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Journée d’information sur le médicament, Conseil de la Nation, Alger, 11 Décembre 2010

POUR UNE POLITIQUE PHARMACEUTIQUE NATIONALE


Par le Professeur Pierre Chaulet

INTRODUCTION

La protection et la promotion de la santé au niveau national exigent un système national de


santé efficace assurant la prestation de soins de qualité à toute la population, une éducation
appropriée, de bonnes conditions d’hygiène, un approvisionnement régulier en eau potable et
une alimentation saine et équilibrée.

Dans le domaine de la prestation de soins, les médicaments jouent un rôle majeur, à condition
d’être disponibles, accessibles, d’un prix abordable et correctement utilisés.

La politique pharmaceutique nationale fait donc partie intégrante de la politique de santé


nationale au sens large du terme, visant à atteindre l’objectif de la santé pour tous, c'est-à-dire
du meilleur état de santé possible pour l’ensemble de la population, grâce à l’application des
soins de santé primaires récemment réhabilités par l’OMS, et réalisable dans la limite des
ressources mobilisées.

ETAT DES LIEUX

Malgré la multiplicité des textes réglementant la production, l’achat, le contrôle et la


distribution du médicament en Algérie, il n’existe pas de texte définissant les objectifs, les
priorités, les stratégies et approches d’une politique pharmaceutique nationale.

La politique pharmaceutique nationale s’est définie progressivement de façon empirique,


avec une succession de décisions parfois heureuses et nécessaires, parfois irréalistes et non
applicables, jusqu’à ce que la décision récente de création de l’Agence nationale des produits
pharmaceutiques laisse espérer la mise en œuvre d’une politique pharmaceutique active et
cohérente.

Pourquoi une politique pharmaceutique nationale active et cohérente est indispensable ?


Plusieurs raisons justifient cet impératif.

- L’augmentation prévisible de la demande de soins et de médicaments, en raison de


double transition, démographique et épidémiologique. Notre population augmente et
atteindra 40 millions en 2015 ; le nombre de naissances vivantes dépassera le million à
la même échéance et le nombre des personnes âgées sera de 3 millions et demi. Dès à
présent, il faut faire face à une demande de soins croissante à la fois de la part des
mères et des enfants, des adolescents et des couches les plus vulnérables de la
population, mais aussi des personnes âgées, atteintes particulièrement par des maladies
chroniques souvent associées.
- L’augmentation du nombre des prescripteurs que sont principalement les
médecins et les dentistes au nombre total de 76 500 actuellement, nombre qui va
augmenter progressivement plus rapidement que le nombre total des cessations
d’activités.
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- L’augmentation prévisible aussi de la facture des médicaments en raison du


nombre des prescripteurs, du nombre des usagers potentiels du système de santé et du
poids relatif du coût des médicaments nécessaires à la prise en charge des maladies
chroniques. Au cours des 5 dernières années, la facture des médicaments est passée de
872 millions d’euros en 2004 à 1454 millions d’euros en 2009 soit une augmentation
de 86%. Si l’on considère l’ensemble des produits pharmaceutiques (incluant les
vaccins, les réactifs et consommables de laboratoire et les produits dentaires), nous
dépensons actuellement 45 euros par an et par habitant pour les produits
pharmaceutiques, ce qui nous place au dessus des pays qui dépensent moins de 20
euros par habitant, mais loin des pays à revenu élevé qui dépensent de 200 à 400 euros
par habitant
- Le nombre de médicaments actuellement enregistrés est très élevé, si l’on
compare l’Algérie à des pays ayant des ressources équivalentes et une politique
pharmaceutique active: la suppression du monopole d’Etat et l’ouverture du marché
ont permis d’enregistrer plus de 1000 molécules actives et près de 5500 produits,
toutes formes et présentations confondues, sans pour autant réduire la fréquence des
pénuries signalées indistinctement pour des médicaments essentiels et non essentiels .
- Depuis plus de trente ans, on préconise officiellement de développer la production
nationale et de réduire l’importation des produits pharmaceutiques: mais le
nombre des importateurs (131) et celui des grossistes répartiteurs (590) n’a jamais été
aussi élevé, alors que nous disposons de 116 unités de production, publiques ou
privées qui ne couvrent que 30% de la consommation exprimée.
- Il existe un réseau important de 8000 officines privées, réparties sur le territoire
national : mais contrairement à ce qui existe en Tunisie et au Maroc, il n’existe pas
d’antennes pharmaceutiques au sein des polycliniques et des établissements publics de
proximité, mettant à la disposition des usagers les médicaments essentiels à un prix
abordable.
- Dans les établissements de santé, publics ou privés, les Comités du médicament
existent trop rarement à l’exception des hôpitaux universitaires et de grands hôpitaux
régionaux. Sur 48 établissements hospitaliers de wilaya, 34 n’ont pas de
pharmacien. Il est exceptionnel de trouver un pharmacien gestionnaire dans les
établissements publics hospitaliers de district (ou de daïra) comme dans les
établissements publics de santé de proximité : ce sont pourtant dans ces établissements
que les personnels médicaux établissent la majorité des prescriptions médicamenteuses
au cours de la prestation de soins.

Pourtant, de nombreuses décisions et initiatives ont été prises, qui sont autant de jalons
dans l’édification d’une politique pharmaceutique nationale.

- La décision logique de ne plus importer les médicaments qui peuvent être


produits en Algérie permettra de renforcer la production nationale, pour peu que les
conditions d’acquisition d’intrants (matières premières ou substances intermédiaires)
soient facilitées par la réglementation, et que les compétences ainsi que les conditions
d’une production de qualité, respectant les bonnes pratiques de fabrication, soient
réunies pour répondre aux besoins
- La décision de donner la préférence aux médicaments génériques ,de qualité
contrôlée, a permis de réduire la facture globale du médicament

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- La Pharmacie Centrale des Hôpitaux, qui vient de retrouver son rôle majeur de
centrale d’achats pour tous les établissements publics de santé (hôpitaux publics et
établissements publics de santé de proximité), aura un rôle essentiel dans le succès des
programmes nationaux de santé. Mais elle souffre d’un déficit chronique en raison des
factures impayées des établissements hospitaliers publics, et elle ne dispose pas de
ressources suffisantes pour entretenir des stocks de réserve et de sécurité.
- Le Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques, sous tutelle du
Ministère chargé de la santé, indépendant des producteurs et distributeurs de
médicaments, assure le contrôle de qualité des médicaments admis sur le marché, et
permettra dans le futur d’évaluer leur biodisponibilité
- Le Centre national de pharmaco vigilance (et de matério vigilance) analyse les
effets indésirables observés dans les services de santé, sur le terrain, après utilisation à
grande échelle des médicaments et dispositifs médicaux enregistrés. Il assure ainsi
un contrôle de qualité indispensable après mise sur le marché, en associant les
prescripteurs à la pharmaco vigilance
- La mise en œuvre, par la Sécurité sociale, du tarif de référence pour les médicaments
autorisés, a permis des économies substantielles pour la collectivité et les usagers.
L’application du tiers payant pour certaines catégories de population, spécialement
les personnes âgées, associée à l’application du tarif de référence, a facilité l’accès
aux soins pour les sujets concernés. De même, l’extension progressive de la carte
Chifa permettra de mieux cerner la consommation médicamenteuse des assurés
sociaux et de leurs ayant droit.

QUE FAIRE ?
Les pénuries récurrentes, dénoncées périodiquement depuis 1992 dans la presse nationale
par des usagers et des personnels de santé, soulignent l’absence de maîtrise de la gestion
des stocks (bien décrite dans l’article du Dr Brahim Brahmia, El Watan, 3 Novembre
2010). Mais cette absence de maîtrise de la gestion des stocks est la résultante
d’insuffisances à plusieurs niveaux du circuit logistique du médicament.
Pour changer la situation, il ne faut plus considérer le médicament comme un simple
produit industriel dont la fabrication doit être contrôlée (ce qui est évident) ou une
marchandise susceptible de dégager d’importants bénéfices et d’être soumise à une
régulation commerciale (non moins indispensable), mais d’abord comme un produit
stratégique permettant de guérir certaines maladies, de prolonger la vie humaine et
d’alléger la souffrance des malades.
Il ne s’agit donc plus d’intervenir sur tel ou tel étape du circuit logistique isolément, mais
d’avoir une approche globale, déterminée d’abord par les besoins de santé de la
population identifiés sous l’égide du Ministère chargé de la santé, et d’associer à cette
démarche les différents départements ministériels concernés : finances et budget,
industrie, commerce ainsi que les institutions chargées de la prise en charge financière des
médicaments (sécurité sociale, mutuelles, solidarité nationale), ainsi que les départements
ministériels chargés de la formation initiale et continue des personnels de santé et de
l’information des usagers.
Les actions à mener pour améliorer la gestion des stocks doivent porter sur les quatre
étapes du circuit logistique du médicament : la sélection, l’acquisition, la distribution
l’utilisation.

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LA SELECTION
La sélection consiste à choisir les médicaments à acquérir et à distribuer. Dans l’opinion
publique, il existe une grande confusion à propos des listes de médicaments utilisés en Algérie
entre la liste des médicaments enregistrés et la liste nationale des médicaments essentiels
La liste des médicaments enregistrés et admis sur le marché comportait en 1997 1574
produits pharmaceutiques, toutes formes confondues. La suppression du monopole d’Etat,
censée être la cause des pénuries, a permis d’enregistrer un plus grand nombre de produits,
sans pour autant avoir fait disparaître le phénomène des pénuries. Ces pénuries portent aussi
bien sur des médicaments essentiels que sur des médicaments non essentiels ou de confort.
Faute d’information vraie et objective, l’insatisfaction des usagers s’ajoute aux protestations
légitimes des prescripteurs qui manquent parfois de médicaments essentiels. A cela s’ajoutent
les messages publicitaires de certains producteurs ou distributeurs intéressés à pénétrer le
marché algérien ou à y élargir leur place, ou encore les messages publicitaires d’entreprises
pharmaceutiques multinationales parfois relayées par des instances internationales qui font
l’objet de dépêches d’agences, ou d’articles de presse inspirés.
L’existence d’une liste des médicaments autorisés à la mise sur le marché a l’intérêt
d’éliminer les contrefaçons ; la sélection repose sur l’efficacité et l’innocuité mais ne
considère pas le critère coût/efficacité. Elle comporte des doublons et surtout, faute de mise à
jour régulière, des médicaments retirés du marché pour diverses raisons. De plus, elle ne
distingue pas les médicaments vitaux indispensables, les médicaments essentiels et les
médicaments non essentiels ou de confort dont l’apport thérapeutique est limité ou douteux.
Par contre, la liste nationale des médicaments essentiels est une liste des médicaments
vitaux et essentiels permettant de répondre aux problèmes de santé de chaque pays. La
sélection des médicaments essentiels repose sur une évaluation de leur efficacité et leur
innocuité, fondée sur des essais cliniques contrôlés et/ou des études épidémiologiques, le
contrôle de leur qualité et de leur stabilité dans les conditions climatiques du pays, ainsi que
leur rapport coût /efficacité. C’est ce que l’on appelle « la médecine fondée sur des preuves ».
S’il faut choisir entre plusieurs médicaments ayant les mêmes indications et qui sont
équivalents du point de vue thérapeutique, la liste retient ceux qui offrent le meilleur rapport
coût/efficacité. Les médicaments essentiels sont formulés sous forme de composés uniques.
Les associations de médicaments essentiels en proportions fixes sont acceptables lorsque leur
efficacité est égale ou supérieure à celle des composés uniques et lorsqu’ils facilitent
l’observance (ce qui est le cas pour certaines associations en proportions fixes utilisées contre
la tuberculose ou le SIDA). Lorsque plusieurs médicaments sont semblables on choisira les
produits déjà utilisés et/ou qui peuvent être produits localement. Pour établir la liste nationale
des médicaments essentiels, on peut s’inspirer de la liste modèle de l’OMS .A titre indicatif
cette liste comporte environ 350 molécules actives, sous environ 600 formes. Cette liste doit
être adaptée aux conditions nationales: c’est ainsi qu’elle doit contenir tous les médicaments
prévus par les programmes nationaux de santé (PMI et espacement des naissances, infections
respiratoires aigues et diarrhées de l’enfant, lutte contre la tuberculose, le VIH/SIDA et le
paludisme etc..) ainsi que les médicaments recommandés par les consensus thérapeutiques
nationaux établis selon une procédure scientifique indépendamment des firmes
pharmaceutiques et d’appareillages médicaux. La liste nationale des médicaments essentiels
doit être révisée tous les deux ans au moins.
La liste nationale des médicaments essentiels est l’un des Objectifs du Millénaire pour le
développement auquel notre pays a souscrit. Malheureusement, cette liste qui existe comme
référence dans les archives n’est pas utilisée comme instrument de planification
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pharmaceutique, et encore moins comme outil de formation des prescripteurs. Elle n’est pas
mise à jour selon les normes internationales et les progrès de la thérapeutique. Ces
insuffisances résultent en grande partie, de l’absence d’un Comité permanent de sélection et
de l’absence de procédures claires de consultation d’autres intervenants,. En effet, le Comité
permanent doit être composé de personnes compétentes (en épidémiologie, en thérapeutique
médicale, en pharmacologie clinique, en toxicologie, en santé publique, en soins infirmiers)
et indépendantes (financièrement et familialement) des producteurs ou des distributeurs de
médicaments dans le pays, afin d’éviter tout conflit d’intérêts. Le Comité doit prévoir des
mécanismes de consultation clairement définis avec des groupes de médecins spécialistes, des
représentants de l’industrie pharmaceutique, et de représentants des consommateurs (par
l’intermédiaire de la sécurité sociale, et de la solidarité nationale) en vue d’assurer
l’acceptation générale de la politique pharmaceutique nationale.
Les groupes de médecins spécialistes consultés doivent fournir les références scientifiques
(essais thérapeutiques validés ou enquêtes épidémiologiques significatives) permettant
l’inscription des médicaments qu’ils jugent essentiels ou justifiant leur remplacement par des
molécules plus efficaces. Ils doivent aussi préciser leurs indications, le niveau de la pyramide
des soins de santé (CHU et établissements hospitaliers spécialisés, établissements hospitaliers
publics, établissements publics de santé de proximité, cliniques privées, officines privées)
auxquels ils doivent être disponibles et enfin procéder à leur quantification en fonction du
nombre estimé des malades qui en auront besoin et/ou en fonction de la consommation
passée. Enfin, cette quantification permet de vérifier que le coût global des médicaments
recommandés est compatible avec les ressources financières disponibles.
Il appartient au Comité permanent de sélection de procéder à l’évaluation finale des
arguments présentés pour établir une liste qui supprime les médicaments sans intérêt
thérapeutique et qui limite à environ 700 le nombre des médicaments essentiels, chacun
pouvant avoir plusieurs formes ou dosages. Cette limitation, réalisée même dans des pays
développés, n’a pas pour but de rationner les médicaments pour des raisons économiques,
mais d’en rationaliser l’acquisition, la distribution et l’utilisation : elle réduit les prix
d’acquisition, les coûts de transaction, les coûts de stockage, elle facilite la quantification et
l’information des prescripteurs pour l’usage rationnel des médicaments.
Le Comité permanent de sélection a enfin pour responsabilité de faire établir par les
personnes les plus qualifiées un formulaire d’utilisation de tous les médicaments mentionnés
dans la liste nationale des médicaments essentiels, formulaire à diffuser sur support papier ou
par voie électronique, afin que toutes les informations pharmacologiques nécessaires soient
mises à la disposition des prescripteurs.
La consultation des sites internet de l’OMS, permet de consulter la « Liste modèle de l’OMS
des médicaments essentiels » (16ème liste révisée en mars 2010), comportant en annexe la liste
des médicaments essentiels destinés à l’enfant, ainsi la liste des médicaments soumis à des
restrictions dans leur emploi ou leur disponibilité, selon les observations recueillies dans les
différents pays.

L’ACQUISITION
Cette étape est complexe : il s’agit d’acquérir les quantités nécessaires pour une période
déterminée, en tenant compte de la reconstitution d’un stock de sécurité d’au moins 6 mois, et
d’acquérir des médicaments de qualité au moindre coût.

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Les quantités de médicaments à acquérir peuvent être relativement faciles à calculer pour les
programmes de santé ou les consensus thérapeutiques nationaux qui prévoient des traitements
médicamenteux standardisés: mais cette méthode risque d’entraîner des erreurs par excès ou
par défaut. La méthode utilisant les données de la consommation passée est plus souvent
utilisée, mais elle peut conduire à perpétuer de mauvaises habitudes de prescription et des
surconsommations coûteuses. Empiriquement, on doit souvent combiner les deux méthodes.
L’acquisition de médicaments de qualité au moindre coût nécessite de connaître les conditions
de fabrication de chaque médicament, ainsi que les coûts réels de leur production et de
disposer d’un contrôle de qualité du produit effectué par une institution ou un organisme
indépendant du producteur. Ces conditions sont rarement réunies faute de moyens dans les
pays en développement. Vis-à-vis des producteurs nationaux ou des importateurs, deux
attitudes sont possibles : la confiance aveugle dans des fournisseurs dits « traditionnels » ou la
méfiance systématique.
Dans la situation de l’Algérie, l’élargissement du nombre des fournisseurs étrangers sur
lesquels on dispose d’informations fiables sur les conditions de fabrication a permis
d’échapper dans une certaine mesure au monopole de fait exercé par les producteurs français
au cours de la période coloniale. On dispose aujourd’hui de médicaments fabriqués et utilisés
dans différents pays de la Communauté européenne, des Etats-Unis d’Amérique, ou
provenant des producteurs qualifiés de Jordanie, de Turquie, d’Inde ou de Chine. Mais il est
important aussi de connaître les stratégies commerciales des grandes multinationales du
médicament et de leurs représentants locaux. On peut citer l’expérience d’appels d’offres
faussés par le jeu de multinationales ou par celui des intermédiaires locaux, nationaux ou
étrangers.
Pour protéger et développer la production nationale, il est important d’identifier les sources de
matières premières ou de substances intermédiaires de bonne qualité et de connaître leur coût
de production. Là encore, les stratégies des multinationales qui exercent un monopole sur
certaines catégories de médicaments, non seulement par le jeu des brevets, mais aussi sur le
prix de transfert des matières premières ou des substances intermédiaires, doivent être
connues. Mais il est aussi intéressant de développer la coopération internationale et le
partenariat avec des firmes étrangères en vue d’assurer un transfert de technologie sur des
bases de l’intérêt réciproque et, à terme, la maîtrise du processus de production.
L’existence du Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques est une
garantie de sécurité pour la population, puisqu’il contrôle la qualité de tous les médicaments
mis sur le marché. (La même sécurité est garantie par l’Institut Pasteur d’Algérie pour les
vaccins et par l’Agence du Sang pour le contrôle du sang et des produits dérivés)
Les systèmes d’achats groupés par l’intermédiaire de l’OMS ou de l’UNICEF, ou encore par
des ONG internationales garantissant la qualité des produits qu’ils fournissent est une solution
possible, mais pas toujours applicable dans tous les pays, en fonction de la réglementation
nationale. L’existence d’un « Indicateur de prix internationaux des médicaments »,
régulièrement mis à jour par une fondation américaine à but non lucratif (Management
Sciences for Health) en collaboration avec l’OMS – sa dernière édition date de 2009- permet
de situer les coûts de médicaments disponibles au niveau international selon les différents
fournisseurs ou producteurs, et donc d’avoir une idée du prix raisonnable sur lequel les
acheteurs algériens pourraient engager une transaction.

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Centralisation ou décentralisation des achats ?


Pour l’acquisition des médicaments essentiels destinés aux établissements publics de santé, la
centralisation est la meilleure solution qui permet des économies d’échelle, et facilite le
contrôle de qualité des médicaments.
Pour l’approvisionnement des cliniques et officines privées des groupements d’achats
organisés autour de quelques pôles d’importateurs et de grossistes répartiteurs seraient
souhaitables, pour réduire le nombre excessif d’intermédiaires et diminuer le coût final du
médicament, qu’il soit essentiel ou simplement enregistré et admis sur le marché. Des
propositions intéressantes ont été faites par les organisations des pharmaciens d’officine, qui
mériteraient une étude appropriée.

LA DISTRIBUTION
Lorsque les produits sont importés en vrac, leur conditionnement sous une forme plus
maniable et spécialement sous forme de plaquettes à alvéoles ou blisters peut représenter la
première étape d’une industrie nationale.
Quelle que soit l’origine des médicaments acquis, les modalités de transport doivent être
spécialement étudiées. Dans un pays aussi vaste que l’Algérie, l’existence de dépôts
régionaux s’impose, à condition que les conditions de transport et de stockage soient
régulièrement inspectées, afin d’éviter la détérioration des médicaments par la chaleur et
l’humidité. La décentralisation des dépôts, publics ou prives, nécessite la formation
appropriée de gestionnaires respectant le principe FIFO (first in, first out) dans la gestion des
stocks.
Là encore, la constitution d’un stock de réserve de 3 mois est souhaitable, au moins pour les
médicaments essentiels ; le contrôle de la qualité d’échantillons de médicaments prélevés au
hasard est indispensable.
Le succès de la politique pharmaceutique nationale dépend largement de l’efficacité du
système de distribution : si ce système est défaillant, des pénuries locales peuvent se produire,
même si les médicaments existent au niveau central
Pour garantir la distribution ininterrompue des médicaments essentiels dans les établissements
publics de santé, il serait hautement souhaitable de renforcer la formation et le corps de
pharmaciens hospitaliers et des pharmaciens des établissements publics de proximité de
façon à rendre attractive la profession. De même, à l’instar de ce qui se fait en Tunisie et au
Maroc, l’ouverture d’antennes pharmaceutiques sécurisées dans les polycliniques publiques,
au moins pour la délivrance des médicaments essentiels, gratuits ou à un prix abordable, est
nécessaire ce qui multiplierait les points de distribution des médicaments en facilitant leur
accès pour les malades

L’UTILISATION
L’utilisation rationnelle des médicaments dépend avant tout des prescripteurs. Les malades
n’ont en général pas le choix des médicaments, sauf le choix commandé par leurs ressources
financières lorsqu’ils ne bénéficient pas d’une couverture sociale.
La formation initiale et continue des prescripteurs est l’élément clé de l’utilisation rationnelle
des médicaments. L’expérience nous a montré, en Algérie, qu’il est possible de changer les
mauvaises habitudes de prescription, conséquence d’une formation initiale insuffisante sur la

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pharmacologie, sur les médicaments essentiels et sur l’économie de santé. La formation


continue, organisée de façon méthodique, peut contribuer à donner des informations
scientifiques objectives, à condition de ne pas être abandonnée aux fournisseurs de
médicaments.
Dans ce cadre, le bulletin d’information pharmacologique qui a existé pendant plusieurs
années a joué un rôle important. L’Agence nationale des produits pharmaceutiques pourrait
jouer ce rôle en lui donnant une dimension plus large en ouvrant un site d’information
pharmaceutique sur internet. Ce site diffuserait toutes les informations sur les médicaments
essentiels, leur posologie, leurs indications et contre indications, leurs effets indésirables. Des
forums de discussions favoriseraient des échanges entre prescripteurs, et avec des experts
qualifiés, ce qui développerait le concept d’utilisation rationnelle des médicaments.
Mais la transmission d’informations objectives et appropriées ne saurait se limiter aux
prescripteurs. Les usagers, qui se servent de plus en plus de l’internet pour s’informer sur les
maladies et les médicaments et parfois commander des médicaments à l’étranger, ont besoin
d’une information objective et adaptée. Beaucoup de prescripteurs se plaignent des
connaissances acquises par les usagers qui souhaitent obtenir tel ou tel médicament : on peut
regretter cette situation, mais elle est un fait. Autant tenir compte de cette nouvelle donnée,
multiplier les informations médicales et thérapeutiques orientées vers les demandes des
malades dans les medias et sur internet, et rétablir progressivement la confiance entre les
malades et leurs médecins par l’écoute attentive des malades et les explications détaillées
données par les prescripteurs lors de la rédaction d’une ordonnance. Le fait d’avoir affaire
avec une population plus instruite, mieux informée et plus exigeante qu’il y a 50 ans oblige
tous les prescripteurs à proposer des soins de qualité, fondés en particulier, après un examen
sérieux des malades, sur l’utilisation rationnelle des médicaments.

CONCLUSION
Le développement d’une politique pharmaceutique nationale apparaît donc comme un
processus dynamique, évolutif, qui concerne toutes les étapes du circuit du médicament. Nous
disposons aujourd’hui des compétences nécessaires pour la mettre en œuvre. Il reste à réunir
ces compétences en vue d’un objectif commun : offrir à notre population le meilleur état de
santé possible, permettant une vie sociale active et économiquement productive, en fonction
des ressources mobilisées pour la formation et l’emploi des personnels de santé ainsi que pour
l’approvisionnement régulier en médicaments essentiels à un prix abordable.

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Références
Gish O, Feller LL. Planification pharmaceutique pour les soins de santé primaires :
l’approvisionnement en médicaments et leur consommation dans le Tiers Monde . Traduit de
l’américain par P.Chaulet, MK Ferrani, M.Ladjali, D Malaise, OPU, Alger 1984
Organisation mondiale de la Santé. Rapport du Comité OMS d’experts sur les politiques
pharmaceutiques nationales, Genève, 19-23 juin 1995 (WHO/DAP/95.9)
Dumoulin J, Kaddar M, Velasquez G. Guide d’analyse économique du circuit du médicament.
Organisation mondiale de la Santé, Programme d’action pour les médicaments essentiels,
1995 (WHO/DAP/95.2)
Organisation mondiale de la Santé. Comment élaborer et mettre en œuvre une politique
pharmaceutique nationale ? Genève, Janvier 2003
Organisation mondiale de la Santé. The selection and use of essential medicines, WHO
Technical Report Series, 958. (including le 16th WHO Model List of Essential Medicines and
the 2nd WHO Model List of Essential Medicines for Children), Genève 2009
Liste modèle de l’OMS des médicaments essentiels, 16e liste, (révision mars 2010)
Management Sciences for Health, in collaboration with World Health Organization.
International Drug Price indicator Guide, 2009 Edition.

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