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Editorial
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Editorial
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« La Zone de libre-échange africaine va d’abord bénéficier aux
grands groupes européens, chinois, turcs et américains »
Les chefs d’État s’accordent sur le principe que cette zone de libre-échange
pourrait être mise en place. Et aussi les modalités à travers lesquelles cette
ZLEC va être mise en place car je suppose que les pays devront ratifier cet
accord. Donc ils vont faire tout le travail juridique pour dire comment ça se
passera.
Qu’est qu’on sait vraiment de cet accord ? Très peu de textes sont
disponibles, le processus de négociations n’est pas encore connu.
On ne sait pas grand-chose. Des textes ont été publiés par la Commission
économique pour l’Afrique. Il y a des études d’impact qui sont disponibles au
niveau de cette Commission. Mais d’une manière générale si on lit la presse,
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on l’impression que cette ZLEC là va booster les échanges intra-africains, va
créer de la croissance, des emplois. Donc c’est une impression assez
euphorique qu’on trouve. Mais je suis un peu surpris de l’absence de
discours critique sur cette ZLEC. Peut être que je me dis que, comme il s’agit
d’une initiative panafricaine, les gens se disent que pour une fois il faut que
ça marche et donc les cœurs sont à l’unisson même s’il y a beaucoup
d’aspects sur lesquels il n’y a pas d’éléments très clairs. Par exemple, qui va
gagner, qui va perdre ? Comment on indemnise les perdants ? Ce genre de
chose. A qui va vraiment bénéficier la ZLEC ? Est ce que ça va vraiment
bénéficier aux Africains ?
Oui c’est ce que je pense. Elle va d’abord bénéficier aux grands groupes
français, européens, chinois, turcs, américains, etc. Et aussi à certains pays et
à certains secteurs. Il y a certains pays qui vont en bénéficier et d’autres qui
pourront perdre, selon le secteur. Tout dépendra des spécialisations. Moi ce
qui m’inquiète un peu, c’est de dire qu’il faut réduire les tarifs douaniers
entre Africains, sachant qu’il y a aussi des pays africains qui tirent une part
de leur recette publique de ces tarifs douaniers là. Après, comment on fait
pour les indemniser ? Surtout qu’il y a beaucoup de petits pays qui, peut être,
sans ces sources de revenus là ne seraient pas si viables et seraient donc mis
dans la position d’être encore plus dépendant de l’aide au développement, ce
genre de choses.
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Ce qui paraît paradoxal, c’est que l’accord crée un marché commun de
1,2 milliard de personnes, entre des pays qui sont à des niveaux de
développement très différents, avec de grosses disparités économiques.
Comment est ce que cela peut marcher ?
Vous parlez des PME/PMI, pensez-vous qu’on puisse redouter que les
conséquences pour les petites entreprises et les petites exploitations
agricoles soient néfastes ?
Oui ça pourrait l’être. Après tout dépend des conditions. Est- ce que
l’agriculture fera partie des secteurs libéralisés ? Je ne sais pas. Mais ce qui
est sûr c’est que l’agriculture généralement, n’est pas un secteur qu’il faut
libéraliser. La population rurale représente plus de la moitié de la population
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active et si ces gens-là se retrouvent sans aucune perspective économique,
qu’est ce qu’il pourrait advenir ? D’autant plus que, si l’on regarde au Ghana,
on sait qu’il y a beaucoup de Ghanéens qui ont été victimes de la concurrence
des produits européens et chinois, et qui ont pris les barques pour venir en
Europe. Rien que du fait que le Ghana ait un régime assez laxiste concernant
les produits agricoles et avicoles. Imaginons qu’on aille plus loin dans cette
dynamique là, cela veut dire qu’on va détruire des millions de vies en
catastrophe. Donc quelles mesures prendre pour indemniser ces perdants-là
prévisibles ? Il n’y a pas de discussions sur ces questions-là.
On est dans une position de statu quo. Car l’Union européenne veut que le
Nigéria signe et ratifie l’APE. Mais le Nigéria n’est pas intéressé par l’APE en
l’état. Du coup, c’est le statu quo car l’Union européenne n’envisage pas les
APE sans le Nigéria. Le Nigéria a raison de dire qu’il n’est pas intéressé.
Donc, certains pays ont signé comme le Sénégal mais le Nigéria et la
Mauritanie ne l’ont pas fait. Et comme il y a un tarif extérieur commun au
niveau de l’Afrique de l’Ouest, on suit le Nigéria, ou bien c’est l’implosion.
C’est une chose inédite et qui mériterait d’être promue davantage. Car, si
justement un tribunal statue en disant qu’il n’y a pas assez d’inclusivité dans
les négociations, c’est quelque chose qu’on devrait tenter en Afrique de
l’Ouest et ailleurs. Généralement ces négociations restent des choses
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d’experts et sont fait dans la plus grande opacité. J’espère que l’input des
paysans kenyans donnera un autre cours à ces négociations autour des APE.
Source : bilaterals.org
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L’Afrique draguée par Israël
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Kagamé à l’AIPAC ou la mort des idéaux africains
Malgré la tentation d’une analyse « froide », la réalité est que d’un point de
vue symbolique, l’appui ouvert de Kagamé à Israël, présenté par l’AIPAC
comme le dignitaire africain, est lourd de sens. Impossible donc de rester
indifférent face un tel choix politique, tant une partie des idéaux qui ont
marqué l’histoire du continent sont battus en brèche.
Au nom de qui Kagamé ose-t-il défendre l’étendard d’un État qui fût l’allié le
plus sûr du régime d’Apartheid en Afrique du Sud ? Quid alors sur les luttes
pour les indépendances, les libérations nationales et le droit des peuples à
l’autodétermination. Comment oublier les brulures aux fers du colonialisme
et de l’esclavage, tous deux inscrits comme éléments constitutifs de l’identité
africaine, en soutenant un régime épinglé par plusieurs rapports
internationaux comme ségrégationniste ? Et finalement, comment fermer les
yeux sur le racisme d’une grande partie de la classe politique israélienne
envers les Africains dont Netanyahou en est le digne représentant ? Les
récentes déclarations du ministre de la Culture et du sport israélien, Miri
Regev, en sont une des meilleures démonstrations.
Dans une diatribe passée sous silence, Regev avait comparé et assimilé les
réfugiés noirs à « un cancer qui gangrène l’État hébreu de l’intérieur »..
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Quelques jours après, elle a souhaité demander pardon et rattraper son
erreur : « Je présente mes excuses aux survivants du cancer pour les avoir
assimilés à des noirs ». Rien de moins!
Offensive diplomatique en Afrique
Au-delà de la participation saugrenue de Kagamé à la conférence de l’AIPAC,
l’État israélien voit beaucoup plus loin. L’Afrique est désormais au cœur
d’une stratégie géopolitique de haute importance. Comme jamais
auparavant, Israël espère regagner une place de choix au sein de la
diplomatie des États du continent afin de légitimer sa posture internationale
et rassembler le soutien de pays autrefois hostiles à son « agir politique ».
Aujourd’hui, cette diplomatie de la « conquête africaine » se décline sur
plusieurs formes : tractations et cooptations politiques par des réseaux
d’influence, mise en place de projets de rapprochement culturel, activation de
programmes économiques de hauts niveaux, accélération de l’aide au
développement… etc.
Dès lors, chaque rencontre internationale où des officiels africains sont
présents est une occasion idéale pour faire avancer les pions sur l’échiquier
du continent. Chefs d’État et ministres, lobbyistes et membre de l’opposition,
tous sont interpellés pour accroitre une coopération en croissance
permanente. En marge de la dernière Assemblée générale des Nations Unies
en septembre 2016, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a
regroupé à New York une dizaine de chefs d’État africains afin d’accélérer le
rapprochement l’Afrique et Israël. Cette rencontre a été un véritable succès
pour les autorités israéliennes puisqu’elle a posé les jalons du futur sommet
Afrique-Israël en octobre 2017. Une première du genre. Interrogé à la sortie
de la réunion, Netanyahou avait déclaré : « L’Afrique est un continent qui
monte. Après de nombreuses décennies, je peux dire qu’Israël revient en
Afrique et que l’Afrique revient en Israël ».
Des réseaux alliés au sionisme et des programmes
spécifiquement africains
Grâce à ses relais en Afrique de l’Est — notamment celui de Kagamé au
Rwanda —, mais également ses contacts dans le Makhzen marocain, Israël
entend à la fois renforcer ses leviers géopolitiques dans la corne africaine et
pénétrer les réseaux de l’ouest du continent, bien connus par les proches du
roi Mohammed VI.
D’ailleurs, les derniers mois ont été marqués par des avancées diplomatiques
considérables. En juillet 2016, Netanyahou avait entrepris son premier
voyage en Afrique qui l’a menée en Ouganda puis au Kenya, suivie par
l’Éthiopie et le Rwanda. Sa visite succède au très lointain voyage d’Yitzhak
Shamir en 1987, soit 30 ans auparavant. Une tournée historique qui a
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consolidé des liens économiques et politiques forts avec les pays de l’Afrique
de l’Est.
Accompagné d’une délégation de 80 hommes d’affaires, le déplacement a été
marqué par le lancement de plusieurs projets de développement économique,
particulièrement dans le domaine agricole et technologique. Israël s’est
présenté comme un partenaire de premier ordre qui possède le savoir-faire
nécessaire au continent comme l’irrigation des champs ou les
télécommunications. Grâce à des compagnies telle que la compagnie AFI
GROUP Africa Israël Investment, les investissements israéliens dans la
construction d’infrastructures touristiques et dans les médias connaissent
une croissance à deux chiffres. La chaine i24NEWS, diffusée depuis Tel-Aviv,
a récemment conclu un partenariat média avec les organisateurs du sommet
Afrique-Israël et en sera le diffuseur officiel. La chaine internationale va
couvrir les préparatifs du Sommet et entend s’implanter durablement en
Afrique où elle diffuse déjà ses programmes.
Un autre levier au cœur de la stratégie diplomatique du gouvernement
Netanyahou est la Mashav : l’agence israélienne pour la coopération
internationale et le développement. Depuis quelques années, l’organisme a
mis en place un ensemble de programmes de coopération internationale
exclusivement orientés vers l’Afrique, afin d’apporter des solutions concrètes
aux défis du continent, notamment dans la sécurité alimentaire et les
changements climatiques. Microfinance d’entreprises, jeunesse et
innovation, technologie et d’internet, la Mashav surfe sur tous les
programmes « tendances » du développement international. Aujourd’hui,
l’institution intervient dans une quinzaine de pays.
Tout ce travail de fond, basé sur une coopération triangulaire entre les
secteurs public et privé israélien et les gouvernements africains vise à
construire un réseau de partenaires fiables, qui sauront, lors des prises de
décision dans le système international, apporter un soutien symbolique ou
réel à Israël. Aujourd’hui, l’Éthiopie et le Sénégal sont les seuls pays africains
qui siègent comme membres non permanents du Conseil de sécurité. Pour le
gouvernement israélien, ces deux membres sont des votes à petit prix qui
pourraient rehausser l’image du régime au sein des Nations Unies, car même
si le veto américain permet de couvrir les abus d’un État épinglé depuis des
décennies, l’impunité israélienne pose de véritables défis en termes d’images,
surtout dans un monde où l’information circule de plus en plus vite.
À long terme, Israël souhaite décrocher le sésame continental : obtenir le
statut de membre observateur au sein de l’Union africaine (UA). Pendant des
années, Israël était membre observateur de l’Organisation de l’Unité
africaine (OUA), puis avait été écarté en 2002 lors de la dissolution de celle-ci
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au profit de l’Union africaine. Dès lors, elle n’a jamais été réintégrée dans la
nouvelle institution.
Forte aujourd’hui de ses échanges économiques avec plusieurs pays du
continent, Israël entend s’affirmer davantage dans le domaine de la sécurité
et l’agriculture en Afrique de l’ouest. Grâce à des réseaux bien implémentés,
notamment au Maroc et au Togo, le gouvernement de Netanyahou souhaite
accentuer sa coopération avec les membres de la communauté économique
de l’Afrique de l’Ouest. Ainsi, le premier sommet Afrique-Israël va se tenir en
octobre 2017 à Lomé, capitale du Togo. Si la rencontre et la date sont déjà
fixées, les pays présents restent une énigme.
L’homme de main de Netanyahou est incontestablement le ministre des
Affaires étrangères du Togo Robert Dussey. Sioniste forcené, il considère que
le sommet permettra de « tracer les frontières de la renaissance des relations
du continent avec l’État hébreu ». Dussey est allé jusqu’à considérer la
rencontre comme « un formidable accélérateur de développement pour
l’Afrique de l’Ouest ». Le ministre togolais a été également l’un des fondateurs
avec Netanyahou du Africa-Israel Connect, un projet de coopération en
innovation technologique qui joue un rôle central dans l’esquisse dans la
préparation du sommet.
Avec des alliés solides à l’est et des négociations en cours à l’ouest du
continent, la stratégie africaine de l’État sioniste est en marche et
s’implémente durablement dans le paysage africain. Ceci pourrait mener à
plus de clivages entre les États membres de l’Union africaine (UA), déjà mise à
mal par un manque de solidarité flagrant et des divergences politiques
importantes. Par conséquent, l’UA va ajouter un dossier supplémentaire dans
l’imbroglio qui la guette, sachant que l’Algérie, l’Afrique du Sud et l’Égypte,
trois puissances régionales opposées à la politique ségrégationniste de l’État
d’Israël, ne voient pas d’un bon œil ce rapprochement. Un travail de longue
haleine les attend donc pour contrer l’offensive israélienne. Mais cette tâche
incombe, surtout, à tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans les mots de
Paul Kagamé à l’AIPAC. Elle interpelle les africains qui ne souhaitent pas
sacrifier les valeurs universelles de justice et de liberté sur l’autel des intérêts
économiques et diplomatiques car « nous ne sommes rien sur terre si nous
ne sommes d’abord esclaves d’une cause : celle des peuples, celle de la justice
et celle de la liberté ».
[1] Citation d’une lettre de Frantz Fanon, envoyée un mois avant sa
mort à l’un de ses amis, Roger Taib.
Source : Monde Afrique
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La Russie en Afrique : le grand retour?
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© Sputnik. Alexei Nikolskiy
Contre vents et marées, la Russie diversifie ses relations extérieures
Certes, l'Union soviétique accordait un soutien important à plusieurs nations
africaines, notamment durant la période ayant suivi la décolonisation de ces
pays. Il y avait bien sûr aussi une conjoncture idéologique derrière, sachant
que dans le cadre de la guerre froide deux systèmes, deux visions opposées,
s'affrontaient. Mais il était totalement faux de dire que ce soutien, y compris
en direction de l'Afrique, n'était pas dans l'intérêt de la Russie. Au contraire,
ces relations d'alliance avaient fortement permis d'accroitre l'influence
politique, culturelle, militaire et aussi commerciale de l'URSS à destination de
ces pays. Et les nombreux spécialistes russes, militaires comme civils, ayant
travaillé en Afrique à cette période pourront le confirmer.
La page des années libérales pro-occidentales étant, heureusement, en bonne
partie tournée, l'heure est au renouveau des relations. Si l'espace
eurasiatique, ainsi que celui du Proche-Orient, représentent indéniablement
un intérêt de premier plan pour la Russie, il n'en reste pas moins que
l'Afrique et l'Amérique latine font partie également des grands projets de
Moscou à l'international. Et si jusqu'ici les relations les plus intenses étaient
avec les pays du nord et du sud du continent africain, on arrive désormais à
l'étape où la présence russe s'élargira certainement à toutes les parties de
l'Afrique.
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Moscou dispose de plusieurs avantages évidents: absence d'histoire coloniale
vis-à-vis du continent africain. Plus que cela, l'URSS avait accordé un soutien
de premier plan aux mouvements africains de libération nationale dans leur
lutte contre le colonialisme et le néocolonialisme. Cela sans oublier une
importante participation dans la formation des cadres africains, soit via la
venue de spécialistes russes en terre africaine, soit en invitant des milliers
d'étudiants africains à venir se former dans les universités soviétiques.
Beaucoup de ces anciens étudiants occupent aujourd'hui des postes de
première responsabilité dans un certain nombre de pays du continent. Tout
cela ne s'oublie pas jusqu'à ce jour.
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Liens d'alliance stratégique historique qui se renforcent avec l'Algérie, aussi
bien dans la coopération militaro-technique que civile, zone de libre-échange
qui se prépare au lancement avec le Maroc, construction de centrales
nucléaires dans une perspective proche en Afrique du Sud et en Egypte (avec
laquelle une zone de libre-échange est également en discussion).
Exportations des céréales russes à destination de plusieurs pays du continent
au moment où la production nationale est en train de battre tous les records.
Collaboration aussi dans le domaine minier, sans oublier le domaine éducatif
sachant que la Russie continue d'attirer des étudiants de pratiquement tous
les pays du continent. Enfin, lancement de nouveaux projets à participation
russe en Guinée équatoriale, Ouganda, Burundi, Zambie, Zimbabwe.
17
et est appelée à augmenter encore plus dans les prochaines années. A titre
d'exemple donné par l'homme d'affaires russe, le volume actuel des
livraisons d'Uralchem et d'Uralkali en Afrique du Sud-Est représente près de
100 000 tonnes par an. Mais sur le court terme, ce volume est appelé à
augmenter jusqu'à 500-600 000 tonnes annuelles.
Source : Sputnik
Le Journal de l’Afrique
N°40, avril 2018
Infographie :BAF.F !
www.investigaction.net& www.michelcollon.info
Yaoundé-Bruxelles, avril 2018
----Diffusion gratuite----INVESTIG'ACTION
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Enjeux miniers en Guinée
Le secteur minier, moteur de la croissance, assurant jusqu'à 25% des
recettes publiques, est l'objet de nombreux calculs et d'intenses
convoitises. Avec une vingtaine de mégaprojets prévus et le récent
accord de 20 milliards de dollars avec la Chine, il devrait d'ailleurs
connaître un essor considérable dans les années à venir [3]. Mais le
développement minier en Guinée suscite autant d'attentes que de
problèmes et de défis.
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Le sous-sol guinéen contient en effet les plus grands gisements de bauxite du
monde, d'importantes réserves de fer, d'or, de diamant, ainsi que de
considérables potentialités pour l'exploitation du zinc, du cobalt, du nickel et
de l'uranium…
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pression qu'il exerce sur les ressources hydriques et naturelles. Or, la Guinée
est un pays majoritairement rural (62%), qui abrite une biodiversité unique
en Afrique de l'Ouest et détient un fort potentiel agricole, et ce alors même,
qu'en 2012, près d'un tiers de la population vivaient en situation d'insécurité
alimentaire [5] . À plusieurs reprises, le président guinéen s'est prononcé
pour mettre en avant l'importance du secteur agricole et relativiser les mines
comme « levier du développement de la Guinée », sans pour autant que ne
s'affirme une cohérence politique [6]. Le recentrage des activités sur
l'extractivisme accentue ce problème et accroît la vulnérabilité des
populations locales. Et ce y compris en milieu urbain, comme le démontre le
cas de la ville de Fria [7].
L'exploitation minière est par ailleurs une activité génératrice de conflits. Elle
entraîne des déplacements de populations, des flux migratoires, une
réorientation économique, des pollutions, une déstructuration des relations
sociales, et des violations des droits humains, qui sont autant de sources de
conflits. Ceux-ci sont aggravés et catalysés par les espoirs déçus, le manque
de transparence et de participation des communautés locales,
l'accroissement des inégalités, l'invisibilité de certains « coûts » (sanitaires,
environnementaux, sociaux, culturels) de l'exploitation et la pression sur les
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pratiques traditionnelles et le caractère sacré de certains lieux près des sites
miniers.
Notes
[1] Le président lui-même, Alpha Condé, affirme que la Guinée est « un scandale géologique dont les
ressources n'ont jamais profité à la population ». Muriel Devey Malu-Malu, « Guinée : remédier au « scandale
géologique » », http://www.jeuneafrique.com/.
[2] (IDH) http://www.undp.org/.
[3] Charles Bouessel du Bourg, « Mines : la Chine et la Guinée signent un accord à 20 milliards de dollars
», http://www.jeuneafrique.com/.
[4] Sébastien Le Belzic, « La relation Chine-Afrique entre croissance et dépendance
», http://www.lemonde.fr/.
[5] Ministère de l'agriculture et WFP, Enquête Nationale de la Sécurité Alimentaire et de la Vulnérabilité
(ENSAV), juin-juillet 2012.
[6] Aboubacar Yacouba Barma, « Alpha Condé : '' Les mines ne peuvent pas être le levier de notre
développement '' », https://afrique.latribune.fr/.
[7] Située à 160 km de Conakry, la ville de Fria accueillait la première raffinerie d'alumine en Afrique. La
fermeture de l'usine il y a cinq ansa eu des effets néfastes sur les conditions sociales des habitants, tant le
tissu économique de la ville avait fini par en dépendre. La réouverture de l'usine est programmée pour
2018.
[8] Egis international, Etude Stratégique Environnementale et Sociale (ESES) de la réforme du secteur minier
en République de Guinée, avril 2016.
[9] Et, de toute façon, la main d'œuvre locale n'a généralement accès qu'à des emplois précaires, à durée
déterminée et peu rémunérés.
[10] TV5 Monde, « Guinée : la bauxite au cœur des émeutes de Boké », http://information.tv5monde.com/.
[11] Commission économique pour l'Afrique, Les ressources minérales et le développement de
l'Afrique, https://www.uneca.org/.
Source : Cameroonvoice
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Francophonie : la langue des armes
La Francophonie n'est pas qu'un outil de rayonnement culturel pour la
France. Elle permet aussi de développer sa domination militaire et
d'ouvrir des marchés pour l'industrie de l'armement.
Par Survie
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Pax francophonia
En plus de l'agenda politique du sommet, cette même année, l'Organisation
internationale de la Francophonie (OIF), lançait le Réseau d'expertise et de
formation francophone pour les opérations de paix (REFFOP). Ce réseau vise
notamment à « favoriser l'usage de la langue française dans les opérations de
paix et d'y renforcer la participation des francophones ». La grande majorité
des structures de formation membres du REFFOP se trouvent dans les pays
d'Afrique francophone. Le site internet communique fièrement sur la hausse
de la participation des troupes francophones aux opérations onusiennes, et
rappelle d'ailleurs utilement que si les « États francophones du Nord » sont
les principaux contributeurs sur le plan du financement, de la formation et de
l'équipement, ce sont les « États du Sud » qui fournissent l'essentiel des
troupes sur le terrain.
Au regard de la prédominance du commandement français de ces opérations
(à commencer par l'hégémonie tricolore à la tête du Département des
opérations de maintien de la paix à l'ONU [1]), cette répartition des tâches
n'est pas sans rappeler celle de l'armée coloniale, où les tirailleurs africains,
commandés par des officiers français, formaient le gros des troupes.
Parlons la même langue…
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permettant à des troupes ne maîtrisant pas le français une « interopérabilité
» avec des militaires francophones. Au-delà d'une pittoresque version
numérique diffusée sur le site du REFFOP, la méthode En avant ! est surtout
enseignée dans les centres de formation des différents pays. Le scénario
proposé par la méthode est sans ambiguïté sur la cible principale de ces
cours : on y suit un groupe d'officiers africains engagés dans une opération
au « Canara », un pays fictif.
Une discipline coloniale
L'enseignement du FLMi connaît ainsi un renouveau, après le Règlement
pour l'enseignement du français aux militaires indigènes en 1926, né de la
volonté de mieux faire comprendre les ordres des officiers français aux
militaires colonisés après l'expérience de la première guerre mondiale. Brice
Poulot [2] mentionne également « La méthode Mamadou et Bineta utilisée
pour l'apprentissage du français qui avait été écrite dans les années 1930
par un instituteur, servait de référence aux tirailleurs. Chacun devait en
posséder une dans sa musette. » À l'époque déjà les objectifs étaient clairs : «
comme le signale Michel Bodin, « le respect des consignes, la compréhension
des ordres, et la rapidité de leur exécution, confèrent à toute armée une
grande part de son efficacité ». C'est pourquoi l'armée a, par nécessité
opérationnelle, largement contribué à la diffusion du français […] Les mythes
de l'universalisme républicain et de l'humanisme colonial français
s'évaporent face au pragmatisme des besoins opération-nels militaires de la
métropole. » [3] Lors de la guerre d'Indochine, l'armée française déplora ainsi
le faible niveau de français des soldats africains et il y eut alors « un regain
d'intérêt pour la question de l'enseignement du français aux troupes
africaines ».
La Francophonie des puissances
Aujourd'hui, l'intérêt de l'OIF pour les « opérations de paix » et la diffusion de
la francophonie parmi les armées du monde ressemble à un nouvel outil au
service des ambitions militaires de la France. En 2008, Bernard Cazeneuve,
alors député, y voyait une manière de « multilatéraliser nos interventions »,
tout en s'inquiétant : « Il ne faut pas que nos actions autour et sur la base de
l'OIF pour favoriser le développement du maintien de la paix soient perçues
par nos partenaires comme une manière, détournée, de revenir à une
prédominance française »5. Le député devenu ministre semble là s'inquiéter
plus de l'image que de la réalité.
Dans une étude conjointe de l'IRSEM et de l'OIF [4], le constat est fait que ce
sont « les autorités militaires francophones des pays développés » qui sont à
l'initiative « de nombreuses actions afin de conforter le rayonnement
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militaire du français à l'international. » Cette étude défend l'idée que la
Francophonie peut être utilisée comme moyen de « profondeur stratégique »,
terme qui désigne « un ensemble de ressources sur la base desquelles un
acteur international peut s'appuyer en vue de mettre à distance une menace.
[ …] Il ne s'agit pas de contrôler directement un territoire mais de tisser un
ensemble de relations et de partenariats à l'étranger. » Un article donne en
exemple le cas du Canada qui est intervenu en Haïti sous l'étiquette de l'OIF,
notamment pour des « enjeux de sécurité intérieure au Canada ». « La
communauté haïtienne est déjà très présente sur le sol canadien mais
éprouve de très grandes difficultés socio-économiques. L'essor de la
criminalité en Haïti via les trafics de tous ordres (drogues, armes, humains) a
des incidences directes sur la situation du Canada. En d'autres termes,
l'implication du gouvernement canadien en amont, sur le sol haïtien, entend
« mettre à distance » la diffusion de ces processus conflictuels. » L'auteur
relève que « l'OIF, qui compte en son sein de nombreux pays d'Afrique,
bénéficie indéniablement d'une perception positive de la part des autorités
publiques de la « première République noire de l'Histoire », qui peuvent se
montrer très sourcilleuses de la défense de leur souveraineté dans le cadre de
relations bilatérales classiques. » [5] L'OIF apparaît alors comme un paravent
bien pratique pour les puissances francophones.
Enjeux sonnants et trébuchants
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interventions militaires françaises participe « à la propagation du français en
tant que langue de communication civile et militaire. »
[2] Brice Poulot, « L'enseignement du français aux troupes coloniales en Afrique », Revue
historique des armées, 265
[3] Ibid.
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