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Archives>Les Journaux de l'Année>Journal de l'année Édition 1972>Faits divers>L'affaire
Delouette et le SDECE : des réactions en chaîne
Éd. 1972
Le train de vie fastueux d'Édouard Dega (il venait d'acquérir une villa
de 400 000 francs et un appartement luxueux) avait fini par attirer
l'attention, car il était par trop en contradiction avec les émoluments
(3 500 francs par mois) correspondant à sa fonction. Mais ce
scandale, qui aboutit à l'incarcération du fonctionnaire corrompu,
dépasse largement sa personne. Son frère et présumé complice,
Georges Dega, avait, jusqu'en 1964, été attaché au cabinet de
J. Chaban-Delmas, qui s'était séparé de lui en raison de ses indélicatesses.
Quelques semaines plus tard, on s'aperçoit que la capitale n'a pas le monopole de la
fraude. À Lyon éclate l'affaire des fausses factures. Des dirigeants d'entreprises
établissaient les uns pour les autres des factures ne correspondant en réalité à aucune
tractation réelle. Celles-ci, passées en comptabilité, permettaient de récupérer la TVA
auprès du Trésor.
Le propriétaire de la camionnette, Roger Delouette, âgé de 48 ans, fut d'abord pris pour un
trafiquant comme il y en a beaucoup — et beaucoup trop — lorsque son arrestation eut lieu
en avril 1971. La bombe n'éclate que quelques mois plus tard, en novembre, lorsqu'on
connaît la teneur des déclarations qu'il a faites devant les enquêteurs américains.
Roger Delouette affirme qu'il faisait partie du SDECE et qu'en convoyant l'héroïne en
Amérique il avait obéi aux ordres que lui avait donnés son chef au Service de
documentation extérieure et de contre-espionnage, un certain colonel Fournier. Le
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procureur fédéral du New Jersey, Herbert Stern, estimant que la police française, à laquelle
il avait demandé des explications, l'avait en quelque sorte lanterné, lance des accusations
fracassantes et fait inculper Paul Fournier par le tribunal de Newark.
Néanmoins, à Paris, un juge d'instruction, Roussel, est commis pour examiner l'affaire. Il
entend alors le colonel Fournier, avec un grand luxe de précautions pour empêcher qu'on
puisse le photographier. Ces mesures de sécurité ne servent pas à grand-chose. Tout le
monde ne tarde pas à connaître la véritable identité du fonctionnaire : Ferrère.
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