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01  Religion et politique ..................................................................................................... 2 

02  Pouvoir et légitimité ..................................................................................................... 5 

03  Approches sociologiques de l’intime ............................................................................ 8 

04  Vulnérabilité et technosciences ................................................................................. 12 

05  Prisons : entre oubli et réformes ................................................................................ 15 

06  Les sciences humaines en médecine, la médecine dans les sciences humaines ....... 19 

07  France / Brésil : politiques de la question sociale ...................................................... 23 

08  Drogues : nouveaux regards, nouveaux défis ............................................................ 27 

09  Errances : entre aliénation et résistance .................................................................... 32 

10‐11  Critique de l’évolutionnisme – Actualité de Max Weber – Sur Marcel Hénaff – 
Sociologie politique .................................................................................................... 36 

12‐13  Niklas Luhmann et la pensée systémique .................................................................. 40 

14‐15  Frontières et limites : avons‐nous dépassé les bornes ? ............................................ 43 

16  Qu’est‐ce qu’une communauté ? ............................................................................... 48 

17‐18  Extension du domaine du management : néomanagement et néolibéralisme. ........ 50 

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Mana : revue de sociologie et d'anthropologie

01 Religion et politique
1996. « Religion et politique ». Mana : revue de sociologie et d’anthropologie, n° 1.
Caen : Université de Caen – Lasar.
Sous la direction de Yamina Bettahar et Frédérique Longuet-Marx, avec l’aide de Anne
Golse.
ISSN 0765 0256 - épuisé

Sommaire
Frédérique Longuet‐Marx. Introduction. 7‐9 

Camille Tarot. Religion et politique : quels rapports ? 11‐42 
La distinction du pouvoir religieux et du pouvoir politique est bien plus fréquente et ancienne qu’on ne le croit, mais leur 
séparation est aussi beaucoup plus rare et difficile, même en modernité, qu’on ne le dit souvent. La modernité politique 
de la démocratie serait‐elle un épisode ou une aberration si elle ne peut plus passer pour la fin de l’histoire et sur quoi 
repose‐t‐elle si elle n’est plus cautionnée par un grand discours. 

Olivier Roy. Les mouvements islamistes entre universalisme et affirmation des nations. 
43‐62 
Les idéologies islamistes s’efforcent de constituer la communauté musulmane en entités politiques, dépassant ou 
ignorant les clivages politiques et ethniques. Mais l’histoire contemporaine des mouvements politiques islamistes 
montre qu’ils se développent dans le cadre d’états‐nations qu’ils contribuent à ancrer dans la psychologie collective et 
la géostratégie du Moyen‐Orient. 

Alexis Koudriavtsev. L'Imamat du Général Doudaev. 63‐89 
L’islam a toujours été un bastion dans l’organisation de la société traditionnelle en Tchétchénie. Les islamistes ont joué 
un rôle essentiel dans la prise du pouvoir à Grozny par le groupe de Doudaev. Très vite combat national indépendantiste 
et combat religieux ont été mêlés. L’éclatement des directions spirituelles régionales aboutit à la création pour chaque 
république de sa propre direction, ce qui provoque la disparition de toute distinction entre islam « officiel » et « islam 
parallèle » ou confrérique. Cependant la direction spirituelle est sceptique vis‐à‐vis de la renaissance de l’islam sous le 
gouvernement de Doudaev. La question du statut de l’islam dans la politique de la république se pose en mai 1993. 

Maïrbek Vatchagaev. Société, pouvoir et islam dans le Caucase du Nord. 91‐103 
L’islam joue un rôle différent selon les républiques du Caucase du Nord. Dans certaines, les confréries soufies ont une 
place déterminante. C’est le cas de la Tchétchénie et du Daghestan. Ailleurs, chez les Tcherkesses, les traditions 
islamiques sont beaucoup plus faibles et le contrôle des autorités officielles encore important. La Russie tente de diviser 
ces peuples en les montant les uns contre les autres et en tentant d’apparaître comme un allié possible. 

Yamina Bettahar. Les femmes en Algérie, entre religion et politique. 105‐128 
En Algérie, la religion apparaît comme l’élément fondateur de l’identité nationale. L’État, par la reconnaissance des 
dispositions inspirées de la loi coranique, se pose en relais de cette société traditionnelle, fondée sur les rapports 
hiérarchiques entre les conjoints et les multiples contraintes que subit la femme. Il y a de fait, une intrication constante 
du religieux et du politique dans le contrôle des pratiques sociales. 

Fanny Colonna. Qu'en est‐il aujourd'hui de la sociologie de l'islam ? 129‐152 
Ce texte pose la question de l’absence persistante d’une sociologie religieuse de l’islam aujourd’hui, absence qui ne 
contredit pas l’existence d’un orientalisme vivace. Cette lacune intrigue d’autant plus si on la place sur fond d’histoire 
de la sociologie en France et en particulier de l’histoire du durkheimisme, qui s’affirme assez vite comme une science du 
fait religieux. 
Il se pourrait que l’islam et le savoir sur cette religion soient pris dans un impensé, caractéristique de l’histoire des idées 
en France au XIXème siècle. La construction scientifique de l’islam souffrirait d’un trop de proximité, ou d’une absence 
de distance, au regard de la propre religion de la société française. 

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Martine Deotte‐Lefeuvre. La citoyenneté au péril de la communauté. 153‐160 
On laisse croire trop souvent qu’il suffit de laisser le temps au temps pour que l’intégration des étrangers sur le 
territoire soit totale et définitive. A la troisième génération, on devient pleinement un citoyen français. L’accès à la 
citoyenneté, à la nationalité, s’acquiert le plus souvent sur les ruines de la communauté, de l’appartenance singulière. 
Ces affirmations, trop souvent répétées, méritent d’être interrogées à l’aune de ce qu’on appelait au XVIIIème siècle 
l’émancipation de la communauté juive. 

Gilles Bataillon. Nicaragua entre christianisme et sandinisme. 161‐179 
À suivre les récits qu’en donnent les acteurs, la révolution du 19 Juillet n’est pas seulement le synonyme de la défaite de 
Somoza. Ce moment est aussi l’acmé d’une expérience héroïque, le terme d’un règne barbare, et enfin, le moment 
inaugural d’un monde nouveau bâti conformément aux enseignements des Évangiles et à ceux de la révolution 
castriste. L’utilisation récurrente de la métaphore chrétienne de la résurrection pour décrire la révolution s’inscrit à un 
double registre : celui de la convergence entre révolution et christianisme ; celui d’ajustements tactiques dictés par des 
soucis prosaïques. Reste à souligner que ces ajustements ne sont pas sans entraîner des réaménagements de schémas 
d’action et de représentation qui commandent la dynamique de la société nicaraguayenne.  
Mots‐clés : Religion / Politique / Pouvoir / Légitimité / Christianisme / Relation Église État / Réforme / 1979 /  

Maria Isaura Pereira de Queiroz. Identité culturelle, identité nationale au Brésil. 181‐202 
Le problème de l’identité culturelle au Brésil se pose depuis les premiers travaux en Sciences Sociales dans le pays, qui 
remontent au XIXème siècle. Il a été abordé depuis sous différents angles, en liaison intime avec les conditions socio‐
économiques des divers moments de définition de l’identité. Une observation plus poussée montre qu’il y a une 
synonymie entre les concepts d’identité culturelle et d’identité nationale, contrairement à ce qui se passe en Europe. 

David‐Emmanuel Mendes Sargo. Martin Luther, Thomas Müntzer et la naissance de l'État 
moderne. 203‐232 
Depuis Max Weber et Ernst Troeltsch la sociologie des religions fait du protestantisme l’une des sources principales de 
la modernité. Mais la figure de Luther, telle qu’évaluée dans des textes devenus classiques est ambiguë : le fondateur 
de la Réforme reste « traditionaliste » sur le plan de l’éthique économique. L’auteur s’efforce ici de lever cette 
ambiguïté en rapportant l’œuvre de Luther au plan proprement politique contre les réformateurs radicaux – et surtout 
contre Thomas Müntzer au moment de la Guerre des Paysans – le réformateur invente et construit, sans ses propres 
termes, la notion d’État moderne. 

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Mana : revue de sociologie et d'anthropologie

02 Pouvoir et légitimité
1996. « Pouvoir et légitimité ». Mana : revue de sociologie et d’anthropologie, n° 2.
Caen : Université de Caen – Lasar.
Sous la direction de Philippe Chanial, en collaboration avec Stéphane Corbin et Sylvain
Pasquier.
ISSN 12710377 - épuisé

Sommaire
Philippe Chanial, Stéphane Corbin, Sylvain Pasquier. Avant‐propos. 7‐13 

Jürgen Habermas. Le concept de pouvoir chez Hannah Arendt. 15‐34 

I. Figures de la légitimité, fondements du pouvoir 

Sylvain Pasquier. Le fondement anthropologique du pouvoir chez Hannah Arendt. 37‐55 
Qu’est‐ce que la pensée d’Hannah Arendt pourrait bien prétendre offrir au questionnement des sciences sociales sur le 
pouvoir et la légitimité ? Cet article s’efforce de démontrer, à l’encontre des critiques, en quoi tant la force que l’intérêt 
de cette pensée réside dans une anthropologie du désir d’apparaître. À travers celle‐ci s’exprime au mieux la 
phénoménologie politique propre à Arendt ainsi qu’une conception de la réalité sociale qui fait du pouvoir une réalité 
sociale privilégiée. 

Stéphane Corbin. Rousseau, Durkheim et les paradoxes de la légitimité. 57‐75 
La théorie du contrat social de Rousseau mérite‐t‐elle d’être réinterrogée aujourd’hui ? Cet article propose de le 
démontrer en la confrontant notamment à la sociologie de l’Être social de Durkheim. Si l’œuvre de Rousseau constitue 
une théorie de la légitimation que l'on ne saurait ignorer dans une société qui se définit comme démocratique, sa force 
ne réside‐t‐elle pas dans sa capacité à décrypter l’usurpation du pouvoir, sans sacrifier à la rigueur de l’investigation 
sociologique notre propension à nous indigner ? 

Fabrice Liégard. Pouvoir et légitimité comme normes anthropologiques. 77‐102 
En pensant le fait du Pouvoir et de la légitimité dans le seul registre empirique d’une sociologie de la domination, 
n’avons‐nous pas méconnu que Pouvoir et Légitimité sont des polarités symboliques constitutives de la fondation du 
social et de l’institution des sujets ? Cet article propose une réflexion anthropologique intégrant l’apport de la 
psychanalyse qui vise à montrer que, si nous ne parvenons pas aujourd’hui à repenser l’économie symbolique de la 
dépossession positive qui se jouait dans l’économie de l’altérité sacrale, il est douteux que nous parvenions à nous 
opposer efficacement à la domination des techno‐sciences... 

Louis Moreau de Bellaing. La légitimation : fait social total et processus ? 103‐116 
Cet article se propose de démontrer que, dans la perspective de la sociologie critique, cette branche de la sociologie qui 
« creuse l’inconnu », le processus de légitimation ne peut être seulement analysé dans les bornes de la légitimation 
idéologique ou culturelle, voire dans les limites de la philosophie ou de la sociologie sous ses formes empiriques ou 
théoriques actuelles. La perspective psychanalytique introduit un « bougé » qu’il faut prendre en compte. Il oblige alors 
à redéfinir ce processus de légitimation comme s’inscrivant dans l’inconscient social et dans l’inconscient politique. 

Martin Déotte‐Lefeuvre. Légitimités ancestrales, légitimités modernes : le rapport à loi. 
117‐132 
Quel est le rapport à la loi de la femme soninké ou bambara inculpée dans le box des accusés ? À la suite de M. Mauss 
et P. Clastre notamment, cet article reprend l’hypothèse suivante : dans certaines sociétés traditionnelles, le corps est le 
support d’inscription de la loi du groupe. Le pôle de la légitimité, ce sont les ancêtres. L’excision, la circoncision, les 
scarifications ou tatouages, tels qu’ils se pratiquaient en milieu rural dans les ethnies soninké ou bambara, sont, entre 
autres, des marquages de la loi. Ce texte cherche à dresser une typologie des différents supports d’inscription de la loi 
en distinguant, à chaque fois, le statut de l’énonciateur (loi mosaïque, « sauvage », démocratique). 

Laurent Viguerard. La lutte anti‐tabac : un conflit de légitimité. 133‐149 
La lutte anti‐tabac entend bénéficier d’une double assise : l’une scientifique, l’autre politique. Nul ne conteste la 
première : la nocivité du tabac est un fait établi. La seconde, en revanche, soulève de nombreuses controverses. Les uns 

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y voient l’avènement d’une société viable ; les autres une atteinte aux libertés individuelles. Cet article vise à démontrer 
que dans son effort de légitimation de la lutte anti‐tabac, le discours médico‐social emprunte au paternalisme des 
principes et des valeurs qu’il réinterprète au nom de la santé plaçant ainsi son projet et son action au cœur des 
paradoxes de la légitimité démocratique. 

II. Figures de la légitimité, espaces de la critique 

Philippe Chanial. Le représentant, le juge et le militant. Esquisse d'une théorie pluraliste 
de la légitimité démocratique. 153‐177 
Qui peut prétendre, dans nos sociétés démocratiques, au titre de « représentant », qui est aujourd’hui les gardiens de la 
légitimité ? Se proposant d’esquisser une théorie résolument pluraliste de la légitimité démocratique, cet article montre 
qu’il ne suffit pas d’ouvrir ces prétentions à une pluralité d’organes institutionnels, législatifs, exécutifs, judiciaires… 
Peut‐être fait‐il sens d’inscrire dans le « complexe représentatif » cette figure de la critique que constitue le militant et 
de reconnaître dans la pratique de la désobéissance civile une posture critique qui menace moins la légitimité 
démocratique qu’elle ne la renforce en exprimant, au nom de ses principes mêmes, un droit au dissentiment. 

Daniel Cefaï. Légitimité, légalité, effectivité. 179‐192 
La tension entre devoir d’obéissance et droit de révolte est au cœur des théories de l’obligation et du consentement. Le 
détour par M. Merleau‐Ponty permet de poser le problème hors des antinomies de la contrainte et de la volonté, de la 
nécessité et de la liberté. La confrontation entre H. Arendt et N. Bobbio permet d’entrevoir le lien paradoxal qui travaille 
l’expérience démocratique, entre respect de l’État de droit et légitimation du pouvoir par le peuple. 

Frédéric Vandenberghe. Légalité, légitimité et politique du "nettoyage ethnique". 193‐
216 
Cet article se propose d’examiner la question métajuridique de la légitimité d’un ordre juridico‐politique. Appliqué au 
cas très concret de la République bosno‐serbe et plus généralement du conflit yougoslave, l’auteur défend une thèse 
résolument antipositiviste et anti‐décisionniste. Un ordre juridique ne se laisse pas plus justifier par le droit (Weber) 
qu’un ordre politique ne se laisse justifier par la force (Schmitt). Sa légitimité ne réside‐t‐elle donc pas, en dernière 
instance, sur un accord possible avec les principes universels de la morale, tels qu’ils sont notamment exprimés par les 
droits de l’homme (Habermas). 

Philippe Corcuff & Claudette Lafaye. Légitimité et théorie critique. 217‐233 
Qu’est‐ce qui assure la légitimité de la critique sociologique de la légitimité ? Les auteurs tentent d’apporter quelques 
éléments de réponse en faisant d’abord retour sur les ambiguïtés wébériennes quant à la notion de légitimité. Passant 
ensuite par deux acceptions assez différentes de la notion dans deux constructions sociologiques contemporaines (P. 
Bourdieu & J‐C. Passeron, d’une part, et L. Boltanski & L. Thévenot, d’autre part), ils suggèrent ainsi une proposition 
d’usage du modèle de la justification publique comme théorie critique. 

Louis Quéré. L’espace public comme lieu de l’action collective. 235‐265 
Qu’est‐ce qu’une action collective ? Peut‐on raisonnablement parler de « sujets collectifs » voire d’une « intentionnalité 
collective » ? Répondre à de telles questions exige d’abord, suggère cet article, de clarifier le statut sémantique tant de 
l’action que de ses sujets. Peut alors s’ouvrir un champ d’investigation original, celui de l’analyse de la structuration de 
l’action collective « publique » qu’il s’agit moins de rapporter à des causes externes (contraintes des structures 
objectives) ou à des causes internes (raisons d’agir des acteurs) qu’aux formes effectives de la réception des 
événements et la construction sociale des problèmes publics. 

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Mana : revue de sociologie et d'anthropologie

03 Approches sociologiques de l’intime


1997. « Approches sociologiques de l’intime». Mana : revue de sociologie et
d’anthropologie, n° 3. Caen : Université de Caen – Lasar.
Sous la direction de Didier Le Gall.
ISSN 12710377 - épuisé

Sommaire
Didier Le Gall. Préface : Sociologie, scopophilie et intimité. 9‐17 

Claire Bidart. Parler de l’intime : les relations de confidence. 19‐55 
La confidence est par définition un mode de communication privé, réservé, mais elle se révèle en même temps comme 
une pratique sociale. Fondé sur la révélation de soi à une personne élue, centrée sur les problèmes de couple, elle est 
autant une manière de dire les choses, un positionnement par rapport à autrui, qu’une délimitation de thèmes 
spécifiques. Les moments de crise et d’effervescence, qui bouleversent les rôles attendus, en sont le ferment principal. 
Les paroles concernant la sexualité se distinguent des confidences en matière affective en ce qu’elles sont plus rares, 
plus ponctuelles, plus positives, exprimées sur des tons variés incluant la plaisanterie qui permet de dédramatiser une 
parole difficile. Si l’on parle beaucoup de drames amoureux et de bonheurs sexuels aux prémisses des relations, par 
contre la conjugalité reste exclue du domaine de la confidence. La confidence avec une personne de l’autre sexe 
demeure ambivalente dans son rapport avec les jeux de séduction, mais là non plus le conjoint ne tient pas une grande 
place. La confidence est une relation sociale qui s’inscrit dans les « failles » des rôles sociaux et de leur cours tranquille. 

Odile Blin. Paroles d’amour, mots du cœur ou vues de l’esprit ? 57‐72 
Le modèle de l’amour romanesque, les difficultés de l’aveu personnel sont deux dimensions constitutives du sentiment 
amoureux qui, loin d’en contredire la réalité, doivent instruire la réflexion sociologique à son propos. Ce texte explicite 
quelles logiques sentimentales, individuelles, rationnelles, le thème séculaire de l’indicible de l’amour dévoile. Il relate 
les procédures méthodologiques grâce auxquelles la confidence sur la vie intime devient possible lors de l’enquête 
sociologique. Il dénonce de ce fait une sociologie du soupçon qui, dans ce domaine, renonce à son objet avant même de 
l’avoir saisi parce qu’elle reprend à son compte les fausses oppositions entre amour et raison, réalité et fiction 
romanesque. 

Vincent Caradec. De l’amour à 60 ans. 73‐97 
Aime‐t‐on à 60 ans comme on a aimé à 20 ans ? À partir d’un corpus d’entretiens semi‐directifs réalisés auprès de 
personnes ayant constitué un (nouveau) couple à l’âge de la retraite, cet article analyse de quelle façon ces « jeunes » 
conjoints « âgés » codent leurs sentiments conjugaux actuels et les comparent à leurs sentiments passés. Mobilisant les 
catégories d’ « amour » et d’amitié », la majorité des personnes rencontrées marquent la différence entre les 
sentiments éprouvés aujourd’hui et ceux ressentis autrefois, mais soulignent, suivant les cas, la supériorité des uns ou 
des autres. D’autres conjoints insistent au contraire sur la continuité entre sentiments présents et passés. L’article 
cherche à montrer qu’à travers ces diverses manières de coder ses sentiments, ce sont des représentations des âges et 
de l’amour différentes qui s’expriment. 

Hélène Belleau. Le récit de l’album de photographies : regard sur l’intimité familiale ? 99‐
121 
Nous tenterons ici de démontrer la spécificité et la richesse des albums de photographies comme corpus d’analyse des 
éléments constitutifs de « l’intimité familiale ». La sociologie classique, particulièrement dans le domaine de la famille, 
ne semble pas avoir su tirer profit de ces matériaux comme source documentaire. Les résultats d’une analyse portant 
sur les albums de photographies de 16 familles de la région de Montréal seront présentés. L’étude de ces productions 
domestiques, dans leurs dimensions visuelles et narratives, nous conduit à définir l’intimité familiale comme un 
ensemble de référents, affectifs et/ou symboliques, qui lient les membres du groupe (et en excluent les étrangers) 
notamment par l’entremise d’une mémoire commune ou de la représentation d’un passé commun. 

Gérard Neyand. L’individu, la publicité et la différence des sexes. 123‐138 
Depuis la période de la réclame, où la personne publicitaire n’existait que comme support ayant valeur collective, se 
sont succédées plusieurs étapes du discours : au personnage identifié par les signes de son appartenance sexuelle, son 
âge et son statut social, s’est surajoutée l’image de l’individu appréhendé comme support de fantasme et siège d’un 
plaisir à forte connotation libidinale, puis enfin, l’appel à l’individualité dans ce qui fait sa propre différence aux autres 
et constitue la spécificité de sa personne, ce qui permet la forme rhétorique de « l’interpellation en sujet » dont de plus 

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en plus se met à user le discours publicitaire. Dorénavant, l’individu est identifié au fondement même de son intimité 
dans un rapport à lui‐même qui présente la caractéristique de procéder à une caricature positivée des rapports sociaux 
(notamment de sexe) dans lesquels il est pris. Pourtant, un aspect particulièrement inattendu de ce processus interpelle 
la conscience critique, celui qu’à son insu le discours marchand produit sans relâche : la montée d’un sujet individuel 
trouvant dans la forme publicitaire un matériau pour advenir à un surcroît ambigu de conscientisation. 

Charlotte Le Van. Les grossesses adolescentes : drame réel ou incongruité sociales ? 139‐
167 
À l’heure de la contraception banalisée et de l’allongement des études, la grossesse à l’adolescence apparaît comme un 
défi au temps socialement prescrit en matière de fécondité et suscite généralement inquiétude et incompréhension. De 
fait, nombre de publications tentent de quantifier ce phénomène et d’en cerner les déterminants et conséquences 
possibles. À travers l’analyse critique d’une littérature très médicalisée et normative, cet article propose d’autres pistes 
de réflexion sur les questions que suscite aujourd’hui la grossesse de l’adolescence. 

Corinne Piquot. La construction sociale de la parentalité dans les cas d’insémination 
artificielle avec donneur. 169‐196 
L’IAD permet aux couples dont le mari est stérile d’avoir un enfant. Ce dernier, fortement espéré et désiré, est l’objet de 
toute l’attention de ses parents et aussi de toutes leurs craintes. La peur du malheur et de l’inconnu, pendant la 
grossesse, prime sur tout autre sentiment. Dans ce contexte, la désignation du mari comme père de l’enfant passe par 
de nombreux gestes symboliques, orchestrés par la mère, avant, pendant et après l’accouchement. Le mari est donc 
tenu de s’impliquer dès la mise en route de ce parcours médicalisé ; parcours qui se vit et qui s’assume à deux. 
À partir de données recueillies auprès de dix‐neuf « mères IAD », ayant accepté le principe de l’interview, cet article 
analyse la construction sociale de la parentalité dans ces familles. L’IAD introduisant « frauduleusement » un tiers dans 
la conception, il paraissait pertinent de mettre à jour la démarche qui conduit les couples à solliciter l’aide de la 
médecine, et de voir comment s’opèrent l’attribution et la reconnaissance de la paternité ainsi que la gestion de la 
participation de ce donneur. 

Anne Pellissier. Être greffé : destruction ou réaménagement du lien entre identité 
personnelle et intégrité corporelle ? 197‐217 
Les personnes transplantées sont des malades incurables qui, suite à la défaillance d’un de leurs organes vitaux, ont 
subi une intervention chirurgicale consistant à la remplacer par celui, en bon état, d’une autre personne, décédée ou 
non. Bien qu’elle ne puisse toujours pas être considérée comme bénigne, cette opération a perdu le caractère 
exceptionnel dont elle était parée à ses débuts. Sa relative « banalisation », en lui permettant d’échapper au monopole 
du discours scientifique, l’a rendue visible comme pratique sociale. On peut désormais se demander si elle est 
caractéristique d’une chosification du corps humain, lequel deviendrait pur avoir, transformable au gré du sujet le 
« possédant » ou si elle ne suscite pas plutôt un réaménagement du lien, jamais rompu, entre identité personnelle et 
intégrité corporelle. Nous avons voulu répondre à cette question en essayant de dépasser l’opposition, maintenant 
canonique, entre thuriféraires et contempteurs de la techno‐science et en retournant au discours des personnes 
greffées sur leur expérience.  

Didier Le Gall. La première fois. L’entrée dans la sexualité adulte d’étudiants de 
sociologie. 219‐269 
Avec le mouvement dit de « libération sexuelle », puis l’avènement du sida, les travaux de sciences sociales ayant trait 
aux comportements sexuels se sont développés. Cependant, faute de pouvoir recourir à l’observation directe, le 
sociologue n’a d’autre choix que de recourir aux outils de recueil de données les plus classiques ; outils qui, s’ils 
permettent de recueillir des matériaux fort précieux pour l’analyse, n’en sont pas moins exempts de toute critique. 
Partant de ce constat, l’auteur prend ici l’option, afin d’éviter les biais liés à l’entretien d’enquête mais aussi parce qu’il 
s’intéresse plus particulièrement aux discours, de solliciter des récits écrits de pratiques. Une option qu’il a 
expérimentée en demandant à des étudiants inscrits en Licence de Sociologie à l’Université de Caen de raconter leur 
premier rapport sexuel. L’orientation dans laquelle se situe ce travail dès lors se formuler en ces termes : mettre en 
relief les conditions d’avènement et de réalisation du premier rapport sexuel de cette jeune population culturellement 
bien dotée, à partir de récits écrits, mais aussi et surtout, voir comment s’opère la « mise en mots » de cette expérience 
qui mène à la vie sexuelle adulte. 

Franck Dubost. Cybersexe : l’union des amants désunis. 271‐285 
En matière de frasques sexuelles, on pouvait penser que l’imagination humaine avait épuisé toutes ses ressources. 
C’était sans compter les nouvelles technologies de la communication. Après l’amour courtois, la libération sexuelle, voici 
donc venu le sexe virtuel ou « cybersexe ». Effet de mode et de médiatisation ou pratique de masse pour les années 
SIDA, quoi qu’il en soit, le phénomène, non seulement nourrit toutes sortes de fantasmes, mais il permet aussi d’illustrer 
ce qu’advient le lien social quand celui‐ci se décline de plus en plus en relation de réseaux enchevêtrés et fluides. À 
partir de se constat, quelques questions relatives à la nature ambiguë des amants branchés se posent : qui est qui ? Car 

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ne parle‐t‐on pas de clones, d’hybrides ? Quelle est la nature du désir et la place de la séduction dans l’univers sur‐
informé de l’ordinateur érotisé ? Triomphe du principe de plaisir ou défaite du fait de faire l’amour ici et maintenant ? 
Attirance ou dissuasion sexuelle ? Quand ce que le plus propre de l’homme (le désir) devient un simple artifice 
technique, programmé et récréatif, on est en droit de s’interroger sur ce que nous sommes et devenons. C’est sur les 
charmes et les menaces du cybersexe que l’auteur porte une réflexion, mi amusée mi songeuse, mais jamais 
indifférente. 
 

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Mana : revue de sociologie et d'anthropologie

04 Vulnérabilité et technosciences
1998. « Vulnérabilité et technosciences ». Mana : revue de sociologie et d’anthropologie,
n° 4. Caen : Université de Caen – Lasar.
Sous la direction de Frédérick Lemarchand.
ISSN 12710377

Sommaire
Frédérick Lemarchand. Introduction : du risque à la vulnérabilité. 7‐13   

Hervé Touboul. Sur Marx et la technique. 15‐46 
L’œuvre de Marx, malgré le totalitarisme des régimes communistes et leur fin, n’a pas fini de nous interpeller, et 
notamment sur la question des techniques et de l’écologie. Revenir à cette œuvre, ce peut être reprendre les voies 
diverses qu’elle a pu dessiner, pour chercher celles qui peuvent être fructueuses pour comprendre le temps présent. Au 
moins trois chemins peuvent être indiqués comme suivis par Marx sur la question de la technique : celui qui en fait le 
principe finalement explicatif des sociétés, celui qui la conçoit comme un rapport social, celui aussi qui la pense comme 
le corps inorganique de l’homme et qui pose le plus nettement le problème de l’inscription de l’homme dans la nature, 
moment où politique et écologie peuvent se rejoindre jusqu’à se fondre. 

Laurent Bocéno. De Tchernobyl à la Hague : lorsque la mesure physique est confrontée 
au rapport social. 47‐65 
La prise en compte de la contamination radioactive ne peut se réduire à une lecture physique et matérielle du 
phénomène. Des études effectuées tant à Tchernobyl qu’à La Hague montrent l’intérêt qu’il y a à dépasser la seule 
expertise techniciste pour aborder la contamination comme un fait social total. 

Guillaume Grandazzi. La crise de la Hague : vers une démocratisation de la gestion des 
risques ? 67‐92 
Après la crise de la « vache folle », la crise de La Hague a propulsé les experts, une fois encore, sur le devant de la scène. 
Face à la prolifération des menaces et des risques diffus, la question se pose de savoir si les sociétés contemporaines 
seront à même d’inventer une culture de l’insécurité qui prenne en compte les intérêts de ceux, toujours plus nombreux, 
qui risquent de pâtir du développement des techno‐sciences. 

Michelle Dobré. La sensibilité de l’opinion publique française face aux problèmes 
d’environnement : une conscience écologique introuvable. 93‐107 
La « conscience écologique » des Français fait régulièrement l’objet de discours contradictoires. Suivant le niveau 
abordé pour définir et décrire cette conscience problématique, les Français peuvent apparaître sous des éclairages 
contrastés. Que ce décalage soit interprété comme une contradiction entre le dire et le faire, plutôt que comme une 
indication d’une souffrance sociale (qui ne s’exprime pas directement lorsque l’on parle d’environnement, mais qui fait 
partie de la vie quotidienne), est une manière de simplifier la perception de la société – qui ne fait qu’aggraver ce 
décalage, devenu le cauchemar des « décideurs » ‐ entre les institutions et la société civile. 

Arnaud Morange. Du risque routier à l’accident : réflexion sur l’apothéose de la 
dilapidation du temps, de l’espace et de l’énergie. 109‐137 
Objet individuel d’une mobilité prônée dans nos sociétés, produit des rêves technologiques et industriels du capitalisme, 
instrument de l’expression d’une toute puissance, l’automobile est l’emblème de l’accomplissement des sociétés 
occidentales modernes. Pourtant, elle fait aussi apparaître la vulnérabilité de ses possesseurs. L’utilisation risquée qu’en 
font certains conducteurs est révélatrice d’un dérèglement des rapports sociaux. L’automobilisme concentre une 
violence qui se manifeste dans une dilapidation furieuse des espaces, du temps, de l’énergie, et dont l’apothéose est 
parfois l’accident. 

Stéphane Valognes. Villes vulnérables. 139‐166 
Les espaces urbains sont une des figures majeures des vulnérabilités contemporaines. Insérées dans la compétition 
entre les territoires exacerbés par la « mondialisation/globalisation », les villes contemporaines sont au cœur des 
processus produisant tant de l’exclusion que de la richesse. On tentera au sein de ce court travail de mettre en 
connexion le mode de développement économique urbain dominant, les imaginaires urbains et le « champ sécuritaire ». 

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Franck Dubost. L’advenir du corps dans les sociétés technoscientifiques : l’utopie 
sanitaire ou le fantasme de la vie parfaite. 167‐197 
En rester à une conception de la technique comme simple « force productive » régie par une rationalité instrumentale, 
c’est occulter que désormais celle‐ci se présente comme une fin, une manière de penser et d’agir sur un monde dont elle 
prétend incarner le sens. Cette intimité entre technique et subjectivité ne va pas sans conséquence 
anthropologiquement : l’essence de l’homme telle que la métaphysique occidentale la concevait (le Sujet) est subvertie 
(d’aucuns diront qu’elle est radicalisée) par un principe qui tend à unir ce qui était pensé séparément : la nature/la 
société, la partie/le tout, l’homme/le cosmos, l’industrie/l’écologie, la pensée/la machine, etc… Une certaine forme 
d’humanité est ainsi revendiquée (« l’homme symbiotique », « le cybionte ») dans laquelle l’homme n’est plus qu’un 
élément certes actif mais résiduel d’un Tout pensé comme étant en danger et qu’une écosophie se doit de préserver. Ce 
discours, nous ne saurions l’envisager seulement à partir de lui‐même, comme si nous étions en présence d’un discours 
clos et irréel plutôt s’agit‐il d’appréhender ce qui au sein de nos sociétés fait écho à ce projet de bouturage entre science 
et société. Aussi établissons‐nous un rapprochement entre le traitement du corps dans nos sociétés sportivisées et la 
façon dont celui‐ci est abordé dans le récit technoscientifique, et qui nous autorise à conclure à la naissance d’une 
nouvelle forme d’utopie, « l’utopie de la santé parfaite » selon l’expression de Lucien Sfez, érigeant la pacification des 
mœurs, l’obsession du corps, de la mort en principe de gouvernement de soi. 

Frédérick Lemarchand. Vaches folles, hommes fous ? La crise de la vache folle, du 
biologique au social. 199‐214 
La nature, profondément modifie par l’homme, tend à devenir progressivement une menace pour celui‐ci. Les 
catastrophes écologiques de la fin de ce siècle, dont la crise de la vache folle pourrait constituer un idéal‐type, relèvent 
toutes d’une problématique de l’effondrement de l’ensemble des limites, naturelles (physiques, biologiques, 
géographiques) et culturelles (éthiques, économiques, politiques), qui ont constitué le cadre anthropologique à partir 
duquel se sont échafaudées toutes les cultures. Leur disparition engendre au sein des sociétés modernes, qui se 
pensaient à l’abri des dangers, un sentiment de vulnérabilité croissant chez des individus de plus en plus autonomisés et 
désocialisés, et face auquel il devient urgent de produire une pensée sociologique et anthropologique qui soit à la 
hauteur des problèmes que pose le développement des sociétés technoscientifiques, c’est‐à‐dire de leur caractère 
épidémique.  

Guillaume Marchand. L’Anti‐mémoire ou la modernité comme non‐lieu de la mémoire. 
215‐231 
Prolifération des musées, commémorations diverses, rétrospectives en tout genre, cette fin de siècle s’active à rendre 
les honneurs à son propre passé. Véritable travail d’anamnèse ? En apparence, certainement, mais peut‐être faut‐il y 
voir plutôt l’expression idéologique, politique des sociétés contemporaines à vouloir faire écran sur leur incapacité 
structurelle à créer du sens commun. Essentiellement techno‐scientifiques, ces sociétés auraient rompu définitivement 
avec les mémoires collectives, mémoires du « vivre ensemble », assises nécessaire dans la construction de ce monde 
commun. Sociétés du rationalisme scientifique, technique, elles entretiennent les individus, les groupes dans un 
sentiment de vulnérabilité, d’impuissance parce que sans garant quant à leur devenir. Ainsi, cette accroissement, cette 
accumulation des traces, ne chercherait en fait, qu’à masquer cette incapacité originelle, cette vulnérabilité essentielle, 
tentative de renouer avec la confiance de tous. Tentative illusoire, parce qu’incapable de proposer de véritables 
territoires de la mémoire. 

Yves Dupont. Le productivisme comme fondement et comme moteur du processus 
catastrophique. 233‐256 
L’interaction des sphères économique et technoscientifique sape par son développement même les bases du système 
social que l’État‐Providence avait édifié après la seconde guerre mondiale. La fascination pour l’innovation, 
l’artificialisation et la mobilisation des scientifiques et des entrepreneurs créés ainsi de hauts risques politiques, 
écologiques et sociaux. Et tandis qu’un nombre croissant d’individus déracinés sont condamnés à la survie, à l’aigreur et 
au ressentiment, d’autres s’emploient à dessiner les contours d’un monde qui pourrait être moins inhumain.

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Mana : revue de sociologie et d'anthropologie

05 Prisons : entre oubli et réformes


1998. « Prisons : entre oubli et réformes». Mana : revue de sociologie et d’anthropologie,
n° 5. Caen : Université de Caen – Lasar.
Sous la direction de Jean-Pierre Coiffey, Martine Déotte, Anne Golse et Béatrice Lecestre-
Rollier
ISSN 12710377

Sommaire
Jean-Pierre Coiffey, Martine Déotte, Anne Golse et Béatrice Lecestre-Rollier. Avant‐
propos. 7‐13 

D. G.. À quoi sert la prison – Risque et vulnérabilité.  15‐23 
D’un bout à l’autre d’une peine, le témoignage d’un parcours qui fait ressortir combien chaque étape peut être vécue 
différemment selon le lieu de détention, la faute et la peine, les capacités d’adaptation et les ressources de chacun. 
Les études, les formations, les contacts extérieurs. La confrontation in situ avec les autres détenus, les intervenants en 
détention, ainsi que les concepts de fonctionnement propres à chaque établissement qui conditionnent tout ou partie de 
la peine … et de la vie. D’une prison l’autre ? … Combien la demande est forte aussi, pour se projeter au‐delà de ce 
quotidien artificiel, fabriqué et entretenu de l’intérieur pour l’intérieur. Pour ne plus seulement y entrer et en sortir par 
la même porte sans qu’il soit proposé d’autres issues. 

J.‐P. F.. Que peut‐on attendre aujourd’hui de la prison ? 25‐28 
La prison existe pratiquement depuis l’origine des premières sociétés humaines. Répressive au début, à la suite de 
l’évolution des mentalités, elle est considère désormais comme un lieu de resocialisation et de réinsertion. Qu’en est‐il 
dans la réalité ? 
La prison garde – et doit garder – un rôle de sanction, nécessaire pour permettre de réaffirmer la loi, de punir les 
transgressions, et de protéger la société de la dangerosité de certains. Mais elle doit aussi permettre l’évolution du 
détenu et se limiter à un temps qui n’aboutisse pas – par une durée excessive – à le déstructurer, mais au contraire à lui 
offrir la possibilité de se reconstruire, de se prendre en charge, et, à travers une démarche incitative, de faire lui‐même 
le choix d’une thérapie destinée à lui permettre de réacquérir le sens des valeurs qui lui manquait, afin que disparaisse 
sa dangerosité et qu’il puisse réintégrer la société en en étant redevenu un élément à part entière.. 

P. H.. La prison : un mal nécessaire ? 29‐38 
En s’appuyant sur l’évolution chronologique de l’institution carcérale moderne, née de la Révolution française, cet 
article tente de mettre en relief les difficultés rencontrées pour donner à la prison un rôle social, éducatif et 
économique. Il montre, entre autres, comment les idées exprimées au début du XIXe siècle par les réformateurs 
devaient guider le condamné pour préparer son retour dans la société. Idées généreuses et pragmatiques qui, hélas, 
n’ont pas trouvé le terrain fertile dont elles avaient besoin pour se développer. Dépendante des événements sociaux et 
politiques du monde extérieur, la prison est, en effet, rapidement devenue un purgatoire plutôt qu’un lieu où l’on 
éduque les égarés de la société par l’étude et le travail et le respect de l’individu. Malgré l’espoir d’une amélioration 
naissante, beaucoup de progrès restent encore à faire dans les esprits pour aboutir à un changement en profondeur... 

Jean Letanoux. À quoi servent les prisons ? Gestion des risques et/ou traitement de la 
vulnérabilité. 39‐47 
L’Administration pénitentiaire est une administration publique dont les deux missions – sécurité publique et réinsertion 
sociale – souvent s’opposent. Si d’un côté, un grand moyen est réaffirmé, l’individualisation de la peine, et si des efforts 
sont faits pour rapprocher l’homme détenu du citoyen – droit à la santé, formation professionnelle, accès à la société de 
consommation et aux médias, de l’autre on assiste depuis quelques années à un renforcement de l’arsenal répressif et à 
un alourdissement de la peine. Ainsi, par son aspect contradictoire, cette dualité – sécurité, réinsertion – qui a pour 
mission de réassurer, génère le contraire de l’effet recherché. On se retrouve alors face à un paradoxe : en même temps 
que s’effectue une meilleure préparation à la sortie, l’exclusion spatiale est prolongée. D’où une surpopulation carcérale 
endémique. 

16
Anne‐Marie Morice. À quoi servent les prisons ? Le point de vue d’un juge de 
l’application des peines. 49‐58 
La création de la fonction de Juge de l’application des peines est le résultat d’un long processus de prise de conscience 
de la nécessité d’individualiser la peine pour favoriser le reclassement des détenus. Le rôle du Juge de l’application des 
peines est important : c’est lui qui décide des réductions de peine, permissions de sortir, libération conditionnelle, 
placement extérieur… Il a également un rôle de contrôle extérieur de la prison. Cependant son statut est hybride : ses 
décisions ne sont pas soumises aux voies de recours propres aux décisions juridictionnelles. En cela, il n’y a pas de 
limites à l’arbitraire possible du Juge de l’application des peines, et ses décisions qui comportent un risque, sont mal 
comprises par l’opinion publique car celle‐ci y voit une simple mesure de clémence dans un climat où les peines 
prononcées sont de plus en plus sévères et les prisons de plus en plus encombrées. Seule la création d’un Tribunal de 
l’application des peines permettrait de sortir de cette impasse.  

Laurent Kies. Le dernier rempart. La mise en place du dispositif de santé mentale en 
prison et ses enjeux. 59‐85 
Dans le cadre de cet article, nous nous proposons de revenir sur les grandes étapes qui ont jalonné l’élaboration, en 
France, du dispositif de santé mentale en prison, en insistant sur ses conditions de possibilité et les difficultés qui ont dû 
être surmontées pour le concrétiser. Nous avançons par ailleurs plusieurs éléments d’explication à la présence d’un 
nombre croissant de détenus souffrant de troubles mentaux graves dans les établissements pénitentiaires. Cet examen 
nous amène à formuler un certain nombre d’hypothèses quant aux enjeux sous‐jacents à cette situation sans précédent 
dans notre pays. Se trouve alors placée au cœur de la réflexion, la gestion sociale d’un type particulier de déviants, dont 
les délinquants souffrant de troubles mentaux avérés au moment de la commission des faits incriminés, ne constituent 
que des représentants parmi d’autres (au titre desquels on peut citer les alcooliques chroniques, les consommateurs de 
produits illicites ou encore les mineurs). 

Philippe Plichart et Anne Golse. Psychiatrie en prison, une clinique aux limites. 87‐104 
L’effet paradoxal de l’ouverture de la psychiatrie, c’est qu’elle a dû se transporter à l’intérieur d’autres murs, ceux de la 
prison, pour y retrouver, au nom d’une autre raison, judiciaire cette fois‐ci, d’autres reclus, dont on lui assure qu’ils sont 
aussi des siens. Dans ce déplacement, la clinique psychiatrique est toujours en danger de se perdre si elle ne reconnaît 
pas que ses conditions d’exercice y sont limitées par une série de contraintes structurelles. D’une part, le savoir 
psychiatrique ne saurait valoir à lui seul comme unique modèle de compréhension de l’homme en société. D’autre part, 
elle retrouve à travers la carcéralité sa vieille question, celle de la chronicité. Enfin, elle doit éviter de confondre la 
réalité sociale et judiciaire de la peine, de la réalité psychique de la culpabilité. La reconnaissance de ces limites 
l’empêche de se concevoir comme une technique convoquée par souci d’améliorer les choses. 

Corinne Rostaing. La non‐mixité de l’institution carcérale. À partir des prisons de 
femmes. 105‐125 
Cet article analyse les conséquences objectives et subjectives de la séparation des détenus selon le sexe, à partir d’une 
étude qualitative dans trois prisons de femmes. Même si les textes officiels ne font pas référence à un traitement 
différencié pour les femmes et les hommes incarcérés, des disparités de traitement sont perceptibles. Certaines 
différences sont liées aux représentations sexuelles, d’autres sont dues à un effet de structure étant donné le faible 
nombre de femmes incarcérées. Cet univers unisexué rend la vie carcérale encore plus artificielle et limite les marges de 
manœuvre des détenues pour maintenir leur identité, toujours menacée en prison. Les détenues cherchent à rétablir 
une image plus positive d’elles, à « être des femmes comme les autres ». L’instauration de la mixité des personnels, 
amorcée avec la présence croissante d’hommes parmi les membres de la direction, le personnel médical, social ou 
enseignant, permet de donner à nouveau à ces femmes une image d’être sexuée.  

Antoinette Chauvenet. Le double language et la prison. 127‐144 
La rupture observée entre le discours privé des surveillants de prison sur les détenus et la prison d’un côté, et l’image 
publique négative et stéréotypée de ce métier de l’autre, n’est que le miroir du clivage, ou de la contradiction 
constitutive de la loi carcérale. La situation de travail des surveillants, étroitement encadrée par cette loi engendre 
moins une sous‐culture surveillante sui generis qu’un processus de déculturation dont une des manifestations est une 
dichotomie dans le discours des surveillants dans son expression privée et son expression publique. 

Philippe Combessie. Pourquoi se demande‐t‐on encore à quoi servent les prisons ? 145‐164 
Si l’on se demande encore « à quoi servent les prisons », c’est peut‐être parce qu’on les connaît mal. Si on les connaît 
mal, c’est peut‐être parce que ceux qui pourraient le mieux les connaître, ceux qui en sont les plus proches, ont 
tendance à en rester éloignés. On remarque ainsi que les bénévoles se recrutent mieux plus loin de la prison, que les 
agents économiques du voisinage immédiat d’une prison sont souvent dissuadés d’en devenir les partenaires, que les 
élus locaux manifestent en général leur désintérêt pour une prison, ou s’y intéressent juste pour éviter qu’elle déborde 
sur leur territoire en marge de la cité. Cela permet des projections d’images détachées de la réalité. Et, finalement, cela 
entretient la méconnaissance. 

17
Martine Déotte. Fleury‐Mérogis, le centre de jeunes détenus ou « l’impossible prison ». 
165‐174 
L’auteur, professeur de Lettres Modernes et maître de conférences de sociologie à l’université de Caen, a enseigné 
pendant deux ans à temps plein, la maison d’arrêt de Fleury‐Mérogis. Il s’agit là d’un témoignage des nombreuses 
semaines passées avec les détenus. L’expérience la plus marquante a été sans nul doute la découverte du Centre de 
Jeunes Détenus (C.J.D.) où l’on ne peut qu’être frappé par l’extrême violence. Si la prison punit, elle doit aussi permettre 
à ces très jeunes gens la réinsertion ; qu’en est‐il exactement ? 

Anne‐Marie Marchetti. Usage de la photographie « privée » et représentation du temps 
en milieu carcéral. 175‐198 
La prise et l’échange de photographies « privées » impliquant des pratiques particulières en détention, leur observation 
est un révélateur des rapports qu’entretiennent les détenu(e)s avec leur vécu temporel. Mais c’est d’abord à la 
représentation que l’institution accepte de donner d’elle‐même – lieu d’ouverture et de rapprochement familial 
notamment – que renvoient les photos qui y sont prises avec son aval. Côté détenus, la prise et l’archivage de ces traces 
iconiques témoignent de leur désir d’occulter la carcéralité et de se reconstituer une biographie surtout constituée 
d’éléments extérieurs éventuellement empruntés à des alter egos. 

Brigitte Holznecht. Imaginaires d’insertion. 199‐219 
Si la réussite d’un parcours d’insertion peut s’évaluer au travers de critères objectifs, socialement reconnaissables, ceux‐
ci sont insuffisants pour appréhender, sans sa spécificité, l’insertion des personnes détenues. Car si la réinsertion 
renvoie à la question du sens du social, on observe dans les entretiens effectués auprès de ce public, que l’imaginaire y 
occupe une place considérable. Il peut ainsi y avoir représentation du social alors même qu’il y a défaut de 
représentation du réel. C’est pourquoi, on voit que tout projet d’insertion, s’articulant sur la nécessaire adaptation du 
sujet à la réalité et à lui‐même doit, pour aboutir, prendre en compte la reprise d’un processus de création d’identité et 
de cohérence. 

Danielle Rancière. Brève histoire du groupe d’information sur les prisons (G.I.P.) 1971‐
1972. 221‐226 
L’objet de ce texte est de décrire à travers l’histoire du G.I.P., mouvement créé par Michel Foucault, ce qu’a pu être au 
lendemain de 1968 un mouvement d’intervention démocratique sur les prisons en France. 

Notes de lecture. 227‐241 

18
 

19
Mana : revue de sociologie et d'anthropologie

06 Les sciences humaines en médecine, la médecine


dans les sciences humaines
1999. « Les sciences humaines en médecine, la médecine dans les sciences humaines ».
Mana : revue de sociologie et d’anthropologie, n° 6. Caen : Université de Caen – Lasar.
Sous la direction de Camille Tarot.
ISSN 12710377 épuisé

Sommaire
Camille Tarot. Ni sciences, ni humaines ? 7‐32 
Qui sont donc ces sciences humaines et sociales dont l’introduction en PCEM1 divise ou révèle la division des 
enseignants des facultés de médecine, des étudiants – comme déjà des élèves et des cadres des instituts de soins 
infirmiers – et en partie de l’opinion ? D’un côté les « scientistes » n’en voient pas l’utilité, parce qu’elles ne sont pas 
« scientifiques ». De l’autre, les « humanistes » en attendent une réhumanisation de la médecine qui remettrait au 
centre le patient et la relation médecin/soignant‐malade. Mais ne sont‐elles pas déjà assez scientifiques pour être aussi 
inhumaines que les autres ? Ces deux vues ne se trompent‐elles pas sur la nature de ces sciences, leur influence et leur 
évolution qui divisent tout autant ceux qui les pratiquent ? Personne peut donc déjà prévoir tous les effets à terme de 
cette réforme discutée, mais importante, et dont l’enjeu, en tout état de cause, déborde de beaucoup des problèmes de 
sélection des étudiants. 

III. Les sciences humaines en médecine. 

Marie‐José Imbault‐Huart. Sciences humaines en médecine : mythe ou réalité ? 35‐57 
La réforme qui introduit les sciences humaines en médecine s’insère dans un contexte social (technicisation de la 
société, utopie du risque zéro), scientifique et médical (rapidité des progrès, triomphe de la biomédecine, recherches en 
neurosciences, perspectives d’une nouvelle médecine du comportement gérant le risque de la vie et de la mort) et 
universitaire (les caractères spécifiques des études de médecine, spécialement des deux premières années). Ce contexte 
ainsi que l’histoire intellectuelle de la médecine française et celle de son cadre institutionnel (le rôle central des CHU) 
rend compte de certaines résistances de beaucoup de responsables médicaux face à cette nécessaire réforme des 
études. Pour devenir féconde dans la formation et contribuer à terme aux réorientations des pratiques et des modes de 
pensée, la réforme exigera une ferme volonté des pouvoirs politiques, ainsi qu’une réflexion favorable au changement, 
mais née de l’intérieur du monde médical. 

Dominique Bourgeon. Le module de sciences humaines en PCEM1 : réalités parisiennes. 
59‐78 
L’enquête menée dans les onze facultés de médecine rattachées aux grands centres universitaires parisiens montre les 
choix et les non‐choix des enseignants vis‐à‐vis des recommandations des textes : qui va enseigner quoi ? Les faits 
locaux autorisent l’hypothèse que les modules de sciences humaines ont été introduits dans une approche utilitariste, 
visant d’abord à les instrumentaliser par rapport au savoir médical institué. Non seulement il ne s’agit pas de remettre 
en cause le modèle « scientifique », mais il faut compléter le savoir médical, entre autre raison, pour éviter le risque que 
les sciences humaines n’offrent l’occasion de menacer l’autocontrôle de la profession. Mais la situation dominante dans 
la région parisienne ne préjuge pas d’autres choix ailleurs. 

Isabelle Zokene. Réception et attentes des étudiants de PCEM1 de Caen. Une enquête. 
79‐103 
Qu’en pensent les étudiants ? L’enquête a été menée en deux fois, auprès des étudiants de Caen, au début et à la fin de 
l’année scolaire. Elle voulait savoir comment, en sortant du secondaire ou en redoublant, ils se représentaient les 
sciences humaines et comment ils recevaient cette réforme. Au terme de l’année scolaire, elle voulait savoir comment 
ils jugeaient l’enseignement proposé, les contenus et les modalités de préparation. Sauf quelques réactions de rejet, ces 
disciplines sont perçues comme une promesse : elles favoriseraient une humanisation de la médecine. Mais elles 
suscitent aussi des réserves. Les étudiants leur reprochent leur caractère subjectif et l’insuffisante proximité des thèmes 
étudiés avec la médecine. 

Jean‐Paul Rogues & Daniel Legoupil. De la rhétorique en médecine ? 105‐130 
Malgré son image courante plutôt négative, la rhétorique est un moyen d’analyse positif et rationnel des faits de 

20
langue. C’est une discipline de formation intellectuelle qui donne des outils pour découvrir la pensée, entrer dans les 
difficultés du langage, interpréter les textes. Il ne s’agit pas d’enseigner l’éloquence, mais d’apprendre aux étudiants à 
décrypter la pensée et le travail du désir qui s’engagent et se manifestent dans des arguments et des figures, dans le 
but de les amener à dépasser les représentations idéologiques et la doxa. 

Laurent Bocéno. Sciences humaines et soins infirmiers. 131‐145 
L’infirmièr(e) est omniprésent(e) dans le dispositif sanitaire de notre pays. L’évolution historique de son rôle l’a amené à 
se détacher du spirituel pour se rapprocher des corps et des pathologies. Pour les enseignants cadres‐infirmiers, les 
progrès liés au développement des techniques scientifiques modernes provoquent, chez les futurs soignants, un 
déplacement conceptuel de la démarche de soins. Ainsi, l’intérêt des futurs soignants se concentre sur le versant 
technique de la pratique soignante au détriment de la relation à humain qui, dès lors, n’apparaîtrait plus que comme 
simple porteur de pathologie. Face à cette évolution qui inquiète les enseignants, les sciences sont interpellées pour 
pallier à une déshumanisation trop importante du système de soins. 

Didier Houzel. Y a‐t‐il des universaux non biologiques ? (à propos de l’enseignement des 
sciences humaines en première année des études médicales). 147‐151 
L’enjeu principal de l’introduction des sciences humaines dans l’enseignement médical paraît être d’introduire un autre 
point de vue sur les faits que la médecine et les médecins ont à connaître, en décentrant le regard de l’approche 
biologique, sans céder en rien, pour autant, sur la rigueur et sur les exigences méthodologiques. Appréhender l’homme 
souffrant d’une manière holistique plutôt qu’analytique, le situer au sein des structures sociales, économiques, 
psychologiques auxquelles il appartient, analyser les codes qui servent à exprimer aussi bien l’attente du public que le 
discours des spécialistes, au premier chef desquels le langage, etc. tels peuvent être parmi d’autres, les objectifs que se 
donnent les sciences humaines en médecine. 

IV. La médecine dans les sciences humaines ? 

Fabrice Liégard. Guérir la vie ? Les sciences humaines au risque de la médecine. 155‐188 
L’idée d’une complémentation entre Sciences humaines et Médecine est illusoire. Cette illusion sur fonde sur l’ignorance 
que la médecine est devenue une science autonome dans sa méthode et son objet. L’avancée continuelle vers toujours 
plus de rigueur scientifique rend compte de ses extraordinaires performances. Mais ce progrès comporte son envers. Le 
malaise dans la médecine ne serait‐il pas ainsi l’effet du procès de scientifisation ? On montrera que médecins et 
patients sont effectivement aux prises avec ce qu’exclut la rationalité médicale. Cette perspective n’assigne‐t‐elle pas 
alors aux sciences humaines la valeur d’un symptôme qu’il convient de ne pas vouloir réduire ? 

Xavier Le Coutour. Le métier de médecin au risque des mutations sociales. 189‐197 
L’activité médicale concentre de plus en plus les effets de mutations sociales rapides et nombreuses. Il est donc 
primordial, pour préserver l’originalité humaniste de la médecine, que soient analysées les influences extérieures, 
politiques, économiques, juridiques ou encore éthiques qui touchent son exercice. 
Ainsi doit‐on discuter les missions et les références de l’activité médicale, l’exploration des situations limites entourant 
la naissance et la mort, ou encore les mutations du langage et de l’information médicale. Il est également essentiel de 
mesurer les contraintes économiques et juridiques pesant sur la décision médicale, le poids de l’industrialisation de la 
médecine et la crise de la responsabilité médicale.  

Dominique Beynier. Un intérêt bien compris : la collaboration scientifique des chercheurs 
médecins et sociologues. 197‐214 

Catherine Herbert. Épidémiologie et sciences humaines : l’exemple du dépistage des 
cancers. 215‐248 
L’échec relatif des pratiques et techniques médicales observés dans certaines pathologies, la spécialisation et la 
technicisation grandissante de la profession médicale, la visibilité des causes de maladies issue des données de 
l’épidémiologie, l’accroissement de la responsabilité individuelle dans la genèse des maladies entraînent une analyse du 
comportement de la profession médicale et du patient‐citoyen face à la prévention. Dans le cas du dépistage du cancer 
colorectal, auquel la France s’est rapidement intéressée, la population participante n’est pas représentative de la 
population générale et la participation moindre que dans les pays étrangers. Mais deux études réalisées par des 
sociologues montrent quelles sont les attentes de la population en ce domaine et les impacts de notre système de soins 
sur l’organisation de ces programmes et sur la participation de la population. Sans ces études sociologiques sur la 
perception par les citoyens du dépistage des cancers et sur l’insertion de cette nouvelle pratique dans un système de 
soins purement libéral, les pouvoirs publics baseraient leur décision sur les données inadéquates, faute de prendre en 
compte les interactions entre individuel et collectif. La création d’équipes réunissant des sociologues, des 
épidémiologistes et des médecins cliniciens permettrait de mener des travaux sociologiques approfondis pour répondre 
aux besoins exprimés par les acteurs et les citoyens concernés. 

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Philippe Plichart. Psychiatrie : médecine ou science humaine/sociale ? 249‐259 
La psychiatrie, dès son origine, au cœur même du modèle médical qu’elle faisait sien, et dans sa pratique, entretenait 
déjà des liens étroits mais invisibles et tacites avec les pratiques sociales. Ces liens sont par la suite devenus de plus en 
plus visibles et de nos jours elle se voit assigner de nouvelles missions d’aide à l’adaptation et de recomposition du lien 
social. L’objet premier du modèle médical, la maladie mentale, est perdu sans qu’un objet fixe et clair l’ait remplacé. 
Immergée dans une pratique sociale incessante, la psychiatrie cherche de plus en plus souvent une lumière du côté des 
sciences humaines. Mais tout se passe comme si celles‐ci ne pouvaient lui donner un conseil expert, car elle serait elle‐
même en quelque sorte devenue, à son insu, une science humaine et sociale. 

Anne Golse & Philippe Plichart. La psychiatrie est‐elle morte ? 261‐271 
La remise en cause de la psychiatrie asilaire après guerre a amorcé un important mouvement de transformation. La 
réinsertion des malades mentaux en « milieu ordinaire » s’est accompagnée d’un élargissement des pratiques 
psychiatriques vers quantité de maux de plus en plus diffus et d’une infiltration de tous les lieux organisateurs des 
relations sociales qui se passaient autrefois d’une telle approche. La psychiatrie en vient à retisser le lien social toujours 
en péril au nom de la souffrance théorisée en question de santé mentale. Mais dès lors, en continuité avec ses origines, 
ce qu’elle faisait autrefois en enfermant, ne le fait‐elles pas désormais dans une étonnante ubiquité extérieure : opérer 
un contrôle social. De sorte qu’on peut s’interroger sur le point suivant : opérer un contrôle social. De sorte qu’on peut 
s’interroger sur le point suivant : l’asile pourrait bien perdurer après la destruction de ses murs, mais dehors, pour tous, 
au nom de la santé. 

Sylvain Pasquier. Les sciences naturelles sont‐elles des sciences humaines ? Le cas de la 
sociobiologie. 273‐289 
La sociobiologie et la polémique qui a suivi son acte de fondation en 1975 semblent illustrer, une fois de plus, la 
difficulté du dialogue entre sciences de la nature et sciences humaines. Cette institution d’une discipline nouvelle, dont 
l’une des conséquences est de réinscrire la vie sociale, et notamment la vie sociale humaine, dans le cours d’une 
évolution biologique, sont porteurs d’une dérive idéologique dont il convient de préciser les termes à l’encontre de la 
sociobiologie elle‐même, mais aussi à l’encontre des sciences humaines qui veulent s’en défendre. En effet, cette dérive 
et la réaction qu’elle a suscitée manifestent également les tensions et une crise dans les représentations 
contemporaines de la nature. Prises dans une telle situation, les sciences de la nature et les sciences humaines doivent 
assumer les implications de discours qui touchent nécessairement à une conception de l’homme, afin que les idéologies 
ne s’accaparent pas cette question. 

Anne Golse. Vers une médecine de la santé. 291‐328 
Dans un affranchissement de la maladie, la médecine se veut dorénavant savoir total sur l’homme et quitte le corps 
pour demander au social et au psychologique de rendre compte du biologique. Dans une construction positive de la 
santé, le projet est d’adapter l’homme à son environnement et de prévenir les maladies‐risques qu’encourt la 
population. Mais ce nouveau mode de production du réel entraîne une réorganisation des pouvoirs. En effet, au nom de 
cette santé populationnelle, si le système de soins est prié de se transformer, l’individu est convoqué afin de produire 
cette santé collective, dont il est désormais inséparable et infiniment responsable. La médecine de la santé est ce 
gouvernement de la santé qui s’instaure à double niveau : incitation de l’individu à s’auto‐fabriquer, régulation externe 
par le système de soins pour ceux qui y dérogent.

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Mana : revue de sociologie et d'anthropologie

07 France / Brésil : politiques de la question sociale


1996. « France / Brésil : politiques de la question sociale ». Mana : revue de sociologie et
d’anthropologie, n° 7. Caen : Presses Universitaires de Caen.
Sous la direction de : Daniel Cefaï, Philippe Chanial, Cibele Saliba Rizek, Vera Da Silva
Telles.
ISSN 12710377

Sommaire
Daniel Cefaï, Philippe Chanial, Cibele Saliba Rizek, Vera Da Silva Telles. Avant‐propos. 
9‐23 

V. Les destins contrariés de la citoyenneté sociale 

Maria Celia Paoli. Institution et destination des droits sociaux au Brésil. 27‐43 
Problématisant l’histoire de la protection sociale au Brésil, cet article rappelle que l’accès à la citoyenneté sociale ne s’y 
est pas opéré dans un cadre républicain mais, paradoxalement, au sein d’une dictature civile, celle dirigée par G. 
Vargas. C’est sur le modèle corporatiste de la législation fasciste que, d’une façon bureaucratique, clientéliste et 
hautement sélective, ont été institutionnalisés à partir des années trente les droits que le mouvement ouvrier 
revendiquait depuis le début du siècle. L’article souligne combien cette tradition affaiblit encore aujourd’hui la 
revendication des droits sociaux, notamment face aux menaces de leur destitution dans le contexte de la mondialisation 
de l’économie. Comme si, par la répétition continue de mécanismes comparables, la citoyenneté sociale devait, au 
Brésil, constituer un objectif inatteignable. 

Philippe Chanial. Solidaires ou citoyens ? Jean‐Jaurès et les équivoques de la propriété 
sociale. 45‐69 
La notion de propriété sociale est aujourd’hui associée à la singularité du modèle français de protection sociale. 
Emblème de la « synthèse républicaine », elle sut offrir aux non‐propriétaires, sans subvertir ni le marché ni la propriété 
privée, un moyen d’accès à la sécurité personnelle notamment par l’assurance sociale. Néanmoins si cette notion s’est 
trouvée réduite à un impératif de solidarité sociale, cet article montre comment chez Jaurès la propriété sociale 
constituait non seulement une propriété commune mais aussi une propriété civique. À travers elle, se dessinait l’horizon 
d’une démocratie et d’une citoyenneté sociale où la socialisation des moyens de production, des services collectifs et 
des protections était indissociable d’une socialisation des pouvoirs. Bref une politique de la question sociale. 

VI. Conflits sociaux dans l’espace public : néo‐libéralisme, corporatisme et 
république 

Cibele Saliba Rizek. Brésil / mai 1995 : la grève des agents du secteur pétrolier et la 
négation des valeurs publiques au Brésil. 73‐89 
Cet article se propose de reconstruire certaines des significations de la première grève menée par les ouvriers de 
l’entreprise publique pétrochimique – Petrobrás – en mai et juin 1995, au début du Gouvernement de Fernando 
Henrique Cardoso. Il montre que cette grève annonce tout autant un processus de rétrécissement des arènes publiques 
de la négociation que de mise en cause de la légitimité des conflits. Les formes suivant lesquelles le Gouvernement a 
affronté ce mouvement ont constitué une véritable opération, sans précédents au Brésil, de démantèlement du secteur 
productif public. La défaite des grévistes souligne la perte croissante de légitimité d’anciens droits, assimilés 
progressivement à la défense de privilèges, d’intérêts privés menaçant le « bien commun ». Celui‐ci semble désormais 
confondu avec la stabilisation de la monnaie et le marché s’impose comme l’unique lieu légitime de régulation et de 
modernisation. 

Daniel Cefaï. France / Décembre 1995 : radiographie d’un débat public. 91‐107 
Les événements de décembre 1995 en France sont l’occasion de mettre à l’épreuve une perspective dramaturgique et 
rhétorique. Les diatribes contre les décisions économiques des élites technocratiques nourries d’idéologie néo‐libérale et 
les mises en garde contre le repli nationaliste, corporatiste et populiste de syndicats et de partis démagogiques, le 
bonheur d’une réémergence des classes populaires après la prophétie de leur disparition et le refus d’une mythologie 
ouvriériste et révolutionnariste directement héritée du communisme et du gauchisme, sont traitées comme les 

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symptômes d’une crise de légitimité politique. Des raisons conjoncturelles relevant de l’art de gouverner sont 
examinées, ainsi que des mécanismes de blocage des dispositifs de représentation, de médiation et de négociation et 
des phénomènes d’hostilité entre réseaux, familles et clubs de pensée politique. Reste que par‐delà les versions de la 
« république libérale » et de la « république sociale » qui se sont déployées dans les discours médiatiques, l’idiome du 
pacte républicain est incontournable dans la configuration des débats publics en France. 

VII. Droit au logement et action collective 

Ana Amélia Da Silva. Reconnaissance d’un problème public, conquête d’un droit social ? 
Le mouvement des « sans‐toit » dans les villes brésiliennes. 111‐129 
Cet article s’attache à étudier les trajectoires sociales, politiques et historiques par lesquelles les mouvements 
populaires brésiliens luttent pour les droits à la citoyenneté, et plus particulièrement pour le droit au logement et à la 
ville. Il souligne la nature des enjeux auxquels doivent faire face aujourd’hui les mouvements sociaux au regard d’une 
situation non seulement d’aggravation des exclusions sociales mais aussi d’érosion des droits et met l’accent sur les 
processus de construction (et de déconstruction) des espaces publics par lesquels ces mouvements tentent de donner 
une expression publique à la revendication de droits civils, sociaux, politiques et culturels. 

Bénédicte Havard‐Duclos : Action militante et question sociale : le mouvement « Droit au 
logement » en France dans les années quatre‐vingt‐dix. 131‐148 
L’association « Droit au logement » peut être présentée à l’aide du paradigme de la mobilisation des ressources, 
aujourd’hui dominant en sociologie de l’action collective et des mouvements sociaux. On peut alors comprendre cette 
association comme une entreprise de mobilisation qui tente, en s’appuyant sur une tradition de militantisme offensif, 
de transformer une question sociale (les problèmes de mal logement) en cause digne d’intérêt. Le travail des militants 
consiste alors à s’appuyer sur une base sociale, à construire des revendications et à trouver des interlocuteurs pour que 
ces revendications aboutissent. La pertinence de ce paradigme s’avère toutefois insuffisante dès qu’il s’agit de rendre 
compte des effets de la mobilisation et de la publicisation de la question sociale visée ou encore des relations qui se 
nouent entre les adhérents mal‐logés et/ou militants au sein de l’association. En deçà et au‐delà de la construction 
politique de la cause, les modifications en retour des acteurs engagés dans l’action comme de l’opinion publique, 
débordent largement la logique de la stricte mobilisation. 

VIII. Tiers secteur : retour de la philanthropie ou nouvelle citoyenneté ?  

Vera Da Silva Telles. La société civile entre citoyenneté et philanthropie. 151‐163 
À l’initiative de la société civile, de ses associations et de ses organisations, s’est construit, depuis le début des années 
quatre‐vingt au Brésil, un horizon d’alternatives démocratiques. Il a ouvert à des possibilités de redéfinition des 
relations entre État, économie et société, fondées sur les droits et catégories universelles de la citoyenneté. Cet horizon 
est aujourd’hui mis en cause par l’imposition d’un projet conservateur qui met en question les droits conquis et les 
espaces politiques construits ces dernières années. Une entrée possible dans le travail d’explicitation de ces questions 
est celle des transformations des figures de la pauvreté. De la figuration d’un problème public, mettant en scène la 
question des droits, de la justice et de l’égalité, donc du bien vivre ensemble, cet article suggère que nous serions passés 
à un évidement du contenu politique de la question sociale dans l’espace public. Celle‐ci se résoudrait, d’une part, dans 
l’administration technique des « besoins sociaux » et, d’autre part, dans l’aide humanitaire prodiguée par les 
institutions par les institutions philanthropiques. 

Bernard Eme & Jean‐Louis Laville : Pour une approche pluraliste du tiers secteur. 165‐183 
Cet article a pour projet de fonder une conception du tiers secteur qui ne le réduise pas à une sphère supplétive et 
compartimentée des économies marchandes et non marchandes. Il défend une explicitation des rapports entre 
économie et société dans une perspective d’économie plurielle. Dans cette perspective, le tiers secteur peut alors 
apparaître comme une forme originale d’articulation entre les différents pôles de l’économie propre à engendrer de 
nouvelles dynamiques qui contribuent à la fois à la production d’appartenance sociale, à la création de statuts par des 
emplois et à l’expression de demandes sociales par l’institution d’espaces publics de proximité. Le projet réciprocitaire, 
au cœur de l’économie solidaire, permet ainsi de rendre la démocratie plus vivante dès lors que ces expériences sont 
l’émanation d’acteurs de la société civile qui prennent la parole et s’organisent autour des problèmes concrets qu’ils 
rencontrent.  

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IX. Expérience et organisation du travail : les enjeux de la flexibilité 

Leonardo Gomes Melle E Silva : Du public et du privé dans les entreprises brésiliennes 
des années quatre‐vingt‐dix. 187‐201 
Ce texte porte sur les expériences d’organisation en groupes de travail dans la filière chimique et pharmaceutique de 
São Paolo. Il montre que ces expériences, inspirées du « modèle japonais », développent des formes de sociabilité 
privée, attachée à l’entreprise, qui contribuent au rétrécissement de l’espace public. Il analyse, en contraste, une autre 
expérience, celle des chambres sectorielles qui ont tenté de promouvoir des espaces de négociation dépassant le cadre 
restreint des entreprises. Cette confrontation souligne ainsi la tension qui traverse les relations entre capital et travail 
au Brésil. Alors que les acteurs collectifs essaient de mener la négociation vers la scène publique, les nouvelles méthodes 
d’organisation du travail s’engagent dans une voie contraire, soulignant l’irréductibilité de chaque entreprise, donc 
n’autorisant que des formes de légitimations locales. 

Michel Lallement : Les paradigmes de la flexibilité en France : des régulations aux 
« mondes vécus ». 203‐220 
Sous le feu conjoint des nouvelles stratégies des entreprises, de la modernisation du service public et des inflexions des 
politiques publiques, c’est aujourd’hui l’ensemble du monde salarial qui est soumis à l’onde de choc de la flexibilité. Cet 
article étudie cette « révolution silencieuse » en brossant tout d’abord un tableau général de la flexibilité du travail en 
France. Puis, en s’appuyant sur une enquête réalisée dans un hôpital public parisien, il montre à travers l’exemple du 
travail de nuit combien la flexibilité ne touche pas seulement le cœur même des activités productives mais tout autant 
les « mondes vécus » des agents sociaux. Qu’elle bouleverse le travail ou le hors‐travail, la flexibilité constitue un fait 
social majeur, engageant l’ensemble des pratiques et des représentations qui constituent la trame du mode de vie de 
chacun. 

X. Varia 

Annick Delorme : Précarité et innovation sociale dans la société du risque. Le mode de vie 
des communautaires en Grande‐Bretagne et en Belgique. 223‐236 
L’objet de cet article est de proposer une approche « active » et « sujectivante » de la précarité en période de modernité 
réflexive. À travers l’étude d’expériences de vies communautaires en Grande‐Bretagne et en Belgique, il montre que la 
fragilité économique ou relationnelle peut donner lieu à la formation de modes de vie où le rapport à l’argent, au temps 
et au travail n’est plus central dans l’organisation quotidienne. Elle contribue à la mise en place de nouvelles activités 
qui favorisent la reconnaissance sociale des individus. Ce mode d’insertion ne conduit pas systématiquement au monde 
conventionnel du travail, car il repose sur d’autres valeurs : convivialité, activité sans but lucratif. Il permet ainsi 
d’interroger les transformations qui affectent la construction du lien social et les principales instances de socialisation, 
tels la famille et le travail. 

Frédéric Cauvet : Structures et pratiques de l’échange dans le RMI : la légitimité du 
dissident 237‐253 
Comment envisager la position d’un allocataire du RMI sous l’angle de l’échange qui le lie à la collectivité ? La logique 
contractuelle qui caractérise le dispositif devrait permettre de considérer cet échange, subsides contre projet, comme 
quasi équivalent. En s’appuyant sur une enquête empirique auprès d’allocataires du RMI, cet article montre que rien ne 
permet de conclure à cette équivalence, fut‐elle relative, pour autant que les allocataires s’en tiennent au contrat. Au 
contraire, seuls ceux qui, face à la violence symbolique du don, se détournent d’une logique strictement contractuelle 
(notamment par le bénévolat) ne sont pas « écrasés » par la dette. La question qui se pose est alors celle, générale, de 
la possibilité même d’un échange entre l’individu et l’État. Ce n’est qu’en examinant les modalités de l’échange, gratuité 
contre utilité, que nous pourrons comprendre pourquoi la liberté de donner prime sur l’équivalence pour légitimer un 
allocataire. Et conclure sur l’opportunité d’un revenu de citoyenneté.  

Axel T. Paul : Don et économie monétaire. 255‐266 
Dans son « Essai sur le don », Mauss prétend avoir non seulement expliqué les formes et les pratiques de l’échange non 
économique, mais aussi démontré que cette logique est au fondement de nos sociétés de marché ou plutôt de 
l’économie monétaire. En fait, contrairement à ce que Mauss suggère, le don et l’argent symbolisent ou fonctionnent 
comme deux mécanismes mutuellement exclusifs comme le montre particulièrement la comparaison entre le potlatch 
et le crédit. Alors qu’il est évident et même nécessaire que le don circule toujours dans de grandes parties de la société 
moderne, l’économie monétaire incarne un royaume qui s’est constitué indépendamment de lui. 

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Mana : revue de sociologie et d'anthropologie

08 Drogues : nouveaux regards, nouveaux défis


2001. « Drogues : nouveaux regards, nouveaux défis». Mana : revue de sociologie et
d’anthropologie, n° 8. Caen : Presses universitaires de Caen.
Sous la direction de Claude Faugeron, Xavier Le Coutour et Dominique Beynier.
ISSN 12710377
ISBN 2-84133-120-2

Sommaire
Claude Faugeron, Xavier Le Coutour, Dominique Beynier. Avant‐propos. 9‐11 

Claude Got. La politique publique en matière de toxicomanies. 13‐17 
À partir de son expérience ancienne en matière de prévention de l’alcoolisme, l’auteur apporte un regard critique sur la 
vie souvent irrégulière des politiques passées vis‐à‐vis des grands fléaux.  
À l’opposé des dogmatismes et des luttes de pouvoir, il souligne l’importance de l’individu, dans toute sa variété, dans 
l’élaboration et la mise en œuvre de ces politiques. 
Cette dimension rend parfaitement compte de la difficulté, voire des ambiguïtés rencontrées par les responsables 
politiques qui doivent impérativement l’associer aux exigences des programmes et des logiques institutionnelles. 

Claude Pérez‐Diaz. Alcool, accident et délinquance. 19‐41 
L’alcool est présumé jouer un rôle dans des comportements violents réprimés par le Code pénal. Des recherches tentent 
d’établir l’existence d’un lien entre l’alcool et la délinquance, de le mesurer puis d’en identifier la nature. Les définitions 
des termes de cette relation ont évolué dans le temps et ne font toujours pas l’unanimité. Il s’agit souvent d’infractions 
involontaires en matière de conduite routière où la consommation est mesurée lors de la constatation. En ce cas bien 
connu, l’alcool altère les aptitudes sensorielles, cognitives et motrices ; il intervient dans les processus de décision en 
favorisant des prises de risques. D’autres infractions, généralement considérées comme volontaires, sont des agressions 
de natures et d’intensités diverses contre les personnes et les biens. La mesure des quantités ingérées est rare, car 
l’auteur n’est pas souvent pris sur le fait. Le rôle attribuable à l’alcool est alors controversé, mais peu contesté. En 
laboratoire, il favorise l’agressivité de certains individus en certaines circonstances, sans que cela soit systématique. Des 
recherches portant sur la délinquance identifient les cooccurrences avec des consommations excessives et/ou 
habituelles sans démontrer de façon probante l’existence d’un lien causal. 

Arnaud Morange. Socio‐anthropologie de la conduite sous l’emprise d’un état alcoolique. 
43‐65 
La prévention et la répression de la conduite de véhicules en état d’ébriété montrent en France et leurs limites. Nous 
choisissons d’aborder ce fait social d’un point de vu socio‐anthropologique, c’est‐à‐dire en resituant l’auteur de 
l’infraction dans un processus historique, social et culturel. À partir d’une analyse de contenu d’entretiens réalisés 
auprès de conducteurs infractionnistes, nous mettons en évidence des récurrences et de formes de déni que nous 
analysons à la lumière de l’environnement social immédiat de l’interviewé mais aussi de l’imaginaire social historique 
dan lequel il se situe. L’exemple de cette enquête qualitative montre aussi la pertinence et la nécessité de nouvelles 
approches du risque rouir dans la perspective de sa prévention. 

Jean‐Paul Rogues. Ivresses poétiques. 67‐81 
L’ivresse dont on trouve les traces depuis l’Antiquité dans la littérature a été la source d’inspiration de nombreux 
poètes. Des libations grecques à l’érotisme de la déchéance, en passant par les réflexions de Kant sur la boisson qui 
délie la langue, on peut dresser un tableau des ivresses ; de l’ivresse solitaire et taciturne à l’ivresse joyeusement 
partagée par les convives du banquet. Deux questions viennent alors à l’esprit. Y aurait‐il identité entre l’ivresse 
alcoolique et l’ivresse poétique ? Est‐ce le désir d’une fusion ou celui d’un échange et d’un partage qui conduit à 
l’ivresse ? Dans les deux cas, se révèle ce que Baudelaire appelle « l’accès au sublime » ‐ sorte d’état narcotique où 
l’intelligence est subjuguée et où « la vie désire rester vierge d’esprit » dit également Cioran. Il est sans doute un point 
de rencontre des deux ivresses qu’illustre bien Rabelais pour qui le vin a le pouvoir d’emplir l’âme de tout savoir et de 
toute vérité mais aussi celui « d’élever le cœur par enthousiasme bachique » . 

Alain Delest, Guillaume Marguerie. Just do it ! Quand le manque vient à manquer. 83‐96 
L’adolescence, concept historiquement daté, invite psychanalystes et sociologues au dialogue. Les quelques réflexions 
présentées ici s’articulent autour de la création et de l’expérimentation d’une structure d’accueil pour adolescents 

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délinquants. Il s’agit de poser un questionnement à partir des formes de délinquance qui affectent notre modernité 
contemporaine marquée par les implicites du discours de la science. 
L’évolution des technosciences fait reculer les frontières du possible. Derrière une société constituée de la coexistence 
de désirs, ordonnée par une autorité, un énonciateur, un père, se profile un monde de jouissance maternelle. 
Ce passage d’Œdipe à Narcisse explique que la dépression, l’anorexie‐boulimie, la toxicomanie, le suicide et le concept 
d’état limite de façon plus générale, deviennent l’expression privilégiée du malaise contemporain et va donner un autre 
sens à la délinquance des adolescents. 
Les quelques réflexions que nous présentons ici s’articulent autour de la création et de l’expérimentation d’une structure 
d’accueil pour de jeunes délinquants dans le secteur habilité : le lieu Freia. Il s’agit avant tout d’un lieu où ces jeunes 
gens peuvent rencontrer des adultes capables d’accepter la confrontation, appui indispensable à leur difficile 
acceptation du temps qui passe, un espace de médiation où l’écoute et la parole trouvent leur adresse, où des mots 
posés sur des actes s’énoncent afin de s’inscrire dans l’histoire singulière de ces sujets, leur permettant ainsi une 
possible échappée à la tyrannie de la mise en acte. C’est de ce lieu que nous autorisons à poser un questionnement à 
partir des formes de délinquance qui affectent notre modernité contemporaine. IL est important de préciser que cet 
article ne vise pas à proposer un quelconque syncrétisme entre la sociologie et la psychanalyse, mais qu’il est à lire 
comme un dialogue entre nos deux champs respectifs.  

François Piednoir. Circulaire relative aux réponses judiciaires aux toxicomanies (17 juin 
1999). 97‐99 
L’auteur précise les principales mesures contenues dans cette circulaire, et souligne leur pragmatisme, privilégiant une 
vision moins répressive et plus orientée vers la Santé publique. 

Claude Faugeron. La législation française sur les stupéfiants. 101‐103 
Par l’étude historique de la législation française sur les stupéfiants, et la comparaison avec les autres législations 
européennes, l’auteur met en évidence les difficultés d’une législation de compromis, toujours fondée sur la loi de 1970 
réprimant l’usage et le trafic de stupéfiants. 

Laurent Bocéno, Charlotte Le Van, Stéphane Valognes. Les étudiants et la loi Évin : une 
application en pointillés. 105‐129 
Depuis janvier 1991, la loi Évin a renforcé les dispositions relatives à la « lutte contre les comportements dangereux liés 
à la consommation de tabac et d’alcool ». Elle interdit notamment de fumer dans les lieux affectés à un usage collectif 
ou encore réglemente la promotion des boissons alcoolisées. Quels sont les modes d’application, mais aussi 
d’applicabilité, de la loi Évin dans les milieux universitaires ? 
Telle est la question que cet article propose de traiter. Une question dont les éléments de réponse reposent sur une 
enquête de terrain mobilisant quatre approches : la passation d’un questionnaire, l’observation, l’analyse de documents 
et la réalisation d’entretiens semi‐directifs. 
Après une présentation des consommations estudiantines en matière de tabac et d’alcool, les auteurs mettent en 
lumière les stratégies de contournement de la loi à travers nombre d’événements tels que trophée sportif, mouvement 
étudiant, « pot d’accueil », ou encore de rituels spécifiques à la sociabilité des bars et cafés, tels l’Happy‐Hour, le 
Beaujolais nouveau, la Saint‐Patrick, etc. Autant de pratiques dont il importe d’analyser les modes de construction 
sociale et de légitimation pour appréhender des comportements à risque largement déterminés par l’immersion dans 
des formes de socialité particulières.. 

Dominique Beynier, Charlotte Le Van, Anne Pellissier. Étudiants et conduites addictives : 
caractéristiques et facteurs explicatifs. 131‐146 
Quelles sont les caractéristiques et les causes des conduites addictives chez les entrants à l’université de Caen ? Telle est 
succinctement la question que cet article se propose de traiter. Une question dont les éléments de réponse proviennent 
d’une enquête quantitative reposant sur la passation en avril‐mai 1999 de 250 questionnaires auprès d’un échantillon 
représentatif des étudiants inscrits en 1ère année. 
Les auteurs procèdent tout d’abord à une évaluation quantitative des conduites addictives et comparent leurs résultats 
à ceux obtenus lors d’enquêtes menées en France et en Basse‐Normandie. Recherchant ensuite les facteurs explicatifs 
de l’assuétude, ils sont amenés à relativiser l’importance des déterminants psychologiques : en effet, si les étudiants 
ayant une propension à l’addiction entretiennent souvent des relations conflictuelles avec leur mère, ils ne se sentent 
pas plus « seuls » que leurs condisciples abstinents, et ont même tendance à avoir un réseau affectivement investi plus 
dense que ces derniers. En revanche, la nature des investissements sociaux, comme, par exemple, le degré d’intégration 
dans la vie étudiante ou la visée professionnelle (ou non) des études sont primordiaux pour comprendre la dynamique 
de ces conduites. Au terme de cet article, les auteurs invitent à enrichir l’analyse de l’addiction d’une problématique 
sociologique et à l’envisager notamment comme une réponse à des pressions sociales importantes.  

Élisabeth Jacob. Les Points écoute : outils de prévention de proximité. 147‐159 
Les Points écoute jeunes et/ou parents créés à partir de la circulaire du 10 avril 1997 ont pour objet de développer une 
« prévention des toxicomanies et de la marginalisation ». Un des enjeux majeurs des Points écoute relève de leur 

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capacité à toucher des jeunes distants des dispositifs classiques et à construire des relations susceptibles de servir de 
support à l’engagement d’actions préventives. Plusieurs méthodes ont été développées à cet effet. L’implantation des 
locaux d’accueil constitue une première option qui va conduire les équipes à développer des stratégies diverses pour 
trouver leur public. Ceux qui se sont implantés au cœur des quartiers dits « sensibles » intègrent souvent des personnes 
socialement et culturellement proches de leur public, développent un travail de rue ou dans les espaces du quotidien où 
s’engagent des actions d’inspiration communautaire. Ceux qui ont choisi une implantation centrale travaillent 
davantage à rendre lisible un axe spécifique d’intervention et développent sur cette base un travail avec les partenaires 
locaux susceptibles de leur adresser des personnes. À partir de ces modalités de contacts, les intervenants ont 
développé des méthodes pour établir des relations sur la durée et construire une « emprise préventive ». Ils veillent à 
assouplir les conditions d’accueil et à abaisser les seuils d’accès, ils articulent les interventions de nature collective et 
individuelle, enfin, certains cherchent à ce que les personnes puissent s’impliquer et s’approprier la structure en 
participant à son fonctionnement. Quelles que soient les options développées, la nature même du travail et la 
personnalisation des relations portent toujours le risque que les modalités de travail ne se figent et ne se replient, 
perdant du même coup ce qui faisait leur richesse et leur intérêt. 

Marie Jauffret. La réduction des risques : enjeux autour d’une mobilisation collective. 
161‐188 
Limiter La Casse est un collectif interassociatif qui a regroupé les acteurs de la lutte contre le sida, « humanitaires, 
professionnels de la toxicomanie et usagers de drogues luttant tous pour une cause apparemment commune : 
promouvoir la « réduction des risques » chez les usagers de drogues. Derrière l’homogénéité affichée du collectif, il nous 
paraît important de mettre en évidence la diversité des parcours et des motivations liées à l’engagement des agents 
ainsi que la multiplicité des conceptions de la réduction des risques et les enjeux de positions entre militants.. 

Anaïs Hérin, Philippe Mirkovic. Le teknival du Val‐de‐May : 15 000 personnes, 2 jours de 
rave. 189‐194 
Le 1er mai 1999, près de 15 000 ravers se sont retrouvés au Val‐de‐May, aux environs de Caen, dans le Calvados, pour 
inaugurer la saison des « teknivals ». Rassemblant des ravers de toute la France et même au‐delà, le « teknival » a duré 
trois jours. Les autorités locales comme les habitants, en état d’alerte mais impuissants, ont dû gérer la crise et garantir 
la sécurité des participants. Regards d’un journaliste et d’une correspondante locale de presse présents sur les lieux 
pour relater l’événement. 

Céline Verchère. La perception du risque par les participants aux fêtes techno. 195‐208 
Les conclusions de cet article sont issues de travaux effectués dans le cadre de la Recherche‐Action de Médecins du 
Monde (septembre 1998‐avril 1999), à partir d’une démarche empirico‐inductive visant à s’interroger sur la dimension 
du risque telle qu’elle est perçue par les participants aux fêtes techno. 
Il apparaît que le risque est un élément constitutif des pratiques festives techno, un « mode d’être » qui scelle 
l’appartenance au groupe à partir de la notion de limites. Par rapport aux individus interrogés, nous avons identifié trois 
niveaux d’analyse : le risque par rapport à soi, le risque par rapport aux produits et le risque par rapport à 
l’environnement. 
Sont apparues alors trois catégories d’individus : 
‐ les individus qui ne perçoivent pas, occultent le ou les risques (sentiment d’invulnérabilité, prise de produits 
compulsive, indifférence au contexte) ; 
‐ les individus qui perçoivent mais n’identifient pas le ou les risques (sentiment de peur, prise de produits « sous 
contrôle », importance du contexte (se sentir bien et entouré) ; 
‐ les individus qui perçoivent et identifient le ou les risques (vigilance, choix dans les produits consommés, importance et 
prise en compte du contexte). 
Il est à noter que ces catégories sont interdépendantes, c’est‐à‐dire que chaque individu peut être amené à passer d’une 
catégorie à une autre en onction de son développement personnel et du contexte dans lequel il évolue. 
Ces catégories ont permis de mettre en exergue des éléments susceptibles de révéler l’organisation des logiques 
individuelles eu égard aux risques perçus. 
Dans cette perspective, il serait intéressant d’introduire plus encore la dimension individuelle dans les interventions de 
type réductions des risques afin de poser des principes d’intervention qui partent des significations que les individus 
mettent dans leur pratique, notamment dans leur rapport au risque. 

Christian Sueur, André Benezech. Consommation d’ecstasy, raves et réduction des 
risques. Problématiques et réponses. 209‐233 
Les sujets consommateurs de drogues synthétiques (ecstasy et autres nouvelles drogues de synthèse) sont de plus en 
plus nombreux en Europe. Ces usages de drogues sont évolutifs : ils se produisent non seulement dans les événements 
festifs techno, dans les discothèques, mais aussi, et de plus en plus souvent, dans des espaces privés. 
Il s’agit de sujets jeunes, dont potentiellement fragiles sur le plan psycho‐social, et parfois de sujets présentant des 
difficultés d’insertion socio‐affective et professionnelle ; il s’agit parfois de sujets qui sont franchement désinsérés, voire 
engagés dans des conduites déviantes massives. 

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Même en l’absence de données pharmacologiques cliniques clairement établies relatives à ces nouvelles drogues 
synthétiques, on peut penser que ces consommations exposent à de nombreux risques. 
Il s’agit tant de risques sanitaires (toxicologiques, physiologiques et psychologiques), que d’une surexposition aux 
maladies sexuellement transmissibles, au risque routier, au risque de marginalisation sociale. 
L’association Médecins du Monde, dans une optique sanitaire de réduction des risques liés à l’usage de ces nouvelles 
drogues de synthèse à essayé de mieux connaître ce phénomène dans sa complexité et de ses multiples aspects, au 
travers d’une recherche‐action multidisciplinaire, pharmaco‐psycho‐ethnographique, accompagnée sur le terrain de la 
mise en place de dispositifs de réduction des risques élaborés au vu des résultats de la recherche (veille sanitaire, 
information préventive, analyse des drogues consommées…). 

André Benezech, Christian Sueur. L’analyse des drogues : enjeux sanitaires et politiques. 
235‐257 
Le contrôle rapide des produits mis en place par Médecins du Monde lors de rave parties est destiné à limiter les risques 
liés à la consommation des produits de synthèse. 
Après en avoir décrit les modalités et précisé leur reconnaissance officielle à travers le projet SINTES, les auteurs 
interrogent les enjeux sociopolitiques de cette pratique, tant vis‐à‐vis des représentants de la loi que des usagers de 
drogues illicites. 

Frédéric Vandenberghe. Les implantations politiques de la techno et du MDMA. 259‐269 
Deux interprétations philosophiques de la scène techno sont possibles : la monadologie de Leibniz et la phénoménologie 
de l’intersubjectivité de Husserl. Analysant la contre‐culture anglaise qui s’est regroupée dans les années quatre‐vingt‐
dix autour de la scène techno dans une perspective empathique qui s’inspire de Husserl, l’auteur insiste sur les 
implications politiques potentielles des beats répétitifs et de l’usage récréatif des nouvelles drogues synthétiques. 
Prenant systématiquement le contre‐pied de l’analyse réifiante de la culture de masse de l’École de Francfort, il adopte 
la perspective de l’objectivation participante et essaie de démontrer, contre Adorno, que le phénomène des raves ne 
relève pas simplement de l’aliénation et de la manipulation commerciale, mais qu’elle esquisse des formes de sociabilité 
alternatives.  

Jakov Gilinskiy. Sida et toxicomanie : le cas russe. 271‐276 
En Russie, l’épidémie de SIDA a explosé dans les années 1990. D’abord due aux relations homo‐ et hétérosexuelles, ainsi 
qu’à des contaminations nosocomiales, elle s’est ensuite développée en même temps que les pratiques de toxicomanie 
par injection intraveineuse. En sont responsables : les mauvaises conditions socio‐économiques, le manque 
d’information et de formation des professionnels, des familles et des injecteurs, les pratiques d’injection collectives dans 
des lieux inappropriés. Les moteurs principaux de la lutte contre la contamination sont les organisations 
internationales. 

Notes de lecture. 277‐288 

31
 

32
Mana : revue de sociologie et d'anthropologie

09 Errances : entre aliénation et résistance


2001. « Errances : entre aliénation et résistance ». Mana : revue de sociologie et
d’anthropologie, n° 9. Caen : Presses universitaires de Caen.
Sous la direction de Stéphane Corbin et Frédérick Lemarchand.
ISSN 12710377
ISBN : 2-84133-173-3

Sommaire
Stéphane Corbin et Frédérick Lemarchand. Introduction . 9‐13 

XI. Errances de désaffiliation 

Louis Moreau de Bellaing. Vagabondage et errance SDF.  17‐32 
Peut‐on distinguer l’errance du vagabondage ? Cette première question en appelle une autre : peut‐on distinguer 
l’errance SDF ? Vagabonder, ce n’est pas seulement errer, sauf si l’on est libre de le faire. Le vagabondage, avons‐nous 
dit, peut se glisser comme liberté dans l’errance. La distinction vagabondage/errance est efficiente dans l’analyse de la 
pauvreté et de la misère, parce qu’elle aide à cerner le statut spatial des individus et des groupes. Tout à la fois elle dé‐
normalise l’absolu de la sédentarité et elle introduit de la différenciation là où l’analogie et la confusion transforment le 
citoyen libre en sédentaire. Le citoyen libre, ni pauvre, ni SDF, peut être sédentaire, mais il peut aussi, et c’est une part 
de sa liberté, être citoyen nomade, vagabond, errant. À partir de la question du vagabondage, notamment dans sa 
dimension historique, sera posé le problème actuel des SDF et de leur identification dans l’errance, et dans leur statut 
de bouc émissaire.. 

Christophe Bisson. Espace de l’atelier, mouvement de l’œuvre. 33‐37 
L’auteur entend établir un état des lieux de son espace de travail, état des lieux qui prendra peu à peu l’apparence d’un 
portrait intérieur. Peintre et philosophe, C. Bisson, pendant longtemps, n’a pas eu d’espace propre à la peinture et a dû 
travailler dans des lieux improvisés et ne pouvait peindre que dans l’étroit cadre de l’ici et du maintenant. Comprenant 
peu à peu qu’il manquait à son travail une dimension essentielle, l’élaboration dans la durée, il lui est apparu avec 
évidence que n’ayant pas de lieu propre, sa peinture pouvait difficilement s’inscrire dans le temps. Dialectisant le 
mouvement de l’œuvre et l’errance des handicapés que le peintre accueille aujourd’hui dans son atelier, c’est 
finalement l’occasion pour lui de livrer une réflexion sur la question de l’habiter comme notre manière d’être au monde. 

Françoise Bouvier. Au‐delà du mythe du « peuple errant » : tsiganes, une étrange 
présence. 39‐65 
À ce point de notre modernité, où l’accélération de la circulation des marchandises et des hommes se présente comme 
vulgate, la volonté affirmée des « gens du voyage » de pouvoir continuer à vivre comme ils l’ont toujours fait – en 
circulant – se heurte paradoxalement à des discours et à des actes qui peuvent être violemment hostiles. Il s’agit, dans 
cet article, avec l’aide des auteurs de référence et la modeste expérience d’une participation aux préoccupations vitales 
de quelques‐uns de ces Voyageurs, de développer et donner corps à cette proposition ; d’interroger aussi la signification 
des formes prises par les relations entre la société sédentaire et ces mythiques « fils du vent ». 

XII. Figures de l’Errance 

Peter Szendy. Toucher l’autre (variations lisztiennes). 69‐81 
L’errance lisztienne est une sorte de version abrégée, ou accélérée, du nomadisme tsigane. Les voyages éclairs du 
concertiste sont aux déplacements des Bohémiens ce que ses rhapsodies sont à leur musique. Elles la résument, elles en 
exposent le recueil : Liszt s’est « assimilé cet art par le travail, en cherchant à réunir, à coordonner des fragments 
dispersés, à transplanter sur un terrain plus fertile cette plante luxuriante, en la naturalisant sur le sol de l’art 
commun ». À travers la métaphore de la plante et de la transplantation, c’est en effet un véritable désir de paternité qui 
s’écrit : Liszt tentera d’adopter un jeune tsigane de douze ans, pour en faire un virtuose d’art, à son image. Tentative 
vaine, puisque, après l’avoir confié à deux professeurs de violon successifs, Liszt se dit désespéré « d’en faire jamais un 
artiste réfléchi ». La « conquête pacifique » touche ici à sa limite... 
 

33
Franck‐Pascal Dubost Le Crest. Glenn Gould, entre extase et blancheur : pour une errance 
heureuse. 83‐101 
En mars 1964, à l’âge de 32 ans, le pianiste Glenn Gould, après avoir mené une brillante carrière de concertiste, décida 
de se retirer définitivement de la scène pour se consacrer exclusivement à l’enregistrement de disques ainsi qu’à la 
rédaction d’articles justifiant ses choix esthétiques. Or, si on achève d’écrire un livre, de peindre un tableau, on n’en a 
jamais fini dans l’interprétation. Gould voulait capter « la totalité immuable de l’existence », mais la structure 
transcendante en laquelle réside l’absolu de l’œuvre lui échappait toujours. Cette identité fuyante, n’est‐elle pas celle 
qui habite nos sociétés où les repères sociaux et symboliques fuient eux aussi ? Gould n’est‐il pas l’ornement baroque, 
magnifique et exemplaire d’un monde social en quête d’une chose que le consumérisme high‐tech, le CAC 40 ou encore 
l’exhibitionnisme de la marchandise humaine de notre prétendue « société de communication » ? L’appel à une 
humanité plus exigeante ? 

Laurent Plet. La flânerie, figure de l’errance et de la résistance, vaincue par le 
capitalisme, selon Walter Benjamin. 103‐129 
« Le flâneur est créé par Paris », écrit Walter Benjamin dans Paris, capitale du XIXe siècle. Outre l’intérêt que l’on peut 
porter au flâneur comme individu, il semble possible et nécessaire d’en déterminer la forme générale, le type que seule 
la grande ville moderne a rendu possible. Seule Paris, cette « capitale du XIXe siècle », semble réunir les conditions à la 
fois matérielles, sociales et culturelles d’une telle existence. Mais le flâneur habite les seuils qui le rendent suspect à 
l’ordre social régnant. Figure équivoque, le flâneur est une part d’ombre d’une société soucieuse d’ordre face au 
développement des masses. Suivant en cela Benjamin et refusant de s’arrêter à sa simple description, nous devons nous 
demander quel en est le contenu de vérité ? Si le flâneur hante la ville, consacre ses heures à l’errance, de quel savoir 
est‐il dépositaire, lui qui est à la fois visible et dissimulé dans la foule ? Ne préfigure‐t‐il pas cet être exproprié que 
deviendra l’exilé des temps de catastrophes du XXe siècle, dont l’existence se placerait, selon l’expression de Siegfried 
Kracauer, sous le signe de l’« exterritorialité » ? 

Hughes Labrusse. Errance Aberrance. 131‐141 
L’errance est fréquemment associée à l’erreur, dans le sens du falsum romain. Du coup, elle entre en opposition avec 
l’idéal de la vérité, avec l’homogénéité du présent, avec l’authenticité, tels que les philosophes n’ont de cesse de les 
affirmer. Or, il se pourrait que les effets d’errance, excédant toute origine, ouvrent des seuils de délimitations 
innombrables, irréductibles à la certitude, à l’illusion de tout fondement, aux métaphores de l’épanouissement, 
étrangères à toute téléologie de l’existence. Dès lors, l’errance exige, du cœur même de son impossibilité, au‐delà de la 
résistance et en deçà de l’aliénation, la reconsidération du politique et d’un avenir de l’humanité désormais aléatoire. 

Jean Chesneaux. L’errance, nous méritons mieux … Entretien avec Jean Chesneaux 
(propos recueillis par Frédérick Lemarchand). 143‐154 
Le voyage est un point de départ pour une réflexion sur l’errance, car il se situe nécessairement au point d’équilibre 
entre le sens, la finalité d’une part, et le nécessaire respect d’une marge d’incertitude, d’autre part. À l’opposé du trip 
postmoderne, le voyage suppose et produit la relation entre le moi et les autres, entre l’ici et l’ailleurs. Jean Chesneaux 
nous livre une réflexion générale sur l’époque actuelle, celle de l’oubli généralisé et de la fuite en avant. Ce sera 
l’occasion de faire retour sur le romantisme « à contre‐courant de la modernité ». Ce n’est pas « l’errance » qui nous 
évitera la médiocrité à laquelle nous voue la mobilisation générale, mais plutôt la conviction sartrienne que le présent, 
c’est la présence‐au‐monde, la présence‐aux‐autres. Ce présent‐là nourrit et le sens du passé et l’instinct de l’avenir…   

XIII. Errances de résistance 

Alain Brossat. La politique revisitée par les chiens. 157‐165 
Le paradoxe du jeu, monté par les philosophes cyniques aux marges de la cité athénienne, consistait à mettre en scène 
la vie nue et à opposer la nature à la loi, un tour d’inversion permettant de faire son miel de l’absence même de statut 
politique de l’étranger vivant à Athènes. Aujourd’hui inépuisable recours des sans‐pouvoir, des exclus/inclus, des mal‐
parlants qui n’ont que leur vie nue à exposer pour rappeler la démocratie à ses principes (un homme et un homme), la 
politique cynique a de beaux jours devant elle, pense Alain Brossat, car ce n’est pas demain que l’on sera de traiter les 
sans‐nom comme des chiens et que ceux‐ci s’appliqueront, en retour, à prendre au dépourvu les maîtres, « expédiant 
comme des traits les mots qui savent mordre la conscience d’autrui ». Dans les démocraties contemporaines 
caractérisées par l’exténuation de la politique par l’étatisme, la praxis cynique esquisse les contours non pas d’une 
alternative mais d’une hétérotopie pratique. 

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Frédérick Lemarchand. Les romantismes et l’exil de la modernité comme errance : aux 
origines d’un nouveau temps social. 167‐199 
L’auteur se propose, à partir d’une approche anthropologique de différents terrains, d’interpréter sociologiquement de 
nombreux phénomènes sociaux (néo‐ruralité, économie solidaire, commerce équitable, mouvements de paysans, de 
consommateurs, etc.) apparus sur les marges du temps dominant du productivisme et de l’accélération, comme étant 
l’expression d’un mouvement social. En tant qu’il constitue une forme de protestation radicalement anticapitaliste, ce 
mouvement d’exil de la modernité dévoyée est un romantisme, mais en tant qu’il tente d’interroger sur un mode non 
totalisant un passé non dépassé (à la fois traditionnel et moderne, en actualisant des formes d’échanges et de solidarité 
anciennes, une éthique de la responsabilité…), il constitue une errance positive dans la recherche d’une alternative à la 
catastrophe. 

Stéphane Corbin. Errance comme résistance à la mobilisation générale. 201‐223 
Résister à la massification ne constitue pas seulement une posture politique militante, mais une condition sine qua non 
à une approche socio‐anthropologique qui permette d’interroger tout à la fois les logiques sociales à l’œuvre, et 
l’humanité de l’homme. Dans cette perspective, il s’agira de procéder à une critique des théories devenues classiques de 
la foule qui, surinvestissant le dogme de la nature belliqueuse de l’homme, font l’impasse sur la dimension historique 
des rapports de domination susceptibles de rendre compte de ces processus de massification. 

35
 

36
Mana : revue de sociologie et d'anthropologie

10‐11 Critique de l’évolutionnisme – Actualité de Max


Weber – Sur Marcel Hénaff – Sociologie politique
2001. « Critique de l’évolutionnisme – Actualité de Max Weber – Sur Marcel Hénaff –
Sociologie politique». Mana : revue de sociologie et d’anthropologie, n° 10-11. Caen :
Presses universitaires de Caen.
ISSN 1271-0377
ISBN : 2-84133-198-9

Sommaire
Aldo Haesler. Introduction : « Que faire ? » : de la socioanthropologie. 9-15 

I. Critiques de l’évolutionnisme 

Joël Roucloux. Face à l’adaptationnisme : le « darwinisme social », Herbert Spencer et 
nous. 19‐38 
La « mauvaise nouvelle » a d’ores et déjà été proclamée : le « darwinisme social » et son apologie impitoyable de la 
lutte seraient de retour. Or, l’idéologue de référence supposé de cette doctrine, Herbert Spencer, prophétisait en réalité 
l’avènement d’un monde enfin purgé de sa dimension conflictuelle. Cet article vise à montrer que la notion à la fois 
idéologico‐politique et pseudo‐scientifique d’adaptation permet de comprendre ce paradoxe et ainsi de mieux penser la 
connivence de fait entre les pratiques implacables de sélection et la rhétorique des bons sentiments. 

Salvador Juan. Une opposition conceptuelle contraire à la socioanthropologie ? Brève 
socio‐archéaologie du clivage « primaire » / « secondaire ». 39‐66 
Charles H. Cooley est l’un des auteurs les plus représentatifs des commencements de la sociologie américaine, non pas 
du fait de la solidité de ses constructions théoriques mais, uniquement, en vertu du succès des notions de groupe 
primaire et secondaire. Cette courte étude tente de chercher les fondements de ces termes et montre l’influence 
sociologique considérable qu’ils ont eue, d’abord dans le champ de la sociologie américaine de l’entre‐deux‐guerres – 
l’école de Chicago ‐‐, puis dans différents autres textes. Cet article interprète l’usage de ces termes liés à la perspective 
individualiste de l’interactionnisme. En utilisant cette terminologie, les sociologues défendent toujours un point de vue 
nettement opposé à la perspective socio‐anthropologique des faits sociaux (de l’école française créée par Durkheim et 
Mauss) : les institutions sont définies comme forme sociale secondaire, succédant à (résultat, et par l’action) des 
groupes primaires.  

Philippe Chanial. Bref plaidoyer pour la sociologie de Charles H. Cooley : en réponse à 
Salvador Juan. 67‐92 
La sociologie de Charles H. Cooley (1864‐1927) est‐elle fondamentalement individualiste ? Relève‐t‐elle d’une démarche 
bio‐sociologique ? Dialoguant avec l’article précédent de Salvador Juan, ce texte vise à montrer que l’œuvre de Cooley, 
nourrie, comme toute la science sociale américaine naissante au début du siècle, à l’école du darwinisme et de 
l’évolutionnisme, est de celles qui, non seulement, ont permis progressivement à la sociologie américaine de sortir d’une 
biologisation du social alors dominante, mais aussi d’esquisser un paradigme alternatif à l’individualisme en mettant 
l’accent sur la détermination réciproque de l’individuel et du social. C’est dans cette perspective que cet article suggère 
de relire tant sa théorie des groupes primaires et sa conception de la démocratie que d’interpréter son rapport 
ambivalent à la question de l’eugénisme. 

II. Actualité de Max Weber 

Christian Papilloud. La société est‐elle possible ? Georg Simmel et Max Weber. 95‐116 
Max Weber et Georg Simmel développent trois théories susceptibles de leur fournir une approche adéquate de la 
complexité du quotidien, à savoir : la théorie du sens, la théorie du comprendre et la théorie des types. L’analyse 
comparée des relations entre ces trois théories montre que Weber et Simmel s’entendaient sur un programme commun 
en sociologie, devant déboucher sur l’élection de la relation humaine au rang d’objet par excellence du questionnement 
sociologique. À l’aide de cet appareil méthodologique, Weber et Simmel diagnostiquent une même tragédie du monde 
moderne, caractérisée par la réduction des possibilités de « faire relation » au quotidien. Or, si le tragique de Weber 

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reste optimiste, la tragédie de la culture mise en évidence par Simmel relativise fortement cet optimisme. En effet, 
Weber voit dans l’avènement de la bureaucratie moderne le symptôme d’un dysfonctionnement de nos relations 
humaines quotidiennes, qui garantit toutefois la possibilité de continuer à en favoriser les conditions de possibilité. Pour 
Simmel, au contraire, les dysfonctionnements de la modernité attestent d’une réduction irrémédiable de nos possibilités 
quotidiennes de faire relation. Weber situe l’enjeu de la théorie sociale dans l’étude du sens de la relation humaine, 
Simmel dans l’analyse du caractère relationnel de la relation humaine. 

Philippe Chanial. Max Weber et les antinomies de la raison juridique moderne : la 
Sociologie du droit comme sociologie des théories du droit. 117‐139 
Selon Max Weber, le droit moderne, tel qu’il résulte du processus de rationalisation, est marqué par une antinomie ou 
une tension constitutive entre le formalisme abstrait de la logique juridique d’une part, et le besoin de mettre en œuvre 
des postulats matériels (des intérêts, des valeurs) par voie juridique d’autre part. L’hypothèse suggérée dans cet article 
est que l’ensemble des théories juridiques (positivisme, jusnaturalisme, décisionnisme, réalisme et utilitarisme) qui 
animent la querelle moderne du droit peuvent être interprétées comme autant d’expressions de cette tension. Qu’elles 
prétendent la dépasser ou la déplacer, la dramatiser ou l’euphémiser, ces théories peuvent être reconstruites comme 
autant de réponses aux dilemmes dont Weber a montré qu’ils traversaient le droit moderne.  

III. Sur Marcel Hénaff. 

Camille Tarot. Âges et ruses du sacrifice : note sur Le Prix de la vérité de Marcel Hénaff. 
143‐160 
Cette recension ponctuelle du riche et important ouvrage de Marcel Hénaff, Le Prix de la vérité, se limite à la discussion 
de deux points relatifs à l’histoire et à l’ethnologie des religions : autant elle approuve l’effort de l’auteur pour penser 
l’histoire de la grâce chrétienne et les effets profonds de ses ruptures modernes avec les catégories du don, dont Mauss 
a commencé l’analyse, autant elle conteste que l’effort pour penser, voire déduire le sacrifice à partir du seul don, aussi 
cérémoniel qu’on voudra, et ainsi doter à bon compte le structuralisme de la théorie du sacrifice qui lui manque si 
gravement, puisse parvenir à expliquer le phénomène sacrificiel dans son origine, sa généralité, son histoire et ses 
euphémisations.  

Aldo Haesler. Ironies de l’échange : à partir d’une lecture du Prix de la vérité de Marcel 
Hénaff. 161‐177 
Que la circulation sociale des êtres humains, des choses et des messages se fasse selon deux logiques d’échange 
distinctes – une logique symbolique et une logique économique – ne prête plus aujourd’hui à débat. Ce qui y prête, en 
revanche, est le rapport entre ces deux logiques. Plutôt que d’y voir deux « suites parallèles », relativement 
imperméables l’une à l’autre, comme le fait Marcel Hénaff, l’article montre l’imbrication entre ces deux logiques et le 
plus grand pouvoir explicatif d’une hypothèse qui partirait d’un rapport de « phagocytage » de la logique symbolique 
par la logique économico‐marchande.  

IV. Sociologie politique 

Jürgen Habermas. Le concept de pouvoir chez Hannah Arendt. 181‐200 

Luc Réginensi. Une politisation paradoxale. 201‐221 
Cet article a pour objet une forme de politisation que nous avons rencontrée à l’occasion d’une enquête par entretiens 
auprès de catéchètes catholiques et protestants. Ces catéchètes associaient un intérêt pour le politique à un désintérêt 
pour la politique et le fonctionnement du champ politique. Nous démontrons que ce paradoxe est imputable à la forme 
particulière d’intérêt pour le politique dont nous pouvons constater l’existence chez les catéchètes de notre échantillon.  

V. Techno‐Socialité 

Patrick Hunout. Rencontres par l’Internet : dépérissement du lien social et communauté 
virtuelle. 225‐249 
Cet article fait le point sur l’essor des rencontres par l’Internet et les messageries téléphoniques. Après avoir analysé les 
spécificités de la communication par ce type de moyens, il tente à travers une enquête empirique d’évaluer l’efficacité 
de ces modes alternatifs de rencontre pour réellement créer du lien social. Il conclut que, plus nos sociétés détruisent le 
lien social, plus elles rendent nécessaire le recours à ce type de moyens alternatifs, mais que ce recours est 
tendanciellement moins efficace à mesure que le lien social est détruit.  

38
VI. Anthropologie 

Axel T. Paul. Le regard de l’ethnographe : petite épistémologie de la recherche sur le 
terrain. 253‐276 
La genèse de l’ethnographie exprime une crise de l’identité européenne. Mais elle reproduit aussi ce dont elle se plaint : 
sa conquête théorique du monde accompagne l’avancée victorieuse du capitalisme. Son médium est l’écriture, de 
même que celui de l’économie est l’argent. Elle s’est appropriée les peuples sans écriture ; mais ceux‐ci n’existent plus. 
Ce qui existe, c’est le savoir ethnographique. Tout de même, les ethnographes ne sont pas d’accord sur les méthodes qui 
rendent possible la compréhension de l’autre. Ainsi l’article analyse comment la théorie ethnographique, comment 
l’image que cette science se fait d’elle‐même se déplace de Malinowski à Lévi‐Strauss. Alors que le premier refoule la 
subjectivité de l’ethnographe, le dernier s’efforce d’en faire un instrument décisif. Entre eux, Griaule occupe une 
position intermédiaire : d’une part son œuvre témoigne de cette « rage de comprendre » qu’avait occultée Malinowski, 
d’autre part il radicalise l’initiation ethnographique, demandée par Lévi‐Strauss, à l’identification du chercheur avec son 
objet. En effet, Griaule comme Lévi‐Strauss poussent l’ethnographie jusqu’au seuil de la poésie.  

VII. Perspectives internationales 

Christian Papilloud. La sociologie en Allemagne : années 2000‐2001. 277‐283 

Mercedes Pardo. Sociologie et risque : nouveaux éclairages sur les facteurs sociaux et la 
participation publique. 285‐304 

VIII.  Recherches en cours 

Charlotte Le Van. Infidélité : changement d’époque, changement de mœurs. 307‐313 

Cécile Rol. L’héritage de la pensée politique de Georg Simmel : les orphelins d’Europe. 
315‐324 

Stéphane Valognes. Entre la trace et le projet : fragments d’un itinéraire de recherche. 
325‐336 

Notes de lecture. 337‐374 

Résumés. 375‐385 

39
 

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Mana : revue de sociologie et d'anthropologie

12‐13 Niklas Luhmann et la pensée systémique


2003. « Niklas Luhmann et la pensée systémique ». Mana : revue de sociologie et
d’anthropologie, n° 12-13. Caen : Presses universitaires de Caen.
ISSN 1271-0377
ISBN : 2-84133-225-x

Sommaire
Aldo Haesler. Introduction. 9-16 

Michalis Lianos. Deleuze, Foucault et le nouveau contrôle. 17‐38 

Jérôme Porée. Les limites de l’échange. 39‐64 

I. Niklas Luhmann et la pensée systémique : Dossier coordonné par Aldo 
Haesler et Christian Papilloud. 

Christian Papilloud. Niklas Luhmann, théoricien des systèmes sociaux. 67‐78 

Otthein Rammstedt. In memoriam Niklas Luhmann ; Préface d’Aldo Haesler. Le Petit 
Poucet et le Vaillant Petit Tailleur : en marge d’une controverse malheureuse. 79‐89 

Gorm Harste. Une théorie kangienne de la société du risque : Niklas Luhmann et la 
globalisation du système militaire. 91‐111 

Jean Clam. L’idée d’une théorie générale des sciences sociales. 113‐140 

Dirk Baecker. Niklas Luhmann dans la société de l’ordinateur. 141‐161 

Urs Stäheli. Écrire l’action : double contingence et normalisation. 163‐179 

Christian Papilloud. Contingence et communication : l’angle mort de la sociologie de 
Niklas Luhmann. 181‐214 

Florence Rudolf. Une sociologie de l’environnement sans contexte : Niklas Luhmann : une 
réception ambivalente. 215‐240 

Jean Clam. Passion sans terme ou travail de deuil : regard sociologique sur la 
psychothérapie et les dilemmes des choix de soi. 241‐278 

II. Notes critiques 

Camille Tarot. Nouvelle spiritualité et société : à propos d’un ouvrage de Frédéric Lenoir. 
281‐306 

Gérard Boudesseul. Autour de la politisation : subjectivisation et consentement, clôture 
et conversion : note sur 22 contributions coordonnées par J. Lagroye. 307‐326 

Salvador Juan. Note critique sur la littérature récente sur le risque disponible en français : 
nouveaux travaux et nouveaux discours sur le risque : proposition de typologie. 327‐351 

41
III.  Recherches en cours 

Anne Pellisier. Médecine, médicalisation et anticipation de la maladie. 355‐362 

Jean‐Yves Fontaine. Gendarmerie et démocratie : nature, bilan et évolution du 
mouvement social en gendarmerie. 363‐374 

IV. Varia 

Denis Duclos et Hélène Y. Meynaud. Sur la lecture de l’avenir dans l’eau de la source de 
Saint Georges‐Balsamitis, île d’Amorgos (Cyclades). 377‐386 

Notes de lecture. 387‐437 

Résumés anglais. 439‐443 

42
 

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Mana : revue de sociologie et d'anthropologie

14‐15 Frontières et limites : avons‐nous dépassé les


bornes ?
2007. « Frontières et limites : avons-nous dépassé les bornes ? ». Mana : revue de
sociologie et d’anthropologie, n° 14-15. Paris : L’Harmattan.
Sous la direction de Stéphane Corbin & Catherine Herbert
ISBN : 978-2-296-03462-4
EAN : 9782296034624

Sommaire
Jean Duvignaud. In memoriam. 9-10 

Jean Duvignaud. Préface : Frontières. 11‐13 
Peut‐on distinguer l’errance du vagabondage ? Cette première question en appelle une autre : peut‐on distinguer 
l’errance SDF ?  

Stéphane Corbin & Catherine Herbert. Est‐il souhaitable que tout devienne possible ? 15‐
26 
L’auteur entend établir un état des lieux de son espace de travail, état des lieux qui prendra peu à peu l’apparence d’un 
portrait  

I. Première partie : Limites et expériences de la transgression 

Catherine Herbert. L’écorché de soi ; la peau comme ultime limite : mise en jeu du corps 
dans les sociétés techno‐scientifiques. 29‐44 
Les mises en jeu du corps dans les sociétés actuelles sont fréquentes et, selon l’exercice choisi par l’individu, normées ou 
anormées. Certaines pratiques de la toxicomanie (les injections) peuvent être regardées comme des chemins empruntés 
pour tenter de se ressentir, de se construire, et de trouver une identité dans ce monde. Le corps devient le seul objet 
avec lequel il reste possible de rencontrer une forme d’altérité. Cette façon de franchir des limites ne se fait pas vers 
l’extérieur mais entraîne l’individu, non vers la rencontre de l’autre, mais dans un enfermement en soi. Alors, la question 
de la peau devient bien celle des protégés dans cet enfermement, face à un monde qu’ils ressentent comme hostile. La 
peau devient alors l’ultime limite à franchir quand le sentiment est que plus l’individuel, peut être donné à cette 
expérience de la limite, qui confronte parfois à la douleur et à la mort, et qui prend racine dans le social. Il ne s’agit ni 
d’une faute, ni d’un échec, mais bien au contraire d’une tentative de survivre et d’exister, de retrouver le chemin pour 
pouvoir mieux le poursuivre.  

Frédérick Lemarchand. Du bon usage des limites dans la répression policière. 45‐59 
Partant d’une expérience personnelle d’arrestation sur la voie publique au sujet de laquelle il livre un témoignage 
phénoménologique, l’auteur entreprend d’interroger les raisons pour lesquelles le pouvoir surinvestit le champ de 
l’automobilisme comme lieu d’expérimentation de la répression policière. En regard de ce qui semble constituer les 
contours d’une nouvelle forme de contrôle social, c’est finalement toute la question du pouvoir qui fait l’objet d’un 
réexamen critique, notamment à l’aune de la notion de bio‐politique pensée par Michel Foucault il y a une trentaine 
d’années.  

Arnaud Morange. Entre respect et dépassement des limites ; du bon et du mauvais usage 
du Code de la route. 61‐83 
Le traitement actuel de l’insécurité routière en France peut être perçu comme un laboratoire du contrôle social. L’objet 
technique automobile et la gestion des flux circulatoires se prêtent idéalement à des manipulations politiques. 
Cependant, la répression plus forte des infractions routières a aussi permis récemment d’épargner de nombreuses 
victimes. Le respect des différentes limites édictées par le Code de la route réduit considérablement la masse de 
souffrance engendrée par le système automobile. Le risque d’une « société du radar » guette, mais, en l’état actuel de 
l’organisation des transports, la diminution du nombre d’accidents passe nécessairement par l’application des règles de 
conduite.  

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II. Deuxième partie : Frontières : écritures et expériences d’exils 

Karine Rouquet‐Brutin. La question des frontières où l’appel à l’autre. 87‐99 
Julia Kristeva, François Cheng, Janine Altounian. Tous les trois, artisans d’une création et d’une réflexion qui se construit 
entre deux cultures et deux langues, illustrent l’expérience subjective de destins métis forgés au passage des frontières 
géographiques, géopolitiques et linguistiques. Destins métis et constructions identitaires à la croisée des langues et des 
cultures. La question peut être reprise et même trouver réponse si l’on considère le destin de ces trois écrivains, 
chercheurs et théoriciens dont j’ai choisi de retracer les tribulations, les questions et les élaborations entre deux langues 
et deux cultures.  

Katia Malausséna. Fadhma Amrouche. Histoire de ma vie, rythmique mémorielle et 
traversée des frontières. 101‐124 
Cet article vise à éclairer les fonctions et fonctionnements de la mémoire – matrice narrative – dans le récit 
autobiographique de l’écrivaine kabyle Fadhma Amrouche, Histoire de ma vie. Incessante traversée de frontières, ce 
texte est bien plus qu’une histoire familiale. Replacé dans son contexte historique et social plus large, celui de la 
colonisation française en Grande Kabylie, il fait aussi figure de lieu de mémoire non seulement individuelle mais aussi 
collective, kabyle, algérienne et française. 

Florence Martinotti. Abdelmalek Sayad et l’autre frontière : l’itinéraire d’un intellectuel 
immigré. 125‐140 

Martine Lefeuvre‐Déotte. La frontière, le réfugié : le paria. 141‐153 
Tous pays signataires de la Convention de Genève (1951) s’engagent à protéger les réfugiés, à respecter les droits de 
ceux dont le seul délit et de fuir la guerre, la torture, la menace. Pourtant, des enquêtes insoupçonnables dénoncent 
aujourd’hui, les conditions inhumaines dans lesquelles vivent de trop nombreuses victimes. Dans ce contexte d’une 
Europe essentiellement sécuritaire, quelles sont exactement les finalités du dispositif frontalier ?  

Roselyne Rochereau. L’Europe et ses frontières : entre obsessions identitaires, 
instrumentalisation des vies et déni des droits. 155‐170 
Tandis qu’elle favorise d’un côté la circulation des marchés et des capitaux, des technologies, des biens et d’une « élite 
circulante », la frontière procède, de l’autre, au déni de cette même liberté de mouvement et à la mise à l’épreuve et au 
refoulement des sans‐états, des sans‐droits, des pauvres et des exclus, dans l’espace de ses marges, toujours plus en 
deçà de l’humanité de l’homme.  

III. Troisième partie : Limites et hors limites  

Alexandre Dorna. Malaise épistémologiques en sciences humaines et sociales : un temple 
sans âme. 173‐189 
Les SHS ne sont devenues que des constructions techniciennes destinées à créer une « ingénierie sociale » et des 
dispositifs d’évaluation des comportements. Certes, la rigidité de cette bipolarité n’a fait qu’introduire une hiérarchie 
abstraite des méthodes. La vision compréhensive et globale est annulée par les règles de la formalisation et par la 
mathématisation des modèles devenues sophistiqués et autosuffisants, par la reproduction des « micro‐théories », la 
rhétorique des protocoles d’expériences et la multiplication des instruments statistiques. Toutefois les uns et les autres 
risquent d’être drôlement déçus. Tous bougent et tous se repoussent, mais sans se toucher ni se parler. La pression des 
neurosciences et des sciences cognitives, sous la tutelle des médecins, physiologistes et biologistes, ces dernières 
années, n’a fait qu’aggraver la dépendance et la coupure épistémologique des psychologues d’avec les autres SHS. 
Certes, ici et là, des repères, mais rien de plus. Isolés, les dissidents expriment des nuances profondes et multiples : la 
perception reste personnelle et sélectives.  

Mathias Couturier. Les limites du secret professionnel : de la dégradation de la règle 
pénale contemporaine en tant que modèle normatif. 191‐207 
La loi, dans une conception classique, se conçoit comme un texte énonçant des règles générales instituant des normes 
de comportement à destination des sujets de droit. Cependant, cette vision traditionnelle est remise en cause, de nos 
jours, par une dégradation qualitative du contenu des textes légaux qui amoindrit leur intelligibilité et leur signifiance. 
Ce phénomène perturbe alors l’appréhension de la norme que la loi vise à établir. Cette affirmation peut se nourrir de 
l’étude du devoir de secret professionnel, prévu par l’article 226‐13 du Code pénal, et surtout de ses limites que les 
textes posent en termes particulièrement complexes ou ambigus.  

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Jean‐Paul Rogues & Stéphane Corbin. Du voyage au déplacement, altérité et 
uniformisation des cultures. 209‐219 
Tandis que le voyage se caractérise par l’expérience de l’altérité qu’induit la relation à une autre culture, le 
déplacement ni le vertige que représente la confrontation à l’étrangeté de l’autre. C’est ainsi que le passage du voyage 
au déplacement constitue une parfaite illustration de cette tendance à l’uniformisation des cultures qui contribue à nier 
leur singularité et leur richesse.  

Nicolas Oblin & Patrick Vassort. Savoirs, limites et démocratie : fragments d’analyse 
institutionnelle de l’Université française. 221‐243 
Pas de centre sans périphérie et réciproquement, l’un définissant l’autre, ce qui est le propre des frontières et des 
altérités, le propre des dialectiques. Les formes de totalitarisme et de démocratie évoluent donc et, in fine, ne peuvent 
se comprendre que dans le sein et dans la construction des relations et des inter‐relations, des politiques économiques, 
sociales, écologiques, internationales, transnationales ou supra‐nationales, et non dans le cadre national. Répondre 
positivement à cette question, c’est modifier le sens et la nature de la modernité et du capitalisme tels qu’ils sont 
proposés par l’ensemble des historiens, des sociologues et des politistes du marxisme orthodoxe et bien plus encore des 
libéraux. La multiplication des réformes a contribué à opacifier des finalités visées qui, d’ailleurs, apparaissent comme 
indépendantes les unes des autres. L’état de l’Université aujourd’hui est, en partie, le résultat d’un abrutissement 
grandissant des enseignants‐chercheurs pris dans les mécanismes et les logiques des pressions politiques et sociales et 
les intérêts particuliers qui ne manquent jamais d’émerger. Les pratiques des conseils et commissions universitaires 
peuvent reposer sur des rapports de domination, des mensonges ou des secrets de famille. Critique du langage et de ses 
discours ; subversion du pouvoir du signifiant et ainsi du pouvoir comme tel, dans ses multiples formes, en ses différents 
lieux et sous ses diverses figures.  

IV.  Quatrième partie : Mesure et démesure 

Mohammed Khlifi. La frontière dans tous ses états : éloge du voyageur butorien. 247‐272 
L’approche (sémantique et géographique) de la frontière suppose d’abord la reconnaissance des obstacles naturels, des 
limites géopolitiques, des barrières linguistiques et surtout de ces bornes de l’esprit qui sont souvent plus tenaces que 
n’importe quelle forme de discrimination. À la faveur d’une telle typologie du discontinu, il devient ensuite possible 
d’élaborer des stratégies en vue de franchir ces lignes réelles ou imaginaires avant d’envisager enfin un dépassement 
dialectique de cette dualité grâce à une mise à l’écart … du côté de cette frontière. Une frontière qui cesse alors chez 
Butor d’être une simple ligne de démarcation pour devenir un espace vivable et surtout un lieu d’où il soit possible de 
vivre ce « tropisme des lisières », de mieux voir le monde et peut‐être aussi de mieux se connaître soi‐même. 

Magali Jeannin. Le remède à l’hubris : image, mémoire et métaphorisation dans le Songe 
de Poliphile de Francesco Colonna. 273‐296 
En 1499, Francesco Colonna, avec l’Hyperotomachia Poliphili (Le songe de Poliphile, 1546), narrativise l’expression de 
l’hypertrophie du moi, tout en présentant les moyens de sa sublimation. Dans une perspective néoplatonicienne, 
l’hubris amoureuse ou langagière apparaît fondamentalement comme une humeur noire, celle du mélancolique. Seule 
la métaphorisation du mal, par le biais d’images mémorielles à la vertu conjointement sublimante et organisatrice, 
permet de dépasser le chaos intérieur, de réintégrer le moi dans ses propres limites pour lui permettre de s’extraire 
enfin de lui‐même. Langage et désir deviennent alors les vecteurs du décentrement du moi, de sa projection dans un 
monde à son image, un monde enfin devenu harmonieux car signifiant. Une leçon pour les post‐modernes ?   

Guillaume Carnino. L’immédiate apocalypse : temporalité et mutation anthropologique à 
l’ère numérique. 297‐320 
Les publicités vantent au quotidien la vitesse des voitures et des trains, mais aussi des connexions à Internet, des plats 
surgelés ou des fours à micro‐ondes. La technique construit sa propre occultation dans son déploiement. À l’évolution 
phylogénétique correspond l’évolution technique, véritable miroir ou reflet du passé pré‐technique et pré‐humain. La 
technique est par elle‐même prothétique pour l’être humain. Alors même que la technique est pure médiation 
temporelle entre mon corps biologique et le réel, l’artefact technique se constitue comme transparent à ma conscience 
et induit un oubli de son interférence entre ma volonté et mes actes. Potentialité et actualité coïncident dans la relation 
qu’entretiennent l’être humain et la technique. La marchandisation du monde en passe aussi par son formatage 
informatique. Cardinalité et calendarité renvoient simplement à la nécessité d’un temps et d’un espace partagé pour 
s’identifier par rapport aux autres, comme s’appartenant à soi‐même et comme appartenant à une communauté. Dès 
lors, c’est la possibilité même de se penser et se construire individuellement et socialement qui est mise en péril. Au sens 
ancien, l’apocalyptique désigne l’obscur et l’inintelligible : l’immédiat qui nous englobe est justement celui du voilement 
et de l’immédiation de la médiateté technique.  

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Stéphane Corbin. Moi et les autres : les bornes de la liberté et du pouvoir souverain. 321‐
357 
Le rapport de soi aux autres constitue l’une des trames essentielles de l’œuvre de Rousseau. Déclinée selon des registres 
significativement différents, des écrits politiques aux textes autobiographiques, cette problématique qui témoigne de la 
conséquence de l’œuvre y apparaît comme la question anthropologique fondamentale. De la quête d’une communauté 
juste au désespoir qui conduit à l’exil d’une société injuste, « moi et les autres » représente bien cette énigme qui invite 
à réinterroger à profit les causes fondamentales d’un malaise social qui se joue sur fond d’exacerbation de l’amour‐
propre. 

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Mana : revue de sociologie et d'anthropologie

16 Qu’est‐ce qu’une communauté ?


2009. « Qu’est-ce qu’une communauté ? ». Mana : revue de sociologie et
d’anthropologie, n° 16. Paris : L’Harmattan.
Sous la direction de Sylvain Pasquier.
ISBN : 978-2-296-08206-9
EAN : 9782296082069

Sommaire
Sylvain Pasquier. Qu’est-ce qu’une communauté ? 9-13 

Stéphane Vibert. La communauté comme figure contemporaine du lien social. 
Interrogations sur une notion polysémique. 15‐30  

Cherry Schrecker. Qu’est‐ce que la communauté ? Réflexions sur le concept et son usage. 
31‐50 

Camille Tarot. Communauté : de quoi est‐ce le mythe ?  51‐84 

Fabrice Dhume. Commun, communauté(s), « communautarisme » : les frontières de la 
socia(bi)lité. 85‐99 

Sylvain Pasquier. De la communauté au territoire et du territoire à la communauté. 101‐
131 

Henri Desroche. Essor et déclin des Shakers. 133‐164 

Fabrice Liégard. Métamorphose des objets, des hommes et des symboles dans les 
communautés Emmaüs. Une lecture anthropologique à partir de Mauss. 165‐196 

Fabien Robertson. Entre communauté et propriété : l’entreprise comme personne 
morale. 197‐213 

Vincent Berry. Communautés et mondes virtuels : entre sociabilité ludique, agrégation 
homogène et carnaval. 215‐233 

Roberto Motta. Le terreiro et le temple : religions « sacrificielles » et religions 
« éthiques » dans le Brésil contemporain. 235‐250 

Les auteurs 
 

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Mana : revue de sociologie et d'anthropologie

17‐18 Extension du domaine du management :


néomanagement et néolibéralisme.
2011. « Extension du domaine du management : néomanagement et néolibéralisme ».
Mana : revue de sociologie et d’anthropologie, n° 17-18. Paris : L’Harmattan.
Sous la direction de Fabrice Liégard & Guillaume Marguerie.
ISBN : 978-2-296-55016-2 EAN : 9782296550162

Sommaire
Fabrice Liégard & Guillaume Marguerie. Avant-propos : Extension du domaine du
management. Néomanagement et néolibéralisme. 9-22 

Sylvie Crépeau & Jean‐Luc Metzger. La gestionnarisation de la société : de la volonté de 
maîtrise à la déréalisation. 23‐40 
Un nombre croissant d’activités sociales connaît une gestionnarisation accrue par l’introduction et le renouvellement 
de dispositifs à base de TIC, conçus et mis en œuvre par différentes catégories d’acteurs – managers, gestionnaires, 
universitaires, consultants, etc.‐‐. Ces derniers, au‐delà de leur diversité, partagent une même volonté d’améliorer sans 
fin la « performance » et « l’efficacité », par la maîtrise expérimentale des comportements et des subjectivités, ainsi que 
par la rationalisation des activités. Il est donc urgent de prendre au sérieux cette volonté devenue « fait social total ». 
Pour cela, l’article propose un cadre d’analyse consistant à étudier le fait gestionnaire comme résultant : a) de 
l’articulation entre les décisions de politique macro‐économique et les pratiques d’entreprise ; b) de la lutte entre 
groupes professionnels procédant par expérimentation ; c) de la volonté têtue de maîtriser le fonctionnement du social ; 
d) et de la réduction progressive de l’action à la mise en œuvre de dispositifs de gestion, engendrant un effet de 
déréalisation. 
Mots‐clés : dispositifs de gestion, sociologie de la gestion, contrôle, déréalisation, expérimentation. 

Pierre Musso. Le politique technologisé par le management : l’exemple du 
sarkoberlusconisme. 41‐56 
Des deux côtés des Alpes, dans des conditions différentes, les Présidents Sarkozy et Berlusconi s’emploient à renouveler 
les politiques libérales, notamment à l’aide de technologies nouvelles dont l’audiovisuel et le management. Nous avons 
nommé « sarkoberlusconisme » cette forme nouvelle du politique d’orientation néo‐libérale conservatrice adaptée à 
l’Europe du Sud latine et catholique, caractéristique des années postérieures à la Chute du Mur de Berlin. La 
représentation sarkoberlusconienne est moins la symbolique classique de l’État que celle de l’Entreprise enchâssée dans 
le politique. Le leader sarkoberlusconien est paradoxalement « un chef d’entreprise » ou un « patron » placé à la tête de 
l’État. Il est un « anti‐politique » installé dans le politique. Il conteste l’institution étatique qu’il incarne et qu’il dirige. 
Avec le sarkoberlusconisme, le politique est dérégulé et technologisé par les moyens managériaux et télévisuels. Le 
néologisme « commanagement » construit par association des termes « communication » et « management » permet 
d’identifier la confusion des techniques du management de l’entreprise contemporaine avec celles de la scénarisation 
télévisuelle, afin de reformuler le politique en termes d’efficacité et de communication. 
Mots‐clés : Berlusconi, commanagement, efficacité, entreprise, État, management, marketing, néo‐libéralisme, sarkoberlusconisme, 
Sarkozy, storytelling, télévision. 

Aude Harlé. La politique à l’épreuve du management. 57‐76 
Des observations et entretiens conduits au sein des cabinets ministériels français ont mis en évidence l’imprégnation de 
la classe politique par l’idéologie managériale. L’intégration de valeurs de l’entreprise privée hypermoderne au sein de 
l’État bureaucratique bouleverse l’action politique, ses méthodes mais aussi ses objectifs et son objet même. La mesure 
de toute action est devenue le cœur de l’action politique. La gestion prime sur le gouvernement sous le nom de « bonne 
gouvernance » au détriment de l’humain. C’est le sens même de l’action politique qui s’en trouve modifié. Il s’agit de 
bien gérer le présent et non plus d’imaginer et de construire un avenir à moyen et à long terme. Il faut optimiser le 
modèle et non imaginer et construire un autre système économique et politique. Cette optimisation concerne aussi le 
facteur humain réduit à sa fonction économique : la politique, au lieu de chercher à adapter la société aux exigences 
humaines tente d’adapter les humains à la société existante en utilisant alternativement et à des degrés variables la 
formation et la contrainte, le soin et la sanction. L’objet politique n’est plus tant la société que l’individu responsabilisé. 
Le culte de l’expertise et de l’évaluation comptable conduit aussi à affirmer une « vérité politique » qui ne supporte plus 

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ni la critique ni le combat social puisqu’elle se veut vérité mathématique et scientifique. Le débat politique se réduit 
alors à évaluer la qualité de la gestion. L’évaluation comptable devient un élément déterminant du choix des politiques 
publiques. Les gouvernants se battaient pour obtenir les moyens de réaliser des ambitions politiques, désormais ils se 
battent pour faire entrer des objectifs dans des moyens prédéterminés. De gauche comme de droite, les « politiques » 
se sont pliés aux exigences du management. 
Mots‐clés : quantophrénie, comptabilité, modélisation, objectivation, évaluation, gestion politique, idéologie managériale, 
gouvernance, LOLF.  

Paul Arnault. L’institutionnalisation des stratégies de condescendance et le problème 
contemporain de la « reconnaissance au travail ». 77‐92 
Cet article a pour objet d’examiner l’argument transdisciplinaire, issu de théories critiques, selon lequel la 
« reconnaissance au travail » pourrait constituer une solution partielle aux effets pathogènes du management 
contemporain, voire un moyen d’émancipation pour les salariés. En particulier, l’étude vise à montrer que la 
reconnaissance managériale est nécessairement instrumentale, qu’elle constitue l’un des principes essentiels de la 
gestion moderne et qu’elle représente dans ce cadre un instrument de domination symbolique. Ce travail se fonde, 
d’une part, sur l’analyse d’un corpus de textes issus de théories critiques contemporaines traitant de la reconnaissance 
et, d’autre part, sur une approche sociohistorique de l’institutionnalisation des stratégies de condescendance liée à la 
genèse et la diffusion du management psychosociologique nord‐américain en France au début de la Guerre froide. 
Mots‐clés : management, stratégies de condescendance, reconnaissance, psychosociologie, syndicalisme, théorie critique. 

Salvatore Maugeri. Cadrage des activités de production de l’ethos gestionnaire. Le rôle 
des dispositifs de gestion dans la domination actionnariale. 93‐128 
Le monde de l’entreprise a été marqué de nombreux bouleversements au cours des trois dernières décennies. Les 
logiques d’organisation, de pilotage et de contrôle des activités, en particulier, ont connu des modifications profondes, 
portées en grande partie par l’informatique. Notre texte fait l’hypothèse que ces modifications sont à mettre en rapport 
avec les nouvelles conceptions de la gouvernance développées par les détenteurs de capitaux. Il s’intéresse ainsi aux 
dispositifs de gestion mis en place par les propriétaires des firmes afin de contrôler les activités de travail, évaluer les 
salariés et mesurer leurs performances. Il décrit finalement ce qui apparaît être la nouvelle mécanique mondiale de la 
domination actionnariale. Partant du sommet stratégique des entreprises, siège de bienheureux et rares shareholders, 
groupés autour de leurs outils de gestion financière, il analyse l’engrènement des outils et logiques de contrôle mis en 
place par le management jusqu’aux niveaux des opérateurs de base. Il met ainsi en évidence que l’objectif est d’aligner 
les comportements de l’ensemble des collaborateurs sur les normes de performance définies par les détenteurs de 
capitaux. Ce faisant, c’est la nature d’abord axiologique du travail du management qui est mise en lumière. Les cadres 
sont conçus dans notre texte comme les propagateurs et contrôleurs des valeurs définies par le management central 
comme les valeurs organisationnelles propices à la création de valeur pour l’actionnaire. Entre ces deux conceptions de 
la valeur s’ouvre le gouffre éthique qui sépare le travail et le capital, l’entreprise et ses propriétaires, nous questionnant 
sur la soutenabilité sociale du développement économique prôné par le pouvoir actionnarial. 
Mots‐clés : entreprise, gouvernance, dispositifs de gestion, performance, shareholders, stakeholders, cadres, travail, domination, 
ethos, valeurs.  

Éric Roussel. Les effets subjectifs des pratiques managériales. 129‐144 
Cet article vise à décrire, analyser, comprendre et mettre en perspective les effets subjectifs des pratiques managériales 
sur les salariés. Ces pratiques résultent de la mise en œuvre d’outils de management. À travers eux l’esprit du 
capitalisme se diffuse, sollicitant un sujet adapté à ses exigences. Issus pour l’essentiel de la pensée gestionnaire, ces 
outils marquent ceux qui les mobilisent ; là où règne l’individualisation, la violence symbolique est à son aise. Là où la 
codification des comportements à tenir et des choses à faire s’écrit dans l’hétéronomie, le sujet est sommé de se 
dessaisir d’une part de lui‐même. Mobilisant ces outils dans leurs rapports au monde, aux autres et à eux‐mêmes, les 
salariés s’imprègnent de la pensée d’un autre. C’est dans la circularité de ces relations causales que cet article vise à 
décrypter les effets des pratiques. 
Mots‐clés : management, pratiques, outils, effets, sujet, adaptation, hétéronomie, capitalisme.  

Olivier Janssen. La réalité et la nécessité de la notion de compétence en question. 
Analyse croisée de la sociologie et de la psychologie sociale. 145‐164 
Dans cet article, nous interrogeons les principes de réalité et de nécessité qui entourent l’utilisation courante de la 
notion de compétence. Selon nous, la compétence est une connaissance évaluative et idéologique qui sert à imposer un 
choix de société. Ce choix renvoie au fait de privilégier la flexibilité par précarisation comme réponse à la modernisation 
nécessaire des entreprises. Cette perspective est offerte par le croisement des analyses de la sociologie et psychologie 
sociale. Au final, cette remise en cause a un impact sur la psychologie et les psychologues praticiens. Ces derniers 
peuvent être envisagés comme des agents normatifs. Leurs discours set leurs pratiques apparaissent comme 
idéologiquement chargés et comme ayant un impact non négligeable dans l’espace social. 
Mots‐clés : compétence, idéologie, connaissance évaluative, reproduction sociale, psychologie.  

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Sophie Avarguez. Les enjeux du management par projet dans le secteur associatif. 165‐
179 
Cet article interroge la notion de projet comme outil managérial dans le secteur associatif. Il s’agit d’analyser les enjeux 
idéologiques et pratiques de la mobilisation de la force de travail par la logique de projet sur l’activité de travail ainsi 
que sur l’emploi. 
Mots‐clés : management, projet, travail, emploi, secteur associatif.  

Michel Chauvière. De l’impératif d’intégration au travail social libéral … Les dégâts du 
New Public Management. 181‐197 
Les politiques sociales et le travail social, leur bras séculier, traversent aujourd’hui un important retournement 
philosophique. Oublié l’impératif d’intégration dans et par l’action publique, ils sont maintenant contraints par la norme 
économique d’activation des dépenses publiques. Un travail social libéral progresse, plus ou moins marchand, légitimé 
par un management hypertrophié, alors que les financements publics baissent en valeur relative. Cette transformation 
interroge le secteur de l’action sociale et du travail sur son identité, sa légitimité, sa culture et, plus concrètement, son 
organisation. Cette contribution fixe d’abord les termes du débat puis examine les raisons, les modalités et quelques 
conséquences visibles du changement de paradigme en cours, sous pression normative exponentielle. 
Mots‐clés : politiques sociales, action sociale, travail social, intégration, activation des dépenses publiques, management. 

Christine Plasse‐Bouteyre. Le « métier d’élève » ou l’injonction à être soi : quelques 
illustrations et effets du discours managérial en éducation. 199‐215 
Nous assisterions depuis le milieu du XXe siècle au "basculement" d’une société organisée par la discipline à une société 
guidée par l’autonomie. Pour traiter de cette transformation, notre article questionnera le sens qu’il convient de donner 
à l’expression admise de "métier d’élève". En saisissant les conditions de production et les significations de cet énoncé, 
nous serons amenés à nous intéresser à plusieurs dimensions. Nous décrirons comment les exigences d’autonomie et 
d’initiatives couplées à la notion de compétence et de savoir‐faire se sont agrégées à un renouveau normatif qui a bien 
quelque chose à voir avec une extension généralisée d’une approche managériale des relations sociales. Le déclin de la 
référence à l’interdit et à la discipline a fait apparaître une nouvelle figure normative de l’"élève‐apprenant" qui doit 
être capable de savoir prendre des initiatives et de donner sens à ses apprentissages dans une posture particulièrement 
réflexive. Ce que nous aimerions montrer c’est ce qui est en jeu dans le renouvellement des pratiques et idéologies 
pédagogiques à l’œuvre dans le monde de l’éducation scolaire. 
Mots‐clés : autonomie, compétence, évaluation, individualisation, subjectivité. 

Vincent de Gauléac. Le management entre contradictions et paradoxes. 217‐231 
La Nouvelle Gestion Publique (NGP) produit une pression psychologique intense sur les travailleurs. Ce phénomène que 
l’on a vu se développer d’abord dans les entreprises privées puis dans les entreprises publiques, apparaît aujourd’hui 
dans le secteur non‐marchand comme les hôpitaux, les administrations, les collectivités locales, les institutions 
éducatives ou sociales. Dans ce contexte, la question de la santé mentale au travail devient prégnante. La multiplication 
des symptômes dépressifs, le sentiment généralisé de harcèlement, l’hyper activité, l’épuisement professionnel et le 
développement de suicides sur le lieu de travail sont autant de symptômes d’un malaise profond. Les causes de ce 
phénomène sont multiples. Cet article met l’accent sur le processus de transformation des organisations en systèmes 
paradoxants qui mettent les travailleurs devant des injonctions paradoxales. À partir d’une situation clinique travaillée 
dans un groupe d’implication et de recherche, il décrit les différents éléments qui caractérisent la mise en place de ces 
systèmes, les conséquences pour ceux qui les vivent en particulier ses effets socio‐psychiques. Enfin il évoque les 
réactions défensives qu’ils provoquent et les mécanismes de dégagement individuels et collectifs.  
Mots‐clés : sociologie clinique, mal‐être au travail, management et organisation, contradictions et paradoxes.  

Monique Selim. Vers une gouverne globale de l’exploitation. 233‐247 
Cet article prend appui sur deux investigations ethnologiques portant sur les mutations sociales dans les entreprises et 
dans les villes induites au Laos et au Vietnam par le passage à une économie de marché initiée par les États‐partis en 
place. L’auteure montre comment le « socialisme de marché » a été un passeur à la globalisation capitaliste. 
Mots‐clés : Laos, Vietnam, socialisme de marché, exploitation, gestion, capitalisme.  

Roland Gori. L’art des douces servitudes. 249‐271 
L’auteur à la suite de Michel Foucault montre que l’art de gouverner suppose que la raison d’État s’impose toujours plus 
à la population dans la gestion des existences et des intimités. Pour ce faire, le Pouvoir installe des dispositifs 
sécuritaires en manipulant l’opinion et en instrumentalisant les sciences. Les « experts » deviennent les scribes de ces 
nouvelles servitudes des économies de marché qui normalisent en douceur et insidieusement les individus et les 
populations. La médecine, la psychiatrie et la psychologie sont, dans cet article, considérées comme des pratiques 
sociales et l’auteur montre que la recomposition de leurs savoirs et de leurs pratiques relève davantage d’un dispositif 
idéologique que scientifique. 
Mots‐clés : expertise, idéologie, individu, population, risque, savoir, science, sécuritaire, servitude.

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