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Transit time le temps d’une journée à Indore, pendant la fête de

Holy. La gare routière de Sarwate, à Indore, est exceptionnellement


calme ; seuls quelques enfants maculés par les jets de pigments
de la fête des couleurs passent, hilares. Le voyageur n’a pas voulu
admettre qu’il était fatigué. L’air s’est fait plus mat, la chaleur plus
poisseuse, la poussière plus outrageante, les échanges plus criards.
Il est un moment où le voyageur doute.

Et puis, la Reine du jour est apparue, absolument solaire. Alors,


pomme Z, et c’est reparti.

#india2018mcmarco Après Mandu

NAGPUR
et
avant Kolkata

mars 2018
Transit time, couchettes doubles dans le bus. C’est la première In the streets. Attention, pas de confusion. Ici, la plupart des In the streets. Souvent le sentiment d’harrassement domine.
fois que je dors dans le même lit qu’un soldat de l’armée indienne. femmes — et des jeunes filles — portent le voile. Mais ça n’a rien
Ça, c’est fait. Notre amorce de discussion tourne très court faute de religieux. Il s’agit d’essayer de se protéger de la pollution. Les
de langage commun. Je rencontre beaucoup plus de gens qui ne mots sont impuissants, en tout cas les miens, à relater l’agressivité
parlent pas anglais que le contraire. À minuit le bus s’arrête dans de ce mélange vapeur des deux-temps, crachats des rickshaws,
la pampa et c’est avec un peu de riz cuisiné au feu de bois qu’on poussières en tout genre et pression atmosphérique implacable.
se sustente. Je soupçonne le bus de créer ses propres chaos car Le voyageur, dans sa naïveté confondante, n’a pas encore utilisé
lorsque par exceptionnel la route est plutôt lisse, la bête nous son masque anti-particules fines importé de Californie, qu’il laisse
secoue encore. dormir dans son sac. Tant pis pour lui, comme tout le monde ici, il
réduit son espérance de vie.
Au détour des rues, il y a toujours quelque chose qui se passe. Il
suffit de rester statique pendant dix minutes et on surprend des
attelages étonnants, des équilibres vacillants, des accumulations
démesurées, des rapprochements inédits. Si j’étais cinéaste, je
filmerais...
La légende. Il y a des moments
où l’espace, l’action et les
personnages déterminent un
situation légendaire. Ici, il faut
tout imaginer de la relation
entre les personnes, des
raisons pour lesquelles elles
sont regroupées là, pourquoi
ces sept femmes entourent cet
homme aux allures d’acteur
dans « Easy rider », ce qu’ils
ont à se dire, ce qui se passera
lorsque la moto démarrera.
J’ai capté ce moment alors
que je sortais d’une visite
très émouvante de lieux très
anciens du centre de Nagpur,
en compagnie de Manali, une
jeune femme qui parle français
et qui m’a initié à la plasticité
hors du commun de monuments
très peu connus des indiens
eux-mêmes. Grâce lui soi
rendue.
Ego-portrait avec work in progress. Manali m’a rejoint à l’intérieur [faille spacio-temporelle] Le Ego-portrait. Avec Pankhuri,
du « palais » Chitravis wada. Avant ça, livré à moi-même, voyageur intrépide, backpacker nous sacrifions au selfie à la
cette maison s’est dérobée longtemps à ma recherche. Ça a et avide des sensations de la tête de zébu. C’est le temps
été l’occasion d’une virée en Royal Enfield, d’un bout à l’autre route, s’embourgeoise tout à de la séparation et s’il est
du quartier, convoyé par un jeune homme baraqué et aidant. coup. Il est l’invité d’une amie économiquement facile pour
Mais peine perdu, il a fallu faire ça à l’ancienne, c’est à dire indienne qui s’est fait un plaisir un français qui gagne sa vie
à l’intuition. Encore loupé, alors c’’est en fouillant mes applis de le loger dans un club privé simplement d’aller et de vivre
GPS que trouvais enfin mon chemin. Le matin, j’avais utilisé les du coin, et il profite béatement quelques temps en Inde, c’est
services du voiturier OLA, avec un conducteur qui ne comptait que des services offerts dans une beaucoup moins vrai à l’inverse.
sur son GPS pour nous amener à bon port. ambiance légèrement surranée Nous ne savons pas quand nous
calquée sur les clubs anglais nous reverrons. En comparant
du début du XXème siècle. CP et discutant on peut dire que la
club, Nagpur. Le voyageur se vie en France est, en moyenne,
lève tôt lorsqu’il est en forme 10 fois plus chère qu’en Inde,
et prend son breakfast sous tout produit et tout service
un vaste préau-véranda, puis comparable.
profite de la piscine en plein
air. Il s’en tire à bon compte
avec sa conscience. Il est
l’invité d’une amie indienne
qui l’accueille comme un roi.
Il ne va pas « cracher dans
la soupe ». Il est cependant
obligé de constater cette
forme particulière que prend
la ségrégation sociale. Comme
me l’a appris une autre amie
indienne, une formule existe
pour qualifier cette situation :
« Angrez chale gaye, par
inhe chod gaye ! ». Ça dit en
substance que « les anglais
sont partis mais que des
indiens ont su les remplacer ».
Rukmini Mandir lakshmi
Narayan dham. Deux
petits temples consacrés
à Vishnu et à Shiva sont
encore occupés par les
descendants des familles qui
s’occupaient des lieux il y a
plusieurs siècles. La sikhara
(tour) et le garba griha
(sanctuaire) sont entièrement
sculptés avec de petites
représentations modèle
réduit de ce qu’on peut
trouver à khadjuraho.
Le temple sert souvent de
dressing. et de séchoir à
linge
[Carte postale]. Attention le
syndrome de Stendhal guette
le voyageur qui ne peut
plus se détacher des deux
petits temples déjà visités.
Il sait qu’il va y retourner
encore et encore, qu’il a déjà
trouvé dans ces lieux une
des raisons pour lesquelles
il voyage. Ici rien n’est
factice ; c’est un sanctuaire
non sanctuarisé, c’est un
joyau historique et plastique
sans finalité esthétique,
la trivialité du quotidien
des familles qui vivent ici
transcende l’esprit originel
des lieux.
Le voyageur feint d’avoir oublié sa vie antérieure pour mieux
s’imprégner des images dans lesquelles il vit désormais. Il est
invité à passer le seuil d’une des maisons qui jouxtent les temples
pour boire un thé et il ose à peine fouler le sol de cette petite
cour, pavoisée par le linge qui sèche, de peur de déséquilibrer
l’harmonie du lieu.
Les enfants des familles qui habitent le périmètre des temples
s’amusent du dessinateur, le regardent longement, discutent avec
lui de la lumière, des formes, des objets à représenter. Les gâteaux
circulent et les jeux se poursuivent.
Le voyageur a depuis longtemps décidé de ne pas réaliser un trop
grand nombre de photographies. Il ne multipliera pas les clichés
de sculptures en ronde-bosse dans le bois ou la pierre, de détails
architecturaux, de décors et de motifs, de modénatures et frises
en bas reliefs, d’objets hétéroclites votifs, de matières et textures
brutes ou apprêtées. Il ne documentera pas plus les couleurs et la
qualité des différents espaces. Ce serait l’attention de toute une
vie dans un seul des petits quartiers de chaque ville indienne.
Dispositif productif. Même en
l’absence de public, au sein
d’un temple devenu atelier,
le dessinateur organise son
espace de travail. Ainsi se
déploie une scénographie
de peu qui s’accorde avec
celle des rares personnes qui
viennent dire un petit mot,
parfois pousser un cri bref
et très intense, devant une
des niches qui renferment
des images de divinités à
nous inconnues. L’après-midi
s’étire alors dans des ballets
parallèles d’étirements,
de génuflexions,
d’agenouillements, voire des
atonies incontrôlées.
Ça fait du bien par où ça passe. [Kelibag temple, Nagpur]. Shiva,
les yeux mi-clos, non pas par extase mais bien parce qu’il ouvre
et clos des nouveaux cycles de vie, tient le lingam, symbole de la
création. C’est la plus forte que j’ai vue jusqu’à présent. La plus
explicite pour le rassemblement des énergies et l’expression de la
conscience comme axe de la réalité. Le dépôt de fleurs fraîches au
quotidien, dans le même temps où c’est un salut renouvelé, assure
à cette statue la jeunesse éternelle.
Kelibag temple, Nagpur,
March 2018. N’ayons pas
peur de l’expression : c’est
la plus envoûtante des
(vieilles) portes que je
n’ai jamais vue. Dans un
temple totalement défiguré
et défoncé, elle résiste,
comme si c’était sa couleur
qui la faisait tenir debout.
Sur place, l’imaginaire
fonctionne à plein régime
et on spécule sur l’autre
côté.
Les vaches, quartier de
SitaBuldi. [photographie
03:00 AM - Que fait le
voyageur à 3 heures
du mat dans la rue ?
C’est son secret !]
Ordinairement solitaires
dans la journée, baladeuses
et quémandeuses l’air
de rien, les vaches se
regroupent plus ou moins
spontanément le soir venu
pour dormir en troupeaux,
les plus jeunes veaux sont
attachés. Si l’on tourne
un peu plus loin au coin
des rues, il y a de petites
étables. Les vaches sont
traient régulièrement, et
c’est le quartier qui en
profite, en circuit court.
C’est la même chose qu’à
la campagne sauf que
c’est en ville. À Mumbai,
certaines vaches ont un
statut spécial. Elles sont
attachées à une femme
qui fabrique des boulettes
de céréales qui sont
achetées par les passants
pour les donner à manger
aux vaches, comme une
offrande. Ces vaches-
là boulottent toute la
journée.
04:00 AM, on ne réveille
pas des conducteurs de
rickshaw qui dorment. La
plupart des indiens, ceux
qui ne travaillent pas dans
des boites mondialisées ou
dans les services de l’état
n’ont quasiment jamais de
vacances. C’est 7/7, un
jour de congé par mois,
souvent tous les 6 mois.
Si on ajoute à ce tableau
un salaire infime, le fait de
dormir souvent sur place et
les conditions de pollutions
en tout genre, le tableau
est très sombre de la
condition humaine autour
du voyageur qui part
prendre son train de nuit.

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