#india2018mcmarco
RISHIKESH
[ Transit time ]. Les agents
du wagon A1, à la tombée de
la nuit violette. Le train qui
emporte le voyageur pour une
destination encore secrète,
hors du programme prévu, est
hyper connecté. Aussi, des
informations cruciales sont
tout à coup accessibles.
À 6 heures du matin, mercredi
28 mars, il est prévu sur la
bonne ville de Varanasi, Uttar
Pradesh, un pic de pollution
aux particules fines de 420
PAQI. (À titre d’indication, au
même moment, à Nantes il est
prévu un niveau de 28.)
Le voyageur inconscient
du danger s’est pourtant
échappé à temps vers les
airs frais de l’Himalaya. C’est
une sorte d’intuition qui a
du motiver son changement
de programme. Il échappe
donc à ce que les experts
du climat appelle le niveau
apocalypse, celui où personne
ne sait vraiment sur quoi ça
débouche pour la santé des
hommes et l’équilibre naturel.
Mais ce sont toutes les nuits
depuis plusieurs jours que
dans toute la plaine du Gange,
tout le sud de l’Himalaya,
les niveaux de pollution sont
catastrophiques.
C’est donc une course
poursuite contre la montre
qui est engagée avec le nuage
toxique (poussières de toutes
sortes dues aux activités
agricoles et à l’érosion,
vapeurs des véhicules dont les
innombrables 2 temps, fumées
des brûlis et charbon de bois,
industries, etc.) et ce nuage a
la largeur d’un continent.
Carte postale. Le bled est rempli d’ashrams, de centres de yoga
et de méditation, truffé de yogis et de gurus, parcouru par les
occidentaux versant yoga et versant rafting, les marchands du
temple abondent. But it’s a peaceful place et ça, ça repose
méchamment.
Monochrome de whitman.
C’est la seule décoration de
la chambre que le voyageur
a loué dans un ashram dont
il est le seul occupant, à flan
de montagne. L’hôte est une
personne qui a fait vœux de
silence, nous communiquons
peu et par écrits interposés. Le
lit est sans matelas, quelques
couvertures.... Sans doute un
premier point d’appui vers la
zénitude.
Dans les derniers rayons du soleil couchant (cliché), une
assemblée se regroupe autour de musiciens qui improvisent. Le
moment est typiquement baba, même pas new age. Beaucoup
de jeunes femmes aux corps déliés et aux vêtements légers et
amples, de jeunes hommes à dread locks, barbes et bandeaux.
Bref, toutes les affèteries cool qui résonnent avec les sollicitations
publicitaires omniprésentes dans les rues et qui vantent les
mérites des gurus yogi (stages en tous genres) avec portraits aux
regards pénétrants. Le Gange déroule son ruban émeraude (cliché)
et demain sera un autre jour.
Coupures d’électricité, peut-être les conséquences d’une expansion
urbaine trop rapide, mais pleine lune d’autant plus remarquable.
Le voyageur a rencontré de belles personnes, dont une qui, après
de longs conciliabules dans un mélange d’anglais et de français,
l’a pris dans ses bras pour un au revoir amical. Et c’était devenu
si rare, toucher quelqu’un avec affection, qu’il lui en fut très
reconnaissant.
A Soixante ans pile d’écart,
à quelques kilomètres de
Rishikesh, j’aborde le « Beatles
Ashram ». Tout le groupe
était venu là en 1968 sous la
houlette du Maharishi Mahesh
Yogi.
C’est l’occasion d’un dialogue
par Whatsapp avec les élèves
d’une classe avec lesquelles
j’avais travaillé pendant
une année entière sur la
scénographie d’un spectacle
pour les 50 ans de l’album
« Sergent Peppers ».
— « Un grand salut aux
élèves de TSTD2A à qui j’ai
pensé toute cette journée,
en présence de toutes ces
figurations des Beatles sur
les murs de l’ashram (devenu
mémorial) qu’ils ont fréquenté
en 1968. @ferme.boite ou  @
urlub sauront, entre autres,
faire passer le message. Si
j’avais su que je venais là,
j’aurais emporté vos images et
les aurais collées sur les murs
votifs. #std2alivet
— bonjour de toute la classe
de terminale ! On espère fort
que vous passez du bon temps
en Inde, à Nantes vous nous
manquez également beaucoup
et nous aurions adoré terminer
l’année avec vous ! Nous
avons tous énormément
appris durant ces 3 années
avec vous et nous garderons
un précieux souvenir de ces
expérimentations, projets, et
de la générosité que vous nous
avez insufflée tout au long de
notre parcours
Merci beaucoup, profitez bien !
— Message reçu. J’ai passé
le temps de la découverte,
de l’enthousiasme et de
l’exotisme. Je regarde le
monde du haut des montagnes
himalayennes. Je pense parfois
à vous toutes et tous de cette
classe qui m’a tant plu. »
[ Rishikesh ] Ashram des
Beatles. Fresque de Artxpan.
[ Rishikesh ] Ashram des
Beatles. Fresques de Artxpan.
[ Rishikesh ] Ashram des Beatles 1968. Nous l’appellerons la chambre de John Lennon et celle de Georges Harisson.
La divinité du jour a un côté doloriste et mise en abyme
monstrueuse. Cinq mètres de haut tout de même, on dirait une
sculpture de Ron Mueck.
Pour me rendre dans mon havre de silence et de fraîcheur, il me
faut marcher 20 minutes sur une sérieuse pente en traversant un
petit hameau agricole grignoté par l’urbanisation rapide dans le
coin. Les femmes coupent les céréales et différentes herbes dans les
micro parcelles et les portent pour être transformées. Beaucoup de
guesthouses se construisent un peu partout et ces femmes croisent
de plus en plus souvent d’autres jeunes indiennes en mini-short et
lunettes de soleil.
Pollution supplémentaire pour le Gange. Au bas mot 300 personnes
sur ce spot dédié à l’embarquement pour du rafting. Pour rafting
il faut entendre balade et baignade dans l’eau sans raft, quelques
vaguelettes. Le tout s’accompagne systématiquement de grands cris
par ces groupes d’indiens qui s’offrent ce loisir. Les rares méditants
qui continuent à penser le Gange comme un vecteur transcendantal
doivent en plus composer avec de grandes embarcations à moteur
qui déboulent dans le seul but d’aller vite avec les touristes indiens
embarqués. On se croirait au meilleur des gorges du Tarn croisé avec
les côtes varoises.
 Purement rétinien

Pas de pause dans la bab attitude.

[Transit time]. C’est une philosophie !