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Pour citer cet article : Phan DG, et al. Vraies et fausses urgences hypertensives. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.

lpm.2015.06.005

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JOURN EES EUROP EENNES DE LA SOCI ET E FRANÇAISE DE CARDIOLOGIE
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Dossier thématique

Mise au point
Vraies et fausses urgences hypertensives

David Giang Phan, Céline Dreyfuss-Tubiana, Jacques Blacher

Disponible sur internet le : Université Paris Descartes, AP–HP, hôpital Hôtel-Dieu, centre de diagnostic et de
thérapeutique, unité hypertension artérielle, prévention et thérapeutique
cardiovasculaires, place du Parvis-Notre-Dame, 75004 Paris, France

Correspondance :
Jacques Blacher, hôpital Hôtel-Dieu, centre de diagnostic et de thérapeutique, place
du Parvis-Notre-Dame, 75004 Paris, France.
jacques.blacher@aphp.fr

Points essentiels
L'hypertension artérielle est une maladie fréquente, la plus fréquente des maladies chroniques.
L'urgence hypertensive est beaucoup plus rare et ne concerne que 1 à 2 % des hypertendus.
La véritable urgence hypertensive est caractérisée par l'atteinte d'au moins un organe cible
requérant une prise en charge sans délai et un traitement intraveineux.
L'élévation tensionnelle isolée ne doit pas être considérée comme une urgence hypertensive s'il
n'existe pas d'atteinte d'organe cible, même si les chiffres de pression artérielle sont très élevés.
Ces situations de « fausse urgence hypertensive » relèvent le plus souvent d'un traitement sans
délai, mais par voie orale.
Les signes de souffrance viscérale de la véritable urgence hypertensive sont le plus souvent une
altération de l'état général, des céphalées intenses, une baisse d'acuité visuelle, un déficit
neurologique d'origine ischémique ou hémorragique, une confusion, une dyspnée avec orthopnée
sur insuffisance cardiaque, un angor, une douleur thoracique sur possible dissection aortique, une
protéinurie, une insuffisance rénale aiguë ou encore une éclampsie.
La vraie urgence hypertensive regroupe plusieurs entités comprenant : l'HTA sévère, l'HTA maligne
et l'HTA accélérée.
Si l'HTA maligne n'est pas traitée, son pronostic est sombre avec un décès pour 50 % des sujets
dans l'année.

Key points
Hypertensive emergencies and urgencies

Hypertension is a common disease, the most common chronic disease. Hypertensive emergency
is much less frequent and only affects 1 to 2 % of all hypertensive patients.
The true hypertensive emergency is characterized by the serious damage of one hypertensive
target organ and requires an urgent intravenous treatment.
Isolated blood pressure elevation should not be regarded as a hypertensive emergency if there is
no target organ damage, even if the blood pressure is very high. These situations of "false

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http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2015.06.005
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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hypertensive emergency'', or hypertensive urgencies, often requires an immediate treatment,


but oral.
Signs of visceral pain of true hypertensive emergency often are a poor general condition, severe
headache, decreased visual acuity, neurological deficit of ischemic or hemorrhagic cause,
confusion, dyspnea with orthopnoea revealing heart failure, angina, chest pain revealing an
aortic dissection, proteinuria, acute renal failure or eclampsia.
True hypertensive emergencies include several entities, namely: severe hypertension, malignant
hypertension and accelerated hypertension.
If malignant hypertension is not treated, the prognosis is poor with 50 % death risk in the
following year.

Introduction listes électorales après stratification. La PA a été mesurée de


Depuis l'étude épidémiologique de Framingham débutée en façon appropriée à deux reprises. La prévalence de l'HTA reste
1948 aux États-Unis, l'hypertension artérielle (HTA) est reconnue élevée en France surtout chez les 55–74 ans, les hommes et
comme étant un facteur de risque cardiovasculaire et rénal. dans le Nord et l'Est. Seuls 24 % des hommes et 39 % des
Ainsi, un facteur de risque se définit comme tout attribut, femmes sont bien contrôlés (PA < 140/90 mmHg).
caractéristique ou exposition d'un sujet qui augmente la pro- De plus, l'étude nationale nutrition santé (ENNS) réalisée entre
babilité de développer une pathologie donnée. L'hypertension 2006 et 2007 a inclus 3115 patients âgés de 18 à 74 ans [3]. La
artérielle est la première maladie chronique dans le monde et prévalence de l'HTA est de 31 %. Seuls 50,9 % des patients
est à l'origine de 7 à 8 millions de décès en 2011. Dans ce hypertendus traités avaient un contrôle tensionel conforme aux
contexte de pathologie fréquente, il nous paraît important de recommandations.
redéfinir l'HTA, et d'en donner sa classification ainsi que sa prise Lorsque l'on compare les chiffres de pression artérielle obtenus
en charge, à la lumière des recommandations les plus récentes. dix ans plus tôt avec une étude de méthodologie identique
Ainsi, l'HTA se définit par une pression artérielle (PA) supérieure (enquête Monica entre 1995 et 1997), on note une diminution
à 140/90 mmHg et se présente principalement selon 3 modes : des valeurs moyennes de la PAS et de la PAD, surtout sensibles
la vraie urgence caractérisée par l'atteinte d'au moins un organe chez les femmes. La prévalence de l'HTA est en légère diminu-
cible requérant une prise en charge sans délai et un traitement tion car l'étude Mona Lisa observe 45 % d'hommes et 30 % de
intraveineux, la « fausse » urgence avec une poussée tension- femmes hypertendues tandis que pour l'enquête Monica, les
nelle isolée sans atteinte d'organe cible relevant d'un traite- chiffres étaient supérieurs avec respectivement 48 et 38 %. La
ment sans délai mais par voie orale et la découverte fortuite proportion de sujets traités n'a que très peu changé de 1995 à
asymptomatique ne relevant pas d'un traitement d'emblée. 2005. A contrario, le contrôle de l'HTA (PA < 140/90 mmHg)
Nous allons ici développer les deux premiers modes de s'est amélioré en passant de 18 à 26 % pour les hommes et
présentation. de 30 à 44 % chez les femmes.
Les urgences hypertensives représentent environ 3 % des Les urgences hypertensives concernent de 1 à 2 % des patients
motifs d'admission aux urgences comme le montrent les diffé- hypertendus. Au service d'accueil des urgences de l'Hôtel-Dieu
rentes études observationnelles menées aux urgences [1]. de Paris en 2008, les urgences hypertensives étaient responsa-
bles de 1620 passages sur les 45 000 passages annuels (3,6 %
des motifs de consultations). Dans 8 % des cas, il s'agissait de
Épidémiologie « vraies » urgences hypertensives (données non publiées).
En France, l'HTA touche environ 12 millions de patients selon
l'Institut de veille sanitaire et engendre une dépense de santé Définitions
estimée à 4,4 milliards d'euros en 2006 soit 12 % des prescrip- Fausse urgence hypertensive
tions de spécialités pharmaceutiques. Elle était la troisième La « fausse urgence hypertensive » se définit comme une élé-
cause de prise en charge à 100 % derrière le diabète et le vation de la PA isolée sans souffrance d'organe pouvant
cancer mais, depuis 2012, l'HTA sévère n'est plus sur la liste des s'accompagner éventuellement d'acouphènes, d'épistaxis, de
30 maladies ouvrant droit à l'exonération du ticket modérateur céphalées et/ou de vertiges sans lésion ischémique ni hémor-
(ALD 30). ragique cérébrale. Ce tableau est appelé hypertensive urgency
L'étude Mona Lisa menée entre 2005 et 2007 dresse un état et correspond au stade 3 de la classification de l'HTA selon le
des lieux sur l'HTA en France [2]. Cette étude a inclus Joint National Committee (7e édition) et relève d'une mise en
4825 patients âgés de 35 à 74 ans par tirage au sort sur les place d'un traitement par voie orale. Cependant, si la PA est
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quasiment toujours supérieure à 180/110 mmHg sans qu'il entraîne au niveau anatomique, une prolifération myo-intimale
existe une souffrance viscérale, une valeur de PA inférieure et une nécrose fibrinoïde. La sévérité des lésions est propor-
à ce seuil peut constituer une authentique urgence hypertensive tionnelle au niveau de pression et à la durée d'exposition.
en particulier chez la femme enceinte ou lors de l'instauration L'exsudation liquidienne dans l'espace extracellulaire est asso-
d'un syndrome néphrotique de l'enfant. ciée à de petites hémorragies et à une atteinte des organes
cibles. Une HTA essentielle sévère ou mal traitée ou méconnue
Vraie urgence hypertensive
est le pourvoyeur le plus commun d'HTA maligne mais la fré-
L'urgence hypertensive appelée hypertensive emergency se
quence des HTA secondaires dans les causes d'HTA maligne a
caractérise par une souffrance viscérale aiguë ou progressive.
probablement été sous-estimée [7]. De manière marginale, il a
En effet, il est généralement reconnu que l'importance de
été rapporté que les patients développant une hypertension
l'élévation tensionnelle est plus délétère pour une atteinte
maligne sont volontiers des fumeurs ; et les sujets noirs sem-
viscérale que ladite PA [4]. La définition de l'urgence hyper-
blent plus exposés que les Caucasiens, mais sans explication
tensive peut donc se résumer à une situation où l'élévation des
physiopathologique bien convaincante.
chiffres de PA est directement responsable du retentissement
sur l'organisme et dont l'absence de prise en charge thérapeu-
tique présente un risque majeur de complications rapides met- Atteintes d'organes cibles
tant en jeu le pronostic vital du patient. La vraie urgence
hypertensive regroupe plusieurs entités comprenant : l'HTA
Urgences neurovasculaires
En France, l'accident vasculaire cérébral (AVC) est la première
sévère, l'HTA maligne et l'HTA accélérée. La valeur de la PA
cause de handicap acquis de l'adulte, la deuxième cause de
est au second plan et peut atteindre des chiffres de l'ordre d'une
démence après la maladie d'Alzheimer (30 % des cas) et la
PA > 200/130 mmHg.
troisième cause de mortalité. Son incidence est de 1,6 à
HTA sévère 2,4 cas/1000 habitants/an. La mortalité à 1 mois est de 15 à
L'HTA sévère comporte une PA > 180/110 mmHg avec des 20 % tandis que 75 % des patients survivants conservent des
signes de souffrance viscérale parmi lesquels une altération séquelles. L'évolution démographique de la population fran-
de l'état général, des céphalées intenses, une baisse d'acuité çaise indique une probable augmentation de la prévalence
visuelle, un déficit neurologique d'origine ischémique ou de l'AVC. Cependant, les AVC atteignent aussi une proportion
hémorragique, une confusion, une dyspnée avec orthopnée non négligeable des patients jeunes car 25 % des AVC touchent
sur insuffisance cardiaque, un angor, une douleur thoracique des patients de moins de 65 ans [8].
sur possible dissection aortique, une protéinurie, une insuffi- Les données sur la prise en charge et la gestion de la PA lors d'un
sance rénale aiguë ou encore une éclampsie. AVC en aigu sont limitées. Cependant, cette gestion doit être en
HTA maligne ou accélérée rapport avec l'autorégulation du DSC. L'autorégulation du DSC
L'HTA maligne ou accélérée (selon le type de lésion observée au est définie comme étant la capacité de la circulation cérébrale
fond d'œil) se caractérise par un syndrome associant une à réagir aux modifications de PA pour en limiter les effets sur les
PA > 180/110 mmHg avec une rétinopathie hypertensive de apports cérébraux. L'ajustement du DSC à la demande métabo-
stade III (hémorragie et exsudat) ou de stade IV (œdème papil- lique du tissu cérébral est principalement dû à des facteurs
laire) [5]. La présence de signes d'encéphalopathie et/ou de chimiques locaux. Il existe 3 types de régulations du DSC,
néphroangiosclérose maligne (versus néphroangiosclérose humorale ou chimique, automatique ou autorégulation et ner-
bénigne ou commune sans HTA maligne) accompagnée d'une veuse. Le DSC se régule automatiquement dans des limites
anémie hémolytique peuvent compléter le modifiables, ce qui lui permet de s'adapter à des circonstances
tableau diagnostique [6]. Certains préfèrent le terme d'HTA particulières. Des arguments physiopathologiques suggèrent
accélérée si l'œdème papillaire est absent. Si l'HTA maligne qu'une réduction rapide de la pression artérielle lors d'un AVC
n'est pas traitée, son pronostic est sombre avec un décès pour en phase aiguë peut conduire à une sous-perfusion de la zone
50 % des sujets dans l'année. La prise en charge des patients de pénombre et à une extension des lésions, du fait d'une perte
avec des pressions artérielles (PA) supérieures à 180 mmHg de de l'autorégulation [9]. Il convient donc de rester très prudent en
systolique et/ou 110 mmHg de diastolique doit se focaliser sur réduisant la PA dans les heures suivant l'AVC car l'HTA souvent
la recherche d'une atteinte viscérale. Une des complications les observée au départ tend à s'amender spontanément dans les
plus dangereuses d'une HTA maligne est l'encéphalopathie jours qui suivent.
hypertensive comprenant des symptômes souvent réversibles La vascularisation cérébrale est normale lorsque la pression
comme les céphalées, confusion mentale et troubles visuels. La artérielle moyenne (PAM) est comprise entre 60 et 160 mmHg.
physiopathologie de l'HTA maligne est la perte de l'autorégula- Cependant, chez les sujets hypertendus, la limite inférieure de la
tion du débit sanguin cérébral (DSC). Les parois vasculaires sont PAM pour une bonne perfusion cérébrale est de 120 mmHg, due
exposées en permanence à un niveau de pression élevée, ce qui à des changements structuraux des petites artérioles.
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Le traitement de l'HTA n'est recommandé que si la PA excède intraveineuse par rt-PA des infarctus cérébraux est recomman-
220/120 mmHg lors d'un AVC ischémique en phase aigu afin de dée jusqu'à 4 h 30 après le début des symptômes, en l'absence
limiter les risques de complications comme l'hypoperfusion de contre-indication, et doit être effectuée le plus tôt possible.
cérébrale. La baisse de la PA ne doit alors pas excéder 20 % Après l'âge de 80 ans, on l'envisage jusqu'à 3 h et, en dessous
du chiffre initial [8]. de 18 ans, les indications doivent être discutées au cas par cas.
Toutefois, lors d'une fibrinolyse intervenant dans les 4 h 30 La thrombolyse intra-artérielle combinée ou non à la voie
après l'AVC ischémique ou en cas d'AVC hémorragique, il est intraveineuse doit se décider après concertation dans un délai
recommandé d'instituer un traitement médicamenteux au-delà de 6 h.
d'une PA > 185/110 mmHg avec un objectif de PAS entre 140 et
Œdème aigu du poumon (OAP)
160 mmHg à obtenir en 48 h. L'étude INTERACT 2 a inclus
L'étude française EFICA en 2006 incluant 599 patients admis en
2839 patients présentant un AVC hémorragique aigu et ayant
unité de soins intensifs cardiologiques dans 60 centres a montré
une PA systolique entre 150 et 220 mmHg [10]. L'étude a
à titre indicatif que la proportion des OAP dus à une poussée
comparé le pronostic des patients traités pour un objectif de
hypertensive est de 29 % chez les patients inclus dans cette
PA systolique à 1 heure inférieure à 140 mmHg versus
étude. L'incidence annuelle de l'OAP augmente proportionnel-
180 mmHg. Une réduction rapide de la PA systolique par un
lement avec l'âge et est de 20 % chez les patients âgés de plus
traitement intensif n'a pas démontré de réduction significative
de 75 ans et de plus de 40 % chez ceux de plus de 85 ans, ce qui
de la mortalité ni des handicaps sévères (OR = 0,87 ; IC 95 %
en fait une pathologie fréquente en gériatrie. La mortalité à 1 an
[0,77–1,00] ; p = 0,04). Cependant, une analyse ordinale du
est de 16 à 20 % lors du premier épisode et plus de 50 % des
score modifié de RANKIN a montré un meilleur pronostic fonc-
patients seront réhospitalisés dans les 3 mois suivants [12].
tionnel dans le bras réduction intensive de la PA systolique [11].
La physiopathologie de l'OAP dû à une poussée hypertensive fait
intervenir l'augmentation de la pression hydrostatique capillaire
Traitement
moyenne, ce qui entraîne une augmentation du liquide inters-
Lorsque l'emploi d'un antihypertenseur s'avère indiqué, le choix
titiel selon l'équation de Starling avec un passage d'eau plas-
de la spécialité se fait au cas par cas, en tenant compte : de l'âge
matique du secteur vasculaire vers l'interstitium pulmonaire
du patient, des antécédents d'HTA, du type et du mécanisme de
puis vers les alvéoles.
l'accident vasculaire, du retentissement hémodynamique intra-
Le tableau clinique diagnostique de l'OAP associe des symp-
cérébral, des possibilités de surveillance du patient. La voie
tômes et des signes cliniques d'insuffisance cardiaque gauche et
intraveineuse est recommandée.
droite comme la dyspnée, l'orthopnée, l'œdème des membres
L'uradipil (Eupressyl®) peut être débuté à 5 mg/h à la seringue
inférieurs, la turgescence jugulaire, le reflux hépato-jugulaire
électrique. Les principales contre-indications de cette molécule
et/ou les crépitants bilatéraux aux bases pulmonaires [13].
sont le rétrécissement aortique et l'association aux alpha-1 blo-
Environ 50 % des patients hospitalisés pour OAP sont hyper-
quants. La nicardipine (Loxen®) se débute à 1 mg/h mais
capniques à l'arrivée sur les gaz du sang artériel.
nécessite des précautions en cas d'insuffisance coronaire. Quant
L'ECG recherche un facteur déclenchant tel qu'un syndrome
au labétalol (Trandate®), sa posologie de départ est de 0,1 mg/
coronaire aigu ou des troubles de la conduction ou du rythme
kg/h. Ses contre-indications sont celles des bêtabloquants
supra-ventriculaire tandis que la radiographie thoracique peut
(asthme, BPCO, insuffisance cardiaque, BAV, bradycardie) et
mettre en évidence un aspect de syndrome alvéolo-interstitiel
l'association à l'amiodarone. Il nécessite une surveillance ECG.
typique « en ailes de papillon ».
Les inhibiteurs calciques par voie orale ou sublinguale (Adalate®
Pour faire le diagnostic d'OAP sur HTA, on ne peut pas se baser
en gélule) et la clonidine sous-cutanée ou intramusculaire sont
seulement sur les chiffres tensionels. En effet, parmi les patients
à proscrire car leur action n'est pas contrôlable [8].
présentant cette complication lors d'une poussée d'HTA, un
La surveillance de la PA s'effectue toutes les 15 min jusqu'à
grand nombre d'entre eux sont atteints d'une dysfonction dias-
atteindre l'objectif, puis toutes les 30 min pendant 6 h, enfin
tolique préexistante. En plus des chiffres tensionels, on s'appuie
toutes les heures. Sur le plan neurologique, l'intensité du déficit,
donc aussi sur l'anamnèse (antécédents d'HTA) et sur les cir-
la vigilance et les réflexes pupillaires requièrent une surveillance
constances (rupture de traitement) pour poser le diagnostic
horaire. Toute aggravation neurologique impose l'arrêt du trai-
d'OAP sur HTA.
tement antihypertenseur.
L'évaluation de tout AVC en phase aiguë s'effectue à l'aide de Traitement
l'échelle NIHSS (National Institute of Health Stroke Scale) car il Le traitement, dont l'objectif est une réduction de 20 % de la PA
existe une corrélation entre le score obtenu dans les 24 pre- en 2 h, fait appel prioritairement aux dérivés nitrés et si besoin
mières heures et le volume de tissu en ischémie mesuré sur le aux diurétiques de l'anse en association. Les dérivés nitrés sont
scanner cérébral au 7e jour. Tout patient ayant un AVC doit être les vasodilatateurs de choix car ils exercent un effet vasodila-
proposé à une l'unité neurovasculaire (UNV). La thrombolyse tateur artériel et veineux en stimulant la guanylate cyclase
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vasculaire. Leurs effets à faible dose sont une vasodilatation selon le type d'atteinte, le délai de prise en charge et bien
veineuse périphérique avec une réduction des pressions de entendu de l'âge des malades [17].
remplissage gauche et droite tandis qu'à des posologies plus La physiopathologie du SCA est en premier lieu due à la forma-
élevées, ils accroissent le débit cardiaque par vasodilatation tion d'un thrombus sur une plaque d'athérome rompue ou
artérielle. érodée qui, en devenant occlusif, va engendrer une oblitération
Le nitroprussiate de sodium (NPS) peut être utilisé pour réduire d'une artère coronaire, ce qui est à l'origine de l'ischémie puis de
la post-charge surtout en cas d'hypertension artérielle associée. la nécrose. L'hypoxie cellulaire et l'hypokinésie, l'akinésie ou la
Le NPS exerce surtout un effet vasodilatateur artériolaire condui- dyskinésie de la paroi ventriculaire engendrent des troubles
sant à une amélioration de la performance systolique en modi- hémodynamiques et rythmiques. Si le primum movens du
fiant les facteurs influençant la post-charge : résistance SCA est la rupture de plaque, la survenue de celle-ci est à ce
vasculaire, impédance artérielle et volume ventriculaire [14]. jour imprévisible. Certains auteurs ont suggéré une progression
Les diurétiques à action rapide tels que le furosémide ou le différente de l'athérosclérose chez les sujets âgés [18]. Rare-
bumétanide doivent être administrés par voie intraveineuse ment, l'infarctus du myocarde (IDM) survient en l'absence de
directe à des posologies respectivement de 40 à 60 mg et de toute lésion athéromateuse. Les principaux facteurs de risque
2 à 3 mg. Les bolus de diurétiques semblent plus efficaces cardiovasculaire modifiables sont : le tabac, l'obésité, la dysli-
qu'une perfusion continue selon certaines études [15]. Le diu- pidémie, le diabète, l'HTA et la sédentarité. Ceux non modifia-
rétique de l'anse est débuté à dose faible par voie intraveineuse. bles sont : l'âge, le sexe masculin et l'hérédité [19].
Un OAP en rapport avec une poussée hypertensive, en l'absence Le tableau clinique typique du SCA comporte une douleur tho-
d'œdèmes périphériques ou de turgescence jugulaire, n'est pas racique rétrosternale en barre irradiant dans le bras gauche et la
une indication aux diurétiques en première intention. Une nor- mâchoire provoquée par l'effort ou l'émotion et disparaissant au
movolémie et une redistribution de la volémie sont recher- repos et/ou aux dérivés nitrés en quelques dizaines de secon-
chées. Les diurétiques peuvent être administrés en deuxième des ou minutes. Les signes cliniques peuvent être trompeurs
intention, après un vasodilatateur de type dérivé nitré. dans les formes atypiques avec des signes extracardiaques tels
L'administration des vasodilatateurs de type dérivés nitrés est que syncopes, troubles digestifs (vomissements), dyspnée,
indiquée si la PA systolique est supérieure à 110 mmHg et en confusion et/ou agitation. Ils peuvent dominer le tableau et
l'absence de choc cardiogénique. L'objectif de PA moyenne est créer une errance diagnostique.
de 70 mmHg.
Les inotropes exercent un effet inotrope et chronotrope positifs Traitement
directs. Ils entraînent une diminution réflexe de l'activité du La prise en charge du SCA est centrée sur une reperfusion
système sympathique et une vasodilatation. Leurs indications myocardique la plus rapide possible dans les 12 heures suivant
sont limitées à moins de 10 % des patients selon les études le début des douleurs. La coordination des professionnels de
[16]. santé dans le contexte d'urgence est essentielle pour diminuer
La morphine est à discuter en cas d'agitation du patient, de le délai de prise en charge. Le choix de la stratégie de reperfu-
douleur et/ou d'inconfort. La contre-pulsion par ballon intra- sion peut se faire principalement entre une angioplastie coro-
aortique (CPIA) est indiquée en cas de choc cardiogénique naire lors d'une coronarographie et une fibrinolyse
résistant au traitement médical pour diminuer la consommation intraveineuse.
d'oxygène et augmenter la fraction d'éjection du ventricule Chez le coronarien ou en cas d'ischémie myocardique associée,
gauche. L'extracorporeal membrane oxygenation (ECMO) peut le labétalol (alpha- et bêtabloquant) ou l'esmolol (bêtabloquant
être indiquée en cas de choc cardiogénique potentiellement cardiosélectif d'action courte) sont indiqués. En effet, en cas
réversible (intoxications, myocardites, poussée d'HTA) en cas d'insuffisance coronaire, les bêtabloquants permettent égale-
d'échec du traitement médical et de la CPIA. ment de prévenir la survenue d'ischémie myocardique par la
diminution de la consommation d'oxygène du myocarde et
l'amélioration de la perfusion coronaire [20]. En cas de SCA,
Syndrome coronaire aigu (SCA) les bêtabloquants permettent de diminuer le travail du cœur et
L'incidence exacte des syndromes coronaires aigus en France est peuvent être administrés si la fréquence cardiaque est supéri-
mal connue en l'absence d'enquêtes prospectives performantes eure à 70–80 par minute et la PA supérieure à 140/90 mmHg.
intéressant à la fois le secteur privé et le secteur public. Des L'angioplastie est indiquée chez les patients suivants : signes de
estimations font état d'une fréquence de 2500 syndromes coro- mauvaise tolérance hémodynamique, présentation au-delà de
naires aigus par million d'habitants. Ce qui est toutefois certain, la 3e heure suivant le début des symptômes ou en cas de
c'est qu'en dépit des progrès médicamenteux et instrumentaux contre-indications à la fibrinolyse. Néanmoins, de plus en plus
(angioplastie, chirurgie), le pronostic des SCA reste réservé avec souvent, en cas de possibilité organisationnelle, la plupart des
des taux de mortalité en phase aiguë compris entre 1 et 10 % centres utilisent l'angioplastie en première intention.
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La fibrinolyse est généralement préférée chez les patients pré- mésentérique. Un collapsus peut être observé en cas de tam-
sentant un des critères suivants : présentation dans les 3 pre- ponnade par suffusion dans le péricarde. De même, un souffle
mières heures lorsque les conditions nécessaires pour la diastolique d'insuffisance aortique est évocateur lorsqu'il n'est
réalisation de l'angioplastie ne sont pas réunies, impossibilité pas connu auparavant.
technique de réaliser une angioplastie. En cas d'échec de la Trois types de DA
fibrinolyse, une coronarographie doit être réalisée les plus rapi- La classification de Stanford distingue 3 types de DA :
dement possible et être suivie, si elle est possible, d'une angio-  le type A regroupe les dissections dont l'origine se situe dans
plastie « de sauvetage ». l'aorte ascendante ;
 le type B concerne les dissections limitées à l'aorte descen-
Dissection aortique (DA) dante où siège l'origine ;
La DA se traduit par un clivage au sein de la média entre l'intima  le type non A – non B est attribué aux dissections de type B qui
et l'adventice, créant, à partir d'une porte d'entrée intimale, un s'étendent à l'aorte ascendante de façon rétrograde.
faux-chenal toujours initialement circulant. Il se développe alors
Prise en charge
transversalement. Son extension longitudinale est fonction de la
La prise en charge s'effectue en soins intensifs avec un moni-
porte d'entrée ; plus elle est proximale, plus son développe-
torage de la pression artérielle si besoin avec un cathéter radial
ment sera rapide, de l'ancienneté des lésions aussi et surtout de
du côté où la pression est la plus élevée. L'analgésie fait appel
la PA. La DA résulte d'un processus dégénératif de la média
aux antalgiques de classe III avec les morphiniques car la
entraînant une altération du collagène et du tissu élastique
douleur entraîne une élévation de la PA.
vasculaire.
Les bêtabloquants par voie intraveineuse permettent une dimi-
L'incidence des dissections aortiques se situe entre 0,5 et
nution de la contrainte pariétale aortique et de l'énergie ciné-
2,9 cas/100 000 habitants/an (maximale en Italie avec
tique du flux sanguin. La réduction du stress pariétal réduit le
4,04 cas/100 000 habitants/an) et est en augmentation à l'ins-
risque de fissuration de la paroi externe.
tar de son principal facteur de risque : l'HTA. La moitié des
Toutes les classes d'antihypertenseurs peuvent être indiquées
patients décèdent lors de la phase aiguë de la DA (< 48 h) dont
pour contrôler la PA dont les antagonistes calciques. Le labétalol
près de 20 % avant même l'arrivée à l'hôpital [21].
associe des effets alpha- et bêtabloquants et est adapté en cas
La physiopathologie des anévrysmes aortiques à l'origine des
de DA.
DA comporte plusieurs mécanismes :
 l'athérosclérose avec un remodelage et une dilatation de la La DA de type A atteignant l'aorte ascendante relève le plus
souvent d'un traitement chirurgical [23].
paroi vasculaire (50 % des cas) ;
 dégénératif avec une altération protéique de la matrice extra- La DA de type B requiert souvent initialement un traitement
médical, voire une chirurgie à distance. Lors de l'épisode aigu, la
cellulaire (syndrome de Marfan ou d'Ehler-Danlos) ;
 post-traumatique ; suspicion d'une fissuration ou d'une ischémie distale peut
 inflammatoire avec artérite (maladie de Takayashu, de Horton conduire à une chirurgie en urgence.
ou de Behçet). HTA et grossesse : toxémie gravidique, pré-
Le tableau clinique de la DA ne comporte aucun signe patho- éclampsie
gnomonique mais regroupe un ensemble de symptômes Selon l'étude récente menée par Abalos et al., l'incidence de la
comprenant au premier plan une douleur thoracique. Elle est pré-éclampsie entre 2002 et 2010 dans le monde sur la base
aiguë en « coup de poignard », antérieure ou postérieure pou- des données de 129 études est de 4,6 % (IC 95 % [2,7–8,2])
vant irradier à la base de la mâchoire et aux deux bras, sévère des grossesses [24]. Il s'agit d'une cause majeure de mortalité
décrite comme une sensation de mort imminente, pulsatile et maternelle dans les pays en voie de développement, ce qui
migratrice. Cette douleur est d'autant plus évocatrice qu'elle explique que sa réduction soit l'un des objectifs du millénaire
s'associe à d'autres signes. L'asymétrie pouls/tension comporte pour le développement selon l'Organisation mondiale de la
une anisosphygmie (inégalité de la valeur du pouls) et/ou une santé.
anisotension (inégalité de la pression artérielle entre les deux La définition de l'HTA gravidique est une PA systoli-
bras mesurée au même moment) [22]. Cela témoigne de l'obs- que > 140 mmHg ou une PA diastolique > 90 mmHg survenant
truction du vrai chenal par compression du faux-chenal ou d'une après 20 semaines d'aménorrhée (SA) et régressant dans les
rupture intimale au niveau d'une bifurcation. À l'extrême, l'obs- 42 jours du post-partum. En dehors de cet intervalle de temps,
truction totale du courant circulatoire dans un territoire peut on évoque une HTA préexistante à la grossesse. Cette HTA
entraîner : une ischémie de membre typiquement à bascule ; préexistante peut parfois être masquée en début de grossesse
un déficit neurologique par atteinte parenchymateuse cérébrale par la vasodilatation.
ou médullaire ; une oligo-anurie par atteinte des artères réna- Les femmes enceintes ayant une HTA préexistante à la grossesse
les ; voire des douleurs abdominales lors d'une ischémie peuvent accoucher dans tout type de maternité sous réserve
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Pour citer cet article : Phan DG, et al. Vraies et fausses urgences hypertensives. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.
lpm.2015.06.005

Vraies et fausses urgences


hypertensives JOURN EES EUROP EENNES DE LA SOCI ET E FRANÇAISE DE CARDIOLOGIE

Mise au point
d'une bon contrôle de la PA avec une surveillance materno- terme de la grossesse. Une PA systolique > 170 mmHg ou une
fœtale adaptée à l'évolution du terme. PA diastolique > 110 mmHg justifient d'une hospitalisation en
L'état de grossesse induit des modifications physiologiques urgence. La réduction en urgence de la PA peut être obtenue
normales chez la femme avec une hypervolémie d'environ avec un traitement par labétalol en intraveineux ou bien per os
50 %. Un bas niveau de résistance dans le système vasculaire avec la méthyldopa ou la nifédipine (en France, la nicardipine
utéro-placentaire explique une vasodilatation « gestation- est plus souvent utilisée que la nifédipine). L'hydralalazine
nelle » [25]. (Apresoline®) ne doit plus être utilisée en raison de ses nom-
L'adaptation maternelle à la grossesse peut ainsi démasquer de breux effets indésirables périnataux.
nombreuses pathologies ou états pré-pathologiques tels qu'une Le nitroprussiate de sodium demeure le traitement intraveineux
cardiopathie sous-jacente, une néphropathie ou une thrombo- de choix des crises hypertensives. Il s'agit d'un vasodilatateur
philie héréditaire. Une HTA gravidique et un diabète gestation- mixte puissant qui exerce au niveau des vaisseaux périphéri-
nelle sont à dépister lors de toute grossesse. ques un effet direct indépendant du système nerveux végétatif,
La pré-éclampsie associe une HTA gravidique avec une protéi- permettant d'abaisser presque immédiatement la pression arté-
nurie > 0,3 g/24 h. Elle est dite précoce lorsqu'elle survient rielle. Toutefois, son administration prolongée comporte un
avant la 32e SA. Cependant, une pré-éclampsie complique jus- risque d'intoxication par le cyanure puisque le principe actif
qu'à 25 % des grossesses chez les femmes hypertendues [15]. est métabolisé en thiocyanate.
Les critères de sévérité sont : En cas de pré-éclampsie avec OAP, le traitement de choix est un
 une HTA > 160/110 mmHg ; dérivé nitré tandis que pour les cas d'HTA non sévère, un
 une atteinte rénale avec oligurie < 500 mL/24 h, créatininé- traitement par méthyldopa, labétalol ou inhibiteurs calciques
mie > 135 mmol/L ou protéinurie > 5 g/24 h ; sont les meilleures options. L'aténolol doit être administré avec
 un OAP ; prudence chez la femme enceinte car un retard de croissance
 un HELLP syndrome (hemolysis elevated liver enzymes and fœtale a été décrit.
low platelet count) ; Les IEC et les ARA2 sont contre-indiqués lors de la grossesse. Les
 une thrombopénie < 100 G/L ; diurétiques sont réservés aux cas d'oligurie pour réduire le
 un hématome rétroplacentaire ; volume plasmatique. Le sulfate de magnésium intraveineux a
 un retentissement fœtal. prouvé son efficacité dans la prévention de l'éclampsie et le
L'éclampsie est une crise convulsive généralisée et constitue traitement des convulsions. Le déclenchement de l'accouche-
une urgence vitale materno-fœtale. ment est la mesure la plus appropriée en cas d'HTA gestation-
Le système rénine angiotensine (SRA) joue un rôle majeur lors nelle avec des signes menaçants comme des troubles visuels,
de la grossesse, notamment au cours du second trimestre. En des troubles de l'hémostase ou en cas de souffrance fœtale ;
effet, il permet le maintien de la régulation du débit sanguin mais il faut pour cela, bien entendu, que la maturation fœtale
rénal et du débit de filtration glomérulaire chez la mère. En ce soit compatible avec une extraction.
qui concerne le fœtus, le SRA régule la circulation utéro-pla- Tous les antihypertenseurs sont excrétés dans le lait maternel
centaire, la PA, la croissance rénale et la fonction des reins [26]. à des concentrations très faibles à l'exception du propranolol et
de la nifédipine.
Prise en charge
L'intérêt d'un traitement antihypertenseur chez les femmes Conclusion
enceintes ayant une HTA préexistante considérée comme légère La crise hypertensive est une maladie sévère et une vraie
ou modérée est discutable. En effet, ces femmes ont un risque urgence médicale s'il existe une atteinte d'organe cible dont
faible de complications cardiovasculaires durant le temps que l'absence de prise en charge adaptée peut conduire à une issue
dure la grossesse. Le pronostic materno-fœtal est inchangé par létale. Il apparaît indispensable de poser et de catégoriser
une décision thérapeutique. De plus, si les bénéfices d'un trai- rapidement le diagnostic d'HTA afin d'améliorer la prise en
tement peuvent éventuellement exister pour la mère, la baisse charge des patients et ainsi de modifier leur pronostic. La
de la PA peut altérer la perfusion utéro-placentaire et menacer la spécificité et l'évolution de la connaissance des traitements
croissance fœtale. Enfin, les études concernant le traitement des selon l'atteinte d'organe dû à l'HTA nécessitent une prise en
femmes enceintes avec une HTA légère à modérée ont été de charge spécialisée au sein de structures adaptées, ou pourront
trop faible taille pour pouvoir détecter une amélioration du être réalisées en urgence, le cas échéant, les gestes thérapeu-
pronostic obstétrical. tiques adaptées (chirurgie de l'aorte, angioplastie coronaire,
Un traitement antihypertenseur est recommandé au-delà d'un césarienne, ultrafiltration. . .). Nous insistons ici sur l'importance
seuil de PA > 140/90 mmHg. Cependant, l'apparition d'une pro- de distinguer une vraie d'une fausse urgence hypertensive ;
téinurie ou d'une atteinte d'organe cible justifie l'instauration c'est-à-dire de rechercher la présence d'une atteinte d'organes
d'un traitement avant le seuil de 140/90 mmHg quel que soit le cibles, élément-clé de la prise en charge.
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Pour citer cet article : Phan DG, et al. Vraies et fausses urgences hypertensives. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.
lpm.2015.06.005

D.G. Phan, C. Dreyfuss-Tubiana, J. Blacher


Mise au point

Déclaration d'intérêts : J.B. déclare avoir reçu une subvention de Menarini, Merck Serono, MSD, Novartis, Pileje, Roche, Sanofi, Servier et
recherche de Servier et réalisé des interventions ponctuelles en rapport Takeda.
avec des entreprises liées aux médicaments (essais cliniques, travaux Les autres auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec
scientifiques, comités scientifiques, rapports d'expertise, conférences, cet article.
colloques, actions de formation, participation à divers symposia, rédaction
de brochures. . .) avec, le cas échéant, facturation d'honoraires d'Astra
Zeneca, Bayer, BMS, Bouchara Recordati, Daichii Sankyo, GSK, Ipsen,

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