Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
OMAR FASSI-FIHRI
Direction de la Région Hydraulique de Sebou, Fès, Maroc
M'HAMED FESKAOUI
Direction de la Région Hydraulique du Sahara, Laâyoun, Maroc
INTRODUCTION
Les réservoirs carbonates jurassiques des Atlas marocains sont réputés pour leur fort
potentiel en eau souterraine et pour des productivités unitaires élevées. Cependant,
ces réservoirs sont caractérisés par une hétérogénéité manifeste, liée à des variations
lithologiques, structurales et hydrodynamiques, en relation avec leur évolution
diagénétique, leur déformation fragile engendrant la fracturation, et leur dissolution
engendrant la karstification.
Lorsqu'ils constituent des nappes libres, les guides de prospection des ressources
en eau de ces aquifères peuvent être directement établis à partir des données de
surface (Fassi-Fihri, 1996). Cependant, lorsque ces formations sont couvertes par les
remplissages des bassins sédimentaires bordant les chaînes atlasiques, la prospection
de leur ressource en eau est plus complexe.
Nous nous proposons de traiter cet aspect à travers l'étude hydrogéologique de
l'aquifère liasique du couloir Fès-Taza, vu son importance régionale comme
ressource potentielle pour l'alimentation en eau potable de la ville de Taza et des
centres avoisinants et pour le développement agricole de ce couloir.
La méthodologie utilisée consiste à établir la structure et les caractéristiques
hydrodynamiques de l'aquifère au sein de ses zones d'affleurement en bordure de la
chaîne, et à suivre l'évolution de cette structure en dessous du remplissage du sillon
de bordure, en exploitant les données récoltées à travers les investigations
géophysiques et les sondages mécaniques. Les écoulements et les bilans hydrauliques
sont établis pour chaque unité structurale, et aux frontières de ces unités, avant d'être
synthétisés pour l'ensemble de l'aquifère.
DONNEES GEOPHYSIQUES
La carte des isohypses du toit du Lias (Fig. 3) est déduite des données géophysiques
(CAG, 1949, 1959, 1981, 1987; Géo-Etudes et Travaux, 1995). Elle montre que, en
dessous de la couverture miocène, ce toit s'ennoie au niveau des cuvettes de Ghomra
(+150 m à l'est et +350 m à l'ouest) et de Tahala-Matmata (de +300 m au SE de
Tahala à -150 m au SE de Matmata), et du sillon sud-rifain (+100 m au nord de
Tahala, -200 m au nord de Matmata, -400 m au niveau de la queue de la retenue du
barrage Idriss Premier, -250 m au milieu du plateau de Béni Sadden, et -450 m au
pont de Sebou). Ce toit est relativement surélevé au niveau des failles de Tizi
n'Tretten et d'Aït Youb et au niveau du haut fond de Bir Tamtam (+550 m).
L'épaisseur du Lias est influencée par deux facteurs. Le premier consiste en un
jeu conjugué des failles atlasiques ayant des rejets verticaux d'une part et des cycles
érosion-sédimentation d'autre part. Le deuxième consiste en une subsidence du sillon
sud-rifain. Le résultat en est une diminution de l'épaisseur du Lias au niveau des
compartiments surélevés et érodés, et une augmentation de cette épaisseur au niveau
des compartiments affaissés subsidents. Ainsi, l'épaisseur du Lias dépasse les 400 m
au niveau de la cuvette de la Ghomra ouest. Elle est comprise entre 300 et 400 m au
niveau de la Ghomra est. Elle ne dépasse guère les 150 m au niveau du haut fond de
Bir Tamtam et le voisinage de la faille de Tizi n'Tretten, et les 100 m au niveau du
plateau de Béni Sadden.
Le Miocène constitue une couverture reposant en discordance sur le Lias
carbonate. La série commence par un grès, passant latéralement à une calcarénite,
succédés par des marnes gréseuses puis par des marnes bleues plastiques. Ces marnes
mettent en charge la nappe profonde liasique. Les intercalations plus perméables
peuvent constituer, lorsqu'elles présentent une zone d'alimentation, un aquifère
secondaire, alors que le grès et calcarénites de base peuvent avoir le même niveau
piézométrique que le Lias lorsqu'elles le succédant sans écran imperméable.
La Fig. 4 représente la carte des isopaques de ces formations telles qu'elles ont
été définies par géophysique. Cette figure montre une augmentation de l'épaisseur
des marnes au sein des cuvettes bordant le causse moyen-atlasique (400 m au niveau
de la Ghomra), et du sillon sud-rifain, avec une tendance plus marquée à
l'épaississement depuis l'est vers l'ouest (200 m au nord de l'Oued Amlil et 500 m
104 Omar Fassi-Fihri & M'hamed Feskaoui
Etude hydrogéologique de l'aquifère liasique du couloir Fès-Taza (Maroc) 105
S o 3
CD CO CO
•If
glD
c
CD
O
O
CD
3
CO
CD
C
c
'Exte
tel is-Mi
QCO
ifere
Isop
-
CD
•o
73 eu
3- CD
JQ
03
CD
S-? 3
E O 1
_J-O Zi O !_j
.
o
.1 \ •
S
:
YV-D* c
CO
,1 1
106 Omar Fassi-Fihri & M'hamed Feskaoui
- La faille de Tizi n'Tretten, passant près de Sefrou, se prolonge vers le haut fond
de Bir Tamtam et butte contre l'accident sud-rifain. Cette faille de direction NE-
SW a un rejet supérieur à l'épaisseur des dolomies liasiques au sud. Plus au
nord, l'augmentation de l'épaisseur de la série dolomitique prend le pas sur le
rejet de la faille.
- Les failles de Sidi Harazem-A. Skounate: c'est un ensemble de failles parallèles
de direction NE-SW qui effondrent progressivement la partie ouest du sillon sud-
rifain pour aboutir au compartiment connu sous la nomination "nappe profonde
du bassin Fès-Meknès", et le compartiment est qui constitue le couloir Fès-Taza
(Colas des Francs, 1960). Le rejet total de ces failles peut être estimé à 450 m
environ.
- La faille de Tahala de direction NW-SE: cette faille par son grand rejet met en
face les terrains de l'aquifère liasique au nord et les marnes de la couverture
imperméable au sud.
- La faille de l'Oued Bouzemlane, de direction NW-SE, constitue la limite nord de
l'effondrement de la Ghomra. C'est une réplique de la faille de Tahla plus au
sud.
La faille Ait Youb, de même direction, fait remonter le substratum imperméable
pour devenir visible au sein de la vallée du Sebou. C'est une structure complexe
avec un jeu vertical des compartiments mis en évidence lors de la réalisation du
barrage Allai El Fassi.
HYDROGEOLOGIE
BILAN HYDRAULIQUE
L'alimentation de cette nappe est assurée par l'infiltration des eaux de pluie, par la
drainance descendante depuis la couverture et les écoulements depuis la nappe Fès-
Meknès. L'alimentation par l'infiltration se réalise suivant deux modes. Le premier
est constitué par l'infiltration directe des eaux de pluie au niveau des affleurements
carbonates basiques. Le second est constitué par l'infiltration indirecte après
ruissellement au dessus du substratum triasique ou paléozoique appartenant au bassin
versant hydrologique.
30 -if
A 1961-90 1985-94
site du barrage Bab Louta est estimée à 2.5 1 s"1 km"2 (Ingema, 1995). Le cumul de ce
débit sur la surface totale des parties imperméables constitue une alimentation après
ruissellement estimée à 950 1 s"1.
Alimentation aux limites de la nappe La limite nord est considérée comme une
limite imperméable étant donné l'étanchéité de l'accident sud-rifain. En effet, cet
accident entraîne une injection des formations triasiques imperméables (Argiles
rouges et sel gemme). La limite sud et SE est caractérisée par la présence
d'affleurements imperméables du substratum de la nappe. C'est donc une limite
étanche sur sa totalité. La limite ouest est constituée par une succession de failles
affaissant la partie occidentale du sillon sud-rifain sans rompre la continuité
hydraulique entre le couloir Fès-Taza, et la nappe du bassin Fès-Meknès. Le bilan
hydraulique, établi pour les deux compartiments de part et d'autre de ces failles
permet d'évaluer cette alimentation à 380 1 s"1.
Les sources sont généralement liées à des accidents tectoniques. On peut en citer
en particulier:
Les sources de la confluence Sebou-Aggay (Ain Kseb, Ain Atrous, Ain El
Ouali, Ain Skhounate). Le débit total moyen de ces sources est de l'ordre de
1500 1s"1.
Les sources du panneau El Ouata-Regrag: ce sont deux sources qui drainent le
panneau de même nom. La source Regrag est située au sein des affleurements
liasiques, alors que la source El Ouata est située sur une faille affectant la
couverture et alimentant la source à partir de l'aquifère liasique. Le débit moyen
de la première est de 305 1 s"1 alors que le débit moyen de la seconde est de
Etude hydrogéologique de l'aquifère liasique du couloir Fès-Taza (Maroc) 113
GESTION DE LA RESSOURCE
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
REFERENCES
Bentayeb, A. & Leclerc (1975) Causse Moyen Atlasique—Ressources en Eau du Maroc, tome 3. Notes et Mémoires du
SGMn"231.
CAG (1949) Etude par prospection électrique de la tectonique du Lias au Béni Sadden, sur le plateau de Rhomra et dans
la région de Bou-Rhioul. Rapport MTP/DGH/DRPE.
CAG (1959) Complément d'étude par prospection électrique dans la région de Béni Sadden. Rapport MTP/DGH/DRPE.
CAG (1987) Etude par prospection électrique de la région de Taza, Taza Piscine, Taza Gueldamane et Oued Amlil.
Rapport MTP/DGH/DRPE.
116 Omar Fassi-Fihri & M'hamed Feskaoui