Вы находитесь на странице: 1из 3

ÉPARGNE

Après le «Made in France»,


l’« Invest in France »

L’investissement va devenir une cause nationale!


Cela s’impose en France, où l’investissement en actions
périclite, mais aussi dans d ’autres pays européens.
Dans la perspective de l’Union des marchés de capitaux,
la Commission cherche à susciter un élan vers l’investissement.

taux étrangers. Selon l'étude annuelle de la Banque de


France, la part des investisseurs étrangers dans le CAC40
est passée de 42 % en 2010 à plus de 45 % aujourd’hui,
avec des étrangers qui détenaient même la majorité du
capital dans 18 entreprises du CAC40. Parmi les inves­
e salon du « Made in France »vient de se terminer à tisseurs étrangers, les Chinois font partie des plus gour­
la Porte de Versailles avec un niveau de fréquen­ mands, ces derniers temps : leurs investissements en
tation record, illustrant l’engouement des Fran- Europe ont atteint 23 milliards de dollars en 2015, avec
■çais pour les entreprises domestiques. Même les la France comme principale cible (Louvre Hotels, Club
hommes politiques n’hésitent pas à s’emparer de ce Med, Peugeot...), en hausse de 44% sur ian; selon
thème particulièrement porteur en période électorale l’institut China FDI Monitor, iis progressent encore de
pour promouvoir les entreprises locales, que ce soit en 20 % au premier trimestre 2016.
France ou outre-Atlantique ! En revanche, alors que le
« Made in France » a le vent en poupe, l’« Inuest in France » UN NOUVEL ELAN POUR L’INVESTISSEMENT
est paradoxalement en perte de vitesse. En témoigne le EN EUROPE
nombre d’actionnaires particuliers qui est passé de 7 mil­ On le voit bien, au moment où s'engage le débat sur
lions en 2007 à près de 4 millions en 2014. Ce nombre a l'Union des marchés de capitaux (UMC), l’élément
encore fondu en 2 ans pour atteindre à peine 3 millions cœur du projet de la Commission européenne est sans
en 2016 selon l’AMF. Près de 10 ans après la faillite de doute moins la santé des entreprises européennes et
Lehman Brothers, les particuliers continuent de fuir la leur capacité à se développer et à conquérir de nouveaux
Bourse pour privilégier les placements liquides. En effet, la marchés, ou encore l’amélioration des infrastructures
Banque de France nous signale dans son dernier bulletin de marché, que le rétablissement de la confiance des
publié en novembre dernier que les encours des dépôts épargnants et la visibilité à donner aux individus pour
à vue par les ménages viennent de dépasser allègrement déclencher un nouvel élan à l’investissement en Europe et
les 400 milliards d’euros, faisant des dépôts l’un des pla­ une réorientation de l’épargne des ménages. Rien qu’en
cements financiers préférés des Français, alors que de France, par exemple, en additionnant l’épargne liquide
plus en plus de banques facturent la tenue de compte ! (dépôts, livrets...) et le fonds en euros de l’assurance
vie, on atteint près de 3 000 milliards d’euros. Il suffi­
DES INVESTISSEURS ETRANGERS rait de réorienter 10 % de cette enveloppe pour déployer
Pourtant, nos entreprises françaises, cotées ou non, ne 300 milliards d’euros dans les actions cotées, soit 150 %
manquent pas d’atouts et, faute d’intéresser les inves­ du montant détenu actuellement par les ménages fran­
tisseurs français, elles attirent de plus en plus les capi­ çais en actions cotées. Toujours pour mettre quelques

Revue Banque n° 803-804 janvier 2017


chiffres en perspective, rappelons que la capitalisation
boursière du CAC40 attein t au jo u rd ’hui 1200 m illiards
d ’euros, c’est-à-dire à peu près les capitalisations d'Apple
et G oogle réunies !
Mais cette question du besoin de réconcilier les investis­
seurs individuels avec les m archés financiers n ’est pas
nouvelle. Tous les ans, les professionnels de la finance se
plaignent de l’absence de véhicules d ’investissement à long
term e et les m énages français p rennent un malin plaisir tion saine, la santé financière est basée sur des principes
à investir dans des placem ents sûrs et liquides, faisant fi d ’investissem ent sim ples. Après les cam pagnes p rônant
des crises boursières. En fait, cette fois, c’est différent! les « cinq fruits et légumes par jour », vont b ientôt fleurir
Ce qui fait que cette question devient urgente en Europe dans les m édias des cam pagnes louant les bienfaits de la
aujourd’hui est m oins lié à l’utilisation et l’orientation des diversité des placem ent, de type « Arrêtez d’épargner, inves­
capitaux vers le financem ent de l’économ ie que l’absolue tissez ! ». Com m e pour toute cause nationale, les hom m es
nécessité de retirer une partie des capitaux investis sur politiques devront m ontrer l’exemple. Il serait judicieux
des actifs liquides « sans risque », m ais su rtout sans ren­ de profiter de la période électorale pour les questionner
dem ent, voire à rendem ents négatifs. D ’abord, en ce qui sur les enjeux et priorités de l’UMC et, à titre individuel,
concerne l’orientation vers les m archés, personne n ’a de sur la construction de leur propre patrim oine. Ont-ils
boule de cristal et ne peut prédire les rendem ents futurs et privilégié l’épargne liquide ou ont-ils m ontré l’exemple
les risques sur les m archés financiers ; p ersonne ne peut en investissant une partie de leur épargne dans nos chers
donc garantir aux investisseurs que contribuer au finan­ fleurons français ou européens com m eA irbus, Essilorou
cem ent des entreprises débouchera nécessairem ent sur SAP, favorisant ainsi la croissance?
des perform ances élevées à long term e.
En revanche, d ans un enviro nnem ent de taux très bas TRANSFORMATION DIGITALE
voire négatifs, to u t le m onde com prend aisém ent que Mais les h om m es politiques so n t com m e tous les ép ar­
l’é p a rg n a n t doive m ettre en place une certain e a d é ­ g nan ts, c’est-à-dire un peu schizophrènes :
quation de ses actifs avec ses passifs et ne puisse plus - d ’un côté, ils veulent rétablir la confiance des ép ar­
se reposer sur l’anom alie des rendem en ts/risq u es qui g n an ts et red o n n er de la visibilité aux agents éco n o ­
a prévalu il y a quelques années, à savoir un rendem ent m iques grâce à une réglem entation européenne ;
an o rm alem en t élevé su r les actifs sans risque (livrets - de l’autre, ils savent que le se n tim e n t eu ro p éen n ’a
réglem entés, em pru n ts d ’État...). jam ais été au ssi faible en E urope et que l’on assiste à
un reto u r des É tats N ations (A ngleterre, Russie, T ur­
L’EXEMPLE ALLEMAND quie...).
À ce titre, l’exem ple allem and est parlan t : selon la der­ Les professionnels de la finance le savent mieux que per­
nière étude de l’in stitu t DIW parue l’année dernière, sonne : m êm e si, en théorie, la réglem entation a pour
la valeur m oyenne du p atrim o in e des m énages alle­ o bjectif l’h arm o n isatio n des m archés, dans la réalité,
m an d s a reculé de 15 % sur les 10 dernières années. En très peu d ’acteurs bancaires ou financiers o n t ju sq u ’à
m oyenne, la dim inution du patrim oine est de l’ordre de m aintenant réussi à se développer de m anière transfron­
2 0 0 0 0 euros p ar m énage pour atteindre 117000 euros talière sur le m arché retail et beaucoup se reconcentrent
contre 137 000 euros 10 ans plus tôt. La principale cause au contraire sur leur m arché dom estique, car les spécifi­
avancée par les chercheurs n ’est pas la baisse du taux cités (fiscales, com m erciales...) des p roduits financiers
d ’épargne (qui reste élevée et similaire à la France, proche resten t encore très lourdes.
de 14 %), m ais l’atonie du m arché im m obilier allem and C ependant, un élém ent p eu t changer la donne. Ce n ’est
et su rto u t « la rémunération des placements souvent inférieure pas la désinterm édiation, ni les conditions de m arché
à [’inflation ». Les auteurs de l’étude p o in te n t du doigt ni m êm e la réglem entation ; il s ’agit de la tran sfo rm a­
« les capitaux placés sur des produits fortement liquides et peu tion digitale de nos économ ies et de l’im portance g ran ­
risqués, des livrets ou de simples comptes épargne ». N et des dissante des réseaux sociaux. Loin de m oi l’idée d ’être
ren dem en ts (négatifs parfo is), net des frais et des coûts béat devant les FinTechs : je pense que ces plates-form es
de fro ttem en t et n et de l’inflation, le capital est petit à ne p ren d ro n t pas dem ain - n i a p rè s-d e m a in - la p art
p etit « m an g é ». Les économ istes signalent, certes, que de m arché des grands acteurs retail que so n t les AXA,
les prix de l’im m obilier allem and reparten t à la hausse G enerali, BNP Paribas ou Société G énérale. Je pense
depuis 2011, lim itant ainsi l’appauvrissem ent futur, mais p lu tô t aux « cyborg advisors », sym biose entre le conseil­
ils so u lig n en t égalem ent que le problèm e de l’épargne ler financier ou le b an quier privé et la technologie, qui
liquide est m alheureusem ent encore plus prégnant. devraient révolutionner la prestation de conseil, donner
On le voit bien, en France com m e pour les autres pays accès en un tem ps record à des inform ations à la fois
européens, il s ’agit bien d ’une cause nationale, au m êm e aux investisseurs m ais aussi aux fournisseurs et m êm e
titre que la lutte contre le cancer ou les accidents de la aux régulateurs et perm ettre ainsi une harm o n isatio n
route ! Tout com m e la santé est basée sur une alim enta­ des règles de com m ercialisation. ■

JANVIER 2 0 1 7 N° 8 0 3 - 8 0 4 REVUE BANQ U E


Copyright of Revue Banque/Banque Magazine is the property of Revue Banque and its
content may not be copied or emailed to multiple sites or posted to a listserv without the
copyright holder's express written permission. However, users may print, download, or email
articles for individual use.

Вам также может понравиться