R A P P O RT A N N U E L

2 01 6
 04 Nos Fondamentaux

05 Mouvement mondial des droits humains

08 184 organisations membres

10 Le 39e Congrès de la FIDH

12 Bureau international

14 Secrétariat international

16 Priorité 1 Soutenir les défenseurs des droits humains

30 Priorité 2 Promouvoir et protéger les droits des femmes

42 Priorité 3 Promouvoir et protéger les droits des personnes

migrantes

50 Priorité 4 Promouvoir l’administration de la justice et

© Tang Chhin Sothy/AFP lutter contre l’impunité

70

SOMMAIRE
Priorité 5 Renforcer le respect des droits humains
dans le contexte d’une économie mondialisée

82 Priorité 6
Défendre les principes démocratiques et soutenir
les victimes des violations les plus graves dans
les situations de conflit, les pays fermés ou en transition
82 AMÉRIQUES
94 ASIE
106 AFRIQUE DU NORD ET MOYEN-ORIENT
120 EUROPE ET ASIE CENTRALE
136 AFRIQUE SUB-SAHARIENNE

148 Implications organisationnelles

156 Rapport financier 2016

R A P P O RT A N N U E L 158 Ils nous soutiennent

2016
 NOS FONDAMENTAUX
Un mandat : la protection de tous les droits
La FIDH est une ONG internationale qui défend tous
les droits humains: civils, politiques, économiques,
sociaux et culturels, tels qu’ils sont énoncés dans
la Déclaration universelle des
droits de l’Homme.
Un engagement : les 3 piliers de son action
L e s a c ti o n s d e l a F ID H m e n é e s ave c s e s
organisations membres et partenaires reposent
sur trois orientations stratégiques : la défense de la
liberté d’action des défenseurs des droits humains,
la défense de l’universalité des droits et la lutte pour
l’effectivité des droits.
Un principe : responsabiliser tous les acteurs
L’action de la FIDH s’adresse aux États, premiers
garants du respect des droits humains mais aussi
aux acteurs non-étatiques comme les groupes
d’opposition armés et les entreprises multinationales.
Elle engage également la responsabilité pénale
internationale des individus ayant commis des crimes
internationaux.
4 — F I D H R APPO RT AN NUE L 2 0 1 6
Une éthique : l’indépendance et l’objectivité
Reconnue d’utilité publique en France, où elle a son
siège, la FIDH est une organisation non partisane,
non confessionnelle, apolitique et à but non lucratif.
Son indépendance, son expertise et son objectivité
sont les gages de sa crédibilité. Elle agit en toute
transparence.
Une interaction : présence locale et action mondiale
Mouvement fédéraliste, la FIDH agit en interaction
avec ses organisations membres. Ce lien unique se
traduit par des actions menées conjointement par
la FIDH et ses organisations membres aux niveaux
national, régional et international pour remédier aux
situations de violations des droits de l’Homme et
consolider les processus de démocratisation. La
FIDH réunit ainsi l’expérience et la connaissance
du terrain avec la maîtrise du droit international,
des mécanismes de protection et des instances
intergouvernementales. Ce principe confère à la
FIDH une représentativité et une légitimité fortes.
Un système de gouvernance : l’universalité et la
transparence
L’organisation et le fonctionnement de la FIDH, qui
impliquent ses organisations membres au cœur
du processus de décision, reflètent ces principes
de gouvernance.
MOUVEMENT MONDIAL DES
DROITS HUMAINS
Le congrès
• Il regroupe les organisations membres de la FIDH :
184, au terme du congrès de la FIDH en Afrique du
Sud en 2016.
• Il se réunit tous les trois ans.
• Il débat des priorités thématiques et géographiques
de la FIDH et décide des orientations politiques de
la FIDH.
Le Bureau international
• Il compte 22 membres bénévoles issus des
organisations membres de la FIDH et élus par le
congrès : le/la président.e, le/la trésorier.e, 15 vice-
président.e.s et 5 secrétaires généraux.
• Il fixe les orientations et objectifs stratégiques
principaux, dans le cadre des orientations politiques
définies par le congrès. Il approuve les comptes
annuels de la FIDH.
• Il se réunit trois fois par an et fait rapport au congrès.
Le Bureau exécutif
• Il est composé du/de la président.e, du/de la
trésorier.ère, des 5 secrétaires généraux et de 5
secrétaires généraux adjoint.e.s.
• Il prépare l’organisation des Bureaux internationaux.
• Il se réunit une fois par mois et fait rapport au
Bureau international.
Le Secrétariat international
• Basé à Paris, il est composé d’une équipe
professionnelle, dirigée par un directeur général et une
directrice exécutive qui siègent avec voix consultative
au Bureau international et au Bureau exécutif. Ses
équipes sont organisées par régions, par priorités
d’action et en délégations. Le Secrétariat international
a ainsi des bureaux de représentation auprès de
l’ONU à Genève et à New York, auprès de l’Union
européenne à Bruxelles, auprès de la Cour pénale
internationale à La Haye ; des bureaux régionaux à
Tunis et à Bangui ; et des bureaux conjoints avec
des organisations membres à Conakry, Abidjan
et Bamako. Il compte également un département
communication et relations publiques, ainsi qu’un
département administratif et financier.
• En relation permanente avec le terrain, il met en
œuvre les décisions des organes politiques de la
FIDH en lien avec les organisations membres, les
chargés de mission et les membres des Bureaux
international et exécutif.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 5
 ACTIVITÉS CLÉS 2016
70
Missions
internationales

31
Assistances matérielles à
25
Rapports
des défenseurs en danger d’enquête

110 357
actions judiciaires
en soutien aux victimes Alertes sur la situation
des défenseurs
100
Interfaces de plaidoyer
auprès des organisations
inter-gouvernementales

6 — F I D H R APPO RT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 7


184 ORGANISATIONS
MEMBRES
AFGHANISTAN, Armanshahr/Open Asia / AFRIQUE DU
SUD, LAwyer for human rights (LHR) / ALBANIE, Albanian
human rights group (Ahrg) / ALGÉRIE, Collectif des familles
de disparu(e)s en Algérie (Cfda) / ALGÉRIE, Ligue Algérienne
de défense des droits de l’homme (Laddh) / ALLEMAGNE,
Internationale Liga Fur Menschenrechte (Ilmr) / ANGOLA,
Associação Justiça Paz e Democracia (AJPD) /ARGENTINE,
Liga Argentina Por Los Derechos Del Hombre (Ladh) /
ARGENTINE, Comité De Acción Jurídica (Caj) / ARGENTINE,
Centro De Estudios Legales Y Sociales (Cels) / ARMÉNIE,
Civil Society Institute (Csi) / AUTRICHE, Osterreichische
Liga Fur Menschenrechte (Olfm) / AZERBAÏDJAN, Human
Rights Center Of Azerbaijan (Hrca) / BAHREÏN, Bahrain
Human Rights Society (Bhrs) / BAHREÏN, Bahrain CentER
For Human Rights (Bchr) / BANGLADESH, Odhikar /
BELARUS, Human Rights Center Viasna / BELGIQUE, Liga
Voor Menschenrechten (Lvm) / BELGIQUE, Ligue Des Droits
De L’homme - Belgique / BÉNIN, Ligue Pour La Défense Des
Droits De L’homme Au Bénin (Lddhb) / BIRMANIE, Altsean
Burma / BOLIVIE, Asamblea Permanente De Derechos
Humanos De Bolivia (Apdhb) / BOTSWANA, The Botswana
Centre For Human Rights – Ditshwanelo / BRÉSIL,
Movimento Nacional De Direitos Humanos (Mndh) / BRÉSIL,
Justiça Global (Cjg) / BURKINA FASO, Mouvement Burkinabé
Des Droits De L’homme Et Des Peuples (Mbdhp) / BURUNDI,
Ligue Burundaise Des Droits De L’homme (Iteka) /
CAMBODGE, Cambodian Human Rights And Development
Association (Adhoc) / CAMBODGE, Ligue Cambodgienne
De Défense Des Droits De L’homme (Licadho) / CAMEROUN,
Maison Des Droits De L’homme (Mdh) / CANADA, Ligue
Des Droits Et Des Libertés Du Québec (Ldl) / CHILI,
Observatorio Cuidadano / CHILI, Corporacion De Promocion
Y Defensa De Los Derechos Del Pueblo (Codepu) / CHINE,
CHINA LABOUR BULLETIN (CLB) / CHINE, Human Rights
In China / CHINE (TIBET), International Campaign For Tibet
(Ict) /COLOMBIE, Corporacion Colectivo De Abogados José
8 — F I D H R APPO RT AN NUE L 2 0 1 6
A l ve a r R e s t re p o C c a j a r / C O LO M B I E , I n s t i t u t o
Latinoamericano De Servicios Legales Alternativos (Ilsa)
/ COLOMBIE, Organización Femenina Popular (Ofp) /
COLOMBIE, Comite Permanente Por La Defensa De Los
Derechos Humanos (Cpdh) / CONGO, Observatoire Congolais
Des Droits De L’homme (Ocdh) / COSTA RICA (Aseprola),
Asociación De Servicios De Promoción Laboral (Aseprola)
/ CÔTE D’IVOIRE, Mouvement Ivoirien Des Droits Humains
(Midh) / CÔTE D’IVOIRE, Ligue Ivoirienne Des Droits De
L’homme (Lidho) / CROATIE, Civic Committee For Human
Rights (Cchr) / CUBA (Ccdhn), Comision Cubana De
Derechos Humanos Y Reconciliacion National (Ccdhn) /
DJIBOUTI, Ligue Djiboutienne Des Droits Humains (Lddh)
/ ÉGYPTE, Cairo Institute For Human Rights Studies (Cihrs)
/ ÉGYPTE, Human Rights Association For The Assistance
Of Prisoners (Hraap) / ÉGYPTE, Egyptian initiative for
personal rights (eipr) / ÉGYPTE, Egyptian Organization For
Human Rights (Eohr) / EL SALVADOR, Comision De Derechos
Humanos Del Salvador (Cdhes) / ÉQUATEUR, Fundación
Regional De Asesoria En Derechos Humanos (Inredh) /
ÉQUATEUR, Centro De Derechos Economicos Y Sociales
(Cdes) / ÉQUATEUR, Comisión Ecuménica De Derechos
Humanos (Cedhu) / ESPAGNE, Asociacion Pro Derechos
Humanos De Espana (Apdhe) / ESPAGNE, Federacion De
Asociaciones De Defensa Y Promocion De Los Derecho
(Fddhh) / ÉTATS-UNIS, Center For Constitutional Rights
(Ccr) / ÉTATS-UNIS, Center For Justice & Accountability
(Cja) / ÉTHIOPIE, Human Rights Council (Hrco) / EUROPE,
Association Européenne Pour La Défense Des Droits De
L’homme (Aedh) / FINLANDE, Finnish League For Human
Rights (Flhr) - Ihmisoikeusliitto / FRANCE, Ligue Des Droits
De L’homme Et Du Citoyen (Ldh) / FRANCE (Nouvelle
Calédonie), Ligue Des Droits Et Du Citoyen De Nouvelle
Calédonie (Ldhnc) / FRANCE (Polynésie Française), Ligue
Polynésienne Des Droits Humains (Lpdh) / GÉORGIE, Human
Rights Center (Hridc) / GOLFE, Gulf Center for Human Rights
(GCHR) / GRÈCE, Hellenic League For Human Rights (Hlhr)
/ GUATEMALA, Comision De Derechos Humanos De
Guatemala (Cdhg) / GUATEMALA, Centro De Acción Legal
En Derechos Humanos (Caldh) / GUINÉE-BISSAU, Liga
Guineense Dos Direitos Humanos (Lgdh) / GUINÉE-
CONAKRY, Organisation Guinéenne De Défense Des Droits
De L’homme Et Du Citoyen (Ogdh) / HAÏTI, Centre
Oecumenique Des Droits Humains (Cedh) / HAÏTI, Réseau
National De Défense Des Droits De L’homme (Rnddh) /
HONDURAS, Centro De Investigación Y Promoción De Los
Derechos Humanos (Ciprodeh) / HONDURAS, Comité de
Familiares de Detenidos-Desaparecidos en Honduras
(COFADEH) / INDE, Commonwealth Human Rights Initiative
(Chri) / INDONÉSIE, KontraS / IRAN, Defenders Of Human
Rights Center In Iran (Dhrc) / IRAN, Ligue Pour La Défense
Des Droits De L’homme En Iran (Lddhi) / IRLANDE, Free
Legal Advice Centres Limited (Flac) / IRLANDE, Irish Council
For Civil Liberties (Iccl) / IRLANDE DU NORD, Committee
On The Administration Of Justice (Caj) / ISRAËL, B’tselem
/ ISRAËL, Association For Civil Rights In Israel (Acri) /
ISRAËL, Public Committee Against Torture In Israel (Pcati)
/ ISRAËL, Adalah / ITALIE, Lega Italiana Dei Diritti Dell’uomo
(Lidu) / ITALIE, Unione Forense Per La Tutela Dei Diritti
Dell’uomo (Uftdu) / JAPON, Center For Prisoners’ Rights
(Cpr) / JORDANIE, Amman Center For Human Rights Studies
(Achrs) / KASAKHSTAN, Kazakstan International Bureau
for Human Rights and Rule of Law (KIBHR) / KENYA, Kenya
Human Rights Commission (Khrc) / KIRGHIZISTAN, Human
Rights Movement (Bir Duino-Dyrgyzstan) / KIRGHIZISTAN,
Kyrgyz Committee For Human Rights (Kchr) / KIRGHIZISTAN,
Legal Clinic Adilet / KIRGHIZISTAN, Kylym Shamy / KOSOVO,
Council For The Defense Of Human Rights And Freedoms
(Cdhrf) / KOWEÏT, Human Line Organisation (HLO) / LAOS,
Mouvement Lao Pour Les Droits De L’homme (Mldh) /
LETTONIE, Latvian Human Rights Committee (Lhrc) / LIBAN,
Palestinian Human Rights Organization (Phro) / LIBAN,
Centre Libanais des Droits Humains (CLDH) / LIBÉRIA,
Regional Watch For Human Rights (Lwhr) / LIBYE, Human
Rights Association for Recording and Documenting War
Crimes and Crimes Against Humanity / LIBYE, Libyan
League For Human Rights (Llh) / LITUANIE, Lithuanian
Human Rights Association (Lhra) / MALAISIE, Suara Rakyat
Malaysia (Suaram) / MALI, Association Malienne Des Droits
De L’homme (Amdh) / MALTE, Malta Association Of Human
Rights/ Fondation De Malte / MAROC, Organisation
Marocaine Des Droits De L’homme (Omdh) / MAROC,
Association Marocaine Des Droits Humains (Amdh) /
MAURITANIE, Association Mauritanienne Des Droits De
L’homme (Amdh) / MEXIQUE, Liga Mexicana Por La Defensa
De Los Derechos Humanos (Limeddh) / MEXIQUE, Comision
Mexicana De Defensa Y Promocion De Los Derechos
Humanos (Cmdpdh) / MOLDAVIE , Promo-LEX /
MOZAMBIQUE, Liga Mocanbicana Dos Direitos Humanos
(Lmddh) / NICARAGUA, Centro Nicaraguense De Derechos
Humanos (Cenidh) / NIGER, Association Nigerienne Pour
La Défense Des Droits De L’homme (Anddh) / NIGÉRIA, Civil
Liberties Organisation (Clo) / OUGANDA, Foundation For
Human Rights Initiative (Fhri) / OUZBEKISTAN, Association
internationale de défense des droits de l'Homme « Club
des cœurs ardents » / OUZBEKISTAN, Human Rights Society
Of Uzbekistan (Hrsu) / OUZBÉKISTAN, Legal Aid Society
(Las) / PAKISTAN, Human Rights Commission Of Pakistan
(Hrcp) / PALESTINE, Al Mezan Center for Human Rights
(AL MEZAn) / PALESTINE, Palestinian Centre For Human
Rights (Pchr) / PALESTINE, Al Haq / PALESTINE, Ramallah
Centre For Human Rights Studies (Rchrs) / PANAMA, Centro
De Capacitación Social De Panamá (Ccs) / PAYS-BAS, Liga
Voor De Rechten Van De Mens (Lvrm) / PÉROU, Asociacion
Pro Derechos Humanos (Aprodeh) / PÉROU, Centro De
Derechos Y Desarrollo (Cedal) / PHILIPPINES, Philippine
Alliance Of Human Rights Advocates (Pahra) / PORTUGAL,
Civitas / RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE, Ligue
CentrafricAIne Des Droits De L’homme (Lcdh) / RÉPUBLIQUE
CENTRAFRICAINE, Organisation Pour La Compassion Des
Familles En Détresse (Ocodefad) / RÉPUBLIQUE
DÉMOCRATIQUE DU CONGO, Ligue Des Électeurs (Le) /
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO, Groupe Lotus
/ RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO, Association
Africaine Des Droits De L’homme (Asadho) / RÉPUBLIQUE
DOMINICAINE, Cnd Comisión Nacional De Los Derechos
Humanos, Inc / RÉPUBLIQUE TCHÈQUE, Human Rights
League (Hrl) - Liga Lidskych Prav / ROUMANIE, The League
For The Defense Of Human Rights (Lado) / ROYAUME-UNI,
Liberty / RUSSIE, Anti-Discrimination Center Memorial (Adc
Memorial) / RUSSIE, Citizens’ Watch (Cw) / RWANDA,
Collectif Des Ligues Pour La Défense Des Droits De L’homme
(Cladho) / RWANDA, Association Rwandaise Pour La
Défense Des Droits De La Personne Et Des Libertés
Publiques (Adl) / RWANDA, Ligue Rwandaise Pour La
Promotion Et La Défense Des Droits De L’homme (Liprodhor)
/ SÉNÉGAL, Organisation Nationale Des Droits De L’homme
(Ondh) / SÉNÉGAL, Rencontre Africaine Pour La Défense
Des Droits De L’homme (Raddho) / SÉNÉGAL, Ligue
Sénégalaise des Droits Humains (LSdh) / SERBIE, Center
For Peace And Democracy Development (Cpdd) / SOUDAN,
Sudan Human Rights Monitor (Suhrm) / SOUDAN, African
Center For Justice And Peace Studies (Acjps) / SUISSE,
Ligue Suisse Des Droits De L’homme (Lsdh) / SYRIE,
Damascus Center For Human Rights Studies (Dchrs) /
SYRIE, Syrian Center for Media and Freedom of Expression
(SCM) / SYRIE, Committees For The Defense Of Democracy
Freedoms And Human Rights (Cdf) / TADJIKISTAN, Tajik
« Bureau on Human Rights and Rule of Law » (BHR) /
TAÏWAN, Taiwan Association For Human Rights (Tahr) /
TANZANIE, The Legal And Human Rights Centre (Lhrc) /
TCHAD, Ligue Tchadienne Des Droits De L’homme (Ltdh) /
TCHAD, Association Tchadienne Pour La Promotion Et La
Défense Des Droits De L’homme (Atpdh) / THAÏLANDE,
Union For Civil Liberties (Ucl) / TOGO, Ligue Togolaise Des
Droits De L’homme (Ltdh) / TUNISIE, Ligue Tunisienne Des
Droits De L’homme (Ltdh) / TUNISIE, Forum tunisien pour
les droits économiques et sociaux (FTDES) / TUNISIE,
Association Tunisienne Des Femmes Démocrates (Atfd) /
TUNISIE, Doustourna / TUNISIE, Conseil National Pour Les
Libertés En Tunisie (Cnlt) / TURQUIE, Insan Haklari Dernegi
(Ihd) / Diyabakir / TURQUIE, Human Rights Foundation Of
Turkey (Hrft) / TURQUIE, Insan Haklari Dernegi (Ihd) /
VIETNAM, Comité Vietnam Pour La Défense Des Droits De
L’homme (Cvddh) / YÉMEN, Human Rights Information And
Training Center (Hritc) / YÉMEN, Sisters’ Arab Forum For
Human Rights (Saf) / ZIMBABWE, Zimbabwe Human Rights
Association (Zimrights).
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 9
 LE 39E CONGRÈS
DE LA FIDH
Le 39e congrès de la FIDH a été organisé à
Johannesbourg, en Afrique du Sud, du 23 au 27 Le C o n g rès in te r ne de la FID H a ré u ni les
août 2016. représentants des organisations membres et du
Secrétariat international de la FIDH. Il fut l’occasion,
Il a débuté par un Forum international co-organisé sur la base du bilan des activités passées, d’établir les
avec ses organisations membres d’Afrique du priorités et stratégies d’action dans les différentes
Sud (Lawyers for Human Rights), du Zimbabwe régions pour les années à venir. C’est ainsi que le
(ZimRights) et du Botswana (Ditshwanelo) sur le Congrès a spécifiquement souhaité que la FIDH
thème : « À l’offensive pour les droits humains – ajoute aux priorités et modalités de son action
Réaliser une vision, mettre en œuvre une stratégie et la protection des droits des personnes LGBTI et
garantir l’espace de la société civile, la pierre angulaire l’interaction entre les organisations de défense des
du développement humain ». droits humains et la jeunesse.

Ce Forum a regroupé près de 400 participants,
incluant des membres de l’équipe du Secrétariat
international de la FIDH, des représentants de ses
organisations membres, de ses partenaires, de
la société civile locale et régionale, des bailleurs
de fonds, ainsi que des représentants officiels
d’autorités nationales et internationales.
À travers 16 tables rondes et séances faisant
intervenir une soixantaine de panélistes du monde
entier, le Forum a présenté les réponses développées
par les organisations de défense des droits humains,
notamment dans la région d’Afrique australe, pour
faire face aux attaques portées à l’universalité des
droits humains et contre les mouvements de défense
des droits humains.
Ce forum a débouché sur des stratégies de lutte et
de résistance pour renforcer la participation de la
société civile dans la gouvernance démocratique.
Des résolutions spécifiques du Congrès ont
également été adoptées sur les situations des droits
humains en Syrie, en Palestine, au Burundi, au Soudan
du Sud, à Djibouti, au Kirghizistan, au Nicaragua,
en Turquie, au Vietnam. D’autres résolutions
thématiques ont été adoptées, notamment sur la
justice en Afrique ; les élections et la gouvernance
en Afrique ; la situation des défenseurs des droits
humains en Europe de l’Est-Asie Centrale et dans
la région Maghreb-Moyen Orient ; les violations et
menaces pesant sur les droits sexuels et reproductifs
des femmes ; les droits des migrants dans l’Union
européenne ; les attaques politiques et législatives
envers le mouvement de Boycott, Désinvestissement
et Sanctions contre les politiques israéliennes à
l’égard du peuple palestinien.
Le Congrès a par ailleurs approuvé l’affiliation de 15
organisations en tant que nouveaux membres de
la FIDH : Canadian Centre for International Justice
(Canada) ; Acción Ecológica (Équateur) ; Mêmes
droits pour tous (Guinée) ; People’s Watch (Inde) ;
Justice for Iran (Iran) ; International Legal Initiative
(Kazakhstan) ; Association Démocratique des
Femmes du Maroc (Maroc) ; Norwegian Helsinki
Committee (Norvège) ; Equidad (Pérou) ; Polish
Society of Anti-Discrimination Law (Pologne) ;
Memorial HRC Moscou (Russie) ; People’s Solidarity
for Participatory Democracy (Corée du Sud) ; Al
Marsad (Syrie) ; iLaw (Thaïlande) ; Center for Civil
Liberties (Ukraine).
Enfin, le Congrès a procédé à l’élection du nouveau
Bureau international de la FIDH (composé de
représentants de ses organisations membres)
avec 8 nouveaux entrants – une composition
équilibrée entre les femmes et les hommes – et
une prépondérance de représentant.e.s issu.e.s
des pays du Sud. Dimitris Christopoulos (Grèce) a
succédé à Karim Lahidji (Iran) en tant que président
de la FIDH.

10 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 11

 PRÉSIDENT TRÉSORIER
Dimitris Jean-François
CHRISTOPOULOS PLANTIN
Grèce France

BUREAU INTERNATIONAL
VICE-PRÉSIDENTS
Guissou Artak Adilur
JAHANGIRI KIRAKOSYAN RAHMAN KHAN
Afghanistan Arménie Bangladesh

Elise Mohamed Aly Maryse

MONGE Mohamed ARTIGUELONG
Équateur ZAREA France
Égypte

Juan Francisco Drissa Tolekan

SOTO TRAORE ISMAILOVA
Guatemala Côte d’Ivoire Kyrgyzstan

Gerard Gloria Margarita Rosemarie

J-M VAN VLIET CANO LEGUA R. TRAJANO
Pays-Bas Pérou Philippines

Hafidha Sheila Arnold

CHEKIR MUWANGA TSUNGA
Tunisie Uganda Zimbabwe

SECRÉTAIRES GÉNÉRAUX

Dan Alice Debbie

VAN RAEMDONCK MOGWE STOTHARD
Belgique Botswana Malaisie

Pierre Shawan
ESPERANCE JABARIN
Haiti Palestine

PRÉSIDENTS D’HONNEUR

Patrick Michel Daniel Karim Sidiki Souhayr

BAUDOUIN BLUM JACOBY LAHIDJI KABA BELHASSEN
France France France Iran Sénégal Tunisie

et en coopération avec :

SECRÉTAIRES GÉNÉRAUX ADJOINTS

Nabeel Paul Florence Bertha

RAJAB NSUPU BELLIVIER OLIVA
Bahreïn République France Honduras
démocratique
du Congo

DÉLÉGUÉS PERMANENTS

Dobian Mabassa Jomary

ASSINGAR FALL ORTEGON
auprès de la Communauté auprès de l’Union auprès de l’Organisation
économique et monétaire africaine (UA) des États américains (OEA)
de l’afrique centrale
(CEMAC)

12 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 13

 SECRÉTARIAT INTERNATIONAL
14 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6

Mise à jour Juillet, 2017

Antoine BERNARD Juliane FALLOUX

DIRECTION GÉNÉRALE EXÉCUTIVE Directeur général Directrice exécutive

Isabelle CHEBAT
Corinne BEZIN Antoine MADELIN Marceau SIVIEUDE
DIRECTEURS DE DÉPARTEMENTS Directrice administra- Directeur du plaidoyer
Directrice de la
communication et des
Directeur des opé-
tive et financière international rations
relations publiques
SIÈGE
PARIS - FRANCE

ADMINISTRATION, FINANCES COMMUNICATION ET

RECHERCHE ET OPÉRATIONS
ET RESSOURCES HUMAINES RELATIONS PUBLIQUES

Marija MANEVSKA Solène BAUDY FLOC’H Samuel HANRYON en cours de recrutement

Samia MERAH Audrey COUPRIE
Responsable contrôle Responsable adjointe Responsable des Chargé(e) de Programme
Chargée de gestion Attachée de presse
de gestion contrôle de gestion relations presse Asie du Sud et Ouest

Samba LASA Anne VESQUE Tchérina JEROLON Hassatou BA Justine DUBY

Tony MINET Florent GEEL
Responsable de la Chargée de la commu- Responsable adjointe Chargée de Assistante de
Comptable Responsable Afrique
comptabilité nication numérique Afrique Programme Afrique Programme Afrique

Céline BALLEREAU Christophe GARDAIS Natalia YAYA

Nathalie NUNES Jane SYMONDS TETU Chargé de l'édition MARTELLO
Responsable du Chargée du Responsable des et de la diffusion des Chargée de
développement développement Publications publications Programme Amériques

Julia OUAHNON
Marie-France BURQ Cyril MARION Jonathan DONAT Sacha KOULAEVA
Chargée de programme
Responsable des Responsable des sys- Technicien et Adminis- Responsable Europe de
Europe de l'est/Asie
ressources humaines tèmes d'information trateur Système l'est/Asie centrale
centrale

Yasmine LAVEILLE Anissa DABOUSSI Maya TRAD

Mathilde HAMON Lidya OGBAZGHI
Responsable Afrique Chargée de programme Assistante de
Attachée de la prési- Assistante exécutive-
du Nord et Moyen- Afrique du Nord et programme Afrique du
dence et des organes secrétaire
orient Moyen-orient Nord et Moyen-orient
statutaires

Maddalena NEGLIA Maria-Isabel CUBIDES

Responsable Mon- Chargée de pro-
dialisation et droits gramme, Mondialisa-
humains tion et droits humains

Daisy SCHMITT Léa SAMAIN-

Nicanor HAON
Chargée de pro- RAIMBAULT
Chargé de programme
gramme, Droits des Chargée de programme
Droits des femmes et
femmes et Droits des Travailleurs migrants en
droits des migrants
migrants Asie centrale

Karine BONNEAU Delphine CARLENS

Responsable Justice Responsable adjointe
internationale Justice internationale

Alexandra POMEON Hugo GABBERO

Responsable Observa- Directeur adjoint Obser-
toire pour la protection vatoire pour la protection
des défenseurs des des défenseurs des
droits de l'homme droits de l'homme

DÉLÉGATIONS, BUREAUX RÉGIONAUX

ET BUREAUX CONJOINTS (FIDH-LIGUES)

MOBILISATION DES ORGANISA-

RECHERCHE ET OPÉRATIONS
TIONS INTERGOUVERNEMENTALES

Gaelle DUSEPULCHRE
Jimena REYES Walid BENNOUR
Représentante auprès TUNIS
Responsable Comptable
de l'UE
Ameriques

BRUXELLES

Elena CRESPI Antonin RABECQ

Jean-Marie ROGUE BRUXELLES Responsable Europe Responsable adjoint ABIDJAN
Délégué auprès de l'UE
de l'Ouest Afrique

Catherine ABSALOM
Carrie COMER Mathilde CHIFFERT
Chargée de liaison,
Représentante auprès Coordinatrice projet
délégation auprès
de la CPI programme Guinée
de l'UE

LA HAYE CONAKRY

Stéphanie DAVID Kyra WIGARD Zoé BERTRAND

Représentante auprès NEW YORK Assistante Délégation Assistante de pro-
de l'ONU auprès de la CPI gramme Guinée

Sonia TANCIC Alice BANENS

Yosra FRAWES - Aboubacar Sylla : - Ousmane Soumah :
Représentante auprès Coordinatrice adjointe BAMAKO
Consultante déléguée - Mohamed Dioubate, - Halimatou Camara :
de l'ONU Programme Mali

GENÈVE TUNIS

Manon KARATAS
Marta RIGGIO
Chargée de liaison, Khitem BARGHAOUI
Chargée de Programme BANGUI
Délégation auprès de Chargé de Programme
RCA
l'ONU

ORGANISATION DES EQUIPES MEMBRES LOCALES

POURS LES PROGRAMMES CONJOINTS LOCAUX

Amadou BARRY
Willy NETH
Alain KIZINGUERE Responsable admi- Halimatou CAMARA
Coordinateur adjoint CONAKRY
ABIDJAN Chargé de programme nistratif et financier Juriste Programme
Programme conjoint
conjoint LCDH/FIDH Programme conjoint conjoint OGDH/FIDH
MIDH/FIDH
OGDH/FIDH

Drissa TRAORE
Evrad BONDADE Alseny SALL
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 15

Coordinateur
Chargé de Programme BANGUI Chargé de programme
Programme AMDH/
conjoint LCDH/FIDH conjoint OGDH/FIDH
FIDH

BAMAKO

Nicilas GBAGBE Aboubacar SYLLA

Lalla TOURE Responsable admi- Responsable adminis-
Chargé de Programme nistratif et financier tratif et financier du CONAKRY

conjoint AMDH/FIDH Programme conjoint Programme conjoint,

LCDH/FIDH OGDH/FIDH

Ousmane SOUMAH
Assistant administratif
Programme conjoint
OGDH/FIDH

Mohamed DIOUBATE
Assistant Programme
conjoint OGDH/FIDH
 PRIORITÉ 1

SOUTENIR LES DÉFENSEURS

DES DROITS HUM AINS
1/ CONTEXTE ET DÉFIS

Les défenseurs ont abouti, collectivement, aux

avancées les plus importantes de l’humanité,
n o t a m m e n t l ’a b o l i t i o n d e l ’e s c l a v a g e , l a
reconnaissance et la défense des droits des femmes,
la lutte anti-apartheid, l’anti-colonialisme, l’abolition
croissante de la peine capitale, la criminalisation
de la torture et des traitements dégradants, le
développement de la justice internationale et la
répression grandissante des crimes internationaux,
ou encore la défense des droits des travailleurs.

Leur nombre est en constante évolution, et partout

nous voyons de nouvelles formes d’expression de
la société civile qui contribuent à la défense des
droits et libertés universelles, y compris le droit
à l’environnement, le droit à la justice, le droit à la
paix, le droit au développement, les droits civils et
politiques et les droits économiques, sociaux et
culturels.

Cependant, une tendance lourde a continué de

s’affirmer à leur encontre en 2016 : alors qu’un nombre
croissant d’individus se saisissent, revendiquent
et exercent leurs droits, ils sont confrontés à des
attaques d’un niveau sans précédent, dans le monde
entier. La légitimité même de leur action est remise
en cause de façon de plus en plus spectaculaire :
violentes campagnes de dénigrement ; multiplication
de lois criminalisant l’accès aux fonds étrangers,
voire la conduite d’activités sans aval des autorités
; procès de masse ; criminalisation de toutes formes
de dissidence pacifique par rapport à la ligne fixée
par les autorités. Ainsi, 2016 confirme et alourdit
cette tendance : les défenseurs sont délégitimés,
criminalisés, voire assassinés.
Ces modèles répressifs s’exportent d’un pays à l’autre
dans le but d’étouffer toute critique des pouvoirs
politiques et économiques en place, ou toute forme
de promotion ou de défense des droits humains : de
l’Angola à la Russie en passant par l’Arabie saoudite,
le seul objectif est de réprimer et de faire taire toute
dissidence. Cette vague liberticide atteint même les
enceintes internationales, à l’instar du G7 et de son
Groupe d’action financière (GAFI), qui, au nom de
la lutte contre le « terrorisme », encourage, facilite
et légitime des mesures affectant les capacités
d’action des organisations non-gouvernementales
et de la société civile indépendante. Au sein des
Nations unies, à l’instar de nombreuses institutions
inter-gouvernementales, le Comité en charge de
l’accréditation de la société civile est contrôlé par
une majorité d’États soucieux de limiter l’action
des organisations indépendantes. À l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), les
intérêts géostratégiques voire interpersonnels entre
parlementaires font souvent obstacle à la capacité
de l’institution de rendre compte objectivement de
la gravité de la situation des droits humains et des
défenseurs dans certains pays répressifs, à l’instar
de l’Azerbaïdjan.
Nabeel Rajab, président du Bahrein Center for Human Rights et secrétaire général de la FIDH
© DR
En dépit de ce contexte préoccupant et hostile, les
actions de l’Observatoire ont contribué en 2016 à
l’amélioration d’un certain nombre de situations
de défenseurs ou d’ONGs à travers le monde : fin
des poursuites, libérations, non-adoption de lois
liberticides, reconnaissance du caractère arbitraire
de détentions par l’ONU, sécurisations ou encore
relocalisations sont quelques-unes des avancées
obtenues grâce aux actions de l’Observatoire.

16 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 17

 2/ LA FIDH ET SES ORGANISATIONS MEMBRES ET
PARTENAIRES EN ACTION

PRIORITÉ 1
PROTECTION DES DÉFENSEURS EN SITUATION
D’INSÉCURITÉ OU DE RÉPRESSION

SOUTENIR LES DÉFENSEURS L’Observatoire pour la protection des défenseurs

des droits de l’Homme : Depuis 1997, la FIDH mène
DES DROITS HUM AINS de nombreuses actions de protection des défenseurs
en coopération avec l’Organisation mondiale contre
la torture (OMCT) à travers un partenariat unique :
l’Observatoire pour la protection des défenseurs des
droits de l’Homme.

ProtectDefenders.eu : Depuis 2015, la FIDH est partie

prenante d’un Consortium de 12 ONGs internationales
et régionales pour renforcer leur coordination et leur
complémentarité en matière de soutien et d’aide
d’urgence en faveur de défenseurs menacés à travers
le monde.

ÉTABLISSEMENT DES FAITS ET ALERTE AU Tweets – La FIDH a renforcé la présence de

QUOTIDIEN
Interventions urgentes – Les interventions urgentes
constituent l’un des principaux outils de protection.
Elles consistent à informer sur des cas d’insécurité
et de répression de défenseurs pour mobiliser les
décideurs afin que cessent ces situations. En 2016,
la FIDH a diffusé 357 interventions urgentes (appels
urgents, communiqués de presse et lettres ouvertes
aux autorités), portant sur 53 pays.
Conformément au Plan d’action pluriannuel de la
FIDH, une attention particulière a été portée à la
situation des défenseurs des droits liés à la terre et
à l’environnement, aux défenseurs des droits des
femmes, des droits des personnes LGBTI et des
défenseurs arbitrairement détenus.
l’Observatoire sur Twitter, en développant un compte
dédié visant à alerter et mobiliser au plus vite sur les
cas de répression les plus préoccupants.
La campagne #ForFreedom – Pour alerter et
mobiliser les acteurs du changement sur la situation
particulière des défenseurs arbitrairement détenus,
la FIDH a poursuivi sa campagne internationale
intitulée « #ForFreedom : Plus on en parle, plus vite
ils sortent », articulée autour de cas emblématiques
de défenseurs des droits de l’Homme faisant l’objet
d’une privation de liberté à travers le monde.
La campagne Retweet4Freedom – Avec son action
RETWEET FOR FREEDOM, la FIDH entend sortir de
l’oubli les défenseurs emprisonnés pour avoir tweeté.
Cette campagne est participative. Elle vise à utiliser
le pouvoir mobilisateur du web. C’est dans cette
perspective que la FIDH a lancé le site de campagne
rt4freedom.fidh.org le 5 décembre 2016. Ce site
web invite chaque internaute à relayer les tweets
qui ont conduit des défenseurs des droits humains
derrière les barreaux. Relayer ces tweets, c’est s’ériger
contre la censure et l’intimidation orchestrées par les
autorités. C’est mobiliser les décideurs pour qu’un
tweet ne puisse plus se traduire en années de prison.

Manifestants cambodgiens près de la prison de Prey Sar, Phnom Penh. Cambodge

© Tang Chhin Sothy/AFP

18 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 19

 PRIORITÉ 1

SOUTENIR LES DÉFENSEURS

DES DROITS HUM AINS
RENFORCEMENT DE LA CAPACITÉ
PROTECTRICE DES ORGANISATIONS
INTERGOUVERNEMENTALES
Interpellation des instances intergouvernementales
et mécanismes de protection pour l’action – En 2016,
toutes les interventions urgentes de l’Observatoire
ont continué d’être systématiquement adressées
aux mécanismes internationaux et régionaux de
protection des défenseurs : procédures spéciales
de l’ONU, de la Commission africaine des droits
de l’Homme et des peuples (CADHP) et de la
Commission interaméricaine des droits de l’Homme
(CIDH), Commissaire aux droits de l’Homme du
Conseil de l’Europe, point focal du Bureau pour les
institutions démocratiques et les droits de l’Homme
(BIDDH) de l’Organisation pour la sécurité et la
coopération en Europe (OSCE), et mécanismes de
l’UE, en vue de susciter leurs interventions ainsi que
des interpellations des autorités compétentes pour
la protection des défenseurs.

La FIDH a également organisé une quinzaine de

réunions de plaidoyer avec des représentants de
ses organisations membres auprès d’organisations
intergouvernementales internationales et régionales
et des États tiers pour les amener à agir pour la
protection de défenseurs en danger.

Renforcement des mécanismes de protection des Égypte, Équateur, Honduras, Kirghizistan, Libye,
défenseurs – La FIDH a organisé deux réunions dites Maroc, RDC, Rwanda, Soudan, Turquie, Ouzbékistan, Le journaliste Ouzbek Azimzhan Askarov au tribunal administratif de Chuy, Bishkek, Kirghizistan
« inter-mécanismes », en février et novembre 2016, Oman, Palestine et Zimbabwe. Ces subventions © Nezir Aliyev/Anadolu Agency

regroupant les mécanismes onusiens et régionaux
de protection des défenseurs pour renforcer leur
interaction et encourager les actions communes
et coordonnées sur des sujets d’intérêt commun à
leurs mandats respectifs.
ASSISTANCE D’URGENCE EN CAS DE MENACES
ET RISQUES
Pour répondre à des situations de menaces et
d’atteintes à l’intégrité physique et psychologique
des défenseurs, la FIDH a fourni 31 subventions
d’assistance matérielle à des défenseurs des pays
suivants : Birmanie, Burundi, Cambodge, Cameroun,
20 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
ont permis de couvrir : des coûts de relocalisation
; des frais de justice ; des frais de sécurisation des
domiciles et bureaux ; des soins médicaux, etc.
En 2016, la FIDH a observé les procès contre
OBSERVATION DES PROCÉDURES ET PROCÈS
INIQUES • 7 défenseurs de la liberté d’expression au Maroc
Face à l’utilisation ou à l’instrumentalisation de • 24 paysans, la plupart membres du Mouvement paysan unifié de l’Aguán (MUCA), au Honduras
la justice pour entraver ou criminaliser l’action • Ramazan Demir et Ayşe Acinikli, membres de l’Association des avocats pour la liberté, en Turquie
des défenseurs, la FIDH a organisé des missions • Azimjan Askarov, défenseur des droits des minorités, ainsi que Tolekan Ismailova et Aziza Abdirasulova, directrices
d’observation judiciaire, de défense ou de solidarité de Bir Duino et Kylym Shamy, au Kirghizistan
tout au long de l’année 2016. De telles missions • 7 défenseurs des droits liés à la terre et aux ressources naturelles au Guatemala
recouvrent divers objectifs : fournir une aide
• 5 membres et ex-membres de l’Association pour les droits de l’homme et le développement au Cambodge (ADHOC)
judiciaire experte dans ce type d’affaire en soutien
• La blogueuse Lina Ben Mhenni en Tunisie
aux défenseurs criminalisés ; apporter une solidarité
• Max Bokayev et Talgat Ayan, mobilisés contre des projets d’amendements au Code relatif à la terre, au Kazakhstan
et une attention internationale pouvant contribuer
au respect du droit à un procès équitable ;
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 21
 mais aussi contribuer à un éclairage sur les violations
de procédures pour susciter la réaction des autorités
concernées et de la communauté internationale.

En 2016, la FIDH a mandaté 13 missions d’observation

judiciaire pour couvrir les procédures menées contre

PRIORITÉ 1
des défenseurs des droits humains (cf. tableau).

ÉTABLIR LES RESPONSABILITÉS

La FIDH développe des actions contentieuses et
quasi-contentieuses devant les tribunaux nationaux
et les mécanismes régionaux et internationaux de
protection des droits humains aux fins d’établir les
SOUTENIR LES DÉFENSEURS responsabilités, étatiques ou individuelles, dans
des cas emblématiques de violations des droits des
DES DROITS HUM AINS défenseurs et de soutien des victimes dans leur droit
à la justice, y compris via le développement et la
consolidation d’une jurisprudence sur la protection
des droits des défenseurs.

Action judiciaire devant les tribunaux : en 2016,

la FIDH a poursuivi son soutien aux familles des
défenseurs congolais Floribert Chebeya et Fidèle
Bazana – assassinés en juin 2010 – dans leur quête
de justice. Le 2 juin 2014, la FIDH et les familles
des victimes avaient déposé devant les juridictions
sénégalaises une plainte avec constitution de partie
civile contre Paul Mwilambwe, l’un des policiers
responsables présumés des assassinats, présent
au Sénégal.

Actions quasi-judiciaires : En 2016, la FIDH a suivi 5

procédures qu’elle a initiées auprès de mécanismes
intergouvernementaux quasi-judiciaires ou judiciaires
pour dénoncer l’irrespect des droits des défenseurs
par les États.

Pays Défenseur Organe saisi Date de la Décision Evolution de

saisine la situation

Mr. Sang- Avis adopté

South Korea gyun Han and GDTA 31/10/16 en avril 2017 :
Ms. Young- (auto-saisine) Détention
joo Lee arbitraire

Bangladesh Mahmudur GDTA 29/06/16 libération

Rahman provisoire

Ny Sokha, Avis adopté le

Nay Vada, Yi 25 novembre
Cambodge Sok-san, Lim GDTA 17/06/16 2016 :
Mony and Ny Détention
Chakrya arbitraire

Burundi Marie- GDFI 26/01/16 EN COURS

Claudette
Kwizera

14 Avis adopté le libération

Angola Défenseurs GDTA 23/09/15 27 avril 2016 : provisoire le
Deux hauts responsables d'ADHOC escortés par des officiers de police devant la Cour d’appel, Phnom Penh, Cambodge
© Tang Chhin Sothy/AFP
angolais + 1 Détention 29 juin 2016
arbitraire

22 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 23

 PRIORITÉ 1

SOUTENIR LES DÉFENSEURS

DES DROITS HUM AINS
RENFORCEMENT DE LA CAPACITÉ D’ACTION
DES DÉFENSEURS
Alertes sur les entraves à l’action des défenseurs
– En 2016, la FIDH et l’OMCT, à la demande de
leurs membres et compte tenu des situations
particulièrement difficiles de ces deux pays, ont
mandaté deux missions internationales d’enquête
au Honduras et une au Kenya pour analyser
l’environnement politique, législatif et judiciaire de
l’action des défenseurs. Par ailleurs, quatre rapports
ont été publiés en 2016.

Rapports publiés en 2016

• Amérique latine : « Criminalisation des défenseurs des droits humains : un phénomène

préoccupant en Amérique latine »
• Kirghizistan : « Le Kirghizistan à la croisée des chemins : resserrer ou desserrer l’étau autour
des défenseurs des droits humains »
• Honduras : « Honduras: Bajo Aguán, 4 ans après, 25 défenseurs et paysans acquittés mais
le meurtre de l'avocat Trejo toujours impuni ! »
• Honduras : « Les défenseurs des droits humains entre le marteau et l’enclume »

Ces rapports ont adressé des recommandations précises aux autorités nationales, acteurs privés et instances
internationales et régionales pour améliorer l’environnement politique et normatif relatif au travail des défenseurs.
Elles ont servi de base à de multiples actions de plaidoyer menées par la FIDH et ses organisations membres.

Alertes – La FIDH et ses organisations membres

ont également produit des interventions urgentes
pour dénoncer les projets et réformes législatives Le dessinateur malaisien Zunar avant un lancement de livre, Kuala Lumpur
de certains États comme le Bangladesh, l’Égypte, © Manan Vatsyayana/AFP

Israël ou le Kirghizistan, visant à restreindre la liberté

d’association, notamment l’accès des ONGs aux
financements étrangers, ou criminalisant la défense
des droits des LGBTI.
PLAIDOYER POUR UN ENVIRONNEMENT DE
TRAVAIL FAVORABLE AUX DÉFENSEURS
Plaidoyer auprès des autorités nationales - La FIDH
et l’OMCT ont organisé deux missions de plaidoyer
auprès des autorités du Kirghizistan (pays où les
autorités souhaitaient présenter un projet de loi
contraire à la liberté d’association) et du Guatemala
(pays où les défenseurs sont victimes d’assassinats
et d’attaques d’une part, et de harcèlement judiciaire
et détentions arbitraires d’autre part) pour les inciter
à agir en faveur d’un environnement politique et
24 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
législatif protecteur des défenseurs des droits
humains.
Interpellations des instances intergouvernementales
Interpellation du Conseil de l’Europe – Fin 2015 et
début 2016, la FIDH a fourni une série de documents
et d’informations sur la situation des défenseurs et
des ONGs dans les États du Conseil de l’Europe au
bureau des deux Rapporteurs de l’APCE travaillant
sur ces questions. De nombreux éléments transmis
par la FIDH ont été repris dans deux résolutions
historiques de l’APCE adoptées en janvier 2016 sur
la protection des défenseurs et des ONGs, et dans
le rapport explicatif connexe à chaque résolution.
Interpellation de l’OSCE – En septembre et octobre
2016, la FIDH a co-organisé un événement parallèle
en marge de la Réunion sur la mise en œuvre de la
dimension humaine de l’OSCE. Intitulé « Manque
d’indépendance du pouvoir judiciaire et persécution
des défenseurs des droits humains dans l’est de la
région OSCE », l’événement a permis de donner la
parole à des défenseurs azéri, bélarusse, kazakh,
russe, kirghiz et ouzbek afin d’interpeller les autorités
de ces différents États sur leur responsabilité de
protéger les sociétés civiles locales et sur leurs
manquements en matière de respect de l’État de
droit.
Interpellation de l’Assemblée générale de l’ONU –
En octobre 2016, la FIDH a co-parrainé un événement
parallèle en marge de l’Assemblée générale des
Nations unies, axé sur les défis rencontrés par les
défenseurs des droits liés à l’environnement à travers
le monde. L’événement conjoint avec cinq autres
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 25
 PRIORITÉ 1

SOUTENIR LES DÉFENSEURS

DES DROITS HUM AINS
ONGs et parrainé par la Norvège faisait écho au
rapport thématique que devait présenter quelques
jours plus tard le Rapporteur spécial sur la situation
des défenseurs des droits de l’Homme. Lors de
cet événement, les participants ont échangé sur
les recommandations du rapport, leur importance
et la nécessité de les mettre en œuvre de manière
rapide et exhaustive.

Interpellation de la CADHP – Comme lors de chaque

session de la CADHP, l’Observatoire a présenté
lors des 58e et 59e sessions (mai et novembre),
une intervention écrite et orale sur la situation des
défenseurs sur le continent, dénonçant le contexte
hostile dans lequel opèrent ces derniers ainsi que les
principales tendances de répression à leur encontre.
Ces interventions permettent d’effectuer un suivi
périodique des cas traités par l’Observatoire tout au
long de l’année et d’adresser des recommandations
précises aux États et à la Commission sur les moyens
de renforcer la protection des défenseurs et de
leurs ONGs.

SOUTIEN MATÉRIEL ET FORMATIONS AUX ONGS

ET DÉFENSEURS POUR L’ACTION
À travers ses multiples programmes thématiques
et régionaux, la FIDH développe de nombreuses
activités de sécurisation et de renforcement des
capacités d’action des ONGs et défenseurs via des
formations ou des assistances matérielles. Certaines
de ces activités permettent aux défenseurs de mieux
prévenir d’éventuelles violations de leurs droits et
d’accroître leurs leviers d’influence pour garantir un
cadre politique et normatif favorable à leurs activités.

Soutien matériel - La FIDH a ainsi accordé en 2016
huit subventions de renforcement de capacités des
ONGs au Burundi, au Cameroun, au Cambodge, en
Colombie, au Mexique, au Nicaragua, ou encore au
Liberia. Et, à travers un programme spécifique sur
le soutien à la société civile au Bélarus, la FIDH a
également fourni du matériel informatique et de
communication sécurisé à de nombreuses ONGs
et à des défenseurs locaux de défense des droits
humains.
26 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
Formations – La FIDH a organisé au Liban une
formation de 19 défenseurs irakiens sur la sécurité
des communications et sur le stockage des données,
dans un contexte de documentation des crimes
les plus graves. La FIDH a également organisé une
formation sur la sécurité informatique à l’intention
de 20 défenseurs palestiniens.
ÉCHANGES D’EXPÉRIENCES POUR DES
STRATÉGIES D’ACTION
Le 39e Congrès de la FIDH en Afrique du Sud –
Le Forum international qui a précédé le congrès
interne de la FIDH a été consacré aux défis et aux
solutions envisageables afin de défendre les droits
humains dans un contexte de restriction de l’espace
de la société civile. Il a regroupé 400 participants,
membres de l’équipe du Secrétariat international
de la FIDH, représentants de ses organisations
membres, partenaires, de la société civile locale et
régionale, et des représentants d’autorités nationales
et internationales.
Ce forum visait à dépasser les constats et d’échanger
sur les bonnes pratiques à mettre en œuvre pour
reconquérir l’espace perdu par la société civile ces
dernières années. Huit tables rondes d’échanges
stratégiques ont permis aux défenseurs de discuter
de leurs expériences, initiatives et outils utilisés pour
contrer les tentatives de rétrécissement de l’espace.
La plate-forme des défenseurs birmans -Après avoir
mis en place la première plate-forme de défenseurs
birmans destinée à recueillir des informations et
échanger des expériences sur la situation des
défenseurs dans le pays, la FIDH a contribué
à l’animation de celle-ci en 2016, permettant
de développer des stratégies d’action pour leur
protection.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 27
 PRIORITY 1
SOUTENIR LES DÉFENSEURS
DES DROITS HUM AINS
3/ EXEMPLES DE RÉSULTATS OBTENUS
La FIDH et ses organisations membres ont permis
ou contribué à/au :
LA LIBÉRATION
DE 6 DÉFENSEURS
AZÉRIS
Quelques semaines après la libération de Leyla
Yunus et Arif Yunusov en décembre 2015, le reste
des principaux leaders indépendants de la société
civile azérie a été libéré entre mars et mai 2016.
Fin mai 2016, Rasul Jafarov, Anar Mammadli, Rauf
Mirqadirov, Intigam Aliyev et Khadija Ismailova
étaient tous libres.
La plupart d’entre eux avaient été arrêtés au cours
de l’été 2014 lors d’une vague de répression sans
précédent en Azerbaïdjan, et condamnés à des
peines de prison très lourdes sur la base de procès
iniques.
La FIDH s’est fortement mobilisée pour leur libération
à travers la présence de plusieurs avocats pour
observer une quinzaine d’audiences des procès
contre Rasul Jafarov, Leyla Yunus et Arif Yunusov,
ou encore Khalid Bagirov et IRFS en 2015. La FIDH a
également diffusé des alertes urgentes dénonçant
l’absence de fondement des accusations et les
violations du droit à un procès équitable. Leur cas
a également été mis en avant dans la campagne
FIDH #ForFreedom, permettant aux internautes
d’interpeller les décideurs pour appeler à leur
libération.
Enfin, un intense plaidoyer développé tout au long
de l’année 2015 auprès des diverses instances du
Conseil de l’Europe, dont est membre l’Azerbaïdjan,
a abouti au déclenchement par le Secrétaire
général de l’organisation d’une enquête au titre de
la Convention européenne des droits de l’Homme,
pour violation grave et persistante des dispositions
de la Convention.
Toute cette pression a contribué à la libération des
défenseurs susmentionnés en 2016.
28 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
LA LIBÉRATION
DE 2 DÉFENSEURS
TURCS
Ramazan Demir et Ayşe Acinikli, avocats, membres
de l’Association des avocats pour la liberté, ont été
arrêtés le 16 mars 2016. Accusés d’être membres
d’une organisation illégale, leur interrogatoire lors de
leur détention préventive a porté sur leurs activités
de défense des droits humains, et notamment les
plaintes soumises par ces deux activistes auprès de
la Cour européenne des droits de l’Homme en vue
de sanctionner les violations des droits humains
commises par la Turquie dans le cadre de ses
opérations anti-terroristes.
La FIDH s’est fortement mobilisée pour leur libération
à travers la présence d’un avocat pour observer
deux audiences clés de leur procès, et susciter une
attention internationale autour de leur cas. La FIDH
a diffusé des interventions urgentes dénonçant
l’absence de fondement des accusations ainsi que
les violations du droit à un procès équitable, et appelé
les instances internationales à réagir sur la situation
de ces défenseurs. Leur cas a également été mis en
avant dans la campagne de la FIDH #ForFreedom
permettant aux internautes d’interpeller les décideurs
pour appeler à leur libération.
Toute cette pression a contribué à la libération
conditionnelle de Ramazan Demir et Ayşe Acinikli
par la Haute cour criminelle d’Istanbul en septembre
2016, après 156 jours de détention préventive.
UN TÉMOIGNAGE DE REMERCIEMENT
« Aujourd’hui, Anar Mammadli a enfin été libéré de
prison après 27 mois de détention arbitraire.
Sans votre soutien, sa libération n’aurait pas pu être
possible. Nous vous remercions chaleureusement
pour toute votre mobilisation et tout le travail abattu.
Nous sommes extrêmement heureux de voir Anar à
nouveau libre ».
Un proche d’Anar Mammadli, défenseur des droits humains
azéri, libéré en mars 2016.
.
LA LIBÉRATION BLOCAGE D’UN
DE 16 ACTIVISTES PROJET DE LOI
PRO-DÉMOCRATIE LIBERTICIDE AU
EN ANGOLA KIRGHIZISTAN
Le 20 juin 2015, des activistes pro-démocratie étaient TOLEKAN ISMAILOVA, VICE PRÉSIDENTE DE LA FIDH:
arrêtés par la police alors qu’ils participaient à une « Les autorités kirghizes souhaitaient imiter la Russie
réunion d’un club de lecture dédiée aux violations en proposant un projet de loi limitant drastiquement la
des droits humains et aux manquements en matière liberté d’association et ainsi le travail des organisations
de bonne gouvernance dans le pays. Certains d’entre locales de défense des droits humains. La FIDH a
eux ont été brutalisés durant leur détention, ont produit de nombreuses alertes sur cette situation.
participé à des grèves de la faim et ont même tenté Elle a soutenu les organisations kirghizes dans leur
de se suicider. La FIDH a produit de nombreuses plaidoyer auprès de l’OSCE et de l’ONU pour mettre la
alertes sur la situation de ces activistes et appelé pression sur le Gouvernement. Et la FIDH a organisé une
l’ONU et la Commission africaine des droits de mission au Kirghizistan pour rencontrer les autorités
l’Homme et des peuples à interpeller les autorités et les inciter à abandonner leur projet. Un rapport
angolaises. La FIDH a également saisi le Groupe de de mission a été publié en juin 2016. Du fait de cette
travail de l’ONU sur la détention arbitraire et entamé pression internationale, le projet de loi n’a pas été
une intense campagne sur les réseaux sociaux pour adopté par le Parlement en 2016. La vigilance sera de
appeler à leur libération. Cette pression multiforme mise en 2017 ».
a menée la Cour suprême d’Angola à ordonné le 26
juin 2016 la libération des 16 activistes.
LA FOURNITURE DE
EXFILTRATION DE
31 SUBVENTIONS
DÉFENSEURS DES
D’ASSISTANCE MATÉRIELLE
DROITS HUMAINS
À DES DÉFENSEURS DE
BURUNDAIS
BIRMANIE, DU BURUNDI, DU
MENACÉS
CAMBODGE, DU CAMEROUN,
Tout au long de l’année 2016, la FIDH a facilité
D’ÉGYPTE, D’ÉQUATEUR, l’exfiltration de défenseurs des droits humains
burundais en situation de risque imminent pour
DU HONDURAS, DU leur intégrité physique au Burundi en raison de leurs
activités de documentation des violations des droits
KIRGHIZISTAN, DE LIBYE, humains.
DU MAROC, DE RDC, DU Ces actions ont permis à ces défenseurs d’être
relocalisés dans des lieux sûrs où ils ont pu poursuivre
RWANDA, leurs activités de défense des droits humains.
DU SOUDAN, DE TURQUIE,
D’OUZBÉKISTAN, D’OMAN,
DE PALESTINE ET DU
ZIMBABWE.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 29
 PRIORITÉ 2

PROMOUVOI R E T PROTÉGER
LES DROITS DES FEMMES
1/ CONTEXTE ET DÉFIS

L’année 2016 a été marquée par diverses attaques

menées contre les droits des femmes, démontrant que
ceux-ci en particulier ne sont jamais définitivement
acquis, et la nécessité d’une lutte permanente.
Conscientes de cette réalité, les organisations de
défense des droits des femmes et des droits humains
ainsi que leurs allié.e.s se sont fortement mobilisé.e.s
tout au long de l’année afin de stopper ces tentatives
de régression.

Les mouvements conservateurs et religieux

ont continué de s’en prendre aux droits sexuels
et reproductifs des femmes, fondement de leur
émancipation, en essayant d’influencer des reculs
ou d’empêcher des avancées.
En avril, le parti conservateur polonais tout juste élu a
soutenu le projet de loi d’un groupe pro-vie poussé par
l’Église catholique, prévoyant une interdiction totale
de l’avortement ainsi que des sanctions pénales
pour les femmes qui avortent. Après l’approbation
du texte par le Sénat en septembre, les Polonaises,
soutenues par de nombreuses femmes à travers
l’Europe, ont défilé massivement pour défendre leurs
droits sexuels et reproductifs, déjà très limités. Sous
la pression populaire, le Parlement a finalement
rejeté le texte.
Aux États-Unis, le lendemain de la prestation de
serment de Donald Trump, des millions de personnes
ont défilé dans le monde entier pour protester contre Des pro avortement manifestent devant le bureau du Procureur, Belfast, Irlande
l’idéologie misogyne promue pendant sa campagne. © Charles McQuillan/Getty Images/AFP

Deux jours plus tard, le président a adopté un décret
interdisant le financement d’ONGs américaines
ou internationales qui offrent à l’extérieur des
frontières américaines des services de santé incluant
l’avortement.
Des pays comme le Chili ou l’Irlande du Nord ont
continué de maintenir des législations rétrogrades sur
l’avortement malgré les manifestations et les drames
que ces lois provoquent dans la vie des femmes. Au
Chili, un projet de réforme levant l’interdiction totale
de l’avortement dans certains cas a été fortement
affaibli par les partis conservateurs et mouvements
religieux. En Angola, les religieux ont également
tenté de bloquer une réforme progressiste. Alors
que le gouvernement avait proposé d’introduire des
exceptions à l’interdiction totale de l’avortement
30 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
– en cas de viol et de danger pour la femme –
tout en prévoyant une peine plus lourde pour les
avortements clandestins, sous la pression de l’Église,
les exceptions ont été supprimées. Face aux critiques
et aux manifestations, le gouvernement a finalement
décidé de revenir à la première mouture du projet
incluant les deux exceptions.
Alors que les violences à l’égard des femmes
gangrènent le monde entier et provoquent des
mobilisations massives comme en Amérique latine
où plusieurs centaines de milliers de personnes
ont manifesté contre le féminicide, les députés
russes, sous la pression du pouvoir et de l’Église
orthodoxe, ont choisi d’alléger les peines pour les
violences domestiques. De rares manifestations
contre cette mesure ont pu avoir lieu, compte tenu
de la répression exercée par le gouvernement à
l’encontre des défenseur.e.s des droits humains.
Au Pakistan, les défenseur.e.s des droits des
femmes ont obtenu l’adoption d’une loi contre les
violences domestiques, à laquelle des religieux
s’étaient opposés. En Turquie, l’AKP, le parti islamiste
au pouvoir, a présenté un texte prévoyant que les
hommes accusés d’agression sexuelle sur mineures
ne soient, dans certains cas, pas poursuivis s’ils
épousent leur victime. Ce projet abject a ensuite
été abandonné après une mobilisation massive de
milliers de femmes turques fin novembre.
Des attaques contre les femmes et les filles sont
aussi menées en tant que tactique de guerre. Des
groupes fondamentalistes se revendiquant de l’islam,
tels que Daesh, ont continué de prendre les femmes
et les filles pour cible en les soumettant à diverses
formes de violences sexuelles (esclavage sexuel,
viols, mariages forcés, etc.). Des violences sexuelles
ont aussi été perpétrées par les différentes parties
aux conflits qui ont éclaté ou ont perduré en 2016,
comme en République centrafricaine, au Soudan du
Sud ou au Burundi.
Grâce à l’action des organisations qui luttent contre
l’impunité pour les crimes de violences sexuelles
dans les conflits, les victimes obtiennent parfois
justice. Sur ce plan, plusieurs victoires ont été
enregistrées en 2016, notamment les premières
condamnations en mars de responsables de crimes
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 31

PRIORITÉ 2
PROMOUVOI R E T PROTÉGER
LES DROITS DES FEMMES
32 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
de violences sexuelles commis sous la dictature
de Ríos Montt au Guatemala ; la condamnation de
Jean-Pierre Bemba à 18 ans de prison par la Cour
pénale internationale pour des violences sexuelles
constitutives de crimes de guerre et crimes contre
l’humanité commises en République centrafricaine
; ou encore la condamnation d’Hissène Habré par
les Chambres africaines extraordinaires pour des
actes de violences sexuelles.
2/ LA FIDH ET SES ORGANISATIONS MEMBRES ET
PARTENAIRES EN ACTION
OBJECTIF 1 - CONTRIBUER À L’ÉGALITÉ ENTRE
LES FEMMES ET LES HOMMES EN DROIT
En 2016, sur la base des informations communiquées
par ses organisations membres et partenaires, la
FIDH a publié un nombre important d’alertes sur les
violations des droits des femmes (communiqués
de presse et lettres ouvertes), y compris sur les
inégalités dont elles sont victimes. Ces informations
ont été transmises aux autorités concernées, aux
institutions intergouvernementales et mécanismes
de protection des droits internationaux et régionaux,
ainsi qu’aux médias.
Campagne de sensibilisation à l’occasion du 8 mars
: La FIDH a souhaité sensibiliser le grand public aux
inégalités dont les femmes sont victimes. Elle a
produit une vidéo : « Naître fille, c’est devoir surmonter
beaucoup d’obstacles », qui utilise la métaphore de
la course à pieds, jonchée d’obstacles représentant
les discriminations auxquelles font face les femmes
et les filles tout au long de leur vie. Plusieurs thèmes
y étaient abordés : les avortements sélectifs, les
mutilations génitales féminines, l’absence d’accès
à l’éducation, les mariages précoces et forcés, les
avortements clandestins, les violences domestiques
ou encore les inégalités salariales. Cet outil de
sensibilisation, qui appelait le public à se mobiliser
au quotidien pour faire progresser les droits de
femmes afin que ce combat ne soit pas celui d’une
seule journée, a reçu un accueil très favorable dans
les médias et sur les réseaux sociaux, et a atteint
des millions de personnes.
Soumission de rapports alternatifs au Comité des
Nations unies sur l’élimination de la discrimination à
l’égard des femmes (le Comité CEDEF) : En 2016, la
FIDH a été sollicitée par ses organisations membres
au Mali, en France et en Turquie pour soumettre des
rapports alternatifs conjoints au Comité CEDEF, à
l’occasion de l’examen de ces pays par le Comité,
en juillet.
S’agissant du Mali, la FIDH ainsi qu’une coalition
d’organisations maliennes (l’Association des Juristes
Maliennes (AJM), l’Association Malienne des Droits
de l’Homme (AMDH), l’Association pour le Progrès et
la Défense des Droits des Femmes Maliennes (APDF),
l’Association DEME SO, Femmes & Droits Humains
(F&DH), le Groupe Pivot Droit et Citoyenneté des
Femmes (GPCDF), Women in Law and Development
in Africa (WILDAF) et MUSONET) ont alerté le Comité
CEDEF sur les obstacles juridiques, socio-culturels et
religieux à la non-discrimination, l’absence d’égalité
en droit de la famille, le manque d’accès à la justice,
à l’éducation, aux droits sexuels et reproductifs,
les inégalités en matière d’emploi et d’accès à la
propriété, la faible participation des femmes à la
vie publique et politique, ainsi que les violences à
l’égard des femmes. Le Comité s’est fait l’écho de ces
préoccupations en émettant des recommandations
aux autorités maliennes sur les obstacles religieux
à la non-discrimination, le viol conjugal ou encore
les mutilations génitales féminines.
Concernant la France, la FIDH et la Ligue des droits
de l’Homme (LDH) ont notamment dénoncé dans un
rapport alternatif transmis au Comité, l’attribution
d’un mandat relatif à la famille et à l’enfance au
ministère des Droits des femmes, renvoyant les
femmes à leur rôle traditionnel de mères et d’épouses
; l’abandon des ABCD de l’égalité ; la violence à l’égard
des femmes ; les lacunes en matière d’éducation
à la sexualité ; la réduction drastique d’hôpitaux
et centres de santé pratiquant l’avortement et le
manque d’accès à des services de santé sexuelle et
reproductive, notamment en Outre-mer ; l’absence
de parité et le harcèlement sexuel dans les instances
politiques ; les discriminations en matière d’emploi.
Le Comité a été réceptif à ces préoccupations
puisqu’il a émis des recommandations aux autorités
françaises concernant les femmes migrantes, l’accès
des femmes d’outre-mer aux services de santé
sexuelle et reproductive, les inégalités en matière
d’emploi et les écarts de salaire entre les femmes
et les hommes.
S’agissant de la Turquie, la FIDH et son organisation
membre, the Human Rights Association (IHD), ont
interpellé le Comité sur les attaques menées par le
parti islamiste au pouvoir (AKP) contre les droits
des femmes. Ce parti, qui promeut une vision
conservatrice du rôle des femmes dans la société,
a remis en question le principe d’égalité entre les
femmes et les hommes, porté atteinte aux droits
sexuels et reproductifs et attaqué les féministes. Ses
dirigeants ont essayé de dicter aux femmes comment
se comporter en public, combien d’enfants porter,
comment accoucher ou encore quelle carrière choisir.
Selon une activiste turque, aucun autre gouvernement
turc n’avait été aussi radical à l’encontre des femmes.
Le Comité a reconnu l’existence des attaques du
gouvernement actuel contre les droits des femmes et
du discours des autorités contribuant à la propagation
de stéréotypes sexistes. Il a enjoint aux autorités
d’adopter une stratégie visant à l’élimination des
attitudes patriarcales et stéréotypes discriminatoires
à l’égard des femmes.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 33
 PRIORITÉ 2

PROMOUVOI R E T PROTÉGER
LES DROITS DES FEMMES
La FIDH a également soutenu la transmission de
rapports alternatifs au Comité par son organisation
membre Anti-Discrimination Centre (ADC) «
Memorial » sur la situation des droits des femmes
en Arménie et en Bélarus, portant notamment sur les
discriminations en matière d’emploi et revendiquant
l’abolition des listes de professions interdites aux
femmes héritées de l’époque soviétique. Le Comité
CEDEF a repris cette recommandation à son compte.

OBJECTIF 2 - PROMOUVOIR L’ACCÈS DES FEMMES

À LA JUSTICE

Soutien aux victimes de violences sexuelles dans

des procédures nationales et internationales :
Depuis plusieurs années, la FIDH accompagne des
victimes de violences sexuelles dans des procédures
judiciaires nationales en Guinée, au Mali et en Côte
d’Ivoire afin de permettre aux victimes de ces crimes,
souvent oubliées lors des conflits ou des crises,
d’accéder à la justice. Cet accompagnement, à la
fois juridique, matériel et psychologique, se traduit
par d’importantes avancées judiciaires en faveur des
droits des victimes et de la lutte contre l’impunité
des auteurs de violences sexuelles (cf. Priorité 6).

L’accès à la justice des victimes de violences sexuelles

peut également être favorisé par les juridictions
internationales ou internationalisées. Depuis 2002,
la FIDH et ses organisations membres en République
centrafricaine ont documenté les crimes sexuels Manifestation de partisans du Committee for the Defense of Democracy (KOD) contre le gouvernement conservateur, Wroclaw, Pologne
commis par les troupes de Jean-Pierre Bemba, © Janek Skarzynski/AFP

et sont parvenues à influencer l’ouverture d’une

enquête de la Cour pénale internationale (CPI) portant
notamment sur les actes de violences sexuelles
perpétrés par les Banyamulenge. En mars 2016,
la CPI a reconnu la responsabilité de Jean-Pierre
Bemba en tant que supérieur hiérarchique pour des
actes de violences sexuelles, meurtres et pillages
34 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
constitutifs de crimes de guerre et crimes contre
l’humanité. En juin 2016, il a été condamné à 18 ans de
prison. Il s’agit de la première condamnation pour des
crimes de violences sexuelles prononcée par la CPI.
En 2017, l’action de la FIDH et de ses organisations
membres se tournera vers la prise en compte des
demandes des victimes de violences sexuelles en
matière de réparation.
Ces dernières années, la CPI est parvenue à améliorer
l’accès à la justice des victimes de violences
sexuelles et basées sur le genre. Toutefois, cette
Cour a également connu de nombreux échecs en la
matière. Et encore aujourd’hui, d’importants progrès
restent nécessaires. Afin de renforcer la stratégie
de genre de la CPI, la FIDH a décidé de documenter
les obstacles qui ont empêché et empêchent encore
aujourd’hui les victimes de crimes sexuels d’accéder
à cette Cour. La FIDH a interviewé plusieurs dizaines
d’expert.e.s, membres du personnel de la CPI et
représentant.e.s de la société civile. Au cours
de sa recherche, elle a aussi identifié des pistes
d’amélioration pour l’action externe de la Cour mais
aussi au niveau institutionnel. Cette recherche s’est
achevée par une réunion stratégique regroupant une
quarantaine d’expert.e.s du monde entier , qui ont
pu exprimer leurs préoccupations et suggestions sur
cette thématique. Les résultats de cette recherche
seront publiés en 2017.
Saisine des mécanismes régionaux pour lutter
contre les violences sexuelles : Convaincues de
la sous-exploitation du potentiel que représentent
la Commission africaine des droits de l’Homme et
des peuples (CADHP) ainsi que la Cour africaine des
droits de l’Homme et des peuples dans la lutte contre
les violences sexuelles, la FIDH et son organisation
membre en Afrique du Sud, Lawyers for Human
Rights (LHR), ont décidé de développer
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 35
 un manuel sur le contentieux stratégique régional

PRIORITÉ 2
dans les affaires de violences sexuelles, visant à
stimuler la saisine de ces mécanismes. Elles ont
aussi formé un groupe d’avocats de plusieurs pays
africains chargé de l’identification de cas et de la
rédaction de plaintes. Ce groupe s’est réuni pour la
première fois à Kampala en novembre 2016. D’autres
rencontres stratégiques sont prévues pour l’année
PROMOUVOI R E T PROTÉGER 2017. Le guide sera publié dans le courant de l’année
2017.
LES DROITS DES FEMMES
Mobilisation des États pour lutter contre les
violences sexuelles : Par ses actions spécifiques
axées sur l’accès des victimes de crimes sexuels
à la justice, la FIDH a documenté les facteurs qui
contribuent à la perpétration de tels actes, mais
aussi les obstacles qui empêchent la condamnation
des auteurs ainsi que la réparation des crimes. Si
les instruments prohibant les violences sexuelles
sont nombreux tant au niveau international que
régional, leur respect en droit national et en pratique conflits ; Rashida Manjoo, ancienne Rapporteuse
fait souvent défaut. La FIDH et ses organisations spéciale des Nations unies chargée de la question
membres ont donc jugé nécessaire de développer de la violence contre les femmes, ses causes et
un instrument détaillant les mesures à adopter par ses conséquences ; Bineta Diop, Envoyée spéciale
les États africains pour lutter efficacement contre de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la
ce fléau qui gangrène le continent. Tout au long de sécurité ; le Dr. Mukwege, gynécologue et fondateur
l’année 2016, la FIDH a développé, avec LHR et la de l’hôpital de Panzi à Bukavu (RDC).
CADHP, des Lignes directrices pour la lutte contre
les violences sexuelles et leurs conséquences en Outre cette initiative, la FIDH a suivi de près, au
Afrique. Cet instrument destiné à lutter contre les cours de l’année 2016, le processus d’adoption de la
violences sexuelles perpétrées tant à l’encontre des loi intégrale de lutte contre les violences à l’égard
femmes que des hommes, en période de paix comme des femmes en Tunisie. La FIDH et son organisation
de conflit, préconise l’adoption de diverses mesures membre, l’Association tunisienne des femmes
en matière de prévention, d’enquêtes, de poursuites, démocrates (ATFD), ont développé 100 mesures
de réparation ou encore de budgétisation sensible visant à guider le gouvernement tunisien dans la
au genre. Ce texte a été développé en consultation lutte contre les violences à l’égard des femmes. La
avec des expert.e.s et représentant.e.s de la société FIDH et l’ATFD ont continué de plaider auprès des
civile. Cette importante initiative a également reçu le autorités pour que la loi garantisse la protection des
soutien d’éminentes personnalités telles que Zainab victimes de toutes les formes de violences.
Bangura, alors Représentante spéciale du Secrétaire
général des Nations unies chargée de la question 25 novembre, journée internationale de lutte contre
des violences sexuelles commises en période de les violences à l’égard des femmes : À l’occasion
de cette journée, la FIDH a souhaité illustrer les
différentes formes de violences sexuelles qui
gangrènent le continent africain, leurs conséquences,
les obstacles à l’accès des victimes à la justice ainsi
que l’action des divers acteurs impliqués au niveau
régional dans la lutte contre ces violences, au travers
d’une bande dessinée réalisée par l’illustrateur Serge
Bloch et l’illustratrice féministe Sheina Szlamka. Cet
outil de sensibilisation a reçu un accueil chaleureux
auprès des médias et du public.

36 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 37

 PRIORITÉ 2

PROMOUVOI R E T PROTÉGER
LES DROITS DES FEMMES
OBJECTIF 3 - PROTÉGER LES DROITS SEXUELS
ET REPRODUCTIFS

Alarmée par les limites posées par des États

européens au droit à l’avortement, ainsi que par les
tentatives de régression menées par certains partis
politiques et mouvements religieux, la FIDH a estimé
nécessaire de dresser un état des lieux synthétisant
la situation en Irlande du Nord, en Pologne, mais
aussi en Italie où l’objection de conscience des
médecins restreint fortement l’accès des femmes à
l’IVG. À l’occasion du 8 mars, la FIDH s’est exprimée
de manière forte, aux côtés d’organisations telles
qu’Amnesty international, le Planning familial ou
Médecins du Monde, en faveur du droit de choisir et
a dénoncé les politiques patriarcales qui entravent
l’accès des femmes à l’avortement, les cantonnant
ainsi à la sphère privée.

Après l’adoption en première lecture par les

députés polonais du projet de réforme instaurant
une interdiction quasi-totale de l’avortement, la
FIDH a continué à se mobiliser contre ce texte, aux
côtés de son organisation membre Polish Society
of Anti-Discrimination Law (PSAL). La mobilisation
massive des Polonaises et notamment la grève des
femmes (Black Monday) d’octobre, suivies dans toute
l’Europe, ont finalement provoqué le rejet du texte par
le Parlement. Compte tenu de ces développements
alarmants, la FIDH et PSAL ont prévu de mener une
enquête en 2017 sur la situation des droits sexuels
et reproductifs en Pologne.
Face aux violations massives des droits sexuels
et reproductifs en Amérique latine, la FIDH et ses
organisations membres dans la région ont estimé
nécessaire de documenter les limites à l’accès des
femmes à l’avortement, de manière à appuyer leur
plaidoyer en faveur de réformes progressistes. Début
janvier 2017, la FIDH, son organisation membre,
El Observatorio Ciudadano, et son organisation
partenaire spécialisée dans la défense des droits
des femmes, Humanas, ont mené une enquête
sur les conséquences de l’interdiction totale de
l’avortement au Chili et sur le projet de réforme
poussé par la présidente Michelle Bachelet, qui a
finalement été adopté en août 2017. Les constats
38 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
préliminaires de la mission révèlent que l’interdiction
de l’avortement a de graves conséquences sur le
santé et la vie des femmes et des filles, surtout
lorsque celles-ci n’ont pas les ressources suffisantes
ou ne disposent pas d’informations adéquates pour
accéder à un avortement sans risque. Les femmes
autochtones et les femmes les plus pauvres sont
aussi particulièrement exposées au risque de
poursuites pénales. Ainsi, si une réforme visant
à introduire des exceptions à l’interdiction de
l’avortement est souhaitable, celle proposée se
situe en deçà des recommandations émises par
différents organes des Nations unies ainsi que par
la Cour interaméricaine des droits de l’Homme. À
cet égard, la FIDH, ses membres et partenaires ont
constaté que le projet originel avait été fortement
affaibli par les forces conservatrices et religieuses.
Celles-ci ont influencé l’introduction de restrictions
qui limitent l’accès des femmes à l’avortement. Cet
affaiblissement a provoqué une perte de soutien
au sein des organisations féministes et de défense
des droits des femmes chiliennes. La publication
du rapport d’enquête est prévue dans le courant de
l’année 2017.
En Afrique, l’accès à l’avortement, tant en droit qu’en
pratique, est également fortement limité. En 2016, la
FIDH et ses organisations membres et partenaires
au Sénégal ont poursuivi leur plaidoyer en faveur
d’une réforme de la législation sur l’avortement.
Après avoir alerté les autorités qui s’étaient engagées
à réformer la loi rapidement, la FIDH a transmis
ses conclusions sur les conséquences tragiques
de la prohibition de l’avortement, ainsi que ses
recommandations incluant notamment l’adoption
urgente de la réforme portée par la Task Force pour
l’avortement médicalisé, à divers organes des Nations
unies. En avril 2016, le Comité d’experts sur les droits
de l’enfant s’est déclaré préoccupé par la pénalisation
de l’avortement et le fait que cette procédure ne
soit autorisée que dans des conditions restrictives,
obligeant les filles à avorter clandestinement au
péril de leur vie. Le comité d’experts a recommandé
ainsi aux autorités sénégalaises d’amender le Code
pénal ainsi que le code de déontologie des médecins
Manifestation contre le projet de loi interdisant l’avortement en Pologne
© Wiktor Dabkowski/DPA
afin de dépénaliser l’avortement dans toutes les
circonstances, dans l’intérêt des adolescentes
enceintes. Suite à la publication du rapport de la
FIDH sur la situation au Sénégal fin 2014, le Comité
d’experts est la troisième instance des Nations unies
à recommander au Sénégal de réformer sa législation
sur l’avortement, après le Comité CEDEF et le Groupe
de travail sur la question de la discrimination contre
les femmes dans la législation et dans la pratique.
Enfin, en août 2016, la FIDH a tenu son 39e Congrès à
Johannesbourg (Afrique du Sud). Alors que la défense
des droits sexuels et reproductifs, notamment le
droit à l’avortement, constitue encore un tabou dans
plusieurs pays et que peu de membres de la FIDH
sont impliqués sur ce sujet, les 184 membres de la
FIDH ont adopté à l’issue du Congrès une résolution
forte sur cette thématique.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 39
 PRIORITÉ 2
3/ EXEMPLES DE RÉSULTATS OBTENUS
La FIDH et ses organisations membres ont permis
ou contribué à/au :
L’émission de recommandations par le Comité
CEDEF aux autorités maliennes sur les obstacles
PROMOUVOI R E T PROTÉGER religieux à la non-discrimination, le viol conjugal
ou encore les mutilations génitales féminines,
LES DROITS DES FEMMES conformément aux revendications conjointes de la
FIDH et d’une coalition d’organisations maliennes.
L’adoption par le Comité CEDEF d’observations finales
adressées aux autorités françaises qui reprennent
les préoccupations et recommandations de la FIDH
et de son organisation membre, notamment sur
la situation des femmes migrantes, l’accès aux
services de santé sexuelle et reproductive en Outre-
mer, les inégalités en matière d’emploi et de salaire.
La reconnaissance par le Comité CEDEF de l’existence
des attaques du gouvernement turc contre les droits
des femmes et l’émission de recommandations en
faveur de l’élimination des attitudes patriarcales et
stéréotypes discriminatoires à l’égard des femmes,
conformément au plaidoyer mené par la FIDH et son
organisation membre dans le pays.
La sensibilisation de plusieurs millions de personnes
aux violations des droits des femmes dans le monde
et aux violences sexuelles en Afrique grâce à la large
diffusion d’outils de communication.
L’ADOPTION
DES LIGNES
DIRECTRICES
SUR LA LUTTE CONTRE LES
VIOLENCES SEXUELLES ET
LEURS CONSÉQUENCES EN
AFRIQUE.
Hafidha Chekir, vice-présidente de la FIDH : « Tout
au long de l’année 2016, la FIDH et son organisation
membre en Afrique du Sud, Lawyers for Human Rights,
ont travaillé avec la Commission africaine des droits
de l’Homme et des peuples (CADHP) pour rédiger des
Lignes directrices sur la lutte contre les violences
sexuelles et leurs conséquences en Afrique. Ce
projet, qui a obtenu un large soutien tant de la part
d’éminent.e.s expert.e.s de l’Union africaine et des
Manifestation devant la Nigeria House, Londres, Angleterre Nations unies que de la société civile, a été adopté par
© Dan Kitwood/GETTY IMAGES/AFP
la CADHP lors de sa session d’avril 2017 ».
40 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
La condamnation de Jean-Pierre Bemba par la Cour
pénale internationale pour des actes de violences
sexuelles constitutifs de crimes de guerre et crimes
contre l’humanité – La FIDH et son organisation
membre, la LCDH, ont mené de nombreuses enquêtes
en RCA sur les crimes commis dans ce pays en
2002-2003, y compris par les troupes de Jean-Pierre
Bemba. La FIDH et la LCDH ont notamment recueilli
de nombreux témoignages de victimes de violences
sexuelles. Leurs rapports ont été soumis à la CPI
lui demandant d’ouvrir une enquête. Des éléments
de ces rapports ont servi à la procureure générale
pendant son enquête mais ont aussi été repris dans
le verdict rendu en 2016 par la CPI. La condamnation
de Bemba par la CPI signifie que, pour la première
fois, il a été rendu justice aux victimes de violences
sexuelles dans ce pays et que les victimes pourront
demander réparation.
Le développement d’un manuel visant à stimuler
le contentieux stratégique dans des affaires de
violences sexuelles devant la Commission africaine
des droits de l’Homme et des peuples et la Cour
africaine, et la formation d’un groupe d’avocats
chargé de porter ce contentieux.
La documentation des obstacles à l’accès des
victimes de violences sexuelles à la Cour pénale
internationale et le développement de pistes
d’amélioration pour la stratégie de genre tant interne
qu’externe de la Cour.
Le développement de 100 mesures destinées aux
autorités tunisiennes pour lutter contre les violences
à l’égard des femmes. Au cours des discussions sur
le projet de loi intégrale sur les violences à l’égard des
femmes, la FIDH et ses organisations membres et
partenaires en Tunisie ont également été consultées à
de multiples reprises sur les différentes dispositions.
Le rejet par le Parlement polonais d’un projet de loi
interdisant totalement l’avortement
La documentation des conséquences de l’interdiction
totale de l’avortement au Chili et du positionnement
des différentes forces en présence quant à l’état du
projet de réforme finalement adopté mi 2017.
L’émission de recommandations en faveur de la
décriminalisation de l’avortement au Sénégal par le
Comité des Nations unies sur les droits de l’enfant.
L’adoption, par les 184 organisations membres de
la FIDH, organisations généralistes de défense des
droits humains dans leur immense majorité, d’une
résolution prônant l’accès des femmes à leurs droits
sexuels et reproductifs sans aucune restriction.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 41
 PRIORITÉ 3
PROMOUVOI R E T PROTÉGER
LES DROITS DES PERSONNES
MIGRANTES
1/ CONTEXTE ET DÉFIS

En 2016, la FIDH s’est de nouveau engagée aux

côtés des personnes migrantes pour défendre leurs
droits à la mobilité et à des conditions de vie et de
travail dignes. Cette année, au moins 1 million de
personnes étaient officiellement privées de liberté
dans le monde du seul fait de leur situation irrégulière,
et le nombre de morts aux frontières depuis 1996
s’élève tristement à plus de 60 000 personnes – dont
15 000 corps non identifiés reposant dans l’Union
européenne (UE).

Malgré les conséquences mortifères de telles

politiques, la majorité des gouvernements ont
continué de fermer leurs frontières et multiplient les
lois et accords internationaux limitant les droits des
personnes migrantes, et organisent leur expulsion
dans leur pays d’origine ou de transit, y compris
vers des zones de crise grave comme par exemple
en Afghanistan. Dans la continuité de sa politique
d’externalisation du contrôle migratoire, l’UE a
renforcé sa politique de voisinage avec la Libye mais
aussi avec la Turquie. L’émission d’une « déclaration
» conjointe avec ce dernier pays et la fermeture des
frontières balkaniques de la Grèce ont transformé des
îles de la mer Égée en prisons à ciel ouvert. À l’instar
Camp de réfugiés de Moria, Lesbos, Grèce
des boat-people enfermés sur les îles de Manus et de © Ayhan Mehmet/ANADOLU AGENCY
Nauru par l’Australie, plusieurs victimes du traitement
« offshore » des arrivées sur les côtes grecques
ont porté plainte et les processus judiciaires sont
encore en cours. Concomitante avec l’explosion du
nombre de disparitions forcées chez les personnes
migrantes, la militarisation du Mexique a augmenté,
avec un déploiement de l’armée des États-Unis prévu Rohingyas ou les Nord-Coréens est restée marginale. Comme une éclaircie dans ce contexte tumultueux, Par ailleurs, des processus ont été lancés pour
pour 2017 à la frontière du Guatemala. En Asie, le Ce contexte répressif s’applique aussi au monde les États membres de l’ONU ont adopté en septembre favoriser la circulation intra-régionale dans certains
Pakistan a entrepris des déportations massives de du travail et rend les personnes migrantes plus 2016 une Déclaration en faveur de la protection des espaces comme l’UNASUR, l’Union africaine ou
réfugiés vers l’Afghanistan et l’attention des États vulnérables à l’exploitation de leur main-d’œuvre droits fondamentaux de tous les migrants, suivie l’ASEAN. Mais notamment dans ces deux derniers
pour des groupes d’exilés très vulnérables comme les et/ou à des atteintes à leurs droits. Des pratiques de la création de deux pactes globaux, l’un sur les cas, les bénéficiaires de ces mesures sont souvent
d’exploitation sont mises en œuvre par des groupes migrations et l’autre sur l’asile – une séparation qui les personnes les plus diplômées ou les plus aisées.
criminels autant que par des agences de recrutement ne facilitera pas forcément l’égalité entre toutes les
ou des entreprises multinationales, parfois avec l’aval, personnes migrantes.
voire l’appui d’organismes publics. La portabilité des
droits reste l’exception et non la règle, et on note dans
certains secteurs comme le travail domestique, des
traitements particulièrement dégradants à l’égard
des femmes migrantes.
42 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 43
 PRIORITÉ 3
2/ LA FIDH ET SES ORGANISATIONS MEMBRES ET
PARTENAIRES EN ACTION

OBJECTIF 1 - RENFORCER LES POLITIQUES ET LOIS

NATIONALES POUR LA PROTECTION DES DROITS
PROMOUVOI R E T PROTÉGER DES PERSONNES MIGRANTES

LES DROITS DES PERSONNES ENQUÊTER ET ALERTER SUR LES DROITS DES
PERSONNES MIGRANTES
MIGRANTES
Alertes, rapports d’enquête, campagnes de communication diffusées par la FIDH

• 85 communiqués de presse en ANG/FR/AR/ESP/RU/IT/PO/FARSI

• Asie Centrale : rapport « Asie Centrale : le sort indigne réservé aux travailleurs migrants et
leurs familles », publié en septembre 2016 FR/EN/RU

• Asie Centrale : infographie « Asie Centrale : le sort indigne réservé aux travailleurs migrants
et leurs familles », publiée en septembre 2016 FR/EN/RU

• Kirghizistan : rapport « Femmes et enfants au Kirghizistan affectés par la migration », publié

en septembre 2016 FR/EN/RU

• Union européenne : campagne de communication « fake news » sur les conditions d’accueil des réfugiés pour
la journée du 18 décembre 2016

• Union européenne/Méditerranée : diffusion en novembre 2016 du document de sensibilisation sur les boat-people
morts et disparus en mer « La Méditerranée, une mer devenue frontière », en coordination avec Boats 4 People

• Union européenne/Turquie : campagne de communication pour dénoncer et décrypter les effets de l’accord
UE/Turquie sur les droits des personnes migrantes

• Union européenne : campagne de communication sur la liste de pays dits « sûrs » de l’Union européenne, pour
dénoncer les expulsions vers la Turquie, le Monténégro, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie

Les personnes migrantes se trouvent parfois dans

des situations précaires (sans permis de séjour ou
de travail, exploitées par leur employeur, ostracisées
par les populations locales...) qui les rendent
particulièrement vulnérables. En conséquence, elles
sont souvent dans l’incapacité de faire valoir leurs
droits et demeurent peu visibles, voire invisibilisées.
Le travail d’enquête et de dénonciation publique des
violations de leurs droits est donc particulièrement
nécessaire. Conformément à son plan d’action
pluriannuel, la FIDH, avec ses organisations membres,
a documenté ces violations dans les pays de départ,
de transit et de destination des migrants, et porté
ses conclusions et recommandations auprès des
autorités nationales et d’instances internationales.
En 2016, ces actions ont porté principalement sur
le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, la
Russie, la Grèce et l’Union européenne.

Des familles fuient leur village dans la région de Qayyarah, Irak

© Sebastian Backhaus/NURPHOTO

44 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 45


PRIORITÉ 3
PROMOUVOI R E T PROTÉGER
LES DROITS DES PERSONNES
MIGRANTES
FORMATION ET
RENFORCEMENT
DES CAPACITÉS DE
DOCUMENTATION
SUR LES DROITS DES
PERSONNES MIGRANTES
AU KIRGHIZISTAN ET AU
KAZAKHSTAN
Depuis plusieurs années, la FIDH enquête sur
la situation des personnes en migration en Asie
Centrale.
Après avoir effectué une cartographie précise des
acteurs non-gouvernementaux susceptibles d’agir
en faveur des droits des personnes migrantes dans
la région, la FIDH a noué des partenariats avec des
organisations au Kazakhstan et au Kirghizistan.
Cela dans le but d’une plus grande proximité avec
le terrain et de renforcer les capacités de ces
organisations sur la thématique. Cette initiative a
porté de nombreux fruits, notamment la capacité
de récolte d’informations à travers des entretiens
avec des personnes migrantes et la sensibilisation
des organisations ciblées aux violations de droits
plus spécifiques aux personnes migrantes : privation
d’accès à l’éducation, refus de soins, refus d’accès
à la justice, non-application du droit du travail, etc.
Les acteurs de la société civile ont ainsi pu affiner
leurs revendications sur la thématique et préparer
des missions auprès des personnes migrantes,
toujours avec l’appui de la FIDH.
Les formations, ateliers et activités menés avec les
partenaires locaux en Asie Centrale ont abouti sur
deux missions conjointes d’enquête au Kirghizistan
et au Kazakhstan. Ces missions ont donné lieu à la
publication de deux rapports, l’un sur la situation
sans statut ni droits des travailleurs migrants au
Kazakhstan et l’autre sur les femmes et enfants
Kirghizes dans le contexte migratoire.
46 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
PLAIDER AUX NIVEAUX NATIONAL, RÉGIONAL
ET INTERNATIONAL POUR LA PROTECTION DES
DROITS DES PERSONNES MIGRANTES
Les deux rapports d’enquête de la FIDH et de ses
partenaires publiés en 2016 sur le Kazakhstan et le
Kirghizistan ont servi de support à deux missions de
plaidoyer dans les mêmes pays, durant lesquelles une
ligne de revendication commune a pu être défendue
devant les autorités.
Par ailleurs, la FIDH a continué en 2016 à dénoncer
la responsabilité de la politique de sécurisation et
de militarisation des frontières menée par l’UE et
ses États membres dans les morts en Méditerranée,
et à plaider en faveur d’une politique migratoire
européenne respectueuse des droits des personnes
migrantes. Suite à l’accord entre l’UE et la Turquie, la
FIDH n’a cessé de dénoncer les réponses inadaptées
fournies par les institutions et États européens
(augmentation du budget de l’agence européenne
de garde-frontières et de garde-côtes Frontex,
renforcement de la coopération policière, action
insuffisante du Bureau européen d’appui en matière
d’asile (BEAA), violences et conditions de vie indignes
dans les camps...). La FIDH a également plaidé
sans relâche auprès des instances européennes et
particulièrement du Conseil européen en faveur de
l’ouverture de voies de migration légales et sûres,
afin que les personnes migrantes, et notamment les
réfugiés, puissent accéder au territoire européen
sans risquer leur vie.
OBJECTIF 2 - RENFORCER LA RESPONSABILITÉ
DES ACTEURS EN MATIÈRE DE VIOLATION DES
DROITS HUMAINS DES PERSONNES MIGRANTES
RECHERCHE DE PREUVES ET ÉLABORATION DE
STRATÉGIES DE CONTENTIEUX
La FIDH reste très engagée en ce qui concerne
la situation en Grèce dans le cadre de la mise en
place des hotspots. En partenariat avec la Ligue
hellénique des droits de l’Homme, la FIDH a récolté
des informations de terrain et recensé des cas en
cours de traitement par les instances judiciaires
grecques. La plasticité et la complexité du système
de traitement des demandes d’asile depuis l’arrivée
du Bureau européen d’appui en matière d’asile,
ainsi que les retours vers la Turquie organisés
par Frontex, rendent le contentieux plus difficile à
mener. Néanmoins, la FIDH prépare pour l’année
2017 une stratégie de contentieux au niveau régional,
notamment prenant la suite des cas portés devant
la Cour européenne des droits de l’homme et devant
la Cour de justice de l’Union européenne, afin de
pouvoir faire cesser les décisions et comportements
de l’administration contraires aux droits et intérêts
des personnes migrantes bloquées en Grèce.
Actions contentieuses
Procédures judiciaires et quasi-judiciaires initiées
et suivies par la FIDH :
• Devant les tribunaux français, espagnols, belges :
l’affaire du bateau abandonné à la mort
• Devant le Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits
de l’homme des migrants : communication sur la
politique migratoire de l’UE et des États membres
En mars 2011, alors que des États effectuaient des
patrouilles dans le cadre de l’opération de l’OTAN
contre le régime de Kadhafi, 72 migrants qui fuyaient
la Libye à bord d’une embarcation de fortune ont
été laissés à la dérive. Des alertes de détresse ont
été envoyées aux garde-côtes italiens, à l’OTAN,
ainsi qu’à tous les bateaux présents dans cette
zone. Des hélicoptères et un bateau militaire ont vu
l’embarcation mais ne sont pas venus en aide aux
passagers. Après 15 jours, le bateau a été rejeté sur
les côtes libyennes avec 11 survivants. 2 sont morts
peu après leur débarquement. 63 personnes, dont
20 femmes et 3 enfants, ont ainsi trouvé la mort
faute de secours. Afin d’établir les responsabilités
des armées présentes dans la zone au moment
du drame, la FIDH, le Gisti, les ligues des droits
de l’homme française et belge et Migreurop ont
constitué un groupe d’avocates et d’avocats pour
travailler sur l’affaire dite du bateau abandonné
à la mort. Ces derniers ont initié des procédures,
souvent au nom de survivants, en Italie, en France,
en Belgique et en Espagne, entre 2012 et 2014. Des
demandes de communication d’information ont
aussi été déposées au Royaume-Uni, aux États-
Unis et au Canada afin d’obtenir des précisions
sur les actions des armées de ces trois pays en
Méditerranée à la période des faits litigieux. En
initiant de telles procédures au niveau national,
la FIDH et ses partenaires démontrent que la mer
n’est pas une zone de non-droit et que ces crimes
ne peuvent pas rester impunis. En cas de rejet des
plaintes au niveau national, des recours pourront
ainsi être introduits devant la Cour européenne des
droits de l’homme. En 2016, la FIDH et le Gisti ont
réuni les avocats qui travaillent sur les plaintes dans
chacun des pays, le père Zeraï (un prêtre érythréen
qui porte secours aux migrants en détresse), des
associatifs, experts indépendants et étudiants,
afin de dresser un état des lieux des procédures en
cours et d’explorer diverses pistes contentieuses
au niveau international.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 47
 PRIORITÉ 3
PROMOUVOI R E T PROTÉGER
LES DROITS DES PERSONNES
MIGRANTES
3/ EXEMPLES DE RÉSULTATS OBTENUS

La FIDH et ses organisations membres ont permis

ou contribué à/au :

L’adoption en mars, par le Comité des droits

économiques, sociaux et culturels de l’ONU, de
recommandations pertinentes concernant les
travailleurs migrants à l’intention des autorités
du Tadjikistan, reprenant les préoccupations et
recommandations de la FIDH et de ses partenaires.

La sensibilisation du grand public à la non-effectivité

et aux aspects irréguliers de la déclaration UE/
Turquie, ainsi que la dénonciation de ses effets
néfastes sur les droits humains.

Documentation of violations of human rights in

camps and hotspots in Greece and the preparation
of potential litigation to tackle the serious situation
of migrants in the Aegean Sea.

La documentation de cas de violations des droits

humains dans les camps et hotspots en Grèce, et la
préparation d’éventuels cas contentieux pour faire
face à la grave situation des personnes migrantes
en mer Égée.

La sensibilisation de l’opinion publique et des

médias au déni de justice dans l’affaire du « bateau
abandonné à la mort » et à la nécessité d’identifier
l’État responsable, dont l’armée a été en contact avec Des réfugiés à la frontière entre la Hongrie et la Serbie près de la ville d’Horgos
les occupants du bateau et ne les a pas secourus. © Armend Nimani/AFP

La sensibilisation de l’opinion publique au rôle de TOLEK AN ISMAILOVA , VICE-
Frontex, à l’impact de ses actions sur les droits PRÉSIDENTE DE LA FIDH :
humains et aux dangers du renforcement de l’agence. « L’attention portée par la FIDH à la
situation des personnes migrantes
du Kirghizistan et du Kazakhstan a déjà des effets
positifs. La FIDH a fait le pari d’entamer un dialogue
constructif avec les autorités de ces pays pour tenter
d’améliorer le sort de ces populations vulnérables.
Pour ce faire, la FIDH a rassemblé les organisations de
la société civile kirghiz et kazakh travaillant sur cette
thématique et entamé un travail de renforcement de
leur capacité de documentation via des formations
et échanges d’expérience. Deux rapports d’enquête
ont pu être produits sur la base des informations
des OSC et de missions spécifiques de recueil de
témoignages permettant d’établir les violations
des droits des personnes migrantes, et de faire des
recommandations pour la protection de leur droit.
Sur cette base, la FIDH a à nouveau soutenu les
OSC kirghiz et kazakh pour établir une stratégie de
plaidoyer auprès de leurs autorités. La FIDH a facilité
des rencontres entre les représentants de la société
civile et des représentants des autorités, permettant
un dialogue ouvert sur la thématique des personnes
migrantes. Résultat de notre mobilisation : une femme
a été nommée au consulat du Kirghizistan en Russie
pour suivre les problèmes rencontrées par les femmes
migrantes. Le personnel consulaire a par ailleurs été
renforcé afin de mieux répondre aux attentes de la
population migrante au travail. Les autorités kazakh
doivent encore répondre à nos attentes, mais le sujet
des droits des personnes migrantes est à présent
inscrit à l’agenda des acteurs gouvernementaux. Enfin,
les organisations de la société civile continuent de
documenter les violations des droits des personnes
migrantes et le plaidoyer auprès de leurs autorités
pour l’amélioration de leur protection.

48 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 49

 PRIORITÉ 4
PROMOUVOIR L’ADMINISTRATION
DE LA JUSTICE ET LUTTER
CONTRE L’IMPUNITÉ
1/ CONTEXTE ET DÉFIS

LE DROIT À UN RECOURS EFFECTIF POUR LES

VICTIMES DE CRIMES INTERNATIONAUX
Combattre l’impunité des graves violations des droits
humains et des crimes internationaux en mettant les
victimes au centre de ce combat est essentiel à la
prévention des crimes, à la consolidation de l’État de
droit, à la réconciliation et à la construction de la paix.
L’activation de la justice nationale par les victimes,
dans le pays où les crimes ont été perpétrés est une
priorité, mais l’accès des victimes aux tribunaux
nationaux reste bien trop souvent encore impossible.
L’activation d’autres mécanismes extranationaux,
régionaux ou internationaux doit alors être explorée.

D’importantes avancées judiciaires devant des

tribunaux nationaux concernant des crimes
internationaux ont été réalisées en 2016 et
d’importants reculs ont également été constatés.

Ainsi, au Mali, l’ouverture du procès de l’ancien

putschiste Amadou Haya Sanogo, en décembre 2016,
de même que les avancées réalisées dans des affaires
portant sur les crimes commis pendant l’occupation
du Nord ont renforcé l’espoir des victimes soutenues
par la FIDH et l’AMDH, son organisation membre
au Mali, de voir leur quête de justice connaître une
issue favorable devant la justice nationale, même
si de nombreuses difficultés, notamment liées à la
situation sécuritaire du pays, sont encore constatées.
L’activation de la compétence extraterritoriale des
tribunaux nationaux – qui leur permet de poursuivre
les auteurs de crimes commis à l’étranger, y compris
lorsque les suspects et les victimes sont étrangères
– demeure un outil indispensable pour les victimes
qui sont confrontées à des situations d’impunité,
comme en attestent les récentes affaires ouvertes ou
plaintes déposées en Europe sur les crimes perpétrés
par le régime syrien. À cet égard, le renforcement de
pôles nationaux spécialisés dans la poursuite des
crimes internationaux et celui du Réseau européen
de points de contact sur le génocide, crimes contre
l’humanité et crimes de guerre aux fins de permettre
le développement de ces procédures, constitue
un défi majeur afin de renforcer la capacité des
juridictions nationales à poursuivre les crimes
internationaux.
50 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
Les tribunaux hybrides, appliquant un droit inspiré
du droit interne et international, dotés de personnels
nationaux et internationaux, ont connu de nouveaux
développements en 2016. Au Sénégal, les Chambres
africaines extraordinaires au sein des juridictions
sénégalaises ont ouvert le procès de l’ancien chef
d’État du Tchad Hissène Habré pour crimes contre
l’humanité, crimes de guerre et torture perpétrés sous
sa présidence au Tchad entre 1982 et 1990. À la suite
d’une forte mobilisation de la société civile, la Cour
pénale spéciale a été créée en Centrafrique. Elle doit
désormais, pour devenir pleinement opérationnelle,
être dotée de tous les moyens nécessaires pour
accomplir son mandat. La société civile s’est
également mobilisée pour la création de juridictions
Procès de l’ancien président tchadien Hissene Habre, Dakar, Sénégal
© Cemil Oksuz/ANADOLU AGENCY
mixtes au Soudan du Sud, en RDC et au Sri Lanka,
où l’impunité des crimes internationaux commis
est totale.
En 2016, la Cour pénale internationale (CPI) a
continué ses enquêtes et poursuites dans neuf
situations en Afrique (Ouganda, RDC, RCA, Kenya,
Soudan, Libye, Côte d’Ivoire, Mali) et a ouvert une
enquête sur les crimes commis en Géorgie lors du
conflit de 2008 avec la Russie. La CPI a aussi ouvert
deux procès majeurs : contre l’ancien président de
Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo et l’ancien ministre
Charles Blé Goudé, et contre Dominic Ongwen,
ancien chef de l’Armée de résistance du Seigneur
en Ouganda, notamment pour de nombreuses
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 51
 PRIORITÉ 4 charges de violences sexuelles, parmi lesquelles
pour la première fois les crimes de mariage forcé
et grossesse forcée. La CPI a émis une sentence
PROMOUVOIR L’ADMINISTRATION historique contre Jean-Pierre Bemba, ancien vice-
président congolais, premier suspect condamné en
DE LA JUSTICE ET LUTTER tant que supérieur hiérarchique et pour des charges
de viols notamment. Elle a également condamné
CONTRE L’IMPUNITÉ Ahmad Al Faqi Al Mahdi, alias « Abou Tourab »,
premier accusé à plaider coupable, à 9 années
de prison pour la destruction de sites culturels et
religieux à Tombouctou, au Mali, en 2012. La CPI a
du abandonner les charges contre le vice-président
kényan William Ruto et Joseph Sang, mettant ainsi
fin à toutes les procédures relatives aux crimes de
la crise post-électorale au Kenya.
Le Bureau de la procureure a continué ses analyses
préliminaires sur plusieurs situations, parmi
lesquelles la Palestine, l’Ukraine, la Colombie et
l’Afghanistan, et annoncé l’ouverture d’un examen
préliminaire sur la situation au Burundi.
Le défaut de coopération des États avec la CPI et
les limites imposées à ses ressources ont continué
de constituer des freins majeurs à son action.
Quelques jours avant l’ouverture de la 15e session
de l’Assemblée des États parties, l’Afrique du Sud,
la Gambie et le Burundi ont annoncé leur retrait du
Statut de la CPI (les deux derniers reviendront par la
suite sur leur décision). Par ailleurs, l’aide judiciaire
aux victimes continue d’être un enjeu majeur de leur
participation. Le contentieux lié à la réparation se
développe aussi beaucoup devant la CPI.
Enfin, la mise en exergue de la responsabilité des
États dans la commission de crimes internationaux
continuera d’être un recours essentiel pour les
victimes, notamment lorsque l’impunité prévaut au
niveau national, rendant impossible l’établissement
de responsabilités pénales individuelles. Les
organes des traités judiciaires et quasi-judiciaires
internationaux et régionaux ont un rôle à jouer à
cet égard.
Un obus à l’intérieur d’un immeuble en ruine à Tskhinvali, Ossétie du Sud
© Viktor Drachev/AFP
52 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
L’ADMINISTRATION D’UNE JUSTICE EFFECTIVE
ET ÉQUITABLE
ABOLITION DE LA PEINE DE MORT
En 2016, le Bénin et Nauru ont aboli la peine de mort,
élevant à 141 les États abolitionnistes en droit ou
pratique. La plupart des exécutions ont eu lieu cette
année, dans l’ordre : en Chine, en Iran, en Arabie
saoudite, en Irak et au Pakistan.
L’Asie continue d’être un continent largement
rétentionniste. Si les exécutions (du moins pour
lesquelles les informations sont publiques) semblent
avoir été moins nombreuses (principalement du au fait
que le Pakistan les a diminuées), les condamnations
à mort ont été en nette recrudescence, notamment
au Bangladesh, en Inde, en Indonésie, au Pakistan
et en Thaïlande. Les Maldives et les Philippines se
sont engagés sur la voie du rétablissement de la
peine capitale. De la même façon en Afrique, les
exécutions ont diminué mais les condamnations à
mort ont augmenté de 145%, du fait notamment de
la pratique du Nigeria, où la moitié des déclarations
d’innocence dans le monde ont été faites.
Le Bélarus, dernier pays en Europe à pratiquer la
peine de mort, a largement repris les exécutions,
toujours dans le plus grand secret.
Au Moyen-Orient, l’Arabie saoudite a continué à
exécuter un nombre très important de personnes
(154), proche de l’année précédente (158) qui
constituait le chiffre le plus élevé d’exécutions
depuis 1995.
La mobilisation de la société civile abolitionniste fut
à nouveau moteur des avancées au niveau national,
régional et international en faveur de l’abolition de
la peine de mort.
LUTTE CONTRE LE TERRORISME DANS LE
RESPECT DES DROITS HUMAINS
Autre défi de taille en 2016 pour les organisations de
défense des droits humains, celui de la mobilisation
pour le respect des droits humains dans le cadre
de la lutte contre le terrorisme. De nombreux États
ont en effet continué de s’emparer du prétexte de
la lutte contre le terrorisme pour réduire au silence
toute opposition et critique quand d’autres ont
sensiblement rogné les libertés fondamentales
et affaibli la justice dans le cadre d’état d’urgence
prolongé.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 53
 PRIORITÉ 4
PROMOUVOIR L’ADMINISTRATION
DE LA JUSTICE ET LUTTER
CONTRE L’IMPUNITÉ
2/ LA FIDH ET SES ORGANISATIONS MEMBRES
ET PARTENAIRES EN ACTION
OBJECTIF 1 – RENFORCER LE DROIT À UN RECOURS
EFFECTIF POUR LES VICTIMES DE CRIMES
INTERNATIONAUX
Activités contentieuses
LES ACTIVITÉS
CONTENTIEUSES
DE LA FIDH
La FIDH intervient dans 79 procédures judiciaires
et quasi-judiciaires en soutien à près de 1 200
victimes afin d’établir les responsabilités des auteurs
de violations graves des droits humains commises
dans 40 situations nationales. Si une grande
majorité des procédures vise l’établissement de
responsabilités pénales individuelles, principalement
devant des juridictions nationales mais aussi
internationales et internationalisées, la FIDH est
de plus en plus impliquée dans des procédures
visant la responsabilité des États devant des organes
régionaux ou onusiens, ou encore la responsabilité
d’entreprises.
Les interventions contentieuses de la FIDH se font
en étroite concertation avec ses organisations
membres et partenaires. Elles visent des cas
symboliques, soit par l’ampleur des violations, leur
qualification juridique ou la qualité des victimes,
soit des auteurs, en vue de répondre au droit des
victimes à la justice, mais aussi aux objectifs de
dissuasion, de réconciliation et de consolidation
de l’État de droit. Le choix des instances judiciaires
ou quasi-judiciaires devant lesquelles les cas sont
présentés répond également à des critères liés à
la recevabilité, mais aussi à la portée juridique et
politique des cas ainsi identifiés.
54 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
Les actions contentieuses de la FIDH sont menées
en grande partie par son Groupe d’action judiciaire
(GAJ). Le GAJ est un réseau mondial composé
d’avocats, des magistrats et d’experts travaillant pro
bono en soutien des victimes des graves violations
des droits humains. Le GAJ compte actuellement
autour de 90 membres, la majorité d’entre eux venant
des organisations membres de la FIDH. Le GAJ
est coordonné par Patrick Baudouin, président
d’honneur de la FIDH, et Clémence Bectarte, tous
deux avocats. L’équipe a été récemment renforcée
par Anjali Sualy, avocate britannique. Le GAJ opère
sous la responsabilité du Bureau international, du
Bureau exécutif de la FIDH, et de son Président.
ÉTABLIR LES RESPONSABILITÉS DEVANT LES
JURIDICTIONS NATIONALES
Afin de soutenir la lutte contre l’impunité et contribuer
aux avancées de la justice nationale, la FIDH, à
travers son Groupe d’action judiciaire (GAJ), réseau
d’avocats, de magistrats et de juristes travaillant sur
la base du pro bono, s’est mobilisée en 2016 pour
accompagner plusieurs centaines de victimes des
crimes les plus graves devant la justice nationale
en Côte d’Ivoire, en Guinée-Conakry, au Mali, en
RCA et soutenir la procédure en cours contre les
responsables du régime Duvalier en Haïti (cf. Priorité 6).
OUVERTURE DU
PROCÈS D’AMADOU
HAYA SANOGO AU
MALI
La FIDH et l’AMDH, parties civiles auprès des
23 familles et proches de victimes qu’elles
accompagnent dans l’affaire dite « des bérets rouges
disparus », étaient présentes à l’ouverture, le 30
novembre 2016, du procès d’Amadou Haya Sanogo
et 17 co-accusés, parmi lesquels de hauts gradés de
l’armée malienne, pour « enlèvement de personnes,
assassinat et complicité ».
Selon les enquêtes de la FIDH et de l’AMDH, dans la
nuit du 2 mai 2012, 21 militaires bérets rouges ont
été sortis de leurs cellules et transportés dans des
camions militaires vers Diago, localité proche de Kati
à une vingtaine de kilomètres de Bamako. Ils y ont Dans l'attente
de l’arrêt de la
été exécutés et enterrés dans une fosse commune. cour d’appel de
L’instruction ouverte pour « enlèvement de personnes Paris dans l’affaire
Sandoval, Buenos
» a été menée par un juge du Tribunal de première Aires, Argentine
© Daniel Garcia/
instance de Bamako. Le 28 novembre 2013, la FIDH ANADOLU AGENCY
et l’AMDH se sont constituées parties civiles aux
côtés des 23 familles et proches des personnes
disparues. Entre le 27 novembre 2013 et février 2014,
27 personnes, dont Amadou Haya Sanogo, ont été
inculpées, dont certaines placées sous mandat de
dépôt. L’instruction a été clôturée en 2015 après la
réalisation d’analyses médico-légales et de tests ADN
concluants que les 21 corps retrouvés étaient bien
ceux des 21 bérets rouges. Le procès a finalement
été reporté pour des questions de procédures, et la
FIDH et l’AMDH continueront de se mobiliser pour
une reprise rapide du procès en 2017.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 55
 PRIORITÉ 4
PROMOUVOIR L’ADMINISTRATION
DE LA JUSTICE ET LUTTER
CONTRE L’IMPUNITÉ
La FIDH a par ailleurs poursuivi son travail judiciaire
afin de faire avancer les procédures nationales
ouver tes en application de la compétence
extraterritoriale dans lesquelles elle est impliquée,
représentant souvent le seul recours pour les
victimes de crimes internationaux n’obtenant pas
justice dans leur pays
La FIDH a ainsi poursuivi son implication dans la
procédure ouverte en France pour crimes de guerre
suite à l’assassinat d’un journaliste français, Rémi
crimes internationaux. La FIDH s’est mobilisée dans
le cadre du procès en appel de Pascal Simbikangwa,
condamné en première instance en 2014 par la cour
Fortement mobilisée sur le dossier de Mario Alfredo
Sandoval, citoyen franco-argentin présent en France
et poursuivi en Argentine dans le cadre de l’enquête
pour crimes contre l’humanité, privation de liberté
et torture ayant entraîné la mort commis au sein
de l’École supérieure de mécanique de la marine
(ESMA), centre de détention clandestin à Buenos
Aires dans lequel 5 000 détenus disparus seraient
passés durant la dictature, la FIDH a dénoncé le
refus de la Cour de cassation d’extrader Sandoval
en Argentine. La FIDH fera le suivi de cette affaire

UNE
Ochlik, et de la tentative d’assassinat sur une d’assises de Paris à 25 ans de réclusion criminelle renvoyée devant la chambre de l’instruction de la cour
journaliste française, Édith Bouvier, alors qu’ils pour génocide et complicité de crimes contre d’appel de Versailles, où sera à nouveau examinée

INFORMATION
couvraient avec d’autres journalistes le pilonnage du l’humanité au Rwanda. Ce procès s’est soldé par la la demande d’extradition présentée par l’Argentine.
quartier de Baba Amr à Homs par l’armée syrienne, confirmation de la décision de première instance. Par

JUDICIAIRE
le 22 février 2012. Sous l’impulsion de la FIDH ailleurs, la FIDH et la LDH se sont mobilisées en vue Renforçant son action liée à l’établissement de la
constituée partie civile dans cette affaire, les faits du procès d’Octavien Ngenzi et Tito Barahira qui s’est responsabilité juridique des entreprises, la FIDH

avaient été requalifiés en octobre 2014 en crimes de
guerre et la procédure confiée au pôle crimes contre
l’humanité, crimes et délits de guerre du Tribunal de
grande instance de Paris.
déroulé du 9 mai au 1er juillet 2016 devant la cour
d’assises de Paris et a conduit à la condamnation
des deux anciens bourgmestres de la commune de
Kabarondo à la réclusion criminelle à perpétuité.
OUVERTE EN
a continué son travail en soutien des victimes
libyennes parties civiles dans l’affaire visant la
société Amesys pour complicité de torture. Cette
FRANCE POUR
société française et ses dirigeants sont accusés, au

La FIDH a poursuivi son soutien aux familles des
défenseurs congolais Floribert Chebeya et Fidèle
Bazana assassinés en juin 2010 en République
Dans l’affaire des milices de Relizane contre les
frères Mohamed (Algérie), la Cour de cassation
française a confirmé la clôture du dossier, laissant
terme de la plainte déposée en novembre 2011 par
la FIDH et la LDH, d’avoir vendu au régime dictatorial CRIMES CONTRE
L’HUMANITÉ EN
de Mouammar Kadhafi un matériel de surveillance
destiné à mieux cibler les opposants au régime.

démocratique du Congo, dans leur quête de justice.
Le 2 juin 2014, la FIDH et les familles des victimes
avaient déposé devant les juridictions sénégalaises
une plainte avec constitution de partie civile contre
Paul Mwilambwe, l’un des policiers responsables
présumés des assassinats, présent au Sénégal. Le 8
janvier 2015, les tribunaux sénégalais ont finalement
inculpé Paul Mwilambwe et l’ont placé sous contrôle
judiciaire. En 2016, les avocats du Groupe d’action
judiciaire de la FIDH ont soumis des demandes
d’actes au juge d’instruction sénégalais et organisé
l’audition de la veuve de Floribert Chebeya en sa
qualité de partie civile.
En 2016, une trentaine d’instructions visant des
suspects de génocide au Rwanda étaient toujours
en cours en France devant le pôle spécialisé dans les
56 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
les victimes sans possibilité de recours. Pour rappel,
la juge d’instruction du Tribunal de grande instance
de Nîmes avait rendu, le 26 décembre 2014, une
ordonnance de mise en accusation à l’encontre
des frères Mohamed, venant ponctuer plus de dix
années de procédure pour permettre d’établir les
responsabilités dans les exactions commises dans
les années 1990 par des milices armées proches des
autorités algériennes, dans le cadre de leur politique
de lutte contre le terrorisme. Pourtant, en janvier
2016, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de
Nîmes a ordonné un non-lieu à l’encontre des frères
Mohamed, privant ainsi les victimes (représentées
par les avocats du GAJ) du premier procès sur les
crimes des « années de plomb » en Algérie. Une
décision d’autant plus grave que depuis l’adoption
de la Charte pour la réconciliation en Algérie, en
2005, toute tentative d’obtenir justice en Algérie est
vaine. Ce revers souligne les obstacles importants,
tant politiques que judiciaires, qui continuent d’être
placés sur le chemin des victimes qui tentent de
porter leur plaintes devant des juges saisis en vertu
de la compétence extraterritoriale.
La FIDH a notamment publié en 2016 un rapport
faisant le point sur l’affaire et l’instruction en cours,
en vue d’appeler la justice à plus de célérité dans
l’enquête et à des avancées concrètes répondant au
besoin de justice des victimes libyennes. La FIDH
a par ailleurs recueilli le témoignage d’une nouvelle
victime qui a été entendue en décembre par le juge
d’instruction en tant que partie civile, contribuant à
mettre davantage en lumière les conséquences, pour
les défenseurs des droits humains et opposants à
Mouammar Kadhafi, de l’utilisation de systèmes de
surveillance des communications par les services
de sécurité libyens. La FIDH a également continué
son travail judiciaire dans l’affaire visant la société
Qosmos aux côtés d’autres sociétés françaises pour
complicité de torture en Syrie, suite à une plainte
déposée en juillet 2012, et dans laquelle la société
a été placée sous le statut de témoin assisté en
avril 2015.
SYRIE
Le 24 octobre 2016, la FIDH et la LDH ont saisi,
aux côtés de M. Obeida Dabbagh, le parquet du
pôle spécialisé crimes contre l’humanité, crimes
et délits de guerre du TGI de Paris, de la disparition
forcée de ses frère et neveu, Patrick et Mazzen
Dabbagh, deux ressortissants franco-syriens. Ils ont
été arrêtés en novembre 2013 par les services de
renseignement des forces de l’armée de l’air syriens
et sont portés disparus depuis. Dès le 27 octobre
2016, une information judiciaire a été ouverte pour les
chefs d’infraction exposés par la FIDH et la LDH dans
leur requête. Cette instruction pourrait permettre
d’établir la chaîne de commandement de l’un des 4
principaux services responsables de la répression
en Syrie, les services de renseignement des forces
de l’armée de l’air, et conduire à la l’établissement
de responsabilités pénales individuelles.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 57
 PRIORITÉ 4
PROMOUVOIR L’ADMINISTRATION
DE LA JUSTICE ET LUTTER
CONTRE L’IMPUNITÉ
DEVANT DES TRIBUNAUX MIXTES OU HYBRIDES
En 2016, la FIDH a continué à soutenir 10 victimes
cambodgiennes vivant en France et par ties
civiles dans les procédures en appel du dossier
n°002/01 devant les Chambres extraordinaires
au sein des tribunaux cambodgiens (CETC). Le 24
novembre 2016, les CETC ont confirmé en appel
la condamnation à perpétuité de Khieu Samphan,
ancien chef d’État, et de « Frère N°2 » Nuon Chea,
ancien idéologue du régime Khmer rouge, pour
crimes contre l’humanité. Il s’agit de la première
condamnation d’officiels Khmers rouges de haut
rang par un tribunal indépendant. La FIDH a continué
de soutenir par ailleurs les démarches des victimes
cambodgiennes pour l’établissement en France d’un
mémorial en l’honneur des victimes du régime des
Khmers rouges.

La FIDH a également soutenu en 2016 un des avocats

faisant partie du collectif des avocats des victimes
parties civiles qui représente 4 733 victimes parties
civiles dans le procès d’Hissène Habré devant les
Chambres africaines extraordinaires au sein des
juridictions sénégalaises.

DEVANT LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE

La FIDH a continué à transmettre en 2016 des
informations au Bureau du procureur de la CPI sur
des situations faisant l’objet d’un examen préliminaire
ou d’une enquête de la Cour comme la RCA, le Mali, la
Guinée, la Côte d’Ivoire, le Burundi et sur lesquelles la
FIDH met parfois en œuvre des activités spécifiques
de soutien des victimes devant les juridictions
nationales. Ces informations ont concerné les crimes
commis dans le cadre de ces situations mais aussi
l’état des procédures nationales permettant une
analyse sur la volonté ou la capacité des autorités
concernées à lutter contre l’impunité des auteurs
des crimes les plus graves.
58 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
Par ailleurs, dans le cadre de sa mobilisation visant
l’ouverture d’une enquête par la CPI en Ukraine, la
FIDH a organisé une session de formation sur la
documentation des crimes pour ses partenaires
ukrainiens à Kharkiv en Ukraine, en juillet 2016.
Cette formation a, en particulier, porté sur les crimes
de violences sexuelles et basées sur le genre, afin
de renforcer la transmission par la société civile
d’informations manquantes en appui de l’examen
préliminaire mené par le Bureau de la procureure.
En avril 2016, la FIDH et le HRIDC ont également
effectué une mission d’évaluation conjointe en
Géorgie dans le cadre de l’ouverture par la Cour
pénale internationale (CPI) d’une enquête sur les
crimes internationaux commis en Géorgie durant la
guerre de 2008. La délégation a échangé avec des
communautés affectées par la guerre et rencontré
des représentants des autorités nationales, des
organisations de la société civile géorgienne et des
avocats de victimes.
Dans la continuité de son action pour l’ouverture d’un
examen préliminaire par le Bureau de la procureure
sur la situation au Mexique, la FIDH et ses partenaires
ont documenté les crimes contre l’humanité commis
dans la région de Coahuila.
L’ancien vice-président de la République démocratique du Congo, Jean-Pierre Bemba, à la Cour pénale internationale
© Peter Dejong/Pool/AFP
La FIDH a par ailleurs développé un programme
spécifique sur les violences sexuelles et basées
sur le genre, dans la stratégie de la Cour pénale
internationale. La FIDH a ainsi procédé à un
état des lieux du travail de la Cour mais aussi
d’autres expériences nationales et internationales
importantes, interviewant une cinquantaine de
personnes et organisant un séminaire à La Haye
en novembre selon les règles de Chatham House, de
praticiens et experts. Un rapport sera publié et des
moyens d’action adaptés seront adoptés.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 59
 PRIORITÉ 4
La FIDH a en outre largement communiqué sur
la condamnation de Jean-Pierre Bemba, ayant
fortement contribué à l’ouverture d’une enquête de
la CPI en RCA et aux poursuites à l’encontre de Jean-
Pierre Bemba. La FIDH continuera d’œuvrer pour une
PROMOUVOIR L’ADMINISTRATION réparation juste aux victimes des crimes commis
dans ce pays, en particulier aux victimes de violences
DE LA JUSTICE ET LUTTER sexuelles. La FIDH et ses partenaires au Mali ont
également observé à La Haye le procès d’Ahmad Al
CONTRE L’IMPUNITÉ Faqi Al Mahdi et insisté sur l’importance de telles
poursuites mais aussi sur la nécessité d’étendre les
charges à son encontre et notamment les charges
de crimes de violences sexuelles, documentés par
la FIDH. La FIDH a soumis des observations dans
le cadre de la procédure de réparation devant la CPI
en tant que tierce partie. La FIDH s’est également
mobilisée sur les procès qui se sont ouverts de
Dominic Ongwen et Laurent Gbagbo.

La FIDH est également intervenue avec d’autres
ONGs de défense des droits humains, africaines et
internationales, pour que les États parties africains
ne se retirent pas du Statut de la CPI mais coopèrent
avec celle-ci, y compris pour arrêter le président
soudanais el-Béchir qui fait l’objet d’un mandat
d’arrêt international, en cas de présence sur leur sol.
Enfin, la FIDH a dénoncé la fin de la procédure
Ruto, troisième affaire relative aux violences
post-électorales au Kenya qui échoue finalement,
imprégnée d’une présomption de subornation
systématique de témoins. La FIDH se mobilisera sur
cette problématique endémique dans les procédures
devant la CPI, notamment dans les affaires visant
des personnages politiques influents.
METTRE EN LUMIÈRE LA RESPONSABILITÉ DES
ETATS
S ’a g i s s a n t d e s o n a c ti o n p o u r é c l a i re r l a
responsabilité de l’État pour les violations les plus
graves, la FIDH a continué de suivre le développement
d’une communication qu’elle a initiée avec d’autres
organisations membres et partenaires devant la
Commission africaine des droits de l’Homme et
des peuples contre l’Algérie s’agissant de crimes
graves commis pendant les « années de plomb ».
Elle a également déposé un rapport complémentaire
à sa communication contre le Chili devant la
Commission interaméricaine des droits de l’Homme
(CIDH) qui devait décider de la recevabilité d’une
affaire dénonçant les réductions de peine accordées
par les autorités argentines aux militaires condamnés
pour les crimes les plus graves commis durant la
dictature de Pinochet.
ACTIVITÉS DE PLAIDOYER
S’AGISSANT DES JURIDICTIONS NATIONALES
L a F ID H a c o n ti n u é s o n p l a i d oye r a u p rè s
des autorités concernées, des organisations
intergouvernementales et de la CPI en faveur de
justices nationales fortes, ayant la capacité et la
volonté nécessaires pour mener à bien la lutte contre
l’impunité des crimes les plus graves commis sur leur
territoire, en particulier en Guinée, en Côte d’Ivoire,
au Mali et en RCA (cf. Priorité 6).
Elle a également continué son plaidoyer en France afin
que la loi du 9 août 2010 portant adaptation du droit
pénal français au Statut de Rome qui avait introduit le
mécanisme de compétence extraterritoriale pour les
crimes de guerre, crimes contre l’humanité et le crime
de génocide, en incluant néanmoins des obstacles
conséquents à son application, soit amendée.

Par ailleurs, plusieurs rencontres ont été organisées

avec le pôle judiciaire français spécialisé compétent
pour les crimes internationaux et des représentants
ministériels afin que ce pôle soit renforcé, muni de
moyens matériels et humains adéquats, et développe
une politique pénale cohérente et efficace.  

Manifestation au Burundi contre le rapport des Nations unies

© Renovat Ndabashinze/ANADOLU AGENCY

60 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 61

 PRIORITÉ 4
PROMOUVOIR L’ADMINISTRATION
DE LA JUSTICE ET LUTTER
CONTRE L’IMPUNITÉ
S’AGISSANT DES TRIBUNAUX MIXTES OU HYBRIDES
La FIDH s’est fortement mobilisée auprès des
autorités nationales concernées mais aussi des
États influents, de l’Union africaine et du Conseil
des droits de l’Homme et du Conseil de sécurité des
Nations unies pour la mise en place de juridictions
mixtes spécialisées sur les crimes internationaux en
RCA (cf. Résultats), au Soudan du Sud, mais aussi en
RDC où l’impunité des auteurs des crimes les plus
graves commis à l’est du pays perdure.

S’AGISSANT DE LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE

La FIDH a continué à défendre la mise en œuvre des
droits des victimes devant la CPI. Ainsi, la FIDH et
d’autres ONGs partenaires sont intervenues auprès
du greffier de la CPI pour que les 2 607 victimes
participantes dans l’affaire Ongwen puissent
recevoir l’aide judiciaire et être représentées par
les représentants légaux de leur choix, comme
elles le demandaient. La FIDH continuera de se
mobiliser pour que les victimes puissent continuer
à être représentées par des représentants légaux
extérieurs à la CPI dans les procédures devant la
CPI et recevoir une aide judiciaire adéquate.
De nombreux échanges ont par ailleurs eu lieu tout au
long de l’année 2016 entre la FIDH, ses organisations
membres et des représentants de la CPI s’agissant
de situations où des crimes de la compétence de la
Cour ont été commis, notamment en Côte d’Ivoire,
au Mali et en RDC.
De même, la FIDH a soutenu la participation de
représentants de ses organisations membres et
partenaires d’Afghanistan, du Burundi, des États-
Unis, de Géorgie, de Guinée, du Kenya, du Mali, du
Mexique, de Palestine, de RCA, de RDC et d’Ukraine
dans le cadre de la 15e session de l’Assemblée des
États parties (AEP) en novembre à La Haye. Leur
présence a été l’occasion de rencontres avec les
représentants du Bureau de la procureure et du greffe
pour affiner leur stratégies et activités respectives sur
les situations sous enquête ou examen préliminaire
de la CPI. La FIDH a en particulier (co-)organisé
des événements parallèles sur le Kenya, le Mali et
la complémentarité en RDC, RCA, Mali et Guinée. À
l’occasion de cette Assemblée, la FIDH s’est félicitée
de la reconnaissance pour la première fois par l’AEP
des risques sécuritaires encourus par des défenseurs
des droits humains qui travaillent sur la CPI, dans
leur pays et à La Haye. Elle a également dénoncé
la tendance de certains États de vouloir réduire
constamment le budget de la CPI, restreignant sa
capacité d’action et ainsi la protection des victimes
et la lutte contre l’impunité des auteurs des crimes
les plus graves.
Rapports d’enquête et notes de position
Compétence universelle
• « Make Way for Justice #2, 40 affaires pour comprendre la compétence universelle », (avec Trial, FIGBAR,
ECCHR)
• Libye : Rapport sur l’affaire AMESYS
Cour pénale internationale
• 5 recommandations pour la Cour pénale internationale, 15ème Assemblée des États partie au statut de la
CPI, La Haye, 16/24 Novembre 2016
• Burundi : Une répression aux dynamiques génocidaires
• Mali : Affaire Al Mahdi devant la CPI : la FIDH et l’AMDH soumettent des observations sur les réparations
• RCA : Bemba devant la CPI : 15 ans d’action de la FIDH, de l’enquête de terrain aux conclusions du procureur
• Côte d’Ivoire : Q/R sur le procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé devant la CPI
• Ouganda : Q & R sur Dominic Ongwen à la CPI
Peine de mort
• Belarus : Peine de mort au Belarus : Assassinats sur des bases (non) légales
• Asie du Sud-Est : Régression : La peine de mort en Asie du sud-est
Antiterrorisme et droits humains
France : Mesures antiterroristes contraires aux droits humains : quand l’exception devient la règle

62 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 63

 OBJECTIF 2 – PROMOUVOIR L’ADMINISTRATION
D’UNE JUSTICE EFFECTIVE ET ÉQUITABLE
PROGRESSER VERS L’ABOLITION UNIVERSELLE DE
LA PEINE DE MORT
PRIORITÉ 4
La FIDH a continué de dénoncer les condamnations
à la peine de mort et leur application, en particulier
en Arabie saoudite, au Bahreïn, au Bélarus, en Iran,
au Japon, aux Philippines.
PROMOUVOIR L’ADMINISTRATION À l’occasion de la 14e journée mondiale contre la
peine de mort, le 10 octobre 2016, le président de la
DE LA JUSTICE ET LUTTER FIDH Dimitris Christopoulos et la secrétaire générale
adjointe Florence Bellivier ont publié une tribune de
CONTRE L’IMPUNITÉ la FIDH intitulée : « Face au terrorisme, non au retour
en force de la peine de mort ». La FIDH a également
publié deux rapports : le premier « Peine de mort au
Bélarus : meurtre sur des fondements (il)légaux »
montre que les droits des personnes condamnées
à mort sont systématiquement violés à tous les
stades de la procédure, rendant plus probable la
condamnation de personnes innocentes, ainsi que
le caractère particulièrement inhumain et cruel
des exécutions, dont les familles sont informées
a posteriori ; le second « Reculs, la peine de mort
en Asie du Sud-Est » dresse un état des lieux de
la peine capitale dans cette sous-région en 2016.
La FIDH a également co-organisé le 8 octobre à
Paris un événement public commémorant le 35e
anniversaire de l’abolition de la peine de mort en
France ainsi que la journée mondiale contre la peine
de mort, donnant ainsi notamment la parole à des
victimes de terrorisme et des condamnés à mort
exonérés qui se rejoignent dans leur combat contre
la lutte capitale.
Une importante délégation de 26 personnes,
notamment représentants d’organisations membres
de la FIDH d’Algérie, Bélarus, Botswana, Indonésie,
Iran, Japon, Mauritanie, Maroc, Sénégal, Thaïlande,
Tunisie, Vietnam et Ouganda, et de son secrétariat
international ont assisté au 6e Congrès mondial
contre la peine de mort, organisé à Oslo, en Norvège,
du 21 au 23 juin. Les représentants de la FIDH sont
en particulier intervenus lors de sessions sur la peine
de mort en Égypte dans le cadre de la lutte contre
le terrorisme ; sur le projet de Protocole à la Charte
africaine des droits de l’Homme et des peuples sur
l’abolition de la peine de mort, et ont organisé un
événement parallèle sur la peine de mort au Bélarus.
Par ailleurs, la FIDH a poursuivi en 2016 son
plaidoyer pour l’adoption par l’Union africaine du
projet de Protocole à la Charte africaine des droits
de l’Homme et des peuples portant abolition de
la peine de mort en Afrique. La FIDH a largement
contribué à la rédaction de ce projet qui a été adopté
par la Commission africaine des droits de l’Homme
et des peuples en mai 2015.
Manifestation contre l’exécution de huit narcotrafiquants étrangers, Manille, Philippines
© Ted Aljibe/AFP
64 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
La FIDH a également poursuivi sa coopération avec
la Coalition mondiale contre la peine de mort, en vue
de l’abolition universelle de la peine de mort et de
l’établissement d’un moratoire dans les pays qui la
reconnaissent toujours.
PROMOUVOIR L A PROTECTION DES DROITS
HUMAINS DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME
La FIDH a continué de dénoncer les graves violations
des droits humains commises par les groupes
fondamentalistes tels AQMI, Daesh, les Taliban,
Shebab et Boko Haram.
Elle a également appelé les États à respecter le
droit international des droits de l’Homme dans leur
lutte contre le terrorisme et documenté l’utilisation
du prétexte de la lutte contre le terrorisme pour
réprimer des mouvements de contestation non-
violents et engager des poursuites judiciaires contre
les défenseurs des droits de l’Homme, comme en
Russie, en Égypte et en Turquie.
Particulièrement, dans le cadre de la proclamation
en France de l’état d’urgence, après les attentats de
novembre 2015, puis de son renouvellement, la FIDH
et son organisation membre la LDH ont documenté
dans un rapport d’enquête les atteintes graves aux
libertés qui ont été portées à des citoyens français
au nom de l’état d’urgence. Puis, le 25 février 2016,
la FIDH, aux côtés de la LDH et de 5 ex-assignés
à résidence, a déposé deux séries de plaintes
pénales visant le ministre français de l’Intérieur et
son directeur des libertés publiques. Ces plaintes
allèguent des atteintes à la liberté individuelle
ainsi que des actes de discrimination. Les plaintes
visant Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur,
ont été déposées auprès de la Cour de justice de
la République, seule juridiction compétente pour
juger un ministre pour des actes accomplis dans
l’exercice de ses fonctions, et ont été très rapidement
classées sans suite. Les plaintes visant le directeur
des libertés publiques du ministère de l’Intérieur
donneront lieu à l’ouverture d’informations judiciaires,
dans lesquelles la FIDH et la LDH continueront de
soutenir les victimes plaignantes.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 65
 PRIORITÉ 4
PROMOUVOIR L’ADMINISTRATION
DE LA JUSTICE ET LUTTER
CONTRE L’IMPUNITÉ
3/ EXEMPLES DE RÉSULTATS OBTENUS

La FIDH et ses organisations membres ont permis

ou contribué à/au :

RENFORCEMENT DU DROIT À UN RECOURS EFFECTIF

POUR LES VICTIMES DE CRIMES INTERNATIONAUX
L’ouverture du procès d’Amadou Haya Sanogo au
Mali – Son procès ainsi que celui de 17 co-accusés
s’est ouvert le 30 novembre 2016. La FIDH et son
organisation membre l’AMDH sont parties civiles
auprès des 23 familles et proches de victimes qu’elles
accompagnent dans l’affaire dite « des bérets rouges
disparus ».

L’ouverture d’une information judiciaire en France

pour crimes contre l’humanité en Syrie – Le 24
octobre 2016, la FIDH et la LDH ont saisi, aux côtés
de M. Obeida Dabbagh, la justice française de la
disparition forcée de ses frère et neveu, Patrick
et Mazzen Dabbagh, deux ressortissants franco-
syriens. Ils ont été arrêtés en novembre 2013 par les
services de renseignement des forces de l’armée de
l’air syriens et sont portés disparus depuis.
La condamnation en France de génocidaires
Rwandais – La FIDH s’est mobilisée en 2016 dans
le cadre du procès en appel de Pascal Simbikangwa,
condamné en première instance en 2014 par la cour
d’assises de Paris à 25 ans de réclusion criminelle
pour génocide et complicité de crimes contre
l’humanité au Rwanda. Ce procès s’est soldé par la
confirmation de la décision de première instance. Par
ailleurs, la FIDH et la LDH se sont mobilisées en vue
du procès d’Octavien Ngenzi et Tito Barahira qui s’est
déroulé du 9 mai au 1er juillet 2016 devant la cour
d’assises de Paris et a conduit à la condamnation
des deux anciens bourgmestres de la commune de
Kabarondo à la réclusion criminelle à perpétuité.
L’adoption d’un tribunal mixte en République
centrafricaine – Dans les conclusions de ses
rapports d’enquête de 2013 et 2014 en RCA, la FIDH
appelait à l’instauration d’un tribunal mixte en vue
de pallier l’absence de volonté et de capacité des
juridictions nationales à lutter contre l’impunité
des auteurs des crimes les plus graves commis
depuis 2003 dans ce pays. Plusieurs missions
dans ce pays et un plaidoyer auprès du Conseil de
sécurité ont permis de sensibiliser les autorités et
les Nations unies à l’importance d’un tel mécanisme
judiciaire. Plusieurs communications ont permis
de continuer ce plaidoyer. La FIDH est finalement
intervenue dans le processus rédactionnel menant
au projet de loi d’une Cour pénale spéciale chargée
d’enquêter, poursuivre et juger les violations graves
des droits humains commises sur le territoire du pays
depuis 2003 qui sera adoptée par le Conseil national
de transition et promulguée le 3 juin 2015 par la
présidente de la République. La FIDH continuera son
plaidoyer auprès de la communauté internationale
pour un soutien financier et logistique suffisant à
l’instauration et l’exercice effectif de la Cour.
L’ouverture d’un examen préliminaire de la CPI
sur la situation au Burundi – La FIDH a publié en
2016 le rapport d’une mission d’enquête dénonçant
et démontrant les crimes internationaux commis
au Burundi et le risque de génocide. Ce rapport,
sur lequel la FIDH a fondé une intense campagne
de plaidoyer et de sensibilisation publique, a été
transmis au Bureau de la procureure de la CPI, lui
demandant d’ouvrir un examen préliminaire sur
cette situation.
Fatou Bensouda, procureure de la Cour pénale internationale, avec Karim Lahidji, président d’honneur de la FIDH
L’allocation de l’aide judiciaire aux victimes
participant dans l’affaire Ongwen devant la CPI – La
FIDH et d’autres ONGs partenaires sont intervenues
auprès du greffier de la CPI pour que les 2 607
victimes participantes dans cette affaire puissent
recevoir l’aide judiciaire et être représentées par les
représentants légaux de leur choix, comme elles le
demandaient.
CONCERNANT LES COURS ET COMMISSIONS
RÉGIONALES
L’attention portée par la Commission interaméricaine
des droits de l’Homme sur les réductions de peine
accordées aux militaires auteurs de crimes durant
la dictature de Pinochet. En décembre 2016, la
Commission interaméricaine des droits de l’Homme
© Hocine Zaourar/AFP
a déclaré recevable la plainte dans l’affaire dite
« media prescripción » introduite en 2010 par la FIDH
et AFDD au nom de 48 familles.
L’ADMINISTRATION D’UNE JUSTICE EFFECTIVE
ET ÉQUITABLE
L’adoption de la Résolution de l’Assemblée générale
des Nations unies sur le moratoire sur la peine de
mort par 117 voix pour. Avec la Coalition mondiale
contre la peine de mort, la FIDH s’est investie dans
le plaidoyer auprès des États pour le vote en faveur
du moratoire.

66 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 67


PRIORITÉ 4
PROMOUVOIR L’ADMINISTRATION
DE LA JUSTICE ET LUTTER
CONTRE L’IMPUNITÉ
AU VERDICT
HISTORIQUE
POUR LES
VICTIMES
DANS L’AFFAIRE
HISSÈNE HABRÉ
DRISSA TRAORÉ, VICE-PRÉSIDENT DE LA FIDH :
« Le 11 février 2016, après 56 jours de débats et
l’audition de 93 témoins, s’est clôturé le procès
d’Hissène Habré devant les Chambres africaines
extraordinaires au sein des juridictions sénégalaises.
Le verdict est tombé le 30 mai 2016 : Hissène Habré a
été condamné à la prison à vie pour torture, crimes de
guerre et crimes contre l’humanité commis sous son
régime au Tchad. Un appel a été lancé par les avocats
commis d’office chargés de sa défense, et le procès
en appel a eu lieu en janvier 2017, durant seulement
quatre jours. Le 27 avril 2017, la Chambre d’assises
d’appel des Chambres africaines extraordinaires a
confirmé la peine à perpétuité pour l’ancien dictateur
tchadien.
Ce procès était le résultat de plus de 15 années
d ’intense mobilisation des victimes et des
organisations qui les ont soutenues, notamment la
FIDH et ses organisations membres au Tchad, en
Belgique et au Sénégal. Sous la présidence d’Hissène
Habré, de 1982 à 1990, 40 000 personnes ont été
assassinées et 200 000 ont été victimes de torture
et de violences.
Dès 1999, des échanges stratégiques se sont
tenus entre l’Association des victimes des crimes
et des répressions politiques au Tchad (ACVRP),
la FIDH et ses organisations membres au Tchad
et au Sénégal (où résidait Hissène Habré) pour
envisager l’engagement de poursuites judiciaires.
En 2000, des victimes tchadiennes représentées
notamment par Sidiki Kaba, alors vice-président de
la FIDH, déposent une plainte au Sénégal qui sera
finalement déboutée pour défaut de compétence des
68 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
juridictions sénégalaises. La FIDH contribue alors
à la saisine du Comité des Nations unies contre la
torture qui enjoint les autorités sénégalaises de ne
pas expulser Hissène Habré contrairement à leur
souhait.
En 2001, la FIDH, HRW et l’AVCRP entreprennent une
mission d’enquête au Tchad qui permet de consulter,
dans les locaux de l’ancienne DDS à N’Djaména, des
milliers de documents constituant les archives de la
sinistre police politique d’Hissène Habré consolidant
ainsi le dossier judiciaire contre l’ancien dictateur.
La FIDH et ses organisations membres soutiennent
alors la plainte déposée contre Hissène Habré par
des victimes devant les tribunaux belges sur la base
de la compétence universelle. Après de longues
années de procédure, le juge d’instruction inculpe
Hissène Habré pour crimes de guerre, crimes contre
l’humanité et crimes de torture, et lance un mandat
d’arrêt international. Mais la justice sénégalaise
se déclare en 2005 incompétente pour statuer sur
l’extradition d’Hissène Habré et s’en remet à l’Union
africaine (UA) pour la conduite à suivre.
S’en est suivi, en parallèle d’échanges avec les
associations de victimes au Tchad, les organisations
membres de la FIDH au Tchad et au Sénégal et
les autres membres du Comité de pilotage pour le
jugement équitable d’Hissène Habré, un important
plaidoyer effectué par la FIDH auprès des instances
de l’UA, d’États influents, mais aussi des Nations
unies et de l’Union européenne menant à la décision
de l’UA en 2006 de demander au Sénégal de juger
Hissène Habré au nom de l’Afrique. Le plaidoyer
mené auprès des autorités sénégalaises a par ailleurs
permis l’adoption en 2007 d’une loi rendant possible
l’instruction des cas de génocide, de crimes contre
l’humanité et de crimes de guerre, même commis
hors du territoire sénégalais, et en 2008 d’une révision
constitutionnelle introduisant une exception à la
non-rétroactivité de la loi pénale pour les crimes
internationaux, levant ainsi les obstacles au jugement
d’Hissène Habré. Et c’est finalement après une
décision de la Cour de justice de la CEDEAO saisie
par les avocats d’Hissène Habré – et au cours de
laquelle la FIDH est intervenue à titre d’amicus curiae
– que le Sénégal décide l’instauration de Chambres
africaines extraordinaires au sein des juridictions
sénégalaises pour le jugement d’Hissène Habré.
La FIDH a soutenu en 2016 un des avocats faisant
partie du collectif des avocats des victimes parties
civiles dans le procès qui représente 4 733 victimes
parties civiles.
CONDAMNATION
DE JEAN-PIERRE
BEMBA
par la CPI pour des actes de violences sexuelles
constitutifs de crimes de guerre et crimes contre
l’humanité
SHEILA MUWANGA, VICE-PRÉSIDENTE DE LA FIDH :
« Soutien en 2002-2003 du président de la République
centrafricaine en exercice, M. Patassé, Bemba était
le chef militaire du Mouvement de Libération du
Congo (MLC) et commandait les groupes armés qui
“en toute connaissance de cause et délibérément”
ont commis de multiples actes de viol contre des
femmes, des hommes, y compris des personnes
âgées et des enfants. La condamnation de Bemba
par la CPI signifie que, pour la première fois, il a été
rendu justice aux victimes de violences sexuelles
dans ce pays et que ces victimes pourront demander
réparation. Ce verdict est aussi le premier rendu par
la CPI qui condamne un individu en sa qualité de
supérieur hiérarchique pour des crimes commis par
d’autres individus placés sous ses ordres.
Dès 2002, la FIDH et son organisation membre la
LCDH ont mené une enquête en RCA sur ces crimes
recueillant le témoignage de nombreuses victimes
de violences sexuelles par les troupes de Bemba.
Le rapport de cette enquête « Crimes de guerre en
RCA » a été soumis à la CPI et lui demandait d’ouvrir
une enquête. D’autres missions et rapports ont suivi
pour continuer de documenter les crimes commis
et leur impunité. De nombreuses réunions ont été
organisées avec le Bureau du procureur de la CPI
ainsi qu’avec les autorités centrafricaines pour les
appeler à lutter contre l’impunité de ces crimes. Des
formations ont été prodiguées aux organisations de
la société civile centrafricaine sur la CPI et le principe
de complémentarité. La FIDH et ses membres en
RCA ont également interpellé à de multiples reprises
l’ONU, l’Union africaine et la Commission africaine
des droits de l’Homme et des peuples pour que
ces institutions plaident en faveur de la lutte contre
l’impunité des crimes internationaux, notamment
des violences sexuelles, en RCA.
Les informations transmises à la CPI par la FIDH
n’ont pas seulement été utiles à la procureure
générale pendant son enquête, mais ont aussi été
reprises dans le verdict. La FIDH et ses organisations
membres en RCA ont joué un rôle essentiel au cours
des 15 dernières années en contribuant aussi bien à
l’établissement des faits qu’à la fourniture de preuves.
La FIDH a fait paraître un rapport complet ainsi qu’un
document d’information (questions et réponses) et
une vidéo sur le sujet à l’occasion du verdict rendu
par la CPI dans cette affaire ».
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 69
 PRIORITÉ 5
RENFORCER
LE RESPECT DES DROITS HUM AINS
DANS LE CO NTEXTE D’UNE
ÉCONOMIE MONDI ALISÉE
1/ CONTEXTE ET DÉFIS

Alors qu’en matière d’accès aux ressources,

la concurrence s’opère à l’échelle mondiale,
le développement économique de nombreux
pays continue de dépendre de l’exploitation des
ressources naturelles. La déréglementation du
commerce et des investissements, la protection dont
bénéficient les investisseurs étrangers, le niveau
élevé de dépendance entre les économies à travers
le monde, la dette extérieure et les politiques définies
par les institutions financières internationales ont
réduit l’influence des États dans la conduite de
politiques économiques et sociales conçues pour
améliorer le bien-être de leurs populations.

Les droits économiques, sociaux et culturels ont été

officiellement reconnus à l’échelle internationale,
avec notamment l’entrée en vigueur, en 2013,
du Protocole facultatif se rapportant au Pacte
international relatif aux droits économiques,
sociaux et culturels ; ce protocole facultatif a été
ratifié à un rythme régulier, bien que lent, par un
nombre croissant de pays. Cependant, ces droits
économiques, sociaux et culturels restent difficiles
à mettre en œuvre, en particulier dans un contexte
international dans lequel les militants et défenseurs
des droits humains qui contestent les intérêts
économiques puissants sont perçus comme une Près de six ans après l’adoption des Principes
menace. En 2016, de nombreux États ont poursuivi directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises Travailleur sur le site de bauxite de Bukit Goh, État rural de Pahang, Malaisie.
leurs politiques de stigmatisation, de répression et et aux droits de l’homme – en juin 2011 – et en dépit © Manan Vatsyayana/AFP

d’incrimination des communautés et défenseurs
prenant la parole pour dénoncer les violations
des droits humains dans le cadre de projets
d’investissements ou d’activités économiques.
Les plus attaqués sur tous les continents ont été les
défenseurs des droits œuvrant dans les domaines
de l’accès à la terre et de l’environnement. De
nombreuses attaques ont été lancées à l’encontre
des défenseurs des droits, des journalistes et des
opposants politiques, facilitées une fois encore
par l’adoption de lois répressives contre les ONGs
mais également par la vente et l’exportation de
technologies de surveillance, d’information et de
communication.
70 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
des progrès réalisés, notamment pour la prise en
compte des parties prenantes et la reconnaissance
par les entreprises de leurs responsabilités en
matière de droits humains, les avancées sont loin
d’être satisfaisantes. Dans de trop nombreux cas,
l’accès aux réparations pour les victimes n’est
qu’illusion. Le Groupe de travail intergouvernemental
des Nations unies chargé de rédiger un projet de
traité international contraignant sur les droits
humains et les sociétés transnationales et autres
entreprises s’est réuni pour une deuxième session de
consultation en octobre 2016. Un nombre croissant
d’États a pris part à cette consultation, y compris
cette fois-ci une délégation de l’Union européenne
et certains des États membres de l’UE. Pour autant,
la participation et les contributions des États aux
travaux du Groupe de travail intergouvernemental
restent très limitées. Ce processus devrait être
envisagé comme étant complémentaire à la mise en
œuvre des Principes directeurs des Nations unies
et partir des processus d’élaboration de normes
qui existent aux niveaux nationaux et régionaux.
Dans de nombreux pays européens, les politiques
d’austérité adoptées par les États et les institutions
financières continuent d’impacter négativement les
droits humains. Les pourparlers en cours sur les
traités de libre-échange entre l’Union européenne
et les pays tiers suscitent de sérieuses inquiétudes
quant aux effets potentiellement dommageables de
tels accords sur les droits humains, et la légitimité
de certaines dispositions, telles que les clauses
d’arbitrage, continue de soulever de nombreuses
questions.
En Europe, des discussions importantes ont
abouti au renforcement du cadre normatif dans
le but d’augmenter la transparence, de disposer
de meilleurs mécanismes pour prévenir les abus
et permettre aux victimes des pratiques abusives
impliquant des entreprises d’avoir accès à la
justice. La Commission européenne travaille à la
rédaction de recommandations pour l’application
de sa Directive sur la publication d’informations non
financières. En France, la loi sur l’obligation de « due
diligence » a finalement été adoptée en décembre
2016 et validée par le Conseil constitutionnel en
mars 2017.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 71
 2/ LA FIDH ET SES ORGANISATIONS MEMBRES ET
PARTENAIRES EN ACTION
PRIORITÉ 5
OBJECTIF 1 – CONTRIBUER À LA
R E S P O N S A B I L I S AT I O N D E S A C T E U R S
ÉCONOMIQUES
RENFORCER
DOCUMENTER L’IMPACT DES ACTIVITÉS DES
LE RESPECT DES DROITS HUM AINS ENTREPRISES SUR LES DROITS HUMAINS ET
ÉTABLIR LES RESPONSABILITÉS
DANS LE CO NTEXTE D’UNE Documenter les violations des droits humains dans
le cadre des activités des entreprises est essentiel
ÉCONOMIE MONDI ALISÉE pour soutenir les victimes dans leur quête de justice
et pour plaider en faveur de normes nationales et
internationales qui soient plus protectrices. En outre,
le risque de réputation lié à une dénonciation publique
– et ses conséquences financières potentiellement
sérieuses – peuvent amener les entreprises en
question à remédier aux violations dès lors que les
violations des droits sont documentées.
Ainsi, en 2016, la FIDH a publié un rapport sur l’étude
d’impact sur les droits humains menée en Colombie
en 2015 qui documentait et analysait les impacts de
l’exploitation du pétrole et les activités d’extraction
de la société canadienne Pacific Exploration &
Production Corp. et de la société colombienne
Ecopetrol, dans la municipalité de Puerto Gaitán,
sur les droits des communautés locales et sur
l’environnement, les droits des travailleurs, des
peuples autochtones et des paysans. Cette étude
a permis aux chargés de mission de déterminer les
responsabilités des acteurs étatiques et entreprises
impliqués dans des cas de violations du droit du
travail et du droit syndical, du droit des peuples
autochtones au libre consentement préalable
et éclairé, du droit foncier, et dans des cas de
criminalisation des défenseurs des droits humains.
En 2016, la FIDH a poursuivi l’étude d’impact sur les
droits humains dans le cadre du projet de barrage
hydroélectrique Cuyamel II (d’une capacité de 3
MW) construit par la société Compania de Energia
de San Francisco S.A. (CONERSA). Ce barrage,
qui devrait être construit sur la rivière Cuyamel
au sein de la zone protégée du Parc national Pico
Bonito et du micro-bassin de la rivière Cuyamel, au
Honduras, alimente en eau potable 6 communautés
appartenant à la municipalité de San Francisco,
dans le département d’Atlántida. L’analyse des
informations collectées a permis de déterminer les
responsabilités des acteurs étatiques et entreprises
impliqués dans les cas de violations du droit à l’eau,
des droits à l’information et à la participation des
citoyens, et du droit à un recours effectif.
Au bord du lac Cocibolca, Rivas, Nicaragua
© Inti OCON/AFP
72 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
Missions d’enquête et études d’impact sur les droits
humains menées au niveau des communautés.
Pour produire cette documentation, la FIDH mène
des missions d’enquête afin d’étudier les cas de
violations des droits humains liées aux activités
des entreprises. Ces missions sont réalisées avec
les organisations membres de la FIDH et d’experts
qui les accompagnent en qualité de délégués. La
FIDH documente également des études d’impact sur
les droits humains, réalisées par les communautés
affectées afin qu’elles jouent un rôle actif dans l’évaluation
et la documentation des impacts – réels ou potentiels –
des projets d’investissements sur les droits humains. À
cet effet, la FIDH encourage l’utilisation de l’outil « Get it
Right » qui a été conçu par Rights and Democracy et qui
guide, étape par étape, les communautés et les ONGs afin
de leur permettre d’évaluer l’impact qu’a – ou que peut
avoir – un projet d’investissement sur leurs droits. Ce guide
pratique les aide également à rédiger un rapport final et des
recommandations qui peuvent servir de base pour le dialogue
avec les acteurs publics et privés impliqués dans le projet
d’investissement ou peuvent être utiles à l’organisation de
campagnes de mobilisation. En 2016, la FIDH et Oxfam se
sont associées pour publier un manuel de formation à cette
méthodologie et ont organisé des ateliers de formation afin
d’encourager son utilisation.
La FIDH et Lawyers for Human Rights, son organisation
membre en Afrique du Sud, ont mené une étude
d’impact sur les droits humains, centrée sur les
communautés locales affectées par la fermeture
brutale, en 2013, de la mine de Blyvooruitzicht,
l’une des plus importantes mines d’or du pays (voir
Focus ci-dessous).
En octobre 2016, la FIDH et le CENIDH, son
organisation membre au Nicaragua, ont publié un
rapport sur les violations des droits humains dans
le cadre de la construction du canal interocéanique.
Le rapport souligne que les concessions accordées
à des entreprises chinoises pour la construction du
canal ne respectent pas les garanties prévues par
le droit international et par la Constitution du pays,
notamment concernant les droits à la propriété, à
disposer d’un logement décent, à l’alimentation et à
l’eau, le droit de vivre dans un environnement sain et
le droit au consentement préalable, libre et éclairé.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 73

PRIORITÉ 5
RENFORCER
LE RESPECT DES DROITS HUM AINS
DANS LE CO NTEXTE D’UNE
ÉCONOMIE MONDI ALISÉE
Par ailleurs, la FIDH a accordé une importance
LA FIDH MET EN particulière sur la documentation des attaques, des
campagnes de criminalisation et de diffamation
LUMIÈRE LE RÔLE menées à l’encontre de défenseurs des droits
humains qui dénoncent les violations des droits
DES BANQUES humains en lien avec les activités des entreprises
(cf. Priorité 1).
ET ASSURANCES
UTILISER LES MÉCANISMES DE RÉPARATION
FRANÇAISES En 2016, la FIDH a poursuivi ses activités de
dépôt de plaintes stratégiques afin d’établir les
DANS LE responsabilités des entreprises, de leurs dirigeants
et des États impliqués dans des cas de violations
DÉVELOPPEMENT des droits humains en lien avec leurs activités.
DE COLONIES La FIDH a continué de soutenir les parties civiles
libyennes dans leur combat contre la société Amesys
ILLÉGALES DANS accusée de complicité de torture. Cette société
française et ses dirigeants sont accusés d’avoir
LE TERRITOIRE vendu au régime dictatorial de Mouammar Kadhafi
des équipements de surveillance destinés à cibler
PALESTINIEN plus efficacement les opposants au régime. En
2016, la FIDH a également assuré le suivi de sa
OCCUPÉ (TPO) plainte déposée conjointement avec la LDH contre
la société Qosmos, dénonçant la participation de
En mai 2015, après la publication d’un rapport sur sociétés françaises à la mise en place d’un système
les liens entre la société Orange et les colonies de surveillance généralisé des communications
israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, électroniques fourni au régime de Bachar el-Assad.
les auteurs (dont la FIDH et ses organisations
membres française et palestinienne LDH et Al- La FIDH a également renouvelé ses appels à la CPI
Haq), et Fair Finance France ont travaillé de nouveau afin qu’elle juge les crimes internationaux commis
ensemble dans le cadre d’une enquête portant sur dans le cadre des activités des entreprises. Ainsi,
les liens financiers entre des banques et assurances en 2014, la FIDH a transmis une communication à
françaises et des banques et entreprises israéliennes la CPI au sujet de crimes d’expropriations massives
actives dans les colonies israéliennes, concourant au bénéfice de l’élite dirigeante cambodgienne. En
ainsi indirectement à la colonisation. Le rapport septembre 2016, le Bureau du procureur a publié un
final dévoile le rôle des institutions financières document de politique générale sur la sélection et
françaises dans le développement et le maintien de la hiérarchisation des affaires qui élargit le champ
l’occupation israélienne en Palestine, reconnue à de d’action de la CPI aux crimes liés à la destruction
multiples reprises comme étant illégale au regard de l’environnement et à l’expropriation foncière.
du droit international. La FIDH espère que les éléments fournis vont
inciter le Bureau du procureur à ouvrir une enquête
préliminaire sur la situation au Cambodge.
74 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
La FIDH a continué son travail de documentation
portant notamment sur des cas de violation des
droits humains et de pollution environnementale
occasionnée par les industries minières et les
aciéries d’Açailândia dans l’État du Maranhão,
au Brésil. La FIDH a participé à l’organisation de
réunions de plaidoyer avec des membres de son
organisation partenaire Justiça nos Trilhos, un
représentant des communautés impactées et
les Rapporteurs spéciaux des Nations unies sur
les produits toxiques. Ces rencontres ont permis
d’aborder les questions relatives au droit au
logement et au droit à la santé, et de rencontrer les
représentants du Groupe de travail des Nations unies
sur les entreprises et les droits de l’homme. Ces
rencontres ont été également l’occasion d’apporter
de nouveaux éléments, d’accroître la mobilisation
de l’opinion publique et de faire pression sur les
autorités afin de les amener à mettre en œuvre des
mesures de réparation, notamment de réinstallation.
En 2016, la FIDH a également publié la troisième
mise à jour de son guide pratique à l’attention des
victimes et des ONGs portant sur les mécanismes
de recours disponibles dans le cadre de violations
des droits humains impliquant des entreprises.
Ce guide est désormais disponible dans plusieurs
langues, dont le chinois.
RENFORCER LE CADRE INTERNATIONAL
Au niveau européen, la FIDH a continué d’apporter
son soutien aux travaux de la Coalition européenne
pour une justice des entreprises (ECCJ) et siège à
son comité de pilotage. Après avoir plaidé en faveur
de l’adoption d’une Directive de l’UE sur le reporting
extra-financier, la FIDH a participé à l’élaboration
des stratégies de plaidoyer de l’ECCJ, notamment
sur la position de l’UE dans le cadre des discussions
sur le Traité des Nations unies sur les entreprises
et les droits humains. En 2016, la FIDH, l’ECCJ et
d’autres ONGs européennes ont lancé un appel aux
organisations de la société civile de l’UE afin qu’elles
participent à la deuxième session de discussions
du Groupe de Travail intergouvernemental chargé
d’élaborer le Traité sur les entreprises transnationales
et autres entreprises et les droits humains. Ce travail
de plaidoyer a abouti à la présence de l’UE durant
toute la semaine de consultation organisée en
octobre 2016.
Tout au long de l’année, la FIDH a informé les membres
du Parlement européen et les représentants de la
Commission européenne afin que la protection des
droits humains constitue une composante clé des
accords commerciaux de l’UE. Cet engagement est
essentiel pour que les accords commerciaux de l’UE
deviennent une chance pour les droits humains et
non une source de violations et d’obstacles.
Au niveau de l’UE, la FIDH poursuit ses activités
de plaidoyer et plaide pour que les évaluations
d’impacts sur les droits humains soient incluses aux
accords commerciaux (avec le Vietnam, la Birmanie,
la Chine, les Philippines, le Pérou, la Colombie et
l’Équateur).
LA FIDH ET LE
RÉSEAU-DESC
PRÉSENTENT 10
PROPOSITIONS
DANS LE CADRE
DU FUTUR
TRAITÉ DES
NATIONS UNIES
SUR LES DROITS
HUMAINS ET LES
ACTIVITÉS DES
ENTREPRISES.
Le 22 octobre 2016, lors de la deuxième session
de discussions au sein du Groupe de travail
intergouvernemental chargé d ’élaborer un
instrument juridiquement contraignant pour les
entreprises transnationales et autres entreprises
en matière de droits humains, la FIDH et le Réseau-
DESC ont présenté « 10 propositions juridiques
fondamentales pour le traité » sur les droits humains
et les activités des entreprises. Ce document de
référence est le résultat de consultations avec
la société civile et différents groupes à travers le
monde, et de contributions d’experts juridiques,
dans le cadre du projet « d’initiative pour le Traité ».
Grâce à ce projet, la FIDH et le Réseau-DESC ont
réuni des experts juridiques de toutes les régions
du monde au sein d’un groupe d’experts juridiques
(GEJ) en vue de travailler sur des propositions
concrètes pour l’élaboration d’un traité contraignant
sur les entreprises et les droits humains qui tiennent
compte des priorités de la société civile et des
personnes impactées. Des consultations avec
des défenseurs, des universitaires, des groupes
représentant les personnes affectées et d’autres
membres de la société civile ont été organisées
en Asie (Thaïlande, mai 2014), en Afrique (Kenya,
octobre 2015) et en Amérique latine (Mexique, mai
2016). Suite à ces consultations, les groupes de
ces régions ont publié une déclaration commune
qui expose leurs priorités dans le cadre du Traité.
Ces propositions ont également été rappelées dans
la déclaration écrite soumise au Groupe de travail
intergouvernemental par les membres du Réseau-
DESC et ont été envoyées à la mission équatorienne
qui préside le Groupe de travail intergouvernemental
chargée de préparer un projet en amont de la
troisième session programmée en octobre 2017.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 75
 PRIORITÉ 5
RENFORCER
LE RESPECT DES DROITS HUM AINS
DANS LE CO NTEXTE D’UNE
ÉCONOMIE MONDI ALISÉE
La FIDH s’est exprimé lors du Forum annuel des
Nations unies sur les entreprises et les droits de
l’homme, et a organisé un événement parallèle sur
l’évaluation de l’impact des activités des entreprises
sur les droits humains au cours duquel Lawyers for
Human Rights (LHR) – organisation membre de la
FIDH en Afrique du Sud – a présenté le processus de
conduite de l’étude d’impact sur les droits humains
menée à l’occasion de la fermeture de la mine d’or
de Blyvooruitzicht.
ENCOURAGER LES ENTREPRISES À MENER DES
ÉTUDES DE « DUE DILIGENCE »
Dans le cadre de l’accord passé avec le Groupe
Carrefour, la FIDH a continué d’encourager le
distributeur international à mener des enquêtes
de due diligence sur la totalité de sa chaîne
d’approvisionnement. La FIDH a participé à des
réunions régulières avec Carrefour afin d’évaluer
l’état d’avancement dans la mise en œuvre des 50
OBJECTIF 2 – ENCOUR AGER LES É TATS À
RESPECTER LES DROITS ÉCONOMIQUES, SOCIAUX
ET CULTURELS
DOCUMENTER LES VIOLATIONS
Après avoir documenté l’impact des mesures
d’austérité sur les droits humains, la FIDH a fourni
des éléments à l’Expert indépendant des Nations
unies sur la dette extérieure, en amont de sa visite à
Bruxelles en mai 2016, dont l’objectif était d’évaluer
la réponse de l’UE à la crise financière. La FIDH a
également été invitée à prendre part à une table
ronde organisée entre l’Expert indépendant et des
organismes nationaux des droits humains en Europe
travaillant sur cette question. Les contributions de
la FIDH (tant écrites qu’orales durant les réunions)
étaient fondées sur les recherches et les analyses
menées par la FIDH et la HLHR, son organisation
membre en Grèce. .

LA FIDH
recommandations présentées par la FIDH en 2014 et
portant sur les pratiques du Groupe, notamment en

ET LA LHR
matière de gouvernance d’entreprise, de processus
de contrôles mis en place chez les fournisseurs et de

DOCUMENTENT
pratiques déployées dans certains secteurs et dans
certains pays. La majorité des recommandations ont

L’IMPACT DE LA
été incluses dans le Plan d’action RSE de Carrefour
pour la période 2015-2017.

Dans le cadre de son Plan d’action, Carrefour – FERMETURE

D’UNE MINE
agissant par l’intermédiaire de sa Fondation – a
créé un fonds de solidarité dont la vocation est de participation active des communautés impactées, commencé à souffrir de la faim. L’absence totale de

SUR LES
promouvoir les droits humains dans la totalité de sa l’étude a permis d’analyser et de documenter mesures en matière de développement économique
chaîne d’approvisionnement en menant des actions l’impact de la fermeture de la mine sur les droits durable au lendemain de la fermeture de la mine

COMMUNAUTÉS
humanitaires, en particulier dans le domaine des des communautés, et plus particulièrement sur était frappante.
droits des salariés, et en contribuant à renforcer leurs droits au développement, de vivre dans un L’étude a démontré qu’à travers cette fermeture

LOCALES EN
les actions d’ONGs choisies et d’autres acteurs environnement sain et sur leur droit à un logement brutale, les exploitants de la mine avaient réussi à
locaux indépendants. En 2015, la FIDH avait eu décent. L’EIDH a également été l’occasion de se soustraire à leurs obligations environnementales,

de nombreux échanges avec le Groupe Carrefour
concernant la création de ce fonds et avait redéfini le
mandat d’Infans, l’association de coopération créée
conjointement par Carrefour et la FIDH, rebaptisée
Sphère ; la mission de Sphère étant d’interagir avec
la Fondation Carrefour.
En 2016, la FIDH a été invitée à siéger au comité des
parties prenantes du Groupe Michelin et encourage
par ce biais le Groupe à améliorer ses politiques
et ses approches en matière de droits humains.
76 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
AFRIQUE DU SUD
En 2016, la FIDH et la LHR, son organisation membre
en Afrique du Sud, ont mené une étude d’impact sur
les droits humains à l’échelle des communautés
locales affectées par la fermeture soudaine en 2013
de la mine d’or de Blyvooruitzicht, situé dans la plus
grande région aurifère d’Afrique du Sud. Grâce à la
travailler sur ce cas qui a permis d’étudier les risques
liés à la mauvaise gestion de la fermeture d’une mine,
plongeant les ex-salariés et les 6 000 habitants de la
ville dans la crise. Les mesures environnementales
ont immédiatement cessé et les habitants ont
rapidement fait face à des problèmes de santé. Par
ailleurs, leur accès à l’eau, à l’assainissement et à
l’électricité se sont retrouvés menacés, leur droit
au logement a été remis en question, la criminalité
a atteint des niveaux record et les familles ont
sociales et économiques qui leur sont soumises en
vertu du code minier sud-africain. Malheureusement,
le cas de Blyvooruitzicht est la parfaite illustration des
économies africaines dans lesquelles les industries
extractives sont à leurs étapes initiales mais où
le risque de mauvaise répartition des bénéfices
d’exploitation demeure critique, notamment après
la fermeture des mines.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 77

PRIORITÉ 5
RENFORCER
LE RESPECT DES DROITS HUM AINS
DANS LE CO NTEXTE D’UNE
ÉCONOMIE MONDI ALISÉE
En août 2016, la FIDH et la PAHRA, son organisation
membre aux Philippines, ont soumis un rapport
alternatif sur les dispositions du Pacte international
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels
dans le cadre de l’examen du 5e et 6e rapport
périodique par le Comité des Nations unies sur les
droits économiques, sociaux et culturels.
SOUTIEN AUX ORGANISATIONS LOCALES
En mai 2016, la FIDH et le Réseau-DESC ont organisé
une troisième réunion de consultation régionale, au
Mexique, dans le cadre du projet « d’Initiative pour
le Traité » (voir encadré). Suite à la consultation, la
journée du 18 mai a été consacrée à la coordination
des stratégies de plaidoyer : les groupes ont
partagé sur les grandes orientations, les priorités
et la planification de leurs activités de plaidoyer
pour les mois à venir. Les participants aux deux
consultations régionales précédentes ont également
pris part à cette réunion qui a aussi rassemblé des
représentants d’Asie, d’Afrique et de la région Moyen-
Orient – Afrique du Nord ; ce travail collaboratif a
été partagé avec les OSC d’Amérique latine.
En novembre 2016, la FIDH a pris part et a soutenu la
participation d’organisations membres du Mexique,
de Birmanie, de Palestine et de Colombie (PODER,
ALTSEAN Burma, Al-Haq, CAJAR) à la réunion
annuelle mondiale de stratégie du Réseau-DESC
qui s’est tenue à Buenos Aires. En sa qualité de
membre du Groupe de travail du Réseau-DESC
sur la Responsabilité des entreprises, la FIDH a
informé les autres membres de l’état d’avancement
du projet « d’Initiative pour le Traité » et a participé
activement à l’élaboration du prochain calendrier
de travail du CAWG.
Lors du Forum annuel des Nations unies sur les
entreprises et les droits de l’homme qui s’est tenu
en novembre 2016, la FIDH a soutenu la participation
d’organisations membres et d’organisations
partenaires de la FIDH d’Afrique du Sud et de
Birmanie. En outre, pour ses organisations membres
et ses partenaires (au Pérou, en Afrique du Sud,
en Birmanie et au Brésil), la FIDH a également
facilité l’organisation de réunions de plaidoyer
avec les Délégations permanentes basées à Genève
et les porte-paroles du Traité, et a soutenu leur
78 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
participation aux séances du Conseil sur les droits
humains.
PROTÉGER ET RENFORCER LA JUSTICIABILITÉ DES
DROITS ÉCONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS
En 2016, la FIDH et son organisation membre FLAC
(Free Legal Advice Centres) ont assuré le suivi de
leur plainte déposée en 2014 contre l’Irlande auprès
du Comité européen des droits sociaux concernant
des conditions de vie désastreuses constatées dans
près de 20 logements sociaux irlandais ; la plainte
stipulait que les lois, les politiques et pratiques en
vigueur en Irlande pour ce type de logement ne
sont pas conformes aux normes européennes et
s’exercent en violation des principaux articles de la
Charte sociale européenne révisée. La plainte a été
jugée recevable par le Comité européen des droits
sociaux et est en attente d’une décision sur le fond.
La FIDH, en lien avec ses organisations membres et
partenaires en Irlande, a lancé un outil de formation
sur les mécanismes de plaintes collectives et
cherche à responsabiliser les justiciables tout
au long de la procédure. L’outil a fait l’objet d’un
lancement public à l’occasion d’un événement
organisé à Dublin le 6 octobre 2016 ; cet événement
a également donné lieu au tournage d’une courte
vidéo que la FIDH a diffusé et aidé à faire connaître
en dehors de l’Irlande.
La FIDH et son organisation partenaire Inclusion
Europe ont travaillé en collaboration avec la Ligue
des droits de l’Homme (LDH) belge – membre de la
FIDH – sur une plainte collective déposée auprès
du Conseil de l’Europe et du Comité européen des
droits sociaux, dénonçant les difficultés d’accès à
l’éducation pour les enfants en situation de handicap
mental, en Belgique. La plainte collective a ensuite
été transmise au Comité européen des droits sociaux
en janvier 2017.
Par ailleurs, par l’intermédiaire de la Coalition
internationale des ONGs pour la ratification du
Protocole facultatif se rappor tant au Pacte
international relatif aux droits économiques, sociaux
et culturels, la FIDH continue de promouvoir la
ratification du Protocole facultatif afin de faire
progresser sa mise en œuvre effective et la
justiciabilité des droits économiques, sociaux et
culturels.
3/ EXEMPLES DE RÉSULTATS OBTENUS
La FIDH et ses organisations membres ont permis
ou contribué à/au
Après l’étude d’impact menée en Colombie, les
organisations impliquées ont un recours collectif
contre Ecopetrol et demandé réparation des
dommages subis par les communautés locales et
l’environnement du fait des activités sismiques. La
pression d’une telle démarche collective a poussé
Ecopetrol à entamer un dialogue, à trouver un terrain
d’entente et à prendre des engagements précis
sur des mesures d’atténuation de ces impacts. De
plus, la Commission interaméricaine des droits de
l’homme a accordé des mesures de précaution aux
membres du Conseil d’action communautaire du
village de Rubiales.
LA FIDH
CONTRAINT
ORANGE
À METTRE
UN TERME À SES
ACTIVITÉS DANS
LE TERRITOIRE
PALESTINIEN
OCCUPÉ
SHAWAN JABARIN, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA
FIDH : « Le 11 janvier 2016, Orange a officiellement
mis un terme au contrat que l’entreprise avait passé
avec l’opérateur de télécommunication israélien
Partner qui est actif dans les colonies israéliennes
dans le Territoire palestinien occupé. Cette décision
satisfait l’une des principales exigences des coauteurs
du rapport de mai 2015 qui dénonçait les activités
d’Orange dans le Territoire palestinien occupé et suit les
recommandations des activités de plaidoyer. Le rapport
montre que Partner fait construire ses infrastructures
sur des terres palestiniennes confisquées et fournit des
services aux colons et à l’armée israélienne. De plus,
l’entreprise bénéficie des restrictions imposées par les
autorités israéliennes sur l’économie palestinienne et
contribue, dans les faits, à l’étouffement de l’économie
palestinienne. Nos organisations ont rencontré des
dirigeants du Groupe Orange ainsi que les ministres
français de l’Économie et des Affaires étrangères
afin de leur faire part de nos inquiétudes et de nos
recommandations ».
PERMETTRE AUX
COMMUNAUTÉS
AFFECTÉES
PAR LA FERME-
TURE DE LA MINE DE
BLYVOORUIT-
ZICHT DE
REVENDIQUER LEURS
DROITS
ALICE MOGWE, SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DE LA
FIDH, CHARGÉE DE MISSION DE L’EIDH EN AFRIQUE
DU SUD : « L’étude d’impact sur les droits humains
(EIDH) menée à l’échelle de la communauté locale
et portant sur l’impact de la fermeture de la mine
de Blyvooruitzicht en Afrique du Sud a nécessité la
participation active des communautés affectées. Ce
processus a permis de responsabiliser les membres
de la communauté qui sont impactés et qui ont été
en mesure d’analyser et de présenter leur situation
au moyen d’une approche centrée sur les droits
humains, et de mieux comprendre les responsabilités
des différents acteurs impliqués. L’EIDH a également
été l’occasion de soutenir l’action des organisations
membres de la FIDH et de travailler sur ce cas, en
favorisant notamment l’accès à des informations
essentielles et en organisant des réunions avec les
parties prenantes ; cela a abouti à une implication
fructueuse et à long terme, et a permis d'influencer les
nouveaux investisseurs qui envisagent de reprendre
la mine. Par ailleurs, le projet a également renforcé la
capacité de l’organisation membre à travailler sur ces
problématiques au niveau régional et à être reconnue
comme un acteur clé et sérieux dans le domaine
des « Entreprises et droits humains » en Afrique.
Ainsi, suite à la présentation du rapport, l’Agence de
développement du logement a organisé une réunion
le 17 février 2017 au cours de laquelle elle a reconnu
que le Gouvernement avait échoué dans la gestion de
la fermeture de la mine de Blyvooruitzicht. Toutes les
parties se sont engagées à trouver une solution pour
la communauté locale ».
Dans une résolution d’urgence adoptée le 16 février
2017, le Parlement européen exprime son inquiétude
face à la situation au Nicaragua. La résolution
reprend les principales inquiétudes exposées dans
le rapport de la FIDH, notamment l’absence d’études
d’impact environnemental et de consultation
préalable auprès des populations autochtones, et le
fait que le tracé du canal tel qu’envisagé va traverser
des terres indigènes et entraînera le déplacement
de 30 000 à 120 000 personnes.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 79
 PRIORITÉ 5
RENFORCER
LE RESPECT DES DROITS HUM AINS
DANS LE CO NTEXTE D’UNE
ÉCONOMIE MONDI ALISÉE
En juin 2016, le Parlement européen a adopté une
LA COMMISSION DE résolution portant sur un grand nombre de violations
en matière de respect des droits humains dans le
L’UE JUGÉE COUPABLE cadre de l’Accord de partenariat et de coopération
entre l’UE et les Philippines. La résolution reprenait
DE MAUVAISE plusieurs recommandations de la FIDH, notamment
concernant la mise en œuvre des grands principes
ADMINISTRATION POUR internationaux de protection et de promotion des
droits humains et plus particulièrement du droit
N’AVOIR PAS MENÉ du travail, l’élaboration d’un Plan d’action national
en matière de droits humains, les conditions de
D’ÉTUDE D’IMPACT travail dans le secteur de la pêche et les activités
des entreprises, et sur la répression des défenseurs
AVANT LA SIGNATURE qui mènent des actions pacifiques pour protéger
les terres de leurs ancêtres contre les impacts de
D’ACCORDS DE COMMERCE la déforestation et de l’exploitation minière.

ET D’INVESTISSEMENTS En mai 2016, Development Solutions, en charge

AVEC LE VIETNAM.
Le 26 février 2016, la médiatrice européenne, Mme
O’Reilly, a conclu que le refus de la Commission
européenne (CE) de conduire une étude d’impact
sur les droits humains dans le cadre de l’accord de
libre-échange entre l’UE et le Vietnam constituait
un acte de mauvaise administration. Cette
décision crée un précédent majeur qui aura des
conséquences sur tous les accords de libre-échange
et d’investissements en cours de négociation au
niveau de l’UE.
La décision de la médiatrice a été prise après
la publication par la FIDH d’un rapport intitulé
« Construire la cohérence entre commerce et droits
humains : 15 recommandations à l’UE au sujet des
études d’impact » qui décrivait spécifiquement les
obligations de l’UE dans ce contexte et qui émettait
des recommandations précises pour leur mise en
œuvre. De plus, la FIDH et son organisation membre
au Vietnam, VCHR, ont déposé une plainte auprès
du Médiateur européen et dénoncé le refus de la
Commission européenne de tenir compte des droits
humains dans le cadre de négociations relatives à
des accords de commerce et d’investissements avec
le Vietnam. En mars 2015, la médiatrice européenne
a rendu une décision en faveur de la FIDH et de
VCHR, stigmatisant la Commission européenne pour
mauvaise administration et appelant à la réalisation
immédiate d’une étude d’impact.
80 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
de l’évaluation de l’impact du commerce sur le
développement durable dans le cadre d’un accord
sur la protection des investissements en cours de
négociation entre l’UE et le Myanmar (Birmanie), a
recommandé que les accords d’investissements
assurent une meilleure protection des droits
humains et a souligné le besoin urgent de réformes
en Birmanie, la nécessité de développer de nouveaux
modèles d’accords d’investissements intégrant de
nouvelles clauses de protection des droits humains,
des dispositifs de sauvegarde des systèmes de
contrôle et des mécanismes de règlement de
conflits. Ces recommandations reprennent la
position de la FIDH et de son organisation membre
en Birmanie (et notamment les commentaires sur le
projet de rapport final sur l’étude d’impact relative
au développement durable en avril 2016, la prise
de position sur les relations d’investissements
entre l’UE et la Birmanie de décembre 2013 et la
lettre ouverte et les commentaires émis dans le
cadre de l’accord d’investissements EU-Myanmar
de décembre 2015).
Suite à la conférence organisée en mai 2016 à
Amsterdam par la présidence néerlandaise de l’UE
et par les ONGs, le Conseil de l’Europe a adopté ses
conclusions en juin 2016, dans lesquelles il demande
à l’Agence des droits fondamentaux de l’Union
européenne de donner un avis sur « L’amélioration
de l’accès aux réparations dans le domaine des
droits humains et des activités des entreprises au
sein de l’UE » (cet avis a été publié en avril 2017).
Des villageois manifestent contre le projet de mine de cuivre devant la colline de Lapdaung, Sarlingyi, Birmanie
Dans son rapport de la 71e session de l’Assemblée
générale des Nations unies à New York en novembre
2016, l’Expert indépendant des Nations unies sur la
dette extérieure et les droits humains a recommandé
la réalisation d’études d’impact sur les droits
humains et l’intégration des principes fondamentaux
des droits humains dans les efforts de réduction de
la dette afin d’assurer que les droits économiques,
sociaux et culturels ne soient pas malmenés par
les décisions budgétaires. Ces recommandations
font écho à celles émises en 2014 par la FIDH et
son organisation membre en Grèce, la HLHR, dans
leur rapport intitulé : « Dévaluation des droits : le
prix de l’austérité en Grèce ». Ces recommandations
reprennent également celles formulées dans le cadre
de la consultation entre l’Expert indépendant et la
société civile à l’occasion de son déplacement à
Bruxelles en mai 2016 et à Athènes en décembre
© Soe Zeya Tun/REUTERS
2015, ainsi que dans plusieurs documents écrits
transmis à l’Expert indépendant en amont de
chacune de ses visites.
Le 5 juillet 2016, le Parlement européen a adopté
une résolu tion sur les nor mes sociales e t
environnementales, les droits de l’homme et la
responsabilité des entreprises (2015/2038(INI)).
Cette résolution inclut nombre des recommandations
faites par la FIDH.
Le 15 décembre, la résolution du Parlement
européen sur la situation de la minorité Rohingya
au Myanmar fait référence aux négociations sur les
investissements et souligne que le développement
des relations entre l’UE et le Myanmar doit être
conditionné à de réelles améliorations des droits
humains dans le pays.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 81
 PRIORITÉ 6 D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE -
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
AMÉRIQUES
1/ CONTEXTE ET DÉFIS

Un des défis majeurs de l’année 2016 a concerné une

nouvelle fois les avancées en terme de lutte contre
l’impunité des auteurs des crimes les plus graves
commis par le passé et en cours dans la région. Les
obstacles à l’administration d’une justice juste et
équitable continuent d’être un frein aux droits des
victimes à la vérité, à la justice et à la réparation,
mais aussi à la consolidation de l’État de droit, des
principes démocratiques et à la paix.

Selon le Haut-Commissaire aux droits de l’Homme

des Nations unies, il a été dénombré environ 20
000 homicides et 4 000 disparus au Mexique en
2016. Les autorités reconnaissent sur ces cas un
taux d’impunité de 98%. La documentation de cette
violence qui résulte clairement dans certaines
régions de la commission de crimes contre
l’humanité commis par des agents de l’État ou
groupements criminels dans le contexte de la lutte
contre le narcotrafic demeure un défi.

L’attention a également été portée en 2016 sur

le processus de paix en Colombie, dont l’accord
final a été signé en décembre après 4 ans de
négociations. L’accord concernant la justice et
les réparations aux victimes prévoit notamment la
création d’une juridiction spéciale pour la paix qui
traitera des graves violations de droits humains
et du droit international humanitaire commises Des manifestants protestent contre la violence et l’insécurité, Tegucigalpa, Honduras
par les acteurs armés et non armés. La mise en © Orlando Sierra/AFP

œuvre de l’accord devra répondre aux questions

soulevées lors des négociations sur le respect
par cette juridiction des obligations du droit pénal
international, la Colombie ayant ratifié le Statut de
Rome, ainsi que sur l’essentielle mise en œuvre
de la responsabilité des acteurs non étatiques,
comme celle des exécutifs des entreprises qui ont
financé le conflit entre l’armée, les paramilitaires
et la guérilla des Forces armées révolutionnaires
(FARC) au lourd bilan estimé à 220 000 morts et 5,3
millions de personnes déplacées.
82 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
La position de la Cour pénale internationale (CPI) face
à ces deux situations sera attendue. La Colombie
faisant partie des pays toujours sous son analyse
et étant saisi de plusieurs communications sur
le Mexique, le Bureau du procureur devra motiver
sa volonté ou non d’enquêter sur ces situations
au regard de l’examen de la volonté et de la
capacité des autorités nationales à lutter contre
l’impunité. Le rôle de la CPI sur le continent peut
être déterminant et répondre aux critiques visant
le manque d’universalité de son action.
Le rôle de la justice et son indépendance au
regard des pouvoirs économiques et politiques est
fondamental s’agissant de la lutte contre l’impunité
des crimes les plus graves, mais également du suivi
des récents scandales de « Panama Papers », « Lava
Jato » au Brésil et « Odebrecht » qui touchent les
plus hautes autorités politiques au Brésil, Venezuela,
République Dominicaine, Panama, Argentine,
Équateur, Pérou, Guatemala, Colombie et Mexique,
et où les pots-de-vin pour l’adjudication de projets
d’infrastructures ont pu dépassé la somme de 700
millions de dollars. Ce phénomène de corruption
et de fraude fiscale mine la démocratie et la réelle
jouissance des droits humains.
Par ailleurs, l’importante croissance économique de
l’Amérique latine depuis le début des années 2000
a connu un frein ces trois dernières années. Cette
croissance, basée sur la mondialisation, repose
essentiellement sur l’extraction des ressources
naturelles et l’agriculture. Elle a été porteuse de
certains progrès, notamment avec l’apparition
d’une classe moyenne importante dans des pays
comme le Brésil. Cependant, elle a aussi contribué
à fragiliser les populations les plus vulnérables, à
creuser les inégalités dans de nombreux pays, sans
parler de l’impact négatif et parfois dramatique sur
l’environnement. Malgré un contexte régional de
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 83
 crise économique accentué en 2016, l’exploitation
des ressources naturelles continue de donner lieu
à de nombreux conflits sociaux et territoriaux. Les
entreprises exploitantes intègrent de plus en plus
dans la gestion de ces tensions l’instrumentalisation
du droit p ou r c r iminalise r les leade rs des

PRIORITÉ 6
communautés qui s’opposent ou dénoncent
D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE - l’impact négatif des activités des entreprises sur
l’environnement, le droit à la santé, le droit à une
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES consultation libre et informée, le droit à un habitat
décent. Ce phénomène de criminalisation touche
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS en particulier les communautés autochtones et les
paysans, notamment au Mexique, au Honduras,
O U E N T R ANS IT I O N en Colombie, en Équateur, au Pérou, au Brésil et
au Guatemala.
AMÉRIQUES
Enfin, dans un contexte où les discours et politiques
populistes cherchent à se consolider dans la région
et dans le monde, le fonctionnement des contre-
pouvoirs, que ce soit aux États-Unis mais aussi
au Venezuela, au Brésil ou au Nicaragua et dans
une moindre mesure en Bolivie et en Équateur, est
d’autant plus primordial pour contrer des discours
et politiques discriminatoires et racistes.

2/ LA FIDH ET SES ORGANISATIONS MEMBRES ET

PARTENAIRES EN ACTION

Rapports publiés en 2016
Amériques : Criminalisation des défenseurs des droits humains : un phénomène préoccupant
en Amérique Latine
Colombie : Le coût humain du pétrole : une étude d’impact sur les droits humains des
activités de Pacific Exploration & Production Corp. au Puerto Gaitán.
Honduras : Les défenseurs des droits humains entre le marteau et l’enclume
Honduras : Criminalisation dans le Bajo Aguán : une demi-justice
Nicaragua : le gouvernement doit annuler la concession du canal interocéanique
84 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
ÉTABLIR LES FAITS, ALERTER, PROPOSER
Pour alerter sur les situations de violence, de
répression de la contestation et d’impunité en vue
de sanctionner et d’influer sur le comportement des
responsables des violations des droits humains,
la FIDH et ses organisations membres dans les
Amériques ont produit 54 communiqués de presse et
lettres ouvertes en 2016. Ceux-ci ont été diffusés aux
autorités et organisations intergouvernementales
et mécanismes de protection des droits concernés
ainsi qu’aux médias – avec un accent sur les
journaux sud-américains, qui ont largement relayé
les informations transmises.
Documentation des crimes internationaux - La FIDH
a poursuivi son action de documentation des crimes
les plus graves commis sur le continent et sur les
réponses apportées par les juridictions nationales
à cet égard. La FIDH a ainsi continué son travail de
documentation des crimes les plus graves commis
au Mexique, notamment ceux liés à la lutte contre
le narcotrafic. Particulièrement, la FIDH a recueilli
des preuves et témoignages de victimes de graves
violations des droits humains commises de manière
systématique et massive par les forces de sécurité
et le groupe de narcotrafiquants Zetas contre la
population civile dans la province de Coahuila.
Des violations pouvant être qualifiées de crimes
contre l’humanité.
Un soldat à un point de contrôle
dans les environnements de Puerto
Gaitan, Colombie
© Eitan Abramovich/AFP
La FIDH a par ailleurs documenté tout au long
de l’année les éléments de preuve démontrant
que l’entreprise étasunienne Chiquita Brands
International, Inc. (Chiquita) s’était rendue
complice des crimes internationaux commis par
les paramilitaires en Colombie.
Documentation de la criminalisation de la
protestation sociale - La FIDH, dans le cadre de
l’Observatoire pour la protection des défenseurs des
droits de l’Homme, programme conjoint avec l’OMCT,
a publié début 2016 une étude sur la criminalisation
des défenseurs des droits humains dans le contexte
de projets industriels et d’extraction des ressources
naturelles, phénomène devenu particulièrement
préoccupant en Amérique latine. Le rapport présenté
en conférence de presse au Mexique démontre, à
partir de cas concrets dans huit pays de la région :
Brésil, Colombie, Équateur, Guatemala, Honduras,
Mexique, Nicaragua et Pérou, que la criminalisation
de défenseurs qui dénoncent les violations des
droits humains liées aux activités d’entreprises est
devenu un phénomène régional. Le rapport souligne
le rôle-clé des entreprises et du pouvoir judiciaire
dans la criminalisation des défenseurs, et ce malgré
leurs obligations en matière de droits humains et
la légitimité de la protestation sociale pacifique.
En effet, dans la plupart des cas, les entreprises
sont à l’origine des procédures pénales intentées
à l’encontre des défenseurs, sollicitant l’application
de lois d’exception, à l’instar des lois antiterroristes.
Et le rapport dénonce le manque d’indépendance
et d’impartialité de la justice, et ainsi son impact
déterminant dans le phénomène de criminalisation
des défenseurs.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 85
 PRIORITÉ 6 D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE -
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
AMÉRIQUES
Documentation des violations des droits humains
liées à l’activité des entreprises –La FIDH a continué
son travail de documentation des violations des
droits humains liées à l’activité des entreprises (cf.
Priorité 5). Elle a ainsi mené une étude et publié un
rapport sur le projet du canal interocéanique et des
autres méga-projets accordés aux entreprises de
l’investisseur chinois Wang Jung au Nicaragua. Le
rapport dénonce les violations des droits humains
qui découlent et pourraient découler de la poursuite
de ces méga-projets.

Enfin, la FIDH a publié le rapport d’une étude d’impact

sur les droits humains menées en coopération avec
les communautés affectées par les agissements
en Colombie de l’entreprise Canadian multinational
Pacific Exploration & Production Corp. Le rapport
conclut que l’entreprise pétrolière viole les droits
du travail, cause des dommages environnementaux
et impacte négativement sur la sur vie des
communautés indigènes au Puerto Gaitán.

LUTTER CONTRE L’IMPUNITÉ DES CRIMES

INTERNATIONAUX DU PASSÉ ET PRÉSENT
Dans l’objectif de soutenir le droit des victimes à la
justice, de prévenir la commission d’autres crimes
graves et de promouvoir la consolidation de l’État
de droit, la FIDH et ses organisations membres ont
continué à se mobiliser pour la lutte contre l’impunité
des auteurs des crimes les plus graves devant les
tribunaux nationaux, mais également lorsque c’est
pertinent, devant la Cour pénale internationale.
Ainsi, la FIDH a continué de mettre en œuvre son
projet spécifique sur la lutte contre l’impunité en
Haïti, lui permettant d’accroître son soutien aux
victimes et ONGs haïtiennes impliquées dans la
procédure contre les sbires de l’ancien dictateur
Jean-Claude Duvalier, ainsi qu’aux organisations de
la société civile travaillant sur le devoir de mémoire
des crimes du passé dans ce pays. Une mission de
plaidoyer a été organisée par la FIDH pour appeler
les représentations diplomatiques et les Nations
unies à faire de la lutte contre l’impunité une priorité
de leur action et de leurs discussions avec les
autorités haïtiennes.
86 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
La FIDH a aussi suivi de près les négociations de
paix entre les autorités colombiennes et les FARC
pour examiner la compatibilité des accords en
cours au regard du droit international des droits de
l’Homme et du Statut de Rome de la Cour pénale
internationale ratifié par la Colombie.
En outre, dans la continuité de son action pour
l’activation de la compétence de la CPI sur les
crimes les plus graves commis dans la région
des Amériques, la FIDH a continué d’interpeller le
Bureau du procureur pour qu’il ouvre un examen
préliminaire sur la situation au Mexique, se fondant
notamment sur sa communication concernant
les crimes internationaux commis dans la région
de Baja California. Les éléments de preuve et
témoignages recueillis par la FIDH s’agissant des
crimes internationaux commis dans la région de
Coahuila dans le contexte de la lutte contre le
narcotrafic pourra également faire l’objet d’une
saisine de la CPI en 2017. Le travail de la FIDH
pointant la responsabilité de l’entreprise Chiquita
dans les crimes commis par les paramilitaires en
Colombie fondera également une saisine de la CPI
en 2017 sur cette situation.
Enfin, dans le suivi de son action pour établir la
responsabilité des États dans la commission de
graves violations des droits humains, la FIDH,
qui avait représenté des victimes devant la Cour
Des manifestants rassemblés à Osorno au Chile pour demander la libération de Francisca Linconao
© Fernando Lavoz/NURPHOTO
interaméricaine des droits de l’Homme, a appelé
le Chili à mettre en œuvre l’arrêt de la Cour qui a
condamné l’État en 2014 pour utilisation abusive
de la loi antiterroriste contre des membres de la
communauté Mapuche. La FIDH a également
continué de suivre l’affaire « Zelaya » qu’elle a
portée avec ses organisations membres devant la
Commission interaméricaine des droits de l’Homme
(CIDH) contre le Honduras. Elle a en outre suivi
les développements de sa communication devant
la CIDH contre le Chili dans l’affaire dite « media
prescripción », pour dénoncer les peines très
légères accordées aux dignitaires du régime de
Pinochet permettant qu’ils partent libres malgré
leur condamnation.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 87
 PRIORITÉ 6 D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE - MOBILISER LES AUTORITÉS NATIONALES ET
LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE POUR
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES DES MESURES CONCRÈTES EN FAVEUR DE LA
PROTECTION DES DROITS HUMAINS
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS Pour pousser à des mesures concrètes en faveur de
la protection des droits humains, la FIDH a soutenu
O U E N T R ANS IT I O N ses organisations membres pour mener des actions
de plaidoyer et de visibilité à l’adresse des décideurs
AMÉRIQUES nationaux et internationaux pour présenter le
résultat de leurs actions de veille et d’enquête, et
appeler à la mise en œuvre des recommandations
émises dans leurs rapports, notes de position et
communiqués de presse conjoints.

Dans la lignée de son action de documentation de

la criminalisation de protestation sociale dans les
Amériques et en particulier au Honduras, la FIDH a
soutenu le plaidoyer de ses organisations membres
et partenaires de ce pays auprès des instances
internationales, américaines et européennes pour
les appeler à dénoncer les violations des droits
humains et à exiger des autorités toutes mesures
utiles pour qu’elles cessent.
Ainsi, la FIDH, l’OMCT, le CEHPRODEC, le CIPRODEH,
le COFADEH et la Plateforme internationale contre
l’impunité ont demandé et obtenu une audience
publique devant la Commission inter-américaine des
droits de l’Homme (CIDH) à Panama sur la situation
des défenseurs des droits humains au Honduras.
Les organisations ont à cette occasion lancé un
appel aux autorités du Honduras pour qu’elles
fassent preuve d’une réelle volonté politique pour
endiguer la crise que traverse ce pays.
Outre le focus de son plaidoyer sur la dénonciation
de la criminalisation de la protestation sociale, (cf.
Focus), la FIDH a continué d’alerter les instances
internationales et régionales sur les situations de
violence comme au Mexique et sur l’état des lieux
du processus de paix en Colombie.
Elle a également mené un important plaidoyer
pour dénoncer les graves manquements aux
principes démocratiques et à l’État de droit en
Haïti. À l’occasion d’une mission en février, la
FIDH a pu soutenir son organisation membre, le
RNDDH, dans la dénonciation des importantes
irrégularités constatées lors du premier tour des
élections présidentielles. La FIDH a ainsi appelé les
représentations diplomatiques influentes comme les
États-Unis, le Canada et la France à peser tout leur
poids pour exhorter à l’organisation d’un nouveau
scrutin afin d’apaiser les contestations des partis
politiques qui menaient à des manifestations
d’ampleur, risquant de se muer en violence et de
paralyser les institutions. La FIDH a également
permis au directeur du RNDDH de mener ce plaidoyer
auprès des instances de l’Union européenne à
Bruxelles.
RENFORCER LA CAPACITÉ D’ACTION DES
ORGANISATIONS MEMBRES ET PARTENAIRES
Dans le cadre de la réalisation de ses programmes,
la FIDH a fourni un soutien matériel et financier à
plusieurs de ses organisations membres pour la
documentation des violations graves des droits
humains. La FIDH a également soutenu des
organisations partenaires au Mexique, en Colombie
et au Nicaragua pour la mise en place d’activités
liées à la protection des ONGs et défenseurs des
droits humains.

Manifestation contre les élections présidentielles, Port-au-Prince, Haïti

© HECTOR RETAMAL/AFP

88 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 89

 PRIORITÉ 6 D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE -
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
AMÉRIQUES
3/ EXEMPLES DE RÉSULTATS OBTENUS

La FIDH et ses organisations membres ont permis

ou contribué à/au :

L’attention portée par la Commission interaméricaine des

droits de l’Homme sur les réductions de peine accordées aux
militaires auteurs de crimes durant la dictature de Pinochet
GLORIA MARGARITA CANO LEGUA, VICE-PRÉSIDENTE DE LA FIDH :
« En décembre 2016, la Commission interaméricaine des droits de l’Homme a déclaré
recevable la plainte dans l’affaire dite « media prescripción » introduite en 2010 par la
FIDH et AFDD au nom de 48 familles. Cette étape est une première victoire pour nos
organisations qui espèrent que la CIDH se prononcera au fond pour dénoncer les réductions
de peine accordées aux militaires chiliens ayant commis des crimes contre l’humanité durant la dictature
de Pinochet. Il s’agira également d’établir une jurisprudence sur la question de la proportionnalité de la
peine pour des crimes internationaux ».

Libération des paysans et défenseurs du Bajo Aguán, Honduras

ELSIE MONGE, VICE-PRÉSIDENTE DE LA FIDH :
« Le mardi 7 juin, la troisième division du tribunal de première instance a décrété l’innocence des paysans
du Bajo Aguán qui avaient agi pour défendre leur cause. Les infractions de manifestations illégales et de
dégâts matériels, commis à l’encontre de l’État du Honduras et pour lesquels ils avaient été accusés et
traduits en justice, n’ont pas pu être prouvées.
Au cours du procès, il a été clairement démontré que les accusations qui pesaient à l’encontre des paysans
étaient ambiguës et vagues, et donc infondées.
La FIDH, qui avait dénoncé la procédure montée contre les défenseurs et paysans et présenté cette affaire
comme un nouveau cas de criminalisation de la protestation sociale, a mené une mission d’observation Manifestation à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’encontre des femmes, Guatemala
judiciaire. Cette présence a indéniablement pesé dans l’appréciation des juges qui ont finalement ordonné © Johan Ordonez/AFP

la libération des défenseurs et paysans du Bajo Aguán ».

La libération de défenseurs accusés de terrorisme en
Équateur - Le dirigeant communautaire et défenseur
du droit à la terre M. Manuel Trujillo, président
de la commune de San Pablo de Amalí (province
de Bolívar), et Mme Manuela Pacheco, une autre
habitante de la commune qui s’est mobilisée pour la
défense de l’eau et de la terre, accusés de « terrorisme
organisé », ont finalement été acquittés et libérés par
décision du Tribunal des Garantías de Bolívar le 25
Janvier 2016. La FIDH, à travers l’Observatoire pour
la protection des défenseurs des droits de l’Homme,
avait fait état du cas de Manuel Trujillo dans son
rapport sur « la criminalisation de la protestation
sociale contre les projets d’extraction en Équateur
90 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
» et transmis des lettres aux autorités judiciaires
et gouvernementales réfutant les accusations
émises à l’encontre des défenseurs et dénonçant
l’utilisation abusive du droit pénal comme outil de
criminalisation des hommes et des femmes qui
défendent les droits humains dans le pays.
La suspension d’un projet de canal interocéanique
au Nicaragua -La publication du rapport de la FIDH
présentant les dangers en matière de protection
des droits humains du projet de construction par
une entreprise chinoise d’un canal interocéanique
au Nicaragua a eu une très importante couverture
presse, y compris dans des médias asiatiques. Ses
conclusions ont également été reprises dans une
résolution d’urgence du Parlement européen. Ceci
a contribué à la suspension de facto du projet du
canal même si l’entreprise continue d’affirmer que
le projet se fera.
Victoire d’Acción Ecológica contre la procédure de
dissolution à son encontre - Le 19 décembre 2016,
le jour même de la ratification de l’accord de libre-
échange entre l’Union européenne et l’Équateur,
le gouvernement Équatorien avait demandé la
dissolution d’Acción Ecológica suivant le décret
de dissolution des ONGs, en l’accusant de sortir
de son mandat, de promouvoir la violence des
autochtones Shuar et de dénoncer l’impact négatif
des politiques extractives de l’Équateur. La FIDH
s’est immédiatement mobilisée pour la défense
de cette organisation en fournissant le soutien
d’un avocat qui a tenu des conférences de presse
et participé aux audiences devant les juridictions
administratives. La FIDH s’est également lancée
da ns u n e mo b ilisatio n d e la c o m mu nau té
internationale au travers d’actions de plaidoyer et
de production d’appels urgents. Le 12 janvier 2017, le
ministère de l’Environnement de l’Équateur a rendu
un avis favorable à Acción Ecológica, qui servira
de jurisprudence pour démonter les pratiques de
persécution du gouvernement contre les ONGs.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 91
 Apaisement de la crise politique en Haïti
PIERRE ESPÉRANCE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA FIDH : « Le plaidoyer intense de la FIDH
auprès des représentations diplomatiques influentes en Haïti, comme celles des États-Unis, de
la France et du Canada, a mené celles-ci à finalement privilégier le scénario de l’organisation
d’un nouveau premier tour de l’élection présidentielle. Celles-ci avaient pourtant opté dans

PRIORITÉ 6
un premier temps pour la conduite d’un second tour en dépit des irrégularités constatées le
D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE - jour du scrutin, des protestations des partis politiques d’opposition et des manifestations
de rue. Ce repositionnement a certainement contribué à apaiser les tensions, permettant
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES l’organisation d’un nouveau premier tour dans des conditions bien meilleures que le précédent
et ainsi donner une plus grande légitimité aux résultats des urnes ».
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
AMÉRIQUES

LA FIDH
DOCUMENTE LA
CRIMINALISATION
DE LA
PROTESTATION
SOCIALE AU
HONDURAS
Berta Caceres, militante écologiste et cheffe de file
de la défense des droits des indigènes du Honduras
a été assassinée le 3 mars 2016 à son domicile, par
des hommes lourdement armés. La nouvelle de
sa mort a ému le monde entier et mis en lumière
la situation particulièrement préoccupante des
activistes et défenseurs qui dénoncent les violations
des droits humains dans ce pays.
La FIDH a, tout au long de l’année, contribué à la
documentation de cette situation pour appeler les
autorités nationales et la communauté internationale
à agir pour endiguer ce phénomène.
En septembre, dans le cadre de l’Observatoire pour
la protection des défenseurs des droits de l’Homme,
la FIDH a publié le rapport de ses enquêtes menées
en mai et juin 2016 au Bajo Aguán sur le harcèlement
judiciaire subi pendant 4 ans par 25 défenseurs et
paysans de cette région poursuivis devant la justice
pour manifestation illégale et atteinte à la sûreté de
l’État. Le rapport démontre les graves irrégularités
de procédures dans cette affaire, notamment les
atteintes au droit à un procès équitable, du fait d’une
justice dépendante et corrompue. Le rapport revient
également sur l’assassinat en 2012 de l’avocat et
défenseur des droits humains Antonio Trejo, qui
fait encore aujourd’hui l’objet d’une impunité totale.
En décembre, la FIDH, toujours dans le cadre de
l’Observatoire, a publié le rapport de ses enquêtes
réalisées en avril et mai, analysant la situation
globale des défenseurs dans ce pays. Le rapport
insiste sur le fait que les agressions contre les
défenseurs et défenseures sont commises en toute
impunité. A contrario, il démontre que le système
judiciaire semble tout mettre en œuvre pour mener
rapidement les procédures lancées contre les
défenseurs dont les activités sont criminalisées. Le
rapport conclut qu’il est urgent pour le Honduras de
disposer d’un cadre national plus clair et protecteur,
reconnaissant pleinement les droits humains de la
population paysanne, des peuples autochtones et
des personnes LGBTI. Les défenseurs et défenseures
qui œuvrent pour ces droits disposeraient ainsi d’un
meilleur cadre de travail et leur légitimité et leur
visibilité en seraient accrues, tout particulièrement
dans un contexte où prévalent les conflits autour
de la terre et les stéréotypes hétéro-patriarcaux.

Rassemblement pour demander la destitution du président hondurien Juan Orlando Hernández, Tegucigalpa.
© Orlando SIERRA/AFP

92 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 93

 PRIORITÉ 6 D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE -
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
ASIE
1/ CONTEXTE ET DÉFIS

De graves violations des droits humains et du droit

humanitaire international répondant à la qualification
de crimes internationaux continuent d’être perpétrées
dans de nombreux pays d’Asie, dans le contexte de
situations de conflit, de régimes dictatoriaux ou
autoritaires, de lutte contre le terrorisme, de « guerres
contre la drogue » ou de projets d’investissement de
grande envergure

En 2016, la situation des droits humains en Asie est

restée caractérisée par l’adoption et l’application
de lois répressives contrevenant aux normes
internationales, par un rétrécissement du champ
d’action de la société civile et par des attaques contre
les défenseurs des droits humains.

La discrimination et l’intolérance fondées sur la

religion, les convictions ou l’orientation sexuelle
continuent de représenter un sérieux défi auquel
de nombreux gouvernements ne peuvent — ou ne
veulent pas — faire face dans le respect des normes
internationales.

Concernant le conflit en cours en Afghanistan, l’année

2016 a connu le nombre le plus élevé de victimes
civiles selon les données recueillies depuis 2009,
avec une proportion croissante d’enfants parmi les Le président des Philippines Rodrigo Duterte, Manille
© Noel Celis/AFP
personnes tuées.

Malgré une attention accrue de la communauté
internationale, la situation des droits humains en
Corée du Nord ne s’est pas améliorée. Des rapports de
réfugiés et de dissidents de haut rang font état d’une
surveillance étroite de la population, de l’absence
totale de liberté d’expression et d’association, de
la poursuite des exécutions extrajudiciaires et la
présence de camps d’internement.
En Birmanie, les espoirs d’une transition réussie vers
la démocratie ont été assombris par des attaques de
grande ampleur menées par les forces de sécurité
gouvernementales contre la population Rohingya
dans l’État du Rakhine septentrional, depuis octobre
2016. L’ONU a déclaré que ces attaques pouvaient
« très probablement » s’apparenter à des crimes
contre l’humanité. En outre, il n’y a une aucune
amélioration dans les conflits en cours entre les
forces de sécurité gouvernementales et les groupes
armés des minorités ethniques dans les États Shan
et Kachin.
Aux Philippines, plus de 6 000 personnes, issues
principalement des milieux les plus pauvres, ont
été les victimes d’exécutions extrajudiciaires dans
le cadre de la violente campagne de « guerre contre
la drogue » lancée par le président Duterte. À de
nombreuses reprises, Rodrigo Duterte, arrivé au
pouvoir en juin 2016, a manifesté son mépris pour les
droits humains et les obligations de son pays en vertu
du droit international, et a proféré des menaces de
mort à l’encontre des défenseurs des droits humains.
Au Cambodge, les membres de l’opposition politique,
les personnes critiquant le gouvernement et les
défenseurs des droits humains ont été de plus en
plus la cible de l’administration du premier ministre
Hun Sen, par le biais de l’entrée en vigueur de lois
répressives et du recours aux tribunaux qui manquent
d’indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif.
L’assassinat, en juillet 2016, de Kem Ley, éminent
analyste politique et opposant du gouvernement,
témoigne du danger à émettre des critiques contre
Hun Sen.

94 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 95

 PRIORITÉ 6 D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE -
En Thaïlande, les libertés d’opinion, d’expression
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES et de rassemblement pacifique ont continué d’être
réprimées par la junte militaire. À la fin de l’année
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS 2016, une quarantaine de personnes étaient
incarcérées pour crime de lèse-majesté. L’adoption
O U E N T R ANS IT I O N en août d’une nouvelle Constitution rédigée par
les militaires a permis à la junte au pouvoir et à
ASIE ses agents de resserrer leur emprise et d’affaiblir
considérablement les institutions démocratiques.
En Iran, les activistes et les dirigeants politiques
continuent d’être réduits au silence et incarcérés sans
procès équitable, les lois et les mesures discriminant
les femmes perdurent et les exécutions, y compris
de mineurs, ont atteint un niveau record en 2016.
En Chine, des lois récemment adoptées sur la lutte
contre le terrorisme et le fonctionnement des ONGs
ont favorisé l’aggravation des répressions contre la
société civile et une militarisation accrue de régions
comme le Tibet, au nom de la « sécurité nationale ».
Les attaques contre les avocats se sont intensifiées,
se traduisant par le harcèlement, l’inculpation, la
détention et la torture de nombre d’entre eux.
Au Bangladesh, les journalistes, les activistes et
les défenseurs des droits humains continuent
d’être soumis aux menaces, à la répression et
Un autochtone devant sa maison incendiée, Rangamati, Bangladesh
© Faiham Ebna Sharif/AFP
96 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
aux persécutions de la part des autorités qui ont
recours aux disparitions forcées et aux exécutions
extrajudiciaires. De nouvelles lois répressives,
notamment sur le financement des ONGs, sont
utilisées contre les défenseurs des droits humains
et les journalistes, et visent à restreindre le champ
d’action de la société civile indépendante.
En Inde, l’espace de la société civile a vu son champ
d’action se restreindre rapidement. La réglementation
des contributions étrangères (Foreign Contribution
Regulation Act, FRCA), qui ne respecte pas les normes
internationales relatives aux droits humains, est de
plus en plus utilisée pour bloquer les financements
étrangers d’organisations de la société civile.
Au Pakistan, les droits civiques ont continué d’être
réprimés, en particulier la liberté d’expression et
la liberté de religion. L’espace dévolu à la société
civile ne cesse de se réduire, les défenseurs des
droits humains, les journalistes et les ONGs étant
victimes d’actes d’intimidation et d’exécutions
extrajudiciaires. Les exécutions de civils, y compris de
mineurs, sont toujours prononcées par les tribunaux
militaires pakistanais pour des infractions telles que
le blasphème qui prévoit la condamnation à mort
comme sanction obligatoire.
Au Laos, l’espace de la société civile demeure
inexistant. Au Vietnam, où le gouvernement a renforcé
son emprise sur l’exercice des droits civiques et
politiques, les blogueurs, les défendeurs des droits
humains et les activistes ont continué de faire l’objet
de harcèlement, d’agressions physiques, de détention
et d’emprisonnement arbitraires.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 97
 PRIORITÉ 6 D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE -
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
ASIE
2/ LA FIDH ET SES ORGANISATIONS MEMBRES ET
PARTENAIRES EN ACTION

ÉTABLIR LES FAITS, ALERTER, PROPOSER

Sur la base des informations fournies par ses
organisations membres et partenaires, la FIDH a
publié 100 communiqués de presse, lettres ouvertes
et documents d’information afin de sensibiliser les
médias et les organismes intergouvernementaux
sur la situation des droits humains dans plus de
20 pays de la région. En outre, la FIDH a publié 58
appels urgents dans le cadre de l’Observatoire pour
la protection des défenseurs des droits de l’Homme.

Avec ses membres et organisations partenaires, la

FIDH a également organisé 9 missions internationales
(établissement des faits, sensibilisation, observation,
solidarité et plaidoyer) au Bangladesh, en Birmanie
au Cambodge, en Malaisie et en Thaïlande. Elle
a publié des rapports d’enquête et de situation
comportant des recommandations précises sur les
moyens de réduire les violations des droits humains,
qu’elle a documentés.

Rapports publiés en 2016

ASEAN: “Going backwards – The death penalty in Southeast Asia”

Des manifestants contre la loi sur le crime de lèse-majesté, Bangkok, Thaïlande
China: “Dangers of China’s counter-terrorism law for Tibetan and Uyghurs” © Apichart Jinakul/BANGKOK POST
Thailand: “36 and counting – Lèse-majesté imprisonment under Thailand’s military junta”
Thailand: “Roadblock to democracy – Military repression and Thailand’s draft constitution”

En 2016, la FIDH a concentré son attention sur la
situation en Thaïlande.
La FIDH a également mené une mission de
documentation concernant les disparitions forcées
au Bangladesh. Cette mission avait pour objectif
de recueillir la documentation sur les disparitions
forcées, de rencontrer les familles des victimes et
les défenseurs des droits humains afin d’identifier
les menaces auxquelles ils sont confrontés et
développer des stratégies d’action pour les soutenir.
Les conclusions préliminaires de cette mission
montrent que les victimes sont essentiellement des
membres de partis politiques d’opposition, et les
auteurs ont été identifiés comme appartenant aux
forces de l’ordre, notamment le Bataillon d’action
rapide (Rapid Action Battalion, RAB), les services
d’enquête (Detective Branch) de la police et d’autres
membres des forces de police bengalaise.
La FIDH documente les violations des droits humains perpétrées par la junte militaire en Thaïlande
La FIDH reste l’une des rares organisations au monde à accomplir des actions de plaidoyer international
sur les affaires de lèse-majesté en Thaïlande. La publication du rapport conjoint FIDH/ UCL « 36
and counting - Lèse-majesté imprisonment under Thailand’s military junta » fournit une documentation
complète et une analyse des conséquences pour les droits humains de l’utilisation répétée de l’article
112 du Code pénal « lèse-majesté », depuis le coup d’État militaire de 2014. La publication du rapport
a débouché sur la soumission au WGAD de 6 plaintes relatives à des cas individuels de détention au
motif de crime de lèse-majesté. La FIDH a en outre publié 5 communiqués de presse sur le recours
abusif à la loi lèse-majesté.

98 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 99

 L a FIDH a également mené deux missions
d’observation dans le cadre de procès au Cambodge

PRIORITÉ 6
afin d’observer les procédures judiciaires en cours
D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE - contre l’ancien responsable de l’Association pour
les droits de l’Homme et le développement au
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES Cambodge (ADHOC), Ny Chakrya.

DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS MOBILISER LES AUTORITÉS NATIONALES

ET LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
O U E N T R ANS IT I O N POUR QU’ELLES PRENNENT DES MESURES
CONCRÈTES EN FAVEUR DE LA PROTECTION
ASIE DES DROITS HUMAINS
Dans de nombreux pays de la région, les autorités
refusent de dialoguer avec les ONGs qui défendent
les droits humains. Dans de telles situations, le rôle
de la communauté internationale est essentiel pour
exercer des pressions diplomatiques, politiques
ou économiques sur les gouvernements afin
que ceux-ci répondent aux préoccupations de
la société civile et respectent leurs obligations
internationales en matière de droits humains. Il est
difficile de mener des actions de lobbying auprès
des organisations intergouvernementales et des
mécanismes internationaux de protection des droits
humains, certaines ONGs manquant de moyens
ou de l’expertise nécessaires pour accéder à ces
instances. La FIDH a soutenu ses organisations
membres et ses partenaires pour informer et
mobiliser les institutions sur les violations des
droits humains en Asie.
Les recommandations figurant dans le rapport
alternatif soumis pour l’examen du rapport périodique
des Philippines au titre du Pacte international
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels
(PIDESC) se retrouvent dans les recommandations
du CESCR concernant les défenseurs des droits
humains, les peuples autochtones, le chômage et
le sous-emploi, les conditions de travail, le droit à
une alimentation et une nutrition appropriées et le
droit à un logement convenable.
Les communications faites au WGEID après
l’arrestation en 2016 au Laos de trois personnes
ayant critiqué le gouvernement ont entraîné une
communication du WGEID au gouvernement du
Laos au titre de la procédure d’action urgente, et la
reconnaissance de la part des autorités laotiennes
que ces trois personnes étaient effectivement
détenues dans une prison de Vientiane, la capitale.
La soumission de l’UPR sur l’Indonésie, centrée
sur la peine de mort, a contribué à la rédaction
par les États membres des Nations unies de 12
recommandations concernant l’abolition de la peine
capitale au cours de l’examen.
Concernant la documentation et le plaidoyer
auprès des institutions de l’UE, la FIDH a organisé
et soutenu la participation de six défenseurs des
droits humains appartenant à ses organisations
membres et partenaires de cinq pays (Birmanie,
Philippines, Iran, Malaisie, Bangladesh) lors de cinq
interfaces avec des acteurs concernés.

Soumissions présentées aux organes conventionnels et aux mécanismes quasi-judiciaires des Nations
unies :

Au Comité des droits de l’homme des Nations unies (CCPR) : soumission pour la liste des points à
traiter pour l’examen de la Thaïlande.
Au Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies (DESC) : rapport alternatif
pour l’examen des Philippines.
Au Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire (WGAD) : 8 communications relatives
à des cas au Cambodge, en Corée du Sud et en Thaïlande.
Au Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires (WGEID) : 3
communications concernant des cas au Laos.
À l’Examen périodique universel (EPU) : soumission pour l’examen de l’Indonésie.

Des Boyscouts plantent des jeunes arbres dans les montagnes de Puerto Princesa aux Philippines
© Romeo Gacad/AFP

100 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 101

 PRIORITÉ 6 D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE -
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
ASIE
3/ EXEMPLES DE RÉSULTATS OBTENUS

La FIDH et ses organisations membres ont permis

ou contribué à/au :

Sensibilisation au recours abusif du crime de lèse-

majesté en Thaïlande. L’accumulation de preuves
produites sans relâche par la FIDH sur les graves
impacts pour les droits humains de l’utilisation
répétée de l’article 112 du Code pénal (lèse-majesté),
a permis à la communauté internationale de prendre
conscience de cette tendance préoccupante.
La FIDH est devenue une source fiable de faits,
statistiques et analyses précis et fournis rapidement
sur cette thématique. Le rapport « 36 and counting -
Lèse-majesté imprisonment under Thailand’s military
junta », publié en février 2016, a débouché sur 8
recommandations des États membres des Nations
unies au gouvernement thaïlandais qui portent sur
l’amendement ou l’abrogation de l’article 112 au
cours de l’EPU de la Thaïlande en mai 2016.

Conclusion de mauvaise administration de la part

de l’Union européenne concernant l’accord de libre-
échange entre l’UE et le Vietnam. En février 2016,
la médiatrice européenne a conclu que le refus
de la Commission européenne (CE) de conduire
une évaluation d’impact sur les droits humains au
cours de négociations relatives à des accords de
commerce et d’investissements avec des pays tiers
constituait un cas de mauvaise administration.
La médiatrice a émis cet avis suite à une plainte
déposée par la FIDH et son organisation membre le
VCHR concernant le traitement par la Commission
européenne des négociations en vue d’un accord
de libre-échange (ALE) entre l’UE et le Vietnam.
La décision historique de la médiatrice constitue
un précédent important pour que les questions
relatives aux droits humains deviennent un élément
central de futurs ALE conclus par la CE avec des
pays d’Asie ou d’ailleurs.
Dénonciation par le Groupe de travail des Nations
unies sur la détention arbitraire (WGAD) de détention
arbitraire en Thaïlande. Dans un avis émis en
décembre 2015 et publié en janvier 2016, le Groupe
de travail des Nations unies sur la détention arbitraire
(WGAD) a déclaré que la détention de l’activiste
politique Pornthip Munkong alias Golf pour lèse-
majesté était arbitraire. Le WGAD a appelé à sa
libération immédiate sans condition. Voir ci-dessus,
Exemples de résultats. L’avis du WGAD a été émis en
réponse à une plainte soumise par la FIDH, basée
sur des recherche menées conjointement avec son
organisation membre thaïlandaise, l’Union pour la
liberté civile (Union for Civil Liberty, UCL).
Manifestation devant le tribunal, Bangkok, Thaïlande
© Christophe Archambault
Dénonciation par le WGAD des détentions arbitraires
au Cambodge. En novembre 2016, le WGAD a
déclaré que la détention de Ny Sokha, Yi Soksan,
Nay Vanda, Lim Mony et Ny Chakrya, cinq membres
de l’Association cambodgienne pour les droits de
l’homme et le développement (ADHOC), organisation
membre de la FIDH, était arbitraire et a appelé à leur
libération immédiate. Le WGAD a émis cet avis en
réponse à une soumission présentée par la FIDH
(dans le cadre de l’Observatoire pour la protection
des défenseurs des droits de l’Homme) et son
organisation membre, la Ligue cambodgienne pour
la promotion et la défense des droits de l’Homme
(LICADHO).

102 — F I D H R APPO RT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 103

 LIBÉRATION
PRIORITÉ 6 D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE - DE PORNTHIP
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES MUNKONG ALIAS
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS GOLF CONDAMNÉE
O U E N T R ANS IT I O N POUR LÈSE-
ASIE MAJESTÉ
ROSEMARIE R. TRAJANO, VICE-PRÉSIDENTE DE
LA FIDH :
« En Thaïlande, Pornthip Munkong alias Golf a été
libérée le 27 août 2016, six mois avant le terme prévu
de sa peine de prison de deux ans et demi pour
lèse-majesté. La FIDH a plaidé activement pour sa
libération en organisant de nombreuses actions, dont
la soumission de plaintes au Groupe de travail des
Nations unies sur la détention arbitraire (UNGWAD) et ADOPTION
à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la
science et la culture (UNESCO) ». PAR LE
PARLEMENT
EUROPÉEN (PE) DE
RÉSOLUTIONS PAR
PAYS DÉNONÇANT
LES VIOLATIONS
DES DROITS DE
L’HOMME
DEBBIE STOTHARD, SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DE
LA FIDH:
« Le PE a adopté une résolution sur la situation
des droits de l’homme au Cambodge qui intègre de
nombreuses demandes formulées par la FIDH et ses
organisations membres ADHOC et LICADHO dans
leurs interactions avec les acteurs de l’UE. Il s’agit
notamment d’une soumission pour une session
du PE sur le Cambodge en janvier 2016 et d’un
document d’information conjoint pour le dialogue
UE-Cambodge sur les droits humains en mai 2016.
En juin 2016, le PE a adopté une résolution sur la
situation des droits humains au Vietnam, basée
en grande partie sur les éléments du document
d’information du comité conjoint FIDH-Comité
vietnamien pour la défense des droits de l’homme
(VCHR). De même, la résolution urgente du PE sur
la situation des droits de l’homme aux Philippines
fait écho aux préoccupations et recommandations
exprimées dans un rapport détaillé fourni par la FIDH
et son organisation membre l’Alliance philippines
des défenseurs des droits de l’Homme (PAHRA) ».
Session parlementaire, naypyidaw, Birmanie
© Soe Than Win/AFP

104 — F I D H R APPO RT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 105

 PRIORITÉ 6 D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE -
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
AFRIQUE DU NORD E T MOYEN-ORIENT

1/ CONTEXTE ET DÉFIS

La région est sous le feu de plusieurs conflits et

crises graves marquées par diverses violations des
droits humains pouvant être qualifiés de crimes
internationaux et par une recrudescence des
violences sectaires. De nombreuses populations
sont forcées de se déplacer ou de fuir leur pays en
raison des combats et d’une situation humanitaire
catastrophique. Dans les pays de l’ensemble de la
région, de graves violations des droits humains,
civils et politiques sont commises par les États au
nom de la lutte contre le terrorisme et de la sûreté
de l’État. Les justices nationales n’offrent que peu de
recours aux victimes de ces violations, au contraire,
elles sont dans de nombreux cas l’instrument de
l’exercice liberticide du pouvoir.

En 2016, la guerre en Syrie a continué de plonger

la population dans l’horreur. Le nombre de morts
dépasserait les 400 000 après 6 années de combats.
L’UNHCR a dénombré près de 5 millions de réfugiés
et 9 millions de personnes déplacées. L’ONU a estimé
à près de 600 000 le nombre de personnes vivant
dans 18 zones ou localités assiégées, dont quelque
450 000 assiégées par l’armée. En décembre, Alep,
Une fillette boit l’eau d’un puit, Hodeidah, Yémen
deuxième ville du pays, tombait sous le contrôle des © Abdo Hyder/AFP
forces gouvernementales soutenues par les troupes
russes et iraniennes. Dans le même temps, Daesh
reprenait le contrôle de Palmyre. Le régime de Damas
s’est rendu responsable de l’écrasante majorité des
pertes civiles par ses bombardements aveugles. Des
violations graves du droit international humanitaire
ont également été commises en toute impunité par soutenues par le gouvernement, notamment dans Fin 2016, la Libye était toujours en proie aux violences justifier une répression extrêmement violente des
Daesh, les milices chiites et les forces militaires les zones libérées de l’État islamique, ont égalé en favorisées par l’instabilité politique. Tous les groupes oppositions politiques et des sociétés civiles, en
kurdes. Le Conseil de sécurité des Nations unies horreur ceux de Daesh. En fin d’année, la bataille armés ont continué de commettre en toute impunité violation flagrante des conventions internationales
est demeuré paralysé par les veto russe et chinois. de Mossoul a été lancée, laissant des milliers de des violations du droit international des droits de protection des droits humains.
En Irak, les crimes commis par les milices chiites civils pris au piège des combats. humains et du droit international humanitaire, dont
des enlèvements, prises d’otages, disparitions En Égypte, la répression d’une rare violence subie
Au Yémen, le conflit débuté en mars 2015 entre forcées, détentions arbitraires, actes de torture, par les opposants politiques a continué de s’étendre
le gouvernement soutenu par la coalition sous meurtres et attaques contre des civils. à l’ensemble de la société civile. Toute forme de
commandement saoudien et les rebelles chiites critique et de contestation pacifique a été pénalisée
houthis a placé la population dans une situation de Ces conflits, violences et l’aggravation de la menace dans le silence d’une communauté internationale
crise humanitaire sans précédent, avec 10 000 civils djihadiste ont été utilisés par les pouvoirs en satisfaite des déclarations du président Al-Sissi sur
tués depuis le début de l’intervention de la coalition.. place dans l’ensemble des pays de la région pour la lutte contre le terrorisme.

106 — F I D H R APPO RT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 107

 Le gouvernement israélien s’est lui aussi lancé
dans une entreprise systématique d’intimidation

PRIORITÉ 6
D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE -
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
et de répression des sociétés civiles israélienne
et palestinienne et a poursuivi sa politique
de développement des colonies, alors qu’une
résolution du Conseil de sécurité des Nations unies
de décembre 2016 réclamait d’Israël la fin de la
colonisation de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie.

O U E N T R ANS IT I O N En Tunisie, la lutte contre le terrorisme qui a

ensanglanté le pays en 2015 et 2016 menace
AFRIQUE DU NORD E T MOYEN-ORIENT les acquis juridiques et les droits consacrés par
la nouvelle Constitution et la ratification des
instruments internationaux. En Algérie et au Maroc,
les critiques des autorités ont été sanctionnées de
manière récurrente par des restrictions aux libertés,
des phénomènes de harcèlement judiciaire et des
actes de torture.

Face à ces contextes, le renforcement de la capacité

de protection et d’action de la société civile, la
documentation des graves violations des droits
humains, la lutte contre l’impunité des auteurs de
crimes internationaux et l’activation des instances
internationales et régionales de régulation des
conflits et crises sont demeurés des enjeux
importants. Tout comme l’ont été l’information et
la dénonciation du rôle joué par les régimes des
États du Golfe, notamment l’Arabie saoudite, dans
la déstabilisation de la région et le renforcement
de la répression des sociétés civiles.
2/ LA FIDH ET SES ORGANISATIONS MEMBRES ET
PARTENAIRES EN ACTION
ÉTABLIR LES FAITS, ALERTER, PROPOSER
En 2016, sur la base des informations communiquées
par ses organisations membres et partenaires,
la FIDH a publié un grand nombre d’alertes sur
les violations des droits humains dans la région
(plus de 200 communiqués de presse en arabe,
anglais et français). La FIDH a en outre publié 86
appels urgents de l’Observatoire pour la protection
des défenseurs des droits humains couvrant 11
pays. Ces informations ont été transmises aux
autorités concernées ainsi qu’aux institutions
intergouvernementales, aux mécanismes de
protection des droits internationaux et régionaux,
et aux médias.

S’agissant de la Syrie plus particulièrement, la

FIDH a produit plusieurs communiqués de presse
lors de l’attaque et du siège d’Alep par les forces
gouvernementales et leurs alliés, appelant à la
protection des civils et au cessez-le-feu. La FIDH a
également lancé la campagne « Syrie : le calvaire des
détenus » qui donne la parole à d’anciens prisonniers
syriens et qui vise à faire la lumière sur la gravité
des méthodes de torture et des pratiques illégales
qui ont lieu dans les prisons syriennes afin qu’elles
prennent fin. La FIDH a en outre lancé une étude
sur les violations des droits humains dans le cadre
de la reconfiguration démographique opérée sur le
territoire syrien.

Des palestiniens manifestent à Ramallah

© Abbas Momani/AFP

108 — F I D H R APPO RT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 109

 PRIORITÉ 6 D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE -
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DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
AFRIQUE DU NORD E T MOYEN-ORIENT

Par ailleurs, la FIDH a noué des contacts importants

avec des activistes et défenseurs qui documentent
les violations des droits humains sur tout le territoire
irakien. Notamment, elle s’est rapprochée d’une
ONG basée dans le Kurdistan irakien qui a effectué
un solide travail de documentation des crimes
internationaux perpétrés par Daesh à l’encontre de
la communauté Yézidie.

La FIDH a aussi entamé deux études concernant

l’Arabie saoudite. Une sur la situation des défenseurs
des droits humains dans ce pays. La seconde sur la
haine religieuse distillée par les autorités politiques
et religieuses de ce pays.

Dans le cadre de sa campagne #RT4Freedom

lancée pour faire sortir de l’oubli les défenseurs
emprisonnés pour avoir tweeté, la FIDH a continué
de documenter le harcèlement judiciaire subi par
Nabeel Rajab, secrétaire général adjoint de la FIDH
détenu au Bahreïn.

S’agissant de la Tunisie, au sein d’un collectif

de défense des libertés individuelles constitué
d’une quarantaine d’organisations locales et
internationales, la FIDH s’est particulièrement
mobilisée pour alerter sur les violations des droits
des personnes LGBTI qui subissent des poursuites
judiciaires et des mauvais traitements en raison de Affrontement de manifestants avec la police, Manama, Bahrein
leur orientation sexuelle. © Stringer/ANADOLU AGENCY

Enfin, la FIDH à travers l’Observatoire pour la MOBILISATION DES AUTORITÉS NATIONALES ET

protection des défenseurs des droits humains a
mené plusieurs observations judiciaires au Maroc
pour documenter la situation de sept défenseurs
poursuivis en raison de leurs activités en faveur de
la liberté d’expression dans le pays et a continué de
documenter les détentions et la torture d’activistes
sahraouis.
DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE POUR
DES MESURES CONCRÈTES EN FAVEUR DE LA
PROTECTION DES DROITS HUMAINS
L’accompagnement de ses organisations membres
dans leurs actions de plaidoyer au niveau national
mais également régional et international est au cœur
de l’action de la FIDH. Une action particulièrement
importante considérant les grandes difficultés ou
l’absence de dialogue dans certains pays entre les
autorités et les organisations de défense des droits
humains, mais aussi les risques de représailles
liées aux activités de plaidoyer menées par des
représentants d’ONGs nationales.
La FIDH a soutenu le plaidoyer de ses organisations
membres et partenaires auprès des Nations unies,
plus particulièrement du Conseil de sécurité et
du Conseil des droits de l’Homme, et de l’Union
européenne pour porter leurs préoccupations et
recommandations s’agissant des situations en
Syrie, en Irak, en Palestine, en Égypte et dans les
pays du Golfe.
Ainsi, le plaidoyer répété de représentants d’ONGs
syriennes (organisation d’événements parallèles,
rencontres avec les ambassadeurs et différents
mandats de procédures spéciales), invités par
la FIDH aux sessions du Conseil des droits de
l’Homme en 2016 a contribué à l’adoption par cette
instance d’une résolution décidant d’organiser, à
sa 34e session, une table ronde de haut niveau
sur la situation des droits de l’Homme en Syrie, y
compris sur les disparitions forcées et la détention
arbitraire, et la nécessité de faire répondre de leurs
actes les responsables de violations et d’atteintes
qui y sont liées.

110 — F I D H R APPO RT AN NUE L 2 0 1 6 F IFI

DDH
H RAPPORT
ANNUAL RE
ANNU
PORT
E L 22001166 — 111
 La FIDH a également mené un plaidoyer auprès
des instances onusiennes pour la création d’un
mécanisme international chargé d’enquêter sur
PRIORITÉ 6
les violations du droit international humanitaire et
D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE - violations et abus des droits de l’homme commis
par toutes les parties au conflit au Yémen.
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES
L a FIDH a également soutenu le plaidoyer
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS d’organisations égyptiennes auprès de différentes
instances internationales et d’États tiers pour attirer
O U E N T R ANS IT I O N leur attention sur la situation en Égypte, notamment
sur les violations des droits humains commises
AFRIQUE DU NORD E T MOYEN-ORIENT dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les
violations des libertés fondamentales comme les
droits d’expression et d’association, les arrestations
et détentions arbitraires, ainsi que les actes de
torture et disparitions forcées. En particulier, la
FIDH a soutenu ses organisations membres et
partenaires dans un intense plaidoyer auprès
des autorités françaises, important partenaire
commercial du régime de Sissi. Des rendez-vous
ont été organisés en amont de la visite officielle du
président Hollande en Égypte. La FIDH a également
mené une campagne publique choc avec l’objectif
que les autorités françaises appellent les autorités
égyptiennes au respect des droits humains.
ACTIVITÉS CONTENTIEUSES
L’activation de la justice nationale et internationale
pour le droit des victimes à la justice, la sanction
des auteurs et responsables des crimes les plus
graves, et le fait de contribuer à la non-répétition
des crimes, ont été également des axes majeurs de
l’action de la FIDH dans la région.
Considérant particulièrement l’impunité totale dont
bénéficient les auteurs des crimes les plus graves
commis en Syrie et l’impossible saisine de la Cour
pénale internationale par le Conseil de sécurité du
fait du veto de certains de ses membres, la FIDH a
poursuivi ses efforts pour soutenir les droits des
victimes à la justice en se fondant sur la compétence
universelle des tribunaux nationaux.
La FIDH s’est ainsi appuyée sur ses partenaires
pour alimenter les procédures judiciaires en cours
en France portant sur les crimes internationaux
perpétrés en Syrie (notamment l’enquête préliminaire
ouverte à la suite de la transmission à la justice
française du Rapport César, ainsi que l’information
judiciaire portant sur des crimes de guerre dont deux
journalistes français ont été victimes). Dans l’affaire
portant sur le bombardement ayant visé le centre
Les membres des forces de police égyptiennes patrouillent dans les rues du Caire
© Mahmoud Khaled/AFP
112 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
de presse de Homs en février 2012, instruite pour
crimes de guerre par la justice française en raison de
la présence de deux journalistes français parmi les
victimes (affaire Bouvier-Ochlik), la FIDH a pu faire
entendre un témoin, sous couvert d’anonymat, par
le juge d’instruction en charge de l’affaire, en février
2016. La FIDH a également obtenu, en octobre 2016,
l’ouverture d’une nouvelle information judiciaire
pour crimes contre l’humanité, torture et disparition
forcée concernant la disparition de deux citoyens
franco-syriens.
La FIDH a par ailleurs continué d’alimenter la
procédure visant la société Qosmos à la suite de
sa plainte déposée conjointement avec la Ligue des
droits de l’Homme dénonçant la participation de
sociétés françaises à la mise en place d’un système
généralisé de surveillance des communications
électroniques fourni au régime de Bachar el-Assad
et ayant servi à la traque, à la torture ou à l’exécution
d’opposants au régime.
La FIDH a en outre poursuivi son travail en soutien
des victimes libyennes parties civiles dans l’affaire
visant la société Amesys pour complicité de torture.
Cette société française et ses dirigeants sont
accusés, au terme de la plainte déposée en novembre
2011 par la FIDH et la LDH, d’avoir vendu au régime
dictatorial de Mouammar Kadhafi un matériel de
surveillance destiné à mieux cibler les opposants
au régime. En 2015, la FIDH a publié un rapport
faisant le point sur l’affaire et l’instruction en cours
en vue d’appeler la justice à plus de célérité dans
l’enquête et à des avancées concrètes répondant
au besoin de justice des victimes libyennes. La
FIDH a également permis à ces mêmes victimes de
se rendre en Tunisie pour bénéficier d’un soutien
psychologique via l’assistance d’une organisation
spécialisée.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 113
 PRIORITÉ 6 D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE -
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DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
AFRIQUE DU NORD E T MOYEN-ORIENT
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DES ONGS DE
DÉFENSE DES DROITS HUMAINS
Dans le contex te de conf lit, de crise et de
transition vécu par la région, les besoins en terme
de renforcement des capacités d’action des
organisations de la société civile ont été importants.
Conformément aux objectifs inscrits dans son
plan d’action pluriannuel, la FIDH a contribué à y
répondre.

La FIDH a attribué un fonds de soutien au Centre

syrien des médias et de la liberté d’expression (SCM),
consistant principalement en un renforcement de
sa capacité à documenter les graves violations
des droits humains. Le SCM est une importante
organisation syrienne partenaire de la FIDH de
longue date et qui est devenue une organisation
membre à l’occasion de son dernier congrès qui
s’est tenu en août 2016 à Johannesbourg (Afrique
du Sud). Depuis la remise en liberté de son président,
Mazen Darwish, après 4 années de détention aux
mains du régime syrien, le soutien à la remise sur
pied du SCM est apparu comme stratégique afin de
permettre à Mazen Darwish et à son organisation
de jouer un rôle fédérateur auprès des nombreuses
organisations syriennes qui documentent les
graves violations des droits humains perpétrées
en Syrie depuis 2011. Mazen Darwish, éminent
défenseur des droits humains, a été à l’origine,
avec Razan Zaitouneh, de la création du Violations Mazen Darwish, directeur de SCM accueilli au siège de la FIDH à Paris par Antoine Bernard, directeur général de la FIDH, et son staff
Documentation Center (VDC) et des Comités locaux © DR

de coordination (CLC). Le soutien octroyé à SCM
114 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
a permis à cette organisation de documenter les
graves violations des droits humains perpétrées
en Syrie, notamment celles relatives aux violences
à caractère sectaire, ethnique ou religieux, et à
recueillir des témoignages de victimes et témoins
dans une perspective incriminante.
La FIDH a également soutenu l’établissement et
la stabilisation de deux conseils locaux établis
dans l’est de la Ghouta, à savoir les conseils de
Zamalka et Jisreen. Ces conseils locaux fondés
en 2011 organisent la mobilisation sur le terrain et
cherchent à unifier les revendications au niveau
local, mais surtout à assurer les services locaux pour
les populations. Ils ont ainsi eu pour vocation de
distribuer l’aide humanitaire, d’assurer les services
médicaux, mais aussi les services municipaux de
base. La FIDH a par ailleurs fourni une assistance
logistique et institutionnelle à l’organisation
irakienne de défense des droits humains Al-
Amal pour renforcer sa capacité à documenter
les crimes à caractère ethnique, religieux ou
confessionnel commis en Irak, au travers de son
réseau d’observateurs présents dans les zones les
plus difficiles d’accès.
En outre, la FIDH a co-organisé avec Al-Amal en
mai 2016 un séminaire de formation et d’échange
d’expériences avec 19 défenseurs des droits
humains irakiens, dont 5 femmes. Les défenseurs
identifiés par Al-Amal ont été formés aux techniques
de documentation des crimes à visée judiciaire ainsi
qu’aux techniques de sécurité des communications
et stockage des données. Une formation qui a
contribué à la production de rapports d’Al-Amal sur
la situation des droits humains en Irak.
Enfin, la FIDH a poursuivi son soutien à son
organisation membre Al-Haq pour la sécurisation de
ses communications et du stockage de ses données.
Des mesures de prévention essentielles vu les
attaques et menaces subies par cette organisation,
et plus généralement les ONGs palestiniennes et
israéliennes de défense des droits humains.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 115

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DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
AFRIQUE DU NORD E T MOYEN-ORIENT
3/ EXEMPLES DE RÉSULTATS OBTENUS
La FIDH et ses organisations membres ont permis
ou contribué à/au :
La résiliation du contrat entre l’entreprise de
télécommunication française Orange et l’entreprise
israélienne Partner sur fond de complicité à la
colonisation. L’entreprise israélienne Partner a
confirmé la résilience de son contrat avec Orange.
Cette annonce est intervenue huit mois après la
publication par la FIDH, Al-Haq et des organisations
partenaires du rapport intitulé « Les liaisons
dangereuses d’Orange dans le Territoire palestinien
occupé ». Ce rapport dénonçait la contribution
indirecte de l’entreprise Orange, via sa relation
d’affaire avec Partner, au maintien des colonies
israéliennes dans le Territoire palestinien occupé
(TPO) reconnues illégales en droit international
et contribuant à de nombreuses violations du
droit international humanitaire et relatif aux droits
humains. Cette annonce fait également suite à plus
de cinq ans de pressions et d’interpellations de la
part des associations et des syndicats pour que
l’entreprise Orange prenne des mesures concrètes
afin de s’assurer qu’elle respecte les droits humains.
116 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
L’OUVERTURE
D’UNE
ENQUÊTE
JUDICIAIRE
SUR LA
DISPARITION D’UN
PÈRE ET SON FILS
FRANCO-SYRIENS
DANS LES GEÔLES
DE BACHAR EL-
ASSAD
M O H A M E D A LY M O H A M E D Z A R E A , V I C E-
PRÉSIDENT DE LA FIDH : “Mohamed Aly Mohamed
Zarea, vice-président de la FIDH : « C’est une première
en Europe : trois juges français sont chargés d’enquêter
sur des faits de disparition forcée, de torture et de
crime contre l’humanité directement imputables au
régime d’el-Assad. Il s’agit d’un tournant majeur dans
la lutte contre l’impunité pour des exactions à grande
échelle, assimilables à des crimes internationaux,
commises par le régime. Jusqu’à présent, ces cas
étaient entourés d’un vide juridique, la Syrie n’ayant
pas reconnu la Cour pénale internationale et le Conseil
de sécurité des Nations unies n’ayant pas renvoyé
l’affaire devant la CPI ».
L’ADOPTION
DE LA LOI
TUNISIENNE
CONTRE
LA TRAITE DES
PERSONNES
HAFIDHA CHEKIR, VICE-PRÉSIDENTE DE LA
FIDH :« Le projet de loi relatif à la prévention et la
lutte contre la traite des personnes a été finalement
voté le 22 juillet 2016 en plénière de l’Assemblée des
représentants du peuple. L’adoption de cette loi vise
à combler un vide juridique en matière de traite des
personnes et vient donc consacrer les engagements
internationaux de la Tunisie dont notamment le
Protocole de Palerme qu’elle a ratifié en 2003. La
création de l’instance nationale de lutte contre la
traite des personnes prévue par cette loi permettra aux
victimes, en particulier les femmes et les enfants, de
briser le silence sur ces crimes et accéder à la justice.
Dans son rapport « Le travail législatif à l’épreuve
de la Constitution tunisienne et des Conventions
internationales » publié en décembre 2015, la FIDH
avait appelé le législateur tunisien à accélérer le
processus d’adoption de cet instrument juridique
important pour contrecarrer, prévenir, réprimer et
punir les différentes formes de la traite humaine. Cette
recommandation a été portée à de multiples reprises
par des représentants de la FIDH auprès des autorités
exécutives et législatives.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 117
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DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
AFRIQUE DU NORD E T MOYEN-ORIENT
Au Rejet de la loi favorisant l’exploitation illégale
des carrières de marbre en Tunisie : Le 23 juin
2016, l’instance provisoire de contrôle de la
constitutionnalité des projets de loi a rejeté le projet
de loi numéro 57 de 2015 portant sur la régularisation
de la situation illégale des carrières de marbre
dépendant du domaine privé de l’État. La FIDH avait
publié début juin 2016 une note d’analyse alertant
sur l’inconstitutionnalité de ce projet de loi et a
interpellé les parlementaires et l’instance provisoire
de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi
sur la gravité d’un tel projet au regard des principes
de la justice sociale et de l’égal accès aux richesses
naturelles inscrits dans la Constitution de 2014.
La déclaration par l’ONU du caractère arbitraire
de la détention de la défenseure égyptienne, Yara
Sallam. Saisie par la FIDH et ses organisations
membres et partenaires en Égypte, le Groupe de
travail des Nations unies sur la détention arbitraire
a déclaré que la détention de la défenseure des
droits de l’Homme Yara Sallam était arbitraire et
demande une indemnisation appropriée. Yara Sallam
travaille pour l’Initiative égyptienne pour les droits
de la personne (EIPR), organisation membre de la
FIDH. En décembre 2014, elle a été condamnée en
appel avec 22 autres contestataires à deux années
d’emprisonnement et deux années de surveillance
policière, dans le cadre de la loi draconienne de
2013 contre les manifestations. Elle a été libérée
en 2015 par grâce présidentielle.
118 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
L’adoption d’une résolution du Parlement européen
dénonçant les violations des droits humains en
Égypte. La résolution votée par le Parlement
européen le 10 mars 2016 condamne notamment
les actes de torture à l’égard de Giulio Regeni et son
assassinat, et insiste sur la nécessité d’une enquête
rapide, transparente et indépendante.
L’appel du Parlement européen pour des sanctions
envers l’Arabie saoudite. Le Parlement européen a
adoptée le 25 février 2016 une résolution demandant
à Federica Mogherini, Haute Représentante et vice-
présidente de l’Union européenne pour les affaires
étrangères et la politique de sécurité, de prononcer
un embargo sur les armes destinées à l’Arabie
saoudite en raison des préoccupations quant à la
situation humanitaire au Yémen. La FIDH a participé
avec plusieurs organisations partenaires à la
soumission de diverses communications conjointes
au Parlement européen pour pousser cette décision.
UN PLAIDOYER
CONSTANT
AUPRÈS DES
AUTORITÉS
TUNISIENNES
POUR DES LOIS
ET POLITIQUES
CONFORMES À LA
CONSTITUTION
La FIDH a poursuivi ses démarches
d’accompagnement des réformes législatives
entreprises depuis l’adoption de la nouvelle
Constitution en Tunisie. De nombreuses missions
de plaidoyer auprès des autorités législatives
et exécutives tunisiennes ont été menées sur
la base de notes d’analyse juridique élaborées
par les experts de la FIDH pour l’adoption de
lois conformes à la Constitution de 2014 et
aux engagements internationaux de la Tunisie.
Particulièrement, la FIDH a intensifié son plaidoyer
pour réformer les dispositions liberticides inscrites
dans le Code pénal tunisien ainsi que pour doter
la Tunisie d’une loi contre les violences faites aux
femmes et d’un cadre législatif protecteur des
droits environnementaux.
La FIDH a par ailleurs mené une importante
campagne de plaidoyer et de sensibilisation,
dans le cadre d’une coordination constituée de
46 ONGs nationales et internationales, lancée en
avril 2016 pour appeler les autorités tunisiennes au
strict respect des droits humains dans le cadre de
la lutte antiterroriste et faire face aux glissements
du débat démocratique ayant lieu depuis l’adoption
de la loi contre le terrorisme en 2015. De nombreux
outils de communication, dont une lettre ouverte à
l’opinion publique, des vidéos de personnes victimes
d’abus et de célébrités tunisiennes, des réunions
d’échange avec les acteurs publiques et les médias,
ont été développés dans le cadre de cette campagne
intitulée « Non au terrorisme. Oui aux droits de
l’Homme ».
En soutien à ses organisations membres, la
FIDH a également tenu à Tunis une conférence
internationale sur l’enjeu du respect des droits
humains dans le contexte de lutte contre le
terrorisme. Cette conférence organisée en novembre
2016 a permis de réunir autour de la même table des
acteurs de la société civile, des experts nationaux
et internationaux et des représentants des autorités
tunisiennes de haut niveau afin de développer des
bonnes pratiques pour assurer la conformité de la
lutte contre le terrorisme avec le socle des droits
et libertés.
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DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
EUROPE E T ASIE CENTRALE
1/ CONTEXTE ET DÉFIS

Le contexte régional de l’Europe de l’Est et de l’Asie

centrale a été marqué par le renforcement de lois et
de pratiques répressives dans la quasi-totalité de la
région, et par l’impasse dans laquelle se trouve la
crise ukrainienne alors que les combats ont continué
à causer la mort de civils et à renforcer l’absence
d’État de droit dans les territoires occupés.

La lutte contre la « zone de non-droit » en Europe

de l’Est a continué d’être l’une des priorités du
programme de la FIDH. Les organisations membres
ont salué la décision de la Cour pénale internationale
(CPI) prise au début de l’année 2016 en vue d’ouvrir
une enquête sur les crimes commis en Géorgie,
dans les territoires d’Ossétie du Sud, pendant le
conflit armé avec la Russie en 2008. À l’instar de
la Géorgie, le conflit en Ukraine est une question à
l’ordre du jour de la CPI qui s’inscrit dans le cadre
de la lutte contre l’impunité dans les territoires dits
« zones grises » du droit international.

La situation déplorable des droits humains en Russie

a été éclipsée par une politique extérieure russe
agressive, notamment en Syrie.

Le rapprochement du Kirghizistan avec la Russie

ainsi que les prochaines élections présidentielles
prévues pour l’automne 2017 ont contribué à
détériorer la situation au Kirghizistan. Bien que Destruction au Nagorno Karabakh
la loi sur les « agents de l’étranger » concernant © DR

les ONGs n’ait pas été adoptée, les menaces, la

surveillance illégale et la diffamation à l’encontre des
défenseurs des droits humains se sont intensifiées.
Malgré la demande de remise en liberté formulée
par l’ONU, le défenseur des droits humains Azimjan
Askarov n’a pas été libéré et continue de purger
sa peine de prison à perpétuité. Le référendum
constitutionnel de décembre 2016 a approuvé une
série d’amendements à la Constitution qui auront
un impact négatif sur les droits humains.
120 — F I D H R APPO RT AN NUE L 2 0 1 6
Le référendum constitutionnel en Azerbaïdjan a
renforcé l’emprise du Président et de sa famille sur le
pouvoir. De légères améliorations ont été observées
mais l’environnement demeure hautement répressif.
Début avril 2016, une nouvelle vague d’affrontements
armés sur le territoire et autour du Haut-Karabakh,
dans le Caucase du Sud, a fait des dizaines de
victimes, dont des civils. En dépit du risque constant
que la situation n’explose et ne se transforme en
véritable guerre pouvant impliquer la Russie et la
Turquie – des pays qui soutiennent respectivement
l’Arménie et l’Azerbaïdjan – la communauté
internationale continue de porter peu d’attention
au conflit.
En février 2016, l’UE a levé des sanctions contre le
Bélarus qui a réussi à se positionner en tant que
modérateur dans le cadre des négociations entre
la Russie et l’Ukraine. Cependant, en l’absence
d’amélioration durable du bilan du gouvernement
en matière de droits humains et de changement de
sa législation répressive, la FIDH a continué d’alerter
l’UE et d’autres acteurs pertinents sur la possibilité
d’une détérioration de la situation.
En 2016, l’Europe de l’Ouest a aussi connu une
détérioration significative du respect de la
démocratie, de l’État de droit et des droits humains
qui constituent également les principes fondateurs
de l’Union européenne.
En Turquie, le climat politique déjà tendu s’est
rapidement dégradé après la tentative de coup
d’État du 15 juillet. Outre les restrictions des
droits humains et des libertés fondamentales, la
législation d’urgence a créé un climat favorable à une
multiplication des mesures répressives et a conduit
à des abus. En conséquence, les ONGs et les médias
indépendants ont été fermés, les fonctionnaires ont
été renvoyés ou suspendus de leurs fonctions et
les activistes, avocats, professionnels des médias
et artistes ont subi des harcèlements perpétuels.
Des garanties en matière de procédure ont aussi
été suspendues dans le cadre de l’état d’urgence, ce
qui a soulevé des inquiétudes concernant le respect
des normes internationales en matière de procès
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 121
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équitable. Dans le sud-est, des opérations militaires
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS lancées en 2015 contre le Parti des travailleurs du
Kurdistan (PKK) à la suite des attaques terroristes
O U E N T R ANS IT I O N ont perduré. Cela a conduit à de graves violations
des droits humains et a continué à compromettre
EUROPE E T ASIE CENTRALE le processus de paix. La réponse de la communauté
internationale a fait défaut : les intérêts politiques
ont mené de nombreux acteurs internationaux, y
compris l’Union européenne (UE), à fermer les yeux
ou, au mieux, à réagir de manière modérée sur une
situation qui s’est considérablement détériorée
en Turquie.
2/ LA FIDH ET SES ORGANISATIONS MEMBRES ET
L’État de droit a été encore davantage mis à mal, PARTENAIRES EN ACTION
également à l’intérieur des frontières de l’UE,
notamment en Hongrie et en Pologne, où les ÉTABLIR LES FAITS, ALERTER, PROPOSER
contre-pouvoirs démocratiques ont été ébranlés La FIDH et ses organisations membres ont continué
et où l’espace dévolu à la société civile s’est à attirer l’attention de la communauté internationale
considérablement réduit ces dernières années. et des médias sur les violations de droits humains
En réponse à ces graves attaques perpétrées contre les plus graves qui ont été perpétrées en Europe
ses principes fondateurs dans ses États membres, et en Asie Centrale. Plus de 100 communiqués de
la réponse de l’Union européenne est demeurée presse, lettres ouvertes et privées – pour amplifier
globalement timide. leur impact, de nombreuses lettres ont été élaborées
en collaboration avec d’autres organisations de
En 2016, l’État de droit et les droits humains ont défense des droits humains internationaux – et des
aussi été menacés par les lois antiterroristes qui appels urgents de l’Observatoire pour la protection
ont été adoptées dans différents pays de la région des défenseurs des droits de l’Homme ont été
à la suite des attaques terroristes perpétrées dans diffusés. Un grand nombre de ces publications ont
plusieurs pays européens en 2015 et 2016. été citées dans des médias internationaux, français
et locaux, ce qui a eu un effet boule de neige sur
les efforts de la FIDH, non seulement en termes de
dénonciation des violations commises, mais aussi
de prévention de ces dernières.

Au Kirghizistan, la mission qui a été menée dans

le cadre de l’Observatoire en juin 2016 visait à
soutenir les organisations membres de la FIDH
dans un contexte de plus en plus hostile aux
défenseurs des droits humains. Les chargés de
mission de la FIDH ont assisté à une audience en tant
qu’observateurs dans l’affaire de Tolekan Ismailova
et Aziza Abdirasulova, membres de la FIDH. La
mission a été l’occasion de présenter le rapport
d’enquête « Kyrgyzstan at a Crossroads: Shrink or
Widen the Scene for Human Rights Defenders »
(Le Kirghizistan à la croisée des chemins : réduire
ou élargir le périmètre d’action des défenseurs des
droits humains) lors d’une conférence de presse,
et de participer à un séminaire pour 50 défenseurs
d’Asie Centrale et de Russie visant à définir des
stratégies de partenariat.

Aziza Abdyrasulova lors d'une manifestation, Bichkek, Kirghizistan

©RFE/RL

122 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 123

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DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
EUROPE E T ASIE CENTRALE

Tout au long de l’année 2016 et dans le cadre de

l’Observatoire, la FIDH a réalisé des missions
d’observation continue afin d’assister aux audiences
du renvoi en appel du défenseur des droits humains
Azimjan Askarov. En avril 2016, le Comité des droits
de l’Homme des Nations unies a confirmé les actes
de torture perpétrés sur Azimjan Askarov au cours
des procédures judiciaires de 2010. Le Comité a
déclaré que le procès n’avait pas été conforme
aux règles de procès équitable, ce qui a conduit
l’ONU à exiger la libération d’Azimjan Askarov par
le Kirghizistan.

En vue d’engager la réflexion sur la dégradation

de la situation au Kazakhstan, la FIDH a organisé
une mission d’observation autour des poursuites
engagées contre les activistes Max Bokayev et
Talgat Ayan. Les deux militants se sont opposés
à la réforme agraire que les autorités ont tentée
d’imposer au printemps 2016. Bien que la réforme
en elle-même ait été reportée, les deux activistes
Les forces de sécurité turques mènent une opération contre-terroriste contre le PKK, Diyarbakir, Turquie
ont été condamnés à de longues peines de prison © Stringer/ANADOLU AGENCY
sur la base de chefs d’accusation douteux.

En juin 2016, la FIDH, en collaboration avec son
organisation membre au Bélarus, a mené une mission
d’enquête sur la question de l’application de la peine
de mort dans ce pays – le Bélarus constitue une
exception scandaleuse sur le continent européen
au XXIe siècle. Le rapport a été présenté au cours
d’une conférence de presse à Minsk pour la Journée
mondiale contre la peine de mort. La délégation de
l’UE, plusieurs ambassades et des douzaines de
journalistes ont assisté à la conférence de presse qui
a fait l’objet d’une très grande couverture médiatique
dans les médias locaux et internationaux.
En janvier 2016, la FIDH ainsi qu’EuroMed Droits et
son organisation membre turque, l’IHD (Association
des droits humains) ont mené une mission d’enquête
et de solidarité de haut niveau en Turquie. La
mission visait à documenter les violations des
droits humains, en particulier dans le sud-est où les
affrontements entre les militaires et le PKK (Parti des
Rapports publiés en 2016
travailleurs du Kurdistan) avaient fait de nombreuses
victimes, y compris parmi les civils, et entraîné des
Bélarus : Murder on (Un)Lawful Grounds (Meurtre pour motifs illégitimes)
couvre-feux de 24 heures qui avaient conduit eux
France : Counter-Terrorism measures and Human Rights: When the Exception Becomes the Norms
aussi à des violations des droits humains en matière
économique, sociale et culturelle. Les violations (Mesures de lutte contre le terrorisme et les droits humains : quand l’exception devient la norme)
des droits humains constatées étaient si graves Hongrie : Democracy under Threat (La démocratie menacée)
que les organisations sont allées jusqu’à qualifier Kirghizistan : Kyrgyzstan at a Crossroads: Shrink or Widen the Scene for Human Rights Defenders (Le Kirghizistan
la situation de conflit armé interne en vertu du droit à la croisée des chemins : réduire ou élargir le périmètre d’action des défenseurs des droits humains)
international. Turquie : Human Rights under Threat (Droits humains menacés)

124 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 125

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DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
EUROPE E T ASIE CENTRALE La mission avait aussi pour vocation de recueillir des
informations sur les restrictions des droits humains
et des libertés fondamentales depuis 2015, et de
montrer la solidarité avec les organisations de la
société civile et les activistes visés par la répression.
Une conférence de presse s’est tenue à Ankara
pendant la mission, qui a capté l’attention des
médias. Après la mission, le rapport « Turquie : droits
humains menacés » qui regroupait ces observations
et proposait des recommandations adressées
aux autorités nationales et à la communauté
internationale a été publié en février 2016.
Suite à une mission d’enquête qui a été réalisée
e n oc tobre 2015 e t au suivi e t re c he rc hes
menés ultérieurement en collaboration avec les
organisations partenaires locales en 2016, la
FIDH a publié en novembre 2016 un rapport sur la
situation de l’État de droit et les droits humains en
Hongrie (« Hongrie : la démocratie menacée – six
ans d’agressions de l’État de droit »). Le rapport fait
état d’une stratégie gouvernementale systématique
visant à remettre en cause l’équilibre des pouvoirs
existants et à porter atteinte aux droits humains
en Hongrie, tout en réduisant progressivement
Manifestations contre les projets du gouvernement de modification du système judiciaire en Pologne
© Beata Zawrzel/NURPHOTO
126 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
l’espace occupé par la société civile. Il dénonce
les divergences entre cette situation et les droits
humains internationaux et européens ainsi que les
normes de l’État de droit, notamment les principes
fondateurs de l’UE énoncés à l’article 2 du Traité
sur l’Union européenne. Le rapport fait état de
recommandations fermes adressées aux autorités
nationales et à la communauté internationale, en
particulier l’Union européenne.
Inquiète de constater à quel point la Pologne
s’inspirait de la Hongrie en bafouant l’équilibre
des pouvoirs existants et l’État de droit, la FIDH a
mené une mission exploratoire dans le pays en 2016.
La mission visait à rassembler des informations
sur les dernières évolutions – notamment des
amendements constitutionnels et des changements
apportés au paysage médiatique – qui ont menacé
l’État de droit en Pologne, et à rencontrer des acteurs
de la société civile en vue de renforcer les liens avec
eux et de mieux comprendre les défis auxquels ils
étaient confrontés.
La FIDH a aussi tenu une position de premier plan
en 2016 avec son organisation membre en France, la
Ligue des Droits de l’Homme (LDH), au moment de
rendre compte de l’impact qu’a eu l’état d’urgence
en France, déclaré après les attaques terroristes
à Paris en novembre 2015 et prolongé par la suite,
sur les droits humains et les libertés fondamentales
(cf. Priorité 4).
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 127
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DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
EUROPE E T ASIE CENTRALE

ENCOURAGER LES AUTORITÉS NATIONALES

ET LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE À
ADOPTER DES MESURES CONCRÈTES EN
FAVEUR DE LA PROTECTION DES DROITS
HUMAINS
L’incitation au changement est restée le principal
objectif du travail des bureaux en 2016, en se basant
sur l’expertise d’une année d’informations recueillies
directement auprès des organisations membres et
des activités d’investigation menées par la FIDH.

La FIDH et les organisations locales pour les droits

humains ont réussi à maintenir l’attention sur la
situation des droits humains au Bélarus, malgré
les « efforts de libéralisation », de pure forme, que
s’attachaient à diffuser largement les autorités
nationales.

Durant la période qui a précédé la décision de

l’UE de lever les mesures de restriction imposées
sur les autorités et entreprises bélarusses dans
le cas de violations des droits humains, la FIDH
ainsi que les organisations de défense des droits
Des vêtements portés par des détenus dans les couloirs de la mort au Bélarus
humains du Bélarus ont lancé une série d’activités © DR

de sensibilisation et de communication.

Même si les conclusions du Conseil de l’UE

n’incluaient pas de feuille de route définissant
clairement les progrès à réaliser en matière de
droits humains, la décision a souligné que les jalons
concrets posés par le Bélarus en vue de respecter les
libertés fondamentales universelles, l’État de droit
et les droits humains resteront des éléments-clés
pour construire la future politique de l’UE à l’égard
128 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
du Bélarus .
En l’absence de mesures concrètes mises en œuvre
par les autorités, la FIDH a continué d’exhorter l’UE
à travailler à l’élaboration d’une feuille de route au
travers de déclarations publiques, de lettres et de
communications de suivi.
La couverture médiatique du plaidoyer de la FIDH à
Bruxelles a fait écho au message de la FIDH à l’UE
pour qu’elle ne se limite pas à des formulations
vagues et qu’elle demande aux autorités bélarusses
d’apporter des changements concrets.
Le plaidoyer engagé par la FIDH au sein de l’ONU a
contribué à étendre le mandat du Rapporteur spécial
des Nations unies au Bélarus, en renforçant les
actions de plaidoyer et de communication.
L’assistance auprès d’organisations locales pour
les aider à préparer un autre Examen périodique
universel (EPU) sur le Tadjikistan a été suivie, en
2016, d’une mission de sensibilisation à Genève,
en accompagnement d’une délégation d’ONGs du
Tadjikistan qui œuvraient pour que des mesures
concrètes soient prises par le gouvernement.
L’année 2016 a également permis d’alerter les
mécanismes des Nations unies sur la situation
des droits humains en Moldavie. À la suite d’une
demande conjointe d’élaboration d’un autre rapport
pour la session de l’EPU, la FIDH a soutenu la mission
de sensibilisation de son organisation membre à
Genève. En particulier, la session de l’EPU a été
l’opportunité de faire la lumière sur la situation des
droits humains dans la région de Transnistrie en
République de Moldavie – une « zone grise » de droit
international en Europe – de plus en plus ignorée
par les principaux mécanismes en matière de droits
humains en Europe et sur le plan international. Le
dialogue qui s’est instauré en juin 2016 entre l’UE et
la République de Moldavie sur les droits de l’homme
a été l’occasion pour la FIDH d’attirer l’attention de
l’UE sur la situation.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 129

PRIORITÉ 6
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DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
EUROPE E T ASIE CENTRALE
Une roquette non explosée, Kramatorsk, Ukraine
© Volodymyr Shuvayev/AFP
En Géorgie, la FIDH a organisé une mission en
avril 2016 afin de consulter la société civile sur les
modalités de coopération avec la CPI et de prôner,
auprès des autorités géorgiennes, l’importance
d’enquêtes efficaces et authentiques sur les crimes
au niveau national. En ce qui concerne le partenariat
avec les ONGs ukrainiennes, en plus d’organiser un
séminaire de renforcement des capacités, la FIDH
a soutenu la participation du Groupe de défense
des droits humains de Kharkiv à l’Assemblée des
États parties de la CPI à La Haye, en novembre 2016.
Conscient de l’importance du rôle de la France
130 — F I D H R APPO RT AN NUE L 2 0 1 6
dans l’UE, le Bureau EEAC (Europe de l’Est et Asie
Centrale) a consacré des efforts considérables
en 2016 pour attirer l’attention de diplomates et
d’hommes politiques français sur la situation en
Russie et en Ukraine. La FIDH a aidé plusieurs
organisations membres et partenaires à organiser
des réunions de sensibilisation en vue de peser sur
le « Format Normandie » et de faire toute la lumière
sur les écueils des accords de Minsk. Pour permettre
un impact plus durable, les activités de plaidoyer
en France ont été souvent organisées avec des
réunions à Bruxelles et à Strasbourg.
Étant donné que la Cour pénale internationale (CPI)
est l’une des institutions clés capables d’avoir un
impact sur le contexte arbitraire prédominant dans
les « zones grises » qui prolifèrent dans la région
(récemment, la Crimée et le Donbass devaient être
ajoutés à la liste des conflits datant de l’époque
soviétique qui ont fait de certains territoires
contestés tels que l’Abkhazie, le Haut-Karabakh,
l’Ossétie du Sud et la Transnistrie des zones
inaccessibles où la surveillance effective des droits
humains est impossible), la FIDH a consacré tous
ses efforts à plaider auprès de la CPI. L’ouverture
d’une enquête sur la situation en Ukraine par la CPI
et les avancées sur son enquête en Géorgie sont
des objectifs clés de la FIDH.
La situation catastrophique des droits humains
en Russie et le peu d’attention que les médias lui
ont accordée dans le monde a également conduit
la FIDH à axer une grande partie de son travail sur
la communication, au travers d’interviews et de
tables rondes publiques. La FIDH a contribué aux
réflexions stratégiques avec les ONGs étrangères
et russes sur la manière d’adapter les méthodes
de travail à la société civile russe et a continué à
développer ses propres méthodes de travail avec
les partenaires russes.
Après la mission en Turquie, un événement a
été organisé à Paris conjointement par la FIDH,
EuroMed Droits et l’organisation membre de la
FIDH, l’Association européenne pour la défense
des droits de l’Homme (AEDH), afin de présenter les
conclusions de la mission à un public international.
La FIDH a soutenu les actions de ses membres
visant à sensibiliser les organismes internationaux,
y compris les institutions de l’UE, les organismes
du Conseil de l’Europe et le Conseil des droits de
l’homme et les procédures spéciales des Nations
unies. Ce soutien comprenait l’établissement de
contacts avec les interlocuteurs pertinents et
l’assistance matérielle pour l’organisation de visites
de sensibilisation. La FIDH a aussi entrepris des
activités de sensibilisation auprès d’organisations
internationales, notamment en diffusant des
informations, en appelant à intervenir dans des
cas spécifiques et en encourageant, par exemple,
le Parlement européen et les procédures spéciales
des Nations unies à se rendre dans les pays. En
collaboration avec ses organisations membres, la
FIDH a aussi présenté un rapport élaboré en parallèle
de la CEDEF des Nations unies. Il souligne les défis
auxquels sont confrontés les droits des femmes
dans le contexte actuel.
La FIDH s’est également for tement engagé
dans un plaidoyer à l’échelle internationale et
particulièrement à l’échelle de l’UE, afin que cette
dernière apporte une réponse ferme face aux
atteintes systématiques portées contre l’État de
droit en Hongrie. Cet engagement s’est poursuivi
jusqu’à l’activation de la procédure définie à l’article
7 du Traité sur l’Union européenne (TUE) en réponse
à ce qu’elle considère comme une grave violation
des valeurs énoncées à l’article 2 du TUE. La FIDH
a aussi fourni des informations pour la visite menée
par le Rapporteur spécial des Nations unies sur la
situation des défenseurs des droits de l’homme,
Michel Forst, en Hongrie au mois de février 2016.
En octobre 2016, la FIDH a par ticipé à une
mobilisation à l’échelle européenne contre
une proposition législative visant à restreindre
de manière significative le droit des femmes à
l’avortement en Pologne. La loi, qui a été rejetée
après des manifestations de masse en Pologne et
à l’échelle internationale, aurait constitué pour les
femmes un recul flagrant en matière d’accès aux
droits sexuels et reproductifs. Elle a aussi révélé une
tendance régionale indiquant que ces droits sont
souvent restreints lorsqu’un programme politique
conservateur est mis en œuvre. La FIDH a également
été impliquée dans des actions de sensibilisation
à l’échelle internationale, et particulièrement au
niveau de l’UE, afin de dénoncer le recul de l’État de
droit en Pologne et d’exiger une réaction. À l’échelle
des Nations unies, la FIDH a soutenu sa nouvelle
organisation membre, l’Association polonaise du
droit antidiscriminatoire (PSAL), en organisant une
visite de sensibilisation à Genève, à l’occasion de
l’Examen périodique universel (EPU) de la Pologne
par le Conseil des droits de l’homme des Nations
unies en octobre 2016.
SOUTIEN AUX ORGANISATIONS MEMBRES ET
CAPACITÉ DES PARTENAIRES À AGIR
Le séminaire sur la collecte d’éléments concernant
les crimes à caractère sexuel et sexiste pour les
ONGs ukrainiennes qui s’est tenu durant l’été 2016
a été le résultat de la mise en place intensive de
réseaux et d’une analyse approfondie des lacunes
en matière de savoir-faire des défenseurs des droits
humains. Le nombre de crimes à caractère sexuel
et sexiste rapportés dans l’est de l’Ukraine reste
bien en dessous de la réalité et les activistes, les
avocats et les défenseurs des droits humains qui
enquêtent sur les violations des droits humains n’ont
toujours pas le savoir-faire nécessaire pour monter
les dossiers concernant ces crimes spécifiques, en
particulier lorsque les données sont collectées à
des fins de procès.
La détérioration de la situation des droits humains
en Europe et en Asie Centrale a en général incité
la FIDH et l’Observatoire à apporter un soutien
sur mesure aux défenseurs des droits humains :
assistance matérielle, soutien dans l’urgence et
transfert temporaire ou à long terme.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 131
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DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
EUROPE E T ASIE CENTRALE
3/ EXEMPLES DE RÉSULTATS OBTENUS

La FIDH et ses organisations membres ont permis

ou contribué à/au :

En ce qui concerne la Crimée, des membres du

Parlement européen ont mobilisé en mars 2016
les diplomates européens sur la question du
harcèlement judiciaire du Mejlis (organe représentatif
des Tatars de Crimée). Dans une lettre envoyée à la
Haute Représentante de l’Union européenne pour
les affaires étrangères et la politique de sécurité,
Federica Mogherini, des membres du Parlement
européen ont repris l’avertissement de la FIDH
selon lequel considérer le Mejlis comme une
organisation extrémiste exposerait les Tatars de
Crimée à davantage de persécution.

Des publications étrangères de premier plan, dont

The Guardian, la BBC, Radio France internationale
et la Deutsche Welle ont couvert la publication
du rapport sur la peine de mort au Bélarus, ce qui
a entraîné une dynamique favorable en faveur
d’un plaidoyer permanent de la FIDH visant à
l’introduction d’un moratoire.

En juillet 2016, le Département d’État américain

et l’Organisation internationale du travail (OIT) se
sont joints à l’appel lancé par la FIDH pour une
réforme en profondeur des politiques d’État au
Bélarus afin de mettre un terme à toutes les formes
de travail forcé, y compris en abrogeant les lois et
les décrets présidentiels abusifs. Au préalable, la
FIDH et ses organisations membres au Bélarus
avaient présenté aux différentes entités des Nations
unies, dont l’OIT, leur rapport d’investigation sur le
travail forcé au Bélarus. À son tour, l’OIT a fait écho
aux recommandations de la FIDH qui incitaient
le Département d’État américain à accorder une
attention particulière au « travail forcé soutenu par
132 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
l’État » dans son rapport national en 2016.
E n A ze rbaïdjan , les défe nseurs des droits
humains qui étaient au centre de la campagne de
communication et de sensibilisation de la FIDH
ont été libérés. Outre la libération de 15 prisonniers
politiques en mars 2016, Intigam Aliyev et Khadija
Ismailova ont été libérés en avril et en mai. Une
victoire à laquelle la FIDH a contribué.
Les défenseurs et avocats des droits humains
Ramazan Demir et Ayşe Acinikli ont fait l’objet d’une
libération conditionnelle par la Haute cour criminelle
Manifestation anti gouvernement, Budapest, Hongrie
© Mehmet Yilmaz/ANADOLU AGENCY
d’Istanbul après 156 jours de détention préventive.
La Commission européenne a pris la décision Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies
d’activer et d’amener à l’étape finale le programme- a adopté des observations finales à l’occasion de
cadre sur l’État de droit de l’UE contre la Pologne l’Examen périodique universel de la Pologne. Elles
à la suite des réformes constitutionnelles que la reflètent les recommandations de l’organisation
Commission considérait comme une potentielle membre polonaise de la FIDH, la PSAL, telles qu’elles
menace à l’État de droit dans le pays. ont été exprimées dans son rapport élaboré en
De plus, le Parlement européen a adopté des parallèle du CDH.
résolutions sur la situation en Pologne. Ces deux
décisions font suite à un plaidoyer intense mené
par la FIDH à l’échelle de l’UE qui répond au besoin
d’une réaction ferme de l’UE aux atteintes portées
à l’État de droit et aux droits humains dans ses
États membres.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 133
 MOBILISER LA
PRIORITÉ 6 D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE - COMMUNAUTÉ
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES INTERNATIONALE
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS AUTOUR DES
O U E N T R ANS IT I O N ATTEINTES
EUROPE E T ASIE CENTRALE PORTÉES À L’ÉTAT
DE DROIT ET AUX
DROITS HUMAINS
EN HONGRIE
DAN VAN RAEMDONCK, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
DE LA FIDH : de l’espace occupé par la société civile en Hongrie.
« Le rapport de la FIDH sur sa mission d’investigation, La FIDH a également dénoncé avec force la situation
publié en novembre 2016, conclut qu’une grave dans les médias publics et privés, en vue d’accroître la
dégradation de l’État de droit et des droits humains sensibilisation de l’opinion publique et des décideurs,
est constatée en Hongrie, ce qui affaiblit les principes et de favoriser une réaction à l’échelle internationale.
démocratiques et porte atteinte aux obligations de la Elle a ainsi donné de nombreuses interviews pour la
Hongrie en vertu du droit international et européen. Le presse écrite, la radio et la télévision, organisé des
rapport exhorte l’Union européenne à intervenir et à actions sur les médias sociaux et participé à des
réagir fermement à cette attaque contre ses principes débats publics sur la situation.
fondateurs en activant les mécanismes dont elle
dispose, c’est-à-dire le programme-cadre de l’UE pour

ATTENTION
renforcer l’État de droit, et, dans le cas où cela ne serait
pas suffisant, la procédure prévue à l’article 7 du TUE.

PARTICULIÈRE
La FIDH a entrepris, de manière individuelle et en
collaboration avec d’autres ONGs internationales, un

DU PARLEMENT
plaidoyer au niveau de la Commission européenne,
du Parlement européen et du Conseil européen, en

EUROPÉEN
contribuant au débat et en fournissant des informations
sur des processus en cours visant à contrôler que la

SUR LES DROITS

Hongrie respecte ses obligations en vertu des traités.
Elle a notamment conduit le Parlement européen à

HUMAINS DANS
rouvrir le débat et à assurer le suivi des résolutions
antérieures adoptées entre 2011 et 2015. À l’échelle de

LES TERRITOIRES
la Commission européenne, la Hongrie a fait l’objet de
discussions au colloque annuel de la CE sur les droits

Tartars de Crimée, Lviv, Ukraine
© Yuriy Dyachyshyn/AFP
fondamentaux, centré sur la liberté des médias, auquel
la FIDH a participé.
À l’échelle des Nations unies, la FIDH a fourni des
informations pour les visites dans les pays effectuées
par les experts des procédures spéciales des Nations
unies. C’est le cas, par exemple, du Rapporteur spécial
des Nations unies sur la situation des défenseurs des
droits de l’homme qui, lors de sa visite en Hongrie en
février 2016, a tenu compte des éléments fournis par
la FIDH pour établir ses premières conclusions.
La FIDH a aussi alimenté des examens et des
analyses menés par d’autres organisations et organes
internationaux, notamment le Conseil de l’Europe et
l’Organisation pour la sécurité et la coopération en
Europe (OSCE), en se concentrant particulièrement sur
les remises en question de l’État de droit et la réduction
CONTESTÉS
ARTAK KIRAKOSYAN, VICE-PRÉSIDENT DE LA
FIDH : « Grâce au plaidoyer permanent de la FIDH sur
la question des droits humains dans les territoires
contestés, le Parlement européen a publié, en avril
2016, une étude sur les conflits gelés dans le voisinage
de l’UE, s'appuyant sur un rapport de la FIDH. L'étude
a été publiée après l'organisation par la FIDH d'un
plaidoyer et d'une audition au Parlement européen
sur le sujet. Il est primordial de continuer à traiter la
question de l'isolation croissante de ces territoires où
aucune surveillance efficace des droits humains n'est
possible aujourd'hui.»

134 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 135

 PRIORITÉ 6 D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE -
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
AFRIQUE SUB-SAH ARIENNE
1/ CONTEXTE ET DÉFIS

En 2016, l’actualité de l’Afrique sub-saharienne

a surtout été marquée par l’intensification de
la menace terroriste, la poursuite de crimes de
masse commis dans le cadre des conflits armés
et les échéances électorales qui ont confirmé des
avancées démocratiques disparates sur le continent.
La chute du cours des matières premières et une
croissance économique passée pour la première fois
depuis 10 ans en dessous des 2 % ont également
affaibli la réponse des Etats et des instances inter-
gouvernementales africaines face aux enjeux des
migrations, de la gouvernance continentale et de
la sécurité collective de l’Afrique.

Les conflits et violences de masse notamment liés

aux activités des groupes armés terroristes , ont
continué de s’étendre touchant l’Afrique de l’Ouest
jusqu’à la corne de l’Afrique à l’Est sans épargner
l’Afrique centrale. Dans la bande sahélienne, les
groupes fondamentalistes et djihadistes ont tenté
d’accroître leur contrôle sur des territoires plus
vastes pour imposer des « califats » et faciliter leurs
agissement criminels. Les attentats au Burkina Faso,
l’intensification des attaques au Niger, au centre du
Mali, au Nord du Nigeria et du Cameroun ou encore
au Tchad contre des civils et des éléments de forces
armées nationales ou onusiennes démontrent la
volonté de ces groupes de continuer à déstabiliser
les États de la région. Un des enjeux majeurs de la
nécessaire lutte contre le terrorisme est la réponse
que les États, la communauté internationale et
notamment l’Union africaine, appor tent non
seulement au besoin de protection de la population
civile mais également au respect des droits humains
et à la lutte contre l’impunité des crimes les plus
graves dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Au Soudan du Sud, l’accord de paix de 2015 n’a
pas produit les effets escomptés et la reprise
des combats en juillet 2016 avec de violents
affrontements dans la capitale, Juba, et dans
d’autres régions du pays ont été ponctués de crimes
contre l’humanité, y compris des crimes sexuels.
Fin 2016, on estimait qu’au cours des 3 années de
conflit près de 50 000 personnes étaient mortes,
2,6 millions de Sud-Soudanais avaient fui leur foyer
dont 1,6 million étaient déplacés à l’intérieur des
frontières tandis qu’un autre million avait dû se
réfugier dans des pays voisins. Face à ces crimes
de masse, la société civile plaide pour la création
au Soudan du Sud d’un Cour hybride chargée de
juger les responsables et auteurs de ces crimes.
En République centrafricaine (RCA), l’élection du
président Ange Félix Touadera en février 2016 n’a
pas permis de rétablir la paix sur l’ensemble du
pays toujours coupé en deux. Le départ des forces
françaises de l’opération Sangaris a renforcé le face
à face entre les forces onusiennes de la MINUSCA et
la myriade de groupes armés issus des ex-Seleka et
des anti-Balaka provoquant une nouvelle vague de
violences à partir de novembre 2016. Le pays reste
divisé en territoires sous influence d’une quinzaine
de groupes armés aux alliances fluctuantes qui
continuent à commettre des nombreux crimes et
de graves violations des droits humains contre les
populations civiles soumises à leur arbitraire. En
fin d’année, 700 000 personnes étaient toujours
déplacées et réfugiées. 5 millions de centrafricains
avaient besoin d’une assistance humanitaire.
Parallèlement à la documentation des crimes depuis
2013, les ONG se sont mobilisées pour faire avancer
la mise en place de la Cour pénale spéciale (CPS).
Créée en 2015 pour juger les auteurs des crimes
Des habitants de Thonyor examinent des photo d'anciens résidents vivant aujourd’hui dans des camps de déplacés internes.
© Albert Gonzalez Farran/AFP
internationaux commis dans le pays depuis 2003,
cette cour doit agir en complément de l’action de
la Cour pénale internationale (CPI) qui a ouvert
une enquête sur les crimes commis depuis 2012
et dont les premiers mandats d’arrêts étaient, fin
2016, toujours attendus.
En 2016, le Burundi s’est irrémédiablement enfoncé
dans la crise initiée en 2015 par le passage
en force du président Pierre Nkurunziza pour
effectuer un troisième mandat considéré comme
inconstitutionnel. La répression massive des
manifestations populaires de 2015 s’est poursuivie sur
fond de radicalisation du régime que la FIDH a qualifié
de « répression aux dynamiques génocidaires».
Après un an et demi de crise, le bilan est alarmant :
plus de 1 000 personnes tuées, 8 000 détenues,

136 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 137

 300 à 800 personnes disparues, des centaines de
personnes torturées. Les femmes n’ont pas été
épargnées : plusieurs centaines d’entre elles ont

PRIORITÉ 6
été victimes de violences sexuelles. Fin 2016, plus
D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE - de 310 000 personnes avaient déjà fui le pays pour
se réfugier en Tanzanie, au Rwanda, en République
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES démocratique du Congo (RDC) et en Ouganda.
La radicalisation du régime s’est manifestée au
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS niveau international par le retrait du Burundi de
la Cour pénale internationale, la suspension de la
O U E N T R ANS IT I O N coopération avec les Nations unies à la suite d’un
rapport s’inquiétant des risques de génocide et
AFRIQUE SUB-SAH ARIENNE l’absence totale des autorités de Bujumbura de
contribuer au dialogue politique sous l’égide de la
communauté régionale. En l’absence d’initiatives
de la communauté internationale, le cauchemar à
huis clos des burundais s’est poursuivit reléguant
toujours un peu plus au passé les accords de paix
d’Arusha qui avaient mis fin à la guerre civile et tenté
de construire une société plurielle.
Les élections en Afrique ont fait progresser les forces
La lutte contre l’impunité demeure un enjeu majeur démocratiques mais rarement la démocratie. En
pour répondre aux droits des victimes à la justice, 2016, 26 scrutins dont 15 élections présidentielles
aux objectifs de réconciliation et contribuer ainsi au étaient organisés sur le continent. A part la RCA
règlement durable des crises ou conflits. A cet égard, et la Gambie, toutes les échéances électorales
le succès du jugement de l’ex-président tchadien identifiées comme sensibles ont donné lieu à de
Hissène Habré au Sénégal ou les quelques avancées graves incidents. Ainsi, les scrutins en Guinée-
- comme le début du procès de l’ex-président Equatoriale, au Congo, au Gabon, au Tchad ou
putschiste Haya Sanogo au Mali en octobre 2016 encore à Djibouti ont été marqués par la fraude, le
– ne peuvent dissimuler l’immense soif et besoin manque de transparence ou des manipulations par
de justice sur le continent africain. Les projets de les autorités en place pour conserver le pouvoir.
Cour pénale spéciale en Centrarique et de la Cour Certains scrutins ont également été marqués par des
hybride au Soudan du Sud en sont l’une de ces violences post-électorales et une répression pour
expressions. La tenue de procès crédibles pour le faire accepter l’inacceptable comme au Gabon ou
massacre du 28 septembre 2009 en Guinée, pour les au Congo. En RDC, les élections présidentielles et
crimes perpétrés lors de la crise post-électorale en générales n’ont même pas été organisées ouvrant
Côte d’Ivoire, tout comme les nombreux crimes des pour le pays une période d’incertitude et de troubles
groupes terroristes djihadistes au Sahel constitue aggravée par la résurgence et la multiplication
un enjeu majeur pour la FIDH tant la justice est le des foyers de conflits dans le pays. Cet inquiétant
socle de la consolidation de l’État de droit et de la tableau de l’état de la démocratie particulièrement en
stabilité. En cas d’absence de volonté ou de capacité Afrique centrale est compensée par la progression
des autorités nationales à rendre justice seule, des forces démocratiques : ainsi, les mouvement
l’activation de la CPI doit être promue sans entrave sociaux, citoyens et des droits humains ont réussi
ainsi que la mise en place effective de tribunaux à s’unir et à mobiliser largement pour exiger de
mixtes comme au Soudan du Sud, en RCA et en RDC. pouvoir choisir librement leurs dirigeants.

Dans ce contexte, l’Union africaine n’a pas répondu

aux attentes ni développé réellement ses capacités à
régler les conflits et crises sur le continent, ni soutenu
soutenu efficacement les principes démocratiques
et la lutte contre l’impunité des auteurs des crimes
les plus graves. L’organisation panafricaine doit
également agir contre l’autoritarisme de certains
régimes, comme en Érythrée, en Ethiopie où les
grandes manifestations populaires des Oroma et
Arama ont été réprimées dans le sang, ou encore
au Swaziland où les libertés fondamentales sont
quasi inexistantes. Pour ce faire, l’Union africaine
Des combattants du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), Gao, Mali. devra notamment continuer de s’ouvrir au dialogue
© Issouf Sanogo/AFP
et au travail avec la société civile dont le rôle de
contre-pouvoir ne fait que croître depuis 15 ans sur
l’ensemble du continent africain.
138 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 139
 PRIORITÉ 6 D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE -
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DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
AFRIQUE SUB-SAH ARIENNE
2/ LA FIDH ET SES ORGANISATIONS MEMBRES ET
PARTENAIRES EN ACTION

En 2016 la FIDH et ses organisations membres

ont mené 25 missions d’enquête, de plaidoyer et
judiciaires dans 16 pays d’Afrique sub-saharienne ;
publié 9 rappor ts et notes de situation. 118
communiqués de presse et 43 appels urgents de
l’Observatoire pour la protection des défenseurs
des droits de l'Homme concernant 17 pays africains.
Avec ses 4 bureaux en Afrique la FIDH a apporté
un soutien constant à ses 40 organisations
membres et dizaines d’organisations partenaires
qui représentent des milliers de défenseurs des
droits humains à travers tout le continent africain.

Établissement des faits et des responsabilités

Rapports et notes de positions/situations publiées

en 2016

Djibouti : Impasse politique et intensification de la

répression, à quatre mois de l’élection présidentielle (FR)
Mali : La paix à l’épreuve de l’insécurité, de l’impunité
et de la lutte contre le terrorisme (FR)
Centrafrique/CPI : Bemba devant la CPI : 15 ans
d’action de la FIDH, de l’enquête de terrain aux
conclusions du Procureur (FR/ANG)
Cour africaine : Plaintes et admissibilité devant
la Cour africaine : la FIDH publie un guide pratique
(FR/ANG/AR/PG)
Afrique : Documenter les violations des droits
humains et accompagner les victimes dans leur
quête de justice (FR)
Burundi : Une ré pression aux dy namiques
génocidaires (FR/ANG)
Mali/ CPI : Affaire Al Mahdi devant la CPI : la FIDH
et l’AMDH soumettent des observations sur les
réparations (FR)
Burkina Faso : Rapport alternatif devant le Comité
des droits de l’Homme des Nations Unies (FR)
Soudan du Sud : La poursuite /des combats ne doit
pas faire échouer le projet de tribunal hybride chargé
de juger les crimes de guerre (FR/ANG)
140 — F I D H R APPO RT AN NUE L 2 0 1 6
Les équipes Afrique de la FIDH ont mené avec
la Ligue ITEKA, son organisation membre, une
importante mission d’enquête en mars 2016 sur la
situation au Burundi alors que le pays était en proie
à une violente crise politique et des droits humains
depuis près d’un an, consécutive à l’annonce de
la candidature du président Pierre Nkurunziza
pour un troisième mandat. Nos organisations ont
mené leurs enquêtes en Ouganda, où de nombreux
Burundais se sont réfugiés, et au Burundi afin de
récolter des informations sur le contexte politique et
sécuritaire, la nature des crimes commis et l’identité
de leurs auteurs. Les chargés de mission ont recueilli
des témoignages de victimes et de témoins de
meurtres, disparitions forcées, actes de torture,
arrestations et détentions arbitraires, menaces et
autres actes d’intimidation, entre autres. Ils ont
détaillé leurs analyses dans un rapport d’enquête
paru en novembre 2016, « Burundi. Une répression
aux dynamiques génocidaires ». La publication de
ce rapport s’est accompagnée d’une campagne
internationale de mobilisation, « #StopThisMovie
», s’articulant autour de la bande annonce d’un
film fictif, Génocide au Burundi et d’une pétition,
et visant à interpeller les instances africaines et
onusiennes ainsi que la Cour pénale internationale
(CPI) sur l’urgence de mettre en œuvre des décisions
permettant d’enrayer le cycle meurtrier de la
violence.
Au Sahel, la FIDH a mené en mai 2016 une mission
d’enquête au Niger, au cœur de la zone d’action
de Boko Haram, sur les crimes perpétrés par le
groupe et les réponse des États de la région à la
menace terroriste qui frappe tant au Nigeria, au
Cameroun qu’au Niger. Les interviews menées aussi
bien avec les victimes, les auteurs de crimes et les
responsables nationaux, locaux et régionaux de la
lutte contre le terrorisme ont montré que Boko Haram
était en pleine restructuration et que l’extrémisme
Un militant manifeste à Nairobi au Kenya
© Tony Karumba/AFP
religieux allait continuer à produire ses effets
néfastes. La réponse des autorités nigériennes,
dans un premier temps axée sur le tout sécuritaire,
a progressivement évoluée pour tenter de limiter
les effets contre-productifs de son action . Sans
parvenir totalement à endiguer les violations des
droits humains inhérentes aux actions des forces
de sécurité, le Niger est certainement le pays de
la région dont l’approche dans la lutte contre le
terrorisme est la plus intéressante et complète.
Au Mali, la FIDH et l’Association malienne des
droits de l’Homme (AMDH) mènent depuis 2013
des actions permanentes de documentation des
crimes perpétrés dans le cadre du conflit, au
Nord, au Centre et au Sud du pays pour alimenter
ses analyses et les procédures judiciaires
nationales et internationales dans lesquelles
elles accompagnent plus de 150 victimes.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 141
 Dans une note de situation « Mali : la paix à l’épreuve
de l’insécurité, de l’impunité et de la lutte contre le
terrorisme » la FIDH et l’AMDH s’inquiétaient du
niveau de violence qui persistait dans le pays, 8 mois
après la signature de l’Accord de paix, de l’impact
PRIORITÉ 6
de la lutte contre le terrorisme et de l’impunité
D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE - persistante des auteurs des crimes les plus graves
commis depuis 2012.
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES
L’action contentieuse de la FIDH en Afrique c’est
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS également un Groupe d’action judiciaire (GAJ) Afrique
qui comprend 40 avocats représentant activement
O U E N T R ANS IT I O N 1015 victimes dans 39 affaires devant les justices
nationales de 9 pays africains. L’alliance d’avocats
AFRIQUE SUB-SAH ARIENNE africains et d’autres continents pour apporter un
soutien judiciaire et stratégique aux victimes des
graves violations commises par exemple en Guinée
(2007, 2010, massacre du 28 septembre 2009) ; en
Côte d’Ivoire (crise post-électorales de 2010-2011) ;
en Centrafrique (crises depuis 2003) ; en RDC (Affaire
Chebeya-Bazana) ; au Rwanda (génocide des Tutsis),
au Congo (disparus du Beach à Brazzaville).
La FIDH a par ailleurs publié en février 2016 un guide
pratique inédit sur la documentation des graves
violations des droits humains et l’accompagnement
stratégique des victimes dans les procédures
judiciaires. Fruit de son travail sur le terrain avec
les organisations de défense des droits humains,
ce guide propose une méthodologie pratique pour
identifier, entendre et accompagner
Source: Ministère de la Justice du Mali.
les victimes de violations des droits
humains dans leur recherche de
vérité et de justice.
« CE GUIDE
EST DESTINÉ
À RENFORCER LE
TRAVAIL D’ENQUÊTE
QUOTIDIEN DES ONG
ET LEUR PERMETTRE
D’ACCOMPAGNER LES
VICTIMES DES CRIMES
LES PLUS GRAVES
SUR LE CHEMIN DE LA
JUSTICE. » ME CLÉMENCE
BECTARTE, COORDINATRICE DU GROUPE
D’ACTION JUDICIAIRE DE LA FIDH
142 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
Au niveau régional, la FIDH a mné une action
contentieuse auprès des mécanismes régionaux
africains. Ainsi, la FIDH et ses organisations
membres ont saisi la Cour africaine des droits de
l’Homme et des peuples sur des affaires en Côte
d’Ivoire, des travailleurs contaminés au plomb au
Mali et la liberté d’association de son organistion
membre au Rwanda. La FIDH a également élaboré
un guide pratique à destination des individus et
des ONG souhaitant saisir la Cour africaine. Une
communication demeure pendante devant la
Commission africaine des droits de l’Homme et
des Peuples sur les années de plomb en Algérie.
Au niveau international, les équipes de la FIDH
contribuent aux analyses et aux enquêtes de la Cour
pénale internationale sur les situations et les affaires
en Côte d’ivoire, en Centrafrique, en Guinée ou encore
au Mali par des rapports, des commuunications et
des interfaces de plaidoyer. En coordination avec
ses organisations de terrain, la FIDH est la seule
organisation de la société civile a mettre en oeuvre
une stratégie active en faveur de la complémentarité
entre la Cour pénale internationale et les justices
nationales qui font face aux crimes de masse.
PLAIDOYER POUR LE RESPECT DE L’ETAT DE
DROIT, DES PRINCIPES DÉMOCRATIQUES ET LA
LUTTE CONTRE L’IMPUNITÉ
Au cours de l’année 2016, les équipes Afrique de la
FIDH ont déployé 12 missions de plaidoyer national
dans 9 pays et auprès des organisations régionales
et internationales. Ainsi, près de 50 responsables de
la FIDH, des organisations membres, de chargé.e.s
de mission ou de staff se sont notamment déployés
en Guinée, en Côte d’Ivoire, au Mali, en Centrafrique,
au Burkina Faso, en Afrique du Sud, au Kenya, au
Niger et auprès des organes de l’Union africaine
(Commission africaine des droits de l’Homme et
des Peuples, Commission de l’Union africaine, Cour
africaine des droits de l’Homme et des peuples,
COREP), des Nations unies (Conseil de sécurité,
Conseil des droits de l’Homme, Comités, HCDH,
missions de terrains, etc), de l’Union européenne
(délégations-pays, parlement, conseil, etc), de la
Francophonie.
Les temps for ts de ce plaidoyer national et
international ont concerné les crises (RCA, Mali,
Soudan, Soudan du Sud, RDC, etc), les solutions
soutenues par nos organisations pour y répondre
(contentieux, recommandations techniques et
politiques, mécanismes d’enquête et de redevabilité,
stratégies concertées, etc). La FIDH poursuit et
renforce sa présence auprès de l’Union africaine et
notamment à l’occasion des sommets de l’Union
africaine.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 143
 PRIORITÉ 6 D É FE ND R E L E S P R INCIPES DÉMO CR ATIQU ES E T SO U TE -
NI R L E S V I CT I M E S DES VIO L ATIO NS L ES PLU S GR AVES
DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
AFRIQUE SUB-SAH ARIENNE
Le plaidoyer est pour la FIDH le moment de faire
entendre la voix des défenseurs des droits humains
de terrain. Elle porte également la synthèse des
réflexions menées au sein de la société civile sur
des enjeux actuels et futurs pour le continent. Ainsi,
en juillet 2016, la FIDH et la conférence des OING
de l’Organisation internationale de la Francophonie
ont réuni à Dakar (Sénégal) 30 organisations de
défense des droits humains, des droits des femmes
et de mouvements citoyens issues de 20 pays pour
adopter une feuille de route pour le changement par
les élections en Afrique et réaffirmer leur implication
dans la campagne #MonVoteDoitCompter comme
cadre de mobilisation internationale. Autre exemple
de cette mobilisation, en mars 2016, la FIDH a conduit
une mission de plaidoyer au Burkina Faso, qui a permis
de rassembler 50 représentants des organisations
de la société civile burkinabé et d’établir une feuille
de route pour les droits humains à destination des
autorités. La mission a pu rencontrer les autorités
judiciaires et politiques, ainsi que l’opposition, et
porter les recommandations de la société civile
nationale en matière de lutte contre l’impunité et de
réforme de la justice, de droits des femmes et de
lutte contre le terrorisme. En juillet 2016, la FIDH et
son organisation membre, le Mouvement burkinabé
des droits de l’Homme et des Peuples ont soumis
un rapport alternatif devant le Comité des droits
de l’Homme des Nations unies sur la situation au
Burkina Faso.
Pour lutter contre les violences faites aux femmes,
la FIDH s’est également investie auprès de la
Commission africaine des droits de l’Homme et
des Peuples (CADHP) pour l’élaboration de Lignes
directrices pour le traitement par les Etats des
crimes sexuels. Ses conseils et recommandations
qui doivent être adoptées en 2017 par l’organe en
charge de la promotion et la protection des droits
humains permettront aux Etats de mettre en oeuvre
des politiques et structures efficaces et adaptées
pour faire reculer les crimes sexuels en Afrique et
mieux prendre en charge les victimes.
144 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
Le plaidoyer international concernant l’Afrique s’est
concentré auprès des organes de l’Union africaine
et auprès du Conseil de sécurité des Nations unies à
New York sur les situations de crise en Centrafrique,
au Mali et sur la bande-sahélienne, ainsi qu’au Soudan
et Soudan du Sud. Au titre des conflits oubliés, le
Burundi a fait l’objet d’une suivi spécifique par la
FIDH. A cette fin, des interfaces ont été menées
tant à New York qu’à Genève auprès du Conseil
des droits de l’Homme des Nations unies, de ses
procédures spéciales et des organes de traité. La
FIDH et ses partenaires ont alimenté ces instances
par des analyses, des interventions et des briefing.
Le plaidoyer de la FIDH et de ses organisations
membres a ainsi pu contribur au renouvellement
des mandats des missions des Nations unies en
Centrafrique et au Mali. L’apport des organisations
de la société civile a permis de mettre l’accent sur
les modalités renforcées de la protection des civils,
la lutte contre l’impunité des auteurs des crimes les
plus graves ou encore l’appreciation des niveaux
de réponse de la force tout comme l’évaluation
de la mise en oeuvre d’accord de paix au Mali ou
les nouvelles dynamiques de violations des droits
humains (Centrafrique et Mali).
SOUTIEN À LA CAPACITÉ D’ACTION ET
D’INFLUENCE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE
Le 39ème Congrès mondial de la FIDH « fighting back
» qui s’est tenu à Johanesbourg (Afrique du Sud) du
23 au 27 août 2016 a contribué au renforcement du
mouvement des droits humains dans la région et a
constitué un moment fort pour les 184 organisations
membres de la FIDH. Organisé conjointement avec
les ONG membres d’Afrique du Sud (Lawyers for
Human Rights), du Zimbabwe (ZimRights) et du
Botswana (Ditswanelo), le Congrès et son Forum
des ONG ont réuni plus de 50 activistes issus de ces
trois pays. 4 missions préparatoires en Afrique du
Sud, au Zimbabwe et au Botswana et une note de
situation sur la démocratie en Afrique australe ont
également permis de soutenir les sociétés civiles
et défendre leurs visions pour la région.
La FIDH a poursuivi ses programmes de renforcement Concernant le contentieux régional, la FIDH a
intégrés de la capacité d’action des ONG notamment organisé une série de formation en Côte d’Ivoire,
sur la lutte contre l’impunité des crimes les plus au Mali, et au Burkina Faso à destination des ONG
graves au Mali, en Guinée, en RCA, et en Côte et des avocats nationaux pour sélectionner des
d’Ivoire. La présence de bureaux nationaux de la cas à porter devant la Cour africaine des droits de
FIDH au sein de ses organisations membres dans l’Homme et des Peuples. L’objectif est d’augmenter
ces pays a permis de renforcer ces organisations. le contentieux devant cette nouvelle juridiction et
Des formations du staff sur la documentation de former les ONG et avocats à accompagner les
des violations des droits humains, le plaidoyer victimes. En novembre 2016 à Kampala (Ouganda)
et l’administration organisationnelle font partie un atelier d’échange et de formation pour 10 ONG et
intégrante de ces programmes. 20 avocats a visé plus particulièrement l’utilisation
des voies de recours régionaux pour lutter contre
L’équipe Afrique et le Groupe d’action judiciaire les violences sexuelles en Afrique. Ces formations
(GAJ) ont ainsi organisé un séminaire stratégique se sont basées notamment sur un guide pratique
en octobre 2016 à Grand-Bassam (Côte d’Ivoire), « Plainte et admissibilité devant la Cour africaine
réunissant 40 avocats, staff et activistes engagées » produit et publié en 4 langues à cette occasion.
dans les affaires judiciaires visant les crimes les
plus graves au Mali, en Guinée, en Centrafrique, en Impact de ces formations, des organisations
Côte d’Ivoire et en RDC. Cet atelier stratégique a membres de la FIDH, soutenues par celle-ci, ont
notamment permis la mise en place de stratégies saisi la Cour africaine des droits de l’Homme et des
concrètes et actualisées sur les procédures judiciaires Peuples sur des violations de la Charte africaine des
en cours dans les pays concernés mais également droits de l’Homme et des Peuples, notamment en
d’envisager des actions concrètes sur des questions Côte d’Ivoire, au Mali et au Rwanda.
aussi diverses que les réparations, les procès à venir,
les stratégies pénales, la complémentarité entre les
justices nationales et la Cour pénale internationale.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 145
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DANS L E S S IT UATIO NS DE CO NF L IT, L ES PAYS F ER MÉS
O U E N T R ANS IT I O N
AFRIQUE SUB-SAH ARIENNE
3/ EXEMPLES DE RESULTATS OBTENUS
En 2016, la FIDH et ses organisations membres ont
contribué à/au :
L’ouver ture de l ’enquête de la Cour pénale
internationale sur la situation au Burundi
L’action multiforme de mobilisation de la FIDH et
de son organisation membre ITEKA a contribué
à l’ouverture d’un examen préliminaire de la Cour
pénale internationale sur la situation au Burundi
ainsi qu’au rapport d’enquête des Experts des
Nations unies qui s’est inquiété des « risques de
génocide au Burundi ». Le travail d’enquête de la
FIDH a contribué à faire connaître un conflit ignoré
grâce à une large couverture médiatique de plus de
3000 articles, émissions TV, dépêches d’agences de
presse, interviews et débats.
La lutte contre l’impunité des auteurs des crimes
les plus graves commis au Mali
Les actions d’enquête et d’accompagnement des
victimes des crimes les plus graves ont contribué à
l’ouverture, le 30 novembre 2016 au Mali, du procès
d’Amadou Haya Sanago, l’ex-président putschiste.
Le chef de la junte militaire qui a pris le pouvoir en
mars 2012 était jugé avec 17 co-accusés, parmi
lesquels de hauts gradés de l’armée malienne pour
l’enlèvement et l’assassinat de 21 militaires restés
fidèles au président renversé en mars 2012. La
FIDH et l’AMDH accompagnent et représentent
les familles des militaires assassinés. Après 8
jours d’audiences résumées quotidiennement par
nos équipes, le procès a été suspendu et devrait
reprendre en 2017.
146 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6
Le 27 septembre 2017, la Cour pénale internationale a
condamné Ahmad Al Faqi Al Mahdi, alias Abou Tourab,
à 9 ans d’emprisonnement pour sa responsabilité
dans la destruction des mausolées de Tombouctou.
La FIDH et l’AMDH qui avaient contribué à la saisine
de la CPI par la Mali en 2012 et à dénoncer le rôle
d’Abou Tourab en tant qu’un des chefs de la Police
islamique à Tombouctou, se sont félicitées de cet
important verdict, qui reconnaît l’impact de ces
destructions sur les populations affectées.
Les actions de la FIDH et de l’AMDH sur le Mali en
2016 : 4 missions internationales,15 communiqués
de presse, 3 notes de plaidoyers, qui ont donné lieu
à 1 982 retours médias.
La condamnation du dictateur tchadien Hissène
Habré pour crimes contre l’humanité
Le 30 mai 2016, l’ancien dictateur tchadien Hissène
Habré a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle
pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et
torture, notamment pour violences sexuelles et
viols, par les Chambres africaines extraordinaires
(CAE). Cette condamnation exemplaire clos 20 ans
de combat et d’engagement de la FIDH et de ses
organisations membres au Tchad et au Sénégal en
faveur et aux cotés des victimes.
« AUJOURD’HUI,
APRÈS DE
LONGUES ANNÉES
D’UN FEUILLETON
POLITICO-JUDICIAIRE, UNE
JURIDICTION AFRICAINE
A JUGÉ ET CONDAMNÉ
UN ANCIEN CHEF D’ÉTAT
AFRICAIN ET A DÉMONTRÉ
QUE, PEU IMPORTE LEUR
FONCTION OFFICIELLE,
AUCUN RESPONSABLE DE
CRIMES INTERNATIONAUX
NE PEUT ÉCHAPPER À LA
JUSTICE. » ME ASSANE DIOMA
NDIAYE, AVOCAT DES VICITMES ET DE
LA FIDH ET PRÉSIDENT DE LA LSDH
(SÉNÉGAL)
L’ arrestation au Sénégal de Sidiki “Toumba” Diakité
dans l’affaire du massacre du 28 septembre 2009
en Guinée.
En fuite depuis 7 ans, après sa tentative d’assassinat
contre l’ex-président putschiste Moussa Dadis
Camara, le capitaine Aboubacar Sidiki Diakité dit «
Toumba », a été arrêté à Dakar le 16 décembre 2016.
Suspecté d’avoir joué un rôle clé lors du massacre
au stade du 28 septembre, il faisait l’objet d’un
mandat d’arrêt international. Nos organisations
avaient attiré l’attention des autorités guinéennes et
sénégalaises sur la présence de Toumba au Sénégal
depuis plusieurs mois. Son arrestation constitue
une victoire importante devant contribuer à ce que
toutes les responsabilités soient établies dans cet
événement majeur de l’histoire récente de la Guinée.
« Cette arrestation renforce l’espoir des victimes
d’en connaître davantage sur les circonstances et les
responsabilités du massacre du 28 septembre 2009.
Nous espérons que la confrontation de Toumba avec
les autres personnes mises en cause contribuera
à l’établissement de la vérité. » Asmaou Diallo,
présidente de l’AVIPA, l’association des victimes
du 28 septembre.
F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 147
RAPPORT FINANCIER 2016

RAPPORT FINANCIER 2015

DÉPENSES DÉPENSES

9,4% 5,5% 1,1%

14,6% 11,4% 0,9%
3,8%
1,8% 9,1%
EURO EURO
5,1% 7%
7,5% • 9,4% Soutenir les défenseurs des droits humains 820 805 5,2% • 5,5% Soutenir les défenseurs des droits humains 380 768
• 3,8% Promouvoir et protéger les droits des femmes 334 494 • 1,1% Promouvoir et protéger les droits des femmes 73 930
6,5% 4% • 1,8% Promouvoir et protéger les droits des personnes mi- 7,2% • 0,9% Promouvoir et protéger les droits des personnes mi-
154 706 63 130
grantes grantes
• 7,5% Promouvoir l’administration de la justice et lutter contre • 9,1% Promouvoir l’administration de la justice et lutter contre
659 023 627 547
l’impunité l’impunité
• 4% Renforcer le respect des droits humains dans le cadre de • 5,2% Renforcer le respect des droits humains dans le cadre
349 527 356 647
la mondialisation économique de la mondialisation économique
13,6% • 33,8% Défendre les principes démocratiques et soutenir les
22% • 30,4% Défendre les principes démocratiques et soutenir les
victimes des violations les plus graves dans les situations de 2 958 830 victimes des violations les plus graves dans les situations de 2 093 072
33,8% conflit, les pays fermés ou en transition 30,4% conflit, les pays fermés ou en transition
• 13,6% Renforcer le réseau FIDH 1 190 927 • 22,2% Renforcer le réseau FIDH 1 523 271
• 6,5% Renforcer la mobilisation externe 566 244 • 7,2% Renforcer la mobilisation externe 498 246
• 5,1% Coûts logistiques pour la mise en place des actions 443 411 • 7% Coûts logistiques pour la mise en place des actions 478 890
• 14,6% Recherche de fonds et coûts administratifs (y inclus • 11,4% Recherche de fonds et coûts administratifs (y inclus
1 277 996 780 928
provisions : 1,1%) provisions : 1,1%)

Total Dépenses* 8 755 963 Total Dépenses* 6 876 429

* excluant les fonds dédiés * excluant les fonds dédiés

RECETTES RECETTES
0,2%
4%
7% 2,6% 4,6% 0,4%

20,7% 34,7%

69,5% 56.3%

EURO EURO

• 2.6% Cotisations et dons 228 262 • 4% Cotisations et dons 265 411

• 69.5% Subventions et dons affectés 6 187 378 • 56,3% Subventions et dons affectés 3 737 968

• 20.7% Subventions et dons non affectés 1 846 331 • 34,7% Subventions et dons non affectés 2 302 983

• 7% Autres produits 623 812 • 4,6% Autres produits 306 832

• 0.2% Produits financiers et exceptionnels 18 708 • 0,4% Produits financiers et exceptionnels 26 303

Total Recettes* 8 904 491 Total Recettes* 6 639 497

* excluant les fonds dédiés * excluant les fonds dédiés

148 — F I D H R APPORT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 149

 ILS NOUS SOUTIENNENT

Fondations, associations et autres institutions

Ford Foundation, Sigrid Rausing Trust, Open Society

Foundations, Bread for the World, Oak Foundation,
Humanity United, John and Catherine MacArthur
Foundation, Fondation de France, Network for Social
Change, Rockefeller Brothers Fund, Trust Africa.

Entreprises

Agence Babel, BCRH & Associés, Carrefour, Caisse

La FIDH remercie les institutions, fondations et des dépôts et consignations, Domplus, Hermès
entreprises qui soutiennent ses actions, en particulier : Sellier, Kering, Agence Limite, La Banque Postale,
La Banque Postale Asset Management (LBPAM),
Institutions internationales et nationales Lagardère Active, LVMH, Macif, Petit Bateau, Saatchi
& Saatchi, Twitter France, Ubisoft, Unibail Rodamco,
Commission européenne, Ministère des Affaires We Are Social.
é tra n g è res d e F inla n d e , Ag e n c e su é d o ise
internationale de coopération pour le développement La FIDH remercie également le Comité de soutien
(Sida), Ministère des Affaires étrangères de Norvège, et son Président Denis Olivennes ainsi que les
Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères interprètes, traducteurs et autres bénévoles et les
de France, Ministère des Affaires étrangères des particuliers, les organisations non-gouvernementales
Pays-Bas, Ministère des Affaires étrangères du nationales et internationales et les organisations
Danemark, Ministère fédéral des Affaires étrangères intergouvernementales qui se sont mobilisés à ses
d’Allemagne, Irishaid, Ministère fédéral pour la côtés.
coopération économique et du développement
d’Allemagne (BMZ), Deutsche Gesellschaft für
Internationale Zusammenarbeit (GIZ), Mairie de Paris,
Organisation internationale de la Francophonie (OIF),
Agence Française de Développement (AFD), Affaires
Mondiales Canada, Bureau des Nations Unies pour les
services d’appui aux projets (UNOPS), Département
fédéral des Affaires étrangères de la Suisse.

150 — F I D H R APPO RT AN NUE L 2 0 1 6 F I D H RAPPORT ANNU E L 2 0 1 6 — 151

 FIDH est une ONG internationale de défense des droits humains qui fédère

184 organisations internationales de défense

des droits humains dans 112 pays

FIDH
17, passage de la Main d’Or
75011 Paris - France
Tél.: +33 (0)1 43 55 25 18 / Fax: +33 (0)1 43 55 18 80
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