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ÉTUDE CRITIQUE
Notessurl'interprétation
de Descartes
par l'ordredes raisons
en histoirede la philosophie.
1. Véritéet contradictions
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FerdinandAlquié
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Descartespar Vordredes raisons
Ses œuvres ont un sens qui, s'il ne peut être arbitrairement déterminé
par nous, ne saurait non plus être définià titre de chose. En un mot, la
vérité de Descartes ne sera jamais, comme le veut M. Gueroult(I, 10),
« découverte», mais toujours constituéepar un interprète.
Le premierdevoir de tout interprèten'est-ilpas, dès lors, devant une
autre interprétationque la sienne, de ne point attribuerce désaccord
aux dérèglementsimaginatifsde l'adversaire ? Certes,l'imaginationpeut
nous empêcherd'apercevoirune réalité objective, et préexistante.Mais,
ici, la seule réalitéobjectiveet préexistanteest le texte,et je ne parviens
pas à saisir ce que M. Gueroultveut dire quand il sépare, en ce qui con-
cernele texte,comprendreet expliquer(I, 9, 10). Car un texte se présente
à la foiscommeopaque et signifiant,et les problèmesqu'il pose sontinsé-
parables d'une significationqui d'abord doit être comprise.Toute inter-
prétationsuppose la sensibilitédu commentateurà tels ou tels de ces
problèmes: elle est nouvelle,et féconde,quand elle apporte une solution
à des problèmesjusque-là négliges.Mais une interprétationne pourrait
être dite objectivementsupérieureà une autre que si, résolvantd'abord
les mêmes problèmes,elle apportait,en outre,la solution de problèmes
nouveaux. L'interprétationde M. Gueroultprésente-t-elle ce caractère ?
2. Le refusdes distinctionschronologiques.
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Ferdinand Alquié
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Descartespar Vordredes raisons
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FerdinandAlquié
Elles seules valent la peine d'être étudiées, car seules elles font d'une
œuvreune œuvre philosophique.
Il faut accorderque des pensées détachées ne constituentpas, à pro-
prementparler, une philosophie,et que l'interprétationdoit découvrir
des structurespermettantde relierdes idées qui, sans cela, demeureraient
sans justification.Mais il est bien des façonsde structurerune pensée pour
la comprendre.Les structuresque M. Gueroultdécouvrechez Descartes
sont des enchaînementsrationnelssemblablesà ceux des Élémentsd'Eu-
elide, et tels que toute thèse énoncéeavant une autre soit la conditionde
cette autre (I, 20, 21 et II, 288) : une idée n'aura donc besoin,pour être
comprise,que de celles qui la précèdentdans la déduction.Aussi M. Gue-
roult s'élève-t-ilcontreles commentateursqui, pour comprendrela Pre-
mière Méditation,et l'hypothèsedu Dieu trompeur,font intervenirla
théoriede la créationdes véritéséternelles(I, 42 à 49). Il établit qu'il ne
saurait y avoir conflitentrela toute puissanceet la bonté de Dieu : on ne
peut penser que Dieu, commetout puissant,pourraitvouloir tromper:
ainsi la doctrinede la créationdes véritéséternelles,affirmant l'omnipo-
tence divine,loin de fonderl'idée du Dieu trompeur,la réfute.Ce dont,
assurément,on doit convenir.Mais accorderque le doute de la Méditation
premièrene peut être interprétécomme la conséquence logique d'une
théorie de la création des vérités éternellescorrectementdéfinien'em-
pêche en riende croireque ce doute,et le cogitoqui le suit,ne dépendent
tout à fait de cette théorie,ou plutôt de la démarchedont elle est née.
Selon moi,ils ne sont autre chose que cette démarche,ou, si l'on préfère,
que sa prise de conscienceréfléchie.Jusqu'en 1630, Descartes a cru, par
une sorte de confiancespontanée,à la valeur des idées claires et de la
science. La théoriede la créationdes vérités éternellesfonde les vérités
scientifiques, mais les situe dans un plan qui n'est plus proprement onto-
logique, puisque l'Être divin les crée librement.Voilà donc les vérités
objectives aperçues sur fondd'être, Qt dépassées par l'esprit,lequel dé-
couvre,si l'on peut dire,la contingencede leur nécessité.Pourtant,en
1630, l'esprit ne s'aperçoitpas encore lui-mêmecommela source de ce
dépassement.Il atteindracette prise de consciencedans les Méditations.
Le mouvementsera alors décomposé: le pur dépassementdes essencesse
retrouveradans le doute, la source effectivedu dépassementsera ma
pensée, et l'idée en fonctionde laquelle le dépassements'opère sera celle
de Dieu. Bien que d'abord présente,cette idée ne se révélerapleinement
qu'à la fin,ce qui explique qu'au momentdu doute Dieu soit encore
confusément aperçu,et puissedonc êtreà la foissupposécommetout puis-
sant (... Deum esse qui potestomnia) et comme trompeur,en attendant
ni une substanced'un modeaccidentel, ni deuxmodesd'unemêmesubstance(v. Prin-
cipes,I, 60 à 63). Il demeureaussi que nous ne pouvonsconnaîtreune substanceque
par son attribut.Il n'en résultepas qu'elle soitcet attribut,et que cet attributsoitla
substance.
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Descartespar l'ordredes raisons
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REVUE DE MÉTA. N° 3-4. 1956 27
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Descartespar Vordredes raisons
4. Rigueurconceptuelle
etexactitude
d'interprétation.
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FerdinandAlquié
sitionde ses organes,qui se rapportent... tousl'un à l'autre» 1.Ce n'est
doncpas la fidélité aux textesqui caractérise ici la méthode: négligeant
souventde contrôler leurauthenticité et, par exemple,de rectifier selon
Rothles modifications introduites par Clerselier dans les lettres carté-
siennes2, M. Gueroultest assurément moinsattentifà la recherche de
l'exactitudequ'à cellede la cohérence. Cependant il tend à les confondre
en son Introduction, et à prouverla fidélitépar la rigueuren invoquant
le faitque la philosophie de Descartess'est voulue« rigoureusement dé-
monstrative ». On ne sauraitpourtantconclurede la logiqued'unraison-
nementà sa conformité au texte,ni penserqu'il suffise de mettre au point
un ordrerigoureuxde raisonspour retrouver celui de Descartes.Des-
carteset M. Gueroult raisonnent fortbien.Maisraisonnent-ils de la même
façon?
Pouren décider,il faudraitcomparer ligneà lignele textedes Médi-
tations (qui,selonM. Gueroult, contient seull'ordrevéritable) etlesinnom-
brablesenchaînements logiquessavammentexposésdans les 700 pages
du commentaire. Nousne saurionsy prétendre en ces notes.Mais,pour
nouslimiterà l'exemplede la SecondeMéditation, nousy chercherions en
vainuneligneoù soientdistingués le sensépistémologique et le sensonto-
logiquedu motsubstance(I, 54),ou troisordresde substantialité (I, 109).
Descartesn'yparlepas davantagede moipensanten général, et ne rejette
en rienl'affirmation du moicommesubstanceindividuelle (I, 117,118).
Il n'yréduitpas la cogitatio à Vintellectus (I, 59). Il n'y déclarenullement
que ce qui nouspermetde connaître un corps,c'estl'idéede quelquechose
d'étendu,qui demeurele même, l'idée d'un « invariantgéométrique »
(I, 134). Tout cela est affirmé par M. Gueroult, par non Descartes. Car
enfinque ditexplicitement Descartesen cetteMéditation? Toutd'abord:
« Jesuis,j'existe.» II remarqueensuiteque, certaind'être,il ne sait pas
ce qu'il est. Pour l'apprendre, et trouver,là encore,la certitude, il re-
tranchede l'idée qu'il a de lui-même toutce qui peuten êtreséparé: or
seulela penséerésisteà cetteépreuve; seuleelle ne peutêtredétachée
de moi: haecsola a medivellinequit.Ce dontDescartesconclutqu'il est
unechosepensante(rescogitans). Le mois'affirme doncdèsl'abordcomme
substanceréelle(Descartesn'a jamais appelé substancece qui se suffit
dansl'ordrede la seuleconnaissance, et l'on voitmal comment l'affirma-
tion « sum » pourraitdésignerune substancepurement« épistémolo-
gique»). Descartesaffirme qu'il estavantde savoirce qu'il estet,à l'in-
versedu Discours,passede la resà son attribut, la cogitatio, par une dé-
marchequi subordonne la certitudede l'essenceintellectuelle du moi à
celle de son existencepuisque,précisément, la réalitéde la penséeest
1. Les Passionsde l'âme,art. 30.
2. C'estle cas dans la notede I, 120,où M. Gueroultcommenteun texteen réalité
totalementfalsifiépar Clerselier.L'authentiquelettreà Huygens,loin d'affirmer
que
la persuasionrationnellerenforce ofDes-
la foi,les oppose(voirRoth,Correspondence
cartesand Constantyn Huygens,p. 180).
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FerdinandAlquié
« J'ai aussi certainement,ajoute Descartes,la puissanced'imaginer...
enfinje suisle mêmequi sens.» Dans la Méditation seconde, en effet,ima-
gination et sensationne seront jamais mises en doute ou, dans l'analyse
du morceaude cire,subordonnées à la « compréhension de l'esprit» que
dansla mesureoù leuridéesembleimpliquer celledu corps,que peut-être
ellessupposent, qu'entout cas ellesreprésentent.Si j'appellevoir: « voir
un corpsextérieur avecmesyeux»,je doisdouterde voir.« Maisil esttrès
certainqu'il me sembleque je vois,que j'entends,que je m'échauffe : at
certeviderevideor,audire,calescere». Ce qui ne signifiepas que Descartes
soitseulement assuréde pensersentir,la sensationdevenantici l'objnt
problématique d'une conscience réfléchieseulecertaine.S'il meten doute
une visionsupposantle corps,ou définiecommela prisede conscience
d'un corpsextérieur, Descartesne séparejamaisvoiret penservoir.Car,
après avoir dit : videre videor; c'est proprement, ajoute-t-il,ce qui en moi
s'appelle sentir. Les Cinquièmes Réponses définiront de même la pensée
de voiret de toucher,noncommela penséeintellectuelle que je voisou
touche,maiscommecelleque « nousexpérimentons toutesles nuitsdans
nos songes». Quantà l'analysedu morceaude cire,destinée,Descartes
l'indique,à luttercontrenotretendanceà privilégier l'extériorité,elle
oppose encore à la vision de la cire par les yeux (ceram... cisione oculi...
cognosci)à sa mentis inspectio. Or mensveutdireâme,esprit,ou pensée,
beaucoupplus qu'entendement. En tout cas, le mot intellectus, auquel
renvoiesans cessele commentaire de M. Gueroult,n'apparaîtpas une
seulefoisdansle textelatinde l'analysedu morceaude cire*,textequi
ne parlepas davantaged'idéesou de « notionsintellectuelles » innées
(invariantgéométrique pour la cire, idées de substancepensanteet
d'hommeen ce qui concerne les passants)qui seraientla « condition de
possibilité »
de la perception(I, 134,135).Il affirme seulement que toute
perception impliqueun jugement(sedjudicohomines esse) et que tout
jugement supposeun esprit.Et cetesprit,l'analyseterminée, estunefois
encoreramenéau moi puisque,ajoute Descartes : « Mais enfin que dirai-je
de cet esprit, c'est-à-dire de moi-même ? » Ce retour au moi marqueque
la Méditation est revenueà son pointde départ: « Me voici insensible-
mentrevenu(sumreversus) où je voulais». Tel estl'ordreexplicitede la
Méditation seconde. Il estfaitde retours, de répétitions, propresà un phi-
losophequi, plus encore ne
qu'il parcourt une série rationnelle, veutse
convaincre, se pénétrer d'unevérité.Cetordre,d'unpointde vuelogique,
laisse demeurer les obscurités les plusgravesen ce qu'il ne définit et ne
déduitaucunterme(être,moi,jugement, etc.). En ce sens,il est toutà
faitlégitimede l'expliqueren lui substituant un ordreconceptuellement
plusrigoureux. C'est ce que fait M. Gueroult. Je n'ai pointvouludiscuter
1. Le texte français,en revanche,traduitune foismenspar entendement et, une
autrefois,ajoute,par redoublement, le motentendement (que par l'entendement ou
l'esprit).
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5. Compréhensionet valorisation.
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