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MISE AU POINT
C. Ly ∗, J. Blacher
MOTS CLÉS Résumé L’hypertension artérielle est un facteur de risque cardiovasculaire majeur et très
Urgence fréquent. Sa prise en charge est loin d’être optimale. La poussée hypertensive sévère concerne
hypertensive ; 1 à 2 % des patients hypertendus. Elle peut être simple et pauci-symptomatique, relevant alors
Poussée hypertensive d’un traitement médical oral sans urgence. Ou alors, il s’agit d’une véritable urgence hyperten-
sévère ; sive avec atteinte d’un organe cible, nécessitant un traitement intraveineux urgent, associé à
Services des un traitement de l’organe cible, et une hospitalisation en milieu spécialisé. La poussée hyper-
urgences ; tensive sévère est très fréquente dans les services d’accueil des urgences, et l’on comprend
Atteinte organe cible aisément le rôle clé du médecin urgentiste, en première ligne, pour distinguer urgence et
poussée simple, afin d’adapter au mieux la prise en charge du patient.
© 2013 Publié par Elsevier Masson SAS.
KEYWORDS Summary Hypertension is the most prevalent cardiovascular risk. Management of hyperten-
Hypertensive sion is not optimal. One to 2% of hypertensive patients present with severely elevated blood
emergency; pressure. The dilemma is the distinction between hypertensive emergency and urgency. In
Hypertensive emergency, patients with end-organ damage require admission for evaluation and blood pres-
urgency; sure management with intravenous therapy. In urgency, patients without end-organ damage
Emergency are sent to home with oral therapy and recommendations. Role of physicians in management of
department; severely elevated blood pressure in emergency department seem to be important in particularly
End-organ damage for asymptomatic severely elevated blood pressure.
© 2013 Published by Elsevier Masson SAS.
2211-4238/$ — see front matter © 2013 Publié par Elsevier Masson SAS.
http://dx.doi.org/10.1016/j.jeurea.2012.12.004
Prise en charge des urgences et poussées hypertensives aux urgences 19
(automatique ou manomètre manuel à mercure). Par liée à un effort récent, à une douleur ou à un stress
ailleurs, la mesure doit être effectuée aux deux bras, [3,5].
et doit être répétée au niveau du bras donnant des Une fois, la poussée hypertensive sévère confir-
chiffres les plus élevés. On retient les chiffres lorsque mée, il faut rechercher l’atteinte d’un organe cible.
la différence entre les deux mesures consécutives est L’interrogatoire recherche une douleur thoracique, une dys-
inférieure à 10 mmHg. Cette répétition permet de limi- pnée, des céphalées, une asthénie, un amaigrissement, un
ter l’effet blouse blanche et la poussée hypertensive syndrome polyuropolydypsique, des troubles des fonctions
Prise en charge des urgences et poussées hypertensives aux urgences 21
supérieures. L’examen cardio-pulmonaire et neurologique ainsi que les objectifs tensionnels. Le Tableau 4 détaille les
complètera l’interrogatoire (œdème aigu du poumon, médicaments utilisés et leur dosage intraveineux.
souffle diastolique si dissection, irritation pyramidale. . .).
L’ECG recherchera des signes de souffrance myocardique. La
bandelette urinaire permettra de voir une atteinte rénale. Cas particuliers
Le bilan biologique permettra de voir une atteinte rénale,
hépatique, une anémie. . . Le fond d’œil recherchera une Quelques cas particuliers méritent notre attention. Tout
rétinopathie hypertensive mais sa réalisation aux urgences d’abord, dans les 48 premières heures de l’AVC ischémique,
n’est pas toujours possible. Le scanner cérébral ou l’IRM sera le traitement n’est indiqué en urgence que si la PA est supé-
fait en cas de signes neurologiques. S’il y a un doute sur une rieure à 220/120 mmHg. En cas de fibrinolyse, on traite
dissection, on réalisera un angioscanner ou une échocardio- si la PA systolique dépasse 185 mmHg [20]. Dans l’AVC
graphie transthoracique voire transœsophagienne [3,5]. hémorragique, l’objectif tensionnel est 160/90 mmHg. Passé
En cas d’atteinte d’un organe cible, la prise en charge de la période des deux jours, on vise un niveau de PA de
l’urgence hypertensive comprend trois volets : 160/100 mmHg et la normalisation de la PA se fera très
• le traitement de l’organe atteint : diurétiques et dérivés lentement, sur trois mois [21]. En postopératoire, la pous-
nitrés si OAP, chirurgie si dissection de type A, revascula- sée hypertensive sévère est fréquente et se voit dans les
risation coronaire si infarctus. . . deux premières heures après l’opération. Elle se voit dans
• la baisse de la PA relativement rapide en fonction de tout type de chirurgie mais surtout celle touchant le sys-
l’atteinte à l’aide de traitements antihypertenseurs intra- tème nerveux autonome : cardiothoracique, vasculaire et
veineux. L’objectif est d’obtenir une baisse de 20 % de la
PA systolique dans les deux premières heures, puis de viser
160/100 mmHg dans les deux à six heures suivantes. Une Tableau 4 Les médicaments de l’urgence hyperten-
baisse trop rapide de la PA peut entraîner une aggrava- sive.
tion de l’atteinte des organes cibles par hypoperfusion
et donc ischémie. La dissection aortique fait exception. Traitement Dosage intraveineux lent à la
La baisse de la PA doit être rapide. La PA systolique doit seringue
être abaissée à 110 mmHg en dix minutes et maintenue Dinitrate d’isosorbide 1 à 10 mg/h
à ce niveau. La fréquence cardiaque doit être contrôlée Uradipil 30 à 90 mg/h
autour de 60 BPM avec les bêtabloquants [13] ; Nicardipine 5 à 10 mg/h
• l’hospitalisation du patient dans un service spécialisé :
Esmolol 500 ug/kg sur 1 min puis 50 à
soins intensifs, réanimation, chirurgie thoracique. 200 ug/kg/min
Nitroglycérine 1 à 10 mg/h
Labetalol 1 mg/kg en 1 min puis 0,1 à
Le Tableau 3 reprend l’ensemble des traitements utili- 0,3 mg/kg/h
sés pour l’atteinte d’un organe cible et la baisse de la PA,
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