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(Tu choisis) comment (est-ce que) (tu) choisis(-tu)?

: Acquisition des variantes interrogatives


Author(s): Valérie Saugera
Source: The French Review, Vol. 85, No. 3 (February 2012), pp. 519-532
Published by: American Association of Teachers of French
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41346269
Accessed: 05-03-2018 18:13 UTC

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The French Review, Vol. 85, No. 3, February 2012 Printed in U.S.A.

(Tu choisis) comment


(est-ce que) (tu) choisis(-tu)?:
Acquisition des vanantes
interrogatives

par Valérie Saugera

Le français oral compte un répertoire virtuel d'une vingtaine de va-


riantes interrogatives. Cette diversite des moyens interrogates disponibles
est délicate à expliquer, chaque structure se justifiant de multiples argu-
ments, d'où la pluralité des hypothèses et des interprétations, proposées
aux trois niveaux syntactique, sociolinguistique et pragmatique (Coveney;
Gadet; Kayne et Pollock; Ledegen et Quillard). L'enseignement des princi-
pales variantes interrogatives ne peut donc se suffire d'une description
grammaticale mais doit prendre en compte ces trois niveaux, de surcroît
corrélés. Cet article ciblera l'enseignement de la position des variantes
sur le continuum stylistique pour éviter que les étudiants concluent à
leur équivalence sociostylistique, chaque forme correspondant à un
degré de formalité que la situation d'énonciation conditionne (e.g., sujet
de conversation, relation entre les locuteurs).
La séquence pédagogique centrale à cet article est née de l'observa-
tion d'une inadéquation: alors que des études récentes en sociolinguis-
tique variationniste ont permis d'établir plus rigoureusement l'inventaire
et la fréquence d'utilisation des formes interrogatives, le traitement de
l'interrogation dans la plupart des grammaires de français langue seconde,
pourtant publiées après 2000, n'inclut que deux structures (contre les
quatre structures les plus communes) qu'elles présentent souvent comme
interchangeables en raison de l'absence de commentaires sociostylistiques
(Blyth and Katz 187). Pourquoi insister sur l'inversion, la structure la moins
utilisée, et délaisser la postposition ou l'antéposition, plus fréquentes dans
l'usage? La variation et la contextualisation de la langue représentent de
fait des concepts-clés de l'approche communicative (Richards and Rodgers
67). Le professeur se doit alors d'incorporer des critères sociolinguistiques à
l'enseignement de la langue (Valdman, "Comment gérer" 664) en se
tenant informé de la recherche linguistique et en choisissant des sources et
des matériels qui donneront aux étudiants une sensibilisation à la variation

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stylistique. La séquenc
résultats de la recherc
d'observer la variation
première partie de la
(Coveney, Variability) c
seconde partie, les étu
traits non linguistiques
deux scènes du film de
obtenus à ceux de l'étud
sions sur la variation st
L'article s'articule auto
études sociolinguistiqu
interrogatives du fran
générale. (2) L'examen d
tives des apprenants L
répertoire stylistique. (
prêts à l'emploi qui aide
grammaires pédagogiqu
des structures interrog
moyen de cinq activités

Variantes interrogatives s

"Le style constitue un


langues, pour autant q
ment de la même façon
qu'un locuteur français
façon. Ledegen et Quill
dans leur vaste corpus
A titre informa tif, on
tures partielles différe
répertoire de formes
phénomène, semble-t-i
Identifier le style, ou p
d'énonciation (variable
Ce sont les travaux de
Vito; Dewaele; Coveney
rigoureuse des contexte
riantes interrogatives en
épineux de leur attribu
socio-stylistique n'est
"Structures" 70), mais
article s'inscrit dans un
est réduite aux structur
formel au moins forme

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Variantes interrogatives 521
1) Inversion
Où pars-tu? [QVS]1
2) Est-ce que
Où est-ce que tu pars? [QESV]
3) Postposition ou in situ
Tu pars où? [SVQ]
4) Antéposition
Où tu pars? [QSV]

Les traits caractéristiques de la distribution stylistique des quatre princi-


pales variantes sont présentés ci-dessous2 et condensés dans le Tableau 1.
1) L'inversion est une forme que la langue soignée, surtout écrite, pri-
vilégie: "[l]es interrogations par inversion complexe n'apparaissent pra-
tiquement qu'en langue soutenue" (Gadet, Le français 107). On peut trouver
l'inversion dans des situations orales jugées informelles, notamment dans le
cas de formules figées, telles les non-demandes (Coveney, Variability
208-09; Quillard 66; O'Connor Di Vito 105), représentées entre autres par la
question rhétorique (e.g., Où allons-nous ?), et les interrogations devenues
lexicalisées en raison de leur fréquence dans la langue vernaculaire (e.g.,
Comment vas-tu?, Quelle heure est-il?).
2) L'interrogation par est-ce que appartient au français courant, d'où
sa valeur sociostylistique neutre ou non marquée. Les structures [QESV]
sont toutefois considérées inélégantes et lourdes à l'écrit même si elles
"se rencontrent parfois dans la langue littéraire la plus élaborée, mais
moins souvent aujourd'hui qu'hier, semble-t-il" (Grevisse et Goosse
498-99). O'Connor Di Vito (101) confirme cette tendance avec le report
d'un faible taux de production de formes interrogatives en est-ce que dans
les textes écrits, tous genres confondus.
3) La postposition est une structure de la langue familière parlée.
Cette structure n'est cependant nullement stigmatisée et son usage est
commun dans le discours des plus de 35 ans et des membres du groupe
socio-professionnel "haut" (Quillard 68).
4) L'antéposition est perçue comme une forme relâchée. Alors qu'elle
est une des formes les plus utilisées (Gadet, Le français 112; Coveney,
Variability 118), elle semble la moins étudiée.

Tableau 1
Valeur stylistique générale des principales variantes interrogatives
Variantes Exemples Style Écrit ou Oral
1) Inversion Qui écoutes-tu? Formel Surtout écrit
2) Est-ce que Qui est-ce que tu Neutre Surtout oral
écoutes?

3) Postposition Tu écoutes qui? Informel Oral


4) Antéposition Qui tu écoutes? Très informel Oral

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Acquisition du répertoire

Il est sans doute rare


stylistique d'une lang
perdu , Nancy Huston,
joies) de vivre avec une

Qui suis-je, en français?


je rencontre des lycéens
dans mes romans, les p
"familier". Pourquoi fa
leur avouer que je n'en
ça me plaît, me réjouit
que pour les autochton
de la langue française.

Dans cet extrait, Hu


accomplie, fait référen
dans Vautre langue ;
linguistes (Halliday et a
stylistique est dans un
compétence sociolingu
semble indispensable d
base , notamment pour
Un nombre croissan
variation stylistique p
Gadet et Tyne; Nadasd
compte deux études qu
répertoire des structur
discours informel de lo
questions partielles une
des structures du fran
l'influence du séjour à
l'inversion chute et
conformité avec la pr
français langue secon
privilégié l'enseignem
l'écart entre le fort tau
Ll. Un compte rendu du
grammaires pédagogiqu
chapitre consacré à l'en
and Katz relèvent l'app
inadequacies of textboo
forms that sound stilte
Thus, learners need to b
in different discourse

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Variantes interrogatives 523
l'inversion dans un échange familie
car excessivement correct dans un c
rogative Comment t'appelles-tu? (cont
partie de la première leçon de nomb
Un input limité ne peut favoriser l'i
processus fort difficiles à assimiler
La séquence pédagogique (détaillé
fil conducteur de placer le réperto
communication.

Séquence pédagogique: outils et matériels basés sur la recherche


sociolinguistique variationniste

Le cours de grammaire avancée pour lequel la séquence a été conçue


repose sur l'utilisation complémentaire d'un manuel (théorie) et d'un
corpus de documents authentiques (pratique /usage). Ce corpus compilé
sur l'utilisation complémentaire d'un manuel ( théorie ) et d'un corpus de
documents authentiques (pratique/usage). Ce corpus compilé au fil des
semestres pour développer le contenu sociolinguistique du livre de
grammaire permet ainsi aux étudiants d'observer la langue varier selon
les contextes dénonciation. Ces documents, de genres et de styles divers
(littérature, presse, courrier électronique, chansons, films, articles linguis-
tiques), illustrent chaque point de grammaire et sont exploités dans le cadre
d'activités pédagogiques, telle la présente séquence. Cette séquence,
extraite du corpus et perfectionnée sur trois années consécutives, met en
scène les quatre principales variantes interrogatives du français et amène
les étudiants à les différencier au niveau sociostylistique. Elle propose
une série de cinq activités qui vont de l'observation à la production et qui
s'articulent autour de l'analyse (1) des résultats d'une étude sociolinguis-
tique et (2) d'un corpus d'interrogatives issues de deux scènes de film.

Une étude linguistique comme outil d'apprentissage

Diversité des variantes interrogatives (Activité 1)


La première activité a pour objectif de poser le problème de l'interro-
gation comme variable syntaxique du français et d'évaluer les connais-
sances (socio)linguistiques des étudiants sur cette variable. La présentation
des quatre structures interrogatives les plus communes (1-4) sert de point
de départ à la réflexion:

1) Qui cherches-tu?
2) Qui est-ce que tu cherches?
3) Tu cherches qui?
4) Qui tu cherches?

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Les énoncés de ce corpu


texte afin d'attirer l'at
interrogatifs disponible
temps. La tâche consi
chaque structure et à dr
Une série de questions
sociostylistiques de la v

1. Ces quatre structure


chose?
2. Connaissez-vous certaines différences d'utilisation entre ces
structures? Si oui, quel(s) type(s) de différences?
3. Parmi ces quatre formes interrogatives, combien en utilisez- vous?
Plus précisément, lesquelles utilisez-vous
a. quand vous écrivez en français?
b. quand vous parlez français?
4. Pouvez-vous penser à des situations où vous avez lu ou entendu
l'une ou l'autre de ces quatre formes interrogatives? Vous
souvenez-vous d'exemples?

La seule conclusion solide que les étudiants peuvent mettre en avant est
que l'inversion tend à être réservée à la communication écrite. Les
nuances entre les autres structures restent méconnues ou floues pour la
grande majorité. Le professeur introduira ici la notion de styles, néces-
saire pour interpréter l'existence des différentes constructions, avec à
l'appui cette citation de Blanche-Benveniste que la classe est invitée à
commenter et à agrémenter d'exemples: "On observe que, dans la langue
parlée, la syntaxe est généralement très différenciée selon les "genres" de
prise de parole. Un même individu, même peu scolarisé, adapte une partie
de ses tournures à ses différentes prises de parole" (335-36). Le Tableau 1
est distribué aux étudiants comme document récapitulatif.

Interprétation de la fréquence des variantes interrogatives (Activité 2)


La deuxième activité propose aux étudiants d'analyser la fréquence
de distribution des variantes de l'interrogation partielle dans un corpus
de français oral et informel, celui de Coveney. Son corpus se compose
d'entretiens enregistrés dans des centres de vacances en Picardie auprès
de 30 participants, animateurs /organisateurs âgés entre 17 et 37 ans pour
la plupart. La distribution des 122 variantes interrogatives recueillies est
reproduite dans le Tableau 2. Les autres corpus disponibles dans la lit-
térature sociolinguistique affichent une distribution quelque peu diffé-
rente (Gadet; O'Connor Di Vito; Quillard), mais le but de cet exercice est
de montrer les grandes tendances plutôt que de discuter les écarts
inévitables d'un corpus à l'autre: "[I]l n'y a pas de norme prescriptive

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Variantes interrogatives 525
unique pour les interrogations en
"Structures" 71).
Les étudiants reçoivent le Tableau
tion du corpus, et répondent à une
fonction de faciliter leur lecture et
les faire réfléchir sur leur prop
a fourni aux étudiants des indices
commenter la fréquence relative des

1. Production des Français des centre


a. Quelle structure interrogative
le moins?
b. Quelle(s) structure(s) pouvez-vous associer à un certain type
de situation et de locuteurs? Donnez des exemples particuliers,
si possible.
2. Votre production
a. Savez-vous quelle structure interrogative vous utilisez le
plus /le moins quand vous parlez français et quand vous
écrivez en français? Pourquoi l'utilisez-vous?
b. Y a-t-il une structure que vous utiliserez désormais
plus /moins?

Avec près de la moitié des usages, la structure en est-ce que est la plus
utilisée, ce qui justifie son association à un style de langue neutre. L'anté-
position et la postposition, deux constructions de la langue familière, tota-
lisent 40% des usages, autre résultat légitime dans un corpus composé de
conversations informelles. Enfin, l'inversion est le moyen interrogatif le
moins courant puisque son emploi va essentiellement de pair avec la langue
écrite. On notera de surcroît que les 9% comprennent des non-demandes
(e.g., Comment dirais-je ? , Où en étais-je?), ce qui affaiblit encore plus sa pro-
ductivité à l'oral.

Tableau 2
Fréquence de distribution des variantes de l'interrogation partielle
dans un corpus informel de français oral (Coveney, Variability 118)
Type de construction interrogative %
Où est-ce que tu vas? 48,4
Où tu vas? 23,8
Tu vas où? 15,6
Où vas-tu? 9,1

Ce tableau exclut la structure [


du corpus parce qu'elle ne fait

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526 FRENCH REVIEW 85.3

Cette activité se différ


nées extraites de travau
Yusage qui est mis en av
norme qui honore, le plu
français ordinaire. Ce ty
qui doivent s'interroger s
sur la corrélation entre
damentale pour aiguise
une approche inductive:
partir de données statist
des étudiants d'explorer
tenu des grammaires trad
de l'homme de la rue. Po
tion d'informations géné
dans le cours de gramma

Examen contrasti/ des varia

La langue utilisée dans l


duite dans un contexte n
du français parlé authent
à la notion complexe d
Cette seconde partie de
quence et l'analyse des
Western , sorte de road
le Catalan et Nino le Rus
Dans les deux extraits ch
pour mettre sur pied un
femme. Le plan consist
(scène du café) et de le t
du porte à porte) dans l'e
ont un intérêt pédagogiq
tique en montrant les deu
gatives différentes (1) da
différents (3) pour des
férentes. La fréquence d
les deux extraits produit
devront calculer et justif

Identification de la situat
Le premier extrait met
questionnaire à une table
un lieu de socialisation sa
d'un demi. C'est dans ce
idées de questions pour l

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Variantes interrogatives 527
son entrée, Baptiste, ivoirien d'orig
la compagne de Baptiste les relit
version définitive. Dans le second e
mains, frappent à la porte d'inco
l'homme idéal. La scène présente
femmes interrogées. Comme prem
deux extraits et identifient leur co
des trois éléments suivants:

1) Personnages. Identifiez-les. Qui sont-ils? Quelle est leur relation?


2) Lieu. Où se situe l'action? Décrivez le lieu avec précision.
3) Objectif de l'échange. Quel est le motif de la rencontre /conversation
entre les personnages? De quoi parlent-ils?

Les étudiants en analystes du discours (Activité 4)


Après avoir mis en commun leurs réponses, les étudiants visionnent
à nouveau les extraits et réfléchissent à l'interaction entre ces trois éléments
situationnels et les types de moyens interrogatifs utilisés. Les deux scènes
totalisent 14 phrases interrogatives, structures partielles et totales confon-
dues en raison de la taille modeste du corpus. Certes ces deux catégories
ne remplissent pas les mêmes fonctions (Coveney, "L'approche"), mais
la substitution d'une variante par une autre ne changerait pas la charge
sémantico-pragmatique de chaque énoncé. Par contre, elle pourrait affecter
sa valeur sociostylistique, objet de la séquence pédagogique.
La liste des interrogatives est distribuée aux étudiants pour qu'ils
puissent se concentrer sur le travail de comparaison sans se soucier de la
transcription et d'éventuels problèmes de compréhension. Par paires, les
étudiants calculent la distribution des variantes pour chaque scène et
l'enregistrent respectivement dans les Tableaux 3 et 4 (présentés ici com-
plétés). Le corpus, de par sa taille et sa nature, ne permet bien évidemment
pas de tirer des conclusions représentatives de la production des interro-
gatives en français parlé, mais il reflète pourtant les grandes tendances
précédemment observées dans l'étude de Coveney (Activité 2). Le dialogue
de Western a donc une valeur pédagogique indéniable parce qu'il illustre
des traits sociolinguistes attestés, authentiques.
L'inversion, la forme la plus normée, est logiquement absente de la
scène du café. Avec plus de 60% des usages, la structure non marquée en
est-ce que est la plus fréquente. Le style informel représente le reste de la
production avec trois variantes (QSV, SVQ et Cest + Q). Il est toutefois
important d'affiner l'analyse puisque les formes interrogatives de cette
scène ont, en fait, une double origine: on trouve les questions potentielles
pour le sondage, mises en relief dans la partie grisée du tableau, qui
utilisent exclusivement est-ce que, et les questions intimes que les hommes
s'échangent, qui utilisent des structures appartenant aux deux styles, neutre
et informel. La forme d'insistance C'est + Q est probablement nouvelle

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pour les étudiants (Cest q


en profitera pour signale
présenter, à pur titre in
Gadet (Annexe).

Tableau 3
Corpus des 8 interrogatives dans la scène du café
Formalité Phrases interrogatives Fréquence
Degré Type N Total
Neutre Est-ce que • Est-ce que je peux te 5 62,5%
poser une question?
• Moi, je pense à une
question, qu'est-ce que tu
penses?*

• Est-ce que vous voulez


qu'une femme aime la
philosophie dans les
nommes?

• Est-ce que l'homme idéal,


pour vous, il doit
forcément être français?

• Est-ce que vous aimez


les Russes?

Informel QSV • Comment tu as rencontré 1 12,5%


ta copine?

SVQ • Tu t'appelles comment? 1 12,5%


C'est + Q • C'est quoi votre 1 12,5%
questionnaire là, les gars?
*Comme les personnages sont étrangers, leur français contient parfois des err
comme dans cette question où le pronom en est omis. Les étudiants sont inv
la question.

Dans la scène du porte à porte, les formes en est-ce que p


avec la moitié des emplois. L'inversion apparaît logiquement
ture directe des questions du sondage, un document écrit et
style informel ne compte qu'une occurrence de type SVQ
justifiée par son contexte de production, oral et spontan
d'une femme à une question sur le physique de l'homme idé
Paco à lui demander du tac au tac Vous mesurez combien? C
ne faisait donc pas partie du questionnaire original.

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Variantes interrogatives 529
Tableau 4

Corpus des 6 interrogatives dans la scène du porte à porte


Formalité Phrases interrogatives Fréquence
Degré Type N Total
Formel Inversion • Aimez-vous qu'un homme 2 33,5%
fasse preuve de philosophie
dans l'existence?

• Pour vous, l'homme idéal


doit-il être forcément français?

Neutre Est-ce que • Est-ce que vous aimez 3 50%


Victor Hugo?

• Qu'est-ce qui caractérise,


pour vous, l'homme idéal?

• Est-ce que vous préférez gu'il


soit grand, mince, muscle,
petit ou alors le physique
n'a pas d'importance?
Informel Postposition • Vous mesurez combien? 1 16,5%

Une même question illustre symboliquement le phénomène de varia-


tion, elle apparaît dans les deux scènes mais sous la forme de variantes
différentes. Dans la scène du café, Paco propose la question: Est-ce que
l'homme idéal, pour vous , il doit forcément être français? Le sondage final con-
serve cette question, toutefois la structure originale [QESV] laisse place à
l'inversion: Pour vous , l'homme idéal doit-il être forcément français? Ce change-
ment morphosyntactique suit clairement un changement situationnel,
d'où le passage de l'informel au formel sur le continuum linguistique.

Production des variantes (Activité 5)


La dernière étape de la séquence contrôle la capacité des étudiants à
manipuler les quatre variantes interrogatives selon la situation dénoncia-
tion. La scène du porte à porte présente des bribes d'entretiens entre
Paco/Nino et les femmes de la ville. Les étudiants s'en inspirent pour
écrire une entrevue complète incluant un questionnaire (formel) sur la
représentation de l'homme idéal. Les consignes n'orientent pas vers un
choix de structures. Ce n'est qu'après la rédaction du questionnaire que
le professeur demande aux étudiants d'observer les variantes qu'ils ont
utilisées et de justifier leur choix.
Paco et Nino dépouillent ensuite les résultats de leur sondage. Les
étudiants imaginent la conversation entre les deux compères qui s'inter-
rogent sur l'étape post-questionnaire en fonction des réponses obtenues.

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Chaque groupe peut j


attention au choix des
oral devrait donc exclure l'inversion et contenir des variantes à valeur
neutre ou informelle.
Une alternative est de demander aux étudiants de se poser des ques-
tions sur l'homme /la femme idéal/ e, ou sur un sujet moins intime comme
le président ou le parent idéal, puis de sonder l'opinion de leur pro-
fesseur. Le changement de destinataire déclenchera un changement de
style qui se traduira par un changement de structures interrogatives. Lors
de la correction et la mise en commun des activités, il sera fait référence
aux réflexions et aux conclusions des activités ultérieures de la séquence.
Aider les étudiants de français langue seconde à jongler avec les
structures interrogatives les plus communes, c'est leur enseigner le fran-
çais tout court8, un français profondément pluristylistique. Gadet et Tyne
mettent pourtant en question la nécessité de s'approprier la variation
stylistique en contexte L2:

Est-il d'ailleurs souhaitable d'attendre des productions autres qu'en


français standard, sinon formel? [...] La palette stylistique en L2,
même nourrie de sources et d'idéologies diversifiées, ne peut pas ne
pas tendre vers une autre composition que celle du natif, qui vit
entièrement dans la langue." (98)

Cette question est légitime étant donnée la complexité du phénomène de


variation, mais comment ne pas enseigner les variantes et les styles alors
qu'ils définissent la langue? Il ne s'agit aucunement de viser la production
des locuteurs natifs mais de s'en approcher en fonction de diverses con-
traintes LI et L2 (voir par exemple la notion de norme pédagogique chez
Valdman). Pour le large répertoire des structures interrogatives, fami-
liariser les étudiants avec un répertoire limité aux quatre structures les plus
fréquentes du français semble un objectif réaliste. La séquence pédago-
gique exposée dans cet article offre des pistes de réflexion et d'application
et démontre les potentialités des études linguistiques et des extraits de film9
comme outils d'apprentissage. La pédagogie pourrait donc davantage
intégrer les résultats de la recherche et prendre en compte la distribution
sociostylistique des variantes que les études sociolinguistiques ont pré-
cisément révélée et analysée. La méthode et les outils présentés pour
approcher la variable interrogative peuvent être reproduits avec d'autres
variables sociolinguistiques, par exemple, la variable négative (c'est-à-
dire, l'absence de ne).

University of Connecticut, Storrs

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Variantes interrogatives 531
Annexe

Corpus théorique d'interrogatives partielles (Gadet, Le français 107)

(1) Quand est-il venu?


(2) Quand est-ce qu'il est venu?
(3) Il est venu quand?
(4) Il est venu quand est-ce?
(5) Quand / il est venu?
(6) Quand qu'il est venu?
(7) Quand c'est qu'il est venu?
(8) Quand est-ce que c'est qu'il est venu?
(9) Quand c'est que c'est qu'il est venu?
(10) Quand que c'est que c'est qu'il est venu?
(11) C'est quand qu'il est venu?
(12) C'est quand est-ce qu'il est venu?
(13) C'est quand que c'est qu'il est venu?
(14) Il est venu quand ça?
(15) Quand ça / il est venu?
(16) Quand ça qu'il est venu?
(17) Quand ça est-ce qu'il est venu?
(18) Quand ça c'est qu'il est venu?

Notes

aLa convention d'écriture, empruntée à Coveney et désormais largement utilisée par


les linguistes, situe l'ordre des éléments de la phrase interrogative: sujet (S), verbe (V), mot
interrogatif (Q), est-ce que (E) et clitique (CL).
2Certains pronoms interrogatifs rejettent ou favorisent l'antéposition ou la postposi-
tion. Voir Blyth and Katz (203) pour un état récapitulatif.
3 French Grammar and Usage est un des rares manuels à exposer les étudiants aux quatre
structures les plus fréquentes de l'interrogation partielle.
4L'inversion est, en plus, une structure fortement marquée syntactiquement: "INVER-
SION is subject to numerous syntactic constraints that render its handling difficult and
prone to errors" (Valdman, "The Acquisition" 64).
5Bien sûr, tous les films ne reflètent pas un français oral authentique. Dans les films
d'Éric Rohmer, par exemple, les dialogues se caractérisent souvent par une langue ciselée et
littéraire qui serait sans doute inadaptée pour illustrer et enseigner la variation stylistique.
6Les étudiants apprécient l'identification avec les personnages du film dont le français
n'est pas non plus la langue maternelle.
7Western est un film de rencontres qui touche aux thèmes de l'errance et de l'immigra-
tion. Le professeur peut glisser ici une note politico-culturelle sur le dossier de l'immigration
en France (caractéristiques, problèmes, positions des partis politiques, par exemple).
8"L'étude du français parlé, où figurent, en tout venant, tous les niveaux possibles, est en
fait l'étude du 'français tout court'" (Blanche-Benveniste 27).
9D'autres exemples de films qui contiennent des scènes exploitables en classe pour
illustrer la variation stylistique: Le fils de l'épicier (Éric Guirado, 2007); Paris je t'aime (collectif,
2006); Sur mes lèvres (Jacques Audiard, 2002). Je tiens à remercier Patricia V. Lunn, François
Mulot et Albane Saugera pour leur lecture critique de cet article.

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532 FRENCH REVIEW 85.3

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