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.
AHISTOIRE
DU
PARAGUAY-V
î TOME 111.
Il
HISTOIRÉ
A DU
PARAGUAY

Par le P. PIERRE FRANçOIS - XAVIER


DE CHARLEOIX, dela Compagnie
de ſeſſus.

TOME TROISIEME.

D I D O T , Quai des Auguſtins , à la Bible


d’or
Chez G I FF A RT , rue S’aint Jacques , à Sainte
Thereſe , —
NYON, Quaj des Auguſtins , à Foccaſion.

AI. DCC. LVII.


Avec Approbation Ô Privilege du Roi.

Le

l.

II
HIR
P A R A G U AY
LIVRE DIXIEME.
SOMMAIRE.

E TT RE de Dom Bemardin au
Recteur de l'Univerſité de Cordoue , 6- ce
que lui en écrit PET-c'que du Tucuman. Sd
conduite à Sarztafé 6' à Corrientès, Com
ment il en ufi: à l'égard des Iefizites. Son
entrée publique à P/lſſbmption. Sa pnſè d:
poſſeſſion. Urçe partie du Chapitre ſy 0p
poſe , &va fIzire l'O ce dans l’Egliſè du
College. L’Eve‘ ue e concilie de plus en.
plu: ſon Diocèffl'. Ses pratique.: ſzſnguliere:
de dévotion. Caractere du Gouverneur de la
Province. Le: Peres de Saint François _fè
déclarerzt contre PET/c'que. Démarche irré
guliere du Prélaz. Ses Ordinations encore
plus irrégulier”. (Inu: faire ldpaixavcc
Tome III. A
.zgññ SOMMAIRE.
les Guaycurus, &en baptiſe quelques-un:
ſans. inſtruction. Il fuit abattre le Couvent
'de .SkaintNDominiquÏ, Il reçoit ſe: Bulles
ar on
Içíois. eveu :le Rei
Conduite celuiieux de Saint
ci pendant ſhn Fran
void

ge. Rupture entre l’Eve’que 6- le Gouver


_nleujrf Complaèſznlce de celluil-ltifiSon deſin
tere .ê-emerzt
nie' maparrecom
inſulte' enſde
le Pfre e. C arderzas.
e excommuſuſ

qu’0z‘t il ,ptíírte ſon rwſentflrrtzxta Il eſt ex:


_communze e nouveau.
vouloir ſe concilier ve qLeufcon_
le: Jeficites. ue arozt

duit; à ſon égard. Ce que PET/aïgue écrit


au Roi en leur fut/eur. 1l le: veut charger
June Cure Indienne Il les rend odieux
pzzrſès louanges. L’Eve”que ê* le Gouver
neur plus brouille.; que jamais. Violence
exercée pnr celui-ci contre le Pere de Car
denas. L’Evëgue met la Ville en interdit.
Lettre de FEvëque du Tucuman à ce Pre'
.IÛÏCOÏZflIÆÊÛË (ÏÆHIIÊ: [Capjttſxzle, CE qäiſè
d B CHI/ſie VC _lle ES CIIZIGI- C re*
Ilat ſe dzfiiplineqdans une Proceſſîort publiñ
que. Ce qzffon en penſe. Ce que lïEt/ëque
du Tucuman lui en écrit. 1l annonce la
mort \Fun [Miſſionnaire conzmc .t'il l'avait
appriſe p.” révélation, Son entrepriſe contre
1e Gouverneur 5 ce qui en arrive. llflaigrit.
contre le.: Jéſuites, L_e Gouverneur e/Z ab
ſolu' par des Aruêitres , qutfiznt defzvaués.
L; Gouverneur eſl alt/bus de nouveau_ Le;
.ſéſuites refuſent d'approuver les Ordinans.
Nouvel Interdit tie la Calpirózle. lLUÊT/ëqzze
6* le -Gozewerneur Orterzt eur: p aintes re'
ciproques à Ï/ÏIMËBIZCC rotule des C/zarezzx.
.Le P2151.” à Ïzzguarorz. S4 conduite violente
SOMMAlRE. 3
contre deux Eecleſiafliques. On délibereſu"
la ſouſtraction Æobédience. Nouvelles pro
cédure.: de l’Eve”que. Il interdit de nouñ
veau la Capitale. Ilprendpourſàn Con
ſeſſeur un Reliíieux apoſZat Ô- vagabond.
Maniere ſingu iere dont il celebre l'Office
divin. Comment il flrulage le: Pauvres. Le
Gouverneur à Yaguarorz. Comment il y
eſt reçu. Sévérite' de ?Evêque envers les
Excammuniés. Deſhrdre arrivé dans la
Cathédrale. La taxe, im oſëe au Gouver
neur pour étre releve' de jf” excommunica
tion, ej? perdue par la faute de: Officier:
d'u- Prélat , qui Fexige de nouveau. Vio
lences exercée: par les Officiers du Prélaz.
Nouvelle brouiller-ie entre le Gouverneur Ô
ffEvëque. Mauvaiſe conduite du premier.
Prétention de Z’Eve”que, 6' Ordonnance
rendue en conſéquence. Il .Femporle contre
les .ſeſuites, 6- oublie dans le moment ce
qu'il a dit. Nouvel Interdit de la Capitale.
1l ſuſbend Ffflfêt de ſon Ordonnance. Sa
conduite dans une allarme que les Guay
cum.: donnent à FAſſbrr/ption. Lettre du
Viceroi du Pérou au Gouverneur , quieſi
exconzmunié de nouveau. Ce qui ſe paſſe
entre le Gouverneur, ô- le Provincial des
Dominiquainx. L’Evëque commence à per
fflcuter les Jeſttites. Il fait fermer leur;
Claſſèx, G' les interdit. Sc: inquiétudes à ce
ſujet. C omrnent il ſe raſſure. Entretien d'un
Pere de Saint Dozniniqzte avec le Gouver
neur. L'Evc~que veut s'attacher le Gou
verneur. Conduite de celui-ci. L'Eve'que
veut .Femparer d'une Métairie des leſdites.
I1 ſé flair prêter un nouveau ſermerztde fi_~_
A ii'
4. Hrsrorxr
délíte' par le: Aſpirant: aux Ordres. Il ſê
prétend infizire' pour perſécuter les ſéſuites.
I): quoi ille.: accuſe.

M4143' DOM BERNARDIN ne reſta pas long


[eelredde D. tems à Cordoue après le refus que lui eut
BfflîfflBMW'
P'd° i" 3" fait le Pere8cd e: Bſo rRafd' appdçuvîr dc?
ſécration ſ Ecru
o -
R de ſhe_ _ _, _ )u qua on _eyar te
q,, d,, Tu…- Ville , Ai_ d1ffi1nula_ aſſez inet] le reſſent]
manàçepxé- ment (11111 en avoit; mais 1l ne ſut pas
1M- plutôt arrive' à Säxitaſc' , qu'il écrivit à ce
Recteur une Lettre , datée du 1.3 de I-'éñ
vriet X642. , fi dure 8: ſ1 outrageante que
Ffèvêque' du 'ſucuman en fut ſcandaliſé , 8c
I111 en ccrrvit en ces termes. n J'ai ap
:D pris, Monſeigneur , par des Habitans
:a de Cordoue, que les Jéſuites de cette
:a Ville avoient rendu à V. S. illuſtriſſlme
8 tous les honneurs qu'ils vous devoient ,
a: 8c tous les ſervices qui dépendoient d'eux,
a; .SC que cependant vous avez écrit de .
a; Santafe' a\ leur Recteur une Lettre que
D: ſai vue . . . En verite' , Monſeigneur ,
dd cette Lettre ne convient nullement à la
:a gravité 8C à la modeſtie d’un Evêque,
e- Zc ce n'eſt pas ainſi qu'on doit écrireà
ſi' 33 des Reliſſieux. _. . Ie vous aſſure que
D ſaurois (Ëuhaité de cprmoître moins vo
a: tre écriture , afin de Pouvoir me perſua
u der que cette Lettre ne venoit Point de
D) vous. conſidere-z, je vous prie , à quoi
s;- doivent aboutir de tels commencemens.
:a Je vois que le mal a déja paſſé avec
ad vous juſqu'à Saint-Jean de Corrientès ,
zz 8: je _ne ſais juſqu'où il pourra s'étendre
DI PARAGUAY. Liv. X. 5
dans la ſuite; mais à en juger par les ._.————~—
l64z~4zd
apparences, )e m'attends à voir quel
qu emportement extraordinaire 5 car que
\
8888B
8 peut-on eſperer _apres les termes ,> dont
vous avez rempli votre Lettre. Entrons
un peu dans_ notre Cabinet, Monſei..
gneur, 8c ſaiſons-y la ,revue de nos
?ctionlg 8c die notre conſcience, comme
1 au ortir e-là nous devions deſcendre
au tombeau . . . Dans cet examen trou
3 verezſvous que votre colere ait com
mence ſurle Paraguay 2 Non ſans doute,
ïU le principe en doit etre plus ancien; Il
83888 eſt donc vrai que cette haine contre les
Peres de la Compagnie vient de plus
loin, 8c que vous la portiez dans Ie
cœur avant votre départdu Tucuman ,
8Ce.
\ Sarätaféleſt du Diocèſe de Buenos Ay Conduite de
res ont de
réputation e Sié e éroit
ſaÿnteté vacant*
, qui d D. Bernardil
la ra;arf
prédédoigt à Sant-uſé ê!
à Corrientès
tout le nouvel Evêque du Paraguay, en—
gagea le Chapitre de la Cathédrale à le
prier de_ vouloir bien accepter ſes pouvoirs,
8e de faire la viſite de la partie de ce Dio
cèſe? qui ſe trouvoit ſur ſa route. Il y con
ſentir , 8C _l on vit renouveller le long du
Fleuve u’1l remontait, tout ce qui S’e'
toit pa é tandis qu'il faiſoit ſes Miſſions
au Perou... Il Sarreta quelque tems àCorñ
nſlrltes quneſt la derniere Ville de ce Dio
ÏF e: &d Ouple concours 8c les applaudiſ
emens es euples furent extraordinaires.
Ÿnfin 1l s’y_embarqua ſur le Paraguay , 8c
a_ peine fut-rl entré dans ſon Diocèſe ,qu’il
flpperçut deux Barques qui venaient à ſa
A iij
G HISTOIRE
———————y rencontre. Elles portaient deux Députés Je
354*43 lAſſomption, qui après l’av0ir complimenté
au, nom de tous les Ordres de la Ville , lui
preſenterent toutes ſortes de rafraîchiſſeë
mens. '-" -
Ces deux Barques furent bientôt ſuivies
de pluſieurs autres, remplies de Perſonnes
de toute condition, attirées par. l'impa
tierice de voir un Evêque dont on publioir
_tant de merveilles. La nuit approchant , il
les pria de ſe retirer un peu, parcequ'il
vouloir être en liberté , 8c les Députés de
la Ville lui dirent qu'ils avoient ordre de
\le pas s'éloigner de lui ,' 8C qu'ils étoieiit
charges de VClllCſ à la Sûreté de ſa Per
ſonne , mais qu'ils auraient la plus grande
-
attention a\ ne pas troubler ſon repos.
Vers_le milieu de la nuit, ils furent très
ſurpris de ſe voir éveiller par une longue
8c rude diſcipline que ſe donnoit le Prélat;
8C_ comme la même choſe arriva les nuits
ſuivantes, 8C que tous les jours il célébroic
pontificalement les divins Myſteres, les
deux bords du Fleuve' 8c les Campagnes
voiſines retenriſſoient des bénédictions que
—ll1l donnoient a l’envi les Eſ agnols 8; les
Indiens. Pluſieurs même ſe haterenr d'aller
annoncer a la Villelarrivée dun ſecond
Saint Thomas (I), qui marchoit ſur les
traces du premier Apôtre du Paraguay.
Cnmment il
'Il mit pié a terre à quatre lieues de la
Ville , 8L entra dans une Métairie des Ie'
n uſe à l'êI ' ï I u c
?ſi des 3c- ſuites. Ces Religieux qui en avoient été
UIEÏSU
i. (i) Jſiaî déja dit que taguay que S. Thomas y
la tradition étai: au Pa- avoit preché l'Evangile…
prévenusnu PARAGUAY.
, s’y étoienr rendusLiv.
pourX.l'y re
cevoir, 8c furent aſſez ſurpris de l'accueil I547' 43
qu'il leur fit , car ils nſiignoroient rien de _ .
tout ce qui s'était paſſé aCordoue. Mais -
le Prélar
ainſi; avoit
réſolu qu’ilſesétoit
raiſons pour en
de prendre uſer
poſſelſi
ſron de ſon Evêchc' dès qu'il ſeroit arrivé à
?Aſſomption , il craiqnoit d'y trouver de
*grandes oppoſitions ſs: ce nëécoic _pas le
tems de ſe faire des Ennemis. _ll ſe dou
toit bieuà la vérité que ,les jéſuites n’aP
prouvedroient pa? ceſſ quſ11 Iroulodi-t( faire;
mais compren a cz ur eur 1 crenon
pour croire qu'ils ſe contemeroien: de pen
ſer qu'il ne le pouvoiepas, 8c qu'ils gar:
deroicnt le ſilence , s’1l ne les obhgeoit a
lc rompre. Il leur donna meme de grandes
marques de confiance , 8c cela dura ſi long
tcms, que point
ne ſuivoir peu deenbcela
oens ſoupçonnerent
lc ſentiment dequ'il
ſon
.1
cœur. ~
Il fic ſon entrée publique ?dans la Capi- Sqn .enitíd
tale aux acclamations de toute la Ville'. PUNÎÜW
On le conduiſit d'abord à PEËliſe de Saint
Blaiſe , qui eſt la Paroiſſe e l’Evêché,
Puisà la Cathédrale, ou il chants. la Grand?
Meſſe &fprêcha , la Mixte en tête. Tour le
monde ur enſuite admis à lui baiſer la ,
main, après _quoi_il congédia le Peuple,
en diſant qu'il étoic tems que chacun alla:
dîner. Pour moi , ajoûta-t-il , je me nour
ri: d'une viande inviſible, G- ffun breuvdge b_ u
qu; nepezzt étre vu des' Hommes. Ma nour- 7° 'ë '7" '9"
riture eflêæíeäſhire la xznloſnie' de celui Hai !réa 3cm 4_ 54,
envozcen oraiſon
donc accomp zr onVêpres
juſqu? œuvre.5 8c *re
l’Ofſi~a
A iiij
8 H r S TRO 1 n E
fice fini , il fſiut conduit à ſon Palais avec
16 — . .
47' 43 un redoublement d’acclamat1ons.
Sa priſe d: On n’avoir pourtant pas compté que
pſſcſhon. juſqu'à l'arrivée de ſes Bulles il prétendît
avoir aucuns pouvoirs , que ceux qu’il tien
_ droit du Chapitre de la Cathédrale; mais
on ſuc trompe'. Il ſe mir par voie de fait
en poſſeſſion de toute la Iuriſdiction Epiſ
topale, 8c cela ſans avoir gardé aucune
formalité , ſans avoir préſenté le Brevet du
Roi, ni aſſemblé le Chapitre , ni prêté le
ſerment de fidélité. Il crut qu'il ſuffiſoit
(l'avoir célébré pontificalement la Meſſe
dans la Cathédrale, 8c d’y avoir reçu les
ſoumiffions de toute la Ville par le bai
ſement des mains. Il nomma auſſi-tôt pour
ſon Proviſeur 8c ſon Vicaire général le
Chanoine D. Chriſtophe Sanchez , qui gou
vernoit le Diocèſe depuis la vacance du
Siège.
Dîviſiondans Cette conduite ſurprit tout le Chapitre.
IF Chapíflï 5 Le Tréſorier Dom Diegue Ponce de Leon ,
“fille” 8L le Chanoine D. Fernand Sanchez lui fi
ſ rent même ſur cela des repréſentations;
'mais il leur répondit qu’il étoit leur Evê~
que 8c leur Paſteur , 8L qu’il ſavoir ce qu'il
devoir faire. Ils ne répliquerenc point;
mais ils firent aſſembler le Chapitre pour
déliberer ſur le parti qu’il y avoit aprem
dre. Les ſencimens furent partagés : quel
ques Chanoines furent d'avis qu’il falloir
ſe ſoumettre à Plîvêque, 8c entraînerent
tout le bas clergé 5 les autres lui firent
ſignifier un Acte dbppoſition , 8c proteſte
renr contre tout exercice de Juriſdiction
quîl pourrait faire. Il devoir S'Y attendre,
DU PARAGUAY. Liv. z
cat ils Pen avoient prévenu lorſqu’il étoit >""'—"*,'*
äncoredau Tſucuman, 8c l'avaient prié 16411*
'atten re à e~~ otter' out leur Evê ue
qu'il eût reçu ſei, Bullcf, afin d’ôter ?cute
matiere aux \Êzruärules que pouvoit faire
naitre
nulle, une ri e e !Blais
étantpillicite. oſſeffion ui ſeroità
il ne ilépondit
-ceux qui lui rappelloient ce qu’ils lui
avaient écrit , qu'en ſaiſiſſant leurs reveñ
nus. Ils eurent recours au Métropolitain ,
qui leur en donna la main-levée.
Comme cette (Partie du Chapitre étoit L²5°LP°ſ²ffl
la plus nombrcu e , 8c avoit à ſa tête le ff” aäíäëï
Dolen 8c le Tréſorier , elle crut devoir ſe vo… 5;…
ſéparet de l'autre
YOffice divin. Ceuxdans la célébration
qui demeuroictent de 1'53"13
atta- l'Office dans
d”
chés à [Evêque étant reſtés en poſſeffion JÏ‘““°"FF‘Î.
de la Cathédrale, les autres furent un peu Yffflîufiîflffgë
embaxaſſés pour trouver une Egliſe ou ils bon. ſiſi

puſſent s’acquit‘er de ce devoir. Les Cures


dauroient pas oſé les recevoir dans leurs
Paroiſſes; lesſeuls
occupé z les Réguliers avoieut
Iéſuiſites leur
avaient Chœur
leur Egli
ſe libre. Les Oppoſans la demanderent au
Recteuíl du College , qui crut &autant
moins evoiïr
pouvoir Iä-rfifilſcl
profiter , u’il ſe flatta
de cetteqoccaſion de
pour
réunit les eſprits. Il ne voulut pourtant'
pas Faccotder ſans s'être aſſuré que le Pré
lat ne ke trouverait point mauvais.
A cette ſéparation près, la priſe de poſñ* [Ïçâſilue
ſeſſion de D. Bernardin ne produiſit aucun-ſe coDci-hc de:
mouvement dans la Ville', ou ceux mêmes Ph" F" PW*
qui ne Papptouvoient pas , lui tendirent ſh" Dwëèœſſ"
toujours tout ce' qu'ils devaient à ſon ca
ractere. De ſon coté _., la vie qu’i}î menait
’ A v
10 H 1 s 'r o 1 n E
1641-45.
affermiſſoit de plus en plus l'opinion qu’on
avoit conçue d'abord de ſon éminente ſain
ceté. Il alloit tous les jours de grand ma
tin à la Cathédrale, accompagné de tout
ſon Clergé; l'es Prêtres diſaient la Meſſe ,
8L il les entendait toutes àgenoux, il cé
lébroit enſuite pontificalement la ſienne,
ſe tournoit apres FEvangile vers le Peu
ple, auquel il faiſoit une exhortacion pa
thétique 8c toujours ſemée de traits frap
pants z puis il prononçoit à voix haute des
prieres , que l’0n répétoit après lui : après
FElevation i1 ſe mettoit à genoux , 8c com
mençoit une priere ä Jeſus-Chriſt caché ſous
les Eſpeces ſacramentelles , que les Aſſiſ
tans continuoient juſqu’à la Communion.
IIOffice fini , il diſtribuoit des Indulgences
8c des cordons de S. François , ou d'au
tres choſes de dévotion ;\il y avoit cepen
dant quelque variété dans ces pratiques , 8c
le Peuple le reconduiſoit toujours en ſoule
juſques chez lui , rendant graces à Dieu de
lui avoir donné un ſi ſaint Paſteur.
Ses pratiques Il commença auſſi bientôt à prendre la
ſingulier” de coutume de dire tous les jours deux Meſſes ,
piece. 8c il n'en apportoit point d’autre raiſon
que l'utilité 8c la commodité du Public,
quoique cette raiſon ne paroiſſe pas avoir
été ſuffiſante dans une Ville oui il y avoit
un aſſez grand nombre &Egliſes 8L beau
coup de Prétres. On aſſure même qu'il
continua d'en uſer ainſi à la Plata ſous les
yeux de ſon Métropolitain , l0rſqu’il y ſut
cité à comparoître par l'Audience roïale. IL.
imaginoit auſſi tous les jours quelque cho
ſe de nouveau pour frapper la Multitudc.
\
ï

D U P A n A c du'. [za, X'. Iîſ


Tantôt on le voïoit marcher nus iés , ccm 6 -_
ſur-tout dans les Proceſſions , 8C c ar é I 47"43'
ſur ſes épaules d’une peſante Croix; tantot
environné d’Indiens , *portant une Chaſſe
de reliques. D'autres ois il alloit par les
rues 8c dans les Campagnes , portant le
S. Sacrement 8c donnant des bénédictions,,
pour détourner , diſait-il , les maladies , 8C
pour donner la fertilité à la terre. Il inſti
tua un exercice de préparation à la mort',
qui commençoit vers la fin du jour, 8l il
choiſit pour cela l'Egliſe du College. Il Y
aſſlſtoit affidûment , 5L promettoit à ceux
gui S'y trouvaient les premiers , des Meſſes,
es Jeûnes 8c des Pénitencesà leur inten
tion. Au bout de quelque tems le Recteur
du College, a ui on avoit donné avis
qu'il ſe gliſſoit e grands déſordres dans
ces Aſſemblées nocturnes, crut devoir lui
en parler : il le'trouva mauvais 8c ne chan
gea rien. , -A à _ l
Il avoit ſurtout ſort ä coeur de mettre C²'²&‘Ïc°u‘:“
dans ſes intérêts D. Gregorio dc I-_linoſ- Îgïgſſäovifl_
troſa , Gouverneur de la Province. Cſiétoic ce_ '
un ancien Officier , né au Chili, ou il avoit
ſervi avec diſtinction : il étoit fort aimé ,
8c méritoit de Fêtre , aïant un grand Fond
d'honneur , de probité 8c de rcligicgi Mais
viS-à-_vis d'un Evêque , de l'humeur SC du
caractere de D. Bernardin deVCardenas,
avec qui on ne ouvoit être bien u’au
tant que l'on ſouſzrivoit aveuglément a tout
ce qu'il vouloit , il lui auroit fallu plus dc *
lumieres 8c' de réſolution. Faute de ces
Jeux qualités il ne ſut , ni ſoutenir ſon'
rang avec' dignité ,. ni connaître l'étendue'
A vj.
12- HISTOIRE
8L les bornes de ſon pouvoir , ni eniploïer
1641-43.
à-propos ſes forces 8L ſon autorité. Le Pré
lac , pour ſe l’attacher , ou plutôt pourle
ſubjuguer, commença par lui rendre des
honneurs auxquels il ne s’attendoit pas.
Toutes les ſois que D. Gregorio veiioit à.
l'Egliſe, il quittoit ſa place pour aller le
recevoir à la porte , 8L il en uſhit de mê
me dans les commencemens avec le Pere
François de
Auguſtin , 8LHirioſtroſa , Religieux de
Frere du Gouverneur. D. Saint
ſſGre~
~ gorio païa ces politeſſes de quelques com
plaiſances qui n'étaient pas toujours bien
placées, 8c dont ?Evêque ſe prévalut : auſſi
cette bonne intelligence dura—t-elle aſſez
peu; elle auroit pu faire le malheur de la
Province , 8L la rupture lui fut encore plus
funeſte.
Les Peres de
Saint Fran
Cependant la ſéparation de la plus grande
goſs ſe déda- partie du Chapitre de la Cathédrale inquié
rcnt contre toit beaucoup Dom Bernardiii de Carde.
YEvêqiie. nas , 8L dès qu'il ſe crut aſſez autoriſe' par
la vénération qu’on avoit pour lui dans la
Ville , il fit une nouvelle tentative pour
obliger les Oppoſans à reconnoître ſa Ju
riſdiction. Elle ne produiſit qu'une ſeconde
proteſtation de leur parc , 8L il en fut mor
tiſié ,_. eaucoup moins cependant que du
proc de quelques Religieux de ſon _()r—
dre, qui, non contens de penſer comme
ces Chanoines ſur Firrégularité de ſa priſe
_ de poſſeſſion, ne parloierit de lui que com—
me d’un ambitieux , d’un hypocrite , 8L d'un
Homme à qui tout étoit bon pour ſe faire
la réputation d'un Saint. Le meilleur. moïen
de réfuter ces diſcours , était de les mé
DU PARAGUAY. Lîr/.X, r;
priſer 8c de les ſouffrir avec une ſainte 8c 1 64 ſi’4'-Jct~
noble inſenſibilite'. D. Bernatdin ne le pri:
point : il rócrimiiua 5 ſans faire réflexion
que par-là il dégradoit ſa dignité, 8c ſe
mettait au niveau de ceux qui devoienc '
donner aux autres l'exemple du reſpect dû
à ſon caractere. Il fit plus; comme ces Re
ligieux avoienc eu quelque démêle' a-vec
les jéſuites, il affecta plus que jamais de
faire beaucoup d'amitié ‘a ceux-ci, 8c d’en
parler publiquement avec éloge.
‘ Bien
' des
~ gens
- ne ÿaecourumoient point irrêgullere
Pèmîſd”
dïct '
a lui vou: dire deux Meſſes tous les )outs ,- Œvcqufl_

8c quelques-uns de ceux qui lui étoiene
les plus attachés, Favertirent de ce qu’on.
en penſait dans la Ville. Il leur répondit
qu'il ne célébroit jamais , qu'il ne délivrâe
une Ame du Purgatoire, 8c qu’il y avoit
eu de très grands Saints qui avoient dit
juſqu? neuf Meſſes en un jour; qu'au reſte
il étoit Pape dans ſon Diocèſe 8c en droit
d'y faire tout ce qu‘il jugeroit être du ſer
vice de Dieu. Sur ce principe , 8c ſous pre'
texte qu'il n'avoir as aſſez de Prêtres pour'
donner des Cures a toutes ſes Paroiſſes ,.
il réunir en ſa Perſonne pluſieurs Cures,
dont il tiroir ſhe-notaire; mais comme il
ne pouvoir pas les deſſervir toutes en mê
me tems , il alloit officier tantôt dans Func
8c tantôt dans l'autre , de ſorte qu’il chan
toit quelquefois deux grandes Meſſes le…
même jour. On en murrnuta; mais ce qui'
choqua-ſilrtou-t bien du monde , c’eſt _qu’à;
la fin de la premiere il donnait ſon Calice ,
qui n’étoit pas purifié , à un jeune Garçon,
pour le potter dans lÎEgliſe oû il devais:
14 His-romain
m
3547-43 chanter ſa ſeconde Meſſe , 8c qu’on vit
pluſieurs ſois cet Enfant S’amuſer en che
min avec ſes camarades en tenant le Ca
lice _ à ſa main. V
suordîm_ On Fur encore plus ſcandaliſé , quand
,ions encore on lui vit conférer les Ordres ſacrés a de
_lus iirégu- jeunes gens qui n’avoient point l'âge re
ïœs- quisrpar les Canons, ou qui ne ſavoient
preſque pas un mot de Latin , 8c ifavoient
point' d'autre mérite que de parler une Lan
gue Indienne: Pluſieurs étoient même dans
des empêchemens dîrrégularité , dont il
n'avoir pas le pouvoir de les relever. Quel_
ques-uns_ ifétoient point de ſon Diocèſe
8c n’av0i'ent point de Démiſſoires. Enfin ,
la plûpart étoient admis ſans examen, quoi
qu'il y en eût , qui avoient été diffamés en
matiere de mœurs. Mais outre que D. Ber
nardin croïoit avoir tout pouvoir, il re
gardoit ?Ordination comme un nouveau
Baptême , 8c on le vit ſolliciter des Hom
mes chargés de crimes à ſe faire ordonner ,
pour effacer, diſait-il , tous leurs péchés.
flveutfaîre Il n'y avoit pas long-tems qu'il étoit
ËSÆÈËCËÏË: arrivé a l'Aſſomptio_n , quon eut avis que
R m baptiſe des _Guaycurus , (1111, depuis quelque tems
uelques-uns avoient recommence leurs hoſtilités, pa
an_s les inſ- roiſſoient diſpoſés à la paix , 8c que leurs
“W”- Députés étoient fort proches. L’Evêque ſe
mit dans la tête qu'il dappartenoit qu’à lui
de traiter avec ces Barbares, 8L il le décla
ra publiquement. Cette prétention ſurprit
le Gouverneur, qui n'a~i'ant pu lui Faire en
tendre raiſon , prit le parti de le laiſſer
faire. Le Prélnt ſe revêtir de ſes habits pond
ëificaux , 8c alla ,.. la. initie en tête &la
DU PARAoUAÎLLiv. X. I;
groſſe ä la main , ſe montrer aux Gctuaycu ————————~ç
'1641-43.
tus qui s'étaient avancés jtíſques ſur le
bord du Fleuve. Ces Infideles , fort \T1 ris
de cette figure ,. s’a procherent de lui d un
air qui
fût auroit
inſulté , ſi pule Gouverneur
aire craindrenîavoiſit
qu'il n'en
pas
eu la précaution de le faire ſuivre par un
Détachement. Ces Barbares ſe contenterenr]
donc &examiner avec beaucoup de curio——
ſite', 8c piece à piece , toute cette' déco
ration pontificale.
les volant Le' luiſi,
autour de Ptélatl'esdeprêcha
ſon côte'
par,.
Interprète , puisvouloir
qu'il Sïmagina en baptiſé. uelques-uns
embrallïer notre Re
ligion , les exhorta à bien vivre avec les
Eſpa nols; 8l de retour à l’Aſſomption ,.
manÿa au Roi qu'il venoít de donner la
paix à la Province de Paraguay , en faiſant
tomber les armes des mains dc ſes plus
dangereux Ennemis.
A cette ſcène il en ſucceda une autre ,— Il fait ab
qui eût été capable de ſcandaliſer toute la batïſïlc C011*
Ville , ſi on n’y eût été prévenu qu'il ne fai vent des Peres
de S. Domi
ſoit rien que par l'inſpiration de l'Eſprit nique. -
ſaint. Les Religieux de S. Dominique s’é~
toient é*ablis a l'Aſſ0mpti0n ſans avoir de
Lettres patentes, qu’ils avoient demandées
8L qu’ils ſe croïoient aſſurés de recevoir.
On en avoit porte' des plaintes à l'Audicnce
roïale des Char-cas , qui avoit ordonné'
d‘abbatre leur Maiſon z, mais ils avoient
obtenu une \Îlrſéance de fix ans , à con
dition que FArrêt ſeroit -exécuté , _ſi , ce
terme expire' , ils n’av0ient point préſenté
des Lettres patentes. Mes Mémoires ne di~
ſent point ſi les ſix :ms étaient écoulés ſans
rc HISTOIRE .
*~—î qu’ils les euſſent reçues , ni ſi on leur' avoit
354²~'43~ accordé un nouveau délai; ce qui eſt cer
tain, c'eſt que (perſonne ne ſongeoit à les
inquiéter , lor qu'un jour Flîvêque ſortit
de grand matin de ſon Palais en rocher 8c
en camail , l'œil étincelant de colere, 8C
bien accompagné , après avoir envoïé dire
au. (äouverneur qu'il. le prioit de le venir
join re.
On 1re dit point s'il ſavoir prévenu de
ſon deſſein, mais-ſeulement que D. Gre
gorio s'étant rendu auprès de lui , il le
pria de l'accompagner au Couvent des Do
miniquains , pour y mettre en exécution
?Arrêt de l'Audience roiale contre ces Re
ligieux. Le Gouvemeur, qui n’oſoit plus
le contredire , le ſuivit; 8L quand ils ſu'
rent arrivés à la porte du Couvent, ?Evê
ue ſe la fit ouvrir , entra dans l'Egliſe , en
t tirer le Saint Sacrement , commanda
qu'on la dépouillât de tous les ornemens ,
u’0n enlevât tous les meubles de la Mai'
on, 8L qu'on abbatît l'une 8c l'autre. Les
Religieux eurent beau gémit , ſupplier , ſe
récrier, il ne répondit que par des paroles
fort dures 8L qui donnoient à entendre qu'il:
y avoit parmi eux de grands déſordres ,
8L cela d'une voixſi haute , qu'on Fentendît
par tout , malgré le bruit que faiſoit les
Ouvriers , 8L le fracas que- cauſoit la chûte
des toîts, des murailles 8L des planchers.
Il entra enſuite dans une Egliſe voiſine
oû il avoit( fait( trÈnſporter lîe Saiírſxt Sacre—
ment ,4 8L edi po a' à dire la Me e.. Après
s'être lavé les mains , il ſi', tourna vers le
Peuple, 8L dit ; au Vous voïez , mes En
DU PARAGUAY. Liv. X. 17
o: ſans , que je vais offrir le Sacrifice ſans
1644-43.
33 m'être confeſſé; c'eſt quema conſcience
D! ne me reproche rien; je ne me ſuis ja
I) mais vû mieux préparé pour une action
D! fi ſainte". Il en écrivit ſur 1e même ton
à ?Evêque du Tucuman , 8c lui ajoûta
qu'il uſeroit de la même rigueur envers tous
les Reli ieux qu’il trouveroit coupables.
D. Melc ior Maldonado lui répondit que
ſon zele tenoit plus de celui d’Elie ,~ que
de celui de Jeſus-Chriſt 5 que pour lui il
croïoit que dans des Provinces ſi éloignées
il ne convenait pas de faire revivre d’an—
ciennes fautes oubliées , ni de punir toute
une Maiſon pour celles de quelques Parti
culiers. a: Mes lumieres du moins, ajoû
d: toitñil , ne vont pas plus loin à Votre Sei
s: gnerie illuſtriflime en aſans doute de ſort
D: ſupérieures.
Peu de tems après D. Bernardin fit déter
rer le corps d’un Homme qui s'était tué
lui-même , 8c que ,pour cette raiſon le ſeu
Evêque avoit défendu de mettre en terre
ſainte : *n c’efl: le corps d'un Chrétien , dit
:a le Prélat, 8C j’ai tout ſujet de croire que
s: ſon ame eſt dans le Ciel ce. Bien des
gens le crurenc ſur ſa parole , perſuadés
qu'il étoit favoriſé de viſions 8C de révé
lations céleſtes. Il invita enſuite tout ce
qu'il y avoit de Perſonnes de conſidéra
tion dans la Ville , à la cérémonie de l’inhu
mation de ce qui reſtoit de ce Cadavre; il
aida lui-méme avec le Gouverneurà porter
la biere ori il l’avoit fait mettre, juſqu'à
l’Egliſe de Flncarnation, 8C officia lui-mê
me aux funérailles qu’il lui fit faire.
18 H 1 s *r o I x E
——.__ Cependant ,quelque prévenu que l'on
!C42 'ſn' fût dans la Province en ſa faveur , on com—
Il reçoit ſes
lulles. mençoit a faire ſur ſa conduite bien des ré
flexions , lorſque l'arrivée de ſes Bulles , 8L
Fappareil avec lequel il les reçut , firent
une diverſion dont il ſut profiter. Elles lui
furent apportées parle P. Pierre de Carde
nas , ſon Neveu , 8L Religieux de S. Fran
çois, avec pluſieurs Brefs que le Pape en
voie ordinairement aux Evêques des Indes ,
dont les pouvoirs doivent être plus éten
dus à proportion de leur éloignement , qui
leur permet moins d'avoir recours à Ro
me. Il y a bien de l'apparence qu'il n'em
mina point d'abord toutes ces pieces avec
beaucoup d'attention , car les aïant en*
voïées a un Jéſuite pour les «traduire en
Caſtillan, parcequ'il vouloir les faire pu
blier en cette Langue , après que la lecture
en auroit c'te' faire en Latin , ce Pere lui fit
obſerver qu'il y étoit expreſſément marqué
ue S’il ſurveiioit quelqſſirrégularité dans
?on ſacre, il CDCOUITOÎE 'des cenſures qui
le rendroient ſuſpens de toutes ſes fonc
tions.
Il prétendoit bien n’être point tombé
dans ce cas; mais il Ïignoroit point que
pluſieurs Perſonnes ne penſoient pas corn
me lui, 8L il étoit d'une grande conſéquen
ce de ne leur pas fournir une ſi belle occa
ſion de perſuader au Public qu’ils penſaient
juſte. Il remercía le Iéſuite de lui avoir
donné cet avis, 8L il en profita. llfit pu
bliquement lui-même la lecture des Bulles
8L des Brefs , 8L ſe donna bien de garde
de rien dire de ce qui pourkoi: juſtifier 1'35
d

IDUPARLGUAÏRLÎÎLX. r)
ſoupçons qu’on avoit eus contre lui auſu 1642.-”.
jet de ſon acte 8c de ſa priſi: de poſſefiion.
Il dit enſuite qu’on ne pouvoit plus douter
ſeu’il
du ne fût le légitime
Paraguay Paſteur
, Inquiſiteur; de l'Egli
de droit danſisſſ
ſon Diocèſe
Croiſade , Scſi ,revêtu
Commiſſaire de la illimité
d'un pouvoir ſainte
dans le ſpirituel 8c dans le temporel. Il ne
paroît pas que
alors d'être le Gouverneur
choqué ait témoigné
de ce d‘erni'er mot. Ilſi
l'avoir cependant bien remarqué , 8c il eut'
bientôt occaſion de faire ſentir au Ptélat
combien ſa prétention à cet e' ard étoit~
mal fondée. Il lui ſuſcita des afiâires, u.i
le chagrinerent beaucoup , 8c dont il ſe e
roit ſort mal tiré, s'il avoit eu à faire à
un Homme qui connût mieux ſes avanta
ges 8c qui mt mieux en profiter. _
Ce fut le P. de Cardenas qui donna lieu Conduite du
àla premiere rupture entre ſon Oncleôläë” dfflcîîî
D. Gregorio de Hinoſhoſa. D. Bernardinaÿgï: ;P132
avoit envoïé ce Religieux eí Eſpagne pour zz A (on o...
aller chercher ſes Bulles : ſon voîage du cle ſes Bulles.
Pérou en Europe ne lui avoit pas fait
beaucoup d'honneur 5 ſon retour &Eſpagne
en Amérique lui en fit encore moins. Arrivé
a Corrientès , il s'y embarqua avec une jeu
ne Femme bien faire; 8c pour éviter le
ſcandale , il prit un habit ſéculier. Quand
il fut près d'arriver à l’A_ſſomption , 'il mit
le ſien papdeſſtls, 8c il parut dans cet c'qui
page devant ſon Oncle, ui le reçut avec _
des démonſtrations damititzproportionnécs
au plaiſir que lui cauſoient les Dépêches!
dont il était Porteur. Il le logea dans ſon
Palais, 8c lui aſſigna les revenus' d'une Pré.
\
10 Htsrorllj
M4145_ bonde qui était vacante.; ils \ſei-virent à
paiet les frais de ſon voiagc 8,: a beaucoup
de dé enſes qui ne convenoient pas tou
jours a ſa profeſſion. Quelques-uns de ceux
qui compoſoient la Maiſon de ?Evêque ,
ne donnaient pas un meilleur exemple 5
mais le Prélat étoit aveugle ſur la condui
te «le quiconque lui avoit voué un atta
chement ſans bornes, 8c traitoit de calom
nies tout ce qu'on leur reprochoit.
Rupture m_ Peu de tems après qu'il eut reçu ſes Bui
erclecouvex-Ies, le Gouverneur fit mettre en priſon un
nent 6c l'E- nommé Ambroiſe Moralez, qui étoit fa
'éqœf milier du ſaint Office , 8c avoit eu querelle
avec un Officier; le bruit courut même
u’ilvou1oit le faire pendre. L’Evêque en
?ut averti par ſon Neveu, qui lui repré
ſenta vivement le droit qu’avoit cet Hom
me de ne pouvoir pas être traduit au Tri
bunal ſéculier. Le Prélat rſavoit garde de
manquer une ſi belle occaſion d’uſer du
pouvoir qu’il prétendait bien avoir, en
qualité de premier lnquiſiteur dans ſon
Diocèſe. Il ſortit de ſon Palais, tenant le
Corps de Notre-Seigneur dans un Ciboirc
qu'il gardait toujours dans la Salle oû il
recevoir ſes 'viſites , marcha droit à la pri
ſon, demanda qu'on lui remit le Priſon
nier; 8c en attendant qu'on eût ouvert les
portes pour le faire ſortir , il ſe fit appoiz
ter une table, ſur laquelle il poſa le ſitint
Ciboirc , 8c ſe tint là avec toute ſa ſuite.
Le Recteur du College , qui Papperçut ,
alla lui repréſenter que le Corps de Jeſus
Chriſt n'était point décemment expoſé à
la porte d'une priſon , 8C qu’il ne conve
ï
nu PARAGUAY. Liv. X. 1.!
noir pas à la dignité de ſon caractere qu'il ......._..,
1641-43.
reſtât
\croit lui-même
juſquït ce: il qu'on
lui répondit
lui eûtſiqu'il y reg
remis un
Homme qui appartenait au ſaint Office , 8c
qu'on n'avoir pas eu droit dempriſonner. Le
Recteur, qui le connoiſſoit incapable de
ſe laiſſer perſuader quand il s’ét0it mis
quelque choſe dans la tête, alla auſſi-tôt
trouver le Gouverneur , qu'il engagca ſans
peine à faire ſortir Mora-lez de priſon; 8C
l’Evêque, fort content de ſa victoire, re
tourna chez lui comme en triomphe , ſans
ſe mettre en peine de ce qu'on penſait dans
la Ville d'une telle démarche; car chacun
cn parla ſelon le parti qu'il avoit pris. Quel
?nes-uns dirent en badinant qu'il étoit à
ouhaitet que l’Evêque 8: le Gouverneur
ne fuſſent pas toujours d'accord, puiſque
leur bonne intelligence avoit produit la dé
molition d'une Egliſe 8c d’un Monaſtere ,
8( que leurs prétentions contraires avaient
procuré la liberté ~a un Priſonnier.
Dom Bernardin aïant ainſi eſſaïé ſes for- Comm-hifi**
ccs contre le Gouverneur , crut pouvoir “ë d" GW'
tout entre r d' . Il lui fit demander les vctſiſiir' a:
_ P en le _ , ce qui en ali-z
papiers 8: l'argent qu'on avoit ſaiſis chez me,
Moralcz en Fartêtant priſonnier , 8c Dom'
Gregorio les lui renvoïa. Il donna auſſi
tôt la Tonſure 8c les Ordres mineurs a cet
Homme , pour le mettre encore plus à
couvert des pourſuites de la Juſtice ſécu
liere, 8c Morale-rv. alla partout la tête le
vée ſans rien craindre. La facilite' du Gou
verneur ne ſervit qu'à lui attirer le mépris - "
de tous ceux qui appartenoient à ?Evêque ,
R l'on ſur que lc P, de Gardenas tenait ſur
u. ï HISTOIRE

H ſon compte des propos fort inſolens. Le


P. de Hinoſtroſa crut devoir repreſenter
à ſon Frere qu'il avoit tort de laiſſer ainſi
avilir ſa dignité z mais D. Gregorio lui ré
pondit qu'il aimoit la paix , 8L qu'il la
préſeroit à tout le reſte. Son malheur ſut
d'avoir donné lieu en pluſieurs rencontres
de juger que ſa modération étoit moins
une vertu qu'une foibleſſe. l
Son déſiii- Il eſt vrai qu'il ſut pouſſe' 'a bout d'une
\éſïſſïïÿïïfll maniere qui n'a preſque point eu d'exem
;Âlfé 'WW' ple dans la place qu'il occupoir, 8L qu'il
' ne ſe brouilla avec l'E-Evêque , qu'après avoir
fait bien au-delà de ce qu'il devoit pour
bien vivre avec luî. D'ailleurs ſon déſin
tereſſement ne fut jamais équivoque, 8L il
en donna dans ce même tems une preuve
qui devoit lui concilier pour toujours l'a
mitié de l'Evêque. Il avoit de ſort beaux
chandeliers d'argent , 8L il ſut que le Pré
lat ſouhaitoit fort de les avoir : il les lui
envoïa, 8L voulut qu'on les lui préſentâc
lorſqu'il ſeroit dans l'Egliſe , afin que le
Peuple connût qu'il ne conſervoit aucun
reſſentiment de ce qui s’étoit paſſé au ſujet
de Moralez. D. Bernardin reçut fort bien
ſon préſent , 8L fit publiquement ſon élo—
ge ; puis ſe tournant vers ceux qui lui
avoient apporte les chandeliers , z. il ne
d) me ſaiulroit plus, dit-il, que le baſſin
a: 8L les burettes q-ie j'ai auſſi vûs chez vo
d. tre Maître ce. Le Gouverneur , ſur le
rapport_ que lui en firent ſes Gens , les lui
envoïa , avec ordre de Yaſſurcr qu'il n'avoir
rien chez lui qui ne fût à ſon ſervice;
c'était_ s'engager beaucoup , 8L il [ne fut
nu PARAGUAY. Liv. X. 2.3
pas long tems à le reconnaître. rë4zñ4 z,
_ La Conſrairie du Saint Sacrement avoit
a ſon ſervice un aſſez grand nombre d'ln Il eſt excomg
muaié.
diens qui lui avoient été donnés en com
mande ~, lT-vêque fit prier le Gouverneur
de ?engager à les lui ceder, 8c il répon
dit qu'il n'en viendroit jamais à bout. Le
Prélat fit de nouvelles inſtances , 8c voïanc
qu'il ne pouvoir rien gagner , s’emporta
contre lui. D. Grefforio de ſon côte' lui re
procha ſon avidite, 8c les ſcandales qu'il
ſouffrait dans ſa_maiſon. D. Bernardin,
piqué au vif, prit ces reproches comme
unä calomnie 8c un quärage ſÊÎtFà ſon ca
ta
quesere; 8c comme
jours i evoit
après une e aire
Proceſſron , ociiuella

coutume éroit que le Gouverneur portât


PEteHdart roïal , il le déclara excommu
nié , &par conſéquent incapable de, ſe
trouver la la Proceffion. D. Gregorio qe
vloulutpas ſe compromettre dans_ une _ce
remome de Religion. Sa modération lui fit
honneur , 8c cette affaire indiſpoſa bien
des Perſonnes contre l’Evêque.
Le P. de Cardenas ne crut, pourtant pas P1 eſt inſulté
encore ſon Oncle aſſez venge. Aïant ren- par lc Pere
contre le Gouverneur dans une rue , il de Gardena:
ſaborda , 8L lui demanda s'il le connoiſſoit.
Je vous connais , lui répondit poliment D.
Grcgorio, comme un Religieux de mérite
&ſomme le Neveu de PET-c'que de cette
Ville ,' 6- moi reprit le P. de Catdenas, je
701.13' connozr comme un peut Homme 6- un
FÜPM 1 qui a reçu des coups de bâton , 6
à quiſen donnerais, ſi je ne voulais pa.:
"i'm ?Taſgncr la peine. La gravité de YHiÊ
24 HISTOIRE
mp4

I‘4.7.~4}\
toire ne me permet pas de rapporter ce qu'il
ajoûta 8L ce qu'il Fut forcé d’avouer , lorſ
que ſur la plainte du Gouverneur , il ſur
interrogé juridiquement par un Commiſ—
ſaire de l’Audience roïale des Charcas. D.
Gregorio contiuuoit ſon chemin ſans ré
pondre, 8L ſe voïant ſuivi par le P. de Car
denas , qui ne ceſſoit point de Poutrager,
il ſe contenta de lui dire 5 Dieu vous garde,
mon Pere, mais ne me tente( par davan
tage. Une ſoule de monde , qui accoinpa~
gnoit Flîvêque au ſortir de l'Egliſe, ac
courut au bruit 8L entendit une partie de
ce que je viens de rapporter: quelques-uns
ſe rangerent au tour du Gouverneur , d'au
tres reſterent auprès du Religieux , qui leur
répéta tout ce qu'il avoit dit.
Quelque modération qu’eût ſait paroîtrc
Juſqu'où il le Gouverneur
P otte ſon teſil réſolu d'avoir > _on comprit
_ raiſon qu'il
_ étoit bien
de cette inſulte. Plu
ſentiment :
eſt excüm- ſieurs lui conſeille-tent' de la mépriſer, 8L
munié dm" lui dirent que celui qui la lui avoit faire ,
fois.
ne méritoit pas ſa colere; ?œil devoir l’a—
-bandonner a la juſtice de on Oncle , 8c
que ce Prélat ne manqueroit aſſurément
pas de la lui faire p-rompte 8L telle qu'il la
méritoit. Le P. de Hinoſtroſa ne fut point
de cet avis , 8L dit qu'il falloir un exemple
qui‘ apprit
^ ‘a rendre a ceux , qui re preſen —
toient la Perſonne du Souverain , le reſpect
qui leur eſt dû. D. Gregorio le crut , mais il
t plus que ne lui auroit conſeillé ſon Frere,
8L ëengagea dans une ſuite de mauvaiſes
affaires , auſſi fatales a ſa réputation qu'a
ſon repos. d _ ‘ l, Hé
Le P. de .Car euas recevoir a, Evec 1
des
nu PARAGUAY. Liv. X. ryñ
______.————z
des complimefflls , 8c \Ïapplaudiſſoit lui-mê .1641-43.
me de ce qui auroit dû le couvrir de con
fuſion, lorſqu'on y fut averti que le Gou
verneur venoit avec main-forte. L'Evêque ,
qui ne ppuvoit douter que _D. Gregor-io
n'en voulut a ſon Neveu , dit néanmoins
tout haut que c'était lui qubp venoir in
ſulter , fit ſonner les cloches , 8c déclara
excommunié quiconque entreroit chez lui
à main armée. Un moment après le Gou
verneur entra , 8c dit au Prélat ,, ſans faire
paraître aucune émotion , qu'il ne voïoit
point pour quel _ſujet 'on excommunioit ſes
Soldats z-puis ſaiſiſſant le P. de Cardenas ,
il lui dir qu'il Farrêtoit de la part du R~oi2«
Cc Religieux ſe débartaſſa en jettant ſon
froc , rentra
paſſait dans ledans la maiſon
veſtibule, prit, un
car piſtolet
ceci ſe -ſi d
8L menaça lc Gouverneur de le tuer , s'il ne
ſe retitoit. Dans le même tems un Clerc
ſaiſit la garde de l'épée du Gouverneur,
qui la lui fit lâcher , 8c ſe retira bien réſo
lu de prendre mieux ſes meſures une autre e
fois. Alors FEvêque prononça la Sentence
dkxcommunication qu'il avoit déja portée'
contre lui, Fétendit à tous les Soldats qui.
ſavoicnt ſuivi , 8c leur impoſait chacun
une almende de cinquante écus pour en être
releve. ~ ‘
Il fit cependant ſes réflexions , quand il
fut de ſang froid , 8c il envoïa dite au Gou
verneur qu’il étoit fort diſpoſe' à l'abſou—
dre. Dom Gregotio n'avoir pas tenu grand
compte de la premiere excommunication
d'0… j'ai parlé , quoiqu’elle fût affichée à la
Porte de la Cathédrale : la. ſeconde l'inquié
Tome III. B
1.6' HISTOIR
toit , 8c il fut bien aiſe que êEvêquc s'of
1642-43.
frir à Fabſoudre. Il ſe rendit chez lui, 8c
dès qu'il ſut en ſa préſence , il ſc mit à ge
noux ; FEvêque ſurpris 8c déconcerté , s'
mit auſſ. Le Gouverneur lui demanda (è
main pour la baiſer, 8c le Prélat voulut
auſſi baiſer la ſienne; ce qu'il eut Fait, ſi
le Recteur du College , qui ſe trouva pré
ſent, ne lui eût point arrêté le bras. On
n'aurait jamais pu deviner , en les voïant
ſun 8c l’autre dans cette poflure , lequel des
deux demandait ou recevoir le pardon.
Enfin ?Evêque donna au Gouverneur Fab
ſolution qu'il demandait; mais les Soldats
nt purent obtenir la même grace qu'en
pa~i~ant l'amende. . -
Une reconciliation ſi peu attendue ne ſut
pas de durée, 8c ce fut l’Eve^quc qui donna
lieu a la rupture. ll nomma un Portugais ,
appelle' Diegue Hernandez, Alguazil Mayor
du ſaint Office , 8c lui permit de potter
l'épée. Le Gouverneur, qui n’e'toit appa
remment pas inſtruit de cette nouvelle pro
motion , l'aſſaut rencontré l'épée au ~côté ,
le fit -mettre au cachot , parceque depuis
la révolution cle Portugal il étoit défendu,
ſous peine de la vie, a tout Etranger de
porter les armes. L’Evêque , au lieu de
s'expliquer avec le Gouverneur, le décla
ra excommunié. D. Gregorio ſe mocqua
de ſexcommunication , 8c condamna lc
Priſonnier à être pendu. Dès que D. Ber~
nardín en ſut inſtruit , il envo~i~a un de ſes
Prêtresà la priſon pour encourager l'Al
guazil à prendre ſa diſgrace en patience,
8c pour lui dire que s’íl (ouffl-oit la. mort
nu PARAGUAY. Liv. X.
qu'il n'avoir pointméritée, ilſeroit Martyr; 1642-43.
qu'il lui ſerait faire des obſeques magnifi
ques, 8( qu'il prononceroit lui-même ſon
Eloge funebre. Le Gouverneur l'aïa.nt ſu,
;pt compaſſion d'un Malheur-eux ,_ que_ la
aranguc de l Eccleſiaſtique n avoit appa
remment pas tranquilllſe' ſur le ſort qui
lattendoit , 8c qui rfétoit coupable que d'a
voir porté l'épée ſans ſon agrément; il le ~
ſit ſortit de priſon ſous caution, 8c ?Evê
que leva auſſi-tôt Fexcommunication , ſans
attendre que D. Gregorio la demandàt. _
d (llepen ,ant 0E étoit touéjours Forp_ étonné fgävëÿgklîï;
lese aJéſuites
maniere, carontperſonne
le Pr lat rfignoroit
en u oit avec .
ſon ÈËÊÃÎÊß: "
k'
reſſentiment contre ceux de Cordoue z mais
il commençait à ëappercevoir ue bien des
Gens ne penſoient plus ſur 'ſon compte
comme ils avoient penſédabord , 8c il ſe
perſuada qu'en donnant de 'grandes mar- ,
ques d'eſtime 8c de confiance à ces Reli
gieux , qui étoient en réputation de ſcien
ce 8C de vertu, il feroit revenir le Public à
ſes premiers ſeutimens pour lui. Il étoit
d'ailleurs bien aſſuré ue S'il. ne réuſliſſoit
pas à les perſuader dd' la ſincerite' de ſon
affection pour eux, du moins ils ne ſepdé
chi-croient pas contre lui, 8c il "comptoir
cela pour beaucoup.
Il commença par marquer leur Egliſe Leufïondlí
pourle terme de ſes Proceſſions , qui étoient “ë à ſi… "ë
Fort Fréquentes : il y transſéra même plu- 53""
ſieurs Fêtes qu'on avoit accoutumé de célé
brer dans d'autres Egliſes, diſant qu'il n'y
en avoit aucune dans la Ville plus propre -
à exciter la dévotion des Peuples., ll ne
B ij
2,8 HISTOXRE
manquoit pas une ſeule occaſion de faire
(542-43.»
leur éloge , même en Chaine , 8L de leur
donner de grandes marques de diſtinction.
Ils n'en furent pas les dupes; mais ils cru
rent devoir en profiter our être en état de
faire plus de bien. Ils ſé' conduiſirent d'ail
leurs avec tant de circonſpection, qu'ils ne
perdirent rien de l'eſtime 8L de la confiance
de ceux mêmes, qui étoient les plus préve
nus contre Flîvêque , ce qui leur donna le
moïen_ d'empêcher plus d'un éclat.
Quelques perſonnes leur reprochoient
néanmoins qu'ils paroiſſoient trop perſua
dés de la droiture des intentions du Prélat
dans bien des choſes, oii rien, diſoit-on ,
ne pouvoir Fexcuſer, 8L qu'ils comptaient
trop ſur ſon eſtime. Ils répondoient qu'il
rÿappartenoit qu'à Dieu de ſonder les cœurs;
qu'il faut toujours , principalement lorſ
qu'il s'agit de ſes Miniſtres 8L des Prin
ces de l'Egliſe, prendre les choſes du meil
leur
ment,côté,
8c ſiſeentaire
laiſſer
ſur au Seigneur
ce qu'on _le juge
ne peut ap
prouver dans leur conduite. Dans le vrai,
ils le connoiſſoient trop pour ne pas ſe te
nir ſur leurs gardes, 8L on leur doit cette
juſtice , qu'ils y furent plus que lui-même;
car, s'il y a tout lieu de croire , ce que bien
des Gens entrevoioient dès-lors, que ſon
parti étoit pris de les perdre, 8L qu'en
affectant de 'les combler d'éëloges ,il cher
choir à exciter contre eux la jalouſie de ceux
.dont il vouloir ſe ſervir pour arriver a ce
but , ſon énic extrême 8L précipité le fic
aller trop oin 8L trop vite, en ne lui per
mettant pas _de 'faire attention qu'il leu;
nUPAſikAéuAŸ. LimX, 'tj
_—._——————í
'fóurniſſoit d'avance des armes pour repouſ I d
ſer les coups' qu'il vouloir leur porter dans
la ſuite. , V
C'eſt ce qu'il fit ſurtout dans quelques Ce qu'il écríl
Roi, en
Mémoires qu'il adreſſa au Roi Catholiq uc au leur faveur. J
en FaÏIeur des Indiens de leurs Réductions z
car , après avoir proteſté à ce Prince, qu'il _
n'avoir rien plus à coeur que le ſalut 8c le
ſoulagement des Peuples du Paraguay ,
après lui avoit repréſenté la miſere 8c l'op- '
preſſion oii l'on en tenoit un grand nombre ,
8c ce qui en étoit une ſuite, la difficulté
d'en faire de_bons Chrétiens, tant qu'ils.
ſeroient ſoumis au ſervice perſonnel , il
ajoûtoit que , Sa Majeſté l’aïant‘ choiſi polir
ouverner cette Egliſe à cauſe des connaiſ
ances 8c de l'expérience qu'il avoir acqui
ſes dans le cours de ſes Millions , touchant
la maniere de gouverner ces Peuples, det
les gagner à Jeſus-Chriſt , 8c de les 'affec
tionner au ſervice de Sa Majeſté , il répon
droit mal a ce qu'elle attendoit de lui ,
s'il ne lui diſoit pas que les Peres de la
Compagnie de Jeſus étoient 1es~ſeuls qui
en fiflent de véritables Chrétiens , 8c il
ajoûta encore a cela, des éloges _gde ces Re
ligieux, qui ſeuls auroient ſuffl pour_ dé
truire toutes les accuſations que nous ne
tarderons pas a le voir former contre veux,
8c dont ſes Procureurs ont fait retentir l'an
cien
Ce 8cqu'il
le nouveau
mandoifiſiäMonde.
Philippe -IV , il le i. .a
i643.
répétoit ſans ceſſe dans ſes entretiens par ll veut chars .
ticuliers 8c dans ſes Sermons , avec une er les Jêſuiü
affection de cœur, des larmes, des ſoupirs tes d'une Cu
qui auraient pu attendrir des rochers: Indienne.
B iij
‘3O HXSTOXR!
-—-—-—- ce 'ſont les propres termes de Foriginal
1643. Eſpagnol, que je ne fais que traduire. Il
propoſa même au Roi de charger les Jé
ſuites de tous les Indiens qui étoient ſous
Ia conduite des autres Religieux 8L des
Prêtres ſéculiers , 8L il voulut , dans le tems
qu'il écrivoit ceci, commencer l'exécution
de ce Projet. Il apprit , ou ſe perſuada,
que le Curé d'une Bourgade Indienne ,
nommé Arecaya, ne ÿacquittoit pas bien
de ſon devoir : il 'lui ôta ſa Cure, 8L de
manda au Recteur du College de l’Aſſomp
tion un de_ ſes Religieux pour le remplacer.
Le Recteur lui répondit qu'il n'avoir ac
tuellemerit perſonne dont il pût diſpoſer,
8L qu'il ne convenoit- pas a ſa Compagnie
îlſempiéter ſur les droits du Clergé ſécu
ier. -
Il ajouta que s’il s’agiſſoit de fonder une
nouvelle Réduction, avec tous les Privi
léges que les Rois Catholiques avoient
bien voulu attacher à cette eſ ece d'éta
bliſſement , il dcmanderoit à ſon Provin
cial la permiſſion de s'y conſacrer lui-mê
me. L’Evêque répliqua qu'il ne demandoit
pas un Curé , mais quelqu'un qui pût deſ—
ervir la Cure , en attendant qu'il eût trou
vé un Prêtre auquel il pût confier l'Egliſe
dont il étoit queſtion , 8L le Recteur ne
crut pas devoir ſe rendredifficile pour ſi
peu de choſe : il manda au Pere Manſilla,
qui étoie toujours aux Itatines , de ſe
tranſporter a Arecaya pour y faire pendant
quelque tems les fonctions Curiales -, 8L
comme il rendoit compte de ce choix à
Plîvêque , il lui dit qu'il ne doutoit point
que ce Miſſionnaire ne ſe prêtât volon
ou PARAGUAY. Liv. X. ;r
tiers à tout ce que ſa Seigneurie illuſtriſlime T***
ſouhaitcroit de lui 3 D: Je le crois bien, reprit 4;'
d) le Prélar , 8c je veux bien qu'il ſache
I: que S'il reſuſoit d’obéir à l'ordre que je
33 lui donne , comme Délégué du Saint
d, Siege , je lancerois contre lui une En
do communication majeure, 8c ſinterdirois
' 8D les Miſſionnaires des Icatines, K -
Le Recteur comprit alors que ſa coin-M
plaiſance lui coûreroit clier z &en effet
peu de tems après Dom Bernardín voulut
que deuxautres Jéſuites allaſſent faire une
Million parmi les Indiens, qui apparte—
noicnt aux Habitans de la nouvelle Villa
rica , qu'on appelle plus communément la
Villa, 8è qPl eſt à trente lieues au Sudñ
Eſt de FAſſOmPtiOn. Il nomma même
our cette bonne œuvre les Peres Michel
omez 8L Joſeph Domenecchi. Quelque
déſagréable que fût cette Commiffion, qui
pouvoit d'ailleurs ne pas faire plaiſir à ceux
qui avoient la conduite ſpirituelle de ces
Indiens, 8c quelque peine qrſeuſſerit ces
Miſſionnaires à interrompre leurs travaux
parmi de nouveaux Chrétiens, dont il—s
avoicnt toute la confiance , pour ſe charger
d’lndiens qui gémiſſoient ſous le poids du
ſervice perſonnel, ils obéirent. Arrivés a q
la _V_illa, ils y trou-Jerem: , comme ils l'a
voient bien prévu, tous les Habitans de
fort mauvaiſe humeur contre eux, 8C les
Curés des environs très piqués de ce qu'ils
-venoient empiéter ſur leurs droits.
I-…cur embarras étoit extrême : ils ſe
vdioient expoſés à des contradictions, qui
ne pouvaient guere manquer de rendre
B iiij
zz Hisroins
leurs travaux inſructueux , 8c ils ne pou'
voient ſe retirer ſans expoſer tous les Jé
ſuites, qui ſe trouvoient dans le Diocèſe
de [Aſſomption , à Findignation d'un Evê
que qu’ils connoiſſoient capable de ſe porter
aux plus grands éclats. ëlls ſavoient encore
que le ſéjour du Pere Manſilla dans la Pa
_QI roiſſe d’Arecaya, faiſoit beaucoup mur
, "ſi muret; 8c que quelque inliance que ſit le
Recteur du College de [Aſſomption pour
obtenir du Ptélat qu’il retourna; à ſa Miſ
ſion, ou ſa préſence devenait de jour en
jour plus néceſſaire, il ne pouvoir rien
gagner. Le parti qu'ils prirent , fut de reſ
ter ſort peu a la Villa , oii ils ne laiſſerent
plasſdée trouver des perſonnes qui profiterent
u jour qu’ils y firent, 8L de ſe retirer
enſuite a la Campagne, bien réſolus d'y
exercer leurs fonctions , .de maniere à ne
donner aucun ombrage à perſonne.
n tend les Les Peres du College de l’Aſſomption ne!
léſuites
_ °' ſe trouvoicnt pas dans une ſituation moins
dieux par ſe scmbarraſſante. Ils n'étoient pas ‘a dapper
louanges,
cevoir que la préférence marquée, que
?Evêque affectoit de leur donner ſur les
-autres Religieux , commençoit à produire
les mauvais effets qu'ils en avoient tou—
jours craints,
obligéſſde 8c leur
Pallet Recteur
ſupplier de neſeplus
crutparler
enfin

d'eux dans ſes Sermons', 8c de conſentir


qu'il rappellät les deux Miffionnaires de la
Villa. Dom Bernardin lui donna de bonnes
paroles, 8c peu de tems après ptêcham
dans Flîgliſedu College , oii l'on faiſait
les Prietes de quarante-heures pendant les
derniers jours de Carnaval, 8c oii Yon
DU PARAGUAY. Liv. X. zz
:-111
célébroit en même tems la premiere an 1643i
née ſéculaire de la Compagnie, il ne parla ,
pendant plus d'une heure 8c demie, ue
des grands biens que cette Compagnie ai
ſoit dans les quatre parties du Monde,
parmifiäzs! Catholiques, les Hérétiques 8c
es In e es.
On fut pourtant bientôt inſtruit dans le'
Public des démarches 8c des repréſenta
tions du Recteur au ſujet de ces éloges
8c des trois Jéſuites que l’Evêque avoit tirés
de leurs Millions. Elles allercnt même juil
qu’aux oreilles de Plîvêquc du Tucuman ,
qui en écrivit à Dom Bernardin. Sa Lettre
tranſpita dans le Public, 8c comme le
Prélaz yrelevoit beaucoup la modeſtie du'
5ere Ii-ïiurenä SobriËo , qui étoit le Ÿecteur
uCo e?articulieremerlſt
noiſſoit e e l’A om tion , 8c8cqu?nilpeucon
de
tems apres le Pcre Manſilla eut' permiffion
de
ceuxretourner aux Itatines,
qui s'étaient preſquelestous
prévenus contre Jéſſ
ſixites -, leur rendircnt juſtice. D'ailleurs les
npuvelles rbrouíllerícs , qui ſuwinreñt bien
toc entre Evcque 8L le Gouverneur , occuó
pcrent toute Fattention du Public.
Dom Grégofio ne pouvoir digérer l’in-~ Le comm”
ſulte que lui avoit faite le Pere de Carde- Vencufäï FE*
mM&®mmœMffi®x®ſhMMŒfflffiFPŸ
ne lui-avoient fait aucune réparation :mais !ääafflus q”
il croïoit devoir encore ſe ménager avecl '
Dom Bernardin , ſilk-tout depuis que ce
Prélat s'était ſi hautement fait le Panéffy
riſte .des Jéſuites. L’Evêquc de ſon Czté'
&Vitoit \IC .ſe compromettre avec un Gou
verneur qni étoit aimé ,. que ſon Neveu
I ï l B v'
34 HXSTOIR!
avoit offenſé, 8L qui avoit la 'Force en
164.3.
main. Mais le Pere de Cardenas conti
nuoit toujours ſes propos injurieux, 8L y
ajouta des menaces bien indécentes dans
un Homme de ſa profeſſion. Dom Gré
gorio ſe crut enfin obligé de demander l'é
loignement d'un Religieux ui ſcandaliſoit
la Ville , 8L en parla ſérieuſement à l'Eté'
qiie , qui répondit que ſon Neveu ne dé
pendoit point de lui; mais qu'il lui ſeroit
de ſi ſéveres réprimandes , qu'elles l'obli
geroient à changer de conduite. Il le fit
appeller en effet , lui dit des choſes aſſez
dures , lui ordonna de baiſer la terre , de
réciter quelques Prieres , 8L d'être à l'avenir
plus circonſpect.
. Le Gouverneur apprenant qu'il en avoit
été quitte pour cela , s'adreſſa au Gardien
du Couvent de Saint François , lui re ré
ſenta que le, Pere de Cardenas logé ans
une Maiſon particuliere. , car 'il avoit quitté
lÎEvêché pour être plus en liberté,vivoit
d'une maniere qui deshonoroit ſon Habit ,
8c qu'il étoit à propos de le renvoïer au
Pérou. Le Gardien répondit que le Pere de
Cardenas n'étant pas de ſa Maiſon, il
n'avoir aucune autorité ſur lui. Alors Dom
Grégorio ne trou-vant eſſonne qui vou
Lût , ou ui pût lui ren re juſtice , ſe crut
autoriſé a ſe la faire lui-même z il donna
ordre au Meſtre de Camp général, Dom
Sébaſtien de Léon 8L Zararé , de faire con
duire en priſon ce Religieux z mais celui-ci
en aïant été averti , ſé tint ſi bien ſur ſes
gardes qu'il ne ſut pas poſſible de l'arrêter.
Le Gouverneurſe flatta que la crainte de
ï
DU Pxnxsuxr. Líizzxî JY_
priſon le (endroit plus_ réſervé,.mais ſon
eſpérance ſut trompée. i643.
Il ſe réſolut enfin' de s'en délivrer a Violences
quelque prix que ce fût, 8E de lui faire “N°5” P4?
ordre duGou
auparavant ſentir tout le poids de ſon verneur con
in ignation. Sans communiquer ſon deſ tre le P. de
ſein a perſonne , pas même -au Pere de dxdcnç.
Hinoſtroſa , ſon Frere , il choiſit quatre
Iälommes î f: vers les neuf ou diär heures
u oit i es mena au Couvent e Saint
François , ou le Pere de Cardenas, depuis
qu'il ſavoir qu'il y avoit un ordre de l'ar
rêter , ſe retiroit tous les jours avant la
nuit. Il s'en fit ouvrir les portes, alla
droit a la chambre de ce Religieux qu'il
trouva couché, 'le fit lever de ſon lit en
chemiſe ZÊC en caleçon , colrlnmedillétoitl,
8c orter ur .une éminence ~ors e aVil e
8c ſur le bord du …Fleuve , ou il le laiſſa
les piés &ë les mains étroitement liés. Il
reſta deux jours ſans manger, ô( ſans autre
lit que la terre, expoſé aux piquures des
Moucherons de toutes les eſpecesœLe troi
ſieme jour on le mit dans une Barque
conduite par des Indiens , avec une très
modique proviſion de biſcuit 8c de viandes
ſalées , enveloppé dans une cape dc Fem
me , 8( on le mena' 'a Corrienrès.
A la premiere nouvelle de ect enleve IIEvêqu-J
ment, l'Evêque fit ſonner toutes les cloches me? la Ïſffle
de la Ville, manda tout le Clergéſéculier, ïflmœïd** .
8L régulier , 8c quand tous ſe furent rendus
à ſes ordres , il l'es conduiſit a\ la Cathé
drale , oii après avoir parlé avec beaucoup
_ de véhémence ſur ce qu'il venoir d'appren
dre , il déclara tous ceux, qui 'y avaient ou
B vj
36 HISTOIRE
1643…. part , excommuniés , 8L jetta 'l'interdit ſur
la Ville.encore
point On lui
eu repréſenta que n'y ni
ſide Procès-verbal, aïant
de
Monitoire , il ne convenoit pas d'aller ſi
vice 3 il iſécouta rien , 8L retourna chez lui
un peu plus tranquille en apparence,qu'il n'en
Ô: étoit ſorti. Le lendemain il reçut les com
plimens ſur le malheur arrivé à ſon Neveu ,
que peu de gens néanmoins plaignirent , 8C
qu'on ne ſavoir pas encore ce qu'il éroit
devenu. On ne Fut même inſtruit du détail
de ſon avantui-etqſſaſſez long-tems après.
Le bruit de cet- événement ſe répandit
enſuite dans toutes les Provinces voiſines,
8c l’Evêquc du Tucuman écrivit ſur cela
à D. Bernardin la Lettre ſuivante.,
MONSErGNEUR,
Lettre de do J'ai a Piſeris Paraguay
Province que leGouverneur de la
avoit forcé le
I' Ev êque du I)
Tueuman à I9 Couvent de Saint François, pour exé
Ddîcrnardin. aa cute; cet enlevement du Pere de Car
.'33 denas , qui ſait tant de bruit. V'. S. il'
3') luſhriffime peut bien croire que cette ac
D3 tion,m'a paru énorme , mais je lui
ao avouerai que je n'en' ai pas été ſurpris,
a: parceque—j’ai toujours cru que de tout ce
D) qui avoi-t précédé ll' ne pouvoir naître
d: .qu'un Monſtre. Je plains le Gouverneur,
:d je ſouhaite ſon repentir, 8L qu'il répare
7: ſa faute : je vois avec douleur les Loix
-DÛ de l'Egliſe violé-es; je n-'ex-amine point
a: les cauſes d'un ſi grand déſordre , 8L je
» crains qu'il n'en arrive une inondation
au de maux… J'eſpere néanmoins beaucoup
'DU' PARAGUAY. Liv. X. 37
.__—.———
'dd deV. S. illuſtrilſime 3c de ſa ſollicitiide 16-45.
W paſtorale; me flatte qu'elle ſe ſera
:2 comporréc en cette occaſion avec une
au rande équité , qu'elle n'aura point porté
u es choſes à une extrême rigueur, u’elle
ï» n'aura emploie' que des rcmedes doux ,
d: u'elle aura Fermé 'les yeux ſur vingt
:o antes, avant que d'en punir une , 8c
n que pour ramener au bercail les Brebís
ao garées ,elle ne ſi: ſera point ſervie de
a: la lance 8c du javelot , mais ſeulement de
a: la houlette &du ſifflet.
n Dom Grégorio de Hinoſtroſa, Mon
33 ſeigneur, eſt un Gentilhomme, dont le
d'3 Pere 8c les Ancêtres ont ſort bien ſervi
» le Roi en Eſpagne 8C au Chili; il a hé
” rité d'eux le même zele pour le ſervice
d? de Sa Majeſté 8c Finclination à la guer
:n re: il l'a faire dès l'enfance avec l'ion
» neur , 8c il eſt mofiré par tous les dégrés
'32 de la Milice, juſquïiugrade de Meſtre
:a de Camp. Après avoir ſouffert une rude
:o captivité parmi les Indiens du Chili, il
:a fut nommé (Ïorrégidor &Aracana; il
:n paſſa enſuite en Eſpagne , 8C ſe diſtinguer
888B au ſiége de Fontarabie 5 le Roi , dont il
eut l'honneur de baiſer la main, voulut
enfin le récompenſer comme il le mé
ritoit, 8c' le nomma Gouverneur du Pa-ñ
raguay.
a: Vis-à-vis d'un Homme de cette con
au ſidération le Pere de Ca-“denas , mettant
a: à part la_ ſainteté de ſon état, 8c la
:a dignité du Saccrdoce, dont il eſt re
a: vêtu, n'eſt dans le vrai qu'un ſimple
en Religieux , qui remplit mal les devoirs.
3S Hrs-roxxz
d-c-:c-î
a de ſa profeſſion, i mene une vie
.1641 v coute ſéculiere , 8c ont la conduite eſt
w tout-à-fait ſcandaleuſe. Il a oſe' inſulter
!ISSUES dans la Place ,publique un Gouverneur
8c Capitaine genéral , dépoſitaire de l'au
torité du Roi, 8c cette inſolence nffi
point été punie. On l'a vu depuis en
toute rencontre continuer ſes ancrages,
8c menacer ouvertement le Gouverneur
v avec des armes qu’íl ne ſied point à un
:a Prêtre 8c à un Religieux de porter. Je
n ne prétends point excuſer Faction du
H Gouverneur; j’exp0ſe toutes les cir
n conſtantes qui ont précedé le fait, 8e
n j'en laiſſe le jugement au public impat
:D tial, 8L6.
Cemſuſion Cependant tout étoit en- conſiffiorr drm(
ïïüïlïVíuï-la Capitale : le Gouvemeur 8c 1’Evêque ne
gatdoient plus de meſures l'un avec l'autre,
8C chacun prenoit plrti ſelon ſes vues 8C
ſes intérêts. Dom Grégorio ne prétendait
rien moins que de ſe rendre maitre de la
perſonne du Prélat , qui de ſon côté ſai~
ſoit tout ſon poſſible pour animer le Pu
blic contre lui. Il vouloir même obliger
ſous peine &Pexcommunication les Prédi
cateurs à déclamer contre lui en Chaire;
màis tous le refuſe-rent , 8( il n’oſa en venir
à l'exécution de ſes menaces., D’ailleurs
l'Office divin avoit ceſſé partout , on n'en
tendoit plus dans la Ville que le ſon des
cloches , 8c celui des tambours. Enfin , le
Pere de Cardenas qui avoit trouvé le
moïen de ſe ſauver de Corrientès , 8c Fran
çois Sanchez de Cabreras , vinrent encore
augmenter le déſordre , en faiſant courir
ſiDU PARAGUAY. Liv. X. 39
des Libelles ſous le titreſi de Factums; le ~—-~—
premier, pour juſtifier la conduite de l’E- 1543*
vêque; 8c l'autre pour défendre le procédé
du Gouverneur. _
L'un 8c l'autre ſe trouvaient dans un état C5 Mi T*
bien violent , 8; le Prélat accablé de cha …jmäf
grin alla un jour chez les Jéſuites, aux- l,, ;JL-num
?nids il dit u’il venoit décharger ſon cœur
ns leur ein. Il leur déclara qu’il ne
pouvoir plus vivre au milieu des ſcandales
qui ſe multiplioient tous les jours , 8C que
ſon deſſein étoit de ſe retireräc de laiſſer la
Ville en interdit 8c le Gouvemeur exeom
munié. ‘Ils ſe garderent bien de lui donner
fin" cela des avis , dont ils ſavoient qu'il
n'aurait pas profité , 8C qu'il auroit peut
êrre interprétés en mauvaiſe part 5 ils ſe
jetterent ſur ce n'on a accoutumé de dire
aux perſonnesa igées, pour les conſoler
I( les fortifier dans leurs tribulations : 8c
un de ces Peres lui rappella tout ce que
les Saints ont dit que les croix (ont les
moïens les plus efficaces de' s'élever à'
la plus haute perfection , 8c qu'il ne ſal
loit , pour en tirer cet avantage , qu’une
humble réſignation à la volonté de Dieu; en
fin , que l'unique conſolation des Affligés ſe
trouvait dans la priere 8L dans un acquieſ
cement parfait à tout ce que Dieu , pour
nous éprouver, permettoit qu'il nous ar
rivât de facheux. L’Evêque regarda ce diſ
cours comme un reproche , 8L y répondit
fort Léchement. Le bon Pere Iui fit de gran
des excuſes de ce qu'il pouvoir avoir dit'
quizut capable de Toffenſer , 8c Faflura
qu' davoir pas eu deſſein &inſtruire ſon
'40 H 1 s 'l' o 1 K E
î-d-í-î

' I643.
Evêque de ee qu'il ſavoir mieux que lui;
Tous le ſupplierent de ne pas abandonner
ſon Troupeau, qui avoit plus que jamais
' beſoin d'un Paſteur zélé 8L vigilant. Il ne
répliqua rien , 8L parut ſe retirer aſſez mé
content.
'll ſe diſci Il lui vint enſuite à l'eſprit de frapper
pline publi- le Peuple par un exercice de pénitcnce pu
quement dans
une Procel blique : il communiqua ſon deſſein aux
lion. Religieux de ſon Ordre, avec qui il étoit
alors aſſez bien, 8L à quelques autres de
ſes plus intimes Confidens , qui l'approxi
verent , ou n’oſerent le déſap rouver, non
plus que quelques autres Per onnes de l'un
8L de l'autre ſexe , pour qui il n'avoir rieur
de ſecret. Au jour marqué il alla de grand
matin ſuivi d'une foule de Peuple à la Ca
thédrale , 8L .envoïa avertir le Chapitre
de s'y rendre , pour une Proceffion qu'il a.l
loit faireà l'Egliſe de Saint François , 8L
'dont le motif étoit une réparation publi
que de l'ancrage qu'avoir reçu cet Ordre
dans la perſonne d'un de ſes Enſans.
Tout le monde étant aſſemblé, il fit
devant le grand Aurel une courte priere ,
puis il appella un Indien qui paſſoit pour
le confident de ſes auſterités , 8L qui le déſ
habilla.. Alors il parut les épaules 8L les piés
nus, le reſte du corps couvert d'une toile
de ſacà ceinre
fouet d'une
la main. En corde, 8L un ilſſgrand
cet équipage pro
nonça d'une voix entrecoupée de ſanglots
8L les yeux baignés de larmes , pluſieurs
prieres affectueuſes; enſuite i-l commença à
ſe
na,,frapper. Aux premiers
les Chanoines coups qu'il
s'approche-rent ctde ſe dord
IGN-L
DU PARAGUAY. Liv. X. 41
..z-:-d-Ë
le prierent de ceſſer. Il leur répondit qu’il
164).
s'agiſſait d'appaiſer le courroux du Ciel
juſtement irrité de Finjure ſaire a ſon Egli
ſe, 8C de Faffront que l'Ordre de Saint
Françoisdeavoit
qualité reçu du
Religieux de Gouverneur;
ceſit Ordre , 8c qu'en
com~
me Evêque de la Province , c’étoit a lui à
cxpier ce crime , 8C à offrir au Seigneur
ſon ſang pour le laver.
Il leur commanda enſuite de conduire
la Proceffion au terme quîil avoit marqué :
mais après avoir marché quelque tems , il
changea d'avis , Deux
liſe du College. 8c la fit tourner vers YE
Bedcauxſimarchoient
a la tête de tous; 8c l'un d'eux , nommé
Chriſtophe Ramirez , ſe détacha pour aver
tir les Jéſuites de ſe tenir prêts a recevoir
un Apôtre qui ſe mettoit tout le corps en
ſanv. Ces Peres, qui étoient déja inſtruits cle
tout ce qui ſe paſſoit , ſuivirent le Bedeau
qui alloit reprendre ſon poſte , 8c d'abord
apperçurent une Banniere environnée d’une
multitude d’l~lommes 8c d’Enfans. D'autres
venoient après en bon ordre, 8c paroiſ
ſoient pénetrés de la plus vive compone
tion : il y avoit derriere eux des Femmes
qui fondoient en larmes, 8c l'Evêque ſui
voit environné de ſon Clergé , 8c tout
couvert de ſang.
Deux Jéſuites percerent juſqu"a lui, 8c
.le conjurerent à genoux de mettre fin aux
rigueurs qu'il exerçoit ſur ſon corps; mais
il leur parut tellement abîme' en Dieu, qu'il
ne voïoitôc n’entcndoit rien. La Proceſ
ſion commençant à entrer dans l'Egliſe,
_les Jéſuites allerent tous enſemble ſe proſ
42. Hisroinn
1643.
cerner 'a ſes piés, 8L voulurent lui arra
cher le fouet des mains. Il leur répéta ce
u’il avoit dit aux Chanoines , 8L continua
_ e ſe frapper. Alors le Recteur du Colle
ge , appercevant des Femmes qui s'appro
choient du Prélat avec des lin es pour y
recevoir le ſang qui découloit eſes épau
les, le couvrir de ſon manteau. Il entra
un moment après dans l'Egliſe, 8L ſit ſa
priere ſur les marches du grand Autel. Son
Indien vint enſuite Feſſuïer , étancha le
ſang le mieux qu'il put , 8L lui remit ſes
habits, ſon rochet 8L ſon camail. Cela fait,
Dom Bernardin alla droit à la Cathédrale
_y chanter la Grand'Meſſe.
Effet Biens des Gens avoient admire' cette ac
Pzod .Mz m- tion, dans la ſurpriſe qu'elle leur avoit cau
te action. ſée 3 8L les plus ſages mêmes , entraînés
par la Multitude , en avoient pris le ton. La
choſe examinée de ſang froid leur parut
bien différente. Quelques-uns parlerent
'méme à cette occaſion de leur Evêque avec
beaucoup de liberte'. Il ignora peut-étre
ces diſcours. La voix de la Populace, qui
eſt toujouîrs la plus forte , 8L ſur-tout celle
des Femmes qui ne ccſſoient point de l'é
lever juſqu'au Ciel, peut bien avoir em
pêché que ce qu'on en diſoit dans le par
ticulier ne parvint juſqu'à lui. Il dut néan
moins-comprendre avec le tems ce que les
Perſonnes ſenſées enſoient de la ſcene qu'il
aVoit donnée au Èublic , 8L ſur-tout par
une Lettre qu'il reçut de l'Evêque du Tu
eurnan , 8L qui commençoit ainſ.
du PARAGUAY. Liv. X. 4;
íî-nç
MONSEIGNEUR, “W
dz On vient de me rapporter que V. S. i1
» luſtriffime avoit paru dans une Proceſſton
:7 nant publique les épaules
une rude nues,
diſcipline ſiîa la 8cvûeſe d'une
d0n—
38888.25
multitude dÏ-lommes 8c de Femmes, 8c
ue le Pete Laurent Sobrino, Recteur
du College de la Compagnie de Ieſus ,
avoit ôté ſon manteau pour vous cou
vrir , 8c montré en cette occaſion un
u_ grand reſpect pour votre perſonne. Ce
n rapport
M apres avoir reprimandé
ne me beaucoup
parut point celui'
croïable;

:a qui me le faiſoit, jelni répondis queſt


>- vous aviez fait cette action , il falloir
a: qu'elle fût bonne; mais que je n’av0is
:o vû nulle part qu'aucun Apôtre en eût
a: donné Fexeænple; que Notre Seigner”
'a ne s'était pas découvert lui-même pour
a: recevoir la fiagellarion, qu'il avoit ſeu
” lement ſouffert que les Valets du Bour
:n tcau le dépouillaſſent de ſes habits; çſil
:U avoit même voulu que cela ſe fît de nuit,
3U non en plein jour 8c devant des Femmes;
ao que les Saints qui avoient eu la dévo
33 tion &imiter ce grand exemple , ont tou
33 jours cherché Fobſcuriré , pour prati
n quer cet exercice de pénitence.
Mais rien ne fit plus de tort à D. Bernar- 1l annonce
din dans l'eſprit de bien du monde , que cc lafnort dſl!!!
qui arriva peu de tems après. On avoir MLÆÃÏWÏIËÎ
. .
eu nouvelle à , l , Aſſomprion que les deux J é- fflvoí, anni_
ſuites qui travailloicnt par ſon ordre aux ſe par une
environs de la Villa , étaient tombés mala- xévélarion»
44. HXSTOÏR!
a
des dans une Bourgade Indienne, 8( qu'ils Y
X643.
manquoient de tout- Le Pere del Techo
dit, que la peſte étoir dans ce Canton, 8c
que les deux Miſſionnaires en furent frap
pés. Quoi qu'il en ſoit, le Pcre Sobrino
neut pas plutôt appris le danger, ou ils
étoient, qu'il en alla témoigner ſa peine
au Prélar, qui étoit encore mieux inſtruit
que lui , car après qu'il eut écouté fort
tranquillement le Recteur; a: Que vous êtes
:a heureux, mes Peres, lut dit-il, d’avoir
:-a un nouveau Saint dans le Ciel ! Une pcr—
ao ſonne, qui a de grandes communica
33 tions avec Notre Seigneur dans l’Orai~
a: ſon, a vû le Pete Domenecchi tout reſ
:n plendiſſant de lumiere , avec une Cou
a: ronne de Martyr de la Charité ſur la
a: tête. l'ai ſoupçonné d’abord que cette
n'ViſiOI1 étoit un ſonge ; mais je ne puis
:n plus douter que la choſe ne ſoit réelle:
ngardez pourtant …ſur cela un profond
o» ſilence.
Au bout de ſix jours on apprit à 124.1'
ſonÿtion que le P. Domenecchi étoit mort ,~
8c ue le Pere Gomez, a rès avoir été à
difÿérentes repriſes à Fextremité , éroit hors
de danger. Le Pere Sobrino :Ella ,ſur le
champ faire part de ces nouvelles au Pré
lat , qui aprés lui avoir fait remarquer la
vérité de la viſion , dont il lui avoit parle',
lui dit qu'il vouloit qu’on rendit à Dieu de
ſolcmnelles actions de graccs , pour une
mort ſi précieuſe , 8c qu'il y prêchcroit. Il
,le ſit, 8L s’ércndit beaucoup ſur la viſion,
-ajoûtant que la perſonne. qui en avoir été
favoriſée , ne vouloit-pas être nommée.
du PARAGUAY. Liv. X. 4;
Mais quelques jours après on ſur que le *Tr*
Meſſager qui avoit apporte' au College la 43'
nouvelle de la mort du Millionnaire , avoit
été précédé de ſix jours par un Exprès qui
ñ l’avoit_appriſe au Prélat , 8C cela fit un fort
mauvais effet pour lui dans le Public ,
d’autant plus qu’il venoit d’indiſpoſer bien
du Monde à ſon égard. ñ
Il avoit publié un Edit de la Foi , qui 0r- Son entre-î
donnait, ſous peine Æexcommunícarion , Pîíſï ‘²°"“°
à tous les Habitans de la Campagne de ſe Ïcurcouvcſiſi'
tendre à la Cathédrale au jour 8c à l'heure '
qui étoient marqués. Le Gouverneur ſe dou—
ra que c’étoit une batterie dreſſée contre
lui, ou appréhenda que ce concours ex<
craordinaixe de tant de Gens ramaſſés n’oc~
caſionnât quelque déſordre , 8c pour ſe re
nir prêt à tout événement, il indiqua une
revûe générale des Trouppes pour le même
jour. L’Evêque n’étoit pas Homme à recu
ler , 8c avoit pour lui la plus grande partie
de ,la Po ulace. Le Magiſtrat fut allarmé ,
8c chercha des voies de conciliation. On
parla à l’Evêque , on lui fit entendre qu'il
ne ſeroit pas le plus fort; il parut craindre
8c s'en ouvrit en particulier au Pere Sobri
no, lequel alla ſur le champ trouver le
Gouverneur, 8c Faſſura que Dom Bernar
din ne demandoit pas mieux que de S'en
tendre avec lui; que le Dimanche ſuivant
ille releveroit de toutes les Cenſures qu'il
pourroit avoir encourues, 8C que tout ſe '
paſſeroit de maniere qu'il auroit lieu d'ê
\tre content ;\qu’il le prioit ſeulement de
ermettre aux
feéÿuredc l’EditSoldats d'aller entendre ila-
de ,la foi.,
4G HISTOIRE
Dom Gregorio y conſentir: à l'heure
i643.
marquée tout le monde ſe rendit à la Ca
thédrale. Le Ptélat parut enſuite ſur ſon
Trône , 8L ordonna la lecture de l'Edit. Il
Yinterrompit ſouvent pour expliquer aiſ
Peuple ce u'il pouvoir n'y pas compren
dre; il mſi a ſur la néceffité 8L ſur l'auro
rité du Tribunal du Saint Office; 8L la
lecture finie , il ſit un très long diſcours,
qu'il commença par féliciter le Peuple ſur
ſa ſoumiſſion aux ordres de ſon Paſteur;
il dit, qu'il falloir porter l'obéiſſance aux
Décrets de lïltiquiſition , juſqu'à ſacrifier
ſa vie, S'il en étoit beſoin, 8L que les
Evêques en devoient donner l'exemple ,
comme avoit fait Saint Ambroiſe , en réſiſ
tanr à l'Empereur Théodoſe.
Il tomba enſuite ſur le Gouverneur, fit
une énumération empharique de toutes ſes
entrepriſes criminelles contre l'Egliſe : il
donna à entendre qu'il ſavoir par révéla
tion combien la colere de Dieu étoit
allumée contre lui; il ſit beaucoup valoir
l'action de Moyſe, qui avoit fait maſ
ſacrer un grand nombre d'lſraélites rebel
les au Seigneur; il ajoûta que le courroux
du Ciel sïippaiſeroit à moins, qu'il ſuffi
ſoit d'arrêter le Gouverneur, mais que cela
étoit néceſſaire; puis ſe levant de ſon ſié
ge 5 J) 'a moi, *dit-il , fideles Chrétiens;
n quiconque refuſera de me ſuivre, je le
.n condamne à mille écus d'amende, oû
n à deux cents coups de fouets; que tous
n ceux qui veulent ſuivre Pétendart du Sei
a1 gneur , viennent m'aider à me ſaiſir de
n l’Ennemi de l'Egliſe , 8L s'il trouve dc I3
ſſ pu PARAGUAY. Liv. X. 47
n” réſiſtance , qu'il tucflvn Frere ,ſôn Ami,
a: ſon plus proche Pare/lt ( 1 ). 1643*
En finiſſant ces mots il ſort , arrache Ce qui en
Plînſeigne des mains de l'officier de garde , arrive
8: paroît comme un autre Phinées eſcor
té de ſon clergé , tous aïant des armes
ſous leur manteau. La Multitude étonnée
ne ſait quel parti prendre , elle craint éga
lement les menaces de ſon Evêque, 8c de
ſe rendre cou able envers le Roi, ſi elle
met la main ur le Gouverneur. Le Prélat ,
qui n'avoir autour de lui que des Eccleſiaſ
tiques , eſt découcerté; mais ſhn einbarras
augmenta beaucoup ,quand on vint lui
dire que Dom Gregorio l'attendoit a la
tête d'une Compagnie d‘Arquebuſiers. Le
Peuple reſtoit toujours comme immobile;
le Prélat s'arrêta, 8c tout ſon couraûe l’a
bandonna. Il appella un de ſes Conſſdens ,
8c lui dit à l'oreille d'aller avertir les Cheſs
de Compagnie, 8c les Supérieurs des Ré- ë z'
guliers , e venir le prier de ne pas aller
plus loin. '
Il Fur obéi , 8c le premier qui parut ſur
le Meſtre de Camp général, qui cette an
née-là étoit auſſi Alcalde ordinaire; il fut '
bientôt ſuivi de tous lss Magiſtrats ,_& de
pluſieurs Religieux qui proſternés a ſes piés
e conjurerent de retourner chez lui. Il leur
dit qu’il étoit permis de repouſſer la vio
lence par la force; il tira ſa poche un
Billet, par lequel un gr' erviteur de
Dieu , diſoit-il, lïavertiilb uc le Gou
verneur vouloir ſe ſaiſir de ſa perſonne;
qu'il avoit violé les droits de l'Egliſe; que
(r) Exo-le, zi.. 2.7.
4s HXSTÔIRE
u c'était un Excommunié , ſur lequel il étoit
'ï autoriſé de mettre la main 5 mais qu'en
fin il ne pouvoir pas refuſer a tant de Per
ſonnes , qu'il eſtimoit , la grace u'elles lui
demandoient, 8L il ſe laiſſa recon uire a ſon
Palais. L'Evêque du Tucuma lui écrivit
encore a cette occaſion , qu'il avoit ſort
mal reçu celui qui étoit venu lui raconter
ce ſait, ne pouvant pas imaginer qu'il eût
été capablÈ de fofpmer une telle entrepriſe.
5-3; zic coute
Cotlllſcltiäé' Elle laluiProvince,
t en e et 8Lun'très
le~PeËerand tort dans
Sobrino fut
("ítïï- extrêmement mortifié de ce qu'il s'étoit
ſervi de lui pour trom er le Gouverneur;
mais comme il avoit d ja pris la liberté de
lui repréſenter qu'il donnoit trop d'éten
due à ſes droits, en diſant à tout propos
qu'il avoitdans ſon Diocèſe les mêmes pou
voirs que le Pape dans Rome, il crut qu'il
devoit encore l'avertir que le Roi trouve
roit aſſurément mauvais qu'il eût ameuté
le Peuple , pour ſe rendre maître de la
perſonne du Gouverneur. Cette remontran
ce, quoique faite de la maniere la plus
reſpectueuſe , lui déplût beaucoup. Il auroit
ſouhaite' que les Jéſuites euſſent été ſes Pa
negyriſtes, pour reconnoître les éloges qu'il
lcur prodiguoit malgré eux, 8L l'on s'ap
perçut bientôt , à l'occaſion que je vais
dire , de ſes véritables ſentimens au ſujet
de ces Religieuxj.
Le Gouver- Le mauvæwccès de ſa tentative con
lffllr eſt 3b' tre le Gouv r lui avoit fait connaître
9"” P” d” ue ſon autorité n'était as auſſi abſolue
Arbitres. q P
qu'il l'avoir penſé. Dom Gregorio avoit
auſſi plus d'une raiſon de ſouhaiter de ſortit
d'affaire
K
ou PA RAGUAY. Liv. X. 49
&affaire avec lui : ainſi l'intérêt étant a- ""“"~‘
'peu-Près égal des deux côtés, la réconci
liation ne tint bientôt plus qu'a un article
Ëlkll étroit , que ?Evêque ne vouloir abſou
e le Gouverneur , qu'à condition qu'il
Paieroit une amende de quatre mille arro
bes de l’Herbe de Paraguay , ce qui mon
toit à la valeur de huit mille écus. Après
bien des conteſtations, on convint de nom—
mer des Arbitres de part 8c d'autre , 8C
FEvêque en exclut les Jéſuites. Le Pere
Thomas Peſſoa , Prieur des Dominiquains,
8c le Pere Matthieu Rollon , Miniſtre de
la Merci (r), furent choiſis par les deux
Partis, 8c [Evêque leur donna pouvoir'
(Yabſoudre le Gouverneur, ſous les con
ditions dont ils ſeroient convenus.
On n’a jamais bien ſu quelles furent ygvëquc les
ces conditions; ce qui eſt certain, c'eſt déſavouc
que Dom Grégorio .fut abſous par les Ar
bitres-, que 'l'Evêquc les déſavoua , &que
le nom du Gouverneur fut remis ſur le
Tableau des Excommuniés. Le Prélat re
commença enſuite à invectiver contre lui ,
non-ſeulement en Chaire, mais encore à
l'Autcl, ſe tournant pour cela. vers le Peu
ple avant 8c après la conſécration , 8c at
teſtant ſur le Corps de Jeſus-Chriſt tout
"ce qu'il diſait. Il ſe mit enſuite dans la
tête que le Pere de Hinoſtroſa étoit le ſeul ,
ou du moins le principal Conſeiller deſon
Erere , 8c la cauſe de tout le mal. Il publia
auffi-tôt contre lui un Décret du Saint
Office par lequel il ſexiloit de toute l'é-i
(il Comendadar.
Iorne III. C
5a H r s T o 1 11 I
"ZT tendue ſon Diocèſe. Ce Religieux ne ré
' iqua rien , 8c ſe retira.
Mii ÎÏËVÃÊ: Dès qu'il ſur parti, Dom Bernardin fit
' entendre \à tout le monde
;fous de nou- _ _ que le plus grand
ma”. Obſtacle a ſa reconcihation avec le Gou
,erneur étant levé , il ne ſe refuſeroit à
ucun accommodement , 8c qu'il ſe conten
eroit de l'amende qu’il avoit exigée de
iui. Dom Grégorio répondit qu'il ne vou
loit pas acheter ſi cher une abſolution ,
dont il ne croïoit pas avoir beſoin. On
.s’ajuſta néanmoins, mais ſans trop s'ex
pliquer. L'Evêque choiſit un jour de Fête,
afin que tout le monde fût témoin de ſon
.ztiornphez Dom Grégorio proſterné à la
Porte de l'Egliſe demanda miſéricorde;
Dom Bernardin en habits pontificaux com
mença par lui faire une longue 8c ſevere
Æéprimande , lui donna enſuite ?abſolu
tion, puis le releva, Pembraſſa, entra
avec lui dans l'Egliſe , tandis qu’on chan
&oit le Te Deum, après lequel —il monta en
Chaire, fit un magnifique éloge du Péniñ
_tent reconcilié , le compara au grand Théo
doſe ,Sc lui attribua autant de vertus , qu’il
lui avoit reproché de crimes.
Les Jëſuizzs Il fit peu de jours après une Ordinatioit
refuſent d'ap~ p ui fut pour lui _une nouvelle occaſion de
PWUVC' 1C5 aire connoître ſes véritables ſcntimens ‘a
Omæns' l'égard des Jéſuites. ll les avoit chargés
d'examiner tous ceux qui ſe préſentaient
pour recevoir les Ordres , &ils ne crurent
pas_ devoir en approuver un ſeul. Il ne
_laiſſa pas de les ordonner tous , diſant qu’i1
avoit beſoin de Prêtres; que ſi les Jéſuites
@voient leur ,conſcience , il avoit auſſi ,la
un
nu PARAGUAY. Liv. X. 5";
Ëenîea 3L lqueddëiilleèirs il étoit en droit __——-—'—Ï
1643M
c - Onner
- es l pen es néceſſaires
,. ', Il Y
avoit déja quelque tems qu il ſe plaignoic
de trouver les .Ïéſuites trop ſcrupuleux Ils
euſſent aſſurément ſouhaite' qu'il leur eût
îoujoursdait le même reproche; mais ils
e connoiſſoient aſſez pour ne pas s'attendre
quil parlat 8c qu'il agir toujours conſé
quemment.
ê" T” îa Pfflnæſſe «du-u
Cependant le Gouverneur avoit pi-ozeſté
*zz-:Sxïïzrëzë
Nouvelles

aite e pa~ier
z amende de quatre mille ‘ que 6c le'
arrobesrd liprbe de Paraguay : l'Evêque , Gouverneur. l
ſoir qu il eut le vent de cette proteſtation,
0u_qu il trouvat que Dom Grégorio tar
doit trop a remplirſcette condition, le ſi:
ſommet d'y ſatisfaire, 8c lui cnvoïa dire
Put_ *ſon .abſolution ſeroir nulle , s'il n'y
dans aiſoit pas. Le Gouverneur craignant
e retomber dans l embarras , dont il avoit
eu rant de peine a ſortir, ſia l'a peſe
Scezbrinâz
' dle .repreſenter
r au PrePlat quil
,. exiſ
.

g oit e ui plus quil ne pouvoir donner.


Le Recteur ſe rendit auſſi-tôt chez FEvê_
que» &C propoſa un projet Ïaccommode
MFE." z que Do_m lÿernafdin , touché de ſes
parmis, paroiſſoit gouter , lorſqu'un Re
igieux , nommé le Pere Jean Loçano,
PFCPÊHÎ la parole , dit que ſon ſentiment:
étoit
. . que ſans perdre de tems a ces négo- ~
,
ciations _on declarât le _Gouverneur ex
communie
1- juſqua
. ce qu'il eût _ païé z 5c
qu^il ne conveuoit pas aux Jéſuites de ſe
meler de cette affaire.
Le, lâecteuiq ne répliqua rien, 8c pri:
conge c lEvequez mais le Pere Loçauo
C 1j
j! H i s -T O I R :E
~e=—————- retrouſſant ſa-robbe le pourſuivit juſqu'à
1_6_.j.z_. la Place , en criant à pleine tête , 8L s'ex
primant _en ,des termes peu ſéans à ſa pro
feſſion. Ce Religieux avoit été mis en pé,-=
nitence par ſes Supérieurs pour ſa vie ſcan-
daleuſe , 8L s'étoit réfugié auprès de Dom
Bernardin, quiſavoit reçu à bras ouverts
.comme une Brebis égarée. Sa principale>
occupation dans cet aſyle étoit de corn-
poſer des Libelles diffamatoires ſous des
-noms em runtés, 8L il ne s'avouoic l'Au
teur que e ceux qui avoient quelque ſuccès
.dans le Public. Tel étoit le perſonnage
par le conſeil duquel l'Evêque ſe réſolut
a un éclat qui aclieva de remplir ſon Dio
La de
cèſe veille de 8Lla de
trouble Pentecôte
confuſion.il s'embarqual
zxjſſEvêque

ſort de la ſur _le Paraguaydlaiſſam à ſon grand Vicaire .


Ville, bt y un ordre par ecrit d'y publier le lendemain
iaiſſe un nr un Interdit général, local 8L perſonnel,
_rdrerfy publier ëeſt-à-dirc, pour tous les lieux, oû le
;in interdit.
Gouverneur ſe trouveroit ~, mais le Chapi
tre s'oppoſer a cette publication dans un
jour ſi ſolemnel , 8L .elle ne -fut faire que le
Lundi. On trouva en même tems un grand
Ecriteau attaché derriere ,le Cruciſix du
Chœur de la Cathédrale, _oii le Gouver
neur étoit déclaré avoir encouru pluſieurs
excoirimunications , dont ilne pouvoir être
_relevé que par [Evêque Pluſieurs Perſon
-nes yétoient auſſi dénoncées , 8L leur ab
ſolution ,raxée à une ſomme conſidérable;
cependant aucun n'avoir été cité , 8L il n'é
.toit point marqué pour quel ſujet ils
étoienx excommuniés. On y permettoit
,appt Femmes, aux Negres, 8L a quelques
DU PARAGUAY. Liv. X. ,ſ3
Eſpagnols , d'entendre la Meſſe , 8c on ne
marquoit point dans quelle Egliſe , quoi 164F.
que l'interdit fût général 8c ſans exception:
Un Acte ſi informe parut nul abien des -
Gens,- 8c chacun prit ſon parti' ſelon ſa
conſcience : de ſorte qu'il y eut des Egliſes
.toujours ouvertes , 8c d'autres toujours
fermées. Le Gouverneur de ſon côté pré
tendoit qu’en vertu de ſa Charge, on ne
devoit pas le tenir pour excommunié exté
rieurement , 8c qu'on devoit Pabſoudre.
Les Jéſuites forcés de dire leur ſentiment,
après s'en être long-tems défendus, dirent'
que le Gouverneur n'a~i‘ant point de guerre.
.ſur les bras , ils croïoient que pour éviter'
le ſcandale il devoit ſe tenir pour excom
munié , juſqu'à ce qu'il eût été abſous par'
FEvêque même. Les Peres de Saint Domi
nique' 8C de la' Merci déciderent que le
grand Vicaire pouvoir le relever des Cen
ſures 5 8c Dom Grégorio s'en tenant là ,
requit le grand Vicaire de Pabſoudre. Celui
ci le renvoïa à ceux qui avoient décide' en
ſa faveur 5 8c ſur ſon refus D. Grégorio fit
battre la générale 8C marcha à la tête des
Trouppes à ſon Logis, en fit clouerda
porte 8C les fenêtres , 8c lui envdia dire
que perſonne n'y entreroit , ni n'en ſorti
_roit,qu'il ne lui eût donné l’Abſolution.
Le grand Vicaire tint bon 5 le Gouverneur
ſe laſſa d'attendre 8c ſe retira. IJEvê-que ïèſi
Dès qu’ilſut rentré chez lui, il fit dreſ
ſer des Procès-verbaux de tout ce qui s’é~ 1° G°“V°“
.toit paſſé dans la Province depuis que D0 m neur POKER!
étoit
. entre,
, 8c l;ſiſ-Ã plaintes
Bernardin de Cardenas y udience
Les envoïa à l’Audience roïale des Clrar- [orale,
c iij
54 HISTOIRE
cas. L’Evéque en aïant été informé Z
i643.
Corrientès, ou 'il s’étoit arrêté , fit auſſi
ſes Mémoires, oû il chargea le Gouver
neur des crimes les plus odieux, 8L les
atteſta avec ſermentſſ Il reçut peu de tems
après une députation de ſon Chapitre , qui
le ſupplioit de lever FInterdit , d'abſoudre
les Excommuniés, 8L de leur faire grace
de la taxe, pour laquelle il n’ét0it pas
poſſible de trouver aſſez d'argent, dans la
Ville : mais il refuſa tout , 8L quatre mois
entiers ſe paſſerent dans un état ſi violent.
!Evêque Au bout de ce tems-là , le P. Truxillo ,
homme un de ]Ordre
vice vgéle… , . François,
de Saint _ . qui. venoit.
qui leve tou du Tucuman avec la qualité de Vice
les les Cenſu- provincial, débarquaa Corrientès , 8L Dom
:craſh-cer Bernardin le nomma ſon Vice-gérent 8L
dx» ſon Vicaire général, avec un plein pouñ
voir de lever ſlnterdit, 8L d'abſoudre de
routes les Cenſures. Ce Reli ieux n'eut
rien de plus preſſé , en arrivant a l'Aſſorrip
tion, que d'informer ſur tout ce qui avoit
donné lieu au déſordre qui re noit dans
cette Ville, 8L il comprit bientot que l'E
vêque l'avoirpouvoirſi
Gouverneur fort mal inſtruit;
bien, que able
après ſon
ſolution , avoir fait quelques fauſſes dé
marches , mais que la conduite de l'Evéque
à ſon égard étoit inſoutenable , 8L que de
la part des autres Excommuniés, à peine
il (y avoit quelque léger délit. Il déclara
en uite ue la cauſe civile 8L criminelle
aïant éte portée au Tribunal de l'Audience
roïale, ceux qui étoient léſés par les Cen
ſures , devoient s’obliger en leur perſon\
nes &dans leurs biens, à ſe ſoumettre a
ſ

ou PAR AGUctAY. Liv. X'. f;


la Sentence qui émaneroit de cette Cour --~‘~*I~‘43_‘;
ſupérieure z 8c tous aïant proteſte' qu'ils s’y
ſoumettroient, il leva par proviſion l'In
terdit , 8c donna l'Abſolution de toutes les
Ccnſures.
Dom Bemardin en apprit la nouvelle à PAIl "artjouf
_
Itati , Bourgade Indienne , qui avoit pour “on ÏHÀÏSÛ;
Curé un Religieux de ſon Ordre ,- Sc lorſ-ſeze à Yaguaſi
u’il étoit ſur le point d’en partir pour vi- mn
_tter uelques-unes des Réductions de ſon
Dioceſc , ainſi qu'il en étoit convenu avec
le Pere Sobrino. Déja même le Pere An—
dré Gallego étoit arrivé avec des Barques
bien pourvues de proviſions 8c de rafraî
chiſſemcns pour_ l'accompagner dans cette
viſite; mais la lecture des.Lettres qu'il
venoit de recevoir de la Capitale, l'o
bligea de renoncer a cette viſite. Il dit au
Pere Gallego que ſa préſence étoit néceſ-ñ
faire à FAſſOmptiOD, 8c le congédia en
k remerciant de ſon attention. Cependant
comme la Réduction “de S. Ignace n’étoit
pas éloignée de la route qu'il devoir tenir,,
…il s'y rendit; mais il ne s'y arrêt: point.
On l'y fournit de tout ce dont il pouvoit
avoir beſoin pendant le reſte de ſon voïa-ñ
ge, 8c de-la il paſſa à Yaguaron , groſſe'
Bourgade Indienne , qui n'eſt qu’a huit
lieues de l’Aſſomption.
Il yarriva au mois de Septembre, 8c
oublia d'abord qu'il étoit preſſé de ſe
rendre à la Capitale. Cet endroit lui plut
beaucoup, 8c en effet la ſituation en eſt
aſſez agréable , l'air ſain 8c les env-irons
fertiles. Il réſolut donc d'y faire quelque
ſéjour; 8c comme il ne vouloir pas yêtre
c iiij
56 HISTO/!RI
...z-..z
1643
interrompu , il fit publier une défenſe, ſous
peine dexcommumcarion 8c de cinquante
écus d’amen_de , d'y venir ſans ſa permiffiorr.
La ſingularité de cette défenſe donna beau
coup à penſer, 8c on s’épuiſa en conjec
tures pour en pénetrer le motif: ce qui
étoit aſſez inutile, car on devoir le corſ
noître aſſez pour ſavoir qu'il auroit été
lui-méme fort embarraſſé à rendre compte
de bien des réſolutions qu'il prenoit ſur le
champ_. Cependant comme il avoit excepté
les Réguliers de la défenſe qu’il avoit ſai
tc, tous les Supérieurs (e rendirent à Ya
guaron pour le ſaluer. Le ſeul lffere Truxillo
ne jugea pas à propos d’y aller.
ll les reçut bien , 8c ils comprirent d'a
bord que le Vice-Provincial avoit ſort bien
fait de ne point ſe préſenter devant lui,
car il ne les entretint d'abord que de la dé
marche précipitée de ce Religieux, contre
lequel il déclama beaucoup. Il entreprit
ſurtout de prévenir contre lui lc Recteur
des Jéſuites , en lui diſant que ce Pere avoit
répandu par-tout des Ecrits injurieux a la
Com
…Fg
voie a aCorrientes
nie ?T1
8( u’il en avoit
. ſon
depuis même
arrivee en
a l Aſ
ſomption. Le P. Sobrino ne répondit rien ,
8: pour changer de diſcours il dit au Pré
lnt que le Tréſorier du Chapitre, D. Die
.gue Ponce de Leon, 8( le Chanoine D. Fer
nand Sanchez , ſouhaitoient ſort de venir
lui baiſer la main , 8c Favoient chargé de
lui en demander pour eux la permiſſion. Il
répondit qu'il les verroit avec plaiſir,'il
leur écrivit même pour les y inviter , 8c il
remit ſa Lettre au Pere Sobrino en lui di
ctDUPARAGUAXLLiT-.X, 57
'ſant beaucoup de bien de l'un 8c de l'autre , T***
&qu'il
des ſeroitdebien
affaires ſon aiſe de traiter avec eux
Diocèſe. ſi 45'
Ils attirent dès u’i1s eurent recu ſa Sa conduite'
_Lettre P3 mais ils furent(létrangement ſuipris , "Meme _°“‘
lorſque l’Evêque , prenant à leur vûe un vende… EO
cléſiaſizqpestó
air courroucé , les apoſtrophe. avec ces fou
droïantes paroles : Vous voilà donc, Trazctſi
1re.: à votre Evêque ê' a' l'Egliſe. Puig ,,
ſans leur permettre- de dire un mot,-il les
fit enfermer dans deux Chambres ſéparées,
ñoii ils n’eutent aucune communicationpavec
-perſonne tant qu'ils y reſterent , 8c furent
traités avec beaucoup de rigueur. ' Le mo
tif , dit-on ,d qui engageoit FI-Ivêque à en
uſer ainſi ,eſt qu'il s'était imaginé , appa
remment. ſur quelques diſcours qu’on venoit
de lui rapporter, qu'on ſon eoitſérieuſe- —
-ment à c-ſouſtraire àſon o éiſſance 3 que
-les Peres de Saint Dominique , le Gouver
zneur, 8c tous ceux qu'il avoit' excommu
niés , étaient les principaux Auteurs de ce'
projet; que le P. Truxillo., piqué de ce
qu'il Favoit déſavoué , y enrroit auſſi , 8c
que comme 'il ne doutoit point que le Cha- -
pitre dela Cathédrale ne fut toujours' er'
ſuadé de la nullité de ſa priſe de poſſe 1on,—
il étoit bien aiſe de s’aſſurer des deuiſ-Memſi '
bres de ce Chapitre, qui S’étoient les pre
miersdéclarés
faire réflexion. contre-lui
que--par-là àil~ceaigrilllctoit
ſu~et‘~ ſans'
en
zcore plus contre lui tout ce Corps, qui
étoit déja- aſſez mal diſpoſe' à ſon 'é ard >,.
8: qu'il pouvoir lui faire-naître la penſée de
la ſouſtraction.
Quoi qu'il en ſoit ,ñ-.eette-'détentñionñfit-ï
C v- ’
58 His-folk!
1543.
beaucoup de bruit dans la Capitale , 8L IÈË
Supérieurs de S. François 8L de la Mere*
partirent ſur le champ avec le Recteur du
College, pour ?engager par ſon propre
intérêt à rendre la' liberte' aux deux Cha
noines. Ils n’oublierent rien pour cela;
mais ils le rrouverent inflexible. Il tâcha
même de leur prouver par un long diſcours,
qu’il n'avoir rien ſait que par de bonnes
vûes , 8c pour cela il entra dans un grand
lieu commun ſur les devoirs des Evêques ,
ſur le zele qu’ils ſont obligés d’avoir pour
la liberté de l'Egliſe en général, 8C chacun
en particulier de celle dont il eſt chargé.
Il parla avec ſa vivacité ordinaire ſur le
peu de cas que l'on faiſoit des cenſures,
Sè des héréſics que ce déſordre avoir en
fantées. Ildit qu'il étoit bien réſolu d’en
purger ſon Diocèſe, 8c qu'en uſant des
cenſures comme on fait des cauſtiques Pour
la guériſon des plaies , c'était en Pere
tendre 8c en Médecin charitable , qu’il châ
tioit les Enfans , 8c qu'il guériſſoit les'
Malades. ‘
Ceux à qui il parloir ainſi ne voïoient
pas trop quel rapport avoit ce diſcours
avec la détention des deux Ecclêſiaſtiques;
mais comme ils ne repliquerent point , il
crut les avoir perſuadés qu'il n'avait rien
fait qui ne fût juſtes( néceſſaire. Ils ju
gerent même à-propos de parler à leur
retour dans la Ville, comme S’il’s étaient'
convaincus de la pureté de ſes intentions.
,Pluſieurs Perſonnes-obtinrent encore la per
mifflêfl de Iui rendre viſite , 8c bientôt on
Y alla en ſoule. Ilgarut charmé de ce con
*DU PARAG U^Y.~Li1ct/.”X.
5'95
cours, 8c il en conclut qu’il pouvoir entre- ""'-""I
64 ~
prendre de pourſuivre en criminel le Cha- 3'
noine Sanchez, dont la franchiſe , pouſſée
peut-être un peu trop loin, lui avoit touñ'
jours fort déplu. Mais Sanchez ſe défendit ‘
en habile Homme; 8c comme il étoit Com
miſſaire de la ſainte Croiſade , il prétendit
qu'on ne pouvoir ni le mettre en priſon,
ni paſſer plus avant , ſans l'avoir convain
cu d'un délit.
Dom Bernardin comprit toute la force
de cette défenſe ; mais il eſpera qu'en inti
midant PAccuſé , il en tireroit une ſatisfac
tion ou une amende. Il ſut_ trompé : le
Chanoine avoit un Neveu , nommé Ferdi
nand Corrilla del Valle , qui n'eut pas plu
tôt appris ſa détention , qu’il entreprit de le
délivrer; mais il n'y gagna que d'être ex
communié , de
uneärctnende 8c taxé
deux , cents
pour écus,
être abſous
qu’il ,luià
fallut païer. Deux Franciſquains 8c deux
Jéſuites firent une nouvelle tentative pour
déſarmer la colere du Prélat , 8c elle n'eut
pas\plus de ſuccès que les autres. Enfin ,
apres quarante jours de détention , les deux
Eccléſiaſtiques ttouverent mo~i~en de s'éva
der z le Tréſorier paſſa à Corrientès: le,
Chanoine ſe rendit à l'Aſſomption, 8c ſe
réfugia chez le Gouverneur qui le reçut très
bien. on dêliïtxſittó'
La on commença a délibérer S'il n'étoit
.pas à-propos de ſe ſouſtraire a la Iuriſdic- ſu? l? ÏPFŸŸ
traction rio
tion d'un Evêque , que bien des gens avoient béilſance.- -
toujours cru n'en avoir aucune ,Sc qui trou
bloit toute la Province. Les Peres Truxillo,
tous deux Vice-Provincia” , l'un des Fran-ffl
G Vj _E
(0 H i S -r o I n E
ciſquains 8L l'autre des Dominiquains ,ñopiä
' nerent pour Faffirmative, 8L le Chanoine
Sanchez Yappuïa avec tant de force , que
cet avis préval-ut. Il dépêcha auſſi-tôt un
Courrier au Tréſorier , avec une Lettre
pour' Finſormer de ce qui ſe pafloit , 8L ce»
lui-ci partit auſſi-tôt pour l'Aſſomption.
En entrant dans la Ville il laiſſa tomber de
ſa poche la Lettre du Chanoine , 8L elle
fut ramaſſée par un Eccléſiaſtique , lequel
la porta ſur le champ a Plîvêque, qu'elle
mit en fureur. Cependant, revenu de ces
premiers tranſports , il fit ſes réflexionsà
loiſir, &ſia crainte d'une révolution s'em
"Wvënîî P ara de parer
Pour on cœur.
le cou qui le menaçoit, il
toccduresde ~ 1 - /
Evêque_ commença par ſe aire jurer fidelite' 8L
obéiſſance par tous ceux qui ſe trouvoient
auprès de lui : il envoïa enſuite une Perſon
ne ſûre à FAſſomption , avec ordre de faire
écrire les noms du Tréſorier 8L du Chanoi
ne ſur le Tableau des Excommuniés. I-l fie
en méme tems ſommet le Gouverneur de
lui livrer ce dernier , ce que D. Gregorio
refuſa de faire, mais il Fengagea à ſe reti
rer chez le Tréſorier, 8L tous les d'eux ju
gerent que pour plus grande ſûreté ils de
voient séloigner de la- Ville. Leur retraite
fit reprendre cœur au Prélat , 8L il ne ſon
gea plus qu'à pouſſer vivement tousceux
dont il ſe défioit ~
!Pdêclare nul Il fit d'abord publier une Ordonnance,
tout ce qu'a-dans laquelle ,après avoir cité quantité d'a
(Æë "fflî" xiomes de, Droit 8L pluſieurs aſſages de
' l'Ecriture , qu'il expliquait Z'. a façon 8L
ſouvent dans un ſens allégorique, il dé
»U PARAGUAY. Lit-.X, 61
“claroit nulles toutes les abſolutions que le .—.———í
1644-.
P. Truxillo avoit données aux Excommu
niés. Elle ſut bientôt ſuivie d'un Ecrit fort
long, qui n’étoit qu'un tiſſu dïnvectives
contre ce Reli ieux, contre le Gouverneur,
8c contre plu teurs Perſonnes des plus diſ
tinguées de la Ville; quelques autres Pe
res de ſon Ordres n'y étoient point plus
épargnés 5 8c une Lettre de l'E-Evêque du Tn
.cuman nous apprend que les Jéſuites n'y
étoient pas mieux traités, mais ue ces
Peres , contents du témoignage leur
conſcience , 8c de celui que leur rendoit
le Public
la moindre, ne crurent pas devoir
attention, ſi y faire
Enfin il parut une nouvelle Sentence 1l interdit de
:Pexcommunication contre les deux Ecclé nouveau
Capitale.
la'
fiaſtiques fugitifs : elle étoit accompagnée
d'une défenſe , ſous la même peine, 8c
d'une amende pécuniaire , de traiter avec
le Gouverneur 8C même de lui parler, 8c
d'une nouvelle Sentence &interdit ſur tou
te la Ville. Le ſeul jour de Noel étoit ex
cepté , 8c celui de la Circonciſion pour la
ſeule Egliſe du College. Il y a bien de l'ap
parence que le Pere de Cardenasifétoit plus
avec ſon Oncle ;mais ce Prélat avoit depuis
peu auprès de lui un autre Religieux bien
capable de remplacer ſon Neveu. Il ſe nom
moit François Nieto , 8c depuis vingt-ſix
ans il étoit A oſtat de l'Ordre de Saint
Auguſtin. Apres avoir long-tems erré dans
les Habitations Indiennes du Paragua ,
qu'il ſcandaliſoit par ſon libertinage, il ut
appellé à FAſſomption par l’Evêque qui ne
le connaiſſait apparemment pas aſſczzoufi*
G2. HISTOIRE
qui vouloir le retirer du déſordre ou il vi
K64).
voit. ~
Il prend pour Ce qui eſt certain , c'eſt que la premiere
ſon Confeſ- choſe à quoi il Pemploïa, fut ‘a informer
ſcur un Reli contre D. Pedre de Mendoze, Curé d'une
gieux Apoſ
(ZE.
Paroiſſe nommée la Chandeleur. On fut
— ſort étonné de voir un Homme ſi juſtement
décrié devenir en quelque façon l~Arbitre
du ſort de cet Eccléſiaſtiqtte , 8c d’appren
dre preſqffiauffi-tônque ſur ſes informa
tions , Mendoze , qui auroit dû rougir de
l'avoir pour ſon Avocat , venoit d'être
privé de ſa Cure 8c déclaré incapable de
poſſéder jamais aucun Bénéfice , 8c cela
ſans avoir été ni oui ni confronté. Le Pere
Nieto ne Faccommoda pourtant pas long~
tems du genre de vie qu'il menoit , 8C vou
loit reprendre celui qu'on lui avoit fait
quitter; mais l'Evêque le retinr , le prit
pour ſon Confeſſeur , 8l. lui promit la pre
miere Prébendp dont il pourroit diſpoſer.
Le parti étoit trop bon pour n’être pas ac
cepté : Nieto renvoïa Flndienne qu'il cn
tretenoit , avec les Enfants qu’il en avoir
eus, 8L devint le principal Confident d'un
Evêque toujours aveugle ſur les défauts de'
quiconque ſe livroic à lui, tandis que tout
lui paroiſſoit ſuſpect dans ceux qui n’a—
voient pas la complaiſance d'entrer dans
toutes ſes vûes.
Son reſſentiment contre le Chanoine San
chez' étoit alors ce qui paroiſſoit Foccuper
davantage. Il prononça contre lui une Sen
tence, qui le privoit de ſon Bénéfice, le
déclaroit inhabile a en poſſeder aucun,
Yrivéde tout droit :Yimmunité , &le :nez
'DU PARAGUAY. Liv. X. Z3”
naçoit, s'il ne revenoit à réfipiſcence, de -~—
le livrer au bras ſéculiet , nonobſtant tou- 'E43'
te appellation, ou récuſation quelconque.
Cette Sentence , qui fut lue 8L publiée dans
routes les Egliſes , étoit remplie d'imputa
tions atroces contre cet Eccléſiaſtique,
dont les mœurs 8c la conduite avoient tou
jours paru irréprochables , 8c que ſon âge
8c ſes ſervices ſembloient devoir mettre à.
l'abri d'un pareil traitement. D. Bernardin
en avoit rendu une autre toute ſemblable
contre le Tréſorier; mais il n'oſa la faire
publier, de peur de s'attirer la famille de
cet Eccléſiaſtique, laquelle étoit fort puiſ
ſante. Il ſe contenta de l’envo'i~er avec la
premiereä YEvêque du Tucuman , en le
requérant defaite arrêter les deux Coupa
bles , s'ils aſſoient dans ſon Diocèſe.
ïu Deux choſes , 'lui répondit D. Melchior
>- Maldonado, m'ont empêché d'exécuter'
n ce que Votre Seigneurie illuſtriffime exi
n geoit de moi ; la premiere , que vous
au avez oublié de marquer la conſignation ;
aa la ſeconde , que je n'ai trouvé dans'
H les Sentences ni faits juſtifiés , ni aucun
dz ordre, ni ſtyle judiciaire; maiscomme
:o vous me ſuggeriez de les envoïcr au
n Métropolitain, que Dieu a reçu dans
:a ſa gloire , je les ai adreſſées au Chapi
:a tre de la Métropole. '
Toutes ces procédureS-Ïoccupoient point Mflnïcœ 5d"
tellement ſlîvêque de l'Aſſomption , que fiffliëîcèlflîîä"
ſe vo~i~ant au milieu des Indiens , il~ne crût ?Office divin_
devoir les attacher au Service divin par
quelque choſe de ſingulier. Le P. Nieto
avoit exerce' des Hommes 8c .des Femmes.,
64 Hrsroin-iñ:
-~ a chanter à deux chœurs des Pſeaumes;
1.643. des Hymnes 8L des Cantiques, en leur Lan
ue, au ſon des inſtrumens dont les Infi
Ëeles ſe ſervoient dans leurs Aſſemblées
t de plaiſir. Le Prélat célébroit tous les jours
les ſaints Myſteres pendant cette Muſique ,
8L àla fin de la Meſſe il faiſoit approcher
les Muſiciens 8L les Muſiciennes ,pour leur
donner le baiſer de paix , on leur diſant,
recevez le Saint Eſprit; On le vo'i~oit auſſi
aſſez ſouvent dans les rues , ſuivi d'une
trouppe &Indiennes qui chantoient, 8L il
alloit avec le même cortége benir les Ruiſ
ſeaux 8L les Fontaines; puis il leur ordon
noit d'y puiſer de l'eau 8L d'en aſperger
leurs Habitations , avec une ferme con
.fiance qu'elle y attireroit la-bénédiction
du Ciel.
Comment Ces
A bonnes__ Gens satendoient que leur
1] ſoulage lçzlîveque , voi-ant de près leur miſere , y re
Pauvres. médieroit par ſes libéralités 5 mais ils fu
-rent trompés: ce qui joint aux .amendes
qu'il exigeait de ceux qui vouloient etre
abſous de leurs excommunications , donna
fort peu d'idée de ſa généroſité 8L de ſon
déſintereſſement. Il voulut cependant ſou
lager les Indiens , qui étoient tous en Corn
mande; mais il'en chargea les Comman
dataires , 8L il ne manquoit jamais d'exemp
ter du ſervice perſonnel tous ceux qui ap
partenoient ,à des Excommuniés. Le Gou
verneur, touché de -tant de maux , 8L ne
pouvant y remédier ‘, parcequela crainte
qu'on avoit de l'Evéque , avoit preſqq en
tierement anéanti ſon autorité , ſe deter
miua à enfinſereconcilier avec lui,,8L—il—
bi] PARAGUAY. Liv. X. 'G5
partit pour' Yaguaron , accompagné ſeule- C164 4
ment de quelques Officiers 8c de ſon Se
crétaire.
Arrivé dans cette Bour ade il n' troii- Le WWW
-
va pas une ſeule maiſon ou— ’on voulut le neut va àYav
loger , 8L perſonne ne ſe préſenta pour lui guamn ’ a
comment ily
rendre le moindre ſervice F, chacun l‘évi— eſt reçu.
tant comme un Excommunié. Cependant ,
comme il deſiroit réellement d'être abſous ,
il ſe réſolut à boire le calice juſqu'a la lie.
D. Bernardin de ſon côte' ne chercha point
a lui en adoucir l'amertume : non content
de le voir à ſes piés , il ne lui donna qu’une
abſolution conditionnelle', 8c qu'après lui
avoir fait jurer 8c ſigner qu'il paieroit l'a
mende de quatre mille arrobes de Fherbe
de Paraguay. Il voulut même que toute la
Bourgade fût témoin de ſon humiliation;
8c avant que de Fabſoudre ,il lui fit une ré
primande telle qu'il l'auroit faire à un Hom'
me du commun , 8C convaincu des plus
grands crimes.
Ceux, qui le connoiſſoient le mieux, n’at- Sfivéríté Je
qu'il
tribuoient
avoit de
cette
dominer
conduite
5 8c qu'à
rejettoient
la paffion
l'es gäämwiésp
?Ewîlcîçë

exactions ſur Favidité de ceux ui le gou


vernoient ſans qu'il s'en apperçut. Car il
en eſt de cette paſſion comme de toutes
les autres; en flattant ceux qui en ſont
poſſedés, on en fait ſes Eſclaves. On auroit
pu dire qu’il ne vouloir qu’enrichir ſon
Egliſe; mais il la laiſſa auſſi pauvre qu'il
l'avoir trouvée , n’aïant pas même de quoi
faire décemment le Service divin. D'ail
leurs ſon aveuglement ſur ceux à qui il don
noit toute ſa confiance, Fempêchoit de
6$ HXSTOIR!
~————- voir que les excommuiiications étoient pour
1644. eux un fond inépuiſable , qu’ils augmen
toient tous les jours, en lui répétant ſans
ceſſe que c’étoit fait de ſon autorité, s'il ſe
relâchoit ſur cet article , 8c de faire atten
tion que les biens de l'Egliſe ſont le.Patri
moine des Pauvres. Ainſi la ſeule jalouſie de
ſon autorité , à laquelle il ne donnoit point
de bomcs ,lc rendoit le Miniſtre de Favidite'
de quelques Particuliers, qui connoiſſoient
ſon foible , 8c qui le jetterent dans des
écarts qu'on Ïimagineroit point.
Un grand nombre &Excommuniés S’é
toient joints enſemble pour aller a Ya
guaron , dans l'eſpérance de le flechir.
Quand ils furent en ſa préſence , il com
mença par leur reprocher la dureté de leur
cœur; puis il leur dit qu'il avoit eu deux
.viſions, qui ne lui ermcttoient pas de ſe ,
.relâcher ſur rien \ſe ce qu'il avoit exigé
d’eux,avant que de les abſoudre. :D Un jour,
d: dit-il , que priant devant l'Image de Saint
.u Pierre, je conjurois ce Prince des Apô
-2 tres de me ſaire connoître la maniere
D: dont je devois me conduire dans lc gou
ad vernemeiit de mon Egliſe, 'il me répon
a dit intérieurement qu'étant un de ſes
ïï Succeſſeurs 8c revêtu de tout ſon pou
So voir, je devois uſer de ſévérité envers
a: les Coupables , qui ſe révoltoient con
” tre l'Egliſe. Une autre fois étant en orai
au ſon pendant la nuit , je vis venir une
d: Légion de Démons furieux, qui vou—
ao loient détruire la Ville de l’Aſſom tion,
3a ſans épargner même les Temples u Sei
æ gueur, 8c qui crioient de toutes leurs
nv PARAGUAYq Liv. X. E7
ï: forces , exinanite ,Acxinanize ufque ad u
o: fizndamentum _m ea : je 'me levai , 8C 43'
d: prenant en main une Croix, je leur dis pr* '35- 7
» d'un ton d'autorité que cela n’arriveroit
zz point tandis que je vivrois , &Lilp diſpa
zî_ rurent dans le moment re. Il ajouta que
sil avoit voulu ſe venger du Gouverneur

ÎËdÎÎtË°ÎzÎ.“”ËÈÎ-ÎÓÎÏLZ’
rendoit la Terre ſtérile ou fertile, aiſoit
35%:
lutte le Soleil ou tomber la plpie , ſuivant
quil etoit néceſſaire pour chatter les Re
belles ou récompenſer ceux qui rendoient
à l'Egliſe l'obéiſſance qu'ils lui devoient.
Après avoir , par ce diſcours , rempli les
Su pliants de terreur , il les abſout aux
memes conditions qu'il avoit impoſées au
Gouverneur, ce qui ne les raflura nulle
ment , aucun d'eux n'étant en état de païet²
l'amende. Il y eut cependant un de ceux
qui avoient eu part à Penlevement du P.
e Cardenas , lequel trouva le ſecret d'être
abſous ſans qu’il lui en coûtât rien. Il s'a
giſaddallléer a Yaguaron ,f revêtu d'un ha
it e nitent 8L un ouet a la main.
Aïant ſu que Piîvêque étoit a l'Egliſe, il
y entra
piés dans ,cet8L égortlimgenèaa
du Prélat ui a e ſe ſe 'etta aux
frapper
de toute ſa force , en criant miſéricorde. D.
Bernardin le releva auſſi-tôt, Pembraſſa ,
le combla &éloges 8L &amitiés , 8c Fabſout
ſans aucune condition.
_ I-c Meſtre de Camp général D. Sébaſ
tien de Leon , 8c le Capitaine François de
Vega , ne trouverent point le Ptélar auſſi
facile. Le premier aïant paſſé une année
K8 HISTOIRE .
QÀ-:-î
entiere, depuis qu'il étoit excommuniél-j
1644.
ſans païer Famende de mille écus, à quoi
ſon abſolution étoit taxée , elle fut aug
mentée de cinq cents livres , 8L il lui ſur
déclaré qu'il ne ſeroit abſous_qu’il n’eût
“promis de faire contre le Gouverneur tout
ce que l’Evêque »lui preſcriroit. Le ſecond
,avoit c'te' condamne' a cinq cents écus; 8c
après avoir attendu ſix mois, craignant
apparemment que ſa taxe ne fût miſe plus
haut, il prit le parti de païer. En un mot
_les excommunications étoient une ſorte de
.contribution, qui ,- pour le moindre ſujet,
ruinoit ſans reſſource quiconque avoitle
malheur Æencourír la diſgrace du- Prélat;
.mais on voulut encore pouſſer la choſe plus
loin , on ne garda plus de meſures , 8c on
perdit tout.
Déſordre ar? Le Jeudi-ſaint de cette année ,les deux
rivé dans la Iuges Eſiccléſiaſtiques s'aviſerent de placer
_Cïlhédlälc
dans le Chœur de la Cathédrale deux Bu
reaux pour y recevoir je ne ſais quel droit
_de redevances dues à l’Egliſe. A meſure que
(quelqu'un ſe préſentoir pour païer , on l'a
vertiſſoit que s’il avoit communiqué avec
des Excommuniés , il étoit lui-même tom
be dans ſexcommunication , dont il ne
.Pouvoir être releve' , qu'il ne promîtpar
écrit 8c avec ſerment de ſe ſoumettre aux
conditions qu'on lui impoſcroit. Preſque
tous fignerent tout ce qu'on voulut , pour
n'être point privés de la Communion Paf
_chale , excepté deux qui ÿéchapperent dans
la foule. On ne s’en apperçut que lorſqufls
étoient, Fun au Confeſſional, 8c l'autre
à la ſainte Table ,_. 8c on les en fit ſortir par
DU PARAGUAY. Liv. X. 6,
force. D. Sébaſtien de Leon, averti de ce î***
qui ſe paſſoit, vint à l'Egliſe, 8c dit aux 16H'
Ecclëſiaſiiqucs ,que Judas avoit vendu ſon
Maître trente deniers; qu’ils le mettoient
ſi la vérité à plus haut *prix , mais qu'ils
le donnaient encore à bon marché z que
pour lui il n'avoir garde d'acheter une ab
ſolution , dont 'il ne croïoit pas avoir be
ſoin; qu'ils étaient de vrais Simoniaques;
u'il ne tenoit à rien qu’il ne ſe ſervit de
on baudrier comme d’un fouet pour chaſ
ſer du Temple ces (acrileges Vendeurs ,
non des Animaux deſtinés au Sacrifice ,
mais du Sacrifice même 8c du plus auguſte
de nos Myſteres , 8c que s'ils ne mettaient
ſur le champ fin à ce ſcandale , il y reme
dieroit d'une maniere qui ne leur fcroit
pas Plaiſir.
Cette ré rimande militaire eut une partie
de ſon CÆC: 5 on' laiſſa faire tranquil
lement la Pâque à ceux qui n’avoient pas
encore païé la redevance , ni donné leur
ſoumiſſim; 8c comme *la plûpart n’étoient
point en état de yaïer toute la taxe à la
quelle ils étoient condamnés, 1e Licencié
Dom François Chaparro crut pouvoir pren;
dre ſur lui de la réduire à un cinquieme ,
perſuadé que ſans cela on couroit riſque
de ne rien recevoir. Il ſe flattoit qu'on lui
en _ſauroit bon gré; mais le Viſiteur géné
ral , D. François Lopez de Monſalva , lui
ſignifia un ordre de PI-Ivêque , qui Fcxiloit,
8c -lc condamnoit à une amende de trente
mille livres de 'Fherbe de Paraguay. Outré
d'un traitement qu’il ne croïoit pas avoir
mérité il aſſemble. tous ceux dont il avoit
70 Hrs-rornn
T_ relçu les Olzligations ,_ les déchira, &E leur'
~ ‘ declara qu ils ne devoient plus rien.
la taxe du Monſalva fur plus heureux au ſujet de
GOUVÊWÜ" la taxe du Gouverneur , qu'il avoir été
f? chargé de recevoir. On lui en avoit remis
OŒdeſs 4e une partie , 8c il l'avoir fait embar uer ſur
PEvêquc qui le Paraguay dans des Canots qui ?aiſoient
Pïïígï de eau,de ſorte que tout fut perdu. L'autre périr
“°"V‘²“' je ne ſais par quel accident , &FEvêque ne
l'en rendit pas reſponſable : nous verrons
bientôt qu'il en voulut faire retomber la
perte ſur le Gouverneur même, quoiqu'il
. eût livré toute cette herbe à celui qui avoit
c'te' prépoſé pourlla lui envoïer. Mais une
nouvelle entrepriſe que fit alors Dom Ber
nardin ne trouverait pas croïance dans l'eſ
prit de ceux mêmes qui ne doivent plus
rien trouver èlïncrdiable de ſa part , ſi les
Actes n’en avoient pas été dé oſés au Gref
fe cle FAudience roïale des C arcas.
Vfolcnces Le Prélat , qui. après Fexcommunicatiou
ËÎËËËÎUŸÏ' la ſuite du Chanoine Sanchez avoit réu
ni a ſa Perſonne la Charge de Commiſſaire
du ſaint Office, que poſſedoit cet Ecelé
fiaſtique', ne dounoit pas moins «l'étendue
aux pouvoirs qui y étoient attachés ,
qu'à la Juriſdiction Epiſcopale 8c à tous
les autres titres dont il ſe prétendait rc
vêtu : il envoïoit par-tout ſes ordres ,
dont les Exécuteurs, ſous prétexte de punir
des crimes , exerçoienr des violences 8c fai
ſoient des concuſſions, qui rempliſſoicnt la
Province de terreur, 8c ruinoienr un grand
nombre de Particuliers. Les excommuni
eations étoient
tions, ſous journalieres;
le nom &amendes ,lesfc contribu
lcvoienect
DU PARAGUAY. Liv. X. 71
comme dans un Païs ennemi 5 les Indiens --—’
. , … ._ 1644..
étoicnt CDlCVCS a leurs Commandataiies ,
non pas pour être mis en liberté , mais
pour paſſer au ſen/ice de l’Evêque, de ſes
Officiers 8c de ſes Conſidens. En un mot,
D. Bernardin exerçoit la Juriſdiction roïale
avec autant de hauteur que l'e'piſcopale,
qu’il regardait comme ſupérieure à toutes
les autres , ſans preſque faire attention
que le Roi avoit dans cette Province un
Gouverneur. _
Dom Gregorio de ſon côté prenoit preſ- coilîſiuvëäſë
que toujours mal ſon parti 5 il commençoit Gouæäeuru
par laiſſer avilir ſon autorité, 8c finiſſoit qui ſe brouil
par en uſer d'une maniere, qui le mettoitle de nouvcqu
dans ſon tort , 8c qui le jettoit dans de plus "ec 15V”
grands einbarras que ceux dont il ne ſai~ que'
oit que de ſortir , tandis que [Evêque pro-.
fitoit de ſes fauſſes démarches pour aller à
ſon but , 8c gagnait preſque toujours du
terrein , ſans etre arrêté par aucune conſi
dération. Il y avoit des ordres récis du
Roi , confirmés par pluſieurs Bre s des ſou
verains Pontifes , 8c des Decrets du ſaint
Office , de donner la liberté aux Indiens
qui avoient été conſiſqués ſur leurs Com
mandataires; de faire inſtruire ceux qui n'é
coient pas encore Chrétiens , 8c dſenvoïer
dans les Réductions gouvernées par les
Jéſuites ceux qui avoient reçu le Baptême :
D. Bernardin , perſuadé ſans doute qu'il
Pouvoir diſpenſer de l'exécution de ces or
dres , ou les interpréter comme il le jugeoit
à-própos , retenoit a ſon ſervice , ou diſtri
buoit a ſes Créatures tous ceux qui avoicut
été confiſqués ſu: des Excommuuiéss mais
72. HISTOXR!
jí-î
le Gouverneur lui en enlevoic tout ce qu'il
1'644. P"ouvoit.
_ Il d'eclouvnt'
~ auſſi que lEveque
' ^
s etoit appropriequantite dherbe de Para
guay , qp il crqiqit Éppa-rtenir au Chanoi
ne Sanc ez , i a t aiſir, 8c la ſendjz
aux Propriétaires , qui la reclamoient.
?rétention La guerre étant ainſi déclarée de nou
de ?Evêque , veau, ,ll ſe fit de parc 8c d'autre pluſieurs
8C Ordon hoſtilites : on ſe raccommoda quelquefois;
nance rendue ~mais ce fur our peu de tems. Le Prélat
en conſé . . . . 2
quznce. qui ſentoit a ſupériorité ſur le Gouver
neur , le ſomma de lui paier les quatre mil_
_le arrobes de l'herbe de Paraguay , à quoi
ll lavoir taxe' en le relevant de ſon excom
municarion. D. Gregorio répondit que Cette
marchandiſe aïant été perdue par la faute
de ceux a qui il lui avoit fait dire de la
remetrrei, il ſe croioit quitte envers lui,
8c que 'ailleurs il n'en avoit plus. Dom
Bernardin prétendit que ne Faïant pas re
çue, elle lui étoit encore due, 8c lui fit
dire qu'il ſe conrenteroit de quatre mille
écus. D. Gre orio ſe mocqua de ſa pré
tention 8L re uſa tout; ſur quoi ?Evêque ,
par une Ordonnane du 2.2. e Juin, le de'
clara retombé dans Yexcommunication ,
tant pour n'avoir pas rempli l'obligation,
ſous laquelle il avoit été abſous, que pour
avoir_ commis ^de nouveaux excès contre
l'Egliſe. La meme Ordonnance défendait
' A ï
a _quiconque , 8c ſous 'la meme peine , de
lui rendre aucun ſervice 8c de lui obéir,
avec menace contre les contrevenants d'ê
tre bannis de la Province 5 qu’il ſeroit
procédé contre eux, comme étant ſuſpects
dans la Foi , &c qu'ils ſeraient obligés,
auſſi-bien
nu PARAGUAY. Liv. X'. 7;
!hifi-bien que le Gouverneur , d'en aller
répondre 'a la ſuprême Inquifitionde Lima. 16,ſi**

Ce fut auſſi alors que les Jéſuites ne Ilrempotge


purent plus ſe cacher à eux-mêmes les ffifflîë *Ëclſſ
vrais ſeiitimens du Prélar à leur égard. Le HÏIËÎCÏ" d-,ſ
Pere Chriſtophe de Grijalva allant \lnjollſpzès i1 me
de_ Fête dire la Meſſe dans_ une Chapelle-qu'il ait ficll
de la Campagne , quiíiépendoit du Col- d" “m”
Iege de lïkſſomption , apprit que D. Bet-WF
närdinétoit a' Ita, Paroiſſe _Indienne , qui ſe
trouvoit ſur ſon chemin, 8L crut qu'il étoit
de
Il ſon devoir de enviroiiné
le rencontra lui aller rendre ſes reſpects.
ſide beaucoup de
monde , 8L il en ſut reçu d'une maniere ,
àPſirélat,
laquelle il n'avoir
après ne s’attend0it
répondu pas 5 _civili
à ſes car le
tés que par des reproches 8L des paroles
fort dures ,lui dit que la Société n'a
voit que des Théologiens ignorants; que
tous
&deslesSchiſmatiques
Jéſuites étoient des Hérétiques
qu'il maudiſſoit, ex-ſi
comrnunioit 8c anathématiſoit. Ce ſont
lespropres termes que Fljvêque du Tucu
man lui reprocha dans une Lettre qu'il lui
écrivit quelque tems après , ajoutant qu'il
ne pouvoir pas s'inſcrire en faux contre ce
fait , puiſqu'il s’étoit exprimé de la même
maniere dans une Lettre qu'il lui avoit
écrite à lui-même.
Il y a bien de l'apparence que ce qui avoit
attiré au Pere de Grijalva une telle recep
tion , c'eſt qu’a'i~ant été conſulté ſur la con
duite du P. Truxillo 'au ſujet des excom
municarions que ce Pere avoit levées ,
avant que d'être déſavoué par l’E~vêque,
il avoit approuvé ſa conduite, 8L appuie ſon
Tome III. D
74 -Hrsrorxr
ſentiment par de fort bonnes raiſons, a;
1644.. [Evêque ne lïgnoroit apparemment pas.
Mais le Prélat ne ut ſe tenigde laiſſer en.
;revoir que ſon m contentemenc venoit enñ
core de lus loin', Ce qu'il y eut de ſingu.
lier, c'e que ?Evêque , pour prouverquc
les Jéſuites portaient par-tout _les Peuples
_au ſchiſme , cita ce_ qui leur étoit arrivé à.
Veniſe, oû ces Perïs avoient ſacrifié tout
ce qu'ils y poſſçdoient , par la crainte de
Trdéſobéir au Pape , 8c que dans Ia ſuite on
?entendit apporter encore en preuves de ce
qu'il venoit &avancer , l’e_xemple des Hañ.
bitants de Saint Paul de Piratiningue , qui
avoient chaſſé les Jéſuites de leur Ville.
Il ſe plaignit encore, en parlant au Pere
de Grijalva, que les Peres du College de
ſAſſomption n’avoient point garde' Finter
dit qu'il avoit jetté ſur toute la Capitale ,
ê( cela ſous prétexte de leurs Privileges,
ajoûtant ue le Paagepréjuilice
donner deqpareils ne ouvoit as en
desPdroits
dps Evêques. Il étoit cependant de notorié
te ubli uepélndant
étéliſiermfiée ue leur E liſetems
toutgle avoitdetoujours
ſinter

dit. La fin de cette converſation ſut auſſi


imprévue, que ſavoir été le commences
ment; car le Pere de Grijalva aïant voulu
répondre à tant &accuſations , le Prélat lui
dit qu'il ne ſavoir de quoi il vouloir lui
parler, 8c qu'il n'avoir rien dit qui pût dons
ner lieu a cette apologie; ,a rès quoi il lui
demanda ſon amitié. Il 'entit peut-être ~
?cuil s’étoit déclaré plutôt qu'il ne vouloir ,
il eſt certain &ailleurs qu’on s’étoit _déja
ÊPPWS" Elus dins-E .F955 que cSs vwLW
D!) PARAGUAY. Liv. X. 75'
flanſports de colere oû il entroit de tems en T
tems , étaient cauſés en partie par des ver- 4'
tiges auxquels il étoit ſujet, 8C qui le mer
toient hors de lui-même au point de ne ſa
voir ce qu’il diſoit. On pouvoir aufli atcri—
buer à 1a même cauſe les viſions 8c les ré
vélations qu'il croïoit avoit eues. 'Le mai
eſt que vdêmarche
quelque quand il qu'on
s’étoitÏapprouvoitſi
avancé à pas,
faire
il croïoit avoir été inſpiré, 8c ne recuzloit
point. ' p ‘ _
Ces vertiges le prenoient beaucoup plus ſou- li interdit
vent depuis qu’il étoit äYaguaron :il ſuſpen- ?ë C"°.‘"’l““
dit unjour tous les Privileges des Réguliers a “P” fi'
8( ceux de la Croiſade , ſous eine (Texcom
munication. Il interdit en uite toutes les
Egliſes des mêmes Réguliers , 8c déclara
excommuniés .tous ceux que ſes Eſpion:
avoient vus y entrer. Ijinterdit devint bien
xôt général, de ſorte que l'uſage des Sa
crcmens fut preſqtſcnticrement aboli dans
cette Ville 5 qu'on \foſoit même porter
ubliquement le Viatique &les ſaintes Hui
fes aux 'Malades , 8c qu’il falloir prendre
,de grandes précautions pour donner aux
Moxtsia ſépulture en Terre ſainte. Il Y eut
plus encore , l'Evêque ordonna,, ſous la
même peine , de conſumer toutes les Hoſ
ties conſacrées, qui étoient dans les Egli
(Îes , 8c commanda que tous les Religieux ‘
ſorriſſent de la Ville, excepté le P. Jean
de Cordoue, de ?Ordre de S. Fran ois,
qu'il nomma ñſeul pour exercer les one
tions curiales : mais ce Religieux , que ſon
è-minente ſainteté 8c les Miſſions apoſtoli
ques
ſ rendaient infiniment cher 8cD reſpectable
ij
76 HisToiRE
ïï—~—-~ à toute la Province s’excuſa ſur ſon grand.
z;44' — .
age, qui. ne lui. permettoit
’ . pas de ſe char
ger ſeul d'un fi peſant fardeau. Les Iéſui
res sbffrirent à le ſoulager z ils déclarerent
_en même tems aceux qui avoient publié
?Ordonnance de l’Evêque , que la Ville
'tant
ils neſi affligée d'une
pouvoient ſe maladie
réſoudre COŒÛÏFÎCUIË
à lai er tout_,
un Peuple privé des ſecours de l'Egliſe; 8c
le._P_.
pour \Bernardin Tolo cela
aller faireiſur partit
desſurrepréſenta
le champ
…_ 5- tiqnsfau Prélat. l
ſ ,- n , Il ut aſſez bien reçu, 8L 'Evêque vou
[æiæiz, ËCPÊOÎ lant juſtifier la ſéveriré dont il uſoit , ce
Ordonnance. Religieux prit la liberté de lui dire qu'il -
nÿétoit pas juſte de punir toute une Ville
Eur la déſolbéiſſance de quelques Particu
_' rs , 8( qu'il le prioit de conſidérer qu'il
ne sïigiſſoit, pas moins que de riſquer le ſa
lut
arledïiin grand
ſang nombre d'Ames
de ſiJeſuS-Chriſtſi rachetées'
: lie' bien , dit
e Prélat, je vous permets de reſter à FAſl
ſbmption avec le- P. de Cordoue. Le P. To
lo. repliqua ;que deux Hommes ne ſuffi
ſoient point our un ſi grand travail, 8C
ſe jettanr a es piés, le conjura par tout
ce qu’il y a de plus ſacre' d’avoir pitié de
ſes Ouailles., D. Bernardin ſe laiſſa enfin
touclier , 8c ſuſpendit Feſſet de ſon Or
L, (api-ale donnance.
Sur ces entrefaites trois eeutsctGuaycu
eſt menacéeJrusparurent à la vue deTAſſomptimi, 8c
Paígîficgää: la_ Ville, que les itralaclies 8c les excommu
äïitc ('10 1.54 mentions avoientſplongpée dans la plus pro_
@que en m_ fonde triſteſſe , e voioit menacée dune
p: acsaſion. guerre dans le tems que le Gouverneur ô;
DU' PARAGUAY. Liv. Xſi. 7-7
Îles (principaux Officiers étant liés par les .mL-aa
1644-.
cen res ,la crainte de les encourir en coni
muniquant avec eux , pouvoit ſervir de_
prétexte pourne leur pas obéir. On ne put_
pourtant pas croire que dans une telle conñ'
joncture l'Evêqi1e fit difficulté dabſoudre
ceux qui avoient part au Commandement
des Trouppcs, 8C pluſieurs Religieux alled
rent lui demander cette grace , mais ils re
vinrent ſans avoir rien obtenu. Le Gou
verneur étoit diſpoſé à y aller lui—même,‘
perſuadé que D. Bernardin ne vouloir que
cette démarche de ſa part; mais la Ville' .
s'y oppoſa , parcequ’elle jugcoit ſa préſen- z ~
ce néceflaire,
drale 8c lede Chapitre
ſe charges. de la Catlié-
faire un nouvel effort' _ . ſi
pour fléchir l'Evêque. Il fut mal reçu 8c
traite' même d'une maniere indécente. En
fin , ce qu'un Corps ſi reſpectable n'avoir
pu obtenir, ſur accordé aux prieres d’une
Fille dévore. L’interdit ſur levé, 8c l'ex
communication du Gouverneur ſuſpendue'
ſons caution pour quinze jours.. Cependant
. les Guaycurus diſparurent', 8c la guerre re
commença 8c devint plus vive que jamais
entre l’Evêque 8c le Gouverneur.
Dom Gregoriovenoic de recevoir une .Ï-“îfï d”
Lettre du Mar uis de la Mancera Viceroi VÏŒW d”
q ’ Perou au
du Pérou , qui lui niandoit de ne pas Gouvczncuz,
ſouffrir plus long-tems Foppreflction oii il '
venoit d'apprendre qiſéroient les Habitans
~de ſa Province , ni Panéantiſſement de ſon
autorité; de rétablir toutes choſes ſuivant
les Loix &les Ordonnances, 8c d'obliger
[Evêque du Paraguay-a ſe renfermer dans
les bornes de ſa Iuriſdiction purement ſpi
D iij
>78 H i s -r o i x 2
Pî*—~rituclle. Il ajoûtoit que l'es informations
"44" qkqſon lui avoit envoïées contenaient des,
c oſes inouies 8c qu'on n'auroit jamais «
imaginées , mais que tout y paroiſſoit ſi
bien prouvé, qu'il ne lui étoit pas poſſible
d'en douter. Le Gouverneur , a la lecture
de cette Lettre, ſentit renaître tout ſon
courage , 8c ſe promit bien de faire valoir”
ſes droits à l'avenir; mais il ne ſe connoiſ
ſoit pas aſſez , 8c il avoit à faire à un Horn
me a qui il ne s'était que trop fait con
À
noitre.
cdurd eſt _ Il commença par faire une revûe géné
dc Xiouvcau rale des Trouppes , puis il ordonna , com
“fflfflmufflé me il lui avoit été preſcrit par le Viceroi ,
k ſibſhu" à tous les Portugais établis à l’Aſſſſoniprion
de partir pour Santaſé 5 enſuite il ſit aver
tir tous les Indiens des environs de la Ca
pitale, qu'il ſqdiſpoſoit à les viſiter, de
ſe tenir prets a exécuter ce qu'il avoit a
leur preſcrire de la part du Roi. D. Bernar
din, informé de tous ces mouvemens, ne
douta point qu'il nen ſut lobjet, 8c en
voïa ſur le champ à l’Aſſomption un ordre
d'y déclarer que le Gouverneur devoir être
regardé comme Excommnnié , les quinze
jours pendant leſquels l'effet de ſon excom
munication avoit été
… ſuſpendu étant
. expi
rés, &de défendre a tous les Habitans de la
Campagne , tant Eſpagnols qu’ln_diens, de
ſe rendre aupres de lui , ſous peine d'eu
courir une excommunicarion majeure.
Dom Gregorio_ de ſon côté publia qu'il
devoir exécuter une Commiſſion fort impor
tante pour le ſervice du Roi, 8c re uit,
au nom de Sa Majeſté , qu'on lc rclcvat de
dUPA1AGUAY.LW.X. H
toute cenſure. (_)n lui répondit que I’Evê—~ X544;
que ſeul en avoit le pouvoir, 8c ſur cette'
réponſe il partit pour Yaguaron. Arrivé à
Ita , il y rencontra le Licencié D. Pedre
Navarro , ui lui fignifia une défenſe par
écrit de pa er outre, ſous peine d'une ex
communicarion majeure 8c d'une groſſe'
amende pour lui 8c pour tous ceux qui le
ſuivroient. Il refuſa d'entendre la lecture
de cet Acte , diſant qu'il devoir lui être ii
gnifié par un Notaire , ſur quoi le Licen
cié jetta l'interdit ſur la Bourgade. Dom
Gregorio arrivant à Yaguaron, alla droit
a l'Egliſe avec toute ſa ſuite. Dom Ber
nardin ſur ſaiſi de crainte en le volant, 8c'
prit le parti de Pabſoudre. Il Fenibraſſa cn
uite, célébra pontificalement la Meſſe ,
prêcha ſelon ſa coutume après PEvan ile ,
fit l'éloge de D. Gregorio, le pria” à inet
avec lui , 8L pendant la table on ne parla
de rien. Le repas fini , le Gouverneur pria'_ '
l’Evêque de ſuſpendre au moins l'interdit
de la Capitale , juſqphprès la Fête de l'Aſ
ſomption qui en e le Titulaire, 8L cela
fut accor e' de bonne grace. La reconci
liation parut parfaite 8L ſincere , 8L _on en
fit ſur-tout honneur a la médiation du Pere
Barthelemi Lopez, Provincial des Domi
iiiquains, lequel s'était trouvé pour lors_
a Yaguaron.
Ce Religieux étoit un très habile Hom_ Ce qui ſe
me , 8c paſſoir pour avoir. beaucoup de cré; lljêgzque_CHI":
à
dit en Cour. Dom Bernardin craignoit le Provincial
qu'il ne ſe reſſentir de ce_ qu'il avoit fait d,, Domi…
abbattre le Couvent de ſon Ordre; maisquains. N
1
ſes craintes sévanouirent bientôt , car dès
I) un
So Hisſrorkr
le premier entretien , qſiu’ils eurent en parti
X644.
culier, il crut s’appcrcevoir qu'il pouvoir
ſe ſervir de lui contre les Jéſuites , qu'il
vouloir chaſſer de l'Aſſomprion. Le Pro
vincial de ſon côté commença par le prier
de ne point sbppoſerà ce qu'il ſit rebârir
ſon Monallere 3 ce qui donna lieu de croi
re que ces Religieux n’avoient point enco
re reçu leurs Lertres-Patentes , mais qu’ils
'ne doutoient point qu'elles Ïarrivaſſent
bientôt. Il le conjura enſuite de rendre ſes
bonnes races au Pere Verdugo , 8c tout
cela lui ſur accordé. Il partit peu de tems
après pour FAſſomption, oû ar ordre de
ÏFI-Ivêque on lui rendit de gran S honneurs,
8c les Jéſuites ne tarderent-pas à s'a perce
voir qu'il ſe machinoit entre l'Eveque 8c
lui quelque choſe contre eux.
Commence Le Provincial ne differa point d'un mo
ment la
ment à profiter de la permiſſion qu'il venoit
PS1 ſécution Clſiobtruir de rebitir ſon Couvent; 8c pen
conne les Jé
fuites. dant qu'on amaſſoit les matériaux , ſon
_Secrétaire alla par ſon ordre prier le Rec
teur du College , de lui permettre de lever
le plan de ſa Maiſon. Le Pere Sobrino y
coaaſexitit ſans peine, 8c comme les Jéſuites
avoient toujours vécu en bonne intelligen
ce avec les Peres de S. Dominique , il ne
lui vint point à Feſprit qu'il y avoit quel
que deſſein caché dans cette demande. 1l
étoit cependant bien informé que l’Evê~
que ne parloir plus des Peres dc la Société ,
que comme de gens, dont il avoit réſolu
la perte; qu’il ſe plaignoit ſouvent qu'ils
Ie gênoient beaucoup dans le Gouverne
ment de ſon Diocèſe , par leurs ſollicíta~
DU PARAGUAY. Líſſvct. X. _Sr
tions en faveur des Excommuniés, 8c par T***
leurs repréſentations importùnes; que leur 44'
orgueil étoit inſupportable; qu~ils ſe déz
claroient en toute .occaſion contre les droits
de l'Egliſe
ricnſi , qu'ils
par leurs lesvréduiſoient
Privileges, même
8c par les opià
nions dont ils inſectoicnt' les Peuples: qu’il
ne parlqit plusparticulieres
converſations d'autres choſes dans ſes
, ſur-toutſiavec
les Religieux des autres Ordres, qtfil pa—
roiſſoit vouloir mettre dans ſes intérêts;
8C qu’il avoit même déja commencé a té
moigner dans ſes Sermons ſon méconten
tement contre eux. ,
Ils ſe flattoient pourtant encore qu'en 1'75"31” ffl*
s s obſervant plus que jamais
. . .
, 11S .
le ſerment fermer leurs'
claſſes_
revenir de ſes préjugés, lorſqu'il leur ſit
ſignifier un ordre de fermer leurs Claſſes
de grammaire 8c d'humanités , 8c ils apr
prirent en même tems qu’il avoit nommé
un Maitre pour inſtruire la Jeuneſſe. Il ſe
mettoit ſort peu en peine qufelle apprit
beaucoup de Latin , 8c il n'y avoit que
trop paru dans ſes Ordinations; mais il
avoit fort à cœur de faire perdre aux Ie'
ſJltCS la confiance du Public , 8C il déclara ~
qu’il n’avoit
odrc du Roi,ſait8cce par
changement
zeſſlc pour que par"
le plus
grandſervicc de Dieu; ce qui~donna beau
coup a penſer à tout le Monde. On com~
mença alors à faire plus d’attention à l’é
troite liaiſon qui s’étoit formée entre lui
&î le Provincial des Domiæiiquains, 8C on
ſe rappeller qu'en faiſant abbattre le Cou
vent de S. Dominique , il avoit fait enñ_
tendre qu’il en 'avoit reçu un ordre du Roi
D v
81. HIS-TOLE!
----- par les mains du P. Sobrino, ce qui avoit
Pa" été reconnu faux. La demande que le Pere
Lopez avoit faire au Recteur du College de
lui permettre d'en lever le plan, donna
auſſi lieu pour lors à bien des reflexions;
8c pluſieurs ne douterent point que Dom
Bernardin n’eût deſſein de charger ces Re
ligieux du ſoin dïnſtruire la Jeuneſſe.
r] lesinier- Peu de jours après il fit publier une
3l( ² f” 'n' Ordonnance , qui ôtoit les pouvoirs d’ab
TŒWŒ" ſoudre 8c de prêcher aux Religieux; mais
il ne tarda oint de les rendreà tous ex
cepté aux J ſuites. Le Recteur alla ur le
champ trouver le grand Vicaire, our le
' prier de ſaire examiner tous les Pretres de
ſa Maiſon , 8c s’il les jugeait capables , de
leur donnet les mêmes pouvoirs qu'aux
autres. Il lui répondit qu’il en écriroit au
. Prélat : il le fit en effet z 8( la réponſe de
?Evêque fut qu'il. ne doutoit point de la
capacité des Jéſuites, mais qu‘il— étoit du
ſervice de Dieu de ne point leur permettre
l'adminiſtration des Sacrements , ni- l'exer
cice du Miniſtere' de la parole. Il n'était
pourtant pas ſans inquiétude à ce ſiret: ~
il n'avoir gardé aucune formalité' an:
ce qu'il venoit de faire 5 il- ne pouvoir d0u~
ter que les plaintes qu'on avoit portées
contre lui à l’Audience roïale des Charcas
n'y euſſent fait beaucoup &impreſſion; il
étoit même averti qu’il devoit paroître un
Arrêt de cette Cour ſouveraine, qui lui
ordonneroit de lever toutes les excommuë
nications , ſans rien exiger , 8c de reſtituer
tout ce qu'il avoit reçu des amendes. Mais
ees avis ne tranſpiroient point encore dans
nu PARAGUAY. Lívſſ. X. 8-;
le Public, 8c n’e'toient venus juſqu’à lui
_que par des Lettres particulieres , que ſes' 'G44'
Amis lui écrivoient de la Plata' : on Ie
ſoupçonna même d'en avoirintercepté quel
ques-unes , oil l'on mandoit la meme cho'
ſe a des Particuliers.
D'ailleurs', quoique le Gouvemeur com- Ce qui le.
mençât a montrer un peu plus de fermeté "m1"
depyis les dépêches qu'il avoit reçues du
Viceroi , il ne le craignoit point ,. 8l il ſavoir
qu'il en étoit craint. Il' comptoit même
qu‘il_lui en coûterait peu pour lui faire
approuver tout ce qu'il venoit de faire ,
8c il ſe tenoit encore plus aſſuré du Peuple;
Il ſe flattoit que les Tribunaux ſupérieurs
de l'Amérique n’oſeroient rien entreprendre
contre lui 8c que les Cours de Rome 8E
de Madrid approuveroient toutes ſes dé
marches , qui n'avoient , diſoit -il, d’au—
tre motif ,que le rétabliſſement des droits
8c de la liberté des Egliſes. Enfin il ne
doutoit point du ſecours du Ciel', pour
chaſſer les' Jéſuites de leur College 8c de*
leurs Millions , parceque la gloire de Dieu',
diſoit-il
Il n'en, yconvenoit
étoit intéreſſée.
pas moins' qu'il avoiſir ll' travaillée
bien des meſures à prendre , pour aſſurerí gagner lï-ï
le ſuccès de ſon entrepriſe' contre ces Reñ G°“"°“‘°“‘*
!igieux , 8c ilcrut
faire agréer devoir commencer
au Gouverneur par la
, ou dſiu moins
par [engager à ne s'y' pas oppoſer. Ilſſeut:
avec lui p uſieurs entretiens , dans leſquels
i-l Ïefforça de lui perſuader tpe la bonne'
intelligence qui' avoit regné entre eux dans: _
ſes premiers jours,depuis ſon arrivée dans
&du Diocèſe , duteroit encore , fi des;
D vi;
84 HISTOIRE
I-Îommcs , dont une dangereuſe politiquï
16-”.
régloit toutes les actions, n'avaient trou
blé un concert ſi fatal à leurs pernicieux
deſſein 5 qu'ils avoient ſur-tout ſaiſi l'occa
fion de Fenlevcment du Pere de Cardenas,
pour Faigrir contre lui :il ajouta qu’il re
cznnoiſſoit qu'ils l'avaient engagé trop.
loin, 8( qu'il vouloit réparer ce qu’il y
avoir eu dexcefliſ dans la ſévérité dont
il avoit uſé à ſon égard; qu’il y étoit
encore porté par ce que le Provincial des
Dominiquaius lui avoit appris de ſa Fa
mille , lequel entre autres choſes lui avoit
.dit qu'il avoit au Chili une Fille , dont le
bien ne répondoit , ni à ſa naiſſance , ni
. à ſon mérite; qu'il vouloit contribuer a
Yétablir d'une maniere convenable, 8c que
Pour cela il lui remettoit les quatre mille
écus qi1’il devoir encore, pour avoir été
abſous_ de ſon excommunicarion ; qifil
ren-droit une Sentence favorable pour lui,
au ſujet de fourrage qu’il avoit fait a ſon
Neveu, en y relevant les excès ou ce Re
ligieux s'étoit porté contre ſa perſonne. Il
joignit à cela beaucoup d'autres promeſſes;
8c Faffura qu’il auroit toujours ſes intérêts
à cœur, ſauf les droits de l'Egliſe, pour
leſquels il étoit réſolu de ſacrifier juſqu'à
ſa vie , comme tout Evêque eſt obligé de
faire.
Entretien -lu Peu de jours après ,Dom Grégorie reçut
11.10922 avec une viſite du Provincial des Doimniquains ,
“WV” lequel coirïnença a lui parler de' maniere
DCUI-
~alui faire entrevoir ce qui- engageoit ſur
tout Dom Bernardin à ſe réconcilier avec
lui. ’ Cc Pere ouvrit la converſation par
DU PARAGUAY. Liv-X. 8)'
.un grand diſcours, ſur l'intérêt qu'un î
164+
Gouverneur avoit de demeurer inſéparable
mcnt uni avec ſon Evêque : il lui dit
qu'il étoit de ſa prudence 8L que ſa Reli
gion demandoit qu'il oublſiât tout le paſſé;
qu'il étoit toujours fâcheux Ex' ſouvent
angercux de recourir aux Tribunaux ſu
périeurs 5 qu'il étoit rare qu'on n'y perdit
pas beaucoup de ſon crédit 8c de ſa répu
tation 5 qu'il y avoit bien des choſes dans
la vie, ſur leſquelles un Homme ſage
devoir fermer les yeux; que dans le cas
même ou un Evêque voudroir empiétej
ſur la Juriſdiction ſéculicre, il étoit plus
convenable 8L plus Sûr de prendre les voies
de la conciliation , que celles de fair; que
par la Lettre qu'il avoit reçue du Viceroi ,
ilparoiſſoit que c’e’toit le ſentiment de ce
Seigneur; en un mot, qu'il gagneroit à'
céder quelque choſe pour bien vivre avec'
.un Evêque , tel que Dom Bernardin de
Cardenas.
Dom Grégorio a depuis aſſuré que ce
Religieux , après lui avoir tenu ce diſcours,
Jui avoit dir confidemment que le Prélat
étoit réſolu de chaſſer les Jéſuites de lïlſiſñ
ſomprion 8L de toutes les Millions du Pa
-rana , qui étoient de ſon Diocèſe, 8L.qiz'il
ſe
du ſaiſoit fort d'en être
Roi Catholique; qu'ilavoué du Pape de
lui conlſieilloit 8C î'

ne point entrer dans cette affaire , parce


que Dom Bernardin étoit le plus ſaint Evê
que de l'Egliſe , ou lc plus méchant Hom
me du Monde , 8L que dans l'une ou lÏau
tre ſuppoſition, il n'y avoit qu'a perdre
pour _lui a ſe comrnçrtteavec ce Prélar.;
$6 H i s 'i' o r n: Ê
'-~'î‘“44_ qu'il lui avoit répondu que ſon parti' _étoit
pris de fermer' les yeux, pour avoir la
paix, ſur tout ce_ quiînîntérefſeroit point
' on honneur 8; ſa conſcience; mais que
dût-il perdre _ſa fortune, on ne devoit pas
?attendre qu’il ſouffrir qu'on chaſſât, ni les
Jéſuites , ni aucun autre Ordre Religieux de
Ia Province dont l'e Roi ſonvMaitre lui avoit
confié le gouvernement , ſans un ordre ex
près 8c par écrit de SaMajeſté:
NOUVHP* Sur cette réponſe le Pere Lopez', quine
*Ïbffldën* voïoit plus aucune apparence de recon
veque pour . . _ A j
s'attacher le cilier PEveque avec le Gouverneur
_ , 6l. qui.
Gouverneur. comprenait que Ia Province du Para uay
alloit tomber d~ans une horrible confii ion ,
ne ſongea plus q~u’à finir promptement l'es
affaires qui l'y retenoi-ent encore , 8c partit
bientôt après. Cependant le' Prélat ne per
doit point encore Peſperance de ſaireen
trer ,le Gouverneur dans ſes vûes , 8c il n'eſt
rien qu'il' ne mit en œuvre , pour lui per
ſuader' qu’il étoit le plus ſincere de ſes
Amis. Dom Gregorio comprenait bien que
tout cela ne ſe faiſoit point gratuitement,
8c il en fut encore plus aſſuré par ce qu'il ap
prit du Pere Lopé de Hinoſtroſa , ſon Fils ,
eligieux de' S. Auguſtin, lequel revenoit
de Yaguaron , oii il étoit allé rendre une
viſite à l'Evêque auſſi-tôt après ſon arri
Vée du Chili.
Il lui rapporta qu'il en avoit été reçu de l!
maniere la plus honorable 8L au ſon de.
hautbois ,- que le P'rélat l'avoir comblé
d~‘é’loges 8C de témoignages de l'amitié la
plus cordiale ; qu’il l'avoir nommé Exa
Iiînateur des Ordinands , avec. promeſſe de
DU PARAGUAY. Liv. X. x7 \
_zz-í-Ç
recevoir quiconque lui apporteroit uiÎ Bi-l
let de ſa main ', qu'il l'avoir ſouvent 8c con 1644.
fidcmmcnt entretenu de ſes griefs contre les
Jéſuites 5 qu'il lui avoit dit entfautres cho
ſes, qc ces Religieux abuſoicnt le Pape
8c le Roi; qu'en qualité de Paſteurs de ce
Diocèſe , 8c de Conſeiller du Roi , il ſe
cro'i~oit obligé de les pourſuivre a toute ou
_trance , dût-il lui en coûter la vie 5 qu'il
l'avoir prié de perſuader à ſon Pete dc
s'abſenter pour quelque tems ,. ſous quel ue
prétexte, s'il ne jugeait pas à-propos "a
git de concert avec lui, enfin , qu'il lui
avoit promis mille écus pour acheter des
livres , s'il réuffiſſoit dans cette négocia
tion.
A ce diſcours, 8c a tous ceux qui Iuí Conduire du
parletent ſur le même ton , le Gouverneur G°“V°“"“î
en (Elle CECI'
ne répondit que par des proteſtations va ſion.
gues de ſon eſtime 8C de ſon dévoûment
pour la perſonne de Dom Bernardin. Il Ht
enſuite donner avis aux Jéſuites , mais ſans
leur ſai-re conno-itre ce qu'ils avoient ä eſ
perer de lui , de tout ce qui (F: tramoit
contre eux , 8c il leur parut même attendre
a ſi: réſoudre que les circonſtances l'obli
geaſſent à prendre ſon parti. Il joua err
effet ſi bien ſon perſonnage, que l’Evêquet
y fut trompé , 8c crut pouvoir aller en
avant , ſans craindre de le trouver en ſon
chemin; mais il. réſolïit d'aller pié a pié,
perſuadé qu'en- gagnant toujours un peu
de terrein , il vien îroit bientôt a bout de
ce qu'il' prétendſſoit , pourvû qu'il ne s’arré~—
!fit point ~, 8c voici le premier pas qu'il fin
Lesléſuites avoient acheté de DomGa
83 HISTOIRE
*__..._.———— briel de Vera, une Mérairie qui portoit
1644.
UE ^ le nom de Saint-Iſidore; il leur fit propoñ
ve… *ETLc ſer de la lui- céder, pour le prix
.
qu'elle leur
tard-une Mé_ avoit couté; puis ſans attendre leur réponñ
…de de; jé. ſe , il leur envoïa dire qu'ils étoiïit aſſez
\unes- riclies pour lui en faire un preſent: mais
comme il ne crut pas devoir compter ſur
leur généroſité , il leur manda que ce bien
appartenoit aux Indiens d'Ya<J,uaron , 8C
.v l — d .d‘~ .
qu il eiir ordorinoit de le viii er dans huit
jours, ſinon, qu'il le feroit ſaiſir, 8c qu'il
abat/donneroit a ceux qu'il chargeroit de
l execution de ſes ordres , pour_ prix de leurs
peines , tous les meubles qu ils y trouve
' roient. Cette Lew-e fut préſentée au Rec
teur du College par Un Huiſſier, qui ſans
lui donner le tems de la.lire , lui dir qu'elle
contenoit une Sentence définitive , que
l'Appel n'en pouvant être intcrjetté qu'au
Saint Siège, dont [Evêque étoit délégué ,
il ſeroit inutile d'y avoir recours, 8è que
le Prélat ne lui en donneroit pas le loiſir.
.ui-em, ſe; Ijlîvêqvie fit dire en même tems a ceux
…- …1 ſer- qui ſe diſpoſaient a recevoir les Ordres ſa
mcrnc de fidé- crés, qu'ils euſſentà ſe rendre à Yagua
1"”. Pa' I” ſon , &a meſure qu'ils ſe préſenterent cle
Aſpirans aux . . . . ,.
_
Ordizs. vantlui
^ _J il ,.leur_ fit urer de lui etre fideles__s
meme )uſqua leffuſion de leur (Ying, sil
étoit néceſſaire. Quantité de perſonnes fu
rent invitées a cette Ordination , qui ſe
fit avec beaucoup (l'appareil. D'ailleurs le
\
Prélat avoit intereſſe' a cette cérémonie,
par le choix des Ordinands, les premieres
/ -Familles de la Capitale , qu'il comptoir bien
- de s'attacher par-là , d: maniere qu'il n'au
roit pas a craindre qu'elles ptifient le par
'du PARAGUAY. Liv. X. $9
ti des ;ſéſuites contre lui z d'autant plus .îíî-d
I644.
qu'a~i~ant déja ôté les Claſſes à ces Reli
ieux , 8L leur aïant interdit tout exercice
?le leurs fonctions ordinaires , il ſe perſua
doit que iperſonne dans la Ville n'avoir
plus aucune raiſon de sïntereſſer pour eux.
I1 ſe croit
ll comptoit auſſi beaucoup ſut«le ton inſpiré de per
8c l'air d'Homrne inſpiré , qui lui avoit ſi ſécuttrles Sé
fort réuſſi dans les commencemens , 8c qui ſuites.
faiſoit encore impreſſion ſur le Peuple. Un
jour qu'il prêclioit à Yaſguaron , 8L qu'il in
vectivoit contre les Ieſuiteshavec toute
la véliémence dont il étoit capable -, il ap
‘ perçut dans l'Auditoire le P. Pierre Rome
ro, dont nous aurons encore plus d'une
occaſion de parler. Alors, ſe tournant vers
le Tabernacle , il dit a ce Millionnaire ,
qui étoit du même côté. 10 Pardonnez
:a moi , mon Pere , ce que vous venez
I1 d'entendre , c'eſt le Seigneur .qui reſidc
3d ici, 8L, que je vais tout-à-ſheure conſa
ïï crer Zc recevoir , qui me l'a mis dans la
ao bouche; je n'y‘avois pas 'même penſé
ad en montant en Chaire, 8( je n'ai pas
a été le maître de l'Eſprit ſaint qui m'a
r» ſaiſi. t* Il tint à-peu-près le même lan
gèage le 'our de Fêrdination a deux autres
J uites 'envoiés parle Pere Sobrino pour
lui repréſenter que ni lui, ni aucun de ſes
Religieux , ne pouvaient ſe reprocher d'a
voir jamais rien fait qui 'pût mériter ſon
indignation. Cat après leur avoir répondu
de la maniere la plus dure , mettant 15
main ſur ſa poitrine , 8c levant les yeux
vers le Ciel, il ajoûta que des motifs ſu
périeurs à toute conſidération humaine
zó I-Ïisroiitn
*î étaient l'unique re le de ſa conduite aleûi'
E644. égard. Il les congé ia avec ces aroles , ac
reprit tranquillement la conver ation 5 que
leur viſite avoit interrompue.
' ne quoi j] ‘ Quelques momens après i1 changea tout
Iccuſe ccsRe- a-cou de” diſcours, 8c paroiflant plongé
ligizux. dans plus' profonde triſteſſe , il dit en
ſoupirant , qu'en qualité &Evêque il devoir
défendre les droits de l'Egliſe , 8c pourſui
vre avec toute la vigueur épiſcopale qui
conque oſoit y donner la moindre attein
te, violer les ſacrés Canons, 8c ſous de
ſpécieux prétextes uſurper ſon patrimoine;
qu'aïant l'honneur d'être Conſeiller du Roi,
il éroit obligé de purger la Province de
ceux qui Ïemparoient du Domaine de Sa
Maielé pour en faire paſſer les richeſſes
dans les Païs étrangers 8c juſques dans les
Etats des Puiſſances ennemi-es de la Cou
ronne; qu'étant le Paſteur de ce Diocèſe,
c’étoit pour lui une obligation étroite de
garantir ſes Ouailles des cmbuches que leur
reſſoit l'Eſprit infernal parle moîen des
Miniſtres intéreſſés , qui , ſous le voile de
la piété 8c du zele du ſalut des Ames, les
'dépouilloient de leurs biens 8c de défen
dre contre ces Loups ravi eurs le Troup
peau qui lui étoit confié;
Après ce réambule , qui tint tout ſe
monde en ſu pens , il dit , qu'étant Hom
me , ſujet comme tous les autres à être
prompé, il avoit été long-tems dans l'er
reur au ſujet des Jéſuites , ſéduit par
de fauſſes relations qu'ils répandoierit dans
le Public 3 mais ue mieux inſtruit 8c éclai
ré den-haut , il e \endroit inexe-.iſable de'
du PARAGUAY. Liv. X. 91
vant Dieu 8c devant les Hommes , s'il ne î***
découvroit de quelle maniere ceux du Par
taguay s'étaient rendus Maîtres d'un ſi
grand nombre &Indiens , au préjudice duA
patrimoine Roïale , 8c du patronage de
'Egliſe 5 que ces faux Apôtres enſeignoient
'a leurs Neopllytes une Doctrine abomina
ble; que les en aïant avertis charitable
ment, ils n'avaient tenu aucun compte de
ſes rcmontrances; qu'ils ſemoient parmi le
Peuple des opinions ernicieuſes ; u’i1s
décréditoient les Cen ures de PEgli e , 8c
réduiſoient 'a rien l'autorité du Saint Siege;
?u’i1s rendaient mépriſables 8c perſécuroient
es Evêques: qu'il avoit informé Sa Ma
jeſté , qu'ils introduiſoient tous les jours de
nouveaux Paſteurs dans leurs Réductions,
ſans l'aveu des Supérieurs iEccléſiaſtiques,
8c ſans demander le Viſit ,. des Evêques (l) 3
qu'ils détournoient les Indiens de païer au
Roi le Tribut annuel (J.) 8c les Décimes
_ aux Evêques ( z) 5 qu'ils avoient des Mines
d'or
paſſertrès abondantes
le produit , dont
oû ils ils faiſaient
voulaient ;ſi u’i1s
ne prétendoienr 'rien moins que d'u urper
toute la puiſſance ſpirituelle 8c temporelle z
qu'il leur avoit ôré leurs Claſſes , par
cequ'ils Ïapprenoient rien à leurs Ecoliers ,
dans la vûe de s'emparer de toutes' les
Cures , quand il n'y auroit plus de Prêtres
capables d'en remplir les devoirs, 8c que
par la même raiſon ils refuſaient d'approu
(r) Les Réductions réglé qu'en 1549.
n'étaient poinr encore 'zl L'uſage de les païer
érigée: en Cures. n'était encore établi. nui
(2.) Ce Tribut n'a été lepazt.
,'2' H i s -r o i x E
m
ver ceux qui ſe préſentoient pour recevoir
1644
les Ordres , quand on les chargeoit de les
examiner 3 que lui-même leur avoit con
fié quelques Paroiſſes pour un tcms , 8c
qu'il ne l'avoir fait que ſur leurs inſtances
réitérées( l ) , ;Sc ne les connoiſſant pas en
core aſſez; qu'il leur avoit interdit l'ad
miniſtration des Sacremens, parcequ'il lui
étoit revenu qu'ils n'étoient point ſcru
puleuxsînformoient
qu'ils ſur le ſecret_audeConſeffionnal
la Confeſſionde, cſie
8c

qui ſe paſſoit dans l'intérieur des Familles ,


pour en faire leur profit; que le Pere de
Moncoya avoit obtenu par ſurpriſe une
Cédule ro'i~ale , en vertu de laquelle ces
Religieux avoient enlevé aux Eſpagnols
des Nations entieres , qui-leur appartenaient
par droit de conquête ( 1'); qu'ils étoient
entrés dans le Paraguay avec le ſeul habit,
dont ils étoient couverts 8c qu'ils y étoient
parvenus 'a_la Souveraineté d'un grand
Païs; qu'il étoit bien réſolu de les chaſſer
de ſon Diocèſe , comme avoient fait les
Vénitien's—(z) 8l les Portugais de S. Paul
de Piratiningue (4)3 que l‘Evêque du Tu
cuman 8c pluſieurs autres avoient reçu pour
cela les mêmes pouvoirs que lui , mais que
(t) ll étoit de notorié- ſollicité.
té publique qu’ils s’en (z) Les vénitiens n'a:
étoieni dêlendus autant voient poin: chaſſé les
qu'ils avoient pu. Jéſuites , qui s'étaient re
(i.) Ce Privilège n'a tirés
(4) d'eux-mêmes.
Il couvenoitſi mal _
voit point été obtenu par
ſurpriſe, BL a été ſod à un Evêque dïmirer
vcnt confirmé depuis. l'exemple des Portugais'
QF n’étoit point le Pere de Saint-Paul de Piraii
de Montoya qui l'avoir ninguc.
ou PARAGUAY. Liv. X. ,3
la crainte les retenoit, 8c que pour lui il -———-———_ç _

ſe ſentoit aſſez de force 8c de courage pour.


i644.
leur donner l'exemple , do 8L je compte
D) bien , dit-il en finiſſant , que vous m'au
U9 rez bientôt l'obligation d'être ſervis par
ï) des Indiens, de voit vos Enfans ,pour-_
a:
:ſid vûs
trée de
dansbonnes CureS_,
ſes droits , 8c Sa Majeſté
L'Egliſe renv
rétabliq
a) dans la poſſeffionde ſes biens 8c de ſa
H liberté.
Ce dernier article , ſur lequel Dom Ber
nardin infiſtoit ſi ſouvent , faiſoit aſſez
peu d'impreſſion ſur le Public , qui n'y
comprenoit rien : perſonne d'ailleurs ne
eroïoit que les Jéſuites révélaſſent le ſecret
de la Confeſſion les prétendues Mines
d'or n’avoient point encore pris de crédit ;
mais le Prélat ſavoir bien que la ſeule eſ
pérance d'avoir en Commande tous les In
diens des Réductions du Parana, ſufflſoit
pour engager bien des Gens 'a favoriſer ſon
entrepriſe, 8c il n'ajoûtoit tout le reſte,
ue POU: donner à entendre qu'en s'y oppo
?ant , on ſe rendroit criminel envers le Roi,
8c envers l'Egliſe. Il répétoit ſans ceſſe les
mêmes choſes en public dans ſes Sermons,
8c dans ſesentretiens .particuliers avec ceux
dont il lui importoit davantage de s'aſſurer :
il leur montroit des informations de ſes Vi
ſiteurs , 8c des Ecrits de quelques Jéſuites ,
dont on avoit contrefait l'écriture: il ac
«com agnoit ces confidences de careſſes 8c
d'0 res de ſervices 5 il raſſuroit les plus
timides , en leur diſant qu'il ffagiflbit
qu'en vertu des Ordres du Roi, 8c il vint
enfin àbout d'émo_uvoir tellement un grand,
ſi
94 HISTOIRE
T* nombre de Perſonnes , qu'on étoit partout
' dans ſim acience de voir l'exécution d'un
projet , ont on ſe flattoit de tirer de ſi
grands avanta es. Il ne doutoit plus lui
même du ſucces, lorſqu'il apprit une nou
velle, qui -lui fit connaître qiſil y trouve
veroit des difficultés, qu’il n'avoir poin:
prévûes. ~

,Fin du Livry dixiem.

f!
HISTOIRE
P A R A G U AY
LIVRE ONZIEME.
SOMMAIRE.
ſi LE Gouverneur .Hoppoſà à Pentrepriſè de
Evêque, ſur la Métairze de S teint-Iſidore.
Refilutian que rend le Prélat. Ses me.
ſure: pour clzdſſefr le: .Îeſſicites de leur Cols*
lege. Tran uillite' de ce: Religieux. Vio
lences 6- _ rdonnonces de FEvEque. Dili.
gences du Gquverneur pour fizire échouer
ſon projet. Il lui _fuit Prendre le change, Me'.
-rſnoirepdle eezPréflat [lap-zur ſonlenträpri
e. epec es e u, rence r0” e. on
duite de [Œvëque en cette occaſion. Ce qui
ſe paſſí entre lui â- le Meg/Ire de Camp ge'
néral. Meſures qu; prend le .Gouverneur,
I-'Evíque revient _a flan premier deſſein de
chaſſèr les .ſefizitet de PAſſIÛ/rzption. Le
Gouverneur à Yaguaron , 47cc ſix cent;
Indiens, Iljîgnlifie a' l’E1/ê'que un exil, 5
Id ſiziſtſie de ſon temporel Pracgfion indé_
cenee du Saint Sacrement. Le vouverneur
ſe _Iulſe du er ar PEvé' ue. Le Préiqp
retourne à FA omption. fbrtific dan;
9s* ‘ſſ‘SOMct~M’AIREſiI ’ ' "P
C ouverte de Saint Fran ois. jm; Pallet..
me dansla Ville,~ptzr un _aux zxitſi- Fermeté
du Gouverneur. Calomſintes publiées' par
~ , l'ordre de Flïvëque. Le Gouverneur Icfizzz
_ſbmmer de partir. Il eſt déclare' Intra.: dans
' le Diocèſe
Diocèſe. , 6' on
L’Eve" tte établit un Proyiſcuz;
sïmbarqiteï: _du
ftſſzux bruit.:
publié: 'après on départ. SES diligences
Pour .flzire valoirſa conſécration &ſa priſe
de poſſêffion. Courſe; des Mzſſzctannairer-dans
1e Tucuman. ,Miracles de la Grace ſur_
quelques Chrétiens. On manque une occaſion
dſitſſntroduire la Religion dant- le C/raco.
1.0/2 publie qtſſffon a trouve' de: Mines far
dans la Province d’Uru ttay. Qui ſut le
premier auteur de cette abjle., ,Conduite des
Jeſitite: dans cette affaire. Le Gouverneur
_ſetranfporte ſur les Iiettx avec le Délzzteur,
gui diſparaît en chemin. Allonne dan: le:
Réduélionr. Le Gouverneur la fait cſſr.
Ses diligences pour découvrir les Mines.
Il reçoit un fI-zttx avis. Le Délateur repa.
roît 6- ſè détlit. Etat des Réductions. De'
jbrdres aux [latines, Comment on y rerne'~
die. Projet d'un nouvel Etabliſſement. Mar
tyre du Pere Pierre Romero, :Fun jeune
Eſpagnol ê* ſu” Itatine. La Réduction
:ſl évacuée. Le: Mamelus aux Itatines.
Mtffibnndirer tués par ce.: Brigands. Cort
duite de ÏEvëque du Paraguay à Corrienr
zèr. Sa Lettre à l’Eve‘que du Tucttman.
Réponſe de ce Prélat. Conduite du Gou
verneur du Paraguay 6* des .Ïefitilex , après
le depart de FEvëque. Les Indiens du Pa
rana rendent un 'grd/m' ſèrvice au Paro
_guaja Ordre de ?Audience roîale à ,FE
vague,
S O M M A 1 R E. ,,
vêqzze. Il par: pour FAſſb/nption', 6- n'y N
pa: reçu. Il eſl nomme' à FEvëc/ze' dePopaya/z.
Il le refuſe OS- retourne zi lüíffizmptíon. Il
reçoit une Lettre de Dom ſean de Palaflzx _,
nouveau Gouverneur
qu'il apprend du En
en ſſy allant. Paraguay. Ce
quelle diſpo-ct
ſinon il trouve la Capitale. S4_ conduite a'
l'égard de PEvëque ê' des ſefitites. L’E~ -
vèque renouveſlc ſ21 priſe de poſſèffion. Il
recommence à tnveffiver contre les leſdites.
Comment on ſu! ſigner de.: dépoſition; con
tre eux. L'Eve‘que chaſſe les .Ieſuites de
leurs Miſſions des Iratines. Diſpoſitions de
ces Miſſionnaires.

DOM BERNARDIN avoit di-fferéde


ſe mettre en poſſeſſion de la Métairie de J544-
I.e Gouver
Saint-Iſidore , dans l'eſpérance peut-être neur s'oppoſe
que les Jéſuites, intimidés par ſes mena à l'entrepriſe
ces , la lui céderoient pour rentrer dans ſes de ?Evêque
bonnes gtaces ou pour l'empêcher d'aller rie ſur la Hémi
de Saint
plus loin : mais 'il fut bien étonné , lorſ Iſidore.
qu'il apprit que le Gouverneur ,' a la re
quête du Pere Sobrino , y avoit envoie'
1m Alcalde de la Sainte-Hermandad pour
la garder, avec dix Hommes bien armés.
Il y dépêcha auſſi- tôt un Eccléfiaſtique
avec deux Clercs 8c un Indien, pour ſi
gnifier par écrit à l'Alcalde 8c à ſes Soldats
une excommunication , s'ils ne ſe retiroicnt
ſur le champ. Il parait que 1'Indien étoit
là our revendiquer 'la Métairie , 8c qu'il
le Et -5 car l'Alcalde lui répondit que ſi ſon
Cacique. ou ſon Corréüidor
. U z
avoit
.
uelque
prétention ſur ce bien, 1l devoir e pout
Tome III. E
98 HlSTOIRE
*"~*'— voir en Juſtice , mais , ue ſi lui ou quel
“M” qu'autre S'aviſoit de cau er le moindre dé
ſordre , il en ſeroit puni comme il le mé
riteroit 5 'puis s'adreſſant a FEccléſiaſtique ,
qui ſe mettoit en devoir de lire ſon Ecrit,
il lui déclara que c'étoit au Gouverneur,
par l'ordre de qui il étoit là , qu'il falloir
porter l’0rdonnance de l'Evêque, 8c l'o
ligea de ſe retirer.
Léſoluxîon, Cette réſiſtance mit le Prélat hors de
W_ Pfflldluimême. Mais le P. Nieto calma bien
' EV°‘Γ°' tôt ſes tranſports 2 il lui dit que dans un
tems de guerre les écritures ne ſervaient
de rien; que le Gouverneur y penſeroit à
deux Fois avant que d'exécuter ſa mena
ce; que s'il oſoit réſiſter en face à. ſon
Evêque , deux bons coups de poing , qu’il
ï ſe clxargeoit de lui donner comme à un En
nemi de FEgliſe , le mettroient à la rai
ſon ; que le Peuple étoit bien diſpoſé , les
Jéſuites haïs, ſa Seigneurie illuſtriffime
adorée,‘& que ſon avis étoit que ſans
erdre un moment de tems , .on profitât
d'une ſi favorable diſpoſition pour aller ,
en invoquant Sant-Iago chaſſer les Jéſuites
de leur College; qu'il ne falloir point s'ar
rêter à la Adétairie que ces Peres \fempor
\croient point avec eux ~, que cfétoient des
Hérériques 8c des Schiſmariqucs , dont on
ne pouvoir trop-tôt purger la Province 3
mais que pour y réuſhr , le plus court étoit
de commencer par abbatre le tronc de l'ar
bre , ſans s'amuſer à couper les branches.
5°! fflî-ſüïïs Ce diſcours , fi digne d'un Apoſtat , 8c ſi
xrsfflhms
pour de peu convenable au Confefleur
chaſſer ' dun
- Exe
.^_
fit reprendre çœur au Prélat, Le jour h
!cut College. T15 2
\
\

DU PARAGUAY. Liv. XI. 9, '


de S. François fut marqué pour l'exécution —--—--'
de ce projet , 8C l'annonce \s'en fit 'a Ya— 1544*
guaron au ſon des cloches, comme s'il
eût été queſtion de conquérir la Terre-ſaim
te ſur les Muſulmans. Mais il y a bien
de l'apparence qu'on ne s'explique. point
alors ſur l'expédition qu'on annonçait en
général. D. Bernardin envoïa enſiiite à l'Aſ
ſomption un ordre d'y préparer ſecretement
des Radeaux pour. y embarquer les Jéſui
tes, avec une proviſion de biſcuit 8c de
chair ſalée : il manda aux Peres de S. Domi
nique, de S. François 8c de la Merci, de
faire venir en diligence des Sujets pour les ~ '_
envoïer dans les Réductions du Parana ,
en attendant qu'il eût aſſez de Prêtres pour * ë
y établir des Curés : quelques Eccléſiaſtk
ques eurent auſſi ordre de ſe tenir prêts, ..
8c le ſecret fut recommandé aux uns 8c aux
-autrcs. Le Prélat dreſſa enſuite une plainte
au nom du Peuple , contre les Jéſuites ,
ui s'oppoſoient a ce que leurs Indiens fuſ
ſent donnés cri Commande aux Eſpagnols,
leſquels, diſoit—on,les avoient ſoumis par la .
force des armes , ce qui iſétoir pas vrai ;
8c cet Ecrit finiſſoit par requérir que ces
Religieux fuſſent chaſſés de la Province.
Ces Peres étoient encore bien éloignés TfaFqËíllíÊE
de croire que le danger fût ſi preſſant. Ils îiîîhſlfflî"
jugerent néanmoins qu’il étoit tems de
-prendre quelques meſures pour n'être point
ſurpris,’8c ils eurent recours a l’Audience
roïale des Charcas. C'était aller chercher
bien loin le remede à un mal qui les me
naçoit de ſi près : mais pouvoir-il venir
Zi l'eſprit , qu'un Evêque pût former un tel
E ij ~
leo ſſHlSTOlRE

T projet 8c vint à bout de [exécuter malgré


ñ ' lc Gouverneur? Sur ces entrefaites Dom
Bernardin apprit que des Indiens des Réñ
ductrons du Parana venoient de paſſer_ par
Yaguaron pour aller aux Itatines : 1l fit
courir après eux , 8c on leur enleva des
Lettres qu'ils étoient chargés de rendre au
Pere Sobrino en paſſant par l'Aſſomption,
quelques inſtrumens de Muſique (I), 8C
quelques mouſquets que des Officiers leur
avoient donnés pour ſe défendre en cas
qu'ils fuſſennattaqués par quelque Parti
ennemi.
viole-need; Le P. Sobrino, qui en Fut inſtruit, 8E
Ordonnance
dëlſiïlfflïluï- qui ne ſavoir
été faire pas que
par l'ordre de cette violence
l’Evêque, lui eût
en
écrivit pour le prier de faire rendre à ces
Indiens ce qu'on leur avoit enleve', mais
le Prélat , pour toute réponſe , lui envoïa
le contenu des Lettres interceptées, 8c lui
fit de grands reproches de ce que les Je'
ſuites ſouffroient que leurs Indiens euſſent
des armes à feu. Il étoit d'ailleurs d'au
tant lus éloigné de leur faire rendre les
mouliquets , .qu'il n'en avoit pas même aſ
ſez pour en donner à tous ceux dont il
'vouloir ſe ſervir pour ſon expédition. Il
crut auffi que les inſtrumens de Muſique
-venoient fort à-propos pour animer ſes
Trouppcs à bien faire , ſi elles ſe trouvoient

(r) Les Néophytes des réjouir les Miſſionnaires,


Réductions ne vont preſ- qu'ils meneur dans leurs
que jamais. de~muſique
íſſnllrumeiut ſims quelque, accompagner
Bourgadcs , leurs
ſoit chants
pour
ſoit pour ſe déſennuïer &leurs Cantique”.
en :braun: ſ0** P0P?
DU PARAGUA Y. LivJÏſiI. xór

obligées de combattre. V Enfin tous les pre' 1644


paratifs étant achevés , les Indiens des en
virons prêrs ‘a marcher , les Requêtes des
Habitans de la Capitale préſentées 8c re»
çues , FF-vêque traça le plan d'une Ordon
nance, dont il n’achcva que le préambule,
parcequïl ne jugea pas a propos de dés
couvrir tout ſon deſſein avant l'exécution ;
8c il envoïa cette Piece informe à l’Aſ
ſomption , pour yêtre publiée quand il Y
auroit mis la derniere main. La voici telle
qu'elle étoit alors 8c dans -Fétar oû elle eſt
emeurée.
:D D. Bernardin de Cardenas, 'par la
d: grace de Dieu 8C du ſaint Siège apoſtoli
:o que, Evêque du Paraguay, Conſeiller
D: du Roi en tous ſes Conſeils, 8Ce. après
33 avoir vû les plaintes 8c les ſuppliques
:o des Habitans de la noble Ville de l'Aſ
a: ſomption , du Chapitre de notre Egliſe
aa Cathédrale, du Clergé , 8c des Ordres
8 religieux , au ſujet de Foppreffion qu'ils
a: ont ſoufferte &qu'ils ſouffrent de la.
:a par: des Peres de la Compagnie de Jeſus,
do leſquels gouvernent les Réductions du
a Parana , de ?Uruguay 8c des Itatines , ce
=> qui eſt de notoriété publique , 8c à nous
33 connu avec la plus grande évidence:
aa ſachant' auſſi que ces mêmes Religieux
:a ont uſurpé les droits du Roi; qu’ils ſe
” ſont rendus maîtres des Vaîſſaux 8c des
a: fonds de Sa Majeſté, comme S'ils en
:a étoient les Souverains, ſans reconnoitrc
ao aucune dépendance , ni de Sa dite Ma
» jeſté , ni de l'ordinaire; qu’ils établiſ
à) ſent des Curés ſans préſentation ni inſ
E iij
IO:- HISTOIRE*
ma..
16-” ao titution canonique. « Le reſte eſt de
meuré en blanc.
Le Prélat partit d‘Yaguaron le troiſieme
d'Octobre, 6( il comptoir d'arriver le mê
me jour a YAſſomption; mais' une grande
pluie Yarrêta a moitié chemin , 'Sc il. y paſſa
la nuit. Ce jour—là même les jéſuites alliſ
terent aux premieres Vêpres dans FEgliſe
des Peres de Saint François ', 8c bien des
gens, qui étoient inflruits de ce qui ſe
tramoit contre eux, admirerent leur tran
quillité. [Kofi-ice fini , le Lieutenant géneï
ral, Dom François Florcz , rencontra le
P. Nieto , qui s'était rendu de bonne heure
à la Ville 8c qui devait être un des prin
cipatu Acteurs dans la 'ſcène qui ſe prépa
roit , 8E il Finvita à ſouper. Il n’ent pas de
peine à l’y faire conſentir , 6c ce Religieux
crut devoir répondre à ſa politeſſe en lui
faiſant part de ce qui devoir ſe paſſer le
lendemain. Il ajoûta que Flîvêque , en en
trant dans la Ville, iroit &Fabord chez le
Gouverneur, our ſavoir s'il vouloit ſe
joindre à lui, ſinon pour Yengager às’ab
ſcnter. Il Pexhorta enſuite lui-même à
ſcconder un ſi beau deſſein , dont le ſuccès
étoitîmmanquable , l’Evêque étant ſuivi
de quatre cents Indiens , tous bien armés;
8c il Ïoublia rien pour lui faire compren
dre , qu'entre ?intérêt public , le ſien pro
pre devoir l'y engager. _
DilëgenccsFlorez fut aſſez maître de lui-même pour
du Gouver- ne pas laiſſer connaître à. celui qui lui
neur Fvllſffl' faiſoit cette confidence, ce qu’il penſoit
re écho “cr ce de cette entrepriſe; mais dès que le Pere
j_ rejet.
-Nieto ſe fut retire' , il fit un tout dans la
v” PÀRÀGUAY. Liv. XI. re;
__.___....ña
Ville 8c donna ordre à ſes Dameſtiques 16441 EM '
*s
de bien examiner s'il n'y avait point de
mouvement parmi le Peuple; puis ilalla
.informer le Gouvemeur de ce qu'il venait
d'apprendre. L'étonnement de Dam Gre
gorio fut extrême àcette nouvellezil com
prit d'abord àquoi il ſerait expoſé ſi l'entre
priſe de !Evêque réuſſiſſoit , au sïlzarrivoit
in ce ſujet quelque grand déſordre. Il ſe
tranſporta ſur le champ au College , pour
avertir les Jéſuites de ce qui ſe paſſait , 8C
il fut ſurpris de les trouver fort tranquilles
ſur tout ce qui pourrait arriver. Il leur'
reptéſenta qu'il ne leur était pas ſeule
ment permis, mais qu'ils étaient même
obligés d'appeler une défenſe lé itime à.
la violence qu'on voulait leur aire; 8C
ſans attendre leur réponſe , il les quitta
pour faire porter des armes dans leur mai
on , 8c pour engager pluſieurs des Princi
paux de la Ville, dont il ſe tenait bien
aſſuré , à ypaſſer le reſte de la nuit.
Le lendemain il ſortit de grand matin
_aſſez bien accompagné pour aller au-devanr
de ?Evêque : il le rencontra au milieu
d'une foule de Peuple , 8c il le complimenta
ſur ſon heureux retour. Il avoit été ſuivi par
un grand nombre de Perſonnes de tout état
8c de toute condition z 8c D.Bernardin, aïant
jctté les yeux ſur tout ce monde , demanda
pourquoi il ne voïoit point de Iéſuires. Le
Gouverneur lui dit à l'oreille qu'il n'en
devoir pas être ſurpris , parceque ces Peres
avoient été avertis la veille, qu'il ne venait
à l'Aſſomption que pour les chaſſer de leur
Colleg . a: Je ſais même, ajoûta-t-il, qu'ils
E iiij
!64 HÏSTOIRE
1644.
a: ſont en état de ne rien craindre, 8C_ cc
:a n'eſt pas ici le lieu, Monſeigneur, de
:d vous dire ce que je penſe de votre deſ—
d: ſein : ſaurai Fhonneurde 'vous en entre
D: tenir quand nous ſerons ſeuls.
Le Gouver Le Prélat demeura quelque tems comme
!nur lui täiïinterdit; puis ſe tournant vers le Pere
prendre lîNieto, qui étoit auſſi venu au-devant de
Mange.
lui, Pere, lui dit-il, quelque Démon a
tout révélé , 6' nous ſbmmex tra/lis. Alors
quelques-uns de ſes Confidens lui ſugge
rerent d'aller droit au College , ſous pré
texte de ſe reconcilier avec les Jéſuites , 8C
de leur dire, pour leur ôter toute défiance ,
qu'il vouloit demeurer avec eux; mais il
ne goûta point cet avis , 8c alla deſcendre
au Couvent de ſon Ordre. Le Gouverneur
de ſon côté imagina , pour lui faire prendre
le change, de ne paroître pas fort éloi
gné d’entrer dans ſes vues, 8c lui dit que
pour perdre les Jéſuites , le plus court , le
plus Sûr 8C le plus aiſe' étoit de commencer
par leur enlever leurs Réductions; qu'il
lui conſeilloit de s’y tranſporter lui-même ;
qu'il lui donneroit une bonne eſcorte pour lîe
mettre en état de ſe faire obéir; qu'il re
viendroit enſuite à FAſſomption, oû lien
ne Fempêcheroit d'achever ſon ouvrage;
au lieu que s’il vouloir commencer par
chaſſer ces Religieux de leur College , ils
ne manqueroient pas d’appeller leurs Néo
phytes a leur ſecours, 8L qu'ils avoient
aſſez de quoi ſe défendre en attendant
leur arrivée. Dom Bernardin trouva Favis
fort bon; 8c Faïant, communiqué à ſon
Conſeil ,il y ſut ,unanimement approuvé,
'DU PARAGUAY. Liv. XI. ro;
.zí-ñï-q.
Alors il ne douta plus que le Gouverneur
ne fût entiercmenrà lui; il défendit ce
E644-
pendant qu’on parlât de rien , 8c il ne ſon—
gea plus qu'à endormir les LIéſuiteS. Il dit
a uelqu’un qu’il verroit volontiers le Pere
Sciizrino , qui alla ſur le champ lui faire la
révérence. Il le reçut avec un air ſort
affablc , 8c lui dit des choſes ſi obligeantes,
que la plûpart de ceux qui étoierxt préſents
le crurent tout-à-fait reconcilié avec ces
Peres. Le Recteur y fut trompé le premier,
ou fit ſemblant de l'être , 8c dès qu’il fut
rentré chez lui , il cilvoïa toutes ſortes dg
rafraîchiſſements au Prélat , qui en ſes
diſtribuant à ceux de ſa Maiſon , leur dit
qu'ils ſeroicnr bientôt à la ſource , oû ils
pourroient puiſer tout à leur aiſe. Il or
donna enſuite tous les préparatifs néceſſai
res pour-ſon expédition , 8c compoſer lui
même un Mémoire pour la juſtifier aux
yeux du Publie.
Il y répétoit tout ce qu’il avoit ſi ſou Son Mémoi
vent dit des 'motifs qui la lui faiſaient re pour juſti
fier ſon eur
entreprendre , des ordres qu’il en avoit ttepriſe.
reçus du Roi, des Requêtes que lui avoient
préſentées le Clergé ſéculiet 8c régulier,
Les Habitans de_ l'Aſſomption 8c un grand
nombre (Ylndiens. Le reſte,n’e’toit qu’une'
déclamation remplie dîflnvectives , toutes'
ſemblables à celles dont il faiſoit ſes entre
tiens ordinaires 8L le ſujet de ſes Sermons,
8: dont toutes ſes Lettres ifétoienr qu'un
tiſſu ſouvent mal digéré. Nous en produi
rons dans la ſuite quelques-unes, oû il
s'eſt peintaprès
étonne”, de maniere,
les avoir qu’0n
lues , ne ſera pas;
ſide tous Les?
F. v
!OG HISTOIRE

I 644.
traívers :Sc de tous les écarts dans leſquels i!
a onne.
Mais il eſt bon d'avertir ici que tous
ces prétendus ordres du Roi 8c des ſouve
rains Pontifes, qu'il faiſoit ſonner ſi haut ,
8L que 'nous le verrons atteſter ſur tout ce
u’il y a de plus ſacré, S'ils ſſétoient le
?mit d'une imagination échauffée , qui Iuí
réaliſait tout ce qui lui venoit à l'eſprit,
n’e'toient que des conſéquences, qui lui
paroiſſoient évidentes , de certaines ex
preſſions généralesufitées dans les Dépê—
ches adreſſées aux Evêques dc la part de
ces deux Cours. Il n'eſt d'ailleurs nulle
ment croïable q-.ic les trois Communautés
xégulieres de FAſſOmptiOD aient ſouſcrit en
Corps aux Requêtes dont parloir le Prélat;
quelques Particuliers, ſurpris ou intimi
dés , pouvaient bien l'avoir ſait , ſans trop
connaître les *conſéquences de ce qu'ils
ſignoient; 8c il a été prouvé, comme
nous le verrons dans la ſuite , que Dom
Bemardin, ou, ſiont
de ſes paffions l'on veut , forgé
ſouvent les Miniſtres
de (ſiem
blables Ecrits, 8c' emploïé les plus grandes
violences pour les faire ſigner.
d: îräalléSfllle FI-Ivêque du Paraguay n43
ce :Li-HJ: voit eppnt occupe que de la conquete es
' Réductions du Parana ,~ le Capitaine Dom.
Pedre Diez delVallé arriva de la Plata,
8c lui remit- un nouvel Arrêt de ?Audience
roïale des Charcas, qui lui ordonnoit de
lever toutes les excommunicarions 8c l'in
terdit, ſans rien exiger pour cela de per
ſonne, de faire ceſſer toutes les vexations,
8c d'a-Damier toutes les impofitions établies
ou PARAGUAY. Liv'. XI. 107
K ce ſujet; 8L dans une Lettre particuliere ——--**'
?ne ce même Officier lui rendit , la Cour I544"
e prioit 8c .lui
[Aſſoniption 5 deen~oi noit de
gjougerner ſonretourner
Egliſe aveca
le zelcfſ les vertusſôc les talens qjſon
connoi oit; de outenir dans es i'
couts, dans ſes Ecrits 8c dans ſes dé
marches, la dignité de ſon caractere ,
dont elle occaſions
pluſieurs appreiioit ,qu’il
&ſi des'était
vivreécarté
avec en
le
Gouverneur autrement qu'il n'avoir fait
juſques-lä. Celui-ci reçut auſſi une Lettre
dqlAudience ro~iale,_qui lui reeomman
doit de ne pas ſouffrir que l’Eveque ou
bliât u’il repréſentait dans ſa Province
la Per onne du Roi, 8: qu'il étoit revêtu de
ſon autorité.
D. Gregorio , pour n'être pas expoſé à Conduireklcteí
une nouvelle rupture , ne parla point de Tvïq” e”
de cette Lettre , 3c ne vouloir pas même ?SLT (maſi
d'abord que YArrêt fut publié j, mais il ſut l '
obligé de le permettre par les repréſenta
tions de ceux qui ifétoient point abſous
des cenſures , ou qui ne Yétoient que ſous'
caution-\pour la Sûreté ,cin-paiement de l'a-
mflende a laquelle ;,15 etoient taxés. L'E
vequp , comme il l avoit .bien .prevu, S m;
prit alui dela mottification quil reçut au
ce ſujet, 8è manda ſecrètement à ſes Vi- ,
fiteurs de faire brûler toute Fherbede Pa
ragaY qu'ils trouveroient lui appartenir.
Sa Lettre a été produite a l’Audience roia
le. Il déclara _en même tems qu’il ſe cori
ſotmeroit
sſiaccorder aavec
l'Arrêt
les autant
droits qu'il
de' lapourrait;
ſainte;
Egliſe Catholique Z( de ſes Pontifes. ~
E v-Ë
\
x08 HISTOIRE
'Il ÿadreſſa enſuite au Meſtre de Camp
I 644. general, lui offrir Fabſolution des cen
Ce qui ſepaſ_ ſures qu’il avoit, diſoit—il,
encourues, 8c
ſe entre lui
ê: D. Sébaſñ.
la décharge de l'amende, s'il vouloit lui
tien de Leon. remettre une ancienne Cédule de l'Empe
reur Charles V, u’on prétendoit qu'il
avoit tirée de ?Archive de la Ville , 8c en
vertu de laquelle cette Capitale pouvoir ,
en cas de mort ou de la retraite du Gou
verneur, en nommer un par interim. Il
lui dit que jamais cette CéduIe~ n’avoit
c'te' plus néceſſaire que dans la conjoncture
préſente , ou il importoit ſifort à la gloire
de Dieu, au ſervice du Roi, 8C au bien
de la Province, de délivrer le Peuple de
l'oppreſſion qu’il ſouffroit de la part des
Jéſuites; qu’il ne lui manquoit plus pour
l'accompliſſement d'une ſi bonne œuvre ,
que d'être ſecondé par 1m Homme tel que
lui; qu'il ne Iui demandait que de ſe
mettre à la tête du Peuple pour chaſſer ces
Religieux, 8c qu’il y étoit lui-même plus
intéreſſe' que perſonne.
D. Sebaſtien de Leon lui répondit qu’il
le conjuroit de faire réflexion à ce qu’il
lui propoſait î. il rfoublia rien pour lui
faire comprendre l'injuſtice de ſon deſſein,
l'impuiſſance Oti iI étoit de Pexécuter, 8c,
le tort qu’il ſe faiſoit par ſon acharne
ment à perſécuter des Religieux , qui ne
Iui en avoient donné aucun ſujet. IfEvêquc
ne répliqua d'abord qu’en lui déclarant
qu’il n'était point relevé des cenſures qu’il
avoit encourues , 8L en le menaçant d'une.
excommunicarion majeure, s’il ne lui re
,mettoir point la Cédule qu’il lui deman
1
n” PARAGUAY. Liv. XI. 109 ___.—î—
doit. Il entreprit enſuite de lui prou i644…
ver que ſon deſſein étoit juſte 8C ſelon
Dieu 3 que pour en venir à bout il n'avoir.
beſoin ni de ſes conſeils, ni de ſon (e~
cours; qu'il ſautoir bien accomplir, quand
tout le monde s'y oppoſeroít , ce qui étoit
de ſon devoir; qu'en retranchant de ſon
Egliſe des Membres gâtés, il agiſſoit
comme un habile Chirurgien, qui coupe'
un doigt gangrené pour conſerver la main z.
que le Pape , quand il apprendroit ce qu'il
auroit Fait , lui ſeroit ériger une Statue 5 8c
que n'eut-il fait que cela pendant toute ſit.
vie, il le jugeroit digne d'être Canoniſê.
D. Sebaſtien, 8c Ie Capitaine Auguſtin 'de
Inſurraldé , ont atteſte' que le Prélat leur
avoit répété la même choſe dans le Cloitre
des Peres de Saint François , en préſence
de pluſieurs Eccléſiaſiiques 8e Religieux.
Tout cela ſit enfin comprendre au Gou Meſures qui:
prend le Cou.)
verneur que bientôt il ne ſeroit plus le vendeur.
Maitre dans la Province, 8c qu'il n'y
auroit pas même de Sûreté pour lui à y
reſter ,. s'il ne ſe prcſſoít d'uſer de toute
ſon autorité contre un Homme qui pre'
tendoit qu'on n'en devoir point reconnaître
d'autre quela ſienne. Il manda ſecrètement
ſix cents Indiens des Réductions; il leur
envoïa au bout de ſix jours un ſecond
Courier pour leur dir; de. doubler leur :nar
clie; puis il alla rendre une, viſite a l'E
vêque. Il lui dit que tout étoit prêt pour
l'expédition dont ils étaient convenus;
mais qu'il ne. pouvoit lui' donner que cent
Soldats. Le Prélat répondit qu'il ſe conten
teroit de cent trente , 8c qu'il les vouloir
no Hisſi-roinr
Îavoir. D. Gregotio les _lui promit, 8c' ne'
' lui demanda que quinze )ours pour les met
tre en' état de marcher. Il comptoir bien
qu'alors les Indiens qu'il avoit mandés ſe
roient arrivés, 8c qu’il POLIIIOÎI: agir en*
Gouverneur.
IJEvêque Dom Bernardin de ſon côté \fétoir occu
excomïÿlunic pé qu’à animer la Noblefle 8c le Peuple
l” Ïëſfflîëîfflf contre les jéſuites , contre leſquels il pro
Ëaſſîääfän_ anonça une Sentence Æexcommunicarion,,
b avec défenſe , ſous la même peine, àqau
conque de communiquer añvec eux: enſ-.ii
te, après avoir publiquement 8c dans une
Pro-Seſſion indécenre , renouvelle la Pro
melle de donner les Indiens des Réductions,
en Commande à ceux dont il auroit plus
de ſujet d'être content , il retourna à Ya
guaron pour y veiller de plus grès aux pre'
paratiſs de ſon expédition, a laquelle iſ
donnoir le nom de guerre ſainte. Dès qu'il
y fur arrivé, il communiqua à ſon Con—
ſeil de nouvelles réflexions qu’il venoit de
faire ſur ce que lui avoit propoſé le Gouj
vement, qui commençait à lui être ſuſ
L-Evêqucré_ P ect.
Il fit obſerver que \tandis qu'il ſeroiz
vien, à ſo. occupe ſur le Parana a ſe rendre maitre
premier dcſ- des Réductions , les Jéſuites pourraient ſe
“mdf Wm_ fortifier dans leur College 8c ſe mettre en
ŒÈËÎMÏÈÏà étarde faire une aſſez longue réſiſtance,
ſujſcs de x-Aſ_ pour donner a l’Audience roïale des Cl1ar—
ſoxnprion. cas 8c au Viceroi du Pérou le tems d'en
voïer des ordres qui feraient échouer ſon
enrrepriſe; 8c il revint à ſon premier avis
de commencer par chaſſer ces Relègieux
de le.” College , perſuadé qu'alors il lui.
…nu PÃRA au”. Liv. XI. nr
&ſoit aiſé de s'emparer-Yes Réductions; 1644.
que cela fait, quand bien même le Roi
ne Fapprouveroit pas, Sa Majeſté aime
toit mieux laiſſer les choſes dans l'état
ou elles ſeroient, que de s'expoſer à ſou
_ lever toute une Province en voulant réta
blir les Jéſuites 8C leur faire reſtituer tout*
ce qu'on
ta leurauroit
qu'il croïoit enlevé;
néceſſaire mais il avant
clſie S’aſlſiurer ajoû

toute choſe , de la perſonne du Gouver


neur, dont il ſe déficit plus que jamais ,.
8C tout le monde fut de ſon avis.
Dom Gregorio eut bientôt quelque ſoup
çon de ce changement, 8c le retardement
des Indiens Fixiquiézoit d'autant plus ,
que les Soldats qu’il avoit promis a l'E
vêque S’e'coient déja rendus à Yaguaron ,
ou le Prélat les careſſoit beaucoup 8c leur*
faiſoit les plus magnifiques romeſſes.. Il'
ſavoir pourtant bien qu’il lui croit difficile
de les effectuer ,. car il' avoit déja parta
gé toute la dépouille des Jéſuites, 8c avoit
déclaré dans' ſon Conſeil, qu’il ne ſe
réſervoir que la gloire d'avoir travaillé à»
défendre la liberté de FEgliſe , ~‘a bien ſer
vir le Roi, 8c à reſtituer à ſes ſideles Dio
céſains
ſur euctx.ceIlqueavoit
les Jéſuites avoientque
même déclaré uſurpé'
ſon
intention. ifiroit nullement de conférer
aux Réguliers les Cures des Réductions,
dont il ne les avoit flartés , qùe pour les
détacher,
ſiple, 8C par leur
des intérêts moïen tout le Peu-
des Jéſuites,
Enfin le Gouverneur eut avis que les Le Gouveræ
. Indiens qu'il attendait nétoient plus qu‘ä W" &y35113
ron , avec líx.
quatre lieuesde lŸAíſomption , 8c il partit cens Indiens..
r”. HXSTOIR-E
1 644 pour les joindre ,ïavec une eſcorte de trenſc
Soldats , marcha toute la nuit à leur tête,
8c entra au point du jour dans Yæèguaron.
IIEvêque, éveillé au bruit que aiſoient
ſes Domeſti ues étonnés d'une a arition
. <1 _ . .. P
ſi ſoudaine, shabilla en diligence z 8c le
moment d’après le Gouverneur entra dans ’
ſa chambre
conduire , lui dit qu'il
à l'Aſſomptiſioi1 venoituepour
, parce les Inle
diens d’Yaguaron, devenus in olents par
i la protection qu'il leur donnoit , refuſoient
à leur Gouverneurl'obéiſſance qu'ils lui de
voient. D. Bernardin , ſans rien répondre ,
ſe coula par une porte ſecrete qui donnoit
ſur le grand Aurel de l'Egliſe. Le Gouver
neur le ſuivit, lui prit le bras, 8c le pria
de vouloir bien l'entendre 5 l’Evêque fit
un effort pour ſe tirer de ſes mains, 8c
criant de route ſa force , le déclara ex
communié.
!Ellſignifieà AIAce cri qnRcligieux, &ſe une Femme
' _Vëfflœ "P Mu atre ui ervoit a la Cui ine , accouru~
ä” SSE” F; rent 8: ſ2 jetterent ſur le Gouverneur, qui
zemfoſcl_ tpmba ſur ſesdgenoux ſur lp marchepied de
lAutel, tan is que ?Eveque , tirant du
Tabernacle le Saint Ciboire , le montra au
Peuple , dont l'Egliſe ſut remplie en un mo
ment. A cette vûe tous ſe proſternerent , 8c
Ie Prélat , un peu raſſuré , demanda au Gou~
Verneur ce qu'il avoit à lui dire: II vous
:a ſignifier , Monſeigneur, répondit Dont
31 Gregorio , un exil hors de cette Provin
D) ce , 8C la ſaiſie de votre temporel, pour'
:J avoir iiſurpé la Iuriſdiction que je tiens
_— ao du Roi, notre ſouverain Seigneur. C'eſt
-do uſſn ordre du Viceroi , que ſintiine à
nu PARAGUAY. Liv. XI. ri;
du Votre Seigneurie illuſtriſſime. Tobéirai,
:d dit l'Evêque , 8c je prens ce Peuple à i644…
a: témoin de la parole que je vous donne.
Le Gouverneur ſortit au\li—tôt de l'E Proceſlion
índécenie du
gliſe , 8c l’Evêque ſe diſpoſa à dire la Meſſe; S. Sacrement'.
mais avant ue de la commencer , étant
déja revêtu de ſes ornemens , il dreſſa une
eſpece de Procès-verbal , auquel il joiguit
une invective ſanglante contre le Gouver
neur; puis il le déclara excommunié, auſſi
bicn que le Meſtre de Camp général, .ESC
tous les Violateurs de Ia dignité épiſcopa
le. La Meſſe finie , il ordonna une Pro
ceſſion , qui ſe fit en cet ordre. Les ln
diennes marchoient les premieres , por
tant Muſiciennesſſ
les chacune un rameau
ſuivoientverd à la mainle,
, chantant
Pangeñ, lingua; le Prélat venoit enſuite
portant le Saint Sacrement, les Indiens
8c tout le Peuple fermoient la marche.
La Proceſſron ſortit de FEgliſe au ſon des
cloches, 8C s’avança juſqu'à la Place , ou les
Indiens des Réductions étoient ſous les
armes. L’Evêque, en aïant apperçu quel
ques-uns qui ne s’étoient pas mis a ge
noux aſſez promptement , les apoſtrophe
8c les traita de Barbares , de Perfides,
d’Hérétiques 8c de Schiſmatiques. Il n’alla
pas plus loin 8c retourna a l'Egliſe , poſa
le S. Sacrement ſur l’Autel, 8c ſe tournant
vers le Peuple , il parla environ un quart
d'heure contre le Gouverneur , qui de la
porte de l'Egliſe lui répondit , à. voix
balle, à-peu-près ſur le même ton.
Le Prélat 8C lui étoient dans un état
crop violent pour rie pas chercher à. en
\14 HISTOIRE
jíîí
la* _ſortir ;A ils ſe virent d_e‘_s le ſoir même ,l 8c
Le Gouv” il^paroic par ce _qui arriva _enſuite que 1E
mur ſe hiſſe veque avoit fait les premiers pas pour le
dupupn 1.5_ rapprocher , .ſachant bien quil gagnait
yêquz, tou)ours a traiter ſeul avec le Gouverneur.
Ce qui eſt certain , c'eſt qu'il obtint que
les Indiens du Parana fuſſent congédiés,
8L ſix jours pour ſe préparer à ſon départ , à
condition d’abſoudre le Gouverneur de ſon
excommuniearion. Après cette entrevûe,
le Gouverneur alla avec ſix Hommes ſeu
lement paſſer la nuit dans une Habitation
voiſine : l’Evêque de ſon côté, après avoir
vu les Indiens reprendre la route de leurs
Réductions, les fit ſuivre , pour voir ſi
on ne les rappelleroit point , 8c le len
delmain partit avant le jour pour la Capi
ta e.
lflîvêque re Il apprit en chemin que toute la Ville
tourne à l'Aſ
ſompdon ’ 5C étoit en rumeur, parcequbn y publioit que
commen; i1 le Gouverneur l'avoir fait embarquer ſur le
yeſtreçu. Fleuve, 8c venoit à la tête des Indiens des
Iéſuites , pour mettre à la raiſon tous ceux
:lleiiileur
s’écoient
Evêque.déclarés contre
Cet avis lui fitluieſperer
en faveur
qu'il
ſeroät bien reçu 5 &éeín effet leé ſon des
cloc es aïanc annonc on arriv e , tout
retentit de cris (Pallegreſſe. Il entra, pré
cédé de pluſieurs Eccléſiaſtiques qui avoient
des armes (ous leur manteau, 8: accom
pagné de quelques Reli ieux, aïant ſur ſa
poitrine une petite boite de verre, dans
laquelle il y avoit une Hoſtie conſacrée. ll
avoit donné ordre à tous ceux qui mai'
choient les premiers de tourner vers le Col
lege; mais quelqu'un lui aiant dit qu’il
!SU PARASUAY; Liv." XI. rr;
_y trouveroir quatre cents Hommes bien
armés , ce qui n’éroir pourtant pas vrai , 1644"
il alla deſcendre au Couvent: de Saint Fran
çors.
Il y reçut d'abord les viſites de tous “ſe Ïoïſfflï -
manda
ceux quides lui
armes , 8c il
étoienr ſe fit apporter-
attachés; il leurtou- dl:
de Fſznçois_
tes celles des Perſonnes qui dépendoienr
de lui. On perça enſuite par ſon ordre des
meurtrier-es en pluſieurs endroits , 8c on
fortifia les endroits faibles avec des eſpe
ces de gabions. Enſuite Plïvêque envoïa
tirer de la Cathédrale une image de la Vier
ge , 8L de l'Egliſe de Saint Blaiſe celle de ce
Saint. Il les fic placer ſur le grand Aurel
ſous des Pavillons; puis il mhnda tous ſes
Domeſtiques , ſans oublier la Cuiſiniere ,
Mulâtre qui l'avoir ſi bien ſerviàYaguañ
ron. Ainſi canrorrné dans ce Couvent com
me dans une Place ſorte , il fit ä. ceux
Jui S'y étaient renfcrmés avec lui le récit
e tout ce qui s'était paſſé depuis ſon dé
part de FAſſomprion. Il leur dir qu'il avoit
trouvé le moïcn &engager ke Gouvemcur
*a con édier les Indiens du Parana : u mais
a c’e grande pitié , ajoûrañt-il , qu'un
d: cel Homme occupe Ia place orî il eſt;
n qu'on me cherche la Cédule roïale ( 1 >)
au Jui a diſparu de .FAX-drive de Ia Maiſon
ï) eVillc , 8L jeLe rcaireraí comme il le

(1) Cette CéJule de nommer par interim un


Charles V ne conne-noit Commandant à !a mort
qui le !Ir-oit que ce Prince d u Gouverneur z ce droit L
avoit donné dans les ne ſubſiſtoir plus depui!
commcncenuenr au Con long tems.
.ſeu de 13 Ville , de
H6 HISTOIRE ‘
1644. a: mérite , auſſi-bien que Çéhaſtien de Leon(
!lierre 1,2l_ Le Meſtre de Camp general ,- auquel on
m… damla rapporta ce diſcours, qui lui parut meha—
V511, Pa, ,m cer la Ville d'une révolte , alla trouver
faux bruit. le Gouverneur, pour lui repréſenter tous
les riſques qu'il couroit, S'il ne faiſoit in
ceſſamment revenir les Indiens du Parana":
mais le Prélat, qui avoit des Eſpions par
tout ſe
que , fut bientôt
donnoit cetinſtruit
Officierdes
, 8Lmouvemens
fitſſ ſonner
Pallarme. Le Peuple courut au Couvent de
Saint François; 8c l’Evêque aïartt appelle'
un Alcalde 8c des Regidors, tira de ſa po
che un papier, 8C en fit la lecture à voix
haute. C'était une Lettre qu’il'venoit, dí~
ſoit-il , de recevoir , par laquelle on lui
mandoit que les Indiens des Jéſuites avoient
pille' Yaguaron 8c toutes les Habitations
d’alentour,
traiter qu’ils laétoient
de mêſime en marche
Capitale, 8c qu'onpour
les
avoit déja vus à Ita : a: 8c parceque je veux,
a: ajoûta-t-il ', défendre vos Privileges 8c
ad votre liberté , on veut rne chaſſer de la
a: Province comme un Séditieux. Mais en
d) qualité de Conſeiller du Roi, ſexhorte
a: tous ceux qui ſont' en Charge de pren
M dre la défenſe de cette Ville opprimée,
D) 8c de nommer un Gouverneur, qui pré
» ſerve la Province du danger dont elle
a: eſt menacée. Dans un cas ſi urgent , la
:3 néceſſite' peut tenir lieu d’une Cédulc
a: roïale.
Fermeté d" L’Alcalde étonné de ce qu’il venoit d’en—
G°“V°“‘²“" tendre , courut chez le Gouverneur , pour
le conjurer de ne point laiſſer entrer les In
diens dans la Ville , 8C D. Gregorio luix
DU PARAGUAY. Liu_ XI. 117'
aïnnt répondu qu'il ſavoir ce qu'il avoit -—-
à faire , il s'emp0rta 8c lui perdit le reſpect. n44'
Son inſolence fut punie ſur le champ de la
priſon; ce qui s'étant auſſiztôt répandu
dans la Ville , le Peuple entra en fureur.
Il ſe ſeroit même porté àquelque violeu
ce , ſans la crainte qu'on eut des In~
diens, dont on faiſoit monter le nombre
a douze cents. On le raſſura cependant
bientôt, parcequ’on eut des avis certains
que ces Néophytes n'avaient jamais paru,
m a Yaguaron , ni a Ita , 8c que leur nom.
bre n'avoir jamais paſſé celui de ſix cents.
On l'avenir enſuite qu'ils ſe rapprochoient
effectivement de la Ville par ordre du Gou
verneur, mais qu'ils gardoient dans leur
marche une très exacte diſcipline, 8C ne
cauſoient nulle part aucun déſordre.
Dom Bernardin avoit cependant en- Cïÿlûmnícs
voïe' à l’Audience
de leurs prérendues roïale une 5 Relation
hoſtilités 8c outre e ſi ſ3'
E'
vêque.
u'il l'avoir atteſtée avec ſerment , elle
?toit ſignée de deux Religieux, comme té
moins oculaires du pillage d'Yaguaron, ou
il ſut vérifié dans la ſuite que ni l'un ni
l'autre [l'avaient été. Le Prélat aſſuroit /‘
dans un autre Mémoire que pendant ſon
ſéjour dans cette Bourgade, comme il ſe
diſpoſait èviſiter les Réductions du Paranaï;
les Iéſuites avoient envoié au Gouverneur
du Paraguay trente mille écus d'or 8c mille
Hommes bien armés pour Fengager à l'exi
ler , dans_ la crainte qu'il n'eut connoiſſan
ce de leurs Mines d'or; 8c ſon Mémoire -
étoit ſigné de pluſieurs Prêtres 8c de quelz
ques Séminariſtes , à qui on en avoit même
ris HlSTOIRE
T reſuſé la lecture. Un ſeul Clerc , aïant re
M" fuſé d'y mettre ſon nom , fut conduit bien
enchaîné au Couvent de S. Françoispii après
pluſieurs mauvais traitemens , on le ſuſpen
dit en_l’air avec une corde. Vaincu enfin
par l'excès de la douleur , il promit de faire
ï
ce qu'on voudroit : on le délia; SC il ſigna;
mais dès qu'il fut en liberte' , il proteſta de
la violence qu'on lui avoir faite. _
Le Gouver- Cependant les Créatures de ?Evêque
neur le fait mettoient tout en uſage pour engager les
“WT” dë Habitans à prendre les armes. Le Prélat de
Fami' ſon côté ſe donnoit les plus grands mou
vemens pour avoir la Cédule de CharlesV
8c l'Etendart roïal, 8C n’aïant pu y réuſ
ſir , il déchargea ſa colere ſur le Meſtre de
Camp général , ſur ſes Freres 8c ſur ſes
Amis , 8c les déclara tous ſchiſmatiques,
excommuniés 8c ennemis de la Patrie. En
fin le tumulte alla ſi loin , que quantité
d’honnêtes Gens, ne pouvant plus demeu
reur dans la Ville, ni avec bienſéance , ni
même avec (Ïireté , ſe retirerent à la Cam
pagne. Alors le Gouverneur, qui s'étoit
flarré que D. Bernardin déſeſpérant de ſe
ſoutenir dans ſon aſyle ſeroit oblige' de te
ni; la parole qu'il-lui avoit donnée de ſor
tir de la Province , l'envo~i~a ſommet de
finir ſans délai. Il lui fit dire en même
tems qu'il lui tenoit une Barque toute
prête 8c bien_ pourvue de vivres , pour lui
8c pour toute ſa Maiſon.
L’Ecrivain de Roi, Ruy Gomez de Goyo
. ſo, qui étoit chargé de cette ſommation ,
ſe préſenta a la porte du Couvent , 8c de
manda à parler ſia FE-vêque; un Religieux
DU PARAGUAY. Liv. XI. 119
parut armé d’un javelot , dont il eſſaïa T**
juſqu'à trois fois de percer cet Officier. l 44'
Dom Bernardin accourut au bruit , deman
da a Gomez ce qu'il vouloir; 8c cclui—ci
aïant eËpoſé ſa Comäniffioäi, il répondit
ue er onnc n'avoir roit eluicomman
de: 'de ſortir de ſon Diocèſe; qu'en tout
cas le Gouverneur auroit dû venir lui
même : puis il éclata contre lui en invecti
ves, 8c déclara l’Ecrivaii1 du Roi excom
munié , avec menace , s'il ne ſe tenoit pas
pour tel, d'une amende de cinq cents écus ,
8c d'être livré au ſaint Office comme Re
belle 8( Contuifiace. On a même pubflié
u'il pas
goit lui étoit éc a Ii/Féniel
un péché é de dire n'onle ne
en tſllflſlt e
Gou-ñ
verneur , 8c que quatre Eccléſiaſtiques s'of
ſrircnt auſſi-tôt pour exécuter ce crime;
qu'ils s'armerent de toutes pieces, 8c réſo
lurent d'attendre la nuit , comme le tems
le plus propre pour ne pas manquer leur
coup. Ce qui eſt certain, c'eſt que Dom
Gregorio,
ſe diſoit , fita [gut
ui le
onchamp
donna entrer
avis cent
e ce qui
ln
diens du Parana dans la Ville, en plaça
cinquante àla porte du College,8c les autres
autour de ſon logis , parce u’on diſoit
qu'en même tems qu'on iroit c ez lui pour
Paſſafliner , il avoit été réſolu dans le COD-v
ſei] de l’Evêque d'aller mettre le feu au
Colle e.
Ongpublia enſuite un Edit, qui décla- _nBei-mräi
roit D. Bemardin de Cardenas intrus dans f… dëïlïſé
Plîveché du Paraguay 8c ſans aucune Juriſ- 'Ëärÿfdg 5H9;
diction. Le Gouverneur avoit en main deux fiction ,d-un
Ecrits que lui avoient laiſſés les Peres True-Proviſeur.
x
\to HISTOIRE
xillo 8C Verdugo , pour prouver que le Pré
xí 44..
lat étoit 8c avoit toujours été ſuſpens
depuis ſon ſacre. Le P. de Hinoſtroſa,
ſon Frere , lui en avoit laiſſe' un pareil ſort
bien raiſonné , 8L dont lïvêque a toujours
cru ue les Jéſuites étoient les Auteurs 5 8c
c'eſt ur ce fondement que , dans toutes les
Lettres 8c dans tous les Mémoriaux pu
bliés en ſon nom 8c produits au Conſeil
roïal des_lndes par ſon Procureur, il ac
cuſoit les Jéſuites de l’avo'ir chaſſe' de ſon
Diocèſe , comme ils avoienr déja fait , di
ſoit-il , deux de ſes Prédeceſſeurs : accuſa
tion qui ſe trouve répétée dans lufieurs
Libelles, 8c ſurtout dans la Mora e prati
que des Jéſuites, mais toujours ſans aucun
fondement (r).
Par malheur pour 1e Prélat , l'avis des
trois Religieux, dont je viens de parler ,
aéré depuis confirmé par la Sentence des
Cardinaux de la Congrégation du ſaint
Concile .de Trente; 8c le Gouverneur étoit
bien perſuadé ,que les Peres de Saint Do
minique , ceux de la Merci, 8c pluſieurs

(i) Ces deux autres le ſecond avôcujuſqifâ


Evêque; ſont D. Thomas ſa mort en très bonne
de Saint
de “ſortez , de l'Ordre
Dominiqiic-,ſſqui intelligence avec eux.
D'ailleurs qſſauroieut
de Plîvêché de l'Aſſomp fflgné ces Religieux par
tioii paſſa à celui du Tu ces tranſlations E Puiſque
cuman; 8c Dom Chriſ le plus grand nombre, 8c
toplie de Atrïſii , de les principales Maiſons
.l'Ordre de Saint Benoît , de leur Province étoient
iii ſur transferé à celui' dans les Diocèſe: de Bue
je Buenos Ayrès. Le pre nos Ayrès 6c du Tucu
i, mier ii'eut jamais aucun man.
déuiêlé ave; les Jéſuites;
lîranciſquains,
DU PAEAOUAY. Liv. XI. ru
Ïranciſquains, éroient du même ſentiment —-~"-'
que ſon Frere. Mais pour procéder dans . I644.
une affaire de cette im orcance, dans les
formes canoniques , il alloit un Supérieur
Eccléſiaſtique , 8L il n’y avoit pas à choiſir.
Il ne reſtoir plus dans la Ville d'anciens
Chanoincs que D. Chriſtophe Sanchez , le
uel à l'arrivée de Dom Bernardin de Carñ
enas , gouverffoit le Diocèſe en qualite' de
grand Vicaire 8C de Proviſeur; le Gouver
neur le~requit de reprendre ?exercice de ſa.
Charge , que les défauts de la conſécra
tion du Prélar 8C de ſa priſe de poſſeſſion
Fauroriſoâenr à continuer, 8c lui promit de
le ſoutenir de toute Fautorité du Roi. Il y
conſentir , à condition qu'on lui donneroic
Sûreté pour ſa Perſonne; D. Gregorio lui
répondit u’il la trouveroit dans le Colle
ge des I ſuites, qui étoit bien gardé, 8c
l'y conduiſit ſur le champ.
Il fit aulſi-tôt battre la générale 8c pu Il prend poſ
blier un ordre , ſous peine de la vie , à tous lemon.
les Habitans- de ſe rendre avec leurs armes
dans la grande Place , od l’Etendarc roïal
étoit deja déploïé, 8c de ſe tenir prêts à
faire tout ce qui leur ſeroit commandé
de la part du Roi. Perſonne n’oſa y man
quer; les Officiers avec leurs Soldats, le
Corps de Ville à la tête de la Millet/Bour
geoiſe , 8c cenr cinquante lndiens s'y trou
verenc ſous leurs Drapeaux. Le Gouver
neur parut enſuite, 8c ſuivi ſeulement des
principaux Officiers , alla au College , de
manda D. Chriſtophe Sanchez , Proviſeur
8c Vicaire général du Diocèſe. Il vint 8c
fut conduit à la Cathédrale, donc les por
Tome III.
ni. I-lrsTornE
**î tes ne furent pas plutôt ouvertes , qu’eile
ſe trouva rem lie de Perſonnes de tout
âge , de tout exe 8c de toute condition.
Dom Chriſtophe, après avoir fait ſa
priere , prit ſutîle grand Aurel un Cru
eifix, le donna à baiſer au Gouverneur;
puis alla s'aſſeoir à la place qu’il avoit ac
coutume' d’occuper pendant la vacance du
Siege , 8c déclara qu’il reprenait Fexercico
des Charges dont il étoit alors revêtu, le
nouvel Evêque du Paraguay n’a~iant point
encore de juriſdiction légitime. Il fit enñ'
ſuite ſonner toutes les cloches , arracher
toutes les Liſtes des Excommuniés , 8c le
va Finterdit que D. Bernardin venoit de
lever lui-même , n'aïant pu parer ce coup,
8C voulant s'en faire un mérite dans lc
Public.
L’Edit du .Gouverneur portoit encore,
qu'étant notoire que le Seigneur D. Ber
nardin de Cardenas sÏétoit intrus dans le
Gouvernement du Diocèſe contre les regles
de l'Egliſe, qu’il étoit actuellement lo
ge' dans le Couvent des Peres Franciſ
quains, ou il avoit fait porter' des armes.
8c mis une Garniſon , 8c que de-là il rem
pliſſoit la Ville de troubles, de confuſion
8L de ſcandales , il déſendoit, ſous peine
de mort , à quiconque , d’cntrer dans cette
Maiſon tandis que le Prélat y rcſteroit. Le
Próviſeur de ſon côte' publia un Mande
ment , par ñlequel ‘il faiſoit la même de'
fenſe , 8c déclaroit qu’on ne devoir aucune
obéiſſance audit Seigneur Evêque.
Dep… de Dom Bernardin comprit alors qu’il ſal
Phêquc. loit cédcnſurtout l0rſqu’il eut été inſtruit du
DU PARAGUAY. Liv. XI. n.;
peu d'impreſſion qu'avoir fait un dernier __..——_.——4
1644.
Mandement qui venoit d'être publié par ſon
ordre dans une Paroiſſe. Il envoïa donc
dire au Gouverneur qu'il ne pouvoit plus
demeurer dans une Province toute peuplée
&Excommuniés , 8L le dix-neuvieme de
\ avoir. .
Novembre 7 a~res dit ſes deux Meſ
ſes , i l ri t con é d 'une t ron e d e P er
-ſonnes dévotes dont il dirigeait la conſ
cience. Il leur dit qu'il étoit »exilé de (on
Diocèſe pour avoir voulu, par un effet de
ſa tendreſſe paſtorale pour ſon '1'rouppeau ,
remédier aux beſoins des Familles , dom:
les Ennemis de l'Egliſe. avoient uſurpé le
Patrimoine (i). Il répéta toutes les injures
dont il chargeoit à tout propos ces préten- j
dus Uſurpateurs 5 il les interdit, les ex
communia , les anathématiſa de nouveau ,
avertiſſant qu'on ne pouvoit communiquer
avec eux ſans encourir les mêmes cenſu
res , 8c ajoûtaut qu'aurant qu’il ſe montroit
ſévere envers ceux qui perſiſtoieiit opiniâ
clément dans leur rebellion contre l'Egliſe ,ñ
autant on le rrouveroit toujours Pere com
.patiſſant &kPaſteur tendre envers ſes hum
bles &c fidelles Ouailles.
Il marqua enſuite les Egliſes Oll il permet
toit d'aſſiſter au Service divin , 8c les Prê
tres auxquels on pouvoit s'adreſſer pour la
Confeſſion 5 il en fit un éloge magnifique ,
quoique lui- ſeul peut-être ignorât que
quelques-uns vivoicnt dans un concubina
ge ſcandaleux. Enfin , aïant pris congé de
tout ce monde, qui ſondoit en larmes 8c
(i) C'eſt à dire , en empêchant leurs Néophyte:
d'être donnés en Commande.
F ij
19.4 HISTOIR!
Lî--í-ï
faiſoit retentit l'Egliſe de ſes émiſſemens ,‘
I644.. il eur
ſortitdans
portant le Cor S «ſe Notre—Sei
une boîte ſu pendue ſur ſapoi- ſi
n
Ërine , 8c ſuivi de ſes Prêtres 8c de ſes
Clercs, qui tous avoient un cierge allumé
à la main. Dès qu'il ſut dans la Barque ,
il reiiouvella ſes anathêmes contre les Per
ſécuteurs de l'Egliſe , qui chaſſoient de ſon
Diocèſe le plus ſaint Evêque qui eût paru
dans le nouveau Monde depuis ſa décou
verte ,- &t jetta de nouveau l'interdit ſur
la Ville , au ſon d'une petite cloche qu'il
portoit ordinairement avec lui dans ſes
Voïages. Les cloches de l'Egliſe des Peres
Franciſquains 8c celles de la Paroiſſe de
ſlîvêclié ſonnerent auſſi-tôt, ſuivant l'or
dre qu'il en avoit donné , 8c l'on ne put
appaiſer le tumulte que cela cauſoit , qu'en
,faiſant auſſi ſonner toutes celles des autres
Egliſes.
Le Prélat s'étoit aſſis à la pouppe de ſa
Barque ſur un tabouret , aïant à ſes côtés
les Eccléſiaſtiques 8c les Religieux qui s'é
toient embarqués avec lui; 8:. le reſte de
.ſa ſuite étoit un peu plus loin , les uns
fumant leurs pipes, les autres tenant de
,l'herbe de Paraguay , tous dans ſes poſtures
fort libres, ſans aucun égard pour le Sain-t
..Sacrement que Flivêque portoit ſur lui. Il y
ſit ſans doute attention; car au bout de
quelque tems on n'apperçut lus la boîte
oii étoit le Corps de Jeſus-C riſt 3 8c un
de ſes Eccléſiaſtiques a depuis aſſuré qu'il
_avoit vu D. Bemardin conſumer l'Hoſtie
ſans ſortir de ſa place, croïant ſans doute
pouvoir paſſer par-deſſus une Loi de l'E-z
bi) PARAGUAY. Lit/d XI. i1.;
_—.:—-——B
gliſe , dans la crainte dc n'être pas le maî 164-4.'.
tre de contenir ſes Gens dans le reſpect
qui eſt dû a l'auguſte Sacrement de' nos
Autels. ‘
Quoi qu'il en ſoit, ſes Amis écrivirerít Faux bruits
au Tucuman qu'au moment qu'il entra publiés ap-ês
dans la Barque , on avoit vû des Etoiles' ſon départ
deſcendre du Ciel vers l'Egliſe de Sainte
Luce , paſſer de—l'a ſur le Palais épiſcopal,
äierriere lequel elles avoient dſiſparu; qluc'
ans le même tems on avoit enti des e
couſſes de tremblement de terre 5 qu'on
avoitvu des pierres ſautiller, 8c des Mon
tagnes s'entrechoquer 5 que le Soleil avoit”
paru de couleur de ſang; enfin que le
trouble 8C la déſolation s'étoient empa
rés de tous les cœurs. Mais tout cela
'étant revenu à l'Aſſomption , on répondit
qu'on ne S'étoit apperçu de rien de ſein
blable; que Flîvêque étoit regretté de peu.
de perſonnes , 8c qu'il avoit emporté avec
lui toutes les cauſes du tumulte 8c de la
confuſion , dont cette Ville avoit été preſ
que toujours agitée depuis qu'il y éiott venu. -
Dom Bernardin n'étoit pourtant pas alors cesSespour
diligen
faire
auſſi raſſuré qu'il vouloir le paraître , ſur valider ſa;
le déſaurde ſa conſécration 8c de ſa priſe conſécration
de poſſeſſion; 6c il eſt certain qu'il y avoit 8c ſa priſe f;
déja quelque tems qu'il prenoit des meſures poſſeflion.
du côté de Rome pour faire valider l'une
8C l'autre par le ſouverain Pontiſe. Il ſe
tint à ce ſujet , depuis le neuvieme de Mai
164 S juſqu'au deuxieme Octobre de la
même année , quatre Congrégations dela I

Propa aude. On y produiſit des Lettres ,


Parle quelles il demandait d'être relevé des
F iij
12.6 HISTOIRE
*~*—-'~ cenſures qu’il pouvoir avoir encourues pour'
1644. s'être ſaiLconſacrer ſans préſenter- les Bul
les du Pape , pour avoir pris poſſeſſion de
ſon Evêché, pour en avoir reçu les reve
nus , fait les ()rdinatiOnS &'- les autres fonc
tions pontificales , 8c cela ſur le ſenti
ment de pluſieurs perſonnes doctes , qui
avoient jugé que ſes Bulles avoient été
apparemment perdues, ou arrêtées par des
_ perſonnes qui ne lui vouloient pas de bien ,
8c ſur une Lettre du Cardinal Antoine Bar
berin , qui lui donnoit avis de leur expédi
ñtion; 8c qui le rraitoit d'Ev'êque; 'a quoi
il ajoûtoit le beſoin preſſantoii ſe trouvoit
le ,Diocèſe de ?Aſſomption dela préſence
de ſon Evêque.
Le Pape ſut préſent à une de ces Con
grégarions , oii il ſut ordonné que les Let
tres de Dom Bernardin ſeroienr rapportées
dans une nouvelle Congrégation, en 'pré
ſence de Sa Sainteté , 8c que cette affaire
ſei-oit de nouveau mûrement examinée.
Lſionzieme de Juillet r6 56 , il s'en tint en#
core une , oii le Cardinal Ceſi préſenta une
Requête adreſſée au Pape, par laquelle les
Chanoines de l’Aſſomption, outre les dé
fautsſſde la conſécration de Dom Bernar
din , expoſoient pluſieurs autres griefs con
tre lui. La- Congrégation nomma le Car
dinal Albizzi pour les examiner 8c en faire
ſon rapport; 8c ſur ce que Dom Bernardin
avoit cité la Lettre du Cardinal Barberin,
il ſur répondu qu'il devoit la produire. 1l
paroi: que les choſes en demeurerent là
pour lors , 8C cette affaire ne ſur finie qu’eu
16 58. Quoi qu'il en ſoit , nous verrons
DU PARAGUAY. Liv. XI. 12.7
bientôt reparoître Dom' Bernardin à l’Aſ—
I644.
ſomption, avec autant d'aſſurance que S’il
avoit été déclaré à Rome qu'il n’avoitſi en
couru aucune cenſure , ou qu’il en eût été
relevé 5 ce qui n’arriva cependant qu’en
r6 58 , lorſqu'il eut été nommé a un autre ~
Evêche'.
Au reſte , on comprendra aiſément que
tout ce qui s'e'roit paſſé depuis deux aus
dans la Province de Paraguay , n'y avoit
point avance' les affaires de la Religion ,
non-ſeulement parmi les.Indiens , qui en
avoient été les témoins, mais encore dans
les Réductions du Parana , ou l'on n'avoir
.pû empêcher qu'il n’en tranſpirâr quelque
choſe , ſans parler des Néophytes que le
Gouverneur avoit appelles , 8c qui en
avoient trop vu , pour n'en être pas ſcan
daliſés , outre que les Miſſionnaires qui
étoient inſtruits des deſſeins de FF-vê-quc,
-ſe croïoicnt tous les jours à la veille d’ê
tre chaſſés de leurs Egliſes , 8: de voir
'leurs N-éopliytes donnés en Commande.
Tout ce qu'ils auroieur pû faire , quand Courſes des
Millionnaire:
même ils auroient joui de la plus grande dans le Tucuï
tranquillité , auroit c'te' de conſerver 8L d'aſ man.
fermir les Etabliſſemens qu'ils ne venoicut
que d’achever , parcequïls v
étoient en.
trop petit' nombre pour en ſaire de nou
veaux. Cette diſctte rſétoit pas moins
ſenſible dans le Tucuman , Oil les Jéſuites
étoient vivement touchés de ne pouvoir ré
pondre, comme ils Fauroient ſouhaité,
aux empreſſemens de leur Evêque , qui
leur propoſoit tous les jours de nouvelles
occaſions d’exercer très utilement leur zcle.
r iiij
[28 HISTOIRE
Ils y faiſaient néanmoins tout ce qui pou
voir dépendre d'eux; 8c ceux , qui n'étolent
pas indiſpenſablement retenus dans leurs
colleges , voloicnt d'abord ou le ſaint
Prélat leur faiſoit connoître que le beſoin
_ étoit plus preſſant. Il l'était toujours en
bien des endroits de ce vaſte Diocèſe , 0d
des années entieres ſe paſſoient ſouvent
ſans qu'on pût y envoïer aucun Prêtre. Ces
courſes étoient extrêmement pénibles; mais
les ſarigues en étoient quelquefois bien
adoucies , par de grands ſujets de conſo
lation qu'ils y trouvoient.
Miracle J'ai déja obſervé qu'avant que les Na
de la Grace ,
f… Quelques turels du Païs euſſent été obligés de s'é~
chzguzm_ loigner de leurs anciennes demeures par
la crainte de perdre leu! liberté ,pluſieurs
avoient reçu la Foi par le Miniſtere de
Saint François Solano 8c de quelques au
tres Religieux venus du Pérou. Ces nou
veaux 'Chrétiens, dénués de tous ſecours
ſpirituels dans leurs retraites qu'on igno
roit ou que leur défiance rendoit inac
ceſſibles, étoient bientôt pour la plupart
retournés a leurs anciennes ſuperſtitions 5 à
il étoit beaucoup plus difficile de les rame
ner dans le ſein de l'Egliſe, qu’il ne l'avoir
été de lesy faire entrer lorſqu'ils ne con
noiſſoient notre ſainte Religion que par les
vertus de ceux qui étoient vcnus pour les
en inſtruire. Mais le Seigneur, qui Nabe
ſoin de perſonne pour afiuter le ſalut de ſes
Prédeſtinés , en avoit conſervé un eric
nombre dans l'innocence de leur Bapteme.
Les Miſſionnaires en rencontrerent ,
entre pluſieurs autres , un qui avoit été
DU PAR A GUA Y. Liv. XI. 12.9
baptiſé à Wife de vingt ans, 8c en avoit T***
alors cent : e tout ce qu'on lui avoit ap- 44'
pris pour l' diſpoſer, il n'avoir retenu que
la
ces connoi
Peres luiance d'un
a'íant ſeul Dieu;
demandé 8c deuxtou-
s'il l'avoir de ſ

jours invoqué, 8C de quelle maniere il le


ſaiſoit , il répondit que de tems en tems
il joignoit les mains , puis levant les yeux
au Ciel prononçoit trois ſois le nom de
Dieu, 8C lui adreſſoit ſa priere. Ils lui dirent:
de faire devant eux ſa priere; il la fit d'u
ne mariierc ſi reſpectueuſe 8c ſi touchante ,
qu'ils ne purent retenir leurs larmes. Ils
Finſtruiſirent de tout ce,qu’il étoit en- -
core capable de comprendre , puis ils le'
mirent eri état de ſe conſeſſer , 8c celui'
qui entendit ſa Confeſſion ,- a depuis aſſu—
ré que quelque attention qu'il eût apportée
a Finterroger, il ne l'avoir trouvé coupa
ble d'aucun péché , qui eût pu lui faire
perdre la grace de ſon Baptême. _ .
Cette même année il ſe préſenta' une OD fflïlïfrïœ
occaſion très favorable de précher l’Evan- ËÈËÈËÈÊÊÏÎË”
gile- dans le Chaco , 8C ‘le P. Jean Olovis , l, Foſii 43m1,
Navarrois, fut nommé pour cette Miſſion. ehzco.
Miis lorſqu'il étoit ſur le point de ſemer
rre en marche , le Seigneur en aïant diſpo
ſé, il ne fut pas poſſible de ſe remplacer,
parceque deux autres Sujets, ſur leſquels
lt: Provincial avoit jetté les yeux , lui man
querent auſſi dans le même tems. L'un'
étoit le P. Domenecchí , qiſil étoit réſolu*
de rappeller de' la Villa", nti ?Evêque du'
Paraguay le retenoit , 8c qui y mourut dd'
la* maniere que nous avons dit. L'autre?
étoit. le. Pere Pierre Marqués , de Lille-em
I' \F
130 H1S~TOXRE
*T47 Flandres , dont la jeuneſſe , les talens la'
' bonne volonté à toute épreuve faiſaient
concevoir les plus grandes eſpérances.
On Cfflit . Il ſe répandit alors un bruit que les .lé
²V°i"_ *WW* ſuites avoient découvert des Mines d'or
desvinesdbr \ . ,
dans ,a P o_ tres abondantes dans la Province d Uru
vince d'Uſu—glI{lY, 8c qu'ils prenoient les plus grandes
SUP'. 8c_ ce précautions pour en ôter la connoiſiance
*Jme-u ²fflV²~auX Eſpagitols. Nous avons déja vu que
D. Bernardin de Cardenas avoit ſaiſi une
'occaſion route ſemblable , pour juſtifier
le deſſein oii il étoit de chaſſer les Jéſuites
de leurs Réductions. Les déclamations de
ce Prélat contre eux , 8c l'aſſurance avec'
laquelle il arloit de cette découverte , per
ſuadcrent ur-tout ceux que le zele de ces
Miffionraires pour conſerver la liberté de
leurs Néophytes avoient mis de ſort mau
vaiſe humeur contre eux; quelques-uns
même écrivirent au Conſeil roïal des In
des , qu'il convenoit au ſervice du Roi de'
les retirer des Réductions , 8L d'y envoïer
d'autres Paſteurs. On publia enſuite avec
la même aſſurance , que ces Religieux ne
ſe conteiitoicnt pas de profiter de ces Tré
ſors pour enrichir leur Société, mais qu'ils
faiſaient tranſporter beaucoup d'or dans les
.Païs étrangers. Le Conſeil jugea la choſe
aſſez importante pour ne laiſſer dans les
Miſſions du Paraguay , que des Sujets dont
on ſûr bien aſſuré, 8c l'ordre ſut envoie'
d'en tirer tous les Miſſionnaires qui n'é
toient point nés Sujets du Roi Catholi
q ue. .
Cependant les Mines d'or diſparurent”
bientôt, 8c bien des Gens eurent honte
DU PARAGUAY. Liv. XI. !zi
d'avoir cru ſi legerement un fait de cette
nature , ſur la foi d'un ſeul Homme , dont 'ſ44'
toutes ſortes de raiſons devoient du moins Qul fi” 1°
rendre le témoignage
un Indien, ſort ſuſpect. C-'étoit
nommé Bonaventure, ËÏÎÏŸJ CÔTE;
lequel ſabjcſ *ſi
après avoir
Couvent ſervi quelque
de Buenos Ayrès , tems dans
S'étoit un
\ſiauvé
8c retiré parmi des Indiens errans , avec qui
il vécut quelque tems , comme s'il n'avoir
jamais eu aucune teinture du Chriſtianiſ
me. Diverſes avanturcs inſéparable-s de ce
genre de vie , le conduiſirent dans une Ré
uction de la Province d’Uruguay, ou il
ſe fit d'abord connoirre pour Chrétien 5 il
y joua même ſi bien ſon perſonnage d'hy
pocrite , qu'il S'y fit une grande réputation
de vertu 8c de zele pour le ſalut des Ames;
mais lorſqu'on y penſoit le moins , il s'en
ſuit avec une Femme mariée , qu'il avoit
ſéduite'. On courut après lui z il ſut arrêté ,
ramené dans la Bourgade , fouetté publi
quement 8c renvoïé a Buenos Ayrês.
Il a bien de l'apparence qu'on ne ſuc
pas i-tôt inſtruit dans cette Ville de ce qui
lui étoit arrivé depuis qu’il en étoit, par-ti z
ce_ vii eſt certain , c'eſt qu’il y débita d'a
bord que les Iéfllit es avoient découvert dans
les ?ais , d'ou il venoit , de très belles
Mines d'or, 8C qu'il cn parla d'une ma
niere ſi poſitivË, qu’il perſuada bien du
monde g car il s'avança juſqrà _dire qu’il y
avoit travaillé, 8c' qu'en trois joins on y
amaſſoit aſſez de grains d’or,pour en remplir
un demi-boiſſeau. ll ajoûra qi!'il avoit été
une Fois tenté de profiter lui-même de tant
de richeſſes , 8c avoit complete' avec un
Fvj
Izz- His-ſoins
autre Indien , d'enlever tout ce qu'ils pour-li
E644.
roient porter de grains d'or , 8c de les met
tre en lieu de ſûreté 5 mais que ſon Ca
marade l'a~i'ant trahi', i-l avoit été rudement
fuſtigé 8c chaſſé de l'a Province.
Une réflexion , qui- n’auro-it pas dû échap
per à ceux auxquels il diſoit cela, devoit
naturellement leur rendre ce récit ſuſpect":
c'eſt qu'il falloir croire les Jéſuites bien
i~mprudens pour ne pas s'être aſſurés d'un
Homme , qui ſa-voit leur ſecret, BZ qu'ils
avoient maltraité. Mais des Mines d'or
poſſedées par des Religieux qui en ſaiſoient
un myſtere , étoient une découverte qur
fl-attoit- trop bien des gens , pour n'y pas
ajoûter ſoi ſans examiner-le fait.. D'ailleurs,
Bonaventure avoit ſi bien prévû la plûpare
des queſtions-qu'on pourroit lui faire, qu'il:
répondit à tout ſanshéfiter. Il- marquait
les endroits , d’oti l'on tiro_it l'or , le nom
bre 8c la qualite' des Mines , 8E tout ſoni
narré avoit un air ſi ſimple 8C ſi ingénu ,
que ,ceux mêmes qu'il ne perſuada point
entierement, jugerent qu'on ne devoit pas
ſe diſpenſer d'aller examiner les choſes ſur.
les lieux mêmes.
Conduite des, On S'en tenoit pourtant encore- à des
lëſuíüsngiansdiſcours. vagues , 8c on ne prenoit aucune
“W îfffflîî' réſolution , lorlque le Recteur du College
de Buenos Ayrès requit juridiquement le
Magiſhtar , qu'il en fût informé dans les
regles. La Requête fiit- accordée,, le Dé
nonciateur ſur interroge' juridiquement , 8a
ſe tira mal' de ſon interrogatoire: on fit.
encore beaucoup d'enquêtes 8C de recher
ches, qui acheverent_ de découvrir l'ima
DU PARAGUAY. Liv. XI. 13-.;
poſture; 8c Dom Pedre Eſtevan d’Avila , ._.————.Î

Gouverneur de la Province, manda au


1-5 44-
Îonſeil roïal fdep_ Indes, que les Mines
’or dont on ai oit-tant de bruit, n'a
voient pas même l'ombre de réalité. Alors
le Délareur ſe tut , mais ce ne fut pas pour'
long-tems : l'a Cëailètî du cËÎâtimÎnr qu'il
nauroit as evit , l es Je uites 'avoient
pourſuivi? en Juſtice ,. le retenoit dans le
ſilence; l'impunité le lui fit rompre. Il
s’adreſſoit ſoir-tout à ceux qui arrivaient
d’Eſpa ne; 8C Dom' Hyacinte de Laris ,
ChcvaËer de. Santiago , étant venu ſur ces
entrefaites pour relever D.. Pedre Eſtevan
d'Avila , il- l’alla trouver, 8c lui dit — u’il
étoit bien étonnant qu’on refusât d'ajouter
foi à un Homme , qui n’avoit rien avancé ,
qu'il n'eut vu de ſes propres yeux; 8c cela ,
parcequïntimidé par lfappareil d'un inter
rogatoire juridique., il; s’étoit embarraſſé
dans ſes reſponſes. ~
Le Gouverè
Dom Hyacinte de Laris auroit bien voulu
neur de Rio
que cet Homme éût dit vrai; mais après de la Plata ſe
ce qui s’étoit paſſé , il ſe. trouvoit ſort tranſporte ſur'
embarraſſe' ſur le parti qu'il devoir prendre, les lieux , 5c
lorſqu'on reçu.: a Buenos Ayrès une Lettre. mene avecluid
le Délareun
de l’Evêque~ du Paraguay ,. dans laquelle il
parloir des Mines , dont il- étoit queſtion ,
comme d'une choſe qu’on ne. devoir pas
révoquer en doute. Cette Lettre devint
bientôt publique :- Bonaventureen triom
pha, 8c. le Gouverneur ſe crut indiſpen
ſablement obligé de ne rien épargner pour;
bien éclaircir le fait. Après quelques en
tretiens qu'il eut en particulier avec le De'
121cm4 il prit enfin? la réſolution de
G34. HISTOIRE
tranſporter ſur les lieux; il ëembarqua
I644 avec une eſcorte de cinquante Soldats,
menant avec lui Bonaventure 8c un Gen
tilliomme , nommé Martin de Vera, qui
paſſoir pour être un très habile Mineur.
Le Délareur Il n'avoir pas encore fait la moitié du
diſparaît en chemin, que Flndien diſparut- Cette fuite'
ïhemin. lui donna' beaucoup à-pcnſer z mais il étoit
trop engagé _pour retourner ſur ſes pas,
ſans avoir rien fait. Il alla juſqu'aux pre
mieres Réductions du Parana, oil il ne
parla Zi perſonne du ſujet de ſon voïage : il
Ëueſtionna ſeuhment quelques Néophytes
ur les Mines en général, 8c leur recom
manda le ſecret. Mais le Pere Diaz Taño,
alors Supérieur' de ces Miſſions , qui avoit
été inſtruit de ſon deſſein , le ſiipplia de
continuer de viſiter toutes ces Réductions,
8c le requit dc la part du Roi de ſommet
l'Evêqzie de lïäſſomption de lui fournir la
preuve de ce qu'il avoit avancé dans ſa
Lettre. Il ne put ſe refuſer àune demande
ſi juſte; 8L après avoir dépêché à Dom
Bernardin une Perſonne ſure 'pour lui faire
.la ſommation, il entra dans le Paraguay,
Oli il .ëapperçut bientôt que ſon arrivée
avec des Soldats avoit répandu l'allume
dans routes les Réductions.
Allarme dans Il en demanda la raiſon , 8C on lui dit
les Reduc que les \Iéophytes , qui r-'éroient que trop
tions . inſtruits du projet de l'Evêque du Para
guay, de faire ſortir leurs Miſſionnaires de
c~es Provinces, 8c de les ſaire remplacer
par des Eccléfiaſtiqnes, le vo~iant venir
ave: des Soldats, ne doutoient preſque
Point que l'objet deſſon voïage nc-fû:
Du PÀXAOUAY. Liv. X1'. rg(
(Texécuter ce deſſein , 8c que le Prêtre qui ____a^-dní
ſaccompafgnoit
lain, en qualité
ne ût là que de ſonpoſſeſiiion
pour prendre Cha e L644»

de fontes ces Egliſes. On lui ajouta' qu'aii


.teſte on ne lui répondoit pas de ce qui en
arriveroit, s'il ne raſſuroit promptement
ces nouveaux Chrétiens , quinéſoient nul
lement traitables ſur cet article, parce
qu'ils étoient convaincus que ce change
ment de Paſteurs n'avoir point d'autre mo
tif que de les priver dela liberté dont ils .
jouiſſoient z 8c que-ce qu'il yavoit de moins
a craindre , étoit le dépeuplement entier de
toutes les Réductions. v _
Le Gouverneur répondit 'a ceux qui lui Le Gouver
~donnoient cet avis , q i'il étoit bien éloigné ncut la fair?
ceſſer.
d'entrer dans les vues de l’Evêque du Pa
raguay; 8c pour leur en donner la preuve,
il fit (ur le- champ partir le Chapelain pour
retourner à Buenos Ayrès, ſans lui per
mettre même de dire la Meſſe dans au_
cune Réduction. Le départ de cet Ecclé
ſiaſtique, 8c l'aſſurance qu'on donna aux
Néophytes de la diſ oſition oii étoit le
Gouvemeur au ſujet e leurs Miſſionnaires,
.remirent par-tout le calme. Les *Indiens
rendirent à Dom Hyacinte tous les hon
neurs qui lui étoient dûs , 'SC rien ne l'em
pêclia plus de ſaire toutes les' recherches
.qui étoienr l'objet de ſon voïage.
Il commença par déclarer a tous ſes Ses diligences
pour décou
Soldats, Tic le premier qui découvriroit une vrir les Mi
Mine , (Ûeroit élevé au Lrade de Capitaine ,
n'es
qu'il Péquiperoit magnifiquement, &c lui Il reçoitun
oimcroit une gratification de deux cents faux avis.
Philippines. On peut bien figer que cin
136 His-retira
í-_dí

164+ quante Soldats, animés par de telles pró‘


meſſes , n'é argnerent rien pour trouver
ce que l'on c erchoit , 8C il yen eut enfin
[in , a qui un Indien dit , qu'étant enfant
il avoit été conduit par ſon Pere à une
Mine d'or, 8c s'offrir a l'y mener. Le Sol
dat crut ſa fortune faire; il alla ſur le
champ trouver ſon Général avec' Flndien,
8c lui demanda la récompenſe qu'il avoit
promiſe. Dom Hyacinte. lui répondit qu'il
pouvoit compter ſur ſa: parole , ſi ce qu'on
lui avoit dit ſe trouvait vrai; mais aïant
interrogé Plndien , cet Homme lui avoua
qu'il avoit perdu ſon Pere à l'âge de cinq
ans , ce qui commença à lui faire augurer
mal de ſon récit; cependant il le mit entre
les mains du Mineur , auquel il donna une
eſcorte pour aller examiner la Mine.
Réponſe de Ils marcherent pendant ,quelques jours
D . Bernardin par des chemins affreux, 8c arriverent
de Cardenis enfin au terme , oil ils ne trouverent que
au 'Gouver
neur de Río des coquillages , dont l'es couleurs brillan
de la Plata 9 tes avoient pu aiſément donner dans les
fur ce ſujet. yeux d'un Enſant qui n'avoir pas cinq ans ,
mais nulle apparence de Mines.Sur ces entre
faites le Courier , que D., Hyacinte avoit dé'
pêche' ärFAſſomptiotgarriva avecdes Lettres
du Gouverneur 8c de l'Evêque du Paraguay'.
Le premier lui mandoit qu'il ayoit ſouvent
entendu parler des Mines d'or de la Provin
cc de l’Uruguay, mais toujours d'une ma
’ niere ſi vague , qu'il ne croïoit pas qu'on
dût faire aucun fond ſur ce~qu'on en di»
fait. Le ſecond' commençait par dire qu'il
donnetoit en tems 8C lieu des .indices cer
tains des Mines- que l'on cherchait', Luis
Dv PARAGUÃY. Liv. XI. 137
après bien des raiſonneniens qui ne regar
1644.
doient point cc qu'on lui demandoit, il
concluoit qu'il falloir commencer par chaſ
ſer tous les Jéſuites de ces Provinces , 8c
que le profit qu'on en retireroit vaudroit
autant que les Mines d'or les plus abon
dantes.
Le Gouverneur outré_ de dépit ſoupçonna I.: Délareul
que ceux , qui l'avaient engagé dans cette “Pam” a f"
dédit.
recherche , s’étoient laiſſés aveugler par
leur haine contre la Société z cependant
la fuite de Bonaventure lui donnoit un peu
a penſer; mais les Jéſuites, qui s'atten
doient bien qu'on ne manquer-oit pas de
dire qu'ils l'avaient fait diſparoître , firent
tant de diligences , pour ſavoir ce qu'il étoit
devenu , qu’il fut enfin trouvé. Le Gouver
neur, à qui on le mena bien lié, commença
par le faire délier , puis l’aïant tiré a part :
:a Mon ami, lui dit-il ſans lui faire au
» cun reproche, ma fortune 8C la tienne
d) ſont entre tes mains : mene moi aux
D: Mines d'or que' tu m'as dit avoir vues,
n 8c dont tir m’as parlé avec tant d'aſſu
do rance, 8c tu peux compter que je ferai
s: pour toi plus que tu ne ſaurois eſperer.
a Seigneur, répondit Plndien avec toutes
aa les marques de la plus grande ſurpriſe ,
a: je ne ſais ce que vous voulez me dire :
:n n'ai jamais parlé de Mines a per
23 onnc.
Le Gouverneur crut qu'il ne diſoit cela_
que arcequ'íl ne ſe eroïoit point en li-‘
hertz Pour le raſſurer, il lui donna ſa
parole de le prendre ſous ſa ſauve-garde.,
puis il lui rappella tout ce qu’il lui avoir
139 I-Î Î s 'i' o 1 R Ê
jdn-î.
dit des Mines, oii il avoit travaillé, des
1 E44. fortereſſes bâties par les Jéſuites pour les
garder, des Garniſons qu'ils y entrete
noient, des armes dont elles étoient bien
pourvues: 8c il proteſta qu'il ne ſe ſouve
noit point d'avoir jamais rien dit de pareil.
Il ſur appliqué àla queſtion, 8c la force
des tourmens ne put tirer de lui autre
choſe ,' ſinon que, s'il avoit jamais parlé
de Mines 8( de Fortereſſes, il falloir qu'il
fût ivre. n Hé bien , dit le Gouverneur,
s» ivreſſe ou impoſture , il t'en coûtera la
:a vie ,a 8c il le condamna ſur le champ
à être pendu. Les Jéſuites crurent devoir'
demander ſa grace , 8c à force de prieres ils
obtinrent qu'il en fût quitte pour deux cents
coups de fouet.
Ces Religieux ſe flattoient qu'une ca
lomnie qui avoit ſi mal réuffi à ſes Auteurs,
ne leur laiſſerait que la honte de l'avoir
inutilement emploïée pour les perdre:
_mais elñle étoit de la nature de celles,
doutlcs premieres impreſſions laiſſent des
traces qui ne peuvent être effacées parles
juſtifications les plus authentiques. Ce ſont
comme les racines d'un arbre qu'on a
coupé , ſi on ne les arrache juſqu'à la der
niere, une ſeule ſuffit pourlc reproduire.
Ainſi nous verrons bientôt les Mines d'or
du Paraguay faire plus de bruit que jamais ,
ſe multiplier même, 8c s'étendre au-delà
de la Province d'Utuguay; 8c quoique ren
trées encore dans le centre de la terre,par les
Déclarations les plus ſolemnelles 8c publiées
après les recherches les plusexactes, paflct
dans l'un &î dans l'autre hémiſphêre pour
TDU PARAGUAY. LivÎſſXI. i”
ne comprennent
un pas dont
ſait avéré, 8c encore qu'on
bien des puiſſe
Gens ' 44'
douter. v _
Il n' avoit alors que le Tucurnan , ou EMF 46535*
les Jé uites du Paraguay jouiſſent d'une d“ct‘°""
tranquillité que rien ne troubloit , parce—
qu'ils y travaillaient ſous la protection
'un Evêque, qui leur montroit l'exemple,
8c ne manquoit. aucune occaſion de pren
dre lcur déſenſe. Auſſi le Seigneur ré
pandoit-il les plus abondantes bénédictions
ſur leurs travaux. D'ailleurs, malgré tout
ce qu'ils avoient a ſouffrir dans les Pro
vinces voiſines , leurs Réductions du Pa-rana
8c de ?Uruguay y étoient plus floriſſantes
que jamais , ſans même en excepter celles,
'oii l'on enrendoit gronder les orages de
plus près, 8c 0d de tems en tems on Y
reſſcntoir d'aſſez vives ſecouſſes. Elles
avoient réparé avec uſure toutes leurs per
tes; on n'y craignoit plus ni les attaques,
ni les ſurpriſes des Mamelus 5c de leurs
Alliés , 8c elles Formoient déja cette Ré
publique Chrétienne qui faiſoit l'admira
tion de tous ceux qui la voïoient. de plus
près. On y pratiquait des vertus , dont on'
;ſautoir jamais cru capables des Hommes
de cette eſpece ~, 8c ce qu'il y avoit de plus
merveilleux , eſt que ſon accroiſſement ſen
ſible étoitque
phytes, preſqiſautant
deſſ leurs l'ouvrage des Néo
Miffionnaires , qui
avoient ſu leur inſpirer tout le zcle dont
ils étoient eux-mêmes animés.
Il n'en étoit pas encore de même parmi Déſordre
les ltatines. Cette année i644. la Réduc- parmilcsltæ
tion de Notre-Dame de Foi fut ſur le point *W5*
140 HISTOIRE
1644.. d'être entiérement détruite par ſes propres
Habitans, 8c trois Miſſionnaires furent
en grand danger d'y être cnſevelis ſous ſes
ruines.. Un Caciqlre ſe révolta ouverte
ment contre eux, 8c entraîna toute ſa
Bourgade dans ſon parti. Ils eſſuïerent pu
bliquement les plus grandes avanies; deux
d'entre eux n'en furent pas même quittes
pour des injures 8c des affronts z le Pere
Arenas fut un jour dangereuſement bleſſé a
la tête par ces Furieux, 8C tous ſe virent
abandonnés au point de ne pas même trou
ver un Enfant pour les ſervir à l'Autel.
Bientôt la corruption des moeurs devint
preſque générale, 8C faiſoit perdre toute
eſpérance de pouvoir remédier _à un mal
qui avoit gagné ſourdement partout en
même tems , 8C n'avoir éclate' qu'au mo
ment qu'il étoit devenu extrême.
Comment on Ces révolutions ſont beaucoup plus ſen
7 lcmediï- ſibles à des cœurs vraiment apoſtoliques ,
que les plus rudes perſécutions. Les Miſ
_ ſionnaires des Itatines ne perdirent pour
tant point courage, 8c ſurcnt mettre à
profit un de ces accidens, qui en ſoi pa
roiſſoient n'avoir rien que de naturel, mais
qu'ils eurent le ſecret de faire reconnaitre
pour un effet de la juſte, vengeance d'un
Dieu irrité. Un Tigre affamé ſe jetta dans
la Bourgade , y dévora quatorze perſonnes,
8c y étouffa pluſieurs Bœufs 8c pluſieurs
Chevaux. Les Peres ne riianquerent pas de
faire craindre aux Habitans que ce mal
heur ne fût que le prélude de bien d'autres
plus fâcheux encore, s'ils ne ſe hâtoient
«Pappaiſer le courroux du Ciel 5 8L comme
DU PA RAGUAY. Liv. XI. 141
,íííq
ils s'ap crçurent que ce qui empêchoit 1644.
l'effet e leurs charitables remontrances ,
étoit la crainte que l'on avoit du premier
auteur de tout le déſordre, ils prirent le
parti de faire un coup d'autorité , qui leur
réuſſit. Ils trouverent le mo~i~en d'attirer le
Cacique,ſon Fils 8c ſes deux Neveux hors de
la Bour ade , dans un endroit oii ils avoient
apoſté ges Indiens d'une autre Réduction ,
dont ils étoient bien Sûrs. Ces Néophytcs
les ſaiſirent 8c les mcnerent dans une des
Réductions de la Province d‘Uruguay,~éloi
gnée de deux cents lieues de la leur: on
n'en ſur pas plutôt inſtruit dans celle—ci,
qu'on n'y trouva preſque plus de difficulté
à faire rentrer tout le monde dans le de
voir, 8c la premiere ferveur y aïant enfin
été rétablie , de nouveaux Proſélytes y
vinrent de tous côtés. —'~—‘—
On apprit de quelques-uns d'eux , que PËOC-âflpun
des Guiraporer &pluſieurs Nations voi- nouvà [ſa,
fines paroiſſoient ſort diſpoſés a vivre ſous bliſlement.
la conduite des Peres de la Compa nie; 8c
comme tous ces Indiens étoient ëablis a
l'Occident du Paraguay , on jugea l'occaſion
favorable pour entrer par-là dans le Chaco ,
ou du moins pour établir une communica
tion plus aiſée 8c plus courte , entre les Pro
vinces du Tucuman 8c du Paraguay , que
l'on cherchait depuis long-tems. Les Miſ
ſionnaires des ltatines en écrivirent a leur
Provincial, lequel pria le Pere Romero,
qui ſe trouvoit pour lors a l’Aſſomption ,
de ſe charger de cette entrepriſe, ſuppoſé
qu'il jugeâr qu'elle pût réuſſir.
1l partit ſur le champ z 8c comme en ai
141. HISTOIRE
TM
L645.
rivant aux Itatines il connut qu'elle étoit
fort du goût, non-ſeulement des Million
naires, mais encore des plus anciens Néo
phytes , il ne crut pas devoir examiner da
vantage , 8L ſe mit en chemin avec le Pere
Maiiſilla , un jeune Eſpagnol , nommé
Matthieu Fernandez , qui étoit reçu dans
la Compagnie , 8L quelques ,Itatines des
plus zelés , traverſa une partie du Païs qui
ſervoit de retraite aux Payaguas , 8L après
dix—huit jours de marche , arriva aux pre
mieres Bourgades des lnfideles qu’il cher
choit. Il vouloit encore aller plus loin ,
pour mieux reconnoître ce Païs 5 mais les
Indiens lui conſeillerent de commencer par
faire un bon Etabliſſement chez eux pour
lui ſervir de retraite en cas qu'il rencon
trâr des Peuples ennemis , 8c pour ne pas
s'expoſer_‘a manquer tout , en voulant trop
embraſſer à la ſois.
Il les crut, 8L ſe vit en peu de jours aſſez
de Proſélytes pour en former une Réduc
tion. Il fit donc planter une Croix 8L bâ
tir une Chapelle 5 puis il écrivit à ſon Pro
vincial pour lui demander des Ouvriers,
ajoûtant qu'il eſperoit d'avoir bientôt de ñ
quoi en occuper beaucoup. Il envoïa cn
ſuite le P. Manſilla à l'Aſſomption,avec une
,Lettre pour le Recteur du College de cette
Ville, par laquelle il le prioit de lui en
voïer luſieurs choſes dont il avoit beſoin
pour ſii nouvelle Réduction. Enfin il con
édia les Itatines , à la réſerve de fix. Reſté
ſeul de Prêtre au milieu d'une multitude
d’Indiens , qui groſſiſſoit tous les jours , il ?ne
donnait guere de relâche _a ſes travaux apoſ
DU PARAGUAY. Liv. XI.. r4;
toliques , que pour traiter avec Ieſus-Chriſt 7T”
des moïens de le faire adorer dans l'im— 45'
menſe étendue de Païs , qu'il entreprenoit
de ſoumettre a ſon Empire.
Le Seigneur avoit d'autres vues ſur lui , MMΟYÛ du
8C ne vouloir pas differer plus long-tems R°"T"° ’
à couronner le zele 8c les travaux d'un des EÊÈÃEHJÏUË
plus laborieux 8c des plus illuſtres Miflion- d'un nazi….
naires qu’ait eus le Paraguay.- Un puiſſant
Cacique étant venu par haſarda la nouvel
le Reduction , le Pere lui parla de ſon pro
jet , 8C ſe flatta de l'avoir engagé 'a lui ame
ner toute ſa Nation. Il ſe trompoit , le
Barbare avoit déja réſolu ſa perte 8c la rui
ne de ſon Egliſe naiſſante." De retour chez
lui, il inſpira toute ſa fureur a ſes Vaſ
ſaux : quelques Déſerteurs Itatines , 8C
d'autres Indiens ſe joignirent a lui, 8c tous
jurerent la mort.du Millionnaire. Le Caci
que prit les devants avec quarante Hommes
choiſis, pour le ſurprendre; mais le Servi
teur de Dieu n’attendoit déja plus que le mo
ment de lui faire le ſacrifice de ſa vie. Peu
de jours auparavant , comme il prenoit ſon
Breviaire pour réciter ſon Office , il le trou
va tache' de ſang en pluſieurs endroits , 8c
il eut en même tems une forte penſée qu'il
ne tarderoit pas à cueillir la palme. du Mar
t re, qu’il avoit déja manquéc plus d'une
Ibis dans la Province d'Uruguay. Il en fit
confidence a un des Itatincs qu'il avoit re
tenus avec lui, 8c ce vertueux Néophyte, qui
ſe nommoit Gonzalve , lui proteſta qu'il.
mourroit avec lui.
L'Homme apoſtolique étoit encore tout
occupé de cette agréable penſée , lorſqu'on
14.4 Hrsroxnr
vint lui dire de la part du Cacique qu'il
I645.
arriveroit le lendemain avec luſieurs de I

ſes Vaſſaux pour vivre ſous a conduite.


On le pria de ne pas s’y fier 8c de ſe met
tre en lieu de ſûreté ; mais il répondit qu'il
avoit promis au Cacique de Pattendre , 8c
qu'il ne croïoit pas devoir lui manquer de
parole. Le lendemain de grand matin ,
une vieille Indienne vint toute eſiouffléc
lui dire que s'il vouloir ſauver ſa vie, il
Ëéloignât ſans tarder d'un moment; qu'une
trouppe de Barbares venoit de fort loin,
aïant le viſage 8c le corps peints , comme
ils avoient accoutumé d'etre lorſqu'ils vou
loient faire un mauvais coup ~: il répondit
qu'il ne pouvoir lui rien arriver de plus'
avantageux que de ſceller de ſon ſaqg les
vérités qu'il prêchoit 5 8c que ſon aug,
répandu pour le ſalut des Ennemis de la
Religion , ſeroit peut-être , de ſes Meur
triers , de fideles Diſciples de Jeſus-Chriſt.
Il apperçut dans le même tems ſon fidele
Gonzalve, qui ſe diſpoſoit à le défendre;
8c il lui dit qu'il ne s'étoit point expoſe' à
tant de dangers pour faire la guerre, mais
pour donner la connaiſſance du vrai Dieu
'a ceux qui ne le connoiſſoient
— pas. En ache
vant ces mots, 1l alla au-devant des Bar \
bares_ , accompagne' du ſeul Fernandez , _a
qui_ il avoit inſpiré tout ſon courage. Dès
qu il fut a portée de s'en faire entendre,
il leur dit que ſon unique deſſein en ve.
nant dans ce Païs, avoit été de les affranchir
de la ſervitude du Demon, 8c ’qu’illcs ex7
hortoit à profiter de la grace que Dieu leur
faiſait de vouloir bien les recevoir au nobm
re
DU PARiiGUAY. Liv. XI. 145
bre de ſes Enfans. En parlant ainſi il S'étoit -~*--4
approché
ſens, 8C ild'eux; il leur
les invira fit deſepetits
à venir pré- ſi 1645'
rafraîchir
tandis qu’il alloit célébrer les ſaints Myſ
teres. Il prit en méme tems 1e chemin de
la Cha elle , 8c il étoit 'près de commencer
-la Me e, lorſqu'un Cacique nommé Don
na, qui l'avoir ſuivi avec le Chef de ſa
Trouppe , lui déchargea ſur la tête uncoup
de macana de toute ſa force.
Un Infidele, qui étoit préſent, lui de
manda s'il étoit ſou de traiter de la ſorte
un Homme, qui bien loin d'avoir jamais
fait de mal à perſonne., n'était occupé qu'a
faire du bien 2-. tout le monde : n prends
n garde à toi-même, répondit le Barba
n re , car vous méritez tous la mort pou-r
:a avoir reçu chez vous ce Prêtre étran
a: ger «. Gonzalve, qui accouroit au ſe
cours
me temsdu Serviteur de fleche
percé d'une Dieu , qui
fut leen reſſn

verſa mort , 8C Fernandez ut maſſacièé


dans le même inſtant. Le P. Romero re -
piroit encore ;_ 8c une Indienne étoit ve:
nue avec de l'eau chaude pour läiver ſa
laie,5 ,rriiiis
Ïir u'elle
les ſeBalibarcs
romettoit bien retizrper,
la firent e Gue

redoublerent leurs coups ſur la tête du


ſaint Homme , lui ouvrirent le ventre pour
en arracher le cœur , lui couperent les
doigts 8c la gorge , 8l commirent mille
indignirés ſur ſon corps.
Ils pillerent enſuite la Chapelle., profa- Lalÿécluôiioi
nerent les Vaſes ſacrés , 8c tcrminerent ffl WWW**
cette ſanglante ſcène par une pratique ſu
perſtitieuſe qui eſt en uſage parmi eux
Tome, III. G
146 Hrsrorne
*ï--í- quand ils ont tué un de leurs Ennemis : ils
554'5- inſérerent les doigts, qu'ils avoient cou
pés au Serviteur de Jeſus-Chriſt , dans l'ou
verture qu'ils lui avoient faite au ventre ,
perſuadés que par- la ils ſe mettoient à l'a
bri de la vengeance qu'on voudroit tirer
de ſa mort. Les cinq Itatines qui reſtoient ,
8c dont un étoit bleſſé , ſe retirerent ſans
qu'on leur dit rien , 8L porterent chez eux
ces triſtes nouvelles , ſans rentrer dans la
Réduction que le Pere Romero avoit fon
dée , 8L dont tous les Habitans s'étaient
déja diſperſés. ~ ’
On a ſu depuis, que le premier deſſein
des Barbarcs n'étoit pas de précipiter ainſi
l'exécution de leur projet 5 mais qu’aïant
appris en chemin que la Réduction étoit
ſans défenſe , parceque preſ ue tous
les Hommes étoient allés à la éliaſſc , ils
jugerent à-propos de profiter de l'occaſion.
_Les Chaſſeurs a leur retour furent au dé
ſéſpoir de ne s'être pas trouvés chez eux
pour ſauver leur Pere , qu'ils inhumerent
le plus honorablement qu’illeur fût poſſible,
auſſi-bien que les 'deux Compagnons de ſon
martyre, 8L au bout de ſix mois le corps du
P. Romero fut transferé aux Itatines. Ce
Pere étoit né à Séville 8L avoir paſſé fort
- jeune au Paraguay, ou il avoit été reçu
dans la Compagnie par le Pere de Torrez.
Nous avons vû la part qu'il eut à la conver
ſion des Peuples de la Province &Uruguay 8c
du Tapé. Sa précieuſe mort arriva le 2.2. de
Mars 16.”.
Le mauvais ſuccès de ſa derniere expé
didou ne rebuta point le Pere Manſillaz 8L
DU PARAGUAY. Liv. Xl. i4~7~
i! prenoit déja des meſures pour rétablir ia
/ ñ - d
Reduction que ſon Fondateur avoit cimen- . i645' '
tée de ſon ſang, l0rſqu’une Armée de Ma- Ï~² Mafflffl”
melus , qui- noſoient-plus
. -
ſe meſurer avec aux !latines z
\zmonmirc
les nouveaux Chrétiens du Parana 8c de …é par c”.
!Uruguay , tomba à Yimproviſte ſur les Btigands.
Itatines , quiuiſétoient pas li bien armés,
ni a portée etre ſi promptement ſecourus,
8c quil étoit. beaucoup plus aiſé de ſur
prendre-Ils les ſurprirent en effet: le If." *
François Arias ſur tué -dans la Réduction ’
qu'il gouvernoit 5 un grand nombre de
Néophytes furent mis à la chaîne , 8c ,ce '
ne fut as ſans
. beaucou
, de. eines ’ q u a
près la retraite de lEnnemi ,. on put re
cueillir
l I
des débris de cette Eoliſe
f) 3
aſſez
de Néophytes pour en former deux Bour
gardes.
Cependant Dom Bernardin de Cardenas Conduite de
avoit fixé ſa demeure à Corrientès, Oli l'on PFVŸQ” dl)
fur extrêmement \ſi-.irpris de le voir agir P²'²Î5“²Y "
comme s’il en eût été le Gouverneur &Coſiiſſwſimſiſſ
Flîvêque,
. dépoſant à ſon gré les Officiers
\ de
Juſhce en nommant dîautres a leur, pla
ce , faiſant des Ordinations ſans demiſ
ſoites , 8c nonñſeulemcntſans en avoir de
mande' la permiffion au grand Vicaire nom
mé par le Chapitre de Buenos Ayrès dont
le Siege épiſcopal étoit vacant, mais en
core malgré les oppoſitions que cet Ecclé
ſiaſtique lui avoit fait ſignifier. Les Jéſui
tes n’avoient point encore de Maiſon dans
cette Ville; mais comme llS étoient obli
I ï
ges d y paſſer ſrequemment, 8C que les ſe-ñ -
cours ſpirituels y manquaient aſſez ſouvent,
xlsnc pouvaient ſe diſpenſer d'y Faire-de _'
G ij
148 HISTOIRE
tems en tems quelque ſéjour , à la priere
.1645 des Habitans.
L’Evêque du Paraguay le trouva mau
vais , les interdit , 8c ſa mauvaiſe humeur
s‘e'tendit juſques ſur ceux ui leur don
noient l'hoſpitalité. _Il en u oit ainſi après
.avoir reçu deux citations pour aller rendre
compte de ſa conduite àl’Audience roïale
516,5 Charcas , auxquelles il n'avoit eu au
cun é ard 5 il ñn’y répondit même que par
des rccriminations contre le Gouverneur
du Paraguay 8c contre -les Jéſuites. Sa pre
miere occupation , dès .qu’il fut arrivé à
Cotrientès, avoit été de dreſſer un Mani
feſte ſur tout ce qui s’étoit paſſé au ſujet
de ſon exil; 8c il Favoit envoïé avec une
Lettre du même ſtyle, datée du troiſieme
de Janvier , àxſEvêque du Tucumau, par
ſon Neveu.
, 5a Lettreà Le P. de Cardenas \ne trouva_ point D,
fläsrêque du Melchior Maldonado a Santiago; 8c aïant
'ſi yucumô":
ſu qu’il en éſſtoit parti Pour aller faire ſa
viſite à Rioja, il ne jugea pointä propos
de l'y aller chercher; il ſe* contents. de lui
envoïer la Lettre de ſon Oncle. Ce Pre'
lat y parloir d'abord du Gouverneur du
Paraguay avec le dernier mépris 3L ſans
y menager les termes , le repréſentant com
.me un cmportéfflui avoit .oſé mettre ſacrile
gement la main ſur ſon Evêque, ſans au
cun égard, ni Pour ſa perſonne, ni Pour
ſa dignité , ni pour la ſainteté de ſon ca
ractere. Il le traitoit de violatcur des Droits
ſacrés de PEgiſcopat , de la Iuriſdiction 8L
.des lrnmunités de FEgiiſe; 8c il ſe plai
.gçtoit qŒaPrès tant (Yexçès , donc il ny
bi) PARAGUAY. Liv. XI. ſ45
&Voir pasd'en
au lieu un ſeul
être qui
puninepar
méritât la mort 2
les Tribunaux 1 4"'

ſupérieurs, comme il devoit l'être , il en


avoit été comblé &honneurs 8c de récom
penſes.
Mais comme il ne voïoir dans D. Gre
orio de Hinoſtroſa que le vil inſtrument
ge la fureur des Jéſuites, c'eſt priiicipa
lement ſur ces Religieux qu'il déchargeoit
toute l'amertume de ſa bile; 8c il eſt vrai
de dire que quand il auroit eu à peindre
les plus déteſtables 8c les plus mépriſables
des Hommes , il n’auroit pu emploïer d'au
tres traits ni d'autres couleurs. Tout cela
étoit avancé avec autant d'aſſurance, que
ſi leur Procès criminel eût été dreſſé dans
les formes les plus juridiques , 8c qu'ils
euſſent été convaincus de, maniere à ne
pouvoir rien répliquer. Cependant, comme
il prévoïoit bien que l’Evêque du Tucuman
ſeroit inſtruit de tout pandes perſonnes qui
penſaient tout _autrement que lui ſur le
compte des Jéſuites, pour Fintereſſer dans
ſa cauſe il lui donnoit avis que ces Peres
avoient oſé dire que lui-même 8c ſon Pro
viſeur avoient encouru les cenſures pour
l'avoir conſacré ſans Bulles. Il eſt pour
tant certain qu'ils n'en avoient point par
lé. Mais D. Bernardin le concluoit des
Ecrits qui avoient été publiés pour prou
ver que lui-même étoit lié par les cenſures ,
8c dont il S'étoit mis dans la téte que les
Jéſuites étoient les Auteurs.
L'article,de ſa Lettre ſur lequel il ap
pu’i~oit
penſable,davantage, étoit l'obligation
ou ilſi prétendoit indiſ
que D. Melchior
G iij -
15a HXSTOÎRE
' étoit, &aſſembler un Concile provincial, en
1645.
qualite' de plus ancien Evêque de la Pro
-vince, 8c le Siege Métropolitain étant va~
cant: car , di-ſoit-il , il ne s'agit de rien
moins que d'arrêter , ce qui ne ſauroit ſe
. faire trop tôt , le débordement des crimes
8c des ſacrilcges qui inondent le Paraguay;
que de faire ceſſer un ſchiſme qui déchire
FEgliſe 5 que de condamner des héréfies
monſtrueuſes enſeignées par les Iéſuites;
que de reſtituer à FEgliſe ſes Privileges 8C
ſa Juriſdiction; que &empêcher que l’on ne
continuät a dépouiller les Evêques de leurs '
biens 8c de leurs droits z que de la ſûreté
de leurs perſonnes; que de mettre un frein
à la cupidité des Uſurpateurs du Domaine
8c du Patronage de Sa Majeſté z que de
faire ceſſer le commerce qu’ils ſont de For
du Paraguay avec les Etrangers , au grand
préjudice des Finances du Roi; enfin que
de garantir de -la damnarion éternelle \fn
nombre infinidAmes rachetées au prix du
.ſang d'un Dieu, 8L quipériſſent parcequïzh
l eur en ſei ne une D o ct rinex fon d'ee ſur des
'
principes érétiques 8c ſchiſmatiques.
Pour engager encore davantage l’Evêqu'e
du Tucuman à ne point - differer la convo
cation de ce Concile , D. Bernardin , aprés
l'avoir menacé de la colere divine s’il reſu
.ſoit d’emploïer un moïen ſi efficace pour la
gueriſon de tant de maux, après lui avoir
rappelle' le Decret du Concile de Trente
qui ordonne la -tenue fréquente des Con
ciles_ provinciaux , 8C conclu de tout cela
qu'il étoit obligé , ſous peine de péché mor
ztel, d'en aſſembler un au plutôt , il ajoû

ï
o
DU PARAGUAY. Liv. XI. 151
—.—>—————SL
ta: I3 je vous le demande de la part de I64Ÿd
:a Dieu, des bienheureux Apôtres, 8c de
Il notre Mere la ſainte Egliſe , avec humi
33 lité 8c avec les plus grandes inſtances;
de je vous en requers ayec tout le reſpect
:a qui vous eſt du , 8l je vous y exhorte en
d: proteſtant de tous les dommages irrépa
a: rables qui s'enſuivront inſailliblemeiít
I) de votre refus. Que Dieu ne le permette
33 pas; qu'il inſpire a votre Seigneurie il
33
luſtriſlctime une réſolution ſi néceſſaire;
ä qu’il l'éleve enſuite ſur le Trône de la'
D3 Métropole 8c l'y conſerve pendant un
D) grand nombre d'années , ainſi que je le
n deſire pour le bien de l'Egliſe. A Cor
rientès , ce troiſieme de Janvier i645. ’
On voit par cette Lettre , 8c on le verra
encore mieux par quelques autres qui ſe
trouveront dans les Preuves, que tout ce
que D. Bernardin de Cardenas avoit une
foisimaginé, 8C tout ce que lui avoient dit
certaines gens, ſe tournoit dans ſon eſ
prit en évidence , 8c que la force de_ ſon
imagination le fixoit de ſorte a ſon objet ,
que les réflexions qui devoient naturelle
ment l'arrêter ne s'y préſentoient pas. Car,
que pouvoir-il eſperer d'un Concile préſidé
par Domaſſez
noiſſoit Melchior
pour Maldonado
ſavoir qu'il ,nequ'il con
pſienſeroit
jamais comme lui , non-ſeulement au ſujet
des Jéſuites , mais encore ſur la conduite
qu'il avoit tenue dans le gouvernement de
ſon Diocèſe, puiſqu'il lui avoitſi ſouvent
marqué par écrit le jugement qu’il en por
toit; 8c comment pouvoir-il lui cnvoïer
par ſon Neveu ſa Lettre 8C ſon Mémoire,
G 111L
l”, His-ſoin:
ſachant ce qu'il penſoit de Religieux ?ſiſſ
1645.
Mais incapable de revenir ſur ce qu'ils?
toit_ une ſois perſuade', il ne pouvoir pas
croire qu un alutre (peníät, autrement que
1m. Auffi la repon e de lEveque du Tu
cuman ne fit-elle aucune impreflion ſur lui ,
.
quoiqu , elle ſur
… tres . revenir
\ propre a\ le faire .
de les préjugés; on en jugera : la voici.

MONSEIGNEUR,
.
Réponſe de s Il y a dans la Lettre de votre Seigneu
Hîvêque du rie illuſtriffime trois articles auxquels il
Tucuman. d) faut que je réponde d'abord. Le premier
à) regarde ce qui vous eſt arrive' en der
nier lieu, à' quoígvous ajoûrez que l'on
à) m'a mis en cauſe, auſſi-bien que mon
PÎOVÎſÊUT i I ) , pour vous avoir conſa
cre' ſans avoir vu les Bulles du Pape. Le
G ſecond eſt que les Peres de la Compa
73 gnie de Ieſus ſont les Auteurs de tout le
I) mal, 8c qu'ils ont dit qu'ils avoient été
I) inſtitués pour réformer les Evêques , 8C
D) beaucoup d'autres choſes dont les unes
ſont hérétiques 8c les autres approchent
D) fort de Fhéréſie. Par le troiſieme vous
33 _me preſſez vivement de convoquer un
33 Concile provincial, 8L vous me ren
93 vo~1~ez ,. pour être mieux inſtruit, à la
ï) Relation que devoit me communiquer
le P. Fr. Pierre de Cardenas. Térois à
Rioja lorſque ce Religieux arriva a San
(r) Ce Proviſeuravoir pas eu Ia diſpenſe de ſe
été un des ChanoinesAſ- faire conſacrer ar un
' ſiflansau Sacre de Dom. ſeul Evêque a :ſté de
Bernardin, qui n'avoir deux Chanoine.;
*Ëîſi

.D U PARAG UA Y. Liv. XI. i5;


____._.—————
s: tiago, 8c il m'a envoïé votre Lettre,
1645.
'ï mais je n'ai point vû la Relation.
d: Je réponds au premier article , que je
d: ne ſais ue croire de tout ce qu’on a
ad mande' uPai-aguay dans cette Provin
» ce , mais je comprends que tout ceci
a: n'eſt pas bon : que les Peres de la Com
» pagnie ſoient la cauſe _de tout , 8c qu'ils
d: lis
n'aient enfante'
dans votre que des
Lettre, maishorreurs , jeque
dans celle l'a ct
8
*ï j’ai reçue du P. François Lupercio , leur
n Provincial, je vois une relation ſuccin
H te, très modeſte , très reſpectueuſe pour
a: votre Seigneurie illuſtriffime, dont il ne'
»a blâme aucune démarche. En la compa
s: rant avec la vôtre , j'y trouve la modeſ
:o tie , le jugement , la gravité , tout Cefl
8 qu’on doit attendre d'un Homme de ſa
*ï naiſſance
az pagnic dſie 8CJeſus.
d'un JeReligieux de la Com
dois le protéger, par
—:v ceque ſen dois juger par ſes actions. Sur*
8 ce PUDCIPC vous 8C moi ſommes d'ac
U cord , puiſque c'eſt une regle apoſtolique,
8 qui nous eſt commune , de protéger la
u a juſtice, 8L plus encore quand il s’agir‘~
U d'un Ordre Religieux, lequel , tandis
USBSUUU qu’on le perſécute au Paraguay, eſt red
cherche' à Rome 8c dans toutes les' ~
Cours. . . . . Cet Ordre ne fait que de'
naître , 8c il compte déja un grand nom-
bre de Martyrs 8c de_ Saints , tous d'un*
rang diſtingue'. Le ſecond' Paul de l'E
gliſeeſt ſorti de- ſon ſein ( i ), 8c on n’a‘?
(i) Dom Jean de Pa- Ordres Religieux, donne
!aſox dans ſon Abregé auſſi cenOmàSaintFranr
\Le L'Etabliſſement. des gais Xavier.
GV
4154 His-remis'
———ñ————í
39 point encore vû de Jéſuite hérétiqucs. . 1
1645.
I) . . . Tout ce qu’il y a de perſonnes —ſen‘

DI ſées regardent l'or 8c les Mines du Para

31 guay comme une invention deYEnFel:

D) Pour détruire leurs Reductions.

d: Mais, Monſeigneur, mettons dans la.


-oz balance, d'une part douze mille écus
33 que Sa Majeſté tire de l-a caiſſe de Bue
5; nos Ayrès pour cette bonne œuvre , 8c
23 de l'autre des millions d'Enſans baptiſés
I! 8c des centaines de milliers d~Adultes
d!! convertis 8c civiliſés après avoir c'te ti
rés de leurs Forêts dans des Pa~is oû au- ſi
d)

D) cun Eſpagnol n'avoir mis le pié , aux yeux


33 de Dieu 8c de la raiſon cela eſt d'un grand
373 poids; leurs Temples ſi riches 8c ou le'
I) Service divin ſe fait avec tant de .céled
D) brité : que de ſueurs, de fatigues-&c de.
D) dépenſe cela iſa-il point coûté? Voila les
3) Mines d'or du Paraguay. Si ces Peres
D: étoient ſi avides &accumuler des richeſ
D) ſes, ils Ïauroient pas donné, comme.
d) on les accuſe d’avoir fait, trente mille
écus d’or a un Gouverneur dont ils iſa
I7 voient rien a eſperer. l'ai ſouvent cher
3) che' par quelle voie ils pouvoient en
ya: voïer leur or dans les Païs étrangers 8C
D3 aux Ennemis de l'Etat, jene puis le de
57 viner; ce n'eſt certainement point par
S. Paul de Pitarixiingue. . . Paſſons axe
I) qni regarde Fhéréfie.
I) Que votre Seigneurie illuſtriffime re'
.II -ponde à quiconque viendra pour en ac
cuſer les Jéſuites , qu’il eſt un Impoſ
I) teur; qu'elle lui inrerdiſe Fentrée de ſa
Maiſon comme à un. Calomniateur, 8C
'DU PARAcUAY. Liv. Xlſi 155
'So il ne ſera bientôt plus parlé de ſchiſme ~*'*~'ſſ**~
:a 8c d'héréſie. J'ai toujours obſervé, Mon- I645 '
a: ſei neur, que dans tout le fracas qu'on
ï: a ait contre la Compagnie, on ne s'eſt
D: point encore aviſé d'accuſer ces Reli
» gieux de frequenter les Femmes, de les
=> ſolliciter , ni d'aucun crime qui regarde
:-a les mœurs 8C que la fragilité de notre 11a
:a ture pourroit rendre plus croïables : Dieu
ï- a permis qu'on ne leur imputät que des
a choſes qui n'ont aucune vraiſemblance -,
n 8( ſur quoi ils n'ont pas beſoin de ſe juſ
n tiſier. Ils n'ont pourtant pas été peu mor
” tiſiés de ſe voir accuſer d’he'téſies 8C des
v» autres crimes dont vous les char ez;
>- mais ils ne ſauroient mieux S'en décu]
=> per, qu'en parlant comme ils ſont de
a: votre Seigneurie illuſtriſſune avec tant
d: de reſpect 8c de révérence , 8c ne ſe plai
o:D: gnant jamaisqu'on
perſécutions de ceux ui ont part aux
leurſlhſcite.
a: Quant au Concile provincial que vous
a: voulez ue ſaſſemble, j'ai pleinement
a: ſatisfait a mon obligationvſur ce point
a: tant qu'a vécu Fſhóchevêque de la Plata,
d: 8c on m'en a rendu un bon témoignagen
a: D'ailleurs, pour faire ce que vous ſou
I: haitez , ce n'eſt pas aſſez que ce ſoit à".
a: moi à le faire, il fautcncore qu’il y ait
33 des Evêques que' je puiſſeîy inviter. Il
- :a faut de plus qu'ils puiſſent ſſconfereräc- '
:a conſulter enſemble ſur les… ſujets dont?
Id on doit traiter dans-ce- Concile ,— pour”
D: en juger avec plus de maturité; car des
9: matieres de cette importance \le ſedéñ
»ñ cident pas legerement. Je ne reſuſclfflſſri
G vi)
i156 HISTOIRE

~-I 645~_-n jamais de riſquer ma vie &mon honneur;


a l-ll de ſacrifier mon repos , quand ll Sa
a: gira du Service de Dieu 5 mais je ne vou
d: drois pas , pour éterniſer mon nom
v: remuer un doigt de ma main. Tout e
:a doit faire dans l’ordre 8c ſelon le droit 5
v c'eſt la reole que je ſuivrai toujours,
33 quand il era- queſtion de convoquer un
a: Concile.
aa Or il eſt bon que vous ſachiez que le
a Seigneur Evêque de Miſiié ne ſeroit pas
W actuellement en état de s'y rendre-,que
5a celui dela Paz eſt mort , 8c que celui de
I) Buenos Ayrès n'a pas encore pris poſſeſ
\ï ſion de ſon Egliſe, ni acquis l'expérien
a: ce néceſſaire pour juger ſur des affaires
au auſſi im ortantes que celles dont il s'agit.
_n Il ne rc e donc que vous 8L moi , qui ne
a: ſerons-jamais de même avis, parceque ,
:a vous l-e ſavez auſſi-bien que moi , je _
da dois examiner mûrement toutes choſes ,
d: .Sc prendre conſeil de pluſieurs perſonnes.
s.:- gion
qui aient
8c debeaucoup
ſcience. de probité
Cſieſt même, de
unereli
néct
35 ceffité pour moi que je prenne les avis
ds des Peres de la Compagnie, ce que je
a: ne manquerai jamais de faire pour tout
f” ce qui regarde le gouvernement de mon
:n Diocèſe. Non-ſeulement ils me conſeillent
ao .bien , mais ils 'me contrediſent quelque
” fois, 8c je leur en_ ſais bon gré'. Ils ne
;d me réſorment pas comme Evêque , mais
dd ils mbvertiſſent de ce qu’il a de dé
:n fectueux dans le Frere Melchior. Mon'
, ao état eſt plus parfait que le leur : en qua
» lité' &Evêque je ſuis leur Maîtrez cela
d! PA RAGUAY. Liv. XI. X57
i” mïmpoſe
r: terre l'obligation
, mais d'étre
je ne ſuis pasleaſſuré
ſel dela
dſſe
—.——:_È
I‘44ſc

a: 'être ‘ *
== Vous me demandez , Monſeigneur,
a: que je vous conſeille ſiir ce que vous
:a avez à faire: mais comment pourrois
:a je conſeiller un Evê ue , Dieu ne m’a'i'aut
:a chargé ?ne dela con 'uite de mes Brebisl
D: Vous avez mieux que moi quelle eſt
a: la regle d'un Evêque . . . . Je voudrais
a: me ſouvenir toujours que la puiſſance ,
n qui m'a été donnée dans ma conſécra
D tion, 8c que je vous ai communiquée en'
ad vous conſacrant , ne conſiſte pas in
a: ſplcndore veflium , ſezlmorum; non da'
:a iram , fed ad omnimodam patientiam. No
» tre Seigneur , qui eſt le Chef des Evé
=> ques , nous.a dit , s'ils m'ont pcrſëcute' ,,
3D ill" vous perſïcuterorit; 8L juſqu'où l'ont
a: ils perſécuté? juſqu'à Parra-cher a une
o: Croix , juſqu'à ne lui pas laiſſer une
ad goutte de ſang dans les veines.
a: Or du haut de Ia Croix a-t-il traité
a: Pilate &Hérétiqueë a-tñil dit des inju
dz res aux Phariſiens? . . . Je le vois don-ñ ,
v: ner ſon Paradis au Bon Larron qui ſe
d: repentoit de ſon péché; l'autre l'offen
a: ſoit, 8c il ne lui dit rien qui marquât
d: du reſſentinent. Il prie ſon Pere de par
31:- donner à ſesperſécutés
encore été Bourreaux... Avons-nous
juſqu'à Feffuſionſſ
1a de notre ſang? Avons-nous été comme
J: lui couronnés d’épinesê notre pauvreté
:a égale-t-elle la ſienne ? . . . jevous dis,,
dd Monſeigneur, ce que je ſais de notre
_a Chef ; je ne vous dis point que je fins.
'158 Hrsrorks
Ë-_Àîà

M45.
D) ſon exemple; je ne vous dis point que'
à: vous ne le ,ſſje
permettez ſuivez pas;dirai
vous maisceſique'l’on
vous meatle
I)

3d tend de vous 8e de moi. Bien des gens


D) ne cherchent ſouvent qu'à nous irriter
D) par leurs mauvais conſeils , 8c à nous
d) aire manquer à ce que la Religion, 8c la
I) ſainteté du caractere dont nous ſommes
revêtus, exigent de nous 3 comme les
I)

33 Phariſiens en uſerent à l'égard de notre


33 Chef, en lui diſant , ſi vous êtes le Fils
J) de Dieu , deſcendez de la Croix.. . Les
I) mauvais Conſeillers nous tiennent a-peu

38 près le même langage , quand ils nous


I) exhortent à punir les injures qu’on nous

I) a faites.

Conduite du Cependant le Gouverneur du Paraguay ,


Gouverneur non content d'avoir inſtruit les Tribunaux
8c des Iéſui ſupérieurs de l'Amérique des raiſons qui
ces après le
départ de l'E Favoient obligé de faire ſortir Dom Ber
lêque. nardin de ſa Province , avoit envoïé au
Conſeil roïal des Indes des Procès-verbaux
en bonne Forme de tout ce qui s’étoit paſſé
dans ſon Gouvernement depuis que ce Pré
lat y étoit entré , pour lui faire connoitre
qu'il ne lui étoit reſté aucun autre moïen_
d'y rétablir Fordre 8c la tranquillité, d’en
prévenir la ruine entiere, a ſli-bien que
celle des Réductions du Pärana, 8c dc faire.
ceſſer les ſcandales qui s'y multiplioient
de jour en jour. Les Jéſuites prirent auſlï.
de leur
nir côte leurs
les ſuites de laprécautions
perſécution pour
qu'ilspréve~—
ſouſſiñ_
froienr , 8c nommerenr un Inge-Conſerñ
vateur (c) ,auquel en vertu d'une Bullede;
(1) Voïez le Bullaire de Grégoire Cc:
_ Sd Pirxcxîiv; Liv. XI. T,, _ — _.
ae Gregoire Xlll , reçue dans tous les Etats ~—~——
'du Roi Catholique ,cette qualité donne 164 '~
droit de sbppoſer, au noi-ri de Sa Majeſté,
Zi tout ce qu’on voudroit entreprendre ſur
leur honneur, ſiir leurs biens 8c ſur leur
vie, 8C de faire le Procès à quiconque au
roit exécuté de pareilles entrepriſes.
Dom Grecrorio n'avoir pas manqué de --—-'
1 - ~ I646.
prevenir
rétablir au iautorité
ſon le Conſeil ſur ceanéſiantie
preſque que , .pour _
par L” hdœn"
~ du Patanæñ
les intrigues de l’Evêque , il ne lui étoit tendent un,
reſté d'autre reſſource que &appeller les Mi- grand ſczviçc
lices des Réductions du Parana , ajoûtant àla Province
ue dans cette occaſion elles lui avoient d** Pfflïälfflîæ
donné les plus grandes preuves de leur fi
deliré , de leur obéiſlance , 8( de leur zele
pour le ſervice du Roi. Elles lui en don
nerent Pannée ſuivante une autre moins
équivoque encore, 8C qui donna lieu a ce
Gouverneur de faire connoître au Roi ſon
Maître de quelle importance il étoit pour
la ſureté de la Province que Sa Majeſté lui
avoit confiée, de ne pas permettre qu’on
inquiétât les Indiens des Réductions, 8C
encore moins que Fon donnät la moindre
atteinte la leurs Privilcges. Les Guaycu
rus, ſortifiés &un grand nombre de leurs
Alliés , paroiſſoient fort réſolus à chaſſer les
Eſpagnols de l’Aſſ0mption;
ratifs s’étoient 8c ſiſi
faits avec un leurs prépa
grand ſeſſ
cret , que le maſſacre de quelques Habitans
dela Campagne ne ſut regarde' dans cette
Ville, que comme une de ces hoſtilités or
dinaires , qui n’avoient pour objet que le
Pape ne ſit qzſexêcuter ce ſaur, avoit réjſolude faire
quc PieV, ſonPtédéccſ- lorſqu'il mourut.
16a H 1 s T o 1 a E
—-—————__
154c. pillage de quelques Habitations, 8c qu'es
pouvoir arrêter avec un ou deux détache
mens de Soldats.
Mais on Çapperçut bientôt que la choſe
étoit beaucoup plus ſérieuſe qu'on ne l'a
voir cru , que c’étoit à la Capitale même
que ces Barbares en vouloient, 8c qu'ils
s'en approchoient avec des Forces ſupérieu
res à celles des Eſpagnols. Le Gouverneur'
en eut le premier avis par le Cacique d'u
ne Réduction du Parma, qui Finſtruiſit en
détail du deſſein 8c du nombre des Enne
mis, 8( à qui il donna ordre ſur le champ
de lever en diligence un Corps de Milices
des Réductions, 8c de le lui amener. Le
Cacique ne perdit point de tems, 8c ſa
promptitude déconcerta les meſures que
prenoient ces Barbares pour fondre~ en mê
me tems de toutes arts ſur la Province,
oii ils ſe flattoient e ne trouver perſque
perſonne qui fût ſur ſes gardes.
Mais ils furent eux—mêmes ſurpris. Les
Néophytes fondirent ſur un grand Corps
de Guaycurus , qui ne sättendoientàrien
moins qu'à ſe voir attaqués, les taillerent en
pieces; 8c' cet tous
terreur parmi échec
lesrépandit une ,ſi qu’il
Confſſéderés grande
ne
parut preſque plus perſonne en campagne.
Dom Gregorio, dans le compte qu'il ren
dit au Conſeil des \ndes de cette Action ,,
rfoublia point de Faire obſerver que s'il n'a
voit pas mis l'Evêque du Paraguay hors
d’état d'exécuter ſon projet ſur les Réduc
tions , il n'y auroit pas trouvé le ſecours.
ui lui étoit venu ſi a-propos; perſonne ne
etant qu'au moment qu'on en aurortfart
a

DU PARAGUAY. Liv. XI. i6!


-————z—
ſortir les Jéſuites qui avoient _ſeuls toute la i646.
confiance de ces nouveaux Chrétiens, ils
auroient tous déſerté , 8C que la Province
couroit riſque d'être erdue ſans reſſource.
Le Prélat exiléñeſiperoit cependant plus l, Ordre da'
Audience
que _jamais de rentrer triomphant dans ſon tout, con-m
Dioceſe : il avoit bien des Amis 8c des Pro- D, geznazdin
recteurs a la Plata, ſa Patrie; il leur adreſ- de Garden”.
ſa ſes Mémoires juſtificatifs, _SC il comptoir
ſi fort ſur leur crédit 8c ſur la bonté de ſa
cauſe , qu'il ne doutoit oint que l’Audien
ce roïale , revenue , di oit-il , des Préjugés
' que ſes Ennemis lui avoient inſpirés contre
lui.’ é: aux
. quels
. il attribuoit
. , trois citations
qu on lui avoit ſignifiexes de ſa part pour
comparoitre perſonnellement devant elle,
ne le rétablit inceſſamment ſu_r ſon Siege.
Mais il fut bien ſurpris d'apprendre que la ‘
Ville de Corrientès oû il étoit , 8C toutes
celles oii il pouvoit trouver un aſyle ,
avoient reçu de cette' Cour* ſupérieure un
i a
ordre de [obliger a\ en
\ -
ſortir , ou une dé
fenſe de le recevoir , S'il nbbéiſſoit 'a celui—
. .
. , , la tranquillité
qui. lui. avoit. éte, ſignifie de
ces Provinces, 8c le ſervice du Roi dépen
dant de ſon obéiſſance ( I ).
Ce coup Fétonna , mais ne le déconcerta -—'-—---—
point. Comme l’Audience roïale le nom- 164547'
moit toujours Evêque du Paraguay , il pré- Il' arrpouct
l'A omption
tendit qu'avant
il falloir qu’il que
allâtdeà partir pour la Plata
l'Allſſomption , du, 8C n'y eſt pas
reçu. -

(i)Que de no obcdeeer, aſſi para ſa quietud de


lo hagan ſalir de los aquellas Provincias , y
Meſh-os Reynos y Se- al ſervicio de ſu ML*
ñorías como ageno y geſtad.
ïſtraño, poi: imporrar
162. His-rein!
j~——-—~—
moins pour nommer un grand Vicaire qui
1646-47.
gouvernât le Diocèſe en ſon nom pendant
ſon abſence; 8c vers la fin de cette année
1646 , ou au commencement de 1a- ſuivan
ce , il S'embarqua ‘a Corrientès pour s'y
rendre. Il n’en étoit plus qu'à huit lieues,
lorſqu'on vint lui ſignifier de la part du
Gouverneur une défenſe d'en approcher
davantage. Il voulut ſe faire débarquer a
l'endroit même oti il \e trouvoit, eſpe
rant de ouvoir ſe rendre à l'Aſſomption
par des chemins détournés , 8c de s'y mon
trer lorſqu'on s'y attendroit le moins 5 mais
ceux qui conduiſoient ſa Barque ne lui per
mirent pas d’en ſortir , 8c, malgré ſes prie
res 8L ſes menaces , reprirent le chemin de
Corrientès.
T Il y reçut bientôt une nouvelle Citation
11 eſt nommé de l’Audience roïale , ſemblable aux pré
àFEvêché de céclentes, qui étoit datée du 1.9 d'Avril
Î’°P²Y²n~ I647, 8c dont l'adreſſe portoit qu'il étoit
nommé- Evêque de Popayan. Cette Ville
eſt la Capitale d'une Province du nouveau
Roïaume de Grenade, qui porte lemême
nom , 8c elle eſt éloignée au moins ,de mille
lieues de L'Aſſomption. D. Bernardin re
garda 'cette nomination comme un bon_
nete exil , 8c il repréſenta au Roi, qui
avoit déja écrit —en conſéquence au Métro
politain 8c au Chapitre de la Cathedrale de
Popayan pour leur en donner avis, que la
longueur du chemin, 8c ſon grand âge ne
lui permetroient point d'accepter cet Evê
ché.
1648. L'année ſuivante Dom Diegue Eſcobar
Il œœuïÿï à Oſorio 5 aïant ſuccedé à Dom Gregorio de
L'Aſſomption
DirPiinAcUAY. Liv. XI. rcct;
_.——————qr
Hinoſtroſa dans le Gouvernement du Para 16H58.
guay , Dom Bernardin de Cardenas n'en
eut pas plu-tôt appris la nouvelle , qu'il par
tit pour l'Aſſomption. Il paroît qu'il en
avoit enfin obtenu la permiſſion de l'Au
dience ro~i~ale des Charcas , ou du Viceroi ,
pour y regler ſes affaires : du moins eſt-il
certain que dans les Inſtructions du nou
veau Gouverneur , il lui étoit expreſſément
recommandé de s'oppoſer à tout ce que
cet Evêque 8c ſes Partiſans voudroient en
treprendre contre les Jéſuites. Le Prélat
étoit cependant plus réſolu que jamais-de
les chaſſer de la Province 8c de leurs Ré
ductions; mais pour mieux aſſurer le ſuc
cès de cette entrepriſe , il voulut aupara
vant connoître ce qu’il avoit a craindre
ou à eſperer du nouveau Gouverneur, En
ptêchant , le jour de la Fête de Saint Pier
re,'il ne put ſe tenir dïnvectiver contre la.
Société; maisilIe
ration qu'à ſit avec plus ſ de modé
ſon ordinaire,
Ce qui le raſſuroit ſurtout , c'eſt_ qu’il ll reçoit une
avoit été reçu à l'Aſſomption aux accla- Lettre de D
mations du Peuple , 8C conduit comme en “a” d* P319”
triomphe au Couvent de S. François, ou\ FOX

il avoitîpris d'abord un logement. Il ſe


flattoit que tous les Ordres de la Ville
avoient pris _part à cette reception , 8C il en
concluoit qu'il ne trouveroit bientôt plus
d'obſtacle à tout ce qu'il~voudroit entre
prendre. Une Lettre , qu’il reçut à-peu
près dans le même tems de Dom Jean
de Palaſox , 'Evêque de la Ville des Anges
au Méxique , le confirma encore beaucoup
dans la penſée que ce quëil méditoit COn
164 H r s -r o' i r. n
Tue les Jéſuites éroioune inſpiration dit
' Ciel. Cette Lettre étoit, a ce qu on a cru
communément , une Lettre circulaire , que
Dom Jean de Palafox écrivoit à pluſieurs
Evêques de l'Amérique , pour les engager
a s'unir avec lui contre les Jéſuites , avec
leſquels perſonne n'ignore les grands démê
lés qu'il eut dans la nouvelle 'Eſpagne , 8c
dont il a dit beaucoup (de bien dans des
Ouvrages qu'il a compo és depuis, étant
Evêque d’Oſma. '
Nouveau Pour revenir au nouveau Gouverneur Elu
Êsgäïäflîyä* Paraguay, ,quoiqu'il fût Membre. de Fnu
En qudlge dience roiale des Charcas , 1l etoit parti de
90Mo,, j] la Plata ſans bien connoître en quelle
trouvela vil- diſpoſition ſe trouvoient les eſprits dans la
1° de, FAF' Capitale de ſa Province, ni ceux aux uels
ſhmpfflm' il pouvoir s'adreſſer pour en être inllmit
comme il étoit népkeſſaire qu'il le fût' : c'é
toit é alement l’e et des informations diſ
férentês , 8L preſque tqujoursſſconrradic
toires, qu'on envoïoit ans ce e de cette
Ville aqu'elles
!ions la Platafaiſoient
, 8L des ſur
diverſes
ceux im
quli rcſ—
en
avoient connaiſſance. Il eſt certain d'ail
leurs qu'a L'Aſſomption bien des Gens
étoient entierement dévoués à l'Evêque;
que l'eſprit de ſédition s’étoit emparé de la
Multitude , 8E qu'elle y étoit entraînée par
Feſperance qu'on lui avoit inſpirée , de voir
pientôt les nouveaux Chrétiens du Parana
oumis au ſervice perſonnel.
ce qui… Dom _Diegue n’étoit cependant pas err
ai-riveenyal- core arrivé dans ſon Gouvernement , qu'il
knt- eut un moïen aſſez fflſ pour connoître de
quoi étoient capables ceux qui étoient ani
DU P ARAGUAY. Liv. XI. i6; \
més par un ſi grand intérêt z car il eut aVlST
en chemin que , ſur un bruit qui avoit cou- l 4' '
ru à_l’Aſſomption qu’il lui étoit expreſſé
ment ordonné de ne pas ſouffrir qu’on en
treprit rien contre les Jéſuites, deux Scé
lératsrln Éltoientdpartis dpour _ll’laiſſ:iiffi(p_er,
ce qui o igea e man er mi e n iens
des Réductions pour —l’eſcorter. La promp
titude de ces Néophytes a ſe rendre auprès
de lui , 8c ,la fuite de quelques perſonnes ,
quand la .nouvelle en eut été répandue
dans la Capitale , acheverent de lui faire
connoître la rande—ur du mal auquel il
étoit charg é e remédier 2 8c il en roſita
.en Homme ſage.
Il réſolut d’abord d’avoir pour PEvê- $3 conduite
que tous les égards dûs à ſon caractere,à l'égard de
8C de ne lui point donner le moindre ſu~et FEVŸQUË &ï
de ſoupçonner qu’il eût apporté de la Pla- d” 3mm***
ta aucune prévention , qui pût alterer tant
ſoit eu labonne intelligence ue le bien
géneral demandoit qu’il c011Ëervât avec
lui , tandis que le Prélac reſteroit dans la
Province. Quant aux Jéſuites, il ſe' com
porta à leur égard de maniere , qu'ils com
prirent que tout ce qu'ils pouvoient eſperer
de lui, étoit qu'ils ne devoient point ap
préhender qu’il ſouffrir qu’on leur _fît au
cune violence , ſoit en leurs biens , ſoit
en leur honneur; 8c il leur rendit par-là.
beaucoup plus de ſervices, que s'il sſiéteit
hautement
Il paroît-déclaré en leur
d’ailleurs qu’ilſaveur.
ne fit
aucune rl-îvêcctjuerec'
démarche pour engager Dom Bernardin àffläuveve F*
ſatisfaire à ce que l'Audience roïale ſiexi- Ffflſi' de P°ſ'
gcoitſidç lui, 8c il-eſt certain _que cc Pré-ſſſiffiſſnîî
166 HISTOIRE
-_.*-:— lat ne ſongeoit à rien moins qu'a ſe rendre
m** àla Plata; car après trois ſemaines de ſé
jour dans le Couvent de S. François, il
étoit allé loger dans le Palais épiſcopal,
Puis il avoit jugé à-propos de renouveller
ſa priſe de poſſeſſion de l’Evêche' du Para
guay. Cette cérémonie s’étoit faire avec
Fapplaudiſſement du Peuple 5 mais quelques
Chanoines avoient encore réiteré leurs pro
teſtations, 8c recommencé à faire l'Office
dans l'Egliſe du College. Le P. Sobrino,
qui en etoit encore Recteur, le P. Diaz
Taño , Supérieur général des Réductions
du Paæana, 8c le P. de Boroa, qui ſuccéda
bientot après au P. Sobrino, s'étaient ren
fermés dans cette Maiſon , 8c ils ne tarde
rent point à être convaincus que Dom Ber
nardin ſſattendoit qu'une occaſion favora
ble pour les en chaſſer.
x1 œœmm…- Il recommençoit déja à publier contre
ce à invecti~ eux toutes les calomnics qu’il avoit fait
\W155 Féſui' répandre depuis pluſieurs années dans la
m' Ville 8c dans la Province. Ses Confidens
le ſecondoientavec zele , 8L ſur-tout un
Frere Convers de ſon Ordre , dont nous au
rons bientôt plus d’une occaſion de parler.
Tout étoit bon a cc Religieux , 8c a ceux
qui liii ſourniſſoient des matériaux pour
—- remplir ſes Libelles diffamatoires. La diffi
culté ſur d’abord d’avoir des preuves, qui
puſſent convaincre le Public impartial; on
connoiſſoit la plûpart de. ceux qui étoient
aveuglément livrés à l'Evêque , 8c leur ſi
gnature n’auroit pas été d'un grand poids.
Pour en avoir qui ne fuſſent-point ſuſpec
tes , voici cc que Fon fit ;
nu PARA cuAY. Liv. XI. 167
On obligeoir juſqu'aux Ecoliehrs à ſi ner , m1548. .
8c on ne leur permettoit pas meme e lire
p ce qu'ils ſignoient. Un de ces jeunes Gens, C°mm°®
nommé Ignace Frza:
- , aiant
.. eu defenſe
, de Jeu, f'
'ſiäéſſâÿäf
ſ

ſon Pere de mettre ſon nom à aucun écrit dans contra


qu'on lui préſenterait ainſi, 8C refuſant en eux
effet d'en ſigner un , fut fouetté cruelle
ment , ſans pouvoir être ébranlé par un
traitement ſi rude. Il entra depuis dans la
Compagnie , 8c y remplit avec honneur les
ppemiers Emplois de la Province. Lorſqu'on
n avoit pas le tems de multiplier les copies ,
on exigeait des blancs-ſignés , que l'on
rempliſſoit enſuite de tout ce qu'on vouloit.
Un paquet de ces blancs-ſignés , qui fut
envoïé dans la ſuite aií Frere Villalon , Pro
cureur de Dom Bernardin en Eſpagne , tom
ba entre les mains des Anglois , leſquels
inſtruits, par les Lettres dont ils étoient ac
compagnés , de l'uſage que ce Religieux en
devoir faire , en furent extrêmement ſcan
daliſés.
Mais tandis que Dom Bernardin étoit ſi UF-vêque
bien ſervi par ceux , a qui il avoit confié Chaſſe 1C5 Jé
ſes intérêts, il ne s'endormoit pas lui-mê- ſfffl” 4'51"**- _
.
me, 8c ne négligeoit . rien,
. ſoit. pour ſon- ti n es '
der les ſentimens du Gouverneur au ſujet
des Jéſuites, ſoit pour Faccoutumer à les
voir dépouiller de leurs Miſſions. Il com.
mença par leur ôter celles des Itarines; 8c
il ſur ſi bien colorer cette remiere renta
tive , que Dom Diegue E cobar Oſorio., ~
qui n'en prévit pas les ſuites, ne s'y op
poſa point. Depuis les derniers ravages des
Mamelus dans ces Millions , on en avoit
tranſporté les débris à l'Occident du Para-_ñ
168 His-rorniï
guay , dans le Canton de Caaguazu , envi
T648. ron à cent lieues au Nord de l’Aſſomption ,
8c on en avoit formé deux Bourgades. Ces
Miſſionnaires, en mettant ainſi le Fleuve
entre leurs Néophytes 8c les Ennemis ,
avoient encore eu une autre vue , que celle
de les garantir de toute ſurpriſe.
Nous avons vû les raiſons qui leur avoient
fait ſouhaiter de fonder des Egliſes de ce
côté-là du Paraguay. Leur premiere renta
tive avoit échoué par la mort du P. Ro
mero : ils eſperoient d'y réuflir par le moïeu
des lratines , qui ſe trouvoient encore au
nombre de trois mille , y compris quelques
autres ,Indiens qui s'étoient joints a eux, 8c
ils avoient tout lieu de croire que ce nom
bre croîtroit beaucoup en peu de tems.
Rien d'ailleurs n’étoit plus avantageux àla
Province du Paraguay que cet établiſſe
ment, parceque ces Réductions ne pou
voient manquer avec le tems de tenir en
regpect les Guaycurus 8c les Payaguas, avec
'le quels on ne pouvoir plus eſperer une paix
durable. Mais le nouveau Gouverneur, ou
n'avoir pas encore compris de quelle im
portance il étoit de leur oppoſer des In
diens ſur leſquels on pût compter, ou ne
comprenoit pas le danger de Voir cette Co
lonie naiſſante ſe diſſiper , ſiñ on en reriroit
ceux qui commençoient à la former : il ap
prit donc avec aſſez &indifférence que deux
Eccléſiaſtiques étoient partis pour aller
prendre la place des Jéſuites aux Itatines.
Il ignoroit ap aremment qu'on leur avoit
donné main- otre pour prendre poſſeſſion
de leurs Cures., 8c on lui cacha ſans doute
que
DU PARAGUAY. Liv. XI. x69 *
que les Jéſuites, qui y étoient au nombre
de quatre, en avoient été chaſſés, rame 1648.
nés à l'Aſſomption , 8c traités ſi rudcment
pendant le voïage , que le P. de Arenas en
etoit mort. - _
Ce qu’il y eut de plus triſte, 8C ce qui DlfflFΑ“°“
ne pouvoir manquer d’arriver_, cŸeſt que dcsmſiſieſſ'
les ltarines ne doutant point qu'on n'en
voulût à leur liberté, en Faiſant ce chan<
gement, ſe mutinerenr; ce qui allarma
tellement les deux Eccléſiaſtiques , que ſil):
le champ 1lS rcprirent le chemin de l’Aſ~
ſomption: ils publierent même en y arri
vant, qu'ils ne comprenoient point com
ment les Iéſuitespouvoient ſubſiſter parmi
des Indiens , qui ne pa~ioient rien, ni
pour les lvleſſes , ni pour les Enterremens.
Enfin les deux Réductions furent bientôt
déſcrtes; 5C FEvêque, perſuade' que les
Jéſuites ne pouvaient faire que cle man
vais Chrétiens, aima mieux laiſſer ſans
Paſteur un Troupeau errant 8c diſperſé,
que d’y renvoïer ceux qui pouvoienr ſeuls
le réunir dans la Bergerie.
L’Audience roïale des Charcas ne penſoit Ce qu’il m
pas de même. Au premier avis qu'elle eut œûſÿ _POW
de ce qui venoit de ſe paſſer aux [racines, l” “un”
elle donna des ordres très précis d'y ren
.voïer des Jéſuites. 'Mais cet Ordre arriva
'bien tard. Une année preſqſſentiere s’é
toit écoulée depuis le dépeuplement des
deux Réductions;
ue paſſent 8L qui
faire ceuſix qneläue
urentdiligence
chargés
de raſſembler les Indiens fſiugitifs , diſperſés
dans des Pals impraticables, à peine en
-purenc-ils, ramener la moitie'. On ne
Tome III. H
170 HISTOIRE
ſautoir imaginer les fatigues qu'ils y eſ
S548.
ſuïerenr : le Pere Manſilla en eut lesjambes
pourries, 8C les vers qui s'y mirent , lui
cauſerent de ſi vives douleurs , qu'on fut
oblige' de le faire tranſporter à Cordoue,
_les Jéſuites n'étant plus alors à l’Aſſomp
tion. Un ſi long voïage augmenta encore
ſon mal , 8c les remedes qu'on lui fit trop
tard, ne le ſoulagerent que très peu. On
ne put _néanmoins lui refuſer la grace qu'il
demanda avec les lus grandes inſtances,
d'aller mourir dans ſa Miſſion.

Fin du Livre enzima.


HISTQIPÏË
PARAGUAY
L [VR E DOUZÏEME.

SOMMAIRE.
LE s .ſeſilitcsſbnt inſulté; &maltraités
à FAſſbmptitÎ/z. Mort flzbite du .Gouverneur,
I-'Evéque ſe fÊzit élire Gouverneur. -Mc
ſure: qu’il prend pour càaſſer le: feſait”
de la Ville. Ils-ſhut c/Xqſſís àmain armée ,
ô' jettcïr dans une Barque ſan.: pro-viſion:
6* ſans Rameurs. Comment il.: arrivent 6*
ſont reçus
College deà Corrientès.
FAſſmſixpti-DnCe après
qui ſé qu’il.:
paſſa au
en
furent ſin-tis. L’Eve’que récompenſé ceux
qui l'ont bien ſervi, 6* envoie un Procu
-rzzzr 4' Madrid. Le Recteur du College de
.Cordoue porte ſés plainte: à FAM-lianes
raï-cle de la Plata. lTEvêçue :fl cite' à
comparaître devant cette Cour fizpérieure.
Dam Sébaſtien de Leon nomme' Gouverneur
du Paraguay par interim. S a conduite pen—
dant les troubles. [NET/c'que ſé détermine,
à ne point le reconnaître en cette qualité , 6
12e veut entendre à aucun accommodement.
Modération de Dom Sébajíien. Les deux
Hij
T77. SOMMAIRE.
Armées en viennent aux mains. Le: Traupñ'
pe; de l’Evc”que ſontdefzites. Dom Se'
baſtien eſl reconnu à F/lſſômptionen qualite'
de Gouverneur. Sd conduite envers l’E~
vigue. Procédures de deux Juges-Confer
a/ateztr. Le.: Jeſuites ſont rétablir à lÿlſſbmp
tio/z. On ne fait aucune recherche contre
ceux qui ont favoriſe' Fufitrpation du Gou
vernement. Proviſeur nomme' pour PET/e”
ëjlzé du Paraguay. LÏER/ëglze arrive à lu
Plata; comment
'fzîeheuſesſſ qu’il y ilapprend.
y eſlreçu. Nouvelles
Sa Lettre au
ctViceroi du Pérou. Un Viſiteur du Para
guayà Santafe', 6- ce qui s'y paſſe. Sen
'rence [le ce Viſiteur. Il refuſe de viſiter le:
Réductions. Défaite des Mamelus parles
'lVéop/zytes, qui obligent auſſi le: Guaycu
rus a' ſe retirer, Ô rebâtiſſènt l’Egli e de
Sainte-Luce. Rcflztation de ce qu'on a
publie' contre le Viſiteur. Nouveau Viſiteur,
&ſi; inſtructions. Nouvelle dénonciation de
Mines (For. Rétractation du Secretaire de
Dam Bernardin de Cardenas. Sentenre de
D. Gabriel 'de Peraltn, çontre les Exe'
' auteurs (les violence: :le D. Bernardin de
Cardenas envers les jéſuites. Lettre du
mime au Prëíſídent du Conſeil roictal de: In..
des. Déc-"zaínemerzt contre les ſeſfitites.
L’Evëque de Buenor Ayres veut les chaſ
ſer des Réduction.: de ſon Diocèſe. Lettre
du Gouverneur de cette Province. L’Evëque
ſe reconcilie avec les .Ïefitites, Services
rendus &cette Province parler Néophytes.
Le Frere Villalon retourne au Paraguay ,
.6- pourquoi. Lettre du Roi a' ÏA/-c/æevëqzze
.de l.: 'Jëlat-T. Lettre de, Dom Bernardin
SOMMAIRE. r7;
ce Prëlzzt. Un nouveau Viſiteur charge' de
fizire examiner le Cat/zeſſc/ziſme que les .léa
ſtſitites enſeignoient à leurs Néophytes'. .Tante
pour cet examen. Ecrit que le Provincial
lui flzit preſenter. Sentiments des Examina
teurs. Le nouveau Dénonciateur des Mine:
d'or s'échappe, 6- eſl arrête'. Sa depoſition:
avis des Mineurs. Nour/elle dénonciation ,—
&ce qui en arrive. Comment on découvre
la vérité. Rétractation du Capitaine Ra
nzire( de Fuenleal. Deux Sentences du
Viſiteur. Dom .ſean de Palaflox écrit au
Pape en faveur de Dom Bernardin. Let
tre de l'Evc”que du Tucuman à Innocent X. —
Autre Lettre du méme a' Alexandre VII;
Traiſîeme Lettre du Roi d'Eſpagne. Secours' -‘
donne' ä propos parles Néophytes au G011
verneur du Paraguay. Ils ſbntattdqzté: par
les Guízycurus , ê' les deſont. .Toute lbzffîzire
du Paraguay évoquée au Conſeil roiſial des
Indes. Le Pere Dia( Taño à' Madrid.
Comment il y eſt reçu. Déc/iaîrzement cn'
Eſpagne contre le: ſeſitites. Le Roi d' ?Tſ
pagne demande au Général des .Ïeſfitites nn
Vſſzſiteur pour le Paraguay. Quel ſut celui
qui fizt nomme'. Il conſulte le Commiſſaire
des Peres de Saint François. Lettre de ce
Commiffizire au Général des Jefitites. En
quel état le Viſiteur , nomme' par le Général
des ſeſhiter, trouve ſtz Province.
I
-Ÿ-_îí
E Parti dc Dom Bernardin de Cardenas 1648-49.
groffiſſoit de jour en jour à l’Aſſomption D LesJéſuites
ſont inſulté:
a la faveur de ſeſpece d'in-différence, ou\ 8c maltraités
paroiſſoit être le Gouverneur à l'égard des à [Aſſomp
H iij tion.
174 HISTOIRE
Jéſuites , 8L qui pouvoir bien être cauſée
1648-49. par la crainte de retomber dans le danger ,
ou il avoit été expoſé en venant de la
Plata. Alors le ſoulevement -contre ces Re
ligieux devint preſque général. A-peine
ouvoient—ilS paroître quelque part ſans
ctre inſultés , &ils n'en étaient pas même
toujours quittes pour des avanies. Le Pere
Diaz Taño , ſi reſpecté par-tout ailleurs ,
8C qui l'avoir été plus-que perſonne dans
cette Capitale, étoit celui, pour qui il
étoit moins Sûr de s'y- montrer. Le Pere
Antoine Manquiano rencontra un jour un
furieux , qui Paborda en lui diſant qu’il~
ne ſavoir àquoi il tenoit qu'il ne lui ar
rachâr le cœur de la poitrine pour le manger.
Enfin les choſes allerent ſi loin , que le
Recteur fut obligé de fermer ſon Egliſe,
8c de défendre à ſes Religieux de ſortir
de la Maiſon , oii ils n’auroient pas même
été en Sûreté, ſi le Juge- Conſervateur n'y
avoit pas fait mettre des Gardes.
_Mort ſubite Ce n'eſt pas qu'ils ifeuſſent encore bien
du Gouvcrr des Amis dans la Ville; mais comme l'E
neur. vêque les avoit de nouveau déclarés excom
Ænuniéä , perſonne n'oſoit avoir aucuqe
orte e communication avec eux, 8c e
Gouverneur, qui ne doutoit point de la
validité de Fexcommunicarion, ne leur
donnoit aucunefflſiiſtance , de peur de tom
ber dans les mêmes embarras , …i lon Pré
déceſſeur s'étoit ſi ſouvent trouvé. Dom
Bernardin ne le' ména eoit pas beaucoup
lui-mêrne, 8c pierſuad qu'il Ïobltienílräiit
jamais
Jéſuites on
, ilcon
évitaenrement our lui exi
avec ſoinpdc en pares
DU PARAGUAY. Liſſv. XII. 175²
.
cette. barriere,
.
que le Prélat n , o- ___—.———d
ler. Mais I549,
ſoit franchir , tomba lorſqu'on y penſoit
le moins. Dom Diegue mourut preſque ſu
. bitemcnt après avoir pris un remede qu’on
lui avoit envoïé ,ëen Paſſurant qu’il étoit
ſouverain contre une incommodité qui lui
étoit ſurvenue.
A-pcine eut-il les yeux fermés, qu’on T-;Të-,Vfë-*Iuïſï
S’aſſembla tumultuairement à la Maiſon de Îäîſelſiîeſiffl*
Ville, pour lui donner un Succeſſeur , en '
attendant que le Roi eût nommé un Gou
velrcpelur ôêhcela en vertu de la prétendue
Ce u e àe la Maiſon
ce droit arles V ileqVille
ui ne de
donnoit lus
l’AHoii1p-‘
tion, clomäne jqi l'ai déja íemaëqué , 8C
contre e roit u Viceroi u P tou ou
en ſon abſence , de l’Audience roïale, des
Charcas. Mais on ne connoiſloit plus à?
l'Aſſomption , ni loi,
rieure. La Pſſopulace ni autorité
, ameutée ſupe-'
parles Créa
tures de Flävêque , le proclama Gouverneur
8c Capitaine général. Parmi ceux qui
étoient en place , les uns penſoient comme
le Peuple,
mettre; les autres
8c Dſſom Ïoſerent
Bernardin ſe compro
de Cardenas prit
poſſeſſlon du Gouvernement, ſans que per
ſonne s’y opposât..
On ne douta plus alors de l'exil des Ié- Meſutcsquï(
ſuites; mais Dom Bernardin ne voulut ſe Pffl” ?Ouf
déclarer qu’après qu’il auroit- ſi bien prisf-“Ÿſſîälëî W
ſes rſneſures, qu’il parût n'avoir rien fait cuoliïëäâlcuf
que ur les inſtances réitérées de tous les '
Ordres de la Ville. Il commença par dé
placer tous ceux qu’il ſavoir bien ne pas
entrer dans ſes vues , 8L il en obligea même
pluſieurs à ſe retirer dans
ſſ leurs
H Campagnes
iii),
:[76 HISTCLXKE
I 6 49 . Ses
tousEmiſſaires ſe de
les quartiers
.
répandirent
la Ville
.
enſuiteanimer
, pour dans'
.

le Peuple 8c [engager à -demander que les


Jéſuites fuſſent chaſſés de la Provincesôc
pour lui donner encore plus de chaleur , un
jour qu'il officioit pontificalement dans la
Cathédrale, il \ſie tourna vers 1e Peuple
après la conſécration, 8c lui montrant la
_ ſainte
dit——il, Hoſtie, croîez-vous,
que Jeſus-Chriſt mes Freres,
ſbit zſicidprcſcntſczusſi
ces eſpeces? tous s’écrierent qu'ils étoient
diſpoſés à verſer leur ſang pour la défenſe
de cette vérité : craie( auſſi fermement,
reprit-il , queſta' un ordre du Roi de chaſſer
les .Ïeſizites de cette Ville (i).
Le Docteur. François Xarque , après
avoir. rapporté ce fair, ajoûte qu'il ne pou
Voit encore ſe perſuader qu'un Evêque eiir
pu parler. de la ſorte , contre ſa conſcience,
8L qu'il falloir que quelqu'un de ſes Parti
ſans
ſous leeût
nomFabriqué
du Roi à, ſon inſu uneleLettre
8: contrefait (ſieing
&le ſceau de Sa Majeſté. Mais le frere
Villalon , dans' ſes Mémoriaux préſentés au
Conſeil des Indes , jugea qu'il étoit plus
court 'de nier le fait , quoique de notoriété
publique. Ce qui eſt certain, c'eſt que
cette déclaration de Ylîvêque acheva de
perſuader à la Multitude , que les Jéſuites
étoient véritablement coupables de tous
les crimes dont ce Prélat *les accuſoit. On
eut enſuite grand ſoin de publier que l'exil
de ces Religieux mettroit FEVÊque-Gou
verneur en poſſeſſion de plus de vingt
mille Indiens , qu'il diſtribueroit aux Eſ~
(i) Xarque , Liv. 2.. Chap. 4e. num. zo.
DU PARAGUAY. Liv. XII. 177
pagnols
auroit témoignée
à proportion
à ſeconder
de Fardeur
ſonque
zele
chacun
pour 9'
PEgliſe 8c pour l'Etat; 8C quelles richeſ
ſes, ajoûtoit-on, *vont couler dans la
Province, des Mines d'or que ces Enne
mis de Dieu 8c du Roi tiennent fi bien
cachées, 8c qu’on découvrira aiſément,
quand on 'les aura auſſi chaſſés de leurs
Réductions?
Les eſpritsñétant ainſi préparés, il parut 'ls ſh” îhîlſſ'
un Edit du Prélat, qui obliveoit ſouſisſſiſi de le":
o 9 College, à
peine Æexcommunicarion 8c de la vie 3 main armée.
tous ceux qui étoient capables de porter les
armes, de ſe ranger ſous la Banniere de
Jean de Vallejo Villaſanti , Lieutenant de
Roi, 8c d'exécuter tout ce que cet Officier'
leur commanderoit. Tous obéirent; 8c le'
ſixieme de‘Mars i649 , Villaſanti marcha
à leur tête , 8C alla- ſe préſenter à la porte
du College. Elle étoit fermée; 8c tous les
Jéſuites, retirés dans une Chapelle inté
rieure , y étoient en prieres. Le Lieutenant
dc Roi, après une ſommation de l'ouvrir ,
u’ils ffentendirent apparemment pas , la
gt briſer à coups de haches, entra dans
la Chapelle avec le Greffier 8C quelques
autres Officiers, ſignifia au Recteur un
ordre" de ſortir ſur le champ de la Ville ,
avec tous ſes Religieux , 8C Ïévacuer-Êîavec
toute la promptitude poſſible les Réducz
tions du Parana, 8c tous les autres Eta
bliſſemens que la Compagnie avoit dans la
Province du Paraguay.
Le Recteur répondit que les Iéfiiites
avoient érigé le College de l’Aſſomption
avec la permiſſion du Roi Philippe… II,
H v
178 Hrsrornr
~1ſſ649. que les Succeſſeurs de ce Prince leur avoient
donné 8c ſouvent réitéré Fordre de ne
point Pabandonner ſans leur agrément, 8c
qu'ils ne pouvoíent , ſans ſe rendre coupa
bles de déſobéiſſance, acquieſcer au com
mandement qu'on leur ſaiſoit. Le Pere
Diaz Taño lui montra en même tems tou
tes les Pieces qui ſaiſoient la preuve de
tout ce que le Pere de Boroa venoit de
dire : mais Villaſanti, ſans Vouloir ſeule
ment les regarder, fit ſigne à _ſes Gens
d'exécuter ce qu’il leur avoit preſcrit. Tous
danslesleJéſuites,
ſur moment les
ſe chargerent
jetterent avec fureur
dſie coupssc
des plus atroces injures, les traînerent par
terxe ,les ſoulerent aux piés; 8C l’Evêque
du Tucuman dans une Lettre adreſſée au
Pape , oti il fait un très grand éloge du
Pere de Boroa, marque expreſſément la
nraniere indigne dont il fut traité dans
cette occafionÎ
Ils ſont em- Quelques-uns de ces Religieux étoient
baſqï-&Sſuïlfmalades; on les tira de leurs lits avec la
Fÿäſíäânſaÿméme violence : tous furent liés, ga
Ëms RL_ rotés, traînés juſqÏau bord du Fleurie ,
mai…. 8e embarqués dans des Canots, quon
Proyidenc: tenoit tout prêts : quelques Mémoires dr
dë DW" ſhîſent qu'ils furent jettés dans une Barque
eux' ſans rames 3L ſans Matelors; tous con
viennent qu’ils furent abandonnés ſans
aucunes proviſions au courant du Fleuve ,
qui auroit pu les entraîner juſqu'a la Mer,
sils nſiavoienr échoué ſur une Ile qui ſe
trouva ſur leur paſſage. Le ſeul P. Berthold
n'eut point de Ilpartétoit
ces outſirages. à cesalle'violences
chercher8c duà
nuPſiſiA kAcUÀ Y. L71); XYË ct 17è”
pain
quelque
danstems
une lesMétairie
Domeſtiques
, parceque
Négres
depuis
n’a- l 49'
voient pas la liberté de ſortir du College
pour aller faire les proviſions les plus né
ceſſaires à la vie. Il apprit là ce qui venoit
àdeprencilre
ſe aſſer, que
, 8c deil gagner
n'eut point
au plus
&autre
viteparti'
par
des chemins détournés la pins prochaine
Réduction, ou il arriva plus mort que
vif après huit jours d’une marche forcée.
La Barque avoit échoué aſſez loin de Commenrilï
Corrienrès, oû les Jéſuites eurent bien ſomſffliu* *
de la peine à ſe rendre. Le Meſtre de Cfflfflfflèî'
Camp Dom Emmanuel Cabral les logea
chez lui, 8( ffoublia rien pour les re
mettre de Fépuiſcment oûils étoient: il'
prit ſur-tout un très grand_ ſoin des Mala
des, 8c diſpoſe. de telle ſorte ſa maiſon ,
que tous les Prêtres y furent logés ſéparé
'ment. Ils y reſterent une année entiere,
toujours défraïés par leur Hôte; 8c la
maniere , dont ils remplirent pendant tout
ce tems-là les Fonctions de leur Miniſtere,
non-ſeulement effaça toutes les impreſſions
que les Habitans de cette Ville pouvaient
avoir reçues contre eux , \in ce qu'on leur'
avoir mandé de PAſſOmprÎOn , mais leur
inſpira un très grand empreſſement pour
avoir un de
Celui College de la Compagnie.
lZ-\flſiomption , dès que les Jé- _ C? ïluÿffllPïf'
_ _ __
ſuites en furent ſortis, ſur traité comme E” :ê: ÇMÊË
une Place priſe (Paſſant. On emporta juſ— ſämc_
qu'aux porte: de la Maiſon 8c de l'Egliſe 5
la Chaire du' Prédicateur 8c les Confeffion
naux furent briſés : on avoir perſuaëéau
Peuple qu’on y prêchoit une Doctrine hé
H vjd
I 80 H x S To r R E
ſérique, 8c qu'on y répandoit le venin
i649.
&UUÈ Morale corrompue. Le retable du
ran Autel 8c le Tabernacle étoienr
Ëiagnifiques 8C d'un très bon goût; ony
avoit “emploïé les plus habiles Ouvriers:
d'Eſpagne, 6c la richeſſe en égaloit le
travail. Le premier mouvement de la fureur,
dont étoient poſſédés les Exécuteurs des
ordres_ de l’Evêque, les porta à vouloir
mettre en pieces ces beaux ouvrages 5 mais
on s'y oppoſa , 8c on fut d'avis de les tranſ
äozter dans la Cathédrale , qui n’avoit rien
lae pareil;
hauteùr&comme ce retable
de l'Egliſe , plusoccu oit tout-e
éllévée que
celle oti l'on.vouloit le placer, il fallut le
racourcir, ce qui ne put ſe faire ſans le
déſigurer , enlui ôrant les proportions.
Il y avoit auſſi au grand Autel deux
Statues bien faites , qui répréientoient
Saint Ignace 8c Saint François Xavier 5 on
voulut en faire un Saint Pierre 8L un Saſiint
Paul , 8c on en fit deux Monſtres, qui ne
reſſembloient à rien. Il y avoit un tableau
qui repréſentoit Notre Seigneur, tel qu'on
dit qu'il apparut à la célebre Doña Maria
de Eſcobar, dont la mémoire eſt en vé
nération par toute l'Eſpagne; quelqu'un
s’écria que cette Figure étoit de l'invention
des Jéſuites, parceque ce divin Sauveur y
paroifloit revêtu d'une ſoutane à-peu-près
ſemblable à la leur. On en coupa la tête
pour _la conſerver, le reſte ſur jetté au.
ſeu. On en vouloir faire autant d'une très
belle Statue de la Sainte Vierge , 'qu'elle
repréſentoit comme on fait ordinairement
Pour exprimer ſon immaculéc Conception.
DU PARAGUAY. Liv. XII. 181'
Elle avoit été faire en Eſpagne, par un?
très bile Sculpteur, on la portoit tous 4”
les à' S en Proceſſron, d'une Congréga
tion qui étoit ſous le titre de ce Myſtere ,—
à l'Egliſe , 8c l'on aſſutoit qu'elle avoit
été l'inſtrument de pluſieurs merveilles;
cependant, parcequ’elle avoit les yeux
élevés vers le Ciel, quelques-uns s'écrie
rent qu'il falloir lui couper la tête, 8c en
mettre une autre qui eut les yeux baiſſés 5
mais la Multimde ne voulut point qu'ony
v touchät.
Dans les Chambres des Religieux , on*
ne trouva rien qui excitât la cupidité des
plus pauvres mêmes. Il n'y avoit dans cet.
te Maiſon dïlrgenterie, que celle de l'E
gliſe 8c de la Congrégation , 8e elle ſut
toute enlevée , auſſi-bien que les ornemens
des Autels. Enfin, il n'y reſta bientôt que
les murailles, les toits 8C les lambris , qui.
n'y ſubſiſterent pas même long-tems dans
leur entier. On y mit le ſeu en douze
endroits; 8c quoiqx-Ïilify eûtrien de voute',
les lambris mêmes n'en furent pas endom
magés. On en ſur extrêmement ſurpris , 8c.
pluſieurs
Dieu conſiervoit
erſonnes
cette
dirent
Maiſon
aſſez
, 8chaut
queque
les

Jéſuites y reviendroient. Pour leur montrer


qu'ils étoient mauvais Prophêtes , on re'
ſolut de tout abbatre , 8c on commença
par l'Egliſe , à» laquelle une Tour, qui s’é~
!evoit beaucoup plus haut que le toit,
ſervoit d'appui. ’ —
Comme on :ſavoir point encore trouvé
dans le Païs des pierres propres à faire da,
la chaux , on ne Pouvoir donner, aux plus
181. HISTOIRE
T*** grands édifices mêmes , d'autres ſoutiens
l 49' que des piliers de bois 5 8c les Forêts du
Paraguay en fourniſſent de la plus grande
hauteur, 8c d'une groſſeur proportionnée.
Entre ces piliers on faiſoit des murs de
moilons 8c de briques liés avec de la terre.
La Tour de l'Egliſe du College avoit plu
ſieurs étages de cette fabrique ~, 8L pour la
faire tomber , on attacha de groſſes cordes
à pluſieurs piliers : mais quelqukffort qu'on
pût faire, il ne fut pas même poſſible de
l’ébranler. On ſe contcnta donc d'avoir
mis l'Egliſe 8c la Maiſon dans un état à ne
pouvoir plus ſervir que de repaires aux
Animaux , 8c de rendez-vous pour bien des
abominarions qui s'y commirent.
L-Evêquc Dom Bernardin ſongeaenſuite a recon
récompenſe noitre le zele de ceux qui ?avoient ſi bien'
Ceuxqui l'ont ſervi 5 mais à l'exception des Negres ,.
bien ſervi-Wi qu'on ſaiſit d'abord , on trouva bien peu
Ëxätíeurffl; de butin 'a partager entre tant de monde.
Madrid_ Il étoit encore plus difficile au Prélat de
juſtifier, auprès des Tribunaux ſupérieurs
8C du Conſeil roïal , la violence dont il ve
noit d'uſer contre les Jéſuites 5 3C quand
ces Religieux auroient été plus coupables
encore , qu'il ne le prétendoit , il n'y avoit
au Monde que lui , qui pût s'imaginer qu'u
ne telle exécution , faite de ſon autorité
ſeule 8c ſans garder aucune formalité de
Juſtice , pût jamais être approuvée ailleurs ,
que dans une Ville dont il avoit ſéduit 8c
mis dans ſes intérêts la plûpart des Habi
tans, par l'eſpérance qu'ils riretoient des
richeſſes immenſes dela dépouille des Ie'
ſuites. ll s'était même aveuglé à \in tel point,
DU PARAGUAY. Liv. XII; 18;'
qu'a'i~ant reçupde quelques perſonnes des———-~
complimens ſur ce qu’il venoit de faire , 15”- '
dès le l 5 d'Avril il fft partir pour Madrid
le Frere San Diego Villalon , ſon Procu
reur, avec tous les Procès-verbaux qu’il
avoit dreſſés, pour 'uſtifier ſa conduite 8c en
faire voir la néceſlité preſſante.
Les Jéſuites de leur côté ne s'onblierent Les Jéſuiä
pas 8c ne erdirent point de tema-En vertu tes portent
d'un
permisBreà leur
du Pape Gregoirequand
Compagnie, XIII,elle
il eſt 1?",
:Hina loi-a_
griévement leſée dans ſon honneur &C dansle.. ſ
es biens, de ſe nommer un Juge Conſer
vateur
\ SL qui inſtruit juridiquement le Pro
- ces, qui. prononce ſa Sentence au nom
du ſouverain Pontiſe , dont il eſt délégué
en vertu de ſa nomination. Ce Bref a été
_ reçu dans tous le_s Etats du Roi Catholi
gue, mais à condition que les Tribunaux'
iipérieurs du Reſſort jugeaſſent que la cau
ſe eſt de la compétence du Juge-Conſer
vateur , 8c approuvaſſent l'élection du Su
jet qu'on auroit revêtu de ce titre. Les Jé
ſuites commencerent par ſe mettre en regle
de ce côté-là; 8c le P. Alfonſe de Ojeda ,
Recteur du College de Cordoue, qui s'é
toit déja rendu à la Plata pour porter ſes
plaintes à l’Audiencç roïale ſur ce qui ve
noit de ſe paſſer à l’Aſſompti0n , fut chat
ge' de cette affaire.
Quelque diligence qu’il eût Faite, Dom Juge-Con?
Bernardin l'avoir prévenu; mais topkt ce Ëïſnîtſesfll ds#
u’il a na, fut d'avoir lui-méme in ruit ë '—
izlettezſïâuê ſupérieure de ce qu'elle auroit eu
bien de la peine à croire ſur le ſimple récit
du P. de Ojeda; auſſi nc fit-elle aucune diflí;
194 HISTOIRE
*--'~“—* culté pour accorder tout ce qu’il deman- -
'"49' doit. Les Jéſuites nommerent d'abord pour
leur Juge-Conſervateur Dom Gabriel de
Peralta, Doïen de la Cathédrale; mais il'
leur repréſenta qu’a~1~ant eu des démêlés
perſonnels avec Dom Bernardin , il ne lui' -
convenoit point d'être ſon Juge; 8c il
les pria d'en choiſir un autre , ajoutant
qu’il ne reſuſoit pas de juger les Compli
ces 8c les* Exécuteurs des violences du Pré
lat. Rien n’étoit plus raiſonnable , 8c les
Jéſuites nommerent ſur le champ ,pour
leur Huge-Conſervateur contre l’Evêque,
le Pere Pierre Nolaſco , Supérieur des Reli
gieux de la Merci , qui voulut bien ſe char
ger de cette commiſſion; 8c comme il fallut
commencer par juger le premier Auteur
de tout le mal, dès que toutes les permiffigns
furent arrivées de la Plata , il mit l'affaire
l'E vêque en regle. Dom Bernardin a~1~ant refuſé de
jugé comme
conruænax. répondre à toutes les ſommations qu’il lui
fit faire , 8L continuant à agir comme s'il'
n'eut rien Fait , qui ne fût dans les regles,
le P. Nolaſco , après avoir oui tous les Te'
moins , 8c obſervé toutes les' formalités que
demandoit
ſſſigna une Cauſe
8c publia de cettedéfinitive,
ſa Sentence importance,le
19 d'Octobre X649. On la trouvera dans les'
Preuves en Eſpagnol 8c en François, telle'
'--‘ qu'on me l'a envolée d'Eſpagne dans ces
deux Langues. Celle du Doïen de la Ca
thédrale ne ſu: prononcée 8c ſignée que le"
~ ' 2.2. de Janvier i652.. Comme elle entre
dans un très grand détail de tout ce qui'
s'était paſſe' au ſujet de l'expulſion (ſes Je'
ſuites , ſa longueur m'a auſſi obligé dela
renvoïer dans les Preuves,
DU PARAGUAY. iLiv. XII. 1'87»

déc que la prétendue


’ Cependant l'Audicnce Cédule de l’Empe—
roïale, bien perſua— ’_ 47'
reur Charles V,
l’Aſſ0mption dontautoriſé
s'étoit le Corpspour
de ſeVille de enim-é
choi- G Pa,

ſir un Gouverneur , ſſexiſtoit que dans l’i— inmim au Fa


magination de Dom Bernardin de Carde- raguay
nas , 8C que rien ne pouvoir juſtifier la con
duitequïl avoit tenue depuis ſon élection ,
ne crut pas devoir laiſſer plus long-tems
cette Province ſans un Chef qui pût y
rétablir l’ordre 8c la ſubordination , 8( nom
ma Viſiteur du Paraguay , avec le titre'
de Gouverneur 8c Capitaine général de
cette Province par interim , Dom André
Garavito de Leon , Chevalier de Santiago ,
un de ſes Oydors.
Mais, parcequ'il étoit oblige' de faire'
en chemin une viſite , qui ne lui permet
toit pas de ſe rendre äſAſſczmption aſſez tôt
pour remédier avec promptitrïde' au mal
le plus preſſant , l’Audience roïale envoïa"
au Meſtre de Çamp général des Proviſions
de Gouverneur 8c de Capitaine général du -
Paraguay , juſqu'à l'arrivée de Dom Gara
vito de Leon dans cette Province, avec
ordre &aſſembler des forces ſuffiſantes pour
rétablir les Jéſuites dans leur Colle e, 8C
pour faire rentrer les Habitans de. FA omp
tion dans leur devoir.
Elle rendit enſuite un Arrêt, qui ordon- fä-llfſnardin'
noir àD. Bernardin de Cardenas de com- “He ²‘°‘”P²'
^ ñ . _ roitre devant
paroitíre (alnsbretzädement en pärſonne de- 1- Audience
vant raiſons
des on r1qu’il
un avolit
, Oury
eues ren re faire
de ſe com Ee-
te [zz-gale,
-
connaitre en qualite' de Gouverneur 8( de"
.Capitaine général dela Province de Para
186 Hrsrorxit
a
I645. guay, 8L de chaſſer les Peres de la Come
pagnie de Jeſus de leur College de l’Aſ—
ſomption , à quoi elle ajoûtoit que ces deux
points étant de la compétence du Tribu
nal ſéculier , ſa dignité épiſcopale ne le
diſpenſoit point dans ces deux cas de re
connaître la Juriſdiction de la Cour 8c de
s'y ſoumettre. Elle donna enſuite avis de
tout ce qu'elle avoit fait au Marquis de la
Mancera, Viceroi du Pérou , qui l'appren
va 8c le confirma.
Conduite de Pour revenir à D. Sébaſtien de Leon , qui
D. Sébaſtien devoit ſe trouver lc premier chargé de remé
de Leon dier aux déſordres du Para-:Fuazgquelque tems l
avant que les Jéſuites Fu ent chaſſés de leur
College il y s'étoit retiré a/ la Campagne ,
pour n'être pas témoin d'un événement u’il
prévoïoit, 8c u’il ne pouvoir pas em êc er;
peut-être au 1 pour ne pas s'attirer e nou
veau 85 à pure perte, l'indignation de l’E—
vêque, dont il avoit déja eſſuïé le reſſen
timent. En recevant les Proviſions qui lui
étoient adreſſées par l'Audience roïale de la
Plata , il comprit toute la difficulté qu’il nc
ouvoir man (l uer de trouver à leur exé
cution, 8c il ne crut pas devoir ſe montrer.
ſitôt dans la Capitale , jugeant bien que ſa
préſence ne ſeroit qœaugmenter le trouble,
8c qu’il n'y ſeroit pas même le plus ſort.
Le parti qu’il prit fut de parcourir d'abord
les Habitations les plus éloignées de la Vil
le, 8C d’y notifier ſes Proviſions. Ses deux
_ Freres, 8L quelques autres perſonnes de mar
que , qui s’étoient auſſi retirés pour les mê- _
mes raiſons que lui , allerent bientôt le
joindre. Sa Trouppe groſſit peu-à-peu, 8c
DU PARAGUAY." Liv. XII. 187
_._:.———
quand il ſe vit en force , il dépêcha un 164.9.
Courier à Corrientès pour avertit les Jé
ſuſtes de ſe rendre auprès de lui; puisil
envoïa notifier ſes Proviſions au Corps de
Ville de l'Aſſomption , 8c aux Officiers qui
étoient demeurés dans la Capitale , les aſſu
rant qu'il ne ſeroit' ancune fonction de
ſa Charge, qu'il ne leur' eût communi
que' les ordres 8c les inſtructions 'qu’il avoit
reçus de l’Audience roïale.
Il eut preſqu’en même tems des avis_L’Evêque ſe
ſecrets de ſe bien tenir ſur ſes gardes , dëlôſlïïjl” \ï
parcequ'on ſaiſoit rendre les armes aux PÊCHE? elf;
Eſpagnols 8c aux In iens , 8C qu'on publioir qualké de
par-tout qu'aucune Puiſſance ifavoit droit Gouverneur.
d’ôter le Gouvernement du Paraguay à D. ë'
Bernardin de Cardenas Ce Prélat' en étoit
lui-même plus perſuade'
parmi ſes papiers que perſonne;
, qſſuí furent 8c
dans la ſuite
envoïés au Conſeil roïal' des Indes, _il ſe
trouva une de ſes Lettres, adreſſéeàDom
Jean Romero dela Croix', ou il diſoit,
:a qu'il étoit ſur le point deſediſtinguer par
:d des exploits héroïques 8L par de grandes
a- victoires; qu’il avoit pour Iui_ la juſtice
a: 8C la force : que toute la Capitale s'uniſ
:n ſoit à lui, bien réſolue de ne recevoir
a: jamais aucun Jéſuite dans ſon enceinte ,
:n ni aucun ſautent de la Société, 8c de ne
o: point reconnoîrre Sébaſtien de Leon pour
d: Gouverneur. De bonne foi, ajoûtoit-il , .
:a n'y auroit-il pas de la folie à recevoir
:1 en cette qualité un Excommunié, un
a: Hérétique , un Traître? Dieu ne le perñ
d) mettra pas , 8c ôtera la vie à quiconque
a: oſera-ſe porter, comme lui , pour Gouſi
188 HISTOIRE
T == verncur , comme il l'a ôtée au dernieff”
1 49' d'a car c'eſt de lui que je tiens le Gouver
:a nement. -
n n, VC… Dom Sébaſtien crut devoir lui laiſſer le
entendre à tems de refléchir ſur les ſuites de la démar
ïuclm ac~ che OLl il le voïoit senaagerg mais quand '
'*ſi°”m°d°~ il eut ~~ ’ 'r' ' '
appris qu on ſaiſoit dans la Capi—
- tale tout ce qu'on a coutume de faire dans —
uneVille menacée de Siege, il manda les
Milices Eſpagnoles de la Province, 8c trois
mille _Indiens du Parana. L'approche de
ceux-ci, bien loin d'intimider les Troup
pes de l'Eve~que , leur cauſa une grande
joie. On leur avoit perſuadé que des An
ges avoient promis au Prélat de com—
battre pour lui; 8: ſur cette aſſurance ſes
Soldats avoient fait: proviſion de cordes
pour lier les Indiens, qu'ils étoient bien
réſolus &épargner pour en faire des Eſcla
ves. Ils arriverent enfin , 8c Dom Sébaſ
\lën ſe mit auſſi-tôt en marche _, mais ſans
perdre Feſperance de terminer l'affaire ſans
effuſion de ſant'.
Les deux . DÈS que l'Eveque en eut avis, il voulut
armées <1! lui éparoner la moitié du chemin 8C fit
viennent aux ſ - ſt' _ ’
mains_ ortir es Trouppes en bon ordie , ſous le
' commandement du Lieutenant de Roi,
pus il _ſe retira dans ſa Cathédrale , ou
1l, ſur ſuivi dune. multitude \de Femmes,
dvEnſans &É de Vieillards. La ,_proſterné
au pie de l Aurel , ou il avoit ſai-t expoſer
le Saint Sacrement , il conjura leSeigneur
(lÇ/(lîllvſçr ſon Egliſe , _Sc la Province , des
Heretiques 8c des Impies , .COIUUIÉS contre.
ſon Chriſt 8c contre le Roi. Les deux Ar
mées ſe rencontrerent bientôt, 8c dès qu'el~
r

DU PARAGUAY. Liv. XII. 189


les furent en préſence , le Gouverneur fit ~**“—"'
publier ‘ ſonViceroi
ordresſſedu de trompe ſes Proviſions,
8L ceux les 1649.
de l’Audience
ro~i~ale , avctec une proteſtation , qu'il venoit
dans un eſprit de paix pour rétablir la juſ
tice 8L la -tranquillité dans ſa Patrie, qui
ne pouvoit lui refuſer le témoignage de n’a—
voir jamais donné à perſonne le moindre ſu
jet de ſe plaindre de lui. Il ajoûta qu'il ſe-_
roit au déſeſpoir d’être contraint de tirer
contre ſes Compatriotes une épée , dont
juſques--là il ne s’étoit ſervi que pour leur
_défenſe 5 qu’il ne le ſeroit point , qu’il n'y
fût forcé; 8L q_u’il conjuroit les fideles Su
jets du Roi de ne le pas meitre dans_ une
.ſi dure néceſſité.
Il ſur très peu écouté 8L ne gagna rien. Défaite de
L'Armée épiſcopale marchoit à cette Guer- Pfflmſî .dï
re comme a une Croiſade, 8L ne doutoitfflvequ'
point de la victoire. Il n’y avoit pas un
Soldat,, qui n'eût cru commettre un grand
..crime en ſe ſoumettant au Gouverneur,
parceque FEvêque l'avoir défendu ſous pei
ne Æexcommunicaticn 8L de punition cor
porelle. C'eſt lui-même qui en a inſtruit
. ñle Conſeil 8L tous les Tribunaux , dans une
Déclaration qui ſe trouvera .dans les Preu
ves, 8: dans la ſeule vûe de diſculper ceux
_qui avoient combattu pour lui. On ne ré
pondit au Gouverneur que par une décharge
de Mouſqueterie, qu’on fit ſur Iui quand
on le v_it a portée 5 mais quoiqu’il n’eût ni
_ caſque, ni ClllſaſſC,'ll ne ſut quïjn peu
effleuré par une balle, qui tuaà coté. de
_lui un de ſes Officiers; il fit alors ſonner
_ja charge , 5.( les Epiſcopaux ſoutinreilt lg
190 HISTOIRE
ç-Àîî
_l 64.9. premier choc avec cette fermeté fanatique
propre de Gens qui ſe croient i ulnera
bles. Mais elle dura peu; bientôt a valeur ,
que conduiſait la raiſon, l'emporta ſur la
fureur déſeſperée de ceux qui avoient trop
compté ſur le ſecours des Anges, 8c ui
déchus de leur attente , ne voïoient plus
d'autre moïen d'éviter de périr par la main
du Bourreau , que de mourir les armes à
la main. Pluſieurs néanmoins ſe rendirent :
d'autres chercherent leur ſalut dans la ſui
te; 8c le Gouverneur, a~1~ant défendu qu'on
les pourſuivit , entra ſans aucune réſiſtance
dans la Ville.
9- Sëbûfflïfl Il s'arrêta' d'abord dans la rande Place ,
d' “ëfflm” ou il fit de nouveau publier ès Proviſions.
Gouverneur
.dans [a api_ Il commanda enſuite qu'on portât tous les
ulc. Bleſſés ÈëPHôpital , 8c que ceux qui ne pour
roient pas y avoir place , fuſſent logés chez
lui. Aïant ainſi pourvû au .plus preſſé, il ſe
rendit à la Cathédrale , pour y rendre gra
ces a Dieu de l'avoir préſervé du danger
qu’il avoit couru au commencement du
combat. Il y trouva l’Evéqne , lui baiſa
reſpectueuſement la main , 8c le pria de
vouloir bien lui remettre le bâton de com
mandement, Faſſurant qu'il ſe ſeroit tou
jours un devoir de lui témoigner en toute
rencontre le reſpect qui étoit dû a ſon ca
ractere 8c à ſa perſonne , 8c de lui rendre
tous les ſervices qui dépendroient de lui.
. Le Prélat étoit aſſis ſur ſon trône , revêtu
de ſes omemens pontificaux , tenant de la
main droite ſa croſſe , 8c de l'autre le bâ
ton de commandement. Il rendit le bâton
au Gouverneur, ſans lui dire un ſeul mot ,
DU PARAGUAY. Liv. XII. 19x
8c ſe retira chez lui ſuivi de tout ſon cor— "çà"
tegc. _ I 49'
Dom Sébaſtien ne crut pas devoir diffé
rer plus long-tems à lui ſignifier l'ordre de
ſe préſenter perſonnellement à l'Audiencc
-roïale, 8c il le fit devant témoins. Dom
Bernardin promit &obéir; 8c le Gouver
neur lui dit qu’il re ardoit comme un de
ſes plus eſſentiels evoirs de lui fournir
tout ce qui ſeroit néceſſaire pour faire com
modément le voïage , 8c d'une maniere
convenable à' ſa dignité. Les Jéſuites de Procéduœ
leur côté , preſſoient le Juge-Conſerva-duJugc-Con
teur de commencer ſes procédures, pour ſ°‘V²‘°"‘>5‘
mettre leur innocence à couvert de toutes ſa *Umm*
les calomnies que l'on continuait depuis
leur départ de l’Aſſomption de publier con
tre eux , 8c pour la réparation des torts 8c
des indignes traitemens qu'ils avoient ſouſ
ſerts: mais comme il avoit fallu du tems
pour recevoir la ré onſe de l’Audience
roîale , au ſujet du c angement du Juge
Conſervateur, le P. Nolaſco ne put pro
noncer ſa Sentence contre le Prélat, que
le dix-neuvieme d'Octobre 1649.
J'ai dit qu'elle avoit été rendue par con
tumace , ?Evêque n'aïant pas même voulu
répondre à la citation du Juge; auſſi nous
verrons bientôt qu’il la regarda toujours
comme nulle. On a même parlé fort diffé
remment de la maniere dont elle fut re
çue au Conſeil du Roi. Un Secrétaire ge'
néral du Conſeil des Indes m'a aſſuré ,
dans une Lettre que j'ai reçue de lui il Y
a quelques années , qu'elle y avoit été fort
approuvée , auffi-bien qu'à Rome. D'autres
x99. HISTOÏR!
-——.í-——
ont écrit le contraire, 8c tout cela peut
164.9.
ſe concilier en diſtinguant les tems , puiſ
qu'il eſt certain que Dom Bernardin de Car
denas avoit àla Cour de Madrid, 8c dans
le Conſeil roïal des Indes , des Partiſans
qui le ſervirent d'abord avec beaucoup de
zele 8c de ſuccès , 8c que les Jéſuites ſe
contenterent toujours de~réfuter ſoüde
mcnt ce que ſon Procureur en Eſpagne
avançoit contre eux, ſansjamais récrimi
nen La Letue , dontje viens de pader,
porte, n que cette Sentence fut depuis
:D confirmée par un Arrêt du Roi donné
o) dans ſon Conſeil le premier de Juin
‘ M de ſannée 1654, avec une pldnecon
a: naiſſance de cauſe , 8c après un mûr
:a examen de toutes les Procédures Faites
» au Paraguay, à Foccaſion delarévoſi
a: te de l’Evêque , 8C que par cet Arrêt il
D: fut déclaré que le Pere Nolaſco méri
» toit une entiere approbation de tout ce
. J) qu'il avoit Fait au ſujet des Jéſuites ,
:n comme leur Juge-Conſervateur.
Dom sêbaſ_ _ Pour revenir à Dom Sébaſtien de Leon,,
ſi… 45 Léon-ſai dit que ce Gouverneur a ſon arrivee
rüabüc 'ksdansla Province, avok Faſt due auxlé
,Ïíæîîîi _à .ſuites du College de —l'Aſſomption , qui
~ fflnſmo" étaient demeurés à Corrientès , de le ve-ñ
nir joindre , 8c quelques-uns d’entr'eux s’e'~
r toienten effet rendus auprès de lui avec
- les Indiens des Réductions qu’1l avoit man
dés. Il n'eut rien de plus preſſé , quand il
eut bien affermi ſon autorité dans ſon
Gouvernement , que de faire travailler à
rétablir leur College; 8c il y empldia rant
_d'0uvrier_s , que tous ces Peres furent en
tres
'DU PARAGUAY. Lifiv. XII. ſ93
__—._.—-:—
très peu de tems aſſez bien logés pour être 1650.
en état ele s'acquiter de leurs Fonctions les
plus indiſpenſables. Mais il fallut abbarre
la Tour de l'Egliſe , parceque tous les ef
forts qu’on avoit faits pour la renverſer ,
Favoient ſi fort ébtanlée , qu'elle paroiſ
ſoit prête a tomber ſur l'Egliſe. Il s'agiſñ
ſoit de lui donner une direction toute op
poſée à celle qu'on lui avoit fait prendre en
voulant Fabbatre , 8c la choſe parut d'a
bord impratiquable. On en vint pourtant
à bout, 6c toute la Ville Pattribuaä une
protection ~particuliere du Ciel.
Le Gouvemeur fit enſuite publier un Il eſtrccon
Edit , qui ordonnoit au nom du Roi, 8c “,1 P” 1° Gé' ‘
ſous les peines les plus ſéveres , de reſti adîücl*
tuer à ces Religieux les Negres , 8c géné-_Pnul-P l? ſe_
ralement tout ce qui avoit été enlevé de cond Fonda
leur College. Le .Juge-Conſervateur l'ap~ ïffl" du C01'
puïa d'une Ordonnance , 8c y ajoûta la CF'
peine de Pexcommunicarion 5 mais la plû
part des meubles ſe ttouverent tellement
égradés , 8c ceux à qui ils avoient été don
nés, étoient ſi pauvres , qu’on fut obligé
de les abandonner. 'Le retable ſur remis au
grand Aurel , 8c répare' le mieux u'il ſut
poſſible , 8c le Gouverneur fit le re e à ſes
frais. Il apporta la même attention à ce
qui regardoit les biens dela Campagne ,
ce qui Fengaäea dans une très grande dé
penſe. Aufli ut-il reconnu par le Général de
la Compagnie , pour le Reſtaurateur de ce
College, avec toutes les prérogatives atta
chées à la qualité de premier Fondateur. '
'Le Viceroi du Pérou , 8c l’Audience
mïale des Charcas, avoient borné la corn
Tome III. I
&,4; Hrsrornr
M 0 million de Dom Sébaſtien de Leon à la pa
5 ' cificauon de la Province, a la ſommation
de Dom Bernardin pour ſe rendre à la Pla
ta ,,—& au rétabliſſement des Jéſuites dans
leur Coll e. Il en demeura là, 8c ne ſit
aucune inîärmaríon contre ceux qui avoient
ſl bien ſervi l'Evêque contre ces Religieux.
Cela étoit proprement de la compétence
.du Juge-Conſervateur, qui n'y perdoit pas
.de tems. Le Gouverneur s'attacba enſuite
.beaucoup a déttomper 8c à raſſurer quan
-tiré de perſonnes que la ſeule crainte de
ſEvêque avoit entraînées dans ſon parti
&à faire revenir la Multitude , des préju
gés qu'on lui avoit fait prendrez 8c par
une conduite ſi ſage , il vint a bout de faire
rentrer preſque tout le monde dans le de
voir. Il n'en ſut pourtant pas plus à l'abri
de la perſécution des Partiſans de Dom
Bernardin de Cardenas 5 8c ſa Commiſſion
expirée , il ſe vit bientôt obligé de ſortir
de la Capitale , 8c eut aſſez de peineä trou
ver dans la Province une retraite, oil il
pût être en Sûreté. . _
Les indiens Il nabandonna point pour cela ſon in
“es Réduc_ grace Patrie dans une néceſſité Preſſante z
.ſon, ſépſi- il s'agiſſait de réprimer les courſes des
mént-lcscour- Payaguas, Ennemis d'autant plus dange
ſ” d” P373' izeux qu'ils ont une maniere de ſurprendre
95"35' ceux qu'ils veulent attaquer, oil les plus
défiaus ſont ſouvent trompés; car tantôt
_on les voit couvrir le Fleuve de leurs pi
rogues, 8c tantôt fondre comme un ouragan
ſur les Habitations , dont on les croïoit a
cent lieues. D'ailleurs preſque toutes leurs
ñzrcrhraitçs ſont inabordables , 8c il n'eſt pas
DU PARAQUAY. Liv. XII. 1-9,
sûr de s'y engager trop avant. Dom Sébaſ .————.——g

tien comprit qu’il n'avoir rien de mieux 1650.


à faire pour obliger ces Barbares à laiſſer
les Eſpagnols en repos, que de mettre à
leurs trouſſes ces mêmes Indiens , qui l'a
voient ſi bien ſervi contre l'Armée de
Dom Bernardin de Cardcnas , 8c qu’il avoir
congediés après la bataille kpour nie Plon?
donner d'ombre:
ſomption. Il lesg erappella;
aux Ha 8citans e 'A ~
les Payaguas
ne furent pas plutôt informés qu'ils alloicnr
avſoir à faire à ces braves Néophyres, qu’ils
di arurent.
En ſecours venu ſi "a propos , 8C dont La préven
le ſuccès avoir été ſi prompt , devoir , ce tion ſubſiſte
ſemble , faire revenir les Habitans de la contre les
Iéſnires à
Capitale de leur prévention contre ceux à PAÏOŒPËÎOR
qui ils ne pouvoient douter qu'ils n'en
euſſent la principale obligation : mais cet
événement achevoit de leur faire Perdre
route l'eſpérance qtſils avoient conçue
d'avoir bientôt ces Néophytes pour leurs
Eſclaves , 8c _ils en avoient été trop ſouvent
flattés , pour 7 renoncer ſans rîëret. D’ail
leurs , on avoit ſi bien _perſua é au Peu
ple, que les jéſuites enſeignoienr une
Doctrine hérétique 8c une Morale cor
rompue, qu'ils abuſoient du ſecret de la
Confeſſion , que les abſolutions qu'ils don
noient éroient nulles , 8c qu’on ne pouvoit
pas en conſcience communiquer avec eux ,
que bien des Gens ne les regardaient en
core qu'avec une eſpece d'horreur.
Cependant Dom' Bernardin, après bien Proviſeur
des délais , ſe diſpoſa enfin ſérieuſement ä nommé pour
partir pour la Plata. Mais comme l'Au le Diocèſe du
Paraguay.
I ij
x96 j HISTOIRE
dience roïale des Charcas ne prétendoit
1650. pas qu'ilſût de ſa compétence de décider
ſ1 ce Prélat étoit véritablement, comme
on commençoit à le croire par-tout, lié
par des cenlures qui ne lui permettaient
pas d'exercer aucunActe de Juriſdiction
dans ſon Diocèſe, elle avoit voulu' qu'on
lui laiſsât la liberté de nommer un Provi
ſeur 8C un Vicaire général pendant ſon
abſence , en prenant néanmoins la précau
tion de le faire approuver par le Métro
politain. Cet Archevê ue de ſon côté fit
obſerver qu'on auroit de la peine a trouver
dans la Province de Paraguay, un Pro
viſeur qui ne fût pas ſuſpect à quelqu'un
des deux Partis qui la diviſoient, 8c fic
propoſer à Dom Bernardin, par l’Audience
roïale, Dom Adrien Cornejo , Curé de la
principale Paroiſſe de Cordoue , 8,: grand
Vicaire de l’Evéque du Tucuman. Dom
Bernardin Pagréa; 8c pendant ſe t ans
qu'il gouverna ce Diocèſe , il juſtifſa plei
nement le choix qu'on avoit fait de lui
pour une place de cette importance 8c dans
"""~'- .des conjonctures ſi critiques.
Comment D.
Alors le Prélat n'a~iant plus aucun pré
Bernardin efi texte pour différer ſon voïage, partit en
reçuâla P13' fin de l’Aſſomption , 8c arriva àla Plata ,
ta le dix-ſept de Mars de l'année I651. Il
étoit aſſez bien accompagné , 8c_ quelques
uns de ſes plus zélés _Partiſaus ſavoient
précédé de quelques jours our lui pro
curer une réception honora le. Il entra
en effet comme en triomphe à la Plata.
'Un grand nombre de Religieux , ſuivis de
pluſieurs trouppes &Indiens , étoient allés
DU PARAGUAY. Liv. XII. 197
m
air-devant de lui juſqu'au Bourg d'Y0t0la. 165i."
Dès qu’il parut à la porte de la Ville,
quelques Egliſes ſonnerenr toutes leurs
cloches Û on avoit dreſſé des arès de triom
phe ſur ſon paſſage; les rues étoient ta—
piſſées, 8c bordées d'une ſoule de Peuple ,
dont les acclarnations_redoubloient à cha
que inſtant 5 8c il fut conduit de cette ſorte
juſqu'au Couvent de ſon Ordre , comme il
l'avoir ſouhaité. Les Religieux le reçutent
ſous le poîle , 8C le menerent d'abord 'a
l'Egliſe, oti le Te Deum fut chanté.
De-la ils le conduiſirent à une Maiſon 1l y reçoit
voiſine qu'on lui avoir meublée. Ily reçut dë fâîhfflſ”
bientôt les viſites de pluſieurs Perſonnes nouvelles.
de diſtinction , 8e d'un grand nombre
dïäccléſiaſtiques qui lui baiſerent la main;
8c comme on lui eut dir que pluſieurs per
ſonnes aſſemblées autour de ſon Logis
demandaient avec empreſſement qu’il leur
accordät la même grace , il s'avança juſñ'
qu'à la porte, 8c contenta tout le monde.
On fit enſuite dreſſer un Acte de cette
Réception par un Notaire , 8c ce ſut à la
réquiſition de Dom Gabriel de Cuellar , qui
lui ſervoit de Secrétaire , 8c que nous ver
rons bientôt porter à ſa réputation un
coup qu'il auroit_ bien voulu parer au
prix des honneurs qu'il venoit de recevoir.
Ces honneurs lui avoient cependant fait
eſpérer que ſon voïage auroit tout le ſuccès
qu’il pouvoit ſouhaiter; mais il ne fut pas ñ
lon -tems dans cette douce erreur. Aux
acc amations d'une Multitude excitée par
ſes Créatures , ſuccéderent des Vers ſatyri—
ques qui coururent toute la Ville , 8c que
I iij ‘
198 H i ñs 'r o i a 1
î? ſes Partiſansſne manquerent poiqt dïèttriñ
I651. buer aux Ié uites: il reconnut meme ien—
tôr que le retour dans ſon Diocèſe , _qu'il
s'étoit flatte' d'obtenir de l'Audience rciale ,
lui étoit Fermé pour toujours : ſur-tour
quand il vit qu'on perſiſtoit a vouloir_qu‘il
acceptât l’Evêché de Popayan. On ll] proſ
poſa enſuite
diſant qu’il de aſſer en
y fléroit Eſpagnemieux
beaucoup , en lui
ſes
affaires, que par un Procureur : mais il ne
donna point daus le piege , qu'il crut qu on
lui tendoit pour le tirer de \l'Amérique 3 ,SC
comme on ne jugea point a propos dely
contraindre , le Roi lui affigna une penſion
de deux millepiaſtres pour ſon entretien,
juſqu'à l‘en_riere déciſion de ſon ſorrt. _ l'
Les Peres Les Peres Sobrino 8c Diaz ano a
Dias Taño 3c voient ſiiivi de près à la Plata; 8c quoi
Sobrino à la u’ils euſſent trouvé en pluſieurs endroits
Plata.
:ie leur route, 8L dans la Capitale même
des Chai-cas , bien des Gens perſuadés dé
la vérité de tout ce qu'on avoit publie' con~
tre leur Compagnie au Paraguay, ils ne
perdirent point courage. Ils preſenterent
a l'Audience roïale leurs Requêtes, 8C elles
furent favorablement reçues. Tout ce
qu'avoir fait Dom Sébaſtien de_ Leon fut_
approuvé : le Comte de Salvatierra, qui
äivoit ſuccedé au Mſaräjuis ,de la Nàarîïra
ans la Viceroïaute u Perou, \l
dience roïale de Lima , y donnerentauſſt
leur approbation; 8c Dom Bernardin dc
Cardenas ne fut nullement épargné dans les
termes dont ces Tribunaux uſerent dan?
leurs Reſcrirs. Il avoit ignore' juſques-la
que le Marquis de la Manccra n'étoit plus
nuPAnAcuAY.Lw.ÃſſL 19;
au Pérou: 8c dès qu’il eut appris que le ,-,_.
1651;
Comte de Salvatierra occupoit ſa place,
par une Lettre qu'il en reçut , il lui répon
dir en ces termes.

EXCELLENTISSIME SEIGNEUR ',~ ‘

v J'ai reçu la Lettre de votre Excellence, [em-z Je D”.


833385
8 du premier de Juin , 8c après l'avoir lue Bernardin au'
avec attention 8c beaucoup de reſpect , gfëëîffl d**
dans l'eſpérance d'y trouver quelque ctſiu'
ſſſur mes levres j'ai
conſolation, appliqué
8c ſur votre
mes yeux , quiſeing
au
roient dû être baignés de larmes de ſang ;
Sc jamais en effet il n'y en eut un plus
juſte ſujet. Un Evêque pauvre, chargé
d'années, ſuccombant ſous le poids des
I) plus exceſſifs travaux 8c de tant de tri
I.) bulations qui ont été juſqu'à mettre ſa
D) vie en danger, vient chercher le re—_
ï) mede à tant de maux : il demande juſ
33 tice, 8c qu’on faſſe ceſſer des crimes'
I) énormes contre Dieu 8c contre le Roi ,
I) & il ne peut rien obtenir. Il voit au
33 contraire que les Auteurs de ces excès ,~
3)' ceux qui ſe ſont emparés du Tréſor de
Sa Majeſté , qui ont uſurpé ſa .Îuriſdic
I) tion , ſon Patronage roïal 8c ſon Do
maine , qui ont cauſé la mort à tant de
perſonnes , ſont partout favoriſés 85
3D triomphans ,_ reſtent en poſſeſſion de
I! leurs Doctrines, malgré les Cédules
3 roïales 8c les Décrets du ſaint Concile
.de Trente, au préjudice de la Ville de
I) l'Aſſomption 8c de toute la Province ,
tandis que YEvêque, pour prix de ſon
1 iíij
1GO Hrsroxxz
165 lſſ. IO zele ä s'oppoſer à leurs pernicieux del'
33 ſeins , eſt force' &entreprendre les plus
ï) longs 8c les plus pénibles voïages, plon
D) gé dans l'amertume , injurié partout ,
de dépouille' dc ſes biens , 8c cela ſans autre
H ,ſujet que d'avoir Pſis les intérêts du
à! Roi, ſon Souverain, 8c veillé à la con
33 ſervation de la Foi.
d: Enfin mes foiblcs épaules neſauroient
plus ſoutenir un ſi peſant fardeau , 8c
ma propre conſcience me donne des al
8
larmes que je ne (ſiaurois calmer. l'en
charge donc celle de votre Excellence,
8L celle de tous les autres Miniſtres du
Roi : c'eſt ſur votre compte 8C ſur le
leur, que vont déſormais être tous les
maux qui déſolent la Province de Para
guav , 8è ſur-tout ſa Capitale. Ce ſont
des héréſies monſtrueuſes 8c bien avérées
I] contre la génération éternelle 8L tem
3) porelle du Verbe divin, contre la virgini
33 té de la Mere de Dieu, contre le ſouverain
I) nom de Dieu même (1) ; la nullité deslsa
cremens , faure de Pouvoirs dans les Cu
D.) rés 5 le défaut d'inſtruction parmi les Inñ
D) (liens, auxquels on Ïapprend, ni ce qu'ils
33 doivent croire, ni *ce qu’ils ſont obligés de
33 faire, comme le Roi Fordonne 8L le
33 ſaint Concile le preſcrit; Puſurpation
33 du Tréſor roïal, ce qui monte chaque
I: annëeà plus de cinq cents mille écus,
8c depuis quarante ans à plus de qua
(x) Nous parlerons Cathéchiſme en Langue
dans la ſuite de ees hé- Guaranie, qu'il n'en~
réſies, que Dom Ber- rendoit pas.
pardin trouvait dans Le
DU PARAGUAY. Liv. XII. 201
torze millions, ſans y comprendre le
quint qui doit revenir au Roi pour les I651.
Mines dſior , que la voix pubflque aſſure
être ouvertes dans ces Provinces , ce que
je tiens pourcertain 5 ſans parler encore
des aumônes de la ſainte Croiſade, que
l'on ſupprime depuis tant d'années, ce
qui prive les Ames des Vivans 8c des
Morts des ſecours ſpirituels que ces au
mônes leur procureroient, ni des Déci
mes ou du moins des Vingtiemes que
les Indiens doivent ſelon le droit Ca
noníque, 8'( que ceux du Parana 8c de
?Uruguay ſont obligés de païer com
me les autres aux Cathédrales de Buenos
Ayrès 8c de l'Aflſi0mption~; mais dont
leurs Curés ont fruſtré ces Egliſes , 8C
qui montent à plus de dent mille' écus
par an. D'ou" il arrive que le Roi elf
obligé de fournir de ſa caiſſe ce qui eſt
néceſſaire pour l'entretien des deux Evê
ques 8c de leurs Chapitres'.
n Voilà, comme vous voïez, Monſei
IHUIUBUBÆU U gneur, de grandes ſommes , dont ces"
Peres ont fruſtré l-’Egliſe5 8c qu'eſt-ce*
encore que cela ,_ fi l'on conſidere les
innombrables péchés, les diſcordes , les
ſchiſmes, le mépris que l’on fait des
excommunicarions , la déſobéiſſance aux
ordres de l'Egliſe 8C du Roi, les Evê-ñ
ques chaſſés de leurs Diocèſes, 8c les
abominations qui ſe commettent avec
plus de licence_ encore depuis que le*
Paſteur a été enlevé à ſon Troupeau 5-.
car ſa préſence y mettoit uelque frein,
ç- 8: il avoit mis les Peres de a Compagcnc
1V.,
202 His-corne
iíjl.
a: hors d'état de ſomenter le mal par le
33 crédit que leur donnoient les grandes ri

33 cheſſesquïls ont enlevées au Roiôtpar


z le grand pouvoir od les maintenoient
D) plus de cent mille Vaſſaux , qu'ils livre-.
3D ront peut-être aux Tyrans du Portugal.
a: Ils ſavoient bien que j'étais le ſeul qui
33 pût découvrir leurs pernicieuſes intri
ï) gues, 8c ils ont ſi bien ſait, en écri
P) vant mille ſauſſetés contre moi, qu'ils
N ont engagé le Marquis de la Mancera à
D) me ſaire ſignifier un ordre ſacrilege de
3d comparoître devant l’Audience roïale de
3D la Plata, quoiqu'il ne pût me trouver
D) coupable de la plus légere ſaute, 8c
8
qu'il nſiignorât point les ſervices eſſen<
8 tiels que j'ai rendus à Sa Majeſté(
s: C'eſt à votre Excellence u’il étoit
réſervé de remedier a tant de éſordres z_
elle ne peut s'en diſpenſer, ni même
différer de le faire ſans pecher griéñ_
vement contre la Foi, ſans-manquera
ce qu'elle doit au Roi, aux Evêques , à
l'Egliſe , ſans encourir les cenſures por
Bwñe sgae uſie tées par le Droit, 8L par la Bulle I”.
Cæna Domini , comme afair ſans doute
ſon Prédeceſſeur. Vous ne pouvez,
Seigneur , ni ſuivre ſes traces, ni vous_
diſpenſer d'annuller tout ce qu’il a fait
ſans raiſon 8c avec tant dïmpiété. 'Vous
.l'avez déja ſait dans des occaſions de
moindre importance , avec_ beaucoup de
juſtice 5 8L je crois que c'eſt dans le même
eſprit que vous avez ôré le Gouvernez
ment du Paraguay à Sébaſtien de Leon ,.
un Ivrogne de notoriété publique, 6c un,
I ï
BU PARAGUAY. Liv. XIII n;
;Ïí
D) Homme abominable (r). Mais en lui I651.
ï) donnant pour Succeſſeur Dom André de
83 Leon Garavito, votre Excellence aen
ï) voïé dans cette Province un autre Lion ,
3D auſſi cruel que le premier , dont il ſe
I: dit parent , 8c qui de ſes deux griffes a
33 mis le comble à la ruine du Paraguay ,
13 en réduiſant ſes Habitans , 8c les Fem
I) mes mêmes
extrême les plus qualifiées, à ſila plus
miſere.
ïï
o: La voix de tant de Malheureux, leurs
J) larmes , les maux qu’il.S ſouffrent , 8C l'ex
I) cès de leur affliction ſont ſur votre conſ
3') cience, Seigneur, ſur celle de l’Audien
33 ce roïale , 8c de tous les Miniſtres qui
I) y ont contribue'. Pour moi, qui ai ſa—
33 tisſait à tout au-dela même de mes obli
J) gations, comme Evêque Catholique 8c
H comme fidele Sujet du Roi , 8c qui pen
:n dant plus de ſix ans ai tant ſouffert pour
I3 ſoutenir les intérêts des deux Majeſtés (1),.
P' je' vais avec la permiſſion de votre Ex
D: cellence me retirer dans un pauvre réo
33 duit , d'où ïiuformerai de tout , le Roi
33 mon ,Seigneur , 8c ſes Conſeils, le ſou-v
3d verain Pontife , 8c le Seigneur D. Jean
I! de Palaſox , qui m’en a prié. I'y ſubſiſe'
73 terai de la rétribution d'une Meſſe 5.
añ 8c dans toutes celles que j'aurai le _bon

(x) Dom Sébaſtien de ſion , 6c elſe-étoit finie.


.Leon n'était rien moins (a.) Ambu Majeflda
que ce que diſc-it Dom de; :c'eſt une maniere'
Bernardin. On ne lui: de parler aſſez familierefl'
point ôté le Gouverne en Eſpagne , pour dire ,
ment du Paraguay. Il ne de Dieu 8c du Roi.
l'avoir que par commm
r v); *'
204 HisToixEſi
TM
I! heur de célébrer
tres prieres , dans
, 8c par mes toutes
larmes mes
,ſije au'
de'
165.1.
5u

=> manderai au Seigneur du Ciel, proſier


:d: né avec humilite 8C avec confiance de*
:a vant ſon Tribunal, au uel je vous cite ,\
ao la juſtice qu'on me reguſe ſur la terre'.
:-a Du Couvent de Saint François de Chu
quiſaca ( I ) , ce huitieme de ïuin i6 5 r.
Excellentiffiſime Seigneur , je ,baiſe les'
mains de votre Excellence , ſon Ser
viteur 6* C/uzpelain
Frere BERNARDiN DE CARDENAS ,
Evêque du Paraguay.
D. :ſean de Ce qu'il y a de plus ſingulier dans cette
Leon Garavi Lettre , eſt que Dom Bernardin ſe plaint
1
o à Sanrafe ,
8c ce qui s'y des violences exercées au Paraguay parle
paſſe. Viſiteur Dom André de Leon Garavito ,—
quoiqu'il ne pût encore avoir aucune nou
velle de ſon arrivée dans cette Province.
Ce Viſiteur avoit pris ſa route par Cor
doue , oû il s'arrêta quelque tems : derlä
il ſe rendit à Santafe' , oii un Religieux vint
le trouver, 8c lui dit qu'il avoit une preu
ve bien convaincante de la réalité des Mi
nes d'or de Ia Province d’Uruguay5 qu'il
avoit vû débarquer deux ſacs de peaux de
Bœuſs ſi peſants que. les Indiens des Réduc
tions , qui en étoient chargés, avoient eu
toutes les peines du monde ä les tirer de la
Barque , 8c a les porter ſur le bord du
(i) C'eſt le premier du Canton oû elle eſt
nom de cette» Ville , 8c ſituée.
que portaient les Indiens
nUſiPA R AG U A Y. Liv. XII. 2.435'
Fleuve; qu'il avoit ſu d'eux que c'était un —---~‘
préſent que leurs Miſſionnaires fajſoient au “P”
Pere de Boroa , leur Provincial, lequel
avoit envoïié un de ces ſacs à Cordoue, 8c
l'autre à l'Aſſomption.
— Mai.: quelle raiſon , mon Pere , demanda'
le Viſiteur , avez-vous de croire que cesſacs
étoient rerlnplis for? z-'eſl leur exlríme pg
jäntieur , repondu le Religieux- : ſi cela :ſl,
repliqua Dom André, de lëtgrandkur dont
vous dites qu'ils étoient , les Indiens que
'Vous de
ſibout avezle: vûs ne ſeraient
débarquer, 6- »jamais venus à
d’en tranſporter

midi Cordoue ; puis a rès l~ui avoirſait


une ſévere réprimande ur une accuſation ſi'
mal fondée , feſait fort édifié , ajoûta-t-il,
du deſíntérmſement du Pere de Boraa , qui
funeſí grande quantite' :For n’a rien retenu*
pour lui 5 &je croi: queſt' vous aviez reçu
1171 pareil preſent, vous auriez( tout gardé
pour vous. ï
En continuant à remonter le Fleuve, il Fesínfoſffläî
rencontra bien des Gens qui dépoſerent "W15 *ë “ſ
.
contre les Jéſuites au ſujet .
des Mines, 8cvqui décou î
ſC
qui pour toute preuve' de ce qu'ils avan
çoient , répétoient ſans ceſſe que cela 'étoit
inconteſtable , 8c de notoriété publique.
Il s'attendoit que dans la Capitale du Pa—
raguay, oii devoient être les Minutes des
Procès-verbaux envoïés à l’Audience ro~i~a—
le 8c ſignés d'un grand nombre de Per
ſonnes , i-l-trouveroit des connoiſſances plus
certaines: il écouta tous ceux qui avoient
ſigné , ou qui voulñurent dépoſer; ilenten
dit 8c confronta les Témoins qu’on lui pré- _
ſenta, 8c i1 découvrit enfin tout le mans: ' ‘ "
ïoí HISTOIRE
&î ge des ſignatures extorquées par forces:
1651.
par ſurpriſe, 8C fut convaincu que toutes
les preuves ſe réduiſoient aux diſcours dc
l’Evêque , de ſes Partiſaxis 8c de ſes Créa
tures.
Sa Sentence Cela fait, il inſtruiſit le Procès crimi
fléfinilive. nel de tous ceux quiavoient été en charge
pendant les deux années 164.8 8c 165.9,
8L qui bien loin de S’oppoſer , comme llS y
étoient obligés, aux violences qu'on avoit
exercées contre les Jéſuites , s'en étoient
faits les Miniſtres 8c les Exécuteurs. Il leur
donna tout le tems de produire leurs Dé
fenſes; 8C , le 2.4, de Juillet 16g 1 , il ren
dit contr'eux ſa Sentence définitive. Ie n'en
mettrai point ici la traduction; parceqdel
le fut enſuite confirmée par une autre lus
étendue , 8c faite ſur de nouvelles repliCſ~ -
ches, que je rapporterai. Le deſſein de Dom
André étoit bien de condamner à mort les
plus
ſuites,coupables; maisrendſiu
ui s’e’toit le Provincial des l'é-,
à l’Aſſomption
lſie pria inclſſtamment de leur faire grace de la»
vie , 8c luictfit obſerver qu’il importoit beau
coup au ſuccès du miniſtere que ſes Reli
gieux exerçoient dans la Province , de ne
pas lcunrendre irréconciliables des Familles
diſtinguées, 8C qui ténoient à tout ce qu'il
y avoit de plus conſidérable dans la Ville.
Il ſe rendit 3 mais il fit brûler publiquement'
les Edits de l’Evêque , rendus contre les Jé
ſuites , 8c en vertu deſquels ils avoient été'
chaſſés de leur College.
‘ 11 refuſe de Leur Provincial qui étoit le Pere Jean
Viſiter les Ré Paſtor, 8c qui venoit de (ucceder au Pere
Ulla-io”
de Boroa , lui repréſenta alors que, la juſ~
d
bu PARAGUAY. Liv. XII. 20T
tification de la Compagnie ne ſeroit pas en ___._.a
tiere , s'il ne ſe donnait pas la eine de vi 1651s
ſiter au moins les Réductions , ans le voi
ſinage deſquelles il y avoit , diſoit-on , des*
Mines d'or; d'autant plus qu’on ne ceſſoit
de “publier partout que les Miſſionnaires n'y
lai oient pénétrer, ni Evêque , ni. Gouver
neur. Ces bruits , à la vérité,-n’avoienc
plus aucun fondement depuis que Dom*
Î-Iyacinre de Laris s’e’toit tranſporté ſur les
ieux uon
nouvelle lui avoit
recherche indi cizar
, faire nés;unmais une
Viſiteur

roïal , étoit encore plus capable de les diſ


ſiper. Le Pere Paſtor n’oublia rien pour en
gager Dom André à la faire; il lui préſen
ta pour cela une Requête, qui eſt imprià
mée dans l'ouvrage du Docteur Xarque ,—
8c qu’on trouvera dans les Preuves ( r). A
quoi il ajoûta qu’il offroit de le défraïer ,
s'il vouloir bien faire cette viſite., 8c d'0_
bliger tous les Néophytes 8c les Miſſion
naires à ſortir de leurs Réductions tandis
qu’il y ſeroit , pour lui laiſſer une lus
grande liberté de faire toutes ſes rec er
ches. ll répondit que cela n’étoit point dans
ſes Inſtructions, 8L qu'après les preuves ,
qu'en-x 8L leurs Indiens avoient données de
leur fidéli-*é , 8c celles qu’il avoit lui-mê
me des impoſiures de leurs Accuſateurs , il
jugeoir cette viſite ſuperflue 8c peu con
venable. Il fit même plus, car il rendit
une ſeconde Sentence , qui condamnoit les
Délateurs des Mines au banniſſement 8C
à une amende pécuniaire au profit du
Roi. Ona publie' depuis,qu’il avoit été blàz
L!) Voïez xarquc ,' Liv. z. page 2.5!; I
A
ms HISTOIRE
m
1.65 I. me' 8c puni pour ſavoir pas fait cette viſi
te 2 mais quelqu'un qui devoir être mieux
inſtruit , m'a écrit le contraire de Madrid;
8c le Roi dans un Décret, du premier de
Juin 16 5 9 , approuva ſa conduite, ainſi
que celle de Dom Sébaſtien de Leon.
Défaite des Rien ne ?arrêtant plus à L'Aſſomption,
Mâmeluîjffl* il ſe diſpoſait à rétourner au Pérou, lorſ
ä” “Them qu’il ſe vit tout-à-coup engagé dans une
es Reduc- ,. ,, . _
jam_ guerre , qu 1l n etoit-nullement en état de
ſoutenir dans les circonſtances OlÏJI ſe
trouvoit. Il apprit qu’une Armée aſſez nom
breuſe de Mamelus étoit partie de Saint
Paul de Piratiningue, 8c s'était diviſée en
uatre corps, pour entrer par quatre en
droits dans la Province. Comme la guerre
étoit déclarée entre les deux Couronnes
d’Eſpa ne 8c de Portugal', il' n'en étoit'
Point cette entrepriſe comme de celles que
nous avons vûes juſqu'ici, 8C qu’on ne pou
voit regarder que comme_ des courſes dc
Brigands ſans aveu , qui cberchoient à faire
des Eſclaves ſur des Indiens ſans défenſe.
Elle étoit ſans doute autoriſée parle nou
veau Souverain du Breſil , 8C on avoit choi
ſi pour faire cetee nouvelle irruption des
Trouppes reglées , 8c des Com-mandans
ſur qui l'on pouvoir compter. -
Cependant Dom André de Leon ne pou
voir faire aucun fond ſur les Milices Eſ
pagnoles 8C Indiennes de la Ville 8c de ſes
environs, toutes fort Peu aguerries , 8E
nullement accoutumées à ſe battre contre
des Trouppes rcglées: il crut donc que ce
qu’il pouvoir faire de mieux , étoit d'empê
cher que ?Ennemi rfcntrâr dans La Provin:
nu PAnAeUaY. Liv. XII. 109
ce , 8e il envo~ia en diligence des Couriers ......~__.
16-51.
dans les Réductions du Parana , avec des
ordres, de faire prendre les armes a tous
ceux qui étoient en état de les porter , 8e
de leur faire occuper tous les paſſages'.
Mais les Miſſionnaires l'avaient prévenu :
leurs Néoph tes étoient déja en campagne;
8c leur marche fut ſi bien concertée, qu'ils
tombetent le même jour ſur les quatre di
viſions des Mamelus , en tuerent un très
grand nombre , 8c obligerent le reſte à fiiir
avec tant de précipitation , que tout le ba
gage 8: les Bleſſés furent pris. _
Un autre Ennemi , qui étoit peut-être bſcîfflff”
de concert avec le premier, ou qui voir-Êuàÿêflîus e;
loitlproſilſer de Pembarrasoii il apptenoit ſcmim_
ue es
?oit E aonols alloient
auſiiPlaDProvince ſe trouver
:c’étoit mena
les (iuaycw
curus. Dom André envoïa quelques Déta
chemens pour les obſerver, 8c manda aux
Indiens , qui venoient de le délivrer des
Mamelus, de ſe rapprocher. Ils' obéirent
ſur le champ; 8c les Guaycurus- n’eurent
pas plutôt avis de leur marche , que non
ſeiêlement ils ſe retirerent Ëvec beaucoup de
r ci itation mais ue e uis ce tems-là
ils nlbſerent plus teriiter rieri) de conſidéra
ble contre la Province , dans des tems mê
mes, oii ils ne pouvaient ignorer que les
Eſpagnols diviſés entfcux , n'étoient point
en état de faire beaucoup de réſiſtance.
Le Viſiteur propoſa enſuite a ces braves lls rétablir
Néophytes de lui aider à rebâtir l'Egliſe de SÏËWWÏIÏÏÏÃË
Sainte Luce qui menaçoit ruine. IlsJ' con
ſentirent de bonne grace; 8e animés u mê
me eſprit que ces Iſraélites dont Parle
:io Hrsrornz
,._————.—.
1651_ Eſdras , qui d'une main_tenoient l'épée
pour repouſſer les Ennemis du Peuple de
Dieu, 8c de l'autre rebätiſſoient le Tem
ple, preſqu’au ſortir du combat Oli ils
avoient défait les Deſtructeurs de tant
&Egliſes , ils ſe crurent fort honorés d'ê
tre emploïés à la réparation du Sanctuaire.
Nouveau Vi- Dom André de Leon Garavito partit peu
fitcur au Pa- de tems après pour retourner a la Plata,
“BWV- _oii il apprit qu'il s'étoit préſenté depuis
' peu un nouveau Dénonciateur des Mines
de la Province d’Uruguay. Quoique l'Au
dience roïale n'y ajoûtât point de foi , elle
en avoit pourtant informé le Conſeil ro'i~alñ
des 'Indes , qui ſut d’avis d'envo'i~er un nou
veau Viſiteur au Paraguay; 8c Dom Jean
Blaſquez de Valverdé, Oydor dela Plata,
partit avec les mêmes titres qu'avoir eus
Dom André de Leon Garavito , mais avec
des pouvoirs beaucoup plus étendus , car
il étoit chargé d'examiner en quel état ſe
trouvoient les revenus du Roi dans les
trois Provinces du Tucuman , du Paraguay
8c de Rio dela Plata, la Caiſſe roiale de
Buenos Ayrês, les Miſſions des Jéſuites,
le nombre des Reductions , combien dc Re
ligieux y étoient emplo~iés, le nombre _des
Indiens qui s'y trouvoient, 8L qui devoient
païer le Tribut ,ñôc ſur-tout de s'aſſurer par
lui-même s’il y avoit des Mines d'or dans
la Province d'Uruguay. _
Nouveau 17e nouveau Dénonciateur deces Mines
Dénonciateur étoit un Indien, nommé Dominique , qui
des Mines- ſe diſoit Tupi de Nation , quoiqu'il fût né
à Yaguaron , d'où il n'était jamais ſorti,
_que pour entrer au ſervice du Capitaine
DU PARAGUAY. Liv. —XII. 2.11'
Chriſtophe Ramirez de Fuenleal, qui peu ——-———î
165L'.
de tems après le mena avec lui au Tucu
man. CÏet Officier , un des plus déclarés
Partiſans de Dom Bernardin de Cardenas ,
avoit entre ris de réaliſer la chiinere des
Mines
qu'il y ſiavoir
ju ement décriées parmi
de Perſonnes ſectnſées,tout8c ce
il
crut pouvoir y réuſſir par le moïen de ſon
Eſclave. Il le mena avec lui à Santiago ,
oii d'abord il ne parla de rien 5 mais après
avoir bien endoctriné *cet Indien, il en fit
préſentdeà ſon
raiſon Dom Melchior
ſilence Maldonado.
étoit qu'a’i~anr La
été ſectn
tencié par Dom André de Leon Garavito",
déclare' incapable d'exercer jamais aucun
Emploi public , condamne' à trois cents
écus d'amende au profit du Roi , 8c à cent
écus de dédommagement envers les Iéſui
tes , tout auroit
Religieux ce qu'ilparu
auroit
dupudire
moins contre ces '
ſort ſuſ-ſi
pect. Ce ne ſur donc que quelque tems après
que Dominique fut entré au ſervice de l'E
vêqueſque cet lndien commença a jouer
le perſonnage auquel ſon ancien. Maître.
l'avoir dreſſé.
Il ſe mit d'abord à débiter , comme par
maniere de diſcours, qu'il avoit vû auprès
de la Conception , une des plus anciennes
Réductions de la Province d'Uruguay, de
très belles Mines d'or : il montroit le plan,
qu'il en avoit tracé , diſoit-il , ſur les lieux
mêmes; 8c comme cela fit bientôt du bruit
dans la Ville , le Magiſtrar Penvoïa cher
cher, 8c lui fit ſubir une eſpece d'interro
gatqire. Il y ſoutiiit tout ce qu'il avoit dit ;z
8c le Magiſtrat le fit partir pour la. Plata ,,
1.”. Hſi r s 1" oſi r R' É
LM_
oû il Padreſſa à l’Oyd0r Dom François de'
1651' Neſtarez Marin. Ce Seigneur Finrerrogea
pluſieurs fois, 8c voïant qu'il perſiſloit à
dire qu’il n'avoir rien avancé qu'il n’eût
vû de ſes propres yeux , il en fit ſon rap
port à l’Audience roïale , qui ſe dérermina
ſur le champ à envoïer un nouveau Viſiteur
au Paraguay, avec les Têtrels de Gouver
neur 8c de Ca itaíne én ra.
'Rétr/naarion Le Viceroi du Pérÿu aïant approuvé le
à*: ÊWÊZÊL: choix qu'elle avoit ſait de Dom_Jean Blaiï
din ;je cn_ quez e Valverdé pour cette importante
denas. commiſſion , on lui remit entre les mains le
Dénonciareur , avec
ordà Santiago. lequely ilétoit-il
Aſſ-peine ſe rendit d'a,
arrivé
qu'il ſut appellé à Cordoue pour une affai
re qui commença à lui donner de grandes
défianccs de Dominique. J’ai_dit que Dom
Gabriel de Cuellar, qui avoit ſuivi Dom
Bernardin de Cardenasà la Plata en qua
lité de ſon Secrétaire , l'avoir ſervi dans ce
voïage avec beaucoup de zele. Quelque
tems après ilpaſſa au Tucuman, 8c s'étant
arrête' à Cordoue , il y tomba malade , 8c
fut bientôt déſcſperé des Médecins. Alors
ſe voïant ſur le point de paroître devant
Dieu , les remors de ſa conſcience l'obli
gerent de faire aux Jéſuites uneréparation
juridique de tout ce qu'il avoir ſait contre
eux tandis qu'il étoit au ſervice de FE
vêque du Paraguay, 8: il fit prier Dom
Jean Blaſquez de Valverdé de vouloir bien
.ſe donner la peine de venir la recevoir. Le
Viſiteur partit ſans tarder , 8c le Malade
lui préſenta un Ecrit ſigné de ſa main ,
dont voici la traduction faire ſur une c0—
pie imprimée 8c légaliſer..
Du PARAGUAY. Liv. XII. u;
I: Que tous ceux qui verront la préſen ——~————.—
1651-52..
te déclaration ſachent ue moi, le Ca
pitaine D. Gabriel de Cuellar 8c Moſ
chera , Habitant ; 8C Tréſorier de la
Sainte Croiſade, dansîla Ville de l'Aſ
ſomption , Capitale de la Province 8c
Gouvernement du Paraguay 8c de Rio
de la Plata( | ), pour rendre témoigna
ge à la vérité , pour la décharge de ma.
conſcience, 8c pour faire réparation à
tous les Peres de la Compagnie de Ie
ſus , qui ſont 8c ont été dans ladite Pro
vince de Paraguay, déclare que toute
b) ma vie j’ai pratique' ces Religieux, tant
33 en Eſpagne que dans ladite Province,
38 8c me ſuis confeffé à eux , parceque j'ai
D) trouvé leur Doctrine ſaine , leur vie
I3 exemplaire, 8c que je leur ai reconnu
D) beaucoup de zele pour le ſalut des Ames.;
_I3 Parmi ceux que j’ai connus dans ces Pro
P) vinces, il y avoit des trangers, des
d) Eſpagnols , 8c_ quelquesñuns natifs du
33 Païs: tous ſont dévoués au ſervice de
D) Dieu, ſideles au Roi, augmentant, par
D) le grand nombre d’lndiens qu'ils con
D) vertiſſent 8c qu’ils inſtruiſent , nonñſeuñ
d) lement le Trouppeau de Jeſus-Chriſt,
O3 mais encore l'Empire de Sa Majeſté.
D) Auſſi eſt-il vrai de tous en général, 8C
_I3 de chacun en particulier, qu'ils édifienc
I) beaucoup par leur modeſtie , par leur
:o ſageſſes( par leur Æiété; qu'ils accom
d: modent tous les di érends; qu'ils arrê
(Iç Céroít l'ancien les Actes publics de uis
ſtyle que l'on gardait la ſéparation de ces eux
encore quelquefois dans Provinces
214 HÏSTOIRE
LÏ_——— fl tent le progrès des vices 8c des ſcandales
1651-52.. 33 publics) qu’ils Ëiſitent leîi Mñladeésâ
ï! pourvoient avec eaucoup e c arit
ÎD leurs beſoins temporels 8c ſpirituels, BC
D! protegent de tout leur pouvoir les Gens
O3 de bien qui ont a cœur leur ſalut 8c
ïÛ celui de leurs familles, tels que ſont le
Ûï Meſtre de Camp Sébaſtien de Leon , ſes
J) Parens 8c ſes Amis. Tout ce qu'on a pu
ï) blié au contraire, n'eſt que calomnies
D) de perſonnes aveuglées par leurs paſ
ſions. '
n Pour moi, le Seigneur Evêque Dom
Bernardin de Cardenas m’a fait ſentir
les rigoureux effets de la ſienne, en me
faiſant perdre mes biens 8C mou repos
par ſes excommunicarions 8L ſes amen
I) des : je lui vo~i~oiS traiter de la même
d) maniere d'autres Habitans des plus con
I) ſidérables z 8c la crainte que je conçus
D) de ſes diériolences , gointe a ce fque ſen
I) avois )a eprouv , maiant alt con
$5 ſentir à le ſervir en qualité de ſon Se
crétaire 8c de ſon Procureur général,
contre les Peres de la Compagnie de
Jeſus , je me ſuis ſoumis à faire, à di
1! rc, à écrire , à dépoſer contreeux tout
8 ce qu’a voulu ledit Seigneur Evêque ,
8c qui plus eſt , à engager pluſieurs Ha
Il bitans de la Ville a en faire de même,
le tout à l'aveugle , 8c ſans examinerſi
Il ce qu’ils je
quoique ſignoienr étoit vrai
fiiſſe perſuadé en ou
ma faux,
conſ-ſſ
ï)
I) cience , qu'on imputoit a\ ces Peres des
9d' choſes qui ne furent jamais , 8c que ce
\ſétoit qu’un effet de la paſſion dudit
ou PARAGUAY. Liv. XII. u.;
I1 Seigneur : car pour ce qu'on a dit , 8C
ï) ce qu'on a écrit , qu'ils étoient infideles 1651-52..
I! au Roi , notre Maître; qu'ils avoient
Il uſurpé des Mines, d'ou ils tiroient de
ï l'or pour Penvoïer dans les Païs étran
I) gers; qu'ils vouloient ſouſtraire ces Pro
I) vinces a la domination de Sa Majeſté 5,
Il qu'ils étoient hérétiques , ſchiſmatiques ,
I) perturbareurs du repos public , 8c pre'
b: judiciables à l'Etat , ce ſont de très gran
33 des fauſſetés, 8c je voudrois avoir la
I) voix aſſez forte pour me faire entendre
A03 dans tout l'Univers , 8c pour détruire
H les calorpniels_ dpntjex les ai noircis, 8c
33 ue "ai, qui
ſlonnles ait ont
ou crire
ſigné aſous
trente-cin Per
le norri'd’au—
ï)

I) trui' , (pomme j'ai moi-même \ſigrfié alu


I) nom e mon Fils Dom Joe e
D) Cuellar 8c Moſchera , âge' ſeulement
33 alors de ſept ans.
p” Tout cela , 8c tout le reſte qui paroît
I) ſous mon nom , a été fait par ordre du
ï) dit Seigneur Evêque , qui me l'a corn
ï) mandé en qualité de Gouverneur 8c de
D) Capitaine général de ladite Province de
I) Paraguay , 8C au nom de Sa Majeſté,
33 ſous peine de la vie , 8e d'être puni corn
d) me Traître. Ainſi il eſt plus coupable ue
I) rnoide tout le mal , puiſque je n'ai ait
D! que lui obéir comme Sujet du Roi; mais
:I 3 je voudrois préſentement avoir perdu la
J) vie 8C Les biens , 8C n'en avoir pas uſé
I) de la ſorte , ſachant bien que toutes ces
,d procédures étoient contre la Loi de Dieu,
:a contre
&e contrela laſainte
vérité.Compagnie de Jeſus,
D!
C'eſt ce que jſia-\EÇÃË
ne Hisroixr
1551-52.. n avec ſerment devant Dieu 8c ſa Croix;
zz demandant humblement pardon au R.
zz P, Provincial, à tous les Peres Jéſui
zz tes, 8c à tous ceux que j'ai ſcandaliſés.
az Et (pour la déchar e de ma conſcience
” je ouhaite qu'on Ëaſſe pluſieurs copies
zz de la préſente Rétractation , pour en
zz envoïer dans tous les Tribunaux, ou
zz ladite Compagnie en aura beſoin; 8c
zz afin de lui donner toute l'autorité néceſ
zz ſaire , 'e l'ai ſignée devant Notaire, 8C
zz en préſiznce de Témoins ſouffignés. 'Ibn
zz mas de Medina , Valentin &Eſcobar
zz Becerra , 8c Antoine Amolin , Clercs
zz engagés dans les Ordres Mineurs; à.
zz Cordoue , le huitieme -de Novembre
zz 1656. J'ai écrit de ina main la préſente
, zz déclaration, 8c l'ai ſignée. Dom Ga
:o briel de Cuellar 8c Moſchera.
ſſPEvêque Cete déclaration , qui ſut envoïée au
ŸUJÏUCUÜËBH Conſeil roïal des Indes , fit d'autant plus
*ääloîfqueffl d'impreſſion ſpr l'eſprit du Roi, que peu
en conſoſmi_ de tems apres ce Prince reçut pluſieurs
ré. Lettres de [Evêque du Tucuman. Ce Pre'
lat lui mandoit
été effraïéſide dans
voir les l'une d'une
Libelles , qu'il avoit
longueur
énorme ,‘ qui venoient de la Province de
Para uay contre les Peres Jéſuites, u'ilcon
noiſläit mieux que perſonne; 8C ans une
autre du troiſieme de Février r6 51., après
avoir marqué combie il en étoit ſcanda
liſé; zz c'eſt, ajoût t-il, le Révérendiſii
z: me Evêque du Paraguay, Dom Bernar
do din de Cardenas _, qui s'eſt propoſé de
a: perdre les Jéſuites; 8c l'un des moïens
a qu'il a pris ;pour en venir à bout, a éË
ï)
DU PARAGUAY. Liv. XII. 2.17
:3in de
ces répandre
~, par le contre
moïeneux
de dans ces Provin-, 7j***
ſes Confidens l 5"'
a: quantité de Libellés diffamatoires. —
Au commencement de cette même an- Sfflïîffîcäd"
née Domd'agir
abſtenu Gabriel de Peralta
juſques—là en , qualité
qui ne de
S'étoit
.Tu- YÏÃ~Ë°“'“7
ſi
ge-Conſervateur des Jéſuites , que pour les
raiſons que j'ai déja dites, mit la derniere
main au Procès criminel de ceux qui avoient
été les Exécuteurs des violences de I)on1
Bernardin de Cardenas , 8c prononça con
tre eux le ſecond jour de Ianvier la Senten
ce définitive, que l'on trouvera dans les
Preuves. Cet Eccléſiaſtique étoit un _Hom
me au-deſſus de tout reproche , 8c ne per
dit rien de l'eſtime générale qu'il s'é
toit acquiſe dans la Province, ni de la con
ſidération oii il étoit dans le Conſeil des
Indes, pour les calomnies atroces , que
l'on trouva répandues contre lui dans les
Mémoriaux imprimés du Procureur de Dom
Bernardin, a Madrid.
Nous apprenons par une Lettre, qu’il I653.
écrivit l'année ſuivante au Comte de Pe
ñaranda, Préſident du Conſeil roïal des PÏÈGÏÂÎÏÏËEË:
Indes , qu'on avoit voulu rendre ſuſpect a confflſ d,,
ce Conſeil le P. François Ximenez,, Rec- Indes.
teur
avoitduétéctrendu
College de
parBuenos Ayrès
ce même , 8c qu’il
Conſeil un
Décret, qui ordonnoit d'établir des Cor
régidors Eſpagnols dans toutes les Réducñ
tions des Jéſuites. Sur le premier article
Dom Gabriel de Peralta proteſte que tout
ce qu'on avoit avancé contre le Pere Xi
meneí, étoit une calomriie horrible; que
ce Religiei x, qui S'étoit toujours fort diſg
Tome III., K
Ms Hrsrotxt
5165;. tinguédans les Millions, étoit un Homme
ſans reproche, 8c qui méritoit u’on prît
confiance en lui. Sur le ſecond , il dit
qu'a~i~ant fait , en qualité de Vicaire géné
ral 8c &Adminiſtrateur du Diocèſe pen
dant la vacance du Siége , la viſite des Re'
ductions qui en dépendent , il a reconnu
évidemment , 8l qu’il tient pour certain:
Premierement , qu'il eſt d'une néceſſité
_indiſpenſable de continuer de permettre a
.ces nouveaux Chrétiens Fuſage des armes
a ſeu , pour ſe défendre contre leurs Enne
mis , qui ſont toujours ceux de l’Etat : en
ſecond lieu , qu’on ne peut ſans injuſtice,
marquer la moindre défiance des Peres de
la Compagnie au ſujet du gouvernement de
ces Egliſes, qu'ils ont fondées avec des pei
nes extrêmes, 8c cimentées de leur ſang,
,SC parñlà acquis a Dieu 8c au Roi des Pro
vinces cntieres : enfin qu'il eſt d’une extrê
me importance de faire attention au dan
ger , auquel on s'expoſeroit par une inno
vation , qui ne pouvoir avoir été ſuggetée ,
_que pa-r des Per onnes , ou mal intentionn
nées, ou peu inſtruites des effets funeſtcs
qu'elle ne man ueroit pas d'avoir; qu’ila
cru qu'il étoit ile ſon devoir de les ſaire
connoître à. ſon Excellence , 8c qu’i~l étoit
.trop perſuadé de ſes lumieres 8c de ſa gran
de ſageſſe pour douter qu'elle ne Fit de ſé
rieuſes réflexions ſur ce 'qu’il prenoif lali
;berté de lui dire. ~
Il paroît auſſi , par une Lettre que l'E
Nêque du Tucuman écrivit au commence
;nent de cette même année au Pape Inno
szcut X _, que le Paraguay 8; toutes les
'du PARA GUAY. Liv. XII. zi,
Provinces
Libclles diffamatoires
voiſines étoient
contre
alorslesinondées-de
Jéſuites, ~ lct n'
contre les deux .Tu es-Conſervateurs , con*
tre Dom Sébaſtien de Leon , 8c contre le
Viſiteur , qui avoit condamné ceux qu’il
avoit trouvés coupables des violences exer
cées contre les Peres de la Compagnieſi
Cependant
ſécution l'endroit
ſi vive , oîi le
ſeſſ faiſoit Feu moins
alors d'une ſen—
pci'

.tir, étoit la Ville de' _FAſſomption , ou il


avoit commencé, 8c d'ou il s'étoit_comñ
muniqué par-tout". Ces Peres y faiſoient
aſſez tranquillement leurs Fonctions, 8c re
gagnoient eu-à-peu la confiance des Ha—_
bitans. C’ toit le fruit de la modération
qu'ils avoient fait paraître, ſur-tout pen
dant la viſite de Dom André de Leon Gaz
ravito
ſſce , oû contents
reconnue parla de voir des
plûpart leur coupables
innocen

mêmes des violences exercées contre eux ,


8c par' leurs principaux Accuſareurs , ils
avoient ſi bien ſollicité eh leur faveur,
qu'ils' étoient verſus à bout'd’obtenir.que~la
Peine, à laquelle 'ils ékoîient condamnés ,
fût moderée, 8c réduite preſqu’à rien pour
pluſieurs. r
Mais lorſq-.ſils cómmençoient à reſpirer Pcrſêcuÿm
dans cette Province , il S’é'leva contre eux î” 1 ?WW
un orage à Buenos Ayïès, ou juſques-lâ AËTÊHËÏÆÏÊ
ils avoient preſque' toujours été ſort tran— les Jeſus….
quilles; 8c ä-peine raſſurés ſur leurs Ré-
ñductions du Pſſarana , ils ſe virent ſur le d" .Conduire
GŸWËÏ'
point d'être chaſſés .de celles de ~l’Uruguay, *âſieuïaïîaœlè
Une Lettre de Dom Pedre de Baygorri, '
Gouverneur de Rio de la Plata, au Préſident
de lhfludience roiale des Chars-as , datée
K ij
2.2.0 H z s- :r o 1 R r.
.cn-Hm
du 2.8 de Juillet i657 , nous apprend que
i654” ~ l’Evêque de Buenos Ayrès , Dom Chriſto
phe Moncha 8C Velaſco , avoit formé le
deſſein de changer ces Réductions en Doc
trines , ou Cures pro rement dites, 6c d’y
établir des Prêtres ſ culiers ä la place des
Iſéſuites. Ce Prélat étoit un Homme entier,
difficile, capable de donner dans les plus
grands écarts , 8c qui ne paroiſſoit pas
avoir d’autre motif pour faire le change
ment qu’il méditoit , qu'une raiſon d’in~
térêt: c'eſt du moins ce qui réſulte de la
Lettre de Dom Pedre de Baygorri.
Ce Gouverneur, qui connoiſſoit 8c qui
détaille Fort bien les ſuites ſâcheuſes que
cette entrepriſe ne pouvoit pas manquer
(ſavoir, y déclare qu’il étoit bien ré olu
de s’y oppoſer de tout ſon pouvoir , à
moins qu’il ne reçût des ordres contraires
de l’Audience roïale, 8c il avertit encore
le Préſident qu'un Convers de l’Ordre de
Saint François , nominé Gaſpar d’Artiaga ,
ſemoit dans ſon Gouvernement des Ecrits
ſcandaleux _contre les Peres de la Compa
gnie; qu’il étoit abſolument néceſſaire pour
la tranquillité de la Province , d'en aire
_ſortir ce Religieux dyſcole, devenu incor
rigible \par l'impunité que lui faiſoit eſpe
rer la ainteté deſon habit; mais que cela
ne pouvoit ſe faire, que par Fautorité d’un
Tribunal ſupérieur : à: car pour moi, con
» tiuuoit—il , quelque bonne volonté que
D) j’aie d'éteindre l'incendie , je ne ſaurois
;z en venir a bout tandis que FF-vêque ar
»- tiſe lui-même le feu. Ce Prélat s'eſt
p: imaginé que c'eſt 1e Pere de la Guardia,
SnU PARAGUAY. Liv. XII. 2.1i
ë* mon Conſeſſeur , qui forriente la, méſin ..—-:——.d—
a: telligence entre lui 8C moi, quoiqu'il 1654-5!
s: ſoir vrai que c'e Jéſuite nfa fait les plus
s: grandes inſtances pour m'engager àbien
33 vivre avec lui. Mais cela ne convient,
53 ni à ma réputation , ni au bien de cette
3)Province. ~
Quant au ro'~et_, que l'Evêque avoit
formé ſur les é uctions , le Gouverneur
n'ignoroit point qu'il avoit droit, 8c qu'il
étoit même obligé de s'y oppoſer au nom
de Sa Majeſté, cette entre riſe étant ſor'
mellement contraire aux E its réiterés des
Rois Catholiques; mais quand il voulut
le faire, le Prélat le menaça de l’excom
murrier , s'il Pempêchoit de gouverner ſon
Diocèſe comme il le jugeoit à propos , 8C
la crainte de tomber dans les mêmes em
barras ,ſi oii
s'était Dom Gregorio
long-tems trouvé à de Hinoſtroſa
l’Aſiſſomption,
Farrêtoit. Enfin , tandis qu'il délíbéroit
ſur le parti qu’il devoir prendre , l’Evêque
publia un Mandement , par lequel il chan
'geoit les Réductions de la Province d'U
ruguay en Cures , ou Paroiſſes proprement
dites, ordonnoit aux Jéſuites de les éva
cuer , 8L invitoit les Eceléſiaſtiques , non
ſeulemen-t de ſon Diocèſe , mais encore de
ceux du Tucuman 8c du Paraguay, 'a ſe
préſenter pour en être pourvus. Aucun ne
'ſe préſenta 5 tous prévoïant bien qu'ils ne
jouiroient pas long-tems de leurs bénéfi
ces , qui d'ailleurs n'avoient rien de fort
attraïant pour eux , outre qu'ils doutoient
fort que le Gouverneur ſouffrir qu'ils en
priſſent poſſeſſion.
. K iij
/
au' Hisroixz
;LM
Le Prélat ne s'y étoit pas attendu , …Sc ſoi
1654-55
, _ étonnement fut extrême. .Cela lui fit faire
ſe des -réflsxions : il _examina de plus
_ avec les ,après Ia conduite des Jéſuites, contre leſ
fujzçç, qqels_ il av__oua bientôt de bonne ſoi qu'il
feta? lîllilé trqp légercrnenp [nfrévſînï, 8C
non- eu ementi n'eut oint 'a au re onte
de ne vouloir pas Fzïvouer; mais après
,avoir retracte' ſon Mandement, il pri:
pour _le Directeur de ſa conſcience le Pere
'Thomas Donvidas, Recteur du College de
'Buenos Ayrès, commença par faire ſou-s la
conduite de ce Religieux les( exercjceë_ ſpi
'rituels de Saint I -nace , 8c ortit e a re
traite tellement fliangé en un autre Hom
me, que ,ceux qui ?avoient 'connu juſques
là, ne purent attribuer un ſi prompt 8L ſi
prodigieux changement, qu'à celui qui eſt
leſouverain Maître des cœurs. —
6 ~ Ce ne fiit pas une ferveur paſſagere;
sonlétnîílíèxyeDom Chrifiopbe retraça dans l'Amérique
ſfflmué .à japendant tout le reſte de ſa vie , toutes les
mort. _ vertus de Saint Thomas de Villeneuve,
,qu'il avoit pris pendant ſa retraite pour
ſon Protecteur auprès de Dieu 8c pour
le modéle de ſa conduite, 8C il lnêurur
comme lui dans un lit d'emprunt. Le Doc
teur François Xarque , rapporte pluſieurs
traits de ſa vie , qui prouvent ſon émi
nente ſainteté , 8C ajoûtc quelques mer
veilles, dont Dieu Fautoriſa. Ce Prélaz
avoit , été Religieux de l'Ordre de Saint_
Benoît. Au reſte , il …zy a bien de l'apparence
que ce fut dans le tems de ſes démêlés
avec D. Pedre de Baygorri, qu'on publia
contre ce Gouverneur, 8c contſfl 1° PW
Dv PARAGUAY. Liv. XII. ;ig
de la Guardia, la calomnie mal digerée , 1655.
dont nous parlerons dans la (iiite.
Ce qui eſt certain, c'eſt que ce même ' Les Indien-s'
des Réduc
Gouverneur eut bientôt une occaſion, de tions rendent
faire connoître combien il avoir eu raiſon un grand ſer
de ne pas conſentir au changement, que vie-: àla Pro
l'Evêque vouloir faire dans les Réductions vince de Rio
de ſa Province. Les Frontones, &d'autres de la Plata
Indiens des environs de Corrientès , aïant
entrepris de ruiner cette Ville, ui n’étoit'
nullement capable de leur réſiſter, &C à.
laquelle il ſe trouvoit hors d'état d'envoie:
le prompt ſecours dont elle avoit beſoin ,
il n'eut point d'autre reſſource pour _la
ſauver que les Indiens des Réductions. Il ’
envoïa prier le Supérieur des Millions , de
faire marcher de ce côté-là le plus qu'il
pourroir de ſes Milices , ce qui ſur exécuté
avec la plus grande promprirude : 8c les
Ennemis n'eurenr pas plutôt appris qu'ils
alloient avoir une Armée entiere de ces
braves Néophytes , qu'ils diſparurent.
Cette Armée reçut en même tems ordre
de marcher contre les Calchaquis, que
l'exemple des Frontones avoit engagés à.
prendre les armes , 8C que la ſeule nouvelle
de leur marche obligea auſſi de ſe retirer.
Enfin, les deux années ſuivantes la Ville
de Buenos Ayrès étant menacée d'une deſ
cente des Anglois, quatre cents cin uante
Néophytes , accourus au premier or re du
Gouverneur, lui ſournirent des Bateaux
pour faire venir les Trouppes Eſpagnoles
qu’il avoit mandées de Corrientès, ſe
joignirent à ces Trouppes 5 8C les Anglois,
qui avoient compté ſur la ſilrpîlſé, appre
K 111]
?M4 HISTOIRE ,
íîç...
1655 nant que le Port étoit ſi bien gardé , n'o
ſerent s’en approcher. Mais de ſi grands
ſervices n’ouvroient point les yeux a bien
des Gens , qui vouloient abſolument avoir
des Indiens pour les ſervir en qualite'
&Eſclaves , 8c qui ne vouloient point voir
qlſfluffl-tôt qu'on leur auroit ôté leurs Paſ
teurs, 8c donné des commandants Eſpa
nols , la crainte de perdre leur liberté les
ſerait déſerter ſur le champ, ñ8c peut-être
devenir des Ennemis auſſi redoutables, qu'ils
étoient une reſſource toujours préſente pour
la Sûreté de ces Provinces.
“UFC Tandis que ces choſes _ſe paſſaient en
Amerique le Frere San Diego Yillalon ne
1° Pîîfflfflî*** ceſſoit point de préſenter au Conſeil des
d? Djſſſſſiſiſſſi Indes des M' ' l Iéſ” 8c
d… ,uoume ernoires contre es uites
au Paraguay, contre tous ceux qui avoient pris leur dé
ôë Eourquoi- ſenſe. Comme il s’apperçut qu'ils n'y ſai
ſoient pas beaucoup d'impreſſion , il s’aviſa
. de dire que les Jéſuites, ſoutenus de Dom
Sébaſtien de Léon 8c du Pere Nolaſco,
lui avoient fait enlever en chemin une
partie de ſes papiers , 8c il fit demander au
Roi la permiffion de retourner au Paraguay
pour y aller chercher de quoi yſuppléer,
avec une ſauve-garde pour -la sureté de ſa
perſonne 8c des nouvelles pieces qu'on lui
auroit fournies. Il avoit de puiſſants Pro
recteurs à Madrid, 8c il n'eut pas beau
/ coup de peine à obtenir ce qu'il deman
doit: de retour dans cette Capitale, il
préſenta ſes nouvelles preuves , qui toutes
ſe réduiſoient a des dépoſitions 8C des ſigna
tures dela même trempe que celles dont
nous avons parlé.
'DU PARAGUAY. Liv. XII. zz;
Mais comme FEvêque du Paragua -
avoit beaucoup inſiſté ſur les erreur.: mon — 165 5~5 6'
trueufês, ue les Jéſuites enſeignoient ä LF RÛVWF
leurs Néo ytes , (quoique le Roi Catho- ÎÆÛJËIÊ'
liquefpe gpr ſe fperdulader que cettel apcuſa- Îhign, ſ40,,
tion it ien , on
qu'en Eſpagne ee (Les
ni daris arce u'i Etats
aultlres avoit
de ſees &ËVOÏWËV
Jé uites
l'Europe 6c du nouveau Monde , on n’im~ 5S1*: mflÏu"
. . . \ . . . slndicus
putoit rien de pareil a ces Religieux , 1l
jugea qu’il étoit bon d'éclaircir ce point
important, non-ſeulement parceque ſi le
mal étoit réel ,- on ne pouvoit trop tôt y
remédier, mais encore pour ne pas laiſſer
plus long-tems équivoque la Doctrine d'un
Corps Religieux chargé d'un ſi grand nom
bre de Millions dans toutes les Parties du
Monde entier. Il ne s’agiſſoit au reſte que
d'examiner le Catéchiſme , que les .Ïéſuites
du Paraguay ſaiſoient apprendre à leurs
Néophytes , parceque toutes les héréſies,
que le Prélat reprochoit aux Jéſuites, y
étoient compriſes, ſelon lui. Mais comme
cet examen ne pouvoit ſe faire que ſur les
lieux mêmes, 8C par des perſonnes qui
entendiſſent bien la Langue dans laquelle
le Catéchiſme étoit écrit, 8c qui étoit
celle des Guaranis , Philippe IV en chargea
?Archevêque de la Plata, D. Jean Alfonſo
Ocon , 8c lui écrivit la Lettre ſuivante.
LE ROI.
i” Très Révérendct Pere* en Ieſiis-Chriff, Le-'tre du Roi
:n Archevêque de l'Egliſe Métropolitaineâ FÆWŸVÔ"
$3 de la Ville de la Plata dans la Province à” *hulk*
»ñ des Eharcas, 8c de mon Conſeil z les '
- ~ Kv
12,6 HISTOIRE
ad:a Lettres qu'on a reçues de Dom Bernarä
din de Cardcnas, Evêque de l'AiIct0mp
1655-56.

:-a tion du Paraguay, nous ont appris la.


v difficulté , qu'il ſait ſur certains termes
» qui ſe trouvent dans le Catéchiſme en
n Langue Guaranie , dont les Religieux de
d: la Compagnie ſe ſervent pour inſtruire
D: les Indiens
v: qui des Miſlions
ſont ſous 8c Réductions,
leur conduitect dans ces
o: Provinces, de la Doctrine 8c des Myſ
‘ï tetes de notte ſainte Foi Catholique ,le
a: ſuſdit Evêque diſant que ces termes ſont
== mal traduits, 8c ne préſentent pas le.
n ſens véritable du texte original; à quoi
_do les ſuſdits Rellgieux répondent que le
.ou Traducteur de ce Catéchiſme eſtlePere
a» Louis de Bolaños ,. de FOrdre de Saint
n) François , dont la traduction a été reçue
dd dans la ſuſdite Province. Cependant le _
a» ſuſdit Evêque perſiſte dans ſon ſentiment;
d: 8C après en avoir déliberé dans mon Con
a: ſeil , j'ai apris la réſolution de vous ren
d: voïer la éciſion de cette affaire, 8c de
I) vous charger , comme je fais par la Pré
a: ſente, dkxaminer 8c de faire examiner le
:d ſuſdit Catéchiſme par les plus habiles
d) Théologiens, 8c par les perſonnes les
ï: plus verſées dans ladite Langue Guaranie,
:z qui\ſe trouveront dans ces Provinces, 8c
dz apres avoir pris leur avis, de prononcer
3d ſur ce qu'on en doit penſer; de quoi.
I! vous me donnerez avis dans mon Conſeil
DE des Indes. Au Buen Retiro, ce premier
È d.: Juin Iäſct.. Moi le Roi..
Par le comm. du Roi notre SeÎgneur 5
JEAN-BART. SAEM NAvAmETrE.
!JU PARAGUAY'. Liv. XII. 7.2.7
L’Archevêqu~e n'eut pas plutôt reçu cette -_.d.————_.
1655-56.
Lettre , qu’il en ſit part a Dom Bernardin
de Cardenas, qui s'étoit retiré à la Paz , 8c L'Archevé~‘
h _ l_
le ſomma de lui marquer dans le terme de 'Üjätſſeuſſïzfldſi
vingt jours ce qu’il trouvoit de repréhen- faire exam-ii
ſible dans le Carhéchiſme qu’il avoit cen- ne! le \Ci-Né'
ſuré , 8c ſur quoi il ſondoitſi ſa cenſure. °"'ſ“"Î"'"A‘ſ
La ſommation ſut faire le neuvierrre de ſomguwſi
Mai i655, 8c Dom Bernardin répondit le
quatorze , que‘des quatre termes qu’il avoit'
condamnés dans le Catéehiſme, les deuic
premiers avoient des ſignifications que la_
chaſteté de la langue Eſpagnoles ne per
mettoit pas de rapporter , 8c que les deux
autres étoient des noms de Démons. Le
reſte de ſa Lettre, qui étoit ſort longue ,
n'était qu'une déclamation , dans le ſtyle
de toutes celles que nous avons déja vues,
8c que nous verrons encore.
L'Archevêque l'envo'i~a avec Ia Lettre dir
Roi à. Dom Jean Blaſquez de Valverdé ,
qui étoit déja à l'Aſſomption , 8C auquel
il donnoit commiſſion 8c plein pouvoir
de former une Junte de Perſonnes telles que
le Roi les ſpéciſioit dans ſa Lettre, afioë
n'on examinar
?erinesyque a laduriozieur
l’Evêque les nacre'
DParaguayqavoit

jugés dignes de cenſure , ajoûtant que_ cet


examen ne pouvoit ſe ſaire à la Plata , oiirſi
il ſeroi-t difficile de trouver perſonne qui
fût aígelz (liiabije däns la langue Guarani-z,
pour eci er ur es oints' de cette im
portaneÊ. Le Viſiteupfi en vfertuédcp cette
comm:
qui ion lePmieux
ſavoienſ a res Serre irn orm
la langue CCClDE,
'Gſſuaranie
les fit avertir de ſe trouver chez lui le lem
I( vjz
,zz-S Hisroiiir
TT demain Jeudi, dernier jour d'Octobre a
55 5 ' deux heures a pres
' mi'd'i.
Qfflïlîſuîïnî Ils étoient au nombre de dix , y compris
Ãxam”“~ le Pere François Vaſquez de la Mora, Pro
ſi vincial des Jéſuites, qui s'excuſa de ſe
trouver dans cette Junte , 8c ſe contenta
d'y envoïer un Mémoire, qui y ſut lû 8c
approuve' tout d'une voix. Les autres
étoient Dom Adrien Cornejo, Proviſeur,
~ Gouverneur 8C Juge Eccléliaſtique du Dio
cèſe , lequel devoit préſider 'a cette Aſſem
blée, au cas 'que le Viſiteur ne pût s'y
trouver; Dom' Gabriel de Peralta , Doïen
de la Cathédrale; le Licencié Dom Pedro
de Mendoze , Curé d'Yaguaron , qui avoit
été Gouverneur Eccléſiaſtique &Viſiteur du
Diocèſe , nommé par Dom_ Bernardin de
Cardenas; Dom Pedre de la Cabex , qui
avoit auſſi été Gouverneur Eccléſiaſtique du
Diocèſe ſous le même Evêque; le Pere
'Pierre de Villaſanti , ancien Définiteur 8C
_Gardien actuel du Couvent de Saint Fran
çois de ?Aſſomptionz Dom François de
Cavallero Baçan Curé de Flncarnation de
la même Ville , 8c qui avoit été Proviſeur
8c Juge Eccléſiaſtique, nommé ar Dom
Bernardin de Cardenas; Dom El evan de
Ibarrola, Curé de la Cathédralegles Meſ
tre de Camp Dom Garcia Moreno 8c Dom
François de Eſpindola de la Vera-Cruz;
tous univerſellement reconnus comme poſ
ſédant parfaitement la- langue Guaranie.
Ecrit raiſon- On commença par lire le Mémoire du
n? du PÎOVÎËI- Provincial des Jéſuites, qui ſaiſoit obſer
ääejëî I” ver d'abord que Doctm Bernardin de Carde
nas n'avoir jamais cu aucune connaiſſance
'bu PARAGUAY. Liv. XII. :T)
ile la Langue, dans laquelle le Catécl1iſ—
me étoit traduit , 8c que pour cenſurer ce 1655-56
Catéçhiſme il ne S’e’toit ſervi que de Gens
?ui ne la (avoient pas mieux que lui. Il di
oit enſuite que la traduction du Catéchifi
me n'était pas Fouvrage des Jéſuites 3
qu’il avoit été compoſe' en langue Péroua
ne , par le Pere Grégoire de Oſſuna, 8c
traduit en langue Guaranie par le vénéra
ble Pere Louis de Bolaños , mort en odeur
de ſainteté, l'un 8c Fautre de l'Ordre de
Saint François 3 que Foriginal_ avoit été
approuvé par deux Conciles de Lima , 8c la
traduction par deux Evêqtíes du Paraguay
àla tête de leurs Synodes
Aſſembléeſſſynodale, , 8c parlaune
pendant autre
vacance
du Siége; tit-ſen conſéquence il avoit été
ordonné ſous peine de déſobéiſſance 8c
(Yexcorrimunicarion , à tous Curés ou Miſ
ſionnaires des Indiens , parlant la langue
Guaranie , d'en faire uſage , 8c de nul au
tre; 8c qu'en effet cela ſe pratiquait par
tout , &Lmême au Breſil , ou cette Langue
eſt commune 3 qu’il ne voïoit donc pas
ſur quel fondement Dom Bernardin de Car
denas artribuoit aux ſeuls Iéſuitcs les er
reurs qu’il prétendait ſe trouver dans cet
Ouvrage.
Il n'y avoit rien entout cela qui ne fût Sentiment
des E xamínívñ:
de notoriété public, Foriginal de la main [EUIÏS I
du Pere de Bolaños étoit ſur le Bureau , 8c
la conſéquence qu'en tiroir le Provincial
étoit évidente. Le Doïen dela Cathédrale
8c le Gardien ducouvent dc Saint Fran
çois parlerent long-tems , pour montrer
gut'. les quatre termes, dont il. sîagiſſoír ,
\gi H r s -r o r R z
*Éñ-cî_ étoient les ſeuls qu'on pût emploïerîpou?
.1655-56.
l'uſage qu'on en faiſoit dans le Catéchiſ
me , 8L qu'ils y étoient dans leur ſignifica
tion propre. Dom Pedre de la Cabex ajoû
ta qu’a~i~ant accompagné Dom Chriſtophe
de Areſti , Evêque du Paraguay , en qua
lité de ſon Secrétaire , dans une viſite du
Diocèſe , 8c qu’a'i~ant fait enſiiite la même
viſite en -ualité de Proviſeur , il avoit
vû ce Cat chiſme empldíé ſeul par tous
les Curés 8c les Miſſionnaires , Eccléſiaſti
ques 8L Réguliers ;enfin , qu'étant Vicaire
général de Dom Bernardin de Cardenas,
il avoit été -tímoin de la déſolation Oli
étoient les Indiens , de ce que PI-Ivêque
avoit condamné le Catéchiſme, 8c le Cu
ré d'Yaguaron dit qu'il avoit vû la même
clioſc dans ſa Paroiſſe.
Mais ce qui ſurprit (ur-tout l'Aſſem-î
blée , ce fut de Voir ſur quoi le Prélat s'é
toit fondé pour \éprouver les termes de'
Tui-â 8L de Tupà, comme étancdesnoms
de Démons; car toute ſa preuve ſi: rédui
ſoit à dire que dans un Concile tenu à Ro
me parle Pape Zacharie en 745 , ce Pon
tiſe avoit condamné un nommé Adelbert,
lequel avoit compoſé une Priere, oii il
invoquoit, comme de bons Anges, Tubuel
8L Tubuas qui étoient des Démons, d'ou
il concluoit
dans ue Tubà,
le Catéccliiſme pour dont on ſeDieu
ſignifier ſervoit
, 8L

Tupzi par lequel ou entevdoit Dieu le Pe


re, étoient des noms de Démons. Les deux
autres termes qu'il réprouvoit ne firent
pas plus de difficulté, 8c le Catécliiſmc ſur
jugé tout d'une voix exempt de toute gaz
'du PARAGUAY. Liv. XII. 1;!
reur. Il en fut dreſſé un Procès-verbal,““*---ct
6
. — . . 165 5-; -.
que tous fignerent, 8c lEcrivain du Roi
eut ordre d'en donner co ie authentique au
Pere Diaz Taño. Ainſi di pariirent les monſ
trueuſes erreurs des Jéſuites, dont l’Evê
que du Paraguay avoit fait retentit toute
l'Amérique, 8c ſon Procureur toute l'Eſ
pagne ( r ). p
Il en avoit beaucoup plus coûté au Vi- V15” &ïæ
ſiteur pour s'acquitter de l'ordre qu’il avoit Zlfiïfdzé_
reçu de ſe tranſporter en perſonne dans Le nouveau
tous les endroits ou l'on avoit aſſure' que Dénonciateur
ſe ttouvoient les Mines d'or , dont les Ié- dïsMiflï-î
ſuites S'étoient emparés, qu'à faire diſpa-“TÎPPŸEË "3
roître les prétendues héréſies , qu’on di-e ſim ñ
ſoit qpe ces Religieux enſei noicnt à leurs
Néop ytes. Il avoit ramenê avec lui, en
partant de la Plata, le nouveau Dénon~
ciateur des Mines de lſiUruguay , que l'Au
dience ro~i~ale lui avoit donne' pour l’accom
pagner dans ſa viſite , 8c il partit de Cor
doue pour ſe rendre dans la Province d'U
ruguay. Plus il approchoit du terme , plus
Dominique le flattoit de lui découvrir le'
tréſor des Jéſuites; mais il n’avoi~t en cela
d'autre viie que de tromper ſa vigilance,
~& de Fengager a ne le pas veiller de trop
près. En effet, lorſque le Viſiteury pen
ſoit le moins , le Fourbe diſparut. On ne
manqua point de lñui dire que les Iéſuites
ſavaient fait enlever , 8c s’il ne le crut pas,
il en eut du moins quelque ſoupçon. Le
Transfuge de ſon côté devoit éviter de ſe
montrer dans les Réductions; mais comme
(1) Voïez , dans les Preuves, toutes les Pieces !BY
hdves à cette allaite.
i.” HISTOIRE
M1
il ne connoiſſoit point le Païs, oil il n'ai”
1655-56.
voit jamais été , la Providence permit qu'il
alla droit à Yaïepu , oii l'on avoit déja eu
avis de ſa fuite. On l'y arrêta , ſur les in
dices que le Viſiteur avoit déja envoïés
partout , 8c on le lui amena ‘a la Con
ſſSon aveu, 8C ception. ñ
l'avis des Mig
Il lui demanda ce qui l'avoir obligé ä
lCl-lls.
ſe ſauver , 8c il le menaça de l'appliquer'
à la queſtion s'il refuſoit de répondre. Alors
ce Malheureux lui dit que lorſqu'il avoit
parlé des Mines , il n'avoir jamais mis les
piés dans aucune Réduction g qu’il ne ſañ
voit ni lire ni écrite; qu'on lui avoit mis
en main la carte 8C les plans qu’il avoit
préſentés , 8c que c’étoit le Capitaine Dom
Chriſtophe Ramirez de Fuenleal ſon Maî
tre , qui l'avoir obligé par ſes promeſſes8c
par ſes menaces, à jouer le perſonnage de
Dénonciateur contre les Jéſuites. Le Vifi~
teur pouvoit s'en tenir la; néanmoins il
voulut ſe tranſporter dans tous les lieux
qui étoient marqués ſur la carte , avec
les Mineurs qu’il avoit amenés avec lui;
8c ceux-ci , _après avoir fait les plus exactes
recherches , déclarerent avec ſerment , non
ſeulement qu'ils ne trouvoient nulle part
aucune apparence de Mines d'or ou d'ar
gent, mais encore que les terres du Païs
n'étaient nullement propres 'a la produc
tion de ces métaux.
Le bruit ſe Le Viſiteur crut alors qu'il étoit ſuperflu
répand de la d'aller plus loin , 8c iieſongeoit plus qu'a
decouverte ſe rendre à l’Aſſomprion , lorſqu'un bruit
d'une Mine
d'argent. ſe répandit que dans la même Province d'U
ruguay on venoit de découvrir uneMin-r
'DU PARAGUAY. ſiLiiùXH. 2.33"
.——.—cïd~—
d'air ent ,_ 8c voici ſur quoi ce bruit étoit 1655-56.
ſon é. Un Indien avoit porté à ,un Reli
gieux une pierre , dans laquelle on voïoit
quelques veines de ce métal, 8c lui dit
qu'il l'avoir tirée d'une Mine très abon
ante, d'ou les Jéſuites en tiroient beau
coup. Quelque tems après ce Religieux
prêchant dans une Egliſe, que le Docteur
Xarque qui raconte ce fait ( r ) nc nomme
point , fit tomber ſon diſcours ſur les Mi
nes que poſſedoient les Peres de la Com
pagnie, 8c pour prouver qu'il ne parloir
pas en l'air , montra a ſon Auditoire la
pierre qu'on lui avoit apportée.
La nouvelle s'en répandu bientôt par- comment0,,
pour 3 8c \les moins prévenuîponträ les_Je'~ IcnfÂdzL-_Ëoijvte
penſer
uices ne
, lorſqu'on
avoient tro
délcouillrit
ce ui senque Flndien
evoient a U 6l?

dont le Prédicateur tenoit cette pierre , l'a


voit volée dans l'E liſe des Peres de Saint
Françoù, d'une
piédeſtal oû ene
Statuerok
de enchaſſée dansle,
la ſſSainte Vierge
8C l'on reconnut enſuite qu'elle reſſembloit
beaucoup à pluſieurs autres, qu'on avoit
apportées des Mines du Pérou. Cet inci
dent ſervit beaucoup a faire com rendre à
Dom Jean Blaſquez 'de Valverd que les
Jéſuites avoient des Ennemis dans tous les
Etats , 8c de quoi ils étoient capables; ainſi
ſans s'amuſer davantage a &inutiles re
cherches, il reprit laxroute du Paraguay.
La premiere choſe qu'il apprit en y arri- Rgu-adazíon
vant, fpt que lq (Ïapjtaine Chriſtophe_ RÊ _Cllppippine
mirez e Fuen ea , e premier Auteur u TROP e
pénible voïage qu’il venoit de faire, étoit ËËŒEÏ "ë
(i) Liv. 2.'. Chap. 4,8.
:34 Hrsrorn!
F? mort aprèsavoir_ rétracté devant témoins]
' tout ce qu'il avoit dit 8c fait contre les Jé
ſuites , 8c leur en avoit demandé pardon.
Sa mort épargnoit apparemment à ces Reli
gieux leque
timent chagrin de lui
rrſſiéritoit voir ſiibir
Findigne le qu'il
artifice châ

avoit mis en oeuvre pour les décrier; 8c le


Viſiteur, à qui on préſenta l'original de ſa
rétractation , jugea à propos de le joindre
aux autres pieces juridiques qui devoient
entrer dans le Procès-verbal de ſa viſite.
1657. Il fit enſuite ſes informations ſur ce qui
s'étoit paſſé à ?Aſſomption au ſujet des
Deux Sen
…ms du Vi_ Jéſuites pendant les années 164x 8c i649 5
[img, 8C le 7.7 de Septembre il prononça une
premiere Sentence ſur les Mines d'or , qu'on
avoit accuſé ces Religieux de poſſeder 8c
de faire valoir Ïa leur profit; après quoi il
condarnna le_ Dénonciateur Dominique a
:recevoir par les rues de la Ville deux cents
cou s de fouet , monté a cheval ſur un bât ,
8c
voixuivi
ſond'un Crieur,
crime : ſon qui ublioità
deflléin haute
étoit de le
faire pendre enſuite; mais le Recteur du
College avoit
Eſclave lui repréſenta
étéſiſiorcéque
par ceſonmalheureux
Maitre de
faire tout ce qu'il avoit fait , 8c obtint ,
quoiqiäaqec bien de la peine , qu'il lui ſit
g race e avie.
Le ſecond jour d'Octobre il rendit une
ſeconde Sentence, danslaquefle aprèsavoir
fait mention de pluſieurs rétractations , ou
tre celles don-t nous avons parlé , il 'dit ,
:a que voulant uſer de la douceur 8c de la
a: modération néceſſaires dans un Païs pau
* D: vre 8c miſérable , tel qu'eſt le Paraguay,
f'
'bu PARAGUAY. Iív. XII. 2.33
88833' ſurñtout après les frais que les Coupa— _í--ndí
I657.
bles ont été obligés de faire pour les
Procès , après les amendes auxquelles
ils ont été condamnés par les Juges Ec
cléſiaſtiques 8c Séculiers , après la répa
ration d'honneur qu'ils ſe ſont portés
8 dieux-mêmes à faire aux Peres de la Com
pagnie par des rétractations juridiques ,
voïant d'ailleurs que ces Religieux con
tents de voir leur innocence 8c la vérité
reconnues par les Juges , qui en ont été
témoins oculaires , 8c avouées par ceux
mêmes qui les avoient calomniés , ont
bien voulu leur ardonner , il ſe con
tente de les con amner, 1° à un fi
lence perpétuel ſur ce que l'on a imputé
aux Jéſuites , 8c à païer tous les frais
du préſent faire
en faudrait Procèspour
8c des
être Copies qu’ila. i
envoiées

Sa Majeſté 8L au Conſeil ro~1~al des In


des, 8c il comprend dans cette condam
33 nation les Régidors 8c les Alcaldes , ui
D) ont été en exercice pendant les annees
1648 8c 164.9 , auſſrlzien que le Général
82 François Nuñez d'Avalos , lequel s'eſt
D) trouvé complice de faux témoignages,
J) 8c pour ce a été condamné à une amenñ
ï) de pécnniaire 8c au baniſſement par le
Seigneur Dom Andre' de Leon Garavito ,
D) déclarant audit Nuñcz d‘Avalos que
D) c'eſt ſans préjudice de la Sentence 8c de
ï) de l'Arrêt que pourra rendre contre lui
ñ” le Conſeil roïal des Indes. Quant aux
d: capitaines Manuel de Villalobos , Dic
:s gue Ximenez de Vcrgas , 8c au Sergent
OD Major d’Ayola , parceqiſaprès avoir ras
, ':36 H i s 1 o' r il E
---- a tifié par Force les informations 8c les :ui
“F” x tres Actes qu'on leur, avoit préſentés ,
a: ils déclarerent auſſi-tôt aux Peres de la
:2 Compagnie la violence dont on avoit
I: uſé pour les y contraindre , 8L proteſte
» rent n'avoir jamais lû le contenu des
:a pieces qu'on leur faiſoit ſigner, 8L par
» ceqiſapres en avoir été inſtruits , ils
a: leur en ont ſait une pleine 8L entiere
32 ſatisfaction par écrit , ainſi qu'ils le dé
» clarent dans leurs Requêtes 8L dans leurs
3d interrogatoires, il les renvoie abſouS8L
I” déchar és.
uma de D. Il ſem le que des Jugcmens rendus avec
36,… de Pda_ tant de maturité , ſur des recherches 8L des
fox , 8c. ce examens ſi exacts, ſur I'aveu des Coupa
uſeilc pro- bles mêmes , 8L après des rétractationsfi
W' juridiques 8L ſi peu ſuſpectes, ne laiſſoient
plus aux Ennemis des Jéſuites , que la hori
te attachée à des impoſtures ſi bien prou
vées , 8L que le moins qu'on devoit atten
dre de leur part , étoit qu'ils gardaſſent
un profond ſilence ſur le paſſé: mais une
Lettre de Dom Jean de Palafox au Pape
Innocent X, en ſaveur de Dom Bernar
din de Cardenas , 8L contre les Jéſuites,
dont on répandit alors des copies dans
ces Provinces , parut aux Emiſſaires de l'E
véque du Paraguay une conviction de tous
les crimes , dont ce Prélat accuſoit ces Re
ligieux. Cependant ils ne perſnaderent que
ceux que la paſſion aveugloit encore 8c
empéclioit de refléchir ſur tout ce qui s'é
toit paſſé. En effet, une Lettre d'un Evê
que du Méxique, qui plaidoit contre les
Jéſuites, 8c qui ne connaiſſait Dom Bel.
DU PARAGUAY. Liv. XII. 2.37
lardin deCardenas, que par celles que ce îÀ-í

16571'
Prélat 8c ſes plus zelés Parriſiins lui avoient
écrites, pouvoit-elle balancer dans l’eſ
prit des perſonnes imparciales ce que l’Evê~
que du Tucuman, qui étoit plus à portée
d’être mieux inſtruit , écrivoit 8c publioir
par-tout pour la défenſe des Jéſuites.
Dans une Lettre de ce Prélat au même Lettres le
Pape Innocent X , datée du vingt 8c unie FEvêque du
Tucuman il
me de Février 1653 , après avoir repré l'a-ze !nuo
ſenté à ce Pontife le tort que faiſoit au cent x.
pro rès de l'Evangile dans le Paraguay le
décâaînement qu’on voïoit dans ces Pro
vinces contre les Peres de la Compagnie,
il lui dit , qu'il conjure à genoux Sa Sain
tete' d'y apporter un remede efficace 8C
prompt; 8c qu'elle peut d'autant plus ajoû
ter foi au témoignage qu’il rend à ces Miſ
ſionnaires, que perſonne ne peut les con
noître \pieux que lui , puiſque le plus grand
nombre 8c les princi ales de leursMaiſons
ſont dans ſon Diocê e. Dans une autre du
treizieme de Mars , adreſſée au même Pon
tife , il commence par proteſter qu’il va
lui parler comme il parleroit à Dieu mê
me; que dix-hiiit ans d’Epiſcopat , pendant
leſquelsil a été deux fois chargé , comme
le plus ancien Evêque de la Province , du
gouvernement de toute la Métropole ,
lui ont donné le tems 8c tous les mo'iens
de connoître à fond les Jéſuites du Para
guay; que leur -vertu , leur zele, 8c le
grand nombre de converſions qu'ils .font
tous les jours, ſont uniquement ce qui de
ehaîne l'Enfer contre eux; que tout ce qui
a été écrit pour lcs, rendre odieux, lui a ’
7.38 I-Iis-rornt
j-íî
1657. paſſé parles mains; qu’il en a rendu compñ'
te_au Saint Siége, au Roi , ſon Souve
.
rain, au Viceroi. du Perou,
, a… [Audience
, .
roiale des Charcas; que le premier Auteur
de tout le mal eſt Flîvêque du Paraguay,
äequeiſa entrepris de perdre la Compagnie
\ eDIe us] dans ces Provinces 5 uil laiſſe
a ieu e jugement du cœur e ce Pré
lat , 8c a Sa Sainteté celui de ſes œuvres'.
Lun-HM
j Par une troiſieme qu'il écrivit, le hùi_
1658. tieme dOctobre i658 , au Pape Alexan
Lettre du dre VII_, ll fait entendre a Sa Sainteté
même à A qu on laiſſoit alors les Jéſuites un peupplus
lsxandrc vii.
tranquilles au Paraguay 5 mais il a)outc’
que ce calme ne confiſtoit qu'en ce qu'on
pe les troubloit plus dans l'exercice des'
onctions de leur miniſtere , dont ils s'ac
quittoient avec autant de zele 8c de ferveur
?ne fi leurs travaux euſſent changé à leur
gard le cœur de leur Ennemis. n: C'eſt en
a: cela , dit-il, que conſiſte la véritable
a: patience. Sila marque d'une grande ame
a: 8c d'un grand cœur eſt d'être “comme
DU inſenſible aux coups qu’on nous porte ,
33 la Compagnie de Jeſus en a ici eſſuïé
D) un
(b1 très. g ran_d npmbre, 8c_ des plus ſenñ
i es , 8c )al vu ces Religieux ne leur
(qppoſter d autre bouclier , que celui d'une
en e innocente 8L modérée , ſans ſe
détourner un moment de leurs fonctions
apoſtoliques.
1l ‘ n
_ C etoitiouzours le Frere Gaſpar de Ar
tiaga , qui ſoulevoit toute l'Amérique Me'
ridfiorſiale contre eux,, par des Libelles qu'il
y ai oit courir , &- dont il envoïoi: des
copies en Europe 8c juſques dans les Pak
DU PARAGUAY. Liv. XII. 2.39'
r
Proteſtans. L'Evêque du Tucuman voulut MM.
i658.
.d'abord en ager tous ceux qui avoient au
torité ſur ui , à le faire ſortir d'un Pa~i~s
ou il jettoit le trouble , 8c qu'il ſcanda
liſoit 3 mais ſes Supérieurs avoient les mains
liées , 8c le ſaint Prélar n’a~i~ant plus d'au
tre parti aunprendre
Provinces Homme pour éloigner
ſi dan ereuſixde ces
, que
de s'adreſſer au Roi, lui en crivit cn ces
termes.

SIKE,
:a Les entrepriſes du Frere Gaſpat de _Lettre du
Artiaga , Convets de l'Ordre de Saint mm" “R”
d'Eſpagne.
François , ont cauſe' un tel ſcandale , pre
mierement dans les Provinces du Pérou
voiſines du Paraguay, 8c puis dansëtout
le reſte de ces Ro~iaumes , qu'après m'y
être inutilement oppoſé avec tous ſes Su
périeurs , avec le Viceroi 8c le Tribunal
du Saint-Office , je me vois obligé d'en
informer Votre Majeſté. On ne (auroit
dire quel eſprit fait agir ce Religieux;
mais il eſt certain que ce n'eſt point l'eſ
prit de Dieu , puiſque ſes œuvres ſont
les œuvres du Démon. Il fait paroître
une haine mortelle contre les Peres de
la Compagnie de Jeſus 5 il envoie ſes
Libelles diffamatoires contre eux juſqu'à
Angola dans l'Afrique, 8c même ſelon
qu'il a été rapporté dans une informa
tion , juſqu'en Hollande, pour les y faire
imprimer SL les répandre par-tout. Tou
tes les viſions qui lui paſſent par l'eſ
prit , il les _ineÛauſſi-tor ſur le papier
14e ’ Ï-IiS-roixr
—.....___———— D) comme des vérités , ſans conſiderer le
I658. à) tort qu'il fait à tout un ſaint Ordre.
43 Pour moi , ne me contentant point
ï: des connoiſſances générales que j'ai pu
d) acquerir depuis vingt-cinq ans que je
3d ſuis dans ces Provinces , j'ai voulu faire
I) ſecretement des perquiſitions très exac
tes ſur ce qu'il débitoit; j'ai même pu
blié des Ordonnances , par leſquelles
j’obligeois tout le monde, ſous peine
D! des Cenſures, de me venir déclarer en
d) particulier ce qu'on en ſavoir, afin de
I) voir ſi tout , ou du moins une partie,
avoit quelque fondement; mais ces di
I) ligences n'ont ſervi qu'à me faire con
!I noîrre encore plus clairement ſa malice
II 8C l'innocence de ceux qu'il accuſe. Je
puis du reſte rendre ces temoignages aux
D) Peres de la Compagnie de Jeſus , que
33 depuis l'année i639 que je ſuis en ce
I) Pais , je n'ai vû perſonne travailler plus
3D efficacement qu'eux pour décharger la
8 conſcience de Votre Majeſté 8c l'obli
gation Oli elle eſt de faire inſtruire ſes
d) Sujets , ni s'occuper jour 8c nuit plus
3d utilement dans le miniſtere Apoſtolique 5
a: tous ſſépargnant ni peine , ni dépenſe ,
I) donnant à tous de grands exemples, au
milieu des contradictions , des inſultes,
I) des calomnies , 8c de tous les autres
:l) mauvais traitemens qu'on leur Fait , ſans
D) ſe plaindre. Je ne les ai méme jamais
I) vûs répondre à leurs Ennemis , que quand
D) ils y ont été contraints juridiquement ,
I) ou devant V. M. , ou devant les Juges, 'a
qui il appartient de les y obliger. .
en Mais
DU PARAGUAY. Liíd. XII. 2.41
—..ñ———-——q
ao Mais à moins que V. Majeſté ne mette
I659.
fin à un tel déſordre, je puis Faſſurer
qu'elle verra dans tout ce País beaucoup
8 de mépris pour la Juſtice, une grande
diſertc dſſnſtructcurs , un extrême dére
33 glemenr des mœurs, 8c ue les ſuneſtes
b: effets des emportemens du Frere Gaſpar
deviendront irremédiables : car c’eſt tout
ï) le fruit , qu’on doit attendre de ſes mé
diſances 8c de ſes calomnies contre les
D) Ouvriers Evangéliques , qui travaillent
D) avec ſuccès pour attirer à la connoiſſancc
D) du vrai Dieu , au chemin du ſalut , 8c ä.
une maniere de vivre conforme à la rai
d) ſon , tant de Bêtes féroces , qui ont vé
cu juſqu'ici ſans aucune Loi civile, ni
même naturelle.
n Par toutes ces conſidérations, Sire;
D! j'avais déja fait des inſtances auprès du
D) Supérieur du Frere Gaſpar dans le Pé
D) rou , qui eſt un Religieux d'un grand
I) mérite , 8c il m'avoir adreſſé des Paten
32 tes, par leſquelles il ordonnoit que ce
à) Frere lui fût envoïé Priſonnier au grand
33 Couvent de Lima 5 mais cela n'eut point
d'effet, parceque ce Frere étoit alors à.
d) Buenos Ayrès , 8c que d'ailleurs D. Ma
I) nuel Nuñez de Cuellar , Procureur' de
33 Votre Majeſté dans le Roïaumc de Chi
D) li, qui ſe trouva dans cette Ville , étoit:
D) chargé de la part de Votre Majeſté de
I) remédier à ce déſordre : je m'adreſſai
donc à lui , 8c je lui fis de fortes remcnñ
O3 .trances , en lui repréſentant combien il.
.étoit néceſſaire que les ordres qu’il avoir
H' reçus fuſſent exccutés , 8c en proteſtant
Tome III.
n( 44L p -H .1 s 1' o r a E
1659. p33 que s'il y manquoit , *il ſeroit reſponſa
'OD ble de tous les maux qui en arriveroient,
d) je joignis à ma Lettre pluſieurs pieces
ï) ori inales , avec d'autres Actes 8L une
d) Inſgrmarion, 8L il me fit la réponſe que
D) j'envoie en original? a Votre Majeſté,
I1 avec
ſujet. quelques dépofitions
ſi .ſur le même
D)

:a Mon ſentiment, Sire, ſe réduit donc


'à deux choſes , l'une, que les calomnies
D) du Frere Gaſpar étant ſi atroces , ſur une
matiere ſi grave, 8L contre un Corps ſi
conſidérable , .il ſaut de néceſſité en fai
re un exemple; je veuirdire, obliger
l'Auteur 'a prouver ce qu'il avance, 8c
s’il ne _le peut , qu'il ſoit châtié comme
il le mérite , 8L qu'onlui ordonne de faire
une ſatisfaction publique à ceux qu’ñil a
_calomnié—s. Autrement, Votre Majeſté
ne doit, pas s’attendre_que Dieu , ni elle,
puiſſent avoir des Miniſtres, qui .ſoient
capables, de faire leur devoir avec ſerme

par, quarîd ils verront
la caloſſmnie. leur crédit, Sire
L'autre-clioſc ruiné,

qui me ñparoît certaine, eſt que je ne


puis croire qu'un Religieux tel que celui
là , doive demeurer plus long-tems aux
Indes, oti il ne faut que le moindre
.ſouffle _de veut pour exciter une grande
tempête. Il ſeroit moins dangereux en
Eſpagne, oii la Foi eſt mieux établie 8c
la Juſtice mieux adminiſtrée. C'eſt ſur
quoi Votre Majeſté ordonnera ce qu'elle
J] jugera plus a propos: cependantÿje prie~
:à :rai Dieu ſans ceſſe de conſerver ſa Per
F. ;ſonne roïale , pour le bien de ſes Etats 8c
DU PARAGUAY. Liv. XII. 14;'
oz de toute la Chrétienté. A Santiago de T**
<2: l'Eſtero , ce neuvieme de Iuin' ió5~9. 1 59'
Iîrere MELCHXOR Evê ue duTncuman. ,
z (i
Mais rien ne fit mieux l'apologie des C* \lüí F3** .
~ - d
Miſſionnaires uParaguay,que 1a condui-_ revenir
d” ce…bien en
.re invariable qu'ils _tinrent 'a l'égard de 517511533335.
leurs Perſecuteurs. Rien en effet ne fit re- ſur….
venir plus de monde des préjugés , oii une
infinité de Perſonnes s’étoient livrées conñ
tre eux , que leur patience , leur douceur ,
leur facilité à pardonner, 8c le zele qiſils
avoient témoigné en pluſieurs rencontres
pour obcenirñla grace de ceux qui avoient
le moins gardé de meſures pendant la pcr- l
ſécution qu’on leur avoit faite. On com<
ñmença auſſi bientôt à regarder leurs Néo
pliytes d'un Eril bien différent de celui ,
dont l’Evêqx.1e du Paraguay les avoit fait
enviſager pour rendre leurs Paſteurs odieux.
Ceffétoient plus ni des Voiſins dangereux ,
ni des Rebelles , dont les Jéſuites vouloient
ſe ſervir pour ulurpcr le Domaine du Roi;
mais les Libérateurs de la Province 8c ſa
plus ſûre refioiirce contre les Barbares , que
les Eſpagnols ne pouvoient pas empêcher
de troubler la tranquillité. Déja même on
étoit perſuadé qu'il y avoit bien plus à
compter ſur eux, que… ſur les n0uveau-x._.__._.__..
Chrétiens qui étoient en Commande; 8C 1550-_
ceux qui penſaient encore autrement, eu- L” 1mm”
. ^
rent bientot de quoi- ſe dezſab uſei._ du Parana
Viennent ſon
' ' * I I T
Les Indiens, qui avoient éte donnes :là-Propos z…
ia Ville de l’Aſſomption , 8c qui n'en étoient ſecours du
.
nullement mónagés -
, ſe IÉ-Volíerijent, . 8c—d:“I,‘:Tg°u":y_
G
244. Hisroixt
_ maſſacrerent pluſieurs Habitans. Leur ré-‘
16W' volte ſur même fi ſubite , que le Gouverneur
de la Province, Dom Alonſo Sarmiento ,
fut obligé de ſe réfugier dans une Egliſe de
la Campagne avec une poignée de Soldats ,
qu'il avoit eu de la peine à raſſembler. Il y
fut auſſi-tôt aſſiégé , 8c ſerre' de ſi près par
les Rebelles, qu’il ne lui Fu: pas poſſible
d’envo'i~er demander du ſecours aux Réduc
tions du Parana les plus proches. Mais on y
apprit d'ailleurs l'extrémité od il étoit ré
duit 5 8C ſur le champ un Corps conſidéra
ble de Néophytes, marchant jour 8c nuit
ſans s'arrêter , tomba ſur les Barbares , qui
ne s'y attendoient point, en tua une partie
8C diſſipa le reſte. \
lesIls Quay/cu_
mettent Ces Braves étoient a peine retournés chez
u, en ſſuiœ_ eux , que les Guaycurus aiant reuni toutes
leurs forces , entrerent dans leur País pour
ſe venger du ſecours qu'ils avoient dpnné
quatre ans auparavant contre eux a D.
André de Leon Garaviro; mais ils en fuñ
rent ſi bien reçus , qu'ils n'ont jamais oſé
depuis ce tems-là y rcparoître. Ils n'en fu
rent pas même quittes pour en avoir été
chaſſes avec beaucoup de perte. Quelque
tems après le Gouverneur envoïa aux Néo
phytes un ordre de les aller châtier de leur
,iardieſſe , 8c ils les mépriſerent aſſez pou:
- iſentrer dans leur Païs qu'au nombre de
cent , qui y firent de grands ravages , 8C y
mirent tout à feu 8c à ſang. Preſque toutes
les années ſuivantes ſont marquées dans
les Lettres écrites a Madrid , par de ſem
blables. 'expéditions , qui répandirent ſans
lain. la ;erreur de leurs armes , 8c furent de
x,
'DU PARAGUAY. Liv. XII. 2.45
.î-...Ÿ
nouvelles preuves ſans replique de leur fi i660.
délité au Service du Roi; 8c cela dans le
tenus que le Procureur de I)on1 Bernardin
de Cardenas en Eſpagne, chargcoit ſes
mémoriaux dînvectives contre ces nou
veaux Chrétiens 8c contre leurs Paſteurs.

Fin du zíquzieme Livre.

L iij
POUR SERVIR DE PREUVE;
8c dkäclairciſſement à l'Hiſtoire
du Paraguay.

GREGORII DECIÀII-TER T II,


.Facultas Confervatares-Judices aſſid
" mendi in quibuſcumque cauſís.

Azäuo M.D.~LXX11I.
Bvuapz GREGOMUS , Epîſcopus , ſerſſvus ſervo*
GREGOIRE rum Dci, ad perpetuam rei memoriam.
xm- ÆQUUM repucamus 8c rationi conſongm
ur ea , quæ de Romani Pomificis gratiâ pro
ceſſerunt , Iicct ejus ſupervcniente Obitu li
teræ Apoſtolicæ ſuper illis confcctæ nor!
fucrint , ſuum ſortíantur cffectum. Dudum
/‘ ſi quidem fclicis recordationis PIO PP. V ,
’ prædcceſſori noſho , pro parte dilectorum
filiorum, Præpoſiri genexalis 8c Religioſo
rum Societatis Jeſu», expoſito , quôd clim
dicta Socieras , bencdiccnre Domino , lon
gè lacèque eſſct propagata , ac ad Dei lau
dem 8c honorem, mílitantiſquc Eccleſiæ
Profectum in dies augerctur , 8C propre!
diverſa bona temporalia, quæ Collegia
ſcholarium ſub comm curâ inſtituta poſſx
debant conſervanda 8c recuperanda , litcs
aliaque forcnſia frequenter ſnbirc neceſſa
1
xiô cogerctur , exindèquc fiere: , -ut ejus
,fifi LHLSTOERE :SU PARAGUAY. in?
perſonas , quæ animorum ſaluri implicitæ , TIF;
Iitium anfractus, qui ab eorum inſtitutis GREGOjR,
valdè diſſonabant, evitare cupiebant, ab Xlll.
earum miniſterio , non' ſine animi ſui do- -
lore, cum animarum hujuſmodi diſpendio
diſtralierentur 3 8c eidem prædeceſſori , pro
parte eorumdem Præpoſiti generalis 8c Re
igioſorum , aſſerentium eorum bona 5.'
guorumcumque locorurn ordinariorum Ju*
'iſdictione lrbera 8c exempta ac ſub Roma
ni Pontificis 8c Sedis apoſtolicx protectione
alias recepta ſuiſſe , humiliter ſupplicato ,
u: eorum uieti , more pii atris , ac alias
in præmiſſis opportunè con ulere de beni
änitare Apoſtolicâ' dignaretur; idem prat
eceſſor , qui ad gratos Deo, 8c univerſel:
Reipublicæ Chriſtianæ utiles 8c neceſſarios
fructus, quos Societatis prædictæ Perſona:
'm vinea Domini ſemper proſerebant , de
bitum reſpectum habebat, facere nullo mo#
do-poterat, quirí ipfis' ea concedetet , per
quat ipſiminiſterio
Îuſtitiæ , eorqmque res 8c bona *, àcoſdſieni'
preſervarentur noxiis
Præpoſitum generalem 8c Religioſos, ac
eorum \in ulos , a quibuſvis excommunica
tionis , uſpenſionis
Ecclcfiaſticis ſententiis8c , interdicti
cenſuris, aliiſque
&ſipœ- —
nis , à jure vel ab vhomine , quavis 0ccaſió—
ne _vel cauſâ , laris , ſi quibus quomodoli
bet innodati exiſtebant ad effectum infra
ſcriptorum dumtaxat conſe uendum abſol
vens , 8c abſolutos fore cenſens, hujuſmo- CMFËW”
di ſupplicationibus
videlicct inclinarur
VIlI Kal. Junii : ſub darâ
, Pontificarus ſui …i5 m… Re_
anno tertio , eidem Societati , ſinguliſque ligíolicumiſſa
i-l-lius perſonîs , ac eorum familiaribus , cle~ “Fillëî” 51°'
L iv n UCI.
1'48 PIECES JUSTIFICATIVES
BULLE DE
Ficali caractere tamen inſignitisj ut in
GREGOIRE quibuſcumque cauſis tam civilibus , quam
XIII. criminalibus ac mixtis , etiam in cis in
quibus actores , vel conventiſi rei furent ,
ipſis , contra quaſcumque Communitares 8L
Collegia hujuſmodi , oiiines 8L [ingulos Ar
cliiepiſcopos. 8L Epiiſicopos, ac Abbates, nec
non-alias perſonas in dignitate Eccleſiaſti
eä conſtiiutas, ac Metropolitanarum 8L alia
rum- Carliedralium Eccleſiarum Canonicos,
ac eorumdem Archiepiſcoporum 8L Epiſ
coporum Vicarios in ſpiritualibus , 8L Offi
ciales generales ubilibet conſtitutos , in ſuos
poſſent aſſumere Conſervarotes, 8L judices
ordinarios, indnlſit : ipſis vero ſie elcctis ,
vel duobus , aut uni eornm .ut per ſe z V61
alium . ſeu alios, etiam ſi ſit extra loca ,
in quibus Conſervatores 8L indices deputa
ti ſorent , eideni Societari efficacis defen
ſionis przeſidio affiſtentes, non permitte
reric Societatein Collegiaque hujuſmodi, ſu-_
pet terris , locis , domibus , poſſeſſionibus ,
8L jutibus, nec-non ſructibus, cenſibus z
reditibus, 8L proventibns , ac quibuſcum
ue aliis bonis
llpiritualibris 8L mobilibus 8L immobilibus
temporglibus , nec-non pri ,
jvilegiis 8L indultis , cis 8L dictæ Societati,
_tam Apoſtolicâ quam ordínariâ 8L alias rite
regiâ , auctoritatibus conceflis , 8L aliis re
bus ad dictam Societatem communiter , vel'
diviſim
ſſſonis ſpectantibus
, tam , à quibuſcumque
ſecularibus per
, quam eccléſiaſti
cis, ac quacumque auctoritate 8L ſuperio
rirate ſnngentibus, quoquomodo indebite
rnoleſtari , vel eis gravamina , damna , aut
înjurias irrogari; ſacerentque , ciim ab ciſ
DE :FI-lis-roixt DU PARAGUAY- 1.49
dem , Societate , aut perſonis, vel procu BULLE on ‘
ratoribus ſuis , ſeu aliquo ex eis , ſoient Gnrcoikl
requiſiti ſuper reſtitution: loqorum , terra Xl”.
rum , domorum , poſſeſſionum , jurium ,
bonorum mobilium 8c immobilium , redi
tuum quoque 8c proventuum , ac aliorum
quorumcumque bonorum , ucc-noii privile
giorum 8c indultorum , eis rune 8: pro tem
pore conctſſorum , obſervatione , nec non
de quibuslibet moleſtiis, injuriis , damnis
tunc præſentibus 8L futuris , in illis videli
cet qua: judicialem requirerent indaginem ,
ſummariè, ſimpliciter- 8: de plano , ſine
ſtrepitu 8c figura judicii , in aliis vero
prout corum qualitas exegiſſet , juſtitiæ
complemcnrum; occupatores, ſeu detente Conſerva
res , præſumptores, 8c injutiatores hujuſmo rorum judí—
cum Fflculſfl*
di , nec- non conttadictorcs quollibet 8c 'tes per cenſu
rebelles, etiam ſi alias quàm ut prefertur ,ſas comtíeſ~
qualiſicati exiſtercnt , quandocumqiie 8-: CJMŸ- dcda'.
quôtieſcumque expediſſet , aiictoritate Apoſffſimd' ï ac'
tolicâ per ſententias , cenſuras , 8c pœnas
eccleſiaſticas , aliaque opportuna jui-is 8c
ſacti remedîa , appellatione poſtpoſirâ ,
compeſccndo : legitiiniſque , ſuper his ha
bendis , ſervatis proccffibus, eos , quos ſen
tentias , cenſutas 8c pœnas, per eoſdcm
conſetvatores ſeu indices pro tempote latas ,
.incurriſſe eis couſtitiſſet , cas incurriſſe de
clararent , 8c quoties opus fuiſſet , etiam ite
raris vicibus aggtavarent nec non auxílium
brachii ſccularis invocarent, commiſit 8c
mandavit.
Ac inſuper, ſi per ſummariam informa
tionem , pet eos ſuper liis habendam , ip
ſis conſtitiſſet , quód ad locí , in quibus
V
250 PIECES rUsTiric ATIVES
d-—B-——— occuparores , præſumptores , inoleſtatoresî
Gkfflëſiäï: &Linjuriatores hujuſniodi , ac alios, quos
xffl_ litteræ tunc deſuper conſiciendæ concerne
rent, pro tempore morari contigiſſet, pro
monitionibus , 8c inhibitionibus ipſis , ac _
citationibus eis ſaciendis , rutus non paterec
acceſſus , Judicibus 8c Conſervatoribus hu
juſmodi monitionts 8c citationes præſaras ,
P" **W-WW ac inhibitiones quaslibet , per edicta publi
äfiäfuſi' ë" ca locis Publicis afflgenda \de quibus eſſe:
veriſimilis conjectura , quod ad ipſorum
monitoriim , citatorum , 8c inhibitorum
notitiam pervenire valerent, ſaciendi; nec
non eiſdem occuparoribus, detcnroribus ,
ptæſiimptoribus , moleſtaroribus, injuria
toribus , contradictoribus , 6C rebellibus,
etiam ſub cenſuris 8c pœnis eccleſiaſticis ,
_ ac etiam pecuniariis eorum arbitrio mode
Îflhïbïfidí- tandis , inhibendi : ac quibuſvis inhibitio
nibus , eis pro rempore, etiam prætextu
quarumcumque litterarum conſervatoria
mm, ſeu privilegiorum apoſtolicorum ,
quibuslibet conceſſorum 8c concedendorum,
pro tempore fſiactis , non obſtantibus , eorum
juriſdictionem liberè exerccndi z loca ad*
uze eos declinare contigerit, Bt in quibus
ſcience: ſtare permiſſi forent, eccleſiaſtico
interdicto ſubjiciendi , plenam 8L liberam
facultarem conceffit : ac monitiones , requic
' ſitiones , inhibitiones 8c citationes fic ſactas,
perinde ípſos monitos , requiſitos , inhibi
ffls …mis Eos , 8c citatos arctarent ,_ ac ſi eis erſona~
P…. quam…- licer factæ, inſinuaræ 8c intimatæ oſent.
‘que alias de Ac tunc deſuper conſiciendis litteris 8c in
mention" eis conteutis diſpoſitionibus, per quaſcum
ßÃBÏËW' que derogarioncs , in quibuſvis aliis littetis
ne r'l~lisronir~ nu PAM-leu”. 2:51”,
Actpoſtolicis gratiam vel juſtitiam &ſimixtim …
~ BULLE DE
continentibus , per eumdem prædeceſſorem GRFGOXRI
8e Sedem Apoſtolicam ,, etiam cum deroga XIII.
tjoriatum detogatoriis , aliiſque efficaciori
bus 8c inſolitisë clauſulis , \Sc per quas ea
rumdem litterarum tune deſuper conficien
darum tenor, ac ſi de verbo ad verbum
in eis inſertus foret, pro expreſſo habere
mr", quibuſeumque perſonis , ſeu in eorum
favorem, \etiam motu proprio , 8e ex cer
rä ſentenria ac de Apoſtolicæ poteſtatis ple
nitudineîconccſſas ,-61 ſzctas ac faciendas 8c
cohcedendas',
retur nullarenns
,ñ aut dſſerogari derogatum
poſſet, cenſe
niſi tenor ea
rumdem
tſicrarum , tnnc deſuper
de verbo conſiciendarum
ad vcrbum, lit
nihil penitûs'
omîſſo , Foret in illis inſertus ſ8: deroga
tio pro tem ore facta hujuſmodi , per trinas
diſtinctas iitteras eumdem_ tenorem conti
nentes , tribus ſimiliter diſtinctis vicibus,
eidem Societarî intimata 8c inſinnata foret ;
8l quodaliter earumdem litterarum tune
deſuper conficlehdariïm pro rempore ſactæ
derogarionesnemini ſuffragarentur : quod
que quilibet Judicum² 8c Conſervatorumï Quilibet
præſatorumî-valeret proſequi articulum , Conſervator'
etiam per alizum inchoatum ,— quamvis idem, poteſt pro
iequi articu
iuchoans nullo foret canonico impedimen lum per a
to præpeditus ',' qnodque cuilibet Conſerva liuminclioa
ſorum ,- Sc-Judicurn eoriimdem, ab eadem cum.
die octiva Kai. Junii, eſſet in præmiffis omï
nibus ac eorum ſingulis ,ſi cœptis 8c non
eœptis , tnnc præſentibus 8c ſuturis, perpe
tua poteſtas &juriſdictio attributa ,ñ ut' eq
vigore , eâxque firmitate poſſent in præmiſ
(is-Omnibus cœptis 8c non ect-pris , tunc præäe
L vj,
2.52. _ Pac” 'ÎUSÎPIPICATIVES'
' BULLE DE _ſencibus 8L filcpris-&E proprædictis proceder”
GREGOIRE ac ſi prædicta omnia 8L ſingxila coram cis
Xlll. cœpta ſuiſſenc, 8L eorum , ac cujuflibec ip
ſorum juriſdictío de præmiflis omnibus 5c
ſingulis, per citationcm ,yel modum alium,
perpetuaca
qſſuoſcumque.legitimè
Jſſudices ,.excigiſſct; ficque , pe:
SL Commiſſarios 8c
_cauſarnm palatiiEccîcſiæ
ſancta: Romanæ -apoſtniíci AUdirore-s
Cardinàles , ac
,Aſiubia
tâ eisſſ-SL eorumctliliber quavis alicer judiñ
çandi 8L interpretan ii Faculcate SL auctorita
te , judicari 8L definiri debate; ac ex tunc ſi.
ſecus ſuper his à quoquam quavis auctori
;arc P ſcientcr vel ignoranrer , attencari con~
tigctet , irritum BL inane , decrevit.
Non obſtan. _ Non obſtamibqs pix mem: Bonifacii
ïibus. PP. VIII , etiam prædcceſſoris noſtri , qu'à
cavebatur, ne quis extra ſuam civitarem ,
vel Diœccfim , niſi in certis exemptis cali'
bus, 8L illis ultra unam dieram à fine ſua:
ſſdiœccſis ad judicium evocaretur , ſeu nc
judiccs à Sede prædictâ depumti , extra ci
vitatem vel ciiœceſim in quiblïs deputati f0
renc , contra quoſctunque procedere præſu
merent; 8L dc-duabuS-dietis in Concilio gc
nerali cdizâ , dummodô non ultra tres ic
tas aliquis vigore earumdem iicterarum
tunc deſupcr conficiendarunl extrahcretur ,
8c quibuſvis aliis Apnſtolicis , ac in pro
vincialibus 8L Synorialibus Conciliis editis
generalibus vel (ctpecialibus conſtirutionibus
8C ordinationibus, ac quibuſvis juramcnñ
co, confirmationc Apoſtolicä , vel quâvis
ſirmitarc aliâ roboratis, ſtatutis , 8L conſuc
tudinibus , priviiegiis quoquc inrlultis , 8c
liztcris Apoſtolicis, quíbuſvis Regibus ,
DE ÎIHXSTOXRE Du PARAGUAY. 2-5;
Ducibus , — Comitibus , cæteriſque cujuſ- m
cumque dignitatis , qualitatis, 6c præemi- 5H30….
:Îentia: ac ordinis, etiam Mendicanrium ,. X111. ï'
8c conditionis exiſtentibus perſonis , in ge
nere vel in ſpe-cie , ac cum quibuſvis etiam
derogatoriarum dcrogatoriis, aliiſquc effi—
cacioribus 8c inſolitis clauſulis , irritanti
buſque , &c aiiis decretis quomodolibet
etiam iteraris vicibus conceffis , approba
tis , 8c innovatis 3 quibus Omnibus idem
Pius Prædeceſſor , etiam ſi pro illarum ſuſ—
ficienti derogatione , de illis eorumque to
tis tenoribus ſpecialis, ſpecifica , expreſſa,
8L individus. , ac de vcrbo ad verbum ,non
autem per clauſulas generales idem impor
tantes, mentio, ſeu quævis alia exprefflo
_ habenda, aut aliqua alia exquiſita forma ad
id ſervanda foret; tenores hujuſmodi, ac
ſi de verbo ad verbum , nihil ptnitus omiſ
ſo , 8c ſormâ in iilis tradiîrâ obſcrvarâ , in
ſerti ſorent, pro ſufficienter expreſſls ha
bens , illis alias in ſuo robore permanſu
ris, eâ vice duntaxar ſpecialiter 8c expreſſe
dcrogavit, cereriſque contrariis qui-bull
cumque.
Voluit inſuper idem Piusprædeccſſor , Fides habeïï
quod litterarum tune deſuper conficienda-îä" “afiÏml-Ë
rum \ranſlumptis , manu alicujus ſſNota-m'
:ii publici ſubſcriptis, ac ſigillo alicu
jus perſonæ in dignirare cccleſiaſticâ
conſtitutæ munitis , cadem prorſus fides
adhilder-:tur, ua: ipſis Originalibus litteris
adhibererur, i Forem exhibitaz vel Oſten
ſæ. Ne autem de abſolutione , indulto',
8L aliis præmiſſis , pro co quod ſuper
illisipſius Pii prædeceſſoris, ?jus ſuperves
2'54 Pixels' yu's-rirte;r~ri‘v’ts‘
m
BULLE on
niente obitu , litreræ conſcctæ non ſuerîrrtg
GREGOIRE valeat quomodolibet ha-,ſitari , ipſa que So
XIII. cietas illorum fruſttetur effectu , volumus ,ñ
8L ſimiliter Apoltolicâ auctoritatc dccerni
mus , quod indultum , v 8L alla ptæmiſſa pe
rinde à dicta die* VIII Kal. Junii, ſuum
ſortiantur effectum ,- ac ſi ſu et illis ipſius
Pii prædeceſſoris litterœ- con ectœ fniſſent ,
prout ſupetiûs enarratut; quèdque præſen
ces litteræk ad probandum plene abſolutio
nem, indultum, 8L_ alih præmiſſa ubíque
ſufficiant, nec ad id probationis alterius
adminiculum requiratnr. Nulli ergo Omni-
no hominurn liceat hanc paginam noſtræ
voluntatis 8c decreti infringere, vel ei ,ñ
anſu temerario , contraire. Si quis aùtem
liocattentare præſnmpſerit , indignationem
omnipotentisDei &obeatorum Petri 8L Pau
li Apoſtolorum ejus ſe noverit incurſnruin.
Datum Romæ apud S. Petrum ,v anno In-"
carnationis Dominicæ' milleſimo quingcn
teſimo ſeptuageſimo ſecundo. Octavo Kalſi
Ilmii, Pontificatns noſtri anno primoñ -
A.- QUiNT Aid..
DE ;JHÎSTOXRE DU PARAGUAY; 2.53'

DEOLARATION
SATISFACTO~IRE
DE
D. BERNARDIN DE CARDENAS; '
Evíque du Paraguay, pour la décharge
de ceux qui ont pr” les armes contre lc
Gouverneur Dom Sébaſtien de Léon.
cupiée 6' traduite flzr une copie légaltſëe.

NOS Don Fray NOUS Dom Ber- —-—--~


Bemardino de Car nardin de Cardenas , I549'
denas, Obiſpo del Evêque du Paraguay, DÏËOÏÈÊß
Paraguay , del Con Conſeiller du Roi, NAM…. ,
ſejo dcſu Magcflad , ue Dieu conſerve, POUR LA D1!
que Dios guarde , aiſons ſavoir au Roi CHARGE P'
8Ce. Hago ſabcr al notre Sci ncur en "5 Mmſi*
ſon Con cil roïal mſi'
Rey nueſh-o Señor
en ſu Real Conſcjo dcs- Indes, au Sei
delndias , ſeñor Vir~ gneur Viceroi de ces
rey dcſtos Reynos , Roïaumcs , à l'Au
Real Audiencia dela diencc roïale de la'
Placa , y demas Tri Placa , 8c aux au
Bunalcs infcriores , tres Tribunaux infé-r
en como lucgo que rieuts , quauffi-tôt
tuvimos notîcia que que nous eumcs con
vcnia à entrar a eſta noiſſance quele Mell
Ciudad el Maeſtrc de trc dc Camp Sébafl
Campo Sebaſtian dc tien dc Léon 8c Za<
Leon y Zara” , y raté ,acqompagné de'
n
1-55 PXEcES JUSTIPICATIVES
otros vezînos que le pluſieurs Habitat!!
I649.
DECLARH_ acompañavan , en 1a de cette Ville , 8c
DE DOM 3ER. qua] venían algu ſuivi de quelques
NARDIN , nos Padres_ de la PP. dela Compagnie
POUR LA DE' Compañia de Jeſus , de Jeſus , qui me
“u” D E que traían canti noienc avec eux
"î “““î' dad de Indios del quantité ¿’Indicns
ſus. y
Parana , y Uruguay, du Parana 8L de l'U
mandamos prevenir, ruguay , s'achemi—
como Governador , noir vers cette Ville;
y Capitan General, en qualité de Gou
Iuſticia mayor deſta verneur , de Capitai
Ciudad Provin ne Général , ¿c du
cia, el Cabildo , Juſ Cheſde la Juſtice de
cicia, Regimiento, y cette Ville 8c de cec
todos los vczinos
nmradores, y
ectſtanres te Province, nous
A
mandames cous les
y habitantes en ella , Officiers de Ville ,
y muchos Indios del les Alcaldes, les Re
pueblo dc Yaguaron, gídors , 8C de la Pro
Tobati, Ita , y los vince , tous les Ha
Altos : yque affimiſl bitans , un grand
mo los dichos vezi nombre ¿’Indíens
nos truxeſſen los In— Yaguaron, , ¿’Ita ~
dios originarios que Sc delos Altos , avec
cuvieſſcn en ſus Cha ordre aux Habitgus
caras, y caſas ; y d'amener avec eux
que todos unos les lndiens Naturels
_otros ſe apreſtalſcr] , qu'ils avoicnr dans
con cavallos , y ar leursMaiſOnS Sc dans
mas oſcnſivas
dcfſienſivas , con ,muy lcursMétairicsfic or
donnâlnes que tous
. _niciones , y dcmas vinſſenr avec leurs
~ pertreehos de guer Chevaux en bon é
ra‘; y amayor fuer tat ,leurs armes oſ
ga ſacamos el Real ſcnſivcs ¿’c défcnfig
~

DE flHrs-roxnn Du PARAGUAY. 2.57


Eſtandarze, que ha ves , leurs munitions
1649.
eſtado en nueſtro po 8L tous leurs équipa Dren-art.
der ſcis meſes poco ges de guerre. Pour m! DOM BEP.
mas ó menos , el donner lus de poids NARDXN ,
qual enarbolado en 8L de fgrce à nos POUR LA DE*
CHARGE D I
nueſtra mano , man
damos à los (ſiuſodi—
ordres , nous nous SE S MlNlSl
ſaiflmes de l'Erm TRES
chos, que pena de darc roïal , quiz été
traydores al Rey environ ſix mois en
nueſtro Señor , y notre puiſſance , 8-'.
perdimienro de n0 le tenant en main ,
dos ſus bicnes, nos nous commandâmes
aſſiſticflcn , y acu à tous , ſous peine
dieſſen con dichas d‘ê;re réputés Traî
armas, y guardaſ tres au Roi, notre
ſen nucſtros ordencs Seigneur, 8c de con
y mandatos, en cuya fiſcation de leurs
conformidad lo hi biens, de ſe ranger
zieron allí la ma or auprès de nous avec
parte de los diczos leurs armes , 8L d'e
yezinos , y todo el xécuter ce que nous
dicho Cabildo ple— leur preſcrizion-s. La
no. Y eſtando en el? plus grande partie
te eſtado , manda des Habirans , 8c
mos poner eſpias por tout le Chapitre Sé
los caminos reales , /culier obéirent z 8C
para ſpber ſi cupra nous ordonnâmes '
van, o que cammo qu'on envoïât des
tomavan: [raſta que Eſpions ſur tous les
cl_Viernes proximo grands chemins
paſſado , que ſe con pour ſavoir ſi l'En—
tava primero de eſte ncmi approchoit , Sc
coricnre, como a la la route qu'il avoit
una de la tarde tu priſe. Enfin Vendre
vimos aviſo cierto , di dernier, premier
como los dichos jour du courant, :ns
PiEcEsî IUÉTIÏXCATIVES
1'58'

1-649 Maeſtre de Campo viron une, heure
près-mſſidi nous eûa?
Dmuflut Sebaſtian de Leon ,
155m… Bu, y las demás perfo mes des avis certains
¡unnm , nas referidas , coſa que le ſuſdirMcſtre
:EÏÈÉÈA ILE; de dos quatres Je de Camp Sébaſtien
“s Muwlegua, mas o me de Léon 58L coute ſa
7'155_ nos , deſta Ciudad , ſuite , .\n'étaient gue:
‘ I
_ venían‘ marchando‘ re qua. une demi
para ella , y aſſi ſa licue de la Ville ,:
camos de dentro deſ vers laquelle ils mar~
za Igleſia S. al Cor clloîent. Auífi - tôt
redor della el dicho nous rirâmes de cer
eſtandarte z y de nuc— te ſainteroïàl,
tendſſart Egliſe8cl’E—'
le
v0 , fin embargo de
un vando que man fîmes placer ſous le’
damos publicar an porpiquc : no_us end'
tes, bolvirnos à man voïames enſuite pu
dar, rcforçando mas blier de nouveau'
todo l'O antecedente, d'une maniere
expreſſe lus
encore, (Pou!
en orden à que deba
xo de
rîſias las dichas
ſalieſſen pe les peines ſnſdites,
ä refiffir
un ordre d'aller ¿Tai
la dicha entrada con rencontrc de Sébaſ
las dichas armas; tien de Léon,8c d'em
In p A .
u ~ mandamos quedaz pêcher qu 1l n entra!
ſen algunas perſonas dans la Ville. Nous
à hazernos aſſlſtem voulûmes ſeulement
cia , y al dicho Real que quelques-uns
~ Eſtandarre, que tu reſiaſſen; auprès de'
_vimos en nueſtra' nous 8c de l'Etan
mano , con que man darc roïal {que nous
¿‘amos à nueſtrolu primes en main. Puis
garteniente General nous-commandâmes
a guerra Juan dc Val à notre Lieutenant
Pejo Villaſanti, y à général de guerre,
'lbs Capitanes que Jean dc Vallëjo Vil
m: xfHxsromz m’: PAáAcuAY. '-59
nómbramos en la la-Santi , 8c aux Ca
I649
occaſion, que ſalle pirames que nous DECLARAT;
ron ¿hazer dicha re &VOUS DOIfl-ËDÉS , de pg DOM BER_
ſiſtencia, uo ſe pu marcher pour s'op- NARDIN ,
ſieſſen a oir papeles , poſer fortement ËZÎHÎÉË** ZE;
ni ponerſe en plati l'entrée de_l’Ennem1 s E s Mm”
cas , dares, ni toma dans la Ville, ſans ſu,,
rcs , ,ſino que de s'amuſer ,v ni à -en
hechos-acometieſſen tendre la lecture d'au
con ſus armas de à eun papier , ni à
pié, y de à Cavallo , ecouter aucune_ pro
y no conſencieffeu la poſition , mais de
dicha enrrada por 'charger l'Ennemi , à
ningun caſo; me pié 8c àcheval , 8c
diante lo qua] , obe Je ne ſouffrir pour
decieſindo , ſalieron
quelque raiſon que'
allí Eſpañoles, como ce ſûr , qu'il mí: lc
Indios , a hazer di Pied dans la Ville.
cha reſiſtencia , en Tous auſſi-tôt Eſpa
gue ſuccedió el dañ gnols 8c Indiens _ſe
no de que tengo noñ mirent en marche
¡kia , aunque no eſ pour obéir , 8c il en
tamos ciertos del. Y eſt arrivé le malheur
la tuvimos affimiſ qui nous a été rap
mo , como el dicho porté, quoique nous
Maeſtre de Campo n'en ayions aucune
Sebaſtian de Leon , certitude. Nous a
por carta que eſcri vons auffi reçu avis<
.VIÔ de dos leguas que le ſuſdit Meſtre
deſta Ciudad al di de Camp Sébaſtien
cho Cabildo della, de Léon , par une
como venia por Go lettre écrite de deux
vemador , Capiran lieues de cette Ville ,. x
General, y Iuſticia adreſſée au Chapitre"
mayor deſtas Pro Séculier, avoit de'
vincias , deſpachado daré qu'il venoir, en
\
160 PrEcEs ÎUsTmcATrvEs
I-N———í ' .
por el Senor Preſi qualité de Gouver
'649'
DEÈLÀRAT.
dente
_ _
de la real Au neur , Capitaine Ge'
m …OM BER_ drcncra de la Plata , néral &i Chef de la
NÀRDIN , y Viſitador General Juſtice, envoie par
"MNU DE' della, y Caſa de la lc Seigneur Préſident
:ÏÊRÏX D Îmonerla de la Villa
1-135_ …ſi ,de Poroſ: dudamos de l’Audience roïale
de la~ Plata , Viſiteur
ſueſſe affi; pro lo Général de cette
qual mandamos ha Cour 8c de l'Hôtel
zer la dicha reſiſten de la Monnoie dc
cia , como va refe la Ville du Porofi z
rido : Y por que rc mais cela nous paru:
nemos noucia, c0 ſort douteux , 8c c'eſt
mo dicho Cabildo, ce altri nous a enga
y perſonas del eſſnn Fés a nous oppoſcrà
sreſos por el hecho on entrée dans la
c la reſiſtencia, y Ville, comme il a
otras perſonas z y été clic. Cependant
aviendo tenido no aïanr ſu depuis , que
ticia queel dicho les Officiers de Ville
Maeſh-e de Campo 8c 'pluſieurs autres
_ Sebaſtian de Leon y Perſonnes ont été ar
Zarare avia manda rêtés à ce ſujet; 8c
do publicar 'en voz aïanc
ſuſdit a Plijleſtrg
ris ue (le
le
de pregonero cu las
Caſas Reales y de Camp Sébaſtien de
Cabildo , el título , Léon Sc Zaraté avoit
y anto de recibimien fait publier par_ lc
to de Govemador, Crieur public dans
Calpiran General , y les Maiſons du Roi,
Ju icia mayor de 8c dans celles du Cha
eſtas díchas Provin pitre , ſes Proviſions
cias, en que avien ¿c l'ordre de le rece
'dolo oido el dicho voir en qualité de
Cabildo , y demás Gouverneur , Capi
vczinos que ſe hal taine Général 8C
DE L'HISTOIRE DU PARAGUAY. 2.61
Iaron preſentes , ſue Chef de la Juſtice î-î_

recibido de todos , dans ces Provinces , 1649.


DE-cLAnA-x..
nos recogtmos lue 8L que_ ceux du Corps DE DOM BER
1
gO . de Ville 8c des Ha- NAHD… l
bitans , qui ſe crou- POUR LA DE
CHARGE D K
verent préſens , ont obéi , nous nous” ſom
s E s Minis
mes retirés ſur le champ. TRES.
Y aſii certificamos , Nous cerrifions
y ſiendo neceſſario donc , 5C , autant
juramos in verbo qu’il eſt néceſſaire ,
Saccrdotis , ponien nous jurous ſur nos
do la mano en cl pe ordres ſacrés, mec
cho y corona , que tant la main ſur la
procediô el hecho , poitrine -8c ſur la
ſegun dicho es, ema couronne, ue la cho
nado de nueſtros 0r ſe s'eſt pa ée comme
denes y mandaros , nous l'avons dir, que
que ellos entouces tou: s'eſt fait par nos
obeclecieron , como ordres cu vertu de
de ſu Govetnador, nos Mandcmens , 8C
Capitan General , que cous nous ont
que uſavamos , y obéi comme à leur
cxerciamos, y de tc Gouverneur 8L Capi
mor de incurrir en taine Général, dont
las penas que tenia nous exercions la
mos impueſtas; y Charge , 8c par la,
fegun nueſtro pare crainte des peines 8c rr
cer , los ſuſoclichos de Pexcommunica
padecen con inno tion ipfofacto, qu'ils
cencia, Piles ſola auraient encourue.
menre acudieron co Ainſi ll nous paroîc
mo humildes à obe qu'ils ſouffrent ſans
decernos , demas del'avoir mérité , puif…
que aſſrmiſmo ſe loqu'ils n'ont rien fait:
mandavamos con que par nos ordres ,
penas ;le cxcommu. 8C qu'ils doivent être.

ñ- —~
2€}. PIECES IUSTIFICATIYES
nion ipjb facto, al déclarés innocents ,‘
164.9.
manu_ que no acudieſſe a n'a~1~anc commis au
m; D…. B“. nueſtros ordenes z y cun délit. En foi de
and” , en eſtaconſideracion quoi, n'y étant pouſ
PW* U‘ D" dcvcn ſe: abſueltos , ſe' par aucun autre
:ÏŸLÆNÏSÏ como pecſonas que motif, que de dé
nds. no comeueron deli charger notre con
co por ſi. Y para Hue ſcience, nous certi
confíe , de nue r0 fions le fait tel que
motivo , por la no nous l'avons expoſé ,
ricia dicha , y por ce qui ne peut être
el deſcargo de nueſ révoqué en doute ,
tra conciencia , y no .la choſe étant
nororiérſié d'une
_publique
por otra cauſa algu
na, lo cercificamos dans cette Ville, Sc
aſſi por ſer verdad nous le ſignons de
infalible , publica’, notre main en pre'
notoria en eſta ſence de deux Te'
Ciudad , y lo firmañ moins , n'y aïant ac
mos de nueſtra mano tuellement ici, ni
ante dos teſtigos , Notaire , ni Ecrivain
por no aver Eſcriva roïal ou public, ni
no publico 'ui Real , Sécrecàirc pour con
ni Notario, ni Se tre-ſigner. Fait dans
cretario , para que cette ſainte Egliſe de
lo refrende , que es l'A ſſompcion, le ſep
ſeche en eſta Santa cicme dOctobre, ſur
Iglcſia de la Ciudad papier commun, fau
dela Aſſumpcion en te de papier timbre;
fiere dias del mes de 8c parceque j'ai ſigné
Octobre de mil y deux Actes de la pré
ſei ſcientos y quai-en ſente déclaration , je
ta y nueve, en eſte certifie qu'ils ſont
pape] comun Por fal ſemblables 8c que le
ta de ſellado. Y por ſuſdit Corps de Vil
qué: doy dos de un lc Peut shucoriſer de ~
DE UHÎSTOXEE DU PARAGUAY. 26;»
tenor , ſe ‘entienda l'un 8c de l'autre , 8: > 1649.
ſer el uno del otro de tous les deux pour DECLMM_
duplicado , y una ſe diſcuiper. Fait DE DoMBEr.
miſma coſa , con las comme ci-dcſſus. Je- NARDIN z
miſmas razones el ſus: Frere BERNAR- WV*** ‘A W'
uno que eſtàn eſcri- DIN , Evêque du Pa- :ÎÇRÏINÏSÏ
cas en cl otro, para raguay. Témoins , ¡Rm ‘
que el dicho Cabil- Manuel Enriquez de_
do ſe valga de am- Alarcon , Rodrigue
bos , è de cada uno de Roxas Aranda,
dellos en ſu defenſa. Antoine dc Ortega.
Fecha ur ſupra. Ie
ſus. Fray BERNARDXNO, Obiſpo del Pa
raguay. Teſtigos , Manuel Enriquez de
Alarcon , Rodrigo de Roxas Aranda ,ñ Au
tonio de Orte a.
En la Ciudad cCordoua en diez dias del mes -
de Margo de mil y ſeiſciencos y cinquenta '
años, yo el Capitan Juan Albarracin Pe.
teira , Eſcrivano publico, y de Cabildo ,
bienes de difuntos , y de la Real aduana de
Puerto ſeco deſta Ciudad, è ſu juriſdicion
por el Rey nueſtro Señor, fize (ſiacar eſte ‘
traflado de ſu ori inal , que eſta en la cau
ſa , cuyo titulo ize —: Cauſa , y ramo à
parte contra los Alcaldes , y Capicuiares deſ
ce año de_ mil y ſeiſcientos y quarenta y
nueve, deſta Ciudad dc la Aſſumpcion , en
la cauſa de conſervaruria contra cl ſeñor
muy Reverendo Obiſpo D. Fray Bernardi»
no de Cardenas , por aver coopcrado à IQS
agravios, è injurias hechas à la Compa
ñia de Jeſus , y ſus Religioſos; con que
,ſe corregió , y concerto , de pedimiento del
Padre Laureano Sobrino , de la Compañía
«de Jeſus, y Recto! dci Colegio d.‘ l?
264 PIECES IUSTIHCATIVES
________
ſumpcîon del Paraguay , que para ei efſiecto
1649." exhibîè, y bolviô a llevar a ſu poder. Doy
'DEcrAaMx
:DE DOM BEP. Fee. Y para que conſte , lo figno, y firmo
en eſte papel comun, à ſalſa del fallado , y î
rumor: ,
z-UUE LA DE~ averſe quitado el rubricado , fiendo tcſiigos
.CHARGE D E al corregir Chriſtoval Rodriguez , y Anto
IES Mmxs
ILES.
nio Sarmiento de Sotomayor. Tcſtimonio
de verdád , Juan Albarracín Pereira , Eſcri
vano Real , y de Cabildo.

COMPROBACION.

El Cabildo , Juſticia , y Regimiento deſ


ta Ciudad de la Trinidad; Puerto de Bue
nos-Ayres 3 conviene a ſaber , Don Eugenio _
de Caſtro , Teniente General de Governa
dor, y el Capiran Don Pedro Iſarra de
Gaete, y el Capitan Luis Gurtierrez , Al
caldes ordinarios, y los demarcapirula
res que aqui firmamos , certiñcamos, y
damos fee , y verdadero tcſtimonio , por
110 aver Eſcrivano publico, ni Real en
eſta dicha Ciudad, corno Juan Albarracín
Pereira, de quien parece firmado y auto
riſado el inſtrumento de ſoſo, es tal Eſ
crivano Real, y de Cabildode la Ciudad
de Cordoua deTucuman , y a los autos', y
demás inſtrumcnñcos que ante ¿[han paſſado
y paſſan
tera ſee ,, ſcy credito
les d?! , , ycomo
ha dado
ſia talſiempre en
Eſcrivano
Real. Y para que confie, darnos laprc
ſente firmada de nueſtros nombres en
:ſta dicha Ciudad dc la Trinidad , y puerro
de Buenos-Ayres , en eſte papel comun por
falta del ſellado , en ocho de Febrero de
mil y feiſcicnxos yi cincuenta y nueve’
años.
d! zfHrsTorxE nu PARAGUAY. 2.6;
años. Dom Eugenio de Caſtro. Dom Pe
dro Iſarra de Gaetc. Luis Gurrierrez de
Molina. Dom Juan Pachecho. Antonio
Bernal de Linarcz.

SENT ENCE
DU R. P. FIX-PIERRE NOLASCO,
nommé luge-Conſervateur pour les Re
ligieux de la Compagnie de ſcſi” 5 contre
D. F. Bernardin de Gardena.; , Evêque
du Paraguay.

ſſDANs la cauſe 1549,


'N la cauſa , que
ante nos zpeniic , de _ qui eſt devant nous , SENTENC!
pedimento del P. à la requête du Per-c w mo!,
Juan-Antonio Ma Jean-Antoine Ma- CONSERVA'
quiano , Procurator quiano , Procureur THUR
General del Colcgio ëuéral du College -
de' la ſagrada Reli— äc la ſacrée Religion
gion de la Compañiz _ de' la Compagnie de
de Ieſu , de eſta Ciu Jeſus de cette ville
dad dela Aſſumpcion, de PAſſomption , ſes
y ſus Rcligioſos Religieux 8c Miſſion
' Mifioneros, que c naires , qui a été
ha ſeguido en nueſ ſuivie en notre Tri
tro Tribunal y juz bunal , 8c jugée par
gado de Iuez Conſer nous en qualité de
vador apoſtolicqcon- _ Juge - Conſervateur
tra él 'Rev. Obiſpo apoſtolique , contre
D. Fray
.cle Bcrnardino
Cardcnas reo enſſ le Révérendiffimc
ella; las mſianificſtas Evêque Dom Fran
çois Bernardin d:
~ Tom: III. M
PIECES ſivjsînrrcAi-“rvæs
266'
.É--îïï
Cardcnas
injurias Joprobribs, : iëcelie , accuſé cſ1_
z ſſvu les injures
1649. afrentas , libelos fa
SENTENCE rnoſos , quebranta manifeſtes , oppro.
;nu JUSE
mientos de los privi bres outragcs liñ.
ÇnNsERvA
?EURL lcgios exempcio bellez diffamatoires,
nes de icha ſagrada violemens des privi
Religion , y ſobre la leges 8c exemptions
expulſion ſacrilega , de ladite ſacrée Re
ue mando —hazet à ligion
pulſion -,ſacſſrilege
5c ſur qu'il
l'ex_
?ns Clcrigosz y ſecu
Iares ſus miniſtres y ordonna à ſon Cler
Officiales, de los Re gé Séçnlier à ſes
ligioſos de diclio Co Miniſtres Offi
legio , arraſtrando ciers, de faire des
los Y poniendoles las Religieux dudit CO1?
' manos 'violentas
haffa eſſcharlos de eſta, lege , les traînant
Ciudad , el Rctîo àbſizx- ' avec des mains vio
lentes , juſqu'à les
jo,ſuera de eſta Pro'~ 'chaſſer dc cette Vil
vincia z ſobre have: le, les abandonner
'mandado ſaqueär y au courant de la Ri
robar el dicho Cole. viere hors de la Pro
gio , ſus hazlendas , Vince , 8L avoir or
'yv
ſialä, _Sacrlſtiä donné de ſaccager,
,V lglede
y 'Capillſia
&r piller ledit Celle
ñ
l nucſtra Senora - zla e ſes biens, la'
de
Congregacion , def. ſſ la
Ëacliſtie,
Chapellel'Egliſe , 8c
de N07
pojandoles de ſus or
pamentcis , image tre-Dame de la Con:
_nes , cïuces,'calices , grégation , les Au
dcſhudando ſus \Al tels, les dépouillant
tares , y otros vefii de leurs Ornemens,
mentos
cion deldela celebra
Culto divi—_ct
Images , Croix, Ca
lices , 8è tout ce qui.
no Y affimiíctmo los'
eſtnéëcæſſaire pour la_
bien” y hazicndgs célébration Çultç
î ne d'Un-ronde ou PAMOUÀY.
:267 , .
de las Chacaras , y divin
biens ,deainſi
leurs
queMé- 'MY'
cſtancias de ganados tairîes &les Beſtiaux 'ſi ÏEËŸÛC'
‘ mayoresy menores ,
beſtias, mulares y îgrandssæ 'petitsflfl dlſi ËŸW
es 8c Chevaux ~', fai* ſuſi….
cavallares, repartien
do entre ſus conſor ſant la' répartition
tes, y ultimamente entre ſes conſorts;
haver demolido 8c enfin! avoir démoli
man-ludo demoler el par l'ordre dudit Ré
dicëho Reveren. Obiſ
vérend Evêque ave
po tan impiamente el tant (Timpicté ledit
dicho Colegio , y College , l'Egliſe 'Bé
Ygleſia y Capella, la Chapelle , y met!
haziendolo quemar tant le feu eïrplhï
por muchas pattes, ſieurs .endroits , îcau'-’
cauſando una reſti ſant un clomid-age ird
tucion caſt impoſiñ' rëparable , anirrié pal*
ble, llevado de una la paffion sçîrancunè
paſiony rençor , que qu’il conçût 8c ſirivit
concibio y ſiguio contre les Religieux'
contra los Religio de ladite ſacrée Reli—
ſos de dicha ſagrada gion , parcequîls ne '
Religion , por no voulurent pas lui
baver dadole ſu pa donner leur Cünſcſk
rccer , y apoyarlo ſu tement , 8c approu
conſagracion , ſin ver ſa conſécratiorf
ſansîBullcsde ſaſiSainÏ
tener Bulàs reſentes
de ſu Santi ad, exel teté' 8l' ſans Lettres '
curſpriales de ſu 'Ma— patentes -duîkoi, 8c
e ad
Êuarde: uc Dios
hcaiverſe in Ëuîl s'eſt introduit
ans ect -Evêché avec
troducido enñ eſte ce
défaut , uſant
Obiſpado con el
meſmo defſiecto , ul d'une' pleîne Turiſ
diction épiſcopale,
ſando de Iutiſdic exerçant "toutes les
'd'ou plenaîBpiſcopal, ‘ fonctions, ſans être
M ij
1.68 PIECES !USTIPICATIVLS
'.-~——ñ—'*exercicndo los Pon reçu par le vénérable
1649.
cificales , ſin ſer rece! Doïen du Chapitre,
“"71”! vido del venerable le Siege vacant, 8c
pu Just»
Cornu” Dean y Cabildo , ſe autres choſes très
de vacance , y otras raves , qui ſont dé
coſas muy graves, uites dans les char
que eſtan deducidas es; lui aïant repre
en los cargos , que enré tous leſdits ex
de los dichos exce cès 8c crimes, con
ſos'y crímenes, que formément aux in
le hemos echo , con formations faites 8c
forme à las inform» autres Actes 8c te'
ciones hechas y otros moigne es qui nous
autos y ceſtimonios ,onc ét preſentes,
que ante nos ſe han deſquels, ledit Ré
preſcntado , de_ que vérend Evêque, ne
no ha dado deſcar o nous a donné aucune
ninguno el diego décharge, au con
Reverendo Obiſpo , traire nous a paru
antes parecc eſtar en être toujours dans ſa
ſu rencor y odio per haine 8L rancune per
manente 5 y todo manente. Le tour
ello viſio, y confor .conſidere, 8c nous
mandonos con las conforment aux Bul
Bulas Apoſtolicas , les Apoſtoliques, dé
determinaciones de finirions des Conci
Concilios, y ſacros lcs 8: des ſacrés Ca
Canoncs , uſan-io non: , uſant plus
.mas de equidad , d'équité que de ri
que de rigor , lc dc gueur , le devons
vcmos condenar , y condamner 8c le con
condenamos en los damnons dans la for
capitulos de los car me 8c dans la ma
gos , .en la. Forum y niere ſuivante.
manera ſiguiente.
Primeramente en Premicrcmzxxr , dan;
‘S.
nE L'HISTOIRE DU PAnAcuAY; 26g
n
los -cargos 1, 2., z, les Charges r, z, z,
1649.
4y 35, qucel di 4 8c zz', que ledit î SENTEËcE
cholleverendo Obiſ Révérend Evêque ‘a
UU JUGE
po publicè contra los publiées contre les Connu…
Religioſos de la Religieux dela Com- TEux. - u
Compañia de Jeſus ,~ pngnie de Ieſus, ſoit
affi en autos juicia dans des Actes judi
les, como en carcas, ciaiires comme Let
inſormes , ſermoncs, tres , Inſtructions ,
platicas , y conver Sermons, Diſcours
ſaciones , otros 8c Converſations, 8c
Libelos infamato autres Libellcà Eliſa
rios , que ſe publica maroires , qui ont:
ron , y leyeron u été publiés ,lus puù
blicameure y en ïos bliqucmenc 8c dans
pulpitos , con orden les Chaires , de l'or
y maudaro de dicho dre dudit Révéreud
Reverendo Obiſpo , Evêque , dans leſ
en que fl'. dezian quelles on parloir:
randes injuries de ſort mal deſdits Re
os dichos Religio ligieux , leur impu
ſos , e imputandoles tanr d'énormes dé
enormes delitos , in lits , les diffamam:
famandolos con gta avec de très graves
viſiimas calumnias , calomnies , quoique
ſiendo los dichos leſdits Religieux
Religioſos grandes ſoient de grands Scrd
ficrvos de DiosNueſ vireurs de Dieu , de
tro Señor , y de vida vie exemplaire , 8c
cxemplar , y obreros de très dignes Ouq
de la viñadel Scñor -, vriers de la vigne du
Por lo qua] declara Seigneur; c'eſt pour
mos al .dicho Reve quoi nous déclarons
rendo Obiſpo Fray ledit Révérend Evê
Bernardino de Car que D. FLABernardin
denas por inventer , dc Cardenas , invenz
*Miij
170 PIECES IUSTIHCATXVES

i648;
y lcvantador de lasdi teur deſdites calm!!
chas calumiuias, y Li nies 8c libelles diffa
- SEN-TENC!belosvfamoſos , e 'm
du JUGE. matoires , avoir en
CONSEÃVA' curſo en las penas del couru les peines de
TEUn., . .. derecho , impueſtas droit impoſées con
y contra loi que pu— tre ceux qui publient
blican , y hazen pu ou ſont publier li
blicar Libelos , infa— belles infamatoires ,
matorios , y levantan ou qui emploient des
teſtimonios calum témoignages calom
nioſos g y porque ſon nieux z_ 8c parceque
capitales, y no de ces peines ſon: ca
centcs àla dignidad pitales 8c indécen
de unnObiſpo,
conſiiutamos las
en pena tes à la dignité d'un
Evêque , les com
_ de privacion de Oſi muons dans la pei
cio de la dicha di ne de privation de
ënidad, y de depo. ladite dignité, de dé
icion-yrecluſion en poſition &Pde clôture
un Monaſterio, c0 dans un Monaſtere ,
mo ſe 'diſpone por le ſuſpendons de dire
derechopo:
dan-los , en que le' la Meſſe juſqu'à ce
condæena-l
que le Siege apoſto
dog y le ſuſpende lique en ait autre
mos el dezir Miſa ment ordonné.
haſta tanto' que la
Sede Apolica otra
coſazordeiaè ymande.
--En quanto al 5° Quant à la cin
. cargo, en ue parecc quieme Charge , Oli
que c1 (ÜCÏIO Reve. il paroi: que ledit
rendu Obiſpo ha Révérend Evêque 2
dicho , y publicado dicfëe publié dans des
en Libelos famoſos , Libelles infamatoi
ſermones , cartas , res, Sel-mons, Ler
3m08 juiciales, l: in~ tres , Actes judiciai
rm fl-Irsrorna nu PMAOUÀŸ. 2-71
n ï' ____r_.n
formes , y en Varia; res , informations en I 549_
occaſionesz que los pluſieurs occaſions ,
Religioſos de la que les Religieux de w $1 NTENCB
JUGE_
Compañía de Jeſus , 13 GŒÛPŸÏZÜÊ ¿e 1°' CONSERVA
Mifioneros, .ſon He ſus, Mi xonnaires , ump...
rejes, que, en-ſcfiau ſont hérétiques , en
horrendas hercgias , ſeignent &horribles
y las cnſeñan a los héréſies, 8L les en<
Indios naturales de ſeigneur aux Indiens
eſtas Provinciagcon naturels de ces Pro
tra el nombre de vinces , contre le
Dios, y Generacion nom de Dieu , la gé
eterna del Verbo e nérazion éternelle du
terno, y pureza de' Verbe , 8L la pureté
la Virgen Sautiſi ma , de la Sainte Vierge ,
con palabras aſque avec des paroles ſa
roſas e indecenres . les 8c indécentes ,
arguyendo que los ſoutenant que, leſdits
'dichos Religioſos Religieux avaient
havian pueſto en el mis dans
chiſmſſe le Caté
&ct Prier-es en
Carheciſmo v Ora
eionescten la Lengua
la Langue dïlndiens
de los lndios, las les ſuſdites éréſics :
dichas Heregias: y 8c parcequ'il nous
por que nos conſta confie du contraire
al contrario por los par les Actes de la
autos de la cauſa, cauſe . nous décla
declaramos al dicho rons ledit Révérend
Rcverendo Obiſpo_ Evêque calomnia
por falſo calumnia teur , 8c que leſdits
dor, y que los di Religieux , comme
chos Religioſos; co Serviteurs de Dieu
mo ſiervos de Dios , 8c Ouvriers de la Vi
y Obreros de la viña gnc du Seigneunavcc
del Señor , y con el le deſir 8c la ſerveur
fervor y deſco , que z qu'ils .ont du ſalut
M iiij
2.72. PucEs mumu-nus
1 649. tienen de la ſalva des Ames , ¿c con.’
cion de las almas , y verſion des Infideles
w SENTENCI
MCI_ converſion de los In (a noi ils ont cra
CONSER’A_ fieles(en que ſe han vaill dans ces Pro
nou. ocupado en eſtas vinces de Parana 8c
Provincias del Para Uruguay , aux dé
na
ta ?leUrun? ua à- coſy
ſayngte pens de leur ſangêc
deleur vie), ont en
vida, han enſcñado, ſeigné 8c enſeignent
y enſeñan Doctrina une Doctrine Gâche
.Catholica , aprova li ue,a rouv &Pies
leqcatécîxîſmc e ar
dapor el Carechiſ
mo y Oraciones, que Prieres ui ſont tra
traduxo de la Lengua duites :le la Langue
Caſtellane, en la de Eſpagnole en celle
los Naturales cl Pa des Indiens, par lè
dre Fr. Luys de Bo Pere François-Louis
laños de la Seraphica de Bolaños du Sera
Ordcn de nueſtro phiquc Ordre de no
Padre
deſde SL
la Franciſco
fſiundacion, tre Pere S. François
depuis la Fondation
de eſta Ciudad e, y es de cette Ville, &que
la que rezan todas las c'eſt la même qu'en
Religiones , que cie ſeignenc les Reli—
nen Reducciones dc gieux, qui onc cles
Indios , y Curas Cle Réductions des In
rigos; por lo qual diens p.8:- les Cures
declaramos al dicho (écoliers. C'eſt pour
Reverendo Obiſpo quoi nous déclarons
por falſe calumnia ledit Révérend Evê
dor, y lo condena que pour calom
mos en las penas del niateur , 8c le con
Derecho , y abfolve damnons aux' peines
mos y damos por de droit; nous ab
libres de ella à los ſolvons EL déclarons
dichos Rcligioſos, innoccns leſdicslke.
m zfHxsromn DU PARAGUAY. 173
y mandamos, que ligîeux, 8c ordon —_————
1649.
en adelante ninguna nons qu'à l'avenir
perſona ſc atreva à aucune perſonne nc SENTENC!
JU”,
ſuſcicar , ni levantar ſoit aſſez hardie pour FINS! RTA*
ſemejantes calum ſUſCÎtCſdc ſemblables une..
nias , pena de eſcom calomnies ſous pei
munion maior lata: nes ¿’excommunica
S ententiæ, ipſb facto,
tion majeure lane
incurrerzda , demas ſèrztentiæ , ipſhfacto
de que ſera caſtigado mcurrerula , 8c au
riguroſamence por ſurplus , . qu'il ſera
levantado: de erro ,. .,
chant: tzgoureuſç- -
res . en dicho Catc ment comme ſaurcùc _
chîſmo y Oraciones, d'erreurs au ſujet deſ~
aora ſea por cſcríco , dits Cazéchiſme 8c
.acta de palabra, con. Prieres , - ſoir qu'il
que fe atajaràn mtx _l'ait fait par'é:rít.on
_chos eſcandalos , eſ -de paroles; .par cc
.pecialmente encre los moïen on arrêtera
.Naturalcs. beaucoup de ſcandal'
les , ſpécialement en
tre les Naturels du
Païs.
En quanto ‘a los Quant aux char
cargos 6,7, 8, 9, to, gcs '59 79 31 92 'og'
n, u., 13,7 i4, _”, l1,^ 1z8c14,o_u
ſobre que cl dlcbo 1l patou que ledit
I I A
_ Reverendo Obiſpo Reverend Eveque a.
dixo y publicó por dit publié? par
Libelos famoſos , in des Libelles, mfor
formes, autos juieia :naſiçns, Actes ju
les, varias calum dncxalregpluficurs ca
v nías , lomnſies , cémoignlañ
teſtimonios
ges aux contre es
falſos contra los Re
ligioſos dela Com Religieux de la Com
Pañia de Jefas, el pagnie de Ieſusfflom
M v
7-74 PIECES TUST-ÏFICATIVIS
que eonſta por elles me il conſte par Ac
y 16;”, por autos , _teſtimo tes , Témoignages 8c
SENTENcE nios , y Car-cas ſoy”, Lettres , laquelle dé
DU JUGE
CONSERVA
cuya detcxminacion » term-ination nous re
“IEUR remicîlnos al final, mettons à la fin , 8:
Y las penas condignas Iespeineàqtſils med
a- ellos. ‘ tent.
2-. En quamo alcar* -Quam àla charge
go.” en que parece, n; ., oû il paraît que
que el dicho Reve ledit Révérend Evê~
rendo Obiſpo publi que a ſouvent dir en
ñ cava; Ydezia en pu public, que les Re
_ -bliæco, que los Re]i~ ligieux de la Com»
Àgiofos dela Compa pagnie de Jeſus dc
ñîadeileſus de eſtas ces
ſoientProvinces Fai *
1m mctauvaië
Pmvinæïäs ‘ uſavan
mal del-ſigilo de lſſa uſage-du-!ſiecret de la
Confeſion , ſobre Confeffion , ſur quoi
:queproveyó autos, ilïpublia des Actes 5c
»york-as coſàs , como autres choſes , com
ſe refiere en el dicho me il paroît par la
ícargo; Y por ella dite Charge; 8c pour
condenamos al dîcho cela nous condam
Reverendo Obiſpo ;nóns ledit Révérend
Gcon las Denas dehfàñ ;EV êque 'aux peines
fion, ſegun ſe diſſi zdutalion ſuivant quŸil
pone por derecho, eſt' ordonné par le
y-por ſer indecentes droit , 8c pOur-être
"a ("u &ignidad , 'las indécenïes à ſa di
'comur-amos en priva gnité , nous les com
cion Je , Oſicio
gnidad y dí
haſta tanvro, muons en privation
cle ſon office 8c digni
quela Sede Apofioli té , juſqu'à ceque le
aotra coſa rove a, Siège apoſtolique Y
cmandè , a qu ien aic autrement pour
:xemieimos la declanañ -vu 8c 0Fd0DflC',.\ï
D!, \I-Hrsrornn DU PARAGUAY; TTS‘
tion de dichas _pc qui nous défcrons la e

nas. déclaration deſdites


Sunrnngn
peines.
Juez
En quznto al r6 Quant à_ la I6 C()NsE Eva
ï cargo de eſtos autos, charge de ces Actes , Taux,
remitimos la deter nous en remettons la
minacion al final. détermination à la
fin.
En quanto à los Quant aux char
cargos 17 yq. en ges r7 &1;,0úi[
que parece publicó el paroîtque ledit Ré
dicho Reverendo vérend Eyêque a pu
Obiſpo , que los Re blié que les Reli
ligioſos de la Com gieux de Ia Compa
pañia de .Teſus ſalſi— nie de Jeſus ſalſi
ficavan Reales Pro oient les Proviſions
_viſinnes , y otras ca du Roi, 6c autres'
lumnias graves, que calomnies graves que;
ladite Charge rap
refiere el dicho car—
go, de que no ha porte , de uoi il n'a
dado dcſcargo , le pas donné e déchar
condenamos al di ge , condamnons lc~
cho Revcrendiflimo dit Révérend Evê
Obiſpo por ‘ellas en que pour icelles en la
privacion de Oficio privation de ſon of?
Zdignidad que tiene, fice 8c dignité , iuſï
. aſta tanto que Su qu'à ce que ſa Sain
Santidad otra coſa teté air autrement
mandè , .y abſolve ordonne' , 8L nous
mos y damos por li abſolvons 8c recon-
bres a los dichos Re HOÎſſODS innocens
\ Iigioſos de las di leſdits Religieux def?
chas calumnias, y dires calomnics ;i
declaramos por lez nous les déclarent;
Ies y fieles Vaſallos pour loïaux E: fideles
¿C Su. MM) Y Va-ſſaux de Sa MO
M v}
Pneus IUÀSTXHCÀTIVIE
1.75
ne
los reſtimimos en ſu jeſté , 8c :mus les res‘
I649.
buena obra y fama, mettons en la bonne'
SENTENcE renommée qu'ils añ
DU JUGE
que tenian antes que
CONSERVA cl dicho Reverendo voienz avant que le
TEUR. - Obiſ o les impuſiefi! dir Evêque les eût
ſinieHramente las di accuſés malicicuſeï
chas calumnias. ment deſdites calom
nies.
En quanto a los Quant aux Char
car os 18, 19, zoy ges 18,19, 208c u,
2.1, a determinacion nous en remetrons
de ellos remitimos al la détermination à la
final. fin.
En quanto al car Quant à la-Charge
go z z, en que parecc, 2.2. , oû il paroîr que
que el dicho Reve ledit Révérend Evê
renclo Obiſpo quitó que s'emparer de deux
dos balſas , que ve' Baſſes ou Bateaux,
nian à eſta Ciudad , qui venaient àcerte
para llevar lo nece Ville pour porter ce
ſari-o para las Miſio qui eſt néceſſaire
nes ,les quito lo que pour les Miffions,
trahian , y llevè l'os ſaiſie ce qu'ils por
Indios , que las vo toient, 8c emmena
gavan , a la Ciudad“ les Indiens qui les
de las Corrientès , conduiſoient à la
donde propoſa por Ville dc las Corrien
eſcritos , y Libelos, rés , mi il déclara par*
que l'es havia ¿‘criar des Ecrits a: des Li'
por Eſclavos, por ſer bcllcs quÎil les don
de las Miſiones de la ncroic pour Eſcla
Compañia de Jeſus . ves, parcequïls é
Y por ello le conde toicnt des Miſſions
namos , y declara de la Compagnie de
mos por incurſo en Jeſus :8: pour cela
la Bala de nueſtro nous le condaummns
DE xfl-Irsromí DU PARAGUAY 7-77
muy Sauro Padre 8c déclarons avoir
que tiene pena de encouru les peines de 1649'
eſcomuuion , reſer la Bulle de N. S. Pe~ UNT-Nc*
vada la abſolucion a re , qui porte fleine DU JUGE.
CONSIRV-Ar
la Santa Sede Apoſñ dœxcommuuicaÿrion , 1mm_
tolica, cn !a qua! 8c Pabſolution reſer
declaramos , y man vée au St5 Siege
tolſiique c'eſt apoſ
pour
damos ſea evizado.
quoi nous déclarons
8c ordonnons à tous les Fidcles,qu'il eſt
dans le cas d'être évité.
En quanco a los' Quant aux Char
cargos 1.3, 1.4 y 2.5, gesſz, 2.4: 8c 2.5, 15x'
feremitc ſu provci décxſiou ſe telnet a
miento al fin , y affi la fin , ainſi que de
meſino cou el cargo l'Article 2. 6.
O
2:6.
Qſſuantfà I~a Charge
En quanto ai car
go 17 en que parece, 17 -, oû il paraît que'
que cl dicho Reve ledit Evêque entra
rcndo Obiſpo entrô dans l'Egliſe de la
en la Igleha de la Compagnie de Jeſus,
Compañia de Jeſus , en diſant qu'il vou
Y dicîendo que que loir exhumer le corps
ria deſenterrar un &une défunte , qui y
cuerpo de una difum avoir été enterrée ,
m, que ſe havia eu 8c autres choſes de'
terrado en elſa , y duires dans ladite
Otras coſas deducí Charge , nous le dé
das en dicho cargo , darons avoir encouñ
declaramofle por iu ru Yexcommunica
curſó cu la cxcom tion du Canon, 8C
munion de] Canon , qu'il' doit être évité'
Ypor ello (Er evitado par les Fideles.
de los Fielcs»
En quanto à los Quant aux Chez-z
I
:78 PIECES IUSTIFICATIVI!‘
e cargos 28 y 2.9 , en ges 1.8 8c 2.9, otiil
164,.
que parece, que el paroi: que ledit Ré
SENTENC‘! dich()
Reverendo vérend Evêque or
-DU JUG!
CONSEz yk ObiGo mandó qui donna d'ôcer , 8c ôra
THUR tar, y quito las Doc les Doctrines des Ré
trinas de las Reduc ductions des [racines
ciones de los !cati aux Religieux de la
nes à los Rcligioſos Compagnie de .Te
de la Compañia de (ns, qui étoient oc
Jeſus, que eſtavan cupés á l'éducation
ocupados en la edu 8c inſtruction de cet
cacion , y enſeñanza te nouvelle Chré
de aquella nueva tienté , les abandon
Chriſtiandad, echan nant au courant de
dolos el rio abaxo, la Riviere, les dé
depojandolos dc ſus pouillant de leurs or
‘ornamentos, y de nemens 8c autres cho
mas coſas de ſu uſo: ſes à leur uſage,
declaramos al dicho nous déclarons ledit:
Reverendo Obiſpo Révérend Evêque
porincurſo eu la ex avoir encouru l'ex
communion de la communication de
Cena , rcſervando en la Cene, réſervant
la pena y caſizigo, la peine 8L châtiment
que merecen los de que méritent les au
mas que ſe halla tres qui ſi: crouverent
top en la expulſion dans l'expulſion deſñ
de dichos Religio dins .Religieux, 8c
ſos; y mandamos ordonnons qu'ils
que ſean reflituidos ſoient :-eſtimés en la
en la. poſſeſiou de poſſeflion deſdites
dichas Doctrinas , y Doctrines , 8c dans
en los bienes que -les les biens n'on leur
quitaron ,. ſin que en a ôeés, ?ans délai
ello aya dilacion , ni ni conuadiëtion.
cqucradíccion. '
,dn fllxsroxnn D” PARAGUAY. Z79
En _quanto a la Quant à la ſau-te "~"""~'*
1 549'
culpa quereſulta cor. qui réſulte contre le~
tra el dicho Obiſpo dit Révérenrl Evêque SENTENEE
DU lues
en 'los cargos zo y dans les Charges' zo CORSEREA_
-z x dela ciicha cauſa, 8c z: de ladite cauſe, un… '
por haver mandado pour avoir ordonné
eçhar ., expeler, .y . de chaſſer 8( eipulſcr
expulſar al P. Rec le Pere Recteur, 8c
rot y demas Religio _les autres Religieux
ſos de ſu Colegio, de ſon College, les
embiſtiendo con el attaquant dans le
los que eſtavan ha tems qu'ils étoient etr
ziendo oracion cn la Oraíſon dans la Cha
Capella de nueſhza pelle de la Congre
Scñora de la Congre gatiom de Notre
cacion , .y los arraſ Dame, 8c les traî
!raron poniendoles nant en leur dormant
las manos — ſſiacrilega
des coups , les pouſ
mente, dandoles gol ſant avec Force , 8c
pes , empellones, y mettant ſur eux des
(leporrazos , ſacan mains ſàcrile es pour
dolos arraſtrandu de les traîner Ëors de'
Ia dicha Capilla, hall ladite Chapelle jul'
ta hecharlos a l'a ques dans la rue , 8?.
Calle , y llevarlos a les faire expoſer aw
.la playa al regiſtero courant de la Rivie
del ſol , previniendb re à Fàrdeur du So
_para eſto gente ar -Ieil , s'étant pourvu
mada con bocas de ,Pour cela de Gens
fuego , alfanjçs , y atméſs d'armes à feu,
-haziendoles otras .ſabres 8c boucliers,
mucfias injurias, y leur Faiſantbeaucoup
aftencas z declaramos d'autres injures 8c
ad dicho Revercndo affronts; nous dé
Obiſpoy a los~que clarons ledit Révé
cooperation a cl ,Por renó Evêque &- ſés»
7.80 PmcEs yusrmcuxvzs
,.._..__—3 ncurſos en la ex. Coopérateurs, avoir
I649.
communion, y dc encouru Pcxcommud
SENTENcE
IÛU !USE-
mas penas de] Dere, nicarion , 8c autres
CONSERVA- dm» cdP- ſi 7"" peines de droit, Cap.
TIUL.. ſuadeuqe , reſcrvan- ſi quis ſuadcnte, rc~
Elo en nos el caſtigo , ſervant a nous le
que mêreccn, y man châximcnr qu'ils mé
damos a todos' los tirent: -, 8c nous or
Fielegque los eviren, donnons à tous les
como micmbros a~ Fideles Je les éviter.
parrados de la Igle comme Membres ſe
fia. parés de l'Egliſe.
En quantoî a lors Quant aux Char
“T505 3 7'33 3 y 34D V ges”, zz &cz-HBC
la culpa , que por le crime qui par icel
ellos reſillta contra lcs réſulte contre le
'el dicho Reveremlo dit Révércnd Evê
Obiſpo , por baver ue , pour avoir or
mandado robar el Ïlonné de piller ledit
dícho Colegio, y dos College , 8c deux
ſlarrcras, donde ivan charretcs qui 0r
*muchos ornamenros toîentbcaucoup 'or
_ ycoſas de la Igleſia nemcns ſur-cour de
y Culto divino , que l'Egliſe 8c à l'uſage
havia en dicho Cole du Culte divin, qui
gio , caſa , Igleſia , éroîent 'dans ledit
y Sacriſtia , de oma College , Maiſon ,
menros , plara labra Egliſe 8c Sacriſtîc,
da , cruces, calices , argcnrefîe , * croix ,
cuſtodias , vinagc caliccs, cuſiodcs, bu
ras, lamparas , ima certes , lampes, ima
genes , rctablogràn ges , le' grand Aurel,
de, haſta el ſacrario, juſqu’au rabernacle ,
todo dorado , ſin tout doré , ſans rien
dcxar coſa alguna; laiſſer; c'eſt pom:
po: lo quai , demas qupi indépendam
m: Lïíxs-ronua nu PARAGUAY. tir
.——————_<
de las ccnſuras, en ment des autres cen I649.
que incuri‘o dicho ſures que ledit Révé
Reverendo Obiſpo rend Evêque Sc ſes DU SENTENÇI
I-Ucnñ_
y ſus complices , lc Complices ont en- CONSIRVLQQ
condcnamos en pri courues , ſe condam- uuu.
~vacion oficio‘ y nons Er Ia privation
dignidadde Epiſſicopal
d'office 8c dignité
y que reffituzra luego Epiſcopaſle , ineſti
al dlcho Colegio , y tuer audit College ac
a ſus Religioſos todo à ſes Religieux, tout
quanto ſe les como , ce qui leur a été pris,
affi en la Ciudad n tant dans la Ville,
como en las Chaca que dans les Médai
ras , y eſtancias , con ries sc Fermes, 8C
lo demas que huvie en outre tout le (ur
ren tenido , y en la plus qui ?eur appar
pena dei quatro tan tenoit; nous le con
to , y que ſea corn damnons encore à la'
pelido a ello con cen peine du quadruple;
ſuras y demas penas à quoi i] ſera con
Eccleſiaſticas , reſet? traint par cenſure;
vando en nos , el 8C autres peines Ec
proveer dc remedio , eléſiaſtiques , nous
y de caſtigo exem réſervant de our
flat de los que afſi voir au reme e 8c
o aiudaron , y fo châtiment exemplai
mcntaron en tan ſa re, contre ceux qui
crilcga accion. onc cooperé dans
une action fi ſacri;
lege.
En quanto al car Quant à la Charge
go 36 y ¡a culpa, 36 8L au crime qui ~
que por el reſulra réſulte (Yicelle , con
contra el dicho Re tre ledit Révérenœ
verendo Obiſpo, y Evêque 8c ſes Con
ſu: conſorres , re ſotts, nous la res
1.87. Pll-ZCES ros-rrrrcA-rrvtÿ
164.9.
mitimos la pena a1 mettons à ln fia.
ſinaL
SENTENCE
n!! JUGE En quanto alcargo. Quant àla Charge
CONSERVA z7ylacul
el a, uc or
reſulra Èoätrapdi 37 8c le crime 'qui
twa. réſulte par icelle,
choObiſpofflor baver' contre ledit Rêve_
mandado degollar a rend Evêque, pour
una Imagen delsal avoir ordonné déca
Vador muy dcvota, y pirer une [mage très
tratô de cortar la ca dévore du Sauveur ,
veza à otra Imagen 8c avoit' fait couper'
muy devota de Nueſ la tête à une autre'
tſra Scñora , y otras Image dc Notre
quadros
muchas Imagenes,
pincelados , Dame, &t à beau
coup d'autres Ima
y poniendolos en ges 8c Portraits , les
lugares imundos cn dépoſant dans les
tre traſtos y vaſura lieux immondes 8c
de caſas de ſeglares, parmi des ordures
des Maiſons (ſieculie
ſacandolas delos Al
tares , donde eſtavan res, les ôcant des
Yencradas 3 condcna Autels oû ils étoient
.mos al dícho Reve en vénéraîtion; nous'
rendiffimo Obiſpo, condamnons [edit
en que a ſu coſta ha Révérend Evêque à
ga hazer orra Ima— ' rapporter unedépens
Image ſſà ſes autre
gen , como la que
degollô , y pagué el pareille àcelle dont
dañp , que hizo en on a coupe' la têtes:
las demas , conſor à païer le dommage
me la taſacion de los qu'il 'a cauſé dans les
taſadores nombra autres , conformé
dos ; y en qnanto al ment à l'eſtimation
ultrage y mal cr~ata— des Experts , 8c quant
miento de las dichas itſoutrage fait aux
Imagencs, pot ſer autres Images pour
DE ÎËHXSTOIRE DU PARAGUAY. 2.8;
coſa de maior averi être choſe qui mérite _íí--q
164.9.
Ÿuacion Y caſtigo , grande m vérification
SENTENCI
o remitimos a nueſ—, 8C, châtiment,\ nous le D JUGE
tro muy Santo Padre( reſerwons a notre CONSERVA,
y ſede Apoſtoiíca ,… très Saint Pere , 8c Taux.
para que ordenè lo au Siege apoſtoli
que fuere convenien que , afin qu'il ſoit
te ,en eſte caſo. ordonné ce qu'il con
viendra dans ce cas.
En quanto ‘a la Quant au crime
qulpa que reſulra en qui réſulte de la
el cargo ;S , por la charge 38, pour la
diviſion que hize de diſtribution qu'il a
los bienes del Cole faire des biens du
gio , repartiendolos College, en les par
entre diverſas perſo tageant encre plu
nas , ſin tener juriſ ſieurs perſonnes ſans
diecion para ello, avoir aucune Juriſ
publicando lo hazia diction pour cela,
por delitos , que ha publiant qu'il le fai*
Vian cometido los di ſoit pour crimes que
chos Religioſos , ſin leſdits Religieux a
hazerles cargo, ni voienc commis, ſans
Oyrles, enni Juvcio
ſſcerlos conven ; les accuſer, ni les
cpm/aincre en Juſti
eondenamos al di ce. Nous condam
cho Reverendo Obiſ nons ledit Révérend
po en privacion y Evêque dans la pri
ſuſpenſion de Oficio, vaci0n~8c ſuſpenſion
y en las cenſuras y» d'office, Si aux cen
penas del Santo Con ſures 8c peines du
cilio Tridenxino, y Saint Concile de
que reſtituya todos Trente , 8c qu'il reſ
los dichos bienes al titue tous leſdits
Colegio , y ſatisſaz biens au College , 8e
., ga todos los daños repare tous les doing
2.94 PucEs SUSTII-‘ICATIVES
~
n”. h echos, y no me _ mages commis , ele'
rezca beneficio de claranr qu'il ne méri
SENTENCE abſolucion; y man te pas la grace' de
‘Juez-d a mos a ro d os los Yabſolution , 8c nous
CONSERH_
FEUR
Fieles no le comuni ordonnons à tous les
quen, antes lo evi Fideles de n'avoir
ten como miembro aucune communica
apartado de Nueſtra tion avec lui, 'au con
Señora Madre la traire de l'éviter com
Igleſia. me Membre ſeparé
de notre Mere Sainrc
Egliſe.
En quanto a la cul Quant au crime
pa que reſultat contra qui réſulte contre le -
cl dicho Reverendo dir Révérend Evêque'
Obiſpb en los car des charges 39 ¿t 40
gos 39 y 40 de la de la cauſe, pour
cauſa , por haver avoir ordonné' la dé~>
mandado demoler molirion duclicCol~
con Fuerza inçreible lege , briſer routes
cl dicho Colegio, les porros 8C fenê
hazcr pedaços todas tres de l'Egliſe , de
las puerras yventa la Chapelle 8c de la
nas de la Iglcſia, demeure deſdits Re
Capilla , y .vivienda ligieux , de la Chaire
de dichos Religio 8c des Confeſſionaux,
ſos , Pulpiro, y Con ſans exceprcr rien
fcſionarios, ſin dexar ?nil \ſordonnât dé
coſa , que no man aiie 8c jerrer par
daſſe deshazcr , y terre , juſqu'aux Au
hechar por el ſuelo , tels , abbaccre les
haſta los Alrarcs, murailles , ordon
derrîbando las pare nant qufop y mi: le
des , mandando pe ſeu rant au College,
gar fuego aſſi al C0 qu'à l'Egliſe, à la
lcgîo, como a _la Chapelle de Notreñ_
DE L'HISTOIRE DU PARAGUAY. Z3 S;
lgleſia, Señora, deyſſ Dame
Nueſtra Capilla _ a à la
\ Tour , EZ .
faxſanc de tres grands 49
torre , haziendo gra maux ; c'eſt; pour- DUSWÏIZËÎ
viſiîmos daños 5 por quoi nous déclarons conan“
lo qual declaramos, que ledit Révérend 120L_ ‘
que el dicho Reve Evêque acncouru les
rendo Obiſpo eſtà cenſurcs graves, l'ex
iucurſo cn las cen communicacion du
ſuras graves , ex Canon , 8c celles de
communíon del Ca— la Bulle de la Ccnc ,
non, y cn las de la contre les Inccndiai
Cena”, pucſtas con res; condamnons lc
tra los -Incendiarios , dit Révércnd Evê
y condcnamos al di— que , ‘nous Les dom
;ho Reverendo O mages cauſés 8; opc~
biſpo en todos los rés dans ledit Col
daños hechos , -y lege , Egliſe , Sacrif
obxados en el dicho tie , Maiſon 8; Cha
Çolc i0 , lglcfia,pelle , 8; qu'à ſes
dépens le
Sacri ia , Caſa .y ſiréédifié tout dans
8c mis ſoit
.Ca illa, que a ſu
.colïa ſe ha a, ybuel, leur premier _état a
va a reedi car , y ſc vant Ia démolition
Ponga ſegun, y dela 8L l'incendie .v 8c u'il
manera que eflawan ne ſoit Point ab ou:
baſiſic ,.yque
_antes los derriy .deſdites ccnſurcs juſ
ucniaſſe;
qu'à cc qu'il ait don
ue no ?ea abſuelco né une entiere ſatis
c las dichas cenſu faction , conformé
mas; haſta tanto, que men: à l'eſtimation
dcé la devída ſatis qui en ſera faire , ä
ſacciomcopforme a quoi nous le con
laktaflacion _, que hi damnpns dès à prev"
zieren, y huviercn ſenc. —
hecho , en que deſde
Luego lc condena:
mos. '
2.86 PIECES !USTII-'ICATIVES
l . . En quam-o a las _ Quant aux crimes
i649. culpas Y exceſos, que 8c excès qu'il a com
SENTENCE comerio por los car mis ſuivant les char
DU .ÎUGE
CONSERVA
gos41,41,4z.44 Y 35341 z 47-143-44
cEUD.. 45 , cuya pena remi 8c 45 , nous en re
\
timos al final. mettons la peine a
la fin.
En quant() a la-cul Quant au crime
pa del cargo 46 , que de la charge 46 oui.
parece que el dicho il paraît que ledit
Reverendo‘ Obiſpo Révérend Evê ue a
ha echo firmar a mu fait ſigner plÿſicurs
chas perſonas , y ro perſonnes, 8c fair
mar ſirmas en blan prendre des ſignatu
co , ſin (avec lo que res en blanc, ſans
firmavan , para con qu-'ils fuſſent ce qu'il;
ellas» calümniar a los íignoieiir, à fin de
dichos Religioſos , s'en ſervir pour ca
c infamarlos levan lomnier leſdits Re
candoles muchos fal ñligieux , en les diffa
fos reſtimonios ;pot mant par beaucoup
lo qual declaramos de faux témoigna
que el dicho Reve es; pour cela nous
rendo Obiſpo , y los échrons que ledit
' ue_ le dieron ſus Révérend Evêque 8c
rrhas para las dichas ceux qui lui ont don
calumnias ,- 'eſtan in# néleur ſignature pour
curſos- en la exebmſi leſdites calomnics,
munion del Dere ónrencouru l'atom
cho pueſta contra munication de droit
los que arcſiigan fal contre les Faux Té
ſamente
los fſialſos, ealumnia*
y contra moins, GL contre les
Calomniareurs ;nous
'orſidonnbns qu'ils
dores , y mandamos ſoienéccùdä pourctEx
ſean tenidos y publi
:ados por publico: 'communiér publics
DE üflxſronua DU PARGAUÀY. 181
äeſcornulgados haſta juſqu'à ce qu'ils aient
1649.
tanto que ſarisfagan. ſatisfait.
SENTENcI
En quanro a la Quant au crime JUGE_
culpa dei cargo 47 , de la charge 47 , oû ÊHNSEHA_ "
l d_
cn queh parece
R , qued il paroît que ledit 7H…. '
c 1c 0 evcren o Révérend Evêque a.
Obiſpo ha dicho, y dit 8c publié par Ac
publicado por autos, tes , Informations ,
inſormacîones, Car Lettres , Libclles que
'tas , Libcios, \ſuſe leſdits Religieux e'
los dichos Religioſds toiëhc extqmmupiéç,
cſtavan deſcomulga interdits , änäthema
dos , cntrcdichos , liciré
riſés; pouſr
àùprſièsävoir
du ſo!
Vi
anathcmarizados por
baver procurado an -rvoi , de ?Audience
te el Virrei , Real Roîale 8è du Gouver
Audiencia , y Gover neur le remede des
nador el remcdio de dommages qu'ils
'[03 :daños que re craignoicnr, 8c qu'on
mían
octy ſe ,ven
y robos que 'Voir aujourd'hui exé
excurados
cutés ſur leurs per
en perſonas , y lui ſonnes 8c ſur leurs
ziendqs; y aunquele bieus ,MSC que? quoi
manàaron _compare ' 111712” été eue' pla
'cer vaffîas veces , ha äeiírs ſois il a c'te
'ſido rebelde Y con "rebelle 8L Opiniârrc z
ſtumaz , à fin de exe_ afin «Texéçûter com*
*curar , como ha exé meil l'a 'Fair ſes in
curado ſus inrenros : 'cenrions 5 pourquoi
par 10 qua] déclara nous clé-blaſons le('~'
mos a los dichos Re dirs~ Religieux de la
Iígiofos de la Cort) 'Compafinieſſlc leſqs
añia de _Jeſus por ſpour li res&tſdesſi
çalomniſie de cecgc
cen
'iibres de eſta Îælum :ſures 8L inrerdirsffluſis
niay, çqçredicizos
iras y de las cenſu
que Leſlie Rctévëxèfld Evê
.118 Puces -IUSTXFICÀT 1s
—-——:—~ ,el aliclxo Reverendo que a publiés contre
1649. Opiſpo publicó, y ceſdirs Religieux ,
.SENTEUcE puſo contra los di comme étant nuls 8c
DU IUcE chos Religioſos, ſon ¿le nulle valeur ,
Cons»: gym,
TED).
nulos, y de ningnn comme des Semences
valor., como Senten 8c Actes de Inge in
«tías y autos de Juez compécent., \ſaïanc
~no
ue competente
no nene Jun , — aucune Iuriſdiction
ſur leſdits Religieux;
iccion alguna con c'eſt pourquoi nous
ïra los dichos Reli le condamnons en
gioſosz por lo qual tous les dépens des
le eondenamos en Procès, qu'il a occa
todas las cofres pro ſionnés auxdits 'Reli
ceſales, y perſonales, gieux pour avoir eu
- ue ha hecho ycau recours ſi ſouvent 5.
?ado a los dichos Re l'Audiencc Roïale
ligioſos en acudir pour le remede; 8c
tantas ‘veces a la Real que le rour (bit taxé
Audiencia por el re— par perſonnes capa
medio; y que ſe raſ bles Sc de conſcien
ſen por perſona dc ce.
cienciay conciencia.
En quanto al final Quant à la fin des
de los capitales , »y Chapitres , 8c char
cargosdc eſta cauſa,, ges de cette cauſe,
Fue remitimos , con que nous remettons,
1 deîada la culpa que confideranr le crime
por ellos refiílta con ?ne par icelles il ré
rra el dicho Reve ulre contre ledit Rê
rendo Obiſpo , y vérend Evêque , le
confia por cllos , le condamnons cn 1.000
condcnamos en 2. Piaſtres marquées au
coin , la applicables”
D. P. de plata acu ſi ſuivant difpoſirion
ñada ., {gplPcados ſe
g un di P o icîon,
Cedulasy 8c Brevet du Roiôc
Proviſions
DE UHISTOXRE DU PARAGUAY. 7.89
Cedulas reales , y Proviſions de Sa Ma- .
Provifiones de Su jeſté , indépendam- 1649'
Mageſtad ; damas de ment des cenſures 8c SENTEN”
las cenſuras y penas cation
peine d’excommuni—
qu'il a ëncou— 2:“!
uu,“
de excommunion, en
que eſtà incurſo , de rues, de quoí il ne
que no puede , ni ha peut 8c ne doit être
de ſer abſuelto haſta relevé juſqu'à ce
canto , que deè la ſa u'il ait donne' la
ilâtisſaction ſſ
tisfaccion devida al due a.
honor, y buena ſa l'honneur Sc bonne
ma de los dichos Re renommée deſdits
iigioſos , Y ſatisſaga Religieux; SC qu'il
a todas las condena ait ſatisfait à toutes
ciones , que le cſtan les condamnations
fechas en cada car portées dans chaque
go, como eſtan de Articles , comme el
clarados en los Ca— les ſont déclarées
pitulos de eſta nueſ dans les Chapitres de
tra Sentencia , de notre preſente Sen
clarando como de tence ; déclarant,
claramos a los Reli comme nous décla
gioſos de la Compa tons, leſdits Reli
ñia de Ieſus , v Mi gicux de la Compa
ſioneros, Po: libres oie de Jeſus' 8L Miſ
de las calumuias y Îonnaires , exempts
objetos , que lcs im des calomnies qu'il
puſo por ſus eſcritos, leur a imputées par
y de palabra , preten ſes écrits 8c de vive
diendo macular ſu voix prétendant met
buen proceder , vida tre une tache ſur leur
Religioſa , 'y buena bonne conduite , vic
Doctrine! i y por religieuſe 8c ſaine
quanto en el cargo Doctrine; &parce
quedans
35 , y en el informe, 8C dans la
la chage z f, ſi
derniere
y libelo ultimo que
Tome III. N

290 PxEcÉs yusrxrrcArrvzs
[6 cl dicho Reverendo information 8c Li‘
.49‘ Obiſpo ha hecho , y belle que ledit Rêve'
5‘"~‘~F"‘~'² en otros pareceres ay rend Evêque a fait»
Du Jucr- l . ſc- _
CONSFRVÀ_ a gunas propo1 1o 8c dans d'autres Ac
Tzu… nes &ignas de reparo, tes il y a quelques
y en los meritos de propoſitions dignes
eſta cauſa ay muchos d'attention, 8c que
delitos que contie danstoute cette cau
nen y merecen pena. ſe , il y a beaucoup
- capital, remitimos a de délits Si qui mé
Su Santitad la de ritent peine capital.
terminacion de eſta nous en remettons a
pena , y averigua Sa Saintete' la déter
cion de las dichas pro mination 8c la véri
poſiciones; para lo fication 5 pourquoi
qualmandamos, que nous ordonons que
por apendiz de eſta. dans le ſupplément
cauſa ſe pongan los de cette cauſe on
areceres , que ſe marque les opinions
Eau hecho, en que diverſes, 8: ou ſont
eſtan dichas propo leſdites propoſitions.
íiciones. Mas lecon De plus nous le con
den-amos en todas las damnons en tous les
coſtas de eſta cauſa, dépens de cette cau
cuya taſacion en nos ſe, dont nous nous
reſervamos, y por réſervons la taxe, 8c
eſta nueſtra Senten par cette Sentence
cia definitiva aſii Io définitivc nous l'a
pronunciamos , y vons ainſi prononcé
mandamos, Fray Pc 8c ordonne'. F. P.ï
dro Nolaſco, Pro Nolaſco , Provincial
vincial Juez-Con Juge ~ Conſervateur
ſcrvador Apoſtolico. Apoſicolique.
Dada y prononcia Cette Sentence dé—
da ſue eſta Senten finitive fut rendue
ei: definitiva por ac prononcée pa: n0
IE :II-Ilsrornz DU PARAGUAY. 191
nueſtro M. R. P. tre très Révérend ‘a
164.9.
Preſencado en Santa Pere Préſenté dans la
Theologia Fr. Pedro ſainte Théologie D.‘ SINTEILÎ
Nolaſco , de la Or' Pedre Nolaſco ,- de äusgmſil'
RY À'
den Real de Nueſtra ,l'Ordre roïal de N. "m"
Señora dela Merced D. de la Mercy, de
Redempcion de Cap la Rédempzion des
tivos , Provincial de Captiſs, Provincial
las Provincias del des Provinces de Tu
Tucuman, Paraguay, cuman , Paraguay ~,
Río de la Plata, y Rio de la Plata 8c
Eſtados del Braſil. Etats du Breſil, luge
Juez - Conſervador Conſervateur A oſ
Apoſtolico, nombre tolîque, nomm pal:
do por la (agrada la ſacrée Religion de
Religion de la Com la Compagnie de Je
pañía de Jeſus , en ſus, en vertu de:
virtud de las Bulas Bulles Apoſtoliqucs ;
Apoſtolicas , y de 8: icelle ſur publiée
clamatoria dela Realà l’Audience roïale
Audiencia de la Pla de la Plata, &ladite
ta , y en ella firmó Sentence fut ſignée
ſu nombre , en eſta par ledit Rév. Pere
Ciudad de la Aſump Nolaſco , ci-deſſus
nommé , en cette
cion en 19 dias del
mes de Ombre de Ville de l'Aſſomp~
I649 años, fiendo tion , le 19 du mois
teſtigos el General d'Octobre I6 4.9 , é
Lorenzo de Cortega tant témoins leGéne—
y Villejo , Capitan ral Lauren: de Corte
Alonſo de Rojas ga 8c Villejo , le Ca
Aranda, Dom Fer pitaine Alfonſe de
nando de Avalos y Rojas Aranda, D.
Mendoza, y Gero Ferdinand d'AvaIos
nimo de Aldana; ac Mendoza , 8C Je
ante mi Fd Felipe rôme de Aldana, Pa:
Nij
292. PxEcEs JUsTrHcATxvEs
Gonzalez , Norario devant moi, Fr. Phi
Apoſtolico. lippc Gonzales, No
taire Apoſtolique.

SENTENCE
'DE DOM ANDRE' DE LEON
GARAVITO , Clzev. (le l'Ordre de Sain:
Jacques, Gouverneur G' Viſiteur du Pa—
raguay; contre ceux qui ont eu par; à
Feazzulſíon violente des feſait” de leur
C0 eg: de lïdſſbmption (1).

I6”. N la cauſa, que DA N s la cauſe


SINTENCE de oficio dc la real qui a été mue en la
’²Û~^"D'~E’Juſticia ſe ha ſegui- Juſtice roïale contre
:Ïîîïg G^’ do contra clTcniencc le Lieutenant Diego
' Diego de Yegros , de Yegros , Mel
Melchor Caſco de chiot Caſco dcMen
Mendoza , Juan de doze , Jean dc Valle
Vallejo Villaſanti , jo Viliaſanri , Alcal
Alcaldes ordinarios des ordinaires dc
del año ſciſcícnrosy l'année i648 5 8:
“quarcnra yocho , y contre les Régidors
los Regidores , que de la mêmeëannée;
fueron el dicho año 5 contre Jean de Val
y contra juan de lejo Villaſanri le
Valiejo Villaſanti cl vieux. 8c Chriſtophe
Viejo , y Chriſtoval Ramirez Fuenleal,
Ramirez Fuenlcai, Aicaldcs ordinaires
Alcaidcs ordinarios dc l'année 16495 8c
(x) Imprimé dansPOuvrage du Docteur Xanſlïù
page 2.33. ‘
DE IÏHXSTOXRE DU PARAGUAY. W3
de elaño de 164.9, y les Regidor: de la. IÉSIH
los Regidores que même ‘ ann c , au _
flleron el dicho año , ſujet des aſſemblées DLËËZÈÏÏ
Her los cabildos , in capiculaires , des inſñ DE LEON U».
rucciones , pode tmctions, procurar MV!”- '
res , y informacio
nes , que en difſierän tions , pleins pou
voirs dreſſés en di
tes
añostiempos deepara
hizieroſin 0S vers tems pendant le
cours de ces deux
que fueſſen expelidos annécs, pour chaſ
los Religioſos de la ſer les Peres de la.
Compañía de Ieſus Compagnie de Jeſus
de ſu Colegio y ha de leur College, pour
zíendas que tienen confiſquer les biens ,
en eſta Ciudad, y qu'ils poſſcdoient
ſobrelo demas dedu dans cette Ville, 8:
cido en eſta cauſa , ſur d'autres faits é
viſto , Bic. noncés au procï,
vu , &c
Fallo que debo cie Je dis que je dois
clarar , y declaro por déclarer , 8c je décla
nulas , injuſtas, ilici re nulles 8C illicites
tas todas las Juntas , toutes les jantes ,
que con nombre de qui ſous le nom d'ail'.
cabildos ſc hizieron ſemblées capitulaires
10S años de quareuta ſe ſont tenues pen
y ocho , yde quaren dant les années 1 648
ta y nueve, los po 8c 49 ;auſſi bien que
deres , inſtrumentos, tout ce qui s'y eſt
informes , y los de-y fait S: ſtatué, par le y
mas acuerdos en ſu défaut d'autorité lé
virtud , or falta de - gitime , que n'ont
autorida legitima, point lesVilles,Bourñ
por no tenerla los i gades 8L Corps de
pueblos , Ciudades , Ville , pour exiler ,
ni Ayuntamientos , beaucoup moins pou:
N ixj
194 PlEcx-:s WSTlI-'ICATXVIS
p-À-:u
1651.
que la repreſentaſſen, chaſſer aucun des
para deſpedir ni me Ordres Mendians ,
SINTBNCI
nos para expelar, qui ont été reçus avec
)ED.ANDRE\' .
m, LH… GA_ nmguna de las Reli la permiſſion du Roi:
RAVITO» gxoncs mendicances; ces cauſes étant ré
que con licencia de ſervées à Sa Majeſté,
Su Majeſtad ſe han 8c devant être conñ
recebido en ellos; certées avec le Saint
y ſiendo , como es , Siège Apoſtolique ,
coſa reſervada y de on n'a point dû pro
ſus regalices , ( con ceder à l'exécution;
ſultada entonces con8c la précipitation
la fede Apoſtolica) avec laquelle on ya
aun ſe debiera ſo procédé, manifeſte
breſcer en la execu l'injuſtice des m0
cion, manifieſta la tiſs qu'on a eus . 8c
injgſticia de las cau qu'on a voulu cou
ſas y motivos, por vrir du voile du bien
bien-que en ellas ſe public 8C de l'obſer
pretendieron buſcar vation du Parto nage
colores de bien pu roïal, en ëautoriſan:
blico, ycumplimíen d'un Acte exhorta
to de el real Patro toire du Seigneur
nato , admitiendo Evêque N. ,Acte des
un exortatorio de el honorant pour les
Señor Obiſpo N. en ſuſdits Religielu de
?rave deſcredico
0s Religioſſios de de
la la Com agnie de Ie
ſus , ans raiſon,
Compañía de Jeſus , ſans vérité 8c ſans
en la falta de razon , aucun fondement ,
verdad y fundamen ce qui eſt prouvé par
to , convencido todo lès pieces, qui 011E
Por los inſtrumen été repréſentées 8l
tos , que ſe han te ajoutées au Procès.
conocido, y pueſto Car elles ſont voir_
en los Autos, dando que cet Acte,non plus
— a
DE ¡JI-hsromn m: PARAGUAY. ¿'95
ſe àpenſar y creer lo que tous» l'es autres", 165 I_
que ciagamente les ne tendolént qu a _
.
… ſu diſcon SENTFNC!
perſuader au Public DEDÀNDRË.
perſuadro
tentamiento, 0 aver tout ce que le mé- m- 150,5#
fion, o Io que ſue contentement , l’a- zzvnb.
mas cierto, entran verſion, l'emporte
do en todo con ar ment d'une aveugle
rojamientn en con paffion avoient ima
templacion de paſ giné , leclit Seigneur
ſion_ agena de razpn, Evêque motivant
motivando el Senol: [Edit de ladite ex
Obiſpo el auto de pulſion . de pluſieurs
la expulſion conque délibérations des aſ
la execurava, por ſemblées capîculaires
diferentes acuerdos de cette Ville.
de los cabildos de
eſta Ciudad.
En cuya. conſe En conſequence de ~
quencia declare aver quoi je déclare que
traspaſſado 10s di les ſuſdits Lieuteñ
chos Teniente , Al nant , Alcaldes", 8C '
caldes y Regidores , Régidors ont violé
todas las Leyes de la toutes les Loix na
naturaleza , que en turelles, qui nous
ſeñan la obligation , apprennent les obli
que ſe debc à los Pa gations que nous a
dresEſpirituales con— vons contractées en
traída de el naci naiſſant envers nos
miento. Y fuera mas Peres ſpirituels. Il
que razonable decla ſeroit même plus
rarlos por Enemigos que raiſonnable de
dela Patria , y que les déclarer Ennemis
ſus nombres ſe bor de la Patrie , 8l di
raran con perpetuo gnes que leursnoms
olvido, como los ſoient effacés de la
que tan de propoſiro næémoire des Hom
N iiij
296 Prius IUSTIFICATIYES
“SL trataron de ſu ruine, mes, puiſqu'ils ont
SEVEN” con expelnc .los di travaillé à ſa ruine,
DEDAND", chos Rçligioſos , 8c qu'en même tems
DE L”, GA_ deſterrantfo de una qu'ils en chaſſoient
ÎLAVXTO. vez la_ vircud.y mo ces Religieux, ils
deſha y Religion , y en banniſſoient d'un
finalmente el freno, ſeul cou la. vertu,
que ha tenido à raya la model ie 8c la Re
la licencia yſolrura ligion , rompoicnc
en el eſtrago cie coſ le frein qui yarrêtoit
'rumbrcs con ſu pre la licence , 8c Ie dé
dicacion y exemple , bordementdesmœurs
ſiendo el mayor re~ ar leurs exemples 8c
paro ponerſc de parte Feux-s ferventes pré
de la inobediencia ſi dicationsz Gl ce qui_
‘las reales proviſiones eſt encore plus à
de cl Govicmo y conſiderer, eſt qu'ils
Audiencia de laPlata, ſc ſont ran és du
Para no comparecer parti de la d ſobéiſ
‘tu ella el dicho Se ſance aux ordres du
îior Obiſpo con im Gouvernement 8c de
pedir ſu exccucion, l'Audience dc la Pla
aver incaminado ta,pour s'oppoſer aux
a Eleccion de Go décrets dkujoumc
Vernador por muette ment perſonnel que
de Dom Diego Eſñ l’Audicnce roïale a
?cobar Oſſorio en ſu voit fait ſignifier à
Perſona; tan lexos l'Evêque , 8c pour
de avcrſe podido l'élite Gouverneur
jpenſar quanto , y après Ia mon de D.
mas avicndola lleva Diegue Eſcobar Oſo- d!
do haſta el cabo, pi no 8c quoiqubn
diendo aprobacion , n’cûc pu jamais pen
y que ſe diffimule ſer qu'ils en vinffenc
con la dicha expuL juſqueS-là , ils ont
ſionfflor ultima pme encore été plus loins
DE rJI-hsromn ou PARAGUAY. 7-97
1a de ſu mayor deſ puiſqu'ils ont oſé
demander à l'An; 165].
Concierto.
cliente roïale, qu'elle SINTINC!
DEIIANDR E"
approuvâr ce qui s'était fait , 8c qu'elle ſer DE LEON GA
mât les yeux ſur l'expulſion des Peres-de la RAWTO_
Com P ag me a mettant ainſi le com leàl’ex—
travagance de leur conduite.
Pero deſeando que Déſirant néan
el caſtigo los reduz moins que le châti
ga al camino de la ,ment ſerve a rame
virtud , proporcio ner les coupables au
nam-lolo por aora ſe chemin dela vertu ,
gun
enteel, Amando
eſtado preque 8c aïant égard a l'é
todos losſidichos ca tat préſent oii ſe
trouve la Province,,
bildos , poderes , fordonne que tous_
inſtrucciones e in les ſuſdits Actes ca
formes ſe quiten de pitulaires , pleins
los libros , y en mi póuvoirs , inflruc
preſencia, con in tions 8c informa
tervencion de los do~s tions, ſoient tirés des
Alcaldes è Regidor livres oû ils ſont inſ
de primer voto ſe crits, 8l qu'en ma
rompan y echen al préſence , avec l'aſ
fuego , poniendo un fiſtance des deux Al
tanto de eſta Senten caldes 8: du premier
cia yſee de el pre Ré idor, ils ſoient
ſente Eſcrivano de lacËrés 8c jettés au
aver-ſer hecho la di feu, «Sc qu’il ſoir
'ligencia en ſu lugar, fait une copie de cet
"por que firva de pa te Sentence, ſignée
dron perpetuo de ſus par le préſent N0- -
deſvanecidos acuer taire; que toutes ce:
'clos , ſatiſaccion diligences ont été
ajuſtada en lo que ſe faires , 8c pour ſervir
ha podido , por la à perpétuité à faire
N v
2H8. . Pu-:czs !USTII-'ICATXVES
I651_ rnjurra , en quepre connaître que toutes
tendieron notar a los ces entrepriſes tème'
SKNTENcE
DURAND”, drchos _Relrgioſos , raires on été miſes
m Lu… GA ſu Colegxo y Reduc en oubli; comme
n/nu-ro. ciones; y el dicho auffi quïrutant qu'il
exortatorio ſe recoja a été poſſible on a
para llevarle al ar fait ſatisfaction aux
chivo de el real A ſuſdits Religieux , à
cuerdo. leur College, 8c à
leurs Réductions ;
enfin.. qu'on retire Yexhorrarion du Sei
neur Evê q ue Pout êtreenvoïéeà l'archive
u Conſeil roïaI.
Demas de lo quai De plus , je con
condeno à los dichos damne les ſuſdits
Diego de Yegros, Diego de Yegros ,
Teoiente, Melchior Lieutenant , Mel
Caſco de Mendoza , chior Caſco de Men
Y Juan de Vallejo ,
Alcaldes que fſiueron doze , 8: Jean Je
Valiejo Villaſanti lc
el año de quarenta Y jeune , Alcaldes de
r ocho, y à Juan de l'année I648, Jean
Vallcjo de Villaſænnri dc Vallejo Vilſaſan
el Vicjo , yaChrifl ti, le vieux, & Chriſ
toval Ramirez Fuen tophe Ramirez Fuen
Ieal del de quarenta leal , qui l'ont été
y nuevo, en priva en 164.9 , à une pri
tion perpetua de oſi vation perpétuelle de
cio de juſticia y otros toute charge de juſ
publicos _, v en tre tice , 8: d'autres em
cienros peſos de pla plois publics , 8c cha
. :a acuñada à cada cun d’eux à une a
uno. Mas condeno mende de trois cens
à los dichos Juan de écus d'argent mou
-Vallejo Villaſanti e] noïé. Je condamne,
lnoço , Y Chxiſtovai de plus, ;ſean d.:
DE L'HISTOIRE DU PAnAcuAſſY;
199
Ramirez , por la cul Vallcjo Villaſanti , 'ou

pa que en particular 'lc jeune , 8c Chriſto 1651.


SENTENc!
rcſultô en no baver P hc R a mîrez ’ P our DEDJÀNDRE'
impcdido la expul ne s'être as oppoſés n! LEON GA_
ſion y daños que à Fcxpul 1on des Pe- 34H19_
rccibicron los dichos rcs dela Compagnie,
Religioſos , en cien 6c aux pertes qu'ils
peſos de Placa acuña ont ſoufferces à cette
da à cada uno; y à occaſion, chacun à
Dom Luis Ccſpcdez cent écus d'argent
Geria , Joſeph En monnoïé. Je con
cinas , Andres Beni-ï damne - auffi Dom
rez, Garcia Banc as Louis de Ceſpcdez
dc Guzman , Peÿro Geria, Joſeph En
Antonio de Aquíno , cinas, André Beni
Melchior de Puchc tez, Garcia Vanegas -
ta , Regidorcs de el de Guzman, Pierre
dicho año dc quarcn Antoine de Aquîno ,
ta y ocho 5 y à Dic Melchior de Poche.
go Hernandez , Die ta , Régidors de la
go Gimcnez , juan ſuſditc année 1648,
Riquclme, Franciſco Diego Hernandez ,
de Aquino, Thomas Diego Gimcnez ,
de Ayala, Juan de Jean Riquelméflîr.
Cacercz , Garcia de de Aquino , Thomas
Padcrez , que lo fue de Ayala , Jean dc
ron cl año de quaren Cacerez , Garcia dc
ta y nucvc , cn qua PadcrcLRégidox-s ,dc
tro años dc ſuſpen l'année! 649,5 quatre
ſion de todos oficios annécç de ſuſpenſe dc
publicos. tout office Public,
Re.
zoo. PxEcEs !Us-ruxcums

RETRACTATION
SKTISFACTOIRE

'DU CAPITAINE DOM GABRIEL


DE CUELLAR Y MOSQUERA, aufizjez
de: calomnies qu'il avoit publiées comte
le: Pere: de la Compagnie de .ſe/ils (I).

165L SE P AN todos losquc eſta dcclaracíon


¡(sume-u
.HON Sun_ vieren, que yo cl Capitan Dom Gabriel de
Magma, Cuellar y Moſqucra , vezina , y Teſorcro
dc Ia Santa Cruzada de la Ciadad de la Aſ
ſumpcion , Cabcça de las Provincias , y
Govemacion del Para uay , y Rio dc la
Plata , hago dc la verían! , y deſcargo dc
mi conciencia, yſatisfaccion de la Sagra.
(Ia Religion dela Compañía , y muy Reve.
" randos Padres de la dicha Sacrada Religion,
que han affiſtido , yefiado y eſtaxg en dicha
Provincia del _Paraguay , digo : Que yo
los he tratado , y conocido toda mi vida ca
Eſpaña, y en dicha Provincia, y con.
fcſſadome con ellos, por Ios conocer por
hombres de ſanta doctrina. , .y (amo zcla
de las almas, y virruoſos', y cxemplarcs.
Y aunque en cl Paraguay conoci ¿‘Funes
for Eſtrangcroä , los otros cran paño
cs , yhijos de la ticrra . y unos, y otros
dedicados en ſervicio de Dios y de Su
Magcſtad , doctrinando , y convirtiendo
(n) Imprimé dans l'ouvrage du Docteur xarqxxc,
me 23;
\

DE uHrs-ronuz nv PAMOUXY. ;or


muchas entes, è ‘Indios, para aumentar --¿-¡-—
la Fé, y a Monarquia de Su Ma cſtad, l 7 ' ‘
cono mucho
d! zclo, y , fidelidad.
en particular Y adermiſmo
y general, todos FACTURE'

e 0s ficrvos de Dios, que con ſu recogi


mienro , recato , y modeſtia , cnfrenan y
edifican todos los vezinos , y moradores
de aquella Provincia, paciſicando à todos
en ſus diſſenſiones, y plcyros , atajando
10s cſcandalos y pecados ublicos, vifitando
los enfermos , y acudiendo à lo temporal, y
eſpiritual con mucha caridad , y ſon amigos
y favorcccdorcs de buenos hombres , que
acuden a1 bien de ſus almas,y familia, como
en particular el Maeſtre de Campo Sebaſ
rian de Leon, ſus patientes, y amigoszy
todo lo contrario de eſta, cs caiumrria, è
invcncion de hombres apaffionados. Y digo,
ue yo experimente la ira y riguroſa paſ
ron del Señor Obiſpo Dom Fray Bernar
dino de Cardenas , dcſcomulgandomc , y
multandome , con mucho daño , è inquie
rud mia. Y lo miſmo vi padecer por Tu
mano a otros vezinos poderoſos, con que
conccbi grandiflimo. temor de ſus rigores;
y affi Ocupandome con graves penas, y
otros modos , para cl oficio de Secretario,
y fiendo Procurador General contra los ¡
Padres de la Compañía de Jeſus , me ami
lanè, y obrè todo uanro el quiſo que yo
dixcſſe, y eſcrivi e , y procuraſſc que
orros perſonas eſcrivieſſen , dixeſſcn , y
firmaflen , contra los dichos Padres, y a
ojos cerrados en la Ciudad de la Aſſump
cion, ſin examinar yo , ſi cra verdad , ô
mentira ficndo afli, que hallo en mi con
;oz PxEcEs mSTrHcA-rxvss
ï-d-d-z-n
16-51.
ciencia , que todo nacía def_ ſu ciega paffiou.
calumniando à los dichos Padres de coſas
RETEAcTA que no ay en cllos. Porque quanto ſe dixo,
*nou SATIS
IACTOIRE. y efcrivivó acerca de la poca fidelidad de
los dichos Padre/s contra Su Mageſtad; que
le uſurpavan oro , y lo embiavan à Reyno;
eſtraños ;que pretendían quitar aquella Pro
vindia al Rey nueſtto Senor, y que eran
ſciſmaticos , y Hercges , è inquietadorcs ,
y eſcandaloſos, erjudiciales à la Repu
blica; todo es fal 0, y Falſiffimo , yquiſicra
tener una VOZ de trompeta para publicarlo
à todo el mundo ,.y deshazcr las caïum
nias~ de los dichos papeles , que por mi han
paſſado ,i y negociado firmas que hize 5:1
mar en la Ciudad de la Aſſumpcion. Y coſa
de treinta y cinco firmas , que firmaron
unos vezinos por otros ‘, y la firma de mi
hijo Don Joſeph de Cuellar y Moſquera ,
que tenia flete años , la firmè yo por el , y
mdp lo hize, y lo demas que ſe me im
puta , por mandado del dicho Señor Obiſ
' po, que me lo mandó como Govctnador,
'y Capitan General de la dicha Provincia
del Paraguay , en nombre de Su Mageſtad,
con pena de la vidaz; y de traydor. Yaſiï
el dicho Señor Obiſpo tiene la culpa de
todo, yo no , porque le obedeci como
vaſſallo lcal que ſoy del Rey nueſtro Señor:
yaora digo, que tomara aver perdido la
vida, y hazienda, por no aver hecho lo
referido , (por conocer que es contra Dios,
y contra u Sagrada. Religion. Y affi lo
juro ¿Dios , y à laCruz; y pido humil
mexrre pardon al muy Reverendo Padre
Provincial, y. todos los .dcmas Reverendo:
ï

'DE LTÏISTOIR! nv PARAGUAY. za;


î
Padres Religoſos de Ia Compañia de Jeſus , 165x.
y a todos los demas, que herdado cſcandalo RETRMTÆ
co” c110' _ _ _ _ TlON SATIS
Y por deſcargo de m1 conclcncxa , pndo nuouz.
ſc ſaquen machos traflados de eſta mi de
claracion, Y ſe cmbienà todas Iagparzes,
y Tribunales , que al derecho dela Compa
ñia lc convinîcrc. Y po! darle toda firmeñ
za , y autoridad ,lo 'firmè ante el Eſçri
vano , y teſtigos infraefcriros, ſiendolo
Thomas dc Mcna, y \Valentin Eſcobar
flezcrra , y Antonio Amotin , Clctigos de
menores Ordenes. En Cordoba à ocho -
dias de] mes de Noviembrc de mil y ſciſñ
cîentos y cincuenta yun años. Y eſta de
claracion toda ella es de mi mano , Y letra e
y lo firmè de mi nombre.
D. GAB. DE CUELLAR Y MOSQUERA.
504 Pu-:cEs !USTIFXCATIVE s
..dd-cc

SENTENCE
'DE D. GABRIEL DE PERALTA,
ſuge- Conſervateur de la Compagnie de
.Ïefiu, 'contre le: Officier.: de guerre,
.Aladdin, ó- Régidors, qui ont ſui
vi le parti, ê' obéi aux ordres deFE
î -vëque du Paraguay , pour chaſſer le:
Religieux de ladite Compagnie de leur
leur College de lïíſſbmption.

Sur une Copie imprimée 6- légali ée.


_——.————~—
1651. NOUS le Licencié Dom Gabriel de
SENTENCE Peralta , Doïen de la ſainte Egliſe Cathé
:DU !USE drale dela Ville de l'Aſſomption, Provi
CONSERVA
TEUL.
ſeur «Sc Vicaire général de cet Evêché du
Paraguay, luge Apoſtolique délégué du
Saint Siege , nommé Conſervateur par
.la Compagnie de Jeſus, en vertu des
Privileges 8c des Bulles Apoſtoliques , qui
lui ont été accordés : dans la cauſe qui
a été mue pardevanr nous en qualité de
Conſervateur, à la requête des RR. PP.
Jean-Antoine Manqueanb 8c Jean de Rojas,
Procureurs de la Compagnie de Jeſus, de
leur College , 8c des autres Religieux qui
ſont occupés de la prédication du ſaint
Evangile 8c de la converſion des Indiens
dans les Provinces du Parana , de l’U
ruguay 8c des Itatines , contre ceux qui
compoſoient le corps des Magiſtrats de
DE x.‘Hrs'ro1nE ou PARAGUAY. zo;
ladite Ville en l'année 164.8. , à ſavoirlc T
Général Diego de Yegros -, ci-devant Lieu- 5 ſi"
tenant général du Gouverneur Dom Diego SWÏWË'
de Eſcobar Oſorio, Melchior Caſco de Êgflsnyfiſ
Mendoze , lſAiferez Jean de Vallejo Villa- 1mn..
ſanti, Alcaldcs ordinaires de la. ſuſditc
année 5 l'Alferez roïal Dom Louis de
Ceſpedez Xeria , le Sergent Major Joſeph
de Encinas; les Capitaines Melchior de
Pucheta , André Bemtès , Manuel de Vil
laiobos , Garcia Vanegas de Guzman, 8c
Pierre-Antoine de Aquino, Régidors an
nuels 5 contre les Magiſtrats de l'année
ſuivante 1649 , à ſavoir le ſuſdit Alferez,
Iean de Vallejo Viliaſanti , qui a été Lieu
tenant général du Révérendiffime Seigneur
Evêque Dom Bernardin de Cardenas; le'
Meſtre de Camp Jean de Vailejo Villaſanti
ſon Pere , le Capitaine Chtiſiophe Rami
rez Fuenieal, Alcaldes ordinaires , le Ca
pitaine Diego Hernandez , ?Alferez roïal
François de Aquino 8c Almaras , Jean de
Cacerez, Diego Ximenez de Vargas ,
Jean Riquel , Thomas de Ayala, 8c Gat
cia de Paderez , Régidors annuels dela
même année 5 au ſujet des Décrets, qu'ils
ont faits dans leurs Aſſemblées capitulai
res , par leſquels ils ordonnerent que le
Révérend Pere Recteur 8c les autres Reli
gieux de la Compagnie de Jeſus fuſſent
chaſſés non-ſeulement de cette Ville , mais
encore de toute la Province , 8c ques’iis
refuſaient d'en ſortir, on emploi-ſrt la
force des- armes pou_r les y contraindre ,
8L cela ſans alléguer d'autres motifs que
des injures :traces, des caiomnies en
308 PrEeEs msTn-rcu-rvss
T matiere très grave , 8c de faux témoignages-ſi
' imputant mêchamment a ces Peres les lus
_ “VPN” prands crimes , aſſurant qu'ils avaient «fans
DJ JUGI- . . l
QDNSEMÀ_ es ſuſdites Provinces du Parana , de lUñ
Tzuz_ ru uay 8c des Itarines , 8c u’ils ſaiſoient
va oir àl‘inſçu de Sa Maje é, desMincs
d'or 8c'd'argent, des perles 8c des pierres
précieuſes, de ſorte que ces Provinces
étaient pour eux un nouveau Monde,
plus riche que le Potoſi; qu'ils y frau
doient les droits du Roi, retenoient le
Quint , qui lui appartient, 8c faiſaient
tort à la caiſſe roïale de très grandes ſom
mes; qu'ils empêchoient que les Seigneurs
Evêqucs 8c Gouverneurs ne vifitaſſcnt ces
Provinces , 8c leurs indiens d'avoir aucune
communication avec les Eſpagnols, de
peut qu'on ne découvrit leurs tréſors;
qu'ils avbient donné à ces n1êmes Indiens
toutes ſortes d'armes à feu pour garder
ces richeſſes, 8c ſous le prétexte de ſe dé
fendre contre les .Mamelus du Breſil, qui
vouloient lcs faire Eſclaves; qu'ils les
détournoient de païer les Décimes aux
Evêques , 8c le Tribut au Roi , de prendre
des Bulles de la ſainte Croiſade, 8c de
ſervir les Eſpagnols, afin de profiter ſeuls
du fruit de leur travail; cherchant ainſià
. rendre ſuſpecte-la fidelité avec laquelle ces
Religieux ſervent le Roi dans ces Provin
ces, 8c y prêchent le ſaint Evanäile 5 les
accuſant d'enſeigner des héréſies ans les
inſtructions qu'ils ſaiſoient à leurs Néo
phytes, dans les prieres qu'ils leur fai
ſoient réciter , 8c dans le Catéchiſme qu'ils
leur cxpliquoient en leur langue; préten
DE LctHISTOXRE nu PARAGUAY. ;b7
dant qu'ils éroient les, auteurs. des troubles 16 a.
8c des malheurs , qui ont afflrgé ces Pro- s 5 du
vinces , 8c répandant diverſes autres ca- m, "JUGE
lomnies , dont ils ont rempli les înſorrna- CONSZKŸA
tions, inſtructions , lettres &autres pieces, TEUD..
qu'ils ont adreſſées au Roi N. S., au ’
Viceroi 8c à l’Audience Roïale de la Plata,
8c qui ont été rendues publiques dans di
vers Libelles 8c autres écrits ſans aveuêc
ſans noms d'auteurs; tous faits dont ils‘
ſont convaincus: 8c cela pour appuïer les
deſſeins du Révérendiffime Seigneur Evê
que Dom Bernardin de Cardenas , princÈpal
auteur de tout le mal 6c de l'expo] on
des ſuſdits Religieux , que ces mêmes
Officiers du Corps de Ville ont exécutée
avec inhumanité 8c ſacrilege, en entrant
de force 8: à main armée ſous le comman
dement du ſuſdit Lieutenant Iean de Val
lejo Villaſanti, 8c d'autres Officiers mili
taires, briſant les portes duCollege avec
une poutre , 8c ypénétrant les armesà la.
:nain 8c tumultuairement, 8c trouvant le
R. P. Recteur 8c d'autres Religieux à ge
noux en prieres dans la Chapelle - de la
Congrégation de N. D. , ils ſe jerterent ſur ,
eux ſans aucun reſpect pour le ſaint Lieu
Oli ils étaient , les en tirerenr avec violence,
les frapperenc du pomeau de leurs dagues,
mirent ſur eux ſacrilegemene les mains, les.
chargerenr d'injures_, 8c abandonnerenr au_
pillage la Maiſon ,*la Chapelle , la Sacriſ
tie 6c l'Egliſe, d'où ils tirerent tout ee'
qui s'y trouva juſqu'aux omemens ſacrés ,~
8c tout ce qui étoir dans les Chambres 8c
ailleurs, allerenx chercher juſques dans les
308 PIECES !Us-rurcirrxvts
ïñ——**maiſons des Perſonnes affectionnées à ces
1632.. Peres, ce qu'ils pouvoient y avoir mis en
SENÈÔIË! dépôt', 8c comme peu_ de jours auparavant
DU ils avoient ſurpris ſur le grand chemin
CONSERYA' deux Charretes od étoient deux de pces
SEUL.
Religieux, qui y avoient chargé quelques
ornemens , Pargenterie de l'Egliſe, les
calices ,les cuſtodes , les cloches , les lam
pes , les chandeliers , les burettes , ils les
maltraiterentde paroles 8c d'effets Ils dé
molirent enſuite le College 8c la Chapelle,
8c briſerent toutes les portes 8L les fe
nêtres, auſſi-bien que celles de FEgliſcÎ.
oû ils traiterent de même les Autels, les
confeſſiónaux, les baluſtres. les- coffres
8c armoires de la Sacriſtie. Puis ils mirent
le feuen pluſieurs endroits du College ,de
la Chapelle , des portiques 8c des eſcaliers
de l'Egliſe. Ces ſacrileges attentats ont éte'
commis à la vue du Public: on a des preu
ves inconteſtables &c notaires, qu'ils ont
briſé les images, violé 8( profane la clô
ture reguliere, en introduiſant dans les
Chambres des Religieux des Indiennes 8c
des Femmes de mauvaiſe vie , avec des
Enfans 8c des Etudiants de mœurs corrom
pues, 8c autres choſes qui ſont mention
nées au Procès.
Après avoir vu les Actes 8c ce que l'Au~
dience Roïale de la Plata a déclaré que
cette cauſe eſt du Reſſort du Juge C0n—
ſervateur , les aveux &Wes ſatisfactions de
pluſieurs des ſuſdits Membres du Corps de
Ville , 8C autres Complices , qui ont donné
Acte qu'ils reconnoiſſoieut la ſauſſeté &la
méchanceté dc tout ce qui eſt contenu dans
oE xfl-hs-romr ou PARAGUAY- zo,
les ſuſdits Décrets, Informations 8c Inſtruc 1651..
tions, Pouvoirs 8l autres Ecrits , révo
quanr 8c rétractant tout ce qu'ils avoient DUSENTENCI
IUOE
affirmé. 8C _demandant atdon… aux ſuſdits CoNSÎ-Z n VA
Religieux des torts qu ils leur ont faits; 'ſl-Uld
quelques-uns même aïant déclaré qu'ils
avoient ſigné les ſuſdites calomnies, les
uns par ſur riſe , d'autres à la perſuaſion
du ſuſdit R vérendiſiîme Seigneur Evê ue,
8c d'autres par paffion : ſur quoi, le (zine
nom de Dieu invoqué, après avoir mûre
ment examiné l'importance de cette cauſe
8L Fénotmité des attentats commis contre
Dieu notre Souverain Seigneur, contre
l'immunité Eccléſiaſtique , les Privilewts
apoſtoliques, les ſacrés Canons, les \liſ
dits Religieuxſisc leur College , nous di
ſons qu'avant toutes choſes nous devons
déclarer 8c déclarons injuſtes, impies,
ealomnieux, ſans aucune apparence de
vérité, remplis de ſiniſtres imputations ,
legſuſdits Décrets , Inſtructions, Infor
mations, pleins Pouvoirs 8L autres Ecrits
faits par leſdits Alcaldes 8c Ré idors des
années 164.8 8c 1649; que le dits Reli
gieux, comme perſonnes d'une vertu ſi
reconnue , 8C Membres d'une Compagnie
ſi ſainte, qui a ſi bien mérité de l'Egliſe ,
8C rendu de ſi grands ſervices a ces Pro
vinces 8c aux Nations Infidelles , ſont in
nocentssz déchargés de toutes les ſuſdites
calomnies 5 8( pour enſevelir dans un éternel
'oubli tant &Actes 8c fEcrits impies , nous
otdonnons , conformément à ce qui eſt_
marqué dans la Bulle In Cæna Domim
;to Puces IUSTIFIÇATIVES
-——-*~de notre Très Saint Pere le Pape Inno
1651.. cent X, qui gouverne préſentement l'E
SENTFMP gliſe de Dieu , au Paragta he Déclaranres G*
DU lucra
CONSERVA
proteſtante-s , que tous le dits Décrets , Inſ
(EUR. rtuctions, 8L autres Procedures, oû ſont
exprimées leſdites calomnies, ſoient raïés ,
biffés , déchirés des Livres ,_ Protocoles,
pieces cle Procès, Archives, [Secretaire
ries , 8c autres lieux od ils ſe trouveront 1
8c entre les mains de quiconque en ſera
ſaiſi , 8L qu'à cet effet il ſoit expédié des
Lettres réquiſitoriales ſous des peines gra
ves contre ceux ‘a qui les ſuſdits Alcaldes 8c
Régidors , 8c autres, les auroient dépoſés,
pour qu'ils aientà les rapporter, aſin u'ils
ſoient 'biffés , déchirés 8c lacetés , ai rque
l’ordonne Sa Sainteté. ï ~
Et quoique les (uſdits Coupables méri
taſſent d'étre punis avec route l'a rigueur
ue demandent leurs délits , 8c qu'éxige la
atisſaction qui eſt due auxdits Religieux
pour tant de torts 8c dïnjures , toutefois
parceque pluſieurs reconnaiſſant leurs fidu
ces, 8c preſſés par les remors de leur
conſcience. ont dans la ſuite, ainſi que
devaient faire de bons Chrétiens, deman
dé pardon auxdits Religieux, &leur ont
fait ſatisfaction pat écrit , en déclarantque
tout ee qu'ils avaient ditqôc ſigné dans les
ſuſdits Ecrits 8c autres Actes éroit faux,
calomnieux 8c de nulle valeur , ainſi
qu'ont fait avec un zele vraiment chré
tien, le Général Diego de Yegros, le
Meſtre de Camp Iean de Vallejo Villaſanti,
l'Alferez Dom Louis de Ceſpedez Xetia ,
lcCapitainc Chriſtophe Ramirez Pucnleal ,
DE L'HISTOIRE Du PARAGUAY. ;tr
?Alferez Garcia Vanegas de Guzman, [em
Capitaine Diego Hernandez, le Capitaine l 5"'
Manuel de Villalobos , le Capitaine Diego SWTPM'
Ximenez de Vargas, le Sergent Major ÊËNSEIÏJÏÏ'
Thomas de Ayala z uſant , à la priere des 15m._
ſuſdits Religieux , de clémence envers eux ,
nous ne leur impoſons d'autre peine , que
de ſe faire abſoudre des Cenſures qu'ils ont
encourues, gardant la Forme du droit, ex
primée dans le Chapitre cum defi-Jerez de
Sententia', excommunicationis , exprimée
dans le Manuel Romain, 'les avertiſſant
d'être à l'avenir plus circonſpects, 8c plus
conſciencicux, pour ne point ternir la ré
putation de leur prochain , 8c ſur-tout de
Religieux , qui ſont tant de fruits dans les
Ames , 8c que s'ils récidivent , ils ſublront
toutes les peines du Droit. Nous ordon
nons auſſi qu'ils ſoient tenus de païer cha
cun pour ſon compte les frais du Procès.
Quant aux autres Coupabies , à ſavoir
l'Alſerez Jean de Vallejo Villaſanti, le
Capitaine Melchior de Pucheta, le Ser
gent Major Joſeph de Encinas, Jean Ri
quel, Fr de Aquino 8: Almaras, Jean de
Cacerez, Garcia de Paredez, Pierre-Ant. de
Aquinosc André Benitez , qui ſe ſont ren
dus rebelles 8c déſobéiſſans aux commande
meus de la ſainte Egliſe notre Mere, 8c
ont refuſé d'accomplir ce qui eſt preſcrit
par ladite Bulle In Cœnä Damirzi, 8c au
paragraphe decldrarzter ó- proteſtante!, n!
çe qui eſt ordonné par le Droit, chap.
noverit
au chap.de quidamſi
S enterztiämaligni
excommunicationis, 8c
5, queſtion I,
malgré tout ce qui leur a été enjoint par
z”. PREUVFS rcsrmcurvts
__._.—î——— divers Mandemens , qui ſont au Procès,
1652.. folio 72. 8L 75 , 8c par de nouvelles inter
'U SENTENcE
JUGE_ Èellations, par une Ordonnance du 2.7 de
écembre x6 50, qui eſt au Procès, folio
CONSERVA
84 , 8c en dernier _lieu , par une Citation
TFUE.
quê nous leur avons faire , par un Acte du
:.1 de» Novembre de l'année précédente
16j! , ‘a laquelle Citation ils n'ont point
comparu , quoique nous les avions atten
dus juſqu'à préſent, parcequïls vouloient
continuer ämaltraitcr , comme ils avoient
fait , les ſuſdirs Religieux; ne ſe mettant
pas fort en peine des Cenſures dont ils
étoient liés par le Droit, 8c ſe ſont rendus
contumaces 8c rebelles aux commande
ments de la Ste Egliſe notre Mere', nous
les déclarons de nouveau par aggravation
8L réaggravation tombés dans Pexcommu
nicarion portée par la Bulle In Cœnâ D0
mini, aragraphcs 14 , r; 8L r9, 8c dans
celle 'Urbain VI, contre les Complices
de l'expulſion des Religieux 8c des Ecclé
fiaſtiques ;dans celle du Canon ſi qui: ſua
dente, contre ceux qui mettent violem
ment la main ſut les mêmes Perſonnes,
ou qui y cooperent en quelque façonque
ce ſoit , 6c Papptouvent comme bien fait j,
dans celles qui ſont portées' par le ſaint
Concile de Trente, Seſſion u, chap. 11,
de reflormatione , contre ceux qui dc quel
que maniere ,St ſous quelque prétexte que
ce ſoit, dépéiïlillent les Religieux 8c les
Couvents de leurs _biens 5 dans les pei
nes 8: cenſures contenues au chapitre
qui in alterius 5, queſtion x , au cha itre,
infime.: 6, queſtion x, au chapitre dc atorh
Il
?Êt
DE ÜHXSTOXRE DU PARAGUAY. zr;
duchap. calumniam, 5. queſtion 6 , contre
ceux qui calomnient fauſſement le Pro 1651..
chain ; 8L dans celles du_ chapitre quifizuÿs SENTENeE
I7, queſtion 4, paragraphe idem ſigui, JUGE
CON9ERVA~
contre ceux qui briſent les ,portes des Egli TEUR.
ſes &t des Lieux ſacrés -, declararit comme
nous déclarons les ſuſdits, faux Délateurs;
6c Calomniareurs, &liés par leſdites Cen
ſures 8c peines, 8c ordonnons que leurs
noms ſoient affichés publiquement, afin
que les Fideles les évitent , comme Mem—
bres retranchés du Corps cle notre Mere
la ſainte Egliſe, 8L qui ne peuvent être
relevés deſdites Cenſures que par nous, 8C
qu'a rès avoir accompli tout ce qui eſt
pre crit par la Bulle ln Cændí Domini 8c
au paragralphe Declaranzes, 8c au chap.
quidam ina igni, cités ci-deſſus, faiſant préa
lablement ſatisfaction par écrit aux ſuſdits
Religieux, comme il eſt ordonné par les
mêmes articles du Droit.
Et quoique nous euffions pu procéder
d'abord contre les ſuſdits, faiſant exécuter
les peines que méritent leur déſobéiſſance
à notre Mere ſainte Egliſe, &les autres
portées r les
tenues Lans le Loix de ce
nouveau Roïaume
Recueil , con
, uiſqu'ii
y a déja pluſieurs mois , qu'ils (loot ex
communiés , 8c qu'ils ſont liés par leſdites
Cenſures; &Q que le Seigneur Oydor (*} ,
Viſiteur 8c Gouverneur de ces Provinces
les a renvoïés à notre Tribunal , pour en
être déchargés , 8c qu'ils n'ont pasctcom
paru; voulant néanmoins uſer encore de
miſéricorde, nous leur ordonnons d'ac
(*) André de Léon Garaviro.
Tome III. O_
514' Prtcts !Usrrrtcarrvts
X652..
complit ce qui eſt preſcrit par ladite Bulle
SENTENCſiE In Cænâ Donzi/zi, 8c par le chapitre déja
DU JUSE
cité du Droit, dans dix jours, que nous
CONSERVA leur marquons en trois termes , par trois
TWD.. citations Canoniques , déclarant le troiſie
me terme
toires, 8c las'ils
8c que troiſieme citation
perſiſtent eremdî .
dans ljeur
ſobéiſiancc , on exécutera ſur leurs perſon
nes 8c ſur leurs biens les peines portées
par les ſacrés Canons 8c par les-ſuſdites
Loix, ſans autre ſentence ni déclaration ,
8c dèS*à>~PXſiéſe_IÎt nous les citons peremp
. toirement.
Et [parceque l’Alferez Jean de Vallejo
Villa anti a déja été ſentencie' comme re
belle , 8c .comme principal exécutent de la
dite expulſion , de l'impoſition violente des
mains ſur leſdits Religieux, des incen
dies, dcs pertes, des dommages 8L des
Ïoutrages ſuſdits, 8C condamné à quatre
ans d'exil au Chili, pour y ſervir Sa Ma
jeſté à ſes dépens, 8C à une amende de
cinq cents écus d'argent monnoïe', pour re
'oâtir le College; 8L que Pierre-Antoine de
Aquino a été pareillement condamné pour
rébellion a deux années de banniſſement,
&c deux cents… écus d'argent de poids, ap
plicables au même_ objet _; que la Sentence,
.gjlxlrant à la_ peine pécuniaire eſt paſſée en
c_ oſe jugée ſuivant les Loix du nouveau
Recueil, parcequ'il y a an 8c jour; nous
déclarons que ladite peine eſt compriſe dans
celle àquoi le ſuſdit Seigneur O dor a.
gondamné pour la reſtitution des d gätsäc
dommages faits au ſuſdit College, tous.
- Les ſnſdirs AlçaldFS, 5g Régidors_ ,en com_
,_
_DE rfHrs-rotnr DU PARAGUAY. z”
__..—__—_.
mun; 8c que pour ce qui regarde les ſuſ
165:..
dits Alſerez Iean de Vallejo Villaſanti , 8c
PiÉtre-Antoine de Aquino, qu? ont été ou sENTENcE
JUcE.
condamnés au bannifletnent, nous con- CONSEMÀ_
formant a la Sentence rendue par notre -n-:Un
Prédéceſſeur, nous la confitmons, 8c ordon_ ſi
noris qu'elle ſoit exécutée , en déclarant que
les deux années de banniſſement , à quoi
le ſuſdit Alferez Jean de Vallejo a été
condamne' par le Seigneur Qydor, [ont
compriſes dans le nombre des quatre , à
quoi il avoit été condamné précédemment.
Et parceque les ſuſdits Alcaldes 8; Ré
gidors , qui ont été en exercice pendant les
deux années 1648 8L 1649 , ont été con
damnés par le Seigneur Oydor à la répa-ñ
ration des dommages cauſés au ſuſdi_t Col
lege, -lorſque les Religieux en ont été
chaſſés, 8c qu'il les y aobligés en com
mun , nous ne les condamnons à rien de
plus en cette part 3 quoique le puffions avec
juſtice , 8c que ſelon le droit ils duſſent
être condamnés au uadruple; 8L que les
ſuſdits, Jean de Vdllejo Alſerez, Pierre
Antoine de Aquino , Melchior de Pucheta ,
Joſeph Encinas , Jean Riquel , François de
Aquino 8c Almaras , Jean de Cacerez, Gar
cia 'de Paredez , 8l André Benitez , comme
déſobéiſſants, contumaces, 8c rebelles à
l’Arrêt qui leur ſuc ſignifié le 26 de Dé
cembre 1649 , 8c leur ordonnoit ſous peine
d'une amende de cinquante écus en eſpece ,
~ &e révoquer , raïer , biffer 8: lacérer leurs
Décret-s 8c autres Pieces qu'ils avoient ſi
gnées , contraires à l'immunité Eccléſiaſti
que , ainſi que le preſcrit la Bulle In Cœni
O ~
515 PrEcEs SUSTXHcA-rxvrs
- n,
Dominſi, 8c que pour cette raiſon ils
X651. ont été ,Ÿclarés ſoumis à ladite peine,
myÙ-“NËÎËÊEÎ nous leur ordon-nons de païer cette amende,
cOMERH_ voulons qu on lesy coptrargne, 8c quelle
ſum_ ' ſort appliquée , mottréa la arnte croiſade ,
8c moitié à la Fabrique de la ſainte Egliſe
Cathédrale. Voulons auſſi qu'ils paient
tous les frais, chacun pour ce qui le ~re<
garde , 8c à quoi il eſt taxé. Nous le pro
nonçons 8c l'ord0nnons ainſi , ſéant en no
tre Tribunal; le Licencié DOM GABRIEL'
DEPERALTA

PRONONCIATION.

Cette Sentence com riſe en trois feuilles,


Qutre celle-ci , ſut rendue 8c prononcée par
le Seigneur Licencié Dom 'Gabriel de Pe
_ ralta , Doïen de la ſainte Cathédrale de
cette Ville , Proviſeur 8c Vicaite Général
de cer Evêché du Paraguay', 8c Juge-Con
ſervateur Apoſtolique de la ſacrée Compa
gnie de Jeſus, 8c ſignée de ſon nom dans
une Audience publique le u. du mois de
~ Janvier r 657.. Fait en la Ville de FAſſomp
tion : Témoins le Licencié Joſeph Serrano
de Araya , Curé de la Paroiſſe de Notte.
Dame de l’Annonciation; le Capitaine An
toine Correa Deça , 8C Melchior de los
Reyèsc œ que je certifie '

MATHrE-U GÔNZALEZ DE SANTA CRUZ ,


Notaire public.
DE L'HISTOIRE DU PARAGUAY. ;ri

L E T T R E
DE D. GABRIEL DE PERALTÃ,
Doïerz de la Cathédrale du Paraguay,
— Proviſeur 6' Vicaire
de Peñarrſſzrzdzz, général;duau'Conſeil
Preſident Comte

roïal de: Index.


- EXCELLENTISSIME SEIGNEUR,
m
J'AI appris par le Pere Recteur de la Com I653.
pagnie de .Tr-ſus de cette Ville de l’Aſſomp— LETTRE Di
tion, les changemens que _l'on a voulu D. GARE.. Dz
engager le Conſeil à Faire dans les Réduc PEILALTſſA.
tions des Indiens , qui ſont ſous l'adminiſ
tration des Peres dela Compagnie de Jeſus.
Il ſe peut bien l'ai-re qu'en cela on ait été
animé d'un bon zele , mais on n'avoir pas
aſſurément l'expérience néceſſaire pour
donner avec connoiſſancc de cauſe de tel5
avis dans une affaire , od il ſeroit ſi dan
gereux de ſaire une fauſſe démarche. C'eſt:
ce qui m'a ſait' juger qu'en bon 8L fidele
Sujet j'étois oblige' de communiquer à
Vbtre Excellence ce que j'ai vu , 8c ce que
j'ai eu lieu de connoître par moi-même
dans Ie tems , que chargé'du Gouverne
ment de ce Diocèſe j'ai viſité cette Pro
vince , d'autant plus_ qu'il s'agit de prendre
des réſolutions, dont il y a beaucoup à
eſpérer 8L à craindre pour le ſervice du
Roi, 8c pour l'avantage de ces Provinces.
Quelques perſonnes intereſſées à décré
, ' O iij ‘
;ſſt8
Prtcts tusrrrrcArrvts

1 5; 3.
diter cette Compagnie , 8: que des vues
perſonnelles empêchoient de faire atten-_
LETTnE DE
D. GA ut. DE
tion a ce qui eſt du ſervice de Dieu &de
PIRALTA. celui de 5a Majeſté, ont voulu , il y a
déja pluſieurs années , rendre ſuſpecte la
fidelité de ces Religieux envers le Roi
notre Seigneur , que Dieu conſerve. Votre
Excellence en a déja eu quelque courtoiſ
ſance; mais celles que j'en ai, je les dois
aux occaſions fréquentes que j'ai eues de
traiter avec ces Peres pendant pluſieurs
mois que j'ai emploïés àviſiter les Egli~
ſes de cette Province. Or je proteſte que
je n'ai rien trouvé qui puiſſe donner le
moindre fondemenrä de tels ſoupçons en
matiere ſi grave. La maniere dont ces Re
ligieux ÿaſicſſquirrent des devoirs de leur
état, 8c rempliſſent les obligations du
miniſtere qui leûr eſt confié, au grand
roſit desdeAmes,
iiumieres qu'ils, ont
l'Evangile éclairées
devroit des
les avoir
Irlis a couvert d'un ſoupçon ſi infâme en
matiere criminelle : car enfin on ne peut
diſconvenit_ qu'ils n'aient conquis pour
Dieu 8c pour Sa Majeſté de ſi grandes
Provinces, ſans autres reſſources que la
pauvreté Evangélique, ſans autres armes
?ne le Crncifix; qu'ils n'aient' arboré ce
xgne adorablùde notre ſalut juſques ſur
les Montagnes voiſines du Breſil , d'où ils
ont c'te' contraints, il y a pluſieurs années ,,
de ſe retirer avec tous les Chrétiens qu'ils
y avoient réunis , pour les ſouſtraire au:
violences des Rebelles du Breſil, 8c de les
conduire dans les Provinces du Paſanaœ
de l'Uruguay. Là, depuis que Sa Majeſté.
fils rffl-Îrsxornz Du IŸAROMÏAŸJ ;XJ
leur a donné des armes 8c des munitions ~';6—~.—"‘
uïils ont augmentées des aumônes qui les V 53',
?ont ſubſiſter , ils ſe ſont fixés dans ces DLEÂIŸÔB:
Provinces , 8L ont ſi bien fait inſtruire leurs PIÏRÀLÏQR -
Néophytes de la maniere de ſe ſervir de
ces armes , que depuis ce tems-là ils n'ont
pas perdu un pouce de terre , mais ce n'a
pas été ſans qu'il en ait couté bien du ſang
aux Indiens 8c 'a leursPaſteurs , qui les_ ani
\ moient 8c qui les accompagnoient lorſqu'il
s'agiſſait de ſaire de nouvelles conquêtes
ſpirituelles, 8c de défendre leurs Terres.
Le Pere François Ximcnez, aujourd'hui
Recteur 'a Buenos Ayrès , s'eſt fort diſtin
gué dans ces occaſions. C'eſt un Homme
ſans reproche; 6c qui mérite qu'on prenne
confiance en lui. Je ſais néanmoins u’on à
voulu indiguement rendre ſuſpecte l'a fide
lité envers le Roi notre Seigneur.
Tai oui dire auſſi qu'on a délibéré d'in
troduire dans les Bourgades des ſuſdits
Peres, des Corrégidors pour y avoir le
gouvernement des Armées; or, ſuppoſé
tout ce que~j'ai rapporté Far des conuoiſ
ſances immédiates, conſtaté , comme il
eſt, on voit aiſément combien doit être
ſenſible cette marque de défiance à des
Miniſtres, dont une ſilongue expérience a
prouvé la fidélité. En effet , ſielle n'avoir
pas été àtoute épreuve, n'y a—t-ilpas tout
lieu de croire que ces Provinces auroienc
été cóſinquiſes par les Rebelles du Breſil ,qui
les ont ſi ſouvent attaquées 8c avec es
forcesſi conſiderablcs? Les Indiens les ont
cependant toujours battus , avec une va
leur qui n'a jamais été ternie par aucune
O iiij \
Z10 Prrcrs IUSTIFICATlVÎ-:s
15j z_ lâcheté , ni ipar. aucune infidélité , 8C les
LETTRE DE ont enfin obligés de s'éloigner. Ainſi, Mon
D_ GAM_ DE ſeigneur , je crois qu'il eſt de la prudence
ira-un que dans une affaire ſi importante on ne
faſte/aucune innovation , _au haſard de per
dre une ſécurité , qu'une 'ſi longue expé
rience doit ſaire regarder comme certaine,
en voulant faire un changement manifeſte
.ment dangereux , 8c qu'il-ne ſaut pas met
tre à une telle épreuve , une fidélité éprou
vée. Car enfin, que peut-on attendre de
ces Cſiorrégidors , ſi ce n'eſt des vexations,
que ces Peuples , qui ſont ſi ſupérieurs en
nombre , ne ſont ſipas naturellemencdhu
meur à ſouffrir ?ſ Et ſi nous ne pouvons .
contenir les Bourgades Indiennes qui ſont
beaucoup plus proches de nous, 8C ſous
les yeux de ce Gouvernement , 1 on n'a
pu y exécuter ce dont il s'agit par rapport
au gouvernement politique , comment
réuſſira-t-on- dans le militaire avec ceux
ci, qui n'ont jamais étéſiſoumis par la
force, 8c qui ſont ſi éloignés? Je crois
qu'il eſt plus que vraiſemblablequbn riſ
queroit de perdre ces Provinces, 8c par
une conſequence néceſſaire, celles-cimêj
mes dont il vaut mieux laiſſer ignorer les
forces, ſi on veut les faire reſpecter, que
de les éprouver avec danger de les Faire
mépriſer; car ſi on examine bien, 8C ſi
l'on ſait attention à. la ſupériorité du nom
bre de nos Ennemis, elles ne ſuffiroient
pascpour les aſſujettir, ni même pour
con erver nos propres frontieres , ſur
tout, ſi ces nouveaux Ennemis ſe conſé
déroient , comme il leur ſeroit aiſé de
DE rfHisrouu-z DU PARAGUAY. 32.1
faire , avec les Rebelles de Saint-Paul. 16
Ainſi , j'eſtime que cela mérite un nouvel ' 53'
examen , qui demande toute la capacité 8c Là??? ï_
toute la ſageſſe de votre Excellence, dorÆgRMJÀ_
je prie Dieu de conſerver lañ Perſonne pour
les beſoins de ces Roïaumes. A l'Aſſomp~
tion, ce 18 de Mai I653. Son très dévoué:
ſerviteur _85 Chapelain,
Le Licencié, Dom GABRII-IL
DE PERALTA.
ï)

LETTREçÃ
. ..y
DE DOM PEDRE BAYGORRIQ
Gouverneur de Buerzos-Ayrès , au Préñ»
fldent de FAudience Roïale des C lzarcas.
ct IL y aquelques jours que ïinſormai V. S., ——.—Ÿ—-—r
16;).
de bien des choſes; dont il eſt néceſſaire
LETTRE DE?
ñ queles Su érieurs aient connoiſſanceſtantn Prom-r
pour remédier au paſſé que pour prévenir nuzoux
ce qui pourroit arriver dans la ſuite; 8c
quoique dans ma précédente je lui aie ex
poſé a ſituation oti je me trouve par rap
port au Seigneur Evêque de cette Ville , 8c
'es meſures que je prends pour éviter une
rupture, je crains bien que ſon génie rur
bulent, 8c qui le porte à vouloir dominer
ſur le Tempbtel comme ſur le Spirituel
de cette Province , ne nſoccaſionne bien des
cha1% rins.
a indiqué un Synode ſiau 11. de Mars'
O' v
327. PrEcEs !USTXFXCATXVES
1655.
prochain; 8c quoique je ſiuuhaitaſſe qu'il'
ne le Üenne pas, parceque ſai découvert
DÏ-VHËÈKDE que ſon projet eſt de réunir toutes ſes for
BÂYGORRI_ contre les Religieux de la Compagnie
de Jeſus , 8c particulierement contre leurs
Réductions , ou Docttines du Parana 8c de
YUtuguay , d'où il entreprend de les tirer ,
pour mettre à leur place des Eccléſiaſtiquesz
mais comme je n'ai pu trouver aucune cé
dtfle de Sa Majeſté , ni aucune proviſion
de ]'Audier—1ce Roïale , qui !n'autoriſe à m'y*
oppoſer _, quoiqu’on diſe iei que l'Evêquç
ne peut tenir cette Aſſemblée , 8c ue la
loi naturelle nfapprenne qu'il eſt du eveic
d'un Gouverneur d'en-mâcher tout ce' qui:
peut troubler la tranquillité de ſa Provin
ce, 8c que je ne doive attendre de ce Syno
de que des troubles , non ſeulement par»
rapport au projet de l'Evêque ſur les Doc
trines qui ſont ſous la conduite des Peres
- dc la Compagnie, mais encore au ſujet des
' nouvelles impoſitions qu'il veut faire ſous
le nom de Décimes ,j'ai réſolu de le laiſſert
faire. _
' Je ſais d'ailleurs qu'il n'eſt pas Homme
à tenir compte des cédules St des provi
fions que les ſuſdits Religieux ont obtenues
du Roi en faveur de leurs Doctrines, 8c
qui défendent d'y rctien innover juſqu'à ce
que le Conſeil des Indes en ait autrement
ordonné; qu'il eſt réſolu de paſſer outre ,.
quoique la Chancellerie de cette Ville n'ap
prouve pas les changenwns quil veut
faire z qu'il emploiera même les excommu~
nicarions pour me forcer d'appui” ſes vio
lences: mais comme c'eſt l'intérêt qui le
7 't- v

!SE t 'H ts To 1 RE D UPARAGUAY ‘. 31;'


"
guide , 8c qu'il croit le trouver en iutro~ -I~6-~"",.z.
uiſant ſes Eccléſiaſtiques dans les Doctri
nes, cette paſſion l'aveugle au point qu'il 9h77” “î
PEDRE
ne peut pas même ouvrir aſſez les yeux BÃYGOLM_
pour entrevoir ce que demandent la raiſon
8c la juſtice.
La haine qu'il a conçue contre ces Re
ligieux, n'a point d'autre ſondement que
celui de S'aſſurer d'un grand profit ſur l'her
be de Paraguay', ſur le miel, 8c les autres
denrées que produiſent les Doctrines , 8c
je lui aí plus _d'une ſois entendu dire que
tant que ces Peres y ſeront , il n'en pourra
rien tirer, 8c c'eſt our cela qu'il veut les
en ſaire ſortir. NDE-il pas bienlamentablc'
qu'un Evêque veuille, par un tel motif, de'
ouiller, de ſon autorité, 8c contre Ie'
ſentiment du Roi N. S. , des Hommes
âpoſtoliques , qui aucontinuels,
avec des travaux prix de leuront
ſangſondéſiñ
, 86

des Egliſes pour le ſervice de Dien ,. 8C


des Bourgades pour celui du Roi , retirant
les Indiens de leurs Montagnes 8c de leurs
Forêts ,. mi _jamais aucun Eccléfiaſtique nÏa'
mis le 'pié , ni partagé en aucune façon les'
fatigues de ces Miſſionnaires? Si Sa Ma~_
jeſté ne veut pas que les Doctrines, qu?
ont d'abord été gouvernées par des Ecclé-z
ſiaſtiques, 8c à leur défaut confiées dans
ſa, ſuite à des Religieux, ſoient ôtées à’
ceux-ci , tant qu'ils obſerveront les loixdu
Patronage roial , il‘eſt certain qu'aux mê
mes conditions Sa Majeſté ne' prétend pas
qu'on faſſe violence aux Peres de la ,Com-
agnie , pour les tirer de celles qu'ils ont
codées 8C toujours conſervées ,Sc qu'une;
Q
32.4 PIECES tUsTrrrcA-rrvzs
-—~—-telle injuſtice ſoit le prix de leurs ſervices;
1655. tandis qu'ils dentteptennent rien contre
“TT” DE les droits de ſon Patronage toïal.
D. PEDRE
Mais quand bien même le Roi permet-
BAYcOMr,
croit d'y introduire des Eccléſiaſtiques ,je
ne me hazardetois jamais a exécuter cette
entrepriſe, ſans avoit auparavant conſulté
?Audience Roïale, 8c lui avoir expoſé
tout ce qu'on peut craindre de la-partduu
Peuple ſi récemment ſoumis ; parceque
quand le Gouverneur Dom Hyacinthe de
Laris, à l'occaſion des troubles du Para
guay , alla faire la viſite de 'ces Boutgades,
ebruit aïant couru qu'on en vouloir re
tirer les Peres de la Com agnie , 8c mettre
à leur place des Eccléſia ic ues, &z que le
Chapelain de Dom Hyacint e devoir reſter
dans une de ces Boutgades , les indiens
parurent ſi révoltés contre ce changement,
que le Gouverneur fut obligé &éloigner ce
Prêtre, 8L de l'empêcher de dire la Meſſe.
Or ſi ſous les yeux des Peres un ſi leger
ſoupçon réveilla l'ancienne barbarie de ces
Indiens , qui pourra les appaiſer quand on
jura éloigne' d'eux ces mêmes Peres, qui
les ont engendrés dans la Foi P Qui pourra
même aſſurer la vie des Eccléſiaiiiques
qu'on leur enverra? Qui les réunira, s'ils'
retournent dans leurs forêts? Je repréſente
ceci à V. S. afin qu'elle ſoit bien perſuadée
que les deſſeins de Fſ-.vêque ne \ont point
des vues de paix,, mais des déclarations
de guerre. Le même Dom Hyacinthe ,lorſ
qu'il fut dans les Docttines, 8L qu'il eût
vu de quelle maniere les indiens, après
trois victoires remportécs ſur les Porru<
1
D! L'HISTOIRE DU PARAGUſiAY. 52.5
gais, qui croient venus pour en ſaire des —————_.g
~ - 1 . - MU_
Eſclaves, faiſoient l'exercice avec leurs
armes , dit que ſi ces Bourgades ſe révol- DËEÏIÏËËRË'
toient , vingt mille Hommes ne ſuffiroient nucoakk
pas pour les réduire. Maintenant qu'ils ſont
en paix, qu'ils ſont ſoumis , 8c qui plus
eſt, bons Chrétiens, ne (croit-il pas bien
malheureux qu'un Evêque, qui devïit:
animer leur piété , les exposât àretouf
ner dans Fidolâtrie? C'eſt cependant ce,
qu'il y a de moins à craindre , ſi on éloi
gne d'eux leurs Peres, qui les retiennent
par les liens de l'amour 8c du reſpect. Je
crois avoir rempli , par cet avis , mes obli
gations 8c déchargé ma conſcience. C'eſt à'
un grand Miniſtre comme vous , dont les
lumieres ſont ſi ſupérieures aux miennes , 'a'
décideizavec
fſiaire,& jeſnisl'Andience Ro'1~ale,ce
perſuadéque ce ſera leque je dois
meilleur;
Je paſſe ſous ſilence d'autres actions biecr '
peu meſurées de l'Evêque ,, 8c qui ne ten
dent qu'à troubler cette Ville , 8c à ternir
la réputation des Religieux de la Compa
nie z on le voit lire 8c répandre des Li..
Ëelles diffamatoires _d'un Fr. Convers de
l'Ordre de Saint François, nommé Gaſñ'
pard de Artiaga , Homme inquiet 8c per
nicienx, qui ne ceſſe point Œexhaler ſon
venin contre la Compagnie de Jeſus, la
quelle n’y oppoſe qu'une grande-modeſtie,
8c beaucoup de régularité 8c de 'LCiC pour
le ſalut des Ames; vertus qui ne' ſont qu'ex
citer le dépit &c la jalouſie de ceux qui de
vroient les imiter, 8c ne peuvent
fouffrir deſi bons exemples. ll ſeroitbien'
important pour la paix de cette Ville ,, &t
.r
I* ;16 Prrcrs IUSTII-'ICATIVEÏ .
íïññ-ñ-À
_ 1'655.
plus encore de celle de Santa-Fé , ,que V. S,
ordonnât à ce Religieux dyſcole de ſortir”
lE-rran DE de cette Province , parceque ſe ſauf-con
D.. PEDÏE
Balcon-nx. duit que luidſieprocure
connivence ſa Profeſſion,
ſes Supérieurs 8c la
, le rendent
incorrigible 8c lui ſont mettre bas toute
pudeur. Pour moi, quelque deſir que j'aie"
de faire ceſſer ce ſcandale , je ne \aurais y
réuſſir, tandis qu'un Evêque, qui devroít
éteindre le feu , continue à le ſouffler ,. 8c à‘
y jetter du bois par ſon mauvais exemple,
8c par la haine inſatiable, dont il eſt ani
mé contre la Compagnie. Je l'ai moi»
même oui Religieux
contre ces débiter des
, 8c choſes
dont la énormes
fauſſetéſſ
rn"e’toit parfaitement connue. Cette haine
ne fait que ſe fortifier de plus en plus dans
ſon cœur, 8: il ne ceſſe d'en donner des
marques ſenſibles z 8L parceque pour le
ſalut de mon Ame, 8c ſe repos de ma'
conſcience, j'ai choiſi pour mon Confeſ
ſeur le Pere Jean de la Guardia, Recteur
du College de cette Ville, en ui j'ai
trouvé la ſcience, la vertu 8L a reli
gion que je deſirois ,’ I'Evê_que s'leſt img'
gme que c'éto1t ce Pere qui me detournoit
de lc voir familierement, en quoi il \È
trompe bien
ſouvent fait fort; car ce même
plus d'inſtances qu'ilPere
ne m'a.
de- _ ſi
voit, pour m'y engager; mais l'expérience
que j'ai des actions 8L des diſcours de ce
Prélat, r'n'a fait juger que ce commerce
nuiroit à ma réputation , engageroit ma
conſcience, 8c ne contribuerait point à la
tranquillité de cette Ville.
l'ai déja,, dans une Lettre précédente
DE L'HISTOIRE DU PARAGUAY. 32.7' .
informé V. S. des menaces que ce Prélat -~I~6'5--5_
me Faiſoit de itſexcommunter, au ſujet
de l'obéiſſance que je rendrois, ou ne DLETÊËÎRË'
tendroïs pas, aux eédules 8C aux provi- BÂYŒRM…
fionsdu Roi. .Yäjoûte ſeulement ici que
le Commiſſaire de la Croiſade étant mort,
ce Ptélat a mandé' tout ce Tribunal; 8è
en-qualité d'Evêque, a' donné un Mande
ment, par lequel il ordonne ſous peine:
Üexcommunication, au Capitaine Thou
mas de Rixas ,, Tréſorier de la Croiſade ,_
de remettre trois mille écus de ſa caiſſe ?i1
un' Particulier, pour les porter au Potoſi.—
Cela ,pourtant ne ſera pas exécuté; mais'
c'eſt une choſe bien digne de compaſſion
de le voir ëaſſujettir por voie d'excom—
munication, tous les Tribunaux ,. tant
.Eccléſiaſtiques que Séculiers, pour être'
par-tout le Maître. Un de ces jours , ílx'
menacera le Corps~ de-Ville de Pexcommu
nier, s'il ne le fait point Gouverneur. Je.
crains bien qu'à la fin la patience ne m'é-— ,
chappe, 8c que je ne le faſſe conduire plu
ſieurs lieues au—delà- de cette Province..
C'eſt à V. S. qui le connoit , à le m0-
dérer; tant d'embarras ſont' au-deſſus dc.
la prudence d'un Soldat. Le Seigneur Evê--z
ue s'eſt étroitement lié avec le Sécretaire:
de la Réſidence, Balthazar de Ayllon ,._
que j'ai éloigné' de moi pour de très
bonnes raiſons,
Manuel de 6c 8cavec
Texada; le que
je ſais Jugede Jean
viveſi
voix , 8c par écrit , ils' ſe déchaînent con-
tre les Peres de la Compagnie , ſur-tout*
contre le Recteur-le P. Ieanxle la Guardiad
;ts Prrcrs rusrrrrcarxvts
...í-íñ
e 1655.
Tous parlent au gré de ?Evêque , qui les
l a empoiſonnés de ſes ſeutimens, 8c ne'
LETTRE n
D, PIDRE permet pas ue la vérité les déſabuſe.
BAYGOMU. Mais comme a lumiere ſort toujours vic
torieuſe V.
couvre, à travers les nuages dont
S. la reconnortta la'
ſansſiäſine,

quelqdeffort que faſſent ſes Ennemis pour


la dérober à, vos yeux. Dieu donne à
V. S. un grand nombre (Theureuſes années ,
avec tout ce que méritent ſes grandes qua
lités, pourles beſoins de ces Provinces.

A Buenos Ayrè: ce 28 Janvier 165;”.


D. PED-RE BAYGORRI.
PIECES
RELATIVES A LA JUNTE,
convoquée pour l'anime” [le la
Doctrine erzſêígnée dans ze Cate'
c/zíſme en Langue Guararzíe.
COPIÉE SUR L’IMPRlMÉ.‘
LETſſTRE -usñ--d-cex--í

DE L’ARCH. DE LA PLATA ,
à Dom !EAN BLASQUEZ DE
VALVËRDÉ , Gouverneur 6' Viſiteur
du Paraguay.

'NOUS- le Docteur Dom Alſonſe O 1656.


con, papi la grace de Dieu 8c :lin Saintl Sie
PrEcEs
e Apo oli ue Roi,
Ëonſeiller Archevêque
Viſiteur edesla Tribu:
Para DELËXJME"
.
naux de la Sainte Croiſade ,de ces Ro~i~auñ CATECHlsMl
mes, Ste. au Sci neur DomſictIcan [ilaſqtlez G"^²^’“~
de Valverdé, Con ciller du Roi 8( ſon Oydor
dans l'Audience Roïale de la Plata , Gou
verneur 8.'. Capitaine Général des Provin
ces du Paraguay (t) , Salut 8L Bénédiction
en J. C. N, S. Nous vous donnons avis
qu'il a plu au Roi N. S. de nous ren
' voïer, par une Cédule Roïale datée de
(r) Jean Blaſquez de Valveldé, n'étoit Gou
3'30 , Pieces !USTIFICÀ uv”
Lun-î
1656.
Buen~Retiro le premier de .Tuin I654,- la'
qualification de quelques termes qui ſe
“R” trouvent dans le Catéchiſme -en Langue
u" 'EDXLÎME" Guaranre
. , laquelle eſt la Langue
. propre
— cuzcguMz 8( naturelle des ſuſdites Provinces; duquel
ÛUARANI. Catéchiſme ſe ſervent les Religieux de la
Compagnie de Jeſus pour inſtruire les
Naturels du Païs. Ullluſttiſſime Seigneur
Dom Bernardin de Cardenas, Evêque de ces
/
tiques
Provinces,
, 8c perſiſte
prétendàcies
ue déférer
ces termesſout
comme tels
héré,

malgré ce qu'on lui a re réſcnté que ce


Catéchiſtne eſt l'ouvrage «in Pere Louis de
Bolaños, Religieux de l'Ordre de Saint
François , lequel l'a lui-même traduit en la
dite Langue.
La Cédule Roïalc eſt conçue en ces \cré
mes. ~

CEDULE ROIÂLE
, 'Adreſſèe à l'Archevêque de ,la Plata'.
LE ROI.

TRE S Révérend Pere en I. C~. Arche


vêque de l'Egliſe Métropolitaine de la ville
de la Plata, dans les Provinces des Char
eas , &mon Conſeiller; on a été inſtruit
par les Lettres qu'on-a reçues de Dom Bet
nardin de Car enas, Evêque de !Tgliſê
Cathédrale de la villîe dîe l'Aſſomption,dans
verneur 8c Capitaine cuman , du Paraguay,
général' que de la ſeule 8c de Rio de la Plata ,
tovince du Paraguay, que l'on nomme ſouvent
mais il étoit aufli Viſi- les Provinces du Para
leur dans celles duïſu- guay.
DE L'HISTOIRE Du PARAGUAY. 3;!
les Provinces du Paraguay , de la difficulté?
…qu'il ſait ſur certains termes, qui ſe trou- 5 '
vent dans le Catéchiſme en Langue Guara- DÈLÏËXCÀLËN
nie, dont les Religieux de la Compagnie m,
de Jeſus ſe ſervent pour inſtruire les In-'CA-r-Eci-HSMU
diens des Millions &E Réductions dont ils GUARM”.
ſont chargés dans 'ces Provinces, de la ’
Doctrine 8c des Myſteres de notre Sainte
Foi Catholique; le ſnſdit Evêque diſant
que ces termes ſont malffraduits , 8c ne
repréſentent pas le véritable ſens du texte
original: à quoi les ſuſdits Religieux ré
pondent que le Traducteur de ce Catéchiſ—
me eſt le Pere Louis de Bolaños , de l'Ordre
de Saint François , 8c qu'il a été reçu dans
la ſuſdite Province. Cependant le ſuſdit
Evêque perſiſte dans ſon ſentiment. Et après
en avoir délibéré dans mon Conſeil des
Indes , j'ai pris la réſolution de vous rerrñ'
Voïer la déciſion de certe affaire, 8c de
vous enjoindre, comme je ſais par la
Préſente, de ré ler tout ee qui regarde ce
Catéchiſme , apäès en avoir conféré avec
les plus habiles Théologiens, 8c les Per~
ſonnes les plus verſées dans la connoiſ
ſance 8C l'uſage de cette Langue , qui ſe
trouveront dans ces Provinces , 8c de pro-.
noncer, après avoir pris leur avis, ſur ce
—u'on doit penſer de ce Catéchiſme. Et cela
Pair, de m'en donner avis dans mon ſuſdie
Conſeil.
Au Buen-Retiro , ce premier fai” 1654:.,
MOI LE ROI.
Par le commandement du Roi N. 5'..
JEAN-Bai-Tisrt SAE” Nav-anima”
. 332, PrEcEs IUSHHCATÏVE!
I656. Suite de la Lettre de ffArchez-ëqzze.
P x E cEs
.DE L'EXAMEN
~ DU OUR terminer une affaire de cette im
_CATECHISML portance, 8C parvenir à pouvoir donner
Gil-ARM”. une définition juſte , 8C qualifier, comme
il convieut,~ des termes que le ſuſdit Evê
que ſoutient être hérétiques , ou pour les
purger de cette qualification, de ſorte que
la pureté de notre Sainte Religion n'en
ſouffre aucun préjudice ,ñ 8; nous acquiter
pleinement de la commiſſion 8L ,obéir ä
l'ordre
ſi Sei neurduEvê
RoiLL!,— nous avons envoïédans
une Sommarion audit
la
g q
forme judiciaire, lui demandant de nous
faire ſavoir , dans le terme de vingt jours,
ſon avis raiſonné ſur la ſignification des
termes ſuſdits , 8L ſur ce qu'il trouve dans
Ie ſuſdir Catéchiſme, qui mérite une at_
tention particuliere, aſin que nous puiſ
fions réſoudre 8'( déterminer ce qui con
viendra'. Cette ſommation lui aïant été
préſentée dans la Ville dc la Paz le neuf
de Mai de la pré'ctenre année mil ſix cent
cinquante-cinq, par ſa Réponſe , qui eſt
daté du 14 du même mois, il cite quatre
termes, à ſavoir , Memlzíg, qui e em
ploïé dans le Catéchiſhie pour dire ſe Fils
de N. D. la Mere Vierge; Tdzygraſü),
~our dire Dieu le Fils; Tu d, _pour igni
'ſier Dieu ,' 8c Tubi', Diezf Ie Père; 8C iiſſ
prétend que Membig, ſignifie un Enfant
de fornicarion; Taygm , la pollution &ſa
(r) Les qualificareurs avaient le Catéchiſme
diſent toujours Mem- ſous les yeux.
byrd 8C Tayrci , 6C ils
DE rfl-ïrsrornridu PARAGUAY. 3;;
ſemence -virile, que Tupa' 8C Tuba' ſont des T
noms propres de Démons; &pour cette ' 5 '
raiſon, il a ordonné qu'on les ôtât du ſuſ- P IE' ë” ë
dit Catéchiſme , 8:. qu'on leur en ſubſtituât DE" "ME"
d'autres ,_ ainſi
. qu'il
. patoit par ſa Lettre, cu-zcfflsm;
DU

que voici. GUARANI


LETTRE
DE DOM BERNARDIN
DE CARDENAS à [Archevêque
de la Plata.
ILLUSTRISSIME_ 8( REVERENDISSIME
SE IGNEUR, Zac.
QUANT au dernier Article, qui eſt
le plus important, qui l'eſt au ſouverain
degré, 8c ſurquoi Sa Majeſté Catholique ,j
parceqſſelle le juge tel, par un effet de:
ſou zele , 8c pour remplir l'obligation Oli
elle eſt de défendre-les Articles de notre
Sainte Foi, mande par ſa Cédule Roïale'
n'on vérifie avec le ſecours des Perſonnes
?avances 8c verſées dans la pratique de la
Langue des Indiens de ce PQ , la Véritable
fionification des termes, qui ſe trouvent]
dÏns le' Catéchiſme , que j'ai dénoncés
comme hérétiques, &c'que j'ai ordonné
?n'on en rqtrancläâpſ: &l 1 je ne ljaväislpas
"ait, ſi j'avais i imué par re pe… u
main
je ſerois5c clbupable
our m'éd'agir
ar nerconſenti
bien des, în
eines,
Fer
mant les yeux, à des héréſies; ce don;
Dieu me préſerve, comme il vous en a
préſervé, Illuſtriſfime Seigneur. Pour xé~
534 PiEcEs IUSTIFÏCATlVES
l “i6 pondre donc à ce dernier article , j'ai en~‘
' voté a ce ſujet au Saint Tribunal de la ſu
-'P 1,! C E 5_ prême Inquiſition , par la voie de celle de
P” EÏW" Lima , des écrits très importans 8: très vé
CÀTECHŒM, ridiques , auxquels je me remets , parce
Gvanaru. qu'étant errant 8L banni , je ne puis faire
avantage , 8c que je n'ai perſonne qui
puiſſe agir pour moi comme je (ouhaîterois:
je ſuis prêt à répandre mon ſang 8c à donner
ma vie pour faire connaître la vérité de ce
que j'ai avancé . 8c que voici en ſubſtance.
En recitant l'Aiſe_Maria, on ſe ſert,
pour exprimer le divin Fils de Marie , du
terme de Membzg. qui dans ſa ſignification
pro re , 8c comme Fenrendent les indiens,
ain l que je l'ai fait vérifier par le plus grand
nombre de ceux qui ſont les plus habiles
dans cette Lau ue, veut dire un Enfant
dc fornicarion. e Démon n'a pu inventer
de plus aborninables hétéſics dans uueſeule
parole , qui dépouille I. C. N. S. de la.
qualité de_ Fils de Dieu , pour lui donner
celle de_ Fil-s naturel d'un Homme , 8c qui
contredit la Virginité ſans tache de N. D.
8c celle‘ du glorieux S. Joſeph, que j'en
prends atémoins , 8c que j'ai choiſis pour
mes lnterceſſeiſts, afin de ouvoir bannir
de ce Païs de ſiabominables irétéſies.
Il y en a d'autres dans cc mot Taj/gta ,
dont onſſe ſrt-ic lpourlexprimer Dieu lc Fils ,
8C qui igni a po lution 8l le ſemence
de l'Homme, comme le témoignent
qui ſſiont les plus verſés dans ceux
la connaiſſance
.lee vérifier
cette Lan
pagr ue
le .Vocabulaire
8c comme ilimprimé,au
eſt aiſé de

mot .Taygra, J'avais ce Vocabulaire par


DE :IHXSTOÏXE Du PARAGUAY. zz;
mi mes Livres, mais il m'a été enlevé avec T,
tous les autres, 8c je n'en ai pu retrouver 1 S -
aucun parceqdauſlſir-tôt que j'ai commencé P' “P- l
à relever les ſuſdits termes , 6c à faire re- m' "fäſëullñ
connaître le venin u'ils renferment ï ils ,CATEcHXsMA
ont tous diſparu : on dit néanmoins que GU AMM,
le Seigneur Préſident François Neſtarez Ma
rin, par les diligences ue lui a fait faire
ſon grand zelc pour le ſervice de l’une'8c
l'autre Majeſté , eſt venu a bout d'avoir en
tre les mains un de ces Livres , qu'il en
verra. à Sa Majeſté Catholique, 8c à la ſu
prême lnquiſition 5 mais il ſeroit bien
important que j'en puſſe marquer 8c para
pher
termesles hérériques.
feuillets 8c les lignes otîſi ſont les

En voici un des plus horribles encore :


le Tupa', qu'on a inſéré dans le Catéchiſ
me à la place du ſouverain nom de Dieu
qu'on en a exclu, 8l le Tubà qu'on y a
ſubſtitué a celui de Dieu le Pere , ſont des
noms abominables de Démons. C'eſt ce
qu'a défini, par la voix d'un Concile tenu
à Rome,le Pape Zacharie, lequel dit ex
preſſément qu'il a examiné une Priere d'un
Hérétique, nommé Adelbert , par laquelle
il invoquoit huit noms, qu'il prétendait
être ceux de huit bons Anges, &qui, ex
cepté celui de Michel, qu'il avoit mêlé avec
les autres pour les accrédirer , étoient des
noms dc Démons. Cela ſut vérifié par lc
Concile, qui le déclara en ces termes:
Octo nomirzd , quæ invocabat Adelbertus ,
non rzomirza Arzgelorum flu” , excepte Mi
_chaelis , ſed Dæmoniorum. Or parmi ces
noms ſont ceux de Tupà 8c de Tgb-i, comme
33s PrEcEs !UsTrrrcATrvr-:s
~ on le peut voir dans la Liſte qu'en a dreſſée
i 1656. le Concile Il eſt donc vérifié 8L défini que
3* îë ' 5 Tupà 8c Tubà ſont des noms propres de
jm L'EXAMEN Démons , que l'on invoquoit dans le Ca
DU
cA-ſzcgzsMz téchiſme en Langue du Paraguay; qu'on
Swann”. croïoit en eux , 8: qu'on leur attribuoit.
toutes les grandeurs que nous reconnaiſſons
danínotre Divu: de ſorte que pour dire,
Je crois en Dieu , Pere, Tout puiſſant,
Créateur du Ciel 8c de la Tete , on diſoit ,
Iſſe 'crois en Tubà , Tout-puiſſant ,Créateur
du Ciel 8L de la Terre; &z il en étoit de
même de tous les attributs 8C de toutes les
œuvres de Dieu , dnnt on faiſait honneur
à des Démons, leſquels aïant été ptoſctits ,
&leurs noms condamnés 8c ſupprimés par
les Evêques du ſuſdit Concile , comme c'eſt
le propre de ces mauvais Eſprits, de ne
jamais ſe déſiſter de ce qu'ils ont entrepris,
ils ſont venus établir leur empire dans ces
Pa~is—lt~s plus éloignés de Rome, oula vé
rité eſt toujours reconnue 5 8c ont placé
leurs noms ſur le Trône de celui qu'ils nc
pouvoient ſouffrir qu'on invoquât, com
me S'il eût été réprouvé, prétention _an
cienne de ces mauvais Génies , 8L qu'ils
exprimoient autrefois par la bouche de ces
Hérétiques , qui diſoicnt , ſuivant lc
rapport de Salomon (r , Name” :jus non
memoretur amplius, 8C ſelon S. Paul , ext/ol
litum ſuprà omne quad dicimr Deus, au:
colin/r utDeus (L).
Cela en effet ſe vérifie dans toutes les
(r) C'eſt Jérémie u. tollirur 8c non pas ex
198i non pas Salomon. rollirum. 2.. Theſſ. r.
(i) Il fau” lire ex- 4.
Provinceï
ma rfil-Ï-rs-Toinſſræ ou PARAGUAY. 337
:ËÀ-Ïî”
'Provinces oii la Langue Guarani-î a cours , I656.
ë depuis le Breſil juſqu'au Paraguay. On n'y
prononçoit point-le nom de Dieu, 8c on. PIECE-S
DE L'EXAMEN
invoquoit à ſa place deux DémOns-,Iubd DU
8c Tupa' , lorſque ce pauvre Evêque les a CATECHISME
bannis. C'eſt pour cela qu'ils m'ont fait GUAM…
une cruelle guerre, Bt ſuſcité une perſé-ſ
cution qui eſt -ſans exemple .t ſe voïant
déchus dela gloire qu'ils s'étaient appro
priée , ils ont fait enſorte qu'on m'a .dé
pouille' de la mienne , en _faiſant paſſer juſ
qu'à mon Roi 8c Seigneur des témoignages
8L des inſormarionsremplies de calomnies ,
afin de ?engager à me priver de l'honneur
Epiſcopal, par ?autorité duquel je les ai
vaincus ‘avec l‘e ſecours du Ciel, car je
n'en ai point en d'aucune autre part. Mais
enfin le'nom de Tuba' eſt entierement banni.
de toute la Ville du Paraguay 8c »de ſes
environs , par-rout où lÎon a obéi aux Or
donnances que j'ai Fait publier pour abolir
des noms ſi abominables , 6e extirper les
Héréſies. Je jure mille fois par le ſeul Dieu
en trois Perſonnes, par ſon Verbe lucarne',
par le Signe adorable de la Croix , 8L par:
mon Sacre., aſin qu'il en conſte aux Con
ſeils ſuprêmes du Roi Catholique, le
Défenſe-ur &la Colomue de la Foi, 8c
à -vous Monſeigneur , je certifie 8c dénonce,
encore mille autres fois ces erreurs, afin
que vous y apportia un remede efficace
8c prompt , car des choſes de cette im
portance ne ſouffrent point de retardement.
Je donnei-.ois mille vies pour faire enſorte
qu'on ne rononçât point une ſeule ſois
des noms ſi injurieux 'a l'Etrc Suprême, à
Tome III.
358 PrEcEs IUSTH-'ICATIVES
"—'*'—'
I656.
à l'incarnation du Verbe , 8c à la Virginité'
de ſa Mere. Dieu conſerve celle de V. S.
Praets
, llluſttiffime pendant un ſg,rand nombre d'an
DELEXAMEN z .é . d ſ
DU nets , avec toute lapro perit queje e irc.
cATEcHrsMn A la Pa( ce 14 Mai 1656,
;Zu/nu ' ‘
P. S. Par cette Lettre , Illuſtriſiime Sei
gneur , 8c par les cinq autres_ que j'y ai join*
res , j'ai ré Dondu à celle de V. S. llluſtriſs
ſime 8c Revérendiffime , aux Cédulcs Roïa
les du Roi
triſſime N. S. Je ſuppliedeſiles
8c Révéreudiffime V. S.envoïet
Illuſ

à Sa Majeſté 8c à ſon Roïal Conſeil , parce


que ſi je me ſetvois d'une autre voie, elles
_ne ſeroient pas rendues. Je finis par offrir
8c préſenter à V. S. Illuſttiſſime &Révé
,rendiſſrme ſix mille ames d'Indiens, que
depuis mon départ du Potoſi j'ai inſtruits,
confeſſés 6c communiés, dans ſon Diocèſe ,
8c à ce que je crois , mis dans la voie du
ſalut 8c de grace; je n'en demande , Mon
ſeigneur 8c mon Maître , aucun retour de
votre part, que vos bonrés. Técrirai a
Tllluſtriffime Seigneur l'Evê ue de Buenos
Ayrès , 'qui eſt le plus proÿhe voiſin du
Paraguay , pour le ſupplier d'y aller faire,
cu mon abſence , les fonctions attachées au
Caractere Epiſcopal, 8c je ſuis perſuadé
qu'il 'le fera très volontiers. Le moindre
es Setviteurs de V. S. Illuſttiffime 8c Ré*
Vétendiſlime lui baiſe les piés,

_FRERE BERNARDIN,
_Evêque du Paraguay.
nr L'HISTOIRE Du PARAGUAY. zz 9
SUITE DE LA LſiETTRE W55- '~
_—î——__

de ZL/Irc/zevëgue, 6- Commgffiorzqzffil î' ‘ ï W 5


DE L'EXAMEN
d'arme au Gouverneur du Paraguay. DU
CATECHISMI)
M _ ' GUARANI.
' A r s comme dans cette Ville de la
Plata nous avons aſſez peu de perſonnes,
qui ſachent bien la Langue Guaranie, qu'on
.ne parle point àplus de cinq cents lieues
de cette Province des Charcas , 8c qui puiſ
ſent expliquer le ſens propre 8L l'étymo
logic des tenues dont i1 s'agit 8: que
nous n'avons point trouvés le Catéchiſme.
mi ils ſont emploïes , 8c dont les Peres de
la Compagnie de Jeſus ſe ſervent pour inſ
truire leurs Indiens du Paraguay; dans le
deſir que nous avons d'éclaircir la vérité ,
nous ne croïons pouvoir confier une af
faire de cette importance , qu'à V. S. dont
_nous connoiſſons le zele, l'intelligence 8c
Térudition en tout genre, 8c qui eſt par
conſéquent plus capable qu'aucun autre
dedécouvrir 8c de vérifier la propre ſigni
fication des termes ſuſdits. Ainſi nous com
mettons V. S. nousdla prions 8c nous la.
chargeons , auſſi-tôt après ſon arrivée dans
la Province pour laquelle elle eſt ſur le point:
de partit, de choiſit ſix perſonnes, ou
plus, s'il eſt beſoin , qui lui aroîtront
'exemptes de paffion, déſintéreſſees , ſans.
aucune dépendance du Seigneur Evêque 8c
de la ſuſdite Compagnie de .leſus , habiles
dans la Langue Guaranie 8c dans la Théo-
logic , de leur remettre l'original du ſuſdit
Catéchiſme , 8c d'enjoindre à chacun d'eux
P ij.
340 ' Prtcrs ÏUSTXPICATXVES
”---- de donner leur avis ſur ces quatre termes,
idjô. Memlóig, Taygra', Tuba' 8c Tupa', d'en
.P l” E 5 marquer la ſignification propre ſſ8t l'étymo
ffl ÏDWVWlbgÎe, de dire ſi dans le ſuſdit Catéchiſ
pu me ils peuvent avoir un ſens ſuſceptible de
4CATiÉcHisME
QyſiARAl-U. quelque chpſc qui puiſſe donner atteinte
à la pureté de la Doctrine Chrétienne, qui
approche de Fhéréſie, ou de quelque er
reur digne de correction, 8c qui exige
qu'on les retranche du ſuſdit Catéchiſme.
Quand tout cela aura été mis dans la for
me judiciaire , vous citerez le R. P. Pro
vincial de la Compagnie de Jeſus, 8c en
ſonVille
la abſence
de ,l'Aſſomption
le Pere Recteur
,i afindu College
que s'il dea
nelque choſe à repi'éſente_i~ pour la dé
ljenſe' des termes ſuſdits , il nous le com
munique par le canal de V. S. 8c dans un
écrit ſigné 8c cacheté , que V. S. nous fera
tenir en original , afin que nous puiſſions_
décider ce qui ſera le plus expédiant au ſcr
vice de Dieu notre Sei neur, 8c à l'avan
tage de la aux
iíenſeigne Religion, Fairectnarurels
Habitans enſorte de
qu'on
ces
Provinces , qu'une Doctrine ſaine, 8c ne
manquer a rien de ce que Sa Majeſténous
preſcrit. V. S_. gardera une copie autenti
que de tout , dans la crainte que l'original
ne ſe perde par quelque accident. Pour
tout ce que deſſus, 8c 'pour tctout ce qui en

dépend , ou qui y a quelque rapport , nous


vous commettons , avec un plein pouvoir ,
d'agir en notre nom. Fait à ſa Plata , ſigné
,de notre main, ſcellé de notre ſceau , 8c
contre-ſigné _de notre Notaire Major 8c
rublic, 15 douze du mois dç Juillet de,
ſiDſiE L'HISTOIRE DU PARASUÆY. 34x
. . . - ~‘
lannée mil fix cent cinquante — cinq , 16,6-_
IfARcHr-:VEQUE DE LA PLATA'. PxEc E s
DELTXAMEH
Par le commandementde I'Archevêque, DU
mon' Seigneur , CATEÊÎÛSMÜ
. - _ - . . GUAMUU.
ÏOSEPH GoMEz DE _Muao ,_ ,Secretaire ,
Notaire major 8c public.

.Autre Commiſſion donnée au Gouver


- neur Eccleſiaſtique de [Ëvëche du'
Paraguay', au cas que' le Gouver
neur ne puzſſë pas ujêr de_ la pra'
céderzte.

NOUS, le Docteur D. Jean Alfonſo'


Ocon, par la grace de Dieu . 8c du ſaint
Siege Apoſtolique , Archevêque de la.
Plata , Conſeiller du Roi ,- Viſiteur Géné
ral des Tribunaux de la Sainte Croiſade
dans ces Roîaumes 8c Provinces du Pérou,
8c Juriſdiction de l'Audience Roïale de la
dite ville de la Plata , 8re. comme il pour
roit arriver qu'il ſutvînr au Seigneur Doc
teur D. Jean Blaſquez de Valverdé, Cou
ſeiller du Roi, 8c ſon Oydor dans l'Au
dience Roïale de la Plata, des occupa
tions qui nelui permettraient pas de s'ac
quitter de tout ce qui eſt marqué dans la
précédente Commiſſion, avec la célérité
requiſe , 8c qu'il ſaut faire fix cents lieues
pour aller de cette Ville oli nous ſommes ,
au Paraguay , 6c autant pour le retour, ce
1* iij
342 PrEcEs msnrrcurvrs
?qui a porterait un grand retardement ?t
' — une a arte , qui demande une prompte exé
ÈÏ: ZËxiÃEïN cution_ , nous déclatons que _dans ce cas
DU nous donnons la meme Commiſſion en tout
…TECHŒMESE pour tout, ſans aucune limitation, au
GUARANI. Seigneur Docteur Adrien Cornejo, Gou
verneur Eccléſiaſtique de l'Evêché du- Pa
raguay, comme ſi elle lui avoit été direc
tement adreſſée , afin qu'il exécute tout ce
qui yeſt marqué 8c ordonné. Fait à la Plata
le ſept du mois d'Août de l'année mil ſi:
_cent cinquante-cinq ,
I-'ARCHEVÊQUE DE LA PLATA.
Par le commandement de l'Archevêque,
mon Seigneur ,
JOSEPH GOMEZ DE MURO,
Notaire major 8c public.

.EDIT DU GOÜVERNEÜR ,
notifie' au Provincial des ſéſuites.

BAM la ville de l'Aſſomption, le vingt


'trois d'Octobre mil ſix cent cinquante-ſix,
le Seigneur Docteur D. Jean Blaſquez de
Valverdé , Oydor de l'Audience Roïale de
la Plata , Gouverneur 8c Capitaine Général
de ces Provinces du Paraguay , a dit qu'en
vertu de la Commiſſion qu'il a reçue de
Tllluſtrifiime 8c Révérendiffime Seigneur
Dom Jean Alfonſe Ocon , Archevêque de
la Plata, pour l'examen de la ſignification
propre 8c rigoureuſe de quelques termes,
DſſE Î-'FÏISTOULB Du PARAGUAY. 34;"
que le Seigneur Evêque D. Bernardiu de~Î65-‘~6 ' ct
_Cardenas a cenſurés dans le Catéchiſme de ſi
PiEcEs
‘ la Langue_ Guaranie , pour lequel EXamenŒLTXAMEN
il doit y avoir une Junre de Prêtres ſa- z…
vans, pour avoir leur avis, 8c d'une' oucuscursun
deux Perſonnes ſéculieres des plus ancienSGÙ/**Affl
Habitans de cette Ville 8c des plus verſées
dans la connoiſſance de ladite Langue , 8c a
r ordonné à moi, préſent Ecrivain public, de
, notifier auſſi ladite Commiſſion au T. R. P.
François Vaſquez de la Mora, Provincial
de la Compagnie , en la lui_liſant mot a
-morz afin Hiÿalanr une parfaite connoiſ
ſaiice des termes que ledit Seigneur Evêque
condamne comme hérériques dans le ſuſ
dit Catéchiſme , 8L qui ſont exprimés dans
ladite Commiſſion , il ſe trouve préſent à;
ladite Iunte, avec un ou deux de ſes Re
ligieux des plus habiles dans ladite Langue
Guarauie, mimi de toutes les pieces né
ceſſaires qui peuvent ſervir à faire con
noitre l'a vérité que l'on cherche-, aſirr
qu'après avoir tout vu ,. 8c ce qui ſera de'
cidé dans la ſuſdite Junte, on en puiſſe'
envoïer tous les actes en original à l'll-.
luſtrillime Seigneur Archevêque, ainſi qu'il
Pordonne
puiſſe dans ſon
informer inſtruction
le Roi, , 8cl'ordre
ſiſſiivant qu'il

que Sa Majeſté lui en donne par ſa Cédule


Roïale. Et aligné le Docteur Dom Jean
Blaſquez de Valverdé , moi préſent Bal
thazar de los Reyès Ayllon , Ecrivain du.
Roi dans la ville de l'Aſſomption , ce 24
Octobre 16 $6.
MOI , Ecrivain du Roi, j'ai lu 8c noti
fié lIEdi-t de l'autre part au Très Révérendi
I' iiij
;44 Prrcrs IUSTIFICATIVES
I656.
Pere François Vaſquez de la Mora, Prei
Pl ÈcEs vincial de la Compagnie de Jeſus , 8c je lui
DE LTXÀMBN a1 pareillement fait connoître la Commiſ
I… ſion de Filluſtriffime 8c Révétendiffime Dom
CATECHISMB Jean Alfonſe Ocon , Archevêque de la
GUAR-“U- Plata, rapportée dans le ſuſdit Edit. Sa
Paternité en a oui la lecture mot a mot,
8c en aïant bien compris le contenu , 8c ſu
quel en étoit le but , a dit qu'elle répon
droit par écrit z ce que je certifie ,
BALTHAZAR DE LOS REYES AYttoN.

IIIDIT DU GOUVERNEUR.

HANS la ville de l'Aſſomption, ce


trentieme jour d'Octobre mil ſix cent cin
quante-ſix , le Seigneur Docteur Dom Iean
Blaſquez de Valverdé , Oydor de l’Audience
Roïale de* la Plata. Gouverneur 8c Capi- _
taine Général pour Sa Majeſté de cette
Province du Para uay , aïant vu la C01D
miffion de Pllluſëriſſime 8c Révérendiffime
Seigneur Dom Jean Alfonſe Ocon, At
chevêque de la Plata , laquelle eſt à la tête
de ces Actes . au ſujet de la Iunte, qu'ila
ordonné de tenir, de perſonnes doctesſhc
practiques de la Langue Guaranie, pour
l'examen du ſens rigoureux des termes que
le Seigneur Evêque Dom Bernardin de
Cardenas a cenſurés dans le Catéchiſrneen
ladite Langue, 8c qui ſont rapportés dans
la Lettre du ſuſdit Seigneur Evêque, in
ſérée dans ladite Commiſſion. Ledit Sei
nE L'HISTOIRE DU PARAGUAY. 34-5
gneur Gouverneur deſirant s'en acquitter , -----~
comme il convient , a ordonné à moi pré- 1656'
ſent Ecrivain , de faire ſavoir 'a ceux qui Pïffï CF- 5
ſont marqués dans le préſent Edit qu'il les °“ gſm"
a choiſis 8c nomméscomme Perſonnes CATECHŒA…
doctes 8c d'une bonne conſcience , 8c ver- GUARANI.
ſées dans la Langue Guaranie , pour com#
poſer la Junte, qui doit ſe tenir dans la."
maiſon dudit Seigneur Gouverneur, demain
-Mardi, dernier jour du courant, à deux
heures de relevée', afin qu'a~iant vu la
ſuſdite Lettre , 8c les obſervations , quiont
été repréſentées par le T. R. P. François
…Vaſque-z de la Mora , l'original du Caté
chiſme en Langue Guaranie , 'compoſe' par
le vénérable. 8c ſaint Pere Louis de Bolaños
de l'Ordre Seraphique de mon Pere Saint
François, 8e. les Actes des Synodes qui
l'ont approuvé,, 8c ordonné de ne ſe ſervir
d'aucun autre , pour inſtruire desMyſteros
de notre Sainte Foi Catholique les Indiens
de ces Provinces , on' y examine 8c diſcute
le ſens rigoureux des termes ſuſdits, 8c
ue l'on puiſſe rendre compte audit Seigneur'
du réſultat de ladite Junte 8L du ſuſdit exit
men, aſinque ſa Seigneurie Illuſtriffinfe
laui
uiſſe
eſt en
-preſctit
informer
par la
Sa Cédule
MajeſtéRoïale-
, commerapil
portéedans ladite Commiſſlon: _' ,
En ptemierlieu , il notifiera auSei-gneur'
Docteur Adrien Cornejo, Gouverneur 8c
Inge Eccléſiaſtique de cet Evêché , qu'il
ait à ſe trouver préſent à cette- Junte. 5c à
cet Examen , comme étanractuellcment le
Prélat de cet Evêclié; au Seigneur Licen
cié Dom. Gabriel de Peralta, Doïen de
l! v
J45 PlECES IUSTXFICATIVES
cette Egliſe Cathédrale; au Licencié Pierre*
I656' de Mendoze , Curé 8c Vicaire du bour
P !ſi C E 9 &Yaguaron , ci-devant Gouverneur Ecel -
“ë " 1533m" fiaſtique 8c Viſiteur de cet Evêché ,- nom
CATECHUHE mé par Pllluſtriffime Seigneur Dom Ber
GUMM”. nardin de Cardenas , 8c qui étant né dans
ce Païs , en ſait parfaitement la Langue;
fau Licencié Pierre de la Cabex , qui a auffi
-éré Gouverneur Eccléſiaſtique de cet Evê
“ché ,nommé par ledit Seigneur Dom Ber
nardin; au Pere Pierre de Villaſanri, an—
“eien Définiteur, 8c Gardien actuel du Cou
vent de mon Pere Saint François , de l'Aſ
ſomption , originaire 8c natif de ce Païs;
'au Licencié François Cavallero Baçau ,
Curé de la Paroiſſe de Flncarnation de cette
~Ville, ci-devant Proviſeur 8L Juge Ec
cléſiaſtique de cer Evêché , nommé parle
dit Seigneur D. Bernardin_de Cardenas, 6c
-très habile dans la Langue du Païs , ou il
eſt dé; au Licencié Etienne de Ibarrola,
Curé de la Cathédrale , 8c né dans ce Païsz.
8c quant aux Perſonnes ſiculieres , ſort
habiles dans ln Langue , craignant Dieu,
de bonne conſcience , 8c Habitans de cette
'Ville , aux Meſtres de Camp , Garcia Mo
reno, 8( François d’Eſpindola de Santa
Cruz: qu'il ſoir pareillement donne' avis au
Très Révérend Pere François Vaſquez de la
Mora , de ſe trouver dans lad~te junte, avec
un-ou deux Religieux pour le ſuſdir Exa
men. Et le Docteur Dom Jean Blaſqucz de
Valverdéa ſigné , moi préſent,
BALTHAZAR DE LOS REYES AYLLON,
Ecrivain _de Sa Majeſté.
c5

15E L'HISTOIRE DU PARAGUAY. 3'47"

NOTIFICATION. 45'567
PXECES
DELTXAMEN
D A N s la ville de l'Aſſomprion , le _ DU _
trente 8: unieme d'Octobre I656 , moi, Cfflîîfflfflë"
Ecrivain du Roi, ai notifié l'Edit de l'autre Couſin"
part au Docteur Adrien Cornejo , Juge Ecſi
cléſiaſtique 8c Gouverneur Epiſcopal , par
lant à ſa perſonne , qui en a oui la lecture,
de quoi je donne acte ,
BALTHAZAR DE LOS REYES AYLLON.

Les mêmes jour , mois 8c année, moi ,z


ſuſdit Ecrivain , air fait la même diligence'
comme cî-deſſus au Seigneur Doïen Dom:
Gabriel de Peralra , Zac. 8re. 8re.

REPONSE
î
DU PROVINCIAL)
DES .ÎESUITESù

LE Pere François' Vaſquez de la Mors);


Provincial de la Compagnie de Jeſus dans~
ces Provinces du Paraguay, Tucuman, 8c'
Rio rlê la Plata , aïanr \lu 8c entendu [Edir
díi Seigneur Docteur Dom Jean Blaſquezî
de Valverdé , Conſeiller du Roi , Oydor de'
l'Audience Roïale de 1a Plataſi, Gouverneur"
8c Caÿiraiæxe Général de ces Provincesælu'
Paraguay, 8L la Commiſſxon de Flllnſtriffi
me 8L Révérendiffime Seigneur D. Jean AL
fonſe Ocon , Archevêque de la Plata , au'
ſujet-du Catéchiſxxœ, des PrierË-ôr dalaï
.ſi j
348 PrEcEs IUSTIPICATIVE s
Doctrine en Lan ue Guaranie , 8c des qua
1656' lifications Æhérëtiques que leur donne le
P1P 95? Seigneur Evêque Dom Bernardin de Car
"E " Exo" "E" denſſas , laquelle Commiſſion le préſent Ecri
cA-L-,CHUME vain lui a notifiéeôc lue mot à- mot, a dir
comm”. qu'encore que-cette Province ,…. qui eſt ſous
ſa charge, ni-aucun de ſes Religieux, n'aient
jamais cu aucune part' à la traduction du
dit Catechiſme ni des Prieres 8c de la
Doctrine qu'il renferme en Langtäe-Guaffl
cornpoſéis
ranie , uiſeſtuele celui
vénécrlable
ui lesPete Louis
a tra uits de
8c

Bolaños, de l'Ordre Sacré du Séraphique


Pere Saint François ,r avec le ſecours de plu
ſieurs autres .de ſes Religieux , grands Ser
vitcurs dîe Dieu , ſavans 8c habiles dans la
'Langue , qui ont commencé à cn faire uſa
ge pour inſtruire les Indiens de cette Pro
vince du Paraguay des Myſteres de notte
Sainte Foi, 8c continué juſqu'a l'an X603,
que l’Illuſt. Seigneur D." Martin Ignace de
Loyola ,, Religieux du même Ordre Séra
phîqtte , Evêque de cette Province , aſſembla
ſon Synode , auquel ſe trouverent des Per
ſonnes fort- habiles dans la Théologie , 8L
qui entendoient parfaitement. ladite Lan
gue , leſquelles examinerent le ſuſdit Ca
téchiſme , 8c l'approuvetent, en conſé
quence de quoi le Synode ordonna qu'on en
fit uſage ; que le ſuſdit vénérable_- Pere Louis
de Bolaños , avant que ce ſtatut fût mis en
Caréchiſme,_ pendant
exécution préſenta la
de vacance
nouvgauſiduleSiege
ſuſdit,

qu'on l'examina encore dans deux ſéances,


ou ſe trouverent des Perſonnes ſavantes 8:
très habiles dans la: Langue Guaranie, qu'il
DE fl-Itsrornn nu PARAGUAY. 349'
r Yſut approuvé de nouveau , «Sc quïilyſir' 1555T;
défendu ,. ſous des peines très grieves , dc
faire uſage d'aucun. autre : Nous mandrins, DEPrucn
UEXÀMIN:
dit le Synode , 6' 0711071710714' ,ñ en vertu de 1…
[aſairzte obéiſſïónce , &ſims peine d’excom— CA-i-Ecnisnn
municazion majeure ,à tous Prëzres qui flÛ-“nt (FV-WAM
clzargés :Ëinflruirc les Indien: ,de ne fitire
uſage tlarzrlerDoctrines quiſont de ce Gou
vernement, dîóucun autre Abregé. ou C4
téc/zifme, que de celui ci. Or. il con-ſte. que
-détoit l'original même du Catéchiſme, que
le Pere Louis de Bolaños avoit préſenté , 8c
que le ſuſdit Pere Provincial repréſente ju
ridiquement 8e avec les formalités requiſes
_par le droit. Dans la ſuite, Fllluſtriſſime
Seigneur Dom Chriſtophe- de Areſti , Re
ligieux de Saint Benoît, qui a été auſſi Evê—
que de cette Province , Papprouvaencoro,
8L en ordonna l'uſage dans ſon Synodede'
l'année 16;: , ou ſe. trouver-ent. auſſi de'
grandsconnoiſſance
faire Théologiensde
, qui.avoient
la-ſi ſuſdite- une par*
Langue
Guaranie z. 8c cela. conſte encore par les
actes des deux Synodes , que le ſuſdit Pere
Provincial repréſente avec lamême ſolem.
nité~5 d'ou il s'enſuit que les Religieux de
Ia Compagnie de' Jeſus ne ſont , ni ne. peu
vent êtreparties dans cettecauſe, 8e que
les cenſures duditSeigneiir, Evêque Dom
Bernardin
ſur eux , de Cardtnas
'ſi ne tombent point
_ puiſquils n'ont fait &- ne ſont
uſage du ſuſdit Catéchiſme dans les Bour
gades des Indiens qu'ils ont convertis à.
notre ſainte Foi ,. que pour obéir à ce qui
avoit éte' ordonné dans de_ ſi ggands Syno
des ,j du conſentement unanime de tant de
[to Prrcrs rusTrrrcA-rrvrs'
ct Perſonnes ſavantes 8c habiles dans laditï
1656.
Langue , 8c par des Prélats 8c des Hommfiî
Prrers d'une ſiſi grande autorité, 8c n'ont fait que'
DELŒXAMEN
DU
ce que 'ratiquoient l'es autres Curé-S l \RM
CATEOHHME Eccléſia iques que Religieux, ainſi qu'il
ÛUMANh eſt prouvé par les informations authenti
ques que le ſhſdit Pere Provincial préſente
à' la .Tuntez mais qu'encor_e qu'il ne ſoit'
point partie dans cette affaire ,— comme !I
‘ vient de le dire , il ſe trouvera à l'A ſſcm
blée convoquée par ledit Seigneur Docteqr
Oydor ,avec des Religieux ſavans 8l ?Uſés
dans ladite Langue Guaranie , comme [CAM
Seigneur l'ordonne.
Il dit en ſecond lieu , qrfencore qu'au-
cun _des Religieux de la Compagnie de'
Ièſus n'ait compoſé le ſuſdir Cathéchiſme ,
8c ne ſoit arrie dans cette cauſe, ainſi qu'il
l'a déja declaré, il dira au moins ce qu'il
en penſe; ſelon les principes de la Théo
logie , 8c ce ue les Auteurs enſeignent ,.
parcequ'il a ſérieuſement examiné la ma
tiere , 8c qu'il en a conféré avec des Per
ſonnes ſavantes , d'habiles Théologiensëz
des mieux inſtruits dans cette Langue;
qu'il a vu tout ce qu'ils en ont écrit, 8c
lies diligences qu'ils ont faites pour éclaircir
la vérité; 8c qu'il en réſulte que le ſuſdit
Catéchiſme , non plus que les Ptieresäc la'
Doctrine qu'il contient, ne méritent point'
la qualification dhérétiques que leur a
donnée le ſnſditSeigneur Evêque , d'autant'
plus qu'ils ont été bien examinés par deux
ſaints Coneiles ſynodaux, qui ont une ſi
grande autorité-dans l'Egliſe Catholique,
8c par tant de Perſonnes habiles dans ladite
nt L'HISTOIRE DU PARAGUAY. ;ſr
Langue; à quoi il faut ajoûter l'autorité du -~—~
1656.
ſiiſdit Pere Louis de Bolaiïos, qui a tra
dflît ce Catéchiſme, 8c des Re igieux de PIECE
DE L'EXAMEN
ſon Ordre ſacré, qui l'ont aidé dans ce DU
tra-vail , tous d'une vertu 8c d'une ſainteté CATEcHXSMIZ_
connue 5 c'eſt de quoi* on trouve les preu- Ouanna;
ves dans les informations 8c dans les actes
-dont il aété parlé', 8c ce ui eſt confirmé
par la=certitucle ou" l'on c'ſt que ledit Sei
gneur Evêque Dom Bernardin de Cardenasï
*ne ſait pas la. Lan ue Guaranie; d'où il
's'enſuit' qu'il a été ſârt Facile à ceux qui lui
-ont donné des Mémoires, de Pinduire en
erreur , 8c de lui faire croire ce qui n'ét0it:
pas : on "voit qu'il ne lui étoit donc pas
offible de bien connaitre la propriété BC
n véritable ſignification des termes qu'il a~
_ cenſurés , comme le demandait-une affaire'
d'une ſi grande conſéquence. Il' n'a pas
mieux vérifié ce qu'il'rapporte du S. Pape
Zacharie, puiſqu'il affirme que dans la
Priere ſacrilege, 8C dans-les conjurations de:
Phérétique Adelbert , ſe trouvaient les'
noms de Tubè, 8: de Tape', que le Saint
Pontife a déclarés être des noms de Dé
mons : cependant ils n'y ſont pas, mais'
bien Tubize] 8c Tubuas , comme onle peut
voir dans le ſuſdit Concile , que le Pere*
Euſebe de Nieremberg rapporte avec 1a
Priere ,. dans ſon Traité de Z’Origine de*
l’Ecriture Sainte , Liv. g . chap. 8 , page
I Si. par ces paroles: Pre-cor 'vos , ê* cort
jura vos, Ôſùpplico nil niſi acl vos , Arr-
gelus Uriel, Angela.: Ragutl, Angeli”
Tubuel, Angela: Michael, Ange-lus Adi
.mis, Angela.: Tuba”, Angela; Sal-dom,,
n: PrEcEs ÏUSTIFICATÏVËS
"*'*""—*'1
55 6_ Angela: Simiel. , lit immédiatement après ';
p] E c E s on-trouve la deciſion du ſaint Concile en
m UEXÀMEN ces termes —' Cum vero [me Orano ſaerilſſa
ou uſque ad finem perlefla firſſèt ,. ſh/zctus Za
CATEq-;Hlsug clrarias Papa : dixit quid adhæcfancti Fra
GYM. Mu. tre: reſjzorzdetifi? S audi Epiſcopi 6' vene
rabiles-Prcsbyteri rqſponderzznt ,. quid aliud
agenda-m eſt, niſi ut omnia , qMATCO/"am rw
bis- Iecta ſimt, igrze cancremetztur , aurons
vero eorum anathemazis vinpnlo parcellair
zur .P 0&0 enim nomina Angelorum ,- preter
Mic/mali: , quæ irzſzâOratione Adellurtus
invacavir, mm Angelorum ſèa' Dæmonio
nzm nomirza finit , qaæ ad præſlandum ſíbi
auxilium ÎÏZVOCÆVÜ.- Voilà tout ce qui ſe
trouve dans le Concile 38L le Seigneur Evê
que Dom Bernardin de Cardenas, en rap
portant les dernieres paroles tronquées, a
ſupprimé les? premieres, diſant que Tzipi
8c Tuba' ſe trouvaient parmi les ſuſdits
noms , 8c affirmant qu'ils avaient été con
damnés comme .étantdes noms de Démons,
quoique dans le ſaint Concile on ne trouve
ni ces noms ,_ ni leur condamnation.
Quant aux deux autres noms , Taym' 6c
Membira' , que le ſuſdit Seigneur Evêque
cenſure auſſi comme héréri ues , ils ne le
méritent pas , puiſqu'ils rgnifieirt route
autre ehole que ce qu'il prétend ,v ainſi
qu'il eſt clairement prouvé dans la démonſ
tration-qui a été préſentée; 8c ſuppoſé que
ſansy rien ajoûrer ils ſxgnifiaſſent Semen ,
comme [aſſure ledit Seigneur Evêque , ils
n'ont pas çetre ſignification dans la maniere
dont les Indiens Feutendent; outre que la
firſditc. cenſure ne convient pas àee terme,
DE rfctkiſſisronuz DU PARAGUAY. 35.3
qui , pris clans ſon propre ſens , a été em- "'~***""
ploïé par S. Paul en parlant/ de J. C. N. S. 16'56"
Nunquam enim Angelo: apprelzendit , ſea' p î 5 ° E 5
Semen Abralzæ appre/zendit, Heb. 2.. IMDEUÏXJHEN
8c dansla ſeconde LettreàTimothée , 2. , 7. CATËCHXSMI_
.Ex _ſemi/ze David. On peut voiries divers GUAB-ANL,
ſens que donnent à ce rerme les Inter
pretes en expliquant ces paſſages de l’Apô
tre, ils remarquent qu'il ne mérite aucune
cenſure, puiſqu'il a différentes ſignifica
tions , 'telles que ſont la nature humaine ,
la chair , le ſang, la lignée, la deſcen
dance , les enſans 8L les ſucceſſeurs, ce
qu'entend l’Apôtre par ce terme, ſuivant
l'explication qu'en donnent les Saints 6c
les Interpretes. C'eſt ce qu'on peut voir
dans le Pere Benoit Juſhniani par la ma
niere dont il explique ce paſſage 5 dans le
'Docteur Angelique ſaint Thomas , au
même paſſage, Leçon z 5 dans [yu-anus,
8c dans la Gloſe ordinaire , nonobſtant que
ce même rerme ſignifie auſſr la _ſemence ,
ſuivant les Septante ſur ce paſſage; Mulier,
_ſîfizſcepro ſemine pepererit filium, ä-c. oli
l'on voit par ce quifiprécede 8c ce qui ſuit.,
que c'eſt là ſa ſigni cari-on propre; comme
lorſque l'Ecriture, parlant des Arbres 8c
des Plantes
'I/zſirentem , dit : Producat
6- facíerztem femerz. Terra Izerbam
Or tout cela
convient exactemenr aux terrnesque ledit
Seigneur Evêque cenſure çomme héréti
ques.
Enfin , il juge que ces mots ne méritent
pas une telle
nérable Perecenſure
Louis , de
parce ue le aïant
Boclaños.. très vé
été
un Homme d'une ſi grandſie ſiinteré , que
;ſ4 PIECES yUsrrrrcATrvr-:s
**ET ſon ſaint Ordre ſollicite la ſainte Egliſe ds
P 5 ‘ le déclarer Saint, ſur les grandes marques
‘ E î î 5 que N. S. a bien voulu donner de ſa ſainte
n! L'Ex^ MEN
DU ré , 1]. eſt bien
. .
certain qu ..1l n’auro1r
.
pas été
-cM-EEHHME Saint , s'il avoit enſeigné de telles héréſies
.ÛUARANI- dans ſon Catéchiſme, 8c s'il éroit mort
ſans les avoir rérractées. De plus, peurd
on dire: qu'il y ait des héréſies dans le ſuſ
_ dit Catéchiſme , après qu'il a été approuvé
ſt *dans deux Syuodes du Diocèſe par rant de
Perſonnes habiles dans ladite Langue,qui
compoſoient ces aſſemblées; après qu'on
en a fait uſage pendant un ſi grand nombre
d'années , ſans aucune' contradiction , non
ſeulcment dans cette Province de Paraguay,
mais encore dans celle de Rio de la Plata
8c dans tout le Breſil, ou il a été impri~
mé avec approbarion P A plus forte raiſon r
eſt il _certain que leſdites Cenſurcs ne tom
bent point ſur les Religieux de la Compa
gnie de Jeſus , qui ne ſont point les auteurs
du Catéchiſme , comme il a éxé prouvé, 8c
qui parconſéquenr n'entrent nullement en
cauſe dans cette affaire. Si donc elles tom
bent ſur quelqu'un, ce ne peut- être que
ſur l'Ordre Séraphique de Saint François,
puiſque c'eſt lc vénérable Pere Louis &C
Bolaños qui a traduit le Catéchiſme en
Langue Guaranie , avec le ſecours cle quel
ques autres ſaints Religieux du même Ordre
ä qui on devoig communiquer l'original
pour ſavoir ce qu'ils penſent ſur un point
de cette importance. Répondu dans ce Col
lege de la Compagnie de Jeſus de certe Ville
de l'Aſſornption le 7.5 d'Octobre 1656.
Fuançors YASQUEZ D! LA Mom;
DE LT-Ixs-rorxn DU PARAGUAY. z”
în
1656.
7— PIECE!
DELJEXAMEH
DU
C^TECHlSMI
DA Ns la Ville de l’Aſſomption ce GVWANP#
trente-unieme jour du mois &Octobre de
.l'année mil fix cent cinquante-fix, les Per
ſonnes nommées dans l'Acte de convoca
tion ci-deſſus , s'étant rendues aulieu mar
?ué , à l'effet de ce qui eſt expoſé dans le
uſdit Acte, le Seigneur Dom Jean Blaſ
quez de Valverdé , Oydor de l'Audiencc
Roïale de la Plata , Gouverneur 8E Capi
taine Général de cette Province du Para
Ÿuay , après avoir repréſenté la~Commiſ~
1011 qu'il avoit reçue de Yllluſtriſſime 8c
Révérendiffime Seigneur Dom Jean Al
fonſeocon , Archevêque de' la Plata , pour
l'examen des termes que le Seigneur Evêque
Dom Bernardin cle Cardenàs condamne
comme mal ſonnans 8c hérériques , dans le
Catéchiſme de la Langue Guaranie , com
poſé par le très vénérable Pere I.ouis de
Bolaños; après avoir fait comprendre l'im
portance de la cauſe, a dit 8c exhorté cha
cun à déclarer librement ce qu'il penſe ſur
les trois points, à quoi ſe réduit tout ce
qui doit ſe réſoudre 8C décider dans la
préſence Junre , pour y remplir toute l'é
tendue de ſa Commiſſion.
En premier lieu , ledit Seigneur Oydor
a ordonné que l'0riginal du Catéehiſmc
compoſé par le ſiuſdic vénérable P. Louis
de Bolaños cle l'Ordre Séraphiquc
\
de Saint'
François , ſûr Préſenté a tous ceux qui
35's' PIECES'
'““"*~~'ſi”compoſoient :Usnrrcæn-xvré
l'Aſſemblée , afin qu'ils puiſ-l'
16 6.
i ſent reconnaîtreñ 8: atteſter
— _ —
ſi c'eſt vérita
l” E c E 5 blement l'original même qu'a compoſé le
m” 'EDXJME" ſuffit
ñ Pere Lours
. de Bolarſiws , 8c qui. a été

.CATEcHXSME approuvé par le Ddíen 8L le Chapitre 'de


.GUAM-M- cette ſainte Egliſe , pendant la vacance du
Siéfge , au mois de Juin m—il ſix- cent- onze ,
8c 1 les quatre termes que condamne 8c ré'
prouve -ledit Seigneur Evêque y ſont corr
tenus. .
En ſecond lieu , ſr_ les Prêtres- 8c Curés,
on": toujours fait uſage de ce Catéchiſme
dans cette Province ,- pour inſtruireles ln
diens , en Langue Guaranie.
En troiſieme lieu , que chacun marque la
ſignification propre 8c rigoureuſe des ſuſ~
dits quatre termes, &- diſe ſi étant enr
ploïés ,— comme ils- l'ont étéjulquîa préſent
dans le ſuſdit Catéchiſrhe , ils peuvent
avoir une ſignification* mal (ſionnante , 8c
capable de ternir la pureté avec laquelle on
doit expliquer la Doctrine Chrétienne ,
ou s'ils contiennent des hétéſies , ou quel
qu'autre erreur digne dac correction , qui
demande qu'on les retranclie du ſuſdit Ca'
téchiſmc.
Tous aïant entendu ces trois points, 6c
conféré long-tems ſur le ſens propre 8c ri'
goureux des termes ci deſſus mentionnés,
le Seigneur- Oydor dit qu’il falloir qucpha
cun donnât par écrit ſon ſentiment, ou
le dictät à l'Ecri'va~rn Roïal. Sur quoi le
Seigneur Licencié Dom Gabriel de Peralrn
Doïcn de cette ſainte Egliſe Cathédrale du
Paraguay , originaire de cette Ville , Oli il
eſt ne', répondant ſur chaque point en parti-E
culier, a clic :~
DE 131-1151011112 DU PARAGUAY. 33-7
~'
Sentiment du Dole” de la Cathédrale. J55 5'
:tels
DE L'EXAMEN
Du
SU R le premier point , que le Catéchiſ- @Aug-pump
me qui a été préſenté , eſt l'original même GyALANI-À
que ‘le vénérable Pere Louis de Bolaños, de
l'Ordre ſacré du Séraphique Pere Saint Fran
çois , a traduit en Langue Guaranie ,pourí
inſtruire de notre ſainte Foi Catholique les
Indiens de ces Provinces; que c'eſt le mê
me qu'ont approuvé deux' ſaints Synodes
Dioceſains tenus dans cette Ville , compo
ſés de Perſonnes ſavantes 8c ſort habiles
dans ladite Langue; qui depuis a été exa
miné de nouveau 8c approuvé par l'inſigne
Doïen 8c Chapitre de cette Egliſe pendant
“la vacance du Siege , avec or re dobéir à
ce que le premier des ſitſdits Synodes avoit
ordonné !qu'il reconnoît que c'eſt le même
Catéchiſine original , arcequ'il a été con
ſervé dans l'archive de la Cathédrale de
cette Ville comme tel, pour ſervir a toutes
les copies qu'il faudroit en donner à ceux
qui ſeraient chargés d'inſtruire les Indiens
de cette Province; qu'il conſte encore que
c'eſt le même Original, parceque la Sup
plique préſentée au Chapitre eſt de la main
dudit vénérable Pete Louis de Bolaños,
dont tous connaiſſent
Catéchiſme eſt deſſcelle l'écriture', que le
du Pete Gregoire
de Oſuna , ſon Compagnon , 8c du même
Ordre que lui , 8c que l'approbation eſt l'ori
ginal de la ſignature des Seigneurs qui
compoſoient alors le Chapitre, 8c contre'
Egné du Notaire Eccléſiaſiiqueſſíean Lopez).
35s Prx-:cEs rUsTrrrcATrvEs
"'*"'*‘î" de Gamarra -, que toutes ces ſignatures ſont
P1656' fort connues , 8L ſur-tout celle du vénéra
x lcEs ~ ~ v 1 -
…ZEEXAMEN ble Pere Louis de Bolanos , parcequ rletorc
DU par-tout en vénération : qu'on ne peut donc
ËATEeHrSME ſqrrſner aucun Êoéute que 'le ſuſÊit Cate:
UALANI- c imc ui a r re eme. ne oit 'ori
inalde, Ëelui qu'a Fait 8c compoſé le ſuſ
it Pere, ni qu'on n'y trouve les quatre
termes que condamne Hlluſtriffime Sei,
gneur Dom Bernardin de Cardenas, 8C
qu'il cenſure comme hérériques 3 qu'ils ſont
dans le formule du ſigne de la Croix , dans
le Pat” nofler , dans l'Am- Maria, dans
le Credo , 8e par-tout ailleurs , oui l'on voit
Tuba', Tupzi, Membim' 8c Tayrà, 8c qu'il eſt
aiſé de les lire dans les ſuſditcs Prieres du
ſuſdit Caréchifine.
Quant au ſecond point , il a dit qu'au
cun de ceux qui ſont préſents ne pourront
douter ni refuſer de convenirflque ce Caté
clæiſme eſt le même dont on ~S’eſt toujours
ſervi dans ces Provinces du Paraguay 8( de
Rio de la Plata , ou la Langue Guarani: a
univerſellement cours, oû tous les Indiens
la ſavent , quoique pluſieurs aient la leur
particuliere 5 ce qu'il ſaittrès bien , parce
que ſllluſtriffime Seigneur D. Pierre de
Carrança , étant Evêque de Buenos Ayrès ,
le nomma, en I632. , Viſiteur Général de
cer Evêché , 8c que dans la viſite qu'il fit
des Doctrines Indiennes de ce Diocèſe , il
trouva que tous les Curés , tant Eccléſiaſ
riques qËe Religieux, faiſoient uſage de
ce Catéc- iſme , ſans que rſoune y trou
vât à redire 5 qu'étant all viſiter les Doc
trines de Santiago , de Baradero 8c de Sain:
-oz ſms-ront nu PARAGUAY. 359 .
Barthelemi des Chanaès, qui étaient ſous T's***
la direction des .Peres Bernardin de Villa- 5 ‘
roel 8c Iean Alvarez , Reli ieux de Saint P ‘ H ' 5
DE rfExMun_
françois , il vit que l'un 8c 'autre inſtrui— m,
ſoient leurs Indiens de la Doctrine Chſé'C^TEcH1$M[
tienne 8L des Myſteres de notre ſaire Foi GUALÀNI.
avec le ſuſdit Catéchiſme; qu'il remarqua
qu'on en uſoit de même dans le Diſtrict de
Santa Fé; qu'en 1658 Pllluſtriſiime Sei
neur Evêque Dom Chriſtophe de Ateſti
fe laiſſa Gouverneur , Proviſeur &ë Vicaire
Général pendant la vacance du Sié e, 8c
n'étant retourné à faire la viſite cs ſuſ
ites Doctrines , il trouva que l'on conti
nuoit à faire uſage du même Catéehiſme
ſans qu'on y ſir aucun changement, 8c qu'on
n'en fit aucune difficulté , tous les Curés. ‘
"entendant parfaitement cetteïangue ;que
dans cette Province de Paraguay , oû il eſt
né , 8c oû il a étudié avec ſoin ladite Lan.
gue depuis ſon enfance juſqu'à l'âge de
cinquante deux ans , qu'il a préſentement ,
il a toujours vu faire_ uſage du méme Ca,
téchifine , 8c non d'aucun autre, comme
les ſuſdits Synodes Favo-ient ordonné, ſous
peine dexcommunicarion; que derniere
ment , étant chargé du Gouvernement Spi
rituel de cet Evêché du Paraguay, il alla
viſiter les Doctrines du Parana, qui ſont
ſous la conduite des Peres de la Compagnie
de Jeſus, &t trouva qu'on s' ſervoit du
même Catéchiſme; qu'il en (i: dreſſer dez
vant lui l'information qui a. étépréſentéeä
la- Junre; enfin , que pendant tout ce tems.
là", il n'a vu, ni entendu dire qu'on ait
_rien changé dans ce Catéchiſme _, ni qu'on
3Go' Puces JusTxHcA-rrvts
*Îait formé_aucune difficulté ſur aucun des
termes qui y ſont contenus , comme il le
fifxfäiäzêûdltâ en répondant _au dernier point.
Db Qne ſur le troiſieme, qu] regarde le
ËATËŒHME le ſens propre 8c rigoureux de ces quatre
Gus-Mim_ termes Tayrà , Membirà, Tuba' Sc Tap-i, il
eſt queſtion de ſavoir ſi dans le ſuſdit
Catéchiſme ils ont, ou peuvent avoir une
ſignification mal ſonnante, qui alrere la
reté de la Doctrine Chrétienne; s'ils ren
ferment des héréſies, ou quelqrfautre er
reur, qui mérite d'être corrigée, 8c qui
exige qu'on les hiſſe ou qu'on les efface
dans le ſuſdit Catéchiſme? Sur quoi il a
dit que depuis ſa naiſſance juſqu'à l'âge de
cinquante-deux ans , qu'il a déja dit qu'il
avoit, il n'a jamais oui dire que ces quatre
nomsaienr rien qui ſonne mal dans le ſuſ
dit Catéchiſrne , ou qui ſoit ſuſceptible
d'un mauvais ſens, ni qu'ils renferment
aucune héréſie, ou erreur, qui altere la
pureté de la Doctrine Catholique ,_ 8L de
mande n'on les biffe, ou qu'on les efface
dans le ſiiſdit Catéchiſme; qu'au contraire,
il a toujours jugé , 8c qu'il juge encore,
que ces noms n'ont rien que dc ſain 8l de
pur , qu'ils ſignifient dans leur ſens propre
8C rigoureux les myſteres pour leſquels op
les emploie, 8c que les Indiens entendent
ſort bien par ces mêmes termes : qu'il a
ſeulement appris , depuis que Hlluſtriffime
Seigneur Dom Bernardin de Cardenas eſt
parvenu à cet Evêché, les ſignifications
ma] ſonnantes qu'il leur attribue ſans fon
- :lement , comme il le ſera voir en marquant
le \vrai _ſens de chacun de ces termes,
. gum;
DE Lël-IISTOXLE DU PARAGUAY. 56x
e
(Quant à cdni de Tbyrà, U a dſt'que 1656.
dans ſa propre 8c rigoureuſe ſignification
PIECES
il \j'a point d'autre ſens que celui qu'a DEÜEXÀMEN
filius en Latin 8c Izijo en Caſtillan; que m,
dans cette Langue on ne ſe ſert point d'au~ CATECHXSMI
tre terme ,pourexptimer un fils,ou légitime', GUAR-\Nlñ
oumwœLouffimM;qmlœPUœſiſh
tuels Pemploient à l'égard de leurs Fi s en
Jeſus-Chriſt ,. les Vieillards e-n parlant aux
jeunes Gens, les Seigneurs -à leurs Vaſſaux,
les Curés à leurs Paroiffiens , les Seigneurs
Evêques à tous ceux qui compoſent leur
Tïoupeau; qſſon ſappſique aux rqenons
des arbres 8c des plantes z ue deja même
nnanicre, ſans aucune diigérence, les ln
diens appellent leurs 'Enſans Tayrà, tant
les légitimes que les naturels ,les bâtards ,
les adoptifs, ceux qui ſont nés avant le
mariage , les enFans' de leurs freres , leurs
neveux , 8c tons leurs deſcendans; que les
vieillards diſent clietayrà aux jeunes Gens;
les Caciques , à leurs Vaſſaux; les Capitai
nes, à leurs Soldats; les <3uréS, à leurs
Paroiſiiens -, tous les Prêrres, aux Indiens :'
qu'on dit auſſi Tayretà, en parlant des ar
bres, des plantes 8c des légumes, quand
ils ont pluſieurs rejetrons t qu'il ſe trouve
dans le ſuſdit Catéchiſmc avec le Même _
ſens , 8L qu'il n'y aaucnne ſignification 'mal ï
ſhnhante , non plus que ce mot Filiux: que
quand on dit de Notre-Seigneur Jeſus
Chriſt , qu'il eſt Fil: de_ Dieu , o—n. ſe ſert
auſſi du mot 'TubàTayra dans la ſuſdite
Langue des Indiens , &qu'ils n'ont point
ees ſignifications mal ſonnantes que lea:
donne le Seigneur Evêque.
Tome 111. Q
3-62- PIECES !USTrrrcATrvEs
I656_ Il ajoute, en homme gui ſait' parfaite
ment la Langue , que ſi a Tayra on joint
PŸ” E ï certaines particules , il ſi nificra , en cer
DE L Îſſçjfflî" taines circonſtances , la emerzce virile, 8c
c^TEcH]sME celle de tout autre animal, comme le dit
Gunn-u” le Seigneur
P1), Evêque;
Îzcmo ou R0 , on faitparTaypù
exemple, fi de
, rſizemzzypù
eayro ,' mais ces mots ainſi compoſés ne
ſont pas dans le Catéchiſme. Taym' s'y
trouve toujours ſans aucune compoſition
ni altération , 8L il n'y a aucun inconvé
nient à craindre, moins même que dans le
terme Semen , dont [Ecriture ſe ſert en
parlant de Jeſus-Chriſt Notre-Seigneur,
comme dans ces paſſages , Semen Abu/ue
appre/re/zdit : ex ſèmine David, ce qui ſi
gnifie
des qu'il eſt dc
deïſiceiudaiſiis duceſang de 8cDavid,
Prince &un
d'Abraham;
nonobſtant que_ ce \tème terme, quanrlon
'le compoſe de quelques autres, peut ſi.
guiſier la ſemence , ſelon la remarque très
ſavante dutrès Révérend Pere Provincial
de la Compagnie de Jeſus, dont le Sei
gneur Doïen adopte le ſentiment 8C la
démonſtration , dont il l‘a appuiée.
Quant au terme Membyrà, dont les
indiennes ſe ſervent pour appeller leurs
fils 5L leurs filles , (car dans cette Langue
g les hommes 8c les Femmes n'oſent pas du
même terme) il ſignifie , dans le ſens pro:
pre 8L rigoureux , la même choſe que Filius
en Latin, 8: Hzjo eu Caſtillan , corinne
il à été dit du mot Tayrä :elles appellent
ainſi leurs fils , tant léhitimes que natu
rels, bâtards , 8c adcptifs , les orphelins
qu'elles éleveur , les cnfans que leurs maris
DE r-'Hrsromn Du PARAGUAY. ;C3,
ont eus d'une ancre femme, les fils 8c les 16 6
filles dc leurs Freres , dc leurs ſœurs , 8-'. de 5 ~
leurs neveux. Elles leur diſent à tous C/Xe- P î, E” 5
membirà. Les vieilles Femmes le diſent pſiſiêſſâſictſiſſ
auſſi aux jeunes filles , les Epouſes des Ca- CA-ſgcuxshg
ciques à toutes les Indiennes , les filles mê- GUARANI
mes, qui ne ſont pasmariées, àleursne
veux 8c uieces : enfin , on dit C Izemembira'
en parlant des rejettons des arbres : 8c ce
mot , non plus que Tayrà, n'eſt ſujet ſia.
aucun ſens impur que leur impute lc Sei
gneur Evêque , à moins qu'il ne s'en faſſe
un compoſé de quelques autres termes
qu'on yjoint. Mars ces termes compoſés
ne ſe trouvent pas dans le ſuſdit Caréchiſ
me , non plus que ceux dont il aéré pailé
au ſujet de Tayrà. Enfin, les Indiens,
par ces deux mots , :ſentenrlent que ce qui
'vient dïêtre dit ,, 8c ils n’y entendent tien
de mauvais. ‘
ll y a encore moins de difficulté pour
*le nom de Tupà, parcequ'il ſignifie propre
\NCDLDÏEU , 8c ce que nous entendons par
le mot Latin _Deus , le Créateur de toutes
choſes ,le Pete univerſel de tput , la ſource
8c l'origine de tou: ce qui eſt créé , comme
le prouve très bien la démonſtration qui a
été préſentée , à laquelle le Seigneur Doïen
ſe rapporte. Dire que ce mot ſignifie le De'
mon , 8c que le Saint Pape Zacharie l'a
ainſi défini, le ſuſdit Pere Provincial a
fort bien prouvé le contraire dans ſa ré
ponſe qui a été lue dans certe Jnntc; 6c
quoique les Sorciers veulent ſe faire paſſer
pour des Dieux, diſant qu'ils ſont Tupà,
on n'en peut rien conclure contre la ſiguid
Î- Qij
364 PIECES iUsTrFrcATrvEs
-—--— fication propre de ce mot, non plus que
*.555* contre _celle de Deux , qu'on a attribué à
Przct s Iupiter , à Saturne , à Mars, 8c a tous les
DE !- .l5"^"“‘ autres Faux-Dieux. Et comme dans le Sym
…ſſzgísbka bole de la Foi on dit 9 Deum verum de Deo
GUM-.Anrſi vero, pour expliquer mieux la Divinité
du Pere 8c du Fils; auſſi dans la Langue
Guaranie on ſe ſert de la particule Ete',
qui dit la même choſe ue Verum , &pour
dire un Faux-Dieu , on c ſert du mot Au
.lóae, ou de Angsubae.
Enfin Tubà', eſt le même que Pat”.
Les euſans légitimes , les naturels, les
bârards, ceux qui ſont nés avant le maria
ge, 8: les adoptiſs, nomment ainſi leurs
Peres; les jeunes eus , quand ils parlent
aux .vieillards , les -aroifficns à leurs Curés
8c aux Prêtres , 8c à tous ceux ui leurticn
nent lieu de Peres , diſent _C club-z'. Ainſi
.c'eſt ſans âucun fondement que leseigneur
Evêque dit que ce nom eſt celui du Démon,
8c que le Saint Pape Zaclrarie l'a déclaré
dans le Concile Romain , car les noms ue
le Saint Pontiſea ceuſurés ſont Tubue 8;
"ſubaru De tout ceci , ii réſulte évidem
ment que ces termes , comme ils ſont dans
le‘ Caréehiſine
n'ont de la Langue
8c ne peuventſiavoir Guaranie,
dans leur propre
3e rigoureuſe ſignification rien qui ſuit mal
ſonnant , 8e quibleſſe la pureté avec la
quelle on doit expliquer les Myſteres dela
Foi, qu'on y enſeigne; qu'au contraire,
ils ont un ſens très propre Serres ſignifica
tif
Lanicde n'en
ces Myſteres , 8cleſiſoient
a point qui que la 'Langue Guaó
dſiavantace:
qu'il eüimpoſſæblc que les Indiens puiſiiur
13E L'HISTOIRE DU PARAGUAY. 3-65
.í-íäí
comprendre ce qu'on leur enſeigne de ces 1656-3_
mêmes Myſteres, ſi on en emploie d'au
tres , ainſi que l'experience, l'a fait con DEP L'EXAMEN
r_ E c E à
noirre : qu'il n'y a donc point .de raiſon de
vouloir les retrancher du ſuſdit Caréchiſ~ CATECHISMI
me , 8c qu'il y en a beaucou ,pour lesyc-UARANR
conſerver : qu'il eſt aiſé de élabnſer les ‘
Indiens, à qui on a dit ce que ledit Sci_
gneur Evêque prétendoit, en les avertiſ
ſanr que c~e Prélar ne ſavoir pas leur Lan
Ÿue, .Sc n'avoir pas bien entendu ce qu'on
ui en avoit dit. .
Quant àla qualification dhérétiques, que'
le Seigneur Evêque' leur donnoit, il adit
qu'elle ne convient
qu'ils ſont emploïés pas .à le
dans ces Cſſatéchiſme;
termes, tels

rant parceqrfils' ont été examinés 8L approu


vés , non-ſeulement dans ces Provinces,
mais encore dans tout_ le Breſil, comme
en fait foi le Catéchiſme _imprimé qui a
été préſenté à cette Junte , que pour 'l'a
voir été tout d'une voix dans deux Syno
des de ce Diocèſe, compoſés de rantdé
Perſonnes ſi ſavantes 8L ſi habiles dans la
Langue , 8E préſidés par de ſi ſaints Pre'
lats: que
Iible, fi leur
elleſieſt déciſiond'une
du moins n'eſt grande
pas infail
~au— \
torité, 8c fournit un argument très pro
bable , que ces termes ne peuvent être con
damnés ni frappés d'aucune cenſure théoñ
logique , ni comme hérétiqtles, ni erro
nées, ni comme' autre choſe ſemblable , ſi
ce n'eſt par le Pontiſe Romain , ainſi que
- l'a doctemcnt prouvé le Docteur Antoine
Saura dans ſon Volum Platonis, chap. n. ,
de examine Propoſitiorwm, en quoi il a.
a Q iij
366 PrEcEs IUSTIPICATIVES
¿o ſuivi Suarez, Turrien, Tolet, Vaſqucz
I656.
&d'autresDécrets
Bullesſſ, Docteurs, 8c il cire
8c Déciſions qui pluſieurs
démon;
_P r E c E s
:DE TJFXAMEN
DU tren: cette vérité. Le Seigneur Doïen finit
CATECI-HSME en diſant que tel atoujours c'te' ſon ſemi
ÛUARANl. ment ſur lc ſujet propoſé.

Sentirnerzt (la R P. Gardien des Peres


de S. François
L Padre 'Fray Pedro de Villaſanri , del
Orden Scrafico de San Franciſco , Definidor
preteriro , y Guardian actual deſte Conven
to, y gran Lenguaraz, como nacido y
criado en eſta Tierra , dix?) que con aver
ſido grandiffimo el deſvclo y cuidado de
los" primeros Padres Fundadores y Popia
éiores dcſta Provincia del Paraguay, en
avcri uar lo candido ypuro de las razoncs
ypala ras de la Lengua Guarani, parada:
noticia 'aſile-s primeros
Conquiſtaſſeſpiritual Genriles, en dc
, del conocimienro l:

IOS Myſterios d: nucſta Sama Fé 'Catho


lica , para bautizados bien inſtruidosdo
môàſu cuvdado el R P. Fray Luis d: Bala
ños
das ,luzes
de ſuApoſſſtolico
Sagrada Relioion
, y zeloſo, varon
de la àcon
10

verſion de las almas, obrando por el ſu


Divina Magcſtad muchos milagros, con
' que facilitó la converſion de los Barbaros
Guaranies Habitadores deſta Provincia de]
Paraguay , y coſtandole mucho trabajo ,
(r) Je n'ai pas cru me à l'Ecrîc du Provin
qu'il fût néceſſaire dc cial des Jéſuites , ô: au
traduire c_e Diſcours, qui Sentimcnr du D011 n.
eſt parfaitement Confor ~
fin ËHESTOXRÉ DU PARAGUAY. 367
Oſſraciony Mcdicacion , y rraduxô cn la e
¡6;6.
Lengua de los dichos Guaranies el Cathe
Fnac Es
ciſmo, que ſc ha moſtrado; que cs el DE L'EXAMEN
Original, donde cſtän las Oracioncs del DU
Parar noſter , Ave Maria , Credo , los diezCATEcHISMÜ
¡’mandamientos , los cinco de la Igleſia ,l yG‘-"“‘^“"
'conſ-ſieffionario , y la inceiligeiïcia y &XPH
cacion de Ics Miſterios de la Santa Tri
nidad y Encarnacion del Verbo Eterno , ſin
cuyo conocimiento no es poffilvlc ſalvarſd
ninguno , pues ante todas coſas cs obligado
à ſer fic] y Cazholico : Quam niſi quifijzze
integran: invíolatamque firmwrit, abſijue
dulzio iny æiemumperibit.
limpio Y noCatheciſino
C-azlmlicoſſ del dicha obſtante Io',
y dicha rraducciou niirada y rcmirada , y
cxpurgada por honïbres Doctos en Lengua
de Indios , _y grandes Thcologos que la
aprovaron, y en cl Synodo que celebre cl
llluſtriffimo D. Fray Martin Ignacio de
Loyola, hijo de la Serafica Religion , ſe
mandó que dicÎÎaS Oraciones y-dicho Ca
theciſmo en la dicha corrieſſexi en toda
eſta Provincia, y con ellas y por el ſe cn
ſeñaſſe à los recien convertidos; con que
ſe facilitó la converſion de los dichos na
rurales, y dc tiernos en la Fé ſc hizierolx
cn breve muy maluros en ella ( que de otra
manera Fuera impoſſible que llegarán en
breve al conocimiento de Miſterios tan
altos). Lo miſmo ſe mandó en el Synodo,
que celcbrô el Illuſtriffilno Dom Fray
Chriſtoval de Arcfii, con palabras gra
viffimas en una ſcffion de IO dicho Synodo,
äquc ſe remite; pues ambos ſe han pre
ſcmados : y aſſi los Curas, Predicadorcs Y
Q iiij
;ſis 8 Fnac” !Us-rx MOA-nus

I656.
Miffioncros Apoſtolicos haſta aora han
inſtrùido y enfeñado por el dicho Cathccif
MP1EcEs
‘MAME’, m0 a los dichos Naturales con mucho apro
,, U vcchamiento dellos . v
CATECHISMI Pero no han faltado morded-ores yla
¿"ARM"- dridos de ſurioſos canes contra algunas pa
labras de las dichas Oraciones y Carhecif
mo , dizíendo ſon hererîcales; que ſin ſer
Lenguaraces ſe atrevieron à caleficar !eme
rariamente lo que no entcndian, infor
mados de interpretes fimplesè ignorantes,
deſeoſos mas de dar guſta, que de acertar.
Y por aver ſido llamado, como natural
defia Ciudad de la Aſſumpcion , à la Junta
que ſc ha formado por orden del Señor
Doctor Dom Juan Blafquez de Valverde,
Oydor de la Real Audicncia de la Plata ,
Governador y Capiran General deſta Pro
vincia del Paraguay , por comiffion parri
cular del Illuſtriffinlo y Revercndiflimo
Señor Dom Alonſo Ocon , Arçobiſpo de
la Plata , para averiguar y* examinar (i las
quatro palabras, Tupà, Membirà, Tayrzz' y
Tuba' , que :ſtan en dichas Oraciones y
Cateciſnm ,’ ſcan hercricalcs , dixo por lo
que lc rocnva , como knguaraz que es,
y haver mamado eſta Lengua , y conferido
non una, fino muchas vezes en las Re
ducciooes y Doctrinas de ſu Religion, [a
ſignificacion dc dichas palabras, y ſiempre
las ha hallado puras y finccras , limpias y
fin ningun dolo, doblez y mal ſencîdo;
como ſe vera en la palabra Tupa‘, que
quiere dezir Dios, y no Demonio y Idole ,
ni l-Iechizero ;_ por que en la dicha Lengua
Guaraní el Demonio tiene ſu nombre , y
n‘: ¡‘Hrs-roms nu PARAGUAY. 369
los Indios le llaman Aña, , y. le llaman ---*
affi haſta aora y le llamaron ſiempre s al 1656'
hechizero llaman Paye' : ues como ſe PLN* $1
atrcvenjvintcrprctar mal ë Y uelve à dezir “nïxám”
que Ana , es Dernonio , y Paye', Hcchi- CATNHHM,
zero, y Tapa‘, Duos; que bien entendida Guóxmdx..
eſta palabra quiere
íiſnificacion Tupa‘ en ſu propria
decir y riguroſa
Padre univerſal y~ſſ ~
fin de todas las colas 5' por que Tuba' quiera
dczir Padre, y Pa' quiere dezir univezfizle,
è acabó , y Dios Nueſtro Señor ſe nombre
princípiam &finis , dc modo que por nin
gun camino nifignlficacion eſta palabra,
pueſta en el dicho Catcclfmo cs , ni puede
fer eſcrupuloſa, ni malſonante, ſino ſan
ta, buena, y fignificariva del Dios ver
dadcro, que con eſta palabra ban dado ‘a
’ conoccr los Predicadores à, los lndîos della
Tierra. _
Demas dello, como podran los Predica
doſes y Miffioncras Apoſtolicos cnſeñar à
ellos Indios recien convertidos los Miſte
rîos dc nucſtra Santa Fé ë en la Lengua Elba
ñola, ó en, Latina? Es forçoſo- que ſean
enſcñados y inſtruidos
Lengua Guaraní : y ſi en propio
_ dicfios idioma y
mordçdores-'ſſ
hallan por no limpias las palabras Tayſà y‘
Membirá, como ſupicron calumniar, y
defcaron enmendar como Lenguaraces Gua
ranies , por que adicionandó per heretica
les las dichas palabras, nO-“puſicron otras‘
en el dicho Catficcîſmo catholicas y lim
pías? No valè , dirán , que por corredad‘
de la Lengua. Tampoco vale, por que
vemos que en Lengua Latina, como -en
audita. Eſgañola el Eterno Padre llama:
. Qu
270 PIECES SUSTÎHCATÏVES '
Hijo a1 verbo : Filius meus e: tu .- y en
1656. Cacheciſmo Eſpañol dezimos Padre , Hijo,
P 1 E cE s y Effióiritu Santo. Y el caſado Hama à ſus
DE L'EXAMEN hijos con la miſma palabra , ſiendo ençzcn- s
DU
CATEcHxsME drados por obra de varqn: los Conſcſſo
OUALLA…. res llaman Hijos à 10s- que confieſſan;
con que una miſma palabra fignifica difeñ'
rentes generaciones , la Eterna del Verb,
y la Temporal. La Virgen Samiffima nueſ
tra Señora llamó Hijo à Nucſtro Señor
Jefa Chriſto, quando le halló entre los
Dïctorcs ; Fill', quid fecifli noblſisſic ? Y no
le engendró por obra dc varon, fino por
obra del Eſpiricu Santo. Aſſl cu la Lengua
Guaraní Tayrá quiere dezir Hijo,- lo miſ
mo , queen Latin Filius, fin que aya di
fcrcncia alguna. Eſto es evidente , por que
el Padre llama à ſu Hijo, que engendré
con virru ſçminal C/temyra', los Predica
dores en los Pulpizos dizenlo miſmo,
Cbetayrà. y no los han cngendrado pot
copula fomicaria : el viejo llama almoço
Clxctayrà : en ahijando mucho la caña del
maïz', dizen Abaziray; con que es viſto
que eſta palabra Chetayrá comprehende
genericamcute muchas eſpccics ñdc hijos,
de la miſma- fuerte que la palabra Filiu‘:
en Latín , y en» Romance , Hijo. Y dela
mifnm fuerte’ que en effas dos Lenguas no
ſe halla inconveniente, ni la ay cn que
llamamos à Chriſto Nueſkg Señor, Hijo
de la Virgen, è en Latín Filíu: [Wa-ice,
tampoco la ha (le aver en la Guaraní en
cſia palabra Tdyra', que ſignificalo miſmo
que en Latin filias, y en Romance Hijo."
-ïEn lo que mas aprietan los adicionado
ſites, DE
y enÎIHÎSTOXRE
lo que masDUmucſtran
PARAGUAY. ' 37,
ſu dañada --*-—--~
intencion , es en la Palabra Membiríi, que P1555
conintencion perver a , y como ma OS in- {Ec Es
terpreres, parten la palabra. ſeparando el DELEXSME"
Mem del bird, con que conſtruyen din- CATFDŒISML
bolicamcntc , diziendo quiere decir hijo GUAáAN¡_
-a de polucion , havido entre hombre ÿ mu—
ger, por que explican que acLuel Me es
Marido, y junto todo Membi quiere dezir
_ZŸÂÎÏJO de tal Marido
ſi de partidores. : ma]: entretenimiento
Pregunto la muger que
nunca fue caſada ,h ni jamas tuvo Marido ,
y llegó à tenerun Hijo ilcgirimo , como
lo llamará ,7 es ſucrça que diga Chemcmbi,
v por que affi habla la mugentorlo lo_ que
cs hijo, aunque no aya tenido mando :
luego pervcrſa es la ſignification , que le _
dan. Pruevaſc con el Lenguaje de los In
dios del Perú , que el varon llama à ſu
hijo Clzuri,y la mugcr no' \Îſa delle nom
bre, y [lama à ſu hijo Guagua; y en .ef
Catheciſmo dizcn Dios Yaya, Dios Cim
rí; yorclitiariaixiente el Eſpañol llama por
el Perú a qualquier Indio que topa , Ydya.
Y no obflantc elfo llaman al Eterno Pa
dre Dio: Yayd. En eſta_ Lengua Guaraní
el varon [lama al hijo Tayrà, yla muger
dize al hijo Cbememlbi, la tía al ſîabrino
llama
menor Chemembi
de edad, ,Czegrtcmbi
a vieja; àco? ua qqual
uiera:
claramente verá qualquiera de ediano
intendimiento , que eſtas dos palabras
Tayrá , Clzemembírà , ſon gexèeralclgficíoœ
ue fi nifica y declara muy ich 'a ia
gion, în ſolo natural, fino‘ del Eſpiritu ,
pues engcndramos para Dios a lqs que con-ë…
Q”
37 2. Pn-:cns IUSHPXCATIVES __
T vcrtimos y cnſeñamos: y no fuera razon
‘ que oyendo los Indios deſta Provincia ex
D‘; LEEÏAÏHN plicar à un Predicador el gozo que tuvo la
m, Virgen Nueſh-a Señora , quando hallô à
CATFCHISME Chriſto Señor Nucſtro encre los Doctoxes,
GUUAM. 'y ;fozoſa le diu‘) Fili, quidfêciſti nobisſic?
pa abras ſon de la Virgen 3 Predicandolasy
explicapdolas Predicador à cſtos en ſu Lengua
Guarani, !s fuel-ça lndios uſando que ſon
defla palabra C Itemembi , que correſponde N
aquella palabra Fill , BLC. Si no hablaſſc con '
eſta propiedad, ſcria irriſion dc los miſ—
mos lndios , y‘no haría fruto.
Y à me IPOarecc
fiderarſſan ue echarân
dichqo, todos los,dcqvcr
ue con
, ſi
eſtàn dcſnudos de paſſxon, y ven la pro
piedad delas palabras, que no ſon here
ticales: fino, buſqucn otras para dará
_entendu al recicn convertido quien es el
Padre , enſcñarles
fſſorzoſo e! Hijo , àelperſiñar
Eſpiritucn Santo. Es
ſu miſmo
Idioma; a qui en eſta Provincia del Para
guay, para que lo entienda , ſe ha dc dezí:
orçoſamcnte Tubà , Tayrá, EfiJíritu San
to, rera pipe, que quiere dezir en Eſpa~
ñol _: en el nombre del Padre ,_ y del Hija ,
y del E/jziritu Santo. Y a los Negros con
forme à ſu Cachcciſmo , les preguntamos
Zamlzí Saiz quien es Dios 2 Zambi Tala',
Zamb' ona , Zambi /jvinſizu Santo , per
ſona to , Zambí mari quidbo ; y vemos
que en eſta Lengua no es indccenre llamar
à Dios Zambi Tata‘ el Padre. y al Hijo
Zambi Maná, con que con eſto I0 enten
deràn , y dc otra manera ſe quedaran ayu~
nos de los Miſtcrios de nucſtra .Santa Fé y
.- -———-—————. _yñu-ñ, .,_
..._... ',7- .

\/

m: ¡Ellis-roma nu PARAGUAY. n;
Religion Chriſtîana: con que ſe echará
' dc ver que aſſxſtió Dios al V.P. Fray Luis
d e Bolanos
~ -
con particulares ~ -
auxilios, y le DEP LTXÁM"
I l c! !ï
dio aqueſte don, para que no erraſſc en m,
çoſa dc tanta’ importancia, como es la carrer-msm
ſalvacion de las almas; y ſi ſintiera lo con- GUAMM
trario, como varón crfecto que era ,à
la hora de la muerte (l; retratara : antes:
ella hora hizo Dios maravillas por ſu ficrvo.
Vilo por mis ojos , halle‘: me à ſu muette.
Con que pueden los Doctos atender a
eſtas explicaciones , que en eſte papel van,’
fin partir los vocablos, y ſin ſeparar la.
razones ; por que ſi en todas las Lenguas ,,
que uſamos, queremos partir palabras, y
truncar razones , las hablaremos poco ho
ncſtos y nada modeſtes. Si el Eſpañol di
vide cſta palabra Tabernáculo , no hablara
limpio , fino cſpeffiffimo ; partida ſerà,maſ
dicho que un Santo eſté' en lo, partido y
ſeparado del Tabcrnaculo.. Y en Latin de
cimos Summa: Ponufex , dirá Sum mu: ,.
_ſoy raton. Yaſſl ſupplice que atiendan los
Doctos à ello ,, con que las fignificacioncs
de las palabras ſon muy puras y limpias.
de las oraciones de la Lengua del Paraguay,
que, es affi , e] Santo Padre Fray Luis de.
Bolaños, mas dc treinta años antes que
los Rcligiófſios de la Compañía dc Jeſus
entraran en eſtas Provincias, enſeño con.
cxpreſſa orden del Synode que celebró el
Illuſtriſſimo Dom Fray Martin !gnacio de
Loyola , y d'eſpaces con particular orden y. _
mandato
ſ Sede del ,venerable
vacante Dean
deſire Obiſpado Cabildo
del Para,, ,

guay ;A y lo miſmo profeguieron los Reli—


374. ‘ PÎEcES !USTIFICATIVES
1656.
gioſos
.
de la Compañía de_ Jeſus por
.
la!
. b] s mxſmas paiabras , como quienes teman un
MIÉXCAÏH“ miſmo cſpirizu de la ſalvacion delas almas;
DU y aſſi no añadieron , ni quitaron ä las di
CATEcHXSME chas Oraciones y Carhecifmo nada, lino
GUUAM- quc como hombres Doctos obſervaron y
' guardaron , y haſta agora obſcrvamos ro
dos los que tenemos Doctrinas, lo que
ordenaron y diſpuſieron das Synodos deſtc
Obiſpàdo 5 que es coſa recia dar aenrender
qqs en ellos no affiſtiô ci Efpiritu Santo, y
que aquellos no Fueron Obiípos legítimos f
yqne todos erraron: pero yo creo fizl v'
verdaderamente que aſſxſtiô cl Eſpïtu Sm
to : UM dao vel tres cangregati fuerint ir!
nomina meo ,in medio corum ſum. N0 ſucre
bien , Señor, para coſa dcîtanta importan
cía hazer otra‘ Junta y Synocio? yno opo
nerſc de cabeça, y ſin auroridad alguna
a los dichos Synodos , y Carhecifmo apro
vado en ellos, con parecer ſolo de hom
bres ignorantes en la Lengua , en’ lo poſiti
vo , yſieſcolaſtico.
Y por que ſc vea quan (in modo ſe han
adicionada y herericado las palabras dichas,
noten los entendidos y dcíſiapaffionados la
adicion , que ſe ¿a à lañpalahta Htbà , que
quiere decir, en ſu propia fignificaciotr
Padre ,' y aunque la quieren partir y eſtru
jar , no le han de hallar otra fignificacion,
que la de Padre. Y querer condenar por
hereríca eſta palabra Tuluá, por que con
ïdenô cl Pontífice Zacharſira unos nombres
de Angeles por Demonios , y que en ellos
y entre ellos cſtuvo la paiabra Tubà, es
fin ningun fundamento, por que unos d:
DE LÏ-ÜSTOIRE DU PARAGUAY. 37;'
his Angeleseondenados por dicho Conci‘ —'——_.__
lic ſe Ilnmava, ô ſc llamavan Angela: P II656.
¡ic E s
Tubuel, y cl otro, Angela: Tubuas. _Que
tiene que ver Judas con Juan Lopez? Es D EÎIEXMAEN
DU
Io miſmo Tubuel, Tulum: que tn el Para CATEEHXSME'
guay Îïzbà? no por cierto , por que ſon GUARÀNL.
diferentes los nombres y ſilabas de' que ſé )
componen, y diferente la {ignifieacion de
cada nombre. Y cs poſſlblc que quena eſto
entre Chriſtianos , hombres religiofos,
doctos? -
Aviendo tanto por conquiſiar en eſtas
Indias Occidentales , que no han viſto Eſ
pañoles , aunque han tenido noticia deilor,
en que Lengua los hemos de enſeñgr Y que
aun Dios Nueſtro Scñor nos hàbla en
nucſtra Lengua para que le entendamos; y
para qucſcpamos que tiene hijo , dixôpor
ſu_ Prophera en cicapite 66 , num 9. Num*
quid ego, qui alias parerefitcio, non paſi
riam? dicit_ Dominus. Si ego qui genera
ttſiônem cæteri: tribun , ſterilis era? ait D0'
mlſinus Det/s runs: y de la Virgen Samifli
ma dize San Lucas , Peperit Filium fuum
prvimogerzitzzm; con ‘que ſe acornoda Dios
à hueſho lenguaie , para darſe a conocer‘.
-Y echará de ver el docto que eſte verbo
pdrio , figniſica parirla muger de ſu ma
rido; y fignîfira 'parir fin mugcr, como
Dios; y figniſica 'parir la muger fin aun
tamiento de varon , como la Virgen San
tiffima Señora Nucſtra, cue parió porobra
de] Eſpiriru Santo , V ſignifica parir los‘
montes. No ha ſcrvido de otra coſa en'
eſte Obiſpado cl reparo de las dichas pala»
bras , que de eſcandalo. ~ -
J

376 Pucns rusrmcanvns


a
1656. Tupa' es Dios ; el lndio ‘allí lo entienck
como coſa ſuperior, y ſobre todas las:
PIECES
DE L'EXAMEN cofas. Que al Demonio llama el Indio
DU Aña , y al’ hechizero , Pays’ . y pues que'
CATEcmsME tanto deſean adicionadorcs deſias palabras»,
Gun. Mu. dennos otras para explicar à los Indies
Iecien convertidos los arciculos de la Fé,
y a los antiguos Indios Chriſtianos, que
no ſabcn que ſu Lengua, por eſtar aparta
dos del comercio de los Eſpañoles : y fi no
ſaben Bien la Lengua, ſùjetenfê à los que
la ſaben , ytanto la eſpecularon , como cl
Santo Padre Fray Luis de Bolaños, para
ſacar à luz el dicho Carheciſmo : Doñi
fcíanz ,Indocti credarzt. Y aiii concluye,
con que el dicho Carheciſmo, que ſe ha
preſenrado, cs el que deſpues de muchos
ayunos, oraciones y diſciplinas , hizo y
traduxo en la Lengua Guaraní para la en
ſeñanza- deſtos Naturales el dicho muy
Reverendo Padre, haviendo conſultado,
7 conferido con los mejores Lenguaraccs
deſta Tierra 3 que es el- que ſiempre ſe ha
uſado en la Doctrina y enſeñanza de los
Indies enexecucion de los Synodos dc eſte
Obiſpado, que han mandado que por eſte
Cathcciſmo , y no por otro , ſean les In:
dios enſeñados yinſtruidos en nucſtra ſan
t-a Fé Catholica-z y que no ay inconve
niente en que ſe profigaz y lo huvicra muy
grande con qualquier mudança en la ſragil
naturaleza y condicion deſtos Indios , fi ſe
hëizieſſe qualquer novedad en los termines
yrvocablos , con que han venidoeen cono
cimiento del verdadero Dios; y que no
entiendan en diehas galabras coſa que ſea
!SE L'HISTOIRE Du PARAGUAY. 3-77
mal ſonante, ni contraria à nueſtra ſanta ""——“"‘l6
5
Fé Catholica , ni que merezca cenſura al
guna. Eſta dixô ſer ſu parecer en lo , que DÈÈÊXÎÃËN
que ſe ha conſultado en la Iunta. I
l…
CATEcHlsMñl
Sentiment des autres Perſian/us GVMMN"
qui compo/bien: la ſun”.

TOUÆES les autres Perſonnes qui ſe


trouverent dans ladite Junte , à ſavoir, le
licencié Pierre de la Cabex , ci-devanr!
Juge Ecÿcléſiaſtique de cet Evêchéä le Li
eencié Etienne de Ibarrola, Curé de la
Cathédrale; le Licencié François .Caval
'lero Baçan, Curé de la Paroiſſe de l'An
nonciarion de cette Ville z le Licencié Pierre
de Mendoze , Curé 8L Vicaire d'Yaguaron 5.
—le Meſtre de Camp Garcia Moreno; le
Capitaine François. de Eſpindola de Santa
"Cruz , ont unanimement dit qu'ils étoient
du même ſentiment que le Seigneur Doïen
8l le ſuſdit Pere Gardien ;que ce ſentiment
étoit ſelon la vérité 5 8c qu'ils s'y conſor
moient d'un commun accord. lls apporte
terent quelques raiſons our Pappuïer. V
Le Licencié Pere de l'a Cabex dit qu’é~ ~
tant allé à la ſuite de Yllluſtriſſime Sei
gneur Dom Chriſtophe de Areſti , Evêque
de cette Province, en aliré de ſon Sécre
taire , pour faire la viliïe de ce Diocèſe , 8c
ue Païant faire d'autres fois comme Vi
iteur nommé à cet effet , il avoir trouvé
Par-tout queles Curés ne ſe ſervoient point
d'autre Catéchiſme pour 'inſtruire les 1n
diens , que de celui dont il sbgiſſêit 5 \L116
57! Places' ru'sr~rrrcA-r"xviiis'
les _Peres de la Compagnie de Ieſus~ et!
P” c” uſmenrſi: même dans leurs Reductlous..
m_ iœxAMulorſqu 1l accomp-.Îgna. ledit Seigneur Evê-N
DU que dans la viſite qu'il en fit; quhrantété
t/«TEOHESME depuis nomme' Gouverneur, Proviſeur 8c
Gunnar”. Vicaire Général clu même Diocèſe parlÏl-ñ
luſtriffime Seigneur Dom Bernardin de
Cardenas. il trouva par-tout les indiens
dans la déſolation , 8c inconſolablcs de ce
Hue ledit Seigneur Evêque avoit \défendu
e ſe ſervir des quatre termes ſirſdits , ne
pouvant digérer cette innovation.
Le licencié François Cavallero Baçan
dit qu'il avoir auſſi accompagné lc ſuſdir
Seigneur Evêque l). Chriſtoplrc de Areſti,
'dans une viſite des Doctrincs du Parana ,
8c de pluſieurs autres dc ce Diocèſe; que
par-four il avoit vu qu'on ne ſaiſoir uſage
que du ſeul Catéchiſmc du Pere de Bo
Ïanos; 8c il ajoûra que depuis l'innova
tion qu'on avoit Faite en changeant les
quatre ſuſ-.lits termes , on a reconnu dans
les Indiens, même dans les cnſans, une'
très grand: licence , beaucoup de diſſolu
tion, 81 de ſacilitéà jurer le nom de Dieu,
diſant ſans crainte ni reſpect à tout mo
ment Dios re/Ïè catù , qui eſt une eſpece
de jnrcment; &qu'il juge que la cauſe de
ce déſordre vient dc ce qu'on leur a inter
dit le nom de Tupzi , qui leur ſaiſoit con
nOî-'re ce que c'eſt que Dieu &leur impri
moit un grand' reſpect pour lui, &Z ſubſti
tué celui de Dios , dont ne connaiſſant pas
Ia propriété , ils ſont tombés dans une vi
cieuſe habitude ; 8c cela parceqifon n'a pas
voulu qu'ils lïnvoqrlaſſent ſous un nom
, ï
!DE r. Hrsromr Du PARAGUAY. 37g
—————-d‘d
qui dans leur Langue leur faiſoit entendre 1656.
toute la dignité, la grandeur s: la divinité Piëczsſſ
de Dieu.
. . ~ de Mendoze. a dit. que DE ſi'EDXJME'
. Pierre
Le Licencié
les Indiens de ſa Bourgade, quand ils eu- CATEÇHXSMI
rent appris que Fllluilzriffime Seigneur Dom GVAŸANÎ- ſi
Bernardin de Cardenas difoit que Tupâ'
étoit le nom d'un Demon , 8c avoit été
condamne' par lc Pape Zacharie, avoient
été ſaiſis de crainte , &que la même cho
ſe étoit arrivée à quelques Eſpagnols , qui
n'avaient jamais auparavant ouivdirc rien
de pareil , ni Former le moindre doute ſur
la propriété de ces quatre termes; qu'il
juge n'on n'en doit Faire-aucun, mais
qu'il aut continuer à inſtruire les Indiens
en ſuivant le ſuſdit Catéchiſme.
Le Meſtre de Camp Garcia Moreno a
dit qu'il s'était ſouvent trouvé préſent lorſ
que le vénérable Pere Louis de Bolaños
écrivait au Capitaine Eſcobar , célebre par
la grande connaiſſance qu'il avoit de la
Langue Guarani: , pour le conſulter ſur la.
propriété de quelques termes qu'il em.
plo~ioit dans lc ſuſdit Catëchiſme, qu'il
ſait certainement être le même Catêchiſmc
dont il s'agit, 8L le même que le ſuſdit
Pere Bolaños a compoſé , 8c que le ſuſdir
Capitaine approuvoit & confirmóit tous
les termes n’il emploïoit.
Tous enzn conclurent que les quatre
termes ſuſdits ne renſcrmoient aucune cr
reur contre la Foi, 8c ne pouvoient avoir
aucune ſignification mal ſonnanre; qu'on
n'en a jamais emploïé d'autres pour faire
parvenir les Indiens de cette Province à la
;io 15150*: !Us-rmcu-rvzé
ü …
1656.
cpnnoiſſance du vrai Dieu; 8c que parmi
\des nations d'un génie auſſi borné que le
PIECES ſon: celles.-ci, il ſerait dangereux de faire
DE-LTEXAMEN
o,, aucun' changement en cette rrracicre ,- Sc d'y
CA-TÉCHlIMEÎIſÀÇÎOdUÎIC aucune nouveauté, Tous aſſaut
GUARANIË déclaré que c'était-là leur avis ,ils le ſigne
rent en cer Ordre : le Docteur Don Jean
Blaſquez de Valverdé , le Licencié Dom
Gabriel de Peraltav, Frere Pierre de Villa
ſami , Pierre de Mendoza , François Cavai
lero Baçan , Pierre de la Cabex, Etienne de
Ibarrola, Garcia* Moreno, François de
Eſyindolla de Saintezcroix.
En ma préſence,
BALTHAZAÎË; DE Lqs REYES Anton',
Eeriväin de Sa Majeſté.
SUÏVËNT , dans Plmprimé, la Requête
Ju Pere François Dias Taño, Recteur dix
Colle e de la Compagnie de Jeſus de la.
Ville âe L'Aſſomption , pour avbir autant de
Copies collatiounées par FEcrivaîn du Roi
de tous les Actes de la Junce 5
_ LE Déſſcret rendu parle Seigneur Dſiom
Blaſquez de Valverdé , pour quîil- lui ſoit
fait droit 5 —
Er les différentes Légaliſarions de routes
c'es Pieces en divers lieux.

~ **ADM
DE L'HISTOIRE DU PARAGUAY. 381

~o»

PREMIERE SENTENCE
D E
DOM JEAN BLASQUEZ
DE VALVERDÉ,

AU SUJET DE: MINES D'OR.


coPIÉE SUR DIMPRIMÉ.

UR le Procès ui aéré mû , 8L 'les En- ~—*'*'—"'


. A . — ï . - . , 16 57.
?acces qui ont ét faites au ſujet de ]accu—
ation de Dominique , Indien , non-ſeulc- SEÏÊÊLËËË:
ment de _vive voix , dans _la Province du DOM 3U…
Tucnman, mais encore par un Ecrit ac- BLAsQUEzDç
compagné d'une Carte 8c d'un Plan qui VAÎ-VÊRDE'
ſont au Procès, folio io, &qui avoicnt ^” WWW**
été envoïés au Seigneur Docteur D. Fran- Mmſisnoh_
çois de Ncſtatès Marin q., Conſeiller du
Roi au Conſeil Suprême des Indes , Préſi
dent 8c Viſiteur de l'Audience Roïale_ de lg
.gfllata ,avec un compte fidele de ce qu'a
"ÏÎIÔÎË 'déclare' le ſuſdit Dominique, 8c que
ledit Seigneur nous a remis, afin que nous
uiſſions vérifier ce qui y était avance', que
es Peres dedans
travaillent la Compagnie de Jeſus
les Provinces , qui -
du Paranaſiy,
8C de [Uruguay à la Prédication de l'Evan—
äile , 8c à. la converſion des Indiens inſi_
cles, ,8cyyont
:iſſ-'or des Mines
fraudent , d'où
les dzoits cleils tirent de
Sa Majeſté,
581. .PrEcEs JUSTXHCAÎXVES
—-——~—— ſelon que ledit Dominique l'a publié, aſſu
7657' rant qu'il connoiſſoir le lieu oû étoienrces
PRÊMŒRE Mines, qu'il y avoit demeuré, qu'il les
5"îî“°‘ “ë avoit vues 8c même que dans ladite Pro
Dct… n” vince il avoit a ſi d P d l C m
BLMQUEZDE .\ ppris es cree e a o
VALVERDE' pagnic a manier les armes a feu, 8L aen
AUSUÎETDES faire uſage. Après l'avoir entendu nous
MWEWP*** même dire toutes ces choſes , qu'ici a atñ
teſtées devant nous dans la Ville c San
tiago de la Province du Tucuman, lorſ
que nous venions par Ordre de Sa Majeſté
?ur gouvernerdcette !Proivliilice de îxagxulaà',
en a Ërcésſcrilcecile
r u cc ration
îflslluliriffinîe Ul r
8c Relvéren

diſſimc Seigneur Dom Melchior Maldo


nado Saavcdra , dont il éroit domeſtique,
.il eut marqué 8( deſſiné les endroits ,dſioti
il diſoit que l'on tiroir de _l'or dans la Ré
duction de la Conception, la premiere 6c
la plusSeigneur
iedit anciennenſious
dc lale Province d'Uruguay
remit pour le mener;
avec nous , bien gardé dans ce Païs : cc
que nous avons faipà deſſein dc ne manr
quer à rien pour vérifier les faits , comme
il eſt arrivé.
Aïant donc tout vu, conſidéré ront ce
qui avoit rapport à. cette affaire, 8L fait
IOUCCSdlCSſ Ëliligcrxécs néceſſlaircs' dans (la
-viíirc es u dires Provinces uParanaôc c
TUrrwuaY, a rèsledit
…récraóriation qiie avoir re u Faveu
Domiçnique 8L la
a faiten
Juſtice des calomnies qu'il avoit publiées,
confſieſſant que tout ce qu'il avoir dit étoic
faux , 8: qu'il y avoit été engagé par les
motifs qui ſont rapportés au Procès; l;
vou: ,étant ?vérifié npn-,ſçulctncnx Pa! ſ8
DE L'HISTOIRE DU PÀRAGUA-Y. 38;
Pro re confeſſion, mais encore par la dé
ñpoſrjiion de perionnes qui le sonnoiſſent 57'
depuis ſon enfance , .leſquels aſſurent qUUISEPRBMlEKB
:uſa jamais mis le pie' dans 'la ſuſdite Pro- UÙÃWËÏÏE
vince d Çruguay -, de_ plus? etant convaincu BLASQWZDE
par ?evidence du fait quil ne seſt trouve vMvnDEï
aucune !Urine dans les endroits qu'il avoit AUÔWET_ DE:
indiqués , 8c qu'on n'a appetçu aucun veſ- **WMP-Wu
-tige qu'il y en ait jamais eu , non-plus que
des murailles 8c des oorps-de-gardes qu’il
avoit marqués dans ſa carte 8c dans les
plans qu'il avoit tracés , ni que Les Indiens
.de ce País , qui ſont ſous la conuite des
ſuſdits Peres, aient jamais rien apperçu
cle tout cela; _'
A rès avoir vu , 8c attentivement exal
'mine l'importance de cette cauſe 8c toutes
les pieces du Procès ,je dis que je dois
déclarer, 8C jc déclare, l'accuſation &r les
déclarations que le ſuſdit Dominique , In
dien, a Faites cn Juſtice , dſes MineÎ ſuſ
dites fauſſes 8c calomnieu es; u'i y a
mentien choſe grave, auffi bien gwen di
.ſant, pour
ſilation, donnerindien
qu’iléto~it plus de forcedeà laville
Tupi, ſa dé

de Saint Paul, quoiquïl ſoit né , 8c qu'il


ait été élevé dans 'le Bourg dYa uaron ,
Paroiſſe deſſervie par des Eccléſiahiques ,.
,éloi née de l1llſſlt lieues de cette Ville_ , d'où
il fur-idle 8c mené de cette Province à celle
du Tucuman , par ſon maître le Capitaine
Chriſtophe Ramirez Fuen-Lcal, un des
Accuſateuts des ſnſdits Peres .lequel, pour
la décharge de ſa conſcience , à l'article de
1a mort , a rétractc' juridzquement tout ce
qu'il avoit di; ÿ( _ciépolſiçî _contre _cuit ſu]
584. PiEci-:s IUSTIPICATIVES
u l'affaire des Mines , comme il paroît par
57' ía déclaration, qui eſt au Procès folio
PEEP/HERE H9_
ËËÃHËÏÊ Et quoique le crime grave, que ledit
nusQuEzDE Dominique a commis en troublant toute
VALYJEDE' cette Provinceôc les circonvoiſines, par les
Ausfflîîjëîî fauſſetés qu'il a publiées contre les ſuſdits
mmEsÏoa' Peres , mériiât d'être très rigoureuſement
puni,_à raiſon de ſa hardicſſe 8c de ſa
témérité , 6L pour ſervir d~eiremplc,néan
moins aïant égard à ſa Foibleſſe 8c à ſon peu
de jugement , 8L parceque leſdits Peres qui
'Pont auſſi reconnuſiavent qu'il a été ſubotné
pou-r faire leſdites déclarations , 8L vu qu'il
leur en a demandé pardon, 8L qu'ils le lui
ont accordé , ſe contentant que la ſauſſeté
cie ſes calomnies ſoit connue , 8c que tout
le monde ſoit convainc-u de leur innocen
ce, ainſi qu'il eſt rapporté au long dans
l'original( au folio x07; en conſéquence
' voulant modérer la peine qu'il a méritée ,
je le condamne , en outre d'une année de
priſon , qu'il a ardée depuis que jc l'ai
tiré de ladite Vil cde Santiago , juſqu'à ce
ce que je l'ai conduit dans ladite Province
d'Utuguay, à recevoir publiquement, par
les rues de cette Ville, deux cents coups
de Fouet , monté &cheval ſur un bât , 8c
— ' précédé d'un Crieur, qui déclarera ſon cri
me à haute
donuons par voix.
cetſite C'eſt ce définitive.
Sentence que nous orEt
afin que Sa Majeſté 8L *le Conſeil Roïal des
Indes puiſſent en être informés par les actes
du Procès, ainſi qu'il iiousa été ordonné I
les copies s'en ſeront aux dépens de la Iuſ--p
Size, parceque -lîlndicn, à raiſon de ſa.
' pauvreté ,z
DE rfl-Ixsrorxz DU .PARAGUAY- 385'
pauvreté., qui eſt notoire , n'eſt pas en état ,G57
de les faire.
' PREMlERI
LE DOCTEUR D. JEAN BLAS QUEZ 5î“°ë °î
E V , DOM JEAN
D A r. VERDE. BLASQÙEZI”
VALVERDE'
Cette Sentence a été prononcée par le AU SUIET DE:
Seigneur Docteur Dom .ſean Blaſqucz de M"‘²5°'°'~
Valverdé, Oydor de l'Audi-Suce Roïale de
la-Plata , Gouverneur 8L Capitaine Général
du Paraguay , 8L Viſiteur des Provinces
de l’Uruguay &du Parana, pour Sa Ma
jeſté, dans la Ville de l’Aſſomption, le
vingt-ſept du mois de Septembre mil ſix
cent
Jean cinquante-ſept; Témoins,
de Herrera 8c Abreu , 8c le l’Alſerez_
Docteur: ſſ
Laurent Ximenez , Médecin. Par-devant
moi Alſonſe Fernandez Ruano , Ecrivain
public du Gouvernement 8c de laViſite.

Colldtionhé à FOrig-irzalpar le mât”.

EFW” 'ſi *I* 'ſi


I
"s

a
;Mz PIECES msnncATrvns

SECONDE SENTENCE
D U M E S M E,

TRADUITE SUR IJIMPRIMÉ.


————-~—

M57' LE ſecond jour du mois d'octobre de


s SECONDE l'année 1657 , dans la Ville de YAſſOmp
“ËÏË” D" tion, le Sei neur Docteur Dom Jean Blaſ
ſi ~ quez dedeVala verdé
Roïale Plata,, Oydor de l'Audience
Gouverneur 8c Capi
'taine Général' pour Sa Majeſté dans ces
Provinces duParaguay , Bic. aïant vû les
Procéduresfairesfflen vertu' d'une Com
miffion de Sa Majeſté &du-Conſeil Roïal
deslndes , .ſur la découvertvde quelques
. Mines d'or, à l'inſtance des Alcaldes 8c des
Régidors dè cette Ville dans les années
I648 8c 1649 , 8c de quelques autres Ha
.bitans de ladite Ville , qui ont déclaré Bt
publié, par différentes informations, ac
tes &lettres adreſſées à Sa Majeſté 8c au
Conſeil Roïal des Indes , à Noſſeigneurs les
Vicerois , 8c aux Audiences Roïales de ce
Roïaume , que les Peres de la Compagnie
de Icſus tenoient cachées, dans les Provin
ces de Parana 8c dÎUruguay, des Mines
d'or fort riches; qu'ils en retiroient le
produit, fraudant les droits 8L le quinr du
Roi , 8c qu'ils en enrichiſſoîent des Roïau
mes écran ersâccnnemîs de la Couronne ,
ſelon quïleſt couche' plus au long dans le
Regiſtre des Aſſemblées de Ville, ſe
(d. - ' ſi
DE L'HISTOIRE DU PAXASUAY. 3S7
tlnrent les ſuſdites années, 8c dans les dé- ----—
poſitions des Témoins faites ſur cette af- W57'
faire, depuis le Feuillet 7 juſqu'au 98 , ce 5560""
qui auroit donné occaſion à Sa Majeſté SENTENCE no'
MES ME
d'ordonner qu'on vérifiât tousces cheſs
d'accuſation, 8c que pour cet effet ledit
Seigneur Gouverneur ſe tranſportât ſur les
lieux , 8c viſitât en perſonne leſdites Pro
vinces, ainſi qu'il a fait allantdans routes
les Réductionssz Doctrines des Indiens qui
ſont ſous la conduite &à la charge des ſuſ
dits Peres, menant: par-tout avec lui les
Témoins qui avoient donné avis de ces mi
nes d'or , afin qu'ils puſſentî les lui décou
vrir 8c montrer les endroits qu'ils avoîent
marqués dans leurs dépoſitions; 8: après
avoir fait toutes les diligences poſſibles,
judiciaires 8c extrajudiciaires, non ſeule
ment à la requête des ſuſdits Religieux ,
mais encore pour s’ac uitter de ~ſa Com—
— million 5 apres avoir meme propoſé publi
quement, au nom de ſadite Majeſté, des
récompenſes , des Commandes dîndiens ê:
d'autres emplois honorables à quiconque
feroit cette découverte 8c l'en avertiroit ,.
dequoi les actes ſont foi; vii par lui 6C'
examiné leſdits actes, comme il lui étoit or;
donné , afin que Sa' Majeſté , en aïaut pris:
connaiſſance, pû: les renvoïcr, avec. ſa
réſolution , au Conſeil Roïal des Indes 5
leditseigneur aïam de plus exactement con
ſidéré tout ce qu'il a vu 8è entendu ſur cette
affaire dans la viſite deſdites Provinces , 6c
dans le Procès; ſurlcquel le Seigneur Li
cencié Dom André Garavito de‘ Leon ,‘
Chevalier .de l'Ordre de Santiago , 8c Ox-Ë
~ R i]
\
D,
;Z8 PXEcES IUSTIPIÇAIŸIVIQ.
____——— dor de l’Audience Roiale de la Plata, el
1617.
qualité de Gouverneur, a porté Sentence_
SEcOXDE Contre leſdits Délateurs; joint a cela , les
SLNTENCE Ul!
MESME. rétractations qu'ils ont faires en ſa préſen
ce ,les _autres actes, 8c les ſentences par
lui prononcées contre eux, leſquelles _ont
éçe produites au proces , ledit Seigneur Dom_
~ Jean Blaſquez de Valvçrdé a du :
Qu'il étoit de ſon devoir de déclarer, 8c
qu'il déclarait nuls 8c de nulle valeur, tous
les actes, décrets, informations 8c autres
procédures faites en cette affaire par leſdits
Régidors 8c Alcaldçs 3 qu'elles doivent être
effacées des livres 8l des regiſtres , comme
étant remplies de fauſſctés &de calomnieq .
contraires a la vérité , qui a été reconnue
Sc juſtifiée dans les ſuſdices Provinces du
Parana 8c mêmes
Délareurs de [Uruguay , en préſence
juridiquenſiient cités. des
De
plus, a déclare' n'avoir remarqué aucun
Signe qui pû:
es Mines faire
d'or croire
dans qu'il, ynieûtjamais
cſiçs Païs qu'on en
ait jamais levé dans les rivieres qui S'Y trou
vent , ainſi que les ſuſdits ſavoient témé
raireinçnr 8c malicieuſement déclaré 8c
dépoſé, _à dcflein , comme il paroît, de
décréditer par ces calomnies la conduite
d'un auſſi ſaint Ordre, qu'eſt la Compa
Ÿniç ,de Jeſus ,laquelle eſt occupée dans ce
’aïs . depuis cinquante ans , à prêcher la
Foi pt à inſtruire le grand nombre d'lnfi
deles que ces Religieux y ont déja converñ
ris par leurs exemples &i par leurs prédi
cutions, 8c dont ils ont compoſé vingt
Bourgades ou Réductions fort nombreuſes,
qui _ſont ,ſſousfileur conduite, dans le; ſuſi
IT
bi! L'HISTOIRE DſiU PARAOÙAY. zip
dites Provinces ,ſans parler de deux autres -~“*'~'I6s7ſi'
auſſi peuplées qu'ils ont dans la Province ſi
des Itatines. .Et quoique leſdits Iſſiégidors SENTEME D.
SEcoNDl

8c Alcaldes aient encoutu, par ces faux Mug…


rapports, les. peines ordonnees contre les
Calomniateurs , tels qu'ils ſont en effet,
aïant publié des décrets , des informations,
&d'autres actes remplis de ſauſſetés, &c
qu'ainſi, ſelon la rigueur des Loix, ils _
duſſcnt être punis en leurs biensäc en leurs
perſonnes, tant pour leur propre amende
ment, que pour ſervit d'exemple aux :iu
ttes ; néanmoins _aïant égard à la ſatisſac-r
tion qu'ils ont faite en public 8c juridi
quement aux Peres de la Compagnigpar
des écrits qu'ils ont ſtipulés , 8c des requê
tes u'ils ont préſentées , Oli ils rétractent
leur dites déclarations , marquant par quel
motifäc à. la perſuaſion de qui ellesavoient
été fabriquées , 8c la conduite que l'on
avoit tenue_ dans toutes ces procédures;
ainſi qu'il paroit par la déclaration de Dom
Gabriel de Cuellar 8c Moſqueta, donnée en
. la Ville de Cordoue, dans la Province de
Tucuman , le huitieme jour de Novembre
miJ ſix cent cinquante 8c un , qui commen
ce au feuillet cent vingt-at-nn, avec une
nouvelle approbation 8c ratification du mê
me , folio cent dix-huit; par celle du Ca
pitaine Chriſtophe Ramirez Fuen-Leal ,
faire à l'article dela mort ,îdans cette Ville,
le treize de Mai mil fix cent cinquante 8c
un -, dans laquelle , pour décharger ſa conſ
cience, il demande pardon auxdirs Peres ,
&leur fait une réparation publique, ainſi
qu'il Y eſt plus au long, folio deux cent dix'
R iij
39e Pitci-:s iusTmcATivEs
Î neuf; par _celle de .Jean de Vallejo \filia
swmnz -ſanti , le vieux , Meſtre de Camp . 1.1l. re
&Numznu pond ſort au longa toutes les accu ations
…m5, publiées contre leſdits Peres, aſſurant qu'el
es ſont remplies de menſonges, en leur
demandant pardon, comme aïant été un
des Alcaldes de ce tems-là, folio verſo deux
cent ſix : celle du Général _Diego de Ye-'
gros , folio deux cent onze : celle de Dom
Louis de Ceſpedès Xeria, folio deux cent
quatorze: celle de l'Alfetez Garcia Vanc
gas de Guzman , folio deux cent dix-ſept,
"Ienouvellée par lui-même, ſol. verſodeux
cent vingt 8L un: celle du Capitaine Fran
çois de Aquino , dans ſes requêtes, folio
cent cinquante—deux 8C cent cinquante-ſix:
celle du Sergent-Major Joſeph de Encinas,
folio cent ſoixante 8c quatre , renouvelléc
folio cent ſoixante 8c ſept: celle du Capi
taine ſean de Cacerès, folio cent ſoixante
8C huit: ceſſlle du Capitaine Melchior de
Puclieta. Folio deux cent quatre-vingt
ſeize : .CDfiIÎ,’C‘IllC du Capitaine Garcia
de Paredès , folio trois cent deux 5 ,celle du
Capitaine André Benitès, ſoliorrois cent
deux; celles du Général Iean de Vallejo
_Villâſanrſſ le jeune; du Capitaine Pierre
Ancpine de Aquino , folio troéisë cent quatdre,
~ u_'i S ont eux-mêmes réſent es; cc 6S CS
:iutres Alcaldes 8c Èeſigidors des années
uſuſdites , dans leſqnellesſſ déclarations étant
Mſi" .convaincus par leurs propres yeux , 8L for
cés par l'évidence de la vérité, qu'ils ont
reconnue en viſitant la Province d’Uru
guay, ils ont auſſi fait ſatisfaction aux
ſuſdits Religieux, 8c leur ont dëmanäé
DE L'HISTOIRE DUPARÀOUAY. 39S
fait 8L de
pardon publié contre
tout ce qu'ilseux, ſansauparavant
avoient qu'ils en »SE D
-cuſſcnt- jamais rien vû, ni même qu'il: SENTHÏÎÈÛ:
:euſſent m-is le pie' dans deſdites 'Provinces 5 MESME. *
-avouant que toutes ces accuſations éroient
-ſauſſes 8c calomnieuſes, …pour les raiſons
üexprimées &rapportées dans leſdits actes.
*Sur cela , voulant uſer de la douccuräôc-rzle
?la modération donc -on a beſoin au regard
d'un Païs pauvre 8c »miſérable comme eſt
ñ-eelui-ci , ſur-tout .a rès' les fraisÿk les -dé- .
\ _- enſes que les ſuſciits ont été -obligésvde
Æaire pour- ce Procèâſſſaprès.ñles-ai-raendes
-auxquelles ils-ont été condamnés-par les
'Juges tanr-'Séculicrs qu'Ecc—léſiaſti‘ques;—après
lat/réparation d'honneur qu'ils ont faire à la
“Campa nie par une rétractation «publique
8L juri ique de leurs fauſſes accuſations;
voïant d'ailleurs que-leſditsPeres, contents
que lavérité ait été reconnue par les 'Juges
qui en- ſend témoins -oculaires , & avouéc
par ceuxñrnêmes qui ont -i-nventé ces calom<
nies 8c d'autres ſemblables , ont-bien voulu
leur en pardonner l‘-injure ;ledit Seigneur
Viſiteur a condamné les Coupables à un
ſilence perpétuel ſur cette affaire, -en les
avertiſſant ſérieuſement que s'ils viennent
jamais à la remuer, ils ſeront bannis-pour
toute leur vie vcommePerturbateurs du re
pos- public ,outre les pcinescorporelles que
méritent les Galomniateurs -Sc ceux qui
oſent mentir à ‘Sa Majſſeſté ou-devant “les
Juges.
'De plus; ledit Seigneur les: :-t-condamnés
n'a tous les frais &dé ens -du-Procês , 8c des
copies ~ qu'il en — fîaugſra- faire «pour informer
ï R iiij
*zar- Pncrs yUsTxrrc/Ãirvts
X6ſſ]7. Sa Majeſté 8c le Conſeil Roïal des Indes;
auquel elles doivent être envoïées; à quoi'
SENTENcE ſel_
~ SENTENcE Du
ont obligés en commun tous leſdits Al
IAISME caldcs 8c Régidots deſdites années mil ſix
cent quarante-huit 8c mil ſix cent quarante
WUF» auſſi-bien, e le Général François
Nuñez d‘A'valos, lequel, quoiqu'il n'ait
pas été en charge cette année-là, deſtzrou
vé complice du crime de Faux-délateur 8c
de Calomniateur, 8c pour cette raiſon a
été condamné à une amende pécuniaire 8c
au banniſſement , ainſi qu'il 'eſt porté par
la Sentence dudit Seigneur Dom André
Garavito de Leon, ſol. 104., qui lui a
été notifiée, déclarant audit Nuñez d'Ava
los que c'eſt ſans préjudice de ladite Sen
tence, 8c de l’Arrêt que pourront donner
ſoit pour la caſſer, ſoit our la confir
…mer , Noſſeígneurs du Coníkeil Roïal, entre
les mains de qui doivent ſe remettre toutes
les Pieces en original 5 6c Pavertiſſantdexé
cuter la teneur dezcellîe-ci , en ce qui le
_regarde 5 à faute quoi , il ſubira effective
ment en ſa perſonne 8c en ſes biens routes
les peines portées par la premiere Sentence.
Pour les Capitaines Manuel de Villalobos,
Diego Ximcnez de Vargas , 8c le Sergent
Major Thomas de Ayala , _Alcaldes 8c Re'
_gidors deſdites années , parceqdaprês avoir
_Îatffié 'par force-leſdits décrets, informa
pions_ 8:, autres actes, ils déclarerent auffi
tôt _auxcliîts Peres la violence dont on avoit
uſé pour les y contraindre, 8c proteſte
rent n'avoir point ſû le contenu des Pieces
qu'on leur faiſoit ſigner, 8c parceqſſen
aïant enſuite été inſtruits , ils leur en rent
DE L'HISTOIRE Du PARAGUAY. 39;
ſatisfaction par écrit, ainſi qu'ils le con
I6) 7.
feſſent dans leurs requêtes 8c dans leurs in
terrogatoires; pour ces raiſons, ils ſont s SEcoNnE
déclarés abſous 8c déchargés de ladite con D"
damnation, en tant qu'elle pouvoir les
regarder.
Signe', DOM JEAN BtASQUEz
DE VALVERDÉ.
. _ E
Par devant moi ,
Acro NSE FERNANDEZ RUANO,
Ecrivain public du Gouvernement 8c des
Viſites.
~ Collatiorme' à ?Original , par le même ,ſi
le 1. Octobre 1657.
Suit la légalzſlztion fizr l’Original.
TABLE
DE S MATIERES.

ALLARMES dans les dre de) Gouverneur


Réductions du Para de Rio de la Plata: ſa
guay , cauſées par la. conduite dans une per
vue des Soldats du ſécution contre le!
Gouverneur, !ſ Iéfiiires, 2E9- I131'
Ârias, (le Pere Fran , tête les deſſeins des
_çois ) !Millionnaire Indiens 8c des Anglois
des !tatines , eſt tué ſur la Ville de C01'
par les Mamelus , rientès , u.;
145. Bſanc-ſignés , arrêtés par
Artiaga (le Fret-e Gaſ des Anglois qui ſont
par de) Libelles qu'il fcandaliſés de l'uſage
répand contre les lié- qu-'on en devoir faire,
ſuires , 7.38. 1'67.
Audience Roïale de l'a Borea, (Ie Pere de) ſi
Plata : ſon ordre con Réponſe à l'Ordre
ue Dom Bernardin , qu'on lui- ſignifie d'e
15k- Elle nomme-par vacuer le College de
interim un Gouven Pmſomption &c les»
rieur du- Paraguay , Réductions du. Para.
1,85. Arrêt qu'elle na , I77
rend' contre D. Ber
nardin , illzid. C
Avila( Dom Eſievan d'7
ce qu'il mande au: CARDENËS , (Don:
Conſeil des Indes , au Bernardin de ) ſa Let
ſujct des Mines d'0: tre outra came au
des Jéſuites , 1:53. Recteur es Jéſuites
de Cordoue : ce que
B 111i en écrit Fiîvêque
du Tucuman , 4. Sa
BAygo-rri , (Dom Pe— conduire à Santa-Peas'.
DES MATIERES. 39T
d Corriente; , ç. Com . _ Il ſe brouille lus que
ment il en uſeà l'é jamais avec e Gou
gard des Jéſuites , 6. verneur, zz. Il met
Son entrée publique à la Ville en interdit ,
l‘Aſſomption , ſa pri zz'. Ce qui ſe paſſe
ſe de poſſeſſion, 7. entre lui 6c les Jéſui
Comment il ſe conci tes , 59. Il ſe diſcipli
Iie ſon Diocèſe: ſes ne publiquement : eſ
pratiques ſingulieres ſet de cette ſingulari
de devotion , 9. Il té, 40. ll annonce
tecrimine contre des comme par révélation
Religieux de ſon Or la mort d'un Miſſion
dre , qui s'étaient dé naire , 4;. Son entre
clarés contre lui, iz. priſe hatdie contre le
Irrégularité de ſa con Gouverneur : ce qui
duire 8c de ſes Ordi en arrive, 4S. ll s'ai
nations , ibid. Il veut grit contre les Jéſui
faire la paix avec les tes, 48. Il déſavoué
Guaycutus , 8c en les Arbitres qui añ
baptiſe quelques —uns voient abſous le Gou
ſans les inſtruire , i4. verneur, Gt Pabſout
Il fait abbatre le Mo de nouveau , 49. Nou
naſtete des Peres-de velles brouilleties en
Saint Dominique, iſ. tre eux 2 íls portent
Il fait déterter un Suiñ tous deux leurs plain
cide pour le mettre en tes à l'Audience Roïa
terre ſainte , 17. ll ré le, ſl. 8c ſuiv. Il
oit ſes Bulles, 8c en ſort de la Ville en
ait prudemment lui laiſſant l'ordre d'y
même la lecture , :Id publier un interdit,
71.. lctl nomme un Vi:
Sa rupture avec le
Gouverneur : à quel ee- érent , part pour
ſujet , 1.0. Il Pexcom l'A omption, 8c s’ar
munie deux fois , az téte àYaguaron; ce'
Sa réconciliation avec qu'il y fait, gg. Sa
lui , 8c nouvelle rup conduite violente avec
ture, 2s. Il paroît deux Eccléſiaſiiqucs ,
vouloir
Jéſuites :s'attacher les
ce qu’ctil’écrir ſ7. Ses craintes &ſes
nouvelles procédures;
au Roi en leur faveur iôid. Il déclare' nul
1.7.11 veut les char ce qu'a fait le Vice-ñ
ger d'une Cure In gèrent , 8c interdit \i6
dienne : ſes menaces , nouveau* la Ca irale 9
30. Il les rend odieux 60. il pren pour' .
par-ſeslouanges, zi… Confiſeur unï *lidl-ir
. r. vi
*J95
TAELî
gieux ,Apofiat , 6:.. ñ croit inſpiré de perſe'
Maniere fingnliere cutei: les Jéfnitesz- dc
dont il célebre l'Of quoi il les accuſe; 89.
fice divin, 8c commen-c Conſeil_ qu'il reçoit de
il ſoula e les Pauvres, ſon Confeffizu-r :ſes
6;.. Reception qu'il meſures pour chaſſer
fait au Gouverneur: les Iéſuites , 98. Son
ſa ſévérité envers les ordonnance violente
Ixcommuniês , 6g. ll en conſéquence , ioo.
exige, de nouveau du Ses Mémoires pour
Gouverneur la taxe juſtifier ſon entrepriſe,
qui avoir été perdue toy. Ordre qu'il re
par la ſaute de ſes çoit de l’Audiencc
Officiers , 70. Il exer Roiale des Charcas z
ce la J uriſdiction ſa conduite en cette
_ Roïale avec autant de occaſion , m5. Ce qui
hauteur que l'Epiſco ſe paſſe entre lui R le
pale , ibid. Ses pré Meſtre de Camp Gé
tentions, 8: Ordon néral au ſujet d'une
nance en conſéquence, Cédule' de Charles V,
7:. Il s’ernporte con 108. Il exeomrnunie
tre les Jéſuites , 8c ſe les Jéſuites; ſe retire
rétracte, 73. Il inter à Yaguaron , 8L veut
dir de nouveau la Ca s'aſſurer de la perſon
pitale , 8c ſuſpend ne du Gouverneur ,
'effet de ſon Ordon i io. Ille dupe, 8L re
dance , 7;. Sa. con tourne à la Capitale :
duite dans un péril réception qu'on lui
dont la Capitale eſt fait , H4. il ſe ſorti
menacée , 76. Ce qui fie dans le Couventde
ſe paſſe entre lui 8c le Saint François, Diſ
Provínc. des Domini cou-rs-odieux qu'il fait
quains,i79.C0mmen à ſes Domeſtiques, 8L
cement de ſa perſécu allarmes qu'il répand
tion contre les Jéſui dans la Ville par un
tes , 80. Ses inquiétu faux bruit, 115.0.
des , 8L ce qui le raſ lomnies qu'il fait pu
ſure , 81.. Il travaille blier , H7. Il eſt dé
à gagner le Gouver claré intrus , it9.Cir
neur, 83. Il veut conſiances de ſon dé
s'emparer d'une Mé part de la Province ,
tairie des Jéſuites , 8c 11.7.- Ses dili ences
ſe fait prêter ſerment pour faire vali r ſa
de fidelité par lesOr conſécration 8L ſa
dira-anais, .88. ll fc priſe de Poſſeffion ,
DES MATIERES. 39-7
l”. Sa conduite à de lui à la tête de ſes .
Corrientês, x47. Sa Ttouppes : défaite de
Lettre à ?Evêque du ſon Armée, 188. II
Tucuman : portrait remet le Bâton de
u"il y fait des Jéſui Commandement àce
uites ,— 148. Ordre Gouverneur, x90. Il
u’il reçoit de l'Au va à la Plata : com
ience de la _Plataz il ment il y eſt reçu,
part pour PAſſOmP 19s. Nouvelles fai#
tion , 6c n'y eſt pas cheuſes qu'il y reçoit»,
reçu ,- 151. lieſt nom 197. Sa .Lettre au Vi—
mé à Flävéché de Po ceroi du Pérou,- x99.
payau, 163.-. Il re Ce qu'il prétend trou
tourne à l’Aſſomp ver dc répréhenſible ,
tion : Lettre qu'il y dans' le Catéchiſme
reçoit de Dom Jean des Jéſuites ,ñ 22.7.
de Palaſox ,~ ibid. Il Cardenas, (lePere Fran
renouvelle ſa priſe de çois-Picrre de) Ne~
poſſeſſion ,ñ 165d Il veu de Dom Bernar-ë
recommence à invec din , apporte les Bul
tiver les Jéſuites, 8c les de ſon Oncle ſ19»
les chaſſe de leurs Irrégularité de ſa con
Miſſions des Itatincs , duire, zo. Il inſulte
16s. Il ſe fait élire 8$ menace publique
Gouverneur: meſures ment le Gouverneur .
qu'il prend pour chaſ zz. ll s'échappe des
ſer les Jéſuites , 175. mains de ce Gouver
Traitement qu'il fait neur, lſ. Il continue
à ces Religieux 8c à âlïnſulter, z4. Il err
leur College , 178. Il eſt puni par ſon On
récompenſe ſes Parti cle- , &c plus ſor-te
fans, 8c envoie un ment par le Gouver
Procureur à Madrid, neurfflbid. Il* fait cou
181. Il eſt jugé p.11: rir des Libelles pour
contumax , x84. Ileſi la défenſe de ſon On
ciré àcomparoître de cle , 38.
vant l’Audience Roïa Chtéchiſme des Jéſuites
le, 13g. Il ſe déter dans les Réductions :
mine à ne pas recon Dom Bernardin pré
naître Dom Sébaſtien tend y trouver des et*
de Léon pour Gou reurs monſtrueuſes :
verneur , ô( ne veut le Roi le* fait exami
entendre à aucun ac mr, 21.7. Quels ſu
commodement , 187. rent lesExanÎinateurs,
1l marche air-devant 2L8. Ecrit raiſonné du
398 -1~^ BLE
Provincial des Jéſui Cornejo ( Dom Adrien)
tes , 6c ſentimens des eſt nommé Proviſeur
Examinateurs , 1.2.9. du Paraguay : ſa con
Chaco : on manque duite, 19s.
une occaſion d'y in Cucllar , 8c Maſquer:
troduire la Foi, 11.9. ( Dom Gabriel de )
Projet d'un nouvel Séctetaire de Dom
Etabliſſement dans Bernardin, fait dreſſer
cette Province , 141. -unActe de la réception
Chaparro ( le Licencié de ce Prélat à la Plata,
Dom François) rê 1 97.Rétractation qu'il
duit les amendes , 6c fait pour la décharge
ſe voïant condamné ä de ſa conſcience, 1.”.
une forte amende ,
déchire les Obligations 'D
des Débiteurs , 69. DEPOHTIONS contſiuï.
Chapitre dela Cathédra
le de ?Aſſom tion, les Jéſuites : com
diviſé à Pocca ion de ment on en fait ſigner,
la priſe de poſſeſſion 169.
de Dom Bernardin , Dominique , Indien ,
8. Les Oppoſans ſe Dénonciareur des Mi
ſéparent, 8L ſont l'Of nes d'or du Paraguay:
fice dans PEgliſc des quiil étoit , dénoue
Jéſuites gctnutilité des ment de cette ma
efforts du Chapitre nœuvre , Ho 8c ſuiv.
pour fléthir ÏTVË ue
dans une occa [on 'F
preſſante , 77. Une
partie réitere ſes pro E M M E s. Sageſſe
teſtations à l'occaſion de celles du Chaco ,
du renouvellement de 2.8.
la priſe de poſſeſſion Florez, (D. François)
de Dom Bernardin , Lieutenant Général ,
6E. découvre le pwjetde
College des Jéſuites de nom Bernardin con
Pffilſſomption; ce qui tre les léſuires , rez.
s'y paſſe après la ſortie François (les Peres de
de ces Religieux, x79. Saint ) ſe déclarent
Cordoue , ( le Pere Jean contre D. Betnatdin,
de ) _ Franciſcain , eſt n..
chargé ſeul , par Dom Frias ( Ignace) \ÜÏW
Bernardin , des fonc ment qu'on lui fait
tipns Cutiales de toute pour le forcer à ſigne!
h Capitale, 7;. contre Les 1éſuitcs,t67z
DES MATIERES. 39,
Pnenleal , ( Chriſtophe déſintereſſement ñeï:
Ramirezde) ſes ma mal récompenſé ~. i-L
nœuvres au ſujet des eſt excommunié , u..
Mines d'or du Para juſſlqubù il porte le
guay , zx r. Sa rétrac re entiment de l'in
tationt, zzz. jure que lui fait le
Pere de Ca-rdenas, 2.1 .
G Il eſt excommunié
une ſeconde fois , zç..
GAlLlvl-TO DE LroN, Cc qu'il fait chez l'E
c D. André) eſt nom vêque , t6. Il ſe
mé Gouverneur du brouille plus que ja
Paraguay par interim, mais avec lui, GC ſe
18ç. Informations venge du Pere de Car
qu'il fait à Santa Fé: denas , zz. Ses pré'
ce qu'il dÊCOUVICfi-OQ. cautions contre une'
Sa Sentence définitive, entrepriſe hardie de
206. Il refuſe de 'vi l'Evêque, 4S. Il eſt:
ſiter les Mines z pour abſous par des Arbi
quoi Mamelſius
les , 2.07. ll, défait
2.08'. tres 8c par ?Evêque
quien triomphe, 48,
Il retourne à la Plata, nouvelles brouille
LIC- \ ries z il porte ſes plain
Grijëalva ( le Pere Chriſ tes à PAudience roïa
tophe) réception qu'il' le, gr , 8( ſuiv. llva
reçoit de Dom Ber trouver lTvêque ä
nardin :. ce qui la !ui Yaguaron', comment
avoit attirée , 7;. i-l" en. eſt reçu , 6$.
Guaycurus (les) veu Fauſſes démarches de
lent chaſler l'es Eſpa ce Gouverneur, 7x..
gnols de l'Allon1p Effet que produit ſur
tion, 8C ſont defaite lui une Lettre du Vice
par les Néophytes, roi du Pérou», 77. llñ'
159. eſt de nouveau ex
H communié ê( abſous ,
78. Sa conduite avec' .
INOSTROSA, (Dom ?Evêque qui vouloir'
Grégorio de ) 'Gou le gagner, 83, 8c ſuiv..
verneur du Paraguay z. Il' s’op oſe à l'entre
ſort caractere , u. riſe e Pl-Ivêquc ſur
Rupture entre Im' 6C 'es Jéſuites , 97. Ses
Dom Beruardin', à diligences pour faire
quel ſujet: ſa com échouer le- projet _de
plaiſance , 8c ce qui Plivêque à qui il fait
.cn arrive ,j to. Son prendre 1': change,
406 TABLE
IOÛ.. Meſures qu'il vêque qui vouloir ſe
prend, x09. Il va à les attacher, 7.6. Ils
Yaguaron avec ſix refuſent d'approuver
cents Indiens : ce ui les Ordinands , ço.
lui arrive dans l'E i Leurs ſentimens ſur un
ſe , oùíl ſigtiifieà 'E interdit de [Evêque ,
vê ue un exil 8è la 'ſz. Effet des repré
ſai 1e de ſon temporel, ſéntations qu'ils lui
I”. Il ſe laiſſe duper font faire ſur le dan
par PEvêque ,- 114. ll ger de la Capitale, 76.'
le fait lbmmer de Commencementde la
partir our ſon exil, *perſécution qu'ils eſ
8c le ait déclarer in ſuieiÿt, 80.' De quoi
trus , x18. Son Ecrit Dom Bjéiînardin les
à ce ſujet, ru. Sa accuſe , SO. Leur
conduite après le dé tranquillité, 99. Leurs
part de Dom Bernar courſes dans le Tueu
din, H8. man , 11.7. Comment
Hinoſiroſa ( le Pere de ) ils ſe conduiſent au
Frere du Gouverneur ſujet des Mines d'or
eſt exilé par Dom Ber dont on rêtendcit
nardin , 49. u’ils jouiflgienmzz..
Hínoſiroſa , ( le Pe're 1 s nomment un Juge
Lopé de ) Fils du Gdu Conſervateur, 158;
verneur , reçoit beau Ils ſont ínvectivés de
coup de careſſes de nouveau par l'Eve
Dom Bernardin: dans que , qui les chaſſe de
quelles vûes elles lui leurs Millions des Ita
ſontfaites , 86. tines, 166. Ils ſont
maltraités à Fliſſomp
I ' tion, 173. lls ſont
chaſſés de leur Col
JEsut-rns (les )I.ettre lege à. main armée,
qu'ils reçoivent de D. 8c jetrés dans une Bar
Bcrnardin dc Carde que ſans Proviſions 8c
nas , 4. Ils vont au ſans Rameurs, I747
devant de lui: ils en Comment ils arrivent
ſont bien reçus: pour 8C ſont reçus à Cor
' 0i,7.lls prêtent leur tientès , x79. Ils por
gliſe du conſente tent leurs plaintes à
ment de Dom' Bernar l’Audien’Ce Roïale 5c
din à une partie du nomment un Juge
Chapitre de la Cathé Conſervateur , 183.
drale , 9. Leur con La prévention ſubſiſte
duiec à l'égard- del'1².~ contre eux : ce qu-'on
DES M ATVICERES.
470 t
leur reproche, 19;. Leon , ( D._Dieguc Pou»
ce de) votſiez Ponce.
Perſécution qu'ils eſ
ſuient de la, part de Leon , ( Dom Sébaſtien
FI-Lvêque de Buenos de ) Meſtre de Camp
Aryrcîs , l t9. Leur Ca Général : ſon zèle
techliſme_ eſt trouvé contre les déſordres
repreheiilible parpDoin qui arrivent dans la.
Betnardin i Ecrit rai Cathédrale au ſujet
ſonné de lcur Provin des amendes qu'on y
Cial , 8c ſentiment des reçoit,, 68. Ce qui
Examinareurs , 2.1.7. ſe paſſexntre lui 5c
Nouveaux bruits qui llvêque au ſujet d'u
courent contre eux ne Cédule de Charles
au ſujet des Mines, V , 108. Il reçoit des
a. t i. Libelles répandus Proviſions de (Sauver
. contre eux, L58. Ce neur Bt de Capitaine.
qui fait revenir bien Général, iSç. ll dé
es Gens en leur fa fait les Epiſcopaux 8c
veur , 241. eſt reconnu pour Gou
Itatines. Déſordre arrivé verneur dans la Ca
7 dans une Réduction pitale , x89. Il réta
de ces Indiens: com blit les Jéſuites àl’Aſ~
ment on y remédie , ſomption , 5C eſt re
i 59. Les Mariielus en connu pour ſecond
mettent un grand fondateur de cet Or
nombre à la chaine, dre , 191.. 1l eſt perſé
x47. Diſſipation des cuté z ſervice qu'il
Itatincs', 8c pourquoi : rend à ſa Patrie, 194.
ct L’Audience de la 'Pla
ce qu'il en coûte pour
les réunir, 169, 6c ra approuve ſa con
ſuiv. duiteGaraviro,
léon , 198. voiſie;
L,
Garavito.
LARIS, (Dom L0 ez , ( le Pete Barthé
Hyacinthe de) Gou emi) Provincial des
verneur de Rio de la -Dominiquains , re
Plata , ſe tranſporte , coiicilie Dom Bernar
avec le Délareur des din avec le Gouver
Mines , ſur les lieux , neur , 79. Ce qui
izz. Ses diligences ſe paſſe entre lui 8c
pour les découvrit: cet Evêque , ibid. Soil
Réponſe ſinguliete entretien avec le Gou
qu'il reçoit de Dom verneur pour l'atta
Bernardin de Carde cher à Dom Bernar
_.‘ nas à ce ſujet, x36. v din , 84. Pourquoi il
4'02. TABLE
prend le parti de ſe ui donne líeuà cette
. retirer, 86. able , 8c ce ui en
eſt , 130. Denouc
M \ ment de l'intrigue d'un
nouveau Dénoncia
MALDONADO 8c Saa teur de ces Mines,
vedra, (Dom Mel z”. Nouvelles viſi
chior ) Evêque du tes de ces Mines avec
Tu cuman :-ſa Lettre le Dénonciateur qui
à Dom 'Bernardin de s’évade z ſon aveu
Cardenas, 4. Répon lorſqu'il fut arrêté,
ſequ'il lui fair, 1p.. zzr.
Sa Lettre au Roi, Miracle de la Grace ſur
2x6. Ce qu'il écrit quelques Chrétiens,
aux Papes Innocent 128.
X 8c Alexandre VII, Mancha &c Velaſco (D.
2.57. Son. autre Lettre Chriílophe) ſa perſé
au Roi, :wi _ cution contre les Jé
Mamelus (les) fondent ſuites , 1:9. Il ſe
àlïmproviſte ſur les reconcilie avec eux:
Iratines , en mettent ſon émineure ſainte
and nombre àla téàla mon, zu."
channe , 5L tuent leur Mora , (le Pere Fran
Miſſionnaire
ſ Mancera , (le ,Marquis
147. çois Vaſquez de la)
ſon Mémoire raiſon
de) Yiceroi du Pé né au ſuer du Caté
rou ſa Lettre au chiſme es Iéſuires,
Gouverneur du Para 1.2.8.
guay , au ſujet des N
troubles de cette Pro
vince , 77. NEOPHYTES (les) du
Manſilla ( le Pere) ac Parana rendent un
compagne le Pete Ro grand ſervice à la
mero, au Chaco, x41.. Province du Paræ
Marquez (le P. Pierre) guay , 13-9. Ils répri
el nommé pour une ment les Payaguas,
Mi ion dans le Cha 19g. Ils défont les
co : ſa mort, 12.9. Mamelus , obligent
Martyre du Pere Pierre les Guaycurus
retirer de ſe
, 8L rebâriſiſienr
Romero , d'un jeune
Eſpagnol 8c d'un Ita l'Egliſe de Sainte Lu
tíne , x43 ce, 209. Ils arrêtent
Mines d‘0t ptétendues les deſſeins de plu
trouvées dans la Pto ſieurs Indiens 8c des
vincc dllruguay a ce Angloirſur la VillQ
DES MATIERES. 4e;
de Corrienrès , 2.2.5. Eſcobar ) eſt nommé
Ils délivrent le Gou Gouverneur du Para
verneur du Paraguay ' uay, 161, En quel
d'un grand danger, tat il trouve la Ville
14;. de [Aſſomption z ce
Nieto , ( François )Au qui lui arrive en y
guſtin Apoſtat.: ſon allant, x64. Sa con
caractere 61. Dom duite à l'égard des
Bernardin le prend Jéſuites, x55. Il ne
pour ſon Conſeſſeur . s'op oſe as à l'ex
62.. Conſeil violent pul ron es Jéſuites
de ce Religieux , qui de leurs Miffionsdes
ſe charge de donner !racines , dont il pré
des coups de poing au voit les ſuites , x67.
Gouverneur, 98. Il Sa mort ſubite , 174.
découvre lui-méme
'les deſſeins de ?Evê P
que ſur les Jéſuites,
[oz, PAI-AFD!, (D. Jean
Nolaſco, (le Pere Pier de) Evêque des An
re) Supérieur des Re ges au Mexique z ſa
ligieux de la Merci, Lettre à Dom Bernar
eit nommé Juge-Con din, 163. Autre Let
ſervateur par les Jé tre au Pape innocent
ſuites : ſa Sentence X; ce qu'el.'e pro
contre Dom Bernar duit, 2.56.
diu, 184 , 2.17. Paſtor (le Pere Jean)
ſollicite le Gouver
0 neur de viſiter les Ré
ductions , 2.07.
GCON, (D. Jean) Payaguas (les) ſont
Alphonſe) Archevê reprimés par les In
que de la Plata, eſt diens des xéductions ;
chargé par le Roi de ſingularité de leurs
faire examiner le Ca attaques ,,r94.
téchiſme des Jéſuites , Per-alta , ( D. Gabriel
11.5. Il nomme un de ) Doïen de la Ca
~ Viſiteur pour exami thédrale , eſt nommé
ner cette affaire à. Juge - Conſervateur
PAſſomption , 2.2.7. par les Jéſuites : re
Clovis @le Pete Jean) téſentation qu'il leur
eſt nommé pour la air , 184. Sa Senten
Miſſion du Chaco : ſa ce contre les Parti
mort , 12.9. ſans de Dom Bernar
Oſoiio , ( Dom Diegue din , ibid. Sa Lettre
40$ TABLE
au Préſident du Con tophe de) el! nommé
ſeil des Indes' , 1x7. Proviſeur 8c Vicaird_
Philippe lV fait exami Général de Dom Ber lAñl
iierlc Catéchiſme des nardin, 8. ll réprend Díaz )
Jéſuites : Sa Lettre à la Place qu'il occupoit préſente
l’Evêqne de la Plata à pendant la Vacance de J3
ce ſujet , 1.2.5. du Siege : ſon Mande ment el
Ponce de Léon , (Dom ment , nr. 198
Diegue) Tréſorier du Sanchez ( Dom Fer 'Iruxiua ,
Chapitre de la Cathé nand) Chanoine du Franciſe
drale , s'oppoſe à la. Chapitre' de l'Aſ Vicegêrz
priſe de poſſeflion de ſorríption , s'oppoſe à Bemzrdi
Dom Bernardin, 8. la priſe de poſſelſion
Traitement qu'il rc dc Dom Bernardin,
çoit de cet Evêque , 8c fair' l'Office dans
i7 l'Egliſe des Jéſuites , . (Elle Proi
Propagande ( la) exa 8. Traitement qu'il reñ'
mine la validité de la çoit de l’Evê ue , 57. î
conſécration 8c de la Sentence qu‘i reçoit,
priſe de poſſeffion de G7.. ' VALVER]
de Dom Bcrnardin , sarmiento, (D. Alonſo) .TcazzBla/Z
rzſ Gouverneur du Para ſiteur du
R , guay , extrémité où ſes recher
il eſt réduit par les Mines d"
RMS-nanou. Leur Indiens en Comman ſuiv. 11 e(
état dans le Tucu de : ſecours qu'il re PAÏCÏNVÈ(
man, 139. Déſor _çoit des-Indiens des
dres arrivés dans une Réductions, 14-..
Reduction des ltati Sobrino (le Pere ) Rec Fill de _la T;
ncs : comment on y teur du College des
remédie , 140. Jéſuites: ſes complai
Romero( le Pere Pierre) ſances pour Pl-Zvêque,
reçoit une ſingulier: 8c ce qu‘il lui en coû
excuſe de Dom Ber te, zz. ll couvre l'E
nardin , 89. Il ſe vêque de ſon trian
charge d'une entre teau , 47.. ll propoſe
priſe ſur le Chaco , un projet d'accom
x41. Son Marrytc , , modement entre l'E
145* vêque 8c letcouver
S neur: ce qui le fait
manquer , gr. Rd
SALVATIERRA , (le uêtes qu'il (préſente
Vicomte de ) _Viceroi al'Audience elaPla~
du Pérou , x99. ta : comment elles
Sanchez ( Dom Chriſ ſont reçues , x98.
DES MATIERES, 40$'
Plata de faire examid
T ner le Catéchiſme des
Jéſuites , 2.2.7. Nou
lAño (le Pere velles viſites qu'il fait
Diaz) Requête qu'il des Mines avec le Dé
préſente à 'Audience nonciateur , 2.31. Sel
de la Plata : com deux Sentence: défi
ment elle eſt reçue, nitives à ce ſujet,
198 7.54.
'Truxillo , (le
ſi Frapciſcain Pere)
, nommé Villalon , ( le Prere San
Diego) Procureur de
Vicegêrent par Dom Dom Bernardin, eſt
Bernardin, leve tou envoïé en Eſpagne a
tes les Cenſures . 54. vec des Procès-ver
Iucuman. Courſes des baux , 6C pourquoi ,
Miſſionnaires dans x81..
p cette Province, 12.7. Villaſanti , (Jean de
Vallejo) Général des
V Trouppes de Dom
Betnardin fait enfon
ALVERDÉ , (Dom cer les portes du Col
Jean Blaſqucz de ) Vi légc des Jéſuites z trai
ſiteur du Paraguay: tement qu'il fait ac”
ſes recherches (ur les Religieux , 178.
Mines d'or , 2.10. ge Violences exercées par
fuiv. Il eſt chargé par les Officiers de Don;
lT-rchevêque de la Bernardin, ÇS 8g: ſuiv

Fin dela Table des Maticrçs de ce Volume,


~

LISTE”
DES PIECES JUS TIFICATIVBS!
De ce Volume.
BUL LE de Grégoire Xlll, qui permet au!
Jéſuites de nommer un Juge-Conſervateur,
qui prononce au non-i du Saint Siège contre ceux
qui les ont vexés dans leurs biens &c dans leur
honneur. Gregarti decimi Tertii jàcultas confer
vdtoria , ée. î ‘-.
.tde.

Déclaration ſatísſactoire de Dom Betnardin do


Cardenas.
Fentence du Pere Dom Pedro Nolaſco , 3uge~Con~
ſervatcut des Jéſuites du Paraguay , contre Dom
Bernardin de Cardenas , Evêque du Paraguay.
ientence de Dom André de Léon Garavito , contre
ceux qui ont eu part à l'expulſion violente des
Jéſuites de leur College de Ptäſſomption.
Létractation ſatisſactoite de Dom Gabriel de Cuel
lar 8c Moſquera au ſujet des calomnies, qu'il
avoit publiées contre les Jéſuites.
'entente del Dom Gabriel de Petalta, Juge-Con
ſervateur des Jéſuites , contre les Exécuteurs des
violences de Dom Bernardin de Catdenas enven
les Jéſuites.
.ettre du même au Comte de Peñaranda.
.ettre de Dom Pedte Baygorri, Gouverneur de
Buenos-Ayrës , au Préſident de [Audience Roïalc
des Charcas.
*ieces relatives àla Iunte convoquée par ordre du
Roi Catholique pour l'examen de la Doctrine
enſeignée dans le Catéchiſme en Langue Gua
ranie.
'temiere Sentence de Dom Blaſquez de Valverdé
au ſujet des Mines d'or.
:conde Sentence du même , ſut le même ſujet.
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