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Abstract
Technology is usually considered as a natural and autonomous phenomenon. In fact, technology integrates at different
levels social constraints and specifically the effects of worker resistance on norms of production.
But in the same time technology is submitted to social constraints, technology is producting a culture illustrated by the
taylorian determinism and the technical progress. The author develops then the idea of hierarchical function of technology.
Résumé
Les technologies sont couramment assimilées à des phénomènes naturels autonomes. En fait les technologies
incorporent les contraintes sociales, à des degrés divers et notamment les effets de la résistance ouvrière aux normes de
production. Mais en même temps qu'elle obéit aux contraintes sociales, la technologie produit une «culture», dont le
déterminisme taylorien et le progrès technique sont des exemples. L'auteur en vient ainsi à développer l'idée d'une
«fonction hiérarchique » de la technologie.
Salerni Dario. Le pouvoir hiérarchique de la technologie. In: Sociologie du travail, 21ᵉ année n°1, Janvier-mars 1979.
L'enjeu de la rationalisation du travail. pp. 4-18;
https://www.persee.fr/doc/sotra_0038-0296_1979_num_21_1_1594
Le pouvoir hiérarchique
de la technologie
production.
autonomes.
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I. DU « NATURALISME » TECHNOLOGIQUE
4
Le pouvoir hiérarchique de la technologie
5
Dario Salerni
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que
7
Dario Salerni
8
Le pouvoir hiérarchique de la technologie
sable comme une zone présentant une densité moindre de contraintes sociales
Mais il ne s'agit pas seulement de cela : la modification constante des tech¬
nologies réalisée par certaines entreprises (quelquefois en extrayant simple¬
ment certains segments du cycle et en les transférant à l'extérieur) a pour rôle
de désorganiser une structrure donnée de contraintes, sédimentée par un long
processus social, et de construire un milieu technologique nouveau dans lequel
les contraintes (ou entraves) sont déstructurées et raréfiées.
On peut donc, à ce point, établir une discrimination entre deux processus,
l'un séculaire et l'autre cyclique, de formation des contraintes sociales de
l'organisation du travail :
/
Dario Salerni
car4.effectifs.
ou elleLaaugmente
détérioration
la possibilité
des standards
de transformer
de production
les revendications
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de la main-d'œuvre
formels
10
Le pouvoir hiérarchique de la technologie
ponibles et non réalisées (et l'on transfère généralement vers un secteur arriéré
celle qui s'est révélée obsolète). C'est seulement dans le cas où il n'existe pas,
parmi les technologies disponibles, de technologie adaptée aux phénomènes
qui sont apparus, que l'on pousse et oriente la recherche scientifique à fournir
de nouvelles technologies.
Le rapport entre science et technologie n'est donc pas de type mécanique
direct. Le progrès technologique n'est pas un flux continu immédiat allant de
la science vers la technologie mais un passage discontinu à travers une suite de
vases communicants. Et toutes deux sont gouvernées par un paradigme social
et non pas seulement scientifique, technique ou économique.
Ceci étant dit, un dernier phénomène doit être évoqué. Toute phase techno¬
logique structure une culture et une idéologie. Au moment de la pleine matu¬
rité de la phase, ces dernières sont congruentes et fonctionnelles par rapport
aux paradigmes dominants internes de la technologie. Mais lorsque débute la
phase descendante de la courbe de maturité d'une technologie, la culture
qu'elle produit manifeste une certaine viscosité et inertie. Elle ne dépérit pas et
ne se transforme pas avec la technologie, et même, dans la phase pré-critique,
elle se transforme en une contrainte et un obstacle.
La phase technologique taylorienne a structuré une culture de type détermi¬
niste, fondée sur l'indépendance de l'évolution technique et sur l'idéologie de
sa neutralité et de son objectivité. Elle a affirmé que la « technologie, en tant
que science, est dégagée des jugements de valeurs ; parallèlement, les concep¬
tions et les techniques de la programmation de la production sont elles aussi
dégagées de jugements normatifs. En même temps, le taylorisme a diffusé
l'image collective du progrès technologique comme élément positif en soi per¬
manent et universel. Il a donc à la fois protégé la technologie de jugements de
valeur négatifs et diffusé et socialisé des jugements de valeurs positifs.
Cette opération reflétait, et en même temps cachait et protégeait, un certain
type de contrôle social, où la main-d'œuvre était effectivement complètement
subordonnée à la technologie, c'est-à-dire aux sujets sociaux qui en réglemen¬
taient le progrès et en gouvernaient le fonctionnement.
Mais, en même temps, cette culture et cette idéologie ont réduit la perméabi¬
lité de la conception technologique à l'observation des phénomènes sociaux.
La culture taylorienne a mis les sciences humaines dans l'impossibilité d'inter¬
venir dans l'évolution des études technologiques. Cette perméabilité a été réa¬
lisée à travers des processus empiriques, la science devenant une « pratique »
des structures de direction.
Le technologue n'a donc pas pu bénéficier des techniques les plus modernes
et les plus sophistiquées de la recherche sociale ni des résultats obtenus par les
sciences humaines, ni non plus des évidences mêmes rassemblées par les obser¬
vateurs sociaux. Le taylorisme , qui avait été un soutien social de la technolo¬
gie dominante, est devenu une contrainte et un frein à la transformation
nécessaire de celle-ci. Le tissu productif a été marqué par un retard du mana¬
gement qui a permis l'accumulation de tensions sociales incontrôlables. L'his¬
toire de ces dernières années fournit à cet égard des enseignements précieux.
11
Dario Salerni
s'est
6. profondément
Comme chacuntransformé
sait, ce mélange
dans le d'informations
temps, dans le sens
et d'énergie
d'une réduction
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12
Le pouvoir hiérarchique de la technologie
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13
Dario Salerni
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Le pouvoir hiérarchique de la technologie
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15
Dario Salerni
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16
Le pouvoir hiérarchique de la technologie
Il semble que l'on puisse affirmer que cet aspect caché de l'histoire de la
technologie n'a pas été suffisamment étudié et explicitement défini. En effet le
technologue tend à subsumer le pouvoir productif direct d'une machine (sa
capacité de produire davantage à égalité de travail fourni) et son pouvoir indi¬
rect (sa capacité de commander des opérations et de freiner des déviations)
sous le même concept de productivité d'une technologie.
À ce stade il est nécessaire d'apporter une précision. Identifier conceptuelle-
ment le pouvoir hiérarchique d'une technologie ne nous conduit pas à la consi¬
dérer comme une propriété interne, mécanique, naturelle de la machine. Nous
avons mis en évidence la courbe évolutive de la puissance hiérarchique de cette
même technologie (chaînes de montage). Ceci dépend évidemment de phéno¬
mènes sociaux externes et internes à l'entreprise. Mais il ne s'agit pas seule¬
ment de cela.
La puissance hiérarchique de la technologie n'existe pas de manière auto-
nome.Elle présuppose, pour pouvoir opérer, un processus de socialisation
industrielle de la main-d'œuvre, c'est-à-dire un processus d'acceptation et
d'intériorisation d'un ensemble de valeurs, de normes et de règles. En outre,
elle est toujours associée à d'autres systèmes hiérarchiques.
Le principal, parmi ces systèmes, est celui de la chaîne. La chaîne se sert à
son tour de systèmes voisins de contrôle : contrôle de la production, contrôle
de qualité, entretien. Ces systèmes fournissent des informations de rétro¬
action à la « chaîne » qui s'en sert pour effectuer des opérations de régulation
de type hiérarchique. Parallèlement à la fonction hiérarchique de la technolo¬
gie, fonctionne donc un système articulé et intégré de contrôle et de comman¬
dement.
L'importance relative des deux fonctions hiérarchiques peut varier dans
l'espace et dans le temps, et en fonction de nombreuses variables, mais il ne
fait point de doute que le système du commandement sur les opérations se pré¬
sente comme un système diarchique (et dans certains cas polyarchique).
Si on analyse plus en détail les deux sections (technologie-chaîne) de ce
système diarchique, deux relations hiérarchiques apparaissent : le rapport
machine-homme et le rapport chef-dépendant.
Elles se fonctionnalisent et se légitiment mutuellement. Il existe donc, entre
elles, une intersection et une interdépendance.
La hiérarchie de l'organisation contrôle le respect des normes fournies par
la machine ; elle en maximise la conscience et l'intériorisation, elle s'en sent
légitimée et les légitime; puisque la relation hiérarchique organisationnelle
(organisatrice) est l'unique relation directement sociale, elle façonne à son
image l'image collective de la relation technologique 12 ; elle en fonde la légiti-
étroit
un
ment
fondée
11.
12.
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Dans
sens
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17
Dario Salerni
des périodes de « déhiérarchisation » la machine se présente comme plus souple envers la con¬
duite du travail et la relation hiérarchique et unilatérale devient un rapport bilatéral d'adaptation
(entre homme et machine), déterminé socialement.