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Afin de préparer cette échéance, nous avons J’ai maintenant l’intention de partager ces
tenu durant l’année 2009-2010 plusieurs réflexions avec les citoyens, et de leur parler
réunions de travail de Répondre à gauche, de la France.
de Lorient à Bourg-les-Valence, en passant
par Périgueux et Paris. Des parlementaires, François Hollande
des élus locaux, des syndicalistes, des experts Tulle
et des militants socialistes ont participé à Septembre 2010
2. La jeunesse page 23
3. La redistribution page 39
4. La compétitivité page 57
5. L’écologie page 67
« C’est l’état d’urgence qui a suscité l’urgence de l’Etat. Quand le capitalisme financier n’a
plus d’argent, rien de mieux que d’aller le chercher comme prêteur en dernier ressort. »
(page 18)
LE REVE FRANÇAIS
« C’est l’égalité, pas seulement la justice sociale, mais aussi l’équité intergénérationnelle.
C’est l’accomplissement personnel ; c’est bien plus que l’égalité des chances, c’est la chan-
ce de l’égalité, l’égalité des capacités, l’égalité des conditions pour réussir sa vie, l’égalité
entre les territoires. » (page 20)
LA DEMOCRATIE DE LA REUSSITE
« Ce contrat doit fixer l’objectif : la démocratie de la réussite, c’est-à-dire la possibilité pour
chacune et chacun d’accomplir son destin, tout en contribuant au succès de son pays, et
donc de réconcilier la promotion individuelle, que nous cherchons pour nous et pour nos
enfants, avec le redressement de la Nation, c’est-à-dire le vivre ensemble . » (page 21)
Chapitre 2
LA JEUNESSE
LES FAIBLESSES DE NOTRE SYSTEME EDUCATIF
« L’école française est finalement trop et trop tôt sélective. Elle est l’une des meilleures du
monde pour une moitié des enfants et l’une des plus mauvaises pour l’autre. » (page 27)
« Je reviendrai sur la célèbre citation de Paul Nizan « Je ne laisserai pas dire que 20 ans
est le plus bel âge de la vie ». Et bien, je considère à l’inverse que dans la France que nous
voulons, 20 ans doit être le plus bel âge de la vie ! » (page 34)
Chapitre 3
LA REDISTRIBUTION
FAIRE LE CHOIX DE LA VERITE
« Réussir demain exige au préalable de dire aujourd’hui la vérité. Je suggère de proscrire
deux attitudes. La première relève du déni de réalité : « cacher cette dette que je ne saurais
voir ». Ce réflexe existe à droite. Celle-ci est soumise à la tentation de l’irresponsabilité et
au vertige de l’illusion : croire que, la crise finie, tout redeviendra comme avant. » (page 41)
« La deuxième attitude, tout aussi condamnable, est le déni de volonté. Puisque tout serait
devenu plus complexe, mieux vaudrait rester immobile. » (page 42)
UN IMPOT CITOYEN
« Face à ce constat, il faut une nouvelle donne autour du principe suivant : taxer tous les
revenus sans distinction d’origine qu’ils proviennent du capital ou du travail, qu’ils soient
tirés de l’activité ou des transferts. Tous les revenus doivent être soumis à l’impôt et de la
même manière, avec les mêmes hiérarchies de taux. » (page 44)
Chapitre 4
LA COMPETITIVITE
LE PROGRES ET LA CROISSANCE
« Le progrès ne peut plus être simplement l’accumulation de biens ou même de services ;
il doit prendre en compte le bien-être et la promotion personnelle. Il appréhende la santé,
comme l’espérance de vie ou l’environnement. Il ne se réduit pas à tels ou tels agrégats
monétaires ou à des indicateurs de production ou de revenus. » (page 60)
« La croissance découle de cette démarche. C’est elle qui traduit le progrès. La croissance,
c’est ce qui a été créé quand on retire tout ce qui a été supprimé ou détruit. » (page 60)
Chapitre 5
L’ECOLOGIE
« L’écologie constitue une formidable opportunité pour nos économies : la transition éco-
logique est une contrainte positive, promouvoir le développement durable reste une formi-
dable chance. » (page 68)
LA GOUVERNANCE EUROPEENNE
« Le débat sur l’Europe fédérale ou intergouvernementale est derrière nous. En revanche ce
qui est devant nous, c’est la capacité de l’Europe à décider. » (page 75)
L’AFGHANISTAN
« Nous devons désormais tirer les conséquences de la conférence de Kaboul de juillet 2010
par laquelle la communauté internationale a apporté son soutien à l’objectif du président
Hamid Karzaï d’assumer la sécurité du pays d’ici à la fin de 2014. Cela devrait désormais
être la position de la France qui devrait donc entamer un retrait de ses troupes d’Afghanis-
tan d’ici à la fin de 2014. » (page 78)
LE DEVELOPPEMENT
« Nous devons passer de la politique de l’aide au développement à celle du développement
partagé. Ce dont ont besoin les pays du sud ce n’est pas d’une allocation universelle mais
de partenariats renforcés construits autour de projets communs. » (page 79)
LE RÊVE FRANÇAIS
Il faut se méfier des rêves. Il peut arriver qu’ils tournent mal. Et nul ne peut bâtir un avenir
en dormant. Mais la politique ne peut se résumer à un rappel des contraintes ou au culte
scrupuleux du réalisme déifié. Il n’y a pas de victoire politique si elle n’est portée par un
enthousiasme, une espérance, un dépassement. Et ce n’est pas nier le principe de respon-
sabilité que de revenir à cette évidence : un pays comme la France n’avance que s’il est
porté par une ambition consacrée dans un projet collectif.
C’est cette marche qu’il faut reprendre. Interrompue trop longtemps par des promesses
de circonstances des renoncements à penser notre histoire, la course vers le progrès doit
être relancée.
Pour proposer des perspectives auxquelles les Français puissent adhérer, faut-il au préala-
ble mesurer les défis qui nous attendent et les chocs qui nous frappent.
La crise est plus encore européenne qu’occidentale ; c’est notre continent qui affiche
aujourd’hui la plus faible croissance, les investissements les plus timides et les déficits
les plus lourds.
Au sein de l’Union européenne, c’est paradoxalement la zone euro qui présente la fragilité
la plus grande. Incapable de mettre rapidement en place les mécanismes de solidarité en-
tre les Etats, hésitante à définir une gouvernance économique à la hauteur de la gestion
d’une monnaie unique, pusillanime quant à la maitrise de la Finance.
Enfin, c’est dans le sud de l’Europe que les troubles, les difficultés, les vulnérabilités sont
les plus grandes et que la spéculation sur les dettes souveraines peut à tout moment repar-
tir sans cette fois s’arrêter sur la chaîne des Pyrénées.
Deuxième défi : la crise renforce les marchés. Les grandes déclarations, notamment celle
Quant aux fameux « hedge funds », ces acteurs financiers délocalisés dans des paradis fis-
caux, ou ces produits spéculatifs, loin d’avoir disparus, ils sont toujours là, et ont d’ailleurs
été massivement utilisés dans la tourmente qui a frappé la zone euro.
Les choses ne sont pas redevenues comme avant, mais pires qu’avant. Le G20 a changé
ses priorités. Il était prévu de renforcer la supervision financière ; il s’agit désormais de
concentrer les délibérations des dirigeants de la planète sur l’ampleur de la consolidation
budgétaire que chaque Etat doit engager dans un délai rapide.
C’est paradoxalement Barack Obama qui est le plus allant sur la supervision bancaire, sur
le soutien de la croissance et de l’activité, quand les Européens, pourtant frappés davan-
tage que les Etats-Unis, sont dans une espèce de surenchère dans l’austérité.
Troisième défi : la guérison prendra du temps. Pendant que les pays émergents, Chine,
Inde, Brésil poursuivent à une folle allure (10 % de croissance), non plus un rattrapage,
mais, dans nombre de secteurs, un dépassement de nos économies, c’est en Europe que
l’effort de recherche s’est aujourd’hui réduit, que le vieillissement démographique conduit
à un ralentissement de la consommation, et que les plans d’austérité se multiplient.
Sur le plan économique, la France est depuis plusieurs années à un niveau de croissance
quasi nul.
Son déficit budgétaire atteint 140 milliards d’euros pour le seul budget de l’Etat ! Comment
concrétiser ce chiffre ? En indiquant tout simplement qu’à partir du 1er août, les dépenses
de l’Etat sont financées à crédit. Jusqu’au mois de juillet, c’est le produit de l’impôt, et à
partir du 1er août, c’est le produit de l’emprunt !
Le déficit de la sécurité sociale sera fin 2010 de l’ordre de 30 milliards d’euros. Chaque
année, pour payer une partie des dépenses vieillesse, maladie, famille, la sécurité sociale
est obligée d’emprunter, et donc de renvoyer sur les générations futures la charge de leurs
propres dépenses de retraites et de maladie, mais aussi des nôtres.
Comment admettre ce transfert entre les générations ? La dette publique atteindra plus
de 80 % du PIB en 2010, probablement 90 % à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy. Cela
signifie que les charges d’intérêts de la dette vont devenir à partir de 2013, le premier poste
budgétaire de l’Etat, au même niveau que celui de l’Education nationale !
Voilà les conséquences de la politique menée depuis près de dix ans. Elle génère un ma-
laise qui nuit à la confiance, et donc à la consommation comme à l’investissement. Le mal
être se retrouve sur le plan social avec la dilution des protections qui paraissaient les plus
essentielles : le contrat de travail, la retraite, la sécurité sociale, même l’indemnisation
chômage.
Le creusement des inégalités est réel, non pas tant entre les 10 % de la population la plus
favorisée et les 10 % de la population les moins aisées. L’écart est de l’ordre de 1 à 4, ce
qui représente un éventail plus resserré que dans beaucoup de pays industrialisés. Mais
le problème n’est plus là : les inégalités se sont creusées entre les 1 % des plus riches de
notre pays et les 99 % autres.
Et que dire du sentiment de déclassement des plus jeunes par rapport à la situation de
leurs parents ? Dévalorisation du diplôme, diminution du salaire du premier emploi, diffi-
cultés de toute sorte dans l’accès au logement.
S’installer dans l’idée que finalement l’avenir sera plus sombre que le présent. Terrible
fatalité qui voudrait qu’en définitive la course pour le progrès se serait arrêtée, figée, im-
mobilisée.
Signe du mal-être profond qui traverse le monde du travail, l’échec n’est même plus vécu
comme une responsabilité sociale, « la faute au système », mais comme un drame person-
nel qui nourrit ce stress au travail et contribue à rendre la pression parfois insupportable.
Les classes populaires sont passées de la lutte des classes à la lutte contre le déclasse-
ment.
Dans ce contexte l’autre est perçu comme un concurrent dans l’entreprise, dans les quar-
tiers, dans la société. L’entre soi, bien plus que le chacun pour soi, devient la règle. C’est le
temps de la méfiance, de la jalousie sociale, de la frustration collective.
L’importance du taux de chômage chez les immigrés et chez les Français issus de l’immi-
gration accroit de deux manières le mal être Français. D’une part, il traduit les difficultés
d’intégration dans notre société et, d’autre part, il crée une exclusion supplémentaire d’une
large fraction des classes populaires.
De même, des patrons peuvent appeler leurs salariés à la modération salariale, alors qu’ils
n’ont de cesse de s’octroyer des rémunérations qui dépassent l’entendement. Malheur au
salarié s’il demande une augmentation, (ce serait le sort de l’entreprise qui serait en cause
!) quand des bonus et des stock options peuvent se distribuer en toute impunité.
Face à cette extravagance nous devons retrouver la mesure dans la manière de gouverner,
de l’équilibre, un apaisement, le respect des institutions, le sens du dialogue. La France se
gouverne avec passion et détermination, mais aussi avec raison.
Ces conversions ne doivent pas faire illusion. C’est l’état d’urgence qui a suscité l’urgence
de l’Etat. Quand le capitalisme financier n’a plus d’argent, rien de mieux que d’aller le cher-
cher comme prêteur en dernier ressort. Il n’y a là aucun acte de contrition. Pas davantage la
découverte de la sagesse ou l’accès à une ascèse précieuse. C’est le principe de nécessité
qui a fait loi. Et si, en haut lieu, on affirme que rien ne sera plus comme avant, en fait tout
change pour que rien ne change.
Les socialistes sont interpellés par ce choc historique. Ils peuvent se flatter d’avoir été les
premiers à mettre en garde le monde contre les risques liés à la libéralisation des marchés,
au retrait de l’Etat, aux privatisations et aux déréglementations. Mais ils sont regardés
comme les ayant tolérés, quand ils ne les ont pas accompagnés. Ils ont été clairvoyants. Ils
apparaissent complices.
Qu’elle soit moderne ou traditionnelle, elle reste figée sur un modèle qui est celui né dans
l’après-guerre sous forme de droits, de garanties, de prestations… Et la mondialisation,
qu’elle a acceptée courageusement, l’a mise en permanence sur la défensive, faute d’avoir
su l’organiser et la dominer. Aussi, donne-t-elle toujours l’impression de s’excuser. Soit
d’être trop peureuse face à la mutation économique. Soit d’être trop poreuse face à la pré-
tention des marchés… Bref, elle donne le sentiment d’être toujours en retard par rapport à
l’accélération du monde, alors que ses principes n’ont rien perdu de leur actualité.
Au-delà des spécificités nationales, le socialisme peine à s’identifier à des références, des
exemples, voire un modèle. Les sociaux-démocrates, qui avaient été les premiers à conce-
voir les politiques de développement durable au milieu des années quatre-vingt-dix, ont
L’Europe n’était pas une idée des socialistes. Mais, les socialistes l’avaient investie d’une
mission presque mystique : unir les peuples autour de valeurs communes et conférer à leur
union une force, capable de porter des politiques communautaires conjuguant production
et protection. L’élargissement, conjugué à la mondialisation, ont ramené cette ambition à
un marché dans un espace démocratique. C’est déjà beaucoup, mais ce n’est plus le projet
fédérateur que les socialistes avaient porté. D’où le désenchantement des catégories po-
pulaires, qui se manifeste à leur encontre à l’occasion des consultations électorales.
Les droites peuvent vivre sans l’idéal européen. Elles ont obtenu de l’Europe ce qu’elles
voulaient, y compris le droit au chauvinisme. Les gauches, en revanche, se retrouvent à
porter des objectifs pour l’Europe, que, désormais, sa taille, son organisation et son budget
n’autorisent plus. D’où l’urgence de relancer, sur des bases différentes, le projet européen.
Ainsi, la crise a donné à la droite une avance momentanée. Son avantage réside dans sa
plasticité. Elle n’est sévère qu’à l’égard des plus faibles. Elle s’autorise donc tout : le crédit,
les déficits, et même le laxisme. Pour elle, l’Etat n’est pas un maître, mais un valet.
Elle mise sur l’individualisme, l’esprit de jouissance, le cynisme. Triste calcul. Non dénué
d’effets !
Etre de gauche c’est croire en l’égalité fondamentale entre tous les êtres humains, quelle
que soit leur origine, leur couleur, leur sexe ou leur statut social.
Il nous faut retrouver cette ambition, qui nous permet de reprendre le récit national, ce que
j’appelle « le Rêve français », celui qui débute avec la Révolution Française, qui se prolonge
avec la République, le Front populaire, la Résistance et mai 1981.
C’est l’idée d’abord du progrès. Pas seulement la croissance, mais le progrès humain, la
qualité de la vie, l’idée simple que demain sera meilleur qu’aujourd’hui ; c’est aussi le
progrès écologique ou le progrès culturel, tout autant qu’économique.
C’est l’égalité, pas seulement la justice sociale, mais aussi l’équité intergénérationnelle.
C’est l’accomplissement personnel ; c’est bien plus que l’égalité des chances, c’est la
chance de l’égalité, l’égalité des capacités, l’égalité des conditions pour réussir sa vie,
l’égalité entre les territoires.
Voilà ce qu’est le « Rêve français ». C’est une double confiance : dans l’avenir personnel,
national, européen, mondial, et dans la démocratie qui doit être plus forte que les mar-
chés, l’argent et les religions.
On parle souvent du rêve américain, mais, écoutant Barack Obama, au lendemain de son
élection, évoquer ce moment historique pour les Etats-Unis d’avoir pour la première fois un
président noir, chacun pensait qu’il allait être le Président de la rupture. Nicolas Sarkozy
avait bien prétendu lui aussi faire la rupture par rapport à un gouvernement dans lequel il
siégeait….Mais en réalité, que nous confie Barack Obama ? Il dit : moi, je suis le Président
qui poursuit la belle histoire de l’Amérique, qui s’inscrit dans le rêve américain, qui permet
qu’un jeune noir devienne le Président des Etats-Unis.
Le « Rêve français », c’est aussi la dignité humaine et la promesse républicaine qui permet
à tous les citoyens d’être à égalité de devoirs et de droits.
Le « Rêve français », c’est la double fermeté : celle qui s’exerce quand la sécurité des per-
sonnes ou des biens est menacée, celle qui veille au respect des principes républicains
d’égalité et de dignité humaine.
Le « Rêve français », c’est l’affirmation de valeurs universelles qui vont bien au-delà des
frontières, et qui font que la Nation n’est pas limitée, n’est pas un espace, mais est, comme
le voulaient les révolutionnaires, ouverte à tous ceux qui partagent cette belle ambition.
LA DEMOCRATIE DE LA REUSSITE
Ce contrat doit fixer l’objectif : la démocratie de la réussite, c’est-à-dire la possibilité pour
chacune et chacun d’accomplir son destin, tout en contribuant au succès de son pays, et
donc de réconcilier la promotion individuelle, que nous cherchons pour nous et pour nos
enfants, avec le redressement de la Nation, c’est-à-dire le vivre ensemble.
Je propose aux Français de concentrer nos efforts sur cinq grands défis :
• la jeunesse,
• la redistribution,
• la compétitivité,
• l’écologie,
• la gouvernance européenne et mondiale.
LA JEUNESSE
2012 ne sera pas seulement une bataille sur des valeurs ou une compétition sur des pro-
grammes, mais une confrontation sur deux conceptions de la France.
Celle du candidat de droite n’est plus un mystère. Il prétendra protéger les Français de
toutes les menaces, de la peur qu’elles éveillent. En face nous devons dessiner un chemin
de progrès capable de mobilier l’ensemble des Français. Quel est l’enjeu qui peut faire que
nous décidions ensemble de dépasser nos intérêts personnels, catégoriels, générationnels
pour un même objectif ?
LA GENERATION SACRIFIEE
Les jeunes sont ceux qui souffrent le plus de la crise : chômage élevé, précarité, dévalori-
sation des diplômes, perte d’autonomie, accès au logement plus difficile, sans compter ce
que nous leur laissons : une planète abîmée, un environnement dégradé, une dette publi-
que historique, des retraites non financées. Voilà pourquoi, nous devons réduire la fracture
générationnelle.
Notre pays dispose d’un atout considérable, qui nous distingue de nos voisins d’Europe
: une vitalité démographique. Elle nous donne le ressort du renouvellement des généra-
tions, lequel porte un mouvement d’initiatives et de création et permet le financement des
dépenses des plus anciens.
Aujourd’hui la charge qui pèse sur les jeunes n’est supportée que parce que s’est renforcée
la solidarité familiale, c’est-à-dire les transferts multiples que les parents accordent à leurs
enfants, ou même à leurs petits enfants.
La plupart des arbitrages, implicites ou explicites, rendus par les pouvoirs publics ont en
définitive donné la préférence à ceux qui sont dans l’emploi, détiennent un logement, bé-
néficient d’une couverture sociale et gardent la perspective d’une retraite convenable, par
rapport à celles et ceux qui demandent tout simplement à accéder à l’ensemble de ces
conditions de vie.
Songeons que le taux de chômage pour les 18-25 ans atteint aujourd’hui 24 % contre en-
viron 10% dans l’ensemble de la population. Nous sommes au 24éme rang sur les 27 pays
de l’Union européenne en matière d’emploi des jeunes. Un jeune sur cinq est considéré
comme pauvre (c’est-à-dire vit avec des ressources inférieures à 60% du revenu médian)
La loi Hadopi a donc été reçue par eux comme une preuve de méconnaissance par la société
de leur mode de vie et de leurs besoins.
Il sera nécessaire de revenir sur ce dispositif. Les différentes alternatives (licence globale,
contribution créative, mécénat global…) devront être étudiées sérieusement avec les pro-
fessionnels du monde de la communication et avec les représentants des artistes.
Mais il faut dépasser ce débat et instituer un droit pour tout jeune à accéder aux nouvelles
technologies : la gratuité pour chaque collégien d’un ordinateur portable et d’un abonne-
ment Internet est devenue une condition de l’égalité.
Cette espérance s’appelle la réussite. Réussite pour chacun d’entre nous, réussite pour le
pays.
Comment notre pays pourrait-il avoir le ressort nécessaire s’il doute de sa jeunesse, s’il ne
la reconnaît pas comme la génération essentielle pour assurer, au-delà du financement de
nos régimes sociaux, la capacité de renouvellement de notre société, de son innovation, de
sa mobilité ? Quel est son avenir s’il donne le sentiment de l’ignorer?
Cette ambition peut réunir aussi bien les jeunes des catégories populaires, ceux des quar-
tiers les plus difficiles, comme les enfants des classes moyennes, qui ressentent à tort ou
à raison le déclassement.
L’EDUCATION NATIONALE
La « démocratie de la réussite » justifie la priorité accordée à l’Education, et ce d’autant
plus surement qu’il faut revenir sur les arbitrages qui ont été rendus depuis 2002.
Qui nous ferait croire que cette compression des emplois serait sans conséquences sur la
qualité ou sur l’offre d’enseignement, et qu’elle pourrait être compensée sans douleur par
quelques arrangements sur la formation des enseignants ou sur les heures supplémentaires.
Si l’on ajoute qu’aujourd’hui des enseignants se retrouvent devant des classes sans avoir
reçu la formation initiale, nous sommes bien devant un recul de l’ambition éducative dont
je ne garde pas de trace dans nos mémoires depuis au moins 60 ans.
Est-ce à dire qu’il faut, une nouvelle fois, promettre des moyens supplémentaires ?
Le deuxième principe, c’est de réformer à moyens constants. Cela ne veut pas dire qu’ici
ou là, il ne faudra pas faire davantage, mais nous connaissons parfaitement l’état de nos
finances publiques. Ce qui est prioritaire doit être sûrement engagé, mais avec l’économie
de moyens qui nous est désormais imposée.
La massification a permis une réelle démocratisation. 60% d’une classe d’âge a le bacca-
lauréat ; 50% d’une génération accède à l’enseignement supérieur. Certes, cette proportion
tombe à moins de 40% chez les enfants d’ouvriers ; certes, la mécanique de la reproduction
sociale continue de « tourner ». Mais il n’empêche, le nombre d’entrants a permis aux enfants
des classes modestes d’ouvrir au moins la porte, à défaut d’en franchir toujours le seuil.
Enfin, le diplôme reste un atout pour la réussite. De ce point de vue, les études statistiques
démontrent que mieux vaut être diplômé que non diplômé pour accéder à l’emploi.
La première faille du système éducatif, c’est l’inégalité qu’il continue de produire. En 1995,
sur les 10 enfants de cadres qui entrent au collège, 8 seront étudiants ; sur les 10 enfants
d’ouvriers, 3 seront étudiants. La scolarité s’allonge, mais davantage pour les plus favori-
sés. A contrario, elle se réduit pour les enfants des catégories populaires.
L’école française est finalement trop et trop tôt sélective. Elle est l’une des meilleures
du monde pour une moitié des enfants et l’une des plus mauvaises pour l’autre. Quand
on demande aux jeunes s’ils aiment l’école, ils répondent plutôt « oui » au début de leur
parcours, mais plutôt « non » à son terme. Le système de notations, de sélection est conçu
à chaque fois comme une forme de punition, de sanction et non pas d’émulation et d’en-
couragement. Ce sont dans les pays anglo-saxons, souvent considérés comme les plus
libéraux, que l’école est non seulement un lieu de travail mais aussi d’épanouissement, de
valorisation, et c’est là qu’est exprimée la plus grande confiance accordée au corps ensei-
gnant.
Je situe sur ce champ là l’inefficacité relative du système éducatif français. Nous avons un
niveau d’échec trop élevé, et des élites trop peu nombreuses, et bien trop homogènes pour
répondre aux besoins multiples de l’économie.
L’école n’est ni juste, ni performante. Elle réduit faiblement les inégalités et fournit insuffi-
samment de jeunes adaptés aux emplois de demain.
Enfin, la faiblesse de la formation professionnelle, aussi bien dans sa phase initiale que
tout au long de la vie, est démontrée. Seulement 8% des salariés français ont reçu une
formation permanente, quand ce chiffre est de 25% pour les Britanniques, 30% pour les
Danois et les Suédois. En outre, c’est en France qu’il y a le moins de reconnaissance des
acquis de l’expérience.
La France est le pays où tout se mesure et donc se joue à partir du titre scolaire distribué.
Finalement, toute sa vie, on porte, ou comme « une croix » ou comme « un trophée », sa
sortie précoce du système scolaire ou, à l’inverse, le diplôme d’une grande école.
La crise accentue encore le besoin de réformes. Les diplômes ne conduisent plus nécessai-
rement aux mêmes emplois, et pas toujours avec la reconnaissance salariale que l’investis-
sement personnel et le parcours suivi auraient pu laisser espérer.
Cette frustration ne se mesure pas seulement par l’écart entre les diplômes obtenus et le
poste exercé, mais aussi par rapport au logement habité, à l’autonomie contrariée, voire au
spectre d’une retraite hypothétique. Une iniquité intergénérationnelle s’est installée.
Nous devons donc donner à la génération qui vient ses chances, sa place, sa reconnais-
sance et sa dignité.
Dans le cadre d’un contrat entre l’Etat, les collectivités et les organismes sociaux, il nous
faut offrir 400 000 places d’accueil, pas nécessairement en crèche mais dans tous les ré-
seaux qui permettent d’accueillir les jeunes enfants. Le mieux est qu’ils soient socialisés
au plus tôt, mais l’essentiel est qu’ils soient tout simplement accueillis. Si nous voulons
favoriser la conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale, c’est une voie néces-
saire. Si nous voulons aussi favoriser l’épanouissement de l’enfant, c’est un devoir.
Depuis cinq ans, le nombre d’enfants pré scolarisés est en diminution. En 2007, 24% des
moins de 3 ans étaient en classe maternelle, seulement 18% aujourd’hui. Les économies
LA REFORME DE L’ECOLE
Ensuite, l’individualisation dans le primaire, mais aussi dans le collège, doit être renforcée
pour que les enfants puissent être accompagnés, sans qu’il soit besoin d’introduire trop tôt
l’orientation et la sélection par les filières.
Toutes les études démontrent que ce sont les systèmes éducatifs qui préservent un tronc
commun, le plus longtemps possible, qui sont les plus égalitaires et les plus efficaces dans
la diffusion du savoir. Nous ne devons pas être sur la défensive par rapport au collège
unique, mais nous devons revendiquer la promotion d’un corps commun d’enseignements
et de connaissances, à la condition d’introduire des soutiens individuels, mais aussi des
compléments pour ceux qui veulent aller plus vite.
Nous devons revenir sur cette pratique proprement française des redoublements. Pas
pour des raisons budgétaires ! Mais parce qu’elle n’est en définitive qu’une réponse « pa-
resseuse ». Mieux vaut que l’enfant puisse continuer dans son cycle avec les rattrapages
indispensables.
Dans les quartiers les plus difficiles, la composition des écoles est devenue le symbole
même de la ghettoïsation. La suspension de la carte scolaire a été une décision plus que
fâcheuse. Il faudra y revenir. De même, faudra-t-il ajouter plus de moyens que par le passé
dans l’objectif de relever le taux d’encadrement et de multiplier les remises à niveau. Une
forme de service public de l’accompagnement scolaire doit être introduite.
Nous avons aussi à répondre au défi de la présence d’enseignants dans les établissements.
Sans doute faut-il que ceux-ci aient plus d’autonomie, qu’il y ait plus de dotations accor-
dées librement aux chefs d’établissement car je considère que l’un des piliers du sys-
tème éducatif, c’est le chef d’établissement. Ne pas vouloir lui reconnaître l’autorité et les
moyens nécessaires est en définitive une façon de préserver une organisation qui n’a plus
de sens aujourd’hui. Cette autonomie des établissements doit se conjuguer avec l’attribu-
tion de gratifications aux enseignants (salaires, temps de travail, retraites) qui se dévouent
dans les lieux d’enseignement des quartiers difficiles.
Nous faisons donc la proposition qu’il puisse y avoir des bonifications en terme d’années
de cotisations de retraite, au titre de la pénibilité, pour celles et ceux qui font une partie de
leur carrière dans ces zones.
L’ECOLE ET LA SECURITE
L’échec scolaire est vécu comme une exclusion par les élèves mais aussi par leurs pa-
rents. Il n’est pas sans lien avec la montée des violences juvéniles.
La question de la sécurité ne pourra pas trouver de solution durable et pérenne sans un tra-
vail global intégrant la dimension de la prévention, et surtout de la précocité de la réponse.
Stigmatiser et sanctionner les parents comme il est proposé aujourd’hui est un non sens.
C’est dès l’école qu’il faut encadrer les enfants et apporter l’aide nécessaire. C’est aussi
dès l’école que des sanctions proportionnées doivent être mises en œuvre.
Les enseignants et de nombreux professionnels disent repérer très tôt chez les enfants des
troubles ou des souffrances susceptibles de se transformer plus tard en violences. Inter-
venir sur l’origine des souffrances, qu’elles soient sanitaires ou sociales, permettrait une
prise en charge en amont, susceptible de prévenir d’éventuels problèmes.
Ce qui suppose :
• l’identification des enfants vulnérables et une vigilance accrue par rapport aux difficultés
familiales et sociales dès l’école primaire,
• la création d’une cellule sociale intervenant dans chaque école rassemblant le directeur
d’école, des enseignants, un pédopsychiatre, un assistant social, le médecin scolaire et la
PMI, grâce à une contractualisation sur objectif entre l’Education nationale et les Conseils
généraux. Cette cellule sociale, chargée de repérer les enfants en difficulté, effectuera le
suivi de ses préconisations : soins médicaux et psychologiques, intervention auprès de la
famille, tutorat par un adulte référent…
L’école est aussi la cible de violences venues de l’extérieur. Le vandalisme, les agressions,
le racket, se produisent désormais entre élèves, dans l’enceinte même des établissements.
Le renforcement de l’encadrement adulte, la stabilisation des équipes pédagogiques, les
actions de prévention des violences scolaires ont fait évoluer la prise en compte de ces
situations par l’institution.
La jeunesse subit de plein fouet la crise du marché immobilier. Elle s’est traduite par une
hausse des loyers sans précédent. Cette situation se conjugue avec une plus grande pré-
carité : bas salaires, contrats de travail à durée déterminée, chômage …. La conjonction
instabilité professionnelle et logement est devenue infernale : le parc d’HLM ne joue plus
le rôle d’accueil des étudiants boursiers et des jeunes actifs.
Dans le parc locatif privé, les jeunes sont confrontés à l’excès de garanties réclamées par
les propriétaires (cautions solidaires, CDI, ressources 3 à 4 supérieures au loyer, etc…) et à
la cherté des loyers. Pour les moins de 30 ans, la recherche d’appartement est à peu près
aussi âpre dans certaines villes qu’un entretien d’embauche… ! Quant aux loyers, ils ont
augmenté de 24% entre 2000 et 2007.
Les conditions d’entrée des jeunes sur le marché du travail ne sont pas compatibles avec
ces exigences : taux de chômage élevé et salaires faibles.
Les loyers du secteur libre ayant fortement augmenté en même temps que les occupants
du parc social se sont paupérisés, la fluidité entre parc privé et parc social a progressive-
ment disparu. Or, en période de faible rotation dans l’occupation du parc, ce sont les files
d’attente qui s’allongent (650 000 demandes en attente hors demandes de mutation) et les
jeunes qui, là aussi, restent à la porte. De fait, les occupants du parc social vieillissent. La
part des ménages dont le chef de ménage a moins de 30 ans a ainsi diminué de moitié en
vingt ans pour atteindre 10% en 2009.
La baisse des prix d’achat de l’immobilier constatée en 2009 n’a pas modifié grand-chose à
cette situation. En effet, elle ne concerne que ceux qui accèdent à la propriété, c’est-à-dire
une très faible partie de la jeunesse.
• d’améliorer les aides au logement en augmentant le forfait charges retenu pour le calcul
de ces aides,
L’UNIVERSITE
L’enseignement supérieur a connu une réelle démocratisation. C’est un incontestable pro-
grès. Cet élargissement de l’accès a été parfois le chemin de nombreuses désillusions dans
Soyons lucides ; quelle est la chance d’un bachelier professionnel de pouvoir connaître un
cycle universitaire même court, débouchant sur un diplôme ? 10%. Quelle est la probabilité
pour un bachelier technologique ? 30%. Ce sont les bacheliers généraux qui ont finalement
capté les diplômes de l’enseignement supérieur et occupé les places qui étaient théori-
quement réservées aux bacheliers technologiques ou professionnels ; je pense aux IUT et
aux BTS.
Il faut donc que ces structures puissent accueillir celles et ceux pour lesquels elles étaient
prévues.
De la même manière, il est nécessaire d’avoir un système d’orientation plus ferme. Après le
premier cycle, les étudiants doivent suivre des parcours qui correspondent à des débouchés.
Enfin, un système d’incitations pour aller vers les filières universitaires scientifiques
(aujourd’hui désertées par trop d’étudiants) paraît indispensable.
Pour atteindre ces objectifs, il sera nécessaire de mettre en place un système d’alloca-
tions et de prêts publics au financement des études pour que les étudiants puissent, avec
des contreparties notamment en termes d’orientations et de choix de certaines filières,
poursuivre des cycles universitaires professionnalisés.
Le rapprochement grandes écoles - universités s’inscrit dans cette démarche, les passerel-
les doivent être plus nombreuses, les effectifs des promotions des grandes écoles signifi-
cativement relevés.
Quel malthusianisme a-t-on laissé prospérer dans notre pays où demeurent depuis 50 ans
le même nombre d’élèves dans les grandes écoles, alors même que la population a large-
ment augmenté et que les besoins de l’économie se sont diversifiés. D’avantage d’étudiants
devront être accueillis dans ces grandes écoles, grâce à un accès direct par l’université.
LA FORMATION PROFESSIONNELLE
Enfin, la formation professionnelle deviendra une obligation dans l’entreprise, et non
simplement un droit.
Il doit être attribué à chaque salarié une « dotation éducation » dont le crédit sera d’autant
plus important que la formation initiale a été courte. La seconde chance, ce n’est pas une
possibilité qui doit être offerte, mais une norme qui doit être imposée aux employeurs.
Dans cet esprit je propose le « contrat de génération » afin qu’il puisse y avoir d’avantage
de jeunes dans l’emploi le plus tôt possible, formés par des seniors incités à rester en acti-
vité pour faire valoir leurs droits à la retraite dans de bonnes conditions.
• garder un senior déjà présent dans l’entreprise pour lui permettre de rester jusqu’au
terme de sa carrière professionnelle et de partir avec une retraite à taux plein,
• accueillir un jeune entrant dans l’entreprise qui pourrait s’y insérer plus tôt, et sans le
passage par la « case » chômage ou précarité.
La jeunesse s’interroge sur sa place ; elle constate le manque de reconnaissance dont elle
est victime; elle s’inquiète des arbitrages financiers et sociaux qui la désavantagent. Elle vit
son insertion dans l’emploi comme un parcours d’obstacles ; elle souffre d’une autonomie
de plus en plus réduite. Si elle ne se révolte pas, c’est parce qu’elle vit dans une solidarité
matérielle fondée sur le transfert familial, et affective grâce aux réseaux sociaux.
A l’évidence, les jeunes sont une « classe d’âge », mais pas une « classe ». Les différences
sont à l’image de celles qui structurent la société. Elles se trouvent dans les origines fami-
liales, les établissements scolaires, les lieux de loisirs comme les formes d’emplois. Mais,
il existe au sein d’une génération, la même interrogation sur l’avenir. Y a-t-il une place pour
le progrès ? Y a-t-il une chance de réussir sa vie ?
Cette alliance des générations est la seule façon de régler l’équation impossible de 2012.
Comment faire des promesses à tout le monde sans avoir les moyens de les honorer ? Com-
ment être capable de réduire nos déficits publics, et en même temps de considérer que de
la petite enfance jusqu’à la fin de la vie, tout doit être prioritaire ? Comment accumuler les
droits et n’imposer aucun devoir ?
Cette démarche peut permettre aux plus âgés de regarder au-delà de la défense de leurs
acquis, aux actifs de considérer que leur emploi est leur première richesse, mais que celui
de leurs enfants est leur première obligation.
Il faut donc aller à l’essentiel. L’essentiel, c’est l’avenir de la génération qui monte. Elle
nous permet de dépasser ce qui parfois nous oppose, et de donner à la France la perspec-
tive qui lui manque.
Je reviendrai sur la célèbre citation de Paul Nizan « Je ne laisserai pas dire que 20 ans est
le plus bel âge de la vie ».
Et bien, je considère à l’inverse que dans la France que nous voulons, 20 ans doit être le
plus bel âge de la vie !
LE CONTRAT DE GENERATION
Le contrat de génération proposé vise tout d’abord à inciter les entreprises à embaucher
des jeunes arrivant sur le marché du travail.
En effet, les entreprises françaises hésitent à recruter des débutants, et privilégient les re-
crutements de personnes ayant déjà une première expérience, ce qui rend difficile l’entrée
des jeunes dans le monde du travail, surtout s’il ont une formation insuffisante, et cela
encore plus dans le contexte de crise actuelle.
En aidant financièrement les entreprises qui forment les jeunes en recourant à leurs sala-
riés seniors, le contrat de génération œuvre aussi au maintien de l’emploi des seniors.
Le salarié senior devrait consacrer une part de son temps de travail (le quart ou le tiers du
temps) à former, entraîner et guider le jeune salarié. Le senior serait donc chargé d’appren-
dre son métier au jeune.
Le dispositif serait réservé aux jeunes titulaires d’un diplôme dont le niveau restera à dis-
cuter avec les partenaires sociaux ; l’objectif de cette mesure est de favoriser l’emploi dans
l’industrie, et d’éviter le déclassement des diplômes pour des jeunes qui, à l’issue de leur
formation, ont des difficultés à trouver un travail.
Le contrat de génération serait conclu pour une durée de cinq ans, ou pour une période
allant jusqu’au trentième anniversaire du junior, si cette durée s’avère plus courte.
Les deux salariés élaboreraient tous les six mois un rapport commun retraçant les actions
entreprises par le senior et actant les acquis du jeune. Ce rapport serait à la disposition de
l’inspection du travail, qui pourrait ainsi contrôler la réalité de la formation dispensée.
L’entreprise dresserait chaque année un bilan des contrats de génération en cours, bilan
rendu public, car annexé à ses comptes sociaux déposés au greffe du tribunal de com-
merce.
Afin d’inciter les entreprises à mettre en place ces contrats de génération (chaque contrat
impliquera que l’entreprise embauche un jeune et maintienne l’emploi d’un senior), l’Etat
verserait une aide financière pendant toute la durée du contrat.
• en mettant fin aux exonérations dont bénéficient les heures supplémentaires. Ces exo-
nérations sont en effet contreproductives en période de chômage car elles créent une
concurrence malsaine entre ceux qui ont un emploi, et qui veulent faire des heures sup-
plémentaires, et ceux qui n’ont pas d’emplois, et veulent être embauchés. Cela permet-
trait de dégager 2 à 3 MM e,
• en réservant les exonérations de cotisations sociales patronales sur les bas salaires aux
entreprises de moins de 50 salariés. Cela permettrait de dégager les 8 MM e supplémen-
taires nécessaires.
En effet, les entreprises de plus de 50 salariés consomment 38% des exonérations de coti-
sations sociales sur les bas salaires (coût total annuel de ces exonérations: 22,6 MM e).
Cette mesure rejoindrait les recommandations de la Cour des comptes, qui avait indiqué,
en 2006 et 2007, que le secteur de la grande distribution était le principal bénéficiaire de
ces exonérations, alors qu’il n’est pas exposé à la concurrence internationale, Ces exonéra-
tions créent donc un effet d’aubaine pour les grandes entreprises de ce secteur.
Le tutorat a été introduit par la loi du 21 décembre 2006 de financement de la sécurité so-
ciale pour 2007. Cette loi permet à un ancien salarié d’une entreprise, parti à la retraite, de
devenir le tuteur d’un ou de plusieurs salariés de l’entreprise.
• enfin, la mission de tutorat doit être exercée dans le cadre d’un contrat à durée détermi-
née (CDD), et le cumul du montant de la pension et des revenus tirés de cette activité doit
être inférieur à un certain plafond.
• les seniors visés sont les salariés encore en activité. Le contrat de génération a pour
objectif d’augmenter le taux d’emploi des seniors. Le tutorat vise les retraités et cherche
donc à faire revenir sur le marché du travail des personnes ayant déjà liquidé leur pension
de retraite,
• surtout le tutorat s’inscrit dans l’assouplissement du cumul emploi retraite, alors que le
contrat de génération s’inscrit dans une philosophie complètement différente, puisqu’il
vise prioritairement à inciter les entreprises à recruter des jeunes.
LA REDISTRIBUTION
Le modèle social européen depuis l’après-guerre reposait sur un système fortement redis-
tributif :
• une place significative réservée aux impôts progressifs (impôt sur le revenu, ISF, droits
de succession…),
Depuis 2002, la France a, bon gré mal gré, épousé ce mouvement de remise en cause du
système fiscal. Les baisses d’impôts se sont succédées, privilégiant la diminution des pré-
lèvements progressifs.
• les plus aisés ont vu leur pouvoir d’achat augmenté du fait des allègements d’impôts dont
ils ont profité,
• le déficit budgétaire s’est creusé. Engendré par ces baisses d’impôts, il crée une pression
à la baisse des dépenses publiques, et donc la contestation des mécanismes de protec-
tion sociale.
Le système redistribue alors à l’envers, des plus modestes vers les plus favorisés. Il accroit
les inégalités et contribue au sentiment d’injustice. Le bouclier fiscal en est l’illustration
caricaturale.
Aborder la question de la réforme fiscale, c’est chercher ensemble des solutions pour re-
dresser la France.
L’argument avancé par les libéraux consistait à dire que la course internationale au moins
disant fiscal ne nous laissait pas le choix. La survie de l’économie française nécessitait de
réduire les contributions pesant sur les riches, pour éviter des délocalisations engendrant
des pertes dommageables à l’économie en termes de valeur ajoutée et d’emplois.
Nous avons cependant tout à redouter de l’évocation du thème fiscal ; on croit bien faire en
étant courageux et l’on découvre la frilosité de nos concitoyens devant les conséquences
d’une telle inclination. Les Français sont majoritairement pour la réforme, sauf quand elle
les concerne… ce qui rend, il faut bien en convenir, l’exercice difficile au plan électoral.
D’autant que la droite prétendra « protéger » les Français de toute contribution supplémen-
taire. Pourtant cette problématique va être au cœur des choix de 2012 tant nous aurons à
faire face à l’explosion de la dette publique.
En cinq ans de présidence Sarkozy, la dette rapportée au PIB sera passée de 65%, c’était
son chiffre en 2007, à plus de 90%, soit plus de 25 points d’augmentation.
Dans cette perspective, l’enjeu de 2012, c’est de savoir comment revenir, sans drames so-
ciaux, à une situation budgétaire saine. Et de dire clairement de quelles marges de manœu-
vre nous pouvons disposer. Quels instruments, quelles politiques publiques pouvons nous
utiliser pour ne pas glisser sur cette pente dangereuse ?
Ce réflexe peut aussi exister à gauche : multiplier les propositions, comme si nous avions
tous les moyens pour agir et disposions de tous les leviers. Les trésors cachés n’existent
pas. Et les prélèvements sur les revenus financiers comme sur les grandes fortunes, aussi
légitimes soient-ils, ne peuvent suffire pour combler tous les déficits de notre protection
sociale.
politiques, avec sincérité, ont fixé les limites de l’action publique, ils ont eu à subir bien
injustement les foudres de l’opinion publique.
La deuxième attitude, tout aussi condamnable, est le déni de volonté. Puisque tout serait
devenu plus complexe, mieux vaudrait rester immobile.
La France a parfois fait dans le passé ce choix ; ajourner, différer, reporter. Un président
du Conseil de la IVéme République, élu corrézien célèbre, avait théorisé ce raisonnement.
Il considérait qu’il n’y avait pas de problèmes assez urgents dont la résolution ne puisse
attendre. Il est passé à la postérité, et a connu beaucoup d’imitateurs. Et parfois, les plus
bavards ne sont pas les plus actifs.
Je propose donc une autre voie : revenir aux valeurs de la République, qui fondent le Rêve
français : le progrès et l’égalité.
La politique d’allègements fiscaux qui a été menée depuis 2002, en faveur des plus favo-
risés, aura coûté environ 40 milliards d’euros par an. L’ajustement est donc nécessaire ;
nous devons supprimer les avantages qui ont été accordés et restructurer la dépense publi-
que pour remettre notre économie et nos finances publiques sur leurs pieds. Les Allemands
ont déjà, de manière consensuelle, fixé l’objectif : en 2016, ce sera l’équilibre.
Le débat n’est donc pas de savoir si les impôts vont augmenter ou pas ; la question est de
savoir lesquels et qui va les payer.
Quand Nicolas Sarkozy prétend qu’il n’augmentera pas les impôts, non seulement, il ne
dit pas la vérité pour aujourd’hui car il a déjà relevé bon nombre de taxes, mais il ne dit
pas non plus la vérité pour demain, car chacun sait que la dette d’aujourd’hui, ce sont les
prélèvements de demain.
L’autre raison qui justifie que la question fiscale soit au cœur de la campagne, c’est l’am-
plification des inégalités depuis 2002. Nous avons assisté à un mouvement continu d’affai-
blissement de la progressivité de l’impôt : la part de l’impôt sur le revenu dans les recettes
fiscales et dans la richesse nationale a diminué, les taux supérieurs ont été abaissés, le
bouclier fiscal a permis aux plus hauts revenus d’échapper à toute contribution supplé-
mentaire, ce qui fait qu’aujourd’hui, s’il devait y avoir un appel à la solidarité, les seuls
A ces distorsions s’ajoutent des niches fiscales, atteignant 70 milliards d’euros, atténuant
le rendement de l’impôt, si bien que la CSG, impôt proportionnel, rapporte désormais
d’avantage à l’Etat que l’impôt sur le revenu progressif (90MM e contre 50).
La seconde illustration des injustices est la montée de la fiscalité locale, compte tenu des
transferts de compétences de l’Etat, insuffisamment compensés, qui se traduisent par une
progression continue des taxes locales, considérées comme les plus injustes de notre sys-
tème.
Enfin a été organisé depuis 2002 une érosion continue des impôts sur le patrimoine, à la
fois pour les successions et l’ISF.
Depuis 2002, ce sont donc les classes moyennes, voire les classes populaires, qui ont fi-
nancé les largesses fiscales consenties aux plus favorisés. Ainsi ceux-ci ont-ils pu, non
seulement disposer d’une progression de leurs revenus plus élevée que la moyenne, mais
en outre, la politique fiscale leur a permis d’échapper en grande partie à l’impôt.
L’histoire de la République est aussi une histoire fiscale : la Révolution française est née
d’une aspiration à l’égalité devant les charges publiques ; les états généraux avaient été
convoqués à cette fin ; puis, le programme de Belleville, à la fin du second empire, avec
Gambetta et Clémenceau, ouvrait la perspective de l’impôt sur le revenu et il a d’ailleurs
fallu plus de 50 ans pour qu’un Ministre des finances, Caillaux, finisse par l’introduire. En-
fin, ce fut la bataille pour l’imposition des patrimoines avec, en 1981, la création de l’impôt
sur la fortune. Bref, longtemps le progrès fut associé à la justice fiscale.
Avec la mondialisation et la compétition fiscale entre les Etats, cette longue marche vers
l’équité s’est arrêtée. La gauche elle-même a fait preuve de prudence. Elle a intégré les me-
naces de « dumping » fiscal jusqu’à devenir frileuse, quand il s’est agi de traiter les plus-
values, les stocks options et les revenus du capital. Il lui est même arrivé aussi de céder à
l’air du temps en engageant en 2000 la baisse de l’impôt sur le revenu.
Ainsi, cette grande réforme fiscale que nous avions annoncée, nous ne l’avons pas menée,
nous contentant d’ajustements, de correctifs, mais aussi de pusillanimité.
Notre structure de prélèvement est devenue illisible ; nul ne sait qui paye l’impôt ; les taux
apparents n’ont rien avoir les taux réels ; qui peut comprendre quoi que soit à la fiscalité
locale, au dispositif des exonérations de cotisations sociales ou encore au mécanisme de
la fiscalité écologique ?
A force d’être mitée et minée, notre fiscalité est devenue entièrement opaque. Et à force
d’être sans cesse modifiée, la législation fiscale est marquée par son instabilité et la ré-
versibilité de ses dispositions. Ainsi, les exonérations de cotisations sociales patronales,
supposées encourager l’emploi, ont changé douze fois en quinze ans de mode de calcul.
Comment les entreprises peuvent-elles encore faire des arbitrages rationnels?
Le système fiscal est non seulement instable, il est injuste socialement, inefficace écono-
miquement, imprévoyant écologiquement. Il n’est favorable ni à l’emploi, ni à l’investisse-
ment, pas d’avantage à l’environnement. Alors à quoi sert-il, s’il ne réussit pas à financer
les dépenses collectives ?
UN IMPOT CITOYEN
Face à ce constat, il faut une nouvelle donne autour du principe suivant : taxer tous les
revenus sans distinction d’origine qu’ils proviennent du capital ou du travail, qu’ils soient
tirés de l’activité ou des transferts. Tous les revenus doivent être soumis à l’impôt et de la
même manière, avec les mêmes hiérarchies de taux.
Ce qui suppose de supprimer les déductions, les abattements, les exonérations, les niches
fiscales pour faire qu’au premier euro, la règle d’imposition soit commune, et la même pour
tous.
Est-ce à dire qu’il ne faut plus avantager ceux qui ont recours à un emploi à domicile ou à un
logement à haute qualité environnementale ou à un investissement supposé utile en ma-
tière de culture ? Sûrement pas, mais l’intervention publique relève alors d’une subvention,
d’une allocation, d’un avantage, mais en aucune manière, d’une réduction ou de l’assiette
ou de l’impôt lui-même. Le prélèvement doit être sur le revenu global.
Cette conception d’une large assiette avec des taux acceptables et progressifs permettrait
de financer à la fois l’Etat, la sécurité sociale et les collectivités locales. Et le prélèvement à
la source pourrait être généralisé. Nous disposerions d’un véritable impôt citoyen.
Il n’y aurait plus qu’une seule imposition : contribution sociale généralisée, impôt sur le
revenu, prime pour l’emploi seraient fusionnés.
Quant à la taxe d’habitation, elle deviendrait un impôt local sur le revenu assis sur la même
assiette que l’impôt sur le revenu national.
Je propose de recourir au même principe : une assiette large. Ainsi, le patrimoine dans son
ensemble serait concerné et aucune part n’en serait exclue en fonction de la situation pro-
fessionnelle de son détenteur, de sa capacité à collectionner des œuvres d’art ou à investir
dans les PME. Tout le patrimoine serait appréhendé avec des taux modérés et progressifs,
permettant de laisser au contribuable le soin d’arbitrer entre ce qui est acquitté au mo-
ment de la détention, chaque année, ou ce qui est versé au moment de la succession. L’ISF
pourra donc être considéré comme un acompte au moment de la succession. Là encore,
simplicité, justice, efficacité.
LA FISCALITE LOCALE
Ce n’est pas un débat de spécialistes, une affaire d’élus locaux. Si demain les collectivités
n’ont plus la maîtrise de leurs impôts, elles n’auront pas le choix de leurs dépenses, ou
plus exactement, elles seront obligées de renoncer à un certain nombre d’interventions ou
de services publics.
Ce qu’il faut donc exiger, c’est que chaque niveau de collectivité ait un ou plusieurs impôts
dont celle-ci aurait la maîtrise ; et que demeure une territorialisation de l’impôt : la base
imposable doit être identifiée au nom du principe de responsabilité. Enfin, une péréquation
entre les collectivités corrigera les inégalités territoriales.
LA REFORME FISCALE
Ainsi, la réforme fiscale doit être revendiquée par la gauche. Si cette dernière n’a pas
d’idées fortes, claires, simples et pédagogiques, elle perdra la confrontation. D’autant plus
sûrement que la droite fera toujours croire qu’il est possible de se dispenser de l’effort, en
mettant en cause la dépense publique et la protection sociale.
La fiscalité révèle l’état d’une société : « Dis moi quels sont tes impôts, je te dirai dans quel
pays tu vis ».
Nicolas Sarkozy a échoué dans sa stratégie fiscale. Quelle était-elle ? Il s’agissait de bais-
ser les impôts des plus favorisés en laissant imaginer aux plus modestes qu’ils auraient
leur part. Madame Thatcher avait inventé ce théorème : « parlons toujours de baisses d’im-
pôts, les plus pauvres finissent par y croire ». Le cynisme est au cœur de cette démarche.
Elle peut réussir électoralement, mais pas économiquement, car les avantages qui ont été
donnés aux plus favorisés n’ont pas d’influence sur l’investissement, sur l’épargne, et pas
davantage sur l’innovation et la croissance.
Cette politique a-t-elle eu un effet budgétaire heureux ? Avoir réduit les impôts a-t-il fourni
aux Etats plus de recettes ? Beaucoup le pensaient au nom d’un autre théorème selon
lequel « trop d’impôt tue l’impôt », ce qui a contrario signifiait que « peu d’impôt faisait
d’avantage de recettes ».
Ne pas faire pas de la réforme fiscale le grand enjeu de la campagne présidentielle, c’est se
priver de ces arguments majeurs.
Mieux vaut cependant respecter plusieurs conditions : nous ne devons pas tomber dans
une sorte de caricature où nous laisserions à la droite la proclamation de la baisse des im-
pôts quand nous porterions le chapeau de leur augmentation ; je déconseille cette posture.
Il s’agit simplement de dire : nous avons à faire des choix et relever un certain nombre de
prélèvements.
Si nous voulons gagner cette bataille, nous devons regarder aussi du côté de la dépense
publique et être plus efficaces, plus performants, plus économes dans la gestion de nos
propres administrations, qu’elles soient locales ou nationales. C’est la condition pour être
crédible ; nous devons aussi être attentifs à ce que les interventions publiques aillent véri-
tablement à ceux qui en ont le plus besoin.
De ce point de vue nous devons nous assurer que notre système de protection sociale sera
financé et restera juste.
• le déséquilibre démographique. Les filles et fils du papy boom ont fait moins d’enfants
que leurs parents. De ce fait le rapport actif sur inactifs de plus de 60 ans est passé de 3
en 1975 à 1,8 en 2010 et devrait descendre à 1,2 en 2050,
• le trop faible taux d’emploi : le chômage atteint 10% de la population et le taux d’emploi
de la classe d’âge 55/64 ans n’est que de 38% en France (contre 54% en Allemagne et
58% au Royaume-Uni).
La réforme des retraites est donc indispensable. Encore faut-il qu’elle soit juste.
Il pénalise les personnes ayant commencé à travailler entre 18 et 21 ans. En effet celles qui
ont commencé à travailler avant 18 ans bénéficient du dispositif des carrières longues qui
permet de prendre sa retraite lorsque l’on a cotisé le nombre de trimestres suffisant pour
avoir une pension à taux plein, quelque soit son âge et donc même avant 60 ans. Celles qui
ont commencé de travailler après 21 ans sont obligées d’attendre 62 ans pour avoir droit
à une retraite à taux plein (41 ans de durée de cotisation). Ces salariés appartiennent aux
milieux les plus modestes qui sont sortis tôt du système éducatif souvent sans diplôme et
avec une fable qualification.
• le recul de 65 à 67 ans de l’âge à partir duquel on peut prendre sa retraite sans décote.
Il pénalise les personnes qui connu des interruptions dans leur carrière, majoritairement
des femmes qui se sont arrêtées de travailler pour élever leurs enfants.
Ce relèvement des limites d’âge crée aussi un problème pour les salariés qui n’ont pas
atteint la durée minimale de cotisation pour avoir une retraite au taux plein. Ils vont se
retrouver sans ressources ou devoir être pris en charge par l’assurance chômage. La si-
tuation est alors soit très injuste soit absurde financièrement, la réforme consistant dans
ce second cas à transférer la charge financière d’un régime social (celui des retraites) à un
autre (l’assurance chômage).
Cette réforme fait porter l’essentiel de l’effort sur celles et ceux qui ont éprouvé le plus de
difficultés.
Il conviendra de revenir sur ces injustices, afin que les efforts ne portent pas uniquement
sur les catégories populaires, mais sur tous les Français.
Pour les personnes ayant eu des interruptions de carrière, des femmes majoritairement,
comme rappelé ci-dessus, il pourrait être envisagé que la pension de retraite ne soit pas
calculée à partir des 25 meilleures années d’activité, années qui souvent ne comprennent
pas quatre trimestres, mais sur les 100 meilleurs trimestres d’activité. Le périmètre exact
de la population devra être défini en concertation avec les partenaires sociaux.
Enfin il faudra augmenter les cotisations sociales, celles qui pèsent sur les employeurs
comme celles qui pèsent sur les salariés. Augmenter d’un point à la fois les cotisations
patronales et salariales rapporte environ 9MMe par an.
Quant aux revenus du patrimoine, la réforme fiscale que nous proposons amènera à relever
leur contribution.
Mais tout cela n’aura de sens que si le taux d’activité des seniors remonte significative-
ment. La proposition de contrat de génération, que je fais va dans ce sens. Les entreprises
seront incitées financièrement à maintenir des seniors en place afin de former les jeunes
qu’elles recruteront.
Bien entendu l’ensemble de ces propositions devra faire l’objet d’une véritable concerta-
tion préalable avec les partenaires sociaux.
1- Une politique de réseaux associant la médecine de ville, hôpital local, hôpital général,
CHU, cliniques et alternatives à l’hospitalisation, définissant la place et le rôle de chacun
permettra de dépasser les blocages dans le cadre d’une politique d’offre régionale.
Il faut mettre à plat le fonctionnement de l’hôpital. C’est un service public qui doit être
efficient sans pour autant devenir un hôpital-entreprise.
2- le développement des déserts médicaux est préoccupant. Les mesures incitatives (bour-
ses, aides à l’installation, maisons de santé, etc...) sont utiles mais ont montré leurs
limites. Les mesures coercitives mettent les médecins vent debout.
Tentons les mesures incitatives. En cas d’échec, des mesures plus directives comme l’in-
terdiction d’installation dans les zones sur médicalisées, à l’instar de l’accord CNAM/infir-
miers, libéraux seront nécessaires.
3- les soins de ville sont de moins en moins remboursés. Les franchises, forfaits et dépasse-
ments (2MMe) réduisent la couverture maladie obligatoire avec transfert vers les assu-
rances complémentaires. Dans un pays où 80% des chirurgiens sont à honoraires libres,
où dans 70 villes, il n’y a plus d’accès à un spécialiste aux tarifs de la sécurité sociale,
le libre choix devient un vain mot. Il faut encadrer fortement les dépassements et plus
largement définir le périmètre des soins utiles. Remettre en cause certains rembour-
sements de soins évalués comme médicalement inutiles pour mieux couvrir d’autres.
Enfin, une meilleure coordination des soins à travers une meilleure complémentarité :
maisons de santé, réseaux, et transfert de tâches médicales vers des professionnels de
santé non médecins, et une diversification des rémunérations (acte, forfait, salariat…)
rendront le système plus performant.
4- L’irruption des patients et des usagers dans le paysage est aujourd’hui irréversible. Les
associations de malades autour du SIDA ont changé la donne. Maintenant le système de
santé s’organise entre l’assurance maladie, les complémentaires, l’Etat, les professions
de santé et les usagers. La démocratie sanitaire doit encore progresser. Les états géné-
raux de la santé de 1999 débouchant sur la loi sur les droits des malades de 2002 est une
référence. Préparer de nouveaux états généraux serait une nouvelle étape.
5- La France a des progrès à faire pour une meilleure prévention. Qu’elle soit primaire :
environnement, pollutions, santé au travail, nutrition... ou secondaire avec un meilleur
dépistage des cancers, hépatites....Valoriser les acteurs de santé publique, rendre les
médecins du travail indépendants de l’employeur sont des objectifs à atteindre.
La santé est un très bon marqueur du développement et de la démocratie d’un pays car elle
associe une dimension à la fois médicale, sociale, environnementale, éthique, économi-
que, industrielle et culturelle.
Nous devons être sincères. Ce que nous savons de la dette et des déficits nous incite à
la prudence ; il n’est plus possible de présenter des programmes qui appuient toutes les
revendications, qui n’oublient aucune catégorie d’âge ou de professions.
Nous devons être précis, pédagogues dans l’effort qui sera demandé aux uns et aux autres.
Sinon nous inquièterons tout le monde.
La situation est grave. Le pays s’enfonce dans la drogue douce de la dette et dans le poison
de l’injustice. Elle nous appelle au courage et à l’audace. A nous de mener la confrontation
fiscale avec la droite, d’en faire un des éléments, un projet de société autour du progrès et
de l’égalité.
Depuis son retour au pouvoir en 2002 la droite a multiplié les baisses d’impôts, dont l’im-
pact budgétaire annuel peut être estimé à :
• 11 milliards d’euros pour les baisses d’impôt sur le revenu (baisses du barème décidées
sous le mandat de Jacques Chirac),
• 8,2 milliards d’euros pour le plafonnement de la taxe professionnelle (en 2006) et la ré-
forme de la taxe professionnelle (en 2010). En 2010, du fait des impacts de trésorerie de
la réforme de la taxe professionnelle ce coût s’élèvera à 14 milliards d’euros,
• 4,4 milliards d’euros pour l’exonération des heures supplémentaires (dans le paquet fis-
cal de 2007),
• 3,3 milliards d’euros pour la baisse des droits de succession et de donation (en 2004 et
dans le paquet fiscal de 2007),
• 3 milliards d’euros pour la baisse de la TVA dans la restauration (en 2009),
• 1,9 milliards d’euros pour le bouclier fiscal et les baisses d’ISF (en 2006 et dans le paquet
fiscal de 2007)…
Le coût de ces baisses d’impôts s’élève chaque année à environ 40 milliards d’euros, soit
2% du PIB.
Elles sont à l’origine d’une bonne part du déficit public. En effet la crise n’explique pas à
elle seule le montant du déficit public ; rappelons que celui-ci s’était déjà régulièrement
détérioré avant la crise : 2,3% du PIB en 2006, 2,7% en 2007, 3,4% en 2008.
De plus, ces baisses, qui ont quasi uniquement bénéficié aux revenus les plus élevés ou
aux patrimoines les plus importants, ont réduit la progressivité de notre système fiscal, et
ont accru son caractère injuste.
Parallèlement, la droite a adopté toute une série de mesures se traduisant par des nou-
veaux prélèvements sur l’ensemble des ménages :
• franchises médicales,
• taxe pour copie privée des disques durs externes et clés USB,
Tous ces divers prélèvements pèsent proportionnellement plus sur les revenus les plus bas
et sont particulièrement injustes.
LA REFORME FISCALE
Les baisses d’impôts réalisées par la droite depuis 2002 ont été sources d’inégalités, car
elles ont privilégié les plus aisés. Elles ont rompu le contrat social en donnant plus à ceux
qui ont déjà beaucoup, et en faisant porter l’effort sur tous les autres. Enfin elles ont am-
puté les moyens de nos politiques de solidarité.
C’est d’ailleurs pour ces raisons que Barack Obama a fait voter par le Congrès l’institution
d’un véritable système américain de solidarité nationale.
Nicolas Sarkozy applique une politique opposée à celle de Barack Obama : il s’attaque
aux mécanismes de solidarité nationale, alors que le président américain se bat pour les
renforcer.
Nous voulons engager une réforme fiscale qui repose sur les deux grands principes suivants :
• faire preuve de responsabilité budgétaire face à l’ampleur du déficit de nos finances pu-
bliques et à la montée de l’endettement public,
• simplifier notre système fiscal, afin de le rendre plus lisible et plus transparent,
• privilégier des assiettes larges, afin de pouvoir disposer de taux d’imposition modérés
et acceptables.
Cela nécessite :
• de rendre notre système d’imposition du revenu plus juste en le dotant d’une assiette
large. Cela impliquera de regrouper l’impôt sur le revenu actuel, la CSG et la prime pour
l’emploi, afin de créer un impôt citoyen assis sur le revenu, prélevé à la source, sur le
modèle de ce qui existe chez la plupart de nos voisins. L’ensemble des revenus seront
imposés, ce qui permettra de mettre fin au système des niches fiscales et des cadeaux
fiscaux, qui créent des situations d’iniquité.
Le produit de l’impôt sera réparti entre l’Etat et la Sécurité sociale, comme chez la plupart
de nos voisins.
Les collectivités locales bénéficieront aussi de cette réforme fiscale. Elles disposeront
d’un impôt local sur le revenu, assis sur le revenu servant d’assiette au nouvel impôt sur
le revenu national. Cet impôt local sur le revenu se substituera à la taxe d’habitation. Elles
auront le pouvoir de fixer elles-mêmes les taux applicables à la nouvelle assiette com-
mune.
Il conviendra, dans le même esprit, de mettre à plat la fiscalité du patrimoine (ISF, droits de
succession, bouclier fiscal), afin de la concentrer sur les véritables grandes fortunes. L’ISF
et les droits de succession seront fusionnés, l’impôt sur la détention du patrimoine valant
avance sur les droits de succession.
LA COMPÉTITIVITÉ
Autrement dit, et sans tomber dans je ne sais quelle facilité de langage, nous sommes dans
le déclin. La désindustrialisation en est le premier symptôme. Dès lors que notre économie
conjugue chômage élevé, déficits publics considérables et compétitivité dégradée, nous
sommes entrés dans un processus de déclassement.
1. L’euro a constitué une bonne protection, y compris pendant la crise, par rapport aux fluc-
tuations des monnaies et à la spéculation financière. Cependant, le niveau de la monnaie
européenne par rapport au dollar et au yuan pénalise d’avantage l’économie française
que d’autres, notamment allemande. Cela est démontré par la relance des exportations
européennes du début 2010 consécutive à la baisse de l’euro. Ainsi, quel que soit le
respect que l’on doit à l’indépendance de la Banque centrale européenne (qui, n’étant
pas en charge de la gestion de la parité de l’euro avec les autres monnaies, ne tient pas
compte de l’évolution des taux de change pour déterminer sa politique monétaire), il
faudra bien que la question des parités à l’échelle du monde soit repensée ou redéfinie,
si l’on veut éviter que s’installent des distorsions de concurrence préjudiciables à nos
entreprises.
Si nous laissons les déficits commerciaux dériver à ce rythme, nous serons contraints,
d’une manière ou d’une autre, à réduire notre niveau de vie, soit en limitant le volume des
importations, soit en acceptant qu’une épargne étrangère vienne acquérir une partie de
nos biens industriels ou de nos actifs financiers.
Il ne s’agit pas de faire peur, mais d’éclairer sur les conséquences douloureuses des ten-
dances qui sont désormais à l’œuvre.
Face à cette situation, trois tentations sont possibles, mais aucune n’est satisfaisante.
La première serait de réduire les coûts du travail et notre protection sociale pour nous
adapter à la mondialisation et redresser notre compétitivité en donnant aux entreprises
plus de marges pour ne pas trop perdre de parts de marché. Ce choix aboutit à abaisser le
pouvoir d’achat des salariés.
Face à ces trois options, si nous récusons le libéralisme et si nous repoussons le protection-
nisme et si nous refusons le malthusianisme, il nous faut présenter une autre conception
du développement. C’est le fondement d’une nouvelle social-démocratie.
Nous devons donner une dimension extensive du progrès, de ce qui donne du sens à la vie,
ce qui permet de l’enrichir, ce qui affirme une dignité du travail et même de la consomma-
tion et prépare l’avenir, c’est-à-dire évite de créer pour les générations futures des contrain-
tes supplémentaires à celles que nous avons nous-mêmes supportées.
Le progrès doit être élargi à tout ce qui est culturel, social, humain et s’inscrire dans une
perspective de développement global.
Mais il doit y avoir progrès ; si nous renoncions, d’une façon ou d’une autre, à porter
cette valeur, nous infligerions à notre société des reculs considérables. Si nous sommes
aujourd’hui des progressistes, c’est parce que nous avons espoir, non pas simplement
dans la science, même si elle permet d’avancer, non pas simplement dans l’innovation en
tant que telle, même s’il faut la valoriser, mais dans une société qui avance par la volonté
humaine et la mobilisation de l’ensemble de ses ressources.
La croissance découle de cette démarche. C’est elle qui traduit le progrès. La croissance,
c’est ce qui a été créé quand on retire tout ce qui a été supprimé ou détruit.
Elle est la condition indispensable pour créer des emplois, financer la protection sociale,
réduire les déficits et dégager du pouvoir d’achat.
Le second levier c’est la transition écologique, ou croissance verte ; la mutation que vont
connaître des secteurs comme la construction, le bâtiment, l’automobile va générer des
emplois nouveaux, tout comme la diversification énergétique.
Le dernier levier est celui du territoire qui devient lui-aussi un facteur de croissance. Nous
vivons même un paradoxe : pourquoi affaiblir les collectivités locales au prétexte de cher-
cher des économies, au moment où la pertinence de leur intervention sort renforcée de la
crise ? Qui soutient les PME ? Qui favorise le lien entre les universités et les entreprises ?
Qui contribue à l’installation des chercheurs, si ce n’est en définitive les régions, même si
elles dépassent la limite de leurs compétences ?
Nous avons donc aujourd’hui besoin de redonner du sens au progrès, il y a urgence à af-
firmer une stratégie de croissance. Nous disposons des leviers qui nous permettent d’y
prétendre.
LA REFORME DE L’ETAT
L’État. Qu’est-ce qui relève de l’Etat ? Il est appauvri, affaibli amaigri. Pourtant il reste le
seul acteur légitime, s’il sait ouvrir les concertations indispensables, pour définir une stra-
tégie nationale.
Il a fallu que Nicolas Sarkozy improvise le grand emprunt, convoque une Commission avec
deux anciens Premiers ministres à sa tête pour que l’on découvre les vertus et les mérites
de feu le Commissariat général au plan. Et l’on a vu cette situation cocasse où la plupart
des dirigeants des grandes entreprises françaises sont venus présenter leurs projets à une
instance dont nul ne savait vraiment ce qu’elle y avait à faire en espérant récupérer malgré
tout une part du produit du grand emprunt !
S’il y avait eu un Commissariat général au plan, les secteurs majeurs pour notre avenir
auraient été identifiés, les programmes d’investissement de l’État auraient été prêts, les
collectivités locales auraient été associées à ces projets, ainsi que les partenaires sociaux
! Une ambition collective pour le pays aurait été définie, et les financements depuis long-
temps évalués, à défaut d’être trouvés.
Néanmoins, définir une stratégie ne suffit pas. Il faut être capable de la mettre en œuvre.
J’avance cinq engagements.
L’élévation des qualifications et l’amélioration des savoirs, comme des savoir faire, des
générations nouvelles est une condition pour accompagner les mutations des entreprises
et la mobilité des salariés. La revalorisation des expériences de chaque individu doit per-
mettre d’organiser cette formation sur toute la vie.
Dans cet esprit, il conviendra d’attribuer une « dotation éducation sur toute la vie », qui
assure une « compensation formation professionnelle » aux personnes sorties précoce-
ment de l’école, et d’élargir l’enseignement supérieur, mais aussi de veiller à conclure les
parcours par des diplômes.
C’est l’enjeu pour préserver notre rang dans la mondialisation. Il manque deux volontés :
l’une publique en relevant l’effort de recherche, y compris à travers des ressources extra-
budgétaires, l’autre fiscale, en repensant le crédit impôt recherche pour qu’il soit redéployé
en faveur des entreprises qui confient une partie de leurs travaux de recherches aux labo-
ratoires universitaires.
Le développement des PME suppose un certain nombre d’adaptations sur le plan fiscal ;
aujourd’hui, les prélèvements obligatoires sont d’autant moins importants que l’entre-
prise est grande. Ainsi, la fiscalité des entreprises (l’impôt sur les sociétés et d’une
• conclure une charte entre l’entreprise et les pouvoirs publics pour que soient clairement
précisées les conditions des interventions publiques, et leurs contreparties en matière de
mutation technologique, de localisation d’activité ou de respect d’engagements sociaux.
Cette charte doit être opposable.
• introduire une plus grande participation des salariés à la gouvernance des entreprises.
Elle peut intervenir dès le stade initial de l’information, de la consultation des instances
représentatives du personnel, mais aussi par la présence d’administrateurs salariés dans
les conseils d’administration.
Cette transition sera difficile. Comment passer des énergies fossiles aux énergies renou-
velables ? Comment accélérer la mutation électrique dans la fabrication automobile, isoler
thermiquement l’ensemble des logements, valoriser plus économiquement nos déchets ?
La finance et la production ne sont pas contradictoires, à condition que l’une n’écrase pas
l’autre. Nous avons le devoir d’assurer le financement du système productif. Beaucoup se
reposent aujourd’hui la question de la maîtrise publique du crédit. Voire de sa nationalisa-
tion. Il y là une certaine nostalgie, mais aussi une forme de prise de conscience : remettre
des logiques économiques dans la distribution des prêts bancaires.
Nous avons suffisamment d’éléments de régulation qui nous permettent, si nous les utilisons,
d’affecter les crédits aux entreprises qui en ont le plus besoin, sans qu’il soit nécessaire
d’élargir la propriété publique, ce qui n’empêche pas des prises de participation lorsqu’el-
les sont nécessaires.
II existe en effet un établissement financier public de long terme : la Caisse des dépôts et
consignations (CDC), qui participe aussi au capital de nombreuses entreprises. Elle doit
devenir la Caisse du développement durable, et assurer en partie la mutation industrielle
et écologique, entraînant à ses cotés d’autres acteurs, comme la Banque européenne d’in-
vestissements (BEI).
Parallèlement, il faut créer des produits financiers spécifiques. De la même manière qu’avec
le livret A, il a été possible de financer la construction pendant des années de logements
sociaux, pourquoi ne pas proposer des produits financiers, des livrets d’épargne qui pour-
raient être dédiés au financement des PME ?
En effet une intervention publique ne suppose pas toujours des dépenses publiques sup-
plémentaires ; elle peut parfois consister à lever de l’épargne supplémentaire.
Mais il faut aussi que les établissements bancaires privés jouent leur rôle de pourvoyeurs
de crédits à l’économie. La crise financière a montré que les activités spéculatives des ban-
ques mettaient en péril leur activité de fournisseur de crédit.
La réforme des normes prudentielles, dites Bâle III, selon lesquelles les fonds propres des
banques devront représenter à l’avenir au moins 7% de leurs actifs, contre 2% auparavant,
constitue un progrès car elle va renforcer leur solvabilité.
Mais il faut aller plus loin, et s’engager vers une réelle réforme de notre système bancaire.
Il convient, comme l’a fait le Congrès américain en juillet 2010, sur proposition de Barack
Obama, de détourner les banques commerciales de la tentation de prendre des risques,
afin qu’elles se concentrent sur leurs activités de prêt (règle dite de « Volcker »).
Parallèlement, le contrôle des banques doit être renforcé. Les mesures adoptées au niveau
européen en septembre 2010 vont dans le bon sens (renforcement des pouvoirs des régula-
teurs européens). Notre législation nationale doit évoluer dans la même direction.
Capital humain, capital technologique, capital financier, capital d’entreprises, nous avons
besoin de mobiliser toutes les énergies.
Ce qu’il faut promouvoir, c’est une stratégie qui soit à la fois un ajustement financier indis-
pensable (car il faut limiter nos déficits), mais qui soit surtout également un redressement,
une sortie par le haut de la crise au plan industriel et productif.
L’ECOLOGIE
Le défi écologique est certainement la question la plus fondamentale à laquelle il faut trou-
ver réponses en ce début du 21ème siècle. Il s’agit ni plus ni moins d’une nouvelle frontière
à repousser. Si le 19ème et le 20ème siècle, dans les pays développés ont été la combinai-
son entre la production et la question sociale, cette nouvelle aventure humaine consis-
tera à combiner production, question sociale et question écologique. L’épuisement des
ressources naturelles, et en particulier des énergies fossiles, la question de la biodiversité
sont les contraintes nouvelles à intégrer à un nouveau modèle de développement.
Mais l’écologie constitue une formidable opportunité pour nos économies : la transition
énergétique est une contrainte positive, promouvoir le développement de l’économie verte
une formidable chance.
Tous les modèles s’accordent à prévoir que les émissions humaines de gaz à effet de serre
augmenteront spontanément à un rythme soutenu au cours des décennies à venir. Selon
l’OCDE, le total de ces émissions pourraient ainsi tripler d’ici 2050, pour atteindre 50 à 70
milliards de tonnes d’équivalent CO2, soit 15 à 20 milliards de tonnes d’équivalent car-
bone6(*) par an.
Il est désormais établi que la teneur atmosphérique des gaz à effet de serre a significative-
ment augmenté depuis l’époque préindustrielle, notamment pour le méthane.
En France, les émissions de gaz à effet de serre proviennent des transports pour 26 %, sui-
vis de l’industrie (22 %), de l’agriculture (19 %), des bâtiments et habitations (19 %), de la
production et de la transformation de l’énergie (13 %), et du traitement des déchets (3 %).
Les pays émergents, notamment l’Inde et la Chine réclamaient aux pays riches de forts
engagements sur la réduction des gaz à effet de serre mais refusaient d’être soumis à des
objectifs contraignants.
Les pays développés, à commencer par les Etats-Unis, demandaient aux pays émergents d’ac-
croître leur effort et réclamaient une transparence de leur part pour vérifier si leurs engage-
ments étaient tenus. Pour la Chine, pas question d’accepter la vérification chez elle, perçue
comme une « ingérence ». Le condominium Etats-Unis/Chine pèse pour que rien ne change.
L’Europe aurait pu jouer le rôle de médiateur, mais elle n’a pas pesé sur les négociations.
Elle est apparue désunie malgré l’accord dit « paquet climat-énergie » qu’elle avait conclu
en son sein et hors course dans l’affrontement des géants américain et émergents.
Cet échec au niveau international ne doit pas être un prétexte pour ralentir nos efforts au
niveau national.
La fiscalité écologique constitue un instrument efficace pour modifier nos arbitrages com-
me producteurs et comme consommateurs. C’est pour cette raison que le Grenelle de l’en-
vironnement avait retenu comme proposition phare la mise en place d’une contribution
carbone.
• il ne touchait que les consommateurs et épargnait les entreprises polluantes, alors que
les ménages n’ont pas la possibilité de modifier leurs choix à court ou moyen terme et
que les industriels ont en revanche la possibilité de s’adapter plus rapidement,
• elle pénalisait plus les revenus faibles que les autres, même s’il était prévu une resti-
tution partielle de la taxe, laquelle compliquait, par ailleurs, la lisibilité du mécanisme,
de nombreuses personnes se demandant pourquoi prélever un impôt si c’était pour en
restituer le produit.
• les ménages en seraient exonérés ; la contribution pèserait uniquement sur les entreprises.
C’est cette approche qu’a retenue le gouvernement travailliste britannique lorsqu’il a intro-
duit en 2001 la « climate change levy ». En réalité, soyons francs, les ménages supporte-
raient quand même indirectement une partie du coût de cette taxe, car bon nombre d’en-
treprises répercuteraient sur leurs clients une part de la taxe qu’elles auraient acquittée.
• les petites entreprises seraient hors du champ du prélèvement (par exemple celles qui
réalisent un chiffre d’affaires annuel inférieur à 500.000E), ce qui permettrait d’éviter
d’alourdir la charge des routiers, taxis, pécheurs, ambulanciers et agriculteurs, ainsi que
les autres petites entreprises qui n’ont guère de moyens de changer dans un délai court
leurs habitudes,
• la taxe serait perçue sur les achats d’énergies fossiles destinés à être consommés par
l’entreprise. Ne seraient donc pas concernés les achats destinés à être revendus,
• le taux retenu pourrait être celui proposé par le rapport Rocard : 32E la tonne de CO2 en
2010 avec une augmentation de 6% par an,
• la totalité du produit de la taxe serait recyclé dans le financement des investissements «
verts » : aides à la production de la voiture propre et/ou électrique et/ou à la construction
de logements mieux isolés.
Il s’agit d’inciter les investisseurs à préférer les « technologies préventives » aux « techno-
logies curatives » (nettoyage, dépollution etc.).
Les investissements dans des matériaux ou des constructions de meilleure qualité ayant
une durée de vie plus longue sont nettement préférables aux investissements dans des
matériaux de moins bonne qualité faisant l’objet de fréquents remplacements.
Mais la fiscalité actuelle ne va pas toujours dans ce sens en prévoyant parfois des durées
d’amortissements trop courtes qui incitent à renouveler périodiquement les investisse-
ments au détriment de leur durabilité.
Une réflexion de grande envergure devra être menée avec les représentants de tous les
secteurs de l’économie, notamment ceux du monde agricole.
L’éclairage de nos villes devra être modernisé pour utiliser les nouvelles techniques éco-
nomes en énergie et peu productrices de chaleur et à viser une diminution de l’intensité
lumineuse des grandes zones urbaines.
Ce plan sur 10 ans viserait à modifier le mix énergétique de notre pays, il serait réalisé par
un investissement à la fois de l’Etat et des collectivités locales (régions et communautés
urbaines) complétés par les apports des fonds structurels européens.
Son montant serait au minimum de 5MME par an. L’apport de l’Etat pourrait être financé
par une remise en cause de l’application du taux réduit de TVA de 5,5% à la restauration.
Cet élan contribuera à positionner la France sur les marchés des technologies propres, por-
teuses de croissance à long terme (énergies renouvelables, stockage de l’énergie, éolien,
photovoltaïque, véhicules propres, voitures électriques). Il s’agit donc autant d’écologie
que d’économie.
LA GOUVERNANCE
EUROPEENNE ET
MONDIALE
Le monde a changé ; une accélération des mutations s’est produite avec la crise.
La première, c’est la montée des pays émergents qui entendent prendre toute leur place,
non pas celle liée à leur statut d’hier, mais un rang lié à leur puissance d’aujourd’hui, et a
fortiori de demain.
La troisième donnée est moins agréable à constater. L’Europe sort affaiblie de la crise et
apparaît comme la partie du monde la plus en difficulté. Sur le plan politique, sa capacité
à émettre des propositions ou à prendre des initiatives s’est rétrécie. Sur le plan écono-
mique, sa croissance est à la traîne, ses investissements sont en recul et sa compétitivité
ne s’améliore que par lorsque l’euro fléchit. Sur le plan financier, la dette souveraine de
plusieurs pays de la zone euro est sous le joug des jugements journaliers des agences de
notation.
Elle offrait l’illusion pour un pays comme le nôtre d’être fort sans effort. Le modèle euro-
péen que nous portions, et qui consistait à faire de l’Europe, « la France en grand » a été
ruiné par l’effondrement du Mur de Berlin et la constitution d’une Union à 27.
L’agenda 2012 – 2017 comporte des rendez-vous lourds, à savoir la régulation financière,
la définition d’un nouveau système monétaire international et l’affirmation d’un ordre envi-
Alors comment définir une politique étrangère de gauche, tout en sachant que nous avons
à cœur de faire partager nos objectifs sur la place de la France à tous nos concitoyens ?
Une politique étrangère doit rassembler et non diviser. Nous ne sommes pas là pour sus-
citer de la contradiction ou de la confrontation à propos de la Défense Nationale, de la
promotion des intérêts fondamentaux du pays et du rôle de la France dans le monde. Nous
sommes là pour porter une politique dont les principes correspondent à nos valeurs, mais
qui ont vocation à rassembler, à unir, à donner à la France une cohérence et une visée stra-
tégique.
Ce qui vaut pour la politique étrangère vaut pour la politique de défense. Il existe aujourd’hui,
y compris au sein de nos armées, un doute sur l’efficacité de notre outil, sur notre capacité
à le moderniser, sur notre doctrine, et sur la pérennité des moyens à y consacrer.
LA GOUVERNANCE EUROPEENNE
Nous avons besoin d’une Europe « gouvernée »
J’ai vécu avec douleur les turbulences de la zone euro de ces derniers mois. Ceux qui, com-
me moi, avaient milité pour l’adoption du Traité Constitutionnel Européen, puis pour la
ratification du traité de Lisbonne supposé introduire de l’ordre et de la hiérarchie institu-
tionnelle et renforcer l’efficacité politique de l’Europe découvrons qu’au moment où une
crise touche aux fondements même de la monnaie unique, il n’y a non pas une absence
d’acteurs mais un trop plein. Qui est responsable? Il y a pléthore de présidents : celui de
la Commission, celui de l’Euro-groupe, celui de la Banque Centrale Européenne, celui du
Face à la spéculation les Etats-Unis s’en sont largement mieux sortis. Le Président, le
Congrès, la Réserve Fédérale ont agi de concert.
Nous ne ferons évoluer la position allemande, que si la France est exemplaire sur la tenue
de ses comptes publics, et efficace sur le règlement des situations les plus périlleuses de
la zone euro. Tant que notre pays connaîtra un écart de compétitivité en notre défaveur
avec un déficit commercial de 50 milliards d’euro quand l’Allemagne dégage un excédent
de 150, tant qu’il affichera un déficit public de près de 8% du PIB quand l’Allemagne reste
à 5%, tant qu’il présentera des perspectives de retour à l’équilibre de nos finances publi-
ques sans aucune réalité par rapport à l’objectif, le Président français sera hors jeu pour
ne pas dire disqualifié, pour faire prévaloir son point de vue sur la conduite de la politique
économique européenne.
Ce qui vaut pour les comptes publics vaut aussi pour le respect des traités européens en
matière de liberté. L’isolement, la stigmatisation, l’affrontement ne nous mettent pas en
situation d’entrainer les Européens et de mobiliser leurs gouvernements en faveur de po-
litiques noovelles.
Je n’adhère pas à l’idée d’un nouvel « impérialisme allemand » en Europe. C’est même l’in-
verse qui se produit avec une sorte « d’isolationnisme allemand ». L’Allemagne ne cherche
pas à dominer, elle veut simplement que ses efforts soient au bénéfice quasi exclusif de
son peuple ; elle n’est pas prête à consentir davantage de solidarité qu’il n’en est néces-
saire pour ses intérêts.
Est ce à dire que notre ambition européenne se réduit aux champs budgétaires, économi-
ques, monétaires? Je ne le crois pas. Malgré toutes les difficultés d’une telle entreprise,
nous devons contribuer à la mise en place de la défense européenne.
L’affirmation d’une politique étrangère de l’Europe est attendue sur au moins trois sujets.
Sur le Proche-Orient, nous ne pouvons pas laisser les Etats-Unis seuls face à Israël et aux
divisions palestiniennes. Dans cette partie du monde, la responsabilité de l’Europe est his-
toriquement engagée ; il lui revient, malgré les tentatives jusque là déçues, de reprendre
l’initiative. Et à tout le moins de soutenir celle de Barack Obama.
Sur les rapports avec la Chine et avec la Russie. Il n’est pas souhaitable que chaque pays
fasse, selon ses intérêts supposés ou réels, un pas en avant ou un pas de côté par rapport
à ces puissances. L’Europe doit faire preuve de cohérence. Sinon nos contradictions se-
ront regardées comme autant de faiblesses, et nos proclamations comme autant de leurres
pour dissimuler nos petits calculs nationaux.
L’ALLIANCE ATLANTIQUE
Nous sommes membres de l’Alliance atlantique, nous voulons en être un partenaire loyal.
Nous savons que notre sécurité est assurée dans ce cadre et si nous voulons préserver
notre autonomie, nous sommes aussi conscients que la relation avec les Etats-Unis est
essentielle.
Mais un fait nouveau s’est produit, Obama a engagé une inflexion de la politique étrangère
américaine.
Je ne sais pas jusqu’où elle ira. Elle peut être une heureuse rupture par rapport à Georges
Bush, elle peut aussi être un retour vers une politique étrangère plus incertaine. Rappe-
lons-nous les déboires rencontrés par la Présidence Clinton au Moyen-Orient et l’échec
retentissant de Carter en Iran.
L’Europe doit favoriser autant qu’elle le pourra le succès de la Présidence Obama. C’est
son intérêt. Le risque aujourd’hui c’est que les Etats-Unis s’éloignent de l’Europe. Bush
avait besoin d’une Europe qui soit sa vassale, voire son obligée. Bon nombre de chefs de
gouvernement avaient adhéré à un tel schéma. Et Nicolas Sarkozy avait adressé lui-même,
des signes en ce sens, alors que son prédécesseur, Jacques Chirac, s’en était à juste raison
distingué.
Aujourd’hui, le problème est qu’Obama ne nous dit rien. Il fait sans nous. Jamais contre,
mais plus avec! Il nous faut donc provoquer le dialogue avec l’administration américaine et
notamment sur le Proche Orient, l’Iran et l’Afghanistan.
L’AFGHANISTAN
La décision qui a été prise en 2001 d’intervenir militairement était légitime. Nous sommes
d’autant plus à l’aise pour le dire que ce fut sous l’autorité de Lionel Jospin, Premier Mi-
nistre, que le choix fut fait.
Ensuite la présence des alliés s’est renforcée et la France a suivi sans barguigner (en contra-
diction avec les engagements de Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle). Or le
conflit s’enlise, nos forces essuient des pertes humaines, et surtout nous n’avons aucune
influence sur la stratégie militaire adoptée.
Nous devons désormais tirer les conséquences de la conférence de Kaboul de juillet 2010
par laquelle la communauté internationale a apporté son soutien à l’objectif du président
Hamid Karzaï d’assumer la sécurité du pays d’ici à la fin de 2014.
Cela devrait désormais être la position de la France qui devrait donc entamer un retrait de
ses troupes d’Afghanistan d’ici à la fin de 2014.
LA GOUVERNANCE MONDIALE
Cette notion est une constante de la diplomatie française, hélas, perdue de vue depuis
2007. En effet la politique étrangère de Nicolas Sarkozy s’est écartée des principes qui,
jusque là, faisaient consensus, qu’il s’agisse du rapport à l’OTAN, de la relation franco-al-
lemande ou de la solidarité avec le Sud. L’improvisation a caractérisé aussi bien l’initiative
sans lendemain de l’Union pour la Méditerranée que les rapports chaotiques avec la Chine
ou que le regard sur l’Afrique avec un retour des pratiques d’un autre âge.
Dans ce contexte, nous devons revenir aux fondements de la diplomatie française. Le G20 a
été un élargissement souhaitable, car il était nécessaire d’associer les pays émergents aux
principales décisions, mais nous devons rappeler que c’est dans le cadre des Nations Unies
que l’ordre international doit être défini.
Cette recherche de gouvernance mondiale comme pilier de notre politique étrangère s’af-
firme d’autant plus fortement que les défis qui s’annoncent sont par essence globaux. Les
oubliés d’aujourd’hui feront les conflits de demain. Selon le Programme des Nations unies
pour l’Environnement (PNUE), le réchauffement climatique pourrait créer, d’ici à quelques
années, une cinquantaine de millions de réfugiés climatiques du fait des inondations, de
la montée des océans et des sécheresses. Ces migrations déstabiliseraient des régions
Les pays les plus pauvres du globe, en Afrique, en Asie et en Amérique latine en seront les
premières victimes.
L’Afrique subsaharienne, qui émet très peu de CO2, serait touchée de manière catastrophique.
Selon le rapport annuel du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), sur
les 720 millions d’habitants de cette région, de 75 à 250 millions pourraient, d’ici à 2020, voir
leurs conditions de vie ou leurs perspectives de développement compromises.
La crise du Darfour n’a-t-elle pas commencé par une crise économique générée en partie
par le changement climatique ?
Au Bengladesh, l’un des pays les misérables de la planète et l’un des plus menacés par le
réchauffement climatique, la hausse probable de 40 centimètres du niveau de la mer dans
le golfe du Bengale recouvrirait près de 10% de la superficie du pays provoquant le dépla-
cement de 7 à 10 millions d’habitants.
C’est donc un devoir que de prendre en compte dans notre politique étrangère ces enjeux
environnementaux.
LA POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT
Nous devons passer de la politique de l’aide au développement à celle du développement
partagé. Ce dont ont besoin les pays du sud ce n’est pas d’une allocation universelle mais
de partenariats renforcés construits autour de projets communs.
Cette politique en direction de ces pays, doit s’appuyer sur quatre orientations majeures :
3/ Un nouveau plan visant à favoriser l’innovation permettra de multiplier les transferts de
technologie pour un développement durable.
4/ Les politiques d’accords commerciaux avec l’ensemble des pays ACP seront renforcées.
LA POLITIQUE DE DEFENSE
Notre politique de défense doit faire aussi l’objet de nécessaires révisions.
La France ne considère pas, au prétexte qu’elle a fait le choix de l’Europe, qu’elle doive
renoncer à la promotion des intérêts qui lui soient propres.
Une France forte permet une Europe forte, et celle-ci est l’une des garanties d’un monde
équilibré. C’est dans cet esprit que se conçoit la politique de défense. Je mesure l’ampleur
du fossé qui s’est peu à peu élargi entre l’armée et la Nation et le malaise au sein des
armées: moral en baisse, doutes sur la cohérence de nos choix, outil industriel menacé,
professionnalisation au milieu du gué, et menaces insuffisamment appréhendées.
Nous aurons à rétablir un rapport de confiance; confiance de l’armée dans les choix politi-
ques, confiance des politiques en notre outil militaire.
Nous connaissons nos contraintes budgétaires. Elles sont beaucoup plus lourdes que cel-
les qui valaient lors de l’élaboration du Livre blanc ; une nouvelle programmation devra
être élaborée. Il faudra faire des choix : redéployer des ressources, mener d’avantage de
programmes en coopération tout en préservant la crédibilité de nos forces et de nos enga-
gements.
Ce doit être pour nous une bataille diplomatique, de première importance. Mais un tel ob-
jectif exige de la France qu’elle prenne part au processus de désarmement. C’est la preuve
de notre sincérité.
Nous apparaissons même comme les « mauvais joueurs », alors que nous avons posé des
actes et renoncé à des armes nucléaires, alors que les Etats-Unis ou les Russes ont renégo-
cié un accord Start avec une diminution assez virtuelle de leur arsenal. Nous devrons donc
nous engager davantage dans ce mouvement. Et le faire savoir.
Notre force de dissuasion, est modernisée jusqu’en 2030, mais il y aura dans le prochain
Enfin, sur les armes conventionnelles, admettons que l’idée de faire tous les programmes
pour tous les armements a vécu. Nous sommes conscients des limites de la coopération
européenne, de la difficulté de la standardisation et de la modestie des rapprochements.
Mais nous ne pourrons pas tout faire nous-mêmes. Des alliances, des coopérations parta-
gées sont indispensables.
Celle engagée avec le Royaume-Uni va dans le bon sens (notamment dans le domaine de la
marine et du porte-avions ; elle sera poursuivie.
Pour autant, il nous faut tenir compte du fait que le Royaume-Uni ne veut en aucun cas
entendre parler d’une Europe de la défense.
Et cette coopération ne peut pas nous faire oublier l’Allemagne, notre partenaire européen
naturel, avec qui nous pouvons construire des politiques communes.
L’Allemagne s’est engagée dans une profonde réforme de son armée qui passe par la
suppression du service militaire, sur le modèle français. Certains outre-Rhin évoquent
une fusion des deux armées conventionnelles, française et allemande. Nous devons y
réfléchir, du moins pour les forces terrestres. Une telle initiative constituerait un moyen
de relancer l’Europe de la défense qui avance si peu.
Les questions de politique étrangère ne sont pas celles qui intéressent le plus nos conci-
toyens, et encore moins à l’occasion d’une compétition présidentielle. Des préoccupations
plus concrètes et plus immédiates (emploi, protection sociale, avenir des jeunes) sont
premières dans le débat public.
Cependant nous aurions tort de ne pas nous exprimer fortement sur ces enjeux, fonda-
mentaux à la fois pour notre sécurité et pour les valeurs que nous portons. Il ne s’agit pas
seulement d’être crédibles. Il s’agit de redonner confiance dans notre pays et de notre pays
en lui-même.
Dans le désordre stratégique, monétaire, financier, nous devons être une source de cohé-
rence et de stabilité des choix.
Pour affirmer le rôle de la France, nous avons à préparer 2012 avec le souci d’être à la fois
clairs, réalistes et rassembleurs.
Créer 400 000 places d’accueil pour la petite enfance (page 28)
LA REDISTRIBUTION :
Créer un impôt citoyen en fusionnant l’impôt sur le revenu, la CSG
et la prime pour l’emploi et en taxant de la même manière tous les
revenus, ceux du capital comme ceux du travail (page 43)
Une réforme des retraites nécessaire mais qui soit juste et permette à
ceux qui ont suffisamment cotisé pour avoir droit à une retraite à taux
plein de partir à 60 ans. Pour les personnes ayant eu une carrière
interrompue, calculer la pension sur la base des 100 meilleurs
trimestres et non des 25 meilleures années (pages 46 à 48)
L’ÉCOLOGIE :
Instaurer une contribution carbone sur les entreprises (pages 65 et 66)
LA GOUVERNANCE EUROPÉENNE
ET MONDIALE :
Retirer nos troupes d’Afghanistan d’ici à 2014 (page 78)