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Célestin Mayoukou
Université de Rouen
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Financement des PME
Quelques raisons présentées ci-après sont à l’origine de l’émergence du métier de
« mésoÞnancier ».
2.3. Réglementation et attention portée sur les PME par les bailleurs de fonds
La réglementation du secteur de la microÞnance dans certaines zones (comme la
CEMAC), en reconnaissant des types différents d’institutions, soit avec un statut
associatif, mutualiste ou coopératif, soit avec un statut de société anonyme, incite
les IMF à rechercher des segments très rentables où la taille du prêt est plus impor-
tante. Naturellement, le segment où les prêts peuvent être de taille plus importante
comparativement à leur clientèle habituelle est celui des PME. En outre, la mise en
place dans certains pays des fonds de garantie ou de reÞnancement au proÞt des
IMF avec l’appui des bailleurs de fonds donne au Þnancement des PME un inté-
rêt nouveau. L’AFD par exemple par le biais de son programme « mésoÞnance »
combine plusieurs actions visant à dynamiser le segment du crédit aux PME. Entre
autres actions, le programme « renforcement des capacités entrepreneuriales » est
une ligne de crédit à laquelle peuvent abonder les IMF pour accompagner les PME.
De même, une ligne de crédit est ouverte aux IMF pour les aider à mieux appré-
hender la clientèle des PME. On peut citer à cet égard les garanties de portefeuille
ARIZ et ARIZ fonds propres4.
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Financement des PME
3. MésoÞnance, ampleur du phénomène dans le monde et en Afrique
Il est très difÞcile de saisir véritablement l’ampleur du phénomène tant les bases de
données sont encore en construction en microÞnance. Toutefois, on peut dresser
quelques statistiques sommaires du phénomène.
Sur 10 000 IMF recensées dans le monde, seules une quarantaine, soit 0,4%, peu-
vent être qualiÞées « d’Institutions de mésoÞnance » (Balkenhol, 2008).
Toutefois, d’après le MIX qui dispose d’une base de données de 1 308 IMF, le
pourcentage de structures œuvrant dans la mésoÞnance serait plutôt situé autour
de 3% (environ 40 structures identiÞées).
Pays IMF
PADME
Bénin
PAPME
Burkina Faso RCB
Cameroun CEC-PROM
MUCODEC
Congo Brazzaville
CAPPED
Ethiopie Letta
République Centrafricaine CMCA
Ghana Union RB
Madagascar ADEFI
Mozambique NovoBanco – MOZ
COOPEC Hinfani Dosso
Niger
MECREF
COOPEDU-Kigali
Rwanda
RML
Source : Mix Market
ACEP
Sénégal CMS
UM-PAMEGAS
Maroc Al AMANA
En termes de volume, les crédits octroyés aux PME sont conséquents. Pour l’ACEP,
« en 2005, 5 milliards de FCFA (environ 7 millions d’euros) ont été octroyés à 174
PME. Le montant moyen de crédit a été de 28,7 millions de FCFA (40 230 euros).
En 2006 : près de 4 milliards de FCFA de crédits ont été alloués à 164 PME. Le
niveau moyen de prêt par PME s’est élevé à 24,4 millions de FCFA (37 000 euros
environ) » (ESF-ACCES Finance, p. 16). Cette tendance est similaire au Crédit
Mutuel du Sénégal et chez PAMEGAS. S’agissant de PAMEGAS par exemple, les
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Financement des PME
montants Þnancés ont été respectivement de 4,4 milliards de FCFA en six mois en
2004, de 3,4 milliards en 2005 et de 3,5 milliards en 2006. Le nombre de projets
Þnancés a été respectivement de 1 720, 970 et 526 pour les années 2004, 2005 et
2006 (ESF-ACCES Finance, p. 17).
Pour conÞrmer son orientation mésoÞnance, ACEP envisagerait d’ouvrir un gui-
chet PME ou même un établissement spécialisé dans le Þnancement des PME
(Balkenhol, 2008, p. 14).
D’autres IMF suivent ce mouvement. C’est le cas du Réseau des Caisses populaires
du Burkina (RCB). Cette institution a créé en 2004 un centre Þnancier aux entre-
prises dans le but de « satisfaire les besoins Þnanciers des PME/PMI compris entre
5000 et 50 000 $ » (Balkenhol, 2008, p. 14). Dans la même lignée que le RCPB,
ADEFI Madagascar a crée un nouveau produit Þnancier destiné aux PME avec
l’appui de l’AFD. Ce crédit à moyen terme (36 mois) est un Þnancement dont le
montant est compris entre 2 900 et 9 800 dollars.
Le cas du Congo Brazzaville se rapproche de celui du Sénégal. Le marché micro-
Þnancier dans ce pays est dominé par deux établissements : la MUCODEC et la
CAPPED.
S’agissant de la MUCODEC, celle-ci joue aussi le rôle de « banque d’autres IMF »
en collectant des dépôts de certaines IMF et en octroyant des crédits à d’autres.
Elle monte ainsi en gamme d’activités. En 2007, elle a collecté 72 milliards de
FCFA, soit environ 110 millions d’euros. Les crédits qu’elle a octroyés atteignent la
valeur de 20 milliards de FCFA, soit environ 30 millions d’euros.
Le niveau moyen de ces crédits atteint 5 millions de FCFA soit environ 7 670 euros,
pour un revenu par tête de 1 484 US dollars au Congo. La MUCODEC est donc
véritablement un établissement de MésoÞnance.
Il en est de même pour la CAPPED. Son niveau de crédit moyen est de 2 millions
de FCFA, environ 3 000 euros, soit l’équivalent de 240% du PIB par tête au Congo.
Son encours de crédits aux PME en septembre 2008 était situé à 603 millions de
FCFA selon son rapport d’activité.
La clientèle ciblée par la MUCODEC et la CAPPED dans le cadre de leurs activi-
tés mésoÞnancières est constituée principalement des PME. La nature des crédits
octroyés par ces deux institutions est comparable. Ces crédits se répartissent en
trois catégories :
• crédit d’affaires ;
• crédit d’investissement ;
• crédit de trésorerie ;
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Financement des PME
5. Les limites de la mésoÞnance en Afrique
Le développement de la mésoÞnance reste encore limité en Afrique pour plusieurs
raisons.
6. Conclusion
La microÞnance connaît une mutation permanente qui est impulsée par des fac-
teurs multiples, notamment :
• l’évolution des besoins de la clientèle servie ;
• la mise en place d’un nouveau cadre réglementaire, par exemple l’adoption par
la COBAC en 2010 du plan comptable de la microÞnance dans la zone CEMAC
ou l’entrée en vigueur d’une nouvelle réglementation des IMF en Afrique de
l’Ouest ;
• la création par les banques de structures dédiées à la microÞnance ;
• la transformation du statut de certaines IMF en banque de la microÞnance.
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Financement des PME
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