Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
es nations se hissent par le savoir et se maintiennent par la mémoire. C’est cet ensemble d’évé-
nements qui se créent successivement aujourd’hui pour qu’un jour on ait à le nommer : Histoire.
Sans cette mémoire, imbue de pédagogie et de ressourcement, l’espèce humaine serait tel un
atome libre dans le tourbillon temporel et cosmique.
L’homme a eu de tout temps ce pertinent besoin de vouloir s’amarrer à des référentiels et
de se coller sans équivoque à son histoire. Se confondre à un passé, à une ancestralité. Cette
pertinence va se confiner dans une résistance dépassionnée et continue contre l’amnésie et les
affres de l’oubli. Se contenir dans un souvenir, c’est renaître un peu. L’intérioriser, c’est le revivre ; d’où cette ardeur
permanente de redécouvrir, des instants durant, ses gloires et ses notoriétés.
En tant que mouvement dynamique qui ne s’arrête pas à un fait, l’Histoire se perpétue bien au-delà. Elle est éga-
lement un espace pour s’affirmer et un fondement essentiel dans les domaines de prééminence et de luttes. Trans-
mettant le plus souvent une charge identitaire, elle est aussi et souvent la proie pitoyable à une éventualité faussaire
ou à un oubli prédateur. Seule la mémoire collective, comme un fait vital et impératif, peut soutenir la vivacité des
lueurs d’antan et se projeter dans un avenir stimulant et inspirateur. Elle doit assurer chez nous le maintien et la
perpétuation des liens avec les valeurs nationales et le legs éternel de la glorieuse révolution de Novembre.
Il est grand temps, cinquante ans après le recouvrement de l’indépendance nationale, de percevoir les fruits de
l’interaction et de la complémentarité entre les générations. Dans ce contexte particulier et délicat, les moudjahi-
date et moudjahidine se doivent davantage de réaffirmer leur mobilisation et leur engagement dans le soutien du
processus national tendant à éterniser et à sacraliser l’esprit chevaleresque de Novembre. Ceci n’est qu’un noble
devoir envers les générations montantes, qui, en toute légitimité, se doivent aussi de le réclamer. A chaque dispari-
tion d’un acteur, l’on assiste à un effacement d’un pan de notre histoire. A chaque enterrement, l’on y ensevelit avec
une source testimoniale. Le salut de la postérité passe donc par la nécessité impérieuse d’immortaliser le témoi-
gnage, le récit et le vécu. Une telle déposition de conscience serait, outre une initiative volontaire de conviction,
un hommage à la mémoire de ceux et de celles qui ont eu à acter le fait ou l’événement. Le témoignage devrait être
mobilisé par une approche productive d’enseignement et de fierté. Raviver la mémoire, la conserver n’est qu’une
détermination citoyenne et nationaliste. Toute structure dépouillée d’histoire est une structure sans soubassement
et toute Nation dépourvue de conscience historique est une nation dépourvue de potentiel de créativité et d’inté-
gration dans le processus de développement.
C’est dans cette optique de rendre accessibles l’information historique, son extraction et sa mise en valeur que
l'idée de la création de cette nouvelle tribune au titre si approprié : Memoria, a germé. Instrument supplémentaire
dédié au renforcement des capacités de collecte et d’études historiques, je l’exhorte, en termes de mémoire objec-
tive, à plus de recherche, d’authenticité et de constance.
amar.khelifa@eldjazaircom.dz
Direction de la rédaction
Assem Madjid
Coordinatrices
Meriem Khelifa
Chahrazed KHELIFA
Reporter - Photographe
ABANE RAMDANE AHMED BEN BELLA
Abdessamed KHELIFA
Sanae Nouioua
P.19
Rédaction
Abane ramdane - Ahmed ben bella
Adel Fathi P.07 Histoire
Ahmed HADJI abane-ben bella
Dr Boudjemaâ HAICHOUR couple incompatible ou complémentaire ?
Hassina AMROUNI P.11 Histoire
Mohamed Lamine abane vu par ben bella
Mehdi Benabdelmoumène
P.15 Histoire
Direction Artistique
ben bella vu par un thuriféraire d’Abane AHMED MAHSAS
P.45 Histoire
L’affaire Si Salah ou celle de l’Elysée
www.memoria.dz SALAH ZAMOUM
P.34 P.34
P.53 P.36 Supplément du magazine
ELDJAZAIR.COM
Consacré à l’histoire de l'Algérie
Edité par :
Le Groupe de Presse et
de Communication
P.37
P.73 P.38 P.57
SOMMAIRE
DJILALI BOUNAaMA YOUCEF KHATIB evian, 19 mars 1962
P.09
guerre de libération
P.49 Témoignage
Les Melzi
« Frères de sang, frères de guerre »
P.57 Histoire
Diplomatie militante et restauration de l’Etat Algérien
KRIM BELKACEM
LES ACCORDS D’EVIAN A L’EPREUVE DES FAITS
P.69
P.69 Histoire
Confér ences sur le r é a rmement mor a l
Cheikh Mahmoud Bouzouzou à New York
en Février 1957
MILA
mdane
ane Ra
Ab
p a t i b l e
l e i n c o m
c o u p n t a i r e ?
m p l é m e
ou c o
en Bella
med B
Ah
P
our ceux qui person-
nalisent le problème
à outrance, il s’agit
d’une incompatibilité
d’humeur, mais aussi
de formation et d’accointances
politiques différentes, qui auraient
fait que ces deux dirigeants adop-
taient des attitudes divergentes,
alors qu’ils étaient appelés, à un
moment crucial de la lutte armée, à
coordonner leurs efforts et à apla-
nir leurs divergences pour l’inté-
rêt suprême de la révolution. Pour
qui y voient l’expression d’une
lutte de clan sur fond de course au
pouvoir, le « clash » entre Abane
Ramdane et Ahmed Ben Bella
cristalliserait un schisme bien Au congrès de la Soummam : Zighoud, Abane, Ben M’hidi, Krim et Ouamrane
plus profond entre deux visions
politiques diamétralement oppo- une «OPA» sur la révolution, à directe entre le responsable le plus
sées. La première est formulée l’effet d’imposer des choix orga- en vue et aussi le plus audacieux
par l’homme de la Soummam à niques et idéologiques qui seraient du front de l’intérieur, Abane
travers son fameux slogan adopté loin d’avoir le consensus de tous Ramdane, et le représentant le plus
par le congrès, et même officielle- les responsables, et d’instaurer une emblématique de la délégation
ment par les instances qui en sont direction hégémonique. C’est ain- de l’extérieur, Ahmed Ben Bella.
issues : «La primauté de l’intérieur si que Ben Bella et ses partisans, Mais comme l’explique un des
sur l’extérieur.» Les partisans de la à l’image d’Ahmed Mahsas, ne se compagnons d’Abane Ramdane,
deuxième vision, tout en émettant gênaient pas d’accuser Abane de Mabrouk Belhocine dans son
des réserves sur les conclusions nourrir des ambitions de pouvoir, livre témoignage : Le courrier :
des assises du 20 août, soupçon- faisant fi du caractère collégial de Alger-Le Caire 1954-1956, les di-
naient les dirigeants de l’intérieur, la direction. vergences de vues entre ces deux
et plus particulièrement Abane C’est donc tout naturellement piliers de la Révolution peuvent
Ramdane, de vouloir organiser que la confrontation avait été plus s’expliquer par le facteur géogra-
De g. à dr. : Rabah Bitat, Ahmed Ben Bella, Mohamed Boudiaf et Mohamed Khider
Ramdane, a-t-il expliqué, mais pas Mahsas. Ben Bella affirme que sas lui-même se dit victime d’une
au point de justifier son assassi- Abane Ramdane lui avait de- cabale menée par les hommes de
nat.» Et d’ajouter : « Je ne défends mandé d’exécuter Ali Mahsas, Abane ; ce qui l’amenait à fuir la
pas le groupe qui a tué Abane son adjoint en Libye, sous pré- Tunisie vers l’Europe. Ces aveux
Ramdane, mais ils avaient dit à texte que ce dernier aurait pro- sont quelque peu occultés par les
l’époque que s’ils ne le tuaient pas, noncé des mots indécents en thuriféraires d’Abane Ramdane,
lui, allait les tuer. » Simple préjugé sa présence. «Il m’a demandé à parce qu’ils ternissent son image
ou déclaration fondée ? Les his- trois reprises de juger et de tuer de visionnaire et de démocrate et
toriens sont partagés sur cet avis. Mahsas», a-t-il lâché dans une démontent tout un mythe bâti sur
Autre épisode lancinant dans interview quelques mois avant sa son personnage.
cette rivalité historique : l’affaire mort. Dans ses mémoires, Mah- Adel Fathi
S
i des historiens trouvent
exagérées ou subjectives,
voire même empreintes
de haine, certaines dé-
claration d’Ahmed Ben
Bella au sujet d’Abane, nombre de
témoignages accréditent au moins
une partie de ses assertions ayant
trait notamment à l’affaire Mahsas
et aussi au sort réservé aux sept
colonels de l’ALN.
Dans ses dernières «confes-
sions», l’ex-président de la Répu-
blique, décédé le 11 avril 2012,
s’est montré implacable envers
Abane Ramdane, mais tout en se
défendant de vouloir «régler des
comptes personnels». Dans l’in-
terview que lui avait consacrée la
chaîne arabe Al-Jazeera en 2005,
il a déclaré qu’Abane Ramdane lui
aavit demandé d’exécuter Mahsas Les quatre rescapés du CCE en 1957.
De g. à dr. : Benyoucef Benkhedda, Saâd Dahleb, Abane Ramdane et Krim Belkacem.
«parce que ce dernier avait pro-
noncé des mots indécents», a-t-il gi ses collègues ? Pour quel motif tant de questions qui restent, à ce
expliqué. «Il m’a demandé à trois
Abane aurait souhaité et demandé jour, sans réponse.
reprises de juger Mahsas et de le
tuer», a-t-il précisé. Il ne cite pas de la liquidation de cet homme spé- Pour donner foi à cette accusa-
témoins à cet échange, ni les cir- cialement, Ahmed Mahsas ? Qui, tion, Ben Bella estime que Abane
constances dans lesquelles celui-ci en dehors de ce dernier, pouvait envisageait de « tuer » les autres
a eu lieu. Comment y auraient réa- accréditer cette accusation ? Au- membres du CCE. D’après lui,
«tous ceux qui étaient en prison époque-là, nous étions en prison», Krim Belkacem est le plus impor-
avaient accordé des prérogatives a expliqué le premier président de tant des trois chefs et sa parole est
à Krim Belkacem pour représen- l’Algérie indépendante. respectée et exécutée.»
ter la direction». «Je ne défends A propos de l’affaire de l’assas- Sur cette question, la veuve
pas le groupe qui a tué Abane sinat d’Abane Ramdane, Ben Bella d’Abane Ramdane a estimé, dans
Ramdane, expliquera-t-il, mais ils accuse les «trois B» (Krim Bel- une déclaration à la presse algé-
avaient dit à l’époque que s’ils ne kacem, Bentobal, Boussouf » de rienne, que Ben Bella avait accordé
le tuaient pas, lui, allait les tuer». l’avoir commandité, en endossant sa caution à l’assassinat en 1957 de
Il dira, à ce propos, que Ben Bella néanmoins la plus lourde respon- son mari qui se trouvait au Maroc
et ses camarades qui étaient en sabilité à Krim Belkacem. Cela en compagnie de Krim Belkacem,
prison au moment de l’assassinat pour mettre sans doute fin à une de Ben Tobbal et de Boussouf.
d’Abane Ramdane, n’avaient ap- polémique présentant l’exécution «De sa prison de la Santé, a-t-elle
pris la nouvelle de son assassinat d’Abane Ramdane comme un acte affirmé, Ahmed Ben Bella fait
qu’un an après. Tempérant son de nature régionaliste visant un parvenir une lettre le 26 avril 1958
jugement, Ben Bella préférera res- dirigeant issu de la Kabylie. Car, aux trois dirigeants dans laquelle il
ter à l’écart de cette liquidation qui souvent les détracteurs de Ben apporte son soutien à l’élimination
chamboulera la Révolution. «Je Bella l’accusent de nourrir un sen- physique de Abane Ramdane. Voi-
préfère Krim Belkacem à Abane timent «anti-kabyle». ci ce qu’il écrit : “Nous ne pouvons
Ramdane, mais pas au point de « Je suis sûr, souligne Ben Bel- donc que vous encourager dans
justifier son assassinat. Ni moi ni la à ce propos, que sans l’accord de cette voie de l’assainissement. Il
Hocine Aït Ahmed n’étions t au Krim Belkacem, Abane Ramdane est de notre devoir à tous, si nous
courant de son assassinat. A cette n’aurait pas été tué, parce que tenons à sauver la Révolution et
Abane, Meriem Belmihoub, Safia Bazi et Chafika Meslem et Amara Rachid en 1956
l’Algérie de demain, de nous mon- dans la même interview-testa- Bella se réfère à des sources invé-
trer intraitables sur ce chapitre de ment, à propos du Congrès de la rifiables pour se donner raison.
l’épuration.” » Soummam : «Le Congrès de la Il rapporte des propos qu’aurait
Evidemment Ben Bella a nié Soummam a été une trahison.» Il tenus un des chefs historiques,
l’existence d’un tel message ; mais n’était pas le seul à le penser, ni à Zighoud Youcef, au lendemain
la controverse demeure ouverte le dire ouvertement, mais ses pro- de la réunion de la Soummam. Le
sur cet épisode, même après sa pos ont eu l’effet d’une bombe. colonel de la Wilaya II aurait dit :
disparition. Car, en l’absence de «Le Congrès de la Soummam, «Si l’indépendance est inéluctable,
preuves documentées et authenti- célébré à grands bruits, a, en vé- la Révolution, en revanche, vient
fiées, les échanges d’accusations ne rité, fait dévier la révolution des d’être enterrée.»
font que cultiver des stéréotypes objectifs tracés le 1er novembre Ben Bella va jusqu’à considérer
qui ne contribuent aucunement 1954.» D’aucuns expliquent ce ju- que «les problèmes que vit actuel-
à rétablir la vérité sur les zones gement par l’absence de Ben Bella lement l’Algérie ont commencé
d’ombres qui entourent certains et de tous les autres membres de avec le Congrès de la Soummam
faits historiques, encore mois à la Délégation de l’extérieur à ces (l’intérieur contre l’extérieur et la
enrichir l’écriture de l’histoire. assises, dont Abane Ramdane et primauté du militaire sur le poli-
Ben Bella a encore choqué Larbi Ben M’hidi furent les prin- tique)», assénera-t-il.
les esprits en déclarant, toujours cipaux initiateurs. Là encore, Ben Adel Fathi
P
our Belaid Abane, jamais assouvie ». Pour le cas
toutes les réac- de Ben Bella, l’auteur estime
tions ayant éma- que le congrès de la Soum-
né de Ben Bella, mam a été « le point focal de la
présenté comme rancœur tenace et de la détes-
étant le chef de file de la Dé- tation, du reste réciproque»,
légation extérieure, ne saurait que vouait Ahmed Ben Bella
être que le reflet d’une « haine à Abane Ramdane. L’ancien
viscérale » ou d’une « jalousie » président, tout comme les
vis-à-vis d’un homme qui au- autres membres de la Déléga-
rait réussi à unifier les rangs et tion extérieure du FLN, n’au-
à organiser les maquis de l’in- rait jamais accepté, en effet,
térieur grâce à son « génie » et à sa mise à l’écart des instances
sa «perspicacité». Pour appuyer dirigeantes issues des assises
sa théorie, il se réfère à des dé- du 20 août 1956. Belaïd Abane
clarations, à des évocations ou reproduit, ici, un vieux cliché,
à des attitudes qui sont, pour réduisant Ben Bella à un diri-
l’auteur, autant de preuves geant «confortablement ins-
Belaid Abane
irréfutables d’une rancœur « tallé au Caire» et qui se voyait,
Au Caire en 1957. de g. à dr. : Krim Belkacem, Fathi Dib, Abane Ramdane, M’Hammed Yazid, Lamine Debaghine,
Saâd Dahlab, Benyoucef Benkhedda et Ferhat Abbas.
seront réglés tous les problèmes et M’hidi, « pourtant activement re- Ahmed : “Personnellement, j’igno-
nous dissiperons tous les malenten- cherché, a réussi à franchir la fron- rais qu’un congrès s’était tenu à la
dus… L’intérêt du pays exige cette tière et à faire le trajet Alger-Oran Soummam… Khider et Ben Bella
réunion… Nous espérons que en train sans encombre», et aussi, étaient eux au courant de la tenue
vous serez au rendez-vous ; sinon, «de nombreux chefs militaires d’un congrès. Mais nous n’avons
nous prendrons seuls de grandes passeront également les frontières pas eu le temps d’en parler.” »
décisions et alors vous ne vous en dans tous les sens même après la Quel crédit donner à ces accu-
prendrez qu’à vous-mêmes. Nous construction du barrage Morice- sations visant particulièrement
demandons au frère Khider de le Challe». La raison est que, pour Ben Bella, lorsque Belaid Abane
rappeler par téléphone à tous les l’auteur, «les délégués extérieurs affirme que l’ancien président de la
frères pour que chacun prenne étaient surtout préoccupés par les République obéissait, avant tout, à
ses responsabilités. Envoyez de questions diplomatiques comme des injonctions du Caire «aux dires
préférence Ben Bella et Aït Ah- le suggère le contenu de leur lettre de son mentor égyptien Fathi Dib
med ou Ben Bella et Khider.”» du 15 août. Khider y dresse un (Gamal Abdelnasser et la Révo-
Pour l’historien, la question est bilan des activités diplomatiques lution algérienne, L’Harmattan)»,
de savoir si les délégués extérieurs très chargées des dirigeants du assène-t-il. «A la vérité, reprend-il,
avaient réellement l’intention de Caire qui “ont été tous absents Ben Bella n’avait pas l’intention de
rentrer en Algérie pour partici- les uns après les autres, ce qui rentrer en Algérie. Sa décision était
per au congrès de la Soummam. explique le flottement et le retard prise depuis que le Raïs égyptien a
Il juge que l’argument de sécurité de notre correspondance”. Autre pris “l’affaire de la Soummam” en
que les membres de la Délégation raison de croire que les délégués mains et que le Major Dib lui “a
extérieure aurait « trop souvent extérieurs étaient en réalité très déconseillé de retourner en Algé-
tendance à invoquer ne tient pas éloignés des questions intérieures, rie pour assister à cette réunion”. »
la route», au motif que Larbi Ben cette déclaration de Hocine Aït Adel Fathi
mahsas
I
dans un de ses témoignages, at- et d’autres. Il est persuadé que
Ahmed Mahsas
Le complexe
des négociations
Par Adel Fathi
Guerre de libération
Histoire
S
elon l’ancien président des pires accusations ? Dans ses ri-
du HCE, la disparition postes, l’ancien président du GPRA
d’Abane Ramdane est Benyoucef Benkhedda, fidèle com-
à mettre sur le compte pagnon d’Abane, confirme les
d’une trahison. S’ap- contacts que Abane Ramdane et
puyant sur une des lettres portant lui-même ont eus avec l’envoyé de
la signature du colonel Amirouche Mendès France, l’avocat Charles
et sur une déclaration qu’il aurait Verny, et assure qu’aucun pacte
entendue de sa bouche, lors de la secret n’a été signé avec l’ennemi
fameuse rencontre de Oued Asker et que les discussions n’avaient pas
(Wilaya II), en 1957, Kafi est persua- dépassé ce cadre.
dé que Abane a noué des contacts D’après Rédha Malek, dans son
avec l’autorité coloniale. Il estime ouvrage L’Algérie à Evian : histoire
que cette « initiative » s’inscrit dans des négociations secrètes 1956-
le même esprit de négiociation avec 1962, vers le début mars 1956,
l’ennemi auquel, d’après lui, avaient Guy Mollet désigne un émissaire
pris part d’autres symboles de la ré- en vue d’ouvrir un dialogue avec
volution, citant Ben Bella, Lamine les représentants algériens. «A son
Debaghine et Mohamed Khider, retour d’un voyage à New Delhi
avec le gouvernement Guy Mollet. et à Karachi, M. Christian Pineau,
A supposer que ces contacts ministre des Affaires étrangères,
aient eu lieu, sont-ils pour autant s’arrête au Caire où il a, le 5 mars
des traitres, comme le dit et le 1956, des conversations avec le
pense Ali Kafi, relayé étrangement président Nasser. Il lui propose
par Ben Bella dans son réquisitoire l’ouverture de pourparlers secrets
contre Abane et les hommes du avec le FLN», écrit l’ancien chef
Congrès de la Soummam ? Pour- de gouvernement et ancien négo-
quoi cet empressement de jeter ciateur à Evian. Les membres de
Ali Kafi
l’opprobre sur lui et de l’accabler la Délégation extérieure du FLN
1 2
3
4
décident, après un moment de ter- les deux délégations, algérienne et Bella en personne aurait assisté à
giversation, d’aller à la rencontre française, se rencontrent dans la ces pourparlers. «En septembre,
afin de connaitre «les intentions capitale fédérale yougoslave, l’île nous aboutîmes enfin à un accord
françaises». Mohamed Khider fut de Brioni. Au cours de cette ren- (dit Ben Bella). Il fut décidé que
désigné pour représenter le FLN à contre, la délégation algérienne est chacun rentrerait chez soi pour
cette rencontre. représentée par M’hamed Yazid et le faire contresigner», écrit l’his-
En dépit de l’échec de ce pre- Ahmed Francis. torien et écrivain Robert Merle.
mier contact entre les deux par- D’après des historiens, se ré- Pourquoi le procès fait à Abane
ties, le dialogue, après près de férant à des témoignages, dont Ramdane n’a-t-il pas été fait aussi
deux ans de guerre, est enfin celui de Robert Merle, plusieurs à Ben Bella et à tous les négocia-
enclenché. Ainsi, après la ren- responsables du FLN ont eu des teurs du FLN : Salah Zamoum et
contre du Caire, le contact est contacts avec les représentants les officiers de la Wilaya III, etc.
rompu. Mais quelques mois plus du gouvernement français. Pas ? Personne ne peut les accuser
tard, l’initiative vient à nouveau moins de cinq rencontres auraient de trahison, du fait qu’ils vou-
du gouvernement français, par regroupé les deux parties, sous laient, tous, chacun à son niveau
l’intermédiaire du représentant du le gouvernement de Guy Mollet et à sa façon, servir la cause de
leader yougoslave, Jozip Broz Tito dans plusieurs capitales : Le Caire, l’indépendance. Encore, pour ce
à Paris. Ainsi, le 26 juillet 1956, Belgrade et Rome. Ahmed Ben qui concerne Abane Ramdane et
H
eureusement Après la tragédie de mai 1945, libérale communauté française»,
que, au bout l’Algérie avait changé. Le massa- en arguant que « … les distinc-
du compte, les creur en chef, le général Duval dé- tions actuelles, consécutives au
Algériens ont clarait : « Je vous ai donné la paix régime colonialiste, (nous) font un
gagné de ne plus pour dix ans ; si la France ne fait devoir d’accepter des aménage-
être des sous-hommes et de sortir rien, tout recommencera en pire ments provisoires… ». Les ulémas
de la nuit coloniale. et probablement de façon irrémé- ne se départissent pas de s’être in-
Le 1er novembre 1954, la guerre diable. » La réalité coloniale s’était terdits, dans leurs statuts, de faire
d’Algérie vient enfin de s’imposer exprimée. Elle a posé l’évidence de la politique, et s’en tiennent à la
aux colonisateurs. Ce fut le dernier de deux camps inconciliables sans revendication sociale et religieuse.
le reniement des Algériens de Le Parti communiste algérien
épisode d’un long et douloureux
leurs droits d’humains. Un parti, (PCA), quant à lui, persiste dans sa
drame qui a déchiré un peuple
seul, en tire les enseignements, le thèse, de minoration de l’oppres-
et a failli le faire disparaître, tel PPA. Sur la scène, les réformistes sion coloniale vis-à-vis de la lutte
que cela s’est déjà produit pour de tous bords s’accrochent à une des classes, à laquelle l’Algérien
d’autres. A la date décidée pour illusoire bonne volonté du colo- doublement opprimé n’adhère pas.
l’ultime combat, il s’agissait de nialisme. Ferhat Abbas, président Du côté des Européens, en
faire subir la guerre à l’oppresseur, de l’Union démocratique du Ma- général, de forts courants se cris-
qui devait prendre conscience que nifeste algérien (UDMA), ne dé- tallisent et se radicalisent en prévi-
le temps de la violence qu’il exer- sarme pas de sa vision d’un Etat sion de devoir défendre leurs pri-
çait impunément est révolu. algérien, au sein « d’une vaste et vilèges d’occupants. En novembre
Sid Ali Abdelhamid. (CRUA) Hocine Lahouel. (CRUA) Ramdane Bouchebouba. (CRUA)
La Wilaya IV
historique
M'HAMED BOUGUERRA
A
lger, siège du Sa consistance géographique a bar, Bouzegza, monts de Tablat
pouvoir militaire été la suivante : et Palestro. Les principales villes
et colonial fran- Au nord : elle s’étend depuis du périmètre sont Boudouaou,
çais, de l’Etat- Zemouri El Bahri (à l’est) à Té- Bougara, l’Arba, Tablat, Palestro,
major de l’armée nès (à l’ouest). El Harrach, Rouïba et Thénia.
française, du gouvernement gé- A l’est : sa limite est la route La zone 2 : est constituée du
néral de l’Algérie, de l’Assemblée nationale n°5, qui la sépare de la Sahel, des monts du Chenoua,
algérienne et lieu de concentra- Wilaya III Tamezguida, Chréa et des ma-
tion des principales fortunes in- A l’ouest : elle est limitée par quis du Titteri. Comme prin-
dustrielles, agricoles et commer- la route départementale Ténès cipales villes, on peut compter
ciales du système colonial. Ce – Chlef et l’oued Rameka, qui la Tipasa, Hadjout, Cherchell, El
qui lui conférait aussi la possibi- séparent de la Wilaya V. Affroun, Mouzaïa Boufarik, Bli-
lité de recruter des cadres, à par- Au sud : elle est limitée par la da, Médéa, Kasr Boukhari.
tir de l’université notamment, rocade (Nord) jusqu’à Tissemsilt La zone 3 : se compose de la
pour renforcer l’encadrement de et Mahdia ( rocade sud), limites plaine du Chéliff et des massifs
ses instances. Mais elle souffrit nord de la wilaya 6. montagneux, du Zaccar, du Da-
de son enclavement, par rapport Les appellations ayant changé, hra, de l’Ouarsenis et des monts
surtout à l’approvisionnement en la wilaya est divisée en zones, la de Amrouna, Teniet el Had et
armes, au vu de son éloignement zone en régions, la région en sec- Doui. Les principales villes sont
des frontières Est et Ouest et teurs, le secteur en sous-secteurs El Asnam, Ténès, Khemis, Mi-
du fait de la concentration et du et en douars. liana, Ain Defla, Teniet El Had
nombre important de casernes Elle est subdivisée en trois et Tissemsilt.
et de postes militaires. Elle cor- zones : Cette configuration connaî-
respond à la quatrième zone du La zone 1 : la Mitidja Est, le tra une évolution et des modi-
découpage. secteur montagneux de Zbar- fications, notamment après le
Congrès de la Soummam (1956) Zaccar, Dahra et ses principales et une partie de la Mitidja avec
et au fur et à mesure de l’évolu- villes étaient : Tipasa, Cherchell, comme villes importantes : Bou-
tion des données politiques et Hadjout, Miliana et Ténès. farik, Douéra, Staoueli, Saoula,
militaires, en termes d’adaptation En 1959 : fut créée la zone 5, qui
Cheraga, Birkhadem, Birtouta et
aux exigences de la guerre. Ainsi, dépendait de la Wilaya VI en tant
en 1958, la zone 3 a été divisée que zone 1. Elle était composée Baba-Ali.
en 2 parties de part et d’autre de la des montagnes de Dira, Bougou- Détachée en 1956 de la Wilaya
route nationale (Alger-El Asnam), dène et d’une steppe alfatière du IV, par le Congrès de la Soum-
le sud est maintenu en zone 3. sud. Comme villes importantes, mam, Alger a jouit du statut par-
Au nord, la zone 4 nouvellement elle comptait Sour-El- Ghozlane,
ticulier de « Zone autonome »,
créée est affectée la région de Ti- Bir-Ghebalou, Sidi-Aissa, Ain-
paza-Cherchell qui dépendait de Bessem et Ain-Boucif. jusqu’en 1960 où la Wilaya IV fut
la zone 2. Cette zone engloba les En 1960 : ce fut la zone 6 qui est de nouveau chargée de la réinté-
monts du Chenoua, de Cherchell, créée qui englobait le grand Alger grer.
Amar Ouamrane
Mhamed Bouguerra
Youcef Khatib
Djillali Bounâama
Mohamed Zamoum dit Salah
S
ur le plan purement mi- Parti communiste algérien (PCA).
litaire, après les tâton- Ce ne fut réellement qu’en 1957 que
nements et l’aguerrisse- l’efficacité a pu se manifester. Ce fut
ment des trois premières cette année que furent mis en place
années de guerre, car, les redoutables commandos, qui
comme la plupart des wilayas, le donnèrent des coups très sévères à
ralliement à la révolution n’a pu se l’armée coloniale. Ces commandos
faire dans l’immédiateté du déclen- ont été créés sous le commande-
chement. Même si, dès le 23 octobre ment du colonel Slimane Dehilès,
1956, l’ALN a pu tendre une embus- désigné par Abane Ramdane pour
cade meurtrière à l’armée française organiser la wilaya. Son successeur,
à El-Fernane, près de Berroughia. M’hamed Bougara, impulsa la dy-
L’attaque était dirigée par le chahid namique à un niveau très élevé de
Mustapha Lakehal. Un fait majeur stratégie.
est à noter, celui de la grève des étu-
diants et lycéens de mai 1956 qui Les commandos se répartissent
offre au FLN et à l’ALN un réser- comme suit :
voir inespéré de recrues de qualité,
Zone une :
qui apportaient des compétences à
l’organisation, ajoutées à l’apport de Commando Ali Khodja :
Slimane Dehiles l’intégration des militants issus du • katiba Omaria (région une)
Commandant Azzedine lors de son arrestation Commandant Mokrani Saïd dit Si Lakhdar
• katiba Rahmania (région • Katiba Koudria (région trois) ler, ont bénéficié de l’action de « la
deux) • Katiba Karimia (région trois) Zone autonome d’Alger », caisse de
• katiba Othmania (région • Katiba Hoceinia (région résonance médiatique, qui obligea
trois) quatre) les forces colonialistes à se concen-
• katiba souleimania (région Zone quatre : trer sur la capitale, ce faisant, en dé-
quatre) laissant les maquis. Sans préjudice
• Katiba Hakimia (région une)
• Katiba Djelloulia (région du fait qu’elles n’avaient pas encore
Zone deux :
deux) pu prendre la mesure de la guerre
Commando Si Mohamed : • Katiba Zaabania (région de guérilla menée par l’ALN et que
• Groupes de fidayine (région trois)
une- Sahel) Dans l’ensemble on compte, ain-
• Katiba Omaria (région deux) si, 26 katibas de 105 à 110 hommes
• Katiba Youssoufia (région répartis en trois sections et près
trois) de 3.000 hommes en 1957 (sans y
• Katiba Hamdania (région intégrer les services auxiliaires et
trois) les différents soutiens de l’Orga-
• Katiba Zoubiria (région nisation civile du FLN (OCFLN).
quatre) Ce chiffre va connaître des hausses
• Katiba Azzedinia (région et des régressions, en fonction des
quatre) pertes au combat et des flux de re-
Zone trois : crutement, selon les périodes. Mais
Commanda Si Djamel : l’année de leur constitution a été
• Katiba Hoceinia (région une) très prolifique en faits d’armes.
• Katiba Hamdia (région deux) Les commandos, il faut le signa- Djilali Bounaâma
1 2
3
les moyens qu’elle aura, plus tard, sateurs et de leurs soutiens. Elles de la mythique bataille du Djebel
ne sont pas encore fournis. Sans démontraient, de plus et avant Bouzegza, qui a coûté plus de 600
préjudice, de même, que l’achemi- tout, pour l’Etat français, qu’il morts à une troupe dirigée par
nement des armes pouvait encore avait à faire à un peuple en armes, quatre généraux, dont le général
se faire à partir des frontières. un peuple qui démontrait sa déter- Massu, haut fait d’armes du com-
Il ne s’agit pas, bien sûr, d’une mination à se défaire de la domi- mando Ali Khodja, mené par
guerre classique, mais d’actions à nation, qu’il s’en était défait dans le commandant Azzedine, voici
très fort impact politique et psy- sa conscience et qu’il s’était libéré. quelques autres :
chologique, qui marquaient la rup- Ainsi, rapportées à leur dimension - Le 9 janvier 1957, une embus-
ture avec des dizaines d’années de de guérilla, dans un rapport de cade est menée par Mohamed
règne, sans partage de la violence force asymétrique, les opérations Benmoussa (Si Hamdane) à Tizi
institutionnelle du colonialisme, de l’Armée de libération natio- Franco, près de Menaceur, dans la
qui signifiaient la fin de la sou- nale ont irrémédiablement miné région de Cherchell, sur le versant
mission d’un peuple à un système les fondements hégémoniques de nord du Dahra où l’ALN a pu ré-
inique et qui répandaient l’insécu- la colonisation et détruit son mo- cupérer 90 armes dont trois fusils
rité et l’effroi au sein des coloni- nopole de la violence. En dehors mitrailleurs.
2
1
pés. »L’opération a été coordonnée là. Le butin de Maillot : 97 fusils Combattants de la libération » à
par Bachir Hadj Ali, secrétaire du de guerre, 95 mitraillettes douze la Wilaya IV l’Arbaâ, Palestro, Té-
PCA et coordonnateur des Com- caisses de grenades offensives, 50 nès, Cherchell, Zaccar, El Asnam
battants de la libération (branche pistolets à barillet, modèle 92, et fut réalisée par Amar Ouamrane.
militaire du PCA, créée au mois de 40 pistolets automatiques 7 mm, Mais l’aspirant Maillot trouva mal-
juin 1955). Ce fait d’armes va per- 65. Ces armes étaient accompa- heureusement la mort, le 5 juin
mettre aux communistes algériens gnées de leurs munitions. Début 1956, dans ce qui est appelé le «
de prendre langue avec la direction mai 1956, une rencontre a lieu, Maquis rouge » dans l’Ouarsenis.
du FLN, assez réticente à intégrer place Bugeaud (Place Emir Ab- Le groupe est décimé par l’armée
leurs éléments dans l’ALN. Abane delkader), à Alger, entre Abane française, assistée des supplétifs
Ramdane écrivait le 15 mars 1956, Ramdane et Bachir Hadj Ali, assis- du tristement célèbre Bachagha
à la délégation extérieure du FLN, tés respectivement de Benyoucef Boualem. Maillot, capturé vivant,
au Caire : «Si les communistes Benkhedda et de Sadek Hadje- refuse selon des témoignages de
veulent nous fournir des armes, il rès. Selon l’historien Mohammed crier « Vive la France » et clame «
est dans nos intentions d’accepter Teguia, Abane rendit hommage Vive l’Algérie indépendante ! » Il
le Parti communiste algérien en aux communistes et annonça son fut abattu sur-le-champ..
tant que parti au sein du FLN, si projet de promouvoir l’aspirant Mohamed Lamine
les communistes sont en mesure Maillot comme lieutenant dans
de nous armer». L’occasion était la Wilaya III. L’intégration des «
U
ne faille dans ce qu’on
appelle la « Force K », la
majorité des recrues était
des nationalistes convain-
cus. Deux années durant,
aux côtés des harkas du Bachagha Boua-
lem, la « Force K » sera d’une cruauté
insoutenable, sous l’apparat de l’ALN,
pour semer la confusion. C’est en présen-
tant à ses hommes des officiers français,
que Kobus jeta le doute la première fois,
au sein de ses hommes. La « Force K »
atteint un effectif de deux mille hommes.
Le conseil de la Wilaya IV décide alors
de liquider les forces de Kobus qui oc-
cupaient le passage indispensable entre
le Zaccar, et l’Ouarsenis, et gênaient les
mouvements de l’ALN. Par des actions
psychologiques et militaires combinées,
associant les familles des recrues de Ko-
L
a survenue de cette les couper du soutien de la popula-
stratégie satanique tion. Les stratèges militaires colo-
adoptée par les ren- niaux n’ignoraient nullement que
seignements colo- les maquis de l’ALN n’étaient plus
niaux consistant à pourvus suffisamment, en armes,
convaincre les dirigeants de la Ré- en hommes et en vivres provenant
volution que leurs effectifs étaient de Tunisie et du Maroc, du fait de
truffés de faux cadres, notamment la construction des barrages élec-
les nouvelles recrues, à la solde de trifiés et bien gardés, tout au long
l’ennemi, intervenait alors que les des frontières algéro-tunisiennes
maquis de l’ALN étaient asphyxiés et algéro-marocaines. Les armes
par de vastes opérations des armées n’arrivaient pas notamment à la
coloniales, fortement équipées Wilaya IV, trop éloignée des fron-
en armements lourds, en blindés, tières, et les correspondances des
avions et autres moyens logis- chefs de l’ALN adressées dans ce Salah Zamoum
tiques et humains. Ces opérations sens aux dirigeants de l’extérieur
militaires portant divers noms de restaient souvent sans réponse, ce boutoir répétés des armées fran-
code entraient dans le cadre du qui mettait à rude épreuve le mo- çaises et de leurs alliés indigènes.
Plan Challe et étaient destinées à ral des dirigeants et des djounoud Dans la Wilaya IV, le Plan
neutraliser le gros des troupes de tenant difficilement, convaincus Challe commence par l’opération
l’ALN, pour contraindre les survi- qu’ils étaient là pour défendre une « Courroie », couronne monta-
vants à la mort ou à la reddition et cause juste, devant les coups de gneuse de l’Algérois à l’Ouarsenis,
du 18 avril au 19 juin 1959 et se lée, brisée ». Et c’est en connais- phyxie des maquis, due au manque
poursuit par l’opération « Jumelles sance de cause que de Gaulle, d’armement, a dissuadé nombre
» du 20 juillet au 30 mars 1960. Se revenu au pouvoir, lance son fa- d’entre eux de poursuivre le com-
réjouissant des résultats du plan du meux appel du 16 septembre 1959, bat. Mais il faut signaler aussi que la
sanguinaire commandant en chef parlant pour la première fois, du « décision de négocier avec la France
des forces armées françaises en principe de l’autodétermination du n’a pas été unanime. Mis à part les
Algérie, le général Morice Challe, peuple algérien », en réalité pour quatre commandants du conseil
des militaires français issus de tenter de gagner la sympathie de de la wilaya qui étaient associés à
la Légion étrangère soulignaient l’ALN, sachant que la poursuite de cette aventure, les maquisards de
qu’il « se révéla d’une magistrale la guerre d’Algérie, non seulement rang inférieur ne savaient rien de
efficacité. Le succès des premières ruinera la France, mais ne sera pas ce qui se tramait à ce moment-là »,
opérations dépassa les espérances : réglée militairement, d’autant que écrivait à ce sujet le journaliste spé-
50 % du potentiel rebelle détruits la cause algérienne gagnait en sym- cialisé en histoire de l’Algérie, Ait
dans l’Oranie, 40 % dans l’Algé- pathie internationale. « Bien que Benali Boubekeur, le 11 juin 2010.
rois, autant dans les autres régions. le conseil de la Wilaya IV ait été Après une série de contacts secrets,
L’ALN de l’intérieur était morce- exemplaire jusqu’à la mi-1959, l’as- en Algérie, entre les adjoints de Si
«
taient au sein du MTLD créé par Messali Hadj, en 1947.
pas d’armes et encore moins tat était commis par Allel Melzi,
d’explosifs. C’était difficile, bien Amar Brik et Louanes Melouah.
sur mais toute les peines du Entre temps, il y a eu des cou-
monde réunies n’auraient pas pu pures de poteaux des lignes
décourager l’Algérien digne de téléphoniques. « On sciait les
ce nom…. », témoignait l’ancien poteaux un à un, depuis le sol
condamné a mort Mohamed et puis, il suffisait de pous-
Melzi, décédé il y a quelques ser l’un d’eux pour que toute la
années et cité par ses frères série, chute », explique Salah.
Salah et Allel. « 16 Fidayine ap- « La 2ème action a été perpé-
partenaient au groupe de choc trée contre des voitures qui ont
chargé d’opérer dans le grand été incendiées. Cette action était
Alger, à leur tête Khider Ali, les préparée par Louanes Melouah,
frères Melzi Mohamed, Chafik, Lounis Khodja, Rezki Medjira ;
Allel et Salah, Diaf Ali, Tou- il y a eu 11 voitures brulées et
mi Ali, Slimani Ahmed, Me- cela suite à la saisie par la police,
louah Louanes, Hamou Guelti, de la voiture du parti, une trac-
Laaroussi Abdelkader, Zegli tion qui se trouvait dans la pro-
Ahmed , Lounis Khodja, Medji- priété Melzi », explique Salah.
ra Rezki , Brik Amar, Chadouli « La 3ème action, ajoute-t-il,
Aissa. Evoquant les attentats était commise au carrefour de
qui ont étés commis, pendant Ben Aknoun, où étais amassés
plusieurs mois à El Biar et ses plus de 200 poteaux flambant
environs, Salah précise qu’une neufs, qui servaient à remplacer
bombe a été lancée dans le ga- les poteaux qu’on coupait. « La
rage de CFRA où il y avait un 4ème action s’est faite sur un
cantonnement de CRS, l’atten- transformateur de gaz situé aux
Mohamed Lamine
Diplomatie militante et
restauration de l’Etat algérien
Un 3e GPRA sans
représentants de l’ALN
Notes Bibliographiques
ont contribué à l’indépendance de gnements et y puiser les valeurs de 5- Benyoucef Benkhedda : « Les origines
du 1er Novembre 1954 » Editions du CN
notre pays, toutes nos pieuses pen- ce glorieux legs pour les inculquer RMN R Ministère des Moudjahidines
à tant d’esprits vacillants sous l’em- Alger 1999.
sées. Il reste que notre pays se doit
prise de la matière et l’égoïsme au 6-Gilbert Meynier : « Histoire intérieure du
de rapatrier encore les archives qui FLN- 1954/1962 » Casbah Editions
point de ne plus réagir aux valeurs Alger 2003
constituent le patrimoine national.
d’hier, pour lesquelles se sont sa- 7- Ageron Charles Robert : « La guerre
Des efforts considérables doivent crifiés hommes et enfants, animés
d’Algérie et les Algériens 1954/1962 »
A.Colin 1997.
aboutir à une saine réécriture de tous par l’amour de la patrie et l’at- 8- Haroun Ali ; « L’Eté de la Discorde » Cas-
notre histoire dans toute la com- tachement au peuple». bah Editions Alger 2000.
munion de notre patrie une et Alors que notre pays s’attelle 9- Ali Kafi : « Du militant politique au diri-
geant militaire » Mémoires 1946/1962-
indivisible. Tel sera le rôle des his- à mettre en œuvre l’avant-projet Casbah Editions 2004/2002 Alger.
toriens mais aussi de ceux qui ont de la Révision constitutionnelle 10- Chadli Bendjeddid : « Mémoires » Tome
11 – 1929/1979- Casbah Editions Alger
forgé l’histoire de notre période dans l’esprit d’une base consen- 2012.
contemporaine. suelle politique entre l’autorité et
Cheikh
Mahmoud
Bouzouzou
à New York
en février 1957
Guerre de libération
Histoire
C
heikh Mahmoud vénérée. Sa mère porte le nom cette action bénévole au moment
Bouzouzou ou Sidi d’Abdelmoumène, l’empereur al- où une copie d’un arrêté rectoral,
Mahmoud comme mohade. interdisant cet enseignement
on aime l’appeler Sidi Mahmoud doit ses pre- pendant les heures officielles des
est né dans une mières notions de langue arabe à cours, lui fut adressée.
ville de la côte algérienne, Bou- son père(2). Il le confia le moment Il exerçait successivement
gie, qui fut, à une époque de venu à une école coranique où dans quatre localités et partout,
l’histoire, la capitale de tout le il apprit tout le Coran à l’âge de s’intéressant à toutes les méthodes
Maghreb oriental, c’est-à-dire de onze ans. Puis il étudiait le fran- d’éducation, il encourageait ou
toute l’Algérie, et le centre d’un çais dans une école publique dont fondait une école libre, un groupe
grand rayonnement culturel pour le directeur le destinait à l’École scout, un cercle culturel et don-
toute l’Afrique du Nord. Ses ha- Normale d’instituteurs. Cepen- nait des cours à la mosquée.
bitants l’appellent depuis très dant, désirant une double culture, Plus tard, il fut muté d’office
longtemps « la petite Mecque », il entra à la Médersa où, après six par l’administration dans un vil-
à cause du nombre important des années d’études, reçut un diplôme lage du Sud algérien, lieu d’exil
saints qui y reposent. conférant le choix entre la mag- des hommes politiques. Cette
Ce passé splendide chanté dans istrature et l’enseignement. Son mesure le mit devant un cas de
des poèmes arabes emplissait Sidi père le voulait magistrat parce conscience : l’accepter, c’était en-
Mahmoud d’une fierté telle qu’il que son grand-père(3) le fut aus- courager l’injustice ; la refuser,
eut à cœur de les apprendre dans si. Mais il choisit l’enseignement c’était prévenir la même sanc-
son enfance, dès qu’il les décou- par souci de répondre au besoin tion à l’encontre de quiconque
vrit dans la bibliothèque de sa d’éducation du peuple. l’imiterait. Il pensa démissionner,
famille. Lorsque Sidi Mahmoud reçut mais, sous la pression de ses par-
Ses ancêtres paternels étaient sa nomination, il organisait, en ents et de ses amis, il demanda
des magistrats et des imams. La dehors de ses obligations offici- une mise en disponibilité. Il sut
mémoire de son arrière-grand- elles, des cours pour les enfants quelques années après par un juge
père(1), est, de nos jours encore, abandonnés. Mais il dut cesser d’instruction que cette mesure
C
ette position géostratégique a
fait que, dès la préhistorique,
l’homme a pu s’y établir et
mener une vie sédentaire.
Plus tard dans l’histoire,
des conquérants venant de tout le pourtour
méditerranéen s’y succéderont, attirés par
son potentiel géographique ; d’ailleurs, on
la surnommait la « Reine des céréales et du
lait ».
Afin de faire face aux différents assauts
belligérants, les tribus berbères s’unissent
en formant des micro-Etats. Ils parviennent
à développer une économie locale, surtout
basée sur l’agriculture favorisée par les res-
sources en eau existantes.
Les Romains qui envahissent le pays vers
47 av. J.-C. réorganisent la vie politique et
sociale de la population autochtone, suppri-
L’ancienne ville de Mila
d'une
mant les royaumes de Massinissa et Juba qui
constitueront désormais le royaume de P.
ville
Sittius Nocerinus Sarneusis, créé par Jules
César. Les Sittiens s’installent alors dans
une confédération formée par quatre colo-
Mila
nies, en l’occurrence Cirta (Constantine),
Rusicade (Skikda), Chullu (Collo) et Milev
(Mila). La Res publica quatuor coloniae Cir-
tenses n’avait pas le statut habituel des pro-
vinces romaines.
Selon le diplomate et explorateur Léon
l’Africain, Milev, située à 12 miles de
Constantine, était entourée d’un mur. Il té-
moignera également que le 27 août 402 et à
la fin du mois d’octobre 416, deux conciles
chrétiens seront tenus – le second par saint
Augustin. Les décisions prises seront insé-
rées dans « Le code des canons des conciles
d’Afrique ».
A noter que Milev qui était la patrie du
grand évêque africain Optat de Milève, qui
lutta avec acharnement contre le donatisme,
verra le christianisme se répandre à grande
échelle.
Après l’invasion des Vandales et l’ère de
chaos qui s’en est suivi, ces derniers fini-
La Mosquée de Sidi Ghanem à Mila en Algérie fut construite en (675-676 JC) par le compagnon et général omeyyade Abu Muhajer Dinar al-Makhzoumi, sous le califat de Muawiya (667-680).
Mila
au cours de cet événement sanglant le gou- A partir de 1515, la ville de Mila passe
verneur Moussa Ben Aïach. Ce ne sera pas sous l’autorité du Beylik de l’Est. Contrai-
la seule fois où Mila sera attaquée et dévastée rement à d’autres régions du pays qui par-
– El Mansour fils de Bologhine saccage lui viendront à maintenir un certain climat de
aussi les villages des Koutama ainsi que Mila paix, en dépit de certaines lois iniques qui
–, mais la ville réussira à chaque fois à se rele- déposséderont les populations autochtones
ver et à renaître de ses cendres. D’ailleurs, cet de leurs richesses, Mila connaîtra d’incessants
exploit sera cité notamment par Ibn Hawkal troubles en raison du kharadj (impôt foncier)
au Xe siècle et la ville sera décrite en 1064 par imposé aux propriétaires terriens et jugé par
Al Bakri. trop excessif. Toutefois, cela n’empêchera pas
Selon Al Idrissi, la ville de Mila fut en la contraction de nombreux mariages mixtes
1154 soumise au prince de Bougie, Yahia notamment entre les janissaires et les femmes
Bey El Aziz, dernier souverain de la dynastie autochtones. De cette époque, Mila gardera
berbère des Hammadite. Cependant, ce der- les traces de richesses inestimables (poteries,
nier, en raison d’un caractère mou et d’une monnaies, statues, édifices...).
Autre vue sur la mosquée du compagnon Abu al-Muhajer Dinar al-Makhzoumi, à Mila.
C
de Sidi Ghanem
Mila
qu’est Mila. Deuxième plus ancienne mosquée mètres. Ce dernier a été démoli durant la pé-
en Afrique du Nord après celle de Kairouan, riode de la colonisation française, l’intérieur
le monument de Sidi Ghanem porte le nom du lieu de culte a également été transformé.
d’un illustre savant arabe, connu et surtout res- Scindant en deux parties la salle de prière, la
pecté pour son érudition et sa sagacité. partie supérieure a été aménagée en dortoir,
Découverte par un officier français en tandis que l’autre partie a été transformée en
1929, cette mosquée possède une architecture étables pour animaux. Ayant fait l’objet de
semblable à celle de Kairouan. Les colonnes nombreuses études et recherches archéolo-
romaines reposant sur des plinthes carrées gique, la mosquée de Sidi Ghanem a bénéficié
supportent des arcades en briques rouges. d’un plan de sauvegarde.
Mila
dernièrement quelques dommages à la suite
de l’effondrement d’un mur mitoyen. Une
enveloppe financière a donc été dégagée par
les autorités concernées pour permettre la
restauration de ce vestige.
La statue de M’lou
La statue de M’lou
Vestiges romains
Hakem (jardin du gouverneur) car il servait de siège à Classé patrimoine national, le Palais de l’agha a béné-
l’autorité d’occupation française. Cette bâtisse sera res- ficié d’une enveloppe financière pour sa restauration.
taurée, une première fois en 1929. Mila renferme d’autres vestiges, comme la mosaïque
Classé patrimoine national, ce palais s’étend sur 800 de Sidi-Zerrouk, dans la commune de Rouached, les
m2 bâtis et 2 000 m2 de jardins, il comprend un rez- thermes romains de Beni-Guecha, les vestiges de Mech-
de-chaussée, une grande cour, de nombreux sous-sols ta-Lebaâla (près d’Oued Athmania), le mur byzantin et
qui ont servi de dépôt de munitions et un étage avec de Aïn El Bled, au cœur du vieux Mila ou encore les gra-
vures puniques, romaines, grecques… D’ailleurs, selon
terrasses et balcons d’où l’on peut avoir une vue impre-
les spécialistes, Mila est la seconde ville, après Constan-
nable sur la ville.
tine à renfermer autant de gravures.
Durant les années 1940, le palais a été le refuge des
agents de l’administration coloniale qui s’y sont barri- Hassina Amrouni
Sources :
cadés pour échapper à l’ire de la population qui s’est www.milev-new.com
soulevée à la suite des massacres du 8 mai 1945 à Sétif, www.mila.onlc.com
www.algerie-dz.com
Guelma, Kherrata. Divers articles de la presse quotidienne nationale
1- Boussouf Abdelhafid. 2-Larbi BenM’hidi. 3-Houari Boumediene. 4 -Rachid Mostaghanemi De dr. à g. : Mohamed Boutella, Abdelhafid Boussouf, Houari Boumediene, Slimane Hoffman,
Mohamed Zerguini au siège du commandement de l’EMG.
Mila
rejoindre l’OS dès 1947. Condamné par
contumace par les autorités coloniales, en
raison de ses activités politiques, Bentobal
entre dans la clandestinité, Appelé à faire
partie du groupe des 22, il devient l’un
des responsables de la lutte armée, dans
la région du Nord Constantinois. Nommé
à la tête de la Wilaya II, en remplacement
de Zighoud Youcef, il rallie Tunis en 1957,
avant d’être nommé ministre de l’Intérieur
du GPRA.
Lors des accords d’Evian, le 18 mars
1962, Lakhdar Bentobal prend part aux
négociations entre les représentants de
la France et ceux du Gouvernement
provisoire de la République algérienne
(GPRA).
Lakhdar Bentobal décède à Alger le 21
août 2010 des suites d’une longue maladie,
il est enterré au Carré des martyrs.
Lakhdar Bentobal et Larbi Ben M’hidi
Hassina Amrouni
Debout de g. à dr.: Saleh Nehari, Abdelhamid Latréche, Saphar Berrouane, Si Zoubir , Rachid Mostaghanemi,
Boudaoud Mansour, Amar Benaouda, Hocine Kadiri, Abdelhafid Boussouf, Abdelmadjid Benkedadra, Tebal Dr Francis et Boussouf Abdelhafid rendent visite à des d’enfants en Chine
Hadjadj Mahfoud, Si Boulfouateh, Chengueriha Abdelkader.
Au congrès de la Soummam de g. à dr. : Zighoud Youcef, Krim Belkacem, Lakhdar Bentobal et Amar Benaouda
Le 18 mars 1962 à Evian, les représentants français et ceux du GPRA se retrouvent à l’hôtel Au congrès de la Soummam de g. à dr. : Amar Benaouda, Lakhdar Bentobal
du Parc. Lakhdar Bentobal, 3e à droite Larbi Ben M’hidi et Zighoud Youcef
S
itué dans la commune de Hamala, L’alimentation de ces régions s’effectue par
daïra de Grarem Gouga, le site de un système de pompage unique consistant
Beni Haroun est distant d’environ à drainer l’eau sur d’autres barrages se
15 km du chef-lieu de wilaya. Cette situant en amont. A noter que pour parer au
zone a bénéficié d’une ZET (zone
phénomène d’envasement dus à l’érosion, plus
d’expansion touristique) de 1000 ha pouvant
de 2000 ha ont été reboisés. Plusieurs projets
accueillir plusieurs projets.
d’aménagement sont prévus afin de proposer
Concernant le barrage de Beni Haroun, il a
été construit entre 1996 et 2001. L’ouvrage qui de nouveaux sites de tourisme et de villégiature
a été réceptionné en 2002 possède une digue à la population.
de 710 m de long, 8 m de large à la crête, 93 Trois sites ont déjà été choisis pour la
m en fondation et s’étend sur plus de 20 km création de plages artificielles sur les berges
de long. Conçu pour les besoins d’irrigation du lac du barrage de Beni Haroun. Ces
et d’approvisionnement en eau industrielle de plages artificielles seront implantées à Mechta
cinq wilayas, en l’occurrence Mila, Constantine, Ferdouia, dans la commune de Sidi Merouane,
Oum El Bouaghi, Khenchela, Batna et Jijel, à Cibari (Grarem-Gouga) et sur les berges
le barrage a une capacité de stockage de 430 du barrage de Hammam Grouz, dans la
millions de mètres cubes correspondant à une commune d’Oued Athmania, au Sud-ouest de
côte de niveau général de 179/ 84. La surface Mila.
couverte par le barrage est 2100 ha, quant à la
surface expropriée, elle est de 2217 ha. Hassina Amrouni
I
l y a un peu plus d’une année, un de valeurs auquel élèves et parents vouaient ad-
très bel hommage lui a été rendu miration et respect, donnera le meilleur de lui-
par Radio Mila, à travers l’émission même avec, pour seule et unique satisfaction,
« Nostalgia », animée par Belkhir El cet accomplissement et cette réussite auxquels
Hacène. Ce dernier est revenu sur le accédaient ses élèves.
parcours riche et prodigieux de cet éducateur Même son administration ne tarissait pas
hors pair, s’appuyant sur plusieurs témoignages, d’éloges face à son dévouement à la tâche. A
notamment ceux de ses deux filles Samia et ce titre, un rapport d’inspection, rédigé le
Salima, respectivement docteur en médecine 16 février 1958 par l’inspecteur primaire de
et professeur en informatique à l’université Constantine-Ouest de l’époque mentionnait
de Constantine, un de ses petit-fils ainsi que ceci : «Monsieur Hacini est un excellent ins-
d’anciens élèves des années 1950 et 1960 par- tituteur dont l’expérience confirmée est évi-
mi lesquels l’éminent professeur en médecine, dente. L’école de Vieux Mila, qu’il dirige depuis
Abdelaziz Segueni, chef de service au CHU de 1941, lui doit sa prospérité, elle qui ne comp-
Constantine. tait qu’une seule classe en compte maintenant
Né à Condé Smendou, actuellement Zi- treize ! Monsieur Hacini se donne tout entier à
ghoud-Youcef dans la wilaya de Constantine, le sa tâche, ses adjoints, un instituteur et onze ins-
15 octobre 1912, Ahmed Hacini a grandi dans tructeurs ont pour lui respect et affection. Ils
une Algérie coloniale où le savoir n’était dis- suivent ses bons conseils. Même les autorités de
pensé qu’au compte-goutte. Chanceux de pou- Mila ont beaucoup d’estime pour ce directeur
voir user ses culottes sur les bancs de l’école, zélé et dévoué. Il assure même des cours aux
il saisira cette opportunité en étudiant avec adultes dont le nombre est actuellement de 65
beaucoup d’assiduité. Ancien élève du collège grands élèves.» Et d’ajouter : «360 élèves béné-
moderne de Médéa, il en ressort le 1er juillet ficient de la cantine. Chaque dimanche, la coo-
1939 avec plusieurs titres de capacité (BE, BS, pérative de l’école donne une séance publique
CAP, BEPC). Entamant avec beaucoup d’ab- de cinéma parlant… grâce à M. Hacini, l’école
négation sa carrière d’instituteur, il prodiguera de Vieux Mila rayonne. Elle a une excellente
l’instruction à nombre de petits enfants dont il réputation. Nous félicitons donc sans réserve
entreverra dès l’enfance l’avenir serein et pro- ce très bon directeur et exprimons la certitude
metteur qui les attend. Deux années plus tard, qu’il saura parfaire davantage son œuvre.»
le 30 septembre 1941, il est promu au poste de Jusqu’à son dernier souffle, rendu à Constan-
directeur de l’école du Vieux Mila, en passant tine le 5 juillet 2000, à l’âge de 88 ans, Ahmed
avant d’y être installé, par Condé Smendou, Hacini aura continué à lutter contre l’ignorance
Fréha, Takaats, Chemini, etc. et l’obscurantisme. Paix à son âme !
Pendant plus de trente ans – 37 pour être Hassina Amrouni
plus exact – (il part en retraite le 30 septembre Sources :
1978 à l’âge de 65 ans), ce maître d’école pétris Articles de la presse quotidienne nationale