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“LF_179” (Col. : RevueLangueFrançaise) — 2013/11/17 — 21:52 — page 29 — #29


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Tijana Asic
Faculté de Philologie et des Arts de Kragujevac

Veran Stanojevic
Faculté de Philologie de Belgrade

Espace, temps verbaux, prépositions temporelles

1
1. INTRODUCTION
Parmi les expressions linguistiques servant à représenter les relations tempo-
relles en français, deux types attirent particulièrement l’attention des chercheurs :
les temps verbaux et les prépositions temporelles 2 . Pour ce qui est des temps
verbaux, ce qui est en cause c’est la multitude de leurs usages et la complexité
des instructions qu’ils donnent. De nombreux travaux proposent de définir
leur sémantisme en essayant de rendre compte de leurs fonctions diverses (Bar-
celó & Bres 2006 ; Gosselin 1996 ; Kleiber 1993 ; Martin 1971 ; Verkuyl et al. 2004 ;
Vet 1980 & 2008 pour ne citer que quelques références). Par ailleurs, certains
auteurs montrent que les paramètres servant à décrire les temps verbaux peuvent
aussi être utilisés pour décrire d’autres types d’expressions tels que les adjectifs
et les adverbes temporels dits relatifs : prochain, suivant, futur, etc. 3 (Borillo 2001).
Quant aux prépositions temporelles, elles sont linguistiquement d’autant plus
intéressantes qu’elles partagent un certain nombre de propriétés avec les prépo-
sitions spatiales (voir Vandeloise 1999 ; Anscombre 1992 ; Vaguer 2008). Alors
que les temps verbaux constituent une catégorie grammaticale relativement indé-
pendante, ayant pour fonction de situer les éventualités sur l’axe du temps, les

1. Nous remercions Jacques Bres, Francis Corblin, Dejan Stosic, François Gourlet ainsi que les relecteurs
anonymes pour leurs précieux commentaires et leurs remarques avisées sur certains points discutés dans cet
article. Il va de soi que les auteurs sont seuls responsables d’éventuelles erreurs d’analyse.
2. Cette recherche contribue aux projets scientifiques N° 178002 et N° 178014 financés par le Ministère de la
Science et du Développement technologique de Serbie.
3. Il s’agit des adjectifs et des adverbes qui opèrent une localisation dans le temps en fonction de repères déjà
établis. Le repère peut être fourni par le moment de la parole ou par tout autre événement situé dans le passé
ou dans le futur. Cependant, dans les deux cas, la localisation s’effectue de manière relative, par rapport à un
point de référence déjà précisé.

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L’expression du temps à travers l’espace : entités, relations et formes

prépositions temporelles sont souvent considérées comme dérivant conceptuel-


lement de prépositions spatiales. En effet, certains chercheurs montrent qu’il
est possible de décrire la sémantique des prépositions temporelles à partir de
traits spatiaux (Vandeloise 1999) ou de prédicats spatiaux (Ašić 2008). Cela est
en accord avec l’hypothèse du localisme linguistique postulant que certaines
expressions non-spatiales tirent leur origine de mots servant à décrire l’espace et
les relations entre objets dans l’espace (Wüllner 1831 ; Lyons, 1977 : 718).
Dans ce travail, nous essayerons de comparer les paramètres nécessaires
pour décrire la sémantique des temps verbaux 4 avec les relations utilisées pour
décrire les prépositions temporelles, dans le but de vérifier si tous deux reposent
sur un même ensemble de primitifs sémantiques d’ordre spatial. Notons que,
comme nous expliquerons plus tard dans cet article, la seule existence des temps
verbaux présente un défi pour l’hypothèse du localisme linguistique. Toutefois
si les temps verbaux sont, comme les prépositions temporelles, basés sur des
concepts de nature spatiale, ce sera un argument de plus en faveur de cette
hypothèse.
Par ailleurs, notre analyse pourrait aider à mieux comprendre la nature de la
représentation du temps et de l’espace et leur interdépendance.
Dans la première partie de cet article, nous introduirons brièvement une
approche minimaliste des définitions des prépositions. Ensuite, nous présen-
terons des définitions des prépositions temporelles et spatio-temporelles. Puis,
nous analyserons les paramètres nécessaires pour la définition des temps ver-
baux. Dans la dernière partie de ce travail, nous étudierons la relation entre la
sémantique des prépositions et celle des temps verbaux dans une perspective
cognitive.

2. SUR L’APPROCHE MINIMALISTE DES DÉFINITIONS DES


PRÉPOSITIONS
Les définitions des prépositions et des temps verbaux que nous allons proposer
dans ce travail sont de nature minimaliste en ce qu’elles obéissent au Principe du
Rasoir d’Occam modifié, proposé dans H. P. Grice (1978). Il s’agit d’un principe
philosophique assez rigoureux qui enjoint aux sémanticiens de ne pas multiplier
les sens d’une expression linguistique. Au lieu d’avoir une panoplie de sens
différents et vaguement connectés, on devrait proposer un seul sens valable
pour tous les usages d’une préposition ou d’un temps verbal, si dissemblables
qu’ils puissent paraître. Néanmoins, tout en obéissant au principe de parcimonie,
on doit formellement montrer quelle est la différence entre les expressions
linguistiques qui ont des contenus sémantiques très proches et se trouvent en

4. Il s’agit notamment des paramètres discutés dans Stanojević & Ašić (2008), que nous présenterons dans la
suite de cet article.

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Espace, temps verbaux, prépositions temporelles

distribution complémentaire (par exemple, des prépositions comme sur et contre


ou des temps verbaux comme le passé composé et le passé simple ; voir Asic 2008).
En gros, les définitions minimalistes, et notamment celles qui sont en mesure
de rendre compte de la variété d’usage des prépositions, doivent en même temps
être suffisamment précises pour expliquer les différences parfois très subtiles
entre certaines prépositions dont le sémantisme est très proche. La même chose
vaut pour les temps verbaux qui sont souvent en concurrence.
Un autre point mérite d’être souligné : nous optons ici pour une approche
basée sur la sous-détermination sémantique dont la conséquence est qu’un
bon nombre des effets interprétatifs produits par les prépositions et les temps
verbaux devraient être expliqués par des facteurs d’ordre pragmatique. Cela
veut dire que l’interprétation définitive d’une expression n’est obtenue que
lorsque l’instruction qu’elle encode est enrichie par des informations contex-
tuelles (comme nous le montrerons dans la section 3.4) 5 .
Partant des travaux de B. Clarke (1981), de A. Herskovits (1982) et de
C. Vandeloise (1986), entre autres, M. Aurnague, L. Vieu et A. Borillo (1997 : 72)
montrent que les données géométriques ne suffisent pas à saisir le contenu
sémantique des prépositions spatiales si bien qu’il est nécessaire de prendre en
compte aussi des paramètres fonctionnels et pragmatiques. C’est pourquoi, ils
proposent (op. cit. : 24) une théorie à trois niveaux qui leur permet de représen-
ter la signification des expressions spatiales et de rendre compte de déductions
diverses. Le niveau géométrique (que nous présenterons dans la section 3.2)
constitue la base du système. Un niveau fonctionnel prend en compte les pro-
priétés des entités introduites par le texte et les relations non géométriques entre
entités. Enfin, le niveau pragmatique s’appuie sur des informations extralinguis-
tiques, telles que le contexte. Il reste à vérifier si cette théorie en trois niveaux est
aussi applicable aux prépositions temporelles.

3. LES PRÉPOSITIONS TEMPORELLES

3.1. Trois types de prépositions


Les grammaires de langue française distinguent habituellement entre prépo-
sitions spatiales, prépositions temporelles et prépositions spatio-temporelles
(Grevisse 1986). Les prépositions spatiales désignent exclusivement des relations
entre entités spatiales (par exemple, devant, derrière, autour de, à travers, etc.), alors

5. Le contexte, dans son sens pragmatique, est l’ensemble des propositions que le destinataire considère
comme vraies ou probablement vraies et qui, conjointement à la forme logique de l’énoncé, constituent les
prémisses utilisées dans le processus inférentiel de l’interprétation. Elles proviennent de sources différentes :
l’interprétation des énoncés précédents (les informations qui se trouvent dans la mémoire à moyen terme), la
situation de communication (il s’agit des données perceptives tirées de celle-ci) et le savoir encyclopédique
(Moeschler & Reboul, 1994 : 237).

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L’expression du temps à travers l’espace : entités, relations et formes

que les prépositions temporelles dénotent uniquement des relations entre entités
temporelles (pendant, durant, lors de). Enfin, les prépositions spatio-temporelles
(avant, après, dans, etc.) désignent des relations entre les deux types d’entités.
Cette classification soulève plusieurs questions dont nous ne mentionnerons
que les plus importantes : i) Est-il possible de définir ces trois types de prépo-
sitions en se servant des mêmes concepts ? ii) Comment expliquer l’existence
des prépositions exclusivement spatiales ou exclusivement temporelles, si les
prépositions spatio-temporelles existent aussi ?
La réponse à la première question pourrait se fonder sur l’hypothèse du loca-
lisme linguistique, selon laquelle les expressions non spatiales sont dérivées de
mots servant à décrire l’espace et, partant, les relations entre objets dans l’espace
(Lyons, 1977 : 718). L’hypothèse du localisme linguistique est étroitement liée
à une autre hypothèse, de nature cognitive, à savoir l’hypothèse des relations
thématiques (Jackendoff 1985). Celle-ci postule que les notions abstraites sont
conçues selon des figures qui, originellement, servaient à concevoir l’espace.
Dans cette perspective, le temps est vu comme un pseudo-espace unidimen-
sionnel dans lequel on situe des éventualités, des moments et des intervalles
(Jackendoff 1992). Il faudrait donc trouver des prédicats suffisamment abstraits
pour pouvoir représenter tant les relations entre les entités spatiales que les
relations entre les entités temporelles.
S’il est vrai qu’ontologiquement et conceptuellement il n’y pas de différence
essentielle entre la nature ontologique des relations spatiales et temporelles,
il est légitime de se demander pourquoi toutes les prépositions spatiales ne
peuvent pas être employées dans l’expression des relations entre entités tempo-
relles et vice versa, pourquoi toutes les prépositions temporelles ne sont pas en
mesure de désigner des relations entre entités spatiales ? L’existence de prépo-
sitions exclusivement spatiales (en face de, dans le dos de, à gauche de, à droite de,
le long de, etc.) s’explique facilement par la complexité de l’espace par rapport
au temps. En effet, le temps est conçu comme unidimensionel et comme intrin-
sèquement ordonné, alors que l’espace est tridimensionnel (voir, entre autres,
Berthonneau 1992). Le sémantisme des prépositions spatiales repose donc sur
des relations qui n’existent pas toutes dans le domaine temporel.
Il convient d’ajouter ici que la manière dont les prépositions représentent
les relations spatiales n’est qu’une simplification des relations effectives entres
entités spatiales. En effet, les données perceptuelles dont on dispose lorsque
l’on observe les référents spatiaux et leurs positions relatives sont très riches
et fluctuantes, et les prépositions spatiales n’en révèlent qu’une petite partie
pertinente pour le discours (Aurnague, Vieu & Borillo, 1997 : 73).
Le problème qui subsiste, cependant, est celui des prépositions à usages
exclusivement temporels (par exemple, lors de, au moment de, durant et pendant).
Nous y reviendrons une fois que nous aurons présenté l’ontologie nécessaire
pour la définition des prépositions.

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Espace, temps verbaux, prépositions temporelles

3.2. Les prédicats nécessaires pour définir les prépositions


Dans leur article, M. Aurnague, L. Vieu et A. Borillo (1997) proposent une sorte
de géométrie cognitive qui fournit les prédicats dont on a besoin pour décrire
les prépositions spatiales et spatio-temporelles. Leur approche n’est pas basée
sur la géométrie classique euclidienne – celle-ci ne pouvant rendre compte de la
manière dont nous voyons et analysons l’espace – mais sur une théorie originale
qui combine la méréologie et la topologie.
Selon cette théorie, la relation de connexion, dont nous présentons la défini-
tion en (i) fonctionne comme un primitif (Aurnague, Vieu & Borillo, op. cit. : 76) :
(i) Deux individus sont connectés s’ils ont une partie en commun ou s’ils sont joints par
une partie de leur surface.

Ajoutons qu’il est possible de définir toutes les prépositions spatiales, tem-
porelles et spatio-temporelles en recourant aux prédicats et entités méréoto-
pologiques telles que inclusion, contact, connexion externe 6 , bornage, localisation
totale ou générique, trajet, etc. enrichies par la notion d’orientation, nécessaire pour
décrire les prépositions dites projectives (p. ex. devant, derrière) (voir aussi Van-
deloise 1986 ; Casati & Varzi 1999 7 ; Ašić, 2008 : 98-150).
La notion d’orientation est basée sur l’existence de cadres de référence. Les
cadres de référence servent à établir les coordonnées de l’objet référentiel (le
site), à partir desquelles on situe l’objet focal (la cible). Nous adopterons ici
l’approche de S. C. Levinson qui, dans ses analyses, opte pour trois types de
cadres de référence (Levinson 2003) 8 : 1. Le cadre de référence intrinsèque, 2. Le
cadre de référence relatif, 3. Le cadre de référence absolu. Le cadre de référence
intrinsèque est basé sur les parties inhérentes à l’objet-site 9 . Le cadre de référence
relatif s’appuie sur les axes corporels de l’observateur, qui peuvent être différents
de ceux du locuteur. Enfin, le cadre de référence absolu est basé sur des points
de référence abstraits et prédéfinis (comme les notions de Nord ou de Sud).
La majorité des langues et des cultures ont conjointement recours au cadre de
référence relatif et au cadre de référence intrinsèque.

6. ECxy =df Cxy ∧ ¬Oxy (Connexion externe)


(x est connecté de façon externe à y est égal par définition à x est connecté à y et x ne recouvre pas y)
7. L’ontologie spatiale de Casati & Varzi (1999) s’intéresse aux objets spatiaux, à l’échelle humaine. Elle est
composée de quatre théories, dont chacune traite d’une partie du problème, et dont les relations sont explicitées :
une théorie des relations entre la partie et le tout (méréologie) ; une théorie de la connexion (topologie) ; une
théorie dispositionnelle des trous (morphologie) et une théorie des relations des différents objets dans l’espace
(localisation).
8. Vandeloise a été le premier à utiliser la notion d’orientation générale, nécessaire pour définir les prépositions
projectives : elle est constituée de la direction frontale (dont le sens positif est déterminé par la position du
front et des orteils), de la direction du mouvement et de la ligne du regard (Vandeloise, 1986 : 29).
9. Il s’agit des objets qui ont naturellement une partie frontale et une partie arrière, p. ex. la voiture ou la
télévision.

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L’expression du temps à travers l’espace : entités, relations et formes

Nous avons besoin des cadres de référence pour introduire la notion de région
frontale (positive/négative) nécessaire pour définir, entre autres, les prépositions
devant et derrière.
(ii) La région frontale positive/négative à un objet : rfpy =df ιw (Pw(ny) ∧ ¬Pyw
∧ Rw ∧ Clw ∧ fpw(ry)) 10 (La région frontale positive à Y est égale par définition
à il existe un et un seul W tel que W est une partie du voisinage 11 de Y et Y n’est
pas une partie de W et W est une région et W est fermé et W est frontalement
positif/négatif relativement à la région de Y)

Un objet (la cible) peut se trouver soit du côté positif soit du côté négatif du
site : la région frontale positive/négative est définie par la structure intrin-
sèque du site (p. ex. Le ballon est devant la voiture) ou par la perspective du
locuteur/observateur (p. ex. Le ballon est devant le puits) 12 .

3.3. Les définitions des prépositions temporelles et spatio-temporelles


Nous allons maintenant illustrer les définitions minimalistes de quelques prépo-
sitions temporelles et spatio-temporelles. À partir de l’ontologie de R. Casati et
A. C. Varzi (1999) on proposera la définition suivante de la préposition pendant
(durant 13 ) :
(iii) e pendant y =df ∃w (Bwy ∧ WLe(ry)) (e pendant y est égal par définition à il
existe w, tel que w borne 14 y et e est totalement localisé dans la région de y.)

Cette définition est basée sur le prédicat « localisation totale » qui, lui aussi, est
de nature spatiale.
(iv) Localisation totale : WLxy =df ∃z (Pzy ∧ Lxz) (x est complètement localisé à y
est égal par définition à il existe z tel que z est une partie de y et x est exactement
localisé à z 15 .)

Notons que cette définition de pendant vaut pour les deux types d’emploi de
cette préposition, illustrés par les exemples suivants :
(1) Dusan a dormi pendant deux heures.
(2) Dusan a dormi pendant la journée.

10. Toutes les définitions utilisées dans la suite de cet article sont reprises de Ašić (2008).
11. L’opérateur de voisinage se définit comme suit (Ašić, 2008 : 103) : ny =df ιw (Pyw ∧ Opw ∧ ∀z(Pyz ∧ Opz
→ Pwz)) (Opérateur de voisinage)
(Le voisinage de y est égal par définition à il existe un et un seul w tel que y est une partie de w et w est ouvert
et pour tout z, si y est une partie de z et si z est ouvert, alors w est une partie de z.)
12. En l’occurrence, entre le locuteur et le puits, ce dernier n’ayant pas de partie frontale.
13. La substitution de l’une des deux prépositions à l’autre est possible sans changement de sens.
14. Définition de la borne : Bxy =df BPxy ∨ BPx(∼y) (x borne y est égal par définition à x est une partie de la
borne de y ou x est une partie de la borne du complément de y.)
15. Lxy → PLxy ∧ WLxy (Localisation exacte)
(Si x est exactement localisé à y, alors x est partiellement localisé à y et x est complètement localisé à y.)

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Espace, temps verbaux, prépositions temporelles

Dans l’exemple (1), l’action de dormir occupe la totalité de l’intervalle introduit


par la préposition pendant alors qu’en (2) l’action est tout simplement incluse
dans cet intervalle. Il est à noter que, dans les deux cas, le procès n’excède pas les
bornes de l’intervalle ce dont rend compte notre définition donnée en (iii) supra.
Nous présenterons encore un exemple de définition des prépositions tempo-
relles. Il s’agit de la préposition lors de (ainsi que de son synonyme approximatif
au moment de). Dire e lors de / au moment de y, c’est déterminer sur la ligne du
temps un intervalle borné (figuré par y) qui recouvre totalement ou partiel-
lement l’éventualité e. Notons que e peut être plus vaste que y (comme dans
l’exemple 3), plus petit que y (4) – ou encore, le rapport de taille entre les deux
peut être indéterminé (5) :
(3) J’étais ami de Nelsheim et hors de l’Allemagne, lors de sa mort. (Karr, Sous
les tilleuls, 1924)
(4) Sa fille, lors de son premier mariage, avait eu un enfant. (Leroux, Le Parfum
de la dame en noir, 1908)
(5) Le grand monde affluait si abondamment, et chacun mettait tant d’empresse-
ment à voir cette grande femme au moment de sa chute, que les appartements,
situés au rez-de-chaussée de l’hôtel, étaient déjà pleins quand Madame De
Nucingen et Rastignac s’y présentèrent. (de Balzac, Le Père Goriot, 1835)

Par conséquent, décrire les prépositions lors de et au moment de en postulant que


e est inclus dans y ne serait pas exact. Il y a, en effet, des cas où il est tentant de
dire que y est inclus dans e (lorsque e « déborde » y comme dans (3)). Tout ce que
garantit l’usage de ces deux prépositions, c’est qu’il y a au moins une partie de
la région de y où une partie de e est exactement localisée (sachant que la notion
de partie est employée ici dans son sens méréologique où elle ne correspond pas
nécessairement à une partie propre).
Le fait qu’une éventualité dénotée par e dans ‘e lors de/au moment de y’ puisse
avoir avec y les relations de taille évoquées supra nous incite à utiliser la notion
de localisation générique pour sa définition :
(v) Localisation générique : GLxy =df ∃z∃w (Pzx ∧ Pwy ∧ Lzw)
(x est génériquement localisé à y est égal par définition à il existe z, il existe w tel
que z est une partie de x et w est une partie de y et z est exactement localisé à w.)

Il est alors possible de définir les prépositions lors de et au moment de :


(vi) Définition de lors de/au moment de : e lors de/au moment de y =df GLe(ry)
(e lors de/au moment de y est égal par définition à e est génériquement localisé à la
région de y.)

L’usage exclusivement temporel de pendant/durant 16 et lors de/au moment de est


dû au fait que les relations dénotées par ces prépositions ne sont pas accessibles

16. Leurs usages avec des arguments spatiaux (p. ex. pendant la route) doivent aussi être analysés comme des
usages temporels dans lesquels l’idée du temps est suggérée par la nature des entités qui fonctionnent comme
des trajets.

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L’expression du temps à travers l’espace : entités, relations et formes

aux entités spatiales, encore que ces relations puissent être définies au moyen
de prédicats spatiaux. Cette inaccessibilité provient de l’impossibilité pour un
objet A d’être localisé exactement dans la région spatiale (et au même moment)
totalement occupée par un objet B, alors que deux éventualités peuvent être
situées dans la même région temporelle (voir Casati & Varzi 1999). Autrement
dit, le pendant spatial de la simultanéité temporelle est difficilement envisa-
geable. Cette différence rappelle un vieux débat philosophique concernant la
nature ontologique des objets et des événements (Bennett 1996 ; Hacker 1982).
Un objet a une extension limitée mais une durée illimitée ; de plus, il ne peut pas
occuper tout l’espace, mais il pourrait occuper la totalité du temps ; enfin, dans
l’espace, il doit y avoir suffisamment de place pour une multitude d’objets qui
ne se recouvrent pas obligatoirement dans le temps.
D’autre part, un événement a les propriétés suivantes : il a une durée limitée
mais une extension illimitée ; il ne peut pas occuper la totalité du temps, mais
il pourrait occuper la totalité de l’espace ; il doit y avoir suffisamment de place
dans le temps pour beaucoup d’événements qui peuvent ou non se recouvrir
(Casati & Varzi 1999 ; Mayo 1961).
Qu’en est-il des prépositions considérées comme spatio-temporelles, telles
que avant et après ? Avant de les aborder, nous proposons les définitions des
prépositions spatiales devant et derrière.
(vii)Définition de devant: x devant y =df ∃w (Pw(rfpy) ∧ RLxw)
(x est devant y est égal par définition à il existe w tel que w est une partie de la
région frontale positive de y et x est exactement co-localisé à w.)
(viii)Définition de derrière: x derrière y =df ∃w (Pw(rfny) ∧ RLxw)
(x est derrière y est égal par définition à il existe w tel que w est une partie de la
région frontale négative de y et x est exactement co-localisé à w.)

Étant donné la proximité cognitive du temps et de l’espace (Jackendoff 1985),


il n’est pas étonnant que la définition respective des prépositions avant et après
soit analogue à celle de devant et derrière 17 . La seule différence entre ces deux
couples de prépositions concerne la nature ontologique de la région : pour
les prépositions avant et après la notion de région frontale positive/négative est
remplacée par celle de région antérieure/postérieure (Ašić & Stanojević 2007) 18 :
(ix) Définition de avant : x avant y =df ∃w (Pw(ray) ∧ RLxw)
(x avant y est égal par définition à il existe w tel que w est une partie de la région
antérieure à y et x est exactement localisé à w.)
(x) Définition de après : x après y =df ∃w (Pw(rpy) ∧ RLxw)
(x après y est égal par définition à il existe w tel que w est une partie de la région
postérieure à y et x est exactement localisé à w.)

17. Notons qu’il y a des langues (comme le kikuyu) dans lesquelles l’opposition spatial/temporel dans ce
domaine n’est pas lexicalisée : mbere (devant, avant), thuda (derrière, après) – voir Ašić (2008).
18. Bien évidemment, dans le cas des éventualités, on ne peut parler que du cadre de référence relatif, étant
donné que le concept de partie frontale n’a de sens que pour les entités spatiales.

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Espace, temps verbaux, prépositions temporelles

La région antérieure/postérieure est un dérivé conceptuel de la région frontale


positive/négative, lorsque cette dernière est déterminée par le cadre de référence
relatif. En effet, dans le domaine spatial, on part du principe que ce qui est situé
devant est plus proche de l’observateur et inversement, ce qui est situé derrière
est plus loin de lui. Ajoutons qu’il y a aussi une autre possibilité : si deux objets
sont en mouvement vers un but, alors l’objet qui est plus proche du but est situé
devant, indépendamment de la position du locuteur.
Pour ce qui est du domaine temporel, la cible et le site se trouvent sur une
ligne abstraite (l’axe du temps) sur laquelle le locuteur est en mouvement imagi-
naire : il marche, pour ainsi dire, à la rencontre des événements (cf. Borillo 1996).
Il s’agit de la représentation cognitive du temps connue sous le nom de moving
ego metaphor (métaphore je bouge ; voir Lakoff & Johnson 1980), selon laquelle
les événements qui sont plus proches de l’endroit où se trouve le locuteur (son
point de départ fictif) sont situés avant (devant) les événements qui en sont plus
éloignés. C’est ainsi que l’on ordonne les événements sur l’axe du temps.

3.4. La théorie en trois niveaux et les prépositions temporelles


Il a déjà été signalé que lors de l’interprétation des phrases contenant des
prépositions spatiales, le niveau géométrique ne suffisait pas, si bien que l’on
faisait appel aux niveaux fonctionnel et pragmatique (voir Aurnague, Vieu &
Borillo 1997 ; Aurnague & Vieu 1993) 19 .
En effet, l’imprécision des prépositions quant à la position de la cible par
rapport au site peut être réduite par un traitement pragmatique du sens des
prépositions. Ainsi, grâce à nos connaissances des caractéristiques physiques
des objets impliqués dans les relations spatiales et grâce à nos connaissances
du monde qui déterminent leurs fonctions (usages typiques), nous interprétons
différemment chacune des occurrences des prépositions dans et sur dans les
exemples qui suivent (6-11) 20 :
(6) Les fleurs sont dans le vase. 21
(7) Les crayons sont dans la boîte. 22
(8) Le sucre est dans l’eau.
(9) Le livre est sur la table.
(10) La bague est sur le doigt.

19. Loin d’être indépendants, les nivaux géométrique, fonctionnel et pragmatique forment entre eux une
structure hiérarchique : le second niveau introduit des informations fonctionnelles en se fondant sur des
données géométriques et permet, dès lors, de représenter la sémantique « brute » des expressions spatiales.
De son côté, le niveau pragmatique modifie les résultats obtenus au second niveau de manière à adapter cette
sémantique à la situation « réelle » (Aurnague, Vieu & Borillo, 1997 : 6).
20. Voir aussi Vandeloise (1986, 1987).
21. Cet exemple implique qu’une partie des fleurs se trouve en dehors du vase en question.
22. Les crayons en question sont totalement inclus dans la boîte.

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L’expression du temps à travers l’espace : entités, relations et formes

(11) Les gants sont sur les mains.

Il est important de vérifier si l’usage des prépositions temporelles et spatio-


temporelles dépend aussi de la nature des entités temporelles et de nos infé-
rences pragmatiques. Si l’on compare l’emploi de pendant avec différents types
d’arguments (événements ou intervalles 23 ), on se rend compte qu’il n’est pas
nécessaire d’enrichir l’interprétation de cette préposition par des processus infé-
rentiels pragmatiques. Autrement dit, des prépositions comme pendant, lors de,
avant ne changent pas de sens selon le type d’entités qu’elles mettent en relation.
La nature des entités temporelles ne peut pas affecter la relation dénotée par
une préposition temporelle, alors que, comme le montrent les exemples (6-11),
les propriétés physiques et fonctionnelles de la cible et du site déterminent le
sens des prépositions spatiales.
Notre expérience de l’espace, qui n’a pas d’analogie perceptive dans le
domaine temporel, fait que nos interprétations des relations spatiales sont tou-
jours beaucoup plus riches que celles des relations temporelles parce qu’elles
reflètent la structure complexe du monde physique et la fonctionnalité des objets
matériaux.

4. LES DÉFINITIONS DES TEMPS VERBAUX

4.1. Introduction
Dans cette section, nous allons aborder la sémantique des temps verbaux du
français afin d’examiner si les concepts qui servent à les définir dérivent de
concepts spatiaux. S’il s’avère qu’un tel rapprochement entre la sémantique tem-
porelle et la sémantique spatiale est faisable, cela peut constituer un argument
sérieux en faveur de l’hypothèse du localisme linguistique, selon laquelle la
sémantique temporelle découlerait de celle de l’espace. Plus précisément, nous
allons examiner si les paramètres nécessaires pour définir les temps verbaux du
français peuvent se ramener à des concepts servant à définir les prépositions
temporelles, à savoir la localisation totale, la localisation générique et la région
antérieure/postérieure (voir les sections 3.2 et 3.3).

4.2. La sémantique de base des temps verbaux


Pour décrire les temps verbaux du français en dehors de leurs emplois modaux,
nous utiliserons trois types d’informations sémantiques, à savoir les paramètres
temporel, aspectuel et discursif (Stanojević & Ašić 2008).
Par paramètre temporel on entend, depuis H. Reichenbach (1947), la manière
dont un temps verbal localise l’éventualité qu’il introduit, sur l’axe temporel.

23. Pendant {la guerre / les vacances / cette année / cette période, etc.}...

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Espace, temps verbaux, prépositions temporelles

En d’autres termes, il s’agit de préciser le rapport de l’éventualité au moment


de la parole. Selon H. Reichenbach (ibid.), à chaque temps verbal correspond
une combinaison des trois moments pertinents : E, R et S 24 , comme le montre le
tableau 1 25 :
Tableau 1 : Les temps verbaux du français à partir de Reichenbach
Temps verbal Définition
Présent S,R,E a
Passé composé E-R,S
Passé simple, Imparfait E,R-S
Plus-que-parfait E-R-S
Futur simple S-R,E
Futur antérieur S-E-R ou E-S-R ou E,S-R
Futur proche S,R-E

a. On lit la virgule comme « est égal » et le tiret comme « précède ».

Le système reichenbachien a une propriété remarquable : il est basé sur les


relations d’antériorité et de postériorité entre les moments pertinents 26 . Étant
donné que ces relations caractérisent aussi certaines prépositions temporelles
et, notamment, les prépositions avant et après, on peut se demander si les temps
verbaux peuvent être décrits seulement par le recours à des relations de nature
spatiale 27 . Avant d’essayer de répondre à cette question, nous considérerons
les deux autres paramètres nécessaires à la description des temps verbaux du
français.
Il est bien connu que la prise en compte du seul paramètre temporel dans
l’interprétation des phrases à temps fini ne suffit pas pour rendre compte de
différences entre certains temps du français. En effet, la différence cruciale
entre le passé simple (PS) et l’imparfait (IMP) est plutôt aspectuelle que tem-
porelle (Kamp & Rohrer 1983 ; Molendijk 1990 ; Berthonneau & Kleiber 1993 ;
Vetters 1996, entre autres). Ainsi dans l’exemple (12), l’IMP présente l’action de
lire comme étant en cours au moment spécifié par l’adverbial à cinq heures, alors
qu’en (13) l’action de sonner introduite par le PS est présentée comme terminée
à ce même instant, qui fonctionne comme R dans les deux exemples :
(12) À cinq heures Paul lisait.
(13) À cinq heures le téléphone sonna.

24. S = le moment de la parole ; E = le moment de l’événement ; R = le point référentiel, par rapport auquel se
situe le moment de l’événement.
25. Il s’agit d’une application de son système au français, Reichenbach ayant fondé sa théorie sur le système
temporel de l’anglais.
26. Pour les avantages et les inconvénients des définitions des temps au moyen des trois coordonnées reichen-
baciennes, voir Verkuyl et al. (2004), entre autres.
27. Rappelons que le concept servant à décrire les prépositions avant et après, à savoir la région anté-
rieure/postérieure, dérive lui-même du concept spatial de région frontale positive/négative (voir § 3.2).

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L’expression du temps à travers l’espace : entités, relations et formes

C’est ainsi que se justifie l’introduction du paramètre aspectuel dans la des-


cription des temps verbaux du français 28 . Il s’agit en fait de l’opposition entre
l’aspect imperfectif et l’aspect perfectif, qui se ramène aux relations d’inclusion
(non stricte) entre l’éventualité E et le point référentiel R.
Dans le cas de l’imparfait, R est inclus dans E (c’est-à-dire R⊆E), ce qui rend
compte de l’intuition que l’éventualité introduite par l’imparfait est présentée
comme non bornée. L’inclusion de E dans R (c’est-à-dire E⊆R) signale l’aspect
perfectif et caractérise le passé simple (voir Kamp & Rohrer 1983 ; Moledijk &
Vet, 1995 : 70). Notons ici que l’expression formelle de l’aspect perfectif et de
l’aspect imperfectif se fait au moyen de la relation d’inclusion qui implique les
deux coordonnées temporelles pertinentes (E et R). Le moment de la parole (S) ne
joue aucun rôle dans l’expression de l’aspect ce qui rend compte de l’autonomie
catégorielle de ce dernier.
Enfin, par paramètre discursif nous entendons la présence éventuelle de
contraintes réglant l’ordre respectif des éventualités introduites dans le discours
(la progression, la régression ou la stagnation temporelle). En effet, il est bien
connu que pour un traitement des temps verbaux en contexte les paramètres
aspectuel et temporel ne suffisent pas. Sinon, comment expliquer notre intui-
tion que dans l’exemple (14), à la différence de (15), le temps progresse avec
l’introduction de e2 dans le discours ?
(14) Paul entra (e1 ). Marie téléphona (e2 ). (e1 <e2 )
(15) Paul entra (e1 ). Marie téléphonait (e2 ). (e1 ⊆e2 )

L’idée est qu’à une suite de phrases P1 , P2 ... Pn-1 , Pn , ne correspond pas toujours
le même ordre des éventualités que ces phrases introduisent, c’est-à-dire : e1 <e2 ...
en-1 <en . Qui plus est, certains temps ne sont pas aptes à déterminer par eux-
mêmes l’ordre chronologique des éventualités qu’introduit une séquence de
phrases : P1 ...Pn-1 , Pn . Il s’agit, notamment, du passé composé et du futur simple.
Soit l’exemple (16), comportant une suite discursive de deux phrases au passé
composé 29 :
(16) Paul est tombé. Il s’est évanoui.

Il est impossible de déduire de (16) l’ordre des événements pertinents, à savoir la


chute de Paul et son évanouissement. Laquelle des deux actions précède l’autre ?
Rien dans la sémantique du passé composé ne préjuge de l’ordre temporel
des deux éventualités, d’autres facteurs en étant responsables, y compris ceux
d’ordre pragmatique (voir Moeschler 1998).

28. Il convient de noter ici que c’est loin d’être un fait universel. Il y a des langues, comme le serbe,
qui n’expriment pas des oppositions aspectuelles par le recours aux temps verbaux, mais par des moyens
dérivationnels, tels que la préfixation et la suffixation (Stanojević & Ašić 2010).
29. Pour le futur simple, voir Vet (1994), Ašić & Stanojević (2009). Pour le comportement du passé composé
vis-à-vis de l’ordre temporel, notamment dans les discours narratifs, voir Swart & Molendijk (2002).

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Espace, temps verbaux, prépositions temporelles

Dans la section suivante, nous examinerons s’il est possible de définir les
instructions données par les temps verbaux à partir des concepts méréotopo-
logiques utilisés pour définir les prépositions spatiales, spatio-temporelles et
temporelles.

5. LES TEMPS VERBAUX, LES PRÉPOSITIONS ET LA COGNITION

5.1. Les relations spatiales et temporelles


Les relations pertinentes pour la description des temps verbaux du français qui
s’établissent entre entités temporelles (moments et éventualités) sont la successi-
vité (qui comprend aussi bien l’antériorité que la postériorité) et le recouvrement
(comprenant l’inclusion et la simultanéité entre autres relations). Ces relations
s’établissent dans l’espace unidimensionnel figuré par l’axe temporel. De plus,
comme on l’a vu dans la section précédente (4.2), les temps verbaux signalent
la manière d’envisager l’éventualité : comme un tout indivisible et global ou
comme étant en cours à un moment qui leur sert de repère temporel. Ce dernier
type d’information, aspectuel par nature, est représentable par la relation d’in-
clusion entre les moments E et R. Toutes ces relations entre entités temporelles
impliquent une géométrie de localisation moins complexe que celle impliquant
les entités spatiales. N’importe quelle description des temps verbaux doit rendre
compte de ces possibilités et de bien d’autres 30 . Mais quelle que soit la descrip-
tion que l’on adopte, les relations temporelles pertinentes pour une description
complète des temps verbaux se réduisent à celles que l’on peut se représenter
sur l’axe temporel.
Certaines relations temporelles, telles que la successivité, peuvent être concep-
tuellement réduites à la relation mathématique d’ordre strict, qui sous-tend éga-
lement la sémantique des prépositions spatio-temporelles avant et après. Comme
ces dernières se définissent de manière analogue aux prépositions spatiales
devant et derrière (voir section 3.2), un rapprochement entre les temps verbaux et
les prépositions spatiales s’impose ainsi indirectement.
Quant aux relations aspectuelles, on rappellera l’idée de R. Jackendoff selon
laquelle certaines relations aspectuelles sont cognitivement dérivables de l’oppo-
sition conceptuellement fondamentale ‘massif/comptable’. En effet, le caractère
borné (télique) ou non borné (atélique) d’une éventualité a pour pendant l’oppo-
sition comptable-massif dans le domaine nominal.
Or, il convient de noter que l’instruction aspectuelle des temps verbaux n’est
pas la conséquence de l’existence des éventualités téliques et atéliques, mais de

30. Par exemple, le sens résultatif des temps composés, que certains sémanticiens abordent en enrichissant
l’ontologie de leur modèle par l’introduction des états résultatifs (voir Swart 1998 ; Vet 2010).

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L’expression du temps à travers l’espace : entités, relations et formes

notre besoin de représenter le procès de l’intérieur, dans son déroulement, ou,


de l’extérieur, comme accompli 31 .
Pouvons-nous conclure de ce qui précède que la sémantique des temps ver-
baux, tout comme celle des prépositions temporelles, est basée sur la sémantique
de l’espace ?
Il semble que les temps verbaux ne puissent pas se réduire complètement aux
notions et aux prédicats qui servent à définir les prépositions temporelles. La rai-
son en est, probablement, qu’en dehors des relations ‘être antérieur/postérieur à’,
qui font partie intégrante du sens de la plupart des temps verbaux et qui reposent
conceptuellement sur la notion d’ordre strict, les temps verbaux requièrent en
plus la notion de moment de la parole (S). Cette dernière n’est dérivable d’aucun
prédicat spatial. Ontologiquement, le moment S n’a rien à voir avec les prédicats
spatiaux, mais avec notre conceptualisation du temps qui repose (i) sur l’oppo-
sition entre le présent et le non présent (S/non S), (ii) sur l’opposition entre R
se trouve à S, et R se trouve à E (l’éventualité est observée à partir de S ou indé-
pendamment de S). Il convient quand même de signaler que l’opposition entre
maintenant et non-maintenant pourrait être considérée comme pendant temporel
de l’opposition spatiale ici/non-ici. Toutefois, comme nous le montrerons dans
la section suivante l’opposition ici/non-ici n’est pas du tout pertinente dans le
domaine des prépositions spatiales.
Une autre raison d’une complexité plus grande des temps verbaux par
rapport aux prépositions temporelles est le fait que seuls les temps verbaux
donnent une instruction aspectuelle et qu’ils sont à même de changer le type
aspectuel de l’éventualité (par ce que l’on appelle coercion aspectuelle) 32 .

5.2. Les prépositions temporelles et l’opposition S/non S


Dans le domaine conceptuel des temps verbaux le fait que le point de référence
R coïncide ou non avec le moment de la parole S est d’une grande importance.
Force est de noter que cette opposition (S=R et S6=R) n’est pas limitée aux
temps verbaux. Elle caractérise aussi certaines prépositions temporelles. À titre
d’exemple, les prépositions après et dans peuvent être employées pour indiquer
la relation de postériorité : en effet, si les arguments de la relation de postériorité
sont des moments quelconques du passé ou du futur, ce sera la préposition après
qui sera employée. En revanche, si on se réfère au moment de la parole, c’est-à-
dire si on calcule l’intervalle pertinent 33 à partir de ce moment (ce que l’on note
S=R), on utilisera la préposition dans, comme dans les exemples suivants :
(17) Je pars dans trois jours. (S=R) (où dans trois jours signifie ‘trois jours après S’)

31. Voir la différence : Dusan mangea une pomme vs. Dusan mangeait une pomme.
32. Voir Swart (1998) pour la notion de coercion aspectuelle.
33. Celui auquel réfère le complément temporel de la préposition.

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Espace, temps verbaux, prépositions temporelles

(18) Stefan partit trois jours après Noël. (S6=R)

Manifestement, l’opposition entre après et dans temporel concerne la position de


R par rapport à S (S=R ou S6=R). En d’autres termes, dans temporel pourrait être
analysé par une relation de postériorité par rapport à S, alors que la préposition
après signifierait la postériorité par rapport à non-S.
Cette même opposition (S=R ou S6=R) est également pertinente lorsqu’il s’agit
de la relation d’antériorité. Soient les exemples suivants :
(19) Stefan partit trois jours avant Noël.
(20) Je suis venu il y a/ça fait trois jours.

Alors que avant peut servir à signifier l’antériorité par rapport à un moment
autre que S, c’est l’expression il y a (ou ça fait) que l’on utilisera pour désigner
l’antériorité par rapport à S.
Il convient de remarquer que pour l’espace, une opposition analogue à S=R
et S6=R, à savoir celle entre ici=R (ici=le lieu de la parole) et ici6=R est exclue, du
moins en ce qui concerne la sémantique des prépositions spatiales. En effet, en
français, peu importe que le site soit identique ou non à l’endroit où se trouve
le locuteur. Ainsi, pour désigner que la cible se trouve dans sa région frontale
négative on emploiera toujours la même préposition :
(21) Dušan est derrière moi. (S=R) / oui, il est ici/là (*là-bas).
(22) Dušan est derrière la maison. (S6=R) / oui, il est là/là-bas (*ici).

Rappelons que le sens des prépositions spatio-temporelles avant/après est dérivé


du sens des prépositions spatiales devant/derrière. On aurait pu s’attendre à
ce que l’opposition en question (S=R et S6=R) ne soit pas pertinente pour les
prépositions (spatio-temporelles). Or, comme on l’a vu dans cette section, il n’en
est rien. Il semblerait que la pertinence de cette opposition soit due à un transfert
conceptuel du domaine des temps verbaux (dans lequel cette opposition est
très pertinente) au domaine des prépositions temporelles. Cela pourrait être un
autre argument étayant l’hypothèse de la plus grande complexité sémantique
des temps verbaux comparée à celle des prépositions temporelles.

5.3. La pragmatique et l’interprétation des expressions temporelles


Nous avons déjà montré (voir § 3.4) que dans l’interprétation des prépositions
spatiales les inférences contextuelles et les connaissances du monde jouent
un rôle important. En revanche, l’interprétation des prépositions temporelles
dépend nettement moins du traitement pragmatique. Qu’en est-il des temps
verbaux ? Il est bien connu que les inférences d’ordre pragmatique ont de
l’influence sur l’interprétation des temps verbaux (voir Moeschler 1998 ; Ašić &
Stanojević 2009 ; Saussure 2003). En effet, on en a besoin dans les cas où le
moment S du système temporel reichenbachien (les deux autres moments étant
E et R) n’est pas identique au moment de la parole. Grâce à nos connaissances

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L’expression du temps à travers l’espace : entités, relations et formes

du monde et à nos processus inférentiels, nous identifions un moment dans le


passé ou dans le futur – appelé S*, qui n’est qu’une représentation du moment
de la parole S, lié à l’existence d’un sujet de conscience (voir Sthioul, 1998 : 202).
Habituellement, on appelle interprétatifs les usages des temps verbaux où au
lieu de S on parle de S* 34 .
La pragmatique s’avère indispensable aussi pour le traitement de certains
temps verbaux sémantiquement proches, comme le futur simple et le futur
périphrastique.
Soient les exemples (23) et (24) dans lesquels une proposition au futur est
enchâssée dans une autre qui dépend d’un verbe de perception. Comme le
signalent H. Verkuyl et al. (2004), seul le futur périphrastique est possible dans
un contexte de perception visuelle :
(23) Je vois qu’il va pleuvoir.
(24) *Je vois qu’il pleuvra.

L’explication est simple. On ne peut pas voir une éventualité future. On ne


perçoit que ce qui se produit au moment de la parole. Tout ce que l’on peut
voir dans le cas d’une éventualité future c’est la phase préparatoire de cette
éventualité, i.e. certains indices perceptibles au moment de la parole qui peuvent
mener le locuteur à la conclusion qu’une éventualité va se produire après ce
moment. Seul le futur proche est approprié à l’expression d’une action future
légitimée par certains indices présents dans la situation de communication. Pour
expliquer l’inacceptabilité d’exemples comme (24), il faudrait recourir donc à des
facteurs extralinguistiques tels les éléments de la situation de communication.
Une autre application de la pragmatique dans l’interprétation des temps
verbaux concerne l’interprétation des temps verbaux sous-spécifiés quant au
paramètre discursif. Autrement dit, certains temps sont neutres quant à l’ordre
temporel des événements qu’ils introduisent et ce ne sont que nos connaissances
du monde qui peuvent décider de l’interprétation plausible d’une suite discur-
sive. Ainsi, l’ordre des événements dans l’exemple suivant ne correspond pas à
l’ordre des phrases qui les introduisent 35 :
(25) Les passagers sont descendus. La porte s’est débloquée finalement.

34. L’opposition entre l’usage descriptif et l’usage interprétatif a été introduite par Sperber & Wilson
(1986 : 347). Dans l’usage descriptif, la forme propositionnelle représente un état de choses, alors que dans
l’usage interprétatif la forme propositionnelle représente une autre représentation – p. ex. une pensée – en
vertu de ressemblances entre les deux formes propositionnelles. Ainsi, dans son usage standard (descriptif), le
présent décrit ce qui se passe au moment de la parole. Par contre, dans son usage non-standard ou interprétatif
(p. ex. le présent narratif ou le présent à référence future), le présent représente une éventualité qui a lieu dans
le passé ou dans le futur, mais qui est envisagée comme si elle se déroulait devant les yeux d’un observateur
fictif.
35. On sait en effet que pour que l’on puisse descendre d’un avion, il faut que la porte s’ouvre préalablement.

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Espace, temps verbaux, prépositions temporelles

L’absence de niveau pragmatique dans le traitement des prépositions tempo-


relles pourrait être une preuve supplémentaire étayant l’hypothèse que les rela-
tions qu’elles dénotent sont moins nombreuses et moins complexes que celles
dénotées par les temps verbaux.

6. CONCLUSION
Dans ce travail, nous sommes partis du fait qu’il est possible de décrire partielle-
ment la sémantique des prépositions temporelles par le recours à des prédicats
spatiaux (voir Vandeloise 1999 ; Ašić 2008), ce qui est en accord avec l’hypothèse
du localisme linguistique qui postule la primauté de l’espace par rapport au
temps, l’expression et la représentation du temps étant fortement dépendantes
de celles de l’espace (Anderson 1971 ; Lyons 1977). Par ailleurs, si on conçoit
le temps comme un pseudo-espace unidimensionnel dans lequel on situe des
éventualités, des moments et des intervalles (Jackendoff 1992), on est en droit
de se demander si les temps verbaux, tout comme les prépositions temporelles,
peuvent être réduits à des concepts spatiaux. Nous avons donc envisagé la
possibilité de définir les prépositions temporelles et les temps verbaux par le
recours aux prédicats spatiaux issus de la méréotopologie de R. Casati et A. Varzi
(1999) et enrichis par la notion d’orientation qui provient du « cadre relatif » de
S. C. Levinson (2003).
Cependant, nous avons montré que les temps verbaux ne peuvent pas être
réduits aux notions et aux prédicats qui servent à définir les prépositions tempo-
relles.
La diversité des interprétations des temps verbaux, la possibilité qu’ils offrent
de changer la perspective de l’observateur et les différentes manières dont ils
représentent et ordonnent les éventualités suggèrent que notre conceptualisation
du temps structurée par les temps verbaux est beaucoup plus complexe que
celle qui découle de la sémantique des prépositions temporelles. Ceci dit, elle
n’est pas totalement basée sur notre conceptualisation de l’espace et des relations
spatiales dont la complexité est d’un ordre différent.
Cette impossibilité de nature cognitive (car, la sémantique représente dans
une certaine mesure notre conceptualisation et catégorisation du monde et des
relations entre ses entités) n’est peut-être qu’une image d’une opposition méta-
physique entre le temps et l’espace. Nombreux sont les travaux philosophiques
qui suggèrent que le temps est ontologiquement autonome par rapport à l’espace.
En effet, à la différence des auteurs tels que Russell, Einstein, Reichenbach qui
disent que le temps n’est qu’une séquence d’événements inchangeables et indé-
pendants de la temporalité, les philosophes tels que A. N. Prior (1968), P. Ludlow
(1999), H. Stein (1968), L. Sklar (1974) stipulent que la distinction métaphysique
entre les événements futurs, présents et passés est beaucoup plus profonde que
la simple suite des événements.

LANGUE FRANÇAISE 179 45

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L’expression du temps à travers l’espace : entités, relations et formes

Cela dit, on pourrait supposer que les temps verbaux ne servent pas unique-
ment à représenter les relations d’antériorité, de postériorité et de simultanéité
(à savoir les relations dénotées par les prépositions), mais aussi à marquer cette
distinction profonde entre le maintenant et le non-maintenant ainsi que le point de
vue du locuteur qui peut observer les éventualités sous plusieurs perspectives.
Enfin, il est utile de mentionner que certains travaux psycholinguistiques
portant sur l’acquisition des temps verbaux et sur celle des prépositions donnent
des arguments contre le localisme linguistique et cognitif : la capacité de l’enfant
à comprendre et à utiliser les prépositions avant/après vient beaucoup plus tard
que son emploi des temps verbaux (Cromer 1968).
La raison en est probablement le fait que pour l’enfant la question fondamen-
tale est de savoir si quelque chose se passe au moment de la parole ou à un autre
moment.
À la fin de cette modeste contribution à l’étude linguistique de l’espace
et du temps, nous ne pourrons que constater que le problème exprimé par
la question emblématique de Saint Augustin (Quid est enim tempus ? Quis hoc
facile breviterque explicaverit ?) ne cesse d’intriguer des chercheurs d’orientations
théoriques diverses et reste d’actualité même de nos jours. Nous espérons tout
du moins avoir ouvert quelques pistes nouvelles en vue de sa résolution.

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“LF_179” (Col. : RevueLangueFrançaise) — 2013/11/17 — 21:52 — page 47 — #47


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