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#india2018mcmarco

BUNDI
Gare de New Delhi. Porteur
d’ombre, sari orange et vendeuse
de légumes. Le voyageur n’arrive
pas à y croire, les quais des
gares sont saturés mais c’est
un maelstrom qui possède sa
propre logique et tout glisse,
tout passe.
[Bundi]. Ici, la lumière du
matin est douce. Premier
chai au Radjasthan. À 7:00
AM, il ne faut pas pousser, la
plupart des indiens ne sont
pas dans la rue. Les cochons
du coin, plutôt des sangliers,
vagabondent en fouissant les
fossés. Le garçon qui aère le
chai a des gestes très élégants.
C’est une procession régulière
de vaches qui viennent humer
le même tas de déchets
sans trouver quelque chose
à leur goût. Une femme en
sari multicolore nettoie avec
son balai de branchages
les détritus de la veille, les
mets en tas puis y met le
feu. Un tracteur s’arrête et
deux enfants descendent de
la remorque chargée à bloc
de briques orangées et font
la lecture du quotidien au
conducteur qui, concentré et
ravi, ne semble pas savoir lire.
Tout le monde m’a dit good
morning welcome sans rien
demandé. J’ai toujours répondu
avec grand plaisir. Thank you
miss or sir, have a good day.

Monkey time et surenchère.


Bonjour à la divinité du jour, un Ganesh totalement allumé qui aurait
trop fumé de l’excellent haschisch du coin, du moins c’est ce qu’on
m’a dit.
[Bundi]. Beaucoup de figures historiques sont peintes sur les Le voyageur est toujours gentillement accueilli dans les maisons, maharadjas. Mais les images s’effacent progressivement comme se
murs des maisons de Bundi. L’éléphant règne en maître de les enfants, les femmes, les familles ouvrent facilement leurs dissolvent ici comme ailleurs nombre de mariages forcés ou non.
l’iconographie. Mais de vrais éléphants, finish, kaput, il y a belle portes et un point ethnographique s’éclaire : qu’on ne se
lurette. leurre pas, les nombreuses peintures d’éléphants font partie de
l’iconographie peinte sur les murs de la maison des nouveaux
mariés qui s’identifient ainsi aux mariages historiques des
Tentative de typologie des
boutiques, échoppes &
ateliers.

En fin de matinée, très peu de


monde dans la rue principale,
mais ensuite, il fait trop
chaud, tout le monde aux
abris.
Vers 17 heures, les boutiques
ouvrent réellement et un flot
de couples et de familles arrive
des campagnes environnantes
pour « faire ses courses ».
La nuit tombe comme une
enclume et tout s’accorde ;
chaque échoppe s’éclaire de
lumières timides, festives ou
aveuglantes, les négociations
s’enchaînent et puis vite, tout
à coup, tout ferme et à 10
heures, plus personne dans
la rue.
Même les vaches, les chiens,
les sangliers et les singes sont
partis se coucher.
Le voyageur a à peine le temps
de grignoetr un morceau, la
plupart du temps chez Ringo
Star.
Il faut se lever tôt à 6 heures, pour profiter de la lumière de l’aube, ne
pas cuire au soleil déjà chaud de 8 heures et dessiner cool, sous le regard
des balayeuses et des premiers artisans qui commencent leur journée.
Bundi est le royaume de la patine du temps. Tout est intègre années 50 en France — toute culture différente — après que
ici, rien n’est muséïfié dans le bled. Chaque ouverture est la seconde guerre mondiale ait été encaissée et avant que les
marquée du sceau de l’histoire quotidienne, des saisons activités agricoles ne soient désagrégées et que la « way of
accumulées et des usages anciens encore en cours. Je me life » américanisante ne soit implantée. (Bonjour la phrase ! )
trompe peut-être mais l’ambiance devait être la même dans les
[Bundi]. Pour
quelqu’un qui
est branché par
les stepwells et
autres baolis, je
suis gâté : De la
terrasse du modeste
haveli où je loge,
vue du matin au
soir sur un baoli
très vivant autour
duquel des groupes
plutôt nomades
viennent cuire
des pains qu’ils
vendront dans
la journée, de
petites processions
hindous vont et
viennent, des
repas de mariages
s’organisent.
Mais dans Bundi,
une vingtaine de
baolis sonttoujours
là, parfois
entièrement
couverts par des
grilles et toujours
désespérément
à sec : la nappe
phréatique a
considérablement
baissé ces dernières
années.
Dans les rues de Bundi et
dans les campagnes alentour,
le voyageur croise en
permanence des personnages
magnifiques (attention
aux superlatifs !), des
gens d’une grande densité
physique, aux gestuelles
d’une grâce hypnotique,
d’une authenticité inconnue
de lui. La société dans son
ensemble semble corsetée
dans des rituels et des
protocoles sociaux très
contrôlés, mais dans un
patchwork coloré sidérant
pour un occidental tout
habillé de gris.

C’est un vendeur de tabacs,


dans une toute petite
échoppe dans un tout petit
village, qui ne cesse de faire
le pitre — avec ses postiches
— lorsqu’il est sollicité. Cet
homme malicieux est une
vraie bouffée joyeuse dans
un univers très austère, dans
la difficulté de sur-vivre,
dans les conventions sociales
ultra-conservatrices.
Le voyageur-dessinateur est chez Mr Doria, tisserand. L’idée d’un motif secteur en longues conversations avec des artisans et commerçants
naît de la discussion. Aussitôt dit, aussitôt fait, la création n’attend très aimables et perspicaces. Le voyageur fait fabriquer des boucles
pas et un nouveau « French canvas » va bientôt apparaître sur les d’oreilles en dessinant là encore le modèle, il échange sur la pratique
châles et foulards de l’artisan. D’ailleurs, le thermomètre atteignant plastique avec un peintre miniaturiste talentueux qui « s’est battu pour
43 aujourd’hui, le territoire du voyageur se cantonne à un petit apprendre », c’est dit-il « in India the struggle for life ».
Point presse dans les matins dorés de Bundi. Tournée quotidienne ramassage et distribution du lait. Ce soir, il y a eu une veillée très simple pour réclamer « justice for
Asifa », une petite fille torturée et tuée il y a quelques semaines,
une affaire dont on parle dans toute l’Inde. La centaine de personnes
présentes, des jeunes gens et quelques femmes, ne polémiquaient
pas sur la police (impliquée) ou sur les origines religieuses toujours
sous-jacentes ici. C’était un recueillement profond.
Mr Kukki is the best one. Il emmène le voyageur sur sa moto pour une virée dans les campagnes admirer
les peintures sur rochers dont il a découvert lui-même de très nombreux exemplaires. Autodidacte, c’est
une passion pour lui de faire découvrir cette histoire et ce patrimoine, qu’il communique aux officiels et
aux archéologues du monde entier lorsqu’ils viennent dans le sud du Radjasthan. Il faut parfois ramper
sous d’énormes roches pour découvrir les plus fameux spécimens, dont certains s’effacent définitivement.

Les gardiens des troupeaux de buffles, nombreux aux alentours, se protègent du soleil aux mêmes
endroits que 3000 ans plutôt étaient peints des signes abstraits (en haut à gauche) peut-être un des
chaînons manquants entre image et écriture.
Pas de Rajasthan sans palais de Maharadjah. Celui de Bundi est
gigantesque et surplombe le « village » saturé de maisons peintes
en bleu. Suraj Sumer, un jeune homme passionné d’histoire et
d‘architecture vérifie consciencieusement les tickets mais il n’y a
pas grand monde. Suraj travaille ici depuis presqu’un an, sans un
jour de vacances. Le dessinateur vient trois jours de suite, pour un
grand dessin A2. Il fait corps avec le bâtiment et les éléments, le
soleil dur, l’ombre tiède, la pierre chaude.
Le dessinateur découvre qu’il est vanné et incapable de produire
autre chose que des images de pacotille.

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