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COLLECTION BULLES DE SCIENCES COLLECTION BULLES DE SCIENCES

MARC AMMERICH

COLLECTION BULLES DE SCIENCES


Marc Ammerich

La radioactivité sous surveillance La radioactivité sous surveillance


et autres notions en radioprotection
et autres notions en radioprotection
La radioactivité est partout, elle nous entoure. Pourtant nous avons
vécu avec durant plusieurs siècles sans le savoir et ce n’est qu’en
1896 que Henri Becquerel, Pierre et Marie Curie l’ont découverte,
nous laissant entrevoir alors un phénomène inconnu capable du pire
comme du meilleur avec des sources de rayonnements diverses.
Aujourd’hui, la radioactivité est encore perçue par le grand public
comme un phénomène dangereux. En réalité, elle ne l’est que dans
certains cas et sa surveillance n’en est que plus indispensable.
Quand et comment s’en protéger ? C’est là tout le rôle d’une
discipline appelée Radioprotection.

MARC AMMERICH
La radioactivité sous surveillance
Depuis la création de la première Commission en radioprotection
jusqu’aux dernières réglementations, cet ouvrage met en avant tous
les aspects du travail de protection de l’environnement et de
l’Homme (matériel de détection, mesures, écrans, déchets, etc.).
Une présentation des sources naturelles et artificielles nous montre
également l’étendu des applications ou utilisations nécessitant une
exposition limitée des travailleurs, patients ou tout autre personne.
Ce livre, sans formule mathématique complexe, permettra à tous les
lecteurs de mieux connaître le rôle et le travail des radioprotection-
nistes et de ne plus appréhender la radioactivité !
Marc Ammerich, Inspecteur nucléaire au Commissariat à l'énergie
atomique et aux énergies alternatives, travaille dans le domaine de
la radioprotection depuis plus de trente ans et est co-fondateur du
site Internet « radioprotection cirkus » (www.rpcirkus.org).

ISBN : 978-2-7598-0788-8
12 € TTC – France
www.edpsciences.org
La radioactivité
sous surveillance

ET AUTRES NOTIONS EN RADIOPROTECTION

Marc Ammerich

Illustrations de Thomas Haessig

17, avenue du Hoggar – P.A. de Courtabœuf


BP 112, 91944 Les Ulis Cedex A
Illustrations de couverture : Thomas Haessig
Mise en pages : Patrick Leleux PAO

Imprimé en France
ISBN : 978-2-7598-0788-8

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés


pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de
l’article 41, d’une part, que les «-copies ou reproductions strictement réservées à l’usage
privé du copiste et non destinés à une utilisation collective-», et d’autre part, que les
analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute repré-
sentation intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants
droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou
reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon
sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.
© EDP Sciences, 2013
SOMMAIRE

Préface par Hervé Bernard ........................................................... 4


Avant-propos ............................................................................. 6

1. La radioactivité : « une maladie des atomes » ....................... 7


2. Les définitions, les grandeurs et les unités en radioprotection :
« pourquoi autant de notions ? » ......................................... 16
3. Les effets des rayonnements sur l’être humain :
« est-ce que ça fait mal docteur ? » ..................................... 28
4. La détection des rayonnements : « heureusement on peut
facilement mesurer la radioactivité » .................................... 41
5. L’histoire de la radioprotection :
« l’émergence d’une discipline scientifique » ........................ 55
6. La radioprotection : « protéger les travailleurs,
le public et l’environnement » .............................................. 65
7. Protection contre l’exposition externe :
« la source de rayonnement est à l’extérieur des personnes » . 78
8. Protection contre la contamination :
« la source de rayonnements est sur vous ou à l’intérieur » ... 87
9. Notions sur la réglementation :
« on ne fait pas ce qu’on veut avec les produits radioactifs » ... 99
10. Les sources naturelles de rayonnements qui nous entourent :
« ah ! c’est radioactif ? »................................................... 119
11. Les premières sources artificielles de rayonnements :
les années folles du radium ................................................ 129
12. Les sources artificielles d’origine médicale .......................... 139
13. Les sources radioactives industrielles .................................. 149
14. Les sources radioactives d’origine nucléaire ......................... 162
15. Les déchets radioactifs : « que fait-on des objets radioactifs
quand ça ne sert plus ? » ................................................... 168

D’autres sources d’informations .................................................... 175


Crédits photos ........................................................................... 176

3
PRÉFACE

L a radioactivité est partout. Elle est naturelle parfois artificielle.


Elle existe depuis la nuit des temps et nous survivra à
coup sûr ! Faut-il la craindre, s’en protéger, l’utiliser ? Marc
Ammerich, l’auteur de ce livre, propose de la mettre sous
surveillance et il a de très bons arguments.
Autant de questions cependant pour lesquelles chacun
d’entre nous a sa propre réponse, intuitive très souvent voire
trop souvent. Mais comment se faire sa propre opinion ? Se
baser sur les faits divers, les incidents, les accidents parfois
dramatiques comme à Epinal ou Forbach en risquant d’oublier
les traitements salvateurs, les guérisons réellement constatées.
Comment alors peser sur la balance de la vie les avantages et les
risques inhérents à l’exposition aux rayonnements ? Pour cela, il
faut mieux connaître la chose et la radioactivité ne se laisse pas
facilement approcher. Prenons l’exemple des unités. Dans tout
domaine d’activité humaine, les unités permettent d’apprécier,
certes la quantité mais aussi les avantages et les risques liés aux
chiffres considérés.
Ainsi, quand un chiffre est grand, prenons 10 000 par exemple,
l’enjeu paraît instinctivement important. 10 000 mètres à
parcourir pour un promeneur est conséquent, 10 000 Becquerel

4 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


PRÉFACE

(l’unité qui mesure l’activité radioactive) serait donc une


valeur importante, voire à risque ? Point du tout, c’est l’activité
naturelle d’un corps humain, qui plus est en très bonne santé !
Dans cet exemple, le Becquerel, s’apparente plus au centimètre
vu du promeneur (10 000 cm ou 100 m à parcourir).
À l’inverse, quand un chiffre est petit, prenons 1 dans cet
autre exemple, l’enjeu paraît faible. 1 Sievert (l’unité qui mesure
la dose radioactive que le corps a absorbé) est équivalent à
demander à un vacancier assoiffé de boire 1 mètre cube d’eau
soit 1000 litres, alors que le millième lui suffirait à coup sûr.
Au travers de ces deux exemples simples, on voit naître une
réelle difficulté de compréhension et de jugement.
Le livre que vous avez entre les mains va vous éclairer de
manière simple, ludique souvent, avec en bonus les anecdotes
connues ou vécues par l’auteur. Le langage courant employé
traduit la volonté d’expliquer simplement des éléments parfois
compliqués même pour les professionnels. Je suis sûr que vous
prendrez plaisir à lire ce livre, à le feuilleter, lire les encadrés
comme j’ai pu moi-même le faire.

Hervé BERNARD
Président de la Société française de radioprotection

5
AVANT-PROPOS

L a radioactivité nous entoure en permanence. Vous allez voir


qu’il existe des méthodes et des moyens pour se protéger
dans rayonnements en dehors de ce qui est naturel et auquel
nous ne pouvons rien.
La radioprotection est aujourd’hui un métier à part entière
qui ne connaît pas la crise. Elle s’est développée dans le domaine
nucléaire mais également médical et industriel.
Dans le futur, le démantèlement des installations nucléaires va
garantir aux professionnels du domaine de longues années de travail.
Dans cet ouvrage, j’ai tenté de mettre le moins de formules
mathématiques possible en essayant quand même de rester au
plus proche de la réalité.
Beaucoup dans notre métier sont intimement persuadés que ce
que nous faisons est très technique et que, de ce fait, nous devons
le présenter de la manière la plus précise possible, quitte à laisser
en route la majorité des gens auxquels nous nous adressons.
Technique ne veut pas dire obligatoirement rébarbatif,
voire sinistre. C’est souvent l’impression que j’en retire quand
j’entends des professionnels parler de leur domaine.
Et je reprendrai ce que disait récemment le mathématicien
Cédric Villani lors d’un colloque qui avait pour titre « des
clowns et des sciences » :
« Si vous voulez faire passer votre message scientifique, parlez
au cœur plutôt qu’à la tête ».
J’espère y réussir...
1. LA RADIOACTIVITÉ :
« UNE MALADIE DES ATOMES »

Certains atomes sont atteints d’une maladie qui affecte leur


partie centrale appelée le noyau et constituée de neutrons et
de protons.
Ce phénomène est appelé « la radioactivité » par les
physiciens.

L’uranium est présent dans la nature (ainsi que neuf autres


éléments chimiques). On peut donc dire : la radioactivité c’est
naturel !

7
1. LA RADIOACTIVITÉ : « UNE MALADIE DES ATOMES »

LA DÉCOUVERTE DE LA RADIOACTIVITÉ
Henri Becquerel (cf. figure 1) a été le premier à découvrir la
radioactivité en 1896 en analysant l’élément chimique uranium.
Pierre et Marie Curie (cf. figure 2) l’ont ensuite baptisée en
1898. Il faut noter que la fin du XIX e et le début du XX e siècle ont
marqué une période riche en découvertes dans le domaine de la
radioactivité.

Figure 1 | Pierre (1859-1906) et Marie (1867-1934) Curie.


Figure 2 | Henri Becquerel (1852-1908).

LA DÉSINTÉGRATION
Dans le cas général de la maladie « radioactivité », on constate
que les atomes sont en fait en déséquilibre. Ils ont trop de
protons ou trop de neutrons, ou trop des deux.
Cette maladie oblige les atomes à se transformer. On observe
même un changement d’élément chimique. Au Moyen Âge, on
cherchait à transformer le plomb en or (on a réussi mais à des
coûts exorbitants, plus cher que le métal lui-même) ; et bien, la
nature sait faire ces changements !
C’est ce que l’on désigne sous le terme : « désintégration ».

8 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


1. LA RADIOACTIVITÉ : « UNE MALADIE DES ATOMES »

LES RAYONNEMENTS
Cette maladie fait que nos atomes toussent. « Mais ils toussent
quoi alors ? » allez-vous demander.
Prenons le cas de l’uranium. Dans la majorité des cas, il
possède 92 protons et 146 neutrons autant dire tout de suite
qu’il est en surpoids !
Pour être tout à fait complet, cet atome possède aussi
92 électrons, désignés comme le cortège électronique, tournant
autour du noyau (cf. figure 3).

Figure 3 | Représentation fausse de la position des électrons autour du noyau dans


un atome.

La réalité est bien plus complexe et la physique quantique a


été nécessaire pour expliquer une partie de cette réalité.
À titre de comparaison, l’électron est 2000 fois plus petit que
le neutron ou le proton.
Si on arrivait à grossir le noyau jusqu’à la taille d’un ballon
de football posé au milieu du terrain, le premier électron serait
une petit bille posée dans les gradins. La nature est pleine de
vide !
Mais les forces de cohésion de la matière sont tellement fortes,
qu’il nous est impossible de jouer au passe muraille.
Si l’on compare ces « particules » d’un point de vue électrique,
le proton possède une charge positive, l’électron une charge
négative (les pôles + et – d’une pile), le neutron étant neutre
comme son nom l’indique.

9
1. LA RADIOACTIVITÉ : « UNE MALADIE DES ATOMES »

Revenons à l’observation de la maladie. Cela débute par


une brusque convulsion interne suivie par une toux de divers
produits issus du noyau.
Dans ces produits, qui sont les constituants de la radioactivité,
on peut trouver :
• les particules « alpha » [α], constituées chacune de deux
protons et de deux neutrons ;
• les particules « bêta » [β], qui sont des électrons (formés dans
le noyau par la transformation d’un neutron en proton) ;
• les rayons « gamma »[γ], qui sont l’équivalent des rayons X
mais généralement plus puissants en énergie.

Figure 4 | Wilhelm Rontgen (1845-1923).

Les rayons X (découverts par Wilhelm Röntgen (cf. figure 4)


en 1895) et gamma appartiennent à la grande famille des
rayonnements électromagnétiques (comme les ultraviolets, la
lumière visible, les infrarouges, les micro-ondes, …).
L’expulsion d’une particule α (deux protons et deux neutrons)
fait perdre quatre unités de poids à l’atome malade et le fait
rétrograder de deux numéros atomiques dans le tableau de
classement des atomes. Ce tableau est issu du tableau périodique
des éléments de Mendeleïev.

10 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


1. LA RADIOACTIVITÉ : « UNE MALADIE DES ATOMES »

Ce tableau de classement compte aujourd’hui presque


3 000 cases.

LE TABLEAU PÉRIODIQUE
Le russe Dimitri Mendeleïev a été le premier à proposer en 1869
le modèle de tableau que nous utilisons aujourd’hui. Il avait
remarqué qu’en disposant (à quelques interversions près) les
atomes par poids croissant, on voyait apparaître une périodicité
rigoureuse dans l’ordre de placement.

La perte d’une particule β (un électron produit par la


transformation d’un neutron en un proton) ne cause aucune
diminution sensible de poids mais un des neutrons se transforme
en un proton. L’atome malade se transforme et progresse d’une
place dans le tableau de classement des atomes.
Cette perte de particules α et β s’accompagne d’une forte
fièvre qui provoque le dégagement de chaleur, de rayons X et
aussi de rayons gamma plus énergétiques.
Dans le cas de l’uranium, il faudra 14 transformations avant
qu’il n’atteigne un état de stabilité et ne soit plus malade. La
phase finale aboutit à un atome de la famille Plomb qui possède
82 protons et 124 neutrons et qu’on appelle le plomb-206 (82
+ 124). Cet atome est immunisé contre la maladie : il est stable
et n’évoluera plus au cours du temps.
En résumé : la maladie provoque pour l’uranium-238, la
perte successive de huit particules α et six particules β avec
des périodes intermédiaires, pendant lesquelles il emprunte
provisoirement l’identité d’autres éléments, avant d’aboutir à
un état stable de plomb-206.
Cette maladie touche de nombreux atomes : près de
2500 atomes, dont la plupart ont été fabriqués par l’homme,
sont radioactifs. Il est également important de noter que tous
les rayonnements sont énergétiques.

11
1. LA RADIOACTIVITÉ : « UNE MALADIE DES ATOMES »

Prenons d’autres exemples :


Le césium-137 (bien connu maintenant du grand public
après Tchernobyl et Fukushima puisque c’est ce que l’on appelle
un produit de fission) possède 55 protons et 82 neutrons.
Il a un excès de neutrons. Pour revenir à un état stable, il va
émettre un électron (particule β). La transformation aboutit
à un atome de baryum-137 qui est stable.
Le fluor-18 utilisé dans le domaine médical, possède neuf
protons et neuf neutrons. Pour revenir à un état stable, il va
émettre un électron un peu particulier qu’on nomme positon,
un électron chargé positivement (c’est en fait de l’antimatière).
La transformation aboutit à un atome d’oxygène-18 qui est
stable.
« Mais dans quel but a-t-on fabriqué ces atomes radioactifs ? »
pourriez-vous me dire. Nous allons essayer d’en voir quelques
illustrations au travers de ce livre.

HISTOIRE

Le polonium, premier élément découvert par Pierre et Marie


Curie en 1898, est un élément hautement radioactif et toxique.
Même pour de faibles quantités (quelques microgrammes), la
manipulation du polonium-210 est très dangereuse et nécessite
un équipement spécial et des procédures strictes. Absorbé par
les tissus, il provoque des dommages directs par émission de
particules alpha. L’absorption de 1 à 10 microgrammes est
suffisante pour provoquer la mort. Certains services secrets
l’ont utilisé pour se « débarrasser » de personnes. C’est le cas
d’Alexandre Litvinenko et, peut-être, de Yasser Arafat.

L’ACTIVITÉ
Le nombre de transformations par seconde caractérise la
grandeur que l’on appelle activité (que l’on note A). À cette

12 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


1. LA RADIOACTIVITÉ : « UNE MALADIE DES ATOMES »

grandeur est attachée une unité comme le mètre à la longueur


ou le volt à la tension électrique.
L’unité choisie est le becquerel (en hommage à Henri
Becquerel). On l’écrit sous forme symbolique Bq.
Un becquerel est égal à une désintégration par seconde.
Autant dire que c’est une unité toute petite. On est obligé
d’utiliser les multiples, comme le kilo (mille fois plus), le méga
(un million de fois plus) et le giga (un milliard de fois plus)
pour rendre compte de la radioactivité.

LA DÉCROISSANCE RADIOACTIVE
La radioactivité évolue dans le temps. Il n’est pas possible de
prévoir cette évolution pour un atome isolé. En revanche, on
peut suivre le comportement de plusieurs atomes radioactifs
en faisant des comptages. Nous verrons cela dans le chapitre
concernant la mesure. C’est ce que l’on nomme la décroissance
radioactive et elle se produit d’une manière aléatoire au sein
de cette communauté.
C’est comme au loto ! Il y a des atomes qui gagnent (ils se
transforment) et d’autres non et on ne sait pas lequel dans une
population « gagnera ».

LA PÉRIODE
On appelle période (que l’on note T) le temps nécessaire à
la disparition de la moitié des individus d’une communauté
donnée (les professeurs au lycée parlent parfois de demi-vie).
À titre d’exemple et pour une quantité donnée :
• la moitié des atomes d’uranium-238 disparait au bout de
4,5 milliards d’années ;
• la moitié des atomes d’uranium-235 disparait au bout de
710 millions d’années ;
• la moitié des atomes de césium-137 disparait au bout de
30 ans ;

13
1. LA RADIOACTIVITÉ : « UNE MALADIE DES ATOMES »

• la moitié des atomes de fluor-18 disparait au bout de


110 minutes.
À chaque produit radioactif sa période !
Si aujourd’hui, il n’y a que 0,7 % d’uranium-235 dans
l’uranium naturel, cette proportion était de 14 % lors de la
formation du système solaire, il y a 4,6 milliards d’années !

On a vainement essayé d’enrayer le processus de décroissance


radioactive (cf. figure 5) mais toutes les études qui ont été faites,
arrivent à la conclusion qu’il n’est possible ni de ralentir, ni
d’accélérer cette évolution.

Figure 5 | Courbe de décroissance radioactive de l’activité en fonction du temps.

LA RELATION ACTIVITÉ-PÉRIODE-MASSE
Il existe bien entendu une relation entre l’activité et la période,
et également une relation entre l’activité, la période et la masse
d’un produit radioactif.
Toujours à titre d’exemple, le tableau 1 donne le radioélément
et la masse m qu’il faudra pour avoir une même activité par
exemple, de 37 milliards de becquerels (37 gigabecquerels que
l’on note 37 GBq).

14 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


1. LA RADIOACTIVITÉ : « UNE MALADIE DES ATOMES »

Tableau 1. Radioélément et masse associée pour avoir une activité de 37 GBq.

Radioélément Période T masse m


Sodium-24 15 heures 0,11 µg

Iode-131 8 jours 8 mg

Cobalt-60 5,3 ans 0,9 mg

Uranium-238 4,5 milliards d’années 3 tonnes

(µg = microgramme le millionième du gramme)

Le fait qu’une quantité radioactive soit dangereuse, dépend


de la nature des particules que l’atome émet et de sa période.
Attention ! Ce n’est pas parce qu’un atome radioactif a une
période courte qu’il n’est pas dangereux. Dans ce cas, une quantité
très faible en masse suffit pour générer une forte activité.
De même, ce n’est pas parce que vous aurez attendu un
grand nombre de périodes (on entend souvent le nombre de
dix périodes) que le produit sera inoffensif. Cela dépend de
l’activité de départ.

CE QUE L’ON PEUT RETENIR


• L’instabilité de certains atomes, du fait d’un trop grand nombre de
protons ou de neutrons, les oblige à se transformer. Ce phénomène
a été baptisé par Pierre et Marie Curie : la radioactivité.
• Leur transformation (désintégration) s’accompagne de l’émission
de différents rayonnements : alpha, bêta, gamma.
• L’activité est la grandeur qui traduit ces transformations. Son unité
est le becquerel (Bq). 1 Bq = 1 désintégration par seconde.
• La période est le temps nécessaire pour que l’activité d’un produit
radioactif soit divisée par deux. Chaque élément radioactif possède
sa propre période. Au bout de dix périodes, il reste le millième de
l’activité de départ.
• L’activité, la période et la masse sont liées.

15
2. LES DÉFINITIONS, LES GRANDEURS
ET LES UNITÉS EN RADIOPROTECTION :
« POURQUOI AUTANT DE NOTIONS ? »

La radioprotection désigne l’ensemble des mesures prises


pour assurer la protection de l’homme et de son environnement
contre les effets néfastes des rayonnements ionisants (alpha,
bêta, gamma et X).

L’EXPOSITION
Comme son nom l’indique, un rayonnement ionisant produit
des ionisations dans la matière qu’il traverse : un ion est un atome
qui perd ou gagne un électron dans son cortège électronique.
Tout individu soumis à l’action des rayonnements ionisants
est dit exposé. Ce que l’on définit comme l’exposition.

L’IRRADIATION
Si les sources d’émission des rayonnements sont situées à
l’extérieur de l’organisme, l’exposition est externe. On définit
aussi cette exposition sous le vocable « irradiation ».
Si la source d’émission des rayonnements est située à
l’intérieur de l’organisme, on parle alors d’exposition interne.

16 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


2. LES DÉFINITIONS, LES GRANDEURS ET LES UNITÉS EN RADIOPROTECTION

L’exposition du corps entier (considérée comme homogène)


est ce que l’on appelle une exposition globale par opposition
à l’exposition partielle, relative à une partie du corps (exemple
une radiographie du poignet quand vous avez une fracture), ou
à un ou plusieurs organes ou tissus. La somme des expositions
interne et externe constitue l’exposition totale. Globale et totale
déjà une différence !

ANECDOTE

Étant en poste à l’ASN, je reçois un appel téléphonique d’une


personne qui rachetait le cabinet d’un dentiste pour en faire sa
résidence principale. Au détour de la conversation cette personne
me demande : « Combien y a-t-il de rayons X encore dans les
murs ? » Si vous avez bien lu, vous pouvez répondre : aucun ! Il
s’agit d’une source de rayonnements externe qui cesse dès l’arrêt
de l’appareil. Les rayons dissipent alors leur énergie dans les murs
en disparaissant par des effets bien connus (effet photoélectrique
et effet Compton) sans les rendre radioactifs pour autant.

17
2. LES DÉFINITIONS, LES GRANDEURS ET LES UNITÉS EN RADIOPROTECTION

L’irradiation (ou exposition externe) à distance n’existe que


pendant le temps où vous êtes en présence d’une source de
rayonnements qui se trouve à l’extérieur du corps. Elle peut se
maîtriser. Nous verrons également l’influence du temps, de la
distance et des écrans sur l’irradiation.
Une personne exposée à une source externe de rayonnements
(comme une radiographie) ne sera jamais porteuse de la
moindre trace de radioactivité.

LA CONTAMINATION
La contamination radioactive est souvent définie comme étant
« la présence indésirable de substances radioactives à la surface ou
à l’intérieur d’un milieu quelconque, y compris le corps humain ».
Une contamination est nécessairement le résultat de la dispersion
d’une substance radioactive, suite à la manipulation de produits
facilement dispersables ou d’une manipulation sans précaution,
de sources sous forme liquide ou gazeuse par exemple, ou suite à
la destruction accidentelle de l’enveloppe de confinement d’une
source scellée (enveloppe en principe étanche).
La dissémination d’une partie de la source peut créer une
contamination de l’environnement dite surfacique et/ou
atmosphérique selon la nature et la forme physicochimique de
la substance radioactive.
La contamination des individus ou contamination corporelle
peut être externe ou interne (cf. figure 1), selon que la substance
radioactive disséminée est déposée sur la peau ou s’est
introduite à l’intérieur de l’organisme par inhalation, ingestion
ou migration à travers la peau (lésée ou non) (cf. figure 2).
Une contamination externe engendre une exposition externe,
une contamination interne, une exposition interne.
La contamination corporelle externe provoque presque
toujours une exposition intense de la peau et des tissus sous-
jacents, permanente (24 heures sur 24) jusqu’à ce qu’elle soit
découverte et éliminée.

18 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


2. LES DÉFINITIONS, LES GRANDEURS ET LES UNITÉS EN RADIOPROTECTION

Contamination externe Contamination interne

Figure 1 | Les différentes contaminations corporelles.

Figure 2 | Voies de pénétration de la contamination.

La contamination interne déclenche une exposition


permanente des tissus et organes et sa diminution progressive
grâce à la fois à la décroissance radioactive et à l’élimination
biologique (période effective), peut dans certains cas être
négligeable à l’échelle de temps d’une vie humaine.
Les contaminations surfaciques ou corporelles peu fixées sur
des supports, sont aisément décontaminables mais se propagent
facilement ; en revanche, les contaminations fixées sont peu
transférables mais beaucoup plus difficiles à éliminer.

19
2. LES DÉFINITIONS, LES GRANDEURS ET LES UNITÉS EN RADIOPROTECTION

GRANDEUR ET UNITÉ UTILISÉE EN RADIOPROTECTION


Tous les rayonnements émis par les atomes radioactifs sont
énergétiques.
On pourrait utiliser l’unité d’énergie en vigueur dans le
système des poids et mesures à savoir le joule, mais celle-ci est
disproportionnée pour un rayonnement. Il en est de même
pour le kilowatt heure, unité d’énergie consommée que vous
payez à votre fournisseur d’électricité.
Vous n’avez pas oublié l’activité grandeur qui définit le
nombre de désintégrations des atomes radioactifs par seconde ?
L’unité qui est rattachée à l’activité est le becquerel.

LES RAYONNEMENTS ET LA MATIÈRE


Quand nos rayonnements vont rencontrer un obstacle (que
ce soit un mur en béton, un individu ou simplement de l’air),
ils vont céder leur énergie en passant au travers de cet écran. Il
est même possible qu’ils n’en sortent pas.
À titre d’illustration, tous nos rayonnements n’ont pas le
même parcours ou la même portée.
Dans l’air, par exemple :
• les particules alpha ont une portée de cinq centimètres ;
• les particules bêtas peuvent aller jusqu’à dix mètres ;
• les rayonnements gamma peuvent aller à plus d’une centaine
de mètres.
Dans l’eau, les parcours sont encore plus petits :
• alpha : 0,07 mm (c’est l’épaisseur des cellules mortes de
notre peau) ;
• bêta : 1 cm ;
• gamma : 10 mètres.
« Pourquoi choisir l’eau ? ». La raison en est simple : le corps
humain est constitué d’environ 70 % d’eau !

20 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


2. LES DÉFINITIONS, LES GRANDEURS ET LES UNITÉS EN RADIOPROTECTION

LA DOSE ABSORBÉE
Nous allons définir une nouvelle grandeur qui est la dose
absorbée (que l’on note D). Elle correspond à l’énergie des
rayonnements cédée à la matière, comme la chaleur du feu sur
une grillade.
D’après cette relation, dans le système des poids et mesures
dont nous parlions juste avant (que l’on désigne sous le terme
de système international – S.I. – de mesures), une dose absorbée
se mesure en joule par kilogramme. L’unité qui lui est rattachée
est le gray (en hommage au physicien anglais Harold Gray, cf.
figure 3).

Figure 3 | Harold Gray (1894-1968).

On l’écrit sous forme symbolique Gy.


Un gray est égal à un joule par kilogramme.
À l’inverse du becquerel, c’est une unité qui est élevée et on
utilise souvent les sous-multiples comme le milli (mille fois
moins), le micro (un million de fois moins) pour rendre compte
de la dose absorbée.
Nous avons dit à la fin du premier paragraphe que la nocivité
d’un produit radioactif dépendait de la nature des rayonnements
qu’il émettait et de sa période. Nous allons également pouvoir
le dire d’une autre manière.
Tous les becquerels n’ont pas le même poids.

21
2. LES DÉFINITIONS, LES GRANDEURS ET LES UNITÉS EN RADIOPROTECTION

LA DOSE ÉQUIVALENTE
La radioprotection s’intéresse en premier lieu à l’exposition
du corps humain.
Rolf Sievert (cf. figure 4), radiobiologiste suédois, a eu l’idée
d’exposer en laboratoire, des cellules à une dose absorbée
similaire (plutôt une faible dose) mais avec des rayonnements
de nature différente.

Figure 4 | Rolf Sievert (1896-1966).

Il a constaté que pour les particules alpha, il y avait 20 fois


plus de décès cellulaires que pour les rayonnements bêta ou
gamma.
Il a donc émis l’hypothèse que la nuisance biologique des
rayonnements n’était pas la même, au moins à faible dose.
Et c’est ainsi que le concept de dose équivalente est apparu.
Il a été introduit pour les besoins de la radioprotection afin
d’estimer les effets biologiques des rayonnements dans le
domaine des faibles doses.
La dose équivalente (que l’on note H) correspond à la dose
absorbée multipliée par un facteur de pondération (WR) lié à
la nature des rayonnements, en relation avec leurs nuisances
biologiques.
Cette grandeur ne se mesure pas ! Elle s’estime. Nous verrons
comment, dans le chapitre consacré à la mesure.

22 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


2. LES DÉFINITIONS, LES GRANDEURS ET LES UNITÉS EN RADIOPROTECTION

Elle est liée à un organe donné.


H = D × WR
L’unité qui lui est rattachée est le sievert (en hommage à Rolf
Sievert). On l’écrit sous forme symbolique Sv.
Le tableau 1 indique les valeurs relatives aux autres
rayonnements.

Tableau 1. Facteurs de pondération en fonction du rayonnement.

Nature du rayonnement Facteur de pondération wR


β, électrons, γ, X 1
neutrons de 5 à 20
α 20

La « nuisance » biologique est donc vingt fois plus grande,


à dose absorbée égale, pour un rayonnement α que pour un
rayonnement γ.

LA DOSE EFFICACE
Si la dose équivalente concerne un organe, on peut prendre
tous les organes du corps ayant une sensibilité particulière aux
rayonnements et faire la somme de toutes les doses équivalentes
dans le cas d’une exposition globale (vous vous souvenez ? voir
page 17 pour ceux qui ont oublié).
Nous devons alors définir une nouvelle grandeur. « Pourquoi
faire simple quand on peut faire compliqué ? » allez-vous dire !
Je ne peux pas vous donner entièrement tort.
Cette grandeur est la dose efficace que l’on note E.
C’est la somme des doses équivalentes mais, là encore,
tous les organes ne sont pas sensibles de la même façon aux
rayonnements. On prend en compte cette particularité au
travers d’un facteur de pondération (WT) lié aux tissus exposés.
Ces valeurs de pondération sont établies selon des jugements
d’experts et sont des arrondis.

23
2. LES DÉFINITIONS, LES GRANDEURS ET LES UNITÉS EN RADIOPROTECTION

C’est la Commission internationale de protection radiologique


(CIPR) (voir chapitre 5) qui propose ces valeurs. À noter qu’en
fonction de l’évolution des connaissances scientifiques, ces
coefficients peuvent changer.
E = Somme (H × WT)
Et donc d’après la relation page précédente,
E = Somme (D × WR × WT)
Quelques valeurs de WT revues récemment sont rapportées
dans le tableau 2.

Tableau 2. Facteur de pondération en fonction de l’organe.

Organes ou tissus Facteur de pondération WT

Gonades 0,08
Moelle osseuse 0,12
Sein 0,12
Colon 0,12
Foie 0,04
Poumon 0,12
Peau 0,01
Estomac 0,12
Thyroïde 0,04
Autres organes 0,23
La somme totale faisant 1,00

L’unité de dose efficace est aussi le sievert (Sv).

Entre l’exposition d’un organe et l’exposition du corps entier, on


utilise la même unité.
Vous vous doutez bien qu’à valeur égale, les conséquences peuvent
être différentes selon que l’exposition est limitée aux poumons ou
à tout le corps !

24 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


2. LES DÉFINITIONS, LES GRANDEURS ET LES UNITÉS EN RADIOPROTECTION

Cette grandeur ne se mesure pas non plus ! Même si c’est


une notion que l’on retrouve dans la réglementation française,
on n’en fera qu’une estimation.
Pour vous donner une image de « tous les becquerels n’ont
pas le même poids », illustrons la de la façon suivante :
• Je prends un oreiller en plumes de un kilogramme et une
bille de plomb également de un kilogramme.
• Je vous envoie l’oreiller et la bille ! Ça c’est l’émission des
rayonnements venant de l’activité donc des becquerels.
• La première fois sur le pied ! Pour l’oreiller vous ne sentirez pas
grand-chose ; pour la bille ce sera une sensation plus perceptible.
• La deuxième fois dans l’œil ! Pour l’oreiller, vous sentirez
un peu plus que sur le pied mais cela vous fera rire (si vous
avez de l’humour) ; en revanche pour la bille, vous risquez
d’avoir mal et de ne pas être content du tout.
Un kilogramme reste un kilogramme. Vous allez sentir un
poids sur votre corps : c’est la dose absorbée.
Maintenant, la sensation que vous allez ressentir, s’apparente
à la dose équivalente. Elle dépend de la nature du rayonnement
et de l’endroit où va se produire l’impact.

LES DÉBITS DE DOSES


Enfin, on peut appliquer à toutes les grandeurs que nous
venons de définir, la notion de débit, c’est-à-dire la vitesse à
laquelle on reçoit des rayonnements.

25
2. LES DÉFINITIONS, LES GRANDEURS ET LES UNITÉS EN RADIOPROTECTION

Pour faire une analogie, prenons le cas d’un trajet en voiture.


La distance que vous parcourez correspond à la vitesse à laquelle
vous roulez pendant votre temps de trajet.
Vitesse 130 km/h – durée du trajet : deux heures et donc
distance parcourue : 260 km.
En matière de rayonnements, la dose absorbée correspond au
débit de dose pendant le temps d’exposition.
Pour des raisons de compréhension et éviter les confusions
avec la grandeur D (dose absorbée), il est d’usage de noter le
débit de dose absorbée de la manière suivante :
(D avec un petit rond au-dessus).
Si le débit de dose absorbée est constant dans l’intervalle de
temps t, on peut écrire la relation :
D= ×t
À titre d’exemple :
Si le débit de dose absorbée à un endroit est de 0,3 microgray
par heure et qu’une personne y séjourne pendant deux heures,
la dose absorbée par l’ensemble de son organisme est :
D = 0,3 × 2 = 0,6  Gy
En ce qui concerne les unités, on utilisera le plus souvent le
milligray par heure ou le microgray par heure pour le débit de
dose absorbée et le millisievert par heure ou le microsievert par
heure pour les estimations de débit de dose équivalente et efficace.
Pour conclure et répondre à la question « pourquoi autant
de notions ? » vous venez de voir que les mots ont leur
importance. Le mot « dose » employé sans autre précision
est très approximatif. Il ne recouvre pas les mêmes types
d’exposition. Les professionnels n’utilisent pas non plus les
mêmes unités.
La radioprotection, discipline scientifique, a aussi besoin de
rigueur dans le choix des mots. Or, ceux-ci étant du langage
courant, les personnes du public, peu familiarisées avec ces
subtilités, les confondent souvent.

26 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


2. LES DÉFINITIONS, LES GRANDEURS ET LES UNITÉS EN RADIOPROTECTION

CE QUE L’ON PEUT RETENIR


• Tout individu soumis à l’action des rayonnements ionisants est dit
exposé. Ce que l’on définit comme l’exposition :
− si la source d’émission des rayonnements est située à l’extérieur
de l’organisme, l’exposition est externe (irradiation) ;
− si la source d’émission des rayonnements est située à l’intérieur
de l’organisme, on parle alors d’exposition interne.
• Une personne exposée à une source externe de rayonnements
(comme une radiographie) ne sera jamais porteuse de la moindre
trace de radioactivité.
• La contamination radioactive est souvent définie comme étant « la
présence indésirable de substances radioactives à la surface ou à
l’intérieur d’un milieu quelconque, y compris le corps humain ». C’est
le résultat de la dispersion d’une substance radioactive.
• La contamination corporelle peut être externe ou interne selon que
la substance radioactive dispersée est déposée sur la peau ou s’est
introduite à l’intérieur de l’organisme par inhalation, ingestion ou
migration à travers la peau (lésée ou non).
• La contamination corporelle provoque généralement une exposition
des tissus jusqu’à ce qu’elle soit découverte et éliminée.
• La dose absorbée (D) correspond à l’énergie des rayonnements
cédée à la matière. Son unité est le gray (Gy). 1 Gy = 1 joule par
kilogramme.
• La dose équivalente (H) correspond à la dose absorbée multipliée
par un facteur de pondération (WR) lié à la nature des rayon-
nements, en relation avec leurs nuisances biologiques, dans le
domaine des faibles doses. Cette grandeur ne se mesure pas, elle
s’estime. Son unité est le sievert (Sv).
• La dose efficace (E) correspond à la somme des doses équivalentes.
Tous les organes ne sont pas sensibles de la même façon aux rayon-
nements. L’unité de dose efficace est le sievert (Sv). Cette grandeur
ne se mesure pas non plus !
• Enfin, on peut appliquer à toutes les grandeurs que nous venons
de définir, la notion de débit, c’est-à-dire la vitesse à laquelle on
reçoit des rayonnements.

27
3. LES EFFETS DES RAYONNEMENTS
SUR L’ÊTRE HUMAIN :
« EST-CE QUE ÇA FAIT MAL DOCTEUR ? »

LES EFFETS CELLULAIRES


Les premières cibles des rayonnements ionisants sont nos
cellules vivantes. Dans notre cellule et dans son noyau se trouve
la molécule d’acide désoxyribonucléique (ADN) contenant tout
notre code génétique.
Les molécules d’ADN sont constituées de l’enchaînement de
millions d’exemplaires de signes élémentaires (qu’on appelle
les bases et qui sont désignées par des lettres A, C, G, T) tel
un collier dont chaque perle est d’une couleur parmi quatre
possibles. C’est l’ordre des bases dans chaque enchaînement
qui constitue la forme de stockage de l’information biologique.
L’énergie déposée par les rayonnements ionisants peut
altérer les structures de la cellule et de l’ADN notamment,
soit directement soit indirectement du fait des radicaux
libres (molécules porteuses d’un électron célibataire, donc
chimiquement très réactives) créés par la radiolyse de l’eau,
principal constituant de la matière vivante. Il n’y a d’ailleurs

28 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


3. LES EFFETS DES RAYONNEMENTS SUR L’ÊTRE HUMAIN

pas que les rayonnements ionisants susceptibles de créer des


radicaux libres. Certains produits chimiques ont cette capacité.
On distingue alors trois possibilités après altération de la
cellule :
• elle est parfaitement réparée ;
• elle meurt ;
• elle se répare mais de façon imparfaite.

En fonction de la gravité, on distingue des lésions


mortelles ou des lésions qui entraînent des mutations. Dans
certains cas particuliers, des lésions de l’ADN non réparées,
conduisent à des modifications dans le « programme » gérant
le fonctionnement de la cellule. Selon qu’elles portent sur les
cellules sexuelles ou toutes les autres, les conséquences sont
différentes.

29
3. LES EFFETS DES RAYONNEMENTS SUR L’ÊTRE HUMAIN

Les effets qui peuvent résulter de l’exposition de l’être


humain aux radiations ionisantes peuvent alors être classés en
deux catégories :
• les effets déterministes ;
• les effets aléatoires (ou stochastiques).
Voulant faire de multiples analogies dans ce livre, je vais être
amené à dépraver le lecteur. Que les plus jeunes ne suivent pas
ces exemples !
Ces correspondances ont été utilisées par un de mes amis, le
docteur Jean-Baptiste Fleutot, qui était médecin au service de
radioprotection des armées (SPRA).

LES EFFETS DÉTERMINISTES


C’est l’alcool ! (Vive l’eau ferrugineuse…).
Un verre ça va ! Trois verres, ne plus conduire ! Dix verres,
ouh là ça tourne ! Vingt verres, beuhhh je suis très malade !
Cinquante verres, électrocardiogramme plat !
Pour des doses absorbées élevées (supérieures à plusieurs
grays), ces effets sont observés chez tous les sujets exposés. Ce
sont des effets à seuil (x verres).
Ils se déclarent en général de manière précoce, les temps de
latence étant compris entre quelques jours et quelques mois
(x verres dans une soirée).
Enfin leur gravité augmente avec la dose absorbée (jusqu’à
une issue fatale).
On commence à observer certains effets déterministes aux
alentours de 0,1 à 0,2 Gy pour des expositions partielles. En
revanche, pour des doses faibles, inférieures à une valeur seuil
dépendant essentiellement du type d’effet biologique, aucun
effet n’est décelable.
Pour une exposition globale (ou de l’organisme dans son
entier voir chapitre 2), on prend la valeur de référence de 0,5 Gy

30 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


3. LES EFFETS DES RAYONNEMENTS SUR L’ÊTRE HUMAIN

comme valeur entre les faibles doses et les fortes doses. Ce que
l’on peut noter aussi, c’est que chacun a une sensibilité qui lui
est propre. On dit aussi que tout le monde n’a pas la même
radiosensibilité.
À partir d’une certaine dose absorbée, pour une exposition
globale, il y a un risque de décès. On appelle la dose létale 50 %
(DL50), la dose absorbée pour l’organisme entier (donc une
exposition globale), pour laquelle vous avez 50 % de chance de
décéder soixante jours après l’exposition sans traitement médical.
Cette valeur est de : DL50 = 4,5 Gy
Vous noterez qu’on s’exprime en gray pour les effets
déterministes.

Généralement, les effets déterministes se produisent dans le cas


d’une exposition unique à fort débit de dose. Ce sont donc des
situations d’incident ou d’accident qui conduisent à ces effets.

LES EFFETS ALÉATOIRES


C’est le loto !
Vous achetez une grille de loto. Vous avez une chance de gagner.
Mais rien ne dit que ce sera le cas.
Vous achetez 100 grilles de loto, vous augmentez la probabilité
de gagner mais là encore, rien de sûr.
Vous pouvez acheter pendant 30 ans 100 grilles de loto et ne
jamais gagner le gros lot. Alors que votre voisin achète une grille
en 30 ans et c’est lui qui a les 6 bons numéros !
On considère que la moindre dose de rayonnement est
susceptible de provoquer ce type d’effets, ce qui fait dire que ce
sont des effets sans seuil.
Les effets aléatoires pouvant se produire sont les cancers chez
les personnes exposées et des mutations génétiques pouvant
toucher leurs descendants. Dans ce cas, la gravité de l’effet
demeure identique quelle que soit la dose, seule la probabilité

31
3. LES EFFETS DES RAYONNEMENTS SUR L’ÊTRE HUMAIN

d’apparition de l’effet est fonction de la dose absorbée. En


d’autres termes, le pourcentage de sujets exposés chez qui on
observe ce type d’effet, augmente avec la dose.
Le temps de latence (temps séparant l’exposition de
l’apparition de l’effet) est en moyenne beaucoup plus long que
pour les effets déterministes (plusieurs dizaines d’années).
Ces effets ne sont pas spécifiques à l’action des rayonnements
ionisants, rien ne permet de distinguer un cancer ou une
mutation dus aux rayonnements ionisants.
Aujourd’hui, la seule façon de mettre en évidence ces
phénomènes est de montrer que dans un groupe d’individus
exposés, la fréquence d’apparition des cancers ou des mutations
génétiques est plus élevée que dans un groupe témoin composé
de sujets ayant les mêmes caractéristiques (âge, sexe, …), les
mêmes habitudes de vie mais non exposés. Vous entendrez les
mots « enquête épidémiologique ».
Et c’est là où le débat et les discussions prennent une
importance particulière : quels sont les effets des faibles doses
de rayonnements sur la santé des individus ?

QUESTION

Est-ce que recevoir un gray en une minute, en une heure, en


un an ou en cinquante ans provoque les mêmes effets ?

Vous avez vu que les effets déterministes se produisent plutôt


à fort débit de dose. Pour la minute, l’heure ou l’année, on se
trouve en présence de ce type d’effets.
Sur cinquante ans c,e sont plutôt les effets aléatoires qui risquent
de survenir.

Les deux graphiques ci-dessous traduisent en valeurs chiffrées


les deux notions définies (cf. figure 1) :

32 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


3. LES EFFETS DES RAYONNEMENTS SUR L’ÊTRE HUMAIN

Effets déterministes

Effets aléatoires

Figure 1 | Valeurs chiffrées des effets déterministes et effets aléatoires.

33
3. LES EFFETS DES RAYONNEMENTS SUR L’ÊTRE HUMAIN

À l’heure actuelle et en l’état des connaissances scientifiques,


on peut dire, sans trop d’erreur, que pour une dose efficace
inférieure à 100 mSv, il sera difficile de mettre en évidence un
effet aléatoire.
Cela reste dans le domaine du possible puisque la
radiosensibilité de chacun d’entre nous est différente. Mais en
terme de probabilité, cela reste très faible.
Vous noterez qu’on s’exprime en sievert pour les effets aléatoires.

ESTIMATION DES EFFETS DUS AUX FAIBLES DOSES


En dehors de l’expérimentation sur des animaux dont les
résultats sont quantitativement difficiles à extrapoler à l’homme,
les sources principales d’information ont été :
• les survivants des bombardements de Hiroshima et Nagasaki
par des bombes atomiques (exposition globale) ;
• les sujets ayant subi un traitement de radiothérapie
(exposition partielle) ;
• les travailleurs exposés du fait de leur activité professionnelle
(radiologues, mineurs, travailleurs du nucléaire...).

34 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


3. LES EFFETS DES RAYONNEMENTS SUR L’ÊTRE HUMAIN

C’est la Commission internationale de protection


radiologique (CIPR) qui a évalué à partir des données
d’Hiroshima et Nagasaki, des indices de risques. Nous verrons
dans le chapitre concernant l’histoire de la radioprotection,
comment s’est créée cette commission.
C’est elle qui a proposé un concept de « détriment » à la suite
de l’apparition de nouvelles pathologies entre 1977 et 2007 chez
les survivants japonais exposés aux bombes atomiques et de
nouvelles études liées à la mesure des doses de rayonnements.
En effet, des personnes sont encore médicalement suivies.
Qu’est-ce que le « détriment » : on pourrait dire le désavantage,
le préjudice, le dommage, l’inconvénient, résultant de l’exposition
aux rayonnements ionisants pour de faibles doses ?
Quatre composantes principales ont été retenues pour définir
le détriment :
• le risque de cancer mortel dans tous les organes concernés ;
• une prise en compte des différences dans les périodes de
latence conduisant à des valeurs différentes pour les prévisions
de perte de vie dans le cas des cancers mortels relatifs aux
différents organes (un cancer thyroïdien se déclare plus
précocement qu’un cancer osseux par exemple) ;
• une prise en compte d’une invalidité due à l’induction de
cancers que l’on soigne (cancers non mortels). Un cancer
thyroïdien se soigne mieux qu’un cancer osseux ;
• une prise en compte du risque de maladie héréditaire grave
dans toutes les générations futures qui descendront de
l’individu exposé.
La CIPR a donc édité des recommandations allant dans un
sens de précaution supplémentaire par rapport à ce qui existait,
en différenciant notamment la population des travailleurs.
À faible dose, les fluctuations statistiques de la fréquence
« naturelle » (qui pourrait être un autre sujet de discussion
à elle toute seule) d’apparition d’un effet, empêchent toute
conclusion formelle. Il a donc été nécessaire de faire une

35
3. LES EFFETS DES RAYONNEMENTS SUR L’ÊTRE HUMAIN

hypothèse concernant la loi d’évolution dans ce domaine.


Parmi les hypothèses raisonnables, la CIPR a choisi celle qui
maximise le risque, par précaution.

LA RELATION LINÉAIRE SANS SEUIL


Dans cette logique de précaution, la CIPR a choisi de définir
une relation de proportionnalité linéaire, sans seuil, entre
l’accroissement de l’indice de risque choisi et la dose équivalente
ou la dose efficace reçues. On la nomme la relation linéaire
sans seuil (cf. figure 2).
Risque de cancer
en excédant

Courbe établie d’après


Zone les observations
d’extrapolation aux doses élevées

Dose
0 1 Gy

Relation linéaire
sans seuil
Effet

Relation linéaire
quadratique
Relation quadratique
Fréquence
spontanée

Figure 2 | Évolution du risque de cancer dû aux rayonnements ionisants en fonction


de la dose absorbée reçue.

C’est actuellement le moins mauvais système pour gérer les


effets des rayonnements sur des individus régulièrement exposés.
Mais on peut remarquer qu’entre une exposition instantanée
comme une bombe atomique et une exposition fractionnée sur
une vie de travail, les effets risquent de ne pas être les mêmes.
La CIPR a pris le parti de rester sur des effets analogues dans
une application du principe de précaution.

36 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


3. LES EFFETS DES RAYONNEMENTS SUR L’ÊTRE HUMAIN

C’est d’ailleurs dans notre domaine qu’est apparu ce fameux


concept décliné maintenant « à toutes les sauces » si vous me
permettez l’expression !

QUESTION

Qu’en est-il de l’augmentation des cancers suite à des


examens médicaux radiologiques ?

C’est un débat important aujourd’hui puisque de nombreux


articles mentionnent qu’un quart des examens radiologiques
ne sont pas justifiés. Dans le même temps, l’Autorité de sûreté
nucléaire (voir le chapitre sur la réglementation) met en garde
les praticiens. On peut lire dans leur dernier rapport annuel :
« Une attention particulière doit être exercée pour contrôler et
réduire les doses liées à l’imagerie médicale car la multiplication
des examens les plus irradiants, pour une même personne, pourrait
conduire à atteindre la valeur de dose efficace de 100 mSv, au-
dessus de laquelle les études épidémiologiques ont montré
que la probabilité de développer un cancer radioinduit devient
significative ».
Vous avez compris à la lecture du chapitre sur les effets
biologiques qu’il s’agit de probabilités.

FIXER DES LIMITES À L’EXPOSITION


Un des objectifs principaux de la radioprotection a été de
fixer des limites à l’exposition que peut subir chaque personne
et notamment les travailleurs.
Les valeurs de ces limites ont été établies dans le double but :
• D’empêcher l’apparition de tout effet déterministe en
maintenant la dose équivalente reçue pendant toute la vie
professionnelle au-dessous du plus faible seuil.
À titre d’exemple, il est recommandé de ne pas dépasser pour
les travailleurs, les 500 mSv sur 12 mois au niveau de la peau.

37
3. LES EFFETS DES RAYONNEMENTS SUR L’ÊTRE HUMAIN

Autre exemple, pour bien montrer que les valeurs limites


peuvent évoluer en fonction des connaissances scientifiques : il
va être prochainement recommandé de ne pas dépasser pour
les travailleurs, les 20 mSv sur 12 mois au niveau de l’œil (le
cristallin). La limite actuelle est de 150 mSv pour un temps
identique. De récentes études ont montré l’apparition de
cataractes dans un cadre d’activité professionnelle, alors que la
limite d’exposition était jusqu’à aujourd’hui plus élevée,
• de limiter l’apparition des effets aléatoires à un niveau
« socialement acceptable », juste compromis entre le bénéfice
que tire la société de l’utilisation de la radioactivité et des
rayonnements ionisants (médecine, surveillance, etc.) et les
nuisances qui en découlent, dans un cadre habituel.
Ainsi il est recommandé de ne pas dépasser pour les
travailleurs, les 20 mSv sur 12 mois au niveau de l’organisme
entier (exposition globale voir chapitre 2).

ESTIMER LE RISQUE ALÉATOIRE


Néanmoins, en ayant pris toutes les précautions nécessaires,
a-t-on la possibilité de connaître le nombre de personnes qui
vont voir apparaître une pathologie suite à une exposition aux
rayonnements ionisants ?
C’est ce que font les personnes qui travaillent dans le domaine
de l’épidémiologie. Et vous allez voir que rien n’est simple !
En partant d’une dose efficace, il est possible de calculer une
probabilité de cancer en utilisant le coefficient de probabilité
que l’on peut définir comme le « facteur de risque ». Le « facteur
de risque » correspond à la pente de la droite de la relation
linéaire sans seuil.

Attention, il ne s’agit que de calculs probabilistes et en aucun cas


de certitude puisque chaque personne a une sensibilité différente
aux rayonnements ionisants.

38 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


3. LES EFFETS DES RAYONNEMENTS SUR L’ÊTRE HUMAIN

Si les 300 000 travailleurs exposés au niveau français étaient


exposés au niveau de l’organisme entier à 20 mSv (supposition
totalement irréaliste), le résultat du calcul théorique serait
que 360 personnes auraient une affection provoquée par cette
exposition.
Ceci est à comparer avec le taux de fréquence « naturel »
d’apparition des cancers en France qui est de 29 % (soit
87 000 travailleurs qui vont déclarer cette pathologie).
La question se pose donc dans ces termes : comment identifier
les 360 cancers dus à l’exposition aux rayonnements ionisants,
des 87 000 autres cancers ?
Actuellement, il n’y a pas de possibilité d’identifier l’origine
d’un cancer. Il n’y a pas de cancer à point rouge pour les produits
chimiques et à point bleu pour les rayonnements ionisants !
Une équipe de recherche du Commissariat à l’énergie
atomique et aux énergies alternatives (CEA) a mis en évidence à
la fin de l’année 2011, un effet sur la thyroïde dans des conditions
particulières d’exposition aux rayonnements ionisants. On
pourrait dire que c’est le début de la pelote et qu’il va falloir
aller plus loin.
C’est bien entendu un des axes de recherche privilégié
actuellement dans le monde et, en France dans les équipes du
CEA, du Centre national de la recherche scientifique (CNRS),
de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)
et de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale
(INSERM).

DÉSACCORD AVEC LA RELATION LINÉAIRE SANS SEUIL


Il est également juste de dire que tout le monde n’est pas
d’accord avec cette relation linéaire pour les faibles doses et
que les académies françaises (Académies de médecine et des
sciences), par exemple, jugent que le risque aux faibles doses
est surestimé.

39
3. LES EFFETS DES RAYONNEMENTS SUR L’ÊTRE HUMAIN

Plusieurs publications ont également montré des phénomènes


de réparation de l’ADN après que des personnes aient reçu
de faibles doses de rayonnements. C’est un effet qu’on
nomme l’hormésis. Ce phénomène pourrait être comparé à la
vaccination.

CE QUE L’ON PEUT RETENIR


• Pour une exposition globale, on prend la valeur repère de 0,5 Gy
comme valeur entre faible dose et forte dose.
• Les effets déterministes apparaissent dans les cas de fortes doses.
Ce sont des effets à seuil. Ils se déclarent de manière précoce. Leur
gravité est fonction de la dose absorbée mesurée en gray.
• A contrario, les effets aléatoires surviennent dans les cas des
faibles doses. Ce sont des effets sans seuil. Ils se déclarent de
manière tardive. La probabilité d’apparition de l’effet augmente
selon la dose efficace estimée en sievert.
• Un des objectifs principaux de la radioprotection a été de fixer des
limites à l’exposition que peuvent subir les personnes et notam-
ment les travailleurs. Ces valeurs ont été établies pour prévenir
l’apparition de tout effet déterministe en maintenant la dose
équivalente reçue pendant toute la vie professionnelle au-dessous
du plus faible seuil, et limiter l’apparition des effets aléatoires à
un niveau « socialement acceptable ».
• En partant d’une dose efficace, il est possible de calculer une
probabilité de cancer en utilisant un coefficient nommé « facteur
de risque ».
• Attention, il ne s’agit que de calculs probabilistes et en aucun cas
de certitudes puisque chaque personne a une sensibilité différente
aux rayonnements ionisants.

40 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


4. LA DÉTECTION DES RAYONNEMENTS :
« HEUREUSEMENT ON PEUT FACILEMENT
MESURER LA RADIOACTIVITÉ »

Quand un rayonnement ionisant rencontre un obstacle, il y


a une interaction entre le rayonnement et le milieu.
En revanche, aucun de nos cinq sens n’est capable de mettre
en évidence les rayonnements.
Dans le cas des très fortes doses, la personne exposée peut en
ressentir les effets assez vite car l’apparition est précoce. Mais
c’est généralement trop tard et l’issue peut se révéler fatale.
Pour détecter les rayonnements émis par une substance
radioactive ou un générateur de rayonnements, il faut un
milieu détecteur approprié permettant de mettre en évidence
la présence de la radioactivité.
Détecter des rayonnements signifie tout d’abord, être
informé de la présence de rayonnements mais, la détection ça
peut être aussi :
• identifier la nature de ces rayonnements ;
• les dénombrer ;
• mesurer leur énergie.

41
4. LA DÉTECTION DES RAYONNEMENTS

Un système de détection est donc constitué d’un milieu


détecteur, dans lequel l’interaction du rayonnement avec la
matière donne lieu à l’apparition d’un phénomène électrique
ou lumineux, et d’un ensemble électronique qui traite le signal
envoyé par le détecteur.
Les différents types de détecteurs peuvent être caractérisés
par la nature de l’interaction du rayonnement avec le détecteur.

LES INTERACTIONS DES RAYONNEMENTS


En ce qui concerne les particules chargées électriquement
comme l’électron ou le proton, c’est leur déplacement qui va
indiquer qu’il y a eu interaction.
À titre d’exemple, la production de lumière est le phénomène
que l’on utilise dans les détecteurs à scintillation.
Les compteurs à gaz détectent la création d’ions dans la
matière (le gaz) du fait du rayonnement que l’on veut mesurer.
Nous connaissons tous de nom, le compteur Geiger-Müller.
Il existe ainsi différents modèles conçus pour différentes
mesures. On utilise même des puces en silicium (un peu comme
celle des téléphones ou des cartes de crédit).

LE MODE DE FONCTIONNEMENT DES DÉTECTEURS


Les détecteurs se classent selon leur mode de fonctionnement ;
ils peuvent fournir une réponse en impulsions ou en continu :
• Un compteur à impulsions fournit une série de signaux
correspondant chacun, à la mesure d’un rayonnement par
le détecteur ; les impulsions sont séparées les unes des autres
dans le temps.

Il permet d’évaluer la contamination ou de mesurer des becquerels


et donc, de définir une activité. Ces détecteurs fonctionnent sur le
mode « dénombrement ».

42 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


4. LA DÉTECTION DES RAYONNEMENTS

• Un autre mode de fonctionnement conduit à mesurer


directement la moyenne de nombreuses impulsions de
rayonnements avec le détecteur, sans qu’il soit possible de
distinguer les événements individuels. On mesure alors un
courant électrique et pas des impulsions séparées.

Ces détecteurs permettent de faire une mesure du débit de dose


absorbée et donc de la dose absorbée (de mesurer des grays) et
par conséquent une estimation de la dose efficace (en sieverts).

Il n’existe pas de compteur « à tout faire » capable de mesurer


tous les types de rayonnements et de faire des mesures de la
contamination et du débit de dose absorbée.
Ainsi, les catalogues des constructeurs de matériels de
radioprotection sont particulièrement étoffés. Nous ne pouvons
pas montrer l’ensemble de la production et nous ne donnerons
dans cet ouvrage que quelques exemples.
Nous aborderons bien sûr, des éléments concernant
les appareils utilisés dans le monde professionnel de la
radioprotection mais je vous donnerai aussi, un avis sur
les appareils qui ont vu leurs ventes monter en flèche après
l’accident nucléaire de Fukushima.

MESURER LA CONTAMINATION SURFACIQUE


On désigne souvent ces ensembles de mesures comme des
radiamètres.
Nous n’allons pas expliquer en détail toutes les caractéristiques
de fonctionnement de ces appareils. Sachez que, ceux qui vous
sont présentés (cf. figures 1 à 4) sont utilisés dans le domaine
professionnel et ont des performances précises. Ils doivent être
régulièrement vérifiés et contrôlés.

43
4. LA DÉTECTION DES RAYONNEMENTS

L’électronique

(a) Détecteur à scintillation (b) Compteur Geiger-Müller


Figure 1 | Exemples de radiamètres.

Figure 2 | Détecteurs à scintillations très sensibles (utilisés en milieu professionnel et


associatif…) et possédant une alarme sonore.

Figure 3 | Autres types de compteurs mesurant la contamination.

44 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


4. LA DÉTECTION DES RAYONNEMENTS

Figure 4 | Compteur à scintillation liquide.

Pour mettre en évidence des rayonnements bêta de faible énergie,


comme ceux du tritium, il faut un matériel plus sophistiqué.
Vous pouvez constater qu’il existe de nombreux modèles
aussi bien pour mesurer les contaminations surfaciques dans
les locaux, que corporelles sur les personnes.
Pour être sûr qu’un travailleur ne sort pas avec de la
contamination, certaines entreprises ont mis en place plusieurs
niveaux de contrôles.
Certains sont au niveau des postes de travail avec les appareils
présentées sur les figures 5. Ensuite, et en fonction des locaux,
plusieurs autres contrôles peuvent être nécessaires, à la sortie
d’un laboratoire par exemple.

Figure 5 | Contrôleurs de contamination corporelle.

45
4. LA DÉTECTION DES RAYONNEMENTS

Dans les centrales nucléaires, les contrôles sont poussés


jusqu’à trois niveaux différents après la sortie du bâtiment
réacteur. Les personnes accèdent dans ce bâtiment uniquement
pendant les opérations de maintenance. À la sortie, ils passent
obligatoirement par ces appareils.
Les photos de la figure 6 donnent une petite indication des
modèles installés.

Portique C1 (1er niveau). Portique C2 (2e niveau).


Les personnes sont habillées. Contrôle en sous vêtements.

Sortie de site C3 (3e niveau) avec les effets personnels.


Figure 6 | Contrôleurs de contamination corporelle selon le niveau.

On peut également vérifier que les personnes n’ont pas


respiré de produits radioactifs. On réalise alors, un contrôle de la

46 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


4. LA DÉTECTION DES RAYONNEMENTS

contamination interne (à condition que les produits radioactifs


émettent des rayonnements gamma, les seuls à pouvoir sortir
du corps) (cf. figure 7).

Figure 7 | Appareil pour contrôler la contamination interne.

MESURER LA CONTAMINATION ATMOSPHÉRIQUE


Ce sont des appareils encore un peu plus sophistiqués que les
précédents. Ils sont utilisés dans les grosses installations pour voir
si l’air contient des particules radioactives en suspension dans l’air.
Ils coutent très chers et sont réservés à des usages professionnels.
Quelques modèles sont présentés figures 8 et 9.

Figure 8 | Appareils mesurant la contamination atmosphérique.

47
4. LA DÉTECTION DES RAYONNEMENTS

Des appareils identiques peuvent mesurer une contamination


dans l’environnement.

Figure 9 | Appareils mesurant une contamination dans l’environnement.

Après l’accident de Fukushima, les appareils sur la figure 9


ont été capables de prélever les particules radioactives. Il a
fallu une analyse longue en laboratoire pour mesurer un milli
becquerel par mètre cube d’air.

Aujourd’hui, certains appareils professionnels (pas tous évidem-


ment) qui mesurent la radioactivité, autrement dit la contamina-
tion, sont capables de faire des mesures inférieures au becquerel.

Les appareils suivants sont eux, beaucoup moins sensibles


(disons pour donner un ordre de grandeur, 1000 fois moins
sensibles).

MESURER LE DÉBIT DE DOSE ABSORBÉE


Ces ensembles de mesures sont désignés comme des
débitmètres. Ils mesurent la vitesse à laquelle on reçoit les
rayonnements.
Comme précédemment pour les appareils mesurant la
contamination, ceux qui sont présentés (cf. figure 10) ici, sont
utilisés dans le domaine professionnel et ont des performances
précises. Ils doivent être régulièrement vérifiés et contrôlés.

48 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


4. LA DÉTECTION DES RAYONNEMENTS

Chambre d’ionisation Geiger-Müller Compteur proportionnel

Figure 10 | Appareils mesurant le débit de dose.

La compensation électronique du compteur Geiger permet


aujourd’hui de faire des mesures en courant alors qu’il avait été
conçu pour faire des mesures rayonnement par rayonnement.
Tous ces appareils mesurent des micrograys par heure et
certains appareils font une traduction pour donner une valeur
en micro sievert par heure, permettant d’estimer la dose
équivalente ou la dose efficace.

MESURER LA DOSE ABSORBÉE


En ce qui concerne la mesure de la dose absorbée, il existe
aussi des appareils plus adaptés à la mesure des rayonnements
reçus par les personnes.
C’est grâce à ces appareils que l’on peut estimer la dose
équivalente à la peau, au niveau des mains et la dose efficace
au niveau de l’organisme entier.
C’est ceux que lon désigne sous le terme de dosimètres. Il en
existe deux catégories : les dosimètres passifs et les dosimètres
actifs.

49
4. LA DÉTECTION DES RAYONNEMENTS

Les dosimètres passifs


Ce sont des détecteurs qui ne donnent la valeur de la dose
qu’après une lecture en laboratoire. La réglementation impose
de les porter dans certaines zones.
Aujourd’hui, deux technologies similaires existent. Le détecteur
restitue l’information après avoir été chauffé ou éclairé selon le
matériau utilisé. Voici ceux qui sont le plus diffusés en France.
Ils contiennent des détecteurs de petits volumes, sous
emballage étanche.
En plaçant des dosimètres dans une bague, on peut faire des
mesures au niveau des mains (cf. figure 11).

(a) (b) (c)

Figure 11 | Les différents types de dosimètres : dosimètres pour le corps entier (a) (b),
dosimètre pour les mains (c).

Les dosimètres actifs ou opérationnels


Il existe maintenant des dosimètres qui donnent en temps réel,
la valeur de la dose cumulée et aussi du débit de dose équivalente
(après utilisation du facteur de pondération). Ces appareils que
l’on désigne sous le terme de «dosimètres opérationnels» ont
permis un net progrès sur le plan de la réduction des doses.

50 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


4. LA DÉTECTION DES RAYONNEMENTS

Nous verrons dans le prochain chapitre, l’application d’un des


trois grands principes de la radioprotection : l’optimisation.
Leur port est obligatoire dans les zones dites contrôlées
(nous verrons de quoi il s’agit dans le chapitre sur les notions
de réglementation).
Lorsque l’exposition est importante et peut varier de façon
appréciable géographiquement ou temporellement, on a intérêt
à porter un dosimètre à lecture directe muni d’une alarme
réglable. Ces appareils sont en général constitués d’un détecteur
solide (une puce silicium, un semi conducteur) qui mesure
un débit de dose et d’un système électronique qui permet de
l’intégrer dans le temps.
À tout instant, on peut lire le débit de dose absorbée
en instantané et la dose absorbée reçue depuis la mise en
fonctionnement. Des alarmes peuvent être déclenchées lorsque
la dose ou le débit de dose atteint certaines valeurs seuils.
Ces dosimètres sont utilisés pour estimer la dose efficace (cf.
figure 12).

Figure 12 | Quelques détecteurs vendus sur le marché français.

51
4. LA DÉTECTION DES RAYONNEMENTS

HISTOIRE

Le compteur Geiger-Müller

Cet instrument de mesure, dont le principe fut imaginé vers 1913


par Hans Geiger, fut mis au point avec Walther Müller en 1928. Il n’a
d’ailleurs pas beaucoup changé depuis.
Pour faire simple, c’est « une boîte de conserve avec un fil dedans ».
Plus sérieusement, c’est une enveloppe métallique cylindrique
dans l’axe de laquelle est tendu un mince fil, métallique lui aussi.
Cette « chambre » est remplie d’un gaz (air et vapeurs organiques)
sous faible pression. Une tension est établie entre l’enveloppe qui
va jouer le rôle de pôle négatif et le fil qui va jouer le rôle de pôle
positif.
Quand un rayonnement ionisant pénètre à l’intérieur du tube
Geiger-Müller, il ionise le gaz, c’est-à-dire qu’il arrache des
électrons. Les électrons étant chargés négativement, ils vont se
précipiter sur le fil chargé positivement. On peut alors compter le
nombre d’électrons, et donc l’activité correspondante.

QUE DIRE DES APPAREILS NON PROFESSIONNELS ?


Après Fukushima, nous avons assisté à une recrudescence
d’achats d’appareils (ce que nous avons appelés les radiamètres
et les dosimètres) à l’intention des particuliers qui voulaient
faire des mesures. Beaucoup de compteurs Geiger-Müller
ont été proposés sur le marché « pour faire des mesures de
radioactivité ».
Un point est à signaler, c’est que TOUS les appareils que
vous venez de voir (en dehors des dosimètres) sont chers,
voire très chers. Le premier prix se situe aux alentours de
1 000 euros. Et comme il n’y a pas d’appareils permettant de
faire toutes les mesures, la question nous a souvent été posée :
« que choisir ? »

52 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


4. LA DÉTECTION DES RAYONNEMENTS

Les prix des autres appareils se situent à partir de 300 euros.

Voila ce que vous trouvez sur une des annonces internet, reprise
telle quelle :
« Compteur Geiger Radex RD 1503
Rayons X, béta et gamma
Il détecte la radioactivité et divers rayonnements. Ainsi les
particules béta, les rayonnements X et gamma sont perçus avec
une très grande sensibilité...
Seuils d’alarme à 0,3, 0,6 et 1,2 µSv/h »
Il s’agit d’un appareil qui fait une mesure de débit
de dose MAIS il ne peut pas mesurer une conta-
mination. (Revoir « Le mode de fonctionnement
des détecteurs ».)
Et pourtant l’annonce dit « il détecte la radioacti-
vité » ! Autre remarque (nous avons expérimenté
ledit appareil) : la fiabilité est aussi fonction du
prix.
Vous pouvez donc faire des mesures avec ces appareils vendus à
meilleur marché. Tout dépend de ce que vous voulez mesurer. Mais
ne vous attendez pas à devenir un radioprotectionniste profes-
sionnel avec ce genre d’appareil.

Nous avons dit qu’il n’était pas possible de présenter tous


les appareils existants. Ceux-ci vous donnent quand même une
idée des possibilités qui sont à notre disposition si l’on veut
faire une mesure dans le domaine de la radioactivité : mesure
d’activité ou mesure de dose.

53
4. LA DÉTECTION DES RAYONNEMENTS

CE QUE L’ON PEUT RETENIR


• Détecter des rayonnements signifie tout d’abord être informé de la
présence de rayonnements.
• C’est ensuite, identifier la nature de ces rayonnements, les dénom-
brer, mesurer leur énergie.
• Les détecteurs se classent selon leur mode de fonctionnement ; ils
peuvent fournir une réponse en impulsions ou en continu.
− Dans le premier cas, on dénombre les rayonnements un à un
(mode dénombrement). Ces détecteurs permettent d’évaluer une
contamination par comptage (de becquerels) et donc de définir
une activité.
− Dans le second cas, on mesure un courant électrique (on fait
une moyenne de tous les rayonnements comptés). Ces détecteurs
permettent de faire une mesure du débit de dose absorbée et
donc, de la dose absorbée (en grays) et par conséquent, une
estimation de la dose efficace (en sieverts). Ces appareils sont
moins sensibles que les précédents (mille fois moins si on veut
donner un ordre de grandeur).
• Il n’existe pas de compteur « à tout faire » capable de mesurer
tous les types de rayonnements et de faire des mesures de la
contamination et du débit de dose absorbée.
• De nombreux modèles d’appareils existent au niveau professionnel.
Leurs niveaux de performances permettent de mesurer une activité
ou une contamination au niveau du becquerel et mesurer un débit
de dose au niveau du centième du micro gray par heure (que l’on
traduit ensuite en centième de micro sievert). C’est rarement le cas
pour des appareils vendus à plus faible prix.
• Les doses reçues par les personnes exposées aux rayonnements
ionisants, sont mesurées au moyen de dosimètres. Il en existe
deux types : passifs (résultat a posteriori) ou actifs (résultats
instantanés).

54 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


5. L’HISTOIRE DE LA RADIOPROTECTION :
« L’ÉMERGENCE D’UNE DISCIPLINE
SCIENTIFIQUE »

LES DÉBUTS
Le premier cliché réalisé avec des rayons X fut la main de
madame Röntgen (cf. chapitre 1). Il est resté célèbre (cf. figure 1).

Figure 1 | Mise en évidence des rayons X en 1895.

Dès l’utilisation des premiers tubes à rayons X, les radiologues


commencent à constater des effets (déterministes ceux-là) sur
eux-mêmes. À la fin de 1896, il est observé 23 cas de blessures
graves, la plupart du temps des radiologistes ou des fabricants
de tubes à rayons X.

55
5. L’HISTOIRE DE LA RADIOPROTECTION

Un article repris par wikipédia nous donne une illustration


de ces blessures :

En novembre 1896, un premier article écrit par un démonstrateur


en rayons X pendant l’été à Londres, décrit les symptômes : « Dans
les deux ou trois premières semaines je n’en ressentis aucun incon-
vénient mais au bout de quelque temps apparurent sur les doigts
de ma main droite de nombreuses tâches foncées qui perçaient
sous la peau. Peu à peu elles devinrent très douloureuses ; le reste
de la peau était rouge et fortement enflammé. Ma main me faisait
si mal que j’étais constamment obligé de la baigner dans de l’eau
très froide. Une pommade calme momentanément la douleur mais
l’épiderme s’était desséché, il était devenu dur et jaune comme du
parchemin et complètement insensible ; je ne fus donc pas surpris
lorsque ma main se mit à peler ».

Cliché datant de la fin du XIXe siècle d’une main exposée.

Bientôt la peau puis les ongles tombent, les doigts enflent, les
douleurs sont incessantes, « j’ai perdu trois épidermes de la main
droite et un de la main gauche, quatre de mes ongles ont disparu
de la main droite et deux de la gauche et trois autres sont prêts
à tomber. Pendant plus de six semaines j’ai été incapable de faire
quoi que ce soit de ma main droite et je ne puis tenir une plume
que depuis la perte de mes ongles... ».

En 1901, Henri Becquerel décrivit la première brûlure par


irradiation aiguë localisée après avoir placé dans sa poche une
source radioactive.

56 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


5. L’HISTOIRE DE LA RADIOPROTECTION

Dès le début, il y a eu de nombreuses observations d’effets


déterministes. Au cours des années qui ont suivi (à partir de
1904), de nombreuses publications font référence aux maladies
induites par les rayonnements chez les radiologues.
C’est en 1911 que, pour la première fois, la littérature scientifique
mentionne une relation possible entre les rayonnements et la
leucémie. En 1927, Müller (le collègue de Geiger !) suggère la
possibilité d’effets génétiques des rayonnements chez l’homme.
C’est un des premiers éléments qui incite les chercheurs à
orienter leurs travaux sur les effets aléatoires.

La création d’une Commission


Les scientifiques de l’époque pensent alors à constituer
une commission de protection s’occupant des rayons X et du
radium, la IXCRP.
Les premières recommandations de la IXCRP datent de
1928. Elles limitaient l’exposition à environ 1 Sv. L’objectif de
l’époque était d’éviter les effets déterministes. Cette commission
deviendra ensuite la CIPR.
Très à la mode pendant les années d’entre deux guerres,
le radium va donner lieu aux utilisations les plus fantaisistes
(l’expression « années folles » est tout à fait appropriée). Nous
donnerons quelques illustrations dans le chapitre concernant
les sources de rayonnements naturelles (cf. chapitre 10).
En 1954, les premiers résultats des études épidémiologiques
montrent l’apparition d’un excès de leucémies parmi les
survivants des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki.
La CIPR introduit donc en 1958, de nouvelles limites fixées
à 50 mSv pour les travailleurs et 5 mSv pour le public par an,
dans le but de limiter le nombre d’effets aléatoires, c’est-à-dire
les cancers et les effets héréditaires. À l’époque les unités étaient
le rad, le rem et le röntgen. On ne les utilise plus aujourd’hui
en France, mais encore aux États-Unis.

57
5. L’HISTOIRE DE LA RADIOPROTECTION

Avec ces nouvelles limites, l’apparition d’effets à seuil fut


grandement diminuée.
Dans le même document, la CIPR, prenant en compte les
incertitudes autour des études épidémiologiques (revoir le
chapitre 3), introduit une notion de précaution en basant son
attitude de protection sur une relation linéaire sans seuil :
quelle que soit la dose, un effet peut être observé, sa probabilité
d’apparition augmentant avec la dose.
Ainsi apparu ce que nous appellerons plus tard le principe
de précaution. Notons également que même sans information,
la CIPR s’est, dès les années 1950, préoccupée des générations
à venir en affectant un coefficient de risque important pour les
effets héréditaires.
Dans sa publication de 1977, la CIPR précisait le système
de protection – encore en partie appliqué de nos jours – et
édictait les trois grands principes que nous allons décrire
ci-après : la justification, l’optimisation et la limitation.
Ils servent toujours aujourd’hui de base aux législations
européenne et mondiale.
Enfin dans sa publication de 1990, la CIPR a tenu compte
d’une réestimation des doses reçues par les survivants des
bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki et diminué les
limites de doses à 20 mSv/an pour les travailleurs et 1 mSv
pour le public.
La CIPR, dans la droite ligne de sa démarche historique,
a fait paraître en 2007 de nouvelles recommandations : c’est
la publication 103. Une des évolutions majeures est une
diminution notable du risque génétique (diminution d’un
facteur 2,5). Vous pouvez la trouver en français, en accès libre
sur le site Internet de l’Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire (IRSN).

58 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


5. L’HISTOIRE DE LA RADIOPROTECTION

QUESTION

Comment décline-t-on les trois principes de radioprotection ?

Ces trois principes ont été intégrés dans la réglementation et en


l’occurrence dans le Code de la Santé Publique.
C’est l’article L1333-1 qui le précise :
« Les activités comportant un risque d’exposition des personnes
aux rayonnements ionisants et ci-après dénommées activités
nucléaires, émanant soit d’une source artificielle, qu’il s’agisse
de substances ou de dispositifs, soit d’une source naturelle
lorsque les radionucléides naturels sont traités ou l’ont été en
raison de leurs propriétés radioactives, fissiles ou fertiles, ainsi
que les interventions destinées à prévenir ou réduire un risque
radiologique consécutif à un accident ou à une contamination de
l’environnement, doivent satisfaire aux principes suivants :
1°Une activité nucléaire ou une intervention ne peut être entreprise
ou exercée que si elle est justifiée par les avantages qu’elle
procure, notamment en matière sanitaire, sociale, économique
ou scientifique, rapportés aux risques inhérents à l’exposition
aux rayonnements ionisants auxquels elle est susceptible de
soumettre les personnes ;
2°L’exposition des personnes aux rayonnements ionisants résultant
d’une de ces activités ou interventions doit être maintenue
au niveau le plus faible qu’il est raisonnablement possible
d’atteindre, compte tenu et sociaux et, le cas échéant, de
l’objectif médical recherché ;
3°L’exposition d’une personne aux rayonnements ionisants
résultant d’une de ces activités ne peut porter la somme des
doses reçues au-delà des limites fixées par voie réglementaire,
sauf lorsque cette personne est l’objet d’une exposition à des
fins médicales ou de recherche biomédicale. »

Il convient donc de respecter réglementairement ces


principes.

59
5. L’HISTOIRE DE LA RADIOPROTECTION

LA RADIOPROTECTION : DES PRINCIPES


L’action des personnes travaillant dans le domaine de la
radioprotection s’articule autour de trois grands principes
édictés par la CIPR qui sont repris dans le monde entier et
bien entendu dans la réglementation française :

La justification, l’optimisation et la limitation.

Aucun des trois principes n’est prépondérant par rapport à


un autre. On les énonce ainsi car c’est dans cet ordre que l’on
analyse généralement les situations d’exposition.

Le principe de justification
Aucune pratique ne peut être adoptée si elle n’apporte
pas un avantage suffisant aux individus exposés ou à la
société. La CIPR confie ce rôle d’approbation aux autorités
nationales. Ainsi on pourra observer de par le monde, que
certains États trouvent justifié le recours à l’énergie nucléaire,
d’autres non.
Selon ce principe, certaines utilisations sont aujourd’hui
interdites comme l’ajout de radioactivité de manière
intentionnelle dans les jouets, les paratonnerres,
l’alimentation, les produits à usage domestiques, les bijoux.
D’autres font l’objet de restrictions conduisant à l’abandon
de certaines utilisations compte tenu des progrès techniques.
C’est le cas pour les détecteurs d’incendie qui contenaient
jusqu’à aujourd’hui, des sources radioactives et qui sont
progressivement remplacés.
Ceci conduit à des régimes de déclaration et d’autorisation
d’utilisation des sources qui figurent dans les directives
européennes et sont reprises dans la réglementation française.

60 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


5. L’HISTOIRE DE LA RADIOPROTECTION

Ces régimes sont destinés à contrôler leur justification, leur


suivi et leurs conditions de mise en œuvre.
Le texte réglementaire français est explicite: « Une activité
nucléaire ou une intervention ne peut être entreprise ou exercée que
si elle est justifiée par les avantages qu’elle procure, notamment en
matière sanitaire, sociale, économique ou scientifique, rapportés
aux risques inhérents à l’exposition aux rayonnements ionisants
auxquels elle est susceptible de soumettre les personnes. ».
Il faut entendre dans la réglementation française les mots «
activité nucléaire » comme le mot « pratique » au sens européen.
Il s’agit simplement de l’utilisation de sources radioactives ou
de générateurs de rayonnements.
Une fois la justification acquise, la CIPR demande que soient
appliqués les deux autres principes, l’optimisation et la limitation.

Le principe d’optimisation
Si l’on considère que les effets aléatoires n’ont pas de seuil,
toute utilisation de la radioactivité, même justifiée, produira des
effets puisque l’exposition nulle n’existe pas.
La CIPR demande alors de réduire autant que faire se peut,
compte tenu de facteurs économiques et sociaux, l’exposition
aux rayonnements ionisants. Ce second principe d’optimisation
est plus souvent connu dans le monde professionnel sous
l’acronyme anglo-saxon ALARA, « As Low As Reasonably
Achievable ».
Ceci conduit à accepter un risque « limité » en utilisant des
moyens permettant de le réduire ; l’application du principe
ALARA se faisant toutefois dans une échelle d’exposition que
l’on a jugée par ailleurs acceptable ou tolérable.
Ce principe ALARA tient compte à la fois du principe de
précaution et du principe d’équité (réduire les doses au niveau
le plus bas raisonnablement possible, en commençant par les
doses les plus élevées).

61
5. L’HISTOIRE DE LA RADIOPROTECTION

À titre d’exemple, le principe d’équité veut qu’entre deux


travailleurs chargés d’une même opération mais affectés dans
deux sociétés différentes, la dose reçue (efficace ou équivalente)
soit la même.

Le texte réglementaire français stipule : « L’exposition des


personnes aux rayonnements ionisants résultant d’une de ces
activités ou interventions doit être maintenue au niveau le plus
faible qu’il est raisonnablement possible d’atteindre, compte tenu
de l’état des techniques, des facteurs économiques et sociaux et,
le cas échéant, de l’objectif médical recherché. »
Le mot raisonnablement est peut-être le plus important de
ce paragraphe.
Un examen historique des doses reçues par les travailleurs,
montre que l’application du principe ALARA a conduit à une
baisse significative et régulière de ces doses.

62 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


5. L’HISTOIRE DE LA RADIOPROTECTION

Le principe de limitation
La justification est une affaire collective, l’optimisation
garantit que les expositions soient les plus basses possible, sans
qu’une valeur plafond ne soit formellement fixée.
C’est pourquoi, la CIPR, voulant une protection individuelle,
énonce un troisième principe dit de limitation : «Toute
exposition aux rayonnements ionisants sera maintenue à
titre individuel, strictement inférieure aux limites fixées par
la réglementation. »
Les limites, rappelons-le, sont fixées de manière à interdire
l’apparition de tout effet déterministe et à maintenir la fréquence
d’apparition des effets aléatoires à un niveau jugé acceptable.
Le texte français dit : « L’exposition d’une personne aux
rayonnements ionisants résultant d’une de ces activités ne
peut porter la somme des doses reçues au-delà des limites
fixées par voie réglementaire, sauf lorsque cette personne est
l’objet d’une exposition à des fins médicales ou de recherche
biomédicale ».
Nous aborderons ce point dans le chapitre sur les notions
réglementaires (chapitre 9).

CE QUE L’ON PEUT RETENIR


• Premiers à utiliser les rayons X, les radiologues ont rapidement
constaté des effets nuisibles sur l’organisme.
• En 1928, une commission de protection, la IXCPR, est constituée
afin d’éviter les effets déterministes dus aux rayons X et au radium.
• Les résultats des études épidémiologiques menées sur les survi-
vants des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki ont conduit
la CIPR à introduire en 1958, des limites annuelles d’exposition
pour les travailleurs et pour le public.
• En 1977, la CIPR édictait les trois grands principes de la radiopro-
tection : la justification, l’optimisation et la limitation, toujours
appliqués aujourd’hui.

63
5. L’HISTOIRE DE LA RADIOPROTECTION

• En 1990, après réestimation des doses reçues par les survivants des
bombardements atomiques, la CIPR a abaissé les limites de doses à
20 mSv/an pour les travailleurs et 1 mSv pour le public.
• Le principe de justification : une activité nucléaire (au sens, utili-
sation de sources de rayonnements) ou une intervention ne peut
être entreprise ou exercée que si elle est justifiée par les avantages
qu’elle procure, rapportés aux risques inhérents à l’exposition aux
rayonnements ionisants.
• Le principe d’optimisation (connu aussi sous le nom d’ALARA) :
l’exposition des personnes aux rayonnements ionisants résultant
d’une de ces activités ou interventions doit être maintenue au
niveau le plus faible qu’il est raisonnablement possible d’at-
teindre.
• Le principe de limitation : l’exposition d’une personne aux rayon-
nements ionisants ne peut excéder les limites fixées par voie régle-
mentaire, sauf dans le cas de l’exposition médicale.

64 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


6. LA RADIOPROTECTION :
« PROTÉGER LES TRAVAILLEURS,
LE PUBLIC ET L’ENVIRONNEMENT »

LA RADIOPROTECTION : UN MÉTIER
Aujourd’hui, la radioprotection est devenue un métier.
Les personnes affectées dans des services de protection
contre les rayonnements sont les garants de la protection des
travailleurs, du public et de l’environnement.
Cela concerne le domaine nucléaire mais aussi médical ou
industriel.
Il existe des formations initiales qui débutent au niveau CAP/BEP.
Il y a ensuite des formations au niveau baccalauréat, la formation de
technicien en radioprotection et d’autres à des niveaux supérieurs.
C’est le cas du brevet de technicien supérieur en radioprotection
(niveau bac + 2), puis des licences professionnelles au niveau bac
+ 3. Celles-ci sont reconnues par l’éducation nationale.

La première formation initiale en radioprotection a vu le jour


en 1960 et était dispensée par l’Institut national des sciences
et techniques nucléaires (INSTN) du Commissariat à l’énergie
atomique et aux énergies alternatives (CEA).

65
6. LA RADIOPROTECTION

En ce qui concerne les formations d’ingénieur, il existe


plusieurs Masters traitant de radioprotection, dont celui
spécifique, dispensé par l’université Joseph Fourier de Grenoble
et l’INSTN. Le Master radioprotection forme les futurs cadres
dans ce domaine.
Les professionnels formés peuvent ensuite exercer leur métier
chez les grands exploitants nucléaires ou dans des sociétés sous-
traitantes.
La commission Enseignement de la Société française de
radioprotection (SFRP) a recensé la liste des formations initiales
et vous pouvez la retrouver sur son site Internet ou celui de RP
Cirkus.
En terme d’emploi, la radioprotection est un domaine où il
y a plus d’offres que de demandes.

Tous les élèves ayant suivi une formation initiale trouvent du


travail, parfois même avant la sortie de leur école.

Un élève ou un étudiant attiré par la physique et les


mathématiques, trouvera un intérêt direct à ces formations :
il sera amené à étudier la radioactivité, les interactions des
rayonnements avec la matière, les éléments nécessaires à la
protection des personnes et des biens, les effets biologiques
des rayonnements, la mesure et les aspects réglementaires qui
régissent l’utilisation de la radioactivité.
Ces thèmes sont déclinés pour toutes les formations en
fonction des niveaux.
À partir du niveau bac + 2 et plus, l’aspect rédactionnel et
l’esprit de synthèse sont également à développer.

LE RADIOPROTECTIONNISTE : UN PRÉVENTEUR
Le radioprotectionniste applique et fait appliquer les principes
de radioprotection dont nous venons de parler.

66 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


6. LA RADIOPROTECTION

C’est donc un emploi lié au domaine de la sécurité.


Radiologique en premier lieu, mais d’autres aspects de la
sécurité doivent absolument être pris en compte.
La réglementation est très explicite :
« L’employeur définit les mesures de protection collective
adaptées à la nature de l’exposition susceptible d’être subie par
les travailleurs exposés.
La définition de ces mesures prend en compte les autres facteurs
de risques professionnels susceptibles d’apparaître sur le lieu de
travail, notamment lorsque leurs effets conjugués sont de nature
à aggraver les effets de l’exposition aux rayonnements ionisants. »

(a)

(b)

Figure 1 | Contrôles sur site : (a) mesure de débit de dose ; (b) mesure de la conta-
mination surfacique.

67
6. LA RADIOPROTECTION

Les radioprotectionnistes, dans le cas des installations


nucléaires, sont généralement regroupés au sein d’un service.
Selon l’importance des installations et des risques engendrés,
le nombre de personnes peut dépasser la centaine. C’est le
cas chez les exploitants nucléaires comme AREVA, le CEA
ou EDF.
Dans le cas où le risque radioactif est moins important, le
législateur français a créé en 1967, la fonction de « personne
compétente en radioprotection ».
Les personnes chargées de cette fonction doivent suivre
une formation de dix jours au maximum. Un projet d’arrêté
prévoit de porter cette durée à 90 heures en fonction des
options. Cependant, ces personnes ne peuvent évidemment pas
prétendre détenir la même compétence que celles qui ont suivi
une formation initiale.
Ces formations sont adaptées en fonction du secteur d’activité.

ÉVITER LES INCIDENTS ET LES ACCIDENTS


Même si le risque zéro n’existe pas, c’est le rôle du préventeur
qu’est le radioprotectionniste, d’éviter les incidents et les
accidents dus aux rayonnements ionisants.
Nous présentons dans ce chapitre quelques événements
marquants dans le domaine de la radioprotection et des aspects
radiologiques. Vous verrez ensuite dans le chapitre 10 et suivants,
des photos et images de ce que peut être une source radioactive
ou une source de rayonnements.
Nous n’entrerons pas dans le domaine des accidents nucléaires
comme Windscale, Three Mile Island, Tchernobyl, Tokai Mura
ou Fukushima.

NUCLÉAIRE ET RADIOLOGIQUE
Les mots « nucléaire » et « radiologique » sont fréquemment
utilisés l’un pour l’autre comme s’ils avaient la même

68 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


6. LA RADIOPROTECTION

signification. Cela n’est pas toujours le cas, et leur utilisation


indifférenciée conduit à des imprécisions voire à des erreurs
fâcheuses.
Extrait d’une brochure ASN rédigée par le Pr M.
Bourguignon : un petit point sur ces deux notions pour préciser
leurs différences par des exemples.

Nucléaire
La racine latine du mot nucléaire est « nucleus », le noyau.
Il est fait référence au noyau d’un atome, et est « nucléaire »
tout ce qui implique un noyau d’atome et sa transformation
dans une réaction nucléaire en un autre noyau.
Une bombe atomique est en fait une bombe nucléaire
mettant en jeu une réaction nucléaire en chaîne de fission de
noyaux d’uranium ou de plutonium, ou bien une réaction de
fusion de noyaux légers (hydrogène, tritium).
Une centrale nucléaire productrice d’électricité est bien
nucléaire car elle utilise une réaction nucléaire en chaîne
contrôlée pour que la fission des noyaux d’atomes produise de
la chaleur sans qu’il y ait le phénomène explosif de la bombe.
La médecine nucléaire fait référence à une spécialité
d’imagerie médicale diagnostique utilisant des molécules
marquées par un élément à noyau radioactif. Ces molécules,
ou radiopharmaceutiques, administrées à un patient, vont se
fixer de façon spécifique sur une cible biologique.
Leur distribution est repérée par le rayonnement γ pénétrant
émis par le noyau radioactif. La médecine nucléaire est aussi
une spécialité de radiothérapie interne.
Pourquoi l’adjectif nucléaire est-il attaché à cette spécialité
médicale depuis son origine ?
Les produits radioactifs utilisés sont d’origine artificielle.
Ils ont été et sont encore produits, pour la majorité d’entre
eux, dans des réacteurs nucléaires. De plus, lors de l’émission

69
6. LA RADIOPROTECTION

du rayonnement, le noyau radioactif est transformé en un


autre noyau souvent non radioactif.
ZOÉ la première pile atomique française a fabriqué des
produits radioactifs à usage médical.
L’imagerie par résonance magnétique est en fait une imagerie
par résonance magnétique nucléaire. Les radiologues se sont
débarrassé d’emblée du mot nucléaire pour ne pas subir tout
le contexte psycho-sociologique.
Bien que cette technique n’utilise pas de noyaux radioactifs,
il s’agit bien d’une technique « nucléaire » dès lors qu’elle
utilise la propriété intrinsèque des particules constituant
le noyau (protons et neutrons) d’avoir une aimantation
microscopique, que l’on nomme le spin. Ce spin peut être
orienté par un champ magnétique externe, ce qui permet de
communiquer de l’énergie au proton et de recevoir un signal
en retour, signal très riche en information.

Radiologique
La racine latine du mot radiologique est « radius », rayon.
Le terme « radiologique » englobe donc tous les rayonnements,
quelle que soit leur origine.
Ces rayonnements ont 3 origines possibles :
• Le rayonnement est émis par un noyau lors d’une
réaction nucléaire (fusion, fission, collision) ou d’une
désintégration lorsqu’un noyau instable retourne vers
un état de stabilité. Les rayonnements émis par les
radionucléides sont alors les rayonnements que nous
avons vus dans le premier paragraphe (alpha, bêta et
gamma) ; des neutrons et protons sont aussi émis lors
des réactions nucléaires.
• Le rayonnement est émis lors du mouvement des électrons
qui entourent un noyau d’atome suite à la disparition de
l’un d’eux. Ce rayonnement est appelé rayon X.

70 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


6. LA RADIOPROTECTION

• Le rayonnement est émis lorsque la trajectoire des électrons


notamment, est déviée et freinée au voisinage d’un noyau
d’atome. Ce rayonnement est également un rayon X.
S’il n’y a pas de différence de nature entre le rayonnement
X et le rayonnement gamma, les deux étant des rayonnements
électromagnétiques, leur origine est fondamentalement
différente : le rayon X provient du cortège électronique ou
lors du freinage d’un électron dans la matière, alors que
le rayon gamma provient du noyau instable d’un atome
radioactif.

Discussion
La radiologie médicale, au sens du langage courant, utilise
les rayons X pour faire des images des organes. La source de
rayons X, appelée tube à rayons X, est extérieure au patient. Il
n’y a pas de produits radioactifs.

Après arrêt de l’alimentation électrique du tube à rayons X, il n’y a


plus d’émission de rayonnements. De plus, le patient n’est jamais
rendu radioactif ; il n’émet pas de rayonnements secondaires.

71
6. LA RADIOPROTECTION

La radiologie industrielle est équivalente dans son principe


à la radiologie médicale. Une source intense de rayonnement
est utilisée pour réaliser des radiographies, par essence non
destructives d’objets industriels (des piles de pont en béton de
forte épaisseur par exemple). Les sources devant être beaucoup
plus intenses que les sources médicales et déplacées auprès
des objets à examiner, ce sont d’intenses sources radioactives
émettrices de rayons gamma qui sont utilisées.

A contrario, un patient qui a bénéficié d’un examen de médecine


nucléaire, émet un rayonnement car il est devenu provisoirement
radioactif et le reste, tant que le radionucléide qui lui a été injecté n’a
pas disparu du fait de sa propre décroissance radioactive et du fait de
son élimination par l’organisme.

72 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


6. LA RADIOPROTECTION

Lors d’un accident nucléaire, il y a émission de rayonnements


de toutes sortes par les radionucléides présents, y compris
des rayons X créés par des particules freinées lors de leur
déplacement dans la matière. Un accident nucléaire est aussi
un accident radiologique si des personnes sont exposées à des
rayonnements.
Une « bombe sale » (qui ne serait pas une bombe atomique)
utilisée dans un attentat, serait en fait une bombe ordinaire qui
disperserait de la matière radioactive ou des déchets radioactifs.
II n’y aurait pas de réaction nucléaire en chaîne. Ce serait un
événement à caractère radiologique du fait de l’exposition
aux rayonnements ionisants émis par ces sources radioactives
dispersées.
Un accident radiologique peut exister sans qu’il s’agisse
d’un accident nucléaire, par exemple, une personne exposée
au faisceau de rayonnement d’un accélérateur de particules
(accident de Forbach en 1991, accidents de radiothérapie
externe). Un accident avec une source radioactive comme le
césium-137 (comme à Goiânia au Brésil en 1987), sera un
accident radiologique, car c’est le rayonnement émis qui
est responsable de l’exposition de personnes ; il n’y a pas de
réaction nucléaire.
Dans le langage médical, le mot « radiologique » englobe
toute l’imagerie médicale : la radiologie avec les rayons X et la
médecine nucléaire (au grand dam des médecins nucléaires).
Pour les scientifiques, le mot « radiologique » qui englobe
tout ce qui concerne les rayonnements a donc un sens un peu
plus général que le mot « nucléaire ».
Mais, c’est le vocable « activités nucléaires » qui a été retenu
par le Conseil d’État dans le code de la santé publique : « Les
activités comportant un risque d’exposition des personnes aux
rayonnements ionisants et ci-après dénommées « activités
nucléaires », émanant soit d’une source artificielle, qu’il s’agisse de
substances ou de dispositifs, soit d’une source naturelle lorsque les

73
6. LA RADIOPROTECTION

radionucléides naturels sont traités ou l’ont été en raison de leurs


propriétés radioactives, fissiles ou fertiles, ainsi que les interventions
destinées à prévenir ou réduire un risque radiologique consécutif à
un accident ou à une contamination de l’environnement, doivent
satisfaire aux principes suivants : » .
Ce choix a sûrement permis de simplifier l’écriture du
texte en rassemblant toutes les activités sous un seul vocable
mais n’a pas simplifié la compréhension des différences entre
« radiologique » et « nucléaire ».

QUESTION

Est-ce que les métiers de la radioprotection peuvent amener


à d’autres activités ?

Chez les grands exploitants nucléaires, le nombre de personnes


employées permet assez facilement aux salariés travaillant dans
les services de radioprotection d’accéder à d’autres fonctions. Les
domaines de la sécurité classique et de la sûreté nucléaire sont
aussi des voies envisageables.
Pour les autres domaines, la fonction de « personne compétente »
est généralement exercée « en plus » d’un autre métier, ce
qui ne facilite pas toujours l’exécution de toutes les tâches
règlementaires.

RADIOÉLÉMENT ET RADIONUCLÉIDE
Ces deux mots se ressemblent étrangement. Ils sont souvent
utilisés l’un pour l’autre, même par les professionnels. Mais ils
ne veulent pas dire la même chose.
Henri Métivier, éditeur en chef de la revue « Radioprotection »,
en avait donné une définition précise.
• L’uranium est un élément chimique, une famille composée
de différents atomes qui sont tous radioactifs : ils comportent
trop de protons et de neutrons.

74 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


6. LA RADIOPROTECTION

En voici quelques représentants naturels (jaune) et artificiels


(bleu) :

U U U U U U U
233 234 235 236 237 238 239

L’uranium est un radioélément (élément chimique


totalement radioactif) au même titre que le radium ou le
plutonium.
• Les différents atomes d’uranium (235, 238, …) sont des
radionucléides (atomes radioactifs), au même titre que le
cobalt-60, l’iode-131, ou le césium-137. Nucléide vient de
nucléus, noyau en latin.

INCIDENTS ET ACCIDENTS
Il y a eu dans le monde depuis 1945, environ 400 accidents
qui ont entraîné la mort d’environ une centaine de personnes,
en dehors des catastrophes nucléaires telles que Tchernobyl.
Voici 5 exemples :
• Goiânia (Brésil 1987) :
Une source radioactive de césium-137 a été oubliée dans un
hôpital abandonné. Cette source radioactive qui servait à faire
de la radiothérapie a été « récupérée » par des personnes venant
« s’approvisionner » en ferrailles dans l’établissement.
Après avoir découpé l’irradiateur, ils ont mis à nu la
source radioactive. Bilan : 249 personnes contaminées ;
plus de 10 000 personnes suivies médicalement, plus de
100 000 anthropogammamétries (voir chapitre 4) et quatre
décès précoces.
• Forbach (1991) :
Un accélérateur industriel pulvérisait des plaques de téflon
sous un faisceau extrêmement intense d’électrons. En dépit des
consignes de sécurité, on a envoyé trois personnes d’une société
intérimaire à l’intérieur de l’irradiateur (par la sortie des colis

75
6. LA RADIOPROTECTION

irradiés). Ces personnes sans aucune formation, ont travaillé


à l’intérieur en présence d’un débit de dose encore très élevé
(0,1 gray par seconde dans l’axe du faisceau). Elles ont toutes
été irradiées et en particulier l’une d’entre elles qui a reçu une
exposition globale d’environ 1 gray. Cette personne est décédée
16 ans après son irradiation, en mars 2007.
• Yanango (Pérou 1999) :
La perte d’une source de gammagraphie servant à faire du
contrôle de soudures dans une usine hydroélectrique entraîne
l’irradiation de deux personnes. Le soudeur qui ne connaissait
rien à la radioactivité, a eu le malheur de ramasser la source et la
porter pendant six heures dans la poche arrière de son pantalon.
Cela a causé son décès plus de deux ans après.
• Panama (2001) :
Un appareil mal réglé dans un service de radiothérapie a
entraîné une surexposition de 28 personnes. Cet accident
a causé la mort de huit patients. Il a nécessité une prise en
charge thérapeutique lourde. L’analyse a montré une mauvaise
connaissance du risque et de la radioprotection au sein de
l’établissement.
• Fleurus (Belgique 2006) :
Un incident dans un irradiateur a entraîné l’irradiation d’une
personne. Elle a reçu quatre grays en 20 secondes. Heureusement,
le médecin du travail a soupçonné très rapidement un syndrome
d’irradiation aigüe et a envoyé la personne en traitement
à l’hôpital Percy de Clamart dans les Hauts-de-Seine. Cet
établissement est l’un des meilleurs au monde concernant le
traitement des personnes sévèrement exposées.
• Épinal (2005-2007) :
Cet accident de radiothérapie a entraîné une surexposition
de 24 patients et le décès de quatre personnes. Il y en a sept
aujourd’hui.

76 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


6. LA RADIOPROTECTION

Il a des suites car après de nombreuses inspections notamment


celles de l’Autorité de sûreté nucléaire, il a été constaté que
ce sont plusieurs séries de patients (cinq) qui ont subi des
surexpositions.

CE QUE L’ON PEUT RETENIR


• Il existe des formations initiales à partir du niveau CAP/BEP, puis
des formations au niveau bac + 2, bac + 3 et enfin bac + 5.
• En terme d’emploi, la radioprotection est aujourd’hui un
domaine où il y a plus d’offres que de demandes.
• Le radioprotectionniste applique et fait appliquer les principes de
radioprotection.
• Dans les installations nucléaires, les radioprotectionnistes sont
généralement regroupés au sein d’un service. Pour le cas où le
risque radioactif est moins important, le législateur français a créé
en 1967, la fonction de « personne compétente en radioprotec-
tion ».

77
7. PROTECTION CONTRE L’EXPOSITION
EXTERNE : « LA SOURCE DE
RAYONNEMENT EST À L’EXTÉRIEUR
DES PERSONNES »

Nous verrons dans les chapitres suivants, quelques éléments


simples concernant les moyens et méthodes utilisés pour se
protéger de l’exposition aux rayonnements ionisants.
Nous essayerons d’utiliser le minimum de formules
mathématiques. Pour ceux qui seraient intéressés par les
équations, ils pourront se reporter au petit encart « pour en
savoir plus ».
Les moyens de protection doivent permettre de réduire les
expositions subies par les personnes et l’environnement au
niveau le plus faible que l’on puisse raisonnablement atteindre.
Si plusieurs pratiques sont en compétition, une analyse
détaillée doit être effectuée comprenant la somme de tous les
aspects négatifs (atteintes à la santé ou à l’environnement, mais
aussi charges financières), comme la somme de tous les aspects
positifs.

78 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


7. PROTECTION CONTRE L’EXPOSITION EXTERNE

En pratique, s’il est généralement impossible de réduire au


niveau zéro, l’exposition externe dès l’instant où l’on travaille
sur des substances radioactives, il est également admis que,
sauf exception notoire, l’exposition interne ne peut résulter
que d’une situation incidentelle ou accidentelle.
La dose absorbée par un individu étant le produit du débit
de dose absorbée par le temps de présence (voir paragraphe 2),
la protection contre l’exposition externe est en général une
combinaison de trois paramètres : éloignement des sources,
écrans interposées (paramètres agissant sur le débit de dose),
et temps d’exposition.

La protection est réalisée, en particulier, par :


• le blindage des sources ;
• la disposition d’obstacles physiques empêchant une approche
excessive des sources ;
• l’utilisation d’écrans mobiles adaptés à la nature des
rayonnements.
Il suffit donc de s’éloigner, de mettre un écran entre soi et la
source de rayonnements et de rester le moins longtemps possible
à côté pour que la dose absorbée soit la plus faible possible.
Dans tous les domaines, y compris médical, les opérateurs
doivent utiliser ou s’approcher des sources le moins longtemps
possible. C’est le meilleur moyen de réduire les doses des
travailleurs, des patients, voire du public.

79
7. PROTECTION CONTRE L’EXPOSITION EXTERNE

LE TEMPS
Dans un cadre professionnel, pour réduire le temps
d’exposition, ce sont souvent des mesures de bon sens à mettre
en œuvre. On peut les résumer comme suit :
a) Préparer soigneusement le travail que l’on doit effectuer :
• réunir tout le matériel dont on aura besoin (avoir une liste
exhaustive) ;
• utiliser des matériels adaptés et performants ;
• effectuer une répétition en simulation (en absence de toute
radioactivité) pour vérifier toute la manipulation.
b) Prendre en compte les expériences acquises dans les
manipulations antérieures.
c) Si nécessaire, partager le temps d’intervention entre plusieurs
personnes.

LA DISTANCE
Toujours dans un cadre professionnel, on peut estimer les
doses absorbées en fonction de l’activité du produit radioactif
et de la distance à laquelle on se trouve.
Le débit de dose absorbée en un point est proportionnel à
l’inverse du carré de la distance séparant ce point, de celui où
se trouve la source radioactive (pour les sources qui émettent
des rayonnements gamma) (cf. les portées des rayonnements
dans le chapitre 2).

Figure 1 | Débit de dose en fonction de la distance.

80 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


7. PROTECTION CONTRE L’EXPOSITION EXTERNE

Calculons le débit de dose à une distance précise (cf. figure 1) :


le débit de dose mesuré à un mètre d’une source radioactive
émettant un rayonnement gamma a pour valeur 10 µGy/h.
Quelle est la valeur à deux mètres et à 50 centimètres ?
2 2
d2 2
À deux mètres : = = 22 = 4
d1 1

10
Débit de dose à 2m = = 2,5 µGy / h
4

À 50 centimètres, soit 0,5 mètre :


10
Débit de dose à 50 cm = 0,25 = 40 µGy / h

Remarque : cela montre que l’éloignement est un moyen


efficace de protection mais, elle indique également que le débit
de dose absorbée croît rapidement lorsqu’on se rapproche des
sources.

Il ne faut donc jamais saisir une source radioactive avec les doigts.

LES ÉCRANS
En fonction du rayonnement, on utilise un écran adapté.
En ce qui concerne les rayonnements alpha et bêta, si on
place un écran d’une épaisseur suffisante, l’arrêt total des
rayonnements est garanti.
Par exemple, la couche de peau morte que nous avons en
permanence (0,07 mm) suffit à arrêter les rayonnements alpha.
À l’inverse pour les rayonnements X et gamma, même en
plaçant un écran de forte épaisseur, il y a toujours la probabilité
qu’un rayonnement traverse l’écran. Évidemment plus l’écran
est épais plus la probabilité diminue.

81
7. PROTECTION CONTRE L’EXPOSITION EXTERNE

On peut donc dire que dans le premier cas on arrête les


rayonnements. Dans le second on les atténue (cf. figure 2).

Figure 2 | Importance de la nature des écrans.

• Une feuille de papier arrête le rayonnement alpha (revoir le


chapitre 2). Ce qui fait qu’il n’y a aucune exposition externe
avec les alpha.
• Une feuille d’aluminium ou un centimètre d’eau ou de
plexiglas arrêtent les rayonnements bêta. Ce qui fait que le
rayonnement bêta expose nos cellules (et notamment celles
de la peau).
• Une feuille de plomb atténue les rayonnements X et gamma.
En général, pour les rayonnements bêta, on utilise des écrans
en matériaux légers comme l’aluminium ou le plexiglas.

82 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


7. PROTECTION CONTRE L’EXPOSITION EXTERNE

Il faut éviter d’utiliser des matériaux denses comme le


plomb car il y a création d’un rayonnement X secondaire
indésirable qu’on nomme le rayonnement de freinage. Mis en
évidence par des physiciens allemands, il porte le doux nom de
bremsstrahlung.
Pour atténuer les X et gamma, il est cette fois recommandé
d’utiliser des matériaux de forte densité comme le plomb. Pour
des raisons économiques ou de tenue des bâtiments (à cause
du poids), on est contraint d’utiliser le béton ou l’eau en fortes
épaisseurs. L’eau permet aussi d’atténuer les rayonnements
(phénomène utilisé pour l’accident de Fukushima).
De fortes épaisseurs sont nécessaires car là aussi, les interactions
des rayonnements X ou gamma dans les matériaux donnent
lieu à création d’autres rayonnements X ou gamma d’énergie
inférieure. On appelle ces rayonnements des rayonnements
diffusés.

ANECDOTE

En 1998, EDF avait eu quelques soucis avec la contamination


d’emballages servant au transport de combustibles irradiés vers
l’usine de retraitement de La Hague. En effet, les salariés de la
SNCF ne voulaient plus s’approcher des wagons. Au cours de la
formation de ces personnels, nous avions découvert que certains
prenaient leur pause du matin, et notamment l’hiver, près des
wagons. Il faut dire que les emballages dégagent pas mal de
chaleur (50 °C au contact).
Certes, c’était un bon radiateur mais nous leur avons expliqué
qu’il y avait exposition aux rayonnements et qu’il valait mieux
mettre de la distance entre eux et les wagons…

83
7. PROTECTION CONTRE L’EXPOSITION EXTERNE

LE NEUTRON
Ah ! Voila une particule dont nous n’avions pas encore parlé…
Son émission n’est pas vraiment due à la radioactivité. C’est
la rupture de gros atomes comme l’uranium ou le plutonium
qui provoque ces émissions, ce qu’on appelle la fission
nucléaire.
Le neutron sous son air simple, est une particule très
complexe.
C’est d’abord une particule non chargée d’électricité. C’est
parce qu’elle aura déplacé une particule chargée qu’on pourra
constater qu’il y a eu interaction. Le neutron est une particule
qui peut prendre des énergies très variables.
Les neutrons n’interagissent qu’avec les noyaux des atomes
du matériau traversé. Que se passe-t-il en cas de rencontre
avec le noyau d’un atome quelconque ? Le neutron pénètre
dans le noyau cible. Le noyau composé ainsi constitué, après
une brève durée de vie, émet un rayonnement qui peut être un
rayonnement γ, une particule α, un proton, etc. ou qui éclate en
deux ou plusieurs fragments. Dans ce dernier cas des produits
de fission sont créés.
La fission d’un atome d’uranium-235 (la rupture) dégage
une énergie élevée, en partie transmise à deux ou à trois
neutrons. Pour obtenir une nouvelle fission avec les autres
noyaux d’uranium, il faut que la vitesse de ces neutrons
diminue notablement. Pour les ralentir efficacement, il faut
utiliser des substances constituées d’atomes légers dont
la masse est proche de la leur : le meilleur ralentisseur est
l’hydrogène.
Mais s’il y a trop de neutrons, après les avoir ralentis, il
faut les absorber. Le bore et le cadmium sont des éléments
chimiques qui raffolent des neutrons. Une fois intégrés dans
les écrans, il faut penser à mettre un écran supplémentaire
pour prévenir les émissions de rayonnements secondaires (γ,
α, proton, etc.).

84 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


7. PROTECTION CONTRE L’EXPOSITION EXTERNE

Pour en savoir plus : le lien entre le becquerel,


le gray et le sievert en exposition externe
Pour ceux un peu plus familiarisés avec les unités et les notions
de mathématiques et de physique, voici comment, à partir d’un cas
simple, on peut passer de l’activité (Bq) au débit de dose absorbée
(mGy/h) et au débit de dose efficace (mSv/h) pour des produits
radioactifs émettant des rayonnements gamma ou X.
Pour illustrer ce paragraphe nous allons prendre l’exemple d’une
source radioactive de césium-137 que l’on peut assimiler à une
petite source. Dans le langage de la radioprotection, on appelle
cette source une source ponctuelle.
Nous allons prendre une source de 1 GBq (un milliard de becquerel).
Pour faire ce calcul, il nous faut connaître l’énergie des rayonne-
ments gamma (E) et leur intensité d’émission (I), c’est-à-dire le
pourcentage émis après une désintégration.
Pour le césium-137, l’énergie du rayonnement gamma émis est égale
à 0,662 MeV (mégaélectronvolt). C’est une unité d’énergie très
petite. (Nous avions parlé de l’énergie des rayonnements dans le
chapitre 2). Son intensité d’émission est de 85 %.
La relation entre débit de dose absorbée (dda) et l’activité (A) est :
dda (mGy/h) à 1 mètre = 1,3.10-10 × A (Bq) × E (MeV) × I
Donc pour l’exemple donné :
dda = 1,3.10-10 × 109 × 0,662 × 0,85 = 0,073 mGy/h ou 73 µGy/h
Comme ce sont des rayonnements gamma, on pourrait dire que le
débit de dose efficace est égal à 73 µSv/h (le coefficient de pondé-
ration du rayonnement valant 1 – voir chapitre 2).
Plus vous augmentez l’activité, plus vous augmentez le débit de
dose absorbée (et inversement). Pour la distance revoir le chapitre.

85
7. PROTECTION CONTRE L’EXPOSITION EXTERNE

CE QUE L’ON PEUT RETENIR


• La dose absorbée par un individu étant le produit du débit de dose
absorbée par le temps de présence à proximité de la source radioac-
tive, la protection contre l’exposition externe est une combinaison
de trois paramètres : éloignement des sources, écrans interposés et
temps d’exposition.
• Dans un cadre professionnel, on peut estimer les doses absorbées
en fonction de l’activité du produit radioactif et de la distance
entre la source et l’individu.
• Le débit de dose absorbée en un point, est proportionnel à l’inverse
du carré de la distance séparant ce point de celui où se trouve la
source radioactive.
• L’éloignement est donc un moyen efficace de protection et a
contrario, le débit de dose absorbée croît rapidement lorsqu’on se
rapproche de la source.
• Il ne faut jamais saisir une source radioactive avec les doigts.
• Les écrans
− Une feuille de papier ou la couche morte de l’épiderme arrête
le rayonnement alpha. Ce qui fait qu’il n’y a aucune exposition
externe.
− Une feuille d’aluminium, un centimètre d’eau ou de plexiglas
arrêtent les rayonnements bêta.
− Une feuille de plomb atténue les rayonnements X et gamma.

86 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


8. PROTECTION CONTRE
LA CONTAMINATION :
« LA SOURCE DE RAYONNEMENTS
EST SUR VOUS OU À L’INTÉRIEUR »

Les professionnels utilisent plusieurs moyens pour éviter


l’incorporation de la radioactivité ou le dépôt sur la peau ou
les cheveux d’une personne.

LA PROTECTION CONTRE LA CONTAMINATION


CORPORELLE EXTERNE
Les moyens de protection contre la contamination corporelle
externe peuvent se diviser en deux catégories : les moyens directs
et les moyens indirects.

Les moyens directs


• Port d’une tenue vestimentaire appropriée à la nature du
travail (on peut être amené à porter des vêtements de travail
particulier) (cf. figure 1) ;

87
8. PROTECTION CONTRE LA CONTAMINATION

• port de gants jetables adaptés (la manipulation des substances


radioactives à main nue est interdite) (cf. figure 1) ;
• éducation gestuelle pour travailler en limitant au maximum
la contamination des gants et pour surveiller le niveau de
contamination en cours de travail ;
• savoir retirer des gants souillés sans risque de se contaminer
les mains ou les poignets.

(a) (b) (c) (d)

Figure 1 | Tenues vestimentaires de protection. (a) gants en latex ; (b) blouse standard ;
(c) tenue coton ; (d) tenue tissu non tissé (TVVEK).

Les moyens indirects


Ce sont tous les procédés utilisés pour lutter contre la
contamination surfacique, qui ne se fixe pas et qui est facilement
déplaçable. Il s’agit alors de lutter contre la dispersion (que
l’on appelle aussi dissémination). On peut citer le confinement
des sources, la limitation de leur déplacement, le respect des
consignes dans les différentes zones (en particulier les tenues
vestimentaires), l’aménagement du lieu de travail, les contrôles
fréquents de non contamination et l’emploi de surfaces lisses
et imperméables permettant une décontamination aisée en cas
d’accident.

88 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


8. PROTECTION CONTRE LA CONTAMINATION

LA PROTECTION CONTRE L’EXPOSITION INTERNE


Les moyens visant à empêcher l’incorporation des
radionucléides sont de nature technique et réglementaire.
À titre réglementaire, dans tout local ou laboratoire où sont
manipulées des sources radioactives facilement dispersables,
l’établissement doit interdire :
• l’introduction de nourriture, de boisson, de gomme à mâcher
et de tout ustensile pour manger ou boire, (on ne fume plus
dans les lieux de travail maintenant) ;
• l’utilisation de mouchoirs personnels (l’employeur est tenu
de fournir des mouchoirs en papier).
Au niveau des moyens physiques, pour l’inhalation, ils
résident avant tout dans le confinement de la source, même
si les locaux sont ventilés (avec une filtration de l’air et une
dépression par rapport à l’air extérieur), ce n’est que pour faire
face à un accident de contamination atmosphérique. On se
place alors du point de vue de la sûreté des installations.
De même, en cas d’intervention ou de travaux pouvant amener
à la dispersion de substances radioactives, toutes les dispositions
doivent être prises pour qu’un confinement provisoire soit
réalisé et que la ventilation soit correctement installée.

89
8. PROTECTION CONTRE LA CONTAMINATION

L’ensemble des dispositifs précédents sont liés à la protection


collective. Mais ces moyens englobent également les dispositifs
individuels de protection des voies respiratoires (cf. figure 2),
étant entendu que ces équipements sont réservés aux situations
incidentelles ou accidentelles et qu’il serait parfaitement
anormal qu’ils soient utilisés en permanence dans les conditions
habituelles de travail.

(a) (b)
Figure 2 | Appareils de protection des voies respiratoires. (a) masque filtrant.
(b) appareil respiratoire individuel.

Pour l’ingestion, une éducation gestuelle vise à réprimer les


gestes réflexes tels que, par exemple, porter les doigts au nez ou
à la bouche en cours de manipulation alors que l’on est porteur
de gants contaminés.

QUE SE PASSE-T-IL EN CAS DE CONTAMINATION INTERNE ?


Le schéma, figure 3, résume le cheminement possible dans
l’organisme d’un composé radioactif en fonction de son mode
d’introduction. Pour chaque produit radioactif, la répartition
est directement liée à son caractère soluble ou non, dans le sang
ou les autres liquides corporels de l’organisme.
C’est ce que l’on définit comme la forme physico-chimique
du produit. À titre d’exemple, un oxyde, un chlorure ou un
nitrate auront des comportements différents.

90 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


8. PROTECTION CONTRE LA CONTAMINATION

Figure 3 | Cheminement possible d’un produit radioactif dans l’organisme.

Par définition, les substances insolubles dans le sang ne participent


pas aux mécanismes et franchissent faiblement les barrières
biologiques. Au contraire, les substances solubles dans le sang, dès
qu’elles sont introduites, sont absorbées et atteignent rapidement
un ou plusieurs organes qu’on appelle « organes cibles ».
Dans le cas de la respiration (dans un nuage d’aérosols
radioactifs par exemple) : on admet que 25 % environ de
l’activité respirée est immédiatement expirée. Selon la taille des
poussières en suspension dans l’air (et qui peuvent être invisibles
car de l’ordre du micron – le millième du millimètre), la fraction
retenue se partage entre les voies respiratoires supérieures (nez,
gorge, trachée, grosses bronches) et les poumons.
Un très fort pourcentage du dépôt dans les voies supérieures
est chassé vers le pharynx (action des cils vibratiles) puis dans le
tube digestif. Si la substance respirée est soluble, tout ou partie
de l’activité déposée dans les poumons est transféré dans le
sang ; si elle est insoluble elle peut se retrouver partiellement
ou totalement dans le tube digestif.

91
8. PROTECTION CONTRE LA CONTAMINATION

Le tableau 1 donne quelques ordres de grandeurs sur le


devenir des aérosols inhalés pour une taille de poussières
fréquemment rencontrée en pratique.
Tableau 1. Devenir d’un aérosol inhalé dans l’organisme.

Solubles dans Insolubles dans


Devenir
le sang (%) le sang (%)
Exhalés 25 25
Introduit rapidement
25 0
dans l’organisme
Déposé dans les
voies respiratoires puis 50 62,5
rapidement dégluti
Déposé pour
longtemps dans les 0 12,5
poumons

D’où l’importance d’agir rapidement (dans les 24 heures qui


suivent) pour les substances solubles.
Pour les gaz rares radioactifs, on peut admettre que toute
l’activité respirée est expirée. Il n’y a donc qu’un risque
d’exposition externe pour ces produits.
La connaissance de la taille des aérosols est un point important
pour déterminer l’activité incorporée.
Dans le cas de l’ingestion, les composés insolubles dans
le sang transitent dans le tube digestif et sont éliminés.
Pour les composés solubles, une fraction passe dans le sang
et, éventuellement, va se « déposer » dans un ou plusieurs
organes.
Dans le cas de la pénétration transcutanée (qui concerne
essentiellement le tritium), l’activité se retrouve dans les fluides
extracellulaires (sang, lymphe).
Si la substance est soluble, une fraction plus ou moins
importante est « déposée » dans un ou plusieurs organes

92 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


8. PROTECTION CONTRE LA CONTAMINATION

(encore nommés compartiment) et disparaît progressivement


en raison de la conjugaison de la décroissance radioactive et de
l’élimination biologique.

COMBIEN DE TEMPS GARDE-T-ON LA RADIOACTIVITÉ


DANS L’ORGANISME ?
En première approximation, on peut considérer que
l’élimination biologique d’un produit chimique (radioactif
ou non) obéit à une loi équivalente à celle de la radioactivité.
On définit ce que l’on nomme une période effective comme le
temps nécessaire pour que l’activité diminue de moitié dans le
corps.
Le tableau 2 illustre quelques exemples.
Tableau 2. Périodes pour un radionucléide donné.

Organe Période Période Période


Radionucléide
cible radioactive biologique effective

Tritium Organisme 12 ans 10 jours 10 jours


bêta faible entier
énergie
Carbone-14 Organisme 5730 ans 10 jours 10 jours
bêta faible entier
énergie
Iode-131 Thyroïde 8 jours 140 jours 7,6 jours
Bêta et gamma
Césium-137 Muscles 30 ans 140 jours 138 jours
Bêta et gamma
Plutonium-239 Os 24 100 ans 200 ans 198 ans
Alpha et X

Dans certains cas on peut aussi favoriser l’élimination.


Pour le tritium mais aussi d’autres radionucléides comme le
césium, on appliquera le slogan publicitaire « Buvez, éliminez ».

93
8. PROTECTION CONTRE LA CONTAMINATION

L’exercice physique avec transpiration et la consommation de


bière (avec modération comme il se doit) sont recommandés.
En revanche, et on le voit bien avec le plutonium, certain
produits, une fois incorporés, s’éliminent très très lentement
(donc pratiquement jamais).
Autant il existe des dosimètres (voir chapitre 4), pour le cas
de l’exposition externe, autant il est très difficile de mesurer une
« dose » dans le cas de l’exposition interne.
On parle alors de dose équivalente engagée ou dose efficace
engagée.
C’est en fait, la « dose » reçue jusqu’à disparition complète
du produit radioactif incorporé ou, à défaut, sur une durée de
50 ans par un organe, un tissu, ou l’organisme entier, pour les
travailleurs de plus de 20 ans. On comptera une durée de 70 ans
pour les moins de 20 ans.
Dans le cas le plus fréquent, la dose équivalente ou efficace
engagée, représente la dose équivalente délivrée jusqu’à
disparition complète du contaminant (période effective de
l’ordre de quelques jours).
On se base sur des modèles biocinétiques et dosimétriques
à partir d’une personne de référence qu’on appelle « l’homme
standard » ou « la femme standard ».
Le calcul des doses internes est du ressort du médecin du
travail. Cela prend parfois plusieurs semaines avant d’obtenir
le résultat. Cela dépend notamment des radionucléides mis en
jeu (cas des analyses longues pour les produits radioactifs qui
émettent des rayonnements alpha).
En pratique, l’exposition interne relève de la situation
accidentelle. L’incorporation chronique – en l’absence de toute
exposition externe – durant toute la vie professionnelle doit,
bien entendu, rester exceptionnelle.

94 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


8. PROTECTION CONTRE LA CONTAMINATION

ANECDOTE

En 1993, dans un laboratoire de recherche pharmaceutique, un


animalier qui injectait du tritium à des souris voit une de ses propres
analyses d’urines positive.
La personne compétente en radioprotection lui demande alors
de changer de poste de travail et ne plus injecter le produit
radioactif. Or, avec une période effective courte, la radioactivité
aurait dû décroître mais un mois après, l’activité reste constante.
L’organisme de contrôle de l’époque (le SCPRI) soupçonne
alors la montre radioluminescente. Effectivement, le tritium,
utilisé comme produit radioactif en mélange avec un produit
luminescent, était mal fixé sur les aiguilles. Il passait au travers
du boitier plastique de la montre (pas étanche bien entendu)
puis au travers de la peau de l’animalier (transfert cutané).
L’activité incorporée sur l’année représentait moins du centième
de la valeur limite pour une personne publique (voir le chapitre
réglementation).

L’EXPOSITION INTERNE DU PUBLIC


L’exposition du public ne peut se produire qu’à l’issue d’un
incident ou d’un accident (Fukushima par exemple).
En fonction du produit radioactif libéré dans l’air, on peut
éviter qu’il soit inhalé ou ingéré. C’est surtout le cas de l’iode
radioactif.
La prise de comprimé d’iode stable permet alors d’éviter que
l’iode radioactif ne vienne se fixer sur la thyroïde.
Suivant le principe de précaution, la réglementation impose
la distribution de comprimés d’iode stable autour des sites
nucléaires.

95
8. PROTECTION CONTRE LA CONTAMINATION

Ce « traitement préventif » ne vaut que pour l’iode. Il serait


inutile pour d’autres éléments chimiques radioactifs.

Pour en savoir plus : le lien entre le becquerel,


le gray et le sievert en exposition interne
Pour ceux, un peu plus familiarisés avec les unités et les notions
de mathématiques et de physique, voici comment on peut passer
de l’activité (Bq) à la dose efficace (mSv).
Pour illustrer ce paragraphe nous allons prendre l’exemple du
césium-137 que nous avons respiré au moment des essais nucléaires
atmosphériques et des accidents nucléaires de Tchernobyl et de
Fukushima (et pas seulement les populations locales).
Nous allons supposer une activité en suspension dans l’air, soit
1000 Bq/m3 d’air (becquerels par mètre cube d’air).
Pour faire simple, nous avons un débit de respiration de 1 m3/h et
donc sur une journée nous avons respiré 24 000 Bq.

96 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


8. PROTECTION CONTRE LA CONTAMINATION

Nous utilisons alors, des facteurs de conversion appelés « dose


par unité d’incorporation » (DPUI). Ce facteur est fonction de la
forme physique et chimique du produit et de la taille des parti-
cules en suspension dans l’air. Il a été établi par rapport à une
dose efficace en interne de 1 mSv.
Pour le césium, le facteur le plus strict est de : 3,9 × 10-8 Sv/Bq
incorporé.
Dans notre exemple, il suffit alors de faire la multiplication :
E = 3,9 × 10-8 × 24 000 = 9,36 × 10-4 Sv soit 0,94 mSv.
On verra dans la partie réglementation que la valeur limite
d’exposition du public est de 1 mSv.

CE QUE L’ON PEUT RETENIR


• Contre la contamination corporelle externe : le port d’une tenue
vestimentaire appropriée, de gants, avec une éducation gestuelle.
Il s’agit de lutter contre la dispersion (que l’on appelle aussi
dissémination).
• Contre l’incorporation des radionucléides :
− interdiction d’introduire dans les locaux où il y a un risque de
dispersion, des boissons, de la nourriture, de la gomme à mâcher ;
− confinement de la source.
• Pour les voies respiratoires, il existe des moyens de protection
collective et/ou individuelle.
• Pour l’ingestion, une éducation gestuelle vise à réprimer les gestes
réflexes.
• En cas de contamination interne, chaque produit radioactif en
fonction de son caractère soluble ou non dans le sang ou les autres
liquides corporels de l’organisme, suit un cheminement qui lui est
propre.

97
8. PROTECTION CONTRE LA CONTAMINATION

• Les substances insolubles dans le sang franchissent faiblement


les barrières biologiques ; les substances solubles dans le sang,
sont absorbées et atteignent rapidement un ou plusieurs organes
(organes cibles). Elles disparaîtront progressivement grâce à la
conjugaison de la décroissance radioactive et de l’élimination
biologique.
• À noter l’importance d’agir rapidement (dans les 24 heures qui
suivent) pour les substances solubles.
• Certains produits, une fois incorporés, ne s’éliminent pratiquement
jamais (cas du plutonium).
• Pour le calcul des doses internes, on se base sur des modèles
biologiques. On parle alors de dose équivalente engagée ou dose
efficace engagée. C’est en fait la « dose » reçue jusqu’à disparition
complète du produit radioactif incorporé ou, à défaut, sur une
durée d’au moins 50 ans.

98 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION :
« ON NE FAIT PAS CE QU’ON VEUT
AVEC LES PRODUITS RADIOACTIFS »

LES TEXTES RÉGLEMENTAIRES


La réglementation nationale en matière de radioprotection
est issue de directives européennes, elles-mêmes inspirées par
les recommandations de la Commission internationale de
protection radiologique. Cette démarche peut être illustrée par
le schéma sur la figure 1.

recommandations internationales (essentiellement CIPR)



directives européennes

réglementation nationale
(lois, décrets, arrêtés, circulaires, avis, ...)

règlements intérieurs des entreprises

Figure 1 | Processus pour la mise en place de réglementation.

99
9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

Après une réglementation par décrets et arrêtés, la


radioprotection a fait l’objet d’une codification en 2007. Ainsi,
on trouve la plupart des textes dans le code de la santé publique
et bien entendu dans le code du travail.
On retrouve dans ces textes les trois grands principes de
radioprotection : la justification, l’optimisation et la limitation
(voir chapitre 5).
• Interdiction d’ajouter des substances radioactives à certains
produits ;
• obligation de déclarer la détention de substances radioactives
au-dessus d’une certaine quantité ;
• obligation de déclarer immédiatement un incident ;
• et enfin, prise en compte de l’exposition à des substances
radioactives naturelles.
En dehors de ces textes, il existe aussi d’autres textes
importants comme celui relatif à l’obligation de maintenance
et au contrôle de qualité des dispositifs médicaux.
Enfin il convient de citer deux lois importantes :
• la loi du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la
sécurité en matière nucléaire ;
• la loi de programme du 28 juin 2006 relative à la gestion
durable des matières et déchets radioactifs.
On ne fait donc pas ce que l’on veut en matière d’utilisation
des produits radioactifs ou d’appareils émettant des
rayonnements ionisants.
Tout ceci est encadré (et même très encadré) et les
organismes de contrôle qui existent, sont chargés de vérifier
la bonne application de ces dispositions réglementaires.

100 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

Avec ces réglementations, on doit prendre en compte les


sources artificielles, mais aussi certaines sources naturelles. À
noter que pour la radioactivité naturellement présente dans
le sol ou dans les produits consommés, on ne parle pas de
« sources radioactives ».

L’AUTORITÉ DE SÛRETÉ NUCLÉAIRE (ASN)


La loi du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité
en matière nucléaire a créé une autorité indépendante, l’Autorité
de sûreté nucléaire (ASN).
L’Autorité de sûreté nucléaire est une autorité administrative
indépendante, qui participe au contrôle de la sûreté nucléaire
et de la radioprotection et à l’information du public dans ces
domaines.
Elle est dirigée par cinq commissaires (dont un est président).
Trois sont désignés par le président de la République (dont
le président de l’ASN), un par le président de l’Assemblée
nationale et un par le président du Sénat.
Elle est consultée sur les projets de textes réglementaires.
Elle peut aussi prendre des décisions réglementaires à caractère

101
9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

technique pour compléter les modalités d’application des


décrets et arrêtés pris en matière de sûreté nucléaire ou de
radioprotection, à l’exception de ceux ayant trait à la médecine
du travail. Ces textes sont ensuite publiés au Journal Officiel.
L’ASN assure le contrôle du respect des règles générales et
des prescriptions particulières en matière de sûreté nucléaire
et de radioprotection auxquelles sont soumises les installations
nucléaires, les installations industrielles et médicales utilisant des
sources radioactives. L’ASN contrôle également les transports de
substances radioactives et les sites où la radioactivité naturelle a
fait l’objet d’une exploitation ou d’une utilisation.
Elle désigne parmi ses agents, les inspecteurs de la sûreté
nucléaire et les inspecteurs de la radioprotection (environ 450).
Elle délivre les agréments requis aux organismes qui
participent aux contrôles et à la veille en matière de sûreté
nucléaire ou de radioprotection.
L’ASN est associée à la gestion des situations d’urgence
radiologique résultant d’événements de nature à porter atteinte
à la santé des personnes et à l’environnement, par exposition aux
rayonnements ionisants et survenant en France ou susceptibles
d’affecter le territoire français. Le centre de crise de l’ASN a
fonctionné pendant plusieurs jours suite à l’accident nucléaire
de Fukushima.
De ce fait, elle participe aussi à l’information du public dans
les domaines de sa compétence, en situation de crise mais
également en situation normale. Par exemple, les résultats des
inspections sont rendus publics sur le site Internet de l’ASN.

L’AUTORITÉ DE SÛRETÉ NUCLÉAIRE DÉFENSE (ASND)


En tant que deuxième exploitant du nucléaire français, le
ministère de la Défense veille au quotidien à la sécurité des
professionnels civils et militaires, des sites contribuant à la
pérennité de la dissuasion nucléaire.

102 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

Depuis 2001, un délégué à la sûreté nucléaire et à la


radioprotection pour les activités et installations intéressant la
défense (DSND) a été institué auprès du ministre de la Défense
et du ministre chargé de l’Industrie.
L’ASND agit en cohérence et en coordination avec ASN.
Comme son homologue civil, elle définit la réglementation
en matière de sécurité nucléaire militaire. Au quotidien, elle met
en œuvre les contrôles visant à son application.
Elle est également chargée d’étudier et de proposer aux
ministres, la politique de sûreté nucléaire applicable aux
installations et activités nucléaires intéressant la défense.

L’INSTITUT DE RADIOPROTECTION ET DE SÛRETÉ


NUCLÉAIRE (IRSN)
L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
(IRSN) est un établissement public à caractère industriel
et commercial (EPIC). Il assure des missions d’expertise
et de recherche dans les domaines de la sûreté nucléaire,
de la sûreté des transports de matières radioactives, de la
protection de l’homme et de l’environnement contre les
rayonnements ionisants.
L’IRSN est donc un des appuis techniques de l’ASN et des
départements ministériels qui en feront la demande pour tout
ce qui concerne la sûreté nucléaire et la radioprotection.

L’INSPECTION DU TRAVAIL
L’inspection du travail contrôle les conditions d’hygiène et de
sécurité dans tous les domaines (environ 1500 agents).
On peut comparer le nombre des inspecteurs du travail par
rapport à ceux de l’ASN (1500/450).

103
9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

Une question peut se poser légitimement : accorde-t-on


suffisamment de ressources à l’inspection du travail, compte
tenu du nombre de décès liés à l’activité professionnelle par
rapport à l’ensemble du domaine nucléaire ?
Il y a eu 552 décès professionnels en 2011 et près de 30 % dans
le domaine du bâtiment par rapport au 0 décès lié à l’exposition
aux rayonnements ionisants.

LES AUTRES ORGANISMES


Il existe un grand nombre d’autres organismes nationaux, à
vocation d’assistance, de prévention, de contrôle. On peut citer,
entre autres :
• CNAM – CRAM : Caisses nationale ou régionale d’assurance
maladie, pour la gestion de la politique de prévention des
accidents du travail et des maladies professionnelles ;
• INRS – Institut national de recherche et de sécurité :
organisme d’assistance et de prévention en matière de risque
au niveau individuel ;
• DDSC – Direction de la défense et de la sécurité civile qui
coordonne et met en œuvre les moyens de secours ;
• DREAL – Direction régionale de l’environnement, de
l’aménagement et du logement.
Il y a ensuite des organismes privés agréés, organismes
auxquels les entreprises font appel pour effectuer des contrôles
réglementaires dans le domaine relatif aux rayonnements
ionisants. On trouve la liste sur le site Internet de l’ASN qui
délivre l’agrément.
Pour les entreprises de plus de 50 salariés, l’employeur
doit mettre en place un comité d’hygiène et de sécurité et des
conditions de travail (CHSCT). Cette instance peut demander
des informations sur l’organisation de la radioprotection (et en
particulier les contrôles en interne) et rendre des avis.

104 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

QUESTION

Que risque-t-on si la réglementation n’est pas appliquée ?

Si vous ne respectez pas un des articles des codes (Santé


Publique ou Travail) les « contrôleurs » (qu’ils soient inspecteurs
de l’ASN ou inspecteurs du travail) peuvent choisir d’appliquer
des sanctions graduées. Cela va d’une mise en demeure, à une
interruption temporaire de l’activité, un procès-verbal et, au
final, une instruction par le procureur de la république si ce
dernier estime que cela est nécessaire.
À titre d’exemple, si un salarié dépasse une limite d’exposition,
l’employeur peut encourir une amende de 15 000 euros et un an
de prison avec sursis.

LES EMPLOYEURS ET L’ORGANISATION


DE LA RADIOPROTECTION
Dans le cadre de déclaration ou d’autorisation à détenir,
utiliser, stocker, etc. des substances radioactives ou des
appareils émettant des rayonnements ionisants, l’employeur
est tenu de mettre à disposition de la personne responsable
en direct de l’utilisation et de la détention de ces produits,
tous les moyens nécessaires pour atteindre et maintenir un
niveau optimal de protection de la population contre les
rayonnements ionisants, dans le respect des prescriptions
réglementaires qui lui sont applicables.
En outre, il met en œuvre un contrôle interne visant à
assurer le respect des dispositions applicables en matière
de protection contre les rayonnements ionisants et, en
particulier, il contrôle l’efficacité des dispositifs techniques
prévus à cet effet, réceptionne et étalonne périodiquement
les instruments de mesure et vérifie qu’ils sont en bon état et
utilisés correctement.

105
9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

Selon l’importance du risque, l’employeur désigne une


ou plusieurs personnes compétentes en radioprotection
(voir chapitre 5) chargées d’assurer la protection contre les
rayonnements ionisants.
L’aptitude permanente du service compétent ou de la
personne compétente à remplir ses missions, relève de la
responsabilité de l’employeur.
Ces personnes ont pour principales tâches :
• l’étude des postes de travail et le recensement des situations
« à risques ». Cela amène à faire un classement pour les
travailleurs ;
• la rédaction d’une fiche sur les conditions de travail de la
personne exposée. Celle-ci sera transmise au médecin du
travail pour qu’il effectue le classement radiologique de la
personne ;
• la surveillance radiologique des locaux et du personnel
(contrôle d’exposition externe, de contamination,
d’ambiance, etc.) ;
• la mise en place des signalisations (zonage) ;
• l’élaboration d’un plan de prévention ;
• la formation et l’information de toute personne susceptible
d’intervenir en présence de source radioactive.
L’employeur est responsable de la prévention. Une attention
particulière est portée au respect du « système de protection »
reposant sur les trois principes de base déjà énoncés.
Toutes ces actions se soldent par l’élaboration de documents
qui doivent pouvoir être présentés à l’ASN ou à l’inspection du
travail sur simple demande.
L’employeur a également la responsabilité d’informer les
salariés qui sont amenés à travailler en présence du risque
radiologique. Il doit remettre une notice d’information écrite à
tout travailleur affecté dans les zones qu’on appelle les « zones
réglementés » (on n’y entre pas n’importe comment).

106 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

Cette notice doit expliquer :


• les dangers présentés par l’exposition aux rayonnements
ionisants ;
• les dangers présentés par les postes de travail ;
• les moyens mis en œuvre pour s’en prémunir ;
• les méthodes de travail offrant les meilleures garanties de
sécurité ;
• les garanties qu’apportent les mesures physiques et les
examens médicaux périodiques ;
• les attitudes à tenir en cas de situation incidentelle ou
accidentelle.

LES LIMITES D’EXPOSITION


D’après les recommandations de la CIPR pour les
professionnels (travailleurs exposés), en limitant à 500 mSv
l’exposition « annuelle » d’un tissu ou organe, on se prémunit
contre l’apparition de tout effet déterministe, exception faite
de la cataracte, le cristallin étant un organe plus radiosensible

107
9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

(voir chapitre 3). D’ailleurs sa valeur limite est plus faible et va


bientôt passer à 20 mSv sur 12 mois.
La limite de 100 mSv sur 5 ans associée à la recommandation de
« maintenir les expositions au plus bas niveau raisonnablement
possible » vise à réduire l’apparition des effets aléatoires à un
niveau socialement acceptable (cf. tableau 1).
Tableau 1. Limites réglementaires sur 12 mois consécutifs pour les travailleurs.

Exposition Dose efficace


Organisme entier
globale = 20 mSv
Dose équivalente
Peau
Exposition = 500 mSv
Extrémités (mains, pieds, ...)
partielle = 500 mSv
Cristallin
= 150 mSv

L’ensemble de ces limites s’applique indifféremment aux


travailleurs des deux sexes âgés de plus de 18 ans. En ce
qui concerne les femmes enceintes, l’exposition reçue par
l’abdomen entre la déclaration de grossesse et l’accouchement
devra être aussi réduite que possible et dans tous les cas rester
inférieure à 1 mSv.
Dans le cas de l’exposition du public ou des travailleurs non
exposés (essentiellement liée à une situation anormale, incident
ou accident dans le domaine des rayonnements ionisants), on
définit d’autres valeurs limites (cf. tableau 2).
Tableau 2. Limites réglementaires sur 12 mois consécutifs pour le public.

Dose efficace
Exposition globale Organisme entier
= 1 mSv
Dose équivalente
Exposition Peau
= 50 mSv
partielle Cristallin
= 15 mSv

Pour surveiller l’exposition externe, les dosimètres (voir


chapitre 4) doivent être portés par les travailleurs.

108 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

Les dosimètres ne servent qu’à mesurer l’exposition


professionnelle. Ils se portent pendant les heures de travail au
niveau de la poitrine, en dessous des protections individuelles
que les opérateurs sont amenés à revêtir.
En dehors de l’activité, ils doivent être rangés dans un
emplacement prévu à cet effet où il n’y a pas de risque d’exposition.
En ce qui concerne l’exposition interne, les calculs peuvent
s’avérer complexes (voir chapitre 7).
La contamination interne du personnel peut être déterminée
après analyse de l’activité volumique (quantité de becquerels par
mètre cube d’air) et du temps de présence dans une atmosphère
contaminée (cas de l’inhalation). On procède alors à des examens
radiotoxicologiques liés à la nature des produits radioactifs :
• analyse d’urine (exemple : analyse des produits radioactifs
émettant des rayonnements bêta) ;
• analyse des selles (exemple : analyse des produits radioactifs
émettant des rayonnements alpha) ;
• anthropogammamétrie (exemple : mesure des produits radioactifs
émettant des rayonnements gamma) (voir chapitre 4).

LES CATÉGORIES DE TRAVAILLEURS


Tout travailleur dont l’exposition est susceptible de dépasser
un dixième de l’une des limites « annuelles » indiquées dans le
paragraphe précédent ou 1 mSv pour la dose efficace, doit être
classé par l’employeur dans l’une des deux catégories suivantes :
• les travailleurs susceptibles de recevoir dans les conditions
habituelles de travail, une dose efficace supérieure à 6 mSv
par an ou une dose équivalente supérieure aux trois dixièmes
des limites annuelles d’exposition, sont classés par le chef
d’établissement dans la catégorie A, après avis du médecin
du travail. Les femmes enceintes et les travailleurs de moins
de 18 ans ne peuvent être affectés à des travaux qui requièrent
un classement en catégorie A ;

109
9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

• les travailleurs exposés aux rayonnements ionisants ne


relevant pas de la catégorie A, sont classés en catégorie B. À
noter que les travailleurs susceptibles de ne pas être exposés
à plus de 1 mSv (en dose efficace) dans des conditions
normales de travail, peuvent être considérés comme des
travailleurs non exposés.
Tout cela résulte de l’étude de poste menée par le service ou
la personne compétente en radioprotection.
Le but essentiel de cette classification est de distinguer les
travailleurs les plus exposés afin de renforcer leur surveillance
dosimétrique et médicale.
Pour le personnel de catégorie A, la dosimétrie passive
est individuelle et nominative. Le dosimètre est renouvelé
mensuellement.
Le personnel de catégorie B doit disposer d’une dosimétrie
passive individuelle et nominative. La durée de port est au
maximum trimestrielle.
La notion de « conditions habituelles de travail » impose
d’apprécier la part des expositions potentielles qui doivent être
incluses dans la définition de ces conditions habituelles : une
exposition résultant d’un incident à probabilité d’apparition
élevée, sera naturellement à prendre en compte (cf. tableau 3).

Tableau 3. Doses limites en fonction de la catégorie des travailleurs.

< 1/10e
des limites < 3/10e des limites < 1 limite > 1 limite
annuelles ou annuelles annuelle annuelle
1 mSv

Personnes du Travailleurs de
public catégorie B
Travailleurs de
catégorie A
Travailleurs non Étudiants, apprentis
exposés âgés de 16 à 18 ans

À noter : ne sont considérées que les limites d’exposition définies pour les travailleurs. Le clas-
sement n’est qu’un repère pour adapter la surveillance des doses et la surveillance médicale.

110 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

LA SIGNALISATION DES ZONES DE TRAVAIL


Le service ou la personne compétente en radioprotection
ayant procédé à une évaluation des risques (par les études de
postes), l’employeur délimite autour de la source :
1°- Une zone surveillée (cf. figure 2) dès lors que les travailleurs
sont susceptibles de recevoir, dans les conditions normales de
travail, une dose efficace dépassant 1 mSv par an ou bien une
dose équivalente dépassant un dixième de l’une des limites de
doses équivalentes.
Zone surveillée

Accès réglementé

Figure 2 | Signalisation d’une zone surveillée.

Vous avez probablement vu cette signalisation chez votre


dentiste ou dans un cabinet de radiologie par exemple.
2°- Une zone contrôlée (cf. figure 3) dès lors que les travailleurs
sont susceptibles de recevoir, dans les conditions normales de
travail, une dose efficace de 6 mSv par an ou bien une dose
équivalente dépassant trois dixièmes de l’une des limites fixées.
Zone contrôlée

Accès réglementé

Figure 3 | Signalisation d’une zone contrôlée.

À l’intérieur de la zone contrôlée et lorsque l’exposition est


susceptible de dépasser certains niveaux (fixés notamment selon
des débits de dose et la contamination radioactive), l’employeur

111
9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

doit prendre des dispositions pour que soient délimitées des


zones spécialement réglementées ou interdites. Ces zones font
l’objet d’une signalisation distincte (cf. figures 4 et 5) et de
règles d’accès particulières.
Zone contrôlée Zone contrôlée

Accès réglementé Accès réglementé

Figure 4 | Signalisation d’une zone spécialement contrôlée. On n’entre pas dans ces
zones sans autorisation préalable.

Zone contrôlée

Accès interdit

Figure 5 | Signalisation d’une zone où l’accès est interdit.

L’employeur, et par conséquent les radioprotectionnistes,


doivent s’assurer que la zone contrôlée ou la zone surveillée
soient toujours convenablement délimitées. Ils apportent les
modifications nécessaires à la délimitation de la zone en cas
de besoin, après des mesures réalisées avec les appareils de
radioprotection.
Tout travailleur intervenant en zone surveillée doit porter
un dosimètre passif.
Tout travailleur intervenant en zone contrôlée doit en plus,
porter un dosimètre actif (voir chapitre 4).
Il faut que les rayonnements ionisants émis soient
suffisamment énergétiques pour traverser les petites fenêtres
des dosimètres.

112 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

Dans le cas où il y a un risque d’exposition interne, il faut réaliser


des mesures sur les contaminations surfaciques et atmosphériques.

LA SIGNALISATION DES SOURCES DE RAYONNEMENTS


Pour visualiser les sources de rayonnements comme les
sources radioactives ou les générateurs de rayonnements, on
utilise le trisecteur noir sur fond jaune (cf. figure 6).

Figure 6 | Signalisation de sources de rayonnements.

LES CONTRÔLES EN RADIOPROTECTION


Pour répondre aux autorités de contrôle, l’employeur doit
aussi, en interne, faire procéder à des contrôles réguliers et en
présenter les résultats.
Le service compétent ou la personne compétente en
radioprotection, procède à un contrôle technique de
radioprotection des sources radioactives, des appareils émetteurs
de rayonnements ionisants, des dispositifs de protection et
d’alarme ainsi que des instruments de mesure utilisés.
C’est le cas par exemple pour tous les appareils de mesure
décrits dans le chapitre 4.
Les contrôles techniques s’appliquent également aux locaux. Ils
concernent en premier lieu, les zones réglementées (signalisations)
mais aussi tous les locaux adjacents et les zones en extérieur.
Des contrôles sur l’environnement sont même obligatoires
pour certains types d’installations (les installations nucléaires).

113
9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

En plus des contrôles internes à l’entreprise, l’employeur


doit faire appel à un organisme extérieur agréé par l’ASN ou à
l’IRSN, pour faire des contrôles supplémentaires.
Tous les contrôles font l’objet de rapports écrits, qui doivent
être conservés par l’employeur pendant au moins dix ans.
En ce qui concerne les sources radioactives et appareils qui
émettent des rayonnements ionisants, l’employeur transmet à
l’IRSN, au moins une fois par an, un relevé de ce qui est utilisé
ou stocké dans son établissement.

LE MÉDECIN DU TRAVAIL ET LA SURVEILLANCE MÉDICALE


Le médecin du travail est un acteur essentiel dans la prévention.
Les travailleurs exposés font l’objet d’un examen médical
périodique. Pour les travailleurs de catégorie A, cet examen a
lieu au moins tous les ans et pour les travailleurs de catégorie B,
au moins tous les deux ans.

114 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

Une fiche médicale d’aptitude au poste de travail est délivrée


après une visite médicale. Le médecin du travail détient un
dossier médical individuel qui contient :
• une fiche d’exposition récapitulant tous les risques auxquels
est soumis le travailleur ;
• les dates et les résultats des examens médicaux ;
• les relevés des doses.
Les relevés des doses incluent les résultats de la dosimétrie
passive (résultats envoyés au médecin du travail par l’organisme
qui vend les dosimètres), la dosimétrie active (fournie par la
personne compétente ayant cette mission) et des examens
radiotoxicologiques.
Les résultats des doses sont inclus dans une base de données
nationale, le système SISERI (système d‘information de la
surveillance des expositions aux rayonnements ionisants) tenu
à jour par l’IRSN.
Le médecin du travail et la personne compétente en
radioprotection, collaborent pour optimiser les doses reçues
par les travailleurs :
• études de poste de travail ;
• actualisation de la fiche d’exposition ;
• propositions quant au choix des équipements de protection
individuelle ;
• participation à l’information des travailleurs sur les risques
potentiels pour la santé de l’exposition aux rayonnements
ionisants.
Les femmes sont invitées à déclarer leur grossesse le plus tôt
possible au médecin du travail.
Le dossier médical sera gardé 50 ans après la cessation
d’activité pour une éventuelle reconstitution de dose, en cas de
déclaration de maladie professionnelle. Une carte individuelle
de suivi médical est remise par le médecin du travail à tout
travailleur de catégorie A ou B.

115
9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

LES SITUATIONS ANORMALES


Dans le cas d’un dépassement de limites d’exposition,
l’employeur en informe l’inspecteur du travail et le CHSCT. Il
précise les causes présumées, les circonstances et les mesures
envisagées pour éviter le renouvellement de ce dépassement.
L’employeur informe également, selon le cas, l’ASN ou le
DSND pour les activités et installations intéressant la Défense.
Le médecin du travail prend toute disposition qu’il estime utile.
Pendant la période où la dose reçue demeure supérieure à
l’une des valeurs limites, le travailleur bénéficie des mesures de
surveillance médicale applicables aux travailleurs de la catégorie A.
Pendant la période où la dose reçue demeure supérieure
à l’une des valeurs limites, si le travailleur est titulaire d’un
contrat de travail à durée déterminée (CDD) ou d’un contrat
de travail temporaire (intérimaire), il ne peut être affecté,
pendant la prorogation ou l’exécution du contrat, à des travaux
l’exposant aux rayonnements ionisants sauf en cas de situation
d’urgence radiologique.
C’est une spécificité française que l’on appelle le « prorata
temporis ». Il s’agit de surveiller d’une manière plus étroite
l’exposition des travailleurs que l’on qualifie de « précaires » (en
contrats à durée déterminée – CDD – ou ceux qui sont en intérim).
Dans certains cas, mais cela fait très longtemps que ça n’est
pas arrivé en France, on pourrait être amené à intervenir dans
des situations d’exposition exceptionnelle. Ces expositions
sont soumises à autorisation spéciale et ne peuvent intervenir
qu’après accord de l’inspecteur du travail.
Les travaux ou les opérations exposant aux rayonnements
ionisants dans les situations soumises à autorisation spéciale ou
d’urgence radiologique (comme ce qui s’est passé à Fukushima),
ne peuvent être confiés qu’aux travailleurs de catégorie A,
volontaires, ne présentant pas d’inaptitude médicale, inscrits
sur une liste préalablement établie à cet effet et ayant reçu une

116 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

information appropriée sur les risques et les précautions à


prendre pendant les travaux ou l’opération.
Pour tous les établissements qui ont des dossiers de
déclaration ou d’autorisation de détention, d’utilisation, de
stockage de substances radioactives ou d’appareils émettant des
rayonnements ionisants, l’employeur déclare tout événement
significatif.
Un document ASN fixe les critères pour définir ce qu’est un
événement significatif ainsi que les critères de déclaration et de
gestion de ces événements par l’employeur, compte tenu de la
nature et de l’importance du risque.

CE QUE L’ON PEUT RETENIR


• La réglementation nationale en matière de radioprotection est issue de
directives européennes. La plupart des textes sont inclus dans le code
de la santé publique et dans le code du travail.
• Des organismes de contrôle sont chargés de vérifier la bonne appli-
cation de ces dispositions réglementaires : l’ASN, l’ASND, l’IRSN,
l’inspection du travail.
• Dans le domaine professionnel, l’employeur doit :
− mettre en œuvre un contrôle interne ;
− selon l’importance du risque, désigner une ou plusieurs personnes
compétentes en radioprotection ;
− informer les salariés qui sont amenés à travailler en présence du
risque radiologique.
• Pour les travailleurs, la limite réglementaire sur 12 mois consé-
cutifs est de 20 mSv au niveau de l’organisme entier, de 500 mSv
pour la peau et les extrémités et de 150 mSv pour le cristallin
(prochainement 20 mSv).
• Pour le public, la valeur limite est de 1 mSv au niveau de l’orga-
nisme entier sur 12 mois consécutifs (neuf mois pour les femmes
enceintes).

117
9. NOTIONS SUR LA RÉGLEMENTATION

• Dans le domaine professionnel, selon l’importance du risque, on


définit des catégories de travailleurs (A ou B). Le but essentiel de
cette classification est de distinguer les travailleurs les plus exposés
afin de renforcer leur surveillance dosimétrique et médicale.
• La signalisation des zones de travail permet de graduer le risque. Il
existe des zones surveillées et des zones contrôlées, repérées avec
un code couleur. Certaines zones sont spécialement réglementées
voire interdites. Tout travailleur intervenant en zone surveillée ou
contrôlée doit porter un (ou des) dosimètre(s).
• Les zones de travail, les sources et les équipements font l’objet
de contrôles techniques réguliers par le service compétent ou la
personne compétente en radioprotection et par des organismes
externes.
• Les travailleurs exposés font l’objet d’un examen médical périodique.
Le médecin du travail détient un dossier médical individuel qui sera
conservé 50 ans après la cessation d’activité pour une éventuelle
reconstitution. Les résultats des doses sont inclus dans une base de
données nationale, le système SISERI.
• Dans le cas d’une situation anormale l’employeur est tenu de la
déclarer à l’ASN selon la nature et l’importance du risque.

118 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


10. LES SOURCES NATURELLES DE
RAYONNEMENTS QUI NOUS ENTOURENT :
« AH ! C'EST RADIOACTIF ? »

Nous l’avons dit dans le premier chapitre : la radioactivité,


c’est naturel ! C’est aussi artificiel et l’homme en a trouvé de
nombreuses applications. Mais ce n’est pas parce que c’est
naturel qu’il n’y a pas d’obligations !

ORIGINE DES ÉLÉMENTS RADIOACTIFS


Prenons le cas de cet élément radioactif naturel qu’est l’uranium.
L’uranium est un métal relativement répandu dans l’écorce
terrestre. Comme la plupart des métaux, il se trouve dans les
roches, combiné à d’autres éléments chimiques.
Mais d’où vient-il ? Il provient de la mort d’une étoile,
comme tous les autres éléments chimiques, même ceux qui
NOUS composent.
Le Soleil est un énorme réacteur à fusion thermonucléaire
incontrôlée. La fusion s’accompagne d’un fort dégagement
d’énergie. Les noyaux d’hydrogène se collent entre eux pour
donner des noyaux d’hélium. L’étoile va évoluer de stade en
stade en collant les atomes d’hélium puis de carbone, etc.

119
10. LES SOURCES NATURELLES DE RAYONNEMENTS QUI NOUS ENTOURENT

Figure 1 | Nous sommes tous de la poussière d’étoiles.

L’atome le plus stable de l’univers en matière de cohésion,


est celui du fer possédant 26 protons et 30 neutrons, le fer-56.
La mort des étoiles provoque ensuite la dispersion de ces
atomes légers.
Mais une autre possibilité est observable : une supernova.
Les atomes de toutes dimensions se collent les uns aux autres et
c’est ainsi qu’apparaissent les atomes lourds comme l’uranium.

LES SOURCES COSMIQUES


Les rayonnements cosmiques proviennent de l’espace, en
particulier du Soleil.

Plus on se rapproche des pôles, plus le rayonnement cosmique


est important.

120 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


10. LES SOURCES NATURELLES DE RAYONNEMENTS QUI NOUS ENTOURENT

En France, au niveau de la mer, la dose efficace (reçue par le


corps entier) moyenne est d’environ 0,4 mSv par an.
Elle augmente lorsque l’on s’élève en altitude : elle double à
1500 mètres et un trajet aller et retour en avion entre Paris et
New York, correspond à une dose reçue de 0,06 mSv.
Les personnels des compagnies aériennes sont d’ailleurs
maintenant considérés comme des personnes exposées
aux rayonnements ionisants. La dose moyenne reçue par ce
personnel en France est d’environ 2,2 mSv par an.
La variation des débits de dose (efficace) due aux rayonnements
cosmiques est donnée dans le tableau 1.
Tableau 1. Débits de doses en fonction de l’altitude.

DÉBITS DE DOSES EN µSv/h


ALTITUDE (en mètres)
Équateur 30° 50°

0 0,35 0,4 0,5

2 000 1 1,3 1,7


5 000 4 6 8
1 0000 14 23 45

Pour les astronautes, cosmonautes et autres spationautes, les


doses efficaces reçues dans l’espace sont conséquentes puisque
sur la station spatiale internationale, ils reçoivent de l’ordre de
1 mSv par jour.

LES SOURCES TELLURIQUES


Les rayonnements telluriques sont issus des éléments
radioactifs naturels comme l’uranium, le thorium et le
potassium contenus dans le sol. Leurs très longues périodes
radioactives (4,5 milliards d’années pour l’uranium-238,
1,3 milliard d’années pour le potassium-40) expliquent qu’ils
n’ont pas encore disparu depuis leur création.

121
10. LES SOURCES NATURELLES DE RAYONNEMENTS QUI NOUS ENTOURENT

En France, cette source tellurique provoque en moyenne,


pour chacun de nous, une dose d’environ 0,4 mSv par an.
Cette composante est très variable d’une région à l’autre et
dépend de la nature des sols. Elle est ainsi plus élevée dans
les régions granitiques que dans les zones sédimentaires, où la
concentration en uranium et en thorium est plus faible.

L’ABSORPTION D’ÉLÉMENTS RADIOACTIFS NATURELS


Nous absorbons en respirant ou en mangeant des produits
radioactifs naturels.
Comme pour l’eau, les concentrations en radionucléides des
produits alimentaires sont faibles dans les différents milieux
de l’environnement. Les radionucléides se déplacent plus ou
moins facilement dans les chaînes alimentaires, en fonction de
leurs formes physiques et chimiques.
On retrouve essentiellement le potassium-40 qui représente
90 % de la radioactivité des aliments.
En employant certains engrais (phosphatés par exemple),
on incorpore dans le sol un « supplément » de radioactivité
naturelle, mais les radionucléides concernés, l’uranium-238 et
le radium-226, ne touchent pas beaucoup l’homme car ils sont
mal transférés dans les chaînes alimentaires.
À noter une concentration de polonium-210 (en faible
quantité cependant) dans les crustacés et les mollusques.

LE RADON
Un descendant radioactif comme le radium-226 est produit
en permanence par la désintégration de l’uranium-238. Celui-
ci se transforme à son tour, lentement, en un gaz radioactif, le
radon-222, qui va émaner des sols dans l’air que nous respirons.
À lui seul, il constitue plus du tiers de l’exposition naturelle
reçue en France. Il est aussi plus important dans les régions
granitiques.

122 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


10. LES SOURCES NATURELLES DE RAYONNEMENTS QUI NOUS ENTOURENT

La figure 2 montre une carte de France sur les émanations


en radon.

Figure 2 | Carte de France donnant l’activité volumique du radon.

Le radon a été reconnu en 1996 par l’Organisation mondiale


de la santé (OMS) comme un cancérigène pulmonaire avéré.
L’Institut de veille sanitaire (InVS) estime que quelques milliers
de cancers du poumon sont dus au radon. L’analyse est délicate
car en cas de facteurs de risques supplémentaires (comme le
tabac !), le risque est accru de manière multiplicative… Radon
et tabac forment une très mauvaise association.
Aujourd’hui, la réglementation impose de réaliser des mesures
sur les lieux de travail et dans les établissements qui reçoivent
du public comme les hôpitaux, les établissements scolaires, les
maisons de retraite, etc.
L’employeur ou le responsable de l’établissement doit faire
réaliser des mesures de l’activité volumique en radon. Lorsque
les mesures effectuées révèlent une activité volumique moyenne
annuelle de radon supérieure à 400 Bq/m3, l’employeur doit
mettre en œuvre les actions techniques pour réduire l’exposition
des travailleurs (en appliquant aussi le principe d’optimisation :
aussi bas que raisonnablement possible).

123
10. LES SOURCES NATURELLES DE RAYONNEMENTS QUI NOUS ENTOURENT

Ces actions peuvent consister en :


• des actions simples telles que la vérification de l’état de
la ventilation ou l’amélioration ou le rétablissement de
l’aération naturelle ;
• un diagnostic des bâtiments et ouvrages ;
• des investigations complémentaires afin d’identifier la
source ainsi que les voies d’entrée et de transfert du radon
dans les bâtiments et ouvrages ;
• la réalisation de travaux de remédiation.
Il doit ensuite refaire des mesures pour prouver que les
travaux de remédiation ont été efficaces.
Au-dessus d’une activité de 1 000 Bq/m3, il faut mettre en place
toute la réglementation applicable aux substances artificielles.
Pour les lieux de travail, sont concernées par ces mesures,
les activités ou catégories d’activités professionnelles indiquées
ci-dessous, dès lors qu’elles s’exercent au moins une heure par
jour dans des lieux souterrains :
• entretien et surveillance de voies de circulation, d’aires de
stationnement ;
• entretien, conduite et surveillance de matériels roulants
ou de véhicules ;
• manutention et approvisionnement de marchandises ou
de matériels ;
• activités hôtelières et de restauration ;
• entretien et organisation de visite de lieux à vocation
touristique, culturelle ou scientifique ;
• maintenance d’ouvrage de bâtiment et de génie civil ainsi
que de leurs équipements ;
• activités professionnelles exercées dans des établissements
ouverts au public.

124 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


10. LES SOURCES NATURELLES DE RAYONNEMENTS QUI NOUS ENTOURENT

L’ASN a lancé des inspections en France, dans ces


établissements, pour savoir quelle était l’exposition des employés.
Cela peut concerner les départements en orange ou rouge
dans la carte réalisée par l’IRSN (cf. figure 2) où l’on sait qu’il y a
du radon, mais aussi des lieux où il y a beaucoup de béton. Il est
fréquent que des éléments de construction en béton déclenchent
les portiques de détection en entrée de site nucléaire.
En effet, certains bétons contiennent de l’uranium et du
thorium qui par désintégration, produisent du radon.
Exemples de déclenchements dus à des produits radioactifs
naturels au CEA :
• mai 2007 : blocs de céramique neufs, dix fois le bruit de
fond ;
• juillet 2007 : 21 palettes de carrelage neuf ; trois fois le
bruit de fond ;
• avril 2008 : caniveaux de béton, deux fois le bruit de fond.

ANECDOTE

En 2008, la société SOCATRI a effectué un rejet accidentel


d’uranium dans de petits ruisseaux, sans beaucoup de débits, aux
alentours de l’usine.
Les principes de sûreté n’avaient pas bien été respectés et
74 kilogrammes d’uranium étaient sortis du périmètre de
l’installation, valeur au-dessus de l’autorisation de rejet annuelle
(décidée par l’ASN et publiée au Journal Officiel).
Comme nous l’avons dit, la radioactivité est naturelle et il y en a
en particulier de l’uranium et du thorium dans le granit que l’on
trouve en montagne (Massif Central et Alpes par exemple).
Question : À votre avis quelle masse d’uranium, le Rhône et ses
affluents emmènent-ils dans la mer méditerranée chaque année ?
Réponse : 100 tonnes ! Et personne n’y pourra jamais rien.

125
10. LES SOURCES NATURELLES DE RAYONNEMENTS QUI NOUS ENTOURENT

LES INDUSTRIES OÙ IL Y A PRÉSENCE DE RADIOACTIVITÉ


L’activité de certaines industries induit la présence de
produits radioactifs naturels. Elles ont même été identifiées
dans la réglementation :
1. la combustion de charbon en centrales thermiques ;
2. le traitement des minerais d’étain, d’aluminium, de cuivre,
de titane, de niobium, de bismuth et de thorium (vous en
trouverez si vous aimez le bricolage dans certaines baguettes
de soudure) ;
3. la production de céramiques réfractaires et les activités de
verrerie, fonderie, sidérurgie et métallurgie en mettant en
œuvre (voir exemples déclenchement de portique) ;
4. la production ou l’utilisation de composés comprenant du
thorium ;
5. la production de zircon et de baddaleyite, et les activités
de fonderie et de métallurgie en mettant en œuvre (nous
avons trouvé de la radioactivité dans de la peinture d’avion
et, plus exotique, dans des pierres précieuses artificiellement
colorées) ;
6. la production d’engrais phosphatés et la fabrication d’acide
phosphorique (si vous en avez l’occasion, faites des mesures
sur les engrais de jardin…) ;
7. le traitement du dioxyde de titane ;
8. le traitement des terres rares et la production de pigments
en contenant ;
9. le traitement d’eau souterraine par filtration destinée à la
production :
• d’eaux destinées à la consommation humaine,
• d’eaux minérales.
10. les établissements thermaux. L’ASN a lancé des inspections
en France, dans ces établissements, pour savoir quelle était
l’exposition des employés.

126 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


10. LES SOURCES NATURELLES DE RAYONNEMENTS QUI NOUS ENTOURENT

Pour les eaux de boisson, certaines d’entre elles venant du


massif central, contiennent de la radioactivité naturelle. L’IRSN
a mené des études comparatives sur ce sujet.
Les producteurs devraient d’ailleurs mentionner la valeur et
la nature du produit radioactif, quand il y a plus d’un becquerel
par litre.

Figure 3 | Fini le temps de la publicité (réelle ou « folklorique ») !

LES PRODUITS RADIOACTIFS DE NOTRE PROPRE CORPS


Les produits naturellement radioactifs que nous inhalons et
ingérons, se fixent dans l’organisme. Ce sont pour l’essentiel
le carbone-14 et le potassium-40. Ils représentent environ
9 000 becquerels selon la corpulence. De ce fait, notre corps
délivre une dose moyenne de 0,3 mSv par an.
C’est avec le carbone-14 que l’on peut réaliser la datation
d’éléments qui ont été vivants.
Vous trouverez beaucoup de documentations concernant
les doses reçues par une personne du public. Celles-ci peuvent
indiquer des doses moyennes différentes. C’est surtout l’ordre
de grandeur qui est important et qu’il convient d’avoir en
tête notamment par rapport aux « doses » reçues dues à des
produits artificiels.

127
10. LES SOURCES NATURELLES DE RAYONNEMENTS QUI NOUS ENTOURENT

Tous ces exemples ont été donnés pour montrer que même
en présence de substances radioactives naturelles, on ne peut
pas faire ce que l’on veut et que la réglementation encadre un
bon nombre d’activités.

CE QUE L’ON PEUT RETENIR


• Nous l’avons dit et nous le répétons : la radioactivité, c’est naturel !
• Notre corps est lui-même radioactif. Nous contenons environ
9 000 becquerels selon la corpulence. De ce fait, notre corps délivre
une dose moyenne de 0,3 mSv par an.
• Les sources de rayonnements naturelles proviennent de l’espace, en
particulier du Soleil. Elles délivrent une dose moyenne de 0,4 mSv
par an.
• Les sources de rayonnements telluriques sont issues des éléments
radioactifs naturels comme l’uranium, le thorium et le potassium
contenus dans le sol. Elles délivrent une dose moyenne de 0,4 mSv
par an.
• Le radon, à lui seul, constitue plus du tiers de l’exposition naturelle
reçue en France. Dégagé par le granit, on en trouve davantage en
Auvergne, Bretagne, Corse, Limousin et dans les Vosges. La dose
est donc variable selon la région (au minimum de 1,3 mSv par an).
• Un certain nombre d’industries manipulent des substances qui
contiennent aussi de la radioactivité naturelle, comme certains
bétons.
• En France nous sommes exposés de manière naturelle, au minimum,
à 2,5 mSv par an.

128 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


11. LES PREMIÈRES SOURCES
ARTIFICIELLES DE RAYONNEMENTS :
LES ANNÉES FOLLES DU RADIUM

Pour chaque habitant, l’exposition annuelle moyenne aux


sources artificielles d’irradiation, est d’environ 1,36 mSv. Ces
sources ont principalement pour origine :
• les actes médicaux : il s’agit essentiellement des examens
radiologiques (radiographie, scanner, scintigraphie) et des
traitements de radiothérapie. Ces expositions représentent
une dose moyenne de 1,33 mSv en France (près de 70 %
d’augmentation en 10 ans), mais elles sont réparties de façon
très peu homogène sur la population : ces actes sont surtout
prescrits aux personnes âgées ;
• les activités industrielles : la combustion du charbon
principalement, mais aussi l’utilisation d’engrais phosphatés,
l’industrie horlogère, etc. entraînent une exposition de
l’ordre de 0,01 mSv par an ;
• les activités nucléaires : les centrales en activité, les retombées
des anciens essais atmosphériques d’armes nucléaires,
celles de l’accident de Tchernobyl (Fukushima n’ayant eu
quasiment aucun impact en Europe) provoquent, en France,
une exposition moyenne annuelle de 0,02 mSv.

129
11. LES PREMIÈRES SOURCES ARTIFICIELLES DE RAYONNEMENTS

Nous sommes donc exposés en France en moyenne entre 2,5


et 4 mSv par an et la répartition de ces expositions est donnée
sur la figure 1.

Figure 1 | Répartition des doses reçues sur une année.

Prenons un chiffre simple pour avoir un ordre de grandeur


en tête, imaginons que nous soyons exposés à 3,65 mSv par
an. Cela correspond à dix microsieverts par jour (10 µSv/j),
dose due à l’exposition naturelle et artificielle. Si on s’en tient à
l’exposition naturelle, c’est en moyenne une dose de 6 µSv par
jour que nous recevons.

DESSINE-MOI UNE SOURCE DE RAYONNEMENTS IONISANTS


Les formes, les dimensions et les couleurs des objets qui sont
ou qui contiennent des sources radioactives sont si variées qu’il
nous est impossible d’en faire un catalogue exhaustif.
Prenons quelques exemples de sources que vous pourrez
apercevoir. Nous ne traiterons pas des sources enfermées dans
des installations et qui ne sont accessibles ni au public, ni aux
travailleurs (manipulation par robot). Elles sont présentées
dans le chapitre sur les sources d’origine nucléaire.

130 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


11. LES PREMIÈRES SOURCES ARTIFICIELLES DE RAYONNEMENTS

Figure 2 | Une des premières illustrations de la radiologie.

Cherchez l’erreur !
La photo ci-dessous est une des premières photos de radioscopie
prise en 1910. C’est probablement un faux...

Analyse de Roland Le Go ancien chef du service de radiopatho-


logie du CEA de Fontenay-aux-Roses :
1) afin qu’on puisse bien voir les personnages, la photographie a
été prise avec un bon éclairage incompatible avec une observation
radioscopique. Celle-ci nécessite une adaptation de l’œil au noir
absolu d’environ dix minutes. Seuls les amplificateurs de brillance
développés après les années 1960, permettent de faire de la
radioscopie en plein jour ;

131
11. LES PREMIÈRES SOURCES ARTIFICIELLES DE RAYONNEMENTS

2) le magnifique contraste noir et blanc de l’image ne peut avoir


été fourni par un tube de Crookes (tube à rayons X du début du
siècle). L’image n’était pas aussi nette ;
3) le sujet observé étant placé de face, on s’attend à voir une
image du thorax de face. Or, la pointe du cœur est orientée à
gauche, c’est donc une image de dos. À moins qu’on ait affaire
à un cas de « sistus inversus » si rare (1 sur 10 millions) que la
légende l’aurait mentionné ;
4) regardez bien le coin supérieur gauche (avec une loupe). Voyez
la petite tache noire. C’est un marqueur en plomb qu’on utilise
en radiographie (le cliché que vous passez chez votre radiologue
du coin) ;
5) regardez aussi le menton de la dame. Il est caché par le cadre
en bois de l’écran mais l’image comporte, elle, une image de
maxillaire inférieur. Ou alors c’est la sœur des Daltons ! ;
6) curieux aussi que la dame soit restée habillée. On voit même
sa blouse qui dépasse en dessous. Quand vous allez passer une
radio, que faites-vous ? ;
7) normalement chez les dames, on voit l’ombre des seins à la
radio. Pas là !
Il s’agit donc d’un positif de radiographie d’un monsieur mais qui
a été inversé dans son placement.
Finalement, le tube à rayons X était éteint et on a respecté les
bonnes règles de la radioprotection.

LES ANNÉES FOLLES DU RADIUM


Dès la fin de la Première Guerre mondiale, on pensait que
l’ajout de la radioactivité était bénéfi que à l’être humain
malgré des signes qui indiquaient déjà le contraire (voir le
chapitre 5). Le radium a donc été mis à toutes les sauces et il
y en avait pour tous les goûts.

132 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


11. LES PREMIÈRES SOURCES ARTIFICIELLES DE RAYONNEMENTS

L’extraction du radium
En 1904, le radium est extrait dans l’usine de Nogent-sur-Marne.
Sur ce site sera construite, plus tard, une école maternelle qui
portera le nom de « Pierre et Marie Curie ». Comme le montre
la cartographie ci-après faite par l’IRSN en 1995, ce site a été
mal nettoyé et on peut encore y trouver des débits de dose non
négligeables.

133
11. LES PREMIÈRES SOURCES ARTIFICIELLES DE RAYONNEMENTS

De même, dans la commune de Gif-sur-Yvette, une cartographie


du chemin du radium montre que le site, où étaient installés les
laboratoires de chimie de la Société nouvelle de radium (SNR) au
début du siècle dernier, a été mal décontaminé.

Les figures 3 à 9 montrent un florilège d’objets et de publicités


sur le sujet.

(a) (b) (c)

Figure 3 | Série de publicités de l’époque pour être en beauté ! (a) et (b) crèmes pour
le visage et le corps ; (c) produit capillaire au radium.

134 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


11. LES PREMIÈRES SOURCES ARTIFICIELLES DE RAYONNEMENTS

Figure 4 | Pour être en forme… (a) sous-vêtements radioactifs ; (b) médicaments ;


(c) eau enrichie radioactive.

(a) (b) (c)

Figure 5 | Pour tous les goûts ! (a) chocolat au radium ; (b) alimentation pour animaux
au radium ; (c) cendrier contenant de l’uranium afin d’être luminescent dans le noir.

Figure 6 | Le verre contenait aussi de l’uranium (coloration esthétique).

135
11. LES PREMIÈRES SOURCES ARTIFICIELLES DE RAYONNEMENTS

Figure 7 | Pour être à l’heure. Comme pour le cendrier, les aiguilles et les chiffres
« brillaient » dans le noir.

Encore aujourd’hui, on peut trouver ce genre d’objets


radioactifs dans les brocantes ou les greniers.
Les fontaines ou émanateurs au radium (cf. figure 8)
constituent aussi des objets très prisés car très esthétiques. De
même, pas mal de collectionneurs de minéraux (cf. figure 9)
détiennent, parfois sans le savoir, des « cailloux radioactifs ».

Figure 8 | Fontaine. Figure 9 | Minerai radioactif.

136 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


11. LES PREMIÈRES SOURCES ARTIFICIELLES DE RAYONNEMENTS

L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs


(ANDRA) a lancé plusieurs campagnes successives de
récupération. Pour les particuliers, l’enlèvement est gratuit. Il
suffit de prendre contact avec l’ANDRA qui vous indiquera la
marche à suivre. En effet, on peut mesurer de forts débits de
dose au contact de ces objets.

Figure 10 | Pommade ophtalmique dont le débit de dose avoisine les 66 µSv.

CE QUE L’ON PEUT RETENIR


• Pour chaque individu, l’exposition annuelle moyenne aux sources
artificielles d’irradiation est d’environ 1,36 mSv. Ces sources ont
principalement pour origine :
− les actes médicaux : les examens radiologiques et les traitements
de radiothérapie. Ces expositions représentent une dose moyenne
de 1,33 mSv en France ;
− les activités industrielles qui entraînent une exposition de l’ordre
de 0,01 mSv par an ;
− les activités nucléaires anciennes ou actuelles pour une exposition
moyenne annuelle de 0,02 mSv.
• En France, nous sommes donc exposés naturellement et artificiel-
lement, en moyenne entre 2,5 et 4 mSv par an. Ce qui correspond
à une dose journalière variant de six à dix microsieverts (6 à
10 µSv/j).

137
11. LES PREMIÈRES SOURCES ARTIFICIELLES DE RAYONNEMENTS

• Les formes, les dimensions et les couleurs des objets qui sont ou
qui contiennent des sources radioactives sont si variées qu’il est
impossible d’en faire un catalogue exhaustif.
• Dans les années 1920, on pensait que l’ajout de la radioactivité
était bénéfique à l’être humain malgré des signes qui indiquaient
déjà le contraire. Le radium a donc été mis à « toutes les
sauces » et il y en avait pour tous les goûts !
• L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA)
a lancé plusieurs campagnes successives de récupération des objets
contenant du radium. Il reste cependant un certain nombre de
sites pollués par cette activité.

138 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


12. LES SOURCES ARTIFICIELLES
D'ORIGINE MÉDICALE

LE RADIODIAGNOSTIC OU LA RADIOLOGIE
Le radiodiagnostic constitue en France, la principale cause de
l’exposition médicale en raison de sa grande fréquence : plus
de 70 millions d’actes par an, soit plus d’un par personne en
moyenne.
Le radiodiagnostic (la radiographie que vous connaissez
dans le cabinet de radiologie près de chez vous ou chez votre
dentiste) génère de faibles doses. Le risque d’exposition est
faible (cf. figures 1 et 2).

(a) (b)

Figure 1 | Matériel fixe (a) ou mobile (b) de radiographie.

139
12. LES SOURCES ARTIFICIELLES D'ORIGINE MÉDICALE

Figure 2 | Panoramique dentaire (un peu plus « irradiant » au niveau de la peau).

Il existe maintenant (et c’est même repris dans la réglementation


française) des niveaux de référence diagnostique.
Ce sont les valeurs moyennes de dose absorbée attendues, au
niveau de la peau du patient (que l’on nomme dose à l’entrée),
pour un certain nombre d’examens radiologiques.
Le tableau 1 donne des exemples d’examen et la dose absorbée
associée.
La dose à l’entrée sera, bien entendu, très supérieure à la dose
à l’intérieur du patient de par l’énergie des rayons X utilisés.
Il sera même complexe de déterminer l’équivalence de la dose
efficace (dose qui serait reçue par le corps entier).
La radiologie interventionnelle (cf. figure 3) (comme celle
mise en œuvre lors de la pose de « stents » – petits ressorts –
dans les artères) délivre des doses « moyennes à très fortes »
aux patients.
Par exemple, pour la pose de « stents » – petits ressorts –
dans les artères – la dose est de 2,5 Gy sur la peau exposée
et 200 mGy au niveau du cœur. Les rayonnements X utilisés
sont les mêmes que dans le cas du radiodiagnostic. Le seul
paramètre qui change est le temps d’exposition.

140 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


12. LES SOURCES ARTIFICIELLES D'ORIGINE MÉDICALE

Tableau 1. Dose absorbée par le patient en fonction de l’examen pratiqué.

Examen Dose absorbée à l’entrée du patient


pour une exposition unique (mGy)

Thorax de face (radio poumons) 0,3

Thorax de profil 1,2

Rachis lombaire de face 10

Rachis lombaire de profil 25

Abdomen sans préparation 8

Bassin de face (antéro-postérieur) 9

Mammographie 10

Crâne face 5

Crâne profil 3

Il y a un risque d’exposition très important pour les cliniciens


et leur entourage. C’est aujourd’hui en France, une des
populations professionnelles les plus exposées.

Figure 3 | Salle de chirurgie interventionnelle.

141
12. LES SOURCES ARTIFICIELLES D'ORIGINE MÉDICALE

LE SCANNER
Le scanner (cf. figure 4) est un examen médical qui s’est
banalisé. Un peu trop peut-être, puisque c’est lui qui a contribué à
l’augmentation de la dose moyenne reçue dans le domaine médical.
Ce sont des examens assez irradiants puisque le patient reçoit
de 3 à 5 mSv par coupe de tissus examinés sur une moyenne
variant de cinq à dix coupes (selon l’épaisseur).

Figure 4 | Scanner X multicoupes à grand diamètre.

Un petit conseil : ne demandez pas à votre praticien habituel


qu’il vous délivre dès la première visite, une ordonnance pour
passer un scanner. Celui-ci le fera, s’il estime qu’il y a de bonnes
raisons pour le faire.

LA MÉDECINE NUCLÉAIRE
Souvenez-vous du chapitre 5 : nucléaire !
La médecine nucléaire (imagerie médicale et thérapie) réside
dans l’injection au patient, de produits radioactifs ayant une
période courte.
En diagnostic, les doses reçues sont faibles ; en thérapie,
elles sont fortes.
Il y a des contraintes dans cette technique puisqu’il faut
prendre en compte la durée d’hospitalisation des patients pour
certains produits.

142 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


12. LES SOURCES ARTIFICIELLES D'ORIGINE MÉDICALE

En effet, la personne est devenue à son tour une source


radioactive, exposant tout autre individu dans son entourage
immédiat.
Les praticiens ont l’obligation de donner des informations
orales et écrites aux patients, sur la conduite à tenir après une
incorporation de produits radioactifs. Les déchets également,
doivent être traités en fonction de la période effective (voir
chapitre 7).
La détection des produits radioactifs se fait au moyen d’un
gros détecteur à scintillation (voir chapitre 4) qu’on nomme
une « gamma caméra » (cf. figure 5).

Figure 5 | Gamma caméra pour imagerie cardiaque.

De nouvelles techniques sont apparues il y a une vingtaine


d’années et sont maintenant en plein essor.
On utilise un produit radioactif à très courte période qui
émet un électron positif (voir chapitre 1). Pour le détecter, on
utilise une caméra à positon ou tomographie à émission de
positons désigné sous le signe TEP. Pour fabriquer ces produits
radioactifs, on utilise un petit accélérateur de particules, un
cyclotron.

143
12. LES SOURCES ARTIFICIELLES D'ORIGINE MÉDICALE

Figure 6 | Exemple de cyclotron.

Les sources radioactives sont livrées à l’hôpital sous des


conditionnements bien particuliers (cf. figure 7).

Figure 7 | Conditionnement de sources radioactives utilisées à l’hôpital.

144 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


12. LES SOURCES ARTIFICIELLES D'ORIGINE MÉDICALE

QUESTION

Les rayonnements médicaux sont-ils différents des


rayonnements naturels ou artificiels ?

La radioactivité est souvent présentée comme nocive quand il


s’agit d’applications industrielles. Vous avez vu que l’exposition
est essentiellement naturelle (70 %) et médicale (30 %). Donc
pour répondre à la question : NON.
Que le rayonnement X soit produit de manière naturelle ou
artificielle (y compris médicale), il reste un rayonnement X avec
les mêmes caractéristiques et un détecteur ne saurait faire la
différence.

ANECDOTE

À ce sujet, il est arrivé à plusieurs reprises qu’EDF détecte de


l’iode-131 dans les fleuves ou rivières, à l’aval de ses centrales
nucléaires.
On a d’ailleurs dû arrêter en urgence les réacteurs d’une centrale
et ceci a un coût (élevé). Or il s’agissait d’iode-131 médical
venant de patients ou d’un rejet hospitalier. L’appareil de mesure,
lui, ne fait pas la différence entre de l’iode médical ou nucléaire.
Il voit un rayonnement gamma et c’est tout.

LA RADIOTHÉRAPIE
La radiothérapie est utilisée pour le traitement des cancers.
C’est un succès puisqu’aujourd’hui, de nombreux patients sont
soignés.
Ce sont les examens médicaux les plus irradiants puisque les
doses reçues peuvent aller jusqu’à 80 gray (attention sur une

145
12. LES SOURCES ARTIFICIELLES D'ORIGINE MÉDICALE

surface et un volume les plus petits possible et parfaitement


bien délimités) réparties sur 15 à 20 séances.
Les physiciens médicaux sont chargés des calculs de doses
administrées au patient et selon les possibilités, ils changent les
angles d’exposition, pour ne pas exposer les tissus sains.
De plus en plus, on utilise en radiothérapie les accélérateurs
de particules au détriment des appareils de cobaltothérapie
improprement appelés « bombe au cobalt ».

Figure 8 | Exemple d’appareil pour la radiothérapie.

LA CURIETHÉRAPIE
Enfin, avec la curiethérapie on peut implanter une petite
source radioactive (cf. figure 9) dans le patient au plus près de
la tumeur.
Certains cancers génitaux ou celui de la prostate sont traités
de cette manière. La taille de la source correspond à un grain
de riz.

146 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


12. LES SOURCES ARTIFICIELLES D'ORIGINE MÉDICALE

Figure 9 | Fils d’iridium de la taille d’une épingle.

Le domaine médical répond à une stricte réglementation avec


des contrôles de la part des inspecteurs de la radioprotection
de l’ASN.
On estime que les services de radiothérapie et de médecine
nucléaire sont inspectés par l’ASN au moins une fois par an.

CE QUE L’ON PEUT RETENIR


• Le radiodiagnostic (radiologie conventionnelle y compris dentaire)
constitue en France, la principale cause de l’exposition médicale
en raison de sa grande fréquence. Le radiodiagnostic génère de
faibles doses.
• La radiologie interventionnelle délivre des doses « moyennes à
très fortes » pour les patients, mais aussi pour les cliniciens. C’est
aujourd’hui en France, une des populations professionnelles les
plus exposées.
• Le scanner est un examen médical assez irradiant.
• La médecine nucléaire (imagerie médicale et thérapie) réside dans
l’injection au patient, de produits radioactifs ayant une période
courte. En diagnostic, les doses reçues sont faibles ; en thérapie,
elles sont fortes.
• Les praticiens ont l’obligation de donner des informations orales et
écrites aux patients, sur la conduite à tenir après une incorporation
de produits radioactifs.

147
12. LES SOURCES ARTIFICIELLES D'ORIGINE MÉDICALE

• La radiothérapie est utilisée pour le traitement des cancers. Ce


sont les examens médicaux les plus irradiants (jusqu’à 80 gray sur
une surface et un volume les plus petits possible) réparties sur 15
à 20 séances.
• La curiethérapie permet d’implanter une petite source radioactive
dans le patient, au plus près de la tumeur.
• Le domaine médical doit répondre aujourd’hui, à une stricte
réglementation avec des contrôles de la part des inspecteurs de
l’ASN.

148 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


13. LES SOURCES RADIOACTIVES
INDUSTRIELLES

LES JAUGES
Les « jauges » représentent 70 % des sources scellées. On
appelle source scellée, une source radioactive enfermée dans
une enveloppe étanche.
Elles servent à réaliser des mesures d’épaisseur, de densité, de
poids et de niveau. On trouve des sources d’activité moyenne
installées à poste fixe.
Le principe en est le suivant : on mesure l’absorption des
rayonnements par les matières, celle-ci étant proportionnelle
aux épaisseurs et aux densités traversées (cf. figure 1).
On peut aussi contrôler l’épaisseur d’un carton au cours de sa
fabrication ou bien le niveau de liquides, de poudres, de grains,
de minerais, dans des réservoirs (cf. figure 2).

149
13. LES SOURCES RADIOACTIVES INDUSTRIELLES

Figure 1 | Illustration du principe d’une jauge.

(a) (b)

Figure 2 | Exemple de jauges. (a) mesure de niveau ; (b) jauge de mesure d’épaisseur
de papier.

Exceptée la personne compétente en radioprotection,


les autres membres du personnel sont rarement formés en
radioprotection car, dans la très grande majorité des cas, ils
sont ni exposés, ni amenés à approcher des sources.
Les utilisateurs sont très variés et il est donc impossible d’en
donner la liste de manière exhaustive. Citons, tel un inventaire
à la Prévert :
• Orangina, Coca-Cola, Pelforth, Heineken pour le remplissage
des canettes et fûts de boisson, Mamie Nova pour le
remplissage des pots de yaourts ;

150 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


13. LES SOURCES RADIOACTIVES INDUSTRIELLES

• Total, Shell, Fina pour la vérification de l’alimentation des


oléoducs (cf. figure 3) ou le remplissage des bouteilles de gaz ;

Figure 3 | Jauges de mesures de pétrole.

• Béghin Say pour le remplissage des réservoirs dans les


sucreries, la distillerie « Rivière du Mât » sur l’île de la
Réunion pour le remplissage de ses réservoirs ;
• Altadis pour le grammage du tabac dans les cigarettes ;
• Dupont de Nemours pour vérifier l’épaisseur des textiles
non tissés ou des papiers (cf. figure 4) ;
• etc.

Figure 4 | Jauge de vérification d’épaisseur de papier.

151
13. LES SOURCES RADIOACTIVES INDUSTRIELLES

LES DÉTECTEURS INCENDIE


Les détecteurs incendie d’anciens modèles (cf. figure 5)
contiennent eux aussi des sources radioactives. Ce sont des
jauges de niveau.
Néanmoins, ils seront interdits de vente, d’installation et
d’utilisation en 2017.

Figure 5 | Détecteurs d’incendies en passe d’être remplacés.

En ce qui concerne les détecteurs incendie, les sources utilisées


sont composées d’américium-241. C’est le rayonnement alpha et
son faible parcours dans l’air qui sont intéressants. La fumée atténue
le rayonnement déclenchant ainsi le capteur d’alarme. L’activité est
d’environ (c’est une moyenne) 5000 becquerels par source.

LES ANALYSEURS
Certains analyseurs d’air (cf. figure 6) comme ceux implantés
dans les réseaux de mesure de pollution de l’air atmosphérique,
contiennent de petites sources de carbone-14.
C’est le rayonnement beta émis par le carbone-14 qui
est intéressant car une faible couche de poussière atténue
notablement le rayonnement.

152 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


13. LES SOURCES RADIOACTIVES INDUSTRIELLES

Figure 6 | Analyseur d’air.

Côté analyseurs, il y a les gammadensimètres-humidimètres


(cf. figure 7) (7 % des sources), très utilisés dans le domaine des
travaux publics et en particulier pour la construction des routes.

L’appareil et son caisson de transport.

Figure 7 | Gammadensimètres utilisés dans le bâtiment.

Viennent ensuite les sources qui constituent la majorité des


dossiers d’autorisation à l’ASN : les analyseurs de plomb dans
les peintures (cf. figure 8).
En effet, à la vente d’un appartement ou d’une maison,
surtout si le logement est assez ancien, il y a obligation de faire
un diagnostic plomb afin de prévenir le saturnisme.
Ce sont des sources de faible activité mais d’utilisation
« grand public ». De nombreux modèles existent.

153
13. LES SOURCES RADIOACTIVES INDUSTRIELLES

Figure 8 | Analyseurs de plomb pour les peintures.

Étant les plus répandues dans le domaine public, ce sont aussi


les sources les plus facilement volées (sans que le voleur sache
d’ailleurs que c’est une source radioactive. La mention avec le
trisecteur devrait être obligatoire, voir chapitre 8).

LES GAMMAGRAPHES
Les gammagraphes, au nombre de 850 en France, constituent
le parc d’appareils ayant les sources les plus actives (cf.
figures 9 et 10). La perte d’une de ces sources peut se terminer
dramatiquement comme à Yanango (voir chapitre 5).

Figure 9 | Porte-source de gammagraphie – 192 Ir.

154 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


13. LES SOURCES RADIOACTIVES INDUSTRIELLES

Figure 10 | Projecteur de gammagraphie.

Ils servent au contrôle non destructif de tuyauteries et en


particulier de soudures dans les centrales nucléaires, dans les
usines pétrochimiques, sur les conduites de gaz.
Ce sont des sources d’activité importante (plus de
1000 milliards de becquerels – 1000 gigabecquerels).
Elles requièrent un certificat d’aptitude à manipuler les
appareils de radiologie industrielle (CAMARI). Il y a en effet, des
risques liés au transport (accidents, vols) et à la manipulation
(accidents mortels).
Pour obtenir ce certificat, il faut suivre une formation
sanctionnée par un examen à l’IRSN.
À noter qu’on se sert aussi de générateurs X (cf. figure 11).

155
13. LES SOURCES RADIOACTIVES INDUSTRIELLES

Figure 11 | Contrôle d’une canalisation à l’aide d’un générateur RX Eresco.

LE PATRIMOINE HISTORIQUE
Il existe des installations dédiées à la conservation du patrimoine
historique, comme l’installation NUCLE ART à Grenoble.
On utilise maintenant de plus en plus, des générateurs X
et des appareils plus sophistiqués comme des accélérateurs de
particules (cf. figure 12). C’est le cas au musée du Louvre qui
possède un accélérateur « Van de Graaf » (du nom du concepteur
de ces machines).

Figure 12 | Analyse d’œuvres d’art, les yeux de la déesse Ishta.

156 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


13. LES SOURCES RADIOACTIVES INDUSTRIELLES

Où l’on mêle art et gammagraphie ! La Vénus de Milo a testé


pour vous. Et ce n’est pas un effet des rayonnements si elle n’a
plus de bras… En revanche, nous savons maintenant qu’elle est
en deux parties.

LES CONTRÔLEURS
Dans le domaine du contrôle, les générateurs X sont de plus en
plus répandus. Par exemple pour vérifier le contenu d’une boîte
de conserve (cf. figure 13) ou encore tous les objets contenus
dans les bagages de soute ou à main (cf. figure 14) des personnes
qui prennent l’avion, surtout après le 11 septembre 2001.

Figure 13 | Contrôleurs à rayons X pour les boîtes de conserve.

Figure 14 | Scanner bagages « Rapiscan 627XR ».

157
13. LES SOURCES RADIOACTIVES INDUSTRIELLES

Les douanes ont d’ailleurs trouvé extrêmement tôt, une


utilisation des générateurs X. (cf. figure 15). Aujourd’hui, ils
utilisent des accélérateurs de particules comme dans le domaine
médical (cf. figures 16 et 17).

Figure 15 | Les débuts des contrôles douaniers en 1897.

Figure 16 | Installation de contrôle de véhicules : scanner Cargo « Eagle Mobil »


Rapiscan.

Figure 17 | Coupe d’un camion et détection du contenu.

158 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


13. LES SOURCES RADIOACTIVES INDUSTRIELLES

Là encore, toutes ces activités sont encadrées par une


réglementation stricte.
Dans le domaine industriel, il y a peu d’utilisations de sources
facilement dispersables (comme les liquides, les gaz ou les
poudres).
Citons quand même le cas de la recherche, notamment
médicale et pharmaceutique, qui utilise des sources radioactives
liquides, pouvant être incorporées à des molécules biologiques
comme le tritium (hydrogène-3), le carbone-14, le soufre-35,
le phosphore-32, l’iode-125. Par exemple, on peu marquer la
molécule d’ADN et identifier le génome.
La liste des utilisateurs est très variée : Sanofi-Aventis, Pasteur
Mérieux, l’INSERM, l’INRA, Pierre Fabre santé, Glaxo-Smith-
Klein, l’Oréal (ça le vaut-il ?) ou encore le laboratoire scientifique
de la Police nationale.
L’ASN n’aime guère voir de la radioactivité sortir dans
le domaine public. À titre anecdotique (qui n’a plus cours
aujourd’hui), les laboratoires des Ponts et Chaussées testaient
l’homogénéité des bitumes par marquage radioactif (cf.
figure 18).

Figure 18 | Contrôle de l’homogénéité du bitume.

DES PRODUITS INTERDITS


Les professionnels de la radioprotection sont régulièrement
confrontés à des produits qui ne devraient pas être radioactifs.

159
13. LES SOURCES RADIOACTIVES INDUSTRIELLES

Cela provient souvent de pays étrangers dans lesquels des


sources radioactives ont été perdues.
C’est le cas notamment dans les aciéries où ont été fondues
des sources de cobalt-60. C’est arrivé par exemple, au Mexique
(Juarez), à Taïwan et en Inde. Dans ce dernier cas, l’acier fabriqué
s’est retrouvé dans la composition de boutons d’ascenseur.
En décembre 2000, c’était des montres avec des doses
significatives pour les porteurs. Les montres sont souvent à
l’honneur.
En dehors du tritium, maintenant interdit en France dans les
objets d’usage courant (montres, lunettes de visée, boussoles,
porte-clés, etc.), on trouve des objets radioactifs qui ne sont pas
autorisés (cf. figure 19).

Figure 19 | Porte-clés radioactif.

160 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


13. LES SOURCES RADIOACTIVES INDUSTRIELLES

CE QUE L’ON PEUT RETENIR


• On appelle source scellée, une source radioactive enfermée dans
une enveloppe étanche.
• Les « jauges » représentent 70 % des sources scellées. Elles
servent à réaliser des mesures d’épaisseur, de densité, de poids et
de niveau. Le principe réside dans la mesure de l’absorption des
rayonnements par les matières.
• Les analyseurs sont utilisés pour l’analyse de la poussière dans l’air,
de la densité et de l’humidité des sols dans le domaine des travaux
publics, du plomb dans les peintures.
• Les gammagraphes, au nombre de 850 en France, constituent le
parc d’appareils ayant les sources les plus actives. Ils servent au
contrôle non destructif de tuyauteries et en particulier, de soudures
dans les centrales nucléaires, dans les usines pétrochimiques, sur
les conduites de gaz.
• Il existe des installations dédiées à la conservation du patrimoine
historique, comme l’installation NUCLE ART à Grenoble et le musée
du Louvre.
• Dans le domaine du contrôle, les générateurs X sont de plus en
plus répandus.
• Aujourd’hui, la recherche, notamment médicale et pharmaceutique,
utilise des sources radioactives liquides pouvant être incorporées à
des molécules biologiques.
• Les professionnels de la radioprotection sont régulièrement
confrontés à des objets radioactifs qui ne devraient pas l’être, du
fait de sources radioactives perdues.

161
14. LES SOURCES RADIOACTIVES
D’ORIGINE NUCLÉAIRE

Je ne reprendrai pas dans cet ouvrage en détails les sources


d’origine nucléaire. Si le lecteur souhaite plus d’informations,
je l’invite à lire « Qu’est-ce que l’énergie nucléaire » écrit par
Henri Safa et publiée dans cette même collection.

LES INSTALLATIONS DU CYCLE DU COMBUSTIBLE


NUCLÉAIRE
Le schéma figure 1 explique de manière simplifiée le cycle du
combustible nucléaire.

Figure 1 | Cycle du combustible nucléaire.

162 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


14. LES SOURCES RADIOACTIVES D’ORIGINE NUCLÉAIRE

C’est dans les réacteurs et au niveau du retraitement


du combustible nucléaire, qu’augmente notablement la
radioactivité.
Entre un assemblage de combustible neuf contenant de
l’uranium enrichi (uranium-238 pour 97 % et uranium-235
pour 3%) et un combustible usé, l’activité est multipliée par dix
millions, du fait des produits de fission (cf. figure 2). Sachant
qu’au départ, l’activité est de un milliard de becquerels (1 GBq),
vous pouvez faire la multiplication.

Figure 2 | Assemblage de combustible.

Les installations nucléaires (cf. figure 3) et ceux qui y


travaillent sont soumis à une réglementation et des contrôles
sévères.
Les combustibles usés très radioactifs sont transportés par
convoi (cf. figure 4) vers l’usine de retraitement du combustible
de La Hague (cf. figure 5).

163
14. LES SOURCES RADIOACTIVES D’ORIGINE NUCLÉAIRE

(a) (b)

(c) (d)

Figure 3 | Quelques installations nucléaires françaises :


(a) Gravelines ; (b) Tricastin ; (c) Blayais ; (d) Nogent.

(a) (b)

Figure 4 | Transport de combustibles irradiés : (a) emballage ; (b) convoi ferroviaire.

Figure 5 | Usine de retraitement du combustible de La Hague.

164 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


14. LES SOURCES RADIOACTIVES D’ORIGINE NUCLÉAIRE

QUESTION

Y a-t-il un risque à travailler dans le domaine nucléaire ?

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a publié,


en juin 2005, une analyse de la situation pour procéder à une
évaluation directe des effets cancérogènes des expositions aux
faibles doses, en vue d’évaluer la validité des normes.
Il a mené une étude de cohorte internationale dont le principal
résultat est qu’il semble y avoir une légère augmentation du
risque de cancer, même aux faibles doses et débits de dose
généralement reçus par les travailleurs du nucléaire : 1 à 2 % de
plus que la fréquence « naturelle » qui se situe à 30 %.
Selon le Dr Boyle, Directeur du CIRC « ces résultats apportent
les estimations directes les plus précises et complètes du risque
de cancer après exposition à de faibles doses de rayonnements
ionisants reçues de manière prolongée ; ils renforcent la base
scientifique des normes de radioprotection pour les expositions
environnementales, professionnelles et diagnostiques. Ils étayent
les indications actuelles liées au potentiel cancérogène des
rayonnements ionisants mais sont rassurants en ce qui concerne
l’impact probable des rayonnements ionisants sur le fardeau
mondial du cancer ».

LES TRANSPORTS DE MATIÈRES RADIOACTIVES


Le transport des colis ou des matières radioactifs est soumis
à une réglementation particulièrement complexe.
Elle est élaborée par l’Agence internationale de l’énergie
atomique (AIEA) puis transposée au niveau européen. Elle
s’applique directement par traduction en français.
C’est souvent à l’expéditeur du colis de régler l’ensemble des
détails.

165
14. LES SOURCES RADIOACTIVES D’ORIGINE NUCLÉAIRE

Comment reconnaître un colis radioactif ?

(a)

(b)
Figure 5 | (a) Signalétique pour un colis irradiant que l’on peut poser par exemple sur
un véhicule de transport (b).

Il existe des étiquetages propres aux colis radioactifs (cf.


figure 5a). Plus il y a de petites bandes rouges, plus le colis est
irradiant. On ne peut pas dépasser certaines valeurs au niveau
de la dose mesurée : le débit de dose efficace doit être inférieur
à 2 mSv/h au contact du colis et inférieur à 0,1 mSv/h à un
mètre de celui-ci.

Au contact du véhicule transportant le ou les colis, le débit


de dose efficace doit être inférieur à 2 mSv/h et inférieur à
0,1 mSv/h à deux mètres de celui-ci. On place une étiquette de
25 cm par 25 cm qu’on appelle l’étiquette 7D (cf. figure 5b).

166 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


14. LES SOURCES RADIOACTIVES D’ORIGINE NUCLÉAIRE

CE QUE L’ON PEUT RETENIR


• C’est dans les réacteurs et au niveau du retraitement du combus-
tible nucléaire que se situe principalement la radioactivité.
• Les installations nucléaires et ceux qui y travaillent, sont soumis à
une réglementation et des contrôles sévères.
• Le transport des colis ou des matières radioactifs est soumis à une
réglementation particulièrement complexe. Elle est élaborée par
l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) puis trans-
posée au niveau européen.

167
15. LES DÉCHETS RADIOACTIFS :
« QUE FAIT-ON DES OBJETS RADIOACTIFS
QUAND ÇA NE SERT PLUS ? »

L’ANDRA
Créée au sein du CEA le 7 novembre 1979, l’Agence nationale
pour la gestion des déchets radioactifs, l’ANDRA, est chargée
de la collecte et la gestion des déchets radioactifs. C’est un
établissement public à caractère industriel et commercial
depuis 1991.
La loi du 28 juin 2006 de programme relative à la gestion
durable des matières et déchets radioactifs précise, hormis
les missions et le statut de l’ANDRA, un certain nombre de
positions :
• protection de la nature, de l’environnement et du public,
maintenant et pour le futur ;
• le stockage souterrain définitif de produits industriels
dangereux en couches géologiques profondes est soumis à
une décision du parlement français ;
• pas de stockage définitif de déchets radioactifs étrangers ;

168 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


15. LES DÉCHETS RADIOACTIFS

• trois directions de recherche pour la gestion des déchets


radioactifs :
− séparation, transmutation,
− stockage en formations géologiques profondes,
− procédés de conditionnement et d’entreposage de
longue durée en surface.
• conditions dans lesquelles les laboratoires souterrains seront
exploités ;
• création d’un comité local d’information et de suivi sur
chaque site de laboratoire souterrain.

LES DÉCHETS DE FAIBLE ET MOYENNE ACTIVITÉ


L’ANDRA gère les centres de stockage existants (cf. figure 1)
et mène des recherches pour l’implantation de nouveaux sites
(en particulier le stockage de longue durée). L’ANDRA ne
stocke que les déchets français.
L’EDF, le CEA et AREVA génèrent à eux trois, 95 % des
déchets. Pour le cycle du combustible, on peut classer les déchets
en plusieurs catégories :

169
15. LES DÉCHETS RADIOACTIFS

• haute activité ;
• déchets alpha ;
• faible activité et très faible activité (filières existantes).

(a)

(b)

Figure 1 | (a) Centre de stockage de l’Aube (déchets de faible et moyenne activité) ;


(b) centre de déchets de très faible activité.

LE PRINCIPE DE SÛRETÉ
Les confinements doivent garantir l’exposition la plus faible
possible pour les populations.
Les méthodes de conditionnement actuelles sont :
• résidus effluents : ciment ;
• déchets bêta-gamma : ciment ;
• résines : enrobage résines ;
• déchets haute activité : vitrification.

170 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


15. LES DÉCHETS RADIOACTIFS

Les déchets issus des installations nucléaires ne font


pas l’objet de remise en circulation dans des filières dites
classiques. Il n’existe d’ailleurs en France, aucun seuil de
libération des déchets, contrairement à un certain nombre
de nos voisins européens.
Tout ce qui rentre en zone à risque de dispersion de produits
radioactifs, est systématiquement considéré comme déchet
radioactif et éliminé dans la filière faible ou très faible activité.

LES DÉCHETS DE HAUTE ACTIVITÉ ET À VIE LONGUE


Actuellement, les déchets à vie longue (période radioactive
supérieure à 30 ans) et les déchets de haute activité n’ont pas de
filière d’évacuation. C’est un point qui fait débat aujourd’hui.
L’ANDRA et le CEA mènent des missions pour la gestion de
ces déchets. Jusqu’à présent, ce sont les exploitants nucléaires
les produisant qui les entreposent sur leurs sites.
Au niveau du vocabulaire, encore une subtilité entre
stockage et entreposage : le stockage a un caractère définitif
(et donc irréversible) alors que les éléments en entreposage
pourraient faire l’objet d’une réhabilitation si une méthode
fiable était mise au point.
Aujourd’hui, l’ANDRA mène des recherches au niveau
géologique dans le laboratoire de Bure dans la Meuse (cf. figure 2).
Le stockage souterrain définitif de produits industriels
dangereux en couches géologiques profondes, est soumis à une
décision du parlement français.
Les colis de déchets de haute activité sont en fait constitués
par un mélange intime entre la matière radioactive et une pâte
de verre. L’ensemble est coulé dans un conteneur en inox (cf.
figure 3).
Ces conteneurs sont ensuite inclus dans un « cube de béton »
et c’est cet élément qui sera « entreposé » en profondeur (cf.
figure 4).

171
15. LES DÉCHETS RADIOACTIFS

Figure 2 | Vue souterraine du projet de stockage géologique.

Figure 3 | Conteneurs et maquette en coupe. Figure 4 | Cube contenant les


conteneurs en inox.

172 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


15. LES DÉCHETS RADIOACTIFS

LES DÉCHETS HORS INDUSTRIE NUCLÉAIRE


Pour les déchets produits hors de ces installations nucléaires,
il existe un texte particulier.
Au départ, ce texte était surtout axé sur le monde médical
utilisant des produits radioactifs à période courte. Il a également
été appliqué au monde industriel et surtout au monde de la
recherche (voir chapitre 9 sur les sources d’origine industrielle).
C’est ce que l’on nomme les déchets des petits producteurs.
Dans le domaine professionnel, l’employeur a, bien entendu,
des obligations. Il doit écrire un plan de gestion des déchets
comprenant un système de contrôle en sortie de site et une
zone pour l’entreposage des déchets. Ce plan est soumis à
l’approbation de l’ASN.

À ce stade, les déchets sont en attente d’évacuation ou, pour


ceux dont la période radioactive du contaminant est courte
(inférieure à 100 jours), en attente de retour en catégorie
« déchets très faiblement radioactifs » (après décroissance
radioactive).
Pour les rejets liquides, des contrôles doivent être effectués
avant rejet dans les égouts.

173
15. LES DÉCHETS RADIOACTIFS

L’ANDRA a défini des catégories avec des spécifications


bien précises. La brochure « Guide d’enlèvement des déchets
radioactifs », disponible sur son site Internet, donne de
nombreuses informations.
Il faut insister sur le fait que la bonne gestion des déchets
radioactifs doit être prévu et s’effectuer dès leur production,
c’est-à-dire au niveau d’une installation ou d’un laboratoire.

CE QUE L’ON PEUT RETENIR


• Créée en novembre 1979, l’Agence nationale pour la gestion des
déchets radioactifs, l’ANDRA est chargée de la collecte et la gestion
des déchets radioactifs.
• Hormis les missions et le statut de l’ANDRA, la loi définit un certain
nombre de positions pour la protection de la nature, de l’environne-
ment et du public, maintenant et pour le futur.
• L’ANDRA gère aujourd’hui les centres de stockage existants et mène
des recherches pour l’implantation de nouveaux sites (en particu-
lier le stockage longue durée).
• Dans une installation nucléaire, tout ce qui rentre en zone à
risques de dispersion de produits radioactifs, est systématiquement
considéré comme déchet radioactif et éliminé dans la filière faible
ou très faible activité.
• Actuellement, les déchets à vie longue (période radioactive supé-
rieure à 30 ans) et les déchets de haute activité n’ont pas de filière
d’évacuation.
• Les déchets non produits par l’industrie nucléaire comme ceux du
domaine médical ou celui de la recherche, ont leur propre filière
d’élimination. Les déchets dont la période radioactive du conta-
minant est courte (inférieure à 100 jours), retourneront dans le
domaine public après décroissance radioactive.

174 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


D'AUTRES SOURCES D'INFORMATIONS :
« POUR ALLER PLUS LOIN DANS LA CONNAISSANCE »
Elles sont très variées et là encore il est impossible de donner
une liste exhaustive de tout ce qui existe.
Avec le mot « radioprotection », les moteurs de recherche sur
Internet proposent l’accès aux sites suivants :

Les institutions
L’Autorité de sûreté nucléaire : www.asn.fr
L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire : www.irsn.fr
L’Institut national de recherche en sécurité : www.inrs.fr

Les associations professionnelles


La Société française de radioprotection : www.sfrp.asso.fr
La radioactivité.com : www.laradioactivite.com
Radioprotection Cirkus : www.rpcirkus.org (dont je suis un des fondateurs)

L’ensemble des sites des exploitants nucléaires


ANDRA : www.andra.fr
AREVA : www.areva.com
CEA : www.cea.fr
EDF : www.edf.fr
Ces sites proposent eux-mêmes des liens qui donnent accès à
bien d’autres sources d’informations.
On peut aussi consulter des sites d’associations comme la
CRIIRAD ou « Robin des bois » ou encore des sites de vulgarisation
scientifique comme celui des « atomes crochus ».
Ensuite, si vous êtes encore attaché au papier et aimez feuilleter
des livres, les ouvrages de la collection « Personnes compétentes en
radioprotection » édités chez EDP Sciences – d’un niveau supérieur
– vous permettront de parfaire vos connaissances (www.edition-
sciences.com/personne-competente-en-radioprotection.htm).
Le site rpcirkus.org vous conseillera notamment quelques
ouvrages, images, vidéos sur le monde de la radioprotection. Nous
avons un forum technique de discussions pour poser des questions.

175
CRÉDITS PHOTOS
Chapitre 1 Figure encadré « cherchez
Figure 2 : droits réservés. l’erreur » : droits réservés.
Figure encadré « l’extraction du
Chapitre 3 radium » : cartographies IPSN
Figure 1 : Yuvanoé/CEA.
Patrice Charbonneau.
Chapitre 4 Figures 3 à 10 : droits réservés.
Figure 1 : Canberra.
Chapitre 12
Figure 2 : Saphymo.
Figures 1, 4, 5 : Siemens.
Figure 3 : Berthold (gauche)
APVL (milieu) Saphymo (droite). Figure 2 : Ardet.
Figure 4 : droits réservés. Figure 6 : IBA.
Figure 5 : Berthold (gauche) Figure 8 : Guy Lebègue.
Mirion (droite). Chapitre 13
Figures 6,7 : EDF.
Figures 2 : Berthold France.
Figure 8 : Cegelec (gauche)
Figures 3, 4 : droits réservés.
Berthold (milieu) Mirion (droite).
Figure 5 : B. Schafer (haut).
Figure 9 : Berthold.
Figure 6 : Société environnement
Figure 10: Chambre d’ionisation
(Canberra) Geiger-Müller SA.
compensé (Carmelec) Compteur Figure 7 : Lindqvist International.
proportionnel (APVL). Figure 8 : Fondiselectronic
Figure 11 : Landauer – IRSN. (gauche) Arelco (droite).
Figure encadré p. 53 : Radex. Figures 9, 10 : Cegelec.
Figure 11 : GE Inspection
Chapitre 6 Technologies.
Figure 1b : EDF. Figure 12 : C2RMF.
Chapitre 8 Figures 14, 16, 17 : HTDS.
Figure 1 : droits réservés. Figure 18 : B. Carrez labo ponts et
Figure 2 : ASN. chaussées Autun.
Figure 19 : droits réservés..
Chapitre 10
Figure 2 : carte radon ASN. Chapitre 14
Figure 3 : droits réservés. Figures 1, 2, 3, 4 : droits réservés.

Chapitre 11 Chapitre 15
Figure 2 : droits réservés. Figures 1, 2, 3, 4 : droits réservés.

176 LA RADIOACTIVITÉ SOUS SURVEILLANCE


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8 route des Bruyères - 78770 THOIRY
Tél. : 01 34 94 79 00 - Fax. : 01 34 94 79 01
E-mail : radioprotection-fr@berthold.com

http:\\www.berthold.fr
Créée en 1994, APVL ingénierie est une société française, qui
propose une gamme complète de produits pour la radioprotection
et la dosimétrie. Nous développons nos propres logiciels associés
et créons une base documentaire en langue française.

De l’évaluation du besoin de nos clients à la mise en place d’une


solution technique adaptée, nous intervenons partout où les
rayonnements ionisants deviennent un risque pour les individus,
l’environnement et les biens.

Nos domaines d’intervention sont donc nombreux et variés, nous


équipons à ce jour environ 3 000 sites en France.

Nos domaines d’activité


‡ 5DGLRSURWHFWLRQ‡ Assurer la protection de l’homme (public,
patients soumis aux rayonnements, travailleurs utilisant ou
exposés aux rayonnements) et de son environnement.
‡ 'RVLPpWULH RSpUDWLRQQHOOH ‡ Évaluer, en temps réel, les
doses reçues par des personnes exposées à un champ de
rayonnement produit par un générateur X ou une source
radioactive.
‡ 'RVLPpWULH SDVVLYH ‡ Intégrer sur un capteur (cristal
thermoluminescent) toutes les doses de rayonnements
reçues par le porteur au cours d’une période (1 à 3 mois
selon le poste de travail). Le dosimètre est analysé par
un organisme central, la dose est connue D SRVWHULRUL et
représente la valeur légale attribuée au porteur.

Notre savoir-faire
‡ Conseil en radioprotection et dosimétrie, étude
des besoins
‡ Commercialisation de matériels et de logiciels
associés
‡ Formation
‡ Installation et mise en service
‡ Études et développement
‡ 0DLQWHQDQFHpWDORQQDJHYpUL¿FDWLRQ

$OOpHGHOD)HUPHGHOD5DEHODLV‡6DLQW&\UVXU/RLUH
7pO  ‡)D[  
Certification N° 791 E ZZZDSYOFRP‡LQIR#DSYOFRP

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