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Votre PROGRAMME de droit

ANNALES 2 0 1 8
constitutionnel L1-S2 traité à travers
les DIFFÉRENTES ÉPREUVES
rencontrées en TD et lors de l’EXAMEN
Les CORRIGÉS sont CONFORMES
aux attentes de votre professeur et à ce que ANNALES

CORRIGÉES ET COMMENTÉES
vous pouvez réaliser dans le temps imparti. CORRIGÉES ET COMMENTÉES
FINAL (dissertation, commentaire,
cas pratique, QRC et QCM).
2018
de
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Dissertation juridi
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LES INSTITUTIONS
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LES INSTITUTIONS DE LA Ve RÉPUBLIQUE


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DE LA Ve RÉPUBLIQUE
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Que de ces lois, 23
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22

Dont un dossier analysant Dissertations


3 COPIES RÉELLES
(notées 5, 10 et 15/20) sont reproduites
Des COMMENTAIRES et des
CONSEILS sont placés en marge
de tous les corrigés pour comprendre
19 SUJETS 3 COPIES RÉELLES
D’ÉTUDIANTS
Commentaires
Cas pratiques
et commentées dans le dossier. leurs points forts et leurs points faibles.

a ve c d e s c o n s e i l s d e m é t h o d o l o g i e

Prix : 12,80 €
ISBN 978-2-297-06260-2
9 782297 062602 www.lextenso-editions.fr
Sous la direction
d’Aurélien Baudu

Les Institutions
de la Ve République
Semestre 2

•Le président de la République


•Le gouvernement et ses rapports institutionnels
•Le Parlement
•Le Conseil constitutionnel
•Les élections et référendums
SOMMAIRE
Dossier : 3 copies réelles notées et annotées
Pourquoi ce dossier et comment l’utiliser ? 05
Sujet : Dissertation juridique : Le président de la République détermine
et conduit la politique de la Nation 06
Indications de corrections 06
Copie notée 05/20 09
Copie notée 10/20 12
Copie notée 15/20 15

18 annales corrigées et commentées

1 – Le président de la Ve République
Sujet 1. Commentaire de texte : Issu du film « OSS 117, Rio ne répond plus » 22
Sujet 2. Cas pratique : Les pouvoirs de nomination du président de la V République
e
31
Sujet 3. Cas pratique : La responsabilité pénale du Chef de l’État 38

2 – Le gouvernement et ses rapports institutionnels


Sujet 4. Commentaire de texte : Julie BENETTI, table ronde sur la responsabilité pénale des membres
du Gouvernement, Assemblée nationale, 11 avril 2013 44
Sujet 5. Cas pratique : L’Exécutif sous la Ve République 52
Sujet 6. Commentaire de texte : Propos du sénateur Pierre Marcilhacy in Guy Carcassonne,
La Constitution, 1996 58
Sujet 7. Dissertation juridique : Gouverner c’est légiférer 66

3 – Le Parlement depuis 1958


Sujet 8. Dissertation juridique : Le Parlement et le temps sous la Ve République 74
Sujet 9. Questions à réponse courte : Le Parlement sous la Ve République 82
Sujet 10. Dissertation juridique : Le Sénat est-il menacé de disparition ? 87

3
SOMMAIRE
4 – Le Conseil constitutionnel
Sujet 11. Commentaire de décision : Cons. const., déc. n° 2014-392 QPC, 25 avril 2014 94
Sujet 12. Commentaire de décision : Cons. const., déc. n° 2014-703 DC, 19 novembre 2014 103
Sujet 13. Commentaire de décision : Cons. const., déc. n° 2012-233 DC, 22 février 2012 111
Sujet 14. Dissertation juridique : Le Conseil constitutionnel est-il un organe politique
ou juridictionnel sous la Ve République ? 121

5 – Les élections et référendums en France


Sujet 15. Cas pratique : Le mode de scrutin au Sénat 128
Sujet 16. Questions à réponse courte : Le référendum sous la V République
e
133
Sujet 17. Dissertation juridique : L’ambivalence de la représentation proportionnelle 139
Sujet 18. QCM : Les élections et le référendum sous la V République
e
147

4
Sujet 6 Commentaire de texte
Durée de l’épreuve :
3 heures Vous commenterez le texte suivant :
Aucun document
n’est autorisé

« 38 + 49.3 = 16 bis »

(Propos prêtés au Sénateur Pierre Marcilhacy à l’occasion des débats relatifs à un projet de loi d’habilitation en matière
économique et sociale, adopté le 22 juin 1967, in Guy Carcassonne, La Constitution, Paris, Seuil, 1996).

OBSERVATIONS DU CORRECTEUR (J. Lepoutre)

La formulation de ce sujet est inhabituelle, il ne faut pas pour autant se lais-


ser impressionner ! L’idée ici est simplement de comparer ces deux méca-
nismes constitutionnels et de vérifier l’exactitude d’une telle égalité relative
(l’auteur a bien précisé « 16 bis »).
Attention, comparer n’est pas juxtaposer. Vous ne pouvez pas détailler dans
une première partie les deux premiers articles, et dans une seconde le troi-
sième : un tel agencement serait trop descriptif. Il faut au contraire que, dans
chacune des sous-parties, vous examiniez et compariez les trois articles en-
semble.
L’analyse juridique de ces articles doit, par ailleurs, se doubler d’une mise en
perspective mobilisant la pratique et l’histoire constitutionnelle. Méfiez-vous,
à ce titre, d’un raisonnement simpliste qui, au regard de la seule lettre de
ces articles, conclurait trop facilement à l’inexactitude de cette affirmation.
Les indications données à la suite du sujet sur l’auteur de la citation et sur
la période historique sont précieuses : mobilisez-les dans votre introduction.

L’adoption par le gouvernement de dispositions relevant normalement des attribu-


tions du Parlement n’est certainement pas une nouveauté instaurée par la Consti-
Réflexion intéressante, tution du 4 octobre 1958. Dans ce domaine comme dans d’autres, la Ve Répu-
il est en effet trop souvent
affirmé que la Ve République blique s’inscrit dans une droite filiation avec les régimes des IIIe et IVe Républiques
a révolutionné l’ensemble de qui connaissaient déjà, par exemple, le système des « décrets-lois ». L’œuvre du
l’ordre constitutionnel.
La réalité est plus complexe.
Constituant, en 1958, est plutôt de « rationaliser » les procédures et de modifier les
équilibres entre les pouvoirs constitués.

58
À ce titre, la lecture présidentialiste du régime – adoptée par le Général De Gaulle,
avec le consentement du gouvernement et de la majorité Parlementaire – produit
Vous avez raison de laisser, dès
un profond déséquilibre entre les pouvoirs constitués, au profit du gouvernement et cette introduction, une grande
en défaveur du Parlement. Au-delà des mécanismes bien connus du « Parlemen- place à la pratique de la
tarisme rationalisé », deux faits constitutionnels majeurs contribuent, dès le début Constitution. La Ve République
« présidentialiste » est le fruit de
du régime à affaiblir la position des Chambres dans le nouveau système politique. cette pratique, bien davantage
Le premier, bien connu, est la mise à l’écart du Parlement lors du processus de révi- que de la lettre des articles de la
sion de la Constitution, visant à faire élire le président de la République au suffrage Constitution.
universel direct. Cette réforme, adoptée par référendum le 28 octobre 1962, n’a pas
nécessité l’approbation Parlementaire, prévue à l’article 89 de la Constitution, le
président de la République décidant de consulter directement le peuple en vertu
de l’article 11 du même texte. Cette méthode, particulièrement décriée par les
Parlementaires, conduit à l’adoption d’une motion de censure le 5 octobre 1962, et
à la dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 octobre suivant. Le Corps électoral,
appelé à trancher, confirmera la méthode présidentielle en adoptant le référen-
dum et en donnant une majorité homogène et disciplinée au Chef de l’État : c’est
la naissance du fait majoritaire. Le second, moins connu, est le refus de Georges
Pompidou de se présenter devant l’Assemblée nationale pour obtenir la confiance
des Députés lors de la nomination de son troisième gouvernement, le 8 janvier
1966, rompant avec la traditionnelle pratique des investitures gouvernementales
des régimes Parlementaires des IIIe et IVe République. Dans les premières années
de la Ve République, le droit et la pratique institutionnelle conduisent ainsi à un
affaiblissement et à une mise à l’écart sans précédent de l’organe Parlementaire.
Le déséquilibre constitutionnel est encore conforté en 1967, à l’occasion de l’exa-
Vous mobilisez des éléments
men d’un projet de loi d’habilitation en matière économique et sociale. Le contexte vus dans votre cours de vie
politique était pourtant propice à une « reparlementarisation » du régime. En effet, politique française, la plus-value
les élections législatives du 12 mars 1967 voient sortir des urnes une majorité gaul- est importante pour cadrer
votre analyse. Il ne faut en effet
liste certes, mais ne disposant pas de la majorité absolue à l’Assemblée nationale. pas hésiter à avoir une version
Pour la première fois le parti gaulliste est minoritaire, en termes de suffrages ex- transversale du sujet au stade de
primés, et les forces d’union de la gauche, emmenées par François Mitterrand, l’introduction.
récoltent la majorité des suffrages en France. La légitimité gaullienne en sort affaiblie,
alors même que le ballottage de Charles de Gaulle lors de l’élection présidentielle
de 1965 avait déjà fait émerger l’idée d’un déclin de « l’homme providentiel ». Le
soutien des Républicains Indépendants, emmenés par Valérie Giscard d’Estaing,
permet, toutefois, aux gaullistes d’obtenir la majorité à la chambre. Cependant, les
Députés giscardiens appellent à plus de dialogue Parlementaire et au renforce-
ment des droits du Parlement. En 1967, le climat politique est donc favorable à une
inversion de la tendance présidentialiste. Il n’en sera rien.
Au printemps 1967, le gouvernement de Georges Pompidou souhaite prendre les
mesures nécessaires à l’avènement imminent du marché commun de la Commu-
nauté économique européenne, mais aussi réformer le système de sécurité sociale
face au toujours très actuel « déficit » du budget social. Le Premier ministre consi-
dère qu’il y a ici urgence. Il souhaite que son gouvernement soit habilité à légiférer
dans ces domaines par ordonnances, en lieu et place du Parlement, conformé-
ment au mécanisme prévu par l’article 38 de la Constitution. Face aux risques
de voir l’Assemblée nationale refuser de donner au gouvernement ces « pouvoirs
spéciaux » – les Républicains Indépendants étant peu favorables à une telle pro-
cédure –, le Premier ministre décide d’engager la responsabilité de son gouver-
nement sur ce projet de loi d’habilitation, en vertu de l’article 49 alinéa 3 de la
Constitution, le 18 mai 1967. Georges Pompidou lie donc le sort de son gouverne-
ment à ce texte, et cela lors de ses trois examens. L’Assemblée nationale, statuant
définitivement conformément à l’article 45 alinéa 4, finira par adopter sans vote le

59
projet, le 16 juin 1967 (la dernière motion de censure recueillera 237 voix pour une
majorité à 244). Le mécanisme est inhabituel, beaucoup de Députés et Sénateurs
y sont défavorables sur le principe. À cette occasion, le Sénateur Pierre Marcilhacy
exprime l’opinion que le couplage des articles 38 et 49 alinéa 3 revient à engager,
mutatis mutandis, une forme de pleins pouvoirs tels que prévus à l’article 16 de la
Constitution, ce que confirme François Mitterrand dans l’hémicycle de l’Assemblée
La problématique est simple, mais nationale ou Jacques Duhamel dans les colonnes du Figaro. Quelle est la réalité
a le mérite de poser clairement le
de cette assertion ? L’usage combiné des articles 38 et 49 alinéa 3 de la Constitu-
cadre de votre démonstration.
tion conduit-il à donner à l’organe exécutif des prérogatives similaires à celles de
l’article 16 du même texte ?
Cette annonce de plan est Même si, de prime abord, la comparaison peut paraître osée l’examen attentif de
intéressante. Vous faites bien de
ces deux dispositifs constitutionnels – ces deux « pouvoirs spéciaux », en ce qu’ils
privilégier des phrases construites
plutôt que des formules trop permettent à l’organe exécutif d’intervenir dans le domaine de la loi – permet de
scolaires comme « Dans un premier conclure à leur grande similarité et de valider les propos tenus lors du débat Par-
temps […] Dans un second temps lementaire de 1967. En effet, les conditions d’engagements (1) et les effets de ces
[…] »
pouvoirs (2) sont, et à quelques nuances près, équivalents.

1 • L a similarité des conditions d’engagement


de ces pouvoirs spéciaux

Les conditions d’engagement de ces pouvoirs spéciaux sont similaires en ce


qu’elles révèlent, d’une part, que la décision d’y recourir appartient au même or-
gane exécutif, pris en sa composante présidentielle ou primoministérielle (A) et,
d’autre part, que les titulaires de ces mécanismes constitutionnels y recourent sui-
vant un pouvoir largement discrétionnaire (B).

A) L’unité des titulaires des pouvoirs spéciaux

Le pouvoir d’actionner les articles 49 alinéa 3 et 38 appartient au Premier mi-


nistre, tandis que celui d’actionner l’article 16 appartient au président de la Ré-
publique. Cette différence de forme ne doit, cependant, pas être surestimée, bien
au contraire. Sous la Ve République, l’organe exécutif est composé du président
de la République et du gouvernement qui assurent chacun un rôle actif dans la
vie de la Nation. Davantage même, par la lecture présidentialiste des institutions
commencée par De Gaulle, une réelle unité structure l’Élysée et Matignon, avec la
mise en place d’une hiérarchie officielle mais extra-juridique entre le président de
la République et son Premier ministre. Matériellement, les titulaires de ces pouvoirs
spéciaux ne se distinguent pas.
Rien dans la Constitution ne prévoit la subordination du gouvernement au Chef
de l’État. L’article 8 alinéa 1 de la Constitution dispose que le président de la Répu-
blique nomme le Premier ministre et qu’ensemble, selon l’alinéa 2 du même article,
ils nomment le gouvernement. Il n’est aucunement prévu que le président de la
Réflexion très intéressante qui République dispose du droit de mettre fin aux fonctions de son Premier ministre et
souligne le poids de la pratique de son gouvernement. La source de la hiérarchie entre le Chef de l’État et le Chef
politique face au seul texte du gouvernement repose, en réalité, dans la pratique des institutions et sur un pré-
de la Constitution.
cédent historique, la démission du Premier ministre Michel Debré, le 14 avril 1962,
sur la simple demande du président Charles de Gaulle, alors même que le gouver-
nement n’avait pas été mis en minorité par l’Assemblée nationale. Cela s’explique
par la prépondérance politique du Chef de l’État en période de concordance
des majorités. En effet, dans le système présidentialiste de la Ve République, le dé-

60
bat politique se structure autour du projet présidentiel adopté lors de l’élection du
président de la République ; les élections législatives ne font pas exception et les
candidats à la députation se positionnent (entre autres nuances) soit en faveur,
soit en opposition du programme présidentiel. Il en ressort un groupe Parlemen-
taire à l’Assemblée nationale qui tire sa légitimité du président de la République Comparaison pertinente avec le
modèle anglais qui a, en partie,
et du lien politique qui les unit : le Chef de l’État est bien le chef de ce groupe servi de modèle pour élaborer la
Parlementaire. Alors, lorsque le président de la République dispose d’un groupe Constitution de la Ve République,
Parlementaire majoritaire à l’Assemblée nationale, il en est le véritable chef ; à la comme le montre notamment
le discours de Michel Debré du
différence du modèle de Westminster, le chef de la majorité n’est pas le Chef du 27 août 1958 devant le Conseil
gouvernement mais le Chef de l’État. Il en résulte que, dans le système français, le d’État : « Le gouvernement a voulu
choix du Premier ministre est laissé à la libre appréciation du président de la Répu- rénover le régime Parlementaire. Je
serai même tenté de dire qu’il veut
blique, qui nomme souvent une personne de confiance. Le Premier ministre tirera l’établir (…). »
alors son entière légitimité de ce rapport de confiance qui l’unit au Chef de l’État.
L’unité politique et les rapports hiérarchiques entre ces deux pouvoirs constitués
sont donc particulièrement solides. Les mesures qui peuvent être engagées par le
président de la République ou le Premier ministre, pour intervenir dans le domaine
de la loi, abondent donc un même arsenal commun au profit d’un organe exécutif
formellement divisé mais politiquement homogène.
Reste toutefois la question de la cohabitation. En l’absence d’unité politique entre
l’Assemblée nationale et le président de la République, ce dernier se voit obligé
de nommer un Premier ministre issu d’une majorité disposant d’un programme
politique divergeant. Il n’y a pas de lien de confiance entre le Chef de l’État et
son Chef de gouvernement ; le Premier ministre tire son entière légitimité de sa
qualité de chef de la majorité à l’Assemblée nationale. Dans ce cas, l’unité des
Vous auriez pu détailler
titulaires des pouvoirs spéciaux est rompue. Toutefois, le quinquennat et l’inversion cette réforme importante du
du calendrier Parlementaire ont rendu ce phénomène politique moins probable. fonctionnement de
Les compétences du président de la République et du Premier ministre convergent la Ve République.
donc, d’autant plus facilement que ces pouvoirs sont tous deux exercés avec un
fort pouvoir discrétionnaire.

B) La discrétionnarité du recours aux pouvoirs spéciaux

Les titulaires des pouvoirs spéciaux peuvent y recourir discrétionnairement, tant le Cette phrase, résumant d’entrée
votre argumentation, est précieuse
gouvernement usant de l’article 38 mêlé à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, pour votre correcteur.
que le président de la République recourant à l’article 16 du même texte.
L’article 38 de la Constitution est d’un emploi tout à fait libre pour le gouvernement,
les seules conditions procédurales, fixées par cet article, sont de recueillir l’avis du
Conseil d’État, puis de faire délibérer le projet de loi en Conseil des ministres. Rien ne
contraint donc le gouvernement, à deux nuances près toutefois : premièrement, les
textes financiers et organiques sont exclus du champ de l’article 38, ce qui réduit
l’étendue du pouvoir du gouvernement ; ensuite, il reste la contrainte d’obtenir une
majorité pour faire adopter la loi d’habilitation, mais c’est précisément l’article 49
alinéa 3 qui répond à ce second enjeu.
L’article 49 alinéa 3 de la Constitution est, d’ailleurs, lui aussi, d’un usage discré-
tionnaire. Seule la délibération en Conseil des ministres, à l’instar de l’article 38, est
exigée. Cependant, si le gouvernement reste libre de recourir à l’article 49 alinéa 3,
depuis la réforme du 23 juillet 2008, il ne peut le faire que pour un texte par session
(auquel s’ajoutent un projet de loi de finances et un projet de loi de financement
de la sécurité sociale). Cela ne signifie pas que l’article 49 alinéa 3 ne pourra
être utilisé qu’une fois par session : il pourra être engagé à chaque examen d’un
même texte devant l’Assemblée nationale. La combinaison de ces deux articles

61
est donc tout à fait aisée pour le gouvernement tant les contraintes procédurales
sont faibles.
L’article 16 de la Constitution paraît plus délicat à mettre en œuvre. Pour recourir
aux « pouvoirs exceptionnels », le président de la République doit constater une
menace « grave et immédiate » concernant « les institutions de la République, l’in-
dépendance de la Nation, l’intégrité de son territoire ou l’exécution de ses engage-
ments internationaux ». En outre, « le fonctionnement régulier des pouvoirs publics
constitutionnels » doit être « interrompu ». Le dernier et unique recours à cet article
a eu lieu sous la présidence de Charles de Gaulle, entre le 23 avril 1961 et le 30
septembre 1961, pour faire face au « putsch des Généraux » en Algérie.
Tout à fait exact, ces éléments Les événements vont toutefois montrer que les conditions prévues à cet article ont
factuels sont bienvenus pour
mettre en perspective l’usage cessé très tôt d’être réunies, sans que le Chef de l’État ait été inquiété d’avoir main-
de l’article 16 de la Constitution. tenu cet état d’exception pendant de longs mois. En effet, il appartient au seul
président de la République de décider de recourir à l’article 16 de la Constitution,
en vertu de l’article 19 du même texte. Seules les consultations du Premier ministre,
des présidents des assemblées et du Conseil constitutionnel sont obligatoires, bien
que le Chef de l’État ne soit, en aucun cas, tenu de suivre leurs avis. Les avis publics
du Conseil constitutionnel prévus depuis la révision du 23 juillet 2008 n’ont pour but
que d’influencer publiquement le Chef de l’État et ne sauraient s’analyser en une
contrainte juridictionnelle pesant sur les pouvoirs du président de la République.
Le Conseil d’État a d’ailleurs considéré dans une décision Rubin de Servens du 2
mars 1962, que le choix de recourir aux pleins pouvoirs était un acte de gouverne-
ment et, à ce titre, insusceptible de recours. Cet acte touchant aux rapports entre
pouvoirs publics constitutionnels – il ne fait, d’ailleurs, guère de doutes que les dé-
cisions de recourir aux articles 38 ou 49 alinéa 3 de la Constitution seraient encore
qualifiées d’acte de gouvernement. Là encore, au-delà des apparences, le pouvoir
du président de la République est parfaitement discrétionnaire. À la similarité des
conditions d’engagements de ces pouvoirs spéciaux s’adjoint la similarité de
leurs effets.

2 • La similarité des effets du recours à ces pouvoirs spéciaux

Ces pouvoirs spéciaux sont encore similaires en ce qu’ils produisent des effets com-
parables sur la structuration et la répartition des fonctions entre organes constitués.
Leur recours conduit à priver l’organe Parlementaire de l’exercice de sa fonction
législative, au profit exclusif de l’organe exécutif (A). Le Parlement se trouve alors
cantonné à une fonction de contrôle, ce qui n’en fait toutefois pas un organe dé-
muni de pouvoirs (B).

A) L’exercice d’une fonction législative exclusive par l’organe exécutif

Remarque très intéressante, à L’exercice de la fonction législative par l’organe exécutif n’est pas une nouveau-
rebours des interprétations peu té créée par la mise en œuvre de ces pouvoirs spéciaux. Au contraire même, en
rigoureuses de la doctrine de la
séparation de pouvoirs qui font
ce qui concerne le gouvernement, l’exercice d’une part de la fonction législative
du Parlement le détenteur exclusif est l’un des éléments clés du modèle de Westminster, déjà bien identité par Mon-
de la fonction législative, et du tesquieu à travers « la faculté d’empêcher » du Monarque et de ses ministres, se
gouvernement le détenteur exclusif
muant en une forme implicite de sélection des textes (De l’esprit des lois, 1748, I, IX,
de la fonction exécutive. La réalité
est plus complexe, comme vous 6). Le modèle de l’exercice conjoint de la fonction législative est toutefois renversé
l’énoncez justement. en matière de pouvoirs spéciaux : l’organe exécutif peut par l’intermédiaire des
pouvoirs spéciaux exercer la plénitude de la fonction législative en excluant la
compétence du Parlement dans l’édiction de normes matériellement législatives.

62
Le recours à l’article 38 de la Constitution mêlé à l’article 49 alinéa 3 du même Le découpage de la fonction
législative en ces deux
texte produit les mêmes effets qu’un recours à l’article 16 : l’organe Parlementaire compétences est pertinent, il vous
est dépossédé, au profit de l’organe exécutif de sa fonction législative prise en ses permet d’analyser précisément
deux composantes, l’élaboration et l’adoption de la loi. La privation de la compé- la réalité de la privation de cette
fonction.
tence d’élaboration de la loi est consubstantielle à la notion de législation délé-
guée : l’organe exécutif cherche à accélérer le temps d’action législatif et pour
cela il assure directement l’élaboration du texte, sans chercher à bénéficier du Cela est exact, mais c’est tout
au plus une aggravation d’une
travail Parlementaire pour améliorer la qualité formelle ou substantielle de la loi, ou situation déjà déséquilibrée : plus
encore pour critiquer sa teneur. L’article 38 comme l’article 16 de la Constitution de 75% des textes adoptés par le
font de Matignon et de l’Élysée les rédacteurs exclusifs des dispositions relevant du Parlement sont issus de projets de
loi élaborés par le gouvernement.
domaine de la loi.
La privation de la compétence d’adoption est encore plus étonnante dans le re- Vous auriez pu préciser, en
cours à ces pouvoirs spéciaux. En effet, en toutes hypothèses, et même dans la application de la décision du
Conseil d’État du 2 mars 1962
situation de rationalisation de l’organe Parlementaire sous la Ve République, il re- Rubin de Servens, que ces
vient normalement toujours aux Chambres d’adopter les dispositions législatives. décisions ont une nature législative
Or, l’article 16 de la Constitution a notamment pour objet d’autoriser le président lorsqu’elles entrent dans le champ
de l’article 34 de la Constitution, et
de la République à intervenir seul dans le domaine de la loi. L’autonomie de ce réglementaire dans tous les autres
pouvoir prive donc le Parlement de toute fonction d’adoption des « décisions » cas en vertu de l’article 37 du
prises en vertu de cet article. L’article 38 en revanche prévoit un double vote du Par- même texte.
lement, le premier pour l’habilitation du gouvernement, le second pour la ratifica-
De la même manière, vous auriez
tion des ordonnances adoptées. Or, lorsque l’article 38 est actionné avec l’article pu mentionner que tant que
49 alinéa 3 de la Constitution, il n’y a pas de vote sur le projet de loi d’habilitation l’ordonnance n’est pas ratifiée, elle
car celui-ci est considéré comme adopté sauf à ce que l’Assemblée nationale a valeur réglementaire, et qu’une
fois ratifiée, celle-ci acquière une
censure le gouvernement. Quant à la ratification, elle n’est pas obligatoire, l’article valeur législative.
38 contraint seulement le gouvernement à déposer le projet de loi de ratification
devant le Parlement avant l’expiration du délai prévu par l’habilitation. Dans ce cas,
la combinaison de l’article 38 et de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution prive le
Parlement de sa compétence d’adoption.
Dans ces deux situations, le domaine d’action législative de l’organe exécutif n’est
toutefois pas aussi étendu. Lorsque le président de la République actionne les pou-
voirs qu’il tient de l’article 16 de la Constitution, il n’est restreint par aucun objet
particulier ; autrement dit, il peut intervenir dans l’ensemble des composantes du
domaine de la loi prévu à l’article 34 de la Constitution. La situation n’est pas exac-
tement la même pour le gouvernement agissant en vertu des pouvoirs conférés
par l’article 38 de la Constitution. En effet, l’habilitation donnée par le Parlement
concerne un objet législatif précis que le gouvernement devra respecter ; autre-
ment dit, l’action de ce dernier est circonscrite à une ou plusieurs composantes du
domaine de la loi, mais ne s’étend pas au domaine de la loi dans son ensemble.
En pratique, cette différence s’estompe. De fait, les mesures prises par le président Analyse intéressante, vous avez
été au-delà du texte pour en
De Gaulle en vertu de l’article 16 de la Constitution ont majoritairement touché étudier l’usage concret. Votre
les mêmes composantes du domaine de la loi : le droit et la procédure pénale, le argumentation en ressort plus
régime des libertés publiques, et les garanties des fonctionnaires civils et militaires. solide et plus fine.
Réciproquement, les habilitations du gouvernement en vertu de l’article 38 de la
Constitution peuvent être particulièrement larges, comme le montre d’ailleurs la
loi du 22 juin 1967 autorisant le gouvernement à prendre, par exemple, des ordon-
nances tendant à « mieux assurer le plein-emploi » – formule dont la généralité
fonde l’étendue de l’habilitation. Cette privation de la fonction législative du Parle-
ment n’empêche toutefois pas ce dernier de s’investir dans sa mission de contrôle.

63
B) Le cantonnement de l’organe Parlementaire à une fonction de contrôle

Comme l’a noté avec sévérité John Stuart Mill au XIXe siècle, « en fait de législation
comme d’administration, la seule tâche dont une assemblée représentative soit
capable, n’est pas de faire la besogne elle-même, mais de la faire faire, de décider
Ces deux citations, très
complémentaires, posent avec
à qui on la confiera, et une fois qu’elle est faite, de lui accorder ou de lui refuser
justesse une grande problématique la sanction nationale » (Considérations sur le gouvernement représentatif, 1861,
propre aux régimes Parlementaires. chapitre V). Pour cet auteur, le Parlement est davantage une « volonté » qu’une
Elles démontrent votre culture « intelligence » et il doit, donc, laisser à d’autres le soin de faire la loi. Un tel constat
juridique et introduisent avec
dynamisme votre dernière sera même fait par les Parlementaires eux-mêmes, comme le montrent à l’époque
sous-partie. contemporaine les propos bien connus de Philippe Séguin, ancien président de
l’Assemblée nationale (1993-1997) : « le Parlement en est réduit à un contrôle de
l’activité législative du gouvernement ». Sans surprise alors, en matière de pouvoirs
spéciaux, tels que ceux prévus par les dispositions combinées des articles 38 et
49 alinéa 3 de la Constitution, ou de l’article 16 du même texte, les marges de
manœuvres du Parlement résident dans ses prérogatives de contrôle.
La capacité de contrôle du Parlement est, toutefois, inégale selon les pouvoirs spé-
ciaux mis en œuvre. Concernant l’article 16, l’attribution des pleins pouvoirs au
président de la République rend délicat l’exercice des prérogatives de contrôle. En
effet, comme l’a révélé l’affaire des « sondages de l’Élysée » en 2009, la formation
Vous faites une analyse critique d’une commission d’enquête, en vertu de l’article 52-1 de la Constitution, portant
d’un fait constitutionnel récent
et d’importance, tout-à-fait en
directement sur le président de la République a été jugée par la majorité de la
rapport avec votre sous-partie. Commission des lois de l’Assemblée nationale contraire, d’une part, à l’article 67 de
C’est un très bon point pour votre la Constitution – fixant l’irresponsabilité du Chef de l’État – et, d’autre part, au prin-
argumentation.
cipe de séparation des pouvoirs. Ces arguments semblent constitutionnellement
peu pertinents, d’abord parce qu’enquêter n’est pas engag[er] la responsabilité,
ensuite parce que les investigations d’une Commission ne sont pas en mesure de
mettre sérieusement en cause l’autonomie et l’indépendance de la présidence de
la République. Il faudrait toutefois s’attendre à une résistance de la majorité prési-
dentielle lors de la mise en œuvre des prérogatives Parlementaires de contrôle à
l’égard du Chef de l’État, sur le fondement de ces arguments. À l’inverse, en ce qui
concerne les ordonnances, la fonction de contrôle du Parlement est complète. Les
Parlementaires, et notamment les commissions permanentes, pourront auditionner
et questionner le gouvernement sur l’usage de l’article 38 de la Constitution. Des
moyens plus précis de contrôle pourront même également être mis en œuvre, à
travers la formation d’une mission d’information ou le contrôle financier des ordon-
nances adoptées lors de l’examen du projet de loi de finances ou de financement
de la sécurité sociale. Bref, en la matière, conformément à l’article 24 de la Consti-
tution, le Parlement dispose des plus larges moyens pour « contrôl[er] l’action du
gouvernement » et « évalu[er] les politiques publiques ».
Le Parlement dispose, enfin, de la capacité à s’opposer à ces mesures spéciales,
dès lors qu’il les juge politiquement inopportunes ou constitutionnellement infon-
dées. En matière de recours à l’article 38 combiné à l’article 49 alinéa 3 de la
Constitution, le moyen le plus simple de s’opposer à de tels pouvoirs spéciaux est
de déposer, puis d’adopter la motion de censure prévue par le mécanisme de ce
dernier article. Enfin, une fois les ordonnances signées et le projet de loi de ratifica-
tion déposé, le Parlement dispose du droit de mettre à l’ordre du jour ce projet et
de le rejeter, ce qui entraînerait la caducité des ordonnances (la fixation de l’ordre
du jour est partagée entre les Chambres et le gouvernement). En matière de re-
cours à l’article 16 de la Constitution, la seule arme dont dispose le Parlement pour
faire cesser les pleins pouvoirs est le mécanisme de la destitution prévu à l’article

64
68 de la Constitution. Il faudrait alors réunir une majorité renforcée des deux tiers
pour, premièrement, réunir la Haute Cour et, ensuite, juger que le président a com-
mis un « manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice Vous auriez pu mentionner qu’une
de son mandat ». La qualification est entre les mains de la Haute Cour et le fait de telle procédure, au regard des
exigeantes conditions de majorité,
recourir à l’article 16, alors que les conditions fixées par cet article ne sont pas ou n’a que très peu de chances
plus réunies permettrait sans doute de qualifier un tel manquement. En tout état de d’aboutir.
cause, dès que le président de la République cesse de recourir aux pleins pouvoirs,
le Parlement demeure libre d’abroger les décisions de nature législative, prises par
le Chef de l’État, par l’adoption de lois ordinaires.
L’analyse révèle donc la grande similarité, mais non l’identité entre ces deux pou-
voirs. Un dernier point commun réside dans leur singularité historique : chacun
de ces deux pouvoirs spéciaux n’a été utilisé qu’une seule fois dans l’histoire de
Vous auriez pu préciser avec un
la Ve République, le premier en 1962, le second en 1967. Toutefois, l’accélération exemple les « brèches » dans le fait
contemporaine du temps législatif et l’émergence de quelques brèches dans le majoritaire, comme le phénomène
fait majoritaire, rendent probables de nouveaux recours à des mécanismes com- politique des « frondeurs » pendant
la législature 2012-2017.
binant législation par ordonnance et engagement de la responsabilité du gouver-
nement. Nul doute, alors, sur la nature de tels pouvoirs.

65
Votre PROGRAMME de droit

ANNALES 2 0 1 8
constitutionnel L1-S2 traité à travers
les DIFFÉRENTES ÉPREUVES
rencontrées en TD et lors de l’EXAMEN
Les CORRIGÉS sont CONFORMES
aux attentes de votre professeur et à ce que ANNALES

CORRIGÉES ET COMMENTÉES
vous pouvez réaliser dans le temps imparti. CORRIGÉES ET COMMENTÉES
FINAL (dissertation, commentaire,
cas pratique, QRC et QCM).
2018
de
sont inutiles, celui
l tous les autres
té claire- Et le droit, sans leque ce soit, que pour
être
de la seule volon quelque ordre que
n que le système n’être arrêté, par compétents ;
Considérant enfi ntes répon ses surprises audit délai entre les mains des juges
les différe remis sans
que ment exprimé dans te

Dissertation juridi
ministres, le funes tes qui seraient por-
ce, de la part des contre toutes attein
Seigneur Roi annon la Monarchie, et
ne laisse Proteste ladite Cour és ; déclare unani
me-

te historique Sous la direction


les principes de ci-dessus exprim
e tées aux principes

à l’appui d’un tex


projet d’anéantir e déclaration précis écarter, que ces

Sujet 1 e ressource qu’un aucun cas, s’en


à la Nation d’autr maintenir qu’elle ne peut, dans tous les membres

LICENCE 1
est charg ée de ment oblige nt
, maximes qu’elle principes égale
ment certains nts ; en consé-
Paris du 3 mai 1788 par la Cour des ra de profes ser ; leurs serme
ment de qu’elle ne cesse compris dans

d’Aurélien Baudu
ration du Parle et des sentiments de la Cour et sont la composent ne
doit
À l’appui de la Décla rchie, gouvernée
par
quence, qu’aucun
des membres qui -
Durée de l’épreuve
:
sujet suivant : e est une mona ite la moindre innova
vous traiterez le e de France, Déclare que la Franc ser par sa condu
entales du Royaum
ni n’entend autori a-
3 heures lois ; dans aucune comp
, ni prendre place
Les lois fondam
le Roi, suivant les em- tion à cet égard composée des
menta les elle-m ême,
Aucun document plusieurs qui sont
fonda pas la Cour
? gnie qui ne serait
une Constitution
s droits ;

LICENCE 1
n’est autorisé Que de ces lois, es et revêtu e des même
brassent et consa
crent : mêmes personnag
réduirait
de mâle en mâle, rsant la Cour, la
n régnante au Trône, la force, en dispe
Et dans le cas où elle-même les princi
pes
Le droit de la maiso sion des filles et
de
de maintenir par
géniture, à l’exclu à l’impuissance
par ordre de primo au prése nt arrêté ;
ts ; contenus
leurs descendan par remet dès à présent le dé-
de mâle en mâle, ent les subsid es re qu’elle en
Ladite Cour décla fa-
n régnante au Trône, d’accorder librem de son auguste
Le droit de la maiso sion des filles et
de Le droit de la Nation èrement convoqués
et les mains du Roi,
géniture, à l’exclu généraux réguli pôt inviolable entre généraux et de
cha-
par ordre de primo l’organe des États Royaume, des États
La Cour, ts ; mille, des Pairs du qui forment la Nation
;
séant, avertie leurs descendan composés ; réunis ou séparés
bres assem blées, les Pairs y s- ent les subsides par ces ; cun des Ordres
Toutes les cham circon librem des provin sera,
un concours de Le droit de la Nation
d’accorder et les capitulations le présent arrêté
publique et par cent la èrement convoqués Les coutumes et ladite Cour, que
par la notoriété coups qui mena généraux réguli Ordonne en outre é incontinent aux
ent connues des l’organe des États trats ; reur génér al du Roi, envoy
tances suffisamm L’inamovibilité des
magis par le Procu t pour y être lu,
pu-
trature ; composés ; les vo- haussées du ressor
Nation et la Magis chaque province bailliages et sénéc rendra

LES INSTITUTIONS
ces ; général du Roi
sur la Ma- lations des provin de vérifier dans qu’au- que le Procureur
les entreprises des minist res
Les coutu mes et les capitu Le droit des cours l’enregistrement blié et registré, et toutes les
Considérant que la de n’en ordonner lundi prochain,
le parti qu’a pris lontés du Roi et de la envoi à la Cour,
mment pour cause magistrats ; lois constitutives compte de cet
gistrature ont évide désastreux, de se
recon- L’inamovibilité des qu’ell es sont conformes aux Le droit assem blées.
les vo-

LES INSTITUTIONS DE LA Ve RÉPUBLIQUE


à deux impôts chaque province
tant
x lois fondamenta
les de l’État Chambres
Cour de résister subsides, de sollicit
er la de vérifier dans qu’au- ce ainsi qu’au e ma- ent de Paris, tome III,
te en matière de Le droit des cours l’enregistrement provin s traduit en aucun ntrances du Parlem
naître incompéten réclam er la liberté de n’en ordonner n de n’être jamai Flammermont, Remo
États généraux
et de lontés du Roi et itutives de la de chaque citoye juges naturels, qui
sont 6.
convocation des confo rmes aux lois const es juges que ses Paris, 1895, pp. 745-74
citoyens ; tant qu’ell es sont
les de l’État Le droit tière devant d’autr
individuelle des x lois fondamenta désigne ;
peuvent par consé
quent province ainsi qu’au s traduit en aucun
e ma- ceux que la loi lui
s entreprises ne n de n’être jamai ls, qui sont
Que ces même le, sans re- de chaque citoye que ses juges nature
objet que de couvrir, s’il est possib t d’autr es juges
avoir d’autre ations par tière devan
génér aux, les anciennes dissip en que la loi lui désig ne ;

DE LA Ve RÉPUBLIQUE
courir aux États pas le témoin, sans ceux de
la Cour ne serait sont inutiles, celui
des moyens dont d’opposer avec
une l tous les autres
devoir l’obligeant Et le droit, sans leque ce soit, que pour
être
être l’obstacle, son du Roi, quelque ordre que Baudu)
des lois, la parole n’être arrêté, par CORRECTEUR (A.
;
nlable l’autorité juges compétents
constance inébra
thèque assignée
sur les impôts, à remis sans délai
entre les mains des OBSERVATIONS DU
la foi publiq ue et l’hypo
romettre les droits
ou les tes qui seraie nt por- n entre deux exer-
pourraient comp Proteste ladite Cour
contre toutes attein dans la combinaiso
cette épreuve réside
me-
tous les plans qui és ; déclare unani
la Nation ; tées aux principes
ci-dessus exprim que ces La difficulté de
engagements de cas, s’en écarter, n
de la seule volon
té claire- peut, dans aucun cices. re, ni d’une dissertatio
n que le système ment qu’elle ne tous les membres texte en histoi
Considérant enfi ses audit ment certains obligent - commentaire de
Il ne s’agit pas d’un
ses surpri pes égale ; en consé
les différentes répon princi
compris dans leurs
serments
d’un texte.
ment exprimé dans ministres, le funes
te
de la Cour et sont tenir compte
juridique dépourvue
doit
ce, de la part des la composent ne
Seigneur Roi annon ne laisse des membres qui - er une dissertation sans
la Monarchie, et quence, qu’aucun ite la moindre innova phraser le texte , ni réalis e en s’app uyan t sur
les principes de précise ser par sa condu Il ne faut ni para à la question posé
projet d’anéantir autori a-
rtant de répondre
e décla ration ni n’ente nd e comp
e ressource qu’un dans aucun
à la Nation d’autr est chargée de
maintenir tion à cet égard
, ni prendre place
ême, composée
des du texte. Il est impo
maximes qu’elle pas la Cour elle-m les données du
texte.
par la Cour des ra de profes ser ; gnie qui ne serait
même s droits ;
qu’elle ne cesse es et revêtue des
et des sentiments par mêmes personnag
rchie, gouvernée réduirait
e est une mona rsant la Cour, la
Déclare que la Franc la force, en dispe
Et dans le cas où elle-même les princi
pes
le Roi, suivant les
lois ; de maintenir par
les em- à l’impuissance ;
fonda menta nt arrêté
plusieurs qui sont contenus au prése
Que de ces lois, 23
crent :
brassent et consa

22

Dont un dossier analysant Dissertations


3 COPIES RÉELLES
(notées 5, 10 et 15/20) sont reproduites
Des COMMENTAIRES et des
CONSEILS sont placés en marge
de tous les corrigés pour comprendre
19 SUJETS 3 COPIES RÉELLES
D’ÉTUDIANTS
Commentaires
Cas pratiques
et commentées dans le dossier. leurs points forts et leurs points faibles.

a ve c d e s c o n s e i l s d e m é t h o d o l o g i e

Prix : 12,80 €
ISBN 978-2-297-06260-2
9 782297 062602 www.lextenso-editions.fr

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