la France, décrété en
principe par l'Assemblée constituante et la
-Convention (7 avril H9&), a été organisé par la loi (Extrait de f~n'iMNtre du Bureau des Longi-
par
du 7 germinal an XI (28 mars 1803). L'unité mo- tudes.)
nétaire est le franc, pièce pesant 5 grammes d'ar- Nous joignons à ce tableau deux autres tableaux
gent à 900/tOOO, et contenant par conséquent 4".50 indiquant d'une manière sommaire le système
d'argentan. monétaire des princUpauxEtats civilisés.
ttata qui ont la même monnaie que la France ou certaines monnaies frappées d'après
le système français.

ÉTATS. UNITÉ MONÉTAIRE. OBSERVATIONS.

FRANCE.Franc.
i'ahM)!!sa!a~'f!t!c<'
pa~t'ftco~u~o~mo-
a~(atre<!e{!ee.tS65:
lT'Ï~E"re.DiviséeenlOOcentesimi.
BELGIQOR.····· Franc.

Stf)ss<'
GMCE~ Franc
Drachme. Loi de 1867.
La Suisse n pas frappé de monnaies d'or.
Con- La drachme se divise en 100 lepta.

a~
ventioadet86S.
2' États ayant une mon-
naie semblableà celle
de la France
RomAME. Dinar
LeY(tfr.)Lo:dei967.
fr.) Loi 1878. (1 de
Le ley est divisé en 100 banis.
La Serbie se réserve le droit d'adopter, quand elle le
jugera convenable, un étalon unique en or.
EspAsm. Peseta ft fr.j Décr. de 1868. L'Espagne a frappé, depuis le 19 octobre 1868, des mon-
naies d'après le système fracçatsimats les anciennes
monnaiesdu système de 1864 subsistent et l'on compte
encore en rèaut(0ff.î6) ou en piastres fortes (5tr.20).
3" États ayant certaines
monnaies semblables à
celle de la France
A.CTMCM-HoMlUE Florin (! fr. 47) Loi de 1858. L'unité monétaire qui est le aorin (ï fr. *7) n'est pas eon-
forme au système français. La reforme de 1870 a créé,
conformémentà ce système, la pièce d'or de 8 ttorins
= 20 fr.; la pièce de 2 florins = 5 fr.
Fr~AmE Marka. ou marc (t fr.) Loi de La réforme de )877 a établi t'etaton d'or; la pièce de
1877. )Omarespëse~903i!Md'or6n.
COLOMBIE. Vénézolane (5 fr.)Loi de t8il.
VENEZBEi.t.
Peso d'or (5 fr.) Loi de 1871. Divisé en 10 decimos.
ËooATEtjR. Piastre(5fr.)Loi de i86S.
CH)M.
Pmoc
URnscAY.
Sol on soleil (5 fr.) Loi de iSM.
Peso(6fr.)Loisdei8Siett870. Divisé en
Piastre (5 fr.).Loi de t863.
Divisé en iO dmeros ou iOO cenh.
100 centavos.

Principaux États qui ont un système monétaire différent du système français


(D'après M. Sudre, Annuaire du Bureau des Longitudes, et M. de Malarce, Almanach du Commerce.)

VALEUR AU PAIR PRINCIPALES MONNAIES

ÉTATS.
UNITÉ
L'UNIE
DE L~UNITÉ
DU IULOGRA.MJt1B
ttLOERtmE '–––––' '–––-
MONETAIRE.
MONETAUtE.
monétaire.
,––––––––––– MUI.TtPMB.
MULTIPLES. DlYISIOm.tHUM.
D1YISIOxx·iHHB.
([~r. d'argent.

AtfSLETEME. Livre sterling (sou- 25.22 3157.40 205.55 Or:souverain


TM!nndeS!0!)hiI- (t0shiliing!i).
lings) Loi de 1870. Arg.:courome(5 (5
shi[.);shittmj;.
PAtj-BjtS. Florin(de 100 cents).
.Lotdei849.
2.10 3100
(il SOO Or double-ducat Arg. florin 25
existe un autre titre (valant un peu plus cents, etc.
2b

plus ancien). d)!iûQonBs);pièce


de 10 fl., etc.
EMpiEEAn.EWAM..MarkfdetOOpfen- i.ï3 3100 MO Or M marks; JO Arg. mark, t~
mgs).l.oidet87i. marks (couronne). mark.
Arg.: 5 marks.
n~MBouRC. Marc banco (mon- 1.87
naie décompte de
la banque).ActRicBE-HoMtttE.F~ri~fdeiMkreut-
2.47 3i00 MO Or:ducat(nnpeuArg.:20kreutzers.
zers). (il existe un autre titre plus de 8 florins)
plus ancien). pièce de 8 florins
(20fr.).
PonTceAL. Milréis.Loi de i85i. 5.6e 3157.40 203.70 Or cotirenne (iOArg.: Teston (100
milréis). reis).
EttpiMOTTOMAN. Piastre (40 paras). 0.23 3157.40 184.45 Or bourse (500 Arg.; 20 piastres;
Loi de 1844. piastres). piastr.;)/piastr.
R)jM~RouMe(iOOkopecks) 4 Or: 1/. impériale Arg. rouble.
(5 roubles).
&UEM. Krona couronne
(deiûOores).
ou i.Ï9 3100 177.78
(il existe d'autres titres)
Or 20 kroners. A.rg.:M{'re.
1 ÉTATS.
UNITÉ
VALEUR AU PAIR PIIINCIPALES MONNAIES

DEL'T. M~.LOG.AMM. ––––––––-––––-–––––––––––––~


1101'~TAIa6.
fO!<ËTA]aE.
monétaire
monétaire.
~––––––
d'or. dardent. MCLïtpt.m.
MULTIPLES. BtYUMH~jUMt.
DIVISIONNAIRES.

DANEMARK.
NonvB&B.
~mcmoMKaï'eque
celle de la Suède,
d'après la coa.
omKM<!ei872
raeifiée en t873 et
IS74.
~ctpït.
fcNis. Piastre (de40paras) 0.!5 3013.39 2"(' Or:60piMtres. Arg.: 5 piastres.
NAaoc. Piastre 0.6Î 3MO 198.SO Or:25piai,tres. Art;tpiastfe.
Or:nMhur(i5r<m-Arg.:t/troupie.
?<<< (Régi. de 2.38
lKMSANGHisM.Koupie.
3157.40 M3.70
1870.)
Thoman. 11.S3 3isi! ~00
pies).
Or ehoman (100 Arg. abmit (4
C«mE. Taël(lOOOehM). 7.56
ébahis), chahis).
Le cash, monnaie de cuivre et plomb,
valant 0~,0075. est la seule pièce de

StM. Tical.
Jipax. ren(tOOsen). Loi
3.M
5.16 3100

Mo
monnaie. Les lingots et les piastres
serveNtataeircutation.
Or: 10 yen.
Arg.:Tica).
Arc.:ï0sen.
de 1871. 177M
ETATS-U~s.Dollar d'or (100 5, 18 3100 MO Or: aigle (tOdoI.)-Ar?.:doI]ar;t/
cents). Lois de dollar. d.Uar.Meenh.
MMia" ~0!).Loidet867. 1873 et 1878.

Cmt. Peso. Peso (deiCOcenta- 5.43


5.33
3013.99 Ï00.60 Or:10pesos.
Le
Arg.itOcentttos.
dollar des États-Unis, les piastres

Huït.
GMTEtfAU.
Piastre.
d'argent. Piastre
5.25
S.4!
d'Espagne et du Mexique servent à la
la circulation.
Or quadruple (t6Arg.:p:astre d'ar-
BouTa. Piastre 5.40
piastres), gent.
Or: onc.(i7 pias- Arg.: piastre,boli-
tres) écu d'or (un viau
vian (t/, piastre).
peu plus dttpias-
PAMeuAT.
[JMCGWAT.
Piastre. 4.66
tres).

Mp<jBHQMAt6BN- Piastreforte. (A Bue- 5.40


'M*. noe-Ayres.oa comp.
te en peso-papel,
BMtiL. ~atantOfr.~16.)
Milréis.
t870, etc.
Decr. de :.S3 3i56.5: MO Or:«)miIrë)e.Arg.:SOOr<M.
1

[E. Levasseur.]
MONOCOTYL~DOKES. – Botanique,
Etym. des deux mots grecs monos, seul, et coty-
XIII. en est muni; chez tes rares monocotylédonesdont
le suspenseur ne se développe pas, l'absorption
ledon, objet en forme de cuiller. Les plantes des matières nutritives se fait également bien par
phanérogames de l'embranchementdes Monocoty- tous les points de la surface de l'embryon. L'axe
lédones sont caractérisées, ainsi que leur nom hypocotylé présente vers sa région supérieure un
l'indique, par la présence d'un seul cotylédon à seul appendice généralement très déve!oppé c'est
leur embryon. Passons brièvement les le cotylédon unique, caractéristique des plantes
caractères généraux de ces plantes. en revue monocotylédonées. Ce cotylédon unique est tou-
La graine des monocotylédones comprend jours un réservoir de matières nutritives de na-
jours deux parties, l'une intérieure, l'ainande, tou-
l'au- ture albuminoide. Parfois ce cotylédon, dont la
tre extérieure, le spermoderme ou tégument <<tKt- forme est des plus variable, présente sur un point
Ma/. L'amande est constituée par un embryon et de sa surface une large expansion dorsale que l'on
une réserve nutritive ou albumen. D'une manière qualifie de suçoir ou de scutellum, le mot suçoir
générale, l'embryon des plantes monocotyiedonees désignant le rôle physiologique que cette partie
est très développe dans la graine mûre, même remplit à la germination, le terme scutellum in-
chez celles de ces plantes que leur vie aquatique diquant la ressemblance que cette partie présente
ou épiphyte semble avoir le plus dégradées. Cet avec un bouclier. Le cotylédon unique de l'em-
embryon se compose d'une région centrale avile, bryon des monocotylédonées, grâce à
ia-re hypocotylé, qui se termme inférieurement développement, enveloppe complètement son grand
l'eïtré-
par un filament d'une ténuité extrême. Ce fila- mité supérieure de l'aM hypocotylé; la fente se-
ment a reçu le nom de suspenseur, parce que jus- lon laquelle se touchent les bords du cotylédon
qu'à une date récente on admettait qu'il avait pour est la fente ~tHmM~atfe, la voit très facilement
on
mission de fixer la jeune plante à la paroi du sac sur des germinations de mais. t
Au fond de la fente
embryonnaire. Les belles recherches de M. Treub gemmulaire, on voit le bourgeon gemmulaire ter-
sur le rôle du suspenseuront montré que chez les minant supérieurementl'axe hypocotylé. En par-
monocotylédones,cet organe sert le plus souvent courant la description qui précède,
d'organe spécial d'absorption, pour l'embryon qui on remarquera
que l'embryon monocotylédoné ne présente pas
da l'être
d'indication de racine, bieu que par licence de ogique spécial à cette période de la vie de fixation.
langage on continue encore à désigner sous le at de fournir à celui-ci un moyen réserve
nom de radicule (petite racine) la région inférieure fant
qu'il reste quelque chose de la nu-
de t'axe hypocotylé. ritive enfermée dans la graine, la partie supé-
Chez ces végétaux~ les racines ne se développent 'ieure du cotylédon y demeure engagée et absorbe
que très tardivement dans l'épaisseur mêmearriver de la a réserve nutritive. Quand l'albumen est épuisé,
région inférieure de l'axe hypocotylé. Pour m bien le cotylédon se flétrit et meurt, ou bien il
tissus superfi- !0 dégage complètement de son enveloppe sémi-
au jour, chaque racine perfore les arrive à la surface du sol etremplit pendant
ciels de cette partie de la plante. Il en résulte une lale, rôle d'une feuiDo
collerette à la base de chaque racine; cette colle- in temps plus ou moins long le exemples qui se
rette a reçu le nom de coMor/ttze; les racines el- ordinaire. Un des meilleurs
les-mêmes sont dites eK~ot'/t'~f'M. puisse indiquerpour observer toutes ces phases de
Sauf chez les orchidées qui se distinguent des ta germination des monocotylédones nous est
autres monocotylédones par leur mode de vie épi- fourni par l'oignon.
phyte et parfois humicole, l'embryon se présente Les racines des monocotylédones sont toujours
L'organe que l'on qualifie de pivot
comme il vient d'être dit. Dans les orchidées, au adventives. n'est la région infé-
contraire, l'embryon se présente sous la forme chez quelques palmiers que
c'est
d'un globule cellulaire sphérique, homogène dans rieure de l'axe hypoeotylé. et à tort que cer-
parties. Il est impossible de distinguer tains auteurs l'ont assimilé à une racine pivotante
toutes ses prolongement direct de la tige. Les
dans ce corps si simple les diverses parties que placée dans le très nombreu-
nous avons nommées précédemment. Dans ces em- racines des monocotyiédones sont
bryons, l'axe hypocotylé, la gemmule et le cotylé- ses, cylindriques,grêles, très peu ramifiées, le
blan-
brunes
don ne se forment que pendant ta germination. ches quand elles sont enfouies dans sol,
Autour de l'embryon, et contre lui, se trouve la lorsqu'elles sont superficielles. Ces racines ne
réserve nutritive que nous avons nommée albu- présentent qu'un seuldéveloppement. faisceau libéro-ligneux, à
centres de Le nombre
men. Cette réserve nutritive consiste en amidon plusieurs unique fais-
chez les graminées les cypéracées en cellulose, des centres de développement de cetquatre-vingts
en matières grasses et en matières albuminoides ceau peut s'élever jus qu'a soixante et
chez les palmiers Lorsque la réserve nutritive est dans les racines des palmiers. Le faisceau de la
formée pour une large part par de la cellulose, racine des monocotyiédonées ne présente jamais
cette matière peut présenter une très grande du- croissement de zone cambiale, et par suite ne présente pas d'ac-
reté et donner la substance connue sous le nom secondaire par suite aussi le volume
d'ivoire végétal. Cette matière, sur laquelle nous de ce faisceau demeure toujours fort petit et la
aurons occasion de revenir, nous est fournie par rapide racine elle-même reste grêle. Un renouvellement
croit et une production toujours abondante d e
une sorte de palmier, le phytelephas, qui
nouvelles racines supplée au faible développement
aujourd'hui dans les marais du Gange. Dans les
typha, les sparganium, les pandanus ou paquois, de chacun de ces appareils. La surface de la ra-
la réserve nutritive de l'albumen consiste surtout cine est toujours constituée par une couche su-
prend développement exception-
en matières albuminoîdes cristallisées; ce sontles béreuse, qui
puissant
un
chez les orchidées épiphytes,
cristalloïdes. On montre bien ces cristalloldes en nellement
laissant séjourner des lames minces des albumens comme les spéciales, vanilles, les dendrobium, etc. Dans
de ces plantes, dans une solution aqueuse extrê- ces plantes en dehors de son rôle pro-
superficiel des racines aériennes
mement étendue de bleu d'aniline soluble à l'eau. tecteur, le lièged'emmagasiner de l'air et de l'eau,
Mêmedans le cas des réservesamylacées,on trouve a pour mission proximité de la sur-
toujours dans l'albumen une certaine quantité puis de retenir ces fluides à
racines des monocotylé-
d'huile et de matière albuminoide tout le monde face absorbante. Les On connaît
connait le gluten que l'on extrait de la farine du dones sont très rarement tubéreuses. racines transfor-
froment, en enlevant par le lavage l'amidon avec cependant quelques exemplesvégétaux telles de
lequel il est mêlé. Exceptionnellement, comme mées en tuberculeschez ces sont
dans le cocotier, l'albumen des monocotytédones par exemple celles du Dioscorea &a<<!<tM, connue
demeure pulpeux, semi-Nuide telle est l'origine vulgairement sous le nom d'na'ne de confondre Chine ou
du lait que 1 on retire de la noix de coco. de Patate de Chine, et qu'il ne faut pas
Le spermoderme ou tegument séminal des mo- avec la patate provenant de l'Ipomea batatas, une
nocotylédones est assez simple. Il se réduit à une convolvulacée; telles sont encore celles de quel-
pellicule très mince qu'il est impossible do sépa- ques orchidées. On retire de ces derniers tuber-
rer du péricarpe chez les graminées il devient cules une sorte de tapioca connu sous le nom de
dur, noir, crustacé chez les liliacées Ailleurs la salep. Quelques monocotylédones peuvent vivre
surface du tégument séminal demeure sèche et sans racines; telles sont par exemple certaines
membraneuse, tandis que sa partie profonde de- broméliacées; d'autres n'ont jamais de racines,
vient ligneuse et se charge d'oxalate de chaux et telles sont le corallorhiza et l'épipogon. Les mo-
de matières fortement colorantes. Parfois la pelli- nocotylédones sans racines remplacent ces organes
cule superficielle de la graine se gélifie sous l'ac- par de petits poils absorbants quiplantes naissent sur
tion de l'eau et lui fournit ainsi un moyen de fixa- toute la surface de la tige; ces vivent
tion au sol c'est un phénomène analogue à ce que d'ailleurs dans des endroits très humides et très
nous voyons se produire à la surface des graines sombres.
de lin, de melon, de cresson, de moutarde. Un La tige développée des monocotylédones pré-
petit nombre de spermodermes présentent des ex- sente une surface lisse parfois revêtue d'une sorte
pansions en forme d'aile qui favorisent la disse de vernis siliceux comme dans les graminées, les
mination des graines. cypéracées. Le revêtement siliceux des cypéracées
Lors de la germination, une partie seulement de forme à leur surface de très petites épines tran-
la plante monocotylédonée sort d'abord de l'enve. chantes tout le monde a touché la leiche, qui
loppe de la graine, grâce au grand développement maintient les talus des canaux et des rivières;
sait aussi combien les bateliers de la na-
que le eotylédon prend à cette époque. Par l'al- chacun du préjudice
longement très considérable de ce cotylédon, l'axe vigationdes canaux se plaignent que
hypocotylé et la gemmule sont poussés hors du leur cause cette plante par la rapidité avec laquelle
spermoderme et enfoncés dans le sol à une cer. elle use et coupe les cordages les plus solides. de
taine profondeur. A ce moment seulement on voil Tout le monde connaît encore des exemples touffes de
Mitra les premières racines, dont le rôle physio pâturages ruinés parce que quelques
teienee'yttont développées et que les bêtes àà ces éléments aaz flbres libériennes
cornes et les chevaux qui veulent manger cette rattachés et les ont
leiche se coupent la bouche et la langue. Sauf e faisceaM aux libéro-ligneux. Cette
tf erreur a entraîné certains industriels dans
dans un très petit nombre de monocotylédones, fabrication désastreuse, leur faisant une
la tige de ces végétaux demeure grêle et se ra- dans des végétaux en rechercher
mille peu. Ce n'est guère que dans les palmiers,t- le phormium, le jute, monocotytédonés comme l'alfa,
des fibres te~tUes compara-
les yuccas, les agaves que la tige des monocoty- bles
lédones prend un certain développement ena étant constituées
à celles du chanvre et du lin. Ces dernières,
par des fibres libériennes, ont
diamètre et en hauteur. Dans le palmier rotang, des qualités de longueur, de souplesse, et de
dont on retire le jonc à canne, la tige, tout en con- nnesse qu'il est ridicule de demander
servant un diamètre très faible, présente une lon-mécaniques. L'épiderme qui revêt la tige à des fibres
gueur qui peut atteindre 200 et même 300 mètres. des monocotylédones est remarquable aérienne
La tige des monocotylédones présente un trèss gué durée, et la faculté par sa lon-
grand nombre de faisceaux libéro-tigneuxà un seul1 ses cellules constituantes que possède chacune de
de se cloisonner perpen-
centre de développement tous ces faisceaux sontt diculairement a ta surface de la plante pendant
plongés au sein d'un parenchyme ou tissu fonda-
mental. La surface de l'organe est constituée par tiges un temps fort long. Vu le faible grossissement des
des monocotytédones en diamètre, ces végé-
une lame épidermique. Quelques mots sur chacun taux ne présentent que rarement
de ces éléments,faisceaux tibéro-tigneux, tissu fon- de décortication comparables des phénomènes
damental et épiderme, ne seront pas inutiles. Cha- observons a ceux que nous
sur la surface des arbres de nos paya.
que faisceau libéro-tigneux comprend une petite Beaucoup de monocotylédones ont des
masse de bois primaire, composéede trachées desouterraines dont les bourgeons latéraux tiges
t
vaisseauxrayés et de quelques fibres ligneuses, et minaux viennent à la surface du sol on ter-
une masse principale de liber composée de cellu- les hampes florales. Les tiges souterraines et donnent
les grillagées, de fibres primitives et de paren- généralement sont
transformées en rhizomes, c'est-a-
très simples, du liber des faisceaux de ces tiges,dire
chyme libérien. Les cellules grillagées, toujours
que chacun de leurs entre-nœuds se raccour-
cit, augmente de diamètre dans des proportions
ont été désignées par Hugo von MoM sous le nom souvent considérable!! tes faisceaux de la tige
de vaisseaux propres, alors qu'on ignorait leur les uns contre tes autres et ne forment se
véntable nature; ce nom est encore en usage pressent plus
dans beaucoup de manuels élémentaires- Excep- centrequ'une du
masse minime concentrée autour du
rhizome; la région corticale du tissu
tionnellement, le faisceau libéro-ligneux peut pré- fondamental
senter des laticifèros. En général dans chaque fais- des rhizomes est très très
est alors développée. La surface
souvent constituée par une
ceau le liber et le bois sont situés sur un même couche subéreuse. Le rhizome
rayon qui passe par le centre de la tige, le liber comme un appareil d'hibernation se montre donc
étant plus près de la périphérie de la tige, le bois réservoir, c'est le rhizome lui-même, comprenant un
au contraire étant plus près du centre de cet or- de végétation*qui sont tes bourgeonset
des pointa
gane. Dans sa course à travers la tige, chaque rhizome. Ces points de végétation latéraux du
faisceau part d'un faisceau situé plus bas que lui- redonner chaque sont destinés
même et voisin de la périphérie; de là on le voit parties florales. année ou périodiquement les
s'avancer peu à peu vers le centre de la tige. dont Quelques tiges écartes de monocotytédonee et
il approche plus ou moins, puis il s'incline de tes bourgeons qu'eHes portent se transforment en
noa-
veau vers la périphérieet se rend dans une feuille bulbes par répaiMiasement des écaittes qui les
toute cette évolution s'est faite, non dans plan, vêtent. Tout le monde eonjxdt les bulbes de l'oi- re-
mais bien aur une sorte de surface gauche. Aux un
différents points de sa course, un faisceau n'a gnon, de la jacinthe, du lie.
pas Les fouilles des monocotylédones sont simples,
toujours la même constitution il est plus simple à entières, ou déchiquetées en tanières, sessiles, em-
sa partieinférieure que vers sa région supérieure, j brassantes, à nervures généralement parallèles.
Dans sa course, un faisceau a donné généralement Chez quelques
naissance it plusieurs autres faisceaux, il aussi la nervation desasparaginées et chez les dioMorées,
a
touché un certain nombre de faisceaux, ses voi- ticulée. Dans quelques feuilles est exceptionnellement ré-
sins, avec lesquels it s'est parfois plus ou moins cylindriques juncus, les feuilles sont
confondu. Cette marche assez compliquée et cannelées. La surface des feuilles
de cha- des monoeotytédones est presque toujours lisse,
que faisceau de la tige, jointe au grand nombre 1luisante 1 La feuille par elle-même est assez con-
de ces faisceaux,justifle l'idée exprimée dans la sistante. Les stomates disposés en files pa-
plupart des ouvrages botaniques, à savoir que tes irallèles à la longueursont des feuilles, sur toute la
faisceaux sont dispersés sans ordre dans la tige surface, seulement
des monocotylédonos. Rarement le faisceau li- 1 ou sur la face inférieure de
cces organes. Chaque stomate forme par lui-même
béro-tignenx de la tige des monocotylédonespré- appareil assez compliqué. Dans quelques plan-
sente une zone cambiale. Ce faisceau ne peut donc ttes, un
1

croltre en épaisseur d'une manière tant soit peu lures les stomates sont cachés au fond de canne-
1
notable; on dit qu'il est fermé. Il en réeutte aussi nelures plus eu moins profondes; le rôle de ces can-
i est d'immobiliser une certaine quantité
que la tige des plantes monocotylédoneesne peut d'air c dans le voisinage de la surface d'absorption
non plus augmenterbeaucoup en diamètre,à moins cdes gaz. La plupart des feuilles dos
que, comme dans les dragonniers, il ne se produise tédones monocoty-
1
à la périphérie de la tige une zone spéciale d'épais- 1la tige qui tes ne se détachent pas immédiatement de
sxMcment dans laquelle apparaissent de nombreux uttles à la plante. Dans porte, lorsqu'elles cessent d'être
faisceaux secondaires. Le tissu fondamental qui tttropicales où les plantes des régions
disposition
rattache entre eux les faisceaux libéro-tigneux centuée, cette est le plus ac-
c la feuille se détruit sur place. La pré-
est formé de cellules polyédriques à parois minces sence s de tous ces débris de feuille autour de
gorgées de suc. A cet état, ce tissu est comparable 1la tige fournit à
la moelle et à l'éeorce des plantes dicotylédo- puissant constitué celle ci un revêtement tret
nées. Dans quelques palmiers, le tissu fondamen- Bbrune, par une sorte de bourre
tal de la tige se nbréne et forme ces éléments cation
h très recherchée aujourd'hui pour la fabri-
c des tissus grossiers en filasse de palmier.
que M. Schwendener a désignés sous le nom de Ce C n'est que dans des plantes très avancées en
fibres mécaniques. Quelques botanistes, trompés àâge que, par suite de la décortication, la surface
sur la véritable nature de ces fibres mécaniques, redevient
par leur position et par leur aspect, ont assimile rssont disposées sur la sur~M de
lisse. Les feuiltes des monocotylédones
la tige en séries al-
ternes représentées par les cycles de ~o//Mtes; comme le pollen ordinaire, elles sont
Rarement le cycle de groupement des feuilles sur apportées sur les stigmates par les insectes, en
la tige de ces plantes est plus élevé que Les particulier par les abeilles. Dans les zostères, mo-
feuilles des monocotylédones sont généralement nocotylédones qui vivent dans la mer, le pollen est
inermes toutefois, dans les broméliacées, quel- constitué par de petites cellules aHangées vermi-
formes. Il y a tout lieu de croire, d'après les der-
ques palmiers, les smilax, les feuilles présentent nières recherches, que ces tubes polliniques de la
des aiguillons tranchants très acérés. Dans le bo- zostère germent dans l'intérieur même de l'an-
napartea, chaque aiguillon porte à son extrémité thère où ils se sont formes, et qu'ils perforent le
une ouverture qui fait communiquer une sorte de tissu de l'anthère et celui du pistil pour arrive"
glande avec l'extérieur. jusqu'à l'ovule sans qu'il soit nécessaire pour eus.
Chaque feuille de monocotylédone comprend d'être déposés sur le stigmate.
une double lame d'épiderme renforcée intérieure- Au moment de la fécondation, les Neurs des mo-
ment de fibres mécaniques. Cet épiderme recouvre nocotylédones sont quelquefois le siège d'une élé-
une masse de tissu parenchymateux ou tissu fon- vation de température très considérable. Cette pé-
damental dans lequel courent parallèlement les riode d'excitation s'accuse parfois par la produc-
uns aux autres et parallèlement à la longueur de tion de nectars ou de parfums; les plus connus
da feuille des faisceaux libéro-ligneux dont la struc- de ces parfums sont ceux émis par les aroidéos.
ture ne diffère pas de celle des faisceaux de la L'odeur bien connue de l'Arum maculatum, vul-
tige. La raison en est-que les faisceaux foliaires gairementnommé gouet ou pied-de-veau, rappelle
sont les terminaisons des faisceaux tigellaires. celle de la viande corrompue, à ce point que les
Chaque faisceau libéro-ligneux est le plus ordi- mouches viennent visiter les fleurs de l'arum et s'y
nairement revêtu d'une lame périphérique de fi- laissent emprisonner.
bres mécaniques qui ont pour but non seulement Le fruit qui succède à l'ovaire varie beaucoup
de le protéger, mais encore de régulariser les d'un groupe de monocotylédones à l'autre; ainsi
pressions qui peuvent se faire sentir sur la masse le fruit est un caryopse chez les graminées, c'est
Ubérienne du faisceau, lors de la circulation des un achaine chez les cypéracées, c'est une capsule
gaz dans la feuille. à déhiscence variée chez les liliacées, les orchi-
Dans quelques bulbes, les feuilles réduites à l'é- dées c'est une baie charnue Il la surface, lorsque
tat d'écailles charnues sont transformées en réser- la graine est insuffisamment pourvue d'appareils
voir de nourriture. Dans les rhizomes souterrains, disséminateurs, comme cela se voit dans beaucoup
les feuilles se réduisent à l'état de petites écailles d'asparaginées. Le fruit de quelques monocoty-
membraneuses. lédones peut atteindre un volume et un poids
La fleur des végétaux monocotylédones, lors- énorme; tel est le fruit du cocotier et surtout le
qu'elle est complète, présente généralement de fruit du Lodoïcea Sechellarum, qui atteint le poids
dehors en dedans j" Deux verticilles alternants de 10 kilogrammes. A l'articlePa/mt'e~, on trou-
comprenant chacun trois pièces colorées ou non. vera tous les détails désirables sur ces fruits et
-Ce double verticille d'enveloppes florales forme le sur les croyances auxquelles leur singulier mode
périanthe; sauf dans les fluviales, il ne fait jamais de dispersion a donné naissance. Presque tous
défaut; ~° deux verticilles alternant entre eux cesfruitsmonstrueux sont recouverts, vers l'époque
et avec les précédents et comprenant chacun trois où ils se détachent des arbres qui les produisent,
Staminés 8° deux verticilles alternant entre eux d'une sorte de bourre brune très épaisse qui les
et avec les verticilles précédents et comprenant protège, amortit le choc au moment de la chute
chacun trois carpelles. En résumé, la fleur com- et les empêche de s'écraser en tombant sur le
prend donc un périanthe, un androcée et un gy- sol.
nécée. Tous les trois ont six pièces disposées trois Nous n'insisteronspas ici.sur les usages généraux
à trois sur deux rangs. De là l'idée de considé- des monocotylédones; nous reviendrons sur ce
rer toutes les fleurs des monocotylédones comme point en traitant chacune des principales familles
formées de verticilles floraux composés chacun de en particulier. V. à cet effet les articles Palmiers,
trois pièces élémentaires. De là la symétrie par GraminéesLtftoM~M, Musacées, OrcAt~M.
trois, que l'on regarde comme caractéristique de La grande majorité des monocotylédones est
ces fleurs. Des adhérences plus ou moins grandes originaire des régions chaudes du globe. Plusieurs
peuvent réunir plus ou moins les termes de cha- d'entre elles sont aquatiques, submergées cm
que verticille, ou encore les termes de verticilles nageantes; tels sont les potamogetons, les vallisne-
consécutifs. Les pièces d'un verticille peuvent faire ries, les lentilles d'eau, les hydrocharis, les s(ra-
défaut en tout ou en partie. Une pièce d'un ver- tiotes. Quelques-unes même habitent la mer, com-
ticille peut s'hypertrophier tandis que d'autres me les Mstères, les posidonies.
s'atrophient. En combinant convenablement toutes [C.-E. Bertrand.]
-ces dispositions, on a l'explication des divers types MONOTHÈMES. – Zoologte, XUI.– Tout à
de fleurs que l'on rencontre chez les diverses fa- côté des Marsupiaux*, mais à un degré encore
milles de végétaux monocotylédones. moins élevé dans la série zoologique, se placent
La placentation des monocotylédones est géné- tes Monotrèmes, qui semblent établir le passage
ralement axile; les orchidées sont un des rares entre les Mammifèreset les Oiseaux. Comme chez
exemples de placentation pariétale chez les végé- ces derniers, en effet, l'intestin débouche dans
'taux de cet embranchement, et quelques aroidées un vestibule commun, dans un cloaque, au lieu
un des rares exemples de placentation basilaire. de s'ouvrir directement au dehors. D'autre part
Les ovules des monocotylédones sont anatropes les dents proprement dites sont représentées par
et bitégumentés; rarement ces ovules sont or- des tubercules cornés, on font même complète-
thotropes,comme chez les ériocaulonées, les tra- ment défaut, tandis que les lèvres sont garnies
descantiées~ le vallisneria spiralis et quelques de lames cornées qui acquièrent souvent un très
.aroMées. grand développement et simulent le bec d'un oi-
Le pollen des monocotylédones est formé gé- seau. Enfin, quoiqu'il n'y ait point de poche pour
néra)ement de petites cellules globuleuses qui loger les petits immédiatement après la nais-
sont dispersées et déposées sur les stigmates des sance, il existe cependant en avant du bassin deux
organes femelles par les insectes.Dans les orchi- os semblables à ceux qui soutiennent, chez les
dées, les cellules du pollen demeurentaccolées les marsupiaux, un repli de la peau de t'abdomen.
unes aux autres par une matière gommeuse très Jusqu'à ces derniers temps, on croyait qu'il n'exis-
.adhésive. Ces masses polliniques ont reçu le nom tait que deux animaux offrant ces particularités
d'organisation, I'Ornt<Ao)'/iyn~Me et l'Ë'c/it'dn~, qui sollicitude. Dès l'adolescence, le jeune Seconda1
habitent l'Australie et la Tasmanie mais tout ré- témoigna d'une véritable vocation pour l'étude du
cemment on a découvert à la Nouvelle-Guinéeune droit à peine ses études classiques terminées, il
troisième forme, un Echidné qui, tout en étant s'y lança avec toute l'ardeur de ses vingt ans.
parent de celui de la Nouvelle-Hollande,diffère Son oncle paternel, qui était président à mortier
cependant de ce dernier par quelques caractères au parlement de Bordeaux, encourageait ces étu-
anatomiques. des. Le 24 février 1714, au temps où le grand roi
L'Ornithorhynque et l'Echidné d'Australie sont vivait encore, Montesquieu, âgé de vingt-cinq ans,.
fonnus depuis la fin du siècle dernier; ils ont fut nommé conseiller au parlement de Bordeaux.
d'abord été réunis par G. Cuvier à l'ordre des Deux années plus tard, en t'!t(i, son oncle, qui
Edentés, puis élevés au rang de sous-classe par n'avait pas de fils et le considérait comme son hé-
de Blainville, sous le nom de Monotrèmes, em- ritier, lui légua avec la plus grande partie de ses
prunté à E. Geoffroy-Saint-Hilaire.Le premier de biens sa charge de présidentà mortier. Ainsi Mon-
ces mammifères singuliers, l'O~itAo'Ai/M~tM pa- tesquieu, à peine âgé de vingt-sept ans, se trouva
radoxal, est ainsi nommé à cause de ses mâchoi- possesseur tout à la fois et d'une fortune consi-
res prolongées en bec de canard et pourvues seule- dérable et d'une des plus hautes situations de la
ment d'une paire de grosses dents cornées qui magistrature d'alors.
sont situées à la place occupée ordinairementpar Ce double avantage n'était pas fait cependant
les dents molaires; il a le corps terminé par une pour le satisfaire. Nous voyons, à ce moment,
queue élargie et aplatie en dessous, comme celle du Montesquieu, avec ces curiosités multiples qui
castor, mais velue sur sa face supérieure son sontjcomme l'apanage de la jeunesse, tourner de
corps est revêtu de poils courts, et ses pattes se tous côtés son activité. En même temps qu'it
terminent par cinq doigts pourvus d'ongles ro- remplit les devoirs de sa charge et poursuit sea
bustes, et réunis entre eux par des membranes travaux juridiques, il se sent attiré vers d'autres
analogues à celles de la patte d'un canard et par- études il se montre l'un des membres les plus
ticulièrement développées aux membres anté- actifs de l'académie de Bordeaux récemment
rieurs. Cet animal étrange habite la Tasmanio et fondée ;it publie en 1719 le Projet d'une étude
l'Australie, et est connu des colons anglais sous le physique de la terre, où il fait appel au concours
nom de Watermole (taupe de rivière). Il se tient de tous les savants; il écrit divers opuscules.
en effet au bord des rivières, barbotte parmi les Deux ans plus tard, en 1721, it remet à un édi-
plantes aquatiques, et nage avec l'agilité d'un teur étranger le manuscrit des Lettres persanes.
poisson; sa nourriture consiste en larves d'insec- Qui eût pu croire qu'un livre pareil était t'ceuvre
tes, en vers et en petits mollusques. Les mâles d'un grave magistrat, d'unprésident à mortierd'un
ont le talon armé d'un éperon corné, muni d'une parlement?
fente qui sert à l'écoulement d'un liquide vis- La succès fut prodigieux. Le livre eut coup sur
queux. Ce liquide, sécrété par une glande parti- coup un nombre d'éditions considérable, en un
culière, logée dans la cuisse, est, contrairement temps où le public lettré n'était pas à beaucoup
à ce qu'on avait pensé d'abord, dépourvu de toutes près ce qu'il est aujourd'hui. Montesquieu lui-
propriétés venimeuses. même a constaté, non sans une satisfaction bien
Les Echidnés difîèrentdes Omithorhynques par excusable, ce succès « Les éditeurs, a-t-il écrit,
leur corps garni de piquants plus forts que ceux allaient tirant les passants par la manche et leur
des hérissons, et entremêlés de quelques poils, disaient « Monsieur, faites-nous des Lettres per-
j)ir leur tête prolongée en un bec très effilé, qui sanes. t C'était alors le temps de la régence et
porte en avant une bouche d'une petitesse l'aurore du xvin* siècle se levait. Après la vieil-
extrême, et enfin par leurs pattes disposées non lesse du grand roi, et le règne triste et austère det
pour fendre les eaux, mais pour fouir. Les Mme de Maintenon, it semblait que la France op-
mœurs de l'Echidné de la Nouvelle-Guinée sont primée depuis près de quarante ans fût déli-
encore inconnues, mais tout porte à supposer vrée d'un poids qui pesait sur sa poitrine. Une
qu'elles ne diffèrent pas sensiblement de celles réaction s'accomplissait, violente et excessive
de l'Echidné du continent australien et de la comme toutes les réactions. Le livre de Montesquieu
Tasmanie. Ce dernier, l'~cA~M~ épineux, vit dans résumait ce qui était dans la conscience et le sen*
les endroits sablonneux où il recherche les vers timent de presque tous. On y trouvait un esprit
et les insectes, particulièrementles fourmis et les frondeur et hardi qui a toujours été comme le génie
termites. II les cherche avec le bout de son mu- propre de la race française, une satire amère du
seau, qui parait doué d'une grande sensibilité, et régime qui venait de disparaitre et n'avait laissé
les capture au moyen de sa langue qui est enduite dans l'opinion que des souvenirs détestés, une
d'une salive visqueuse et peut être projetée hors foi robuste en la possibilité d'un avenir meil-
de sa bouche. Au moindre danger, t'Echidné se leur, que tous partageaient, l'invitation à des ré-
met en boule et présente de toutes parts des formes libérales que tous souhaitaient et appe-
piquants acérés. Les mâles portent en outre, laient et, ce qui en France n'a jamais rien gâté,
comme les Ornithorhynques,des ergots au talon. le livre tout entier était écrit dans une langue
L'Echidné, de même que l'Ornit.horhynque, a vive, alerte, précise, piquante et un peu raffinée,
l'intelligence extrêmement bornée. Pendant le pleine de nerf et de sève, qui donnait au bon
jour il reste caché dans un trou et ne se montre sens même et à la vérité l'allure piquante du pa-
qu'à la chute du jour. Ses mouvements sont radoxe. Les Français ont toujours aimé à s'enten-
d'une lenteur extrême. A diverses reprises, des dre dire leurs vérités quand elles sont bien dites
Echidnés ont vécu en captivité dans les jardins on trouvait une saveur piquante à entendre un
Mologiques de l'Europe, et particulièrement dans étranger, un barbare, un Persan comment peut-
la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle de on être Persan? se moquer si spirituellement
l'aris. [E. Oustalet.] des Françaiset des Parisiens,et leur faire si galam-
MONTESQUIEU. Littérature française, XIX. ment la leçon. Faut-il ne rien omettre? L'époque-
Charles de Secondat, baron de la Brède et de de la régence était une époque libertine, et le
Montesquieu, naquit au château de la Brède, non xvtn* siècle tout entier ne guérit jamais bien de
luin de Bordeaux, le 18 janvier 1689. Son père, cette maladie. Certaines pages sensuelles et éroti-
ancien officier qui avait de bonne heure quitté le ques des Lettres persanes ne nuisirent pas, elles
service, comprit. dès l'enfance, quelles espérances non plus, au succès de l'ouvrage et certaines let-
;~)torisait l'esprit vif et curieux de son fils, et pa- tres en firent lire à beaucoup plusieursautres que,
i'.it avoir fait de son instruction sa principale sans celles-ci, ils n'auraient peut-être pas lues.
Quand nous relisons aujourd'huiles Z.i'~t'MjMr- mes éminents formés par une autre éducation que
M~M, instruitspar l'œuvre entière de Montesquieu, l'éducation française, rencontrer d'autres idées,
et par les progrès de la science dont il a été en observer des préjugés divers, et ainsi se mieux
partie l'auteur, il est permis de penser que guérir lui-même de tous les préjugés que malgré
peut-être nous les comprenons mieux que ne le lui il conserve encore. Son titre d'académicien lui
firent ceux qui les premiers les connurent. Sous ouvrira toutes les portes et le fera bien accueillir
une forme légère, une pensée profonde et sé- partout.
rieuse s'y manifeste: pensée devenue banale de- 11 a trente-neuf ans. H est dans toute la vigueur
puis, mais qui alors était bien faite pour étonner, de sa raison, et pour voir il a de bons yeux. Les
pour scandaliser même. La voici c'est que livres lui ont appris tout ce qui peut être appris
tout ce que l'homme considère volontiers comme du passé il lui reste à connaltre le présent qui ne
étant la vérité absolue, à savoir les idées politi- s'apprend bien que par l'observation, et qui l'ai-
ques, religieuses, morales, les institutions, les dera à voir le passé avec des clartés nouvelles,
mœurs, les opinions, tout cela est en réalité non quand demain il reviendra dans son cabinet à ses
pas absolu, mais relatif c'est que des conditions études et à ses livres. Rien ne fait mieux com-
de vie différentes ont amené des constitutions prendre Montesquieu que ce besoin de voyager
diverses de la société,des conceptions diverses de pour s'instruire à une époque où si peu de Fran-
l'État, de la famille, de la religion, du bien et du çais voyageaient. 11 ne sera pas un voyageur
mal, et que ce n'est le plus souvent que par comme l'aimable président de Brosses, pour qui
ignorance que nous condamnons tout ce qui s'est un tour en Italie n'est qu'une longue partie de
fait ailleurs et que nous admirons sans réserve plaisir et qui consacre les loisirs de la route à
tout ce qui se fait chez nous. Tout l'Esprit des raconter gaiement à ses amis ce qu'il a vu. Il
lois était, on le voit, déjà en germe dans les voyage pour lui seul et il voyage pour apprendre.
Z.e«rM pet'MKM. Ce n'est pas un touriste, c'est un studieux il
Il ne pouvait suffire à un esprit aussi vigoureux passe indifférent sur les curiosités qu'il rencontre,
que celui de Montesquieu de s'être borné à laisser il n'écrit guère il se borne à observer et à réfléchir,
entrevoir ses pensées sous une forme légère. Ce à prendre des notes pour lui-même. S'il éprouva,
qui l'avait tenté d'abord, c'était la satire de tous vers la fin de sa vie, la tentation d'écrire le récit
les préjugés qu'il voyait acceptés autour de lui de-ses voyages, il ne semble pas qu'il ait exécuté
comme d'incontestables vérités, et il avait cédé ce dessein.
à la tentation d'écrire cette satire mais en Il a quitté Paris en 1728. Il se rend d'abord à
l'écrivant, à mesure qu'il réfléchissait lui-même Vienne, alors le grand centre allemand, la capitale
davantage, il était amené à entrevoir un second du Saint-Empire, et visite également la Hongrie.
livre derrière le premier, un livre où, renonçant De là il descend en Italie; il séjourne à Venise,
à toutes les fictions, il laisserait parler la raison à Rome, à Gênes puis, par la Suisse et la vallée
seule où il expliquerait ce que sont les sociétés du Rhin, il se rend en Hollande, où il s'arrête.
humaines, comment elles se forment, s'adminis- Tous ces voyages durent une quinzaine de mois.
trent, se transforment: de quelles forces multiples De Hollande, à l'automne de 1729, il se rend en
elles se composent, quel rôle y jouent les divers Angleterre. L'Angleterre à ce moment avait,
imérêts, par quelles lois elles se fondent, s'ac- depuis quarante ans environ, fermé l'ère de ses
croissent, déclinentet enfin se succèdent. Il vit là révolutions politiques. Elle avait définitivement
une œuvre utile et grande, que personne encore fondé ce gouvernement constitutionnel et parle-
n'avait tentée, qui pourrait être la gloire d'un mentaire que seule au monde alors elle possédait.
homme en même temps qu'elle serait t'œuvre de Elle y trouvait, malgré les menaces intermitten-
t~ite une vie. Il ne se sentait pas incapable de tes des prétendants, et la paix et la prospérité.
1 e ntreprendre. Le spectacle d'un peuple libre,
Nous voyons alors Montesquieu prendre un lui-même sous l'autorité d'un roi et se gouvernant
en possession
grand parti. Il n'est pas de spectacle plus inté- de l'exercice de tous les droits individuels, droits
ressant que ces vies dont un homme fait ce qu'il de la conscience et droits politiques, frappa vive-
veut; avecunesortedegénéreuxégoîsme.iiil immole ment Montesquieu. Il se plut à étudier, longue-
tout a un besoin impérieux qui l'emporte, renonce ment et par le détail, et le mécanisme de la con-
à toutes les autres ambitions, et suit sans hésiter stitution anglaise et les mœurs d'où
l'appel du génie intérieur. ces institu-
tions étaient sorties et qui faisaient leur force. H
En 1726, Montesquieu vend sa charge de prési- garda toute sa vie
dent à mortier au parlement de Bordeaux. Il re- peuple anglais, une vive admiration pour le
son culte de la liberté, son res-
nonce à la carrière qui eût pu l'élever à de plus pect de la légalité, son amour quasi supersti-
hautes dignités encore. Qu'eût dit l'oncle qui l'a- tieux du formalisme et des traditions
vait fait son héritier s'il eût été témoin de cette tonnera pas qu'un magistrat et on ne s'é-
un légiste
résolution? On peut compter qu'il l'eût désavoué particulièrement frappé de ces vertus. L'Angle- ait été
et maudit. On peut compter aussi que ses amis terre garda dès lors dans son admiration une
de Bordeaux furent sévères pour Montesquieu et place privilégiée. Il n'était
attribuèrent sa décision soit à la paresse, soit à que l'Angleterreait plus tard pas étonnant non plus
fait entre tous les
une coupable inquiétude d'esprit. Mais Montes- écrivains français une place à part au philosophe
quieu savait ce qu'il faisait. politique qui lui avait si parfaitement rendu jus-
Il vient à Paris d'abord il passe deux années tice.
dans la grande ville, et, non sans quelques diffi- Montesquieu s'attarda deux années entières
cultés, il est nommé membre de l'Académie fran- en Angleterre, accueilli là, il l'avait été
çaise. Il est admis dans l'illustre compagnie le 24 partout, avec la plus grandecomme faveur. A la fin de
janvier !28. Il est permis de penser qu'il attachait )ï3t, il rentre en France. Il
vu tout ce qu'il vou-
à ce titre une importance considérable, et nous lait voir il a fait sur les agouvernements
allons aussitôt voir pourquoi. et les
sociétés une ample provision d'observations;ce
Avant d'entreprendre le grand ouvrage qu'il qu'il lui faut maintenant,
médite et pour lequel, depuis plusieurs pour mener à bien l'cau-
années vre entreprise,c'est le recueillement et le silence.
déjà, il accumule les matériaux, Montesquieu veut S'il n'eût été qu'un homme de plaisir, aimant à
voyager. Il veut parcourir l'Europe entière. !i a jouir de la vie et il n'était point par nature in-
besoin de visiter les diverses nations pour obser- différent au plaisir Paris avait à lui offrir les
ser leurs mœurs et leurs institutions; il veut les plus séduisantes distractions.
visiteraussipour s'entretenir partpat avec les hom- tation lui ouvraient les portes Son nom et sa répu-
de tous les salons,et
M fortune lui permettait de mener la vie du plus mot tout ce qu'il vaut que de constater qu'après
aimable seigneur. Mais il avait de plus nobles bientôt un siècle et demi, et malgré tous les pro-
ambitions et il sentait qu'il avait à faire de ses grès accomplis depuis lors par la science histori-
forces un plus noble emploi. A son retour que, il est demeuré classique. Certains détails
d'Angleterre il s'arrête à peine à Paris; il reprend ont pu être corrigés depuis l'ensemble demeure
te chemin de sa province, il va s'enfermer dans debout; toutes les recherches de l'érudition n'ont
à qu'avait deviné la perspi-
son château de la Brède. Pendant de longues an- ajouté que bien peu ce
nées, il n'en sortira guère que pour passer ça et cacité de Montesquieu. Il avait du même coup
la philoso-
i& quelques semaines à Paris, où il est toujours créé pour ainsi dire un genre nouveau
fort recherché, ou entreprendre dans le midi phie de l'histoire. Combien peu sans doute, parmi
quelques rapides voyages. Le reste de son temps. les lecteurs des Lettres per~MM, avaient imaginé
il le passe dans son cabinet, étudiant l'histoire que l'écrivain qui tenait la plume d'Usbek était un
et les législations, poursuivant sur l'antiquité, sur si profond penseur et capable d'une telle gra-
te moyen âge, sur les temps modernes, ce grand vité!I
et persévéranttravail dont il attend la gloire. Montesquieu s'était donné à lui-même la preuve
Il n'aborde pas tout d'abord cependant ce de sa force d'esprit et de sa vigueur d'expression.
grand ouvrage. Les études de droit de sa jeu- Il ne lui restait plus qu'& se consacrer tout entier
de ce grand ouvrage de synthèse
nesso avaient nxé son attention sur !e peu- à la composition philosophie politique qu'il médi-
ple romain, qui a constitué autrefois la science historique et de
juridique. Il avait été vivement frappé par le tait depuis dix années déjà. Aordonner en rassemblerpa-
spectacle de cette race singulièrement forte, te- tiemment les matériaux, à en les matiè-
l'origine est seu- res, M'écrire, il employaquatorze années. On peut
Mce en ses entreprises, qui a
depuis l'âge d'homme il mettait déjà
lement une petite cité du centre de l'Italie, qui dire que y
patience, toutes pensées. Il semble que, vers t'!40, un
peu à peu, par son énergie, ses vertus, sa
Impose sujet
ses
particulier le tente de nouveau, comme l'his-
son ambition aussi et sa politique, son
joug a toutes les cités voisines, conquiert l'Ita- toire des Romains l'avait tentérencontré déjà. Au cours de
la physio-
lie, puis l'Espagne, l'Afrique, la Gaule, la Grèce ses études historiques, il avait
et l'Orient, fait de la Méditerranée un lac romain, nomie de Louis XI, et il avait été d'abord séduit
et devient la maîtresse de tout l'univers alors et par l'énergie sombre de l'homme et la
par gran-
~connu. Puis un autre spectacle ne l'avait pas deur de son œuvre. On a dit que cette histoire
'moins frappé: Rome conquérante du monde suc- avait été écrite, puis jetée au feu par l'étourderie
combant sous sa propre grandeur; l'empire suc- d'un secrétaire. Quand on sait le soin avec lequel
cédant à la république, comme la république Montesquieu conservait, nonmoindres pas seulement sell
avait succédé à la royauté: les vices remplaçant les manuscrits, mais jusqu'à ses brouillons
.~eftue; cette puissance prodigieuse qui si lente- d'écrivain, l'aventure parait très singulière. Ce <;u.i
ment avait grandi, déclinant et s'affaiblissant, pé- est vraisemblable, c'est qu'en effet Montesquieu
nssant aous ses propres fautes après s'être élevée songea d'abord à écrire une histoire de Louis XI
par ses vertus, retombant enfin au néant d'où elle c'est aussi qu'après en avoir écrit un certain nom-
était sortie. Son séjour en Angleterre lui avait en bre de chapitres, quepapiers probablement on retrouve-
quelque sorte mieux fait comprendre la Rome rait encore dans les dont a hérité sa fa-
<nt']ue, dont une aristocratie fermement atta- mille, il renonça a son projet. Il sentait que snnn
ché a ses droits et une démocratie vaillamment grand ouvrage était ce qui pressait d'abord, que là
lésoLue à réclamer la liberté avaient fait la gran- était le monument qu'il importait d'achever.
deur, et qui avait marché vers la décadence sitôt Enfin l'année n4S vint et l'~prtt des lois parut.
que l'équilibre entre ces deux forces, opposées Cette date est restée une date littéraire mémora-
mais également utiles, avait disparu. De la vic- ble, même en ce xvm* siècle où parurent tant d'ou-
toire de la démocratie l'empire était sorti par une vrages qui sont demeurésauxquels des événements histo-
loi nécessaire, et avec l'empire la décadence, dans riques: D'intimes amis l'auteur avait
l'abaissement de tous. sous la loi d'un despote. communiqué son manuscrit, entre autres Heivé-
La conclusion ne déplaisait pas à Montesquieu, tius, s'effrayèrent, parait-il, de l'austérité du
baron lui-même, fort peu démocrate et qui ve- livre et prièrent Montesquieu, dans l'intérêt de sa
nait de voir par l'étude de l'Angleterre ce que réputation, de ne pas le publier. Il n'en crut que
peut pour la grandeur d'un pays une aristocratie lui-même, et il eut raison. Le succès de l'Esprit
qui défend ses privilèges avec énergie, mais qui des lois, en effet, fut prodigieux il n'obtint pas
en m6me temps a la conscience de ses devoirs moins de vingt et une éditions en moins de deux
et ne cherche pas à s'y dérober. années; succès sans précédentet depuis même sans
Il remet a plus tard son grand ouvrage. Il s'ar- égal pour un livre de haute raison. Voltaire, qui
rête à en écrire comme un chapitre détaché. n'aimait qu'a demi Montesquieu et sur lequel Mon-
Reprenant à son tour cette histoire romaine qui tesquieu de son effet côté faisait bien des réserves
Saint-Evremond, il et combien en ces deux hommes ne diffé-
a sollicité Machiavel, Bossnet,
relit tous les historiens, et il s'efforcede lire entre raient-ils pas? – a exprimé en un
L'humanité
mot
avait
toute la
perdu
les lignes de leurs livres. Par delà l'histoire ro- beauté de cet ouvrage les lui rendus.
maine, telle qu'un Rollin l'a écrite avec une can- ses titres Montesquieu a
lois plus
»
d'une cri-
deur innocente et prête à accepter toutes les On peut faire à l'E:p'-tt des
On a pu signaler ce qu'a de factice
fables, il en entrevoit une autre qui ramène les tique fondée. théorie générale posée par l'auteur,
légendes à la réalité, et ne veut prendre conseil et de faux la
que du bon sens et de la raison histoire d'ou le que l'honneur est le ressort des monarchies comme
peuple romain sort bien plus glorieux et plus vrai- la vertu celui des républiques on a pu montrer
ment grand que de tous les récits menteurs de le décousu de certaines parties; on a pu surtout
relever dans le style, tantôt une brièveté senten-
ses propres annalistes, car on y sent bien mieux habile cieuse qui jusqu'à l'obscurité, tantôt un goût
à quel effort de volonté, à quelle politique l'antithèse
va
qui jusqu'à l'affectation et au
de
et résolument poursuivie, 11 a dû son triomphe, raffinement du bel vaesprit. Quel écrivain n'a
avant que les mêmescauses naturelles qui l'avaient ses
élevé précipitassentaussi sa chute. défauts, et Montesquieu a certainement eu les
De cette étude patiente, de cette concentration siens. Penseur solitaire, vivant dans l'étude, la
lecture et la méditation plus que dans la rcatité,
de pensée solitaire sort le petit volume intitulé
<
Co~M'a/ton. <« y) ott~eKf et décadencedes il a été certainement
~<~aM~ qui parut en 1~. C'est dire en un seul tion, et à construire une hnmauito plus logique
disposé à abuser de l'abstrac-
et plus absolue que jamais elle n'a pu se montrer; On en eût vainement cherché la trace dans les
écrivain sévère à l'excès pour lui-même, il a in- livres les plus illustres.
contestablement visé plus que de raison à enfer- Ce n'est pas cependant encore là tout l'Esprit
mer chaque pensée en une forme brève et saisis- des lois. La France d'alors, lasse d'abus sans
sante, presque toujours tendue et souvent forcée. nombre dont le poids devenait plus lourd de
La meilleure langue est à coup sûr celle qui se met jour en jour, à mesure que la raison s'éveillant
le mieux à la portée de l'esprit moyen des lec- en comprenait mieux l'injustice, à mesure aussi
teurs, et pour être comprise n'exige point d'effort. que le changement des mœurs avait supprimé la
L'Esprit des <OM. est assurément une lecture la- raison d'être de la plupart des privilèges,appelait
borieuse mais personne ne s'y est un peu appli- de tous ses vœux une réforme elle l'appelait
qué sans être largement payé de sa peine on a dans le gouvernement, elle l'appelait dans l'ad-
pu dire justement de Montesquieu ce que lui-même ministration, dans l'ordre judiciaire, dans la ré-
disait de Tacite, qu'il abrégeait tout parce qu'il partition des impôts, dans la condition civile, poli-li
voyait tout. L'j~.<pr:< des lois ne sera jamais un tique, religieuse des individus la réforme ayant
livre populaire: il ne s'adresse qu'aux esprits déjà refusé de s'accomplir, elle finit par faire une ré-'
cultivés, et qu'un peu d'aridité ne rebute pas volution. Le livre de Montesquieu, s'il nous parle
mais aucun livre ne fait penser davantage, et il avec développement de l'antiquité, du moyen
faut dire à la décharge de l'auteur que s'il n'eût âge, des pays environnants, ne perd pas un mo-
adopté la forme rapide et sommaire, toute nerveuse ment la France de vue. Ne lui demandons pas de
et concentrée, qu'il a choisie, une longue série de faire directement la critique de ce qui existe en
volumes n'eût pas été de trop pour faire tenir tou- France ou de proposer des réformes directes. Le
tes les réflexions et toutes les pensées qu'il a en- philosophe n'est pas un pamphlétaire, et il plane
fermées en ce seul ouvrage. volontiers au-dessus des lieux et des temps. Ne
La durable valeur de l'Esprit des lois est non demandons pas davantage au baron de Montes-
pas dans la thèse contestable qui en fait l'apparente quieu d'être un partisan de la République; et qui
unité et qui est le système du livre elle est dans d'ailleurs, en 1748, pouvait en France prévoir la
les observations si précises, et presque toujours République de 1792? Montesquieu est fermement
profondes et fortes, qui le remplissent, sur l'anti- attaché à l'institution des castes sociales, et ne
quité, sur le moyen âge, sur les constitutions des dissimule pas son admiration pour le système féo-
divers pays. On peut dire que personne, plus que dal il n'a point confiance dans les capacités du
Montesquieu, n'a contribué à fonder l'histoire peuple à se gouverner lui-même, et l'exemple de
philosophique. Tout le mouvement moderne des la démocratie romaine est sans cesse présent à ses
sciences historiques est sorti de lui pour une part yeux mais s'il veut conserver et l'institution de.
considérable. Mais l'originalité véritable de l'ou- la noblesse et celle de la royauté, s'il estime que
vrage est dans ces chapitres qui précisément hors de là il n'est point de salut, et que le passé
étonnèrent et même scandalisèrent le plus les de la France doit régler son avenir, il demande à
contemporains: dans ceux où il signale le ca- la royauté de renoncer son pouvoir absolu, dan-
ractère relatif de toutes les institutions, des lois, gereux pour elle-même, oppressif pour tous il
des mœurs, de la moralité elle-même. Si étrange veut une noblesse qui ait conscience de ses devoirs
que paraisse la contradiction, on peut dire qu'au- aussi bien que de ses droits il réclame pour tous,
cun esprit ne fut à la fois plus systématique et paysans et vilains, les garanties de la liberté indi-
moins absolu que celui de Montesquieu. Le pre- viduelle. Il ne croit pas à la possibilité de fonder
mier il a bien montré comment il y avait en l'hu- actuellement en France une société durable sur
manité comme plusieurs humanités différentes, une autre base que celle des droits de l'individu.
comment les races, les habitudes, les climats Son idéal, il l'a vu en Angleterre c'est une royauté
divers, avaient amené aussi des organisations di- constitutionnelle, qui réunit à la fois les avantages
verses des sociétés, établi ici une forme de gouver- des trois seules formes théoriques de gouverne-
nement et là une autre, amené à considérer ment, la monarchie, l'aristocratie, la démocratie,
comme le devoir la pratique de telles ou telles et rend le progr&s possible, avec lenteur, mais
vertus, parfois même de tels ou tels vices aussi sécurité, sans aucune de ces secousses ou aucun
c'est presque toujours pour ne pas connaître suf- de ces redoutables entraînements où peut som-
fisamment les conditions d'existence des époques brer la fortune, la vie même d'une nation.
ou des contrées qui diffèrent de la nôtre, que nous C'est cette partie du livre de Montesquieu que
condamnons si sévèrement les pratiques qui y sont retinrent surtout les contemporains. Les réfor-
observées. C'était cette pensée déjà qui avait ins- mes qu'il avait indiquées dans l'ordre judiciaire,
piré les Lettres persanes, et c'est elle qui domine dans l'ordre constitutionnel, dans l'ordre civil,
l'Esprit des lois. Montesquieu, on le voit, demeu- dans l'ordre administratif et économique, devin-
rait Mêle à lui-même. rent comme le programme du parti libéral, du-
Cette conception de l'histoire est le grand hon- rant la seconde moitié du siècle. Sous la forme
neur de Montesquieu. On remarquera qu'aujour- contenue, sereine et hautaine d'un dogmaticien
d'hui elle n'est plus guère contestée. Il fut, de son doctrinaire, il n'était pas difncile de sentir, dans
temps, à peu près seul à l'avoir. Le caractère de l'ouvrage de Montesquieu, un ardent amour de la
l'esprit français a toujours été volontiers absolu liberté et des droits individuels, une commiséra-
jamais ce défaut ne fut plus sensible qu'au xvm* tion profonde pour tous les humbles et les oppri-
siècle. Il suffit de lire les livres des plus grands més la conviction que le jour de la justice pou-
esprits d'alors, et particulièrementle magnifique vait être amené pour eux sans compromettre
Essai sur les M<BM~ de Voltaire lui-même, pour l'équilibre d'une société vieille déjà de plusieurs
voir combien il était difficile à un Français d'alors siècles. Les hommes qui, comme Malesherbes et
de comprendre ou d'expliquer ce qui choquait sa Turgot, essayèrentde réconcilier la royauté et la
raison, et de quel service la science moderne est nation en extirpant les abus, furent des disciples
redevable à Montesquieu. véritables deMontesquieu.
Un autre mérite original de l'Esprit des lois, Quinze ans environ après le livre de Montes-
c'est d'avoir bien marqué, dans la vie des na- quieu, un autre livre de philosophie sociale parut:
tions, l'importance du rôle de la richesse, les ef- le Contrat social de Rousseau. Fils d'une petite
fets du commerce, la place des échanges. C'est république, Rousseau fondait toute l'organisation
l'avènement de l'économie politique dans l'his- politique sur la souveraineté populaire, et la
toire, dont elle est. un facteur si considérable. Les souveraineté populaire directement exercée. Le
historiens jusqu alors s'en étaient peine doutés. livre de Montesquieu devait conduis à la ré-
forme politique celui de Rousseau à la révolu- bienfaiteur inconnu: Montesquieu le repousse,
tion. A partir de ce jour, la lutte fut entre les disant qu'il ne sait de quoi on lui parle. Ce fut
deux écoles. On l'a dit bien souvent l'Esprit des seulement à la mort de Montesquipu que l'on
lois fut l'évangile de la Constituante, le Contrat trouva sur ses livres l'envoi d'une somme de sept
<o<ta< fut celui de la Convention. La Constituante mille livres à un banquier anglais de Cadix, et que
proclama les droits individuels et établit la l'on sut par celui-ci que la somme avait servi à
royauté constitutionnelle. On sait comment et payer la rançon du négociant marseillais Robert.
pour quelles causes multiples la réforme de Il ne suffit pas sans doute d'avoir l'âme généreuse
fAssembtée constituante échoua. Il ne resta plus pour écrire l'E.tpft< des lois; mais on est toujours
qu'à faire la révolution. Sur la ruine de la mo- heureux d'apprendre qu'un grand homme a ctn
-narehie constitutionnelle s'éleva avec la Républi- humain, et que le cœur s'est trouvé chez lui à la
que la souveraineté populaire. hauteur de l'intelligence. [ChartesBigot.]
Nous sortirions du cadre de cette étude en recher- MORALE. – Psychologie et Morale,XVIII.
chant si ce fut un bien ou un mal que la réforme On peut dénnir la morale, la science des principes
rêvée par Montesquieu n'ait pu s'accomplir. Aussi ou du principe par lequel doit se diriger la vo-
bien les philosophes proposent dans leur cabinet lonté de l'homme.
et les événements disposent. Il est souvent hasar- Nous disons que la morale est une science. Il
deux, et plus souvent inutile, de rechercher si ce ylesa des faits appelés moraux dont l'existence et
qui s'est accompli eût pu ne pas s'accomplir ou caractères sont universellement reconnus.
t'accomplir autrement. Il est temps de revenir à Certaines actions sont jugées moralement bonnes,
Montesquieu lui-même, et il nous reste peu de d'autres moralement mauvaises; auteurs ou té-
choses à dire. moins, soit des unes, soit des autres, nous éprou-
tt avait achevé l'œuvre de sa vie et mené à bien vons des sentiments divers; nous admettons que
la tâche entreprise.Il était comme épuisé lui-même l'homme a des devoirs à remplir, qu'il mérite
de ce prodigieux effort de vingt longues années. A d'être récompensé s'il les accomplit, puni s'il les
partir de 1148, il ne prend plus que rarement la viole. Autant de faits que la science des ma°M)'s
plume en 1750, pour écrire une courte Défensede ou morale constate, explique, et se propose de
f reprit des lois, contre certaines critiques vio- ramener à l'unité d'un système.
lentes en 175), pour envoyer le fragment de ty- Nous disons de plus que la morale est la science
«Ma~Me à l'académie de Nancy qui l'avait appelé des principes ou du t~'t'mct~e par lequel doit se
dans ses rangs; en f!M, semble-t-il, pour composer diriger la volonté de l'homme. En effet, toute règle
le roman d'~r~nn et Isménie,publié en 1783 seule- de conduite est un principe d'action qui s'appli-
ment par son fils, et où se trahit une imagination que à un grand nombre de cas particuliers.
,affaiblie. Il songeait à écrire une relation de ses C'est un principe, par exemple, qu'il faut être
voyages; sa vue, qui n'avait jamais été bien forte, fidèle à sa parole, c'en est un autre qu'il faut
baissait il était devenu presque complètement pardonner les injures, etc. Autant de devoirs,
aveugle. tt partageait désormais son temps entre autant de principes. Mais ces principes, dans leur
Paris, où il était fort recherché et comptait de multiplicité presque indéfinie, doivent pouvoir se
fidèles amitiés, et son château de la Brède. Ce fut subordonner les uns aux autres, et se rattacher &
& Paris que la mort vint le prendre le 10 février un principe suprême, dont ils ne sont que les
HM. Une fièvre inflammatoire,qui lui laissa jus- conséquences et comme les déductions néces-
qu'à la dernière heure la lucidité de l'intelli- saires.
gence, l'enleva en quelques jours. H avait un peu La science de la morale a pour objet de déter-
plus de soixante-six ans. miner cette hiérarchie de principes et de formu-
La vie d'un homme commeMontesquieu est tout ler celui duquel tous empruntent leur valeur et
entière dans ses livres. Il avait vécu pour étu- leur autorité.
dier, penser, réfléchir. Il avait pris la meilleure Ces principes, ou ce principe, disons-nous
part d'action, celle qui est durable. L'humanité encore, doivent diriger la volonté de l'homme.
cependant aime les petits détails sur les grands Le caractère essentiel de la volonté, c'est la li-
hommes, et désire connaître la personne et le berté.
caractère de ceux qu'elle admire. Ajoutons donc La conciliation du libre arbitre humain, soit
ici quelques-uns de ces traits. Montesquieu, dans avec le déterminisme des phénomènes de la natu-
sa jeunesse, avait aimé le plaisir. Au fond l'étude re, soit avec la prescience et la providencedivines,
fut sa seule passion « Je n'ai jamais eu, disait- peut présenter au métaphysicien des difficultés
il lui-même, de chagrin qu'une demi-heure de presque insolubles mais pour le psychologue et
lecture n'ait dissipé. Il n'était pas indifférent à le moraliste, la liberté est un fait que le senti-
l'argent; on l'a accusé d'avoir été un voisin proces- ment intérieur atteste avec une irrrésistible clar-
sif et un seigneur qui n'entendait pas qu'on Mu- té. Nous sentons que nous sommes libres, c'est-à-
chàt à ses droits. Mais ce qu'il faut ajouter, dire que nous pouvons choisir entre tel ou tel
c'est que, rigide sur le chapitre de ses droits, il motif d'action, vouloir ou ne pas vouloir, et cela
était aussi un seigneur sans morgue et charitable. suffit pour établir notre responsabilité.
On a cité souvent, entre beaucoup d'autres, un Si la liberté est proprement la possibilité de
trait de sa bienfaisance. Un jour, à Marseille, ayant choisir entre deux ou plusieurs motifs, il faut,
pris une barque pour se promener dans le port, il pour que la liberté se détermine, qu'il y ait une
remarque que les mains de son batelier sont bien raison de ce choix. Tous les motifs ne sauraient
blanches pour le métier qu'il exerce. Il l'inter- donc avoir une valeur égale. Or, les motifs se
roge, il apprend qu'il est ouvrier joaillier de son ramènent facilement à trois, qui sont le plaisir,
état, fils d'un négociant de Marseille que les cor- l'intérêt, le devoir, ou, en d'autres termes, l'a-
saires ont pris et emmené à Alger. Joaillier la gréable, l'utile, l'honnête.
semaine, le dimanche le fils se fait batelier pour On agit en vue du plaisir, quand on ne se pro-
soutenir la famille et amasser s'il se peut la ran- pose qu'une satisfaction immédiate de la sensi-
çon du père. De retour sur le quai, Montesquieu bilité, quelles qu'en doivent être d'ailleurs les
jette sa bourse au jeune homme et se dérobe. Quel- consonances. Le motif du plaisir n'implique
que temps après la famille marseillaise est surpri- qu'un faible degré de réflexion il est à peu près
se de voir revenir le père et apprend que sa rançon purement instinctif, et reçoit ordinairement le
a été payée. Montesquieu, plus tard, revenant à nom do mobjle.
Marseille, est reconnu par le jeune homme, qui se On agit par intérêt, quand on recherche, non
précipite vers lui, ne doutant pas qu'il soit leur un plaisir immédiat, passager, et que suivra peut-
durable, mais la pas responsable, avant un certain âge. It semble
~tre une douleur intense et de p:
l'ivresse devraient abolir de même
somme la plus grande possible satisfaction, ac- que la passion,
qi
subsiste, bien qu'a-
quantité possible de la responsabilité mais elle
tompagnée de la moindre moindrie peut-être, il dépendait de la volonté
peine. On voit ainsi que celui qui se détermine m car
prendre soit à la passion, soit à
nécessairement un calculateur. U de ne pas laisser
par intérêt estles conséquences plus ou moins des
d. habitudes funestes, une force qu'elle devient
réfléchit sur à la longue à peu près impuissante à combattre.
probables, plus on moins lointaines de actes
ses
plus ou Nous avons dit précédemment que la loi morale
il embrasse, par la rénexion, une période ici la spon- est absolue et obligatoire. On lui attribue ordi-
moins longue de l'avenir. Ce n'est plusl'intelligence e:
de l'uni-
tanéité du mobile instinctif c'est modérant les nairement n un troisième caractère, celui esprits les
d'elle-même, versalité.
v Si la raison révèle à tous les
-en pleine possession vérités nécessaires, la loi morale, raison
impulsions d'une sensibilité aveugle, mais ten- mêmes n
pratique, doit-elle imposer les
ou
mêmes or-
.dant en réalité, et par une voie plus sûre, au p ne pas
dres à toutes les volontés''Pourtant il est difficile
même but que celle-ci, savoir, le plaisir ou tout au de d
d contester que d'un peuple à l'autre, d'une épo-
moins l'absence de douleur. à une autre époque, ne se manifestent des
Tout autre est le motif du devoir, ou motif qque profondes dans les jugements moraux.
moral. Il se manifeste dans la conscience par divergences
d
apposition avec les deux précédents. Régulus Le
1 sauvage commet sans scrupule des actes qui
s'est engagé reprendre ses chaines s'il échoue ):pour nous sont abominables où donc retrouver
~tans la mission que lui a confiée le sénat deCar- dans
c l'histoire cette unité morale de l'espèce
épou- humaine dont parlent certains philosophes ?2
thage il sait quels supplices l'attendent 1
du pôle, dit Pascal,
vantée par l'aspect de la douleur, sa sensibilité «achangent toute d'élévation
Trois degrés
la jurisprudence.Plaisante jus-
lui crie de violer sa parole. Sa femme, ses en- <
avoir ttice qu'une rivière borne Vérité en deçà des
fants, ses amis, sa patrie même qui peut delà!
besoin encore d'un général longtemps victorieux, 1Pyrénées~ Sans
erreur au
discuter a fond cette objection, ce qui
-unissent leurs prières ne semble-t-il pas que
l'intérêt (tel au moins que l'entend un vulgaire nous entralnerait trop loin, contentons-nous d'ob-
server que si la raison est le privilège développée de l'huma-
égoisme) soit ici d'accord avec la sensibilité? elle est loin d'être également
Mais non il a juré, et le devoir commande de ne nité, chez les hommes. De même en est-il de la
Sur un théâtre tous
pas manquer à son serment. tra- conception d'une loi morale. Les difficultés de
plus humble, dans des circonstances moinsd'une matérielle, l'obligation d'une lutte de
giques, s'impose à chacun de nous, et plus choix l'existence
Ma pendant le cours de sa vie, le même tous les instants contre une nature ennemie,
-fm'& Régulus.
l'ignorance, la superstitionpeuvent maintenir in-
Les motifs du plaisir et de l'intérêt sont égoïs- dénniment à l'état embryonnaire les facultés su-
de périeures de l'âme. Pourtant, même chez les
tes, car ils n'ont en vue que la satisfaction peuplades les plus dégradées se retrouve la cons-
~individu. Le motif du devoir est désintéressé, cience morale, avec ses traits essentiels. En fait,
car il commande surtout la sacrifice du bonheur,
de la vie même; seul encore, le motif moral est[ dit M. Henri Joly, la générosité, la clémence, la
parole donnée, voilà des
obligatoire. Il faut entendre par là qu'il s'impose véracité, la foi dans la des exemples nombreux
la liberté sans la contraindre.Il apparait comme vertus dont on trouve
dans les populations les plus grossières. LM
un ordre, absolu,deinconditionnel; il est, pour
les plus récents et les plus authenti-
parler le lansage Kant, un impératif catégori- témoignages
que. Il ne dit pas fais intérêt ceci, pourvu que tu yr ques des voyageurs sont unanimes sur ce point.
mais fais ceci, Avec civilisation, la notion du bien et du mal
la
trouves ton plaisir ou ton
busses-tu en souffrir, dusses-tu en mourir. Le noblecroît en précision, en clarté, en délicatesse.
pillage et le brigandage, autrefois privilèges
<' Le
des
adage fais ce que dois, advienne que pourra, héros, le refuge des malfaiteurs et
exprime d'une manière populaire et d'impératif saisissante sont devenus
f en même temps la propriété est devenue plus
ce que Kant traduit par les deux mots accessible à tous et de mieux en mieux garantie.
catégorique.
Le motif moral, qui ne saurait venir, ni de laa L'esclavage sous toutes ses formes, ainsi que les
sensibilité, ni de la réflexion apptiquée auxx cruautés exercées sur la conscience au nom de la
possiblee foi, ne sont déjà plus que des souvenirs. Le
moyens d'acquérir plus grande somme ines, nee pillage, le massacre des vaincus, la réduction des
de jouissancesavec la moindre sommede peconcevoir empoisonnées,
~peut avoir sa source que dans la faculté de r prisonniers en esclavage, les armesplus aétries et
l'absolu, l'inconditionnel c'est la raison. Le mo- les courses, ont été de plus en
d'épaves et le droit
tif moral, puisqu'il commande, est une loi et!t condamnées, comme le droit
s d'aubaine et autres restes de l'état barbare. »
cette loi a son fondement dans la raison. Disons H Joly.) S'il n'est pas rigou-
mieux, elle est la raison même en tant qu'ellee (P. Janet, cité pardeM.dire
éclaire et dirige la volonté, ou, comme dit Kant, reusement exactt, avec Socrate
il
et Platon
reste vrai
la raison pt'n~Me.. que nul ne péche que par ignorance, plus porté à
~insi, d'nne part, la liberté, capable de choisir~r néanmoins que l'homme est d'autant
loi de cettee faire le bien qu'il le connaît mieux et qu'en géné-
entre plusieurs motifs, d'autre part, la loi e, ral le progrès de la moralité est proportionnel à
liberté appelée raison pratique ou morale,
telles sont les deux conditions essentielles dee celui des lumières. Instruire, c'est moraliser.
Nous déterminé l'existence et les carac-
!a science des mœurs. Les êtres raisonnables et Jt avons
libres sont seuls susceptibles de moralité. 's Les tères de la loi morale; il nous reste à en recher-
ts cher l'essence et la formule. Dire
qu'elle est
partisans de la doctrine évolutionniste n'ont pas le bien d'éviter le mal, ce
réussi à prouver que les animaux inférieurs à l'obligation de faire et
l'homme soient, même au plus faible degré, des es n'est pas assez, car on
demandera ce que c'est
êtres moraux il faudrait pour cela qu'ils eussent tt précisément que le bien et le mal. Une sorte
établi que l'animal est raisonnable et libre, et d'instinct, qu'on appelle sens moral, nous révèle
sans doute, avec une clarté ordinairement sut-
cette démonstration, ils ne l'ont pas fournie. la pratique, quelles actions sont
Par suite encore, toutes les causes qui altèrent at fisante pour
liberté et la raison, n bonnes,qu'on quelles autres mauvaises; mais la science
ou détruisent dans l'homme la rende compte de ces révélations
détruisant ou diminuent sa responsabilité. Telles es exige
ramène a leur principe.
sont la folie, l'idiotie, certaines maladies nerveu- u- mêmes, qu'on les
ses, la sénilité extrême, etc.; l'enfant non plus n'est
st Plusieurs systèmes ont été proposés. Pour les
uns, la loi morale a son fondement dans la vo- leur maxime célèbre il faut vivre conformément
lonté divine. Sa formule serait ainsi obéis aux à la nature. Ce qui constitue la nature d'un être,.
commandements du souverain législateur. Ces c'est ce qui l'achève, )e rend parfait la vraie nature
commandements, Dieu tes aurait gravés lui-même de l'homme n'est donc pas la sensibilité inférieure,
dans la conscience humaine, ou exprimés direc- qui lui est commune les animaux, mais ht
tement a certains élus, chargés par lui de les raison et la liberté. Vivreavec
conformémentà la nature
transmettre et de les interpréter au reste du genre que conçoit l'idéal du vivre conformément an
humain. Une telle doctrine est au moins dénuée bien, à la perfection,sage, autant de formules identi-
de preuves philosophiques. La volonté de Dieu ques de la loi morale.
nous est impénétrable. Nous affirmons qu'il ne Le devoir consiste à obéir en tout et partout &
peut rien vouloir de contraire à la loi morale, cette loi. Le droit n'est en moi que l'obligation
mais parce que nous connaissons cette loi immé- pour autrui de respecter ma liberté dans ses ma-
diatement et par elle-même, et qu'il est contra- nifestations légitimes. Le respect du droit d'autrut
dictoire avec lidée d'un être parfait qu'il puisse s'appelle la justice.Quand, non content daf ne pas
vouloir le mal. Loin d'être le principe de la loi noire à mon semblable, le fais en sorte d'écarter
morale, la volonté divine ne saurait en être que tous les obstacles qui ~opposent au plein déve-
l'expression. D'antres, ce sont les utilitaires, ont loppement de sa liberté, souffrance, misère, igno-
prétendu ramener la loi morale soit a l'intérêt rance, etc., que je travaille selon mes forces à son
particulier, soit à l'intérêt général. Mais l'intérêt, bonheur, je dépasse la justice j'atteins la charité.
si bien entendu qu'on le suppose, n'est point Nous avons dit que la pratique du devoir exige
obligatoire; et c'est par là, nous l'avons vu, que souvent des sacrifices pénibles pour la sensibilité.
l'utile se distingue de l'honnête. Sans doute, en Néanmoins il est contradictoire aux yeux de la
un sens très élevé, l'intérêt suprême pour l'indi- raison que ]o malheur soit la conséquence de la
vidu c'est de faire son devoir, et Cicéron a montré vertu. Nous affirmons invinciblement que quicon-
admirablement l'identité fondamentale de l'hon- que fait le bien doit tôt ou tard en être récompensée
nête et de l'utile; mais cette sorte d'intérêt qui pourvu que l'espoir de cette récompense n'ait pas
peut exiger jusqu'au sacrifice de tout bonheur été le motif principal et déterminant de sa con-
terrestre n'est pas celle qu'entendent les parti- duite. On appelle mérite ce droit au bonheur ac-
ons de système égoïste (Epicure, Hobbes, Hel- quis par un être à qui rien n'a coûté pour accom-
vêtius). plir la loi morale. Le démérite qu'on
Quant à l'intérêt général, ou, selon la formule appeler le droit à la punitionest ce celuipourrait qui l'a
de Bentham, le plus grand bonheur possible du violée. pour
plus grand nombre possible, il ne peut avoir évi- Les sanctions d'une loi les peines et le~
demment d'autres caractères que ceux des inté- récompenses attachées à lasont pratique
rêts particuliers dont il est la résultante et la tion de cette loi. La loi morale a différentes ou à la viola-
synthèse. Outre qu'il est très difficile à détermi- de sanctions. sortes
ner, il lui manque, à lui aussi, d'être obligatoire La vertu, c'est-a dire la pratique constante et
en soi. Que si parfois nous sommes moralement habituelle du devoir, est accompagnée d'une satis-
tenus de subordonner notre utilité individuelle à faction profonde, d'une sérénité d'âme
celle du plus grand nombre, c'est en vertu d'un Le coupable, an contraire, est, selon lainaltérable. gravité de
principe supérieur à l'utilité, fût-ce celle de tout la faute, mécontent de soi déchire de remords.
le genre humain. Fonder la morale sur l'intérêt ou
La santé la maladie, conséquences ordinaires
public, c'est justifier, c'est glorifier tous les crimes de la vertuouou du vice, l'estime
qu'enregistre l'histoire au nom de la raison d'Etat. nos semblables, les châtiments prononcés ou le mépris de
Il est bien vrai qu'en fait le plus grand bonheur tribunaux humains, autant de sanctions plus par les
du plus grand nombre possible ne saurait être moins efficaces. Mais toutes sont insuffisantes, ou
mieux assuré que par la pratique universelle de la car l'intensité du remords est presque toujours en.
loi morale; mais il s'agit ici de principes, et théori- proportion inverse de la perversité du criminel;
quement, ils restent profondément distincts.'(Les une constitution vigoureuse peut résister à toutes.
représentants les plus émine'nts du système de les débauches, l'estime et le mépris
l'intérêt général sont, depuis Bentham, Stuart garer sur de fausses apparences; enfin peuvent s'é-
Mill, Bain, H. Spencer, Darwin.) la justice
des hommes, toujours faillible, ne recherche et
Selon nous, l'essence véritable de la loi morale, punit que les actes qui compromettent l'ordre
c'est une conception idéale que nous nous formons ne et la sécurité sociale. De là, aux yeux des plus
nécessairement de l'humanité, à l'occasion et à grands moralistes, tels Platon et Kant, la.
propos de notre propre conduite ou de celle des nécessité d'une sanctionque définitive dans une vie
autres. Sommes-nous témoins des emportements ultérieure c'est le fondement le plus solide de la
de la colère, de la vengeance? nous concevons le croyance à l'immortalité de la
type d'un homme maître de lui-même, capable de personne humaine.
Nous n'insisterons pas sur cette partie de la.
pardonner l'injure: aux excès d'une basse sensua- morale qu'on appelle morale particulière,
tité, nous opposons )e modèle de la sobriété et de n'est que l'exposition méthodique des principaux et qui
la tempérance, à la lâcheté. le courage, à la dureté devoirs qui s'imposent à l'homme. Contentons-
d'un cœur que ne peuvent émouvoir les souffran- nous de rappeler les grandes divisions générale-
ces d'autrui, la bienveillance, la philanthropie, la ment adoptées Morale individuelle, ou devoirs de
chanté. C'est d'après cet homme idéal que nous l'homme envers Jui-même (devoirs
nous jugeons nous-mêmes et que nous jugeons corps fortifier, développer le corps pour envers son
faire
nos semblables. A toutes les époques, à tous les un serviteur docile de l'intelligence et deenla
degrés de civilisation, l'humanité s'est ainsi re- lonté, interdiction du suicide devoirs vo-
présentée une image plus parfaite d'elle-même, envers son
âme: cultiver les diverses facultés conformément.
et i) y a progrès dans ces conceptions successives à la loi du bien)
de 1 idéal moral. Mais toujours et partout s'impose de c
– Morale domestique, ou devoirs
l'individu dans la famille; Morale sociale ou
à elle l'obligation d'y tendre de plus en plus. C'est devoirs de l'homme l'Etat, envers l'huma-
( envers
là proprementla loi morale, que l'on pourrait for- nité (justice et charité); Morale religieuse,
muler ainsi efforce-toi de réaliser par ta conduite ]devoirs ou
c de l'homme envers Dieu. On admet quel-
le type de l'humanité que tu portes en toi-même quefois,
sous le nom de morale réelle, classe
ou plus simplement encore efforce-toi d'être sspéciale de devoirs envers les choses etune
(

homme. envers les


animaux. On peut douter néanmoins que cette di-
Les stoïciens n'entendaient pM autre chose par vision soit parfaitement justifiée les devoirs
1 de
l'homme envers les animaux pourraient bien n'être alors la capsule mûre se déchire latérale-
Andréa
qu'une extension de ceux qu'il a envers lui-même ment pour mettre tes spores en liberté.
(ne pas endurcir son cœur et contracter des habi- Par la chute de l'opercule et la déchirure dn sac
tudes de cruauté en maltraitant sans raison des sporifère, tes spores ou cellules disséminatrices
êtres inoffensifs) Les mauvais traitements enversproduites dans son intérieur tombent sur la terre
les bêtes sont d'ailleurs interdits, sous certaines
humide et là germent immédiatement. Sous l'ac-
peines, par la loi française (toi Grammont). tion de l'humiditéla région superficielle solide et
Population. [L. Carrau.] dure de la paroi cellulaire de la spore se brise, et
MORTALITÉ.
MORTAMTt:. – V. Po~MMtM!. la région interne molle de cette même paroi s'at-
MOUSSES. – Botanique, XII. –Etymologie de longe au dehors en un filament grêle qui est une
l'allemand ancien ?MfM, qui signifie moMMe. – On nouvelle forme de la plante. Cette nouvelle forme
désigne sous le nom général de Mousses de petits de la mousse est désignée sous le nom de proto-
végétaux cryptogames cellulaires, qui forment Kema. Le stade protonema, dans le développement
dans la nature actuelle un groupe très nettement des mousses, est la phase à laquelle ces êtres se
isolé de tous les groupes voisins. Tout nous porte montrent comme constitués par de petits fila-
à regarder les mousses comme les plus élèves ments verdâtres. Le protonema se ramifie abon-
des cryptogames cellulaires. Malgré l'extrême dé- damment. Bientôt, en certains points, on voit le
licatesse de leurs tissus, certaines mousses ont été protonema émettre vers le sol des poils fixateurs,!
conservées à l'état fossile leur présence a été si- véritables crampons qui t'attachent au sol d'une
gnalée dans les terrains les plus anciens; et celles manière définitive. Dans la région du protonema
de ces formes anciennes que l'on peut reconnaître qui vient d'émettre ses poils fixateurs, on voit le
diffèrent assez peu des espèces actuelles. filament se segmenter, et la masse cellulaire pro-'
Dans l'histoire complète du développement duite s'édifier bientôt en une sorte de tige chargée
d'une mousse on distingue trois stades; 1° le de petites feuilles; nous trouvons enfin l'aspect
stade fruit; 2° le stade protonema ou stade fila- sous lequel nous sommes habitués à voir ce que
m<'7!<eM.x; 3° la phase adulte ou de mousse p)'o- tout le monde nomme les mousses.
prement dite. Dans cette troisième phase de leur développe-
L'embryon des mousses n'est jamais libre. Sitôt ment, que l'on regarde ordinairement comme la
formé, il se développe, et les premièresphases de phase adulte de la plante, la mousse se compose
son développement s'accomplissent au sein de d'une tige grêle courte les plus élevées de ces
l'archégone dans lequel il a pris naissance. Lorsque tiges n'atteignent pas Om,60. Cette tige est plus
la jeune plante a acquis un certain développement, ou moins ramifiée selon les genres. Elle porte
elle rompt l'archégone dont la partie supérieure toujours de petites écailles membraneuses ou feuil-
demeure à son sommet, la recouvrant comme une les, arrangées en disposition spiralée. La struc-
sorte de chapeau. Cette pièce protectrice, qui per- ture des tiges des mousses est des plus simples
siste parfois pendant un temps très long au c'est une masse de cellules à parois très forte-
sommet de la plante, a reçu le nom de coi ffe. Les ment épaissies, d'autant plus petites qu'elles sont
premiers développements de la mousse ont pour plus voisines de la périphérie de t'organe. Les
effet de la transformer en un appareil spécial que cellules extérieures forment à la surface de la
l'on nomme la capsule ou le fruit. A cet effet le tige un revêtementépidermique. Toutes les parois
corps de la jeune plante se partage en trois parties. cellulaires des mousses prennent avec l'âge de
L'inférieuredemeure fixée sur la plante mère elle vives colorations et déterminent les couleurs de
se tuméfie légèrement; c'est à la fois un suçoir ces végétaux. Dans les mousses les plus élevées
pour la plante et aussi un moyen de fixation. La en organisation, on trouve au sein des cellules
région moyenne du corps de l'embryon s'allonge épaisses de la tige des cordons de cellules à pa-
en un pédicelle très délié, que l'on nomme le rois minces, que l'on désigne sous le nom de fais-
pédoncule ou la soie de la capsule. Cette soie se ceaux, en les assimilant à tort aux faisceaux nbro-
renfle supérieurement en un corps globuleux vasculaires des monocotylédones et des fougères.
nommé apophyse, à l'extrémité duquel se dresse L'existence de ces faisceaux n'est pas constante
la capsule proprementdite, qui résulte de la trans- pour une même espèce; elle dépend surtout du
formation du tiers supérieur du corps de i'em- volume pris par la tige lors de son développement.
bryon. La capsule était d'abord formée par un tissu Quant aux feuilles des mousses, fréquemmenteues
cellulaire homogène plein, recouvert superficielle- sont constituées par une lame d'un seul rang de
ment par une couche de cellules épidermiques cellules, plus rarement on trouve deux rangs de
d'un seul rang de cellules. Dans la région moyenne cellules à parois minces dans l'épaisseur de la
de l'épaisseur du tissu de la capsule, à une dis- feuille. Très souvent les feuilles des mousses sont
tance sensiblement la même de la surface et du chargées de petites pelotes cellulaires nommées
centre de l'organe, on voit s'établir une rangée propagules; ce sont des sortes de végétations in-
de cellules qui se transforme bientôt, en un sac formes qui naissent à la surface des feuilles. Les
sporifère. Ce sac sporifère, complètement déve- propagules se détachent facilement de la feuille sur
loppé, forme donc une sorte de ceinture lâche et laquelle elles sont nées, elles tombent sur le sol
plissée autour d'une colonne centrale. La colonne humide et donnent en s'y développant immédiate-
centrale de la capsule s'étale supérieurement en ment une nouvelle tige de mousse. Les propa-
an disque qui se rattache à la couche épidermique, gules sont donc des organes de dissémination.
et termine le fruit par une sorte de dôme de forme Les feuilles des mousses sont colorées en vert par
variée. A la maturité, la partie supérieure du fruit de la chlorophylle granutée. Vu la délicatesse de
de la mousse se détache et s'enlève à la manière la texture de leurs feuiMes, les mousses ne peu-
d'un couvercle, d'où le nom d'opet-cM~e par lequel vent vivre que dans les endroits humides. Les
on désigne quelquefois cette partie de la plante. Le quelques spécimens de mousses que l'on rencon-
bord de l'ouverture faite dans le fruit par la chute tre parfois dans les pays exposés à la sécheresse
de l'opercule est le péristome. Les caractères des n'y vivent que pendant la saison des pluies et
principaux genres des mousses sont tirés de l'or- disparaissentavec le premier rayon de soleil.
nementation plus ou moins complexe de ce péris- Les organes reproducteurs des mousses appa-
tome c'est ainsi que les Tétraphisont quatre dents raissent à l'extrémité des tiges et des ramifications
au péristome, les Splachnum en ont seize, les latérales de ces tiges. Ces organes sont de deux
Grlmmia en ont trente-deux, le Polytric commun sortes. Les uns, nommés fM~~WtHes, correspon-
en présente jusque soixante-quatre. Rarement dent aux anthères des phanérogames ce sont
t'opfrcn)~ demf'nrc en place, comme dans les de gros sacs cettu'aires qui produisent dans leur
:ntér!eur de très petits corps nomme* anihéro- animaux domestiques agricoles. Sa domestication
~o~M.Les anthérozoides correspondent aux grains remonte aux âges les plus reculés. Les moutons
de pollen produits par les anthères. Chaque an- <brmaient dans l'antiquité la principale richesse
thérozoïde se présente sous la forme d'un filament des peuples pasteurs les conditions de leur pro-
très fin portant à sa partie antérieure deux cils duction se sont modifiées en Europe: mais dans
vibratiles extr&mement mobiles et à son extré- plusieurs parties du nouveau monde, il existe au-
mité opposée une vésieute pleine d'amidon. Les jourd'hui encore d'immenses troupeaux aussi
anthérozoïdes nagent dans l'eau et s'y déplacent considérables, sinon plus, que ceux dont l'histoire
avec une très grande rapidité. Les autres organes a gardé le souvenir.
reproducteurs,ceux qui correspondentaux pistils Le mot générique de mouton est employé pour
des végétaux phanérogames, consistent en des désigner les individus, à quelque race qu'ils ap.
sortes de petites bouteilles nommées archégones. pardonnent: mais, en langage absolument correct,
Chaque archégone contient dans sa partie basi- il s'applique aux mâles cMtrés. Le mâle est ap-
laire un globule protoplasmique nommé oo~pA~' e. pe:é M/te' la femelle brebis; les jeunes sont dé-
A la maturité de t'archégone, son tube s'ouvre, signés, pendant leur première année, sous le nom
recueille les anthéroM:des, qui agissent sur d'agneaux ou antenaises. La d'agnelles;a un an, ils deviennent
l'oosphère. Par le fait de cette action des anthé- antenais et brebis porte, en
rozoïdes, l'oosphère est transformée en embryon. moyenne, 150 jours. Dans les circonstances ordi-
Cet embryon forme la graine de la mousse, mais naires, en France, on adopte trois époques pour
cette graine, an lieu de quitter la plante mère, les agnelages ou naissances: l'hiver (décembre-
se développe immédiatement sans se séparer de janvier), le printemps (février et mars), t'été (juin).
l'être qui lui a donné naissance. Selon tes genres, L'allaitement des agneauxpar leur mère doit durer
les anthéridies et les archégones forment dos de quatre àdes cinq mois.
.groupes distincts. Ailleurs, les anthéridies sont La peau moutons porte une espèce spéciale
mêlées parmi tes archégones; des groupes d'an- de poils désignée sous le nom de laine; ce sont
théridies et d'archégones forment ce qu'on appelle des poils fins, longs, onduleuxvariable et souples. A la
les fleurs de mousses. Selon que la tige d'une laine sont m61és en proportion des poils
mousse se termine par un fruit ou selon que ce rudes et grossiers, qu'on appelle jarre; le jarre se
sont ses ramifications qui portent les fruits, on a rencontre surtout à la base de la queue et sur les
les JtfoMMM acrecarpM et les Mousses pleuro- membres.
carpes. Les produits que l'agriculteur demande au mou-
Aux mousses on rapporte quelquefois les Sphai- ton sont la viande, la laine et le lait. Ce dernier
gnes, petits végétaux très semblables aux mous- produit est tout à fait accessoire, etqu'il ce n'est que
dans des circonstances assez rares acquiert
ses, qui vivent surtout dans les marais tourbeux. de l'importance, principalement
Les sphaignes se distinguent des mousses par un pour fabrica-
la
du fromage.
sac sporifère en forme de calotte sphérique an tion longtemps, la laine a été le produit à
lieu d'être en forme de ceinture, et par des spo- Pendant exclusivement recherchédans l'élevage du
res de deux espèces, lestrès unes petites, nommées peu près Sous l'influence des anciennes méthodes
microspores, les autres volumineuses et ap- mouton.
pelées pour cette raison des macrospores. de culture, où de nombreuses jachères et des
Généralement aussi, on rapproche encore des biens communaux étendus pouvaient recevoir et
mousses tes Hépatiques. Les hépatiques, avec nourrir à comptait bon marché de grands troupeaux, le
une histoire très semblable à cette des mousses, mouton ne que pour la laine qu'il pro-
dînèrent de ces dernières par leur forme générale duisait. En outre, en raison des difficultés de
à l'état d'adulte. Beaucoup d'hépatiques adultes communication, et de son faible poids sous un
se présentent en effet sous la forme de lamelles grand volume, la laine était un objet difficile à
foliacées,dans lesquelles on ne peut rien reconnal- transporter, et elle se vendait à des prix élevés.
production
tre qui soit comparable, même de loin, à une tige On France, a donc cherché à en encourager la
ou à des feuilles. Les hépatiques diffèrent encore en et c'est dans cette pensée que le gou-
des mousses par la présence dans leur sac spori- vernement préconisa, audusiècle dernier, l'introduc-
fère d'un appareil destiné à favoriser la dissémi- tion et la propagation mouton mérinos. Mais,
nation des spores. Ce sont de petites cellules élas- depuis une quarantaine d'années, les conditions
tiques nommées élatères, très sensibles aux varia- ont beaucoup changé: la propriété territoriale
tions de l'état hygrométriquede l'air et qui, sous s'est sensiblement modifiée,la jachère a perdu
brus- du terrain, les communaux se sont divisés et ont
cette influence, exécutent des mouvements été cultivés. L'élevage du mouton n'a donc
ques qui ont pour résultat la desprojection des spores pu se
& quelque distance. Le type hépatiques est le faire suivant les anciens errements. D'un autre côté,
Marchanliapo~Mtorp/ta,qui se développe entre les la laine, pressée en balles compactes, a pu voyager
pavés des cours humides et sans soleil. facilement, en même temps que sa production
1 Amérique
Usages des mousses. Les mousses ne servent prenait d'énormes proportions dans suite,
guère dans nos régions qu'à l'emballage des du Sud et en Australie: par son prix a
objets fragiles. Les horticulteurs,mettant a profit baissé. La production de la viande de mouton,
les propriétés spongieuses des mousses, tes em- jadis secondaire, est, par suite de ces circons-
ploient souvent pour maintenir l'humidité autour tances, devenue le coté principal de l'élevage. Les
de leurs cultures. Dans tes pays froids, tes mous- anciens grands De troupeaux ont disparu dans quel-
utilisées couvrir les habitations; ques régions. nombreuses plaintes se sont
ses sont pour Pour y
grâce à leur faculté de conserver la chaleur, elles élevées an sujet de cette transformation. la situation des
protègent très efficacement tes habitations contre répondre, suffit époques il de comparer
les rudes atteintes de t'htver. Quelques mousses agriculteursaux deux elle est incontesta-
Laponie blement meilleure aujourd'hui. La transformation
servent à la nourriture des animaux. En
ce sont les mousses qui, associées aux lichens leur a donc été favorable.
forment la majeure partie de la nourriture des L'élevage du mouton est principalement di-
rennes pendant l'hiver. Dans l'économie générale rigé aujourd hui vers la production de la viande.
du globe, les mousses entrent, pour une part im- Pour que celle-ci soit avantageuse, il a fallu trans-
et du former les anciennes races françaises pour faire leur
portante, dans la production de la tourbe c'est-à-dire
terreau. [C. -E. Bertrand.] donner plus de précocité, pour
Agricul- arriver les animaux en moins de temps a leur
BOUTON ET RACES OViNES.
ture, XV. Le mouton est un des principaux complet développement. Pour atteindre ce but~
on peut suivre deux méthodes. La première con- nombre d'agriculteurs, surtout dans lés rég!on~
siste à croiser les anciennes races avec des races plus spécialement consacrées à la culture des cé-
déjà plus parfaites au point de vue de la préco- réales, se livrent à leur engraissement.Pour cette
cité. Quelques races anglaises ayant été antérieu- sorte de spéculation, les moutons sont achetés au
rement développées dans ce sens, ont été choisies moment de la moisson, et parqués sur les chau-
par un certain nombre d'agriculteurs pour faire mes. Ils commencent à s'y engraisser, et ils arri-
ces croisements. Le principal exemple est dans vent à leur état complet dans la bergerie, pendant
le croisement dishley-mérinos, très apprécié dans l'hiver, sous l'influence d'une nourriture plus
le rayon de Paris et dans le nord de la France, et concentrée. Le principal bénéfice de cette opéra-
qui a donné au mérinos une ampleur de formes tion est dans la différence du poids de l'animal
jadis inconnue. La deuxième méthode consiste au moment de l'achat et à celui de la vente. Les
dans le développement des qualités qui consti- moutons sont ainsi employés, comme les bœufs,
tuent la précocité, au moyen de la sélection entre dans la région de la betterave, à consommer et
les animaux d'une même race. Cette méthode a transformer les résidus des distilleries et des su-
aussi été adoptée pour la race mérinos c'est par creries, drèches, pulpes, etc.
son emploi qu'ont été créées les variétés de mé- Chaque année, les moutons sont soumis à la
rinos du Soissonna]S, du Chatillonnais, dont le tonte. Cette opération a pour but d'enlever leur
développementest presque aussi rapide que celui laine à l'époque la plus favorable pour que les
des races dites à viande, en même temps que ces animaux n'aient pas à souffrir des intempéries.
variétés ont gardé l'avantage de fournir une laine La fin du printemps est, dans la plus grande
abondante et de qualité supérieure. partie de la France, le moment le plus propice.
Pendant longtemps, l'opinion qu'une race de La qualité de la laine est très variable suivant
moutons ne peut pas être à la fois bonne produc- les races qui la fournissent. En pratique, on dis-
trice de laine et bonne productrice de viande, a tingue un grand nombre de sortes de laines.
prévalu parmi les agriculteurs. Mais les faits ont D'une manière générale, la finesse et la longueur
démontré que cette opinion était erronée. Les de la laine sont les deux qualités qui sont le plus
mérinos précoces obtenus aujourd'hui dans les recherchées. Au point de vue de la finesse, on
centres qui viennent d'être indiqués n'ont rien classe les laines en superfines ou extrafines,
perdu des qualités qui ont fait la réputation de la laines fines, laines ordinaires et laines intermé-
laine mérinos. En même temps, le poids de leur diaires. Il serait peut-être préférable de ne consi-
toison n'a pas diminué et cela devait être, puis- dérer que trois catégories laines fines, laines
que, quand on cherche à rendre une race plus communes, laines grossières. Mais c'est une ques-
précoce, on tend à diminuer, dans le corps des tion de commerce et d'appellations qu'il est difficile
animaux, le volume des parties les moins utiles, de changer. Au point do vue de la longueur,
c'est-à-dire les membres, le cou et la tête, ou la c'est l'égalité dans la longueur des brins qu'il faut
laine est toujours de moindre qualité. surtout rechercher dans une toison. Cette égalité
Quelques parties de la France sont plus spé- existant, les laines longues sont celles qui sont le
cialement des régions à moutons. Ce sont surtout plus appréciées. Après ces qualités, celles qu'il
les plaines du Berri, de la Beauce, de la Brie. de faut principalement rechercher, sont l'élasticité
la Champagne, et dans le Midi une partie de ta ou le nerf, la douceur et la force cette dernière
Provence et du Languedoc. Dans ces pays, les qualité dépend principalement de la nature du
troupeaux de moutons lont mis à la pâture pen- suint dont la toison est imprégnée.
dant une bonne partie de l'année on les sort de Autrefois la tonte des moutons se faisait avec
la bergerie au printemps, pour les y rentrer pen- /0)-c~; aujourd'hui on possède plusieurs ap-
des
dant l'hiver. Les pâturages secs, à herbe courte, pareils spéciaux désignés sous le nom de tondeu-
sont ceux qui conviennent le mieux; les moutons ses, qui présentent l'avantage de faire plus rapi-
réussissent peu dans les terrains bas imperméa- dement une tonte plus régulière, sans blesser la
bles, plus ou moins humides et marécageux. Les peau du mouton, ainsi qu'il arrive trop souvent
bois ne forment pour eux qu'un pâturage médio- quand l'ouvrier tondeur n'est pas très expéri-
cre, surtout quand ils sont très couverts et rem- menté.
plis de broussailles. Quant à la quantité de mou- Lorsque le mouton est tondu sans lavage préa-
tons qu'un pâturage peut nourrir, il est impossible lable, on dit que la laine est en suint; quand la
de l'indiquer d'une manière tant soit peu précise toison a été lavée avant d'être enlevée du corps
elle dépend de la nature des pâturages, et de de l'animal, la laine est dite lavée à dos. Il y a
leur produit, variable suivant les conditions cli- une diminution de près de 40 p. 100 dans le poids
matériques des années. En général, le pâturage de la toison; mais la laine est vendue notablemrnt
dure de 170 à 180 jours par an. plus cher. Il est difficile de se prononcer mr
Pendant l'hiver, les moutons sont nourris à la l'avantage de cette pratique, usitée dans quelques
bergerie la nourriture qui leur convient le contrées, notamment en Lorraine, en Champagne
mieux consiste en fourrages divers, et en raci- et en Bourgogne, tandis qu'elles est proscrite
nes. Les fourrages les plus avantageux sont les ailleurs, particulièrementdans la Beauce.
mélanges de trène et de paille d'orge ou d'avoine, CLASSIFICATION DES RACES oviNES. La classi-
les pailles de féverolles, etc. Quant aux racines, fication des races ovines a été faite d'après des
méthodes très différentes. Ainsi que nous l'avons
ce sont les betteraves, les carottes, les navets,
coupés en tranches minces, mélangés avec des fait pour les races bovines (V..Bo'M/J, nous
balles ou des pailles hachées, ou encore avec du suivrons la classification adoptée par Sanson,
son. Cette nourriture leur est distribuée dans parce qu'elle repose sur des caractères précis et
des crèches, qui doivent être maintenues dans un bien déterminés. On a vu, à propos des races bo-
grand état de propreté. Les rations journalières vines, quelle est la base de cette classification; il
varient suivant le poids et l'âge des animaux. n'y a donc pas à y revenir ici.
Les béliers doivent être séparés des brebis La première catégorie, celle dite des races bra-
d'une manière constante. Plusieurs méthodes chycéphales, comprend quatre races spéciales la
sont employées pour la reproduction; celle qui race germanique, la race des Pays-Bas, la race des
parait la plus commode est de mettre, au momentdunes, et la race du plateau central.
opportun, un bélier pendant quelque temps dans La race germanique, de grande taille, à tête
un compartiment spécial avec une quinzaine de chauve, à toison grossière avec brins très longs, à
brebis. peau épaisse, est surtout une race de boucherie,
En dehors de l'élevage des moutons, un grand mais donnant une viande de qualité ordinaire.
Cette race appartient à l'Europe centrale on enn le plus spécialement élevées
trouve une variété fort intéressanteen Angleterre; la production du lait. C'est avec au point de vue d~
le lait des brebis
c'est la variété Leicester ou dishley, remarquable
e du Larzac qu'on fabrique le célèbre fromage
aujourd'hui par ses aptitudes de précocité et de de Roquefort, et ses similaires dans le Languedoc.
s
production d une grande quantité de viande. Lese La r<tf M~'M<M est originaire d'Espagne. La
animaux de cette variété arrivent à peser jusqu'à tête est forte et presque toujours des cor-
100 kilogr. et au delà. avec un rendement consi- nés volumineuses. La taille varie porte elle est gênë-
dérable en viande nette. Cette race a été intro- ralement assez forte. La toison est extrêmement
duite en France, il y a une quarantaine d'années abondante la laine est nne et longue. Le
elle a été surtout croisée avec la race mérinos. lette est volumineux, et la croissance est tardive,sque-
La race des Palis-Bas est aussi d'assez grande sauf dans quelques variétés améliorées point
taille, donne une laine grossière, mais a un déve- de vue de la précocité. La production deau la laine
loppement assez précoce. Elle s'étend particu- est l'aptitude prédominante de la mérinos.
lièrement en Hollande; en Angleterre, la variétéi Cette race s'étend aujourd'hui dans race la plupart des
New-Kent appartient à cette race. parties de l'Europe, en Australie, en Amérique
La race des dunes est de taille moyenne; elle au sud de l'Afrique. C'est au :vn* siècle
se distingue par une peau de couleur foncée samoutons mérinos ont été introduits pourque la
des
toison est. courte et frisée; elle montre les carac. mière fois en France, mais leur grande extension pre-
tères d'une grande précocité elle donne unedate du siècle dernier. Elle a eu un tel succès qu'elle
viande délicate et abondante. La principale va- ne forme pas moins de la moitié de la population
riété est la variété SûMM~otM, originaire d'Angle-ovine du pays. On distingue un assez grand
terre, mais qui s'est répandue depuis quelque bre de variétés de mérinos les principales varié- nom-
temps dans toutes les parties de l'Europe cette tés françaises sont celles du Roussillon,de la Cham-
variété est celle qui a le corps le plus régulière- pagne, de la Brie. de la Beauce, du ChatiUonnais,
ment développé, avec ie squelette le plus réduit. du Soissonnais. Dans dernières variétés, on
En France, elle a été principalement introduite compte aujourd'hui unces certain nombre de trou-
avec succès dans le centre et dans l'ouest. A coté peaux dans lesquels les éleveurs se sont attachés
de la variété Southdown, il faut citer celles appe- à obtenir une grande précocité,
lées Oxfordshire et Shropshire, qui ont les mêmes anciennes qualités si remarquables sans nuire aux
qualités, mais à un moindre degré, avec une taille du mérinos la production du mérinos laprécoce
de toison
plus élevée. tend à prendre une extension de plus en plus
La race du plateau central paraît originaire du grande.
centre de la France. Elle est de petite taille, à La race de SyrM, d'assez grande taille, à toison
laine courte et frisée présentant des mèches assez grossière, est originaire du
pointues; la face est courte, le front un peu. porte le nom. Parmi pays dont elle
ses variétés, celle dite bar-
bombé; elle s'engraisse assez facilement. Les prin- barine est assez répandue en Algérie et dans le
cipales variétés sont celles des moutons auver- sud-est de la France. Sa laine est plus longue,
gnats, limousins, marchois. La variété limousine mais elle est toujours assez grosse. Le mouton
a une laine de meilleurequalité. barbarin a des quatités prolifiques et laitières re-
La deuxième catégorie, celle des races dolicho- marquables. C'est cette variété qui forme surtout
céphales, comprend sept races race du Dane- les grands troupeaux exploités, dans le midi de
mark, race britannique, race du bassin de la Loire, la France, d'après le système de la transhumance.
race des Pyrénées, race mérinos, race de Syrie Ce système consiste à faire émigrer les troupeaux,
et race du Soudan. pendant l'été, sur les lieux élevés, pour qu'ils y
La race du Danemark est dl grande taille, trouvent la nourriture qui manque dans les plai-
avec les membres longs et la tête volumineuse. nes brûlées par le soleil. La transhumanceest une
Le corps est étroit, et la toison est assez courte bonne opération au point de du profit qu'on
et grossière; la chair est de qualité médiocre. retire du troupeau mais elle avue de graves inconvé-
Les principales variétés sont celle des landes du nients les régions montagneuses qu'eUe con-
Nord, celle des polders, la variété flamande ou tribue pour puissamment à dénuder. Toutefois, il faut
picarde, la variété poitevine. Ces deux dernières faire observer que cet inconvénient disparaîtrait,
seules sont françaises. si l'on aménageait plus de soin, sur les pen-
La race britannique est aussi de très grande tes, les pâturages àavec moutons qui ne sont le plus
taille sa toison est longue et douce elle a été souvent l'objet d'aucune surveillance.
améliorée au point de vue de la précocité. Les La race du Soudan, répandue dans l'Afrique
principales variétés sont les Cotswold et les centrale, n'offre aucun intérêt pratique
Cheviot. Elles sont connnées en Angleterre. pour les
agriculteurs français.
La race du bassin de la Lo~'e est généralement Entre les races qui viennent d'être décrites, il
de taille moyenne quelques variétés sont plus s'opère souvent des croisements qui se terminent
développées. La tête est petite. La toison est une par la prédominance dans les produits, bout de
et d'une bonne qualité. La chair est délicate. Elle quelques générations, de la race la plus au puissante.
présente deux variétés principales, la variété ber- Les croisements dishiey-mérinos forment,
richonne et la variété solognote. La variété ber- France. le type le plus en en
richonne, d'un tempérament rustique, donne de connu.
Maladies des moutons. Les conditions d'une
belle laine, et elle s'engraisse facilement. On fait bonne hygiène sont la première condition de l'éle-
avec succès des croisements de cette race avecvage du mouton, comme de tous les animaux
des southdowns pour produire des animaux de domestiques. La plus simple
boucherie d'une g~nde précocité. Quant à la va- d'éloigner des troupeaux toute prudence conseille
cause de maladie.
riété solognote, 'quoiqu'elle soit généralement Nous ne pouvons donner ici que la liste des
assez négligée, elle peut, avec de bons soins, ) 1principales maladies qui attaquent les moutons.
donner d'excellents résultats. Ces
< maladies sont: le sang de rate, endémique
La race des Pyre~ee~, de grande taille, avec une <dans quelques régions, notamment
forte tête. une laine longue mais grosse, habite en Beauce te
(claveau, le tournis, le piétin, la gale, la météori-
tes vallées des Pyrénées elle s'est étendueau-delà sation, le muguet, etc.
de cette zone dans le midi de la France. Ses t Bergers. Il est essentiel d'avoir un bon ber-
principales variétés sont les basquaise et béar- fger pour conduire
un troupeau. Tant vaut le
naise, landaise et gasconne, lauraguaise, albigeoise tberger, tant vaut le troupeau. Une école spécialede
et du Larzac. Cette race est une de cellesqui sont, bergers
t a été créée à Rambouillet en 1874. Elle
-est appelée à rendre des services, en fournissant Ce mouvement est celui que présentent les
aux propriétaires de troupeaux des bergers capa- corps entièrement abandonnés à eux-mêmes, puis-
bles qui font trop souvent défaut. qu'en vertu de l'inertie, ils ne peuvent rien chan-
[Henry Sagnier.] ger aux conditions de leur mouvement. C'est celui
MOUVEMENT. –Physique, I.– Le mouvement de la terre autour de son axe, celui de la propaga-
est l'état d'un corps qui se transporte d'un point tion du son, dont la vitesse est de 340 mètres par
,à un autre de l'espace. L'observation journalière seconde, celui de la lumière, qui parcourt environ
nous apprend que les corps, à la surface de la 280 OUO kilomètres par seconde.
terre, n'occupent pas toujours la même place, Mouvement varié. Le mouvement est dit
mais qu'ils changent ou peuvent changer de posi- t)tB'quand les espaces parcourus pendant des
tion relativement les uns aux autres. Ceux qui temps égaux ne sont plus égaux entre eux. Il est
changent de place sont en moMM~eM~; ceux qui accéléré, si les espaces parcourus dans des temps
,paraissent occuper toujours la même position sont successifs égaux croissent sans cesse; retardé,
-en repos. Mais la propriété de pouvoir être mis si ces espaces diminuent d'une manière contenue
en mouvement, autrement dit la mobilité, appar- mixte, si les espaces varient alternativementdans
tient à tous les corps': c'est une propriété générale un sens ou dans l'autre.
de la matière. On ne peut plus dire ici que la vitesse du corps
On reconnait qu'un point matériel est en mou- est l'espace qu'il parcourt dans l'unité de temps,
'vement quand sa distance à d'autres points sup- puisque cet espace change sans cesse. On ne peut
posés immobiles vient à changer. C'est habituelle- plus indiquer que la vitesse moyenne ou la vi-
ment à deux axes rectangulaires d'un plan ou à tesse à un instant donné.
trois plans perpendiculaires que l'on rapporte les La vitesse moyenneest la vitesse du mouvement
positions d'un point ou d'un corps de l'espace. Si uniforme dont il faudrait supposer le corps animé
ces axes ou ces plans sont réellement fixes, le pour que, dans le même temps, il fasse le même
mouvement du point que l'on y rapporte est réel chemin que celui qu'il fait réellement. Si on la
ou absolu. Si au contraire les axes ou les plans de prend pour un temps un peu long, elle ne donne
positions ont eux-mêmesun mouvement particulier, pas une idée très approchée du mouvement réel
celui du corps ou du point, par rapport à eux, à chaque instant.
n'est qu'apparent ou relatif. Ainsi les mouve- La vitesse à un instant donné, c'est l'espace que
ments de va et vient qu'exécute un voyageur dans parcourrait le corps dans l'unité de temps qui suit
un wagon ou dans la chambre d'un navire en mar- l'instant considéré, si, à partir de ce moment-là,
che ne sont que relatifs, parce que les divers le mouvement se conservait sans s'accélérer ou se
objets auxquels il rapporte les positions successi- ralentir. Cette vitesse nécessite l'indication pré-
ves qu'il occupe, sont eux-mêmes en mouvement. cise du moment auquel on la considère, sans quoi
Tous les mouvements que nous observons à la elle n'aurait plus de sens et elle ne donne pas
surface de la terre sont relatifs, puisque notre l'espace réel parcouru par le corps, mais celui
globe tourne sur lui-même en même temps qu'il il que le corps pourrait parcourir dans l'unité de
évolue autour du soleil. Nous ne connaissons pas temps, si tout à coup le mouvement redevenait
plus le repos absolu que le mouvement absolu; il uniforme.
n'existe pas sur la terre, qui emporte dans son Mouvement uniformément varié. H peut arri-
double mouvement tous les corps situés à sa ver que la vitesse, après chaque seconde, varie
surface. Il n'existe pas plus dans le monde plané- d'une quantité constante; le mouvement est alors
taire car on sait que les astres, longtemps suppo- uniformément accéléré ou retardé, suivant que la
sés fixes, accomplissent aussi des mouvements de vitesse a augmenté ou diminué.
translationou de rotation. Le mouvement apparalt Cette quantité constante dont la vitesse aug-
donc pour ainsi dire comme un des attributs es- mente à chaque seconde dans le mouvement uni-
sentiels de la matière. formément accéléré s'appelle t'acc~ra~o/t; il
Parmi tous les mouvements réels ou possibles, suffit de la connaltre pour pouvoir trouver la
il en est quelques-uns qui peuvent être deBnis avec vitesse d'un mobile après un temps donné t. Si
une grande simplicité et dont il importe de for- on la désigne par a, qu'on appelle ~<. la vitesse
muler les lois fondamentales. initiale que possédait le corps avant l'application
Si l'on ne considère que la direction parcourue de la cause accélératrice, la vitesse F, après le
par le mobile dans son déplacement, le mouve- temps t, sera donnée par la formule V = -)- at
ment est rectiligne quand sa trajectoire est une et par V=at dans le cas particulier où le corps
ligne droite il est cu~M/ne, quand la trajectoire part du repos.
est une courbe; dans ce dernier cas, le mouve- Ces dénnitions posées, on trouve tacitement la
ment change à chaque instant de direction, car il loi suivant laquelle s'accroit, avec le temps, l'es-
suit les éléments rectilignes innnimentpetits dont pace parcouru par un mobile animé d'un mouve-
l'ensemble forme la courbe. ment uniformément accéléré. Le cas le plus sim-
Si l'on considère dans le mouvement l'espace ple est celui où le corps part du repos l'espace
parcouru et le temps employé à le parcourir, on parcouru est le produit de la moitié de l'accéléra-
arrive à la notion du MOMMMM~ MTM/orme et du tion par le carré du temps. C'est le cas des corps
MMMfeH!eH<varié. qui tombent dans le vide les espaces qu'ils par-
~OM:)etKen< MM/b?'n:e. Le mouvement est courent sont proportionnels aux carrés des temps
M)!t/b)'Me quand les espaces parcourus dans des employés à les parcourir.
temps égaux sont égaux, c'est-à-dire quand l'es- Composition des mouvements. Lorsqu'un
pace croît proportionnellementau temps compté corps, assujetti à se mouvoir sur un plan fixe, y
depuis l'origine du mouvement. parcourt une certaine longueur pendant un temps
L'espace parcouru dans l'unité de temps (on déterminé, il y parcourra encore la même ligne
prend comme unité de temps la seconde) mesure dans le même temps, si le plan se trouve animé
alors ce qu'on appelle la vllesse du mobile. d'une vitesse qui le transporte en une nouvelle
En sorte qu'on connaîtra l'espace parcouru dans position pendant ce temps-là. L'exactitude de cette
un temps donné en multipliant le temps évalué assertion est établie par l'expérience journalière;
en secondes par le chemin parcouru en une se- on sait en effet que les différentes pièces d'une
conde, c'est-à-dire .en multipliant la vilesse par le montre se meuvent do la même manière les unes
temps c'est ce que l'on exprime par la formule par rapport aux autres, que la montre soit en repos
e==! t, où e représente l'espace, v la vitesse; t le ou en mouvement. On en a déduit la marche
nombredesecondes. réelle dàns l'espace d'un mobile soumis a dent
vitesses simultanées. Galilée a montré )e premier La possession de la terre, souvent contestée,
quêtes vitesses se composent comme les forces élevait des barrières entre les peuples et aussi
et que la vitesse résultant de deux vitesses simul- entre les individus. Partout la classe des hommes
tanées est représentée,en grandeur et en direction, libres devenait de moins en moins nombreuse. Le
par la diagonale du parallélogramme construit sur pouvoir restait aux riches propriétaires du soi.
les deux droites représentant les directions et les aux deçà, comtes et barons, au profit desquels se,
grandeurs des deux vitesses primitives. constituait le régime des bénéfices et des nefsJ
Production des mouvements. On conçoit sans C'était le morcellement, à la place de l'unité granJ
la moindre difficulté comment naissent les mou- diose et chimérique que Charlemagne avait revéej
vements uniformes et les mouvements accélérés, La féodalité grandit, dans une société renouvelée,!
au moins dans le cas où ils se font en ligne droite. qui eut une littérature, des mœurs, en un mot une
Lorsqu'une force unique, qui reste identique à civilisation particulière. Puis cette société vieilli
elle-même, agit sur un corps toujours dans le
même sens, elle lui imprime, dans sa propre direc-
a son tour. Elle avait eu ses jours de gloire
temps des premières croisades elle avait écritdi
a
tion, un mouvement qui va en s'accélérant régu- son histoire dans les poèmes des trouvères et les
lièrement. Et si à un instant donné la force cesse sentences des cours d'amours. L'ordre féodal se
d'agir sur le mobile, celui-ci,persévérantdans l'état transforma, comme se transforment toutes les!
où it se trouve alors, continue &.se mouvoir uni- institutions humaines. Au bruit des révolutions
formément avec la vitesse qu'il possède à cet ins- qui ébranlaient le pouvoir des papes, des empe-
tant. reurs et des rois, les peuples se rappelèrentleurs
Les mouvements curvilignes peuvent être natu- droits qu'ils semblaient avoir oubliés. La diseuse
rellement produits par une force changeant con- sion, qui est une forme de la liberté, pénétra
stamment de direction mais ils résultent parfois partout, dans les conseils des souverains, dans le?
aussi de l'action d'une force de direction constante; écoles, dans !e sanctuaire même. Les communes
c'est quand le mobile, animé d'une certaine vitesse se fondèrent, la bourgeoisie naquit, rivale souvent
initiale, tend à se mouvoir de ce chef suivant une heureuse de la noblesse; le chaos des siècles)
droite différente de celle que l'action seule de la passés tendit à disparaître la moyen âge arrive à
force lui ferait parcourir. [Haraucourt.] l'apogée de sa brillante maturité. t
MOYEN AGE. Histoire générale, XXXIX-XL. Le ïin* siècle mérite de former a lui sent una
On appelle Moyen <!oe la période qui sépare l'an- période complète, la troisième. Dans toute l'Europe,
tiquité des temps modernes. un ancien ordre de choses finit, un régime nou-
Divisions du MO~ t!ye. Peut-on assigner au veau commence. Dans l'histoire politique, litté-
moyen 4ge une origine et une fin précises? Dans raire, artistique, ce siècle laisse d'impérissables'
la série des siècles qu'on aura groupés sous cette souvenirs. C'est le couronnement radieux d'unej
dénomination générale, pourra-t-on marquer des œuvre qui a coûté dix siècles de patience et d'ef-
divisions rationnelles? Voilà les questions que l'on forts obscurs. Puis l'horizon s'assombrit de nou-
doit examiner tout d'abord. veau la quatrième et dernière période du moyen
L'histoire du monde romain ne s'arrête pas brus- âge se termine au milieu des guerres sanglantes.
quement à la mort de Théodose (395). Pendant qui déchirent l'Occident et l'Orient. C'est l'enfan-!
quatre-vingts ans encore l'empire a existé, sinon de tement douloureux de l'Europe moderne.
fait, M moins de nom. A la fin même du v° siècle, Méthode critique. L'histoire du moyen âge'
après la déposition du dernier empereur, Romulus n'a pas toujours été écrite avec impartialité. Cer-'
Augustule, l'idée d'empire a survécu à un événe- tains historiens ont été trop sévères, d'autres trop;
ment depuis longtemps prévu. D'ailleurs la chute complaisants.C'est l'honneur de l'école historique
de l'empire n'a pas eu pour résultat l'anéantisse- contemporaine d'avoir étudié sans passion et d'a-
ment soudain des lois, des institutions, de la so- près une méthode scientifique ces âges si long-'
ciété romaines. L'esprit romain a survécu à la temps méconnus ou méprisés. Dès le xvm' siècle,'
puissance de Rome. Les idées romaines, ou, en France, Fréret, Boulainvilliers, Duclos, Mabiy,'
comme on disait alors, la « romanité » a subsisté commençaient l'étude approfondie de nos antique
forte et vivace, conservée par la littérature, les tés nationales. Depuis ce temps on peut dire que
lois, la religion même, qui montre dans la Rome la science du moyen âge est restée essentiellement
des empereurs la capitale du monde chrétien. française. Les travaux, d'ailleurs remarquables,
Mais l'uniformité que l'empire avait durement qui ont été publiés à l'étranger depuis un demi-
imposée au monde a cessé d'être. Des peuples peu siècle, les ouvrages de Ferrari et de Sismondi
ou point « romanisés « franchissent des frontières pour l'Italie, de Roth, de Waitz et de Warnkœnig
longtemps respectées, et sur un sol jadis romain pour l'Allemagne et la Flandre, de Geyer pour les
fondent des Etats barbares. Longtemps les deux pays scandinaves, ne sauraient se comparer à
sociétés vivent côte à côte pour ainsi dire. On peut l'CBuyre si considérable des érudits français.
étudier dans les documents contemporains leurs MM. Guizot, Amédée et AugustinThierry, Michelet,
histoires distinctes, comme l'on voit deux fleuves Guérard, de Pétigny, Lehuerou, Pardessus, de Ro-
couler parallèles avant de confondre leurs eaux. zière, Boutanc,ZoIter,Fustel de Cocdangea, Renan
C'est par un mouvement insensible que s'est mo- ont apporté dans ces difficiles études tout ce qu'ils
difiée et transformée l'antiquité classique. Il a avaient de perspicacité, de science et d'impartia-
fallu quatre siècles pour achever la fusion des lité. Ils ont interrogé les écrits de la décadence
barbares et des peuples qui avaient directement latine et les codes des barbares les annales des
subi l'influence de Rome. C'est 405 ans après la monastères, les polyptiques des abbayes, et les
monde Théodose qu'un Germain, Charlemagne, a chartes des villes. La philologie est venue en aide
établi sur des bases nouvelles l'empire d'Occident. à l'histoire. La littérature et l'art ont apporté des
Ces quatre siècles (395-800) peuvent former une contributions nouvelles h la connaissance de ces
première période.Des éléments combinésdu roma- temps reculés. Des générations d'hommes que l'i-
nisme et du germanisme, le moyen âge va sortir. gnorance ou la malveillance des siècles avaient
Les successeurs de Charlemagne ont succombé, condamnées à l'obscurité, reparaissent enfin à la
moins par leur propre faiblesse, que par la dif- lumière. On écarte les idées préconçues que
ficulté de t'œuvre accomplir. Les peuples, même Voltaire, abusé pour cette fois, avait répandues
barbares, qui durant de lon~s siècles de migra- contre le moyen âge. Il n'y a pas de siècle stérile,
tions incessantes n'avaient point oublié l'origine pas de génération inuttle. L'humanite marche
commune, devenaient, en se fixant enfin sur le toujours, et le travail le plus lent, le plus obscur
tôt, de plus eu plus étrangers les uns aux autres. de l'homme s'appelle encore le progrès.
Les bornes de cet article ne nous permettentt qui, dans cette Europe partagée entre les a roi-
pas d'entrer dans tous les détails de l'histoire du telets D (reguli) barbares, porte le titre incon-
moyen âge. Nous nous bornerons à indiquer les testé d'empereur(Basileus). Devant lui Théodoric,
traits généraux de cette époque, en renvoyant prince puissant, s'incline c'est à lui que Clovis
aux articles spéciaux dont on trouvera la nomen- demande la pourpre consulaire. Mais Constantino-
clature au mot Histoire. ple est trop éloignée de la Germanie,de l'Espagne,
1" période (39;<-8f)0). Dès la fin du IV siècle, de la Gaule, de l'Italie même, pour maintenir
l'empire romain était menacé de tous côtés par les longtemps son hégémonie politique. Au vt* siècle,
Barbares. Sur le Rhin, le Danube, se pressaient les gouverné par un homme de valeur, Justinien, que
peuples germaniques et slaves, avides de trouver secondent de bons généraux, l'empire d'Orient
sur un sol plus fertile et sous un ciel plus doux pourra faire illusion sur ses forces réelles. L~Ita-
un établissement durable. En Orient, sur le lit- lie, l'Afrique, sont un instant reconquises. Mais.
.toral de la mer Noire, des peuplades inconnues cette restauration du passé, qui irait contre la'
s'ébranlaient vers la Moesie et Constantinople, fatalité immuable des choses, ne saurait être ni
avant-garde frémissante de tout un monde en durable ni vraie. L'empereur de Constantinople a
marche. Sur les bords de l'Euphrate, depuis deux beau s'intituler successeur des empereurs de
siècles, Rome luttait avec peine contre les Perses Rome. Il n'est point le représentant d'une épo-
régénérés.Au Midi, des confins de l'Arabie Pétrée que morte, d'une civilisation qui chaque jour
aux colonnes d'Hercule, les légions disséminées s'efface.L'empiré Lui aussi, il appartient à des temps nou-
et comme perdues au milieu des déserts recu- veaux. byzantin est bien un Etat du
laient devantl'invasion obstinée des Africains et des moyen âge, avec ses passions religieuses, son
Arabes, soldats, brigands et marchands. Sur les enthousiasme mystique au temps d'Héraclius, sa
mers, enfin, ou les pirates ne redoutaient plus un langue dégénérée, chaque jour plus corrompue et
Pompée, les Sarrasins au Midi, les Normands dans plus étrangère au grec de l'antiquité classique.
le Nord, ne craignaient pas d'insulter par des in- Constantinople n'aura plus que de lointains rap-
cursions fréquentes à la majesté méconnue du ports avec l'Europe occidentale. De son ancien
peuple romain. Pour mieux résister aux efforts pouvoir au delà du Danube et de l'Adriatique,
d'aussi nombreux adversaires, Théodose partagea elle ne gardera plus que des titres pompeux, con-
l'empire entre ses deux fils. L'un régnerait en servés avec un faste tout oriental par les chancel-
Italie, l'autre à Constantinople. Le vieux monde leries impériales. D'ailleurs, elle aussi est mena-
semblait à la veille de s'écrouler sonslapreo- cée par les Barbares. C'est un prodige que cet
sion formidable d'un monde nouveau. empire, réputé si faible, ait pu résister pendant
Un tel état de choses ne surprenait pas les dix siècles aux efforts de redoutables agresseurs.
hommes du v* siècle. Ils s'effrayaient bien moins Au vn' siècle, un Arabe, Mahomet, prêche une
que nous ne le supposons d'une situation depuis religion nouvelle qui impose comme un devoir la.
longtemps prévue, plus grosse de menaces en ap- guerre contre les infidèles. Une grande révolu-
parence qu'en réalité. Beaucoup de tribus barba- tion s'opère dans l'Orient. Poussés par une force
service de l'Em- irrésistible, les
res étaient depuis des siècles au frontières Musulmans renversent l'empire-
pire les territoires contigus aux étaient persan, occupent tout le Nord de l'Afrique, con-
couverts de villages, où sous les noms d'alliés, quièrent l'Asie-Mineure mais Constantinople der-
fédérés, colons, vivaient des milliers de ces dan- rière ses hautes murailles les tient en respect.
gereux amis. Lorsque l'empire fléchit sous son Les Slaves, bien plus nombreux que les peuples
propre poids, lorsque les provinces, et dans les germaniques, envahissent les bassins moyen et
provinces,les villes habituées à se gouverner pres- inférieur du Danube. Constantinople résiste en-
que comme des républiques indépendantes, core. Il est vrai que bientôt la capitalede la Ma-
constitue
brisèrent le lien fragile qui les unissait, surtout seule presque tout l'Empire. Au delà
lorsque la race de Théodose en Occident se fut ritza, l'autorité des empereurs est à peine recon-
éteinte (455), les Barbares songèrent à tirer parti nue. L'un d'eux constate avec tristesse au x" siè-
de leur force et de la faiblesse de Rome. Ils cle que « la Grèce tout entière est devenue slave. )}
déchirèrent le pacte qui les liait à Théodose et à sa L'Europe était comme émancipée. Les royautés.
famille. Les fédét'ésWisigoths, Burgundes, Franks, barbares purent alors se développer en liberté.
s'estimèrent indépendants. Sous un Euric, sous Mais ici se manifeste la grande influence d&
un Gondebaud, sous un Clovis, ilsavaitjadis étendirent les Rome sur les destinées politiques du monde
limites des terres que Rome leur don- qu'elle avait gouverné. Les peuples qu'elle n'avait
nées, en récompense de leurs services militaires. pas conquis, au delà du Rhin, du Danube et de
Ils s'emparèrent des biens du /bc, propriété des la mer Noire, restent soumis au régime dangereux
empereurs, ils dépouillèrent parfois les anciens des tribus confédérées. Rien n'est plus obscur
possesseurs, en leur enlevant les deux tiers du ni plus triste que l'histoire de la Germanie pro-
sol ils créèrent enfin des Etats autonomes, sans prement dite, de la Russie, de la presquila scan-
souci des alliances d'autrefois, imitant les Bar- dinave durant ces premiers siècles. Au contraire,
bares qui par la force de leur épée s'étaient im- dans les anciennes provinces romaines se fondent
posés a l'empire, les Suèves et les Alains en Es- des royautés qui, pour être exercées par des bar-
'pagne, les Vandales en Afrique, les Angles et les bares, ne tendent pas moins à devenir absolues.
Saxons dans la Grande-Bretagne, les Slaves sur le Dans la Grande-Bretagne, la Gaule, l'Espagne, l'I-
cours moyen du Danube. Attila menace Rome talie, les souverains conservent l'ancienne admi-
Genséric la prend. Le Tatar à demi sauvage, en- nistration impériale, s'entourent de cours qu'ils
nemi de Rome, se rencontre avec le Wende essaient de rendre pompeuses, et dont les digni-
civilisé. jadis ami des empereurs. La barbarie taires portent les vieux titres romains. Les an-
m
officielle, parée de titres romains, semble ciens impôts sont presque toujours conservés la.
donner la main à une barbarie inconnue venue loi romaine est presque partout en vigueur à côté
des déserts de l'Orient. L'empire a cette fois des lois barbares les codes mêmes des Wisigoths
cessé d'exister. Bientôt Odoacre le Hérule, puis et des Burgundes sont adoucis par l'influence bien-
Théodoric l'Ostrogoth, sont les maîtres de l'Italie. faisante des codes romains. D'ailleurs, ces ten-
Et cependant, cet empire si facilement détruit tatives pour fonder un pouvoir absolu soulèvent
s'impose longtemps encore au respect des Barba- parfois la colère des peuples. Après la mort de
res. Rome n'étant plus là capitale politique du Clovis (511), aprèsterrible la conquête de la Bourgogne,
monde, c'est vers Constantinople qu'ils tournent éclate la guerre des Austrasiens et des
leurs regards. Là règne le César d'Orient, le seul Neustriens, envenimée par les tendances autori-
paires de Brunehaut En Espagne, les succes- soldats de la papauté, qui voit grandir son auto-
seurs de Reccarède et de Wamba ont peine à rité durant tout le v!' siècle. Le pape saint Gré-
contenir leurs sujets révoltes. En Italie, l'aristo- goire (590-604), le premier des grands papes du
-cratie lombarde lutte contre les souverains, et moyen Age, s'attribue comme une sorte de supré-
tnit par détruire le pouvoir des rois. matie temporelle et spirituelle sur l'Espagne, la
Ces guerres générâtes, qui remplissentl'histoire Gaule. l'Italie, l'Allemagne, la Grande-Bretagne,
~d'Europe du vie au vn* siècle, compromettaient où un roi se convertit. La papauté siège triom-
singulièrement la force des Etats barbares. La phante dans l'égfise de Latran, fondée vers le
Gaule franke est sérieusement menacée par les milieu du v* siècle. Toujours prête à afnrmer, à
Frisons, les Saxons, les Alamans; elle ne se exagérer môme ses droits, elle devient d'autant
débarrassera de ce danger permanent que par un plus puissante sur les Barbares que ceuz-ci sont
brusque changement de dynastie. L'Espagne, après plus pénètres par la civilisation latine et la foi
la bataille de Jerez (tU), est conquise sans diffl- chrétienne.A la nn du vtf siècle. Rome se débar-
calté par les Arabes. L'Italie enfin est a chaque rasse de l'autorité, d'ailleurs nominale, des Césars
instant menacée par tes pirates de toutes nations byzantins. Forte de sa liberté ft de sa puissance
et de toutes religions qui écument la Méditer- morale, la papauté ne pourra-t-elle pas avec des
ranée. Partout la diversité des pouvoirs avait en- éléments nouveaux créer un nouvel empire romain
gendré l'anarchie, et l'anarchie la faiblesse. L'Eu- d'Occident ?
rope, si longtemps habituée à l'unité politique de Au vin* siècle, les royautés barbares semblent
Rome, qui était une entrave, mais aussi un appui, près de mourir d'une sénilité précoce. Menacée de
semblait jetée hors de ses voies. C'est le trait perdre.aprèsl'Espagne et l'Orient,lenord de l'Italie.
caractéristique du moyen âge d'avoir substitué, à la Germanie peut-être, où les Saxons patens ont
l'unité politique,l'unitéreligieuse,et d'avoir cher- fondé une confédération puissante, la papauté se
-ché dans la Rome des papes le lien moral qu'on décide à accomplir une révolution. Aux Mérovin-
demandaitjadis à la Rome des empereurs. giens décrépits elle substitueune famille nouvelle,
Quand les Barbares, de gré ou de force, péné- qui a pour ancêtres un évoque et un soldat. Char-
trèrent dans l'empire, l'Eglise était déjà forte. La les Martel a arrêté les Arabes, conquérants de
hiérarchie ecclésiastique était constituée. Le con- l'Espagne; Pépin le Bref menace les Lombards, et
cile de Constantinople (38t) avait reconnu à l'évè- fonde la puissance temporelle des papes; Cnarles
que de Rome la suprématie sur le monde chré- extermine les Saxons, détruit la royauté lombarde,
tien. Protégée par les empereurs, l'Eglise avait arrête les invasions musulmanes. Le 25 décembre
fait des conversions nombreuses. Les Goths, no- de l'an 800, ie pape pose la couronne impériale sur
tamment, avaient reçu l'Évangile d'Ulphilas. Les la tête de Charlemagne. L'Eglise et l'Empire,
prédications, il est vrai, n'étaient pas toujours comme an temps de Constantin, semblent se con-
orthodoxes. Parmi les Barbares surtout, l'hérésie fondre, union fatale qui couvrira l'Europe de
-d'Arius était en faveur. Mais l'église de Rome ruines et de sang.
devait plus tard triompher. Dans l'empire, la loi 2' Période, du IXe au XU" siècle. L'empire
.romaine avait donné aux évoques une grande créé par Charlemagne ne survécut pas longtemps
puissance. Sous le titre de < défenseurs, ils à son fondateur. Des Pyrénées à la mer du Nord,
étaient devenus de véritables magistrats munici- de l'Atlantique à la Theiss et à l'Elbe, se pres-
paux, parlant au nom de la cité, nourrissant les saient trop de nations diverses. Si l'Italie et la
pauvres, surveillant les prisons, protégeant les Gaule, conservant encore le souvenir des Césars
orphelins. La plupart des évoques <f ailleurs appar- romains, consentaient à devenir provinces d'un
tenaient aux familles nobles. Leur grand nom nouvel empire d'Occident, la Germanie tout en-
joint à leur caractère religieux leur donnait une tière se montrait peu disposée à reconnaître l'au-
autorité acceptée par tous. Après la chute de torité d'un seul chef, résidant au delà du Rhin.
l'empire et la disparition des fonctionnaires im- Dans la Gaule même et dans l'Italie, comme on ne
périaux, le diocèse remplaça la province. En face sentait plus la forte main de Charlemagne, les
des Barbares. l'évoque conserva ses anciennes luttes intestines recommençaient! l'aristocratie
fonctions, politiques et ecclésiastiques. militaire et religieuse, mise en possession d'une
Saint Paulin, saint Hilaire, Sidoine Apollinaire, grande partie du sol, cherchait à conquérir l'in-
<aint Aignan appartiennent à l'histoire politique dépendance. Vingt ans après la mort de l'empe-
autant qu'à l'histoire religieuse. Attila s'arrêtait reur, une désagrégation lente, symptôme de la
devant Rome à la voix de Léon I". Le plus bar- mort, détruisait en détail son muvre. Sous le règne
bare des Barbares semblait rendre un suprême de Louis le Débonnaire (814-840), les partisans de
hommage à la puissance de l'Eglise qui allait l'unité impénaleessayèrenten vain de faire triom-
pour des siècles transformer l'Occident. pher leurs idées. La bataille de Fontanet (841) et
Les éveques défendaient devant les chefs bar- le traité de Verdun (843) consacrèrent un démem-
bares les privilèges de la religion chrétienne. Les brement devenu inévitable. La Gaule, l'Italie,
moines la rendaient populaire. L'Orient possédait l'Allemagne se séparèrent. Une fois encore, en
depuis longtemps des monastères. Les couvents 884, le monde occidental n'eut qw'un seul chef.
de la ThébaMe et de la Palestine étaient célèbres. Mais Charles le Gros fut déposé (887). et les diffé-
Mais la rêverie mystique, t'amour des discussions rents pays qui avaient composé 1 empire se sépa-
subtiles, l'impatience de la règle, condamnaient rèrent pour toujours.
les moines d'Orient à rester inutiles ou à devenir La séparation ne se fit pas sans d'affreux dé-
dangereux. Dans l'Occident, à Noirmoutiers, à sordres. On eût dit que le vieux monde se déchi-
Ligugé, à Lerins, se fondent des monastères où le rait. Le m* siècle mérite bien le nom de t siè-
travail est imposé comme règle essentielle. En cle de fer ». L'Europe entière semble se couvrir
Italie, saint Benoît crée le couvent du Mont Cas- de sang et de ruines. Ce ne sont pas seulement
sin et impose à ses moines des obligations sévères. des guerres privées qui désolent la Gaule, l'Italie
En Irlande Columban combat les restes du drui- et l'Allemagne. Des invasions incessantes de
disme, et fonde des abbayes d'où sortiront des Normands au nord, d'Arabes au sud, de Hongrois
missionnaires nombreux, fondateurs aussi de cou- à l'est, de Slaves sur les frontières de l'empire
-vents (Luxeuil, Saint-Gall). La foi se répand et byzantin, viennent ajouter à l'horreur de ces
l'orthodoxie s'impose. Le catholique Clovis a dé- temps si troublés. L'invasiondanoise ébranle toute
truit en Gaule les royaumes ariens des 'Wisigoths l'tle de Bretagne. Le monde scandinave, agité par
et des Burgondes. Il semble avoir triomphé par des convulsions intestines, est comme projeté en
j'EgUse et pour l'Eglise. Les Franks sont les dehors de ses limites séculaires. L'invasion s'é-
tend sanglanteet rapide sur l'Ecosse, les Hébrides, variés qu'au temps de l'empire, paient des rede-
les Orcades, l'Islande, le Groenland au nord-ouest, vances aux seigneurs. Enfin au dernier degré de
sur la Russie à l'est où Rurik fonde vers 862 un em- la société sont placés les esclaves. Voilà les ca-
pire scandinave à l'ouest, les mers sont sillonnées ractères généraux du régime féodal. Sans doute,
par les longues barques des Normands qui vou- dans divers Etats, on doit remarquer quelques
draient fonder aussi des établissements dans différences de détail. En Orient, par exemple,
l'Europe occidentale. Au delà du Danube, les ca- la féodalité n'existe à proprement parler que
valiers Magyars, menaçant la « Marche orien- pour les terres militaires ou impérialot données
tale o (QEsterreich, Autriche), préparent la fonda- en récompense à des soldats. Dans les pays gou-
tion du futur royaume de Hongrie. C'est le temps vernés par les Musulmans, la féodalité est sur-
enfin où le monde slave franchit décidément le tout personnelle et administrative; elle n'est
Danube et couvre de ses innombrables tribus la qu'une forme particulière d'une hiérarchie reli-
presqu'île des Balkans. Un monde nouveau s'im- gieuse et militaire. Dans le fond elle est en-
pose à Byzance, et transforme tout, jusqu'au nom core analogue à la féodalité européenne et chré-
des pays qu'il occupe (Péloponèse, Morée). Dans tienne. Sur les points où Arabes et chrétiens se
l'Espagne enfin, les successeurs d'Abder-Rah- rencontrent, en Espagne et en Orient, chroni-
man, qui s'était déclaré indépendant en 755, ont queurs et poètes sont frappés moins des diné-
à combattre les fréquentes révoltes de leurs sujets rences que des ressemblances des deux régimes.
musulmans, tandis que le royaume chrétien des Partout, sous des noms divers, l'aristocratie do-
Asturies commence contre l'islamisme une lutte mine. Dans le groupe des Etats Scandinaves se
qui a duré six cents ans. retrouvent les vieilles divisions germaniques par
C'est cependant de ce sang et de ces ruines dizaine et centaine, les réunions de district, les
que sont sortis les Etats du moyen âge. Le monde 7'M.<~ ou assemblées générales dans lesquelles les
barbare, qui avait si longtemps roulé sur lui- hommes libres règlent les affaires du pays. Ces
même, semblable à une mer agitée, se calme enfin institutions, plus démocratiques que celles de
et s'arrête. Malgré tant de sang répandu, le l'Europe centrale et méridionale, se modifient dès
ix" siècle n'est pas un temps de mort; c'est un le xi' siècle, sous l'influence du droit romain et
siècle de vie et de création féconde. du droit canon. L'Europe tout entière paraît alors
L'empire romain avait laissé après lui le sou- soumise aux mêmes règle!). Au-dessus des diSé-
venir de l'unité fondée sur la loi. Charlemagne rences internes de chaque peuple se forme un ré-
avait cherché l'unité dans la foi religieuse. Cette gime politique unique, sorte de patrimoine com-
foi avait inspiré la première renaissance des let- mun à tous les Etats européens. Partout les
tres et des arts en Gaule, en Italie, en Angleterre. hommes s'assemblent et les Etats se fondent
La religion parut désormais un élément indispen- d'après des lois communes basées sur l'identité
sable à la fondation et à la durée des nouveaux de cause, la possession territoriale, et l'identité
Etats. Du x* au xn* siècle, le christianisme se de but, le maintien de la propriété foncière.
répandit en Norvège, en Suède, en Pologne, en La féodalité paraît arriver à son plein épanouisse-
Russie, en Hongrie, même dans les Etats fondés ment dansle courant du xi" siècle. Loin d entretenir
par les Slaves, Bulgarie, Croatie, Serbie. A ces la barbarie, comme on l'a cru si longtemps, elle lui
nouveaux venus le christianisme semblait donner impose des barrières, et l'arrête. Ses institutions,
droit de cité, à coté des Etats plus anciens de loin d'être un chaos, sont fort régulières; ses tels
l'Occident et du midi. Cette unité religieuse était sont fixes dans leur multiplicité. De véritables
d'ailleurs toute morale. Elle respectait les natio- écoles de législation se fondent et produisent de
nalités, se bornant à inspirer au monde une foi savants jurisconsultes. La Normandie surtout se
ardente et mystique dans l'Evangile. distingue dans ce grand travail d'organisation
Vers le même temps l'Europe adoptait un ré- politique et judiciaire. Littleton et Glanville sont
gime politique presque uniforme, celui de la féo- les premiers des grands feudistea au moyen âge.
dalité. Fondée dans des sociétés composées d'élé- Plus tard, l'Angleterrenormande produira Bracton
ments romains et d'éléments germaniques, la et Britton. L'Italie possédera les codes de Obertus
féodalité emprunte des traits aux deux civilisa- ab Orto et de Gerardus Niger (xN* siècle) l'Alle-
tions de Rome et de la Germanie. L'empire ro- magne a le code intitulé Vetus auctor de Benefi-
main avait connu les patrons et les clients, les ciis. La féodalité semble appelée moins à con.
nobles qui possédaientle sol et les colons qui quérir des Etats qu'à les organiser. Au lendemain
le cultivaient, sans parler des esclaves. Dans la même de l'invasion normande (xi* siècle), l'An-
Germanie, la truste, le comitat étaient des insti- gleterre est féodalement divisée entre 700 grands
tutions analogues à la clientèle romaine. Les codes barons et 6021& barons inférieurs. A la fin du
romain et barbares 'proclamaient la grande auto- même siècle, lorsque la France et l'Europe mirent
rité du patron, chef de la famille, « qui parle au le pied sur le sol de l'Asie, la féodalité s'implanta
nom des autres o (<nM<A)t<M, de M!MK~, bouche). naturellement dans ce pays où vivaient cependant
Au milieu des troubles du H.' siècle, le principe des races si diverses. Les ~MMef de Jérusalem
de la recommandation(de comMKMCfare) l'emporta. furent rédigées avec Min, au milieu même du
Les plus faibles se groupèrent autour des plus tumulte des batailles. Elles devaient plus tard
forts, leur confiant la défense de leur personnes servir de base aux travaux de Philippe de Navarre
et de leurs terres. Le caractère distinctif de la et de Jean d'Ibelin (xm* siècle).
société est désormais l'attachement à la propriété Les résultats de la féodalité n'ont pas été mé-
foncière. Aux divers modes de possession corres- diocres. Elle a presque partout effacé pour tou-
pondent diverses formes daM l'ordre politique et jours les distinctions de races elle a multiplié
social. La terre sur laquelle s'exerce un droit les famillesagricoles,protégées plus qu'on ne pour-
absolu de propriété se nomme alleu. La terre rait le supposer par les institutions féodales. Elle
dont on ne possède que la jouissance, ou sur la- a répandu l'activité et la vie dans les campagnes
quelle s'exerce un droit de possession incomplet, longtempsabandonnées.Ellea appelé un grand nom-
se nomme bénéfice ou fief. Celui qui tient une bre d'hommes à la possessiondu sol. Enfin, dans un
terre en fief d'un autre homme est vassal d'un autre ordre d'idées, elle a partout inspiré une lit-
suzerain. La vassalité, d'ailleurs, n'entraîne pas la térature originale. Il ne faudrait pas exagérer ce-
servitude. La cérémonie de l'hommage, par la- pendant les bienfaits de ce régime politique.La so-
quelle le vassal se lie au suzerain, respecte la ciété féodde était rude. Malgré l'influence de
liberté des deux parties contractantes. Au-dessous l'Eglise, malgré l'institutionreligieuse et militaire
des vassaux, les colons, aussi nombreux et aussi de la chevalerie, qui intéressait les forts & t&
défense des faibles, le moyen âge est un temps motifs de désaccord. En Allemagne, en Italie,.
de passions fougueuses et de luttes sanglantes. dans l'Europe catholique. l'Etat devait-il absorber
Dès le x* siècle, l'aristocratie féodale afflrme'sa l'Eglise, en transformant les évoques et les abbés
puissance. En Allemagne, elle domine les faibles. en de simples vassaux militaires ? L'Eglise devait-
Un Luitpold en Bavière, un Otto en Saxe, un Gi- elle supprimer l'Etat? Rendrait-elle les princes
selbert en Lorraine sont les véritables maîtres des ecclésiastiques indépendants des souverains tem-
duchés allemands. En France, les seigneurs peu- porels, « avec de vastes territoires dépourvus de
vent en 9M opérer une révolution tout aristo- charges, avec des droits dégagés d'obligations,
cratique, en plaçant sur le trône un prince féodal, placés dans un pays sans lui appartenir, membres
Hugues Capet. En Italie un marquis d'Ivrée, un de la république chrétienne ?
duc de Frioul se disputent la couronne. Le pape Ledébat quis'engageaitétaitpolitique autantque
lui-même est obligé de défendre contre les barons religieux. Au xn' siècle, au temps de Frédéric I"
la papauté qui n'est plus qu'un fief. Partout, et d'Alexandre 11!, le caractère politique domine.
d'ailleurs, la force et les prétentions de l'aristo- Il ne s'agissait plus seulement de la papauté et
cratie féodale donnent naissance à des guerres de l'empire, mais aussi des villes de la Lombard!
privées. L'Allemagne est troublée par les Gherard qui avaient grandi au milieu de la lutte. Garde-
et les Mattfried, les Conrad et les Bamberg; la ront-elles leurs privilèges ourecevront-ellesles con-
France par Foulques Nerra et Eudes de Blois. stitutions de l'empire? Au siècle suivant, la ques-
Pendant près d'un siècle dure cette effervescence tion se déplace de nouveau. Les papes Innocent)!! et
qui agite toute l'Europe et trouble l'Eg~se même. Innocent IV défendent l'indépendance de l'Italie,
Les éveques et les abbés sont entrés dans « le que FrédéricIIvoudrait annexer l'empire allemand.
siècle. Leurs mœurs sont celles de la société mili- La papauté semblevictorieuse à la mort de Frédé-
taire les évechés et les abbayes deviennent des ric II (H50). La maison des Hohenstaufen s'éteint;
souverainetés dont on trafique ouvertement; c'est l'Italie et l'Allemagne reprennent chacune séparé-
ce qu'on appelle la simonie. Le clergé renonce ment le cours de leur destinée. Mais le triomphe
partout au célibat l'Europe va se couvrir peut- de la papauté n'est qu'apparent. Au xiv' siècle, un
être d'une caste sacerdotale. Sous toutes les for- pape est fait prisonnier dans Rome le Saint-Siège
mes, dans le sanctuaire comme dans les châteaux, est transféré à Avignon. Pendant plus d'un demi-
la féodalité, qui a morcelé le sol, morcelle l'au- siècle, le chef de l'Eglise n'est que le lieutenant
torité. Le mysticisme religieux, développé dans d'un souverain laique. En réalité les papes sor-
l'isolement, pousse les hommes a de grandes taient vaincus d'une lutte qui avait duré près de
aventures. Au xf siècle, la race normande se trois siècles. Ils devaient renoncer à tenir dans
répand dans le midi de l'Italie (1016-1053), en une complète dépendance les sociétés civiles.
Angleterre (1066) des chevaliers bourguignons Mais cette lutte, que des hommes énergiques
s'établissent dans la péninsule hispanique (1090). avaient fièrement soutenue, aux dépens même de
Ils fonderont plus tard le royaume de Portugal la papauté, n'était pas sans gloire. Le Saint-Siège
(1140). Enfin lEurope entière, emportée dans un a rendu de grands services au monde du moyen
élan de foi, se précipite à la fin de ce siècle vers âge, il a préservé l'Europe occidentale de ta do-
le tombeau du Christ. C'est une démocratie im- mination allemande; il a rudement ébranlé une
mense, qui ne connaît encore que ses devoirs, et féodalité orgueilleuse et redoutable; en s'alitant
qui semble ignorer ses droits. Aujourd'hui, elle contre les Césars allemands an peuple des villes,
obéit docile à l'aristocratie qui la mène, peut-être il a révélé à celui-ci toute sa force; enfin, il a
"lie se soulèvera demain. lancé sur l'Occident ses missionnaires et ses moi-
La féodalité avait établi des rapports intimes nes sortis du peuple, véritable armée révolution-
d'homme à homme, de pouvoir à pouvoir. Si le naire, qui, pour lutter contre le despotisme laïque,
vassal dépend du seigneur, et le seigneur du roi, jetait h tous les vents le mot de liberté.
le roi à son tour ne dépendra-t-il de personne ?7 Pendantla longue lutte du sacerdoce et de l'em-
Question redoutable, que la papauté a voulu ré- pire, le régime féodal se modifie. Les villes gran-
soudre à son avantage. dissent la bourgeoisie prend de l'importance.
Dans la seconde moitié du x* siècle, un Alle- Alors s'accomplit ce qu'on a appelé la révolution
mand, Otton t"\ avait essayé de rétablir l'empire communale. Dans le nord de l'Italie, les villes qui
de Charlemagne. Il parvint difficilement à impo- ont conservé le souvenir des constitutions ro-
ser son autorité a l'Allemagne et à l'Italie les maines, Pise, Gênes, Milan, avaient toujours pos-
autres souverains se gardèrent de reconnaître sédé une « commune ». Le commerce les mettait
cette suzeraineté nouvelle quelques-uns,comme en relations permanentes avec le midi de la France.
le César de Byzance, refusèrent de donner au Là aussi les communes se formèrent. Les chartes
César germanique le titre d'empereur.Les nations, de fondation furent imitées en Espagne et en Portu-
en enet.étaientdésormais trop distinctes pour qu'on gal. Les communesdu Norddérivent surtout des as-
pût constituer à nouveau l'unité rêvée par Charle- sociationsde marchands ou ghilds, dont on signale
magne. Ce n'est qu'en dehors de la politique, dans l'existence en Flandre, en Angleterre, dans les Etats
le monde chrétien, que cette unité pouvait se ren- scandinaves, en Allemagne, en Russie. Dans ces
contrer. Rome espéra réussir où les Ottons avaient pays, comme dans la France septentrionale, le
échoué. Au xt* siècle, avec le moine Hildebrand et mouvement communal ne s'est pas opéré sans
Pierre Damien, elle entreprit la réforme profonde troubles. Il a fallu lutter contre une aristocratie
de l'Eglise, créant des ordres religieux, interdisant jalouse, conquérir les chartes d'Indépendance. De
la simonie et le mariage des prêtres, cherchant H les associations de communes, la Hanse, ou
aussi dans le passé des titres à la domination du union des armateurs du Nord, la ligue du Rhin,
monde, consultant a cet effet les Evangiles et les formée par les villes de commerce situées le long
Décrétâtes, trouvant partout inscrites la glorifica- du fleuve. Du nord au midi, les villes deviennent
tion de l'Eglise et la puissance du successeur de puissantes. Des relations s'établissent entre elles.
Pierre. Devenu pape, Hildebrand (Grégoire VII) Déjit l'horizon semble s'élargir. La foi religieuse
voulut réaliser son rêve. Il imposa le respectabsolu n'est plus désormais le seul mobile qui pousse les
du Saint-Siège à l'Espagne, au Portugal, à l'Angle- hommes. Dès la troisième croisade (U87). la no-
terre, 1à la Pologne, à la France même. Il entama, blesse presque seule figure dans ces expéditions
enfin, avec l'Empire une lutte qui devait durer plus pompeuses qu'utiles. Labourgeoisie s'adonne
deux cents ans. Entre le pape et l'empereur, ces au commerce et s'enrichit. A la noblesse de nais-
deux uoitéf puissantes et terribles que Charlema- sance elle opposeune noblesse de fortune. Adver-
gne avait léguées au monde: siirgissaient de graves saire la féodalité, elle est l'alliée naturelle de
tous ceux qui luttent contre les institutions féo- ment au xiv' siècle. Une lutte qui devait durer
dales. cent ans met aux prises la France et l'Angleterre.
En France, la bourgeoisie s'est alliée de bonne Les deux pays sont ruinés. 11 faudra plus tard les
heure à la royauté. Dans cette alliance, elle a gouvernements da Charles VII et de Louis XI en
perdu l'indépendance communale, mais cette indé- France, pour réparer les malheurs que le sagee
pendance, à la fin du xn* siècle, dégénérait déjà Charles V n'avait pu conjurer. Cette guerre terri-
en de graves désordres. Sous Louis VI, Louis VII ble est loin d'ailleurs de desservir la France. Le
et surtout Philippe-Auguste, la royauté française patriotisme na!t enfin, et Jeanne d'Arc en est la
se développe, au temps où dans d'autres pays, en personnification éclatante. Les provinces occupées
Allemagne, en Angleterre, dans les Etats scandi- par les Anglais reviennent à la couronne, et
ce
naves, les rois luttent péniblement pour le main- retour resserre le tieti qui unissait déjà les autres
tien de leur autorité. Dans l'Europe troublée, la pays de France.
France apparait comme un pays véritablement uni L'Angleterre, après la étrangère, connait
et désormais réglé. Suger a donné à la royauté la la guerre civile elle guerre subit ta sanglante que-
force qui lui manquait. Saint Bernard réforme relle des deux Roses. L'aristocratfd
l'Eglise de France. Abailard le philosophe « met à cimée, et Henri VII (1485) peut en sort dé-
sans ft-'incultës
jour les secrets de Dieu, et jette au vent les plus établir le pouvoir absolu chez une nation très
hautes questions. » Ses disciples vont répandre attachée pourtant à ses droits. L'Espagne
dans le monde la pensée libre du maltre. Arnaud bientôt trouver l'unité nationale, va
sous Ferdinand
de Brescia sera pendu à Rome pour avoir rêvé de et Isabelle. L'Italie voit tomber les républiques.
république. Le politique qui a dégagé la royauté Des familles princières règnent à Milan et a. Flo-
des entraves féodales, le théologien qui demande rence, comme à Naples. Venise, seule des grandes
à la raison la confirmation de la foi, le penseurqui villes italiennes, conserve
voudrait sonder tous les mystères, annoncent des blicaine et aristocratique. sa constitution répu-
L'Allemagne, si long-
temps nouveaux. L'aristocratie féodale est comme temps divisée, a comme pressent l'unité possi-
rejetée au second plan. Les rois et les peuples sont ble, sous la dynastie des Luxembourg. Mais cette
en présence, moins pour se combattre que pour famille slave, dont Prague est la capitale de pré
s'unir. De cette union toute politique la consé- dilection, ne saurait plaire aux Allemands. En
quence est pour les uns la force, pour les autres tM8, la couronne impériale revient à la maison
la richesse, plus de sécurité, la gloire enfin des vraiment allemande des Habsbourg. Les Etats
lettres et des arts. scandinaves, Suède, Norvège Danemark,
3' et 4' périodes, du XIII<- siècle à l'an 1453. en 1397 l'union de Calmar,etet n'ont plussignent
Le xm° siècle marque l'apogée de la France seul souverain. L'Orient, perdu lentement qu'un
au moyen âge. Philippe-Auguste et surtout saint Grecs, est occupé par les Turcs, qui, en 1453, par les
Louis ont organisé le pouvoir royal. Les commu- trent à Constantinople, consolident leur pouvoir en-
nes, de gré ou de force, se soumettent à l'auto- dans la presqu'ile
rité des prévôts du roi. Le midi de la France, administration solidedes Balkans, et fondent unr;
dompté par la terrible guerre des Albigeois, de- désordre. La Russie enfin, sur cette terre classique du
vient moins étranger au reste du royaume. La féo- envahie par les Tatares
au xm' siècle, secoue leur domination sous
dalité, frappée par Philippe-Auguste, s'incline Ivan III (1463). Moscou devient la capitale défini-
avec
respect devant Louis J)X dont l'Eglise a fait un tive d'un monde qui
saint. L'Allemagne est en proie aux troubles se dégage des ténèbres dv
du moyen âge. Dans toute l'Europe, « nous voyons
grand interrègne l'Italie est déchirée par les la même tendance à la centralisation, à t'unité,
guerres civiles; l'empire grec d'Orient a disparu la formation et à la prépondérance des intérêtsh
pour faire place à un empire latin; l'Angleterre généraux, des pouvoirs publics. »
est affaiblie par les longues luttes des barons, des Une révolution s'accomplit en effet au xv* siè.
bourgeois et des rois; la Suède est attristée cle. Au régime féodal et aux constitutions com-
les drames sanglants dont le palais des Folkungs par
munales, qui n'avaient pu rien produire de dura-
est le théâtre seuls le Danemark et la Grande- ble, on substitue un ordre politique fondé
Hanse ont quelque puissance dans les régions du l'absolutisme du pouvoir royal. sur
Nord. Au milieu de ce désordre général, la France rencontre Cette révolution
doute des résistances. A la fin du
voit s'accomplir avec lenteur mais sûrement t'œu- X!V siècle,sans des troubles éclatent en France sous
vre de l'unification territoriale. Son influence est Charles VI, en Angleterre et
prépondérante sur la Méditerranée, à Montpellier, en Allemagne, où
deux souverains sont déposés, dans les Flandres
à Marseille, dans les Deux-Siciles, où s'établit
maison française, dans la Morée occupée surtout une dont les grandes et tumultueuses cités sont le
foyer révolutionnaire de l'Europe. Ce
par des chevaliers français, à Constantinople où s'apaise dans la seconde moitié du xv°mouvement
règnent des empereurs latins soutenus par la principe du pouvoir personnel l'emportesiècle. Le
France, en Egypte, où domine notre influence politique, dans la
au moment où les idées démocratiques
commerciale saint Louis essaye même de fonder bouleversentl'Église.
un établissement chrétien à Tunis. Dans le même En t37X, la nomination de deux papes provoque
temps, le français tend à devenir la langue de la le Grand-Schisme. En 1409, la chrétienté a trois
science; il est déjà celle de la poésie. L'université à sa tête. Pour réformer les déptorable~
papes
de Paris, fréquentée par des étudiants de toutes abus de l'Eglise, des
nations, brille d'un éclat incomparable. Guillaume conciles se réunissent à Con-
stance (1414), à
de Saint-Amour, Odon de Douai, Chrétien de tions démocratiques ()4:!)). Malgré les proposi-
Bâle
Beauvais, Rutebœuf. Joinville, saint Bonaventurc de Gerson, d'Ailly, des doc-
teurs
saint Thomas, un des plus admirables génies du viennent français et anglais, ces conciles ne par-
pas à limiter l'autorité des papes. Les
moyen âge, publient leurs ouvrages. Des corpora- gouvernements laïques fixeront eux-mêmes des
tions d'architecteset de maçons couvrent la France barrières
et l'Europe occidentale de magnifiques catbédrates au pouvoir pontifical, par des pragmati-
ques sanctions. D'ailleurs, pour n'avoir pas per-
Le royaume, riche et prospère à l'intérieur, reçoit mis
une organisation administrative. Le parlement est lution. une réforme, l'Église est menacée d'une révo-
fixé à Paris, les États généraux Les Flandres et l'Angleterre, depuis le
A l'extérieur, la France devient sont assemblés. temps de Wicleff, sont hostiles à Rome. A Con-
redoutable sous stance, le pape et l'empereur ont fait brûier Jean
Philippe le Bel, l'ennemi des Anglais et le vain-
Huss et Jérôme de Prague. McM l'Allemagne cen-
qnpor des papes. trale est ravagée par une guerre de religion. Le
Mais cette ère de prospérité s'arrête brusque-
désordre est au comble. En Saxe, sur les bords du
Rhin. dans les universités allemandes se forment ment les os; dans la région du tronc, ils consti-
de libres associations d'étudiants, dont l'esprit et tuent les parois charnues des cavités thoracique
les tendances annoncent la Reforme. et abdominale. Sur tes membres, ils sont groupes
Le mouvement littéraire du ~V siècle vient ap- par faisceaux musculaires, ne délimitant pas de
porter encore des forces nouvelles aux idées démo- cavité. Dans les intestins, ils couvrent les vais-
cratiques. L'imprimerie, répandue déj~ avant seaux et les nerfs ils sont recouverts par la peau,
1453, est un agent de progrès, le plus rapide et le qui, au niveau de certains intervalles musculaires-
plut sur que les hommes aient jamais connu. (bouche, nez, anus), se modifie en muqueuse pour
Plus de morcellement comme dans les temps pas- former la membrane qui tapisse intérieurement la
sés, plus de pouvoirs locaux, plus d'idées locales. surface des viscères.
Le domaine des esprits s'étend l'intelligence des 2' Muscles du c<BMr. La couche musculaire
hommes, mieux cultivée, deviendra plus libérale du coeur est formée de nbrilles musculaires striées,
et plus haute. La Renaissance fera aimer la liberté. plus fines que ceiles des muscles ordinaires. Elles
La politique aussi est simplinée. D'un coté se présentent de plus un caractère qu'elles ont de
dressent les rois, qui marchentvers le despotisme commun avec celles de la langue, d'être anastomo-
personnel, de l'autre les peuples qui obéissent et sées, c'est-à-dire d'être réunies entre elles par de-
souffrent, mals qui r6ventdéja d'indépendance. petites branches transversales et obliques.
lL.-G. Gourraigne.] MuscLEs A F!BRMmssss. –Jamais ils ne sont sou-
MOYENNE PROPOMMNNEt-LE. – V. Lignes mis à la volonté; ils se contractent sous l'in-
proportionnelles. fluence de filets nerveux appartenant a)* système
MCSCLES. – Zoologie et Physiologie. XXXVL nerveux de la vie organique, et sont généralement
D~itM~'on. Les muscles sont des organes situés dans les parois des viseetCs.Dans l'intestin
fibreux qui, sous l'influence de la volonté, ou en particulier, ils forment une couche superposée
d'excitations étrangères à celle-ci, sont capables à la muqueuse, composée de fibres longitudinales,
de se raccourcir dans le sens de leurs fibres et coupées perpendiculairementpar des fibres trans-
provoquent les mouvements des parties auxquelles versales au niveau de l'estomac s'ajoutent des
ils sont insérés. fibres obliques. Les fibres ont ~s de millimè-
Diverses espèces de muscles. Il y a deux grou- tre de longueur; leur diamètre le plus grand est
pes principaux de muscles l* les muscles à libres en moyenne de de milUmètro elles sont fusi-
striées; t° les muscles à fibres lisses. formes, blanches, et présentent un noyau allongé
Le premier groupe se subdivise lui-même en dans leur région centrale. [G. PMHppon.]
deux catégories de muscles, ceux qui t'insèrent Arithmétique,YI-VIIL –
sur les os et font mouvoir les pièces du squelette MULTIPLICATION.
obéissant à la volonté, et ceux qui forment la 1. – rencontre,
On dans l'addition, un cas particu-
en lier remarquable c'est celui où tous les nom-
paroi charnue du cœur et déterminent,en se con-
tractant, la dilatation et la contraction de ce vis- bres à additionner sont égaux. Soit proposée cette-
cère. addition
Le groupe des muscles à fibres lisses comprend 658
ceux qui sont annexés aux viscères (le cœur 658
excepté), et les mettent en mouvement en se rac- 668
courcissant indépendamment de la volonté. 658
MUSCLES A FIBRES STBIEES. 1" Muscles du ~«e- 658
lette. Itssontconstituésparlajuxtaposition d'un 658
très grand nombre de filaments microscopiques 658
appelés fibrilles musculaires, ayant de milli- 4606
mètre environ, et tous dirigés dans le même sens,
bien pouvant diverger par faisceaux, ou bien
ou constituer On voit qu'ici l'opération a pour but de repéter
encore pouvant devenir concentriques et 7 fois le nombre 658 elle prend alors le nom de
circulaire autour de certaines ouver-
un anneaufibrille nmsculaire est coupoe transver- multiplication. Le nombre 658 que l'on répéta
tures. La s'appelle le multiplicande; le nombre 7. qui indi-
salement par des bandelettes alternativement
blanches et rouges, d'où résulte leur aspect strié. que combien de fois on répète le multiplicande,
Les fibrilles, se groupant en faisceaux, constituent s'appelle le MM~tp~cateM~, et le résultat de l'opé-
les fibres musculaires dont la réunion forme le ration porte le nom de pfoa'Mt<. Le multiplicandes
muscle tout entier; celui-ci est recouvert par et le multiplicateur sont les deux facteurs du
produit. En faisant l'addition à la manière ordi-
une membrane appelée apMt~-ose,très résistante,
intérieur naire, on reconnaît que 658 multiplié par 1 donner
luisante, qui se replie dans son pour
déterminer des cloisons séparant des groupes de pour produit 4606. Mais l'opération peut se faire
flbres.Sur l'aponévrose s'insèrent les nbriUes mus- d'une manière plus simple. On remarque, en effet,
la colonne des unités renferme 7 fois le chiffre-
culaires, et cette membrane se continue à chaque que l'addition de colonne est-
extrémité du muscle par un ligament fibreux, le 8 le résultat de cette
donc le résultat de la multiplication de 8 par
tendon, dont les éléments sont aussi en continuité même, la colonne des dizaines renferme 7 fois
par l'intermé- De
avec les libres musculaires. C'est le chiffre 5; et l'addition de cette colonne a pour-
diaire des tendons que les muscles s'attachent résuitat le produit de 5 7. On verrait de même
On conçoit
au périoste (gaine fibreuse des os).simultané par
du raccourcissement de que le résultat de l'addition de la colonne des
dès lors que centaines
toutes les fibres musculaires, il résulte des trac- savait d'avance est le produit de 6 par 7. Si donc on
les produits des nombres 8, 5, 6-
tions sur les pièces articuléesdu squelette, et que l'opération trouverait abrégée; on dirait
celles-ci puissent exécuter des mouvements. Lors- par 7, se
retiens 5; 7 fois 5~
7 fois 8 font 56, je pose et 6
que les muscles entrent en jeu, leur tempéra- font 35, et 5 de retenue font 40, je 0
pose et re-
L~re augmente, et ils transforment une grande tiens 7 fois 6 font 42, et 4 de retenue font 46~
quantité de sang artériel en sang veineux. Ces or- 4
donne bien 4606.
ganes sont sous la dépendance des nerfs rachi- je pose 6 et avance 4, ce qui
diens. Lorsque l'on coupeun nerf qui se rend à un La même simplification se présenterait, toutes
muscle, celui-ci perd la faculté de se mouvoir vo- les fois que le multiplicateur ne dépasse pas 9,
lontairement. si l'on savait par coeur les produits des nombres
Les musclea de la vie animale, ceux que nous d'un chiffre par lesdans nombres d'un chiffre. Ces pro-
réunis le tableau ci-dessous, au.
venons d'étudieren général, recouvrent ordinaire- duits sont
quel on donne le nom de Table de multiplication] produit précédent (s'il y en a une). L'opérât!~
(ou Table de Pythagore, du nom du philosophe n'est ici qu'une addition abrégée.
auquel on en attribue l'invention). 5. Supposonsmaintenant que le multiplicande
et le multiplicateuraient un nombre quelconque
2. Table de multiplication. de
< chiffres, et soit, par exemple, à multiplier
S50319 par M87.
250319
1 9 3 4 5 6 7 8 9 4087

2 4 6 8 10 I? 14 16 18 1752233
20055~2
100)2'!6
3 6 9 12 15 18 XI 24 27 'lu~3U5H7M

4 8 12 16 20 24 M 32 36 L'opération a pour but de répéter 4087 fois le


multiplicande. Pour y parvenir, nous le répéterons
d'abord 7 fois, puis 80 fois, puis 4000 fois. La pre-
5 10 15 20 25 30 35 40 45 mière opération partielle rentre dans le premier
cas, et l'on obtient pour premier produit 1 '!5! 233,
6 12 18 24 30 36 42 48 54 que l'on écrit au-dessous du trait. Il s'agit
maintenant de répéter le multiplicande 80 fois;
42 M 56 63
mais comme S!~ n'est autre chose que 10 fois 8,
7 14 21 28 35
on arrivera au résultat en répétant )e multipli-
cande 8 fois, et en répétant 10 fois le résultat
8 16 M 32 40 48 56 64 72 obtenu. Le produit du multiplicande par 8 est
2002552, et pour le répéter 10 fois il suffirait de
9 18 27 36 45 54 63 72 81 mettre un zéro à la droite; on l'écrirait alors au-
dessous du premier produitpartiel; mais on peut
se dispenser d'écrire le zéro il suffit de plaçai
le premier chiffre à droite du produit partiel con
Pour former cette table, on écrit sur une pre- sidéré, au rang des dizaines, c'est-à-dire au-des
mière ligne horizontale les 9 premiers nombres.
On forme une seconde ligne horizontale en ajou- sous du chiffre 8 par lequel on a multiplié. Reste
à répéter le multiplicande 4000 fois. Comme 4000
tant à eux-mêmes les nombres de la première. revient à 1000 fois 4, on obtiendra le résultat
On forme la troisième horizontale en ajoutant aux cherché en répétant le multiplicande 4 fois, et en
nombres de la seconde ceux de la première; on multipliant le résultat par 1000, ce à quoi on par-
forme la quatrième ligne horizontale en ajoutant viendra sans écrire de zéros à la droite du pro
aux nombres de la troisième ceux de la première, duit partiel obtenu, 001278, mais en plaçant le
et ainsi de suite jusqu'àla neuvième ligne. chiffre 6 de ses unités au rang des mille, c'est-à-
Pour se servir de la table, on prend, dans la dire sous le chiffre 4, par lequel on a multiplié.
première colonne verticale, le multiplicande, et On tire alors un trait au-dessous du dernier pro
f'on suit la ligne horizontale qui commence par duit partiel, on fait la somme de ces produits
ie multiplicande jusqu'à ce qu'on arrive à la co- partiels, ce qui donne le produit total 1 023M53'!53.
lonne verticale qui commence par le multiplica- 6. Il peut arriver que le multiplicande ou !o
teur le nombre inscrit à la rencontre de ces deux multiplicateur, ou tous deux à la fois, soient ter-
lignes est le produit que l'on cherche. Ainsi, pour minés par des zéros; on peut alors faire la multi-
trouver le produit do 8 par 7, je prends dans la plication sans avoir égard à ces zéros, sauf à écrire
première colonne verticale le nombre 8, et je suis à la droite du produit autant de zéros qu'il y en
la ligne horizontale commençant par 8 jusqu'à ce avait au multiplicande et au multiplicateur.Si, par
que j'arrive à la colonne verticale commençant exemple, on avait à multiplier 9 000 par 600, cela
par 7 le nombre 56, inscrit à la rencontre de ces reviendraità multiplier 9000 par 6, et à multiplier
-deux colonnes, est le produit de 8 par 7.
3. – On )t vu, dans la numération, que l'on rend le résultat par 00; or le produit de 9000 par 6
est 54 000, et pour multiplier ce résultat par 100,
<m nombre 10 fois plus grand en mettant un zéro à
sa droite; on le rend 100 fois plus grand, en met-
il faut écrire deux zéros la droite, ce qui donne
5400000. On voit que ce résultat n'est autre
tant deux zéros à sa droite: 1000 fois plus grand chose que le produit 54 de 9 par 6, à la droite du-
<n mettant trois zéros, et ainsi de suite. Par con- quel on a mis les trois zéros du multiplicande et
séquent, lorsqu'il s'agit de multiplier un nombre les deux zéros du multiplicateur.
par 10, 100, 1000, 10000, etc., il suffit d'écrire, à La règle de la multiplication peut s'énoncer
la droite, un, deux, trois, quatre zéros, etc. Par de la manière suivante Écrivez le multiplicateur
exemple le produit de 759 par 1000 est 759000.
4. Les règles de la multiplication se déduisent au-dessous du multiplicande, et tirez un trait au-
.aisément de ce qui précède. dessous du multiplicateur; multipliez successive-
Supposons d'abord que, le multiplicande étant ment chaque chiffre du multiplicande par les
quelconque, le multiplicateur soit un nombre unités du multiplicateur, en ayant soin ua/0:~e)'
d'un seul çhiffre et soit, par exemple, à multi- à chaqueproduit la ?'~eMM? provenant du produit
p)'~c<&m< formez de la même mant~e produit
plier 658 par -7. On écrit le multiplicateur au- du multiplzcondeparchaque chiffre du multiplica-
dessous du multiplicande: <e«! en ayant soin de placer les unités du produit
65S partiel sous le chiffre du multiplicateur qui a /OMt'n:
ce produit p<H'<M~; tirez «a trait sous le dernier
produit partiel, et faites la somme de tous ces
4606 produits; ce sera le produit total.
Si le multiplicande et le multiplicateur sont
et on les sépare par un trait du produit à chercher. terminés par <<&! zéros, faites la ta!<~tpMca<to?t
Faisant alors usage de la table de multiplication, sans avoir égard à ces zéros, et, à la droite du
on multiplio successivement chaque chiffre du produit obtenu, placez autant de zéros qu'il y en
multiplicande par le multiplicateur,en ajoutant à avait au ?)tu«!/j/:ca?t~e et au multiplicateur.
chacun de ces produits la retenue provenant du La multiplication se désigne par le caractère
X placé entre les deux facteurs. Ainsi 7 X 8 indi- i facteur 4 sur une mente ligne et répétons 3 foia
que le produit de 7 par 8; de même 369 X 75 indi- cette ligne; nous aurons ce tabteau
que le produit de 369 par 75.
8. ie~t'o<fM!< <~f deux nombres reste le mime,
dans quelque ordre qu'on les multiplie. Soit, par
44444
44444 4
4
exemple, a multiplier5 par 3, on obtiendra toutes
les unités du produit, si l'on écrit 5 unités sur
44444 4
qui, lorsque l'on compte par lignes horizontales,
une même ligne, et qu'on écrive 3 de ces lignes présente
comme l'indique le tableau ci-dessous: bien le produit de 4 par 5, répète 3 fois.
c'est-à-dire (4 X 5) x 3. Mais si l'on compte par
1 Ï t 1 t lignes verticales, ce même tableau présente le
1 1 1 t 1 produit de 4 par 3, répété 5 fois, c'est-à-dire
1 1 1 1 t (4 X 3) X 5. Ces deux produits sont donc équiva-
lents et le mémo raisonnement peut s'appliquer
Mais, au lieu de compter 5 unités par ligne hori- à des Il
nombres quelconques.
résulte que l'on peut intervertir l'ordre de
zontale et de les répéter 3 fois, on peut compter deuxenfacteurs consécutifs quelconques, et, avec
3 unités par colonne verticale et les repéter & fois. faculté,
Ce tableau représente donc Indifféremment le cette on peut, par des permutations suc-
cessives,
produit de 5 par 3, ou le produit de 3 par 5. Le le produitamener chaque facteur à occuper dans
telle
raisonnement étant indépendant des nombres 5 et donc admettre place démontré que l'on voudra. On peut
3, la conclusion s'applique à deux nombres quel- plusieurs facteurs comme qu'un produit de
est indépendant de l'ordre de
conques ce qui démontre la proposition énoncée. facteurs.
On peut la vérifier sur la table de multiplication; ces
ainsi 7 X 8 et 8 X donnent également 56; 6 X 5 sivement it. Au lieu de multiplier un nombre succes-
parp/MtMttM facteurs, on peut le MM~-
et 5 ~<S donnent également 30. tiplier le produit effectué de ef- mdmes fac.
par
Cett~ ~Jupriété sert & faire la preuve de la mul- <fM~ Par exemple:
tiplication. La preuve d'une opération est une se- cessivement au lieu de multiplier 4 suc-
condeopération que l'on exécute pour s'assurer de multiplier par 5 et le produit par 3, on peut
l'exactitude de la première. La preuve de la mul- 4 par le produit effectué de 5 et de 3.
En
tiplication se fait naturellement en prenant le indifférent, effet, l'ordre des facteurs successifs étant
multiplicateur pour multiplicande et le multipli- on a
cande pour multiplicateur; le produit doit être (4X5)X3==(5X3)X44
le même. Soit, par exemple, à multiplier 729 par
358, on obtient directement 260,982; et, si l'on ou, en changeant l'ordre de ces deux facteurs,
recommence l'opération en changeant l'ordre des
facteurs, on obtient le même produit ce qui peut (4x5)X3=4x(5x3)
faire supposer que la premièro opération était
exacte: ce qui démontre la proposition pour trois facteurs.
'!M 3M On l'étendrait de la même manière à un nombre
3M ?29 de facteurs quelconque.
COROLLAIRES. Pour multiplier «M produit
&H3'Z
964,5
~2
'!16
par un nombre, il suffit de multiplier par ce
i~
nombre Mn quelconque des facteurs du produit.
2)8? 2506 Je dis, par exemple, que, pour multiplier par tl le
2G0982 26098-/ x
produit 4 5 X 3, il suffit de multiplier par t ) te
facteur 5. On a, en effet, d'après tes propositions
9. Tout produit d'un nombre par un autre précédentes,
estditm:t/~e du premier. Ainsi le produit de 17 4x5x3xll==4x5xnx3=4x(5xU)x3a
par un nombre quelconque est un multiple de t7.
Ainsi encore chaque ligne horizontale de la table le signe (5 X 11) représentant ie produit effectué
de multiplication 'renferme les multiples successifs de 11. Cette égalité démontre la proposi-
du nombre place en tète de cette ligne il en est tion.5 par
de même pour tes nombres inscrits dans une Il. On rend
même colonne verticale. un produit 2, 3, 4, etc. fois plus
grand
On peut avoir à faire le produit de plus de deux facteursende
multipliant par 2, 3, 4, etc. l'un des
ce produit.
nombres; on peut demander, par exemple, de 12. Quand tous les facteurs d'un produit
multiplier 4 par 3, de multiplier le produit par 5, sont égaux, ce produit est ce que l'on appelle
et ce dernier produit jpar 7. C'est ce que l'on ap- puissance de l'un de ces facteurs cette puissance une
pelle des rnultiplicattons ~Mce<MM)M; le dernier est d'ordre marqué par le nombre des facteurs
résultat est regarde comme le produit de tous les égaux.
facteurs employés. Dans l'exemple ci-dessus, ce Ainsi
résultat pourrait s'écrire
3 X représente la seconde puissance de 3
4X3X5X7. 3X3X33 la troisième puissance de 3;
3X3X3X33 la quatrièmepuissance de 3
On démontre que le produit final est indépen- etc.
dant de l'ordre des multiplications. Pour écrire une puissance d'un nombre, on se
10. C. S. Dans un produit de p)ns de deux contente d'écrire ce nombre, et l'on place t sa
facteurs, on peut toujours intervertir l'ordre des droite, et un peu au-dessus, un nombre que l'on
deux premiers, puisque la multiplication dont il appellejin e.cpoMt!< et qui indique le nombre des
s'agit précède toutes les autres, et que dès lors on facteurs égaux. Ainsi, 3', 3~,3*, 3'représentent
n'a & considérer qu'un produit de deux facteurs. la deuxième, la troisième, la quatrième, la cin-
Mais on reconnalt facilement que l'on peut in. quième puissance de 3, etc.
tervertir l'ordre de deux facteurs consécutifs quel- tl résulte de ce qui a été dit au numéro ]t, qwe
conques. Par exemple, an lieu de multiplier 4 par multiplier un nombre successivement par 2, 3,
5 et le produit par 3, on peut multiplier 4 par 3, 4, etc. facteurs égaux a un autre nombre, revient à
et le produit par 6. Ecrivons, en effet, 5 fois le le multiplier par la seconde, la troisième, la qua-
trième, etc. puissance de ce second nombre. Ainsi pes, généralement nombreux dans chaque loge
4XSX&X5 revient !i.4X5~. de l'ovaire. Ils sont bitégumentés et très volumi-
13. EXERCICES.–Effcctusrles produits suivants: neux on les trouve dans chaquelogcd.ins l'an-
g)o interne de la loge; ils sont insérés sur un
4567x893.
5032XT06.
Rép. 4078331
liép. 355.'592 seul rang.
Le fruit qui résulte de la transformation de
IXjOxSOO. Hép. 1000000 l'ovaire des Musacées sous l'influence de la fé-
2X8X4X5X6. Rép. HO condation est une sorte de gros cylindre charnu
6X5X4x3X2. Rép.
7X3'R6p.5C1
5S~25. Rép.
720 indéhiscent chez les bananiers. Dans le genre
Ilnvenala, le fruit est une capsule ligneuse à

.r.
MFSACEES. – Botanique, XIV.
mot .iMtts'a~'fs est tiré du mot latin
quolondésigncles bananiers.
800
[H. Sonnet~
Etym.
MMM par le-
le
1~
cloisons très épaisses, qui s'ouvre à la maturité
en trois valves. La structure des paroi" ~e ta ca-
psule des V~t~tM~! est des plus compliquées.
Les Z~~Mt'acc'M se distinguent des Musacées
par ce fait que toutes les pièces de leur androcée
sauf une seule sonttransforméesen lamelles folia-
D~M!'<!0~. Les Musacées sont des végétaux
monocotylédonéscaractérisés par leur fleur irré- cées. La dernière pièce de l'androcée est une éta-
gulière hypogyne avec une ou plusieurs étamines mine régulièrement constituée. Les Zingibéracées
stériles. Presque tous les botanistes réunissent ont de plus leurs ovules disposés sur deux rangs
aux Musacéesles familles des Zt'n~M~C)~ et des dans chacune des loges de leur ovaire.
Cannacées, pour former la classe des Sc~ammecs. La graine des Zingibéracées présente souvent
Eu égard à l'utilité majeure que présentent les un arille son spermoderme s'élève aussi l'é- en
plantes de ces deux dernières familles, nous fe- forme de bourrelet autour du micropyle. Vu
rons aussi connaître leurs caractères principaux paisseur excessive du tégument do la graine,
par comparaison avec ceux des Musacées. celle-ci demeure entière au moment de la germi-
Ca)-a'e<MAo/a?:t~MM.–Lesgraines des Mu- nation l'embryon doit, pour se trouver en liberté,
saeées-sont ofOtdes ou triangulaires; elles pré- soulever une sorte de petit couvercle conique
sentent souvent un arille charnu ou membraneux produit par une transformation des plus singu-
(~at;e?:a/r<), ou poilu (!7w:<:); dans ce dernier lières des bords du micropyle. Les graines des
Zingibéracées oht un double albumen. L'albumen
cas, l'arille est très vivement coloré en bleu cé-
leste ou en rouge de Saturne c'est un organe externe ou périsperme est de nature amylacée
destiné à favoriser la dissémination des graines. il correspond à l'albumen des Musacées l'albu-
Le tégument séminal de ces graines est extrême- men interne est de nature charnue, huileuse
ment épais, très solide, et fréquemment relevé c'est le véritable albumen, celui qui se produit
en manière de bourrelet autour du hile sous le autour de l'embryon dans l'intérieur même du
spermoderme, on trouve un albumen farineux, sac embryonnaire.
blanc, très volumineux,qui doit son origine aux ma- Les Zingibéracées ont souvent des rhizomes
tières nutritives qui se sont accumulées dans les dé- souterrains, rampants et vivaces, qui émettent de
bris du nucelle de l'ovule nous avons donc ~S'aire distance en distance des tiges aériennes ou des
dans ce cas à un périsperme l'albumen véritable hampes florales. Les autres caractères des Zingi-
fait défaut. Au sein de cette réserve nutritive de btracces ne diffèrentpas des caractères correspon-
nature amylacée, nous remarquons un embryon dants des Musacées.
plus ou moins allongé, mais toujours droit. Les Cannacées sont des Zingibéracées dont
La germination des graines des Musacées de- l'étaminefertile est à demi stérilisée, c'est-à-dire
mande, pour s'accomplir, un temps considérable. que l'une des loges de l'anthère des Zingibéracées
La tige des Musaeées se réduit à une hampe demeure stérile; l'étamine elle-même est trans-
florale qui présente, vers sa partie supérieure, formée en une sorte de languette foliacée. Le
une inflorescence très chargée de fleurs, et, tout
style des Cannacées diffère aussi de celui des
à fait à son extrémité, un gros bourgeon charnu Zingibéraeêes par sa forme en languette. L'em-
utilisé souvent comme légume, et qui, très sou- bryon des Cannacées est courbé en cercle, tandis
vent aussi, sert à multiplier tes Musacées par que celui des Musacées et celui des Zingibéracées
bouture. La tige ou hampe est enveloppée par les sont droits. La graine des Cannacées ne présente
gaines persistantesdes feuilles. qu'un seul albumen amylacé, qui correspond à
Les feuilles sont alternes, pétiolées, simples, l'albumen externe des Zingibéracées. La graine
entières, très volumineuses; chacun sait en effet du 7'0:a! dealbata, une Cannacée, mérite une
bananiers
que les nègres utilisent les feuilles demédiane mention toute spéciale à cause du singulier
pour couvrir leurs cases. La nervure de organe disséminateur dont elle est pourvue.
ces feuilles est très épaisse; elle émet latérale- Dans l'épaisseur de l'albumen de cette graine,
ment des nervures secondaires très fines, paral- on trouve deux canaux demi-circulaires pleins
lèles entre elles. d'air; ces deux canaux communiquent entre
Les racines des Musaeées sont presque toutes eux dans la région du hile. la Tout cet appareil
des racines adventives; elles sortent, de très est disposé de telle façon que graine du Tha-
étant placée dans l'eau, vient ilotter à la sur-
bonne heure, de toute la région inférieuM de la liquide.
tige. face, le hile sortant notablement du
fleur présente de dehors en dedans: )" un De la sorte, la graine peut nager pendant assez
périanthe formé de six pièces très différentes les longtemps. A l'état sauvage, les Ï~"</K: habitent
unes des autres, comme dimensions, comme forme les bords des lacs peu profonds. Leurs graines
et comme coloration. Les six pièces de ce périan- mûres tombent dans l'eau, puis viennent nager à
the sont disposées sur deux rangs, et toutes sont la surface du liquide.deLes vents et les courants
graines. Les exem-
insérées au sommet même de l'ovaire 2° un an- assurent la dispersion ces
drocée formé de six pièces, disposées, elle« aussi, ples de graines pourvues de vessies natatoires sont
sur deux rangs au sommet dedes l'ovaire. Des six extrêmement rares dans la nature actuelle; à l'é-
pièces de i'androcée, cinq sont étamines nor- poque houillère, au contraire, on connalt de très
malement constituées; la sixième est une foliole nombreux exemples de plantes pourvues de ces
de form( variée :<° un gynécée formé par un ovaire ampoules natatoires destinées à assurer la dissé-
infère à trois carpelles: cet ovaire est lui-même mination des graines par l'eau.
surmonté d'un style très long terminé par un stig- f.Mf/M des Sc~amt'nëM. Toutes les Scitami-
mate globuleux triiobé. Lea ovules sont anatro- nées sont des plantes originaires des régions tropi-
ales du globe. Les Musa on Bananiers sont origi- du spermoderme des graines de certains Cn~Ma
naires de l'ancien continent ils ont été importés une matière colorante pourpre d'une très bcUe
en Amérique et sont maintenant cultivés dans couleur. [C.-E. Bertrand.~
toutes les régions chaudes du nouveau continent. MUSIQUE. La musique est l'art des sons.
Le fruit des Bananiers fournit à l'homme un ali- Pour lire la musique et comprendre cette lec-
ment farineux sucré qui, par la fermentation, ture, il faut connaltre les signes au moyen des*
donne une boisson rafralchissante rappelant le quels on l'écrit, et les lois qui les coordonnent.
pu)qne des Mexicains la moelle de leur tige et L'étude de ces signes et de ces lois est l'objet de la
le bourgeon terminal de leur inflorescence se Théorie de la musique.
mangent cuits en guise de légumes. La culture Tous les signes se placent sur la portée. qui est
des Bananiers n'est pas moins importante entre la réunion de cinq lignes parallèles et horizon-
les tropiques que celle des céréales et des tuber- tales. L'espace compris entre ces lignes se nomme
cules farineux dans les régions tempérées. On es- interligne. Les lignes et les interlignes se comp-
time qu'un plant de Bananiers peut fournir par an tent de bas en haut. ~.r.
jusqu'à trois régimes de fruit, chaque régime
pesant T! kilogrammes on arrive ainsi à calculer
qu'un hectare de Bananiers produirait annuelle-
ment environ 200000 kilogrammes de bananes
sous l'équateur. A la Nouvelle-Grenadele rende-
ment moyen des Bananiers est encore de 700M ki-
logrammes à l'hectare. Des pétioles des Bananiers,
on retire une filasse dont les nègres font un fil I. SIGNES EMPLOYAS POUR ÉCRtRE LA MUSIQUE
très estimé. principaux. Les signes principaux au
Le Ravenala KMd'ayasearte~M.dontlenom po- A. Signes
moyen
pulaire est l'Arbre du voyagent, tire ce dernier no!es; desquels on écrit la musique sont 1° les
2° les clefs; 3" les silences; 4" les
nom du fait suivant les feuilles du Ravenala altérations.
engalnent la tige et forment autant de réservoirs LES xoTES. Les notes représentent des durées
dans lesquels la rosée s'accumule en perforant des
et MM.
avec une vrille la base de la feuille, on voit s'é- Selon leurs ditTérentes figures, les notes expri-
couler une eau limpide et fralche qui permet au des durées différentes. Selon leurs diffé-
ment
voyageur d'étancher sa soif. Les graines du Rave- rentes positions sur la portée, tes notes expri-
nala, broyées et cuites avec du tait, fournissent ment dos sons diïférentft.
aux habitants de Madagascarune bouillie dont ils des durées). Il y a
sont très friands. Les arilles bleus do ces mêmes
employée à Madagascar contre les attaques de
rhumatisme.
Ft~urM des notes
blanche F'
C', la
1~
!!0<M qui sont la
graines donnent une huile volatile abondante très sept figures de Ttoo'e r la croche Cla
ronde
L'
la
0, la
double

La racine du Gingembre,une des <f quatre épices x croche


du moyen tge, que les seigneurs du xiv* siècle
)a triple croche ~a. et la quadruple
achetaient au poids de l'or, a été transplantée des J
Irides t~ans les Antilles par les Espagnols. Cette croche
racine possède une odeur forte, acre, piquante IG~
les médecins l'emploient comme un stimulant
puissant elle entre en cette qualité dans la fa-
brication d'une bière anglaise fort en usage dans plusieurs croches, doubles croches, tri-
Lorsque
le nord de l'Europe. On peut aussi la confire dans ples croches
le sucre. ou quadruples croches sont placées
les
Les racines de Galangaétaientnaguëreemployéeo crochets unes à coté des autres, on peut remplacer les
par des barres unissant ces notes. Le
pour la fabrication d'une sorte de confiture. nombre des barres doit toujours être égal pour
Les racines des Costus contiennent un principe chaque note nombre des crochets qu'elles rem-
amer qui les fait employer dans l'Inde comme placent. Ex. an
toniques. Les Costus fournissent aussi une belle
matière colorante jaune très employée en tein-
ture. On retire aussi des Curcuma, qui sont des
plantes voisines des Co~Ms,une matière colorante
jaune très belle fort employée dans l'industrie.
Quelques Curcuma donnent en outre une farine
comparable à celle que l'on extrait des Maranta.
Les fruits des Amomum sont connus sous
le nom de cardamomes; ils sont utilisés à cause Les /M'-<M de notes étant disposées dans l'or-
de leurs propriétés excitantes et stomachiques. dre indit)ué ci-dessus, la ronde rfpr~Mt<e la p~!
La maniquette ou graine de paradis est une graine longue durée, et chacune des autres figures vaut
qui provient d'une espèce d'dmomum originaire la moitié de la figure qui la précède. Ainsi la
de la Guinée elle sert à donner de la force au ronde vaut 2 blanches, ou 4 noires, ou 8 croches,
vinaigre, et parfois à falsifier le poivre noir. ou 16 doubles croches, ou 32 triples croches, ou
Les feuilles odoriférantes des Renecalmia sont 64 quadruples croches.
employées par les Péruviens, au dire de Pôppig, Position des notes sur la po'Me (t'~Ke~ des sons).
contrôles douleurs rhumatismales. Les notes, quelles que soient leurs figures, se
Le Maranta arundinacea est cultivé dans les An- placent sur la portée soit sur les lignes, soit
tilles pour la farine que l'on retire de sa moelle dans les t)!<ef/ne~.
réduite en pulpe. La farine de Maranta est sur- On place également nne note au-dessous de la
tout connue sous le nom d*<!rrou)-roo/. Le rhizome 1" ligne et une au-dessus de la 5'.
cru du Maranta arundinacea contient un principe d'autresLignes supplémentaines. On peut aussi écrire
vénéneux qui disparalt à la cuisson. Les tubercu- notes en dehors de la portée, soit M.
les du Maranta allouya, cuits et assaisonnés avec dessous, soit au-dessus.On emploie pour cela de
du poivre, remplacent aux Antilles nos pommes petites lignes nommées lignes supplémentaires,
de terre. dont ie nombre n'est pas limité et qui t'em-
La racine des Canna est diurétique. On retire ploient de la manière suivante
Chaque figure de silence a une durée corres-
pondante à celle d'une figure de note la pnuse
vaut une t'o~ la demi-pause, une blanche; le
MMp! une noire; le a!en)!-sottptf. une croche; le
~Ma' de soupir, une double croche; le huitième
de soupir, une triple croche; et le seizième de
soMpt; une quadruple crnche.
L'ALTÉRATION. L'altération est un signe qui
Il n'y a que sept noms de modifie
n le son de la note à laquelle il est affecté.
Noms des notes. 1) y a trois altérations
notes pour exprimer tous les sons. Ce sont 1 Le dièse #, qui élève le son de la note (le
1 ï 3 fa, 4 5 6
sol, la, si.
7
rend
r plus aigu)
ut ou do, ré, mi, 2° Le bémol t~, qui abaisse le son de la note
Ces notes forment une série de sons allant du (le ( rend plus grave);
grave à l'aigu, et que l'on nomme série "sce"~6tM<< 9° Le Aecan-e t, qui détruit l'effet du dièse ou
En prononçant ces noms de notes dans l'ordre ddu bémol.
inverse, on obtient une série de sons allant de L'altération se place 1° devant la note dont
l'aigu au grave, et que l'on nomme série descen- elle modifie le son; son effet se produit sur toutes
<~<M<e. On peut ajouter une ou plusieurs séries à les
j-
1 notes de même nom qui se trouvent dans la
la première. même
r mesure; 2" au commencement de la portée
On nomme octave la distance qui sépare deux et immédiatement après la clef; son effet se pro-
notes de même nom, appartenant à deux séries cduit C alors sur toutes les notes de même nom pen-
voisines. dant la durée du morceau.
Les clefs sont des signes qui ser-
C
LES CLEFS. secondaires. Les signes secondai-
vent à fixer le nom des notes. Elles se placent au B. Signes
1° le point et le double point; 2° le
commencement de la portée.
!1 y a trois figures de clefs: la clef de fa, la clef
1~0/
rres sont
S° la liaison.
Le point se place après une note
d'ut et la clef de sol. Les clefs qui sont le plus Eet LE POINT.
augmente valeur de cette note de la moitié
la
employées sont la clef de sol, sur la ~.M~e de
ligne, et la clef de fa, sur la <yMa~:e~te ligne. La bianches; sa durée primitive. Ainsi la ronde vaut deux
pointée, elle en vaudra trois.
première sert à écrire tes sons aigus, et la se- 1 On placeétant également le point après les figures
conde les sons graves. ( silence.
de
Chaque clef donne son nom à la note placée sur Le t~oMM? point. On peut aussi placer deux
la ligne même qu'elle occupe points après une note ou un silence. Le second
Clef de sol 2- ligne. Clef de fa 4' ligne. [point augmente la durée de cette note ou de ce
silence
s de la moitié de la durée du premier point
(c'est-à-dire augmente encore d'un quart de sa
durée primitive la note ou le silence déjà pointé).
Une blanche suivie de deux points équivaut à
la valeur de une blanche, une noire et une cro-
Le non d'une note étant connu, il est facile che.
de trouver le nom des autres notes, car elles se
succèdent toujours dans l'ordre indiqué précé-
demment.
Noms des nntcs ~frites en C<f/' de sol, 2* ligne
“. ,“; .~i 'n

LE TfuoLET. – Le triolet est la division ternaire


/SM!t !'C'M~ d'une figure dénote.
Nom des notes écrites en Clef de fa, 4' ligne On empioie, pour représenter le triolet, les
fa sol la si ut fifigures de durée que nous connaissons déjà seu-
h~. ~––––––––~ lement, trois de ces figures (ou un nombre de
l,
fi
If figures équivalant à la même somme de valeur)
employées dans une division ternaire, ont une
valeur égale à deux des mêmes figures employées
dans une division binaire.
On place le chiffre 3 au-dessus ou au-dessous
i-mauunc&aiuiiueutjUAitUHjsuunL~uitHumem du <?'o~; ce chiffre 3 suffit pour indiquer la divi-
voisines forme le moMneme~ conjoint; celle de sion ternaire. Ex.
deux notes non voisines forme le mouvement (lis-
'oint.
LES SILENCES. Les silences sont des signes qui
indiquent l'interruption du son. Selon leurs a!r<

.r.
)e?!<e~ figures, les silences expriment la durée
plus ou moins longue de cette interruption.
Figures des silences. Il y a sept figures 6f< Ce triolet de croches équivautà une noire.
silence, qui sont la paMe la demi-pause Un triolet peut ne pas former un groupe de
le soupir le demi-soupir le quart de sou- trois notes égaies, pourvu que la ~onït~e de ses
durées soit équivalente & celle des trois notes éga-
pir le /tM:<MMe de ~oMp:)' le MMië~e de les. Le silence peut aussi faire partie d'un triolet

!OMpi)'
On nomme double <)'!<-<M, sizain ou sextolet, La gamme diatonique est donc composée de cinq
l'union en un seul groupe de deux <)-;o~/< M!M?M. tons et deux demi-tons. Elle peut commencer par
Au lieu d'indiquer par un 3 chacun des triolets toute autre note que la note ut.
séparés, on indique le </ou&~ trio/et par un 6
placé au milieu du groupe entier. Ex.
/)f< <<M <OH. Un ton peut se diviser en
deux demi-tons. Entre deux notes séparées par un
ton, soit M<-r~, on peut faire entendre un son in-
termédiaire. De la note ut à ce son intermédiaire
il y a un demi-ton. De ce son intermédiaire à la
note t il y a un autre demi-ton.
LA UAîsott.
Ce son intermédiaire peut s'obtenir fen éle-
La liaison est un signe qui unit vant le son de la note inférieure par un dièse t
deux notes de tnAne son et presque toujours de (le dièse élève d'un demi-ton le son de la note
M~mc no' quelle que soit leur durée.
Elle indique l'adjonction de la valeur de la se-
devant laquelle il est placé)
conde note à la valeur de la première; on dit
alors que ces notes sont liées. Kx.

abaissant le son de la note supérieure par


2° En
On peut également lier, les unes aux autres, un bémol (le
bémol abaisse d'un demi-ton le
plus do deux notes consécutives. Ex. son de la note devant laquelle il est placé)

II. LA GAMME. – LES INTERVALLES. On


nomme gamme diatonique une succession de sonss f~M:-<tm diatonique. DMit-~o~ c/t'oMa/~MC.
disposés par mouvement conjoint et selon les lois Les deux demi-tons formant un ton ne sont pas
de la tonalité. (La tonalité fera l'objet do notre égaux l'un est
3" chapitre.) un peu plus grand que l'autre. La
plus petit se nomme demi-ton ~M~on~Mc.C'es.
Les sept notes se succédant ainsi: ut-ré-mi-fa- celui qui place
sol-la-si, ot auxquelles on ajoute un huitième son, reiits. se entre deux notes de noms diffé
forment une .~«M/Me ~ta/HMi~tM. Ce huitième son
n'est autre que la première note répétée à l'octave
supérieure.

Le plus graid se nomme demi-tonchromatique.


C'est celui qui se place entre deux notes de même
nom, mais dont l'une est altérée.
Chaque note d'une gamme prend aussi le nom
de degré.
Ton et demi-ton. Les degrés ou notes de la
gamme ne,sont pas également espacés entre eux
entre les uns la distance est plus grande, entre
les autres elle est plus petite. La distance plus
grande se nomme ton, la distance plus petite se Un ton contient toujours deux demi-tons de
nomme a'fntt-ton. natures différentes l'un diatonique, l'autre chro-
Le demi-ton est placé entre le 3' degré et le 4e, matique.
entre le 7' degré etle 8'. Le ton est placé entre L'enharmonie. L'enharmonie est le rapport,
les autres degrés de la gamme. l'espèce de synonymie qui existe entre deux note.
Cette gamme pourrait être figurée par une échelle de noms différents, mais affectées toutes deux au
dont les échelons, inégalement espacés entre eux, même son, soit ut )t et ré m: et /'a
en représenteraient les notes en degrés Les notes formant l'enharmonie se nomment
< notes enharmoniques.

Les ta<e)'ua</e;. On nomme intervalle la dis-


tance qui sépare deux sons. On mesure un inter-
valle par le nombre de degrés qu'il contient, y
compris le son grave et le son aigu. Le nombre de
degrés est exprimé par le nom de l'intervalle. Ainsi
l'intervalle contenant 2 degrés se nomme seconde;
Sdpgrés, tierce; 4 degrés, oum-fe; 5 degrés, OMM'<
6 degrés, sixte; degrés, .ie~e~e; 8 degrés~
o'~M; 9 degrés, MexoieMe,etc.
Remarque. -Le chiffre représentant l'intervalle
à renverser et le chiffre représentant son renver-
sement, additionnés ensemble, donnent pour total
le nombre 9.
ilnterva))es mbstn
Ex.: à renverser. 1,
~Renversent'.
~3", 4te, S", 6t., 7ma, S".
8'7°"6'5'°,4'°,3<°,t 1
L'intervalle est ascendant ou descendant; sim-
ple ou redoublé. L'intervalle est ascendant lors-
qu'on le mesure en partant du son grave il est
Totaut.9* T ? T T T T T
naisson

descendant lorsqu'on le mesure en partant du son Par le renversementles intervalles mineurs de-
aigu. L'intervalle est simple lorsqu'il n'excède pas viennent majeurs, les intervalles majeurs devien-
l'étendue d'une octave il est redoublé lorsqu'il nent mineurs. Les intervalles justes restent
excède l'étendue d'une octave. justes. Les intervalles diminués deviennent aug-
Qualification des intervalles. Les intervalles mentés, les intervalles augmentés deviennent di-
contenant le même nombre de degrés ne sont pas minués.
toujours égaux entre eux; ainsi les deux tierces ut- Ainsi le renversementd'une 3°° majeure est une
M! et M<-mt t' ne sont pas égales, puisque la pre- 6'" mineure. Le renversement d'une 4" juste est
mière contient deux tons et que la seconde con- une 5" juste.
tient seulementun ton et un demi-ton diatonique. UI. LA TONALITÉ. La tonalité est l'ensemble
des lois qui régissent la constitution des gammes.
Prise dans un sens plus restreint, la tonalité ou
le ton exprime l'ensemble des sons formant une
gamme diatonique.
On a vu que les huit notes formant la gamme
diatonique sont disposées ainsi: deux tons consé-
cutifs, un demi-ton, trois tons consécutifs et un
demi-ton.
Cette disposition est le résultat de la résonance
H y a donc plusieurs espèces de secondes, de naturelle des corps sonores. Cette gamme est en-
tierces, de quartes, etc. Pour distinguer ces dif- gendrée par les trois sons générateurs ut, fa et
férentes espèces, on emploie plusieurs qualifica- sol. Ces trois sons générateurs sont nommés pour
tions qui sont m:MeM' majeur et juste. La se- cette raison notes tonales, et occupent les l", 4*,
conde, la tierce, la sixte et la septième peuventet 5' degrés de la gamme.
être mineures et majeures. La quarte, la quinte Noms des degrés de la gamme. Chaque son
et l'octave peuvent être justes. peut être la première note, le premier degré d'une
gamme semblable à la précédente. Pour éviter
Composition des intervalles toute confusion., chaque degré, quel que soit le
i mineure. i demi-ton diatonique. nom de la note qui le représente, a reçu un nom
Secondes
(majeure. iton. particulierqui caractérise la position qu'il occupe
dans la gamme et la fonction qu'il y remplit.
Tierces. j mineure. ftonetidemi-tondîat.
'(majeure. 2 tons. Le t" degré se nomme tonique; le 2', sus-toni-
OM<t)'<< juste. ïtonsetidemi-tandiat. que; le 3', médiante; le 4", ~ou~om:'KaH<e;le 5'=,
juste. </om<')a'K<e; le 6*, sus-dominante;le T, note <eM-

"t
Quinte
c~~
r.M~
Octave.
mineure.
tmajeure.
juste.
i demi-ton diat.
3 tons et
ittonsetïdemi-tonsdiat.
(majeure. 4 tons et t demi-ton diat.
mineure.ttonsetidemi-tensdiat. gamme
i
&ton9<:t demi-ton diat. que
5 tons et 2 demi-tons diat.
st&/e;et!eS*, octave.
Gammes nouvelles. Pour former une nouvelle

gamme
notes
en prenant pour tonique une autre note
l'ut,
de
il faut que les notes de cette nouvelle
soient
la
disposées de la mémo façon que les
gamme d'ut; c'est-à-dire~ que les
demi-tons soient placés: le premier du 3* au 4*
Il y a encore lesquaIincationsde<!MMtn!~etd'a! degré, et le second du T au X*.
menté. A l'exception de la seconde, tous les inter- La nouvelle gamme formera alors le même
valles peuvent être diminués. Un Intervalle dimi- chant que celui de la gamme d'u~. Pour cela, il faut
nué a toujours un demi-ton chromatique de moins modifier le son de certaines notes en l'élevant ou
que le même intervalle juste ou mineur. l'abaissant au moyen des altérations (dièse ou
A l'exception de la septième, tous les intervalles bémol).
peuvent être augmentés. Un intervalle augmenté GammM~ contenant des notes diésées. La
a toujours un demi-ton chromatique de plus que gamme dont une seule note estdiésée est la gamme
le même intervalle juste ou majeur. de sol. La note diésée est ta. La gamme dont
On voit par ce qui précède qu'un intervalle tire deux notes sont diésées est la gamme de ré; les
son nom du nombre de degrés qu'il contient, et sa deux notes diésées sont fa et ut. La gamme
qualification du nombre de tons et de demi-tons dont trois notes sont diésées est la gamme de la;
qui séparent ces degrés. les trois notes diésées sont fa, ut et sol. La
Renversement des intervalles. Renverser un gamme dont quatre notes sont diésées est la gamme
intervalle,c'est intervertir la position respective de mi; les quatre notes diésées sont fa, ut, <o< et
des deux sons qui le forment, de façon que le son t'e; et ainsi de suite.
grave de l'intervalle à renverser devienne le son On voit: t'que les gammes qui contiennentdes
aigu du renversement. On opère le renversement notes diésées se succèdent par une pf09re<MO?t
d'un intervalle, soit en transposant le son grave ascendante de quinte en quinte; que chaque
de cet intervalle à l'octave supérieure, soit en en nouveau dièse se présente également dans l'ordre
transposant le son aigu à l'octave inférieure. ascendant de quinte en quinte.
Les intervalles simples peuvent seuls être ren- Armure ou armaturede la clef (en dièses). -Les
versés. dièses qui font partie d'une gamme (de la tonalité)
le
Dans renversement l'unisson devient octave, se placent dans leur ordre de succession, immé-
la 2"' devient T", 3"la devient 6", la 4" devient diatement après la clef, au commencement de la
5", la 5" devient 4", le 6" devient 3" la 7me de- portée, et sur les mêmes lignes ou dans les même.
vient 2* l'octave devient unisson. interlignes que les notes qu'ils altèrent.
diatonique du mode Ma;eM; ou, par abréviation
gamme majeure. Dans la gamme mineure, les
demi-tons sont placés différemment. En jetant un
regard en arrière sur la gamme majeure, on re-
marque 1" que la tonique et la médiante, soit M< et
tM: dans la gamme d'ut majeur, forment l'intervalle
de tierce ~M~'eMre, 2° que la tonique et la sus-
dom:n')n<e, sott M<a dans !a même gamme, for-
ment l'intervalle de sixte majeure.
Dans la gamme mineure Mtte tteree et cette
sixte sont MttteMre*.
La *M~on<e et la sus-dominante d'une gamme
majeure seront donc abaiMëe~ d'un demi-ton chro-
Léo dièses placés ainsi ferment l'armure de la matique pour former une gamme mineure par
-ctef (armure en dièses) et leur effet se continue suite de cette modiBeatwn de la tierce et de la
pendant toute la durée du morceau, à moins que sixte, la gamme mineure contiendra trois demi-
l'armure de la clef ne soit modifiée. L'armure de la tons diatoniques ptaeéa entre le 2* et le 3* degrés,
clef (en dièses) indique la tonalité dans laquelle entre le 5' et le 6*, et entre le 7' et le 8*.
La médiante et la sus dominante n'offrant pas,
M morceau est écrit: le dernier dièse affectant dans ces deux gammes, les mêmes rapports de dis-
toujours la note sensible, la tonique est. par con-
séquent, la note placée un demi-ton diatonique tance avec la tonique, constituent les caractères
au-dessus. Ainsi avec trois dièses à la clef qui distinctifs des modes, et pour cette raison pren-
sont fa, ut, et ïn/, le dernier dièM étant sol, la to- nent le nom de notes modales.
nique est la, demi-ton diatonique au-dessus. On Gammes re~a<!CM. On nomme gammes rela-
est donc, avec trois dièses, dans le ton de la. tives deux gammes n'ayant pas la même tonique,
Gammes contenant des notes bémolisées. La dont l'une est majeure et l'autre mineure, et qui,
gamme dont une seule note est bémotisoe est la toutes deux, sont formées des m<h?!M sons, ont la
m~me armure de la c/f/
gamme de fa; la note bémoiuée est si. La
Ainsi la gamme d'ut majeur a pour gamme rela-
gamme dont deux notes sont bémotisées est la
tive mineure la gamme de la.
gamme de si les deux notes bémotisées sont si
)~
Mais cette gamme mineure offre un point dé-
et mi. La gamme dont <roM notes sont bémoti- fectueux le 7* degré est & un ton du 8*,
sées est la tamme de mi ~) tes trois notes bémoli- et perd ainsi sa qualité de note sensible, puisque
sëes sont se, Mt et la. La gamme dont quatre la note sensible ne doit être séparée de la toni-
notes sont bémoUsées est la gamme de la b les que que par nn demi-ton diatonique.
quatre notes bémotisées sont si, ftttj la et t'<, etc. Pour rendre à ce T degré sa qualité de note
On voit: 1° que tes gammes qm contiennent sensible, an l'altère en M<Mtt/ d'Mtt demi-ton
des Mtes bémotisées se succèdent par une pro- chromatique, mais l'altération qui élève le T de-
gression offte<n~<nt<f de quinte en }utM<e;S'' que gré de la gamme mineure ne fait jamais partie
chaque nouveau bémol seprésente~gatemeBtdans de l'armure de la clef.
l'ordre descendant 4e quinte en quinte. Gamme <k t~ mineur.
Armure de la <~e/'(en <'e)no&).–Les bémols
qui font partie d'une gamme (detatonatité) se
ptaeent dans leur ordre de succession, immédiate-
ment après la clef, au commencement de la portée,
et sur tes mêmes lignes on dans les mêmes inter-
jignes que les notes qu'ils altèrent.
La gamme mineure est une <:et'ce M!!KCM;'e au-
dessous de sa gamme relative majeure, et vice
Mf.<
Les deux gammes relatives ayant la même ar-
mure de la clef, pour reconnaîtredans laquelle de
cea deux gammes est écrit un morceau de musi-
que, il faut chercher dans les premières mesures
la note qui n'est pas commune aux deux gommes.
Cette note est la dominante du mode majeur,
qui, dans la gamme mineure, élevée d'un demi
ton chromatique, représente la noie setMtMe. Donc,
si cette note n'est pas altérée le morceau est dans
le mode majeur'; si, au contraire, elle est étev~e
Les bémols placés ainsi foNmeot l'armure de
clef (armure en bémols) et leur effet M oMtiaM
la d'un
1
demi-ton chromatique, le morceau est dans
le mode mineur relatif. Ains), avecdeux dièses à
[la clef, on est, soit en ré majeur, soit en ~MWf".
pendant toute la durée du morceau, à moins que c le la, dominante de ré majeur, n'est pas altéré,
Si
l'anmure de la clef ne soit modifiée. on est en ré majeur; si, au contraire, le la est a[-
L'arnMre de ta clef (en temoie) indique ~a tona-
lité dans laquelle un morceau est cent l'ayant- rt par un t, on est en si ~Maettr dont la # est la
ter6
dernier bémol affectant toujear~ la tonique, le rnote sensible.
Gamme chromatique. – La gamme chromati-
nom <fe <'<tf<t<t<-<<e)~t<er bémol est aussi, par consé-
quent, celui de ta (oKt~Me. AiMi avec trois
mols à la clef, qui sont si i~, mi [~ et
bé-
l'avant-
cque est celle qui ne contient que des demi-tons
cdiatoniques et chromatiques.
dernier bémol étant mt mt est le nom de la Toute gamme majeure ou mineure peut être
tOBtque; on est dôme dans le ton de m: i~. ttransformée en gamme chromatique. Cette traus-
fformation s'opère en faisant entendre le son in-
Les MOMs. – On appelle mode la manière d'être ttermédiaire qui se trouve entre tous les degrés
de la gamme diatonique. espacés
e entre eui par un ton.
II y a dM<.c modes le mode majeur et le mode Modulation. La modulation est le changement
MtMM'. de ton ou de mode, et, en même temps, la transi-
(;
La gamme étudiéejusqu'à présent est ta gamme tion
t au moyen de laquelle ce changement s'opère.
La modulation est déterminée par l'altération nouvelle mesure par de nouveaux cA~'M qu'on
d'une ou de plusieurs notes du ton dans lequel placerait après une doublebarre de séparation. Ex.
on est. Ces altérations, étrangères au ton que
l'on quitte, appartiennent au ton dans lequel on
entre.
Si le ton dans lequel on module n'est que pas-
sager, on place immédiatement devant les notes
qu'ils altèrent les accidents appartenantà ce nou- Le chiffre supérieur (tiUM~ra~M''), exprime la
veau ton. Si au contraire le ton dans lequel on quantité de valeurs forinant une mesure. Le chif-
module doit persister pendant un temps assez fre inférieur (dénominateur), exprime la qualité de
long, on remplace l'armure de la clef du ton que ces valeurs. Ainsi exprime une mesure formée
l'on a quitté par celle du ton où l'on module. de deux quarts de ronde, c'est-à-dire de deux
IV. LA MESURE. Les règles qui président à
l'ordonnance des différents signes do durée font noires.
l'objet de l'étude de la MMMfe. On énonce les différentes mesures par le nom
BARRES DE MESURE. La ~e~M''<' est la division (tes chiffres qui les représentent par conséquent,
d'un morceau de musique en parties égales. Cette une mesure composée de deux quarts de ronde
division s'indique au moyen de barres qui traver- (deux noires), et chiffrée se nomme « mesure à
sée! perpendiculairement la portée, et que l'on deux quatre. <
nomme barres de mesure. On emploie une abréviation pour les mesures
L'ensemble des valeurs, notes ou silences, qui qui se chiffrent par et par
se trouvent comprises entre deux barres de me- Celle qui se chiffre par est indiquée par un
sure, forme une mesure. La somme de ces valeurs
doit être égale pour toutes les mesures d'un même seul 2, ou par le signe (f~ (c barré). Celle qui se
morceau (à moins qu'il n'y ait un changement de chiffre par
mesure). El. est indiquée par un seul 4, ou par
le signeC (c).
MESURES SIMPLES. La mesure simple est celle
où la somme des valeurs formant chaque temps
équivaut à un signe de valeur simple, soit une
ronde, une &/«~eAe, une noire ou une croche.
On voit que chaque mesure renferme une Le cAt/~re in/'érieur (dénominateur) indique
la ùfMt'J?, qu'occupe un temps. Ce chiffre est 1
somme de valeurs égale à une &<~c~ pour une ronde, ï pour une A&M:c~, pour une
La fin d'un morceau de musique s'indique tou-
jours par une double barre de mesure. La double KfM'e, et 8 pour une croche.
6ar!'e se place aussi pour séparer deux parties Le chiffre supérieur (numérateur) indique la
d'un morceau elle est alors barre de mesure et ~a~!<fi de ces valeurs, par conséquent le nombre
Aar/'e de séparation; ou avant un changement de temps. Ce chiffre sera donc 2 pour une mesure
d'armure de la clef; ou enfin avant un change- à 2 temps, 3 pour une mesure à 3 temps, et 4
ment de mesure. pour une mesure 4 4 temps.
LES TEMPS. Une mesure se subdivise en 2, 3 Les mesures simples les plus usitées sont celles
dont chaque temps est occupé par une noire. Elles
ou 4 parties qu'on nomme temps. II y a donc la
mesure à 2 temps, la mesure à 3 temps, la mesure se chiffrent ainsi
à 4 temps.
Tous les temps d'une mesure n'ont pas une im-
portance égale au peint de vue de l'accentuation.
Les uns doivent être articulés plus fortementque
les autres; les premiers se nomment temps forts,
et les autres <ewp.s faibles. Les temps forts sont:
le premier temps de chaque mesure, et, de plus,
le troisiènze temps de la mesure à quatre temps.
Chaque temps peut se subdiviser à tour en
p)usieurs parties; la premt'o'e partie son
d'un temps
est /<t?-<e relativementaux autres, qui sont /<H&/6ff.
Lorsque les temps d'une mesure sont divisibles
par deux, on les nomme temps binaires, et ils
constituent la mesure simple. Lorqu'ils sont divi-
sibies par ~'OM, on les nomme temps ternaires, et
ils constituent la mesure conzposée. Les mesures suivantes sont aussi employées
Les termes de mesure simple et de mesure com- fréquemment
posée sont employés par tous les musiciens; mais Mesure à 2 temps Mesureatroistemps
il serait plus rationnel de les remplacer par ceux a y an t une blanche par temps. ayant une croche par temps.
de '~MMr'e <M<ps &ma:re~ et ~f~'e à <e)K~ <ey'-
naires.
LES CHIFFRES (Indicateurs des différentes nie~M-
l'es). Les différentes mesures sont indiquées
par deux chiffres disposés sous forme de fractions
(moins la barre qui, dans les fractions, sépare les MESURES COMPOSËES. Lt mesure composée est
deux chiffres), dont la ronde est l'unité. celle où la somme des valeurs formant chaque
temps équivaut & un signe de valeur pointée, suit
Fr 6 une fûMe pottiMf, une A/aMC/te pointée, une NOtfe
4 8 pointée ou une croche pointée.
Le cA:°)'e in férieur (dénominateur), indique la
Ces chiffres se placent au commencement du durée, qui
morceau, immédiatement après l'armure de la clef est 2 pour une occupe un tiers de temps. Ce chiffre
&/aHcAe, tiers d'une ronde pointée;
Si un changement de mesure su présentait dans 4 pour
le courant du même morceau, on indiquerait 1.: 8 pour une croeAc, tiers d'une blanche pointée;
noire,
une tiers d'une noire pointée, et
16 pour une double croche, tiers d'une croche ble d'un temps, Mats ne se prolongeant pas sur le
pointée. temps /<H'< ou sur ta partie forte du temps.
Le c/y<'e supérieur (numérateur) indique la ('.e temps fort ou cette partie forte du temps est
</Mnnt!fe de ces valeurs, et par conséquent ne alors occupé /'ar un silence. Ex.
peut être que 6, 9 ou 12.
Le
–9–9
– –



tMtfrt 6 indiquant 6 tien


12 t2
de temps, pour la mesure à
3––
2 temps.

Les mesures composées les plus usitées sont


celles dont chaque temps est occupé par une
<t<we pointée. Elles se chiffrent ainsi
Deux temps Trois temps Quatre temps
16 est le numératr) (9est[enumerat') (i!est)enumërat') LE MOUVEMENT. – Le mouvementest le degré do
/M~ur oo de vitesse dans lequel doit être exécuté
un morceau de musique.
Les signes qui expriment des durées (notes ou
silences) ont entre eux une valeur t'e/a~e, mais
aucun de ces signes n'a une durée a&<o/Me. C'est
Me noire pointée par temps (8 est [e dénominateur) le mouvement qui détermine la durée absolue de
Les mesures suivantes sont emptoyëes aussi ces différents signes.
quelquefois: H y a une grande variété de mouvements, depuis

Mesure
ayant une
à
tempa 1
blanche pointée
Mesure à 3 temps
ayant une croche pointée
le plus lent jusqu'au ptus vif. Le mouvement est
indiqué par des termes italiens que l'on place au
par temps. par temps. commencement d'un morceau et au-dessus de la
portée. Les termes suivants expriment les princi-
paux mouvements, en allant du plus lent au plus
rapide:

/.<t)'yo.
TERNES. ABEBTiATMN. BÏMtFICATMN.
MANIÈRE DE BATTRE LA MESCtŒ.
~tt)'e,
Battre la me-
c'est marquer par des signes de la main
l'ordre et la </M)'<ie de chaque temps.
~<!t!(o.
Zar~Ae~o
~~a~to.
~.no'ante. AM<
Large.
Moins )ent que Largo.
Lent.
Moins lent que Lento.
Modëre(aHMt).
~H~re~a. A'xi"
Mesure à deux temps. ~nd'NnfMo. MoiMtentqueAndmte.

haut.
Le 1" temps se bat en bas. Le 2" temps, en ~He~ A«"
A~
~rMto. Gai.ïif.
Pressé, rapide.
MoinsYifqneAHegro.

Mesure à trois temps. Prestissimo. Pfe<< Trt3pretse,tr«rapide,


Le t"' temps se bat en bas. Le 2" jl'ra<M?t
Altération du MOMNe'MeKf.
temps, à d'une mouvement. – L'e~nressinn
L'expression
droite. Le 3* temps, en haut. phrase musicale peut quelquefois exiger
que le mouvement soit animé ou ralenti. Ces al-
Mesure à quatre temps. térations du mouvement sont indiquées par les
Le 1" expressions suivantes qui se placent dans le cou-
temps se bat en bas. Le 2* temps, à rant
gauche. Le 3* temps, d~'otte. Le 4* temps, du morceau
en haut.
Dans les mesuresd'un mouvement tent, on peut Animato. Mcn ANtNM LE NOnYMENT.

marquer la division de chaque temps en répétant


en raccourci chacun des signes principaux.
LE RYTHME. Le rythme est l'ordre plus ou
moins symétrique et caractéristique dans lequel
Più mMM.
Acce/erando.
Siretto
Animé.
En accélérant.
Plus de mouvement.
Serré.'

se présentent tes différentes durées. Parmi les rall.


poun i<iLB!<Ti!t La HOCVEmENT.

n<
~a~M~Hff~ En ralentissant
/brt?ies rythmiques, il en est deux fort importan-
tes la syncope et le contre-temps.
Ritardando.
~i!<e)ttt<o. ritard. En retardant.
La syncope. La syncope est un son articulé S/ar~attdo. f~rf. Retenu.En élargissant
sur un temps faible ou sur la partie faible d'un
piacere.
L· üIHCHa HH6OL1ÉIt8 DlT
temps, et prolongé sur un temps fort ou sur la POUR AUSPB;InH1
~.dHMMm. IIODVlï6H'~
ad libit. Ayotoutë.
partie forte du temps. Ex. A
~empo.
~<na
A plaisir.

Après l'altération du mouvement, le retour au


Sans mesure.

mouvement régulier s'indique par ces termes


Tempo
sous articulés sur le ï° et le 4e temps (temps
hies), et prolongés sur le l"et)e~'(~M~
/< A tempo
i" Tempo
1
i" mouvement.
forts).). Point dorgue et point ~art~f. – Le mouve-
ment peut être momentanément suspendu. Cette
suspension, dont la durée est indéterminée, s'ex-
prime par le signe suivant
Placé au-dessous ou au-dessus d'une note, ce
signe prend le nom de point ai'o~ue.
sons articulés sur la 2* partie de chaque temps
(partie /utMe), et prolongés sur la 1" partie du
temps suivant (par~e/orte).
Le contre-temps. Le contre-temps est un son
articulé sur MH temps /a:~e ou sur la partie fai-
I.
Placé au-dessous ou au-dessus d'un silence, il gne ~–t surmonté du chiffre indiquant le nombre
prend le nom de point o!'arr~.

Ce signe indique que la durée de cette note ou


de mesures de silence.

Cet exemple indique un silence de 10 mesures.


de ce silence doit être prolongée au delà de sa Ce signe s'emploie seulement dans les parties
valeur, aussi longtemps que l'exige le bon goût séparées d'un morceau d'ensemble.
de l'exécutant. 4° Lorsque la première mesure d'un morceau
ABRÉVIATIONS. Barres de reprise. On a vu
commence par des silences, on les supprime or-
que la double &af)'e indiquait la fin d'un morceau dinairement.
ou d'une de ses parties principales. L'une de ces
parties prend le nom de reprise si elle doit être
exécutée deux fois. On indique la reprise par deux
points placés auprès de la double barre, et il
faut répéter la partie qui se trouve du côté de ces
points.

Historique. – On n'est point d'accord sur l'his-


toire de la musique dans l'antiquité. Cette partie
de la science est encore obscure et mal connue,
et ii n'y a guère de sujet où l'on ait vu naître un
plus grand nombre de divagations prétentieuses
Si, dans la répétition d'une partie, on devait, et fastidieuses. Des écrivains systématiques ont
en la terminant, remplacer une ou plusieurs me- abandonné l'histoire de la musique moderne, qu'ils
sures par une ou plusieursautres, on l'indiquerait ne savaient guère, pour celle de la musique anti-
ainsi: que, qu'ils ignoraient profondément. Nous croi-
rions ridicule de discuter ici des opinions qui ne
sont que subtiles ou bizarres.
Nous appelleront toutefois l'attention sur un
petit nombre de faits insuffisamment observés.
Nous ferons remarquer par exemple que la mu-
sique grecque, dont les traditions populaires en
Orient et la tradition ecclésiastique dans les deux
RENVOI. Le renvoi est un signe qui, lors- rites ont pu nous conserver quelques types légè-
qu'il se présente pour la seconde fois, indique rement dégradés, semble s'être distinguée sou-
qu'il faut retourner à l'endroit où il s'est déjà vent par un caractère extatique et mystique qui
montré et, de cet endroit, continuer l'exécution se marquait surtout dans la musique des temples.
jusque la fin. Cette musique de lyres, de flùtes, de cymbales et
Lorsque le renvoi indique qu'il faut revenir au de voix, respirait même quelquefois une fureur
commencement du morceau, ce renvoi est ordi- bachique et orgiastique dont on peut se faire une
nairement accompagné des mots DA CAPO (de la idée en lisant le petit traité (attribué à Lucien),
~te, du commencement), ou par abréviation, De la déesse de Syrie.
tD.C. C'est une musique du même genre que faisaient
Lorsqu'on reprend un morceau au commence- entendre aux empereurs romains ces musiciens
ment, et qu'une ou p<MMMrs repfi'M~ se ren- dont il est souvent question dans r7H~<o:re Au-
contrent jusqu'à la fin, chacune de CM fepyMMne .f?M<e, ces orchestres, ces chœurs nombreux con-
doit plus dire exécutée qu'une /b: fondus dans la suite immense des Césars, mêlés
PARTICULARITÉS RELATIVES À LA MESURE. 1° Lors- avec leur cortège d'acteurs, de danseurs, de cour-
qu'une mesure est en silence, quelle que soit la tisanes et de mimes.
mesure, OH l'indique par une pause. Nous devons également appeler l'attention sur
la musique qui, en dehors du monde gréco-latin,
subsista à Jérusalem jusqu'à la destruction du
temple d'Hérode par Titus. Divers titres ou débuts
de psaumes, quelques passages des livres narra-
tifs de la Bible, notamment des Rois et des Para-
2° Lorsque 2 ou 4 mesures sont en silence, on lipomènes, les traditions qui se rattachent aux
les indique par le bâton de deux pauses surmonté noms d'Asaph et de Jéditliun, donnent l'idée
d'un 2, pour deux mesures, et par le bâton de d'une musique vocale et instrumentale majes-
quatre pauses, aurmonté d'un 4 pour quatre tueuse, sans qu'il soit possible de déterminer
mesures. quel était le caractère et le vrai style de cette
musique.
Cet art disparut avec le Temple la musique
gréco-romaine elle-même s'altéra profondément
quelques siècles après, dans l'état de décadence
et de barbarie où était tombé le monde. Pendant
le moyen âge, la musique n'exista guère qu'~
l'église, dépourvue de tout caractère artistique,
3" Lorsqu'U y a un plus grand nombre de me- I et privée même d'une notation suffisamment pré-
sures en silence, on place sur la portée le si-i cise.
II'
Cependant, quelques musiciens, presque tous à un point qui permit de l'atteindre artistes
ecclésiastiques, travailleurs appliqués et observa- de l'âge suivant. Le Florentin Lulli vintaux France,
teurs parfois pénétrants, accumulèrent lentement et travailla pour la fastueuse cour de LouisenXIV. Set
des expériences et des remarques qui renouvelè- œuvres pleines d'élégance et de noblesse pâlissent
rent peu à peu l'état de la science musicale. On devant celles des maîtres du xvHi* siècle, qui
convient aujourd'hui d'attribuer à Gui d'Arezzo, n'ont fait à quelques égards qu'enrichir épn-
moine du xr siècle, l'invention de la notation rer le style dans lequel avait écrit Lulli. et
moderne, perfectionnéepar Franco de Cologne au Les bornes de cet article nous interdisentmême
xnr siècle et par Jean de Muris dans le xiv siè- de nommer les autres maîtres de cette époque.
cte. Ce système de notation, contre lequel on a Nous ne pouvons cependant omettre le Sicilien
élevé de futiles objections, n'a pas été sans tn- Scarlatti, qui écrivit dans les dernières années du
fluence sur le merveilleux dévetoppemMt de la siècle, et dont on admira la grâce voluptueuse et
musique, car il se prêtait à exprimer, <hme ma- le sentiment délicat.
nière limpide et d'abord saisissable, les détails les Cest à la fin du xvn* siècle et presque simulta-
plus ténus dans les combinaisons les plus vastes. nément que naquirent quelques-uns de grands
C'est vers le temps de la Renaissance que les et surprenants artistes qui devaient faireces du siècle
maltres flamands firent, les premiers, entendre suivant le commencement de la plus belle époque
des compositions régulières à plusieurs voix. La de la période héroïque de l'art musical.
musique polyphonique, jusque-ta déshonorée par vint au monde en 1683, Bach et Heendel Rameau
d'informes puérilités et parfois abaissée jusqu au Marcello en 1686. en 1685,
rang d'un bruit grotesque, acquit peu à peu la Marcello, la perle et le joyau de i'éeote véni-
sûreté, la puissance et la souplesse, grâce aux tienne, littérateur érudit et politique rafnné, re-
travaux de ces ma)tres du contre-point. Nous ne nouvela dans ses psaumes, en lornant sobre-
pouvons que nommer, sans caractériser leur ma- ment, ie style vocal des maîtres d'un autre âge
nière, les grands musiciens de cette époque de Ha:ndet, né en Allemagne, alla triompher
sève extraordinaire, Willaert, Josquin des Prés, gleterre, et fut. pour ainsi dire, adopté en An-
Roland de Lassus. nation qui lui donna un lit funèbre entre par la
Dans le ïvt' siècle, Gondimel, en France, mé- princes et ses héros, à peu de distance de Shake- ses
rita l'un des rangs les plus élevés parmi les mal- speare. D'abord attaché au magnifique duc de
tres du grand style vocal. On distingue dans ses Chandos, puis au roi d'Angleterre, Hœndet, bril-
œuvres quelques-uns des caractères qui ont, en lant d'esprit et de verve, grand organiste, compo-
tout genre, illustré l'école française, un mélange siteur fécond pour le clavecin et pour l'orchestre,
exquis de finesse et d'imagination, de fougue et s'est surtout illustré par
ses incomparables
degrâce, de verve et de distinction. torios. Ces ouvrages majestueux, où brûle un ora- feu
Goudimel eut pour élève Palestrina, le plus extraordinaire, qui étincelient du plus ardent
grand musicien qui ait composé dans ce style qu'on coloris, sont composés dans
nomme le style nguré. Comme l'a écrit Halévy, fait propre à ce maître. En Allemagne, un style tout a.
Bach se
il sembla que le ciel eût fait naître Palestrina montrait le plus puissant et le plus ingénieux des
pour consoler le monde de la mort de Raphaël. organistes, il prodiguait les chefs-d'œnvre en
La musique de Palestrina est en merveilleux plus d'un genre, et écrivait ces deux Passions
accord avec la peinture et l'architecture, avec l'art immortelles, dont l'une moins a sa place sur
décoratif de son temps. Elle semble faite pour la liste, assez brève, des au chefs-d'œuvre de l'esprit
animer les fastueuses églises de la Renaissance. humain.
Elle se relie et se raccorde pour ainsi dire aux En France, ennn, Rameau déployait
dômes et aux colonnades. Chateaubriand a dit d'une des plus rares natures de musicienlesquitalent* aient
« Qu'ils sont beaux ces bruits qu'on entend autour jamais paru dans le monde. Il y a eu peu de Fran-
des dômes 1 x On n'en sauraitentendre aucun qui çais d'un génie aussi original
puisse valoir l'harmonie pure, noble, élégante en à la fois artiste inspiré et théoricienque ce grand homme,
philosophe.
son austérité, du triste et suave Palestrina. Lui aussi combattit et s'illustra dans plus d'une
A côté de Palestrina, l'école romaine de
ce carrière mais le meilleur de gloire lui vint de
temps produisit d'autres grands maîtres, et parmi ses opéras où Diderot disaitsaqu'il avait
eux, Gregorio Allegri, de la famille du Corrège, airs de danse qui durerontéternellement, y < des
dont le M J~were écrit pour deux chœurs, l'un règne partout e et où
à quatre et l'autre a cinq voix, a passé longtemps imposante. une splendeur faetuense, magnifique,
pour une merveille musicale, miracle d'inspira- Rameau était grand organiste comme Bach et
tion, prodige d'exécution. Etendel. H contribua t
Dans le même temps florissaitl'école vénitienne, fectionner le style de comme eux fixer et à per-
digne de briller magninquement dans la cité de rigine, qui cet instrument, païen à l'o-
Mantegna, de Titien et de Véronèse. accompagna dans le cirque les jeux,
les pantomimes, les évolutions des factions bleue
A peu près vers la même époque, sous l'in- et verte, et qui, devenu l'instrument
Buence de Luther, l'Allemagne introduisait mystique par
la mé- excellence, est aujourd'hui l'une des plus magiques
lodie populaire à l'église. Tout le monde connalt puissances, l'un des plus forts enivrements
ce choral de Luther quia été, de nos jours, traité musique sacrée.
de la
avec infiniment d'art et de richesse deux des C'est dans le xvm' siècle que brillèrent en
musiciens les plus rafnnés de ce par temps, Men- France plusieurs artistes excellents, tels que Mon*
delssohn et Meyerbeer. donville, qui durant leur vie, passionné le
Les premiers opéras dignes de ce nom furent monde le plusayant, spirituel
écrits en Italie par les maîtres de l'école qui et le plus relevé, sont
céda a celle de Palestrina. Nous citerons ici Mon-suc- tombés après leur mort, pour des raisons qu'il
serait trop long de déduire ici, dans un oubli
teverde (mort en 1643), qui semble avoir, le pre- immérité d'où ils sortiront quelque jour.
mier, analysé exactement et déterminé avec ri- La fin du sièclefut marquée par un des phM granda
gueur la nature du quatrième et du septième événements l'histoire de la musique. Nous
degré de la gamme, et qui, en caractérisant ainsi lons parlerdedel'avènement vou-
de Gluck sur la scène de
la M?t!tMe et la MM-~om!H<M~,contribua à fixer Paris. On doit
la tonahté et à préparer l'évolution de la musique remarquerà ce sujet que c'est à Paris,
avec l'appui des poètes français, avec le secours
moderne. des décorations ingénieuses de notre Opéra, de
Dans le xvn* siècle, l'opéra continua de dé- habiles et experts metteurs en scène, que plu-
velopper, et, sans arriver à la perfection, futseporté nos
sieurs parmi les plus grands musiciens étrangers
vinrent écrire leurs chefs-d'œuvre les plus origi- de Beethoven, le rang le plus élevé parmi les mu-
naux. Ainsi en a-t-il été de Gluck, de Sacchini, siciens du même temps. Il joignit à la sensibifité
plus tard de Spontini, de Rossini et de Meyerbeer. profonde et touchante des poètes de sa race une
Ce fait est surtout remarquable pour ce qui con- grâce qui n'est qu'à lui. Bien n'a égalé la force
cerne Gluck et Meyerbeer, à qui, pour des rai- et, si l'on ose !o dire, la véhémence de son senti-
sons diverses, tous les théâtres de l'Europe ment musical, si ce n'est la finesse de sa gaieté,
étaient ouverts. H est certain que l'opéra, tel le charme de son sourire.
qu'il s'est constitué à la fin du xvin* siècle et au Que dire des musiciens qui écrivaient en France
commencement de celui-ci, est vraiment une créa- à peu près dans le même temps que Beethoven
tion de la France, ou plutôt de Paris. donnait ses plus beaux chefs d'œuvre? Lcsueur,
La venue de Gluck en France donna naissance auteur de systèmes trop célèbres et d'opéras trop
à une querelle fastidieuse qui parut mériter la oubliés Méhul,l'un des compositeurs qu'admirent
devise applicable, d'après Voltaire, à toutes les le plus aujourd'hui ceux-làmêmes qui en musique
querelles: Sottise des deux parts. » Des opinions font profession d'être des hérétiques et des dissi-
extravagantes et des systèmes peu intelligibles dents. Dans l'histoire de l'opéra, une place singu-
furent soutenus par des philosophes qui ne s'en- lière et éminente doit être attribuée à Spontini.
tendaient pas toujours eux-mêmes. On opposait Peu de musiciens peuvent lui être comparés pour
l'un à l'autre Gluck et Piccini, et l'on croyait que la pureté et l'éiégance des récitatifs, la noble et
ces grands maitres différaient justement par où savante architecture des ensembles, la couleur
ils se ressemblent le plus. exquise de l'orchestration et la splendeur héroi-
D'autres musiciens obtinrent de grands succès que du tout.
à Paris, dans le temps où Gluck y donnait les Vers le même temps, Cherubini affectait dans la
deux T/j/it~MtM. Nous ne pouvons omettre Salieri, musique d'église une manière d'écrire ingénieuse
qui eut la gloire de travailler avec Beaumarchais, et docte, où il déployait l'entente de toutes les
et Grétry; ce dernier mit dans ses ouvrages la ressources, de tous les artifices de l'ancien style
grâce et la finesse qui parent les tableaux des intrigué.
peintres de son temps. Ce fut vers 1810 que commença de se produire
Tandis que Paris semblait ainsi la capitale mu- Rossini, l'un des plus grands Italiens qui aient
sicale de l'univers, on voyaitfleurir et se dévelop- jamais paru et dont le génie doit être admiré
per en Allemagne cette grande école viennoise, comme l'une des productions les plus précieuses
qui devait transformer la musique symphonique de cette terre où vécurent Virgile et Raphaël.
et amener l'art musical à produire en ce genre Après avoir conçu et exécuté maint chef-d'œuvre,
des effets inattendus. Haydn commençait d'écrire il passa de longues années dans le repos, à la
cette innombrable quantité d'œuvres dont la plu- manière de Shakespeare qui laissa sécher sa plume
part sont des chefs-d'œuvre. Il semble que nul après avoir écrit la Temple.
musicien ne puisse lui être comparé, si l'on con- Rossini était venu comme Gluck triompher &
sidère sa fécondité, la richesse inËnie et te brU- Paris, lorsqu'arriva dans cette ville un musicien
tant de son esprit, l'éclat doux et soutenu de son qui devait à son to'nr s'emparer de l'opéra où il
imagination. Mozart, né quelques années après règne à cette heure presque sans partage. Gia-
Haydn, se montrait supérieur et novateur en tout como Meyerbeer, auteur de quelques opéras ita-
genre, déployait l'originalité la plus éclatante, l'ac- liens, ne reçut pas d'abord en France un très
tivité la plus inconcevable, et par une fortune qui grand accueil, et Stendhal, alors l'un des juges
n'a été accordée à aucun autre musicien, laissait attitrés du dilettantisme mondain, affecta de le
des ouvrages qui sont des modèles accomplis, traiter en amateur riche, en fils de banquier juif,
dans la symphonie, dans la musique de chambre, qui écrit pour se divertir il censura la monoto-
M'église et au théâtre. nie et même la vulgarité de ce qu'il nommait ses
Cependant les chefs de l'école italienne de ce cantilènes. Bientôt Meyerbeer donna Robert le
temps-t~, Cimarosa et Paisiello, se rendaient cé- Diable et les ~M~MMo~. Soit dans ses opéras que
lèbres par des ouvrages sans nombre, où respire tout le monde connalt, soit dans ses autres ou-
cette gaieté d'Italie, sensuelleet capiteuse, essence vrages, il montra, outre le génie, les ressources
infiniment précieuse et subtile. d'un homme qui avait infiniment d'esprit et qui
Le xvni' siècle avait été, comme on le voit, pour l'avait riche et fécond, apte à briller en tout genre
la musique, une période de fécondité admirable de talent.'
et qui tient du prodige. Cependant la période qui Mendeissohn, dans les mêmes années, écrivait
s'étend des vingt dernières années du siècle aux ses symphonies, ses choeurs, ses pièces d'orgue et
quarante ou cinquante premières de celui-ci, est de chambre, ses oratorios de Paulus et d'Elie. On
peut-être encore plus extraordinaire par la réunion l'a souvent rapproché de Meyerbeer, quoique ces
des génies et des talents. On peut dire que cette deux grands artistes aient été maîtres en des gon-
époque où brillent presque simultanément, à côté res différents. Tous deux en effet, érudits et dé-
de Haydn et de Mozart encore vivants, des maîtres licats, ont ceci de commun, qu'ils sortaient de ce
comme Beethoven, Spontini, Cherubini, Weber, monde israélite de Berlin, si raffiné, si curieux, si
Hossini, Mendelssohn, Meyerbeer, est dans l'his- docte, qui produisit les Heine, les Rahel, les
toire de la musique quelque chose d'analogue à ce Michaël Beer, les Henriette Herz, et tant d'autres
que le xvf siècle fut dans l'histoire de la peinture personnalités éclatantes ou distinguées.
italienne, une période de maturité opulente et ma- Nous ne pouvons que nommer ici tes artistes
gnifique, l'époque du plus riche épanouissement, tes plus originaux de cette période qui comprend
de la floraisonla plus étincelante et la plus délicate. la première moitié du siècle. L'Italie, après Ros-
Beethoven, admirable en plus d'un genre, ma- sini, avait vu naître Bellini, talent si délicat, com-
nifesta sa plus grande puissance dans la sympho- parable à ces peintres qui, par la grâce et la
nie il y déploya, avec une simplicité magistrale, finesse de leur pinceau, se sont fait une place à
une sobriété énergique; il sut donner à ses gran- part, sans parvenir à se fixer au premier rang.
des compositions un coloris tour à tour funèbre, Parmi tes compositeurs de hotre pays, citons
héroïque, pastoral, triomphal. Quoique l'art ait Boieldieu et Auber. Boieldieu, musicien charmant
depuis raffiné sur certains moyens, tes symphonies et fécond, aux mélodies fralches et distinguées,et
de Beethoven demeurent jusqu'à ce jour le mo- dont le cheM'œuvre, la Dame B~~cAe, se main-
dèle achevé, la plus haute expression de la musi- tient avec honneur au répertoire. Aub~r, esprit si
que instrumentale. français, Parisien mondain et sceptique, qui écrivit
C'est peut-être à Weber qu'appartient, en face en se jouantplus de cinquante ouvrages de ce stylo
"W t~oTTE. y,
étincelant et léger (j~'oo a vainement tenté de dé- dans les cours étémpntaires (cet enseignement est
crier. Herold, ni.t!r6 sa mort prématurée, s'est mis donné par des professeurs spéciaux aux élèves du
au rang des plus grands artistes. Aucun musicien cours supérieur et de la première divisiondu cours
né en France ne l'a peut-être égalé pour l'abon- moyen). Nous y joignons en outre le programme
dance et la fougue des idées, jointes chez lui à un du cours de musique des écoles primaires de la
esprit lumine x et riant et à une pompeuse ima- ville de Bruxelles.
gination. Ses mélodies, claires et colorées, brillent
d'un air de grâce et d'immortelle jeunesse. PROGRAMME
Nous nommerons enfin Fromentat Halévy. qui de l'enseignement de la musique dans les écoles
fut un prosateur élégant et pur, en même temps communalesde la ville de Paris.
qu'un grand musicien, et qui a excellé dans la mu-
sique légère et ironique, ainsi que dans le style
fastueux et magnifiquement décoratif. Parmi ses PROGRAMME DE 1" ANNÉE.
grands opéras, il en est plusieurs qui ne sont point Cours moyen.
demeurés au répertoire et qui renferment néan- t" TR!MESTRE.
moins des morceaux de la plus rare éiégance et (Octobre, novembre et décembre.)
des fragments de la plus imposante majesté.
Depuis un certain nombre d'années, on voit dis- Etude des signes principaux.
tinctement se dessiner dans l'histoire de la musi- La portée. Lignes supplémentaires.
que une période nouvelle. Cette période n'est Les notes. Figures des
pas moins féconde en talents que celles qui l'ont notes.
précédae. Pour ne mentionner que deux artistes Position des notes sur la portée.
qui sont des aujourd'hui au-dessus de toutes les Noms des notes.
discussions d'écoles, nous citerons MM. Ambroise Les clefs. Définition.
Thomas et Gounod, deux maitres accomplis et ex- Etude spéciale de la clef de sol.
quis avec des manières fort distinctes. On peut dire Gamme d*u< majeur. Sa division en tons et demi-
que c'est à la période présentequ'appartiennentles tons.
ouvrages de Berlioz, puisque, s'ils sont écrits de- Noms des degrés de la gamme
puis un assez grand nombre d'années, ils ne sont Explication sommaire des intervalles
parvenus que depuis peu, du moins en France, compris dans la gamme d'ut majeur.
Exercices d'intonation sur ces mêmes
au succès retentissant. Berlioz, apprécié surtout intervalles.
comme symphoniste, fut simultanément un grand
musicien et un littérateur inégal, mais brillant et D:e/ee d'intonation, orale et écrite simultanément,
ingénieux. en rapport avec les exercices du trimestre.
Quelles conjectures peut-on former sur l'avenir 2'
de la musique? Doit-on croire à sa future apo- TBMESTM.
théose, ou à sa prochaine décadence? Ce qui est (Janvier, février et man.)
certain, c'est que la plupart des penseurs de l'é- Figures de< notes. Signes de durée.
poque (entre lesquels on peut citer MM. Michelet Les silences. Leurs diTérentes figures.
et Renan) ont considéré que la musique était une Théorie de la mesure simple à deux et quatre
des plus grandes originalités de ce temps-ci. Les temps.
progrès qu'elles a réalisés, son développement, sa Exercices pratiques sur ces mesures, en
diffusion ont paru une acquisition capitale de l'es- employant seulement la ronde, la blan-
prit humain, une conquête qui, toute proportion che et la noire, ainsi que les ailences
gardée, se peut comparer à la découverte ou à la équivalents.
propagation de l'alphabet phonétique. Il semble ~Me'ra<:o7: Le dièse. le bémol et le bécarre.
qu'un art si jeune et si puissant doive être eneoiee Demi-tondiatonique et demi-ton chroma-
réservé à des destinées brillantes, à de merveil- tique.
leuses aventures. Certes il est permis de douter Gamme de la mineur. Explication sommaire des
que la musique retrouve jamais une réunion de intervalles compris dans la gamme de la
génies et de talents comme celle qui se produisit mineur.
vers la fin du dernier siècle. Ne vit-on point, après Exercices d'intonation sur ces mêmes in-
le C<H~:teecn<o, la peinture italienne décliner et tervalles.
s'appauvrir?Toutefois, il faut se garder de trom- Dictéed'intonation,orale et écrite simultanément,
peuses analogies, considérer que la musique est en rapport avec les exercices du trimestre.
un domaine à part, et ne point croire que tout pé-
rit alors seulement que tout se trans /brMe. 3* TMMESTM.
Enfin il faut surtout remarquer que la musique (lyril, mai et juin.)
est de nos jours un objet d'attention singulière, Gamme chromatique.
~e curiosité passionnée, de sollicitude ingénieuse
et constante. L'enseignement populaire et général La croche et le demi-soupir.
de la musique, tel qu'il est par exemple réalisé à
Paris, peut avoir des conséquences incalculables,
– Le point, le triolet et la liaison.
y~orie de la mesure simple à trois temps.
eu répandant la culture d'un sens si noble et si – Exercices pratiques sur cette mesure.
Gamme desol majeur, mi mineur, fa majeur être
pur. C'est ainsi qu'on préparerades générations qui
seront la fois plus sensibles et plus intelligentes.
Il n'est pas douteux qu'en travaillant ainsi à pro-
mineur. Armure de la clef.
Dictée d'intonation et de durée, orale et écrite
duire des oreilles plus délicates et des âmes plus simultanément, en rapport avec les exercices
fines, on ne réussisse à susciter des compositeurs du trimestre.
à qui ne manqueront ni les exécutants accomplis, Chants laciles avec paroles, une ou a deux voix.
ni les auditeurs enthousiastes. [A. Danhauser.]
Nous donnons ci-dessous le programme de l'en- (Jtiittet.)
seignement musical, actuellement adopté dans les Récapitulation générale.
écoles de la ville de Paris, pour les élèves des Etude de morceauxpour la distributiondes prix.
cours moyen et supérieur, de mémo que le pro-
gramme de l'examen auquel sont astreints les in- Résumé.
stituteurs et institutrices de Paris pour obtenir le A la fin de cette année d'étude, les élevés stu-
ceittiicat d'aptitude à l'enseignement do ~hant dieux doivent être en cttt
t* De chanter un morceau facile écrit dans une 3'TRIMESTRE.
mesure simple. soit à 2, à 3 ou à 4 temps, pouvant (Avril, mai etjuin.)
contenir les dinerentes valeurs comprises de la
ronde à la croche inclusivement, et dans une to- Gamt?:?c/;fOM!a<:gMe<o)ta~. Double dièse, dou-
nalité majeure ou mineure pouvant avoir une alté- blebémol.
ration à la clef; Enharmonie. Gammes enharmoniques.
2° De faire une dictée très élémentaire Modulation.
3° De répondre aux questions de théorie qui Théorie de la o:MMM composée à 3 temps ( o )
découlent de co programme.
Du mouvement, explication du métronome.
Recommandationsgénérales. Exercices pratiques sur les mesures.
Division de &! leçon. Dictée telle qu'elle se pratique au concours.
C/taM~ 3 voix.
On conseille aux professeurs de diviser ainsi
chaque leçon d'une heure, sauf les modifications (Juillet,)
(juete'5 circonstances exigeraient Récapilulation générale.
L..L
Consacrer environ tO minutes à la théorie.
Etudes des morceaux pour la distribution~do*
10
10
–– à la dictée.
aux exercices au Fprix.
tableau.
15 – aux exercices
solfège.
du de
0
PROGRAMME
l'examen pour le certificat d'aptitude à l'en-
seignement élémentaire du chant dans les éco-
t5 – aux chœurs avec
paroles.
les primaires de la ville de Paris.
Total. (iUminutes.
L'examen portera sur les matières suivantes
J?p?'CMOM~Cf!<M:
Émission du son.
1° Dictée musicale
t* S'attacher au mécanisme de la respiration; Rédaction sur une question d'enseignement
3° Faire prendre le registre du fausset à partir 2°
<lu /n placé en clef de sol dans le premier inter- musical.
ligne. Ept'CMUM orales
Mesure. 1' Lecture à première vue d'une leçon de sol-
Exiger que tous les élèves battent la mesure fège en clef de sol;
par des mouvements de la main, et ne jamais to- 2° Interrogation sur les principes généraux de
lérer que les temps soient marqués par des mou- la musique;
vements du pied. 3° Exécution par cœur, sans accompagnement,
d'un petit chant d'école, choisi par le jury, dans
Chant avec paroles. un cahier de six chants scolaires présenté par le
Indépendamment des nuances et du style, veil- candidat. (Il sera tenu compte du bon choix de ces
ler à ce que la prononciation soit correcte. chants.) Exécution du même chant dans un autre
ton indiqué par le jury.
PROGRAMMEDE 2' ANNÉE. Chant d'une mélodie avec paroles, choisie ct
Cours supérieur. préparée d'avance par le candidat. (Le candidat
t" sera accompagné au piano.) Il sera plutôt tenu
TRIMESTRE. compte des qualités de goût et de diction que dc
(octobre, novembre et décembre.) la qualité de la voix.
Mca:<M~M:OM rapide des matières de la t" année.
/7t<ert'a</M. Intervalles simples et redoublés, leur Epreuves facultatives
composition, leurs renversements. Le candidat pourra faire constater qu'il a la
C.tmmf majeure. Sa constitution, le tétracorde, pratique de l'actompagufmentau piano. Mention
gammes en dièses, gammes en bémols. en sera faite sur le certificat.
J~SM)-M&età*2'2
PROGRAMME
Signes de reprise, renvoi, point d'orgue,
point d'arrêt. des conrt de musique des écoles primairesde la
Dictée <f:H<<Ma~:OM et de </M' orale et écrite ville de Bruxelles.
simultanément, en rapport avec les exercices L'enseignement comprend 10 h connaissance
dutrimestre. des notes; 2." les valeurs jusques et y compris la
CAœut's à 2 ou 3 voix, selon le degré d'avance- double croche comme complément d'un temps
ment des élèves. 3" les silences équivalents 4° les mesures en 2,
2" TRIMESTRE. en 3 et en 4 ten~(on commence par la mesure
en 2 temps) 5* les mesures composées les plus
(Janvier, février et mars.) usitées; 6° le ton; T* le mode; S* exercices de
Gamme mineure. Sa constitution; gammes rela- solfège, mélodies et morceaux de chant den-
tives. semble.
La double croche, la triple croche et la
quadruple croche, ainsi que les silences DIVISION DES MATIÈRESD'ENSEIGNEMENT.
équivalents. Classe M/erMM'e.
Le double point. Le sextolet ou sixain.
Théorie de la mesure composée à 2 et à 4 temps (3'ditlslun.)
/6,tB\
~8~8;-
8 et
~xercices Desnotes.
Valeurs: rondes, blanches, noires.
– Exercices pratiques sur ces mesures.
Dictée fr!M<ona~:oK et de ~Mffe, orale et écrite
Sitences équivalents.
intonations a. Différentes tonalités sans armure à la c!eY
simultanément, en rapport~avec les exercices du b. Les dcmÎ4tons par auditinu;
c. Gamme mineure par audition.
trimestre. Mesure en2eten4temps.
C~ùSMfs à 3 vcix. Hetcdits simples et cauucs avec paroles.
C/<M'<HC)/.?nMp. les Polyxènes, les Gtoméria, qui se rappro c!)sn'
(2'divisiun.) beaucoup plus des crustacés à sept paires de
Lesvaieura.ycomprislaeroche. pattes, c'est-à-dire des cloportes soit terrestres,
S'ienceséquiralents. soit marins.
Intonations a. Différentes tonalités sans armure à la clef L'analogie la plus réelle des myriapodes est.
A.I.esdemi-tMsparaudition; avec les insectes, non pas en prenant ceux-ci à
c. Gamme mineure par audition. l'état adulte, où ils n'ont plus que six pattes, mais
Mesnresea!,en3eten4temps.. en considérant certaines formes larvaires, ainsi
Exécution de morceaux d'ensemble et de canons aiee les chenilles des papillons et surtout les fausses
paroles. chenilles des mouches-a-scie, qui ont en général
Classe supérieure.
encore plus de pattes que les chenilles. Leur or-
(i" division.) ganisation intérieure est à peu près la même que
Les valeurs, y compris la double croche comme complé- celle des insectes.
ment d'un temps. Les myriapodes ont de vraies métamorphoses,
Silenceséquivalents. au moins dans beaucoup de genres, et on peut
intonations a. Différentes tonalités avec armure à la cief; même dire qu'ils sont pendant plusieurs jours des
A.DiësesetbëmoIs; insectes pattes. De l'œuf
c. Gamme mineure. a six sort un ver d'abord
Mesures simples et composéesles plus usitées. sans pattes, présentant bientôt après des seg-
Etécution murceatu d'ensemble à 2 et à 3 voit, et ca-
de ments distincts; puis, à la suite d'une mue, appa-
nons avec parotes. raissent antérieurement trois paires de pattes;
ensuite l'animal s'accroît en longueur d'avant en
Dans les classes inférieures, les instituteurs arrière, de nouveaux anneaux
se dessinent et de
enseignent les signes graphiques à leurs élèves nouvelles paires de pattes s'y joignent. Les myria-
trois fois par semaine, un quart d'heure par podes n'ont jamais d'ailes.
leçon. Les myriapodes n'ont pas de représentants
Ils leur font apprendre, par audition, des mélo- aquatiques. On peut dire que ce sont des articu-
dies qui sont chantées en classe, aux change- lés essentiellement terrestres et presque exclusi-
ments de matières, aux entrées et aux sorties. vement de la surface du sol, car il y en a peu qui
Tous les trimestres, le maître de musique fait puissent grimper aux arbres, entre les crevasses
faire une composition dont la matière est donnée de l'écorce et surtout dans les espaces obscurs
par l'inspecteur. Le résultat de cette composition qu'elle laisse entre elle et l'aubier. Ils craignent
est remis à l'inspecteur, qui constate ainsi les la lumière et la sécheresse, et pour les éviter se
progrès des élèves. réfugient dans les fissures,- sous les pierres, sout
Pour former ses trois divisions, le maître de les feuilles sèches, dans la
musique aura égard à la force des élèves et non fumiers et du terreau meuble. mousse, au milieu des
Leur nourriture
a la classe à laquelle ils appartiennent dans est variée certains, les plus utiles
i'école. pour nous,
sont des carnassiers d'insectes et de limaces beau-
Dans les trois divisions, la première moitié de vivent d'insectes morts, de détritus d'origine
la leçon doit être consacrée aux applications et coup
animale ou végétale, et de fruits, surtout quand,
aux exercices d'application et de soifège la se- ils ont été crevassés par la pluie ou entamés par
conde moitié à l'exécution de mélodies, de canons le bec des oiseaux ou les mandibules des guêpes~
avec paroles, de morceaux d'ensemble à une, à Classification. Les myriapodes divisent,
deux et à trois voix. d'une manière très naturelle, en deuxseordres, que
Les exercices de solfège seront à une et à deux nous désignerons parles noms de deux genres fon-
voix pour la division inférieure à une, à deux et damentaux, en leur donnant une signification gé-
a trois pour les deux divisions supérieures, nérale ce sont les Iules et les Sco~ope~'e.?.
gradués écrits dans'le diapason de la voix des IULES. La tête est munie d'antennes d'un
enfants. petit nombre d'articles, également épaisses par-
Les morceaux d'ensemble devront être bien tout, et les pièces de la bouche n'ont pas de glan-
rythmés, simples d'harmonie et de mélodie, et les des à venin les pattes, presque toujours au
paroles, à la portée des enfants. bre de deux paires par anneau, sont inséréesnom- au-
Pour la deuxième année, il serait bon de com- dessous du corps, plus ou moins près de la ligne
mencer chaque leçon par une gamme majeure, médiane du ventre les orifices de ponte de la
une gamme mineure et une gamme chromatique, femelle sont situés à la région antérieure du corps,
ainsi que par quelques exercices vocalisés dans sous le quatrième anneau, ce qui est un caractère
lesquels on s'attacherait spécialement à la respi- de crustacés.
ration et au timbre. Nous commencerons l'étude de cet ordre par un
MYRIAPODES (Classe des). -Zoologie. XXV. singulier et très petit animal, à corps mou, obtong*
On les appelle vulgairement JMt</ep! mot et déprimé, d'un jaune grisâtre, de Ï millimètres
quia une signification toutafaitanalogue.Cesarti- seulement de longueur c'est le Polyxène à queue
culés, que Cuvier réunissait encore aux insectes, en pinceau, a tête large et hérissée de petites
ont été constitués en une classe distincte par La- soies grises, le corps composé de douze anneaux
treille ils se raeonnaissent tout de suite, même ayant chacun une paire de pattes, avec de jolies
pour tes personnes peu accoutumées à l'observa- houppes de poils écailleux sur les côtés et terminé
tion, à l'existence d'une très grande quantité de
pattes articulées, à peu près semblables les unes par deux appendices ornés chacun d'un pinceau
de soies argentées. Cet animal, assez rare près de
aux autres, de nombre très variable au reste, puis- Paris, se trouve sous les écorces. Si nous en par-
qu'il va de vingt-quatre ou douze paires (Po)yxène, lons, c'est qu'on l'a signalé en Allemagne comme
GIoméris) à plus de trois cents (certains Géophi-.
les). On ne trouve plus de séparation en trois ré- un destructeur acharné du phylloxéra des racines
de la vigne; en supposant le fait bien constaté, il
gions, la tête, le thorax, l'abdomen, mais une n'en serait pas moins fort difficile d'amener en
tête suivie d'un grand nombre d'anneaux portant nombre immense ces minuscules Créatures au
chacun une ou deux paires de pattes. A ne con- pied de chaque cep de vigne.
sidérer que l'aspect extérieur de ces animaux, on On trouve dans les bois ombragés, sous les
leur trouve une ressemblance éloignée les pierres et les feuilles tombées et humides, des
Annéiides surtout avec certains genres avec marins myriapodes à peau crustacée, grisâtre, sans pin-
comme les Néréides, pourvus de pattes latérales ceaux sur les côtés, se roulant en boule comme
avec houppes de branchies; il y a des myriapodes, les cloportes de bois ou armadilles, au~quetg ils
ressemblent beaucoup d'aspect, mais dont ils se anneaux égaux et vingt et une paires de pattes,
distinguent par une quantité bien plus grande de les dernières plus longues et plus fortes; it y a des
pattes, car elles sont au nombre de 34 chez les assemblages d'yeux lisses. Dans l'extrême midi de
mates et 40 chez les femelles, la plupart des douze
la France et en Algérie se trouve la Sco~op<'?:~)fe
anneaux en portant deux paires. Ce sont les Glo- mordante, de 70 à '!& millimètres, d'un ferrugineux
méris, et l'espèce la plus commune dans le midi verdâtre, très carnassière d'insectes; elle mord
de la France est le Gloméris &0)'~c, dont la tête fortement avec ses mandibules, en même temps q~o
et les anneaux sont entourés de rouge on trouve la piqûre de ses crochets cause une douleur très
près de Paris deux autres espèces d'un gris vive, suivie d'enflure locale, sans véritable danger
plombé, dont l'une a les anneaux entourés de pour l'homme: on dit, en revanche, que les énormes
blanchâtre. scolopendres)des pays chauds ont une piqûre très
Les Iules proprement dits ont le corps très long redoutée, causant de graves accidents à l'homme.
et cylindrique, avec des yeux simples très rappro- Les Lithobies (c'est-à-dire « vivant sous les pier-
ches et de nombreuses et très petites pattes, res s) présententen dessus des plaques dorsales car-
deux paires par anneau, atteignant jusqu'au nom- rées, alternativementplus grandes et plus petites,
bre de 120 paires dans certaines espèces, s'insérant offrant quinze paires de pattes et des yeux simples
très près les unes des autres en dessous du ventre, agrégés. L'espèce la plus commune, répandue dans
ce qui fait que ces myriapodes marchent fort len- toute la France, est la Lithobie à tenaille, d'un
tement. Sur les côtés du corps, des glandes lais- brun tantôt roussâtre tantôt noirâtre, devant son
sent suinter par des pores un liquide dont l'odeur nom à ses fortes pattes de derrière, simulant une
forte rappelle celle des gaz nitreux. tenaille. Elle mord, mais faiblement et sans dan-
Les Iules vivent sous les mousses humides et ger dans son jeune âge elle est comme étiolée,
tes feuilles mortes il en est qui se cachent sous car elle vit alors dans des lieux très obscurs. On
les pierres; d'autreshabitent sur le bord des eaux, la trouve sous les pierres, sous les écorces hu-
ou dans les terrains sablonneux, ou enfin sous les mides, sous !es pots à fleurs, dans les fissures des
mottes de terres. 1) y a deux espèces très com- vieilles charpentes, et elle est carnassière. D'au-
munes partout, sortant volontiers sur les sentiers tres utiles carnassiers sont les Cryptops (« œil
après la pluie et se roulant sur le sol en spirale plate caché »), qui ont les yeux nuls ou non apparents,
ou s'accrochant aux écorces des arbres. Ce sont le les derniers segments épineux, et vingt et une
/M/e ~rM~v, long de 30 à 40 millimètres, grisâ- paires de pattes, dont les dernières sont plus
tre, avec deux raies~plus pâles de chaque côté du fortes nous avons plusieurs espèces à pattes
dos, et le Iule des ~a6/M, ayant sur le dos une poilues, ferrugineuses sur le dos, plus pâles en
double ligne rougeâtre. Les Iules vivent de détri- dessous, vivant surtout dans le bois pourri etsouf
tus végétaux, peut-ê~re aussi d'insectes morts. les écorces, et qui sont fréquentes dans les jardins.
Dans un genre voisin, privé d'yeux, se trouve le Los Scutigères (a porte-écusson ')) présentent do
Blaniule à gouttelettes, dont le corps est d'un longues antennes grêles comme des fils, et des
blanc jaunâtre très pâle, avec 74 pattes, les seg- yeux composés, à; nombreuses facettes, analogues
ments ayant presque tous un point rouge de cha- à ceux des crustacés supérieurs; le corps, propor-
que côté, ce qui forme comme deux rangées de tionnellement plus court que celui des genres pré-
gouttelettes. Ce myriapode est nuisible, car il se cédents, est recouvert en dessus de huit plaques,
nourrit de fruits qu'il creuse à l'intérieur en se ou boucliers, tandis qu'en dessous sont quinze
cachant par crainte de la lumière, de sorte qu'il demi-segments portant una paire de pattes, ter-
les vide de leur pulpe sans qu'on s'en aperçoive minées par un tarse grêle et très long, formé d'un
au dehors. Il fait souvent du tort aux cultures des grand nombre d'articles; les dernières paires de
grosses fraises ananas et les perce de trous. pattes sont plus longues et plus fortes que les
Les Polydesmes sont aveugles, aplatis, avec des autres. Ce genre est représenté par une espèce
anneaux subrectangles, tronqués latéralement ~t nommée la ScM<e)'e a''aKM:'c~, longue de 4 centi-
bordés, la plupart des anneaux portant deux paires mètres environ, d'un jaune roussâtre ou couleur
de pattes, qui sont sous le ventre, mais moins de cire, avec trois lignes bleues longitudinales sur
rapprochées que chez les laies; aussi les t'o- le dessus du corps, les pattes très longues et très
lydesmes marchent plus vite. On les trouve dans grêles, surtout les dernières, portant des bandm
les lieux humides, sous les pierres, sous les feuil- bleues. Ce myriapode, répandu du nord de l'Europe
tes tombées et autres débris végétaux. Les plus jusqu'au nord de l'Afrique, perd ses pattes avec la
communs sont le P~6~t?:ea~a)! la «Scolopendre plus grande facilité si on cherche à le saisir ou
à 60 pattes de; Geoffroy, noirâtre et chagriné en seulement si on le fait tomber, et leurs articles
dessus, d'un blanc cendré en dessous, les pattes restent quelque temps agités de mouvements con-
~ougeatres, et le Polydesme à pattes pâles, dont vulsifs, comme les longues pattes arrachées aux
les anneaux ont une couleur ferrugineuse, avec Faucheurs (V. Arachnides). On croirait voir une
deux points jaunâtres. araignée à pattes multiples, quand on aperçoit c<
SCOLOPENDRES. La tête est large et le corps bizarre animal dans sa course rapide; il vit dans
toujours aplati; les segments n'ont jamais qu'une les celliers, les granges, les greniers inhabités, les
paire de pattes rejetées latéralement, ce qui vieilles charpentes, et nous est très utile en don-
permet une marche rapide les mandibules sont nant la chasse aux insectes qui.rongent les bois
très fortes, aiguës et en faucille; la seconde paire ouvrés et surtout a leurs larves dites Vers de bois.
de mâchoires offre à sa base une paire de crochets Il détruit encore les cloportes dans les serres.
acérés, ayant près de la pointe un trou par où Les Géophiles (« amis de la terre ") ont la tête à
<oule le venin d'une glande interne, appareil tout peu près triangulaire, et dépourvue d'organes de
à fait analogue aux chélicères venimeux des vision, le corps démesurément long, avec des seg-
araignées les ouvertures pour la ponte des œufs ments et des pattes très nombreux, parfois plus de
sont situées à l'extrémité anale de l'abdomen, trois cents; ce corps est déprimé et s'élargissant
comme chez les insectes. La plus grande partie des peu à peu jusqu'à une certaine distance de la
scolopendres sont des articulés carnassiers, des- tète. Bien que les pattes soient petites, leur inser-
tructeurs d'insectes, de larves, de limaces, par tion très latérale permet aux Géophiles une course
suite très utiles l'instituteur doit recommander rapide dans une reptation ondulée qui rappelle les
le respect de ces animaux aux enfants, qui sont serpents souvent on les voit grimpant sur une
toujours tentés de les écraser en raison de leur crète et la dépassant, la moitié antérieure du corps
aspect bizarre, parfois effrayant. descendant, tandis que l'autre monte. Les GéopM-
Les Scolopendres proprement dites ont des les vivent le plus ordinairementdans l'humus du
sol, ce qui est en rapport avec leur nom; on les A ces premiers caractères on peut encore ajouter
trouve sous les pierres, dans les trous des vieux la courbure de l'embryon et son grand volume; la
murs, sous le fumier et jusque dans les habita- consistance du tégument séminal de la graine, et
tions. Ils recherchentencore les endroits humides, la présence constante de résines odorantes dans
le bord des ruisseaux,lesbosquets touffus, le pied les feuilles de ces plantes. Les Myrtacées se rap-
des arbres et les mousses. D'après une croyance prochent beaucoup des Granatées et des Calycan-
populaire, ces animaux s'introduisentdans les na- thées. M. Brongniart a réuni ces trois familles dans
rines des personnes endormies, séjournant dans sa classe des Myrtoïdées.
tes fosses nasales et y amenant de graves désor- Caractères botaniques. – La graine des myr-
dres. Les journaux de médecine rapportent même tacées nous présente de dehors en dedans )' un
des cas pathologiques de ce genre où d'intoléra- tégument séminal crustacé extrêmement dur,~
bles douleurs cessèrent après que le géophile ligneux, très résistant. Ce tégument acquiert son
eut été expulsé du nez. Nous ne trouvons pas à maximun de puissance dans les bertholletia, dont!
ces récits, qui portent cependant le caractère les graines se vendent sous le nom de noix <~e.
d'une parfaite bonne foi, une authenticité suf- Brésil; 2* un embryon très volumineux, charnu,'
fisante, car ils proviennent de personnes qui ne gorgé de matières grasses. Cet embryon est en
sontpas habituées aux observations précises. général très fortement courbé sur tui-meme;!
Certains Géop'hites sont nuisibles, car ils pénè- dans les bertholletia et tes barringtonia, il est
trent à l'intérieur des fruits conservés dans les souvent fort difficile de mettre en évidence ses
garde-mangera et les rongent; parfois on ne peut deux cotylédons à plus forte raison ne peut-on
réprimer un mouvement de dégoût, presque d'ef- pas montrer sa gemmule. Dans un pettt nombre
froi, quand on voit sortir brusquementd'un beau de myrtacées, la graine présente, en plus des
fruit qu'on porte à la bouche une sorte de petit deux parties ci-dessus mentionnées, un albumen,
serpent jaunâtre, couleur habituelle des Géophi- cet albumen toutefois n'acquiert qu'un faible dé-
tes. L'espèce qui attaque principalement les fruits, veloppement.
surtout les pêches, les prunes et les abricots, est La germination de la graine des myrtacées
le Géophile carpophage, long d'environ 5 centi- n'offre aucune particularité digne d'être notée.
mètres, marqué sur tout le dos d'une ligne d'un La racine des myrtacées est pivotante, toute-
brun violet bordée de jaunâtre, la tête et la ré- fois le pivot se développe peu; en revanche la
gion anale jaunâtre. Il faut placer auprès des racine se ramifie abondamment. Toutes les raci-~
fruits des feuilles de chou repliées en quatre, où nés des myrtacées sont extrêmement contour-
se loge ce millepieds, et le détruire. Il y a des nées; leur écorce, très épaisse, est très riche en!
Géophiles qui deviennent phosphorescents dans principes actifs; plusieurs de ces éccrces contien-
l'obscurité a certaines époques, la lueur prove- nent aussi des glandes qui sécrètent dee matière.)'
nant de l'exsudation, surtout entre les anneaux et fortement colorantes.
sous le ventre, d'une substance qui éprouve à La tige des myrtacées est généralement )i-.
l'air une combustion lente et laisse une raie lu- gneuse, elle peut acquérir un très grand déve-'
mineuse après les corps sur lesquels l'animal a loppement en hauteur et en diamètre c'est ainsil
marché; c'est tout à fait analogue à ce qui se que dans les eucalyptus de la Nouvelle-HoHande,
produit sous le ventre des vers-luisants (V. Co- on voit cette tige atteindre une hauteur de 130 mè-
léoptères). L'espèce qui présente principalement tres et une circonférence de 12 mètres. Selon les,
cette propriété est le Géophile électrique, ainsi espèces, le bois des myrtacées est tendre et blanc,
nommé parce qu'il sort surtout de dessous les comme dans les eucalyptus, ou au contraire
mottes de terre après les orages. A peu près de dur, veiné et coloré, comme dans les myrtes. Le~
la longueur de l'espèce précédente, il est en entier bois des myrtacées est toujours fortement impré-,
d'un jaune d'ocre, t'extrémité de la tête blanchâ- gné de matières résineuses. Cette circonstance
tre, et en arrière de celle-ci un collier jaune rou- donne à ces bois une grande valeur, car elle
geâtre les pattes sont assez longues et celles de les rend presque imputrescibles, et surtout les.
la dernière paire plus grosses. La phosphores- met à l'abri des attaques des animaux perforants.
cence parait exister aussi, mais moins régulière- Ceux des bois des myrtacées qui présentent une
ment, chez le Géophile pAospAor~ et parfois chez certaine dureté sont recherchés pour l'ébéniste-
)e Géophile cayop~a~e. Une espèce très remar- rie plusieurs sont utilisés par la parfumerie b;
quable est le Géophile de Walckenaer, long de cause de leur odeur suave. L'écorce de la tige.
plus de deux décimètres, ayant jusqu'à 326 pattes, des myrtacées est presque toujours lisse, sèche j,
le premier tiers du corps et la tète d'un jaunâtre elle est assez mince. Lorsque la décortication te
pâle, le reste d'un brun ferrugineux, sauf le der- produit, les pellicules de rithydome qui se for-
nier anneau qui est jaune comme la tête; il y a ment se réduisent à de très petites écailles qui se~
comme des trainées sanguinolentes le long du détachent très peu de temps après leur formationJ
corps. On a rencontré cet énorme millepied dans Toutes les écorces des myrtacées sont gorgées d&-
des jardins de l'intérieur de Paris, sous le fu- baumes et de résines que l'on peut extraire par
mier, sous les pierres et dans la terre; on le des incisions longitudinales.
trouve aussi dans les appartements et surtout Les feuilles des myrtacées sont simples, en-
dans les ateliers et magasins de bois des ébénis- tières, persistantes presque toutes sont couver-
tes, qui l'appellentle « roi des scolopendres ». Nous tes, au moins supérieurement,d'un enduit cireux
sommes portés à supposer que cette espèce n'est parfois très épais. Ces feuilles ne portent de sto-
pas indigène, mais a été introduite cachée dans mates que sur leur face inférieure. Dans les jeu-
les fissures des bois d'ornement exotiques. nes eucalyptus, les feuilles sont de tous points.
Les instituteurs verront, par les exemples qui semblables à la description qui précède à un âge
précèdent, qu'ils peuvent tirer des sujets de le- plus avancé, à ces premières feuilles en succèdent
tons dites de chose.s, même de l'étude des ani- d'autres qui, au lieu d'être insérées sur la tiger
maux les plus dédaignés et qui appellent le moins horizontalement, sont insérées verticalement; de
l'attention. [Maurice Girard.] telle sorte qu'au lieu de recevoir les rayons solai-
MYRTACÉES. r – Botanique, XIX – Etym. res de face, ceux-ci frappent la feuille de champ.
Myrtacées est tiré du nom grec M~;<<M qui dési- Ces feuilles insérées verticalement sont, croit-on,
gne l'arbre que nous appelons myrte. des feuilles ordinaires réduites à leur pétiole; on
D~Mt~tOM. Les Myrtacées sont des plantes les nomme phyllodes. La surface feuillue des.
dicotylédonées étamines nombreuses, inaérées myrtacées est extrêmement étendue, grâce au
sur 1 ovaire; à ovaire pluriloculaire et pluriovulé.j grand nombre des feuilles de chaque branche et à
l'abondante ramification des branches de la tige. leurs feuilles; X" par le grand nombre des pièces
A cette grande surface feuillée correspond une de leur calice; 3° par leur corolle à neuf pétales;
très grande activité transpiratoire, et par suite la 4° par leurs étamincs au nombre de cinq seule-
grande surface feuillue des myrtacées fait de ces ment !)" enfin,par leur gynécée composé de dix
végétaux des agents de dessèchement des marais. carpelles presque indépendants les uns des autres.
Toutes les feuilles des myrtacées produisent en Chacun de ces carpelles se transforme en un fruit
abondance des matières résineuses très odorantes. qui est un achaine comparable à ceux de la benolte.
Ces matières résineuses sont sécrétées par des Tous ces caractères font des calycanthées un
glandes spéciales très petites, closes de toutes type intermédiaire entre les myrtacées et les
parts. Leur forte réfringence permet de les distin- rosacées.
guer à t'œil nu par transparence à travers la Usages des Myrtoïd&es. – Un grand nombre
feuille, comme autant de petits points blancs. de Myrtoidées fournissent à l'homme des produits
Les fleurs des myrtacées sont le plus souvent dont il tire parti pour son alimentation, pour son
solitaires et hermaphrodites. Chaque fleur com- industrie, ou comme médicament. Nous nous bor-
prend ordinairement, de dehors en dedans ]° un nerons à citer les genres principaux.
calice à cinq dents, coloré, persistant, d'une con- Les eucalyptus, grands arbres originaires do
sistance assez grande. Ce calice se voit encore sur l'Australie, fournissent d'excellents bois de cons-
ie fruit mûr, comme une sorte de couronne de con- truction les feuilles de ces plantes, macérées
sistance ligneuse 2° une corolle à cinq pièces. Cha- dans l'alcool pendant un certain temps, donnent
que pièce est insérée sur un bourrelet qui borde une liqueur aromatique qui peut remplacer l'absin-
intérieurement la base du calice. Dans quelques the. La croissance de l'eucalyptus est des plus
myrtacées la corolle fait défaut en même temps rapides. En quelques années, un eucalyptus, venu
aussi les dents du calice sont caduques. Dans les de semis, devient un grand arbre. Cette plante a
eucalyptus, qui peuvent servir de type à ces été transportée de son pays d'origine dana l'Inde,
myrtacees anormales, les dents du calice soudées dans l'Amérique, en Algérie, et même en Provence.
supérieurementforment une sorte de calotte qui Partout l'eucalyptus a prospéré et, dans un temps
se détache au moment de la floraison ;i° un an- très court, a provoquéle dessèchement des marais
drocée formé d'un nombre considérable d'étami- et par suite l'assainissement des localités où il a
nes généralement égales entre cites. Dans le été planté. C'est ainsi que les environs de Bouffarick
couroupita, un certain nombre des étamines sur- en Algérie, qui étaient considérés autrefois comme
passent de beaucoup les autres par la longueur un foyer d'infection etde miasmespestilentiels, sont
de leurs filets. Dans les beaufortia, chaque filet devenus l'un des points les plus sains et les plus
staminal se divise en un certain nombre de fila- riches de l'Algérie, grâce aux plantations d'euca-
ments plus g) êtes dont chacun porte à son extré- lyptus qui y ont été faites. Dix années ont surfi à la
mité une anthère biloculaire. Les anthères sont transformation de ce pays jadis inhabitable. Les
fréquemment fortement colorées en orangé; 4° un eucalyptus plantés à Boun'arick. il y a trente ans à
~gynécée qui se réduit à un pistil triloculaire ou peine, sont aujourd'hui des arbres gigantesques.
tétraloculaire,toujours nettement infère. Le pistil A l'heure présente le gouvernement italien entre-
est surmonté d'un style simple, lequel se termine prend le dessèchement et la désinfection des
supérieurement par un stigmate sphérique. Cha- Marais Pontins en ayant recours à dos plantations
'cune des loges de l'ovaire présente, dans son angle d'eucalyptus.
'intérieur, un placenta charnu hémisphérique Les melaleuca, en particulier !e ~eMeuca mM~r,
'dont la surface est toute couverte d'ovules. De ces originaire des iles Moluques, et le 1~. viridiflora,
ovules, les supérieurs seuls se développent et originaire de la Nouvelle-Calédonie,fournissent par
sont fécondés les inférieurs s'atrophient et de- la distillation de leurs feuilles fraîches une huile
meurent stériles. Les uns et les autres acquiè- aromatique verte. En vieillissant cette substance
rent pourtant un tégument ligneux; les ovules perd sa coloration verte; par fraude on lui rend sa
fertiles se distinguent aisément des autres par coloration primitive à l'aide du chlorure de cuivre.
leur grande taille et leur forme allongée. Tous ces L'huile de melaieuca est connue sous le nom de
ovules ont deux téguments, tous sont anatropes. huile de C<fpM<. Abandonnée à l'air pendant un
Le fruit des myrtacées présente toujours des certain temps, elle perd son odeur première et con-
parois épaisses et une consistance assez grande. serve une odeur spéciale qui rappelle à s'y mé-
Dans tes myrtes, ce fruit est une sorte de baie. prendre celle de l'essence de rose faible; aussi la
Dans les eucalyptus, le fruit, arrondi ou tétragone. plus grande partie de l'huile de Cajeput est-elle
a la consistance du cuir; ses parois sont gorgées utilisée pour falsifier l'essence de rose liquide.
de résine. Dans les bertholletia et les courou- LesAf~f~fsde la Grèce, de l'Italie, de la Provence
pita, le fruit en se développant prend un très et de l'Espagne ne sont guère utilisés que comme
grandvolume;sesparoisacquièrentuneconsis- arbrisseaux d'ornement. Jadis le myrte était con-
tance ligneuse telle qu'il faudrait employer la sacré à la déesse Vénus; exceptionneHementon
hache pour les ouvrir. en faisait un attribut de Minerve. Les feuilles de
Les Gfana~M diffèrent des myrtacées par leur myrte servaient à préparer une eau aromatique
ovaire à deux étages de loges; l'étage supérieur les maladies des yeux. Le
très usitée contre
est tétraloculaire,l'étageinférieur est triloculaire.
A!)'<us p!'n:c~C[ ou Eugenia pi'm~~t est un
A cet ovaire succède un fruit tout particulier, arbre de la Jamaïque. On le cultive avec grand
nommé balauste ou grenade. Ce fruit présente soin dans les Antilles: on le plante en bordure le
une coque papyracée, un certain nombre de lo- long des promenades; son feuillage dure toute
ges, et dans chaque loge des graines dent le té- l'année. Toutes ses parties sont aromatiques et
gument est mi-partie ligneux et mi-partie charnu. sont usitées dans son pays d'origine. Nous n'en re-
La pulpe rosée et sucrée qui recouvre la graine cevons que les fruits secs ce sont de petites baies
des grenades a pour but d'assurer la dissémina- sèches de la grosseur d'un pois; leur surface est
tion de ces graines par les oiseaux. L'embryon toute couverte de tubercules. Chacun de ces tu-
des granatées est fortement plissé dans l'inté- bercules du péricarpe est formé par uns glande.
rieur de leur graine. La famille des granatées ne Les fruits du Jtf~MS pimenta possèdent une
contient qu'un seul germe, le genre Punica ou odeur très forte et très agréable qui tirnt a la fois
grenadier. du girofle et de la cannelle aussi lui a-t-on donné
Les Co~/ca'H<M se distinguent des myrtacées les noms de oM<e<~eetdopMM'e~H: ~M?.
et des granatées 1° par l'apparition précoce de Le piment yc&~o, qui nous vient du Mexique, est
leurs fleurs qui se montrent en même temps que formé par les fruits du ~M~rtMs ao'
Le po:f!'e de
Chevet on piment couronné ou poivre de Saint- XXX!X-XL. – JfyMe(du grec my<A(M, récit, conte
~t'tCM~ provient du A~'ttM p!MfKfoMM. plus tard, fiction, fable) est le nom commun de ces
Les psidium ou goyaviers, lesjambosaoujam- anciens récits traditionnels que l'on trouve à l'o-
bosiers, les jossénia ou néfliers de l'île Maurice rigine de toutes les histoires et que l'on peut ran-
produisent des fruits très estimés à cause de leur ger en deux genres ou bien ils décrivent des faits
saveur très parfumée, acidulée et sucrée. On les !de l'ordre naturel, mais interprétés comme des ex-
conserve en marmelade. posants de drames divins; ou bien ils incorporent
Les conroupita de la Guyane sont de très grands une idée morale dans une formehistorique et dra-
arbres, dont le bois est fort recherché pour les matique. Dans les deux cas, ce qui est permanent,
constructions. Les couroupita produisent un fruit ou fréquent, ou périodique, dans la natureet dans
dont la grosseur peut atteindre celle d'une tête l'humanité, est ramené à un événement accompli
d'enfant; son poids dépasse parfois 5 kilogrammes. une fois pour toutes, et le drame, bien que fictif,
Il est gorgé d'une pulpe sucrée acide très agréable. est tenu pour réel. La Af.<Ao/o~te est ou bien
Ces fruits sont très recherchés par les naturels la science qui s'occupe de rechercher l'origine, le
du pays. sens et les ramifications de ces mythes divers, ou
Les quatelés de la Guyane ou Lerythis sont des bien leur simple exposition.
arbres très semblables aux couroupitas et servent 11 n'y a pas encore très longtemps que cette
aux mornes usages. Leurs fruits, nommés marmites notion du mythe est acquise à la science. Notre
de singe, consistent en une capsule ligneuse très littérature classique ne la connait pas. Pour elle,
épaisse, en forme d'urne, pourvue vers le milieu il n'y a que les deux catégories de l'M~ou'e réelle
de sa hauteur d'un bourrelet proéminent. La par- et de la fable inventée à dessein, avec la claire
tie supérieurede ce fruit est forméepar un opercule conscience qu'elle n'est qu'une fiction. Il a fallu
conique qui se prolonge en un axe quadrangulaire. les recherches approfondies qui se sont faites à
C'est à la base de cet axe que sont nxécs les se- la fin du siècle dernier en France et surtout en
mences, peu nombreuses. A la maturité, l'opercule. Allemagne sur le terrain de- l'histoire religieuse,
se détache tout seul, et les graines sont mises en pour qu'on découvrit la vraie nature des récits
liberté. L'amande enfermée dans la graine est très mythiques, lesquels ne sont ni des histoires ni
riche en matières grasses; au Brésil et à la Guyane des fables, ne racontant ni des faits réellement
on en retire une huile très recherchée aujour- accomplis comme les premières, ni des faits d'in-
d'hui pour la fabrication des savons communs. vention arbitraire et voulue comme celles-ci.
Les juvia, touka ou chdtaigniersdu Brésil sont Toutes les religions de l'antiquité sont plus ou
de très grands arbres originaires des bords de moins mythiques. La mythologie la plus connue
l'Orénoque.On les cultive aujourd'hui en grand à parmi nous est la mythologie grecque, bien que les
Cayenne et dans tout le Brésil. Ces arbres, outre noms par lesquels nous désignons les divinités
leur bois qui est très estimé, nous fournissent des mythologiques soient latins (Jupiter, Junon, Nep-
fruits volumineux qui rappellent beaucoup ceux tune, Diane. Mercure, Mars, Minerve,Vénus, etc.).
des lecythis. Les graines qui sont enfermées dans Cela tient d'abord à ce que la mythologie grecque,
ces fruits sont très volumineuses. On les nomme plus riche et plus belle que la mythologie latine,
chitaignes du Brésil ou noix de Para. L'amande se répandit de bonne heure en Italie et se fusionna
qu'elles contiennent est très riche en matières avec celle-ci, mais en lui donnant beaucoup plus
grasses. M. Correnwinder, qui le premier fait qu'elle n'en reçut puis, la conquête romaine ap-
l'analyse de cette graine, y a trouvé jusqu'à 60 p. porta dans notre Gaule cette religion gréco-latine
~00 de matières huileuses. L'huile que l'on retire qui absorba, chez nous aussi, bon nombre d'élé-
des graines des noix de Para est de très bonne ments de la vieille religion gauloise, en les frappant
qualité; elle peut rivaliser avec l'huile d'olive. Le à son empreinte, mais toujours avec la prépondé-
nom botanique des juvia est Be~Ao/Ma exrelsa. rance marquée de la mythologie grecque enfin la
Le Caryophyllus a~'o~a~t'cu~ ou giroflier est un littérature et les beaux-arts en maintinrent le sou-
arbre originaire des Iles Moluques, d'où il a passé venir en lui empruntant toute sorte de sujets
dans l'lie Bourbon vers 1770. Deux ans plus tard dont la poésie, la peinture, la sculpture, le théâtre
il était transplantéà Cayenne; de là il a gagné peu profitèrent beaucoup. Mais il ne faut pas consi-
à peu toutes nos autres colonies. Le giroflier pro- dérer cette mythologie classique comme la seule
duit le girofle du commerce. Les clous de girofle existant autrefois. Toutes les nations, non seule-
sont formés par les fleurs du giroflier cueillies ment la Grèce et l'Italie, mais encore la Germanie,
avant que leur corolle, qui est caduque, ne se soit la Perse, l'Inde, la Chine, l'Égypte, les peuples
détachée. Les fleurs de girofle sont séchéea au dits sémitiques (Chaldée, Assyrie, Phénicie, Ara-
grand soleil sitôt après la cueillette. Le girofle, bie, etc.), notre Gaule, les populations indigènes
soumis à la distillation, en présence de l'eau, de l'Amérique, celles de l'Afrique et de la Polyné-
fournit une huile lourde dont on retire l'essence sie, etc., ont eu ou ont encore leur mythologie
de girofle. Cette dernière substance est très em- distincte. Nous supposons dans ce qui va suivre
ployée en parfumerie. que nos lecteurs connaissent, au moins en gros,
Les Punica ou grenadiers sont originaires de la les principaux récits de la mythologie gréco latine
Mauritanie c'est de là que leur vient leur nom bo- ou classique.
tanique, qui rappelle les Carthaginois. Les grena- Comment se sont formés les mythes ?
diers sont cultivés aujourd'hui sur tout le littoral Pour le comprendre, il faut se reporter en ima-
méditerranéen et dans toutes les régions tempé- gination aux âges de la complète ignorance, quand
rées du globe. La racine fralche du grenadier est l'homme commençait seulementà sortir de la vie
un puissant vermifuge de tous les remèdes em- purement instinctive et a jeter un regard curieux
ployés contre le taenia, c'est de beaucoup le plus sur le monde. Il fut alors, comme nous l'avons
prompt et le plus efficace; mais il importe que la tous été dans notre enfance, porté à animer, à
racine soit employée toute fralche. La pulpe sucrée personnifier, à dramatiser les choses inanimées.
du fruit est fort recherchée.L'écorce du fruit est L'enfant croit aisément que sa poupée ou son che-
employée par les tanneurs comme succédané de val de bois sont des êtres animés. S'il se fait mal
l'écorce de chêne; cette écorce est alors désignée en se heurtant contre une chaise, cette chaise est
sous le nom de malicor. méchante et il la bat pour la punir. La lune lui
L'écoree du Cft/ycHTttAtM /!ofMKf est employée fait l'effet d'une tête humaine qui le contemple.
en Amérique comme tonique stimulant. C'est dans un état d'esprit tout semblable que
[C.-E. Bertrand.] l'homme regarda primitivement les phénomènes
MYTHE. MYTHOLOGIE. Histoire générale, de la nature. Dans l'éclair il vit tantôt les replis
d'un grand serpent de feu, tantôt la lance ou ppar ceux qui s'en occupèrent. L'explication la
l'épée brandie par un guerrier céleste caché der- plus p répandue, bien qu'elle fût inadmissible, et
rière la nue orageuse. Le tonnerre fut son cri de (que bien derniers des modernes ont reproduite ~u cours
ou le mu- cdes deux siècles, fut que les dieux et les
guerre, ou !e roulement de son chariot, étaient d'anciens rois et reines divinisés
gissement de taureaux monstrueux. Dans le vent déesses c
il crut entendre les hurlements d'une meute après a leur mort. Cette explication s'appuyait en-
aérienne lancée par des chasseurs, ou bien les ttre autres surtombeau le fait qu'on montrait en Crète le
doux accords d'une lyre invisible. Les nuages 1berceau et Crète, de plus, le de Jupiter. Mais non seu-
furent tantôt de bonnes vaches laitières qui nour- 1lement en en bien des endroits
rissaient la terre, tantôt les bœufs du soleil, ou (de renaîtrel'Asie, on avait des dieux mourant en hiver
printemps (Adonis, Atys, etc.),
des cygnes, ou des dragons monstrueux. L'orage pour au
n'étaient
était un combat entre des puissances lumi-et les mythes la dramatisation du dont ils étaient les héros
nenses, bienfaisantes, amies des hommes, et des
autre chose que
d'explication,
cours régu-
aujour-
puissances ténébreuses, destructives, redoutables.lier de l'année. fait
Ce genre
abandonné, s'appelle l'évhémé-
Ainsi se formèrent, non pas encore des mythes, d'hui tout a d'Evhémère, bel esprit qui vivait à
mais des éléments M!/M!'?MM dont le rapproche-rMtKC, du nom macédonien Cassandro dans la
ment et la mise en action formèrent ensuite les
la cour du roi
mythes complets.. seconde moitié du iv' siècle avant notre ère, et
Du moment en effet que la nature paraissait qui contribua beaucoup & la mettre à la mode.

ainsi remplie d'êtres animés,ayantdes sentiments, On appelle mythologie comparée une science
des désirs, des passions tout à fait analogues à spéciale qui s'occupe de rapprocher les traditions
ceux de l'homme, il était tout simple d'appliquer mythiques des diverses nations pour en rechercher
à leurs rapports apparents les analogies de la vie les traits communs et les origines, soit distinctes,
humaine. Ainsi l'aurore parait avant le soleil, qui soit identiques. Cette science a jeté de vives lu-
semble la Mursuivre,vouloir s'unir elle, et devant mières sur les originesC'est elle qui porté anté-historiques et les
lequel elle disparalt. L'aurore personnifiée fut parentés des àpeuples. a le
donc considérée comme l'amante, ou la fiancée, ou dernier coup l'évhémérisme en montrant que les
ta victime du soleil également personnifié. La noms de beaucoup de divinités grecques étaient
terre, stérile pendant l'hiver, se couvre de ver- déjà connus et cousins invoqués sur les bords de l'Indus
dure et de fleurs, lorsque le ciel redevient plus par les Aryas, le sud, germains des Grecs, mais
doux de là l'idée d'un mariage fécond du ciel se dirigeant vers tandis que les Grecs avan-
(Uranus, Saturne, Jupiter) et de la terre (Géa, çaient dans la direction de l'ouest; que ces noms
Cérès, Latone, Sémélé, etc.), et ce mythe est à la sanscrits ne sont pas autres que ceux qui dési-
base d'une quantité de mythologies. Cette pro- gnaient, dans la langue commune primitive des
pension à dramatiser ainsi les faits de l'ordre deux branches, le ciel, l'aurore, le soleil, la lune,
naturel étant, en Grèce surtout, le partage d'une le vent, les nuages, en un mot la plupart des
phénomènes personnifiés les noms des dieux
race éminemment imaginative et artistique, donna sous
lieu à ces innombrables récits où sont décrits les grecs. gauloise est encore très
rapports, les alliances, les parentés, les amours La vieille mythologie bien qu'on travaille à la faire sortir
et les rivalités des innombrables dieux et déesses mal connue,
de la religion grecque. de vingt siècles d'oubli. Elle a pourtant laissé des
C'est ce qui nous explique pourquoi l'on peut traces nombreuses, soit dans les superstitions de
attribuer à ces divinités tant de défauts ou d'actes nos campagnes (dames blanches, fées, lutins), soit
qui nous paraissent contraires à la perfection di- dans certaines légendes à la fois bouffonnes et tra-
vine. Les phénomènes de la nature ne sont ni giques comme celle de Gargantua (qui parait
été une personnincation du soleil dévorant,
moraux ni immoraux; mais si on les personnifie, avoir insatiable), soit enfin dans de poétiques récits,
si l'on dramatise leurs rapports apparents, ils peu-
vent très bien donner lieu à des représentations comme la légende dela lacélèbre Mélusine, qui devint le
d'un caractère blâmable. Par exemple Apollon est mythe d'origine de maison de Lusi-
ie soleil, les nuages rouges de son coucher sont gnan. On en trouve aussi d'intéressants débris dans
<les bœufs qu'il fait paltre le soir, Mercure est le les vieux contes de fées que Perrault a si agréa-
vent frais du crépuscule qui les chasse. L'imagi- blement contés et quiaisément ont charmé notre enfance.
nation mythique traduit immédiatement ce phéno- Comme on abuse de toute idée nou-
mène en disant que Mercure détourne les boeufs velle, on abusa aussi de la théorie des mythes en
d'Apollon, les lui vole et s'enfuit avec eux. voulant l'appliquer à tout et partout, au point de
Une fois cette forme mythique donnée aux phé- reléguer dans le domaine du mythe des person-
'nomenes de la nature, on comprend aisément nages et des événements parfaitementhistoriques.
qu'antérieurementà la naissance de la philosophie C'est à ce genre d'abus que répondit un spirituel
.€[ de toute science réfléchie, mais à l'époque où pamphlet bien connu
qui démontrait que, selon
les questions morales commençaient à se poser à cette théorie, Napoléon 11, n'avait jamais existé.
leur tour devant l'esprit humain, cette même forme A son tour l'auteur de cette démonstration mé-
ait servi d'expression à certaines vérités d'expé- connaissait qu'il ya des règles qui permettent de
rience pratique et donné lieu à ce second genre distinguer quand un récit est mythique et quand
de mythes, moins nombreux que le premier, mais il ne l'est pas. Il est clair qu'un événement ra-
non le moins remarquable ni le moins instructif, conté, un personnage décrit par des contempo-
qui incorpore une idée morale dans un récit, fictif rains ou par des historiens rapprochés de son
en réalité, mais tenu pour réel. Le plus célèbre temps, ne saurait être classé parmi les mythes,
de ces mythes, celui de Prométhée enchaîné et surtout quand ce qui nous en est dit, bien que
torturé sur un rocher pour avoir voulu le bien des surprenant ou rare, n'est en contradiction ni avec
hommes et leur avoir communiqué, avec l'art de les lois de la nature, ni avec les données de l'expé-
faire du feu, les moyens de la civilisation, est un rience commune. De plus on peut s'assurer de la
des plus tragiques, et il a inspiré l'un des chefs- réalité historique d'un fait allégué, si l'on est suf-
d'œuvre du drame grec (Trilogie d'Eschyle sur fisamment certain de ce qui le précède et de ce
ffOMd<e). qui le suit, et si l'on trouve que ce fait est la tran-
Lorsque dans l'antiquité elle-même les esprits sition logique et naturelle de ses antécédents à
plus éclairés ne purent ajouter foi comme aupara- ses conséquents. On voit tout de suite l'applica-
vant à tous ces naïfs récits mythologiques, il s'en tion que l'on peut faire de cette double règle à la
fallut bien que leur véritable origine fût reconnue personne et à l'histoire de Napoléon!
Mais quand le merveilleux du récit est en con- non populaire, celui par exemple du ~yE~ra?!<,
tradiction directe avec toute expérience, quand conception bizarre qui personnifie pourtant si bien
aucun document écrit, rapproché des événements la destinée lamentable du peuple juif à cette
racontés, ne nous permet de faire la part du réel époque. Bien des légendes locales sont de véri-
et dn légendaire, quand enfin il y a des raisons tablesmythes racontantla victoire du christianisme,
philologiques, ethnologiques, comparatives, pour entés souvent sur un mythe païen antérieur qui
appuyer l'hypothèse du caractère mythique de ce racontait la victoire des forces lumineuses et bien-
récit, rien ne serait plus arbitraire que de la re- faisantes sur les puissances des ténèbres. De nos
pousser sous le prétexte qu'on a quelquefois vu jours l'influence prépondérante des classes ins-
des mythes où il n'y en avait pas. truites empêche absolument les mythes de se
Il faut se rappeler enfin que le mythe est fils de constituer et de se répandre. Pourtant les éléments
l'imagination et du travail spontané, irréuéchi, de mythiques sont encore à l'état latent au fond des
l'esprit humain. Par conséquent il est étranger masses encore étrangères à la culture moderne
aux âges de réflexion et de travail méthodique. On on en voit quelquefois surgir comme des ébauches
voit la faculté de produire des mythes aller en di- ou des commencements, lorsqu'un personnage ou
minuant a mesure que les peuples s'instruisent un événement frappe vivement l'imagination po-
et s'éclairent. Du mythe, on passe à l'histoire pulaire, et )e tour d'esprit mythologique ne dis-
mythique, c'est-à-dire contenant des parties paraîtra tout à fait que le jour où l'instruction
mythiques mêlées à des parties historiques et publique aura partout répandu sa lumière.
allant toujours en diminuant. Au moyen âge il se
forma encore de véritables mythes dans la tradi- [Albert RéviIle.J

'N

NAPOLÉON (Nabulione,Napoleone).– Histoire maison, son caractère, son grade, si modeste qu'i?
générale, XXVI histoire de France, XXXII, fût, enfln la timidité de Joseph lui donnèrent l'idée
XXXVI. Ce nom appartient a l'histoire générale et presque le droit de jouer le rôle de chef de
au même titre que ceux d'Alexandre ou de César. famille.
Il rappelle un homme de guerre prodigieux dont La tâche était lourde Charles Bonaparte laissait
le monde ne cessera plus de parler avec un éton- huit enfants, et nulle fortune, sans autre protecteur
nement meié d'épouvante. qu'un vieil oncle, l'archidiacre Lucien. Est-ce à
Dans notre histoire, it désigne une dynastie im- cette préoccupation honorable, ou bien aux fantai-
périale, maintenant éteinte, après avoir fourni sies invincibles d'un caractère indisciplinable, qu'il
deux fois, depuis le début du siècle, des souve- faut dès lors attribuer l'irrégularité des états de
rains à la France, et l'avoir deux fois livrée vain- service du jeune ofBcier!'1
cue aux horreurs de l'invasion étrangère. M. Jung ne laisse aucun doute sur ce point
La légende bonapartiste compte quatre Napo- preuves en main, il montre qu'en congés réguliers
léons l'histoire, deuxseulement. Quanta ces deux ou non, Napoléon a passé hors du régiment 58 mois
pseudo-souverains que leurs partisans appellent sur 99 de grade. Dans toute autre circonstance, il
Napoléon H et Napoléon IV, ce furent de pauvres n'aurait eu d'autre alternative que la démission
enfants, dont la courte et tragique destinée, faite ou le conseil de guerre; mais de 1789 à H93 la dé-
pour éveiller la pitié, dévoile la fragilité des plus sorganisation des services militaires était si géné-
grandes fortunes politiques. rale que de telles irrégularités pouvaient passer.
inaperçues.
I. Moins Français que Corse, et moins attentif aux
événements terribles qui agitaient sa nouvelle
Le premier Napoléon est né à Ajaccio le 15 août patrie qu'aux querelles de ton clocher, c'est d'A-
1769. Selon M. lung, cette date serait fausse; et jaccio ou de Corte plutôt que de Paris que le
le but de cette falsification aurait été la nécessité jeune Napoléon se souciaitalors. Mêlé aux intrigues
de produire un acte de naissance conforme au fort ubscures qui au bout de deux ans flrent de
règlementd'entrée de l'Ecole militaire où Charles Paoli l'ennemi déclaré de la France, un jour même
Bonaparte désirait faire entrer son fils Napo- dénoncé comme traltre et fauteur de guerre civile,
léon. il fut enfin réduit à quitter la Corse avec sa famille
La maison était noble, et, paralt-il, d'une no- proscrite et ruinée.
blesse fort ancienne que Napoléon renia un instant Tout espoir de devenir nn héros corse étant
en 1793, mais qu'il prit soin plus tard de faire re- perdu pour Napoléon, il se rejeta avec ardeur vers
monter jusqu'à des temps fabuleux et a des ori- la France. LeSouperde Beaucairequ'il écrivit alors,
gines impériales (Comnènes). Charles Bonaparte et qui fit un certain bruit, fut un coup de mattre: la
s'était compromisdans le parti opposé à la France ferveur d'un dévouement aussi résolu aux idées
avec Paoli mais il avait su faire sa paix, et trouva révolutionnaires le désignait pour quelque com-
même le moyen de s'assurer la faveur de M. de mandement. La République avait besoin d'hommes
Marboeuf, gouverneur de 1 !Ie. d'action Toulon venait d'être livré à l'ennemi
En 1779, Napoléon entra à l'Ecole militaire de il fallait le reprendre au plus vite. La légende qui
Brienne. Là, comme dans sa famille, sa nature représente Bonaparte comme sauvant par un
ardente se révé!a c'était un enfant passionné, éclair de génie l'opération du siège compromisepar
opiniâtre ce fut un écoiier capricieux. A Brienne, l'ineptie des généraux, est une injure pour des su-
plus tard à Paris en f!84, il vécut solitaire et taci- périeurs auxquels Napoléon lui-même rendait jus-
turne, travaitié du mal du pays, du sentiment de tice. Sa conduite d'ailleurs avait été fort brillante
sa pauvreté, probablement ridicule par sa tour- et fut signalée à la Convention,qui le nomma gé-
nure, son accent étranger, son langage incorrect et néral de brigade en 1794 à l'armée d'Italie.
ses façons rudes. Le 9 thermidor eut un contre-coup terrible sur
Il venait de prendre rang au régiment de la la fortune des Bonaparte. Disgracié à cause de
Fère comme lieutenant en second quand son père ses dations avec les Robespierre, Napoléon subit
mourut (f!M). Quoiqu'il ne fut pas l'ainé de la une courte captivité de quinzejours, puis perdit son
commandement, refusa une compensation en Ven- rpour la colonisation de l'Egypte ou pour les tra-
déeet donna sa démission. vaux de son institut du Cat/'e, le sentiment do
Réfugié à Paris, fatiguant le ministère de ses tson impuissance l'envahit. Son devoir était de
mémoires,s'eiTorçant de ne point se faire perdre rrester avec ses troupes; son intérêt lui parut être
de vue et prêt à tout, il accepta au 13 vendémiaire (de revenir en France il partit donc, sans ordre,
le soin de combattre la réaction royaliste. jjurant qu'il allait ramener un renfort.
Sa victoire du parvis de Saint-Hochlui valut le Le 9 octobre it débarquait; le 16 octobre il en-
grade de général de division, avec le commande- 1trait à Paris, )e 9 novembre il frappait son coup
chef de l'armée de l'intérieur. C'était le d'Etat du 18 brumaire, et, prenant en mains la
ment en (
suprême des affaires militaires, de la
temps du Directoire; et comme l'avait prédit direction gouvernement intérieur, il ré-
Duport en 1791, le moment approchait où « la Ré- diplomatie et duglorieux généraux de la Révolu-
volution ferait naufrage sur l'écueil du )n:H<a- duisait les plus
t-:SMt(?."p tion au rôle de simples lieutenants.
En face d'un gouvernement justement décrié « On avait vu tant de coup d'Etats
qu'on s'était
au milieu habitué à les juger moins par leur moralité que
pour ses tripotages et ses faiblesses, de fin- d'après leurs suites.
d'une société ivre de repos après le péril »
vasion, il eût été vraiment prodigieux qu'un géné- Au 18 brumaire, Bonaparte eut pour lui la con-
ral n'eût pas la tentation de profiter de sa répu- nivence d'une majorité désenchantée de la liberté
tation pour saisir le pouvoir, sauver l'ordre, et incapable de prévoir que le régime nouveau
comme on dit en pareille
fortune sur quelque aventure,
occurrence, et
dont
fonder
l'illégalité]
sa
amènerait
plus grands
fatalement
que ceux
le
qu'il
retour
venait
de maux
réparer.
encore

pourrait être atténuée par l'impopularité même Ce régime, c'était la monarchie, en dépit de
du gouvernement au détriment duquel elle seraitl'illusion républicaine quechargé le partage apparent du
d'entretenir. La
commise. pouvoir consulaire était
Cette tentation, Bonaparte l'eut, et la satisfit préambule de la constitution de l'an VIII disait
ici le « La Révolution est fixée aux principes qui l'ont
au 18 brumaire. Il n'y a pas lieu de retracer commencée,elle finie.
détail des deux grands événements sur lesquels il est »
avait fondé sa réputation militaire, en supplantant Cette assertion souleva bien quelques opposi-
dans l'opinion publique des compagnons d'armes tions mais, fort des 4 millions de suffrages obte-
aussi méritants et plus anciens que lui. Tout le nus lors du plébiscite, servi par une police vi-
monde sait la campagne d'Italie de 1796 et la goureuse, entouré de fonctionnaires choisis par
lui à tous les degrés, le premier consul poursui-
campagne d'Egypte.
En 1796, le Directoire, tout en ordonnant un vit son œuvre.
débarquement en Irlande, jetait trois armées Désintéressée ou non, elle fut évidemment fé-
sur la route de Vienne. La petiteAlpes armée d'Italie conde et habile.
fit merveille sous Bonaparte les tournées Il réconcilia la France avec la cour de Rome, au
en avril, la cour de Turin contrainteà la paix, Mi- moyenplus d'un nouveau Concordat établi sur des
lan occupé, la Lombardie conquise et pacifiée, l'A- bases conformesà notre droit public; il rou-
dige franchi, les Autrichiens rejetés dans le Tyrol, vrit les églises au culte, mais sans rendre au
le pape et les petits princes de l'Emilie admis à clergé ni ses biens, ni son indépendance; il donna.
traiter, la cour de Naples dédaignée, l'Autriche enfin une sanction éclatante au principe d'égalité
quatre fois revenant à la charge pour sauver Man- proclamé en 1789, dans le Code civil des Ft'anfa~.
toue des coups de Bonaparte, et quatre fois battue Mais end'Honneur, même temps il fondait, sous le nom da
en août, septembre, novembre 1196, et janvier Légion un système de distinctions qui,
1797 à Lonato, Roveredo, Arcole, Rivoli; puis peu à peu, devait accoutumer le pays au rétablis- it
Bonaparte courant sur Vienne malgré l'archiduc sement d'une hiérarchie sociale sans laquelle soutenir
Charles, arrivant au Semmering, et signant comme est à peu près impossible de fonder et de
il avait combattu, sans ordre ou malgré les ordres une monarchie.
reçus, d'abord un armistice à Léoben, puis la paix De même, les cadres si souvent admirés de no-
à Campo Formio (17 oct. 1797), et sacrifiant Venise tre administration publique, qui servirent d'abord
d'un trait de plume. au rétablissement rapide de l'ordre, se prêtèrent
Bonaparte s'était révélé tout entier art d'en- un peu plus tard, avec une commodité bien dange-
flammer les troupes, d'improviser des ressources, reuse, à la constitution du gouvernement le plus
d'enfler ses moindres succès, de traiter les affai- despotique qui ait jamais asservi un peuple libre
res et les hommes avec cette brusque impétuo- et De vainqueur.
sité qui paralyse l'effort de l'ennemi, coupe court tous les services rendus au pays par le gou-
à toute objection et colore d'un éclair de génie vernement consulaire, le plus sensible fut la paix
les actions les plus imprudentes ou les caprices avec l'Autriche et l'Angleterre. Après quelques
les plus injustes. ouverturesmal reçues, la campagne de 1800, illus.
Au retour, qui fut triomphal, le Directoire se trée par la victoire de BonaparteHohenlinden à Marengo
sentit gêné en face de son impérieux général, en qui (t4 juin) et par celle de Moreau à
il lui était facile de reconnaitre moins un servi- ~décembre), aboutit à la paix de Lunéville alliés.
(février
teur qu'un rival. Il écouta donc avec faveur la tSO~), qui laissait l'Angleterre sans
singulière proposition que fit Bonaparte de porter Bonaparte voulait la contraindre à traiter. Les
]a guerre en Egypte pour réduire à la paix l'An- malheurs de l'armée d'Egypte pesaient en effet
gleterre inexpugnable chez elle. sur lui comme un remords car il n'avait pu faire
Tout fut préparé dans le secret rien ne fut parvenir ni un renfort, ni l'escadre nécessaire au
épargné, et l'expédition, partie en mai H98, dé- rapatriement, et les glorieux débris de cette ar-
buta merveilleusement Malte enlevée aux Che- mée venaient de capituler à Alexandrie et au.
valiers, puis Alexandrie et le Caire aux Mameluks Caire (mai-août )801).
après une victoire au pied des Pyramides de Gizeh Successivement il essaya de nouer contre l'An-
(2t juillet). gleterre deux coalitions maritimes celle du Nord
Cependant le désastre d'Aboukir isolait l'armée échoua par la mort de Paul 1" de Russie (mars) et
t80));
de Bonaparte deux armées turques vinrent l'atta- par la capitulation de Copenhague (avril
quer dans sa conquête; il les battit au mont Tha- mais celle du Sud aboutit, après la chute de Pitt,
bor, à Aboukir (1799). Mais il avait échoué en à la paix d'Amiens (25 mars 1802).
h\rié devant Saint-Jean-d'Acre, et la route des Di~ne des deux grandes nations qu'elle récon-
Indes restait fermée. Dès lors, et malgré son zèle ciliait, et féconde, si elle pouvait durer, en résut*
tats que Fox et Bonaparte se plaisaient à escomp- L'Autriche, la Russie, la Suède, Naples, irritées
ter, cette paix fut malheureusementrompue au de la constitution du royaume d'Italie par Napo-
bout d'un an, le 17 mai ~803. léon et de l'annexion de Gène: à la France (mars-
Pendant cet intervalle, la France avait réglé juin t80&), avaient signé une alliance (9 août). L'em-
souverainementle sort de l'Italie, annexé le Pié- pereur, devançant t'attaque et prévenant la jonc-
mont, créé le royaume d'Etrurie, )a répnbtique du tion de ses ennemis, passe le Rhin, manœuvre par
Valais. Bonaparte était intervenu en Suisse pour le Mein et le Neckar, coupe tes Autrichiens de la
<;réer sous le nom d'acte ~e médiation une consti- route de Vienne, tes fait capituler à Ulm (20 oct.).
tution fédérale, et en Allemagne pour régler le et court au-devant des Russes. Avant son entrée
grand débat excité par la question des ~<*UMrtM- dans Vienne (13 nov.), il avait appris la destrnc-
<M?M. Enfin le rachat de la Louisiane et l'expédi- tion de sa flotte par Nelson à Trafalgar (tt oct.).
tion contre les nègres révoltés de Saint-Domingue Il la venge par sa victoire d'Austerlitz (2 dcc.),
attestaient son dessein d'étendre partout l'action suivie de la paix de Presbourg qui coûte a l'Au-
de la France, déjà prépondérante sur le conti- triche Venise et son territoire.
nent. De plus, en se retirant, Napoléon bouleversa
Cette haute situation de notre pays, un désac- l'Allemagne du sud-ouest au profit de ses trois
cord survenu à propos de Malte et de l'Egypte, allies, la Bavière, Bade et le Wurtemberg. En face
d'imprudentes paroles dans les deux pays, rame- de la Confédératicn du Rhin, placée sous le pro-
nèrent la guerre. tectorat de la France, l'Autriche dut abdiquer le
Cette fois. la paix dn monde allait être troublée titre impérial en Allemagne (12 juillet 1806). D'au-
pour plus de douze ans 1 S'il y a injustice à pré- tre part Naples et Amsterdam étaient devenues ca-
tendre que cette rupture de la paix doit être im- pitales de deux Bonapartes., Joseph et Louis toute
putée à Bonaparte seul, la suite de l'histoire une première série d'Etats feudataires s'implantait
prouve surabondamment qu'il fut plus d'une fois sur l'Europe occidentale, sans qu'il y eût profit ou
le maître d'abréger la durée ou de restreindre les nécessite pour la France. A ce système d'annexions
proportions de la guerre. ou d'appendices, uniquementinspiré par la vanité,
Ce n'est plus, dès lors, en magistratresponsable, Napoléon se flattait d'avoir assuré l'appui de l'Es-
investi d'un pouvoir limité, qu'il use du droit de pagne et de la Prusse.
guerre ou de paix, mais en souverain, fondateur Or, au milieu de négociations trompeuses avec
de dynastie, et qui subordonne les intérêts du l'Angleterre, l'empereur fut surpris par une qua-
pays aux calculs sensés ou non d'une politique trième coalition. Sans consulter ses forces, et
toute personnelle. convaincuequ'elle servait de jouet à Napoléon, la
Quelques efforts que l'on fasse, la politique Prusse déclarait la guerre (H oct.), s'appuyant d'une
napoléonienne ne peut donner le change à l'his- part sur l'Angleterre, de l'autre sur la Russie qui
toire. Malgré la solennité des déclarations de n'avait pas traité en 1805.
Napoléon, s'il aime la France, c'est parce qu'elle Sans tenir compte de la mauvaise humeur de
met à la disposition de ses fantaisies impériales des l'Espagne fatiguée d'une alliance exigeante et com-
ressources que sa passion de gloire et de con- promettante, Napoléon marcha sur l'Elbe par le
quêtes aime à croire inépuisables. La France n'est Mein. En un mois la monarchie prussienne fut
qu'un moyen d'action le but, c'est la grandeur de détruite (batailles d'Iéna et d'Auerstœdt, octobre
Napoléon, empereur, roi des rois, remaniant l'Eu- 1806); les Russes furent devancés dans la Polo-
rope, faisant et défaisant des rois, des princes, des gne, que notre approche enflamma d'espérances
nobles, rendant la France solidaire des haines bientôt déçues (déc. 1806).
qu'il excite, ripostant à d'utiles conseils par l'in- Ici la victoire fut plus lente et plus difficile les
jure, et quand la défaite vient avec l'épuisement, boues de la région polonaise, la rigueur de l'hi-
ne sachant encore accuser que les hommes ou ver, la résistance de Dantzig, l'équivoque bataUte
les éléments, puis tombant sans autres remords d'Eylau (7-8 fév. 1807) donnèrent à réuéehir aNapo-
que l'échec. léon. Il sentit la nécessité d'une grande alliance;
C'est en t8M, !e 18 mai, qu'un sénatus-consulte, et par force ou par caprice, plus que par préfé-
auivi d'un plébiscite (6 nov.), rétablit le régime mo- rence calculée, après la bataille de Friedland
narchique au profit de Bonaparte. Déjà., prévenant (14 juin), il acheta l'alliance russe au traité de Til-
ou satisfaisant ses secrets désirs, en l'an X on lui sitt, dont la Prusse, la Pologne et l'Allemagne
avait décerné de la même façon une dictature vé- firent tous les frais une nouvelle fournée de rois
ritable sons le nom de consulat à vie (3 août et de princes fut faite fJérôme Bonaparte, roi de
1802). Westphalie, le roi de Saxe, grand-duc de Varso-
Le nom d'empereurfaisait meilleur effet, et vie, etc.) après quoi, Napoléon revint à son idée
rehausser l'éclat de sa couronne, Napoléonpour I" fixe, la guerre avec l'Angleterre.
n'épargna aucune des coûteuses fantaisies de ce De Berlin, le décret du blocus continental
qu'on appelle une cour. La complaisance intéres ()1 nov. 1806) avait répondu aux violences de
<ée des pouvoirs publics et des personnages tes l'amirauté anglaise contre nos marchands ou nos
plus illustres assura le succès de cette parodie de alliés. Napoléon voulait empêcher l'Angleterre dn
l'ancien régime et bientôt même le pape vint en trouver nulle part en Europe un débouché pour
personne, à Paris, donner le sacre à cette majesté ses marchandises. Pour que cette politique sau-
sortie de la Révolution. vage aboutit, il fallait deux choses & la France
Il faut rendre cette justice à Napoléon qu'il n'a- une marine qui pût tenir la mer et assurer à l'Eu-
"ait pas rêvé l'empire pour s'endormirau pouvoir. rope son approvisionnementde denrées coloniales
Prétudant par l'occupation dn Hanovre à son à l'Europe une résignation absolue à toutes les
projet de descente en Angleterre, il eût voulu exigences d'une politique qui ne permettait plus
prendre corps à corps sa grande ennemie. De à personne de garder la neutralité.
juillet 1801 au mois d'août 18U5, quatre tentatives En effet, résolus ou contraints à ne plus admet-
furent faites par la marine française mais la mort tre qu'il y eût des neutres entre eux. Napoléon Ht
de Latouche Tréville, celle de Bruix, les tempêtes, Canning saisirent ou atteignirenttout ce qui était
-enfin l'incapacité de Villeneuve firent avorter le à leur portée ou à leur convenance. Le bombarde-
dessein. Le camp de Boulogne fut levé, et comme ment de Copenhague inaugura cette époque de
l'Angleterre avait trouvé le moyen de former sur terreur en Europe (août 1807).
le continent une troisième coalition, Napoléon Au tsar, avec l'assentiment de Napoléon, la
courut sur le Rhin chercher une revanche écla- Finlande à défaut des provinces danubiennes qu'on
tante. lui laisse espérer aux Anglais, la mer et les
colonies laissées sans défense; à Napoléon, tout il semblait l'avoir désirée. Pendant une année,
ce qu'il peut atteindre: les ports de l'Adriatique, il fit ses préparatifs, levant dans toute l'Europe
la Toscane, le Portugal ('H oct. 1807), Flessingue, des contingents nombreux, mais peu sûrs puis
Wesel (1808), enfin l'Espagne. Prise depuis n95, quand tout fut prêt, il franchit le Niémen f24 mai
sinon malgré elle, du moins au delà de sa volonté 1812), sans se soucier de la Suède qu'il avait
et de ses intérêts, dans notre alliance contre l'An- irritée, ni de l'Espagne. Par Wilna, Smolensk,
gleterre, et visiblement lasse depuis 1806, l'Espa- au prix d'une seule bataille à Borodino, sur la
gne fut indignement trompée en 1808, à l'entrevue Moskowa (7 sept.), il arrive à Moscou.
de Bayonne, où, sous prétexte d'interposer entre Mais la paix qu'il est venu chercher fuit devant
Charles IV et son fils Ferdinand une médiation lui, et un mois plus tard, quand l'heure de la
amicale, Napoléon retint les deux rois prisonniers, retraite arrive, l'hiver tombe si rudement sur la
et, de sa seule autorité, donna aux Espagnols pour grande armée que, lorsqu'elle repasse le Nié-
in-
roi son propre frère, Joseph. men, le 30 décembre, ce n'est plus qu'une
L'injure fut vivement sentie, et si terrible que forme et lamentable cohue d'hommes débandés,
fût Napoléon, le peuple espagnol entreprit de lui estropiés par le froid, sans canons, sans bagages
résister énergiquement. et sans chef car Napoléon a pris les devants, et
Cette guerre fut l'écueil où se brisa la fortune de comme lui, Murat a déserté, sentant chanceler
Napoléon. Engagée d'une façon immorale, mal son trône de Naples.
conduite avec des contingents insuffisants et dis- Tout autre se serait rendu à l'évidence et se fût
persés, aggravée par des jalousies d'état-major, résigné à traiter. Mais Napoléon, incorrigible,.
elle aboutit en 1814 à l'invasion de la France (V. ne voulut voir dans cet effroyable désastre qu'une
Guerre d'Espagne.) surprise de l'hiver dont le printemps devait le
L'Europe hostile ou sujette, n'avait pas venger. Sans écouter les plaintes de la France,
assisté inerte à cette lutte d'un peuple sans ar- sans considérer les dispositions inquiétantes de
mée régulière contre l'empereur ou ses lieute- l'Europe, il leva de nouvelles troupes, substitua à
nants. Dès 1809, en effet, créant une diversion la vieille garde presque anéantie une jeune garde
favorable à l'Espagne, l'Autriche avait repris les héroique encore, et reparut sur la Saale et
armes. l'Elbe pour rallier les débris de la grande armée
Cette cinquième coalition a été définie « l'al- ramenés par le prince Eugène de Beauharnais,
liance des dynasties, des peuples, du sacerdoce et toujours fidèle et dévoué, malgré l'injure faite à
du commerce contre Napoléon o ceci sera plus sa mère, l'impératrice Joséphine.
vrai de la sixième, car en 1809, l'Autriche fut seule Une dernière fois la victoire sourit à Napoléon,
à soutenir le choc. Elle fut vaincue encore, soit en mais à quel prix t Les victoires de Lützen et de
Bavière(batailles d'Abensberg,Landshut,Eckmühl, Bautzen lui coûtaient une armée (mai 1813).
Ratisbonne en avril), soit auprès de Vienne, La paix lui fut offerte, à des conditions si ho-
mais non sans avoir tenu la fortune indécise pen- norables qu'il fallait être insensé pour s'y refuser.
dant les six semaines qui séparèrent les deux On comprend dès lors que pour éviter de porter
batailles d'Essling (22 mai) et de Wagram (6 juil- cette lourde responsabilité, Napoléon ait essayé
let). Réduite à signer la paix, puisque personne de travestir toutes les ouvertures qui lui furent
n'entrait en ligne et que les Anglais venaient faites en autant de manœuvres déloyales desti-
d'échouer sur Anvers et sur Madrid, elle fut en- nées à masquer la trahison de l'Autriche. La
core démembrée par le traité de Vienne (14 oct.). publication des papiers de Metternict a jeté un
Napoléonavait eu un moment de grande inquié- peu de lumière sur cet entêtement meurtrier
tude dans l'ile Lobau, quand le pape s'était en- de Napoléon qui,ne pouvant se résigner à ne plus
hardi jusqu'à lancer contre lui une excommuni- paraltre dicter la paix au monde, rompit l'ar-
cation, motivée par des violences politiques ou mistice de Pleswitz, rendit inutiles les conférences
par l'apreté des débats relatifs aux Articles orga- de Prague et reprit les armes.
M</MM. Pour détruire les espérances de ceux qui Du 16 au 19 octobre fut jouée et perdue autour
l'avaient cru battu, et pour accroltre les effets de de Leipzig la partie décisive. On l'a nommée avec
sa victoire, Napoléon poussa alors ses annexions, raison la Bataille des nations. La Prusse était
au nord jusqu'à Lubeck, au centre jusqu'au Sim- vengée, l'Allemagne délivrée. La revanche com-
plon, au sud jusqu'à Rome (1809-1810). Peuples, mençait pour nos ennemis.
rois, pape, femme, frères, sa volonté, sa police, Ce fut à grand'peine que Napoléon put attein-
ses armées ne ménageaient plus personne garni- dre la frontière de France, c'est-à-dire le Rhin,
sons partout; pape
le enlevé et prisonnier, l'im- laissant en Allemagne plus de tOOO~O hommes de
poratrice Joséphine répudiée, le roi Louis de bonnes troupes dispersés en garnisons inutiles,
Hollande détrôné, etc., etc. tandis que, pour faire face à l'invasion qu'il fal-
Bientôt la splendeur de son mariage nouveau lait prévoir, il n'avait que des invalides ou des
avec la fille de l'empereur d'Autriche (1" avril recrues.
1810) parut ajouter à sa puissance un nouvel éclat Les trois souverains, vainqueurs à Leipzig,
et le 20 mars 1811, la naissance de celui qu'il pro- déclarèrent que, puisque Napoléon était le seul
clama pompeusement roi de Rome mit le comble obstacle à la paix du monde, leur devoir était de
à la fortune du soldat parvenu il y avait dès lors l'anéantir ou de lui imposer un traité. Dans ces
une dynastie napoléonienne! conditions, ils lui firent parvenir de Francfort un
Maître d'un empire de 131 départements et de projet de traité sur la base de celui de Lunéville
69 millions d'habitants, roi d'Italie, protecteur de puis, n'ayant pas reçu de réponse en temps utile,
la confédération du Rhin et de la Suisse, suze- ils lancèrent une proclamation à la France, ren-
rain des rois de Naples, d'Espagne, de Westpha- voyant la responsabilité de la guerre à l'implaca-
lie et des grands feudataires, entouré d'une haute ble ennemi du repos de tous.
noblesse qu'il a créée, plus obéi, plus riche et Ceci fait, trouvant le Rhin dégarni de troupes, ils
plus fort que ne le fut jamais Louis XIV, gendre le franchirent; l'Alsace ne fut pas défendue; la
do l'empereur d'Autriche, patron des rois de Lorraine ne le fut qu'à peine. C'est à Chatons sur-
Saxe, Bavière et Wurtemberg, allié du tsar et des Marne que les maréchaux eurent l'ordre de M con-
rois de Danemark, de Suède, il se trouva si haut centrer autour de Napoléon.
ptacé que la tête acheva de lui tourner. Le 25 janvier 1814 commence ce qu'on a appelé
Cependant, dès le 10 avril 1810, le tsar rompait la campagne de France. Après une jonction que
le blocus continental. L'infatuation était alors telle l'empereur ne put empêcher (1" février), B!(icher
chez Napoléon que, loin de redouter cette guerre. et Schwartzecberg se séparèrent pour marcher
sur Paris par la Marne et par la Seine, aûn de di- prises pour un ordre pressant de venir délivrer Is
viser les forces de Napoléon. France du joug des Bourbons, lui donnèrent la
Avec une admirable rapidité, l'empereur court fatale idée de tenter une restauration.
eur Blücher, et du 10 au 14 février t'écrase et le Son imagination voyait déjà la France éclatant
réduit de moitié à Champaubert, Château-Thierry, en bravos, l'aigle volant de clocher en clocher jus-
Montmirail et Vauxchamps. Se tournant aussitôt qu'aux tours de Notre-Dame,l'Europe accepta te
contre Schwartzenberg,il le bat, essaie de ie couper fait accompli au prix de promesses pacifiques, et
à Montereau, et rentre vainqueur dans Troyes. Ce- la dynastie des Napoléon sauvée du naufrage)
pendant un congrès s'était ouvert à Châtillon-sur- Hélas cette lugubre folie s'appelle les Cent jours.
Seine, sous la direction de lord Castlereagh, offrant De mars à juin 1815, Napo!éon s'est donné la
cette fois & la France tes frontières de f?92 et satisfaction de remplir encore une fois le monde
l'alliance de Chaumontassignait te 20 mars comme du bruit de son nom.
dernier délai à Napoléon avec qui la coalition re- H débarque au golfe Juan le t" mars tS)~. Dé-
fuserait à l'avenir de traiter. Les hostilités ne s'é robant sa marche à travers la montagne, il arrive
taient pas interrompues.Malheureuses avec Soult le 8 à Grenoble, le 12 à Lyon et comme son parti
il
aux Pyrénées, avec Augereau dans la vailée du se grossit, fait acte de souverain dès lors, dis-
Rhône, elles le devinrent dans la vattée de la sout les Chambres, convoque les collèges électo-
Seine, quand Blucber, opérant entre la Marne et raux, et poursuivant sa marche, embrasse le 7 &à
l'Aisne, eut réussi à donner la main à l'armée du Auxerre Ney venu pour l'arrêter. Le 20 il est IL
nord après la capitulation de Soissons et les com- Paris, et cet étourdissant voyage s'est accompli
bats de Craonne, de Laon (7, 10 mars). sans que la royauté des Bourbons ait rien su ou
Napoléon sentait approcher l'heure suprême. pu faire pour l'arrêter.
Son activité était redevenue prodigieuse ses res- «Jesuistalibertéetlapaix."disaitNapotéon
sources étaient nulles. 11 appelait le peuple aux voulant rassurer d'un coup la France et l'Europe.
armes; il essayait d'exalter le patriotisme; mais Mais le moyen de se faire croire lui manquait. La
comme il en avait tari la source, le pays épuisé liberté, ne l'avait-il pas traitée pendant quinze ans
n'opéra pas cette levée en masse que l'empereur comme une ennemie de sa gtoire? Après l'avoir
espérait et qu'en d'autres temps la haine de l'in- outragée au t< brumaire, quelle place lui avait-il
vasion et l'enthousiasme pour la République faite dans ses conseils? Cependant, comme il ne
avaient réussi à provoquer. pouvait pas faire moins que les Bourbons eux-
Tentant sur les derrières de l'ennemi une ma- mêmes, il substitua à la Charte de )Kt4 un ~c/t
nœuvre désespérée, Napoléon découvrit Paris. additionnel au.coHS/!<M<o~M de CEmpire,dont les
Le 31 mars, presque sans bataille, après quelques principes étaient ceux d'un gouvernement vrai-
heures de vive fusillade, les alliés y entrèrent, ment libéral, mais dont le titre dép)nt à tous ceux
au milieu d'une population anéantie de surprise à qui le régime impérial avait laissé de si tristes
et désarmée. souvenirs. Publié le "4 mai, sous forme de décret,
Le gouvernement avait fui sur la Loire Napo- et solennellement adopté au Champ de mai du
léon, revenu en hâte, campait dans Fontainebleau. t" juin, cet acte de réconciliation de Napoléon
Alors on vit quel néant laissait derrière lui le ré- avec la liberté était au fond peu sincère. L'arti-
gime impérial. Le pays qu'il avait ruiné d'hommes cle 67, qui interdisait au peuple français le rap-
et déshabitué des discussions politiques ne fut pas pel des Bourbons, dévnilait les préoccupations
consulté. auxquelles avait obéi l'empereur. Or l'intrigue
Trois éléments seuls concoururent a t'œuvre de s'agitait déjà pour ménager cette restauration; et
la déchéance de Napotéon, et le silence du pays le ministre Fouché s'y mutait sans trop de se-
ratifia cette sentence prononcée par le sénat, à cret. En somme, la Franco restait défiante, et
la requête du tsar Alexandre et au profit des rois l'enthousiasme ne la gagnait pas. En Vendée, à
Bourbons, qui suivaient de si près les alliés qu'on Bordeaux, à Toulouse la réaction royaliste avait
a pu dire qu'ils étaient rentrés dans leurs four- éctaté.
gons. Quant à l'Europe, elle avait retiré ses ambassa-
Talleyrand, confident disgracié de Napoléon, et deurs dès le 22 mars, puis refusé de recevoir ceux
personnellementtié au tsar, conduisit cette courte de Napoléon (30) et par deux fois le 25 mars, le
campagne. Le 2 avril la déchéance est votée au l.i mai, le mettant au ban des nations, elle
Sénat le 3 elle est ratifiée par le Corps législatif; avait préparé ses armées. Un million d hommes
et le 4 un gouvernement provisoire de cinq mem- allait être levé contre nous c'était la guerre à
bres tance une proclamation annonçant ce fait à la mort.
France et au monde. Napoléon, qui s'était hâté d'appeler Carnot au
Cependant Napoléon,tiraillé entre la colère et ministère, ouvrit les Chambres le 7 juin, confia a
('impuissance, rêvant de folles aventures, accu- ses ministres le soin de présenter un rapport sur
sait son entourage de trahison, se refusait à l'é- la situation, et courut à la frontière i) eût voulu
vidence d'une situation si nette.Il essayait'de du moins épargner à la France 1 horreur de l'in-
sauvegarder au moins les droits de son fils, et vasion. De plus. il comptait surprendre ses enne-
n'abdiquaitquesous cette réserve. MaisieC* corps, mis en voie de formation. Ce fut vite fait de ces
<~ni lui servait d'avant-garde, et que commandait dernières ressources amassées à grand'peine.
Marmont, ayant fait défection, l'abdication pure et Passage de la Sambre, bataille de Ligny et def
simple fut signée le 6 avril. Le sort du vaincu fut Quatre Bras, enfin bataille de Waterloo (18 juin)
.régie avec générosité on lui assignait un domaine, en cinq jours tout était fini Vingt jours plus tard,
un revenu; un lui laissait une garde. Il partit. A le 8 juillet 1815, Louis XVHI se réinstallait aux
ia poétique et légendaire scène des adieux de Tuileries. S'échappant sur le soir du champ de
Fontainebleau, s'oppose la longue série des malé- bataille où il n'avait pu trouver la mort. Napo-
dictions et des menaces qui, dans ie voyage de léon avait du 20 au 2H juin tenté de retenir le pou-
Fontainebleau à l'ile d'Elbe, vinrent troubler les voir. Encore une fois la pensée d'un coup d'Etat
sombres méditations et mettre môme une fois en hanta son esprit; mais, avertie par Fouetté, la
uéril la vie du maitre déchu. Chambre prit les devants. Contraint à signer un
L'ennui, le dépit, la crainte d'être enlevé, le acte d'abdication qu'il ne consentait que sous
remords, le spectacle des avides compétitions dont réserve des droits de son fils (22 juin), quittant
le partage de ses dépouilles était l'objet au congrès Paris le 25, la Malmaison le 29 au moment où
de Vienne, l'invincible conviction que tout n'était Fouché s'abouchait avec M. de Yitrolles et avec
fas perdu, enfin quelques flâneuses consolations Wellingtou pour précipiter, en dehors et en dépit
de ses collègues du gouvernement provisoire, la. dispose seul, sans contrôle la dette flottante, il la
restauration des Bourbons, Napoléonvint à Roche- liquide d'un trait de plume par la consolidation eu
fort. Ne pouvant échapper à la surveillance des bloc de l'arriéré (1813) la Banque de France lui
croiseurs anglais, il prit le parti de se remettre avance en quatorze ans 880 millions; enfin la sai-
Ma générosité de l'Angleterre (15 juillet). Mal lui sie des biens communaux lui fournit de nouvelles
en prit car, s'il faut écarter la légende des tor- ressources. Quand il fallut faire le bilan de l'em- 41.

tures de toute sorte méchamment multipliées par pire au 1 avril 1814, le chiffre de la dette ins-
crite n'était que de 63 millions de rentes mais un
sir Hudson Lowe, on peut sans peine imaginer
quel long et rude supplice fut pour Napoléon an plus tard, après les Cent jours, la dette était
déchu l'oisiveté dans la solitude effroyablede Sainte- accrue de plus de 1,500 millions 1
Hélène. n y mourut le 5 mai 182t, et ses restes D'ailleurs, au milieu de ces batailles à peine
n'ont été ramenés en France que le 15 décembre interrompues, la France souffrait. Malgré les ad-
1S40 par les soins du gouvernement de Louis- mirables découvertes de cette époque, et les tra-
Philippe. vaux de ceux qu'il appelait, dans un jour de bon
Ainsi finit l'homme extraordinaire dont l'histoire sens, ses y<'at!(h <!eM<e"uM~ pour /a bonne guerre,
commence à pouvoir être écrite, et dont la puis- Chaptal, Berthollet, Fourcroy, Ternaux, Ober-
sante originalité impose à tout patriote plus d'ef- kampf, Richard et Lenoir, Bréguet, etc., le rap-
froi que d'admiration. port de Montalivet (IStU) constatait la gêne. L'abus
Le pouvoir de Napoléon reposait sur le prestige des conscriptions, le blocus avaient désolé les cam-
qui s'attache aux noms glorieux, sur la recon- pagnes, enrayé le commerce. Parpour contre l'indus-
,naissance due aux services rendus, mais aussi sur trie, sollicitée de se développer suffire aux
Comme il était le fils de la Révo- besoins du pays et profiter de l'éloignement mo-
une équivoque. croyait le continuateur on voyait mentané des concurrents anglais, avaitaccomplide
lution, on l'en
en lui l'incarnation de la France nouveUe. Certes réets progrès. Mais la disette sévissait,dans cette
l'histoire a le droit de lui demander des comptes même année 1810 où tout semblait promettre iL
'sévères car jamais il n'en rendit au pays qui l'empire la gloire et la durée.
s'était livré à lui avec cette imprudence assez Dans l'ordre matériel,l'activité d'immenses et impérissa-
bles travaux attestent excitée par l'em-
commune aux nations héroïques. Mais dans l'ordre moral, quelle stérilité 1
Dans l'ordre politique, la constitution impériale pereur.
de l'an XII revenait au vieux principe de la trans- quelle inquiète surveillance L'armée, cette pépi-
mission héréditaire du pouvoir. Sous le nom de nière de citoyens, était devenue moins nationale
majorats et de substitutions, le droit d'aînesse qu'impériale. La conscription devint odieuse, et il
'reparaissait dans notre droit civil en faveur de fallut une véritable armée pour traquer les déser-
la noblesse impériale. Les dotations, les sénatore- teurs. Mais on ne put étouffer « le cri des mères. »
ries, le maréchalat, la création de grands digni- Pour suffire aux besoins mais de la guerre, on leva
,taires, l'organisation d'une cour que le maître des contingents étrangers, ils donnèrentplus
,voulut très luxueuse, reconstituèrent et cette tra- d'inquiétude que de secours; enfin on mobilisa la
~dition servile de l'étiquette où les caractères s'a- garde nationale; mais on se défiait tant de cette
inoliidrissetit, et cette tradition de prodigalité, si force vive, que Paris assiégé manqua d'armes ou
dangereuse peut la fortune publique. L'Acte addi- de poudre pour se défendre en 1814 1
tionnel, qui maintint la pairie héréditaire, et les On avait tracé pour l'instruction publique en
décrets de Lyon du 12 mars 1815, témoignèrent 1808 un cadre splendide; mais si l'Université im-
périale, docile et menée régiment,
que jusqu'au dernier jour Napoléon resta eutiché anti- des élèves
comme un
lycées, et des étu-
de ce système de distinctions absolument trouva pour ses
démocratiques. diants pour ses facultés, le gouvernement semble
Assisté de douze ministres, parmi lesquels s'être peu soucié de peupler les écoles primaires.
quatre seulement ont eu un instant d'influence Dans l'ordre littéraire, pauvreté absolue l'Ins-
(Talleyrand jusqu'en 1808, Fouctie jusqu'en 18)0, titut trouve des candidats pour ses prix décen-
,Cambacérès et Maret), il garda jusqu'au dernier naux mais l'historien littéraire ne peut qu'indi-
i moment la passion de connaître le détail de toutes quer les désastreux effets de la censure implacable
~les affaires. On eût dit que l'administration le re- et de la presse officielle. C'est seulement dans
posait des soucis de la guerre. Le Conseil d'Etat, les rangs de l'opposition littéraire, et parmi ces
'qui dans sa pensée devait être une pépinière d'ad- idéologues que la police impériale traquait par-
illustres
,ministrateurs, rendit en quatorze ans plus de tout, qu'il faut chercher des noms
soixante mille décisions. Les trois codes de Chateaubriand, M°" de Staël, Royer-Collard, de
procédure civile, de commerce, d'instruction cri- Maistre, etc. La science et l'art,domaine naturellement
minelle et le Code pénal furent publiés. Quant au moins redoutables, puisque leur ne con-
Sénat, ce fut la cheville ouvrière du gouvernement. fine pas à la politique, eurent une part plus
Fait pour proscrire et conscrire, » a dit Daunou, grande aux faveurs du maître et moins do tra-
<t
c'est lui qui eut la garde et la police de toutes casseries à subir. Laplace, Lalande, Lagrange,
nos libertés publiques. C'est entre ses mains que Monge, Geoffroy Saint-Hilaire,Cuvier, Bichat, Bron-
tomba la totalité du pouvoir législatif, après la gniart David et son école, les Drouais, les Gé-
suppression du tribunat (1807) et au détriment du rard, les Gros, les Girodet, les Vernet, enfin
corps législatif, devenu après 1810 t un cot'ys sans Prudhon et Chaudet, etc., enrichirent de décou-
voix, ~H.< yeux, sans oreilles! vertes précieuses et de chefs-d'œuvre nombreux
Depuis la réorganisation des collèges électo- la science et l'art français pendant l'époque con-
impériale.
raux à vie, sous la haute direction d'un grand élec- sulaire et
teur, l'élection n'était plus qu'un rouage inutile.
Le césarisme dès lors touchait à son idéal II
t'ordre dans le despotisme, la police comme pre-
mier rouage de gouvernement, l'état de siège Ce qui suit est de moindre napoléonien, importance. Si de
comme régime politique!1 1815 à 1832 il y eut un parti si en
Pour les budgets pas de discussion. D'ailleurs les 1815 et en t832 les rois de la Sainte-Alliance, les
finances sont exactement régies, mais dans le se- Bourbons et le gouvernement de Juillet crurent
cret. M. Mollien, ministre du trésor (1806), orga- devoir prendre des précautions de police contre la
nise une caisse de service et surveille la compta- famille Bonaparte, il ne faut pas en conclure que
bilité en partie double du budget ordinaire. Quant celui qu'on a l'habitude d appeler Napoléon JI ait
tentation.
au domaine extraordinaire (1810), l'empereur en joué un rôle quelconque ou manifesté la
de reprendre la place de son père. Après 1821, tant, et déctara qu'il avait
thef officiel d'une dynastie déchue et d'une fa- n pas recherché l'hon-
neur d'être représentant du peuple. '< Si le peu-
mille proscrite, le duc de Reichstadt n'a pas9 ple m'imposait des devoirs, ajoutait-il,
je saurais
d'histoire. Ce pauvre enfant, qui mourut sans
laisser d'héritier, n'avait eu à aucun moment la
]es remplir. »
Le M septembre seulement, il arrivait à Paris;
direction du parti qui gardait, en face des Bour-i le 26, il siégeait à l'Assemblée constituante, et le
bons, sa foi à t'emperem*.

A 12 octobre il obtenait l'abrogation des lois de 1815


Ce parti était un étrange amalgame de libéraux et de 1831 contre les Bonaparte.
ardents et de soldats ndèles qui, pendant le temps la fin de l'année eurent lien les élections
de la Restauration, entretinrent pieusement la pour la présidence de la
légende napoléonienne et continuèrent à exalternom du prince Louis-Napoléon République ce fut le
Bonaparte qui sor-
ce régime si peu libérai et si tristement tombé du tit de l'urne le 10 décembre 1848,
falte de sa gloire. Si l'on cherche la cause qui fitt lions et demi de suffrages, avec cinq mil-
contre un million et
se rallier alors au bonapartisme des amis de la demi de voix pour le général Cavaignac.
liberté, il faut se rappeler la crainte, fondée ou L'élection s était faite sur le nom de Bonaparte.
non, qu'eurent pendant quinze ans tant de Fran- Le président s'en prévalut
çais de voir sombrer dans une réaction cléricale dition consulaire. On vit pour reprendre la tra-
et aristocratique toutes les conquêtes de la révo- déloyal de la République commencer alors le duel
lution de 1789. et 'du magistrat qui,
lié à elle par un serment solennel, n'eut qu'une
C'est sur cette équivoque que s'est établie laL idée
fortune de Celui qui s'appelait le prince Louis, etmêmefixe la détruire oncle, il
pour refaire l'empire. De
mit quatre ans à fran-
dont ii nous reste Il raconter l'histoire comme chefchir que son
de l'Etat français sous les deux titres de prince- le premier tous les degrés du trône; mais tandis que
président de la République, puis d'empereur clatantes victoires, consul avait à son actif en 1804 d'é-
Napoléon III. une
Pour le détail des faits qui sui- et la réputation bien établie d'un grande situation en Europe,
vent, nous préférons renvoyer à la série chrono- tif, ingénieux, habite, chef d'Etat ac-
logique de l'article Modernes (Temps), parce qu'il ni son neveu ne s'était révélé
comme capitaine, ni comme politique.
nous semble prématuré de prétendre donner à Ses adversaires forent coup sûr fort mala-
l'exposé de ce règne la forme rigoureuse d'un ré- droits ils manquèrent de clairvoyance,
cit historique. d'esprit
de conduite et de mesure; ils tassèrent l'opinion
Napoléon III était né le 20 avril 1808. C'était le
troisième fils du roi de Hollande, Louis Bonaparte, la sans la satisfaire: en un mot ni la Constituante, ni
Législative ne furent à la hauteur de leur tâche.
et de la reine Hortense. Esprit cultivé, caractère Mais le prince, qui ne fut supérieur par le talent
singulier fait de dissimulation et d'audace, mais plu- à aucun de adversaires, n eut la victoire qu'au
tôt mystique que réellement actif, te prince Louis prix d'un forfait. ses
m'était guère connu, avant t8M, que par quelques Le 2 décembre 1851, un coup de force coupa
ouvrages techniques sur l'artillerie, ou par quel- court à toute discussion, et le terrain déblayé6
ques entreprises qui témoignaient de son besoin par la terreur, le prince, lur servi
de Je produire. En 1831, il avait combattu dans constitution de 1852, n'eut par la nouvelle
les rangs de l'insurrection romaine, et reçu des l'empire. aucune peine à fonder
Polonais révoltes t'iuvitation de se mettre à leur Sept millions et demi de suffrages ayant donné
tête. raison au président dès le 20-21 décembre 1851,
La mort de son cousin le duc de Reichstadt fai- l'empire, qui fut proclamé le
sait de lui un personnage. Pour se révétor à ses coup d'Etat, jour anniversai 1-e du
se prétendit invinciblement fondé sur
partisans, il ne lui suffisait plus de quelques la volonté nationale.
écrits; le 30 octobre 1836, a Strasbourg, ii vint A cause de
tenter la ndélit~ de la garnison. Cette téméraire engagements son origine, et sans manquer à ses
avecture ne pouvait aboutir. Il fut pris, mais non clérical, qui s'était envers ce parti ultra-conservateuret
gardé prisonnier. On a nié qu'il ait fait le ser- livre au prince pour échapper
spectre du sooialisme, le gouvernement impé-
ment de ne jamais revenir. Quoi qu'il en soit, la au rial semble avoir eu ta pensée d'une organisation
mort de sa mère (3 oct. 1837) le ramena d'Améri- sociale. Napoléon Hl
que en Europe. Forcé de quitter la Suisse pour ne qu avait écrit autrefois ne pouvait oublier en effet
pas exposer ce pays à la colère du gouvernement périsme de là une multiplicité sur l'extinction du pau-
de Juillet, il se réfugia en Angleterre. de lois intéressant
l'ouvrier: loi déterminant
C'est alors que, sous le titre d7dee~ napoléo- de travail dans les fabriques, le nombre des heures
tttetMM, ii fit une apologie si peu déguisée du insalubres (1850-52),crèches loi des logements
césarisme, que ce livre ne peut manquer de pa- 1853), gratuite des et salles d'asile (<852-
raltre à tout esprit un peu libérât la meilleure ciétés de secours médicaux (1854), so-
critique de cette fausse démocratie impériale dont net et de secours mutuels (t860), asiles du Vési-
Vincennes; organisation
on a essayé tant de fois de faire un idéal de gou- judiciaire (1851). caisse de retraitede l'assistance
vernement. pour la vieil-
lesse (t850); plus tard orphelinats sous le patro-
Bientôt après, il voulut tenter de la nage de l'impératriceEugénie ou du prince impé-
fortune, et vint débarquer a Boulogne nouveauavec quel- rial, société du prince impérial (1862), etc. Mais
ques compagnons. Arrêté aussitôt, il fut cette fois la tutelle intéressée de la philanthropie impériale
traduit devant la Cour des pairs. laissait aucune place à la liberté dont l'ouvrier
ne
Condamné à la prison perpétuelle et enfermé est moins aussi soucieux
au
au fort de Ham, it employa les loisirs de sa capti- Bientôt l'Internationale donna que de son bien-être
vité à des études politiques et sociales,cottaborant l'idée d'une organisation aux travailleurs
à divers journaux, et publiant un livre sur i'jE.c- plus indépendante. Le
tinction ttM paupérisme. pouvoir en prit ombrage; les poursuites ordon-
nées en 1868 prouvèrent que le charme était
Enfin, le 25 mai 1846, il réussit à tromper la
rompu.
surveillance de ses gardiens et gagna la Belgiqne, La bourgeoisie française
puis l'Angleterre. Deux ans plus tard la Révolution s'étaitralliée à l'empire
de 1848 abaissait la barrière qui lui fermait les par amour de l'ordre et parce que le nouveau
portes de la France. gouvernement
j
lui avait promis, 'avec la paix dans
la rue, la prospérité et le mouvement des affaires.
Aussitôt l'agitation commença autour de son 1L'empire lui donna longtemps
satisfaction im-
nom. Une quadruple élection lui permettait un
menses travaux de coastruction
retour presque tWmphaL Le pr<nce dNéra pour- dana tes grandes villes, à Paris,et de démolition
Lyon, Marseille
surtout, développement de notre premier réseau tion, intendance, état-major, vivres, armes et direc-
de chemins de fer, et création d'un deuxième ré- tion tout fit défaut a nos soldats, sauf le courage
seau, expositions universelles d'industrie de 1855 désespéré et impuissant. La loi militaire de i8t;8,
et 1867 multiplication ou réorganisation d'éta- qui pouvait être le salut, était restée lettre mortf.
blissements de crédit Crédit foncier, Crédit mo- soit par incurie, soit par défiance politique; et la
bilier (18M),Comptoird'escompte (1854),Banque de garde mobile se trouva inexpérimentée, incapa-
France (1857), Crédit agricole (1858), Caisse de la ble de servir.
'boulangerie (1853-54, etc.); enfin inauguration d'un Aussi c'est par un désastre presque sans exem-
nouveau régime commercial sur la base du libre pire. ples que finit l'histoire militaire du second em-
échange (janvier 1860). Mais peu à peu la situa-
tion financière s'assombrissait;la faculté d'ouvrir Il était allé bien loin dans toutes les directions,
des crédits en l'absence des Chambres fut un péril mais il ne sut pas préserver le pays de l'invasion,
signalé dès t861 les ministres gardèrent encore ni l'en délivrer 1852, conquête de la Kabylic
le droit d'opérer des virements de fonds de chapi- 1854-56, guerre de Crimée contre la Russie; 1859,
tre à chapitre; le contrôle des budgets était nul; guerre d'Italie contre l'Autriche, annexionde Nice et
les déficits s'entassaient, mal compensés par des de la Savoie (en 1860); 1857deetCochinchine; 1861, guerres de
Chine;
emprunts toujours couverts avec un empresse- expédition de Syrie; 1861-66, 1857 à 1862, guerre 186!,
1,
ment trompeur, mais pleins de périls que la voix guerre du Mexique,
impuissante de l'opposition dénonçait au pays. Les cettetriste et coùteuse aventure qu'on a osé appe-
'élections générales de 1869 manifestèrent nette- ler la « plus grande pensée du règne; » 1867, expédi-
ment cette réaction de l'opinion publique. Les tion de Mentana pour la défense du pouvoir tempo-
troubles recommencèrent dans rue, la servant de rel du pape 1870 enfin, guerre contre la Prusse,
prétexte aux brutalités de la police. La nouvelle pendant laquelle Napoléon 111 capitula le 2 sep-
génération grandissait avec un sentiment d'hostie tembre à Sedan, perdant du même coup sa dynas-
lité visible contre le gouvernementimpéria)ennemi tie et la France que d'autres ont réussi à sauver,
'des « libertés nécessairesx qu'avait dès 1861 récla- sans pouvoir éviter toutefois de livrer au vain-
mées M. Thiers. « Le 2 ~ce~orc est un ft-tM<" » queur implacable, comme la rançon des fautes de
s'était écrié M. Ernest Picard en 1865. En dépit l'empire, l'Alsace et la Lorraine.
de la volte-face pseudo-libérale que se chargeait Depuis ce jour, Napoléon Ht est mort le 9 jan-
d'exécuter le cabinet du 2 janvier 1870; en dépit vier 1873 à Chislehurst en Angleterre; et !a mort
du succès douteux du plébiscite de la même année, de son Sis unique, le prince Louis-Napoléon,tué
l'empire était décidément impopulaire dans les au pays des Zoulousdynastie le juin 1879, a marqué
villes. l'extinction d'une dont la déchéance
Les campagnes étaient moins hostiles. A 1 aide avait été solennellement proclamée le 28 février
des concours régionaux (t850-60), de plus de 700 1871 par un vote de l'Assemblée nationale.
comices agricoles, d'expositions universelles agri- [!. Melouzay.]
coles (1855-56); à l'aide surtout de la loi munici- NATURALISTES. De tout temps l'attention
pale, l'empire disposait là d'une popularité réelle. de l'homme a été sollicitée par le globe sur lequel
D'autre part la prospérité de notre agriculture il vit, par les animaux et les plantes qui se multi-
avait répanda le bien-être dans les campagnes; plient autour de lui. On peut donc dire que l'obser-
et ce bien-être y éteignait toute autre passion. vation de ia. nature est aussi ancienne que l'homme
L'attitude du clergé n'était pas aussi bonne. lui-même il s'en faut, cependant, que cette étude
'Comme l'empire n'a jamais su jusqu'à quel point se soit constituée dès l'abord en science distincte
il convenait à ses intérêts d'épouser la cause de que les premiers observateurs aient été des Hf<<M-
l'Eglise, l'Eglise de son côté n'a jamais eu pour t-a<ts<M, dans le sens que nous attachons aujour-
l'Empire qu'une sorte de fidélité intéressée. Le d'hui à ce mot. En Europe, c'est dans tes œuvres
maintien entêté du pouvoir temporel du pape, l'in- des poètes et des philosophes qu'il faut chercher
fluence manifeste de l'impératrice réagissant con- les premières notions des anciens sur les plantes
tre les tendances anti-c)érieates de quelques mi- et les animaux. Esculape, Orphée, Chiron de Thes-
nistres, étaient des gages auxquels le clergé s'est salie sont donnés comme ayant connu aux temps
montré sensible, mais sans se départir d'une cer- mythologiques les propriétés médicinales de cer-
taine réserve qui témoigne que le régime impérial taines plantes; t'armée grecque qui assiégea TroiM
ne lui inspire pas une confiance absolue. avait pour médecins deux Bts d'Esculape, Machaon
Une formule restée célèbre rappelle la première et Podalire, dont Linné a donné les noms aux
/etla plus populaire des promesses de Napoléon Ill: deux plus beaux papillons de notre pays. Homère,
« L'empire, c'est
la paix! avait-il dit à Bordeaux. Hésiode possédaient des connaissances précises
Jamais assertion plus formelle n'a reçu démenti sur un assez grand nombre de plantes et d'ani-
plus complet. Toujours en quête de quelque aven- maux.
ture, mêlant d'une façon singulière l'audace et Mais quittons les temps légendaires, et arrivons
l'indécision dans ses projeta, sans crédit en Europe, à l'époque historique. Anaximandre (6t0-547 av.
excitant des rancunes ou des craintes par la mobi- J.-C.)j disciple de Thalès, avait déjà spéculé sur les
lité de son attitude souvent agressive, finalement origines de l'humanité; il pensait, comme on l'a sup-
sans alliés en face du terrible ennemi qu'il pro- posésuccessivement bien souvent depuis, que les hommes avaient
voque en 1870, Napoléon 111 a porté dans toutes été Pythagore (608-509 poissons, reptiles et mammi-
les parties du monde les forces de la France, et fères. av. J.-C.) s'était occupé
quelquefois avec honneur. Mais ces forces, que de botanique Alcméon de Crotone (500 av. J.-C.)
premier
son caprice a souvent gaspillées sans profit pour est le occupé de leur mode de développementqui ait disséqué des animaux et
notre pays, il n'a su ni les réparer, ni les tenir en se soit il
état. Fier de la bonne tenue de sa garde Impé- annonça que chez eux la tête se développe la pre-
riale, satisfait de quelques inventions techniques mière Empédocle (444 av. J.-C.) attribuait aux
dont ses flatteurs exaltaient la puissance, il ne se plantes un sexe il les croyait douées de sensibi-
rendit jamais compte ni de l'insuffisance des ap- lité et avait entrevu certaines analogies entre l'cauf
provisionnements, ni de celle des contingents. et la graine.
L'art de la guerre se renouvelait chez nos voisin s, Anaxagore (500-428 av. J.-C.) m~tre de So-
sans qu'il y prit garde, quoique prévenu. Au jour crate, admettait que la lune et Leucippe, les planètes
suprême, l'armée, qu'on croyait prête, ne se trouva étaient habitées comme la terre. in-
ni suffisante en nombre, ni pourvue matériel venteur des atomes, eut pour disciple Démocrite
de siège ou de campagne, moyens de concentra- (490-381 av. J.-G.), qui étendit la théorie de son
maître, découvrit les canaux de la bile, assigna à reconnaît l'isochronisme du pouls et des batta-
ce liquide un rôle dans la digestion, et écrivit sur ments du cœur Erasistratedécouvre que le cer-
diverses parties de la botanique. veau tient tous les nerfs sous sa dépendance, et
On doit à Socrate (470-400) d'avoir sévère- décrit le premier tes vaisseaux chylifères. Les
ment critiqué les hypothèses diverses à l'aide des- persécutions de Ptolémée Physcon et de son fils
quelles ses prédécessessenrs et ses contempo- Ptolémée Soter mirent fin aux succès de l'école
rains essayaient d'expliquer le monde i! mérite d'Alexandrie (81).
d'être considéré comme l'un des fondateurs de la On peut encore compter parmi les naturalistes
méthode scientifique. Le plus célèbre des méde- Nicandre (!" siècle av. J.-C.), médecin d'Attale III,
cins de l'école de Cos qui ont porté le nom d'Hip- dont les traités Theriaca et Alexipharmaca sont
pocrate parait avoir vécu de son temps. Malheu- respectivement consacrés aux animaux venimeux
reusement, dans toute cette longue période, les et aux poisons. Dans tonte cette longue période,
observations sont rares, et servent de points de les sciences naturelles sont cultivées surtout en
départ à des spéculations hasardées, qui remet- vue de leur application, et semblent perdre le
tent sans cesse e~ question les faits déjà dé- caractère philosophique qu'Aristote avait réussi a.
couverts il en rjsulte que ces faits ne sont leur donner.
jamais réunis en un faisceau qui puisse porter le Les Romains sont loin de s'élever, même dan.
nom de science. cette direction pratique, à la hauteur des Grees~
Malgré le nombre considérable des philosophes On trouve, cependant, dans les Commentaires dtr
qui se succèdent, il faut arriver jusque Aristote César, de précieux renseignements sur les ani-
(~S4-3M), pour trouver un homme qui, ayant fait maux de la Germanie, et Lucrèce (95-44), contem-
tui-mème un nombre considérable d'observations, porain de César, consacre à la science un su-
soit en même temps capable de les grouper en blime poème où il développe d'une façon magis-
corps de doctrine. trale la philosophie d'Epicure et expose relative-
La Chine, sous ce rapport comme sons tant d'au- ment a la Nature des choses des idées qui se rap-
tres, avait précédé l'Europe. L'empereurYu a écrit prochent à certains égards de quelques-unes des
un traité d'histoire naturelle, le Chan-Hai-King, conceptions de la science moderne. Lucrèce croit
2:00 avant notre ère. Les connaissances scienti- que les premiers animaux avaient des termes
f~uet des autres peuples de l'Orient sont géné- monstrueuses et n'étaient même parfois que des
ralement consignées dans leurs livres sacrés, où organes privés de corps et capables cependant de
l'on trouve souvent des preuves incontestables vivre ainsi isolés. Virgile et surtout Ovide se
d'u..e étude attentive de la nature. montrent en plusieurs passages de leurs poèmes
L'oeuvre d'Aristote, dont les études avaient été excellents observateurs; Ovide peut même comp-
favorisées par les conquêtes d'Alexandre son élève, ter comme ayant possédé des connaissances fort
est l'une des plus considérables qui aient jamais étendues en histoire naturelle. Les jeux du cir-
été iroduites par un seul homme. Ce grand homme que, le goût des Romains raffinés pour la bonne-
s'était occupé de toutes les branches de l'histoire chère et les mets extraordinaires, firent connaltre-
naturelle; observateur savant et judicieux, il était à Rome un assez grand nombre d'animaux étran-
arrivé à acquérir sur les êtres vivants des connais- gers à l'Europe. Tout ce qui concerne ces ani-
sances dont la justesse et l'étendue nous éton- maux se trouve épars dans des ouvrages traitant
nent encore aujourd'hui. Ses œuvres de botani- des sujets les plus divers. Le géographe Strabon
ques sont perdues mais ses divers traités sur !)0 av. J.-C.) a exactement décrit les poissons du
l'~M<o!?'~ des animaux, sur les Parties des ani- Nil; )e médecin Dioscoride (qui vivait dans le
maux et sur la Gtnéralion des a~MatM', sont i" siècle de notre ère) a joui longtemps d'une
demeurés comme des monuments de génie. réputation de botaniste que ne justifie pas la va-
Dans le premier, il divise les animauxsonen ani- leur de ses ouvrages. De tous les naturalistes
MSMJ! sanquins et en animaux exsangues. Ces romains, celui qui s'est acquis la plus grande
deux grandes divisions correspondent Verté- célébrité est Pline l'Ancien (23-79 apr. J.-C.), mort
brés et aux Invertébrés de Lamarck. aux Chacun de victime de la science en voulant observer la pre-
ces groupes est divisé en groupes secondaires mière éruption du Vésuve. L'Histoire naturelle-
dont plusieurs diffèrent à peine de ceux que nous de Pline ne comprend pas moins de trente-sept
adoptons aujourd'hui. C'est là un véritable essai livres, et traite réalité de toutes les scien-
de classification.Le traité des Parties des a7t!'maM. ces d'observation.enC'est une immense compila-
est une sorte d'anatomie comparée. Dans le traité tion de plus de deux mille ouvrages dont un grand
de la Génération des animaux, on trouve déjà des nombre sont perdus aujourd'hui. Malheureuse-
observations précises sur le développement du ment Pline semble avoir observé par lui-
poulet dans t'œuf, et sur les métamorphoses des même, et il a recueilli côtepeu
insectes, auxquels Aristote attribue cependant une observations et les récits les plus d'excellentes
à côte
fantastiques.
génération spontanée. Les ouvrages d'Athénée et d'Elien ne sont guère,
Théophraste (3~-286 av. J -C.), successivement
fe disciple de Platon et d'Aristote, fut surtout comme ceux de Pline, que de simples compilations.
Elien cite cependant soixante-dixespèces de mam-
totaniste et minéralogiste, et devint le chef d'une mifères, cent neuf espèces d'oiseaux, cinquante
brillante école. Il ne connaissait pas moins de pèces de reptiles, es-
<00 plantes et e~) réunit un grand nombre dans dont la plupart cent trente espèces de poissons
une sorte de jardin botanique qu'il légua à sa sidérer comme ont pu être reconnus. On peut con-
mort à la république d'Athènes. un naturaliste Oppien, dont les
trois poèmes, les Cynégétiques,les Halieutiques et
Les guerres qui suivirent la d'Alexandre les /j:cM<t'~uM conttennent de précieux renseigne-
'"ont passer la plupart des savantsmort
grecs en Egypte, ments sur les animauxque l'on chassait ou que l'on
tfi tes Ptotémées favorisèrent longtemps la science, péchait habituellementde son temps. Nous arri-
qu'ils cultivaient eux-mêmesavec succès. On attri- vons enfin à un homme dont l'influence a long-
bue à Ptolémée Philadelphe (309-277)
un ouvrage temps été considérable sur la médecine, Galien,
sur les animaux vrais et fabuleux, qui suppose
critique un né à Pergame l'an 131 de J.-C., mort vers l'an 200.
très éclairé. Ce sont toutefois, dans
lecote égyptienne, les sciences médicales, prin- Galien s'attache surtout à faire revivre les doctri-
d'Hippocrate cherchant à tout expliquer par
cipalement l'anatomie, qui l'emportent sur l'his- nes éléments, l'eau, terre, l'air et le feu, quatre
toire naturelle proprement dite. Proxagoras dis- qualités, le chaud, le la
quatre
froid, l'humidité, et le sec,
tingue tes Teines des artères, Hérophile (32t<) humeurs,
quatre
moutre que les nerfs sont différents des tendons, trabile. Ses principaux le sang, la bile, la pituite et l'a~
ouvrages ont pour titre
Des ndministrations<mo<omt~MM, De ~'M~f~c des Varole, ont tous attaché leur nom la découverte
yj~rft'et, r/i~'apeM~Ke, etc. Son nom est le der- de quelque organe ou de quelque particularité de
nier qui mérite d'être cité parmi les hommes de structure du corps humain. Les recherches de
science de l'antiquité. Fabrice d'Acquapendente (1537-1619), celles de Co-
Au moyen âge les Arabes sont à peu près les lombo et de Césalpin,qui fut aussi un botaniste re-
seuls héritiers des philosophes de l'antiquité. A marquable, préparent la découverte de la circula-
partir du ix' siècle on voit les sciences médicales tion du sang, nettement entrevue parle malheureux
prendre chez eux un épanouissement remarqua- Michel Servet() 509-1555), brute à Genève, comme
ble. Hippocrate, Aristote sont traduits en langue hérétique, par Calvin. C'est aussi à cette époque
vulgaire. Mais dans cette période singulière la que vécut le célèbre chirurgien de Henri H,
magie se trouve sans cesse alliée à la science Ambroise Paré ()5t'lMO), qui, en dehors de son
et à la métaphysique.Rhazès (850-923), Avicenne, mérite comme praticien, songea le premier à com-
Avenzoar (1070-1161), Averrhoès (1120-1198) son parer le squelette des oiseaux à celui des mammi-
élève, ont laissé la réputation de médecins fort fères. A côté de cette renaissance de l'anatomie
habiles et fort Instruit; néanmoins les savants se manifeste aussi une renaissance évidente de la
arabes s'adonnent beaucoup plus à la spccu- botanique et de la zoologie. Jean et Gaspard Bau-
lation qu'a l'observation le philosophe domine hin, morts le premier en )613, le second en [C24,
ordinairementen eux, et s'ils ont largement con- publient, tout en s'occupant de médecine, d'impor-
tribué à nous conserver les traditions scientifiques tants ouvrages de botanique Pierre Belon, né
des anciens, il faut reconnaltre qu'ils ont fait faire en 1518, assassiné au bois de Boulogne en ]564,
à l'anatomie. à la physiologie et au diagnostic des écrivit une Histoire naturelle des poissons wa)'!?!~
maladies peu de progrès réels. Ils avaient cepen- et une Histoire des oiseaux; il compara entre eux
dant une connaissance approfondie des propriétés les organes des divers animaux qui avaient fait
des plantes, et on leur doit l'introduction dans la l'objet de ses études, et ouvrit ainsi la voie à l'ana-
thérapeutique d'un assez grand nombre de médi- tomie comparée. A la même époque, Rondelet(1507-
caments. 1566) publia une fort belle <fM<ott'e naturelle des
L'influence des Arabes fut considérable sur potMOTM, où l'on trouve un véritable essai de classifi-
l'esprit des hommes qui cultivèrent la science en cation naturelle. Mais les naturatistes de ce siècle
Occident durant le moyen âge. C'est à elle, en les plus remarquables par leur savoir furent Conrad
grande partie, qu'il faut attribuer ce mélange sin- Gessner, de Zurich (15)6-t&6a) et l'Italien Aldro-
gulier de l'astrologie et de l'alchimie à la science vé- vande(1527-1605).Gessner publia, outre divers tra.
ritable, mélange dont les plus grandes intelligences vaux philosophiques et scientifiques, une Histoire
ne surent pas toujours se garder et qui eut pour des animaux en quatre volumes in-folio, et divers
résultat d'amener dans l'esprit du vulgaire une écrits de botanique dans lesquels il établit sur les
confusion complète entre les savants et les sor- organes de fructification la première ctassiScation
ciers. Roger Bacon (1214-1292) lui-même, quoique scientifique des végétaux j il traite aussi des cris-
protestant de la nullité de la magie, sacrifia large- taux, et pense que les fossiles peuvent bien être
ment à l'alchimie. C'était un homme d'un vaste les dépouilles d'êtres vivants. Aldrovande est fau-
savoir et un expérimentateur habile à lire cer- teur d'une vaste Histoire naturelle dans laquelle
tains passages de son Opus majus, on croirait qu'il il il traite des trois règnes de la nature, et qui fut
a deviné les plus belles inventions modernes; il imprimée en grande partie sous les auspices du
parait aussi avoir connu l'art de fabriquer des sénat de Bologne. Ce fut aussi un des titres de
poudres explosibles. Ce fut un de ceux qui con- gloire du grand artiste Bernard de Palissy (1500-
tribuèrent le plus à ramener tes hommes d'études 1589) d'avoir énergiquement soutenu que les fos-
à l'observation de la nature. Les savants de cette siles étaient des restes d'animaux, la plupart
époque cultivaient d'ailleurs simultanément toutes marins, et que les mers avaient autrefois couvert
les sciences ils unissaient étroitement la prati- une vaste étendue des continents. La foi dans l'ob-
que de la médecine, les discussions philosophi- servation, dans l'expérience, dans la raison se
ques ou même théologiques, à la recherche de la substitue ainsi peu à peu à la foi dans l'autorité,
pierre philosophale et de la transmutation des aux discussions sans fin sur les opinions des maî-
métaux. Aussi peut-on considérer comme des na- tres, dont la philosophie scolastique nous offre le
turalistes les alchimistes tels qu'Arnaud de triste tableau. Tandis que de nombreux investiga-
Villeneuve (1238-1314), qui découvrit l'alcool, Ray- teurs prêchent d'exemple et ajoutent à nos con-
mond Lulle, et Albert le Grand (H33-iMO\ domi- naissances dans toutes les directions, sans trop de
nicain, puis évêque de Ratisbonne,et qui abandon- souci de l'autorité, quelques hommes hardis
na l'épiscopal pour se livrer exclusivement à la comme Argentier proclament leur confiance exclu-
culture et à l'enseignementdes sciences. Albert le sive dans la raison et préparent ainsi l'avène-
Grand écrivit de nombreux ouvrages d'alchimie ment de François Bacon ()56t-1626) dont l'Ins-
et d'histoire naturelle. On compte parmi ses dis- tauratio tnn~ft posa pour la première fois les
ciples le fameux saint Thomasd'Aquin (122'1274), vrais principes de la philosophie et de la méthode
à qui Pic de la Mirandole attribue un ouvrage d'al- scientifique. Bacon déclare que l'homme de
chimie, et que l.'Eglise catholique place encore science doit avant tout appuyer ce qu'il affirme
au rang le plus élevé parmi ses hommes de sur l'expérience, et il étend même la méthode
science. Durant le vu* siècle quelques voyages, expérimentale à la recherche de l'origine des
tels que ceux de Guillaume Rubruquis et de Marco êtres. Dans sa Nova Atlantis, sorte de projet d'un
Polo, firent connaître l'Asie orientale; Marco Polo établissement uniquement consacré au progrès
est le premier qui ait pénétré en Chine et au Ja- des sciences naturelles, comme l'est notre
pon, mais le récit de ses voyages fut longtemps Muséum d'histoire naturelle, il recommande de
considéré comme une oeuvre d'imagination. Mal- tenter la métamorphose des organes et de recher-
gré l'invention de l'imprimerie (1431), malgré les cher, en faisant varier les espèces, comment elles
grands voyages de Christophe Colomb et la dé- se sont multipliéeset diversifiées. C'est la première
couverte de l'Amérique (1492), le xv* siècle pour- expression scientifique de l'idée que les espèces
suit encore longtemps les errements scientifiques de plantes et d'animaux ne sont pas immuables,
du xm* et du xiv' mais au xvt* siècle la lumière et que le monde vivant n'est parvenu à l'état
commence à se faire dans les esprits, et d'impor- actuel que par une s6rie de lentes et graduelles
tantes recherches scientifiques sont entreprises. modifications. L'illustre philosophe put connaître
André Vésale (1514-1564) régénère l'anatomie; avant de mourir l'une des dus belles découvertes
Fallope, Eustache, Spiegel, IngrasMM, Botal, dues à la méthode expérimentale, celle de la cir-
caution du sang annoncée dès )619 par Harvey, 1634 doit marquer dansdel'histoire des sciences
fondation à Paris,
médecin de Jacques I" et de Charles I", et élève naturelles, comme date la
de Fabrice d'Acquapendente qu'il avait assisté sur les instances de Guy de Labrosse, du jardin
dans ses recherches sur les valvules des veines. botanique qui devait plus tard devenir le Jardin
Cette découverte donne un nouvel élan aux re- des plantes et que la Convention réorganisa sous
cherches anatomiques. Aselius retrouve les vais- son nom actuel de Muséum ,histoire naturelle.
Cependant le nombre des animaux et des plan-
seaux chylifères, Pecquet montre qu'ils sont des-
rapportés de leurs
tinés à porter dans le sang les matières assimila- tes recueillis en Europe ou considéra-
bles et qu'ils les transportent dans le canal tho- voyages par les navigateurs augmente diviser
racique par lequel elles sont versées dans la blement. Tout d'abord il était facile de leslesquels
circulation. Rudbeck et Bartholin se disputent la en groupes plus ou moins étendus dans
découverte des vaisseaux lymphatiques Wirsung une description ordinairement réduite à une courte
fait connaître le canal pancréatique; Bartholin et phrase permettait de reconnaitre chaque espèce.
Sténon complètent l'étude des glandes salivaires. L'espèce était elle-même désignée soit par l'un de
Wepfer, Schneider, Willis, Vieussens étendent ses nomsvulgaires,soitpar la phrase caractéristique,
les connaissancesacquises sur le cerveau, dont ils à laquelle on tentait parfois de substituer des noms
façon la
précisent le rôle; enfin Ruysch. par l'application tirés du grec, mais trop souvent forgés de la arrivent
aux recherches anatomiques d'un procédé qui plus àétrange. Les plus sages nomenclateurs
consiste à injecter des liquides colorés dans les peu peu l'idée de désigner chaque espèce par
à
vaisseaux et les cavités, fit faire de grands progrès un nom ~e~At~Me et un nom ~p~c;Me, corres-
& l'histoire de l'appareil vasculaire. pondant le premier au nom de famille, le second
Vers la même époque, l'application à l'étude an /OM! que l'on emploie pour désigner les indi-
des organismes d'une autre méthode d'investiga- vidus dans la vie civile. C'est là l'idée fondamen-
tion fut encore plus féconde. Presque en même tale de la nomenclature tt~aM'e.que Linné (HM-
temps, Malpighi, professeur de médecine à Bolo- )T!8) appliqua avec une admirable netteté à tous
gne (16M-th9i), Leuwenhoek de Delft ()f:M-n23) les êtres vivants. Son Système de la xa~'e, pu-
et Swammerdamm (163'1680). introduisent l'em- blié en 1~5, fit époque dans la science et lui valut
ploi des verres grossissants dans les recherches une réputation universelle. On a dit de lui qu'il
d'histoire naturelte, et sont aussitôt récompensés avait été le législateur de /'AM<oM'e Ma<M)-e/<e, et
par de magnifiquesdécouvertes. Malpighi fait con- de nombreux naturalistes ont, en effet, convenu
naître un grand nombre de particularités de struc- ce qui est reste une
du injustice de ne pas accep-
ture des organes humains, découvre les trachées ter dans la science de nom antérieur à Linné. Le
des insectes et étudie le développementdu poulet; système de classification adopté par Linné pour
on doit à Leuwenhoek d'avoir révélé aux natura- les végétaux récentes eut surtout un prodigieux succès; les
listes l'existence des infusoires; il parait aussi découvertes relatives à la sexuatité des
avoir connu la reproduction des pucerons sans plantes y étaient pour la première fois appliquées;
le secours de la fécondation,dont la réalité fut ce n'était pourtant, comme Linné en prévenait lui-
mise hors de doute bien plus tard par Bonnet de même, qu'un système, c'est-à-dire un moyen com-
Genève, et il fit sur la génération par bourgeonne- mode d arriver au nom d'une plante. et non une
ment des polypes des observations qui devaient méthode naturelle de çlassificationdans laquelle
demeurer oubliées jusqu'auxrecherches de Trem- toutes les plantes auraient été disposées d'après
bley. Swammerdamm, qui publia une grande par- leur degré rée) de ressemblance. Mais le système
tie de ses travaux sous le titre de &M<a na<Mr~?, de Linné se recommandait par son admirable pré.
est surtout célèbre par ses recherches sur les cision, par sa grande simplicité et aussi par un~
métamorphoses des insectes. Dès cette époque se sorte de poésie dont on retrouve la trace même
posent les grandes questions qui ont depuis agité dans les œuvres les plus sévères du grand natu-
le monde savant Redi combat par des expériences raliste suédois.
d'une réelle précision l'hypothèse, morte aujour- II s'en faut cependant que les travaux de Linné
d'hui, des générations spontanées. Newton signale aient été dès t'abord universellement acceptés. 11
déjà, à la fin de son Optique, cette uniformité de rencontra d'ardents contradicteurs, parmi lesquels
structure des animaux à la démonstration de la- Réaumur (1683-t'!5'!), Buffon (l'!07-n8S), Adan-
quelle Geoffroy Saint-Hilaire devait consacrer sa son (n~-1806), Charles Bonnet (n20-n93), de
vie scientifique; et Pascal, dépassant Bacon, croit Genève, etc. Réaumur, physicien et naturaliste,
que les êtres animés M'~at'eH~ ~Mr <~&M< que des doit surtout sa grande réputation sous ce dernier
individus tM/brmM et a~o~tM dont les c:<'co/t- titre à ses Jf~m&t' pour servir à l'histoire des
<<iMMspen?M?!e"<Mau milieudesquellesils !)!M!:e~ insectes, où sont consignées les plus patientes et
ont décidé originairement la constitution; Syl- plus ingénieuses recherches sur les moeurs et les
vius Lelo6,de Leyde, soutient que tous les phéno- métamorphoses de ces animaux. Adanson eut le
mènes qui se produisent dans les viscères sont courage de demeurer pendant cinq ans au Séné-
analogues aux réaction:, qu'on voit s'accomplir gal, dont il voulait faire connaltre les productions
dans les cornues des laboratoires de chimie; son /~<0!)e naturelle d;< Sénégal n'a jamais été
Swammerdammétablit les bases de la doctrine du terminée; ses Familles des plante, témoignent
développement des animaux par formation succes- d'une grande justesse de vues; Adanson était
sive des parties; Jean Ray, rompant avec les tra- un esprit d'une vaste étendue il avait conçu le
ditions aristotéliques, propose un système de plan d'une encyclopédie des sciences humaines
classificationdes animaux et des plantes d'une ad- qu'il voulait réaliser à lui seul, et les matériaux
mirable précision, et il contribue largement à qu'il recueillit pour cela formaient un ensemble
faire connaltre la sexualité des végétaux, soupçon- tellement formidable, que la publication n'aa
née autrefois a diverses reprises, mais démontrée même pu en être entreprise. Buffon s'est élevé au
par les recherches de Millington, Grew, Bobart, premier rang des naturalistes, non pas tantl'his- par
Camerarius, Boccone, etc. Tournefort (I656-H08) la beauté de ses descriptions qui ont rendu
combat cette grande découverte; mais ses Institu- toire naturelle attrayante pour tous, que par les
<MMM t'et AerMrt.B ne lui assurent pas moins une vues générales vraiment grandioses qui signa-
incontestable illustration; on y trouve une classi- lent ses écrits. Il fut tour à tour épris de mathé-
fication des plantes fondée sur la structure et la matiques, de physique et d'histoire naturelle. Sa
dispositiondes Qeurs, et le groupe naturel que les première œuvre de naturaliste est sa r/~o'e de la
naturalistes désignent sous le nom de genre y est terre (H43), la dernière ses E~Mes <<e-~ Nature
pour la première fois clairement défini. L'année (1778), qui eurent un si grand retentissement;
l'Hi,stoire
admet

~.S'
"ire S
que
~p'
des minéraux,celle

des globes incandescents qui se

ment
été
des animaux

la terre et les planètes sont


refroidis, mais conservent encoreLaune
mentrefroidis,

sont les eaux qui en ont


déterminé lentement la
façonné la
formation
d'une seule série de
et celle d'um
deux dates. Buffon appe
ont d'abord
graduelle-

surface
de ses
et
été
plus
terre a M0<:
par les eaux. ont de
St~i~
reliefs, port
mais
seco
r~t's cara~~L~
caractères,les

même
~con~re~
la fi'

PO~nce~
de~
degl
sa
s:
t

de
font

valeur; tl en est d importants,


de Jusaieu

c'est le principe même devait


nation des caractères, dont Cuvier
n'ont pas tous
de

classification du règne animal. Le degrédealeur


caractères est établi au moyen
généralité un caractère présente par un
d autres da
la ~&pr~
faire à
angulaire
im

produisant ainsi « des effets parallèles


produisant a~ les couches
So.~ géologiques,
tout par bancs immenses,
preuves irréfutables de
qui arrivent encore très grand nombre déplantes est évidemment plus

sont pour
l'action des
des strati- important qu'un caractère restreint à quelques
les fossiles répandus par- imp
Buffon
eaux. Il
existantes,
les
Sees espl
croit devisions
~~ond
des
le
le premier
sera
très
un
étendues
caractère de
<
pourra servir distinguer
telles que les
et dans 1

~Së':=.'S.=
anciennement s caractères fie
à la disparition d'espèces
grand nombre
pense qu'ungénération
d'animaux
spontanée, admet la créa- fan
peuvent ter'
tères fournis d'o~'M ou de ~<
tervalle on trouvera de même desAinsi les cara~
parles différents organes delalaclassiS- plante
naître par njuven~ intervenir dans
suffisante pot ca~on tour fi tour
cependant à ces espèces une variabilité
donné nais- cat et l'ordre de leur succession est en quel-
pour qu'elles aient graduellement espèces diffé- ~ede qu
que sorte déterminé expérimentalement. Le pnn_-
nombre d'autres trouve mais
sance à un granddes climat, la nourri- cip
l'application la méthode naturelle était manière resdi~
autres. Le peut en être faite de
rentes les domesticité
unes
ture et la variation.sont pour lui les principales ve~ l'a]
à mesure que l'on connaît plus exactement
causes de

quer qu'aucunedesespèce
Il
le
considère
mode
comme ayant déterminé fait le premier remar- l'il
des animaux sur la terre,n'est commune aux dans
de
les
distribution

deux mondes, et pose l'espèce pa ainsi


= ta
climats ve]

les
l'importance
la structure d'un
Her et des caractères nouveaux
da
pas les
faite
plus grand nombre de plantes.
relative des caractères peut .e modi-
peuvent reclame.
méthodes une place qu'on ne leur avait
d'abord. Il n'y a donc pas lieu de
giona chaudes
~~pé~t~~
bases de la géographie zoologique.
~'t~in~e~ru~
Seule
et se re-
s'~onner
s'(
soient
tout
que Bernard et Lurent de Jussieu ne
arrivés d'un seul coup a la perfection
=st
humaine
trouverait essentiellement une
du dessein qui présidé à la création des animaux
a démontrent
dans toutes

les travaux
les so
on
n'a
u'uneh<:on
ver~bles
d

pas
cessé depuis eux de chercher & represen les
plus complète, dans la méthode,
amnités des plantes, et ces tentatives
illustré des botanistes tels que de Candotle,
er

crtte uniformité, que lui il e


es- ~rien~e
nnt
or
Daubenton,
~n~~ue Jussieu, Lindley, Endlicher et surtout

M.
anatomiques faits pour par
saie de l'expliquer par
ti'lues, sauf les
l'hypothèse
foule de petits êtres, de molécule>
dimensions,
résultent de
aux
leur
qu'il
êtres
existe
vivantes iden-
vivants
association.
une

Il
de
yy
=~P~=~
l- A.
A
Adolphe
naturelle
n
Brongniart.
c~on
plus tard a une
des animaux. Le système de Linné a
grande taille qui
aurait enfin, suivant lui, des
entre la plupart des idées formes animales. Si
passages gradués ci
t on ~J ~p~
peut C
quelques-unes des opi- &portance SOH
~e7(nC9-t832), dans son
o~a~tM<!<~ (t8t6), montrant 1 im-
exceptionnelle du système nerveux,~
retrouver dans ces faut reconnaltre qu'il p
nions émises avant Buffon, il
la façon dont il les
as troduisit dans la science l'idée des types de s~uc~
t
les fait absolument siennes par d'autres sont des ture
t et démontra que tous les animaux connus
expose et dont il les enchaine;
les sciences
es
dde
t~pes son temps étaient conformés suivant quatre
vues de génie dont l'influence sur
t quatre plans généraux caractérisant autant
naturelles a été
plus tard
considérable
développées et
nous les retrouve-
confirmées par les "pen~qu~~
es (
d'embran~~hements.
fin
rons intendant du jardin du apnées conduire a une appré-
successeurs de l'illustre idées qui doivent
¡sc~onaeplus que les
roi. Buffon occupé des animaux ux
,es
ïorganismes en plus exacte des rapports révolution
ne s'est jamais que présentent entre eux, une
supérieurs. Cependant autourinférieurs de lui d'importantes n~onde, accomplie dans les sciences physiques,
découvertes sur les animaux
préparent ne contre jour tout nouveau les rapports des
le règne organismes sous un mi-
une révolution da~is les idées courantes sur avec le milieu qui les Les entoure. Ce
Peysonnel démontre (1~) l'animalité du ~e~tpour inconnu. découvertes
animal. exemple d'ani- Schee~.de ainsi dire
corail et fournit ainsi le premier Priestley, de Lavoisier nousdevoi-
les autres & la lent~a~stitution:
de
en n~Scheeleen Suède,
maux bourgeonnantsles uns sur toute leur viee
façon des plantes et demeurant
dans une étroite communauté comme
unis
e er~
peuvent les
naturalistes
le Mesdey en Angleterre
les
découvrent
Lavoisier démontre qu'il fait partie i.te-
l'oxygène;

faire les branches d'un arbre. Les de l'air et qu'il donne en se combinant avec
plus compétents se montrent d'abord incrédules M
sur grante
le carbone
le gaz même qu'exhalent les animaux
mais les mémorables recherches de Trembley sur qui
d'eau déterminent revire-au est l'aliment par excellence des végétaux,
les hydres douce(n40)
Jussieu
un
rend ~de carbonique. Presque en même temps, l'eau
ment d'opinion. Bernard de se au
perd comme l'air le caractère d'élément que lui
bord de la mer pour étudier à nouveau les ~s
tlustres,
les anciens chimistes; Cavendish en
les cschares et les organismes voisins, que tous les attribuaient
parait l'hydrogène, et Lavoisier démontre irrétuta-
les naturalistes classaient jusque-là parmi les cément
grand ine
étonne-
erte av~oxygène en nS3 que cet hydrogène, se combinant
algues, et reconnaît en eux, à son
découverte ~le ~bon de l'air, forme de l'eau, de même
ment, de véritables animaux. Cette forme de l'acide carbonique en br~
d animaux composés, d'animaux vivant en colonies, Snt l'air. La théorie de la combustion est
est. fondamentale, mais son importance n a ère
guère
~es oublie; dans
celle de la respiration en est une consé-
été comprise que de nos jours. Quelques années for-
~699-t~) for- quence immédiate: alors apparaît entre le règne
après ft7&9), Bernard de Jussieu le règne végétal une admirable harmo-
naturelle de classification des animal et
mulait sa méthode sans cesse dans 1 atmo_
végétaux, publiée seulementd'une façon complète Jus- nie les animaux versent
ilète
d'acide carbonique formé aux
Antoine-Laurent de Jus- s~e sphère des torrents
en 1789 par son neveu dépens de l'oxygène de l'air. Les végétaux s empa-
sieu (l'!48-!836). Abandonnant les errements de rentde cet acide carbonique, le décomposent, en
Linné, qui nu s'était serv' dans son système que
-~8-
gardent
que
~TU.ALISTEC
le carbone
an~ lui
ln.
restituentl'air j'oxveene
arbone et restituent
les animaux et
e.~lA.
lèvent; la1-substance même
des végétaux sert ensuite ''a'imentation
desleur
ani-
'e ci~s"
.s H.n.
considèrent. I~
w'me Guea vivants comme le résultat
&
monde extérieur sur une
NATURALISTES
n. de mesure,
l'action
les
du
vivant, rendent au sol, où les végétaux les mitives,
maux, et ceux-ci. après leur mort ou même de leur Il
ir
ou plusieurs formes pri-
qui se sont modifiées
avec le milieu dans
vent, les substances qu'ils ont prises à retrou-
,l'OU' lequel
elles devaient vivre de manière
etdan..î~
et dans S~M u~M.
dans sa
~M
ces derniers.
iers. jo
animaux
jours en harmonie avec lui, Cuvier penseêtre tou-
êtres ont été créés d'IID
et ~aua· que les
à

sa avait dé~ cherché rché conditions coup pour vivre dans des
déterminées.Geoffroyrecherche
à dMerm.ner ces êtres cc
rapports des
milieu qui tes entoure; il vivants avec c le
le ar
animaux les traces plus dans les

=?~
peut être considéré :léré pr ou moins effacées
primitifdoùilsdérivent,Cuviernieceplanprimitif; du type
comme ayant jeté les bases de la physiologie végé- égé-
tale; mais que pouvait être la physiologie à pourqu'un animal puisse vivre dans des
pc
conditions

Ëf~?~
époque où ni l'oxygène, ni l'hydrogène, une de données, il faut que ses
ni l'azote
zote tai tains rapports déterminés organes présentent cer-
nature de l'air, de l'eau, de mi
l'acide carbonique restaient mêmes, et qu'ils soient par ces conditions elles-
à déterminer, où l'on le, les autres: il ~· a donc entre en harmonio les uns avec
nomène fondamental la
Ingenhousz, de Saussure,combinaison ~e7
consister ce phé-
Sennebier, poursuivent
¡hé- un
ue? parée
une
pa
corrélahoa, qu'il
les formes des organes
appartient
de déterminer. Les lois deà l'anatomie com-
nouvelles ~~e~STu
temps de Lavoisier, on commence d'ailleursAuà& ques
rent un une fois établies, doit être possible
tuer presque entièrement un animaldedont
ces corrélations
reconsti-
quel-
peine à entrevoir les liens qui unissent entre s'a qu parties seulement sont connues. C'est
eux ce que l'on nomme les agents physiques; les ltre s'appuyant sur ce principe, devenu le principe fon- en
propriétés les plus importantes de l'électricité da)
dam entai de la paléontoeogie', Cuvier a pu dé-
encore inconnue/ les physiciensont bien imaginé sont
ont montrer
mo que la terre a été jadisque peuplée d'animaux
des fluides pour expliquer la rhaleur, iné dO! dont les espèces ont aujourd'hui
l'électricité, IP magnAtisme, des forces la lumière,'rP, dis disparu, et reconstituer dans complètement
quer l'attraction pour
des astres,la cohésion des molé-
expli- les formes de ces animaux.une En
certaine mesure
cules des corps, l'affinité qui 1é- fait, Cuvier se trouve conduit
fait présence de ce
à se combiner; mais rien pousse les nts j'invariabilité de J'espèce il admettreses idées sur
par
diverses, et telles sont ne relie ces conceptions de périodi-
les
ma qUE ques catatlysmes, de périodiques ;-évolutions
encore
l'esprit humain que l'on accepte habitudes de lobe qui auraient détruit le plus grand
glo~ du
et de force, comme désignant des êtres ces mots de fluide
~de des espèces vivant à nombre
dont l'existence est aussi inexplicable mystérieux un moment, espèces périodi-
ux que quement remplacées aussi par des creations
des êtres vivants eux-mêmes. La que celle lie cess cessives. La géologie, à laquelle suc-
moins science n'en a
a Cuvier
Cuv devaient les travaux de
pas trouvé voies: toutes les questions pal donner un si brillant
s'agrandissent, les seshorizons prennent la plus ns paléontologie,
É qu'il a fondée, sont essor, la
étendue; un immense travail fait vaste infirmer ces deux hypothèses; le
,Le infi¡ venues depuis
se dans les idées es Ch.: Ch. Lyell,reprenant l'idée géologue anglais
la brillante pléiade resplendit au nt nettement que les causesdeactuelles, Buffon, a montré bien
En France, la Convention, seuil du xue siecle, e. lent,lentement sous nos yeux, mais qui agissent
sur le rapport de Lakanal, LI, effet
effets pendant de longs siècles, accumulent leurs
inspiré par les héritiers scientifiques suffisent
organise, avec une hauteur de de Buffon, n, querquel tous les phénomènes géOlogiques; d'autre à expli-

S~rS S vue
retrouvée depuis, le Muséum d'histoire qu'on a rarement 1t part les innombrablesrecherches des paléontologis- et

S
s'efforce d'y concentrer tout naturelleet tes modernes 1 s'accordent àprouver
ce qui peut en faire 'e anitr
animales et végétales d'une période que les espèces
Geoffroy Saint-Hilaire, Cuvier, Lamarck, donc donnée n'ont jamais disparu géologique
aux sciences naturelles une portée
donnent t
bientôt étein
l'on ne con- espèces
éteintes graduellement, une à une, en bloc, mais
tandis
se sont
que des
naissait pas. Comme introduction que espèl nouvelles prenaient successivement
~oologie du Muséum, Lamarck IL son
cours e place.
de place leur
bord botaniste et collaborateur (1"44-182!j), d'a- Au moment même où en France Cuvier
Au
blie en 1809 sa Phil~,sopkie de Candolle, pu-L- 1- Saint-Hilaire
Saint et Geoffroy
zoolo~gigue, captivaient l'attention des savants
ct puissante tentative d'explication de e les grandes g luttes scientifiques qui s'élevaient par
des animaux. Il y regarde les l'originee tre tre eeux, en Allemagne se développait, en-
comme descendant d'espèces qui espèces actuelles fluen, de Schelling, l'école sous l'in-
les de la p~,ilosopkie de la
'lui se sont graduellement
transformées sous fin- puiss
nature, qui attribuait à la raison humaine une
fluence des milieux et de 1 habitude pujssance safSsante pour découvrir
dividus modifiés ont transmis
descendance lrurs par hérédité à
de
et dont les in- de l'o
leur d (J Jn9.i~ fut, parmi les naturalistes
sans le secourt
lois du monde Physiq~ë~n

où nouveaux caractères. Son His- dits,


toire naturelle des animaux
il classe et décrit
goureuse la multitude des animaux
sans
avec
vertèLres
une méthode
inférieurs,
( 1816 à il acquit
acq
ri- patriotes.
lui
patrio
les
te pins emment représentant de proprement
une
similitudes
sir
influence considérable sur
On lui doit d'avoir
cette école;i
ses
attiré l'attentioncom- sur
a mérité d'être appelé le Linné jro~tçais. Etienne qui entre les diverses
Geoffroy Saint-Hilaire (P72-IH44), ties d' d'un même organisme et d'avoir par-
miné parl'idée de démontrer tout entier do- même temps exprimé, en
l'unité decomposit7b~. probal que le grand poète
du regne animal, dote l'anatomie probablement vraie, que le crâneGœthe, des
la pensée
animaux
ses véritables moyens d'investigationcomparée de périeu périeurs n'est autre chose qu'une
association
su-
de
chemin deus lequel trace
elle n'a cessé de marcher de- le vertèb
vertèbres modifiées.Cette idée qu'un même
puis lui montre le peut se
peut s répéter chez un être vivant tout organe
,'embryogénie par les parti que l'on peut tirer de nant d

~s-
en pre-
comparaisons
explique par les lois naturelles du
la formation, chez l'homme
anatomiques,
développement les divers
trtrer
des formes variées, conduisit Gœthe
quelques années après
qc que,
à démon-
végétaux,
et les animaux, de ces riéesdiv appendices et "mment les parties
de la fleur, pétales, étamines, va-
n2onstrw·.s~tés que tant de
comme miraculeuses, et crée ainsi gens considèrent C
encore autre (chose que des Co~r
etc., ne sont
nouvelle. fo,.mes S!)€c~Ques croit aussi une science enseml ensemble les diverses parties d'un mênje
lité des Pormes spéctfiques, à la mutabi- nisme nisme, comme le faisaient orga-
et attribue à la. seule parer ddans des animaux Gœthe et Oken; com-
les différents les organes qui
subis. Cuvier soutient changements qu'elles ont se corrl
au coutraire l'immuabilité Hilaire correspondent,
Hilaire rechercher
type le
~as
comme
les modifications de formes
le faisait Geoffroy Saint-
animaux de même
qu'entra!nent
modifications d'un liser li les découvertes qui devaient donner un élan
dans les divers organes les venait de fon-
organe donné, comme le faisait Cuvier ce sont là si s remarquable à la science qu'il
trois des points de vue essentiels de la~fomtf der. d
Vers 1S15 seulement, l'invention du microscope
comparée; une part dans la fondation de cette achromatique et les perfectionnements rapides
science revient donc à chacun des grands doit hommes a
Une place être ded cet instrument par Amict, Chevallier, etc.,
que nous venons de nommer.d'Azir (~8-1194), et mettent
r dans les mains des naturalistes un pro-
réservée auprès d'eux à Vicq cédé d'investigation d'une grande puissance. On
à Meckel (1781-1833).Pendant que l'anatomie corn- c
plus avant dans la structure des animaux
parée se constituait ainsi, un autre naturaliste émi- pénètre 1
des végétaux, et l'on suit avec plus d'attention
nent, Von Baér, fondait l'embryogénie comparée et <
t phénomènes intérieurs qui s'accomplissent en
les
ou science du développement des animaux et, par eux.Turpin(m5-)84()),deMirbel(m6-t854) signa-
nne méthode à lui, arrivait, relativement au nom- <

bre de types du règne animal, à des résultats dont lent


1 dans les végétaux, comme constituant essen-
la concordance avec ceux de Cuvier a été fort re. tiellement
1 la base de leurs tissus, de petits utricu-
marquée. M. Milne-Edwards a depuis1 nettement les sur lesquels Raspail attire de nouveau l'atten-
précisé (1844) toute l'importance de embryogé- tion, éléments et que Schwann finit par considérer comme
organisme,
il les nécessaires de tout
nie pour l'appréciation des rapports des êtres et leurs
n'y a aujourd'hui encore que bien peu de chose comme produisant par leurs associations
transformations diverses tous les tissus ce sont
rajouter à ce qu'il disait il y a trente-six ans. cellules, dont la considération produit dans les
Aux cotes de ces hommes illustres, une part plus les de la vie une révolution aussi complète
modeste, mais grande encore, revient à deux zoo- sciences celle produite en chimie par la découverte et
logistes, Savigny et Latreille. Le premier a laissé que
d'immortels Mémoires sur les animaux sans !;et'/e- la détermination orécise des corps simples. C'est
au microscope qu'Adolpherecherches Brongniart (1801-
bres; le second eut le mérite de concevoir avant grâce t876) peut entreprendre ses sur la
Cuvier une méthode de classification naturelle des fécondation des plantes, et fonder la paléontologie
insectes c est lui qui a donné à l'entomologie cette végétale
précision qui en fait, parmi les branches de la zoolo- par ses études sur les végétaux fossiles.à
gie, l'une des plus propres à former déjeunes natu- En Allemagne le microscope permet encore
Ehrenberg (t195-t876) de saper les fondements
.MUstes. De Blainville (t7n-t850),tsidore Geoffroy
de la nature en détrui-
Saint-Hilaire (1805-1361),Audouin (n9')-1841) sou- mêmes de la « philosophie
tiennent la gloire scientifique de leurs prédéces- sant la croyance a la génération spontanée des
créer une animaux et des végétaux les plus simples, dont il
seurs. Le premier s'efforce même de nombreux modes de reproduc-
école indépendante; il croit à une série animale fait connaître les Ehrenberg d'avoir décrit et tiguré
qui ne comprend pas tous ces organismes, mais tion. On doit à infinie d'êtres microscopiques dont
un certain nombre d'entre eux, autour desquels unemultitude
peine soupçonnée, et d'avoir
viennent se ranger des /~pM <~fa<~ qui rom- l'existence était à
praient la série générale si on essayait de les y in- montré la formation part immense que ces petits êtres ont
tercaler, mais qui forment eux-mêmes série quand) prise à la des couches géologiques les
auquel1 plus puissantes. Mais, enthousiasmé par ses dé-
on les range autour du type fondamental quelques-uns d'entre eux, les Roti-
ils se rattachent. De Blainville rejette la classifi- couvertes sur certaines idées théoriques,
cation de Cuvier et lui en substitue une autre, /~t'es, séduit par
fondée sur le mode de symétrie des animaux. Ehrenberg se laissa entraîner à attribuer aux infu-
Les découvertes paléontologiques de Cuvierr soires une organisation beaucoup trop compliquée.
devaient amener dans la géologie une révolutiont Il fut vivement attaqué sur certains points, et l'un
profonde. Werner (n&O-lSl'!), le grand minéralo- de ses contradicteurs les plus ardents fut notre
giste de Freiberg, partisan résolu de l'explicationt compatrioteRennes, qui l'on doit ta découvertedes
Dujardin, professeur à la Faculté
de
de tous les phénomènes géologiques par l'actioni sciences de
des eaux, classait les diverses couches de l'écorce
terrestre d'après leurs caractères minéralogiques de
ce
fait important qu'il existe une
vie, sans être organisée, qui forme le corps
substance douée

Alexandre Brongniart (1770-1847) eut le premierr des infusoires, et à laquelle il a donnédepuis le nom de
dans
fidée de faire appel aux fossiles pour déterminerr Mrcodf. Cette substance, retrouvée
l'âgerelatif des couches et distinguer,en dehorss tous les éléments constitutifs des êtres vivants,
de tout caractère minéralogique, les couches con- n'est autre chose que le protoplasma, dont Hugo
temporaines de celles qui ne le sont pas. Cette
méthode de elassincation des terrains devait deve-
von
hors
Mohl et Max Schultz ont montré l'importance
ligne, et qui doit être considéré comme la
nir plus tard, grâce aux patientes recherches dui ~M&sfaKce Mua?t<e fondamentale, la base pA~~M
savant conchyliologisteDeshayes (1795-1875) et aux tfe la vie. Comparable à certains égards à un com-
généralisations de sir Charles Lyell, la méthode e posé chimique, mais possédant toutes les facultés
exclusive des géologues. Enfin, comme si toutess qui sont l'essence de la vie. le protoplasma n'e-
les branches de l'histoire naturelle devaient à xiste jamais qu'a l'état de petites masses mdépen-
cette époque recevoir une impulsion nouvelle dul dan tes qui revêtent ordinairement la forme de c"t-
f;Ma<OM!-
grand établissement que la Convention avait enn <u~<. Ce sont la les véritables e~'meH~ appelés les ott-
France consacré à leur culte, Haüy (H43-i8M)') OMM, ceux que Claude Bernard a
achevait d un coup la erM<a//o~)'ap~M dont Berg- M-:e~ de la vie, ceux dont les propriétés contien-
mann et Romé de Lille avaient à peine avant lui nent l'explication de la structure comme aussi des
jeté les bases. fonctions diverses des organismes. L'identité de
ramené ce
A l'école de médecine de Paris, Bichat (l'!Ti- ces éléments dans les deux règnes a
1803) faisait de son côté entrer l'anatomie danss grand physiologiste à concevoir, a l'exemple de
des voies nouveHes. Il professait que les diverss Lamarck, une science générale de la vie, la &K~o-
organes et appareils étaient constitués de partiess gie, ayant pour objet de réduire à un ensemble de
essentiellementles mêmes dans tout l'organisme, loiscommunes les phénomènes, jusque-là considé-
végétale et de
les f'/etnemb aMa<om:~tt< groupés eux-mêmes enn rés comme antagonistes, de la vie
tissus et en systèmes d'organes semblables; il de- la vie animale. Ce fut la préoccupation constante
vint ainsi le fondateur d'une science nouvelle, des dernières années de l'homme de génie qui
l'AMMo9'<' ou science des tissus; mais il ne put it fixa à la p/i[~:o~<<' c.rpëfWteM~e une voie den-
connaître, faute de procédés de recherche suffi-[- nitive, jalonnée déjà. par les travaux de Spallan-
à la fois
ea~ts, les véritables éléments anatomiques. Il mou- t- zani, de Réaumur, de Hatler (nu8-m7), physiologiste, de
rut à l'âge de trente et un ans, avant d'avoir vu réa-a- poète, médecin, botaniste et
Charles Bell (1774-1842), de Magendie (1783-1855),ides roches sédimentaires, dont quelques-unes-ont
deFIoaren*. subi au contactéeces dernières,portéesaune hauta
Longtemps on s'était, & quelques exceptionsprès, température.desmodincationsimportantes;
borne a étudier tes êtres vivants & leur étatappelle l'attention Hutter
sur ces modifications,et désigne
l
adulte, à classer et à décrire les formes que l'on les roches qui les présentent
t
découvrait sans trop se préoccuper de suivre un m~aMo~Ai~MM. Alexandre sous le nom de roches
de Humboldt ()'769-
môme organisme dans les diverses phases de son )859), esprit encyclopédique, recueille dans
existence. Les insectes, avec leurs métamorpho- voyages une foule de documents relatifs à la ses
ses, paraissaient une exception unique parmi les titution physique du globe et les expose d'une cons-
êtres vivants. Les grands voyages, tels que ceux façon magistrats dans grand ouvrage, le Cos-
do Péron et Lesueur, de Lesson, de Quoy et Gai- MM. Léopold de Buch son et Elie de Beaumont éta-
mard, etc., font connaître un grand nombre de blissent d'une façon définitive la théorie du
formes nouvelles de zoophytes et d'autres ani- lèvement des montagnes. sou-
Elie de Beaumont (1798-
maux marins, et ramènent l'attention sur ces sin- 1874) tente même d'exprimer la disposition gêné-
guliers organismes.Lesueur, décrivant certains aca- rate des principaux systèmes de
lèphes (1815), est amené à tes considérer comme montagnes an
moyen de lois géométriques. C'est à cet illustre
des colonies flottantes d'animaux qui, bien que géotogne et à
nés les uns des autres, et demeurant toute leur l'on doit la carte <on collaborateur Dufrénoy que
géologique de France. Mais le
vie associée, revêtent cependant dans la même feu et l'eau à l'état liquide ne
colonie les formes tes plus différentes. Dans l'un causes qui ont contribué à modifiersont pas les seules
d'; ses voyages, Addlbert de Chamisso, à la fois globe. On t'aperçoit qu'il faut aussi le relief du
poète, romancier et naturaliste, fait connaître venir dans une largo faire inter-
mesure l'action des glaces.
(18)9) des animaux, tes Sa/~M,<qui revêtent alter- Les observations de Venetz, de Charpentier
nativement deux formes difTérentes à chaque gé- montré que les glaciers de la Suisse ont
ont eu
nération, de sorte que tes enfants ne ressemblent fois une ptusgrande étendue.Louis Agassiz reprend autre-
jamais a leurs parents, mais bien à leurs grands, ces observations et arrive à conclure
parents. Un pasteur norvégien, Sars, de Bergen, ces ont couvert, pendant une période que les gla-
découvre (t835) des faits entièrement analogues ment récente, relative-
une grande partie de l'hémisphère
sur les méduses; le grand physiologiste Johannes boréal et ont laissé en maints endroits des traces
Müller (180)-m&8) fait connaitre le mode de dé- de leur passage. On a cru longtemps que la fin
veloppement plus étrange encore des étoiles de de cette période glaciaire marquait la date de
mer et des oursins; une série de découvertes l'apparition de l'homme sur la terre, mais des
successives de Boianus, von Baër, Mehlis, Nord- découvertes récentes tendent à reculer beaucoup
man, Creplin, Dujardin, Zeder, von Siebold, de plus l'époque de cette apparition. Non moins pa-
Filippi font entrevoir des phénomènes analogues léontologiste que zoologiste géologue, Louis
dans le mode de propagation encore mystérieux Agassiz tente de préciser les et caractères des in-
des helminthes ou vers parasites de l'intestin et nombrables fossiles découverts depuis Cuvier
de divers autres organes de l'homme et des ani- et de déterminer leurs
enfin, un éminent naturaliste danois, Ja- qui vivaient de nos jours.rapports avec les êtres
-maux Les uns lui semblent
petus Steenstrup,réunit tous tes faits observésjus- conserver toute leur vie les traits des embryons
qu'à lui'sur tes zoophytes et les vers, et développe des animaux actuels ils constituent des types
en 1842 sa grande théorie des ~~n~a~oK~ alter- <mAr'/oMM<M; d'autres paraissent présager par
nantes, qui a reçu de P -J. van Beneden et de certains de leurs caractères l'apparition prochaine
M. de Quatrefages d'importants développements. de types nouveaux sont les types prophé-
Les travaux de von Ba6r, de Prévost et Dumas, <MM d'autres ennn réunissent ce
de Wagner, de Purkinge, de Lallemand, de Pou- ractères que l'on ne trouve plus en eux des ca-
aujourd'hui
chet, de Coste, avaient établi sur des bases iné- qu'isolés sur des êtres assez étognês les
branlables la généralité de la reproduction par autres ce sont les types synthétiques.Tous uns des
voie sexuée la théorie des générations alternan- fossiles étendent singulièrement l'idée ces
que les
tes donnait à la reproduction par voie de simple êtres vivants nos contemporains peuvent nous
bourgeonnement ou de division transversale du donner de la nature et de la variété des formes
corps une importance qui s'accroît chaque jour organiques. Louis Agassiz croit, comme Cuvier, à
et qui paralt destinée à devenir de premier ordre. la fixité de formes mais les paléontologistes.
Les faits de génération alternante ne sont pas sont presséscessans relâche par les conséquences
limités d'ailleurs aux animaux on les retrouve chez inévitables de leurs découvertes; il est hors de
un très'grand nombre de cryptogame*, et la con- doute que les espèces animales et végétâtes.
naissance du mode de propagation de cea plantes, ont été plusieurs fois totalement renouvelées à la
celle de leurs singuliers éléments reproductfurs, surface du globe. Ce renouvellement a eu lieu
doués de mouvement comme de petits infusoires, sans <:o<ac~M"; les espèces ont disparu à
constitue encore un progrès important dû prin- une, ont été remplacées une à une de telle une façon
cipalement aux travaux d'Agardh, de Unger, de que leur ensemble a subi une transformation
Berkeley, de Mohl, de Thuret, de Derbès et lente et graduelle. Comment se sont produites les
Solier, de Pringsheim, de de Bary, etc. Des liens espèces nouvelles? Ont-elles été tirées du néant~t
nouveaux se trouvent ainsi établis entre les ani- leurs premiers représentants ont-ils été faits d'un-
mauxet tes végétaux. coup à l'aide de la matière inerte; ou bien chaque
La géologie fait à son tour de rapides progrès. forme spécifique nouvelle n'est-elle que le ré-
Les anciens géologues se partageaient en pluto- sultat de la transformation d'une forme analogue
niens et en neptuniens, les uns attribuant à l'ac- qui l'a précédée? Il faut décider entre ces trois
tion exclusive du feu, les autres à l'action non alternatives les probabilités en faveur de la der-
moins exclusive de l'eau la conformation actuelle nière augmentent chaque jour.
do la surface du globe. En 1811, Breislak à Rome, En lHa9, un naturaliste qui s'était déjt illustré
dans son ouvrage sur la ~Me~re extérieure du par un voyage autourdu monde, ou il avatt recueilli
globe, fait la part de ces deux éléments le globe, d'innombrables observationset qui lui avait permis
d'abord à l'état de fusion, s'est refroidi, sa surface de donner l'explication, bien des fois tentée avant
s'est solidifiée les eaux s'y sont condensées et lui, de la formation des lies de qui abon-
n'ont cessé depuis lors de contribuer à la modifier. dent dans le Pacifique, Charlescoraux Darwin, publie
Mais le feu central n'a pas cessé pour cela d'in- son livre sur t'C~me des c.tp~c~,
tctvM)ir. On distingue nettement les roches ignées temps ou'un de ses compatriotes, A.-R. en même
Wal-
lace, exprime des vues analogues dans un ou- Méditerranée, ils naviguèrent le long du littoral
vrage sur la Sélection naturelle. Les idées de africain, où ils fondèrent Carthage, et créèrent
Lamarck reviennent au jour; mais Darwin et des établissements sur les côtes de la Gaule et de~
Wallace montrent par quel mécanisme la Mt)'t«& l'Espagne jusqu'au détroit de Gadès. C'est à l'Her-
lité des formes, et la transmission par hérédité cule des Phéniciens qu'est attribuée la célèbre le*
des caractères acquis, peuvent produire des es- gende des colonnes d'Hercule.
pèces nouvelles et non de simples variétés sans Des Phéniciens la suprématie sur mer passa
aucune stabilité. Les variations qui constituent aux mains des Carthaginois, dont la domination
un avantage pour les êtres qui les présentent sont s'étendit sur toutes les Iles connues de la Médi-
seules conservées elles sont l'objet d'un choix, terranée, et qui possédèrent pendant plusieurs
d'une sélection naturelle, conséquence de la lutte siècles l'empire absolu de la mer. Dans ses luttes
pour la vie dont les animaux et les végétaux nous avec Syracuse, qui durèrent près de deux cents ans,
offrent l'émouvant spectacle. Les impossibilités Carthage équipa des flottes considérables, se chif-
apparentes qui n'avaient pas permis aux théories frant par plusieurs milliers de navires, et livra de
de Lamarck et de Geoffroy Saint-Hilaire de ré- nombreuses batailles navales. Elle ne réussit ce-
sister à l'opposition de Cuvier s'évanouissent. pendant pas à subjuguer sa rivale, qui parvint
Quoiqu'il reste encore bien des points obscurs même à la menacer sur le sol africain.
dans la théorie de la transformation des formes Syracuse ne fut pas du reste sa plus redoutable
spécifiques, un grand nombre de naturalistes se ennemie; elle eut à soutenir contre Rome une
rallient à une doctrine qui leur donne l'espé- lutte terrible, pendant laquelle elle disputa long-
rance de soulever un jour le voile qui couvre l'ori- temps à cette dernière l'empire du monde et où
gine des êtres vivants de là un mouvement elle finit par succomber. C'est au début des guerres
scientifique dont il est impossible aujourd'hui de puniques que les Romains, jusqu'alors sans ma-
nier la grandeur Les rapports des êtres, les clas- rine, équipèrent leur première flotte, que Duilius
sifications,l'anatomie comparée, l'embryogénie, la conduisit cependant à la victoire, malgré l'infé-
répartition géographique des formes vivantes ap- riorité des bâtiments qui la composaient. Dans
paraissent sous un jour nouveau. A l'ancienne con- cette première bataille navale, le général romain
ception de la nature vient s'opposer une concep- craignant, avec ses lourds vaisseaux construits à la
tion toute différente. Nous avons essayé de montrer hâte et ses équipages peu exercés, de ne pouvoir
dans cet article les pierres successives que les lutter avantageusement contre les navires légers
siècles ont portées à lédince que nous voyons et maniables des Carthaginois, inventa les cor-
subir de nos jours une métamorphose nouvelle. beaux, sorte de mains de fer destinées à accro-
fEdmond Perrier.1 cher les bâtiments ennemis et à faciliter l'abor-
NAVIGATION. Histoire générale, XXXIX-XL. dage ces terribles engins, en portant l'épouvante
– Temps anciens. La navigation remonte à la parmi les Carthaginois, contribuèrent à leur dé-
plus haute antiquité,et l'on s'égare dans les récits faite.
fabuleux lorsqu'on tente d'en pénétrer l'origine. La troisième guerre punique amena, à la suité
Les notions que l'on possède sur l'art nautique des d'un siège mémorable, la chute de la puissante
anciens peuples se bornent à quelques images ville africaine.
grossières peu propres à fixer les idées. Ce n'est Carthage avait dû son origine au trafic des-
d'ailleurs que lorsque la navigation a acquis un Tyriens l'activité de sa navigation avait contri-
certain développement, et qu'elle est devenue l'un bué au rapide développement'de sa grandeur;
des principaux agents de la civilisation, que son sa situation était d'ailleurs plus avantageuse
histoire est intéressante à étudier. que celle de Tyr. Les transactions des Cartha-
La pirogue des anciennes populations lacustres ginois s'étendirent au delà des colonnes d'Her
ou des Océaniens, creusée dans un simple tronc cule, sur la côte occidentale d'Afrique, visitée par,
d'arbre, et le radeau, composé de roseaux assem- Hannon, auquel on attribue un périple resté cé-
blés, de tronçons d'arbres réunis, sont probable- lèbre, et sur la côte d'Europe, explorée par Hi-
ment les premiers flotteurs employés par les milcon. Les historiens rapportent même qu'une
hommes pour se mouvoir sur l'eau; la perche, grande île de l'Océan fut découverte et habitée
appuyée au fond, dut être le premier engin de par les Carthaginois.
propulsion. Les Grecs furent également d'habiles naviga-
L'invention des rames et du gouvernail remonte teurs mais il est difficile de préciser l'origine de
aussi aux temps les plus reculés; ces créations leur marine, les faits de leur histoire étant déna-
d'ailleurs, comme celle du navire, ont dû être turés par les légendes et les fictions de l'époque
communes à tous les peuples établis sur les ri- fabuleuse. Bien que Thucydide attribue aux Corin-
vages de la mer. thiens la première construction des galères à trois
Après être resté longtemps informe, l'art nau- rangs de rames,ilest présumable que ceux-citinrent
tique reçut sa première impulsion des Phéniciens; des Phéniciens leurs connaissances sur la naviga-
c'est ce peuple qui semble tout d'abord avoir tion et la construction des vaisseaux. Quoi qu'il
compris que la mer, loin d'être un invincible en soit, les colonies grecques contribuèrent puis-
obstacle aux transactions des hommes, était au samment au progrès de la civilisation. Phocce et
contraire appelée à les rendre plus faciles. C'est Milet, en Asie Mineure, marchèrent en tête de
aux Phéniciens que nous devons les premiers per- toutes les autres les Phocéens fondèrent Mar-
fectionnements des navires de mer, 1 emploi des seille, dont les vaisseaux, sous la conduite du
voiles, l'usage de l'ancre, d'abord simple pierre MassUien Pythéas, remontèrent les côtes der
lourde, puis crochet en fer, celui du lest pour as- l'Europe occidentale et colonisèrent la Gaule et
surer la stabilité des embarcations, de la sonde l'Espagne Milet fonda de nombreuses villes dans
pour mesurer la profondeur des chenaux, de la la mer Noire.
rose des vents, etc. L'asservissement de l'AsieMineure par les Perses.
Les Phéniciens furent longtemps les maîtres de arrêta le développement colonial des Grecs et pro-
l'empire des mers; Sidon et Tyr, aujourd'hui dé- voqua les guerres médiques, qui placèrent Athè-
laissées, montrentencore les vestiges de leurs an- nes au premier rang des villes maritimes. La
ciens ports. Ils conquirent les îles voisines de leur bataille de Salamine, la plus belle bataille navale
pays, Chypre, Rhodes, la Crète, les Cyclades. Par la des temps anciens, fut gagnée par Théniistocle
mer Rouge, ils entrèrent dans les golfes Arabique et qui, avec 400 voiles, défit la flotte des Perses forte
Persique, et avancèrent jusqu'aux Indes, où ils se de 1300 bâtiments.
rendirent maîtres de Taprobane (Ceylan). Dans la La guerre du Pétoponese entraîna ensuite la
ruine d'Athènes, en consolidant la puissance de mots des navires dont ils se servaient. Les vais.
Sparte. Après Sparte, Thèbes occupe quelque seaux en usage étaient de deux sortes les uns,
temps le premier rang. On arrive ensuite à la dé- dits vaisseaux ronds, étaient destinés au commerce
cadence de l'empire des Grecs et au berceau de et au transport; tes autres, appelés vaisseaux
la puissance macédonienne, puissance qui se dé- longs, mus par les rames et les voiles, étaient
veloppe rapidement, mais en restant plus conti- génératement connus sous le nom de galères. Les
nentale que maritime, car les exploits sur mer de Grecs divisaient ces dernières en monères, cM) M,
Philippe et d'Alexandre se bornent en somme au trières, etc.. selon qu'elles étaient manœuvrées
siège de Byzance et à la prise de Tyr. par une, deux ou trois rangées de rames. Les
Alexandre avait cependant conçu de vastes pro- Romains employaient les termes correspondants
jets maritimes; il avait fondé, entre Tyr et Car- de MN!r~)?!f, ttt'~mes, <)'t)'ctMM, etc.
thage dont il voulait anéantir la puissance commer- Jusque trois rangs de rames, on conçoit la pos-
ciale, la ville d'Alexandrie, que sa situation même sibilité de superposer les bancs de vogue; mais
destinait à être l'entrepôt du commerce de l'E- lorsqu'il s'agit d'expliquer tes dispositions adop-
gypte et de la mer Rouge. H se proposait encore tées pour les rameurs dans tes quatrirèmes, quin-
d envoyer des colonies, sur tes côtes du golfe quérëmes, etc., et surtout dans tes galères à seize
Persique et do porter ses armes dans l'Arabie; ou à quarante rangs de rames, on se trouve arrêté
ses idées de conquête s'étendaient aussi sur l'A- par la longueur démesurée que la superposition
frique et il méditait la destruction de la puissance eût donnée aux rames supérieures, dont la ma-
des Carthaginois, alors à son apogée. Ce fut dans nœuvre eût été impossible. Il faut admettre que
ces vues et pour d'autres desseins maritimes ce sont là des appellations défectueuses et que
encore plus hardis qu'il avait réuni une grande l'on doit entendre, non pas seize ou quarante éta-
quantité de navires, qu'il avait équipé de nou- ges de rameurs, mais seize ou quarante files, ran-
velles flottes et fait construire, aux bouches de gées probablement en échelon, comme les mar-
l'Euphrate, un immense port pouvant contenir ches d'un escalier, en partant de l'une des extré-
plus de mille vaisseaux. mités de la galère pour aller vers l'autre.
Les successeurs du grand conquérant suivirent Les trières des Grecs, ou tes trirèmes des Ro-
les traces qu'il avait marquées dans la voie mari- mains, étaient tes galères les plus employées,
time. Les Ptolémées, à qui échut l'Egypte, ouvri- ayant les meilleures qualités nautiques pour la
Tent une route d'Alexandrie aux Indes l'un d'eux, marche et l'évolution elles portaient à l'avant un
iPhiladelphe, se rendit puissant par l'étendue de éperon pour l'attaque par le choc, et l'on estime
ses flottes et exerça son empire sur la Syrie, la à 150 hommes en moyenne l'équipage qui les
-Cilicie, la Lydie, les Cyclades, où il fit affluer par manœuvrait. Elles étaient pontées de l'avant à
!e trafic des mers les richesses de l'Orient. Séteu- l'arrière et génératement gréées de deux mats.
<us, qui héhta de la Babylonie, s'appliqua aussi Moyen Age. De ta chute de t'empire d'Occident
.au progrès de la marine; dans les guerres qu'il jusqu'à la prise de Constantinoplepar les Turcs, la
eut avec Antigone, l'un et l'autre couvrirent de géographie lit peu de progrès, la navigation et
leurs flottes la mer Méditerranée. Le fils de ce l'architecturenavale restèrent à peu près station-
dernier, Démétrius Poliorcète, pour se rendre naires. Les galères à un seul rang de rames fu-
maître de l'Asie, équipa une flotte de 500 voiles, rent en grand usage sur la mer Méditerranée
où l'on voyait, dit Plutarque, des vaisseaux de d'une longueur de 40 a 50 mètres, sur une lar-
quinze rangs de rames, qui, malgré leurs dimen- geur de 5 à 6 mètres, et assez basses sur l'eau,
sions extraordinaires, possédaient toutes les elles différaient peu, pour la forme et tes dimen-
~tés nécessaires pour la marche et l'évolution.qua- sions, des anciennes trières grecques. Les nc/
Les Romains, avant la première guerre punique, naves, ou vaisseaux ronds de haut bord, étaient
m'avaient aucune idée des choses de la mer, du particulièrement en usage dans l'Océan; plus
-moins pour la réunion des flottes et leur emploi à courts et plus creux que les gaières, ces bâti-
la guerre. A la suite de la victoire de-Duilius, les ments naviguaient surtout à la voile. Les Scandi-
progrès de leur marine furent rapides et, après naves employèrent pour la haute mer des Drakars
avoir longtemps disputé à Carthage l'empire de la à rames et& voiles. Mais toutes ces constructions
mer, ils unirent par anéantir cette puissance. Ce- ne présentaient pas un progrès bien marqué sur
pendant les circonstances seules les conduisirent celles des anciens navigateurs.
<par la suite à équiper des flottes. Au début de la Parmi tes nations maritimes du moyen Age, il
guerre contre Mithridate, roi de Pont, Sylla recon- faut citer en première ligne les Northmans, har-
nut la nécessité d'avoir une flotte pour agir contre dis navigateurs ou plutôt pirates, conduits par
un ennemi dont la puissance consistait principale- leurs terribles Wikmgs, dont la guerre était la
ment en forces maritimes, et chargea Lucullus continuelle occupation. Au ix* siècle, les Norvé-
d'en assembler une. Plus tard, lorsque Jules Cé- giens déjà établis aux Orcades, aux Hébrides, aux
sar, après avoir soumis les Gaules, à la Shetland et aux Féroë, découvrirent l'Islande,
conquête de l'Angleterre, il dut fairesongea venir des qu'ils colonisèrent et qui devint le point de dé-
vaisseaux et des matelots de toutes les provinces part d'expéditions nouvelles; celles-ci amenèrent
conquises. à leur tour la découverte du Groenland et de
Après avoir vaincu Pompée et être à Terre-Neuve.
ta suprême puissance, César donna ses parvenu
soins à la Au commencement de ce même siècle les Nor-
navigation, fit construire des ports, des jetées, mands ou Danois ravagèrent les côtes de la Grande-
des phares sur le littoral, et rendit l'embouchure Bretagne, ainsi que celles de la Gaule, dont ils dis-
du Tibre et le port d'Oatie accessibles aux plus putèrent le territoire aux Francs. Pendant long-
forts navires. La bataille d'Actium vit aux prises temps leurs navires firent des descentes sur les
les deux plus formidables flottes qu'eussent côtes et remontèrent le cours des grands fleuves,
core équipées deux puissances ennemies. Après en-
j établissement de l'empire, lorsque la Méditer- pillant et dévastant tout sur leur passage. Un
ranée connut la sécurité de la paix romaine, siècle après la mort de Charlemagne, ils finissent
la marine marchande prit un développement con-» par s'établir en Neustrie. Plus tard, ils se signa-
sidérable tandis qu'au lèrent par de grandes expéditions en 10G6,
point de vue militaire, Guillaume de Normandie conquit l'Angleterre;
t art naval n oNre plus guère de faits intéressants
ni de progrès marqués. '1 vers la même époque des chevaliers normands
Pour terminer ce rapide aperçu de l'histoire de s'établissaientau midi de l'Italie et en Sicile.
A peu près abandonnée au début de la c'onar-
la marine des anciens peuples. disons quelques chie française, la marin" fut l'objet de la sollici-
re donna liea à la traite des
noirs. Don Henri.
tude de Charlemagne, qui entretint plusieurs flot- res
le natJi'~M! fonda auprès du cap
les deux mers, dont les côtes étaient surnommé su
académie nautique; c est à lui
tes sur Saint-Vincent une
fréquemment ravagées par les Normands et les S~ l'on attribue l'invention des cartes plates, les
Sarrazins- qi
que rédui-
~~e~eption des expéditions d'outre-mer pro- se seules en usage sur mer avant les cartes franchis.
voquées par les Croisades et des épisodes qui ont tes te de Mercator. En 14'!), les Portugais les étoiles, irt
saient l'équateur et observaient
fait arriver jusqu'à nous les noms dodePrimauguet la France connues
sa
jusqu'alors, de l'hémisphère austral;
et de Prégent, l'histoire maritime cc
plus tard, Barthélemy Diaz atteignait;
jusqu'à François 1" aucun fait saillant quinze
q; ans
n'offre
mentionné ici. le
's cap des Tempêtes, que Jean II appela le cap de
digne d être
contraire, brille- Bonne-Espérance,
t! dans la pensée, promptement
républiques italiennes, au
Les
âge par leur marine. G6nes au réalisée,
rf que cette découverte devait un jour
rent au moyen la route des Indes.
commencement du x< siècle, après s'être débar- ouvrir 01
Ce sont ces entreprises hardies des Portugais
rassée des Sarrazins, s'enrichit par le commerce à
navigation et fournit aux princes chrétiens qui q engagèrent le Génois Christophe Colomb Portugal.
et la des Croi- venir offrir ses services à Jean H, roi de
de puissants secours pour le transport laquelle elle
v'
e
Repoussé
B par ce dernier, il s'adressa
a isabeue
sés. Elle fut la rivale de Pise, avec
luttes et dont elle d'Espagne, da qui lui confia trois caravelles, avec
eut à soutenir de nombreuses après la célèbre victoire navale lesquelles
I.
Il le grand navigateur découvrit 'Améri-
consomma la ruine (14 octobre 1492). Nous renvoyons à l'article
qu'elle remporta en )M4 auprès de l'île de la que
q
~ecoMM~M pour le récit de cette glorieuse
Meloria. expéditionet de celles de Vasco de Gama aux Indes
Venise fut de bonne heure maîtresse de l'Adria- e
et de Magellanautour du monde.
tique. La quatrièmecroisade, qui amena la prise de orientales
o
De époque mémora-
Temps modernes. progrès cette
Constantinople, lui donna les plus belles stations Morée, ble t datent les grands de la navigation et
maritimes de l'Empire grec, les ports de la perfectionnement rapide de la construction
l'Archipel, l'Ile de Crète et une partie de Cons- le 1
navale Aux caravelles de Colomb, longues de
tantinople. Mais la part que les Génois prirent t2', à 30 mètres et larges de 7 à s mètres, succé-
ensuite au rétablissement desville empereurs grecs Jdèrent des navires de mer de 50 à 60 mètres de lon-
trône de cette dernière amena la lutte c 8 mètres
sur le
deux puissantes républiques. Après avoir été ¡gueur,de 9 à 10 mètres de largeuret de 6 àaffectés à
des Venise finit par domi- de profondeur. Les galions d'Espagne,
sur le point de succomber, (
des richesses du Nouveau Monde, at-
ner sa rivale jusqu'à la fin du moyen âge et ne l'importation 1
teignirent jusqu'à 1000 et 1200 tonneaux.
perdit ses colonies de l'Archipel Constantinople. et de la Morée t L'usage de la poudre à canon, qui avait suivi
l'entrée des Turcs à
Qu'après
Nord, la célèbre Ligue hanséatique ren- de près celui da la boussole, contribua aussi à
Dans le
côté à la navigation de grands services l'accroissement des dimensions des bâtiments;
dit de son 1 les avaries considérables que causaient
les bou-
commerciaux qu'elle établit entre
par les rapports
les peuples. D'abord formée en 1241
lets
par un traité nèrent dans des navires de faible
l'augmentation de
échantillon
l'épaisseur des
ame-
mem-
entre Hambourgnombreuses et Lubeck, la Hanse se grossit brures et des murailles; celles-ci furent ensuite
villes maritimes et
rapidement do
siècles étendit navigation et t percées de sabords pour la volée des pièces dar-
pendant plusieurs
le littoral de la mer
sa
du Nord et de fillerie, longtemps placées sur les ponts ou dans
son trafic sur les encombrants châteaux d'avant etl'une d'arrière. Les
la Baltique. ensuite 1 autre,
de la boussole avait ouvert unebatteries se superposèrentcréé.
fut
progrès elle et le vaisseau de ligne
L'invention
ère nouvelle à la navigation et à ses maritimes quii La découverte des Indes occidentalesl'invention et orien-
grandes découvertes
auxt taies ne fut pas laseule
nmena de conséquence de
changèrent la face des choses et firent passer jusque-la de la boussole la navigation s'étendit aussi vers
nations occidentales l'empire des mers,
réservé aux peuples de la Méditerranée. l'on at- Hollandais les deux pôles les Anglais, les Allemands, les
cherchèrent longtemps un passage par
C'est au Napolitain Flavio Gioja que
tribue généralement cette grande invention;le nord de l'Europe, pour aller en Chine la Nou-
xn'- siè- velie-Zemble. le Spitzberg, furent
découverts la
mais il est cependant reconnu que dès leles Nor- même année par le navigateur auxiliaire puissant anglais Willoughby
cle les marins provençaux, et au xiii' de ferr (1653). La grande pêche, cet
mands, employèrent la M<[r:ne«e, barre l'eau à de l'alimentation publique, reçut également un
aimantée, maintenue en suspension sur égale- considérable dès la fin du xv' siècle.
l'aide d'un morceau de liège. Ilservirent semble e- essor
avéré les Arabes se dès lee Les conquêtes des Espagnols dans le Nouveau
ment que Charles-Quint un empire co-
xf siècle de la boussole, dont ils tenaient l'inven- i- Monde donnèrent à Mexique, la Floride, les An-
Quoi qu'il suit, c'est à cette lonial immense le
des Chinois. en ;e Pérou
tion
la navigation dut de le tilles, la Nouvelle-Grenade, le Chili, le
importante découverte queextraordinaire. étaient autant de provinces espagnoles. le litto- iontctois
prendre un développement n'était effective que sur
Il est intéressant de remarquer que les pre- e- cette domination
a- rai, et il fallut de longues années pour que ces
miers efforts tentés pour franchir les limites des
ma-
Etats établissements, fondés par des poignées d'aven-
ritimes connues ne furent pas t'œuvre ts
avaient le plus cultivé jusqu'alors l'art de la turiers, pussent acquérir la forme d'Etats régu-
qui 1s liers, et pour que la
civilisation s étendit dans
navigation. C'est aux Portugais et aux Espagnols de ces vastes contrées; il fallut sur-
que fut réservée la gloire
d'ouvrir la voie des 's l'intérieur attendre l'agriculture et l'industrie
grandes découvertes. tout que
succédassent à la soif trop ardente des richesses
Le Portugal avait cependant déjà acquisL'in- une
ie
faciles.
certaine renommée dans la science nautique~ n-
quatrième fils de Jean le Grand,
d, A la mort de Charles-Quint, la marine espa-
fant don Henri,
à Tanger, orga- gnolo atteignait son apogée; Philippe H,Armada,son ~s.
après s'être distingué à Ceuta etamenèrent la
a~
é-
dé- assista à la ruine de sa flotte, l'invincible
expéditions, qui alors
nisa plusieurs Canaries, détruite par l'Angleterre. L'Espagne perdit
ccuverte de Madère, l'occupation des ,s,
Béthen- la plus grande partie de ses colonies et de celles
déjà reconnues par le Français Jean de L empira
ju
des îles du des Portugais dont elle s'était emparée.
court, la découverte des Açores. celle occidentales des mers passa aux Anglais et aux Hollandais.
Cap-Vert t'exploration des côtes es
d'Atrique, où l'échange de quelques captifs mau-
lu- Il convient de mentionner ici un événement
maritime, important par ses conséquences c'est est Ce n'est -guère du règne d'Elisabeth que
Mus le règne de Philippe II que don Juan d'Au-
tnche, choisi pour commander les forces navales .1- datent les débuts deque
la prospérité navale de l'An-
es
réunies de l'Espagne et de l'Italie, défit la flotte gleterre. Avant cette époque l'histoire anglaise
~e mentionne bien quelques grands faits marit'mes,
ottomane k la célèbre bataille de Lépante De )e des descentes en France, et même plusieurs vic-
cette défaite datent les débuts de la décadence des
es toires navales, parmi elles, celle de l'Ecluse
Turcs, dont Ja puissance devenait inquiétante te 1340, mais ces faits isolés ne justiniient en
depuis les exploits des frères Earberousse, qui ui prétentions de souveraineté des pas les
avaient tenu tète & Charles-Quint et aDoria l'un rogeait mers que s'ar-
des plus grands marins de ce siècle. in cette nation. A l'époque des grandes dé-
Les Hollandais profitèrent les premiers, après couvertes, qui rendirent si puissantes l'Espagne
6s et le Portugal, à l'exception des deux Cabot,
les Portugais, des grandes découvertes de Vasco tiens
de Gama et de Magellan. Après nn premier :o d'ongine au service de l'Angleterre,Véni- qui
voyage firent plusieurs voyages d'exploration,
aux Indes orientales, ils s'établirent dans les Mo- a- HuguesWilloughby, qui découvrit en 1553 leetSpitz- de
luqoes,~}ue les Portugais avaient découvertes, et et berg, les annales britanniques ne mentionnent
créèrent, en 1602, la célèbre compagnie des Gran-
des Indes, qui fonda un comptoir à Java, et bâtit i- aucune illustration maritime.
la ville de Batavia, encore aujourd'hui le centre it La lutte contre Philippe H d'Espagne donna la
du commerce néer]andais dans le grand archipel -e première impulsion à la marine anglaise. Pour
:I tenir tête à t'M~no~e ~rmodc, Elisabeth fit
d Asie. Us s établirent ensuite successivement a à [t énormes préparatifs de défense
Sumatra, à Bornéo, à Malacca et même
au Japon, réunit, à force de sacrifices, sur les côtes et
dans le port de Nangasaki, où, dès 1650, ils pu- 200 bâtiments de une flotte d'environ
t-
rent, à 1 exclusion de tous autres étrangers, faire,espagnol et de guerre. L'inhabileté de l'amiral
jusqu'à nos jours, le trafic avec les Japonais. ses équipages, aussi bien que les
Les Hollandais firent en même temps d'impor- victotre mauvais temps, facilitèrent la victoire des Anglais,
tantes découvertes le détroit de Lemaire, dansa ment, alors qui ne leur coûta que la perte d'un bâti-
le sud de 1 Amérique, entre la Terre de Feu et laa 80 vaisseauxque les Espagnols virent disparaître e
Terre des Etats, le cap Horn, déjà vu par l'Anglais expédition et plus de 12000 hommes; cette
Drake, une partie de la Nouvelle-Hollande, las avait englouti 300 millions (1588). Quel-
ques
terre de Van Diémen, appelée aussi Tasmanie, dua avec Drake, après,
a années l'amiral Howard, le vainqueur,
nom du célèbre navigateur Tasman. f.tt~o,
de précipitait la ruine
la marine espagnole, en s'emparant de Cadix de
Au milieu du xvn' siècle, la Hollande était la
première puissance maritime du monde. Plus dea en brûtant dans ce port une nouvelle flotte. et
fO" navires entretenaient son commerce exté- suite e La compagnie des Indes orientales, fondée en-
rieur et ses importantes flottes de guerre étaientt par Elisabeth (1600), donna l'essor au mou-
conduites par les Tromp et les Ruyter. vement maritime commercial de l'Angleterre et
ouvrit la
En 1651 éclatèrentles premières hostilités entres phtques. voie à de nouvelles découvertes géogra-
la Hollande et l'Angleterre. L'amiral Tromp, après Plusieurs navigateurs avaient déjà itius-
avoir battu tes Anglais a Douvres, fut défait à tré ce règne par des voyages d'exploration remar-
son
tour dans tes batailles de Portland, des Dunes et qui,i quables; parmi eux il faut citer Francis Drake,
de Catwyk; les Provinces-Unies durent alors t en t5n, franchit le détroit de Magellan prit
se possession de la
soumettre M'~e de navigation et reconnaltrelat tes Indes et le Californie
de
et revint en Europe par
s))"rematiede l'Angleterre. cap Bonne-Espérance; Davis,
qui donna
!i 1654, dans la guerre qu'ils firent au Portu-sépare le Groenland du Cumberland Raleigh, qut
son nom au grand détroit gtané
gai, les Hollandais perdirent le Brésil qu'ils1entreprit de coloniser qui
l'Amérique
avaient conquis peu à peu et occupé pendant fonda
quinze ans; mais ils s'emparèrentde la colonie du explorations
j du nord
en 1584 l'établissementde la Virginie. Les
et qui
Cap, où ils fondèrent la ville de ce < de ce dernier furent l'origine,
nom, chassè- JJacques I", de nombreux sous
reut les Portugais de Ceylan,de Bornéo et de Ce- glais établissements des An-
lèbns et les dépouillèrent de leurs principaux tion e dans l'Amérique du nord, dont la colonisa-
éhiblissements du Malabar. t fut par la suite très rapide, grâce aux puri-
La seconde guerrequ'ils eurent a soutenir tains.
t Plusieurs expéditions, qui honorent les
Angleterre et qui fut en partie provoquée contre navigateurs
<] anglais, furent aussi entreprises en
la traite des noirs, dont chacune des deux nationspar vue
v de rechercher un passage au nord du Nou-
voulait avoir le monopole, leur fit perdre Nieuw- vveau Monde. En 1610 Hudson explora l'immense
bbaie qui porte aujourd'hui son
Amsterdam, aujourd'hui New-York,dontils avaient EDanois nom, mais que le
jeté les premiers fondements en 1621. Ils acqui- Baffin, Anskold avait déjà découverte; le pilote
rent Surinam. B l'un des compagnons d'Hudson, parvint en
Après que Louis XIV eut dissous la triple Ibt6
j jusqu cette vaste mer qui lui doit son
alliance, formée contre lui par la Hollande, l'An- nom.
n L'exploitation des pêcheries reçut égale-
gleterre et la Suède, la France attaqua les Pays- les ment
n un grand développement au xvn* siècle'
Bas par terre et par mer. Les Hollandais, lE armements pour la pèche de la morue et celle
conduite de Ruyter, avec 50 vaisseaux, sous la de d la baleine acquirent en Angleterre
tinrent sion
si considérable. une exten-
tête, dans plusieurs batailles remarquables, à la En 1651 fut promulgué par Cromwell le fameux
flotte franco-anglaise forte de 80 vaisseaux,
et
l'habileté du célèbre amiral contribua puissam- étrangères Acte
A de navigation,destiné à exclure les marines
ment au rétablissement de la prospérité de son réserver et des ports de la Grande-Bretagne et à
pa r< aux seuls marins anglais le monopole du
Lorsque Guillaume III monta sur le trône d'An- commerce avec les colonies. Cet acte, auquel
1 Angleterre a dû en grande partie
gleterre, la marine hollandaise ne fut plus qu'une maritime, sa prospérité-
m
annexe de celle de l'Angleterre; elle servit à la Hollande dans et qui n'a été aboli qu'en t85U, frappait
accroltre la son commerce et sa navigation
tir de cette puissance de cette dernière et, à par- et provoqua la première
époque, elle courut rapidement verz
av cette puissance maritime.
guerre de l'Angleterre
sa décadence. La guerre de t'indépendance des avec Jusqu'à François I<naus t'avons dit, ta~marine
mats-Unis lui porta le dernier coup et fit perdre fut fu
à la Hollande une partie de à peu près délaissée en France comme force
ses colonies. Mais cette militaire;
m les diverses expéditions maritimes qui
nation occupe cependant aujourd'hui le
second rang comme puissance coloniale. encore avaient
av précédé cette époque avaient été entre-
prises
pr avec des flottes mercenaires rapidement
équipées. Ce règne vit les premiers efforts tentés Notre cadre restreint ne nous permet pas d'en-
en vue de créer une marine nationale permanente. treprendre le récit détaillé de l'histoire maritime
François I" appela auprès de lui le célèbre marin de la France et des autres Etats d'Europe dans les
génois André Daria; celui-ci, à la tête des galères temps modernes. Nous nous bornerons à rappe-
françaises, battit en t5~4 la Cotte de Chartes- ler brièvement les faits les plus importants, et à
Quint sur la côte de Provence, mais tourna en- mentionner les progrès réalisés tant dans la ma-
suite ses armes contre les Français qu'il chassa rine de guerre que dans la marine marchande.
de Gênes, à la suite de sa rupture avec François Sous la Régence, la marine française sembla
I" qui n'avait pas tenu les promesses faites en s'être éteinte avec les dernières illustrations du
faveur de sa patrie. règne précèdent; mais nos colonies reçurent ce-
En 1M5 le lorentinVerazzani, envoyé par Fran- pendant une certaine impulsion. Sous Louis XV,
çois I" en exploration sur les côtes d'Amérique, nos armes reprirent quelque éclat dans les Indes
prenait possession de Terre-Neuve; en 1534 le orientales: La Bourdonnais s'illustrait au siège de
Français Jacques Cartier remontait le fleuve Mahé, à Négapatam, à Madras, et Dupleix, à Pon-
Saint-Laurent et donnait le Canada à la France. diehéry, montrait un génie supérieur.
Sous Henri IV, en 159s, l'Acadie, déjà visitée C'est sous ce règne que disparurent les galères,
par Verazzani, était colonisée par les Françaiséta- du dont la chiourme de vogue fut versée dans les ba-
Canada, et en 1604 se fondaient les premiers gnes créés à Toulon, à Brest et à Rochefort. Des
blissements de la France équinoxiale, devenue expéditions scientifiques restées célèbres furent
plus tard la Guyane. Telles étaient nos colonies à entreprises Maupertuis, Clairaut et d'autres sa-
t'avènement de Louis XIII. vants étaient envoyés, en H3H, en Laponie par le
Notre flotte était alors à peine ébauchée; Riche- ministre Maurepas, pour la mesure d'un arc de
lieu fut chez nous le véritable créateur de la marine. méridien. La Condamine et Bouguer se rendaient
Ce ministre fonda des arsenaux, fit construire des dans le même but au Pérou, auprès de l'équateur.
bâtiments, organisa la flotte et la marine du com- Lacaille, en 1750, allait au cap de Bonne-Espé-
merce, créa l'académie royale de marine, destinée rance observer le ciel austral. Enfin d'autres sa-
,à former la jeunesse au métier de la mer, et des vants étaient envoyés aux Indes et à l'ile Rodrigue
écoles d'hydrographie dans les principaux centres pour observer le passage de Vénus sur le soleil.
maritimes. Il commença les établissements du Lorsque la guerre de Sept ans éclata, notre ma-
Sénégal, de Cayenne, de Madagascar, de Bourbon rine. qui avait fait des efforts pour se relever,
et d'une partie des Petitesdépérir Antilles. n'était cependant pas en mesure de tenir tète à la
Mazarin laissa ensuite l'œuvre de son flotte puissante de l'Angleterre.
prédécesseur mais le génie et l'activité de La France perdit le Canada, que Montcalm,
Colbert portèrent bientôt la puissance navale de sans secours, disputa glorieusement aux troupes
la France à son plus haut degré de grandeur; du général Wolf et à la flotte de l'amiral Saunders.
sous ce ministre l'élan fut donné à nos colonies Partout les revers poursuivirent nos colonies,
languissantes, qui s'accrurent des comptoirs de sans flotte pour les protéger ou les ravitailler. En
Chandernagor et de Pondichéry; la marine fut 176t Lally, bloqué à Pondichéry, sans un seul
reconstituée, la construction navale transformée bâtiment, sans vivres, après avoir longtemps ré-
par la suppression des châteaux d'arrière et d'a- sisté. avec 700 hommes, à une armée de M 0)~0 hom-
vant qui alourdissaient inutilement tes vaisseaux; mes et à une escadre de 14 vaisseaux, fut contraint
la flotte, considérablement accrue, comptait 800 de se rendre. L'année suivante voyait la perte de
bâtiments, dont 110 vaisseaux de ligne, portant la Martinique, de Sainte-Lucie et de la Grenade.
la 000 canons et plus de 100,000 hommes d'équi- En 1763 le traité de Paris consacrait la perte ir-
page. Les arsenaux furent agrandis, des bassins révocable du Canada et de l'Indoustan et l'aban-
de radoub creusés, le port de Rochefort créé, de don définitif de la Louisiane, donnée à l'Espagne,
vastes travaux entrepris à Dunkerque et au Havre. notre alliée, qui échangeait la Floride contre les
Le recrutement du personnel de la flotte fut as- Philippines et Cuba, que leur rendaient les Anglais.
suré par l'institution des classes, devenue par la Cholseut et après lui Praslin travaillèrent acti-
suite l'inscription maritime, qui a survécu jus- vement à relever la marine; ils réorganisèrentles
qu'ici à toutes nos révolutions. Enfin une caisse arsenaux et le personnel et s'occupèrent de la
de retraite créée pour les gens de mer, les ordon- flotte, qui s'éleva bientôt à 75 vaisseaux de hgne.
nances de la marine promulguées, l'administra- Des navigateurs expédiés dans les diiîérentcs
tion organisée, tels sont les faits qui témoignent mers du globe enrichirent à cette époque les
de l'activité et du génie du grand ministre de sciences nautique et géographiqued'importantes
Louis XIV. découvertes. Bougainville visita les îles Pomotous
Le premier soin de Colbert fut de purger la (Touamotou), Tahiti, les Samoa, les Nouvelles-
Méditerranée des corsaires barbaresques qui 1 in- Hébrides, les grandes Cyclades, les lies de la
festaient tes flottilles d'Alger et de Tunis furent Louisiade, la Nouvelle-Irlande,la Nouvelle-Guinée.
détruites. Lors des premières hostilités entre L'Angleterre envoya Cook entreprendre plusieurs
l'Angleterre et la Hollande, Louis XIV, allié de voyages de circumnavigation. L'illustre navigateur
cette dernière, ne participa que faiblement aux commanda trois expéditions restées célèbres; il fit
luttes maritimes des deux puissantes nations et le tour de la Nouvelle-Zélande, découvrit le dé-
ménagea ses forces navales, qu'il réservait à d'au- troit qui sépare les deux grandes lies et qui porte
tres vues. Unie plus tard à celle des Anglais, aujourd'hui son nom; il visita les côtes orientâtes
notre flotte, conduite par d'fstrées, prit part de l'Australie, les terres australes, en pénétrant
contre ftuyter à plusieurs actions dont le résultat dans la zone glaciale, reconnut dans l'Océanie
fut indécis. De nouvelles expéditions dirigées par l'archipel de Cook, les !tes Tonga, la Nouvelle-
Duquesne contre les corsaires de Tripoli, le bom- Calédonie, les tles Sandwich, franchit le détroit
bardement d'Alger, la soumission de cette der- de Behring, sans pouvoir trouver le passage qu'il
nière ville par Tourville, le bombardement de pensait exister au nord de l'Amérique, et revint
Gênes, sont les premiers faits qui illustrèrent aux Sandwich, où il fut tua par les naturels.
notre marine avant qu'elle eût à se mesurer avec Sous Louis XVI, la marine, relevée de ses dé-
celle de l'Angleterre. C'est à la chute de Jacques II sastres, participa glorieusement à la guerre de
que commença entre les deux nations cette lutte l'indépendance des Etats-Unis; les noms de d'Es-
terrible qui devait durer plus d'un siècle et où taing, de Vaudreuil, de Du Couédic, de Lamotte-
s'illustrèrent en t'rance.sous LouisXIV, avecTour- Piquet, de Guichen, de Suffren, méritent d'Être
ville, Jean Bart, Duguay-Trouin, ForbinetCassard. rappelés.
Après la conclusion de la paix. Louis XVI tenta en 1776 sur le Donbs et en t783 sur le
s'efforça de maintenir la flotte au niveau où Rhône, n'aboutirent pas à une solution pratique
l'avait placée cette dernière guerre; des tra- de la question. L'Américain Fulton, après des
vaux importants furent entrepris dans nos ports, échecs ea France et en Angleterre, réussit, dans
la digue de Cherbourg fut commencée, nos son propre pays, à mettre ses idées à exécution.
constructions navales furent perfectionnées par En )!j07 un bateau a vapeur naviguait sur d'Hud-
l'illustre ingénieur Sané, de nouveaux voyages son, entre New-York et Albany. En 1819 un autre
de circumnavigation entrepris, parmi tesquets navire vapeur partaitde l'Amérique et traversait
celui de l'infortuné Lapérouse, qui s'était fait 1 Atlantique. En 1812 seulement l'Angleterre fit
connaitre déjà dans la baie d'Hudson, en dé- les premiers essais, sur la Ciyde. de ce mode de
truisant les forts de Wales et d'York. Mais le navigation, qui ne commença à être appliqué en
rncrutement de l'état-major de la flotte, conti- France qu'en 1819 et dont l'adoption définitive fut
nuant à se faire dans tes seuls rangs de la no- assez lente. Ce ne fut que vers 1840 que l'hélice
blesse, devait bientôt avoir des conséquences commença à être en usage pour la propulsion des
fatales pour nos armes. Lors de la Révolution, bâtiments de mer.
l'émigration amena rapidement la disparition à Sous Louis-Philippe, la marine a voiles atteignit
peu près complète de nos officiers de marine. son plus haut degré de perfection. Ce règne compte
La Convention fit d'inutiles efforts pour reconsti- quelques faits maritimes, dont les plus impor-
tuer le personnel naval; elle ne put remplacer tants sont pour la France, l'expédition du Tage,
ces chefs expérimentés qui venaient de diriger dont l'entrée fut forcée par l'amiral Roussin en
nos flottes victorieuses; elle dut envoyer à la mer t83t; celle de Saint-Jean-d'Ulloa, le blocus de
des escadres mal équipées et surtout indiscipli- Buenos-Ayres, la prise de possession des îlea
nées. Marquises, le bombardementde Tanger et de Mo-
A cette époque appartiennent néanmoins quel- gador du côté de l'Angleterre, la prisa de posses-
ques faits remarquables, parmi lesquels il faut sion de la Nouvelle-Zélande,l'occupation d'Aden,
citer la fin héroique du Vengeur (1794). la guerre de Chine, amenée par la question de l'o-
Les guerres de la Révolution, du Consulat et pium, dont le gouvernement de Pékin voulait in-
l'Empire, où la France ne put opposer à t'Angte- terdire la vente, l'occupation des Iles Chusan, la
terro. sur mer, des forces égales, eurent pour ré- prise de Canton et de Shanghai, succès qui dé-
sultat la perte de presque tout ce qui nous restait cidèrent le traité de Nankin (1842\ ouvrant aux
de colonies. C'est en vain que par le blocus conti- nations européennes cinq ports du Céleste-Empire
nental (180'!), Napoléon essaya de frapper le com- et reconnaissant aux Anglais la possession de l'île
merce anglais dans cette lutte implacable, ce fut de Hong-Kong.
!e conquérant de l'Europe qui eut le dessous. A En t845. une division navale française, sous les
la chute de l'Empire, l'Angleterre était maitresse ordres de l'amiral Tréhouart, livrait aux Argentine
absolue de la mer. le combat d'Obligado, qui ouvrit la libre naviga-
Sous la Restauration, la marine française se re- tion du Rio de la Plata. Vers cette même époque,
constitua cependant.Favorisée par la paixgénérale, Franklin entreprenait son dernier voyage au pôle
la navigation reprit son rôle de progrès de nom- nord; trois ans plus tard. commençaient les fa-
breuses expéditions sillonnèrent les mers du meuses expéditions anglaises et américaines en-
globe. Les Français Freycinet, Duperrey, dans le voyées à sa recherche et qui amenèrentla décou-
grand Océan, le Russe Kotzebue, les AnglaisJohn verte, en 1853, du passage du nord-ouest par Mac
Rost, Parry, Franklin, dans les régions polaires, Lure et, en tS54, celle de la mer de Kane par l'A
contribuèrentau développement des connaissances méricain de ce nom.
géographiques. Sous le second empire, la marine à vapeur, qui
En 1823 notre marine restaurée se montrait de avait déjà pris un certain essor à la fin du règne
nouveau la guerre d'Espagne amenait devant de Louis-Philippe, acquit, surtout lors de la
Cadix une flotte de 67 bâtiments et l'amiral Du- guerre de Russie, un développement important;
perré, déjà célèbre par ses exploits dans l'Inde, l'emploi de l'hélice comme propulseur définitif
bombardait tes forts et obtenait la reddition de la permit de créer, en France, le véritable vaisseau
place. de ligne à vapeur, qui provoqua la rapide trans-
Le règne de Charles X fut également marqué formation des flottes. Les approvisionnements
par plusieurs expéditions autour du monde. L'An- amassés dans nos arsenaux maritimes depuis
glais Beechey fut envoyé au détroit de Behring les dernières guerres de Napoléon I" servi-
Ross entreprit un second voyage dans les mers rent à créer de nouvelles constructions. Dans la
antiques; Dumont d'Urville, guidé par les indi- guerre qui commença en lf54 contre les Russes,
cations du navigateur anglais Dillon, retrouvarà le rôle de la marine fut immense; le bombarde-
Vanikoro les débris des bâtiments de Lapérouse. ment des villes du littoral, le transport et le dé-
En lt<27, les escadres réunies de la France, de barquementdes troupes en Crimée, leur ravitaille-
l'Angleterre et de la Russie couraient au secours ment, les expéditions de la mer Baltique, de la
de la Grèce et anéantissaientà Navarin la flotte mer Blanche, de Petropaulovski, le blocus des
turque. Cette même année, l'insulte faite à notre côtes russes, la destruction des porta de la mer
consul par le dey d'Alger amenait ie blocus de Noire et de la mer d'AM<f, l'envoi des marine aux
cette ville et, trois ans plus tard, le vice-amiral batteries de tiège, sont autant de faits qui ont
Duperré, avec une flotte de tOO bâtiments de contribué au succès de cette guerre. Aucune ba-
guerre, convoyant une autre flotte de 500 navires taille navale ne fut cependant tivrée. La marine
de commerce, débarquait à Sidi-Ferruch une ar- russe, dont les débuts ne datent que de Pierre
mée de 37 000 hommes, commandée par le général le Grand, était pourtant nombreuse, mait impuis-
Bourmont, qui t'emparait d'Alger et jetait les sante à lutter contre tes flottes aitiées des deux
premiers fondements de notre domination en Al- plus grandes nations maritimes.
gérie. Sept bâtiments à vapeur faisaient partie de Cette même guerre, qui avait déj& amené la
cette flotte. transformation de. bâtiments à voiles en bâti-
La vapeur, destinée à apporter dans la marine, ments à hélice, et où la marine française avait
comme dans l'industrie, une révolution complète, britlé par des types admirables de vaisseaux à
avait fait ton apparition en France peu de temps vapeur, donna également naissance aux navires
auparavant. C'est au marquis de Jouffroy que l'on cuirassés. Les résultats obtenus par les lourdes,
attribue la première application de la vapeur à la mais puissantes batteries blindées, employées au
navigation miviale mais les premiers essais qu'il siège de Kinburn, firent décider la construction,
aur nos chantiers, des premières frégates cuiras- règlements internationaux sont adoptés par les
sées qui marquèrent alors le mouvement vers le marines pour prévenir les terribles catastrophes
progrès récent. des rencontres à la mer. De nombreuses stations
La guerre de Russie fut bientôt suivie d'autres de sauvetage, munies de tous les engins propres à i
événements militaires qui nécessitèrent l'emploi
de notre marine. En 1S:.8, l'amiral Rigault de Ge-
sauver la vie des naufragés, sont échelonnées t
long du littoral des pays civilisés. La terre est :¡
le
nouilly, à la tête d'une expédition franco-espa- partout fouillée pour alimenterde combustible ces
gnole, occupa Tourane, en Cochinchine,et enleva flottes immenses qui traversent les mers. Des de*
Saigon, qui devait devenir le siège de notre gou- pots de charbons sont établis partout où le sol n'a
vernement colonial de l'extrême Orient. L'année pas encore été creusé. De vastes pêcheries sont
suivante éclatait la guerre d'Italie, pendant la- entreprises dans tes parages reconnus les plus
quelle le rôle de notre marine se borna à des poissonneux, en Islande, à Terre-Neuve où cette
transports de troupes et à l'envoi dans l'Adriati- industrie occupe plus de trois mille bâtiments.
que d'une imposante flotte, que la rapidité des Des câbles télégraphiques transmettent la pensée
événements du continentrendit inactive. à travers les océans.
En 1860, les forces navales alliées de la France Une voie nouvelle, ouverte en 1869, rapproche
et de l'Angleterre ouvraient à nos troupes le che- aujourd'huide l'Europe les peuples de l'extrême-
min de la capitale du Céleste-Empire, et la paix Orient et de l'Océanie. L'isthme de Suez est percé;
était à peine signée avec cette nation, que l'ami- un canal long de 162 kilomètres, large de 60 mètres
ral Charner emportait, en Gochinchine, les lignes et profond de 8 mètres, fait communiquer la Médi- i
de Ki-hoa, pendant que l'amiral Page remontait le terranée à la mer Rouge grande œuvre de civili-
Cambodge et s'emparait de Mytho. sation qui immortalise le nom de son créateur,
En 1861 éclat.a aux Etats-Unis la fameuse guerre M. de Lesseps, dont la ferme volonté poursuit
de la sécession, où les combats de JfoM!<o)'~ don- encore cet autre projet grandiose de séparer les
nèrent naissance à une forme particulière de bâ- deux Amériques et d'inaugurer une nouvelle route
timents. En 1862 avait lieu l'expédition du Mexi- pour le Pacifique. Enfin le passage du nord-est,
que. En 1866 la guerre de la Prusse et de l'Italie reconnu récemment par les Suédois Nordenskiotd
contre l'Autriche donna lieu à un fait maritime et Palander, au nord de l'Europe et de l'Asie, est
d'une grande importance pour l'avenir des ba- appelé, sinon à devenir une route commerciale
tailles navales ce fut le premier choc des bâti- pratique, du moins à étendre le domaine scienti-
ments cuirassés. La flotte italienne, composée de fique et peut-être même les relations de certains
36 bâtiments, dont 12 cuirassés, se rencontra à peuples.
Lissa avec l'escadre autrichienne de l'amiral Te- Le temps semble proche où les antiques nations
gethoi", forte seulement de frégates blindées et orientales et les peuplades océaniennes, subissant
de 2u bâtiments en bois; elle se retira après avoir l'influence civilisatrice des nombreuses relations
perdu une frégate cuirassée coulée par le choc que créeront ces voies multipliées, seront entral-
d'une frégate autrichienneégalementcuirassée, un nées à leur tour dans le grand mouvement mari-
monitor incendié et environ 700 hommes. time, auquel elles n'ont pas encore participé. Déjà
'Enfin, pour clore cette nomenclature des faits le Japon, renversant ses anciennes traditions,s'est
de L'histoire maritime contemporaine, nous parle- lancé dans le progrès, et le vieil empire chinois
rons du rôle de la flotte pendant la guerre de lui-même a commencé à ébranler ses antiques.
Prusse.Audébut des hostilités, il avait été ques- institutions.
tion d'expédier dans la Baltique une escadre cui- En ce qui concerne les flottes actuelles destinées
rassée et une flotte de transports avec 40,000 hom- à la guerre, l'introduction des cuirasses et des
mes. Mais la rapidité de nos défaites sur terre tourelles en a amené la transformation complète.
mit à néant ces projets, et deux escadres bloquè- Les anciens vaisseaux de cent et de cent vingt ca-
rent dans leurs ports les forces navales prussien- nons ont fait place à des bâtiments portant un.
nes. L'absence de petits bâtiments spéciaux empê- petit nombre de pièces d'une artillerie formidable,
cha toute opération offensive mais nos divisions destinée à percer les plaques de cuirasse, dont
navales lointaines tinrent la mer libre à nos natio- l'épaisseur atteint jusqu'à 60 centimètres. Un
naux et arrêtèrent le mouvement commercial des éperon terrible en acier, placé a une certaine pro-
Allemands. fondeur sous la ligne de flottaison, arme le taille-
Nous finirons cet aperçu de l'historique de la mer de ces colosses bardés de fer. L'adoption des
navigation et de la marine par l'examen de l'état torpilles pour la destruction instantanée de ces
actuel des choses. coûteuses constructions, dont le prix atteint plu-
La science nautique a acquis aujourd'hui un sieurs dizaines de millions, modifie également les
degré de perfection qu'il semble difficile de dépas- conditions de la guerre maritime dont elle anéan-
ser. Les grandes voies maritimes sont sillonnées tit les anciennes tactiques.
par des milliers de bâtiments à voiles et à vapeur, Ces torpilles, dont la première application fut
par des lignes régulières de magnifiques paque- faite par les Russes,en 1X55, dans la mer Baltique,
bots, à bord desquels on retrouve toutes les com- sont aujourd'hui de plusieurs espèces selon leur
modités de la vie. La météorologie nautique, à destination les unes, dites dormantes, reposent
laquelle l'essor a été donné par les remarquables sur le fond ou sont mouillées entre deux eaux;
travaux de l'Américain Maury, conduit chargées de poudre ou de coton-poudre, elles,
sivementàlaconnaissancedesameilleuresprogres-
routes sont enflammées soit par l'électricité, soit par le
à suivre pour utiliser les vents et les courants ré- choc même des bâtiments; d'autres, dites auto-
gnant à chaque époque de l'année. L'hydrogra- motrices, sont de véritables petits navires sous-
phie des mers, poursuivie par les principales na- marins, en forme de cigares; lancées tout d'abord
tions maritimes, a établi la configuration exacte, au moyen de l'air comprimé, elles continuent leur
et dans ses moindres détails, des côtes maritimes course dans une direction rectiligne ou circulaire
du globe et des dangers qui les bordent. Six prévue, à l'aide de petites hélices mises
mille phares régulièrement entretenus sur le lit- vement par une machine a air comprimé en mou-
placée à
.toral du monde entier guident le marin par la l'intérieur. Elles peuvent atteindre une vitesse de
puissance et la diversité de leurs feux des balises vingt-cinq nœuds (46 kilomètres à l'heure).D'autres
nombreuses lui signalent l'existence des écueils sont remorquéespar les bâtiments en marche dont
sous-marins, soit en attirant ses regards, soit en elles défendent les approches;d'autres enfin sont
frappant ses oreilles par la production, à l'aide de portées au bout d'un mâtereau disposé a l'avant
la houle, de sons d'une grande puissance. Des d'embarcations à vapeur niant jusqu'à vingt nœuds
(37 kilom. à l'heure). Ces dernières torpilles sont sillage du navire, à l'aide d'une corde, ou ligne,
-également enflammées soit par l'électricité, soit graduée en nŒMd<. La longueur théorique du
par leur choc contre le navire. nœud est de 15",43 c'est la t2U' partie du mille
]I est reconnu qu'une torpille, chargée de 15 ki- marin. Le mille, qui vaut 1852 mètres, est. le
logrammes de coton-poudre, éclatant à t',50 au- tiers de la lieue marine représentant elle-même
dessous de la surface de l'eau et à 50 centimètres la 20' partie du degré de la terre, soit 5555 mètres.
de la muraille du plus fort cuirassé~ suffit pour le Le mille est donc la 60' partie du degré, c'est-à-
faire immédiatement sombrer. dire la minute. Le. temps pendant lequel on estime
La France qui, la première, a donné l'impulsion la vitesse du bâtiment, c'est-à-dire pendant lequel
aux types nouveaux des navires de guerre, consacre on file le loch, est de 30 secondes, précisément
chaque année an budget de 165 millions à l'entre- la t~O* partie de l'heure, de telle sorte que le
tien de sa flotte; celle-ci occupe aujourd'hui,par le nombre de nœuds niés en 30 secondes répond
nombre des bâtiments qui la composent, le se- au nombre de milles parcourus en une heure
cond rang parmi les nations maritimes. ainsi, dire qu'un bâtiment file 12 nœuds, c'est dire
Notionstechniques. Au point de vue techni- qu'il fait 12 milles dans une heure, soit 4 lieues
que, la tMMOM~om est cette branche de la science marines, soit 22 kilomètres et 220 mètres. Dans
nautique qui a pour but de déterminer la route a la pratique on a reconnu qu'il était nécessaire,
suivre sur les mers pour aller d'un point à un pour l'exactitude des résultats, de faire subir à la
autre et la position du navire sur le globe à tout longueur théorique du nœud une petite réduction,
instant de cette route. La position d'un lieu sur la et cette longueur réelle est de !4*6). 1.
terre étant donnée par sa latitude et sa longitude, La M<!))!a~oM astronomique s'occupe de la dé-
c'est à la connaissancede ces coordonnées géogra- termination des latitude et longitude du lieu du
phiquesque tendent les moyensemployés.Lorsque, navire. Cette détermination,qui résulte de formu-
dans la recherche de ces éléments, la navigation les établies par la science, se base sur des obser-
agit sans le secours des astres, elle prend le nom vations faites à l'aide d'instruments de deux sortes
de navigation par l'estime, et lorsquelle utilise la les instrumentsà t-~Mton, octant, sextant, cercle,
position et la marche des astres dans la voûte eé- pour l'observationdes hauteursdes astres au-dessus
leste, elle prend le nom de navigation a~rono~tt- de l'horizon de la mer, et les chronomètres pour
,que ou hauturière. la connaissance, à tout instant, de l'heure du pre-
Dans la première, les moyens employés sont mier méridien. Ot sait que la longitude d'un lieu
élémentaires et leur intelligence ne nécessite que est la distance de ce lieu à un méridien de con-
'quelques explications très simples. Si le bâtiment vention, dit premier méridien (l'observatoire de
navigue le long d'une côte, sans perdre la terre Paris, pour la France, celui de Greenwich pour
~d< vue, ce qui constitue le cabotage, le problème toutes les autres nations maritimes, sauf l'Espagne
~tt réduit à sa plus simple expression et se borne qui conserve encore celui de San Fernando). Cette
la connaissance des écueils sous-marins qu'il distance a pour mesure l'arc de l'équateur com-
emporte d'éviter, à celle des courants qu'il faut pris entre ces méridiens; elle n'est autre que l'in-
utiliser ou écarter, à l'emploi de la boussole: c'est tervalle de temps qui sépare le passage dos plansde
le pilotage. ces méridiens par le centredu soleil pendantle mou-
Dans la navigation au <<~ cours, alors que le vement de rotation de la terre sur son aM. L'heure
jMtiment franchit des étendues considérables de d'un lieu s'obtient par l'observation directe de la
~tner, le marin combine l'estime avec les observa- hauteur des astres et à l'aide d'éléments astrono-
tions des astres. Sans vouloir entrer ici dans des miques, convenablement modifiés, que l'on extrait
détails que ne comporte pas cet article, il peut d'un ouvrage spécial, publié régulièrement et plu-
~tre utile de donner l'explication de quelques sieurs années d'avance en France par le Bureau
termes usuels employés dans la marine. La navi- des longitudes, c'est la « CoMnoMtance des temps;
gation par l'estime comprend la connaissance du en Angleterre par l'observatoire royal de Green-n
point de départ du bâtiment, lorsque celui-ci va wich, c est le Nautical almanach.
perdre la terre de vue, la direction à suivre ou [A. Banaré, capitaine de frégate.]
celle suivie, et la longueur de chemin parcouru. NEIGE. Météorologie, VU X. – La neige
Les deux premiers éléments sont obtenus à l'aide résulte de la condensation lente de la vapeur
de la boussole et de la carte marine; le troisième d'eau dans une atmosphère dont la température
,!t l'aide du loch. est notablement au-dessous de O* elle remplace
La boussole, que les marins appellent compas, la pluie dans les régions ou dans les saisons
est généralement connue de tout le monde, aussi froides. Les flocons de neige sont d'autant plus vo-
n'avons nous besoin d'entrer ici dans aucune expli- lumineux que l'air est plus chargé de vapeur et
cation à ce sujet (V. Boussole et Orientation). que sa température est moins abaissée au-dessous
Les cartes marines employéesdans la navigation de zéro.
sont les cartes réduites, dites aussi cartes de Mer- Lorsqu'on reçoit pendant l'hiver un flocon de
cator, du nom de l'inventeur de cette projec- neige sur un corps de couleur sombre et qu'on le
tion (1569); elles satisfont à cette double-condi- regarde avec une forte loupe, on voit qu'il est
tion de représenter la route du bâtiment par une formé par l'agglomération d'un nombre plus ou
ligne droite faisant, avec les méridiens qui y sont moins grand de cristaux dont les formes très va-
tracés, le même angle que la route réelle, suivie riées dériventtoutes de l'hexagone, polygone régu-
sur le globe, fait avec les plans méridiens de la lier à six cotés et a six angles égaux, ou du trian-
terre, et de conserver aux points de la carte les po- gle équilatéral. Les lamelles cristallines juxtapo.
sitions relatives que les points correspondants ont sées, dans les figures les plus compliquées, for-
sur le globe. La route suivie, lorsque le bâtiment ment toujours entre elles un angle de 60 ou
ne parcourt pas un méridien ou un parallèle, est de)20°.
une courbe à double courbure appelée loxodromie, Chaque lamelle cristalline, prise isolément, est
qui, coupant tous les méridiens sous un même d'une transparence parfaite; mais les faces qui
angle, se rapproche indéfiniment du pôle sans la terminent sont très polies et brillantes. Cha-
pouvoir l'atteindre. Les arcs loxodromiques sont cune d'elles réfléchit une notable partie de la lu-
représentés sur la carte réduite par des lignes mière qu'elle reçoit; et comme elles sont extrê-
droites. mement nombreuses, même sous une faible épais-
Enfin le loch, qui sert à estimer la vitesse des seur de neige, la somme de lumière réfléchie
bâtiments, n'est autre qu'un simple flotteur, con- donne à l'ensemble un aspect de vive blancheur.
venablement disposé, que l'on abandonne dans le Cette neige qui semble si pure a, cependant,
ramassé pendant sa chute au travers de l'atmo- leur qu'elle fait passer à l'état latent; elle devient
sphère, toutes les poussières qu'elle a rencon- alors une source de fraîcheur en quelque lieu
trées et, si on la fait fondre, elle donne une eau qu'elle soit déposée.
rarement transparente, surtout près des villes La neige peut disparaîtra aussi sans trop chan-
industrielles elle est moins pure que l'eau de ger d'aspect, soit par simple évaporation dans
pluie. l'air, soit sous l'influence des rayons solaires
Les flocons de neige ont un poids très faible mais comme elle rénéchiténergiquement ces der-
en comparaison de leur volume. Leur chute dans niers, elle n'en retient qu'une faible partie et
l'air est donc très lente; la couche qu'ils forment fond lentement; mais si des poussières, grain
des cen-
à la surface du sol occupe une épaisseur beau- dres, couvrent sa surface, chaque opaque
considérable celle de l'eau qui absorbe une plus forte proportion de ces rayons
coup plus que pro-
vient de leur fusion d autant plus considérable et active la fusion.
que l'air est plus humide et la température plus lesLarégions neige est quelquefois rouge, surtout dans
douce. Il faut de 6 à 18 ou 20 centimètrescubes de polaires ou dans celles des neiges
neige pour donner 1 centimètre cube d'eau de fu- perpétuelles. Cette coloration est due à un petit
sion, dont le poids est de 1 gramme. champignon, l't~e~o nivalis, qui a la propriété
A Paris, et dans les plaines, la chute de la de végéter sur la neige. [Marié-Davy.]
neige peut être accompagnée, comme la pluie ou NERFS. V. Système nerveux.
la grêle, d'éclairs et de tonnerres. Ce phénomène N1VËLLEMEKT.– Arpentage, VIII et IX.
les Opération
est rare, toutefois, parceque orages s y montrent de déterminer accessoire de l'arpentagequi a pour but
peu durant l'hiver; que l'orage est alors accom- la distance des différents points
pagné de coups de vents. La neige est, dans ce d'un plan à une même surface horizontale qu'en
cas, le plus souvent roulée. H est beaucoup plus appelle le plan de repère ou de comparaison. Ce
commun dans les pays de hautes montagnes sur plan de repère est arbitraire; on le prend ordinai-
lesquelles la neige peut tomber en toute saison. rement au-dessous de tous les points du terrain
La température de l'air décroît assez rapide- qu'on veut représenter; la distance d'un point
ment à mesure qu'on s'y élève en hauteur. Cette quelconque du terrain à ce plan est ce qu'on
diminution de la température est en moyenne de nomme la cote de ce point. On peut se donner ar-
1° par 100 ou 200 mètres d'élévation, suivant les bitrairement la cote d'un point
particulier du ter-
lieux, les saisons et l'état de l'atmosphère. Il en rain l'opération consiste alors a déterminer les
résulte que, quel que soit le degré de chaleur que différences de cote entre ce premier point et tous
l'on éprouve à la surface du sol, on trouvera les autres.
toujours dans l'atmosphère une couche de niveau t. Un nivellementpeut être simple ou com-
.variable dans laquelle le thermomètre marque- posé. Il est simple lorsqu'ils'agit de trouver la dif-
rait 0°. Plus haut la température est encore plus férence de cote de deux points A etpuisse, B peu éloignés
basse. Il peut donc neiger dans la montague alors l'un de l'autre, de telle sorte qu'on par une
qu'il pleut dans la plaine. seuls station, obtenir le résultat. Le plus souvent
En toutes les régions du globe, on peut ren- on opère avec le niveau d'eau. V. ~lrpet!<a~e (In-
contrer des montagnes assez élevées pour que la struments d'). On – établitl'instrumenten un pointt
neige tombée en certaines saisons ne puisse y C, qui ne soit pas éloigné de plus de 40 ou 50 mètres
fondre entièrement dans le cours de toute une de chacun des deux points A et B. On fait dresser
année elles pénètrent alors dans la zone des une mire au point A; on dirige, à l'aide de l'ins-
neiges perpétuelles. Cette zone couvre la surface trument, un rayon visuel horizontal vers cette
entière du globe, de l'équateur au pôle seule- mire et l'on fait élever ou abaisser le voyant
ment, elle est généralement d'autant plus élevée jusqu'à ce que le rayon visuel passe au centre,
au-dessus du niveau prolongé de la mer qu'on ou du moins par un point de l'horizontal qui le
avance plus près de l'équateur. Les circonstances coupe enà la mire, deux parties égales; l'aide fixe alors le
locales peuvent toutefois en modifier sensiblement voyant et lit, sur la division qu'elle
la hauteur. En voici quelques exemples porte, la hauteur du centre du voyant au-dessus
du talon de l'instrument, qui est posé sur le
sol. On fait transporter la mire au point B; l'o-
pérateur, sans déplacer le niveau, fait tourner
HAUTEUR le tube autour de
son axe vertical, mène un rayon
LOCALITÉS
de la visuel horizontal vers sa mire, fait fixer le voyant
LATITUDE MmtE
comme il a été dit, et tire la hauteur de son centre
dfBM~es au-dessus du talon. La diTérence entre les hau-
perpétuellea. teurs lues sur la mire exprime la différence de cote
des points A et B. Le point B est au- dessus ou
au-dessous du point A, suivant que la hauteur

Alpes.
CotesdeNorvë~c.
Etn.t!S!cite).
7i''5'NN
Oura[septeatrio;ia). 5940N N 2708
Pyrénées. 46 ON
43 ON
N
N
37 30 N
7M"
<460

2728
2905
mesurée en B est plus petite ou plus grande que
celle qui a été mesurée au point A.
2. Le nivellement est composé lorsque la dif-
férence de niveau que l'on cherche ne peut être
Himalaya, versant septentrional 3t 0 N 5067 obtenue qu'à l'aide de plusieurs stations intermé-
Abyssinie. Yersantméridtonil! 31
31
ON
N
ON
N
3956
3956
diaires. C'est ce qui a lieu quand la distance des
deux points est un peu considérable, car il arrive
diona)e).
Sierra Nevada (Amérique meri-
Quito.
Andes de
<9 ON
8SNN
V

i30S S
4500
4550
48t3
alors que les rayons visuels horizontaux menés
d'une station intermédiaire passent, l'un au-dessus
Uétroitd!-M!ge)!a.n. 54 OS
S U30 d'une des deux mires,et l'autre au-dessous du talon
de l'autre. On choisit alors, entre les points A et
B, un certain nombre de points intermédiaires
neige, tant qu'elle est à l'état de blancheur,
[.a. M, N, P, etc., assez rapprochés pour que la diffé-
est un très mauvais conducteur du froid; elle rence de cote des deux points consécutifs puisse
ralentit la pénétration de la gelée dans le sol et être obtenue par un nivetlem"nt simple; et l'en-
préserve de ses effets les plantes qu'elle recou- semble de ces nivellements simples constitue le
vre. Dès qu'elle commence fondre par l'action nivellement composé-.
des pluies ou d'un air chaud, elle absorbe, pour se Soient ho et ces hauteurs lues sur les mires à
transformer en eau, une grande quantité de cha- la première station, entre A et M; et A} les
2' PARTIE. 89
hauteurs analogues obtenues à la seconde station, vations analogues, en variant la direction hori.
entreMetN; et A,les hauteurs lues à la troi- zontale de la visée on obtient ainsi sur le terrain
sième station, entre N et P; et ainsi de suite. autant de points que l'on veut ayant la même
Les différences successives entre les cotes se- cote que la station on lève, à la planchette,
ront ho – A<, A, – As,
totale sera donc: – etc. ta différence le plan des piquets qui ont été plantés; par les
points obtenus on fait passer une courbe continue
– ~i + ~'i ha + – + etc., c'est la courbe horizontale correspondante à la
sLation choisie. On détermine de la même manière
ou, ce qui revient au même, tes courbes horizontales qui correspondent à
(A. + A, + + etc.) (hi + ha + A, + etc.), d'autres stations. En général on les choisit de
manière que les courbes horizontales obtenues
c'est-à-dire la somme des coups atvt'~e diminuée soient équidistantes, de 5 mètres en 5 mètres, de
de la somme des coups avant, en entendant par 10 mètres en 10 mètres, suivant l'étendue et le re-
coup de niveaula hauteur lue sur mire. lief du terrain. L'ensemble de ces courbes suffit
Le point B sera au-dessus ou an-dessous de A pour donner une idée de ce relief.
suivant que cette différence totale sera positive 5. On associe aux courbes horizontales deux
ou négative. Si elle était nulle, les points A et B autres espèces de courbes.
seraient au même niveau. En premier lieu on trace une série de lignes
Il est bon, surtout lorsque le nombre des sta- rencontrant à angle droit toutes les courbes hori-
tions intermédiaires est considérable, de vériûer zontales successives ces lignes, auxquelles on
l'opératiln en allant de B vers A, si l'on a été donne le nom de hachures, expriment des pentes
-d'abord de A vers B en théorie, les deux opéra- d'autant plus grandes que la portion comprise
tions devraient donner la même différence de entre deux courbes horizontales consécutives est
cote, tu signe près. Il est rare qu'on obtienne plus petite; et le rapport de cette portion de ha-
cette précision mais si les deux résultats ne dif- chure à la distance connue des deux courbes
fèrent que de 1 à 2 décimètres par kilomètre, horizontales, sert de mesure à la pente moyenne
<~uand on a opéré avec le niveau d'eau, ou de 1 à entre ces deux courbes.
2 centimètres quand on tt ûpéré avec un niveau On fait aussi usage de te qu'on appelle des
jtius précis, on regarde t'opération comme sufn- profils. Si l'on suppose, par exemple, que le ter-
samment exacte, et l'on se contente de répartir rain soit coupe par un plan vertical, l'intersec-
l'erreur également sur toutes les cotes, sauf la tion sera un profil; et, connaissant les projections
première. Si l'erreur était plus considérable, il horizontales et les cotes d'un nombre snfnsant de
faudrait reprendre les opérations. points de cette courbe, il sera facile d'en obtenir
3. Pour tenir une note exacte des opéra- la représentation à une échelle quelconque. Au
tions partielles, on ouvre d'ordinaire un registre lieu d'un plan vertical, on peut employer un cy-
spécial qui porte )e nom de registre de nivelle- lindre à générationsverticales, et, en opérant de
ment. Il se compose de 7 colonnes. La 1" contient la mêmemanière, on se procure le profil du terrain
les numéros d'ordre des points successivement suivant une courbe quelconque tracée sur sa sur-
observés. Les 9' et 3' reçoivent les hauteurs de face.
mire observées, savoir les coups arrière dans la On multiplie les profils, soit rectilignes, soit
et tes coups avant dans la 3*. Lest* et 5*co- curvilignes, de manière a obtenir tous les rensei-
lonnes sont affectées aux différences entre les gnements nécessaires pour la représentation du
coups arrière et avant ces différences s'inscrivent relief.
dans la t* colonne si elles sont positives, et dans De plus amples détails sur ce sujet appartien-
la 5* si elles sont négatives. Les cotes déduites draient à la topographie plus qu l'arpentage.
de ces différences s'inscriventdans la 6' colonne, [H. Sonnet.]
en tête de laquelle on a eu soin d'inscrire la cote, NOM ou SUBSTANTIF. Grammaire, IX.
donnée ou arbitrairement choisie, du point de Le nom (en latin, nomen, et, en grec, onoma on
départ de l'opération. La T colonne est réservée o'i!/ma) est le mot qui sert à désigner les per-
aux observations. et les choses. Les Latins appelaient le nom
4. tl est rare que, dans les opérations d'ar- sonnes
substantivum quand il désignait des individus,
pentage proprement dit, on ait besoin de faire tandis qu'ils le nommaient ad!/?c<tft;M, quand il
connaître exactement le relief du terrain sur le- servait à exprimer leurs qualités. De deux
quel on opère mais il est utile cependant que catégories de noms, nous avons formé ces deux es-
t'arpenteur ait quelques notions sur la représen- pèces de mots distinctes l'a~ee~y le substan-
tation de ce relief. L'élément principal de cette tif. Mais ce terme substantif, dont leet sens précis
rHprésentation consiste dans les courbes ~orM<M- est assez difficile à saisir pour les enfants, et
tales. qui d'ailleurs ne répond pas toujours exactement
Supposons le terrain coupé par un plan hori- a l'usage pour lequel on l'avait créé, s'emploie de
zontal l'intersection de ce plan avec la surface moins en moins dans nos classes, et nnira bientôt
du terrain jouira de cette propriété que tous ses par céder la place à ce mot si simple, le nom, qui
points auront la même cote. Et réciproquement est beaucoup plus juste et beaucoup plus familier
si l'on réunit, par une ligne droite, ou bnsée, tous aux élèves.
les points du terrain qui ont la même cote, cette Noms propres.Noms communs. – Aupointde vue
tigne sera une llgne horizontale. de la <:ompf<AeM)o~, c'est a-dire du nombre des
Pour se procurer une pareille ligne, on se place, individus auxquels un même nom peut s'appliquer,
muni d'un niveau d'eau, ou d'un instrument plus on distingue deux sortes de noms le nom propre
précis, en un point du terrain dont la cote soit et le nom commun. Le nom propre (du latin pro-
connue; on règle le voyant d'une mire de telle prtMt, qui appartient à un seul, qu'on ne partage
sorte que son centre soit à une hauteur, au-des- point avec d'autres) est celui qui ne désigne
sus du talon, égale à la hauteur du niveau em- qu'une seule personne ou une seule chose. Exem-
ployé. (~n fait porter cette mire sur le terrain, et ples ~~OM, Eve, Paris, /a Seine, les ~M.
on fait var!ar sa position jusqu'à ce que, en visant Au contraire, le nom commun (du laun commu-
avec le niveau dans sa direction, le rayon visuel nis, qui appartient à tous) est celui qui désigne
passe par le centredu voyant on est sûr alors que te tous les individus de la même espèce. Tels sont
point oh repose la mirea la même cote que le point homme, femme, ville, fleuve, qui peuvent se dire
où l'on stationne; et on y fait planter un piquet. indifféremment de tous les hommes, de ~OM<M les
Sans changer de station, on fait une série d'obaer- femmes, de toutes les villes et de tous les ûeures,
La fcmp~/<MM!'o): des noms,qui Était très étroite des hommes. Il est ici question de l'humanité
a l'origine, quand on ne connaissait qu'un indi- tout entière.
vidu, ou que quelques individus d'une espèce, Un collectif est partitif, lorsqu'il ne désigne
s'est élargie avec le progrès des connaissances, et qu'une partie de l'espèce dont il s'agit. Exemple
voici ce que dit Condillac de cette transformation une foule de gens. Il n'est pas question, dans ce
des noms p' opt'M en noms eum~M~s cas, de toute l'humanité. Cette distinction est
« Si nous n'avions pour substantifs que des
importante. En effet, bien qu'un écrivain soit tou-
noms propres, il les faudrait multiplier sans fin jours libre d'appeler l'attention du lecteur sur le
les mots, dont la multitude surchargerait la mé- collectif ou sur le nom qui lui sert de complé-
moire, ne mettraient aucun ordre dans les ob- ment, c'est ordinairement avec le collectif que
jets de nos connaissances, ni, par conséquent, le verbe s'accorde quand ce collectif est gé-
dans nos idées, et tous nos discours seraient néral, tandis qu'il prend le nombre du com-
dans la plus grande confusion. On a donc classé plément quand le collectif est partitif. On dira
les objets, et les substantifs, qui étaient des donc
noms probes, sont devenus des noms communs, Une « La foule des hommes est ~e«e l'erreur.
lorsqu'on a remarqué des choses qui ressem- foule d'enfants se perdent par la lecture des
blaient à celles qu'on avait déjà nommées. (Con- mauvais livres. »
dillac, G,'ammaire, II' partie, ch.t')x » On reconnaît que le collectif est général,
Les enfants demandent quelquefois si des noms quand il est précédé de l'article défini ou de l'ad-
tels qu'.tl/e.EHHO~e. CA<H'/«, ~M' qu'ils trouvent jectif démonstratif au contraire, le collectif est
employés pour désigner des individus nombreux partitif quand il est précédé d'un adjectif in-
défini, comme un, une.
et différents, sont des noms propres. On leur fera Noms co~posex. – On appelle noms composés
facilement comprendre que ces noms ne peuvent
6tro des noms communs, en appelant leur atteu- ceux à la formation desquels concourent deux ou
tion sur le sens exact de ce terme, et en leur di- plusieurs radicaux. Tels sont pA!7oMpAo4', en
sant qu'un nom commun doit pouvoir s'appliquer grec, philosophus, philosophe.
en latin, qui ont donné le mot
Dans la langue grecque et la
à n'importe quel individu de l'espèce à laquelle il français
appartient. langue allemande, les mots composés se forment
Noms concrets, noM! abstraits. Lorsqu'un avec la plus grande facilité. Les radicaux se sou-
objet se présente à nos regards, nous remar- dent les uns aux autres, et la désinence s'ajoute
quons Mi lui un certain nombre de manières d'être. ceux au dernier radical. En français, si l'on excepte
Sa couleur nous révèle sa forme et son étendue;
qui dérivent du latin ou du grec, les noms
que les grammairiens français ont appelés com-
le toucher peut aussi nous apprendre s'il est lisse posés
ou rugueux, dur ou mou, etc. Je vois un arbre, chou-fleur, se forment par juxtaposition. Tels sont
porte-étendard, pot-au-feu.
par exemple il me parait gris ou vert, suivant la Ces noms ne sont pas en réalité composés,
saison il est petit ou grand, mince ou gros, élancé mais bien plutôt juxtaposés. On verra, à la fin de
ou touffu. C'est parce que ces qualités se dévelop- cet article, comment les noms se composent à
en quelque sorte avec (co/:o'MctM<) l'objet l'aide des affixes.
que l'on considère, qu'on a appelé noms concis On appelle :)iùfe/!MM les
~OMM indéfinzs.
ceux qui désignent dos objets considérés avec l'en- qui désignent nombre :M~~H/, indéter-
semble de leurs qualités. Ainsi, arbre, ,/ai'di):, MM~, noms un
de de choses. Tels sont peu,
maison, homme, sont des noms concrets, puisque beaucoup,personnes < plupart,
ou
quantité, trop, assez, etc.
leur aspect révèle une quantité plus ou moins Il faut
considérable de manières d'être. C'est à ces noms remarquer que peu et beaucoup ne doi-
vent point s'employer comme collectifs, sans un
concrets seulement que peut convenir la dénomi- complément qui les détermine. Ne dites donc pas
nation de SM~t<:H<<, puisque les objets qu'ils beaucoup ainsi, mais beaucoup
désignent sont les seuls qui éveillent dans notre K pensent » c
de ~crsonKM, pensent ainsi. »
esprit l'idée d'une substance, c'est-à-dire d'une d'hommes, En grammaire, on appelle genre
DM
sorte de fond qui semble se <et!tr sous (sub-stare) la propriété genre.
qu'ont certaines parties du discours
ces qualités et leur servir de base et d'appui. de distinguer le sexe.
Mais, parmi toutes les manières d'être d'un En français, il n'y que deux genres le mas-
objet, je puis en considérer une isolément, et la culin et le féminin.a Notre langue n'a conservé
détacher (a&~MtAe; e) en quelque sorte, par une trace importante du genre neutre, qui
opération de mon esprit, de l'objet auquel elle aucune désignait généralement, en grec et en latin, ce
appartient. Ainsi que je sois frappé, par exemple, qui n'appartenait ni au sexe mate, ni au sexe
des dimensions que présente le tronc de l'arbre femelle.
que j'examinais tout à l'heure, je dirai: « la gros- Les noms d'hommes et d'animaux mâles sont
seur et la Aau/eMf de cet arbre m'ont étonné. » du genre masculin les noms de femmes et d'a-
J'ai ainsi abstrait, c'est-à-dire détaché deux ma- nimaux femelles sont du genre féminin. De plus,
nières d'être de l'arbre je puis aller plus loin
on a attribué, en français, le genre masculin et le
encore, je puis prêter, en quelque sorte, une genre féminin à la plupart des noms qui avaient,
existence indépendante à ces produits de l'abstrac- latin, l'un ou l'autre de ces genres.
tion, et dire « La qrundeur et l'élévation frappent enQuant
vivement tous les hommes. » On appelle, en con- devenus masculins aux noms neutres, ils sont généralement
séquence, noms abstraits ceux qui, comme ~r~t- çais. Cependant, quelques en passant du latin en fran-
pluriels neutres, étant
(/eMf, e~e~a<toa, désignent des manières d'être sé- terminés été pris à tort pour des noms
parées de l'objet auquel elles appartenaient. en a, ont
féminins de la première déclinaison latine, qui
Noms collectifs. Les noms collectifs (du ont aussi a pour désinence. Ainsi folia, pluriel
latin collectum, supin de <:o//t'yM'e, réunir) se neutre de folium, a donné le nom féminin feuille.
nomment ainsi parce que, même au singulier, ils Il en est de même de pira, porno, etc., qui ont
expriment une réunion, une collection, un nom- formé la poire, la potHMt.
bre plus ou moins considérable d'individus tels ~iemNM a~MM sur le ~Mre de quelques noms.
sont: multitude, foule, ti;Ht~, nombre,etc. Quelques noms sont tantôt du masculin et tantôt
Il y a deux sortes de noms collectifs les col- du féminin. Ainsi, amour, délice et orgue sont
lectifs geKCT'aM.E et les collectifspaW!Y! du masculin au singulier et du féminin au plu-
Ufi collectif est général quand il comprend une riel. La grammaire historique rend compte de
catégorie tout entière d'individus. Kx. la foule cette anomalie. En ea qui concerne le mot
amour, elle nous apprend que les mots mascu- C'est ainsi que nous disons homme, femme,
lins en O)' du latin sont presque tous devenus père, Me'e, oncle, ~a~<e, neveu, nièce, fils, fille,
féminins en passant dans la langue française. Les et, de même c&u~, /MN;<, A(jE!t/ taureau,
savants du moyen âge ayant voulu restituer au cacA", <y~M«, bouc, cA~ure, MHe~ orc6tt, coq,
mot amour son genre latin, ne réussirent que pOM~. etc.
pour le singulier. On écrit, en conséquence, un Notons en passant que certains mots. comme
/o~ acf~ur, de /°o/<M amours. c/ttt)~, tœM/ n.oMfOH,s'emptoient non pourexpri
Quant au mot délice, il vient du mot latin mer l'idée de sexe, mais pour désigner ces ani-
neutre delicium, dont le pluriel était du féminin maux comme aliments ou comme espèces.
deHct.?. On s'explique donc facilement qu'il ait Lorsque )e nom spécial manquait, on a pn tirer
également ces deux genres en français. De même, le féminin du masculin, quand la terminaison s'y
orgue, masculin au singulier, reproduit le neutre prêtait, do même qn'on forme le féminin de l'ad-
c~MMtK; tandis que le pluriel féminin a été
calqué sur le pluriel neutre orgona, que l'on a
jectif (V.~f~). Exemple ours, ourse; chien,
chienne; chat, eAa«e; tigre, tigresse; loup, louve.
pris, comme nous l'avons dit plus haut, pour un Cependant l'usage n'a pas étendu cette formation
nom féminin de la première déclinaison. à tous les cas, et fort souvent l'on emploie les
CM< (qui vient du latin gens, race, famille) mots mdle et femelle, que l'on ajoute au nom pour
est féminin au singulier comme en latin; la désigner de quel sexe on parle, bien que la dési-
gent Altère. n Au pluriel, < les gens, il désigne nence du masculin se prêtât tout naturellement à
collectivement les hommes et les femmes, et, par la dérivation d'un nom féminin. On dit, par exem-
conséquent,devra't être exclusivement du mascu- ple, un pinson, un chardonneret M<</e, un pinson,
lin. !1 semble qu'il se soit fait sur ce mot un com- un chardonneret /CM)e~, ou encore une /i'm<~e de
promis les adjectifs qui précèdent immédiatement pinson, de chardonneret.
ce nom prennent son genre étymologique,c'est-à- Notons encore que le mot enfant peut s'em-
dire te féminin; tandis que les adjectifs qui le sui- ployer pour désigner les deux sexes, mais seule-
vent prennent le genre qu'a ce nom au nguré, le ment au singulier; on dira donc, en parlant d'une
masculin. On écrira don<,< « Formés par l'expé- fille <t une charmante enfant. » Au pluriel, ce
rience, les vieilles gent )Mmt prudents, MMpcon- mot est exclusivement du masculin.
neux, n ce qui paralt très bizarre quand on ne re- Du nombre dans les noms. On entend par
connaît pas la cause de cette anomalie. Quant nombre, en grammaire, l'indication de l'unité ou
an mot tous, précédant gens, il se règle sur l'eu- de la plut-alité.
phonie. On écrit « tous tes Ao'iM~M gens, x Il n'y a, en français, que deux nombros, le sin-
parce qu'~MK~te n'a pas au féminin une forme g't<f?, qui ne désigne qu'un seul objet, et le plu-
spéciale et on dit t toutes les vieilles gens, n rM/, qui en désigne une quantité plus ou moins
parce que vieilles est une forme spéciale qui for- considérable.
cément appelle le féminin toutes. Gens est uni- Les Grecs avaient un troisième nombre, dont on
quement du masculin quand il éveille spéciale- ne trouve que quelques traces chez les Latins
ment l'idée d'hommes « de nombreux gens d'af- le duel, qui servait a désigner les objets qui se
faires, les t)!-ats gens de lettres. D présentent généralement par couple dans ia na-
Parmi les noms qui ont les deux genres, il faut ture les oeM: ye«.c, les deux MatM, les deux
encore cit'~r les suivants pieds.
ne
~< oiseau, est du masculin, à moins qu'on
désigne spécialement la femelle a On flt en-
forma~toK du pluriel. Le pluriel se forme
généralement en ajoutant un < au singulier. Exem-
tendre à l'aigle enfin qu'elle avait tort. e (La Fon- ple /e livre, les livres. Cette règle nous vient du
taine.) Au nguré, il est du féminin « les aigles latin. Des six cas que pouvaient prendre les noms
~'omatMM n (les enseignes). déclinables de cette langue, deux seuls survécu-
Couple, signifiant simplement deux, est du rent enfin aux mutilations que subit la langue ia-
féminin « une couple de perdreaux. n Il est du tine depuis le jour où elle fut introduite dans la
masculin quand il exprime l'idée d'union, d'en- Gaule par les légions de Jules César. Ces deux cas
tente « M'< couple bien assorti. n étaient l'accusatif singulier et l'accusatif pluriel,
Foudre, au propre, est du féminin; dans le le premier terminé généralement par le sufllxe m,
sens ngnré, il est du masculin « un /CMdfe de et le second, par le suffixe s. It est dès lors natu-
guerre. i) rel que la forme de ces deux cas ait servi de mo-
CEMfre était autrefois du masculin au singu- dèle à notre singulier et & notre pluriel. De là ces
noms singuliers qui, comme la t'Me, le litre. la
lier il l'est encore au figuré et dans le style sou-
tenu « le yrffft~ œuvre, tout l'œuvre de Cor.
neille. Mais, dans le style ordinaire, il est
co" représentent les accusatifs <o<"Mt, li-
Ar~m, colorem, tandis que les noms pluriels les
du féminin, et il vaut mieux lui donner dans roses, les livres, les couleurs ont été calqués exac-
tous les cas ce genre une bonne œuvre, une tement sur rosas, lihros, colores et leur ont em-
&eMe <auvre. t prunté 1*~ désinentiel.
Orge n'est du masculin qu'en pharmacie, « de Quant aux noms français qui ont été formés
l'orge perlé, de l'orge mo?t~d. Dans tous les de noms neutres latins, dont l'accusatif pluriel se
autres cas, il est du féminin. termine par a, et non par s, ils n'auraient pas dû
fd~M, fête des Juifs, est du féminin singulier logiquement prendre un s au pluriel. Et, en effet,
et prend l'article K manger la Pâque. e Pd- nous avons remarqué plus haut que quelques-une
ques, fête des chrétiens, est du masculin singu- de ces pluriels neutres avaient même formé des
fier n Pâques est tardif cette année, a Au Sguré, noms singuliers, comme la joie, la feuille. Mais
il est du féminin pluriel « faire de bonnes Pâ- comme ces noms étaient de beaucoup les moins
quet x (c'est-à-dire faire une bonne communion). nombreux, on leur a applique le procédé le plus
Ce<t)u'il importe de faire remarquer avant tout général, et on a écrit les temples, /ef <M'me<, bien
aux élèves, c'est que le changement du genre est que templa, arma ne fussent point terminés par
presque toujours la conséquence d'un change- un s.
ment de signification. ~taroMM sur la formation du pluriel.
~j~y~~q~ du /ë)m!'MM dans les noms. La 1° Quand un nom est déjà terminé par un s au
j}angue .française a des noms spéciaux pour dési- singulier, il est naturel que l'on n'ajoute point Cf
-Mpr,~es ;deui sexes dans la famille, ou encore signe pour former le pluriel. On écrit donc le fils,
~lah~,)e%~espècesanimales qui, de temps immé- les fils. Il en est de même si le nom se termine
~mj)ri%tj, Y~ye~ dans la domesticité
de l'homme. par x ou par z, qui n'étaient que des équivalents
de<!dansnotre ancienne langue, où l'on écrivait qu'au pluriel. Tels sont ancétrps, onnales, ar-
indifféremment /t~ lois ou les loix; un nes ou un MOM'M. appas, arrérages, ~'OMt'M!7/C~, catacombes,
~geom~fe. funérailles, mœttfs, f~pf~ vivres, etc.
nez.
2° Cet emploi de x pour s est maintenant de On les trouvera tous dans les grammaires.
règle pour former le pluriel des noms en au et en
eu, et l'on est forcé d'écrire des couteaux, des che-
Pluriel des noms n'~r!'u~!
gères. Les noms
s
étrangers
langues ~'aM-
qu'a francisés un
veux (la seule exception est landau, pluriel ~K- long usage prennent le signe du pluriel. On écrit
daus, espèce de voiture); donc: des aece's: des agendas, des albums, des
3" On emploie encore exclusivement l'x pour alibis, des alinéas, des o«os, des bravos, dos do-
former le pluriel de sept noms en ou, bijou, cail- minos, des duos, des factums, des folios, des :M-
lou, e/tOK, genou, hibou, ~'OM~'OM et pou. Les autres &)-o~<M~, des numéros, des op~M, des ora<ort0t,
noms en ou suivent la règle générale. des panoramas, dos pensums, des ~M'pro~Mos, des
4° Les noms en a/font'ieur pluriel par le chan- quolibets, des récépissés,des trios, des fifa~, des
gement de cette terminaison ul en aux, qui n'est zéros.
qu'une prononciation adoucie de e~s. On écrivit Comme c'est l'usage qui est ici le seul guide,
d'abord des cA"t'a~; puis, des chevaus, et, enfin, il ne faut pas toujours rechercher la logique dans
en substituant
des chevaux.
l's son équivalent x, on forma la formation de ces pluriels. Ainsi, en dit un pen-
sMm, des pensums, tandis qu'on dit un ?'ra<a, des
Quant à cette tendance de a à s'adoucir en u, o-)'a<a. bien que pensum ait pour pluriel pm-a',
nous en trouvons des exemples dans Ff'M.o!~ araf tandis qu'e)'r<!<M a pour singulier ~'fn~MH! en
pour Ftt~M'a~, cAefaM-< pour c/tefa/e)*, j latin. Mais comme un errata est une liste de
et surtout dans le passage du latin en français fautes, on ne le trouve point en français avec la
alba-aube; alter-autre; calvus-chauve, etc. forme du singulier. De même, on ne devrait pas dire
Quelques noms en al, cependant, suivent la des alibis, avec un s, puisquealibi est un adverbe.
règle générale. Les plus usités sont <'a/, carnaval, Il faut, pour se tirer de toute incertitude, con-
chacal, régal, qui prennent un s au pluriel. sulter le Dictionnaire de l'Académie,qui fait seul
5° Sept noms en ail forment aussi leur pluriel autorité en cette matière.
par le changement de ail en aux. Ce sont bail, L'Académie fait invariables duplicata, errata,
corail, émail, soupirail, travail, t;<!H<a!7 et t)t'<f<'t7, maximum, recto, verso. Elle écrit des cictrone, des
peu usité au singulier. On écrira donc des baux, quintettes, des <a<es, des tories ou fofy?.
des eoraMx', etc. Tous les autres noms en ail sui- Quelques mots conservent le pluriel qu'ils ont
vent la règle générale. dans la langue d'où on les a tirés. On dit donc:
Noms à double pluriel. Le double pluriel de des carbonari, des dileltanti, des /<zza)'o?! des
certains noms a pour but d'en exprimer le double Mp?'a); Il serait bien à souhaiter qu'on appliquât
sens propre ou /!g'K~. enfin à tous les noms étrangers la règle générale.
Ainsi, aïeul fait nfeM~ quand il désigne le Les noms qui ne prennent pas la marque du
grand-père et la grand'mere, et a~Ma*. quand il pluriel sont:
désigne les ancêtres. Ces dem pluriels ne sont
d'ailleurs que deux formes
f Ceux qui sont formés de plusieurs parties.
absolument équiva- Exemple des ex-voto, des in-octavo, des post-
lentes. (V. plus haut ce que nous avons dit de scriptum, des Te-Deum. Cependant l'Académie
l'équivalence de s, x, z.) Ail fait aulx, chez le écrit des autoda fés en un seul mot.
jardinier, et ails, chez le botaniste. Ciel fait 2° Les noms des prières des ~~e, des CoH/?<eor,
cieux pour désigner la voûte céleste, et Ct'eM pour des Pater. Cependant l'Académie écrit des Allé-
exprimer tout ce qui en présente l'image. luias.
Œ:7 fait yeux pour tous les noms qui ne présen- Pluriel des noms compo~. – Les mots qui
tent aucune équivoque les yeux du pain, du concourent, en français, à la formation des noms
fromage, de la vigne; on sait très bien que ces dits composés, sont: le nom, I'a<
objets n'ont pas d'organe visuel; mais on dit des la préposition et l'adverbe. De ces cinq mots, le
le verbe,
yeux de bœuf, de perdrix, de chat, de serpent, nom et l'adjectif sont les seuls qui puissent pren-
pour désigner l'organe de la vue, et des Œt7~ de dre la marque du pluriel.
bœuf, de perdrix, de chat, etc., pour exprimer En formant le pluriel des noms composés, on
tout ce qui ressemble aux yeux de ces animaux. doit examiner si les parties composantes sont unies
De même, travail fait son pluriel avec s, quand par un rapport de concordance ou par un rapport
il conserve son sens primitif, et désigne cet assem- de complément. Ainsi, dans coffre-fort, le second
blage de poutres (~-a&es), qui sert à contenir les terme ne sert qu'à qualifier le premier; au con-
chevaux vicieux ou encore quand il désigne des traire, dans le mot e~e/œM~fe, le premier nom
études, des comptes, faits en commun; mais il fait a pour complément déterminatif celui qui le suit.
travaux dans tous les autres cas. De là les règles suivantes
Noms invariables. Un certain nombre de t° Un nom composé formé de deux dont
noms,pris dans leur sens propre, ne s'emploient le second qualifie le premier, prend la noms marque du
point au pluriel. Tels sont, par exemple, les noms pluriel aux deux parties composantes. Ex.
abstraits, comme la vieillesse, la jeunesse, la pau- Un chou-fleur, des choux-fleurs.
!;< la ~ou'c, bonheur, /'«f~t;e~!M. 2" Si le nom est composé d'un nom et d'un ad-
Cependant, beaucoup de ces mots peuvent s'em- jectif, la règle est la même. Ex.
ployer au figuré et prendre le pluriel. On dira, Un <'o~'e- des co~-<M-/brh'.
par exemple « cet homme ne débite que des ;uaM- Une basse-cour, des taMM-coMf~.
t)fef' », c'est-à-dire des mots vides de sens, des 3° Si le nom est composé de deux noms dont le
Ao?M/t< second sert de complément déterminatif au pre-
On ne fait jamais varier non plus les noms for- mier, le premier seul prend la marque du plu-
més à l'aide d'un adjectif ou d'un verbe et de riel. Ex. Un cAe/ŒMM'-f, des c/te/d'ŒKwe,
l'article: <.?yMS<e, le beau, le <.OM's, le maM< Il un /td/e~-D:'eu, des hôtels-Dieu.
en est de même des noms de métaux, /'o' /e fer, Quelquefois le nom déterminant est placé le
1 argent, à moins qu'on ne veuille spécifier: « les premier. Ex. un havre-soc, des havre-sacs, c'est-
/*e~ de la Suède sont excellents. » à-dire des sacs à l'avoine (/io/'<r, en allemand).
Sont encore invariables les noms des arts et des Quelquefois aussi on sous-entend le nom qui
sciences /'a'<eMMM?'c, la chimie, etc. L'usage seul renferme l'idée de pluralité. Ex. des Me.A-
apprendra toutes ces particularités. tête, c'est-à-dire des cM~'eh'Ms où l'on est <~e à
Au contraire, il y a des noms qui ne s'emploient tète.
4" Si )e nom est composé d'un verbe et d'un sorte la base: aussi appelle-t-on thème.s les radi-
nom, le nom seul prend la marque du pluriel, à caux qui sont le produit direct de ces racines et
moins qu'il n'exclue toute idée de pluralité. On de leurs combinaisons. Dans le mot p/tt/p/te,
dira donc un passeport, des passeports, mais on par exemple, il y a deux racines, philo-sophe,dont
écrira: un M~ve-e, des Mrre-Mt", parce qu'on ne la réunion forme un radical.
serre qu'une tête dans un bonnet. Mais ce n'était pas assez que d'avoir désigné les
C'est en vertu de ce principe qu'on a proposé individus par leur qualité essentielle. H fallait
d'écrire au singulier un essuie-mains, parce que encore, pour la commodité du langage, pouvoir
l'on n'essuie pas une seule main. exprimer les f~cpnf/s dans lesquels ces individus
5° Si le nom est composé d'un nom et d'un mot se trouvent avec tout ce qui les entoure. L'expres-
Invariable, il est naturel que le nom seul prenne sion de ces rapports se fait à l'aide d'une seconde
la marque du pluriel. Ex. Un contre-cou", des espèce de racines que l'on a, pour ce motif,appelées
contre-coups, un aNNMf-cewcM; dea avant-cou- '~mo?!4fra/iUM ou t"dteaft:)M.Quand nous disons,
reurs. en français, cet homme-ci a frappé cet /toM)ne-M.
6. Si le nom composé ne renferme que des élé- les particules ci et là déterminent la position des
ments invariables de leur nature, aucune partie ne deux hommes par rapport à nous, ci désignant
prend la marque du pluriel. Ex. celui qui est le plus voisin, et là celui qui est le
Un in-douze, des in-douze. plus éloigné. Eh bien, toutes les désinences qui,
Un ouï-dire, des OMt-<H' <
Un passe-partout,des passe-partout.
dans les langues anciennes, servent à déterminer
la position des individus ou à les montrer comme
Pluriel des noms propres. Lorsque les noms on le fait par un geste, sont tirées des racines t~-
propres conservent leur caractère spécial et ser- dicatives. Les pronoms, qui ne sont, en quelque
vent à distinguer certains individus de tous ceux sorte, que des gestes écrits, à l'aide desquels on
qui leur ressemblent, ils restent invariables. On désignerait les individus dont on ne saurait pas le
dira donc: x Les deux Co~et~e et les deux Racine nom, n'ont pas d'autre origine.
ne sont pas également célèbres, a On dira de Pour en revenir au mot oses, la première partie,
même « Envoyez-moi deux Télémaque, » c'est- ;'<Me, exprime l'idée de la fleur qui porte ce nom.
à-dire deux exemplaires du livre intitulé Télé- Quant à la lettre s, elle exprimait, au pluriel, dans
MtOMe. la langue latine, un rapport d'éloignement, et ser-
lorsque les noms propres sont employés vait, par conséquent, à l'indication d'un complé-
pour désigner une espèce, ils deviennent de ment direct, sur lequel se por<< l'acte marqué
véritables noms communs. On écrira donc: par le verbe, I'o< qui supporte l'action, étant
naturellementplus éloigné des yeux de l'observa-
Vtr~M,
Un Auguste aisément peut faire des
teur que le sujet qui accomplit cet acte.
c'est-a dire, un empereur éclairé comme Auguste On a vu, à la /brm'f<t'OM du pluriel, comment
peut faire surgir des poètes semblables à Virgile. cet s a pris, en français, un rôle tout différent de
On dira de même celui pour lequel il avait été créé.
La Seine a des Bourbons, le Tibre a des Césars,
Tous les éléments qui servent à former les mots
peuvent donc se diviser en deux grandescatégories
parce que ces noms, Bourbons et Césars, sont des la première et )a plus considérable contient les par.
titres génériques communs à tous ceux qui appar- ties fondamentales des radicaux, c'est-à-dire celles
tiennent à la même dynastie. qui en renfermentla signification la seconde, beau-
On dira encore, en vertu du même principe coup moins considérable, renferme les affixes, qui
des Elzévirs, des PoKM'n~, des ~!apAae& parce que s'ajoutent aux radicaux pour marquer les rapports
ces noms sont employés au figuré, pour désigner qu'ils soutiennent dans le discours et exprimer
les <BMM'e~ qu'ont produites les imprimeurs et les les idées de cas, de nombre, de genre, de temps,
peintres célèbres dont il s'agit. de mode et de personnes. (V. Grammaire com-
Les noms propres prennent encore la marque parée.)
du pluriel quand ils désignent plusieurs pays. Formation des substantifs. Pour former un
Exemple: les deux Siciles, les deux Amériques, les nom ou substantif, il faut, comme on vient de le
deux Castilles, toutes les Russies. Ces noms pro- voir, deux éléments. Ainsi, loup se dit en latin lu-
pres sont de véritables attributs des noms com- jr'M~ et en grec lykos. Si nous comparons lupus et
muns terres, provinces, pays, royaumes, sous- /~Ao~, nous y trouvons un même suffixe, s, qui
entendus. marque proximité comme notre particule ci, et sert
Origine des noms propres et des noms communs. à indiquer le sujet; c'est la deit~e'ice. Ce qui pré-
– Lorsqu'un objet se présente à nos yeux, nous cède cette désinence, c'est-à-dire /MpM. <Ao, ce
sommes frappés de certaine qualité, de certaine sont les radicaux auxquels est attaché le sens de
manière d'être qui le caractérise et lui donne sa loup. Tous les noms ont la même origine tous
physionomie particulière. Les noms qui ont servi ont été noms propre tant que l'on n'a connu
à désigner les personnes, les animaux et les qu'un individu de l'espèce qu'ils désignent; tous
choses, ont été tirés des caractères spéciaux que sont devenus noms communs quand ils ont été
présentait chacun d'eux. Lorsqu'on analyse ces employés pour désigner un nombre plus ou moins
noms, on trouve, dans chacun d'eux, <M: éléments considérable d'individus.
irréductibles, que l'on a, pour ce motif, appelés Noms composa, noms dérivés. Les noms
racines, parce qu'ils sont, en quelque sorte, les composés proprement dits sont formés de radi-
germes dont les noms ont été formés. caux devant lesquels on place un ou plusieurs
Il y a deux sortes de racines. Pour rendre cette affixes qui, dans cette position, prennent le nom
explication plus facile, empruntons un exemple à de prénxes. Ainsi, contradiction, désobéissance,
la langue M'ançaise. Soit, par exemple, le mot m~!?!ff/<7:cf, formés des noms dtcttOM, o~M-
foMt, au pluriel. Si je compare ce nom pluriel sance, intelligence, et des prétixes contra, dés,
avec le singulier rose, j'y trouve un élément de més, sont véritablement des noms composés.
plus, la lettre s. Ces deux parties, rose et la lettre Les principaux prénxes employés en français
s, représentent précisément les deux sortes de ra- sont a (idée d'éloignement). <Mf(idée de tendance
cines dont les mots ont été formés. Le premier, vers), ante (antériorité), bene (bien), bis (deux
rose, représente une racine verbale ou nominale, fois), Ctrc (autour), com (ensemble), contra (op-
qui a pour propriété de désigner les objets. Ces position), de (séparation), e et ses différentes
racines, verbales ou MontM't~, contiennent la si- formes (sortie, expulsion), in ou en (contenance,
yKt/!ca<!M des mots, et en forment en quelque introduction, tendance, privation), me ou mes
(mal, difficulté), pf~ (antériorité), pro (en avant, éieve; il faudra aussi qu'il prenne garde de mettre
pour), t-< (redoublement, réciprocité, opposition, dans la colonne de gauche deux noms auxquels
rénovation),!M6(sous), super (sur), ~Ks(au delà). s'appliquerait un même nom de la colonne de
Dérivés. Quand un affixe s'ajoute à la suite droite. On ne placera donc point deux noms d'ar-
du radical, il prend le nom de SM/~ce, et le nom bres, deux noms de plantes, etc.
ainsi formé est un nom f~e;tfe. (V. Dérivation.) Noms concrets, noms abstraits. Pour bien
Exemple paroissien, feuillage, formés des faire comprendre aux enfants la différence qui
noms pafozM? et feuille, et des suffixes ien etaye. distingue ces noms, on pourra les exercer d'abord
Les noms dérivés peuvent se former de sub- à former des noms abstraits. Exemples
stantifs à l'aide des suffixes ade (qui exprime 1" Des adjectifs suivants, formez des noms abs-
l'idée d'assemblage), at (profession), age (état), traits, sur ce modèle Prudent, la prudence; sage,
an, ain, tfM (état, collection), ard (espèce), at'e, la sagesse.
ier, er (profession), itie, ice, esse (état, manière Souple.
Prudent. Constant.
d'être). Exemple colonnade, cardinalat, escla- Bienfaisant. Patient. Juste.
<;<cAa~a<<), épinard, statuaire, calvitie, com- Abondant. Sage. Triste.
pltce, allégresse, etc. Confiant. Tendre. Jeune.
On peut encore tirer des noms dérivés des
adjectifs, t'aide des suffixes esse, ice, ise, M, té, 2° Formez des noms abstraits, à l'aide des ad-
tj~-f, qui indiquent un état, une manière d'être.
jectifs suivants, sur ces modèles Laid, la lai-
Exemple sage, sagesse; avare, avarice; sot, deur fertile, la fertilité.
sottise; malade, maladie; pauvre, pauvreté; vert, Haut. Lent. Rapide.
verdure. Gros. Solide.
Pesant. Docile.
On peut aussi en tirer des verbes, à l'aide des Froid. Solide. Docile.
Humide.
suffixes ade, ooe, ance (état, inaction), eMt', euse, Large. Avide. Humide.
eresse, ice (celui qui fait une action), is, ment, 3° Enfin, dans un morceau dicté, on fera sou-
ure (résultat d'un acte), oir (lieu où se fait l'acte),
ligner d'un trait les noms concrets, et de afeMie
on, Moa, aison (action). Exemple MMe, &~K- traits les noms abstraits.
c~tM~e, vengeance, chanteur, chanteuse, venge- Pour apprendre
resse, logis, logement, trottoir, salaison, bouchon, des noms dits composés, aux élevés à former le pluriel
blessure, etc. tout en exerçant leur
Beaucoup de noms dérivés des verbes ne sont sagacité, on leur donnera une liste de noms, à la
à proprement parler que l'infinitif même le suite desquels on leur dictera des propositions où
devoir, le savoir, le manger; ou le participe chacun des noms proposés doit trouver place, et
passé féminin la dictée, la livrée, la tenue, la ils devront compléter ces phrases.
Exemple: Basse-cour. Chef-lieu. PaMepor~.
revue; ou le participe présent un montant. un – Seff<te. Passe-partout.
mourant. Ces mots ne sont pas de véritables Les sont des clef*
PHRASES A COMPLÉTER.
noms dérivés. qui ouvrent toutes les portes d'un établissement.
Exercices. Voici un moyen commode et
Les paons sont l'ornement de nos Les villes
amusant d'apprendre aux enfants l'orthographe les plus importantes de départements en sont
d'usage et la signification des noms. Le maître nos
partage le tableau noir en deux colonnes. Il écrit les –. Les Etats de l'Europe ont aboli la formalité
deux ou trois noms dans la colonne de gauche des –. Les femmes du Midi remplacent souvent
puis il écrit dans la colonne de droite, mais en les
t bonnets par des
On emploiera le même moyen, indépendam-
:?t~rffr<ti!MK~ l'ordre, des noms qui indiquent
d'une manière générale la signification des pre- ment des dictées, pour apprendre aux enfants la
miers. Exemple formation du féminin.
Exemple Orphelin. PayMM. – Fermier.
Colonne de gauche. Colonne de droite. Instituteur. Patron. Blanchisseur.
Violon. Sabre. Arbre. Fleur. PHRASES A COMPLÉTER. – Les jeunes filles ap-
Peuplier. Rose. Arme. Animal. In- prennent à lire chez leur –. Sainte Geneviève est
Chien. strument. la de Paris. Une fille qui a perdu son père
Voici maintenant comment se fait cet exercice, et Lasa mère est une
– prend le plus
Jeanne d'Arc était une
grand
–.
soin de la basse-cour.
qui intéresse au plus haut point les enfants. La la robe blanche.
L'élève écrit sur son cahier le premier nom deg –On les repasserade même à former le pluriel.
la colonne de gauche violon. Il cherche ensuite, exercera
dans la colonne de droite, le nom qui indique ce Exemple Co~M. – Troupeau. Aveu.
e Clou. Journal. Soupirail.
que c'est qu'un violon, et il forme, à l'aide de ce PHRASES A COMPLÉTER. Les bergers sont les
mot, une proposition gardiens des Les sont des écrits quotidienss
Le violon est un instrument. ouvertures qui
Procédant de même à l'égard des autres noms, serventou périodiques –. Les sont des C'est
il écrira successivement à aérer les caves. avec le mar-
enfonce les Nous mériterons notre
Le sabre est une arme. – Le peuplier est un teau qu'on des sincères.
arbre. La rose est une fleur. Le chien est un pardon par
animal. Nous ne voulons pas multiplier ces exercices.
Ces exercices pourront servir une seconde fois, Les maîtres sauront les modifier de manière à
dans l'étude de la formation du pluriel des noms. enseigner l'orthographe tout en formant le juge-
t.C. Rouzé.1
Il suffira de faire transformer les propositions dee ment de leurs élevés.
cette manière NOMBRES DMCtMA.~X. – Arithmétique,
Les violons sont des tH~?'MmM<s. etc. XV-XYHI' – (Pour la numération des nombres
On tirera encore un excellent fruit de ces exerci- décimaux, V..N:c'M?t.)
Si l'on a des nombres déci-
ces, si l'on veut complet' la définition. On feratrou- 1. ADDITION.
on peut d'abord, en écrivant
M;' à l'élève les réponses nécessaires, en le ques-maux à additionner,
tionnantavec adresse: c U/t u:o~OM est un !?M~MMCH<.< des zéros à la droite de quelques-uns d'entre
cfe musique, B etc., etc. Des exercices ainsi faitss eux, ce qui n'en altère pas la valeur, leur faire
vaudront les meilleures leçon. de choses. Mais il exprimer à tous des unités décimales du mêmc
faudra que le maltre évite avec le plus grand soinn ordre la somme devra donc aussi exprimerdes
de multiplier les noms outre mesure dans unn unités décimales s'agissait de on
de cet ordre; fera donc la
s'il nombres entiers,
même exercice, ce qui embarrasserait le jeunee somme comme
et l'on fera exprimer au total dee~nitë* da même La règle de la mwttiplioation des nombres deCt-
ordre que te: nnites additiottnéea. maM e<t donc la Mivante faire la M~Mj/x-a-
~Soit, par exemple, à additionner lea nombres tion M~M at)0t'' ~arft aux M~M/M, et «!parcr Mn'
2.5 2;1498 ],32et 7,!66. On po~nrra~'tbord ~a </ro~ du proeftot <!U<ttn< de ~CtBtatet }tt't~ M
les écrire aiuM <M avait <~f)?M les d<tM; /'ae<ear< f~ttntt.
X,6000 On trouvera ainsi qne le prodxitde
~,1498
t,3600 5~ p<r4,!5.Mt M,650 on 24~5
!,teeo t3,T6 7,836 )07,45CO M'ït5
9,tM 2,t(} 19JMOO t9,n
f4,t358
en leur faisant exprimer des dix-mitlièmes. La pplus
a
!1 peut arriver qu'on !ait séparer an produit
de chiffres décimaux que ce produit n'a de
somme de ces dix-rniHièmes,faite par )e même chiffres; C on y supplée à l'aide de téros placés à
procëdê que pour tes nombres entiers, est 141358 la l, gauche. Soit, par exempte, multiplier 0,008
dix-miUièmM ou H,)3&8. On voit que, pour addi- par p 0,07 le produit, abstraction faite des virgules,
tionner des ~OM&reï ~etm<tM.)-, faut les écrire eest 56, et l'on a cinq décimales à séparer on met-
les uns.au-dessous des
t~t~ de ~AMe ordre seautres,
de manière que les t:tra donc quatre zéros à la gauche de 56; et, en
eorrMpo?!<~fM< (les zéros séparantles
s cinq décimâtes, on obtiendra0,00065.
mis t droite pour l'explication ne sont pas néces- 4. DtVtStON. Nous supposerons d'abord
saires dans la pratique), faire la somme comme si que q le diviseur soit entier, et qu'on ait à diviser,
c'~a'ent des nombre' entiers, et placer, au résul- par p exemple, ï069,<5 par 146. L'opération a pour
tat, une virgule <Mc!t7!a~ au-dessous des virgules bbut de prendre la 146- partie de 106945 cen-
des nombres à additionner. tièmes
ti on opérera donc comme si le dividende
On pourra exercer les élèves sur les exemples éétait entier, en se rappelant qae !e quotient {toit
suivants exprimer
e des centièmes. On trouvera 732 cen-
0,883 0,t64 9,t) ),4)5
tièmes,
ti et un reste de 73 centièmes. Ce reste vaut
0,)a7 0,186 ],3<13 3,163
730 millièmes, dont la 146' partie est 5 millièmes.
l,23t6 0,9 0,98 1,8
Le quotient complet est donc 7,325.
0,87 0,M 1,2387 2,5t
Il n'arrive pas toujours que le quotient se ter-
'mine; mais on peut toujours prolonger la division,
3,t4t6 2,000 5,67 '8~88 en mettant un zéro à la droite de chaque reste
pour le convertir en unités de l'ordre immédiate-
;2. –
SenstMCTioN.– L'opération est la même
que pour les nombres entiers, quand on a place juge ment inférieur. On arrête l'opération lorsqu'on
I<M nombres donnés de manière que tes unités de avoir obtenu au quotient une approximation
snimsante.
même ordre soient dans une même cotonne. 1.35 les calculs Soit, par exemple,: à diviser 4,096 par
Ex. auront la disposition ci-dessous
t7,3265 s.M 4,096 ) 95_
9;65 3,2964 (t,mu2!i.
7,6785 5,4536 M
quelquefois à retrancher une fraction de-
On a
35
cimale de l'unité; on verra tacitement que l'opé- :4~
ration peut se faire, en commençant par la gauche, 24S
d!près cette règte retrancher tous les chinret 1UO
df 9, et le dernier de 10. 70
Etempte 'sucT
1
280
0,'i97t5es

3.le–multiplicateur
MULTIPLICATION.
v ,v.
O.MÏS432
20
Après avoir obtenu au quotient 0,U7.on trouve
Supposons d'abord pour reste 1 millième multipliant par 10. on ob-
que soit entier; et soit à mul- tient 10 dix-millièmes, dont la 3&* partie est
tiplier 7,325 par 146. Le but de l'opération est 0 dix-millièmes tes 10 dix-millièmesvalent ) 00 cent-
a!<rs de. répéter 146 fois le nombre 7,325 on 7325 millièmes, dont la 35' partie est 2 cent-milliémes,
nrrHièmes; la multiplication devra donc se faire et il reste 30 cent-millièmes, qui valent 300 mil-
comme pour les nombres entiers mais le produit, lièmes dont la 35' partie est 8 millionièmes et il
au lieu d'exprimer des unités, devra exprimer des reste 20 millionièmes. On pourrait pousser l'ap-
millièmes; Il faudra donc séparer sur la droite proximation plus loin si on le jugeait nécessaire.
trois décimales, c'est-à-dire autant de décimales Supposons, en second lieu, que le diviseur
qu'il y en avait au multiplicande. On trouvera soit décimal, et soit à diviser 1069,t58 par I,t6. Oa
)<M9,450 ou simplement 1069,45. ramène ce cas au précédent en multipliant le di-
Supposons en second lieu que le multiplicateur vidende et le diviseur par 100, car on a alors à
soit décimal et qu'on ait multiplier 7,325 ),46. diviser 106945,8 par le nombre entier 146. Cette
Le but de l'opération dans ce cas n'est par plus de opération n'altère pas le quotient, car si l'on ap-
répéter le multiplicande 146, mais do repéter 146 pelle D le dividende, d le diviseur,.q le quotient
fois la 1M* partie du multiplicande ( c'est-à-dire et r le reste, on a
prendre les t46 centièmes de ce multiplicande).
Or, pour en prendre le )00', il suffit de reculer la D==~X?+'
virgule de deux rangs vers la gauche, ce qui donne Cette relation ne pas altérée en multipliant
0,073:5; et en multipliant par H6on obtiendra tous les termes parsera 100; on au ra donc, en remar-
!0,69450 ou 10,6945. On voit que l'opération est la quant que, pour multiplier par tOO le produit~~<
môme que dans le premier cas, si ce n'est qu'il il suffit de multiplier le facteurd,
f.~at séparer à la droite du produit, non plus
seulement 3 décimales comme au multiplicande, 100D=100dx?+100r,
mais 3 plus 2, c'est-à-dire autant de décimales ce qui exprime qu'an divisant 100 D 100 d, on
qn'il y en avait au multiplicande et au multipli- obtient encore le même quotient leparreste est
< -tteur réunis.
q; r
1seul multiplié par 100.
Dans l'exemple actuel, le calcul donne pour quo- la langue littéraire, comme or, <n'~en~, fer, etc.
tienn32..50h4. V. Corps simples.
La règle de la division des nombres décimaux Ces noms ont été conservés parce que l'usage
est donc la suivante: Rendre le c'!t):~M)'f':<t'c)-,en les a consacrés et qu'ils en valent d'autres.
~"pp7'Ma')< la virgule; avancer la virgule dM di- NOMENCLATURE DES CORPS BINAIRES DONT L'UN DES
t~/e~e d'autant de rangs cers la droite qu'il y ÉLÉMENTS EST L'OXYGÈNE. On appelle corps bi-
avait de 6Mc:ma/e< au diviseur; faire la division naires des corps composés formés de deux corps
comme dans le cas des nombres entiers. simples. Les plus importants et les plus nombreux
[H. Sonnet.] sont ceux qui contiennent de l'oxygène. Ils portent
NOMENCLATURE. – Chimie, II. Après que le nom générique d'oxydes.Ce nom doit être suivi
Lavoisier, par son analyse de l'air, eut donné l'ex- de celui du corps simple qui est combiné à l'oxygène
plication du phénomène chimique, en faisant voir et qui spécifie 1 oxyde. Ainsi on dira: oxyde de /e?\
que tout corps provient d'une union intime ou d'une o~yafe de plomb, oxyde de phosphore, oxyde
séparation dont les éléments se retrouventtout en- d'azote, oxyde de carbone, pour désigner des com;
tiers, la clef de l'analyse chimique fut trouvée, et binaisons formées exclusivement d'oxygène et de
les chimistes, pouvant connaître dès lors la compo- l'un de ces corps.
sition des principales substances usitées dans leurs Quand on brûle du phosphore dans l'air sec
laboratoires et dans leurs recherches,sentirent la sous une cloche, il se forme des fumées blanches
nécessité de leur donner des noms rappelant cette résultant de la combinaison du phosphore et de
composition. Jusqu'à Lavoisier,les produits chimi- l'oxygène de l'air, car le gaz restant après la con-
ques ou pharmaceutiques sur lesquels s'exerçaient densation des fumées est de l'azote. Cette sub-
les recherches des alchimistes portaient des noms stance blanche est acide; mise dans de l'eau, elle
plus ou moins bizarres, ou n'ayant aucune signi- s'y combine énergiquement et s'y dissout: la dis-
fication, ou rappelant au contraire par leur étymo- solution a une saveur fortement piquante, et elle
Ingie les fausses idées qu'on s'était faites sur rougit le tournesol bleu; c'est ce qu'on appelle un
leur composition ou sur leurs propriétés. Une acide ~Ictf/e). Le composé acide résultant de
science étant la connaissance certaine des rapports la combinaison de l'oxygène et du phosphore s'ap-
existant entre les éléments des choses dont elle s'oc- pelle <:C!depAo:p/to?'Me;il n'était pas nécessaire
cupe, exige un langage précis, systématique et ap- de faire entrer dans cette dé nominationla mention
proprié, exprimant et représentant ces rapports. de l'oxygène: elle y est sous-entendue,l'oxygène
En arithmétique, par exemple, la numération étant le générateur habituel des acides.
est la nomenclature des nombres fondée sur la Si on met dans l'eau la substance blanche qui,
méthode d'après laquelle ils ont été formés. De résuite de la combustion du potassium à l'air, eUe
même, dans la nomenclature chimique, le nom d'un s'y dissout aussi, mais elle aune saveur brûlante,
orps doit être en rapport direct avec la constitu- caustique, tout à fait din'érente de celle de l'acide;
don qu'on lui a trouvée par l'analyse. Guyton de elle verdit le tournesol et ramène au bleu celui
'-torveau, né à Dijon en 1737, proposa le premier la qui a été rougi par un acide; cette combinaison
réforme du langage chimique dans un travail qui du potassium avec l'oxygène, dont le vieux nom
pour titre Mémoire sur les dénominationschi- est potasse, sera inscrite dans la nomenclature sous
t~Mes, la nécessité d'en pcr/'ec<:07:nef /e ~~<~e, le nom d'oxyde de potassium et s'appellera une
*s règles pour y parvenir, suivi d'un tableau base, ainsi que tous les oxydes qui auront des
;"MMe nomenclature cA:'m!gMe. propriétés semblables. La chaux, qui est de l'oxyde
Vers le milieu de f!86, Berthollet, Fourcroy, de calcium, est une base; la Ma~K~M, qui est de
avoisier et Guyton de Morveau se réunirent pour l'oxyde de magnésium, est une base; la soude,
xaminer ensemble le projet de nomenclature pro- oxyde de sodium, est une base.
osé par Guyton, et arrêtèrent d'un commun accord Si nous mettons un acide en présence d'une
plan d'une réforme exigée par le progrès de la base, nous arriverons par tâtonnements à obtenir
citimie. Tous les chimistes d'alors, même les plus une substance qui n'aura ni les propriétés carac-
attachés aux traditions du passé, comprenaient la téristiques de l'acide ni celles de la base; ces pro-
fécessité de cette réforme. « Ne faites grâce, écri- priétés opposées, pour ainsi dire, se seront neu-
rait Bergmann à Guyton, à aucune dénomina- tralisées le composé nouveau sera un sel ou corn-
ttoujours;
on impropre; ceux
qui
qui savent
savent
déjà entendront posé ternaire. Il ya des oxydes métalliques, comme
ceux ne pas encore enten- celui qui se forme a l'état de poussière jaune sur
pont plus tôt. » ie plomb fondu, qui ne se dissolvent pas dans l'eau,
Après huit mois de conférences presque journa- n'agissent ni sur le tournesol ni sur aucune couleur
?res avec ses collègueSjditM.F.Hœfer.Lavoisier végétale, et qui sont cependant capables de former
mmuniqua à la séance publique de l'Académie des sels en neutralisant les acides: ce sont aussi
's sciences du 18 avril n87, les principes </e la des bases, car c'est là le caractère le plus impor-
/brme et du perfectionnement de la MOMe~e/a- tant d'une base.
de la chimie, et il les développa dans un ~Vo~MHC/atMre des acides contenant de ~o.c~~eK?.
cond. mémoire lu le 2 mai suivant. L'acide qui se forme par la combustion du phos-
L'oeuvre collective de ces savants porte particu- phore dans l'air sec est appelé acide phospho-
lièrement sur les corps composés; ceux-ci ont été rique.
divises en acides, en bases et en sels (V. Acides, Le gaz acide qui se dégage de la combustion du
Bn~ft et Seis). Cette nomenclature est une vérita- charbon ou carbone est appelé acide cMt'&o~yM.
ble classification; c'est, avec la théorie de la com- Il suffit de nommer les acides chlorique, iodique,
bustion, la base fondamentale de ce qu'on a appelé azotique, pour qu'on en devine la composition.
l'école de Lavoisier ou l'école chimique française. Quand on tient dans les doigts un bâton de phos-
L'ensemble des noms des corps simples ne phore mouillé, ou simplement des allumettes chi-
constitue pas, à vrai dire, une partie de la nomen- miques humides, il s'en dégage des fumées d'une
clature ces noms n'ontrien de systématique et leurs odeur désagréable 6[ ayant les caractères des
origines sont très diverses; tantôt le nom rappelle acides. L'analyse chimique de cette substance a
une propriété réelle ou apparente, comme oxygène, montré qu'elle était, comme l'acide phosphorique,
qui veut dire « producteur d'acide », ou azote, formée de phosphore et d'oxygène, mais qu'à
signifiant n absence de la vie D tantôt il rappelle poids égal elle contient moins d'oxygène on l'ap-
l'un des principaux composés du corps, comme pelle acide pAos/~oeM; de même on dit acide
A~'o$'eM, qui veut dire « producteur de l'eau azoteux, c/!<o''SM;t, etc., pour désigner des acides
tantôt enfin il date de l'antiquité et appartient à moins riches en oxygène que les acides phosvho-
ft~«e,azo<<y!/<,cA~o)'<e.rfouspouvons donc dire, un même poids du métal, les quantités du mé-
avec les illustres auteurs de la nomenclature, que, talloïde seront entre elles
quand un corps simple forme avec l'oxygène un comme 1, –, 2, etc.
ou deux acides, on désignera l'acide unique ou prin- On dira, comme pour les oxydes, chlorure A fer,
cipal en faisant suivre le nom du corps simple de Mi~utcMofMre de fer, AtcA/orMre de /e)*, proto-
la terminaison '~Me qui se substitue à l'e final; le sulfure de plomb, oMM//M''e de cuivre.
second acide, te moins oxygéné, se nommeen met- Com6t?!at:o?M d'un métalloide avec un autre
tant eux à la place de t'yuf. On comprendra faci- )Me<o<Mde. – On applique les mêmesrègles qu'aux
lement le sens des quelques exceptionsqui suivent, combinaisons précédentes, tenant compte de
dans lesquelles la forme française du nom des ceci que le nom génériqueen (celui que l'on devra
corps simples est légèrement modifiés acide sul- terminer en ure) est celui du métalloïde qui dans
furique, acide SM~fft~acide antimonique,acide la décompositiondu composébinaire par la pile se
antimonieux; acide arsénique, acide arsénieux; porte au pôle positif. Ainsi on dira chlorure de
acide manganique, etc. phosphore. «d/Mre d'arsenic, et cA'crM'-e de sou-
Quelquefois un même corps simple forme avec fre, etc. Le chlorure, le bromure, l'iodure et le
l'oxygène trois, quatre et même cinq acides. Pour sulfure d'hydrogène, qui se comportent comme des
former leurs noms, on emploie les préSxes A)/po, acides, ont été appelés hydracides, et on les dési-
per ou A~po',prépositions d'origine grecque qui si- gne presque toujours par tes noms suivants acide
gnifient, la première.au-dessous, la deuxième, au- cM«'tyd) tOMe, acides iodhydrique, bromhydrique,
dessus. Ainsi on dira: acide hypochloreux, acide !M//Ayd''t~t<e, fluorhydrique.
hypochlorique, pour désigner des acides moins De même que les acides se combinent aux
riches en oxygène que les acides chloreux et oxydes pour former des sels, de même deux cl'lo-
chlorique, et acide hyperchlorique et AypM'Mayt.'ya- rures, deux iodures, deux sulfures, deux bromu-
nique pour désigner des acides plus oxygénés que res peuvent se combiner ensemble pour former
les acides chlorique et manytat'~Me. des composés f« na:rej analogues aux sets. l'un
La série importante qui suit, en résumant ce jouant le rôle d'acide, l'autre le rôle de base.
que nous venons de dire, en fera retenir l'ensemble Un chlorure acide se combinant à un chlorure
Composés ojq/y~ acides du chlore basique forme un chlorosel ou chlorure double.
Ainsi le chlorure de platine en se combinant au
Acide p~ ou hyperchlorique chlorure de potassiumforme un chlorure double de
chlorique platine et de pofa.<stM< On le désigne quel-
hypochlorique quefois sous le nom de chloroplatinate de po-
chloreux tassium.
AypochlorctH;. Le persulfure d'antimoine et le protosulfure
de
On voit par ces exemples, dit M. Wurtz, que le pelésodium forment ensemble un sulfo-sel ap-
sulfo-antimoninte de sodium ou simplement
degré d'oxydation est exprimé dans la nomencla- <t<<M<ttKO!tta<e<fe sodium.
ture française par certaines modifications qu'on On rencontre encore quelquefois les noms de
fait subir à l'adjectif qui marque l'espèce d'acide, c~/ort~e~, sul fides,
]e mot acide lui-même étant pris comme substan- chlorures et que Berzelius avait donnés aux
tif et marquantle genre. On modifie cet adjectif Enfin, aux sulfures acides.
nous dirons
tantôt en faisant varier la terminaison, tantôt en combinaisons des métaux entrequ'on nomme alliages les
le faisant précéder de hypo ou per. o eux. On dit al-
liage de plomb et ri'étain, alliage de cuivre et de
JVomencMtMre des oxydes non acides. Un
même corps simple peut former avec l'oxygène celui-ci:tMC, etc. Quand le mercure entre dans un alliage,
plusieurs oxydes qui ne diffèrent dans leur com- d'étain, etc. porte le nom d'ama~an~ ama~anie
position que par les quantités d'oxygène combi- NOMENCLATUREDES COMPOSÉS TERNAIRES OU SELS.
nées à un même poids de l'autre corps simple. Pour sortes de composés, la nomenclature
Le premier degré d'oxydation est le pro<o.c~e; françaiseces sous-entend
le degré le plus élevé est le peroxyde. que, dans la constitution du
sel, l'acide et la base, quoique intimementliés, res-
Pour la même quantité du métal on du métal- distincts. Cette hypothèse, qui n'est pas ad-
loide, le deutoxyde ou bioxyde renferme deux fois tent
mise par tout le monde, s'appuie cependant sur
plusd'oxygèneque le protoxyde;le sesquioxyde en quelques faits importants réunis dans qu'on
renferme une fois et demie autant. Ainsi on dit appelle les lois de Ber~o/M. On peut, ce exem-
protoxyde de manganèse, sesquioxyde de manga- ple, chasser l'acide d'un sel, soit par
nèse, bioxyde ou peroxyde de manganèse, pour soit par la chaleur,
désigner des combinaisons de manganèse et d'o- rien par un autre acide, sans que la base ait été en
altérée.
xygène dans lesquelles les quantités d'oxygène Il faudrait donc
croissent, le poids de manganèse restant le même, pendant la réaction,que la base se tilt reformée
si les éléments de l'acide et
comme 1, 2.On devinela signincationdes noms: de la base avaient été unis dans le sel, de telle
façon que ces deux composés binaires n'aient plus
protoxyde de plomb, sesquioxyde de fer, protoxyde eu d'existence propre.
de mercure, bioxyde de mercure. On dit quelque- Dans l'hypothèse sous-entendue dans la no-
fois, d'après Berzelius et par analogie avec la no- menclature française, on peut dire que les com-
menclature des acides oxyde mercureux, oxyde posés <erKatret sont des combinaisonstMaf'M de
mercurique; oxyde ferreux, oxyde ferrique. second ordre.
NOMENCLATURE DES CORPS COMPOSÉS BINAIRES NE Le nom d'un sel est formé de la combinaison
CONTENANT PAS D'OXYGÈNE. Cem&MatK~ d'un du nom de l'acide et de celui de la base le pre-
métalloïde et d'un métal. On termine en ure mier indique le genre, l'autre l'espèce. Si l'acide
le nom du métalloïde qui caractérise le genre du a un nom terminé en ique, le nom générique
composé, et le nom ainsi modifié est suivi du du sel se termine en ate, et le nom spécinque
nom du métal qui définit l'espèce. Ainsi on dira: est celui de l'oxyde qui joue le rôle de base. L'a-
chlorure de iodure de po~a~tMm, pour repré- cide azotique en se combinant & de la potasse ou
senter les combinaisons du chlore et du fer, de oxyde de potassium formera de l'azotate de po/a~e.
l'iode et du potassium; par exception, on dit sul- On dira de même
fure'de fer, ar~')M<rc de cuivre, etc. Azotate de deutoxyde de mercure ou azotate
Un même métalloide peut former avec un mé- MMrCMftOMe;
a plusieurs combinaisons dans lesquelles, pour Sulfate de protoxyde de fer ou sul fate ferreux;
Phosphate de chaux; faire des théories générales qui embrassent tout,
Carbonate de~i'ofo~de de plomb; n que nos connaissances
mais si incomplètes rendent
~~enta/e~epofofse forcément imparfaites et provisoires.
CA~ora~ de potasse, etc.; ces noms indiquent FORMULES CHIMIQUES. Les formules chimiques
tes combinaisons des acides azotique, sulfurique, sont
SI les expressions abrégées et exactes de la
phosphorique, carbonique, arsénique, chlorique composition
c des corps elles représentent non seu-
lement les corps simples constituant un corps
avec les oxydes dont les noms suivent les mots
If
terminés en ate- composé,
c' mais aussi les proportions suivant les-
Si, au contraire, l'acide porte un nom terminé quelles
q ils s'y trouvent unis.
sera formé par Les noms des corps simples s'écrivent par leurs
en cMX, le nom générique du sel dira Arsénite symboles qui sont formés par la première lettre,
le remplacement de eux par ile. On s
de sonde, p''(MpA:<e de chaux, sulfite de soude, o par
ou les deux premieres du nom français ou de
azolite de po/ai'~e, pour représenter les sels formés sson équivalent latin ou arabe, ou par les deux pre-
des acides arsénieux. phosphoreux, sulfureux, azo- nmières consonnes, ou enfin par les deux pre-
teux avec les bases dont les noms suivent les mots mières
n consonnes des deux premières syllabes;
terminés en ite. c'est
c l'usage qui les apprend. Nous allons don-
On nomme sels acides les sels qui renferment ner
n la série des symboles des principaux corps
plus d'acide qu'il n'en faut pour saturer la base. simples
s
Ainsi on connaît deux combinaisons de l'acide KOXS SMBOt.EB NOM SYMBOLES
sulfureux avec la potasse l'une renferme deux
fois plus d'acide sulfureux que l'autre pour le nydrogène
I nil Baryum. Ba
même poids de potasse; la première s'appellera OxvKene.
C 0 Calcium. Ca
bisulfite de potasse, la seconde sulfite !<e:dre de Soufre. S Magnésium.. M~
Sélénium. Sé Aluminium.. AI
potasse. On dira de même ~M/e neutre de po- :¡Tellure. Tee Manganèse.. Ma
tasse et bisulfatede po/a~'c.
On connaît trois carbonates de soude, dont les Phosphore.
Azote. Az
Fer.
Chrôme. Cr
t
quantités d'acide carbonique pour un même poidsArsenic.
Chlore
Ph
As
ft
Zinc.
Fiomb. Pb
Fe
Xn

de soude sont entre elles comme 1,


c
2; on les t Finor. Ft Etain.Sn(s<<!K'!Mttt)
appelle Carbonate de soude, M~mcat'tottate
bicarbonate de soude.
tod.
deCarbone.
Brome
f Br
t
Antimoine.
Cuivre.
Or.
Argent.
Sb (stibium)
Cn
Ag
soude,
D'autres sels contiennent un excès de base on Bore. C
Bo Au(am'!fm)
jjSiiieium. Si Platine Pt
les appelle x~.? basiques. Tels sont le .<oM~-SM/-

s,
(kalium) Mercure. (hydrar-
1 Hg
Potassium. K
fate de bioxyde de cuivre, le MMs-<!zo<a<e de &M- Sodium. Na(tM<ft!tMt) gyrum).
muth; on dit souvent de cuivre, de bismuth, de
plomb, etc., au lieu de dire d'oxyde de cuivre, _L.1~la formule a~
Pour obtenir composé hi_
d'un corps tOnn'\nn~6 bi-
d'onde de &MMM<A, d'oxyde de plomb, etc. naire, on place cote l'un de l'autre les symboles
Lorsqu'une certaine quantité d'acide se combi- des corps simples qui le constituent.
ne à diverses quantités d'une même base pour Ainsi pour représenter l'eau, qui est formée par
former plusieurs sels différents, celles-ci sont de l'hydrogène et de l'oxygène, on écrira HO. La
entre elles comme 1, 2, 3, et on le rappelle par formule CO représentera de l'oxyde de carbone i
les mots mono, 6:, /W placés en avant du mot CaO, de la chaux ou oxyde de calcium.
basique. Ainsi les expressions: Le symbole d'un corps simple ne représente pas
Azotate de deutoxyde de 'mercure K!ono&as:~Me seulementson nom, mais encore la proportion sui-
Azotate de deutoxyde de mercure bibasique; vant laquelle il entre dans la combinaison, en un
Azotate de deutoxyde de mercure /)'t'<st~ue, mot son équivalent'. Ainsi HO n'exprinte pas seu-
représentent trois sels formés d'acide azotique et lement que l'eau est formée d'hydrogène et d'oxy-
d'une même base, le deutoxyde de mercure, mais gène, mais encore que ces deux éléments y en-
en proportions telles, que, pour une même quan- trent dans la proportion de 1 à 8, qui sont les équi-
tité d'acide, il y a dans le 2' deux fois plus de valents de l'hydrogène et de l'oxygène.
base, et dans le 3' trois fois plus que dans le CaO indique que dans la chaux le calcium et
premier. l'oxygène sont combinés dans la proportion de 20
Sels doubles. Un sel peut se combiner à un à 8, ces deux nombres étant, le premier l'équiva-
autre sel en formant un composé binaire f/e <<'o! lent du calcium, le deuxième celui de l'oxygène.
sième ordre ou </M<! et'HaH'e et qu'on appelle un S03, formule de l'acte sulfurique a'n/t~rf, ex-
sel doM~/e. Ainsi, si on verse du sulfate d'alumine prime que ce corps composé est formé par duIl
dans du sulfate de potasse, on obtient de petits soufre et de l'oxygène dans la proportion de X: à
cristaux d'alun: l'analyse de ce corps montre qu'il 3 +8, c'est'a-dire de 1 équivalent de soufre pour
combinaison des deux sulfates. 3 équivalents d'oxygène. D'après ces exempts,
est formé par la
On le nomme sulfate double de potasse et d'n~i- on comprendra tout de suite les relations de com-
mine. C'est en s'appuyant sur cette hypothèse, position qui existent dans les séries suivantes
reposant du reste sur un grand nombre de faits,
AzO, Protoxyde d'azote.
que Berzelius, le célèbre chimiste suédois, a CIO, Acide hypercHoreux.
exprimé l'idée que toutes les combinaisons chi- C103, –ehtoreux. AzO!,Bioxyded'azote.
OOt, hyperchlorique. AzO~,Acide azoteux.
miques se faisaient entre deux corps simples C10S,–calorique. AzO~,Acide hypoazotique.
pour former un composé binaire binaires pour ClO~, AzO' Acide azotique.
– perchlorique.
former un composé ternaire ou sel ternaires MnO, Protoxyde de manga- FeS, Protosulfure de fer.
pour former un composé quaternaire. C'est cette nèse.
théorie dMn<t'<- HnW, Sesqutoxydcde man- Fe~S~, Sesquisulfure de fer.
manière de voir qu'on a appelé la
tique. L'étuda des composes organiques l'a mise ganèse.
en MnO~ FeS~,Bisulfure de fer.
défaut malgré les efforts de son illustre auteur MnOS, Bioxydede manganèse.
Acide manganique. Etc.
(V. C/ttMM o;n:Me). Aujourd'hui, comme plu- Mn~O~, Acide permangani-
sieurs autres théories qui l'ont successivement que.
remplacée, elle représente une partie, mais une
partie seulement de )a vérité. C'est ainsi que Fo7W!M~e d'MK eot'BS deuxième ordre
&!Ha!re
notre insatiable et légitime désir de tout expli- CM sel. – On SMt quen versant de la potasse dans
quer par ce que nous savons déjà, nous porte à de l'acide sulfuriqueou réciproquement,on obtient
nne liqueur neutre qui est formée par la combi- est très utile au contraire, avant de commencer la
naison de ces deux corps binaires. La formule de nomenclature, et afin de familiariser les élèves
ce sel, qui est du sulfate de potasse, se formera en avec les noms et avec les choses, de consacrer plu-
mettant a Cote l'une de l'autre la formule de l'acide sieurs leçons (trois on quatre an moins) à des gé-
et celle de la base, en commençant, généralement néralités appuyées d'nn grand nombre d'expériences
du moins, par cette de la base KO.SO~ tes deuxchoisies, répétées lentementdevant l'auditoire,
formules doivent être séparées par une virgule. quel on doit faire toucher les substances dont au-
CaO.CO* représente du carbonate de chaux; se sert. on
[A. Jacquemard.1
NaO~AzO* de l'azotate de sonde; PbO.CO' du car- NORMANDS. Histoire générale, XVIII; ms-
bonate de plomb. Ce qui précède paraît aussi na- toire de France, VII-VIII. C'est )e nom de
ture) que logique; cependant cette manière de JVorMonc~ou Northmans (hommessons du Nord) qu'on
représenter un sel implique une hypothèse à la- a désigne, au moyen âge, tes pirates de
quelle nous aYons déjà fait alluaton. On comprend, dinave (Danois, race Scan-
Suédois et Norvégiens) qni, dès
en effet, que le carbonate de plomb peut être for- )e xi' siècle, s'élancèrent sur l'Europe et tes Mes
mulé autrement; au lieu d'écrire PbO.CO', on Britanniques. Marins excellents
peut écrire PbC,08, cette dernière formule repré- de leur pays, aventurent par caractère, par la situation
reli-
sentant les proportions de plomb, de carbone et gion (leur paradis n'était ouvert qu'auxparbraves
d'oxygène qui constituent le carbonate de plomb morts en combattant), ils montaient des barques
sans aucune indication hypothétique sur la ma- d'osier recouvertes de cuir; et, sous la conduite
nière dont les atomes de ces corps peuvent être d'un roi de
groupés dans la molécule de carbonate de plomb; rieuses qui, gravées mer, connaissant les lettres mysté-
tandis que, dans la formule PbO,CO', on suppose préserventdu naufrage sur les rames ou sur l'épée,
ou de la mort, ils allaient
que la molécule binaire PbO est juxtaposée à la à la découverte et à la conquête. Leurs premiè-
moiécuie CO~. Nous avons déj& dit plus haut que res incursions en Europe eurent
cette hypothèse, fondée sur un grand nombre de pour cause la guerre que flt Charlemagne sans doute
faits à la vérité, ne pouvait pas cependant rendre Saxons l'empereur construisit contre aux
eux des
compte de la plupart des réactions que présentent forteresses et des flottilles qui ne purent les
les composés organiques. arrêter. En 862, un de ces chefs normands, pas Rurik,
Formules des sels acides et des sels basiques. appelé par les habitants de Novgorod,
L'équivalent d'un corps composé est égal à la contre leurs voisins, prit le titre de grand-duc en Russie,
des
somme complète des équivalents des corps simples Varègnes, et fonda le premier des EtaM normands,
qui le constituent. L'équivalent de l'eau est égal dont le rôle devait être si important jusqu'aux
à + 8= HO; celui de l'acide sulfurique à 16 +
8+8+8 == S03; celui du sesquioxyde fer = 28 temps
modernes. A partir de cette époque, les
des Normands ont deux buts tes terres
X 2 + 8X3= Fe'O*. L'équivalent du sulfate de courses polaires et tes côtes d'Angleterre et de France.
potasse sera ~2] + 8 = KO) + ( 6 + 8 x 3 = SO~) Entraînés dans tes mers du Nord par la pèche de
–69=KO,SÔ'. la baleine, ils s'établissent Mes Feroe, vers
Le sulfate de sesquioxyde de fer, qui contient 86) en Islande, vers 870, oùaux ils fondèrent un pe-
3 équivalents d'acide sulfurique pour chaque tit Etat; puis dans le Groenland (« terre verte f),
équivalent de sesquioxyde, s'écrira Fe'O~SO~. qui fut découvert et baptisé
Le bisulfate de potasse: K0.2S09. Le phosphate vers 982). Le Labrador, découvert par Eric le Roux
tribasique de chaux SCaO.PhO'. etc. aussi par
eux, ne reçut ce nom qu'au xvi siècle. Pendant
Corps quaternaires ou sels doubles. La for- ce temps, profitant de l'anarchie qui suivit le
mule de f'alun ou sulfate double d'alumine et de règne de Charlemagne, d'autres bandes rava-
potasse s'écrit geaient les eûtes de France. Elles choisirent trois
APO~SSO', KO,SO3
Sulfate d'alumine Sulfate de potasse.
stations principales f station de la Meuse et de
l'Escaut, d'où elles étendirent leurs incursions
Les deux formules des deux sulfates se juxtapo- dre, sur la Hollande, la Zélande. la Frise, la Flan-
le Hainaut et les bords du Rhin jusqu'à Aix-
sent pour former celle du sulfate double. la-Chapelle. Charles le Gros ayant tué en trahi-
Nous avons cru devoir donner en détail la son leur chef Godefried, les Normands de la
menclature si simple, si précise et qui a éténo- si Meuse s'unirent aux Normands de la Seine et
féconde, de Lavoisier et de ses illustres col !abora- assiégèrent Paris, défendirent Eudes, comte
teurs, parce que nous la regardons comme la leçon de l'Ile-de-France, que t'évoque Goziin et Ebles, abbé
la plus importante d'un cours de chimie. de Saint-Germain des Prés. Ils furent vaincus à
Cependant l'expérience de l'enseignement mon- Louvain, 891,
tre que la plupart des éièves arrivés à la fin de fin à leursenravages; par Arnulf de Germanie qui mit
2' station de la Loire ils re-
leur cours sont incapables d'écrire la formule d'un montèrent ce fleuve jusqu'en Auvergne, après
corps composé qu'on leur nomme, aussi bien que avoir pillé Nantes. En 866, Robert le Fort, comte
de nommer la substance représentée par une for- de Paris, périt en leur livrant la bataille de
mule écrite. A quoi cela tient-il surtout? A ce Brisserte. Dans le pays entre Seine et Loire vivait
qu'ayant trop rapidement passé sur cette impor- aussi un paysan nommé Tertullé,
que Charles le
tante leçon, et ne la sachant point par conséquent, Chauve créa sénéchal d'Anjou. H fut la tige des
ils ne comprennent point les leçons suivantes; la PIantagenets. Le chef des Normands de la Loire,
chimie leur parait difficile, rebutante, ils la négli- Thiebold, s'établit entre Chartres et Tours et de-
gent complètement, et cela tout simplementparce vint la tige des comtes de Blois et de Champagne
qu'ils n'en savent point le langage. Une formule (879) 3° station de la Seine, d'où ils pillèrent
est pour eux un jargon incompréhensible capable Rouen (891), et tes rives de la Seine jusqu'à Paris.
de rebuter la plus heureuse mémoire. On ne sau- !is songèrent ensuite à rester dans
rait donc trop insister dans le commencement ce pays <f qui
languissait inculte et tout couvert de grands
d'un c<mrs sur l'importance absolue de la nomencla- bois. x Rnll, leur chef, s'établit à Rouen; Charles le
ture. Les élèves sont aussi enrayés, sinon décou- Simplelui offritla main de fille Gisèle à condition
ragés. par ces noms bizarres qu on leur prodigue qu'il se ferait chrétien, et sa lui céda, par le traité de
dès la première ou la deuxième leçon. Quoique la Saint-Clair sur Epte, le situé entre l'Epte
connaissancede la nomenclature soit indispensable et la Bretagne, qui prit le pays nom Normandie (911).
de
pour suivre fructueusementun cours de chimie, il Roll divisa la terre entre compagnons; les
n'est point pour cela nécessaire de t'expliquerdans Nenstriens furent réduits àses t'état de serfs et de
la première ni même dans la deuxième leçon il colons. La Normandiedevint entre
ses mains riche
et prospère, mais les Normands conservèrent masse d'air dans laquelle ils descendent est, au
expéditions loin- contraire, animée d'un mouvement ascensionnel
toujours leur ancien amour des
taines, et avec leur établissement ne se termina d'ensemble, il peut arriver qu'ils montent en
point leur rôle en Europe. réalité, malgré leur chute relative une barque
En ]0)6, quarante chevaliers normands de Neus- qui remonterait le cours d'un fleuve avec une vi-
trie, revenant d'un pèlerinage en Terre-Sainte, tesse moindre que celle de l'eau descendrait en
arrivèrent à Salerne au moment où la ville était réalité par rapport aux rives. Aussi voit-on gé-
assiégée par des Sarrasins ils les attaquèrent, néralement les nuages monter ou descendre avec
les vainquirent et se mirent à la solde des prin- les heures du jour.
Naples leur donna Aversa La couche d'air dans laquelle se forment les
ces d'Italie. Le duc de En 1033, les fils nuages est saturée de vapeur d'eau; la couche
en récompense de leurs services. au-dessous ne l'est généralement pas
d'un gentilhomme du Cotentin, Tancrède de Hau- d'air placée d'eau qui y pénètrent dans
teville, amenèrent en Italie une bande plus nom- encore; les globules
breuse, chassèrent les Grecs de la Fouille et l'é- leur chute se vaporisent promptement, comme les
rigèrent en comté. Attaqués par le pape Léon IX, panaches de vapeur condensée qui s'échappent
ilslevainquirentprès de Civitella etobtinrent de lui des cheminées des locomotives se dissipent dans
l'investiture de la Pouille, de la Calabre et de la Si- l'air plus ou moins sec. C'est une seconde cause
cile (1053). Le dernier des fils de Tancrède, Robert de délimitation inférieure des nuages. Quant à
Wiscart ou le Rusé, lui paya tribut et prit le titre de leurs limitesprécision latérales, elles sont dues à la dis-
duc de Pouille et le Calabre un de ses frères régna tance leur apparente disparait à mesure
sur laSicile. Les Normands devinrent alors les dé- qu'on s'en approche davantage. Ces limitesgréd'ail-
perpétuellementchMgeantesau des
fenseurs dévoués du SaintrSiège et de l'Eglise. Ils leurs sontd'air intérieurs. L'épaisseurdes nuages,
soutinrent Grégoire VII contre Henri IV, empe- courants variable quelquefois atteindre et
reur d'Allemagne, dans la querelle des investitu- plus encore, peut
à lever le siège du dépasser un millier de mètres.
res, et forcèrent l'empereur Ils prirent aussi Parmi la masse des globules qui composent un
château Saint-Ange ()084). une
part active aux croisades. Lorsque la première nuage, il s'en trouve de plus volumineux que
croisade fut prèchée (1095), la Pouille et la Cala- d'autres et dont la chute est plus rapide. Les pre-
heurter les seconds et les absor-
bre étaient gouvernées par Bocmond, flls de Ro- miers peuvent
ils augmentent progressivement de volume
bert Wiscart, qui partit à la tête de son armée et jusqu'à ber
former des gouttes de pluie.
s'établit à Antioche que l'on érigea en principauté.
Boëmond commanda une seconde expédition en Les globules d'eau, une fois formés, peuvent
l'action de froids intenses sans se congeler.
1107, et voulut la mener à la conquête de Constanti- subirphysiciens
tiople mais échoua dans son projet.La domination Les disent qu'ils sont alors à 1 état de
normande finit, dans le royaume des Deux-Siciles, surfusion; mais s'ils touchent un corps solide, et
la conquête d'Henri VI, empereur surtout un fragment deverglas glace, ils se congèlent su-
en 1194, par héritier, de là désastreux comme
d'Allemagne, par sa femme, du dernier bitement janvierces
roi normand Guillaume. celui du 20 18~9.
Pendant ce temps, la puissance des ducs de Si la condensation de la vapeur d'eau a lieu à
fonnandie n'avait cessé de s'accroltre sous la une température inférieure à O", cette vapeur,
gouvernement de Robert le Magninque. Les au lieu de se condenser en globules aqueux,
Normands étaient entrés en relations avec la se transforme en tamellas cristallines très fines
ou se groupent en flocons de
Grande-Bretagne et avaient essayé d'y rétablir qui restent isolées appelant un autre. Dans
les rois saxons. A la mort du dernier roi da- neige, chaque cristal en brouillard cristallin du nord,
nois, le fils d'Ethelred II, Edouard le Confes- le premier cas on a un
monta sur le trône. dans le second on a une chute de neige. Les
seur, réfugié en Normandie, cristallins en couches très minces et
Les Normands, avec lui, devinrent tout puissants brouillards
Bâ- vus de très loin forment, même pendant l'été, ces
en Angleterre. A sa mort (!066), Guillaumele filamenteux qu'on nomme cirrus.
tard secondé par le pape Alexandre II, disputa )e nuagesmétéorologistesattachent
trône au fils du comte saxon Godwin, Harold. Il Les une assez grande
Quelques-uns
envahit l'Angleterre, vainquit Harold à Hastings importance à la forme des nuages. classes très nom-
territo- même divisent formes en
et soumit tout le royaume. Une enquête dont ils
ces
font une nomenclature détaillée.
riale consignée dans le grand-terrier, t-o/c royal breuses
ou o' OM~ fd/e, ou, comme l'appelèrent les Saxons, Nous indiquerons seulement quelques-unes des
Doomsduy-book (livre du jour du jugement), di- formes principales.
visa tout le royaume en 62,500 fiefs partagés entre Les CMfUS, < queues de chat e des marins, sont
les compagnons de Guillaume. Les Saxons, ré- des nuages extrêmement élevés, très légers et très
composés,
duits à l'état de serfs, furent soumis à la taille, déliés, cristallines comme il vient d'être dit de
d'anglaiserie, etc. Le particules de vapeur congelée. On peut
aux lois du couvre-feu,forestier leur fermèrent les rencontrer en toute saison. Ils accusent l'inva
code de chasse et le code dans les hautes
les forêts. Le français-roman, que les Normands sion des courants du sud-ouest
avaient perfectionnéet employé les premiers dans régions de l'air. fait dos progrès
leurs poésies, fut désormais la seule langue em- Si cettede invasion assez lents, les
ployée dans les actes publics, en Angleterre. lamelles glace fondent, les filaments se ras-
Scandinaves (E/a~), C/t~~ le Simple, (.M! semblent, les nuages deviennent pommelés,le ciel
V.
~M)?M-~e CoKOM~)'uH<, ~a~e, ~~e'rf. seMiOM<OMM.
Les CMtMM/Mï, « balles de coton B des marins, ont
)Th. Lindenlaub.]
NORVÈGE. – V. ScaNdiKat)~ (États). des formes arrondies, massives, souvent très volu-
NUAGHS.–Mëténrotogie, VI1-X..– Les nuages mineuses. Ce sont surtout les nuages d'été, ou de
reprennent
sont des brouillards vus de loin ils en qu'on montagnes; ils sont dus & la condensation de la
l'aspect quand on s'en approche ou y pé- vapeur au sein des masses d'air soulevées par les
nètre. Leur nature change suivant la situation courants ascendants.
qu'ils occupent et suivant la saison. Les stratus sont des nuages de formes très
Le plus ordinairement, dans nos climats, les allongées, ayant l'aspect de bandes, que l'on aper-
nuages sont formés par des amas de vapeur con- çoit près de l'horizon. Ils sont, le plus souvent, à
densée en globulesliquides d'une extrême ténuité. peine visibles des lieux qu'ils dominent; la per-
Ces globules tombent dans l'air avec une lenteur spective seule, les montrant par la tranche,les fait
d'autant plus grande qu'ils sont plus fins. Si la paraître plus compacts.
Les ~WttM sont des nuages bas, étendus, d'où j fait connaitre cette longueur en disant qu'elle
t'échappent le plus souvent les pluies ou les trois décimètres. Dans ce cas, trois est le nombre a
neiges. et le décimètre est l'unité. Mais cette unité, n'é-
Les ~rumM ou &; OM'~<M'<~sont des nuages plus tant qu'une des parties égales dans lesquelles le
ou moins denses, descendant jusqu'à la surface mètre est subdivisé, peut être appelée MtM /se-
du sol, s'y formant même le plus souvent, et au <t'o?!MfMre, du mot fraction qui signine partie, por-
milieu desquels nous sommes plongés. tion de quelque chose.
Les nuages, quelle que soit leur forme, peuvent Pour mesurer une longueur moindre que le mè-
prendre naissance dans deux conditions différen- tre, on pourrait prendre touteautre partie du mè-
tes, mais pouvant se superposer. tre comme unité; par exemple, en le partageanten
Quand le temps se refroidit, soit par l'effet du deux parties égales, on aurait la moitié du mètre
rayonnement terrestre, soit car l'invasion de vents ou demi-mètra en le partageanten trois, on aurait
des régions du nord, une partie de la vapeur conte- la troisième partie appelée aussi f/f~; en le par-
nue dans l'air ne ,peut plus y conserver l'état ga- tageant en quatre parties, on aurait la quatrième
zeux elle se condense(cirrus. brumes, brouillards~. partie appelée aussi quart; cinq, six, etc., on
Quand l'air chaud et humide des régions voisines aurait la cinquième partie, en la sixième partie du
du sol monte progressivement dans l'atmosphère, mètre, etc. L'une quelconque de. ces parties égaies
soit par l'effet de l'inégal échauffement des terres étant employée comme mesure de longueur sera
couvertes de cultures différentes, soit par l'effet une unité fractionnaire. On dira par exemple que
des inégalités d'un sol accidente ou montagneux, la largeur de la table est égale à trois quarts de
cet .)ir se refroidit progressivement par le fait mètre, que la longueurd'unerègle est égale à cinq
même de son ascension et de l'expansion qu'une fois la huitième partie du mètre, ou, comme on dit
diminution de pression produit en lui. Il arrive souvent, à cinq huitièmes de mètre.
finalement à une hauteur ou à une température à Il n'est pas nécessaire que l'unité soit effective-
laquelle il ne peut plus garder toute sa vapeur, ment divisée en plusieurs parties égaies il suffit
qui se condense en partie (cumulus). Les monta- que l'esprit conçoive cette division par exemplele
gnes élevées sont fréquemment couronnées par prix d'un objet sera un tiers, un quart, deux cin-
des nuages ayant cette seconde origine, et c'est à quièmes de franc.
des nuages de cette nature que les marins recon- On appelle donc unité /ae<to?Mta!re partie
naissent au milieu des grands océans équatoriaux quelconque de l'unité entière qui estune employée
la présence, au loin, d'ilôts même des plus petites aussi comme unité pour la mesure d'une quantité.
dimensions. (Marié-Davy.] Le nom de cette unité est facile à former on
NUITS. Histoire générale, XXXIX-XL. ajoute la terminaison ième au nom du nombre
Nous complétons notre article Journées pari'énu- qui indique en combien de parties égales on a par-
mération des Nuits historiques les plus célèbres. tagé l'unité entière pour former cette unité frac-
Ce sont la nuit de la Saint-Brice (1002), dans tionnaire MTt CtM~M'OMC, sixième, un dixième,
laquelle tes Anglo-Saxons égorgèrent tous les etc. Seulement on emploieunde préférence les mots
Danois établis en Angleterre la nuit triste (la demie, <te~art,au lieu de deuxième,troisième,
noche triste en espagnol, 1" juillet 1520), durant quatrième partie.
laquelle Cortez et ses compagnons, assaillis par Le nombre qui exprime des unités fractionnai-
une insurrection des indigènes, durent évacuer res est appelé no-M&re /rac<07tnat'<; celui qui
Mexico; la nuit de la Saint-Barthélemy (24 août n'exprime que des unités entières est
1572) souillée par le massacre des protestants eM<!M'. un nombree
français; la nuit du 4 août ')89, durant laquelle Quand le nombre fractionnaire exprime
se tint la fameuse séance de l'Assemblée consti- quantité moindre que l'unité entière, il porteune le
tuante où eut lieu la renonciation aux privilèges nom de fraction. Ainsi cinq tiers de mètre, neuf
'eodaux. quarts de franc sont des nombres fractionnaires;
NUMÉRATION. Arithmétique, 1-111. deux tiers de mètre, trois quarts de /< âne sont des
Etym. du latin numeratio, action de compter. fractions.
Nombre; unité.- Qu'un enfant interrogé au ta- Nombre abstrait; KOM&t'e concret. Un nom-
bleau soit invité par le maltre à dire combien d'élè- bre, soit entier, soit fractionnaire, n'est
pas tou-
ves sont aesis à la table qui est devant lui; il compte jours accompagnédu nom de l'unité, commequand
et répond qu'il y en a six, par exemple le terme on dit par exemple: un, deux, <)-OM, ou bien une
six est un nombre, et l'élève est l'unité. Qu'on lui demie, deux tief!, trois quarts, etc., avoir en
demande ensuite d'indiquer la longueur de la ta- vue une espèce d'unité plutôt qu'unesans autre. Dans
ble il porte le mètre d'un bout de la table à l'au- ce
cas le nombre est abstrait, c'est-à-dire séparé
tre, et s il trouve qu'il y est contenu quatre fois par de la quantité à laquelle il se rapportait. Par op-
exemple, tt est dit que la table a une longueur de position, le nombre qui est accompagné du
quatre mètres ici le terme quatre est un nombre de l'unité est appelé nombre concret (du latin nom con-
et le mètre est l'unité. cretus, épais, solide) par exemple <roM /!ra~cs,cinq
D'après ces exemples (qu'on fera bien de multi- ttiEt'emM de mètre.
plier) on voit que mesurer une ~!«M<tM quelcon- Formationde~MOMOt-e. numer~Mn. – Quelque
que, c'est chercher combien de fois f~conh~tf une grand que soit, par exemple, le nombre des hari-
certaine ouan<<M ofe M~e espèce, connue ou adop- cots contenus dans un sac, tout enfant conçoit
~< par /'tMo~e. parfaitement qu'en ajoutant haricot à ce nom-
Cette quantité connue, qui sert à évaluer les bre, puis un autre et ainsi un de suite, on obtient
quantités de même espèce, est appelée unité. des nombres qui peuvent aller en augmentant ainsi
On appeite nombre l'expression qui indique indéfiniment
combien tt y a d'unités dans la quantitémesurée. cessaire de trouver sans aucune limite. Il était donc né-
moyen pour désigner tous
Unité fractionnaire; nombre fractionnaire;frac. tes nombres, quelqueungrands qu'ils puissent
tion; nombre entier. On peut avoir à mesurerune par des noms faciles à retenir et à composer être, c'est
quantité moindre que l'unité. Soit par exemple à en cela que consiste la numération.
mesurerla longueur d'un cahier le mètre, qui est La numération un système de règles d'après
l'unité ordinaire de longueur,étant trop grand, on lesquellestous lesest nombres peuvent être désignés
emploie pour mesure une des dix parties égales à l'aide de quelques mots et écrits à l'aide de quel-
dont se compose la longueur du mètre et qui s'ap- ques caractères.
pellent décimètre; si elle trouve trois Bornée à la formation des noms qui désign&nt
Ms, par exemple, dans laselongueurcontenuedu cahier, on tes nombres, elle se nomme ~Mmefo~oMparlée;
appliquée à récriture des nombres, elle se nomme mille, ou unité du cinquième ordre, que dix (H-
nftme;'Œ~6M~C!<<?. zaines de mille font la centaine de mille ou unité
Numération parlée. Même avant leur entrée du sixième ordre, que dix centaine,. de n:e font
!t l'école, les enfants savent tous que le nombre qui l'!tK:M de million ou unité du septième ordre, et
ne désigne qu'une seule chose, une seule unité, est ainsi de suite: dizaine de million, unité du hui-
appelé un; que un ajouté à un forme le nombre tième ordre; centaine de million, unité du neu-
deux; que un ajouté à deux forme le nombre trois, vième ordre; unité de billion, dizaine de billion,
et qu'en continuant à ajouter un successivement à centaine de billion. L'unité de billion est aussi
un nombre précédent, on a les nombres appelés appelée m!a)'d, particulièrement en termes de
quatre, cinq, six, sept, huit, Ne~et dix. Quoique finances.
la plupart des élèves soient capables de compter !i est inutile de pousser cette nomenclature plus
plus loin onze, douze, etc., arrêtons-nous à dix. loin, etd'énoncerdesunités telles que les <<ionf,
Observons que, l'esprit se trouvant fatigué par l'at- lcs quatrillions, etc., qui, par leur grandeur en de-
tention qu'exigent des nombres trop grands, un hors de toutes les réalités ordinaires, ne disent
marchand, par exemple, compte ses œufs par dou- rien à l'esprit des élèves.
zaines, en disant trois douzaines, quatre douzaines. Ce qui est plus important, c'est la remarque
De même, et probablement à la vue des dix doigts suivante: les unités <<e< divers ordres se succèdent
des deux mains, on a formé de dix unités un de telle mc:KM;'e que chacune vaut dix unités de
groupe considéré comme une nouvelle unité plus l'ordre :mme</ta~e~eM< inférieur. Tel est le p;M-
grande nommée dizaine, et on compte les objets Ctjoe de la numération parlée.
par dizaines une dizaine, deux dizaines, trois Ainsi le nombre dix sert de base à ce système
dizaines, etc., jusqu'à neuf dizaines. Au lieu de de numération, qui pour cette raison s'appelle nu-
une dizaine, on emploie le mot dix qui est plus mération décimale.
court; les autres nombres de dizaines sont aussi Observons encore que les divers ordres d'unités
remplacés par les mots suivants, tirés du latin forment naturellement des groupes contenant
deux dizaines, vingt; trois dizaines,~eM~e; quatre chacun les trois ordres unités, dizaines et cen-
dizaines, quarante; cinq dizaines, cinquante; six <a:net. Ces groupes sont les classes d'unités prin-
dizaines, soixanle; sept dizaines, Mp~a~e; huit cipales classe des unités simples; classe des
dizaines, huitante; neuf dizaines, «(MOM~e. mille, classe des millions, etc.
Mais, par une irrégularitéregrettable, les termes Pour éviter toute équivoque, on se rappellera
M~a'ffe, huitante et nonante sont peu en usage, et que le mot unité seul désigne toujours l'unité
à leur place on dit tOMM~e-a~, quatre-vingts, simple, celle du premier ordre.
~MO<e-~tMg'<-af:x. ~M'M~a~'ou écrite. Chaque ordre ne contient
Pour désigner un nombre contenant des dizaines pas plus de neuf unités; car treize par exemple est
et des unités, on joint au nom des dizaines celui la même chose que une dizaine et trois unités;
des unités vingt-cinq, trente-huit, etc. Cepen- de même quarante-huit désigne quatre dizaines et
dant au lieu de fH.c-MM, dix-deux, dix-trois, dix- huit unités. Par conséquent neuf caractères suf-
quatre, dix-cinq, dix-six, on se sert de mots équi- fisent pour représenter les neuf nombres d'unités
valents venus du latin onze, doute, treize, qua- de chaque ordre; ces caractères, nommés chiffres,
torze, quinze, seize. Au delà on reprend la règle sont:
dix-sept, <~M-AK! etc. 1 un; 2 deux; 3 trois;
Avec ce qui précède, on est en état de désigner cin
4 ~Ma~'e.; 5 !rj
6
tous les nombres depuis un jusqu'à nonante-neuf, 7 sept; 8 huit; 9 neuf.
ou, pour employer l'expression plus usitée, çMa<t'e-
t)tm<j'<-d!.ï.-KCM/ Ces chiffres nous viennent des Arabes.
En ajoutant une unité simple à ce dernier nom- Ainsi le chiffre 7 représentera aussi bien sept
bre, on a neuf dizaines plus une dizaine ou dix di- unités de mille que sept centaines sept di-
zaines: ce nombre est appelé cent. Le groupe de dix zaines ou sept unités simples mais iloufaut qu'en
dizaines est considéré aussi comme une troisième même temps il indique l'ordre des unités qu'il
espèce d'unités appelées cen~at~e~, et on compte exprime. C'est ce qui se réalise d'après la règle
par centaines, comme on compte par dizaines et suivante le chiffre des unités simples étant écrit
par unités simples une ceM<"Me. deux centaines, le premier, celui des dizaines sera le second en
etc., ou plutôt cent, deux cents, etc., jusque neuf f allant de droite à gauche, celui des centaines le
cents. troisième, celui des unités de mille le quatrième,
Pour désigner un nombre contenantdes centai- et ainsi de suite, de sorte que l'ordre a'M unités
nes, des dizaines et des unités, on joint au nom d'un chiffre est marqué par le rang qu'il occupe.
des centaines celui des dizaines et des unités; par Par exemple, dans le nombre 6?M. le chiffre 6
exemple Deux cent ~em<e-~Mf!e;e:Hg centquatre- exprime 6 unités du quatrième ordre ou 6 mille, le
vingt-dix-sept (pourcinqcent nonante-sept),etc. On chiffre 7 exprime 7 unités du troisième ordre ou
est ainsi en état de compter depuis MM jusqu'à neM/j' 7 cents; le chiffre 5 exprime 5 unités du deuxième
eeM<~Ma<M~-</M-~eM/\KeM/'eeK<?M?!<M<e-?MM/'). ordre ou 5 dizaines (cinquante) enfin le chiffre 9
On distingue les unités simples, les dizaines et exprime 9 unités du premier ordre ou 9 unités
les centaines par ordres: les unités simples sont simples.
les unités du premier ordre; les dizaines sont Il peut arriver qu'au-dessousde ses unités les
celles du deuxième ordre les centaines, celles du plus élevées, un nombre manque d'un ou même de
troisième ordre. plusieurs des ordres inférieur)). D!ms cas, pour
Augmenté d'une unité simple, le nombre neuf f que chaque chiffre occupe le rang qu'ilcedoit
ce' quatre-vingt-dix-neuf devient un nouveau on écrit à la place des ordres qui manquentavoir, le ca-
nombre contenant neuf centaines, neuf dizaines et ractère 0, nommé zéro. Ainsi le nombre quatre cent
une dizaine, c'est-à-dire dix centaines; on le sept unités contient 4 unités du troisième ordre,
nomme mille. Le groupe de mille unités simples 7 unités du premier, et n'a pas de dizaines il s'é-
est regardé comme une nouvelle unité, qui est crira 40' Le nombre quatre cent soixante-dix
celle du quatrième ordre ces unités se comptent (quatre cent septante) contient 4 unités du troi-
comme les unités simples: un mille ou plus sim- sième ordre, 7 du second et n'a pas d'unités du
plement mille, deux mille, etc. jusqu'à neuf mille. premier; il s'écrira 470.
Pour ne pas répéter sans nécessité les détails des Le zéro chez les Arabes portait le nom de {M/ar,
explications précédentes, il suffira de dire pour ce qui signifie « vide ». Importé en Italie, mot de-
qui suit que dix unités de mille font la dizaine de vint c!c et .M/!)-o. La syllabe fi étantcebrève, ce
dernier mot se réduisit à zéro, pendant que le Ces unités fractionnaires sont appelées unités
premier finit par désigner les neuf autres carac- décimales (du latin decimus, dixième), parce que
tères notre terme chiffre n'est autre que le mot chacune est la 10' partie de la précédente; elles
cifra avec la prononciation italienne du c. Les doivent être regardées comme la continuation de
Anglais ont conservé au mot chiffre (c:pAer) son la série des ordres d'unités entières.
sens étymologique de zéro tes neuf autres carac- Un nombre qui exprime des unités décimâtes
tères portent le nom de /fM, qu'its ont eu est appelé nombre de~nM~;s'il est moindre que
l'unité entière, il prend le nom de ~'ac<!OK déci-
longtemps aussi en français.
De ce qui précède ressort ce principe Dans ma/e. Ainsi 2 mètres et 3 dixièmes est un nombre
tout nombre écrit, un chiffre de an.~ oMe/co~Me décimal; 3 dixièmes de mètre, 34 centièmes de
exp rime des unités dix lois plus ~rati<<M que franc sont des fractions décimales.
ceMM du cA~'e qui est immédiatement à sa d'Ot<e. Règle. Pour eot'-e M7t KOM&t'e décimal, M:
C'est là le principe fondamental de la numéra- écrit d'a&orï la partie entière ~M no~to'-e, e'< la
tion écrite. par M ze' s'il n'y a pas d'unités eM-
ma!'<j'M<ut<
Règle pour écrire les nombres. Ou écrit ~M- <'e)'M; à droite on place une t~f'~M/e, ~Mt< au
cessivement de <yattcAe à droite le chiffre de< t" 'aM~ à droite de cette virgule le c/t~'e des
centaines, le cAt/~c des dizaines et celui des uni- dixièmes, at< 2* rang le chiffre des centièmes, au
de chaque classe d'unités principales, en com- 3* rang celui des millièmes, etc..On a soin de
)Me?tf60t< par la classe le plus élevée et en ayant mettre un zéro <t la place <<« unités d~efia~ qui
<OM de mettre M'! zéro à la place de chaque o;re
)K<M:a'Mat:< daKt nombre.
Soit par exempte: h'eK<e-~Ma<r? millions vingt-
M«M~Mfrate?t~.
etemple,pour ~uaire
Par exemple,
~t~HtM fteM: t'eK<-m~M<KM, en
on trente-huit M<t~
ytM~feunités <fe~<-AM!<
écrira 4,03802.
t~iil-

huit 7K!'&; six tent sept M~t~. Ce nombre con- Souvent la fraction décimale & écrire est énoncée
tient 34 millions; la classe des mine n'a pas de comme un nombre entier suivi du nom de la der-
centaines et renferme seulement 2 dizaines et 8 nière unité décimale trois mille huit cent </e'<;
unités; la classe des unités simples contient 6 cent-millièmes. Dans ce cas on l'écrit comme u~
tentaines et 7 unités, mais pas de dizaines. Ce nombre entier à la droite de la virgule, en ayan [
nombre s'écrira donc ainsi: soin que le dernier chiffre à droite se trouve au
34028607. rang fndiqué par l'ordre de ses unités décimales.
Aussi le cent-millième devant être au 5' rang, )e
Règle pour lire nombre écrit en chi ffres.
M)t nombre 3803 devra être précédé d'un zéro, et on
~OMr lire un nombre, on le divise- en <ra?ïC/iM de Écrira 0,03802.
trois chiffres par des points à par~t)' de la droite; Observation. A propos do la virgule, nous
la dermere peut n'avoir qu'un ou deux eAt~fe:. devons pronter de cette occasion pour protester
Chaque fraMC/te co''fe~po?M! ainsi aux classes d'u- contre la détestable habitude prise par les im-
nité, principales. La première à droite représente primeurs d'employer la virgule à séparer les nom-
la classe des unités simples, la .<ec<M!afelecelle des bres en tranches de trois chiffres, et de l'omettre
mille, etc., et dans chaque tr<Mf~e premier à la place qui lui appartient. Sous prétexte de
chiffreà droite e.Ept'tcte les unités, le ~eco'~ les faciliter la lecture du nombre, ils le rendent inin-
dizaines et le troisième les centaines. 0;t << alors telligible, comme le montre cet exemple extrait du
chaque tranche de gauche à droite en ~Houpant compte-rendu d'un journal financier: Les recettes
après chacune le nom de la classe de ses unités des Tramways-Nord sont de 54, tM celles la
pfiKctpa/M. semaine précédente n'avaient été que de 50,469.
~ota. – de commencer par des nombres
der aux maîtres
Nous n'avons pas besoin de recomman- C'est aux auteurs qu'il appartient de combattre
cet abus; nous le signalons particulièrement aux
n'ayant pas plus de trois chiffres, et de monter rédacteurs des Bulletins ~partet/te~/aM. de ft?M-
graduellement à ceux de six chiffres, puis à ceux truction primaire, où cette confusion se montre
de neuf, sans dépasser les billions. Au delà ce sont trop souvent dans les énoncés des problèmes.
des nombres fantastiques dont les élèves n'auront Conservonsà la virgule son emploi traditionnel,
jamais à faire usage. et, pour contenter tout le monde, séparons par un
Influence des zéros sur la droite d'un nombre petit espace blanc les tranches de trois chiffres.
entier. Un nombre entier prend une valeur 10 Règle. Pour lire un Mota&'e décimql, OM lit
fois plus grande, quand on écrit un zéro sur sa ~'ator~ la partie entière, pHt< la partie (~CM'M~e
droite 100 fois plus grande, quand on en écrit en la faisant suivre du nom ~e l'unité t~e:'ma/e
deux 1000 fois plus grande, quand on en écrit a!tt dernier chiffre à <t;'ot<e. Soit par exemple le
trois, etc. nombre 237,40658. On dira: 237 unHés 4~ mille
En e<fèt, soit le nombre 68 avec un zéro sur sa 658 cent-miUièmes.On peut dire aussi 237 unités
droite il devient 680. Dans le premier, le chiffre 8 406 millièmes 58 cent-millièmes; ou 237 unités 40
exprime des unités simples, et dans le deuxième centièmes 6M cent-millièmes, etc.
des dizaines; le chiffre 6 dans le premier exprime Remarque. On peut même lire le nombre dé-
des dizaines et dans le deuxième des centaines: cimal, sans faire attention & la virgule, comme si
par la présence du zéro, chaque chiure du nombre c'était un nombre entier exprimant des unités
a donc pris une valeur 10 fois plus grande q))e marquées par le rang qu'occupe le dernier cttiNre
celle qu'il avait auparavant. à droite de la virgule.
De là cette distinction entre la na/CM'' absolue Par exemple, le nombre 4,35 se lirait 435 cen".
d'un chiffre et sa valeur 'e<a<tt)e,'c'est-à-direcelle tièmes.
qu'il prend d'après le rang qu'il occupe. Observation. Il importe que les élèves s'habi-
NUMÉRATION DES NOMBRES DÉCIMAUX. Des plut tuent à envisager te nombre décimal comme un
fortes unités aux plus faibles, une unité de chaque nombre entier. C'est en se mettant à ce point de
ordre est la i0* partie de celle qui la précède im- vue qu'il est facile de faire marcher de pair l'é-
médiatement si donc on prolonge la scrie det tude des opérations sur les nombres décimaux
ordres d'unités au-dessous dés unités simples, on avec celle des nombres entiers. Les commençants,
a d'abord la H)*partie de l'unité, puis la 10' partie sans y rencontrer plus de dimeulté, y.trouveront
du 10*, qui est la 100. partie de t'uDité, puis !a t'avantage de pouvoirrésoudre de petits problèmes
1&* partie du t00', qui est. la 1UUU' partie de l'u- où ils pourront opérer sur des fractions décimâtes
nité, etc. c'est ce que montre de la manière la du franc et du mètre, par exemple, aussi bien que
plus nette le mètre avec ses subdivisions en déci- sur les unités entières.
mètres, centimètres et millimètres. De la présence des .:er<M sur la t~t-o~e d'une frac
tion décimale. On peut écrire o.u supprimer plaçant l'unité à soustraire à gauche de cinq
des zéros sur la droite d'une fraction décimale
sans altérer sa valeur. 4, IV; 40, XL; 400, CD.
En effet soit 2,34, c'est-à-dire 2 unités 34 centiè- Pour les nombres six, sept, huit unités de l'un
mes en mettant un zéro à droite, on obtient 2,340. des trois ordres on écrit cinq plus un, cinq p/ut
La partie entière, 2 unités, n'a pas change mais deux, cinq plus trois, en plaçant à la droite de
ia partie décimale, 34 centièmes a été remplacé cinq le nombre d'unités du même ordre à lui
par 340 millièmes; le nombre des unités décimales ajouter:
est devenu dix fois plus grand, et en même temps 6, VI
les unités sont devenues dix fois plus petites la 7, VII 8, VIII
vateur de la fraction décimale n'a donc pas 60, LX; 70, LXX; 80, LXXX;
changé. 600, DC; 700, DCC; 800, DCCC.
~e~/ace~m~de la ut'~t~e. Si dans un nombre Pour neuf unités d'un ordre quelconque, on agit
décimal on avance la virgule vers la droite d'un comme pour quatre, c'est-à-dire qu'on écrit dix
rang, sa valeur devient dix fois plus grande; de unités moins une
deux rangs, cent fois plus grande; de trois rangs,
mille fois plus grande. 9, IX 90, XC 900, CM.
Par exemple, si dans le nombre 4,728 la virgule D'après ce qui précède, écrit un nombre
est avancée de deux rangs à droite, ce qui donne quelconque inférieur à deux on miile en plaçant à la
472,8, chaque chiffre prend une valeur cent fois droite du nombre de mille le nombre des
plus forte 4, qui dans le premier nombre exprime taines, puis le nombre des dizaines et enfincen- le
des unités simples, exprime dans le second des nombre des unités simples. Voici quelques
centaines; 7, qui exprime dans le premier des ples exem-
dixièmes, exprime dans le second des dizaines, 14, XIV.
et la dizaine vaut 100 dixièmes; etc. 959, CCLIX.
Réciproquement, si l'on recule la virgule à gau- 18, XVIII. 432, CDXXXII.
che, le nombre devient dix fois plus faible pourun 19, XIX. 65", DCLVIII.
37, XXXVM. 830, DCCCXXX.
rang, cent fois plus faible pour deux rangs, etc. 76, LXXVI. 987, CMLXXXVII.
Des autres systèmes de numération. Le sys-
tème décimal a pris sans doute naissance dans le 1547, MDXLVII.
nombre des doigts des deux mains; mais il est 1880, MDCCCLXXX.
évident qu'on aurait pu adopter comme base tout II n'y aurait aucun intérêt pour nous à écrire
autre nombre. Nous en trouvons un exemple dans des nombres supérieurs mille. Nous termine-
l'usage populaire de compter par douzaines; il rons par la remarque suivante dans la numéra-
provient aussi de l'habitude de compter sur les tion romaine, toute lettre est diminuée de la lettre
quatre doigts, qui, avec leurs trois phalanges, for- moins forte qui la précède, et au contraire aug-
ment un groupe de quatre fois trois ou douze. La mentée de la lettre moins forte ou égale qui la
douzaine est donc l'unité du second ordre celle suit. fG. Bovier-Lapierre.1
du troisième vaudrait douze douzaines elle est NUTRITION. -Zoologie, XXXU;Botanique, II.
encore usitée dans le commerce sous le nom de Les êtres vivants ne durent qu'à la condition
grosse: une grosse d'écheveaux de fil pour dire de se renouveler sans cesse dans toutes leurs par-
douze douzaines d'écheveaux. Ce système de nu- ties. La durée totale de chaque être est soumise
mération cfMo~ecMM~ se retrouve dans les subdi- à des limites tracées d'avance par la nature. Cha-
visionsdes anciennes unités de longueur le pied, que instant de son existence use les matériaux
qui se divisait en 12 pouces; le pouce, en Hg'?!&s
la ligne, en 12 points. Pour écrire des nombres
2 dont il est construit; les portions usées, véritables
détritus, tendent à se séparer, à s'éliminer par
dans ce système, il faudrait employer onze chiffres voie d'excrétion ou à s'immobiliser sous une forme
plus le zéro. vivante qui ne fait qu'accroître le volume de la
Le système qui exigerait le moins de chiffres plante ou de l'animal.
est celui où une unité de chaque ordre serait En physiologie,vivre et M noM~t)- sont syno-
composée de deux unités de l'ordre immédiatement nymes, car tout ce qui vit, être ou tissu faisant
inférieur c'est le système &M<M)'e. Il n'a d'autres partie d'un être s'use et se renouvelle; or cette
chiffres que 1 et 0. Dans ce système l'expression rénovation n'est autre chose que la nutrition.
10 indique 1 unité du 2' ordre ou 2 Unités sim- La nutrition constitue une fonction commune
ples l'expression 100 indique 1 unité du 3* ordre, aux animaux et aux végétaux, mais elle s'exerce
ou 2 unités du .2° ordre, ou 2 fois 2 unités du dans les deux règnes avec des différences nota-
l", c'est-à-dire 4 unités simples, etc. bles. On peut considérer les végétaux comme des
Numération romaine. Nous ne devons pas appareils réducteurs, qui forment des principes
finir cet article sans exposer la numération ro- immédiats organiques au moyen des éléments chi-
maine, qui est encore en usage aujourd'hui pour miques empruntés au monde minéral; tandis que
les inscriptions gravées sur les monuments, pour les animaux, appareils de combustion, brûlent ces
les chapitres et les divisions d'un livre, et souvent principes immédiats qu'ils sont incapables de
sur les cadrans des horloges. former.
Tout ce système repose sur les sept nombres Cependant cette manière de comprendre la nutri-
1 5 10 50 )00 500 1000
tion, attrayante par sa simplicité, n'est pas con-
forme aux principes généraux de la physiologie. En
qui sont désignés par les lettres suivantes réalité nous ne devons admettre aucune différence
entre la nutrition d'un élément végétal et celle
1 V X L C D M. d'un élément animal. Dans les végétaux 11 existe
Pour représenter deux ou trois unités de l'un comme dans les animaux un milieu intérieur qui
contient des sucs nutritifs et des gaz accumulés
des quatre premiers ordres, on répète la lettre
correspondanteà cette unité deux fois, trois fois pour l'usage. Lorsqu'un bourgeon pousse, il brûle
ces matériaux alimentaires et produit comme ré-~
2, II; 3, Ht; 20, XX; 30, XXX; sidu de l'acide carbonique ainsi que le ferait un
200, CC; 300, CCC; 2000, MM. tissu animal.
L'organisme animal peut, comme l'organisme
Pour quatre unités d'un ordre quelconque on végétal, former dans son milieu intérieur les
écrit cinq unités de cet ordre moins une, en principes immédiats nécessaires à la nutrition de
2' PAMIE. 90
ses éléments albumine, fibrine, sucre, etc. Par Le 1 noyau des cellules parait Être !e centre des
conséquent les phénomènes nutritifs de réduction actions a nutritives. Dans )o muscle, par exemple,
et de combustion existent dans les deux règnes, le 1 noyau de la cellule persiste l'intérieur de la
seulement la puissance réductive existe au mtn:- paroi r do la fibre tubulaire; il se forme autour do
f?t"m chez les animaux, car ils ne peuvent trans- cec centre, comme par sécrétion, une matière or-
former que des matières déjà très élaborées,
les végétaux
tan-ganisée,
f
du tissu.
le protoplasma, qui sert à la nutrition
dis qu'elle existe au M<M-!MMM! chez (
qui peuvent agir sur les éléments minéraux, et Il résulte de ces considérations que la nutrition
même fixer l'azote et le carbone de l'air. t le développement dépendent, avant tout, d'une
et
Cette disproportion des phénomènes de réduc- aptitude
< spéciale qui réside dans le tissu, et pour
tion et de combustion dans les animaux et dans mieux
i préciser, dans le noyau des cellules de
tes végétaux leur fait altérer l'air d'une manière chaque
c tissu. Si cette aptitude est diminuée,
inverse. Les végétaux, à l'aide de la matière verte Esuspendue, annulée, tes qualités du milieu in-
(chlorophylle), attirent l'azote ainsi que le carbone terne,
t la quatité des matières alimentaires ne
de l'air et dégagent de l'oxygène les animaux sont { produiront aucun résultat.
de globules sanguins qui attirent l'oxygène En résumé, la nutrition est une propriété com-
pourvus a tous les éléments anatomiques des végé-
nécessaire aux combustions et aux fermentations mune i
tandis qu'ils restituent à l'atmosphère de l'acide taux 1 et des animaux, par laquelle s'effectue la
carbonique. Mais au lieu de considérer le résultat t rénovation continuelle des tissus usés par la vie,
prédominant des actions vitales par rapport au sans 1 aitérer la forme ni les propriétés caractéris-
milieu extérieur ou ambiant, si nous considérons tiques 1 de chaque élément, de chaque tissu. C'est
le milieu intérieur, nous constatons que les végé- la 1 plus générale des propriétés vitales, on peut
la même ma- même dire qu'elle caractérise la vie, car les au-
taux et les animaux le vicient de intérieure <
des tres forces ou propriétés vitales ne se manifes-
nière. Les gaz de l'atmosphère 1
nutrition lieu, tandis qu'elle peut
plantes et des animaux sont l'oxygène, l'azote et tent 1 que si la a
sensible dans un être
l'acide carbonique. Au printemps, quand se pro- être la seule force en action
duisent les phénomènes de nutrition et decarbo- bour- vivant.
geonnement, l'oxygène disparaît et l'acide La nutrition se compose essentiellement de
nique augmente dans l'atmosphère intérieure du deux actes las'éliminent; désassimilation, par laquelle les
végétal. Pendant l'hiver, elle est très pauvre en parties usées l'assimilation, par la-
acide carbonique, comme l'atmosphère intérieure quelle des parties neuvesPour et identiques se for-
des animaux hibernants dont les appareils de ment pour les remplacer. que ces deux actes
combustion sont au repos et engourdis. Nous pou- s'accomplissent, il faut que l'osmose permette
vons donc conclure que si les manifestations de l'absorption et la sécrétion Notons toutefois
différentes l'absorption et la sécrétion ne s'accomplis-
la nutrition végétale et animale sont que
dans le milieu extérieur, elles sont, au fond, les sent dans tes éléments anatomiques, dans les
mêmes dans le milieu intérieur. cellules, que d'une manière tout à fait locale, en
Il est prouvé aujourd'hui que la nutrition ne ré- vue de la vie de l'élément
isolé, mais que, dans
le ordinaire, deux fonctions appartien-
sulte pas d'une assimilation directe les aliments sens
tissu
ces
tui-meme considéré comme en-
digérés et absorbés no vont pas immédiatement nent au contribuant à former
d'abord employés à semble d'éléments un or-
se fixer sur les tissus; ilsdesont
former dans l'intérieur l'organisme un liquide gane. Le sang forme pour
alimentaire, réserve toujours prête à laquelle NUTRITION DES ANntMX.
intérieur dans lequel la
puisent également les éléments organiques .pour les animaux le milieu
leur rénovation. Le nutrition puise ses matériaux de reconstruction.
y chercher les matériaux de augmenté, enrichi, par Par conséquent, la nutrition se trouve sous la
sang lui-même n'est pas dissous et modi- dépendance de la circulation de la respiration
une simple addition d'aliments chez les animaux supé-
fiés par les sucs digestifs; il s'assimile d'abord et aussi de la digestion
ces matières par une véritablevie génération orga- rieurs. Ces trois fonctions préparent, dissolvent,
nique, pour leur donner une nouvelle, une élaborent, transforment tes matériaux apportés
organisation spéciale, c'est un produit de sécré- du dehors pour les rendre propres à la nutrition.
Les matières azotées (aîbuminoides), aliments
tion dont la composition varie à peine avec l'aii-
mentation, et dans lequel se produisentdes prin- rénovateurs ou plastiques digestifs par excellence, sont
cipes immédiats qui n'existent pas tout formés transformées par les sucs en matières
dans les aliments. Une certaine quantité de ma- aMM~MO~MM, susceptibles de pénétrer, par os-
dans le qui les transforme à son tour
tières accumulées et transformées dans le sang mose, sang
fur et à mesure en albumine et en fibrine auxquelles les tissus
ne sont utilisées que fort tard, auréserve
des besoins; elle constitue une précieuse emprunteront la matière première de leur nutri-
en cas d'abstinence prolongée. Aussi ne peut-on tion, c'est-à-dire de leur rénovation et de leur
espérer retrouver courte échéance, dans les accroissement. Le sang, chargé de éléments ces principes
sécrétions et les excrétions, tous les matériaux réparateurs qu'importe a tous les ana-
tomiques, reçoit en échange les produits de l'u-
assimilés par le sang. combustion des éléments urée,
Le liquide alimentaire doit contenir, en outre des sure vitale, de la
matériaux nutritifs dissous dans l'eau, des substan- acide urique, créatine, etc., qui sont éliminés par
ces qui semblent destinéesà jouer le rôle d'excitants les sécrétions.
nM<<t/ par exemple le sucre, l'oxygène. Notons (fécule, C'est dans le sang que les matières non azotées
toutefois que la présence de l'oxygène ne semble graisse, etc.) subissent leur transfor-
pas indispensable au développement de certains mation. Leur rôle est spécialement calorifique,
tissus. elles ne nourrissent les tissus que dans une pro-
Dans chaque être, la nutrition constitue un portion infiniment restreinte; quand un animal
phénomène général, une action vitale qui s'exerce engraisse, ce n'est pas par suite de la nutrition,
ses tissus, toutes ses du développementaccumulée. des tissus, mais par l'interpo-
sur toutes ses parties, tous considérons dans une sition de graisse Les matières azo.·
cellules. Mais M nous la
cellule isolée, nous voyons que le noyau sert de tées, au contraire, nourrissent sans engraisser.
L'organisme possédant la propriété de trans-
centre au mouvement d'accroissement, de repro- matières les matières amylacées,
duction, de régénération. On distingue, en effet, former en grasses
nourri-
dans chaque cellule, l'enveloppe, son contenu, une nourriture féculente équivaut à une
plus le noyau~qui Ini-meme renfermeun nucléole. ture riche en matières grasses.
Lorsque les matières amylacées ou sucrées font terminal, continuation de taycmmM/e de l'embryon.
défaut dans l'alimentation, comme chez les ani- Chez les ??M?:oc(~)/MonM, l'accroissement en
maux carnivores, l'organisme possède en outre la diamètre se fait d'une manière un peu différente.
remarquable propriété de fabriquer la quantité de La tige est surmontée d'un bourgeon terminal re-'
ces substances indispensable à la nutrition. couvert de feuilles à l'état rudimentaire. A mesure
Bien que les sels minéraux participenttrès peu que ces feuilles s'accroissent, se séparent, elles
aux phénomènes nutritifs, leur présence dans le repoussent celles qui les avaient précédées et les
sang n'est pas moins importante: ils favorisent les font tomber. En même temps il se forme des fais-
métamorphoses des substances organiques et re- ceaux/Mro-<MeM/fM'r&s qui augmententlediamètre.
tardent la désassimilation. Le sel commun (chlo- HYGIÈNE GÉNÉRALE DE LA NUTRITION. Nous
rure de sodium) exerce une action manifeste. Ainsi avons indiqué au mot a/:mcn~* tes propriétés nu-
'un lot de bœufs augmente, en moyenne, par année, tritives des substances les plus communément
de 6 kilogrammes par 100 kilogrammes de foin utilisées pour la nutrition de l'homme. Il nous reste
consommé sans sel, tandis qu'un lot semblable, seulement à signaler en peu de mots l'influence
nourri de foin salé, augmente de ï kilogrammes. hygiénique de la nutrition. La pénurie ou l'abon-
Nu'tMTMN DES VÉGÉTAUX. Les aliments des dance de l'alimentation exercent une influence
plantes consistent en gaz et en sels minéraux so- considérable sur le physique et le tuort.~ on en
lubles. Les gaz sont absorbés surtout par les feuil- découvre les conséquences dans la fécondité, la
tes, et fort peu par la tige et les racines. Celles-ci moralité et la prospérité des peuples. C'est donc
puisent dans le sol les aliments minéraux. le devoir des législateurs de développer l'agricul-
Les animaux, parvenus à une certaine période ture, les moyens de transport, de faciliter la con-
de leur existence, cessent de croître, et chez eux servation des denrées, de laisser entrer librement
la nutrition se borne à maintenir l'équilibre entre les produits étrangers.
ta perte et le gain des tissus. Dans les plantes, la Si l'on consulte les statistiques, on trouve qu'en
nutrition constitue un accroissement continuel; France il existe une relation constante entre le
elles perdent toujours moins qu'elles n'acquièrent prix du blé, les mariages, les naissances et 'a taille
et poussent constamment des bourgeons qui de- de la population. La mortalité comparée des riches
viennent des feuilles et des fleurs; quelques-uns et des pauvres démontre que la perte annuelle
même grandissent constamment dans toutes les sur cent individus est plus que doublée chez le
dimensions. pauvre, et l'on ne peut s'empêcher'de reconnaître
La tige s'accroît en hauteur et en diamètre; citez que la nutrition insuffisante contribue pour la plus
les 6heo<)/OMM, l'accroissement en diamètre est large part à cette ditTérence. On arrive au même
déterminé par la formation de nouvelles couches résultat si l'on compare la population des divers
de bois. Entre la dernière coucheformée et l'écorce arrondissementsde Paris. Le premier arrondisse-
se trouve une couche de tissu Mf)'t'CM<att*e lâche ment perd 1 habitant sur 52, et le douzième 1
nommée couche génératrice. Son tissu est rempli sur 26. Dans les quartiers pauvres et riches la vie
d'un suc nutritif, le cambium, qui s'accumule pen- moyenne varie de 2~ à 42 ans. Si l'on compare les
dant la période la plus active de la végétation et départementsriches et ceux où la vie misérable
quL s'enrichit par résorption d'une partie des élé- rend l'alimentation insuffisante, on constate une
ments des feuilles lorsque celles-ci se détachent différence de douze ans dans la vie moyenne des
à l'automne. Lorsque la sève devient active, la individus. L'augmentation factice du prix des
plupart des utricules s'allongent, leur paroi s'é- denrées alimentaires par des octrois produit un
paissit, ils se transforment en fibres; d'autres résultat semblable. Ainsi l'insuffisance de l'ali-
augmentent à la fois en diamètre et en longueur, mentation, de la nutrition, agit d'une manière des-
se ponctuent, et les cloisons qui les séparent dans tructive, elle dégrade l'espèce en diminuant la sta-
le sens de la hauteur se résorbant, il se forme des ture, en restreignant la fécondité, en ouvrant la
vaisseaux. C'est cette agrégation de vaisseaux et porte à une foule de maladies.
de fibres qui constitue la couche nouvelle de bois. La nutrition exerce aussi sur les centres
Toutes les parties des plantes débutent par l'état veux, sur l'intelligenceet le moral une actionner- ma-
utriculaire, de sorte que leur accroissement, leur nifeste. Aussi à tous les points de vue la nutrition
nutrition s'opère d'après un procédé à peu près constitue une des questions hygiéniques et so-
Identique. ciales les plus importantes, et Mirabeau avait bien
L'accroissement en hauteur des tiges dicotylédo- raison de dire « Le pot au feu du peuple est la base
nées se produit par le développement du bourgeon des empires. ~I [D'Saftray.]

0
ni!HGAT)(~S. – Arithmétique, XLVI. Les Les obligations peuvent des mains ds
Vi'Jt's, les compagnies de chemins de fer,igs so- celui qui lus a acquises enpasser
ciétés financières ou industrielles ont besoin, dans autre personne, moyennant un possession d'une
la.
prix qui est ptu.s
certaines circonstances, d'emprunter de l'argent; ou moins élevé que le prix d'émission, suivant qu~'
t'emprunt, après avoir été autorisé par l'État, s'ef- la situation financière de la Compagnie est plus
fectue dans des conditions spéciales. moins prospère et inspire par 1~ même plus ou ou
Pour cela, la compagnie met en vente un prix moins de confiance. La vente de ces titres fak
détermine, et sous le nom d'oM?a<!0;M, des titres à la Bourse et par le ministère des agents dec se
par lesquels elle s'engageàpayer, en retour du change.
prix qu'elle a reçu, un intérêt fixe annuel, et à Il y a deux espèces d'obligations les oMt'.ya<:<M'
rembourser, à certaines époques, un capital géné- ?:0!7:H:a'<t)M et les o&y<!<o?M au po?'~<r. Les
ralement plus élevé que celui qu'elle a reçu. Par premières sont inscrites au nom de leur possesseur,
exemple les obligations des chemins de fer fran- et leur transfert à une autre personne est soumis;1i~
çais sont remboursables à 500 francs et produisent certaines formalités qui sont dans les attributions
chaque année un intérêt de 15 francs, sauf l'impôt des agents de change. Les autres sont la propriuu'
d'environ – dont il est frappé au profit de l'État. de celui qui les possède, qui les po; sans qu~
la son nom figure nulle part. f'tcties peuvent eirs
transmises de main en main, sans que la compa-
gnie ait à intervenir en rien. 1 franc rapporterait
L'intérêt est ordinairement payé deux fois par
an, à six mois d'intervalle. Pour le toucher, il suffit 100 francs rapporteraient–––=3",90.
de détacher de l'obligation un petit coupon indi-
2' PROBLÈME. Un particulier veut acheter des
quant l'intérêt et l'époque de l'échéance et de le obligations Ouest de manière à se faire un revenu
présenter à la compagnie, qui le retient en en de 650 /fa?tc~ ;o~ capital do<< cMp~o'
donnant le montant au porteur. Quant au rem- annuel à cet achat, indépendamment des frais de me~o-
boursement du capital, la compagnie, en émettant C!'a<t'oM, si le coursdecesobligationsest 384 francs?
son emprunt, indique combien elle remboursera Ce capital doit être égal à autant de fois 384
d'obligationschaque année et, par suite, au bout de francs qu'il
combien d'années le remboursementintégra) sera égal à y a de fois 15 dans 650; il est donc
effectué. C'est par un tirage au sort que sont dési-
gnées les obligations à rembourser chaque an-
née.
Citons un exempte. La compagnie des chemins
–cc.~
X 384 = 16 640 francs.
Si on veut tenir compte de l'impôt qui réduit le
de l'Ouesta contracté un emprunt au moyen d'une
série de 300000 obligations remboursables à revenu annuel de 15 francs à environ 14 francs, on
devra dans ce problème remplacer 15 par 14, ce
bOO francs et donnant lieu à un intérêt semestriel
de 7",50 Le remboursementa commencé en 1873 qui exigera un capital plus élevé pour avoir un
par 965 obligations en 1874 elle en a remboursé
revenu net de 650 francs.
99;j;ent8751enombreaétédeI023,etilvaainsiobligations 3" PROBLÈME. Un homme achète le 5 avril 20
de la ville dc~'t!rM(e~:BfMn<t8'!6), au
en augmentant d'année en année, de telle sorte cours de 525",50; les revend le 16 juillet au
que l'amortissement de cet emprunt sera accompli cours de 519 francs, après avoir touché le 15<!c?'t7
en 1951 par le remboursement des 9674 obliga- coMpom 'de 10 francs réduit par l'impdt 9*35.
tions qui resteront à cette dernière époque. Au un Y a-<-t~ pour lui bénéfice ou perte dans cette opé-
13 juillet 1880, ces obligations étaient cotées à la ration?
Bourse ancours de 384 francs. Entre le prix d'achat le prix de
et vente de l'o-
Les obligations émises par les villes sont assez bligation, il y a à son détriment une différence
souvent des obligations à ~n:M, c'est-à-dire que égale à
des lots d'une certaine valeur en une somme d'ar- 525,50–5t9=.6",50.
gent sont attribués à un nombre déterminé des
numéros sortis à chaque tirage. Elles peuvent être Mais il a touché dans l'intervalle 9'35 par obli-
comparées aux billets d'une loterie dont le tirage gation. Il a donc en résumé un bénéfice égal à
doit avoir lieu en plusieurs fois, et où l'on est 9,35-6,50 =2",85.
assuré de voir sortir son billet t6t ou tard, en Sur 20 obligations il réalise donc un bénénce
percevant l'intérêt jusqu'au moment de sa sortie, égal à
et avec la chance d'ameneravecluiun lot supérieur
au prix du billet. Par exemple la ville de Paris a
x
2,85 20 = 57 francs.
contracté un emprunt en 1876, au moyen de Ces exemples suffisent pour montrer quels pro-
258 065 obligations qui furent émises à 465 francs, blèmes on peut avoir à traiter sur les obligations
qu'elle rembourse à 500 francs, et pour lesquelles dans les cours de l'enseignement primaire; c'est
elle paye un intérêt semestriel de 10 francs. aux maltres à savoir y mettre de la variété. Par
Quatre tirages ont lieu chaque année, les 10 fé- exemple, dans ce dernier problème, ils pourraient
vrier, 10 mai, 10 août, 10 novembre, et à chaque ajouter à quel taux cet homme a-t-il placé son
tirage le 1" numéro sortant a droit à un lot de argent, lorsque dans l'intervalle du jour de l'achat
100 000 francs, le 2'aun lot de 10000 francs, le au jour de la vente il a gagné 57 francs?
3* à un lot de 5 000 francs et les dix suivants à un [G. Bovier-Lapierre.]
lot de 1 000 francs chacun. Les autres numéros ne OCEAME. – Géographie générale, VI. BoR-
reçoivent que le capital de 500 francs. Le rem- NES LONGITUDES ET LATITUDES SUPERFICIE ET PO-
boursement, commencé en 1877, ne se terminera PULATION. L'Océanie tire son nom du Grand
océan, qui enveloppe de toutes parts cette cin-
qu'en 19'9. En raison des chances q.ue ces obliga-
quième partie du monde, excepté à l'ouest, où elle
tions offrent d'amener un lot, leur prix s'est assez
est baignée par la mer des Indes. Son nom a
vite élevé au-dessus du pair, e'eat-a-dire du capi-
tal de 500 francs. souvent varié. On l'a appelée Inde du Sud, Po-
Valeur d'une obligation à un moment donné. lynésie, Nouvelle-Hollande. Le premier de ces
La valeur d'une obligation à un moment donné ne noms correspond aux lies du nord-ouest, voisi-
dépend pas seulement de l'intérêt qui lui est nes de l'Indo-Chine, et qui furent reconnues
attribué, mais encore des chances qu'elle a de longtemps avant les autres, à l'époque de la décou-
verte de la route maritime de l'Inde. Le second est
sortir au prochain tirage et d'apporter ainsi à son
réservé aux innombrables Des et ilôts semés dans
jnopriét.iire un capital supérieur à celui qui cor-
les mers du Sud. Le troisième ne désigne plus
respond à l'intérêt. Envisagée à ce point de vue, la
que le vaste continent appelé plus généralement
valeur de l'obligation exigerait pour être déterminée
Australie, nom qui est encore donné à l'ensemble
des calculs de probabilités tout à fait semblables
à ceux qui se rapportentaux Assurances sur la vie,
de ce monde d'!les disséminées dans le Pacifique
ce qui est complètement en dehors du cadre où austral.
nous devons nousrenfermerici.Dans les problèmes Les limites ont varié comme le nom. La plu-
part des géographes groupent sous le nom d'O-
que les obligations peuvent fournir à l'enseigne-
ment primaire, elles doivent être regardées sim-c~anie toutes les Iles du Pacifique répandues entre
plement comme un capital ordinaire d'une valeur l'Indo-Chine et la Chine à l'O., le Mexique et l'A-
variable, analogue aux rentes sur l'Etat et produi-
mérique du Sud
l'E. d'autres en distinguent
les lles du nord-ouest, situées entre le détroit de
sant un certain intérêt ces questions ne sont plus
Malacca et la mer de Chine d'une part, la mer
atorsquedesproblèmes d'intérêt. En voici quelques
exemples: Arafoura (c'est-à-diredes Alfourous) de l'autre, et,
1" Ph&BLÈME.-On achète des obligations Ouest sous le nom d'Australasie, les rattachent à l'Asie,
au cours de 384 /<'<MM; à quel taux place-t-on dont elles semblent le prolongement méridional.
son argent? Les plus occidentales se rapprochent en effet de
Une somme de 384 francs rapportant 15 francs, ce continent par leur flore et leur faune, ainsi que
par leur population. Nous suivrons l'usage qui en La partie N.-O. forme l'État indépendant d'Atchin.
fait une partie de l'Océanie. La population est d'environ 2 millions d'âmes
Dans ces limites l'Océanie s'étend sur 158 degrés elle se compose de Malais, de Chinois, d'Arabes
de longitude et sur 81 de latitude. Elle couvreen et d'un petit nombre d'Européens. Les principales
effet de ses innombrables archipels et îles l'im- villes sont Palembang, 40 000 hab.; Padang,
mense étendue de mer qui sépare l'Asie de 30000; Bencoulen.
l'Amérique, depuis 93° long. E. jusqu'à 111° long. 2° JAVA et MADCRA. L'Ile de Java, avec Madura
0., depuis 25° lat. N. jusqu'à 56" lat. S. Elle ap- qui en est une dépendance, est séparée de Su-
partient à la fois aux hémisphères oriental et occi- matra par le détroit de la Sonde, de Bornéo par
dental, boréal et austral. La plupart de ses îles et la mer qui porte son nom. Elle est, comme Su-
archipels sont situés au centre de ce dernier matra, traversée par une chaîne de volcans, la
hémisphère, qui présente la plus grande masse plupart en activité, dont le plus élevé, le Sémirolt
d'eau et où les terres ne figurent que pour un (3 800 m.), dépasse les plus hauts sommets des
dixième. Sa superficie est de 10 9ni 000 kilomètres Pyrénées et atteint presque ceux des Alpes, Les
carrés, sa population est de 35 millions d'habitants, flancs de la chaîne sont couverts de vastes forêts
dont 30 millions et demi pour l'Australasie, qui de tek. Au pied s'épanouit une végétation exubé-
n'en forme que la cinquième partie. rante. Chauffée par le soleil des tropiques, mais
GRANDES DivtsioNs. L'Océanie se divise en moins près de l'Équateur que Sumatra, Java tient
les produits
quatre parties 1° l'Australasie, appelée encore le premier rang pour orientalesdenéerlandaises. son sol parmi
Malaisie, du nom de la race dominante, au N.-O. les colonies des Indes
~°I'~MS~a/!eouNoM!)~j?oHaMde,avec ses dé- Elle ne le cède qu'au Brésil pour la production du
pendances au 8.-0.; 3° la Mélanésie au S.-E., café (60000 tonnes par an). La canne à sucre
longue chaîne d'archipels et d'iles, la plupart ()ZOOOO tonnes), le tabac (90000 tonnes), le thé
grandes, élevées et volcaniques, commençant sous () 000 tonnes) et le riz, qui y occupe les trois
l'Équateur, à l'E. des Moluques avec la Nouvelle- quarts des terres en culture, constituent avec le
Guinée, et se prolongeant au delà de la Nouvelle- café la grande richesse commerciale de cette île,
Zélande jusqu'à 56° lat. S.; 4° la Polynésie et la dont la Hollande, qui en a monopolisé les produits,
Micronésie, à l'E. et au N. innombrables groupes tire d'énormes revenus. « Java est une usine, les
d'îles la plupart petites, basses et de formation Malais et les 250 000 Chinois en sont les ouvriers,
corallienne, essaimés au loin sur le Pacifique, dans les 29000 Européens les contre-maltres, le gou-
la direction de l'Amérique centrale et méridionale, vernement hollandais le patron qui organise, sur-
commençant à l'E. des Philippines, aux Mariannes, veille, tyrannise avec sagesse et s'enrichit. n
et s'éparpillant des deux côtés de l'Équateur, (0. Reclus.) Aussi, bien qu'elle n'ait que 134601
jusqu'au sud du tropique du Capricorne. kil. carrés, le tiers de la superficiede Sumatra, est-
L AUSTRALASIE ou MALAISIE. Elle s'étend du elle près de 10 fois plus peuplée 18 M6000 hab.
30"Iat.N.autO°lat.S.,dn9t°aul3~°)ong.E. (Malais, Chinois, Arabes, Hindous. Européens).
Les lies dont elle se compose, disséminées sur Batavia en est le chef-lieu et la résidence du gou-
cette vaste étendue de mer, entre l'océan Indien verneur générâtdes Indes orientales ncertandaisf's,
€tle Pacifique, entre l'Asie et l'Australie, semblent 99000 hab. Les autres villes les plus importantes
des fragments d'une masse de terre qui faisait sont Sourabaya, 90000 hab., Samarang, situées,
communiquer ces deux continents. Toutefois, comme la capitale, sur la cote septentrionale.
quoique situées sous les mêmes latitudes, aux 260 kil. de chemins de fer.
deux cotés de l'Équateur, elles forment deux 3° BALI, à l'E. de Java, dont elle est séparée 1 ar
groupes distincts séparés par un détroit profond, un détroit peu large, est la plus orientale des îles
le détroit de Lombok, entre Ille de ce nom et du groupe indo-chinois chef-lieu, Karangassim.
Bali à l'O. le groupe indo-chinois, àl'E. le groupe 4° BORNÉO, la plus grande île du monde après
australien. « Au groupe de l'ouest, une civilisation la Nouvelle-Guinée 748 000 kil. carrés.plus grande
et des religions venues de l'Asie, des forêts exu- que la France de près d'un tiers, avec 2 millions
bérantes, rappelant l'Inde et l'Indo-Chine, l'élé- et demi d'habitants (Malais paiens ou Musulmans,
phant, le rhinocéros, le tigre royal, les bêtes à Chinois). Elle est séparée de Java au S. par la mer
cornes, les grands animaux sauvages, les singes de la Sonde, des Célèbes à l'E. par le détroit de
de l'Asie et du Vieux Monde. Au groupe de l'est, Macassar, des Philippines au N. par la mer de
rien de l'ancien continent, ni bêtes énormes, ni Mindoro la chaîne des îles Soulous et la longue
félins, ni singes des eucalyptus, des acacias, le île Palawan la joignentpresqu'à ce groupe. Bornéo
kangourou. la flore et la faune de l'Australie. » fait partie des Indes néerlandaises,mais elle n'est
'0. Reclus.) colonisée que sur les côtes l'intérieur est encore
L'archipel indo-chinois comprend les grandes inconnu. La partie nord-ouest forme le royaume
lies de la Sonde, c'est à-direSumatraet Java, Bali, indépendantdeBornéo, borné à t'E. par une longue
Bornéo et les Philippines. Les petites îles de la chaine dont le point culminant, à l'extrémité sep-
Sonde, Célèbes et les Moluques composent l'ar- tentrionale, le Kini-Belou, s'élève à 4000 mètres.
chipel australien. Près de cette côte se trouve l'île anglaise de LA-
Archipel indo-chinois. t°SuMATRA, la plus occi- BOUAN. Le nord-est fait partie du royaume de
dentale, longe la presqu'île de Malacca, dont elle Soulou, ainsi que les îles de ce nom qui relèvent
est séparée par le détroit de ce nom. Elle est en- nominalement de l'Espagne.
tourée d'une ceinture de petites Des BALI, NIAS, Bornéo est, comme Sumatra, coupée par l'Equa-
PAGAI, ENGANO, au S.-O., BILLITON, BANCA, riches teur, sa végétation se rapproche de celle de Java.
~n étain, LINGIN et un groupe d'îlots dans le détroit, Comme ces Îles, elle est couverte de forêts riches
au N.-E. C'est une grande !)e de 424 000 kit. en bois de luxe, d'ébénisterie et de teinture. On
carrés, traversée dans sa longueur par une chaîne y trouve aussi de la houille, des métaux et miné-
volcanique dont un des pics, le Gounong d'/H~'a- raux précieux, tels que l'or et le diamant, des
pour, dépasse 4 000 mètres. L'Équateur la coupe à gîtes d'antimoine. B<Ma!/M'nM! Ponitana
peu près par le milieu. Les Hollandais en possèdent et Sam&at, sur la cote S. et S.-O., sont les prin-
les trois quarts, et en tirent en abondance les cipaux établissements hollandais.
produits qui alimentent leur commerce colonial 5° PHILIPPINES. L'Archipel espagnol des Phi-
l'uloes, le camph<6, le piment, surtout le poivre lippines, au N. de Bornéo, s'étend du 5° au I.S"
noir, la principale richesse de l'ile. qui fournit lat. N. Les îles dont il se compose sont, comme
près de la moitié de la production totale du globe celles de la Sonde, volcaniques et d'une grande
des métaux précieux, tels que l'or et le diamant. fertilité. Leurs richesses, moins bien exploitées
que celles des colonies hollandaises, consistent Cette dernière, située en face de la colonie de
en bois de construction (tek), sucre de canne, Victoria, en est séparée par le détroit de Bass
café, et surtout en tabac. Leur superficie est de large de 240 kil., et semé d'Iles (KINGS, FLINDERS,
291000 kil. carrés, avec une population de 6163 000 FOURNEAUX et BARREN). Plus grande que la Hol-
hab. (Malais, Alfburous ou Haraforas, Tagales, lande et la Belgique réunies (67 894 kil. carres),
Négritos, Chinois). La plus septentrionale, Luçot) elle ne compte encore que 105 000 habitants mi.
ou MANILLE, n'est séparée do l'De chinoise de For- gré la douceur de son climat dans la zone tem-
mose que de 1° 20'. Ses principales villes sont pérée du sud (entre le 40° et le 42°) et sa luxu-
JtfaM:Mc, 160003 hab., résidence du gouverneur, riante végétation. Devenue en 18)3 colonie an-
et Sual, sur la cote occidentale. MINDANAO. la glaise, elle fut jusqu'en 1853 un lieu de déportation.
plus méridionale, touche au S.-O. aux Îles Sou- Elle changea alors son nom de Van Diémen et
lou Zamboanga et Se/ana'a sont les plus impor- prit celui de r<M'na?t!e (d'Abel Jansen Tasman,
tants établissements. Les autres îles de cet qui la découvrit au milieu du xvn* siècle). La po,
archipel sont MINDORO,PALAWAN,PANAY,NEGROS, pulation indigène avait alors entièrementdisparu,
ZÉBU, LEYTE et SAMAR. détruite par « la chasse aux noirs », à laquelle s&
Archipel Australien. 1° PETITES ILES DE LA livraient les convicts; ses derniers débris, réduits
SONDE. Elles sont' séparées des grandes par le en )!i35 à 200 individus, s'étaient éteints) sous te
détroit de Lombok et s'étendent parallèlement à climat trop rude de 111e Ftinders où on les avait
l'Equateur au N. et au S. du 10° fat. S., entre le déportés. La Tasmanie a pour chef-lieu ~oAcrt-
112° ft le 125° long. E. LoMBOK, !le volcanique de yom?:, à l'embouchure du Dervent, 20000 hab.,
5 500 kil. carrés chef-lieu Matasam. ScuBAWA, et pour villes principales J'.aMHCM<o~et George-
près de trois fois plus grande que la précédente town, stations pour les baleiniers de la mer du Sud.
(t5 620 kil. carrés), couverte, comme elle, de vol- III. MËMNÉSJE. – A l'E. de l'Australasie s'é-
cans dont l'un, le 7tmAoro, est célèbre par la ter- tend autour du continent australien une double
ribie éruption de 18t5; chef-lieu Bima. SuatiA chaîne d'archipels et d'îles, l'une intérieure,
ou SA~DELBoscH (forêt de sandal), 2200 kil. car- l'autre extérieure. La première commence à l'E.,
rés. FLORES, 20 000 kil. carrés, séparée de la des Moluques avec la Nouvelle-Guinée et se ter-!
précédentepar la petite ile de KoMO'DO. – TtMOR, mine au S. de la Nouvelle-Zélande. Les iles de~
la plus orientale et la plu~ grande du groupe, ce groupe, généralement grandes, sont situées!
30 000 kil. carrés, plus grande que la Belgique dans l'hémisphèredu sud et forment, avec le con-!
j environ 1 500 000 hab. (Malais, Chinois, Papouas). tinent australien,la Mélanésie. La seconde envc-
Ile volcanique, riche en bois de sandal. Elle eat loppe la précédente, commence à l'E. des Philip-
parta~E entre les Hollandais et les Portugais. La
partie occidentale et la plus considérable appar-
pines avec les Mariannes et s'infléchit vers
S.-E., en coupant l'Equateur, puis se prolonge e
le
tient aux premiers dont la domination ou la suze- dans la direction de l'Amérique du sud. Les lies '·'
raineté s'étend sur tout l'Archipel. Chef-lieu qui composent ce groupe, à la différence des pre-
XoupaTtfjr. La partie orientale ou portugaise a pour mières, sont toutes de très petite dimension, les '·
cheHl(~ Dilli. A cette !le se rattachent au N. unes élevées et volcaniques, les autres basses et
SoLOX, OMBAY, WETTA; au S. SAVA et ROTTI. de formation corallienne, lentement bAties sur
2° CÉLÈBES, au N. du groupe précédent, sépa- des plateaux sous-marins n'ayant pas plus de 50
rée de Bornéo par le détroit de Macassar et des mètres de profondeur par d'innombrables insectes
Philippines par un bras de mer auquel elle donne madréporiques. Presque tous ces archipels, situés
son nom. C'est une De de 205000 kil. carrés. au S. de l'Equateur, ont reçu le nom d'iles des
grande comme 30 départements français. Elle est mers du Sud. Ils forment la Po]ynésie et la Micro-
traversée par l'Equateur et bizarrement découpée nésie. On trouve en outra un certain nombre d'îles
sur la mer desMoluques en quatre presqu'îles à tra- et de groupes d'iles tout à fait isolés, tels que les~
vers lesquelles une chalne volcaniqueallonge ses iles Sandwich ou Hawai.
rameaux. Les Hollandais occupent environ la Les indigènes du premier groupe appartiennent
moitié de la superficie de Die, avec 330 000 hab. à la race des Papouas ou Nègres océaniens, au
(Bougis, Malais,Chinois,Arabes, Hollandais) .Leurs teint d'un brun noirâtre, aux cheveux noirs, cré-
principaux établissements sont au N. Menado, au pus et rudes, au visage plat, au nez proéminent.
S. Macassar ou Vlaardingen. A Célèbes se Dans l'échelle des êtres humains ils occupent
rattachent au N. les îles SIAO et SANGUIR, à l'E. l'un des degrés les plus bas. Toutefois les nègres~
les Iles Xnu.A, au S. les îles BOUTON et MOUNA. des lies occidentales sont moins sauvages que
3' MoujQUES. – On les appelle encore ILES AUX ceux du continent dont on les a distingués sous~
EpicEs, de leur principal produit; entre Célèbes, le nom de Mélanésiens. Leurs voisins de l'est
les Philippines et la Nouvelle-Guinée. Elles se et du nord, les Polynésiens et t<s .itft'ero~t'eTM,
composent de trois grandes Des; GILOLO, CERAM, répandus sur l'immense étendue du Pacinque,
BouMU, et de plusieurs petites MORTY, TERNATE, depuis la Nouvelle-Zélande jusqu'aux îles San-
TIDOR, BATCHIAN, ÛBY, AMBOINE, etc. Gilolo, la dwich, sont moins rebelles à la civilisation. Leur
plus grande, est coupée par l'Equateur et traver- couleur plus claire, leurs mœurs et leur langage
sée par une chalne volcanique. Elle a 26 000 kil. les rapprochent des Malais et des Hindous. Un
carrés. Ses côtes, découpées comme celles de Cé- grand nombre ont adopté le catholicisme ou le
lèbes en 4 presqu'îles ouvertes sur la mer des protestantisme. « Cependant ils s'adonnent en-
Moluques, sont bordées de récifs de corail. Am- core ça et ta a l'anthropophagie avec ses conséquen-
boine, dans l'ile de ce nom, est ie chef-lieu de ces guerres civiles, massacres, razzias, engrais-
l'Archipel et la résidence du gouverneur hollan- sement d'esclaves, et tous pratiquent le tatouage.
dais. (0. Reclus.)
4° L'Archipel de BANDA, au S. du précédent, Quoique situées dansla zone torride, aux antipo-
se compose de 4 lies couvertes de plantations de des de l'Afrique tropicale, ces Hes jouissent d~in
muscade. La principale est TiMOR-LACT. Au climat plus doux que celui de l'ancien monde-
N.-E. sont les Des AnRou. sous les mêmes latitudes la chaleur y est tem-
II. AUSTRALIE et ses dépendances. Nous pérée par le voisinage de la mer, et eties ressen-
avons décrit ailleurs l'Australie A ce conti- tent l'influence des vents atizés qui soufflent régu-
nent se rattachent plusieurs lies mélanésiennes, lièrement toute l'année. On y trouve le cocotier,
telles que MELLEVILLE et BATHUMT au N.-O., le sagoutier, l'arbre à pain, l'igname, de magnifi-
MtDDLETON,LORD HowE et NoRFOLK à l'E. l'île des
ques forêts peuplées par d'innombrables espèces
XANeotROTS et la grande De de TASMANIE au S. d'oiseaux.
des lacs Hawea et tVan~s. Située dans la zone
île, la plus grande des
)' NonvELLE-GniNËE. – Cette tempérée australe, la Nouvelle-Zélande jouit d'un
du nom de ten
du monde, appelée encore PApouASiE du doux et salubre son sol, bien arrosé et
la race qui l'habite, s'étend du N.-O. au S.-E., climat d'uu grande fertilité, est propre à toutes les cul-
d'une
entre le128° et le 150" long. orientale, sur une des arbres gigan-
longueur de 2225 kil. Au N.-O., elle touche pres- tures européennes. On y trouve
tur
S.-E elle atteint 11° latit. tes aM~h'a~,
tesques, tels que le Damara résine dont de 58 mè-
que à l'Equateur, au tres de haut, fournissant une l'expor-
australe. Bétrécie ses deux extrémités, elle pré- tre
tation atteint quelquefois i million 1/2 de francs.
sente au centre une grande masse
de terre tat
En 1859, on y a découvert d'importants gisements
d'une largeur de 625 kil. La côte occidentale est aurifères. Mais une de ses principales richesses
profondément creusée par le golfe de Geelvink consiste dans les laines de ses 6 millions de mou-
au;
jusqu'au cap d'Urville. Au S., elle est séparée de co)
l'Australie par le détroit de Torré~large de 225 tor tons.
Déclarée colonie anglaise en 1840, la Nouvelle-
kil., et embarrassé de récifs de corail qui en ren- 1
L'intérieur est Zé Zélande n'a cessé depuis de prospérer. Elle avait,
dent la navigation dangereuse. kil. de chemins de fer. Un service
peu connu. La souveraineté de la Hollande est ré) en 1876. 1155
régulier de paquebots la met en communication
toute nominale et N.-O.ne s'étend que sur quelques Sydney et San Francisco lignes d'Auckland a.
districts de la côte avec
2° Au N. de la Nouvelle-Guinée, de rn l'O. à l'E. J
)'p
Sydney
by et à San Francisco par Honoloulou). La
les ties de l'AMiKAUTË, le NouVEAD-HANOYM,
la' popopulation est de 414000 hab., non compris les
NOUVELLE-IRLANDEou TOMBARA, la NnUVELLE-BRE- M: Maoris, peuple indigène, de race polynésienne,
la Nouvelle-Gui- co converti par les missionnaires anglicans, et dont
TAGNE ou îles BIRARA, séparée de restait plus, en ISt), que 3'! 000 individus.
née par le détroit de Dampierre.Nouvelle-Guinée, il ne1876 la colonie a été divisée en 63 comtés, y
3" A l'extrémité orientale de la En
Er
compris l'ile STEWART, son appendice méridional
l'Archipel peu connu de la IjOUlsiADE, habité par co
des Papouas anthropophages. qui en est
qu séparé par le détroit de Foveaux. Les
4° Plus à l'E., séparé de l'Australieparla mer de vil villes principales sont dans l'ile du N. W<
Corail, et entouré d'écueils madréporiques l'Ar- HHohM, Cook. ? siège du parlement colonial, sur le dé-
10500 hab.. avec son port Nichol-
chipel des îles SALOMON ouNoBVELLE-GEORGiE.du tr! troit de
12° au 15° lat. S.; les principales sont BoL'GAiN- M son; Auckland, principale ville de commerce,
21 600 hab.; dans l'ile du S. Dunedin,18600 hab.
CHOISEUL, ISABELLE, la plus grande du 21
VILLE
avec un volcan de L~ CA)'<e/iUt-c/t, 17 000 hab., Nelson, & 800 hab., port
groupe MALAYTA, Gi;ADALCANARLes îles de SAINTE- su sur la côte septentrionale,Port Lt/M~o?: sur la
3200 m. SAiNi-CHRISTOVAL. cota orientale. A l'E. de la Nouvelle-Zélande,
Cnoix, dont la plus grande est NITENDI. C'est bn- sur cû
l'Angleterre possède les îles BROUGHTON (Chatham,
les écueils de l'une d'elles, VANICORO, que se Pi Cornwallis), l'ile BOUNTY, l'ilo des ANTIPO-
Pitt,
tërent les deux vaisseaux de Lapérouse.
5" L'Archipel des NouvELLEs-HËBRiBES ou des DES; au S. lestles AUCKLAND, CAMPBELL, MACQUARtE
DE

îles du SA~r-EspRiT, du 20° au 10° lat. S. l'île'1 et EMERALD. 1° Iles VITI OU


du SAiNT.EspMT, la plus grande, MALLICOLO, SAND- IV. POLYNÉSIE et MtCRONÉSŒ.
F~Dn (aux Anglais); entre 100 et 15° lat. S.. en-
F
WICH, ERROMANGO. TAKNA. Cook viron 2~0 !tes, dont deux grandes ViTl-LÉvou,
e" La NocvELLE-CALÉDONiE, découverte par vi
1853. Elle ]: ]1600 kil. carrés, 40 à 50000 hab., et V ANOUA-
en 1774 et occupée par la France en 20" lat. S. LEVon,6500ki!. carrés. La population totale de
K allonge du N.-O. au S.-E., entre le
L
et le tropique du Capricorne, depuis le cap Ton- l'Archipel
[. est de 13n 000 hab., en partie convertis,
Prince de Galles au
nerre au N. jusqu'au cap duentourée,
S. en
e! partie encore anthropophages.
17573 kil. carrés. Elle est comme d'ail- Iles SAMOA OU des NAVIGATEURS, ou BOUGAIN-
leurs toutes les iles de cette partie de l'Océame, VILLE,vj du nom du célèbre navigateur français qui
d'une ceinture de récifs madréporiques. dont Linté- )t les visita en 176s; sous le 14' parallèle S.; en
le partie d'origine volcanique; 3 000 kil. carrés. Les
rieur est traversé par une longue chalne p
pic le plus élevé, le Mont Humboldt, a l'altitude dest indigènes,
ir au nombre de 160 000, ont le teint
(1642 m.).moins
hauts sommets du centre de la France principale- m noir que les autres Polynésiens; ils sont
chrétiens, en grande majorité protestants. Les
On y trouve la végétation tropicale, c]
OcpouLon, SAWAi, TUTUILA, MA-
ment la canne à sucre. L'arbre à pain, toutefois, principales
p sont
n'a pu s'y acclimater. La population, de M 300 KOMo,
N )
MANOA. A l'O., les iles WALLi et Fof-
français.
nab., est de la race des Papouas anthropophages. TTOCNA sont sous le protectorat
Nouméa, sur la côte S.-O., est le chef-lieu de la Au N. de ces deux archipels, entre l'Équa-
3"
colonie. De la Nouvelle-Calédoniedépendent teur ti et le 10' parallèle S. les iles d'ELLICE, dont
l'île des PINS, les Des LOYALTY ou LOYAUTÉ dont la t
1: principale est PEYSTER; le groupe du PHÉNIX
Sydney) le groupe de ICMOX.
la plus grande est LifOA ou CHABROL; MARt, Otf- (Enderburyet
(1
1S* et 20° lat.
de formation corallienne. 4° Iles TONGA ou DES
AM!S, entre
VEA,
NOUVELLE-ZÉLANDE,la « Grande-Bretagne de3 S.;
S 150 îles presque toutes basses TONGATABOU
la mer du Sud, » mais avec une superficie qui est
e ila plus grande YAVAo, TUFOUA, LATÉ. L'Ar-
dépasse de plus de 40 000 kil. carrés celle de laa chipelc compte environ 2000 habitants sur une su-
Grande-Bretagne d'Europe 2'!0050 kil. carrés,perficie
p de 1000 kil. carrés.
Découverte en 1642 par le navigateur hollandais S 5° ARCHIPEL DE Coot OU ILES HARVEY, SOUS le
Abel Tasman, elle tut visitée en 1769 par Cook k 20°
3 latitude S.; 800 kil. carrés; environ 1: 000 hab.,
qui reconnut qu'elle se composait de deux îless convertis
c au christianisme. Les principales sont
séparées par un détroit qui a reçu son nom TE- IRAROTONGAet MANGIA. latitude S., de
ÏKA-A-MAom, au N., TE-WAi-PouNAMOU au S. Elles s 6° ILES DE LA SOCIÉTÉ, par 17° visitées deux
s'étendent du 34° 20' au 46" 40' lat. australe. Elless formation
1 volcanique. Elles
lui
ont été
Bougainville et
sont traversées par une chaîne de montagnes dontit 1fois par Cook et après par
les sommets les plus élevés sont, dans l'ile duu d'autres( navigateurs. Les cultures européennes
Nord, le ï'OKya?'M'o (1950 m.), le mont Egmont t< qu'ils
< y ont propagées y prospèrent sous le beau
(2480 m.) et le Ruapehu (2'!60 m.), dans celle du u ciel australien. TAm ou ÛTAuElTi, la plus méri-
Sud, le mont Cook ~3960 m.), point culminant des 's dionala et la plus grande, 1100 kil.le protec-
<
carrés,
Alpes du SM~. De leurs flancs s'échaDpent de nom- t- 10 000 hab., chef-lieu Papéiti, est sous
breux cours d'eau les plus considérables t. torat français, ainsi que MooRÉA ou AMËo, TE-
sont,
lac
dans Die du Nord, le Waikato qui traverse le tc TOUAROA et MAitÉA. Les indigènes sont
convertis
TaMpo dans celle du Sud le Molyneux qui sort rt au christianisme. Le roi réside dans l'ile RAtAMA.
Au S. de cet arthipe), les !)es TouaocAî et VA- OCEANS. –Géographie générale, 1 et XX.–On
vtTou sous le tropique du Capricorne, RAPA sous donne le nom d'Océan à cette masse d'eaux qui
le 27" latitude S. sont placées également sous le couvre environ les trois quarts du globe terrestre,
protectorat de la France. et dont les divisions naturelles forment les mers
7° ILES TOAMOTÔC ou BASSES ou ARCHIPEL DAN- particulières désignées par des noms distincts.
GEREUX, répandues entre 152° et 115° longitude Profondeur des océans. Généralement peu
occident., entre J 4'et 25'latitude S 79 petites profonde au voisinagedes terres, la mer se creuse
ttcs, plates, basses, parmi lesquelles des atolls, rapidement, mais d'une manière fort irrégulière.
!)ots bâtis annulairementou en croissant par des Le Pas-de-Calais, entre la France et l'Angleterre,
polypes autour des lagunes. A ce groupe se ratta- n'offre nulle part une tranche d'eau assez épaisse
chent les Iles GAMBIER. sous le protectorat de la pour recouvrir les tours Notre-Dame,par exemple.
France; la principale est MANGARÉVA, située pres- Le Zuiderzée n'offre aucun chenal qui puisse
que sous le tropique de Capricorne. Au S.-E. t'tte amener les grands navires d'aujourd'hui jusqu'au
PITCAIRN, colonie pénitentiaire de matelots anglais. port d'Amsterdam. En revanche, dans los fjords
Plus a l'Est, i'ïte volcanique de PAQUES, de toutes de la Norvège, la sonde descend aussi bas que les
les lies polynésiennes habitées la plus voisine de falaises du littoral s'élèvent au-dessus des eaux;
l'Amérique (Chili). Les 8COO insulaires de ce la baie de Biscaye, sur les cotes de France et
vaste archipel sont en partie chrétiens dans les d'Espagne, forme une fosse profonde.
lies occidentales, en partie païens et encore an- Peu à peu on étudie le fond de la mer comme
thropophages dans les !tes les plus orientales. la surface du sol émergé. On y trouve, comme sur
8' ILES MAHomsES, vers le 10* latitude S., au les continents, des plaines, des vallées, des hau-
nombre de t<; sous la domination française; teurs isolées ou rattachées en chalnes de monta-
t239 kil. carrés, 6000 hab., la plus belle race gnes et en plateaux. La plus grande profondeur,
polynésienne, en partie convertis au catholicisme. mesurée d'une manière certaine aujourd'hui dans
Les principales sont NouKA-HivA, chef-lieu Taio- le grand Océan Pacinque, dépasse 8 kilomètres et
AaC; HfVA-OA, WASHINGTON OU HouA-HoCNA. demi. Elle se trouve au voisinagedes îles Kouriles,
9° Polynésie des États-Unis. Au N. et au S. à l'ouest d'une vaste dépression qui s'étend de-
de l'Equateur, entre )0' lat. N. et 12" lat. S., puis les cotes du Japon jusqu'à cellesde Californie.
tes Etats-Unis possèdent sur la route de l'Aus- C'est aussi dans la partie occidentale de l'Atlanti-
tralie WALKER, CHRISTMAS, WASHINGTON,SAMA- que, entre les Bermudes et la Nouvelle-Ecosse,
RANG, PAUtYRA, BARBER, JARVIS, BROEE, PENRHYN, que se trouve la vallée la plus profonde de cette
FuNT. Dans les mêmes parages les !tes an- dernière mer.
glaises de FANNING, MALDEN, STARBUCK. CAROLINE. Volume des Mmr de la mer et des terre! émer-
La Micronésie, située au N.-O. de la Polynésie, gées. En moyenne, on évalue à 4300 mètres la
se compose de 4 groupes profondeur générale des mers, tandis que l'altitude
l* Les MARIANNES ou ILES DES LARRONS, rangées moyenne des terres émergées ne dépasse pas
du nord au sud sur une ligne qui va du 20° au 14' 330 mètres. Il en résulte que le volume des eaux
lat. N. Leur superficie est de 10'!9 kil. carrés, avec de la mer e&t environ trente-six fois aussi consi-
8 000 hab. Deux sont occupées par tes Espagnols; dérable que celui de la croûte terrestre qui s'é-
les autres sont inhabitées. La plus grande est CuAM. lève au-dessus de leur niveau.
:° Les CAROLINES (à l'Espagne), rattachées au C'est cette masse énorme d'eaux qui, lente à
gouvernement des Mariannes entre t0* et 7* lat. échaun'er comme à refroidir, tempère les ardeurs
N., tM' et 1650 long. E.; 1384 kil. carrés; de l'été, modère les froids de l'hiver, fournit a la
tS.800 hab. végétation l'humidité dont elle a besoin pour se
Entre cet archipel et les Philippines, les !les PA- développer.
LAOS (à l'Espagne), 897 kil. carrés, 10000 hab., et Salinité des eaux de mer. Les eaux de la
PELEW. mer sont salées par évaporation,elles laissent de
3" Archipel de MARSHALL, entre t5° et 5° lat. N., 35 à 40 parties de substances salines pour 1000 par-
avec tes lies RAMK et RADAK. ties d'eau, et le sel de cuisine ou chlorure de so-
4' Archipel des MULGRAVES, ou GiLBERT ou KisG- dium forme, à lui seul, les 3/4 de ces substances
SMILL, 17 Iles au N. et au S. de l'Equateur, dont les salines.
principales sont TARAVA et MAttAH. Les causes qui font varier le degré de salinité
Royaume d'HAWAt ou ILES SANDWICH. Cet archi- des eaux marinés sont faciles à comprendre. A
pel, situé sous le 20' lat. N. et sous le tropique l'embouchure des Coûtes, la mer est moins salée
du Cancer, est composé des lies HAWAi ou OwAMt, qu'au large. Les mers qui reçoivent de nom-
MAOH, MOLAKAI, LANAI, OAHOO, KAOCA1, NIHAOU, breuses rivières, comme la mer Noire ou la Bal-
KAHOCI.AH! 19 756 kil. carrés; 57000 hab. con- tique, sont moins salées que l'Atlantique, et leurs
vertis au protestantisme. Hawal, la plus méridio- eaux deviennent de plus en plus chargées à mesure
nale et la plus grande (t26!0 kil. carrés), a deux qu'on les puise plus près des détroits qui leur
volcans, le Maouna-Kea de 4 t(!0 mètres et le servent de débouchés. Dans les mers soumises à
.itf<M!Ma-toa qui s'élève a 4 220 mètres, et dont le
une forte évaporation solaire comme la Méditer-
cratère a 11 kil. de tour. Dans Maoui le pic tf~ta-
ranée ou la mer Rouge, la salinité devient trèt
kala se dresse à 3 tOO m. La capitale du royaumeforte et augmenterait sans cesse, ai les eaux arri-
est Honoloulou, dans Oahou, 15000 hab., princi- vant des autres mers pour combler le vide pro-
duit ne tendaient constamment par leur mélange &
pale station navale entre les Etats-Unis et la Chine
Hilo, dans Hawal, 4 000 hab. rétablirl'équilibre. Mais qu'une cause accidentelle
Découvertes en 1776, par Cook, qui y périt vienne a isoler une partie de ces mers du reste
trois ans plus tard, ces îles, habitées alors par
des Océans, comme cela est arrivé sans doute
une population encore sauvage, sont devenues en pour les chotts algériens et tunisiens, et pour un
)864 un Etat constitutionnel. Leur position entre
lac situé entre le golfe d'Aden et le plateau de
l'Amérique du Nord, la Chine et l'Australie leurl'Abyssinie, la nappe ainsi formée diminue rapi-
donne une grande importance qui n'a cessé d'aug-dement de niveau depuis qu'elle ne reçoit plus le
menter depuis l'achèvement du chemin de fer du trop plein des autres mers. Et cette nappe lacustre
Pacinque. Un service régulier de paquebots met offre cette singularité de se trouver, bien qu'au
Honoloulou en communicationavec San Francisco milieu des terres émergées, à un niveau inférieur
d'une part, Auckland et Sydney de l'autre. Les à celui des mers. C'est le cas de la mer Morte et
Etats-Unis sont en possession du protectorat de de la Caspienne.
Farchipet depuis t8ot. [F. Oger.] Glaces polaires et /!oMoMfM. Si l'évaporation
solaire augmente la salinité des mers, la forma- de courants locaux. Le détroit du Gibraltar est
tion des glaces dans les mers polaires concourt au traversé par un courant, allant d';l'At)a!)tique
même résultat, puisque les glaçons ne renferment dans la Méditerranée rendre à cette mer l'eau
guère que 5 miUièmes de sel au lieu de 35 ou -i0. quo lui enlève l'évaporation solaire et que les
Puis, dans les mers où ils' viennent fondre, les fleuves de son bassin ne suffisent pas arempta-
glaçons adoucissent les eaux comme les fleuves ccr. Par contre, les eaux salées et lourdes de la
près de leur embouchure. Méditerranée s'écoulent vers l'océan en dessous
Ces glaces, qui se forment constamment dans de ce courant superficiel pour prendre la place des
les régions froides des pôles, et même dans les eaux moins salées et moinslourdes del'Atlantiquf.
ners fermées des régions tempérées comme la On trouve dans le détroit de Bab-el-Mandeb la
Caltiquo ou la mer Noire pendantl'hiver, sont en- reproduction de ce qui se passe au détroit de
traînées par les courants vers l'équateur avec les Gibraltar. Les eaux de l'océan Indien viennent
grandes masses gelées des glaciers du Groenland. remplacer les eaux de la mer Rouge, surlaqucHf
Les navires qui traversent l'Atlantique entre l'évaporation enlève chaque année une tranche de
l'Europe et les Etats-Unis rencontrent au voisi- 7 mètres d'épaisseur, et qui ne reçoit ni pluie ni
nage de Terre-Neuve d'énormes montagnes do rivière mais par contre, les eaux salées de la mer
glaces flottantes contre lesquelles ils risquent de Rouge s'écoulent dans les profondeurs du détroit
se briser, d'autant plus que la fonte de ces glaçons pour remplacer les eaux plus douces de l'océan
entretient dans ces régions un brouillard des plus Indien.
épais au travers duquel on ne voit qu'à quelques Le détroit de Constantinople est parcouru su-
mètres. Ces glaçons dépassant quelquefois de 120 perficiellement par un courant rapide faisant plu-
ou 150 mètres le niveau des eaux, on peut en con- sieurs kilomètres à l'heure, car la mer Noire reçoit
clure qu'avec la partie immergée ils atteignent le tribut de plusieurs fleuves puissants qui
de 1000 à 1200 mètres d'élévation totale. Ce sont exhaussent son niveau. Mais au fond du détroit
de vraies montagnes longues quelquefois de plu- règne un contre-courant qui amène les eaux
sieurs kilomètres, revêtant les formes les plus lourdes et salées de la Méditerranée à la place
diverses et les plus bizarres, et qui cheminent des eaux relativement douces du Pont-Euxin.
lentement vers le sud. Brisées les unes contre les Ce ne sont là que des courants locaux, qui ne
autres, arrêtées quelquefois par les inégalités du peuvent être comparés aux courants généraux
fond de la mer, fondues par les eaux plus chaudes, causés par la rotation de la terre et sa révolution
les vents et les rayons solaires, elles disparais- annuelle autour du soleil. (V. Courants, Jt~pe-
sent lentement avant d'avoir accompli la moitié monde.)
de la course qui les conduirait du pôle à l'équa- ~a!*f& – Les marées comme les courants
teur. Des navires emprisonnés dans les glaces ont généraux et locaux, mélangent sans cesse les eaux
ainsi dérivé vers le sud pendantplusieurscentaines de la mer, et c'est ainsi qu'elles offrent à peu près
de jours avant de recouvrer leur liberté. Il y a peu partout la même composition chimique.
d'années le glaçon du Po<a)-M a porté pendant six Vents. Une troisième cause d'agitation, les
mois de malheureux naufragés réduits à la der- vents, n'agit qu'à la surface des eaux marines;
nière extrémité quand ils furent rencontrés et mais grâce à la fluidité des moléculesliquides, ces
sauvés par un navire. vents les relèvent en bourrelets séparés par des
C'est au sud de Terre-Neuve que fondent géné- vallées profondes, et le trouble qui se produit
ralement les derniers glaçons dans l'hémisphère ainsi en un point de la mer se propage de proche
septentrional,mais dans l'hémisphère opposé les en proche comme un mouvement vibratoire.
montagnes de glace s'avancent jusque près du cap D'autant plus régulièrementtransmise que rien
de Conne-Espérance,sur le 85° de latitude. En re- ne vient la troubler, cette vibration se transmet
montant vers le pôle, on trouve ces glaçons de très vite et bien plus loin que le vent qui lui a
plus en plus nombreux. Finalement, ils forment donné naissance, de sorte que c'est aux endroits
une vraie barrière, à travers laquelle les navires les plus calmes en apparence que les lames se
ne peuvent s'engager qu'en courant les plus dressent le plus haut. Elles sont au contraire dé-
grands risques. Cette barrière ou banquise se dé- primées quand le vent tombe directementsur elles,
place suivant l'intensité des courants ou des vents ou que plusieurs lames arrivant des divers points
qui peuvent la fondre ou la repousser. Parfois de l'horizon, dans des directions différentes, sui-
elle chemine tout entière vers le Sud, et Parry, vant le souffle qui les a fait naltre, viennent s'a-
ayant quitté son navire pour atteindre le pôle avec battre ou se détruire l'une l'autre.
des traîneaux en cheminant sur les glaces, On trouvera au mot Courants la description des
marche en vain dans la direction de l'étoile po- courants aériens, réguliers comme les courants
laire sans s'élever en latitude: la dérivation de marins.
la banquise lui fait perdre ce que la marche lui Si les diverses causes de tous ces phénomènes.
fait gagner. On ne peut pas assigner à cette barrière prises isolément, sont simples à comprendre, il
une latitude moyenne suivant les saisons. Certaines est souvent difficile de démêler en chaque point
mers, comme la mer de Kara, restent quelquefois la part qui revient à chacune d'elles. Et c'est à
fermées par les glaces pendant des années en- cette étude qu'on s'applique chaque jour davan-
tières, tandis qu'à d'autres moments la navigation tagOtpour mieuxapprendreautiliser la mer comme
y redevient relativement facile. grande voie de communication. C'est depuis peu
CoM)'aH~ locaux. L'écoulement des fleuves d'années aussi qu'on s'est occupé de l'étude du
vers la mer et l'évaporation produite par les fond de la mer, à propos de la pose des câbles
rayons du soleil tendent, en sens inverse, a mo- télégraphiques qui relient les continents entre eux-
difier localement le niveau des eaux marines. La Immersions et émergences des rivages. N'y
différence de densité entre les eaux chaudes et les a-t-il pas làdu reste le laboratoire où se sont for-
eaux froides, les eaux douces et les eaux salées, mées successivement les diverses couches géolo-
est une autre cause qui tend aussi à détruire l'é- giques actuellement émergées, et où s'en forment
quilibre dans les divers points de la nappe marine. maintenant de nouvelles qui surgirontà leur tour?
Mais cet équilibre n'est pas rompu d'une manière Sans attendre les grandes convulsions qui sou-
durable,à cause de la mobilité des molécules li- lèvent les montagnes ou engloutissent les conti-
quides qui se déplacent constamment pour venir nents, on voit chaque jour certaines côtes s'élever
combler les vides, pour précipiter au fond les au-dessus des flots qui les baignaient naguère,
j
eaux salées et frotdes, ptus denses que les eaux tandis que d'autres, au contraire, s'enfoncent au-
douces et chaudes. C'est là l'origine d'une foule i dessous des eaux.
La Norvège et les côtes septentrionales de l'Asie Au nord enfin, il communique avec l'ocM): Bo-
pont dans une période d'émergence il en est de réal ou Arctique par la large mer qui sépare la
même des côtes méridionales du Spitzberg et de Norvège du Crunland, et où s'élèvent l'Islande et
la Nouvelle-Zemble, de l'Écosse, de la Barbarie, les ile~ Féroe.
du littoral de la mer Rouge, d'une partie de l'A- Entre le Groenland et le Labrador, le détroit de
natolie, de l'ilede Sumatra, du Chili, du sud-ouest Davis ouvre une nouvelle série de communications
du Groenland. de l'Atlantique avec la mer Polaire, Au Nord, le
En revanche, au contraire, les deux rives du dé- détroit de Davis se continue par la mer de Baffin,
troit de Smith, qui conduit de la mer de Baffin les canaux de Smith, de Kennedy et de Robeson,
aboutissent à la paléocrystique de Nares,
dans la mer polaire, la littoral de la Floride et qui approché
mer
le plus du polenord,
des Carolines, celui de la Guyane et l'embouchure oùl'homme a libre de glaces. A 1 ouest du détroit sansyy
de l'Amazone s'affaissent comme le delta du Nil, trouver de mer
le littoral de la Baltique et celui des Pays-Bas. de Davis, le détroit d'Hudson conduit à la vaste
Modifications de la forme des rivages. Pous- baie du même nom, qui creuse profondément le
sées par les vents, les courants, les marées, les territoire du Dominion de Canada. A l'ouest de la
forme des mer de Baffin, le détroit de Lancaster, continué
eaux de la mer modifient sans cesse laelles démo- par celui de Barrow, forme l'entrée du passage du
rivages. Là, aidées par les météores,
lissent les falaises; ici, chargéesdes débris qu'elles N.-O.. r.'est-a-dire du passage conduisant de l'A-
ont pulvérisés peu à peu, elles vont combler les tlantique dans le Pacifique par le nord du conti-
golfes. Tantôt elles entassent miette à miette sur nent américain. Ce passage a été découvert par
la rive des dunes de sable, qu'elles repoussent Mac-Clure, il y depuis a un quart de siècle.
Le n'est que 1S'!8 qu'on a, non pas dé-
constamment vers l'intérieur si on ne les arrête effectuépourla première fois complè-
par des plantations,tantôt elles déposent des cor- couvert, mais
dons littoraux qui isolent peu a peu de la pleine tement lepassage
ft«N.-E., en all ant de l'Atlantique
dans le Pacifique par le nord de l'Europe et de
mer des lagunes et des étangs.
Arrêtant le courant des fleuves, les eaux de la l'Asie. Océan Paci fique. Qu on arrive d'un côté ou
mer les forcent à déposer à leur embouchure une
de l'est ou de l'ouest, on passe da
barrequi, dans les mers sans marée, obstrue bientôt de l'autre, Arctique dans le grand océan Pac!~?!te
leur cours et les oblige à s'ouvrir une nouvelle l'océan le détroit de Behring, qni n'a que 92 kilomètres
route. La au contraire où la marée se fait sentir, par large, entre l'Asie et l'Amérique.
le mouvement du flux et du reflux balayant sans deEntre
cesse le chenal maintient l'ouverture. C'est pour ce détroit, la presqu'île asiatique du Kam-
et la chaine des Aléoutiennes, détroit, la mer
cela que les grands fleuves qui débouchent dans tchatka le nom de mer de Behring, comme le
des mers fermées ne peuvent recevoir les grands porteelle rapidementjusqu'à 15000 kilo-
navires. Les ports sont obligés de se créer dans le puis des'élargit
voisinage Alexandrie, à l'ouest des bouches du mètres largeur sur l'équateurentre l'Amérique
centrale et la Nouvelle-Guinée C'est le grand
Nil, Marseille, à l'est du Rhône. Venise n'est pas
sur le Pô, ni Barcelone sur l'Ebre. Dans les mers océan Paci fique. A l'est, du côté de l'Amérique, celui
il
de
projette qu'un seul golfe important,
a marée, au contraire, presque tous les grands ne
A l'ouest, au contraire, du côté de l'Asie,
fleuves ont leur port demer: Hambourg sur l'Elbe, Californie.
Londres sur la Tamise, Anvers sur l'Escaut, le il formedes une série de mers secondaires, dont le sé-
chalnes d'archipels. A l'ouest des Kou-
Havre et Rouen sur la Seine, Bordeaux sur la parentc'est la
Gironde, etc. riles, mer d'Ochotsk; à l'ouest du Japon,
Ces fleuves, cependant, ne sont pas immuables; la mer
du Japon entre le Japon et la Chine, la
à l'ouest des Philippines et de Bornéo,
l'embouchure de la. Gironde, celle de la Seine se mer Jaune
sont bien des fois. modifiées depuis les temps his- la Les mer de la Chine..
toriques. Sur la Seine, le port d'embouchure est Philippines commencent la série des archi-
descendu successivement de Lillebonne HarCeur, pelsdétroit qui séparent le Paciflque de l'océan Indien.
puis au Havre. L'Adour a déplacé son embouchure Le de Macassar, entre Bornéo et CélÈbes.
de plusieurs kilomètres. celui desMoluques, entre Célèbes et Gilolo, et
Diverses parties de l'Océan. Océan Atlantique. celui de Terres, entre
la Nouvelle-Guinéeet l'Aus-
conduisent du Pacifique dans les mers inté-
La partie de l'Océan qui baigne les côtes occi- ralie, qui baignent ces archipels. On en ressort,
dentales de la France et de l'Europe porte le nom rieures la des Indes, par le détroit de
d'Océan Atlantique. Il a environ 4000 kilomètres à l'ouest, sur lamer méridionale de l'Asie et
de largeur entre notre pays et les rivages les plus Malacca, entre pointe
l'île de Sumatra, et par le détroit de la Sonde, entre
rapprochésde l'Amérique, qui leur font face à la Sumatra et Java.
même latitude. Mais entre la côte du Brésil et
celle de Guinée, la largeur de l'océan Atlantique Iles detous De les canaux qui séparent ensuite les
réduit trois quarts environ de cette distance. la Sonde entre elles, le plus important
se aux celui de Lomboc, entre les Iles de Bali et
L'océan Atlantique projette, à l'est, entre les est Lomboc. A l'ouest de ce détroit, Sumatra,
côtes d'Europe et celles d'Afrique, la Méditer- Java, de
Bornéo, les Philippines appartiennent, par
ranée et ses dépendances avec lesquelles il hord, com-
leur flore et leur faune, au monde asiatique. A
munique par le détroit de Gibraltar. Plus au les Mes voisines
il pr~ette la Manche, qui, par le Pas-de-Calais, l'est, au contraire, l'Australie et sondages faits à
conduit dans la mer du Nord; le canal Saint- forment un monde à part. Et les
indiquent l'existence de deux pla-
Georges et le canal du Nord, qui, avec la mer leur pourtour sous-marins distincts qui servent chacun de
d'Irlande, séparent cette même lle de la Grande- teaux
Bretagne. Enfin entre l'Écosseet la NorvègeBaltiques'ouvre socle à ces deux groupes d'archipels.
la mer du Nord, qui communique avec la Au sud de l'océan Pacinque, l'archipel de la Nou-
danois. velle-Zélande forme aussi un monde distinct qui
par les détroits côté de l'Amérique, l'océan Atlan- s'élève seul entre le Pacifique et
le grand océan
A l'ouest, du Antarctique.
tique projette la merdes Antilles entre l'Amérique Océan ~M<<!re<MM< C'est sur ce grand océan
méridionale et la chalne des Antilles, et le golfe
Antarctique que s'ouvrent tous les autres grands
du Mexique, où conduit le canal de Bahama, entre océans,Paciaque. Indien, Atlantique. C'est la que
la Floride et Cuba.
Au sud, l'océan Atlantique s'ouvre largement se trouve la plus grande étendue d'eau,trouve que
entre naissent les grandes lames de marée, -que se
sur le Grand océan Austral oule Antarctique aussi la plus vaste région inconnue à 1 homme.
le cap de Bonne-Espéranceet cap Horn.
Ross ne s'est avancé de ce coté que jusqu'au i8° rieure, avec l'arrière -bouche et,quand celle-ci est
de latitude, tandis que Nares, au nord, a dépassé fermée, fournissent l'air directement à la trachée-
le 83°. La terre la plus méridionale, située sous le artère. Cependant cette disposition varie chez les
méridien de la Nouvoltc-ZéIande, s'appelle terre animaux inférieurs.
Victoria. Là se dressent des montagnes volcaniques Chez l'homme et chez beaucoup d'animaux les
hautes comme nos Alpes. En suivant le cercle po- cavités olfactives sont en rapport avec des exca-
lairedel'est à l'ouest, onrencontre successivement vations formées dans les os avoisinants. Ces exca-
la terre de Wilkes au sud de l'Australie, celles de
Kemp et d'Enderby au .;ud de l'océan Indien,
celles de Graham et d'Alexandre, au sud de l'A-
mérique.
Ocean Indien. L'océan Indien, qui baigne les
côtes méridionales de l'Asie et orientales de l'A-
frique, ne mélangeait ses eaux à celles de l'A-
tlantique qu'au sud du cap de Bonne-Espérance,
avant le percementdu canal de Suez, qui ouvre une
communication directe entre la mer Rouge, dépen-
dance de la mer des Indes, et la Méditerranée,
dépendance de l'Atlantique. Le détroit de Bab-el-
Mandeb, le canal de Suez, le détroit de Gibraltar
forment trois portes successives à franchir dans ce
voyage. Les Anglais y ont occupé Aden, Chypre et
Gibraltar,sans compter Malte, qui sépare la Médi-
terranée en deux bassins distincts.
Océan Arctique. Nous avons dit par où cette
mer communique avec les autres océans. Mais
pas plus que pour l'océan Antarctique, on ne con-
nalt ses limites. On finit le Grœnland, qui sépare
l'Atlantiquede la mer de Baffin ? Jusqu'où s'éten-
dent les terres qu'on a vues au nord du passade
du nord-ouest et à l'ouest du canal Robeson? Au Fig. i. Organe de l'odorat.
nord de t'Europe on connaît trois archipels le a,narines;–6et&sinus;–c,lobcon'actiFfo~rn!s-
Spitzberg, la terre François-Joseph et la Nouvelle- sant les nerfs de l'odorat qui se répandent sur la membrane
Zemble. Au nord de l'Asie, on ne connaît que pituitaire; d, rameau nasal dH la cinquième paire de
l'archipel de la Nouvelle-Sibérie et la terre de nerfs;–e,autreH!etde la cinquième paire ); orifice
Wrangel, non loin du détroit de Behring. de la trompe d'Eustache.
rG-Mcissas.]
ODORAT. Zoologie, XXXVIII; Hygiène, XIV. vations sont parfois considérables et embrassent
Les substances susceptibles de se volatiliser la plus grande partie du crâne; elles servent sans
se répandent dans l'air et nous avons conscience doute à emmagasiner tes émanations odorantes.
de leur présence par le sens de l'odorat, mis en Le nez varie beaucoup de forme et reçoit un
jeuparl'o/t<)' nom spécial selon la disposition en <)'0)?!jM, muffle
Pour exciter le sens de l'odorat, il faut que les ou &o:<<0!r. Quelques chauves-souris ont le net
articules odorantes ou effluves contenues dans
l'air se dissolvent dans l'humeur dont la membrane
intérieure du nez est enduite. Si les narines sont
desséchées, comme pendant la période inflamma-
toire du coryza (rhume de cerveau), la perception
des odeurs est impossible.
Des nerfs spéciaux recueillent l'impression ol-
factive et la transmettent au cerveau qui perçoit
une sensation. Le volume de ces nerfs est très
variable et proportionné, le plus souvent, au dé-
veloppement de l'odorat.
Chez certains animaux, ce sens est la source
d'indications compliquées et très précises sur la
nature et les propriétés des aliments, des bois-
sons, etc. Souvent le flair les renseigne mieux
que la vue. Chez l'homme et le singe, l'appareil
nerveux de l'odorat est peu développé; il l'est
moins encore, d'ordinaire, chez les cétacés et les
oiseaux.
La partie extérieure et saillante de l'organe de
l'olfaction, appelée le nez, constitue une cavité
limitée par des os de la face et partagée par une
cloison en deux chambres ou fosses nasales dont
l'orifice externe s'appelle narines. Les fosses na-
sales, dont la surface se trouve augmentée par des
saillies osseuses, est tapissée par une muqueuse Fig. 2. Tète du Ph)Uostome vampire.
nommée membrane pituitaire à cause de l'humeur
jadis nommée pituite qui la lubréne. entouré d'une feuille nasale, destinée recueilHt
Les nerfs fournis par l'appareil olfactif pénètrent et concentrer les effluves.
dans le nez par un grand nombre de petits trous L'odorat est faible chez les reptiles, presqne
percés dans la lame criblée de l'os ethmoide; nul chez les oiseaux. Les poissons perçoivent les
mais ces nerfs bouchent parfaitement les trous, de odeurs par deux appareUs qui ne communiquent
sorte qu'il n'existe aucune communication entre pas avec la bouche et qui sont revêtus nerfs. de nom-
le nez et le cerveau. breuses lamelles richement pourvues de
Les narines communiquent, à la partie posté- Les insectes reconnaissent les odeurs au moyen
des antennes. Chez quelques-uns le sens de l'o- dissements, causes d'angines et de coryzas en
dorat très développé les guide vers la nourriture s'abstenant de priser des substances irritantes ou
convenable et vers les individus de la même es- odorantes en n'usant de parfums que d'une façon
pèce. intermittenteet avec beaucoup de modération.
On peut considérer l'odorat comme complé- Les enfants s'introduisentsouvent dans les nari-
mentaire du goût. Si l'on comprime fortement les nes des corps durs susceptiblesd'y provoquerune
narines extérieures, on avale sans en distinguer inflammation; il faut les surveiller à ce sujet et re-
la saveur les substances les plus répugnantes.Les tirer sans retard les corps étrangers. Pour cela, il
maladies du nez, l'habitude de priser du tabac ou suffit,le plus souvent,d'introduire quelquesgouttes
du camphre émoussent le sens du goût. Celui-ci d'huile dans la narine en penchant fortement la
est ordinairement prévenu en faveur des sub- tête en arrière, puis de provoquer une sorte d'é-
stances dont l'odeur est agréable, mais l'habitude ternuement artificiel en tenant la bouche fermée.
-suffit pour en faire aimer d'autres qui paraissent [D' Saffray.]
d'abord repoussantes. Les animaux sont d'ailleurs OEtL.OEIL. – V. Vue.
VMe.
mieux servis que l'homme par l'instinct nutritif OISEAUX. Zoologie, XIV-XVIII. Les Oi-
auquel l'odorat sert de guide. Cependant même seaux constituentparmi les animaux vertébrésune
chez l'homme les perceptions olfactives acquièrent, subdivision, une classe des plus naturelles et des
par l'habitude,une délicatesse remarquable. Mais mieux délimitées. Il suffit en effet, pour caracté-
l'habitude des odeurs fortes sufftt également pour riser les Oiseaux,de dire que ce sont des vertébrés
émousser la sensation qu'elles produisentjusqu'à ovipares, dont la circulation est double et com-
y rendre absolument insensible c'est ce qui ar- plète. qui ont le sang chaud, la peau garnie de
Tive aux ouvriers d'un grand nombre de profes- plumes, et les membres antérieurs transformés en
sions. ailes. Les oiseaux en effet pondent des œufs qui
Les odeurs exercent une remarquable influence sont presque toujours couvés soit par la mère
sur le système nerveux. Quelquefois la médecine seule, soit alternativement par les deux parents,
utilise leur action irritante pour provoquer une ou qui, plus rarement, sont'soumis à l'action des
sécrétion abondante de mucus et de larmes. Quel- rayons solaires. De ces œufs sortent, au bout
ques odeurs produisent une excitation spéciale d'un temps qui varie suivant les espèces, des pe-
des sens et de l'intelligence, accompagnée de sen- tits~ d'abord couverts de duvet, et souvent incapa-
sations agréables; d'autres dites otret~M, comme bles de pourvoir à leur nourriture. Ces petits sont
celles de la jusquiame, du pavot, du stramonium, généralement l'objet des soins les plus touchants
de la part de leur père et de leur mère ils gran-
dissent peu à peu, ils sont capables de sortir du
nid, et de voltiger aux alentours, et ils se revêtent
de plumes normales; bref, au bout de quelques
mois, ou quelquefois seulement au bout d'un an,
ils ressemblent à leurs parents et présentent tous
les caractères distinctits de leur espèce.
Tous les oiseaux ont le corps, oa du moins la
plus grande partie du corps abritée par des plu-
mes, c'est-à-dire par des productions analogues
aux poils des mammifères, mais d'une structure
beaucoup plus compliquée. Dans une plume on
Fig. 3. l'abeille.
Antennes de distingue en effet un tube corné, ouvert inférieu-
rement et surmonté d'une tige, puis des barbes
'engourdissent l'intelligence et les sensations, qui s'insèrent le longue cette tige et qui sont par-
amènent la somnolence et la céphalalgie (mal de fois elles-mêmes munies de barbules. La plume
tête). nalt dans une sorte de capsule, ayant un bulbe
Les odeurs les plus agréables peuvent d'ail- central; elle grandit, se montre à nu et épanouit
leurs provoquer des accidentslorsqu'elles s'accu- latéralement ses barbes qui étaient d'abord enrou-
mulent dans une atmosphère non renouvelée; lées enfin, au bout d'un certain temps, elle se
elles occasionnent du malaise, des maux de tête, fane, elle tombe, pour faire place à une plume
des nausées, des vomissements, parfois même la nouvelle. Ce phénomène de la mue a lieu à des
syncope et l'asphyxie. époques variables, une ou deux fois par an, mais
Les femmes nerveuses sont spécialement im- n'affecte pas toujours la totalité des plumes; il
pressionnées par les odeurs. On en voit tomber est accompagné d'une sorte de malaise général
en syncope à la seule vue d'une fleur odorante; qui détermine souvent chez l'oiseau la suppression
certains parfums leur causent des attaques de de la voix pendant un certain temps.
nerfs. L'imagination est pour beaucoup dans ces Les plumes varient beaucoup sous le rapport de
effets maladifs. On rapporte qu'une dame qui ne la forme et de la couleur. Quelquefois elles sont
pouvait, disait-elle, souffrir l'odeur de la rose, se réduites, comme dans l'aile des Casoars, à une tige
trouva mal en recevant la visite d'une de ses rigide, à une sorte de piquant, d'autres fois elles
amies qui en portait une à la ceinture, et cepen- ont des barbules flexibles qui ne s'accrochent pas
dant cette fleur néfaste était artificielle. Il y a les unes aux autres, d'autres fois encore elles for-
d'ailleurs, sous ce rapport, « bon nombre d'hom- ment une lame dont toutes les parties adhèrent
mes qui sont femmes », et nous avons connu un gé- solidement. Il y a des plumes d'un blanc pur ou
néral qui entrait en fureur a la vue d'un ananas. d'un noir uniforme, des plumes teintes en rouge,
H ne faut pas confondre l'influence de l'impres- en bleu, en vert, en jaune vif, des plumes aux
sion olfactive avec les accidents d'asphyxie ou reflets métalliques ou irisés. Celles qui forment
d'empoisonnement causés par des substances le bout des ailes et la queue acquièrent en général
odorantes. Celles-ci peuvent, en effet, vicier l'air plus de longueur et de résistance que les autres,
et le rendre irrespirable, ou bien y répandre un et servent à la locomotion; elles sont plus spéciale-
principe vénéneux dont l'absorption produit des ment désignées sous le nom de CMMM, par oppo-
troubles plus ou moins graves, et parfois mortels. sition aux plumesordinaires qut revêtent le reste
Ces notions sommaires suffisent pour indiquer du corps.
l'hygiène de l'odorat. Dans leur charpente osseuse les oiseaux diffè-
On maintiendra dans son Intégrité l'appareil rent notablement des mammifères, mais la plu-
olfactif en évitant, autant que possible, les refroi- part des modificationsqu'ils présentent à cet égard
résultent de la transformation des membres anté- fois même l'un des doigts antérieurs peuvent man-
rieurs en organes de locomotion aérienne. Le quer c'est ce qui arrive par exemple chez l'Au-
sternum, ce grand bouclier osseux qui cloisonne truche d'Afrique. La portion du membre anté-
en avant la cavité thoracique, acquiert en effet, rieure correspondant à la jambe est en partie ca-
chez les oiseaux, un développement exceptionnel, chëf sous les téguments, et des plumes retombent
et est presque toujours (sauf chez les Oiseaux ordinairement sur le talon et même sur le haut
Coureurs) pourvu d'une arête plus ou moins sail- du canon; dans sa portion inférieure le tarso-mé-
lante, d'un bréchet, de chaque côté duquel pren- tatarsien est ordinairement dégarni de plumes, et
nent leur insertion les muscles moteurs du bras. couvert de sortes d'écailles ou de petites plaquer
Sur le bord supérieur de ce bouclier s'appuient accolces; il en est de même des doigts, qui ont
en général. deux arcs-boutants qu'on appelle les plusieurs phalanges et qui se terminent par des
os coracoïdiens parce qu'ils correspondent à l'a- ongles tantôt presque droits, tantôt recourbés en
pophyse coracoide des mammifères. Ces os s'ar- forme de griffes. Chez les oiseaux aquatiques,
ticulent supérieurement avec l'omoplate, avec chez les ~'a/nt!pet~ les doigts antérieurs et
l'humérus et avec la clavicule. Celle-ci constitue, parfois même le doigt postérieur sont unis par
avec l'os correspondant du côté opposé, une sorte des membranes qui transforment le pied en une
d'arc,légèrement élastique, qu'on nomme la four- véritable rame.
chette, et qui a pour but de maintenirl'écartement Les côtes sont rattachées au sternum, non plus
des épaules pendant les mouvements nécessités par de simples cartilages, comme chez les mam-
par le vol: Cet arc, plus ou moins développé et plus mifères, mais par des arcs osseux, et chacune
ou moins évasé, vient parfois rejoindre le sternum, d'elles offre un prolongement, une apophyse qui
mais d'autres fois en reste indépendant. L'humérus vient s'appuyer sur la côte suivante. Les vertèbres
ainsi que le radius et le cubitus, qui lui font suite, de la région dorsale sont généralement soudées et
ne présentent chez les oiseaux rien de particulier, immobiles, afin de donner plus de solidité à la
si ce n'est qu'ils peuvent recevoir dans leur inté- cage thoracique, tandis que les vertèbres cervicales
rieur une certaine quantité d'air, mais la main peuvent jouer l'âne sur l'autre et permettent au
est pour ainsi dire méconnaissable: le carpe cou de s'allonger ou de se raccourcir en se ployant
est très réduit, et le métacarpe consiste en deux en S. Cette disposition est particulièrementfrap-
os, réunis par leurs extrémités seulement, et por- pante chez les Hérons, chez les Cygnes, chez les
tant, sur le côté, un pouce rudimentaire, et à Cormorans, etc. La tête est relativementpetite
l'extrémité un doigt médius à deux phalanges et dans les premiers temps de la vie sa portion crâ-
un petit doigt à une seule phalange. C'est sur nienne présente comme chez les mammifères deux
cette main, profondément modifiée, que prennent frontaux, deux pariétaux, un occipital, deux tem-
leur insertion les plus longues pennes, celles poraux, un sphénoïde et un ethmoide distincts,
qu'on appelle les r~mz'ye~, tandis que d'autres mais tous ces os se soudent de très bonne heure.
pennes moins longues, et nommées pennes secon- La face est formée en majeure partie par les mâ-
daires, viennent s'attacher sur le bras et l'avant- choires, dont l'une, la mâchoire supérieure, est
bras. Les proportions de ces pennes influent na- unie au front, mais conserve presque toujours une
turellement sur la forme de l'aile et par suite sur certaine mobilité, tandis que l'autre, la mâchoire
la puissance du vol. Ainsi chez les Autruches, les inférieure, est suspendue au crâne par l'intermé-
Nandous, les Casoars et les Aptéryx, qui peuvent diaire de l'os tympanaque ou os ca~'t?. Enfin la
courir sur le sol, mais qui sont privés de la faculté tête peut exécuter des mouvements plus étendue
de s'élever dans les airs, et chez les Pingouins, qui que chez les mammifères, car elle repose sur la
se servent de leurs membres antérieurs pour colonne vertébrale par un seul pivot, par un seul
nager, les rémiges sont atrophiées, tandis qu'elles condyle.
acquièrent un développement inusité chez les Les deux mâchoires ou, comme on dit plus
Frégates, oiseaux de mer qui se meuvent dans généralement, les deux mandibules, sont recou-
l'espace avec une rapidité extraordinaire. vertes d'étuis cornés dont l'ensemble constitue le
Les oiseaux, par suite de la transformation de bec. Ces étuis, moulés pour ainsi dire sur les os
leurs membres antérieurs, ne reposent sur le sol sous-jacents, suivent tous les changements de
que par leurs membres postérieurs, ce sont des forme des mandibules, ils s'allongent de manière
animaux bipèdes; ils ont besoin conséquemment à constituer une pince effilée chez les Oiseaux.
d'avoir le bassin solidement soudé àla colonne ver- Mouches, ils s'élargissentdémesurémentchez les
tébrale. Chez eux les os des hanches, les os ilia- Engoulevents, ils s'aplatissent chez les Spatules,
ques, se réunissent avec les vertèbres sacrées et et se raccourcissentau contraire chez les Rapaces
lombaires pour constituer un os unique, mais et chez les Granivores. Leur bord est parfois garni
d'ordinaire les os pubis ne se rejoignent pas an- de lamelles, comme chez les Canards, plus sou-
térieurement, de sorte que la ceinture osseuse vent taillé en biseau tranchant, ou ou bien encore
reste ouverte. La tête du fémur ou de l'os de la dentelé, comme chez les Faucons, les Pies-griè-
cuisse est reçue dans une cavité placée tantôt ches, etc., mais ne sert jamais à la mastication,
vers le milieu de la longueur du bassin, tantôt et ne remplace dans aucun cas les dents des
plus en avant ou plus en arrière, et de ces diffé- mammifères. Le bec est essentiellement un or-
rences de position résultent des différences dans gane de préhension, et quelquefois la langue
la station de l'oiseau; d'autre part le fémur s'ar- court au même but, pouvant être projetée aucon- de-
ticule avec un tibia plus ou moins allongé, sur le hors .grâce à une disposition particulièrede l'os hyoï-
côté duquel est placé un péroné ordinairement de. C'est ainsi que chez les Pics la langue, engluée
ti'fsgr6le;auboutdutibiavientseplaeerunos d'une salive visqueuse, saisir à une certaine
récitant de la fusion de trois baguettes, de trois distance, dans les fentesvade l'écorce, les menus
métacarpiens, qui correspondent à trois doigts insectes dont ces oiseaux font leur nourriture.
antérieurs, et présentant en arrière un autre petit Chez les Perroquets la langue est épaisse et
métacarpien auquel s'attache le pouce ou doigt charnue, et chez les Oiseaux de proie elle est
postérieur. L'os unique formé par la fusion des encore assez molle, mais dans l'immense majorité
métacarpiens porte le nom de <a)'~<' ou de ht~o- des passereaux elle est sèche, triangulaire et ar-
"<«<u?'s:e):;il représente le canon du cheval, et mée de crochets et de dentelures; elle ne peut
c'est bien à tort qu'on le considère comme la guère, par conséquent, être employée comme or-
jambe, c'est en réalité le pied de l'oiseau, et ce gane de gustation. Au-dessous d'elle sont placées
qu'on nomme le genou n'est autre chose que le les glandes salivaires, qui secrètent une humeur
talon. Dans certains cas le doigt postérieur et par- épaisse et gluante.
L'arrière-bouche, confondue en avant avec la peut s'exercer que sur des points extrêmement
bouche, se continue en arrière par t'œsophage restreints la majeure partie du corps est en effet
celui-ci se dilate en une première poche digestive, recouverte de plumes, les lèvres sont cachées
nommée~'a&of. Dans cette poche, qui manque chez sous des étuis cornés et les pattes sont garnies de
tes espèces piscivores, les éléments séjournent plaques et de scutelles. En revanche le sens et la
pendant un certain temps, puis ils passent dans vue est véritablement exquis. Les yeux sont très
le oM<rtf!~e succenturié, véritable estomac dont grands relativement au volume de la tête, et à la
les parois renferment un grand nombre de petites rétine est annexée une membrane plissée en éven-
glandes sécrétant du suc gastrique enfin, après tait et qui, suivant plusieurs naturalistes, aurait
avoir subi certaines modifications, ils tombent pour objet d'augmenter l'étendue de la surface
dans le gésier, poche généralement assez vaste, visuelle. La pupille est ronde, l'iris très contrac-
etdontiesparois sont tantôt membraneuses,tantôt tile,la cornée transparente grande et convexe. la
épaisses et musculaires. Ce dernier mode de sclérotique fortifiée par un cercle de pièces osseu-
structure peut être observé chez les oiseaux gra- ses. Enfin aux deux paupières horizontales se
nivores qui ont besoin de triturer des grainesré- joint, pour protéger l'organe de la vision, une
sistantes, le premier au contraire se rencontre troisième paupière,verticale et semi-transparente.
chez les oiseaux insectivores ou carnivores. L'in- Certains oiseaux qui, lorsqu'ils étaient perdus dans
testin, moins long que chez tes mammifères, se les nues, distinguaient avec facilité de petits ani-
subdivise également en deux portions distinctes, maux cheminant a la surface du sol, voient avec
l'intestin grêle et le gros intesLin, et le point de la môme netteté, lorsqu'ils sont redescendus sur
jonction de ces deux portions est indiqué par l'in- la terre, les objets placés dans leur voisinage
section de deux tubes aveugles, de deux c.BM. immédiat il est donc probable que dans cette
Enfin le gros intestin débouche dans un vestibule, classe de vertébrés l'œil jouit, plus que dans tout
dans un cloaque, à cote de l'oviducte et des ca- autre groupe, de la faculté précieuse de a'accom-
naux urinaires. Le foie est très volumineux chez moder aux distances-
tes oiseaux, et verse ses produits, soit directe- Certaines parties du cerveau qu'on appelle les
ment dans l'intestin, soit dans un réservoir biliaire, lobes optiques acquièrent un développement en
dan< une vésicule du fiel. Le pancréas est assez rapport avec la puissance de la vision et se mon-
développé, la rate assez petite, et les reins, de trent à découvert et en arrière des hémisphères
forme, irrégulière, s'allongent sur la face infé- cérébraux. Ceux-ci sont lisses, dépourvus de cir-
rieure de la voûte du bassin. convolutions et plus ou moins indépendantsl'un
Le sang des oiseaux circule de la mémo façon de l'autre, par suite de l'absence d'un corps cal-
que celui des mammifères, mais it renferme des leux le cervelet est sillonné de plis transversaux,
globules plus nombreux et de forme elliptique, et presque réduit au lobe médian enfin la moelle
et quand il s'est vicié en traversant les diverses épinière, très allongée, présente deux renflements
parties du corps, il peut se trouver en contact correspondant a l'origine des nerfs des membres.
Avec l'air, pour se régénérer, non seulement dans Nous n'avons pas à insister ici sur les facultés
les poumons, mais encore sur un grand nombre de intellectuelles des oiseaux. Chacun sait que ces
points. La respiration chez les oiseaux est double, animaux sont capables non seulement de pourvoir
si l'on peut s'exprimer ainsi les poumons en a leurs propres besoins, mais de trouver la nour-
effet, placés contre les côtes, présentent à leur riture qui convient le mieux à leurs petits, qu'ils
surface inférieure plusieurs ouvertures qui com- construisent, souvent avec un art admirable, des
muniquent avec de grandes cellules membraneuses demeures pour abriter leur progéniture, que cor-
pénétrant jusque dans les interstices des muscles. tains d'entre eux s'associent pour former de vé-
Les dimensions et le nombre de ces cellules et ritables colonies, et que les uns habitent cons-
par suite la quantité d'air distribuée aux diverses tamment les pays qui les ont vus naltre, tandis
parties du corps sont, toutes choses égales d'ail- que d'autres, à l'approche de la mauvaise saison,
leurs, en rapport avec t'énergie des mouvements émigrent vers des climats plus doux.
<}ua l'oiseaudoit exécuter. Souvent même, comme Dans la nature actuelle, on connaît plus do dix
chez les Eperviers et les Albatros, le fluide aérien mille espèces d'oiseaux, qu'il a fallu nécessaire-
pénètre dans tous tes os des membres. ment répartir en un certain nombre de groupes
Gr4ce à cette activité de la respiration, les oi- d'ordre supérieur Mais les naturalistes sont
seaux consomment beaucoup plus d'oxygène que loin d'être d'accord sur les limites qu'il convient
les mammifères, et résistent moins longtemps à d'assigner à ces différents groupes, aux genres, aux
l'asphyxie. Ils produisent aussi beaucoup de cha- familles et aux ordres, et depuis un certain nom-
leur et peuvent étever la température de leur bre d'années la classification des oiseaux a subi
corps jusqu'à 42 ou même 45 degrés centigrades. de nombreux remaniements. Ne pouvant, sans
Beaucoup de volatiles sont doués d'une voix sortir des limites qui nous sont tracées, indiquer
très puissante relativement à leur taille, et cer- tous les changements qui ont été proposés dans
tains d'entre eux sont des virtuoses consommés. ces derniers temps et dont quelques-uns d'ailleurs
En générât tous les oiseaux chanteurs possèdent, ne sont pas universellementadoptés, nous croyons
au-dessous du larynx proprement dit qui ne sert préférable de nous en tenir à l'ancienne classi-
que fort peu à la production des sons, un larynx fication de G. Cuvier. Ce grand naturaliste, em-
inférieur, sorte de tambour osseux, surmonté ployant principalement les caractères fournis par
d'une membrane mince et communiquant avec le bec et les pattes, c'est-à-dire par des organes
deux tubes qui résultent de la terminaison des dont la structure est généralement en rapport
bronches et qui sont pourvues de replis ou de avec le régime, a subdivisé la classe des oiseaux
cordes vocales.L'air en s'échappant entre ces lèvres, en six ordres ~<mace. Passereaux, Grimpeurs,
qui peuvent être plus ou moins tendues, et en fai- Ga~HMe~, Echassaers et Palmipèdes. Chacun de
sant vibrer tes parois du tambour osseux et la ces ordres est dans ce Dictionnaire l'objet d'un
membrane supérieure, munies elles-mêmes de article spécial nous n'avons donc pas à signaler
muscles spéciaux,produit cette succession de sons maintenant les différences qui les séparent mais
jythmés qui constitue le chant de l'oiseau. nous devons constater que les caractères tirés de
En raison de la nature cartilagineuse de la lan- la forme du bec, de la longueur des pattes, de l'in-
gue, le goût est peu développé chez les oiseaux; dépendance des doigts ou de leur réunion au
l'odorat n'est guère plus parfait, malgré la gran- moyen de membranespeuvent souvent induire en
deur souvent considérable des fosses nasales, erreur ainsi pour ne citer qu'un ou deux exem-
l'ouie laisse beaucoup à désirer, et le toucher ne ples, les Serpentaires d'une part, les Autruches et
les Casoars de l'autre, rapportés primitivement les caractères botaniques des autres familles de la
aux Echassiers à cause de leurs tarses allongés, classe des Diospyroïdées
laissés
ne peuvent plus être de vrais dans cette division, 'Fletirshcrma-
les Serpentaires étant Rapaces par l'en- ph. t'édites;
semble de leur organisation et les Autruches mé- étatninesex-
ritant de constituer avec les Nandous, les Casoars trorscs
nombre égal
Aptéryx particulier sous le nom
g~
et les un groupe en
à celui
d'OKeaM Coureurs. De même les Pigeons s'écar- dcsi.besdeta
tent à beaucoup d'égards des Gallinacés et les corollele P BEI.
Perroquets sont supérieurs en organisation aux ou plus nom-
autres Grimpeurs. breuses
[E. Oustalet.] et mêlées de
OLÉINÉES – Botanique,XXVI.- Etym.:
latin Olea, olivier. Définition. Famille de
Du est
u~
Le fruit
slêritp

plantes dicotylédonées angiospermes que l'on


place dans la classe des Uiosp'/fOi~M à côté des Fleurs
Sapotdes, des Ebénacées, des Ilicinées, des Sh/)-a- dt0iques,ët!t-
cëex. Cette classe elle-même appartient au groupe mines
des gamopétales hypogynes; c'est-à-dire que les introrsesen
nombre double
fleurs des ~MMpt/roMee;; ont des pétales soudés mutées
jfOvâ'rc de celui E.ÉN.ci.l.
-EDÉFtiCEM.
en une seule pièce et que leur étant ovaire est libre, tdeslubesde
tous les autres verticilles floraux insérés au- Io..es. jI~coroUeou
dessous de lui. unio- P~s.
A la suite des Oléinées, nous dirons quelques AfAfMft '14 t(CoroHe,3a6i
lobes).
mots des autro< familles de la classe des Diospy- ~ftM~M
roidées car toutes renferment des végétaux uti- Letrmtestucedrupe;\
Calice
lisés par l'homme. gamosé- fleursherm!tphrodites,j
Caractères botaniques. Les végétaux de la pâte; étamines introrses en
famille des Oléinées sont tous des arbres comme corolle 1 nombre égal à ce)ui'uctHt:M.
des lobes de la corolle
le /)'~< ou des arbustes comme le froeiM. Ils Kamupë-
présentent des feuilles opposées, pétiolees, dé- tale (Lobes tie la corolle,
pourvues de stipules; ces feuilles sont simples ayant t S-4-3).
chez l'olivier, le lilas; elles sont découpées, impa- de3aS S
waire a loges pturiovulêes fruit î
ripennées, chez le frêne.
L'inflorescence des Oléinées est généralement
quelquefois
lobes,
charnu, huit à diletamuesin-;
trorses~
(lobes
neurs herïnHphroditest
g~s.
une grappe composée que l'on désigne de la la eorulle, S-4-S-7). ]
sous le nom de <~t'M (~av). Les fleurs présen-
t" un calice mo- Usages des Oléinées.plante
tent, de l'extérieur à l'intérieurparfois
Io Le lilas est cultive
d'ornement. Les
nosépale à quatre divisions si réduites exclusivement comme
corolle Turcs font des tuyaux de pipe avec les jeunes ra-
que le calice semble manquer; 2° une ils retirent la moelle.
gamopétale à quatre lobes plus ou moins pro- meaux dont
fonds chez le frêne commun cette corolle fait dé~ 2° Les frênes sont des arbres élevés qui crois-
faut elle existe au contraire chez le frêne à sent spontanémenten Europe et dans l'Amérique
3< deux étamines insérées sur la co-
septentrionale. Leur bois, à cause de son elasti
manne sert à faire des timons de voiture, des
rolle et alternant avec ses lobes les anthères très cite. des chaises, etc. Le feuillage du /t~(;
développées sont biloculaires et à déhiscence échelles, (Fra~tHM.} excelsior) est la nourriture habi-
élevé
longitudinale; 4" un ovaire libre, supère, à deux tuelle des cantharides, à tel point que vers le
loges qui alternent avec les étamines et dans cha- milieu de juin, l'arbre est entièrement dépouillé
cune desquelles il y a ordinairementdeux ovules frêne été proposée
L'ovaire est surmonté d'un stigmate entier chez de ses succédanée feuilles. L'écorce du a
du quinquina.
le lilas, bifide chez l'olivier il donne un fruit sec comme
ce fruit esl En Sicile et en Calabre, on cultive deux espèces
ou un fruit charnu. Chez l'olivier, frêne, le /<'<2Tt!M ornus et le ~t'MŒtHMS rotu,t-
une drupe, chez le troène c'est s'ouvre une baie; chez de
le lilas, le fruit, sec et déhiscent, à la ma- difolia qui ont la propriété de laisser exsuder
turité en deux valves loculicides; chez le frêne, le spontanément, ou par suite de la piqûre d'une
fruit est sec et indéhiscent; on le nomme samare d'une cigale (Cicada 0)'Kt), une quantité considérable
il est caractérisé par ce fait que l'un des côtés de liqueur sucrée appelée jUa'tKe. Ordinaire-
son péricarpe se prolonge en une aile qui a pour ment, on provoque artificiellement la sortie de la
but de faciliter la dissémination de l'unique graine manne, par des incisions que l'on pratique dans
qu'il renferme. l'écorce de l'arbre, depuis le commencement de
juillet
Beaucoup d'auteurs divisent les Oléinées en qualité supérieure
jusqu'à la fin d'octobre. Mais la manne de
deux sous-familles 1" les Oléinées vraies qui ont juillet est celle qui est recueillie en
Fraxinées dont le fruit est et en août, parce que, séchant au fur et à
un fruit charnu; 2° les mesure qu'elle sort de l'arbre, elle est tout à fait
Mmaroide ou sec et déhiscent. donne le nom de ~f<MMe en larmes, à
Tout à côté des Oléinées se place la famille pure; de on lui
la forme qu'elle affecte. Au contraire, la
des JtM~mees, qui pendant longtemps d'ail- cause qui s'Écoute pendant les mois de septem-
lieurs a été considérée comme une tribu des manne bre et d'octobre est souvent mouillée par la pluie,
Oléinées. coule le long de l'arbre et
LesJasmmées sont des arbustes ou des arbris- elle sèche lentement, étrangères; elle a beaucoup
des matières
seaux souvent volubiles ou grimpants qui diffè- englobe moins de valeur que la première. A l;etat frais,
rent des Otéinées 1° par leurs feuilles souvent elle renferme un
alternes et toujours composées, parfois à une seule la manne est nutritive; mais s'altère rapi-
foliole articulée, le plus souvent à trois, ou cinq, principe immédiat,purgatif. la mannite, qui
et devient C'est à cause de cette
ou sept; 2° par leur corolle gamopétale qui est dement propriété la manne est utilisée en médecine.
rarement à quatre divisions, mais presque toujours que
Le fruit est toujours une Si on dissout la manne dans l'eau et si on la
a cinq ou à six. soumet à une longue ébullition, elle perd sec
baie.
Le tableau suivant suffira pour faire connaîtra qualités purgatives.
3* Les oliviers sont les arbres les plus utiles grands arbres qui appartiennent tous au genre
de cette famille. Ils sont originaires de l'Orient D/o~yvM; il est d'un noir uniforme et d'un grain
et se sont répandus sur tout le rivage de la Mé- très ttn sa dureté est fort grande; ce n'est qu'en
diterranée, où on les cultive exclusivement pour vieillissant que le bois acquiert sa couleur noire;
leur fruit qui est une drupe dont la partie à t'état d'aubier, it est presque blanc; aussi n'est-
charnue renferme une quantité considérable ce que les parties centrales des vieilles tiges que
d'huile. Tout le monde connaît l'huile d'olives l'on emploie dans l'ébénisterie.
on l'obtient en exprimant dans un pressoir les t~'</M des Ilicinées. Les plantes de cette
olives écrasées; du reste le procédé change un famille utilisées par l'homme rentrent toutes dans
peu d'une ville à l'autre. Partout cependant, !e genre Houx. Les /touif renferment un principe
l'huile qu'on obtient à la première expression amer nommé ilicine. Les feuilles du houx vomitif
sert seule à l'alimentation;l'autre est employée (//e.c vomitoria) sont employées en guise d'éméti-
pour la fabrication des savons et pour l'éclairage. que par tes sauvages de l'Amérique septentrionale
L'huile d'olives est souvent falsifiée à l'aide de celles du houx du Paraguay, ou maté, rempla-
l'huile de pavots ou huile d'oeillette. cent le thé de Chine dans t'Amérique du Sud
Un moyen fort simple de reconnaltre la falsi- celles du houx commun (//<KC aquifolium) ont été
fication consiste à remplir à moitié une bouteille usitées comme fébrifuge; on a même proposé
avec l'huile qu'on veut éprouver, et à agiter for- d'employer l'ilicine comme succédané de la qui-
tement, puis à laisser reposer; si l'huile d'olives nine. C'est l'écorco de ce même houx qui donne
est pure, sa surface devient rapidement très lim- la glu des oiseleurs. Le bois du houx est serré,
pide si elle est mêlée d'huile d'oeillette,fùt-ce dur, très solide, et recherché pour l'ébénisterie.
dans la proportion de 0,< seulement, il reste à sa Usnges des Styracées. Deux arbres de cette
surface un certain nombre de bulles d'air; on dit
que l'huile forme chapelet.
famille fournissent des baumes L'<&OM/!<y o/
o?M/ (Styrax e/)!e:7:a&), arbre de la région médi-
Un autre procédé, non moins simple, consiste à terranéenne,qui donne le storax; le .styrax ben-
faire congeler l'huile, en entourant de glace pi- zoin, arbre dos Moluques et des ttes de la Sonde,
lée le vase qui la contient; l'huile d'œiHette sur- qui fournit le benjoin. Ces deux baumes découlent
nagera liquide au-dessus de l'huile d'olives con- des arbres par des incisions que l'on pratique
gelée si le mélange est dans la proportion de dans t'écorce. Chacun d'eux se compose d'une
2 d'huile d'olives pour 1 d'huile d'œillette, il ne résine aromatique unie à une huile volatile et à un
se congélera rien. t acidecristallisable nomméacide benzoique.Le ben-
Dans les environs de Naples, on recueille sur la join est rougeâtre il exhale une odeur de vanille et
surface des troncs d'oliviers une substance rou- d'ambre le storax est blanc jaunâtre son parfum
geàtre plus ou moins transparente qu'on appelle est aussi des plus agréables. [C.-E. Bertrand.1
<yomnte d'olivier et qui se rapproche beaucoup de OMBELLIFÈRES. Botanique, XX. Etym.
la Sureoc~e. Des deux mots latins MM&e~!a, parasot, et terre,
Les olives elles-mêmes sont comestibles; on les porter, c'est-à-dire qui porte des parasols ou om-
cueille avant la maturité, on les fait macérer dans belles, à cause de la forme de l'inflorescence qui
la saumure, et on les mange crues ou cuites. s'appelle ombelle.
Les feuilles de l'olivier et son écorce ont été Définition. Les Ombettifères sont caractéri-
autrefois employées comme médicaments astrin- sées par leur inflorescence, leurs ovules, et leurs
gents, ainsi que les feuilles du troène. glandes résinifëres. On rattache tux Ombellifères
C/i~M des Jasminées. Les plantes de cette les deux petites familles des Cor<~M et des Ara-
famille ne se recommandent que par leur beauté, liacées qui ont avec elles les plus grandes affini-
leur élégance et l'odeur suave de leurs fleurs. tés. La plupart des auteurs regardent les Ombel-
Cette odeur est due à une huile volatile que l'on lifères comme formant un groupe intermédiaire
fixe et que l'on conserve au moyen de l'huile de entre les Gamopétales hypogynes, représentées
Bon. C'est surtout avec les corolles du Jat)K:m par les Sambucinées,etles Dialypétatesépigynes,
Samlac (arbrisseau indien) et celles du Jasmin représentées par les Rosacées.
d'Espagne que se prépare l'essence de jasmin. Caractères botaniques. La graine des Om-
Usages des Sopo< Les arbres de cette fa- bellifères n'est jamais libre; elle demeure tou-
mille sont presque tous utiles à l'homme; les uns jours enfermée dans le péricarpe; elle contient
fournissent des fruits très recherchés: ce sont les un embryon très petit, dicotylédoné, droit,
Lucuma de l'Orénoque,les Sapo~er', les CAr~o- loppé de tous côtés par un albumen cornéenve- très
p/i.y~M (arbres des Antilles), les Bassia et les riche en matières aleuriques. Le tégument de la
/m&t'tca?-ta (arbres de l'Inde). Des graines du Bas- graine tellementaplati contre la paroi du fruit
sia AM<raeM (Inde) et de celles du Bassia Por~ que sonest existence a souvent passé inaperçue.
(Sénégal), on retire par expression une huile La racine des Ombettifères est pivotante, bien
fixe qui se nge promptement et que l'on nomme développée; elle s'enfonce perpendiculairement
beurre de Go~M. Ce beurre est fort usité comme dans le sol chaque pivot porte deux rangées ver-
aliment, et fait l'objet d'un commerce assez ticales diamétralement opposées de racines se-
étendu, dans l'Inde et au Sénégal. D'autres Sapo- condaires. Dans la ciguë vireuse, le pivot reste
tées fournissent des bois de construction que l'on court et se renne en nn tubercule arrondi. Chez
désigne dans le commerce sous les noms de bois le Carum bulbo-castanum, certaines racines
de fer de Cayenne et bois de natte. Enfin de condaires, profondément enfoncées dans le sol, se-
l'Isonandra Gutta, arbre qui croit à Bornéo et se transforment en tubercules. Ces derniers sont
dans les environs de Singapore, s'écoule en abon- comestibles, et dans certaines régions de la France
dance un suc qui n'est autre que la gutta- on les vend sous le nom de truffes blanches. La
percha. Cette substance a la propriété de se ra- racine principale de t'impératoire rampe horizon-
mollir dans l'eau chaude, et de pouvoir prendre talement à peu de distance de la surface du sol.
alors toutes les formes qu'on veut lui donner en Dans le céleri rave, le panais, la carotte, le pivot
se refroidissant, elle se durcit de nouveau et con- se développe énormément sous l'inuuence de la
serve la forme qu'elle a acquise. Elle est d'un culture et se transforme en une masse charnue
usage extrêmement répandu dans l'industrie on comestible. Le pivot des Ombellifères est très
en fait des moules pour la galvanoplastie, des généralement transformé en organe d'hibernation.
manches de fouet, etc., etc. Ce fait est surtout évident chez les Ombellifères
Usages des Ebénacées. Cette famille fournit
l'industrie le bois d'ébène; ce bois provient de
à à végétation bisannuelle et chez les Ombellifères
vivaces.
La tige des ombellifères est ordinairement Les AttALiACÉEs ne diffèrent des ombellifères
herbacée,fistuteuseet assez élancée;cettetige ne que par leurs fleurs en grappes, leurs fruits char-
devient arborescente que chez un très petit nom- nus pluriloculaires et la variété extrême de leur
bre d'ombellifères originaires de la Nouvelle-Ca- port témoin l'Adoxa, qui est une plante humi-
lédonie. La structure de cette tige est très remar- cole, qui vit dans le terreau de nos bois, presque
quable, à cause des faisceaux libériens qu'on entièrement cachée sous les feuilles sèches; le
trouve dispersés au sein de la moelle, et aussi à Lierre, qui est une plante grimpante; et les ~'a/:a,
cause de certains faisceaux secondaires qui peu- qui sont arborescents et que l'on cultive dans les
vent se développer dans la môme région. On voit salons comme plante d'ornement à cause de leur
fréquemment ces productions singulières de la feuillage.
moelle de la tige des ombellifères s'entourer Les C&R~ÉEs, que l'on rapproche des araliacécs
d'une couche subéreuse, en même temps qu'elles et des ombellifères, en diffèrent par les caractè-
subissent une dégénérescence qui les transforme res suivants ce sont des arbres à feuilles entiè-
en tissu glandulaire excrémentitiel. Très fréquem- res, opposées, à fleurs tétramères et à fruit dru-
ment, au point de sortie des faisceaux de la tige pacé, à noyau osseux. Leurs feuilles sont persis-
qui se rendent dans une feuille, on voit ceux-ci tantes comme celles de presque toutes les ara-
prendre une orientation différente de l'orientation liacées.
normale. Usages des Ombellifères. Les ombellifères
Les feuilles des ombeUifères sont embrassan- comprennent un grand nombre d'espèces les unes
tes, pétiolées; leur limbe est très profondément alimentaires, les autres médicinales ou vénéneu-
découpé, excepté dans le genre BMp~e~fMH:. ses. Ces propriétés si différentes sont dues à des
L'inflorescence des ombellifères est une om- principes qui résident en proportions variables
belle composée,excepté dans les genres ~aM~a, dans les feuilles, la racine ou le fruit. Les racines
~cb'oeo<</<e,Didiscus; l'ombelle est transformée contiennent principalement des substances rési-
en capitule dans le genre E~ynyeMm,par suite du neuses les fruits possèdent une huile volatile
raccourcissement considérable des pédicelles flo- les feuilles sont quelquefois aromatiques et condi-
raux. Chacune des parties d'une ombelle composée mentaires, et, d'autres fois, elles renferment un
a reçu le nom d'ombellule. Selon les genres, la principe narcotique âcre. Les plus employées et
base de l'ombelle est nue et dépourvuede feuilles, les plus connues des ombellifères sont
ou bien, au contraire, présente une sorte de colle- Les Férules, qui donnent à la médecine des
rette ou d'involucre; une collerette analogue peut gommes-résines, telles que l'"ssa-/(.B~<Ies~6[-
exister à la base de chaque ombellule; ces invo- pe~tM! on gomme séraplzique, le f/a/AsnM~, le
lucres secondaires portent le nom d'involucelles. /<Me?\ L'M.!<o?iMa vient de Perse c'est une sub-
Les fleurs des ombellifères sont blanches ou jau- stance qui ressemble au benjoin, altéré par l'hu-
nes exceptionnellement, rouges ou bleues. Ces midité et les moisissures: elle répand une odeur
fleurs sont hermaphrodites, plus rarement uni- d'ail très fétide; sa saveur est acre, amère; les
sexuées par avortement. Les fleurs hermaphrodi- Persans la vendent comme un condiment déli-
tes présentent de dehors en dedans f un calice
rudimentaire à cinq divisions très petites, presque
cieux elle est ordonnée par les médecins d'Eu-
rope pour combattre les vapeurs et l'asthme. Les
nulles; 2° une corolle à cinq pétales qui alternent autres gommes-résines que nous avons citées en
avec les divisions du calice; dans la fleur non en- même temps que l'aï.M-/<B<'<possèdent des pro-
core épanouie, chaque pétale est plié en deux priétés analogues
vers sa région moyenne ces pétales sont caducs 2° Le Dorema ammoniacum, qui produit la
et souvent inégaux entre eux, les plus grands yoMtnte amMo?!Me cette gomme-résine est
étant extérieurs; 3° un androcée formé de cinq d'une saveur d'abord sucrée, puis âcre et amère
étamines qui alternent avec les pétales la corolle on l'emploie pour stimuler les fonctions des vis-
et l'androcée sont insérés sur un disque épigyne cères abdominaux et des organes respiratoires
qui couvre le haut de l'ovaire; la déhiscence des 3° Les Ciguës. On désigne sous ce nom un cer-
anthères est longitudinale et marginale, presque tain nombre de plantes très vénéneuses, assez dif-
introrse;4'* un gynécée composé de deux carpelles férentes les unes des autres pour que les bota-
cohérents et d'un ovaire biloculaire. La direction nistes aient crudevoiren faire des genres différents.
des carpelles est telle que l'un d'eux regarde On distingue trois sortes de ciguës fia ciguë aqua-
l'extérieur de l'ombelle, tandis que l'autre en re- tique (C:eM<a!?'Œ fit'o~a); cette plante est caracté-
garde l'intérieur. Chaque loge de l'ovaire des risée par le suc jaunâtre très vénéneux qui s'é-
ombellifères ne contient qu'un ovule très gros, chappe de sa tige et de sa racine lorsqu'on vient à
anatrope, unité~umenté, à nucelle excessivement les couper; 2" la ciguë tachetée ou grande ciguë
petit, tellement que pendant longtemps son exis- (Conium Mf)'CM/s<um) cette dernière espèce res-
tence a été mise en doute. A )a maturité, les deux semble beaucoup à la suivante, à la taille près
carpelles se séparent l'un de l'autre et devien- 3° la petite ciguë (~Et/tï~a cynopium), caracté-
nent deux achaines, qu'on appelle méricarpes; risée par sa tige glauque, striée de lignes rouges,
chacun d'eux reste suspendu au sommet d'une par ses feuilles nncment découpées, d'un vert
sorte de support central nommé columelle, ou sombre, d'une odeur désagréable et suspecte quand
M~o~Aot'e; ce carpophore reste simple comme on les froisse entre les doigts. A côté des Ciguës
danslaSM?:f/rjMc<ey:, ou bien se bifurque de haut viennent se placer )a P/~MeMa! aquatique, l'A-
en bas comme dans le fenouil. che odorante, dont la racine aromatique est em-
La classification des ombellifères est fondée ployée en médecine, à cause de ses propriétés
sur l'ornementation du fruit; celui-ci présente amères et apéritives l'~c/<~ cultivée ou Céleri,
dix côtes saillantesprimaires, qui sont séparées transformé par la culture, qui fournit une racine
l'une de l'autre par des sillons ou 'a/~CM~M; et des feuilles comestibles très en usage dans le
dans l'épaisseur de la paroi du péricarpe, on re- nord de la France;
marque généralement des glandes résinifères que Le Per~< (Pe~t'o~Humsativum) et le Cer-

l'on désigne en botanique descriptive sous le /eM:7(~?:<Ar!'scMScm'e/b~'MM),quisont cultivés dans
nom de M:M~* ou &a~fteM<s. tous les jardins potagers pour l'odeur agréable
Les ombellifères sont divisées en deux tribus: que leurs feuilles, hachées, donnent aux ali-
I~* Les /~c~î-5~~2~~s, caractérisées par leurs ments
graines à face commissurale plane ou convexe; 5" Le Panais (P<7s<MMc<! saliva) et le Sium, pro-
3° Les Curvi-séminées, caractérisées par leurs duisant une racine succulente d'un arome agréa-
graines àface commissuraleconvexe ou canalieutée. ble
6° Les Bunium, certains Cat'MN, l'Aracacha es- En effet, si l'on veut donner du relief à un des-
culenta, qui produisent des tubercules radicaux sin, c'est-à-dire faire paraître certaines parties
souterrains, gorgés d'une substance féculente en creux, d'autres en saillie, on a recours à des
comestible qui leur a valu le surnom de noix effets de lumière et d'ombre. Le principal mérite
de terre. L'~noMt~e safranée présente la même des peintres et des dessinateurs est de rendre
disposition mais ses tubercules oblongs contien- l'illusion complète et de laisser croire à l'existence
nent un suc laiteux jaunissant à l'air et très véné- réelle des saillies et des creux.
neux Pour résoudre quelques problèmes relatifs
'!° Le CarMm Carft, l'Anis (Pimpinella a~MMtn), aux ombres du point, des lignes, des surfaces
qui fournissent,par la macérationde leurs fruits dans et des solides, nous adopterons la convention sui-
l'alcool, des liqueurs aromatiques vendues sous le vante
nom d'annexé. Les fruits du Fenouil (Feniculum La direction des rayons lumineux est celle de
vulgare), de l'Anqélique, du Cumin (Cmnt'MMnt cy- la dtayona~ d'un cube, qui se dirige de haut en
minum), de l'Aneth odorant, sont usités comme bas, dé droite à gauche e! d'avant en arrière, en
condiment. En outre, la tige et les jeunes feuilles supposant le cube appK~M~ contre le plan vertical
d'Angélique, confites dans le sucre, forment un et reposant sur le plan horizontal.
dessert recherché; Ex. la diagonale Sa du cube, flg. 1, est la posi-
8' L'Egopode des goutteuses (~Eyopodt'MtTt poda-
gravia), leCft<AM!<M Man'~MM ou Perce-pierre,
le Pf!tM<~<MMm o/~c:'Ka/e, le Thapsia t't'Ko~a, le
Afy~AM odorat, t'~)/~roco<i/<easiatique et le Co-
f;aHd''MM sativum, fournissant à la médecine des
médicaments stimulants par leurs racines, leurs
feuilles ou leurs fruits. Le Thapsia ot~o~a, en
particulier, possède une racine qui contient une
huile extrêmement active, qu'on emploie quelque-
lois comme succédané de l'huile de croton pour
amener une forte rubéfaction de la peau;
9* La Carotte commune (Daucus carotta), dont
la racine sucrée est comestible. Les fleurs de la
carotte infusées dans l'alcool donnent la liqueur
connue sous le nom d'huile de Vénus qui forme
la base de certaines eaux de toilette.
Usages des AraUaoèes. – Les pousses de I~e!-
wtn~a sont mangées au Japon en guise d'as- F'i?.
perges. tion du rayon lumineux dans l'espace ses pro-
Les Aralies de l'Amérique du Nord sont esti-
mées comme dépuratives et sudoriflques. On em- jections sont sa, s'a, sur les deux plans; elles font
ploie, en cette qualité, les rhizomes de l'Aralie 45° avec la ligne de terre mais la diagonale elle-
MMefiMM~ l'écorce de l'~ra~ épineuse et la ra. même fait nn angle de 35°16' avec chacune de ses
cine de l'Aralte en <;)'appM. projections, parce qu'elle est l'hypoténuse d'un
Les feuilles du Lierre sont aromatiques. Leur trianglerectangle qui a pour cotes de l'angle droit
matière verte dissoute dans l'axonge sert au pan- une arête du cube et la diagonale d'une face
sement des ulcères. de ce cube. Le rayon lumineux ainsi adopté
La racine de Ginseng (Panax quinquefolium) a sera le rayon à 45' et l'angle de 3{)* 16' sera l'an-
eu, au siècle de Louis XIV, une telle renommée, gle (pM).
Cela posé, soient une source lumineuseS, 6g. 2,
que les ambassadeurs siamois en avaient apporté
en présent au grand roi elle ne poussait qu'en
Chine et se vendait trois fois son poids d'argent.
Mais, un peu plus tard, on la trouva dans l'Amé-
rique du Nord et particulièrementau Canada; elle
perdit dès tors la plus grande partie de sa valeur;
on l'emploie encore en pharmacie comme médi-
cament sudoriflque et excitant.
Usages des Cornées. Le bois des cornées est
d'une très grande dureté l'écorce des Cornouil-
/pr< est amère et astringente on l'administredans
l'Amérique du Nord comme succédané de la qui-
nine. Les drupes du Cornus mas ont une saveur
légèrement acide et astringente la graine du Cor-
~MM~'r sanguin contient une huile fine propre à
l'éclairage et a la fabrication du savon.
Le Benthamiaporte-fraiseest un arbrisseau du
Népaul et du Japon dont les fruits offrentl'aspect
d'une fraise et possèdent une saveur agréable. Fi g. 2.
Dans les cornées, on peut encore citer l'Au-
cuba. arbrisseau originaire du Japon, que l'on qui envoie des rayons dans tous les sens, et un
cultive généralement dans les jardins d'Europe point matériel A, c'est-à-dire un solide qui a un
comme plante d'ornement à cause de ses feuilles volume Infiniment petit. Ce point intercepte un
coriaces, panachëes et persistantes, et de ses fruits rayon lumineux et produit une ligne d'ombre qui,
d'un très beau rouge vif. théoriquement,doit se prolonger à l'infini.
[C.-E. Bertrand.] Soit un plan situé à une certaine distance du
OMBRES (V. Géométrie descriptive et Lavis). point A. La ligne d'ombre produite par A ren-
Une des applications les plus intéressantes de la contre le plan en a on dit que a est l'ombre por-
géométrie descriptive consiste à déterminer les tée par A ~Mr plan.
ombres qui existent sur les cdrps mis en projec- Cs problème simple nous indique la méthode
tion et celles qui sont portées par ces corps sur générale pour trouver l'ombre portée par un point,
les plans de projection ou sur d'autres corps. et, par suite, par une figure quelconque sur tea
pl~ns de projection <<M fait pas.!e;' par le point sur le plan horizontal dans ce cas, l'ombre forme
donné un rayon lumineux et l'on détermine la
trace de ce rayon sur le premier plan qu'il ren-
contre, soit l'horizontal, soit le vertical.
Pour bien faire comprendre ce qui suit, nous
devons donner la règle employée pour trouver les
traces d'une droite.
Pour avoir la trace horizontale d'une droite,
c'est-à-direlep oint où elle rencontre le plan hori-
zontal, OMDfOtOnyg~<!pfO;CC<!0?! verticale jusqu'à
/a Hy~e <M terre et l'on élève une perpendicu-
laire à cette ligne de terre ~'M~~M~ la rencontre
de la projection horizontale.
Je même, pour avoir la trace verticale d'une
droite, on p?'o<OM<ye la projection horizontale jus-
qu'à la ligne de terre et l'on élève une perpendi-

un coude sur la ligne de terre. Ainsi, la droite ab,


&'&'(fig. 9), porte ombre suivant une ligne coudée
qui va du point a,; au point &A. On a détermine les

culaire à cette ligne de terre jusqu'à la rcncom~'c


de la pro/ec<!9y: verticale.

Ex. <A et et fig. 4, sont les traces de deux traces horizontales ah et <~ des rayons lumi-
t1f, 6g. 3
deux droites quelconques de l'espace. neux et on les a réunies par une droite en ayant
Soit donc un point matériel aa' (6g. 5), dont on soin de s'arrêter à la ligne de terre pour remonter
vers la trace verticale Ce.
Voici d'autres positions d'une droite
L'ombre portée par une droite verticale est une
ligne à 45' sur le plan horizontal et une perpen-
diculaire à la ligne de terre sur le plan vertical.
Ex. fig. 10.
L'ombre portée par une perpendiculaire au plan
vertical est une ligne à 45' sur le plan vertical et

veut trouver l'ombre portée sur les plans de pro-


jection.
Lerayontumineuxa46°,passantparlepoint
aa', a sa trace horizontale au point ah, qui est l'om-
bre demandée.
Si l'on veut l'ombre portée par le point M' perpendiculaire à la ligne de terre sur le plan
(fig. 6), on la trouve sur le plan vertical au point une
horizontal. Ex. :ng.)t.
< L'ombre portée
Soit maintenant une droite Ma~M~e ab, a'b' plans de projectionspar une parallèle aux deux
est
(fig. 7), dont on veut avoir l'ombre portée sur les de terre, égale à la ligne deune parallèle à la ligne
l'espace. Ex. fig. t2.
plans de projection. Si nous passons maintenant à l'ombre portée
Le rayon lumineux passant par aa' sa trace par une surface plane quelconque,
horizontale en ah, et celui passant par aM', nous n'aurons
en qu'à déterminer l'ombre portée par son périmè-
l'ombre cherchée est la ligne an bh. tre, lequel est composé de lignes droites ou do
La figure 8 donne l'ombre portée par une droite lignes courbes. Nous trouverons des ~DpUcations
sur le plan vertical. nombreuses de cette question dans l'étude des
Il arrive souvent qu'une partie d'une droite
corps solides; qu'il nous suffise en ce moment de
porte ombre sur le plan vertical et l'autre partie dire qu'une surface plane quelconque parallèle à
propre, et leurs traces sur le plan P forment la
sur ce plan une ligne
an des plans dé projection porte l'autre
ombre égale à elle-même, et, sur plan, une d'ombre portée.
ombre qui est cette surface déformée. Citons, à l'appui de ce qui précède, un certain
Ainsi un rectangle. un hexagone régulier, un nombre d'applications.
cercle, etc., parallèles ao ptan horizontal, portent 1' Ombres d'un cube.
respectivement ombre sur ce plan suivant un rec-
tangle égal, un hexagone ég~l, un cercle égal, etc., Soit un cube placé sur le plan horizontal, à
parallélo- une assez grande distance du plan vertical
et, sur te plan vertical, suivant unellipse,
pour
horizontal
etc. avoir l'ombre tout entière sur ce plan
gramme, nn hexagone irrégulier, une parallèles (ag.H).
Résultat inverse si ces figures sont
Tel qu'il est placé, le cube n'a pas d'ombre pro-
au plan vertical. maintenant des
Occupont-nous corps solides.
~l

Soient une source de lumière et un corps pre visible en projection, parce que la face d'a-
S
opaqueA(6g.13). vant, qui est seule vue en projection verticale, et
Les rayons lumineux qui partent de S enve- la face supérieure, qui est seule vue en projection
loppent le corps opaque en formant un cône qui horizontale, sont éclairées. Quant à l'ombre portée,
trase ce corps opaque suivant une courbe appelée on sait d'avance qu'elle se composera d'un carré
la ligne de séparation d'ombre et de lumière, ou c&tC~t égal à la face abcd, et de deuxlignes a 45°,
simptement la ligne d'ombre propre, de manière A&t et <Mtt qui sont les ombres des deux arêtes
que toute la surface du corps située à gauche de verticales b, o'&" et a,a'a".
la courbe est éclairée, et que toute la surface située Rapprochons maintenant le même cube du plan
à droite est dans l'ombre.
Soit un plan P situé à droite du corps opaque.
Les rayons lumineux, après avoir touché le
corps, viennent rencontrer ce plan et y forment
une courbe appelée la ligne d ombre portée, de
manière que toute la surface comprise dans cette
courbe est dans l'ombre et que toute la partie du
plan située hors de la courbe est éclairée.
Supposons que la source lumineuse s'éloi~aa à
l'infini le c6ne lumineux précédent devient un
cylindre qui enveloppe également le corps et y
détermine une ligne d'ombre propre, différente de
la première; il donne aussi, sur le plan P, une
courbe d'ombre portée, plus petite que la pre-
mière. Dans le premier cas, on a une ombre au
/!t)MteaM sur le plan P, et dans te second, une
ombre au soleil.
A la rigueur, on pourrait dire que le soleil, qui
n'est pas à une distance Infiniedes corps, produit
un cône d'ombre au lieu d'un cylindre; mais l'er-
est convenu d'admet-
reur est insensible et l'onparattètes.
tre que ses rayons sont C'est l'om-
bre au soleil qui est presque exclusivement em-
ployée dans le dessin géométrique.
Dans l'un et l'autre cas, on peut, dès mainte-
nant, indiquer une méthode génura)e pour trouver
les ombres propre et portée d'un corps de forme vertical de manière à avoir de l'ombre sur les deux
quelconque on fait passer des plans par la
source lumineuse, ou parallèlement aux rayons
plans de projection (Sg 15).
Nous construisons le contour précèdent t~c,
lumineux, plans qui coupent le corps A et le plan comme si le plan vertical nexistait pas, puis
P on mène à chaque courbe d'intersection des nous relevons t'ombre a partir de la ligne de
terre pour venir passer par les traces verticales
tangentes paraHèles aux rayons lumineux, que
l'on prolonge jusqu'au plan P. Les points de con- (f- et c't des rayons lumineux. Une partie de l'om-
tact de ces tangentes forment la ligne d'ombre bre est cachée par le cube lui-même.
Si nous plaçons le cube contre le plan ~erti- Faisons
Faiso passer un rayon lumineux par le som-
cal fng. 16), nous obtenons le triangle rectangle met de
d< la pyramide et déterminons ses traces
isocete &&,& pour le contour de l'ombre portée. M et joignons ensuite d sh et /tSA. Nous voyons

s"
Enfin, si nous plaçons le cube à une hauteur
suffisante pour avoir l'ombre tout entière sur le

immédiatement que les arêtes latérales c~ et


de la pyramide sont les séparatrices d'ombre et

plan vertical, nous obtenons la fig. H, analogue a


la fig. 14.
~OM~Md~H~M~
Soit un prisme hexagonal droit reposant sur le
plan horizontal (fig. 18).
On voit immédiatement qu'il y a trois faces
latérales qui sont éclairées, ainsi que la base
supérieure, et qu'il y a trois faces latérales dans
l'ombre. Parmi ces dernières il n'y en a qu'une
seule qui soit visible sur le plan vertical et qui
donne l'ombre propre e~M~rz~Hc.
Le rayon lumineux rase le prisme suivant
l'arête verticale projetée au point c. puis suivant
les arêtes horizontales cd, c'd'; de, d'~ ef, e'f', et
enfin suivant t'arete verticale projetée au point f.
L'arête verticale projetée en e donne une ligne
d'ombre à 45'* jusqu'à la ligne de terre, puis une
verticale jusqu'en c' les arêtes projetées hori-
zontalement en cd, de et e/' portent ombre sur le
plan vertical respectivement suivant les lignes
c')d't,d'tf't et e']/~i; enfin, la verticale projetée
en f donne une ombre terminée au point f i, ana-
logue à celle portée par l'arête projetée en c.
Il faut remarquer qu'une portion de l'ombre por-
tée sur le plan vertical est cachée par l'élévation
même du solide.
3''OM&)'Md"M?:e'py)'aM!o!< de lumière, c'est-à-dire que les quatre faces situées
Soit une pyramide octogonale régulière repo- à gauche de ces arêtes sont éclairées, tandis que
sant sur le plan horizontal (fig. 19). les autres sont dans l'ombre. En élévation, une
seule de ces facee est visible. Voilà pour l'ombre rige d'abord vers le pointa, puis, arrivée à la ligne
propre. de terre, se relevé an points..
L'ombre portée par la pyramide tout entière sur Il. faut remarquer que les deux génëratnces de
tes plans de projection est limitée par l'ombre séparation d'ombre et de lumière, ~c et sd, sont
portée par ces mêmes arêtes ds et hs; elle se dirige les lignes de contact de deux plans tangents for-
d'abord vers )e point puis se relève, à partir de. més par des rayons lumineux rasant le cône. Les
la ligne de terre, vers le point sv. traces de ces plans forment les limites de l'ombre
4° Ombres d'un cylindre.
Soit un cylindre droit reposant sur le plan hori-
zontal (fig. XO).
Les rayons lumineux rasent le cylindre suivant

F!g.!0. Fig.3).
IM deux génératrices verticales c,c'e" et <f,d'd", portée, et leur intersection
précisément le
et suivant la demi-circonférence cbd. Les deux rayon lumineux passant par leestsommet du cône.,
génératrices en question sont les lignes de sépa- Soit maintenant un cône a ~5° situé sur le plan
ration d'ombre et de lumière elles déterminent horizontal (fig. 22).
l'ombre propre du cylindre. La rayon lumineux passant par le som met a sa
Pour trouver l'ombre portée, il suffit de se rap- trace horizontale Si l'on mène, de ce point,
peler que la base supérieure du cylindre porte deux tangentes àenlaM.base du cône,
ombre, sur le plan horizontat, suivant un cercle on obtient
égal, dont le centre est en Ot, et sur le plan verti-
cal, suivant une ellipse qu'il est facile de déter-
miner par points on au moyen de deux diamètres
conjugués, qui sont les ombres portées par deux
diamètres perpendiculaires de la base supérieure
du cylindre.
Ainsi, la génératrice ec'c" porte ombre suivant
la ligne ce, à 45" l'arc horizontal projeté en ce
porte ombre suivant un arc égal et parallèle
l'arc projeté en ebd porte ombre suivant c~ l'arc
d'ellipse e, &< la génératrice <M'd" porte om-
bre suivant la ligne brisée d/*e!'t.
&" OM&fMd'M'icdne.
Considérons successivement des cônes droits a
:2" 1/ï, à 45° et 6?° )/2, c'est-à-dire des cônes
dont les génératrices font des angles de t/4, 1/2 et
S/4 d'angle droit avec l'axe.
Soit un cône à 32* 1/2 situé sur le plan horizon-
tal (6g. 2<). Fig. 22. Fif~.M.
Menons un rayon lumineux par le sommet du l'ombre portée suivant le contour cs~ 6 l'ombre
cône; déterminons ses traces et par le propre est comprise entre tes génératrices sb et
point sh, menons deux tangentes à la base du cône se, et l'on voit que cette ombre propre est entière-
et traçons les génératrices ~c', et srl, s'd' ment invisible en élévation.
nous avons immédiatement l'ombre propre et Soit enfin un cône à 6T 1/2 (ag. 23).
l'ombre portée du cône. La première est limitée Si l'on mène un rayon lumineux par !e sommet
par les deux génératrices en question, dont une du cône, it se trouve tout entier dans l'intérieur
seule est visible en élévation; la seconde se di- du cône, de sorte qu'on ne peut pas mener do
tangente par la trace horizontale <t, ce qui prouveL,T); le cercle de contact se projette suivant
que le cône n'a ni ombre propre ni ombre portée. la droite a;t'A)',pprpendicu).iireàs'jO').Laprojec-
tion horizontale de ce cercle est l'ellipse a c <'
e°0m&r~de/<p~~e.. c'est la ligne de séparation d'ombre et de lumière
Soit une sphère oo' reposant sur le plan hori-sur le plan horizental.
zonta!(Sg.S4). En opérant sur le plan vertical comme sur la
Cette sphère est Inscrite dans un cylindreplan horizontal, on obtiendra une ellipse identi-
que à la précédente.
j* L'ombre portée sur le plan horizontal est la
trace, sur ce plan, du cylindre circonscrit à la
sphère c'est une ellipse dont le petit axe esi,
égal au diamètre! de la sphère, et dont le grand
axe est mn == m'jm;
Du ressauf des ombres.
Nous allons terminer cette étude par une ap-

formé par les rayons lumineux, qui la rasant sui-


vant un grand cercle dont le plan est perpendi-
culaire à leur propre direction. On sait, d'ailleurs,
que ces rayons lumineux sont inclinés & t'aagte :f
de 35° 16' sur le plan horizontal.
Pour bien voir la position du cylindre en ques-
tion, prenons une nouvelle ligne de terre L, T;,
parallèle <o. Sur le nouveau plan vertical, la
sphère se projette en o'; les rayons lumineux,
suivant la direction ~'i0 faisant i'angle <p avec

Fig. 26.
plication fréquente de, ombres, principalement
dans les dessins d'architecture.
Lorsqu'un corps porte ombre sur plusieurs
plans parallèles. ou plus généralement encore sur
plusieurs surfaces, cylindres, cônes, etc., placées
les unes devant les autres, l'ombre passe de l'une
à l'autre de ces surfaces en se rapprochant ou en
s'éloignant du corps qui porte ombre et en chan-
geant de forme suivant la nature des surfaces.
Ces mouvements constituentce que l'on nomme
le ressaut des ombres. On dit que l'ombre res-
sauto d'un corps sur un autre.
Soient, par exemple, ab, a'&' les projections de
l'arête horizontale d'un larmier, et une série de
plans verticaux indiqués en projection horizontale
(fig. 25'.
L'ombre de l'arête est une ligne horizontale sur
chacun de ces plans verticaux, parallèles et éche- mettre ce rapprochement si désirabte de l'objet du
tonnés lorsqu'ils s'éloignent de t",2'°,3", t'ombre côté de la lentittej; tout en nous le faisant voir ou
descend ou ressaute de )'°,2'3"; lorsqu'ils se plutôt en plaçant son image à la distance de la
rapprochent, an contraire, t'ombre s'élève; donc la vision distincte.
ligne brisée en projection horizontale, prise à Les deux conditions voulues pour une vision
partir de ah, se reproduit exactement en projec- nette sont donc ainsi réalisées clarté suffisante,
tion verticale à partir de a'b' ponr limiter l'ombre parce que l'objet est très voisin de t'œit, et en
il suffit de faire un calque. même temps transport de son image à 25 ou 30
Il faut ajouter à cette ombre portée par l'arête centimètres, afin que celle-ci puisse se former avec
du larmier l'ombre de chaque plan vertical sur netteté sur le réseau rétinien.
celui qui vient après et qui est situé en arrière. En somme, l'effet produit par l'interposition
Ainsi l'arête verticale ccle" du premier plan porte de la loupe, représente pour nous comme un
ombre sur le second suivant la verticale CtCjC"t. grossissement de l'objet. Aussi dit-on habituelle-
Soit encore proposé de trouver l'ombre portée ment, pour rendre 1 impression produite telle
par l'arête horizontale d'un larmier sur une série loupe grossit trois fois en diamètre. telle autre
de moulures verticales, dont la forme est indiquée cinq fois. La figure 1 nous permettra d'expliquer
en projection horizontale (fig. 26). simplement, par la marche des rayons lumineux
En raisonnantcomme dans l'exemple précédent, dans le verre convergent, l'effet signaié. La len-
on voit que, pour avoir l'ombre portée par l'arête tille M est d'un court foyer, un centimètre par
ah, a'&' sur la série des moulures, il suffit de exemple; l'objet de petite dimension ab est placé
décalquer, à partir de ab, le profil donné en pro- entre le foyer principal de la lentille et la len-
jection horizontale et de le reporter sur le plan tille elfe-même il se trouve donc, en réafité, à
vertical, à partir de a'b'. Il faut ajouter, en outre. un très petit nombre de millimètres de distance de
les ombres portées par les moulures les unes sur FœilK.SHa lentille n'existait pas, il est bien clair
les autres en se servant de rayons à 45* menés que cet objet ab (dont nous exagérons volontaire-
tangentiellement à chaque moulure sur le plan ment ici tes dimensions pour rendre la figure in-
horizontal. telligible), placé trop près de la pupille, ne nous
On obtiendrait de la même manière l'ombre donnerait de lui-même qu'une image confuse.
portée par une ligne verticale sur des moulures Mais, grâce à la loupe, les rayons tels que a M
horizontales. [A. Bougueret.] qu'il envoie sont déviés de leur direction lorsqu'ils
OPTIQUE (Instruments d'). Physique, XXXII. passent de l'air dans un milieu plus réfringent, le
Les instruments d'optique sont formés, tantôt verre, ils sont rendus convergents et viennent
par des groupements de lentilles (c!:o;~f:~Me), pénétrer dans l'oeil dans une direction telle que
tantôt par des combinaisons de miroirs et de len- KM, exactement dans les mêmes conditions que
tilles (ca/afhop/ft~ue). Tout ce que nous allons s'ils partaient de A, point de concours de leurs
dire sur la théorie et l'emploi de ces instruments prolongementsrespectifs. L'œil verra donc l'extr é-
suppose donc chez le lecteur une connaissance des mité supérieure du petit objet non point en a,
lois et faits principaux se rapportantà la réQexion où elle se trouve réellement, mais bien en A. Il
et à la réfraction de la lumière. suffira alors de porter, par voie de tâtonnement,la
Nous étudierons d'abord les instruments les lentille à une distance convenable de ab ou d'ef-
plus simples, ceux qui n'exigent que l'emploi fectuer ce que l'on appelle la mise au potM<, pour
d'une seule lentille /uMpc, chambre notre, cham- que KA soit précisément égate à la distance de la
bre claire. Nous passerons ensuite à l'examenvision distincte de l'observateur. La même ex-
des appareils plus complexes 1° résultant de plication se rapporte aux rayons émanés de et
l'assemblage de plusieurs lentilles microscope finalement l'oeil apercevra, à la distance de 25
composé, /Mtte«e<M~'OMomt~M, lunette <?rfM<fC, ou 30 centimètres, l'image du très petit corps ab,
lunette de Galilée 2° obtenus par des combi- situé pourtant très près de sa pupille il verra
naisons de lentilles et de miroirs télescope afc donc ce dernier nettement et de plus il le verra
Newton, de Foucault. amplifié; car AB et ab sont des lignes paral!èles
I. LocpE. – Quand un objet n'a que de très interceptéespar les côtés d'un même angle AOB
nPtitaa otmeMtons,
petites rlimwnainna etAB est plus loin du

nous le voyons mal, sommet 0 que ab.


s'il est placé à une Le grossissement sera
distance de I'œilëga)et <;gata~.ua~H
âb Co:
à la distance de la vi- à ou
à II
sion distincte (25 ou B
30 centimètres pour
tes vues ordinaires),
tt sera d'autant plus fort
pour un même obser-
vateurquecoseraplu~
parce qu'il nous en- M faible et par suite que
voie trop peu de lu- la lentille aura un plus
rnlère et que la sensi- court foyer.
bilité de la rétine est, Fig. i. Loupe. Voilà une théorie
nous le savons, fort tout à fait élémentaire
limitée. Si, pour mieux l'apercevoir, le
nous rappro- de la loupe. Si l'on veut maintenant une explication
chons de la pupille, une plus grande quantité de la plus complëte.i! faut se reporter à ce qui est
lumière qu'il diffuse pénètre, il est vrai, dans les dit (article ~i~r~eh'oK) sur la marche de la lumière
milieuxde l'oeil; mais les rayons qu'il émet se pré- dans les verres convergents.
sentent alors avec un degré de divergence trop pro- Puisque, par hypothèse, ab est à une distance
noncé et son image ne se forme plus par suite sur la de M plus petite que la distance focale principale
rétine elle-même;elle devientvague,maldéterminée de la lentille; l'image que celle-ci doit fournir est
et finalementles détails de l'objet nous échappent virtuelle, droite, située du même côté de la len-
complètement. Ainsi, le phyUoxera de la vigne, qui tille que l'objet et plus grande que lui. On ob-
n'a qu'un tiers de millimètre environ dans sa tiendra alors facilement par une construction géo-
plus grande longueur, nous parait, à l'œil nu, métrique l'image du point a. A cet effet, on mè-
comme un grain de poussière informe; nous ne nera par ce dernier point une ligne qui ira passer
distinguons ni ses pattes, ni ses antennes, etc. La par le centre optique 0, on la prolongera de part
loupe, qui n'est qu'une simple lentille conver- et d'autre de a et de 0. L'image de a sera nêces.
gente de verre, a précisément pour but de per- sairement, nous le savons, sur l'axe secondaire au
En second lieu on considérera, parmi les rayons court foyer est enchâssée dans un anneau métal-
lumineux qui partent du point a, celui qui est lique qui, en s'évasant vers le haut, permet à l'œi)
parallèle à l'axe principal soit aM; ce rayon, à de l'expérimentateurde trouver un point d'appui
son émergence, ira passer par le foyer principal résistant pendantla durée de l'observation. Le sup-
de la lentille en F, et alors l'image de a sera port de cette loupe est mobile à l'aide d'une cré-
nécessairement au point de concours A des rayons maillère que l'on fait mouvoirdans le sens vertical
tels que Oa et MF qui, à leur sortie de la loupe, a l'aide du bouton V. Cette disposition rend facile
viendront traverser la pupille. Même construc- la mise au point; car, pendant que la loupe se dé-
tion pour l'image de /) et pour chacun des autres place, l'objet a étudier demeure fixe sur le porte-
points appartenant à l'objet "A. objet C. La loupe seule est mobile et peut être
Quant au grossissementde la loupe, nous avons placée à telle distance de l'objet qu'il plaît à
l'observateurd'obtenir. Enfin, un miroir concave
déj~ vu que–, était égal a –, ou~ en prenant M, qu'on peut faire tourner autour d'un axe, per-
les notations ordinaires (V. Réfraction), égal à met de concentrer sur l'objet, en l'y accumulant,
la lumière des nuées ou celle d'une lampe placée
Mais, dans le cas du foyer virtuel des lentilles dans le voisinage de l'appareil.
Le petit instrument que nous venons de dd-
convergentes, on a entre p et?' la relation crire sert constamment au botaniste et à l'ento-
1 1 mologiste. Une loupe simple ou une biloupe logée
f dans un petit étui de corne est aujourd'hui d'un
prix très abordable pour tout le monde. Chaque
d'où:
p' p'+yf instituteur doit avoir la sienne elle lui sera d'une
grande utilité soit pour sa propre instruction,
p f soit pour faire bien comprendre aux enfants de
Remplaçant' son école la constitution de la fleur, de la graine,
par sa valeur dans l'expression l'organisation des insectes, etc. Il n'y a pas
du grossissement, on a de leçons de choses, il n'y a pas d'explications re-
latives aux questions élémentaires d'histoirenatu-
AB_p'+/-f relle à la plus facile intelligence desquelles la
a& ––7– loupe ne puisse concourir utilement.
Or, p' ou CO = KC KO. D'autrepart, KC, c'est II. CHAMBRENOIRE. Une lentille convergente est
la distance de la vision distincte de l'observateur, enchâssée dans le trou du volet d'une chambre her-
métiquement close de toute part, en vue d'empêcher
nous l'appellerons D KO c'est la distance de l'œil la pénétration accidentelle de la lumière extérieure.
ala lentille, nous la nommerons l; on aura donc: Nous
savons que, dans ces conditions, un objet
P' = D 1 éclairé placé en dehors de la chambre sur l'axe de
et finalement ladite lentille et à une distance de cette dernière
plu, grande que la distance focale principale, vien-
AB_DJ_ l dra former dans l'intérieur de la chambre, sur un
<~ f écran convenablement placé, son image récite et
Mais y – ne renversée. Quand, à la suite de tâtonnements
représente qu'un très petit nom- convenables,l'écran
bre de millimètres, 3 ou 4 au plus; ce nombre aura été mis au point, l'image
en question sera d'une netteté parfaite, et un des-
est négligeable en présence de D, qui en repré- sinateur pourra avec un crayon tracer sur l'écran
sente de 250 à 300 et alors on a simplement lescontours de l'objet avec la même exactitude que
AB D s'il s'agissait du calque d'un dessin ordinaire. Le fait
a6"7f s'explique sans difficulté,en partant de la théorie des
lentilles convergentes (V. ~!e/ac/:OM); repré-
valeur à laquelle nous étions arrivés plus haut sentant la distance de l'objet à la lentille, et étant
par des considérations élémentaires. supposé plus grand que f, longueur focale de celle-
Ce qu'il faut retenir de tout ceci, c'est que pour ci,
on a pour la distance p' de l'image réelle à la
avoir un fort grossissement il faut recourir à une
loupe d'un très court foyer, ou, ce qui est la même lentille p' = =
–'–
une £ C'est précisé-
même chose, lentille dont les faces présen-
tent une grande courbure. Or, quand la courbure
1-_ p
est grande on ne peut utiliser pour la forma- ment à cette distance p' qu'il faut placer l'écran
aesimages que pour que l'image obtenue possède toute la netteté
tion ~.oClirY\I"o.
f;
rayons inci- désirable.
les
dents qui s'Écar- De plus, le rapport de grandeur de l'image et de
tent peu de l'axe l'objet étant donné, dans ce cas, par l'expression
principal; les au- –'–? voit que, si p est plus petit que 2
tres produiraientP-f, on
une déformation l'image est plus grande que l'objet; si = f,
considérable de l'i- mage et l'objet ont les mêmes dimensions et enfin,
l'i-
mage. L'élimina- si p est plus grand que 2 f, l'image devient plus
tion nécessaire de petite que l'objet et d'autant plus petite que p a
ces derniers rayons une plus grande valeur. Dans le premier cas, c'est-
produit un affai- à-dire quand le corps éclairé est placé entre le
blissement notable foyer principal de la lentille et le double de la
dans la clarté de longueur focale, ce corps est donc amplifié il se
l'image, affaiblis- montre grossi sur l'écran. L'instrument qui réa-
sement qui peut lise cette condition porte, suivant sa destination,

1
être tel que les dé- te nom de mégascope ou celui de lanterne ma-
tails de l'objet ne ~!OM<
soient piuspercep- L'a~pftrM~ à projection, si utilisé aujourd'hui
tibles. Pour
"IU.lt: ~~uur obvier dans les cours scientifiques, n'est qu'une variété
à cet inconvénient on a recours un éclairement de la lanterne magique. L'objet ou la photogra-
artificiel de I'objetaétudier(ng.'?). La loupe/à phie dont l'image agrandie doit être projetée sur
un écran est, en effet, placé entre le foyer prin- dite du nouvel appareil est constituée par une
cipal d'une lentille convergente et le double de caisse paraltélipipédique en bois, dont une moitié
M longueur focale; seulement, pour que l'image N est fixe et l'autre M mobile. La paroi postérieure
dont it s'agit, et qui se trouve amplinée par la de la caisse porte un écran en verre dépoli et à
lentille, soit visibledans ses moindres défaits pour coulisse C, sur lequel viendra se peindre l'image
tout un auditoire, on a le soin de concentrer, à des objets extérieurs. Cela dit, le mode d'em-
l'aide d'un miroir concave ou d'une boule de ploi du daguerréotype s'explique de tui-meme.
verre, une masse énorme de lamière sur l'objet On dirige le tube AB vers l'objet à reproduire. Par
en question. La lumière utilisée à cet effet est un mouvement progressif, en avant ou en arrière
fournie soit par une lampe à gaz oxhydrique, soit suivant les cas, de la caisse mobile M, on amène
par une simple lampe à pétrole renfermée dans l'écran à la position voulue derrière la lentille pour
une sorte de lanterne sourde. que l'imagede l'objet s'y reproduiseavecnetteté,et
Dans le troisième MB, alors que l'objet est au on achève enfin la mise au point très exactement
delà du double de la longueur focale, l'image pré- en faisant tourner le bouton V. Il n'y a plus alors
sente une réduction de l'objet, mais sans que, qu'à substituer au verre dépoli l'écran sensibilisé,
pour cela, ce dernier se trouve déformé elle est sur lequel l'image laisse désormais une trace
d'autant plus petite que le corps s'éloigne davan- durable, pour que la reproduction fidèle de l'objet
tage de la lentille. C'est dans l'appareil nommé puisse s'opérer dans de bonnes conditions. Nous
Majore .nn~n
,JI'Hy~A""D notre ~loc
~M <
dessinateurs et dans le
daguerréot,ypeque ce
troisième cas est réa-
lisé.
Toutefois, dans la
chambre noire des
dessinateurs.on n'em-
ploie pas une lentille
véritable, mais bien
un prisme qui est l'é-
quivalent d'une len-
tille. Ce prisme (Hg.
3) a une face anté-
rieure convexe. C'est
par elle que pénètrent
dans le verre les
rayons lumineux émis
par l'objet; puis une
face inférieure con-
cave par laquelle
émergent les mêmes
rayons. En passant de
tapremièrefaceata
,n"rn
seconde, ils trouvent sur teur route "nn surface
une an.f"3l~.Q
plane convenablement inclinée pour s'opposer
à leur sortie et qui fait fonction de miroir plan.
C'est, on le voit, le phénomène de la réflexion
totale de la lumière à la surface de séparation de
deux milieux inégalement réfringent!) qui est ici
utilisé. En tout cas, l'ensemble des deux faces con-
vexe et concave produit sur la lumière le même
effet qu'un ménisque convergent, et une image
réella des objetséteignes vient se peindre en A sur Fi~.4.–Daguerréotype.
un écran disposé pour la recevoir. Qu'on imagine
alors le prisme-lentille avec sa garniture formant n< avons pas insister davantage sur ce point, les
la partie centrale et culminante d'une sorte de détails
( opératoires relatifs à la sensibilisation da
tente dont il figurera comme la cheminée; qu'on 1la plaque, à la durée de la pose, à la fixation de l'i

se représente ensuite le dessinateur assis sous ta )]mage sont donnés a l'article Photographie.
tente et entouré complètement d'un rideau d'étoffe III. CHAMBRE CLAIRE. La chambre claire a la
noire pour faire chambre obscure qu'on le suppose même
m6ma
< destination
ayant devant lui, en A, une table posée sur le sol que
( la chambre
qui lui permette de dessiner commodément l'i- noire mais elle est
1beaucoup plus em-
mage projetée sous ses yeux, et l'on comprendra
ce qu est au juste la chambre noire du dessina- ployée aujourd'hui
teur. L'artiste pourra aisément tracer avec la que cette dernière.
plus parfaite exactitude sur une feuille de pa- Depuis que la pho-
pier les contours du paysage ou du monument tographieaaccom-
vers lesquels il aura dirigé la face convexe du phies grands pro-
prisme. grès que tout le
Le daguerréotype, qui est devenu la chambre monde peut appré-
noire usuelle des photographes, conduit par unnoire ne sert plus
moyen différent à un résultat semblable. Cette fois,
cier, la chambre
c'est une véritable lentille convergente L (fig. 4) pour ainsi dire aux
ou plutôt une lentille double LE, qui est em-
ployée. Elle est placée dans un tube de cuivre
BL que l'on peut faire mouvoir parallèlement à
son axe à l'aide d'un pignon V et d'une crémail-
tère et cela, le long d'un tube fixe A qui s'em-
dessinateurs. Ceux-
ci ont recours, de
nrfiMrencf't'in!)-
préférence,arma-
trumentdeDagu.er-
r.–u~
re. La chambre claire a été conservée pour la topo-
boite dans BL. La chambre noire proprement graphie elle permet, en campagne et sans recou-
rir à une installation gênante, d'effectuer, avec Dans sa plus grande simplicité, te microscope
quelque rigueur, des levers de plan. Le colonel est constitué par une lenHHe convergente 6
du génie Laussedat a perfectionné, dans ces der- (fig. 6), dite oA/<'c<t/ qui
niers temps, ce petit instrument, et en a fort ingé- doit fournir, des tres pe-
nieusement régularisé l'emploi. Nous nous borne- tits objets a à examiner,
rons ici à indiquer le principe de la chambre claire. une image cd réelle ren-
Un prisme quadrangulairede verre, dont la sec- versée et agrandie c'est
tion droite ABCD est représentée dans la fig. 5, di- dire que l'objet sera
rige vers l'œil de l'opérateur, placé au-dessus de la placé entre le foyerprin-
lentille 1 et de l'arête D, les rayons lumineux prove- cipal de la lentille objec-
nant de l'objet à étudier. Ces rayons tombent d'a- tive et le double de la
bord sur la face AB du prisme dans une direction longueur locale. Cette
telle que L; ils subissent deux fois, après avoir image réelle est ensuite
pénétré dans le verre, une réflexion totale, d'abord grossie par une seconde
sur la face BC, puis sur la face CD finalement ils lentille B, par une vraie
arrivent dans 1 œil et lui font percevoir l'image des loupe, dite oculaire, qui
objets comme le ferait un simple miroir convena- la transforme en une
blement disposé. L'œil, placé de façon à ce que sa image virtuelle CD por-
pupille soit divisée en deux parties égales par le tée à la distance de la
vertical qui contient l'arête D, projette ins- vision distincte de l'opé-
.t plan
tinctivement cette image sur une feuille de papier rateur. La lentille & est
blanc posée en E sur une table et éprouve la même désignée sous le nom
impression que si elle y existait réellement. L'opé- d'objectif, parce qu'elle
rateur peut donc avec son crayon en dessiner tous est placée du côté de
les contours. Seulement, la grande difficulté, c'é- l'objet; la lentille B est
tait l'adaptation de l'œil à la fois à la vision d'ob- appelée oculaire parce
jets éloignés, ceux dont l'image est fournie par le qu'elle est tournée vers
prisme, et à la vision nette d'un objet distant de t'œil.Oncomprend.sans
Ho centimètres, à savoir le crayon que manie le qu'il soit nécessaire d'y
dessinateur. On a résolu la difficulté par l'emploi insister, que l'objectif et
d'une lentille 1 convenablement ajustée et que tra- l'oculaire devront être
versent avant d'arriver à l'œlt les seuls rayons portés par des tubes de
venant de l'objet éloigné. Leur point de concours métal s'emboîtant l'un
est ramené par cette lentille au point E, et l'œil dans l'autre, et permet-
peut alors voir en même temps et très distincte- tant de faire varier la
ment l'image qui se projette sur le papier et la distance des deux lentil- Fig. 6. – Microscope com-
pointe du crayon qui y trace des lignes. les. De plus la distance posé.
Les angles dièdres du prisme quadrangulaire du porte-objet a au mi-
employé ont les valeurs suivantes: croscope
croscooe lui-même
lui-même pourra changer au gré de l'o-
A = 90",0 pérateur, afin de réaliser la mise au point et d'ob-
B= 6~,5 tenir le maximum de netteté.
C=:t3;.°.0 Cette simple description et la marche des rayons
D~ 67°,5 lumineux indiquée dans la figure 6 permettent de
v
Ir comprendre tout de suite qu'il se produit ici un
On prouve, à l'aide de considérations géomé- double grossissement de l'objet.
triques très simples, que dans ces conditions, tout En premier lieu, par la lentille b. L'objet étant
rayon incident qui pénètre dans le prisme par la placé entre le foyer principal et le double de la
face AB en émerge par la face AD, en prenant distance principale, on sait (V. Réfracrion) que
finalement une direction exactement perpendicu- le rapport de grandeur de l'image et de l'objet est
laire à sa direction initiale. Ainsi, si le rayon –L–
incident L est horizontal, le rayon émergent qui égal à expression dans laquelle /'représente
P-f
lui correspond est vertical. Les deux réfractions la distance focale principale de l'objectif
que le rayon subit en traversant le prisme se distance de l'objet à l'objectif. Orp étant parphy-
et la
compensent exactement, ettoutsepassefinalement, pothèse < 2 et ~> f; f est nécessairement
au point de vue de la déviation totale, comme si la plus grand que p et par conséquent l'image
lumière avait traversé un milieu à faces parallèles. plus grande l'objet. Elle est d'autant plus
IV. MicRoscopE COMPOSÉ. Quel est le premier est grande que jp a une
que
valeur plus voisine de celle
inventeur du microscope? Cette question de prio- de f. Donc l'objet et par suite le porte-objet a
rité est demeurée fort incertaine. Les uns en attri- seront toujours dans le microscope placés très
buent la découverte à un Hollandais. Zacharie Jan- près de l'objectif, attendu
que la longueur focale
sen, d'autres en tont honneur au naturaliste Leu- de ce dernier est toujours très courte. En se-
wcnhoeck, son compatriote. Ce qu'il y a de positif, cond lieu, l'image réelle cd donne l'objectif
c'est que le microscopecomposé date de la fin du sei- que
zième siècle ou des premières années du dix-sep- se transforme en image virtuelle CD par le fait de
tième. Ce qu'il y a d'incontestable aussi, c'est que, la loupe B; l'on a donc, comme nous l'avons
dans son état premier et à raison des images peu vu plus haut, pour le nouveau grossissement
nettes et par trop irisées sur leurs bords qu'il four- 7/ “,f~ D étant la distance de la vision dis-
CD =
nissait, cet instrumentn'avait au point de vue scien-
tifique qu'une médiocre importance. Euler, le pre- tincte de l'observateur et la longueur focale de
mier, en )769, démontra la possibilité de le rendre l'oculaire.
achromatique, et c'est la réalisation pratique en On a par suite d'une part, par le fait de l'ob-

cd
1916 par Fraunhofer de l'idée d'Euler qui a fait du jectif
microscope un de nos meilleurs instruments de Cf~ y
l'objetp–
recherches. Amici de Modène, Pritchard et Ross en grandeur de
Angleterre, Charles Chevalier, Lerebours, Ober-
h-tuser et Nacbet en France ont ensuite porté l'ins- d'autre part, par le fait de l'oculaire
trument,par des modifications successives, au degré CD on grandeur finale de l'image D
de perfectionque nous lui connaissons aujourd'hui. y
En multipliantces deux égalités membre à mem- tbles, il ne faut guère dépasser un grossissement
bre', cd disparalt comme facteur commun et l'on (de 500 qui correspond en réalité à une étendue
erandeur de Fimase
-––––“ esuperficielle égale à 250,000 fois cette de l'objet.
arrive à ce résultat final grandeur de lobjet ou 1Pour des études d'histoire naturelle dans une
école
E normale primaire, par exemple, des grossis-
grossissement = -–L– sements de )0, 20, 30, 50 fois en diamètre sont
suffisants. Ce qu'il faut demander avant
On en conclut que pour un même microscope toujours microscope, c'est de donner des images
t
tout au
le grossissement dépend à la fois de la distance, 1bien éclairées,
nettes dans leurs contours et nettes
de la vision distincte de celui qui l'emploie et, en aussi quand elles correspondent à des couches
outre, de la distance p de l'objet à la lentille ob- tun peu profondes de l'objet. Cette dernière
a
jective. qua-
1lité constitue le pouvoir <M~?!<<t'<t<toM du micros-
On mesure habituellement ce grossissement
ccope. On n'en parle assez, et c'est elle pour-
par une expérience directe. Sur le porte-objet a ttant qui permet de pas fournir les appréciations les
est posé un micromètre divisé en centièmes de mil- plus sûres sur la forme et la constitution des
timètre. C'est une lame de verre à la surface de Jttrès petits objets l'on
laquelle on a tracé au diamant des traits opaques, que a observer.
à
Les
distants l'un de l'autre d'un centième de milli- n'ttants. En usages du microscope sont des plus impor-
mètre. On met l'œil à l'oculaire la distancemême chimie, ii permet une étude exacte et
une
des traits parait plus grande. Si, pour l'obser- qui quelquefois séparation des cristaux les plus ténus
mêlent et se confondent dans
valeur, elle est par exemple égale à nn milli- q même dépôt, se si de les examiner
mètre, on en conclut que le grossissement a pour un on se contente
à l'oeil nu; ii donne des indications exactes sur la
Il
valeur K~O. Dans le cas qui nous occupe, la me- constitution des liquides animaux
sure du grossissement revient donc ceci déter- c
à sang, urine,
miner en millimètres et fractions de millimètre etc.,
e sur les divers ferments qui interviennent
quelle est la grandeur apparente de l'image vir- ppour modifier les substances organiques. Il est
i.
l'instrument favori du médecin et du naturaliste
tuelle fournie par l'oculaire. JI suffit pour résou-
dre pratiquement ce problème de munir l'ocu- jqui ne peuvent pénétrer sans lui dans la profon-
ddeur des tissus vivants quand il s'agit d'étudierleur
laire d'une petite chambre claire (V. plus haut) constitution normale ou de constater leur altération.
et de projeter l'image grossie du micromètre que c
donne le microscopesur une règle graduée en mil- rIl sert dans l'industriepour reconnaîtreles fraudes
limètres et que l'on a placée juste a la distance de eet aussi pour guider le fabricant qui a souvent
intérêt à estimer avec précision la finesse des
il
la vision distincte. Si l'image de l'intervalle cor llaines, des soies qui lui sont livrées et qui, s'il n'y
respondant à deux divisions consécutives du mi- p
cromètre recouvre exactement un millimètre et âprend garde, peut être victime de mélanges frau-
demi de la règle graduée, ou bien deux millimè- duteux, non reconnaissables à l'oeil nu.
V. LUNETTE ASTMNOMQnE. – L'histoire de l'in-
tres de cette règle, on en conclut que le grossis- vvention de la lunette astronomique est envelop-
sement est, dans le premier cas, de 150 en dia- pée de nuages comme le sont presque toujours
p
mètre et de 200 dans le second. Cette détermina- rles premiers faits qui se rapportent aux gran-
tion, on le voit, est des plus faciles. des découvertes. La légende se mêle infaillible-
Le microscope ramené au degré de simplicité ment, dans ce cas, à la réalité, et il devient bien
que nous venons d'indiquerconstitueraitun mau-
D
d
difficile, à deux cents ans de distance, de saisir
vais instrument les images qu'il fourniraitseraient exactitude la part de vérité qu'il serait inté-
mat dénnies, mal arrêtées leurs bords présente- avec
a
raient des irisations désagréables. Une bonne ob- ressant
r et juste de mettre en évidence. C'est,
irnous dit la légende, le fils d'un fabricant de
servation serait impossible avec un appareil aussi lunettes de Middlebourg qui fut conduit, par un
défeetueui. heureux hasard, à placer des lentilles de verre
On a rendu le microscope achromatique en in- d
dans des positions relatives telles que leur grou-
troduisant,entrel'objectifet l'oculaire,une troisième pement
p constitua la lunette d'approche. Galilée
lentille, dite lentille de champ, qui ramène sur la aurait
a eu connaissance du résultat obtenu en
surface d'un même cône, dont le sommet est à la 1Hollande il se serait aussitôt mis à l'œuvre et il
pupille, les différentes couleurs simples que les n'aurait
D pas tardé à découvrir la lunette qui porte
premières réfractions avaient séparées (V. Lu- sson nom. Elle est formée essentiellement par la
mière, p. 1223). Alors, toutes ces couleurs se combinaisond'une lentille biconvexe servant d'ob
superposant pour l'oeil de l'observateur lui don- j c
jectif avec une lentille biconcaveplacée à une dis
nent la sensation de la lumière blanche; les irisa- ttance convenable de la première et servant d'ocu
tiens disparaissent complètement. laire. Ce qu'on peut affirmer, en tout cas, c'est
II
On est même allé plus loin depuis823 on achro- que dès 1609 le célèbre astronome italien dont
q
matise à la fois l'oculaire et l'objectif. Grâce aux nnous parlons était en possession d'une lunette
travaux persévérants des physiciens et des cens- d'approche
d qu'il venait de construire et à l'aide de
tructeurs que nous avons nommés plus haut, le laquelle
). il put faire dans le ciel de curieuses
microscope est devenu un excellent instrument, oobservations. Le plus fort grossissement qu'il
un appareil de précision qu'on peut M procurer eemploya était égal à 52. Peu après Galilée, Kepler
aujourd'hui à un prix très modéré, rremplaça la lentille biconcave de l'oculaire par
Quand l'objet à étudier est transparent, on l'é- uune lentille biconvexe. Kepler est donc véritable-
claire fortement en dessous, eu dirigeant sur lui la nment le premier auteur de la lunette astronomique
lumière des nuées concentrée par un miroir con- telle que nous la construisons aujourd'hui.
ti
cave quand il est opaque, on l'éclairé par dessus à La lunette astronomique étant destinée, commo
l'aide d'une lentille convergente convenablement sson nom l'indique, à observer de la terre les astres
disposée. On a construit des microscopes dont qqui peuplent le firmament, a par là même sa len
le grossissement dépasse 2,000 en diamètre. C'est tille objective placée à une immense distance de
ti
une folie l'image perd alors en clarté et en net- l'l'objet à observer. L'image réelle de cet olCet
tête ce qu'elle gagne en surface on ne voit viendra
v donc se former en avant de ladite lenttli
plus aucun détail de l'objet d'une façon distincte, et
e tout près de son foyer principal elle sera de'
tout est nuageux, et c'est alors que, l'imagination plus
p renversée et innmment plus petite que l'ob-
aidant, on peut, tout a~ son aise, faire du roman en jet. Si l'on dispose alors, sur le trajet des rayons
j<
histoire naturelle et substituer la fantaisie à la qui
q ont déjà donné naissance a l'image aérienne,
réalité. Pour se placer dans des conditions favora- uun oculaire convergent, de telle façon que l'image
réelle en question se trouve placée entre le foyer cette même circonférence de rayonaurait pour
principal de la lentille oculaire et cette lentiHe expression F étant la longueur focale de l'ob-
elle-même, l'image de l'astre sera vue en réalité
à travers une loupe, elle sera par suite amplifiée,
conservera sa situation première, renversée comme jectif. Donc le rapport –– ou le grossissement
elle l'était d'abord, et l'image virtuelle que don- °–
nera cet oculaire pourra sans peine être portée à sera représenté par divise par-p, c'est-à-dire
la distance de la vision
iau~aucuueittvj v:
distincte de l'observateur. – F
La figure 7 par On
indique la voit donc
marche des que le gros-
rayons lu- sissement
mineux.Ces de la lunet-
rayons émis te astrono-
parles diao- mique sera
rents points d'autantplus
de l'objet fortquel'ob-
AB que nous jectif sera
supposons à plus long
située une foyer et t'ocu
très grande laire à plus
distance,
t,o,.no"r
traversent
l'objectif et vont former en ba une image réelle et j Ni la lunette
vv.J
court foyer
de Galilée, ni celle de Kepler
u-
acquis l'importance qu'elles ont
renversée. Ils continuentleur marche, traversent n'auraient n jamais
achro-
l'oculaire pour arriver à t'œil et prennent à leur a~ aujourd'hui, sans la découverte de l'objectifanglais,
matique. Elle est due à un célèbre opticien
sortie de l'oculaire des directions telles que leurs n- Dollond, qui la fit connaltre vers le milieu du dix-
prolongements vont se couper en B'A' pour con- D
aperce- huitième
h siècle. Dans les lunettes d'approche
stituer l'image virtuelle que l'observateurlui suf- primitives, les bords de l'image présentaient,
vra à la distance deobtenirsa vision distincte. Il dépla- p
dans le cas du microscope primitif, des
fira, en effet, pour ce résultat, de comme
c
d'autant plus prononcées que le gros-
cer lentement le tube de l'oculaire, dans un sens irisations il
eût fallu forcé-
à effectuer, par t&ton- sissement était plus fort il donc
ou dans l'autre, de manièredans chaque cas.
s
ment restreindre ledit grossissement et s en tenir
nement, la mise au point n
à de faibles instruments. Dollond eut l'idée d'ac-
Dans ces conditions, la longueur totale de lat coler &
une lentille con-
lunette sera sensiblement égale à la somme des c pour former son objectif lentille divergente de
vergente de crown une à
longueurs focales de l'objectif et de l'oculaire. v
En choisissant convenablement les courbures
Dans la lunette de Galilée, l'oculaire était, fiflint. des deux verres et en tenant compte en même
par une lentille biconcave,
d
nous l'avons dit, formé leurs indices de réfraction
mais dans ce cas, ledit oculaire devait être place,ftemps
des valeurs de
t sontnotablementdin'érentes.iiparvintadétruire
qui
pour jouer le rôlelors de loupe, entre ba et l'objectif c
la longueur de la lunette étaitt la l dispersion sans supprimer la réfraction.
Celle-ci
lui-même et dès n'était que diminuéeparle groupement crown et du
seulement égale à la différencedes deux longueurs Idu flint. On avait donc toujours dans l'objectif ainsi
focales. De plus, dans la lunette astronomiquet constitué t demeurait
ordinaire, l'image est renversée par rapport a c un système lenticulaire q-~i c'est là le
mais qui, en même temps, et
l'objet, ce qui n'offre aucun inconvénient, quand1 convergent, <
point essentiel, éliminait dans les imagestoute colo-
observe un astre tandis que, dans la lunette
on accidentelle. En réalité, la découverte de
de Galilée, l'image est droite comme l'objet lui- ration l'objectif ac/M'OMM<M<' a été le plus grand pro~
même.
Le grossissement s'évalue facilement par a dans en la grès optique instrumentalequi ait été accompli
le dix-huitième siècle. Sans exagérer la lon-
théorie. On appelle ici grossissement le rapport .t
on a pu des lors obtenir des
de l'angle sous lequel l'objet est vu directement ,t gueur de la lunette,
d'aucunn grossissements considérables, et suffisante. conserver en
par l'observateur, sans l'interposition images une clarté
instrument, à l'angle sous lequel il est vu à même Cette
temps aux
clarté, on le comprend aisément, dépend
travers la lunette. En nommant et qui sont0 0' les centres .s
de l'objectif; aussi, s'est-on efforcé
optiques de l'objectif et de l'oculaire, ne tt du diamètred'obtenir de larges disques de crown et
indiqués sur la figure, mais que le lecteur ir avant tout
pas
représentera facilement, le grossissement it de flint bien homogènes, dépourvus de stries et de
se bulles. Par leur association, ces disques convena-
B; blement taillés pouvaient seuls donner de bons
qui est la même chose, ob-
sera égal à ou, ce industriel suisse,
jectifs achromatiques. C'est un
M'a M. Guinand, qui a rendu par l'excellente fabri-
c0&' cation des deux sortes de verre le plus grand ser-
Or, si les deux angles dont il s'agit avaient, l'un vice à la science.
et l'autre, leur sommet au centre dune même cir-
r- L'oculaire a été à son tour perfectionne. Au lieu
conférence, leur rapport serait égal au rapport M de l'oculaire simple formé d'un seul verre, on em-
des
arcs compris entre leurs côtés, et comme ici es ploie assez souvent un système de deux lentilles,
les
angles sont très petits, on peut prendre au lieu du se compensant l'une l'autre,de au point de vue de
rapport des arcs le rapport des cordes qui les sou- 1- l'aberration de sphéricité et l'aberrationde ré-
tiennent. frangibilité. L'un des oculaires doubles le plus
Cherchons donc la valeur de ce dernier rap-P' souvent utilisés dans ce but est celui de Ramsden,
port. Soit décrite de 0' comme centre une dit oculaire post< il il est formé de deux verres
circonférence de rayon 1 sur cette circonférence, s. plan-convexes dont les faces convexes se regar
l'arc compris entre les côtés de l'angle &0'a pour- dent.
nt à La lunette astronomique ne sert pas seulement
rait être considéré comme égal à -~r, en nommant l'observation des corps célestes; elle sert en-
)t, core, et cet autre usage a de l'importance, à la me-
f la longueur focale de l'oculaire. Pareillement, répétiteur, le théodolite,
l'arc compris entre les côtés de l'angle a06 sur ur sure des angles. Lecercle
le cathétomètre portent une ou plusieurs lunettes tapose deM lunettes pareiUes, ditesjumelles, pour
dont les déplacements sur des limbes gradues rendre plus commode pour l'observateur la vision
permettent d'évaluer les distances angulaires de des objets peu éloignes, vision qui se fait alors
deux points donnés. H fallait seulement, pour que sans aucune gêne par les deux yeux à la fois.
cette mesure eût quelque exactitude, établir dans VIII. TÉLESCOPE DE NEWTON. Les télescopes,
la lunette une ligne à points de repère fixes qui tdont la destination est la même que celle des lu-
guidât sûrement l'observateur quand il dirige- 1nettes, sont constitués par un système de miroirs
rait l'instrument vers un point déterminé. Cette Eet de lentilles. L'objectif y est représente par un
ligne porte le nom d'axe optique; elle est fixée, imiroir concave, l'oculaire par une sorte de micros-
quant à sa position, par deux points invaria- ccope. Gregory, Newton, Cassegrain et Herschell
bles 1° le centre optique de l'objectif 2* le cont construit des appareils télescopiques offrant
point de croisement de deux Sis se coupant à cchacun une disposition spéciale, et qui portent
angle droit, point de croisement que l'on met tou- 1leur nom. Le principe théorique est le même
jours an foyer de l'oculaire. L'énsemble des pour
t,ous l'agencement des miroirs et des lentilles est
deux fils adaptés ainsi à la lunette constitue sseul différent Nous nous bornerons ici à décrire
réticule. Ce réticule est placé en avant de i'o-
.1.1. a.a"
le
GLtyWYC. VO 1041G
culaire de Ramsden
et en est, par t)
bjrlevament le télescope de Newton, en signalant
–toutefois toutefois le perfec-
Derfec-
tionnement de pre-
même, rendu indé- mier ordre que Fou-
pendant. Vise-t-on cault a introduit
un point de laterre? dans sa construc-
La ligne droite qui tion.
joint ce point à son Un miroir conca-
image va passer né- ve M(Hg.S)est
cessairement par le placé au fond d'un
centre optique de long tube de métal;
la lentille objective. t'aM de ce miroir
Si donc, dam cha- coïncide sensible-
que observation, on ment avec l'axe géo-
fait mouvoir cette métrique du cylin-
lunette jusque ce dre que le tube con-
que Fima~edu point stitue. Quand on
extérieur colncide

u
dirige le télescope
avec la croisée des vers un point du
0)s du réticule, on ciel, les rayons lu-
sera sûr que la )t- Fig.8.–Lmetteterrestre. minejux émanes de
cne
6uv nnmm~a aY~ ce point arrivent
optique et qui estQ.A'O
invariable de position dans la rallèles entre eux et parallèles à l'axe principalpa- du
lunette ira rencontrer le point examiné. miroir. Ils iraient donc converger, après réOexion.
VI. LUNETTETERRESTRE. La lunette astronomi- à son foyer principal sensiblement placé au mi-
que, avons-nous dit plus haut, donne des images lieu du rayon de courbure mais avant que leur
renversées des objets; son emploi serait donc h)rt croisement ne s'effectue, les rayons re&ëchis sont
incommode pour l'observation des objets terres- interceptéspar miroir plan m incliné de 45" sur
tres. On l'a rendue propre à ce dernier usage en l'axe, lequel les un rejettelatéralement vers la lentille
intercalant entre l'objectif et l'oculaire un système oculaire. L'image ab obtenue est ensuite trans-
de deux lentilles convergentes dont la position et formée par l'oculaire image virtuelle
la distance mnt catcuiés de façon & produire en une
agrandie que l'observateurpeut examiner tout à
redressement de l'image que donne l'objectif, un
cela, avant qu'elle n'aille se former au foyer de
)'ocu)aire. La flgure 8 donne la marche des rayons
I
il
et l'aise, lorsque, par la mise au point de l'oculaire,
l'a portée à la distance de la vision distincte.
Au miroir plan on substitue souvent un pris-
lumineux dans ce nouveau cas. 0" et 0" sont les me de verre à m,
d:
réflexion totale, prisme de très

F
ao. m.uee
deux lentilles petite
.,nNr.. dimen-
suppiémentai sion qui rem-
res 0' est la piit l'office du
< lentille oculaire miroir plan, et
ordinaire ta dans de meil-
représente l'i- leures condi-
mage réelle et tions que lui.
renversée for- Le grossisse-
mée oar l'objec- ment du téles-
tif. Cette image copealamême
est redressee expression que
par les deux celui de la lu-
verres 0'~ et 0"' nette astrono-
et vient se for- mique. Sous sa
mer droite en forme la plus
a'6'd'oùt'œii Fij;.9.–TétM<Mpa de Newton. simple, il est
l'apelçoit vir-
méfie e.
".en~
VII.
~a:,
et agrandie en ti
A
LUNETTEDE GAULÉE. -La lunette de Galilée, le rapport
représenté par
dans lequel F est la longueur
Yua

dont il a été plusieurs fois question dans ce qui pré- focale principale du miroir
cède, a, nous le savons, une lentille divergente, bi- l'ocuiairasupposé simple. concave et f celle de
concave d'ordinaire, pour oculaire; elle présente Le miroir du télescope était, jusqù'!t Foucault,
l'avantage de donner directement l'image droite creusé dans l'épaisseur d'une masse métallique,
des objets, mais elle necomporte pas un grossisse- de bronze formé de plusieurs métaux que
sorte
ment aussi considérable que la lunette astronomi- l'on mélangeait dans des proportions déterminées
que. On ne l'emploie guère aujourd'hui que comme au moment de leur fusion. L'alliage dont il s'agit
lunette de spectacle. Habituellement même, onjux- était composé en moyenne de 67
p. 100 de cuivre
et de 33 d'étain un disque obtenu par la voie)mis t en œuvre en Angleterre pour l'étamage des gla-
du moulage, à la suite dela fusion préalable de ces.Il l'abandonna plus tard pour lui substituer celui
l'allège, présentait, à l'une de ses faces, une d'un < de ses éièves,M.A.Martin,procédéqui est fondé
courbure à peu près sphérique. Puis, par une sur la propriété que possèdent les solutions des
usure progressive exécutée à la main, on achevait!sels d'argent de se réduire à froid en présence des
de donner à la surface concave assez grossière alcalis sous l'action du sucre interverti. Le miroir
que le moulage avait fournie la forme et le poli le de verre plongé dans une liqueur de ce genre se
plus parfait qu'il était possible d'obtenir. En tout recouvre ] uniformément d'une couche d'argent
cas, le miroir en question avait toujours malheu- poli, couche tellement mince qu'elle demeure
reusement un poids considérable. Celui que con- translucide.
struisit Lord Ross, et dont le diamètre dépassait Cette lame si ténue d'argent qui revêt le miroir
1",30, ne pesait pas moins de ;i,800 kilogrammes. de verre a un pouvoir réflecteur de 0,92 environ,
Ajoutez à ce poids celui du tube et des pièces an- tandis que le pouvoir réflecteur du métal des mi-
nexes, et vous arrivez à un chiffre total de plus de roirs ne dépasse pas 0,64. Ainsi, ce n'est pas seu-
10,000 kilogrammes. Cette lourde machine était, lement au point de vue de la netteté des images,
on le comprend, d'un maniement des plus difn- mais encore au point de vue de leur clarté, que
ciles et l'emploi en était forcément très limité. Le le télescope de Foucault l'emporte de beaucoup
télescope d'Herschell, que le célèbre astronome sur ceux de Newton et d'Herscheli.
anglais avait construit lui-même et dont il avait Quant à l'agencement optique du miroir et de
travaillé le miroir de ses propres mains, était l'oculaire, Foucault a adopté le mode suivi par
moins lourd, il est vrai, que celui de Lord Ross,Newton, mais en perfectionnant encore l'instru-
mais il fallait encore recourir à des cabestans ment dans cette autre direction. [A. Boutan.]
pour le mouvoir. OR. Chimie, XX. historique. Les qua-
Si, en dehors de cet inconvénient si grave du lités remarquables de l'or ont fait rechercher de
poids énorme de l'instrument, on tient compte de bonne heure ce métal, dont la valeur se trouve
cette autre circonstance plus importante encore, augmentée par la rareté.
à savoir l'impossibilité où l'on est de travailler C'était l'Inde, l'Afrique, l'Arabie, la Macédoine,
convenablement une surface métallique quelle la Thrace, l'Espagne, l'Italie, etc., qui fournis-
qu'elle soit si l'on sait que les miroirs d'Herschell saient l'or aux peuples anciens. On en fit d'abord
et de Lord Ross présentaient, par suite, aux diffé- des vases, des ustensiles, des statues, etc.
rents points de leur surface, des inégalités nota- L'or fut employé de très bonne heure comme
bles dans la courbure, inégalités qui étaient beau- monnaie, c'est-à-dire qu'il servit à représenter la
coup de leur netteté aux images, on se rendra valeur des objets et qu'il facilita les échanges ou
compte sans peine du progrès considérable que le commerce.
les travaux de Foucault ont amené dans la cons- Le métal précieux était employé tel que la na-
truction du télescope. ture le fournissait il n'était donc pas pur, et les
tX. TÉLESCOPEDE FOUCAULT. – Foueault a sub- monnaies d'or de l'antiquité ne pouvaient avoir
stitué, en premier lieu, le verre au bronze pour des titres fixes comme les monnaies de nos
la confection du miroir, c'est-à-dire un corps so- jours.
lide d'une densité de 2,5 à un corps d'une den- A la découverte de l'Amérique, les gites auri-
sité égale aH.C'était déjaun grand pas de fait; fères du Pérou, du Mexique et du Brésil fourni-
mais le point capital dans la découverte du sa- rent une telle quantité d'or, que la valeur de ce
vant français, c'est la méthode tout à fait originale métal diminua d'environ les deux tiers.
à laquelle il a eu recours pour le travail du miroir La découverte de nouveaux gisements en Sibé-
Il
de verre. est parvenu à donner à volonté à la rie (!8<2), en Californie (t84'!) et en Australie
surface réfléchissante, ou la courbure sphérique (vers 1850) a augmenté encore d'une manière
la plus parfaite qu'on puisse imaginer,ou la cour- assez considérable la quantité d'or versée annuel-
bure parabolique et, dans ce dernier cas, nous lement dans la circutation.
le savons, l'aberration de sphéricité disparait Aussi l'usage de l'or, qui d'abord était très res-
complètement. Foucault a construit des miroirs treint, s'étend-il chaque jour davantage, et la
d'une surface tellement régulière que les varia- monnaie d'or est-elle aujourd'hui la monnaie cou-
tions de courbure les plus fortes qu'on pouvait rante.
y découvrir étaient inférieures à un dix-millième .E<a< Ma<Mf' L'or n'a qu'une très faible af-
de millimètre. Aussi l'observation des astres à finité pour les autres corps. C'est pourquoi on ne
l'aide du télescope Foucault donne-t-elle le spec- le rencontre guère que sous les trois états sui-
tacle le plus admirable qu'on puisse concevoir. vants /'e<~ natif; 2' allié avec yue~MM mé-
Les nébuleuses résolubles se montrent composées taux; 3° eo~M~ avec le MM)'e.
de milliers de petites étoiles d'éclat variable. On C'est à l'état natif que le métal précieux se
se croirait en présence du bouquet persistant trouve le plus communément. Il contient toujours,
d'un feu d'artifice. Les planètes sont vues avec dans cet état, de l'argent et du cuivre. L'argent
une netteté de contours et de détails qui permet lui donne une teinte verdatre, le cuivre aug-
une étude approfondie de leur constitution physi- mente son éclat. Parfois l'or natif renferme aussi
que. Les deux plus grands miroirs qui aient été du fer qui le rend bleuâtre.
construits dans le système Foucault ont, l'un, 80 On trouve des filons d'or natif dans des roches
centimètres de diamètre, l'autre t°*,20. L'exposé de cristallines on le rencontre également dans les
la méthode de Foucault ne saurait entrer dans le mines d'argent, et surtout dans !es terrains d'allu-
cadre de cet article. Le lecteur devra se repor- vions ou dans des sables de transport.
ter aux traités spéciaux sur la matière. Dans ces sables, l'or se présente sous la forme
C'est pourtant le verre, nous l'avonsdit, qui four- de paillettes ou sous celle do petits grains arron-
nit la surface réfléchissante, et l'on sait que le pou- dis. Quelquefois ces grains, que l'on désigne sous
voir réflecteur du verre est assez faible la clarté le nom de pépites, atteignent la grosseur d'une
des images sera donc très réduite dans les nou- noisette. On a même rencontré des pépites d'un
veaux télescopes ? Il n'en est rien la difficulté a poids considérable. La plus forte qui ait été dé-
été habilement tournée. On argente la surface du couverte jusqu'à ce jour a été fournie par tes mines
miroir après qu'elle a été amenée à la courbure de l'Australie (en 1858) elle pesait 66 kilog.
voulue et au de~ré de poli le plus parfait. Cette Certains fleuves et certaines rivières roulent,
argenture est d'une facilité extrême. Foucault dans leurs sables, des paillettes d'or. Ces fleuves
avait d'abord utilisé le procédé Drayton et
qu'on avait ces rivières prennent leur source dans des tel-
rains formés de roches cristallines aurifères, et plus dur et résister davantage à l'usure résultant
parcourent de longs espaces sur ces mêmes ter- de la circulation.
rains. Il fond et se volatiliseà la température d'environ
On peut citer en France la Garonne, l'Ariège, 1200 à 1300 degrés.
le Rhône, le Rhin, l'Ardèche, l'Hérault, etc. Son poids spéciBquo rapporté à celui de l'eau
~<r<t';<tOH. Pendant longtemps l'or charrié est de 19,5.
par ces cours d'eau a donné lieu à une exploita- Propriétés chimiques. L'or a pour symbole
tion plus ou moins active, suivant que la valeur ~M son équipaient rapporté à 100 d'oxygène est
de l'or recueilli offrait une rémunération suffisante 1227,75; rapporté à 1 d'hydrogène it est de 9ft,l)t.
aux orpatMeM)'~ ou chercheurs d'or. L'or ne se combine pas directement avec l'oxy-
Le procédé d'extraction était d'ailleurs des plus gène, n'importe à quelle température néanmoins
simples l'orpailleur se bornait !t tendre une pièce il existe deux oxydes d'or, un protoxyde Au'O, et
d'éton'e de laine sur une large planche; puis cette un sesquioxyde ou peroxyde, Au~O*. On obtient
planche était inclinée vers la rivière et disposée ces denx oxydes indirectement,le premier en pré-
de manière à ce que le poil de l'étoffe se trouvât cipitantleprotochlorure d'or, AutCl, par une disso-
tourné vers le haut de la planche. lution étendue de potasse, le deuxième en faisant
L'orpailleur puisait ensuite de l'eau et du sable bouillir une dissolution deperchtorure d'or, Au'CI~,
dans la rivière à l'aide d'une forte sébile en bois avec la potasse en excès, et en ajoutant un peu
de
ou en corne, munie d'un manche solide. Il ver- d'acide sulfurique a la dissolution.
sait le tout sur la partie supérieure de la plan- Ces deux oxydes ne se combinent pas avec les
che le sable roulait au bas de l'appareil, entralné oxacides pour former des sets. Le protoxyde est
par l'eau, tandis que les paillettes d'or, plus den- indifférent le peroxyde joue le rôle d'acide lors-
ses, étaient retenues par les poils 'du drap de qu'il est mis en présence des bases alcalines, telles
laine. que la potasse. C'est ce qui le fait désigner encore
Lorsque l'ouvrier jugeait que ce drap était assez tous le nom d'acte aMfMMe.
chargé de poudre d'or, il le brossait et faisait Parmi les oxacides, il n y a que l'acide séténique
tomber dans une autre, sébile cette poudre, qu'il et l'acide iodique qui puissent dissoudre l'or.
vendait d'autant plus cher qu'elle était plus riche Les hydracides du chlore, du brome, de l'iode
en or pur. et du fluor, additionnés d'oxacidespeu stables, tels
La main-d'œuvre étant devenue très chère et les quelesacides azotique, chlorique, bromique, etc.,
sables aurifères de nos rivières contenant fort peu dissolvent également 1 or.
de métal précieux, cette exploitation a complète- Mais le plus énergique dissolvant de ce métal
ment cessé en France. est l'eau régale, composée de quatre parties d'a-
Mais elle se continue en Russie (dans l'Oural) cide chlorhydrique à 22° et d'une partie d'acide
et en Californie, où l'on rencontre des sables of- azotique à 400.
frant une. teneur en or beaucoup plus forte. Le L'or forme avec le chlore deux composés chi-
procédé d'extraction n'est d'ailleurs plus aussi pri- miques, le protochlorure (Au*Ct) et le perchlorure
mitif les sables sont d'abord lavés pour être dé- (Au2CI3). Ce dernier, qui est regardé encore par
barrassés des matières terreuses qui les accompa- certains chimistes comme un sesquichlorure, est
gnent le plus souvent ils sont aussi séparés, le seul composé chimique important de l'or.
par le criblage, des cailloux qu'ils peuvent conte- On se procure le perchlorure d'or en faisant
nir. L'or est ensuite enlevé soit a l'aide de la évaporer la dissolution d'or obtenue à l'aide de
/<M, soit par l'amalgamation. l'eau régale.
Le procédé de l'<mta~<tMa<toy: consiste à mettre Il cristallise et se présente sous la forme de
le sable aurifère en contact avec du mercure, qui paillettes; il est soluble dans l'eau et dans
dissout l'or. l'éther.
L'amalgame une fois obtenu, il n'est pas difficile La médecine l'emploie dans le traitement de
de séparer l'or et le mercure. certaines maladies.
Pour extraire l'or des roches quartzeuses, on Il sert aussi à reconnaltre les eaux qui renfer-
brise et l'on réduit en poussière ces roches, à ment trop de matières organiques pour pouvoir
l'aide de machines appropriées, qui opèrent en être employées sans danger comme boisson.
même temps, non seulement le lavage de la pous- Usages de for. L'or étant doué d'une très
sière aurifère, mais encore l'amalgamationdu métal grande malléabilité et d'une très grande ducti-
précieux. lité, se laissedocilement façonnersuivantles besoins
Ce procédé perfectionné permet aujourd'hui de de l'industrie et suivant les caprices du luxe le
traiter avec avantage des terrains dont la teneur plus exigeant L'industrie en fait des vases, des
est très faible (1 Ml. d'or par '4000 tonnes ustensiles, des bijoux, etc. H enrichit les étof-
en or
de minerai), et la production annuelle atteint fes de soie et les divers articles de passemente-
le chiffre énorme de plus de 40 milliards de rie, tout en rehaussant leur éclat.
francs. A cause do son inaltérabilité par la plupart des
Propriétés physiques. L'or a une couleur agents, tels que l'air, le soufre, les gaz, etc., il
magnifique et caractéristique il acquiert par le poli sert à recouvrir les autres métaux, comme le
un éclat des plus vifs. Il est inaltérable par la plu- cuivre, le laiton, l'argent, etc.,qu'il préserve il
contre
communique
part des agents chimiques, même par les acides les agents extérieurs, et auxquels
énergiques, tels que les acides sulfurique, azoti- son poli et son éclat.
que et chlorhydrique. Parmi les métatioides, il Le bois, le carton, la porcelaine, etc., sont éga-
n'y a que le chlore et le bromo qui l'attaquent à lement recouverts de minces couches d'or.
froid. Pour appliquer l'or sur les autres métaux,
L'or jouit d'une malléabilité et d'une ductililé l'industrie a recours à divers procédés dontt
extrêmes. Aussi l'on est parvenu à le transformer les plus employés sont 1* la dorure au mo'-
en feuilles d'un dix-millième de millimètre d'é- CMre; 2° la dorure a la /ëMt'Ke et au la dorure
AoMcAo~t-
paisseur, et à le tirer en fil d'un diamètre si faible 3" la do''Mfe par tMMe~MM; 4° enfin
qu'avec 1 gramme d'or on obtient 3UOU mètres galvanique. Ce dernier procédé a remplacé tous
de ni. les autres à peu près complètement depuis 1840,
Par contre il n'est pas très tenace, car un fil d'un époque à laquelle il a reçu de remarquables per-
diamètre de t millimètres rompt sous le poids de fectionnements de MM. Elkington et de Ruolz.
68 kilogrammes. (V Galvanoplastie.)
L'or a besoin d'être allié au cuivre pour devenir Comme cela a été indiqué plus haut, l'or n est
jamais employé seul il est toujours allié à une état aqueux primitif, nuage, pluie ou neige. C'est
certaine quantité de cuivre. dans les régions intertropicales, là où l'évapora-
L'or des monnaies françaises est un alliage de tion est le plus active et où la condensation est ta
900 parties d'or pur et de )00 parties de cuivre. plus abondante, que les orages se montrent avec
On dit pour cela qu'elles sont au titre de 0,900. le plus de fréquence et d'énergie. Les aurores bo-
Les médailles d'or sont toutes au titre de 0,9)R, réales, qui ne sont que de grandes et silencieu-
les bijoux à celui de 0,750. La loi reconnaît trois ces manifestations électriques dans les régions
titres (0,920, 0,840 et OJ50) pour les autres ou- voisines du pôle, sont toujours accompagnées du
vrages d'or (ustensiles et vaisselle). retour du courant équatorial vers ces hautes ré-
Des agents de l'Etat sont chargés du contrôle gions. Nos orages, enfin, se produisent dans des
des objets d'orfévrerie. L'épreuve se fait approxi- conditions analogues.
mativement ()0 à 20 millièmes près) à l'aide de Electricitédes MMa.?~.–La plupart des nuages
la pierre de <o:<(:/<e, et d'une manière précise à sont électriséspositivement, comme l'atmosphère
l'aide de la coupellation. [J. Bousquet.] au sein de laquelle ils se forment. Les nuages
ORAGE. Météorologie,XI-XII. Trouble at- électrisés négativement sont cependant très nom-
mosphérique dont le caractère principal est fourni breux ce fait est dû à plusieurs causes. Le sol,
par les manifestations électriquesde t'air éclair, soumis à l'influence denégativement l'électricité positive de
foudre, tonnerre. l'atmosphère, s'électrise sur tous ses
Nature des orages. L'explication des orages points en saillie. Les brouillards qui le recouvrent
par l'électricité remonte à la découvertemême de pendant certaines nuits, puis s'élèvent le matin
cet agent, et la première étincelle tirée de l'ambre dans l'air pour y former des nuages; les nuages
par Wall fut immédiatement comparée aux éclats qui naissent aux sommets des montagnes élevées
de la foudre. Mais c'est Franklin qui le premier par la condensationdes vapeurs qu'y apportent les
fit connaître l'identité des deux phénomènes. brises, sont généralement négatifs. Quand deux
Dans les premiers mois de 1150, Franklin dévelop- couches de nuages sont superposées, la plus
pait, dans deux lettres adressées àP. Collinson, ses élevée est le plus fortement électrisée; l'électri-
opinions sur l'origine de la foudre, et il décrivait cité positive du nuage inférieur, refoulée vers le
l'instrument qui devait préserver les édifices de bas, s'écoule avec les premières pluies, et bientôt
ses atteintes, le paratonnerre. Il invitait en même ce nuage inférieur se trouve chargé d'un excès
temps les physiciens français à réaliser l'expé- d'électricité négative que l'influence y développe.
rience qu'il se proposait de faire lui-même sur un Les pluies sont donc chargées tantôt d'électricité
clocher de Philadelphie alors en construction. positive, tantôt d'électricité négative, comme les
Dalibart fut prêt le 10 mai 75'2, à Marly-la-Ville, nuages d'où elles s'échappent.
un mois avant que Franklin, impatientdes lenteurs Quand deux couches de nuages inégalement
apportées à la construction du clocher, y substi- électrisées sont en présence, des éclairs peuvent
tuât un cerf-volant qu'il lança à l'approche d'un jaillir entre eux; quand un nuage électrisé dans
orage. Le cerf-volant réussit mal d'abord mais un sens quelconque se rapproche de la surface
une petite pluie fine étant survenue et ayant du sol, des éclairs peuvent encore s'enMais échapper
mouillé la corde, celle-ci devint conductrice de et venir foudroyer un objet terrestre. il ar-
l'électricité et on put tirer de vives étincelles de rive très souvent que des éclairs jaillissent de la
son extrémité liée à un support isolant. Dalibart partie supérieure ou latérale d'un nuage entière-
avait suivi la première idée de Franklin il fixa ment isolé, mais surchargé d'électricité. Ces éclairs
dans un jardin situé au milieu d'une plaine élevée, sont généralement très raminés et se perdent dans
et sur un support isolé, une barre de 13 mètres les hauteurs.
de hauteur et terminée par une pointe d'acier Sur terre et en rase campagne, le bruit du ton-
poli. Au moment où des nuages orageux passèrent nerre peut être entendu à six ou sept lieues de
au-dessus de la barre, celle-ci s'électrisa assez distance, au plus, du point où part l'éclair. L'éclair
fortement pour donner de longues et brillantes au contraire, ou l'illumination qu'il produit, peut
étincelles. être aperçu à une distance de trente ou quarante
Electricité a<mo~pA~yMe. – L'atmosphère est lieues. De là les éclairs sans tonnerre, appelés
constamment chargée d'électricité, mêmependant éclairs de chaleur: ils sont dus à des orages loin-
les plus beaux temps, et les variations de cet tains.
agent sont régulièrement observées dans les prin- Formation des orages. -Les orages des régions
cipaux observatoires du globe. On n'obtient géné- intertropicales, dans la zone équatoriale des pluies,
ralement aucun signe électrique dans les lieux bas se forment généralement sur place, au milieu des
ou couverts par des édinces ou des arbres mais nuages produits par la condensation des vapeurs
dans les lieux même incomplètement découverts, de la nappe équatoriale ascendante. Ils y sont en
ces signes commencent à se montrer à une petite permanence, comme les et les pluies, et,
distance du sol et des objets qui le recouvrent, et comme eux, se
ils augmentent progressivement à mesure qu'on face du globe à la suite du soleil.
déplacent
nuages
annuellement ta sur-
s'élève plus haut au-dessus de la surface terrestre. Dans nos régions tempérées, les orages sont
Sous un ciel sans nuages,les signes électriques beaucoup plus rares; ils sont loin d'accompagner
sont toujours positifs, c'est-à-dire que l'atmo- toutes les pluies; mais on peut les entendre en
sphère est chargée de l'électricité positive ou vi- toute saison, en hiver comme en oté, bien que
trée que le frottement de la laine développe sur cette dernière saison soit plus favorable à leur
le verre; mais quand des nuages apparaissent, et production.
surtout quand la pluie tombe, même à plusieurs Les brises ascendantes le long des flancs méri-
kilomètres de l'observateur, les signes deviennent dionaux ou occidentaux des massifs montagneux
le plus souvent négatifs. Sous l'influence des produisent des nuages locaux assez fréquemment
nuages orageux, ils peuvent acquérir une très accompagnés d'orages également limités; mais le
grande énergie, tout en changeant rapidement de plus ordinairement, les orages de l'Europe ont un
sens. caractère plus général. C'est particulièrementsur
L'originede l'électricitéatmosphérique est assez le parcours du courant équatorial et sur la partie
mal connue; elle n'a pu être fixée par aucune méridionale d'un mouvement tournant, pins ou
expérience directe bien concluante, et il est pro- moins accentué dans l'air, qu'on les rencontre
bable qu'elle est multiple. Une des opinions les (V. Courants, Tempétes). Ils parcourent donc à la
plus répandues la rattache t'évaporation de l'eau, surface de la Francs des bandes plus ou moins
et peut-être au retour de la vapeur formée à son étroites et longues, se propageant quelquefois des
<M
1)
côtes de t'Océan jusqu'en Belgique ou en Allema- ATom&t-e ~e/OM< d'orage ~t année moyenne.
gne. Chaque département place leur origine vers
sa limite occidentale, alors que quinze ou vingt Rio
Calcutta,
Janeiro. 60 Padoue.
Strasbourg. 17 17,3
départements, quelquefois, peuvent être traversés Maryland. 60,6
t) Toulouse.i5,4
non par les mêmes nuages orageux, mais par le Martinique.
AbyMinie. 39 Utrecht. 15
même groupe d'orages qui se succèdent ou se re-
laient progressivement.
Pendant l'été,
Guadeloupe. 37
VMert(Ardèche).M,7
et sur le trajet du courant équa- Québec
38
Leyde.
Paris
Athènes.
13,6
12,5
il
torial, le plus faible mouvement tournant peut Buenos (Canada). 23,3 Fo)péro(CornouaiUcs).tO
Ayres.
faire nattre des orages sur la partie méridionale DenainYiUien (Loiret). !ï,!i
Londres. Peterebourg 9,1
de son disque tournant, et les semer tout le long
de son parcours. Plus on avance dans la saison
Smyme.i9,
Bertin. Caire.
:0,9
Pékin
is,3 Le
8,3
5,8
3,5
froide, plus ce mouvement tournant doit être in-
tense pour provoquer de véritables orages. n.. –
Hygiène, IV.
[Marié-Davy.]
Toutes les actions chimiaues,
Mais si tes grandes manifestations électriques mécaniques et vitales qui se passent dans l'inté-
sont ainsi provoquées par tes bourrasques tour- rieur de la terre, à sa surface et dans l'atmo-
nantes de l'air dont le diamètre dépasse plusieurs sphère, donnent lieu à des dégagements d'électri-
centaines de lieues, elles peuvent aussi provoquer cité. Nous sommes donc constamment soumis à
eUes-m6mes des girations plus circonscrites et l'influence de cet agent. Cette influence est encore
dont l'énergie atteint quelquefois des proportions peu connue. Elle se manifeste principalement lors-
redoutables. Ce sont tes trombes qui dévastent qu'il survient une perturbation dans les phéno-
le sol sur de longues bandes génératement très mènes ordinaires.
étroites. Le mouvement de giration, de tourbil- L'instrument appelé ~cc~-otccpe permet de
lonnement, qui caractérise tous les troubles de constater, même dans les temps les plus calmes,
l'atmosphère, étroits ou étendus, énergiques ou la présence de l'électricité dans l'atmosphère au
faibles, est la conséquence directe du mouve- point de vue de l'hygiène, on pourrait la con-
ment de rotation de la terre sur elle-même, ce sidérer comme un de ses éléments constitutifs.
qui produit leur généralité d'aspect et aggrave Cette électricité, comme celle des nuages, est
leurs effets comme leur durée totale. C'est en ordinairement positive, tandis que le sol est élec-
même temps aux circonstances de leur forma- trisé négativement.
tion et de leur propagation que nous devons la Notre corps, en contact avec le sol. sert de
possibilité de les prévoir et de prévenir de leur <'OMc!MC<eM)- par lequel les deux électricités se re-
arrivée. composent. Nous n'avons pas conscience de ce
(jf~e. La grêle est un des fléaux les plus passage continuel du courant électrique à travers
redoutables des orages. Son mode de formation nos organes, lorsque l'énergie vitale est assez
est très obscur et très controversé. Pendant long- forte pour dominer les causes légères de pertur-
temps on admit avec Volta qu'elle prenait nais- bation. Mais dans certains états de faiblesse, de
sance entre deux couches de nuages superposée, langueur, et dans quelques maladies nerveuses,
électrisés en sens contraire et donnant lieu à un nous devenons de beaucoup plus impressionna-
va-et-vient rapide, de l'un à l'autre, des grêlons bles, et des changements presque insignifiants
qui pouvaient ainsi grossir par dépôts successifs dans le milieu où nous vivons causent toute une
et acquérir des de souvent considérables. Mais série de troubles variables, selon les individus.
des grêles redoutables se produisentmême quand On ne peut nier l'influence des temps orageux
il n'existe qu'une seule couche de nuages. sur l'organisme mais pour apprécier la part de
Par contre, il n'est pas de grêles qui ne soient l'électricité il faudrait expérimenter en dehors des
accompagnées d'une violente agitation de la masse conditions ordinaires. L'orage se complique tou-
nuageuse, et très souvent elles marchent avec de jours de changements dans la pesanteur de l'air,
véritables trombes dont t'axe de rotation descend dans la température, la direction des vents, le
jusqu'à la surface du sol. Il est probable que ces degré d'humidité, etc., de sorte que les consé-
trombes existent dans la région nuageuse alors quences des temps orageux sont la résultante de
même qu'elles ne se font pas sentir jusqu'à nous. tous ces éléments combinés avec les variations
Ces trombes, qui se produisent surtout quand la électriques. Pour l'hygiéniste, l'orage ou le temps
température décrott rapidement dans le sens de orageux consiste donc en un certain nombre de
la hauteur, ont pour effet de mélanger brusque- perturbations du milieu qui réagissent les unes
ment des masses d'air d'inégales températures sur les autres et impressionnentl'organisme hu-
d'accroltre encore le froid par la raréfaction de main.
l'air dans l'axe du tourbillon; de brasser violem- Sous l'influence des orages, les personnes mala-
ment les grains de neige, de grésil, de grêle, de des, nerveuses, éprouvent du malaise, de l'agita
les entrechoquer et de les souder les uns aux tion, des douleurs dans la tête ou les articula-
autres. Ce sont les chocs des gréions les uns contre tions. Les rhumatisants, les névralgiques, sentent
les autres qui produisent le bruit caractéristique revenir d'anciennes douleurs ou augmenter celles
qui précède les nuages à grêle, et tous les obser- dont ils sounralent. La respiration devient difficile
vateurs qui se sont accidentellement trouvés au pour les malades atteints de certaines alfections
milieu de ces nuages ont été témoins de la vio- des poumons ou du coeur. L'exacerbation des acci-
lente agitation produite en eux et dont l'appa- dents morbides amène prématurément une crise
rence est encore visible à de grandes distances. fatale chez des malades qui auraient pu vivre
Les grêlons croissent par dépots successifs d'eau encore quelque temps.
congelée à leur surface et par soudures de plu- Malheureusement nous sommes impuissants
sieurs grêlons en un seul. contre ces perturbations atmosphériques qui mo-
Fréquence des o'a~M. Très fréquents et difient et souvent compromettent notre santé. Il
même quotidiens dans les régions intertropicales, n'y a aucun moyen pratique de soustraire à
pendant la saison dse pluies, ils sont rares dans l'influence des temps orageux. Cependantse
tes régions des atizés; ils reparaissent en de- pouvons beaucoup, par l'hygiène, nous
pour nous pré-
hors des tropiques, et leur nombre annuel dé- munir. Rarement les gens sains, robustes, habi-
croît progressivement à mesure qu'on s'appro- tués a la vie en plein air et menant une vie régu-
che des pôles. Voici le tableau des nombres tière, ressentent les effets des orages. Par consé-
moyens des orages annuels dans diverses localités quent, tout ce qui contribue à préserver de l'étio-
du globe: lement, du MeruotMn: devient un moyen de se
préserver aussi des influences dépressives dos ascendants bons conducteurs de l'électricité, qui
temps orageux. Contre l'orage nous ne pouvons favorisent le passage de la foudre. Autant que
rien; nous pouvons beaucoup pour nous rendre possible il faut s'isoler pendant les orages, s'éloi-
insensibles à ses effets. gner des groupes, des meules de foin et de paille,
La foudre consiste dans la recomposition in- dont la forme conique et l'élévation favorise d'ail-
stantanée de deux excès d'électricités contraires leurs l'accumulation du fluide terrestre.
soit entre deux nuages, soit entre un nuage et la Les vêtements de lin et de coton, surtout s'ils
terre. C'est une étincelle électrique semblable à sont humides, conduisent assez bien l'électricité
celle que produisent nos appareils de physique, et deviennent dangereux pendant les orages. Ceux
mais de dimensions infiniment plus considérables. de laine et surtout de soie étant mauvais conduc-
Comme le fluide électriqueparcourt l'atmosphère teurs peuvent préserver dans une certaine me-
plus vite que la lumière, l'individu foudroyé est sure.
frappé avant même d'avoir vu l'éclair. Quant au Dans les maisons, la suie des cheminées, le tain
tonnerre, ce n'est que le bruit inoffensif produit des glaces, les dorures, les objets et ornements en
par un mouvement subit de l'air, répercuté par métal étant bons conducteurs, constituent un voi-
les nuages, la terre, les édifices, les forêts. sinage dangereux pendant l'orage. Le mieux est
Rien de plus variable que les effets du fou- de s'isoler autant que possible des murs, et même
droiement. Quelquefois la personne atteinte en du sol. Pour cela, on pourrait interposer entre le
est quitte pour une commotion plus ou moins corps et le sol un support mauvais conducteur,
forte; souvent le choc seul suffit pour tuer instan- en soie ou en verre le plus sûr serait de s'étendre
tanément. On a vu des gens foudroyés conserver dans un hamac suspendu par des cordes de soie
l'attitude, le geste dans lequel la mort les a sur- bien sèche; mais évidemment ces précautions sont
pris. On peut être tué par la foudre sans en être peu pratiques et le plus souvent superflues.
touché il suffit de se trouver à peu de distance On a essayé avec succès de combattre les orages
de son trajet on succombe alors à l'asphyxie, ou en allumant sur tout un district des feux de paille,
à ce que l'on appelle choc en retour qui produit de broussailles, etc., distants de 80 à [00 mètres.
une commotion analogue à celle de la foudre. Ce moyen mériterait d'être essayé en grand, car
Dans quelques cas la foudre ne laisse aucune on lui attribue la préservation de la foudre et de
trace, mais le plus souvent on observe sur le ca- la grêle.
davre des brûlures ou des plaies, les vêtements Quant aux maisons, il n'y a qu'un moyen de les
sont brûlés, lacérés, dispersés. Les personnes préserver, c'est de les surmonter d'un paraton-
foudroyées restent d'ordinaire affligées de quelque nerre établi selon les règles de l'art et soigneu-
infirmité cécité, surdité, paralysie. sement entretenu.
L'éclair est le plus souvent dirigé des nuages Les méfaits de la foudre sont incontestables,
vers la terre, mais on a vu des gens frappés par mais on a essayé de la réhabiliter par èompensa.
un éclair ascendant, qui entraînait au sommet d'un tion, en prouvant qu'elle rend aussi de grands ser-
arbre ou d'un édifice des parties de leurs vête- vices voici comment. Lorsqu'une étincelle élec-
ments. trique passe dans de l'oxygène, ce gaz acquiert
L'usage de sonner les cloches pour écarter l'o- une odeur et des propriétés spéciales, son pouvoir
rage n'a pas encore disparu de nos campagnes. Il oxydant est singulièrementaccru et il peut servir
importe donc de détruire ce vieux préjugé qui a de désinfectant énergique. Les premiers expéri-
causé déjà bien des malheurs. L'ébranlementpro- mentateurs qui s'occupèrent de ce phénomène
duit dans l'air par la cloche est sans doute négli- crurent que l'étincelle électrique formait, dans
geable, mais le métal est bon conducteur, il se l'oxygène, un corps nouveau qui fut appelé ozone.
trouve dans un lieu élevé où s'accumule l'élec- Le nom est resté, mais il s'agit simplement
tricité terrestre, et par conséquent dans les d'oxygène électrisé.
meilleures conditions pour attirer l'électricité des Il y a dans la nature plusieurs sources d'ozone.
nuages et produire une étincelle. De plus, la corde Vraisemblablement tout ce qui produit de l'élec-
de la cloche, pour peu qu'elle soit mouillée ou tricité au contact de l'oxygène donne naissance à
humide, devient un bon conducteur et porte l'é- de l'oxygène électrisé. On constate toujours sa
tincelle jusqu'au sonneur, qui tombe foudroyé. En présence dans l'air. L'atmosphère des bois, prin-
Bretagne, vingt-quatresonneurs ont été tués ainsi cipalement des bois d'essences résineuses, est
pendant la même nuit. riche en ozone, ainsi que l'atmosphère maritime.
On prétend généralement qu'il est dangereux, La foudre en produitrapidement de grandes quan-
pendant l'orage, de courir à pied ou à cheval, de tités.
marcher contre le vent, de produire un courant On a cru pouvoir attribuer à un excès d'ozone
d'air dans les maisons. llyaunfonddevérité[ l'exacerbation de quelques maladies catarrhales,
dans cette croyance populaire. La forme en zig-zag mais le fait n'est pas prouvé, tandis qu'un peut
de l'éclair nous prouve que l'électricité suit dans raisonnablement supposer, avec le vulgaire, que
l'air les parties les meilleures conductrices. Or la les orages purifient l'air parce qu'ils accumulent
moindre perturbation suffit pour créer des cou- en un point donné une quantité d'ozone capable
rants plus ou moins conducteurs qui viennent d'oxyder et de rendre inoffensifs certains mias-
remplir le vide produit par un homme qui court, mes dangereux.
par un courant d'air, etc. Si faible que puisse être Jl faut reconnaître, quant à présent, que cet
cette chance de danger, on fait bien de ne pas agent modifie le milieu, le rend plus stimulant,
s'y exposer. peut-être même le purifie, mais que son action,
La foudre frappe de préférence les lieux et les favorable aux personnes bien portantes ou sim-
objets élevés où s'accumule le fluide terrestre. On plement affaiblies, peut être irritante pour des
doit donc éviter leur voisinage. Le plus sûr est sujets atteints de certaines affections. H serait
de rester tranquille en rase campagne, et d'éviter, prématuré d'affirmer autre chose. [D* SaSray.]
en tout cas, l'abri des .arbres ou des maisons un ORATEURS. – Littérature et style, IV. Le
peu hautes. Rien ne justifie le préjugé populaire mot orateur, dans son sens primitif et étymo-
qui attribue à certains arbres, tels que le hêtre, le logique, <M'a<or en latin, rhetor en grec, signifie
laurier, le bouleau, l'érable, une sorte d'immunité « celui qui parle. II s'est appliqué d'abord à
contre la foudre. l'homme qui a pris la parole dans une assemblée,
Les accumulations d'hommes et d'animaux, les qui a harangué une foule, sans qu'on attachât à
dépôts de matières susceptibles de fermenter ou cette expression une idée d'habileté ou de talent.
de dégager des vapeurs, produisent des courants C'est encore en ce sens qu'aujourd'huion désigne
par ce mot celui qui parle en public, bien ou mal, blique démocratique d'Athènes. On vantait entre
qu'il soit député, sénateur, membre d'un conseil autres discours son oraison funèbre des soldats
municipal ou d'une réunion quelconque x L'ho- morts pendant la première année de la guerre du
norable orateur a dit ceci a le précédent orateur Péloponèse.
pense cela. » Toutefois, dans son acception la Il serait trop long d'énumérericitous les orateurs
plus étendue et la plus élevée, le terme d'orateur qui ont brillé en Grèce au v' et au tV siècle avant
sert à désigner celui qui possède un certain talent notre ère nous nous bornerons à mentionner les
d élocution, naturel ou acquis par le travail, qui senoms des dix orateurs attiques que les grammai-
sert ou qui est prêt à se servir habilement de la riens d'Alexandrie ont compris dans ce qu'ils ap-
parole en toute occasion et qui arrive parfois à l'é-pellent le Canon des orateurs classiques.
loquence. Antiphon de Rhamnonte en Attique (mort en 411 )
On rattached'ordinairel'idée d'éloquence à celle composa, le premier, des discours à prix d'argent
d'orateur. Cependant il n'existe pas entre elles une pour les orateurs politiques et les plaideurs dans
connexiténécessaire et constante. L'orateurvise à l'embarras. Il nous reste 15 discours de lui.
être éloquent, sans y réussirtoujours. De même, on Andocide, né à Athènes en 468, a laissé 4 discours
peut être éloquent sans être orateur. On a défini consacrés à ses propres affaires. Lysias, ne
souvent l'éloquence le talent de persuader. Cette à Athènes en 459, mort en 379, avait compose
définition estincomplète elle ne donne pas l'idée de 233 harangues dont il nous reste seulement 34
cette flamme qui allume tout à coup les regards consacrées à des causes judiciaires. Isocrate ne
d'un homme,qui lui fait trouver des accents chaleu- prit jamais la parole en public. Ce fut le maître
reux e émus, et qui communique àune foulela pas- d'éloquence le plus renommé de toute la Grèce. 11
sion qu'il veut lui faire partager. L'éloquence est, écrivit des discours que d'autres devaient pro-
pour ainsi dire, intermittente. Elle éclate à certains noncer. Sur les 60 qu'on lui attribuait, 21 sont
moments, et se soutient rarement dans toute la parvenus jusqu'à nous. Il était né en 416 et mourut

suite d'un discours. Elle existe parfois dans une en 338~ Isëe, élève d'Isocrate et maître de Dë-
phrase, dans un mot, dans un geste et peut se mosthène, a laissé 11 discours, qui sont tous rela-
trouver même chez l'homme ignorant et grossier. tifs à des affaires de succession. Lycurgue,.
Le vieux sauvage répondant aux Européens qui d'Athènes, né en 408, mort en 326, fut, au contraire,
voulaient le chasser de son pays natal « Dirai-je un orateur politique. On a, avec quelques frag-
aux os de nos pères levez-vous, et marchez de- ments, un admirable discours de lui, une accusa-
vant nous vers une terre étrangère! » prononce une tion dirigée contre Léocrate. Hypéride, d'A-
phrase éloquente. De même le centurion Virginius thènes, mort en 322, prit une grande part, aux
brandissant le couteau avec lequel il a frappé sa côtés de Dëmosthène, à la direction des affaires
fille Virginie, et menaçant le décemvir Appius, politiques d'Athènes, mais ses discours ont péri;
trouve des accents éloquents pour exciter le il ne nous reste que des fragments de l'oraison
peuple à la révolte. L'indignation et la douleur funèbre qu'il prononçaen l'honneur des guerriers
paternelle animèrent ce jour-là sa parole. On l'eût morts dans la guerre contre Antipater. Dinarque,
étonné en le saluant du nom d'orateur. né à Corinthe vers 360, s'établit de bonne heure à
L'orateur, au contraire, s'est formé peu à peu Athènes, où il devint le chef du parti macédonien.
par le travail et l'habitude à l'usage de la parole. Il nous resteremarquable de lui trois discours d'accusation,
L'étude et la réflexion lui ont appris à trouver les dont le plus est celui qu'il prononça
meilleurs arguments pour porter la conviction devant le peuple contre Démosthène, son adver-
dans les esprits, à les disposer de la manière la saire politique.
plus favorable, enfin les présenter dans les ter- Les plus célèbres de ces dix orateurs attiques
mes les plus propres à persuader et à charmer sont les deux rivaux d'éloquence,
Eschine et Dé-
ses auditeurs. S'il est réellement bien doué parla mosthène. Eschine naquit à Cothoce en Attique
nature, il rencontrera au moment opportun l'ins- en 393, et mourut à Samos en 314. Il n'avait Les
écrit
anciens
piration qui doit rendre son langage vivant et que les trois discours que nous avons.
animé, et l'enthousiasme qui conduit à l'élo- les nommaient les trois Grâces. Bien qu'il sou-
quence. tienne contre Démosthène une cause funeste à sa
il
De tout temps, y a eu des hommes qui, sous patrie, celle du roi de Macédoine, on admire la
l'empire d'une émotion puissante, ont prononcé un grâce, l'abondance, le charme de sa parole. Tou-
jour des mots ou même des discours éloquents. tefois il est inférieur à son rival, qu'on s'accorde
C'est aux époques seules de culture intellectuelle à proclamer le premier des orateurs de l'anti-
que l'on voit des orateurs. L'examen rapide que quHé.
nous allons faire des temps et des hommes remar- Démosthène, né à Péanie en Attique en 385,
quables par leur talent oratoire confirmera la jus- mort en 322, est la personnificationde l'éloquence
tesse de cette observation. grecque. Il prit part d'abord à des luttes judiciaires
ORATEURS ANCIENS. )° Grecs. Le peuple grec, pour arracher les débris de sa fortune à des tu-
si heureusementdoué par la nature, a compté de teurs infidèles. Il écrivit ensuite des plaidoyers
tout temps des hommes diserts et habiles à parler. qui lui valurent beaucoup d'argent et commen-
Dans l'Iliade et l'Odyssée d'Homère, toutes les cèrent sa réputation. Il aborda ensuite la tribune
affaires se décident en conseil après délibération. politique, après s'être préparé par de longs exer-
Ulysse et Nestor y occupent la première place, et cices. Il ne réussit pas d'abord, mais à force de
font prévaloir leur avis par la persuasion. Cepen- persévérance, il parvint à vaincre sa timidité, et
dant les Grecs eux-mêmes ne leur donnaient pas une sorte de bégaiementqui gênait sa parole. Il
le nom d'orateurs.Us ont réservé cette désignation se fit le champion de la liberté de son intrigues pays, et
l'influence et les
aux personnages d'une époque bien postérieure, essaya de lutter contre
qui avaient perfectionné leurs dispositions natu- de Philippe, roi de Macédoine. Celui-ci, rendant
relles par l'étude et la connaissance des règles de justice à son adversaire, déclarait qu'il redoutait
les
l'art oratoire, qui n'ont pas été éloquents une fois plus un discours de Démosthène que toutes dis-
seulement, mais qui, dans toutes les circonstances armées grecques réunies.Il nous reste de lui 61
où ils ont eu à parler, l'ont fait avec méthode et cours dcnt 30 sont consacrés à des causes judi-
avec habileté. ciaires. Les 31 autres sont relatifs à des affaires
Périclès (né vers 494, mort en 429 avant notre publiques et ont été prononcés, soitdevantl'assem-
ère) est le premier auquel les anciens s'accor- blée du peuple, soit devant les tribunaux appelés
dèrent à donner le titre d'orateur. Il a longtemps à juger les causes politiques. Les plus célèbres
gouvcMé, par l'ascendant de sa parole, la Répu- sont les 11 harangues connues sous le nom de
Philippiques et dirigées contre le roi de Macédoine. ceux,qu'il écrivit contre Verres,le magistrat pré-
Mais le chef-d'œuvre de l'éloquence de Démosthène varicateur de Sicile, et qu'on nomme les F~'f!'?M.
est le plaidoyer désigné sous le nom de Discours Consul, il démasqua et combattit la conspiration de
pour la couronne. Un ami de Démosthène, Ctési- Catilina par ses quatre Catilinaires. Enfin, après
phon, avait proposé de décerner à Démosthène la mort de César, il prononça, comme sénateur,
une couronne d'or en récompense des services quatorze harangues principalement dirigées contre
rendus par lui à Athènes. Eschine accusa Ctêsi- Antoine, et qu'on a appelées jF'A:7:'pp~MMpar une
phon d'avoir proposé une mesure illégale, et atta- allusion glorieuse aux discours composés par Dé-
qua la conduite politique de Démosthène. Celui-ci mosthène contre le roi de Macédoine. H n'est pas
défendit Ctésiphon et justifia sa propre conduite possibled'avoir plus d'art, d'abondance, d'esprit, de
par une longue harangue, que Cicéron traduisait souplesse que n'en montre Cicéron dans ses œuvres
pour se former à l'éloquence, et pour laquelle on a oratoires. Aussi a-t-il exercé une grande influence
épuisé toutes les formules d'éloges et d'admiration. sur lalittérature romaine tout entière. Son nom est
Eschine, vaincu dans ce débat, fut obligé de s'exi- devenu, même pourles modernes, synonyme d'élo-
ler d'Athènes. quence. On l'a souvent comparé et presque tou-
Avec Démosthène périt la liberté de la Grèce. jours préféré à Démosthene. Fénelon seul, au
Il n'y eut plus après lui, sauf son contemporain xvn" siècle, mettait Démosthene au-dessus de lui.
Démëtrius de Phalère, que des avocats aussi obs- Les modernes, plus sensibles àla valeur des idées
curs que les causes qu'ils plaidaient. qu'au charme du style, semblent s'accorder à
X" Latins. -A Rome, tant que dura la République, mettre en première ligne Démosthene « à qui on
la parole fut toute-puissante au Sénat et devant ne pourrait rien retrancher, s et à placer après
l'assemblée du peuple. Il y eut dès l'origine des lui Cicéron, « à qui on ne pourrait rien ajouter, a
hommes éloquents. Nul doute que Brutus, le Aussi, contrairementà l'opinion ancienne qui ad-
vengeur de la chaste Lucrèce, n'ait atteint la vé- mirait surtout les Verrines et les Catilinaires, plus
ritable éloquence en excitant les Romains à chas- abondantes et plus fleuries, on leur préfère au-
ser les Tarquins de leur ville. Ménénius Agrippa, jourd'hui les Philippiques de Cicéron, moinsornées,
qui apaisa une sédition en racontant au peuple où la préoccupation de l'homme politique lui fait
retiré sur le Mont Sacré l'ingénieux apologue des oublier plus souvent les artifices et les règles de
membres et de l'estomac,dut 6tre aussi un haran- l'art oratoire.
gueur habile. Toutefois la langue latine, longtemps Avec Cicéron finit l'éloquence politique à Rome,
rude etpresquebarbare, se prêtait difficilement comme elle avait fini en Grèce avec Démosthene.
à la grande éloquence. La tradition d'ailleurs Sous l'empire, il n'y eut plus que des avocats et
interdisait l'emploi de l'art oratoire dans les dis- des rhéteurs. On cite, au t" siècle de notre ère,
cussions du Sénat d'un autre côté, les harangues Quintilien, Pline le Jeune.Puis, bien que l'éloquence
agressives que les tribuns du peuple adressaientà soit cultivée avec passion en Italie, en Espagne, en
la multitude ne visaient ni à l'élévation du senti- Gaule, on ne voit plus surgir de nom vraiment
ment ni à la beauté de la forme. Aussi Cicéron, remarquable. De nombreux orateurs plaident des
qui s'est fait l'historien de l'éloquence romaine, causes sans gloire, ou composentdes panégyriques
ne compte de véritables orateurs qu'à une épo- sans conviction, où la médiocrité des idées n'a
que relativement récente. d'égale que la faiblesse du style.
Parmi eux, il place le premier Scipion Africain,
le vainqueur d'Annibal (né vers 235, mort en 184 av. –
ELOQUENCE sACKEE. J?~:se yrec~Me. Cependant,
avec le christianisme, un nouveau genre d'élo-
J.-C.) qui, accusé de concussion par les tribuns, quence, l'éloquence sacrée, s'était introduit dans le
dédaigna de se défendre, et entraîna la foule der- monde romain. On comprend sous ce nom les ser-
rière lui au Capitole pour rendre grâces aux dieux mons prononcés par les prêtres et les évëques.Ies
de la victoire de Zama. Caton l'Ancien ou le Cen- homélies, sermon d'un genre plus familier et plus
seur (234-149), outre les nombreux ouvrages qu'il simple, les panégyriques des saints, et les orai-
avait composés, avait laissé cent cinquante discours sons funèbres des membres de l'Eglise. Les prin-
que Cicéron connaissait et dont il nous reste de cipaux orateurs de l'Eglise grecque sont saint
nombreux fragments. Son éloquence était pleine Athanase, évêque d'Alexandrie (296-373) saint
de véhémence, de douceur, et mêlée de bonhomie. Grégoire de Nazianze (3:8-3S9), archevêque do
Cicéron ne craint pas de la comparer à celle de Constantinople, dont il nous reste, entre autres
l'orateur attique Lysias. œuvres, cinquante sermons; saint Grégoire do
Après Caton, le second Scipion Africain, qui Nysse.né à Sébaste vers 330, mort vers 400, au-
détruisit Carthage et mourut en H9, se distingua teur de nombreux sermons saint Basile,frère duIl
par une éloquence simple et énergique. Les deux précédent, né vers 329 à Césarée en Cappadocf,
Gracques, Tibérius Gracchus (mort en 133) et son mort en 379, qui a laissé des sermons remarqua-
frère Calus Gracchus (mort en 121), furent des bles par l'élévation du style et la largeur des
tribuns ardents et passionnés dont la parole gé- idées; saint Jean Chrysostome.ouabouche d'or~,
néreuse excitait plus tard l'admiration de Cicéron. dont le nom seul suffit à caractériser l'éloquence.
Mais ils ne nous sont connus que par des frag- Il naquit à Antioche vers 344, fut patriarche de
ments insuffisants. Nous n'avons rien ou presque Constantinople, et mourut en exil en 407. I[ a
rien de l'orateur Marcus Antonius, né l'an 143, laissé un grand nombre d'homélies, de discours et
mort l'an 87, de Licinius Crassus (140-91), de de panégyriques qui étincellent de beautés, malgré
Q. Hortensius, le rival de Cicéron (115-50 avant l'époque de décadence littéraire à laquelle ils
notre ère). Nous savons seulement par le témoi- appartiennent.
gnage de Cicéron lui-même qu'ils avaient un Eglise latine. -L'Egliselatine compte un moins
grand talent de parole, et qu'ils ont été les ora- grand nombre d'orateurs sacrés que l'Eglise grec-
teurs les plus éloquents de l'époque qui l'a pré- que. En effet, la barbarie corrompit plus vite la
cédé. langue latine. En outre, les prêtres ont affaire à
Cicéron,le plus grand orateur romain (né à Arpi- des auditeurs p!us grossiers, plus ignorants, qui
num, l'an 106, mort en 43 av. J.-C.), nous est connucomprennent à peine la langue qu'on leur parle
comme écrivain par ses nombreux ouvrages de et les enseignements religieux qu'on leur donne.
rhétorique, de philosophie, par sa correspondance On cite cependant: saint Hilaire de Poitiers, né
volumineuse, et comme orateur par cinquante-six vers 300, mort vers 367 saint Jérôme caractérisaitt
discours qui nous dévoilent sous toutes ses faces son éloquence impétueuse en appelant Hilaire le
son admirable éloquence. Il se fit d'abord connaî- Moïse del'éloquence ~a<:7:c;saintAmbroise,évolue
tre au barreau, par ses plaidoyers, surtout par de Milan }3!i0-97), auteur de sermons et de
traités qui font autorité dans t'Elise saint Jérôme, Mascaron, évêque de Tulle, né en 1634 à Mar-
né vers l'an 340 à Stridon dans la Dalmatie, mort seille, mort en n03, prêcha devant LonisXIV l'A-
en 420, connu surtout par la traduction latine qu'il vent de 1666 et le Carême de 1669. Il était très
flt de la Bible et qu'on nomme la Vulgate; saint goûté du rot malgré la hardiesse de sa parole. Il a
Paulin,évoquede Note, né à6 Bordeauxen 353, mort composéplusieurs oraisons funèbres, entre autres
en 431, sermonnaire et poète très remarquable; celle d'Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orléans,
enfin saint Augustin, le plus éminent des pères de où il eut à lutter contre le souvenir de celle de
l'Eglise latine, né en 354 à Tagaste en Numidie, Bossuet, et l'oraison funèbre de Turenne, où il
mort évoque d'Hippone en 430 ses Co?:/e.M!o?M si égala, s'il ne dépassa pas l'oraison de Fléchier.
célèbres, de même que ses nombreux écrits théo- Son style est véhément.et plein d'images, mais il
logiques, ne doivent pas faire oublier qu'il a été n'évite pas toujours la subtilité et l'enflure.
l'orateur le plus éloquent de son temps; toutefois Fénelon, archevêque de Cambrai,né au château
son style, par l'affectation et les ornements de de Fénelon dans le Quercy en 1651, mort en 1715,
mauvais goût, trahit une époque de décadence et a composé beaucoup d'ouvrages pour l'éducation
de barbarie. du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV,
ORATEURS MODERNES. Nous n'avons pas eu lieu entre autres le Ï~Mma~Me. Il se livra toute sa vie
de partager en classes distinctes les orateurs an- à la prédication et y obtint par l'onction et la
ciens. Le même homme d'ordinaire brillait a la douce chaleur de sa parole les plus grands suc-
fois au barreau et à la tribune politique. Il n'en cès. Toutefois il écrivait rarement ses discours,
est pas toujours ainsi chez tes modernes. Tel et ceux qui nous restent nous donnent une faible
avocat illustre n'a jamais abordé la politique. Tel idée de son éloquence abondante, familière et
orateur éminent de la Chambre des députés n'a persuasive.
jamais plaidé de cause au Palais de justice. Nous Massillon, évoque de Clermont, né à Hyères en
partagerons donc ici les orateurs en trois grandes 1663, mort en 1762, écrivait, au contraire, ses
classes: 1° les orateurs sacrés, 2° les orateurs ju- sermons avant de les prononcer. Il en a laissé plus
diciaires, 3° les orateurs politiques. Nous dirons de cent. Les plus célèbres sont ceux du Petit Ca-
ensuite quelques mots de l'éloquence académique rAKe, ainsi appelés parce qu'ils furent prêchés
et de l'éloquence militaire. pendant le Carême de 1717 devant le jeune'roi
1° Orateurs sacrés. L'éloquence n'a pas man- Louis XV le sermon sur fau~dne et celui sur le
qué aux orateurs sacrés du moyen âge, malgré la petit nombre des élus sont les plus remarquables
barbarie et l'ignorance des temps où ils vivaient par leur éloquence. Il prononça aussi l'oraison
il suffit de citer, avec Pierre l'Ermite, qui prêche funèbre de Louis XIV, qui offre de très grandes
la première croisade en )095, saint Bernard, né à beautés.
Fontaine en 1091, mort en 11M; saint Thomas Après lui, l'éloquence sacrée n'offre plus au
Becketde Cantorbéry, 1119-1170 saint Thomas xvur siècle que des noms secondaires, malgré la
d'Aquin, 12!7-1274; Gerson, né près de Rethel, réputation du sermon sur l'Eternité, prononcé à
en 1363, mort en 14!9,~quion attribue l'/t?:t<a<on Saint-Sulpice par le père Bridaine (l7H-)767), et
de Jésus-Christ. Les temps orageux de la Ligue, les 256 missions que cet infatigable prédicateur
an XVI* siècle, ont vu de nombreux orateurs, mais prêcha dans toute la France. Le cardinal Maury,
qui avaient plus de passion que de charité chré- né près d'Avignon en n46, mort en )817. a com-
tienne et d'éloquence. posé un Essai sur Mo~Meaee de la chaire, des
Le premier grand orateur digne de ce nom est panégyriques et des sermons écrits dans une
saint François de Sales, né en 1567 en Savoie, langue correcte et facile, mais d'une éloquence
mort en )6M. L'an 1602 il prêcha le Carême dans moyenne.
la chapelle du Louvre avec tant de succès Le xtx* siècle a compté beaucoup de prédica-
qu'Henri IV voulut le retenir et le nxer en France. teurs élégants et estimables. Deux seulement ont
On vante encore Jean de Lingendes (1595-1666), montré un véritable talent, le père Ravignan, né
aumônier de Louis XIII et auteur de sermons et à Bayonne en 1793, mort en 1858, et le père La-
d'oraisons funèbres estimés. cordaire, né dans la Côte-d'Or en 1802, mort en
Mais tous les noms des orateurs sacrés pâlissent ;8C). l.
devant les grands hommes qui illustrèrent le Les prédicateurs protestants les plus célèbres
xvu" siècle, si fécond en génies de toute sorte. sont, en Allemagne, Luther, né en 1483, mort en
Bourdaloue, né a Bourges (1622-1704), com- 1546 Mélanchthon, son disciple, né en 1497 dans
mença à prêcher à Paris en 1).69. Il y obtint un le Bas-Palatinat, mort en 1560. Calvin,né à Noyon
succès si éclatant qu'il fut charge dix ans de suite en Picardie en )M)9,mort à Genève en i564,acom-
de prêcher l'Avent ou le Carêmedevant Louis XIV posé beaucoup d'écrits, et prononcé des sermons
et toute la cour. On goûtait surtout les portraits et remarquables. En Angleterre, Sterne, né en 1713,
tes peintures morales qu'il traçait dans ses ser- mort en 1768, s'était fait connaître par des ser-
mons il en reste un grand nombre. mons avant d'écrire le Voyage sentimental; on
Bossuet, né à Dijon (t6:7-n04), fut surtout célè- vante beaucoup aussi les sermons de Hugues
bre au xvn* siècle par les oraisons funèbres qu'il Blair, né en 1718 à Edimbourg, mort en 1800; ils
a prononcées. Les trois plus remarquables sont ont été traduits en français.
celles de la reine d'Angleterre, de la duchesse 2° Orateursjudiciaires.– L'éloquence judiciaire
d'Orléans, et du prince de Condé. On appréciait ne remonte pas en France au delà du règne de
moins ses sermons qui, du reste, n'étaient pas Louis XIV. Avant le progrès du goût amené par
imprimés. Aujourd'hui qu'ils ont été publiés, on les chefs-d'œuvre de la littérature du xvn* siècle,
les trouve aussi remarquables que ses oraisons les avocats parlaient une langue barbare, hérissée
funèbres, et on met Bossuet comme sermonnaire de termes de droit et de citations latines. Ceux
au-dessus même de Bourdaloue. qui eurent le plus de renommée sous Louis XIV
Fléchier, évëque de Nîmes, né près d'Avignon se ressentent encore des défauts de leurs prédé-
en 1632, mort en 1710, se flt connaître par des cesseurs, et ont une éloquence lourde et souvent
sermons qui eurent beaucoup de succès, avant pédantesque.Tels sont Olivier Patm, né à Paris
de composer des oraisons funèbres. La plus belle en 1604, mort en 1681; Lemaistre, né à Paris en
de ses oraisons, celle de Turenne, atteint souvent 1608, mort en 1658 Omer Talon, né à Saint-Quen-
l'étoquence.bien qu'on reproche à l'auteurun style tin en 1&95, mort en 1652; l'avocatgénéral Denis
trop fleuri, et un abus des antithèsesqui finit par Talon, né en 1628, mort en 1698.
fatiguer. It a écrit aussi des panégyriquesdes saints, L'avocat Cochin, né à Paris en 1687, mort en
qui ne sont pas exempts des mêmes défauts. H4t, ouvre brillamment le xvtu* siècle, et mar
que un progrès réel sur ses devanciers. H brillait teurs politiques est le fameux Mirabeau (Gabriel
surtout dans l'improvisation aussi les plaidoyers Honoré de Riquetti, comte de), né au Bignon près
qui nous restent de lui paraissent-ils inférieurs à de Nemours en 1749, mort en 1791. Tout le monde
sa réputation. Gerbier, né à Rennes en 1725, mort connaît les paroles éloquentes qu'il répondit à
en 1788, surnommé l'aigle du &<cvMM, apeu écrit. M. de Dreux-Brezé « Allez dire à votre maître
Ceux qui l'ont entendu ont fait le plus grand éloge que nous sommes ici par la volonté du peuple
de ses discours. et que nous n'en sortirons que par la force des
La Chalotais, procureur-général au parlement baïonnettes Cependant ses plus beaux discours,
de Bretagne, né à Rennes en 170), mort en 1785, même celui coK~'c la banqueroute, perdent à la
se fit connaître par ses écrits contre les jésuites, lecture. Ils devaient, en effet, une grande partie
et par les mémoires justificatifs qu'il écrivit pen- de leur valeur à la voix sonore de Mirabeau, à son
dant sa longue détention au château de Saint- geste véhément, à ses accents passionnés.
Malo. Ces mémoires ont de l'éloquence et offrent A côté de Mirabeau se placent son adversaire
un vif intérêt. l'abbé Maury, que nous avons déjà nommé; Bar-
On cite encore avec éloges Servan, né à Romans nave, né à Grenoble en 1761, mort en 1792, dont
en 1737, mort en 1807 son discours sur la justice le plus éloquent discours est celui qu'il prononça
criminelle excita en 1766 le plus grand enthou- devant le tribunal révolutionnaire; Cazalès, né dans
siasme. Le président Dupaty, né à la Rochelle en la Haute-Garonne ()752-) 805); Meunier, né à Gre-
1744, mort en 1788,est moins connu par ses dis- noble, 1758-1806; Malouet, né à Riom
en 1740,
cours, qui sont excellents, que par ses Lettres sur mort en 1814. Ensuite vinrent les orateurs connus
l'Italie, ouvrage superficiel et ampoulé. Lally-Tol- sous le nom de Girondins Vergniaud, le plus
lendal, né à Paris en 1751, mort en 1830, est célè- éloquent, né à Limoges en 1759, mort en f!H3
bre par les mémoires qu'il écrivit pour obtenir la sa parole, moins ardente et moins passionnée
réhabilitation de son père, mort sur l'échafaud celle de Mirabeau, avait plus de finesse et de que pé-
en 1766, et par le plaidoyer qu'il composa pour nétration Guadet, né à Saint-Emilion en 1758,
Louis XVI; Malesherbes, né à Paris en 1721, mort en 179.3; Gensonné, né à Bordeaux 1758,
mort en 1794, s'illustra surtout par le touchant mort en )793; Brissot, né à Warville, en près de
plaidoyer qu'il prononça à 72 ans pour Louis XVI Chartres en 1754, mort en 1793; Isnard, né à
dont il avait été ministre. Grasse en 1751, mort en 1830; Louvet, né à Pa-
Portalis, né en Provence en 1745, mort en 1807, ris en 1764, mort en 1797.
est moins connu par les éloquents discours qu'il Quelques-uns des adversaires des Girondins,
prononça contre Beaumarchais et Mirabeau, que Danton, né à Arcis-sur-Aube (!759-)794), Robes-
par la part importante qu'il prit à la rédaction du pierre, né à Arras (1759-I7M4), et Saint-Just, né
Code civil. Il eut pour principal collaborateur à Decize (1768-1791), avaient aussi
Tronchet, né à Paris en 1726, mort en 1806, qui lent de parole. un grand ta-
fut aussi un orateur distingué. Sous l'Empire, il n'y eut plus de tribune poli-
Dans le xix* siècle,. les plus célèbres orateurs tique. Avec la Restauration, l'éloquence reparut
judiciaires sont Lacuée, né à Bordeaux en 1767, dans nos assemblées délibérantes. Les orateurs
mort en 1825 Berryer, né à Paris en )790, mort qui y montrèrent le plus de talent furent le gé-
en 1868, le défenseur du maréchal Ney, l'orateur néral Foy, né à Ham en 1775, mort en 1825, qui
du parti légitimiste, et aussi célèbre par ses dis- déploya à la tribune une éloquence remar-
cours politiques que par ses plaidoyers; Dupin quable, et la mit au service de la liberté et des
aîné, né à Varzy en 1783, mort en 1865, célèbre principes constitutionnels;de Martignac, né àBor-
comme jurisconsulte et comme personnage poli- deaux en 1776, mort en 1832, qui aurait sauvé
tique Chaix d'Est-Ange,né à Reims en 1800, avo- la Restauration sans le ministère Polignac, Ben-
cat habile, fécond en ressources, mais qui n'obtint jamin Constant, né à Lausanne en 1767, mort en
pas, comme orateur politique, les succès qu'il 1830, chef de l'opposition au gouvernement de
avait mérités comme avocat. Charles X; Royer-Coilard, né à Sompuis, dans
Le barreau compte de nos jours un grand nom- la Marne, en 1763, mort en 1845, qui prononça
bre d'avocats éminents, mais leurs noms n'appar- des discours admirables, notamment contre la
tiennent pas encore à l'histoire. loi <f<!&:MM et la loi du sacrilège, et obtint une
Les avocats les plus distingués de l'Angleterre telle popularité qu'en 1827 sept collèges électoraux
contemporaine furent O'Connell, le célèbre agita- l'envoyèrent spontanément à la Chambre des dé-
teur irlandais, né en 1775, mort en 1847, qui débuta putés.
d'abord au barreau et y eut les plus grands succès Le gouvernement de Louis-Philippe a compté
avant de se lancer dans la politique et Lord Brou- aussi un grand nombre d'orateurs éminents qui
gham, né en 1778 à Edinbourg, mort à Cannes en ont illustré la tribune française. !1 suffira de citer:
1868. Ses succès au barreau le firent nommer de Casimir Périer, né à Grenoble en )777, mort en
bonne heure membre du Parlement. La cause la 1832, qui montra autant de talent comme orateur
plus célèbre qu'il ait plaidée est celle de la reine que de décision et de fermeté comme ministre
Caroline, accusée d'adultère par le roi d'Angle- Guizot, né à Nîmes en 1787, mort en 1874, dont
terre Georges IV. la parole élevée et hautaine sut maintenir une
3°0~<eM~po~~MM.–MaIgrél'éIoquencedont majorité trop docile, pendant son long ministère
Robert Miron, prévôt des marchands de Paris de t840 à 1848; Berryer, déjà nommé parmi les
(mort en 1641), fit preuve aux Etats généraux de orateurs judiciaires; enfin Lamartine, né à Mâcon
1614, malgré quelques orateurs dont la parole re- en 1790, mort en 1869. La révolution de 1890 avait
tentit avec éclat dans des circonstances sembla- décidé le poète à entrer dans la politique. Son
bles, l'éloquence politique ne date réellement en rôle devint des plus actifs vers la fin du règne
France que de la révolution de 1789. Fénelon en de Louis-Philippe. Membre de l'opposition, il
indiquait la raison dès 1715. « Chez nous, toutes contribua à amener la révolution de 1848 et fut
les affaires publiques, dit-il, se décident en secret nommé au 24 février membre du gouvernement
dans le cabinet des princes ou dans quelque négo- provisoire. Ses plus beaux discours politiques da-
ciation particulière aussi notre nation n'est pomt tent de cette époque.
excitée à faire les mêmes efforts que les Grecs Ledru-Rollin, né à Paris en 1807, se fit con-
pour dominer par la parole. L'usage public de naître d'abord sous le règne de Louis-Philippe
l'éloquence est maintenant presque borné aux par l'opposition ardente qu'il fit à son gouverne-
prédicateurs et aux avocats ». ment. Organe du parti républicain, il enflammait
Le premier et l'un des plus grands de nos ora- par sa parole les passions populaires. Jl contribua
avec Lamartine à préparer la révolution de 1848. Fontenelle (1657-175'!),comme secrétaire perpétuel
Mais ses qualités d'administrateur,de politique, de l'Académie des sciences, et M. Mignet, né à
d'homme de gouvernement furent loin de ré- Marseille en 1796., secrétaire de l'Académie des
pondre a son talent d'orateur. sciences morales et politiques. Les Eloges de
Thiers, né !t Marseille en 1797, mort en 1877, a M. Mignet sont des modèles d'élévation et de
dans sa longue existence montré les plus rares et style.,
les plus grandes qualités d'orateur politique. 5° Éloquence militaire. L'éloquence militaire
Journaliste, il attaqua avec vivacité le gouverne- aussi est un genre qu'on n'a pas souvent l'occasion
ment de Charles X, et signale premier la protes- de pratiquer. Elle comprend les harangues et les
tation contre les ordonnancesde 1830. Ministrede proclamationsqu un général adresse à ses soldats.
Louis-Philipoe ou'membre de l'opposition de 1830 Dans la réalité, elle se borne à quelques mots
à 1848, il ne cessa de prendre la parole sur les énergiques, et n'a pas les développements que les
questions les plus importantes. Rappelé au Corps historiens anciens lui donnent par une fiction
législatif sous l'Empire, il y prononça son fameux qui ne trompe personne. Cependant, on admire
discours sur les libertés nécessaires, qui eut nn si avec raison les proclamations que Napoléon I"
long et si durable retentissement.Enfin on connaît adressait soit à l'armée, soit aux populations au
le rôle parlementaire qu'il a joué depuis 1870 jus- milieu desquellesii se trouvait. Elles enflammaient
que sa mort. Son testament politique fut la lettre ses soldats et étonnaient les peuples par leur
qu'il adressait,après le coup d'État du 16 mai 1876, grandeur et leur éclat un peu déclamatoire. Les
aux électeurs de son quartier, et que la France plus célèbres sont la première proclamation à l'ar-
entière lut avec admiration. Sa veuve a publié mée d'Italie, et les deux proclamations adressées
les discours de son illustre époux. Ce qui carac- l'une aux populations de l'Egypte, après la bataille
térise l'éloquence de Thiers, c'est sa force de per- des Pyramides, et l'autre aux habitants de Vienne
suasion. S& parole simple, claire, limpide, son art en Autriche après la bataille de Wagram.
d'élucider les questions les plus obscures, gagne [Victor Cucheval.]
ORCHIDÉES. Botanique, XIV. Etym.
peu à peu les auditeurs. Les convictions des plus Orchidées vient du du principal
opiniâtres sont déj4 ébranlées, lorsque quelques Le mot nom genre
accents élevés et patriotiques achèvent de les de cette famille, qui est le genre Orchis, et le mot
entralner. Orchis est lui-même un mot grec qui signifie
En Angleterre, l'éloquence politique date du plante bulbeuse.
xvm* siècle et a offert d'éclatants modèles à nos ZM/~Ktom. Les Orchidées sont des plantes
orateurs de la Révolution.Les plus célèbres sont: monocotylédones caractérisées par leur pollen ag-
lord Chatham, né en 1708 à Westminster, mort gloméré en grosses masses nommées po//i'KtM,
en l'U8; son plus beau discours est celui qu'il par leur embryon non différencié, par leur pé-
prononça, presque mourant, dans le Parlement rianthe irrégulier et par leur androcée presque
anglais pour s'opposer à ce que l'Angleterre recon- toujours réduit à une anthère.
nflt l'indépendance des États-Unis son fils Wil- Caractères botanique*. – La graine des orchi-
liam Pitt, né en 1759, ministre à vingt-trois ans, dées se compose d'un tégument séminal mem-
mort en 1806, qui fut l'ennemi acharné de la braneux formé d'un seul rang de grandes cellules,
France pendant la Révolution, et ne cessa de diri- à parois généralement minces, plus rarement
ger par sa parole un Parlementindocile et las des épaissies sur leur face profonde, comme dans
défaites répétées essuyées par l'Angleterre pen- la vanille; sous ce tégument séminal, on trouve
dant les guerres de la République Fox, né à un embryon globuleux non différencié en axe, ni
Londres en 1749, mort en 1807, qu'on a surnommé appendice souvent le tégument séminal de la
Ie*Démosthènede l'Angleterre il fut l'adversaire graine des orchidées semble s'étendre de chaque
~t te successeur de Pitt Burke, né à Dublin en côté du corps central de cette graine, comme une
1730, mort en 1797, qui se distingua surtout par ses sorte d'aile générale. Cette disposition a en vue
violentes attaques contre la Réuolution française. de faciliter la dispersion des graines seul, ie genre
Les orateurs anglais de notre époque sont infé- Vanille fait exception avec ses graines noires,
rieurs en général à leurs devanciers. La parole brillantes, lourdes et de consistance crustacée.
règne toujours dans les deux Chambres. Mais les Lors de la germination, ii s'écoule un temps très
orateurs, ce qui vaut peut-être mieux, s'attachent long entre le moment où la grainedeest connéo au
surtout à parler en hommesd'affaires; leur langage sol et celui où l'embryon, en voie germination,
est simple, juste, quoique trop prolixe; il n'a pas déchire le tégument séminal. A cette époque, il
l'envergure et les grands coups d'aile des orateurs n'est pas encore possible d'indiquer le pomt de
du xviu* siècle. végétation et, par conséquent, le sommet de l'em-
4° Éloquence oc~MM~t'~e.–Est-ilbienutile.après bryon. Bientôt, en un point absolument quelcon-
ces grands genres d'éloquence, de parler de 1 élo- que de cet embryon, on voit surgir une ou plu-
quence académique? On appelle de ce nom, dans sieurs racines il n'y a pas H de racine principale
les traités de rhétorique, le discours que chaque comme cela arrive habituellement chez la plupart
membre de l'Académiefrançaise prononce lorsqu'il des autres plantes.
vient s'y asseoir pour la première fois, et le dis- Les racines ordinaires des. orchidées sont
cours qu'on lui adresse en réponse. Cela ne con- adventives, c'est-à-dire qu'elles naissent en un
stitue pas un genre bien étendu. On y comprend point absolument quelconque de arrondies la surface de la
aussi les compositionslittéraires mises au concours plante. Elles sont cylindriques, à leur
offrent un aspect tout particulier.
par l'Académie et dont la meilleure obtient une extrémité, et
récompense. Mais ii est rare que la même per- Elles ne se ramifient jamais. On voit très fréquem-
sonne se livre plusieurs fois à ces compositions ment plusieurs de ces racines adhérer entre elles
annuelles, réservées plutôt a des jeunes gens qui par un tissu parenchymateux; on appelle clado-
veulent se faire connaître. Par exception, le célèbre des de racines ces régions communes à plusieurs
Thomas (1732-1785) concourut cinq fois au xvm* racines. Si, comme il arrive souvent,hypertrophie un cladode
siècle et remporta cinq fois le prix d'éloquence, de racines devient le siège d'une
avant d'entrer à l'Académie française. cellulaire et en même temps un magasin de ré-
A l'éloquence académique appartiennent aussi serves nutritives, on le désigne, en botanique
tes éloges des membres défunts composés par le descriptive, sous le nom de tubercule digité.
secrétaire perpétuel de certaines académies. Deux Lorsque les racines adventives des orchidées
hommes seuls, remarquables par leur longévité, doivent vivre dans l'air, loin du sol, on les nomme
ont eul'occasion d'en prononcerungrand nombre racines aériennes, et leur surface se recouvre
d'une enveloppe blanchâtre que l'on nomme ve- y absorber les matières nutritives que ceux-ci
lamen; le velamen n'est autre chose qu'une pilo- contiennent.
rhize ordinaire qui ne subit pas d'exfoliation; le L'ensemble des caractères des orchidées nous
velamen est par conséquent un revêtement subé- montre ces végétaux comme des types profon-
reux qui protège la surface de la racine. Dans un dément dégradés, et ce fait s'accorde parfai-
petit nombre de plantes, ces racines aérien nés se tement avec l'habitude, générale chez les plantes
chargent de chlorophylle et jouent ainsi partielle- de cette famille, de vivre soit comme plantes
ment le rôle de feuilles. ~Mn::eo~.t, soit comme plantes épiphytes. Un très
La tige des orchidées est généralement assez petit nombre d'orchidées sont franchement para-
peu développée, rampante ou dressée,
parfois sites telles sont le Limodorum, la Neottia nidus
très grêle et se terminant par une hampe florale avis; dans ces deux plantes, la chlorophylle est
nue. Dans un petit nombre de genres, chacun des remplacée par des cristalloides rouges. Certaines
entre-nœuds de cette tige se renfle en un tuber- orchidées sont tellement dégradées qu'elles ne
cule d'une forme toute particulière. Ce n'est que présentent jamais de racines telles sont le Cora-
dans le genre Vanille que la tige présente un lorhiza et repayât.
très grand développement; mais, même dans ce Usages des Orchidées. – Les plantes de la fa-
cas, elle demeure herbacée et conserve une struc- mille des orchidées sont très recherchées à cause
ture très simple. de la bizarrerie et de la beauté de leurs fleurs,
Les feuilles des orchidées sont engainantes, qui ressemblenttantôt à un papillon, tantôt à une
entières, allongées, à nervures parallèles peu nom- abeille, tantôt à un singe, etc. Leur culture de-
breuses ces feuilles sont, la plupart du temps, mande le plus ordinairement la serre chaude et
presque radicales. Ce n'est guère que dans le genre des soins assidus; elle est devenue en Angleterre
Vanille qu'on trouve les feuilles dispersées sur et en Belgique l'objet d'une véritable passion. Les
toute la surface de la plante. En approchant de célèbres horticulteurs Veitch et Linden entretien-
l'inflorescence, les feuilles se réduisent à l'état de nent à grands frais des voyageurs dans les ré-
petites écailles. gions tropicales du globe pour y recueillir spé-
La fleur des orchidées se compose d'un périan- cialement les orchidées. Aussi Linné, qui, au
the hexaphylle dont les pièces fort dissemblables milieu du siècle dernier, ne connaissait qu'une
les unes des autres sont disposées sur deux rangs. douzaine d'orchidées exotiques, pourrait-il lire au-
L'une des pièces du verticille intérieur de ce pé- jourd'hui, sur les catalogues des horticulteurs an-
rianthe prend un développement considérable et glais, les noms de 3500 espèces de ces végétaux.
une forme spéciale; on lui donne présente le nom de Parmi les orchidées, peu nombreuses, qui
labelle; très fréquemment le labelle un sont utiles à l'homme, nous citerons
enfoncement ou éperon dans lequel est cachée 1° Les Vanilles. Ce sont des plantes sarmen-
une glande dont le nectar a pour but d'attirer les teuses qui croissent dans les régions chaudes et
insectes qui doivent concourir à la fécondation de humides du Mexique et de la Guyane. La culture
la fleur. Les diverses pièces de la fleur sont insé- les a acclimatées dans les Antilles, au Brésil, 11
rées au sommet de l'ovaire qui devient par cela dans l'ile Maurice. On les cultive pour leur fruit.
même !K/!°''e. L'androcée ne comprend qu'une Ce fruit est une capsule longue, noire, dont les
seule étamine opposée au labelle, hypertrophiée graines globuleuses, coriaces, fort petites, sont
plongées dans tissu placentaire qui sécrète
et adhérente au style qui surmonte l'ovaire; cette un
est dû le parfum
anthère est biloculaire; tous les grains de pollen une huile balsamique à laquelleemployée dans la
de chaque loge demeurent adhérents les uns aux délicieux du fruit. La vanille est
quelques mets délicats. La variété
autres et forment ce que l'on nomme une pollinie; préparation de
estimée celle qui vient de l'ite Bourbon.
très fréquemment chaque pollinie se prolonge en la plus est
une sorte de bec ou caM~tCM/e. En regard de l'an- Conservée dans un endroit sec, elle se vanille couvre de
thère le style porte une glande ou rétinacle qui cristaux blancs d'acide benzoique. La du
produit une humeur visqueuse très adhésive cette Mexique, qui est la plus commune et la moins par-
humeur se répand jusque les caudicules, et fumée, est connue dans le commerce sous le nom
sur
s'y attache en séchant, elle se contracte, tire à de vanillon.
elle les pollinies, par l'intermédiaire des caudi- 2° L'Agrecum /<ra?M ou Fa/tam, originaire
cules et vient ainsi en aide à la déhiscence très des Iles Mascareignes. Les feuilles de cette plante
imparfaite des loges de l'anthère. sont vendues sous le nom de thé de Bourbon; elles
L'ovaire est unitoculaire, tricarpellé, et présente ont une saveur amère et une odeur de fève tonka.
trois placentas pariétaux bilobés qui sont chargés 3° Les Orchis, qui produisent un petit tubercule
d'une multitude d'ovules anatropes bitégumentés. dont on extrait une fécule très légère connue
Dans l'épaisseur des parois ovariennes, on trouve sous le nom de salep. Le salep nous vient do
parfois des glandes septales très développées. l'Asie-Mineure et de la Perse. Bien que les es-
L'ovaire est surmonté d'un style court massif qui pèces qui produisent le salep soient indigènes
glanduleux très dans l'Europe centrale, plantes n'y sont pas
se termine par un stigmate ces
permettre la fabrication
grand et fortement courbé en forme de cuiller assez abondantes pour y
la concavité de ce stigmate regarde vers le sol. directe de cette fécule.
Dans la position ordinaire, le stigmate semble Le salep se mange cuit comme le tapioca ou in-
placé immédiatement au-dessus de l'anthère. corporé au chocolat. JC.-E. Bertrand.~
Les pollinies sont transportées sur le stigmate OREILLE. V. Oule.
l'intermédiaire des insectes hyménoptères. ORGANISÉS(Etres). V. Règnes.
par (EXTRÈME). Histoire générale, I.
La fleur d'un petit nombre d'orchidées diffère ORIENT
quelque peu de celle que nous venons de faire L'extrême Orient comprend les deux empires
connaître c'est ainsi que dans le Cypripedium, le de la Chine et du Japon.
périanthe et l'androcée ont une symétrie binaire Chine. – Les Chinois font remonter leur anti-
et un ovaire infère tricarpellé. quité à 81600 ans avant leur ère historique. La
Le fruit des orchidées est une capsule déhis- Chine était alors gouvernée par des dieux, puis
cente en trois ou six valves très souvent, dans par des souverains descendant des dieux, tels que
les orchidées do nos pays, les trois valves inter- Fo-hi, CAm-NOMn~ et Yao, auxquels on attribue
placentairesrestent unies entre elles au sommet. l'invention du feu, des maisons, de l'agriculture,
Pendant le développement du fruit et la formation des arts et métiers, de la médecine, de l'écriture,
de la graine, on voit souvent les suspenseurs des du calendrier, etc. L'époque historiquecommence
embryons s'étaler à la surface des placentas, pour en 2698 avec la règne de Hoang-Ti, que les Chi-
nois regardent comme leur premier législateur. changé à l'administration plusieurs fois séculaire.
En 2205 l'empire, électifjusqu'alors,devient héré- A la fin du xvm" siècle ont commencétes démê-
ditaire, et Yu fonde ta dynastie Hia, qui règne jus- lés qui durent encore entre l'Europe et la Chine.
qu'en 1766. Le dernier empereur de cette famille, L'Angleterre prolita la première dos mauvais
Li-Koué, dépose à cause de ses cruautés, fut rem- traitements exercés contre tes Européens pour
placé par Tching-Tang qui fonda la dynastie prendre pied dans l'empire. Les ambassades de
Chang (1766-1)22). Celle des TchéQu lui succéda lord Macartney (H92)et de lord Amherst (1802)
et occupa le trône jusqu'en 24~. Son fondateur, n'eurent point de résultats, et en 1815 tous tes ca-
Wou- Wang, fit rédiger le Théou-li, recueil de lois tholiques furent chassés; tes missionnaires de
politiques et socialesdéjà existantes et suivies en- Pékin eurent le même sort en 1828. Le privilège
core aujourd'hui. Sous le règne de Ling-Nang na- de la Compagnie des Indes ayant cessé en 1834, le
quit Confucius (551-479). La dynastie des Tchéou gouvernement anglais ne craignit plus de voir
fut renversée par l'usurpateur Thsin, qui mit un fermer le port de Canton sans interventionsepossi-
peu d'ordre dans l'empire morcelé et bouleverse, ble, et, désormais seul chargé de protéger son
et qui fonda une dynastie nouvelle (:t9-)97), la- commerce, il chercha une occasion de commencer
quelle donna son nom à l'empire T/fWia. Chine. les hostilités. La Chine l'offrit bientôt. L'empereur
Un des successeurs de Thsin, CAt-Noan~-Tt, éleva, s'émut des effets de l'opium introduit en grande
vers 214, la grande muraille contre les Hiong-nou quantité malgré sa prohibition, et de l'exportation
(Huns). On dit que, pour se délivrer des impor- de t'or et de l'argent donnés seuls paiement.
tunités des hauts fonctionnaires qui à son auto- Les commerçants européens furent en retenus pri-
rité opposaient les traditions, il fit brûter tous sonniers jusqu'à ce qu'ils eussent livré leurs car-
les livres relatifs aux mmnra et a l'histoire de la gaisons d'opium la guerre commença (t839). Les
Chine. A la dynastie des Thsin a succédé celle des Anglais bombardèrent Canton et arrivèrentjusqu'à
Han(de 197 av. J.-C. 2:!C ap. J.-C.) Sous les Han, Nankin. Une convention signée dans cette ville
la Chine eut des rapports officiels avec l'empire ro- (1842) mit fin à la guerre de fcpzMm et imposa aux
main, qu'elle appelait T'ai-T'~tK et où elle était Chinois la légalisation du commerce de l'opium, la
connue sous le nom de Sérique (pays de la soie). cession de Hong-Kongà l'Angleterre, une indem-
Une ambassade chinoise s'arrêta, en revenant, nité de 105 millions de fr. et l'ouverture des cinq
dans l'Inde, et en rapporta la religion de Bouddha ports conquis au commerce européen. M. deLagre-
(le Fd des Chinois). née, représentant de la France à Canton, entama à
Après les Han, la Chine, livrée aux discordes, son tour des négociations et, de sa propre autorité,
se divisa en deux empires celui du Nord formé imposa à la Chine le traité de Vampora (1844), qui
par une invasion de Tartares, et celui du Sud. donnait à la France les du traité de
En 589, la dynastie des SoMt monta sur le trône Nankin, permettait aux avantages Chinois d'embrasser le
et réunit les deux empires. Celle des Tang lui christianisme et prescrivait la restitution des
succéda (617-9C7) et fut très brillante. Sous cette églises bâties depuis 1722 qui n'avaient pas en-
dynastie, la Chine étendit sa domination, par force core été converties en pagodes. La France obtenait
ou par soumission volontaire, sur la Corée, le en outre un acte ofnclet lui donnant le droit de
Japon, le Thibet, le Turkestan, la Mongolie, le faire des réclamations.
pays des Mandchoux, le Tonkin, le Cambodge, Pendant cette périoded'embarras, la secte des Né-
la Cochinchine, Siam, Hainan et Formose. Elle nufars, ayant pour but de placer sur le trône une
prit pour capitale Signan-fon. Après les Tang, dynastie nationale, fit de rapides progrès et abou-
les troubles éclatèrent de nouveau et les dynas- tit à une révolte. A la voix des Tchang-mao
ties se succédèrent rapidement la deuxième belles aux longs cheveux,les populations se ou re-
soule-
dynastie des Song se maintint plus longtemps vèrent en mars 1853, Nankin tomba entre leurs
(990-1279). Sous son règne, le Nord de la Chine mains et l'empereur des rebelles proclama l'ou-
fut envahi par les Tartares les empereurs n'en vertured'une ère nouvelle, celle de la GroKf/e-Pat.
conservèrent une partie qu'en se soumettant à ou Tai-Ping. Il s'empara ensuite d Emouy et de
un tribut; ils durent transporter leur résidence Shang-Hai. Une nouvelle guerre avec l'Europe,
à Hang-tchou-fou. Délivrés un moment par les dont nous parlerons tout A l'heure, empêcha le
Mongols sous la conduite de Gengis-khan qu'ils gouvernement de diriger toutes forces contre
avaient appelé, ils furent bientôt les victimes les insurgés toutefois, attaqués,ses après les traités
de leurs alliés. Gengis-khan conquit la Chine de t86t, par l'armée franco-anglaise, ceux-ci per-
par deux victoires et fit périr l'empereur avec dirent Nankin et Shang-Hai et à partir de 1880,
tous tes membres de la famille des Song. Son la rébellion a été complètement réprimée. La
petit-aïs Kublai-Khan, connu en Chine sous le révolte du Turkestan amena la séparation de
nom de Thi-Tsou, fonda la vingtième dynastie ce pays d'avec l'empire (t873) celle des Chinois
chinoise, celle des Mogols ou y.Mt(t279-13M), qui musulmans ou Pansis (1875) vient enfin d'être
administra sagement l'empire. Sous le règne de apaisée.
cette dynastie, les missionnaires et les voyageurs En t856, tes Anglais, profitant des embarras do
européens pénétrèrent dans la Chine, connue gouvernement chinois, et s'appuyant sur une
alors en Europe sous le nom de Cathay, Le plus prétendue insulte faite à leur pavillon, reprirent
illustre d'entre eux est Marco Polo. Avec Tchou la guerre avec l'alliance de la France. Canton
ou Taf-~ony I", monta sur le trône la dynastie fut pris t'armée franco-anglaise remonta le Pé-ro
nationale des Jtft~ (1368-1644). Les Européens (Pei-ho) jusque près de Pékin (1858). Les traités
commencèrent, pendant cette période, à entretenir de Tien-Tsin et la convention commerciale de
des relations suivies avec l'empire; les Portugais Shang-haî ouvrirent aux Européens les cinq nou-
s'établirent à Macao (1522), et le jésuite Mathieu veaux ports de Niou-Chouang, Teng-Tchéou,
Ricci fonda des missions avec assez de succès Souatau, Thai-Ouan, Kioung-Tchéou, cédèrent à
(15S3). La dynastie aujourd'hui régnante, celle la Russie le territoire de t'Amour qu'elle avait
des Ta!-?tM~ ou des Tartares-Mandrhoux, a été occupé 1855, consacrèrent la résidence perma-
Imposée à la Chine par la conquête (t64t). Elle nente en à Pékin d'ambassadeurs européens, et
déjà donné à la Chine sept empereurs, dont le fixèrent les droits de douane à 5 p. 100 de la va-
dernier, Chi-sang, est monté sur le trône en t86[. leur des marchandises importées ou exportées la
Ces. princes ont conquis la Mongolie, Formoae, taxe fut abaissée pour la soie et le thé, l'interdic-
le Thibet, le Kaschgar, la Dzoungarie ils ont tion du commerce de l'opium fut levée. Mais lors-
introduit, dans l'empire, le faste et la servi- qu'en t859 les envoyés français et anglais se pré-
lité des royaumes orientaux, mais ils n'ont rien sentèrent aux bouches du Pé-ro, l'entrée leur en
fut refusée; la guerre recommença (1860). L'armée assez libres. Les juifs, au nombre d'environ 50 000,
franco anglaisa s'empara de nie de Chusan, et, pratiquent librementleur culte. Le christianisme,
après le combat de Peh-Tang,des forts de Ta-Kou introduit par les Nestoriens, au vu'* siècle, et pro-
elle marcha ensuite jusqu'aTong-Tchéou, à 16 ki- pagé plus tard par les jésuites, au xvn' et au xvm'
lomètres de Pékin. Pendant que le gouvernement siècle, s'est heurté à l'indifférence des Chinois et
chinois amusait les ambassadeurs par des négo- aux persécutions du gouvernement les efforts
ciations, l'armée européenne fut attaquée, à l'im- des missionnaires n'ont réussi qu'à conserver à
proviste, par les Tartares, près de Tchang-Kia- peu près intact le nombre des familles converties.
Wang, mais, victorieuse au pont de Pa-li-Kao, elle Les Chinois se divisent en quatre classes celle
entra à Pékin. Les traités y furent signés. Ils des lettrés ou de la noblesse, dans laquelle on peut
confirmèrent ceux de Tien-Tsin, donnèrent une entrer après avoir subi trois examens publics;
indemnité de 60 millions à la France et à l'Angle- celle des agriculteurs, celle des industriels et
terre, restituèrent aux chrétiens tous les établis- celle des commerçants. Les maitres de maisons
sements religieux, et ouvrirent au commerce eu- de jeu, les acteurs, les coiffeurs et les bateleurs
ropéen trois nouveaux ports Tien-Tsin, Tching- sont exclus des fonctions publiques.
Kiang, Han-Kéou. Un ministère des affaires Le gouvernement chinois est une monarchie
étrangères fut créé en 1861, et les ambassadeurs absolue, héréditaire sans ordre déterminé dans la
français et anglais s'établirent dans la capitale. A ligne masculine. Le prince, Fils du ciel, réside à
la mort de l'empereur, le prince Kong, son frère, Pékin, et à Djé-hol en été. H a pour conseil les
qui avait signé les traités, s'empara du gouverne- yM~M-SMKyy,mandarins nommés par lui. Ce con-
ment malgré le conseil de régence, et prit la tutelle seil dirige neuf départements <i~a<!b?M avec les
de son neveu Chi-Sang, âgé de sept ans. Depuis pai/s <ft6M<a:fM :?:Mr!eM?', /!Mo'7:cM, CM/<< ~MefVf,
cette époque, les fonctionnaires de l'empire se justice, travaux publics, extérieur, censure. Les
divisent en deux partis celui de la résistance et provinces gouvernées, deux par deux, par un
celui du progrès les progressistes veulent em- y~OM~-r~OM, ont chacune un gouverneur général
prunter à l'Europe ses armes perfectionnées, son ou vice-roi appelé 7'~o'!j/-foMa' Chaque ville de
instruction scientifique, son organisationmilitaire, premier ordre est gouvernée par un Kouan-Fou
ses engins de défense, afin de préserver la Chine qui dirige, en même temps, un certain nombre de
d'une nouvelle attaque et d'une ruine imminente; villes de deuxième ordre. Les villes du troisième
le parti de la résistance, qui veut, avec un patrio- ordre sont sous l'autorité d'un mandarin. Les
tisme moins éclairé, conserver intactes les mœurs bourgs ont un Tso-Thang, et les villages (Paô) un
nationales, est en minorité, et, grâce à Fappui du yd. Ces fonctionnaires sont amovibles, nommés et
prince Kong, les progressistes ont commencé avec rétribués par l'empereur, sauf le Yij qui est
succès la réalisation de leurs projets. Un arsenal nommé par le mandarin et non rétribué. Il n'y a
et une école de marine militaire ont déjà été fon- ni classes privilégiées, ni places héréditaires. Cha-
dés à Fou-Tchéou. que province doit envoyer à Pékin une redevance
Les Chinois appartiennent à la race jaune et à en nature et en espèces. Les bureaux de douane,
la famille indo-sinique; ils ont le visage large, très nombreux, prélèvent les droits sur les mar-
les yeux noirs, petits et relevés vers les tempes, chandises. Tous les hommes de 20 à 60 ans paient
la bouche et le nez petits. les pommettes saillan- une capitation. Il n'y a pas de monnaies d'or ou
tes, le teint jaune, les cheveux noirs et légère- d'argent le commerce se fait par lingots dont l'u-
ment crépus. Ils n'ont pas de barbe. Les Chinois nité de poids, variable selon les provinces, est le
sont doux et polis jusqu'à l'obséquiosité, mais <ae7 ou liang (37 grammes i<), ou par feuilles de
aussi fourbes, poltrons et vains. Leur langue ap- métal ou par papier. Il n'y a qu'une monnaie de
partient à la famille des langues monosyllabiques, cuivre, le sapèque achien, dont la valeur, sujette
elle n'a ni genre ni nombre; elle comprend la à des variations, est d'à peu près )/2 centime.
langue officielle ou langue mandarine, et un grand L'empereur ne paie que ses mandarins, ses sol-
nombre de dialectes; ceux-ci ne sontpoint compris dats et son sérail chaque province lève ses contri-
lorsqu'on les parle hors de leurs provinces respec- butions et se suffit à elle-même. L'armée s'élève à
tives, mais la langue écrite est comprise partout. peu près à un million d'hommes avec l'arrière-ban.
L'écriture chinoise se trace de haut en bas; elle Elle se compose de l'armée tartare et de l'armée
compte 36 785 caractères, outre 12< lettres-mères chinoise.L'armée tartare, la moinsnombreuse, mais
servant à former les autres. la plus solide, comprend lecontingent régulier et le
Les Chinois qui veulent arriver aux fonctions pu-contingent irrégulier. Le premier, qui se rapproche
bliques sont astreints à des examensdestinés à cons-le plus de notre armée permanente, comprend tous
tater leur degré d'instruction.Les bacheliers ont leleshommes valides de la race tartare-mandchoueet
monopole de l'enseignement, peuvent porterie bou- garde les places fortes. Quand il est appelé à mar-
ton d'or sur leur chapeau et devenir mandarins, cher, ce qui n'a lieu qu'à la dernière extrémité, il
nom sons lequel les Européens désignent la classe reçoit une solde régulière partie en espèces, partie
des fonctionnaires.Les mandarins forment deux ca- en nature; ses généraux (?'cA!a?:&t?:) sont tar-
tares-mandchoux.Le contingent irrégulier est com-
tégories les maMdap'inscivils ou lettrés, et les man-
darinsmilitaires.On distingue, dans le mandarinat, posé des Tartares-Mongols disséminés sous les
un certain nombre de grades. Le plus haut, celui ordres des différents petits princes, et se divise en
d'acodémicien (kan-lin),s'obtient après une épreuve huit bannières. Les Tartares-Mongolsvivent dans
dont l'empereurlui-même est le juge suprême. leur patrie et ne marchentqu'à l'appel de l'empe-
reur. L'armée chinoise, composée de volontaires,
Trois religions se partagent la Chine: la religion
est répartie dans les dix-huit provinces de la
d'Yu, qui est celle de l'Etat et des lettrés, établie
par Confucius le Tao-tse (ou la Raison primi- Chine. Chaque soldat est enrôlé dans sa province
tive doctrine enseignée par Lao-tseu, et le culte et ne sert qu'une partie de l'année. Le chiffre
de F6 ou le Bouddhisme. de l'effectif est très variable la discipline presque
Les Chinois sont très indifférents en matière de nulle. Les grades sont donnés au concours. Les
religion les sectateurs des deux premières reli- armes étaient l'arc et Ja flèche le fusil tend de plus
gions surtout sont le plus souvent libres-penseurs en plus à s'y substituer. La marine militaire
néanmoins la pratique de leur religion est un compte environ 800 bâtiments, et &SOOO hommes,
grand moyen de conserver leur ascendant sur le commandés par deux amiraux. – L'agriculture, élé-
peuple attaché aux superstitions les plus gros- vée, par les lois et les coutumes, au-dessus des
sières. Les Roui-tze (Ouigours), incorporés à l'em- autres professions, est très développée ses pro-
pire auxviic siècle, sont restés musulmans et sont duits sont les légumes, le coton, le thé, le mûrier,
le tabac, l'indigo, la canne à eucre, le riz, le blé, est la plus riche de l'Asie; en 1773, l'empereur
le mais, l'avoine, la vigne. Le gouvernement pro- Kien-long ordonna de former une bibliothèque
page des notions sur l'économie agricole, la tein- des ouvrages les plus estimés; en 1819 elle comp-
ture, et l'éducation des vers a soie. Le com- tait déjà 78,731 volumes comprenant des ouvrages
merce des Chinois avec les Mongols se rëduit aux de législation, de philosophie, d'histoire, de géo-
objets de première nécessite avec les Russes, i) graphie, de jurisprudence, des lexiques, des en-
ne porte guère que sur les draps, tes fourrures cyclopédies,des livres bouddhiquesen grand nom-
et le thé, mais, dans les provinces chinoises et bre, des romans, des pièces de théâtre, etc. Un
dans les ports ouverts au commerce européen, il certain nombre de ces ouvrages ont été traduits
est très actif. Parmi les principaux entrepôts de en français, les principaux sont le Chou-king,
commerce intérieur, nous citerons seulement collection de documents sur l'histoire des quatre
Emouy, Canton, Chao-Hing, Ou-Tchang, Yo- premières dynasties chinoises~ traduit par Gaubil,
Tchéou, Nang-Khang, Nankin. Les villes affec- 1770, et par Pauthier, t84) le Théou-li, code
tées au commerce extérieur sont Kuéi-Lin- d'institutions politiques, traduit par Biot, 185).
Fou, Yaung-Tchang-Fou, Maunatschin, Yarkand, 3vol.in-8°; le ï'a-Aio, ou art de gouverner sagement
Kaschgar, Ladak, Ssa-Lha. Le port de Cha-Pou les peuples, traduit par Pauthier, ts3' le rAoH~-
est ouvert aux Japonais ceux de Canton, Emouy, Kian-Kiang-mou, abrégé chronologique de l'his-
Fou-Tchéou-Fou, Ning-Po, Shàng-hat te sont aux toire de la Chine, traduit par le P. Mailla (H~-
Européens. Les Portugais possèdent Macao, et <otre y~~r~/e de la Chine, 1777-83, 12 vol.
les Anglais, Hong-kong. Les articles d'exportation in-4") le Fo-AoM~-At, relations des royaumes bou-
sont le thé, la soie, le sucre, le riz, les plan- dhiques, traduit par A. Rémusat, 1836, in-
tes médicinales, les épices, l'ivoire, la porce- 4", etc. L'année chinoise commence à l'équi-
laine, l'étoffé dite nankin, les ouvrages de taqne noxe de printemps. Les Chinois se servent, pour
et d'écaille. Les articles d'importation sont l'o- compter le temps, d'un cycle de 60 ans composé
pium, les tissus de coton, les draps, les fourrures, de dix signes, appelés troncs, qui marquent les
les objets en cuivre et en laiton, les fils d'or et décades, et de douze autres signes, appelés bran-
d'argent, les glaces et verres, l'acier, l'étain, le ches, qui marquent les mois. Les signes du cycle
plomb, le corail, la cochenille. L'esprit mercan- décadaire sont exprimés par les noms des cinq
tile des Chinois leur a fait braver les décrets qui éléments répétés deux fois ceux du cycle duo-
leur interdisent de s'expatrier ils se sont répan- dénaire sont désignés par le nom de douze ani-
dus à Java, aux Philippines, à Singapour, à Siam, maux. Pour préciser les années des cycles sexa-
à Calcutta, en Australie, sur les côtes occidentales génaires déjà écoulés, les souverains donnent aux
de l'Amérique, au point de se substituer aux tra- années de leur règne un nom particulier. Le
vailleurs indigènes et de provoquer des révoltes cycle sexagénaire actuel a commencé en Chine en
de la part de ceux ci. Le travailleur chinois ou 1866. Pour la géographiede la Chine, V. Asie.
coolie (prononcez kouli) est sobre, actif et éco- Japon. II est à peu près certain que le Ja-
nome. De là les préférences des entrepreneurs pon a été peuplé d'abord par les Ebisd, Yessos ou
anglais ou américains, qui vont les chercher par ~Mos, dont les derniers descendants, voisins des
convois et font avec eux un traité qu'ils tiennent Esquimaux par leur type, sont en train de dispa-
plus ou moins honnêtement. Le coolie revient raltre. A une époque préhistorisque, une colonie
toujours dans son pays, soit vivant, avec le pécule étrangère vint s'établir au sud du Japon et étendit
qu'il a amassé, soit mort pour reposer au milieu bientôt ses conquêtes. La ressemblance entre le
des siens i! fait promettre à celui qui l'engage type des Javanaispurs et celui des Japonais de haute
de renvoyer son corps dans la province qu'il a race pourrait faire supposer que les envahisseurs
quittée. Les sciences, plus avancées en Chine étaient malais. Toutefois l'origine de la race japo-
jusqu'au XV siècle que partout ailleurs, sont res- naiaeestencorecontroversée.La légende attribue à
tées stationnaires l'imprimerie, la poudre à ca- Jin-mu, premier mikado(souverain),fils de la déesse
non, la boussole, dont on fait remonter l'invention du Soleil, la fondation de la dynastie impériale.
à l'an 2C02, et le gnomon qui daterait de 1109, in- L'histoire du Japon se divise en deux périodes
ventés par les Chinois, n'ont été perfectionnésou Iapremière(oshé!)s'éœndde660avantJ.-C. à 1192
employés qu'en Europe. Les Chinois font peu de après J.-C.; c'est celle de la puissance des mi-
mathématiques, mais le système décimât est en kados la deuxième (ashé:), tt92-)868, correspond
usage parmi eux depuis longtemps. La médecine au pouvoir desshogouns (appelés aussi tafkouns)
se réduit en Chine à l'usage des simples ou à des ou commandants militaires mais ce n'est qu'au
pratiques superstitieuses les Chinois ne connais- xvii* siècle que la transition est accomplie et
sent ni la physique, ni la chimie, ni l'astronomie. que leshogounat est une institution légale et
Ils se servent du levier, de la poulie, du treuil, incontestée. Sudjin, dixième mikado (97 a. 30
de la roue dentée, et ils ont emprunté aux Euro- av. J.-C.), introduisit le premier quelque régu-
péens la vis et la vapeur qu'ils appliquent à ta larité dans la vie nationale, établit un impôt
cuisson des aliments. Leur seul moyen de trans- du sang, une corvée, encouragea l'agriculture, fit
port est la brouette dont le milieu repose sur un creuser des canaux d'irrigation, construire des
essieu muni de deux roues, auxquelles on peut navires, et divisa l'empire en quatre commande-
ajuster une petite voile pour se faire aider par le ments militaires à la tête de chacun desquels il
vent. Mais 400 canaux facilitent les transports par plaça un siogoun. Au M* siècle après J.-C., les Ja-
eau. Les Chinois n'ont point d'architecturepro- ponais conquirentla Corée et lui imposèrent tribut.
prement dite.Les maisonsn'ont qu'unrez-de-chaus- Ils se trouvèrent, par ce moyen, en contact avec
sée qu'entourent des cours elles sont couvertes la civilisation chinoise alors dans toute sa splen-
en tuiles jaunes, pour les palais impériaux, rouges deur. Le bouddhisme remplaça bientôt l'antique
pour ceux des pnnces, grises pour les habitations mythologie indigène. A la fin du m* siècle, les
ordinaires;le papier remplace les vitres aux fenê- livres de Confucius pénétrèrent au Japon de
tres. Les temples sont ou des tours (pagodes), ou cette époque datent l'écriture et l'histoire vérita-
des édifices, à peu près de même forme que les ble. Les classes se formèrent peu à peu, et en
maisons d'habitation, mais ornés de peintures, de 794 la cour vint se fixer à Kioto. Les empereurs,
bois précieux, d'animaux fantastiques, etc. Les asservis par une aristocratie nombreuse et tur-
Chinois ne savent représenter les objets que par bulente, ne furent bientôt plus que des rois
la peinture. Leur peinture est caractérisée par des fainéants. Bientôt aussi les principales familles
teintes très pâles et un manque absolu de pers- se disputèrent le pouvoir; alors commença une
pective et de proportions. La littérature chinoise longue suite de troubles dans laquelle on n'a à
remarquer que peu d'événements importants gner de leur concession de plus de 40 kilomètres.
une attaque tentée, sur le Japon, par les Coréens Les traités de 185S ont été renouvelés en )8'!4,et
et les Tartares deGengis-khan~mais qu'un typhon un traité postal a été conclu entre l'Amérique et
fit avorter (1280); l'introduction du christianisme le Japon. Depuis l'arrivée des Européens au Japon,
par les jésuites de Macao qu'y amena en 15t9 le et la guerre de 1860-1868 contre l'antique orga-
portugais Mendez Pinto, jeté par un naufrage sur nisation féodale, le gouvernement ne s'est occupé
les côtes du Japon (154'i), et qui obtint d'abord que de faire passer, dans les mœurs et l'adminis-
la faveur de quelques princes à qui il avait fait tration, les traditions européennes. Pour s'y con-
présent de fusils mèches enfin, une nouvelle sacrer tout entier, il a conclu avec la Corée un
expédition en Corée pour y établir le tribut traité qui l'affranchit définitivement d'un tribut
(t598). A cette époque, le gouvernement du Japon depuis longtemps réclamé, jamais payé (t!6).
est tout entier entre les mains d'un descendant de Au contact des mœurs et des idées européennes,
la grande famille de Ninatomo, Ye.i/as, qui se trans- sous l'influence du gouvernement, l'état social et
porta de Kamakura à Yédo (1590), y fit bâtir le les mœurs se sont profondément modifiés. Le
sM'o (forteresse), restaura le bouddhisme dont le mikado, descendant des dieux, était considéré
centre fut transporte à Yédo, et légua à ses des- comme le représentant et l'héritier de la divinité,
cendants un pouvoir qu'ils conservèrent 250 ans. l'intermédiaire entre son peuple et le ciel, le chef
En 1558, les Portugais abordèrent de nouveau et le souverain juge du clergé, comme une sorte
au Japon et furent confinésdans l'îlot de Dé-Sima. de père spirituel depuis qu'il a cessé d'être invi-
Les Hollandais s'étaient établis à Firando, où les sible, les Japonais, qui se prosternaientdevant sa
Anglais vinrent les rejoindre de 1613 à t6x3. Mais litière, ne le saluent même plus au passage, ce qui
en l(i38 les rivalités des Franciscains etréactiondes Do- leur a attiré récemment un rappel à l'ordre sous
minicains, leurs excès, amenèrent une forme de décret. Toutefois ils continuentà s'aban-
tous les chrétiens furent égorgés les Portugais, donner à sa direction avec la même confiance
expulsés, furent remplacés, à Dé-Sima, par les passive. Le trône était héréditaire et passait, à
Hollandais qui y restèrent enfermés jusqu'en 1856. défaut d'héritier direct, à un neveu on à un des
On les tint dans une étroite surveillance; ils ne fils que le mikado avait eus des douze « servantes
purent avoir que des bateaux dont la forme ne de l'impératrice, a prises dans les quatre familles
permettait pas de s'éloigner des côtes le nombre chargées de lui fournir des épouses. Ces princes
des bâtiments étrangers pouvant aborder chaque et les membres de cinq autres familles qui se per-
année fut réduit de & a 2 il fut défendu aux in- pétuaient sans mélange, formaient une caste guer-
digènes de répondre aux questions des étrangers rière qui conserva longtemps le pouvoir. Au-des-
il avait leadaïmioset]esM)KOM<'<M(nobles).
sur leur pays; les daïmios (princes) ne purent se sous cela été balayé y
voir sans une autorisation spéciale depuis cette Tout a par la guerre de 1860-1868.
époque les Japonais devinrent inquiets, soupçon- Le mikado, après avoir renversé le shogoun, a
neux et insociables. repris le pouvoir direct avec l'assistance d'un pre-
Sous Charles H, les Anglais avaient essayé en vain mier ministre qui seul signe les décrets. Cette
de prendre pied dans l'Ile on leur en refusa mesure est un moyen gouvernement:un décret de
l'entrée sous prétexte que leur roi avait épousé est-il impopulaire, on déclare que le ministre a
une princesse portugaise. Le Japon, mentionné mal rendu la pensée du monarque et on le retire.
pour la première fois par Marco Poto, ne fut plus En 1875 il a été créé une assemblée ctMM~/ar~'
connu que par les récits de quelques voyageurs (genro-in), sans attributionsdéfinies, et une assem-
Kœmpfer (IGiiO), Thunberg ()T!2-m5). Les Russes blée annuelle des préfets qui dure 50 jours. Les
échouèrent également au Japon, en 1806 l'ami- débats sont secrets dans ces deux corps. Quant
ral Golowine fut détenu pendant trois ans les aux daimios et aux samouraï, ils ont été remplacés
Anglais n'eurent pas plus de succès en 1808, 1811 par des employés d'administration,et vivent, sans
et 1849. En )85~, le commodore Perry fut envoyé, pouvoir et sans influence, de pensions que leur fait
par les Etats-Unis, demander au Japon un traité le gouvernement. Le peuple n'a aucun droit politi-
d'amitié et de commerce. L'empereurne répondant que il ne peut même porter les armes ni monter
pas, le tuteur dushogoun de Yédo signa, avec les à cheval mais déjà la classe des marchands, des
Américains (1854) d'abord, puis avec les Anglais, entrepreneurs de travaux industriels et des ban-
les Russes (t855), les Français (1858), IM Hollan- quiers est sortie du mépris où on l'avait reléguée;
dais, les Autrichiens, un traité leur ouvrant les les lois somptuaires ont été supprimées, et le
ports de Hakodaté, Kanawaga et Nagasaki. Ayant mikado a commencéà entrer en rapports avec ces
envoyé, en 1860, une ambassade aux Etats-Unis, classes inférieures dont l'argent lui est nécessaire.
ce fut un prétexte de révolte, et il fut assassiné. L'opinion publique n'existe pas, mais des
la presse
Après huit ans de troubles, le shogounat dispa- commence à s'étendre le nombre journaux
rut, et le pouvoir impérial fut restauré les per- s'est élevé de 1 à 15 de 1SM à ]877.
sonnages formant l'entourage de l'empereur, les La législation japonaise est l'œuvre du shogoun
chefs de clans révoltés, formèrent un conseil et Yéyas. Elle renferme des préceptes de morale,
prirent en main le gouvernement. Les Européens des lois constitutionnelles, des pénalités, des sou-
furent confirmés dans leur concession, le mikado venirs personnels, des conseils sur l'art de gou-
promit la création d'une assemblée délibérante, verner. Elle a plutôt le caractère d'un testament
l'abolition des anciennes coutumes barbares, la que d'un code, aussi n'était-il permis qu'à cer-
distribution d'une justice impartiale, et déclara tains fonctionnaires de la consulter. Il en reste
ouverte une ère nouvelle, l'ère de Mei-dji, qui surtout une soumission aveugle de la part du peu-
signifie ~OMtwnef c~M'eme~t. Il transporta sa ré- ple envers ses supérieurs, une certaine bonté de
sidence à Yédo, aujourd'hui Tokio, et défendit au la part de ceux-ci, et, enfin, cette étiquette méti-
peuple de se prosterner sur son passage. Les culeuse qui, au Japon comme en Chine, est le
clans furent convertis en ken (départements), les fondement des relations sociales.
daimios ne furent plus que des administrateurs. Ces lois déféraient les fonctions de juges aux
Mais le décret qui ferme le Japon aux étrangers gouverneurs de province; elles sont confiées ac-
n'a pas encore été révoqué, l'accès du pays est tuellement à des magistrats particuliers. Des tri-
toujours interdit aux voyageurs, à moins d'une bunaux de première instance ont été établis dans
permission spéciale qu'on peut touiours leur re- 65 Aea. Quatre cours de justice se partagent l'em-
fuser s'ils ne sont ni ministres, ni consuls. Un pire, et deux de leurs membres font chaque année
vaisseau ne peut entrer dans un port qu'en cas une tournée dans leur ressort. Au-dessus de ces
d'avaries graves. Les Européens ne peuvent s'éloi- j cours en est une autre instituée en 1879, et qui a
pour mission de réformer les arrêts mal rendus. de capitaux et la persistance hors des villes de
Ces lois pénates, refondues une fois déjà depuis la l'ancien genre de vie. Le Japon consomme peu et
compositiondes Cent-Lois, sont l'objet d'un travail ne vend guère plus. A part les cotonnades an-
encore inachevé. La question préparatoire a été glaises et les mousselines de laine qui se répan-
récemment abolie, et une prison cellulaire a été dent un peu partout, le commerce n est alimenté
construite à Tokio. Les condamnés à perpétuité que par tes quelques milliers d'habitants qui ont
sont relégués dans l'îlot de Skuda-Sima, où on les adopte les modes européennes. Les principaux
occupe à des travaux pour lesquels ils sont payés. articles d'exportation sont le thé, qui se vend sur-
La peine de mort ne s'applique plus que par la dé- tout en Amérique, mais sans grand bénéfice, les
collation ou par l'étranglement. Les condamnés soies, aussi chères que les nôtres, mais de qua-
s'y soustraient souvent par le suicide. Ce genre lité inférieure, enfin les porcelaines, les bronzes,
de mort est quelquefois ordonné par le gouverne- les objets de laque. Le gouvernement, craignant
ment comme châtiment d'un crime politique; il de perdre son indépendance nationale, se refuse
consiste à s'ouvrir le ventre (hara-kiri), et n'est à promulguer les lois civiles et commercialesqui,
pas une peine infamante. ouvrant le Japon au crédit européen, lui permet-
Le service militaire, exclusivement réservé au- traient de faire des routes, de cultiver son sol et
trefois aux samoural, est obligatoire et universel d'exploiter ses mines. Les rares voies de commu-
depuis 1872. L'armée a été parfaitement organisée nication et les moyens de transport trop primitifs
par une mission militaire que le gouvernement sont encore un obstacle au commerce. Outre les
français a mise à la disposition du mikado en 1867 canaux qui relient Tokio et Osaka avec les ports,
son costume est à peu près celui de l'armée fran- il n'y a qu'un chemin de fer entre Tokio et Yoko-
çaise sa hiérarchie est la même. Elle a pour hama et un autre entre Kobé et Osaka le reste
armes le canon et le fusil. Une école militaire sur du pays ne renferme que des routes insuffisantes
le modèle de Saint-Cyr, un arsenal militaire et et mal entretenues. Les transportsse font sur mer
un arsenal maritime ont été fondés par des offl- par des jonques ou de petits steamers; sur terre,
ciers français. L'organisation de la marine est di- à dos de chevaux dans les campagnes, dans des
rigée par des officiers anglais. L'instruction est carrioles traînées par des hommes dans les villes.
très favorisée au Japon. Chaque village a son Les seuls moyens de locomotion pour les voya-
école, et un homme ne sachant ni lire ni geurs sont les chevaux, la carriole et le kango,
écrire serait difficile & trouver. Vers sept ans, espèce de panier muni de perches que soutien-
les enfants apprennent l'alphabet, puis vont à nent des porteurs. Le service postal est fait par
l'école où on leur enseigne suivant leur rang des coureurs de relais en relais. Une ligne téi~-
les principes qui doivent guider leur vie l'or- graphique a été établie de Nagasaki à Hakodaté et
gueil et le mépris de la mort ou l'obéissance et dans l'ite de Yéso. Le gouvernement est presque
l'amour de la médiocrité à tous, les formules de seul à s'occuper d'agriculture; il a fondé une
politesse que tout Japonais rougirait d'ignorer, et ferme-modèle à Tokio et une ferme-écote à I'e
surtout la vénération pour le mikado. A douze ans, de Yéso Quelques terrains ont été défrichés,
ils savent tous lire et écrire. mais it reste encore de vastes espaces abandon-
Jl y avait au Japon, en 18T!, dix écoles supé- nés faute de bétail.
rieures sous l'autorité immédiate du ministre de Il n'y a pas d'architecture au Japon. L'absence
l'instruction publique, et 6261 écoles particulières de vie politique, les doctrines bouddhistes, les
entretenues par les provinces. On y apprend le fréquents sinistres ont contribué à la construction
japonais, le chinois, les sciences physiques, la chi- d'édifices 9e bois sans caractère monumental. Il
mie, l'histoirenaturelle, la médecine, les sciences n'y a pas non plus de sculpture le bronze est
exactes et les langues européennes, surtout l'an- trop cher et le marbre n'existe pas. II n'y a de
glais. Mais cette instruction, terminée vers seize statues que les Bouddha impassibles et tes dieux
ans, ne s'adresse exclusivement qu'à la mémoire. Il grimaçants qui ornent tes temples. La peinture
y a en outre des écoles spéciales où les cours se est, en revanche, très développée. On la re-
font en langue étrangère, le japonais ne pouvant trouve partout sur les panneaux de bois des
se plier aux exigences du langage scientifique. Ce temples, sur les paravents de papier, sur les
sont l'école de médecine,à Tokio, où les cours se écrans de soie, etc. Elle représente tantôt des
lont en allemand, l'école de droit où ils se font en scènes héroïques avec des formes roides, tantôt
français, l'école centrale, technical school, où ils des scènes patriarcales ou comiques où la fami-
se font en anglais. On trouvera des détails précis liarité est poussée souvent jusqu'à la caricature,
sur la nouvelle organisation de l'instruction publi- tantôt des oiseaux, des fleurs, etc. D'ailleurs,
que dans l'article Japon de la Ire PARTIE. comme la peinture chinoise, elle n'a ni propor-
Pour subvenir à tant de dépenses, il a fallu mo- tions, ni perspective, ni justesse de coloris. La
difier le système financier. Les impôts no sont plus musique n'était connue autrefois que des MM!-
perçus qu en espaces. Ils ont pour unité le prix cou- CM~M de la MMf; cette charge a été abolie, et la
rant, variable d'ailleurs, de la mesure de riz appelée notion musicale sera bientôt étrangère au Japon
koku. Chaque année le gouvernement publie le La musique japonaise est à la fois criarde et lamen-
budget projeté, mais le peuple n'est pas en me- table, peu variée et souvent faussée par les instru-
sure de le contrôler; de plus le règlement des ments. Il y a deux sortes de danses la danse sa-
comptes reste secret. Les principales sources du crée qu'on ne voit qu'à la cour, et la dansepopulaire,
revenu public sont aujourd'hui l'impôt foncier, le plus vive, en usage dans toutes les réjouissances.
produit des postes, dos douanes, l'impôt sur le La littérature japonaise est pauvre, surtout de com-
salaire des employés, le produit des travaux pu- positions poétiques que le caractère tout positifet
blics et établissements de l'Etat. La dette publi- formaliste des Japonais n'a pas su créer et que la
que comprend la dette étrangère, les deux em- langue n'eût pu exprimer. Elle consiste principa-
prunts contractés à Londres à 7 et à 9 p. 100, la tement en chroniques, dont la plus renommée est
dette inscrite envers les créanciers indigènes, et la le Gengi monogalari,œuvre de la poétesse Mura-
dette flottante représentée par le papier-monnaie. saki en drames, comédies, dont le principal mé-
La décadence du commerce rend les ressources rite est une exacte imitation de la vie récite, eu
du Japon insuffisantes pour ses besoins. Très flo- romans, contes satiriques ou allégoriques et pro-
rissant après les traités de 1853-1856, ce commerce verbes.
décline peu à peu, malgré l'ouverture des nouveaux La religion du Japon a d'abord été le shinto
ports de Yokohama,Osaka, Hiogo, Yédo et Nie- (voie des dieux), ou adoration des Kami, c'est-à-
gata, ruiné et entravé par la concurrence,le manque dire des forces de la nature transformées en gé-
nies, auxquels se sont mêlées, depuis le vi' siècle, tien reste au-dessus de l'horizon, et qui vont le
les doctrines de Confucius, de Lao-tseu et du couper en deux points de plus en plus reculés vers
bouddhisme. Il n'y a pas d'idoles dans les tem- le sud. En France, pendant les mois de juin et de
ples du shinto; le culte se réduit a des fêtes en juillet, le soteil se lève au N.-E. et se couche au
l'honneur des Kami, à des offrandes de gâteaux. N.-O. pendant les mois de décembre et janvier, il
d'huile, d'oiseaux vivants et à des représentations se lève au S.-E. et se couche au S.-O. C'est donc
dramatiques; le shinto n'a ni dogme, ni morale, toujours la ligne N.-S. qu'il faut déterminer pour
il n'enseigne que le culte des ancêtres et l'imita- s'orienter; c'est-à-dire que l'orientation sur place
tion de leurs exemples. H n'a pas conservé sa pu- consiste à détermine?'la méridienne.
reté, mais s'est amalgamé au bouddhisme et a vu II. Plans et cartes. ~iOM des vents. L'orienta-
diminuer considérablement le nombre de ses sec- tion d'un plan ou d'une carte locale consiste à
tateurs. La religion dominante est le bouddhisme tracer sur ce plan ou cette carte la direction
mais là, comme en Chine, il se borne à des prati- d'une méridienne. On trace dans un coin du plan,
ques toutes machinales et à des superstitions gros- quand cette direction est connue, deux traits per-
sières qui n'ont plus cours que dans le peuple pendiculaires dont l'un, marqué N.-S., ou désigné
l'incrédulitéla plus complète règne dans les autres par une fleur de lys du côté du nord, est parallèle
classes. à cette direction. Quant aux cartes géographiques,
La langue japonaise appartient à la famille des on a l'habitude d'en tracer toujours le cadre de
langues agglutinantes;elle est divisée en un grand manière à ce que le méridien du milieu de la carte
nombre de dialectes. L'écriture est celle de la soit parallèle à l'un de ses bords, le nord en haut,
Chine simplifiée et adaptée à la langue l'écri- le sud en bas, l'est à droite et l'ouest à gauche
ture vulgaire comprend 41 caractères. Les marins ont adopté, pour désigner les diverses
Pour la géographie du Japon, V. Asie. directions de l'horizon, une subdivision des points
[Th. Lindentaub.] cardinaux dont la figure est connue sous le nom
ORIENTATION. – Connaissances usuelles, de rose des vents. La circonférence s'y trouve di-
Vni. I. jMdrM'eKS et méridienne. Points cardi- visée en trente-deux parties dites rumbs, dont
na:M;. – S'orienter, c'est déterminer où est l'o- chacun vaut 11 degrés t/~ et dont les noms sont
rient, c'est-à-dire comment sont placés sur l'ho- formés de ceux des points cardinaux, de la manière
rizon ce qu'on nomme les quatre points car- suivante les bissectrices des quatre angles droits
dinaux; c'est, plus généralement, savoir rap- des points cardinaux s'appellent des noms réunis
porter les directions horizontales à une direction des côtés de l'angle qu'ils bissèquent nord-est
première fixe cette direction, qui s'appelle le (N.-E.), nord-ouest (N.-O.),sud-ouest (S.-O.), sud-
nord d'un côté, le sud de l'autre, est pour chaque est (S.-E.); les bissectrices des huit angles ainsi
lieu la direction des potes, ou mieux, la trace formés se désignent encore d'après la même règle
horizontale du plan qui passe par les deux pôles nord-nord-est (N. N.-E.), ouest-nord-ouest (O.-N.-
et le centre de la terre, coupant sa surface suivant 0.), ouest-sud-ouest (O.-S.-O.), sud-sud-ouest
un grand cercle qu'on nomme méridien terrestre. (S. S.-O.), sud-sud-est (S. S.-E.), est-sud-est (E
Ce plan lui-même, considéré en un point particu- S.-E.), est-nord-est (E. N.-E.), et nord-nord-est
lier de la terre, est un plan vertical dont le prolon- (N. N.-E.). Déjà ces huit noms sont bien moins
gement coupe la voûte céleste suivant un grand usités que les huit premiers. Quant aux bissectri-
cercle qu'on nomme méridien céleste. Il divise en ces des seize angles ainsi obtenus, il n'y a guère
deux parties égales le cours de tous les astres, que les marins qui en fassent usage leurs noms
dont chacun atteint, au moment où il « passe au sont formés de celui des huit principaux dont le
méridien )), le poi~t le plus élevé du cercle oblique rumb considéré est le plus voisin, et de celui du
qu'il décrit. côté duquel on se porte, précédé du mot quart,
La ligne horizontale suivant laquelle se projette puisqu'on n'a fait que le quart du chemin vers
le plan méridien sur le sol s'appelle méridienne; lui. Ainsi le voisin du nord, du côté du nord-est,
c'est une petite portion locale du grand cercle du s'appelle nord-quart-nord-est;tandis que le voi-
méridien terrestre le sud ou midi (media dies, sin du nord-est du côté du nord s'appelle nord-
milieu du jour) est sa direction considérée du côté est-quart-nord.
où dans notre zone tempérée se trouve le soleil III. De<cnMtMa<M?:de ~[MM'fMHcHKe ;)<:)'<esoM.
au milieu du jour, et le nord ou septentrion la Le soleil, avons-nous dit, semble décrire dans
directionopposée.Dans la zone tempérée de l'autre le ciel des cercles obliques toujours parallèles,
hémisphère, au Chili, au Cap, en Australie, c'est au ayant pour axe commun une ligne constante, l'axe
contraire du côté du nord que se trouve le soleil. du MOKcte, inclinée sur l'horizon d'un angle égal
Si l'en mène, au lieu oùl'on est, unehorizontate à la latitude du lieu (V. Latitude). Ces cercles
perpendiculaire à la méridienne, elle donne la sont plus bas en hiver, plus hauts en été, de sorte
direction des deux autres points cardinaux l'est qu'en France, en juin, les deux tiers du cours du
ou orient, situé à droite quand on regarde le nord, soleil sont au-dessus de l'horizon, et en décembre
à gauche quand on regarde le sud, c'est-à-dire du seulement un tiers.
côté où les astres se lèvent; l'ouest ou occident, La direction du plan vertical où se trouve le
situé du côté opposé, vers lequel les astres se di- soleil à la même heure chaque jour varie donc
rigent et se couchent. continuellement, excepté celle du milieu de son
Toutefois, les directions précises nommées est cours, du point le plus élevé du cercle qu'il décrit
et ouest, qui marquent au ciel les extrémités de chaque jour, du point où il est à midi vrai. La
l'axe du méridien céleste, ne sont pas du tout, direction de l'ombre d'une tige verticale à ce mo-
comme le disent à tort beaucoup de traités élé- ment sera donc toujours la même; c'est à ce mo-
mentaires de géographie, les <' points où le soleil ment que l'ombre est la plus courte, puisque le
se lève et se couche o il n'y a que deux jours par soleil est au point le plus élevé de la journée. Le
an où le soleil se lève à l'est et se couche à l'ouest; cours circulaire du soleil étant ~M:e<f!~Mfde part
ce sont les deux jours d'équinoxe, le 21 mars et le et d'autre de cette position, elle se trouvera tou-
22 septembre, où le soleil décrit le grand cercle jours la bissectricede l'angle de deux ombres égales
de l'équateur céleste, coupé en deux parties égales formées par la tige le matin et le soir quand le
par l'horizon. Au printemps et en été, le soleil soleil sera à deux points situés exactement à la
décrit des cercles parallèles plus élevés, qui vont même hauteur,àdeuxmomentségalement éloignés
couper l'horizon en deux points plus avancés vers de l'heure de midi.
le nord; en automne et en hiver, il décrit des Or, on aura plus exactement la position de deux
cercles parallèles plus bas, dont une moindre por- ombres égales, le matin et le soir, quand la hau-
teur de l'ombre varie rapidement, que vers midi des vents imprimée sur une matière très mince et
où cette hauteur varie très peu pendant que le trèsié~ère.
soleil parcourt presque horizontalement la partie Mais le point important à considérer ici est que
supérieure de son cercle. la direction de l'aiguille n'est pas rigoureusement
D'après cela, pour tracer une méridienne, on du sud au nord elle en diffère d'un angle variable
dressera bien verticalement, dans un lieu décou- avec les lieux et avec les temps, qu'on appelle dé-
vert, une tige bien droite sur un plan horizontal clinaison (V. Magnétisme). En France cet angle
bien dressé au niveau. On décrira sur ce plan des peut varier de C degrés, de Nice à Brest. L'An-
cercles concentriques du pied de la tige comme nuaire du Bureau des longitudes a publié une
centre, ayant pour rayon de une trois ou quatre petite carte de ses valeurs pour 1876; mais en ce
fois la hauteur de la tige on marquera, dans la moment, la déclinaison en France diminue rapi-
matinée, les points où l'ombre de l'extrémité de la dement (d'un degré en six ou sept ans). On peut
tige vient juste raser ces cercles, et on fera de donner le chiffre de 16 degrés pour sa valeur sur
même dans la soirée, à des heures sensiblement la ligne moyenneLille-Paris-Pau vers 1882 ou 1883
éqaidistantes de midi (le midi vrai n'est pas le (15 degrés en 1890), avec 3 degrés de plus pour
même que le midi moyen. V. Cadran solaire). La Brest et 3 degrés de moins pour Nice, les lignes
bissectrice commune de toutes ces positions intermédiaires étant sensiblement équidistantes
d'ombres égales est la méridienne. et parallèles. C'est de cet angle qu'il faut écarter
IV. Orientationde nuit. Étoile polaire. On vers la droite la ligne nord-sud de la rose des
pourrait, la nuit, tracer la méridienne au moyen de vents en laissant a gauche la pointe bleue de l'id-
la pleine lune exactement comme le jour au moyen guille, pour avoir avec la boussole l'orientation
du soleil, car la lune décrit an ciel des cercles véritable.
parallèles semblables à ceux du soleil; mais il y a VI. Apnlications scolaires. OAM''M<Ot<-< popu-
un moyen bien plus simple d'obtenir immédiate- laire. Toute école doit avoir au moins la direc-
ment la direction du plan méridien les étoiles tion de la méridienne tracée dans dtaque classe,
aussi décrivent ces mêmes cercles parallèles, et sur le plafond ou sur le sol, afin que le maltre
comme leurs rayons vont en diminuant du coté du puisse, en parlant des points cardinaux, les dési-
p0)e céleste, s'il y a des étoiles très voisines de ce gner de la main dans leur vraie position. Cht
pôle, les cercles qu'elles décrivent sont très petits, trouve chez plusieurs éditeurs des roses des vents
et les étoiles doiventêtre visibles toujours du même peintes sur une grande feuille de papier qu'on peut
côté du ciel, et faire reconnaltre le p61e. coller au plafond. Si l'on trouve difficile de tracer
Il se trouve en effet de ce cote. pour nous qui la méridienne, dans la classe, d'une manière ma-
habitons l'hémisphère nord du globe (l'autrehémi- thématique, on peut toujours l'obtenir approxima-
sphère n'a pas cet avantage), deux constellations tivement en prenant, le soir, la direction de l'é-
bien connues, de forme assez semblable, mais toile polaire, ou la direction de l'ombre d'une
tournées en sens Inverse, la Grande Ourse et la ligne verticale de porte ou de fenêtre à midi
Petite Ourse, et la dernière étoile de la queue de précis.
cette dernière, l'étoile polaire n'est qu'à 1 degré' Un instituteur intelligent pourrait construire à
du pôle, c'est-à-dire qu'elle décrit autour du p&le peu de frais, dans le point du préau découvert le
un cercle dont le diamètre n'est pas plus de trois mieux exposé et le plus éloigné des murs, un ap-
fois celui do la lune. pareil d'orientation qui serait en même temps un
Ces constellations sont formées chacune de sept excellent indicateur des heures et un moyen puis-
étoiles principales, ce que rappelle le nom de sant de faire comprendre aux enfants le mouve-
septentrion donné souvent, au point nord. Quatre ment diurne apparent du soleil et des autres
de ces étoiles forment un quadrilatère, les trois astres. Avec un cerceau d'enfant, d'environ un
autres une ligne aboutissant à l'un des angles mètre de diamètre, placé verticalement dans te
comme le timon d'un chariot, d'où le nom popu- plan méridien, et soutenu par une tige de fer
laire de Chariot, par lequel on désigne quelquefois verticale solidement enfoncée dans un pieu, on
la Grande Ourse. aurait la position du plan méridien une baguette
Le p61e céleste forme avec la Polaire et l'étoile de bois, niée à son centre, inclinée sur l'horizon
suivante de la queue de la Petite Ourse un petit de l'angle de la latitude du lieu (43* à 55* en
triangle dont it est facile de retenir la forme et France), et dépaesant le cercle par ses deux ex-
qui permet, avec un fil à plomb, de vériBer le soir trémités en pointes, représenterait l'axe du
assez exactement la position de la méridienne monde, et serait facile à fixer au moyen de l'étoile
qu'on aurait tracée par le procédé précédent, ou polaire un cercle de même diamètre que celui
même de la tracer directement avec deux jalons du méridien, fait avec une bande métallique
dans la cour d'une école. mince, large de deux doigts, et ayant cette tige
V. La boussole. Lorsque les astres dn ciel ne pour axe, pourrait représenter l'équateur solaire;
sont pas visibles, lorqu'on se trouve, par exemple, en le divisant en 2t parties égales, numérotées
dans des souterrains ou dans des bâtiments, sous de 1 à XII de chaque côté, on aurait les divisions
le feuillage d'une forêt ou simplement sous un ciel d'un cadran solaire équinoxia), l'ombre de l'axe
nuageux, on peut s'orienter au moyen de la &OM- venant sur ces divisions aux dinérentes heures
sole, qui n'est autre chose qu'une aiguille d'acier du jour; enfin, quatre petites vergettes de fer,
aimantée tournant librement dans un plan hori- placées horizontalement suivant les diamètres des
zontal. (V. Aimant, Boussole, Afa~~h'MM.) cercles, qu'elles solidifieraient, représenteraient
La boussole commune, en France, est uniosange la direction des quatre points cardinaux; on pour-
très allongé en acier dont on laisse le bleu de la rait les terminer par quatre lettres de métal,
trempe du côté qui se dirige vers le nord; l'autre N, E, S, 0, nxées sur les cercles. L'extrémité de la
moitié, limée, a la couleur du métal. Elle tourne tige verticale pourrait porter une petite girouette
sur un pivot dans une boite au fond de laquelle pour donner la direction du vent, si la cour était
est une rose des vents, tandis que le cercle par- grande et le lieu bien découvert.
couru par les pointes de l'aiguille est divisé en Il serait à désirer que des appareils de ce genre,
360 degrés. Dans la boussole marine, au contraire, servant en quelque sorte dobservatoires popu-
le barreau aimanté porte un disque léger sur le- laires, fussent construits à bon marché par le
quel est peinte la rose des vents, qui se trouve commerce et fournis aux écoles ou aux commu-
ainsi toujours orientée. Il serait facile d'imiter nes. C'est certainement la forme la plus instruc-
cette disposition, et de construire de petites bous- tive et la plus propre aux explications de tout
soles d'orientation dont l'aiguille porterait une rose genre qu'on puiMo donner à un cadran solaire.
Une municipalité généreuse pourrait même, au muettes, selon qu'on tes fait entendre ou non dans
grand profit de l'instructionpopulaire, le construire la prononciation. Les lettres muettes sont des
en matériaux durables et dans des proportions voyelles, mais plus souvent des consonnes. Les
architecturales, et en faire un petit monument voyelles étymologiques qui peuvent être muettes
public qui ornerait utilement la place située de- sont a, e, o, u, comme dans août, aeoir, paon, qua-
vant l'école communale. [Albert Dupaigne.] lité. Les consonnes muettes sont surtout des con-
ORNtTHOLOGIE. – V. Oiseaux. sonnet fortes qui se présentent au commencement
ORTHOGRAPHE.–Grammaire,VII.- On di- ou à la fin des mots, comme dans affranchir, ap-
sait autrefois plus correctement l'orthographie, pauvrir, asservir, attendrir, diffamer, e~acef ;<<M,
graphie désignant toujours la science et graphe ?, vers, /br<, sans, chant; beaucoup plus
le savant: la géograp hie et un géographe, la cal- ment au m:/MM, comme dans AasM~e, Aisne, rare- etc.
/<yrajoMe et un calligraphe, etc. Quoi qu'il en Au commencement des mots, la consonne nulle
soit, l'orthographe ou l'orthographie est la manière provient toujours de la consonne finale d'un préfixe
d'écrire les mots et les phrases d'une langue, selon qui s'est assimilée à la consonne initiale du mot
l'usage établi et les règles de la grammaire. simple, d'où résulte consonne redoublée qui
I. Orthographe des mots. C'est l'orthographe se prononce comme une une consonne simple, par
proprement dite, qui consiste: exemple dans appauvrir, de ad et pauvre. En gé-
1° A écrire chaque mot dans son état simple néral les consonnes finales ne sont muettes qu'ac-
avec les lettres ou les signes phonétiques dont il cidentellement, et elles seraient mieux appelées
doit se composer c'est ce qu on appelle ordinai- quiescentes,parce que, si elles se reposent souvent,
rement l'orlhographe d'usage. elles se font de nouveau entendre soit dans la
2" A écrire les mots variables avec les modifica- liaison des mots, par exemple des amis, soit dans
tions qui leur sont propres, modificationsqui por- la flexion et la dérivation, par exemple haut, haute,
tent le plus souvent sur la terminaison (par hauteur; c'est la raison pour laquelle l'orthogra-
exemple le chant, les c/<an<s il cAaK~iT, je phe moderne, qui a supprimé dans l'intérieur des
cAfM~Ai), mais quelquefois aussi sur le radical des mots presque toutes les consonnes purement
mots (mourir, je mEurs); cette partie de l'ortho- étymologiques, les a au contraire conservées quand
graphe porte le nom d'orthographe de principes elles sont finales.
ou d'o)'</io~rapAe grammaticale. b) On appelle lettres serviles celles qui,
L'orthographe de principes s'appelle aussi o~ prononçant pas, ne servent qu'à donner à lanecon- se
thographe ?'e~!<:t~, parce que c'est la manière d'é- sonne ou à la voyelle qui précède telle ou telle
crire les mots selon la relation ou le rapport qu'ils prononciation. Les lettres serviles peuven~ être
ont dans le discours, abstraction faite de la forme des voyelles ou des consonnes. Les voyelles ser-
qui leur est propre. viles sont u, qui maintient au q et au c devant e
L'orthographe d'usage est ainsi nommée parce et i le son guttural (en pareil cas CM devient pres-
que, ne dépendant pas des règles de la grammaire que toujours yu) oueM/e, yu:e/ie<, rauque,
proprement dite, l'usage semble en être le seul quille, et e, qui donne a ces consonnes le son lin-
j
régulateur. Cependant cette partie de l'orthogra- gual de et de s ya~EM)'e, ~oMCEdh-s. Les
phe n'est pas plus arbitraire que l'autre, et il sonnes serviles sont l, m,n, t; elles apparaissent con-
vaudrait mieux l'appeler orthographe absolue, comme doubles consonnes à la fin des mots. Dans
puisque c'est la manière d'écrire les mots absolu- la règle le doublement des consonnes ne devrait
ment, c'est-à-dire seuls, isolés, tels qu'ils sont dans avoirlieu que dans la pénultième accentuée, c'est
les dictionnaires, en particulier dans celui de à-dire suivie d'une syllabe muette tandis que
l'Académie. toutes les syllabes non accentuées sont brèves, la
A. ORTHOGRAPHEABSOLUE. L'orthographe des pénultièmequial'a.ccenttonique estle plus souvent
mots dépend essentiellement de la nature des sons longue quand elle est suivie d'une consonne
ou des éléments matériels qui les constituent. On simple, comme dans /~<e, idiome, zone, rose date,
appelle orthographe rationnelle ou phonétique la et elle devient brève quand elle est suivie d'une
manière de représenter ces sons de la langue, soit consonne redoublée, comme dans dette, poM~e,
par des Mt)'M, soit par d'autres signes, dits couronne, rosse, patte. Mais les exceptions à cette
orthographiques,selon les règles propres à la pho- règle abondent, et la pénultième accentuée peut
nétique française. Mais, en français, l'orthographe être brève quoique suivie d'une consonne simple,
n'est pas toujours la représentation fidèle de la par exemple parole, et d'autre part le doublement
prononciation comme, en général, c'est l'origine de la consonne a souvent lieu sans nécessité après
du mot qui en détermine l'écriture, cette ortho- une voyelle atone, puisque cette voyelle
graphe étymologique est souvent en désaccord avec jours brève, de telle sorte que la consonne est tou-
qui suit
l'orthographe rationnelle. Ainsi, par exemple, les ne sert à rien et est une lettre comptètementpa-
trois premiers sons du mot chapeau sont repré- rasite, par exemple honneur,
sentés régulièrement par les lettres f/t, a, p, qui, can~OM~Mr, monnaie, tonner, rayonner,
&a)'o?tK:?,
sommet, etc. En re-
en français, ont pour valeur propre de servir à vanche, après un e muet qui doit recevoir l'accent
marquer ces sons; au contraire, le son final n'est tonique, le doublement de la consonne est néces-
pas rendu par son signe propre o, mais bien par la saire pour marquerque cet e muet est devenu so-
il
combinaison des voyelles eau, à cause de l'étymo- nore, comme dans jette, il appelé, qu'il
logie, la forme ancienne de chapeau étant chapel. ou ce doublement de t, de ou de fiMHc,
n produit )o
1. Quant aux lettres dont on se sert en français même effet qu'un accent
grave sur l'e pénultième
pour marquer les divers sons de la langue, elles jète, appe/c, viène.
peuvent être e/y~o/o~Meï ou serviles. Les consonnes 1 et n sont dites mouillées quand
a) Les lettres étymologiques sont données par elles sont suivies immédiatement
t'étymologie latine ou romane; elles sont étymo- allemand;ce son se marque en français son du
du j
un i ou
logiques même quand elles ne sont pas de prove- parun g préposé à la consonne mouilléepar et qui doit
nance latine, si elles ont été introduites dans être considéré comme une lettre servile, quoique
l'ancienne langue en application des lois de la étymologique: feuille de /b<tMm,s!'f!?M de~~um.
phonétique française, comme d dans peindre, et 2. Les orthographiques étaient inconnus
t dans c?-o~re,où la consonne linguale ou dentale au vieux français et ne remontent qu'au xvt* siè-
d et t a été intercalée pour cause d'euphonie entre cle.
n et<pe:K-D-?'e, ou entre s et r o'oM-T-rc, d'où Ces signes, qui suppléent jusqu'à un certain point
c~oMre. aux lacuneset aux défectuosités de alphabet,
Les lettres étymologiques sont sonores ou sont des caractères qui servent à notre
marquer tantôt
le son (<~MM phonétiques) et tantôt la forme comme signes diacritiques tes lettres italiques
(signes formatifs) des mots. opposées aux lettres droites ou romaines.
a). Les signes phonétiques sont la cédille, le b). Il n'y a qu'un signe formatif, c'est le trait
<t'ema, l'apo~fopAe et tes accents écrits. d'union (-), qu'on place entre les parties constitu-
La cAhMe est un signe qu'on place sons le c tives d'un mot compose, comme <:Ae/-<fo'M~e,
pour lui donner le son de la sifflante j; souscri-
on mit c'est-à-dire, dix-sept, ou entre deux ou plusieurs
d'abord un âpres c faczon, puis on le mots tellement unis qu'ils semblent n'en former
vit au c /~OM. qu'un au point de vue de l'accentuation, comme
Pour indiquer que les groupes de voyelles, MM<-<M? a~M-fOM-eK, etc.
comme Ot et au, doivent se prononcer séparément, B. ORTHOGRAPHE MLAnvE. – L'orthographe re-
on place sur la seconde le signe appelé <' ewa (") lative est l'orthographe des Nexions ou terminai-
M<K/, Soti<. On met encore le tréma sur l'e de la sons des mots variables, dont la grammaire ensei-
syllabe nnale a~e lorsque l'u est sonore c<~t«, gne l'origine et l'emploi dans des règles précises
et non pas tt~Me, qui se prononcerait comme c'est pourquoi on l'appelle aussi orthographe de
f,gue. règles ou de principes.
éviter l'hiatus ou la rencontre de voyelles
Pour Cette orthographe, ne dépendant que des règles
dans deux mots qui se suivent, la langue éhde la de la grammaire, est certaine et ne peut pas nous
voyelle qui termine le premier mot, quand cette induire en erreur. C'est une règle générale que
voyelle est un e muet; et la consonne qui précède les substantifs et les adjectifs font leur pluriel en
se lie alors à la voyelle initiale du mot suivant; s, quelques-unsen x, que le féminin se forme en
mais la voyelle élidée dans la prononciation ne ajoutant un e, et que la terminaison des verbes
l'est pas dans l'écriture, sauf dans quelques mo- varie selon le temps, le mode et la personne.
nosyllabes où l'e muet est remplacé par le signe Tout cela est du ressort de l'étymologie ou pré-,
appelé apostrophe ('): l'ami = lE ami, j'aime = mière partie de la grammaire et ne présente au-
<z aime; ailleurs l'élision existe sans qu'elle soit cune difficulté; avec un peu d'attention on est sûr
marquée dans l'écriture quelque autre, entre eux de ne pas s'y tromper. H n'en est pas tout à fait
(= quelqu'autre,entr'eux). de même des règles de concordanceque donne la
L'e muet est remplacé par une apostrophe syntaxe, grâce aux subtilités que se sont plu à y
l* Dans les monosyllabes le (article et pronom), introduire la plupart des grammairiens; mais il
;'e, me, te, se, ce, CMe, ne, de: l'ami,j'honore,il est facile de débarrasserla syntaxe de toutes ces
m'aime, ~e t'avertis, il s'amuse, c'est juste, qu'il subtilités et de réunir en quelques pages toutes les
pal-te, il n'écrit pas, il est saisi d'effroi. règles concernant l'accord des mots, ainsi que
&' Dans quelques polysyllabes composés de que, nous avons essayé de le faire dans notre Gram-
savoir a) jusque, devant toute voyelle jusqu'en maire élémentaire de la langue française (p. 124
Suisse; b) quoique, ~or~ue, pMt'MMe. parce que, à 134).
quand ces mots sont suivis de il, elle, on, un
~«o!t' lorsqu'elle, pMM9'M'on, parce qu'une
d« phrases.
H. Orthographe des –
phras«. L'orthographe
des phrases consiste uniquement dans l'applica-
~M<e, e) quelque, ~fMOMe, ainsi que entre, dans tion des règles de la ponctuation, règles qui dé-
tous fes mots composés quelqu un, pre~u'Me, coulent d'une analyse logique réellement digne de
entr'acte. Hors ces cas, l'e des mots quoique, ce nom.
lorsque, quelque, etc., n'est pas remplacé par une La ponctuation consiste a marquer, par des signes
apostrophe quoique étranger, lorsque André, convenus, les divisions ou la fin des phrases (si-
puisque aucun de vous, parce que en Italie, quelque gnes objectifs), et la manière actuelle dont nous
autre, presque usé, entre eux, entre autres, etc. considérons telle ou telle proposition, tel ou tel
La voyelle finale des monosyllabes la et si s'é- membre de la proposition (signes subjectifs). Les
lide comme l'e muet fdme, ye l'ai vue, s'il pleut. signes objectifs sont le point (.), le signe do
Les acceM<~ écrits, qu'il ne faut pas confondre ponctuation le plus fort et qui se met à la fin de
avec l'accent tonique, sont au nombre de trois la phrase pour indiquer que le sens est tout à fait
l'accent aigu ('), comme dans ca fé, l'accent grave terminé la virgule (,), le signe de ponctuation le
(~), comme dans père, et l'accent circonflexe ("), plus faible et qui s'emploie dans la phrase de
comme dans/été. subordination pour séparer, dans certains cas, la
L'accent at~M se place ordinairementsur tout proposition subordonnée de la principale, et dans
e sonore terminant la syllabe, excepté quand cet la phrase de coordination, lorsqu'il y a contraction,
e est suivi d'une syllabe muette finale, auquel cas pour en séparer les termes similaires le point-
on emploie l'accent grave céder, ~e cede. On virgule (;) et les deux-points (:), qui expriment
emploie encore l'accent grave sur l'e de la flnale des divisions intermédiaires plus faibles que le
es quand n'est pas le signe du pluriel abcès, point, plus fortes que la virgule, et ont pour fonc-
c~p;etc. tion propre et générale de séparer les proposi-
L'accent circonflexeindique 10 la suppression tions coordonnées, soit de marquer les divisions
d'une lettre, surtout l's, avec allongement de la de la phrase de coordination, les deux-points
voyelle, comme dans ap<)<fe pour apostre, ou sans ayant dans ce cas une valeur plus forte que le
allongement de la voyelle, comme dans Mp)'~ point-virgule. Les signes subjectifs sont la
<f'tM<<ryoya<to~(?),le point d'exclamation (!),
pour hospital, riMt'f pour roïttr 2* l'allongement oint () et les pOM<~ ~Mpe~Mt/% (.), qui ne
de la voyelle sans suppression de lettre, dans la pffre'i<M~f
quelques mots en eme, ole, orne, one Même, sont que des signes auxiliaires. L'alinéa, mar-
pf~e, ddme, c()Me. quant une séparation plus forte que le point, doit
On emploie encore l'accent grave et l'accent aussi être considéré comme un signe de ponctua-
circonflexe comme signe purement diacritique, tion. V. Ponctuation.
c'est-à-dire qui sert à distinguer les mots sans 111. Variations de l'orthographe. L'orthogra-
influer aucunement sur la prononciation à, pré- phe de l'ancienne langue était indécise et flot-
position, et a, verbe; là, çà, où, adverbes, et la, tante, mais elle se distinguait par une grande
article, fa, pronom, ou, conjonction ye~e, simpticité et, en somme, elle différait moins de
mûr, sûr, crd, dû, et jeune, mur, sur, cru, dM. l'orthographe actuelle que de celle de Rabelais ou
L)M lettres Ma~tMCM~ sont aussi des signes dia- de Montaigne. Voici comment M. Brachet a résuma
critiques qui servent à distinguer des noms com- ces variations de notre orthographe
muns les noms propres et les noms communs em- x Il n'existe, en théorie, que deux systèmes d'or-
ployés comme noms propres le Portugal, fjdca- thographe le premier qui figure exactement la
demie française, etc. On peut encore considérer prononciation ou orthographe phonétique; le se.
cond qui s'attache plutôt a rappeler l'origine du elle supprime de même le d muet de advocat, ad.
mot et est dit orthographe étymologique.L'ortho- venture, etc., qu'elle avait jusque-là conservé.
graphe phonétique, exacte peinture de la voix, Mais elle n'osa point aller jusqu'au changement de
n'admet que des lettres vivantes ou prononcées oi en a: que Voltaire proposait, et jusqu'en tS3!}
elle écrira filantropie, orfelin, ~<MO/!?, comme elle écrite connotMOM, il était, il marchait; ce fut
nous écrivons faisan (de ~fMMMM', fantaisie seulement dans sa sixième édition que l'Académie
(du grec phantasia), /an<OMe (de phantasma). A sanctionna la réforme voltairienne.
côté de ces lettres actives, l'orthographe étymolo- » Notre orthographe contient, malgré ces utiles
gique admet, au contraire, des lettres mortes, qui réformes, plus d'un reste de la manie érudite du
rappellent aux yeux l'étymologie, mais qui ne xvt* siècle le moyen âge écrivait autre (alter),
jouent aucun rôle dans la prononciation telle paume (palma), pous (pulsus) le xvi' siècle, aul-
est, par exemple, la consonne p dans exempt (de tre, pautme, pouls; nous avons repris jMMme et
exemptus), baptiser (de baptizare) dans ce sys- autre, mais nous avons gardé pouls. Le moyen âge
tème on écrira phaisan, phantaisie,phantosme; disait oser (ausare), oreille («Mrieula), povre (pau-
sujet, venant de subjectum, sera orthographié per), toreau (taurellum), acheter (accaptare),bati-
subject, etc. ser (baptizare) déroute (derupta),escrit (scrip<us)
» Au point de vue de la pure logique, le sys- le xvi* siècle, auser, aureille, pauvre, taureau, et
tème phonétique est la seule orthographe ration- de même achapter, baptiser, déroup~e, escript.
nelle l'orthographe étymologique manque en L'orthographe moderne a repris oser, mais non
effet de base, puisqu'elle ne s'appuie que sur l'or- povre; oreille, mais non toreau; acheter, mais
thographe d'une langue antérieure, et que d'autre non baliser. Les lettres doubles qui infestent notre
part elle suppose arbitrairementque les étymolo- vocabulaire sont encore l'héritage du xvi* siècle
gies sur lesquelles elle se fonde pour imposer aux nous écrivons arbitrairementet sans aucune raison
mots telle ou telle lettre parasite sont indiscu- d'étymoiogie, ni de prononciation abatis et abat-
tables. D'ailleurs, l'orthographe d'une langue, toir, charretier et chariot, coureur et courrier,
comme la langue elle-même, n'est point faite pour timonier et canonnier, cantonal et cantonuier,
quelques lettrés, mais pour l'ensemble de la na- félonie et baronnie, patronal et patronner, tonnant
tion le f de faisan n'empêchera pas plus l'hellé- et détonation, agrandir et aggraver, aplanir et
niste de reconnaître dans cette forme le grec pha- applaudir, appauvrir et apercevoir, etc.
M'a~os que le ph de philosophien'aidera les illet- » Le moyen âge écrivait NacMM, porcion. Au
trés à retrouver l'origine du mot. lieu de garder cette orthographe qui nous per-
» De ces deux systèmes orthographiques, le mettait de conserver au t un son unique, les lati-
moyen âge, à l'origine, adopta le premier, la lan- nistes rétablirent dans tous ces mots le <: latin
gue de la Renaissance adopta le second, et notre de là les inconséquences de prononciation telles
orthographe actuelle est le résultat d'un compro- que les ~eKt'OM et «ous éditions, les portions et
mis très arbitraire entre les deux. Le moyen âge nous apportions, les inspections et nous inspec-
chercha d'abord à modeler l'orthographe sur la tions, etc.
prononciation au xn* siècle on écrivait comme » Cette orthographe dite étymologique, qui ne
aujourd'hui neveu (de Hepo~e~), recevoir (reci- représente pas la prononciation, devient même
pere), enseue/M' (insepelire) le xvi° siècle, pour tout à fait arbitraire quand elle repose, comme
rapprocher ces mots de leurs originaux latins, cela est arrivé plus d'une fois au xvi* siècle, sur
écrivit KeptMM,fecep~otr,e~septM/M',sans se douter une étymoiogie erronée. De même que peser vient
que le p latin existait déjà dans tous ces mots de pensare, le latin peMMM (au sens de poids)
sous la forme du v; de même les formes du xir donna le vieux français pois, comme me~t's a
siècle devoir (debere), fièvre (/eo)'HK), février donné mois, tensa toise. Le xv~ siècle, qui tirait
(/e<'?'Ma~MM),sont devenues auxvr* siècle oMt;oM', pois de pondus, voulut conformer l'orthographe
peofre, febvrier. Le moyen âge, changeant le ct du mot à cette fausse étymologieet écrivit poids,
latin en it, écrivait lait (lactem), fait (/<:c<MMt),dont nous avons hérité et qui sous cette forme a
trait (tractum), nuit (noctem);le xvt' siècle refait perdu, en apparence, toute parenté avec peser.
ces mots en laict, traiet, faict, nMK~. Cette re- » Il est à souhaiter que, dans la septième édition
cherche d'orthographe érudite, quiavait commencé qu'elle prépare du Dictionnaire de l'usage, l'Aca-
dès le xv' siècle avec les clercs et les premiers démie, qui a déjà fait en 1835 tant d'utiles réfor-
traducteurs des livres de l'antiquité, s'accrut mes dans notre orthographe, persiste dans cette
d'une manière démesurée sous la Renaissance, voie en supprimant la plupart des doubles lettres
par TinBuence que prennent alors les imprimeurs et en bannissant bon nombre de ces prétendus
érudits Robert et Henri Estienne surchargent signes étymologiques. » (Brachet,Morceauxchoisis
les éditions sorties de leurs presses d'une foule des grands écrivains du xvf siècle, p. LXXHL)
de lettres parasites empruntées à l'orthographe Malheureusement l'Académie n'a pas répondu à
des langues anciennes. Cette invasion de lettres cet appel, et la septième édition de son Diction-
muettes jette un tel trouble dans l'orthographe, naire, qui a paru en 1877, n'a guère amélioré
qu'une réaction en sens inverse ne tarde point à notre orthographe. Non seulement l'Académie n'a
se produire. Meigret etl'illustre Ramus, qu'approu- pas fait disparaltre les anciennes bizarreries de
vent Ronsard, Du Bellay et toute l'école nouvelle, cette orthographe, mais elle y en a ajouté de nou-
tentent contre les Estienne et l'école des étymo- velles et elle n'a pas même su éviter les contra-
logistes de ramener l'orthographe au pur système dictions. Voici à ce sujet quelques indications
phonétique. Cette tentative échoue, et l'orthogra- sommaires qui pourront être utiles aux maltres
phe étymologique persiste, en s'allégeant quelque aussi bien qu'aux élèves.
peu, jusqu'à la fin du xvn* siècle. Malgré les Emploi des voyelles l'Académie continue à
efforts de Corneille et de Bossuet, l'Académie con- écrire les voyelles muettes même quand elles sont
serva presque intact ce système orthographique complètement inutiles, comme dans &ŒU/, masure,
dans la première édition de son Dictionnaire toast, paon, heaume, etc; elle supprime le e éty-
(1694); elle proscrivit même l'usage des accents mologtque dans voir et le conserve dans seoir,
et ne jugea point à propos d'adopter l'orthographe mais elle écrit je surseoirai et j'assoirai, etc.
de Richelet, qui écrivait tête pour teste, épée pour Emploi des consonnes capt'MùM~, fabricant,
espée, etc. provocant, S!<~ocat:<, vacant,et choquant, mar-
» Ce fut seulement en t740, dans sa troisième quant, pratiquant, <ra/ï~Ma~,etc excédant (par-
édition, que l'Académie remplaça par l'accent 1'~ ticipe) et excédent (adjectif),, excellant et excellent,
Étymologique; elle écrivit alors tête, ~p~e, opo~'e; négligeant et négligent, etc.; aphte, apo-
p~g'Mt, autochtone, diphtongue, MMorM~te, glé-nè, MMMBM-n~, nouveau venu, court t)At<;
A~mo~oMe!, hypooondrt, ichtyophage, opA&t!mte, corps-saint, corps de garde; eau-de-vie, eau <<<
cA<t<te, rythme, etc. rapsode et rAapM<M, flegme, rose; état-major, tiers état; haut-fond, haut /bm<-
et phlegme, /)'<~ste et phrénésie,para/Se et ~a- neau faux-fuyant, faux frais, faux monnayeur;
raphe, /b7tt<MnM~orM et phantasmagorie,paré/ie francs-tireurs, corps francs; p<e<<~e-cAa<, pied
etpa~A~M, etc. de ta'M/FO<-aM-/fM,FO~pO!<r<'t;c*e~<-d-a'tre,c'est
Doublement deff consonnes l'Académie a éga- à savoir; au-devant et au dehors, au-dessus, au-
lise l'orthographe des mots assonance, consonance dessous et en dessus. en dessous; là-dessus et là
et dissonance, emma<Ho<<n' et démailloter; mais dcd~tM; ici-bas, là-bas et en bas; là-haut et en
elle continue h écrire résonner; résonnant et haut; par-ci ?<)?'-? et par t'o, par là, par deçà;
sonance consonne etiNMMttant, consonance abat- par-deDert, pa~-<.fMMM<et par devant sa chambre
tre,abattementeta&a<a~c,aAa~(acotédeM<M); (mais par-de~aMt Montre) très bon, trottemenu;
assujettir et assujétir, carotte, calotte et compote, havresac; morte-eau et eau morte; un <~e-M<c
camelote; ballotter, cM~«<'r, cracAo~er, décrotter, et Me à MM (adv.), avenir et à-venir (snbst.)
grelotter,jM~Ker, etc., et barboter, cAecrohr, cla- rOM~tCM! ou. <-OM-t)teM:; bis-blanc etpam &M, à
poter, Mt~OMt~, dorloter, /r!'co~r, grignoter, un homme bien-disant, de soi-disant docteurs,
gigoter, etc. tabletterie et &M/M~M-te; ~t/er et bras-le-corps, acompte, afin, atour, averse et à
percer, $t/!e j MM/'<!er,MMM/~Mr et AoMTtOM~er, verse, d-coM/t, à-propos, à vau-l'eau, etc. contre-
emmitoufler, etc.; charrette, charrue et chariot; bande, contrepoison et conft-e-ord'fe, con<re-po:
courrier et coureur; 6aron?!teet félonie; cancaner etc.; e~d'os, encaisse, entrain, Mt-M<, en-cas; en-
et capitonner;bananier, marinier, nautonier ti- trecouper entrelacs, <n<recd<e, entresol, entremets
cM~OM- et entre-odiller. t7:<re-<emjM, entre-voie, etc.
monier, etc., et M<onMer, braconnier,
nier, marronnier,prisonnier, vannier, etc; tmt~- soucoupe et sous-sol, etc.; surpoids, surtout et
cile et imbécillité; accourir et acoquiner, atten- sur-arbitre, susdit et ~Mt-~tfMce, etc. malsain
dre et atermoyer, approfondir et aplanir, allon- et mal-étre, mal-appris non pareil et non-sens,
Mfeta~oMrdtr, etc. non-payement non seulement, les gens non inté-
Emploi de la cédille :~ottcc<!<reamlien de dou- ressés, etc.; &OMte/eu et boute-en-train; eatHe-
c<t<e. &o«e et caille-lait; claquedent et casse-cou; lèche-
Emploi des accents l'Académie écrit mainte- frite et à lèche-doigts; passavant, passeport, pas-
nant je siège, d'après la règle générale, mais elle sepoil et passe-debout,passe-droit, passe-partout,
maintient l'ancienne orthographe dans <M~e, passe-temps etc.;por~<'a~e, portecrayon, porte-
dussé-je, etc. elle écrit avec l'accent grave ba- faix, por<e/fM!Kc,portemanteau et porte-aiguille,
rème, orfévre, poète, sève, troène, prèle; avec l'ac- porte-clefs, porte-drapeau, po?'<e-ueuM, porte-
cent aigu énamourer (contrairement)& l'étymo- montre, pof<e-fo:.< etc. condamnationpar corps
logie qui exige enamourer, comme fMCT'er, MOt~- et le pa?'-co''p~; ~!M?!< à moi et le quant-à-mot,
gueillir, etc.), goéland, goélette, goémon, pépin, bien faire et le bien-faire, cette ~MN'tpHon est
p~p;c, p«:Ker; avènement, affrètement, MM<e?te- hors d*<BMure et un Aofï-d'o'u~re. erte;' sauve qui
ment, ténement et événement; complètement,adv., peut et ce fut un ~aMoe-~Mt-pe~.
Ponctuation Fïce liberté! et vive le vin.
et complétement, subst. f~e?neMt et dérègle- ~A/moM Dieu, qu'avez-vous fait? Eh!
ment, subst., et réglément, déréglément, adv.; moM Lieu,
réclusion et reclusion, célei- et celer, etc. L'Acadé- laissons cela. ~A quelle chute et Oh ~teM, que
mie écrit maintenant sans accent circonflexe gaine t'eMM/e/ Oh çà,parlons H'eno~n/~at'M. 0 temps,
et ~<M!e~ goitre, levure, masse et masser (termes <! ma'MM 0 mon Dieu Plaise à Dieu OM':Z re-
de jeu) elle admet également aboiement et vienne sain et sauf! PM< à Dieu que Commeetc. cela /Ut,
aboiinent, d~oMemen~ et ~eKodmemt, dénuement IV. Réforme de l'orthographe. on
fran-
eNyo~ment, l'a plus haut, l'orthographe de l'ancien
et <~t!!me?t~, engouement et en- vu
simple et en somme beaucoup plus
!OMeMtCMt et eM/oMmeMt, etc. Elle écrit angélus çais était très
et CMM/M~, ad hoc et aA hac, optime, nec rationnelle que celle qui l'a remplacée après la
plus Mt~a, a' pos<e!'t0r:, a priori, vice versa et à Renaissance. Cette orthographe moderne de Ma.
*K:Tt:ma~ m«!-CM<pd, no~a benè, sine qud non; rot et de Rabelais, tonte hérissée de lettres ëty
MM~ souler et saoul, MOM~pa<astre et paldtre; mologiques inutiles dont trois siècles n'ont p"
trinome et binôme, monôme, etc. nous débarrasser entièrement, est encore la nô-
Emploi des majuscules amen et Ave; les an- tre aujourd'hui, sinon dans les détails, du moins
techrists et l'Antéchrist; le Bas-Empire et la dans l'ensemble. Il ya là une tradition d'autant
taMe Bretagne, les basses Pyrénées; le Très-Haut, plus puissante qu'elle remonte à une époque où
le haut ~AtK.un toM< pays, le /taM<ma/ l'~prtt- la langue française s'est fixée et est entrée dans
Saint, rN<'rt<M~eMtm/e, lasainte V)er~?, la sainte la phase classique de son histoire, et c'est préci ·
Famille, la <a!!M<e Bi& les lieux Mt'tt~, le M:n< sèment cause à de cette tradition que toute réfor-
sépulcre;saint Jean, la Saint-Jean, le saint-père, me radicale de l'orthographe française est entou-
le saint-siège, le Mt7!<-o/)!e< le MM<-emp~'e; rée de difficultés presque inextricables.
Notre-Seigneur le cottse:< des dix, les dix, les Il est bien prouvé cependant que de tous les
Seize, les Quarante; la Grammaire de Port-Royal idiomes romans, c'est le français qui possède le
et le dictionnairede l'Académie; un bon barème, système orthographique le plus défeetaeui.
c'est un bon Barème; la satire ménippéeet la Mé- Ce système a en effet deux défauts bien graves:
Ktpp~; le Pont-Neuf, le Long parlement, le )' !1 manque de signes simples pour exprimer
rAe<t<re-Fray!eaM, la Comed'te a?:faMe,les FfaKes des sons simples, savoir les voix pures que nous
saliens, les ~t)-OMd'<7M, les trois Heures; c'est un représentonspar les combinaisons de voyelles ou
savoyard (homme grossier), un scapin, un séide, et eu; les voix nasales, de a, de e, de o et de eu,
c'eat son SOM?, un service de sèvres, une garniture qui se rendent par une voyellesuivie de n (ou M),
de valenciennes, etc. c'est a-dire la nasale de l'a par an ou en, la nasale
Emploi du trait d'union l'Académie écrit un de l'e par ain, ein ou in, la nasale de l'a par on et
blanc-seing et un blanc seing, un acte sous-seing la nasale de l'eu par un; la chuintante forte que
privé et un acte sous seing privé, représentons par ch, et enfin les consonnes
un sans-coeur nous
et un sans etBMf, le sans façon, le sans ~t~ le mouillées dont la notation par ill et gn est très
H6re-MA<mye et le libre échange, le coton-pouare défectueuse, parce que ill et gn ont une double
et le coton poudre, la gomme-résine et la gomme valeur phonétique, comme on peut le voir dans
résine le <a<M~-aMer et le laisser aller, le qu'en- les mots fille et ville, agneau et agnus, etc.
dtfa-on et le qu'en dira-t-on; clairsetné, aveu- 2* Certaines consonnes ont en français un dou-
ble ou même un triple emploi, d'où il résulte que 3° Remplacer partout 1'~ faible par et écrire
le même son peut se rendre par plusieurs signes, poizen au lieu de poison.
comme 1'~ forte, qui est représentée par s, M, e, ç, ticulièrement 4' L'emploi de l'accent circonflexe est tout par-
t et J, comme dans sel, bosse, CM<, maçon, na- abusif; car, si ce signe doit indi-
tion, soixante. Ces emplois multiples de la même quer l'allongement de lal'accent voyelle, il y a beaucoup
lettre sont très fréquents et compliquent inutile- de voyelles qui ont circonflexe. bien
ment notre orthographe. qu'elles soient brèves, comme o dans Adp<
Pour que cette orthographe fût complètement tandis qu'une foule d'autres ne l'ont pas, lors
rationnelle, il faudrait: 1 que chaque son fût re- même qu'elles sont longues. Il serait donc préfé-
présenté par un signe distinct, et 2' que chaque rable de supprimer partout ce signe et de le
signe ou lettre eût un son qui lui fût propre et remplacer, sur l'e terminant la syllabe, soit par
l'accent dans la pénultième tonique, soit
ne servit pas à marquer d'autres articulations. grave
aigu partout ailleurs on écrirait donc
Plusieurs essais de réforme ont étéMntës dans par l'accent objet, mais
écrit
ce sens, afin de rapprocherl'écriture le plus pos- sans accent
pro/et, conmme on
sible de la prononciation. AprèsMeigret et Ramus, avec l'accent grave /~<e, blème, et avec l'accent
dont nous avons déjà parlé, on peut citer parmi les aigu féter, blémir, etc. On pourNit peut-être
réformateurs les plus marquants au dix-septième conserver l'accent circonflexe dans les mots
siècle, Ghinet, Ménage, l'abbé Dangeau et Riche- tels que d<ye, Miller, cMMc,~t<!ne, <mth~ p~c/ter,
let au dix-huitième, Regnier-Desmarais, Buffier, tâche, H!!b-, sih-, er< dû, pour
les distinguer des
l'abbé Girard, Dumarsais, Duclos, Wailly etBeau- homonymes acre, bailler, chasse, jeune, matin,
zée et dans notre siècle, Domergue, Volney, pécher, tache, mur, sur, cru, du.
Marie, Féline, Erdan, Raoux et Ambroise-Firmin 5° Dans les consonnes doubles, il n'y a que la
Didot. Mais ces tentatives ont toutes échoué, parce seconde qui se fasse entendre, la première est
soit nulle. L'Académie et tous les dicVonnaires,;depuis
que la plupart ne tenaient pas assez compte,
de l'étymologie, soit de la flexion et de la dériva- celui de Boiste jusqu'à celui de Littré, disent
tion des mots. qu'on prononce quelquefois les lettres doubles.
Et cependant l'orthographe se modifie constam- comme pp dans appétence, de mm dans immaculé,
dans illustre, etc. Rien plus contraire au
ment et insensiblementdans le sens d'une plus génie de notre langue. On ne peut d'ailleurs
grande simplification.« On n'a, dit Littré, qu'à com- même
bien peu éloigné, émettre deux fois de suite le son-consonne,
parer l'orthographe d'un temps II dans illustre, sans séparer les deux ar-
le xvn" siècle, avec celle du nôtre pour recon- par ex.
voyelle, si faible qu'elle aoit,
naltre combien elle a subi de modifications. JI ticulations par unedans le lustre. Il faut excepter
importe donc, ces modifications étant inévitables, comme l'e muet i accès, s~erer.
qu elles se fassent avec système et jugement. Ma- les consonnes c et y devant e,
nifestement le jugement veut que l'orthographe parce qu'alors le premier c tandis ou conserve le son
aille en se simplifiant, et le système doit être de guttural qui lui que le second
combiner ces simplifications de manière qu'elles c prend le son d's et le second
est propre,
le son de j. Sauf
soient graduelles et qu'elles s'accommodent le dans ce dernier cas, leslesdoubles consonnes simples,
se
et
mieux possible avec la tradition et l'ëtymologie." prononcent donc comme consonnes
simplifierait beaucoup l'orthographe si l'on
(Histoirede la langue française, I, 327.) Fon
qui sont nulles, en écri-
Voici, croyons-nous, tes améliorations de détail supprimait toutes cellespremiers
qui auraient le plus de chance d'être adoptées, vant, comme dans les temps, acrotre,
atendre, opeler, anoncer, aM:-
parce qu'elles constitueraient, non pas une )-eM- agraver, doner,<MM'!)t)', somet, volée, etc. Par
lution, qui bouleverserait toutenotre orthographe, ter, aroser, coM'oMe.
l'orthographe
mais une simple évolution, qui pourrait s'opérer cette réforme on rendrait uniforme
il gèle et il
tout naturellement et pour ainsi dire sans se- appèle de tous les verbes en eler et eter:
cousse. (au lieu de appelé), il achète et il jète (au
t° Remplacer l'y par i
danstous les mots d ori- lieu de ~eK?).
6° Supprimer dans l'intérieur des mots toutes
gine grecque, où il a le son de cette voyelle on baptiser,
écrirait donc analise, stile, comme l'on écrit ami- les consonnes parasites, comme p dans
don, o'M~, au lieu de <Mo!j/M, style, amydon, compter, etc. du trait
crystal, et l'on conserverait l'y comme lettre fran- T On a vu plus haut que, pour l'emploi système
çaise avec sa valeur propre d'i consonne (y espa- d'union, l'Académie ne suivait aucun contradic- et
j
gnol, allemand), telle qu'elle s'est conservée en qu'elle tombait dans les plus étranges
généra), sauf après l'a où vaut aujourd'hui deux tions. Pour sortir de ce dédale etilsimplifier n'y
1 or-
qu'un
i dont le premier se combine avec l'a de manière thographe des mots composés, a
à former le son é, tandis que le second est un t moyen, c'est de les réunir le plus possible en un
nouvelle syllabe, de seul mot. Nous renvoyons pour les détails de cette
consonne qui commence une l'orthographe ett
telle sorte que payer sonne comme pai-yer, ce qui réforme à l'ouvrage de Didot surla formation des
n'était pas le cas dans l'ancienne langue où l'on à celui de M. Darmesteter sur
prononçait pa-yer sans modifier le son de l'a, mots composés.
prononciation qui s'est conservée dans les noms 8° Substituer l's à l'x dans les noms et les ad-
propres, commeBayonne, Mayenne,tels et même dans jectifs qui prennent cette dernière consonne
quelques verbes et noms communs, que oa~er, comme marque du pluriel; on écrirait donc lei
mayonnaise, etc. beaus bateaus et non pas les beaux 6f<reaMX. Or
h
2" Supprimer la lettre partout où elle est inu- étendrait plus tard cette réforme a tous les mots
tile, c'est-à-dire au commencement mots, des quand où la consonne finale x a la valeur de s, comme
elle est muette, et dans les combinaisons cA ayant dans je veux, heureux, etc.
le son de e dur, r~ th, et pA, qu'on remplaceraitpar Nous nous arrêtons peut-être est-ce déjà trop
f; on écriraitdonc iver, arcaïsme,alfabet, épitafe, pour la routine, si puissante partout,
c''OMt~!<?,fe<or!- mais plus
que, rubarbe, atlète, métode, particulièrement sur le terrain de la grammaire
comme étique, colère, école, raptOf/e, trésor, fai- et de l'orthographe. Il faudrait donc ajourner les
san, fanal, /M?. soufre, qu'on écrivait autre- autres modificationsà introduire dans notre sys-
fois AccHtyM", cholère, escole, rhapsode, thrésor, tème orthographique, comme l'emploi de pour
phaisan, phanal, phlegme, souphre; il n'y aurait jugea), de t cédille pour
d'exception que pour quelques mots où cA sonne le doux (il juga pour
comme c dur devant e et i archéologie, ecchymose, distinguer les mots terminés en tie et tien, qui se
malachite, orchestre. prononcent tantôt avec le son de t et tantôt avec
Je ton de < rations) de ly et ny pour
(M<p<!e, les Etym. du grec d~Mo~, action de pousser.
mouiller les deux consonnes < et n (palye, < L'osmose est la propriété que deux liquides dif-
nyal), etc. férente ont de se mêler travers les parois
V. EzeroioMt d'orthographe. Nous avons vu membraneuses qui les séparent. Supposez un
que l'orthographe d'usage a ses règles, tout aussi vase divisé en deux compartimenta par une cloison
bien que l'orthographe dite de principes; c'est ce membraneuse que dans l'an des compartiments
qu'on oublie trop souvent. A ce point de vue, onne on mette de l'eau salée, dans l'autre de l'eau
saurait trop recommander l'étude de la dérivation pure; il s'établira à travers la membrane deux
et de la composition des mots an moyen des suf- courants inverses; de l'eau saiée traversera la
fixes et des préOxes, étude aussi intéressante cloison pour aller se mélanger à l'eau pure; et de
qu'utile pour la connaissance de la langue, bien l'eau pure passera en sens contraire aller
qu'elle aIt été à peu près complètement négligéee diluer de plus en plus l'eau salée et pour
ce phéno-
jusqu'à nos jours. Comment hésiter sur la manière mène continuera, jusqu'à ce que la proportion
d'écrire salutaire, pilier, chevreau, alpin, ter- d'eau et de%el soit la même de part et d'autre.
rasse, glacis, finesse, hautain, nuée, jetée, bon- Voilà ce qui constitue l'MMO~.
té, etc., quand on sait que ces mots sont formés Supposez que t'un des liquides soit dans une
des primitifs salut, pile, cMttre, alpe, terre, glace, cavité par rapport à l'autre celui-ci pourra être
fin, haut, nue, ~eM, toM, etc., au moyen des considéré comme extérieur relativement au pre-
suffixes aire, ter, eau, in, asse, M, esse, <Kft, ée, e, mier le courant liquide de dehors en dedans
té, etc.? On ne saurait non plus être embarrassé s'appellera endosmose, et le phénomène inverse
d'écrire exorbitant, inonder et innommé, ces M;oMtOM.
mots étant formés de orbite, onde et nommé, au Dutrochet a fait le premier une expérience que
moyen des prénxes e~c et in comme, devant une l'on peut facilement répéter, et qui met parfaite-
consonne, le a; de M: s'élide,tandis que le n s'as- ment en évidence l'endosmose l'appareil dont il
simile aux liquides 1 et r, cela suffit pour expli- se servait s'appelle <tM~MmoM~<fe.
quer pourquoi on écrit avec un seul r <rMp<t'<M C'est un tube ouvert à ses deux extrémités son
(de M: et rumpere, rompre) et avec deux r trr«p- extrémité inférieure est rennée en forme de ré-
tion (in et rumpere). servoir dont le fond est formé d'une membrane
Il n'est peut-être pas inutile de faire remarquer fermant exactement le tube. Dans celui-ci on
que tes recueils de dictées dont on se sert dans met de l'eau alcoolisée et rougie on marque alors
beaucoup d'écoles ne s'occupent guère que de le niveau de la liqueur dans le tube, puis on met
l'orthographe de principes et semblent renfermer en contact la membrane avec de l'eau pure. On
toutes les difncultés grammaticalesdans le cadre voit alors le niveau s'élever dans l'endosmomètre
étroit des règles sur les participes, les quelque et C'est que l'eau extérieure a traversé les pores de
les quoique, etc. Les instituteurs feront bien de la membrane, pour venir se mêler à celle du
ne pas trop s'en tenir k ces recueils et de consa- tube.
crer un peu plus de temps & l'étude sérieuse du C'est par des phénomènes d'osmose qu'on ex-
matériel même de la langue~ c'est-à-dire des mots plique les échanges nutritifs entre les divers élé-
envisagés au double point de vue de leur significa- ments dont se composent anatomiquement les
tion et de leur orthographe. corps vivants, par exemple, i'absorptton des sub-
Enfin on ne saurait trop recommander aux mai- stances alimentaires transformées dans l'intestin
tres d'accorder à la ponctuation beaucoup plus et qui passent soit dans les vaisseaux chylifères,
d'importance qu'on ne le fait généralement, et soit dans la veine porte. C'est également l'os-
pour cela il est essentiel d'analyser la phrase mose qui est la force active principale dans l'ab-
d'après une méthode toute différente de celle qui sorption des racines.
est suivie par nos anciennes grammaires. Soit, Il faut se garder de confondre l'endosmose avec
par exemple, la phrase suivante à ponctuer l'imbibition ou la filtration, qui jouent un rôle
<t La parole de Dieu est semblable à la semence
très important, mais tout spécial, dans les phéno-
a du laboureur: si une pierre dure la reçoit, elle mènes physiologiques. [G. Phiiippon.~
« ne germe pas; si elle tombe parmi les ronces, OTHON ou OTTON – Histoire générale, XVIII-
< elle est étouffée; si une bonne terre la reçoit,
XIX, XXVII. Nom de quatre empereurs d'Alle-
u elle produit une récolte abondante. » magne, dont les trois premiers appartiennent à la
Il ne servirait de rien, pour la ponctuation' de maison de Saxe, et le quatrième à la maison
cette phrase, de se borner, comme on le fait, a dis- Guelfe.
tinguer les propositions subordonnées des princi- 10 Maison de Saxe.
pales il faut que l'analyse pénètre plus profondé-
ment dans la structure de la phrase et qu'elle la Othon I", fils et successeur d'Henri l'Oise-
décompose, d'abord dans ses parties principales, leur, reçut la couronne d'Allemagne en 936. Il eut
puis dans ses divisions secondaires et ternaires, de d'abord à combattre plusieurs grands vassaux qui
la manière suivante refusaient de reconnaltre son'autorité, et qui s'é-
Cette phrase de coordination comprend deux taient alliés au roi de France, Louis IV d'Outremer.
parties qui sont dans un rapport copulatif et sont li les vainquit, et, mattre incontesté de l'Allema-
séparées par les deux points la première partie gne, il assura la sécurité de eq pays par sa grande
est une proposition simple; la seconde est com- victoire sur ]es Hongrois à Angsbourg (955), et
posée de trois propositions copulatives entre les- par diverses expéditions contre les Bohèmes, les
quelles se place le point-virgule, signe do la coor- Polonais et les Danois. Profitant ensuite des dis-
dination, et chacune de ces propositions a à son cordes de l'Italie, il marcha au secours d'Adélaïde,
service une proposition subordonnée exprimant veuve du roi italien Lothaire, attaquée par Béren-
une condition et séparée de la principale par une ger U, l'épousa (9a)), et, plus tard, détrôna Bé-
virgule, signe de la subordination. [C. Ayer.] renger, et prit pour lui-même la couronne d'Italie
et la couronne impériale (962). Il avait rétabli
Ouvrages à consulter. A.-F. Didot, O~en'ah'oot sur ainsi, au profit de la Germanie, l'empire de Char-
t'orthographeou 07'~ra/îe /ranpaMe, 2* édition, i868 lemagne, ne laissant en dehors de sa domination
Darmesteter, TVat'~ <~e la /orm<t<Mn des mois composés
Am< la langue /'rat!j'<ttM. 1875 Ayer, Grammaire compa- que cette partie de la Gaule où régnaient encore
rée de la langue ~t'tHtfatM. les derniers Carlovingiens.Le mariage de son fils
avec la princesse grecque Théophanie lui donna
OS. V. Squelette. en outre des droits sur l'Italie méridionale.
OSMOSE. Botanique, in; Zoologie. XXXII. Ces succès méritèrent à Othon le surnom de
Grand. Mais ses héritiers ne surent pas main- muscle circulaire. La peau qui garnit ce tube
tenir l'Allemagne au degré de puissance où il l'a- renferme un grand nombre de petites glandes qui
vait portée. Il mourut en 973. sécrètent une matière jaunâtre appelée c~'MMMt.
Othon II, fils d'Othon!" et d'Adélaïde defaire Bour- L'oreille moyenne consiste en une sorte de
gogne, succéda à son père en 9~3. II dut la caisse pleine d'air logée dans une cavité osseuse.
guerre au roi de Bavière qui lui disputait la cou- Elle est séparée de l'oreille externe par une mem-
ronne, et au roi de France, Lothaire, qui réclamait
la Lorraine. Il battit Lothaire, s'avança jusqu'à
Paris et fit la paix en gardant la Lorraine, et en
cédant à un frère de Lothaire le duché de Bra-
bant. Après avoir rétabli le pape Benoit VII, qu'a-
vait détrône le consul Crescentius, il employa les
dernières années de son règne à guerroyer dans
l'Italie méridionale, qu'il disputa aux Grecs en
vertu des droits qu'il prétendait tenir àde son
épouse Théophanie;mais il ne réussit pas la con-
quérir. Il mourut en 983.
Othon III, fils d'Othon II et petit-fils d'Othon I",
régna de 983 à 1002. Pendant sa minorité, sa grand-
mère Adélaïdeet sa mère Théophanie exercèrentla
régence. Devenu majeur, il se rendit en Italie, força
les Romainsà reconnaltreson autorité, mit à mort
leur consul Crescentius, et donna la tiare ponti-
ficale au savant évoque français Gerbert (Sylves-
tre II), qui avait été le précepteur de son père.
Il mourut à l'âge de vingt-deux ans, empoisonné,
dit-on, par la veuve de Crescentius.Il eut pour
successeur son cousin Henri II le Saint.
2".MaMOM Guel fe.
Othon IV de Brunswick, fils du due de Ba-
vière Henri le Lion, fut élu empereur en 1198,a à
la mort de Henri VI de Souabe. H eut pour com-
pétiteur Philippe de Souabe, frère de Henri VI.
La lutte entre les deux rivaux dura dix ans mais
Philippe ayant été assassiné par Othon de Wittels-
bach, Othon IV demeura seul maître. Bientôt le Fig.i.–Oreille de l'homme.
pape Innocent III, qui avait d'abord été son allié, A, pavillon B, conduit auditif ex-
se brouilla avec lui, et lui suscita un nouveau terne ou conque auditive
C, membrane du tympan; D, caisse du tym-
compétiteur, le jeune Frédéric II de Hohenstaufen. pan E, enclume; M, marteau; G, canaux semi- i~
Le fait le plus importantdu règne d'Othon IV est circulaires H, limaçon t, trompe d'Eustaehe.
sa guerre contre le roi de France, dans laquelle brane tendue, le tympan, susceptible de vibrer
il eut pour allié le roi d'Angleterre, Jean-sans-
Terre. Philippe-Auguste le vainquit à Bouvines sous l'influence des ondes sonores de l'air ou de
(1Ï14). Othon mourut en 1218, et Frédéric II l'eau. Du côté opposé, la caisse est fermée par
fut reconnu empereur par toute l'Allemagne. deux membranes tendues sur deux ouvertures
OUIE. Zoologie et physiologie, XXXIX nommées/'M!e ovale et /'eM<Mre ronde; de sorte
Hygiène, XIV. L'audition, ou le sens de l'ouie, que l'oreille moyenne peut être comparée à un
a pour siège l'oreille. Ce sens permet de per-
cevoir les bruits produits par les vibrations des
corps solides, liquides ou gazeux, les sons musi-
caux formés par des vibrations isochrones; il fait
distinguerl'intensitédu bruit ou du son, le timbre
qui indique la nature de l'objet vibrant.
L'appareil auditif est placé sur les côtés de la
tête. On y reconnaîttrois parties l'oreilleexterne,
l'oreille moyenne et l'oreille interne,
L'oreille externe comprend lèpat,illon ou conque
auditive et le méat auditif. Le pavillon n'existe
que chez les mammifères, et même les espèces
souterraines, comme la taupe, et les espèces aqua-
tiques, manquent de cet appendice destiné à re-
cueillir les ondes sonores ou vibrations de l'air, ou
de l'eau. Chez l'homme, cette partie est bordée
par un repli régulier et terminée inférieuroment
par un /o<'M~e graisseux. La chauve-souris est pour-
vue d'un oreiKoH, sorte de petite conque logée dans
la grande (fig. 2), qui lui permet de fermer le tube Fig. 2. Tête d'oreillard.
auditif pour se recueillir etse livrer au sommeil.C'est
le prolongement de la partie de l'oreille humaine tambour. Ce tambour est rempli d'air à la pres-
nommée tragus que l'on voit à la partie antérieure sion extérieure, grâce a un conduit, nomme
et moyenne de l'oreille, en avant du méat auditif. trompe d'Eustache (du nom de celui qui l'a a dé-
La conque est munie, à la base, de muscles. couvert) qui 6'ouvre dans l'arrière-bouche.
très développés chez certains animaux, qui per. La membrane du tympan est reUée à celle de
mettent de l'orienter dans la direction du bruit la fenêtre ovale par une chaîne de quatre petites
Le méat auditif ou conduit de l'oreille externE pièces osseuses mues par des muscles. Ces osselets
se termine à l'oreille moyenne. Les animaux aqua sont appelés,l'enclume,à cause de leur forme particulière,
tiques peuvent le fermer par la contraction d'ur le marteau, le lenticulaire (semblable
& une lentille), et t'~Wer. L'action des muscles et C'est tort grave de comprimer le pavillon
des osseleta détend on nudit les membranes pcor contre 1 nn a tête par les attaches d'un bonnet. Non
faciliter ot ttténner leur ïibMtioh. seulement on aplatit et déforme cette partie, mais
on rétrécit le méat. Celui-ci éprouve
rétrécissement, cause de demt-Mrdité,souvent par
un
suite
de la perte des incisives, qui fait porter le menton
en avant et en haut et déplace l'articulation de la
mâchoire on y remédie eh faisant remplacer les
dents absentes.
De même que l'on peut, au moyen de lunettes
bien choisies et bien graduées panier les défauts
de la vue, on peut augmenter la faculté auditive
émonssée au moyen' de divers instruments, tubes
on cornets acoustiques. !1 y a longtemps que
Jorissen et WinMer ont conseillé l'usage de lattes
Mg.–LMOMttehdtl'oreiJUe. minces qui, placées entre les dents, transmettent
M, )e marteau et Ms mnsdM; –JU'OMttune; – L, le tenti- les vibrations sonores à la trompe d'Eustache.
oiMire; – K, t'<tnet<Het mmote. Itard a transformé cet instrument primitif en un
petit porte-voix dont l'extrémité amincie en bec
L'ensemble de l'oreille interne, logé dans un de clarinette
es très ëpait, a'appdte Mt~WM~f il comprend le de rappeler lese presse entre les dents. Il est bon
e<M<!&e, troM eotM)M: reemtt~t <!its jeMt-etrcM- qu'on applique leur système nom de ces inventeurs aujourd'hui
<atrM, et le <t~Mtft)t, qui d~«m nom & sa reMem- d'audiphone.Celui-ciconsistemodiné sous le nom
blance avec fit MquiHe tj)~ nommée. Tout te de bois, de caoutchoucdurci en une plaque mince
labyrinthe ett tapMtë pard~ae membrane snr la- que l'on tient à la main ou d'autre l'on
substance
qaeUe Jetaient les extraante* deo nerfs auditifs. les dents, et que serre entre
Cette, membrane renfeeme un liquide gélatineux rement concave. Les ondes en lui faisant prendre une forme légè-
qui tranemetles ïB~ttons. sonores frappant cette
plaque se communiquent à l'oreille interne par
Il ftemMe qne te TOatibuIe donne !a MnMtion es
timbre, J8I'~naU(8,i~u,Ire,' os du labyrinthe,et, si la surdité n'affecte que
du &r«t<, tM 'cana~.Mtagj.ircutaires cellecelle
U,laires du oreille moyenne, on peut entendre
<!M~-e, ettet~~n.atMM. c'est-à-dire du tement, au bout de quelques heures assez
distinc-
d'exercice.
nombre de Tib~ttOM. L'inflammation de l'angine et du coryza peut se
Cheï les motiu~M', !'ereiile M reanit au ves- propager à la trompe d'Eustache et causer une sur-
tibule. Le limaçon manque aux batracîent); parmi dité momentanée même
les poiMont, il y en a qui n'ont que le TMHbuIe, et les ablutions froides on permanente.L'hygiène
mais la plupart posBèdent en outre les canaux danger. La propreté et l'hygiène préviendront fréquentes éloigneront ce
semi-circutatres. L'oreille des crustacés, réduite lement la propagation conduit auditif des éga-
au vestibule, occupe la base des grandes antennes. ladies du cuir chevelu au impétigo,eczéma,ooMnnM.
ma-
Dès qu'un enfant se plaint d'un mal d'oreille, i'
faut s'assurer qu'il n'y pas introduit un corps
étranger et, s'il y a lieu,aprocéder immédiatement
à son extraction le plus souvent l'interventiondu
médecin est nécessaire.
Pour l'ouie comme pour les autres sens, la
modération est de rigueur si l'on veut conser-
ver son intégrité et sa sensibilité. On s'accou-
tume, il est vrai, au bruit, mais son effet n'est pas
Fig. 4. Coupe oblique du limaçon. moins pernicieux. Par contre, si le calme, le si-
A, lame spirale extérieure – BB, lame spirale intérieure sur lence sont utiles dans la plupart des maladies, et
l*que)ie s'étendent les terminaisons a du nerf acoustique après les fatigues intellectuelles,l'absence absolue
– C, séparation du deuxièmetour d'avec h troisième; de bruits donne à l'ouïe une sensibilité maladive
D, rampe mpeneBre.~aeau second tour; – B, sommet comme celle que contracte la
du limaçon. vue des personnes
privées longtemps de lumière. [D' Saffray.]
Cette description sommaire nous permet de OVALE. Géométrie. XXIV. Etym. du
constater que t'pale ee une sorte de toucher des- latin ocuM, œuf. – L'ellipse n'étant pas facile à
tiné à coMMU~ et ttM~rpr~-letf vibrations des tracer d'un mouvement continu sur le papier, on
corps. Les tibrattons violentes tCettent en outre a imaginé de construire des courbes qui en digè-
le cerveau d tM façon assM intense pour causer rent très peu, en les formant d'arcs de cercles qui
de graves accidents et même b~mort.
Comme les autres MM,'J~~e s'émousse par
l'habitude des e~pitttioM <h!eates, se perfec-
tionne par une ëd~Mttion n)6thodtque.
L'ébranlement jrehérat produit par les bruits
intenses, spécialement par tes détonations, est
dangereux pour les personnes à poitrine délicate,
disposées à l'hémoptysieet aux maladies du cœur
il cause souvent la perte compiète de l'audition
chez les chaudronniers, les artilleurs, etc.
L'audition est sujette à des modificationspas-
ea~ères auxquelles on remédie souvent par des
précautions hygiéniques. ]1 faut éviter surtout les
brusques changements de température, les cou-
rants d'air, l'action prolongée du vent. Lorsque
l'accumulation du cerumen bouche le conduit nt des rayons inégaux et sont raccordés ensemble
externe, on le ramollit avec de l'huile pour en es courbes sont appelées ovales. Parmi les divers
faciliter l'extraction. Les soins de propreté sont recèdes propres a les décrire, nous indiquerons
indispensables à tout âge, mais spécialement pen- 3s principaux.
dant la jeunesse. Il y a deux cas à examiner 18 on donne aeu-
lement un axe; 2' on donne les deux axes, comme points on mène des droites par les centres C et
dans l'ellipse. D, ce qui forme un losange CIDE; puis du centre
L OvALEAHt AXE.–l'SohAA'l'axedonne. E avec EM pour rayon on décrit
On le divise en 3 parties égales (Bg. 1); des points un arc de M en
N. et du centre 1 avec le même rayon un arc de
de division C et D pris pour centres, on décrit M' en N'. On obtient ainsi l'ovale AMNA'N'M'.
avec AC pour rayon deux circonférences qui se II. ANSE DE PANIER. Dans la construction des
coupent; des deux points d'intersection 1 et E on ponts à voûte surbaissée, les ingénieurs préfèrent
mène les diamètres tM' et IN', EM et EN; puis souvent la forme de l'ovale à celle d'une vraie
du point E pour centre, on décrit avec EM pour ellipse, non seulement
parce qu'elle trace ra-
rayon un arc de M en N, et de 1 pris pour centre, pidement sur le papier, mais encoresepar la plus
avec le même rayon, un arc de M' en N'. On ob- grande facilité qu'elle fournit pour l'exécution des
tient ainsi l'ovale AMNA'N'M', composé des deux panneaux destinés à la taille des voussoirs. Dans
arcs égaux MN et M'N' dont le rayon est double ces circonstances, ce n'est pas seulementle grand
du rayon des deux autres. axe qui est donne par la largeur de la rivière, le
li est bon d'observer que le quadrilatère CIDE petit axe est aussi déterminé par la hauteur
que
est un losange. doit avoir le pont. On a donc cherché à former
2' On divise l'axe AA' en 4 parties égales (ng.S), au moyen d'arcs de cercle des ovales dont les
deux axes sont donnés. La moitié de l'ovale si-
tuée d'un côté du grand axe est vulgairement ap-
pelée anse de panMf; parmi les divers procéder
employés pour décrire cette courbe, nous en in-
diquerons trois des plus simples.
1° Anse de panier à 3 centres. Soit AA' le

et des trois points de division C,G,D pris pour


centres, on décrit avec AC pour rayon trois cir-
conférences qui se coupent deux à deux. Par le
centre C de la première et chacun des deux points
où elle est coupée par la seconde on mène deux
droites; on fait de mémo par le centre D de la grand axe (6g. 4), et OB, perpendiculaire au milieu
troisième et chacun des deux points où elle est de AA', la hauteur de la voûte.
coupée par la seconde. Ces droites en se rencon- Sur AA' pris pour diamètre, on décrit une demi-
trant déterminent un losange CIDE. Du point E cjrconférence qu'on divise en 3 parties égales
pris pour centre avec EM pour rayon on décrit aux points H et H' on mène les cordes AH,
un arc de M en N; puis du point 1 pris pour cen- HG, GH', H'A' et les rayons OH et OH'. Puis du
tre et avec le même rayon on décrit un arc de sommet B on tire BM parallèle à GH et BM' pa-
M' en N'. On a ainsi l'ovale AMNA'N'M', compose rallèle à GH' on mène, du point M, la droite MD
des deux arcs égaux MAM' et NA'N' raccordés par parallèle au rayon HO, et de M' une parallèle au
les arcs égaux MN et MW. rayon H'O, qui doit aboutir au même point D du
3° Si l'on veut avoir un ovale plus étroit que prolongement de BO.
les deux précédents, on partage AA' en 5 parties Le triangle AMC est semblable au triangle équi-
égales (<is;. 3). Des points de division C et D, on latéral AHO donc CM est égal à CA de même
le triangle DMB est semblable au triangle iso-
scèle OHG; donc DM est égal à DB. D'après cela
on décrit du centre C avec CA pour rayon l'arc
AM, puis du centre D avec DM
arc de M en B et en M', et enfin dupour rayon un
centre C' l'arc
M'A'. On obtient ainsi t'anse de panier AMBM'A' à
trois centres C, D, C'.
Cette construction est due à Huyghens, célèbre
mathématicien hollandais du xvn' siècle.
2° Anse de panier à 5 centres. On divise en
& parties égales AK = KH
conférence décrite sur =
HH', etc., la demi-cir-
AA' comme diamètre
(fig. 5); on mène les cordes AK,KH,HG,GH', etc.,
et des rayons aux points K,H'G,H',K'. On prend à
volonté sur AO un point C, par exemple au mi-
lieu de AO, et par ce point on mène une pa-
rallèle au rayon KO. Du point M où elle rencontre
la corde AK, on mène une parallèle à la corde
KH, et du sommet B une parallèle à la corde GH;
l.ig.3.
3. ces deux parallèles se rencontrent en un point N.
De ce point N on tire une parallèle au rayon HO
décrit avec CA pour rayon deux circonférences; elle coupe la droite MC et la direction du petit
puis des mêmes centres, avec la distance CD aux points F et D. axe
pour rayon, deux arcs passant en C et en D et se Par la similitude des triangles ACM AKO,
coupant aux points 1 et E. De chacun de ces deux des triangles MNF et KHO, des trianglesetNBD et
CA, que FN est égal à FM, que DB est égal à DN. on tire les deux proportions
AC=AK

g-~
CK AK
d'où

HGO, on reconnatt facilement que CM est égal à Des triangles rectangles semblables ACK et

d'ù cK-=~±a
D'après cela on aura
CK
ABO,

AC-c(c-a~-b)
b (~
ntf-~r*-rK <tfc+<t-&) c(c-a+&) ~(c-a+&)
DK+CA-CK=––
En effectuant la réductiondans le deuxième mem-
bre, on trouve en effet
DK+CA-CK=~±~=BD,
ce qui démontre l'égalité énoncée.
fG. Bovier-Lapierre.]
OVE. Géométrie, XXÎV. – Etym. du latin
ovum, œuf. f Soit construire un ove sur une
droite AA' (flg. 1). On décrit sur AA' comme dia-

D'après cala on décrit du centre C l'arc AM, du


centre F t'arc MN et du centre D l'arc NB pro-
longé jusqu'en N'. En répétant ces constructions
à droite, on forme l'anse de panier AMNBN'M'A' à
& centres C,F,D,F',C'.
3° Anse de panier à 3 centres. Le tracé sui-
vant a été indiqué par t'abbéBoMut, mathématicien
français mort en 1814.
On rabat la hauteur OB sur le demi-axe OA
(Bg. 6) en OT, ce qui donne leur différence AT,

mètre une circonférencedes extrémités A et A, on


mène par le milieu C de la demi-circonférence
ACA' les droites ACD' et A'CD; puis de A pris
centre avec AA' pour rayon, on décrit un
et on porte cette différence en BH
milieu
et
des
BB' les
sur
droites AH
pour
â
arc A' en D', et avec A' pour centre etde
de
de D; enfin
le même
C pris
droites BA et BA'. Par le r
rayon un autre arc A en
et A'H' on mène des perpendiculaires, q ui rencon- pour
p centre avec le rayon CD, on décrit de D en
trent le prolongement du petit axe an même D'
f un arc qui raccorde les deux arcs précédents.
point D et coupent l'autre axe aux points C et C'. On obtient ainsi l'ove BADD'A', composé des
De ces points pris pour centres on décrit les arcs deux <j arcs inégaux ABA' et DD' raccordés par les
égaux AM et A'M'; puis du point D pris pour deux c arcs égaux AD et A'D'.
centre avec DM pour rayon un autre arc joignant Cette courbe se rencontre dans certains orne-
le point M au point M'. Ce deuxième arc passera ments [ d'architecture. C'est aussi la forme de la
par le sommet B; car d'après cette construction section
e droite des égouts souterrains contruits
la distance DB doit être égaie à la distance DM. dans
< les grandes villes; la voûte est un plein
Pour le démontrer ii suffit de faire voir qu'on a cintre
f et la partie inférieure se compose de deux
DB=DM==DK+CA-CK. surfaces
f cylindres égales se raccordantà une autre
surface cylindre qui forme le fond.
Afin d'abréger, posons 2° Voici un autre tracé d'un usage assez fré-
OA=a; OB=b; AB=c. quent
f pour la section droite à donner à un
égout.
On aura d'abord Après avoir décrit une demi-circonférence sur
c–fa–t) c–<!+&. AA' comme diamètre (fig. 2). on lui mène une

BK=~±i+.
AK=––~––=––~––,b)

BK-c-a-I-b-f.a-b=c~-a-b,b
perpendiculaire
] par le centre 0 on divise
mètre en 4 parties égales et on le
chacune de ses extrémités d'une longueur
AT) égale au quart OG du diamètre.
ce dia-
prolonge
(AI
à
et

Des triangles rectangles semblables BDK et ABO, Des points 1 et l' pris pour centres, on décrit
avec IG' pour rayon, et à partir de G et
de G,
on tire les deux proportions
A~=S
BD BK d'ù ~=~F~
e(c-~a-bi. C;
deux arcs qui se coupent en un point circonfé-
point C pris pour centre, on décrit une
de ce

à OG; puis on tire les


~=S 0 DK=~±~
DK=
rence avec un rayon égall'C,
droites indéfinies IC et et des points 1 et Il
~10 BO xb pris pour centres, on décrit, avec un rayon égal
& IA', deux Mes, l'un de A en D et l'autre de A' de l'acide carbonique. Le fer et les autres métaux
en D'. On obtient ainsi la section BADKD'A'. qui se rouillent, surtout dans l'air humide, se
Ordinairementc'est la profondeur de l'égout BK combinent lentementà l'oxygène.
A une températureplus ou moins élevée, tous
les métaux, excepté lor et le platine, se combi-
nent directement à t'oxygène. C'est même comme
cela que se préparent certains oxydes métalliques
employés dans l'industrie, par ex. la litharge, le
minium (oxyde de plomb), le blanc de zinc (oxyde
de zinc).
Parmi les métalloïdes, l'hydrogène, le carbone,
le phosphore sont ceux qui se combinent le plus
facilement à l'oxygène. A une température suffi-
samment élevée, les deux premiers enlèvent
l'oxygène à tous les corps qui en contiennent c'est
ce qui fait qu'ils sont dits réducteurs.
C'est à cause de cette précieusepropriété que le
charbon sous toutes ses formes, charbon de bois,
houille, anthracite, coke, est si employé dans la
métallurgie soit comme réducteur, soit comme
combustible.
L'hydrogène en brûlant dans t'oxygène pur
donne une flamme dont la température peut être
assez élevée pour fondre et volatiliser instantané-
qui est déterminée par la nature des lieux plutôt ment le fer, le cuivre, le zinc, etc. (V. Hydrogène).
que le diamètre horizontal AA'; l'ingénieur est On a cru pendant longtemps que l'oxygène,
obligé alors de recourir au calcul pour trouver l'hydrogène et l'azote ne pouvaient être réduits à
les rayons des arcs qui doivent composer l'ove. l'état liquide ou solide, et on les appelait pour
[G. Bovier-Lapierro]. cette raison gaz permanents. Mais tes belles expé-
OXYDES. V. Nomenclature et Oxygène. riences de MM. Pictet, à Genève, et Cailletet, à
OXYGENE – Chimie, 1 C'est au mois Paris, ont démontré que l'oxygène, aussi bien que
d'août 1774 que l'Anglais Priestley, célèbre par l'azote etl'hydrogène,pouvait.sousunetrèshaute
les nombreux gaz qu'il a découverts, parvint à pression, être amené à l'état liquide. Ces résultats
isoler l'oxygène, et c'est l'année suivante que La- ont démontré qu'aucun corps n'est essentielle-
voisier, en faisant l'analyse de l'air, montra que ment gazeux, mais que cet état dépend seulement
l'oxygène constitue l'élément actif de la combus- des conditions de pression et de température
tion et de la respiration des animaux. Il peut au auxquelles il est soumis.
premier abord sembler étonnant qu'on n'ait point L'oxygèneest assez peu soluble sa densité par
plus t6t découvert un gaz qui existe dans l'air et rapport à l'air est tjt056, c'est-à-dire qu'un litre
dans l'eau. Mais pour se rendre compte de la dif- d'oxygène à 0° et sous la pression de 760mm de mer-
ficulté d'extraire l'oxygène de l'air ou de l'eau. il cure pèse 1,1056 X le',293, ce dernier nombre
suffit d'en connaltre les propriétés chimiques. En représentant le poids d'un litre d'air à cette même
effet, chaque fois qu'on veut séparer deux gaz pression et à cette même température.
combinés ou intimement mélangés, il faut en L'oxygène respiré pur produit une sensation de
fixer un dans une nouvelle combinaison; or lors- fraîcheur agréable et souvent quelques vertiges.
qu'on essaie cette analyse sur l'air ou sur l'eau, On a essayé de le faire respirer pur aux phtisi-
c'est toujours J'oxygène qui se combine avec le ques, mais sans succès mêlé d'air, et respiré tous
corps que l'on fait intervenir. Ainsi, en faisant les jours, il améliore l'état des anémiques. Res-
passer de la vapeur d'eau sur du fer chauffé au piré à haute pression (5 atmosphères d'oxygène
rouge, l'eau est décomposée, mais le fer est oxydé pur), il constitue un poison pour toutes les cel-
et cest l'hydrogène qui est mis en liberté. Si on fait lules vivantes, d'après les expériences qu'a faites
bruter du phosphore, du cuivre, etc., dans l'air, M. Paul Bert sur les animaux et les végétaux il
c'est de l'azote que l'on obtient en même temps que tue les animaux avec d'affreuses convulsions. Fait
de l'acide phosphorique, de l'acide sulfureux ou de inattendu,à cette dose il n'exagère pas les combus-
l'oxyde de cuivre. tions organiques, mais au contraire les ralentit, les
Le problème industriel si important qui consiste dévie et enfin les arrête.
& pouvoir extraire à bon marché l'oxygène de l'eau Dans le phénomène de la respiration, l'oxygène
ou de l'air n'est pas encore résolu. Nous verrons joue un rôle universellement important; son ac-
plus loin que cela peut cependant se faire indi- tion sur l'organisme est une des conditions essen-
rectement. tielles de la vie; c'est ce qui a fait dire à Lavoisier
Propriétés de loxyqène. L'oxygène est un que celle-ci est une véritable combustion.D'après
gaz incolore, inodore, incombustible et comburant. les récents et remarquables travaux de M. Pasteur,
C'est l'agent actif des combustions* et de la respi- les quelques ferments~ qui en apparence semblent
ration* des animaux. Une allumette en ignition vivre et se développer sans oxygène empruntent
qu'on y plonge s'y rallume et y brûle avec vivacité; au contraire ce gaz, dont ils ont autant besoin que
le phosphore. le fer, le magnésium y produisent les plus grands animaux, aux corps oxygénés au
une combustion d'une vivacité telle que la lumière milieu desquels ils se développent.
en est éblouissante; la température qui en ré- Les plantes elles-mêmes absorbent aussi de
suite volatilise le fer et l'acide phosphorique au l'oxygène et dégagent de l'acide carbonique.
moment où celui-ci se produit. Presque tous les L oxygène intervient donc dans tous les phéno-
corps peuvent s'unir à t'oxygène quand la com- mènes vitaux qui s'accomplissent à la surface du
binaison se fait à froid lentement, on l'appelle globe ou dans les profondeurs de l'Océan, puisque
combustion lente. Le phosphore que l'on tient les poissons respirent, aussi bien que dans la
dans les doigts humides donne naissance à une plupart des transformations que subissent à l'air
combustion lente; il se produit dans ce cas de les substances minérales ou les débris organiques
l'acide phosphoreux, moins riche en oxygène que qui s'y décomposent pour revenir plus ou moins
l'acide phosphorique. Le bois qui pourrit se com- rapidement par une combustion lente à l'état mi-
bine lentement à t'oxygène de l'air en dégageant néral (V. f~'MM!<<I':On).
Pr<p<!ra<t<M de l'oxygène. On obtient de nières années donné nn moyen d'obtenir de
t'oxygène en décomposant des corps qui en con- grandes quantités d'oxygène à un prix très peu
tiennent beaucoup, sels, acides ou oxydes élevé. C'est en décomposant l'acide sulfuriquepar
Un moyen facile consiste à calciner dam une son contact avec des fils de platine portésarrivera au rouge.
cornue de grès portant un tube à dégagement du C'est peut-être par ce procédé qu'on à
bioxyde de manganèse nature). On t'achète à bon éctairer nos villes à la iumière oxhydrique (mé-
marché en poudre grise légèrement brillante. H lange de gaz d'ée)airage et d'oxygène brûlant àla
perd une partie de son oxygène,le tiers à peu près, sortie du bec). Jusqu'à présent les essais tentés
et on retrouve dans la cornue un oxyde brun de dans cette voie semblent n'avoir pas réussi suffi-
manganèse. Voici la formule représentant la réac- samment, puisque la lumière oxhydrique n'est
tion :4MnO'=MnWXO'.même bioxyde de point employée en grand.
On peut encore traiter le man- Vers 1867 MM. Tessié du Motay et Maréchal or-
ganèse par l'acide sulfurique ordinaire; l'expé- ganisèrent un éclairage au gaz oxbydrogène sur la
de l'Hotel-de-tille et dans cour la des Tuile-
rience peut se faire dans un ballon de verre. car placelis
il n'est pas nécessaire de chauffer à plus de MO*. ries. se procuraient l'oxygène en exposantà l'air
de l'oxygène, se
Le bioxyde de manganèse ne se combine point à des manganates, qui, en absorbant qu'on ramenait
l'acide sulfurique pour former du sulfate de man- transformaient de en permanganates
ganèse, sans avoir perdu la moitié de son oxygène ensuite à i'état manganates en leur reprenant de
et s'être ainsi transformé enprotoxyde. Cette pré- l'oxygène. Enfin on a essayé de prendre l'oxygène
paration est peu employée. On obtient encore de à l'air en le faisant passer sur de la baryte chauffée
t'oxygène, comme l'ont fait Lavoisier et Priestley, au-dessous du rouge; celle-ci se transforme en
bioxyde de baryum, qui. au rouge, abandonne son
en calcrnant l'Oxyde rouge de mercure il aban- excès d'oxygène et redevient de la baryte.
donne tout son oxygène. être obtenu dans un état parti.
La préparation la pins employée consiste à L'oxygène a pu
chaufferdans une petite cornue de verre avec une culier où ses propriétés chimiques sont extrême-
lampe à alcool un mélange de chlorate de potasse ment développées. Dans cet état il se combine
n'inter- directement et froid à la plupart des métaux,
et de bioxyde de manganèse le dernierqu'en détruit les matières organiques.
vient dans la décomposition dn premier fa-
cilitant son échauffement lorsqu'il est fondu on L'oxygène existe Ozone.
On l'appelle alors
peut remplacer le bioxyde de manganèse par du pour ainsi dire partout, dans
peroxyde de fer (colcothar) ou par de l'oxyde de l'air, dans l'eau, presque dans tous lesproduits or-
cuivre. Le chlorate de potasse est très riche en ganiques et dans la plupart des pierres ou des
oxygène, comme sa formule l'indique KO,ClOs; roches constituant la croûte terrestre, depuis le
a une température inférieure à celle du rouge il granitl'air ii le plus dur jusqu'à l'argile la plus plastique.
perd rapidementtout son oxygène, en laissant un Dans ailleurs est a l'état de mélange avec l'azote
résidu de chlorure de potassium, KO,C10'=KC1 partout dans les rochesen il est combinaison solide ou
étant très rapide, il faut avoir liquide granitiques il est a l'état
+ O*. Le dégagement combinaison le silicium, constituant la
soin de remplir d'eau d'avance un certain nombre de avec
silieique, le potassium, le
de flacons et d'épronvettes de manière à les glis- silice ou acide et avec
la à au-dessus de calcium, etc., constituant la potasse, la chaux,
ser rapidement dans dégagement,
cuve eau
aussitôt que le bases qui dans ces sortes de roches sont combi-
l'ouverturedu tube à [A. Jacquemart.]
flacon qui s'y trouve est rempli. nées à la silice.
Le savant professeur H. Deville a dans ces der-

p
PACHYDERMES. Zoologie, X-XI. -Dans les PALÉONTOLOGIE. Géologie, IV. Etym.
anciennes classifications zoologiques, l'ordre des du grec pnlaios, ancien, on, Être, et logos, science.
Pachydermes renfermait un grand nombre de La paléontologie est la science des /BMt<M
maamifères différant notablement les uns des Dès la plus hante antiquité on a remarqué les
autres par leur structure intime, parleurs leurs formes fossiles; leur nombre parfois prodigieux dans la
extérieures, par leur régime et par mœurs, même couche et la régularité de leurs formes les
et n'ayant guère d'autre caractère commun que imposaient en quelque sorte à l'observation. Mais
l'épaisseur de leurs téguments. Aussi, dans ces ils n'ont pendant bien des siècles procuré aucune
derniers temps, a-t-on jugé nécessaire de subdi- notion sérieuse. Bien que beaucoup d'anciens,
viser ce groupe hétérogène en trois ordres: les parmi lesquels se détachent les grands noms de
Pro&o~etdttM' on éléphants, les Jwten~ ou Platon, de Pythagore. d'Aristote, de Pline, de Sé-
MrtM<Kfac<)/<M,et les PoroM [E. Oustalet.] nèque, eussent signalé à maintes reprises les pé-
PACTE. Histoire générale, XXXIX XL. – trifications, celles-ci ne donnèrent lieu jusqu'à la
Nom donné dans l'histoire à diverses conventions fin du xv* siècle qu'a des dissertations tout à fait
secrètes ou publiques, ainsi qu'à des actes consti- vagues.
tutionnels. Citons entre autres 1° le Pacte de Au xvt* siècle, les fossiles furent remarqués
famille, acte signé, à l'instigation du duc de Cboi- davantage; mais après en avoir fait de simples
teul, en n61, par divers souverains de la maison caprices de la nature, on imagina, pour en expli-
quer l'origine et la nature, les hypothèses les plus
de Bourbon (le roi de France, le roi d'Espagne, le malgré des éclairs inter-
duc de Parme), qui unissaient leurs forces con- bigarres; de façon que
tre l'Angleterre 2* le Pacte de famine, nom sous mittents de génie, comme ceux que répandirent
lequel on a désigné les agissements au moyen Léonard de Vinci et Bernard Palissy, l'examen de
si précteux pour la
ces restes, qui devaient être détail
desquels certains financiers provoquèrent des di- simple de l'étude des
settes artificielles en accaparant les grains sous les science, ne fut qu'un
règnes de Louis XV et de Louis XVI 3' le Pacte roches où ils sont renfermés.
de 1815, nom donné à la constitution qui a régi la C'est à notre compatriote Georges Cuvier qu'est
Suisse de 1815 à 1848, et qui avait succédé a l'Acte due sans conteste la création de la paléontologie.
de médiation. Les découvertes de cet homme illustre ont eu
pour premier théâtre les plâtrières de Montmartre éclat par l'application qu'il ex fit au classement
et pour origine les trouvailles d'ossements fossiles de couches dont l'âge réel n'était pas soupçonné.
qu'on y fit. Comme on voit, la paléontologie est Nous en citerons deux exemples.
essentiellement française et sa création est un Le premier concerne la montagne des Fiz, près
titre de gloire pour notre pays. du Buet, dans les Alpes. Cette montagne est formée
La question capitale étudiée d'abord par Cuvier de lits nombreux qui s'inclinent du N.-E. au S.-O.,
fut de savoir si les fossiles proviennent d'êtres et qui à Servez, où ils se montrent par la tranche,
différents de ceux qui vivent actuellement. Déjà semblent horizontaux. Vers le haut, sur la pente
l'observation des coquilles pétrifiées avait amené roide qui va aux chalets de Sales, est une couche
à se faire la même demande à l'égard des mollus- noire, dure, compacte, d'un faciès très ancien et
ques mais le problème avait dû être regardé qui renferme des coquilles. Or Brongniart, étu-
comme insoluble à cause de l'immense variété de diant celle-ci, y reconnut, contre toute attente, les
ces animaux inférieurs, et à cause aussi de la cer- fossiles de la craie de Rouen. Malgré sa couleur et
titude que les abîmes des mers profondes, oùles re- sa situation élevée, c'estmaintenant sans hésitation
cherches sont loin d'être complètes, nous réservent qu'on rapporte la couche alpine à ce niveau du
pour plus tard la connaissance d'une faune innom- terrain crétacé.
brable. En second lieu, aux Diablerets, le même géologue
Ces considérations conduisirent Cuvier à porter signala une assise d'aspect analogue, mais dont les
toute son attention sur les animaux supérieurs, fossiles, d'âge encore plus récent, datent de l'é-
qui sont en nombre bien plus restreint et qui ne poque tertiaire.
peuvent échapper aussi facilement à nos investi- Les progrès de la science ont confirmé ces ré-
gations. Mais il s'aperçut tout de suite que le pro- sultats si hardis, et chaque jour les géologues tirent
blème qu'il poursuivait supposait connue dans le plus grand parti de synchronismes de ce genre.
tous ses détails l'ostéologie de tous les animaux Nous n'avons pas à revenir sur le mécanisme de
contemporains, et c'est ainsi que l'anatomie com- la fossilisation, déjà exposé à l'article f<MM/M; mais
parée, simple accessoire du travail principal, fut il importe de fixer un moment notre attention sur
créée en passant. la manière d'être des fossiles dans les couches
Nous n'insisterons pas sur les résultats obtenus qui les renferment.
parCuvier: ils peuvent s'exprimer endisantque les Dans la plupart des dépôts, ces débris ne jouent
êtres fossiles diffèrent des animaux d'aujourd'hui, par leur volume qu'un rôle tout à fait secondaire
et par conséquent que la faune a été renouvelée ce sont comme de simples accidents, plus ou
à la surface du globe depuis les temps géologiques. moins fréquents d'ailleurs, à l'intérieur des cou-
Cuvier montra aussi que par suite des lois de l'or- ches de sédiment. Parfois cependant, certaines
ganisation animale, des fragments incomplets d'un couches sont essentiellement composées de fos-
squelette peuvent permettre de reconstituer l'être siles. Il en est ainsi pour diverses assises de la
tout entier d'où ils proviennent, et même de déter- pierre à bâtir de Paris et pour les couches de
miner une foule de particularitésde celui-ci qu'on sable des environs de Tours.
eût pu croire hors de l'atteinte de nos études, On assiste à la formation actuelle de semblables
comme celles qui regardent ses habitudes et accumulations sur une foule de points, et par
même son aspect général. Ces conséquences ont exemple sur les côtes de Normandie et de Bretagne,
perdu depuis Cuvier un peu de la certitude ab- où des coquilles charriées par des courants vien-
solue qu'il leur attribuait, par suite de la décou- nent se réunir dans des anses déterminées, à la
verte de nombreux animaux participant à la fois suite d'un véritable triage. Parfois aussi l'accumu-
de caractères empruntés à divers types mais le lation des fossiles est due au mode mêmed'existence
principe subsiste tout entier et constituera tou- des animaux fossilisés. Ainsi, dans les lacs, il se
jours une des plus grandes conquêtes de l'esprit fait quelquefois des agglomérations de ces curieux
scientifique sur la nature. fourreaux minéraux dont s'enveloppent les larves
Le nom du Pa~otAerMM, le plus frappant des dephryganes (V. Insectes, p. )028) pour protéger
animaux de Montmartre, consacre le fait de la des- leur corps, mou comme celui des vers, contre l'at-
truction des espèces aujourd'hui fossiles, et pour- taque des carnassiers. De même les hultres édi-
rait par conséquents'appliquer à la plupart des fient, en se superposant les unes aux autres, des
animaux dont s'occupe la paléontologie. bancs entiers qui passent pour ainsi dire en bloc
Il importe d'ajouter tout de suite que les fossiles à la fossilisation. Mais c'est parmi des êtres bien
comprenant des plantes au même titre que des plus inférieurs encore que l'on trouve les construc-
animaux, les conclusions générales sont les mêmes teurs de roches de beaucoup les plus actifs. Les
à leur égard. rhizopodes ou foraminifères (V. ;P)'o<o~o<M~) sont
Mais, en montrant que la faune actuelle diffère des animaux de très petite taille, souvent mi-
de la faune éteinte, Cuvier était bien loin d'avoir croscopiques, et dont le corps est protégé par
épuisé le sujet, et son célèbre collaborateur,Alexan- une enveloppe presque toujours siliceuse. Or, le
dre Brongniart, fut conduit par l'étude de la géo- sable du littoral des mers est tellement rempli de
logie proprementdite à une notion complémentaire rhizopodes qu'il s'en montre quelquefois à moitié
de première importance. C'est celle des caractères composé. On en a compté 6000 dans une once de
paléontoiogiques des formations successives. sable de l'Adriatique, et 480,000 dans 3 grammes
Béja Cuvier avait parfaitement remarqué que de sable des Antilles, ou 3,840,000 dans une once.
les grands reptiles fossiles des couches jurassi- Ces proportions multipliées par 1 mètre cube dé-
ques font place, dans le plâtre de Montmartre, à passent toutes les prévisions humaines et grossis-
des animaux tout différents. Mais cette observa- sent tellement le nombre des chiffres qu'on a de
tion ne l'avait pas conduit où Brongniart arriva. En la peine à les saisir. Mais que sera-ce pour peu
effet, celui-ci reconnut que les fossiles caractéri- qu'on l'étende à l'immensité de la surface des
sent les couches qui les renferment,de façon à pou- côtes maritimes du globe ? Les restes de rhizo-
voir servir à la détermination de l'âge de celles-ci podes forment en grande partie les bancs qui
ce fait d'application journalièreest devenu la base gênent la navigation, obstruent les golfes et les
même de la géologie stratigrapbique- détroits et comblent les ports. On ne sera pas
La première carrière venue montre les couches étonné d'après cela d'apprendre que des couches
successives renfermant souvent des faunes diffé- entières du globe sont constituées par les restes
rentes et des carrières même distantes montrent de rhizopodes fossilisés.
la même faune se poursuivant au même niveau. Les polypiers, dont le corail est un exemple des
La découverte de Brongniart a acquis un vif plus connus, offrent l'image la plus saisissante de
l'intervention de la vie dans l'accroissement des sonnés (V.JtfoHM~Me~,pour des foraminifères, etc.
couches du globe. Les débris qu'ils laissent après C'est dans le terrain dévonien que les poissons
eux, au lieu de s'entasser pele-mete, se rattachent commencent à apparattre en nombre considérable
intimement à la roche sous-jacente qui sert de ils sont extrêmement diBérents des poissons ac-
support et de fondement à l'édifice qu ils élèvent. tuels. Parmi eux, le Céphalaapis, le Cec<-of<<fM<.le
Ces débris se soudent entre eux pour constituer f/~e/tM~ se signalent par des formes véritable-
des masses qui affectent des formes particulières ment étranges. Les trilobites n'existentplus qu'en
dont les atolls et les lles Lagoun nous montrent nombre relativement petit, mais a leur place on
t'exempte le plus remarquable. On connatt dans trouve des crustacés bizarres dont le P«f~<~M
le terrain jurassique un énorme ensemble de cou- est un bon exemple les carriers écossais, qui le
ches auxquelles on a donné le nom de corallien- rencontrent souvent dans le vieux grès rouge, le
ne~ parce qu'elles représentent d'immenses atolls désignent sous le nom de Séraphin à cause de
fossihsés. deux appendices qui ressemblent un peu à des
Bn se fossilisant, les végétaux édinent des ro- ailes il est encore très mal connu, et se caracté-
ches aussi bien que les animaux tantôt leurs dé- rise par les grandes dents qui arment les diverses
bris viennent s'amasser en certains points où les pièces de ses téguments. C'est dans le terrain dé-
charrient des courants tantôt ils s'accumulent sur vonien qu'on trouve le T'erp~on, qui est jus-
place de façon à constituer, toute proportion qu'ici le reptile le plus ancien. Des végétaux peu-
gardée, des sortes d'atolls végétaux. vent être cités en grand nombre ils sont comme
Parmi les formations du premier genre, on peut l'annonce de ceux qui dans le terrain suivant ont
citer les couches de bois charriées en Islande par donné lieu a la formation du charbon de terre.
le Gulf-Stream. Ce bois originaire de l'Amérique Les Lépidodendrons et les Foxg~'M sont particu-
centrale fournit à l'Islande son principal <om- lièrementcaractéristiques.
bustible. Il forme par exemple au fond de la baie Dans le terrain carbonifère on assiste à une vé-
de Verki un amas de 110 mètres de long sur 12 d'é- ritable explosion botanique. Il faut citer les genres
paisseur. Beaucoup de couches de lignite des ter- Sigillaria, Stigmaria, SpAeTtop~/ï, Neurop<e;'M,
rains tertiaires ont manifestement la même origine. Calamites, Cordaïtes, parmi ceux dont on trouve
Parmi les couches dues à des débris végétaux les vestiges en plus grand nombre. Les études
accumulés sur place, nous nous borneronsà men- récentes ont permis de reconstituer l'histoire de
tionner les tourbières, faciles à étudier dans une ces plantes et de préciser les conditions climati-
foule de localités. Ce sont des sortes de maréca- ques de ces temps si éloignés. Beaucoup d'ani-
ges dans lesquels poussent diverses plantes et maux vivaient en même temps. Outre de nom-
spécialement des mousses connues sons le nom de breux mollusques marins, il faut mentionner des
sphaignes. Ce qui rend ces végétaux particulière- poissons et des reptiles tels que l'Archégosaure.
ment propres au tourbage, c est qu'its poussent Le terrain pernuen peut être regardé comme un
exclusivement par leur sommet. A mesure que la affaiblissement du terrain houiller. On retrouve
partie supérieure de la tige s'allonge, la partie in- des plantes tout à fait analogues, maisy avec une
férieuremeurt et tend à se transformer en tourbe. exubérance incomparablement moindre et des di-
Des études très précises ont montré que le tour- mensions plus restreintes.
bage rend raison presque dans tes moindres dé- Un contraste complet signale le trias ici plus
tails de la formation si importante de la houille de grandes forêts, la mer a repris son empire, et
et des autres combustibles minéraux. les mollusques associés aux CnnotcfM les plus
Ces notions générâtes une fois acquises, it nous variés et les plus gigantesques forment, par leurs
reste à en faire une application immédiate en dépouilles, des couches entières. Sur le sol conso-
montrant comment tes terrains superposés dont lidé des plages de ce temps on a retrouvé avec un
se compose t'écorce terrestre sont caractérisés par très vit intérêt des pistes laissées par des ani-
des fossiles particuliers. maux errant sur le littoral de la mer. De nombreux
Dans le terrain cambrien inférieur on a signalé oiseaux et des batraciens gigantesques (CAetro-
la présence du problématique Eozoon. Il se pré- therium) ont été ainsi révélés à la science par la
sente sous l'aspect de sinuosités régulières dans simple trace de leurs pas.
lesquelles beaucoup de géologues se refusent ce- Le lias fournit une immense légion de reptiles
pendant à voir les vestiges d'une organisation. Les énormes et bizarres où l'art gothique aurait pu
plus gros échantillons viennent du Canada; on en trouver des inspirations. L'Ichthyosaure, le Plé-
a trouvé aussi en Europe et spécialement en Bo- <:<MaMre, le Ptérodactyle, dînèrent par des carac-
hême. Les Lingules caractérisent le cambrien su- tères profonds de tous les reptiles actuels et de-
périeur ce sont des mollusques brachiopodesdont vaient composer la faune la plus étrange qu'on
le nom vient de leur ressemblance avec une lan- puisse concevoir. Des poissons et des mollusques
gue, et qui sont reconnaissables à leur coquille se mêlent à leurs débris, et parmi ceux-ci les B<-
allongée dont les deux crochets sont également ltmnites, dont la vraie nature a été le sujet de dis-
creusés d'un sillon interne par le passage du sertations sans nombre et de discussionslongtemps
muscle qui retient les deux valves. continuées (V. Mollusques, p. t334).
A t'époqae silurienne, nous devons signaler Les reptiles continuent en grand nombre dans
tout spécialement, à cause de leur profusion, les l'épais ensemble de couches qui constituent le
étranges animaux qu'on nomme des Trilobites. Ce terrainjurassique.C'est là aussi que prennent tout
sont des crustacés qui se présentent habituelle- leur développement les Ammonites et les Poly-
ment sous la forme d'un bouclier ovale, composé piers.
d'articles divisé* en trois parties par des dépres- Ce sont encore les reptilesqui contribuentà ca-
sions longitudinales. Les mêmes terrains con- ractériser le terrain crétacé mais ils se rappro-
tiennent beaucoup de mollusques. On y trouve chent des formes actuelles dont ils se bornent
aussi des empreintesextrêmement abondantes dé- souvent à peu près à exagérer beaucoup les di-
signées eoua le nom de grapholithes; on s'accorde mensions.Les Céphalopodessont représentés avec
à les considérer comme des polypes alcyonai- un luxe inoui par les genres Bélemnilss, Turriti-
res, mais on a eu successivement à leur égard les tes,Baculites,Scaphites, Ancy loçeras, Hamites,etc.,
opinions les plus contradictoires. D'abord on y a qui réalisenttous les modes d'enroulementque l'on
vu des plantes. Linné, en 17:6, les confondaitavec peut imaginer. Les mollusquesbrachiopodes nous
une foule d'objets fort différents, tels que des onrentles formes si spéciales des R!<cfM<M,qui n'ont
dendrites, des marbres veinés, des fucus, etc. pas survécuala périodequi lesavu nattre. Enfin les
On les a pris ensuite pour des céphalopodes cloi- Foraminifèresont pris un développementexcessif,
et composent en grande partie de leurs dépouilles comestible. Le centre de cette graine est occupé
accumulées les épaisses couches de la craie blan- par une cavité ordinairementgorgée d'un liquide
che. La flore prend en même temps des caractères blanc, laiteux, de saveur sucrée. Ce liquide n'est
qui font pressentir jusque dans les détails les vé- autre chose qu'une partie de l'albumen, qui a con-
gétaux d'aujourd'hui. servé sa consistance fluide primitive. II est connu
On peut dire que la période tertiaire représente vulgairement sous le nom de ~a:< de coco. L'em-
le règne des mammifères et des oiseaux. C'est bryon de la graine du cocotier est très petit on le
alors que vécurent le Pa/~oM~MfMj i*~HOp!oM<f- trouve immédiatement sous le testa, dans la masse
rium, le Xyphodon, le Jf<Mfo</oM<e, te Dinothé- de la partie charnue de l'albumen.
rium, parmi les premiers, le Gastornis parmi les Au moment de la germination, le cotylédon
autres. Toutes les autres classes du règne animal unique de l'embryon des palmiers s'allonge beau-
sont abondamment représentés. Les Nummulites coup. Sa partie supérieure, transformée en suçoir,
sont des foraminifères tout a fait caractéristiques. reste engagée dans l'intérieur de la graine, dont
Les plantes offrent des formes très voisines de elle absorbe l'albumen au fur et à mesure de la
celles de leurs congénères vivant de nos jours, dissolution de celui-ci. La région inférieure de ce
mais le climat général est plus chaud, de telle cotylédon est amenée hors de la graine par l'élon-
sorte que les palmiers, par exemple, abondent sous gation même de cettransformée organe. Cette partie inférieure
la latitude de Paris. du cotylédon est en une sorte de
Enfin les fossiles du terrain quaternaire sont gaine ou de tube qui contient la partie principale
regardés à bon droit comme les ancêtres immédiats du corps de l'embryon, l'axe hypocotylé. L'élon-
des êtres actuellement vivants. En première ligne gation du cotylédonpendant la germination a sur-
doit être cité l'homme, dont l'histoire est mainte- tout pour but d'enfoncer le plus loin possible dans
nant reconstituéed'une manière à peu près com- le sol l'axe hypocotylé. Ces opérations prélimi-
plète, non seulement au point de vue de son ostéo- naires terminées, on voit surgir une grosse racine
logie, mais en ce qui concerne ses usages et de la partie tout à fait inférieure de l'axe hypoco-
même ses croyances philosophiques et religieuses. tylé. Cette première racine ou pivot n'a souvent
Il faut aussi mentionner une foule d'animaux tels qu'une durée très éphémère. Parfois cependant ce
qnj l'Ours, le Renne, le Cheval, qui ont générique- pivot persiste longtemps après la fixation de la
ment et même parfois spécifiquement persisté. plante. Dans tous les cas, ce n'est que lorsque
Beaucoup d'autres au contraire ont absolument déjà les racines fonctionnent activement comme
disparu, comme le ilfegatheriuni, le A<an:mOM<A, organes absorbants que le suçoir cotylédonaire se
le Dinornis, etc. flétrit.
Ce qui précède suffit, pensons-nous, pour mon- La première racine des palmiers est peu volu-
trer limportance de la paléontologie. Ce n'est mineuse, cylindrique, courte.secondaire. Cette racine ne pré-
d'accroissement Son sys-
pas seulement, comme on voit, une zoologie et une sente jamais d'un seul faisceau
botanique relatives à des êtres disparus, compa- tème vasculaire se compose
rables par l'étendue de leurs domaines à la zoo- primaire, où le nombre des centres de développe-
logie et à la botanique proprement dites c'est le ment ligneux est très considérable. En général,
résumé d'une série infinie de zoologies et de bota- peu de temps après la naissance de cette première
niques successives, correspondant aux diverses racine, on en voit naitre un très grand nombre
époques géologiques au cours desquelles la faune d'autres sur toute la surface de la région basilaire
et la flore ont été constamment en se modifiant. de la tige. Ces racines, que grêles, l'on qualifie d'adven-
La paléontologie concerne donc un ensemble d'é- tives, sont généralement cylindriques.
tudes d'une immensité incomparable. Lorsque ces racines adventives demeurent expo-
Mais elle a encore un autre titre plus considé- sées à l'air, leur surface prend un aspect feutré;
rable à notre puissant intérêt. C'est elle en effet elles ne se ramifient pas, elles ne s'allongent
et c'est elle seule qui, en nous faisant assister aux guère non plus ce sont alors bien plutôt des
modifications successivesdes êtres organisés, peut organes de défense que des organes d'absorption.
nous promettre quelque notion sur l'origine même Lorsque, au contraire, les racines adventives pé-
de la vie à la surface de la terre. nètrent dans le sol, elles s'y allongent beaucoup,
[Stanislas Meunier.] se ramifientabondamment, et assurent à la plante
PALMIERS. Botanique, XIV. – Etym. le un puissant appareil d'absorption. A mesure que
mot palmier vient du latin palmarius (arbre qui la plante avance en âge, ses racines adventives
porte des palmes). naissent de plus en plus buta sur sa tige. Toutes
Dg/~Mh'on. Les Palmiers sont des végétaux ces racines adventives, se recouvrant les unes les
monocotylédonesarborescentsdont les caractères autres, se dirigent vers le sol en formant autour
servent de transition entre ceux des Graminées et de la région inférieure de l'axe aérien du végétal
grand dévelop- sorte de cône qui assure la stabilité de cet
ceux des LUiacées. A cause de leur devoir consi- une Toutefois,
pement, quelques auteurs ont cru axe. comme jamais les racines des
dérer les palmiers comme les représentants les palmiers ne pénètrent à une très grande profon-
plus parfaits des végétaux monocotylédones. deur dans le sol, ceux de ces végétaux qui sont
Caractères botaniques. Les graines des pal- arborescents à tige dressée se laissent facilement
miers se présontentavecdes caractères qui varient déraciner par le moindre vent. C'est pourquoi
selon les genres dans lesquels on les considère. beaucoup de palmiers arborescents ne peuvent
Dans les dattiers, le tégument de la graine est prendre tout leur développement que les dans les
mince il recouvre une masse albumineuse pleine, forêts où ils sont arbrités et soutenus par arbres
de consistance cornée. En un point de cet albumen, voisins. Il arrive même assez souvent que les pal-
du miers cultivés beaucoup plus élevés
on trouve un tout petit embryon. L'albumen fait en serre sont
dattier offre une résistance très grande, qui que lorsqu'ils croissent en liberté, car dans la
qu'on désigne vulgairement la graine du dattier station abritée qu'on leur assure, ils n'ont point
sous le nom de noyau de datte. La réserve albu- à
craindre d'être déracinés.
mineuse du lattier est formée de cellulose et de palmiers
La tige des parfois
est rhizome un
matières grasses. Cette réserve se dissout très court, rampant sous terre près de la surface du
lentement au moment de la germination elle est sol, ou simplement couché sur le sol; ces palmiers
alors absorbée par le suçoir cotylédonaire. Dans a rhizomes sont dits acaules; ils ont pour type le
les cocotiers, la graine, extrêmement volumineuse, genre Sabal. Selon les espèces, ce rhizome est
se compose d'un testa ligneux sous lequel on ren- plus ou moins volumineux. La forme spéciale de
contre une couche albumineuseblanche, charnue, certains de ces rhizomes très courts leur a valu
1e nom de sabots. Dans le genre Co~Mt!~ ou Ro- du tissu fondamentaldans lequel sont plongés tes
/<MO la tige, très élancée et très grêle, tralne à la faisceaux sa transforment en fibres
surface du sol ou sur tes plantes basses qui le re- Cette transformation s'opère surtoutmécaniques.
dans le
couvrent. La tige des rotangs peut atteindre jus- sinage des faisceaux. I) en résulte bientôt voi-
qu'à 200 et 300 mètres de longueur sur un chacun de ceux-ci est entouré d'un étui que
diamètre de 3 à 4 centimètres. Cette tige est re- très solide. Toutes ces gaines finissant ou gaine
marquable par l'incrustation siliceuse vernissée cher les unes les autres assurent à par se tou-
dont elle est revêtue et par sa grande flexibilité. sotidité. la tige sa
La tige du rotang n'est autre chose que le Jonc à On remarque que ces gaiues mécaniques,
<sn?!M. Dans d'autres genres, enfin, P/tœnta:, comme les a nommées M. Schwendener, sont
CAamo'rept,Bactris, la tige s'élève du sol vertica- beaucoup plus nombreuses à la périphérie de la
lement c'est une grosse colonne cylindrique, tige qu'en son centre; de là vient
lisse ou revêtue par les débris des bases des an- de la tige des que la surface
palmiers est la partie la plus ré-
ciennes feuilles, que termine un magnifiquedôme sistante de cet organe. Nombre d'auteurs ont dé-
de verdure. La vestiture de la tige verticale des signé les fibres mécaniques des palmiers le
palmiers varie beaucoup d'un genre & l'autre. nom de fibres libériennes, les rapportantpar ainsi
Lorsque les feuilles se détachent nettement, la aux faisceaux il en est résulté une confusion
surface de la tige est lisse, vernissée, marquée de grande dans la plupart des ouvrages qui traitent assez
distance en distance par des cicatrices, qui indi- des caractères anatomiques de ces végétaux. Il
quent la place des feuilles tombées tel est le cas bon que le lecteur en soit prévenu. Les faisceaux est
<es CAam<Bt!or<M. Cette surface lisse de la tige sortant de la tige pour se rendre dans tes feuilles
peut être inerme, ou bien au contraire garnie de sont extrêmement nombreux; leur arrangement
piquants noirs très acérés, à pointe simple ou est invariable pour chaque genre; it
faminée. Dans les C~KMtfM'opj, tes feuilles se dé- en résulte
que, malgré le désordre apparent des faisceaux
truisent sans se détacher de la tige celle-ci est de la tige des palmiers, ces parties sont néanmoins
alors revêtue d'une sorte de bourretoute spéciale. disposées avec la plus grande régularité. De très
<!e n'est qu'à un Age avancé que cette tige se dé- bonne heure la tige des palmiers atteint
cortique et se sépare du revêtement tout particu- diamètre définitif, après quoi elle le son
conserve
lier qui la recouvrait. Dans quelques 7'ArMMU:, la dénniment dans toute son étendue. Un très petit in-
présence de cette bourre autour du tronc main- nombrede palmiers, commel'Arengasacchari fera,
tient a la surface de celui-ci une humidité cons- présentent un renflement assez considérable vers
tante. De la surface de ce tronc naissent un très le haut de leur tige. Ce réservoir est d'abord plein
grand nombre de racines adventives qui se déve- d'amidon. A l'époque de la floraison, l'amidon est
loppent dans l'épaisseur du revêtement de la tige peu & peu remplacé par du sucre. La tige aérienne
et le traversent. Tout le temps que cos racines des palmiers ne se ramifie pas ou se ramifie
étaient enfouies dans la bourre de la tige, elles très peu. Leurs rhizomes leurs branches
trouvaient l'humidité nécessaire à leur développe- souterraines au contraire seet ramifient abon-
ment et croissaient rapidement. Après avoir tra- damment.
versé cette bourre, elles tombent dans l'air, où Chaque tige aérienne se termine supérieurement
elles se sèchent et se transformenten épines très par un bouquet de grandes feuilles au centre du-
aiguës. quel est un bourgeon. Ce bourgeon est très re-
La structure de la tige des palmiers a été prise cherché chez quelques palmiers;
on le mange
pour type de celle des végétaux monocotylédonés. cuit en guise de légume c'est le chou palmiste.
On ne remarque pas dans cet organe de zone cam- Lorsqu'on tranche le bourgeon terminal d'un pal-
biale comparableà celle des végétaux dicotylédones. mier, il s'écoute souvent une liqueur sucrée qui
En revanche, on voit qu'il se compose d'un très donne par la fermentation le vin de palme. Les
grand nombre de faisceauxdispersés au sein d'une bourgeons qui terminent les branches souter-
masse de tissu parenchymateux ou tissu fonda- raines des palmiers à rhizomes peuvent être uti-
mental. Le tout est recouvertd'épiderme. Chaque lisés comme succédanés des patates.
faisceau se compose d'une petite masse ligneuse, Les feuilles des palmiers sont toujours vertes,
réduite le plus souvent à quelques trachées, et coriaces, vernissées en dessus. Assez simples dans
d'une masse libérienne formée de cellules grilla- le jeune âge, elles vont se compliquant de plus en
gées très simples. Sur une section transversale plus. Les feuilles des palmiers adultes sontpétio-
de la tige, les trachées de chaque faisceau sont tées, à limbe entier, mais déchiré
plus rapprochées du centre de l'organe que le manière a donner à la feuille entière en lanières de
l'apparence
liber qui en dépend. Lorsque les faisceaux sont d'une feuille composée. Lorsque la feuille d'un
très compliqués, on remarque en avant des tra- palmier s'est déchirée naturellement, elle peut
chées, vers le centre de la tige, une lacune bordée parattre pennée ou patmée. En général les déchi-
par quelques éléments libériens. du limbe sont moins étendues dans le cas
Chacun des faisceaux de la tige des palmiers rures des feuilles palmées que dans celui des feuilles
a une marche très sinueuse. Il nalt d'un faisceau pennées. Ce sont les feuilles pennées qui forment
situé plus bas, s'élève selon une ligne sinueuse, ce que l'en appelle vulgairement les palmes. Les
tantôt s'approchant, tantôt s'écartant de l'axe de feuilles des palmiers peuvent atteindre de très
la tige; puis à un moment donné il se recourbe grandes dimensions; leurs pétioles robustes, li-
vers l'extérieur, sort de la tige et se rend dans gneux, élastiques, sont très recherchés pour fabri-
une feuille. Chemin faisant, le faisceau que nous quer des cannes et des manches de parapluies. Le
avons considéré donne naissance à un certain limbe de ces feuilles est rempli da faisceaux de
nombre d'autres faisceaux qui auront le même fibres mécaniques qui leur donnent leur
trajet que lui dans l'intérieur de la tige. D'après solidité. Les feuilles des palmiers sont grande tantôt
cette brève description, il est facile de voir que inermes, tantôt pourvues de solidesaiguillons très
les faisceaux des palmiers n'ont aucune solidité. acérés.
D'où vient pourtant la grande résistance des tiges Les fleurs des palmiers très petites, insi-
de quelques-uns de ces végétaux? Dans un très gnifiantes pour ainsi dire; sont elles sont réunies en
petit nombre de palmiers, comme. les rotangs, grand nombre sur des inflorescencesgénéralement
les éléments du faisceau, aussi bien les éléments enveloppées de voiles ou spathes de consistance
ligneux que les éléments libériens, se fibrifient très variable. Quelques-unes de ces spathes sont
en avançant en âge et prennent une certaine soli- ligneuses, solides, et assez grandes pour qu'une
cité plus généralement,une partie des éléments seule puisse fournir une pirogue capable de
porter un homme et plusieurs jours de vivres. Dans feuilles ou palmes, qui servent aux cérémonies du
d'autres palmiers la spathe est membraneuse en dimanche des Rameaux dans le culte catholique,
se desséchant, ses fibres deviennent indépen- ainsi qu'à celles de la Pâque juive. Partout ailleurs
dantes les unes des autres, et forment un tissu en E urope le dattiern'est qu'une plante ornementale
feutré très léger; les habitants des régions tro- dont la rusticité est à peu près celle de l'oranger.
picales emploient ces spathes en guise de cha- Le Cocotier (Cocos MMC!/e?'6!) a reçu des voya-
peau. En général les fleurs des palmiers sont uni- geurs le nom de roi des végétaux à cause de son
sexuées. Leur périanthe a six divisions, petites, immense utilité. Ce palmier croît dans le voisinage
verdâtres ou jaunâtres, charnues. Au centre de des mers de toutes les régions intertropicales. Sa
ce périanthe on trouve le plus souvent, dans les tige, ses feuilles et les fibres qui les accompagnent,
fleurs mâles, six étamines sessiles à anthères bilo- sa graine, suffisent à tous les besoins des
culaires introrses ou extrorses, et dans les fleurs plades qui vivent sous la zone torride il peu- leur
femelles un pistil tricarpellé. Des trois carpelles fournit du sucre, du lait, une crème solide, du
de ce pistil, bien souvent une ou deux loges vin, du vinaigre, de l'huile, des cordages, de la
avortent ou ne se développent pas. Les styles de toile, des vases, du bois, des toitures, etc.
ces carpelles sont cohérents entre eux; les stig- Le véritable chou palmiste est le bourgeon cen-
mates, au nombre de trois, sont simples et indé- traldes Areca. D'autres palmiers donnent égale-
pendants. Chaque carpelle forme une loge ova- ment un chou, plus gros et plus savoureux que
rienne dans laquelle on observe deux ovules celui de l'areca ce sont le Cocos nuci fera, ~i-
bitégumentés. Le plus ordinairement un seul des feno~ ssccAa)'?fa, le Maximilianaregia, et notre
sixovules de l'ovaire est transforméengraine.Dans seul palmier indigène en Europe, le C/tam.Ej'OtM
un très petit nombre de palmiers, les Borassus, les humilis.
Lodoïcea chaque fleur mâle contient jusqu'à L'.E~M guianensis, grand palmier originaire
vingt-quatre étamines, au lieu de six le nombre de l'Afrique occidentale, transporté et cultivé en
ordinaire. Amérique, a pour fruit une drupe dont le sarco-
Le fruit des palmiers est une petite baie à carpe contient une huile jaune odorante nommée
noyau très solide, ce noyau n'étant autre chose huile de palme, que l'on emploie à la Guyane aux
que la graine, dans les dattiers, les chamserops. mêmes usages que l'huile d'olive. Cette huile de-
Chacun sait de quelle importance est la récolte meure toujours fluide dans les régions tropicales.
des dattes pour les habitants de certaines régions Elle est importée en grandes quantités en France
du Sahara, chez qui la datte forme la base de l'a- et en.Angleterre mais elle arrive figée en Europe,
limentation. Dans les sagoutiers, le fruit ressemble
beaucoup à un cône de pin renversé et vernis.
ou elle sert surtout )a fabrication des savons. La
graine de cet JE/~M fournit aussi une huile blanche
Dans les cocotiers, les lodoicea, le fruit acquiert très estimée cette huile n'est pas importée en
un volume considérable il est revêtu extérieure- Europe.
ment par une bourre épaisse, roussâtre, fibreuse Le Corypha ceri fera ou Ca)'M<!t'toa des Brésiliens
intérieurement cette bourre se transforme en une et le Ccro.f!OKandicola des Péruviens produisent
sorte de noyau solide. Grâce à cette organisation, une véritable cire qui exsude des feuilles et sur-
les graines se trouventprotégées lors de la chute tout du tronc par les cicatrices des feuilles tom-
du fruit qui est porté par des végétaux de très bées.
haute taille. Le Coco des Maldives ou Lodoïcea SecAf/MM
Usages des Palmiers. Presque toutes les est un arbre de très haute taille, dont le fruit
espèces de palmiers trouvent un emploi dans noir bilobé atteint une monstrueuse.
l'économie domestique, dans l'industrie ou dans Pendant longtemps on n'agrosseur
connu que le fruit de
l'horticulture. Tous les palmiers fournissent des cette plante, que l'on avait trouvé flottant dans la
fibres textiles, propres surtout à la confection du mer, sans avoir jamais vu l'arbre qui le portait.
papier. Leurs grandes feuilles découpées en la- Les fables les plus invraisemblables étaient ad-
nières entrent dans la fabrication de cordes, de mises pour justifier l'origine mystérieuse de
nattes, de paniers, de chapeaux. Le bois de beau- fruit. A cette époque, le fruit du coco des Mal- ce
coup de palmiers fournit des solives. Passons dives passait pour un antidote universel, jouissait
brièvement en revue les espèces dont les produits d'une réputation extrême. Aujourd'hui ce n'est
sont les plus connus. plus qu'un simple objet de curiosité.
Les S<OM<:C~ (Sagus ~Mmp/t!~ S. ~K)! qui L'ca catechu de l'Inde, de Ceylan et des
croissent dans les îles Moluques, contiennent Moluques produit la noix d'arec, dont la graine
dans leur tige une moelle farineuse très nourris- sert à préparer un suc astringent. Cette amande,
sante c'est le sagou. Les Mauritia de l'Amérique mêlée à la chaux vive et poivre bétel, forme le
tropicale remplacent les sagoutiers dans les régions masticatoire ordinaire desauIndiens.
où ils croissent. L'Arenga saccharifera,le Borassus Le piaçaba est une filasse incorruptibleà l'eau,
/?(,[&eH!bf)KM, le Mauritia vini fera et le Sagus qui nous est fournie par l'Attalea 1'unifera et le
rAMmp/i!: produisent aussi une sève abondante ieopoMMo Piaçaba. Le tecum est
un fil extrême-
dont on peut retirer du sucre, ou qui se convertit ment solide, très fin, que les Brésiliens fabriquent
par la fermentation en une boisson alcoolique avec la filasse qu'ils retirent des feuilles de plu-
connue sous les noms de vin de palme, ~r~A, sieurs espèces de Bactris. Ce fil do tecum ne peut
toddy, laymi. être employé à faire des tissus, à cause de l'es-
Le Dattier est un arbre diotque ses fleurs fe- pèce de mordant qui l'imprègne et qui lui donne
melles donnent naissance chacune à trois baies, la propriété de la lime un vêtement de tecum
dont deux avortent généralement; leur chair so- appliqué sur la peau l'excorie si on le met
lide, sucrée, un peu visqueuse, est une nourriture sur
d'autres vêtements, il les râpe et les use très vite.
fort recherchée des nègres et des Arabes du pays Le fil de tecum est jusqu'ici réservé à la fabrica-
des dattes. Le dattier est le palmier le plus tion des filets de pêche.
ciennement introduit en Europe. La culture an- l'a L'~ypAfBne ~tûfea, palmier d'Égypte remar-
répandu dans le nord de l'Afrique et en Perse. Ce quable par sa dichotomie, produit
végétal est originaire de l'Arabie. Les meilleures résine nommée bdellium. Le brou une gomme
ou coquo de son
dattesnous viennent des oasis centralesdu Sahara fruit a la saveur du pain d'épice.
on peut encore en récolter jusque dans les envi- Le fruit du Calamus draco est imprégnéd'une
rons d'Elche en Espagne, mais ces dattes sont!résine rouge astringente nommée sang-dragon,
acerbes et de mauvaise qualité. En Italie et en bien plus répandue dans le commerce de la dro-
Provence, le dattier n'est cultivé que pour ses guerie que le sang-dragon des Antilles, qui
pro-
Ife T
vient des Pterocarpus, ou que le sang-dragon Les Palmipèdes peuvent être subdivisés, d'une
produit par les DracaMO. manière assez naturelle, en quatre tribus, savoir
La sève du Corypha umbraculi fera est employée l* Les Plongeurs ou ~facAyp~e~.
comme émétique dans l'extrême Orient. 2* Les ~.OK~peTMM.
Presque tous les palmiers sont recherchés par 3° Les ro<:pH~)tM.
les horticulteurs et les amateurs de plantes, à 4° Les Lamellirostres.
cause de la beauté et de l'Élégance de leur port Les Plongeurs ont les ailes extrêmement courtes,
et de leur feuillage. et ordinairement impropres au vol, et les pattes
Distribution géographique des Palmiers. Les implantées tout à fait à l'arrière du corps, ce qui
palmiers appartiennent exclusivement à la zone force l'oiseau à se tenir sur le sol dans une posi-
torride et aux régions les plus chaudes de la zone tion irerticate et ce qui rend la marche extrême-
tempérée. Une seule espèce est indigène de l'Eu- ment difficile. Aussi ces palmipèdes ne sont-ils
point faits fendre les airs, ni pou; courir
rope méridionale c'est le Palmier nain (CAam~-
le
pour
l'eau est leur véritable élément. Là
MjM humilis), qui se retrouve avec beaucoup plus sur
sol
d'abondance en Algérie. Ce palmier nain est l'un ils se meuvent avec rapidité, se- servant de leurs
des plus grands obstacles que les colons algériens ailes comme de nageoires et de leurs pieds palmés
aient rencontrés au défrichement du sol, tant la comme rames de ou de gouvernail. Leur plumage,
végétation de cette plante est intense et tenace. très serré, est ordinairement lubréné par une ma-
Ce n'est que par le feu qu'on peut la chasser des tière grasse qui empêche l'imbibition, et ne pré-
terrains où elle crolt. sente généralement que des couleurs simples, du
Certains palmiers vivent en société et occupent blanc, du noir, du gris, du roux ou du jaune.
seuls d'immenses espaces de terrain les uns A ce groupe appartiennentles Grèbes, les Plon-
croissent dans les savanes inondées, comme les geons, les Guillemots,les Macareux, les Pingouins
/)tat'<eft, les autres au milieu des sables arides, et les Manchots.
comme les ~oAfMe. Les palmiers sont relative- chée Les Grèbes, dont la dépouille est très recher-
ment rares en Afrique ils sont plus nombreux par les fourreurs, ont le plumage tustré, le
d'une
dans l'Inde, l'Asie tropicale et l'archipel indien corps trapu, la tête petite, souvent ornée
ils abondent dans l'Amérique tropicale. sorte de huppe ou de collerette, le bec grêle et
[C.-E. Bertrand.] pointu, les pattes courtes, les doigts antérieurs
PALMIPÈDES.-Zoologie, XVIIl.–Lesoiseaux réunis seulement à la base et bordés de mem-
qu'on désigne sous le nom de Palmipèdes sont branes découpées dans chez les Poules d'eau. Le la plus grande partie de
particulièrementconformés en vue d'une existence leur longueur, comme
aquatique. Leurs membres inférieurs sont en effet Petit Grèbe ou Castagnoux est très commun sur
transformés en rames, grâce à l'existence d'une les eaux douées de lu France.
membrane qui s'étend entre tes doigts antérieurs Les Plongeons, qui habitent les régions septen-
et qui comprend parfois aussi le pouce ou doigt trionales des deux mondes, ressemblent aux Grèbes
postérieur. Cette particularité de structure per- par leurs formes générales, mais sont de taille
met, en général, de distinguer les Palmipèdes des plus forte et ont le plumage moins brillant.
Ëchassiers parmi ces derniers on rencontre ce- Les Guillemots n'ont que trois doigts aux pattes,
pendant certains genres, tels que le genre Ga~/t- le pouce étant avorté, et leurs ailes sont si ré-
tt«<a ou pouie d'eau, chez lesquels tes doigts sont duites qu'ils peuvent à peine voler. Ils ne quittent
déjà bordés d'une membrane étroite. Chez les Pal- ~lère les pays glacés du nord.
'mipèdes les pattes sont ordinairement placées très Les Macareux se distinguent par leur bec aplati
toin en arrière, dans la région abdominale le bec latéralement en une lame assez mince, très élevée,
en spatule, et susceptible de se partager saisons.
est tantôt grêle et pointu, tantôt élargimandibules en plusieurs pièces
se détachent à certaines Ils passent
et garni de lamelles sur le bord des développées, qui la plus grande partie de leur vie sur les eaux de
[es ailes sont tantôt entièrement le voisinage des côtes, et comme les
tantôt considérablement réduites, ou parfois même la mer, dans
modiËées au point de constituer des organes de Guillemets font leurs nids au milieu des rochers.
natation. Les Pingouins ont le bec plus atioagé, en forme
Les Palmipèdes habitent les bords de la mer, de lame de couteau, mais leurs mœurs sont à peu
mêmes celles des Macareux. Une de
des fleuves ou des étangs, et quelques-unsmême près les que
les plus remarquables, le G~Md
passent la plus grande partie de leur existence Pingouin [eurt espèces
(~<M impennis), n'existe plus à l'heure
loin du rivage, au milieu des ûots de l'Océan.
Beaucoup d'entre eux plongent avec facilité et actuelle, faite à la suite de la chasse impitoyable qui
dans les contrées septentrionales de
nagent avec aisance entre deux eaux. Leur nour- lui a été
riture consiste en plantes aquatiques, en vers, en l'Europe.les Manchots offrent
mollusques et en poissons. Enfin au plus haut degré
Sur le sol, les Palmipèdes ont des allures gau- cette imperfection des organes du vol qui carac-
ches et embarrassées, et, a quelques exceptions térise les oiseaux de leur groupe, leurs ailes, con-
près, ils sont incapables de se percher; ils font sidérablement réduites, étant couvertes de petites
leurs nids sur des rochers, dans les trous, au mi- plumes semblables à des écailies et servant exclu-
à la natation. Ils trouvent principa-
lieu des joncs et des broussailles, ou tout simple- sivemont se
australes, dans les parages
ment sur la grève. Leurs œufs sont tantôt d'un lement dans les terres
l'extrémité méridio-
blanc pur, tantôt d'un jaune-verdâtre marbré de de la Nouvelle-Hollande
l'Amériquu.
et à
tachts brunes. Les petits qui en sortent sont cou- nale de
verts d'un duvet d'un gris brunâtre ou d'un moinsblanc La tribu des Longipennes ou des Grands t)0:-
liers renferme des palmipèdes remarquables par
pur, puis ils revêtent une livrée la plus ou
ailes et la puissance
sombre, et ce n'est guère que dans deuxième ou le développement de leursoiseaux le bec est dé-
la troisième année qu'ils acquièrentleur plumage de leur de vol. Chez tous ces
dentelures, et les pieds n'offrent de
définitif. Mais lors même qu'ils sont parvenus à pourvu qu'entre les doigts anté-
teur développement complet, les Palmipèdes con- membranes palmaires
le pouce, quand il existe, étant toujours
servent presque toujours, au-dessous de leurs rieurs, indépendant.
plumes normales, une couche moelleuse de duvet
dont on fait grand cas dans le commerce des pel- Dans ce groupe prennent place les Pétrels, dont
leteries. A l'âge adulte les mâles se distinguent le bec se termine par un crochet recourbé, et
ordinairement des femelles par la richesse ou l'é- dont les narines sont réunies en un tube double
Albatros,
clat métalliquede certaines parties de leur plumage. couché sur la mandibule supérieure les
qui sont de véritables géants parmi les oiseauxL, hier. D'autres, comme les Eiders, fournissent
de mer, et qui, grâce à leurs ailes puissantes, duvet très estimé, et d'autres enfin, réduits un
peuvent suivre pendant plusieurs jours un vais- domesticité, peuplent nos basses-cours en
ou font
seau voguant à pleines voiles; les Mouettes, aut l'ornement de nos pièces d'eau. Parmi ces der-
bec allongé et simplement arqué vers le bout, aux niers nous citerons le Cygne noir, le Cygne blanc,
narines ouvertes par deux fentes étroites sur lat te Cygne à col noir, l'Oie cendrée, le Canard vul-
mandibule supérieure les Stercoraires, qui dif- gaire, le Canard musqué
fèrent des Mouettes par la disposition de leurs na- ne, etc. ou Canard de Barba-
rines et la forme de leur queue, généralement co- Les Harles ont pour patrie tes climats froids et
nique les Sternes ou Hirondelles de mer, au bec se répandent hiver dans les pays tempérés.
ordinairement effilé, aux ailes considérablementt C'est dans cetteendernière saison que l'on voit chez
développées, à la queue profondément fourchue, nous le Harle vulgaire, qui est aussi
et les Rhynchops ou Becs-en-ciseaux, aux mandi- canard, le Harle huppé, et le Harle piette, gros qu'un
bules aplaties en deux lames inégales qui peuventt taille est notablement inférieure. dont la
s'opposerl'une à l'autre sans s'emboiter. Tous ces [E. Oustalet.]
oiseaux se nourrissent de chair morte, de mollus- FAl'AUTE. – Histoire générale, XVII-XXVI,
ques, ou de poissons vivants, qu'ils pêchent avec XXX. – L'histoire des premiers évêques de Rome
beaucoup d'adresse ou qu'ils cueillent, pour ainsii est très obscure. Lorsque Constantin
dire, à la surface des flots. Quelques-uns d'entrel'Eglise chrétienneune Eglise d'Etat, les évoques eut fait de
de-
eux, comme la Sterne fluviatile, remontent parfois vinrentdes personnages officiels ceux des capitales
les cours d'eau jusqu'à une assez grande distance de province ou métropolitains (archevêques)
dans l'intérieur des terres. Sur nos côtes abon- tinrent juridiction sur leurs collègues des petites ob-
dent les Mouettes à manteau gris, à manteaunoir, villes; enfin ceux de quelques cités importantes,
et à manteau bleu, et les Hirondelles de mer de Rome, Alexandrie, Antioche, Constantinople,
l'espèce dite Pierre-Garin. furent, sous le nom de patriarches, les chefs
Les fo~pa/MiM sont des palmipèdes par excel- ecclésiastiques de toute une région. L'évëque de
lence, ayant non seulement les doigts antérieurs, Rome, qui se considérait le successeur de
mais le pouce lui-même embrassé par une vaste saint Pierre, revendiquait comme en outre une suprématie
membrane. Ils comprennent les Pélicans, facile- générale sur l'Eglise tout entière. Comme les
ment reconnaissables à leur forte taille, à leur autres évêques, celui de Rome était alors élu
plumage blanc ou grisâtre, et surtout à la vaste par l'assemblée des fidèles simple sujet de l'em-
poche qui pend de leur mandibule inférieure et pereur, il n'avait aucun pouvoir temporel; titre
qui sert de filet ou de réservoir à poissons les de pape, qui servit plus tard à le désigner leexclu-
Cormorans, qui sont également ichthyophages, sivement, était donné à l'origine àtous les évêques.
mais dont la peau du cou est peu extensible et Après la chute de l'empire d'Occident,
dont le bec, au lieu d'être aplati, est grde et re- de Rome fut successivement le sujet des l'évêque rois os-
courbé à la pointe; les Fous ouBoubies, qui ont trogotha, puis celui des empereurs de Constanti-
l'ongle du doigt médian denté en ~cie, comme les nople qui gouvernaient l'Italie
Cormorans, et le bec conique et dentelé aussi sur Vers 73U, à l'occasion de la querelle par leurs exarques
les bords; les Frégates aux ailes démesurément tes, Rome se souleva, chassa des iconoclas-
longues, à la queue profondément fourchue, au grec, et le pape Grégoire II devint son gouverneur
bec long et crochu, aux palmaires largement échan- de fait. Grâce à l'alliance de la papauté indépendant
crées les Anhingas ou Oiseaux-Serpents, ainsi premiers Carlovingiens, les avec les
sommés à cause de leur cou long et souple portant tenir contre les Lombards ils obtinrent main-
papes purent se
une petite tête au bec pointu et les Phaëtons ou de Pepin le Bref la donation de Ravenneen outre
Pailles-en-queue, qui ressemblent à des Hiron- Pentapole, et de Charlemagne celle de Poreuse et de la
delles de mer, sauf par la disposition de leurs piedsde Spolète telle fut l'origine du pouvoir et
et par la forme de leur queue munie de deux rel de la papauté. tempo-
pennes, de deux brins extrêmement allongés. Du ix' xi" siècle, durant l'époque féodale, les
Enfin les ta'7)cH!?'fMh'M ont, comme leur nom papes ne au jouent qu'un rote cSacé dtns les luttes
l'indique, le bec (en latin rostrum) garni sur les sans cesse renaissantes qui rencpHsscnt l'Italie.
bords de lames parallèles ou de petites dents. ]Ils sont tour à les créatures de la célèbre
Leur langue, épaisse et charnue, est également Théodora et de tour 611e Marozia. puis des Otlions
dentelée, leur gésier très grand et très muscu- de sa
( Saxe ou de leur ennemi le consul Crescentius,
teux, leur trachëe-artère souvent dilatée sur une et de Henri III de Franconie. C'est alors nue se
partie de son parcours, au-dessus de la bifurca- (consomme,
( au milieu du xu siècle, le grand
tion. schisme d'Orient, qui sépara définitivement l'E-
Ces palmipèdes fréquentent plutôt les eaux glise ¡ grecque dct'Ëglisc latine (V. Schisme).
douées que les eaux salées; ils nagent et plon- Mais le moment est venu où, tirée de l'obscu-
gent avec facilité, et leurs ailes, sans être à beau- rité
r par une série de pontifes éminents, la papauté
coup près aussi développées que celles des Fré- va v prétendre à la domination universelle, et s'en-
gates, sont cependant assez fortes pour leur per- gager c dans des luttes retentissantes contre les cé-
mettre d'exécuter de lointains voyages. Dans cette ssars d'Allemagne et les rois de France. L'impérieux
subdivision deux types principaux sont à consi- Grégoire( VII force Henri IV de Franconie à s'hu-
dérer: le <pe canard, au bec plus ou moins aplati rmilier à Canossa, et accroit les Etats pontificaux
et lamelleux, et le type harle, au bec cylindrique par r l'adjonction du patrimoine de Saint-Pierre
et dentelé. ((donation de la comtesse Mathilde); Urbain II
Au premier type appartiennent non seulement prêche la première croisade, et lance l'Occident
les Canards proprement dits que tout le monde Ichrétien c àla conquête de l'Orient inndèle; Alexan-
connaît, mais les Cygnes, grands oiseaux au plu- ddre III tient tête & Frédéric Barberousse,
mage blanc, noir fuligineux, ou mi-parti blanc et réservant et, en
r désormais aux seuls cardinaux le droit
noir, etles Oies, à la livrée généralement grise ou d'élire
d les papes, assure l'indépendance du Saint-
blanche, aux jambes assez élevées, à la démarche Siège S a l'égard du peuple romain et de i'empereur;
moins embarrassée que celle des Canards. 1Innocent III se conduit
I:
La chair de la plupart des Lamellirostres consti- pose des en maître du monde, dis-
couronnes, fonde l'inquisition, fait exter-
tue un aliment agréable, aussi un grand nombre pminer n tes Albigeois Grégoire IX et Innocent IV
d'entre eux, les Canards, les Sarcelles et les Oies, poursuivent
p de leurs excommunications Frédé-
ont-ils été de tout temps recherchés comme gi- ric r: II et la race des Hohenstaufen, qui finit par
succomber; enfin Boniface VU], le dernier des exercé ourant onze siècles. Son successeur est
grands papes du moyen âge, engage contre Phi- Léon XUI. – V. Ch,'istianisme, Conciles, ~M,
tippe le Bel une lutte inégale, dont la conséquence Réforme, Schisme.
allait être l'abaissement du Saint-Siège et son PAPAVÉRACÉES. Botanique, XXIU. – Ety-
transfert & Avignon. mol. Le mot papavéracées vient de papaver, qui
Pendant tout le xiv* siècle et la première moitié est le nom latin du pavot.
du xv*, les papes n'ont plus que l'ombre de leur D~n~toH. Les Papavéracées forment une
ancienne autorité. Tant qu'ils résident à Avignon, famille naturelle dont les caractères servent der
ils sont sous la main du roi de France; et à peine transition entre ceux des Renoneulacées et ceux
Grégoire XI s'est-il décide à retourner à Rome, des Crucifères elles sont reconnaissables à leur
qu'éclatele grand schisme d'Occident, auquel une ovaire uniloculaire, supère, à leurs étamines
longue série de conciles (Pise, Constance, Bâte, nombreuses, etàleur calice à deuxsépales caducs.
Ferrare, Florence) eut grand'peine a mettre fin. Caractères botanique*. – Les graines des pa-
Les scandales du schisme avaient produit dans pavéracées sont excessivement petites néanmoins
l'Eglise une vive agitation des voix éloquentes elles ont une structure assez eompMquée chacune
s'étaient élevées, demandant des réformes (Wi- d'elles présenteun petit embryon cylindrique, en-
cleff, Jean Huss, Gerson). Cependant, grâce à vironné de toutes parts par un albumen qui con-
l'habileté d'Eugène IV et de Nicolas V, tout sem- tient presque toujours une quantité considérable
bla s'apaiser mais ce ne fut qu'un moment de d'une matière grasse,huileuse que l'on peut extraire
trève. par la pression ou par le sulfure de carbone telle
La Renaissance venait d'ouvrir pour l'Italie une estl'origine de l'huile d'œillette. Le tégument sé-
ère nouvelle. Les papes se montrèrent les zélés minal de ces petitesgraines des papavéracées, mal-
protecteurs des lettres et des arts (Jules H, gré sa faible épaisseur, présente une couche exté-
Léon X) mais en même temps la corruption de rieure sèche, membraneuse, et une couche pro-
la cour de Rome allait croissant; les crimes d'un fonde, solide, fortement imprégnée d'oxalate de
Alexandre Borgia, les désordres du clergé, la chaux.Quelques-unes de ces graines sont munies,
vente des indulgences, la résistance de la papauté sur le raphé, d'expansions cellulaires que l'on
à toute velléité de réforme, suscitèrent de nou- nomme strophioles. Les racines des papavéracée&
velles protestations alors parurent Luther, Zwin- sont pivotantes, mais elles demeurent toujours
nii, Calvin, Knox. La moitté de l'Europe rejeta très grêles et se ramifient abondamment. Leurs.
l'autorité du pontife romain. tiges sont herbacées, annuelles ou vivaces de
La nécessité de combattre les progrès de l'hé- même que les racines, elles contiennent un suc
résie rendit pour un temps à la papauté une vi- laiteux, blanc, jaune ou Muge. Ce latex desséché
gueur nouvelle. Paul III approuve l'ordre des a l'air forme FopiMTH. Leurs feuilles sont alternes,
jésuites et assemble le concile de Trente; Paul IV simples, penni-nerviées, dentées ou penni-lobées;
institue la congrégalion de l'Index; Pie V prêche elles contiennent aussi du latex.
la croisade contre les Turcs, qui sont battus à Les fleurs des papavéracées sont hermaphrodi-
Lépante; Grégoire XIII, l'auteur de la réforme du tes elles présentent, de dehors en dedans 1° un
calendrier, fait frapper une médaille commémora- calice à deux sépales caducs libres, ou plus rare-
tive en l'honneur du massacre de la Saint-Barthé- ment cohérents en une sorte de coiffe 2* une co-
lemy Sixte-Quint lutte avec énergie contre Eli- rolle à quatre pétales rouges, jaunes ou blancs,
sabeth d'Angleterre et Henri de Navarre. Mais au réguliers~ hypogynes, chiffonnés avant leur épa-
xvn' siècle les passions religieuses sont moins nouissement 3° un androcée composé d'un nom-
violentes les guerres de religion font place aux bre considérable d'étamines hypogynes, libres
guerres politiques, le Saint-Siège se trouve subor- 4" un gynécée formé de plusieurs carpelles sou-
donné à quelque grande puissance, 1 Espagne, dés en un ovaire ovoïde uniloculaire, à placentas
l'Empire, ou la France. Louis XIV, malgré son res- pariétaux. Les ovules enfermés dans cet ovaire
pect pour la foi catholique, le prend de très haut sont bitégnmentës, anatropes et hétérotropes. Le
avec Alexandre VII, et menace même un moment style qui surmonte l'ovaire est court ou même
de rompre entièrement avec le pape Innocent XI, nul les stigmates, aussi nombreux que les pla-
à propos de la déclaration de 1682. centas, sont presque sessiles, aplatis en lames,
Au xvm* siècle, plusieurs papes semblent occu- ils forment une sorte de plateau qui surmonte
pes surtout de la querelle du jansénisme, que l'ovaire.
Clément XI ravive par la bulle Unigenitus; quel- A la maturité, l'ovaire devient une capsule, plus.
ques-uns de leurs successeurs, plus tolérants, rarement une ~t~MunilocuIairo;ses parois res-
cultivent les lettres et sont même en correspon- tent toujours sèches, papyracéeo.
dance avec les philosophes Voltaire dédie sa tra- Les Fumariacées, que l'on rattache quelquefois
gédie de Mahomet à Benolt XIV Clément XIV aux PapavéracéeSjne diffèrent de celles-ci que par
supprime l'ordre des jésuites, et meurt empoi- leurs pétales irréguliers, leurs étamines peu
sonné. Son successeur Pie VI voit éclater la Révo- nombreuses, souvent soudées en deux phalanges,
lution française enlevé de Rome par ordre du a anthères extrorses, et par leur ovaire uniiocu-
Directoire, il meurt en captivité à Valence (1799). laire a deux placentas pariétaux.
Pie VII négocie le Concordat avec Napoléon Usages des Fa.pavÈraoÉes. – Les plus impor-
Bonaparte,qu'il vient couronner ensuite a Paris. Lui tantes parmi les papavéracées sont
aussi, il est plus tard enlevé de Rome, par ordre de 1 Le Pavot somni fère, herbe annuelle origi-

l'empereur, et retenu prisonnier à Fontainebleau. naire de l'Asie; on en recueille le latexconcrété à


Rendu à la liberté en 1814, il rétablit les jésuites. l'air; à cet effet, on pratique un certain nombre
Ses successeurs Léon XII, Pie VIII, Grégoire XVI, d'incisions à la surface de sa capsule encore jeune.
cherchent dans l'Autriche un protecteur contre Le suc du pavot somnifère n'est autre chose que
les tentatives de l'Italie révolutionnaire. Pie IX l'opium de Chine. Cette substance renferme de
(1846-1878)s'associe d'abord aux aspirations libé- nombreux produits immédiats,dont trois au moins
rales du peuple italien; mais il abandonne bientôt sont narcotiques à un très haut degré, et parmi
cette voie pour se faire, durant tout le reste de ceux-ci deux surtout sont usités en médecine ce
son long pontificat, l'inflexible défenseur de l'auto- sont la morphine et la codéine. Pris à haute dose,
rité il promulgue les dogmes de l'Immaculée l'opium est un poison mortel; mais l'habitude
Conception et de l'infaillibilité du pape, et publie émousse rapidement son action, et l'on peut arri-
l'Encyclique de 186i et le Syllabus. En t8'!0, il consi-
ver par degré à en absorber des quantitésboivent
perd le pouvoir temporel que les papes avaient dérables. Les Chinois mâchent, fument et
.de l'opium d'une façon journalière cette sub- sisimplement ~eryatMet (qui est devenu notre mot
parchemin) les produits de cette industrie, dont
stance leur procure une ivresse dont le renouvel- p répandit, furent dès lors employés
lement quotidien devient pour eux un besoin I<le secret se qui cependant
qu'ils satisfont à tout prix; les fumeurs d'opium cconcurremment avec le papyrus, recherché
tombent bientôt dans un état d'abrutissement rresta plus particulièrement jusque vers
complet, et ils finissent par mourir dans des accès hle milieu du vue siècle, où l'invasion des Arabes
vint grand trouble à l'in-
de folie qui rappellent ceux du delirium tremens. een Egypte apporter un
relations les
On cultive en grand, dans le nord de la France, ddustrie de ce pays et sesà avec peu-
une variété du pavot somnifère, le pavot noir, dont pples européens. Un peu plus tard, ces relations
les graines fournissent par expression une huile ss'étant rétablies, l'Occident reçut à nouveau du
<louce comestible connue sous les noms d'huile ppapyrus; et pendant deux ou trois siècles encore
blanche ou d'huile d'œillette. Les pétales des Lla piante du Nil garda son crédit, alors d'ailleurs
pavots et leurs capsules bouillis dans l'eau sont ffortement diminué par les qualités de résistance,
ëmollients et légèrementnarcotiques. dde durée, reconnuesau parchemin, qui était pres-
2° La Chélidoine ou Grandeécrire, dont le latex que c exclusivement employé pour les actes et les
jaune est utilisé pour enlever les verrues; jadis 1livres. Entre temps, au surplus, ces mêmes Arabes,
se tor- cétendant leurs conquêtes du côté deétablissant l'Orient,
on l'employait pour dissoudre les taies qui des
ment sur les yeux c'est mêmeaujourd'hui cette propriété avaient
a connu, par le fait caravanes
qui lui a valu le nom d'~at're on a le
1 trafic avec les plus lointaines régions d'Asie,
renoncé à son usage parce que son acidité exige tun papier que les Chinois fabriquaient depuis
temps immémoriaux avec le coton. Et
qu'on la manipule avec les plus grandes précau- des <
leurs
non
possessions
tions. -Le suc de l'Argemone mexicana possède seulement ils apportèrent dans
d'Occident de nombreux spécimens de ce papier.
les mêmes vertus. découvert les pro-
3° La Sanguinaria canadensis, dont la racine mais encore ayant connu ou le préparaient,
renferme un suc rouge qui par ses propriétés rap- cédés à l'aide desquels les Chinois
pelle les propriétés sédatives de la digitale. Les ils établirent dès le )x' siècle, dans les pro-
vinces méridionales de la péninsule ibérique,
graines sont narcotiques.
4° Les Glaucium, les Eschholtzia, qui sont cul-d'importantes
manufactures de papier de coton
tivées comme plantes d'ornement. dont les produits, en même temps qu'ils faisaient
Usages des Fumariacées. En dehors de la une redoutable concurrence au parchemin,consi-
Fumeterre officinale et des Cort/cM~, dont les dérablement plus coûteux, achevaient de ruiner
parties herbacées sont employées pour faire des l'industrie du papyrus égyptien, qui ne pouvait
tisanes amères,toutesles autres fumariacéessont lutter ni au point de vue de la qualité, ni su point
cultivées comme plantes ornementales. Parmi de vue de l'économie, mais qui cependant resta
partiellement
elles, nous citerons le Dicentra spectabilis, qui croire, jusque en usage, autant que l'on peut.
produit de magnifiques fleurs roses; c'est le M- vers la fin du xr* siècle. Au papier
elutra des jardiniers. [C.-E. Bertrand.1 de coton d'ailleurs, dont les fabriques ne pouvaient
guère s'alimenter qu'en des régions cultivant ou
PAPIER. – Connaissancesusuelles, XI. Tout recevant facilement la matière première, s'était
d'abord, d'où vient ce nom?- Du mot papyrus,em- à peu substitué le papier dit de chiffons,c'est-
ployé par les anciens pour designer certaine plante peu
qui croissait particulièrementsur les rivagesdu Nil, à-dire fait avec les débris d'étoffé de chanvre et
à de lin. Dès le xn" siècle on en fabriquait sur
et dont les fibres intérieuresétaient employées points de l'Europe occidentale, et no-
fabriquer des lames flexibles, des feuilles sur les- plusieurs France. On a conservé, en effet,
quelles on écrivit, en premier lieu chez les Egyp- tamment en
tiens, puis chez la plupart des autres peuples, qui une charte datée de 1189 par laquelle un évoque
pendant bien des siècles furent tributaires de l'E- de Lodève, en Languedoc, autorise l'établis-
gypte pour la fourniture de ce papier ou produit du sement de moulins à papier sur l'Hérault. Au
siècle suivant
capyfMS. Pline le naturaliste a sommairement dé- Au X[V° siècle seulement c'était
des papeteries se créaient en Italie.
crit le procède qu'employaient les Egyptiens pour l'Allemagne, puis de la Hollande. le tour d'abord de
Au xv* siècle
préparer le papyrus. Après avoir dépouillé de son Angleterre, mais sans succès,
écorce la plante, espèce de Souchet (Cyperus un essai fut et fut
fait en
qu'à la fin du xvt* qu'enfin cette in-
,papyrus), qui dans le pays atteint un develop-! ce nes'établit
pement considérable, on en tirait, par un tour de dustrie régulièrement dans ce pays, qui a
le second rang pour l'impurtance de
main particulier, d'assez larges pellicules qu'on aujourd'hui papeteries, le premier étant occupe par les
étendait les unes sur les autres en entre-croisantle ses qui fabriquent moins de 250 il
adhérer soit Etats-Unis ne pas
sens des fibres, et qu'on faisait en
kilogrammes de papier, tandis
les frappant, soit en les pressant fortement. L'on 300 millions deproduit environ 150 millions,
que
contre
polissait ensuite par le frottement à l'aide d'une la France en
grosse dent de cheval, et les feuilles étaientprêtes 200 qui sont dus aux manufactures anglaises.
à recevoir l'écriture. Chez les Egyptiens l'usage Quoi qu'il en soit des dates, d'ailleurs assez
papeteries des di-
de ce papier semblerait remonter à des époquesincertaines, où furent créées les
fort reculées, car l'on possède aujourd'hui des vers pays, nous devons noter, comme coïncidence
fabrication eut
manuscrits sur papyrus trouvés dans des tom- heureuse, que l'époque où cette
beaux datant d'au moins dix-huit siècles avant atteint dans qui ses principaux centres les perfec-
notre ère. Jusqu'à ce que le papyrus leur fût tionnements
lui permettaient de livrer, avec
une économie relative, d'excellents produits, est
venu de l'Egypte, les diverses nations de l'anti-i aussi celle où fut inventé l'art typographique
quité avaient écrit sur toutes sortes de substances
rigides ou flexibles, mais notamment sur des peauxc dont elle devait si puissamment seconder les pro-
de bêtes plus ou moins bien appropriées à cetgrès.
par suite de l'inter-
usage. Ce fut même, dit-on,mirent sans nous préoccuper d'abord de l'état
dit que des rois d'Egypte à une certainei actuel de cette considérable industrie, voyons sur
époque (250 ans avant J.-C.) sur l'exportation t
quels principes reposa dès l'origine et repose
du papyrus, que dans le royaume de Pont, et en encore
9
tdonnées
d'ailleurs
primitives)
(car
la
rien n'a
fabrication
pu être changé aux
du papier, telle
la ville de Pergame, pour suppléer à la disette des peuples de l'extrême
du papier égyptien, on apporta de remarquables s qu'elle nous est venue
Orient, et telle qu'elle pratique aujourd'hui.
perfectionnements aux procédés de préparationt se
des peaux à écrire, connues sous les noms dee Il est dans le règne végétal une substance tech-
charta Pergami, membrana pergamena, ou plus niquement appelée eeHM/ose, que les botanistes
s
dénnissent « une matière insoluble qui forme se
essentiellementtes parois des cellules, des nbreanombreuses meut très rapidement en engrenant les lames
et des vaisseaux o (Lemaoutet Decaisne), et dont la
tomposition est identique dans tous les végétaux.
le dont il est armé, dans tes lames dont
fond de la caisse est également garni, mouve-
qui a pour effet de hacher les chiffons, les.
Notons même que la substance à laquelle on a ment quels sortent de cet appareil à l'état de pâte, de
donné le nom de ~ne«.c ou bois n'est autrebouillie.Cette pâte cependant t~M n'a pas en-
chose que de la cellulose épaissie et condensée. core atteint le dernier degré ou de trituration, mais
Cette ceUutose. nous la recherchons le plus on interrompu le travail
a
communément dans des végétaux qui, par suite cAtmeMt, qui autrefois était pour pratiquerle blan-
de ta disposition de certaines de leurs parties, pendant bien des jours obtenu en exposant
constituent pour nous des matières que nous un pré, où tes effets alternatifs de le et des nuits ~/M< surr
la rosée, du
nommons textiles, ou propres à donner des fils soletl. ou pour mieuxdire de l'oxygénation atmo-
servant à la fabrication des tissus notammentsphérique parvenait,mais tentement.ates décolorer
dans les fibres corticales du chanvre, du lin, que entièrement. Aujourd'hui c'est
nous débarrassons par le rouissage des substances dans une auge, où la pâte eet constamment en faisant arriver
gommeuses, résineuses qui y sont associées, ou des courants de chlore liquide ou gazeux qu'on
remuée,
mieux encore dans le duvet qui enveloppe le obtient le blanchiment.
fruit du cotonnier et qui nous offre les fibres de Le denté est ensuite porté dans la cuve de raf-
cellulose pures. finage, semblable à celle où a été opérée la pre-
Etant donné cette cellulose & t'état de fibrilles mière trituration, mais dinérence
avec cette
infiniment divisées, toute la théorie de la fabrica- les
jeux de lames étant plus serrés, la matièrequey
tion du papier se réduit & obtenir avec ces élé- est hachée plus
ments végétaux un feutrage analogue a cetui une pâte très fine, menu, et se trouve convertie en
qu'on obtient en pressant, en foulant les poils de cellulose relativementtrès
homogène, composée de
divers animaux. A bien prendre, en enet, pure, que l'on peut aisément
une étendre en une couche à la fois très unie et aussi
feuille de papier n'est autre chose qu'un mince mince qu'on le désire. C'est alors
feutre végétal, car le tis~u qui la constitue est série des opérations que la première
étant achevée,
formé par l'enchevêtrement,par l'étroite adhésion effet d'arriver à l'extrême division desqui a eu pour
des brins de cellulose, ce dont il est facile de s'as- tales, nbres végé-
on peut passer à la seconde, qui consiste à
surer en regardant & la loupe la déchirure d'une produire ce feutre qui s'appelle feuille de papier.
feuille de papier, comme on regarderait à l'œit Deux procédés sont aujourd'hui en usage pour
nu la déchirure d'un morceau de feutre. cette transformation l'un, qui, de nos jours, est
Cela constaté, nous devons comprendre que la absolument semblable à ce qu'il dut être dans les
transformation des matières végétales en papier papeteries des premiers âges.
donne lieu it deux opérations principales 1° fex- appelle le papier à la et qui donne ce qu'on
trémedivisiondes fibres de cellulose, 20 la produc- tenu en feuilles séparées, et oùcuve, à la main, qui est ob-
tion du mince feutre végétal. Nous allons voir tout entier, effet, à la main delel'homme travail est dû
comment s'obtiennent ces résultats. en l'au-
tre, d'invention toute moderne, donnant le papier
Le premier soin consiste à éplucher et nettoyer dit continu
les chiffons recueillis un peu partout, qui sont les plètement exécuté ou M~M fin, et dont le travail est com
éléments les plus ordinaires de la fabrication. Tout Il par une machine.
va de soi que la premièreet la plus ancienne
d'abord des femmes, qui reçoivent le nom de chif- des deux méthodes consacré, si
fonniéres, procèdent en même tempi au trioqe et ainsi dire, des principes a nous pouvons
de fabrication qui sont
au délissage. Le triage a pour objet de faire divers absolument respectés et suivis par la seconde
lots des chinonsqui, selon leur finesse, leur nature, même point de départ, même but,
leur couleur ou même leur degré d'usure, doivent tais tes moyens d'action seuls diffèrent. mêmes résul-
servir à confectionner telle telle qualité de pa- Notons que l'ancien procédé, qui peut d'ailleurs
pier; le délissage est le travailouque font ces femmes sembler d'une simplicité vraiment élémentaire,
en divisant les chiffons en petits morceaux, en ou- est encore usité de préférence quand on veut ob-
vrant on coupant tes coutures, les ourlets, en en- tenir des papiers recherchés à la fois pour l'aspect
levant tous les corps étrangers boutons, agrafes !t la solidité, et notamment destinés
baleines, oeillets qui auraient pu rester adhérents à certaines impressions d'amateurs. aux actes et
à ces débris de linge ou de vêtements. Cette double Pour la fabrication du papier à la main,
opération ne peut guère être faite qu'à la main. vrier se placedevant une cuve où une certaineun ou-
quan-
Une fois triés, délissés et coupés, les chiffons tité de pâte été détayée
sont battus ou blutés pour être débarrassés de en même temps a avec de l'eau, où elle est
maintenue-tiède par un petit four-
leur poussière ce qui se fait à l'aide d'un grand ou un jet de vapeur, et remuée sans cesse
tambour ou <M<o: en toile métallique qui les se- neau par un agitateur qui empêche que les parties
coue énergiquement. plus lourdes se déposent au tond. L'ouvrier, ou
Autrefois, aprèsle blutage, les chiffons, fortement plutôt l'ouvreur (c'est
humectés, étaient déposés dans un lieu ordinaire- plonge dans la pâte le nom qu'on lui donne),
forme, espèce de cadre
une
ment souterrain qui avait reçu le nom de pourris- grand comme le format du papier à obtenir et dont
soir, et où on les laissait séjourner jusqu'à, ce le fond est formé
qu'il s'établit une sorte de fermentation qui avait de laiton très rapprochés, par un ensemble de menus B)s
soutenus par l'entre-croi-
pour effet de désagréger tes tissus. Aujourd'hui sement de plusieurs tringles; il prend sur ce cadre
cette opération a été abandonnée, parce qu'on a une certaine quantité de pâte qu'il répartit égale-
reconnu qu'elle n'agissait qu'en altérant le prin- ment par une manœuvre dont il a l'habitude un
cipe résistant de la cellulose. Aujourd'hui donc, autre cadre dit couverte, qui s'emboîte
lorsqu'ils ont été blutés, tes chiffons sont soumis ment dans le premier, détermine l'épaisseur exacte-
au lessivage, qui dissout les corps gras dont ils format de la feuille de papier. L'eau qui délayait et le
pourraientêtre imprégnés. Puis ils sont rincés ou la pâte s'étant écoutée a ira vers la toile métallique,
lavés dans un grand courant d'eau pure, et l'on pro- et la masse de pâte ayant dès lors formé d'etie-
cède au défilochnge ou défilage, qui a pour objet de même,
les réduire fibrilles
aussi divisées
par l'enchevêtrement de ses fibres, ce feutre
en que possible. dont nous avons parié, t'ouvrier entëve ta couverte
Ce travail était fait jadis par des marteaux, pilons, et donne la forme à un autre ouvrier nommé cou-
ou maillets qui battaient les chiffons dans des cuves cheur, qui, pendant que le premier s'occupeà rem-
ou bachots, et qui sont aujourd'huiremplacés par plir un autre cadre, renverse la feuille sur un carré
des machines formées d'une caisse où un cylindre de feutre ou de drap, nommé /Ïo<)'e, et le recou-
vre d'un de ces mêmes carrés destiné à recevoir M ceux-ci la pressent, l'égalisent, et
la feuille suivante. Quand ces deux ouvriers ont en expriment
fait un nombre convenable de feuilles, ils les nt humidité de là, elle est conduite entre des
tent sous une presse qui exprime la majeure partie Ir- ~~°~s chauffes parlavapeur qui, en même temps,
por-
)e sèchent et lissent la feuille produite. Enfin
s- feuille s'enroule d'une façon continue sur uncette
de 1 eau qui y est encore retenue. Après cette
sion, les feuilles possèdent déjà une résistance pres- dé-
suffisante pour pouvoir être séparées des flotres ce vidoir que l'on enlève quand il est garni d'une
empilées par un ouvrier (le leveur) qui doit et quantité suffisante de papier, et que l'on remplace
dant agir avec les précautions résultant d'nn tourcepen-n- par un autre. La feuille sans fin est ensuite dé-
de main particulier. Ensuite, d'autres pressages jr coupée à diverses dimensions ou /b?w<!<s que l'on
ont lieu pour chasser graduellement tout ce qui -s désire avoir; et il ne reste plus qu'à opérer le
a. satinage, le glaçage et la mise
peut rester d'eau dans la masse et pour effacer les, en rame des feuil-
les rugosités que ce contact des /~e.< a pu lais- comme on a fait pour les papiers à la main.
Notons que les diverses dénominations données
ser à la surface des feuilles puis le tout porté
à l'étendoir. Là les feuilles sont mises àestsécher aux /bt-KM~ en raison des longueurs et largeurs

sur des cordes où on les pose à cheval comme on Jr ~feuiHes,~M,
double
raisin, cavalier, cloche,
cloche, coquille,
ferait de serviettes revenant du lavage. L'été,
l'air libre suffit à opérer le séchage, l'hiver, des S, ~ra~ soleil, etc., proviennent pour laqrand
couronne, aigle,
plupart de
courants d'air chaud sont établis dans l'étendoir.'s marques que les fabricants mirent dans le principe
Une fois sèches, les feuilles doivent recevoir r. dans les diverses papiers à l'aide de n)s métalli-
ir ques disposés à cet effet parmi
1 Mco~e, qui a pour but de faire que le papier tuent le fond ceux qui consti-
rendu imperméable ne boive pas lorsqu'on s'enn feuille ,r de la forme, et qui donnent à la
sert pour écrire. Cette opération se fait en plon-L- grane par des différences d'épaisseurs cette fili-
geant les feuilles dans une légère dissolution que chacun a pu remarquer en regardant
colle animale ou de gélatine, additionnée d'un dee le Un papier par transparence.
format, entre autres., cependant, le MMt~v
d'alun et de savon résineux. Séchées de peuu
elles reçoivent ensuite le lissage ouïe M/M~e nouveau, ou tellière, mesurant 45 centimètres sur 35, doit
doit lustrer leur surface et qui s'obtient les quiIi son nom à ce
que le papier de dimension
en sou- fut la première fois fabriqué souscette Louis XIV pour
mettant à de fortes pressions après les avoir pla- )e service des bureaux
cées entre des feuilles de carton très unies et trèsL- du ministre Le Tellier, père
dures. Si on les veut encore plus brillantes, nAvons-nouss de Louvois.
procède au glaçage dont les procédéa ne diffèrent on besoin de mentionner que les di-
de ceux des précédentes opérations qu'en t verses teintes données aux papiers s'obtiennenten
ce que
des feuilles métalliques, zinc cuivre, remplacent travaU s mélangeant, avant )a fabrication à la main ou te
les cartons intermédiaireset ou t de la machine, telle ou telle substance
permettentd'obtenir r lorante à )a
une pressiondont l'enet est beaucoup plus sensiblee De ce quepâte qui doit être employée ? co-
sur le grain du papier. la cellulose obtenue par la trituration
Cela fait, il ne reste plus qu'a trier les feuilles des chiffons de chanvre, de lin ou de coton,
stitue 1 e!ément con-
pour séparer les bonnes d'avec celles qui présen- papier, il par excellence de la fabrication da
teraient quelques taches ou imperfections, et à les ne s'ensuit pas que d'autres matières
s ne soient employées,car
ranger par mains de 25 feuilles qui, réunies parr grossiers, de pliage, d'emballage, outre que pour les papiers
20, forment la rame de 500 feuilles, laquelle, après
avoir été pressée, enveloppée, entre dans le de maints
mettre en œuvre la
on a coutume
paille de nos céréales et
débris de tissus même de provenance
merce. com- ani-
Telle est la fabrication du papier à la male, avec adjonction obligée cependant d'une
la main, qui fut seule pratiquée jusqu'àcuve ou àpartie d'autres chiffons l'on a encore en
la fin duL dernières années fait, ces
dernier siècle, époque où les premiers essais de ces, des avec plus ou moins de suc-
fabrication mécanique furent faits,mais essais portant sur les fibres de plusieurs
décisif, à Essonnes, par un employé de la sans
rie de François Didot, nommé Robert. L'idée fut
succès
papete-
espèces
et plus particulièrement
!)a<
de végétaux, )'a~at,e, l'ortie, It!
sur une graminée qui
abonde dans les régions incultes de notre posses-
presque aussitôt reprise par le fils de françois sion algérienne, où elle
Didot, qui, avec le concours d'ingénieurs anglais, vulgaire est connue sous le nom
put enfin faire fonctionner régulièrement etfruc~ tenu 1 d'alfa. Plus récemment encore, on a ob-
tueusement sa machine dans un établissement t des papiers de bois relativement beaux et
Haitfordshire. Et dès lors, non du résistants,
i et nous pouvons même constater que
toutefois de nombreux et importants sans recevoir ce ( genre de fabrication, en pleine activité déjà
perfection- dans certains lieux de Suède et d'Allemagne,
nements, fut inaugurée la fabrication mécanique 1ble c
vouloir prendre un grand développement sem-
du papier, qui aujourd'hui produit les plus En
veilleux résultats. mer- principe
[ d'ailleurs, beaucoup de plantes
peuvent
Loin de nous le dessein de décrire offrir les fibres propres à la fabrication du papier,
chine perfectionnée, dont la complication ma- E cette mais 1~ difficulté d'appropriation
ressort le plus
n'a d autre but que d'arriver à répéter même ssouvent, malgré toutes les ressources dont dis-
aussi actuellement la chimie, de l'impossibilité où
exactement que possible, par des moyens auto- ppose l'on
l'
matiques, l'ensemble des opérations de la se trouve soit d'isoler, soit de décolorer les
humaine, à quoi d'ailleurs elle réussit dans main fibres
fi qu'on voudrait utiliser. Mais sans nul doute
telle mesure que quelques minutes a peina une de
d nouveaux progrès s'accompliront, dont
suffi- sont nous
sent pour que la masse de cellulose, entrant d'un l'utilisation ceux qui viennent d'être réalisés dans
s. garants
côté de l'appareil, à l'état de pâte de la partie ligneuse des arbres
ou bouillie, il faut bien le dire, encore que l'usage des divers car
exactement préparée comme pour la fabrication à tissus ti
la main, avec cette seule différence qu'on végétaux soit plus considérable, plus ré-
mélangé les substances destinées à l'encollage y a pandu
p. qu'autrefois, la disette des chinbns qui
se d
devient de plus en plus grande en face de l'ac-

a~
présente de l'autre côté à l'état de feuille d'une
longueur indéfinie, parfaitement séchée
et relati-
e
croissement
ra
de consommation du papier, menace-
vement lustrée. rait de paralyser l'industrie papetière, si la science
la pâte, au sortir d'une cuve où des si et l'ingéniosité humaine, surexcitées par la néces-
agitateurs la remuent sans sité, ne lui fournissaient bientôt d'inépuisables
cesse, tombe des éléments
éi
nappes de toile métallique où elle s'étale,sur et qui Disons
à mettre en œuvre.
la conduisent entre des rouleaux garnis de
feutres; papiers pour achever quelques mots de certains
pa spéciaux qui sont d'usage journalier et
dont quelques-unsd'ailleurs n'ont du papier que flexible,de longueur trèsbase variable,roulée en spirale
de deux palpes velue
le nom. Le papier dit à calquer ou végétal est fa- au repos, entourée à sa
briqué avec de la filasse de chanvre ou de lin qui ou écailleux parfois la spiritrompe manque et le
n'a pas été décolorée l'opération du calque se fait papillon ne prend pas de nourriture, mûrier.
comme on
Les pattes
dit ~<<?M, qui le voit le à soie du
encore parfois avec du papier pour
terminent
ver
des de cinq articles, sauf
n'est autre chose qu'une feuille de gélatine cou- se par tarses
des femelles
tée très mince; le papier dit porcelaine, qui sert les cas d'atrophie; enfin l'abdomen tarière rétractite, quand
se
plus ordinairement pour tes cartes de visite, est prolonge quelquefois en
papier lequel a étendu une couche de elles doivent pondre dans des cavités, ainsi entre
un sur on Zeuzère).
céruse le papier pelure a pour éléments des chif- les fentes des écorces (Cossus, métamorphoses
fons très purs et très résistants le papier Joseph Les lépidoptères ont des com-
nullement plètes. Ils commencent être des c~etttMM, ordi-
ou papier de soie qui d'ailleurs n'est par
(ng. 1).
fait avec de la soie est du au contraire à des nairementà seize pattes, quelquefoismoins crochets, subsiste-
chiffons très mous traités d'une façon particulière Les pattes du thorax, dites M
il doit à Joseph Montgolfier, qui l'in- ront seules chez le papillon; les pattes de l'abdo-
son nom dites mamelons,sont molles et se plissent
venta le papier goudron résuite d'une pâte formée men, en
le pétiole des feuilles sou-
avec des débris de cordages goudronnés. Quant en pince pour serrer
elles portent une couronne de petits crochets
au papier dit, avec raison, de Chine (car telle est vent
qui du reste est dans ce pays aidant la chenille à se cramponner sur la surface
sa provenance),maisehoiï, laisse
même un papier de il est, dit-on, fabriqué des feuilles. On les sent très bien si on main.
chenille se promener sur le dos de la
en général avec l'écorce d'un mûrier, qui par cela une tète des chenilles oflle en avant six très petits
même a reçu nomle de m;!f:er à papier, ou avec La
la moelle d'un <Ma<~a.Remarquons que c'est un yeux de chaque coté, et la bouche est formée de
consistantes destinées à broyer,
papier plus grossier, obtenu du reste du coton, pièces courtes et chenille tout à fait
qui au moyen Age servit de point de départ et de car la nourriture de la est
papillon. La très grande
modèle aux Occidentaux, lorsqu'ils fabriquèrent différente-de celle du nourrit de feuilles, parfois
leurs premiers papiers. Enfin l'on fait maintenant partie des chenilles se de graines, rarement do
usage, pour suppléer en beaucoup de cas au par- de fleurs, de fruits ou
chemin proprement dit, de certain parchemin f~ cire. de
tal ou papier parchemin qui est fabriqué en plon- sèches (certaines
substances grasses, de matières animales
Teignes) il y a des chenilles à
geant pendant quelques instants, dans un mélange téguments blafards et décolorés, qui vivent dans
par portions égaiesd'eau et d'acide suIfuriqueSt 66°, des galeries à l'intérieur des tiges de végétaux,
du papier ordinaire que l'on lave ensuite à grande ainsi celles des Cossusvieeta des Sésies. Quand les
chenilles passent leur l'air, elles sont colo-
eau avec adjonction légère d'ammoniaque, et qui dessins, ban-
acquiert dans cette opération non seulement la rées de teintes variées, avec divers
ténacité et la sonorité, mais encore l'espèce det des, chevrons, taches leur peau est lisse de
ou gra-
duvets.
translucidité membraneuse du parchemin animal, nuleuse, tantôt nue, tantôt couverte
prolonge-
qu'il remplace de la façon la plus économique. ou de poils plus ou moins longs etladeplupart dès
fEugèneMuller.] ments variés. Les chenilles, et pour
PAPtUjOJfS. – Zoologie, XXIV. Nom vul- la sortie de l'œuf, laissent sortir par un orifice de
gaire des insectes adultes de l'ordre des Lépidop- la lèvre Inférieure, ia filière, des fils de soie, pro-
tères. vanantd
venant d'un
unhnuide
liquide
Les insectes de visqueux qui se
cet ordre ont qua- solidifie à l'air,
tre ailes membra- sorte de salive éla-
borée dans deux
neuses, les infé- glandes. Cette soie
rieures toujours
plus petites que sert aux chenilles
les supérieures; à se tenir sur la
ces ailes sont tou- feuille, parfois à
jours recouvertes en rouler les bords
de fines écailles, en cornet, ou à
souvent ctiorees accoler plusieurs

b.
des plus riches feuilles ensemble,
afin de sa faire
nuances, qui font Fig. i. Chenillede Sphim du troène. une retraite, à fi-
de beaucoup de ler de grandes toi-
cee insectes
ces aaaocwca de vé-
uo animées.
~o-
Ces écailles, qui ont fait les sous lesquelles elles vivent en commun dans
ritables fleurs laisser pendre des branches
donner aux papillons le nom de lépidoptères leur jeune âge, a se
(c'est-à-dire insectes à ailes écailleuses), restent jusqu'au sol; enfin cette soie est employée par
après les doigts comme une poussière fari- beaucoup de chenilles pour s'entourer de cocons
neuse. Ce caractère est toat à fait général. On lors tantôt
de leur métamorphose, cocons tantôt en soie
voit bien quelques papillons à ailes vitrées et pure, en soie mêlée de peils de la che-
transparentescomme celles des mouches ainsi nilie, de fragments végétaux ou de grains de
certains Macreglosses,ditsSphinx gazés, et les Sé- terre. avoir subi plusieurs
sies, qu'on prend d'ordinaire pour des hyméno- Après mues, ou change-
ptères mais à l'éclosion, en sortant de leur chry- ments de peau, pendant lesquelles elles restent
salide, ces papillons ont les ailes couvertes d'é- immobiles et sans manger, les chenilles passent
cailles comme les autres: seulement ces écailles à l'état nymphal, état de repos où elles ne pren-
dès l'insecte nent de nourriture et perdent tous les jours
ne tiennent pas et tombent que a pas
que s'or-
donné quelques coups d'aile. Dans certains cas, les de leur poids par évaporation, a mesure l'insecte
femelles sont tout à fait dépourvues d'ailes, ou ne ganise le papillon. Dans cette phase, vùir
est
grossière-
les possèdent qu'à l'état de petits moignons im- recouvert d'une peau dure, laissant
propres au vol. Les lépidoptères ont toujours deux ment les formes futures du papillon, la tète et la
yeux composés ou à facettes les organes de la spiritrompe,repliées les fourreaux des ailes, les antennes
bouche sont conformés pour la succion du nectar et les pattes en dessous, les anneaux de l'ab-
des fleurs ou de divers sucs liquides, et se compo- domen (flg. 2).0n désignealors l'insectesous le nom
sent essentiellement d'une spiritrompe cornée, defève, mot très juste en raison de sa forme et
de
M couleur brunâtre,et plus souvent sous celui plein jour et souvent exclusivement; en outre il
d'aMr~He et surtout de chrysalide, nom beaucoup n'y a pas de véritables nocturnes,car aucun papil-
lon ne demeure actif à la nuit avancée et profonde,
mais seulement au crépuscule, qui se prolonge
en été, chez nous, jusque près de onze heures du
soir, dernière heure où volent encore quelques pa-
pillons. Nous diviserons les papillons en deux
sous-ordres, dont les noms sont tirés de caractères
fournis par les antennes, les Rhopalocères et les
Hétérocères.
Fig. 2. Chrysalide de Sphinx du liseron. Rhopalocères ou Diurnes. Antennes ter-
minant par un bouton plus ou moins renflé;seailes
moins exact, car ce n'est que dans un petit nom- inférieures entièrement libres des supérieures,
bre de cas que le corps de l'insecte est alors cou- les quatre ailes presque toujours accolées au
vert de taches dorées ou argentées (certaines Va- repos et relevées perpendiculairement au corps
nesses et Nymphales), dues & de l'air intercalé vol pendant le jour seulement; chenillesen géné-
sous une mince pellicule. Les chrysalides se for- ral peu nuisibles. Nous indiquerons les princi-
ment tantôt absolument à nu sur le sol, tantôt paux groupes de ces papillons de jour, dont cer-
suspendues d'une manière variable par des liens taines espèces frappent les yeux des enfants
soyeux,"tantôt enfin entourées des cocons dont par leurs belles couleurs.
nous avons parle. Les chrysalides peuvent éclore en Un premiergroupe de Diurnes n'offre que quatre
peu de semaines, ou bien passer l'hiver ou même pattes propres à la marche,les deux antérieures,
plusieurs hivers, avant de laisser sortir le papil- dites palatines, étant très raccourcies et entou-
ton. Celui-ci, d'abord mou et informe (fig. 3), fend rant le cou comme une collerette, au moins chez
avec sa tête 1..peau .I~1.
aAn.. la du dos les mâles. Les chrysalides sont nues et suspen-
de la chrysalide, étale ses dues par la queue, la tête en bas, au moyen d'un
antennes et ses pattes, fait court faisceau de fils de soie. Nous citerons les
pénétrer l'air dans les ner- Satyres, de couleur fauve, avec des taches ocel-
vures de ses ailes, ces ailes lées, et les Argé ou Demi-deuils,avec taches noires
étant d'abord sous l'aspect sur un fond d'un blanc un peu jaunâtre ce sont
de deux moignons qui pen- des papillons des prairies, des sentiers, des che-
dent inertes, les sèche, les mins de bois, dont les chenilles sont nocturnes et
fait vibrer et les étale peu vivent sur les graminées. Les Vanesses sont or-
à peu, jusqu'à ce que, bien nées de belles couleurs, et la plupart hivernent à
raffermi et ayant rejeté par l'état adulte, pour reparaltre au printemps et voler
l'anus le MM'con!Mm, excré- aux premiers soleils, plus ou moins usées et
ment liquide de l'état nym- défraîchies. Telles sont trois espèces dont les che-
phal, il prenne son essor nilles se nourrissent d'orties, la Petite-Tortue,à
dans l'atmosphère route taches noires et bleues sur un fond rouge-fauve,
nouvelle, interdite jusqu'a- le Vulcain, à bandes de feu, le Paon de jour, avec
lors. quatre superbes yeux d'un bleu violet sur les
On peut élever en capti- ailes une espèce plus rare, le Morio, à fond d'un
fig~S.–Yanesse Mo- vité un grand nombre de pourpre sombre avec une large bordure jaune, la
rio, en éclosion. chenilles, soit recueillies au chenille se nourrissant du saule, du peuplier et
a
dehors, soit nées des œufs du bouleau la Grande-Tortue, dont la chenille vit
pondus par les papillons. H a )a pour les ins-
tituteurs de nombreux sujets de leçons de cho-
sur les ormes et est quelquefois nuisible dans
l'extrême midi de la France; la Belle-Dame, à
ses les élèves s'intéressent beaucoup à suivre chenille mangeant les chardons et parfois nuisible
tes curieuses métamorphoses. Il faut placer les aux artichauts dans les années où le papillon est
chenilles, avec des fragments de la plante nourri- commun c'est en effet un papillon cosmopolite,
cière ou la plante elle-même, dans une cage de dont la race se renouvelle jusqu'au nord de l'Eu-
gazo ou de toile métallique, ou, plus simplement, rope par des migrations venues d'Afrique; un
dans un pot à fleur recouvert d'un couvre-plat en passage considérable a eu lieu en France, en mai
treillis de fil de fer. Le fond de la cage ou du pot et juin 1879, du sud au nord. Citons encore le
contiendra de la fine terre de bruyère, et, quand Robert le Diable ou Gamma, offrant en dessous,
on aura obtenu les chrysalides, on fera bien, pour aux ailes inférieures, la lettre grecque gamma.
éviter leur mort par dessication, d'injecter de Viennent ensuite, dans les bois, les Papillons-
temps à autre une fine pluie de gouttelettes d'eau, Damiers,fauves avec une marqueterie de taches
afin de maintenir, le mieux possible, les condi- noires; ce sont les ~~yj/K~M, dont les che-
tions naturelles d'humidité. L'instituteur peut nilles vivent sur les violariées, ayant souvent
aussi placer certaines chenilles sur des rameaux en dessous des ailes inférieures des bandes ou des
d'arbustes du jardin de l'école, en entourant la taches nacrées, ainsi chez le Tabac-d'Espagne, le
branche d'un manchon de gaze bien fermé à sa Grand-Nacré et lePetit-Nacré et les Jtf<H:'< analo-
base; les élèves suivront ainsi très facilement gues aux Argynnes en dessus, offrant en dessous
toutes les phases de la vie de la chenille, et même des bandes et des ocelles jaunes variés, mais
son changement en chrysalide, si celui-ci s'opère sans taches nacrées. Les Nymphale.s habitentaussi
sur la plante même et non en terre. les bois. Trois grandes espèces, farouches et d'un
Classification. Pendant longtemps en France vol rapide, pompent, non pas le nectar des fleurs,
on a subdivisé les papillons, d'après leurs mœurs, mais le suc des plaies des arbres et celui des ma-
en trois groupes diurnes, crépusculaires, noc- tières stercoraires des chemins ce sont, en juin,
turnes; les instituteurs trouveront encore cette le Grand-Sylvain, d'un brun fauve à bandes blan-
division dans beaucoup d'ouvrages élémentaires, ches, la chenille vivant sur les trembles et les peu-
même peu anciens. Cettedivision doit être abandon- pliers, et en juillet les deux Mars, des peupliers,
née, sinon pour le premier groupe, au moins pour avec les ailes des mâles offrant dans un sens un
les deux autres. En effet, un assez grand nombre riche reflet d'un bleu d'azur, les écailles étant de
de leurs espèces, comme certains Sphingiens, les deux couleurs, à la façon de ces images plissées,
Sésies, les Zygènes, beaucoup de Noctuelles, de qui représentent des objets très différents, suivant
Phalènes, de Tordeuses et de Teignes, volent en qu'on les regarde à droite ou à gauche. Les Petits-
Sytvains ou Deuils, noirs, avec une bande de ta- en Y, caractere du genre. L'autre espèce, le
ches blanches, et dont les chenilles vivent sur tes Flambé, avec de longues bandes noires, comme
chèvrefeuilles, ont un vol doux et se posent fré- des flammes, sur un fond jaune pâle, est moins
quemmentsur tes taillis qui bordent les routes de commune sa chenille se nourrit des feuilles du
bois et sur les ronces. prunellier et du prunier.
Un second groupe de Diurnes présente les six Enfin le dernier groupe des Diurnes, à six pattes
pattes propres à la marche. Les chrysalides sont propres à la marche, est formé par les Hespériens,
nues, mais doublement attachéescontre le support, petits papillons qui volent surtout dans l'après-
par
formeun faisceau de soie caudal et par un autre, qui midi, par les clairières des bois et les champs, et
un lien en ceinture autour du milieu du tiennent au repos leurs ailes seulement à demi
corps. Nous y trouverons les Polyommates fauves,relevées les chrysalides sont fixées par la queue
avec des ocelles variés en dessous, appelés aussi et par des fils de soie entre-croisés au milieu d'un
Petits Porte-queues, car, dans certaines espèces, réseau soyeux très lâche attaché entre les feuilles.
l'aile inférieure se prolonge en un grêle filet; et Hettroctrea(anciens Crépusculaires et Noctur-
les Lycènes, charmants petits papillons des prés, nes). Dans ce sous-ordre, qui comprendla plus
des champs, des bords de routes, dont les mâles grande partie des lépidoptères, et sur lequel
sont bleus en dessus et tes femelles brunes, avec nous ne pouvons donner que des indications très
les mêmes taches et ocelles sur )e dessous grisâtre. sommaires, les antennes ont toutes tes formes
Les chenilles sont larges et plates, d'aspect de possibles, en dents de peigne, en fuseau, en Sis,
cloportes, à pattes très courtes, et vivent sur les crénelées, lisses ou poilues, etc. Outreles yeux
légumineuses. Les Piérides sont les papillons composés, ne manquant jamais, il y a souvent
blancs; il y a deux espèces très nuisibles aux deux stemmates ou yeux simples, cachés dans les
choux, aux na- poils sur te
sus de
a.
w des-
tat6te.Au
vêts, aux raais,
le grand papillon repos tes ailes
blanc du chou et sont parfoisétalées
le petit papillon à plat ou horizon-
blanc de la rave. talement, plus
11 faut détruireles souvent repliée
Il
adultes et tes che- en toit sur le
nilles de la pre- corps, les supé-
mière espèce dans rieures recouvrant
tes jardins pota- complètement les
gers heureuse- inférieures, enfin
ment que des en- les ailes pouvant
tomophages du être routées au-
genre Microgaster tour du corps(cer-
font périr beau- taines teignes).
coup de chenilles. Les ailes inférieu-
On doit bien se res sont fréquem-
garder d'écraser ment ornées de
les amas de petits couleurs très vi-
cocons jaunes nies ves et très déli-
par les larves sor- cates,en raison de
ties du corps des l'abri que leur of-
chenilles. Le Ga- frent au repos les
zé, blanc à ner- ailes supérieures,
vures noires, est qui sont souvent
nuisibleaux pru- grises ou brunes
niers et aux aubé- la lumière déco-
pines, et ses che- Moro-Sphmï btitma.nt sur un pétunia. lore promptement
nilles au prin- ces ailes inférieu-
temps vivent sur les arbustes sous de grandes res des Hétérocères, et ce sont surtout les col-
toiles qu'il faut namber à la torche. Les Coliadeslections de ces insectes étalés que les institu-
ont deux espèces principales, le Soufré, à ailesteurs doivent avoir soin de conserver en lieu
d'un jaune soufre, et le Souci, à ailes d'un jaune) obscur. S'ils les laissent accrochées au mur et
foncé, bordées de noir leurs chenilles vivent sur au grand jour, bientôt tout sera effacé, blanchi,
les légumineuses fourragères et ne sont pas nui- méconnaissable. Enfin il arrive souvent, surtout
sibles, pas plus que celle de l'Anthocharis Au- pour les mâles, que, par l'appareil du frein, les
rore, dont l'apparition signale le début du prin- ailes inférieures sont liées aux supérieures, de fa-
temps, le mâle ayant le sommet de l'aile supé- çon à les suivre dans tous leurs mouvements un
rieure d'un beau rouge orangé, les deux sexes) crin raide, à la base de l'aile inférieure, passe dans
ayant les ailes marbrées de verdâtre en dessous; un anneau corné, à l'insertionde l'aile supérieure,
enfin citons les Citrons, à antennes roses, à ailess comme un verrou dans sa gâche; les instituteurs
anguleuses celles du mâle d'un beau jaune ci- feront aisément voir à leurs élèves ce curieux mé-
tron, celles de la femelle d'un blanc verdâtre; il) canisme en prenant de gros Sphinx.
en est qui hivernent et qu'on voit voler au soleilL Les Sphinx, à spiritrompe très longue (fig. 4),
en février dans les bois encore absolument sans) ont des espèces qui nous arrivent d'Afrique,
feuilles les chenilles vivent sur les nerpruns ett comme le Sphinx du liseron et celui du laurier-
les fusains. rose, et leurs ailes aiguës sont en rapport avec
Les Grands Porte-queues appartiennent au genre ce vol puissant les chenilles, souvent à demi dres
PaptHon proprement dit. Le plus répandu est le sées.alafacon du Sphinx de la Fable jetant sa ter-
Machaon, jaune avec dessins noirs, des taches rible énigme aux passants, ont une corne sur le
en bordure et un ceii violet et rouge contre lat onzième anneau. Le Sphinx à tête de mort, portant
queue de l'aile inférieure; la- chenille, verte avec ce lugubre emblème sur le corselet et faisant en-
des incisions d'un noir de velours, vit sur les ca- tendreun bruit aigu, est nuisible aux abeilles dans le
rottes et le fenouil, et laisse sortir du cou, quanddl midi de la France, car il s'introduit dans les ruches
on l'inquiète, un .tentacule rétractile et orangé, pour se gor~er de miel son énorme chenille jaunâ-
tre ronge les feuilles de pomme de terre. Les chry- en raison de ses bandes rouges et bleues, doit être
salides des Sphinx reposent sur la terre, soit nues, ramassée par les enfants sur les feuilles des pom-
soit dans des coques mêlées de grains de terre et miers et poiriers, et écrasée. On couvrira de
de fragments végétaux. Les Zygènes ou Sphinx-bé- dron au pinceau les œufs du Liparis disparategou-
(le
liers, ài-ntennes en fuseau àl'extrémité (ng. 5), ont mâle est beaucoup plus petit que la femelle et
tous deux ont des bandes noirâtres en zic-zag),qui
adhèrent aux troncs des tilleuls et des ormes, sous
un tampon de poils roux arrachés du ventre de la
mère, et les œufs du Liparis du saule, bombycipn
tout blanc, qui semblent couverts d'un enduit
comme une bave de limaçon, sur les troncs des
peupliers et des saules.Le Liparis queue-dorce, éga-
lement blanc, avec un gros paquet de poils roux au
bout de l'abdomen de la femelle, est un ravageur
des vergers et des haies (fig. 7) les petites chenilles

Fig.5.–ZygenedutreNe.
de brillantestaches rouges, sur un fond d'un noir
luisant, bleuâtre ou verdâtre, et volent assez lour-
dement au soleil leurs chenilles, qui vivent sur-
tout sur les petites légumineuses, filent, le long
des tiges, un cocon allongé, en bateau, de consis-
tance parcheminée. C'est également au soleil que
volent les Sésies ou Sphinx-gazés, à ailes sans Fig-7.–L)pari3 queue-doréemâle.
écailles, analogues à des hyménoptères ou à des
diptères ~g. 6), et dont les chenilles rongent rinte- passent l'hiver entre les feuilles terminâtes,
assem-
blées en paquets par des fils de soie; il faut les
couper par les jours les plus brumeux et les plus
froids de décembre et de janvier et les brMer avec
soin, sans les laisser sur le sol.
Les Orgyes ont des chenilles offrant avant
deux longues aigrettes de poils les en femelles
n'ont que des petits moignons d'ailes et se posent
sur le cocon pour attendre le mâle. L'Orgye
antique est nuisible aux arbres à fruit et aux
rosiers; on voit voler en plein jour, surtout en
septembre et octobre, le mâle, qui est très vif et
fauve, avec une étoile blanche sur chaque aile
supérieure qui l'a fait nommer l'Etoilé (fig. S). Les
Fig.6.–SésieapiformefemeHe.
rieur des arbres et des arbustes. La Sésie api'forme,
qui ressemble un frelon, et la Sésie asiliforme,
sont nuisibles aux jeunes peupliers et bouleaux, la
Sésie tipuliforme aux groseilliers des jardins,
d'autres espèces aux pommiers.
Le groupe des BoMo.c:e7Mprésente les antennes
pectinées, au moins dans les mâles; les chenilles
de certains d'entre eux fournissent, par leurs co-
cons, les plus riches matières textiles qu'utilise
l'industrie humaine (V. Ver à soie). Le genre
Attacus, remarquable par les taches vitrées de ses
ailes, nous présente les plus grands papillons qui
existent; le plus grand papillon d'Europe est le
Hrand-Paon de nuit, dont l'énorme chenille, verte
avec des tubercules poilus que termine une
étoile d'un bleu de turquoise, vit principale- Fig, 8. Orgye antique, m6ïe et femelle.
ment sur les poiriers et les ormes le Petit-
Paon de nuit, de taille moindre, a sa chenille sur Psychés sont de très singuliers papillons; les mâles,
l'aubépine, la ronce, le charme, etc. Les eheniilestrès petits, noirâtres, à antennes pectinées, volent
des Paons de nuit ne sont pas assez nombreuses avec rapidité le matin les femelles, absolument
pour être nuisibles, et filent pour se chrysalider sans ailes, ressemblent à des larves les chenilles
des cocons ouverts à un bout, par où sortira le pa-des deux sexes sont couvertes de fourreaux for-
pillon, et trop fortement incrustés d'une gomme més par des brins d'herbe, ou des morceaux d"
brunâtre pour que nous puissions en faire usage. feuilles, d'où sortent seulement les pattes écail-
D'autres Bombyciens sont très nuisibles aux leuses et la tête. Enfin il y a des genres don~
bois, aux champs, aux jardins. Les Bombyx pro- les chenilles vivent à l'intérieur des tiges et fontt
cessionnaires du chêne et du pin, de couleur gri- souvent beaucoup de mal ainsi la grosse che-
sâtre, ont leurs chenilles vivant dans des nids nille du Cossus ligniperde, couverte d'écussons
soyeux, sur le tronc des chênes ou entre les bran- cornés rougeâtres, ablme de ses galeries les troncs
ches des pins elles en sortent la nuit en proces- des saules et des ormes; la chenille jaunâtre à
sion pour dévaster le feuillage. Le Bombyx neus- points noirs (Chenille léopard des Anglais) de la
trien pond ses oeufs en bracelets autour des Zeuzère du marronnier fait souffrir beaucoup
branches des arbres fruitiers où ils passent l'hi- d'arbres de toute sorte dont les branches rongées
ver; il faut les détruire la chenille, dite livrée à l'intérieur cassent sous les coups de vent; le
papillon, blanc tacheté de noir, a été appelé la I vent en boucle ou en compas, quandqui elles mar-
Coquette. Il faut tuer les cheniHes en passant un chent,tout
ni de fer dans les trous. Les femelles des Cossus
leur sert à pondre en-
tre les ëcorcea(ng. 9);
i! faut, dans le jour,
nommer
le milieu de leur corps, ce
fKpeM<e:Me! ou ?<'oM<M(fig.
et des Zeuzëres ont une tarière rétractile qui fixées sur les deux pattes anales, dant A-
tières,
des A-
)0).
immobiles
les a fait
Souvent,
heures
elles
blent à de petites
branches sans feuU-
pen-
en-
ressem-

chercher les papil- les. Beaucoup se lais-


lons au repos sur les
troncs et les écraser. sent tomber au bout
Une tribu considé- d'un fil. Les chrysa-
rable est celle des lides sont pour la
Noctuelles,dontbeau- plupart en terre et
quelques-unes entou-
coup d'espèces, mal- rées de légers co-
gré leur nom, volent Nous citerons
en plein jour; les cons.
espèces du soir sem- la Phalène du groseil-
blent au reste crain- lier, blanche avec
dre encore plis la des séries de taches
clarté de la lune que noires et jaunes, dont
celle du soleil. Les les chenilles hiver-
antennes des Noc- nent sous les feuilles
tuelles sont en géné- sèches. Il faut ra-
ral grêles et comme Fig. 9. Zeuzëre du marronnier, femelle. masser en hiver les
des nls; leurs ailes feuilles sèches au
supérieures souvent marbréesont de petites taches 1 pied des grosetUters, et les Ntuer avec leurs pe-
pha-
les ailes infé- tites chenilles engourdies. De singu)ières
<nr le disque en forme de rein, et ou Papillons de l'hiver,
rieures, cachées au repos sous les autres qui s'a- tènes sont les Hiberniea les espëces, de novem-
baissent en double toit, sont souvent blanchâ- qui se montrent, selon
bre' à février. f~~M~t.
tres. ou jaunes
très, iannes Les mâles sont
bordées de noir, les
ou rouges avec au repos sur
feuilles sèches
des bandes noi-
res tes chrysa- ou sur les troncs
lides sont le plusa d'arbre, volant
parfois, s'il fait
souvent légère- du sole les fe-
ment enterrées. melles ont des
Ilfautrechercher ailes nulles ou en
<escheniUesou moignons rudi-
écraser les adul- mentaires. Sont
tes de beaucoup très nuisibles
de Noctuelles; arbres fores-
ainsi doit-onfaire aux
tiers et fruitiers
pour la Noctuelle la Phatènede-
.potagère et la feuîllante(ng.tl
Noctuelle du
chou, dont les et 12), dont la
chenilles dévo- femelle, tout à
rent les cultures fait sans ailes,
maraîchères,sur- ressemble à une
araignée allon-
tout les choux et gée, et laPhatène
les choux-fleurs; hyémale, d'un
pour les Agroti9, gris brunâtre
dont les chenil-
les, appelées!) vers nuageux, parais-
gris par les agri- sant en décem-
culteurs, causent CheniUes de la Phalène du surean.
bre. La femelle
Fig. iO. n'a que de très
le plus grand ailes, sans usage. On la trouve en abon-
dommage aux racines; celles ae lAgrous pomt petites p
d'eiclamation (d'après une marque sur l'aile) aux dance,
d le matin, après les vitres des lanternes
turneps, raves, choux et colzas celles de l'Agrotis qu'on
q laisse allumées la nuit dans les vergers ou
des moissons aux betteraves,au point de compro-
mettre en certaines années la production sucnereles)
de la façon la plus grave. On doit signaler
Plusies, qui volent très vivement en plein jour
leurs ailes supérieures sont ornées de beaux re-
Nets d'un vert doré ou de taches d'or ou d'argent,
eimniant des lettres. La Plusie gamma (portant
la lettre grecque argentée gamma) est commune
partout et très nuisible en certaines années aux
prairies artificielles. Ph<
Les Phaléniens tiennent en généralleurs ailes Fig. (i. – Phalène defeniUante, Fig.
defeainmtefemeUe.
étalées à plat au repos leurs antennes sont plu- m4te.
meuMS ou simples. Leur caractère essentiel dixest
fdans les bois. Les femelles des Hibemiea vont
donné par les chenilles. Elles n'ont plus que tes petites che-
pattes, tes six écailleuses et quatre au bout de pondre sur les bourgeons, que
dévorent au printemps, passant ensuite aux
1
tabdomen aussi, une grande partie de leur corps nilles
i goudron gras
'ne pouvant s'appuyer sur !e support, elles rele-
feuilles
f on fera bien d'enduire de
la base des arbres fruitiers, afin d'empêcher de et passent l'hiver engourdies entre les écorces de&
grimper les femelles incapables de voler. ceps et sur les échalas, se réveillent au printemps
La fin de l'ordre des lépidoptères comprend
un nombre considérable d'espèces, dont certaines
sont de vrais fléaux, et qui ont été nommées
MjcftOf.ËpiDOpTÈRES par les entomologistes, parce
que leurs papillons sont presque toujours de
très petite taille, ainsi que leurs chenilles, com-
pensant malheureusementcette petitesse par unea
extrême fécondité. Nous en détacherons d'abord
tes Gfi[/es de la cire (fausses-teignes de Réau-
mur). Nous en avons deux espèces très voisines,
l'une grande, dont les femelles ont jusqu'à 40 mil-
limètres d'envergure, les ailes étalées; l'autre
plus petite. La grande Gallérie de la cire est plus
répandue que l'autre dans la zone parisienne,
moins au contraire dans les régions plus méri-
dionales de notre pays. C'est.elle que les paysans
apiculteurs des environs de Paris appellent le
papillon. Les papillons des deux espèces ont les
ailes supérieures découpées, à couleurs grisâtres
et nébuleuses, les inférieures plus claires et
recouvertes au repos par les supérieures. Ils
volent peu, bien que pouvant le faire aisément,
mais courent et sautillent avec rapidité, leurs
écailles luisantes et comme graissées les aidant à
passer par d'étroits interstices. Ils pénètrent le
soir dans les ruches, s'insinuent avec prestesse
pour pondre entre les gâteaux et échappent à
l'aiguillon meurtrier grâce a leur cuirasse d'é-
cailles. Il en est qui pondent sur les fleurs, de
sorte que les abeilles transportent les œufs atta-
chés à leurs poils ou intercalés dans le pollen
qu'elles amassent en provision dans les cellules.
Les chenilles des Galléries ont seize pattes et
courent très vite, par des ondulations précipitées
d'arrière en avant. Elles ne touchent pas au miel,
mais perforent les gâteaux de cire de tuyaux, en Ftg. 13. Pyrale de la vigne à ses divers élals.
méandres multiples,formés de soie mêlée de gra-
nules de cire et d'excréments noirs. En rongeant et dévorent les feuilles et les jeunes grappes,
ainsi la cire, elles font effondrer pêle-mêle miel, feuilles et grappes enlacées dans un tissu soyeux.
pollen, couvain et abeilles les chrysalides se pro- Il faut pratiquer en hiver l'ébouillantage,c'est-à-
duisent dans la ruche, entouréesde cocons de soie dire tuer les chenillettes avec la vapeur d'eau
blanche, épais et consistants, comme 'gommés, bouillante qu'on injecte sur les ceps et sur les
accolés les uns contre les autres. Il faut couper échalas. Une autre Pyrale, moins nuisible à la vi-
largement toutes les parties de la ruche envahies gne, est celle de la grappe (genre Cochylis), dont
et les brûler, puis fortifier la colonie par une ies chenilles vivent dans les jeunes grappes de
réunion, ou, si le mal est trop grand, transvaser raisin, qu'elles enveloppent de soie au moment
à la fumée les abeilles dans une autre ruche. La de la floraison il faut les enlever à la pince pour
petite Gallérie de la cire est moins nuisible, car les raisins de treille qui ont une grande valeur et
ses tuyaux et ses cocons restent d'ordinaire con- les écraser en vignoble, on goudronnera ou on
finés dans une portion restreinte de la ruche. flamberalégèrement à la torche les jeunes grappes
Un groupe considérable d'espèces est celui des attaquées. La Pyrale verte cause d'immenses dé-
Tordeuses nommées souvent .P~'a~M, mot assez gâts dans les forêts en certaines années, les ar-
impropre dans ce sens restreint, car presque tous bres, au printemps, sont entièrement dépouiller
les papillons qui volent le soir sont attirés par les de leurs feuilles, et les petits crottins qui tombent
lumières. Les chenilles, à seize pattes, se laissent sans cesse sur les feuilles sèches imitent le bruit
pendre à un fil de soie sortant de la bouche, qui de la pluie. Les fauvettes et les rossignols hap-
leur sert à descendre et à remonter, et, quand on pent au vol les innombrables chenilles qui pen-
les touche, se tortillent comme do petits serpents. dent à des fils. Les instituteurs comprendront,
La plupart se tiennent dans des feuilles qu'elles par cet exemple, entre beaucoup d'autres, com-
roulent en cornet ou qu'elles assemblent en pa- bien il leur importe d'interdire sévèrement le dé-
quet avec d'autres, rongeant ainsi les parties ver- nichage àleurs élèves. D'autres Pyrales attaquent
tes sous un abri qui les défend du soleil, les cache gravement les rosiers, les poiriers, les abricotiers
à leurs ennemis et sous lequel elles deviennent et surtout les pruniers. Les Pyrales des pins font
chrysalides. Beaucoup de ces chenilles font au beaucoup de tort aux arbres résineux, surtout aux
printempsdes toiles sous lesquelles elles se tien- pins sylvestres. Leurs chenilles rongent les bour-
nent en commun il en est qui mangent les grap- geons terminaux dans lesquels elles restent ca-
pes de jeunes fruits, qu'elles enveloppent de soie, chées en hiver, déterminent des écoulements de
et certaines rongentl'intérieur des fruits. Une très résine qui épuisent les arbres, amènent la des-
redoutable Tordeuse est la célèbre Pyrale de la truction des aiguilles et obligent les branches à
vigne (Bg. 13), le plus grand ennemi des vignobles se ramifier. Les Carpocapses sont le fléau des ver-
après le Phylloxéra C'est un très joli papillon, à gers. La Carpocapse des pommes pond sur le
longs palpes accolés en pointe en avant, qui sem- jeune fruit, et la chenille ou ver des pt'mes perce
ble, posé sur les feuilles, un triangle émaillé de les pommes et les poires de ses galeries souillées
jaune, de gris et de noirâtre, pondant ses œufs d'excréments, passe d'un fruit à 1 autre dans les
aussi par plaques sur les feuilles, en juillet et paquets de fruits contigus ou se laisse tomber par
août; les petites chenilles éclosent en septembre un fil d'un fruit au fruit inférieur. La Carpocapse
des pmnM a une chenille qui attaque lei prunes dont la chenille lie ensemble plusieurs grains de
et les abricots de plein vent, et les perfore de ses bté au milieu desquels elle file sa coque de soie
tuyaux remplis d'une marmelade brune d'aspect pour se chrysalider; l'Alucite des grains, plus pe-
répugnant la chenille de la Carpocapse des châ- tite et plus nuisible,qui vit en chenille dans un seul
taignes se nourrit de l'intérieur des noix, des grain dont elle ronge toute la farine. Autrefois,
amandes et surtout des châtaignes, produisant les avant la facilité actuelle des transports, quand on
~orront fAfM. qui constituent en certaines an- emmagasinait les grains, ces Teignes étaient com-
nées un déchet considérable. )1 faut, pour sauver munes et causaient des pertes considérables. Il
les récoltes futures, ou du moins diminuer le mal, faut employer contre elles les mêmes moyens que
ramasser avec soin tous les Sruits véreux dès qu'ils contre les Calandres du blé et du riz (V. Coléop-
tombent et même provoquer leur chute, les em- MrM), à savoir les tarares à choc, le chauffage à
porter au loin et les brûler. En hiver, on fera lair chaud, la mise en silos avec du sulfure de
bien d'ébouillanter a la vapeur les troncs des ar- carbone. Dans l'extrême midi de la France, la
bres et le sol au-dessous d'eux, car les chenilles Teigne de l'olivier fait beaucoup de mal à cet
de Carpocapses sorties des fruits s'y trouvent à arbre. La première génération mine les feuilles,
l'état dormant. la seconde, plus funeste, vit en chenille dans le
Les Teignes, encore plus petites généralement noyau de l'olive où elle entre à sa sortie de l'œuf
que les Tordeuses, ont comme elles des chenilles pondu sur le jeune fruit et dont elle sort à la fin
à seize pattes et marchant vivement à reculons. d'août pour se chrysalider sur le sol dans une co-
Les papillons, presque toujours minuscules et qui que de soie. Les olives percées tombent et sont
ne prennent pas de nourriture, ont souvent les perdues pour l'industrie.
ailes supérieures ornées des couleurs les plus Réaumur appelle Teignes vraies celles dont les
vives et de bandes d'or et d'argent. Ces ailes chenilles s'entourent de fourreaux de protection
s'enroulent autour du corps au repos dans beau- façonnés avec les matières mêmes dont elles vi-
coup d'espèces. Les ailes inférieures sont bordées vent. Il en est qui ramassent autour de leur corps
intérieurementde longues franges de poils. Il est des lambeaux de l'épidémiedes feuilles et s'en-.
difficile de préparer pour les collections ces pa- tourent de collerettes étagëes qui les ont fait ap-
pillons si délicats, dont les belles écailles se déta- peler Teignes à /t!~a~M par Réaumur. Il en est
chent des ailes au plus léger attouchement; le une à fourreau noirâtre qui ravage parfois les poi-
mieux est de les faire périr dans le flacon de chasse riers et les pommiers, une à fourreau pareil, à une
à cyanure de potassium, de traverserleur thorax, robe blanche à plusieurs jupes, qu'on trouve sur
sous la loupe, avec un nn ni de platine qu'on fixe les feuilles du baguenaudier. De splendides Tei-
sur un petit cube de moelle de sureau, attaché gnes dont les chenilles sont dans un étui lisse,
lui-même à l'épingle qui porte l'étiquette. comme un papier gris, sont les Adèles, qu'on voit
Dans la catégorie des Fausses-Teignes de Réau- voler en montant et en descendant le long des
mur, les chenilles vivent à découvert. Les Ypono- buissons par les belles matinées de printemps
meutes ont des papillons dont les ailes supérieures, les papillons étinceltentausoleil commedes pierres
enroulées autour du corps, sont blanches, pique- précieuses vivantes; le vol des mâles est très ra-
tées de petits points noirs. Une espèce pour les lenti par leurs immenses antennes, ayant vingt à
pruniers, deux espèces très voisines pour les pom- trente fois la longueur du corps et qui semblent
miers, causent d immenses ravages. En mai et deux fins fils de soie les antennes des femelles
juin, les arbres paraissentcouverts de vastes toiles sont en soies épaisses, à peu près de la longueur du
d'araignée, sous lesquelles les chenilles rongent corps. Nos maisons sont infestées par plusieurs
les feuilles en commun, se laissant pendre à un espèces de Teignes domestiques dont les écailles
Cl, puis remontant si on les dérange des toiles laissent aux doigts une poussière jaunâtre. La
nouvelles sont Clées de place en place, selon le Teigne tapissière ronge les étoffes de laine en ma-
besoin, jusqu'à ce qu'il ne reste plus une feuille gasin. Une autre espèce plus commune, la Fri-
c'est sous les toiles également que les chenilles pière, dévore no~ vêtements de laine dans les armoi-
se transforment en chrysalides,qui pendent la tête res (8g. 1 Les chenilles de ces Teigness'entourent
en bas. Les papillons éclosent en juillet et août les
femelles pondent aux fourches des rameaux des
paquets d'ceufs entourés d'une enveloppe de
gomme sous laquelle passent l'hiver les petites
chenilles qui naissent en septembre; reveillées aux
premières chaleurs du printemps, elles commen-
cent aussitôt leurs nids soyeux c'est alors qu'il
faut les enlever avec des balais de houx ou les
flamber à la torche de paille. Si on a attendu plus
tard, quand les arbres ont des feuilles, il faudra
injecter a la pompe, sur les toiles, une forte eau Fig. 14. Teigne des draps, très grossie.
de savon noir ou des émulsions de pétrole dans
l'eau. de fourreaux de débris laineux (Og. 15). Les insti-
Beaucoup des Teignes qui nous occupent sont tuteurs pourront montrer à leurs élèves une jolie
des mineuses de feuilles. Trop faibles pour dévorer expérience renouvelée de Réaumur. En donnant à
toute la feuille, les chenilles se glissent dans des manger à ces chenilles des morceaux de tissus de
galeries entre les deux épidermes, en rongeant le laine de diverses couleurs, on ne tarde pas à les
parenchyme la feuille est sillonnée de mines voir habillées en arlequins. La chenille de la
jaunâtres, se flétrit, ses bords se contournant. Des Teigne des pelleteries coupe le poit des fourrures
espèces mineuses détruisent ainsi, dans les jar- pour s'en faire un tuyau feutré celle de la Teigne
dins, les lilas, surtout ceux de Perse, les feuilles des crins dévore les crins des meubles et des ma-
des aulx et poireaux, celles des carottes, dont les telas. Enfin, une autre Teigne se nourrit, à l'état
ombellules sont liées par des fils de soie, celles de chenille, des duvets des oreillers et des lits
du pêcher (le véreau des arboriculteurs), etc. Il de plume, des collections d'oiseaux et d'insectes.
faut, au début du mal, arracher avec soin les Si les étaloirs chargés d'insectes sont à l'air libre,
feuilles minées et les brûler les enfants peuvent il est bon de couvrir le corps des insectes de tabac
rendre, en ce genre, de grands services. Il y a de à priser ou de poudre de pyrèthre pour empêcher
ces Teignes sans fourreaux dont les chenilles ron- cette Teigne, qui vole partout, de Tenir pondre
gent les grains de Me ainsi l'OEcophore des grains, dessus. Pour se préserverde ces minuscules, mais
si dangereux ennemis, il est bon d'itérer et d'ex- bole
ft peut être regardée comme una moitié d'el-
poser fréquemment ces objets à la lumière, quetipse)
C'est
dont les axes seraient infiniment grands.
ce que nous allons mettre en évidence, pour
en déduire ensuite la définition ordinaire de cette
courbe.
Soit une ellipse dont le grand axe estAA'(6g. 1),

Fig. 1S. Drap rongé par des cheni[)es de Teigne (grossi).

les chenilles de Teignes ont en horreur épouvan-


tées, elles se laissent tomber au battage. On peut
encore placer les objets infestés pendant un ou
deux jours dans des caisses bien closes avec de la
benzine, ou mieux, du sulfure de carbone, encore
plus toxique et qui s'évapore ensuite plus vite. les foyers étant les points F et F'. Si on mène on
Ou bien on fera, entre les plis des étoffes ou dans ddivers points de cette ellipse deux rayons vecteurs
les matelas, des insufflations de poudre insecti- t que mF' et nïF, et qu'on prolonge le plus grand
tels
cide de Vicat. t d'une longueur M/t égale à l'autre mF, les
F'm
Le dernier groupe des papillons est formé de extrémités
e de ces prolongements, telles que h,
petits insectes frappés de dégradation organique, ssont aune distance de F' égale au grand axe AA',
car leurs ailes, au lieu d'offrir une membrane con- eet se trouvent par conséquent sur une circonfé-
tinue, sont divisées en espèces de plumes fine- rence
r ayant le foyer F' pour centre, avec un rayon
ment barbelées les pattes de derrière, très Ion- égal
é au grand axe, et coupant le prolongement de
gues et très grêles, sont armées de grands éperons ccet axe en un point C séparé de A par une
distance
et sont très fragiles. Une espèce du genre Ptéro- AC
2' égale à AF. Chaque point de l'ellipse est à
phore (porteur d'ailes emplumées), d'unbeau blanc cégale distance du foyer F et de la circonférence.
de lait, commune dans les jardins, au bord des che- Supposons que l'ellipse grandisse indéfiniment,
mins, le long des haies, présente comme ailes cinq en
e conservant le sommet A et le foyer F qui
élégantes plumes blanches (ng. t G) une autre espèce restent
r fixes, et qu'on répète les mêmes construc-
plus petite, du genre Ornéode (aspect d'oiseau), ttions. Les extrémités k des droites obtenues en
se trouve assez souvent collée aux vitres des mai- prolongeant chaque rayon vecteur issu du foyer
F" d'une quantité égale l'autre rayon
1
sons de village, avec des ailes ayant l'apparence mobile
i
d'un éventail étalé à douze divisions (fig. H). vecteur,
1 seront sur une circonférence décrite du
foyer F" pour centre avec un rayon égal à AA",
et passant aussi en C, où elle est tangente à la
précédente, et chaque point de cette nouvelle
ellipse est encore également distant du foyer fixe
F et de la circonférence correspondante.
Or, à mesure que le second foyer s'éloigne de
plus en plus, la circonférence s'ouvre davantage
et diS'ere de moins en moins de la perpendicu-
laire DD' à l'axe, qui lui est tangente,et les rayons
vecteurs qui partent du foyer mobile font avec
Fig. '7. Ornéode hexa- 1l'axe des angles de plus en plus petits. Par con-
Fig. 16. Ptérophore
PMrophore penta-
dactyle. daetyle,gross;. séquent,
s lorsque ce foyer est une
distance t't
KM:e?:< grande, le petit axe de l'ellipse qui a
Les instituteurs feront bien da consulter, dans grandi
g en même temps que l'autre est infiniment
l'intérêt de leurs leçons de choses relatives grand,
aux pa- g et il ne reste que la moitié représentée
pillons, les ouvrages d'entomologie appliquée que par l'arc PAP'; l'autre moitié est pour ainsi dire
}:

nous indiquons à la fin de l'article Insectes; en perdue


p dans l'infini. Les rayons vecteurs tels que
outre, pour étiqueter aisément leurs petites col- (
GX, venant du second foyer qui est à l'infini,
lectious scolaires, ils se serviront de la Faune élé- ssont alors parallèles à l'axe la circonférence est
mentaire des t~;e!op~t'es de France, par Berce devenue la tangente DD', et chaque point 1 de
d
(Paris, Deyrolle), ouvrage qui, malheureusement, 1la moitié de l'ellipse infinie est également dis-

ne contient pas les MicrolépidoptÈres. ttant du foyer F et de la droite DD' cette demi-
~MauriceGirard.] ellipse
e infinie est précisément la parabole.
PARABOLE. -Géométrie, XXIV. Étym. de DÉFINITION. – Nous arrivons ainsi à la défini-
~afŒ&o~, nom que les géomètres grecs ont donné ttion ordinaire la parabole est une courbe ?'/aMe
't cette courbe. En parlant des courbes usuelles non /er~e telle que chacun de ses points est
t.
V.CoM?'AMM.McH"s),nous avons dit que la para- également
é distant d'un point fixe qui se nomme
foyer, et d'une droite fixe qui est la directrice. on marque le milieu A de la distance CF, qui est
CONSTRUCTION DE LA PARABOLE. D'après cette le sommet de la courbe. En un point quelconque 1
définition, il est facile de décrire d'un mouve- de l'axa on élève une perpendiculaire indéfinie
ment continu, non pas la parabole entière, mais puis avec un rayon égal à la distance IC de ce
un arc de parabole, étant donnés le foyer et la point à la directrice, on décrit du foyer F pris
directrice. pour centre un arc qui coupe cette perpendicu-
f Soit Fie foyer donné etDD'la directrice (ng. 2). laire en deux points M et M' ces deux points
appartiennent à la parabole. En prenant ensuite
d'autres points sur 1 axe et en répétant les mêmes
constructions que pour le point I, on obtient
autant de groupes de deux points symétrique-
ment places, comme M et M'~ par rapport à l'axe.
Il ne reste plus qu'à tirer un trait continu par
tous ces points.
ExEttptEs DE PARABOLES. Les comètes pério-
diques, c'est-à-dire celles qui doivent reparaltre à
des époques plus ou moins éloignées, décrivent,
comme les planètes, autour du soleil des ellipses
dont cet astre occupe un foyer; c'est ce que les
astronomes ont reconnu en les observant en divers
points de leur course. Mais pour la plupart des
comètes, ils ont trouvé à l'aide du calcul qu'elles
décrivent des ellipses tellement allongées que
leur orbite ne diffère pas d'une parabole c'est
ainsi que ces astres, après qu'ils ont passé près
du soleil, s'éloignent continuellement et no seront
plus visibles pour nous.
Nous rencontrons aussi la parabole plus près
de nous dans la forme que prennent les cibles
qui soutiennentles ponts suspendus, dans le che-
min que suivent tes projectiles tancés par un ca-
La droite CFX menée par F perpendiculairement impulsionnon ou une pierre à laquelle on a imprimé une vive
dans une direction différente de la ver-
à DD' est l'axe, et le milieu A de la distance CF ticale. II est bon d'observer que la résistance de
est le point nommé sommet de la parabole. l'air altère toujours la trajectoire parabolique que
On applique une règle le long de la directrice, tend à suivre le mobile.
et contre cette règle le petit côté de l'angle droit TANGENTE. – La parabole possède aussi une
d'une équerre GHK, à t'ettrémité G de laquelle propriété importante, relative à tangente; c'est
est attaché un fil, dont l'autre bout est fixé au Iam6me que celle de la tangentesaà l'ellipse.
foyer F, et qui a une longueur égale au côté GK Si du point de contact d'une tangente à la pa-
de l'équerre. On fait ensuite glisser l'équerre le rabole on mène une droite /ouer et une droite
long de la règle, en tenant au moyen d'une parallèle à f<u;c, ces </eM;audroites font
pointe le fil tendu sur le côté GK de t'éqnerre, MM~eM~e des angles égaux. avec la
de manière qu'il forme une ligne brisée GMF, Soit TS tangente M à une parabole (fig. 4) et
dont les deux parties varient de longueur dans MV parallèle à l'axeen les angles VMS et FMT sont
le déplacement de l'équerre. La pointe placée
en M se déplace aussi et décrit l'arc de parabole
en effet la distance MK du point M à la directrice
et sa distance MF au foyer restent constamment
égales l'une à l'autre. L'arc qui sera décrit au-
dessous de CX est identique à celui qui est décrit
au-dessus.
X" On peut aussi construire un arc de parabole
en déterminantun nombre suffisant de ses points.

égaut. Par suite, la normale MN, perpendiculaire


à la tangente, est bissectrice de l'angle VMF.
Si l'arc de parabole PAP' tourne autour de
l'axe, la surface courbe qu'il engendre est un pa-
raboloide, et en supposant que cette surface soit
métallique et bien polie à l'intérieur, on a ce qu'on
appelle un miroir paraf,olique.
Qu'on mette ce miroir en face de la lune par
Soit F le foyer et DD'ta directrice (6g. 3). On exemple; les rayons de cet astre tombant sur ce
mène l'axe CX perpendiculaire à la directrice, et miroir peuvent être regardés comme parallèles.
Soit VM un de ces rayons; son angle d'incidence la propreté obligatoire s'étend à tout le corps et
sur le réflecteur est VMN l'angle de réflexion de- aux vêtements. La moindre négligence suffit pour
vant lui être égal, le rayon réfléchi suivra la di- donner asile à des insectes dont la multiplication
rection MF. Ainsi tous les rayons de lumière en- cause une gêne insupportable ou de véritables
voyés par la lune sur ce miroir iront, après leur maladies.
réflexion, se croiser au foyer F. Là se forme une L'instituteur ne se bornera donc pas à une ins-
image réelle et toute petite de la lune. A l'aide pection sommaire et à des conseils généraux sur
d'une loupe d'un grossissement considérable, dis- les avantages de la propreté. Il lui faudra prendre
posée convenablement dans le voisinage, on verra &. partie chaque ennemi, le signaler aux enfants,
l'image très amplifiée de la lune cet instrument le décrire, leur inspirer du dégoût, de l'horreur
n'est autre chose que le télescope. pour tous les parasites. La leçon familière et pra-
Réciproquement, une lampe étant placée au foyer tique faite à l'école sera sans doute répétée par
d'un miroir parabolique, les rayons lumineux en- l'enfant à ses parents ce sera un enseignement
voyés par cette lampe sur le miroir seront réflé- et un avertissement.
chis et suivront après cette réflexion une direction Dans quelques campagnes, la routine, les pré-
parallèle à l'axe ils forment ainsi un faisceau jugés, la misère rendent difficile l'exécution des
lumineux cylindrique, qui peut se propager à une règlements scolaires relatifs à la propreté. Dans
grande distance. C'est ainsi qu'étaient disposés ces conditions défavorables, le maître doit redou-
les phares, avant qu'on eût remplacé le réflecteur bler de zèie, stimuler les enfants, les parents,
parabolique par un système de lentilles. employer la persuasion sous toutes ses formes. Si
La réflexion des rayons calorifiques s'opère ses efforts sont vains, qu'il n'hésite pas à consi-
comme celle des rayons lumineux. Par consé- dérer comme atteint de maladie contagieuse tout
quent les rayons solaires tombant sur un réflec- enfant sur lequel il découvrira des traces de para-
teur parabolique, se croiseront tous au foyer et sites l'exclusion est alors indispensable.
pourront enflammer un corps combustible placé Maladies, ~nMH~t~j
V. j~adfM, /?Mec<[D''
Helminthes, Insectes.
en ce point. Saffray.]
Des effets analogues se produiront pour les PARATONNERRE. – Physique, XXIII. Le
rayons sonores. Ainsi un homme dont l'o- paratonnerre, destiné à préserver les édifices des
reille serait placée au foyer d'une surface para- effets de la foudre, est une tige métallique verti-
bolique, entendrait des sons venus de loin et qui cale, terminée par une pointe, placée sur le som-
resteraient imperceptibles pour d'autres person- met de l'édifice et communiquant intimementavec
nes c'est un fait qui a été observé sur un le sol par un conducteur métallique non inter-
vaisseau qui se dirigeait vers )a côte orientale rompu. Il est fondé sur la propriété des pointes
de l'Amérique du Sud. Un matelot debout sur le de ne pas laisser l'électricité s'accumuler sur les
pont dit un jour qu'il entendait le son des clo- corps dont elles font partie, en présence d'un autre
ches. Comme on était loin do la terre, on crut qu'il corps fortement chargé d'électricité.
plaisantait; mais plus tard on apprit qu'a ce mo- Lorsqu'un nuage orageux vient à passer assez
ment même toutes les cloches avaient été mi- près d'un édifice, l'électricité qu'il renfermeexerce
ses en branle à Rio-Janeiro, à l'occasion d'une une action d'influence sur les corps voisins non
fête publique. Une voile gonflée par le vent avait encore électrisés une charge électrique est appe-
pris à cetinstant la forme d'un réflecteur paraboli- lée au sommet de l'édifice et elle tend à se recom-
que, au foyer duquel l'oreilledu matelot s'était trou- biner à l'électricité du nuage sous forme d'une
vée par hasard. grande et vive étincelle. Le même phénomène d'in-
SURFACE D'CN SEGMENT DE PARABOLE. II peut fluence a lieu quand l'édifice est surmonté d'un
être utile de savoir évaluer la surface d'un seg- paratonnerre mais la pointe laisse échapper
ment de parabole compris entre le sommet A l'électricité au lieu de la retenir ou de l'accumu-
(6g. 3) et une corde MIM' perpendiculaire à l'axe. ler et cette électricité va au travers de l'air, peu a
Nous nous bornerons à énoncer le théorème sui- peu, neutraliser celle du nuage la tension élec-
vant Le segment de parabole compris entre le trique de celui-ci diminue et il devient alors moins
MM:MC< et une corde joe)'pe?!(~K;M~ye à l'axe est dangereux, souvent même inoffensif.Telle est dans
les deux tiers du rectangle qui aurait cettecorde la plupart des cas l'action du paratonnerre elle
pour base et sa distance au MtHnM~poM)-hauteur. est tout autre qu'on ne se le figure généralement. On
SnEFtCE DE L'ELLIPSE. A cette occasion nous croit qu'il attire l'électricité au moment où l'éclair
réparerons une omission qui a eu lieu dans part et qu'il la conduit dans le sol c'est tout le
l'article Ellipse, au sujet de la surface de cette contraire qui a lieu, puisque l'électricité part de
courbe elle est égale au produit des deux demi- la pointe pour se porter vers le nuage; et c'est
axes multiplié par Tt. Par conséquent les demi-axes si vrai, que dans les jours d'orage on peut voir les
étant représentés par a et b, on aT[a6 pour la paratonnerres surmontés d'aigrettes lumineuses
surface de l'ellipse. [G. Bovier-Lapierre.] visibles dans l'obscurité.
PARALLÈLES. V. Lignes, Droites et Plans. Un nuage a-t-il une charge trop forte pour que
FARALLÉUPtPÈDE – V. Po/<MnM. la pointe suffise à la neutraliser? le paratonnerre
PARALLELOGRAMME. – V. Polygones. est encore utile c'est entre lui et le nuage que
PARASITES. – Hygiène, XVIII. L'école jaittitl'étinceUeélectrique, parce que sa haute tige
étant un milieu éminemment favorable à la dissé- métallique est le point de t'édinee le plus rappro-
mination des parasites, l'instituteur doit veiller, ché du nuage, le plus rapidement électrisé et le
avec un soin minutieux, à la propreté apparente meilleur conducteur.
et réelle des enfants. L'inspection ordinaire ne Pour qu'un paratonnerre soit dans de bonnes
suffit pas. Des cheveux bien lissés peuvent en im- conditions, il faut observer quelques précautions
poser sur la condition du cuir chevelu. Il serait dans sa construction. Les règles à suivre ont été
désirable que les écoliers eussent toujours les formulées en 1854 parune commission de l'Académie
cheveux très courts, cela facilite le nettoiement à des sciences; elles ont trait à la tige, à la pointe,
fond de la tête et permet d'apercevoir dès les pre- au conducteur et à la communication avec le sol.
miers jours les intrus qui cherchent à y prendre La tige est une barre de 5 à 6 centimètres de
domicile.La propreté et l'hygiène s'accordent donc diamètre à la base, allant en s'amincissant. Elle se
à conseiller la coiffure en brosse, qui sied d'ailleurs termine à la partie supérieure par un cône de cui-
bien à un jeune visage. vre, vissé et soudé au fer et recouvert d'une couche
Une figure bien nette, des mains bien lavées de platine qui le préserve de l'oxydation. Autre-
sont de rigueur pour se présenter à l'école. Mais fois on faisait les pointes plus effilées et l'extrémité
était tout entière en platine; mais, dans ces condi- étapes douloureuses, les éclipses passagères et les
tions, elles pouvaient être fondues par la haute derniers progrès.
température de t'étincelle et s'émousser trop faci- Jetons les yeux sur une carte d'Europe. Nous
lement. y
verrons que d'impérieuses raisons politiques ont
A sa partie inférieure, la tige est solidement nxée dicté à chaque peuple le choix de
à la charpente du bâtiment, et elle porte le conduc- Pourquoi Londres est-il situé a l'extrémité sa capitale.
sud-
teur qui doit la mettre en communication avec le est des îles Britanniques? C'est que, de tout
sol. Le conducteur est une barre de fer de 2 cen- temps, l'Angleterre a dû faire tête a. la France,
timètres environ de côté, qui descend suivant les Pays-Bas et à l'Allemagne. Pourquoi la capitale aux
contours de l'édifice et vient s'enfoncer dans le sol. de l'Autriche est-elle à Vienne, et non sur le
La communication avec le sol doit être établie cours central du Danube? C'est que l'Autriche
de la manière la plus parfaite. D'ordinaire, on ter- visait jadis à dominer l'Allemagne, et non
mine le conducteur dans l'eau d'un puits qui ne l'Orient slave. Pourquoi le tsar Pierre a-t-il, fou-
doit jamais tarir. Autrement, il faudrait creuser lant aux pieds la nature et les hommes, jeté
dans !e sol une fosse assez vaste, la remplir de Saint-Pétersbourg milieu des marécages bru-
charbon conducteur comme la braise de boulanger meux de la Néva? au C'est que la ville nouvelle me-
et y terminer la chaîne conductrice par un très naçait la grande ennemie de la Russie d'alors, la
grand nombre de rameaux. Une nappe d'eau na- Suède. Et pourquoi la Suède ette-meme avait-elle
tura~le est de beaucoup meilleure mais une citerne fait de Stockholm le centre de sa puissance?
dont tes parois sont imperméables à l'eau ne rem- Pour dominer plus sûrement la Baltique.
plirait pas les conditions. Ainsi c'est une loi de l'histoire et une loi inflexi-
Les grandes masses métalliques du bâtiment doi- ble. Tout peuple doit porter sa capitale le
vent être mises en communication avec le conduc- point le plus menacé de sa frontière, là où vers il faut
teur sans cela, elles s'électriseraient très forte- résister à l'ennemi. Et pour la France où donc sera
ment par influence, et l'étince!le pourrait jaillir cette brèche ouverte à la frontière, cette plaie sai-
entre elles et le nuage malgré le paratonnerre. gnante encore du fer de l'étranger? Le seul
Lorsqu'il y a plusieurs paratonnerres sur un de la carte suffirait à répondre, si l'histoire aspect les
édifice, il est bon de les faire communiquer tous souvenirs du peuple ne répondaient déjà ettrop
ensemble et d'avoir pour chacun d'eux un puits où éloquemment.
aboutit le conducteur. Ce n'est pas du coté de ces peuples, latins
On admet qu'un paratonnerre peut protéger un comme le nôtre, ayant mêmes goûts, même his-
espace en cercle d'un rayon double de sa hauteur; toire, et parlant une langue sœur de la nôtre, les
mais il n'y a rien d'absolument certain, et il est Espagnols et les Italiens. Le danger, c'est l'inva-
probable que cette distance est le minimum du cer- sion du Nord, que ne peut arrêter la vaste plaine
cle de protection. ouverte qui s'ouvre jusqu'au Rhin ou expire à la
C'est à Franklin que l'on est redevable de cet Manche. C'est l'invasion germanique, anglo-
appareil si utile, appliqué très heureusement au- saxonne ou purement allemande; c'est Edouard 111
jourd'hui, non seulement sur beaucoup d'édiBces. ou Wellington, Blücher ou Guillaume; c'est Crécy,
mais aussi sur les constructions flottantes comme Waterloo ou Sedan; c'est la mrmidable concur-
les grands navires qui sont, tout autant que les rence de l'industrie allemande ou de la marine
objets terrestres, exposés aux effets de la foudre. anglaise. Dans cette région du nord ont eu lieu
[Haraucourt.J toutes nos grandes luttes, pacifiques ou militaires.
PARIS. Histoire de France, XXXVIII-XL. – Là est le point vulnérable de la France. Voilà
L'histoire de Paris devance, explique et résume pourquoi, des quatre grands bassins de fleuve qui
celle de la France entière. ta sillonnent (Rhône, Garonne, Loire et Seine), le
Elle la devance,car la plupart des grandes trans- plus septentrional était prédestiné, par l'impé-
formations sociales, politiques ou intellectuelles, rieuse nécessité de la politique, à devenir le centre
avant d'être acceptées, acclaméespar les provinces, de sa nationalité et le berceau de sa grandeur.
ont d'ordinaire été conçues, mûries, élaborées dans 2" CausM naturelles. Etant donné que la ca-
le grand creuset parisien. pitale de la France dût, par la force des choses et
Elle l'explique, car la population parisienne, for- sous la pression du péril extérieur, venir s'asseoir
mée du mélange de toutes les vieilles nationalités sur les rives de la Seine, voyons ce qu'avait fait la
provinciales (plus des deux tiers des habitants de nature pour la prospérité du Paris à venir.
Paris sont nés dans les départements), représente, Vers le cours central de la Seine s'étend, entre
avec une parfaite harmonie, l'admirable équilibre deux rivières navigables (la Marne et l'Oise), une
de vingt tempéraments divers, et concentre en plaine fertile que borne à l'horizon un cercle de
elle, avec une singulière énergie, les vagues aspi- coltines boisées. Les méandres du fleuve, les ren-
rations de la France entière. flements du terrain y forment comme un fossé
Elle la résume enfin, car chez un peuple aussi multiple et un rempart naturel de facile défense.
anciennement formé, aussi fortement centralisé Voilà pour le pittoresque et pour la sécurité. Mais
que le nôtre, le sort de la capitale a dû, aux heures ce qui distingue essentiellement ce vaste amphi-
solennelles, décider du sort du pays. VoiH pour- théâtre, c'est ia nature du sol, plein de fossiles,
quoi toutes les grandes crises de notre vie natio- étonnamment riche en matériaux de construction,
nale ont eu là leur origine ou leur dénoûment. en grès, en chaux, en pierre blanche. Sous les ri-
Pourquoi Pat'M devint capitale de la France. ches vignobles qui le recouvrent, sol cache les-
]' Causes politiques. Pourquoi Paris est-il de- futures assises que prodiguera Parisceà ses fastueux
venu la capitale de la France? D'où vient ce pro- monuments. Le moellon est à Montrouge,le plâtre
digieux essor de la pauvre bourgade gauloise, à Montmartre, le pavé à Fontainebleau, la brique à
perdue, au temps de César, dans les roseaux de Vaugirard. Et les nappes d'eau souterraines sont
la Seine, et formant aujourd'hui, de l'aveu de tous prêtes à sourdre sous le puits artésien.
tes étrangers, la plus étonnante cité de l'univers? Elargissons le cercle. De Saint-Germain,Marly,
Le temps, la nature et les hommes, tels sont les Versailles, Montmorency, Bondy, Rambouillet,
trois facteurs de la grandeur parisienne. Vingt siè- Chantilly et Compiègne, se déroule comme une
cles d'existence, une excellente situation géogra- vaste enceinte de forêts offrant à. la ville future du
phique et le caractère essentiellement novateur et bois pour ses bateaux, ses constructions et son
militant des Parisiens, voilà les éléments de cette chauffage.
incomparable grandeur historique dont nous allons A l'est s'étend la Brie avec ses pâturages, la
brièvement raconter les débuts laborieux, les Bourgogne et ses vignobles; à t'ouest.Ies champs
de blé de la Beauce et les plaines qui nourrissent piter (sur l'emplacement de la future église Notre-
les troupeaux normands autant de réservoirs tout Dame). En face de ces constructions officielles
prêts à alimenter le grand estomac parisien. élevées sur la rive gauche s'étendaient, sur la rive
la
En résumé, nature a donné largement à Paris droite, des bains publics (au Palais-Royal), un
l'eau, le bois, la pierre, un sot fertile, tous les champ de sépultures (rue Vivienne), et un grand
éléments réunis qui assurent la prospérité maté- nombre de villas que dominait au loin le temple
rielle d'une capitale. Essayons de voir ce que l'é- élevé sur colline de Mars (Montmartre).
la
nergie des hommes et le travail des temps en a C'est du règne de Tibère que date, pour la cor-
tiré. poration des pilotes parisiens (MaM~yxM'MMM:),
Paris préhistorique. Le sol où s'élève aujour- le précieux monopoledes transports sur la Seine. De
d'hui Paris nous apparaît, à l'aurore des temps là sortit plus tard la Confrérie des marchands de
historiques,commeparsemé de marécages qui s'é- l'eau et /7a7Me parisienne, avec ses armes sym-
la
tendirent longtemps encore vers l'est (quartier du boliques et sa devise qu'a confirmée l'histoire
Marais), et sillonné par deux ou trois ruisseaux n Fluctuat nec mergitur ». Malgré bien des orages,
tombant des pentes de Montmartre ou traversant le vaisseau parisien ne devait pas sombrer.
le futur faubourg Saint-Germain. A l'ouest, une Lutèce la gauloise était devenue, dès lors, sous
forêt épaisse couvrait l'emplacement du Louvre et l'intelligenteadministration latine, le centre d'une
se prolongeait d'une part sur les hauteurs de petite puissance navale. Là était la station de la
Chaillot, de l'autre, au delà de la Seine, vers la flotte romaine. Les hardis pilotes de la Cité cou-
rive où s'étendit plus tard le Pré-aux-clercs. Dans vraient de leurs escadrilles marchandes toutes les
cette plaine verdoyante et marécageuse erraient rivières de la Gaule du Nord. Certaines légendes
en abondance les loups et tes sangliers. naives, rappelées par Grégoire de Tours, affirmaient
Paris gaulois. C'est là que, 53 ans avant notre que la ville était sacrée, que l'incendie n'y pou-
ère, Jules César,le conquérant des Gaules, décou- vaitjs'allumer, que les serpents n'en pouvaient fran-
vrit, dans une petite Ile boueuse de la Seine (i'ile chir le seuil.
de la Cité, dont la superficie n'était alors que de L'arrivée du christianisme et des barbares de-
15 hectares), un amas de huttes faites de bois et vait brusquement interrompre ce rêve de prospé-
de paille, habitées par une pauvre tribu gauloise, rité.
les Pa; M: ou Parisiens. La ville s'appelait Lutèce C'est vers l'an 260 que saint Denis vint prêcher
(~.ttco<e<!a suivant Ptolémée et ~.eM~AM suivant la foi nouvelle à Lutèce. Saisi avec deux de ses
Julien), ce qui signifie en celtique, selon les uns compagnons,Eleuthère et Rustique,il fut conduit
a le lieu fortifié (.~M-<fK-sey), suivant les autres sur la colline de Mars et décapité. En mémoire de
« la ville au milieu des eaux o (Lou-tou-hezi). son supplice, les chrétiens donnèrent à ce lieu le
César fut frappé de son heureuse situation. Il nom, qui lui est resté, de mont des Martyrs.
y convoqua l'assemblée générale des Gaulois (53). La religion nouvelle conserva pourtant, à Lutèce,
Mais, dès l'année suivante, les Parisiens, sans s'ef- plus d'un adepte. Un concile s'y tint librement
frayer du sort de leurs voisins les Sénonais, accla- en 360, et bientôt, sous Théodose, un enfant de
maient le Vercingétorix. libérateur des Gaules, et Paris, Marcel, en deviendra l'évoque et donnera
armaient 8 000 hommes pour la défense de la pa- son nom à un des faubourgs du sud.
trie commune. Cependant Constance Chlore avait embelli le
Labiénus, le meilleur lieutenant de César, mar- palais des Thermes, d'où partaient plusieurs voies
che contre eux avec des forces écrasantes (quatre romaines. Après lui, le jeune César Julien, un des
légions). Les Parisiens choisissent pour chef un plus grands esprits de l'antiquité, s'éprit d'un vif
vieillard renommé pour son habileté et sa bra- amour pour Lutèce. Il y fixa sa résidence, y passa
voure, Camulogène, et barrent la route à l'armée quatre années (X56-361) après avoir vaincu les
romaine. Mais Labiénus, par un mouvement tour- Alamans sur le Rhin. « J'avais établi, dit-il, mes
nant, force le passage de la Seine à Melodunum quartiers d'hiver dans ma chère Lutèce, ainsi
(Melun) et revient sur Lutèce pour la prendre à que les Celtes appellent la petite ville des Pa-
revers. Les Parisiens, à cette nouvelle, brûlent risiens. Elle est située sur le fleuve qui l'envi-
leur ville et ses deux ponts, et se cantonnent au ronne de toutes parts, en sorte qu'on n'y peut
milieu des marécages pour couper aux Romains aborder que par deux ponts de bois (le Pont-au-
toute retraite. Labiénus, bloqué à son tour, fran- Change et le Petit-Pont). Il est rare que la ri-
chit le fleuve (vers le Point-du-Jour) à la faveur vière déborde après les pluies d'hiver ou se des-
d'une surprise nocturne, et s'ouvre une ligne de sèche pendant les chaleurs de l'été. Ses eaux
retraite. Pour l'arrêter, les Parisiens livrent ba- pures sont agréables à la vue et excellentes à
taille, soutiennent victorieusement le choc de la boire. L'hiver n'y est pas rude. On y cultive
12e légion, mais sont bientôt enveloppés. Pas de bonnes vignes et même des figuiers. Ailleurs
un Gaulois ne recula, ') dit César. Ils se firent ex- l'élève du phitosophe Libanius vante les mœurs
terminer tous sans lâcher pied, avec leur vieux austères des Gaulois do Lutèce n Ils fuient les
chef Camulogène (52 avant J.-C.). Le lieu du dé- danses lascives, n'adorent Vénus que comme
sastre fut la plaine de Grenelle. C'est la première présidant au mariage, et n'usent des dons de
bataille de Pâtis. Bacchus que parce que ce dieu est le père de la
Paris roMN'H. La Gaule soumisefutcomprise, Lutèce re- joie. » Julien s'entourait, Lutèce, de savants,
construite devint ville tributaire. Elle parmi lesquels Oribase, qui y rédigea un abrégé
après Auguste, dans la 2e Lyonnaise, au 6' rang de Galien. C'est le premier ouvrage connu qui ait
parmi les villes qui composaient cette province. été composé à Paris.
Les Romains voulaient en faire une cité latine. Ils Tandis que le jeune César, enfermé, comme un
y créèrent, pour la garder, un camp retranché (sur ascète, dans une chambre glaciale au plus fort de
la colline du Luxembourg) avec avant-poste sur la l'hiver, méditait une lutte suprême, par l'épée et
montagne de Vatérius (Mont-Valérien). Pour la par la plume, contre les chrétiens vainqueurs, une
gouverner, ils élevèrent un petit palais, agrandi nuit des légions se soulèvent, environnent le pa-
plus tard sous Julien, et qui devint les célèbres lais des Thermes à la lueur des flambeaux, et,
~7<et'H!M, le plus antique monument qui subsiste malgré tes protestations de Julien, qui refuse t'e m-
du vieux Paris (sur la montagne Sainte-Geneviève). pire et fait barricader les portes, ils le proclament
Ils établirent un cirque (au faubourg Saint-Ger- Auguste (361). Lutèce vit le dernier effort de la
main), un grand aqueduc (à Arcueil). et plusieurs philosophie antique, personnifiée dans ce stoïcien
temples pour propager la religion romaine, tem- couronné.
ples dédiés par Tibère à Mercure~ Apollon ou Ju- Valentinien, Gratien, Maxime ne firent que pas-
ser, à Lutèce, y jetant quelques arcs (te triom- derniers défenseurs. Pourtant les Northmans
phe. Les barbares d'outre-Rhin étaient déjà aux durent lever le siège, vaincus par l'énergie d'une
portes. Quand arriva le « Fléau de Dieu », ce fut, poignée d'hommes, tandis que l'empereur Charles
selon la légende, une jeune fille de Nanterre, te'Gros, cantonné sur la colline de Montmartre,
Geneviève, qui releva le courage des Parisiens. reculait pour ne pas livrer bataille aux bar-
Ils s'armérent, et, du haut de leurs murs, regar- bares (886).
dèrent passer les hordes d'Attila (451). Geneviève L'invasion avait amené la famine. Au dixième
fut canonisée et devint la patronne de Paris. siècle, Paris souffrit vingt-cinq années de disette.
Paris )7!Ot)MWten. Après la défaite de Sya- En 975, on en vint à manger de la chair humaine.
erius (496), Clovïs occupe la ville. Comme César, La disette, à son tour, engendrait divers genres
il en comprend l'importance, et se décide bientôt de peste feu sacré, mal des ardents, lèpre et
à en faire la capitale de son royaume ecclésias- fièvre noire. Les abbés de Saint-Germaindes Prés
tique et barbare (508). !1 dédie aux saints Pierre et et de Saint-Martin des Champs s'entre-battaient
Paul une église où il voulut se faire inhumer sur ces ruines. Paris, sous les derniers Carlovin-
(Sainte-Geneviève).Paris se couvre dès lors d'une giens, devint un vaste charnier.
quantité de chapelles, d'abbayes, de basiliques PorM ~of<a<- ~– En arrêtant l'invasion étran-
(Saint-Germain des Prés, Saint~Etiennedes Grès, gère, la cité avait dignement conquis son titre de
Saint-Jean le Rond, Saint-Séverin, Saint-Marcel). capitale.L'al ènement de son dernier comte, Hugues
Clovis mort, la ville de Paris tombe aux mains de Capet, à la royauté, lui donna le premier rôle
Childebert. A la mort de Clotaire î", ses fils dé- parmi tes villes françaises (9S'!). Au milieu da
cident que Paris est une position assez impor- t'anarchie féodale, Paris eut du moins des lors ce
tante pour rester indivise entre eux. Néanmoins, vague prestige qu'apportait avec elle la royauté
Chiipéric I" y fixe sa résidence, et, en 584, oblige des Capétiens. Robert le Pieux, Henri I" y séjour-
la moitié de la population à partir pour accom- nèrent, ymultiplièrentles conciles ()050 et M53).
pagner sa fille en Espagne. « Beaucoup de gens Philippe I" institua le prévôt deux de Paris. Louis le
forteresses,le
s'étranglèrent, dit Grégoire de Tours; d'autres Gros jeta tes fondements de
flrent leur testament comme s'ils allaient mou- Grand et le Petit Châtelet. La royauté fit mieux
rir et grande était la désolation dans Paris. » encore en protégeant l'Ecole de Paris. De là allait
On ne peut s'empêcher de comparer ce triste ta- sortir cette brillante Université où Pierre Lombard,
bleau à celui que présentait Lutèce sous la do- Pierre Comestor, Guillaume de Champeaux atti-
mination des Romains. raient, par le charme de leur parole ou l'audace
Peu de temps après le grand concile de 615, de leurs doctrines. la foule bruyante et bigarrée
tenu à Paris sous Clotaire II, la dynastie sanglante des étudiants de l'Europe entière. C'est là qu'en-
des Mérovingiensrendit à la ville le service de la tassée dans les rues boueuses de la montagne
quitter. Paris, redevenu simple bourgade, respira Sainte-Geneviève(futur quartierLatin), cette jeu-
du moins loin de ses barbares tyrans. nesse pauvre et turbulente, fort peu disciplinable
Paris carlovingien. Paris se releva sous Char- et souvent dangereuse aux pacifiques bourgeois
lemagne. Ses fabricants d armes, ses orfèvres, qui de la Cité, a prétudé à coups de syllogismes à
se glorifiaientd'avoirpourpatron saint Eloi, étaient t'émancipation de la pensée et au réveil de t'es-
célèbres dans toute la Gaule. Le vainqueur des prit humain.
Saxons donna à la ville renaissante deux écoles, Au nord de Paris s'étendait lentement la ville
dont une devint célèbre (Saint-Germainl'Auxer- du commerce, autour de la forteresse élevée, sous
rois), une administration régulière,un comte (sorte Louis VII, par les Templiers. Au sud était la
de préfet) et des échevins (sorte de conseillers ville cosmopolite du travail et du plaisir, la cla-
municipaux). Enfin les habitants, réunis par le meur des tavernes, les promenades au Pré-aux-
comte Etienne, votèrent les Capitulaires, sorte de Clercs, les rixes avec le guet du roi, et la chaude
constitution émanée de la première assemblée de parole du tribun populaire qu'aimait Héloise et
Paris. qui fut Pierre Abélard.
Mais la prospérité de la cité, ressuscitée par L'importance de Paris, ville féodale et universi-
les « marchands de l'eau », grâce à la paix inté- taire, fut facilement comprise des rois Capétiens.
rieure de l'empire, attira bientôt les pirates du Les trois règnes de Philippe-Auguste, de Louis IX
Nord, les Scandinaves, les Northmans. Vainement et de Philippe le Bel marquent trois grandes
Louis le Débonnaire multipliait à Paris les conciles étapes dans l'histoire de la capitale.
(en 820 et en 829). Le danger était grand. Bientôt, Paris capétien. « Le roi Philippe, dit Rigord,
montés sur leurs pirogues, apparurent les terri- était aux fenêtres de son palais à regarder la
bles « rois de la mer ». A quatre reprises Paris ou Seine. Des voitures traversaient alors la Cité,
ses environs sont ravagés. En 8U et 845, la ville et, remuant la boue, faisaient exhaler une odeur
incendiée achète le départ des barbares. En 856, insupportable. Philippe en fut suffoqué et conçut
nouvelle attaque « Les Danois envahissent la dès lors un grand projet qu'aucun de ses prédé-
Lutèce des Parisiens, brûlent la basilique du cesseurs n'avait osé entreprendre. Il convoqua
bienheureux Pierre et celle de Sainte-Geneviève, tes bourgeois et le prévôt et leur ordonna de
ainsi que les bateaux et les maisons des mar- paver avec de forts et durs carreaux de pierre
chands. En 861, ce fut le tour de Saint-Ger- toutes les rues et voies de la ville. n Néanmoins,
main des Prés qu'ils dévastèrent. Les Parisiens, on n'en pava d'abord que deux, celle qui réunis-
au comble de la misère, résolurent de se défendre sait les ponts de la Cité, et au nord de la Seine,
eux-mêmes, puisque la royauté les abandonnait. celle qui partait du Louvre pour finir à la porte
Aussi quand les Northmans reoarurent, en 885, Baudoyer.
ils trouvèrent la vailiante cité en armes, derrière Le Louvre même fut construit, à l'ouest de
ses murailles de bois, appuyée sur trois fortes Paris sorte de bastille royale dont la grosse
tours, dont une à la place où s'élève le Palais de tour devint la prison des vassaux turbulents.
Justice, et les deux autres aux extrémités des En même temps, à la vieille enceinte de Louis
deux ponts. L'évoque Gozlin et le comte Eudes te Gros, Philippe-Auguste substituait une forte
animaient la résistance.Le siège dura treize mois. muraille, garnie de nombreuses tours, et dont il
aggravé par le feu et la famine. Dans la nuit du reste encore plus d'un vestige dans les quartiers
6 février-886, une crue de la Seine ayant emporté du sud (rue de la Vieille-Estrapade).Ce formidable
le Petit-Pont, les barbares donnèrent l'assaut à travail fut exécuté en vingt-cinq ans (1190 12)&).
la tour qui en couvrait les approches, et massa- Paris comprenait déjà près de 253 hectares, et se
crèrent, après une journée de combat, ses douze trouvait à l'abri d'un coup de main.
De son côté, l'Université recevait sa charte 1ère publique s'en prenait à la cour, et, sous les
défense était faite aux officiers royaux comme aux fils de Philippe le Bel, au ministre Enguerrand
bourgeois de molester clercs ou étudiants. La de Marigny, qui fut sacrifié et conduit au gibet de
royauté, grâce à Philippe-Auguste, s'appuyait Montfaucon. De sombres légendes voulaient qu'il
d'une main sur les remparts, de l'autre sur les se passât, chaque nuit, des scènes d'orgie san-
écoles. Paris devenait à la fois place de guerre et glante & la Tour de Nesle, dont le noir profil s'é-
ville d'études. levait sur la Seine, en face du Louvre (vers le lieu
Aussi la cité reconnaissanterépondit-elle à l'ap- où se trouve aujourd'hui l'Institut). Ce n'étaient
pel de la royauté contre la noblesse féodale. qu'histoires de chevaliers ou d'étudiants poignar-
Apprenant que les barons voulaient fermer au dés sur l'ordre de la reine Marguerite de Bour-
jeune Louis )X la route de la capitale, « les Pari- gogne, sorte de Messaline moderne, et précipités
siens sortirent en si grande quantité, dit Join- dans les eaux de la Seine. De là le souvenir du
ville, que le chemin était plein de gens d'armes docteur Buridan, que le roman et le drame ont
jusqu'à Montihéry. » popularisé.
A son retour de la croisade, Louis IX voulut Paris, à l'avènement des Valois, était une cité
payer, à son tour, sa dette de reconnaissance aux puissante, comprenant 311 rues, divisée en trois
Parisiens. Il accorde la liberté aux serfs royaux de quartiers distincts. Il dépendait de la branche
Paris. Il confie la prévôté à Étienne Boileau, nouvelle d'effacer le souvenir de Philippe le Bel
bourgeois actif et intelligent, qui purge la ville et de s'assurer le dévouement et l'appui des Pari-
des truands et des malfaiteurs. Aux bourgeois il siens. Mais la folle présomption et l'insolence des
accorde la création d'une municipalité parisienne, Valois devaient rapidement perdre tout le fruit
la Hanse, dont le chef recevra le titre de pré- des efforts accumulés des Capétiens directs.
vôt des marchands. En outre, au guet du roi, Paris comMMKS/. – A cette époque, un double
police monarchique, il adjoint le guet des mé- mouvement de fermentation politique agitait l'Eu-
nord s'élevaient les communes d'Allema-
tiers, formé par les Parisiens, qui auront la garde rope. Au sud, les municipalités italiennes ressus-
exclusive des portes et des marchés de la ville. gne au
C'est l'origine de la milice bourgeoise, ou garde citaient, à force d'héroïsme, les plus beaux temps
nationale des temps féodaux. de l'antiquité gréco-romaine. Placées entre ces
françaises avaient
Les étudiants n'étaient pas oubliés. Robert deux mouvements, les villes
Sorton, confesseur du roi, jetait les fondements éprouvé, à ménagé leur tour, la contagion de la liberté.
de la Sorbonne, autour de laquelle allait grossir Mais Paris, par les grands Capétiens, res-
bientôt, sous la protection du pieux Louis IX, tait encore une « ville royale ». L'invasion étran-
une innombrable troupe de moines dont se gère réveilla la cité, comme au temps de Charles
moquait le trouvère Rutebeuf, et qui se querel- le Chauve, et, dans l'écroulement général, Paris
laient avec les joyeux étudiants. se trouva debout pour arrêter les Anglais.
Aux nombreux collèges groupés sur la mon- La France doublement vaincue, à Crécy, à Poi-
tagne Sainte-Geneviève, Philippe III en joignit tiers, le roi Jean fait prisonnier, le dauphin Char-
encore quatre, parmi lesquels le célèbre collège les
déshonoré par sa piètre conduite au champ de
d'Harcourt. bataille, il semblait que l'ennemi n'eût qu'a paraî-
Sous Philippe le Bel, nouveaux progrès de tre pour saisir la couronne mal affermie sur la
Paris et de la royauté. Ce fut sous ce roi despote tête des Valois. Mais un bourgeois héroïque, le
cité capétienne prévôt des marchanda, Etienne Marcel, prend en
et faux monnayeur que la vieille affaires. Il jette autour de
vit, le 10 avril 130?, à l'église Notre-Dame, s'ac- main la direction des
complir une des plus grandes scènes de notre Paris une nouvelle enceinte, avec larges fossés et
l'Arsenal,
histoire, la réunion des premiers états généraux. fortes tours (de la porte Billy, Louvre). Les troisvoisine de
La même année était fondé le célèbre Parlement à la porte du Bois, voisine du
hérissent de chalnes de fer,
de Paris. La royauté procédurière s'appuyait sur cents rues de Paris se
la .Basoche. Paris devenait ville gouvernementale, avec poutres, pierres, tonneaux, pour arrêter, à
mais perdait insensiblementles franchises de sa défaut de l'enceinte, ou les archers barricade anglais ou la
municipalité. cavalerie des brigands féodaux. La est
Aussi, dès 1306, le peuple, pressuré par la mal- inventée, et Paris mis à couvert d'une attaque.
tôte et lassé de l'excès des impôts, s'insurge et « Ce fust grand faict, )) dit Froissart,pourtant ami
poursuit le roi Philippe jusqu'aux murs de la for- des nobles, « et vous dis que ce fust le plus grand
publique vient bien qu'oncques prévôt des marchands fist(135t!).
teresse du Temple où la colère émeute,
se
Les états-généraux venaient d'être convoqués à
briser. Philippe, le lendemain de cette saisit la direction du mou-
fait pendre, aux quatre coins de la ville, vingt-huit Paris. Etienne Marcel
des bourgeois révoltés. La tyrannie s'aggrave. Les vement, appelle à l'aide les grandes villes fran-
Juifs sont dépouillés, expulsés, livrés aux rancu- çaises. Pour le combattre, l'astucieux dauphin
arrêtés, Charles court haranguer le peuple au Fré-aux~
nes populaires. Les Templiers sontle terre-plein con-
Clercs. Un prétendant à la couronne, Charles, roi
damnés, exécutés (1314). C'est sur
du Pont-Neuf (alors nommé l'île aux Vaches) que de Navarre, établit, pourdes lui répondre, une sorte
fut brûlé leur grand-maitre, Jacques de Molay. de club sous les piliers halles. Do son côté,
Aussi, malgré la création de nouveaux collèges Marcel réunit les bourgeois à la place de Grève,
(Bayeux, Navarre, Laon, Du Plessis, Montaigne, devant la maison aux Piliers (futur Hôtel de ville).
Narbonne), malgré le bienfait réel d'une sévère Paris devient un instant, comme l'Athènes de
police, bien préf-érable à l'anarchie des premiers Démosthène, le prix d'un tournoi d'éloquence.
temps féodaux, le lourd despotisme de la royauté secrètementMais le danger augmente. Le Dauphin trahit
devenait odieux aux Parisiens. « La ville prenait les états généraux. Les Parisiens
de la superbe, » en contemplant ses nombreuses irrités envahissent le palais, massacrent proclamé, deux des
milices, son opulence et ses fêtes qui éblouis- ministres impopulaires, et Marcel est
saient les princes étrangers. Quand les fils de n de par la volonté du peuple, » chef d'une sorte
Philippe le Bel furent armés chevaliers, ce furent de république parisienne où l'on adopte pour
de splendidesréjouissances, des mystères où l'on emblème le chaperon rouge et bleu (février 1358).
vit « Dieu manger des pommes, rire avec sa mère, Attaqué par le dauphin Charles et par l'armée
dire ses patenôtres avec ses apôtres les bien- féodale, menacé par les Anglais, trahi par le
heureux chanter en paradis; les damnés pleurer roi de Navarre, Paris est un moment discipli- soutenu
dans un enfer noir et infect. » parle secours inespéré des paysans. Pour
Pourtant, malgré toutes ces splendeurs, la co- ner l'élan furieux des Jacques, Etienne Marcel leur
envoie deux compagniesbourgeoises, qui partagentt prison de Saint-Lazare.
la défaite des paysans sous les murs de Meaux s'armaitderrière lucarneAu couvre-feu, chacun
grillée.
0358). Le prévôt des marchands, désespère, va( ta misère et le meurtre, sa Partout régnait
rue Vide-Gousset, rue
a en remettre au douteux appui du roi de Navarre, Tire-Boudin, rue Trousse-Vache. La royauté avait
quand Jean Maillard l'assassine, une nuit, près beaucoup faire
pour tirer Paris de linceul.
de la porte Saint-Antoine. Avec Marcel tombait la farM MOTtarcAt~M. Louis XI, parson
– ses atlures
commune de Paris (3t juillet t35S). caressantes et populacières, sut vite
Rentré dans la capitale, le dauphin Charles sympathie des bourgeois. Désormais le capter la
t
(Charles V), après une courte réaction, entreprend prononce. Paris sort avait
de fortifier l'autorité royale si compromise ne serait pas, comme Florence,
les une brillante république ce serait la capitale fa-
folies de son père. Sur la place même oùpar avait vorisée d'un royaume destiné à former la nationa-
péri le glorieux prévôt des marchands, it jette les
fondements d'une redoutableforteressequi devait, villes
lité française. Ce serait la première des < bonnes
pendant quatre siècles, menacer la ville frémis- titre de bourgeois et ses bourgeois s'enorgueilliraient du
du roi
sante la Bastille. A l'autre extrémité de Paris, it Louis XI, bien sûr de leur appui, organisa en
fortiHe le Louvre, y entasse le trésor, tes archives, soixante-douze
la bibliothèque de la royauté (900 volumes). Enfin, leur milice, compagnies les SU 000 hommes de
les privilèges de la cité, y
augmenta
comme maison de plaisance, it fait élever le célè- établit la première imprimerie (a la Sorbonne). la
bre hôtel Saint-Pol, ou NotM des grands esbate- première librairie, école spéciale de méde-
M;eM~. Mais, pour se concilier les Parisiens cine. Mais, tandis qu'ilune
et
domptés, it leur accorde à tous des lettres de devisait joyeusement avec
no- les marchands parisiens, les appelant ses amis,
blesse, et choisit comme prévôt Hugues Aubryot, ses <t compères Louis XI faisaitsecrètement
dont la vigilance assure au moins à la ville la à la Seine. la nuit, », jeter
dans
sécurité des rues par l'expulsion des coupe-jarrets partisans des libertés municipales. un sac de cuir, les derniers
at des malandrins. Sous Charles VIII et Louis XII, la ville assainie,
La minorité, puis la folie de Charles VI rou- pourvue d'égouts, dotée d'un pavage, vit refleurir
vrent l'ablme des guerres civiles. Le malheureux les M<!<N, farces et moralités
Aubryot. pour avoir voulu sauver quelques fem- jours de fête, les clercs de la Basoche que jouaient, aux
les En-
mes juives sur lesquelles s'acharnait lo fana- fants sans souci. La Renaissance italienneetet la Ré-
tisme inintelligentdes masses, est jeté à la Bas- forme allemande allaient
tille pour y finir ses jours « avec l'eau d'angoisse à partir de François I", l'aspect singulièrement modifier,
et le pam de douleur. e Les scandales de la cité et l'état intellectuel de la population. extérieur de la
cour et l'excès des impôts sur les vivres amènent Paris fut embelli, régénéré la Renaissance.
un soulèvement (t" mars 1382). Les bourgeois C'est là que Pierre Lescot, par Philibert Delorme,
envahissent l'arsenal, y saisissent les maillets de Jean Goujon et Germain Pilon déployèrent
fer préparés en cas d'attaque anglaise, et en as- génie si gracieux et si multiple. Le vieux Louvre leur
somment les collecteurs. Charles VI, vainqueur abattu, transformé de prison
des Flamands, revient châtier tes Maillotins. Il Cluny élevé en palais l'hôtel de
par Jacques d'Ambotse; le collège de
renverse les murs de Paris, fait enlever les chat- France fondé; l'imprimerie royale établie Villon,
nes des rues, et rançonne la ville rebelle; 200 Rabelais, Amyot, Ramus, les Estienne éveillant les
bourgeois sont décapités, 300 exilés (1383). La intelligences
féodaiité victorieuse élève au cœur de la cité tion, par l'ironie, par le rire, par l'érudi-
domptée tes fastueux hôtels d'Artois, de Nesle, par la critique, par la science, ce fut comme
une vie nouvelle et un épanouissement de l'esprit
de Bohême et Barbette. Paris devient un lieu parisien.
d'orgie et de meurtre. Olivier de Clisson est assas- parisien ~M~Mf. – Cependant la
siné par le sire de Craon ()39~) le duc d'Or- aux portes. En 1526 et en 1544. le guerre grondait
léans, par le duc de Bourgogne ()40'i). La guerre danger parut
assez grand pour qu'on se décidât à élever, en
civile éclate entre le parti des nobles (Armagnacs) prévision d'une attaque
espagnole, une nouvelle
et le parti populaire (Bourguignons Un moment ceinture de remparts autour des quartiers du
le boucher Capeluche, l'écorcbeur Caboche et le nord. La civile fut
vieux chirurgien Jean de Troyes terrorisentParis Déjà, guerre autrement redoutable.
sous François I" et Henri H, la capitale avait
(t4H). Les nobles ont bientôt leur revanche avec vu les premiers protestants français marcher
Tanneguy-Duchâtet, qui décime la population. bûcher au
ou à
Mais Perrinet Leclerc ouvre aux Bourguignons, 300000 habitant, le nombre des la potence. On estimait alors, sur
huguenots à
une nuit, la porte Bucy (1418), et tes Armagnacs ou 8 000. Pour les détruire, Paris vit s'accomplir le7
sont massacrés à leur. tour. Sur les ruines de
Paris dépeuplé par le carnage et la famine s'éta- grand forfait de la Saint-Barthélémy (24 août 1572),
précédé de l'empoisonnement de Jeanne d'Albret,
blit un prince étranger, Henri V, avec une gar- de l'attentat de Maurevel
nison anglaise (18 novembre 1420). En vain Jeanne mariage de Henri de Navarre. sur Coligny, et du triste
d'Arc, trainant après elle ce fantôme de roi, des arquebuses, les hurlements « Le bruit continuel
Charles VH, vient donner l'assaut à la capitale les des meurtriers,
détranchés tombant
(H30). Elle est blessée sur les fossés de la porte traînés à la rivière, le pillage de fenêtres ou
corps des
Saint-Honoré (butte Saint-Roch).Six ans plus tard, cents maisons, marquèrent plus de six
Armagnacs et Bourguignons, enfin réconciliés, table,. où succombèrent Coligny, Ramus lamen-
o cette tuerie
ouvraient la porte Saint-Jacques aux troupes roya- Goujon. et Jean
les, guidées par le bourgeois Michel Lallier. Pour- La ville grandissait, malgré tant d'orgies
chassés, bloqués dans la Bastille, tes Anglais san-
capitulèrent. Paris était enfin délivré (13 avril glantes. Près de ce Louvre d'où Charles fX aCblé
avait tiré sur les huguenots fugitifs, Catherine de
H36). Médicis faisait élever un palais splendide. sur l'em-
Mais cinquante années de misère avaient fait de placement d'anciennes tuileries, dont il
la capitale un cadavre de ville. Dans ses ruelles a gardé
désertes, infectes et tortueuses,les loups couraient le nom.
Mais les scandales de la cour des Valois, les
la nuit dévorer tes passants attardés. Tant de mai- prédications frénétiques des moines, le vieux lavain
sons étaient désertes qu'on tes démolissait pour démocratique qui fermentait dans la foule pari-
avoir du bois de chauffage. Les houspilleurs et les sienne, habilement exploités la maison de
retondeurserraientaux portes. Des enfants anamés Guise, amenèrent la formationpar de la Ligue. Elle
pourrissaientsur tes charniers comme une vermine naquit à Paris, des Sept-Voies, dans une as-
humaine. Les lépreux s'insurgeaient dans leur semblée de bourgeois rue
et de prêtres (1585). La ville
duc de Guise, enveloppe espagnole menaça Paris (1636) après les premiers
se soulève à l'arrivée duinextricable réseau de bar- échecs de la guerre de Trente ans, le peuple des
la garde suisse dana un
~'ca~e~ (qui donnèrent leur nom à journée), et
la faubourgs courut en masse à l'Hôtel de ville s'en-
environne le Louvre, d'où Henri III apeuré s'é- rôler pour la défense du pays menacé. « Oui, mon-
chappe sous les coups d'arquebuse tirés de la sieur le maréchal, nous voulons aller en guerre
porte de Nesle. H jure de ne rentrer dans sa ca- avec vous » criaient à La Force les crocheteurs
pitale que par la brèche (1588). de la place de Grève.
La nouvelle du meurtre des Guises augmente Pour se concilier la faveur de Paris, le grand
encore l'exaspération des Parisiens. Des chefs po- cardinal y prodigue les monuments et les créa-
p'liaires, élus chacun par un des seize quartiers tions de tout genre. Le Jardin des Plantes est
de la ville, s'emparentdu pouvoir, sous le nom du ouvert (t626); la célèbre Académie française est
faible Mayenne. Déjà, des hauteurs de Saint- fondéé (lf!35). On bâtit le Palais-Cardinal (Palais-
-Cloud~ Henri III jette à la ville rebelle ces paroles Royal) on rebâtit la Sorbonne; on achève le
Luxembourg; on ouvre deux hôpitaux (la Pitié,
menaçantes: K Encore quelques jours, et l'on ne
les Incurables), et trois ponts sur la Seine. Une
-verra plus ni tes maisons ni tes murailles 1 » nouvelle enceinte (celle des boulevards actuels)
.Mais un moine fanatisé, Jacques Clément, délivre
la capitale en poignardant le roi (1589). enveloppe Paris au nord, à partir de 1626. Enfin
Aucune page peut-être de l'histoire militaire le Pré-aux Clercs est purgé des spadassins et des
m'égale la courageuse résistance de Paris aux duellistes.
troupes d'Henri IV. Dès 1589, la ville repousse dé- un Paris soutenait Richelieu, toutd'Autriche en raillant ses
furieux assaut où 400 bourgeois périssent en rigueurs. Les insolences d'Anne et les
réveillèrent les colères
fendant le faubourg du Pré-aux-Ctercs. En 1590, petites ruses de Mazarincuisant des libertés mu-
après quatre mois de siège et de combats conti- bourgeoises et le regret
nuels. malgré la plus affreuse famine qui enlève nicipales. La Fronde naquit. enthousiasme. Pour
-30 000 hommes et force des mères à manger leurs Paris s'y porta d'abord avec
enfants, la population tient ferme, se repait de soutenir son Parlement et délivrer Broussel, la
-chevaux morts et de cadavres pilés, se traine en- ville s'insurge (25 août 1648), élève autour du
Louvre 600 barricades, force à la fuite la régente
core aux prêches ou meurt sans quitter les rem-
parts. et le petit Louis XIV mais, trompée par les grands
Délivré par l'armée espagnole, Paris, surexcité, qui réclament l'appui de l'étranger, elle rappelle
mal contenu par Mayenne, se déchire après la le roi (août 1649), et assiste, sans y participer, Condé,
à
'victoire. Les bourgeois, les parlementaires, les la bataille du faubourg Saint-Antoine, où
bloqué par Turenne, n est sauvé que par le canon
« politiques f inclinent à la paix. La masse popu- de la Bastille,
laire, sous la conduite des Seize, les contient par dont mademoiselle de Montpcnsier
la terreur. Mais Mayenne effaré fait pendre les lui a ouvert les portes (2 juillet 1652). Sommésd'ap-
chefs les plus ardents, et ruine ainsi tout l'espoir peler une armée espagnole, les députés de Paris
de la Ligue, qui voit échouer les états généraux refusent, et sont massacrés par les soldats les de
tenus à Paris en 1593, et à jamais ridiculisés par Condé, qui du peuple s'enfuit peu après, poursuivi par
les spirituels railleurs de la Ménippée. Henri IVV malédictions (octobre 1652).
converti, car (r Paris vaut bien une messe, » achète Ainsi, pour ne pas trahir la cause nationale,
Ja ville à Brissac pour 200000 écus. et se fait li- Paris avait sacrifié ses libertés, rappelé la régente,
vrer une nuit les portes Neuve et Saint-Honoré. accepté Mazarin. La réaction monarchiqne n'en
Les Ligueurs sont surpris, les Espagnols expulsés, fut pas moins complète. Milices désarmées, chal-
et Paris, tout frémissant, dépose les armes nes brisées, parlement muselé, garnison imposée,
.(22 mars 1584). privilèges municipaux abolis, Paris tomba à l'état
Encore une fois, il fallait réparer les ruines des de ville sujette. Pour la réduire encore en lui en-
guerres civiles. Henri IV sut y parvenir, et, grâce levant son rôle de capitale, Louis XIV transporta
à sa ruse gasconne, trouva moyen de léguer aux la cour à Saint-Germain, et plus tard à la Versailles,
ville du
Parisiens la légende d'un roi débonnaire. Pour où s'éleva la ville du roi en face de
éviter la mésaventure de son prédécesseur, il fit peuple. La revanche de la Fronde devait se
joindre, par une immense galerie traversant les faire attendre jusqu'au 14 juillet n89.
remparts, le Louvre aux Tuileries, assurant ainsi Paris resta pourtant ce qu'on ne pouvait l'empê-
sa retraite en cas d'émeute. Henri acheva le Pont- cher d'être, la capitale de l'esprit et du goût.
Neuf, commença la place Royale, agrandit le quar- C'est là qu'écrivit Corneille, soutenu contre l'hos-
t.ier du Marais. L'influence italienne, renforcée par tilité du pouvoir par la faveur enthousiaste du pu-
Marie: de Médicis, les modes espagnoles, adoptées blic là que vécut quarante ans Racine; là que
à la cour, transformaient peu à peu la rude gé- naquit l'impétueux Boileau, l'ingénieux Regnard,
nération des guerres civiles. Mais de sourdes co- l'aimable Quinault, le sévère Arnault, le rêveur
lères grondaient toujours dans les foules. Henri IV Nalebranche et l'incomparable Molière. C'est là
fut assassiné par Ravaillac (14 mai ]6t0). que travailla le savant Rollin, digne successeur
Paris frondeur. Ce fut la dernière vengeance de cet autre Parisien, l'historienDe Thou; là que
des Ligueurs. Sous Marie de Médicis et sous se fit applaudir le trop gracieux Marivaux. Et quel
Louis XIII, Paris, réconcilié avec la cour, se con- éclat dans les arts! Claude et Charles Perrault,
tenta de chansonner le gouvernement sans le François et Hardouin Mansard, quatre enfants de
combattre. Non loin de l'hôtel du Louvre, de- Paris, révolutionnent l'architecture. Au peintre
meure officielle de la royauté, s'élevait l'hôtel de Lesueur succède le graveur Picart, puis le sculp-
Rambouillet (rue Saint-Thomas~,quartier général teur Coustou. Et sur les champs de bataille, Paris
des gens de lettres. Ce fut là que trônèrent et Bal- envoie l'austère Catinat et l'ardent prince Eugène,
zac et Voiture; là que, pour la première fois, les deux hommes de guerre, deux hommes d'opposi-
grands seigneurs altiers durent s'incliner devant tion.
la talent, et reconnaître du moins aux bourgeois La vieille cité frondeuse, dans sa disgrâce, est
l'égalité de l'esprit. Paris devint comme un foyer protégée par le bourgeois Colbert, le plus grand
d'opposition railleuse, où l'on critiquait Richelieu ministre de la monarchie absolue. Grâce lui,
avant que le mordant Scarron fit rire aux dépens grâce à son influence, quatre Académies Archi- y sont
de Mazarin. L'opinion publique naissante ne fut fondées (Sciences, Inscriptions, Musique,
pas sans contribuer à la chute du maréchal d'An- tecture) l'Observatoire s'élève. Aux fastueux arcs
cre, cet aventurier italien que le jeune Louis XIII de triomphe des portes Saint-Denis et Saint-Mar-
laissa assassiner au Louvre (1617). Quand l'armée tin s'ajoute l'utile création du jardin des Tuile
ries et des Champs-Etysées,dessinés par )e Parisien Aux émotions de la guerre d'Amérique succèdent
Le Nôtre. La colonnade du Louvre, la manufac- les premiers tressaillements de ta Révolution.
ture des Gobelins, l'Hôtel des Invalides rappellent C'est surtout & partir de la mort de Voltaire que
à la fois la splendeur artistique, l'activité manu- Paris semble saisir la direction morale de la
facturière et les pompes belliqueuses de l'époque. France, et donner au reste du pays l'impulsion
La création d'un lieutenant de police (Nicolas de politique que suivra souvent l'Europe entière.
La Reynie, !667, puis d'Argenson, 1697) achève Paris révolutionnaire. Les députés des états
de mettre aux mains du gouvernement l'adminis- généraux, réunis à Versailles, venaient de se pro-
tration de la ville, mais lui vaut du moins la fer- clamer Assemblée nationale ()7 juin); mais la
meture définitive de la Cour des miracles, quar- conr préparait un coup d'Etat militaire. Le renvoi
tier général des scélérats (près la porte de Saint- de Necker en est le premier acte. A cette nouvelle
Denis), l'éclairage des rues (3 500 lanternes) et la (12 juillet), Paris s'enflamme, se soulève au Palais-
secunté publique (archers du guet). La ville s'em- Royal, aux Tuileries, malgré la charge de la garde
beltit à vue d'œil. « La rue d'Enfer, dit madame de royale allemande. La foule exaspérée court s'ar-
Sévigné, est devenue un vrai chemin de Para- mer aux Invalides, et revient donner l'assaut &
dis. » Malgré les proscriptions qui suivirent la la vieille Bastille. Après cinq heures de lutte, la
révocation de l'édit de Nantes, malgré la famine et forteresse détestée où la royauté avait enfermé
les rigueurs de l'hiver do. tï09, Paris comptait Pélisson et Fouquet, La Bourdonnais, et Latude,
déjà, a la fin du règne de Louis XIV, 500 000 ha- et Voltaire, tombait entre les mains du peuple
bitants. ()4 juillet 1789). La contre-révolution ne sen re-
F<ïpA!OMpA<–L'oppositionparisienne,long- leva pas.
temps contenue, éclate à la mort du maître (1715). Aussitôt Paris arbore les vieilles couleurs d'E-
Le peuple accompagne de ses railleries ie cercueil tienne Marcel, dont il fait le drapeau tricolore;
de Louis XIV qu'on porte à Saint-Denis. Après un organise la garde nationale, la municipalité pro-
demi-stècie de compression politique, )e vent est visoire de 120 membres (25 juillet). Mais la fa-
aux idées nouvelles et aux modes étrangères.On ac- mine augmente, et, avec elle, la colère des mas-
cueille avec faveur la visite de Pierre le Grand ses. Le 5 octobre, tout Paris court au château de
(1711); on acclame le financier John Law, et l'on se Versailles pour y arracher Louis XVI aux conseils
jette, à corps perdu, dans son « système (]7)8). de la réaction. L'Assemblée nationale rentre à
Aux folles espérances de la spéculation financière Paris, qui redevient enfln capitale de la France
'-accèdent les comédies religieuses (au cimetière (6 octobre n89).
Saint-Médard).Les Parisiens, amis des jansénistes Ce n'est pas ici le lieu de raconter les grandes
par haine des jésuites qui dominent à Versailles, journées de la Révolution, de dépeindre les en-
soutiennentun moment les « Convulsionnaires ». thousiasmes ardents et patriotiques, et aussi les
Cependant la cour amuse le peuple à coups d'exé- délires farouches,les fureurs de la population pa-
cutions sanglantes. Au supplice de Damiens suc- risienne durant ces années terribles et sublimes
cède celui de l'héroïque Lally-Tollendal. A la place où Paris, luttant presque seul pour la liberté et la
de Grève, a la rue du Trahoir, on roue, on pend, patrie menacées, sauva l'unité nationale et assura
on brûle, on écartèle. C'est là le seul enseigne- le triomphe des principes de la démocratie mo-
mentjugé bon pour )e peuple en ce siècle qui de- derne. C.e fut Paria qui, dans toutes les crises,
vait voir 1789. joua le grand rôle, le rôle décisif; ce fut lui qui
Mais dëjala foules'agite.On se répete.avoix basse, fit le 10 août, le 31 mai, et qui plus tard, au mo-
de lugubres histoires sur le Parc-aux-Cerfs.Louis ment où les royalistes de vendémiaire assaillaient
XV, que Paris adorait au temps de Fontenoy (1745), la Convention défaillante, sauva le gouvernement
n'ose traverser la ville pour aller à Saint-Denis et républicain par un dernier effort. Tout en ren-
prend la route qui porte encore le nom de la voyant à l'article Révolution française pour les
Révolte. En vain quelques créations utiles (Ecoles détails historiques, rappelons quelques-unes des
militaire, de droit, de médecine, promenade des impérissables créations dont cette héroïque et fé-
boulevards) sont ébauchées. La vogue est aux conde époque dota la grande cite le Muséum,
cafés, mode nouvelle importée d'Orient par le l'Ecole polytechnique, le Conservatoire des Arts
Sicilien Procope et l'Arménien Pascal, mode qui et métiers, les Archives, le Musée du Louvre,
remplace avantageusement les cabarets du xvn* l'Institut remplaçantles anciennes Académies.
siècle, où s'enivrait Chapelle, où bataillait Boileau Paris, sous le Directoire, fatigué de tant de lut-
et où rêvait Molière. Déjà les cafés de la Rolonde tes, avait perdu sa première énergie. Les coups
et de la M~eMce deviennent le rendez-vous des d'Etat successifs de fructidor, Boréal et prairial
curieux, des nouvellistes, des gens de lettres. passèrent au milieu de l'indifférence générale.
Tandis que Paris populaire s'amuse aux facéties C'était le temps des danses, des théâtres, des fêtes
de Lesage et aux bouffonneriesgauloises de Piron, symboliques, et l'on voyait trôner sur les boule-
les enfants de la grande cité ouvrent à la science, vards les « muscadins » réfractaires aux armées
à la géographie, à l'histoire, à la philosophie sur- de la République. N'oublions pas pourtant une
tout, des horizons nouveaux. La connaissance de innovation féconde. C'est le 22 septembre 1798
l'univers physique se précise grâce aux travaux que l'on ouvrit, à Paris, au Champ-de-Mars, la
astronomiques des trois Cassini, aux recherches première exposition des produits de l'industrie
de Danville, aux découvertes de Bougainville, nationale. L'idée devait faire son chemin.
aux explorations de La Condamine. L'histoire du fat'M napoléonien. Survint le coup d'Etat de
haut Orient progresse avec les Anquetil, qui dé- brumaire. Bonaparte, se déSant des Parisiens,
brouillentdu même coup le chaos de nos origines. multiplia d'abord contre eux les mesures arbi-
Et quel éclat dans le monde de la littérature et traires. Un préfet de police fut créé, ayant sous ses
de la pensée! Sans compter le doux Sédaine et ordres 12 maires d'arrondissementnommés par le
l'emphatique J.-B. Rousseau, n'avona-nous pas pouvoir. Les journaux furent bâillonnés, la liberté
d'Alembert, Beaumarchais, et le roi intellectuel des cultes sacrifiée, la liberté individuelle foulée
du siècle, Voltaire! aux pieds. Devenu empereur, Napoléon rêva pour-
Sous la frivolité apparente de l'époque, on sent tant de faire de Paris une capitale splendide. « Je
fermenter déjà les grands élans de 1789. Déjà voulais, disait-il plus tard & Sainte-Hélène, qu'elle
l'émeute gronde dans la rue. Toute la ville se lève devint quelque chose de fabuleux, de colossal,
pour saluer Franklin, pour faire ovation au pa- d'inconnu jusqu'à nos jours. » C'est à Paris que
triarche de Ferney, qui vient mourir sous les furent célébrées toutes les grandes journées de
acclamations et les couronnes parisiennes (1778). l'empire;.là que Napoléon épousa Marie-Louise
(1810), là que naquit l'enfantchétif qui devait être drapeau déchiré un sentiment d'universel dégoût
«IeroideRome"(t81t). s'élevait peu à peu dans les masses populaires.
Malgré l'opposition timide des salons bourgeois, Pendant les quinze années que dura la Restaura-
malgré les souvenirs de républiquetoujours vivants tion, Paris n'a jamais pardonné aux Bourbons ces
dans le peuple, Paris s'éprit bientôt de la gloire heures d'humiliation nationale.
impériale, se grisa d'enthousiasme aux revues de Les élections parisiennes de 1817 envoient à la
la vieille garde qui défilait au Champ-de-Mars, et chambre cinq libéraux. Les chansonsmordantes du
salua d'acclamations patriotiques les centaines de poète populaire, de cet enfant de Paris qui s'ap-
drapeaux captifs que chaque nouvelle année ame- pelait Béranger, ridiculisent les gouvernants du
nait triomphalement aux voûtes de Notre-Dame. jour. Aux conspirations sans cesse renouvelées, le
Les ponts d'Austerlitz et d'Iéna, ceux des Arts et pouvoir répond par de sanglantes exécutions. Sous
de la Cité, la vaste rue de Rivoli et tout le quar- Charles X, l'opposition grandit, les manifestations
tier de la place Vendôme dont les noms rappe- s'accentuentaux funérailles du général Foy ()825~>
laient tant de victoires (Castiglione, Mondovi, du député Manuel, de La Rochefoucauld-Liancourt
Mont-Thabor, etc.), la Halle aux blés, les grands (1827). La garde nationale de Paris estticenciée.
quais, 26 nouvelles fontaines, la Bourse, les arcs A cette provocation, la ville répond en envoyant,.
de triomphe du Carrousel et de l'Étoile,transfor- aux élections de 1827, douze députés libéraux.
maient l'aspect du vieux Paris, devenu la capitale Enfin le vieux Charles X, en déchirant la Charte,
de l'Europe. La colonne de la place Vendômefut éle- engage avec la capitale cette lutte mémorable de
vée, après 1805, avec le bronze des canons conquis. trois journées qui perd à jamais les Bourbons
Vinrent les désastres de 1812, amenant l'auda- (27, 28 et 29 juillet 1830).
cieux complot du général Mallet (16 octobre), La Restauration avait prodigué a Paris les édi-
suivi de l'exécution des conjurés à la plaine de fices religieux et les chapelles expiatoires. Le
Grenelle. Mais la noblesse et le clergé, ouverte- gouvernement de Louis-Philippe, proclamé roi
ment favorables à l'ennemi la bourgeoisie, indif- (le 9 août) au Palais-Royal, éleva, en mémoire de
férente et ruinée par la guerre, ouvraient la son origine, la colonne de Juillet, qui couvre de
route à la coalition. Seul, le peuple des faubourgs son ombre les restes des citoyens morts pour la
offrait encore ses bras à l'empereur. A Vitepsk, à cause de la liberté. Dix-huit années de paix
Valoutina, à Lützen, à Leipzig, les bataillons allaient permettre au nouveau régime la répara-
formés d'enfants de Paris eurent l'honneur de la tion de nombreux monuments (Madeleine, Hôtel
journée. Dans cette dernière bataille, t 300 jeunes de ville, Palais de Justice), enfin et surtout une
gens du faubourg Saint-Antoine avaient perdu la œuvre capitale, la fortification de Paris.
vie en couvrant la retraite. Le ministère proposait la création de forts dé-
Un jour, on entendit gronder le canon des tachés l'opposition réclamait une enceinte conti-
Prussiens et des Russes autour de la capitale nue. Les deux projets furent amalgamés (l'i4t), et,
(30 mars 1814). Dès la veille, l'impératricerégente après de longs débats, l'exécution en fut confiée
avait fui. Le roi Joseph la suivait dans sa fuite, à trois officiers généraux qui construisirent en
laissant pour tout ordre celui de capituler. Le cinq années (i8~1-1846) l'enceinte bastionnée et 17
peuple trahi, furieux, indigné, assiégeait les mai- ouvrages extérieurs.
ries en demandant des armes. Mais l'autorité fai- La place nous manque pour rappeler les nom-
sait croiser la baïonnette sur ces patriotes, parmi breux événements dont Paris fut le théâtre de 183&
lesquels était l'honnête, le pacifique poète Béran- à 1848. Il nous suffira de dire que le mouvement
ger. Une poignée de désespérés, armés de piques frondeur du xvn" siècle, devenu philosophique au
et de fusils de chasse, se firent massacrer aux dix-huitième, puis révolutionnaire en 89, républi-
Buttes-Chaumont, à Montmartre, aux Batignolles cain en 92 et 93 un moment comprimé sous le
(barrière Clichy) autour du maréchal Moncey. Le Directoire et l'Empire, puis, vivement ranimé sous
lendemain (~it mars) les émigrés, parés de la les Bourbons comme opposition libérale, se trans-
cocarde blanche, acclamaient l'entrée des cosaques forma encore après les journées de Juillet. Le peu-
sur les boulevards. ple, envahi rapidementpar les idées républicaines
Moins d'une année plus tard, Paris voyait s'en- et les théories socialistes, allait livrer plus d'un
fuir à son tour ]e vieux Louis XVIII, et replantait combat au gouvernement de Louis-Philippe. Après
sur les Tuileries ses couleurs tricolores, foulées le procès des ministres de Charles X (décembre
aux pieds par les Bourbons (20 mars 1815). Pour 1830), la révolution de Pologne, la manifestation
résister à l'Europe monarchique, les fédérés des de Saint-Germain l'Auxerrois (février 183)), les
faubourgs, aussi ardents qu'en H93, vinrent offrir funérailles du général Lamarque provoquent une
à l'empereur le formidable appui de la démocra- terrible insurrection (5 et 6 juin 1832). Nouveau
tie en armes. Napoléon n'osa l'accepter. Il passa, soulèvement en 1834, signalé par les tristes évé-
le 3 juin, au Champ-de-Mars, la dernière revue nements de larue Transnonain (avril).Le 28 juillet
de la grande armée, et partit pour Waterloo. 1835, ta machine infernale de Fieschi éclate surle
A la nouvelle du désastre, le peuple de Paris cortège royal. Malgré la répression organisée par les
offre encore une fois son secours révolutionnaire lois de septembre, les sociétés secrètes ne désar-
à Napoléon pour sauver la France. Déjà l'ennemi ment pas le 12 mai 1839, une émeute éclate en-
touche à Vaugirard, à Montrouge où une suprême core, conduite par Blanqui et Barbès. Puis, c'est
bataille va s'engager. Mais la convention du 3 juil- la rentrée des cendres de Napoléon qui sert de
let, signée malgré les cris de rage de la popula- prétexte à une immense démonstration hostile au
tion, ouvre à Wellington et à Blücher les portes gouvernement (14 décembre 1840). Enfin, après
de la capitale. quelques années de tranquillité apparente, la po-
Paris libéral. Tandis que des acclamations, litique du ministère Guizot amène les banquets
payées par la police, saluaient le honteux retour réformistes, le soulèvement du peuple et la chute
de Louis XVtIf (8 juillet), que Paris, occupé par de la royauté (24 février 1848).
quatre armées étrangères (Anglais, Prussiens, Durant cette longue série de convulsions poli-
Autrichiens, Russes) se voyait la proie des alliés tiques, Paris avait produit, en trois quarts de
et assistait aux saturnales de la terreur blanche siècle, la plus merveilleuse pléiade de savants,
(le général Labédoyëre fusillé à la plaine de Gre- d'artistes, d'hommes de lettres et d'hommes de
nelle, 16 août; le maréchal Ney devant l'Observa- guerre qui ait jamais illustré une capitale Bnilly,
toire, décembre; les généraux Mouton-Duvernet, Lavoisier, Fourcroy, Darcet, les Brongniart pour
Chartran, etc.) tandis que la ville était rançonnée, la science pure Emile Burnouf, Letronne, Bois-
tes musées dévastés, ses monuments mutilés, son sonnade, Barbié du Boccage et Quatremère do
Quincy pour l'archéologie et l'érudition La Harpe voyait doubler sa population et devenait an des
et Villemain pour la critique Ecouchard-Lebrun, pnncipaux centres de t'indastrio nationale, une
M" de Staël, Céranger, Legouvé, Scribe, Tocque- Babel commerciale et manufacturière. En 1866, la
ville pour les lettres; Berryer pour l'éloquence population de la capitale et des faubourgs annexés
Victor Cousin pour la philosophie David, Gros, dépassa le chiffre de 1 825 000 habitants.
Paul Delaroche, Carie et Horace Vernet, Dela- Il serait trop long d'énamérer la liste des nou-
croix, Devéria, Gudin pour la peinture; Hérold veaux boulevards éventrant les vieilles rues tor-
et Halévy pour la musique Lekain, Talma, tueuses (Sébastopot, Saint-Miche), Saint-Germain,
M"* Mars pour la scène aux armées,le maréchal Prince-Eugène),tes larges avenues rayonnantau-
Maison et le général Friant. tour de t'Arc-de-Triomphe les places du Louvre,
Paris républicain. La proclamation de la du Palais-Royal, de 1 Hôtel-de-Ville, créées ou
République à l'Hôtel de ville ouvrit pour la grande agrandies; la rue de Rivoli prolongée, le Louvre
tite une nouvelle ère. Paris recouvra ses franchi- achevé et réuni aux Tuileries les Halles centrales
ses, sa mairie centrale, l'armement de tous ses construites.Des squares s'ouvraient sur plusieurs
citoyens. Les clubs reparurent; les journaux pul- points de la capitale; un parc était planté pour le
lulèrent, harcelant le gouvernement provisoire et peuple auxButtes-Chaumont. Le préfet Haussmann
lui dictant les premièresréformes qui l'ont honoré. attachait son nom à cette colossaletransformation.
Malgré plusieurs manifestations menaçantes, faites Aussi l'Europe accourut-elle, pendant la guerre
tour à tour par les conservateurs et par les socia- de Crimée, contempler aux Champs-Elysées les
listes, la grande fête de la Fraternité, où 400 000 merveilles de l'Exposition universelle (t855;. Et
tommes armés dénièrent devant le gouvernement quand une toi nouvelle eut doublé l'étendue de
nouveau, rappela les plus belles journées de la Paris et porté de 12 à 20 le nombre de ses arron-
crémière république. Mais les élections (4 mai), dissements, de 48 à 80 celui de ses quartiers, par
bientôtsuivies de l'invasionde l'Assemblée ( 15 mai), l'annexion de quinze communes suburbaines (1860);
avaient fait éclater des haines qu'envenima la quand de nombreux travaux eurent encore embellii
misère. L'impolitique décret de la Constituante, la ville, versé l'air et la lumière aux extrémitÉs
jetant brusquement sur le pavé les ouvriers des comme au centre (rues Turbigo, Auber, de Rome,
ateliers nationaux, amena le lamentable drame etc.); ce fut le concours du monde entier qui se
connu sous le nom de journées de Juin (du 22 au pressa aux portes de l'Exposition universelle ou-
26). Paris fut mis en état de siège par le général verte au Champ-de-Mars en 1867. Tous tes souve-
Cavaignac, et une violente réaction jeta dans les rains voulurent s'y rendre, depuis le tsar jusqu'au
prisons 12 000 citoyens, au delà des mers 3 000 sultan (la reine d'Angleterre avait déjà visité la ca-
déportés. pitale à la fin de la guerre de Crimée). La splen-
Cependant, le prince Louis Bonaparte avait été deur extérieure de Paris n'avait jamais semblé
élu à la présidence. Après la manifestation du 13 aussi éblouissante.
juin 1849, la ville désarmée, durement surveillée Mais il y avait plus d'une ombre au tableau.
par le général Changarnier, essaya vainement de Outre les libertés perdues, que )e vote populaire
protester contre les lois réactionnaires de l'Assem- des Parisiens réclamait chaque fois avec plus d'in-
blée législative. Paris, égatement hostile aux deux sistance 'trois députés de l'opposition en 1857, neuf
pouvoirs en présence, le présidentLouisBonaparte sur neuf en t86tt et en 1869); outre les spécula-
et la majorité cléricale et royaliste de t'Assemblée tions effrénées causées par la loi d'expropriation;
humilié d'ailleurs et foulé aux pieds depuis la ré- outre la cherté croissante des logements et les ri-
pression de Juin, allait voir s'accomplir le coup gueurs de l'octroi obligeant les familles pauvres à
d'Etat du 2 décembre 1851. se réfugier hors des barrières, loin du centre du
Pourtant, du 2 au 4 décembre, la capitale sans travail un plus fatal symptôme commençait à
armes tenta de résister à la troupe derrière ses frapper tous tes yeux. Paris tendait à devenir de
barricades. Les conspirateurs victorieux déportè- plus en plus une ville de luxe et de plaisir. La
rent arbitrairementplusieurs milliers de Parisiens. guerre de 1870 allait être un bien sinistre réveil;
Néanmoins, malgré la terreur, la ville ne donna mais il devait en sortir aussi de salutaires leçons.
pas la majorité de ses votes au pouvoir issu du Il n'entre pas dans le plan de ce Dictionnaire
coup d'Etat (132000 oui sur 291 000 électeurs in- de poursuivre cet aperçu historique au delà
scrits). du 4 septembre et de la chute de l'Empire. Les
Paris cosmopolite. De même qu'au sortir du événements de « l'année terrible sont encore
régime austère de la Convention,on avait vu se trop près de nous pour que l'histoire puisse les
produire, au temps du Directoire, une ivresse de juger; les épisodes héroïques ou douloureux du
volupté et un débordement de fêtes, de même, siège, les scènes tragiques de l'épouvantable
après les orages de la seconde république, on vit guerre civile qui suivit, sont encore dans toutes
t'ouvrir une ère de spéculations et comme une fré- les mémoires. Laissons à une autre génération
nésie de jouissances. L'Empire conçut le plan de le soin de déterminer tes responsabilités, de
transformer Paris, de lui prodiguer tous les em- constater les fautes, de Bétrir les crimes, et d'exer-
bellissements matériels, d'en faire une ville uni- cer cette justice impartiale qui n'appartient qu'à
que, cosmopolite, éblouissante, pour effacer le la postérité. Avec la fondation définitive de la Ré-
souvenir des libertésperdues. publique, une ère nouvelle s'est ouverte pour Pa-
Administré par une commission municipale ris, et la grande cité marche désormais d'un pas.
nommée par le pouvoir, par 12 maires au choix assuré dans cette voie pacifique du progrès où la
de l'autorité, surveillé par un préfet de police, guident le travail, la science et la liberté.
gardé par 30 000 hommes de troupes d'élite (garde Rdle de Parzs dans l'histoire. Nous venons
impériale), Paris avait perdu la dernière trace de d'esquisser brièvement la glorieuse et sanglante
ses vieilles franchises. En revanche, l'ordre assuré histoire des destinées parisiennes. Nous avons vu
par la vigilance de la police attirait dans la ville naître, grandir et prospérer, malgré les invasions
une innombrable multitude d'étrangers, exploi- et les guerres civiles, la bourgade gauloise, la
teurs, curieux, touristes, agents d'affaires. Pour cité latine, la ville mérovingienne, royale, com-
réaliser ce rêve grandiose, la destruction du vieux munale, berceau du monde moderne et mère de
Paris et la création d'une ville entièrement nou- la Révolution. Nous avons vu, au cours de sa
velle, l'Empire devait appeler forcément de tous longue carrière, Paris nous apparaltre sous les
les points de la France, et même de l'étranger aspects les plus divers, entrepôt maritime, siège
(Belgique, Luxembourg),une immense armée d'ou- de gouvernement, foyer scientifique, ville de plai-
vriers. Grâce à cette légion de travailleurs, Paris sir et place de guerre. Nous avons vu le grand
rôle de Paris considéré comme centre de l'unité satem nouvelle, » s'écriait, il y a quarante ans,
française, et sa part d'influence dans la marche un Allemand enthousiaste. « Si j'étM riche et in-
générale de la civilisation. Sans vouloir faire ici dépendant, disait, au dernier siècle, l'historien
la philosophie de l'histoire parisienne, il nous Gibbon, c'est à Paris que j'aurais fixé ma rési-
reste à préciser ce rôle, à résumer les traits sail- dence. t Gœthe ne tarissait pas d'éloges sur
lants et caractéristiquesqui en constituent l'ori- cette vilte où les meilleures têtes sont toutes
ginalité. réunies dans un même espace sur « cette
1. La résistance à l'invasion romaine, l'hé- ville universelle, où chaque pas sur un pont,
roique siège soutenu contre les Northmans, les sur une place, rappelle un grand passé où cha-
soulèvements du quatorzième siècle, les guerres que coin de rue a vu se dérouler un fragment
du quinzième, la défense acharnée des ligueurs d'histoire. où des hommes comme Molière, Vol-
parisiens contre Henri IV, des frondeurs contre taire, Diderot ont mis en circulation une abon-
Louis XIV, la prise de la Bastille en 89, des Tui- dance d'idées que nulle part ailleurs sur la
leries en 92, la bataille de juillet )830, celles de terre on ne peut trouver ainsi réunies, » Ter-
février et de juin 1848, la lutte inégale du 2 décem- minons par le jugement de notre vieux Montaigne,
bre, enfin le douloureux siège de 1870-1871, attes que l'on n'accusera pas d'être un enthousiaste
tent et proclament, à chaque époque, le bouillant « Paris a mon cœur dez mon enfance, et m'en est
courage, l'ardeur patriotique et l'esprit militaire advenu comme des choses excellentes. Plus
des Parisiens. j'ay veu depuis d'autres villes belles, plus la
Voilà pour les époques de crise; voici pour les beauté de celle-cy peult et gaigne sur mon af-
époques de paix. fection. Je l'ayme tendrement jusques à ses
IL L'interminable liste des artistes, savants, verrues et à ses taches. Je ne suis Français
historiens, philosophes ou poètes qui, depuis le que par cette grande cité, grande en peuples,
moine Abbon et le trouvère Raimbert de Paris, grande en félicité de son assiette, mais surtout
depuis Rutebeuf et Villon, ont eu la capitale ou grande et incomparable en variété et diversité
pour berceau ou pour patrie d'adoption; le succès de commodités, la gloire de la France et l'un
éclatant de la Ménippée, des Mazarinades, des des plus nobles ornements du monde. Dieu en
chansons de Béranger, si éminemment parisien- chasse loing nos divisions! «»
nes tout atteste l'extrême aptitude littéraire, les Puisse, pour le bien du pays, ce dernier vœu
dons brillants d'imagination contenus par le sé- du moins être exaucé. [Paul Martine.]
vère bon sens, par-dessus tout enfin l'esprit criti- PARLEMENT. – Histoire de France, XXXVIII-
que, incisif et mordant de Paris. L'ironie pari- XL. Le nom de Parlement s'appliquait, à l'ori-
sienne emplit toute notre histoire; ironie naïve gine, à toute sorte d'assemblée. H a été ensuite
avec Rutebeuf, funèbre avec Villon, sévère avec réservé, en Angleterre, M'assemblée des barons et
Ramus, emportée avec Boileau, douloureuse avec des députés des communes qui, dès le xilt' siècle,
Molière~ indignée avec Voltaire, cynique avec partagea avec le roi le pouvoirlégislatif. En France,
Beaumarchais, touchante avec Béranger. il prit une signification toute différente, et servit
De cette aptitude doublement militante, par la à désigner les corps judiciaires que le souverain
parole et par l'action, résulte un troisième carac- avait chargés de rendre la justice en son nom.
tère, le plus essentiellementparisien, qui, de tout Nous allons rappeler brièvement l'origine et l'his-
temps, a fait la gloire et le malheur de la cité. toire des parlements français.
III. Paris, à toutes lesépoques,a donné le signal De très bonne heure, les rois eurent auprès
des grands mouvements nationaux qui ont eu leur d'eux une courde justice. Dans cette cour siégeaient
contre-coup au delà de nos frontières. Résistance côte a côte des seigneurs et des légistes. Un recueil
aux barbares; réveil des études philosophiques célèbre, les 0/m, renferme les arrêts du parle-
au moyen âge, des libertés communales au qua- ment, du règne de saint Louis à celui de Philippe
torzième siècle, de l'unité française au quinzième le Long le plus ancien remonte à l'année 1154.
première protestation contre les tueries religieuses Philippe le Bel, qu'on a appelé le roi des ~Mtes,
au seizième (les « politiques e), contre le despo- donna au parlement une organisation régulière
tique monarchique au dix-septième (les frondeurs) (t308) ce corps dut tenir ses sessions à Paris,
bruyantes ovations à la philosophie et a la science deux fois par an, et se composa de trois sections,
au dix-huitième initiative du mouvement révolu- la Grand Chambre, la Chambre des fK~M~/M et
tionnaire sous les trois grandes Assemblées (Cons- la Chambre des requêtes; une chambre spéciale,
tituante, Législative, Convention) protestations la Chamhre des c~M:p< eut à s'occuper de l'ad-
libérales sous l'Empire, nationales sous les Bour- ministration des finances du royaume (la Chambre
bons, républicaines sous Louis-Philippe, sociales des comptes fut plus tard séparée du parlement
après 1848; enfin, lutte opiniâtre contre le second et constituée en corps indépendant). En même
Empire, et défense désespérée contre l'invasion temps, un second parlement était institué à Tou-
étrangère; Paris a devancé toujours, dans ces di- louse pour les pays de langue d'oc.
verses phases de sa longue existence, le mouve- L'importance du parlement grandit vite. Les rois
ment extérieur; souvent soutenu, plus souvent avaient pris l'habitude de faire transcrire leurs
combattu par les provinces, qui marchaient d'un édits et ordonnances sur les registres de ce corps
pas plus lent. C'est que Paris représente, comme cette formalité de l'e?t!'MM<rpmen~ se transforma
Athènes dans l'antiquité, comme Florence au peu à peu en un véritable droit de contrôle con-
moyen âge, l'esprit novateur, initiateur par excel- cédé aux magistrats judiciaires il fut dès lors ad-
lence. « Paris s'en va seul; la France suit de force mis qu'une ordonnance n'obtenait force de loi
et irritée plus tard elle s'apaise et applaudit. qu'à la condition d'avoir été enregistrée et le par-
C'est une des formes de notre vie nationale. » (Vic- lement s'enhardit souvent jusqu'à discuter la vo-
tor Hugo.) Ces mots résument l'histoire de Paris. lonté royale, à présenter des t~MO~aMC~, et
De là les coalitions et les haines. Mais de là aussi même à refuser l'enregistrementdemandé. Il est
la sympathie de l'univers qui pense, l'admiration vrai que ce refus ne tenait pas devant une déter-
des lettrés, la complicité de tous les propagateurs mination arrêtée du souverain de passer outre
d'idées nouvelles. Tous les poètes patriotes ont le roi se rendait en personne au parlement, s'y
chanté la grande ville Eustache Deschamps au plaçait sur le trône appelé lit de ./M<:e'' (de là le
temps des invasions anglaises; Lebrun-Pindare nom de « lit de justice donné à ces séances so-
au xviii~ siècle; Victor Hugo et Béranger au xix". lennelles), et ordonnait aux chambres réunies
« Paris est la tète et le cœur de la Franco, disait d'avoir à enregistrer son édit sans discussion le
t)t\j5. Vauban au xvn* siècle, a Paris est la Jéru- parlement alors cédait, et constatait la violence
qui lui était faite par la mention < enregistredu reine. Après ce premier acte, les magistrats vou-
très exprès commandement du roi. s lurent exercer eux-mêmes un contrôle effectif
Louis XI, roi jaloux de son autorité,institua trois sur le gouvernement;l'arrtft d'union, rendu par
parlements nouveaux, ceux de Grenoble, de Bor~ le parlement, la chambre des comptes et la cour
deaux et de Dijon, afin d'affaiblir ie pouvoir de des aides, déclara que des députés de ces trois
celui de Paris. Le parlement de Paris n'en resta cours se réuniraient pour s'occuper de la réforme
pas moins la première cour judiciairedu royaume, de l'Etat. La reine essaya en vain de résister le'
et i) conserva cette position prépondérante même peuple prit le parti du parlement, et, Mazarin
après que d'autres parlements eurent été succes- ayant fait arrêter le conseiller Broussel (26 août
sivement créés dans la plupart des provinces à )648), les Parisiens exigèrent et obtinrent sa mise
Rouen et à Aix, sous Louis XII; à Rennes, sous en liberté. Ce fut le commencement de la Fronde.
Henri II; à Pau et à Metz, sous Louis XIII; à Dans un autre article (V. Fronde), nous avons
Besançon, à Trévoux, et à Douai, sous Louis XIV raconté cette lutte de la magistrature et d'une par-
enfin à Nancy, sous Louis XVI. tie de l'aristocratie contre le pouvoir royal. La
Au début, ies conseillers au parlement étaient Fronde ne pouvait vaincre la bourgeoisie fran-
nommés parie roi; à partir de 140t,ee fut )e parle- çaise, dont le parlement,d'ailleurs, ne pouvait se
ment qui présenta iui-mème au souverain les can- dire le représentant légitime n'était pas encore
didats. Mais François qui cherchait à grossir par mûre pour la liberté politique, et dut bientôt ren-
tous les moyens les revenus de la couronne, imagina trer dans l'obéissance. On sait comment, un an
de vendre les chargesjudiciaires;et, dès ce moment, après l'occupation de Paris par les troupes royales,
les places de conseiller s'achetèrent à prix d'ar- le jeune Louis XIV réduisit le parlement au si-
gent. Cet abus, si scandaleux qu'il fût, eut au moins lence il chassait dans la forêt de Vincennes, lors-
un bon côté le magistrat, sa charge une fois qu'il apprit que les magistrats, auxquels il avait or-
payée, se sentit plus indépendantde la couronne donné d'enregistrer des édits établissant de nou-
la fonction qu'il occupait était devenue une pro- veaux impôts, s'étaient réunis pour en délibérer; il
priété dont nul ne pouvait le déposséder. Le droit accourt au Palais dans son costume de chas-
de remontrance fut formellement reconnu au par- seur, et, s'asseyant tout botté sur le lit de justice,
lement par l'ordonnance de 1565. il s'adresse en ces termes aux conseillers « Cha-
Dans les guerres de la Ligue, la magistrature cun sait combien vos assemblées ont excité de
joua un rôle assez important. Soixante membres troubles dans mon Etat; j'ai appris que vous
du parlement de Paris, à la tête desquels était le prétendiez encore les continuer, sous prétexte de
premier président Achille de Harlay, refusèrent délibérer sur mes édits. Je suis venu ici tout
de reconnaître la révolte des ligueurs, et furent exprès pour en défendre la continuation, ainsi que
Uis à la Bastille par ordre des Seize (1589); les je fais absolument, et à vous, Monsieur le premier
autres membres, sous la présidence de Brisson, président, de les souffrir ni de les accorder. Le
aChérèrent à la révolte et devinrentle parlement parlement se le tint pour dit; dans un lit de jus-
de it Ligue; mais bientôt ils furent trouvés trop tice précédent, le roi lui avait enlevé le droit de
tiédis BriMon et deux autres conseillers furent faire des remontrances; pendant les soixante
pendus (1591). Après la chute des Seize, le par- années qui suivirent, il redevint une simple ma-
lement, se ralliant au parti des politigues, rendit chine à enregistrement.
un arrêt pour le maintien de la loi salique (1593), Il prit sa revanche à la mort de Louis XIV, lors-
et contribua ainsi à empêcher l'élection d'une que, appelé par le duc d'Orléans à casser le tes-
princesse espagnole au trône de France. tament du grand roi, comme il avait cassé celui
Lorsqu'Henri IV eut terminé les guerres de re- de son prédécesseur,il sembla redevenir un mo-
ligion par l'édit de Nantes, une modification fa- ment un pouvoir politique. Mais, quoiqu'il eût re-
vorable aux protestants fut introduite dans les couvré le droit de remontrance, le parlement ne
parlements il y eut désormais, au parlement de songeait pas à demander des réformes sérieuses
Paris, une chambre spéciale exclusivement com- sous couleur de bien publie, ce qu'il poursuivait,
posée de protestants, dite Chambre de l'édit; et c'était la satisfaction de ses propres intérêts, le
les parlements de Toulouse, de Bordeaux et de triomphe des passions sectaires dont ses membres
Grenoble eurent des chambres mi-parties, c'est- étaient devenus les adhérents opiniâtres. En haine
à-dire mixtes. Ce régime dura jusque la paix des jésuites, qui avaient dominé le gouvernement
d'Alais (162S), qui enleva aux protestants les pri- de Louis XIV, les parlementairess'étaient ralliés
vilèges civils et politiques que l'édit de Nantes au parti janséniste. Ils avaient été contraints
leur avait accordés. d'enregistrer la bulle Unigenitus en 1713, non
Une autre modification importante, mais plus toutefois sans qu'ils eussent réussi à y faire des
durable, fut apportée à l'ancienne constitution des changements; mais en 1730, Louis XV exigea,
parlements par l'édit de )604, qui rendit les fonc- dans un lit de justice, l'enregistrement de la
tions judiciaires héréditaires, moyennant le paie- bulle sans modifications le parlement protesta,
ment par le titulaire d'une redevance annuelle fut exilé, puis rappelé; et cependant les persé-
(la paulette). cutions contre les jansénistes continuèrent. En
A la mort d'Henri IV, Marie de Médicis crut 1752, la querelle recommença au sujet des billets
devoir s'appuyer sur le parlement, et ce fut dis de confession; le parlement essaya de résister
mains de celui-ci qu'elle reçut la régence par aux exigences du clergé, et finit par donner sa
cet acte, ce corps prit une importance politique démission en masse il fallut l'attentat de Damiens
qu'il n'avait pas eue jusqu'alors. S'enhardissant, pour amener une réconciliation le roi, enrayé,
il voulut, après la clôture des états généraux de céda alors et rétablit le parlement (1757). Cinq ans
1614, essayer de prendre en main la direction des plus tard, un arrêt du parlement de Paris, appuyé
affaires; toutefois l'attitude résolue de la régente par tous les parlements de province, prononçait
le flt reculer, et il se contenta de quelques con- l'abolition de l'ordre des jésuites, et cet arrêt
cessions de pure forme. Mais, au commencement était confirmé par un édit royal.
du règne suivant, il renouvela ses prétentions En même temps qu'ils triomphaientdes jésui-
avec plus de vigueur et de ténacité. Comme Marie tes, les parlementaires se montraient les adver-
de Médicis, Anne d'Autriche eut besoin de lui le saires déclarés des idées philosophiques. Le parle-
parlement, invité à statuer sur la question de ment de Paris avait condamné l'Encyclopédie et
régence, n'hésita pas a casser le testament de l'Emile; il avait fait périr le chevalier de Labarre,
Louis XIII en supprimant le conseil de régence accusé de blasphème, pendant que le parlement
que le monarque défunt avait voulu imposer à la de Toulouse prononçait la peine de la roue contre
Calas et Sirven. Aussi l'opinion, loin de voir comme 3. Bat, du verbe battre. --Bât, s. m., selle de l'âne.
autrefois dans les parlements les gardiens des li- 4. Botté, chaussé de bottes. Beauté, s. f.,
bertés publiques, ne les regardait plus que comme qualité de ce qui est beau.
les défenseurs des vieux abus et de privilèges 5. Boite, du verbe boiter. Boîte, s. m., petit
odieux ou ridicules. coffre.
Lorsque Louis XV, à l'instigation de la Dubarry, 6. Chasse, s. f., action de chasser. Chdsse,
supprima parun coup d'Etat les parlements qui gê- s. f., coffre à reliques.
naient son autorité absolue (H'!)), et les remplaça 7. Cotte, s. f., vêtement. Cd~, s. f., partie
par les cours nouvelles que créa le chancelier Mau- du corps.
peou, la France ne s'émut que médiocrement. Louis 8. Dais, s. m., voile ou tente. Dé, s. m., pour
XVI toutefois, àson avènement, crut devoir les réta- jouer ou pour coudre.
blir mais il eut lieu de s'en repentir les magis- 9. Faite, du verbe faire. raite, s. m., le
trats réintégrés dans leurs privilèges se montrèrent sommet.
les ardents adversaires des réformes que tentèrent 10. Halle, s. f., place couverte pour le marché.
Turgot et Malesherbes; jaloux de leur autorité, Hâle, s. m., effet du vent sur la peau.
qu'ils sentaient menacée b la fois par les cham- 11. Jeune, adj., à la fleur de l'âge.– Ve~ne.s.m.,
pions de l'absolutisme royal et par les partisans abstinence.
des idées nouvelles, ils harcelèrent le gouverne- 12. AfaH?, s. f., coffre pour voyager. AM/e,
ment de leurs tracasseries, et donnèrent un té- s. m., l'opposé de la femelle.
moignage éclatant de leur malveillance en acquit- 13. Manne, s. f., panier. Mdnes, s. f., dieux
tant le fameux cardinal de Rohan lors du procès des morts chez les anciens.
du collier. Lorsque Loménie de Brienne, enfin, 14. Ma, adj. poss.. JtMt, s. m., arbre qui
voulut, pour rétablir l'équilibre des finances, créer porte les voiles.
un impôt territorial qui devait frapper toutes les 15. Patte, s. f., pied de certains animaux.
terres indistinctement, la magistrature fit une P<Me, s. f., farine détrempée.
violente opposition, et déclara l'édit illégal. Cette ]6. Pomme, s. f., fruit du pommier. Paume,
opposition, quoique dictée par des motifs égoistes, s. f., le dedans de la main.
rendit soudain les parlements populaires; et la 1t. Raisonner, faire un raisonnement. Réson-
déclaration du parlement de Paris (juillet 1787), ner, rendre un son.
portant que les états généraux avaient seuls le 18. Sole, s. f., poisson de mer. Saule, s. m.
droit de consentir les impôts, eut un immense arbre.
retentissement ce fut l'acte préliminaire de la 19. Tacher, faire une tache. ydeAff, s'effor-
Révolution française. En vain le roi essaya de cer de.
vaincre la résistance des partementaires par des 20. Votre, adj. poss. Vautre, du verbe se
lits de justice répétés, par l'exil, par l'arrestation vautrer.
de deux membres du parlement de Paris, par des Comme on )o voit par ces exemples, la diffé-
mesures de violence contre les parlements de rence entre deux paronymes consiste le plus sou-
province il y eut des troubles en Bretagne, en vent dans la nature de la première syllabe qui est
Dauphiné on vit la bourgeoisie se soulever, les longue ou brève, ouverte ou fermée. Aussi plu-
troupes refuser obéissance,le clergé se prononcer sieurs grammairiens les ajoutent aux homonymes,
en faveur des parlements. Louis XVI dut enfin ne regardant comme paronymes que les parony-
céder, et consentit à la convocationdes états géné- mes éloignés.
raux. Voici quelques exemples do paronymes éloignés:
Mais à peine l'Assemblée constituante eut-elle j46s<f«M'e, faire abstraction. Distraire, dé-
commencé sa tâche rénovatrice, que les parlemen- tourner l'esprit d'une application.
taires se retrouvèrent au premier rang des défen- Appareiller, ordinairementmettre & la voile.
seurs obstinés de l'ancien régime aussi perdi- Apparier, assortir par couple.
rent-ils leur popularité aussi vite qu'ils l'avaient Amnistie, s. f., oubli des crimes commis contre
conquise. On oublia le service qu'ils avaient l'État. Armistice, s. m., suspension d'armes.
rendu en bravant le despotisme royal; on ne vit Denier', s. m.,pièce de monnaie. Der?!M)', adj.
plus en eux que les représentants des vieux abus /H/ec<?)'. répandre une mauvaise odeur. In-
que la Révolution avait pour mission de détruire. /"M~)', piller, ravager.
A une société nouvelle, il fallait d'ailleurs de nou- Plier, mettre en double par plis. Ployer,
velles institutions; une réorganisation fondamen- courber, etc.
tale de la justice était indispensable. Le 6 sep- Ces exemples suffisent pour montrer que tous
tembre n90, la Constituante décréta la suppres- les mots de notre langue pourraient entrer dans
sion définitive et irrévocable des parlements, des la liste des paronymes éloignés. Chaque nom,
chambres des comptes, des cours des aides, et chaque verbe n'a-t-il pas un voisin qui lui ressem-
de toute l'ancienne magistrature une somme de ble, soit par le son, soit par le sens ? Et quand il
quatre cent cinquante millions fut consacrée à n'y a aucune analogie entre deux mots, comme
indemniser les possesseurs des offices abolis et entreamnistie et armistice qui sont pourtant cités
sur le principe de l'élection des juges par le peu- par la plupart des grammairiens, la prononciation
ple, une magistrature nouvelle fut fondée. vicieuse du peuple et des étrangers, les jeux de
PARONYMES. Grammaire, XXII. On mots par à peu près, les ont bien vite rapprochés.
appelle paronymes les mots dont la prononciation On entend dire tous les jours: « Qu'allait-il faire
est assez voisine pour qu'on soit exposé à les con- dans cette gabare (barque), pour &c;y?ar!'e (que-
fondre, tels que goûte et goutte, m~t'M et ma- relle).
tin, etc. On appelle encore paronymes des mots s'attache. – «Le He:))-e (pour le He~'e) meurt où il
o – « C'est un domaine eot!M~Me!t< o
qui ont une ressemblance de son encore plus (pour considérable), etc. Ces confusions, nées de
étonnée, tels que anoblir et MMoM~, consommer l'ignorance ou de la fantaisie, ont produit des
et eo?MMM:e)'. De là, deux classes de paronymes: effets curieux dans notre langue. C'est ainsi que
1° les paronymes prochains 2° les paronymes /'a:so/e~, diminutif de faseol (faseolus, petit hari-
éloignes. cot), a été remplacé par flageolet (petite flûte)
Voici la liste des principaux paronymes pro- re~eM~e (reticulum, petit filet), par son paronyme
chains ridicule, etc. De pareilles erreurs nuisant la pu-
1. Ah! interj. du verbe avoir. reté de la langue. Les maîtres ne sauraient trop
2. Bailler, donner en bail.
bouclu. – .B~Me)', ouvrir la réagir contre de semblables tendances, en insis-
1
tant fortement sur le sens propre et le sens figuré
des mots français, en marquant nettement les débris flottent, se dirigent vers la côte. Dans le
nuances qui les distinguent et tes diverses modi- second cas, flottant 8'accorde parce qu'il est adjec-
fications que tes prennes et les suffixes viennent tif et marque l'état de ces débris, qui sont aban-
apporter au sens étymologique de la racine. donnés depuis longtemps aux flots.
[J. Dussouehet.~ Le français crée des noms nouveaux à t'aide 'du
PARTICIPE. Grammaire, XIV. Le parti- participe présent de croyant, tranchant, débi-
cipe est un mot qui tient à la fois du verbe et de tant, participes de croire, trancher, débiter, il
l'adjectif. forme un croyant, le tranchant, un débitant,
Participe vient du latin particeps (qui prend mots qui naturellementsuivent au pïnriet la règle
part, qui participe à). 11 tient du verbe dont il ordinaire des substantifs des croyant, des tran-
dérive parce qu'il peut avoir les mêmes complé- chants, des débitants.
ments « Les éclairs, nous e/ ayant tous, redou-
blèrent. » Il tient de l'adjectif, parce qu'il marque
Il ne faut pM confondre les participes présents,
tels que négligeant, adhérant, ~ran<, extrava-
comme lui la qualité, la manière d'Être « Ce guant, etc., avec tes adjectifs tte~en<, adhérent,
conte est effrayant. » cf!~ren<, M~'aoayan~ etc. Les premiers sont rë-
Aewa~-oMe. – Le participe n'est point une partie gufiërement formés, par le français, des verbes
du discours, c'est un mode impersonnel du verbe négliger, adhérer, différer, extravaguer. Les se-
comme l'infinitif (V. Verbe). conds sont de véritables adjectifs tirés directement
Il y a deux sortes de participes le jMr~ope du latin. Ces adjectifs ne peuvent donc, en aucun
présent et le participe passé. cas, être dits tes adjectifs verbaux de M<o~M'
ï. Accord du participeprésent. – 1° Le parti- a~/t~'cr, etc.
cipe présent employé comme verbe est toujours En voici la liste à peu près complète
invariable « Cette personne, obligeant tous les 1° Participes dont le radical diffère de celui de
malheureux, est vraiment charitable. » l'adjectif
Nos participes présents viennent des participes
présents latins; ceux-ci étant traités par les Ro-
.Partt<pM!)r~:e)!<<tirés des Adjectif. ou substantifs ver
mains comme de simples adjectifs, nos participes verbes français cmyim- ~u.c <tr~ d81 participe
présents furent toujoursvariables jusqu'à la fin duCM, EtTHAYÂSUEt, FjURt- latins.
seizième siècle. On trouve dans Rabelais « Elles BnEt, etc.
sont femmes bien entendantes les beaux en- Convainquant. Convaincant.
droits; dans Amyot « Des paroles s'adressantes Eltravaguant. Extravagant.
aux Ioniens; D Dans Malherbe « Des enfants Fabriquant. Fabricant.
bienheureux ayants Dieu dans le cœur; x dans Fatiguant. Fatigant.
Bossuet Intriguant.
a Des âmes vivantes d'une vie brute Suffoquant. Intrigant.
bestiale; » dans Suffocant.
et La Fontaine « Donner la Vaquant. Vacant.
chasse aux gens portants bâtons » etc. Ce fut
seulementen 1660 qu'Arnauld et Lancelot ensei- 2' Participes dont la terminaison diffère de celle
gnèrent, dans leur GrantmaM'c de Port-Royal, de l'adjectif:
qu'il y avait lieu de distinguer dans les formes en Participes présents tirés des ~<h'ee<t ou substantifs ter-
<f)< un adjectif verbal déclinable et un participe verbes ~ranpaM ADBERBN, Mt<<t'rM~<'jMr<;e)B<t
présent indéclinable. Ce principe erroné (que AFFLPEB, etc. ~(!M.
Vaugelas avait admis en partie dès 1647) fut re-
connu par l'Académie dans sa séance du 3 juin Adhérant. Adhérent.

1679, et obtint dès lors force de loi. On trouve Affluant. Affluent.


Différant. Différent.
cependant encore des traces de l'ancien usage Divergeant. Divergent.
dans quelques termes do jurisprudence tels que Éf]uiyn!ant. Equivalent.
des ayants cause, des ayants droit. Excellant. Excellent.
2° En) ployé comme adjectif, le participe présent Expédiaut. Expédient.
est dit adjectif verbal, et, comme tous les autres t
Nég)igeant. Négligent.
adjectifs, est soumis aux règles de l'accord Précédant. Précédent.
Cette personne est obligeante. » Présidant. Président.
Résidant. Résident.
Le participe présent exprime l'action (0 l'orage, Violant. Virent.
en effrayant les animaux, dispersa tout le trou-
peau o), tandis que l'adjectif verbal exprime l'état Le participe présent précédé de en forme ce
(« l'obscurité est effrayante "). Il faut donc savoir qu'on appelle en latin le gérondif (amando, en
reconnaitre s'il y a état ou action. aimant; monendo, en avertissant). Cette forme
11 y a action et par conséquent pas d'accord verbale, toujours invariable en latin, l'a été aussi
t* Quand le participe a un complément direct de tout temps dans notre langue. C'est là sàn-
On n'entendit plus les marteaux frappant l'en- doute l'origine de l'invariabilité de notre participe
clume. » présent, que les grammairiens ont peu à peu con-
Quand il est précédé de la préposition c~ fondu avec la forme du gérondif. Au contraire
« La mer s'avance en mugissant » (c'est-à-dire en notre adjectif verbal, ordinairementtiré du parti
/a<s<M< ~'ac<M7: de mugir). cipe présent latin, qui était toujours variable, en
Quand il est suivi d'un adverbe K Une fille conservé la variabilité.
obéissant bien; des esprits agissant toujours. » IL Accord du participe passé. – l* Pfi'netpe!
Il y a état et par conséquent accord yeMeraMa:. Quand le participe passé est join
1" Quand l'adjectif verbal est accompagné du au substantif sans l'aide d'un verbe, il est trait
verbe <?'< « Cette fleur est e/:arM:H?t< » comme un adjectif, c'est-à-dire qu'il s'accorde
X< Quand cet adjectif verbal est précédé d'un toujours avec le nom en genre et en nombre
adverbe Une fille bien obéissante; des esprits Les mérites récompensés,les bonheurs passés.
toujours a~MM~. i) Quand le participe passé est précédé du verbe
Quand la forme en ant est suivie d'un complé- être, il s'accorde toujours avec le sujet en genre
ment indirect ou circonstanciel, le sens peut seul et en nombre il est venu, elle est venue, ils sont
indiquer s'il doit y avoir accord. Ainsi l'on écrira venus, elles sont venues.
< Voyez-vous ces débris flottant vers la côte? » Quand le participe passé est précédé du verbe
mais f Calypso vit des cordages flottants sur la avoir et n'est accompagné d'aucun complément,
côte. » Dans le premier cas, /!o~aM< est invariable, il est toujours invariable it a chanté, elle a
parce qu'il est participe et marque l'action ces chanté, ils ont chanté, elles ont cAanM.
2° P<C:p~aM~<!MC<'<!M.N/M!M'eÊTM.–NOUS qu'elle ne les a jamais valu; les deux heures que
avons dit que le participe passé joint à l'auxiliaire j'ai couru m'ont essoufflé vingt kilogrammes t
étre s'accorde toujours avec le sujet: la ville est cette caisse ne les a jamais pesé. x – Ces parti-
ouverte. le port est fermé; ces fleurs sont épa- cipes varient quand ils sont employés au sens
nouies. figuré, c'est-à-dire quand ils signifient <h)H~
Par conséquent, les verbes passi fs, se conjuguant M<mc)' la pesanteur d'un objet, procurer. Ex.:
tous avec l'auxiliaire être, ont leur participe passé Les dangers que j'ai courus sont nombreux;les
toujours d'accord avec le sujet le roi est aimé, la caisses que j'ai pesées sont lourdes; voilà les cha-
reine est aimée, les princes sont aimés. grins que vous a fa/M votre paresse. »
Il en est de même des quelques verbes neutres A) Le participe passé des verbes vivre, dormir,
qui se conjuguent avec élre, tels qu'aller, venir, régner est toujours invariable. Ex. « Les jours
partir, arriver. Leur participe passé s'accorde qu'on a fe'CM dans l'oisiveté sont perdus; les
toujours avec le sujet il est parti, elle est partie, heures qu'elle a c!orn!t l'ont reposée les année<:
ils sont partis, ellas sont parties. que Louis XIV a régné ont été bien remplies. »
Dans les verbes impersonnels conjugués avec C'est comme s'il y avait: pendant lesquelles il a
~<r<Ieparticipe,ci'accorda.ntavec le sujet inva- vécu. pendant lesquelles elle a ~ot'm: pen-
riable il, ne change jamais :< est ~Mf~e~M une dant lesquelles Louis XI <! a régné.
tempête; :7 est arrivé des malheurs. Les verbes impersonnels conjugués avec f))0!t*
Le français crée des prépositions nouvelles à n'ayant pas de complément direct, leur participe
l'aide de certains participes passes, comme
excepté, attendu, passe, etc.; par exemple, dans
passé est nécessairementinvariable il a
plu, il tonné.
ne: il
a a
excepté ma mère, attendu l'heure, passé l'épo- Par analogie, on a étendu cette règle au parti-
que, etc. Dans ce cas, les mots excepté, atten- cipe des verbes actifs employés comme verbes
du, etc., sont toujours placés devant le nom. impersonnels les grandes chaleurs qu'il a /«!<
Mais les mêmes mots sont participes et pren- les inondations qu'il y a eM.
nent l'accord quand ils sont placés après le Les verbes réfléchis peuvent être soit des ver-
nom sa mère exceptée, l'heure attendue, l'époque bes réfléchis par nature (s'ou~ef), soit des ver-
passée. bes actifs que l'on emploie comme verbes réfléchis
3° Participe passé avec l'auxiliaire Avoin. Le (se laver), soit des verbes neutres employés de la
participe passé conjugué avec avoir s'accorde avec même façon (se nuire). Suivant ces trois cas, le sort
son complément direct quand il en est précède du participe passé est différent.
les chevaux que j'ai vus; les fleurs que j'ai coupées; Les verbes réfléchis par nature, tels que s'<fe?'oK-
que de services je lui ai rendus! combien de~)!'o- ler, s'évanouir se cabrer, etc., ont toujours leur
;e<s il a /bft?: participe passé variable et s'accordent avec le
Mais il reste toujours invariable quand il n'a pronom complément « La jument s'est cabrée;
point de complément direct, ou quand le complé- nous nous sommes évanouis; la maison s'est
ment direct suit le participe au lieu de le précé- eo'oM~e'?, c'est à-dire, la jument a cabré elle;
der je lui a! porté la M<)'e; j'ai vu la rose; ~'at nous avons évanoui nous, etc. (l'auxiliaire <K;
vu des "o.M. dans ces verbes étant mis pour avoir, d'où l'ac-'
Le complément direct placé devant le participe cord, puisque le complément direct précède).
est en général l'un des pronoms personnels me, S'arroger est le seul verbe re/McA: par <M<M;'c,
te, ~c, le, la, les, nous, vous, ou le relatif que. qui n'ait pas pour complément direct le pronom
Mais dans notre vieille langue on plaçait souvent qui le précède on écrira donc Elles se sont
en poésie le nom complément avant le participe. arroge certains droits qu'elles n'avaient pas ;se
Ex. « Il avait dans la terre une somme enfouie » signifie à soi et est complément indirect) –
(La Fontaine); « Le seul amour de Rome a sa <( Elles
n'avaient pas les droits qu'elles se sont
main animée" (Corneille;, etc. Du reste, les arrogés » (arrogés s'accorde avec que, mis pour
règles d'accord du participe conjugué avec avoir lesquels e~'M~, complément direct et précédantle
n'étaient pas observées par nos anciens écrivains. verbe).
Ils suivaient la Iangnelatineqnidisait:KCOp!ars On range parmi les verbes réfléchis par na-'
quas /t<.f&e<'<< parahM, les troupes qu'il avait ture certains verbes tels que apercevoir, a':<a<yM)'
préparées, » faisant du participe un adjectif qui attendre, doute, plaindre, prévaloir, saisir, taire,
s'accordait toujours avec le complément. C'est etc., qui changent de sens en devenant réuéchis
ainsi que Villehardoum a dit « Seignors, je ai s'spe)'ceuo:'r', se cfoM< se taire, etc. Ex. Elles
veues vos lettres, » e'Mt-&-dire « j'ai vos lettres se sont prévalues de leur faiblesse; elles se sont
vues. » C'est à partir du seizième siècle que l'usage ~MM. »
de l'invariabilité, quand le complément suit, com- Les verbes actifs employés comme réfléchis font
mence à se produire. toujours accorder leur participe: « Je me suis
Les verbes neutres n'ayant jamais de complé- lavée, ils se sont lavés (c'est-à-dire y<H lavé mot,
ment direct, le participe passé de ces verbes con- ils ont lavé eux).
jugués avec avoir est par suite toujours invaria- Quand le complément direct suit, le participe
ble « Cette mauvaise action nous a nui; les du verbe réfléchi reste naturellement invariable:
mères ont gémi de tous ces malheurs. » « Elle s'est brûlé le doigt (se est ici complément
Nous avons vu que quelques verbes sont em- indirect, elle a brûlé le doiqt à elle). « Elle
ployés tantôt commeneutres,tantôt commeactifs. s'est brûlée au doigt (c'est-à-direelle a brûlé elle
Lorsqu'ils sont employés comme actifs, ils suivent au doigt; se étant ici complément direct).
les règles du participe passé conjugué avec avoir. Les verbes actifs imaginer, persuader, em-
Ainsi l'on écrira avec accord: <t Cet homme nous ployés comme réfléchis, n'ont généralement pas
a fidèlement servis. Mais lorsqu'ils sont employés pour complément direct le pronom qui les pré-
comme neutres, ils n'ont pas de complément cède et restent invariables: « Elles se sont ima-
direct, et leur participe reste invariable. Ainsi giné que tout serait prêt; elles s'étaientpe~Ma~?
l'on dira sans accord « Ces livres nous ont beau- qu'on n'oserait les contredire. » Ici le verbe a
coup servi N (c'est-à-dire ont servi à nous). pour complément direct la proposition suivante.
a) Les participes eoMfM,pe~, valu sont invaria- Employés activement, ils suivent la règle géné-
bles quand ils sont employés au sens propre, rale « Je connais les contes qu'elles ont !}7MyiHes
1s
c'est-à-dire quand ils expriment l'idée de course, et les gens qu'elles ont pe~Maef~. ')
de poids, de valeur. Ex.: « Je regrette les dix Cependant se persuader exprime parfois une
mille francs que cette maison m'a coûté, parce idée de réciproctté alors le pronom se commande
l'accord, parce qu'il est complément direct ni au régime « Tout étant fini, nous nous sépa.
« Elles se sont mutuellement persuadées de leur râmes. » On l'appelle, dans ce dernier cas, parti-
sincérité." » cipe absolu.
Le participe des verbes neutres employés Quand le participe se rapporte au sujet et que
comme réfléchis reste toujours invariable, parce celui-ci précède « L'enfant, ayant naangé des
que ces verbes ne peuvent avoir de complément mets empoisonnés, mourut sur-le-champ, » on
direct. Ex. < Bien des rois se sont succédé sur ne doit pas répéter le sujet devant le verbe. Il
le trône elles se sont ri de nos menaces ils se ne faut donc pas dire « L enfant ayant mangédes
sont plu à mal faire. » mets empoisonnés, il mourut sur-le-champ.»
Remarques particulières sur l'accord ~M pa~t- Le participe doit toujours se rapporter claire-
cipes passés. Quand !e participe est suivi d'un ment à un mot exprimé dans la phrase. Ainsi
infinitif, il s'accorde s'il a pour complément di- l'on ne dira pas: «En vous accordant cette fa-
rect le nom ou pronom qui le précède mais il veur, c'est me procurer un véritable plaisir o
reste invariable s'il a pour complément direct mais « En vous accordant cette faveur, je <?M
l'infinitif: ainsi le participe entendu varie dans procure un véritable plaisir. »
cette phrase « Ces femmes, je les ai entendues [J. Dussouchet.]
chanter x (c'est-à-dire j'ai entendu ces femmes PARTAGEDES TERRES.- Arpentage, XV. –
chanter). Au contraire, dans « ces romances, je Le partage des terres est une opération d'arpen-
les ai entendu chanter à Paris f (c'est-à-dire j'ai tage qui a généralement pour but de diviser une
entendu chanter ces romances), le participe en- propriété entre plusieurshéritiers, soit en parties
tendu, ayant pour complément direct l'infinitif égales si le terrain a partout la même valeur, soit
chanter, reste invariable. en parties inégales si le terrain n'a pas partout la
Le participe fait, suivi d'un infinitif, est tou- même valeur ou n'offre pas les mêmes facilités
jours invariable. Ex. « Les maisonsqu'il a fait cons- pour la culture, le transport des récoltes, l'arro-
truire. » sage, etc.
Les participes dû, pu, voulu, sont invariables (Nous dirons figures égales au lieu de figures
lorsqu'on peut sous-entendre un verbe après eux. ~M:tm/e7t<M. La première expression est moins
Ex.: < Je lui ai rendu tous les services que j'ai exacte, mais plus usitée.)
j)Met que j'ai (M x (sous-entendu, lui rendre). I. Terraim d'égale valeur. (a) DiftStOtten par-
« Je lui ai lu tous les livres qu'il a voulu (sous- ties égales; (b) Division en parties proportionnel-
entendu que je lusse). Mais on écrira: «J'ai les à des Mom&rM donnés. 1" Soit d'abord un
payé les sommes que j'ai dues.
Le participe passé, placé relatif et parties égales sans conditions spéciales.
4.
terrain de forme rectangulaire à diviser en 2, 3,
entre un que
la conjonction que, reste invariable « Les livres Il suffit de se transporter sur le terrain avec la
que j'avais présumé que vous liriez » (parce qu'ici chaîne d'arpenteur,de diviser une des dimensions,
le relatif que n'est pas le complément du parti- la largeur, par exemple, en 2, 3, 4. parties égales
cipe, mais du verbe de la proposition qui suit). et de jalonner des lignes perpendiculaires à cette
Cette tournure est d'ailleurs à éviter. largeur.
Le participe passé précédé de en reste invaria- ;t" Soit un terrain rectangulaire ABCD, entouré
ble <' Tout le monde m'a offert des services, mais de murs de tous cotés, ayant 58m,50 de long et
personne ne m'en a rendu. t 36°,20 de large, que l'on veut diviser en trois par-
L'accord a lieu quand le pronom en est précédé ties égalesaboutissant à une porte commune située
d'un adverbe de quantité. Ex. <t Plus il a eu de en P, (fig. 1).
livres, plus il en a lus (c'est-à-dire plus de livres
j7 a lus) Combien en ai-je vus mourir ? x –
Dans ce cas le participe s'accorde, par syllepse
(V. Figures, p. 776), avec le nom dont le pro-
nom en rappelle l'idée. Dans: Combienen at-~euM!!
MOM?')~eo)MAtenest mis pour combien d'hommes,
et l'accord du participe est ici tout aussi logique
que dans CoM&t~: somt !r-M~.
Mais l'accord n'a plus lieu si l'adverbe suit le
pronom en au lieu de le précéder. Ex. a J'en
ai beaucoup OM – j'en ai tant visité. »
Quand le, signifiant cela, précède le participe,
celui-ci est toujours invariable: « Sa tranquillité
n'est pas aussi assurée qu'il l'aurait désiré»
(c'est-à-dire il aurait désiré cela, à savoir que sa
tranquillité fût assurée).
Le participe passé précédé de la locution le peu
varie selon le sens de cette locution
Lorsque /e peu signifie une petite quantité, le Fig. i.
participe s'accorde avec le nom « Le peu de
nourriture qu'il a prise l'a sauvé » (c'est-à-dire Il faut d'abord calculer la surface du terrain et
ec~e OMaMttMde nourriture, si petite qu'elle /M<, en prendre lé tiers.
~~M~poMr le ~aM!)er).
Lorsque le peu signifie l'insuffisance, le man-
C'est le
'/3 de la surface = = 705mq, 90.
que, le participe reste invariable Ex.
peu de nourriture qu'il a pris qui a causé sa L'axe de la porte se trouve à 20 mètres du côté
mort x (c'est-à-dire c'est la trop petite quantité BC. Calculons la surface du triangle PBC.
de nourriture qui, etc.).
Du rôle du participe dans la proposition.
Le participe peut occuper trois places différentes
– ~~2.= 362mq.
dans la proposition f i) peut se rapporter au
sujet « L'homme poussé par la faim devient crimi- Pour former une première part, il manque
nel » 2* il peut se rapporter au complément 705~,9)) 362 = 343°'q,9o,
Plaignons l'homme tombé dans le vice » S" il
peut, en apparence, ne se rapporter ni au sujet, que nous allons prendre au moyen d'un triangle
BMP dont nous connaissons la hauteur, 36°*,20. La On a de même, en considérant les triangles
base MB s'obtient en doublant la surface et en semblables AFG et ABG
divisant par la hauteur.
MB 343,90 X 2 AFG 2
19m- ABC" g
AFG AF' AG!
On détermine la base MN de la deuxième part, ABC~AH'~A~
représentée par te triangle MNP, de la même ma-

36,20
AF~_AG~_22
nière.
MN=705,90X2 39m.
B~~A~~S3
AF=AB~= 62,4X~=50,9.
La troisième part est représentéepar le quadri- AG=AC~= 48,5X~=39,6.
latère NADP.
Avant le tirage au sort des parts, il peut être
stipulé que la première, qui est la plus avanta-
geuse à cause de sa forme plus régulière et de ses Cet exemple suffit pour indiquer comment on di-
trois murs de clôture, restituera à la seconde, qui vise un triangle en un nombre quelconque de par-
est la moins avantageuse, une bande de terre de ties égales ou en parties proportionnelles à des
20 mètres carrés, par exemple. Il suffit alors de nombres donnés au moyen de parallèles à l'un des
détacher de cette première part un petit triangle côtés.
MPm dont la base Mm est égale a h" Soit un triangle à diviser en trois triangles
équivalents ayant chacun un des côtés pour base
20x22
.tu,2 }m,lO.
IMIIO. et le sommet commun, fig. 3.

3° Soit un triangle quelconque a diviser en 2,


3. 4. parties égales au moyen de lignes issues
d'un même sommet.
II suffit de se transporter sur le terrain avec la
chaîne d'arpenteur, de diviser le côté opposé au
sommet commun en 2, 3,
lignes
4.
droites
parties égales et de
jalonner des vers ce sommet.
En effet, tous les triangles obtenus ont même
base et même hauteur ils ont donc même surface.
4° Soit un terrain de forme triangulaire à diviser
en trois parties égales au moyen de lignes pa-
rallèles au côté BC.fig. 2.

On divise le côté AB en trois parties égales; par


le point D on mène une parallèle à AC, et par le
point F une parallèle à BC. Ces deux lignes se
rencontrentau point 0, qui est le sommet commun
des trois triangles, tl ne reste plus qu'à joindre
OA, OB et OC.
En effet, la parallèle FG est menée au tiers de
la hauteur du triangle, c'est-à-dire que HK=1/3
AH donc le triangle BOC, qui a la hauteur HK et
la même base que le triangle donné, est équiva-
On mesure les côtés AB et AC, puis les longueurs lent au tiers de ce triangle. On démontrerait faci-
AD et AF, AE et AG, que l'on détermine comme lement qu'il en est de même pour le triangle
il sera dit plus loin, et l'on jalonne les parallèles AOC.
DE et FG. On ferait une construction analogue dans le cas
Les triangles ADE et ABC étant semblables, on a où les trois triangles seraient proportionnels à des
nombres donnés. Il suffirait de diviser le coté AB
ADE J (t) proportionnellement à ces nombres et de mener
ABC 'H des parallèles.
ADE_AD~_AE~ 6° Soit un terrain ayant la forme d'un trapèze
ABC"AB?~AC' (2) à diviser en 2, 3, 4. parties égales au moyen de
~=~='
AB2 AC'
1
5
3
lignes joignant les côtés parallèles.
Il suffit de diviser ces côtés chacun en 2, 3,4.
parties égales et de joindre les points de division
(On démontre en géométrie que les surfaces de correspondants.
deux triangles semblables sont entre elles dans le En effet, on obtient ainsi des trapèzes ayant
même rapport que les carrés de deux côtés homo- mêmes bases et même hauteur, par conséquent
~ogaes.) même surface.
Supposons que 7" Soit un terrain ayant la forme d'un trapèze
à diviser en quatre parties égales au moyen de
AB = 62m,4 et AC = 4sm,5. parallèles aux bases, flg. 4.
On tire des égalités (3) On prolonge les côtés non parallèles AB et CD
jusqu'à leur rencontre, au point E on calcule la
AD=AB~=6~x~=~. surface du triangle EAD et celle du trapèze ABCD
on détermine les points de division F, H, M. G, K,
AE = AC = 28". N et l'on trace les parallèles FG, HK, et MN.
AE = AC V;¡ 48,5= 48,5 X X =2sm. Les bases du trapèze ont 124 mètres et 52 mètres
1,732 et la hauteur 48 mètres.
(4* question), c'est-à-dire que l'on déterminerait
directement les points F, G, H, etc., au moyen de
proportions comme ceUe-ci, par exemple
FE* FEG
BE~~BEC

V BEC
8° Soit un terrain ayant la forme d'un penta-
gane à partager en trois parties égales par des
lignes issues du sommet A (fig. 5).

La surface du trapèze est exprimée par


124+52
'~X48==4~
>< 48=4224m.q.

La surface de chaque part est donc églle à


42-~4
–– =1056m.a.
= 1056m.<.
Pour calculer la surface du triangle AED, il faut
d'abord déterminer la hauteur EO, que nous re-
présentons par x. Or les deux triangles semblables On commence par transformer ce polygone en
BEC et AED donnent la proportion uun triangle équivalent, en conservant le sommet
indiqué, puis l'on divise le triangle en trois par-
48+T t24 t égales. A cet effet, on prolonge le coté DC à
ties
–––=~ >
droite
P et à gauche, on mène la diagonale AD, une
parallèle EF à AD, et la ligne AF. On peut rem-
d'où l'on tire successivement placer le triangle AED du polygone par le nou-
veau
v triangle AFD, car ils ont la même base AD
48x52+52.=124; e la même hauteur, qui est la distance entre les
et
124x 52x = 48x52. parallèles
P AD et EF.
'!?; = 2490. On trace de même la diagonale AC, la ligne BG,
2490 = 34m,6 parallèle
Î~ à AC, et la ligne AG. On peut remplacer
le triangle ABC du polygone par son équivalent
ACG, et le polygone tout entier se trouve alors
La surface du triangle AED est exprimée par t
transformé en un triangle équivalent AFG. Il
suffit
s maintenant de diviser la base FG en trois
~~899~60; parties
P
aau sommet
égales
A.
et joindre les points de division
de
Il est évident que cette construction ne convient
celle du triangle total BEC, par que dans le cas où les points de division K et H
se trouvent sur le c&té DC du polygone, car s'ils
éétaient en dehors, il y aurait, dans les parts, des
42-24+899,6=5123~6. surfaces qui ne seraient point contenues dans le
Pour avoir la position de la première ligne de t,terrain
toujours
donné, de sorte que le tracé précédent,
vrai au point de vue graphique, ne donne-
division FG, il faut détacher du triangle total BEC rait de solution pratique. On serait ramené au
le petit triangle AED, plus une part du trapèze, tracépas M<f)MHemcK<
c'est-à-dire une surface égale à par que nous allons employer.
9° Soit un terrain bordé par une rivière à par-
899.6+1056 =1955°").6. ttager en trois parties égales au moyen de lignes
En considérant les deux triangles semblables
AED et FEG, on a la relation
FEG_ER3
AED~EO'
19556 ER2
899s ~;t4.6~
ERV/i9..56X34,6'8996
Ftt
~= ~"X34.R=~r~
94,8
Il ne reste plus qu'a mesurer EU =51"0 et
à mener la ligne FG parallèle à BC.
On obtiendrait de la même manière les paral-
lèles HK et MN.
Dans le cas où l'on pourrait mesurerdirectement,
sur le terrain, les quatre côtés du trapèze ainsi
que les prolongements AE, ED et la hauteur EO
le problème serait résolu comme précédemment
aboutissant à un passage commun et de ma-
nière que tes deux parts situées au bord de triangle =~~
X9
18 9
=
m.q.
81,00
l'eau reçoivent une augmentation égale à 1/50 de
!fur surface, à cause des dégâts possibles de l'eau
(fig. 6).
~4~.5
Il faut d'abord calculer la surface du terrain et,
your cela, tracer une base d'opera'<MM AB con- triangle~ =1~ =97,50
venablement choisie, diviser le bord de la rivière
en lignes à peu près droites, planter des jalons ~p ='1~
par tous les points de division ainsi que par les
sommets C, D, E du polygone, et abaisser des per-
pendiculaires sur cette base d'opérations. Le ter-
,~=~1~ =~0
rain est ainsi divisé en triangles rectangles et en
trapèzes qu'il est facile d'évaluer 1" trapèze == X = t65,00
q. TMpëze~:E=~ x )0= 469,00
Total.
m- fi-
m.

y =- 'S-
l~trtangle= ISX99

15
=81,00
=176~ Il manque à la première part une surface
1847,'fO

y
-=''5X52,8
=396,00
=379,50
égale 11

2410,~71847,70 =56'<f.57
qu'il faut prendre au moyen d'un triangle situé

~=~C
à droite de la ligne Pm et dont la base mM est
l"lrapHze=––-Xt5
T!tJ_Q
== 165,00 calculée de la manière suivante

2. – = 'x35 ==542,50
3' =
~Xt2 ==252,00
Pli
La ligne PM étant déterminée,on mesure la sur-
face du triangle PMD, qui est égale a
==~+~~2t,6==':2~50
-!6+52.SXS5,5=43'!1,90 2
=200~.80
-008,-q,80
II manque à la deuxième part une surface
Surface totale == '!089,10 égale à
2268,56 2008,80 = 259,76
La première et la troisième parts auront une qu'il faut
prendre au moyen d'un petit triangle

~+~=~
surface égaler:

3 3X50
ayant pour base DN sur le côté DB et pour hau-
teur la perpendiculairePQ = 66°'
DN=~87. 66
Reste pour la deuxième
Le terrain situé à droite de la ligne PN repré-
7083,10–24t0,27x2=2268,56 sente la troisième part.
10° Soit un terrain allongé, de forme très irré-
En examinant la figure, on voit tout de suite que
gulière, à diviser en deux parties égales suivant
la deuxième part se composera principalement d'un la longueur (fig. 7).
triangle ayant sa base sur le côté ED du polygone
et sa hauteur suivant PH, perpendiculaire sur ED.
Cette perpendiculaire est égale à 64",80. En sup-
posant que toute la deuxième part soit un triangle
placé sur la ligne ED, on obtiendrait la base en
divisant le double de la surface du triangle par
64°',80, ce qui donne:
2M8,5Rx2_ 70-
64,8
70m=
La question est ramenée à déterminer la posi-
tion d'un sommet de la base du triangle, celle du
point M, par exemple. A cet effet, on trace, par
tdtonnement, une ligue Pm; on calcule la surface
de toute la partie du terrain située à gauche de
cette ligne, que l'on déplace ensuite d'une lon-
gueur Mm, facile à déterminer.
La surface du terrain située à gauche de Pm se
compose de deux triangles rectangles et d'un
trapèze déjà mesurés, puis d'un nouveau trapèza
y~mE E et de trois nouveaux triangles ~M,&
et ~/P. On a mesuré les bases et les hauteurs
Usufnt de tracer un certain nombre de paral-
nécessaires pour calculer ces surfaces et l'on a
trouvé: lèles équidistantes suivant la largeur du terrain,
de diviser ces parallèles en deux parties
/=10"==2t;ym=46,4;r~ to;PA==18;&==19,5 égales et detoutes
joindre les points de division.
Lorsque la ligne de partage est très sinueuse, Dans le cas présent, chaque classe a été divisée
comme dans le cas présent, il convient de la rem- en trois parties égales, ce qui a donné des lignes
placer par une courbe plus facile à tracer sur le de division très irrégulières, abc et efgh. Une
terrain ou même par une ligne droite en faisant première rectification des limites a été faite au
des compensations, c'est-à-dire en prenant et moyen des lignes m n et p q, par des compensa-
restituant à chaque part des surfaces sensible- <M?M basées sur la valeur des terres, par exemple,
ment égales. Exemple, la droite AB. 75 francs l'are en première classe, 30 francs en
Partage proportionnel à des nombres donnés. deuxième, et tO francs en troisième. Enfin, la
tl* Une propriété ayant la forme d'un quadrila- portion du milieu, a cause de sa configuration
tère irrégulier a été achetée à raison de 15000 fr. plus régulière, et, par suite, plus avantageuse
par trois acquéreurs, qui ont versé respective- pour la culture, a dû céder une petite bande de
ment 7000, COOO et 2000 fr. on demande un par- terre représentant 1/100 de sa surface à chacune
tage proportionnel à ces nombres, à condition que des deux autres, ce qui a donné les lignes défini-
les trois parts aboutissent à un point intérieur P tives MNetPQ.
(fig. 8). IU. Bornage. – La consécration naturelle de
tout partage de terrain est un bornage avec pro-
cès-verbal à l'appui.
Les bornes sont généralement de grandes pier-
res brutes ou taillées, que l'on enfonce dans la
terre pour les garantir du soc de la charrue. On
met souvent quatre moellons en dessous, qu'on
appelle Mmot'n~ de la borne; au milieu de ces
moellons, on casse encore une tuile dont on rap-
proche les morceaux, appelés temoins muets ou
bien on emploie du charbon, des fragments d'ar-
doise, des cailloux.
Les bornes se placent aux angles des terrains
pour indiquer le bout et le côté, ainsi que sur
les longueurs elles sont d'autant plus nombreu-
ses que les contours sont plus accidentés.
Il est nécessaire de marquer les bornes sur les
plans en indiquant leur éloignement et même les
angles qu'elles forment entre elles.
Des peines sévères sont édictées contre toute
Il faut d'abord calculer la surface du terrain tout qui arrache ou déplace une borne sans
entier en le décomposant en deux triangles au personne autorisation signée de tous les propriétaires
une
moyen de la diagonale DB, puis la surface dechaque riverains ou un ordre du juge.
part proportionnellementaux nombres 2, 6 et T. [A. Bougueret.]
On prendra la ligne PC, par exemple, comme PARTIES DU DISCOURS. Grammaire, IX.
première ligne de partage on détachera un On appelle ainsi, en terme de grammaire, les
triangle MPC appuyé sur le côté BC, ayant pour différentes espèces de mots, le discours,
hauteur PH et une surface égale à 2/15 de la sur- l'oraison, comme l'entendent les grammairiens, ou encore
face totale. On mesurera ensuite le triangle CPD n'étant autre chose
ayant pour hauteur PK, et l'on ajoutera, pour com- phrases, en tant qu'ils que la suite des mots ou des
expriment nos pensées.
pléter la deuxième part, égale à 6/]5 de la sur- On compte ordinairement dix parties du dis-
face totale, un petit triangle DPN ayant pour cours, dix espèces de mots le
hauteur PQ. Il restera pour la troisième part, l'adjectif, le pronom, le verbe, le participe,nom, l'article,
égale à 7~)5 de la surface, le pentagone irrégu- verbe, la préposition, la conjonction et l'interjec- l'ad-
lier PNABM. tion. Quelques grammairiens n'en comptent au-
H. Terrain d'inégale valeur. – 12* Soit un jourd'hui que neuf ou même huit, faisant rentrer
terrain ayant la forme d'un hexagone irrégulier, le participe dans la catégorie du verbe et l'article
composé de 'trois classes de terre, à diviser en dans celle des adjectifs déterminatifs. Chaque es-
trois parties de même valeur (Sg. 9). pèce se subdivise en un certain nombre de sous-
espèces.
L'origine de cette classification des espèces de
mots est fort ancienne. Elle remonte à Platon et
à Aristote l'école d'Alexandrie l'a singulièrement
perfectionnée adoptée par les grammairiens la-
tins du bas empire et par ceux du moyen âge, elle
est parvenue jusqu'à nous en ne se modifiant
guère que sur certains détails, et l'on peut dire
fort justement que les termes dont se servaient
les Denys le Thrace, les Apollonius Dyscole, les
Priscien pour enseigner la grammaire à la jeu-
nesse grecque ou à la jeunesse romaine, « sont
eeux-H mêmes dont nous nous servons encore au-
jourd'hui. » (V. Grammaire, II' PARTIE du Die
tionnaire, article de M. C. Rouzé.)
Est-ce à dire que cette classification réponde
bien à la réalité des choses ? Sans vouloir subtili-
On jalonne au préalable des lignes de sépara- ser, sans vouloir se demander si les mots, tels que
l'histoire de la langue nous les montre dans leur
tion des diverses classes de terre; on calcule la naissance, leur développement et leurs transforma-
surface de chaque catégorie et le prix suivant les tions, répondent bien à cette idée de catégories
habitudes locales, puis on procède au partage. irréductibles, qui seule caractérise véritablement
On comprend que le problème est très l'espèce, on est à tout le moins en droit d'exa-
plexe et demande une grande expérience de com-
la miner si la classification des espèces grammati-
part de l'arpenteur. cales,
( telle que nous l'avons reçue de l'antiquité
présente à l'esprit des notions bien claires, et si qualificatifs, qui désignent les manières d'être des
elle est d'accord avec elle dans toutes ses divi- personnes et des choses des déterminatifs qui
sions. en précisent plus ou moins l'acception il y a
Or, il est certain, par exemple, qu'à part le mot encore d'autres mots qui indiquent le rôle des
nom, qui dit bien ce qu'il veut dire, tous les autres personnes ou des choses dans le discours (les pro
termes dont nous nous servons pour désignerles noms, surtout les pronoms personnels); il y en a
parties du discours sont aussi peu renseignants qui affirment l'état où se trouvent les personnes
que possible et peuvent même quelquefois donner et les choses, les actes qu'elles font ou qu'elles
aux enfants des idées fausses. Qu'est-ce, je le subissent; ce sont là, pour ainsi dire, les mots
demande, que l'adjecti f ? Adjectif veut dire qui vivants, susceptibles de toutes les flexions que
s'ajoute, qui peut s'ajouter. L'adjectif est donc, comporte une indication d'unité, de pluralité, de
d'après cela, un mot qui peut s'ajouter à un autre. sexualité ou de ce qu'on y assimile, des différen-
Me voilà bien avancé. Quel est, en effet, le mot tes circonstances de tendance, de milieu ou d'é-
qui ne se trouve dans ce cas? Je sais bien que l'on poque. Il y en a d'autres qui ne désignent que de
disait autrefois le nom substanti f et le nom adjectif, simples rapports, rapports do liaison, d'apparte-
ce qui répondait à une catégorisation précise de nance, de dépendance, de conditionnalité, etc.,
l'ancienne philosophie. Mais il faut voir tout le mal soit entre les parties de phrase, soit entre les
que se donnent des grammaires, qui ne sont pas phrases. Voilà cinq ou six grandes classes de mots.
encore bien vieilles, pour distinguer du nom sub- qu'il serait possible de réduire encore peut-
stantif, lequel ne doit désigner que la substance, être, d'une part, les noms (et il faut entendre
le nom adjectif, lequel ne doit désigner que l'ac- par là tout ce qui est véritablement nom, y com-
cident. Mieux vaut encore une dénomination pris, par exemple, l'infinitif des verbes), les qua-
vague que ces toiles d'araignée métaphysiques. Le lificatifs, les déterminatifs, les pronoms, les verbes
verbe est-il mieux dénommé que l'adjectif? Verbe, (aux modes personnels), et, d'autre part, les in-
verbunz, veut dire mot. Le verbe, c'est donc le variables servant à marquer des rapports. Nous ne
mot. Le mot par excellence, peut-être. Soit, mais, parlons pas ici de l'interjection, qui, en soi, n'ap-
sans compter que le nom, qui fait la loi au verbe, partient pas au langage articulé, et dont la plu-
pourrait sans doute réclamer une juste prédomi- part des types rentrent dans d'autres classes ou
nance, ne serait-il pas à désirer que la dénomi- sont des débris de propositions. Appliquons-
nation mê:ne des espèces de mots indiquât autant nous, à récote, à faire reconnaître et distinguer,
que possible leur caractère spécial, celui qui fait par leurs traits spéciaux, ces catégories, dans
qu'ils sont des espèces ? Quand je dis t'et'~&r~, toute la variabilité, assez compliquée, Dieu merci
mammifères, bimanes, mollusques, etc., j'ai tout de leurs manières d'être et de leurs évolutions.
de suite dans l'esprit des idées précises, et voilà Mais de savoir si l'article et le participe sont.
des noms d'espèces bien formés nous n'en avons oui ou non, des mots à part; si les articles
pas de tels dans la grammaire. sont des déterminatifs ou si les déterminatifs
Il y a même, malheureusement,pis il y a des sont des articles; s'il faut dire des pronoms ad-
dénominations grammaticales qui induisent en jectifs ou des adjectifs pronominaux, etc., que
erreur, si bien que les règles concernant certaines tout cela ne nous touche point; ce n'est point
espèces de mots, c'est-à-dire, en définitive, les affaire à nous, qui avons tant d'autres choses sur
observations et constatations purement expéri- les bras, je veux dire, tant d'autres matières né-
mentales et historiques relatives à leur manière cessaires, indispensables, à enseignerà nos élèves.
d'être, ne répondent point à la définition qu'on a Prenons la classification traditionnelle telle
donnée, définition qui est une conséquence de la qu'elle est donnée dans le livre de grammaire que
dénominationmême de l'espèce. Voici, par exem- nous aurons choisi comme le meilleur, c'est-à-dire
,ple, l'adverbe. L'Académie et la plupart des gram- comme le plus simple, sans la critiquer, bien en-
maires le définissent ainsi « L'adverbe est une tendu, comme nous l'avons fait ici, non pour les
partie invariable du discours qui se joint avec les élèves, mais pour les maitres, sans nous y atta-
verbes, les adjectifs ou les adverbes, et qui les cher non plus, au moins dans les détails, comme
modifie de diverses manières. » Or cela est vrai à parole d'Evangile. Servons-nous-en comme d'un
de certains adverbes et non de tous. Cela est vrai, langage commode, puisqu'il est accepté et en-
si l'on veut, de la plupart des adverbes de lieu, tendu de tous depuis des siècles, mais en le rédui-
des adverbes de manière; cela n'est pas vrai des sant au strict nécessaire, et restons persuadés
adverbes de quantité, au moins quand ils sont sui- qu'une phrase ou un mot bien compris vaudra
vis d'un complément, qui est un véritable régime. toujours cent fois mieux qu'unephrase ou un mot
Quand je dis Beaucoupde vin amène l'ivresse ou bien analysés. Ce qui ne veut pas dire et c'est
Versez-moi beaucoup de vin, il est clair que le par là que nous voulons terminer qu'il faille
soi-disantadverbe beaucoupagit sur le verbe autre- supprimer l'analyse il faut seulement la subor-
ment que comme un simple modificatif, puisque, donner. [Ch. Defodon.]
dans le premier cas, il est sujet et, dans le second, l'ASCAtj. – Littérature française, XI. Blaise
complément direct. Ou il faudrait changer la défi- Pascal naquit le 19 juin 1623 à Clermont-Ferrand,
nition de l'adverbe, ou il faudrait ôter de l'espèce où son père exerçait les fonctions de président de
adverbe les mots comme beaucoup, assez, la cour des aides (tribunal chargé spécialement de
trop, etc., qui sont, par leur fonction, et quelque- juger les différends en matière d'impôt). Il perdit
fois par leur forme, de véritables noms. sa mère à trois ans. Son père alors vendit sa
Nous n'avons point la prétention de vouloir for- charge et s'établit à Paris avec son fils et ses deux
muler ici une classification scientifique des mots. filles, Gilberte (M"" Périer) et Jacqueline qui se
Cela demanderait de grandes études et de lon- fit religieuse à Port-Royal et mourut en 1661.
gues démonstrations. Nous voudrions seulement Le jeune Pascal était da constitution délicate,
que l'instituteur, qui se perdrait certainement mais d'une prodigieuse précocité intellectuelle.
rien qu'à essayer de mettre ensemble les innom- Son père, qui redoutait pour lui des études pré-
brables théories nées ou à naître de cette source maturées, découvrit un jour que son fils de douze
indéfinie de difficultés, voulût bien s'attacher, ans, « avec des barres et des ronds, » avait pour
dans son enseignement pratique, à quelques points ainsi dire inventé la géométrie et qu'il était par-
fondamentaux,indiscutés et indiscutables. venu tout seul jusqu'à la 32' proposition d'Euclide
Il y a, dans notre langue nous ne voulons A seize ans Pascal publiait un Traité des sections
parler que de celle-là des mots qui servent à coniques.
nommer res personnes et les choses; il y a des En 1639 il suivit à Rouen son père qui avait ét~
nommé intendant des tailles dans cette ville. Pour quelquesannées plus tard; mais on peut dire quo
l'aider dans ses calculs pénibles, it imagina sa la blessure est restée saignante, toujours ou-
Machine à compter. Puis il s'acquit un renom verte sur ses Canes. L'avenir nous apprendrasi,
immortel dans l'histoire da la physique en démon- comme quelques-unsle croient, destinée s'élargir
trant la pesanteur de l'air, en expliquant ainsi et a s'envenimer toujours plus, elle ne dégénérera
l'ascension des liquides dans les corps de pompe pas en plaie mortelle.
vidés d'air et la hmite de cette ascension en rai- Momentanément, en tout cas, le succès fut im-
son inverse du poids du liquide. Il commença la mense. Ce futunpremierappetM'opinionpublique,
science dite Calcul des joro~&t~ il entrevit le qui se prononça vigoureusement pour l'auteur et
Calcul c!t~~rf7:<M/ et intégral, enfin il inventa le pour la cause qu'il défendait, au point que l'orage
haquet. On veut même qu'il ait suggéré la pre- qui menaçait le jansénismefut détourné pour un
mière idée des omnibus. temps. Du reste, Pascal se plongeait plus que
Pascal n'était pas seulement un savant et un jamais dans les méditations religieuses, et il y ap-
inventeur, c'était aussi un homme profondément portait, dans un mélange assez bizarre, la fougue
religieux. L'atmosphère morale de sa famille et d'un esprit passionné, la profondeur et l'indépen-
~par conséquent la direction imprimée à son édu- dance d'un génie divinateur et les faiblesses <f une
cation avaient fortement incHné sa pensée vers la dévotion superstitieuse. C'est ainsi qu'il s'imposait
méditation des grands problèmes de la philoso- des macérations et des pénitences qui achevaient
phie et de la religion. A Rouen it subit l'influence de détruire une santé déjà très affaiblie, qu'il ne
d'un ecclésiastique, disciple de Port-Royal, qui reculait pas devant la nécessité de s'abélir (le mot
jeta dans son esprit les germes de la tendance est de lui), si l'on ne pouvait autrement se pro-
janséniste à laquelle il demeura ûdèle jusqu'à sa curer la foi, et qu'il maintenaitl'authenticité d'un
mort. On sait que le jansénisme désigne cette école miracle assez puéril dont la Sainte-Épine de Port-
religieuseà laquelle se rattachaientnombre d'hom- Royal aurait faitbénéficierune petite fille souffrant
mes distingués de cette époque, dont le centre d'une nstule lacrymale. Mais ce n'est pas par leurs
futàPort-Royal-des-Champs,près Paris, et dont le côtés faibles qu il convient de juger les grands
trait caractéristiqueétait de joindre à un grand hommes, et Pascal devait s'acquérir d'autres titres
tête pour l'Eglise catholique, son cuite et sa disci- à l'admiration de la postérité.
pline, des vues sur la grâce et sur les conditions Autant Pascal était volontairement croyant et
du salut qui la rapprochaient singulièrement dn soumis aux traditions de l'Église gallicane (Si mes
calvinisme.Ajoutons-yla morale très austère qu'elle lettres sont condamnées à Rome, ce y~e jy y con-
en déduisait et qu'elle opposait aux relâchements damne est eondnm?:~ dans l. ct~), autant son
et aux indulgences,aussi dangereuses que subtiles, esprit élevé voyait avec terreur s'avancer le mo-
que le jésuitisme cherchait à introduire dans la ment où les bases mêmes de la révélation chré-
pratique de la dévotion. tienne seraient contestées au nom de la phi-
Cependant l'altération de sa santé, minée par losophie, de l'histoire, de la science en un mot
des travaux excessifs, nt que les médecins lui im- de la raison. Chez lui les nouvelles notions du
posèrent des loisirs et des distractions. Pascal monde, telles qu'elles ressortent des découvertes
traversa quelques années de vie mondaine, modernes sur la constituttor de la terre et du
exempte, il est vrai, de tout libertinage, mais assez ciel (te silence éterml deces espaces infinis m'ef-
dissipée en apparence pour qu'on apprit avec sur- /faM'), faisaient malgré lui laguerre à des croyances
prise en )655 sa résolution de se retirer à Port- impliquant ou semblant impliquerune géologie et
Royal et de se livrer tout entier aux études et aux une astronomie encore enfantines Les doutes que
'uéditations religieuses dont il voulait désormais suggéraient à Montaigne les progrès des connais-
faire le seul aliment de sa pensée. sances géographiques, en lui révélant tant de pays
Est-ce, comme on l'a soupçonné, la blessure et de peuples où l'on vivait depuis des siècles
faite à son cœur par un amour déçu, ou l'influence dans une profonde ignorance du christianisme,oit
de sa soeur Jacqueline, ou bien l'accident où il l'on professait des maximes de religion et de mo-
faillit périr en traversant en voiture le pont de rale diamétralement contraires aux nôtres, vis-a-vis.
Neuilly, ses chevaux s'étant emportés et lui-même desquels la chrétienté n'était que la minorité du
étant resté quelque temps suspendu sur l'ablme, genre humain, ces doutes que le spirituel et char-
ou bien l'extase nocturne (peut-être en rapport mant écrivais résumait dans son continuel Que
physiologique avec cet accident) dont il conservait MM-~emais qui ne troublaient en rien sa belle
le souvenir écrit sur un scapulaire cousu dans son humeur, se répercutaientdans l'âme de Pascal avec
habit, ou bien enfin toutes ces circonstances en- une intensité doublée par l'accroissement des
semble qui expliquent sa brusque détermination? sciences auquel il avait tant contribué et par le
Nous n'oserions nous prononcer, tout en faisant sérieux pour ainsi dire tragique de son caractère.
observer qu'avec des caractères comme celui de Aussi, tout en luttant contre un dépérissement
Pascal, on prend souvent pour la cause de pareilles physique dont l'issue fatale et prompte était cer-
résolutions ce qui n'est que l'occasion accidentelle taine, Pascal conçut-il l'audacieux projet de fonder
d'une explosion dont tes matériaux inflammables la vérité de la révélation chrétienne et des princi-
se sont lentement et invisiblement déposés tout pales doctrines de l'orthodoxie sur un ensemble
au fond de leur être. de preuves irréfutables, capables de rendre la paix
Quand Pascal s'associa ainsi aux Arnauld, aux à son esprit agité et à tous ceux qui auraient à
d'Andilly, aux Nicole, en un mot à cette élite de subir la même crise de la foi. La mort le surprit
penseurs qui formait alors l'état-major du jansé- au milieu de ce grand travail qui n'existait encore
nisme, les affaires de ce parti religieux n'étaient dans sa pensée qu'à l'état d'ébauche et dont il avait
pas dans un état brillant. simplement tracé les linéaments ou les prélimi-
Les intrigues du parti jésuitique avaient réussi naires sur des feuilles éparses, sans ordre, que
à compromettre le jansénisme à Rome, à la Sor- ses amis trouvèrent dans sa chambre. Frappés des
bonne et auprès du pouvoir royal. C'est alors que beautés de premierordre que recélaient ces notes
Pascal, cédant à l'indignation de sa conscience confuses, ils les publièrent en t6(j9 sous le titre
d'honnête homme et de chrétien sincère, lança de Pcn~e.! de Pascal, mais non sans opérer des
contre la célèbre Compagnieses immortelles Pro- retranchementset des modifications là où les idées
vinciales sous le pseudonyme de Louis de Mon- de l'illustre défunt leur paraissaient dénoter trop
talte (t656-l<iMf). L'ordre de Loyola reçut du coup de hardiesse et pouvaient compromettre le renom
une blessure à laquelle sans doute il a survécu et de son orthodoxie. Les éditions suivantes ne remé-
dont il se vengea cruellement contre Port-Royal dièrent pas au mal. C'est en 1844 seulement que,
sur l'invitation de Cousin, M. Prosper Fougère d'élégance ou de rudesse; c'est un style honnête et
s'attacha à reconstituer l'original d'après les ma- loyal comme la pensée dont il est l'expression,
nuscrits autographes réunis en un cahier à la robuste et de mouvement aisé comme le raison-
Bibliothèque nationale. Ce travail, repris et com- nement qui se déploie sous ses formes magistrales.
plété par M. E. Havet, nous a rendu le vrai Pascal H rappelle à la fois les coups de crayon si forte-
et ses vraies Pensées. ment dessinés d'un Callot et l'effet magique des
H ne nous appartient pas de décider jusqu'à quel tableaux si magnifiquement colorés d'un Rem-
point Pascal aurait réussi dans sa vaste entreprise, brandt.
s'il lui avait été donné de la mener à bonne fin. De Dans ses Pensées, écrites, nous l'avons vu, sous
nos jours certainement on lui eût reproché une l'inspiration du moment, parfois retouchées, mais
lacune énorme dans un travail de ce genre où il dont aucune n'a reçu de son aveu sa forme défini-
est continuellement question de la Bible, des tive, il y a de temps à autre de l'obscurité et de
dogmes et des faits de l'histoire religieuse. la rudesse. Mais que d'admirables sentences admi-
Pascal, savant physicien, géomètre de premier rablement exprimées 1 On dirait de médailles frap-
ordre, profond penseur, manquait absolument pées de manière à défier les siècles. C'est au
d'érudition et de critique. On le voit qui s'extasie point que Sainte-Beuve a pu dire « Pascal, admi-
sur des contre-sens et qui accepte les yeux fermés rable quand il achève, est peut-être supérieur là
des traditionstrès contestables. Il est à cet égard où il est interrompu, Tantôt c'est un tableau
au-dessous même de son temps. Ce qui le relève, condensé, mais d'autant plus tragique, des con-
ce sont les aperçus pleins d'originalité, de perspi- tradictions et des déchirements du cœur humain
cacité psychologique, de vérité expérimentale qui tantôt un résumé amer et piquant d'observations
viennent à chaque instant reluire comme des faites sur le vif, par exemple Z/AomtHe n'est
éclairs à travers le nuage nécessairement obscur ni ange ni bête, et le MMMeMf est que qui veut
de pensées et d'observations qu'il n'a pu mettre faire l'ange /a~ bête. D
Ici c'est un aveu mélan-
lui-même dans l'ordre désiré. Il serait parfois im- colique de notre faiblesse quand il s'agit de con-
prudent de considérer comme son opinion défini- quérir une vérité qui se dérobe a nos efforts
tive ou personnelle ce qui n'était peut-être qu'un pour l'atteindre là c'est un appel émouvant à ces
premier jet d'idées sur lesquelles il se proposait « raisons
dMea°Mf que la raison ne eonnaKpas;
de revenir, ou qu'une note formulant telle objec- ailleurs c'est le sentiment de l'infini ou celui de
tion, qu'il se réservait de réfuter, ou même qu'une la grandeur du roseau pensant, supérieur à l'uni-
boutade momentanéede son humeur mélancolique vers lui-même qui l'écrase, puisque « l'avantage
et bizarre. Mais. nous le répétons, à de nombreux que l'univers a sur lui, <'MM:fH'S n'en sait rien.
« coups de griffe o on reconnalt le
lion, et à bien En un mot, les Pensées sont un riche écrin où, à
des sillons creusés par son burin se révèle l'incom côté de quelques pierres d'un éclat douteux ou
parable artiste. De plus il faut noter, en dehors même encore enveloppées dans leur gangue, on
de toute conclusion, ce qu'il y a de nouveau et découvre des diamants et des perles de la plus
de fécond dans son apologie de la religion chré- belle eau. C'est une lecture de l'âge mûr plutôt
tienne, c'est-à-dire la concordance mystérieuse que de la jeunesse, mais il est certain qu'on y re-
qu'il relève entre les besoins, les aspirations, les vient avec d'autant plus de plaisir qu'on avance
misères de l'âme humaine et les enseignements dans la vie et qu'on est mieux à même de goûter
correspondants, en quelque sorte co:?!C:(~M<s, de à la lumière de ses expériences personnelles le
cette religion. C'est par là surtout, bien plutôt que charme particulier de cette œuvre inachevée, où
par ses raisonnements souvent très faibles sur tes se sont déposées celles de l'un des plus étonnants
prophéties et les miracles, que Pascal a été nova- génies qui aient marqué dans notre histoire.
teur et qu'il a montré le chemin aux apologistes [Albert Réville.]
de la foi les plus éminents qui lui ont succédé, en PASSEREAUX. Zoologie, XVI. De tous
même temps qu'il jetait les germes d'une manière les groupes qui constituaient, pour Cuvier, la
nouvelle de comprendre la religion en général au classe des Oiseaux, celui qui a subi, grâce aux
point de vue philosophique et moral. travaux des naturalistes modernes, le plus grand
Mais c'est surtout comme écrivain, comme l'un nombre de remaniements est assurément l'ordre
de nos plus grands maltres en l'art de se servir de des Passereaux. A l'heure actuelle il se trouve
notre langue nationale, que nous avons ici à faire subdivisé, non plus en cinq sous-ordres seulement,
son éloge. Peu désireux pourlui-même de la gloire mais en une série de familles dont les unes sont
littéraire, il l'a conquise sans la chercher, parce bien caractérisées, tandis que les autres se ratta-
qu'il s'efforçait toujours de réaliser la perfection chent intimement les unes aux autres par des
dans tout ce qu'il faisait, dans la forme comme types de transition. Au milieu de ces formes si
dans le fond. Les Provinciales restent un incom- diverses, il est bien difficile de saisir quelques
parable modèle do controverse et de discussion traits qui soient communs tous les Passereaux.
à
où la finesse de la pensée, parfois même sa subti- On peut dire cependant que ces oiseaux sont tous
lité, ne font aucun tort à la vigueur du raisonne- de petite ou de moyenne taille, quils ont, pour
ment, où l'ironie, toujours de bon goût et contenue, la plupart, une charpente légère, un corps svelte,
ne cesse que pour ~aire place aux accents de l'in- un bec faible, des pattes médiocres, emplumées
dignation et de la passion légitime qui fait enfin dans la portion correspondant à la jambe, et ter-
explosion. Si l'on y pense bien, on verra que Pas- minées par quatre doigts, dont un seul est dirigé
cal, dans son ardente éloquencede controversiste, en arrière, les trois autres étant tournés en avant.
matgré les différences des temps, des caractères, Ces doigts sont le plus souvent indépendants les
des sujets, des idées, annonce Rousseau et plus uns des autres, ou tout au plus réunis à la base
d'un des grands orateurs de la tribune française. par une toute petite membrane située entre le
C'est bien la même verve tempérée par le sen- doigt externe et le doigt médian. Il est impossi-
timent des proportions, la même méthode de dis- ble de caractériser l'ordre des Passereaux d'une
cussion harcelant l'adversaire avant de l'écraser manière plus précise. C'est dire que ce groupe
d'un coup final, la même clarté d'expositionjointe n'est pas bien naturel et qu'il comprend en réa-
à une dialectique acérée marchant droit à son but, lité tous les oiseaux qu'on n'a pu faire rentrer
qualités éminemment françaises et qui ont fait à dans les cinq autres divisions Rapaces, Grim-
juste titre de Pascal un de nos premiersclassiques. peurs, Gallinacés,Echassiers et Palmipèdes. Ainsi
La phrase est limpide, simple, sans recherche les Passereaux, comparés aux Rapaces, n'ont pas,
apparente, disantnettement ce qu'elle veut dire, comme ces derniers, le bec crochu et les ongles
sans aucune fioriture ni surcharge, sans affectation acérés ils diffèrent également des Grimpeurs par
leur doigt externe toujours dirigé en avant; Ils ordres, que nous allons énumérer successivement
n'ont pas la mandibule supérieurevoûtée, le corps indiquantleurs principaux types
massif, les ailes arrondies comme les Gallinacés ent° DENTIROSTRES,ayant la mandibule
leurs tarses ne sont pas en général aussi grêles, échancrée de chaque côté, près de lasupérieure
aussi allongés que ceux des Echassiers, et leurs Pies-grièches, Cassicans, Gobe-Mouches, pointe
Tyrans,
doigts ne sont pas reliés par des membranes na- Moucherolles, Cotingas, Jaseurs, Drongos, R!Moa-
tatoires comme chez les Palmipèdes. Mais on ras, Merles, Fourmiliers, Brèves, Cincles, Phtlé-
rencontre d'ailleurs parmi !es Passereaux des dif- dons Mainates, Martins, Choquards, Loriots,
férences considérables dans la structure et les Goulins, Becs-fins (c'est-à-dire Traquets, Rubiet-
proportions relatives du bec, des membres anté- tes, FaMU?«M, Accenteurs, Roitelets, Troglodytes,
rieurs et des membres postérieurs, aussi bien Hochequeues ou Lavandières, Bergeronnettes
que dans la nature et la coloration du plumage. Farlouses), Manakins, Coqs de Roche, Eurylai- et
Le bec en alène d'un Oiseau-Mouche ne ressemble mes, etc.
guère au bec aplati et fendu jusqu'aux oreilles 2° FissmosTXES, reconnaissables
d'un Engoulevent l'aile aiguë d'un Martinet n'est large, aplati horizontalement età leur bec court,
profondément
pas taillée sur le même patron que l'aile obtuse fendu, et subdivisés eux-mêmes en deux sections,
d'une Mésange ou d'un Pinson; les pattes robus- tas Diurnes (Hirondelles et Martinets) et les Noc-
tes d'un Corbeau diBèrent beaucoup des tarses <MrftM (~K~OM~ueMh et Podarges);
minces et élancés d'une Bergeronnette et la livrée 3° CoMMSTBM, bec fort, plus ou moins coni-
verdâtre d'une Fauvette semble bien pâle à coté que, et dépourvu au d'échancrureprès de la pointe
des teintes métalliques et chatoyantes d'un Coli- Alouettes, Af~M~M, Bruants, Moineaux, Char-
bri ou d'un Soui-Manga. donnerets, Tarins, Serins, Linottes, Bouvreuils,
Les Passereaux ont en général le gésier mus- BeM-c?'OMM, Durbecs,Colious, P!'gM<-(Et<A, Cassi-
culeux, l'intestin muni de deux appendices cœ- ques, Etourneaux, Rolliers, OtMaM.e de Para-
caux, le larynx inférieur compliqué. Leur sternum dis, etc.
n'offre ordinairement qu'une seule échancrura de f TENUtMSTBEs, au bec grêle, allongé, droit,
chaque coté parfois cependant il est doublement ou plus ou moins arqué, sans échancrures laté-
entaillé, comme chez les Guêpiers et les Martins- rates Sittelles ou Torchepots, Anabates et Synal-
Pêcheurs, ou bien au contraire n'est pas découpé laxes, Grimpereaux,Echelettes, Picucules, Dicées,
sur le bord postérieur, comme chez les Martinets Héorotaires, Soui-Mangas, ~fac~KO<A~'M, Coli-
et les Oiseaux-Mouches. &M. Huppes, Promérops,Epimaques, Craves, etc.;
Sous le rapport du régime et des mœurs, on 5* SYNDACTYLES, ditTérant des quatre
constate également parmi les Passereaux de nota- précédents par leur doigt externe réuni groupes
bles difTérences les Gobe-Mouches, les Hiron- médian dans la plus grande partie de au doigt
sa largeur
delles et les Fauvettes sont insectivores, les Moi- Guêpiers, Momots, J(fo!f<t'M~-P~eAeM~, MMt'x,
neaux et les Chardonnerets recherchent surtout Calaos, etc.
les graines et les semences, les Loriots aiment A beaucoup d'égards cette classification laissait
les fruits et particulièrement les cerises les à désirer, car elle était fondée principalement
Martins-Pécheurs saisissent les poissons avec sur des différences dans la structure intimenon de
beaucoup d'adresse, et les Corbeaux mangent in- l'oiseau, mais sur des variations dans la forme du
din'éremment de la chair ou des substances végé- bec. Or cet organe peut subir des modifications
tales. De même il y a des Passereaux qui vivent profondes, pour satisfaire à certains besoins de
isolés comme les Huppes, et d'autres qui se réu- l'animal, sans que les os du
nissent, au moins à certaines saisons, en troupes bres éprouvent corps et des mem-
de notables changements, et d'au-
nombreuses, comme les Etourneaux. Certains tre part le bec présente souvent une forme iden-
Passereaux, tels que les Brèves et les Lavandières, tique chez des passereaux dont la charpente
courent sur 1~ sol avec rapidité; d'autres, comme seuse n'est pas du tout constituée sur le même os-
les Toucans, restent ordinairement perchés d'au- type. En d'autres termes,
en s'attachant exclusive-
tres enfin, les Martinets par exemple, ne font pres- ment à des caractères tirés de l'aspect extérieur,
que point UMge de leurs pattes, et, portés sur on s'expose à placer dans un même groupe des
leurs ailes puissantes, fendent l'air qui est leur oiseaux qui n'ont pas les uns avec les autres des
véritable élément. ressemblances fondamentales, et vice M~<< à sé-
La plupart des Passereaux sont doués d'une voix parer d'autres oiseaux qui, en dépit de différences
très forte relativement à leur taille, mais cette apparentes, sont en réalité construits sur le mémo
voix est rude et désagréable chez les Geais, les plan. C'est même ce qui est arrivé à Cuvier, qui
Pics et les Corbeaux, tandis qu'elle est singuliè- rapproché les Martinets des Hirondelles, et quia
rement harmonieuse chez les Rossignols et les d'un autre c&té cru devoir éloigner les Craves
Fauvettes. Aussi, depuis les temps les pins recu- et les Choquardsades Corbeaux proprement dits.
lés, un grand nombre de Passereaux ont-ils été Ainsi, comme nous le disions plus haut, la clas-
gardés en captivité, à cause de la douceur et de la sification proposée par ce grand naturaliste été
variété de leurs chants; mais c'est à peine si l'on profondément modifiée et certains genres onta été
peut citer dans cet ordre un ou deux oiseaux qui dédoublés, ou même étevës au rang de familles.
soient devenus pour l'homme de véritables auxi- Mais, comme cela arrive souvent,
liaires, des animaux domestiques. on est probable-
ment allé trop loin dans cette voie, et l'on a sans
Dans la dernière édition du Règne animal doute exagéré le nombre des subdivisions de l'or-
(1829) l'ordre des Passereaux a été subdivisé par dre des Passereaux. Quoi qu'il soit à cet égard,
Cuvier en deux grandes catégories les PtM~ereaMi!: voici quelles sont les famillesengénéralement
ordinaires, chez lesquels le doigt externe est libre mises, à l'heure actuelle, parmi les Passereauxad-
ou n'est réuni au doigt médian que par une ou 1. Bucconidés ou Barbus.
deux phalanges, et les Passereaux syndactyles, 2. Alcédinidés ou Martins-Pecheurs.
chez lesquels le doigt externe, presque aussi long 3. jKe''op!.6~ ou Guêpiers.
que le doigt médian, est soudé à ce dernier jus- 4. Ga/OMM~ ou Jacamars.
qu'à la pénultième phalange. Les Passereaux syn- 5. Momotidés ou Motinots.
dactyles ne renfermentqu'un seul groupe, tandis 6. Todidés ou Todiers.
que les autres se partagent de nouveau en quatre 7. Trogonidés ou Couroucous.
groupes secondaires, d'après des caractères tirés 8..BM<M'o<tdMou Calaos.
exclusivement de la forme du bec. Ainsi, pour 9. JMMsop~o~tdM ou Touracos.
Cuvier, les Passereaux comprennent cinq sous- 10. Co/!MK~ ou Colious.
t). C~<;K<yK.fesou Cotingas. traité
t de la Connaissance de Dieu et de so:-m~K:
]2. Pipridés ou Manakins. distingue
( onze passions:l'amour et la haine, le
13. BMy!<M!:a<M ou Eurylaimes. désir
c et l'aversion, la joie et la tristesse, l'audace
14. Coraciadés ou Rolliers. c la crainte, l'espérance et le désespoir, et enfin
et
)5. Paridés ou Mésanges. !a colère. C'est là une énumération des diver-
16. Certhiidés ou Grimpereaux. ses
s crises par lesquelles passent, dans leur histoire
n. ïro~oaf!/<:(.Ms ou Troglodytes. ttoujours semblable à elle-même, les sentiments
18. Anabatidés ou Fourniers et Sittelles. du
< cœur humain. Le père qui aime ses enfants
19. ~e'nMt'!ef~ ou Lyres. tantôt
t se réjouit de leur succès, tantôt se sent
20. UpMp!p:aMs ou Huppes. attristé
s par leurs malheurs il désire tout ce qui
3). Proméropidés ou Promérops. 1les rend heureux, il a de l'aversion pour tout ce
22. Meh'/)~a~!6fes ou Soui-Mangas. qui leur nuit, et ainsi de suite. Le patriote espère
23. C<B?'~& ou Guitguits. la
1 victoire, désespère après la défaite; dans la
24. rroc/t:'hdM ou Oiseaux-Mouches. lutte
1 il passe de l'audace à la crainte il est plein
25. Cypsélidés ou Martinets. de
f colère contre les ennemis de sa patrie, enfin
26. Cc!pf:mM~M ou Engoulevents, i éprouve tour à tour les émotions contraires ana-
il
27. 7~faKntt~ ou Tyrans. lysées
) par Bossuet sous le nom de passions. Bos-
28. ~MMi'ca/M'a~ ou Gobe-Mouches. suet ajoutait que le principe unique de toutes les
29. Dicruridés ou Drongos. passions est l'amour la joie en effet est un amour
30. Rirundinidés ou Hirondelles. satisfait,
s la tristesse un amour contrarié l'espé-
31. Artamidés ou Langrayens. trance un amour qui se représente complaisamment
32. 0)'tO<efM ou Loriots. iles motifs qui lui promettentla satisfaction de son
33. Pycnonotidés ou Ixos. désir la colère, un amour qui s'emporte contre
34. Pittidés ou Brèves. les obstacles semés sur sa ruute.
35. H:/dt'o&a<:dM ou Cincles. Spinoza, dans sa belle étude sur les passions,
36. Turdidés ou Merles. véritable anatomie de la partie automatique de
37..LtMC!)!s ou Becs-fins. t'âme humaine, attachait au mot passion la même
38. jM<t~act/c!e'~ ou Lavandières, signification que Bossuet. La joie, disait-il, est la
39. JMKMh'~t'~M. passion par laquelle l'âme passe à une perfection
40. y;rMK:a~. plus grande la tristesse, une passion par laquelle
41. Laniidés ou Pies-grièches. l'âme passe à une moindre perfection. A la joie
42. Alaudidés ou Alouettes. et à la tristesse il ajoutait le désir, et s'efforçait
43. EmA~id~ ou Bruants. de prouver que toutes les passions naissent de ces
44. Fringillidés ou Gros-Becs. passions élémentaires.
45. rama~r: ou Tang.tras. Aujourd'hui il y a une tendance marquée chez
46. Plocéidés ou Tisserins. les philosophes à donner au terme passion une
47. /c<e)-:t/e~ ou Troupiales. interprétation différente. Le sens philosophique du
48. Sturnidés ou Etourneaux, mot se rapproche de son sens vulgaire. Les pas-
49. P«r~~s:c<M ou Paradisiers. sions ne sont plus les éléments de la sensibilité
50. Co!'u:t<e-f ou Corbeaux. elles sont au contraire des états éminemment
Dans cette liste, toutes les familles dont le nomcomplexes
la
et compliqués, où toutes les forces de
sensibilité s'unissent et s'exaltent; elles sont
est précédé d'un astérisquene comptent pas de re-
présentants dans notre pays. [E. Oustalet.] les inclinations elles-mêmes arrivées à leur pa-
PASSIONS. Psychologie, IV. Pour bien roxysme, affranchies de tout frein, maîtresses et
comprendre la nature des passions, il faut consi- souveraines de l'âme.
dérer d'abord que les phénomènes psychologiques A ce point de vue, il y a autant de passions que
qu'on appelle ainsi se rattachent à la sensibilité, d'inclinations naturelles. Toute affection peut se
c'est-à-dire à la faculté d'aimer ou de hair et par présenter tantôt sous une forme modérée et rela-
suite d'éprouver du plaisir ou de la peine, comme tivement calme, tantôt sous une forme passionnée.
les pensées, les raisonnements se rattachent à l'in- Les inclinations personnelles et égoïstes, qui ont
telligence, les résolutions libres à la volonté. Les pour principe l'amour-propre, les inclinations
passions appartiennentà cette moitié inférieure de affectueuses et sociales, qui dérivent de l'amour
l'âme, que les anciens philosophes appelaient d'autrui, peuvent toutes donner naissance à des
l'âme irrationnelle, celle que l'instinctgouverne, où passions, les unes radicalement mauvaises, comme
la nature agit seule, et qui constitue dans l'homme l'avarice, l'orgueil, l'ogoïsme les autres mêlées
un monde à part, distinct de celui où règnent la de bien et de mal, comme l'ambition, l'amour les
raison et la volonté réfléchie. autres presque absolument bonnes, comme le pa-
Comme tous les phénomènes de la sensibilité, triotisme. Les affections désintéressées et ab-
les passions, quelle que soit leur forme, ont pour straites par lesquelles notre cœur s'attache à la
caractère essentiel qu'elles consistent en mouve- science, à la vertu, peuvent elles-mêmes dégé-
ments d'amour ou d'aversion pour tel ou tel objet, nérer en passions mauvaises ou s'exalter jusqu'à
et qu'elles sont la source de toute sorte de jouis- des passions sublimes. L'ascétisme est la passion
sances et de souffrances. de la vertu le fanatisme, la passion de la reli-
Mais le langage philosophique est si mal établi gion. En un mot il n'y a pas, dans l'homme, de
que le mot passion a désigné, dans l'histoire de la goût, quel qu'il soit, d'appétit, de tendance, qui ne
philosophie, et désigne encore des faits très diffé- puisse en s'avivant, en s'enflammant, arriver à cet
rents. Passion, pour le vulgaire, est synonyme de état particulier et caractéristique qui s'appelle la
trouble, de désordre violent de l'âme; et cepen- passion.
dant pour Descartes, pour Bossuet,l'espérance,l'ad- On a proposé un grand nombre de classifications
miration, ces états calmes et doux de la sensibilité, des passions. Les uns, préoccupés du point de vue
étaient des passions. La passion a été tantôt défi- physiologique et de la part que les organes du
nie l'état extrême, désordonné de chacune, nos corps prennent au développement des passions,
de
inclinations,toute affection poussée à l'excès; tan- ont distingué les passions organiques, -celles qui,
tôt elle a représenté les diverses modifications comme la gourmandise, dérivent d'appétits phy-
que traverse, dans son évolution, chacun de nos siques les passions sensorielles, celles qui se
sentiments. rattachent aux sens; enfin les passions co'et~/M,
C'est dans ce sens que Bossuet et l'écolecarté- celles où le cerveau joue le principal rôle. Sans
sienne entendaient surtout la passion. Ainsi, le nier les rapports étroits qui unissent physique le
au moral, surtout quand il s'agit de la passion, il moins doit il se proposer de n'être que passion.'
nous semble qu'en acceptant une semblable clas- Aussi est-il légitime de rechercher tous les
sification on méconnattrait le caractère psychologi- moralistes les moyens de prévenir avec les passions
que des phénomènes qui nous occupent. Ces phé- avant qu'elles naissent, de les extirper quand elles
nomènes doivent être étudies en eux-mêmes et ont pris possession de l'âme. Mais autant il est
classés d'après un principe psychologique. nécessaire d'engager la lutte contre elles, autant
C'est un principe de ce genre que proposait un il est difficile d'y réussir.
éminent physiologiste, Gratiolet, quand it distin- Voici comment Montaigne nous conseille d'a-'
guait ies passions en deux classes les passions gir avec tes passions que nous désirons surmonter.
homogènes, c'est a-dire simples, ou composéesd'élé- « C'est une doulce passion que la vengeance.
ments de même nature; et les passions hétéro- Pour en distraire dernièrement jeune prince,
gènes. c'est à-dire formées d'éléments différents. je ne luy allois pas disant qu'il un falloit prester la
A vrai dire toutes les passions appartiennent à la joue à celuy qui vous avoit frappe l'aultre, pour
seconde classe, et les prétenduespassions homo- le debvoir de charité ny ne lui allois représenter
gènes de Gratiolet ne sont pas des passions, dans les tragiques événements que la poésie attribue
le sens actuel du mot. à cette passion je la laissay là, et m'amusay a tuy
La meilleure classification des passions est en- faire gouster la beauté dune image contraire;
core celle qui les distingue d'après la nature de l'honneur, la faveur,la blenvneillance qu'il acquer-
l'objet qu'elles poursuivent. Tout phénomène psy- roit par clémence et bonté je le destournay à
chologique a essentiellement pour caractère de l'ambition. Partout ailleurs de mesme une aigre
tendre à nne fin, tantôt clairement conçue et vo- imagination me tient ;je trouve plus court, que de la
lontairement recherchée, comme dans les actes de dompter, la changer je luy en substitue, si je ne
la volonté, tantôt obscurément entrevue et instinc- puis une contraire, au moins une aultre tou-
tivement poursuivie, comme dans les mouvements jours la variation soulage, dissoult et dissipe. Si
de la passion. Il y aura donc autant de classes dis- je ne puis la combattre, je luy eschappe et en la
tinctes de passions qu'il y a de catégories de choses fuyant, je ruse muant de lieu, d'occupation, de
agréables, sollicitant le désir. compaignie, je me sauve dans la presse d'aultres
Ce qui importe d'ailleurs, c'est moins de amusements et pensées, où elle perd ma trace et
dresser le tableau des passions, que de compren- m'esgare. »
dre leur nature, de définir les caractères qui C'est le même conseil donne Bossuet,
leur sont communs à toutes, de se rendre compte quand il nous recommandeque de ne pas combattre
de leur puissance, de leurs effets sur l'âme, et tes passions « de droit fil t, c'est-à-dire de ruser,
aussi des moyens qu'il faut employer pour les de biaiser avec elles, comme on arrête les ravages
combattre. d'un torrent, non en lui opposant des digues qu'il
La passion peut être définie la recherche irré- briserait, mais en détournant son cours dans une
Séchie dp plaisir. C'est par là précisément qu'elle autre direction. Le mieux est cependant d'empê-
s'oppose à la raison. La raison tend volontairement cher la passion denattre.ptutôt que d'avoira ta com-
au bien la passion tend aveuglément au plaisir. battre. Pour l'âme comme pour le corps l'hygiène
Une fois établie dans t'ame, la passion y agit à vaut mieux que la médecine. Au début, quand la
la façon d'une idée fie. Le plaisir particulier passion éclate pour la première fois, il est aisé de
qu'elle aime se représente sans cesse & l'intelli- s'en débarrasser. Plus tard la guérison devient
gence. L'esprit n'est plein que d'une seule pensée. difficile, parce que la passion a pris racine dans le
Le désir sollicité par cette image incessamment cœur; mais elle n'est jamais impossible, puisque
renouvelée s'accrolt et s'exaspère. Il n'y a plus de nous gardons toujours à notre portée ces deux
place pour les autres affections. Toute réflexion instruments de relèvement et de délivrance, la rai-
est impossible. L'âme entière est esclave d'un son et la Hberté. [G. Compayré.1
désir unique. Les autres facultés sont abolies ou PAYSANS. Histoire générale, XXXIX-XL.
tout au moins n'entrent en exercice que pour L'histoire des classes agricoles formerait l'un de&
aider la passion à atteindre son objet. chapitres tes plus intéressantsde l'histoiregénérale
Il est facile de comprendre d'après cela les effets de l'humanité. On ne l'a pas encore écrite; à
désastreuxqu'engendre la passion. Aussi certains peine trouve-t-on chez les auteurs anciens, dans
philosophes, les stoïciens, par exemple, ont-ils cru les chroniques du moyen âge, et même dans les
devoir la condamner et la proscrire absolument. livres de la plupart des historiens modernes, quel-
L'idéal de la sagesse consistait pour eux dans ques rares indications sur la condition des paysans
I'!MM)aM;&!7tM, c'est-à-dire dans un état de calme chaque époque.
parfait, que ne trouble aucune émotion. Sans Dans les monarchies barbares de l'antique
aller jusqu'aux paradoxes et aux exagérations des Orient, Egypte, Assyrie, Perse, Inde, l'agriculteur
stoiciens, il est impossible de ne pas reconnaltre se trouvait réduit à la servitude il cultivait
combien la nature humaine s'abaisse et se dégrade autrui une terre qui ne lui appartenait pas. Hpour en
en général, quand elle abdique sa raison et sa est à peu près de même dans la Grèce homérique
liberté, pour s'asservir à la passion. On ne saurait le sol appartient aux princes ou à leurs compa-
trop s'étonner que des philosophes modernes, gnons les fermiers d Ulysse, Eumée, PhUétios,
comme Helvétius au dix-huitième siècte, comme sont esclaves. Dans la Grèce historique, du Vt* au
Fourier dans le nôtre, aient voulu réhabiliter l'in- i[' siècle avant notre ère, il est difficile de se ren-
stinct irréfléchi, et, par un excès contraire à celui dre exactement compte de ce qu'était la condition
des stoïciens, proposé à l'homme comme idéal de la classe vouée à la culture de la terre; it sem-
l'émancipation des passions. ble qu'il y eut, à côté des esclaves ruraux em-
La vérité ne se trouve dans aucune de ces opi- ployés sur les grands domaines de l'aristocratie,
nions extrêmes. !t y a, quoi qu'en pensent les stoï- un certain nombre de petits propriétaires libres
ciens, des passions nobles, généreuses. Lorsque mais la population des campagnes était politique-
l'objet de notre amour est louable, vraiment digne ment subordonnée à celle des cités les citoyens
d'être aimé,la passion, dans son ardeur irréfléchie. commandaient, les paysans n'avaient pas de part
dans son impétuosité violente, peut enfanter des au gouvernement. Athènes seule faisait exception
prodiges de vertu. D'autre part, quoi qu'en disent les communes rurales avaient été fondues dans la
les fouriéristes, la raison est supérieure à la pas- grande communauté urbaine toute l'Attique ne
sion c'est à elle qu'appartient le gouvernement formait qu'une seule cité, et l'habitant de Mara-,
de la vie humaine, et si l'homme ne doit pas être thon, d'Eleusis ou de Colone avait les mêmes droits
exclusivement une raison sèche et froide, encore que celui de la métropole. Mais là même, a cût&
des agriculteurs libres et citoyens, il y avait une par les armes leur fière indépendance; les com-
population servile, et le petit propriétaire qui cul- munautés des montagnards gallois et écossais
tivait lui-même ses quelques arpents de terrain n'avaient jamais connu de maltre. Enfin, dans
se faisait aider par des esclaves. l'Europe du centre, du Nord et de l'Est, parmi les
Aux premiers temps de Rome, la culture des populations germaniques et slaves, la féodalité
champs était le travail le plus honoré le patricien n'avait pris pied que lentement les paysans
vivait volontiers sur ses terres, et tenait lui- avaient conservé, partout où ils l'avaient pu, leur
même le manche de la charrue. Cependant il ne organisation primitive en communautés possédant
faudrait pas se représenter le peuple romain, collectivement le sol, et plus d'un petit peuple
même dans son âge héroïque, comme une commu- avait su garder ses franchises, les Suisses grâce à
nauté de travailleurs libres et égaux; le vertueux leurs montagnes, les Frisons grâce à leurs marais.
Cincinnatus avait des esclaves; en outre, si la On sait combien de fois, durant le cours du
simplicité de ses mceurs passa en exemple à la moyen âge, les malheureux serfs des campagnes
postérité, c'est qu'elle n'était pas commune il y réduits au désespoir protestèrent par des révol-
avait, dès cette époque, des Romains riches qui tes, toujours étouffées dans le sang, contre labru-
vivaient à la ville du revenu de leurs domaines il talité de leurs seigneurs. Ces rébellions sans cesse
y avait aussi une population d'hommes libres, mais renouvelées n'aboutissaient qu'à des massacres
non propriétaires (les prolétaires), qui louait ses périodiques il semblait que le paysan fût à per-
bras aux détenteurs du sol, patriciens ou pétuité condamné à vivre dans la condition d'une.
plébéiens enrichis. Il vint un temps où, le nom- bête de somme. Cependant, au xiv* siècle, on peut
bre des esclaves s'étant immensément accru, les croire un moment que les choses vont changer. Un
prolétaires, qui ne trouvaient plus à s'employer et roi de France, Louis le Hutin, a solennellement
qui demandaient à la République de les nourrir, reconnu que « selon le droit de nature, chacun
constituèrentpour l'Etat une charge et un danger doit nattre franc, a et a offert la liberté aux serfs
c'est alors qu'à plusieurs reprises les tribuns qui voudront l'acheter; la puissance des seigneurs
proposèrent que les terres publiques, conquises décline devant l'autorité royale; les villes s'éman-
sur les peuples italiens et dont les patriciens s é- cipent en Flandre, elles obtiennent, en Angleterre-
taient illégalement approprié la jouissance,fussent et en France, d'avoir des représentants au Parle-
distribuées aux citoyens pauvres ils voulaient, ment CL auxbourgeoisie parisienne, le désastre
Etats généraux.Après
la
de
par la loi ayratfe, constituer une classe nom- Poitiers, la sous con-
breuse de petits propriétaires. Cette tentative duite d'Etienne Marcel, tente une révolution poli-
échoua tout le sol italien fut bientôt la proie tique et veut mettre l'autorité royale en tutelle,
d'un petit nombre de maîtres, qui faisaient cul- L'esprit de révolte gagne alors les campagnes les
tiver leurs immenses domaines par des troupeaux serfs de flle-de-France,(1358), de la Champagne, de la
d'esclaves; le même système d'exploitation fut Picardie, se soulèvent massacrent les sei-
introduit dans les provinces, Sicile, Gaule, Espa- gneurs, brûlent les châteaux, et, s'organisant en
le vaste ter- armée, annoncent l'intention de détruire la no-
gne, Afrique l'agriculture déclina, etpeine Jacquerie
ritoire de l'empire romain aurait eu a nour- blesse dans tout le royaume. La appor-
rir ses habitants, sans la fertilité exceptionnelle tait à Marcel un renfort inespéré les bourgeois de
de quelques districts, les greniers de Rome. Le Paris, après quelque hésitation, s'allièrent avec
travail de la terre ne fut plus considéré que les paysans insurgés. De leur coté, les princes
comme une occupation servile, Les esclaves ru- péril Charles de Valois et Charles de Navarre, devant le
dixièmes de la commun, firent trêve à leur querelle; tout ce
raux, ou colons, formaient les neuf traités les la noblesse put réunir de forces fut envoyé
population totale; moins durement que que
esclaves domestiques, ils avaient le droit de pos- contre les yacoMM. Ceux-ci furent défaits devant
séder, de contracter mariage légalement; ils la citadelle de Meaux, puis vaincus encore en plu-
payaient à leurs propriétaires une redevance enfin, sieurs rencontres par le roi de Navarre et le cap-
ils ne pouvaient être vendus sans la terre à laquelle tal de Buch. Bientôt, privés de chefs, etlncapables
ils étaient attachés, ni celle-ci sans eux. de tenir tête à des adversaires bien 'armés, les
Lorsque le christianisme eut remplacé les paysans virent leur cause perdue. Les seigneurs
vieux cultes païens, et la domination des barbares se vengèrent, par des supplices affreux et une
celle des empereurs, rien ne fut changé dans la extermination générale, de la rébellion qui avait
condition de la classe agricole elle demeura es- failli détruire leur pouvoir; au bout de quelques
clave. Nous n'entrerons pas ici dans le détail de semaines, la Jacquerie n'était plus qu'un sanglant
ce que fut la servitude à l'époque barbare et féo- souvenir. La défaite des paysans entralna la sou-
dale nous ne rappellerons pas les misères du mission des Parisiens, qui, après l'assassinat de
malheureux paysan, les dures exactions dont on Marcel, durent ouvrir leurs portes au dauphin
l'accablait, les horribles cruautés auxquelles il Charles.
était en butte nous renvoyons à l'article Servage. Vingt-cinq ans plus tard, une autre Jacquerie
H ne faudrait pas croire, cependant, que l'escla- éclatait en Angleterre. Les paysans révoltés, sous
de Wat-Tyler, s'emparèrent de
vage du paysan fût universel en Occident, et que le commandement trompés de fausses
la main de 1er des barons féodaux eût réussi à Londres mais, par promesses,
massacrés
imposer partout un joug uniforme. Des circon- ils se dispersèrent, et furent ensuite
royales. La même année précisé-
stances locales, géographiques ou historiques, par les troupesles flamandes étaient
avaient pu préserver de la servitude un district, ment (1382), communes
une province, toute une région les paysans y écrasées à Rosebeke, et Paris perdait de ses der-
étaient restés ou devenus maîtres du sol qu'ils nières libertés. Le xiv* siècle s achevait dans l'Eu-
cultivaient,et avaient réussi à maintenir, leur in- rope occidentale par le triomphe des nobles et de
dépendance. C'est ainsi qu'en Gaule, les popula- la royauté sur la bourgeoisie et les paysans. Pas
tions agricoles de la Bretagne, de certains districtspartout, cependant. Les paysans desaussi, montagnes
des Cévennes, des Alpes, des Pyrénées, avaient suisses avaient fait leur jacquerie et ils
échappé longtemps à l'asservissementgénéral. En étaient demeurés victorieux des seigneurs féo-
Espagne, après l'invasion arabe, les chrétiens ré- daux les batailles de Morgarten, de Laupen, de
fugiés dans les Asturies y avaient constitué uneSempach, de Nsefels, avaient consacré leur affran-
nation égalitaire, où tout paysan était libre et chissement.
gentilhomme. En Grande-Bretagne, beaucoup de L'émancipation des serfs n'avait pu s'accom-
vaillants Saxons avaient refusé d'accepter la domi- plir d'un seul coup, par une révolution elle se fit
nation des seigneurs normands, et maintenaient graduellement.Durant les xv. et xvt' siècles, en-
'France, la condition des paysans s'améliora peuàa encore le plus et c'est sur elle aussi que tombe
peu un nombre toujours croissant d'entre euxx tonte la diminution des hommes qui arrive dans
i
achetèrent leur liberté; mais, quoique devenu te royaume. Ces paroles courageuses valurent à
libre de 8a personne, ie paysan n'en demeuraitpass Vauban la disgrâce royale.
moins soumis aux innombrables droits féodaux, Sous l'influence des idées propagées par les
corvées et redevances. philosophes et les économistes du xviir siècle,
Le commencement du xvi' siècle fut signale, enl l'opinion publique commença enfin se
Allemagne, par une révolte générale des paysanss cuper du sort des paysans. Voltaire plaida en fa-
préoc-
i
de la Souabe, de la Franconie et de l'Alsace, qui veur des serfs ecclésiastiques de Saint-Claude;
demandaient, au nom des préceptes de l'Evangile, Louis XVI émancipa les derniers serfs de la cou-
t
un allègement des charges qui pesaient sur eux ronne. En Suisse, les populations rurales, oppri-
(15!5). Ce soulèvement fut étouBe dans des flots mées par les gouvernements oligarchiques, com-
de sang. mencent à réclamer l'égalité politique. L'Europe
A la fin du même siècle, les paysans russes, quii s'était enthousiasmée pour les t~uM'yc~t améri-
jusqu'alors avaient été des hommes libres, furentt cains, qui avaient proclamé les premiers les droits
réduits à la condition de serfs par un édit du tsarr de l'homme. Plusieurs souverains phitanthropes
Boris Godounov. essayèrentdes réformes dont tes agriculteurs,dé-
Au xvi!' sièete, l'histoire s'occupe rarement des) sormais respectés, devaient bénéficier. Mais !e
paysans ils ont renoncé presque partout aux re-lourd édince de la féodalité subsistait toujours
vendications violentes, et semblent résignes a leurune révolution seule pouvait le détruire. Ce fut la
sort, qui, pour être moins horrible qu'au moyenFrance qui en prit l'initiative. La nuit du 4 août
âge, est encore bien digne de pitié. On connalt laL 1789 emporta le régime féodal, et bientôt après,
page que La Bruyère a consacrée aux paysans
français « L'on voit certains animaux farouches,
par
la la vente des biens du clergé et de la noblesse.
terre passa aux mains des paysans, devenus en
des mâles et des femelles, répandus par la cam- même temps citoyens et propriétaires.
pagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, atta- Le contre-coup de la Révolutionfrançaise se nt
chés à la terre qu'ils fouillent et qu'ils remuentsentir plus ou moins promptement dans l'Europe
avec une opiniâtreté invincible ils ont comme une entière. Certains pays conservèrent les vieux abus
voix articulée, et, quand ils se lèvent sur leurs féodaux pendant un demi-siècle encore; ainsi
pieds, ils montrent une face humaine, et en effet l'Autriche, où le paysan ne fut émancipé définiti-
ils sont des hommes. Ils se retirent la nuit dans des vement qu'en )848. Dans beaucoup de monarchies,
tanières où ils vivent de pain noir, d'eau et de ra- l'aristocratie,en perdant ses droits sur le paysan,
cines ils épargnent aux autres hommes la peine conserva la propriété de la terre, en sorte
de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, populations agricoles n'ont pu y arriver que les
à la pos-
et méritent ainsi de ne pas manquer de ce pain session du champ qu'elles cultivent; on sait quelle
qu'ils ont semé. » On sait aussi avec quelle légè- misère et quelle agitation a produites en Irlande
reté M"' de Sévigné raconte les penderies qui eu- une situation semblable, qui s'y perpétue depuis
rent lieu en Bretagne à la suite de l'émeute de des siècles et s'aggrave de la haine de races. La
i675, provoquée par le manque de foi de Louis XIV Russie n'a aboli le servage qu'en t86<.
qui avait violé les droits reconnus de la province A l'heure qu'il est, on peut dire que les pays
« On dit qu'il y a cinq ou six cents bonnets bleus civilisés se répartissent, au point de vue de l'agri-
en Basse-Bretagnequi auraient grand besoin d'être culture et de la condition économique du paysan,
pendus pour leur apprendre à parler. Nos pau- en deux catégories les pays de petite et ceux
vres Bas-Bretons s'attroupent quarante, cinquante de grande propriété. La France est le type des
par les champs et dès qu'ils voient les soldats, ils premiers, l'Angleterre celui des seconds. La
se jettent à genoux, et disent Mf<! cM~x! c'est le petite culture favorise l'effort individuel; elle
seul mot de /fanpaM qu'ils sachent. On ne offre l'avantage de faire participer à la propriété
laisse pas de pendre ces pauvres Bas-Bretons; une proportion très considérable des travailleurs
ils demandent a boire et du tabac, et qu'on les dé- agricoles; mais elle est restée, jusqu'ici, un obs-
pêche. » Veut-on enfin un tableau de la situation tacle à l'application des perfectionnements
du peuple des campagnes vers la fin du règne de la science moderne a apportés aux procédés d'ex- que
Louis XIV ? voici comment s'exprime Vauban dans ploitation du sol la grande culture, au contraire,
la préface de la Z):.Eme royale, en dépeignant les permet d'utiliser facilement ces procédés
abus exercés dans la levée des impôts « Il est cer- obtenir à moins de frais une production pour plus
tain que ce mal est poussé a l'excès, et que si l'on abondante mais les inconvénients d'un système
n'y remédie, le menu peuple tombera dans ex- qui monopolise entre les mains d'un petit nombre
trémité dont il ne se relèvera jamais; les une grands de privilégiés le territoire entier d'un Etat sont
chemins de la campagne et les rues des villes et tels, qu'ils ont fait naître, chez des économistes
des bourgs sont pleins de mendiants, que la faimet comme Stuart Mill, l'idée de la nationalisationdu
la nudité chassent de chez eux. Par toutes les sot. Nous n'aborderons pas ces questions, qui
recherchesque j'ai pu faire, depuis plusieurs an- rentrent pas directement ne
dans notre sujet, et nous
nées que je m'y appliquej'ai fort bien remarquéque arrêtons ici ce rapide aperçu, en renvoyant,
dans ces derniers temps, près de la dixième partie pour
d'autres détails, aux articles spéciaux que ce Dic-
du peuple est réduite à la mendicité, et mendie ef- tionnaire contient sur divers sujets touchant à
fectivement; et que des neuf autres parties, il y en l'agricultureou a l'histoire des paysans.
a cinoqui ne sont pas en état de faire l'aumône a Lectures et dictées. Le paysan /Wm{;aM et la
ceIle-H, parce qu'eux-mêmes sont réduits, a très Révolution. Qu'est devenue maintenant la race
peu de chose près, à cette malheureuse condition. 1timide et servile qui portait la tête si bas, la bête
Je me sens encore obligé d'honneur et de con- encore à quatre pattes? Je ne peux plus la trouver.
que, de tout temps, on n'avait pas eu assez d'égard
j
science de représenter à Sa Majesté qu'il m'a paru Aujourd'hui ce sont des hommes.
Il n'y eut jamais un labour d'octobre comme
en France pour ie menu peuple, et qu'on en avait celui c de 91, celui où le laboureur, sérieusement
fait trop peu de cas aussi c'est la partie la plus averti
ruinée et la plus misérable du royaume c'est allé ¡1la première par Varennes et par Pilnitz, songea pour
fois, roula en esprit ses périls, et
cependant qui est la plus considérable' par son toutes t les conquêtes de la Révolution qu'on vou-
nombre, et par les services réels et effectifs qu'elle 1lait lui arracher. Son travail, animé d'une indigna-
lui rend. Car c'est elle qui porte toutes les char- tion t guerrière, était déjà pour lui une campagne
-ses, qui a toujours le plus souffert et qui souffre en t esprit. Il labourait en soldat, imprimait à la
charrue le pas militaire, et, touchant ses bêtes partie du sol des Pays-Bas a été formée de leurs
d'un plus sévère aiguillon, criait à l'une: Hu!I alluvions, et l'ensemble du royaume forme une
la Prusse! "l'autre: Va donc, Autriche » vaste plaine qui émerge à peine au-dessus des
Le bœuf marchait comme un cheval, le soc allait flots. Si, aux confins de la Prusse rhénane, du côté
âpre et rapide, le noir sillon fumait, plein de d'Aix-la-Chapelle, on trouve quelques points du
souffle et plein de vie. territoire néerlandais atteignantjusqu'à s00 mètres
C'est que cet homme ne supportait pas patiem- d'altitude, partout ailleurs les rares collines de
ment de se voir ainsi troublé dans sa possession &0 mètres d'élévation forment des Mots distincts,
récente, dans ce premier moment où la dignité entourés de terres dont l'altitude dépasse de
humaine s'était éveillée en lui. Libre et foulant quelques mètresseulementle niveau de la mer, et
un champ libre, s'il frappait du pied, il sentait descend même souvent au-dessous de ce niveau.
dessous une terre sans droit ni dîme, qui déjà De fortes digues, construites à grand'peine, en-
était à lui, ou serait à lui demain. Plus de sei- tretenues avec grand soin, défendent ces terres
gneurs tous seigneurs! tous rois, chacun sur sa basses contre l'irruption des flots marins, et se
terre, le vieux dicton réalisé: « Pauvre homme, continuentle long des fleuves pour les empêcher
en sa maison, Roi est. o de promener leurs eaux de crue à travers les
Et en sa maison, et dehors. Est-ce que la France champs cultivés.
entière n'est pas sa maison, maintenant?Hier, il Limites et contours. Bien que la frontière qui
venait, tremblant, mendier la justice par devant sépare les Pays-Bas du Hanovre allemand semble
Messieurs, comme si c'était une grâce il fallait conventionnelle sur la carte, les deux contrées
payer d'abord, puis l'on se moquait de lui. Lui- n'en sont pas moins naturellement séparées par
même aujourd'hui est juge, et il rend gratis la les marais et les tourbières qui s'étendent d'une
justice aux autres. Le voilà, ce paysan, assesseur manière presque continue sur leur limite commune,
du juge de paix, membre du conseil municipal, et que les armées romaines ne pouvaient déjà
l'un des treize cent mille nouveaux magistrats, franchir, à l'époque de leurs expéditions~ que sur
électeur (il y en avait entre trois et quatre mil- de longues chaussées formées d'arbres abattus.
lions) s'il paie l'impôt de trois journées de travail Du côté de la Belgique, la transition n'est pas
par an. Et qui ne le paiera pas, qui ne sera pro- aussi marquée. On sait du reste que les deux États
priétaire, au prix où la terre se donne, s'offrant n'ont été séparés l'un de l'autre qu'il y a une cin-
avec des délais si faciles, venant dire en quelque quantaine d'années.
sorte:nPrends-moi;tupaieras quand tu pourras. » Variations du littoral. Quant à ses frontières
La première récolte suffisait souvent pour payer, maritimes, qui sembleraient devoir être les plus
ou la première coupe, ou quelques terres qu'on immuables, elles ont constamment changé, même
revendait, ou quelque plomb pris d'un toit. depuis les temps historiques,sous l'influence des
Mais ce n'est pas tout, mon ami, te voilà un tempêtes, des déplacements des courants fluviaux
homme public, un citoyen, un soldat, un électeur; et maritimes, de l'affaissement du sol, comme on
te voilà bien responsable. Sais-tu que tu as une l'a reconnu par plusieurs preuves irrécusables,
conscience qu'il te faut interroger? Sais-tu que ce enfin par le travail de l'homme. Le plus souvent
grand nombre de magistrats, incessamment re- les côtes de la Hollande sont bordées de dunes
nouvelés, oblige tout le monde à son tour à de- sablonneuses, où l'humidité de la mer entretient
venir magistrat? C'est là en effet la grandeur de une végétation suffisante pour que les grains de
la constitution de 91; laissant la puissance pu- sable n'en soient pas emportés vers l'intérieur.
blique très faible, il est vrai, serrant très peu le Ces dunes forment sur bien des points un rideau
lien politique,restreignant peu, contraignant peu, protecteur contre l'invasion de l'Océan, mais quel-
elle fait par cela même un appel immense à la quefois elles sont emportées par les flots.
moralité individuelle. Loi aimable et confiante, Le Zuiderzée, sa formation. Le Zuiderzée,
elle somme tous les hommes d'être bons et sages, qui entaille profondément le territoire néerlandais,
elle compte sur eux. Par son imperfection même n'était au moyen âge qu'un lac, l'ancien lac Flevo
et son silence, la loi dit à l'homme « N'as-tu pas, des Romains, qu'une langue de terre, réunissant
dans ta raison, déjà une loi intérieure? Sers t'en la Hollande avec la Frise, séparait de l'Océan.
pour me suppléer au besoin, et deviens ta loi! Depuiscinq cents ans, la mer, rompant cette faible
Tu n'es plus un malheureux serf, qui peut ren- digue, en a fait un golfe. De même le Biesbosch,
voyer à son maître le soin de la chose publique archipel de canaux et de terres marécageuses, qui
elle est tienne, c'est ton affaire. A toi delà dé- s'étend au sud de Dordrecht, était couvert de vil-
fendre et de la gouverner, à toi d'être, selon ta lages florissants, jusqu'à la nuit de la Sainte-Éli.
force, la providence de l'Etat. » sabeth 1421, pendant laquelle il fut envahi par
Cet appel muet fut bien entendu. Ce ne fut pas les eaux et transformé en solitude désolée.
moins que l'éveil de la conscience publique dans Les Iles qui s'étendent au devant du Zuiderzée,
l'âme de l'individu. Une inquiète sollicitude de depuis le Helder jusqu'au golfe du Dollart où
l'intérêt de la patrie, de celui du genre humain, débouche l'Ems, et dont la côte extérieure continue
remplit tous les cœurs. Tous se sentirent respon- celle de Hollande, ont sans doute été rattachées
sables pour la France, et elle-même pour le monde. autrefois au continent.
Tous furent prêts à défendre, en la Révolution, On estime à 6,050 kilomètres carrés l'étendue
au prix de leurs vies, le trésor commun de l'hu- des terrains de la Néerlande détruits par les inon-
manité. (Michelet,Histoire de la Révolution fran- dations ou les érosions de la côte, depuis le trei-
~NMe.tomeIV). zième siècle. Les terrains reconquis par l'homme
PAYS-BAS (GÉoCRAftHE). Géographie géné- n'atteignent pas une superficie aussi considérable,
rale, XV.– t. Géographie physique.-Situation, 3800 kilomètres carrés seulement, mais la valeur
aspect yë~T'a~. – Le royaume des Pays-Bas est en est bien supérieure à celle des terrains perdus.
un Etat de l'Europe centrale, limité à l'est par Polders. On donne le nom de polders à ces
l'empire d'Allemagne, au sud par le royaume de terrains bas débarrassés des eaux qui les recou-
Belgique, et em'eloppé par la mer du Nord du vraient, et mis en culture. Après la construction
côte de l'ouest et du nord. des digues qui les entourent, les eaux en sont
Il tire son nom de sa situation topographique par épuisées par des moulins à vent (très nombreux
rapport aux pays voisins. C'est là que les trois dans les Pays-Bas pour les différents travaux de-
principaux fleuves de la région avoisinante, le mandant de la force motrice) et déversées dans des
Rhin, la Meuse et l'Escaut, vont finir dans la mer canaux d'écoulement.
par un grand nombre de bouches. Une bonne C'est ainsi qu'on a transformé en terres fertile,
l'ancien lac ou mer de Harlem, vaste de 180 kilo- La Meuse, partageantle Limbourg entre la Bel-
mètres carrée. L'archipel de Btesbosc)), presque gique et les Pays-Bas, passe an pied des remparts
aussi vaste, sera reconquis à son tour. Ailleurs on de Maestricht, la capitale du Limbourg hollandais,
pronte des apports de la mer pour constituer un puis elle coule au N.-E. par Ruremonde et Venlo,
nouveau terrain solide. Ainsi une digue construite comme si elle allait se joindre au Rhin vers Wé-
entre la Frise et l'tte voisine d'Ameland arrête les sel, mais, à Venlo, elle se recourbe au N.-O., puis
sables qu'y charrie l'Océan et ne tardera pas à à l'O., pour mêler ses eaux à celles du Rhin, ainsi
remblayer le détroit qui sépare actuellement l'ile que nous l'avons vu plus haut.
du continent. Quant à l'Escaut, il enveloppe de ses
Le projet le plus important dans ce genre de lant dans de véritables bras de mer, leseaux, cou-
!!es de la
travaux doit séparer de l'Océan toute la partie Zélande, la plus méridionale des provinces qui se
méridtonate du Zuiderzée et y créer près de sont unies pour former le royaume des Pays-Bas.
200000 hectares de terrain cultivable. A gauche de l'Escaut occidental s'ouvre le port de
Pour fertiliser toutes ces terres, tes Hollandais Terneuze, où aboutit le canal du sas de Gand; à
ont a leur disposition les 18 millions de mètres droite de la même branche, Flessingue rêve d'en-
cubes d'alluvions fertilisantes que le Rhin, la lever à Anvers son grand rôle maritime. Le che-
Meuse et l'Escautvontencore perdre chaque année min de fer qui relie Flessingue au continent tra-
à la mer. verse l'Escaut oriental, que des bancs de sable
Climat. –Traversés par te3* degré de longitude envahissent et ferment à la navigation devant la
E. de Paris et le 52' de latitude N., les Pays-Bas fameuse citadelle de Berg-Op-Zoom.
appartiennentpar leur situation géographique à la 11. Géographie commerciale. – Canaux de
zone tempérée. Le voisinage de t Océan y modère MaM'~afto?!. Ces rivières navigables, dont on
les variations de température; it ne fait jamais ni évalue à 1 850 kilomètres la longueur totale, sont
trop chaud, ni trop froid en Hollande. La tempe. complétées par un vaste système de canaux, dont
rature moyenne de La Haye est de 18 a 19' cen- le développement atteint près de 2500 kilomètres.
tigrades pendant t'été, et de 3 à 4° au-dessus de Ce sont les vraies artères de la vie en Hollande.
ïéro pendant l'hiver. La pluie n'y tombe pas en Elles s'étendent de tous les côtés, reliant entre
grande abondance,68 centimètres d'eau seulement elles toutes les villes importantes, traversant les
dans toute l'année. Cela n'empêche pas le climat campagnes, où elles permettent d'apporter écono-
d'être excessivement humide, à cause des brumes miquement les engrais et les amendements de
<te la mer, et de la grande étendue des tourbières, toute nature. Quelques familles de petits négo-
lacs et canaux couverts d'eau. Aussi est-il loin ciants ambulants, en Hollande comme en Chine,
d'être sain. La vie moyenne est assez courte en n'ont d'autre demeure que leurs bateaux. Dans
Hollande (en dessous de 40 ans), et la mortalité ce pays, tout coupé de rivières, de canaux de
par les Sèvres très fréquente. navigationet d'écoulement, presque partout formé
C'est par une propreté excessive que les Hollan- de terres molles sans consistance, les routes sont
dais luttent contre ces conditions défavorables. conteuses à construire.Au commencement du siè-
Partout les maisons, les étables même, sont entre- cle, les villes les plus importantes n'étaient reliées
tenues et nettoyées avec des soins minutieux, qui entre elles par aucune route de terre et ne com-
paraissent quelquefoisridicules aux étrangers. muniquaient que par eau. Aujourd'hui les routes
Fleuves. Les fleuves qui traversent les Pays- suivent surtout ie haut des digues, qui fournissent
Bas ont bien des fois déplacé leur cours au travers aux chaussées une base solide et sont garnies de
des campagnes basses qu'ils arrosent. Tandis que briques, faute d'autre moyen économique d'em-
dans notre hémisphère les fleuves tendent en gé- pierrement. Quant aux chemins de fer, ce n'est
néral, à cause du mouvement de rotation du globe, que tardivement que les Hollandais se sont mis à
A se détourner vers leur droite, c'est au contraire i'cauvre pour constituer leur réseau, persuadés
vers leur gauche que se déplacent les cours d'eau qu'ils étaient que les routes d'eau étaient pour
de Hollande. Cela tient a ce que tes marées sont eux les meilleures. Maison trouveraitdifficilement
beaucoup plus fortes au sud de la Hollande, vers ailleurs que sur les chemins de fer hollandais
l'embouchure de l'Escaut, qu'à la latitude du Zui- des travaux d'art oit l'on ait rencontré plus de
derzée. Il en résutte qu'au moment du jusant, les difficultés a vaincre, et dont l'exécution fasse plus
fleuves descendent vers le point de l'Océan où la d'honneurauxingénieurs.Le pont de Moerdyk, sur
mer est au niveau le plus bas, c'est-à-dire au sud le Hollandsche-Diep,entre Bréda et Dordrecht, est
-et, au moment du flot, c'est encore du même côté une merveille de hardiesse.
que se font aenttr le plus fortement les courants Parmi les canaux de la Hollande,les plus impor-
de marée et que se creusent davantage tes chenaux. tants sont ceux qui donnent accès à la navigation
Tandis que la direction générale suivie par le maritime.
Rhin à travers la Prusse rhénane le conduirait au Depuis une soixantained'années, le port d'Am-
N.-O. dans le Zuiderzée, c'est la branche la plus sterdam, inaccessible aux grands navires par la
faible du fleuve, t' rMe/, qui suit cette voie en tra- voie du Zuiderzée, était relié à la mer du Nord,
versant la Gueldre, où elle rencontre successive- au Helder, par le canal du Nord, profond de plu-
ment tes villes de Doventer et de Zwolle. sieursmètresetqui traverse dans toute sa longueur
L'Yssel n'est considérable qu'en temps de crue. (pins de 80 kilomètres) la péninsule de Hollande.
La plus grande masse des eaux du fleuve s'inûéchit Mais, ce canal devenant à son tour insuffisant,
à l'ouest: l'une de ses branches, le Wahal, passe à on l'a rempiacé par un canal qui se dirige tout
Mmègue, célèbre par le traité de la fin du droit vers l'Océan, à l'ouest d'Amsterdam, et que
xvn* siècle, et va se mêler à la Meuse un peu en peuvent suivre les plus forts navires actuellement
amont de Gorcum; la seconde, le Lek, après avoir en usage. La Meuse, à l'ouest de Rotterdam, est
arrosé Arnheim. se partage encore en deux nou- en train d'être aussi améliorée à son tour.
veaux canaux. Le plus faible se dirige au N.-O., Commerce maritime. C'est par la marine que
passe à Utrecht et à Leyde et va finir dans la mer les Hollandais ont fondé leur puissance et acquis
du Nord, non loin de cette dernière ville. C'est le leurs richesses. Il y a deux on trois siècles, ils
seul qui, jusqu'à son embouchure, garde le nom étaient les convoyeurs des nations étrangères sur
de Rhin. La grande masse du Lek se mêle à la toutes les mers et jouaient le rôle dont se sont
Meuse en amont de Rotterdam et va tomber dans depuis emparés les Anglais. Leur talent pour pê-
la mer du Nord à l'ouest de cette ville. Elle ali- cher et pour préparer tes poissons, tels que les
mente tes canaux qui divisent la Hollande méri- harengs, fournissait à la population une nourri-
dionale en un grand nombre d'lles. ture économique. De plus, ils avaient succédé aux
Portugais dans le rôle de grands fondateurs de de la Hollande est une des villes les plus malsaines
colonies, et, actuellement encore, ils possèdent et les plus atteintes par les épidémies qu'on
dans l'archipel asiatique un empire colonial beau- puisse rencontrer en Europe.
coup plus vaste, plus peuplé et plus productif que Avec le Helder, qui offre une bonne rade àl'en-
la mère patrie. (V. Colonies.) trée du Zuiderzée, et Flessingue, dont nous avons
C'est de Java que l'on tirait naguère encore dit les prétentions, voilà les principaux ports de
toutes tae ressources nécessaires pour soutenir commerce de la Hollande.
l'équilibre du budget de la métropole, sans con- Ses ports de rivière sont beaucoup plus nom-
tracter des emprunts comme tous les autres États breux il faudrait énumérer presque toutes les
européens. villes de l'intérieur Maestricht, sur la Meuse,
Actuellement le rôle maritime des Pays-Bas a charge de nombreux bateaux de la craie marneuse
beaucoup perdu de son importance relativement à qui forme la montagne de Saint-Pierre, pour aller
celui des autres Etats, tant sous le rapport du combler et amender les polders des Pays-Bas;
tonnage de la flotte commerciale que sous celui BoM-~e-~Me, la capitale du Brabant hollandais,
du trafic effectué par cette flotte. Mais d'une ma- importe aussi tant de matières premières pour ses
nière absolue, il n'a pas décru. Les relations sont fabriques diverses de toiles et de draps, que l'ac-
très actives entre les Pays-Bas et les colonies de tivité de son port peut être comparée à celle des
la Malaisie, et entre les Pays-Bas et les contrées grands ports de mers.
maritimes voisines la Belgique, l'Allemagne, III. Géographie industrielle et commerciale.
la Russie, et la Grande-Bretagne. Les Anglais Industrie. Les Pays-Bas ne sont pas un
viennent chercher là beaucoup d'approvisionne- pays de grande industrie, comme la Belgique
ments beurre, fromage, bétail, œufs, volailles, ou l'Angleterre. On n'y trouve un peu de houille
dont ils manquent chez eux. L'Allemagne expédie que dans le Limbourg; le combustible minéral est
aussi par les Pays-Bas une partie de ses mar- fourni par les tourbières qui occupent encore une
chandises lourdes. Les radeaux de bois qui des- vaste superficie (des milliers d'hectares dans les
cendent le Rhin s'arrêtent à Don~'ccM, où ils sont provinces orientales, le long de la frontière d'Al-
dépecés~ et leurs billes de bois livrées aux mou- lemagne, et dans la Hollande proprement dite,
lins à ventdu voisinage y sont débitées sous toutes entre le Rhin et le Helder). Attaquées sur une
les formes. Les navires de mer se chargent a Rot- foule de points par les agriculteurs,qui y étendent
~f'dcm, le plus actif des ports de commerce de la leurs domaines, les tourbières diminuent sans
Hollande, qui entretient des relations avec le Congo cesse d'étendue. Ce sont les moulins à vent qui,
et autres pays; les bateaux qui remontent vers en Hollande, remplacent les moteurs à vapeur et
l'Allemagne y reportent, entre autres matières les chutes d'eau usitées dans les autres pays.
de chargement, des minerais importés d'outre- Nous avons déjà parlé de l'industrie d'Amster-
mer pour les usines de la Prusse rhénane. dam Rotterdam a aussi dans ses environs, notam-
Après Rotterdam, ville de près de 150 000 habi- ment à Schiedam, de très nombreuses distilleries.
tants, le plus important des ports est celui d'~m- On fabrique en Hollande beaucoup de briques qui
s~o'daMt; cette ville, qui est la plus peuplée du servent au pavage des routes et à la construction,
royaume (300 000 hab.), en est véritablement la et des poteries ;De//ï, entre Rotterdam et La Haye,
capitale, bien qu'elle ne soit la résidence ni du a eu longtemps une grande réputation sous ce
souverain, ni des chambres, ni du corps diploma- dernier rapport; Maestricht a d'importantes ver-
tique, qui résident et siègent à La Haye. reries.
Bien placée à l'angle 'S.-O. du Zuiderzee, au Les toiles de Hollande jouissaient aussi d'une
point où les bouches du Rhin et de la Meuse sont grande réputation. Elles venaient en partie de
les plus voisines de ce golfe, Amsterdam tire son Saxe pour être blanchies sur les prés da ~at'/em
nom de la rivière d'Amstel, qui débouche dans le La mode est passée des velours d't/ecA~, mais
golfe de l'Y, baie secondaire du Zuiderzée. Leyde fabrique des couvertures de laine et Til
Ce n'est pas une ville remontant au temps des &OMt'y, dans le Brabant, des draps.
Romains, comme Nimègue ou Leyde; ses dé- Agriculture. C'est l'agriculture qui occupe
buts ne datent que de cinq cents ans environ; le plus de bras et fait actuellement la prospérité
mais elle a déjà occupé et occupe encore une des Pays-Bas. Bien que la sixième partie du sol
grande place dans le monde commercial pour les soit recouverte par les eaux et que les tourbières
affaires de banque; aujourd'hui on y fabrique des et autres terres incultes occupent encore une plus
machines hydrauliqueset autres; les constructions vaste étendue, les Pays-Bas nourrissent une popu
navales, les raffineries de sucre, les distilleries lation de près de 4 millions d'hommes sur un ter-
et fabriques de liqueurs y sont considérables. ritoire de 82 970 kitomètres carrés. C'est une
Centre des beaux-arts en Hollande, Amsterdam population spécifique de 128 habitants par kilo-
possède des collections admirables de tableaux; mètre, qui n'est dépassée qu'en Belgique et dans
pendant longtemps c'est à Amsterdam qu'on pu- le royaume de Saxe.
bliait les belles éditions, ou les livres que la cen- Les prairies occupent en Hollandela plus grande
sure eût interdits dans les pays voisins soumis à partie du sol cultivable et nourrissent une belle
un régime moins libéral. On fabrique encore dans race de vaches qui sont les meilleures laitières du
les environs de beau papier, qui est recherché par monde. Le fromage et le beurre qu'elles fournis-
les libraires étrangers. Enfin cette ville a eu long- sent sont une des grandes richesses du pays. Les
temps le monopole de la taille des diamants. chevaux de la Frise sont recherchés pour leur légè-
Il a fallu bien des efforts pour élever une ville reté et leur élégance, ceux de la Zélande pour leur
aussi considérable etaussi importante sur un vérita- grande taille et leur force.
ble, marécage, où les maisons, reposant toutes sur On cultive aussi en Hollande beaucoup de lin,
des masses de pilotis, ont fait comparer la ville à du tabac, et on y fait beaucoup de jardinage. Les
une forêt sans branchage i elournée sens dessus des- Hollandais recherchent les plantes de luxe et
sous. Erasme disait connaître une ville « dont les sont grands amateurs de fleurs. /7<t)'/e~ était le
habitants vivaient comme des corbeaux perchés pays de production de ces fameuses tulipes qui
sur des arbres. » atteignaient des prix fabuleux. Les pommes de
Coupée de nombreux canaux, Amsterdam a été terre réussissent bien dans les terres sablon-
comparée Venise très juste sur un plan, cette neuses, et l'espèce en est fort recherchée dans
comparaison cesse d'être vraie quand on passe du les pays étrangers.
beau ciel et de l'atmosphère limpide de l'Adria- Malheureusement les forêts sont peu étendues
tique aux brumes de ta mer du Nord. La capitale dans ce pays elles ont disparu du littoral qu'elles
recouvraient presque entièrement autrefois et où Les mêmes électeurs nomment la deuxième
elles pouvaient avantageusement garnir les dunes Chambre législativedu royaume. Mais, au lieu de
sablonneuses et autres landes incultes. La Haye, coïncider avec les limites des provinces, les dis-
la capitale, a été bâtie au milieu d'une des rares tricts électoraux sont découpés dans ta surface de
forêts conservées, qui fait précisémentle charme tout le royaume, de façon que chaque député re-
de cette résidence. présente un même nombre d'habitants.
IV. Géographie politique. Divisions. Le La première chambre, qui forme avec les députés
royaume des Pays-Bas est formé de la réunion l'assemblée des Efa<G<aM.< est nommée par
de onze provinces les Etats provinciaux et choisie parmi les plus fort
A l'ouest du Zuiderzée la Hollande septentrio- imposés du royaume. Elle accepte ou rejette en
nale, chef-lieu Harlem, et la Hollande méridio- bloc les fois votées par les députés.
nale, chef-lieu La Haye. La Hollande a rayé la peine de mort de son
A l'est du Zuiderzée Groningue, chef-lieu Gro- code criminel. Elle n'est pas soumise au service
ningue la Frise, chef-lieu Leeuwarden Drenthe, militaire universel. L'armée est alimentée par le
chef-lieu Assen; OMr-y~, chef-lieu Zwolle; recrutementvolontaire et la conscription. L'armée
Gueldre, chef-lieu Arnheim. coloniale, composée de volontaires et de merce-
Au sud du Zuiderzëe Utrecht, chef-lieu Utrecht. naires étrangers, est distincte de l'armée euro-
Au sud du royaume, le long de la Belgique, la péenne.
Zélande, chef-lieu Middelbourg, presque entière- Puissance coloniale. Les colonies de la Hol-
ment formée des lles entourées par les bouches lande dépassent cinquante fois l'étendue de la
de l'Escaut; le Brabant hollandais ou septentrio- métropole, et la population en est sept fois aussi
nal, chef-lieu Bois-le-Duc, et le Limbourg hollan- considérable que celle de la Hollande. Comme
dais, chef-lieu Maestricht. puissance coloniale. la Hollande n'est surpassée
De toutes ces provinces, la Hollande est la plus que par la Grande-Bretagne.
riche, la plus peuplée et a joué historiquementle Grand-duchéde Luxembourg. Cet Etat, situé
plus grand rôle. C'est pourquoi on dit très sou- entre la Belgique, la France et l'empire d'Alle-
vent la Hollande en parlant du royaume tout entier. magne, a pour souverain le roi des Pays-Bas, mais
Population. La population est très inégale- il ne fait pas partie de ce royaume. Il a une con-
ment répartie entre ces diverses provinces de stitution et une administration distinctes. Il est
250 habitants en moyenne par kilomètre carré gouverné par un lieutenant représentant le roi
dans les deux provinces de Hollande, de plus de grand-duc. et par une chambredes députés élective.
100 dans Utrecht, la Zélande, le Limbourg et Gro- De 1815 jusqu'en 1866, le Luxembourg fait
ningue, elle descend jusque 44 habitants seule- partie de la confédération germanique sa acapi-
ment au milieu des tourbières de la Drenthe. tale, Luxembourg, était une forteresse fédérale,
Cette population, d'origine frisonne, franque et où la Prusse tenait garnison. Depuis 1867, ce droit
saxonne (c'est sur son territoire qu'habitaient a été aboli, le grand-duché a été neutralisé et les
les Francs Saliens, auteurs de la loi salique), s'est fortifications de Luxembourg rasées. Mais l'Etat
mélangée dans les temps modernes d'émigrés est encore uni à l'Allemagne sous le rapport doua-
fuyant la persécution politique ou religieuse, pro-
testants français émigrés à la suite de la révocation
nier, il fait partie duZo~e" Sa superficie est
de 2587 kilomètres carrés, et sa population de
de l'édit de Nantes, Juifs portugais, etc. Dans la 205000 habitants. La densité en est donc à peu
ville de Maestricht, le français est parlé par la près la même que celle de la France.
moitié des habitants. Les Luxembourgeoissont presque exclusivement
La religion protestante domine actuellement catholiques. Sous le rapport de la langue, ils sont
dans les Pays-Bas. On y compte 2 200 ')00 protes- partagés entre l'allemand et le français.
tants, 1 300 000 catholiques, 70 000 Israélites. C'est Luxembourg, la seule ville importante du grand-
en Hollande qu'a pris naissance la secte des frères duché, a une quinzaine de mille âmes. Elle est
Moraves. pittoresquement située sur l'Alzette, qui, par la
Grandes villes. Trois villes seulement ont Sauer et i'Our, va rejoindre la Moselle. Ces rivières
une population supérieure à 100 000 habitants découpent profondément les plateaux élevés et
Amsterdam, 300000; Rotterdam, HO 000; La boisés des Ardennes, dont fait partie le grand-
Haye, 110000. duché. Sur une partie de leur cours, la Moselle et
PhecM, célèbre dans l'histoire par l'union qui l'Our le séparent de la Prusse rhénane.
y fut conclue en 1579, entre les diversesprovinces [G.'Meissas.]
néerlandaises, pour former une république fédé- PAYS-BAS (HISTOIRE, LETTRES ET ARTS). His-
rale, puis par le traité de 1713, qui mit fin à la toire générale, XXXI; Littér. étrangères, XIX.
guerre de la succession d'Espagne; Utrecht, où Parmi les petits Etats que l'équilibre européen a
les Etats-Généraux de la Hollande se réunirent laissés subsister jusqu'ici au milieu des grandes
jusqu'à ce qu'ils fussent transférés à La Haye, est puissances, il y en a peu dont l'histoire soit plus
une ville de 70 000 âmes. C'est le siège de l'ar- intéressante que celle des 33 000 kilomètres car-
chevêché catholique de la Hollande et celui de rés, avec leur population d'environ 4 millions
l'archevêque des vieux catholiques. C'est en même d'habitants, qui forment depuis 1815, ou pour
temps le siège de l'une des quatre universités du mieux dire, depuis la cession de la Belgique en
royaume. Les trois autres sont a~~sterdoM, Leyde 1830, le royaume des Pays-Bas (Nederland). Les
et GroKt~M?.(Ces deuxdernièresvilles renferment Néerlandais aiment à faire remonter les origines
chacune une quarantaine de mille âmes.) de leur nation à ces peuplades germaniques, qui,
Gouvernement. Le royaume des Pays-Bas sous le nom de Bataves, de Frisons, de Kaniné-
forme une monarchieconstitutionnelle héréditaire. phates, de Nerviens et sous d'autres encore, des-
Le roi nomme le bourgmestre de chaque com- cendirent les grands fleuves de l'Allemagne, à
mune, dont le conseil municipal est élu par les une époque impossible a préciser et pour des rai-
électeurs payant un certain cens. Le suffrage n'est sons inconnues, pour s'étabiir sur les bords sa-
donc pas universel. blonneux de la mer du Nord et sur les atterrisses
Le roi nomme aussi les commissaires présidant ments du Rhin, du Wahal et de la Meuse. Le-
les conseils de chaque province ou Etats provin- noms de Friso et de Bato se sont conservés, sinon
ciaux, dont les membres sont choisis par des élec- dans les légendes populaires, du moins dans le
teurs astreints à payer un cens plus élevé et à langage des poètes, comme ceux des patriarches
avoir atteint un âge plus avancé que les simples mythiques de ce peuple vaillant, actif, tenace, qui
électeurs municipaux. n'a jamais cessé de disputer son sol aux vagues et
sa liberté aux tyrans. Les légions romaines, que parable entre les deux groupes de provinces et
t'irrésistib)e César avait fait pénétrer jusque dans enlever pour toujours sept d'entre elles a la cou-
ces marécages boisés et jusque sous ce ciel bru- ronne de Habsbourg. Ce fut la réforme religieuse
meux, curent à enregistrer parmi leurs défaites dont Luther venait de donner le signal et qui ne
celles que leur infligèrent les Frisons, l'an 28, et tarda pas à gagner les Pays-Bas, d'abord du coté
les Bataves, l'an 69 après J.-C. de l'Allemagne, mais bientôt aussi, et avec plus de
La conquête romaine laissa peu de traces dans succès, du côté de la France et de Genève. Charles
cette plaine détrempée. Par contre, la grande inva- combattit de toutes ses forces un mouvement qui
sion des Barbares, au )V et au v" siècle, germa- venait à rencontre de ses projets d'unification
nisa complètement ces contrées. Les Francs, au l'histoire prétend même que le nombre des mar-
midi, et, plus tard, les Saxons, à l'est, ne tardè- tyrs du protestantisme s'éleva sous son règne à
rent pas à englober les anciens habitants, au point 50,000. L'esprit de centralisation l'amena en outre
Je faire disparaître les anciens noms de Bataves, & élaborer une codification des droits et des privi-
de Nerviens, etc. Les Frisons seuls réussirent à se lèges que possédaient les Etats particuliers et les
maintenir au Nord. Cependant eux aussi durent villes, qui équivalait pour plusieurs d'entre eux a
se courber sous le sceptre de Charlemagne (786). la suppression de ces privilèges. Des demandes
Et lorsque les Saxons se furent soumis à leur fréquentes d'argent et des contributionsfort oné-
tour en 804, tes Pays-Bas n'étaient plus qu'une reuses achevèrent de réveiller partout un esprit de
province du grand empire des Francs. Le traité de mécontentement, que la popularitéde Charles et le
Verdun, en 849, partagea le pays entre Lothaire prestige de son règne empêchèrent pour le mo-
et Charles le Chauve. Plus tard la portion de Lo- ment de se changer en esprit de révolte, mais qui
thaire, la plus grande des deux, passa à l'Allema- ne tarda pas à engendrer des haines implacables
gne, et l'empereurd'Allemagne resta, pendant pres- lorsque le vieillard fatigué eut abdiqué, en 1555,
que tout le moyen âge, le principal suzerain des en faveur de son fils.
fiefs nombreux que le système féodal avait créés Celui-ci, Philippe Il, roi d'Espagne, se fit repré-
sur tous les points du pays. Des traités de cession senter dans les Pays-Bas par sa sœur Marguerite
et des héritages limitèrent assez vite le nombre de Parme, qui résidait à Bruxelles. Il eut le bon
de ces principautés, au point que dej!t au xn' siè- esprit de nommer en outre quelques lieutenants
cle la presque totalité du pays se trouva répartie (stadhouders) connus et aimés de la population,
sntrR trois chefs le comte de Gueldre, le comte entre autres Guillaume d'Orange pour la Hollande,
de Hollande et l'évêque d'Utrecht. la Zélande et Utrecht. Il alla même jusqu'à ratiSf'r
La Hollande proprement dite, à laquelle se joi- solennellement tous les privilèges de ses nouveaux
gnit en l:i'3 la Zélande, constituaitdepuis 1018 un sujets. Mais bientôt des actes arbitraires, tels que
fief héréditaire dont la puissance et la prospérité la division des Pays-Bas en dix-huit évêchés, l'éta-
ne firent que s'accroître et dont les seigneurs ne blissement du terrible tribunal de l'inquisition rt
redoutèrent pas de se mettre, à plusieurs repri- l'interdiction de la liberté de culte et de conscience
ses, en guerre ouverte avec leur suzerain, l'empe- aux réformés, rendirent ce serment illusoire. En
reur d'Allemagne. Elle eut successivement des vain trois ou quatre cents nobles, unis par une
comtes de la maison de Hollande (1018-1299), des alliance qui portait le nom de <f compromis », pré-
maisons de Hainaut, de Bavière, de Bourgogne, et, sentèrent-ils une requête à la gouvernante. L'Es-
par suite du mariage de Marie, fille de Charles le pagne n'avait que du dédain pour ces « gueux ),
Téméraire, avec l'empereur Maximilien, de la mai- et bientôt les excès d'une populace iconoclaste lui
son d'Autriche (1462-1581). Plusieurs des comtes fournirent un prétexte pour redoublerde sévérité.
de la maison de Hollande, parmi lesquels nous L'arrivée du duc d'Albe, le digne serviteur d'un
citerons Floris V, accordèrent aux villes de pré- maître soupçonneux, fanatique et cruel, en 1567,
cieux privilèges afin d'opposer un contrepoids aux déchaîna sur le pays cette terrible guerre d'indé-
prétentions des nobtes quelques-uns d'entre eux pendance qui dura quatre-vingts ans et d'où l'Es-
se distinguèrent dans les croisades. Le règne des pagne sortit affaiblie et humiliée, tandis que les
maisons de Hainaut et de Bavière coïncidaavec une Pays-Bas y déployèrent une énergie indomptable
déplorable guerre civile de longue haleine, connue et y montrèrent cet amour invincible de la liberté
sous le nom de troubles des Hoeks (hameçons) et qui a élevé ce petit peuple au rang de nation mo-
des Cabillauds. Le règne des riches et puissants dèle. L'exécution des comtes d'Egmont et de
ducs de Bourgogne jeta les bases de cette prospé- Horn à Bruxelles, en 15RS, équivalait à une décla-
rité fabuleuse et de cette puissante organisation ration de guerre. Guillaume d'Orange, qui s'était
qui furent plus tard la gloire etla force des Pays- réfugié en Allemagne, y rassembla bientôt une
Bas. Enfin, le plus glorieux rejeton de la maison armée, à laquelle ses vaillants frères, Louis et
d'Autriche, Charles-Quint, réussit à conclure des Adolphe de Nassau, firent passer la frontière.
traités de cession qui firent passer successivement Nous ne pouvons songer à raconter ici toutes
en son pouvoir la Frise, Groningue, la Gueldre, les péripéties de cette guerre, qui vit tomber
Drenthe, l'Overyssel et Utrecht. En 15M, ce grand tant de nobles héros, mais qui cimenta cette
empereur possédait la seigneurie des dix-sept pro- union étroite entre les Pays-Bas et la maison
vinces néerlandaises qui forment actuellement les d'Orange que les Hollandais considèrent aujour-
Pays-Bas et la Belgique. d'hui encore comme un des gages les pins sûrs
Cette union personnelle se changea en unité de leur indépendance. Au début, les chefs de
politique par suite du traité d'Augsbourg en 1548; l'opposition, tout en accentuant fortement leur
et Charles n'eut qu'un rêve, celui d'assurer à sa haine contre le duc d'Albe, essayèrent de se
dynastie la possession de ces belles provinces, que persuaderà eux-mêmes et aux autres qu'ils combat-
les flots des événements politiques, partis de pla- taient pour le roi d'Espagne, leur seigneur légi-
ges diverses, venaient de déposer à ses pieds. H y time. Mais les événements ne tardèrent pas à
avait là de quoi tenter un prince. L'agriculture et dissiper ces illusions et ces scrupules. La révoca-
l'élève du bétail enrichissaientla campagne autant tion du duc d'Albe, qui se vantait d'avoir livré
que le commerce et l'industrie enrichissaient les tC,600 hommes au bourreau, en 1573, ne changea
villes. Dans un espace de neuf ans, Charles retira rien à la situation. Son départ la compliqua
un bénéfice net de 40 millions de florins de ses même en ce sens que les sympathies espagnols
nouveaux Etats. gagnaient du terrain dans les provinces du sud,
Mais l'histoire avait déjà vu se produire un évé- tandis que celles du nord, bien plus protestante~,
nement qui, joint à d'autres circonstances, devait sentaient leur antipathie pour l'oppression se
amener, quarante ans plus tard, un schisme irré- doubler d'un peu de méfiance vis-à-vis de lenrs
~< Pt~TTW
alliée. Guillaume d'Orange et ses amis essayèrent de GuillaumeIII avait laissées vacantes dès 1702.
de prévenir un schisme en amenant la pacification Ses dignités furent déclarées héréditaires dans sa
de Gand en 15i5. Mais les effets de cette alliance famille.
ne furent pas durables. En 1519, les délégués des Le xvm" siècle vit décroître peu a peu la
s'pt provinces du nord conclurent la célèbre gloire et la puissance de la République des Pays-
Union d'Utrecht, qui fut le point de départ de Bas. La guerre de la succession d'Espagne ne
l'existence indépendante de la République des lui apporta que des déboires. Ses dettes s'ac-
Pays-Bas unis. En 1581, une abjuration solennelle crurent d'une façon inquiétante. La mort préma-
mit fin à la souveraineté du roi d'Espagne sur ces turée de Guillaume IV laissa à la tête des affaires
contrées, et en 1588 la République fut définitive- un enfant de trois ans, dont la tutelle fut conBée
ment fondée et organisée. Mais déjà celui qui avaitd'abord à sa mère, ensuite, après la mort de
été le principal promoteur de cette œuvre, Guil- celle-ci, au duc de Brunswick. Cette influence
laume d'Orange, avait succombé en 1584, sous la allemande d'un côté, et de l'autre, les troubles
main d'un sicaire fanatique. politiques qui présageaient en Hollande, comme
Plusieurs provinces élevèrent aussitôt au rang partout, l'orage de la révolution, créèrent bientôt
de stadhouder son fils, le prince Maurice, qui se une situation contre laquelle Guillaume V n'était
signala surtout comme soldat et qui enleva plu- pas de force à réagir. Follement entraînée dans
sieurs villes a l'ennemi. Ce fut sous son stadhou- la guerre d'indépendance des États-Unis d'Amé-
dérat que les Pays-Bas conclurent avec l'Espagne rique, la République des Pays-Bas dut conclure
cette trêve de douze ans (1609-1621), qui livra la une paix honteuse avec l'Angleterre. Le pays se
jeune République à des luttes intérieures, mi- divisa de plus en plus entre les « patriotes », qui
politiques, mi-religieuses, connues sous le nom avaient de fortes sympathies pour la France, et
de querelles des Remonstrants et des Contre- les Orangistes, qui s'appuyaient sur l'Allemagne.
Remonstrants,dont le vieux « pensionnaire s (c'est-En n87 une armée prussienne fit pencher la
à-dire premier magistrat) des États de Hollande, balance du cûté des Orangistes. Mais lorsque,
Oldenbarneveld, fut la plus illustre victime. Mais dans l'hiver de 1794 à 1795, le général français
ces troubles n'empêchèrentpas les Pays-Bas de Pichegru fit son entrée en Hollande, le stadhou-
s'élever pendant ce temps-là à un degré de bien- der et sa famille se réfugièrenten Angleterre.
être, de gloire et de richesse, qui ne fut jamais Le 16 mai 1795, le stadhoudérat fut supprimé,
dépassé. Ce fut alors qne la fameuse compagnie et la « République batave remplaça l'ancienne
des Grandes-Indes fonda, dans l'Archipel indien, République des Provinces unies. Les contre-coups
le pouvoir colonial des Hollandais. de la révolution française amenèrent dans les
Enfin, sous le stadhoudérat de Frédéric-Henri, Pays-Bas de nombreux changements, parmi les-
frère et successeur de Maurice, la paix de West- quels plusieurs dont les heureux effets durent
phalie, conclue en) 1648, proclama l'indépendance encore. Cependant le grand dictateur qui avait
de la République des Pays-Bas, et lui garantit la exploité la révolution française à son profit, chan-
libre possession de toutes ses conquêtes. Dès lors gea en 1806 la Républiquebatave en un <f royaume
l'Union des sept provinces se sentait assez forte de Hollande », dont son frère Louis Bonaparte fut
pour s'engager contre l'Angleterre dansquideux le titulaire. Mais déjà en 1810 ce roi. qui avait
guerres navales ()<j51-1654 et 1665-1667), réussi à gagner quelques sympathies parmi ses
ont
rendu célèbres les noms des amiraux Tromp, de nouveaux sujets, fut forcé de déposer la couronne,
Ruyter, van Galen et Evertsen, et pour tenir tête et les Pays-Bas ne furent plus qu'un département
au puissant roi de France, Louis XIV. Celui-ci de l'empire français.
trouva un adversaire redoutable dans la personne Cependant le canon de Leipzig annonça t'ébou-
de Jean de Witt, pensionnaire des Etats de Hol- lement de cette construction gigantesque dans
lande dateur de la triple alliance entre les Pays- laquelle la Hollande se trouvait enclavée. Après
Bas, l'Angleterre et la Suède, en 1668, le véri- bien des hésitations, elle osa secouer le joug étran-
'table chef de la République pendant les années ger quelques hommes de courage et d'initiative,
qui séparèrent la mort de Guillaume H, fils de parmi lesquels il convient de citer Gysbert Karel
Frédéric-Henri, de l'élévation de son fils Guil- van Hogendorp, rappelèrentd'Angleterre le fils de
laume III à la dignité de stadhouder (1650-1672). l'ancien stadhouder. Celui-ci débarqua à Schéve-
ningue en f813. et fut reconnu, l'année d'après,
Jalousé et poursuivi par ses adversaires politiques,
Jean de Witt, de même que son frère Cornélis, pour chef de l'État sous le titre de « prince sou-
succomba tristement dans une émeute de la popu- verain ». Le congrès de Vienne l'éleva au rang de
lace de La Haye. Le jeune stadhouder, le même roi et, pour le dédommager de la perte de quel-
qui. en )688, monta sur le trône d'Angleterre,' ques-unes des colonies, telles qne~CeyIan et le
d'où il avait chassé son beau-père Jacques H, com- cap de Bonne-Espérance,dont 1 Angleterre s'était
battit les armées de Louis XIV avec plus de emparée~ joignit à son territoire ce qu'on appelait
gloire que de succès. Comme il mourut sans lais- les Pays-Bas autrichiens, c'est-t-dire les ancien-
ser d'enfants, sa mort amena pour la seconde nes provinces du sud. Mais, séparées depuis l'Union
fois une de ces périodes qu'on pourrait appeler d'Utrecht, les provinces du Nord et celles du Sud
des interrègnes, si le stadhouder avait été un ne purent se résigner à cette union artificielle,
souverain. Mais il n'était que le gouverneur de qui ne s'était faite que par ordre de la diplomatie.
chacune des provinces qui 1 avaient investi de ces La Belgique se révolta en 1830, et, malgré « la
fonctions, et comme tel, le serviteur des Etats. campagne de dix jours, » qui enflamma la popu-
Il tenait, en outre, des Etats-généraux, espèce lation néerlandaise d'un enthousiasme vraiment
de délégation collective des provinces dont se remarquable, et qui vit s'enrôler sous les dra-
composait la République, le titre de « capitaine peaux jusqu'aux étudiants des universités, le roi
général et amiral de l'Union. » Jusqu'à la mort Guillaume I'" dut céder. Après bien des hésita-
de GuillaumeIII, la Hollande, la Zélande, Utrecht, tions et bien des embarras diplomatiques il re-
la Gueldre, et l'Overyssel avaient eu pour stad- nonça enfin, en 1839, à la Belgique, et, l'année
houder un descendant de Guillaume d'Orange, suivante, remit la couronne de Pays-Bas à son
tandis que la Frise, Groningue et Drenthe avaient fils, Guillaume II. Celui-ci, le héros des Quatre-Bras,
pris leur gouverneur dans une ligne de la maison jouit jusqu'à sa mort, en 1849, d'une popula-
de Nassau qui remontait a Jean, frère pu!né du rité très méritée. Ce fut sous son règne, en 1848,
Taciturne. Mais en l'!4T le gouverneur de Frise, que le royaume des Pays-Bas fut doté définitive-
qui s'appela désormais Guillaume IV, fut investi ment de la constitution libérale qui le régit
par les autres provinces des fonctions que la mort encore. A la tête du pouvoir se trouve un roi
constitutionnel entouré de ministres responsables pays, effaçant les
qui forment avec deux chambres le pouvoir légis surtout en contours des objets, appelait
t'œil du peintre, le HoXandais Rembrandt
latif. Un des principaux auteurs de cette consti (1608-1669)trouvait dans
tutionétaitM.Thorbecke.hommed'Etatdepre secret du clair-obscur et les ce même air brumeux le
m'er ordre, qui a été jusqu'à trois fois le che le ciel hollandais n'a entièrement effets de lumière que
d'un cabinet libéral sous le règne pacifique d) Ce qui le distingue révèles qu'oui.
roi actuel Guillaume III. Depuis 1873, une guerre mand, c'est en outre de son rival fla-
un
longue et pénible contre les Atchinois, dans t'ih tique, qui fit de lui le peintrecaractère protestant et démocra-
de Sumatra, a entamé fortement le budget. Ai ses disciples les plus célèbres, du peuple. Parmi
on doit citer Ferdi-
reste, sans être brillant, l'état du pays est proa nand Bol'et Govert Flinck.
père plusieurs réformes salutaires, parmi les Le portrait continua à être le genre préfère
quetfes la laïcité de l'enseignement public, ont ét< mâle le
introduitesdepuis longtemps, et ni les luttes poli pinceau de Frans Hais lui donna un éclat qui
tiques, qui ne manquent pourtant pas d'âpreté rivaux na jamais été égalé, bien que ce peintretrouvâtdes
ni le voisinage d'Etats puissants n'empêchent le~ Moreelse. dignes de lui dans Michel Mierevelt et Paul
Hollandais d'espérer que leur petit pays ne ces. Au portrait se rattacha en outre
genre nouveau, qui consistait à réunir plusieurs un
sera jamais d'abriter la liberté et le progrès. portraits sur une même toile, et que Rembrandt a
Beaux-arts et littérature. La conquête ro- immortalise
maine a laissé en Hollande quelques débris d'an. par des chefs-d'œuvre tels que la le-
cienne architecture, tels que la Burg de Leyde. çon
d'anatomie, la Ronde de nuit, les OM~e
échevins. Les nombreuses corporations, qui
Le style gothique s'est distingué dans plu- maient à garnir leurs salles de réunion ai-
tôt par la largeur que par la hauteur decesespays
églises. grand tableau d'un
L'éclosion de la vie bourgeoise au xvi* et au costume de fête,représentant contribuaient
tous les membres en
XYH'siècle entraîna un assez grand nombre de ce genre de peinture, dont, beaucoupà favoriser
constructions laïques, parmi lesquelles il faut Rembrandt après les œuvres de
signaler l'ancien hôtel de ville d'Amsterdam, con- Van der Helst est le Banquet des a~MAMK-~ de
struit par Jacob van Campen, en i6.')8. un des échantillons les mieux
réussis..
Quelques mausolées remarquables et surtout
les intérieurs des maisons et des palais prouvent landaise, tousdans cet âge d'or de la peinture hol-
D'ailleurs,
les genres étaient cultivés
que la sculpture a su s'élever dans les Pays-Bas maîtres. La vie du peuple était traitée par des
au-dessus du médiocre. Mais c'est surtout par ses verve et
un réalisme inimitables par avec une
grands peintres que ce pays s'est conquis les deux
Van Ostade, parjan Steen et Adrien Brouwer.
place importante dans le monde de l'art. une Au des salons se retrouvait dans les tableaux de Phi-
Lavie
xv et pendant la première moitié du xvr siècle, lippe Wouwerman, qui représente,
c'est-à-dire pendant la première période de l'art et Karel Dujardin, avec Berchem
néerlandais, il n'y avait pas encore d'école hol- et réussi d'école hollandaise un mélange spontané, naturel
landaise proprement dite. Ce ne fut et d'écote italienne.
le xvfsièclH que les peintres des que vers La bourgeoisie voyait peindre ses mœurs et ses
provinces habitudes par Gérard Dow, par Terburg, Metsu,
du Nord se mirent à marcher d'un pas égal à Frans Van Mieris, appelés d'ordinaire
celui de leurs confrères du Midi. Hubertus de conversation pour les distinguer 0despeintres
Van Eyck trouva des disciples dignes de lui dans peintres de »
Philippe de Koninck et Aert
autres
Van Ouwater, Gérard de Harlem, et surtout dans Van der Neer reproduisaient lagenre.
Lucas de Leyde (1494-1533). Ce dernier commença avec un art merveilleux tandisnatured'autres, de leur pays
à représenter dans la peinture la tendance laïque que Jean-Baptiste Weeninx et Asselyn, que tels
qui pénétrait partout. Dans ses tableaux, le ca- le paysage hollandais idéalisaient
ractère biblique des personnages s'efface devant ou imitaient Poussin et
Claude Lorrain. Adrien Van den Velde et Albert
l'importance que le peintre accorde acces- Cuyp faisaient des bergeries, Paul Potter peignait
soires. Cependant, on trouve encore aux chez lui, son magnifique taureau, Hondekoeter ses oiseaux
comme dans toute l'école de Van Eyck, jusqu'à à riche plumage. Jacob Ruysdael et Hobbema fai-
Quentin Matsys, cette immobilité des figures, cette saient revivre
attitude raide des personnages qui rappellentl'an- cieuse et puissante sur la toile toute la poésie capri-
d'une végétation opulente la
cien art hiératique. mer inspirait Willem Vanden Velde, Bakhuysen et
Pendant la seconde moitié du xvr siècle, on bien d'autres. Il n'y avait pas jusqu'aux natures
revient au genre du xiv=, c'est-à-dire à l'imi- mortes qui, dans
tation des Italiens. Jean de Mabuse, revenu d'I- la mangeaille « ce pays de la bombance et de
talie en 1513, en donna l'exemple et trouva de sent traitées comme t'appelle M. faine, ne fus-
par des peintres de génie.
nombreux imitateurs. Mais, malgré le talent de L'invention artistique
plusieursd'entre eux, notamment de Frans Floris, tique. Le xvur siècle sefinit avec l'énergie pra-
borna à essayer d'imi-
surnommé le Raphaël flamand, ce genre ne pou- ter le xvu" ou imita l'étranger. Cornélis
vait réussir. Le nu des écoles italiennes ne conve- est le seul peintre original de Troost
nait pas au climat humide des Pays-Bas, et le qui mérite une mention spéciale. cette époque
réalisme des gens du Nord, qui aimaient à cher- cement du x;x' siècle, le classicisme Au commen-
cher le détail, s'arrangeait difficilementde la sim- trouva des imitateurs habiles dans quelques français
plicité classique et idéale de l'école italienne. Le tres d'histoire. Aujourd'hui il pein-
portrait seul perpétuait l'art national. convient de si-
gnaler Louis Meyer et Mesdag parmi les peintres
Le xvn* siècle amena une réaction qui fut de marines, Israëls Vervier parmi les peintres
d'autant plus forte dans les provinces du Nord de genre, Koe~oeck,etSchelfhout
que, délivrées tout à coup du contre-poids des les paysagistes, Bosboom parmi les et Schotel parmi
provinces du Midi, elles penchèrentdu coté où leur glise, Rochusses parmi les peintres peintres d'é-
naturelles entrainait. La guerre d'indépendance ne d'histoire.
Les Pays-Bas peuvent se vanter d'une histoire
suscita pas seulementdes héros, elle vit naître aussi littéraire qui,
sans atteindre à la hauteur de
une brillante génération d'artistes; tous les grands histoire politique et de celle de leur art, tientleur
peintres originaux de la Hollande ont été jeunes pendant ce-
un rang
pendant le premier quart du xvn' siècle. En même rale des littératures européennes. honorable dans l'histoire géné-
temps l'art hollandais se sépare définitivement de moyen âge, les chansons de geste, les romans
l'art belge. Pendant que, dans les Flandres, le leAu la table ronde, et un grand nombre d'autres
puissant pinceau de Rubens se plaisait à cette Mésies d'origine française furent
richesse de tons vers laquelle l'atmosohère du reproduits dans
es Pays-Bas par des écrivains et des poètes qui,
le plus souvent, mêlaient une note originale à le «Gysbrecht d'Aemstel a, qui inaugura le théâ-
leur traduction. La rédaction néerlandaise du Ro- tre d'Amsterdam en 1638, et surtout les belles
Grecs, il
Mais le vrai poésies lyriques dont, à l'exemple des
man du Renard est un chef-d'oenvre.bon aimait a orner ses drames, lui ont valu cette ré-
caractère néerlandais, l'énergie, le sens, la
simplicité, l'esprit démocratique ne se révéla dans putation. Mais il n'est jamais arrivé à la popula-
la littérature qu'a l'époque où la bourgeoisie com- rité dont les Hollandais du xvu* et du xvm* siècle
mençait à rivaliser avec ia noblesse et même à lui ont entouré Jacob Cats ()&77-t660), le chef de
tenir tête. Le premier représentant de ce carac- l'école de Dordrecht, rimeur infatigable, moraliste
ennuyeux mais pratique, dont les œuvres ont été
tère est Jacob Van Maerlant, le père de la poésie appelées « la Bible des paysans ». L'un et l'autre
didactique des Pays-Bas, contemporain du comte
Floris V, le héros populaire du x!H* sièete. A ont trouvé de nombreux imitateurs.
la même époque, un moine de l'abbaye d'Eg- Le goût des classiques français a malheureuse-
mont, Melis-Stoke,moins démocratique que Maer- ment contrarié le développement de la littérature
lant, composa une « chronique rimée qui
n'aa
des
nationale à la fin du xvt)* et an commencement
(tu xvni* siècle. Un poète comique original, Pierre
jamais cessé d'être appréciée par les amis
lettres. Le règne de la maison de Bavière amena Langendyck, n'a pas vécu assez longtemps pour
exclusive- tenir tout ce que promettait son talent. Mais la
une certaine réaction contre le genre créateur seconde moitié du xvm' siècle a vu se produire
ment didactique dont Maerlant était le éminemment hollandaises, le
la fantaisie se vengea du dédain avec lequel le bon quelques oeuvres
hollandais de Justus van Effen, revue
sens et le goût de l'utilité pratique l'avaient Spectateur
traitée. hebdomadaire humoristique dans le genre du
Cependant, elle ne parvint pas à supplanter ses Spectator de l'Anglais Addison, et les romans
bourgeois de deux amies, Elisabeth Bekker (ou
rivaux. Ce fut surtout dans les « chambres de rhé- Wolff,
torique qui, dès le commencement du xv* siècte, d'après le nom de son mari) et Agatha
avaient enlevé M'Eglise le monopoledes représen- Deken,qui rappellent Richardson et Rousseau.
de siècle vit se produire
tations dramatiques, et qui ont régné pendant deux Le commencement littéraires
ce
très variées, auxquelles
siècles dans le monde littéraire néerlandais, qu'on des influences politiques n'étaient pas étrangers.
retrouve ce goût de l'utile, cette gravité raide, ce les événements
la ba- L'école sentimentale de l'Allemagne trouva un
manque d'essor, qui engendrent facilement
dans les drames de Feith. Le fameux Oran-
nalité. Le règne brillant des ducs de Bourgogne écho
amena en outre une influence française qui ne giste Bilderdyk, savant hors ligne et poète de
fut pas favorable au développement de la langue génie,école mais caractère intraitable, fonda une but-
nationale. Pendanttoute cette période et jusqu'aux lante nationale. Hetmers fut un poète patrio-
efforts sérieux d'épuration faits au commence- tique trop déclamatoire. Parmi les écrivains de lail
ment du xvn* siècle par Spieghel, Coomhert et période littéraire qui s'ouvre par l'année 1830,
ca- convient de citer les poètes Tollens,
Potgieter,
leurs amis, l'idiome néerlandais présenta unrhé-
ractère bâtard déplorable. Les chambres de Da Costa, de Génestet, tous morts, Ten Kate et
torique, bien que, par leur esprit d'indépendance, Schaepman, les romanciers Van Lennep, madame
Multatuti, le nouvelliste Cre-
elles aient exercé une action heureuse sur la vie Bosboom-Toussaint,
le poète dramatique Schimmel, le critique
sociale, n'ont fait que du mal à la littérature. mer,
Busken Huet. Le poète Beets a écrit,
II convient cependantdefaire une exception pour littéraire
la célèbre chambre d'Amsterdam, <f l'Eglantier », comme étudiant, sous le nom de Hildebrand, une
d'esquisses humoristiques qui resteront
fondée en 1496, qui publia la première grammaire série des produits classiques de la littéra-
hollandaise en ~584, et d'ou sortirent, de t5'!8 a toujours un L'étude de la langue et de la
1600, les initiateurs de l'œuvre d'épuration et de ture
hollandaise.
nationale, sérieusement cultivée depuis
relèvement que nous venons de citer. Mais ce fu- littérature Sigenbeek le premier une chaire de
rent surtout la Réforme et la Renaissance qui que occupa
à la litté- langue néerlandaise l'université de Leyde, en
ouvrirent une période de vie nouvelleRéforme &
représentée par les profes-
rature néerlandaise. L'influence de la se '!95, est brillamment dernier s'occupe
psau- seurs Jonckbloet et de Vries. Le
retrouve entre autres dans les traductions des premier dictionnaire historique du
mes de Clément Marot par Dathenus et par Philippe de publier le
Marnix, seigneur de Sainte-Aldegonde, l'ami de hollandais.
Guillaume d'Orange, l'auteur justement célèbre Un grand nombre de journaux et de revues ap-
du « cAati< de Guillaume », le chant dynastique, portent au public des échantillons de prose parmi
théâ-
Hollandais. L'hu- lesquels il en a de fort remarquables. Le
presque le chant national entière
des y
Seuls
rattache le nom tre national a de l'avenir. [A.-G. Van Hamel.] tes jeunes poètes
manisme, auquel l'Europe
du Rotterdamois Erasme, trouva un représentant se font attendre.
distingué dans le graveur Coornhert. PEA.U. – Zoologie et Physiologie, XXXVUI
Mais l'action de la Renaissance ne devint puis- Hygiène, VIII. La peau constitue une enve-
sante et féconde que dans la première moitié du loppe membraneuse qui se moule sur les parties
xvii* siècle, l'âge d'or de la littérature néerlan- externes protègedu corps et lui donne sa forme. Cette en-
l'ensemble de l'organisme et le
daise. Ce fut alors que, dans la maison hospita- veloppe
lière de Roemer Visscher, et de ses filles, Anna met en rapport qui avec le monde extérieur par le
et poètes elles- réseau nerveux forme l'organe du tact. Elle
et Maria Tesseischade, auteurs fonctions très importantes comme or-
mêmes, à Amsterdam, se réunissaient 1 historien remplit des sécrétion. De plus, elle est te siège d'une
Hooft, le grand poète lyrique et dramatique gane de
Joost Van den Vondel, le noble et savantHuyghens, respiration plus ou moins rudimentaire qui com-
celle
père de l'astronome, le poète comique Brederoô. plète l'on examine des poumons.
le Jan Steen de la scène, le docteur Coster, qui Si au microscope un fragment de
fonda une « Académie néerlandaise d'où sortit le peau humaine, on est surpris de voir combien
premier théâtre hollandais. Hooft, qui avait voyagé cette enveloppe, si simple en apparence, est com-
plus tard, notam- pliquée dans sa texture et dans sonvernis organisation.
en Italie et en France, organisalittéraire plus re- A la surface, on voit une sorte de imper-
ment de 1691 à 164', un foyer au-dessous le derme,
marquable encore, lorsqu'il nt de son château de méable, l'épiderme; qui le
on peau
peaucier ou
Muyden, près Amsterdam, une espèce d'hôtel de proprement dite, repose sur
l'épaisseur, sauf l'épi-
Rambouillet. Vondel, qui atteignit l'âge de 92 ans, couche musculaire. traversée
Toute
de nerfs et de vaisseauxsan-
passe pour le plus grand des poètes hollan- derme, est
dais. Quelques-uns de ses drames, entre autresi guins.
L'épiderme, dépourvu de vaisseaux et de nerfs, y déversele liquide sécrété par la glande aux dépens
de la sueur a surtout pour
est formé de cellules aplaties, la plupart à demi du sang. La sécrétion température
desséchées, qui ressemblent assez à la corne. La objet de régulariser la du corps. Aus-

a––

Fig. 2. G)aude sudoripare de la peau de l'homme.


a, tube excréteur de la glande; b, partie contournée de
ce tube;–CjtisauËbreux dans lequel il est situe.
Fig. i. – Section de peau vue au microscope.
a6, couches superficielles et profondes de l'epiderme – mouvement ou toute autre cause tend &
sitôt que le
augmenter cette température,la sueur se répand à
c', aréoles ou Moites remplies de grosse;
t, derme; musculaire
d, couche –e, e', glandes sudoripares et
la surfacede la peau et son évaporation, absorbant
conduits sudorifères; f, folliculepileux et glandes sé-
du calorique, produit un notable refroidissement.
bacées. Lorsque la sueur est peu abondante, elle ne forme
gouttelettes sur l'épiderme cette sécrétion
couche profonde de l'épiderme produit sans cesse pas dess'appelle
de nouvelles cellules: celles-ci repoussent celles lente transpiration insensible.
qui les recouvrent et remplacent successivement
les lamelles superficielles qui tombent lorsqu'elles
sont complètement sèches. Chez les serpents,
cette espèce de mue de l'épiderme est périodique,
elle se fait en même temps sur tout le corps, de
sorte que l'animal semble changer complètement
de peau, tandis qu'il n'abandonne qu'un mince
fourreau épidermique recouvert d'écaillés.
Dans la partie profonde de l'épiderme se trouve
le pt~meK< ou matière colorante de la peau. Cette
matière, assez variable dans ses teintes, produit
les différentes colorations de la peau chez l'homme
et les animaux. Certains reptiles, et surtout le
caméléon, peuvent à leur gré faire affluer le pig-
ment à la surface ou concentrer
le dans les parties
profondes, ce qui produit de curieux changements
de couleur. Quelques poissons possèdent la même
faculté.
Le derme consiste en une sorte de feutrage de
tissu fibreux. A sa surface on voit des rangées ré- Fig. 3. Réseau eapUiaije entourant une glande.
galieres de petites éminences ou pap!«M aux- sudoripare.
quelles aboutissent les nerfs du tact Le tissu du
derme est assez lâche dans les parties profondes
A côté des glandes sudoripares se trouvent les
on y trouve un grand nombre de vides qui se rem- glandes M'Aac~- (de sebum, suif), qui sécrètent une
plissent plus ou moins de graisse. Chez quelques
animaux comme le porc, les cétacés, cette couche matière grasse destinée à lubrénerl'épiderme.Etles
graisseuse prend un développement extraordinaire. sont ordinairement disposées autour des/bM:c!«M,
Le peaucier ou partie musculaire de la peau varie sortes de sacs d'où sortent les poils, les che-
beaucoup d'épaisseur sur les différents points du veux, issus d'un bulbe dont les cellules se repro-
c'est duisent sans cesse et, en repoussant celles qui se
corps et dans les diverses espèces d'animaux du poil.
trouvent au-dessus, causent raitongementsébacées
lui qui permet de remuer, de froncer, de secouer
Certains animauxprésententdes glandes
pour ainsi dire la peau, comme le fait, des
par exem-
mouches. d'un volume considérable, d'où suintent des ma-
ple, le cheval, pour se débarrasser du
Quelquefois, comme chez le hérisson, le peaucier tières odorantes. Les oiseaux portent au-dessusgrais-
produit
coccyx un amas de glandes dont le plumes;
sert à mettre en mouvement et à redresser une
série de poils ou de piquants destinés a protéger seux sert à enduire et lustrerdéveloppées
leurs
chez
ces
les
l'animal. glandes sont particulièrement
Dans l'épaisseur moyenne de la peau se trouvent oiseaux aquatiques.
logées des glandes fort compliquées,dites sudoripa- Les plumes ont une structure plus compliquée
consistent en que les poils, mais constituent aussi des appendi.
es ou glandes de la sueur (fig. 2), qui la rigueur, en rap-
tubes très déliés, pelotonnés sur eux-mêmes. Au- ces de l'épiderme. On peut, à cornées, ongles, sa-
tour des tubes se trouve un double réseau de vais- procher d'autres productions
bots ou cornes proprement dites.
seaux sanguins (fig. 3). Le tube de chaque glande Chez les poissons, la peau est couverte d'écai)!e&
aboutit a l'extérieur entre des cellules d'éptderme et
qui le rapprochent des ongles et des poils mais contenant la même proportion de déchet, et si l'on
dans beaucoup d'espèces ces appendices ont une tient compte du surplus d'azote qui
compense et
composition analogue à celle des os et de l'ivoire. au de)à le surplus d'eau, on voit que
Quelquefois, comme chez le crocodile, la peau nutritive est au moins égale. sa valeur
s'encroûte de plaques osseuses, ou se recouvre, Les lacs, les étangs, les rivières fournissent à la
comme chez le tatou et la tortue, d'une carapace consommation un contingent considérable, mais
dure de matière osseuse ou cornée. qui pourrait être triplé et quadruplé si l'on prenait
Ces notions sommaires sur la structure de la à cœur de multiplier, d'élever, de protéger les
peau suffisent pour faire comprendre combien il poissons comme les antres animaux destinés à l'ali-
importe de veiller à l'intégrité de cet organe si mentation.
étendu, si complique, appelé à rendre tant de ser- Il y a longtemps que l'on a constaté l'appau-
vices, a exercer tant de fonctions. Pour cela, il faut, vrissement de nos eaux douces et même de celles
avant tout, une parfaite propreté*. Les frictions, le qui baignent nos côtes. H faut aller chercher le
massage, contribuent puissamment à donner à la poisson au delà du domaine maritime, c'est-à-dire
peau la souplesse et l'activité désirables. à plus de trois milles en mer, pour que la pêche
La peau, étant riche en vaisseaux et en nerfs, soit rémunératrice.Annuellement, cette industrie
constitue un ensemble très délicat. Les impres- fournit à l'alimentation environ 47 000 000 de ki-
sions morbides l'affectent d'une façon toute spé- logrammes de poisson.
ciale. Non seulement ces impressions, celle du Ce n'est pas, d'ailleurs, la pêche régulière, telle
froid surtout, reçues par la peau, retentissent que l'autorisent les règlements, qui a causé le dé-
dans toute l'économie et causent des maladies sou- peuplement des eaux
au point alarmant que l'on
vent fort graves mais elle est le siège d'altérations constate. La pêche honnête, strictementréglemen-
spéciales qui constituent les maladies de la peau. tée, n'enlèverait chaque année qu'une quantité
Dans la très grande majorité des cas, il faut l'œil supérieure à la production ce qui épuise et sté- peu
exercé du médecin pour établir le diagnostic de rilise rapidement, c'est la pêche frauduleuse, la
ces maladies. Son intervention est d'autant plus souillure et l'empoisonnement des et les mo-
indispensable que la même altération apparente difications apportées à leur régimeeauxl'industrio
peut être tout à fait insignifiante ou révéler l'exis- sous toutes ses formes. par
tence d'un désordre constitutionnel grave, qui H est certainement plus facile et plus lucratif de
exige un traitement actif et énergique. Entre la faire produire !t l'eau des poissons du blé à la
forme anodine et la forme suspecte, le médecin terre, mais comme on laissé les que étangs devenir
seul~est capable de décider. a
[D' Sanray.] improductifs, il y a partout une tendance générale
PECHE. – Connaissancesusuelles, IX. Dans à les dessécher pour les mettre en culture.
presque tous les pays le poisson fait Il faut qu une science nouvelle, l'aquiculture,
à la viande pour l'alimentation. Mais concurrence
il existe en- répare les dommages causés par le braconnage et
core beaucoup de préjugés au sujet de sa valeur l'incurie. Aujourd'hui l'aquicultureressortit à trois
nutritive. On répète des banalités plus ou moins ministères les travaux publics, la marine et l'a-
fondées, et en somme on ne rend
pas assez justice griculture. La loi de 1873,en confiant aux fermes-
au poisson. écoles l'organisation de la pisciculture, semble
Pour apprécier la valeur réelle de cet aliment, avoir reconnu que cette science pratique
il faut'recourir à l'analyse chimique. Or l'analyse tient, de droit, à l'agriculture. Quand les cultiva- appar-
fournit des chiffres indiscutables qui placent le teurs comprendront
poisson presque au même rang que la viande que l'eau peut, comme la
terre, devenir une source régulière de revenu, ils
quelques poissons même ont un pouvoir nutritif ne demanderont pas mieux
supérieur, au point de vue de l'azote, qui est l'élé- culleurs. que de devenir aqui-
ment le plus important. Les essais faits sur nos côtes et dans l'intérieur
Ainsi la viande de bœuf sans os contient 78 par- sont fort encourageants, et sans doute le gouver-
ties d'eau, 3 d'azote et 11 de carbone. La raie nement, s'inspirant de qui s'est fait à l'étranger,
con
tient 75 parties d'eau, 3,8 d'azote et 12 de carbone. établira ce
au ministère de l'agriculture un service
Le congre ou anguille de mer contient 79 parties spécial d'aquiculture, qui possédera des établisse-
d eau et 4 a azote. Le maquereau contient ii3
ties d'eau, 19 de carbone par- ments dans nos régions les plus importantes de
et 3,7 d'azote. La sole, l'intérieur et du littoral.
au contraire, renferme plus d'eau et moins de Nous n'avons point à faire ici une monographie
matières nutritives que la viande de bœuf: 86 de la pêche comprenant, outre celle des pêcheurs
ties d'eau, 12 de carbone et 2 d'azote. par-
de profession ou de vocation, la description des
Parmi les poissons d'eau douce, le brochet, la engins, les règlements,
etc. Nous nous bornerons
carpe sont plus riches en azote que la viande de à traiter de la grande pêche, qui est
bœuf; l'anguille n'en contient pas plus que la sole, notre encore pour
mais elle renferme 30 p. 100 de carbone. pays une industrie prospère et contribue à
l'alimentation publique dans une notable propor-
Le carbone des poissons provient principalement tion.
de leur huile ou graisse liquide. Pour Nos armateursont à peu près abandonnéla pêche
ceux que
nous venons de citer, la proportion pour 100 par- de la baleine aux Anglais et
ties est la suivante raie, 0,5; congre, 5; aux Américains. Ces
maque- grands cétacés deviennent rares, il faut les pour-
reau, 7; sole, 0,3; brochet, 0,6; carpe, 1, an- suivre dans des régions de plus en plus inaccessi-
guille, 24. bles, et ces campagnes exigent une organisation
L'expérience prouve
que des populationsichthyo- pour laquelle notre commerce ne s'est pas pré-
phages peuvent se renouveler pendant une longue paré.
série de siècles sans aucune marque de dégénéres- La pêche du hareng
cence. Des essais faits sur les animaux ont fourni tes. Les Hollandais, lesestNorvégiens, une des plus importan-
les mêmes résultats. les Ecossais,
les Américains s'y livrent comme nous elle
H importe de vulgariser
ces données positives de véritables flottes. L'industrie de la
pour encourager la consommation d'une denrée occupe pêche,de la préparation et de la vente du hareng
que les chemins de fer peuvent mettre à la portée fait vivre plusieurs millions d'hommes. Dans les
des habitants de tout notre pays. En moyenne, les ports situés entre Dunkerque l'embouchure
poissons communs coûtent beaucoup moins et de
que la la Seine, on arme chaque année 300 à 400 bâti-
viande. Ainsi, a Paris, le congre se vend communé-
ment 0',60 à o',65 la livre en détail, c'est-à-dire ments pour la pêche du hareng le produit moyen
de chaque campagne est d'environ 40MOOOU de
80 p. 100 moins cher que de la viande de bœuf francs.
On pêche d'ordinaire le hareng avec de grands stitue une des principales richesses des peuples
filets dont le bord inférieur est tendu par des pier- riverains de la Méditerranée. On sait aujourd'hui
les thons quittent jamais cette mer, et so
res, tandis que le bord supérieur est maintenu à
barils
que
contentent de
ne
changer d'altitude selon les saisons.
fleur d'eau par des bouées formées avec des Pour la
vides. Les mailles des filets sont juste assez gran- On pêche le thon à la ligne et au filet.
des pour permettre au hareng d'y enfoncer la tête pêche au filet, il faut le concours d'un grand nom-
jusqu'auxouies. Une fois que celles-ci ont passé, il bre de barques. Les filets, soutenus en haut par
ne peut ni avancer ni reculer, on dit qu'il est des flottes de lièges, tendus en bas par des pier-
nta~M. Il arrive souvent qu'en quelques minutes res, sont disposés de façon à former des couloirs
chaque maille retient un poisson. et des chambres. Au-dessous de la dernière cham-
Les harengs destinés être mangés frais sont bre on tend un grand filet. Le talent des pécheurs
lavés et arrangés dans des paniers. Los autres consiste à obliger les poissons à entrer dans le
subissent une série de préparations. Par une in- dédale et à se réunir dans la chambre de mort.
cision pratiquée à la gorge, on enlève l'estomac Quand celle-ci est pleine, on soulève le filet du
et les intestins, puis on sale les poissons dans des fond et l'on massacre les captifs.
barils au bout de quinze jours on les retire de la On expédie à l'état frais une faible partie de la
l'huile et conservé
saumure et on les range dans des barils neufs pour pêche; le reste est frit dans
dans des boites en fer-blanc soudées.
l'expédition. Les harengs saurs sont embrochés
Malgré sa petite taille, la sardine est un rival1
par les joues sur des baguettes de bois et suspen- du hareng qu'elle surpasse de beaucoup en déli-
dus au-dessus d'un feu doux.
Le hareng habite les mers de l'hémisphère bo- catesse. Elle se trouve en abondance sur nos côtes,
réal jusqu'au 45' degré de latitude. En certaines et malgré les causes de destruction auxquelles
saisons, il forme des bancs longs et larges de elle est exposée, sa prodigieuse fécondité main-
plusieurs lieues, d'une épaisseur énorme. En un tient l'espèce à peu près aussi abondante qu'au-
seul point de la Suède on en pèche chaque année trefois. Elle habite d'ordinaire les eaux profondes
700 millions Les femelles sont plus nombreuses mais en automne, à l'époque du frai, elle se rap-
chacune
que les mâles, dans le rapport de 7 à 2, etclassait proche de la surface et se réunit en grandes trou-
porte près de 70 000 œufs. Autrefois on le pes près des côtes, principalementà l'embouchure
hareng parmiles poissonsmigrateurs,et l'on croyait des fleuves.
connaitre exactement la route qu'il suivait chaque La pêche de la sardine constitue en divers pays,
année. Mais on a reconnu qu'il est stationnaire et notamment en Bretagne, une industrie impor-
et que son apparition soudaine dans certains pa- tante. On emploie des filets analogues à ceux
quitte les par-
rages vient simplement de ce qu'il près
usités pour la pèche du hareng, mais à mailles
ties profondes de la mer pour vivre de la sur- plus petites. Quelques-uns ont mille mètres de
face. long.
Environ 12000 marins sont employés chaque Une couche d'huile qui surnage indique aux
année à la pêche de la morue. Ils recueillent en pêcheurs l'endroit où se trouvent les sardines. On
moyenne 36~00~00 de poissons, et cependant le dirige les barques de manière à encercler une
nombre de ceux-ci ne semble pas diminuer. partie de la troupe, et au bout de quelque temps
Il est vrai que leur fécondité est extraordirnira les maillés sont presque toutes garnies d'un pois-
on a compté dans une seule femelle plus de
progéniture de
son.
La sardine se corrompt très vite, aussi est-on
9 000 000 d'œufs, en sorte que la
quatre d'entre elles, si elle prospérait, suffirait obligé de la saler immédiatement. Les plus gros-
aux besoins du monde entier. ses se préparent à la manière des harengs. Les
On rencontre la morue dans toutes les mers petites et les moyennes sont frites dans l'huile
de l'hémisphère boréal entre le 40' et le 60" degré et rangées dans des boites de fer-blanc qui sont
de latitude. Leur station favorite semble être le soudées, puis chauffées au bain-marie à un peu
grand banc de morue, nom donné parles pêcheurs plus de 100 degrés. Ainsi préparées, elles se con-
à un plateau sous-marin long de cent lieues et servent indéfiniment.
large de soixante, qui s'étend devant l'lie de Terre- Lorsque l'on aura généralisé les essais d'élevage
Neuve. Là elles s'accumulent, à certainesépoques, de poissons dans de grands viviers marins, nos
côtes repeuplées fourniront à l'alimentation des
en si grandes quantités,qu'un homme les pêchant quantités énormes de poissons qui feront une
à la ligne en peut prendre de trois à quatre cents
par jour. heureuse concurrence à ceux de la grande pêche
Leur voracité facilite singulièrementla pêche. car il faut reconnaître que le poisson salé ou
Elles se jettent sur tous les appâts, même sur un fumé perd non seulement la plupart de ses qua-
morceau de bois ou de plomb. Tout leur est bon, lités agréables, mais aussi une notable proportion
absolu- de sa valeur nutritive. [D' SctHray.]]
et quand elles ont avalé une substance
ment réfractaire, elles rejettentpar la bouche leur PEINTURE. La peinture dans l'antiquité.
estomac, le vident, le lavent et le remettent en La peinture ne fut d'abord qu'une simple colo-
place en l'avalant. ration des matériaux employés par l'architecture,
On expédie, sous le nom de cabillaud, une cer- appliquée soit à l'ensemble, soit aux détails sculp-
taine quantité de morues fraîches mais la grande tés en creux ou en relief, puis à certaines parties
masse des poissons capturés est préparée de tête,ma- des œuvres de la statuaire, aux vêtements des
nière à assurer sa conservation. On coupe la statues par exemple. Il faut traverser bien des
on fend le ventre, et l'on extrait, avec l'estomac et siècles avant de voir la peinture produire ce que
les intestins, une partie de la colonne vertébrale nous appelons aujourd'hui un tableau. Elle com-
alors on étend le poisson entre deux couches de sel. mença par s'essayer sur les grandes murailles des
Plus tard on lerange dans desbarils avecdusel frais. édifices publics à représenter des scènes histori-
Le foie de la morue fournit une huile employée ques ou familières. Telle fut la peinture en
en médecine, principalement dans les cas de scro- Egypte à l'époque des Osourtasen et des Ramsès.
fules et de rachitisme. Elle agit surtout comme Le Musée égyptien du Louvre nous offre des
aliment gras on pourrait donc la remplacer écono- spécimens remarquables et fort intéressants de
miquement par d'autres substances de même cette peinture à l'état d'adolescence cercueils de
nature, sauf à y ajouter quelques milligrammes momies, ornés de figures et d'inscriptions en cou-
d'iode par litre. leur, manuscrits hiéroglyphiques, tableaux funé-
Le thon, au corps massif, fusiforme, atteint raires. Une grande pureté de dessin, une grande
deux mètres et plus de longueur. Sa pêche con- vivacité de coloris distingue la peinture égyp-
tienne; mais comme les autres arts dans ce pays, de tout modèle conduit 1 art à un état de barbarie
elle reste traditionnelle, immuable. extrême. « On ne sait plus représenter l'homme
C'est en Grèce seulement que l'art devint hu- qu'assis ou debout. Les autres attitudes sont trop
main et sembla prendre vie. Selon les Grecs, qui difficiles. Les mains, les pieds sont raides et ont
ont une légende gracieuse à l'origine de tous les les plis du vêtement sont de bois, les
l'ait- cassé
arts, une jeune ~lle de Sicyone, voyant sur le mur personnages semblent des mannequins, les yeux ont
l'ombre de son naucé prêt !t la quitter pour un envahi toute la tête. Mais qu'importe ? sur des
long voyage, prit un charbon, suivit les contours âmes incultes une figure grossièrement façonnée
de la silhouette, et traça ainsi le profil. Le dessin aura plus de prise justement parce qu'elle est
était trouvé. Chacun des progrès de l'art était symbolique.
ainsi personnifié c'était Ctéophas qui avait le L'art du moyen âge parlait a ces populations
premier appliqué la couleur au dessin, Apollo- à demi sauvages la seule langue qu'elles pussent
dore qui avait trouvé la perspective. Cette mytho- comprendre, la terreur n (Menard). Le jugement
logie artistique est fort longuement racontée par dernier avec ses diables, ses flammes, ses sup-
Pline l'Ancien mais ce n'est qu'à partir du plices, tel est le thème favori des peintres comme
v siècle avant notre ère .qu'on trouve quelques des sculpteurs.
renseignements authentiques et des noms dignes La peinture en Italie, du xi, siècle aux temps
d'être cités. Polygnote de Thasos, bien que réduit modernes. Il s'opéra au X!' siècle une vérita-
à l'emploi de trois ou quatre couleurs seulement, ble renaissance sous l'influence de l'art byzantin.
donne à ses figures un véritable caractère de Une école grecque s'établit à Rome, une autre à
grandeur et exécute des fresques monumentales; Pise. Les oeuvres des mosaistes grecs donnent
vastes compositions qui réunissent jusqu'à deux l'éveil au génie italien. Les cités italiennes se pi-
cents personnages. Ce fut lui qui décora le porti- quent d'émulation, architectes et sculpteurs se
que du Pœcite, à Athènes. mettent à l'oeuvre la peinture suit de près ce
Le siècle de Périclès compte deux grands pein- mouvement. Au début du xm' siècle, les peintres
tres Parrhasius et Zeuxis. Parrhasius peint sur italiens se mohtraient déjà supérieurs aux Grecs
des tablettes mobiles, portatives il crée le ta- contemporains.
bleau de plus, il donne à ses figures l'expres- Cimabuë, né à Florence en 1240, ouvre la liste
sion, la passion, la vie. Zeuxis, son rival, t'em- des peintres italiens. Ce n'est pas un novateur
porte par It coloris il invente la manière de bien audacieux, mais ses œuvres dénotent un pro-
ménager la lumière et les ombres. grès (Louvre ~w<y" aux <M~M).
Mais le grand peintre de la Grèce, son Raphaël Le fondateur de l'école italienne est Giotto. Ce
pour ainsi dire, c'est Apelles. En lui tout était petit pâtre, que Cimabuë rencontra dessinant ses
réuni, sentiment, exécution, ordonnance. Il fut le chèvres sur le sable avec une pierre pointue, et
favori d'Alexandre, qui ne voulut pas avoir d'autre dont il fit son disciple, est le premier peintre qui
peintre que lui. s'inspira directement de la nature. Il ne se con-
Aucune œuvre des peintres grecs n'est venue tente pas de juxtaposer ses personnages il com-
jusqu'à nous. Nous pouvons cependant nous faire pose un ensemble. It donne de l'expression à
une idée de cette peinture et de ses mérites. ses figures, et à ses personnages la vie et le
Les monuments de l'architecture et de la sta- mouvement (Louvre trois tableaux sur saint
tuaire disent assez si ce peuple était compétent François d'~MMe). Giotto était à la fois peintre,
en matière d'art, et nous voyons chez lui les pein- sculpteur, ingénieur, architecte, poète. Cimabuë
tres estimés à l'égal des sculpteurs. Les descrip- avait été architecte et peintre; Nicolas de Pise,
tions de tableaux que nous trouvons dans les sculpteur et architecte. Ainsi dès les premiers
écrivains témoignent au moins de l'invention et noms qu'on rencontre se présente ce fait si remar-
de la richesse d'ordonnance des artistes. Nous quable dans l'histoire de la Renaissance la mer-
savons par eux que tous les genres cultivés de veilleuse aptitude des artistes à pratiquer toutes
nos jours étaient cultivés chez les Grecs pein- les branches des beaux-arts avec un égal succès.
ture religieuse, histoire, batailles, portrait, nature Giotto était devenu un illustre personnage les
morte, scènes d'intérieur, et jusqu la caricature-
Les fresques découvertes dans les catacombes et
princes et les papes se disputaient la faveur de le
posséder. La place honorable que l'artiste prend
plus récemment à Herculanum et à Pompéi, alors dans la société italienne est encore un trait
montrent assez que les peintres de l'antiquité sa- particulier de l'époque.
vaient traiter tous les sujets. Jean de Fiesole(Fra Angelico) ne connut pas cette
Les Romains, grands architecteset grands ingé- gloire mondaine jeune, riche, doué d'un talent
nieurs, demeurèrent toujours étrangers a l'art de extraordinaire, il revêtit la robe des dominicains
sculpter et à l'art de peindre. Ils n'eurent guère il consacra son pinceau à la peinture religieuse.
d'autres artistes que les artistes grecs venus à Ses œuvres reflètent la sérénité angélique de son
Rome après la conquête de la Grèce. Le faux goût âme. Un certain caractère hiératique emprunté
des vainqueurs eut la plus déplorable influence aux traditions byzantines est en parfaite harmo-
sur les artistes grecs eux-mêmes; la peinture fut nie avec l'exquise naiveté,idéale la suave délicatesse
bientôt réduite au rôle de décoration d'intérieurs. de ces figures, expression du paradis rêve
Au siècle des Antonins, elle était déjà tombée par le moyen âge (Louvre Couronnement de la
très bas. F~e).
La dévastation de l'empire par les barbares, les Le commencement du xve siècle est marqué
ravages des iconoclastes, accélérèrent la déca- par des progrès importants Ucello fixe les lois de la
dence des arts. Il n'y avait plus de modèles à étu- perspective, Finiguerrainvente la gravure en taille-
dier, la tradition se trouva rompue. Un mouve- douce, Antonello de Messine rapporte de Flandre
ment de réaction contre les ArMCM' d'images fit le secret de la peinture à l'huile, plusieurs artistes
multiplier les tableaux d'église. Mais jamais on ne s'adonnent à l'étude de l'anatomie qui achève de
fit de plus mauvaise peinture. Les peintres ne fixer les principes du dessin.
sont que des fabricantsd'imagesdu culte, et obligés Ecole /ÏoreM<t7M. – A cette époque une éclosion
de se conformer à un type traditionnel et ortho- merveilleuse d'artistes eut lieu en Toscane; tout
doxe type barbare, informe, sans expression et un groupe de peintres animés d'un même senti-
sans vie, qui n'avait d'ailleurs qu'une valeur sym- ment de rénovation fonda cette admirable école
bolique. florentine qui a eu des rivales, mais n'a jamais
La beauté est proscrite comme paienne; on été surpassée. Masaccio (1401-1443) ouvre la mar-
craindrait d'étudier la nature l'absence prolongée che. H se distingue surtout par l'expression des
figures; et l'expression sera le trait dominant des portrait d'une dame du temps, Monna Lisa,
artistes de la Renaissance et surtout des artistes femme de François del Giocondo de là le nom de
florentins. Ce trait, on le saisit déjà dans Filippo la Joconde sous lequel est connue cette toile. Un
Lippi et dans Ghirlandajo. regard pénétrant, un sourire mystérieux donnent
Ghirlandajo eut pour élève Michel-Ange Buona- à cette figure un caractère difficile à déterminer,
rotti !]4'!5-)564), un de ces génies exceptionnels, mais en même temps un charme étrange. C'est
qui, doués d'une intelligence puissante et d'une un sourire de sphinx qui à la fois inquiète et fas-
sensibilité extraordinaire, réalisent les conceptions cine. Cette expression de sentiments raffinés et
les plus grandioses et atteignent au sublime. complexes est le propre de Léonard de Vinci.
Michel-Ange est surtout sculpteur. Mais il a Léonard fonda une nombreuse école d'où sont
peint de grandes compositions où se retrouvent sortis Bernard Luini et Lorenzo di Credi. Deux
tous les caractères de son talent, et ses peintures grands artistes, qui ne furent pas ses disciples
ne sont pas moins célèbres que ses statues. directs, ont d& une partie de leur talent à l'étude
Michel-Ange peintre est tout entier à la cha- de ses œuvres Fra Bartolommeo, ami do Savo-
pelle Sixtine. Cette chapelle est une grande salle narole (Louvre Sainte Catherine de Si'e~He avec
longue de deux cents pieds. Le plafond est plat p/MSMMt- saints) André del Sarto, peintre d'une
Michel-Ange l'a divisé en huit compartiments de élégance naturelle et exquise, qui répand sur ses
toutes formes où il a peint divers sujets pris dans têtes de Vierge une grâce attendrie pleine de sé-
l'Ancien Testament, tels que ta Création de l'homme duction.
et de la femme, le Déluge, le Serpent d'airain, Après lui, l'école florentine tombe rapidement,
Judith. Dans la naissance des voûtes qui raccor- et présente à peine encore quelques maltres sé-
dent le plafond aux parois latérales, il a peint les rieux. Il faut citer le Rosso, qu'on nomma en France
figures isolées des prophètes et des sibylles. Tous maître Roux. Appelé en 1530 par François I", il
ces personnages sont surhumains non seulement exécuta à Fontainebleau des travaux immenses.
par leur taille gigantesque, mais par l'accent tra- Son influence sur la peinture française a été des
gique,et l'héroïque passion qu'expriment ces corps plus funestes.
d'une étrange beauté. Michel-Ange a passé sa vie Ecole ~OM:&ar~. On désigne sous ce nom un
à étudier le corps humain. I) place l'expression certain nombre d'artistes qui se sont illustrés dans
non dans le visage, mais dans le corps tout entier. différentesvilles du nord de l'Italie, et dont les plus
Membres, muscles, charpente, attitudes, concou- célèbres sont Mantegna, de Padoue (Louvre: la
rent autant que les traits de la face à exprimer ~'e)'~<? de la );:c<u:'e, le Parnasse); Francia, de
les sentiments violents et les passions effrénées. Ce Bologne (Louvre :unmagniËquePoWfa:<<fAo?Mmeh
langage, qui fut celui des sculpteurs grecs, a Vanucci, de Pérouse, connu sous le nom du Pe-
été retrouvé par Michel-Ange. Son génie a peu- rugin (1446-1524). Le grand titre de gloire du
plé ces voûtes d'une race unique de créatures Pérugin, c'est qu'il fut le maître de Raphaël: lui-
splendides, de demi-dieux à qui manque la séré- même fu) un très grand artiste. Sans s'élever à
nité des habitants de l'Olympe grec, mais en qui l'idéal mystique de Fra Angelico, il exprime le
vivent toutes les douleurs et toutes les audaces de sentiment religieux avec une pureté et une grâce
l'humanité consciente d'elle-même. austère qui font de lui un peintre chrétien par
Le fond de la chapelle est occupé par la grande excellence. Sa couleur est d'un grand charme.
fresque du jMye)?tMf ~)'H:cf. Cette composition Sur un fond d'une teinte blonde et dorée, il dé-
grandiose est unchet-d'oeuvre de disposition sa- tacha des tons vifs et brillants du plus bel effet.
vante, et en même temps tout y est violent, pas- Ses madones sont charmantes, ainsi que ses
sionné, excessif à ce point que nos âmes timorées anges. Raphaël n'aura qu'à donner à ces types un
et routinières se sentent déconcertées devant cette peu plus d'ampleur et de noblesse pour arriver à
manifestation d'un génie surhumain. Une bonne la beauté.
copie du Jugement dernier peut se voir à Paris Le véritable chef de l'école lombarde, c'est le
à l'Ecole des Beaux-Arts. Corrège (Antonio Allegri, 1494-1542). Il est le
Une gravité noble, une énergie robuste et sim- peintre de la grâce, do la grâce saine et vivante.
ple caractérisent l'art florentin. Cette génération Son originalité consiste dans l'importance donnée
ardente déploie son activité dans tous les sens. au jeu de la lumière, l'emploi merveilleusement
Chacun est à la fois scutpteur, peintre, fondeur, habile du clair-obscur. Son chef-d'œuvre est une
orfèvre, ciseleur, architecte. Cette universalité de Nattée connue sous le nom de la Nuit (Louvre
talents éclate surtout chez Léonard de Vinci (1452- Mariage de sainte Ca</te)MM,So~WMt7~K<M/,<).
1519). Il débute par la peinture, mais il est éga- Ecole t'omatHe. – Cette école commence avec
lement poète et musicien, et à un degré qui lui le Pérugin, car il est le maltre et l'instituteur de
vaut les plus brillants succès dans la noble so- Raphaël.
ciété florentine. En 1483, il offre ses services à Raphaël Sanzio (1483-1520)était originaire d'Ur-
Ludovic le More, comme ingénieur militaire et bino, dans les Etats de l'Eglise. Orphelin à dix ans,
ingénieur civil, affirmant sans hésitation sa supé- il fut confié au Pérugin qui le garda dix années.
riorité dans tous les arts libéraux comme dans les Ce qu'on appelle la première manière de Raphaël
arts mécaniques. Il fait une statue équestre de comprend les peinturesqu'il a exécutées sous l'in-
François Sforza, creuse un canal, et continue à fluencedu Pérugin, dont il s'assimile l'ingénuité et
peindre dans une manière nouvelle. La plus célè- la délicatesse. Le plus célèbre de ces tableaux est
bre de ses œuvres est la fresque de la Cme, au le Mariage de la Vierge, dont la compositionest em-
couvent de Sainte-Mane-des-Grâces à Milan. Cette pruntée textuellement au Pérugin; mais le mouve-
œuvre, aujourd'hui mutilée, dégradée, en ruines, ment etlavie font de cette copie une œuvre originale.
produit encore une impression extraordinaire. Raphaël va étudier ensuite à Florence les fres-
Toutes ces figures placées sur un même plan, ques de Masaccio, et y apprend à imiter fidèlement
expriment avec la plus grande netteté les senti- la nature. En même temps il étudie les antiques
ments les plus forts et les plus variés. Le Christ Fra Bartolommeo lui enseigne la perspective. Les
a un caractère idéal c'est la première fois que cartons de Léonard de Vinci et de Michel-Ange
la peinture lui donne ce caractère, et aujourd'hui lui révèlent les ressources de l'anatomie et une
encore cotte tête de Christ est la plus belle qui puissance d'expression qui ne se trouve point
soit sortie de la main de l'homme. ailleurs. Sous toutes ces influences, il entre dans
Le Louvre possède de Vinci, outre plusieurs sa seconde manière. L'oeuvre capitale de cette
Vierges, deux portraits de femme, dont l'un est période est la Madone du Louvre, connue sous le
peut-être le chef-d'œuvre de Léonard. C'est le nom de la Belle ya)'d<?i«'?'e.
Raphaël fut chargé de décorer au Vatican magnifique et le plus séduisant. Une lumière iim-
quatre grandes pièces qui composaient l'apparte- pide et argentée égaie le plus riche concert de
ment officiel de Jules II, et qu'on appelle encore couleurs qui se puisse imaginer. Tout chez Vé-
les Chambres (Stanze). Dans la chambre de la Si- ronèse est sacrifiéau plaisir des yeux; mais il voit
gnature, il peignit la D:!pM<e du Saint-Sacrement, noblement. Sa peinture est comme la belle musi-
l'~c'~e d'Athènes, la Jurisprudence,le Parnasse. que italienne qui, en enchantant les oreilles, ar-
La deuxième et la troisième salles renferment rive à remuer le cœur (Louvre Noces de C~~a,
également chacune quatre fresques. Repas chez Simon, Jésus au Calvaire, Portrait de
An Vatican il décora aussi une de ces galeries femme).
ouvertes que les Italiens appellent Loggie. Cette Le Tintoret (Jacques Robusti, 1512-1595) essaya
galerie (les Loges de Raphaël) se compose de de combiner le cotoris du Titien, son maltre,
treize arcades se terminant par de petites coupoles avec le dessin de Michel-Ange. II est arrivé du
dont chacune est ornée de quatre petites fres- moins à se faire compter parmi les grands mai-
ques (six pieds sur quatre); les sujets, tirés de tres. Ce qui est remarquable chez lui, c'est le
l'Histoire Sainte, ont été dessinés par Raphael, mais mouvement. Les personnages ne posent pas; ils
exécutés par ses élèves. Les murs et les piliers se meuvent, et violemment. Sa fille Marietta eut
sont ornés d'arabesques d'une grande variété et un sérieux talent et fit de bons portraiM elle
du style le plus pur. mourut jeune. Un tableau de Léon Cogniet ()i u-
Au nombre des œuvres célèbres de Raphaël, il sée de Bordeaux) représente le Tintoret peignant
faut encore citer les portraits du ~OHeH'' de violon sa fille morte.
et de la Fornarina, une belle boulangère qui lui Après le Tintoret, les peintres vénitiens ne se
servit de modèle pour ses madones; la Sainte- distinguent plus de ceux du reste de l'Italie.
Cécile, le Spasimo (Ecanouissement du Christ, à La e<eMcfeMee. – Elle commença à la mort de
Madrid), la Transfiguration, la Vierge à /a chaise, Raphaël. Ses successeurs se mirent à imiter Mi-
la Madone Sixtine (à Dresde). chel-Ange et tournèrent en défauts toutes les
Raphaël est inspiré par le génie paien de la Re- qualités du grand artiste. Chez ceux qui imitè-
naissance. Plus qu'aucun de ses contemporains, rent le Corrège, la grâce dégénéra en fadeur.
il aime l'antiquité et recherche la beauté des for- Une famille de peintres de Bologne, les Carrache,
mes. Ses tableaux chrétiensn'ont rien d'ascétique. fondèrent une académie où ils enseignèrent à
Ses madones sont l'idéal de la jeune et glorieuse combiner habilement les différentes qualités de
mère de famille. chacun des grands maîtres. Cette école éclec-
Le meilleur élevé de Raphaël fut Jules Romain, tique produisit quelques peintres à qui manque
grand peintre encore, mais qui ouvre l'ère de la le génie de l'invention, mais remarquables par
décadence. l'habileté du pinceau le Guide (le CAar de l'au-
Ecole vénitienne. Les maltres florentins se rore), le Dominiquin(Communionde saint V~n!?;
préoccupent avant tout de la forme et sont d'ad- Louvre Sainte Cécile), l'Albane, le Guerchin.
mirables dessinateurs. L'école vénitienne demande On désigne sous le nom d'école napolitaine
les moyens d'expression à la couleur. Sous un une coterie d'artistes qui, vers la fin du xvi* siè-
climat brumeux qui rend les formes indécises, cle, vinrent de différents pays s'établir à Na-
c'est à la couleur que l'œil s'intéresse. Les Véni- ples, et se rendirent fameux leurs crimes et
tiens adoptent la peinture à l'huile, plus brillante leurs cabales autant que par par
leur talent. Ce sont
que la fresque ils n'aiment pas les tons crus qui des peintres réalistes; les plus célèbres sont le
réjouissent les habitants de l'Italie méridionale: Caravage (Louvre un Grand Maitre de Malte)
il leur faut des couleurs rompues; ils sont sensi- et Salvator Rosa (Louvre une Bataille, un
bles à l'harmonie des nuances. ils tiennent de Paysage).
l'Orient l'amour du faste. Chez eux l'imagination Au xvn* siècle l'Italie ne produit plus que
est souveraine maitresse. L'art vénitien procède d'habités décorateurs, comme Pierre de Cortone.
de la fantaisie; l'histoire, l'Ecriture même sera Au xvn" siècle, on ne trouve guère à citer que
traitée en roman; le sujet ne sera jamais qu'un Canaletto, auteur de très remarquables Vues </e
prétexte. Venise.
La peinture vénitienne commence au xv' siècle. L'école espagnole. C'est un curieux phéno-
Avant cette époque on ne voit à Venise que des mène que cette école qui apparalt sans que rien
artistes étrangers. Le fondateur de l'école est la fasse pressentir, illumine tout un siècle du
Jean Bellini (1426-1516), qui eut pour élève le plus vif éclat, et disparalt soudain et complète-
Titien (TizianoVecelIi, MT!-t5'!6), peintre sans ri- ment. Elle est une manifestation éloquente du
val pour la largeur et la beauté de l'exécution, la génie national.
puissance et 1 harmonieuse richesse du coloris. Vélasquez (1599-1660) est le peintre de la cour
II est admirable dans l'art de peindre les femmes et de la noblesse. Nul historien ne présentera
et les enfants. S'il a moins de style que Raphaë), d'une manière aussi saisissante la tristesse inru-
il a plus de naturel et de charme. I) a laissé des rable d'une race royale qui dépérit et la froide
portraits de tous les hommes marquants de l'Italie hauteur qui tient lieu de majesté. Ces grands
portraits pleins de vie qui sont en même temps d'Espagne tout empesés et dont la dignité se
des types de caractère et des documents histori- soutient par l'étiquette, ces petites infantes pâles
ques (Louvre les Pèlerinset'jEMMam, le Couron- et souffreteuses, empaquetées dans de lourdes
nement,d'épines, le Christ au tombeau, Jeune jupes, en disent plus que tous les Mémoires sur
femme à sa toilette, l'Homme au gant). l'Espagne au xvn* siècle. Vélasquez est un très
Paul Véronèse (Paolo Caliari, de Vérone, 1528- grand peintre il a excellé dans tous les genres
1583) est le représentant le plus complet de l'é- (Madrid les Fileuses, le Tableau des lances; Lou-
cole vénitienne. Il s'occupa avant tout de réjouir vre tVn/cmte JMar~M?n<e).
les yeux. Il choisit dans l'Evangile les épisodes Zurbaran est le peintre de cette populationhâve,
qui prêtent au décor et à la magnificence les misérable, décharnée, de moines de toute robe
repas. Sous le titre de Noces de Cano, il repré- qui pullulait en Espagne. La flagellation,la médi-
sente une fête idéale, comme la pouvaient rêver tation funèbre, l'extase, tous les tristes épisodes
les riches patriciens de Venise. Un ciel bleu de la vie claustrale, tels sont les thèmes qu'il
tendre, une architecture élégante encadrent une traite d'un pinceau énergique, mais dont la bru-
scène de festin où les nobles figures, les riches talité même a sa poésie.
étoB'es, les vases d'or, les instruments de musi- MuriHo(16l8-)t)82) peint des sujets retigieuT.
que, composent un ensemble de l'aspect le plus mais dans un sentiment qui n'a rien d'ascétique~
Ses jolies madones au regard noyé sont des An. coloriste nul Vénitien n'égala jamais sa puissance
dalouses de race qui ont oublié leur éventait ses dramatique. C'est à Bruxelles et surtout à Anvers
moines sont de bons gras jésuites. En même qu'il faut voir Rubens (Descente de croix, Assomp-
temps il peint les gamins, les mendiants, les tion, Christ à la paille). Au Louvre, la Galerie
marchandes de fleurs dans toute leur réalité vi- Médicis et la .Eet'KMMC ne peuvent donner une
vante. Murillo est un génie suave qui éclaire tout idée exacte de ce puissant génie.
ce qu'il touche d'une clarté sereine et aimable. En Flandre, comme à Venise, les peintres cher-
(Louvre la CoMCfp<t'OK,le Jeune nMKd:a~, Sainte chent leur idéal dans la couleur mais l'influence
Famille.) de Florence et de Rome et la beauté des modèles
L'école allemande. – H n'y a pas à proprement qu'ils avaient sous les yeux préserve les Vénitiens
parler d'école allemande. L'Allemagne peut seu- de la laideur et des formes vulgaires. Privés des
lement citer quelques artistes d'un génie original monuments de l'art grec, en présence de types
et puissant, mais que ne relie aucun ensemble moins purs, les Flamands se sont attachés à rendre
de traditions ou de tendances Albert Dürer la fraîcheur aussi l'exubérance des carnations.
(t4'15?S), célèbre surtout par ses gravures sur Les cascadesetde chair que l'on reproche à Rubens
cuivre Hans Holbein (1498-1554), grand peintre lui-même sont un trait caractéristique de l'école.
d'histoire, et le premier peut-être des portrai- Van Dyck (1599-)6U), élève de Rubens, plus
tistes. La décadence se produit immédiatement d'élégance et de dignité dans les formes et apar
après la disparition de ces grands maîtres. Au se rapproche des maîtres italiens. Il traduit là la
commencement du xix* siècle, Cornélius, Over- pensée religieuse avec une poésie élevée ses
beck et Kaulbach ont inauguré le romantisme portraits sont admirables et du plus haut style
allemand, par réaction contre l'influence française. (Louvre Vierge aux donateurs, Charles /").
Cette influence est toute-puissante aujourd'hui et Jordaëns (1583-1678) exagère les défauts de Ru-
n'est tempérée que par celle des artistes belges. bens, il abuse des modelés charnus et tombe dans
L'École flamande. C'est à Cologne qu'on ren- les formes triviales.
contre la plus ancienne école de peinture dans Téniers ()6t~-t694), peintre de genre, se rap-
les pays du Nord. Cette école existe déjà au proche de l'école hollandaise.
xiii' siècle, et suit alors les principes de l'art L'école hollandaise. Cette école se distingue
byzantin. C'est là que durent étudier les frères de l'école flamande par des caractères bien tran-
Van Eyck, fondateurs de l'école de Bruges, d'où chés qu'elle a reçus de la Réforme et de la liberté
est sortie toute l'école flamande, et aussi l'école nationale.Lespeintres hollandais traitent les sujets
hollandaise. Jean Van Eyck ('{-H4)) n'a pas inventé chrétiens d'après l'Évangile et non d'après les
la peinture à l'huile mais il a perfectionné le idées païennes. Chez eux le Christ a un corps
procédé et l'a rendu praticable. Il est le Giotto flétri par les austérités, mais illuminé d'une lu-
du Nord, l'initiateur. Ses tableaux sont de petite mière intérieure les apôtres, les disciples, sont
dimension et traités avec le fini de la miniature représentés comme il convient à des hommes du
(Louvre Vierge au donateur). Son élève Memling peuple. S'il représente une scène biblique, le
(-{- 14S4),avec la mêmefinesse dedétail, idéalise ses peintre prendra également modèles dans la
modèles. Il est, avec Fra Angelico, le plus illustre rue ou dans la boutique. La ses lumière fait resplen-
représentant des tendances mystiques du moyen dir d'un éclat glorieux ces humbles scènes, trans-
âge. Les figures de Van Eyck et de Memling sont figure ces faces vulgaires et revêt l'ensemble d'une
laides mais cette laideur physique rend plus tou- haute poésie.
chante l'expression morale de ces physionomies Rembrandt (!6&8-1669) est le grand maltre de
sérieuses, d'où émane une grâce incomparable, la l'école hollandaise. Nul n'it su tirer un parti plus
grâce de la vertu naïve. Ces peintres mystiques merveilleux du clair-obscur. II aime à faire jaillir
sont pourtant naturalistes: les accessoires, étones, une vive lumière du sein d'une masse d'ombre.
joyaux, fleurs, sont rendus avec une exactitude Là est son puissant moyen d'expression. Ses
minutieuse. La CAt!sse de Sainte ~K~e, par œuvres les plus célèbres sont à Amsterdam, la
Memling (à Bruges), est un chef-d'œuvre d'inven- Ronde de nuit, la Con/ret'tc des drapiers; à La
tion épique et d'exécution précise c'est la mer- Haye, la ~o~ d'~na~omt?; au Louvre, les Pe~-
veille de la peinture microscopique. Quentin rins d'EMtMaMS, le Philosophe. Ce grand peintre
Matzys (1460-1530) poursuit cette voie réaliste, été un graveur admirable. Ses eaux-fortes ne sonta
mais il opère une large coupe dans cette exubé- pas moins célèbres que ses tableaux.
rance de détails, et sauve l'art flamand de l'écueil Au-dessous do Rembrandt place toute une
où doit périr la peinture hollandaise. Il introduit famille de peintres qui, dans se de petits tableaux,
dans ses tabieaux l'élément pathétique, qui sera le traitent des sujets familiers, des scènes d'inté-
propre de l'école flamande. Le premier il met en rieur, et s'intéressent aux petits incidents de la
pratique la grande loi de l'unité il a le sentiment vie familière. Une bourgeoise recevant une visite,
de la beauté, il peint des types bourgeois, mais un jeune homme écrivant une lettre, une vieille
anoblis par le caractère et la distinction (Louvre femme dévidant du fil, une ménagère qui récure
Banquier et sa femme). ses chaudrons, tels sont les motifs où se plait leur
Pierre-Paul Rubens (1577-1640), le plus grand pinceau délicat, et où le costume, l'ameublement,
des peintres flamands, est un des quatre ou cinq les tentures, les ustensiles, grâce au jeu de la
plus grands peintres qui aient existé. Fils d'un lumière et au fini de l'exécution, intéressent les
échevin de la ville d'Anvers, il reçoit d'abord les yeux et quelquefois l'esprit. Parmi ces peintres de
leçons d'Otto Venius, puis va étudier en Italie de la bourgeoisie, on distingue Terburg, Metzu, Ge-
vingt-trois à trente et un ans. Doué d'une activité rard Dow, le plus célèbre de tous, auteur de la
prodigieuse, menant de front l'art et la diplomatie, Femme /~rop:~M?.
les sciences, l'archéologie et les lettres, fêté, ho- Un autre groupe de peintres hollandais s'est
noré partout comme peintre et comme ambassa- appliqué à reproduire les scènes de la vie popu-
deur, toute sa vie n'est qu'une suite de triomphes. laire prises surtout au cabaret ou dans les fêtes
Avec une fécondité prodigieuse, il peint des sujets villageoises. Les principaux sont Adrien Brauwer
de sainteté, des sujets d'histoire, des portraits, des et Adrien van Ostade.
chasses. Depuis plus de deux siècles on vante sa D'autres ont comprendre la poésie familière
fertile imagination et la richesse da sa palette. de la nature etsuse sont épris de l'humble paysage
Mais le trait original et supérieur de son talent, de Hollande. Un bouquet de hêtres, un buisson,
c'est la puissanced'expression qu'il tire de certains une barrière, un tronc d'arbre renversé sur la li-
effets de couleur. Il est l'égal des Vénitiens comme sière d'une forêt, tout émeut leur sympathie.
Albert Cuyp peint la nature florissante et en plein Bluxelles, est Flamand de naissance, mais il vint
midi. Paul Potter, contemporain de La Fontaine, en France avant l'âge de vingt ans, étudia sous
est un peintre d'animaux; il prend pour héros les des maîtres français, et appartient a l'école fran-
boeufs et les chevaux de labour (Louvre la çaise par la clarté de la pensée, et l'expression
Prairie). Le grand poète du paysage hollandais précise de Famé humaine. C'est un génie essen-
est Ruysdaêl i) a traduit la mâle et saine tris- tiellement chrétien. Il est comme le peintre
tesse de cette simple nature. Un pauvre buisson attitré de Port-Royal. Le tableau où il a peint
qui résiste vaillamment à la tempête, voilà un sa fille, sœur Sainte-Suzam'e, malade, assistée
tableau de Ruysdaêl, c'est-à-dire un drame émou- de la mère Agnès Arnauld, est admirable de fer-
vant et un chef-d'oeuvre. Ses Marines sont admi- veur et de foi.
rables de poésie navrante (Louvre le Buisson, la Lebrun (1619-1690) fut le premier directeur de
re~). Hobbema peint la nature brillante. en-
soleillée, heureuse. Karel Dujardin découvre refret
l'Académie de peinture fondée par Mazarin. Il
devint, sous Colbert, le peintre officiel de
pittoresque des vieux murs décrépits et des toits Louis XIV. C'est un grand artiste, il manque
délabrés. d'inspiration mais ses inventions sont nobles, et
Il est inutile d'énumérer les peintres de nature il a le sentimentdes grandes ordonnances. On lui
morte leurs œuvres n'ont qu'un mérite d'exécu- doit la décoration de la Galerie d'Apollon, au
tion et un intérêt de curiosité. Il suffira de citer Louvre, et de la Galerie des glaces à Versailles.
Van Huysum, dont les bouquets de fleurs sont Ses qualités se révèlent surtout dans une série
justement célèbres. de tableaux sur la vie d'Alexandre la Tente de
L'école française. – La peinture, en France, D~nM est son chef-d'œuvre. Parmi les toiles de
resta longtemps bornée aux miniatures des mis- Lebrun que possède le Louvre, il en est une du
sels et aux vitraux des églises. Les portraits de plus grand mérite, la Sainte Famille.
Ctouet (xvi* siècle) et deux tableaux du sculpteur Jouvenet ()644-tTl'!) est encore un peintre dé-
Jean Cousin, son contemporain, sont les plus an- coratif, mais remarquable par l'expressiondrama-
ciens monuments connus de la peinture française. tique.
L'influence des artistes italiens de Fontainebleau L'école française s'est signalée dans le por-
a été déplorable. Mais le xvn* siècle vit fleurir une trait par ses qualités naturelles de vérité et d'ex-
école de grande peinture. Cette école, un peu trop pression juste. Mignard et Rigaud ont peint tous
négligée, exprime le génie propre de notre nation, les princes, princesses, seigneurs et dames de la
la grandeur unie au bon sens et à la raison, la cour au temps de Louis XIV et jusque vers le
simplicité et la force, le génie de la composition milieu du xvni* siècle. Largillière s'il a peint
et celui de l'expression. quelques princes, a mis le plus souvent son pin-
Le représentant le plus complet de cette école ceau au service des particuliers. Au xvm* siè-
Il
est Nicolas Poussin ()594-)66i)). passa la plus cles, Latour mit à la mode les portraits au pastel
grande partie de sa vie à Rome; mais, malgré son son portrait en pied de M°" de Pompadour est
culte pour l'antiquité et pour les maîtres italiens, un chef-d'œuvre.
it est tout français par la clarté de ses concep- Les peintres d'histoire, contemporains et suc-
tions, par le tour élevé et ingénieux qu'il donne à cesseurs de Lebrun, sont d'habiles décorateurs.
l'expression de son idée, par la logique de ses ta- dont les compositions pompeuses et pittoresques
bleaux où les qualités pittoresques sont toujours intéressent un moment les yeux sans rien dire à
employées pour expliquer et dramatiser le sujet. l'esprit. Les Coypel, les Vanloo, Lemoyne sont
Dans la peinture historique comme dans le les coryphées de cette peinture théâtrale et sou-
paysage, il est au premier rang partout, il est vent maniérée.
philosophe et littérateur autant que peintre. Le Le peintre de la Régence est Antoine Watteau
sujet n'est pas pour lui un prétexte à peinture (1684-1721), excellent peintre qui a inventé un
c'est une leçon morale qu'il veut imprimer dans genre et l'a porté à la perfection. C'est un artiste
notre esprit, et il ne la sacrifie jamais à l'intérêt de génie, car il a créé tout un monde, petit monde,
optique. Ses paysages sont toujours composés en monde de fantaisie, mais qui fait illusion. Person-
vue de la scène, si peu de place que cette scène nages de la comédie italienne dans leur costume
occupe sur la toile (Louvre Eliézer et Rébecca, traditionnel, bergers en satin bleu, bergères en
Moise sauvé, tes Bergers d'Arcadie, le Déluge). satin rose, folâtrant sous des bosquets d'opéra
Lesueur aussi (!617-1655) est un artiste émi- monde factice et charmant, idéal de cette société
nemment français, soucieux de la vérité et 'de la qui s'étourdit en criant ~p~ moi le déluge
logique c'est en même temps un artiste chrétien. (Louvre l'~m~ar~e~ttntpoMfC~A'c; Gille).
L'Histoire de saint Bruno est un grand poème en Jouvenet et Pater, imitateurs de Watteau, lui
vingt-sixtableaux où sont représentéesles diverses sont bien inférieurs.
scènes de la vie monastique. Quelques-uns de Le genre des po<<ora~ a été créé par Bou-
ces tableaux sont des chefs-d'œuvre de poésie cher(H04-n'!0), premierpeintre du roi Louis XV,
ascétique. L'œuvre capitale de Lesueur est peut- et peintre particulier de M°" de Pompadour. La
être l'Ensevelissement du Christ. La douleur im- société qui le patronnait fit de lui un peintre de
mense, recueillie, de la mère de Jésus est admira- boudoir. Depuis vingt à trente ans on s'est fort
blement exprimée. Quant aux sujets mythologiques, engoué des peintres du xvm* siècle, et les
Lesueur les a traités avec une naïveté chaste qui toiles de Boucher se vendent aujourd'hui encore
y répand un sentiment chrétien. à des prix bien supérieurs à leur valeur réelle.
Claude Gellée, dit le Lorrain (1600-1682), est Boucher n'en fut pas moins un décorateur spiri-
peut-être le plus grand des paysagistes. Il repré- tuel, un compositeur plein de charme.
sente une nature idéalisée, mais observée et prise Fragonard fit des tableaux rustiques, à l'époqua
dans la réalité. Il est le peintre du soleil. Per- où Marie-Antoinettejouait à la laitière a Trianon.
sonne ne l'a égalé dans la reproduction des effets Dans la seconde partie du xvm* siècle, deux
de la lumière du jour, n'a rendu avec autant de peintres célèbrent à leur manière l'avènement de la
puissance et de charme les rayons dorés s'épan- bourgeoisie. Les fadeurs mythologiques font place
dant sur de larges plaines, miroitant dans les à la sentimentalité déclamatoire, et à l'observa-
eaux, illuminant la cime des arbres. La magie de tion des petits faits de la vie familière Chardin
son pinceau est inimitable. (Loutre Vue du Campo- (~699-m9),reprenant à sa manière les traditions
Vaccino, Port de mer au soleil ~!MM<, Port au de l'école hollandaise, peint les intérieurs bour-
soleil <:o"cA<M<, La oi~Hge~Me). fpols, la mère de famille servant le repas à ses
Philippe de Champaigne (1602-1672), né à enfants, les servantes puisant de l'eau. (Louvre
/n<d)'eM<'o!ecMMMe, le Bénédicité.) Greuze traduit t'ËROU.–Histoire générale, XXXVL–LfCHt;
sur la toile le roman et le drame, tels que les p)'!m!<s.–Les plus anciennes traditions rattachent
t
comprennent Jean-Jacques et Diderot. Il est trop les Péruviens aux Aymaras, que le dieu Yiracocha
souvent mélodramatique, mais son accent est ou Pachacamac, créateur du monde, aurait faitnai-
passionné et sincère. (Louvre ,'Accordée de vil- tre des pierres et des fontaines et répandus sur les
/o$'e, la Malédiction paternelle, <aC''MeAec<!M~.) deux versants des Andes. Ce peuple, après avoir
Loutherbourg, le paysagiste, Oudry, le peintre atteint une certaine civilisation,donttémoignentles
d'animaux, sont des artistes estimables. Les mari- ruines de Tiahuanaco, serait retombé peu à peu
nes de Joseph Vernet sont d'un grand peintre. dans la barbarie, au point de n'avoir plus pour ha-
Un petit-nHveu de Boucher, Louis David (1748- bitations que des cavernes, de ne plus cultiver la
n'), pendant un séjour de cinq années à Rome, terre, d'adorer les plantes, les animaux, et d'immo-
étudia à fond l'antiquité et, à son retour, traita ler à ses divinités des victimes humaines. 11 fut ré-
exclusivement des sujets antiques Be~Mt' généré, au xi'siècle, par larace voisine des Qui-
Serment des Horaces, la Mort de Socrate. Son chuas, qui avait à peu près la même origine, mais
style est un compromis entre nature
la vivante et ne parlait pas la même langue. Ces derniers
la statuaire grecque. 11 se préoccupe avant tout attribuent la création de leur empire à Manco-
de la correction du dessin, et néglige le clair-obs- Capac, chef de la puissante familie des Incas, qui,
cur au détriment de l'effet pittoresque. C'est un parti du lac de Titicaca, vint fonder, sur un haut
art de convention qui laisse froid et paraît banal. plateau des Andes, la ville de Cuzco, fit renaître
David est pourtant un grand artiste son influence l'agricultureet apprit aux habitants du pays à fa-
a été considérable, et il a formé tout un groupe briquer des instruments de travail, des armes,
de peintres éminents Gros, Girodet, Isabey, des tissus. La monarchie qu'il institua et qui s'é-
Léopold Robert, Ingres. Ce chef de l'école classi- tendit sous ses successeurs (Sinchi-Roca, Tupac-
que, avec des idées très arrêtées, donnait un en- Yupanqui, etc.) jusqu'à l'équateur d'un côte, jus-
seignement trèslarge: ce sont ses disciples qui qu'au 40° lat. S. de l'autre, était une théocratie
ont inaugure le mouvement romantique. absolue, sous laquelle les populations, mainte-
Gros et Girodet introduisirent dans la peinture nues dans un ordre parfait, jouirent d'un certain
française quelques éléments nouveaux Gros re- bien-être matériel, mais perdirent toute initiative
produit les costumes militaires modernes, le pay- et toute habitude de la liberté. Pachacamac, I'<m<'
sage et l'architectureorientale (Louvre /'eï<e;'M du monde,était représenté, dans la religion péru-
de Bataille d'Fy~M) Girodet rend des effets vienne, par le soleil, dont le culte était entretenu
de lune et de brouillard. dans des temples magnifiques par des prêtres
C'est au Salon de 18t9 qu'éclata la révolution nombreux et dans des couvents par des vierges
romantique. Trois tableaux émurent tous les es- sacrées. Le roi, regardé comme le fils du soleil,
prits le Radeau '/e la Méduse, par Géricault; les ne formait d'unions légitimes qu'avec ses sœurs,
BoM'yeo:)' de Calais par Ary Scheffer; la Bnt'~Mf pour conserver la pureté de sa race. Ses parents,
de Dante, par Eugène Delacroix. L'art classique les Incas, ne se mariaient point en dehors de leur
trouva pour soutien un peintre de premier ordre, caste. Parmi eux étaient pris les vice-rois qui
Ingres, qui a exercé sur l'art contemporain une gouvernaient les quatre grandes divisionsde l'em-
influence considérable. II s'inspira surtout de Ra- pire. Les provinces étaient administrées par des
phaël. !i lui empruntait la pureté des lignes, la cMraca' héréditaires. Chaque groupe de 1000, de
noble expressiondes figures, et, par le simple carac- 500, de 50 et de 10 familles avait un chef particu-
tère doHné~des contours ouadesdétaitsdemo- lier chargé d'appliquer les lois (qui frappaient de
deté, sut intéresser l'esprit aussi vivement que par mort les moindres délits), de surveiller les sujets
les scènes les plus dramatiques. Les tableaux qui jusque dans leur vie privée, de distribuer les pro-
donnent le mieux la mesure de son talent sont duits du sol, les vêtements, etc. Point de propriété
t'~ipo~efMe d'Homère, l'Oda/M~Me, la Source. individuelle: les terres appartenaient au soleil ou
Le chef de l'école romantique fut Delacroix. Co- au roi. Les habitants étaient soumis au service
loriste incomparable, il n'a aucun souci de la militaire et corvéables à merci. Ils ne pouvaient
forme et du dessin. Il cherche l'expression, le se marier que dans leur tribu et dans leur caste.
caractère, fût-ce au prix de la laideur. Mais il Armés d'un pouvoir sans limites, les souverains
tire de la couleur des effets magiques, et il reste péruviens purent faire construire des palais, des
dans la tradition française par les qualités pitto- temples, des routes (comme celle de Cuzco à
resques et dramatiques (A/aMoefe de Scia, Fem- Quito) pourvues de <0!M!p"s ou relais de poste.
mes d'Alger, JV~ef juive). Entre ces deux écoles, Mais leur despotisme stérilisa dans l'empire tous
plusieurs artistes de grand mérite suivaient des les arts naissants. L'architecture resta basse,
voies diverses, mais originales et glorieuses Léo- lourde et sans grâce. La médecine et l'astronomie
pold Robert, qui traitait en haut style les épisodes firent peu de progrès. L'or et l'argent, dont on se
de la vie populaire en Italie (le Retour de la fête servaitpour les usages les plus vulgaires, ne furent
de la Madone de r~lt'c, les ~OMSOHMeMt's, les Pê- même pas utilisés pour les échanges commerciaux.
cheurs) Ary Scheffer, le peintre des Jfi'~MOM.! et des Enfin les Quichuas, en guise d'écriture, n'em-
Marguerites;Paul Delaroche,qui conquit une célé- ployaient que les quipus, cordelettes dont les
brité brillante par la peinture d'histoire anecdotique nœuds et les couleurs formaient de véritables hié-
(les Em/<M~ d'BdoM<:t'6f,la .Uot'f du duc de Guise), roglyphes.
et qui a laissé une grande page l'Hémicycledu Il. Conqudte du Pérou par /~ayKO~.
Palais des B~HM~t' Horace Vernet, le plus po- L'Inca Huayna-Capac, conquérant de Quito, était
pulaire de tous, le peintre de l'histoire militaire mort en li)26. Deux de ses fils, Atahualpa et
contemporaine (Versailles la Smala; Louvre Huascar, se disputèrent sa succession. Ce dernier
Bataille de C~cAy). eut l'idée d'appeler à son secours trois aventu-
A i'époque où le paysage prenait dans la littéra- riers espagnole, qui, après une première recon-
ture une importance toute nouvelle, il se formait naissance du pays (1524-1527), avaient reparu sur
une école de paysagistes français qui étudiait la la côte du Pérou, au nom de Charles-Quint, avec
nature dans ses aspects les plus intimes et les 180 soldats. C'étaient Pizarre, Almagro et de
plus variés Corot était le chef de cette phalange. Luque. Ils accoururent. Huascar fut, il est vrai,
Brascassat et Rosa Bonheur se sont illustrés vaincu, pris et peu après mis à mort. Mais Ata-
comme peintres d'animaux. La peinture de fleurs hualpa, qui redoutait fort ces étrangers à cause
n'a eu de notre temps qu'un représentant distin- de leurs armes à feu et de leurs chevaux, leur
gué Saint-Jean, de Lyon. [P. Feuilleret.1 envoya de riches présents qui ne firent qu'exciter
leur cupidité. Il alla
m&me au dévant d'eux et les pagne leur interdisait,
par crainte de la concur
rencontra Cajamarca (novembre 1532.). Là, sans rence,les cultures et les industries auxquelles
préambule, Valverde, chapelain des Espagnols, elle se livrait elle-même et qui eussent
pu tes
somme l'Inca de reconnaître Charles-Quint pour enrichir.
suzerain et de se faire chrétien. Atahualparefuse. IV. Le Pérou M<M p<;n~ù!Mf. – Cette poHtique
Aussitôt, Pizarre se saisit de lui et massacre son barbare et inintelligente porta ses fruits. La doci-
escorte. Le malheureux roi livre, pour se rache- lité proverbiale des Péruviens fit place peu à peu
ter, assez d'or et d'argent pour remplir une vaste à une tendance toute diBérente, qui manif 'sta,
chambre. II n'en est pas moins étranglé par ordre dès le milieu du xvtn* siècle, par se de violentes
du conquistador, qui, peu après, au milieu de la insurrections. En 1742, un Inca fut proclamé
stupeur générale, s'empare de Cuzco, dont son souverain par les indigènes. En 1780, un des-
compagnon de Luque devient évëque. Les Espa- cendant de Tupac-Amaru, Condorcanqui, groupa
gnols, entraînant avec eux des bandes résignées autour de lui une grande partie de la nation.
de Quichuas, qui leur servent d'auxiliaires, se Fait prisonnier, il périt dans d'affreux suppli-
portent dès lors dans toutes les directions. Benal- ces. Mais ses neveux, Catari et Andrès, le yen.
cazar, envoyé vers le nord, occupe Quito, fonde gèrent par de sanglantes représailles. A partir de
Guayaquil, traverse toute la Nouvelle-Grenade. cette époque, le Pérou ne cessa de revendiquer
Almagro, se dirigeant vers le sud, atteint les son autonomie. Au commencement du xtx" siè-
plaines de Copiapo et signifie aux indigènes les cle, lorsque l'usurpation de Joseph Bonaparte
volontés de Charlis-Quint et celles du pape. Pen- donna aux colonies espagnoles un prétexte pour
dant ce temps, Pizarre construit Lima, future ca- se soulever, Pumacagua se mit à la tête des Qui-
pitale du Pérou (1535). Le soulèvement de Cuzco, chuas, et, cette fois, les créoles confondirent
fomenté par Manco-Capac, frère d'Atahualpa, com- leur cause avec celle des Indiens. Le parti na-
promet un instant l'œuvre commencée. Mais tional, tenu en échec pendant plus de dix ans par
Almagro accourt et reprend la ville. H est vrai que les Espagnols, reçut enfin en 1820 le puissant
les conquérants ne tardent pas à s'entre-déchirer. concours de lord Cochrane et du général Saint-
Pizarre, qui a fait mettre à mort Almagro (1538), Martin, que le Chili émancipé envoyait à son se-
est lui-même assassiné (1541). Son frère Gonza- cours avec une armée. Un peu plus tard, Bolivar,
lez,après plusieurs victoires et bien des cruautés, libérateur de la Colombie, arrivait à tour au
périt à son tour sur léchafaud ()5i6). Mais l'au- Pérou, dont la victoire d'Ayacucho son (t824j corn.
torité du roi d'Espagne sur le pays est maintenue piéta l'affranchissement. Malheureusement la par-
grâce au vice-roi La Gasca. Elle s'étend même à tie méridionale et orientale de ce pays forma
l'est des Andes, jusque dans le bassin de la Plata; dès cette époque, sous le nom de Bolivie, une
dans le sud jusqu'au Chili, où Valdivia fonde San- république indépendante. Le Pérou proprement
tiago dans le nord jusqu'à l'Amazone (voyages dit, après avoir rejeté la constitution semi-mo-
d'Orellana en 154t, d'Aguirre en 1&60, etc.).Quant narchique que Bolivar lui avait donnée en 1826,
aux Incas, après Sairi-Tupac, qui meurt prison- adopta une organisation démocratique qui, vu
nier, et Amaru-Tupac, qui est décapité par les le peu d'habitude qu'il avait de la liberté, ne
vainqueurs (1562), ils sont dépouillés de tout tarda pas à produire l'anarchie (1827-182!)). Des
pouvoir, rentrent dans l'obscurité et partagent la généraux improvisés, tels que Gamarra, Orbegoso
servitude de la nation péruvienne. Lifuente, Salaberry, se disputèrent le pouvoir les
III. Le Pérou sous la domination espagnole. armes à la main. En 1836, le Pérou, divisé en
Pendant près de trois siècles qu'elle a possédé ce deux républiques, fut contraint par Santa-Cruz,
pays, l'Espagne n'a guère cherché à faire oublier président de la Bolivie, de former avec cet Etat
la barbarie des premiers conquérants. Sans souci une confédération que la jalousie du Chili ne tarda
des ressources agricoles de cette belle contrée, pas à dissoudre (bataille de Jungay, 1839). S'il a,
elle n'a jamais paru préoccupée que de l'extrac- depuis, recouvré son unité ?t son indépendance,
tion des métaux précieux, qui abondent dans les il a vu s'ouvrir une interminable série de coups
Andes. La population, mise en coupe réglée par d'Etat militaires, dont le détail serait fastidieux.
les chercheurs d'or, décimée par le fanatisme de Si l'administration ferme et intelligente du prési-
l'Inquisition,tomba en quelques années de huit dent Castilla, qui a exercé le pouvoir, à plusieurs
à six millions d'habitants. Vainement les lois reprises, de 1845 à 1861, lui a permis de faire
royales reconnurent-elles la liberté personnelle quelques progrès (développement du commerce
aux Indiens. Le Conseil des Indes, chargé de les de l'industrie, exploitationdu salpêtre, du guano,
protéger, était trop loin. Le vice-roi et l'audien- etc.); si, sous Pezet, Causeco et Prado, il a pu
cia ou haut tribunal étendaientsur toutes les pos- se mesurer honorablement avec l'Espagne (t)!64
sessions espagnoles de l'Amérique du Sud une 1866); s'il s'est enrichi sous Balta (~868-72 et
autorité arbitraire et de fait presque exempte de Pardo ( )872-76) d'un importantréseau de chemins
contrôle. (La vice-royautéde Bogota ne fut créée de fer et de rands établissements d'instruct-in
qu'en f!18, et celle de Buenos-Ayres qu'en )T?6.) publique, H n~ pas cesse d'être la terre ciassiqu*
Les capitaines-généraux placés à la tête des desproKMmetaMMn<o<, des dictateursetdesguerres
grandes provinces étaient eux-mêmes si éloignés civiles. En 1872, les frères Guttierez, après s'être
do toute surveillance qu'ils pouvaient impuné- emparés violemment du pouvoir, étaient massacrés
ment commettre les abus de pouvoir les plus ré- par le peuple de Lima. En 1876, Pardo était assas-
voltants. Les fonctionnaires ne songeaient qu'ità siné dans l'enceinte même du sénat. Enfin tout
piller le pays. Les colons et créoles étaient exclus récemment Prado, redevenu président en t876.
des charges publiques. Quant aux Indiens, par- était, au milieu d'une guerre malheureuse (qui
qués dans leurs villages, réduits à la misère la dure encore) ontre le Chili, renversé par le gé-
plus abjecte. ils étaient également soumis à la néral Pierola (187!)). Le Pérou, qui pourrait être
mita, cest-a-dire réquisitionnés pour les trans- un des Etats les plus riches du Nouveau-Monde,
ports ou pour les travaux des mines, devaient doit à ces agitations la ruine de son crédit et
payer des tributs exorbitants et étaient contraints, l'arrêt momentané de son industrie et de son
grâce au repartimiento, d'acheter aux agents de commerce. [A. Debidour.J
fEtat (qui exerçait dans le pays tous les mono- PERPENDICULAIRE. V. Lignes, Droites et
potes) les produits inutiles et avariés de l'in- Plans.
dustrie européenne (on leur vendait, par exemple. PERSE ET MEME. – Histoire générale, V.
d'autorité, des lunettes ou des bas de soie, dont Médie est la forme grecque du mot Mada, signi-
ils n'avaient que faire). Il faut ajouter que l'Es- fiant pays, terre, et Perse vient du nom Par~f!.
Géographie. La Médie et la Perse occupent Le premier roi avait été Arbakès, à qui, après un
la partie occidentale du vaste plateau situé entre interrègne, avait succédé toute une lignée de rois,
la mer Caspienne la
et mer Erythrée, le bassin du quatre selon Hérodote, huit selon Ctésias, de
Tigre et le bassin de l'Indos. Ce plateau a reçu le Uéiôkès à Astyagès. Le fondateur réel de la puis-
nom de Erân (Iran), pays des Aryens. Toute la sance crânienne fut Ouwakhshatrâ (Vakistarra),
partie centrale en est occupée par un vaste désert que les Grecs connurent sous le nom de Kyaxarès.
sablonneux. La Médie proprement dite était à D'après Hérodote, il aurait été fils de Phraortès
l'angle nord-ouest du plateau, la Perse à l'angle et aurait hérite de son père un empire déjà forme.
sud-ouest. La principale ville de la Médie était On croit aujourd'hui qu'il était né sur les rives
Ecbatane (Hamadan), qui fut la capitale de l'em- de la Caspienne, entre l'Atrek et l'Oxus, et qu'il fut
pire mède la Perse avait pour capitale Pasagardes avec son père le chef d'une migration éranienne
et Persépotis. Les deux pays sont froids dans la qui, après avoir arraché aux Assyriens la posses-
partie montagneuse, très chauds sur les parties sion du plateau mède, serait descendue dans le
qui confinent au désert central. Le sol y est fertile bassin du Tigre et y aurait été vaincue par le vieil
et riche en pâturages. Assour-ban-habal ou par son successeur. Fhraortès
~fM<OM'e. Les plus anciens renseignements aurait été tué dans la bataille et son fils Kya-
que nous ayons sur les peuples du plateau éranien xarès se serait retiré dans les montagnes pour y
nous sont parvenus par l'intermédiairedes monu- former une armée régulière. Surpris par l'invasion
ments cunéiformes. Dès le xin~ siècle avant notre des Cimmériens (634), se
il délivra d'eux au bout
ère, les conquérants assyrienssoumirent lestribus de six ans (62?). et profita du coup terrible qu'ils
qui occupaient les abords du Haut-Tigre, et péné- avaient porté à la puissance assyrienne pour re-
trèrent sur le plateau même. Vers le milieu du prendre contre elle ses projets ambitieux. Allié
Yni*' siècle, Touklat-habal-asar H (V.M~-M). au ChaldéenNabou-baI-oussour,il assiégea Ninive,
après une pointe hardie poussée à travers le con- la prit après un long siège (625), et partagea avec
tinent jusqu'au bord de l'Indus, commença la con- Babylone l'empire du vaincu. II eut pour sa part
quête des régions situées au nord-est et à l'est de l'Assyrie propre et tout ce qui en dépendait au
Ninive, entre la chaîne du Khoatras et la Cas- nord et au nord-est, c'est-à-dire l'Arménie et le
pienne. La colonisation assyrienne continua sous bassin du Haut-Euphrate, auquel il joignit bientôt
Sargon et sous ses successeurs, Sinakhè-irib, la Cappadoce et le Pont à l'ouest. Une guerre
Assour-akhé-idin. Assour-ban-habal pendant un indécise avec Alyattès, roi de Lydie, terminée par
siècle, la Médie proprement dite fut une véritable l'entremise des Chaldéens, donna de ce côt.é
province assyrienne, souvent révoltée contre ses l'Halys pour limite à son empire (610). Une longue
maîtres, mais toujours réduite à obéir. Les noms paix suivit, qui dura le reste de la vie de Kyaxarès
de peuples, de villes et d'individus que nous y et la plus grande partie du règne de son fils Astya-
font connaître les monuments, sont fort différents gès. Mais ce dernier prince n'avait pas d'enfant
par la forme de ceux que nous rencontrons dans mâle, et sa couronne devait passer au fils de sa fille
les documents de l'époque classique. Le pays Mandane, mariée à un souverain vassal, Kambou-
était habité en effet par une race distincte des zia I", roi de Perse. Celui-ci descendait d'un cer-
races aryenne et sémitique, et dont la langue se tain Akhamanish (Achéménès\ et était le troisième
rattache d'un côté à l'idiome parlé dans la Su- de la lignée. Le passage de la dominationdes Mèdes
siane (V. J?/aMt), de l'autre aux idiomes altaïques. aryens aux Aryens persans ne se fit pas sans luttes.
C'est cette race qui parait avoir donné à la con- La légende veut qu'Astyagès, se sentant menacé
trée qu'elle peuple le nom national de Mada, lit- par Kouroush (Kyros ou Cyrus), flls de Mandane,
téralement le sol, la terre. » Vers le milieu du ait essayé de le faire périr une première fois, dès
vin* siècle, des noms d'hommes et de tribus aryens sa naissance, puis vers l'&ge d'homme. Quoi qu'il
commencent à paraître, puis se multiplient & )a en soit de ces récits, Kyros se souleva contre son
fin du vn°, les Aryens étaient maîtres de toute la grand'père. le battit après une longue résistance
région et avaient réduit les anciens habitants à la et le prit. Ce fut plutôt un changement de dynastie
condition d'esclaves ou de tributaires. qu'une véritable conquête Astyagès et ses pré-
La tradition éranieune, conservéedanslesdébris décesseurs avaient été rois des Mèdes et des Perses,
de l'Ave~ta, plaçait au centre de l'Asie l'origine Kyroset ses successeurs furent rois des Perses et
de la race desMèdes et des Perses aryens. Là, sur des Mèdes,
la lisière du Pamir, s'était étendu l'Airyanêm- Kyros tourna contre les anciens alliés des Mèdes
\âedjô, « l'Habitation des Aryas. » Le froid en la puissance qu'il venait d'acquérir, et ce fut d'a-
chassa les Éraniens et les força à chercher une bord aux Lydiens qu'il s'attaqua (&54). Après une
nouvelle patrie sans cesse chassés de contrée en première bataille indécise, Kroisos (Crésus),roi des
contrée parla mauvaisevolonté d'Angrô-maïnyous, Lydiens, surpris en plein hiver, fut vaincu, et sa
l'esprit du mal, ils avaient parcouru successive- capitale, Sardes, enlevée d'assaut. La conquête
ment Çoughdha (la Sogdiane), Bakhdhi (la Bac- de l'Asie Mineure fut achevée par Mazarès et par
triane) ou le « pays des hautes bannières, a Niçâyà, Harpagos, qui soumirent les Grecs de la côte,
puis s'étaient séparés en plusieurs rameaux dont tandis que Kyros s'enfonçait vers l'est et réduisait
l'un avait fini par s'établir dans le bassin moyen les provinces de l'Asie supérieure, la Bactriane,
de l'Indus (Heptahe.ndou), tandis que les autres, le pays des Saces, l'Arie, l'Arachosie et tout le
s'étendant vers l'ouest et le sud-ouest, conqué- pays situé entre le fleuve de Caboul et l'Indus
raient la partie du plateau qui borde le cours du (554-539). Il s'assnrait ainsi les forces suffisantes
Tigre. Rien dans les monuments n'est venu, jus- pour abattre la Chatdée- La résistance ne fut ni
qu'à présent, confirmer les données de cette géo- aussi forte ni aussi longue qu'on aurait dû s'y
graphie mystique. On voit seulement que la race attendre le roi Nabounahid fut vaincu, Babylone
éranienne se sépara en deux branches principales, fut prise et toute la domination chaldéenne, du
dont l'une empruntaaux populations qu'elle vain- golfe Persique à la frontière égyptienne, passaaux
contret'Egypte
quit le nomdeMadaî, les Mèdes, tandis que l'autre mains des Perses(538). Une guerre
s'appelait Parçâ, les Perses. L'histoire de leur devenaitinévitable. Avant del'entreprendre, Kyros
établissement fut altérée de bonne heure par la se tourna encore une fois vers la Haute-Asie, où
légende populaire et par l'orgueil national. On il disparut d'une façon mystérieuse (5!9). On ra-
prétenditque les Modes, soumis aux Assyriens par conta depuis qu'il avait été battu et tué par Tho-
Sémiramis, s'étaient soulevés vers 788 contre les myris, reine desMassagètes. Avantde partir en ex-
descendants dégénérés de la grande reine, avaient pédition il avait reconnu son fils aine, Kambouzia 11
pris Ninive et fondé un grand empire indépendant. (Kambysèsou Cambyse),poursuccesseur, et assuré
a son second fils Bardiya (Smerdis) le gouvernement taire avait en main tous les soldats perses ou
de plusieurs provinces. Cambyse, pour écarter un étrangers campés sur le territoire de la satrapie.
compétiteur possible, fit tuer son frère secrètement, Ces trois officiers étaient en hostilité constante,
de manière que le meurtre restât ignoré de la foule, et l'influence de chacun contrebalançait 1 innuence
puis partit pour l'Égypte. Le Pharaon Psamétik III, des deux autres assez également pour les mainte-
fils d'Amasis, venait de monter sur le trône il fut nir tous dans le devoir. Ils étaient en relations
battu à Péluse et pris dans Memphis (5S5). Sa dé- perpétuellesavec la conr par le moyen de cour-
faite entratna la soumission immédiate de tout le riers qui allaient régulièrement en quelques
pays, etCambyse voulut porter plus loin sesarmes. semaines du centre de l'empire jusqu'aux extré-
Mais les deux expéditionsqu'il entreprit contre l'oa- mités les plus reculées. Enfin, chaque année, des
sis d'Ammonet contre le royaume éthiopien de Na- inspecteurs nommés les y~M; et les Oreilles du
pata échouèrent misérabtement. La tradition rap- Roi arrivaient a l'improviste dans chaque pro-
porte que l'insuccès le rendit furieux: il maltraita vince, escortés d'une petite armée, examinaient
les Égyptiens et les Perses. Le mécontentement l'état des affaIres, recevaient les plaintes, et au
se mit dans son empire, et le mage Gaumâta en besoin déposaient le satrape. Leurs rapports déci-
profita pour usurper la couronne sous le nom de daient le plus souvent du sort des employés
Bardiya. Cambyse partit pour le combattre, mais royaux au moment où le satrape s'y attendait le
se tua en route, les uns disent volontairement, moins, un envoyé muni de pleins pouvoirs arri-
los autres par accident ;52t). Gaum&ta ne lui sur- vait, s'emparait de son palais et de sa personne
vécut pas longtemps sa fraude fut découverte et et le mettait à mort. Ce système ne plut pas
lui-mêmemassacré, au bout de six mois de règne, d'abord aux Perses ils s'en allaient répétant que
par sept nobles Perses. Les conjurés élurent roi Kyros avait été un père, Kambysès un mattre, et
l'un d'entre eux, Dariavoush (Darios), fils de Vis- que Darios était un cabaretier. Ils étaient pour-
taçpa (Hystaspès), qui appartenait à la race des tant exempts d'impôts, tandis que les autres
Achéménides. Le nouveau monarque dutconquérir provinces payaient un revenu en argent ou en
son royaume. Babylone se souleva deux fois sous nature proportionné à leur richesse ou à leur
des imposteurs qui se flrent passer pour les fils étendue. Pour simplifier les comptes, Darios créa
de Nabounahid; la Médie, l'Arménie et l'Assyrie une monnaie nouvelle, qui prit le nom de dari-
reconnurent pour roi Khshatrita, descendant de que. L'or qu'il recevait annuellement montait à
Kyaxarès; l'Elam et la Perse suivirentcetexemple 82 799 866 francs en poids, ou, en tenant compte
et se donnèrent à plusieurs reprises des souve- de la différence entre la valeur actuelle et la
rains indépendants. Six années entières (521-516) valeur ancienne des métaux précieux, 663 000 000
furent employées à étouffer la rébellion et à réta- de francs. Le tribut en nature n'était pas moinss
blir la suzerain été de Darios sur toute l'Asie. considérable l'Egypte fournissait du blé
Kyros et Kambysès avaient fondé l'empire une armée de t20 000 hommes, la Médie 100pour 000
Darios, éclairé par l'expérience de ses débuts, moutons, 4000 mulets, 3 000 chevaux, etc. Ce n'é-
sentit le besoin de l'organiser. Il rompit avec les tait que l'impôt officiel les employés du gouver-
traditions administratives des empires précédents, nement vivaient sur la province, et leur entre
et créa une tradition nouvelle. Il n enleva pas tien devait conter au moins autant que l'impôt.
aux différentes races sur lesquelles il régnaitleur Ce système, pour imparfait qu'il fût, était cepen-
religion, leurs mœurs, leur langue, leur constitu- dant supérieur à tout ce qu on avait connu jus-
tion loin de ttt, il rendit aux Juifs, à qui Cyrus qu'alors. Darios, en le créant, créa forme de
avait déjà rouvert la Palestine, le droit d'achever gouvernement qui resta le type une de toutes les
la construction de leur temple, laissa leurs sutfètes grandes monarchies orientales.
et leurs rois aux Phéniciens, ses monarques héré- La conquête ne s'arrêtait pas cependant. Vers
ditaires à l'Egypte. Mais au-dessus de ces auto- 512, Darios envahit l'Inde, y fonda dans le bassin
rités locales, il établit un pouvoir unique. Il de l'Indus une satrapie nouvelle, et fit explorer
divisa le territoire en grandes provinces dont le les côtes de la mer Erythrée, entre l'embouchure
nombre varia selon les époques. Au début, il était de l'Indus et le fond de la mer Rouge,
de vingt-trois la Perse (Parça), l'Elam ou Susiane grec Skylax de Karyanda. Il se reporta par l'amiral
(Ouvajâ), la Chaldée (Babirous), l'Assyrie (Athou- vers l'Occident, où la Grèce tentait
ensuite
son ambition.
r4), la Mésopotamie, avec la Syrie, la Phénicie et Une grande expédition contre les Scythes,
ta Palestine (Arabaya), l'Egypte (Moudraya). les prise afin d'empêcher ces tribus nomades deentre- l'at-
peuples de la mer avec Chypre et la Cilicie (Tyiya taquer en flanc ou sur ses derrières, tandis qu'il
darayahyA), la côte grecque de l'Asie Mineure serait occupé en Grèce, l'entraina
(Yaounâ). la Lydie et la Mysie (Çparda), la Médie, qu'au cœur de la Russie actuelle ilpresque jus-
l'Arménie, la Cappadoce (Katpatouka), la Par- une armée exténuée, mais inspira en Scythes ramena
thyène et l'Hyrcanie (Parthavâ) la Zarangiène une terreur telle qu'ils respectèrent désormais aux
(Zarànka), l'Arie (Haralva), la Chorasmie (Ouvâ- son empire. La conquête de la Thrace et la
razmiya). la Bactriane (Bakhtrls), la Sogdiane mission de la Macédoine (506) d'un côté, l'asser- sou-
(Çoughda). la Gandarte(Gandara),les Saces (Çaka), vissement des Grecs de Cyrène (508). le mirent
tes Sattagydes (Thatagous), l'Arachosie (Haraouva- en contact direct avec les peuples de la Grèce
tis), les Maka, sur la mer Caspienne, etc. Ce nombre propre. Arrêté un moment par la révolte de l'Io-
augmenta par la conquête sur la fin du règne, il nie, il reprit l'attaque en 4M avec Mardonios, en
était de trente et un. Pour éviter que ces pro- 490 avec Datis et Artaphernès la victoire des
vinces devinssent autant de principautés indépen- Athéniens à Marathon ouvrit l'ère des
dantes, Darios mit dans chacune d'elles trois médiques et fut le premier échec sérieux guerres
officiers de rang égal et qui ne relevaient que du subit la domination perse. On que
a vu ailleurs ce
roi le satrape, le scribe royal, et le commandant que furent ces guerres (V. Grèce). Elias
militaire. Le satrape, qui pouvait être choisi parmi plirent ce qui restait du règne de Darios rem-
les gens de race étrangère aussi bien que parmi (490-487) et tout le règne de Khshayarsha ~Xer-
I"
les Perses, avait un pouvoir illimité toutes xës) I" (487-465); elles se terminèrent sous Arta-
les affaires civiles etcriminelles, réglaitsur
la répar- xerxès (465-425) par un traité (40) qui consacrait
tition des impôts et rendait la justice. Le scribe, l'affranchissement des Grecs dAsie et défendait à
chargé ostensiblement de la chancellerie, était en tout vaisseau de guerre perse de se montrer dans
réalité un espion officiel attaché Ma personne du sa- les eaux grecques. Ce fut le commencement de
trape et occupé à rendrecompteen haut lieu de tou- la décadence. Tandis que les armées et les flottes
tes les actions de celui-ci. Le commandant mili- du grand roi étaient battues par les ennemis du
dehors, au dedans les révoltes de satrapes, les statues rien que des hymnes, quelques sacrifices,
intrigues de harem et les conjurations de palais et l'entretien du t'eu sacré qui jamais ne doit s'étein-
affaiblissaient le pouvoir central. Xerxès 1"' avait dre. Après la mort, tandis que le corps était exposé
été assassiné; le successeur d'Artaxerxès 1°' aux oiseaux et aux bêtes, l'âme passait en jugement
Xerxès 11, fut tué après vingt-cinq jours de règne devant un génie, Rashnou. Au sortir du'tribunal
par son frère Sogdianos, qui subit le même sort elle s'engageait sur le pont Shinvat, qui mène au-
après être resté sept mois et demi sur le trône dessus de l'enfer jusqu'au paradis l'âme coupable
(i2a-42i). C<* fut un fils illégitime, Ochos. qui finit tombait aux mains des démons, l'âme pure allait se
par l'emporter et se fit couronner roi sous le rejoindre à Ahoura-,Mazda.Ajoutons que le jour de-
nom de Darios II (424-405). Son règne ne fut vait venir où le mal cesserait d'exister et où tous les
qu'une longue suite de malheurs et de crimes êtres, y compris Ahriman, reviendraient à la vertu.
l'Asie Mineure, .ta Bactriane, se révoltèrent, l'E- La religion d'Ahoura-Mazda avait été prêchée par
gypte se rendit indépendante sous Amyrtée f405). Zarathoustrâ (Zoroastre), .qu'on croyait avoir vécu
Après la mort de Darios ]I, la révolte de Kyros enBactriane longtemps avant la fondation de l'em-
le jeune contre son frère Artaxerxès II Mné- pire achéménide. Elle se conserva assez pure dans
mon (401-400) et la retraite des Dix Mille mon- la Perse propre. En Médie, elle fut altérée par le
trèrent aux Grecs quelle était la faiblesse de mélange de superstitionsempruntées aux peuples
l'empire perse. Si, grâce aux luttes perpétuelles autochthones d'origine non aryenne:les mages, qui
des cités helléniques, Artaxerxès put interve- formaientla classe sacerdotale, en firent un instru-
nir avec honneur dans les affaires de la Grèce ment de domination. Elle survécut longtemps la
et imposer la paix d'Antalkidas (987), partout conquête grecque, et subsiste encore aujourd'hui
ailleurs il éprouva des revers. Lorsqu'il mourut chez les Parsis de l'Eran et de l'Inda. Les livres
en 362, ses armées venaient d'être repoussées sacrés renferment des fragments dont les plus an-
de l'Egypte. Son fils Ochos, qui prit en montant ciens forment l'Avesta et sont écrits dans le dia-
sur le trône le nom d'Artaxerxès III, releva un lecte zend, langue fort rapprochée de celle des ins-
peu la puissance perse; il réprima les révoltes criptions achéménides.
de Chypre, de l'Asie Mineure, de laHaute-Asie, et Les Perses avaient emprunté a l'Assyrie son sys-
finit, après des défaites répétées, par triompher tème d'écriture cunéiforme: ils le modifièrent pro-
de la résistance de l'Egypte (345). Il mourut fondément pour l'adapter à leur langue, et en firent
en 340 empoisonné. Son fils Arsès ne fit que un véritable alphabet très différent des syllabai-
passer (340-337), et Darios 111 Codoman avait à res assyriens et chaldéons. Les Modes non aryens
peine ou le temps de s'établir solidement sur le s'étaient bornés à prendre le syllabaire ninivite et
trône quand Alexandre de Macédoine envahit l'A- à l'appliquer presque sans modifications à leur
sie. Les victoires du Granique (334), d'Issos (333), idiome. Onn'ad'autresmonumentsdelalittérature
d'Arbèles (330), le meurtre de Darios (330) livrèrent de cesdeuxlanguesque quelques inscriptions dont
l'empire perse aux Macédoniens. la plus longue, celle de Bisoutoun, raconte les
~œM)-s et fc/o?:. Les Perses avaient dans débuts du règne de Darios. La sculpture et l'ar-
l'antiquité un grand renom de bravoure et d'hon- chitecture perse dérivent directement de la sculp-
nêteté la première chose qu'ils enseignaient à ture et de l'architecture assyrienne. Les monu-
leurs enfants était « tirer de l'arc et dire la vérité ments de Persépolis en offrentde fort beaux spéci-
(Hérodote, I, 138). Pour le reste, l'éducation se ré- mens.
duisait à quelques notions sur la religion et l'his- La Perse après la conquête ~e.Ta~?.
toire. Le peuple conserva toujours ses vertus pro- La conquête d'Alexandre mit pour près de deux
pres et son courage; les grandes familles et la cour siècles la Perse sous la domination des Grecs. Sa-
se corro-npirent rapidement au contact des autres trapie plus ou moins indépendantede l'empire des
nations de l'Orient. C'est surtout en Médie que le Séleucides, elle passa vers le milieu du second
luxe it la mollesse firent des progrès considé- siècle avant notre ère entre les mains des Parthes
rables. elle leur échappa vers le commencement du troi-
La religion des Mèdes et des Perses était le maz- sième siècle après Jésus-Christ. Les légendes na-
déisme appliqué d'abord dans toute sa pureté, puis tionales racontent qu'un descendant d'une an-
gâté plus tard par l'introduction d'éléments étran- cienne famille royale, Ardecha (Artaxerxès), fils
gers. Sous la seule forme ancienne que nous en de Pâpek, après avoir vécu obscurément du tra-
connaissions, elle proclame l'existence d'un seul vail de ses mains, se souleva contre les Parthes,
dieu, Ahoura-Mazda, dont le nom s'est altéré en détrôna. leur roi Artaban IV, et rétablit en partie
Ormuzd. Comme l'indique son nom, il est souverain au moins l'ancien royaume des Achéménides (2';6!.
de tout ce qui existe et sait tout. Il a tout créé, Victorieux du côté de l'Orient, il rencontra du
mais sa création a soulevé contre lui des forces mal- côté de l'Euphrate les légions romaines, et, maigre
faisantes, qui sont représentées par l'esprit du mal, quelques succès remportés sur Alexandre Sévère,
Angrô-mainyous ou Ahriman. La religion constate dut faire sa paix avec Rome. Rome et plus tard
donc l'existence de deux principes ennemis, le bien Byzance devinrent dès lors l'ennemi héréditaire
et la lumière, Ormuzd, le mal et les ténèbres, Ahri- de la dynastie nouvelle des Sassanides, comme la
man, sans cesse en lutte l'un contre l'autre. Pour Grèce t'avait été de l'empire des Achéménides.
créer et pour maintenirla création,Ormuzd a six gé- Pendant quatre siècles, l'Arménie, la Mésopotamie
nies bienfaisants, Amesha-çpentas (Amshaspands); et l'Assyrie passèrent, selon les circonstances, des
pour détruire la création d'Ormuzd, Ahriman a six Romains aux Perses et des Perses aux Romains,
génies malfaisants ou Dervends. Sous les six chefs sans qu'aucune des deux puissances réussit à
principaux agissent des multitudes de Yazatas ou gagner sur l'autre un avantage décisif. Aux que-
bons esprits et de Dêvas ou mauvais esprits. De relles politiques se joignirent bientôt des haines
même que le monde, l'homme est soumis à la ri- religieuses: les Perses, observateurs zélés de la
valité du bien et du mal: il a une sorte d'ange gar- loi de Zoroastre, ne voulurentjamais permettre au
dien. Fravarshi (Férouër), attaché à sa personne et christianisme de s'implanterchez eux. Un moment,
destiné à le garder contre l'attaque des démons. on put croire qu'ils l'emporteraient Khosrou II
La religion lui recommande de prier, de travailler, (Chosroès) Parvis (590-628). d'abord battu par l'em-
surtout de cultiver la terre. Celui qui fait pereur Maurice, profita de la tacheté de Phocas
duire du blé à la terre, celui qui fait pousserpro-
les pour conquérirsuccessivement l'Arménie et la Mé-
fruits des champs, celui-là cultive la pureté il sopotamie (GOi-605), la Syrie du Nord (607-60S), la
est plus pur en Ahoura-Mazda que s'il offre cent Cappadoce (610). L'avènement d'Hérac[ius(UlO)ne
sacrifices. » Le culte n'admettait ni temples ni changea rien d'abord à la marche des événenMnts:
en 614 Damas, en 6)5 Jérusalem. en 616 Alexan- c'est donc faire connaître ce qu'il y a de plus
drie et l'Egypte, en 617 Chatcédoine et la moitié essentiel dans la nature humaine.
de l'AsieMineure, furent perdues pour les Romains, Comment la notion de la personnalité se déve-
et Constantinople assiégée du coté de l'Europe loppe-t-elle en chacun de nous, ou, ce qui revient
par les Avares, du coté de l'Asie par les Perses au même, comment l'enfant apprend-il à se dis-
(620). L'année 621 amena un brusque revirement tinguer peu a peu de tout ce qui l'entoure? C'est
de fortune: dans une série de campagnes heu- ce qu'il importe de rechercher tout d'abord.
reuses, Héraclins non seulement reconquit les Tout en admettant que la notion de la person-
provinces perdues, mais porta la guerre au cœur nalité est vague et indécise dans les premiers
même du pays ennemi, et par la victoire de Ninive temps de la vie, nous croyons qu'elle s'éveille
(6ï';) décida du sort de la guerre. Les querelles d'assez bonne heure. L'enfant se distingue bien
de palais complétèrent le désastre Chosroès fut vite de ses frères, de ses camarades. tl répond à
assassiné par son fils Siroès (628), et la paix rétablie l'appel de son nom. Il sait démêler ce qui lui ap-
bientôt après. Il semble que cette lutte épuisa les partient de ce qni appartientaux autres. Le senti-
forces des Byzantins et des Perses. Elle était à ment de la propriété, cette extension de la per-
peine terminée que tes Arabes entrèrent en lice. sonnalité, est précoce chez lui. Le baby de deux
Le dernier Sassanide,Yezdegerd HI (632-652),battu ans auquel on demande « A qui est ce chapeau?
à Kadésiah (686), puis à Néharend (641), lutta en- A qui sont ces joujoux? » répond déjà et sans
core quelques années et finit par être assassiné hésiter u A moi. D On ne saurait d'ailleurs s'é-
dans le Khorassan où il s'était réfugié. La Perse, tnnner de rencontrer chez l'enfant un sentiment de
convertie à l'islamisme, perdit son indépendance l'individualité qui existe même chez l'animal. Le
et ne fut plus qu'une provinceimportante de l'em- chien, par exemple, a assez de mémoire pour com-
pire des Khalifes. prendrequ'un nom propre le distingue et le désigne
La civilisation du second empire perse nous est à l'exclusion de tout autre animal de son espèce.
assezpeu connue. Quelques débris de palais, quel- Il semble que l'enfant, dès qu'il a conscience
ques inscriptions, quelques bas-reliefs ne suffisent de ses sensations et de ses perceptions, doive né-
pas à nous donner une idée complète de ce cessairement se les attribuer à lui-même que la
qu'étaient l'architectureet les arts du dessin à la conscience du moi soit enveloppée dans toute
cour des Sassanides. Depuis le temps des Séleu- impression consciente. Une perception en effet,
cides, les Perses avaient renoncé à leur écriture une sensation, quelque obscure qu'elle soit, n'est
cunéiforme ils avaient adapté à leur langue l'al- pas quelque chose d'impersonnel elle est mienne,
phabet hébraïque et créé ainsi ce qu'on appelle elle apporte avec elle l'idée du moi auquel elle
l'écriture pehlvie. Un certain nombre d'inscriptions appartient.
et de morceaux des livres sacrés sont rédigés dans Telle n'est pas cependant l'opinion de certain
ce système assez compliqué. Ce no sont que les philosophes. Dans ses études sur la genèse de la
fragments d'une littérature qui parait avoir été perMMn<t/~ (voyez le Ce?'eMM, un volume de la
assez considérable. Chosroès Nourshirvan et son Bibliothèque scientifique internationale), M. Luys
ministre Bourzougmûs,ChosroèsParvis, et son mi- prétend que l'enfant considère l'ensemble de ses
nistre Bouzourgoumid,recueillirent les traditions sensations, de ses souvenirs, comme quelque
antiques, et firent traduireles livresde l'Inde et sur- chose qui lui serait étranger. La preuve, ajoute
tout le recueil d'apologues connu sous le nom de M. Luys, c'est que l'enfant a pour habitude de
Kalilah et Dimnah. La plupart des documents parler de lui-même à la troisième personne
recueillisalors restèrent ignorés pendant les pre. « Paul veut ceci. Paul sera sage. » Le fait est in
miers temps de la conquête musulmane: ce n'est contestable, mais l'interprétation que lui donne
que vers le cinquième siècle de l'hégire, sous la M. Luys est absolument erronée. Jl n'y a là évi-
protection des Saffarides,qui régnaient en Perse, demment qu'une insuffisancede langage. L'enfant
et des Samanides,maltres de la Transoxiane, qu'ils a de la peine à apprendre le pronom je, mais
furent mis en œuvre. Le plus célèbre des grands quandil dit de lui-même « Paul est bien content, x
poètes persans de l'époque musulmane, Firdaouçt, il entend la mêmechose que s'il disait « Je suis bien
a résumé dans le Shah-Ndmdh ou Livre des Rois, content. » Ayant toujours entendu ses parents
tout ce qu'on savait de son temps sur les origines de prononcer le mot « Paul x quand ils parlaient de
la monarchie éranienne. Son œuvre, traduite par lui, il est tout naturel qu'il l'emploie à son tour
M. Mohl, lui a valu le titre glorieux de chantre na- pour désigner sa petite personnalité naissante.
tional, et servit de modèle à tout un cycle épique, le D'ailleurs affirmer que l'enfant considère comme
GousA<ap-NatM~A, le Sam-Namdh, le Barzou-Na- étrangères à lui-même, comme quelque chose
M~A, puise comme elle aux sources originales. d'objectif, ses premières impressions, c'est se.
[G. Maspero.] mettre dans l'impossibilité d'expliquer la forma-
PERSONNALITE.-Psychologie, XVIII. -Tout tion ultérieure de l'idée de personnalité. Si l'en-
être humain ressembleaux autres membres de la fant commence par considérer ses sensations
grande famille humaine, et il a des ressemblances comme quelque chose qui ne lui appartient pas,
plus étroites encore avec les membres de sa on se demande comment il apprendra a les envi-
propre famille. L'hérédité transmet avec la vie à sager autrement. Si les premières impressions de
chaque homme nouveau des caractères déterminés la conscience ne renferment pas l'idée du moi,
qui donnent aux individus d'une même race un comment les impressions postérieures la contien-
même air de famille. Mais en même temps chaque draient-elles ? A mesure que l'enfant grandit, sa
homme a son caractère propre, sa physionomie conscience devient sans doute plus claire, plus
originale, ce qu'on appelle quelquefois d'un nom nette mais elle ne change pas dans ses caractères
bizarre son idiosyncrasie. Les attributs essentiels essentiels. Si elle était constituée à l'origine par
du type humain se retrouvent en lui, mais ils y une tendance naturelle à objectiver toutes choses,
prennent un tour particulier, une expression spé- elle ne saurait cesser d'obéir à cette tendance,
ciale. En un mot chaque homme est une personne "lit la distinction du sujet et de l'objet, du moi et
et une certaine personne. de non-moi, deviendrait impossible. Nous accor-
Les minéraux et les plantes sont des choses; dons volontiers que cette distinction est encore
les animaux sont a peine des individus les obscure dans l'esprit de l'enfant; mais nous
hommes sont des personnes. La personnalité est croyons, à l'inverse de M. Luys, que la disposi-
donc comme la forme suprême de la vie, comme tion enfantine serait plutôt de tout subjectiver.
l'expression parfaite de l'être individuel. Définir la L'enfant a si bien la notion de la personnalité
personne, analyser les éléments qui la constituent, que cette notion ne tarde pas à s'exagérer en lui.
H a une propensionmarquée à prendre de son pable par sa toute-puissante volonté d'agir
sur ce
importance une haute idée, à tout rapporter à même univers.
lui-même dans l'irréflexion de son égo!sme inno- Certains philosophes de notre temps seraient
cent. C'est seulement en se comparant avec les disposés àcroire que la personnalité humaine n'est
autres personnes df'nt il est d'abord disposé à igno- qu'une apparence etune illusion. D'après M. Taine,
rer ou à oublier l'existence, qu'il apprendra peu à le moi n'est qu'une collection de sensations, c'est-
peu à enfermer dans de plus justes limites sa à-dire d'impressions conscientes, une série de sou-
personnalité envahissante. venirs pour ainsi dire embottés les uns dans les
Quoi qu'il en soit, la notion de la personnalité se autres. La personnalité en définitive ne serait pas
fonde sur la conscience, c'est-à-dire sur ce fait autre chose que la conscience que nous en avons.
que nous percevons comme nôtres les pensées, Il est difficile d'admettre une pareille conclusion.
les sentiments, les actes de volonté qui se succè- D'abord la conscience elle-même n'est pas intelli-
dent en nous. Chaque nouveau fait de conscience gible s'il n'y a pas derrière elle quelque chose de
est un élément nouveau de l'idée du moi. Par réel, un principe simple et identique, simple,
conséquent la mémoire qui est comme la con- c'est-à-dire capable de ramener à l'unité des élé-
science prolongée,qui représenteet replace devant ments multiples dans une perception consciente,
notre esprit les impressions passées de la con- identique, c'est-à-dire se perpétuant dans l'exis-
science, la mémoire contribue à former l'idée de tence et se manifestant par le souvenir. En second
la personnalité. Par la conscienceseule nous avons lieu, les philosophes dont nous parlons oublient
déjà la notion d'un être un et simple, distinct de trop que la notion de la personnalité n'est pas seu-
tous les autres, que nous appelons moi par la lement une représentation elle comprend un au-
mémoire, nous y ajoutons l'idée d'un être identi- tre élément, le sentiment vivace et persistant de
que, c'est-à-dire qui reste le même à travers tous notre activité, de ce qui est le fond de notre être,
les changements de la vie. la force.
Apres s'être organisé assez rapidement chez Par cela seul que nous faisons partie de la fa-
t'onfant, le sentiment de la personnalité n'aban- mille humaine, nous sommes tous des personnes
donne plus l'homme. La notion du moi est cepen- mais il dépend de nous de l'être plus ou moins.
dant sujette, dans des cas exceptionnels et assez La personnalité n'est pas une choseabsolue et qui
rares, soit à des obscurcissements passagers, soit ne comporte pas de degrés. Elle n'est pas entiè-
à des exaltations singulières, à des exagérations rement donnée par la nature elle est en partie
maladives. Il y a des fous qui croient qu'ils n'exis- i'œuvre de l'éducation et de l'effort. Il y a des
tent plus, qu'ils ont été changés en verre, qu'ils hommes si irréfléchis, si inconsistants dans leurs
sont devenus une masse inerte. Dans d'autres cas jugements, si légers dans leurs actes plus instinc-
le malade se croit roi, empereur. Dieu il s'ima- tifs que volontaires, des hommes qui s'abandon-
gine chaque matin avoir grandi d'un pied. Ce sont nent si mollement au courant des passions, qui
les défaillances de la mémoire qui expliquent ces adhèrent si servilement aux opinions d'autrui,
anomalies. De même pour les cas de double per- qu'on ose à peine dire d'eux qu'ils sont des per-
sonnalité comme celui de Félida X., où le même sonnes. Ceux-là seuls le sont véritablement qui
individu vit en quelque sorte deux vies, tout à fait réfléchissent à tout ce qu'ils font, qui agissent avec
indépendantes l'une de l'autre, oubliant dans la un sentiment continu de leur responsabilité, qui
seconde ce qu'il a été, ce qu'il a fait dans la pre- par l'énergie de la volonté et la fermeté du carac-
mière. La mémoire est alors dédoublée, et par suite tère, par la solidité des convictions, établissent
avec elle la notion de la personnalité. vigoureusement au milieu de la foule humaine leur
A la conscience, à la mémoire, ces deux élé- individualité propre. Cet idéal, il appartient à
ments essentiels de l'idée du moi, nous joindrons chacun de nous de le poursuivre et de l'atteindre
la volonté. Si cette idée est encore faible et vague par la réflexion, par l'effort, et de créer ainsi de
chez l'enfant, c'est que l'enfant n'est pas capable plus en plus ce qui est le but de la vie et le mot
de vouloir. Ses facultés agissent automatiquement, de la destinée, une personnalité consciente et li-
sans réflexion. Il ne se possède pas, il ne se gou- bre. [Gabriel Compayré.]
verne pas lui-même. Ses gestes désordonnés, son PERSPECTIVE PRATIQUE. La jt er~jec<:M
bavardage incessant, sa mobilité perpétuelle tra- est l'art de reproduire sur une surface plane l'as-
hissent un être peu maltre de lui. Il faut un long pect des objets tels qu'ils se présentent à nous
temps avant que les yeux et les mains de l'enfant dans l'espace.
deviennent les instruments dociles de la volonté. La perspective ~Meat)-? étudie la reproduction
La notion de la personnalité n'est complète que le des contours des objets; la perspective a~<M?ie
jour où l'individu, usant de sa volonté, dirige et s'occupe plus spécialement des modifications
maîtrise, comme il l'entend, soit ses organes phy- qu'apporte aux ombres et aux teintes la couche
siques, soit ses facultés morales. Ce jour-là en d'air interposée entre les objets et l'œil du specta-
effet l'individu se saisit non plus seulementcomme teur.
une intelligence consciente d'elle-même, mais Nous n'exposerons ici que quelques procèdes élé-
commeune force, comme une puissance active, qui mentaires permettant à des élèves d'apprendre à
s'oppose à tout ce qui n'est pas elle, qui entre en dessiner rapidement à simple vue des objets de
lutte avec les fatalités intérieures ou extérieures. forme géométrique. La méthode que nous em-
Nous avons raconté succinctement l'histoire,ce ployons a fait ses preuves depuis longtemps
que M. Luys appelle la genèse, de la notion de la dans l'enseignement donné à l'école La Martinière
personnalité par là même nous avons défini la à Lyon. A des élèves d'une intelligence ordinaire,
personnalité, et analysé ses éléments. Si la notion elle donne en quelques semaines une s6reté
de la personne est encore vague chez le tout petit de coup d'oeil et de main fort remarquable.
enfant, c'est que la personne elle-même n'est pas Elle consiste à faire dessiner les élèves, à
encore tout a fait constituée en lui. A mesure que distance et à main levée, d'après des modèles de
la personnalité s'organise, la notion de la person- formes simples. Ces exercices sont gradués de
nalité sa développe et s'éctajrcit. Être une per- manière a parcourir successivement les principales
sonne, c'est avoir la conscience de soi, c'est aussi difficultés que présente le dessin des objets géo-
être capable de se gouverner soi-même. Quand les métriques. L'expérience a prouvé que ces exerci-
déistes, à l'encontre des panthéistes, afnrment ces constituent la base la plus rationnelle et la
l'existence de la personnalité divine, ils entendent préparation la plus efficace à l'enseignement du
que Dieu est un être conscient, distinct de l'uni- dessin d'imitation.
vers par la conscience qu'il a de lui-même, et ca- Les procédés que nous allons décrire n'ont à
Le profeMeaf. trace d'abord ht figure 3 (dessin
aucun degré le caractère de méthodes géométri- :eométrat)
soin de le g
ques rigoureuses: et l'instituteur aura renseigne- et la fait ensuite copier à main levée
faire remarquerdans tout le cours de p ar les élevés à une dimension donnée.
r
ment; ce sont de simples approximations mais
leur exactitude est en rapport avec celle des tra-
cés & établir et largement suffisante dans tous
les cas de la pratique du dessin à main levée.
Le matériel nécessaire se compose d'un tableau
noir et de quelques modèles en fil de fer, en bois
ou en zinc. Les élèves dessinent sur des tablettes
d'ardoise, ou à défaut, sur papier au crayon ten-
dre ils sont groupés autour du modèle à une dis-
tance de deux ou trois mètres.
Le principe de la méthode consiste à ramener
tous les tracée à des lignes droites horizontales et
verticales, dont on compare les grandeurs. Pour
faire cette comparaison,l'élève tient à bras tendu
son crayon, et s'en sert comme d'une mire il le Fig. 3.
projette d'abord sur la ligne la plus courte,
l'extrémité du crayon correspondant à l'une des pes d'après un modèle en fil de fer, qui repro-
extrémités de la ligne, et il marque sur le crayon dduit cette même Cgura. le professeur la fait exé-
avec l'ongle de son pouce le point correspondant à cuter en desein perspectif (fig. 4), chaque élève
l'autre extrémité de la ligne mesurer; cette Cvoyant v le modèle sous un aspect différent.
mesure ainsi prise est reportée sur la ligne la plus
longue de manière à apprécier le rapport des lon-
gueurs des deux lignes. L'habitude de faire ces
comparaisonsest promptement acquise.
Les rapports ou proportions ainsi trouvés sont
reproduitssur le dessin à exécuter. Pour la prati-
que de l'enseignement, une fois les modMes
mis
en place, le professeur donne aux élèves la dimen-
sion principale de leur dessin il leur explique,
au tableau, les lignes qu'ils devront considérer,
et les proportions qu'ils devront mesurer, pour
arriver à compléter leur tracé.
Il est indispensable, pour obtenir des résultats
prompts et certains, de procéder toujours du bim-
ple au composé, et de ne passer à un nouvel exer-
cice que lorsque l'exercice précédent est exécutt
avec une promptitude et une précision irrépro-
chables. ne.4.
Nous ne donnons ici que les exercices les plus
élémentaires. Il va de soi que ces exercices seront Tracer la verticale AG sur une longueur don
plus ou moins étendes suivant le temps etles née
1 soit, t5 centimètres.
Comparer la largeur EC avec AG et tracer BD
ressources dont on disposera et suivant la nature
de l'enseignementà donner. indënme. Diviser AG en quatre parties égales,
Reproduire une tt~tM- in chercher le point o<t viendrait aboutir sur AG la
PMtttER EXERCICE.
ligne horizontale Bn; déterminer ainsi n, qui dans
notre trace se trouve au tiers de AH.
Même opération pour déterminerle point 0.
Par deux horizontales ponctuées partant de N et
de 0, on aura les points B et D et l'on achèvera
io tracer le carré en perspective.
Diviser BD en parties égales et joindre ICL
Fie.t. avec
1 HEK.

cHH<fe AC, <)'a< par le maHrf sur le <a6<eaM


tracer
une horizontale AB; chercher BC sur le
Q modèle comMen de
contenu dans AB.
fois est
Répéter cette même opération
sur le dessin, c'est-à-dire diviser
AB en autant de parties que l'on
en a trouvé.
Reporter une de ces divisions
am-dessu~dcBenBC.
Joindre le point C aa point A.
Même opération pour la seconde
figure en prenant pour base une
verticate(ng.2).
fendant cette pre-ni6re leçon, le
professeur fera répéter cet exer-
cice en changeant rinctinaison de
la ligne tracée sur le tableau, jus-
__·
qu'à ce que les ma..oa f_,anonr
~"o élèves fassent ,.s_
pidement les comparaisons à bout de bras.
ra-
SECOND MEMCE. Parallèles horizontales.
On arriverait au même résultat en prolongeant Déterminer l'axe XE, au milieu de AB, largeur
AB et GD, jusqu'à leur rencontre; les lignes par- totale donnée (fig. 8).
tant de ce point de rencontre se dirigeant sur
H,E,K passeraient par I,C,L.
REMARQUER 10 Que les lignes horizontales tra-
cées sur un plan vertical ne restent pas parallèles
en perspective; ces lignes horizontales parallèles
tendent à se réunir en un même point, appelé
point de concours;
2° Que la largeur apparente d'un carré en pers-
pective est plus petite que la largeur réehe.
Un carré en verre divisé en seize carrés par des
horizontales et des verticales (fig. 5) pourrait être
utilisé dans le cas où quelques élèves ne parvien-
draient pas à apprécier les proportions ou incli-
naisons.
TROISIÈMEEXERCICE. Parallèles verticales.
Le professeur trace au tableau la figure 6 (dessin
Trouver le point C
comparant CAen à CB ou
CEaCA(Uesticiau)/deAB).
Déterminer la pente de SC en comparant SA à
Le rapport de AC à'CB étant supposé
1
comme
2; par le milieu de SA menons une horizon-
tale qui donnera le point H, d'où CH deuxième
côté du carré.
Cette construction est également démontrée
dans les figures 9, 10 et 11.

9. Côtés de même grandeur, pentes égales'

géométral), en procédant par les diagona)es pour


obtenir les divisions du carré. Cette figure est en-
suite copiée main levée par les élèves sur une
dimension donnée.
Les élevés doivent ensuite reproduire la même
figure en dessin perspectif, d'après un modèle en
fil de fer (n~. 7).

Fig. H. – Côtés en pente comme i 7.

Pourcompiéterlecan-éfng.8),joindreSaH,par
une diagonale qui déterminera le centre 0 sur
l'axe.
Tracer de C en 0, en la prolongeant,la2" dia-
gonale sur ce prolongement, reporter du centre-0
la longueur CO en la diminuant d'un dixième en-
viron (la diminution variera suivant la distance de
Etablir le carré en perspective, ainsi qu'il été l'élève au modèle), pour obtenir le quatrième
fait précédemment. Puis, par les diagonales a angle D du carré.
REMARQUE. – On aura soin de faire remarquer
tuées BC et AD, déterminer le centre 0, ponc- don-
nant EF; continuer la même opération dans cha- aux élèves que ces procédés ne sont pas géomé-
triquement exacts et qu'ils doivent être consi-
que compartiment GH et IK. dérés comme des règles purement pratiques.
Le professeur fera remarquer CINQUIÈME EXERCICE. Pyramide droite à base
1° Que les parallèles verticales restent parallèles eaf~(ng.i?.).
en perspective
X" Que ces lignes diminuent de longueur
Tracer l'axe Ex; comparer as (hauteur don-
et d'é- née du dessin); chercher le point A sur aa et
Ee
cartement au fur et à mesure de leur éloigne- construire le carré ABCD
ment. en perspective; en joi-
gnant ABCD au sommet E on terminera le tracé de
QuATRiÈME EXERCICE. Carréhorizontalà mettre la pyramide.
en perspective. (Cette leçon, d'une grande impor- SixiEME Cube :)r;M!co~. (Démon-
tance, sera faite au tableau et reproduite par les stration au EXERCICE.
tableau; modèle
élèves.) en fi!de fer copié par
les élèves.)
Modè)e en Bt de fer; démonstration au tableau.)
Ou donne la hamenr Ee de l'un des triangles de
base (Of;. t4).

On en déduit par comparaison la longueur ab;


sur cette droite a6, chercher le point A et cons-
truire le rectangle en perspective ABDC.
Par le centre 0, faire passer la médiane e/' (elle
coupe les deux arêtes BA et DC un peu au delà de
leur milieu).
Élever la verti~le eE (hauteur donnée), joindre
E/'et par le centre 0 éieverht verticale Oo; en
protongeant eo on obtiendra le point F et l'on achè
vera facilement le tracé.
HutTiEME EXERCICE. Cercle vertical inscrit dans
un carré.
Le tracé géomëtral est d'abord reproduit par
les élèves sur une dimension donnée ~ng. )5).
T?.

Tracer l'axe vertical X (ng. 13) sur lequel on in-


diquera la hauteur du cube, soit 15 centimè-
tres.
Comparerla largeur~MN avec la hauteur donnée.
Reporter la moitié de cette largeur à droite et à
gauche de l'axe, tracer deux verticales indéfinies,
AB et CD.
En comparant MP à PN, déterminer la troi-
sième verticale EG indéfinie.
Reporter sur cette verticale la hauteur donnée
(0*.)5 par ex.) de la n~ire.
Chercher la pente BG et construire le carré
inférieur.
Avec la pente AE construire le carré supérieur. Tracer un carré parfait, tes deux diagonales et
OBSERVATION. – Ces deux opérations étant exac- les
I< deux médianes EG et HK se coupent au centre
tement faites. K se trouvera sur la verticale de H. d carra.
du
Recherche de la ligne dhorizon. Dans l'exem- E,H,K,G, détermineront quatre points de con-
ple choisi, le carré supérieur est un peu plus tact du cercle.
t.
fuyant en perspective que celui du bas; le rap- Divisez OA en 7 parties égales, au delà du cin-
port des hauteurs des deux bases du cube est en quième
q point de division portez t/8 d'une division,
perspectivede 2 à 3. Divisant la hauteur en 3 par- vous
v obtiendrez un point du cercle. On opère de
ties. MN, ligne d'horizon, se trouvera à la deuxième même
n sur chaque demi-diagonale, ce qui donne
de ces parties. 3 autres points.
Le professeur fera en outre remarquer que Par ces huit points tracer le cercle en le rec
l* EC, AH, BK, GD, prolongées, se rencontre- nantjusqu'à ce qu'il paraisse parfait à l'cail.
f)
raient en un m4me point sur la ligne d'horizon. Tracé perspectif. On demande ensuite au-~
Il en serait de même pour EA, GB, CH. DK. Élèves
é de mettre en perspective le modèle en fil
S" Que le point de vue est au milieu de ta lar- de
d fer (ng. 16), ce modèie étant vertical.
geur du modèle sur la ligne d'horizon. Mettre'premièrement en perspective le carré
K* Connaissant simplement les pentes AE etCB ABCD.
} Tracer les deux diagonales, élever en 0 la
on pourrait déterminer la ligne d'horizon, vverticale EG; tracer MN en divisant en
deux par-
SEPTIEME EXERCICE. Prisme triangulaire droit ties
t égales AD et BC. (MN devra passer par le
à M.ie isoscèle couché sur un plan /tOtT!0?!< point
r 0.)
Diviser chaque portion de diagonale en 7 par-
ties. Par les 2/7 et les points de contact M,E N,G,
déjà connus, faire passer le cercle.

ONZIÈHE EXERCICE. Cylindre droit à bases


ctt-CM~/t-M p~aet! verticalement, d'après un modèle
enmdefer(ag.t9).
r_

NEUVIÈME EXERCICE. Cercle horizontal inscrit


dans un catTë, à reproduire d'après un modèle en
fil de fer (fig. 17).

Fig. 19.
Tracer l'axe GF, reporter à droite.et à gauche
la moitié du diamètre des cercles qui est donné.
Établir la distance CA par rapport à CD, pour ob-
tenir le rectangle C,D,A,B.
Tracer l'ellipse passant par CGD, puis celle
passant par AB par rapport à la première.
Faire remarquer que les perspectives des cer-
On donne la plus grande dimension du cercle cles horizontaux sont d'autant plus déprimées
dessiné en perspective (AB=0",20j. qu'elles se rapprochentdavantage de la ligne d'ho-
Chercher par comparaison le rapport de CD, rizon.
diagonale du carré, à AB. Reporter C et D à égale DOUZIÈME EXEMtCE. Cercles concentriques,
distance de l'axe 0. Déterminer le point E, et diaprés un modèle fn fil de fer (fig. 20
construire le carré comme précédemment, M
donnant à OF une grandeur égaie aux 9/10 envi-
ron de OE.
ParO, tracer une horizontale, et sur cette droite,
de part et d'autre de 0, indiquer AB, diamètre du
cercle.
Prendre les milieux <7:,m,o,p, des cotés du carré
en perspective.
Partager les demi-diagonales en 7 parties, faire
une marque aux 2/7 en partant de l'angle exté-
rieur.
Par ces huit points faire passer une ellipse qui
représentera le cercle en perspective. Pi~.M.
DixiÈME EXERCICE. – C'dHe, à reproduire d'après
un modèle en zinc (fig. 18). Chercher le rapport de CD à AB, longueur du
Sur l'axe vertical indiquer EA, hauteur donnée, diamètre donnée.
s'assurer de la largeur de la base BC comparée à Tracer l'ellipse ABCD.
AE. de la hauteur Ao, ou AD comparée à BC. Tra- Trouver par comparaison la distance As par
cer l'ellipse inférieure.Terminer le tracé du cône rapport
en menant par le sommet les arêtes EB et EC
N0.
Trouver c et d en divisant OC et OD dans la
tangentes à l'ellipse de base. même propurtion que AO et OB.
Remarque. Ce procédé n'est qu'approximatif. comparant à SS, construire le rectangle ABCD.
TREIZIÈME EXERCICE. Cercles verticaux paral- Chercher la position de a par rapport à Az, la saiitia.
léles, cylindre droit horizontal,d'après un modèle des points << et b. Construire le carré atcaf. Par
en fil de fer (Bg. 2)). les points ABCD établir la base de chacun des
pieds. En compléter le tracé et terminer par l'in-
dication de l'épaisseur 0.
QUINZIÈME EXERCICE. Chandelier, à mettre en
perspective d'après nature (fig. ?3).
t

Sur t'axe indiqué XX (hauteur donnée) chercher


la dimension CC comparée à XX. Indiquer les
Le diamètre AB étant donné, on déterminera le hauteurs de B et A. Tracer la courbe inférieure,
rectangle ABCD, en perspective, en comparant l'é- les épaisseura Aa et Bb. Terminer par le tracé des
cartement EF des verticales AB et CD à leur lon- moulures.
gueur, traçant CD indéfinie en cherchant les in- Par la disposition des cercles il est facile, dans
clinaisons BD et AC. Prenant les milieux E et F cet exemple, de déterminer la hauteur MN de la
des deux axes verticaux, on obtiendra l'axe central ligne d'horizon. [Atexandre-AugusteHirsch.1
EF de la figure. PESANTEUR. -Physique,III. Tous les corps,
Sur deux horizontales m?t et ~'p on indiquera abandonnés à eux-mêmes, tombent vers la terre,
la largeur apparente de chaque cercle comparée à sans avoir reçu aucune impulsion primitive. C'est
sa hauteur. un fait connu de tout le monde pour les solides
Ayant dans chaque cercle quatre points connus, et les liquides, et s'il est moins facile à constater
on figurera ces cercles par des ellipses en les rec- pour l'air et les vapeurs, il ne s'applique pas moins
tifiant jusqu'à complète satisfaction de l'œil. à tous les corps gazeux sans exception. Comme
0&M)-t~<t<M. – Pour les cercles en perspecti- tout mouvement suppose une force capable de le
ve tracer le diamètre geométral, qu'il soit ver- produire, on a donné le nom de pesanteur à la
tical, incliné ou horizontal, sur une perpendicu- force qui fait tomber les corps.
laire passant par le milieu de ce premier diamètre Envisagée comme résultant de l'action du globe
marquer )a largeur apparente de l'ellipse. terrestre sur les corps que l'on éloigne de sa sur-
Tracer le cercle en perspective par ces quatre face, la pesanteur n'est qu'un cas particulier du
points connus. 'phénomène général de t'a«fach'o)!
QUATORZIÈME EXERCICE. Table à mettre en Considérée comme une force, elle doit avoir les
perpectivod'après nature (ng. 22). trois caractères essentiels de toute force la di-
rection, l'intensité et le point d'application.
La pesanteurne peut pas être assimilée à une
impulsion unique, car les plus simples observa-
tions prouvent que le mouvement de chute s'ac-
célère graduellement elle agit donc d'une ma-
nière continue sur les corps et de plus, si rien
ne contrarie son action, elle les fait tous tomber
également vite, quelles que soient leurs dimen-
sions ou leur nature.
Cette dernière proposition fut longtempsmécon-
nue l'observation ordinaire indiquerait en effet
que tous les corps tombant d'une même hauteur
n'arrivent pas à terre en même temps les plus
lourds arrivent les premiers; la balle de plomb
met beaucoup moins de temps que le flocon de
neige pour parcourir la même distance. Mais ces
différences de vitesse sont dues exclusivement à
la présence de l'air. On le démontre très simple-
ment à l'aide d'une expérience imaginée par New-
ton. Dans un tube de 2 ou 3 mètres de long on
met de petits morceaux de plomb, de bois, de
La distance SS donnée marque le point A sur liège, de papier, de barbe de plume et on
lequel on élèvera une verticale indéfinie. Sur cette extrait l'air du tube. Si, quand il est vide d'air, on
yerticale indiquer la hauteur Aa des pieds en la le retourne brusquement, on voit tous les corps
qu'il contient tomber en même temps mais si on m A. Lois de la chute des corps. La rapidité de
laisse rentrer de l'air dans le tube, on voit repa- a- la chute crée une première difficulté, parce qu'eUe
raitre les différences de chute qui existaient entre re rend pénible l'évaluation des espaces
les corps. la variation de la vitesse en crée uneparcourus;
seconde,
L'influença de l'air se fait sentir également sur tr puisque pour la bien constater il faudrait pouvoir,
les liquides. Les différentes parties d'un jet liquide
le à un instant donné, supprimer la force qui produit
se divisent sous l'action de l'air, en tombant. Mais is le mouvement.
qu'on renferme de l'eau dans un tube dont on n On n'expérimente donc pas sur la chute libre,
extrait l'air avant de fermer le tube, et que l'on n à moins qu'on n'emploie l'appareil du général
retourne brusquement celui-ci, toutes les parties !S Morin, où un corps, guidé dans sa chute, trace
du liquide frapperont en même temps le fond, en n marche sur un cylindre mobile animé d'un mou- sa
produisant un bruit semblable au choc d'un corps 's vement de vitesse connue. On déduit en effet les
solide c'est l'expérience d'un marteau d'eau. lois de la chute du corps de la comparaison de la
1. Direction de la pesanteur. La rapidité dee marche qu'il a tracée,
la chute pour les uns, la résistance de l'air pour avec le temps pendant le-
~r quel il est tombé.
les autres, empêchent de pouvoir déterminer laa On préfère les appareils où le mouvement est
direction de la pesanteur d'après la chute libre des s rendu assez lent pour que les observations
corps. Mais on l'obtient par l'appareil très simplee faciles et la résistance de l'air néfh'geable soient
connu de tout le monde sous le nom de fil à plus ancien est le plan incliné de Galilée le plus Le
plomb. Que l'on suspende a l'extrémité d'un filil
très flexible un petit corps comme un morceau dee employé
1"
est la machine d'Attwood.
Le plan incliné de Galilée était une sorte
plomb après un certain nombre d'oscillations, de gouttière demi-cylindrique
l'appareil sera en repos, le ni tendu par le corps. creusée dans une
pièce de bois que l'on pouvaitinclinerplus ou moin
Il est bien évident que ce fil ne peut empêcher lee a l'horizon; le mobile était une balle de cuivre.s
mouvement de la balle de plomb à moins d'êtree H paraît que Galilée employa le même objet
dirige suivant la ligne même celle-ci tend à une longue corde bien tenduepour
parcourir. Donc la direction deque
à laquelle glissait
la chute du corpss sur
un petit chariot à roulettes très mobiles. Dans
est donnée par le fil à plomb au repos. cet appareil, à la chute directe était substituée la
Cette direction se nomme la u~:M/c; elle est descente t
constante en chaque lieu et perpendiculaire à la possédées par le mobile
très ralentie le long du plan les vitesses
surface des eaux tranquilles. Comme la surface du de aux différentes époques
globe terrestre est sensiblement sphérique, les son mouvement croissaient exactement comme
s en chute libre, seulement leurs grandeurs absolues
verticales vont passer par le centre et sont enétaient d'autant moindres
que l'inclinaison du
chaque point le prolongement du rayon terrestre.
A cause de la grandeur relativement considérable
plan sur l'horizon était plus faible.
de celui-ci, les verticales de deux endroits
Dans tous les cas, les espaces parcourus dans
rap- le mouvement de descente furent trouvés propor-
prochés sont très sensiblement parallèles. C'est t tionnels aux carrés des temps comptés depuis l'o-
sur cette remarque qu'est fondé l'emploi fréquentt rigine le
du fil à plomb et du niveau triangulaire des mouvement était donc uniformément
ma- accéléré et la pesanteur force constante.
çons pour établir la verticalité d'une arête ou d'un 2° Machine ~Moo~.une – Voici le principe de
mur et l'horizontalité d'une surface. cet appareil. Si aux deux extrémités d'un fil très
2. Point d'application de la
Poids. Centre de gravité. La pesanteur.
fin, enroulé sur une poulie très mobile, on attache
t
pesanteur agit des poids égaux, l'équilibre subsistera dans toutes
sur tous les éléments matériels des corps que
1 on brise une pierre, chaque partie, si petite
les positions possibles. Mais si l'on pose sur l'un
qu elle soit, tombera comme le
d'eux P' un petit poids additionnel p, tout le
corps entier. On système se trouvera mis en mouvement le poids
peut donc regarder chaque corps comme sollicité P'+p descendra tandis P s'élèvera; seule-
par autant de forces verticales qu'il contient de ment, à chaque époque duque la vitesse
molécules matérielles. Toutes ces forces parallèles mouvement,
sera beaucoup plus petite que celle dont, au même
ont une résultante unique, appliquée en un point instant, la additionnelle
invariable de la position du corps. Cette force Dans les deux masse p eût été animée.
unique, résultante de toutes les actions de la pe- cas, en effet, la force motrice effi-
cace est
santeur sur un corps, se nommele poids de celui-ci, dans le premier, la toujours l'action de la pesanteur; mais
et le point d'application de cette résultante est le à 2P +p. masse a faire mouvoir est égale
centre de gravité. Si on suppose que les deux poids égaux
D~s lors, pour contrebalancer l'effetde la soient chacun de W.5 et le poids additionnel de
pesan- 1 gramme, la masse à mouvoir sera de 100
teur sur un corps, il faut opposer à la résultante conséquent, la vitesse acquise par
de ses effets sur chaque point matériel au bout du même
force temps sera 100 fois moindre. On comprend ainsi
égale et opposée à cette résultante,une verticale qu'on peut ralentir le mouvement des
comme elle. C'est de là qu'on dire, au point tombent sans altérer les lois de ce corps qui
de vue purement physique, peut le poids d'un tout dépend du rapport qu'on établit entre les mouvement
que
corps c'est l'effort qu'il faut faire pour l'empêcher poids égaux P et le poids additionnel p, ou plutôt
de tomber. Mais la pesanteuret le poids ne peuvent <
pas être confondus l'une est la cause, l'autre est de t la valeur du rapport tP.p. –––'
l'effet.
La détermination du centre de gravité et la né- L'appareil est fait d'une forte colonne de bois
cessité d'y appliquerune force égale et opposée à haute 1 de 2 mètres et demi environ et terminée à
la résultante des actions de la pesanteur, sa partie supérieure par une plate-forme qui sup-
arrêter la chute d'un corps, ont été examinés pour lporte la pièce principale, c'est-à-dire la poulie.
1 article Équilibre
à tEt pour obtenir la plus grande
mobilité possible,
3. Intensité de la on fait reposer chacun des bouts de l'axe de cette
journalière prouve quepesanteur.
L'expérience poulie, dans
la pesanteur p non pas un coussinet fixe, mais sur
continue qui imprime aux corps unest une force lesl, circonférences croisées de deux roulettes très
varié, Mais pourconnaltrel'intensité demouvement
cette force, la
légères. Le fil qui porte les poids passe à travers
l,
plate-forme descend parallèlement à une
il faut étudier de très près le mouvement qu'elle règle divisée le et
1:

provoque sur les corps soumis à son action il faut r long de laquelle se meuvent des
donc d abord déterminer expérimentalementles curseurs c pleins et évidés. que t'en peut arrêter en
lois de la chute des corps. uun point quelconque à l'aide d'une vis de pres-
sion.
p
Pour compléter l'appareil, un compteur à nomène
no à une étude attentive et vérifia par de
secondes est attaché à la colonne il donne la nombreuses expériences les lois que sa première
no
mesure du temps dans les expériences et il règle observation lui avait fait pressentir.
ob
le départ du mobile dont on observe la chute. Pour établir ces fois, on applique los principes
On commence par déterminer, à l'aide de taton- de la mécanique au mouvement du pendule
nements, l'espace exact parcouru par le mobile su
simple, que l'on suppose formé d'un point maté-
en une seconde. Soit par exemple 8 centimètres. ri< suspendu l'extrémité d'un fil inextensible
riel
On porte le curseur plein d'abord à quatre fois et sans pesanteur. L'oscillation simple est k mou-
8 centimètres, soit 32, ensuite à neuf fois 8 cen- vement d'une position extrême l'autre, J'ampli-
ve
timètres, soit U, et dans chacun de ces cas on tu est l'angle compris entre les deux positions
tude
extrêmes.
constate que le mobile met deux secondes d'a-
bord, trois secondes ensuite pour venir frapper
ex
Si alors on désigne par la longueur du pen-
dule rapportée au mètre, par t la durée dune
sur le curseur. On en conclut que les espaces du
parcourus par un corps qui tombe sont propor- oscillation
os rapportée à la seconde, et par q 1 in-
tionnels aux carrés des temps employés à les par- tensité
te de la force accélératrice, ces trois quan-
y
courir. La conséquence à tirer tout d'abord, c'est
que le mouvement imprimé par la pesanteurest tit sont liées entre elles par la relation
tités t= tr
un mouvement uniformément accéléré. Cette formule, qui convient aux petites oscilla-
C
Reste à vérifier la variation de la vitesse. Pour
cela, on met sur la masse qui doit descendre un tions,
tt< à celles qui ne dépassent pas 10 degrés,
poids additionnel de forme allongée et l'on place montre
m que la durée d'une oscillation ne dépend
un curseur' évidé au point où il arrive après la pas
p< de son amplitude on exprime ce résultat en
première seconde. L'ouvertureannulaire du cur- disant
di que les petites oscillations sont isochrones;
seur laisse passer la masse principale, mais arrête c'est
c', la loi fondamentale que Galilée avait d'abord
le poids additionnel, en sorte que l'action de la découverte.
dE
force accélératrice se trouve instantanément sup- Ajoutons que c'est cette propriété de l'isochro-
primée. Alors le mouvement devient uniforme et nisme des petites oscillations que Huyghens a
ni
l'espace parcouru uniformément dans la deuxième utilisée en adaptant le pendule aux horloges pour
ul
seconde est double de celui qui l'a été pendant en régulariser la marche.
ei
la première, d'un mouvement accéléré. L'emploi du pendule a la détermination de l'in-
On recommence l'expérience en n'enlevant la tensité
tf absolue de la pesanteur se présente de lui-
masse accélératrice qu'après deux secondes de même. En effet, de la formule qui donne la durée
m
chute, et on constate que la vitesse acquise est
double de ce qu'elle était à la fin de la première
d'une oscillation, on tire g
d~ = -T,' Ainsi~pour
seconde. avoir
a' seconde
g, la vitesse acquise au bout d'une faudrait,
La vitesse crott donc proportionnellement au p les corps qui tombent
par librement, il
temps. s' était possible, mesurer avec soin la longueur
s'il
La machine d'Atwood permet de constater tou- 1 d'un pendule simple, déterminer le temps t de
tes les conditions du mouvement varié, d'établir son
Sj oscillation, et substituer ces valeurs dans la
que la pesanteur est une force constante, et que formule
f( précédente.
l'accélération, ou la vitesse acquise à la fin de la En réalité, on opère toujours avec des pendules
première seconde, est double de l'espace parcouru composés,
c, formés d'un grand nombre de points,
pendant cette première seconde, dont
d l'oscillation est plus rapide que celle des
Cette accélération due à la pesanteur lui sert pendules
p simples de même longueur, puisque
de mesure, et on lui donne le nom d'intensité de tes
1, points les plus rapprochés de l'axe tendent à
la pesanteur. On la représente habituellement osciller0 plus vite que les points inférieurs et
par etai l'on appelle v et e la vitesse et l'espaça accélèrent
a le mouvement de l'ensemble. Mais les
après un nombre de secondes égal à t, les for- géomètres
g ont donné des règles pour calculer la
mules de la chute des corps ou du mouvement 1,longueur du nendute synchrone au pendule com-
varié sans vitesse initiale sont posé,
p c'est-à-dire la longueur d'un pendule sim-
ple
P qui fait son oscillation dans le mémo temps
V = gt
t)==~< e=$'-
e= 9 :¡ que
q9 pendule composé donné, et c'est la lon-
gueur de ce pendule simple qui entre dans le
et en éliminant t: u = ~––
\/2 yc calcul.
c
Des nombreuses expériences faites à Paris, on
La machine d'Atwood ne donnerait g qu'avec a trouvé pour
a ta
la
valeur 9'80S. d'où l'on déduit
longueur du pendule simple qui
une valeur approximative. Les lois du pendule 0*,993 C pour
permettent d'en trouver une valeur plus exacte. tbattrait la seconde.
B. Pendule. Un fil à plomb suspendu à un C. Variations de l'intensité de la pesanteur.
point fixe revient dans la verticale après une sériet Si
E l'intensité de la pesanteur était la même pour
d'oscillations qui peuvent se continuer longtempsi tous
t les points de la surface du globe, un même
quand la suspension est suffisammentparfaite cestt pendule
{ qu'on transporterait en différents lieux
le pendule ordinaire. On le formeaussi d'une masse) oscillerait
c toujours de la même manière. L'expé-
pesante supportée par une tige dont l'extrémitéi rience
r démontre que la durée de l'oscillation
supérieure est traversée d'un petit prisme d'acier change
( avec la latitude elle augmente à mesure
reposant par son arête sur un plan fixe. La posi- que < la latitude augmente, tout en restant sensi-
tion d'équilibre correspond au cas où la verticale) 1blement la même pour les points l'intensitéd'un même
de
du centre de gravité passe par le point ou l'axe parallèle.
1
D'une manière générale,
fixe. Comme le mouvement oscillatoire dont l'ap- la pesanteurest plus faible sur une montagne que
pareil est animé quand il a été écarté de cettedans la vallée elle est surtout sensiblement plus
position est évidemment dû à l'action de la faible j à l'équateur que dans la région des pôles.
pesanteur, on conçoit que son étude puisse Cette variation s'explique facilement lorsqu'on
particulier de
conduire à l'appréciation de l'intensité avecc regarde la pesanteur comme un cas
laquelle la pesanteur agit. C'est à Galilée qu'estt l'attraction universelle. Les corps les plus près
due la première étude du mouvement pendulaire;du centre de la sphère sont le plus attirés. Et les
fournir une preuve de
son attention avait été attirée sur ce sujet parr lois du penduledeviennent
l'observation du mouvement d'une lampe sus- l'aplatissement la terre au pôle.
pendue à la voûte d'une ég)ise il soumit le phé- iHaraucourt.1
PÉTROLE. Chimie, IV. Littéralement, comme spécifique contre les rhumatismes on
huile de pierre. Le pétrole est une substance l'appelle alors jtfoMM. Le moum est aussi em-
liquide, de la famille des bitumes, d'une consis- ployé comme vermifuge, puis extérieurement il
tance plus ou moins épaisse sa couleur varia sert au pansage des blessuresgraves. La substance
selon son degré de pureté le pétrole brut, e'est- médicinale, encore si employée aujourd'hui dans
à-dire tel qu'il sort de la terre, est d'une couleur le midi de la France, sous le nom d'huile (~ Ga-
brune rougeatre. Rectifié par ta distillation, il est bian, n'est autre chose que du pétrole provenant
incolore et parfaitement liquide; on l'appelle alors des mines du village de Gabian (Hérault). Depuis
quelquefois nap/~e ou huile de nap hte, ou encore longtemps le pétrole est aussi employé à la con-
essence minérale, essence de pétrole. Comme l'as- fection de certains vernis. On peut dire, malgré
phalte, le malthe, et tous les bitumes, le pétrole tous ces usages déjà anciens, que la consommation
est un mélange naturel, plus ou moins intime, et du pétrole a été plus que centuplée, depuis un
en proportions variables, d'hydrocarburesqui dif- quart de siècle, grâce à la découverte des nom-
fèrent surtout entre eux par leur point de fusion breuses mines américaines, qui en fournissent
ou par leur point d'ébullition. une si grande quantité, que malgré cette consom-
Le pétrole possède une odeur empyreumatique mation véritablement prodigieuse, le prix du pé-
caractéristiquequi est fortement développée.dans trole reste extrêmement bas, dans tous les pays
l'essence de pétrole. où il entre en franchise. Il est surtout employé à
Il est très combustible son inflammabilité dé- l'éclairage;l'usage des bidons et des lampes fabri-
pend de sa volatilité. Le pétrole brut ne s'enflamme qués exprès pour son transportet sa consommation
que très difficilement au contact d'une allumette a diminué considérablement le nombre des ac-
lorsqu'il est à une température inférieure à 35" cidents qu'on enregistrait chaque année depuis
centigrades l'essencede pétrole, au contraire, peut que ses usages sont devenus si nombreux.
prendre feu à l'approche d'une allumette à la tem- L'Angleterre, la Belgique et la Hollande en font
pérature ordinaire. Cette propriété la rend dange- une immense consommation.Dans certains ports
reuse, aujourd'hui qu'on en fait un si grand usage comme Rotterdamaussi on sent le pétrole partout. En
pour l'éclairage. Amérique, il sert au chauffage des locomo-
Distillé jusqu'à épuisement, le pétrole laisse un tives et des autres machines à vapeur. En France,
résidu charbonneux tout semblable au coke. Le des essais ont été faits depuis quelques années
poids spécifique du pétrole varie un peu avec son pour cet usage, mais jusqu'à présent le nombre
origine et son degré de pureté, mais il est toujours des machines chauffées au pétrole est extrême-
inférieur a t. Celui de l'essence est peu prés ment restreint. On commence à fabriquer et à
0,83. Un litre d'essence pèse donc environ 830 vendre des foyers de cuisine se chauffantau pétrole
grammes. et ne donnant presque point d'odeur; néanmoins
Origine du pétrole. La plus grande partie de la plus grande partie du pétrole consommée en
l'énorme quantité de pétrole consommée actuelle- France sert à l'éclairage; une seule compagnie
ment en Europe provient de sources naturelles française éclaire au pétrole plus de 200 villes. On
extrêmement abondantes qu'on a trouvées depuis introduit en France, chaque année et venant prin-
trente ans dans l'Amérique du nord, principale- cipalement d'Amérique, par Bordeaux, le Havre,
ment en Pensylvanie et dans le Devonshire. On Dunkerque, près d'un million de fûts de 180 kilo-
connaît aussi des sources de pétrole en France, grammes chacun de pétrole brut, sans compter
en Italie, en Russie. A la Condemine, et à la Sar- 100 000 fûts d'essence de pétrole. Les droits d'en-
celière dans le départementde l'Allier, on obtient trée en France s'élèvent à 25 francs les 100 kilog.,
le pétrole par la distillation de schistes bitumi- et le pétrole se vend en détail 0~,SÛ le litre. A
neux plus ou moins compactes. Avant la décou- Anvers, où il n'y a pas de droit d'entrée, il se vend
verte des nombreuses sources de l'Amérique du 27 francs les 100 kilog., et dans toute la Belgique
nord, le pétrole provenait presque exclusivement il est à O',30 le litre raffiné. Cette différenceénorme
des bords de la mer Caspienne, des environs de du prix de vente entre la Belgique et la France
Bakou principalement. L'origine du pétrole est n'est peut-être point l'unique cause qui fait qu'on
fort probablement la même que celle de tous les en consomme proportionnellement beaucoup plus
bitumes naturels. Comme ces diverses substances dans le premier de ces pays que dans le second.
ressemblent beaucoup, par leur composition, En France le pétrole a, plus qu'ailleurs, conservé
aussi bien que par leurs propriétés, aux produits la réputation exagérée d'une fort dangereuse sub-
bitumineux extraits de la houille par distillation, stance lorsqu'il doit être employé aux usages jour-
on a été porté à croire que le pétrole et les bitu- naliers. ~Alfred Jacquemart.]
mes provenaient d'une distillation naturelle, ac- t'HA~ÉROGAMES.–Botanique, –
XIII. Etym.:
complie dans le sein de la terre, des dépôts houil- de deux mots grecs, signifiant mariage apparent.
lers, ou des masses végétales qui en se transfor- Ce mot a été formé par opposition au mot
mant ont formé ces dépôts. De fortes objections se Cryptogames, à une époque où la reproduction des
présentent contre cette manière de voir la prin- végétaux de l'embranchement des Cryptogames
cipale, c'est qu'on rencontre ces substances dans était encore fort mal connue.
les terrains dont la formation est antérieure à celle On désigne sous le nom de Phanérogames tous
du terrain houiller on les rencontrejusque dans les végétaux dont la reproduction est assurée par
les roches ignées. De plus on constate leur pré- le concours d'étamines et de pistils.
sence dans le voisinage des salses, des sources Les caractères généraux des Phanérogames sont
thermales, des volcans, des /b'<taMM.! ardentes les suivants 1° Tous les phanérogames ont une
produites par des combustions de grisou sortant tige caractérisée par des faisceaux qui ne pré-
de terre et enflamméaccidentellement. En résumé, sentent qu'un seul centre de développement ou
on peut dire que la manière dont s'est produit le de formation trachéenne la terminaison inférieure
pétrole est encore à l'état de problème; nous de cette tige a reçu le nom d'axe hypocotylé. Les
ajouterons seulement que l'illustre géologueOrna faisceaux de la tige sont peu nombreux en général
lius d'Halloy ramène son origine à la cause des dans les phanérogames dicotylédonés;ils sont au
phénomènes ignés. contraire très nombreux dans les phanérogames
j~sa~ei! du pétrole. De temps immémorial, le monocotylédonés 2° Tous les phanérogames pré-
peuple, en Perse, se chauffe et s'éclaire avec le sentent des feuilles ou appendices symétri-
pétrole qui abonde, comme nous l'avons dit plus ques par rapport à un plan qui passe toujours par
haut, sur les bords de la Caspienne. Dans tout l'axe de la tige. Ces feuilles ne reçoivent qu'un
l'Orient on l'emploie aussi depuis fort longtemps i petit nombre de faisceaux dans les dicotylédones;
elles en reçoivent au contraire un nombre consi- attirés par les richesses forestières et par tes mi-
dérable chez les monocotylédones 3* Presque tous nes de cuivre ils commencèrent à y fonder des
les phanérogames présentent des racines Le comptoirs et inaugurèrent le régime de colonisa-
premier de ces organes qui apparatt sur l'embryon tion qui réussit plus tard aux autres villes du pays.
en voie de développement se place souvent à Mais Gebel fut bientôt effacée par Sidon, « le pre-
l'extrémité inférieure de l'axe hypocotylé, dont il mier-né de Canaan. » Sidon ne songea jamais à
semble alors être le prolongement (dicotylédones) devenir puissance continentale. Elle se contenta
4" La dispersion des grains de pollen et leur dis- d'exercer une sorte d'hégémonie sur le reste de la
tribution sur le stigmate se fait toujours dans nation, sauf Arad et Simyra, et n'essaya même
l'air; 5" Tous les phanérogames produisent des pas de résister aux Egyptiens quand ceux-ci
graines c'est-à-dire des appareils chargés d'as- conquirent la Syrie.Elle pensa qu'il valait mieux
surer la dispersion des jeunes plantes. faire le commerce avec elle que dû se mi-
[C.-E. Bertrand.' ner à soutenir contre elle une lutte par
PHÉNICIE. Histoire générale, IV. D'a- trop inégale. Depuis Thoutmês ï" jusqu'à la fin
près la tradition grecque, le nom de Phénicie vien- de la xxe dynastie (V. Egypte), pendant six
drait de phoinix, palmier, et signifierait le pays siècles, Sidon resta soumise aux Pharaons et profita
des pa~M, d'après les conjectures de plusieurs de la sécurité que leur assurait leur protection
savants modernes, il dériverait d'un vieux nom na- sur terre pour reporter sur mer tout ce qu'elle
tional, PaMt, Puni, conservé plus tard par lei avait de forces. Elle explora et colonisa toute la
Carthaginois, et dont la forme originale Poun, partie orientale de la Méditerranée. Chypre fut oc-
Pounit, se trouve sur les monuments égyptiens, cupée tout entière, puis la Crète, puis Rhodes et
appliquée à des pays de l'Arabie et de l'Afrique les Cyclades. Tout au long des côtes de l'Asie Mi-
orientale. neure, en Cilicie, en Pamphylie, en Lycie, des cen-
G~o~fop~M. La Phénicie proprementdite s'é- taines de comptoirs dont beaucoup devinrent des
tendait le long de la côte syrienne, de la pointe du villes importantes, des pêcheries, des exploitations
Carmel au sud jusqu'en face de Die de Chypre, de mines s'élevèrent les flottes des Sidoniens,
sur une hauteur de cinquante lieues environ. Plus franchissant les détroits de l'Hellespont et du Bos-
tard on appliqua ce nom à toute la partie du lit- phore, s'engagèrent dans l'orageuse mer Noire et
toral située entre Joppé et l'embouchure de l'O- atteignirent la Colchide, même l'embouchure des
ronte. La Phénicie n'est à proprement parler que grands fleuves de la Russie actuelle. D'autre part,
la bande de terre resserrée entre le Liban et la la Grèce n'échappa point a leur influence, et tandis
mer, et dont la largeur moyenne varie entre huit que le Péloponèse les voyait s'établir à Cythère,
et dix lieues. Elle est coupée de ravins et db val- à Corinthe, sur les cotes de ce qui fut plus tard la
lées profondes qui servent de lits à des torrents Laconie, l'Elide et l'Achaie, une véritable colonie
dangereux au moment de la fonte des neiges, le pénétrait dans le bassin du Céphise avec Cadmos
Nahrel-Kebir, le Nabr-el-Kelb (Lylfos), l'Adonis et y fondait Thèbes. En même temps, la côte afri-
la partie sud du pays possède une véritablerivière, caine recevait la visite de leurs vaisseau! Leptis,
le Litany (Léontès), dont le cours inférieur seul et Thapsus, Utique,devenaientle centre d'un véritable
l'embouchure se trouvent sur territoire phénicien. empire dont la population mêtée d'indigènes et de
Des forêts couvraient le flanc des montagnes, pins, Chananéensporta chez les auteursclassiques le nom
cyprès, cèdres d'une espèce particulière le fond deLibyphéniciens.Oncroit qu'ils pénétrèrent plus
des vallées et le penchant des coteaux portaient te !oin, que la Sicile et l'Italie méridionale subirent
palmier, l'olivier, le figuier, la vigne, le grenadier, leur influence: mais le souvenir de leurs expédi-
plusieurs espèces de céréales. Si petit qu'il fût, le tions s'effaça de bonne heure dans ces régions de-
pays pouvait nourrir une populationnombreuse. vant la suprématie de Tyr.
Les villes, presque toutes situées au bord de la Tyr avait été d'abord la vassale de Sidon, et
mer, étaient, en partant du nord, Marath, Arad et peut-être n'aurait-elle jamais réussi à se rendre
Simyra,Gebel(BybIos),Bérythe et Sidon,/a/!eM~M, indépendante,si les Sidoniens n'avaient pas été
Tyr et Ako (Saint-Jeand'Acre). Tyr et Arad étaient épuisés par la grandeur même de leur colonisa-
bâties sur des ilôts fort étroits Tyr avait en face tion. Un peuple, d'abord soumis à l'Egypte, celui
d'elle sur le continent un faubourg qu'on appelait des Philistins, profita de la faiblesse des grands-
Palceo-Tyr, Tyr la Vieille. prêtres d'Ammon (V. Egypte) pour se livrer à
Histoire. Les traditions nattonales plaçaient la piraterie, et se mit en rivalité avec les Sido-
l'origine des Phéniciens sur les bords do la mer niens une de ses flottes battit la flotte phéni-
Erythrée et dans les !tes du golfe Persique deux cienne et s'empara de Sidon vers 1200. Tyr suc-
des Bahrein portaient encore à l'époque gréco-ro- céda presque aussitôt à Sidon dans le rote de mé-
maine le nom de Tyros et d'Arados. Ils en vinrent tropole. Le développement des tribus heDéniques
avec le reste des tribus chananéennes, probable- la força à renoncer en partie aux conquêtes que
ment à la suite du grand mouvement de migration Sidon avait faites de ce côté elle ne conserva
qui produisit l'invasion des pasteurs en Egypte guère dans la mer Egée que Thasos, Rhodes et
(V. Egypte), peut-être vers le vingt-cinquième Mélos. Elle reporta toute son énergie sur les pays
siècle avant notre ère. Tandis qu'une partie des occidentaux encore mal connus la Sicile et Malte,
tribus occupaient la vallée du Jourdain et celle la Sardaigne, la côte septentrionale de l'Afrique,
de l'Oronte, la partie qui devint plus tard la na- les Baléares, la côte orientale de l'Espagne furent
tion phénicienne s'empara de la côte et y fonda ou explorées et colonisées tour à tour; enfin le détroit
v agrandit les villes que nous venons d'énumêrer. fut franchi et les flottes tyriennes débouchèrent
Resserrés entre le Liban et la mer, les Phéniciens dans l'OcéanAtlantique. Elles trouvèrent là, entre
se jetèrentbravement à la mer et devinrent bien- le Xucar et le Guadiana, un pays d'une richesse et
tôt les marinsles plus expérimentés de la première d'une fertilité merveilleuses, dont les mines d'or,
antiquité. Le Liban leur fournit des bois de con- d'argentet de plomb attirèrent bientôt une popula-
struction en abondance ils chargèrent sur leurs tion nombreuse. Malacca (Malaga), Tartessos, Gadès
navires les produits de leur sol et surtout les pro- (Cadix) devinrent le centre de la dominationtyrienne
duits de l'industriedes nations voisines, et allèrent aux régions de Tarshish et servirent de point de
les porter aux peuples encore à moitié barbares départ à de nouvelles explorations. On ne sait
qui vivaient sur les côtes de la Méditerranée. jusqu'où les Phéniciens s'avancèrent le long des
Gebel paraît avoir été celle de leurs villes qui côtes d'Afrique mais au Nord, ils allèrent cher-
se développa le plus anciennement.Située presque cher l'étain jusque sur les côtes de la.Cornouait)e,
en face de l'He de Chypre, ses marins y passèrent aux iles Casaitëride~(Scilly). Quand on songeque
tous ces voyages ont été entrepris et exécutés elle paraît s'être imprégnée fortement
de mythes
sans boussole par des navires dont les plus con- égyptiens. Le dieu suprême, le dieu-soleil qui
sidérables avaient à peine la force de nos gros ba- conserve et détruit tout à la fois, prenait comme
teaux de pèche, on ne peut s'empêcher d'admirer à Babylone le nom de maMfe, Baal (Bèlostitre des
l'énergie et l'habileté des pilotes tyriens les Grecs) ses formes locales joignaient à ce
grands peuples maritimes des temps modernes tantôt le nom de la ville où elles étaient adorées,
n'ont rien fait de pius audacieux et de plus grand. Baal-Tsour à Tyr (Tsour), jB.;a~-S:d')M à Sidon,
Tyr, arrivée a l'apogée de la puissance, se donna tantôt des épithètes,~e~ar< (le roi de la ville, à
des rois. dont le premier fut Abibal, contempo- Tyr), Adonis, etc. Melkarth, introduit en Grèce
rain de David. Hiram I' qui succéda à Abibal, fut
l'ami constant de Salomon (98~7): il agrandit
comme dlélicerte,fut de plus idenufié avecl'Hercule
hellénique, et devint comme une personnification
Tyr, fournit au souverain israélite des architectes de la colonisation tyrienne: son culte se retrouve
et des sculpteurs qui bâtirent et ornèrent le tem- sur tous les points de la Méditerranée où les
ple de Jérusalem. En échange de ces services, il Tyriens s'établirent. Les deesses qui accompa-
obtint la permission d'équiper à Esiongéber, sur la gnaient ces dieux n'en étaient le plus souvent que
mer Rouge, une flotte qui alla au pays d'Optnr la contre-partie féminine, et n'avaient pas toujours
(probablement l'Afrique tropicale) chercher l'or. une forte personnalité c'étaient Baalit (Beltis)
l'ivoire et l'ébène. La bonne harmonie continua de à Gebel, et surtout Astarté à Sidon. Le culte de
régner entre les successeurs d'Hiram et ceux de ces divinités, que l'on désignait d'une manière
Satomon,mêmeaprès que le schisme des dix tribus générale sous le nom de Baalim, les MaM~s, était
eut amené la ruine de la puissance israélite. parfois voluptueux et sanguinaire certaines d'en-
Ithobaal (80~-866) maria sa fille Izebel au roi tre elles exigeaient le sacrifice humain par le feu,
d'Israël Akab, et la fille d'Izebel, Athaliah, fut plus et demandaient dans des circonstances solennelles
tard reine de Juda (V. ~M!s); on put croire l'offrande des premiers-nés; la loi religieuse des
un moment que le culte de Jéhovah serait rem- Phéniciens se trouvait consignée dans des livres
placé chez les Hébreux par celui du Baal et de dont une rédaction, attribuée à un certain Sancho-
l'Astarté phénicienne. Mais des luttes sanglantes niathon, nous est connue par quelques fragments
entre les nobles et le peuple affaiblirent Tyr au en langue grecque. Les Phéniciens pensaient qu'il
dedans et au dehors. Sous le règne de Pygmalion, y avait eu au commencement un air trouble et
Cartilage fut fondée par un personnage mysté- venteux, un souffle (roudh) et un chaos confus et
rieux auquel la tradition a donné un nom de déesse, sombre le souffle devint amoureux de ses propres
Dido, et bientôt la Ville-Nouvelle (Aa)-<Ms/ia<, éléments, les mêla par le désir, et de ce mélange
dont les Romains ont fait Carthage) enleva à sa naquit la boue (mdt/t) de cette boue sortit la se-
métropole la possession de l'Afrique, de l'Espagne, mence et la génération de toutes choses.
de la Sicile (entre 8M) et 820). Vers le même temps,
les Assyriens commençaient à paraître en Syrie.

Industrie, con:MM)'ee, <:Me)'fttM)'c. Les peuples
de l'antiauité classique attribuent la plupart des
Assour-nazir-habal (885-860) imposa le tribut à grandes inventions aux Phéniciens: c'estune exa-
Tyr, à Sidon, à Gebet, à Arad. Tyr et Sidon ré- gération qui s'explique aisément, si l'on songe que
sistèrent A ses successeurs,souvent avec bonheur. les Grecs, ayant connu ces inventions par les Phé-
Tyr fut assiégée dix ans sans succès par Sal- niciens, furent tout naturellementportés à leur en
manasar V et par Sargon II (V. Assyrie), et ne donner le mérite. En fait, les Phéniciens, placés
fut réduite qu'en 700 par Sinakhéirib. Mais ces entre les grandes nations civilisées du vieux
luttes, pour glorieuses qu'elles furent, achevèrent monde, l'Egypte et la Chaldée.no firent guère que
de ruiner l'empire colonialdes Phéniciens Rhodes, répandre et perfectionner ce qu'elles avaient
Thasos furent conquises, et Chypre à moitié colo- trouvé. Ils empruntèrentl'artde fabriquer le verre
nisée par les Grecs. à l'Egypte, dérivèrent leur alphabet des hiérogly-
Désormais la Phénicie se borna à faire le com- phes égyptiens, et apportèrent probablement avec
merce de commission,ou, comme on a dit, le t'~M- eux du voisinagede la Chaldée la science astrono-
lage des mers, pour le compte des différents peu- mique et mathématique, qui fit d'eux les premiers
ples qui se partagèrent l'Orient. Alliée de l'Egypte, marins de l'antiquité. Tout ce que nous connais-
elle repoussa Nabou-Koudour-Oussour Chal- sons de leur architecture et de leur industrie
dée) vers 574, et fournit au Pharaon Néko la porte le sceau de l'imitation leurs tombeaux, les
flotte qui fit le tour de l'Afrique pour le compte de débris de leurs temples, la figure de leurs divinités
ce prince. Conquise par Apriès, elle passa sous la est surtout égyptienne, avec un mélange d'assyrien
domination d'Amasis, puis sous celle de Kyros,et ou de perse selon les époques. C'est justement ce
fut à partir de ce moment une province de l'em- manque d'originalité qui explique la grandeur du
pire perse.Ellefournit à Darios et àXerxès la plus rôle qu'ils ont joué dans le développement de la civi-
grande partie des flottes qui soutinrent contre les lisation antique.Ils ont servi de lien entre le monde
Grecs les batailles des guerres médiques. Elle fai- oriental déjà en décadence et le mondeoccidental
sait alors partie de la satrapie d'Arabie, mais ses encore barbare, et ont transporté pêle-mêle et sans
villes avaient chacune leur roi indépendant c'est choix tout ce qui pouvait développer chez les peu-
ainsi que nous connaissons àSidon Eshmounasar, ples méditerranéens le sentiment des arts et le
dont le sarcophage est au musée du Louvre, et à goût des sciences. Par l'échange, ils leur donnèrent
Gebel Schavmelek. Une seule tentative de révolte les modèles égyptiens et chaldéens, auxquels les
contre Artaxerxès Ochos aboutit à la destruction de Grecs et les Italiens empruntèrentcertaines formes
Sidon. Tyr, demeurée fidèle au grand roi, arrêta de leur architecture, de leur céramique, de leur
pendant sept mois Alexandre: il fallut, pour la orfèvrerie. Les comptoirs furent non seulement
prendre, joindre au continent, par une digue, l'tiot des marchés où l'on faisait le commerce, mais des
qui la portait (332). Désormaisenclavée dans l'em- écoles où les tribus barbares du voisinage appri-
pire macédonien, la Phénicie, après avoir été dis- rent peu à peu la navigation, l'industrie, et con-
putée pendant deux cents ans entre les Ptolémées nurent certaines idées religieuses, qui influèrent
d'Egypte et les Séleucides de Syrie, tomba définiti- sur la direction de leur développement moral
vement, à la mort de CIéopatre(29), aux mains des ou philosophique. Les Grecs reçurent leur écri-
Romains. ture de la Phénicie, et par les Grecs le monde
lieligion. La religion phénicienne était appa- entier.
rentée de très près aux cultes babyloniens et Les principales industries purement phénicien-
assyriens (V. ~ssy~'M et Chaldée) mais pen- nes étaient la fabrication de la pourpre, la cons-
dant la durée de la domination pharaonique truction des navires et l'exploitation des mines. La
pourpre, dont les nuances variaient du carmin le une direction dans laquelle la dispersion est mi-
plus éclatant au noir le plus sombre, était extraite nimum l'œil reçoit dans cette direction un
de plusieurs espèces de coquillages, dont le plus plément de lumière qui devient très sensible sup-
si le
précieux était le Murex ~raKetar~. Partout où senombre des gouttes d'eau qui l'envoient est suffi-
trouvèrent des bancs de ce mollusque, les Phéni- sant. La direction de la dispersion minimum n'est
ciens établirent des pêcheries et des teintureries, pas fixe dans l'espace c'est son inclinaison sur les
sur les côtes de l'Asie Mineure, de la Crète, du rayons solaires qui l'est seule, en sorte que le
Pétoponèse. Ces établissements étaient presque supplément de lumière peut se produire sur une
toujours dans le voisinage de forêts qui fournis- surface conique ayant l'œil pour sommet et pour
saient des matériaux abondants à la marine. Les axe le prolongementde la ligne qui va du soleil
Phéniciens perfectionnèrent la construction des à l'œit de l'observateur. L'impression est donc celle
navires à tel point que, même au temps de la ré- d'un cercle lumineux entourant cette surface co-
publique athénienne, les vaisseaux sidoniens nique partout où il s'y trouve des gouttes d'eau.
étaient cités comme des modèles d'arrimage et de Si la lumière était simple, on apercevrait en effet
solidité. Dans le bassin occidental de la Méditer- un cercle lumineux unicolore, assez nettement
ranée, dans le nord de la mer Egée, sur les côtes limité; mais la lumière solaire est composée d'une
du Pont-Euxin où la pourpre n'abondait pas, ils somme de rayons de couleurs diverses se réfractant
eurent des pêcheries, et des fabriques de salai- de quantités inégales (V. M/t'acttMt). A chacun
sons, ou oxploitèrent les mines, mines d'or à d'eux correspond un angle différent de déviation
Thasos et en Espagne, d'argent et de plomb, en minimum. H en résulte que chaque arc-en-ciel se
Espagne, d'étain dans la Colchide et les Cassité- compose en réalité de la juxtaposition d'arcs de
rides. Aujourd'hui encore, on trouve en Espagne rayons inégaux et teints chacun de sa couleur pro-
les débria de leurs galeries de mines. pre. Ils empiètent les uns sur les autres et for-
Ils avaient une littérature assez complète, livres ment une bande circulaire dans laquelle les
historiques, livres religieux, traités d'agriculture leurs du spectre sont fondues et ne laissent cou- voir
quelques-uns de ces ouvrages, traduits en grec ou que les teintes principales le violet du coté du
même en latin (le traité du Carthaginois Magon centre, puis le bleu, puis le vert lavé, le blanc
sur l'agriculture) nous sont connus par des frag- jaunâtre. Le rouge est à l'extérieur. Cet arc,
menta malheureusement peu nombreux. Dans vent très brillant, est dû à une seule réflexionsou- des
la langue originale, un dialecte apparenté de très rayons qui ont pénétré dans l'intérieur de chaque
près à l'hébreu classique, nous n'avons que quel- goutte d'eau. On l'appelle arc intérieur.
ques inscriptions dont les plus longues sont celles Assez fréquemment, l'arc intérieur est entouré,
du sarcophage d'Eshmounasarau Louvre, un rè- à distance, d'un second arc plus pâle. appelé arc
glement sur les sacrinces, découvert à Marseille,et extérieur,qui est dû à des rayons ayant subi deux
une stèle où est décrit le grand temple de Byblos. réflexions à l'intérieur de chaque goutte d'eau.
[G. Maspero.1 Dans l'arc extérieur, la série des couleurs est ren-
PHENOMENES OPTIQUES DE LATMO- versée c est le rouge qui est en dedans et le
SPHEeE.–Météorotogie.XlII.–Ondésigne sous violet en dehors.
ce nom l'ensemble des effets de lumière et de Nous n'avons parlé de l'arc-en-ciel solaire
coloration auxquels donnent lieu dans l'atmo- produit par une chuteque de pluie convenablement
sphère le soleil, d'abord, puis l'électricité atmo- placée. Il existe aussi des arcs-en-ciel lunaires
sphérique,' les astéroïdes errants qui pénètrent mais ils sont rares et toujours très faibles. Les
dans notre atmosphère, etc. Nous décrirons les et les autres n'ont qu'une seule et unique si-
principaux d'entre eux en les rangeant dans l'or- uns gnification c'est qu'il pleut là où on les voit;
dre alphabétique. ils ne nous promettent absolument rien pour l'a-
Anthélies. Sorte d'auréole lumineuse qui en- venir.
toure l'ombre d'une personne projetée soit sur Une pluie artificielle peut produire l'arc-en-ciel
une surface gazonnée et couverte de rosée, soit comme une pluie naturelle, car celle-ci n'agit
même sur un nuage. L'anthélie nest guère visible que par ses gouttes d'eau. Les jets d'eau, les cata-
que par la personne même qui projette son ractes peuvent donc en produire à toute heure du
ombre, et elle lui apparait surtout autour de la jour si peut choisir un emplacement favorable
tète. Elle est due à la réflexion de la lumière par pour lesonobserver. Généralement alors on ne voit
les gouttes de rosée ou par les globules des nua- que des tronçons d'arc plus ou moins longs.
ges placés en dehors de l'ombre portée, mais le Aurore. Parmi les rayons diversement colo-
plus près possible de la ligne qui irait des yeux rés qui composent la lumière du soleil, les rayons
au soleil et se prolongerait en avant de l'observa- bleus sont le plus fortement réfléchis par l'atmo-
teur. A mesure qu'on s'éloigne de cette ligne, l'in- sphère. La portion du ciel qui n'est éclairée pour
tensité de la lumière réfléchie diminue assez ra- nous que par cette réflexion nous parait donc
pidement, en sorte que l'ombre de la tête paratt bleue. Mais les autres rayons continuent leur
seule enveloppée d'une auréole analogue à celle route et comme, si on enlève du bleu à la lumière
dont on entoure la tête des saints, sauf qu'elle est blanche, on a une couleur orange, l'ensemble de
blanche et non colorée. ces autres rayons paraîtra plus ou moins coloré de
Arc-en-ciel. Il se voit, comme l'anthélie, dans cette teinte, et d'autant plus que le soleil, étant
une direction opposée au soleil, et son centre se plus bas, ses rayons, transmis directement, auront
trouve encore sur le prolongement de la ligne qui à traverser, pour venir jusqu'à nous, une plus
irait de t'œil au soleil. Mais il a une autre cause grande épaisseur d'air atmosphérique. Tandis
que l'anthélie, et ne se produit que quand il pleut qu'au lever du soleil le ciel est teinté de bleu vers
quelque part. l'occident, il est teinté de la couleur orangée
.L'arc-en-ciel est dft à des rayons solaires qui l'orient. L'inverse a lieu au coucher du soleil.vera
tombent sur les gouttes de pluie, pénètrent dans La vapeur d'eau condensée dans l'air agit indis-
leur intérieur en s'y !-<?-<! i*<M<, se réfléchissent tinctement sur tous les rayons colorés qu'elle re-
une fois ou deux sur leur surface interne, et s'en çoit. Elle a donc pour unique effet de laver de
échappent en subissant à leur sortie une nouvelle blanc la couleur du ciel; mais la vapeur
réfraction. Les rayons solaires qui tombent sur d'eau, conservant propre l'état gazeux, agit par sélection
chaque goutte d'eau et couvrent leur hémisphère la lumière bien plus énergiquement que l'air
éclairé peuvent ainsi être réfractés dans toutes les sur et
directions, et sont rendus invisibles par leur dis- pur comme la vapeur gazeuse abonde dans
l'air, surtout dans la saison chaude ou les pays
persion. Mais il existe pour chaque goutte d'eau chauds, c'est là surtout que l'aurore prend ses
teintes les plus éclatantes. Les nuages sont alors aurores boréales et l'état général du temps phé- sont
colorés comme la lumière qui les frappe. Quant très obscures. Il semble cependant que le
ciel lui-même~ la teinte orange est d'autant plus nomène coincide généralement avec la présence
au équatorial
ou avec le retour
pure qu'on la regarde plus près du soleil, et la régions du courant vers les
teinte bleue d'autant plus pure aussi qu'on la re- polaires. Survenant à la fin d'une période
garde dans une direction plus éloignée. Le pas- sèche, elles annonceraient le retour des vents hu-
sage de l'une à l'autre a lieu par teintes mélan- mides et pluvieux. H faut se rappeler toutefois
gées verdâtres inclinant soit à l'orange, soit au que les aurores boréales retentissent simultané-
bleu, soit qu'on s'approche, soit qu'on s'éloigne ment sur tout le pourtour du pôle, s'étendant à
du levant. l'Europe, à l'Asie et à l'Amérique du Nord, tandis
Dès que le soleil commence à s'élever au-dessus que les vents pluvieux ont une marche plus lente
de l'horizon, l'épaisseur de la couche obliquement et plus circonscrite.
traversée par ses rayons diminue rapidement, Des phénomènes semblables aux aurores bo-
ainsi que la prédominance de la teinte orangée réales s'observent au pôle austral, comme au pôle
qu'on y remarque. boréal. On les appelle aurores australes.
Les faits sont exactement du même ordre au Couronnes. Ce sont des cercles lumineux
coucher du soleil. colorés qui entourent le disque du soleil et de la
~Mrore ~o-e~e. Elle n'a rien de commun avec lune quand des nuages légers ou des brumes
l'aurore. Elle est exclusivement d'origine élec- passent entre ce disque et notre œil. Les cou-
trique. ronnes solaires sont assez difficiles à observer, à
L'aurore boréale est un phénomène essentielle- cause de l'éclat de l'astre difficile à supporter
ment mobile et variable, suivant les climats. A directement; il vaut mieux en voir l'image réflé-
Paris, les aurores boréales sont très rares, et chie par la surface d'une eau tranquille. Les cou-
quand elles s'y montrent, ce ne sont le plus sou- ronnes lunaires sont au contraire très communé-
vent que de vastes lueurs rougeâtres simulant des ment observées. Elles sont d'autant plus larges
incendies. Quelquefois, cependant, on y distingue que les globules de vapeur condensée sont plus
nettement des rayons brillants qui dardent vive- fins et plus serrés. On peut du reste les repro-
ment dans le ciel en changeant de place et de duire artificiellement en interceptant la vue de
couleur. L'aurore du 24 octobre 1870 est une des l'astre par une tame de verre recouverte d'une
plus remarquables qu'on ait observées à Paris, poudre très fine et très régulièrement étalée en
surtout par la forme de draperie qu'elle déploya couche mince et transparente. La fine buée qui
dans le ciel et par la vague lumière qu'elle laissa se dépose sur les vitres produit un eflet sem-
dans les hauteurs. A Tours, cette aurore boréale blable.
fut également très intense, mais elle ne s'y mani- Les couronnes sont dues à des modifications de
festa que par des jets de lumière ondoyante lancés la lumière transmise par les intervalles des grains
dans des directions diverses et émanant d'un cen- de poussière ou de vapeur condensée, modifica-
tre assez étendu de lumière jaune orangée à reflets tions que l'on nomme diffraction.
ronges. Crépuscule. Lumière qui continue à éclairer
Les aurores boréales sont surtout complètes et le ciel après le coucher du soleil, ou qui l'éclairé
très fréquentes dans les régions septentrionales déjà avant son lever.
voisines des régions polaires. Les rayons solaires tangents à la surface de la
Un aspect pâle du ciel, dans le voisinage de terre cessent d'arriver directement aux points de
l'horizon et dans la direction du nord, précède la surface terrestre placés au delà du cercle de
l'apparition de l'aurore. Bientôt la couleur devient contact; mais ces rayons n'en continuent pas
plus sombre, et l'on voit un segment circulaire moins à éclairer les couches de l'atmosphère
plus ou moins grand entouré d'un arc lumineux qu'ils traversent, et à nous éclairer nous-mêmes
d'un blanc brillant passant au bleu pâle. par réverbération.
Quand l'arc lumineux s'est formé, il reste sou- On distingue deux crépuscules. Le crépuscule
vent visible pendant plusieurs heures. Toutefois, civil finit quand la ligne qui sépare la portion de
il n'est pas immobile dans un mouvement per- l'atmosphère directement éclairée de celle qui ne
pétuel, l'arc s'élève et s'abaisse, s'étend vers l'est pas, s'est élevée jusqu'au zénith. L'obscurité
l'est ou l'ouest et se rompt ça et là. Ces mouve- du ciel est alors à peu près complète pour un
ments sont surtout remarquables quand l'aurore appartementayant ses fenêtres à l'orient. C'est le
boréale s'étend et commence à lancer des rayons. moment où les planètes et les étoiles les plus
Alors l'arclumineux devient plus brillant sur un brillantes commencent à paraître. Ce moment
point; il mord sur le segment obscur et une lueur arrive quand le soleil est descendu de 6 degrés
brillante, semblable à celle de l'arc, monte vers le au-dessous de l'horizon. La durée de ce crépus-
zénith. Cette lueur s'élance avec la rapidité de cule par un ciel pur varie en France de ~0 à
l'éclair jusqu'au milieu de la voûte du ciel. Tantôt 47 minutes, selon la localité et la saison. La durée
l'arc s'allonge, tantôt il se raccourcit, et ne conserve du jour, mesurée par l'intervalle qui sépare le
presque jamais la même forme pendant plusieurs lever du coucher du soleil, doit donc être aug-
minutes, mais se meut vers l'est ou vers l'ouest et mentée de 30 4'! minutes le soir et d'autant le
se courbe comme une draperie agitée par le vent. matin.
H pâlit ensuite peu à peu et disparait enfin pour Le crépuscule astronomique prend fin quand la
faire place à d'autres rayons. Si ces rayons sont totalité de l'atmosphère visible cesse d'être direc-
très éclatants, ils présententquelquefois des teintes tement éclairée. 11 est alors nuit close.
vertes ou d'un rouge foncé. La durée du crépuscule est bien courte dans les
Le centre de chaque aurore boréale paraît placé, régions équatoriales, où le soleil, après avoir passé
non dans la direction du nord vrai, mais dans la au zénith, descend presque verticalement au-des-
direction du nord magnétique. Pendant toute sa sous de l'horizon. Elle s'allonge à mesure qu'on
durée et même quand l'aurore n'est pas visible en s'avance vers le nord, parce que le soleil suit une
France, l'aiguille aimantée est fortement agitée. ligne qui s'y rapproche davantagede l'horizon il
Les lignes télégraphiques, surtout celles qui sont lui faut alors plus de temps pour s'abaisser d'un
orientées au nord-sud, sont traversées par de forts même angle au-dessous de cet horizon.Il est même
courants électriques continus ou intermittentsqui des régions situées au delà des cercles polaires,
empêchent les transmissions télégraphiques ou où le soleil ne se couche jamais en été et ne se
y apportentune grande gêne. lève jamais en hiver. Au printemps et à l'automne,
Les relations qui existent entre l'apparition des le soleil ne descend que très peu au-dessous de
l'horizon, et la nuit entière n'y est qu'un long cré- connus, ce phénomène a été rendu célèbre par les
puscuie, comme les jours d'tuver. souffrances qu'il a fait endurer aux soldats pendant
Halos. Ce sont des cercles et des lignes bril. la campagne d'Egypte. Il est cependant presque
lantes qui. dans des circonstances exceptionnelle quotidien en France, notamment dans la plaine de
ment favorables, peuvent atteindre un degré de la Crau. fMarië-Davy.]
complication difficile à décrire. Ils se distinguent PHILIPPE. Nom de six rois de France, et de
de l'arc-en-ciel en ce qu'ils apparaissent entre divers souverains étrangers.
l'observateur et le soleil. Ils sont colorés comme
les couronnes, mais mieuxlimités, plus complexes, 1° France.
souvent accompagnés de cercles blancs plus ou Philippe I", Histoire de France, VIII, le
moins pâtes qui se coupent et donnent à leurs quatrième des rois capétiens, successeur d'Henri t",
points de rencontre des images brillantes qu'on régna pendant près d'un demi-siècle (1060-IIOS!,
prendrait pour des images du soleil, et qu'on mais ne prit aucune part aux grands événements
nomme parhélies. qui agitèrent la France durant cette période. Il
Il existe des halos lunaires comme il existe des avait treize ans, lorsque son vassal, le duc Guil-
couronnes lunaires; mais, tandis que ceux-ci se laume de Normandie, conquit l'Angleterre (1066).
montrent dans les cumulus, nuages formés de Pendant les trente années qui suivent, on voit
globules de vapeur condensée en eau, les premiers Philippe engagé à diverses reprisesdans d'obscures
se montrent dans les cirrus, beaucoup plus élevés guerres féodales contre les seigneurs ses voisins,
que les cumulus et composés de Snes aiguilles de guerres où souvent il avait le dessous. Son union
glace. Il n'est aucun de ces nuages qui n'en offre illégitime avec Bertrade, femmedu comte d'Anjou,
des traces; mais les halos complets sont très attira sur lui les anathèmes de l'Eglise; il etait
rares. excommunié lorsque le pape Urbain II vint en Au-
Les cercles colorés des halos dont le soleil ou vergne prêcher la première croisade, à laquelie
la lune occupe le centre sont dus à des phéno- roi de France resta étranger. Vers la fin de ie
mènes de rétraction de la lumière passant au tra- règne, il associa à sa couronne son
son fils Louis,
vers des prismes formés par les aiguilles de glace dont l'activité et l'habileté allaient donner à la
les cercles blancs qui passent par le soleil ou par royauté une Importance qu'elle n'avait
la lune sont dus à des réûexions sur les faces an- jusqu'alors. Philippe I" ajouta pas eue
au
térieures de ces cristaux orientés par leur chute. le Gâtinais, le Y<xm, et la vicomté de Bourges.domaine royal
~ftr~e. Le mirage est un phénomène de tout Philippe Il Auguste, Histoire de France, IX,
autre ordre, qui n'est pas rare dans nos climats fils et successeur de Louis VII, monta sur le
et qui est très fréquent dans les pays chauds. trône en 1180. Ce monarque, politique astucieux
La lumière ne se propage en ligne droite que et négociateur habile bien plus qu'homme de
dans un milieu bien homogène. Dans de l'air dont guerre, visa constamment a étendre l'autorité
la température changerait rapidement de la sur- royale, et à s'emparer des possessions des Planta-
face du sol jusqu'à une certaine hauteur, les genets en France. Pendant les dernières années
rayons qui rasent obliquement la surface du sol du règne d'Henri II d'Angleterre, il lutta contre
se relèvent ou s'abaissent suivant le sens de la ce prince en s'associant à ses fils révoltés. Après
variation de la température. Si le sol est plus la mort d'Henri II, le pape Clément III ayant prê-
chaud que l'air à une certaine hauteur, ce qui est chéane croisade, Philippe dut conclure la paix,
le cas pendant le jour, dans les pays chauds et se rendit en Orient et
avec Richard Cœnr-de-Lion,
secs, les rayons tendent à se relever, à s'éloigner successeur d'Henri. Il en revint bientôt, malgré
du sol, parce que l'air est plus réfringent là où le blâme que sa défection lui attira. Profitant de
il est le moins chaud que là où il l'est le plus. Si l'absence et de la captivité de Richard, il essaya
donc un rayon de lumière parti d'un objet lointain de lui enlever la Normandie mais Richard revint
situé près de l'horizon est lancé vers nous dans à son tour (1194), et trève fut conclue. En
une
une direction à peu près horizontale, en parcou- 1199, Philippe, ayant répudié sa femme Ingel-
rant une couche d'air de même température en burge de Danemark pour épouser Agnès de Méra-
ses divers points, ce rayon nous parviendra à peu nie, vit royaume mis en interdit par Inno-
près sans déviation et nous donnera la vue directe cent III; son trop faible pour lutter contre le pape, il
de l'objet. Si en même temps un autre rayon parti céda, reprit Ingelburge, et obtint
du même objet, mais plongeant un peu vers le sol, même temps, il citait à comparaître son pardon. En
devant lui,
rencontre sur son chemin des couches d'air de pour être jugé par la cour des pairs, qui se réunit
plus en plus chaudes et moins réfringentes,chaque alors pour la première fois, le
couche le redressera un peu. Ce second rayon gleterre, Jean sans Terre, accusé nouveau roi d'An-
d'avoir assa~iné
parcourra donc une sorte d'arc de cercle dont la son neveu Arthur de Bretagne; sur son refus de
concavité sera dirigée vers le haut, et il se présenter, Philippe s'empara de la plupart des
venir jusqu'à t'œit en paraissant venir d'enpourra bas; tiefs que les Plantagenets possédaient en France,
il donnera une seconde vue de l'objet analogue Normandie, Maine, Touraine, Anjou et Poitou.
à celle qui serait produite par la réflexion d'une C'est à cette époque qu'un certain nombre de sei-
glace couchée sur le sol. C'est cette réflexionpar- gneurs français s'embarquaient
ticulière, donnant une image renversée des objets pour la <* croi-
sade (V. Croisades). Philippe les laissa partir sans
placés près de l'horizon, qui constitue le mirage. se joindre à eux; il était trop occupé du soin de
Le plus ordinaire est celui que nous venons ses propres intérêts. Tout
d'esquisser il produit l'effet d'une en agrandissantle do-
nappe d'eau maine royal, il créait une milice (les ribauds),
sur laquelle se réfléchissent les nuages, les arbres, s'efforçait de se concilier la bourgeoisie en favo-
les objets terrestres faisant peu de saillie sur le risant le développement des institutions munici-
sol. Mais le phénomène peut être renversé quand pales, protégeait
c'est au contraire le sol ou la mer qui est plus enseigner le droitl'Université de Paris et y faisait
romain. En 1208, Innocent III
froid que l'air. On voit alors les objets éloignés prêcha la croisade contre les Albigeois IV. ~/&t-
donner une image renversée, placée au-dessus geois) Philippe-Auguste laissa les seigneurs du
d'eux au lieu d'être au-dessous, si le mi- Nord marcher contre les hérétiquesdu Midi; mais,
roir était dans le ciel et non sur lecomme
sol. Il est enfin malgré les avantages qui devaient résulter pour
des cas, sur le bord de la mer, où le mirage se la royauté française de la conquête de la Provence,
produit latéralement comme si le miroir était ver- il ne se joignit pas aux croisés. Ses démêlés
ticalement placé près de la mer. avec
Jean sans Terre n'étaient pas terminés; celui-c
A l'époque où le mirage et sa cause étaient peu avait pour alliés l'empereurd'Allemagne Othon IV
et plusieurs seigneurs vassaux du roi de France, Organisation administrative. L'organisation
entre autres le comte de Flandre. « J'ai aux flancs, administrative ébauchée sous les règnes précé-
écrivait Philippe au pape, deux lions grands et dents se continue et se complète sous Philippe-
terribles, Othon l'empereur et Jean d'Angleterre le-Bel. Cette organisation est surtout judiciaire;
ainsi je ne puis sortir de France. » Bientôt la elle a son centre dans le parlement. Le parle-
guerre éclata entre le roi de France et ses adver- ment est divisé en trois parties 1" Je grand
saires. Othon, aidé des Flamands, avait réuni une conseil, corps politique où siègent les principaux
puissante armée Philippe le battit à Bouvines officiers de la couronne; 2° la cour des comptes,
(H!4) en même temps Jean sans Terre, défait qui surveille déjà. la gestion financière; 3* le par-
près de Nantes, fut contraint à la paix. L'année lement proprement dit, comprenant une grand'
suivante, les barons anglais, révoltés contre leur chambre qui juge sur plaidoiries, une chambre
roi, offrirent la couronne au fils du roi de France, des enquêtes et une chambre des requêtes. Dans
Louis. Celui-ci passa en Angleterre; mais Jean les provinces, aux baillis et sénéchaux, prévôts et
étant mort, les barons préférèrent son fils à un viguiers établis précédemment, s'ajoutèrent une
souverain étranger, et l'expédition française foule de fonctionnaires nouveaux procureurs du
échoua. Philippe-Auguste d'ailleurs avait désap- roi, notaires, avocats, maitres et peseurs des mon-
prouvé cette tentative; il aimait mieux consolider naies. Avec les sergents, sorte de milice qui assis-
ses premières conquêtes, se fortifier dans son tait les prévôts, cette administration devenait
propre royaume, que d'aller chercher au dehors nombreuse et compliquée.
des possessions nouvelles ou une gloire stérile. Nouveaux besoins de la royauté. Caractère
C'est ainsi qu'il refusa de participer à la cin- général de la politique de Philippe le Bel. Elle
quième croisade (~2n), et qu'il refusa également était surtout coûteuse. Jusqu'alorsle roi n'avait eu
d'accepter le don que voulait lui faire de la Pro- d'autre charge que l'entretien de sa maison, le
vence Amaury, fils de Simon de Montfort c'est revenu du domaine y suffisait amplement. Mais
à Louis VIII qu'il était réservé de prendre pos- alors se produisirent des besoins nouveaux; Phi-
session de la France méridionale. Philippe-Au- lippe le Bel chercha donc à se procurer des res.
guste mourut en 1223, âgé de cinquante-huitans; sources nouvelles. C'est là le véritable mobile de
sa prudence, son habileté, sa sage administration. sa politique, le secret de son activité inquiète, de
'ont fait de lui l'un des principaux fondateurs de la ses ruses, de ses intrigues, de ses violences. Il
royauté française. avait besoin d'argent, et pour s'en procurer tout
Philippe III le Hardi, Histoire de France, X, moyen lui était bon. La question d'argent domina
fils de saint Louis, prit la couronne en Afrique, sa politique intérieure, sa politique étrangère, sa
à la mort de son père qu'il avait accompagné à la politique ecclésiastique.
8*croisade(]2'!0); ilse hàtade conclure la paix avec Politique intérieure.Les Etats-généraux.-Sous
le bey de Tunis, et de revenir en France. Il réunit le règne de Philippe le Bel se produit un événe-
à la couronne l'héritage de son oncle, le comte de ment considérable dans l'histoire politique de la
foulouse puis, à la mort de Henri le Gros, comte France. Le premier, il convoque des Etats-géné-
de Champagne et roi de Navarre, qui ne laissait raux, c'est-ârdire des assemblées où figurent, à
pour lui succéder qu'unefille,il fiança celle-cià son côté des nobles et du clergé, des députés des
fils Philippe; la Champagne se trouva ainsi réunie villes représentant le Tiers-Etat. Ce ne fut point
au domaine royal, et une expédition au delà des pour accomplir une réforme libérale ni pour asso-
Pyrénées assura au roi de France l'obéissance cier la nation aux affaires que Philippe le Bel se
des Navarrais (1276). A la fin de son règne, Phi- décida à cette innovation. li convoqua les Etats
lippe III porta de nouveau ses armes enEspagne: quatre fois en 1302, en 1303, en 1308 et en 1314,
le roi Pierre III d'Aragon était en guerre avec c'est-à-dire pendant sa lutte avec Boniface VIII,
Charles d'Anjou, roi de Naples et oncle de Philippe; pendant le procès des Templierl et au plus fort
celui-ci envahit l'Aragonavec vingt millechevaliers: de la guerre de Flandre. Il était sûr de trouver
il prit Girone après un siège difficile. Mais la dans ces assemblées une adhésion à ses actes et
flotte française fut battue par les marins catalans un point d'appui pour sa politique. Il comptait
l'armée de terre était épuisée par les maladies. surtout sur elles pour se procurer des ressources.
Philippe dut battre en retraite, et mourut en arri- A chaque fois il arracha aux Etats des votes de
vant à Perpignan (1285). subsides. Aussi était-ce un honneur peu recher-
Ce fut sous le règne de Philippe III qu'eutt ché que de venir siéger aux Etats-généraux. Les
lieu le premier anoblissement en même temps députés des villes savaient bien qu'ils seraient
les roturiers obtinrentle droit d'acquérir des fiefs. obligés de se taxer eux-mêmes, eux et les leurs,
Philippe IV le Bel. Histoire de France, XI. et ils ne venaient qu'a regret.
Le roi et ses conseillers. La personne de Phi- ~appor~ avec la noblesse. A l'égard de la
lippe le Bel est peu connue; il n'y a pas eu auprès noblesse, Philippe le Bel poursuivit la politique de
de lui un Joinville pour noter les détails de sa vie saint Louis, s'exerçant d'étendre la Quarantaine-
intime et rassembler les traits de sa physionomie. le-Roy, les cas )'o~aM.< mais là aussi sa politique
On ne peut guère le juger que par sa politique et par eut surtout un caractère fiscal. A tout propos il
les hommes dont il aimait à s'entourer. Avec lui la prononçait des confiscations. Il exigea pour les
royauté prit de plus en plus le caractère juridique nefs qui passaient des mains de la noblesse dans
qu'avait commencé à lui donner saint Louis. Mais celles de la bourgeoisie le paiement d'un droit de
saint Louis s'était servi de la justice Philippe fit franc fief. Mais les propriétés qu'on mettait en
surtout usage de la chicane. Ses principaux minis- vente perdaient ainsi de leur valeur, et c'était
tres n'étaient pas des hommes d'épée ni de grands sur la noblesse que pesait en définitive le nouvel
seigneurs ils sortaient de la petite noblesse ou impôt. La noblesse manifesta à plusieurs reprises
de la bourgeoisie. Enguerrand de Marigny, qui fat son mécontentement. Vers la fin du règne elle
chambellan et trésorier du roi, Pierre Flotte, No- formait des ligues contre le roi.
garet, qui furent successivement chanceliers, Pla- Persécutions contre les Lombards etles Juifs.
sian, un de ceux que Philippe employait le plus Il y avait des classes de la population plus faciles
volontiers, étaient, comme ils s'intitulaient eux- à rançonner. Le commerce de l'argent était alors
mêmes, des eAef<e)'s ès lois. Leurs armes favo- tout entier dans les mains des Lombards et des
rites étaient les textes embrouillés qu'ils commeu- Juifs. Plus d'une fois on arrêta en masse tous les
taient tonjours dans le même sens et les ruses Lombards et on les obligea à acheter leur liberté.
de procédure que la violence venait au besoin sou- Quant aux Juifs, tantôt on leur faisait payer des
tenir. tailles spéciales, tantôt on les emorisonnait pour
tes mettre à rançon. De temps en temps le roi désir de la voir avant son départ. On la lui amena, et
simulait une vertueuse indignation, leur repro- quand elle fut près de lui il refusa de la laisser par-
chait de maltraiter les chrétiens par l'usure, et les tir (1300 Aux réclamations du comte il répondit
chassait du royaume. Alors il s'emparait de leurs par des menaces, etune armée entra en Flandre. Mal
biens, prenait en main leurs créances et les fai- secondé par ses sujets, négligé par EdouardI",Guy
sait valoir pour son compte, se gardant de rien de Dampierre fut battuet pris. Un l'enferma au Lou-
rabattre des intérêts. On pardonne à saint Louis vre, et Philippe le Bel prit possession de la Flandre.
son intolérance en faveur de sa sincérité. Philippe C'était une belle conquête, mais il fallait savoir
la Bel mérite d'être jugé plus sévèrement. la garder. Philippe gâta ses affaires par trop de
~a<tO~~M MM:7!N!M. –Dans sa Divine Co- précipitation et d'avidité. Dans un voyage qu'il fit
rnue, Dante a dépeint le supplice du roi /<:M:- en Flandre, les femmes flamandes étalèrent un
monnayeur. C'est de ce nom que les contempo- luxe écrasant qui fut remarqué par la reine avec
rains appelaient le roi Philippe, et ce nom était dépit, mais dont le roi prit bonne note. Jacques
mérita. Quand il avait à payer, il augmentait la de Chatillon, envoyé comme gouverneur, montra
valeur des monnaies; quand il avait à recevoir, il à la fois l'insolence d'un baron féodal et la cupi-
la diminuait. Des perturbations désastreuses ré- dité d'un chevalier ès lois. Les Flamands, si jaloux
sultaient de ces brusques changements. Il n'y de leur indépendance, furent soumis à la tyrannie
avait plus de sécurité dans les transactions. A la plus violente et la plus maladroite. On éta-
plusieurs fois le peuple exaspéré fit des émeutes. blissait des impôts sur tout, on frappait d'une
En 1306 la maison de l'argentier Etienne Barbette taxe proportionnelle le. salaire des ouvriers. On
fut brûlée, et le roi, vivement poursuivi, n'échappa employait, pour des travaux faits au compte du
qu'en se réfugiant dans la forteresse du Temple. roi, des hommes qu'on refusait ensuite de payer.
Politique <<' a7!<~re. Traité de /<!f<M<'oH. En Les réclamations des notables et des chefs de
1:8?, quand Philippe le Bel devint roi, il trouva lamétiers furent brutalementrepoussées par le gou-
France engagée dans une lutte contre l'Aragon. verneur. Pour montrer aux plaignants qu'ils
Cette guerre avait été entreprise par Philippe III avaient tort on les emprisonnait. Le parlement de
dans l'intérêt de la maison d'Anjou; on y gagnait Paris, devant qui avait été portée l'affaire, donna
plus de coups que de profits. Philippe le Bel se raison aux gens du roi. Les flamands n'étaient
hâta d'y mettre fin. Dès 1291 il signait le traité de pas habitués__a ta patience ils se firent justici
Tarascon. Le roi de Naples Charles le Boiteux, eux-memes. Un soulèvement éclata à Bruges
prisonnier de l'Aragon, était remis en liberté. Il 1000 Français périrent dans les F~fM flamman-
abandonnait la Sicile à une branche cadette de la des. Une armée entra en Flandre pour les venger.
maison d'Aragon. D'autre part, Charles de Valois, Elle rencontra les milices flamandes près de Cour-
frère du roi de France, renonçait à la couronne trai. Les Flamands n'avaient que de l'infanterie,
d'Aragon que lui avait attribuée le pape et, en ils la rangèrent en bon ordre le long d'un canal.
compensation, recevait du roi de Naples l'Anjou Une attaque de front était dangereuse. Le conné-
et le Maine. table de Nesle et les chefs les plus expérimentés
Affaires f/eGMt/ennc.–Philippe le Bel avait fait parlaient de tourner la position; mais l'impru-
la, paix avec t'Aragon pour avoir les mains libres. dente ardeur de Robert d'Artois entratna tout~-
Il convoitait la riche province de Guyenne, déjà l'armée h un désastre. La lourde cavalerie féodatt
florissante par la culture de la vigne et le com- s'embourba dans le fossé qu'elle voulait franchir,
Flamands
merce des vins. Il aggrava à dessein une quereUe et lesennemis (1302). n'eurent que la peine d'achever
insignifiante survenue entrf des matelots français leurs L'année suivante ils osèrent
et des matelots gascons, sujets du roi d'Angle- pénétrer leenBelFrance, et brûlèrent Thérouanne
terre. Il exigea que celui-ci vint en personne lui Philippe en personne dirigea la campagne
donner satisfaction. Edouard I" fut très embar- de l~t. It trouva les Flamands fortement retran
rassé. Il était pour la Guyenne le vassal de Phi- ch&s dans leur camp de Mons-en-Puelle, et s
lippe, et n'osait se mettre en rebellion ouverte garda bien de les attaquer. Il resta en observa
contre son suzerain. Il avait assez à faire de sou- tion avec le gros de ses forces, tandis que ses trou-
mettre fhns son lie les Gallois et les Ecossais. pes légères couraient la campagne et promenaient
Philippe lui proposa un accommodement il se partout l'incendie. Les Flamands firent alors une
contenteraitd une simple formalité; son chancelier brusque sortie et faillirent enlever l'armée fran-
Pierre Flotte irait occuper en son nom quelques çaise.Le roi montra beaucoup de sang-froid,rétablit
ptacott- d< la Guyenne, les quitterait aussitôt et le combat et remporta la victoire. Mais quelques
tout serait dit. Edouard accepta. Pierre Flotte jours après, une nouvellearmée de 60 000 hommes
alla en Guyenne, mais avec des troupes, et quand venait lui présenter la bataille. Philippe comprit
il eutlee vitlee il les garda. Edouard indigné com- qu'il lui serait difncite de venir à bout d'une
mença la guerre. Mais les hostilités ne furent telle résistance. Il fit la paix avec les Flamands,
jamais ponM~es très vivement; en )30ï,après un remit en liberté leur jeune comte, fils de Guy de
arbitrage du pape, Philippe le Bel rendit la Dampierre, et ne garda que la Flandre française
Guyenne. avec la ville de Lille, plus une indemnité de
~CM-M c!e fPan~'e. Au nord de la France 20"
était un pays plus riche encore que la Guyenne.
La
000 livres
Lutte de P/.t/tppe le Bel et de Boniface
lutte de Philippe le Bel et du pape Boniface
F/
La FlandM était alors la première contrée manu-
facturière de l'Europe on y fabriquait des draps, VIII, qu'on a regardée quelquefois comme la suite
des étoffes, des dentelles, les villes étaient gran- de la querelle des investitures, a eu en fait son
dM, florissantes; la population nombreuse, active, origine dans une question d'argent. Il s'agissait
avttit conscience de sa richesse et de sa force. La de savoir si les papes pourraient se faire payer les
féodalité pesait bien peu à coté de villes comme expectatives, les annates, les grâces conciliatoires,
Bruges ou Gand. Les nécessités du commerce s'ils pourraient vendre des dispenses et des in-
avaient établi des rapports intimes entre les Fla- dulgences, lever des dlmes, ou si les rois avaient
mands et les Anglais. L'Angleterre, qui n'était le droit, comme fondateurs ou collateurs de béné-
alors. qu'un pays de pâturages, fournissait tes lai- fices, d'en prendreleur part et d'établir des impôts.
Mtt, matière première de l'industrie flamande. Le roi et le pape se montraient pleins de sottici-
Pour donner satisfaction à ses sujets, le comte de tude pour défendre, chacun contre son rival, les
Flandre, Guy de Dampierre, négocia un mariage intérêts du clergé et ceux des ndètes français.
entre le roi Edouard et sa fille Philippa; le roi de Boniface VIII apporta dans la lutte Philippe toutela fougue
Fratue~pan'ain de la jeune princesse, manifesta le d'un caractère violent et absolu. le Bel
fit preui-o d'opiniâtreté et de l'absence de scrupu- papauté à Avignon, inaugurant ainsi ce qu'on de-
les qui lui était habituelle. vait appeler plus tard la captivité de Ba&otM.
Le roi avait établi dans ses Etats un impôt nou- Destruction des 7'eMp~t'ef~.– Cependant le pro-
veau, la maltôte, dont il exigeait le paiement même cès intenté à la mémoire de Boniface VIII durait
du clergé. Boniface publia la bulle Clericis /a:c<M, toujours. Nogaret faisait venir d'Italie tout un cor-
par laquelle il défendait sous peine d'interdit à tout tège de faux témoins. Le pape n'obtint qu'en 13)]
clerc de payer, à tout laïque de faire payer. Philippe de faire cesser cette scandaleuse affaire mais pour
riposta en interdisant tout envoi d'or ou d'argent à obtenir l'assentimentduroi, il dut sacrifier fesTem-
Rome. Cettefois le pape se montra conciliant. Il était ptiers. L'ordre des Templiers, après la chute des
engagé dans de violentes querelles avec la famille Etats chrétiens d'Orient, s'était fixé tout entier en
romaine des Colonna, et ne voulait pas se faire du Europe. Là, les chevaliers vivaient paisiblement
roi de France un ennemi qu'il savait devoir être des donations qui leur avaient été faites autrefois.
redoutable. II autorisa la levée d'un décime et D'assez méchants bruits couraient sur leur compte;
d'une année des revenus et bénéfices qui devien- on les accusait de mener une vie scandaleuse, de
draient vacants. Les deux cours parurent réconci- se livrer à la débauche, et de commettre des pro-
liées. fanations dans leurs cérémonies secrètes. Il est
En l'an 1300, Boniface VIII tint à Rome un jubilé difficile de savoir ce qu'il y avait de fondé dans ces
300,000 pèlerins y affluèrent. Le pape fut trans- imputations. Philippe le Bel s'inquiéta peu de re-
porté de joie et d'orgueil. Il se déclara iui-mëme le chercher la vérité. Il avait vu un jour les riches-
roi des rois et le chef de tous les Mètes. En même ses entassées dans la. forteresse du Temple, et ce
temps il traitait rudement Philippe, lui envoyant, jour-là il avait songé as'en rendre maltre. !1 essaya
pour le sommer d'aller en croisade, son ennemi d'abord de so faire recevoir parmi les Templiers,
personnel Bernard Saisset, évoque de Pamiers. On qui déclinèrent cet honneur. Il chercha un au-
prétendait en France que Saisset intriguait pour tre moyen. Le 13 octobre ):i07, dans toute l'éten-
déterminer dans le sud-ouest une révolte contre due du royaume les Templiers furent saisis et em-
le roi et la formation d'un royaume du Languedoc. prisonnés. Alors commença un pr~cèsqui est resté
Philippe le fit arrêter et demanda qu'il fût dégradé. célèbre dans l'histoire des grandes iniquité*. En
Le pape lança la bulle Ausculta dans laquelle )3t[ le pape prononça la suppression de l'ordre.
il tenait le langage le plus hautain « Dieu nous En )3t3eut lieu le supplice du grand-maître Jac-
a constitué, quoique indigne, au-dessus des rois et ques de Molay et de plusieurs chevaliers. Mais les
des royaumes. Il réclamait la mise en liberté de dépouilles du Temple furent adjugées aux Hospita-
l'évÊque. Pierre Flotte alla lui déclarer que Saisset liers Philippe le Bel n'en put arracher que quel-
resterait prisonnier et que l'or et l'argent ne sorti- ques lambeaux.
raient plus de France à destination de Rome. La H mourut peu après (t3ï4). Par ses rapines, ses
bulle était déjà très vive, Philippe la falsifia et extorsions et ses violences il s'était rendu odieux
publia une contrefaçon conçue dans des termes à toutes les classes de la nation. Le peuple le
d'une violence odieuse. Il fit paraître une réponse comparait à l'Ante-Christ. Cependant son règne
du même style et brûla la bulle. Le pape convo- n'avait pas été inutile. It avait complété l'oeuvre
qua un conciie~ le roi réunit les Etats-généraux. administrative de ses prédécesseurs. Au dehors,
Mais le concile se montrait favorable à Boniface, l'influence de la France s'étendait sur tous les pays
qui préparait une bulle d'excommunication. Le environnants l'Angleterre, l'Allemagne, l'Italie.
roi le prévint. Nogaret partit pour l'Italie avec la Un contemporain dressait déjà le plan d'une mo-
mission d'enlever le pape on devait l'amener à narchie universelle qui aurait eu pour chef le roi
Lyon, le faire comparaître devant un concile com- de France. fMaurice Wahl.j
posé avec soin, et provoquer sa déposition. No- Philippe V le Long, Histoirede France, XI,
garet s'adjoignitColonna,l'ennemi mortel du pape; second fits de Philipppe le Bel, devint régent du
tous deux levèrent une petite armée et surprirent royaume à la mort de son frère Louis le Hutm,
Boniface dans la ville d'Anagni. Le vieux pontife qui laissait une fille et sa femme enceinte (i3) 6).
plus qu'octogénaire montra une fermeté invincible. La veuve de Louis accoucha quelque temps après
Il s'attendait à tout et il était décidé à tout sup- d'un fils;maiscet enfant, proclamé roi sous le nom
porter. Ses ennemis le trouvèrent assis, la tiare de Jean I", ne vécut que cinq jours. Philippe
en tête, revêtu de tous ses ornements pontificaux. alors invoqua la loi salique pour écarter du
On lui demandait d'abdiquer. Il- s'y refusa énergi- trône sa nièce Jeanne, et se fit donner la cou-
quement malgré les injures, les menaces et les ronne par l'assemblée des barons (V. Guerre de
mauvais traitements. A la fin le peuple d'Anagni Cent a?M). Jeanne reçut toutefois plus tard le
mdigne chassa Nogaret et Colonna.- Mais la se- royaume de Navarre.
-cousse avait été trop violente pour ce vieillard de Les six années du règne de Philippe V furent
Il
86 ans. mourut un mois après (octobre 1303). utilement remplies par des mesures d'adminis-
Benoit XI. Election de Clément V. Son suc- tration organisation du conseil d'État, du par-
cesseur Benolt XI, homme doux et pieux, prononça lement et de la cour des comptes, chartes données
.une absolution générale dont il excepta le seul aux municipalités de l'Auvergne et du Périgord,
Nogaret. Celui ci, furieux, affirma n'avoir agi que ordonnances pour la gestion des forets, pour l'éta-
pour le t)ien de l'Eglise, et produisit contre le pape blissement d un système de mesures uniques pour
défunt des accusations infâmes. Benolt XI mourut les denrées, etc. La paix fut définitivement con-
en juillet 130t. Le saint-siège demeura vacant clue avec les Flamands. Mais de cruelles persé-
pendant toute une année. Le parti français et le cutions furent exercées contreles franciscains, qui
parti italien, égaux en force dans le conclave, ne attaquaient le luxedu haut clergé, contre les juifs
pouvaient parvenir à s'entendre. On arriva enfin et les lépreux accusés d'empoisonner les fontaines.
à une transaction. Les cardinaux italiens désignè- En mo, on vit se produire dans une partie de la
rent trois candidats, parmi lesquels les cardinaux France un mouvement analogue à celui des pas-
françaisdevaient taire le choix définitif.Les Italiens toureaux sous Louis IX le peuple des campagnes
ne désignèrent que des ennemis de Philippe le se leva, disant qu'il voulait aller reconquérir la
Bel; mais l'un de ceux qui montraient le plus d'a- Terre Sainte, abandonnée par les rois chrétiens.
nimation, Bertrand de Goth, archevêque de Bor- Rassemblés en une armée, les pastoureaux entrè-
deaux, avait été gagné secrètement.Il fut élu sous rent dans Paris, puis se dirigèrent le sud,
le nom de Clément V, et se mit à la discrétion du ravageant le pays sur leur passageversmais ils
roi de France. Il créa douze cardinaux nouveaux, furent exterminés en Provence par le sénéchal
tous du parti français, et transporta le siège de la de Carcassonne.
Philippe V mourut en 1322, et eut pour succes- la paix avec l'Angleterre et les Pays-Bas, expulsa
seur son frère Charles IV le Bel. France.XU,– tes Maures (1609), faisant perdre ainsi à l'Espagne
PhilippeVI de Valoia,–Histoirede ses sujets les plus industrieux, et maria la Site do
fils de Charles de Valois et neveu de Philippe IV, prit Philippe III, Anne d'Autriche, au roi de France
la couronne du consentement des pairs et des barons, Louis XIII (1615). Philippe III,sous le gouverne-
à la mort de Charles IV (1328) nous avons expli- ment duquel l'Espagne continua à décliner, prit
qué à l'article Guerre de Cent ans comment se fit part à la guerre de Trente ans, comme at)ié de
ce transfert de la royauté à la branche des Valois l'empereur FerdinandII (V. Guerre de Trente ans).
par l'extinction de la ligne directe des Capétiens. Philippe tV, Histoire générate, XXIII-XXIV,
Une courte guerre contre les Flamands (victoire XXIX, fils et successeur de Philippe III, eut
de Cassel, 1328) inaugura ce règne. Quelques an- pour ministre de )C21 à 1642 le comte d'Olivarès,
nées après éclata entre Edouard III d'Angleterre qui recommença sans succès la guerre contre les
et le roi de France cette querelle qui devait en- Pays-Bas, et se joignit à l'empereur dans la lutte
fanter cent années de luttes sanglantes. Les contre Richelieu (V. Guerre de Trente ans). Le
épisodes de la première période de la guerre, ba- Portugal se souleva en 1640, et recouvra son in-
taille de l'Ecluse, bataille de Crécy, prise de Calais, dépendance. Après la disgrAce du comte d'Oliva-
ont été racontés ailleurs (V. Gt~-re de Cent ans, rès, Philippe IV n'en continua pas moins la guerre
p. 920). Nous n'avons donc pas à insister sur la fin contre la France; les armées espagnoles furent
du règne de Philippe VI, qui mourut en 1350. battues à Rocroi (1643) et à Lens (1648), et, malgré
le secours que leur apporta Condé, elles essuyèrent
2° Allemagne. encore de nouvelles défaites à Arras (1654) et aux
Dunes (1658). Naples. révoltée sous Masaniello
Philippe de Souabe, Histoire générale, XIX, (1647), avait failli échapper à l'Espagne. Enfin
XX VH, – fils de Frédéric Barberousse et oncle de Philippe conclut avec Mazarinla paix des Pyrénées
Frédéric 11, fut élu empereur par le parti gibelin (1659), cimentée par le mariage de l'infante Marie-
à la mort de son frère Henri VI (1197). Les guelfes, Thérèse avec Louis XIV. Il mourut en 1665, lais-
appuyés par le pape, lui opposèrent d'abord Ber- sant l'Espagne, toujours plus affaiblie, a un enfant
thold de Zœhringen.puisOthon de Brunswick, fils débile et sans intelligence qui fut Charles II.
de Henri le Lion, duc de Bavière. II nnit par Philippe v, Histoire générale, XXV, XXIX,
triompher, après une lutte de plusieurs années, duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV et second
des prétentions d'Othon, qui dut se réfugier en fils du dauphin Louis, fut appelé au trône d'Es-
Angleterre (1206). Mais bientôt après (1208), Phi- pagne par le testament du roi Charles II (1700).
lippe de Souabe fut assassiné par un seigneur Ce fut en acceptant cet héritage pour son petit-fils
de son propre parti, Othon de Wittelsbach. Othon que Louis XIV prononça le mot cétèbro Il n'y a
de Brunswick revint alors en Allemagne et régna plus de Pyrénées. Mais l'avènement de Philippe V
sous le nom d'Othon IV. fut le signal d'une guerre européenne qui dura
treize ans (V. Guerre de la successiond'Espa

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