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© Maison de la Photographie Robert Doisneau

LE PHOTOMONTAGE
Dossier enseignant
Ce dossier enseignant a pour objectif de vous donner quelques
clefs et références pour un travail sur le photomontage.
Ce dossier qui ne saurait être exhaustif, présente différents types
de photomontages : surimpression et collage
et différents usages et engagements.

Introduction………………………………………………………… p.2

I. Photomontage de photographes… p.3


Gustave Le Gray (1820-1884)
Henry Peach Robinson (1830-1901)
La photographie spirite
Maurice Tabard (1897-1984)
Wanda Wulz (1903-1984)
Jerry Uelsman (1934)
Michel Séméniako (1944)

II. Photomontage et collage ………………… p.11


Les albums de collage
Les cartes postales
Raoul Hausmann (1886-1971)
Hannah Höch (1889-1978)
Lászlò Moholy-Nagy (1895-1946)
Lajos Lengyel (1904-1978)
Stane Jagodič (1943)

III. Photomontage et presse……………………p.19


Photomontage et mise en page
John Heartfield (1891-1968)
Gustav Klucis (1895-1944)
El Lissitzky (1890-1941)
Alexandre Rodtchenko (1891-1956)
François Kollar (1904-1979)
Pierre Boucher (1908-2000)
Roman Cieslewicz (1930-1996)

Modalité de réservation…………………………… p.28


Introduction
Le photomontage est techniquement possible dès lors que la photographie a évolué pour permettre des
manipulations, donc dès l’apparition du procédé calotype avec négatif papier qui permet d’utiliser le
négatif pour un travail de montage.
Le photomontage est présent très tôt en photographie, par exemple cette photographie ci-dessous d’Oscar
Gustave Rejlander Les deux chemins de la vie date de 1857. C’est un montage d’une trentaine de négatifs
impressionnés successivement sur le papier et fondus par masquage. Rejlander (1813-1875), photographe
anglais, compose une photographie de près d’un mètre de long dans l’esprit des Romains de la Décadence
de Thomas Couture.

Les deux chemins de la vie, 1857, photomontage de Rejlander Les romains de la décadence, 1847, peinture de Thomas Couture

À la fin du XIXème siècle et jusqu’au début du XXème siècle, les photographes amateurs vont également
s’approprier cette technique et composent des montages photographiques par collage.
Dans les années 1920-30, différents mouvements artistiques d’avant-garde (Dada, surréalisme, futurisme,
constructivisme russe, …) s’emparent de cette technique déjà très largement utilisée pour en faire un
moyen d’expression à part entière. On pense, souvent à tort, que ces artistes ont inventé le photomontage
alors qu’ils n’ont fait que s’approprier une technique déjà présente depuis les débuts de la photographie.
Dans ce cas, le photomontage ou photocollage est une composition de fragments photographiques
découpés, collés, parfois complétés d’ajouts picturaux et/ou d’éléments typographiques. La photographie
est alors utilisée comme l’un des éléments de la composition.

La presse va également s’emparer de ce nouveau moyen d’expression


pour ses différents supports : affiches, publicités,… . Elle diffuse des
compositions graphiques avec des montages photographiques, parfois
avec un réel engagement politique. Ci-contre la couverture du
magazine VU.
Une autre technique consiste à
réaliser, à partir de plusieurs
négatifs combinés, une image
no u vel l e , c ’e st l e c as d u
photomontage de Rejlander cité
plus haut, mais également du
photomontage ci-contre de Jean-
Pascal Imsand où la limite entre les
deux images a disparu grâce à un
travail de masquage. Ici la
démarche du photographe diffère
de celle décrite précédemment,
c’est une recherche d’expression
d’un sentiment intérieur, de mise Fin d’une civilisation, couverture du
magazine VU, n°259, 1er mars 1933.
en présence d’une autre réalité. Photomontage de M. Ichac
Les négatifs peuvent être également
superposés, dans ce cas il s’agit d’une surimpression.

Ce dossier enseignant permet de distinguer les techniques utilisées pour les


Tunnel, 1985 photomontages et de voir l’influence du photomontage dans divers domaines :
© Fondation Jean-Pascal Imsand
art appliqué, peinture,… à travers le travail de différents artistes,
/ ProLitteris
graphistes et photographes reconnus ou parfois d’amateurs anonymes.
2
> PHOTOMONTAGE
DE PHOTOGRAPHES

Ferenc Haár, tête, vers 1930, tirage argentique,


collection Gilles Gheerbrant, France.
3
Gustave Le Gray (1820-1884)

Gustave Le Gray, photographe


français, s’est illustré dans les
Marines, réalisées précisément
entre 1856 et 1858 : en 1856 sur
la côte normande, en 1857 aux
bords de la Méditerranée et en
1858 en Bretagne.
Gustave le Gray associe, pour
ses Marines, des ciels et des
mers, car ces deux éléments
nécessitent des temps de pose
différents. Dans les 3 images
ci-dessous vous pouvez
constater l’utilisation du même
ciel combiné avec des mers
différentes. Le Gray combine
donc deux négatifs sur verre au
collodion humide, l’un pour la
mer, l’autre pour le ciel afin
d’obtenir l’image souhaitée.
Ces Marines rencontrent un vif
succès auprès de l’aristocratie
et des collectionneurs.

Marine, bateau quittant le port, 1856-1857 Ces photomontages datent de


1857, peu de temps après
l’invention officielle de la
photographie en 1839 et
attestent donc d’une pratique
du photomontage très tôt dans
l’Histoire de la photographie.

Etude de nuage, clair-obscur, 1856-1857 Le Gray

Grande lame, Méditerranée, 1857, Le Gray

4
Henry Peach Robinson (1830-1901)

Fading away, 1858

Henry Peach Robinson,


photographe anglais, apprend les
montages photographiques avec
Rejlander et produit en 1854 son
premier photomontage Juliet with
the Poison Bottle, constitué à
partir de plusieurs négatifs.
L’image c i-d essus int itul ée
Fading away, a été composée de la
même manière, à partir de cinq
négatifs. Elle a pour sujet une
jeune fille entourée de sa famille
et vivant les dernières heures de
sa maladie : la tuberculose. Le
Autumn, 1863 sujet présenté ici, grâce à cette
composition photographique a
déclenché une controverse à
l’époque.
Il réalise en 1863 Autumn,
composée à partir de 9 négatifs
différents et The Lady of Shalott
en 1861.
Il publie en 1869 Pictorial effect in
Photography.

The Lady of Shalott, 1861

5
La photographie spirite

En 1890, la photographie spirite est


courante voire même à la mode.
Elle née peu après l’invention de la
photographie. Le principe de la
photographie spirite consistait à se
faire photographier en compagnie
du spectre lumineux d’une
personne proche disparue. La
photographie spirite a fasciné à son
époque et a profité de la crédulité
des gens pour leur faire croire à de
véritables apparitions.
En effet, plusieurs techniques
s’offraient au médium pour faire
« apparaître » les esprits. Soit une
personne passait derrière la
client e, s’arrêt ait q uelq ues
secondes puis repartait. Le temps
de pose étant d’environ 60
secondes à l’époque, cette
technique était couramment
utilisée. Soit la même plaque
pouvait être exposée plusieurs
fois : une fois pour le spectre, une
autre fois pour la cliente.

Anonyme, photographie spirite (medium et spectres), vers 1910, musée d'Orsay

Mary Todd Lincoln, veuve du


président américain abattu en
Anonyme, photographie spirite (medium et Anonyme, photographie spirite (medium et
1865, Collection Lloyd Ostendorf
spectre de femme) vers 1910, musée d’Orsay spectre d'enfant), vers 1910, musée d'Orsay
6
Maurice Tabard (1897-1984)

Photographe français, il travaille


pour de nombreux magazines et
produit des photographies pour la
mode et la publicité.

Il appelle ses photomontages des


« impressions simultanées » et les
ajuste pour obtenir des images
intéressantes qui tendent vers une
réflexion.
L’espace de la photographie
semble pluriel, contradictoire
grâce aux rapprochements des
images situées sur des plans
différents, c’est le cas pour New-
York dans ma barque, où la
verticalité du building contredit le
plan oblique de la barque.
Des relations s’opèrent entre les
parties de l’image. Pour Tour
Eiffel et nu, la silhouette de la
Tour Eiffel se confond au nu,
l’association d’éléments
appartenant à des sphères
différentes permet un
basculement dans l’imaginaire.

Composition, surimpression, 1930

Tour Eiffel et nu, surimpression, 1947


New-York dans ma barque, surimpression, 1948

7
Wanda Wulz (1903-1984)

Wanda Wulz, photographe


italienne, adhère au mou-
vement futuriste en 1931 et
reçoit l’influence du
mouvement Dada et des
futuristes.
Ici cette photographie
montre explicitement le
travail de surimpression : la
superposition des deux
né gat i fs d es im ag es
ci-dessous (le chat et son
autoportrait). Cette
surimpression est étonnante
et minutieusement réalisée,
on ne sait plus qui du chat
ou d’elle est le plus
p rése nt , c r éant une
confusion intéressante.
Utilisé de cette manière, le
photomontage permet alors
de s’extraire de la réalité
et devient un moyen de
réinventer le réel.

Moi + chat, 1932

Autoportrait Cat minus me


Jerry Uelsmann (1934)

« Ma principale technique con-


siste à superposer des
négatifs. Je n’ai pas inventé
cette méthode, elle était déjà
amplement utilisée par Oscar
Gustave Rejlander et Henry
Peach Robinson vers 1850 »
Jerry Ueslmann Interviewé par Robert
Hirsch en 2001

Jerry Ueslmann, photographe


américain, utilise la
surimpression très
subtilement. Les transitions
par masquages successifs sont
progressives et permettent
d’obtenir une image onirique.
Jerry Ueslmann se consacre à
la surimpression et associe des
éléments le plus souvent
végétaux : pierres, arbres ou
ciels à d’autres pour obtenir
des relations intéressantes
entre les images.
Contrairement à Maurice
Tabard vu précédemment, qui
associe des images sans vouloir
les fondre les unes dans les
Mutation symbolique, 1961
autres, Jerry Ueslmann tend à
créer une autre réalité et les
fusionne en créant des
transitio ns pour do nner
l’illusion du fantastique.

Sans titre, 1976 Sans titre, 1982


9
Michel Séméniako (1944)

Photographe français, Michel Séméniako


réalise ce qu’il appelle des « images
négociées », des portraits résultant de
photomontages numériques.

Ce projet de photomontages numériques


est réalisé par Séméniako en 1999 et a
pour nom : Identité/Activité. À l’aide
d’une cabine de prise de vue, mise à
disposition par le photographe, des
personnes volontaires salariées d’EDF ont
réalisé leur autoportrait en noir et blanc,
sur leur lieu de travail. Ensuite, chaque
participant devait choisir un objet ou un
lieu significatif pour l’associer à son
autoportrait. Cet objet sera ensuite
incrusté numériquement et en couleur sur
le visage en noir et blanc. Michel
Sémékiano utilise donc la surimpression
numérique.

La légende de l’image indique le nom et


prénom de la personne, son poste de
travail ainsi que son lieu d’activité.

Jean-Michel Euvrard, technicien auscultation barrage. Galerie puit 600

Dominique Lamy, chef ouvrier électromécanicien. Tableau d’outils. Véronique Vial, comptable. Broyeuse de papier et chiffres

10
> PHOTOMONTAGE
ET COLLAGE

Epoque Préhistorique, les grands carnassiers des cavernes !!


Phototype de M.X, photocollographie A. Bergeret et Cie, Nancy
Extrait de la revue Nord Photographe, mars 1899

11
Les albums de collage

De 1865 à 1871, Georgiana


Berkeley compose un album
de photomontage à titre
personnel.

Ces photomontages ne se
revendiquent pas comme
étant artistiques ce sont
p l ut ô t d es fant ai sie s.
Georgiana Berkeley découpait
puis assemblait des photogra-
phies pour composer son
album.
Les personnes présentes dans
ses montages photogra-
phiques sont donc des
membres de sa famille ou de
s o n
entourage, qu’elle associe à
une peinture ou un
dessin. L’album de collage est
une variante de l’album de
famille et permet de mettre
en scène les personnes et de
les assimiler, selon leur
caractère, soit à un flamand
rose, soit à une tortue. Les
amateurs sont friands de ces
Page d’album de Georgiana Berkeley c o m p o sit io ns p ho t o gr a-
phiques, ils composent donc
et insèrent des photographies
dans un jeu de carte, des
timbres de carte postale ou
encore des éventails.

Page d’album de Georgiana Berkeley

Page d’album de Georgiana Berkeley

12
Les cartes postales

Au début du XXème siècle, de


nombreuses cartes postales sont
imaginées en jouant sur les
échelles afin de produire des
effets comiques. C’est le cas par
exemple de l’aubergine géante
de l’image ci-contre ou encore
du lapin disproportionné par
rapport à la voiture qui le
poursuit dans l’image ci-dessous.
Cette pratique du photomontage
par le collage est simple et
accessible à tous, il suffit de
découper puis d’assembler et de
coller, les amateurs en seront
friands.
La carte postale a permis une
large diffusion de ce type
d’images improbables.

Leigh, 1909

J. Herman, 1913

Artiste inconnu, 1910

W.H. Martin, 1910


13
Raoul Hausmann (1886-1971)

Plasticien et écrivain autrichien, Raoul


Hausm ann réalise ses p remiers
photomontages au sein du groupe
Dada Berlin mêlant photographies,
dessins et caractères typographiques.
Dans les années 20 avec son ami
Moholy-Nagy, il participe à divers
mouvements révolutionnaires et
antimilitaristes.

Les photomontages d’Hausmann sont


issus des collages cubistes des années
1911-1912, des accumulations des
textes découpés futuristes où la
photographie est utilisée parmi d’autres
éléments ; mais également par les
découpages et collages d’images que
les soldats envoyaient du front à leurs
familles :
« Dans presque toutes les maisons se
trouvaient accrochée au mur une
lithographie en couleurs représentant
sur un fond de caserne, l’image d’un
grenadier. Pour rendre ce mémento
militaire plus personnel, on avait collé
à la place de la tête un portrait
photographique du soldat. Ce fut
comme un éclair, on pourrait –je le vis
instantanément - faire des tableaux
entièrement composés de photos
découpées. » Raoul Hausmann dans Courrier
Dada, Paris 1958.

ABCD, Portrait de l’artiste, 1923

Elasticum, 1920 Tatlin chez lui, 1920 14


Hannah Höch (1889-1978)

« Je suis restée fidèle au


photomontage et au collage.
Jusqu’à ce jour, j’ai tenté
d’exprimer, avec ces techniques,
mes pensées, mes critiques, mes
sarcasmes mais aussi le malheur et
la beauté » Hannah Höch, janvier 1977

Plasticienne allemande, Hannah


Höch est la seule femme du groupe
Dada Berlin. Le groupe Dada Berlin
(1917-1923) est composé également
de Raoul Hausmann avec qui elle
pratiqua le photomontage, George
Grosz, Richard Huelsenbek et
Johannes Baader.

Les photomontages d’Hannah Höch


revendiquent, non sans humour, ses
idées politiques et féministes. Dans
le photomontage Coupé au couteau
de cuisine ci-contre, elle reprend
des photographies de personnes de
son époque et les mêlent à
d’autres, les anti-dadas en haut à
d ro it e rep rés ent és p a r l e s
personnalités politiques de l’ancien
régime impérial ; et « le grand
monde Dada » incarné par les vi-
sages des membres de Dada Berlin
sur un corps de bébé ou de jeune
Coupé au couteau de cuisine à travers la dernière époque culturelle
ventripotente allemande de Weimar, 1919
fille,… pour proposer une critique
d e
l’Allemagne de Weimar.

Dada cordial, 1920, Collage à quatre mains, partie droite réalisée


par Hannah Höch, celle de gauche par Raoul Hausmann son amant

La belle fille, 1920 15


László Moholy-Nagy (1895-1946)

László Moholy-Nagy est professeur


au Bauhaus de 1923 à 1928. Ses
photomontages reprennent les
principes du graphisme développés
au Bauhaus : composition de
l’espace par des lignes
dynamiques, formes,…

Très différents des photomontages


de Raoul Hausmann vus précédem-
ment, Moholy-Nagy propose une
utilisation plus graphique des
photographies, elles sont
présentes de manière
fragmentaire. Sa page blanche est
un espace qu’il investit avec
différents médiums. L’espace plan
de la feuille est oublié au profit
d’un espace construit par Moholy-
Nagy avec quelques lignes et
signes qui créent une profondeur
ainsi que des effets perspectifs
nouveaux.

« Superposition de négatifs,
tirages conjoints par masquage,
superposition à la prise de vue sur
négatif. Le principe du photomon-
tage est toujours de créer une
image rêvée, impossible à mettre
en scène dans la réalité et de
subvertir ainsi la vision par un
Mort sur les rails, vers 1925 pieux mensonge. » Moholy-Nagy dans
Vision en Motion, 1947

Les lumières de la ville, 1926 Rêve d’écolière, 1924

16
Lajos Lengyel (1904-1978)

Photographe, typographe et graphiste


hongrois, Lajos Lengyel découvre
l’œuvre de Moholy-Nagy lorsqu'il arrive
à Budapest en 1927. Dès 1923 il est
ouvrier typographe pour le journal
Mako, il travaille à partir de 1927 à
l’imprimerie Hungaria de Budapest puis
à l’imprimerie municipale. Dès 1929, il
est membre du groupe Munka, groupe de
photographes autodidactes impliqués
dans le documentaire social. En 1930, il
réalise ses premières photographies puis
fait du graphisme publicitaire et des
couvertures de livres.
Directeur de l’Imprimerie Indépendante
de 1945 à 1948, puis de l’imprimerie
Kossuth de 1949 à 1969, il dirige la
revue Magyar Grafika.

« Nous nous sommes liés d’amitié avec


les serveurs au café (Simplon), ainsi
nous pouvions être les premiers à
étudier les épaisses revues étrangères
pleines de photographies et nous en
enlevions délicatement les pages
choisies, propices à faire des montages.
En arrivant chez nous vers minuit, nous
sortions le butin du jour de nos vestes,
et le travail passionnant, la création de
montages pouvait commencer »
Entretiende Lajos Lengyel avec Mária Kerényi pour
la revue l’Art Photographique Hongrois, avril
1974, traduction Anna Sütö.
Politique coloniale, 1933-1936, photomontage, gouache et papier
Collection János Lengyel, Budapest

Magyar Grafika, 1930

17

Profit, 1933-1936, photomontage, gouache et papier


Collection János Lengyel, Budapest
Stane Jagodič (1943)

Photomonteur contemporain, Stane


Jagodič propose des images
décapantes sur l’actualité.
Les photographies ci-contre et
ci-dessous, de Yasser Arafat et de
Saddam Hussein sont détournées,
mises en scène pour véhiculer un
message, à la fois ironique et
engagé.
Par ses assemblages, collages,
montages, il fait la satire du monde,
ses titres donnant une lecture
engagée, ironique à ses images.
« L’humour est le meilleur atout »
dit-il. Les hommes politiques se
trouvent dans des habits ou des
p o st ures c o nt rad ic t o ires q ui
éveillent la critique et par
conséquent le regard de celui qui
découvre le photomontage.

Stane Jagodič est co-fondateur de


Grupa Junij, un mouvement
international d’art des années 70. Il
est également le créateur de la
collection d’art de Grupa Junij et le
leader de la triennale Aritas-Satire
(1995-2001).

Desert magician, 1992, montage

Homo Sapiens, 1992, montage Happy Youth, 1991, montage


18
> PHOTOMONTAGE
ET PRESSE
Publicité, affiche, couverture de magazine, mise en page,…
Les photomontages sont ici intégrés à une maquette
pour réaliser ensuite un tirage imprimé

August Sander. Cologne 4711. vers 1928.


Pour Eau de Cologne 4711

19
Photomontage et mise en page

Albert Lebrun au banquet de la presse parisienne. Auteur non identifié, 1 er décembre 1932

Dans les revues et magazines, souvent pour les nécessités de la mise en page, certaines
photographies sont retouchées, font même parfois l’objet de montage photo, c’est le cas de
l’image ci-dessus. Les silhouettes des invités ont été détourées, découpées, puis resserrées et
retouchées (les yeux, les cheveux, les mains,… la retouche est également utilisée pour les raccords
entre les éléments découpés). Cette technique de photomontage est récurrente dans la presse.

20
Retouches et indications de cadrage à la gouache, 1er décembre 1932, fonds du journal L’Aurore
John Heartfield (1891-1968)

John Heartfield, artiste


allemand, est un militant
révolutionnaire, il est également
membre fondateur de Dada
Berlin. Il réalise des couvertures
de livres et maquettes pour les
éditions Malik, travaille pour les
journaux satiriques politiques
AIZ (Arbeiter Illu str ierte
Zeitung) et Volks Illustrierte
dont il réalise chaque semaine
les couvertures, de 1930 à 1935.
John Heartfield est très engagé
et ses photomontages véhiculent
un message politique, il utilise
« la photographie comme une
arme ».
Heartfield est l’une des figures
principales du photomontage
politique de l’entre-deux-
guerres.

Ci-contre, ce photomontage
d’Hitler est éloquent : son cœur
est remplacé par la croix
gammée, sa colonne vertébrale
par des pièces. Le photomontage
d’Heartfield combat le fascisme
en montrant la vraie nature
d’Hitler dont les organes sont
« rongés » par sa quête de
pouvoir et la structure soutenue
par l’argent. C’est une critique
acerbe du nazisme.

AIZ, 17 juillet 1932, Adolf, le surhomme

AIZ, août 1933 Outil dans la main de Dieu ? AIZ, 1936, Madrid
Jouet dans la main de Thyssen ! Ils ne passeront pas ! Nous passerons!
Dès novembre 1932, Fritz Thyssen et quelques 21
autres industriels financent l’accession
d’Hitler au pouvoir.
Gustav Klucis (1895-1944)

Photographe letton, Gustav Klucis élabore


des photomontages militants. Il est l’un des
maîtres du photomontage constructiviste
russe des années 20-30. Il est également l’un
des fondateurs en 1928 du groupe Octobre
destiné à servir les besoins du prolétariat et
joue un rôle actif dans la section photo de
ce groupe.

« Le photomontage effectue un agencement


des éléments formels, comme la photo, la
couleur, le slogan, la ligne, le plan, pour
atteindre un but unique : un plus grand
effet plastique », « Le photomontage est
l’un des instruments les plus efficaces et les
plus percutants dans la lutte menée par la
culture industrielle prolétaire pour
l’éducation des masses » Klucis dans Le
Photomontage, nouvel art de propagande

Cartes postales éditées pour les Spartakiades de Moscou en 1928. Natation, Lancer de javelot, Course

Maquette de l’affiche pour le travail « Ouvrier, Affiche « L’U.R.S.S. - la brigade du choc du prolétariat
ouvrière, ensemble pour l’action des soviets! », du monde », 1931, papier, lithographie
1930, papier photocollage, collage de papier,
gouache, crayon
22
El Lissitzky (1890-1941)

Artiste russe, El Lissitzky a une activité de


graphiste, peintre, dessinateur et
photographe. Il s’oriente vers le
constructivisme russe et devient membre
du groupe Octobre en 1928, il est
égal em ent l ié aux m o uvem ent s
d’avant-garde en Europe : Dada, de Stijl,
Bauhaus où il organise des expositions
représentatives de l’art révolutionnaire
soviétique. Dans les années 30, il se sert
des photomontages pour faire de la
propagande par l’image.

Le constructivisme russe est un courant


artistique du début du XX ème siècle qui s’est
développé de 1917 à 1921, c’est l’art
officiel de la Révolution Russe. Ce courant
est marqué par la construction géométrique
de l’espace, utilisant des éléments comme
le cercle, le rectangle ou la ligne droite.
Ces éléments géométriques nous les
retrouvons dans les images de cette page.

L’autoportrait ci-dessous, désigne


El Lissitzky à la fois comme artiste,
photographe et constructeur grâce à la
main tenant le compas qui est placée en
surimpression sur son œil. Les lettres
typographiques viennent équilibrer et
Affiche pour l'exposition russe de Zürich 1929 compléter la composition.

Couverture du livre de Ilya Sel’vinski , 1928 Autoportrait, le constructeur, 1924

23
Alexandre Rodtchenko (1891-1956)

Peintre et graphiste russe,


Alexandre Rodtchenko réalise
ses premiers photomontages à
partir de 1923 et pratique la
photographie. Il est également
membre du groupe Octobre.

Il travaille pour le magazine


L’URSS en construction (SSSR na
Stroïké), magazine de grand
format, vitrine des réalisations
soviétiques des années 1930,
plusieurs numéros sont réalisés
par Rodtchenko et sa femme,
l’artiste Varvara Stepanova. Il
réalise aussi de nombreuses
couvertures pour la revue
Novyi Lef (voir ci-dessous). Il se
Affiche publicitaire pour les éditions Livres de l’Etat, 1925, avec sert de la photographie comme
photographie de Lili Brik réalisée spécialement pour l’affiche. d’un élément graphique dans
une composition générale.

Couverture de Novyi Lef


(Front Gauche)
N°2, 1928

Couverture de Novyi Lef (Front


Gauche) N°8, 1928

Couverture du livre Pro Eto de Kino-Glaz (Ciné-Œil), affiche publicitaire


24
Vladimir Maïakovski, 1923, avec le pour la série de journaux filmés de Dziga
portrait de Lili Brik Vertov, 1924, lithographie.
François Kollar (1904-1979)

Photographe français d’origine hongroise,


François Kollar commence la photographie en
1927. Il travaille pour la mode et la publicité
notamment pour L’Oréal, Gramophone,
Goodrich, les pianos Gaveau, le champagne
Mercier, les machines à écrire Hermès,… en
osant des photomontages par surimpression.
Il publie dans les magazines Vu, Atlantis,
Schweizer Spiegel puis travaille pour
Harpers’ Bazaar.
En 1928, il est responsable du studio photo
des imprimeurs Draeger Frères.

Sa publicité pour Ovomaltine ci-dessous est


une surimpression de néons publicitaires de
différentes enseignes de la ville, qui
composent l’espace de la photographie avec
des lignes obliques. L’enseigne Ovomaltine
apparaît parmi d’autres, comme un produit
nécessaire au même titre que le journal, le
tabac ou encore le cinéma.

Publicité pour la crème à raser Palmolive, avec un


autoportrait, 1930

Publicité pour Magic Photo, avec un portrait de Marie Bell, 1929 Publicité pour Ovomaltine « Les lumières dans la ville », 1932.
Coll. Christian Bouqueret
25
Pierre Boucher (1908-2000)

Pierre Boucher, photographe français et


photomonteur, a une formation de graphiste.
Il travaille notamment pour la marque Hotchkiss,
voir image ci-contre, pour laquelle il découpe en
oblique la photographie d’une voiture afin de
donner l’illusion de mouvement. Il compose
l’espace de sa feuille avec des signes
typographiques, des lignes graphiques et des
éléments photographiques découpés. Cet
ensemble graphique met en valeur la vitesse de
la voiture.
Il aura également des projets pour Olympic et les
camions Laffly.
« Pierre Boucher, lui, est un excellent
dessinateur précis de la lettre. De plus n’usant
d’aucune préciosité technique pour ses paysages,
et ses nus, il aime au contraire pour la publicité
les photogrammes, les photomontages, les
papiers collés, tous les divertissements des
ciseaux, de l’aérographe et de l’objectif. » Rémy
Duval dans « Pierre Boucher » Arts et métiers graphiques, N°
49, 15 octobre 1935.

Il pratique aussi des nus de studio et de plein air.


Ses premiers nus en studio datent de décembre
1931 et janvier 1932. Il se concentre sur la
plastique en omettant les visages et l’associe par
surimpression à d’autres éléments.
Hotchkiss, 1932

Dessin / Composition, 1932 Nu au violon, 1938

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Roman Cieslewicz (1930-1996)

Graphiste polonais, Roman


Cieslewicz commence ses premiers
photomontages en 1958. Il s’installe
ensuite à Paris en 1963 où il
collabore avec plusieurs maisons
d’éditions : Seuil, Stock, Plon,…. De
1969 à 1972, il est directeur
artistique de l’agence publicitaire
M.A.F.I.A à Paris. À partir de 1971, il
collabore au Centre National d’Art
Contemporain de Paris et à partir de
1975, travaille pour le Centre
Pompidou. En 1979, il dirige un cours
de photomontage pour les
ouvriers de Grenoble.

il est l’héritier de l’histoire de


l’affiche polonaise qui a révolutionné
les principes de l’affiche et a connu
une notoriété internationale dès 1939,
devenant un exemple à l’échelle
mondiale. « Le rôle international de
« l’école polonaise » dans l’évolution
de ce support est tout aussi
important que celui de l’affiche
soviétique des années 20 ou de
l’affiche française des années 30. ces
trois courants ont eu une influence
incommensurable sur la qualité et la
cu ltur e d e la com mu nicatio n
visuelle. » Roman Cieslewicz dans un
entretien avec Margo Rouard.
Roman Cieslewicz ne distingue pas ses
t ravaux d e c omm ande d e sa
pratique personnelle. Il se définit
comme un « aiguilleur de rétine ». Il
procède à un détournement du réel,
rap p ro c h ant p ar fo is p e int u res
classiques et photographies afin
Affiche pour l’exposition « L’espace urbain en URSS 1917-1978 », 1978. Reprise d’une d’obliger le spectateur à s’interroger.
couverture de la revue Novyi Lef de 1927 d’Alexandre Rodtchenko. Par son humour noir et son esprit
provocateur, Roman Cieslewicz
bouscule le spectateur.

Amnesty International, Playboy de la Sixtine (« série Jourdan »), photomontage, 1982


affiche politique
commandée par Amnesty
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International, 1975
Réservation
Du lundi au vendredi
Sarah Gay, chargée de la médiation culturelle
01 55 01 04 84
s.gay@agglo-valdebievre.fr

Visite commentée et Atelier


sur le photomontage

Durée : 1h à 1h30
Gratuité

Où pique-niquer ?
À 200m de la Maison Doisneau...
Parc Picasso
64 avenue Raspail
94250 Gentilly

Pour venir…
RER B, station Gentilly
Tram T3, station Stade Charléty
Bus :
n° 57, (Porte de Bagnolet - Arcueil/Laplace), arrêt Division Leclerc.
n° 125, (Porte d’Orléans - Maisons-Alfort), arrêt Mairie de Gentilly.
n° 184, (Porte d’Italie - Fresnes), arrêt Mairie de Gentilly.
Bus Valouette, réseau de transports gratuits entre les communes
de l’agglomération de Val de Bièvre
●Stations Vélib’, à proximité
Périphérique, sortie Porte de Gentilly

Maison de la Photographie Robert Doisneau,


1 rue de la Division du Général Leclerc, 94250 Gentilly
01 55 01 04 86 - www.maisondoisneau.agglo-valdebievre.fr

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