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La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les «copies ou repro-
ductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part,
que les analyses et courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation intégrale ou partielle
faite sans le consentement de l'auteur, de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1 e r de l'article 40).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanc-
tionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
Imprimé en France
N° 11421 - Dépôt légal : novembre 2003
Préface IX
Foreword X
Préambule XI
L'examen clinique
La composante psychologique 23
La composante physique 25
La composante prothétique 35
Le bilan 36
Le plan de traitement 36
Empreintes et matériaux
Les paramètres cliniques 63
Les paramètres techniques 66
Les articulateurs
Les critères de choix 111
Les articulateurs actuels 112
La mise en articulateur des modèles 117
La programmation des articulateurs 120
L'essai fonctionnel
Les contrôles en l'absence du patient 161
Les contrôles en présence du patient 163
L'envoi au laboratoire 169
L'insertion prothétique
L'analyse critique 179
Les contrôles des prothèses 179
Les préalables aux corrections occlusales 182
Les techniques de corrections occlusales 182
Les conseils 188
Les doléances
Les doléances immédiates 191
Les doléances à court terme 194
Les doléances à long terme 197
La prothèse unimaxillaire
Le problème 211
La phase préprothétique 212
Les thérapeutiques 215
Le laboratoire
Le maquillage des dents prothétiques 263
La personnalisation de la gencive artificielle 264
Les rebasages 265
Les réfections 266
Le duplicata 267
Les bases souples 269
Les réparations 270
L'hygiène au laboratoire 271
La gériatrie
Patient et gériatrie 281
Le choix thérapeutique 282
Les aspects cliniques 285
Alimentation et sujets âgés 287
Depuis, cette assertion ou prédiction a toujours trouvé de Mais un second paramètre doit aussi être pris en compte,
nombreux échos auprès des odontologistes. Par exemple, celui de l'allongement de la durée de vie.
au Royaume-Uni, cette disparition est annoncée vers 2038,
soit 123 ans après celle annoncée par Gillet. Évolution de la population (des 60 ans et plus) de la
La prévalence des patients édentés est en constante France métropolitaine de 1950 à 2050.
diminution, et ce résultat escompté est probablement à
mettre en relation avec les changements d'attitude des
patients vis-à-vis des soins dentaires : diminution de
l'anxiété, de la peur, rôle de la prévention, influence de l'in-
formation et de l'efficacité des traitements de la maladie
carieuse et parodontale.
Ces progrès ne peuvent être remis en cause. Cependant,
l'édentement total n'est pas une pathologie en voie de dis-
parition et ce pour les cinq raisons suivantes.
métaboliques, l'apposition minérale osseuse diminue - Les cytokines, substances protéiques sécrétées au
avec un allongement des cycles de remodelage. niveau osseux par les lymphocytes ou les monocytes
- Avec l'âge, un autre risque apparaît, le défaut d'absorp- activés, par les plaquettes ou les cellules osseuses elles-
tion du calcium. Il peut être dû à un déficit en vitamine mêmes, participent à la régulation ostéogenèse-ostéo-
D, à une production réduite de 1,25-dihydroxy-vitamine lyse. Cependant, mis à part le TGFβ (Transforming
D ou à une résistance intestinale à son absorption, enfin, Growth Factors β), la plupart des cytokines inhibent la
à une sécrétion réduite de calcitonine (tableau 2-1). formation osseuse, parmi lesquelles l'interleukine 1 (IL-1)
- Ces altérations du métabolisme de la vitamine D, spéci- et l'interleukine 6 (IL-6) sont de puissants stimulateurs de
fiques de la personne âgée, entraînent un défaut de la résorption.
minéralisation des os, d'où une fragilité accrue, mais, - Les neuropeptides, produits par les cellules inflamma-
aussi, une résorption et une diminution de la masse toires sont aussi mis en cause dans la réponse à une
osseuse. agression externe (pression excessive, déséquilibre
- Par ailleurs, le taux des hormones parathyroïdiennes, qui occlusal...), et ces facteurs tendent à accroître la résorp-
stimulent la résorption osseuse, augmente avec l'âge et tion osseuse. Enfin, une utilisation prolongée de cortico-
leur sécrétion est également stimulée par le défaut d'ab- stéroïdes entraîne une réduction de la densité osseuse
sorption du calcium. Ainsi, cet excès de parathormone par une inhibition de l'ostéogenèse.
contribue aussi à une perte accrue de tissu osseux2.
- L'ostéoporose sénile, résorption de l'os cortical et de l'os
Les facteurs locaux
trabéculaire, touche tous les individus. Mais, chez les
femmes après la ménopause, le remodelage osseux L'extraction dentaire réalisée, les paramètres cités comme
augmente en raison du nouvel équilibre hormonal qui localement impliqués dans la résorption sont nombreux:
conduit à une réduction accentuée de la masse osseuse. durée de l'édentement, adaptation de la prothèse, habitudes
On parle alors d'ostéoporose postménopausique, où la concernant le port continu ou discontinu de la prothèse,
perte des trabéculations prédomine. La déficience en occlusion et forces exercées sur les surfaces d'appui, para-
œstrogènes est mise en cause, cependant, malgré des fonctions, hygiène4...
thérapeutiques préventives, cette résorption persiste ; en - La durée de l'édentement fut longtemps reliée au degré
réalité, la progestérone semble également impliquée de résorption des crêtes. Mais, si la résorption est un phé-
dans ce phénomène3. nomène continu, élevé durant la première année suivant
les extractions, elle décroît ensuite de façon très nette5.
Tableau 2-1 Hormones impliquées dans le remodelage osseux.
Cela explique qu'il n'existe pas de relation statistique-
ment significative entre le niveau de résorption et la
durée de l'édentement6.
- Une mauvaise adaptation prothétique, une occlusion non
équilibrée ou des parafonctions surchargent certaines
zones de la surface d'appui augmentant la résorption.
De même, lorsqu'une prothèse complète maxillaire est
opposée à un édentement partiel mandibulaire, avec pré-
sence du groupe incisivo-canin, une résorption très marquée
est presque toujours observée dans la région antérieure
maxillaire.
Fig. 2-2a Comparaison du degré de
résorption, dans le plan horizontal,
après insertion d'une prothèse immé-
diate comparativement à une prothèse
classique après cicatrisation (Rouge:
prothèse immédiate - Jaune : pro-
thèse mise en place après la cicatrisa-
tion). (D'après Watt et Me Cregor)
Si un stress mécanique important accentue le remode- Au terme de l'année ayant suivi les extractions, 72 % de
lage osseux, l'absence de stimulation de l'os par la prothèse la résorption sont déjà intervenus; durant les deux ans et
n'est pas, a contrario, un environnement favorable. Cette demi qui suivront, le taux de résorption ne représente plus
absence rompt le couplage ostéogénèse-ostéolyse, et cette que 8 % de la résorption totale (tableau 2-2).
« non-fonction » des surfaces d'appui accroît la résorption Des différences très nettes existent également entre le
répondant à une atrophie du tissu osseux7. maxillaire et la mandibule. La résorption à la mandibule est
La comparaison du taux de résorption après pose telle qu'elle perd 60 % de sa masse osseuse ; de plus, com-
d'une prothèse immédiate ou insertion ultérieure d'une parativement au maxillaire, dans la région antérieure, le taux
prothèse classique montre que la résorption est légère- de résorption mandibulaire est quatre fois plus important9
ment diminuée lorsqu'une prothèse immédiate est mise (fig. 2-3).
en place. Mais, à long terme, deux ans et demi après les Enfin, le sens de la résorption diffère :
extractions, la différence du niveau de résorption est négli- - Au maxillaire, seule la partie centrale de la voûte palatine
geable (fig. 2-2a, b). est épargnée par la résorption, qui intéresse de façon
Cette évolution des structures osseuses sous l'effet de prédominante les versants vestibulaires des crêtes éden-
stress mécaniques a été décrite sous l'intitulé « lois de Wolf », tées : la résorption est centripète.
qui relient directement le développement et l'adaptation des
structures osseuses aux forces mécaniques exercées8. Tableau 2-2 Taux moyen de résorption des crêtes édentées dans
le temps par rapport à la résorption totale. (D'après Watt et Mc Cregor)
En conclusion, il n'existe pas un facteur étiologique domi-
nant vis-à-vis de la résorption des crêtes édentées. Ce phé-
nomène résulte de la combinaison de facteurs généraux
(métaboliques, hormonaux...) et de facteurs locaux (ana-
tomiques, mécaniques...).
L'aspect quantitatif
À la suite des extractions dentaires, l'importance de la résorp-
tion osseuse varie d'un patient à l'autre, et selon le site consi-
déré.
Pour simplifier ces descriptions Atwood (1965) a pro-
posé une classification définissant 6 groupes, selon l'impor-
tance de la résorption de l'arcade mandibulaire (fig. 2-4).
Vingt ans plus tard, Zarb et Lekholm (1985) ont à leur
tour proposé une classification combinant le degré de
résorption à la mandibule et au maxillaire, mais appréciant
aussi la qualité osseuse en vue de faciliter l'analyse pré-
implantaire10 (fig. 2-5 ; tableau 25-3).
L'épithélium
C'est la partie la plus superficielle de la muqueuse. Composé
de 3 à 5 couches cellulaires, l'épithélium buccal est du type
pavimenteux pluristratifié kératinisé ou non.
Au niveau de la voûte palatine et des crêtes, la couche
la plus externe est kératinisée et deux types de kératinisa-
tion sont décrits: l'orthokératose et la parakératose.
L'orthokératose se distingue par une couche cornée où tous
les organites cellulaires ont disparu, à la différence de la para-
kératose où des organites cytoplasmiques sont encore
Fig. 2-4 Classification d'Atwood : phases d'évolution de la crête
antérieure à la suite des extractions. - Phase I avant l'extraction. - visibles.
Phase II après l'extraction. - Phase III crête haute arrondie. - Phase IV Mais surtout, le maintien de l'intégrité de l'épithélium
crête en lame de couteau. - Phase V crête basse arrondie. - Phase VI dépend des cellules de la couche la plus profonde, la couche
crête déprimée. basale. Partant de cette dernière les cellules se renouvellent,
passant par les différents stades de maturation pour arriver
à la surface. La durée de ce cycle ou turn-over est d'environ
21 jours.
La jonction épithélio-conjonctive
La membrane basale joue un double rôle. D'une part, elle
assure la jonction et l'ancrage entre l'épithélium et le tissu
conjonctif et d'autre part, elle.crée l'herméticité entre ces
deux mêmes tissus. Cette membrane n'est pas une struc-
ture inerte. En effet, son architecture caractéristique dite en
doigts de gants peut être modifiée par des pressions exces-
sives. Dans ce cas, le nombre de digitations diminue et leur
taille se réduit (fig. 2-5). Mais surtout, en présence d'un état Fig. 2-6 Coupe histologique de la muqueuse buccale : mise en
inflammatoire cette membrane qui a aussi un rôle de filtra- évidence des différentes orientations des faisceaux de fibres de col-
tion, s'épaissit et se rompt en de nombreux points laissant lagène, apparaissant vert ou jaune sous la lumière polarisée.
passer certains métabolites qui contribuent à la résorption. (Coloration de Junqueira, grossissement x 64)
L'innervation et la vascularisation
de la muqueuse buccale
L'innervation sensorielle de la muqueuse buccale est extrê-
mement riche. En dehors de la température, les différents
récepteurs présents au sein de la muqueuse analysent pré-
cisément les caractéristiques des pressions et de la douleur.
De plus, il existe un gradient de sensibilité dans la cavité
buccale, les régions antérieures présentant une plus grande
Fig. 2-5 Coupe histologique de la muqueuse buccale : 1) épithé-
densité de terminaisons nerveuses.
lium pluristratifié kératinisé ; 2) jonction épithélio-conjonctive à l'as-
L'ensemble de ces informations gagne les centres supé-
pect caractéristique en doigts de gant ; 3) lamina propria. (Coloration
hématoxyline éosine - grossissement x 25) rieurs par des voies multiples, qu'elles soient trigéminales,
faciales VII, dépendantes du IX ou du X.
La vascularisation résulte d'un réseau relativement com-
Le tissu conjonctif plexe ayant pour origine les artères situées dans la sous-
muqueuse. Si celles-ci sont absentes comme dans certaines
Les propriétés biomécaniques du tissu conjonctif découlent régions du palais dur, le réseau vasculaire émerge d'artères
de ses caractéristiques histologiques. localisées dans la partie profonde du tissu osseux.
Il se subdivise en deux zones: la lamina propria et la
sous-muqueuse.
La lamina propria correspond au tissu conjonctif situé sous L'incidence de l'âge
la membrane basale. Elle comprend des éléments cellulaires Il est communément admis que le vieillissement s'accom-
(fibroblastes, macrophages, cellules inflammatoires...) et une pagne de changements conduisant à des altérations irré-
matrice extracellulaire dont la composition détermine les pro- versibles au niveau tissulaire et fonctionnel.
priétés de résistance et d'élasticité de ce tissu. En réalité, l'âge n'est pas un paramètre responsable des
La résistance aux contraintes mécaniques découle de la modifications de la muqueuse buccale12. Celle ci apparaît plus
présence et du nombre de fibres de collagène. Regroupées lisse, plus sèche, revêtant un aspect satiné, mais cet aspect
en faisceaux, ces fibres créent un réseau parfaitement orga- doit être imputé à l'incidence des maladies systémiques, de
nisé jouant un rôle « tampon » (fig. 2-6). leurs effets cumulatifs et des traitements médicamenteux13.
Sur le plan histologique, les variations d'épaisseur de des altérations est directement liée à l'intensité et à la durée
l'épithélium ne sont pas significatives, et le renouvellement de la force exercée. Alors que le recouvrement, sans pres-
cellulaire ne semble pas être affecté par le vieillissement sion, de la muqueuse palatine par une base prothétique
(fig. 2-7); seule l'architecture de la jonction épithélio- n'entraîne pas de modification tissulaire, l'application de
conjonctive semble se modifier ainsi que la lamina propria pressions entraîne des changements proportionnels à leur
qui comporterait des faisceaux de fibres collagène plus intensité16,17.
denses avec des liaisons croisées plus nombreuses.
Viscoélasticité et vieillissement
L'âge est aussi un paramètre important quant au comporte-
ment de la muqueuse vis-à-vis des charges occlusales. En
effet, les résultats montrent que si les courbes concernant
la compression sont identiques, le comportement des tissus
dans la phase de récupération est fonction de l'âge : plus le
patient est âgé, moins la récupération élastique immédiate
est importante, et plus la récupération différée est lente.
Viscoélasticité et microcirculation
Les pressions exercées sur la muqueuse entraînent un
déplacement, une déformation des tissus et, par consé-
quent, elles engendrent des perturbations de la microvas-
Fig. 2-7 Coupe histologique de la muqueuse buccale : mise en cularisation muqueuse. Dès l'application d'une pression, le
évidence du renouvellement cellulaire au sein de la couche basale flux sanguin est réduit, la muqueuse blanchit, phénomène
de l'épithélium à l'aide de la bromo-désoxyuridine (BrDu), mar- qui persiste tant que la pression est maintenue'8.
queur de la division cellulaire. Les cellules en division apparaissent Cette atteinte de la vascularisation est importante vis-à-
brunes. (Grossissement x 64) vis du développement d'un état inflammatoire. En effet, le
système vasculaire est impliqué au premier plan dans la libé-
ration des neuromédiateurs, qui seront engagés dans l'éta-
blissement de l'inflammation, et au-delà dans les phéno-
mènes de résorption osseuse.
À l'arrêt de la pression, le flux sanguin retrouve immé-
Lorsqu'une force est appliquée au niveau de la muqueuse diatement son niveau initial, la « récupération » est donc
buccale, le comportement des tissus dépend de leurs pro- beaucoup plus rapide qu'au niveau muqueux.
priétés viscoélastiques et du comportement hémodyna-
mique de la microcirculation tissulaire.
La viscoélasticité résulte de la combinaison des caracté-
ristiques élastiques et visqueuses de la muqueuse. Si une
force est appliquée sur un matériau élastique, le déplace- Muqueuse buccale et prothèse
ment est immédiat jusqu'à l'arrêt de l'application de la force.
À l'opposé, un matériau visqueux est déformé progressive- L'association entre le port d'une prothèse amovible corn-
ment jusqu'à atteindre son état d'équilibre. La viscoélasticité plète et des modifications de la muqueuse buccale est fré-
se caractérise par la combinaison des deux comportements quente. Les variations portent essentiellement sur l'épais-
précédents14. seur de l'épithélium et de la couche cornée, le degré de
Les propriétés hémodynamiques concernent l'écoule- kératinisation, et sur la nature de la jonction épithélio-
ment du sang et des éléments figurés dans les artérioles et conjonctive.
les veinules ainsi que le comportement des fluides de la La stimulation mécanique liée au port d'une prothèse
matrice extracellulaire. entraîne tout d'abord un épaississement de l'épithélium et
une kératinisation accentuée19. Mais ensuite, la couche cor-
née diminue et l'orthokératose habituelle laisse place à une
Viscoélasticité et comportement tissulaire parakératinisation. De plus, un aplatissement de la mem-
Les études de base concernant la viscoélasticité muqueuse brane basale et une réduction du nombre des digitations
ont été réalisées par Kydd et col (1976), elles rapportent épithélio-conjonctives s'installent20. Cette évolution est
que l'application de toute pression sur la muqueuse interprétée comme une adaptation tissulaire aux charges
entraîne une déformation élastique immédiate, suivie d'une appliquées sur la surface d'appui (fig. 2-8a, b). Une corré-
déformation différée15. Cette déformation s'accompagne lation élevée existerait ainsi entre les changements histo-
d'une réduction d'épaisseur de l'épithélium, et d'un apla- pathologiques observés et l'intensité des pressions appli-
tissement de la jonction épithélio-conjonctive. L'importance quées21.
Fig. 2-8 Coupe histologique de la muqueuse buccale : aspect de la jonction épithélio-conjonctive. Marquage (de couleur marron) à l'aide
d'un anticorps anti-laminine, protéine caractéristique de la membrane basale. (Grossissement x 25)
Fig. 2-8a Jonction épithélio-conjonctive chez un patient non por- Fig. 2-8b Chez un patient porteur d'une prothèse amovible, un
teur de prothèse caractérisée par un aspect en doigts de gant. net aplatissement de la membrane basale est observé.
Les ulcérations
Fig. 2-13a Articulation temporo-mandibulaire chez un sujet jeune. Fig. 2-13b Articulation temporo-mandibulaire chez un sujet âgé
édenté.
Fig. 2-15a Fréquence des bruits articulaires en fonction de la Fig. 2-15b Fréquence des bruits articulaires en fonction de la sta-
rétention de la prothèse mandibulaire. bilité de la prothèse mandibulaire.
Par conséquent, l'édentement total et le port de pro- niques, directement ou indirectement liées au port de la pro-
thèses complètes ne doivent pas être considérés comme thèse, mais aussi un rôle d'adhésion et de rétention. De plus,
des facteurs étiologiques entraînant l'apparition de la présence de mucines facilite la mastication, la déglutition
désordres temporo-mandibulaires. Leur fréquence chez et la phonation33.
l'édenté total est inférieure à celle des patients dentés. Enfin, Les parotides sont des glandes salivaires dites séreuses,
un nouveau traitement prothétique ne doit pas être entre- les glandes sublinguales et sous-mandibulaires sont des
pris uniquement dans le but de traiter une dysfonction, l'étio- glandes mixtes. La salive produite est « plus aqueuse ».
logie de ces désordres restant en fait plurifactorielle. Le flux salivaire n'est pas constant, il existe une grande
variabilité selon les individus, selon les moments de la jour-
née et selon la présence ou non d'une stimulation (3 types :
mécanique ou masticatoire, gustatif, olfactif). Le rythme cir-
cadien régit le flux salivaire avec une sécrétion minimale la
nuit, maximale après une stimulation. Seules les glandes
Chez les patients porteurs de prothèses complètes, la salive salivaires mineures conservent un niveau de sécrétion
remplit des fonctions aussi capitales que nombreuses. Ces inchangé.
fonctions sont bien sûr la préservation et le maintien de l'in- Avec le vieillissement, des changements de structure des
tégrité des tissus de la cavité buccale, mais aussi des rôles glandes salivaires interviennent. La proportion des cellules
biomécaniques et fonctionnels. acineuses, cellules sécrétrices du parenchyme glandulaire,
La réponse à ces fonctions dépend de la quantité et de est réduite, remplacée par du tissu adipeux34. Ces transfor-
la qualité du fluide salivaire sécrété. mations concernent indifféremment les glandes salivaires
majeures et mineures.
Cependant, de façon étonnante, il n'existe pas de modi-
fication évidente du flux salivaire chez les personnes âgées
La salive ou salive totale est un liquide physiologique sécrété en bonne santé35. Au niveau des glandes parotides, qui pro-
partrois paires de glandes salivaires majeures (parotides, sub- duisent de 50 % à 65 % du volume salivaire stimulé, le flux
linguales et sous-mandibulaires) et par des glandes mineures stimulé et non stimulé reste identique quel que soit l'âge
(labiales, buccales, linguales et palatines) (fig. 2-16). des patients36. Mais des études ont montré une diminution
significative de la concentration en mucines salivaires, bien
qu'aucune altération des cellules sécrétoires muqueuses
n'ait été mise en évidence37,38.
Finalement, il reste difficile d'apporter une conclusion
générale sur l'incidence de l'âge vis-à-vis de la sécrétion sali-
vaire, car d'autres paramètres comme l'équilibre alimentaire
et la santé des patients sont des facteurs influant sur la phy-
siologie salivaire39.
La salive possède aussi une activité antibactérienne
grâce à la présence de facteurs immunologiques (IgA sécré-
toires, IgM et IgG) et non immunologiques tels des pro-
téines, des peptides et des enzymes. Elle possède un pou-
voir tampon par l'intervention des bicarbonates (HCO-3 et
H2C03). Enfin, la salive a un rôle important dans la gusta-
tion et elle assure le début de la digestion des aliments.
Fig. 2-16 Glandes salivaires mineures palatines nettement objec-
tivables sur une empreinte à l'alginate dans les secteurs latéraux
postérieurs.
L'existence de pathologies et leurs traitements peuvent être
Les glandes majeures produisent près de 90 % du flux à l'origine de perturbations fonctionnelles des glandes sali-
total en absence de stimulation. vaires. Ces altérations, plus ou moins sévères, sont ou non
Mais la qualité de la salive produite par les glandes sali- réversibles, il s'agit le plus souvent d'une hyposialie (dimi-
vaires mineures est très différente. Ce sont des glandes dites nution de la sécrétion salivaire), voire d'une asialie (absence
muqueuses, sécrétant une salive riche en mucines (glyco- totale de sécrétion).
protéines) qui jouent un rôle capital pour la prothèse Chez les patients âgés, un nombre croissant de patho-
adjointe complète. Ces mucines possèdent une faible solu- logies est observé, et les traitements médicamenteux pres-
bilité, une haute viscosité et élasticité et, enfin, un coefficient crits possèdent des effets secondaires, parmi lesquels fré-
d'adhésion élevé32. Ainsi, elles donnent à la salive quemment une xérostomie (altération de la sécrétion
muqueuse des propriétés essentielles de lubrification et de salivaire) (chapitre 4). Cet effet est plus ou moins transitoire
protection de la muqueuse vis-à-vis des agressions méca- et il disparaît à l'arrêt de la prise du médicament; mais, dans
le cas de pathologies chroniques, une xérostomie perma- 13. Mackenzie IC, Holm-Pederson P, Karring T. Age changes in the
nente due au traitement pharmacologique peut s'installer. oral mucous membranes and periodontium. In : Geriatric den-
De même, après ablation chirurgicale ou atteinte irré- tistry. Copenhagen : Munksgaard, 1986.
versible des tissus glandulaires due à une radiothérapie de 14. Picton DCA, Wills DJ. Viscoelastic properties of the periodontal
ligament and mucous membrane. J Prosthet Dent, 1978 ; 40 :
la sphère oro-faciale, la sécrétion salivaire est réduite défini-
263-272.
tivement.
15. Kydd WL, Daly CH, Waltz M. Biomechanics of oral mucosa. Front
Les conséquences cliniques sont nombreuses et concer- Oral Physiol, 1976; 2: 108-129.
nent simultanément les tissus, les fonctions et le port des 16. Nakashima K, Sato T, Hara T, Minagi S. An expérimental study
prothèses amovibles40 (tableau 2-4). on histopathological changes in the tissue covered with den-
ture base without occlusal pressure. J Oral Rehabil, 1994 ; 21 :
Tableau 2-4 Conséquences cliniques des hyposialies et asialies 263-272.
salivaires au niveau de la cavité buccale40. 17. Mori S, Sato T, Hara T, Nakashima K, Minagi S. Effect of conti-
nuous pressure on histopathological changes in denture sup-
porting tissues. J Oral Rehabil, 1997; 24: 37-46.
18. Yoshida N, Minagi S, Sato T, Kadoya S, Matsunaga T. Effects of
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trical method. J Oral Rehabil, 1992; 19: 527-533.
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Chez un patient édenté total, certaines des fonctions physio- de celle des patients dentés, et les forces alors exercées
logiques telles que la mastication, la déglutition, la gustation et représentent seulement 15 % de celles obtenues en den-
la phonation sont plus ou moins altérées. Leur rétablissement ture naturelle2.
est un des objectifs majeurs de nos restaurations prothétiques. L'appréciation de la capacité masticatoire peut être appré-
hendée par la forme du cycle masticatoire, par la force de
morsure, et par l'efficacité masticatoire à proprement parler.
La restauration de la mastication est un des principaux sou- La mastication se caractérise par un cycle de mouvements
haits exprimés par le patient à la fois lors de l'insertion d'une rythmiques tridimensionnels, décomposé en trois temps
première prothèse et lors du renouvellement d'une (abaissement, élévation, contact interdentaire). Chez les
ancienne prothèse. Cette fonction dépend en grande partie sujets édentés, la mastication se déroule comme chez le
du comportement musculaire, qui lui, est altéré par l'âge et patient denté, mais, dans le plan frontal, le cycle de mastica-
l'édentement. tion est plus large et plus court3 (fig. 3-1). De plus, lors de la
phase de fermeture, l'angle du mouvement est plus petit
(fermé) par rapport au plan horizontal (tableau 3-1 ) ; à l'ou-
verture du côté non travaillant le déplacement est plus impor-
Comme tous les autres tissus, les muscles subissent l'in-
fluence du vieillissement. Vers 80 ans la masse musculaire
a diminué d'environ un tiers. En particulier, la densité des
muscles masséter et ptérygoïdien médial est plus faible et
leur section est réduite d'environ 30 %1. De plus, si les sujets
sont édentés, cette réduction de la section musculaire s'ac-
centue de façon significative ; mais l'édentement n'est pas
accompagné de modification de la densité des fibres.
Ainsi, ces évolutions liées à l'âge, mais aussi à l'édente-
ment des patients contribuent aux modifications de la fonc-
tion masticatoire observées chez les édentés totaux.
Fig. 3-2 Chez un édenté total le cycle de mastication est soit non
modifié (a) ou modifié (b) par la morphologie cuspidienne des
dents prothétiques.
Des troubles de la déglutition s'installent, atteignant les La gustation, ou perception de goûter, est un sens complexe
temps buccal, pharyngien et œsophagien10. Le temps buc- qui résulte non seulement de la mise en jeu d'un appareil
cal est le plus souvent concerné. De plus, le temps de réac- neuro-sensoriel, l'appareil gustatif, mais aussi d'informations
tion des patients âgés s'allonge, la déglutition est plus lente. somesthésiques (pressions exercées, température des ali-
Enfin, la pression exercée par la langue sur la voûte palatine ments, voire nociception)17. Enfin, la perception gustative
diminue 11 . dépend aussi des récepteurs olfactifs, on parle alors d'une
sensation mixte, ou flaveur, répondant à l'association gusta-
tion et olfaction.
Fig. 4-3a Vision normale d'une barre. Fig. 4-3b Vision avec cataracte.
Fig. 4-3c Vison avec atteinte maculaire. Fig. 4-3d Vision avec glaucome.
Tableau 4-5 Liste (très restreinte) des médicaments ayant des du tonus, s'ajoutent la diminution de la puissance muscu-
effets secondaires au niveau de la cavité buccale. laire et la réduction du rôle des extérocepteurs.
Le contour et le volume des lèvres sont souvent altérés
par la perte des dents ou par une prothèse mal réalisée. Cela
entraîne l'apparition de lèvres trop rentrées, l'augmentation de
l'angle naso-labial, l'accentuation du sillon labio-mentonnier,
la disparition de la gouttière philtrale et de la zone vermillon.
La future prothèse devra compenser ces altérations tout
en respectant l'équilibre musculaire. La longueur de la lèvre
supérieure est évaluée, car elle influe sur la stabilité prothé-
tique : les lèvres courtes exercent d'importantes pressions sur
l'extrados de la prothèse, alors que les lèvres longues en exer-
cent moins. Ces éléments doivent être complétés par la
détermination du type de sourire qui est un élément capital,
Les tubérosités
Elles sont favorables à la sustentation et à la stabilisation si elles
L'examen endobuccal sont arrondies, bien marquées, recouvertes par un tissu ferme
et adhérent, et enfin si leur partie la plus basse se situe à 2 mm
L'examen est conduit en trois temps :
au-dessus du plan occlusal. Inversement, elles sont défavo-
- Examen visuel
rables si elles présentent des contre-dépouilles vestibulaires
- Examen par palpation
consécutives à une mauvaise conception de l'ancienne pro-
- Examen du jeu musculaire fonctionnel
thèse, un volume très important suite à des diapneusies, si
elles sont recouvertes de tissus dépressibles non adhérents,
L'arcade maxillaire ou enfin si elles sont très peu marquées, voire absentes.
L'examen visuel évalue successivement:
L'aspect des tissus
La forme de l'arcade
Idéalement, la muqueuse est de couleur rose, traduisant une
Elle peut être carrée, triangulaire, ovoïde, symétrique ou muqueuse saine orthokératosique, alors qu'un aspect blan-
asymétrique en raison des phénomènes de résorption. Les châtre traduit une hyperkératose. Par contre, les muqueuses
arcades symétriques, peu résorbées, et la présence des émi- rouges, érodées, hyperhémiées, la présence de papules signent
nences canines assurent une meilleure stabilité. une dyskératose voire une stomatite prothétique35 (fig. 4-7).
Fig. 4-5 Voûte palatine avec fissure centrale. Fig. 4-6 Torus palatin.
même manière, latéralement, le frein canin peut atteindre
le sommet de la crête. Distalement, en avant de la tubéro-
sité on découvre quelquefois un frein correspondant aux
insertions postéro-supérieures du buccinateur. Il doit être
systématiquement recherché, car il est particulièrement apte
à déstabiliser une prothèse adjointe (fig. 4-8).
L'arcade m a n d i b u l a i r e
Comme à l'arcade maxillaire l'examen clinique est conduit
Fig. 4-14 Les planchettes d'Ackermann ou appuis vestibulaires
en trois temps:
(Buccal shelf) se situent entre le site d'avulsion des dents posté-
L'examen visuel évalue : rieures mandibulaires et la ligne oblique.
La forme de l'arcade
Les crêtes
Les lèvres
La radiographie panoramique
Chez les patients édentés totaux ou partiels, la réalisation
d'un cliché orthopantomographique s'impose. Il permet
d'évaluer les volumes osseux dans les régions latérales, le
volume des sinus, la position du nerf alvéolaire inférieur et
de son émergence au niveau du trou mentonnier, l'épais-
Fig. 4-20 Orientation très défavorable de la lèvre inférieure en seur ou la dimension du corps de la mandibule 42,43 , l'épais-
haut et en arrière lors de l'ouverture. seur de la corticale, l'importance de l'os spongieux et ses
caractéristiques (le type de trabéculation, son aspect, sa den- Chez les patients partiellement dentés l'examen radio-
sité). De plus, il met en évidence les dents incluses, encla- graphique rétro-alvéolaire doit venir en complément de
vées, les apex « oubliés », les tumeurs bénignes ou malignes. l'examen clinique. Il permet d'évaluer la morphologie radi-
La fréquence des découvertes « fortuites » varie selon les culaire des dents présentes, et de définir leur valeur intrin-
auteurs de 18 % à 41 %. Dans ces études, les éléments le sèque.
plus fréquemment retrouvés sont des racines restantes, des
radio-opacités, des dents incluses (tableau 4-8). La téléradiographie
Cet examen ne s'impose en aucune façon lors de la phase
Tableau 4-8 Fréquence des éléments intra-osseux découverts lors
diagnostique. Il peut secondairement être demandé en pré-
d'un examen panoramique.
sence d'un fort décalage des bases osseuses, de fortes asy-
métries et devra être réalisé dans des conditions bien pré-
cises: présence de maquettes d'occlusion réglées en
occlusion de relation centrée, à la dimension verticale d'oc-
clusion la plus exacte possible avec des objectifs thérapeu-
tiques bien définis.
La cinématique mandibulaire
Les altérations morphologiques condyliennes entraînent
souvent une modification des trajectoires lors des diffé-
rents mouvements d'excursions.L'évaluation de la forme
et de l'inclinaison des déplacements condyliens peut se
révéler particulièrement significative. Les enregistrements
Cependant la découverte de dents incluses, d'apex res- graphiques type axiographie simplifiée sont très révéla-
tants, ne doit pas entraîner leur avulsion systématique. Les teurs de l'inclinaison et de la forme des trajectoires46, 47
dents profondément incluses, en l'absence de toute réac- (fig. 4-23a, b).
tion, doivent être conservées. Cependant, le patient doit être
informé de la présence de ces éléments, et prévenu des
risques et bénéfices de l'intervention ou de l'absence d'in-
tervention.
La symétrie des branches montantes, la forme de la tête
condylienne sont recherchées, l'asymétrie pouvant être liée
à une fracture condylienne ancienne, un remodelage impor-
tant par aplatissement consécutif à un phénomène d'os-
téoarthrose (fig. 4-22). Ces constatations peuvent expliquer
certaines difficultés qui apparaîtront lors de l'enregistrement
des relations intermaxillaires et lors du montage 44,45 . Fig. 4-23 Trajectoires condyliennes chez le patient édenté total :
a) trajectoire normale ; b) trajectoire pathologique.
La surface d'appui
Fig. 4-22 Fracture sous-condylienne basse entraînant une forte
asymétrie mandibulaire : 1 ) éminence temporale ; 2) fragment frac- Au maxillaire, l'absence de rétention est-elle due à une mau-
turé; 3) processus condylien. vaise conception et réalisation (épaisseur, forme, position)
du joint vestibulaire et du joint postérieur, voire d'une sur-
face d'appui sous étendue (absence de recouvrement des
tubérosités par exemple)?
Lorsque l'examen clinique est terminé le praticien doit éta-
De même, à l'arcade mandibulaire l'absence de joint
blir un bilan objectif et complet du cas clinique selon les trois
sublingual, le non-franchissement des lignes mylohyoï-
volets précédemment décrits, de manière à établir son plan
diennes, le non-recouvrement des trigones rétromolaires
de traitement.
peuvent expliquer le manque de rétention, de stabilité de la
prothèse mandibulaire.
L'occlusion
Il se compose essentiellement de questions :
Les caractéristiques occlusales sont examinées; le type de Dans quelle catégorie se situe le patient? Est-ce un cas
dents employé (dents cuspidées, non cuspidées), le maté- favorable ou un cas défavorable? Si oui, quel est le pro-
riau (dents porcelaine, dents résine) et leur degré d'usure; blème, comment le traiter?
l'aspect général du montage, asymétrique ou non, la pré- Quels sont les espérances et désirs du patient? Pouvons-
sence des molaires sur les trigones ou tubérosités. Le niveau nous y répondre et comment? Doit-on contourner le pro-
et l'orientation du plan occlusal sont évalués au niveau de blème?
l'arcade mandibulaire, en vérifiant si la langue occupe une
position basse et étalée, position stabilisant la prothèse. La
dimension verticale d'occlusion, la qualité de l'occlusion d'in-
tercuspidie maximale, la mise en évidence de contacts pré-
maturés en occlusion de relation centrée, sont aussi contrô- Quels sont les points ou zones de difficultés? Altérations de
lées. la surface d'appui, présence de blessures liées au port de la
prothèse existante, problèmes muqueux, relations squelet-
tiques erronées, position et forme de la langue, nature et flux
Les extrados salivaire, problèmes généraux...
La forme des extrados vestibulaires et l'épaisseur de la voûte
palatine sont examinées, autant de paramètres qui sont à
l'origine de gênes insidieuses. Cet examen est réalisé à la
fois de manière extra-buccale et intra-buccale pour évaluer Des erreurs existent-elles sur la prothèse existante? Justifient-
le comportement des muscles, en particulier au maxillaire elles les doléances du patient? Si oui, comment y remédier?
supérieur dans la région du buccinateur et de l'orbiculaire Quelle technique d'empreinte choisir? Quelle esthé-
des lèvres. tique? L'occlusion est-elle erronée? Quel schéma occlusal,
quelles dents utiliser?
L'esthétique Si les questions sont nombreuses, les réponses se doi-
vent d'être précises et sûres.
Les qualités esthétiques des prothèses existantes sont esti-
mées, selon des critères purement techniques, par rapport
à d'éventuels documents que possède le patient et en fonc-
tion de l'opinion qu'exprime ce patient. Aucune de ces ana-
lyses ne doit avoir une prédominance sur l'autre. En effet,
malgré le jugement du praticien, certains patients sont satis-
faits de l'esthétique existante, d'autres ne veulent rien chan- L'établissement du bilan permet d'élaborer le plan de traite-
ger de peur que cela soit remarqué, enfin certains exigent ment. Celui-ci se compose de trois grandes phases ou pos-
un profond changement. Dans ce cas, le praticien doit expli- sibilités : la phase préprothétique, la phase prothétique, et la
quer au patient les limites techniques, les avantages et phase post-prothétique49.
inconvénients de son choix. La phase préprothétique comprend la correction
préalable de certaines anomalies ou altérations osseuses et
muqueuses des surfaces d'appui. Mais elle concerne aussi
L'hygiène des prothèses
les problèmes occlusaux, esthétiques, le décalage des bases
L'examen des prothèses traduit immédiatement les soins osseuses, la prise en charge des problèmes psychologiques.
apportés ou non à leur entretien : présence de tartre au La phase prothétique correspond à l'élaboration pro-
niveau des collets, usures localisées par un brossage intem- prement dite de la prothèse. Elle se compose d'une phase
pestif,- coloration provoquées par le tabac le thé ou tout autre clinique consacrée aux choix des techniques, des matériaux
substance; enfin, décolorations provoquées par certains d'empreinte, au choix du montage des dents prothétiques
types de produits de nettoyage. et d'une phase technique: la prise d'empreinte, l'occlu-
sion etc. L'ensemble de ces choix dépend des données ana-
tomiques et physiologiques du patient.
La phase post-prothétique est consacrée au rétablis- En fonction du bilan l'approche thérapeutique est diffé-
sement et à la concrétisation de l'équilibre prothétique, qu'il rente (fig. 4-24, 4-25a, b, c, d).
soit psychique, tissulaire ou biomécanique.
L'équilibre occlusal
Les corrections des dents prothétiques, que ce soit par meu-
Dans la mesure où les prothèses existantes sont corrigées,
lage des faces occlusales ou par adjonctions de résine sur
modifiées, et ce de manière irréversible, ces thérapeutiques
celles-ci, permettent au praticien de rétablir en priorité la
ne peuvent être conduites que si les conditions suivantes
dimension verticale d'occlusion, le plan occlusal, et l'occlu-
sont respectées :
sion de relation centrée. Il est conseillé de conserver un relief
- Le patient doit être, au préalable, informé de cet état de
cuspidien sur les dents maxillaires, mais de réaliser un plan
fait et doit donner son accord. Il est cependant préférable
occlusal lisse à l'arcade mandibulaire. Cette technique contri-
de conduire cette phase préprothétique à l'aide du dupli-
bue à supprimer les réflexes d'évitement et, ainsi, participe
cata de la prothèse existante, de manière à ne pas alté-
au rétablissement d'une bonne coordination des muscles
rer la prothèse du patient (chapitre 27).
élévateurs et propulseurs (fig. 21-19).
- La prothèse existante ne doit pas être trop inadaptée,
c'est-à-dire que l'étendue de la surface d'appui, la dimen-
sion verticale d'occlusion, le plan occlusal, l'esthétique Le comportement neuromusculaire
sont relativement satisfaisants (fig. 5-1). Aux corrections occlusales, il est possible d'ajouter des exer-
- Le patient doit coopérer, être informé de la durée et des cices musculaires. Pour symétriser l'action des muscles masti-
objectifs du traitement proposé. cateurs, effacer les réflexes acquis erronés, le patient est invité
- Le patient doit être parfaitement autonome, de manière à à effectuer des mouvements de propulsion, de latéralités selon
se rendre aux rendez-vous de manière sûre, pour garantir des séquences décrites en leur temps par Boos7. Pour facili-
la rapidité du traitement et surtout éviter la dégradation des ter ces exercices, l'utilisation d'un point d'appui central s'avère
matériaux employés, dégradation dont les conséquences très utile. Celui-ci est fixé sur des maquettes d'occlusion qui
sur la surface d'appui sont particulièrement néfastes. sont confiées au patient. Le patient est invité à exécuter des
Les corrections de la prothèse permettent de restaurer mouvements de propulsion, de latéralité, 2 fois par jour pen-
l'intégrité des tissus de la surface d'appui, de rétablir l'équi- dant 10 à 15 minutes. L'amplitude, la coordination, la précision
libre occlusal, et de coordonner le comportement musculaire. des mouvements s'accroissent, traduisant la disparition des
altérations du comportement musculaire8,9 (fig. 5-2).
Fig. 5-2 Point d'appui central fixé sur des maquettes qui sont
confiées au patient.
La surface d'appui
La suppression de blessures plus ou moins étendues, de La langue doit aussi être prise en compte lors des trai-
lésions inflammatoires, la recherche de la stabilité de la pro- tements préprothétiques. En effet, le plus souvent elle se
thèse existante font appel aux techniques de réhabilitation place en position haute et postérieure pour maintenir la pro-
tissulaire. Celles-ci peuvent être réalisées au stade prépro- thèse maxillaire ou pour éviter la gène provoquée par un
thétique ou post-prothétique. L'inconvénient majeur de l'ap- montage erroné des dents prothétiques mandibulaires,
proche préprothétique est d'allonger de manière importante dents antérieures trop en arrière, dents postérieures trop lin-
la longueur du traitement sans que cela n'amène réellement guales. Pour pallier cette parafonction, le patient est invité à
un plus thérapeutique. Elle ne doit être qu'exceptionnelle- placer la pointe de la langue sur des petits reliefs créés sur
l'extrados lingual, au niveau des collets des incisives de la toujours être réalisées avec prudence et réserve, car les
prothèse existante10. De même, les faces linguales des dents freins contribuent de manière importante à la stabilisation
mandibulaires sont meulées pour augmenter l'espace et à la rétention de la prothèse. Les interventions se feront
dévolu à la langue. Ces deux techniques favorisent l'étale- le plus souvent selon le principe de la plastie en Z, dont
ment de la langue et sa position basse. Certains auteurs les berges sont, ensuite, suturées en première intention.
comme Stracke cité par Lejoyeux invitent le patient à tenir - De supprimer les tubérosités proéminentes qui parfois
un crayon avec la langue. Cet exercice force la langue à dépassent le plan occlusal. Elles correspondent le plus
s'aplatir, à s'étaler, et ainsi, contribue à la stabilisation de la souvent à un excès de tissus fibro-conjonctifs, ce qui per-
prothèse mandibulaire 11,12 . met une plastie en quartier d'orange (fig. 5-3a, b, c).
Fig. 5-5a Torus palatin et tubérosités hyperdéveloppés, imposant Fig. 5-5b Scanner 3D préchirurgical, permettant l'analyse qualita-
une chirurgie préprothétique. tive et quantitative des tissus et composants du tonus.
Leurs avulsions ne sont indiquées que s'il y a effraction Les corrections chirurgicales des anomalies squelettiques
de la table osseuse ou de la muqueuse. Par contre, si l'élé- s'imposent parfois. Aux précautions exposées précédem-
ment est profondément inclu dans l'os spongieux, sans ment s'ajoutent d'autres paramètres.
lésion périphérique, il est préférable de le laisser. Cette atti- Cela implique:
tude impose bien sûr l'accord du patient, selon le principe - Un patient parfaitement motivé et totalement informé
du consentement éclairé, et cliniquement, des contrôles selon les principes du consentement éclairé.
périodiques pour éviter tout accident. - La consultation de deux chirurgiens, le patient effectuant
En cas d'intervention, celle-ci devra toujours être réalisée lui-même le choix.
avec une destruction osseuse minimale pour éviter d'ac- - Une coopération rigoureuse entre le praticien, le chirur-
centuer la résorption. gien et le patient.
- La réalisation d'un cliché céphalométrique, la mandibule
Les techniques additives placée en occlusion de relation centrée, à la bonne
dimension verticale grâce à des maquettes d'occlusion.
Pendant de nombreuses années les praticiens ont tenté de
Les clichés confirment l'origine squelettique des pro-
restaurer, d'augmenter la hauteur des crêtes en plaçant des
blèmes rencontrés.
greffons osseux d'origine iliaque ou costale ou bien des sub-
- La simulation de l'intervention sur articulateur.
stituts osseux. Cependant, à long terme, les résultats ne sont
- La préparation par le praticien, en accord avec le chirur-
pas satisfaisants. Ces techniques sont actuellement aban-
données dans le cas de port de prothèse adjointe conven- gien, d'un guide chirurgical.
tionnelle, à la différence des cas où la mise en place d'im- - Une intervention chirurgicale soigneuse où le praticien
plants est prévue (fig. 5-6). est présent.
- Un suivi post-opératoire rigoureux.
- Le respect des indications et contre-indications médi-
cales propres à toutes interventions chirurgicales.
Les approches de chirurgie orthognathique peuvent trai-
ter les anomalies squelettiques dans les trois sens de l'es-
pace 23, 24 .
Fig. 5-8a Cas de classe III squelettique nécessitant une correction Fig. 5-8b Simulation sur articulateur de l'avancée maxillaire.
chirurgicale.
Fig. 5-8c Guides chirurgicaux préparés sur articulateur. Fig. 5-8d Schéma d'une intervention de Lefort I d'avancée maxil-
laire.
Fig. 5-9 Rétablissement de I'espace prothétique en vue de la rea-
lisation d'une prothèse complete.
Fig. 6-3 Incidence des pathologies générales sur la physiopathologie microcirculatoire au niveau de l'anse capillaire.
Fig. 6-7 Répartition des surfaces d'appui primaires, secondaires et de non-appui, selon Boucher.
Fig. 6-7a Au maxillaire : a) surface d'appui primaire ; b) surface Fig. 6-7b À la mandibule : a) surface d'appui primaire ; b) surface
d'appui secondaire; c) surface de non-appui-, d'appui secondaire.
Fig. 6-8 Répartition des surfaces d'appui primaires, secondaires et de non-appui, selon Levin.
Fig. 6-8a Au maxillaire : a) surface d'appui primaire; b) surface Fig. 6-8b À la mandibule : a) surface d'appui primaire; b) surface
d'appui secondaire, c) surface de non-appui. d'appui secondaire.
Fig. 6-9 Au niveau des
points A et B, sous l'action
d'une pression le compor-
tement de la muqueuse est
similaire, mais l'amplitude
des déplacements varie
entre ces deux points à la
fois lors de l'application de
la pression et lors de la
phase de récupération.
teur. Leur largeur varie de 4 à 6 mm sur une arcade de ovoïdes, triangulaires ou les arcades dont les proéminences
dimension moyenne et de 2 à 3 mm sur une petite arcade. canines ont disparu. Les voûtes ovoïdes ne fournissent
À long terme, la sustentation résulte de la résistance des aucune stabilité, contrairement aux voûtes plates ou ogi-
tissus au phénomène de résorption, que cette dernière soit vales.
d'origine physiologique ou pathologique accentuée par les À la mandibule, les structures anatomiques favorisant la
différents facteurs prothétiques 16,17 . stabilité prothétique sont peu nombreuses. Les crêtes sont
souvent peu élevées voire négatives. L'utilisation par la pro-
thèse des régions rétro-mylohyoïdiennes est alors capitale
car ce sont les seuls éléments qui diminuent efficacement
les déplacements de la prothèse mandibulaire18 (fig. 6-10).
Définition
La stabilité prothétique correspond à la résistance offerte par Le facteur musculaire
les reliefs et la forme générale des arcades, aux forces de
Le rôle stabilisateur des muscles de la cavité buccale résulte
renversement.
de l'action conjuguée de l'orientation des fibres musculaires,
Contribuant de manière majeure au confort physiolo-
et de l'équilibre qui s'établit entre les pressions linguales et
gique, elle est fonction de facteurs anatomiques, muscu-
vestibulaires.
laires et occlusaux.
Les muscles dont les fibres sont parallèles au plan occlu-
sal, tels que l'orbiculaire des lèvres, le buccinateur, stabilisent
Les facteurs anatomiques la prothèse, alors que les muscles dont les fibres sont per-
Ils correspondent à l'ensemble des caractéristiques mor- pendiculaires au plan occlusal, le modiolus, sont déstabili-
phologiques des arcades. Les crêtes larges avec des versants sateurs19. En conséquence, les profils, les formes et les
relativement parallèles offrent une meilleure stabilité que les volumes des extrados prothétiques doivent faciliter l'action
crêtes petites, étroites, triangulaires. De même, les arcades stabilisatrice des muscles. Enfin, l'établissement d'un équi-
carrées procurent une meilleure stabilisation que les arcades libre entre les pressions exercées d'un côté par la langue et
de l'autre par les lèvres et les joues améliore la stabilité en
particulier de la prothèse mandibulaire 20,21 .
Le facteur occlusal
Il dépend du praticien et du patient. Les éléments propres
au praticien correspondent à l'orientation, au niveau du plan
occlusal, à la morphologie des dents prothétiques choisies,
à l'organisation du montage. Un plan occlusal mandibulaire
trop haut, des dents prothétiques en position trop vestibu-
laire, ou trop linguale contribuent fortement à l'instabilité de
la prothèse.
Les éléments stabilisateurs ou déstabilisateurs inhérents
au patient dépendent du type de relation intercrêtes : angu-
lations intercrêtes accentuées, distances intercrêtes impor-
tantes, présence d'une relation squelettique de classe III, dif-
Fig. 6-10 Incidence des extensions mylohyoïdiennes sur les dépla- ficultés dans la répartition des charges occlusales en
cements verticaux et horizontaux de la prothèse mandibulaire présence de classe II div.1, et d'un comportement neuro-
(Ordonnée : déplacements). musculaire altéré.
Fig. 6-11 Aspect de la mouillabilité.
Définition
La rétention d'une prothèse correspond à la résistance à l'éloi-
gnement dans une direction opposée à l'insertion. La réten-
tion assure une résistance aux forces de gravité et aux forces
associées. Cette propriété est très certainement l'élément le Fig. 6-11 a En fonction de ses caractéristiques, un liquide peut, sur
plus important aux yeux du patient et du praticien22-25. une surface plane, ne pas s'étaler si son angle de mouillabilité est
négatif (a) ou s'étaler si son angle de mouillabilité est positif (a 1 ).
Historiquement, différents facteurs ont été avancés pour
expliquer et obtenir la rétention. Dès 1800, Gardette met-
tait en avant le rôle de la pression atmosphérique, en 1820
Ambler l'adhésion, ce n'est qu'en 1917 qu'un consensus
s'est établi, la rétention résultant de l'action combinée de
ces deux facteurs physiques (Wilson 1917 - Hall 1919 ) .
Cependant, aux facteurs physiques s'ajoutent les facteurs
neurophysiologiques et anatomiques.
Fig. 6-12a Au repos une plaque est au contact d'un liquide qui
s'étale à sa surface.
La pression atmosphérique
Le rôle ou la contribution de la pression atmosphérique à la
rétention a souvent été discuté, surtout au niveau de l'ar-
cade maxillaire. Pour certains auteurs comme Page la pres-
sion atmosphérique ne participe pas à la rétention prothé-
tique. À l'opposé, pour Boucher, la pression atmosphérique
joue un rôle d'urgence. La pression n'agit que si la prothèse
est soumise à des forces de désinsertion, et uniquement si
un véritable joint s'est installé à la périphérie de la pro-
thèse35. En effet, lorsque la prothèse se déplace, il se crée
une dépression à la jonction muqueuse-base prothétique,
dépression qui favorise la rétention. La rétention est direc-
Fig. 6-12b Soulèvement de la plaque sous l'effet d'une traction : tement liée à l'étendue de la surface recouverte et à la pres-
la résistance opposée est liée à la force d'adhésion entre le liquide sion atmosphérique existante.
et la plaque, à celle de la cohésion et la viscosité du liquide, à la Par contre, il n'existe pas de phénomène de succion, sou-
capillarité, à la création d'un ménisque et à une dépression. vent exploité par la mise en place de ventouse au niveau de
la voûte palatine, ventouse qui aspire la muqueuse créant
d'importantes lésions de la muqueuse palatine. Par ailleurs,
la création de chambres à vide non seulement n'augmente
pas la rétention mais la diminue et, à ce titre, elles doivent
être éliminées36.
À l'arcade maxillaire, cliniquement, ce joint périphérique
existe. Il se compose d'un joint vestibulaire qui implique
toute la zone de réflexion vestibulaire et d'un joint postérieur
au niveau du voile du palais.
Fig. 6-12c La traction est trop importante, l'un des paramètres À la mandibule, on ne peut parler réellement de joint
atteint sa limite de rupture, la plaque se détache. périphérique mais il existe trois zones qui assurent une her-
méticité relative de la base prothétique vis-à-vis de la sur-
face d'appui.
Tableau 6-1 Angle de mouillabilité de différents matériaux de la - Le joint sublingual - Il est créé par l'extension distale, le
base prothétique. plus souvent horizontale, du bord lingual de la prothèse
mandibulaire. Cette extension libère le jeu du frein de la
langue, mais surtout permet à la langue, à la frange sub-
linguale de s'enrouler autour du bord prothétique, enrou-
lement qui assure l'herméticité37.
- Le joint labio-incisif - Il est formé par le contact qui s'éta-
blit entre la zone de réflexion incisivo-canine vestibulaire,
la face interne de la lèvre inférieure, les bords de la base
prothétique et les faces vestibulaires des dents mandi-
bulaires (fig. 6-13).
Ces deux joints agissent en totale synergie, synergie
découlant de la position vestibulo linguale des dents anté-
rieures.
- Le joint linguo-masseterin - Il correspond au contact qui
s'établit entre la base de la langue et la face interne de
la joue au niveau des insertions basses du masséter. La
dibulaire, stabilisant celle-ci, et assurant ainsi une réten-
tion indirecte. Les muscles les plus importants sont le
buccinateur, les orbiculaires des lèvres, les muscles
extrinsèques et intrinsèques de la langue.
- Rétention active - Les extérocepteurs des surfaces
muqueuses jugales, labiales et linguales captent les
déplacements des prothèses. Les informations trans-
mises par le VII via les interneurones aboutissent au
noyau moteur trigéminal avec des réactions musculaires
réflexes qui contribuent à améliorer la rétention39. Ce
rôle de l'extéroception a été parfaitement mis en évi-
dence, l'anesthésie de surface de la muqueuse au
niveau de la zone de réflexion provoque une diminution
d'environ 50 % de la rétention prothétique (fig. 6-14) 40 .
Les mêmes muscles que ceux précédemment cités
contribuent à la rétention prothétique active.
Fig. 6-13 Aspect schématique du joint labio-incisif (a) et du joint Les facteurs a n a t o m i q u e s
sublingual (b).
En raison de la résilience des tissus muqueux, recouvrant
l'os sous-jacent il est possible d'utiliser de faibles contre-
base prothétique qui englobe le trigone rétronnolaire est dépouilles. La muqueuse se déprime pour laisser passer la
alors recouverte par la joue et la base de la langue. Cette prothèse qui se trouve, ensuite, maintenue mécaniquement
notion de joint peut être améliorée par la création d'un sur la surface d'appui.
sillon creusé dans la partie postérieure vestibulaire du tri-
gone rétromolaire13.
La gravité
Cette composante physique universelle participe à la réten-
tion de la prothèse mandibulaire. d'iniquement, l'exploita-
Le rôle et l'importance de l'esthétique dans les empreintes
tion de ce phénomène physique conduit à alourdir les pro-
peuvent sembler paradoxaux. Mais ce rétablissement parti-
thèses mandibulaires soit en utilisant des bases métalliques
cipe de manière directe à la rétention et à la stabilité pro-
de préférence en or ou en insérant du métal dans le corps
thétique. Dans la mesure où le soutien des lèvres, des joues
de la prothèse. Cependant, les résultats cliniques de ces pro-
est assuré, la zone de réflexion est à sa place facilitant l'ob-
positions sont limités38.
tention du joint périphérique parfait et un contact harmo-
nieux entre les extrados et la face interne des joues et des
Les facteurs neuromusculaires lèvres. Cela augmente la surface de contact d'environ 15 à
Les muscles de la cavité buccale accroissent la rétention pro- 20 cm 2 . La rétention est alors accrue grâce aux phénomènes
thétique. Celle-ci est à la fois passive et active : physiques et au contrôle neuromusculaire.
- Rétention passive - Simplement par leur propre poids,
les muscles exercent une pression sur la prothèse man-
Les empreintes anatomo-fonctionnelles sont particulière- Ce type d'empreinte est indiqué en présence d'une sur-
ment indiquées chez les patients qui ne présentent aucune face d'appui lésée, de tissus non adhérents, d'une corti-
pathologie d'ordre général susceptible d'amoindrir la résis- cale osseuse plus ou moins absente, d'ostéoporose, de
tance muqueuse ou osseuse et localement en présence de troubles d'ordre systémique comme le diabète, d'hyper-
tissus muqueux, fermes, adhérents, de structures osseuses thyroïdisme ou de certaines médications telles que les cor-
où la trabéculation est nette, dense, la corticale épaisse. ticostéroïdes.
Cette technique fut proposée par Pleasure en 19624. Ce type d'empreinte fut proposé par Addison en 1944 et Page
en 1946, puis reprise par De Van en 1952, et plus récem-
ment Kornfeld et Clayton dans les années 1970-19805-8.
L'empreinte secondaire
Fig. 8-4 Répartition des pressions entre la voûte palatine et les
crêtes selon que le porte-empreinte est adapté (colonne jaune) ou Les matériaux à empreinte utilisés pour les empreintes
espacé (colonne verte). secondaires, oxyde de zinc (SS White®), polyéthers
(Impregum®), et polysulfures (Permlastic®, Coe-Flex®),
présentent des comportements très spécifiques. De par
leurs caractéristiques, tous ces produits ont, aussi, une inci-
dence directe sur les pressions transmises aux tissus des sur-
faces d'appui7,9 (fig. 8-6).
Les caractéristiques rhéologiques des matériaux découlent Le praticien doit être conscient de l'ensemble de ces
des phénomènes liés aux réactions physico-chimiques qui caractéristiques de manière à choisir un matériau adapté aux
interviennent entre le début de leur préparation et leur prise conditions cliniques. Un matériau dont la viscosité ne change
finale. Ces paramètres sont au nombre de deux: la fluidité pas beaucoup dans les premiers instants sera par exemple
ou viscosité, le temps de travail et de prise. choisi lorsque l'insertion du porte-empreinte est délicate.
Le temps de prise - Le temps de travail
Le temps de travail correspond au temps séparant le début
du mélange jusqu'au moment où il ne peut plus être mani-
pulé, modelé. Les caractères rhéologiques du matériau
d'empreinte se modifient au fur et à mesure du temps.
Le temps de prise correspond au temps qui sépare le
début du mélange de la prise finale. Dans ce temps de prise,
se trouve inclus le temps de travail qui correspond au temps
pendant lequel le matériau est manipulable. Cette différence
est très importante car un mauvais choix de matériau, une
mauvaise manipulation peut transformer un matériau
liquide destiné à une empreinte mucostatique en un maté-
riau dense qui réalise une empreinte anatomofonctionnelle.
Lors des empreintes préliminaires, cette éventualité
dépend de l'alginate choisi car le temps de travail des alginates
varie entre 48 secondes et 158 secondes (tableau 8-1 )3.
Les matériaux destinés aux empreintes secondaires pré-
Fig. 8-6 Évolution de la viscosité té des matériaux à empreinte sui- sentent les mêmes problématiques. Le temps de travail est
vants : Polysulfides light (P.L.), Polysulfide regular (P.R.), Polysulfide long pour les polysulfures, suivis par les polyéthers et les sili-
heavy (P.H.), Polyéther (P.E.). (D'après Herfort et al.9) cones (tableau 8-2) 7 .
Cependant, il est important de souligner le comporte-
ment des polyéthers. La transition de l'état plastique à l'état
« élastique » se déroule en un temps très court dont le pra-
Tableau 8-2 Durées des temps de travail et des temps de prise ticien doit tenir compte lors de la manipulation10 (fig. 8-7).
pour les matériaux le plus souvent utilisés lors des empreintes
secondaires7.
Tableau 8-1 Durées du temps de travail et du temps de prise de matériaux utilisés lors des empreintes préliminaires10.
pour les polysulfures, - 0,2 %, pour les polyéthers et < 0,1 %
pour l'oxyde de zinc. Ces changements doivent être rappor-
Lors de la mise en place et du maintien du porte-empreinte tés à l'épaisseur du matériau à empreinte, épaisseur qui
garni de matériau sur les tissus de la surface d'appui, les dépasse très rarement 2 mm.
pressions transmises par les matériaux et le praticien varient. Cependant, il convient de tenir compte de la stabilité dimen-
Lors de la mise en place du porte-empreinte, les pressions sionnelle du porte-empreinte individuel : 90 % des distor-
appliquées varient entre 0,9 N et 2,7 Ncm2. Par contre, lors sions s'installent pendant les premières 24 heures, mais
de la réaction de prise, elles tombent pratiquement à zéro.
elles peuvent se poursuivre pendant 7 jours. Cliniquement,
Ces pressions dépendent aussi des matériaux utilisés. Si l'on
il est donc préférable d'utiliser un porte-empreinte individuel
utilise comme référence l'intensité appliquée par un algi-
au minimum 24 heures après sa réalisation. Par contre,
nate, les polysulfures réduisent les pressions de 30 % et
lorsque le praticien souhaite l'utiliser immédiatement, celui-
l'oxyde de zinc de 57 %.
ci doit être trempé 5 minutes dans l'eau bouillante pour éli-
Ces pressions doivent être comparées à la pression san- miner les distorsions13.
guine (diastolique), qu'il convient de ne pas dépasser lors
de l'empreinte.
Fig. 9-4a Mesure de la distance intertubérositaire. Fig. 9-4b Report sur le porte-empreinte.
L'adaptation du porte-empreinte
Le porte-empreinte choisi, il est souvent nécessaire de
l'adapter, d'une part à la forme de l'arcade, et d'autre part,
aux limites de la surface d'appui.
À l'arcade mandibulaire, pour les porte-empreintes défor-
mables, le bord lingual du porte-empreinte mandibulaire est
systématiquement éversé au niveau du frein de la langue pour
prévenir toute interférence entre son bord et les tissus mous
de la région sublinguale (fig. 9-5). Distalement, les volets lin-
guaux doivent se glisser entre la langue et les parois internes
du corps de la mandibule franchissant la ligne mylohyoï-
dienne, sans déplacer la muqueuse libre qui tapisse cette
paroi. Dans l'idéal, les volets doivent être distants de 2 à 3 mm
de la muqueuse. S'ils ne le sont pas, ceux-ci sont tordus pour Fig. 9-5 Le bord du porte-empreinte (Cerpac) est éversé pour ne
les rapprocher ou les éloigner du corps de la mandibule. Enfin, pas interférer avec le jeu du plancher buccal au niveau sublingual.
si le porte-empreinte est trop court, il est possible de le ral- porte-empreinte est garni sans excès. Tout en le passant sous
longer avec de la cire rose. l'eau, le matériau est modelé avec le doigt pour qu'il soit
À l'arcade maxillaire, la partie postérieure du porte- convexe et lisse. Le miroir écarte la lèvre, puis le porte-
empreinte est placée au niveau des sillons ptérygomaxil- empreinte est inséré dans la cavité buccale, ensuite la mani-
laires, puis la partie antérieure est remontée sous la lèvre. pulation se déroule deux temps :
Le praticien contrôle le soutien de la lèvre et des commis- - 1 er temps - Le porte-empreinte est appliqué sans effort
sures. Si elles ne sont pas convenablement soutenues, sur la partie antérieure de la crête, puis basculé distale-
l'orientation des bords est corrigée, à l'aide d'une pince, pour ment tout en vérifiant sa symétrie dans le plan sagittal
pallier les imperfections rencontrées. De même, dans les médian. Le porte-empreinte est enfoncé jusqu'à ce que
secteurs latéraux, une simple déformation des bords permet le matériau à empreinte s'échappe distalement, au
de mieux adapter le porte-empreinte à la forme de l'arcade, niveau des trigones rétromolaires.
évitant ainsi des inadaptations préjudiciables. S'il s'avère trop - 2e temps - Le porte-empreinte est maintenu en place
court, il est possible de l'allonger avec de la cire rose. grâce à son manche et aux butées latérales tandis que le
Pour les porte-empreintes non déformables les modifi- modelage des bords de l'empreinte est effectué. Côté lin-
cations sont très limitées. Il ne peut s'agir que d'adjonctions gual, le patient déplace la langue en avant, le long de la
de cire pour allonger les bords du porte-empreinte. lèvre d'une commissure à l'autre. Côté vestibulaire, le pra-
ticien mobilise les joues, les lèvres, le patient effectue des
mouvements de protraction et de rétraction des lèvres.
Ces manœuvres sont longues, et on mesure mieux l'im-
portance d'un long temps de gélification pour que l'en-
Celles-ci sont au nombre de trois : l'empreinte à l'alginate, semble de la séquence soit parfaitement réalisé.
l'empreinte au plâtre et l'empreinte avec des silicones. Après gélification, le porte-empreinte est désinséré et l'em-
preinte analysée selon les critères du tableau (tableau 9-1).
L'empreinte rebasée
Dans la mesure où l'empreinte en un temps ne répond pas
parfaitement aux qualités souhaitées, il est possible de la
rebaser à l'aide d'un alginate.plus fluide, sauf si le porte-
empreinte est inadapté, mal positionné sur l'arcade ou l'al-
ginate décollé.
Tout d'abord, l'empreinte est corrigée à l'aide d'un ins-
trument adapté (fig. 9-6) 3 .
Fig. 9-9a La seringue dépose de l'alginate fluide au niveau de la Fig. 9-10a Limite de l'empreinte déterminée par le praticien sur
zone de réflexion et éventuellement de la partie profonde de la le bord interne.
voûte palatine.
Fig. 9-9b Le porte-empreinte est inséré. Fig. 9-10b Caractères particuliers du maxillaire surlignés (expl :
crête flottante).
Les modèles sont préparés en fonction du type d'empreinte Le bourrelet de préhension est réalisé en cire dure ou en
secondaire envisagé. pâte thermoplastique Stent's®, Kerr Blanc ou Marron®. Il est
fixé et collé sur le porte-empreinte. Sa largeur est d'environ varie au niveau des incisives et molaires (fig. 9-15).
2 à 3 mm au niveau antérieur et 5 mm au niveau postérieur Postérieurement, le bourrelet s'arrête 6 mm en avant des
(fig. 9-14a, b). Dans le sens vertical, la hauteur moyenne tubérosités ou des trigones.
Fig. 9-13a Tracé de la surface de la limite entre la muqueuse atta- Fig. 9-13b Application d'une feuille de cire calibrée pour créer un
chée et la muqueuse libre. espacement.
Fig. 9-13c Feuille d'aluminium ménager appliquée pour éviter Fig. 9-13d Intrados du porte-empreinte.
l'adhésion de la cire à la résine du PEI.
Fig. 9-14a Position du bourrelet maxillaire par rapport aux repères Fig. 9-14b Position du bourrelet mandibulaire par rapport aux
tracés. repères tracés.
porte-empreinte. Par contre, il est délicat de modifier sa posi-
tion. C'est pourquoi les indications transmises par le prati-
cien sur l'orientation de la lèvre inférieure sont capitales, car
elles permettent d'adapter l'orientation de la lame.
Au niveau antérieur, la lame se situe très légèrement sur
le versant vestibulaire de la crête dans l'aire de sustentation
d'Ackermann. La face vestibulaire est concave orientée en
haut et en avant, l'orbiculaire des lèvres venant ainsi épou-
ser cette concavité et assurer par là même la stabilisation du
porte-empreinte. Cependant, la lame sera dirigée en haut et
vers l'arrière en cas de classe III, d'une lèvre qui lors de l'ou-
verture buccale se tend vers l'arrière et impose ainsi d'orien-
Fig. 9-15 Hauteur moyenne des bourrelets à l'arcade maxillaire et
ter la lame en haut et en arrière. Latéralement, la lame se
à l'arcade mandibulaire au niveau incisif et molaire.
situe 1 mm à l'extérieur de l'axe moyen de la crête, tout en
respectant l'aire de Pound. C'est la zone qui s'étend entre
les faces vestibulaire et linguale du trigone rétromolaire et la
À l'arcade mandibulaire, il est préférable de remplacer le position estimée de la face mésiale de la canine.
bourrelet en cire par une lame en résine (fig. 9-16). Celle- Les porte-empreintes individuels sont ensuite contrôlés,
ci renforce et rigidifie le porte-empreinte, évitant les mou- nettoyés et adressés au cabinet dentaire pour la réalisation
vements de torsion, de flexion et les risques de fractures du des empreintes secondaires.
Fig. 9-16a Porte-empreinte mandibulaire avec une lame en résine. Fig. 9-16b Orientation et formes de la lame en fonction du type
de lèvre : 1 ) aire d'Ackermann ; 2) sillon labio-mentonnier marqué ;
3) lèvre dirigée vers l'arrière lors du mouvement d'ouverture.
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De manière à obtenir les propriétés mécaniques et fonc- cale2. En cas de nausées, une prémédication adaptée à
tionnelles espérées et respecter à long terme l'intégrité tis- l'intensité et aux étiologies de celles-ci peut être néces-
sulaire, les objectifs spécifiques de l'empreinte secondaire saire3.
sont:
- d'enregistrer de manière très précise les reliefs morpho-
logiques, les caractéristiques physiologiques de la sur-
face d'appui, en particulier le comportement viscoélas-
tique et hémodynamique de la muqueuse;
- d'évaluer de manière fine les volumes des zones de L'adaptation du porte-empreinte se déroule en quatre
réflexion ; temps, selon la séquence suivante: contrôle de la stabilité,
- d'assurer simultanément le libre jeu des organes para- recherche de l'esthétique et du couloir prothétique, orienta-
prothétiques et le joint périphérique. tion du plan occlusal et réglage des limites.
Cliniquement, les empreintes secondaires se déroulent
en trois phases, deux phases communes et une phase spé-
cifique propre à la technique d'empreinte indiquée.
La stabilité
Le porte-empreinte est inséré dans la cavité buccale, sa sta-
bilité sur la surface d'appui est contrôlée par des pressions
digitales appliquées alternativement au niveau molaire. Si
Cette phase comporte deux temps essentiels : une instabilité apparaît, on doit éventuellement recontrôler
- Le contrôle du porte-empreinte individuel (PEI) - Lors la stabilité sur le modèle, mais, surtout, rechercher par pal-
de la réception du porte-empreinte au cabinet dentaire, pation, au niveau de la voûte palatine, des zones très peu
le praticien contrôle sa bonne exécution et le respect par dépressibles autour desquelles le porte-empreinte indivi-
le laboratoire des indications fournies. La stabilité, la rigi- duel bascule. Un crayon dermographique délimite les zones
dité, l'épaisseur au niveau de la voûte palatine, les ainsi découvertes (fig. 10-1a, b). Le porte-empreinte est
dimensions des bourrelets de préhension sont vérifiées ; appliqué sur la surface d'appui pour que les zones délimi-
les éventuelles rugosités sont recherchées et éliminées. tées par le crayon se marquent sur l'intrados du porte-
Enfin, le porte-empreinte est désinfecté (spray), rincé, empreinte, qui est ensuite creusé à leur niveau.
puis plongé dans un bol d'eau additionnée de bain de Dans certains cas, la stabilité du porte-empreinte est dif-
bouche1. ficile à obtenir. L'utilisation de matériaux dits révélateurs peut
- L'installation du patient - Le patient doit être conforta- se révéler utile. Pour cela, de l'alginate fluide, des silicones
blement installé, le plus souvent en position légèrement à empreinte (faible viscosité) ou spécifiques (Fit-Checker
inclinée, mais adaptée à son âge, à sa courbure cervi- GC®) sont placés en très petite quantité dans l'intrados au
Fig. 10-1a Délimitation des limites du torus palatin à l'aide d'un Fig. 10-1b Corrections correspondantes au niveau de l'intrados du
crayon dermographique. PEI.
Fig. 10-3c Mise en évidence des surextensions et corrections. Fig. 10-3d Corrections au niveau d'un frein.
La stabilité
Elle est évaluée par un appui digital alternatif appliqué au
niveau des premières molaires. Si, comme à l'arcade maxil-
laire, les causes d'instabilité du porte-empreinte sont com-
parables, les zones à l'origine de ce phénomène sont sou-
vent plus difficiles à déterminer. L'utilisation de matériaux
révélateurs tels que les cires, l'alginate, les silicones s'avère
à nouveau d'un grand secours pour objectiver la ou les zones
à corriger. Fig. 10-5 À l'arcade mandibulaire, le bord vestibulaire se compose
de 4 segments : a) segment incisif ; b) segments modiolus ;
c) segments latéraux molaires ; d) segments trigone. Le bord lin-
L'esthétique et le couloir prothétique gual de trois segments : e) segment sublingual ; f) segments sous
Dans la mesure où les dimensions et l'orientation du bourre- mandibulaires ; g) segments rétro-mylohyoïdiens.
let ou de la lame en résine ont été respectées, ceux-ci s'intè-
grent parfaitement dans le couloir prothétique. Au niveau inci-
sivo-canin, le bourrelet soutient la lèvre de manière passive. Au • Le segment incisif
repos, la langue et la lèvre doivent s'appliquer spontanément Au repos, la position de la zone de réflexion résulte du
sans effort sur les faces vestibulaire et linguale du bourrelet ou contact qui s'établit entre le bourrelet et la lèvre.
de la lame. Ce contact participe à l'établissement des joints sub- Si le bourrelet est trop lingual, les muscles mentonniers
lingual et vestibulaire, ainsi qu'au rétablissement de l'esthé- se contractent, la zone de réflexion se raccourcit et souvent
tique. Une mauvaise orientation, une position erronée du bour- le porte-empreinte est chassé vers l'arrière.
relet provoquent une malposition de la langue, de la lèvre et L'analyse de la position de la zone de réflexion par rap-
de la zone de réflexion vestibulaire. En effet, par voie réflexe, port au bord du porte-empreinte est indissociable de l'ana-
ce contact s'établit toujours sous l'effet de la contraction de l'or- lyse du contact entre le bourrelet et la lèvre (fig. 10-6a). Seul
biculaire et surtout des muscles mentonniers, qui soulèvent, le soutien harmonieux de celle-ci par le bourrelet, sans
donc raccourcissent, la zone de réflexion8. Il conviendra alors contracture réflexe, permet une adaptation précise du bord
d'avancer le bourrelet pour assurer un soutien harmonieux de du porte-empreinte.
la lèvre et une position antérieure de la langue. Le praticien doit très délicatement écarter la lèvre pour
Latéralement, la face interne de la joue doit entrer en évaluer la position du bord par rapport à la zone de réflexion
contact avec la face vestibulaire du bourrelet, du côté lingual, et en tirer les conclusions suivantes :
la langue se place alors spontanément en position antérieure - si le bord du porte-empreinte est en retrait par rapport à
basse. la zone de réflexion, il convient d'allonger le bord pour
qu'il s'étende dans la zone de réflexion (fig. 10-6b, c, d) ;
L'orientation du plan d'occlusion - si le bord recouvre la zone de réflexion, le porte-
empreinte est corrigé en veillant à libérer le frein de la
Dans le sens vertical, la surface occlusale du bourrelet ou de
lèvre et le jeu de la zone de réflexion.
la lame en résine se situe au niveau du plan d'occlusion dont
le niveau est déterminé grâce à des repères anatomiques : • Le segment « triangulaire des lèvres - modiolus »
commissures, langue, face interne de la joue, milieu du tri- Le patient effectue des mouvements de protraction et de
gone rétromolaire (chapitre 11). rétraction de la lèvre : toute instabilité du porte-empreinte
signale la présence d'une interférence entre la face vestibu-
Les limites périphériques du porte-empreinte laire du bourrelet et le jeu du triangulaire des lèvres et du
Au niveau de l'arcade mandibulaire, le réglage des limites modiolus. Les interférences sont ensuite éliminées par des
du porte-empreinte s'applique à la portion vestibulaire, puis corrections précises du porte-empreinte.
linguale. • Le segment latéral molaire
Il s'étend au niveau des planchettes d'Ackermann que le
Côté vestibulaire
porte-empreinte recouvre, sans pour autant interférer avec
La méthode est la même que celle utilisée pour l'arcade les insertions inférieures du buccinateur. L'analyse soigneuse
maxillaire, utilisation de repères visuels et d'un crayon der- du profil du porte-empreinte au niveau de cette région ana-
mographique. Les corrections portent successivement sur tomique est très révélatrice. En cas de crête résorbée la ligne
les 7 segments des bords vestibulaire et lingual (fig. 10-5). oblique apparaît comme un sillon. Le porte-empreinte est
Fig. 10,6 Incidence de la position du bourrelet sur la position de la lèvre inférieure et la situation de la zone de réflexion.
retouché de manière à obtenir un bord arrondi autour - à ne pas interférer avec le jeu du plancher buccal.
duquel la zone de réflexion va s'enrouler. Pour cela, le bord du porte-empreinte est meulé paral-
Bouche grande ouverte, le crayon souligne la zone de lèlement au plancher buccal pour, d'une part, ne pas le rac-
réflexion, qui est ainsi marquée sur les bords du PEI courcir et, d'autre part, le soulever ou l'éloigner par rapport
(méthodes : marquage à l'aide du crayon dermographique à la région sublinguale. Les corrections sont contrôlées par
puis manipulation des joues par le praticien). des mouvements de protraction antérieure et latérale de la
langue (fig. 10-7a, b).
• Le segment « trigone »
Bouche grande ouverte, le crayon dermographique marque
la limite entre la surface d'appui statique, les insertions ver-
ticales du masséter et l'insertion du raphé ptérygo-mandi-
bulaire. La limite du PEI est réglée en fonction des marques
du crayon dermographique. Les formes obtenues sont fonc-
tion de la position et de la tonicité des insertions basses du
masséter (fig. 4-15).
Côté lingual
Les corrections sont plus délicates, car elles se déroulent le
plus souvent à l'aveugle. Les différents mouvements du
porte-empreinte, provoqués par les déplacements de la
langue et du plancher buccal, sont ressentis par la pulpe des Fig. 10-7a Les corrections de la région du joint sublingual se font
doigts lors des essais statiques ou dynamiques. parallèlement au plan occlusal.
Avant tout réglage le praticien contrôle l'adaptation du
volet lingual du porte-empreinte vis-à-vis de la muqueuse
qui recouvre la face interne du corps de la mandibule dans
la région rétro-mylohyoïdienne.
Si le volet lingual n'est pas en contact avec la muqueuse,
il doit être réadapté dans la cavité buccale à l'aide de résine
autopolymérisable.
Les corrections portent sur 5 segments:
• Le segment sublingual
Le bord du porte-empreinte est corrigé de manière :
- à libérer le jeu des insertions du frein de la langue,
- à obtenir un recouvrement du plancher buccal jusqu'à la Fig. 10-7b Le bord du porte-empreinte s'éloigne du plancher buc-
frange sublinguale, cal libérant son jeu physiologique.
• Le segment sous-maxillaire - Si le porte-empreinte se déplace du même côté que la
Les corrections répondent aux règles suivantes. langue, l'extrados du porte-empreinte est trop épais
Au repos : (fig. 10-8c).
- Si le porte-empreinte se soulève verticalement, les bords • Le segment rétro-mylohyoïdien
sont trop longs (fig. 10-8a).
La partie distale du porte-empreinte doit franchir la ligne
Lors d'un mouvement de latéralité de la langue :
mylohyoïdienne et ne pas interférer avec la base de la
- Si le porte-empreinte se soulève du côté controlatéral le
Iangue9. Le réglage se fait par une protraction linguale
bord est trop long (fig. 10-8b).
importante selon les critères suivants:
- Le volet lingual du porte-empreinte est au contact de la
Fig. 10-8 Réglages de la partie latérale interne du porte-empreinte muqueuse.
mandibulaire. - Distalement le porte-empreinte s'étend jusqu'à l'insertion
du raphé ptérygo-mandibulaire, puis descend perpendi-
culairement par rapport au plan occlusal (fig. 10-9).
- La partie basse s'arrondit puis remonte pour franchir les
insertions distales du mylohyoïdien.
Le joint périphérique
• Techniques de réalisation tout risque de brûlures, le bord du PEI est alors rapidement
Dans un premier temps, le joint vestibulaire est enregistré trempé dans l'eau. Cela tempère la surface de la pâte ther-
de manière sectorielle ou globale, puis dans un deuxième moplastique, laissant son cœur chaud et lui évitant de coller
temps le joint postérieur. aux commissures ou aux lèvres. Après chaque étape, le résul-
Réalisation du joint vestibulaire par méthode sectorielle tat est contrôlé et les excédents de matériau éliminés.
La pâte thermoplastique est réchauffée à la flamme, et lors- Cliniquement, l'enregistrement du joint vestibulaire se
qu'elle présente une consistance crémeuse elle est placée déroule en cinq étapes selon les séquences suivantes
sur le quart externe du bord du porte-empreinte. Pour éviter (tableau 10-2):
Le joint périphérique
À l'arcade mandibulaire le joint peut être partiel ou total :
- Le joint partiel : il correspond au joint sublingual. La pâte
thermoplastique ou le matériau à réaction de prise est
placé sur le bord externe du secteur sublingual. Cet
apport peut être modelé pour le prolonger horizontale-
ment tout en laissant le passage pour le frein de langue.
Fig. 10-14c Le porte-empreinte est replacé sur la surface d'appui. Le porte-empreinte inséré, le patient est invité à effec-
tuer des mouvements de protraction, de latéralités de la
langue, puis une déglutition. Après refroidissement, la
rétention obtenue est contrôlée, la pâte thermoplastique
devant présenter un aspect mat, arrondi et lisse.
- Le joint complet: la réalisation d'un joint périphérique
complet à l'arcade mandibulaire permet d'exploiter de
manière sûre la totalité de la surface d'appui, sans pour
autant entraver le libre jeu des organes périphériques.
Du côté lingual, la pâte thermoplastique est déposée
successivement au niveau des 5 segments. Les mouve-
ments effectués par le patient sont toujours les mêmes mou-
vements de protraction, de latéralités droite et gauche de la
langue, de déglutition. Pour toutes les séquences d'enregis-
trement, les critères de contrôles sont identiques à ceux
décrits pour le joint partiel.
Fig. 10-14d La crête flottante est recouverte d'un silicone fluide. Du côté vestibulaire, l'enregistrement du joint se réalise
en cinq temps. Le modelage de la pâte thermoplastique
résulte de la mobilisation des organes paraprothétiques, à la
fois par le praticien et le patient, selon la méthodologie sui-
vante (tableau 10-4).
Comme précédemment, en cas d'incertitude sur la pré-
cision du bord prothétique ainsi déterminé, il convient de la
vérifier à l'aide de silicone ou de pâte à l'oxyde de zinc.
Fig. 10-15a Empreinte à l'EX3n®. Fig. 10-15b Aspect terminal au niveau des bords.
quée en présence d'une arcade mandibulaire fortement ample, une forte protraction de la langue, des mouvements
résorbée. Ses objectifs sont d'obtenir une surface d'appui de succion et de rétraction des lèvres qui modèlent les bords
d'une étendue maximale, mais sans interférer avec le jeu du porte-empreinte (fig. 10-15a, b). Cette technique pré-
des muscles périphériques. sente l'avantage d'un enregistrement fonctionnel des bords
Les porte-empreintes maxillaire et mandibulaire sont sans limite de temps, mais un inconvénient important, le
préparés selon les mêmes séquences et exigences que pour risque de créer des surextensions.
les techniques classiques. La seule différence réside dans
une réduction plus importante de la longueur des bords, et
des ouvertures plus larges au niveau des passages des dif-
férentes insertions et des brides musculaires11.
Le matériau : le matériau à empreinte est une cire, qui
grâce à l'utilisation d'un réchaud thermostaté est amenée à Les séquences cliniques sont identiques à celles employées
une viscosité optimale pour son utilisation. pour la réalisation des empreintes des arcades maxillaire et
À température buccale, la cire se modèle sur les surfaces mandibulaire: réglage de la longueur des bords du porte-
d'appui et enregistre la position de la zone de réflexion, le empreinte individuel, réalisation du joint périphérique.
jeu des insertions musculaires et des brides. La fluidité du La différence réside dans l'enregistrement de la surface
matériau peut être modifiée pour s'adapter au comporte- d'appui. C'est à ce stade seulement que la feuille d'espace-
ment tissulaire et musculaire. ment est enlevée. Le porte-empreinte se positionne parfai-
L'intrados du porte-empreinte est garni de cire, puis l'en- tement sur l'arcade concernée, mais reste espacé par rap-
semble est appliqué sur la surface d'appui avec une légère port à la surface d'appui. L'intrados du PEI est garni d'un
pression uniformément répartie. Le patient exécute diffé- matériau à empreinte à faible coefficient de viscosité, inséré
rents mouvements fonctionnels tels qu'une ouverture sans précipitation, centré délicatement, appliqué et main-
tenu avec une légère pression digitale. La mobilisation des l'ensemble est replacé sur la surface d'appui, sans pressions
zones de réflexion est comparable à celle des empreintes excessives. Les organes périphériques sont mobilisés pour
anatomo-fonctionnelles. Après la prise du matériau, le porte- éliminer les excès après polymérisation.
empreinte est désinséré puis l'empreinte contrôlée : aucune
surface du porte-empreinte ne doit apparaître, ni aucune
surpression au niveau des bords12.
Les bords du porte-empreinte sont ajustés, selon les mêmes
Empreintes semi-compressives critères que précédemment. Les corrections de la longueur,
et résine à prise retardée de l'épaisseur doivent être effectuées prudemment de
Cette technique est plus particulièrement indiquée au manière à laisser les bords aussi proches que possible de la
niveau de l'arcade mandibulaire. Le porte-empreinte est du zone de réflexion. Ce type d'empreinte est particulièrement
type adapté et les bords sont réglés comme précédem- indiqué à l'arcade maxillaire.
ment. Durant l'ajustage du porte-empreinte, la cire d'espace-
Dans un premier temps, l'ensemble de l'intrados du PEI ment est maintenue dans l'intrados du porte-empreinte.
est garni d'une résine à prise retardée dense (Fitt de Kerr®, Après l'ajustage des bords, la feuille de cire est enlevée et
Soft Liner®). Le porte-empreinte est inséré et placé sans le porte-empreinte retrouve difficilement sa position malgré
pression excessive sur l'arcade. Puis, le modelage des bords les butées qui entrent en contact avec la muqueuse.
est conduit selon les séquences et techniques habituelles: L'intrados est garni d'un matériau d'empreinte très fluide
des mouvements d'ouverture ample et de fermeture sont (Permlastic light®, Luralite®) et l'empreinte est prise comme
suivis de mobilisation de la langue, protraction, déplacement précédemment 13,14 .
à droite, à gauche, puis enfin déglutition. Après 5 minutes,
le porte-empreinte est retiré, le matériau à empreinte doit
totalement englober les bords, mais sans surextension.
L'intrados est alors creusé sans toucher aux bords. Au cabinet dentaire, les empreintes doivent être désinfec-
Dans un deuxième temps, la partie creusée est garnie tées selon des protocoles adaptés aux matériaux, puis adres-
d'une résine à prise retardée fluide (Hydrocast ou Viscogel), sées au laboratoire15 (tableau 10-5).
Rôle fonctionnel
Au niveau antérieur, le plan d'occlusion contribue au rétablis-
Elle dépend des trois paramètres suivants, le plan d'occlu- sement de l'esthétique et de la phonétique. Au niveau posté-
sion, la dimension verticale, la relation centrée. rieur, il participe plus ou moins directement à l'esthétique mais,
surtout, il contribue à la mastication. De par son orientation, il
améliore ou réduit la puissance masticatoire du patient, car
une modification de l'inclinaison de ± 5 degrés par rapport à
un plan orienté parallèlement à la ligne tragus - aile du nez
Définitions s'accompagne d'une diminution de l'intensité des pressions
appliquées4 (fig. 11-1). De plus, par son niveau, il participe
Les définitions du plan d'occlusion sont à la fois nombreuses
directement à la cinématique du bol alimentaire.
et relativement divergentes. En effet, elles font appel à :
- des références maxillaires - Le plan d'occlusion passe
Rôle mécanique
par le bord libre des incisives centrales maxillaires et la
cuspide disto-palatine des premières molaires1. Le plan occlusal transmet les forces fonctionnelles sur les
- des références mandibulaires - Selon Gysi, le plan d'oc- surfaces d'appui, ce qui contribue à stabiliser la prothèse
clusion passe par le bord libre des incisives inférieures dans la mesure où le plan occlusal et les surfaces d'appui
et par la cuspide disto-vestibulaire des deuxièmes maxillaire et mandibulaire sont parallèles entre eux. Par
molaires mandibulaires2. contre, toute absence de parallélisme entre le plan occlusal
- des références inter-arcades - Le plan d'occlusion est un et les surfaces d'appui engendre une instabilité prothétique
plan virtuel passant par le milieu du recouvrement inter- (fig. 11-2a, b,c).
Fig. 11-1 Forces musculaires et orientation du plan occlusal.
• Le niveau
Dans la région antérieure, le niveau du bourrelet occlusal est
Fig. ll-2a Les crêtes et le plan d'occlusion sont parallèles déterminé par l'intermédiaire de références esthétiques et
entre eux. Les forces fonctionnelles stabilisent la prothèse. éventuellement phonétiques.
- À l'arcade maxillaire, les critères esthétiques correspon-
dent à la visibilité du bord libre, qui varie de 1 à 2 mm.
Cependant, cette visibilité est influencée par le soutien
de la lèvre: une lèvre trop soutenue devient « plus
courte », une lèvre peu soutenue devient « plus longue ».
La visibilité du bord libre devra toujours être établie en
respectant la gouttière philtrale et l'angle naso-labial
(fig. 11-3a, b, c).
- À l'arcade mandibulaire, le plan occlusal se situe au
même niveau que la lèvre inférieure, alors que celle-ci
est, au repos, parfaitement soutenue par le bourrelet.
Cependant, ces critères sont sujets à de nombreuses
variations liées à la longueur, à la forme des lèvres, à l'âge,
au sexe et au type morphologique 5,8 . Les lèvres courtes lais-
sent apparaître fortement les dents maxillaires, peu les dents
mandibulaires. De même, avec l'âge, les dents mandibu-
laires sont plus apparentes alors que les dents maxillaires
tendent à disparaître.
La position des bords libres des bourrelets maxillaire et
mandibulaire peut être contrôlée grâce à la phonétique. La
lèvre inférieure affleurant le bord du bourrelet supérieur lors
de la prononciation de fricatives « f, v », le bord libre du bour-
relet inférieur affleurant le supérieur lors de la prononciation
des sibilantes « s ». Cependant, à ce stade ce test est sou-
vent perturbé par les volumes et reliefs des maquettes d'oc-
clusion, ce qui hypothèque la valeur des résultats obtenus.
Dans la région postérieure, le niveau du plan d'occlusion
Fig. ll-2b, c Une divergence s'installe entre l'une des trois est déterminé par rapport à des références anatomiques et
surfaces, les forces fonctionnelles déstabilisent la prothèse. des références fonctionnelles.
a b c
Fig. 11-3a Angle naso-labial fermé (α), bourrelet trop vestibulaire : visibilité accentuée.
Fig. 11-3b Angle naso-labial respecté (α 1 ), bourrelet est correctement orienté, 1 mm à 2 mm de visibilité.
Fig. 11-3c Angle naso-labial augmenté (α 2 ), le bourrelet est trop lingual, absence de visibilité.
À l'arcade supérieure, anatomiquement le plan occlusal Si la future prothèse mandibulaire ne respecte pas ces
se place 6 mm au-dessous de l'orifice du conduit parotidien9. différents paramètres, son port s'accompagnera de stagna-
À la mandibule, les repères anatomiques sont au tion alimentaire au niveau vestibulaire, de fuite commissu-
nombre de quatre, le plan occlusal se situant: rale, d'instabilité prothétique.
- Au même niveau que la commissure labiale, en regard Cependant certaines exceptions existent. Elles dépen-
de la future pointe cuspidienne de la canine ou de la pre- dent du volume de la langue et du type morphologique. Le
mière prémolaire. plan occlusal est remonté en présence d'une langue étroite,
- 1 mm sous la ligne buccinatrice, ligne qui parcourt la face d'une classe III. A contrario, le plan occlusal est abaissé
interne de la joue au départ de la commissure. Elle cor- lorsque la langue est volumineuse, en présence d'une rela-
respond à la trace occupée par le plan occlusal des dents tion squelettique de classe II. Enfin, en cas d'arcade défavo-
naturelles10 (fig. 11-4). rable, le plan occlusal sera rapproché de cette dernière de
- Sous le maximum de convexité de la langue ou plan manière à réduire les couples de renversement13.
équatorial11.
• L'orientation
- À la moitié ou au tiers supérieur du trigone rétromo-
laire12 Dans le plan frontal, le plan occlusal est parallèle à la ligne
Les références fonctionnelles répondent à un seul objec- bipupillaire. En cas d'asymétrie du visage, il est possible d'uti-
tif, placer le plan prothétique au même niveau que le plan liser la ligne bicommissurale en association avec la ligne
occlusal précédemment occupé par les dents naturelles. Les bipupillaire ainsi que la posture du patient de manière à pla-
joues, les lèvres et la langue sont placées dans une position cer le plan de symétrie du visage et du montage dans le plan
idéale pour créer une véritable enceinte dans laquelle le bol vertical.
alimentaire est enfermé lors de la mastication, participant Dans le plan sagittal, le plan occlusal est souvent décrit
ainsi à la stabilisation. Cette approche est en accord avec le comme étant parallèle au plan de Camper. Mais cette réfé-
principe de zone neutre ou d'équilibre des pressions pro- rence est sujette à de nombreuses variations :
posé en son temps par Fisch (1947). - 1 r e variation - Au niveau de la peau, le plan de Camper
est difficile à déterminer, car à l'origine ce plan est un
plan osseux. Cliniquement, il passe par l'aile du nez et la
partie basse du tragus, partie qui se rapproche le plus du
plan de Camper 14,15 (fig. 11-5).
- 2e variation - Chez le patient édenté le plan d'occlusion
diverge avec le plan de Camper d'environ 7 ou 11 degrés
selon les auteurs16.
- 3e variation - Le plan d'occlusion est sujet à de nom-
breuses variations liées au type morphologique et aux
classes squelettiques17-19.
Cependant, l'établissement d'un parallélisme entre le
plan de Camper et le plan d'occlusion demeure une
approche clinique valable.
« Car, il convient de se souvenir que le plan de Camper
Fig. 11-4 Ligne buccinatrice à la face interne de la joue mettant garde une valeur statistique même s'il n'est jamais paral-
en évidence le niveau du plan occlusal. lèle au plan d'occlusion20. »
crêtes maxillaire et mandibulaire. Cette situation répartit har-
monieusement les charges occlusales sur la surface d'appui.
Cependant, il est possible de modifier le niveau et l'orien-
tation du plan occlusal.
- Modification du niveau : en cas d'arcade défavorable, il
est conseillé de rapprocher le plan d'occlusion vers l'ar-
5,50° sd 3°35 cade la plus défavorable. Ceci diminue le bras de levier
2,75° sd 3°64 et réduit les pressions qui s'exercent sur la surface d'ap-
0,50° sd 3°55 pui muqueuse.
- Modification de l'orientation : en absence de parallélisme
entre les crêtes et le plan occlusal, certains auteurs pro-
posent de choisir un plan parallèle à l'arcade la plus défa-
vorable, voire de modifier la dimension verticale d'oc-
clusion pour obtenir un parallélisme entre les crêtes et
le plan occlusal.
Fig. 11-5 La partie inférieure du Tragus est plus proche du plan • Le plan d'occlusion et les critères céphalométriques
de Camper que les parties médiane et supérieure.
Les tracés céphalométriques peuvent conduire le praticien
à modifier l'orientation et le niveau du plan occlusal.
Cliniquement, les positions verticale et vestibulo-linguale Cette approche impose la prise d'un cliché avec des
du bourrelet sont déterminées. Puis, l'orientation sagittale et maquettes d'occlusion en cire, réglées selon les critères habi-
frontale est établie grâce à l'utilisation du plan de Fox simple tuels et maintenant les relations occlusales lors de sa prise.
ou double. La partie endo-buccale de cette règle, placée sur L'inclinaison du plan d'occlusion est ensuite reportée sur l'ar-
le bourrelet, montre de façon objective le parallélisme ou ticulateur, report facilité par l'utilisation d'un dispositif adapté
l'absence de parallélisme entre le bourrelet et le plan de comme le guide de plan d'occlusion de SAM (fig. 11-7).
Camper et la ligne bipupillaire Par des corrections succes- Cependant, l'utilisation de la céphalométrie ne doit être
sives du bourrelet, le praticien obtient le parallélisme recher- envisagée qu'avec beaucoup de réserve et les interpréta-
ché (fig. 11-6). tions qui en découlent avec beaucoup de prudence. Elle est
Fig. 11-6 Détermination du plan d'occlusion à l'aide du double Fig. 11-7 Dispositif permettant de transférer les valeurs angulaires
plan de Fox. céphalométriques sur l'articulateur SAM.
Les critères techniques plus particulièrement destinée aux patients présentant des
désordres squelettiques importants 21 - 23 .
Les critères techniques correspondent à l'analyse des rela-
tions intercrêtes qui s'établissent entre les modèles montés
en articulateur et à l'analyse des clichés céphalométriques.
« En dépit de nos connaissances sur les mécanismes de
• Le plan d'occlusion et les relations intercrêtes régulation de la dimension verticale, sa détermination reste
Ils ne sont utilisés qu'en deuxième intention, les modèles de un processus clinique basé sur l'expérience personnelle du
travail étant montés en articulateur, en relation centrée, à la praticien24. » (Sandro Palla)
dimension verticale d'occlusion. Sur le plan biomécanique, La dimension verticale de l'étage inférieur de la face cor-
idéalement, le plan occlusal se situe à mi-distance entre les respond à la distance qui sépare un point placé au niveau
de l'étage moyen du massif facial, d'un point placé à l'étage valeur de cette dépression n'est pas constante, elle
inférieur au niveau du corps mandibulaire. atteint son maximum juste après une déglutition27.
- La viscoélasticité - Les fibres musculaires contiennent à
Définitions la fois des tissus élastiques, ceux des unités contractiles
des fibres musculaires, et des tissus conjonctifs (ten-
Les dimensions verticales sont multiples mais parmi celles- dons, fascia, tissus périmusculaires) en organisation plus
ci deux sont tout à fait remarquables : ou moins parallèle. Le muscle développe ainsi une
- La dimension verticale d'occlusion - Elle correspond à légère résistance à la fois à son raccourcissement et à
la hauteur de l'étage inférieur lorsque les dents antago- son élongation 28,29 .
nistes sont en contact. Ceci implique que les dents natu-
- La gravité - Les forces de gravité attirent la mandibule
relles ou prothétiques soient présentes, susceptibles
vers le sol. Leur influence, toujours présente, est liée à la
d'entrer en contact et capables de stabiliser l'occlusion,
position du sujet. Elle est combattue par l'ensemble des
situation qui ne peut exister chez un patient édenté total
mécanismes de contrôle actif. En effet, lorsque le patient
non appareillé.
est allongé, l'activité des masséters et des temporaux est
- La dimension verticale de repos - ou position d'équilibre faible alors qu'elle augmente fortement lorsque le
postural, elle correspond à la position occupée par la patient est assis, les hanches et les genoux pliés à
mandibule lorsque la tête du patient est en position 90 degrés. L'incidence de la position du patient sur l'ac-
droite, que le tonus des muscles élévateurs et abaisseurs tivité des muscles élévateurs est cliniquement capitale,
est en équilibre, tandis que les condyles se situent dans en conséquence, il convient d'évaluer la dimension ver-
une position neutre sans aucune contrainte vis-à-vis des ticale dans une situation où l'équilibre postural du patient
différentes structures articulaires. est respecté.
- L'espace libre d'inocclusion - Il découle de ces deux élé-
ments. Il correspond à la distance qui sépare la dimen- • Les facteurs actifs
sion verticale d'occlusion de la dimension verticale de La position de la mandibule est contrôlée par l'activité
repos. Cet espace est une nécessité physiologique. tonique posturale des muscles élévateurs et abaisseurs de
la mandibule. Cette position de repos n'est qu'apparente,
Physiologie des dimensions verticales résultant d'un équilibre instable entre les influx excitateurs et
inhibiteurs des récepteurs proprioceptifs musculo-tendi-
La dimension verticale d'occlusion neux. De plus, elle est soumise à l'influence des afférences
des extérocepteurs de la surface d'appui, de la langue, des
Elle s'installe lors de la mise en place des premières molaires
propriocepteurs articulaires, des mécanismes centraux, des
temporaires vers l'âge de 16 mois. Puis, lors de la croissance,
influences périphériques comme la vision 30,31 (fig. 11-8).
la puissance des contractions musculaires équilibre l'érup-
Par exemple, au repos, la fermeture des yeux réduit le niveau
tion physiologique des dents naturelles. Cependant, des fac-
d'activité électromyographique des élévateurs, en particulier
teurs tels que le développement musculaire, la migration
le chef antérieur du temporal et du masséter.
des insertions, les variations de la fonction neuromusculaire
et les troubles fonctionnels (respirateurs buccaux) ou mor-
phologiques (brièveté du frein de la langue) perturbent cet
équilibre. Enfin, lorsque le calage occlusal disparaît comme
chez certains édentés partiels et chez les édentés totaux, la
dimension verticale d'occlusion disparaît aussi 25,26 .
Type
morphologique
Phonétique
• La déglutition
Lors de cette praxie, chez le patient denté, les dents anta-
gonistes entrent légèrement en contact. Différentes tech-
niques ont été proposées pour appliquer cette donnée phy-
siologique à la recherche de la dimension verticale
Fig. 11-12 Relations occlusales avec deux maquettes préalable-
d'occlusion chez le patient édenté total.
ment réglées.
La technique d'Ismaël
Elle consiste à placer des cônes de cire sur la maquette
mandibulaire, cônes de cire dont la hauteur est réglée par
la déglutition. Quatre cônes en cire molle sont collés sur la
maquette d'occlusion. Au début, la hauteur de ces cônes est
excessive; puis lors de la déglutition, les contacts qui s'éta-
blissent entre le sommet des cônes et le bourrelet antago-
niste réduisent leur hauteur initiale, jusqu'à la hauteur défi-
nie par la déglutition. Cependant, on peut regretter que, dans
cette technique, la langue ne retrouve aucun de ses appuis
physiologiques, ce qui peut entraîner certaines imprécisions
et expliquerait ainsi l'inconstance des dimensions verticales
obtenues.
La lame en résine
Fig. 11-13 Dimension verticale d'occlusion et hauteur des bases La lame et le bourrelet maxillaire sont réglés selon les cri-
d'occlusion. tères précédemment définis. La hauteur du bourrelet maxil-
laire est réduite de 2 mm environ, puis une épaisseur de
3 mm de cire Aluwax est collée sur le bourrelet et laissée à
refroidir à température de la pièce. La lame mandibulaire est
amincie, polie, vaselinée. Les deux maquettes sont repla-
cées dans la cavité buccale. Aucune information ou sollici-
tation ne sont adressées au patient. Une simple conversa-
tion le conduit à déglutir. Progressivement, la lame déprime
la cire Aluwax jusqu'à obtenir une dimension verticale d'oc-
clusion acceptable.
Le test de Shanahan
Il est tout particulièrement indiqué lorsque les maquettes
d'occlusion présentent deux bourrelets d'occlusion dont le
niveau et l'orientation sont réglés. Pour confirmer, la dimen-
sion verticale d'occlusion établie par le contact entre les
bourrelets, deux petites boules de cire molle (Periphery-
Wax®), sont placées sur le bourrelet au niveau de la pre-
mière molaire. Le patient est invité à déglutir trois fois 35-37 .
La maquette mandibulaire est retirée, la cire examinée et Fig. 11-14 Lignes repères permettant de déterminer la hauteur de
trois éventualités sont possibles : l'étage inférieur de la face (1) par rapport à la distance canthus
- La cire est écrasée, éliminée : la dimension verticale d'oc- interne - commissure (a) ; à la distance intercanthus interne (b) ;
clusion est excessive. à la distance canthus externe - canthus interne (c) ; à la distance
- La cire est aplatie, laissant un simple film à la surface du bipupillaire (d).
bourrelet : la dimension verticale d'occlusion est correcte.
- La cire n'est pas aplatie: la dimension verticale d'occlu-
sion est insuffisante.
• La dimension verticale préférée
Elle consiste à rechercher avec le patient sa dimension ver-
ticale d'occlusion « préférée », celle pour laquelle il ressent
un confort. Cette approche ne donne pas une position stable
et reproductible, mais une position dont la zone d'impréci-
sion varie entre 1 et 2 mm, position qui diffère avec le temps,
la méthode utilisée, l'âge, la fatigue et la position du
patient38.
• L'esthétique
L'évaluation esthétique de la dimension verticale d'occlusion
fait appel au « sens clinique du praticien », notion pour le moins
floue. De manière plus précise, elle se base sur les propor- Fig. 11-15 Dimension verticale et nombre d'or (point sous-nasal
tions qui s'établissent entre certains repères et les dimensions - bord libre - bord libre - point sous-mental).
des étages supérieur, moyen et inférieur (fig. 11-14).
Théoriquement, selon Léonard de Vinci, la hauteur de ces
étages est identique. Cette appréciation, le plus souvent
Tableau 11-1 Différents repères utilisables pour évaluer la dimen-
visuelle, peut être confirmée par une évaluation numérique sion verticale d'occlusion.
de leurs dimensions grâce à des dispositifs tels que la règle
de Willis, le compas de Sorensen, le compas d'or (fig. 11-15).
À cela s'ajoutent des égalités qui s'installent entre la dimen-
sion de l'étage inférieur du visage et certaines dimensions du
visage, voire des mains39-40 (tableau 11-1).
La distance coin externe de l'œil - méat acoustique est
facilement évaluée à l'aide d'une règle adaptée « Crânio-
mètre®». (fig. 11-16a, b)
Cependant, de nombreuses études démontrent le peu
de fiabilité de ces systèmes de mesure qui, semble-t-il, ne
tiennent pas compte des variations individuelles. Ils devront
donc être utilisés avec réserve, mais surtout en les pondé-
rant l'un par rapport à l'autre.
Fig. ll-16a La règle Craniometer® évalue la distance canthus Fig. 1 l-16b Cette distance canthus externe-méat acoustique qui
externe-méat acoustique. est égale à la distance menton point sous-nasal.
• Le parallélisme des crêtes très importante, 7 à 12 mm, en présence d'une classe II div.
Lorsque les modèles ont été mis en articulateur, théorique- 1 et div. 2. Cependant, cet espace libre est soumis à de nom-
ment un certain parallélisme entre les crêtes doit s'installer. breuses variations entre les individus, et même, sur le même
Cette relation géométrique s'installe naturellement. individu, au cours de la journée en fonction de la posture de
Cependant, les perturbations de la morphologie des crêtes la tête, du tronc, de la parole, du sommeil, de l'âge, du stress
provoquées par des extractions réalisées à des dates diffé- et d'éventuelles manifestations algiques.
rentes, de manière plus ou moins traumatisante, peuvent À cette méthode d'évaluation s'ajoute l'évaluation de
rendre l'application de cette méthode délicate. l'espace phonétique minimal tel qu'il a été décrit par
Silverman. Lors de l'élocution, le bord libre des incisives
Détermination de la dimension verticale mandibulaires se déplace dans une enveloppe qui corres-
de repos pond au champ phonétique. Lors de la prononciation des
sibilantes « s », le bord libre mandibulaire se situe environ à
La recherche et la détermination de la dimension verticale 1 mm du bord libre des dents maxillaires, distance qui cor-
de repos doivent tenir compte des contrôles actifs et passifs respond à l'espace phonétique minimal 43 . Celui-ci demeure
précédemment exposés. En conséquence, dans un premier le plus précis et le plus constant. Cette évaluation doit être
temps, de manière à rétablir l'équilibre tonique postural, le complétée par l'analyse du déplacement incisif selon la tech-
patient est confortablement installé, dans une position qui nique de Pound. Cependant, cette technique n'est réelle-
lui est habituelle, sans stress. ment utilisable que lors du montage des dents antérieures,
Dans un deuxième temps, la dimension verticale de le volume, l'épaisseur des bourrelets, des bases d'occlusion
repos est recherchée en invitant le patient : étant souvent très différents du volume, du confort d'une
- à se mouiller les lèvres avec la pointe de la langue ; maquette en cire.
- à déglutir, à laisser tomber les épaules ;
- à prononcer les phonèmes « Emma » ;
- à placer une gorgée d'eau sous la langue. Les altérations des dimensions verticales
Lorsque la mandibule est en position basse, le praticien
La précision des différents paramètres de la dimension ver-
mesure la distance qui sépare les points repères préala-
ticale d'occlusion et de repos se heurte à trois problèmes
blement déterminés sur le menton et le philtrum. Cette
essentiels : la fiabilité des positions obtenues, leur évolution
mesure doit être répétée plusieurs fois pour s'assurer des
et leurs modifications.
valeurs obtenues. Cependant, cette-technique n'est pas très
La fiabilité : toutes ces techniques de détermination de
fiable, car les déplacements du corps mandibulaire ne sont
la dimension verticale d'occlusion et de repos donnent des
pas mis en corrélation avec les déplacements des tissus
résultats relativement divergents. Les erreurs sont dues aux
mous 4 1 , 4 2 .
imprécisions des techniques, aux altérations tissulaires. De
plus, le port de la prothèse, par son poids, son épaisseur,
Détermination de l'espace libre
entraîne le plus souvent des modifications rapides de la
La hauteur des bourrelets ou de la lame est réduite pour créer dimension verticale de repos, donc de l'espace libre, à la fois
l'espace libre d'inocclusion. Son importance est évaluée au par réduction ou par augmentation, plus rarement l'espace
niveau des premières prémolaires. Théoriquement, l'espace libre demeure constant44*45. Globalement, la dimension ver-
séparant ces dents est de 3 mm en présence de relation den- ticale d'occlusion se situe dans une zone dite confortable de
taire de classe I. Par contre, cette distance se réduit à 1 ou 1 à 2 mm qui évolue avec l'âge, la fatigue la position du
2 mm en présence d'une classe III et augmente de manière patient46"48.
L'évolution : dans le temps, la dimension verticale d'oc- Les arguments biomécaniques
clusion diminue, suite à la résorption, à l'usure des maté-
L'articulation temporo-mandibulaire est le seul guide des
riaux des dents prothétiques. Théoriquement, cette diminu-
déplacements mandibulaires. L'application de la loi des
tion de la dimension verticale d'occlusion devrait
leviers développée par Gysi puis appliquée par Atwood jus-
s'accompagner d'une augmentation de l'espace libre. Mais
tifie l'utilisation de la relation centrée54,55. La force résultant
ce n'est pas toujours le cas, en effet, il peut demeurer
de l'action des muscles élévateurs favorise la remontée
constant, avec des conséquences sur l'approche thérapeu-
49 51 haute et postérieure des processus condyliens dans leurs
tique " .
fosses respectives.
Les modifications: une question essentielle se pose:
quelle attitude thérapeutique adopter en cas de perte de la
Les arguments physiologiques
dimension verticale d'occlusion? Selon Thompson, il n'est
pas possible de modifier la dimension verticale existante, Ces arguments en faveur de la relation centrée concernent
cette affirmation est en partie contredite par les études de les réactions réflexes.
52
Hellsing . La réponse doit être plus nuancée, dépendant - Le réflexe d'origine occlusale - L'éruption des dents
essentiellement de la valeur de l'espace libre : si l'espace préside à la création d'engrammes d'origine parodon-
libre est important, la dimension verticale d'occlusion peut tale. En effet, la relation centrée est la position de la
être modifiée de manière rapide et radicale. A contrario, si mandibule déterminée par le premier réflexe acquis ini-
l'espace libre est resté constant, l'augmentation de la dimen- tié par les dents temporaires lorsqu'elles entrent en
1
sion verticale doit être réalisée avec précaution . occlusion.
En conclusion : - Le réflexe d'origine fonctionnelle - La déglutition est
« Dans la mesure où on ne sait pas quelle est la dimen- une fonction réflexe endogène ou acquise. En effet,
sion verticale d'occlusion correcte, il est impossible de déter- chez le fœtus et l'enfant sans dent, la déglutition est du
miner quelle est la meilleure technique. L'essentiel est de défi- type viscéral et dépend des muscles innervés par la sep-
nir quels sont les objectifs qui doivent être atteints quand nous tième paire crânienne. L'éruption des unités dentaires
déterminons la dimension verticale d'occlusion. Ceux-ci sont et les contacts qui s'y associent dépendent de réflexes
l'espace libre dans une position d'équilibre tonique postural, acquis sous la dépendance trigéminale. Chez le patient
l'absence de contact entre les dents lors de la phonation et édenté total, le contrôle demeure trigéminal, sauf excep-
1
le plus important, un profil esthétique . » Sandro Palla tion.
La réalisation clinique
Après mise en articulateur du modèle maxillaire, la hauteur du
bourrelet supérieur est réduite d'environ 2 mm, puis une triple
épaisseur de cire Aluwax® non entoilée est collée à sa sur-
face.
La lame de la maquette mandibulaire est amincie, polie
de manière à la rendre coupante, latéralement, du côté ves-
tibulaire deux petites butées de pâte thermoplastique sont
collées au niveau des futures deuxième prémolaire - pre-
mière molaire (fig. 11-17). Enfin, la lame est enduite d'une
fine pellicule de vaseline.
Les deux maquettes sont insérées dans la cavité buccale,
la maquette mandibulaire est maintenue, avec les index, sur
la surface d'appui grâce aux butées latérales. Fig. 11-18 Aspect de l'enregistrement.
Le praticien procède, alors, à quatre validations succes- Le principe
sives : La position condylienne d'équilibre physiologique résulte de
La validation des indentations dans la cire l'équilibre dynamique qui s'installe entre les muscles éléva-
teurs à la dimension verticale d'occlusion. Le point d'appui
Celles-ci doivent être peu profondes: 0,5 mm à 1 mm,
central trouve sa justification dans l'application de la loi des
réparties sur l'ensemble du bourrelet, sans aucune trace ou
leviers (fig. 11-19).
apparition du matériau sous-jacent à la cire Aluwax. Si l'une
de ces trois exigences n'est pas respectée, la cire Aluwax est
modifiée, réchauffée dans sa globalité puis l'enregistrement
refait,
La validation de l'enregistrement
La cire est ensuite durcie par immersion dans un bol d'eau
glacée (glaçons), puis réinsérée dans la cavité buccale. Le
contrôle s'effectue en quatre temps :
- 1 e r temps - Le praticien guide délicatement la mandi-
bule en relation centrée tout en observant si le contact
entre la lame et l'indentation marquée dans la cire ne
provoque pas un très léger mouvement de la maquette Fig. 11-19 Point d'appui central et résultante musculaire entre les
maxillaire. muscles élévateurs propulseurs et sus ou sous-hyoïdiens. (D'après
- 2e temps - Le patient est invité à serrer sur les maquettes Atwood)
d'occlusion, et le praticien, la pulpe de l'index placée sur
la face vestibulaire du bourrelet supérieur, ne doit res-
sentir aucun mouvement ou déplacement de la La description
maquette maxillaire. Le point d'appui central est un dispositif qui se compose
- 3e temps - Le test de l'égalité des pressions : le prati- d'un stylet placé au centre de gravité d'une des deux
cien demande au patient s'il ressent une différence de maquettes d'occlusion. Ce stylet entre en contact avec une
pression entre le côté droit, le côté gauche, l'avant et l'ar- plaque située sur la maquette antagoniste. Le contact entre
rière. En cas de différence le patient indique avec son la plaque et le stylet maintient la dimension verticale d'oc-
doigt la zone où la pression semble la plus forte. clusion, supprime toute stimulation directionnelle donc sup-
- 4e temps - La déglutition : le patient est invité à déglu- prime les réflexes d'évitement qu'elle génère.
tir. Lors de cette praxie le film salivaire est aminci amé- Le stylet peut se situer au niveau de l'arcade maxillaire
liorant la rétention. Suite à cette praxie la mandibule se ou de l'arcade mandibulaire. Il est cependant préférable de
place en position de repos, le praticien tente de soule- le placer à l'arcade mandibulaire, car lors des différents mou-
ver la maquette mandibulaire, la rétention doit, à ce vements celui-ci reste toujours situé au centre de gravité de
moment-là, être maximale. la maquette d'occlusion mandibulaire, évitant tout risque de
Si l'ensemble de ces tests est positif le praticien est en bascule ou d'instabilité de cette dernière.
droit d'espérer que la relation intermaxillaire enregistrée est
La réalisation clinique
bien la relation centrée. Par contre, si l'un de ces tests est
négatif, la relation intermaxillaire ainsi déterminée n'est pas Dans un premier temps les modèles sont mis en articula-
la relation centrée. teur avec le maximum de précision, dimension verticale
d'occlusion réglée et relation centrée enregistrée selon la
La validation de la mise en articulateur technique de la lame de Brill. Au niveau de l'arcade mandi-
Lorsque l'enregistrement est validé, les modèles sont mis en bulaire, le dispositif porteur du stylet est positionné en
articulateur selon les méthodes décrites par ailleurs. La qua- veillant à ce que le stylet se situe au niveau du centre de
lité et la valeur de la mise en articulateur sont vérifiées par gravité de la maquette d'occlusion mandibulaire; c'est-à-
la technique de la double base engrenée11. dire, dans le plan sagittal médian, au niveau de la position
La validation de la position estimée des premières molaires. La plaque antagoniste est
Les marques sur la cire Aluwax sont supprimées par un placée en veillant à ne pas augmenter la dimension verti-
simple réchauffement. La relation intermaxillaire est à nou- cale d'occlusion (fig. 1 l-20a, b, c, d).
veau enregistrée, puis les maquettes sont replacées sur leurs Les maquettes sont insérées dans la cavité buccale, puis
modèles respectifs. La comparaison entre les deux enregis- le patient est invité à effectuer des mouvements de latéra-
trements est réalisée à l'aide de la double base engrenée lité et de propulsion tout en en maintenant le contact entre
dont la manipulation est semblable à la précédente. le stylet et la plaque d'enregistrement. Cette phase prépa-
ratoire est plus ou moins longue. Si le patient éprouve des
• Le point d'appui central difficultés à effectuer ces mouvements, il convient de lui
Cette technique fut proposée en son temps par Cobble, puis confier ce dispositif afin qu'il s'exerce, chez lui, à effectuer
reprise par de nombreux auteurs. les différents mouvements requis.
Fig. 1 l-20a Composant du point d'appui central : a) plaque por- Fig. 11-20b Point d'appui central dans la cavité buccale.
teuse du stylet ; b) plaque d'enregistrement ; c) crayon encreur ;
d) dispositif de blocage.
Fig. 1I-20C Aspects de l'enregistrement : a) latéralité droite ; Fig. 11-20d Blocage avec du plâtre des maquettes d'enregistre-
b) latéralité gauche ; c) propulsion ; d) relation centrée. ment.
Lors de l'enregistrement, la plaque maxillaire est opaci- Tableau 11-2 Interprétation diagnostique des tracés de l'enregis-
fiée. Le dispositif est inséré dans la cavité buccale, puis le trement réalisé avec un point d'appui central..
patient est invité à réaliser des mouvements de propulsion
et de rétropulsion. Lorsque la mandibule se situe en posi-
tion postérieure, les mouvements de latéralités sont effec-
tués, traçant un arc gothique dont le sommet correspond à
la relation centrée. Après retrait de la maquette, un disposi-
tif de blocage est fixé au niveau de l'apex de l'arc gothique
pour s'assurer que le stylet se situe au sommet de l'arc.
L'ensemble est replacé dans la cavité buccale et la mandi-
bule guidée pour que l'extrémité du stylet pénètre dans le
trou du dispositif de fixation puis les deux maquettes sont
solidarisées de préférence à l'aide de plâtre à empreinte.
Analyse critique : dans l'idéal le sommet de l'arc gothique
est net, aigu, formant un angle de 160 degrés. Cependant,
cet aspect peut varier, traduisant des altérations musculaires,
articulaires ou une mauvaise manipulation62 (tableau 11-2).
Contre-indications : la technique du point d'appui cen-
tral est contre-indiquée en présence de relation squelettique
du type classe II div. 1, de crêtes flottantes, divergentes, d'es-
pace intercrêtes insuffisant, de langue volumineuse et d'in-
coordination condylo-discale. Dans ces conditions il est pré-
férable d'utiliser la lame de Brill.
• La déglutition sement harmonieux entre les versants mésiaux cuspidiens
L'enregistrement de la relation intermaxillaire peutfaire appel mandibulaires et les versants distaux maxillaires découle de
à une fonction physiologique, celle de la déglutition. Pour 5 paramètres régis par le Quint de Hanau. Parmi ceux-ci, on
cela l'utilisation de la lame de Brill est tout à fait adaptée. trouve la pente condylienne. Chez le patient édenté total, la
Le bourrelet maxillaire est diminué de 2 mm, puis 3 mm valeur moyenne s'établit à 40 degrés environ après 5 mm
de cire Aluwax sont collés sur celui-ci. Les maquettes sont de déplacement antérieur. Par contre, lors du mouvement
insérées dans la cavité buccale, la cire qui recouvre le bour- de propulsion, dans le premier millimètre de déplacement
relet est à température ambiante. Le patient est laissé sans antérieur, la pente est plus faible 35 degrés.
aucune indication sur la finalité de cette manipulation. La
simple conversation avec le patient lui permet de déglutir, la
lame entrant progressivement dans la cire Aluwax.
Cependant cette technique doit être mise en œuvre avec
beaucoup de précautions car elle implique la participation
musculaire réflexe. Celle-ci peut avoir été perturbée par le
port des anciennes prothèses. 1. Kapur RR. Occlusal patterns and tooth arrangements. A review.
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Les mouvements mandibulaires se réalisent le plus souvent 4. Okane H, Yamashina T, Nagasawa T, Tsuru H. The effect of ante-
roposterior inclination of the occlusal plane on biting force.
sans aucun contact dentaire, mais certaines praxies condui-
J Prosthet Dent, 1979 ; 42 : 497-501.
sent les dents maxillaires et mandibulaires à se rencontrer.
5. Nassif NJ. The relationship between the mandibular incisor
Ces contacts, lorsqu'ils s'établissent, doivent non seulement teeth and the lower lip. J Prosthet Dent, 1970 ; 24: 483-491.
ne pas déstabiliser les prothèses mais au contraire contri- 6. Vig RG, Brundo GC. The kinetics of anterior tooth display.
buer à les stabiliser, notamment la prothèse mandibulaire. J Prosthet Dent, 1978 ; 39 : 502-504.
Il incombe au praticien de créer ou d'établir une har- 7. Tjan AH, Miller GD, The JG. Some esthetic factors in a smile.
monie parfaite entre les mouvements mandibulaires et la J Prosthet Dent, 1984; 51 : 24-28.
morphologie des faces occlusales des dents prothétiques, 8. Matthews TG. The anatomy of smile. J Prosthet Dent, 1978;
en particulier la direction des sillons principaux et l'inclinai- 39: 128-134.
son des versants cuspidiens. 9. Foley PF. A study of the position of parotid papilla to the occlu-
sal plane. J Prosthet Dent, 1985; 53: 124-126.
Durant les déplacements mandibulaires les pointes cus-
10. Lundquist DO, Luther WW. Occlusal plane determination.
pidiennes doivent glisser sans heurt dans les sillons inter-
J Prosthet Dent, 1970; 23 : 489-498.
cuspidiens antagonistes ou sillons principaux. Pour cela, la 11. Nairn RI. Interrelated factors in complete denture construction.
direction de ceux-ci doit être en harmonie avec les dépla- J Prosthet Dent, 1965; 15 : 18-24.
cements condyliens. 12. Cébelic A, Valentic-Perzovic M, Kraleljevic K, Brikc H. A study of
Lors du mouvement de propulsion les pointes cuspi- the occlusal plane orientation by intra-oral method (retromolar
diennes mandibulaires se dirigent vers l'avant alors que les pad). J Oral Rehabil, 1995 ; 22: 233-236.
cuspides maxillaires se dirigent vers l'arrière. 13. Sears V. Selection and management of posterior teeth.
Lors d'un mouvement de latéralité les déplacements J Prosthet Dent, 1957 ; 7: 723-727.
14. Oison A, Posselt U. Relationship of various skull reference lines.
sont plus complexes et leurs incidences sur la direction des
J Prosthet Dent, 1961 ; 11 : 1045-1049.
sillons plus délicate à analyser. Du côté travaillant, les dépla-
15. Karkaris H. Relationship between ala-tragus line and natural
cements se font perpendiculairement aux faces vestibulaires occlusal plane implications in denture prosthodontics. Quintess
et linguales des dents mandibulaires. Du côté non travaillant, Int, 1986; 17:253-256.
les déplacements sont obliques, les cuspides palatines se 16. L'Estrange PR, Vig PS. A comparative study of the occlusal plane
déplaçant dans une direction disto-vestibulaire alors que les in dentulous and edentulous subjects. J Prosthet Dent, 1975;
cuspides d'appui mandibulaires se déplacent dans une 33: 495-503.
direction mésio-linguale. 17. Ausburger R. Occlusal relation to facial type. J Prosthet Dent,
Ce déplacement est modifié par le mouvement de 1953;3:755-759.
18. Hartono R. The occlusal plane in relation to facial types.
Bennett. Celui-ci initie un déplacement plus transversal de
J Prosthet Dent, 1967; 17: 549-558.
la mandibule. Chez les patients âgés, a fortiori édentés
19. Sinobad D. The position of the occlusal plane in dentulous sub-
totaux, le mouvement de Bennett est plus important que jects with various skeletal jaw relationship. J Oral Rehabil, 1988 ;
chez les patients jeunes. En effet, dans le premier millimètre 15:489-498.
de déplacement en latéralité l'angulation du déplacement 20. Palla S. The vertical jaw relation and complete dentures. The
antéro-interne est d'environ 38 degrés, puis de 28 degrés PRO-COR method : a procedure for the provisional mounting
après 2 mm de déplacement. Lors de la propulsion, le glis- of casts in the articulator for simplified modelling of the wax
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4 1 . Carossa A, Catapano S, Scotti R. The unreability of facial mesu- 23370 E10, vol III, 1996 (6 pages).
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occlusion in edentulous patients. J Oral Rehabil, 1990; 17: sal analysis and rehabilitation. Condylator service. Zurich :
287-290. 1975.
On appelle articulateur, ou simulateur, un dispositif méca- centres instantanés de rotation, seule la théorie de la
nique permettant : sphère est encore d'actualité5.4. Les articulateurs basés
- de conserver les paramètres des relations inter-maxil- sur le concept des centres instantanés de rotation ne
laires : dimension verticale d'occlusion, plan d'occlusion, seront pas abordés, car, à notre connaissance, aucun arti-
relation centrée. culateur actuel répondant à ce concept n'est disponible
- de reproduire ou simuler plus ou moins partiellement les auprès des fournisseurs européens5.
déplacements condyliens à une dimension verticale
donnée.
Depuis Pfaff (1756) et Garriot (1803), les articulateurs
ont fortement évolué. Ils se sont en effet multipliés, com-
Les différents types d'articulateurs doivent répondre à des
pliqués, simplifiés, au gré des conceptions et des auteurs.
exigences communes et spécifiques.
Cette multiplicité rend le choix difficile1.
Fig. 12-3b Boîtier condylien : 1) verrou de blocage ; 2) pente Fig. 12-4b Boîtier condylien modelé avec de la résine auto-poly-
condylienne. mérisable.
Tableau 12-4 Caractéristiques de l'articulateur Fag-Master. reproduit un mouvement de propulsion rectiligne et
possède dans sa partie postérieure une vis poussoir qui
permet de déplacer la sphère condylienne de manière
précise. Le boîtier B3 présente un toit curviligne. À l'in-
térieur de ces boîtiers les éléments en résine, inter-
changeables, assurent la reproduction du déplacement
du condyle non travaillant dans le plan horizontal. Ils
sont soit rectilignes avec 4 angulations (0,10°, 15°, 20°)
soit curvilignes avec trois rayons de courbures
(tableau 12-4) (fig. 12-5a, b).
• L'articulateur SAM II : cet articulateur est très rigide, très
précis. Ses verrous poussoirs assurent un parfait blo-
cage entre les branches maxillaire et mandibulaire11.
Parmi ses autres qualités on doit souligner son inter-
changeabilité. Il possède trois types de boîtiers condy-
liens et quatre jeux d'ailes de Bennett, trois curvilignes
et un rectiligne (tableau 12-5) (fig. 12-6a, b). Les dépla-
cements condyliens sont contrôlés par des cales pla-
cées dans les boîtiers.
Fig. 12-7b Boîtier condylien Stratos 200 avec son système de blo-
Les articulateurs géométriques cage (1).
Ils répondent tous au concept de la sphère.
L'articulateur Kavo
L'articulateur Stratos12 C'est un articulateur relativement complexe qui possède
L'articulateur Stratos 200 est un articulateur qui répond aux deux types de branches supérieures, l'un avec des boîtiers
caractéristiques d'un articulateur anatomique et géomé- condyliens peu adaptables, et l'autre dont les boîtiers sont
trique. Il est particulièrement adapté à la réalisation de pro- plus réglables. Les blocages entre les branches supérieure
thèses adjointes totales, car adapté à la conception d'un et inférieure sont très précis. Par contre, il ne possède pas
montage sphéroïdal (tableau 12-6) (fig. 12-7a, b). de vis de propulsion (tableau 12-7) (fig. 12-8a, b).
Tableau 12-6 Caractéristiques de l'articulateur Stratos 200. Tableau 12-7 Caractéristiques de l'articulateur Kavo.
Fig. 12-8a Articulateur Kavo. Fig. 12-8b Boîtier condylien Kavo avec son système de blocage.
Description
Les arcs utilisant les repères osseux se composent de
deux bras latéraux articulés autour d'une barre antérieure.
L'extrémité des branches latérales se termine par des
embouts plastiques qui pénètrent dans les méats acous-
tiques. Antérieurement, le repère nasal placé au niveau de
l'ensellure du nez permet d'une part de soutenir l'arc et
d'autre part de créer le plan de référence en plaçant l'arc à
25 mm de l'ensellure nasale, donc au voisinage du point
sous-orbitaire (fig. 12-11) 19 . Fig. 12-12 Dans le sens antéro-postérieur l'ouverture maximale
Cependant, la conception de ces arcs articulés peut (L) et minimale (I) de l'arc facial (SAM) induit une imprécision de
générer des imprécisions lorsque la distance inter-embouts 0,3 mm dans le sens antéro-postérieur.
auriculaires se modifie (fig. 12-12).
Pour éviter ces problèmes, certains arcs (comme le
Denar Slide-Matic, l'arc facial Stratos) s'écartent par un fourchette est insérée dans la cavité buccale, appliquée sur
simple glissement, évitant ainsi tout artefact (fig. 12-13). le bourrelet en prenant soin d'orienter la tige de fixation dans
le plan sagittal médian, et surtout, parallèlement au plan de
Manipulation clinique Francfort. La fourchette est retirée et passée sous l'eau froide
À la surface occlusale du bourrelet maxillaire trois encoches pour durcir les morceaux de pâte thermoplastique.
sont taillées, une au niveau incisif, les deux autres au niveau Les embouts auriculaires de l'arc facial sont insérés dans
molaire et très légèrement vaselinées, puis la maquette est les méats acoustiques. Cette manœuvre est facilitée par une
insérée dans la cavité buccale. À la surface de la fourchette, ample ouverture de la cavité buccale. Le repère nasal est
trois morceaux de pâte thermoplastique sont réchauffés puis mis en place au niveau de l'ensellure nasale, bloqué avec
collés dans les ouvertures ou trous de la fourchette. Alors sa vis de serrage, les verrous de l'arc facial serrés. Enfin, la
que les trois morceaux de pâte sont encore plastiques, la fourchette est placée sur la maquette d'occlusion, mainte-
Fig. 12-14 Mise en articulateur du modèle maxillaire sur un arti-
culateur FAG.
Fig. 12-13 La branche antérieure de l'arc facial de Stratos glisse
sur elle-même.
M i s e en articulateur du m o d è l e m a n d i b u l a i r e
nue par les pouces du patient, le système de blocage mis Lorsque les deux premières étapes de la validation de l'en-
en place puis activé. registrement de la relation intermaxillaire ont été réalisée, le
L'arc est ensuite déposé, puis, en présence du patient, modèle mandibulaire est mis en articulateur (chapitre 11).
placé sur l'articulateur. Cette précaution permet au praticien En respectant les temps suivants :
de contrôler toutes les imprécisions ou erreurs qui s'opposent
à l'utilisation de l'arc. La mise en articulateur, qui diffère selon 1er temps - Absence d'interférence des modèles
les articulateurs choisis, est ensuite réalisée (fig. 12-14 ;
Les maquettes d'occlusion sont replacées avec soins sur
tableau 12-8).
leurs modèles respectifs. Elles sont mises en contact l'une
avec l'autre pour contrôler qu'il n'existe aucune interférence
Tableau 12-8 Séquence de mise en place de l'arc facial et du
entre les modèles, en particulier au niveau distal, entre les
modèle maxillaire sur l'articulateur FAG-Master.
coffrages.
La prédominance de l'image dans la société actuelle se La participation du patient au choix des dents et à l'aspect
caractérise par des sourires éclatants, où des dents toujours esthétique final de la prothèse est essentielle. En effet, sa
L'analyse du visage est dominée par la « définition » et la
situation de la ligne médiane. Cette ligne génère la symétrie
et l'équilibre de la face, principaux paramètres de ce cadre.
La symétrie du visage
La symétrie est considérée comme un des critères de l'es-
- thétique. Elle se définit comme la distribution régulière de
parties, d'objets semblables de part et d'autre d'un axe,
autour d'un centre. Pour Hegel, «régularité, symétrie et
ordre » constituent les caractéristiques de l'esthétique. Cette
vision mathématique remonte aux travaux de Pythagore,
Fig. 13-2 Importance des dents, dans l'esprit du patient, dans l'ap-
préciation esthétique du visage (faible, moyenne, forte). suivi par de nombreux « savants » et artistes, dont Léonard
de Vinci n'en fut pas le moindre.
Cependant, aucun visage ne témoigne d'une parfaite
perception de l'esthétique, liée à ses propres notions cultu- symétrie, et tenter de reconstituer un visage à partir d'une
relles, ethniques, ne rejoint pas toujours le projet proposé de ses moitiés et de sa partie symétrique fait apparaître un
par le praticien (fig. 13-3). De même, l'avis de parents, autre visage6 (fig. 13-4a, b).
d'amis, joue un rôle important; finalement, une véritable
coopération du patient doit exister dans la conception esthé- Fig. 13-4 Symétrie ou asymétrie du visage.
tique de sa prothèse, pour en assurer sa parfaite accepta-
tion 3 - 4 .
Fig. 13-3 Approche spécifique de l'esthétique avec la présence de Fig. 13-4a Visage.
« couronnes » en or sur la prothèse adjointe complète maxillaire.
Fig. 13-1 la Les dents naturelles très caractérisées devant être Fig. 13-11b Les dents prothétiques maquillées reproduisent les
extraites. caractéristiques des dents naturelles (Réalisation C. Nardari).
Les dimensions Une harmonie vis-à-vis du patient est alors recherchée;
les caractères pris en compte sont le sexe, l'âge et la per-
L'esthétique et la beauté d'un sourire dépendent aussi de
sonnalité. Cette approche a été définie sous le nom de
l'harmonie des proportions des dents antérieures.
concept dentogénique18. De légères modifications de
Des relations mathématiques ont été établies entre la
dimensions, de formes, de positions, voire de couleurs des
taille des dents, la largeur et la hauteur du visage; l'objectif
dents peuvent être apportées. L'ensemble de ces animations
était de rétablir un certain équilibre avec la face. Ainsi, le choix
ne doit en rien rompre l'harmonie générale, mais elles peu-
des dents antérieures sera guidé par le respect de ces règles,
vent transformer l'équilibre un peu statique obtenu en un
assurant de ce fait une harmonie générale.
équilibre dynamique où les variations produites renforcent
Cette harmonie des proportions des dents antérieures
l'esthétique de la restauration prothétique19.
se caractérise par une symétrie parfaite. Mais cette symétrie
ne reproduit pas la situation existant en denture naturelle.
De légères asymétries de taille des incisives centrales sont La fausse gencive
notées, asymétries qui pourraient être reproduites avec pru- Le contour gingival, visible dans le sourire haut, apparaît lors
dence en prothèse, pour créer une animation discrète et du rire, et appartient, ainsi, pleinement à l'esthétique.
rompre ainsi une régularité parfaite16. C'est pourquoi la base prothétique doit reproduire les
bombés radiculaires (concavités, convexités), le festonnage
La forme gingival, car une base prothétique lisse, brillante, sans carac-
tère propre à la gencive réduit à néant tous les efforts entre-
La forme des dents, à un degré supérieur même à la cou-
pris pour rendre une prothèse « naturelle ».
leur, a une incidence majeure sur l'esthétique d'une réhabi-
La morphologie de la fausse gencive, la situation des col-
litation prothétique.
lets sont bien définies, elles reproduisent un parodonte sain
Son choix reste pourtant très délicat et, en l'absence de
et se caractérisent par leur symétrie. Mais avec l'âge, le paro-
toute référence, les lois de l'harmonie de Williams (1914),
donte évolue, et une caractérisation esthétique peut être réa-
communément acceptées, tendent vers l'établissement
lisée (chapitre 14).
d'une similitude entre la forme du visage et la forme des
Les techniques de maquillage de la gencive artificielle
dents antérieures. Si cette classification peut être un moyen
existent, elles permettent dans le cas de sourires gingivaux
d'orientation générale, elle n'en demeure pas moins très
de retrouver aussi une harmonie esthétique au niveau de la
simplifiée. En effet, si l'équilibre de la face est toujours
gencive, associant aux modelés des collets et des racines les
recherché, cette relation ne se vérifie pas systématiquement
modulations de teinte correspondantes (chapitre 26).
en denture naturelle et d'autres paramètres doivent aussi
être considérés. Par leur volume, leur épaisseur, les lèvres,
et plus particulièrement la lèvre inférieure, répondent direc-
tement aux stimulations exercées par les bords libres des
incisives maxillaires ; une harmonie entre la morphologie des
dents choisies et les lèvres constitue un élément plus sub-
jectif du choix17.
1. Ament P, Ament A. Body image in dentistry. J Prosthet Dent,
1979;24:362-366.
Les montages 2. Alvi HA, Agrawal NK, Chandra S, Mukta Rastogi M. A psycholo-
Quel que soit le type de montage choisi, le strict respect des gic study of self-concept of patients in relation to artificial and
règles du montage des dents antérieures permet de réaliser natural teeth. J Prosthet Dent, 1984; 51 : 470-475.
3. Brisman AS. Esthetics: a comparison of dentists' and patients'
une prothèse à la fois fonctionnelle et esthétique.
concepts. J Am Dent Assoc, 1980 ; 100: 345-352.
La position des incisives centrales définit le milieu inter-
4. Murrell GA. Esthetics and the edentulous patient. J Am Dent
incisif et par là même, crée la symétrie et l'équilibre de l'en- Assoc, 1988; 117: 57E-63E.
semble de la restauration prothétique. 5. Berteretche MV, Hue 0. Visage, esthétique et symétrie. 2e par-
Les canines occupent une position clef à l'intersection tie. Cah Prothèse, 1997; 98 : 46-57
entre esthétique et fonction. Elles déterminent ainsi un effet 6. Renner RP. An introduction fo dental anatomy and esthetics.
de progression d'avant en arrière, un effet de ligne de fuite. Chicago : Quintessence, 1985.
La présence du corridor buccal renforce cette impression, 7 Latta GH. The midline and its relation to anatomic landmarks in
par un éclairage se réduisant vers l'arrière, une véritable pers- the edentulous patient. J Prosthet Dent, 1988; 59 : 681-683.
pective est ainsi produite. Cet effet de perspective est essen- 8. Miller EL, Bodden WR, Jamison HC. A study of the relationship
of the dental midline to the facial median line. J Prosthet Dent,
tiel dans l'équilibre et l'harmonie d'une restauration prothé-
1979; 41 : 657-660.
tique, où le montage postérieur contribue ainsi à l'esthétique
9. Ekman P. Asymmetry in facial expression. Science, 1980 ; 209 :
de l'ensemble. 833-834.
L'incisive latérale montée dans l'espace laissé libre par 10. Rufenacht CR. Fundamentals of esthetics. Chicago: Quintes-
l'incisive centrale et la canine joue un rôle clef dans l'ani- sence, 1990.
mation du montage : c'est la personnalisation du montage. 11. Lee JH. Dental aesthetics. Bristol : John Wright & Sons, 1962.
12. Tjan AHL, Miller GD. Some esthetic factors in smile. J Prosthet 16. Mavroskoufis F, Richtie GM. Variation in size and form between
Dent, 1984; 51 : 24-28. left and right maxillary central incisor teeth. J Prosthet Dent,
13. Lombardi RE. A method for the classification of errors in dental 1980;43:254-257.
esthetics. J Prosthet Dent, 1974; 32 : 501-513. 17. Pound E. Applying harmony in selecting and arranging teeth.
14. Lombardi RE. The principles of visual perception and their cli- Dent Clin North Am, march 1962; 241-258.
nical application to denture esthetics. J Prosthet Dent, 1973; 18. Frush JP, Fisher RD. The dynesthetic interpretation of the den-
29: 358-382. togenic concept. J Prosthet Dent, 1958; 8: 558-581.
15. Berteretche MV. Visage, esthetique et symétric. 1 r e partie. Cah 19. Palla S. L'esthetique en prothese amovible. Cah Prothese,
Prothese, 1996; 93: 16-24. 1999; 108 : 97-109.
Créer une prothèse qui réponde aux exigences esthétiques, desquels le patient peut trouver ce qu'il recherche. De plus,
fonctionnelles et mécaniques souhaitées est l'objectif qui il convient de laisser le patient se décider car, plus le patient
détermine le choix et le montage des dents antérieures. est impliqué, plus il est responsabilisé ; plus il est conduit à
Cette étape requiert non seulement la connaissance et effectuer un choix, plus il sera satisfait du résultat.
le respect des principes, des règles anatomiques, géomé-
triques, mais aussi la connaissance des lois qui régissent l'es- Tenir compte des données de l'examen
thétique, lois que le praticien doit cependant intégrer, modu- clinique
ler, adapter à son propre sens de l'esthétique.
Lors de celui-ci, le patient a exprimé, exposé, avec ses mots,
son vocabulaire de manière plus ou moins directe son sen-
timent sur ses propres dents, qu'elles soient naturelles ou
prothétiques. Il peut les accepter « petites, blanches, rangées
comme des perles » ou les critiquer : « Elles étaient trop
Le choix des dents antérieures est effectué par le praticien claires, trop foncées, trop longues, trop grosses, mal rangées
en présence du patient et ce, indépendamment des dents etc. » Le praticien doit tenir compte de ces éléments, écou-
postérieures. Il convient non seulement de remplacer les ter, moduler les désirs, comprendre les refus, proposer des
dents absentes mais aussi de répondre aux espérances psy- solutions.
chologiques et esthétiques du patient1.
Rechercher l'ancien sourire
Il convient d'expliquer au patient que la meilleure technique
pour rétablir son sourire est de connaître son aspect origi-
nel. Cette approche amène le praticien à lui demander de
Le principe est simple : « offrir au patient ce qu'il désire ». fournir des modèles, des photos, des anciens appareils,
C'est une obligation qui impose de tenir compte des quatre autant d'éléments qui participent aux différents choix et
paramètres suivants : démarche qui, à nouveau, implique le patient.
Fig. 14-3b Calcul des dimensions des dents prothétiques à partir Fig. 14-4b ... et par conséquent la dimension mésio-distale de
d'une photographie des dents naturelles. l'incisive centrale et du bloc incisivo-canin.
Tableau 14-1a Dimensions des incisives centrales et repères ana- Tableau 14-1b Dimensions des six dents antéro-supérieures et
tomiques. repères anatomiques.
« Trubyte » (fig. 14-5a). Cependant, lors du sourire, il convient modèles d'étude, des dents extraites conservées, des pho-
d'éviter toute apparition de la fausse gencive au niveau cervi- tographies, le choix est relativement facile, mais, en leur
cal ; pour cela, la partie visible de la face vestibulaire de l'inci- absence, le choix est plus délicat.
sive centrale doit être inférieure aux 2/3 de sa largeur. Différentes propositions ont été faites, la plus ancienne
Cliniquement, l'évaluation du jeu labial à l'aide de la règle établit une similitude entre la forme du visage et celle de l'in-
Papillameter® s'avère d'un grand secours. Si la fausse gen- cisive centrale. Pour cela les visages sont classés en trois
cive risque d'apparaître, il faut soit choisir des dents plus formes : carrée, triangulaire et ovoïde, avec une combinaison
longues, soit choisir une couleur de résine de base parfai- entre ces trois grands groupes. Ces formes sont aussi utili-
tement adaptée et éventuellement prévoir son maquillage sées pour décrire les incisives carrées, ovoïdes et triangulaires
(fig. 14-6 a, b,c). (fig. 14-5b). Cependant, même si la similitude entre les
Enfin, lorsque, grâce au réglage du bourrelet, l'esthétique contours du visage, de l'arcade et de l'incisive centrale (dite
de la lèvre a été restaurée, le praticien doit marquer sur celui- triade de Nelson) n'est que très partielle voire inexistante,
ci le milieu, la ligne du sourire, la position des commissures. cette notion classique demeure toujours d'actualité, toutes
les cartes de forme continuant à l'utiliser. La forme ovoïde est
La forme le plus souvent choisie à la fois par le praticien et le patient,
La forme des dents est sans conteste l'élément le plus puis on rencontre les formes carrée et triangulaire12-14.
influent sur le rétablissement de l'esthétique. Elle concerne Le dernier élément de la forme correspond aux profils
essentiellement le contour de la face vestibulaire et les pro- verticaux et horizontaux des faces vestibulaires des dents
fils verticaux et sagittaux des dents antérieures. Dans la prothétiques, qui doivent être en harmonie avec les profils
mesure où des documents existent, tels que des anciens du visage du patient (fig. 14-5c). À cette notion de symétrie
Fig. 14-5a Évaluation de la largeur (1) et de la hauteur (2) de l'in- Fig. 14-5c Évaluation des profils vestibulaires de l'incisive centrale :
cisive centrale à l'aide du cadre Trubyte®. 1) profil curviligne, face vestibulaire bombée ; 2) profil plat, face
vestibulaire plate.
La couleur
Les dimensions
Fig. 14-8a Le milieu (1), la ligne du sourire (2), la position des Fig. 14-8b Transmission des données au laboratoire. La hauteur
pointes canines (3) marqués sur le bourrelet. de la ligne du sourire est mesurée. Les repères médian et canins
sont marqués sur la clef de montage.
Fig. 14-8c Mise en place des dents antérieures par rapport à la Fig. 14-9 Position des incisives et canines par rapport à la papille
clef du bourrelet. incisive et aux grandes papilles palatines.
Fig. 14-11a Guide de montage établi selon le nombre d'or fixé
sur le plateau de montage.
La salive
L'examen clinique permet de déterminer les composantes
La diminution du taux de mucines, les asialies, suppriment
physiologiques et géométriques des relations inter-arcades.
ou réduisent le rôle protecteur de la salive ainsi que sa par-
ticipation à la rétention prothétique. Dans ces conditions cli-
niques, il est préférable de réduire la transmission des
contraintes occlusales sur la surface d'appui, et de res-
Elle se compose des quatre éléments suivants : le compor- treindre l'importance des composantes occlusales latérales
tement de la muqueuse, le cycle de mastication, la salive et (fig. 15-1).
le comportement neuro-musculaire.
Le comportement neuromusculaire
Le comportement de la muqueuse La précision du schéma occlusal doit être en accord avec le
Les crêtes flottantes ne permettent pas d'obtenir une occlu- degré de coordination neuromusculaire du patient. Cette
sion précise en raison de la mobilité relative de la prothèse coordination est plus ou moins altérée par des affections
vis-à-vis du tissu osseux sous-jacent. Cette mobilité conduit d'origine centrale ou locale. Ces dernières résultent d'une
à utiliser des dents prothétiques dont la morphologie occlu- occlusion erronée, qu'elle soit liée au port d'anciennes pro-
sale est peu marquée. De plus, les muqueuses fines, sans thèses mal conçues ou bien, à une occlusion naturelle per-
élasticité, en particulier chez les patients âgés, n'offrent turbée. L'anamnèse peut aussi révéler l'existence d'un
qu'une faible résistance aux forces fonctionnelles générées ancien bruxisme, qu'il soit du type centré ou excentré. Bien
par les contacts occlusaux et la friction qui s'installent entre sûr, cette affection n'est pas toujours liée à la présence de
les dents antagonistes. Enfin, les muqueuses fragilisées par contacts occlusaux instables, mais la mise en place d'une
Les relations squelettiques
L'analyse tridimensionnelle des relations inter-arcades per-
met de définir le type de relations squelettiques3,4.
Dans le plan frontal : l'inclinaison des axes intercrêtes
conditionne la stabilité prothétique. L'angulation est en
moyenne de 70 degrés par rapport au plan horizontal. Mais
certaines conditions cliniques (forte résorption, avulsions
dentaires traumatiques, fracture mandibulaire, relations des.
bases osseuses de classe III) augmentent l'angulation. Les
conséquences sont importantes sur la stabilité prothétique.
À cela, s'ajoute l'influence de la distance intercrêtes. Lorsque
celle-ci augmente, la longueur des bras de levier s'accroît,
accentuant l'instabilité prothétique (fig. 15-3).
L'occlusion b i l a t é r a l e m e n t équilibrée
Ce schéma occlusal se caractérise:
- En occlusion d'intercuspidie maximale par:
- une absence de contact entre les dents antérieures ;
- des contacts entre les dents postérieures impliquant
ou non l'ensemble des cuspides d'appui.
- Lors des mouvements excentrés par :
- des contacts et des glissements entre l'intégralité ou
non des versants cuspidiens des dents postérieures,
et des bords libres des dents antérieures.
Fig. 15-5 Intersection entre les projections de l'arcade maxillaire L'occlusion bilatéralement équilibrée est le schéma
(noire) sur l'arcade mandibulaire (rouge) signe le type de relation occlusal le plus souvent utilisé en prothèse adjointe com-
squelettique et surtout met en évidence la position où les charges plète8. Si, en occlusion d'intercuspidie maximale, un consen-
occlusales doivent être concentrées. sus général s'est installé pour préconiser l'absence de
contacts entre les dents antérieures, il n'en est pas de même
sur le type de relations qui doit s'établir entre les cuspides
des dents postérieures. En effet, de nombreuses variations
existent en fonction de la morphologie des dents utilisées,
et du type de relations dynamiques recherchées.
En fonction des données préalablement recueillies, le prati- Cette organisation occlusale se caractérise, lors des mouve-
cien doit choisir le schéma occlusal le mieux adapté aux ments excentrés, par des contacts entre l'ensemble des ver-
conditions cliniques, le type de montage et les dents pro- sants cuspidiens des dents postérieures. Deux montages
thétiques permettant de le réaliser. répondent à ces critères.
Fig. 15-6 Organigramme
des schémas occlusaux
en prothèse adjointe complète.
Le schéma occlusal
L'évaluation de son incidence sur la fonction masticatoire et
le confort est très délicate24-26.
Tableau 15-1 Tableau récapitulatif reliant les composantes physiologiques avec le type de montage, le matériau et l'anatomie des dents
prothétiques.
Les dents prothétiques incidence sur la résorption, les dents plates s'associant à une
résorption plus importante que les dents cuspidées39. Par
Deux éléments participent à la pérennité des relations occlu-
contre, le poids des dents prothétiques porcelaine ou résine
sales et à la transmission des forces sur la surface d'appui :
est faible et la différence pondérale entre ces deux maté-
La résistance à l'usure riaux est mineure 40. Ce paramètre n'a que peu d'incidence
sur les pressions transmises sur les tissus de soutien.
La pérennité des relations intermaxillaires (DVO et relation
centrée) impose que les surfaces occlusales présentent une
parfaite résistance à l'usure. S'il est évident et démontré que
l'association de dents porcelaine opposées à d'autres dents
porcelaine répond totalement à cette exigence, il n'en est
pas de même pour les autres matériaux. Les dents résine
Quel que soit le type de montage choisi, en dehors du mon-
de la première génération possédaient une très mauvaise
tage des dents antéro-supérieures, le montage des dents
résistance à l'abrasion et à l'usure. Les nouveaux matériaux antéro-inférieures et des dents postérieures doit respecter
DCL®, Isosit®, INPEN® sont de 40 à 60 % plus résistants à les 2 aires ainsi définies:
l'abrasion que les résines conventionnelles31.
- L'aire de sustentation d'Ackermann
Cependant, les études comparatives entre ces différents
Elle se situe à la mandibule entre le sommet de la crête
matériaux sont relativement contradictoires sauf sur un point,
et la partie antérieure la plus déclive de la zone de
l'ensemble de ces matériaux s'use plus que la porcelaine32-37. réflexion muqueuse vestibulaire. Les incisives et canines
Les montages mixtes porcelaine-résine furent proposés mandibulaires doivent se placer dans cette zone. Il existe
en leur temps par Sears et Myerson, car, selon eux, les dents cependant des exceptions qui dépendent de la tonicité
résine ne s'usaient pas. Cependant, les études plus récentes de l'orbiculaire inférieur et du type de lèvre (fig. 9-12b).
de Harrison n'aboutissent pas aux mêmes conclusions. Dans
- L'aire de Pound - axe de crêtes
le couple résine-porcelaine, ces matériaux ne s'usent prati-
La notion d'axe des crêtes est toujours difficile à analy-
quement pas, la perte sur une année ne dépassant pas
ser. En effet, dès 1954 Pound a parfaitement souligné le
0,025 mm, alors que pour les dents résine les pertes varient manque de fiabilité de ce repère. Il préfère déterminer
entre 0,2 et 0,3 mm pendant la même période. une aire à l'intérieure de laquelle les dents mandibulaires
doivent être placées. Cette aire présente la forme d'un
Les forces transmises triangle dont le sommet se situe au niveau de la face
Les dents résine transmettent moins de forces que les dents mésiale de la canine mandibulaire et la base entre un
porcelaine, que ce soit à l'impact ou à la pression37. À cela point situé à la face linguale du trigone rétromolaire et
s'ajoute l'incidence du frottement entre les faces occlusales l'autre sur la face vestibulaire (fig. 15-10).
des dents antagonistes38. En présence d'eau ou de salive, Par ailleurs, le principe du montage des dents sur les
la friction entre deux dents résine est plus faible qu'avec un crêtes dans le but d'assurer la stabilisation de la prothèse et
couple porcelaine, mais c'est le couple hétérogène porce- prévenir la résorption présente de nombreux inconvénients.
laine-résine qui offre le plus faible coefficient de friction. En particulier, au niveau du maxillaire cela provoque la réduc-
Les dents cuspidées concentrent les forces alors que les tion du volume dévolu au libre jeu de la langue, ce qui n'as-
dents plates répartissent la charge sur l'ensemble de la sur- sure pas le soutien des joues et ne rétablit pas l'esthé-
face d'appui. La morphologie occlusale semble avoir une tique41,42.
Fig. 15-10 L'aire de Pound correspond au triangle compris entre la face interne et externe du trigone rétromolaire et le bord mésial du
bord libre de la canine.
un angle de 6° environ. La deuxième molaire poursuit l'orien-
tation de la première molaire, aucune de ses cuspides
n'entre en contact avec le bourrelet. Lorsque ces quatre
Parmi les montages faisant appel à l'occlusion bilatéralement dents sont montées, il convient de contrôler la rectitude du
équilibrée, trois techniques seront décrites, le montage de sillon intercuspidien ainsi que la symétrie des crêtes margi-
Hanau, le montage de Strack et le montage lingualé. nales des dents collatérales.
Fig. 15-11c Contact en latéralité côté travaillant. Fîg. 15-11d Contact en latéralité côté non travaillant.
Fig. 15-12 Montage de Strack.
Fig. 1512a Vue vestibulaire des contacts occlusaux en occlusion Fig. 15-12b Vue linguale des contacts occlusaux en occlusion de
de relation centrée. relation centrée.
Fig. 15-12c Vue vestibulaire des contacts occlusaux en propulsion. Fig. 15-12d Vue linguale des contacts occlusaux en propulsion.
Le montage de Hanau permet de réaliser des montages rieure de la calotte fournissent de parfaits repères pour assu-
en classe II ou classe III sans difficulté, dans la mesure où rer la symétrie du montage.
de petites corrections occlusales sont pratiquées pour amé- La calotte de montage est déposée, les dents posté-
liorer les relations occlusales. rieures maxillaires sont montées de manière à entrer en
contact avec les dents antagonistes selon des relations cus-
Le montage de Strack pides-embrasures au niveau prémolaire et cuspides-fosses
au niveau molaire (fig. 15-12a, b, c, d).
Le montage des dents antéro-supérieures effectué, l'esthé-
tique validée, le laboratoire termine l'ensemble du montage. Enfin, les incisives mandibulaires sont montées dans l'es-
Le montage débute par les canines mandibulaires en s'as- pace compris entre les deux canines en adaptant les incli-
naisons des faces vestibulaires à l'orientation de la lèvre infé-
surant du passage parfait de la pointe canine lors du mou-
rieure.
vement de latéralité (fig. 14-12).
Le montage se poursuit par les dents postérieures man-
dibulaires. Le modèle maxillaire est alors déposé et remplacé Montage et occlusion à impact lingual
par la calotte de montage dont la partie antérieure se place Dans un premier temps les dents antéro-supérieures sont
sur les pointes des canines mandibulaires. Les dents posté- montées selon les règles précédemment développées, puis
rieures sont placées de manière linéaire. Les sommets des les dents postérieures sont mises en place.
cuspides vestibulaires des prémolaires et molaires entrent La caractéristique du montage de Gerber réside dans la
en contact avec la face inférieure de la calotte, les pointes mise en place des surfaces de mastication. Aux repères clas-
cuspidiennes linguales de la deuxième prémolaire et des siques de l'aire de Pound s'ajoute la détermination de la par-
deux molaires sont au contact de la calotte, créant les tie la plus déclive de la crête. Pour cela, le profil antéro-pos-
courbes frontale et sagittale. Les repères gravés à la face infé- térieur de la crête est tracé sur les côtés du modèle, puis la
Fig. 15-13 Montage de Gerber.
Fig. 15-13a Aspect vestibulaire du montage de Gerber mettant Fig. 15-13b Contacts occlusaux uniquement sur les cuspides
en évidence l'absence de contacts entre les cuspides vestibulaires palatines et les fosses et fossettes antagonistes.
mandibulaires et les zones de réception antagonistes.
partie la plus basse est repérée. C'est à ce niveau que doit Cette approche d'un montage de relation occlusale une
se situer la première molaire mandibulaire. dent pour une dent a été aussi proposée par Murrel et Pound
Le montage s'effectue par couple de dents pour obtenir par l'organisation d'un montage réalisé avec des dents à
des relations cuspides-fosses. Il débute par la première pré- 33 degrés maxillaires et 20 degrés mandibulaires et une
molaire maxillaire, puis la première prémolaire mandibulaire relation cuspides-fosses.
- la cuspide vestibulaire de la première prémolaire mandi-
bulaire entrant en contact avec la fossette mésiale de la pré-
Le m o n t a g e ortholingual
molaire antagoniste. Le couple des deuxièmes prémolaires
est ensuite mis en place, mais seule la cuspide palatine entre Les dents utilisées sont les dents Ortholingual®. Les
en contact avec la dent mandibulaire au niveau de sa fos- séquences sont identiques à celles employées pour le mon-
sette mésiale. Dans le plan frontal, les pointes cuspidiennes tage de Strack. Après avoir monté les dents antérieures, les
vestibulaires et linguales se situent au même niveau. Les dents mandibulaires sont mises en place de sorte que l'en-
couples des premières et deuxièmes molaires obéissent aux semble des cuspides des dents mandibulaires entrent en
mêmes règles de montage. Par contre, au niveau maxillaire contact avec la calotte. Dans un deuxième temps, les dents
la cuspide mésio-palatine est plus basse. maxillaires sont montées en s'assurant que seules les cus-
Le montage des dents postérieures réalisé, les dents pides palatines des prémolaires entrent en contact avec les
antéro-inférieures sont mises en place, en ayant soin de res- fossettes distales des prémolaires mandibulaires et les cus-
pecter la béance antérieure et de laisser le libre jeu à l'orbi- pides palatines des molaires supérieures avec les fosses
culaire des lèvres (fig. 15-13a, b). centrales des antagonistes43,44, (fig. 15-14a, b, c, d).
Fig. 15-14a Principe du montage en occlusion lingualée : le Fig. 15-14b Montage des dents mandibulaires: cuspides en contact
contact entre les cuspides palatines et les fossettes antagonistes. avec la calotte.
Fig. 15-14c Mise en évidence des contacts entre les pointes cus- Fig. 15-14d Organisation occlusale linguale des rapports occlusaux.
pidiennes et la calotte à l'aide de papier à articuler.
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Le montage terminé, le laboratoire « finit » les cires. Cette
étape répond à l'élaboration des extrados prothétiques ou
surfaces polies, qui comportent deux éléments: Les volumes prothétiques (extrados) participent aux fonc-
- les volumes de la prothèse, au contact de la langue, des tions:
joues et des lèvres ; - esthétiques
- la forme générale de ces volumes, et de manière plus En assurant un soutien harmonieux aux tissus labiaux et
spécifique celle de la gencive cervicale. jugaux, de manière à, si possible, estomper voire effacer
les sillons naso-géniens, restaurer l'harmonie des lèvres
et du sourire, de la gouttière philtrale, de l'angle naso-
génien, et enfin à retrouver la visibilité de la zone humide
des lèvres.
- phonétiques
Par leurs volumes, leurs formes, leurs profils et leurs reliefs,
En fournissant à la langue au niveau de la voûte palatine
les surfaces polies contribuent à répondre de manière
des appuis sûrs pour l'articulation des phonèmes.
directe, et indirecte, aux exigences biomécaniques et fonc-
- masticatoires
tionnelles de la future restauration prothétique1.
En contribuant à la cinématique du bol alimentaire, sans
pour autant entraîner la rétention et la stagnation des
débris alimentaires.
Sur le plan biomécanique, les surfaces polies:
- accroissent la rétention :
• en augmentant la surface de contact entre la salive et
la base prothétique ;
• en assurant la pérennité du joint vestibulaire ; Quatre procédés permettent de réaliser les extrados prothé-
• en facilitant l'action passive des muscles qui s'appli- tiques qui répondent aux exigences précédemment exposées.
quent sur l'extrados et qui favorisent le maintien de la
prothèse sur les surfaces d'appui.
- stabilisent la prothèse :
• en libérant le jeu des muscles déstabilisateurs et en Dès 1933, Wilfrid Fisch insistait sur le rôle des surfaces polies2.
favorisant le jeu des muscles stabilisateurs; Pour cet auteur, la conception des volumes et des formes
• en assurant un équilibre des pressions entre les com- générales des extrados prothétiques répond à deux principes :
posantes musculaires labiales, jugales, linguales. - Les surfaces polies doivent être modelées en une série
- fournissent, enfin, une résistance mécanique suffisante de pans inclinés, de manière à ce que la pression des
aux bases prothétiques maxillaire et mandibulaire pour muscles plaque la prothèse sur la surface d'appui, assu-
éviter tout risque de fracture. rant ainsi la stabilisation et la rétention (fig. 16-1).
RÉTENTION
Fig. 16-2
1) Distance (L) séparant la limite cervi-
cale linguale (c) de la partie vestibulaire
du procès alvéolaire avec des dents
saines.
2) La position de la cicatrice permet d'ob-
jectiver l'importance de la résorption.
3) Le volume de la cire, déterminé par
rapport à la cicatrice, compense la résorp-
tion, la distance (L) demeure constante.
Fig. 16-5 Caractéristiques des profils vestibulaires et linguaux Fîg. 16-6 Prothèse maxillaire :
d'une prothèse mandibulaire : a) légère convexité rétro-incisive, profil vestibulaire rectiligne ou
a) niveau incisif concavité vestibulaire et linguale ; b) niveau canin légèrement convexe ;
très légère convexité vestibulaire, concavité linguale ; c) niveau b) légère convexité palatine, légère convexité vestibulaire (bosse
première molaire très légère convexité vestibulaire, très légère canine) ;
concavité linguale ; d) deuxième molaire concavité vestibulaire et c) concavité palatine, légère convexité vestibulaire ;
légère concavité linguale ; e) niveau trigone concavité vestibulaire d) concavité palatine et vestibulaire.
et très légère concavité linguale.
trie à la fois radiante et horizontale. Le contour gingival, en
particulier au niveau des incisives des hémi-arcades droite
et gauche, contribue à la genèse de cette symétrie.
Dans la région cervicale, la fausse gencive des dents pro-
thétiques correspond aux gencives dites marginale et papil-
laire7. La gencive marginale entoure le collet des dents for-
mant la ligne de finition entre les dents et la base
La ligne des collets dessinée par la gencive marginale ren-
prothétique, quant à la gencive papillaire elle se situe dans
force l'harmonie de la ligne du sourire. Les collets des inci-
les embrasures interproximales.
sives centrales, latérales et des canines tendent notamment
En denture naturelle, avec l'âge et/ou la maladie paro-
à former une ligne parallèle à la lèvre supérieure (fig. 13-1,
dontale, des modifications de la morphologie de ces deux
fig. 16-9).
gencives apparaissent, modifications qui pourront être plus
ou moins reproduites par la fausse gencive (fig. 16-7, 16-8).
Mais à la reproduction de ces données morphologiques
s'ajoutent, lors du modelage de la fausse gencive, les trois
composantes de l'esthétique :
- la symétrie ;
- la perspective ;
- la forme des dents.
3 e é t a p e - Festonnage gingival
La ligne générale des collets est tracée sur la cire, puis le fes-
ton gingival est soigneusement créé à l'aide d'une spatule
coupante mais sans reproduire de sulcus, ou sillon gingivo-
dentaire, pour éviter dans le futur l'accumulation de la plaque
dentaire et ainsi faciliter l'hygiène. De plus, une étanchéité
cervicale maximale est recherchée et dans tous les cas la
ligne de finition gingivale doit être située en deçà du pied
de la dent (fig. 16-11) (tableau 16-2).
6 e é t a p e - Finitions
Fîg. 16-12c Concavité linguale rétro-incisive permettant à la
langue de d'étaler. Elles consistent à lisser l'ensemble de la surface des cires
par un bref passage à la flamme à l'aide d'une torche, sans
faire fondre la cire, ni supprimer les reliefs créés particuliè-
respecte le profil concave caractéristique du berceau lin- rement quand ils sont discrets. On fait briller la cire à l'aide
gual (fig. 16-5, 16-12c). d'une meulette en mousse à petite vitesse.
- Du côté vestibulaire, les reliefs radiculaires des dents sont Enfin, un piqueté dit en peau d'orange peut être ajouté
dessinés dans la cire jusqu'aux premières molaires. Leurs au niveau de la gencive attachée à l'aide d'une brosse à dent.
volumes sont plus ou moins prononcés selon les cas cli-
niques, mais la bosse canine est toujours la plus pro-
éminente.
- Les papilles interdentaires ont un profil entièrement
convexe ne reproduisant pas la légère concavité (dépres-
sion) centrale observée sur une gencive naturelle
(fig. 16-13).
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Le montage des dents terminé, la finition des cires réalisée,
les maquettes des prothèses sont adressées au cabinet den-
taire pour une séance aussi capitale que négligée, celle de
l'essai fonctionnel. Elle a pour objectif d'évaluer une dernière
fois avant la polymérisation, les différentes caractéristiques
biomécaniques, fonctionnelles, occlusales, esthétiques de la
future prothèse. Cette séquence clinique de contrôle se
déroule en deux temps : le premier en l'absence du patient, Fig. 17-1a Harmonie entre la voûte palatine et l'extrados de la
maquette.
le deuxième en présence du patient.
La maquette maxillaire
L'épaisseur et la forme de la voûte palatine sont examinées.
L'épaisseur ne doit pas dépasser 1,5 mm dans sa partie cen-
trale, et surtout la forme de l'extrados doit être en harmonie
avec celle de la voûte palatine (fig. 17-1a, b).
Au niveau des collets palatins, pour des raisons phoné-
tiques, la cire doit procurer un appui satisfaisant à la langue
en évitant, par exemple, les sillons qui descendent de
manière abrupte entre les embrasures, favorisant des fuites
d'air. Au niveau vestibulaire, l'examen porte sur la finition des
collets, leurs formes, leurs niveaux, leur alignement, le res-
pect par le laboratoire des informations et des demandes Fig. 17-2 Manque de symétrie des collets au niveau des deux inci-
spécifiques du praticien (fig. 17-2). sives centrales.
La forme, le profil de l'extrados vestibulaire, sont contrô-
lés - qu'ils aient été réalisés de manière conventionnelle ou
bien individualisés. Enfin, la longueur du joint postérieur et
l'épaisseur du joint vestibulaire doivent respecter les limites
du coffrage.
La maquette mandibulaire
Les critères de contrôle sont comparables à ceux appliqués
pour la prothèse maxillaire.
Du côté vestibulaire, le profil des extrados doit respecter:
- Au niveau antérieur, le sillon labio-mentonnier permet-
tant le libre jeu de l'orbiculaire et des commissures. Fig. 17-4 Évaluation visuelle des contacts occlusaux du côté lingual.
- Au niveau latéral, le jeu du modiolus, tout en assurant
l'herméticité entre les vestibules jugaux et labiaux.
- Au niveau latéral postérieur, le jeu des insertions du buc-
cinateur et postérieurement des insertions basses du
masséter.
Du côté lingual, l'extrados présente:
- Une concavité antérieure qui respecte le joint sublingual
et offre un berceau à la langue.
- Latéralement, une limite des collets ne favorisant pas la
rétention des aliments.
L'ensemble des bords doit respecter les limites du cof-
frage. Dans le cas contraire, ils sont immédiatement corrigés
avant tout autre contrôle (fig. 17-3).
La maquette mandibulaire
Insérée en premier dans la cavité buccale, l'analyse de la
maquette porte sur les points suivants:
Tableau 17-2 Étiologies de l'instabilité de la maquette mandibulaire lors des mouvements fonctionnels.
Tableau 17-3 Étiologies de l'instabilité de la maquette mandibulaire lors de l'application de pressions fonctionnelles.
La stabilité de la maquette
Le praticien évalue à nouveau la stabilité de la maquette au
repos lors des déplacements musculaires et lors de l'appli-
cation de pressions fonctionnelles. Les critères d'analyse,
comparables à ceux de la maquette mandibulaire, sont
regroupés dans les tableaux 17-4, 17-5 et 17-6.
Tableau 17-5 Étiologies de l'instabilité de la maquette maxillaire lors des mouvements fonctionnels.
Le milieu et le visage
Même si le choix du milieu a déjà été contrôlé lors du mon-
tage des dents antérieures, ce repère peut ne plus coïncider
avec le milieu choisi. Les raisons en sont les suivantes : une
erreur lors de la détermination initiale, un déplacement for-
tuit des incisives lors des différentes phases de laboratoire
et surtout une mauvaise appréciation ou réalisation des
volumes prothétiques latéraux. Une asymétrie de soutien
des commissures entraîne un déplacement de la gouttière
philtrale, donc du milieu.
Le joint postérieur
Le laboratoire doit contrôler si le joint postérieur a été pré- Fig. 18-3b Préforme en cire mise en place au niveau de la partie
paré, délimité par le praticien ou non. Pour ces deux der- centrale de la maquette.
nières éventualités, le laboratoire creuse le modèle en sui-
vant les indications fournies ou en évaluant la forme à
donner en fonction du type de voile. Cependant, cette der- liser l'empreinte des reliefs palatins à l'aide d'une feuille
nière proposition devrait être refusée par le laboratoire. d'étain brunie sur la voûte palatine, enfin d'utiliser des pré-
formes en cire6.
La décharge au niveau de la voûte palatine Pour cela, la cire en regard de la voûte est découpée puis
remplacée par la préforme choisie. Ce procédé présente
Trop souvent des décharges sont placées au niveau de la
l'avantage d'assurer une épaisseur homogène à la partie
partie centrale de la voûte palatine. Elles sont totalement
palatine de la maquette maxillaire (fig. 18-3a, b).
inutiles. D'une part, elles sont placées de manière arbitraire,
leur disposition, leur forme, leur étendue ne sont jamais
adaptées à la position des zones non dépressibles. D'autre
part, leur rôle dans la rétention est négatif puisque, en réa-
lité, la rétention diminue quand leur surface ou leur volume Parmi les différentes techniques proposées, trois seront
augmentent5. décrites : la technique pressée et polymérisation en milieu
humide, la technique injectée et polymérisation en milieu
humide, la technique injectée suivie d'une polymérisation
La fixation des maquettes avec micro-ondes.
Les maquettes sont scellées sur leur modèle avec une petite
spatule chaude enduite de cire qui est déposée à la péri- La résine pressée
phérie de la maquette.
C'est la technique la plus classique et la plus utilisée. Dans
un premier temps, les modèles de travail sont insérés dans
Les reliefs palatins leurs moufles respectifs afin de contrôler leur possibilité de
Pour reproduire les reliefs de la voûte palatine, il est possible mise en place et d'orientation. Le modèle maxillaire doit être
d'utiliser des préformes, en caoutchouc, en silicone, de réa- orienté pour que les incisives soient verticales. Cette pré-
caution diminue les risques de fractures de leurs bords libres
lors de l'ouverture du moufle.
Le moufle est isolé avec de l'huile de vaseline et le
modèle immergé dans de l'eau de soude. Préparé à consis-
tance crémeuse, le plâtre (plâtre de classe II) est placé au
fond de la partie moufle, le modèle et la maquette y sont
enfoncés jusqu'à ce que le bord du modèle affleure le plâtre.
Lorsque le plâtre atteint sa phase pâteuse tous les excédents
sont éliminés, les aspérités gommées, en particulier au
niveau du bord du moufle.
La contrepartie et son couvercle sont vaselinés puis la
surface de plâtre du moufle est isolée. Du plâtre, si possible
spatulé sous vide pour réduire les porosités et améliorer les
qualités de résistance à la compression, est préparé. Tous
Fig. 18-5 Le filet d'eau élimine les excès d'isolant pour éviter toute
les collets des dents, les embrasures sont soigneusement
surépaisseur.
comblés de plâtre pour éviter la formation de bulles, puis la
contrepartie est terminée.
Pour éviter le contact direct entre le plâtre et l'extrados protocole est aussi proposé : lorsque le moufle est ouvert la
prothétique, celui-ci peut être recouvert d'une faible épais- partie cervicale des dents prothétiques est sablée (alumine
seur de silicone de laboratoire (Flexistone®, Zeta-Labor®) à 50 µm) puis mordancée pendant 30 secondes avant d'être
puis la contrepartie est garnie de plâtre. Cette technique faci- rincée. Enfin un agent de liaison est badigeonné puis poly-
lite grandement la phase de finition (fig. 18-4). mérisé7. Dans le même but, les dents en « résine » sont non
seulement nettoyées mais leurs parties cervicales sont très
légèrement grattées ou sablées pour éliminer la partie lisse.
Il est par contre déconseillé de réaliser des rétentions secon-
daires telles que des trous, des fentes dans la partie cervicale
des dents prothétiques car cela n'améliore pas la rétention
mais en réalité fragilise la jonction avec la résine de base8.
La préparation de la résine s'effectue en un ou deux
temps. Le premier temps dépend des exigences esthétiques
du patient.
La résine injectée
Le principe est d'injecter, par des conduits adéquats, le
mélange de PMMA dans un moufle fermé de manière à évi-
ter toute surépaisseur.
Dans un premier groupe de procédés, la résine est injec-
tée sous pression puis la polymérisation s'effectue dans un
deuxième temps. Cette technique est appliquée dans les
systèmes Futura® de Schutz Dental, Micro Base® De Trey,
Swiss-Jet®14
Dans le deuxième groupe, la résine est injectée sous pres-
sion puis la polymérisation est effectuée alors que l'injection
de la résine se poursuit, de manière à compenser la rétrac-
tion du matériau liée à la polymérisation. Cette approche est
exploitée par les systèmes Ivocap® ou Acron GC®. Fig. 18-7b Injection de la résine le moufle pris dans sa bride (a).
Le système Ivocap
La maquette de la prothèse est mise en moufle selon les
séquences habituelles dans des moufles adaptés (fig. 18-7a,
b, c). Après ébouillantage et isolation, le moufle est fermé à
vide sous une pression de 80 bars puis bloqué avec une bride.
Le mélange poudre-liquide, spécifique à ce système, est pré-
paré par agitation puis injecté sous une pression de 6 bars.
Cinq minutes après, le moufle est placé dans de l'eau à
100 degrés. Hors de l'eau, le système d'injection reste à la
température de la pièce et continue à injecter la résine de
manière à compenser le retrait dû à la polymérisation15.
L'élévation de température dure 35 minutes, le refroi-
dissement 20 minutes au minimum, le moufle étant
immergé dans de l'eau à température de la pièce. Après Fig. 18-7c Moufle en place immergé dans l'eau à 98°, le système
ouverture du moufle, la prothèse est terminée selon les pro- d'injection (a) restant hors de l'eau à la température de la pièce.
cédés classiques. (Document Ivoclar®)
Le système Acron CC refroidit ensuite à l'air libre pendant 35 minutes. Comme
dans la technique précédente, la pression exercée sur la
Les maquettes sont placées dans un moufle spécial, adapté
résine est maintenue pendant toute la phase de refroidisse-
à la réception d'ondes électromagnétiques (fig. 18-8a). La
ment de manière à compenser le retrait de polymérisation.
résine est injectée sous une pression de 6 bars (fig. 18-8b).
Le moufle et son système d'injection sont placés dans l'en-
ceinte du micro-ondes. L'élévation de température dure
3 minutes, elle amène la résine située à l'intérieur du moufle
à ébullition alors que la résine située dans l'injecteur demeure L'insertion d'une marque d'identification au sein d'une pro-
froide et n'est pas polymérisée16 (fig. 18-8c). L'ensemble thèse est une obligation technique si les patients vivent en
institution. Les méthodes d'identification sont nombreuses :
inclusion au sein de la résine de base d'un repère ou gra-
vure de la résine. Cette dernière proposition doit être élimi-
née en raison des anfractuosités que cela provoque 17,18 .
L'analyse est conduite successivement par les trois partenaires L'analyse de l'entourage concerne l'esthétique, l'apparence :
qui ont participé à l'élaboration de la restauration prothétique. le jugement d'un proche peut, d'un seul mot, d'un seul
regard, confirmer ou détruire, aux yeux du patient, le bien-
fondé du choix du praticien. L'opinion des tiers peut se révé-
ler quelquefois bénéfique, mais surtout destructrice si elle
L'analyse du praticien doit être des plus pertinentes. D'une est négative. Bien évidemment, ce type de jugement n'est
part, le praticien connaît parfaitement les limites techniques certainement pas toujours basé sur une connaissance réelle
des thérapeutiques de la prothèse adjointe complète et les des problèmes inhérents au traitement de l'édentement
difficultés du cas traité. D'autre part, il est pleinement total mais ce jugement est implacable.
conscient de la valeur de chacune des phases qu'il a effec-
tuées. L'insertion révèle alors les qualités ou les insuffisances
de ses actes thérapeutiques et, en conséquence, le niveau
du « service rendu » par rapport aux difficultés techniques et
psychologiques du cas clinique.
À la réception des prothèses adressées au cabinet dentaire
dans un sachet humide pour éviter les éventuelles distor-
sions liées aux phénomènes de sorption, le praticien
L'analyse du patient se déroule en deux temps. Dans un pre- contrôle si tous les documents relatifs à la création du dis-
mier temps, l'analyse résulte des sensations éprouvées, positif médical sur mesure (DMSM) sont présents de
manière à parfaitement assurer la traçabilité des éléments fausse gencive au niveau des embrasures, qui ne doivent
constitutifs de la prothèse : caractéristiques des dents pro- offrir aucune possibilité de rétention alimentaire. Toutes les
thétiques (teinte, forme, dimension, matériaux), de la résine anomalies sont corrigées puis les zones concernées soi-
de la base prothétique (teinte, type), les numéros de leurs gneusement repolies.
lots.
Cliniquement, le contrôle des prothèses se déroule en
L'occlusion
deux temps: le premier en l'absence du patient, le second
en présence du patient. À ce stade l'évaluation de l'occlusion est limitée. Elle se
résume à établir manuellement l'occlusion entre les pro-
thèses puis à évaluer la stabilité occlusale obtenue.
Le contrôle de l'occlusion
Fig. 19-3 Imprécisions des bords linguaux d'une prothèse man-
dibulaire révélées par l'utilisation de produit siliconé (Fit-Checker®). Les erreurs d'occlusion ne devraient pas exister si la phase
de l'essai fonctionnel a été parfaitement conduite. Au stade
de l'insertion, elles ne doivent, en aucun cas, être attribuées
au laboratoire, mais à une ou des erreurs provoquées et non
Grâce à la lecture directe des zones où le produit révé-
diagnostiquées par le praticien.
lateur a été chassé, toutes les imperfections sont corrigées
puis soigneusement repolies. Par contre, les imprécisions occlusales sont la règle. Elles
sont provoquées:
- Par le praticien - Imprécisions de l'enregistrement des
Le contrôle de la prothèse maxillaire
relations intermaxillaires, liées aux maquettes d'occlu-
Les séquences sont comparables à celles pratiquées lors du sion, au comportement des tissus de soutien, aux arti-
contrôle de la prothèse mandibulaire. Si le patient est très culations temporo-mandibulaires, au système neuro-
nauséeux, la prémédication est indispensable, qu'elle fasse musculaire3,4.
appel à des médicaments ou à des anesthésies de contact - Par le laboratoire - Au même titre que celles du prati-
en crème déposée de manière directe ou indirecte au cien, elles sont inévitables, quelles que soient les phases
niveau du voile. La stabilité est éprouvée par une pression techniques concernées en particulier lors du montage et
molaire bilatérale, les sensations d'instabilité, les points dou- de l'établissement des contacts occlusaux propres au
loureux sont immédiatement mis en évidence et corrigés de schéma occlusal choisi.
la même manière que sur la prothèse mandibulaire. - Par la technologie - Elles résultent de la chaîne techno-
Les bords sont ensuite analysés : libération des freins, logique. Elles surviennent dès l'élaboration du porte-
profils des extrados, épaisseur des bords, l'apport diagnos- empreinte individuel, pour s'achever lors de la phase
tique des produits siliconés s'avère à nouveau capital. Les finale de la polymérisation, qui s'accompagne de distor-
corrections sont réalisées puis soigneusement repolies sions des bases, de variations de la dimension verticale
(fig. 19-4). d'occlusion, de déplacements des dents postérieures5"8.
Ces imprécisions minimes s'ajoutent sans jamais se dans la cavité buccale, le praticien la maintient sur la surface
compenser, altérant la précision des relations occlusales d'appui et enregistre la relation centrée selon les mêmes
obtenues lors du montage. Ceci impose de pratiquer des techniques que celles décrites précédemment (chapitre 11).
corrections afin de rétablir l'équilibre occlusal, garant de la Après enregistrement de la relation centrée, la prothèse
répartition des charges fonctionnelles sur les surfaces d'ap- est retirée de la cavité buccale puis les indentations enre-
pui, donc de l'homéostasie de celles-ci. De plus, elles per- gistrées dans les cires d'enregistrement sont examinées : des
mettent de parfaire l'occlusion, qui est un élément favorisant contacts peu profonds, symétriques en nombre et en posi-
le port et l'acceptation de la prothèse9. tion, sont attendus mais on ne doit observer aucune perfo-
Les corrections occlusales ne sont jamais effectuées à la ration (fig. 19-5b).
sortie du moufle. Par contre, elles sont pratiquées avant l'in-
sertion définitive des prothèses et jamais après un soi-disant
tassement des tissus de la surface d'appui.
Le tassement entraîne des modifications histologiques,
dénature la précision de l'empreinte, favorise des phéno-
mènes inflammatoires immédiats dont les conséquences à
long terme sont la résorption.
La dimension verticale
Les verrous en relation centrée sont à nouveau activés,
les prothèses sont amenées en contact. L'articulateur
refermé, le praticien évalue la situation de la tige incisive.
Celle-ci ne doit pas entrer en contact avec la table incisive.
La distance séparant ces deux éléments met en évidence
l'importance des corrections occlusales qui doivent être pra-
Étape 1
tiquées. Par contre, si la tige incisive est au contact, il est
impossible de réaliser des corrections occlusales (fig. 19-6c).
Fig. 19-6a La prothèse mandibulaire est mise en articulateur.
Les boîtiers sont bloqués (1) ; La cire d'enregistrement se situe La position des contacts occlusaux
entre les arcades (2) ; La tige incisive est au contact du plateau (3).
L'examen porte sur les relations sagittales et frontales qui
s'établissent entre les cuspides d'appui et les fosses de
réception antagonistes, La faisabilité découle de l'application
de la règle des tiers (fig. 19-7a, b).
Les corrections sont :
- possibles, si les contacts se situent dans le tiers interne
de la face occlusale;
- délicates, si les contacts se situent dans le tiers médian
de la face occlusale;
Étape 3
- impossibles, si les contacts se situent dans le tiers externe 1er temps - Occlusion de relation centrée
de la face occlusale.
Pour les corrections occlusales des dents porcelaine, le Les objectifs des corrections en relation centrée sont doubles,
matériel utilisé se compose de pointes diamantées de forme s'adressant aux dents postérieures et aux dents antérieures.
et de granulation différentes, de pointes vertes et de pointes - Au niveau des dents postérieures - Le but est d'établir une
d'Arkansas, de meulettes caoutchouc pour polir la céramique relation cuspide-embrasure au niveau prémolaire et cus-
(fig. 19-8a, b) 12 . Les marqueurs nécessaires sont des papiers pide-fosse au niveau molaire, afin de stabiliser l'occlusion
à articuler fins ou des soies dentaires, portés par des pinces à la dimension verticale d'occlusion fixée par la tige inci-
de Miller 13,14 . sive. Les corrections s'effectuent selon les règles suivantes :
Pour les dents résine les matériels de correction et de - Règle numéro 1 - Déplacer les sommets cuspidiens
marquage sont identiques; seuls diffèrent les systèmes de pour les placer en regard de leurs fosses ou embra-
polissage, qui doivent être adaptés au matériau composant sures antagonistes. Pour cela, remodeler les versants
la dent. cuspidiens qui entourent le sommet cuspidien pour
le placer dans sa fosse ou embrasure antagoniste
(fig. 19-9a, b, c, d).
- Règle numéro 2 - Si le sommet cuspidien est bien
placé, ne jamais raccourcir la pointe cuspidienne,
mais approfondir la zone de réception antagoniste.
L'occlusion bilatéralement équilibrée Exception si le sommet cuspidien ne s'harmonise pas
type Hanau avec les courbes frontale et sagittale de l'arcade, il
Les corrections occlusales se déroulent en deux temps. doit être corrigé.
Fig. 19-9b 1) Contact entre les versants internes; 2) correction • La réalisation pratique
du versant interne supérieur; 3) occlusion rétablie. Les boîtiers condyliens de l'articulateur sont bloqués en rela-
tion centrée. L'articulateur est fermé, l'interposition des mar-
queurs colorés met en évidence les points de contacts occlu-
saux en relation centrée. Les corrections assurent un
remodelage des versants cuspidiens à l'aide d'instruments
rotatifs montés sur turbine. Elles doivent respecter l'anato-
mie des dents prothétiques en conservant le galbe de
chaque versant cuspidien. Les corrections doivent aboutir à
l'établissement de contacts occlusaux parfaitement répartis
sur l'ensemble des dents postérieures et d'un contact de la
Fig. 19-9c Contact versant entre les versants externe mandibu- tige incisive avec le plateau et aucun contact entre les dents
laire et interne maxillaire; b) correction des versants externes; antérieures. Après corrections, les surfaces sont soigneuse-
c) occlusion rétablie. ment repolies à l'aide de l'instrumentation adaptée.
Les prothèses sont confiées au patient, les conseils sont
prodigués, un rendez-vous est convenu 24 heures, voire
48 heures plus tard avec le patient. Ces séances se pour-
suivent jusqu'à ce que la stabilité de l'occlusion soit obte-
nue, suivant le même protocole. Ce n'est qu'à ce stade que
les corrections excentrées sont réalisées.
La propulsion
- Règle numéro 1 - N e jamais éliminer un point de contact - Règle numéro 3 - En propulsion, au niveau des secteurs
en rapport avec l'occlusion de relation centrée. antérieurs (fig. 19-10):
- Règle numéro 2 - En propulsion, au niveau des secteurs - corriger la face palatine des dents antéro-supérieures
postérieurs; les corrections portent sur les versants cus- si, les bords libres étant en contact, les dents posté-
pidiens distaux supérieurs et mésiaux inférieurs, de pré- rieures sont en contact;
férence aux dépens des cuspides secondaires. Ces cor- - corriger les bords libres mandibulaires ou maxillaires
rections se poursuivent jusqu'à ce que la tige incisive si, les bords libres étant au contact, aucun contact entre
glisse sans heurt sur la table incisive (fig. 19-11a, b). les dents postérieures ne s'installe.
Latéralité travaillante
- Règle numéro 1 - Ne jamais éliminer un point de contact - Règle numéro 2 - Les corrections portent sur les cus-
en rapport avec l'occlusion de relation centrée. pides secondaires, au niveau des versants internes
mésiaux supérieurs et distaux inférieurs, (fig. 19-12a, b).
Ces corrections se poursuivent jusqu'à ce que la tige inci-
sive glisse sans heurt sur la table incisive.
• Réalisation pratique la tige incisive doit glisser sans heurt sur le plateau incisif. Il
Après un nouvel enregistrement de la relation centrée, les pro- convient d'éviter de créer des surfaces ou des versants cus-
thèses sont remontées en articulateur puis bloquées sur leurs pidiens plans. Pour cela des sillons secondaires sont sculp-
socles respectifs à l'aide de plâtre à prise rapide. Le plateau tés de manière à réduire les pressions transmises sur les sur-
incisif est réglé selon les données choisies lors du montage. faces d'appui 16 .
Propulsion - Les ailes de Bennett sont orientées à 0°. Les Les corrections faites, une pâte de carborundum char-
points de contact en relation centrée sont objectivés à l'aide gée d'huile de vaseline (pâte à roder) est placée entre les
de marqueurs rouges. Dans un deuxième temps, le mou- dents prothétiques. Pour harmoniser le glissement entre les
vement de propulsion est effectué de préférence de versants cuspidiens, les différents mouvements mandibu-
manière séquentielle millimètre par millimètre. Les articula- laires sont simulés une dizaine de fois. Les surfaces corri-
teurs qui possèdent des vis ou cales de propulsion offrent gées sont ensuite soigneusement repolies.
au praticien une précision incomparable (FAG, Stratos 200,
SAM, Dentatus). Le marqueur bleu, placé entre les arcades, L'occlusion à impact lingual
objective les points de contact en propulsion. Les corrections
Dans le montage de Gerber, le schéma occlusal est du type
sont réalisées jusqu'à ce que la tige incisive entre en contact
occlusion bilatéralement équilibrée avec une occlusion lin-
avec le plateau incisif, mais ensuite doivent s'arrêter sous
gualée17 (fig. 19-14). Les corrections se réalisent en deux
peine de perdre la dimension verticale. Les corrections se
temps : recherche de l'occlusion de relation centrée puis har-
poursuivent jusqu'à l'obtention du bout à bout incisif.
monisation des mouvements excentrés.
Au niveau des dents antérieures, les corrections s'adres-
sent: 1er temps - Occlusion de relation centrée
- Au bord libre des dents inférieures si, en bout à bout,
les dents postérieures ne sont pas en contact. L'objectif est d'établir une relation cuspide-fosse entre les
- À la face linguale des dents antéro-supérieures si, en cuspides d'appui et les fosses de réception antagonistes. Les
bout à bout, les dents postérieures sont en contact. cuspides d'appui ne sont jamais corrigées, les corrections ne
concernent que les fosses antagonistes. Les corrections sont
Latéralités - Les ailes de Bennett sont orientées à 20° pour
les ailes rectilignes et, si ['articulateur possède des inserts
curvilignes, il est conseillé d'utiliser les inserts C2 C3 avec
l'articulateur FAG et verts ou rouges avec les articulateurs
SAM15.
Les séquences sont tout à fait comparables à celles pra-
tiquées lors de la propulsion : mise en évidence des contacts
en occlusion de relation centrée, puis les déplacements en
latéralités sont simulés par des déplacements millimétrés.
Du côté travaillant, les corrections sont réalisées perpendi-
culairement aux faces vestibulaires ou linguales sur les cus-
pides secondaires (vestibulaires maxillaires, linguales man-
dibulaires). Du côté non travaillant, les corrections portent
uniquement sur les cuspides vestibulaires mandibulaires
dans une direction disto-vestibulaire.
Les déplacements excentrés sont corrigés jusqu'à l'ob- Fig. 19-14 La fraise diamantée évase la fosse de réception de la
tention du bout à bout incisif ; pendant ces déplacements cuspide antagoniste.
réalisées à l'aide de pointes diamantées boule d'un diamètre manière à conserver leur état de surface pour éviter toute
d'environ 3 mm. Elles modèlent les fosses de manière à per- abrasion ou usure des dents résine. Cependant, ces der-
mettre aux cuspides antagonistes de se placer au fond des nières s'usent. Après les corrections occlusales, il est pos-
fosses de réception. Par ailleurs, les contacts entre les ver- sible de créer des cavités dans la face occlusale des dents
sants externes des cuspides principales mandibulaires et les résine en antagoniste des pointes cuspidiennes d'appui. Ces
versants antagonistes sont éliminés aux dépens des versants cavités sont alors comblées d'amalgame ou de composite
mandibulaires. dont la morphologie est réglée par de légers déplacements
de la branche supérieure de l'articulateur18 (fig. 19-15).
2e temps - Contacts excentrés
Les corrections occlusales sont ensuite réalisées lors de la
propulsion puis des mouvements de latéralité. Seuls les ver-
sants bordant les fosses sont corrigés pour assurer un glis-
sement harmonieux des cuspides d'appui de manière à
créer une occlusion bilatéralement équilibrée. Les cuspides L'insertion d'une restauration prothétique adjointe doit impé-
palatines demeurent intactes. rativement s'accompagner de différents conseils qui vont
permettre au patient de mieux « intégrer et utiliser » la res-
3e temps - Contact en rétrusion tauration prothétique. Ces conseils portent successivement
sur l'esthétique, la mastication, la phonation et l'hygiène
Cette étape est très spécifique à la conception de Gerber, elle (chapitre 27).
consiste à assurer l'équilibre occlusal lors du mouvement de
rétrusion. L'articulateur Gerber permet un déplacement des
condyles de l'articulateur en arrière de la relation centrée. Le
papier marqueur est placé entre les arcades, la branche supé-
Dès le choix des dents le patient doit être prévenu de l'inci-
rieure de l'articulateur est déplacée vers l'avant, simulant un
dence sur son entourage des changements esthétiques qu'il
mouvement de rétrusion, les interférences éventuelles sur la
a souhaité réaliser et des conséquences que cela peut pré-
partie mésiale des fosses de réception sont corrigées.
senter à court et à moyen terme. Une nouvelle prothèse
entraîne obligatoirement une modification du comporte-
4e temps - Harmonisation des glissements
ment des lèvres et des joues, la prothèse étant le plus sou-
Les fosses centrales corrigées sont polies à l'aide d'une vent ressentie comme étrange, massive. Les tensions mus-
pointe d'Arkansas boule puis par rodage. Pour cela, de la pâte culaires peuvent donner l'impression de gaucherie. Ces
à roder est placée sur les faces occlusales mandibulaires. Les changements se manifestent au niveau du soutien de la
dents en contact, la branche supérieure sous une faible pres- lèvre, qui souvent provoque une visibilité plus importante
sion manuelle, décrit de tout petits mouvements circulaires des dents antérieures. Cependant, ces changements sont le
pour harmoniser les glissements dans la fosse de réception. plus souvent temporaires.
Fig. 19-15 Montage hétérogène: création de butées occlusales Le patient peut éprouver certaines difficultés phonétiques
en occlusion de relation centrée à l'aide d'amalgame. mais celles-ci disparaîtront dans les heures qui suivent. La
capacité de la langue à retrouver ses appuis (dans la mesure 8. Nogueira SS, Ogle RE, Davis EL Comparison of accuracy bet-
où le montage est correct bien sûr) est rapide. Les patients ween compression and injection-molded complete dentures. J
sont beaucoup plus conscients de petites imperfections, Prosthet Dent, 1999; 82 : 291-300.
dans leur prononciation, qui ne sont ni entendues ni dis- 9. Fenlon MR, Sherriff M, WalterJD. Association between the accu-
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cernées par l'entourage.
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Rehabil, 1998;25:725-729. 1979; 470.
On appelle doléance « la plainte pour réclamer au sujet d'un Les doléances exposées et exprimées par le patient sont
grief ou pour déplorer des malheurs personnels » (diction- de deux types :
naire le Robert). - Les doléances objectives qui s'accompagnent de signes
Lorsque le praticien se trouve confronté à un patient pré- cliniques tangibles.
sentant des doléances une question essentielle se pose : - Les doléances subjectives qui sont des sensations sans
- Le praticien a réalisé la prothèse : auquel cas il doit signe clinique réel.
résoudre les problèmes posés, répondre aux doléances Elles se manifestent de manière immédiate, à court
exprimées, avec toutes les difficultés techniques et psy- terme, à long terme (fig. 20-1).
chologiques que cela comporte.
- Le praticien n'a pas réalisé la prothèse : auquel cas les
doléances font partie de l'examen clinique, elles per-
mettent d'analyser les difficultés, les motifs de l'échec,
d'imaginer, de proposer des solutions pour répondre aux
problèmes rencontrés par le patient. Dans les minutes et les heures qui suivent l'insertion des pro-
thèses, il n'y a malheureusement pas toujours une similitude
d'appréciation, de jugement, entre le praticien et le patient.
Cette différence de perception rend la réponse du praticien
très délicate. En effet, combien de prothèses mal conçues,
mal adaptées, sans aucune valeur (aux yeux du praticien)
sont parfaitement acceptées par le patient alors que d'autres,
qui possèdent toutes les qualités souhaitées par ce même
praticien, sont, par contre, refusées par le patient'. 2 .
Fig. 20-2c Aspect de l'allongement de la base prothétique après Fig. 20-3 Disparition du joint sublingual provoquée par polissage
élimination de la cire. excessif.
L'absence de salive Lors de l'insertion, la partie postérieure de la prothèse
supérieure peut générer des nausées. Celles-ci sont provo-
Le non-diagnostic ou la non-prise en compte d'une asialie
quées par une mauvaise position du joint postérieur et une
partielle ou totale se trouvent souvent révélés par le manque
épaisseur trop importante de la base prothétique dans les
de rétention dû à l'absence de création du ménisque sali-
régions paratubérositaires (fig. 20-4).
vaire. Dans ce cas, l'étiologie de l'asialie doit être précisée.
En cas de diminution de la sécrétion salivaire, la théra-
peutique fait appel à la stimulation des glandes salivaires
(tableau 20-1).
L'esthétique
L'hypersalivation ou l'hypersialorrhée
L'esthétique est sans aucun doute la doléance la plus déli-
La mastication et la gustation stimulent la sécrétion salivaire. cate à gérer. Théoriquement ce type d'incident ne devrait
De la même manière, l'insertion d'une prothèse peut, de pas arriver mais, si le choix des dents (couleurs, formes,
manière mécanique chez certains patients, induire ce dimensions), le montage n'ont pas été validés de manière
réflexe6"8. Celle-ci est alors 3 à 4 fois plus importante qu'au certaine par le patient et son entourage, de nombreuses dif-
repos9. Cependant, dans le temps, ce réflexe s'estompe et ficultés peuvent survenir. Par exemple, l'utilisation de docu-
le flux salivaire souvent gênant revient à son niveau initial. ments pré-extractionnels et la reproduction parfaite de l'es-
thétique d'après d'anciennes photos peuvent se révéler une
Les nausées erreur. En effet, l'entourage du patient était habitué à un
aspect et le changement s'avère néfaste à leurs yeux. La
Les nausées sont des manifestations réflexes dont l'origine
seule réponse passe par une réévaluation du montage
est innée ou acquise10. Ces dernières résultent de stimuli
esthétique donc de la prothèse (fig. 20-5a, b, c).
visuels, olfactifs, acoustiques ou psychiques ainsi que chi-
miques ou toxiques. Lors de l'élaboration prothétique, leur
prise en compte est indispensable. Pour cela, le praticien doit Les volumes
placer le patient dans une position favorable. Il veillera à avoir Certains patients se plaignent d'une augmentation du
des gestes sûrs, rapides, à utiliser des matériaux qui ne cou- volume, du « poids » des nouvelles prothèses par rapport
lent pas. Ces techniques directes sont complétées par la aux anciennes ou aux précédentes. Deux éventualités: soit
décontraction et la prémédication de Vogalène® ou de la nouvelle prothèse présente de réelles surextensions, soit
Primperan®. la prothèse répond aux critères d'une prothèse réalisée par-
Les posologies sont les suivantes : faitement. Dans le premier cas les corrections s'imposent,
- Vogalène® 5 à 30 mg par 24 heures, soit 2 gélules dans le deuxième cas la situation est plus délicate à gérer.
1/2 heure avant le rendez-vous, et, si nécessaire, 1 à 2 Elle impose d'expliquer, de justifier l'extension maximale de
gélules par 24 heures en post-prothétique pendant la surface d'appui, explications qui malheureusement ne
48 heures. sont pas toujours acceptées par le patient. Au premier rang
- Primperan® 1 à 2 cuillères à café 3 fois par jour pendant de ces doléances, pour la prothèse maxillaire, le recouvre-
2 jours avant le rendez-vous, puis 2 cuillères 2 heures ment de la voûte palatine, le joint postérieur; pour la pro-
avant le rendez-vous. thèse mandibulaire, les extensions rétro-mylohyoïdiennes.
Fig. 20-5a Ancienne prothèse.
La phonation
Si la dimension verticale d'occlusion est erronée ou modi-
fiée sans raison, les troubles phonétiques, en particulier lors
Elles surviennent quelques jours après la mise en place de
de l'émission de sibilantes, sont évidents. L'étiologie dépend
la restauration prothétique; elles sont relativement nom-
d'erreurs de la dimension verticale, ce qui impose, le plus
breuses, à nouveau objectives et subjectives.
souvent, la réfection de la prothèse.
Par contre, si la dimension verticale d'occlusion est cor-
recte, dans la mesure où les dents prothétiques sont mon-
tées à leur place originelle, le patient ne devrait éprouver La rétention - La stabilisation
aucune difficulté à parler, à prononcer les sibilantes11,12.
Parfois les insuffisances de rétention et de stabilisation se
Cependant, si le patient éprouve une gêne à la pronon-
manifestent quelques jours après l'insertion de la prothèse.
ciation de certains phonèmes, deux causes peuvent être
Les causes peuvent être un frein insuffisamment libéré, une
retenues, la position des dents et la forme de la voûte pala-
mauvaise appréciation du jeu fonctionnel de la zone de
tine.
réflexion et des freins qui l'animent. Les corrections, le plus
Le patient s'adapte facilement à de petits changements
souvent, sont simples.
de position de dents. Il convient le plus souvent de différer
Par contre, l'instabilité peut être due à une mauvaise
toute modification. Les gênes phonétiques sont souvent res-
conception prothétique impliquant les surfaces d'appui, le
senties par le patient, mais en réalité l'entourage n'entend
montage, l'occlusion. La réponse à cette situation est alors
aucun changement. Ces gênes phonétiques doivent être
très délicate, le praticien doit, le plus souvent, envisager la
considérées comme transitoires.
réfection des prothèses.
Par contre, au niveau de la voûte palatine, les variations
de volumes et d'épaisseurs des bases peuvent entraîner
des résultats imprévisibles dont le patient doit être informé. Les blessures
Il lui est ainsi conseillé de s'habituer pendant 2 semaines Théoriquement, dans la mesure où, lors de l'insertion,
environ, pour laisser le temps à la langue de retrouver des l'adaptation de l'intrados et des bords a parfaitement été
appuis. contrôlée, il ne devrait pas y avoir de blessure.
Cependant, en présence de blessures générées par le Les bruits
port de la prothèse, avant toute correction intempestive, le
Le bruit de dents qui s'entrechoquent est souvent attribué aux
praticien doit procéder en trois temps.
dents porcelaine. Cependant, ces manifestations découlent
- 1 er temps - L'intrados et les bords doivent être examinés d'un espace libre réduit, d'une instabilité prothétique d'une ou
avec soin pour rechercher une épine irritative oubliée, qui des prothèses, d'une importante erreur des relations inter-
sera éliminée. Les surpressions, liées au tassement tissu- maxillaires. En cas de classe III où l'espace libre est restreint,
laire, en particulier au niveau des zones non dépressibles la mise en place d'une dent résine au niveau des dernières
telles que les tori, les lignes mylohyoïdiennes, sont ensuite molaires maxillaires peut éviter tout incident sonore.
corrigées avec prudence puis repolies. Les autres points
ou zones concernés ne doivent pas être corrigés.
- 2e temps - Les différentes composantes de l'occlusion La stagnation alimentaire
sont contrôlées. L'accumulation de débris alimentaires sur les contours ves-
La dimension verticale : une dimension verticale d'oc- tibulaires découle d'un montage trop lingual, d'une mau-
clusion surévaluée peut provoquer une hyperhémie de vaise conception des extrados prothétiques, de concavités
la surface d'appui qu'il ne faut pas confondre avec un vestibulaires trop marquées'3.
problème lié à la résine de la base. Les dimensions ver-
ticales sous-évaluées entraînent des surcharges, des L'hygiène
blessures dans la région antéro-supérieure par propul-
sion de la mandibule. Les doléances ne sont pas toujours à sens unique, le prati-
Le plan d'occlusion : la mauvaise orientation du plan occlu- cien peut constater un mauvais entretien ou une mauvaise
sal s'accompagne de surcharges, d'instabilité prothétique. hygiène de la prothèse. Il lui incombe, d'une part, d'en faire
Dans les deux cas la réfection de la prothèse s'impose. la remarque au patient et d'autre part de réitérer les conseils
L'occlusion: en cas d'erreur ou d'imprécision occlusale, d'hygiène préalablement dispensés.
la relation centrée est à nouveau enregistrée puis les pro-
thèses sont remises en articulateur pour permettre de Les allergies
nouvelles corrections occlusales. Si les blessures géné- Certains problèmes d'intolérance des tissus de la surface
rées par l'occlusion sont trop douloureuses, la région pro- d'appui peuvent s'installer dans la mesure où le taux de
thétique concernée est enduite de crème anesthésiante monomère résiduel est élevé, dépassant 2 °/o. Avec des
(Xylocontact®) puis l'occlusion est contrôlée. résines thermopolymérisables, cette éventualité découle
- 3e temps - Dans la mesure où tous les contrôles ont été d'un rapport poudre/liquide erroné, d'une polymérisation
effectués et les corrections, si elles sont réalisables, pra- mal conduite où le taux de monomère résiduel est trop élevé.
tiquées, la répartition de la charge occlusale sur la sur- La manifestation est alors objective, un érythème qui corres-
face d'appui est correcte. Les douleurs au niveau des pond à l'étendue de la surface prothétique. Cependant, le
blessures sont fortement réduites, confirmant leur étio- taux de monomère résiduel diminue dans le temps surtout
logie occlusale. pour le méthacrylate de méthyle,, un peu moins pour la for-
maldéhyde14.
Les morsures jugales et linguales Par contre, le rôle allergène des fibres inclues dans la
résine ne semble pas devoir être retenu, contrairement à
Trois causes doivent être retenues :
celui des colorants15,16.
- L'absence de surplomb entre les cuspides vestibulaires
et entre les cuspides linguales. Les remodelages des
faces vestibulaires des dents mandibulaires et des faces
palatines des dents maxillaires répondent à ce type de
doléance.
- L'absence de concavité dans la région vestibulaire et dis- La phonation
taie des extrados de la prothèse mandibulaire qui Si, après quelques jours, les troubles de phonation persis-
empiète sur le volume jugal. Ce phénomène est accen- tent, une réponse s'impose. L'étiologie résulte soit de l'ab-
tué lorsque la prothèse précédente était sous-étendue sence d'appui entre la langue et les surfaces palatines ou
et n'occupait pas les zones des trigones rétromolaires. dentaires, soit d'un volume prothétique trop important rédui-
- La forte réduction de l'espace entre les prothèses au sant l'espace lingual.
niveau des tubérosités et des trigones. Si ce manque Cliniquement il convient de comparer, si possible, les
d'espace résulte de prothèses trop épaisses il est facile prothèses actuelles avec d'anciennes prothèses qui don-
de les amincir. Il n'en est pas de même si l'espace est naient satisfaction. Les causes sont souvent une morpholo-
anatomiquement réduit, inférieur à 1 mm, ce qui favo- gie erronée de la voûte palatine, une position des dents et
rise à la fois un pincement de la joue et une légère dia- la forme de leurs faces linguales qui n'offrent pas de bon
pneusie jugale. Cependant, avec le temps, ce type de point d'articulation à la langue17. Si le diagnostic étiologique
doléance disparaît. est incertain, la mise en place de résine à prise retardée peut
Par contre, les contre-indications sont nombreuses et ne
doivent pas être négligées : d'une part la base prothétique
initiale doit être suffisamment épaisse, pour pouvoir être
réduite de 2 mm environ sans provoquer de fracture ; d'autre
part le patient doit être informé que la base souple dite per-
manente a une durée de vie limitée, limite dépendant des
conditions d'hygiène, de vie du patient et du matériau uti-
lisé. En effet, ces matériaux vieillissent, perdent leur qualité
d'élasticité, se décollent, se détériorent (fig. 20-7).
Cliniquement, lorsque les corrections et adaptations de
l'intrados de la prothèse existante ont été pratiquées, la pro-
thèse est adressée au laboratoire. Celui-ci réalise la base
souple selon la technique indirecte (chapitre 26).
Le goût
Après l'insertion d'une nouvelle prothèse, le patient se plaint
parfois « d'avoir perdu » le goût. Cette sensation d'agueusie est
souvent reliée au recouvrement de la voûte palatine, qui, pour-
Fig. 20-7 Aspect macroscopique de la détérioration d'une base
tant, ne comporte pas de bourgeon du goût (chapitre 3).
souple.
En fait, il n'existe pas de justification physiologique à cette
sensation ; mais la complexité de la fonction gustative asso-
Les brûlures buccales
ciée aux facteurs somesthésiques de la cavité buccale, à l'ol-
faction et à l'aspect psychologique lié à l'insertion d'une nou- Il convient d'établir un diagnostic différentiel entre les mani-
velle prothèse peuvent être incriminés18. La création de festations d'une réelle intolérance tissulaire et le syndrome
reliefs ne semble pas pallier ce type de doléances. des brûlures buccales23. Dans ce dernier cas, les sensations
de brûlures sont ressenties sur la pointe, les bords, le dos
La mastication de la langue, entre la muqueuse et la base prothétique24.
De nombreux facteurs ont été proposés pour expliquer cette
L'efficacité masticatoire d'un patient édenté total est toujours
symptomatologie dénuée de tout signe clinique. L'alcool,
réduite, le patient doit en être informé. En effet, chez un
édenté total la puissance masticatoire est 4,5 fois moindre que l'utilisation excessive de bain de bouche, le tabac mais sur-
chez un patient denté, environ de 16 kg contre 74 kg. De plus, tout les effets secondaires de nombreux médicaments tels
la morphologie des dents prothétiques ne semble avoir que les diurétiques, les problèmes psychologiques et leurs
aucune incidence sur les forces masticatoires19. traitements (chapitre 4) semblent largement contribuer à
cette symptomatologie25 (tableau 20-2).
Les douleurs
Tableau 20-2 Causes possibles du syndrome des brûlures buc-
Il est rare que des douleurs ne s'accompagnent pas de
cales. (D'après Budtz Jorgensen25)
signes cliniques tangibles. Cependant, les muqueuses très
fines, les émergences nerveuses peuvent par compression
générer des douleurs difficiles à traiter.
Pour répondre à ce type de manifestation, il est possible
d'interposer entre l'intrados de la base et la muqueuse un
matériau souple créant ainsi une base souple 20-22 . Cette
approche est plus particulièrement indiquée en présence de
tissus de soutien fragile, d'émergences nerveuses doulou-
reuses, de forte résorption, de contre-dépouilles très mar-
quées. Elle peut concerner l'ensemble de la surface d'appui
ou bien n'intéresser qu'une partie de l'intrados au niveau du
trou mentonnier, des tori, des lignes mylohyoïdiennes par
exemple.
9. Jensen JCL, Brodin P, OrstavikJ. Parotid salivary flow rates during
immediate denture treatment. J Oral Rehabil, 1991; 18: 155-
162.
Celles-ci résultent du manque de suivi prothétique. Celui-ci 10. Bertrand C, Hue 0. Le réflexe nauséeux en prothèse. Cah
Prothèse, 2002 ; 117:57-66.
est le plus souvent de la responsabilité du patient, qui n'a
11. Seifert E, Runte C, Riebandt M, Lamprecht-Dinnesen A,
pas effectué de visites régulières.
Bollmann F. Can dental prostheses influence vocal parameters?
La prothèse de manière lente, insidieuse :
J Prosthet Dent, 1999; 81 : 579-585.
- perd ses qualités biomécaniques; 12. Runte C, Lawerino M, Dirksen D, Bollmann F, Lamprecht-
- altère les tissus de soutien, générant des stomatites pro- Dinnesen A, Seifert E. The influence of maxillary central incisor
thétiques, accentuant la résorption ; position in complete dentures on sound production. J Prosthet
- modifie le comportement des organes périphériques, Dent, 2001 ; 85 : 485-495.
par diminution de la dimension verticale d'occlusion, ce 13. Minagi S, Suenaga K, Sato T, Nishigawa MG, Hara T. The effect
qui provoque une modification de l'esthétique et favo- of the mandibular buccal denture surface on food retention. Int
rise l'apparition de chéilites angulaires. J Prosthodont, 1 9 9 2 ; 5 : 4 5 7 - 4 6 1 .
14. Huang FM, Tai KW, Hu CC, Chang YC. Cytotoxic effects of den-
Face à ces problèmes, la réponse thérapeutique impose
ture base materials on a permanent human oral epithelial cell
de refaire une nouvelle prothèse ou de pratiquer une réha-
line and on primary human oral fibroblasts in vitro. Int J
bilitation de la prothèse existante suivie d'une réfection com- Prosthodont, 2001 ; 14: 439-443.
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Le port de prothèses partielles ou complètes plus ou moins tation du plan occlusal, l'esthétique, le montage doivent
inadaptées s'accompagne ou provoque des altérations de relativement bien répondre aux exigences habituelles.
l'ensemble des tissus impliqués dans le port de ces pro- Cette thérapeutique est, de préférence pour ne pas dire
thèses. Les muqueuses, les muscles, les articulations tem- obligatoirement, conduite par l'intermédiaire d'un dupli-
poro-mandibulaires sont les éléments les plus concernés. cata de la prothèse existante. Elle est suivie de la réali-
Si les altérations musculaires et articulaires sont souvent sation d'une nouvelle prothèse.
corrigées lors de la phase préprothétique, il n'en est pas de - Réhabiliter la surface d'appui après la réalisation de la
même pour les tissus de la surface d'appui, qui peuvent être prothèse. Cette approche, dite post-prothétique, permet
traités lors d'une phase pré ou post-prothétique. Cependant, d'améliorer la sustentation, la stabilisation, la rétention
les objectifs thérapeutiques et les séquences cliniques sont d'une prothèse nouvellement réalisée. Cependant, cette
très comparables. approche thérapeutique ne doit pas être considérée
dans l'esprit du patient comme une manière de « récu-
pérer » la prothèse récemment insérée, mais comme fai-
sant partie de la thérapeutique. À ce titre, elle a dû être
annoncée au patient lors de l'établissement du plan de
traitement.
- Réhabiliter l'intrados d'une prothèse existante. Celle-ci, le
plus souvent ancienne, possède des qualités essentielles
La réhabilitation des tissus de soutien, en particulier le réta- que sont l'acceptation et l'intégration psychologique. De
blissement de l'homéostasie des tissus épithélio-conjonctifs, plus, l'ensemble des critères techniques sont respectés,
fait appel à l'utilisation de résine à prise retardée. Ces tech- exception faite d'une surface d'appui sous-étendue,
niques décrites au départ par Lytle (1957) et Chase (1961) d'une inadaptation de l'intrados à la surface d'appui qui
ont depuis été largement reprises en particulier par avec le temps s'est modifiée ou de l'altération de la résine
J. Lejoyeux(1962)1-3. de la base. Dans ces circonstances cliniques, la réhabili-
tation se réalise avec la prothèse du patient.
Ces trois éventualités cliniques conduisent à des
séquences opératoires très différentes (fig. 21-1).
Ces procédés de traitement des surfaces d'appui ont trois
objectifs :
- Réhabiliter la surface d'appui avant la réalisation d'une
nouvelle prothèse. Cette approche préprothétique est Les résines dites résines à prise retardée sont extrêmement
réalisée si l'ensemble de la prothèse existante est par- nombreuses mais la connaissance de leurs propriétés, de
tiellement inadaptée, l'inadaptation concernant principa- leurs caractéristiques physico-chimiques s'avère indispen-
lement la surface d'appui. Par contre le niveau, l'orien- sable pour en obtenir une parfaite manipulation.
Fig. 21-1 Les différents protocoles de la réhabilitation de la surface d'appui.
Le matériau idéal doit présenter les qualités suivantes : la pénétration de l'alcool dans les billes de PMMA qui, alors,
présenter un fluage initial élevé pour se modeler délicate- gonflent, permettant aux plastifiants de s'y infiltrer, prélude
ment sur les tissus muqueux, se déformer pour s'adapter à la phase de gélification.
aux modifications des tissus, absorber les pressions fonc-
tionnelles et les répartir sur la surface d'appui4'7. 2e phase - La gélification
Ces matériaux se composent d'une poudre contenant
du polyméthyl-méthacrylate ou du polyéthyl-méthacrylate et Cette phase est capitale, car ses caractéristiques cliniques
d'un liquide contenant de l'éthanol et différents phtalates qui sont en liaison directe avec l'application thérapeutique.
agissent comme plastifiants8. Cliniquement pour le praticien, le temps de gélification cor-
respond au temps dévolu au garnissage de l'intrados, à l'in-
La réaction chimique globale comprend 5 phases:
sertion, à l'adaptation à la surface d'appui et au modelage
des bords (fig. 21-2).
1 re phase - Le mélange En dehors de paramètres physico-chimiques tels que la
Il doit toujours être réalisé en respectant les proportions teneur en alcool, le type de plastifiant, le rapport
poudre/liquide préconisées par le fabricant. En effet, les pro- poudre/liquide, le temps de gélification dépend surtout des
priétés physiques auxquelles le praticien aspire dépendent matériaux employés.
du respect de ces proportions. Les composants sont versés Ce temps peut en effet varier de 4 minutes environ à
dans un récipient puis spatulés. Cette manipulation facilite plus de 15 minutes (fig. 21-3) 9-12 .
3e phase - Le fluage repris par la salive alors que celle-ci et ses composants pénè-
13 trent dans la base souple 16 (fig. 21-5).
Comme précédemment, le fluage est lié au matériau . Il
Cet échange s'accompagne d'un durcissement du maté-
correspond aux capacités du matériau à se déformer, à
riau et d'une perte de l'intégrité de l'état de surface, qui
s'adapter aux tissus, et à ces derniers à modeler le maté-
devient rugueux. Cette rugosité favorise la colonisation bac-
riau. Débutant après la phase de gélification, la durée du
térienne et entraîne des irritations de la muqueuse. Pour pal-
fluage est extrêmement variable. Elle dépend du type de
lier ce phénomène plusieurs techniques ont été proposées :
matériau et du respect des rapports poudre-liquide
- Le renouvellement complet du matériau. - Cette
(fig. 21-4).
approche est théoriquement simple mais cela implique
de recommencer l'ensemble des opérations de mise en
4e phase - La phase élastique place de la résine à prise retardée avec tous les risques
Elle correspond aux déformations réversibles de la résine que cela implique17.
sous l'effet des contraintes occlusales. Comme précédem- - L'enduction de la surface à l'aide de produits qui s'op-
ment, tous les matériaux possèdent cette propriété, dont posent aux échanges salive-résine rend la surface du
l'amplitude néanmoins varie selon le type choisi. Le Visco- matériau lisse, les micro-organismes y adhérent moins.
Gel® est le matériau le plus élastique alors que le Fitt® et Ces produits dits « protecteurs » sont commerciaux, tels
l'Ivoseal® sont très peu élastiques. Le Coe-confort® présente que le Permaseal®, le Kreguard®, le Flow control®, soit
des propriétés intermédiaires14,15. préparés par le praticien comme le Monopoly18-20. Ce
dernier découle d'un mélange entre 10 portions de
liquide et 1 portion de poudre, qui est porté à 54 degrés
5e phase - La phase de dessiccation
pendant 8 à 10 minutes. Après refroidissement, il devient
Au cours du temps, la résine à prise retardée perd ses qua- sirupeux. Il est ensuite conservé à 4 degrés, dans un réci-
lités élastiques. Les esters alcooliques et les plastifiants sont pient opaque.
Fig. 21-5 Le durcissement et la
dégradation de la résine à prise retar-
dée résultent de l'échange entre les
esters alcooliques et la salive.
Fig. 21-9a Élimination d'une importante surextension à l'aide de Fig. 21-9b Soutien de la surextension, à l'aide de résine autopo-
ciseaux. lymérisable.
Fig. 21-10a Aspect initial de la région sublinguale. Fig. 21-10b Correction du bord lingual.
Fig. 21-10c Résine à prise retardée placée sur le bord lingual puis Fig. 21-10d Apport secondaire d'Hydrocast®.
modelée (Soft-Liner®).
Figure 21-11 Conseils prodigués au patient suite à la mise en place de résine à prise retardée.
Tableau 21-1 Incompatibilité entre certains couples résines-pro- trados si des zones de surpressions apparaissent au
duits de nettoyage. niveau muqueux ou si des blessures, des douleurs se
situent au niveau des crêtes. Les corrections portent sur
les bords ou sur l'intrados, en respectant le principe sui-
vant : malgré les corrections des bords et de l'intrados, la
prothèse doit toujours pouvoir être remise en place sur
la surface d'appui de manière sûre et précise. Seul le res-
pect de cette règle permet de conserver les relations
occlusales (DVO - ORC) lors des différentes étapes de
la mise en condition tissulaire.
En réponse à ce principe, le praticien peut avoir trois
approches :
- Si la surface d'appui est imparfaite, les bords sont
conservés l'intrados est fortement creusé sur 2 mm
2e séance d'épaisseur environ puis regarni sans excès de résine
Elle se situe 2-3 jours après la première et se déroule à nou- à prise retardée. L'ensemble est replacé dans la cavité
veau en 4 temps : buccale (fig. 21-12a).
- 1er temps - Le patient est interrogé sur les problèmes qu'il - Si les bords sont imprécis, l'intrados est conservé, les
a rencontrés, ressentis tels que le manque de stabilité, les bords sont raccourcis, puis à nouveau regarnis de
zones douloureuses, les gênes ou bien les améliorations résine (fig. 21-12b).
obtenues. Puis, le praticien examine l'occlusion; enfin, - Si la situation est mixte, les retouches sont réalisées
après avoir retiré la prothèse il contrôle l'aspect général du mais en ayant soin de ne jamais perdre l'adaptation
matériau et plus particulièrement les bords et l'intrados. de la prothèse sur la surface d'appui (fig. 21-12c).
- 2e temps - Tout d'abord, en fonction des remarques, - 3e temps - Les différentes corrections effectuées, les
des doléances du patient ou des constatations du prati- zones retouchées sont regarnies du matériau choisi.
cien, celui-ci améliore l'occlusion en corrigeant et élimi- L'ensemble est replacé dans la cavité buccale. La gélifi-
nant les éventuelles interférences occlusales en relation cation terminée, la prothèse retirée est examinée. Les
centrée. Cela permet de mieux stabiliser la prothèse et excès éliminés, les extensions soutenues, les zones où
de mieux répartir les charges occlusales sur la surface la résine apparaît sont corrigées. De la résine à prise retar-
d'appui. Au niveau de la résine retard, les corrections dée est remise en place au niveau des zones corrigées,
s'adressent aux bords si la prothèse est instable, à l'in- ensuite les mêmes séquences pourront être rééditées.
3e séance
Cette séance se poursuit selon la même chronologie que
celle précédemment utilisée, prise en compte des doléances
du patient, examen des bords et de l'intrados, de l'occlusion,
corrections adjonctions de résine à prise retardée.
Ces séquences se renouvellent de séance en séance, Fig. 21-14 Empreinte de réfection réalisée à l'aide de Permlastic
jusqu'à ce que l'intégrité de la surface d'appui soit rétablie Light® au niveau de l'intrados et de Permlastic Heavy® au niveau
et les qualités mécaniques de rétention, de stabilisation, de des bords.
sustentation soient obtenues.
Le laboratoire réalise une réfection totale de la base. Cela
Avant-dernière séance correspond à un changement de l'ensemble de la base en
résine, elle ne doit pas être confondue avec un rebasage.
Lorsque l'ensemble des problèmes a été résolu, la prothèse
Pendant la phase de laboratoire, qui doit être la plus
est adressée au laboratoire pour une réfection totale24. Deux
courte possible, le patient utilise le duplicata ou son
éventualités techniques se présentent:
ancienne prothèse.
- L'intrados de la base présente un état de surface parfait,
des bords précis. Dans ce cas, la prothèse est adressée
Dernière séance
directement au laboratoire (fig. 21-13).
Au retour du laboratoire, la prothèse est contrôlée selon les
critères précédemment exposés puis désinfectée. Théori-
quement, la remise en place se déroule sans aucune diffi-
culté tant au niveau de la muqueuse que de l'occlusion.
cipes et règles que ceux appliqués à la prothèse mandi- logies de ce phénomène, la longueur qui n'est pas accep-
bulaire : les bords trop longs sont raccourcis, les freins tée par le patient. Pour pallier cette difficulté, la prothèse
dégagés, les surépaisseurs des contours périphériques est raccourcie jusqu'à ce que le patient la tolère. Dans un
éliminées. De nouveau, les matériaux révélateurs deuxième temps, de la résine à prise retardée à faible coef-
comme les silicones contribuent de façon majeure à cet ficient de fluidité est placée au niveau distal du bord pro-
ajustage. Les corrections sont ensuite repolies, les sur- thétique palatin. Progressivement, le patient s'habitue à
faces dégraissées puis enduites de résine à prise retar- cette extension. Cet apport est renouvelé de séance en
dée. La prothèse est réinsérée dans la cavité buccale. séance, pour atteindre la limite adaptée à la réalisation
Après quelques instants le praticien mobilise la zone de d'un joint postérieur (fig. 21-16).
réflexion muqueuse, le patient effectue des mouve- - La surface d'appui - En regard de la région concer-
ments de protraction, de rétraction, d'abaissement des née, la prothèse est fortement creusée sur une épais-
lèvres, des mouvements d'ouverture et de latéralité de seur de 2 mm si possible. Éventuellement, des orifices
la mandibule, autant de mouvements qui modèlent la vestibulaires sont percés dans la base pour communi-
résine. La gélification terminée, la prothèse est retirée de quer avec l'extrados. La résine à prise retardée est pla-
la cavité buccale, les bords contrôlés, les surextensions cée dans la zone creusée. Puis la prothèse est réinsérée
éliminées ou soutenues, les zones où le matériau a été dans la cavité buccale. Les excédents de résine s'échap-
chassé corrigées. Généralement en deux ou trois pent par les orifices, prévenant ainsi les risques d'erreur
séances l'harmonie des bords de la prothèse est rétablie d'occlusion (fig. 21-17a, b, c, d).
et la rétention améliorée (fig. 21-15). Dans tous les cas les corrections terminées, la prothèse
- Le joint postérieur - Les nausées s'opposent quelque- est adressée au laboratoire pour la réfection de la base, qui
fois à l'insertion de la prothèse. Parmi les nombreuses étio- doit être réalisée dans les délais les plus brefs.
Fig. 21-17a Lésion de la crête au niveau antérieur. Fig. 21-17b La prothèse est fortement creusée en regard des
zones pathologiques.
Fig. 21-17c La résine s'échappe par les trous pour éviter toute Fig. 21-17d Garnissage de l'intrados avec peu de résine à prise
erreur d'occlusion. retardée.
En regard des dents naturelles, la résorption des secteurs Au niveau de l'arcade dentée, les dents restantes peuvent
édentés est fortement accentuée. Ce phénomène est parti- présenter des malpositions telles que des égressions, des
culièrement remarquable chez les patients présentant une versions. De plus, à l'arcade mandibulaire, les dents posté-
édentation complète maxillaire opposée à une classe I de rieures sont susceptibles non seulement d'égresser mais
Kennedy mandibulaire pas ou mal appareillée. Cette situa- surtout de subir une version vestibulaire sous l'effet des pres-
tion s'accompagne d'une forte résorption de la région antéro- sions linguales. Cette vestibulo-version accentue l'angulation
supérieure et postéro-inférieure, ce qui accentue l'angulation des relations intercrêtes (fig. 22-1).
des relations intercrêtes, donc l'instabilité prothétique4. Par ailleurs, les égressions dentaires, en particulier des
dents maxillaires, peuvent ou non être accompagnées par
les structures osseuses de soutien, conditions cliniques qui
compliquent de manière importante la thérapeutique
Les segments édentés peuvent présenter des altérations des (fig. 22-2) 5 . Ces égressions peuvent en effet dépasser le
tissus mous telles que des crêtes flottantes dans les secteurs plan occlusal.
La phase préprothétique
L'évaluation, puis la mise en « conformité » du plan d'occlu-
sion représentent les conditions essentielles, mais non suf-
fisantes, du traitement des édentements unimaxillaires.
Les techniques de mise en conformité du plan occlusal
sont au nombre de trois.
Les coronoplasties
Elles sont indiquées lorsque les altérations du plan occlusal
sont limitées. Dans ce cas les corrections amélaires sont
d'une importance réduite. Elles sont effectuées sur les
modèles d'étude, puis reportées dans la cavité buccale selon
quatre procédés.
- Le simple report : si les corrections sont très peu nom-
breuses et peu importantes, elles sont directement
reproduites sur les dents concernées.
- La gouttière thermoformée : cette technique est particu-
lièrement indiquée lorsque les corrections sont nom-
breuses et importantes13. Elle se déroule selon les Fig. 22-6c Reportée sur le modèle corrigé la gouttière est coupée
séquences suivantes (fig. 22-6a, b, c, d). jusqu'à atteindre les zones rectifiées.
Les techniques additives
Les zones en sous-occlusion doivent être comblées. Pour
cela, les solutions thérapeutiques sont nombreuses, elles
font appel :
- À la dentisterie restauratrice, par la mise en place de com-
posite au niveau occlusal.
- À la prothèse conjointe, par la réalisation d'éléments pro-
thétiques à recouvrement partiel ou complet.
- À la prothèse adjointe, par l'incorporation de faces occlu-
sales solidaires d'un châssis métallique (fig. 22-7a, b).
Les avulsions
Fig. 22-7a Destruction de l'harmonie du plan occlusal par version Fig. 22-7b Rétablissement de cette harmonie par la création
de la 37. d'une face occlusale solidaire du châssis métallique.
Les empreintes - Les matériaux - Ils sont multiples (porcelaine, résine,
composite, amalgame, métal coulé). Le choix découle
L'empreinte de l'arcade dentée est réalisée une fois l'en-
de leur adaptabilité et de leur biocomptabilité.
semble des corrections dentaires et/ou ostéo-muqueuses
- Adaptabilité: cette qualité doit leur permettre de
terminées, Mais si des restaurations prothétiques conjointes
s'adapter, si besoin est, à un espace prothétique
sont prévues, il est préférable de réaliser les préparations,
réduit, de s'harmoniser à la morphologie des dents
de prendre l'empreinte puis de mettre en articulateur le
antagonistes.
modèle reproduisant les préparations. Cette méthode per-
- Biocompatibilité : de manière à conserver la précision
met au laboratoire de construire les éléments fixés en har-
des relations intermaxillaires et ne pas entraîner une
monie avec la morphologie des dents prothétiques antago-
perte de la dimension verticale d'occlusion, l'usure
nistes et en accord avec le schéma occlusal choisi.
entre les dents antagonistes naturelles ou prothé-
L'empreinte de l'arcade édentée est réalisée sous pression
tiques doit être réduite au minimum. Cette usure
occlusale dans la mesure où les conditions suivantes sont res-
dépend des couples choisis et de la présence de la
pectées :
salive qui agit comme lubrifiant17'19.
- patient coopératif;
Cliniquement, dans les secteurs postérieurs, les dents
- relation centrée facile à obtenir;
porcelaine sont indiquées lorsqu'elles sont opposées à des
- arcade antagoniste dentée, dans les secteurs postérieurs,
dents naturelles non abrasées, à des couronnes céramique,
de manière symétrique.
à la rigueur à des couronnes en métal précieux. Les dents
Cette situation assure une répartition équilibrée de la
résine sont indiquées lorsque les dents antagonistes sont
charge occlusale sur la surface d'appui muqueuse. Dans le
abrasées, laissant apparaître la dentine, en présence d'un
cas contraire, l'empreinte est prise sous pression digitale.
espace prothétique réduit, enfin lorsque la morphologie des
dents naturelles est altérée. Au niveau des dents antéro-
Le choix des dents supérieures, les dents résine sont assez souvent indiquées
Les critères de choix des dents prothétiques sont très com- car elles permettent la création d'une concavité linguale.
parables à ceux d'une prothèse adjointe complète bimaxil- Cependant, la présence de dents résine au niveau de l'ar-
laire. Mais si la présence des dents naturelles fournit une cade totalement édentée entraîne une perte de dimension
aide très précieuse dans le choix de leur couleur, de leurs verticale d'occlusion d'environ 0,1 mm par an. Pour pallier
dimensions, de leur morphologie, cette même présence cette perte, il est possible de créer des stops en amalgame,
impose des contraintes dans le choix des matériaux. en composite ou en réalisant des faces occlusales métal-
- La couleur doit bien sûr être en harmonie avec celle des liques qui sont secondairement scellées (fig. 22-8a, b, c).
dents restantes dans la mesure où leurs propres cou-
leurs n'ont pas été altérées. Les caractérisations, fêlures, Le montage
fissures, etc. sont enregistrées pour être éventuellement
Il doit répondre aux objectifs biomécaniques spécifiques à
reproduites par maquillage.
la prothèse adjointe complète, c'est-à-dire l'occlusion bilaté-
- Les dimensions des dents prothétiques sont choisies par
ralement équilibrée.
rapport à celles des dents naturelles restantes. Au niveau
Dans la mesure où l'arcade dentée ne présente que peu
antérieur, les dimensions découlent de l'application des
de dents naturelles, le montage obéit aux principes et aux
deux formules suivantes 15,16 (tableau 22-2).
séquences des montages de prothèse adjointe complète. Il
n'en est pas de même dans le cas d'une arcade édentée
Tableau 22-2 Formules permettant de déterminer le diamètre
opposée à une arcade totalement dentée ou très partielle-
mésio-distal des dents antérieures en présence de dents naturelles
restantes.
ment édentée. En effet, le problème résulte de la création un montage inversé, les cuspides vestibulaires des dents pro-
de couples de renversement générés par la direction cen- thétiques maxillaires entrant en contact avec la gouttière
tripète du cycle de mastication, qui déstabilisent la prothèse, intercuspidienne des dents naturelles antagonistes. Le mon-
et par des relations dentaires particulières : au niveau anté- tage classique doit toujours être préféré, mais le montage dit
rieur, le guide incisif et dans les secteurs latéraux, les rela- « inversé ou croisé » ne peut être indiqué qu'en cas de forte
tions intercrêtes. vestibulo-position des dents mandibulaires (fig. 22-9).
La réponse aux problèmes posés dépend de l'arcade Au niveau de l'arcade mandibulaire totalement édentée,
édentée. les déséquilibres occlusaux, précédemment décrits, sont
Au niveau de l'arcade maxillaire (totalement édentée) souvent amoindris en raison de la position des dents pro-
dans le secteur antérieur, le rétablissement de l'esthétique thétiques, position plus linguale. Mais la difficulté de cette
s'accompagne le plus souvent de l'établissement d'un situation clinique est accrue en raison de la faible étendue
important recouvrement incisif. Pour réduire celui-ci, il est de la surface d'appui, de l'absence de relief osseux lié à la
possible: résorption et aux forces occlusales. Le patient doit être
- de réaliser un compromis esthétique en modifiant la informé et averti de cette situation clinique. La mise en place
position des bords libres supérieurs; d'implants s'avère la solution « idéale ».
- de diminuer la hauteur coronaire des dents naturelles
antagonistes;
- de créer une concavité linguale marquée, supprimant
ainsi les contacts occlusaux entre les dents antérieures,
donc les couples de renversement. Le devenir des prothèses unimaxillaires est en grande par-
Au niveau postérieur, la stabilité est directement liée à la tie lié au contrôle exercé par le praticien sur le maintien de
position vestibulo-linguale des dents prothétiques. Pour l'équilibre obtenu lors de la phase prothétique. L'instabilité
réduire le couple de renversement entre le sommet de la s'installe toujours de manière insidieuse.
crête et les sommets des cuspides vestibulaires antago- Elle découle, dans un premier temps, de l'altération de
nistes, les dents postérieures peuvent être placées plus lin- la répartition des contacts occlusaux. Dans un deuxième
gualement, mais cela réduit d'autant l'espace lingual20. temps, le déséquilibre occlusal favorise des phénomènes de
Le montage des dents se déroule selon deux options, soit résorption, des égressions des dents naturelles sans contact
un montage en normocclusion, les cuspides d'appui des antagoniste.
dents mandibulaires entrant en contact avec la gouttière En particulier, en présence d'une prothèse complète
intercuspidienne des dents prothétiques antagonistes, soit maxillaire, opposée à une édentation bilatérale postérieure
Fig. 22-9
a) Le montage « externe » privilégie les
relations dentaires classiques aux dépens
de la stabilité prothétique ; b) le montage
« interne » privilégie la stabilisation de la
prothèse aux dépens du volume lingual.
mandibulaire, il est capital qu'aucun contact ne s'établisse 6. Hue O, Berteretche MV. L'aménagement du plan occlusal en pro-
entre les dents antérieures naturelles et prothétiques. En these adjointe unimaxillaire. Realites cliniques, 1997; 8: 422-
effet, ces contacts déstabilisent la prothèse, favorisant la 433.
7. Walter M, Compensating curves for non-anatomical teeth in
résorption antérieure et entraînant une bascule postérieure
complete denture construction. Eur J Prosthodont Restor Dent,
de celle-ci.
1993; 2 : 11-16.
Régulièrement, le patient doit se rendre au cabinet den- 8. Wadsworth. In: Le mecanisme des machoires (naturelles et arti-
taire pour que le praticien puisse contrôler cette absence de ficielles). Paris: Masson, 1953; 522.
contact et, si contact il y a, l'éliminer. 9. Orthlieb JD. La courbe de Spee: un imperatif physiologique et
De plus, en raison des forces occlusales exercées, qui sont prothetique. Cah Prothese, 1983; 4 4 : 89-116.
plus élevées que chez les patients édentés complets, le 10. Loreille JP. Cephalometrie et orthodontie. Paris: SNPMD, 1992.
risque majeur est celui de la fêlure ou fracture de la prothèse 11. Slavicek R. Revue d'Orthopedie dento-faciale, 1983; 17 :22-36.
complète21. Ce phénomène est particulièrement accentué 12. Hue 0. Manuel d'occlusodontie. Paris: Masson, 1992.
par la présence d'un frein labial marqué, d'un diastème inter- 13. Tan HT. A preparation guide for modifying the mandibular teeth
before making a maxillary single complete denture. J Prosthet
incisif, d'une édentation mandibulaire bilatérale postérieure.
Dent, 1997;77:321-322.
Difficilement évitable cet incident est largement contourné
14. Dawson PE. Evaluation, diagnosis and treatment of occlusal pro-
par l'utilisation de plaques métalliques (chapitre 24). blems, 2nd edition. Saint Louis: Mosby, 1989.
15. Mc Arthur DR. Determining approximate size of maxillary ante-
rior artificial teeth when mandibular anterior teeth are present.
Part III: Relationship of maxillary to mandibular central incisor
widths. J Prosthet Dent, 1985; 5 3 : 540-542.
16. Kern BE. Anthroprometric parameter of tooth selection. J
Prosthet Dent, 1967; 17:431-437.
17 Craig R, Powers JM. Restorative dental Materials, 11th edition. St
1. Taylor A. Neurophysiology of the jaws and teeth. London: Louis: Mosby, 2002
Macmillan Press, 1990. 18. Douglas WH, Delong R, Pintado MR. Wear rates of artificial den-
2. Jepsen A. Root surface measurement and a method for X-Ray ture teeth opposed by natural dentition. J Clin Dent, 1993; 4 :
determination of root surface area. Acta Odont Scand, 1963; 43-47.
21,35-46. 19. Ekfeld A, Oilo G. Wear mechanism of resin and porcelain den-
3. Watt DM, Mc Gregor AR. Designing complete denture. London: ture teeth. Acta OdontScand, 1989;47:391-399.
Saunders, 1976. 20. Winkler S, Monasky GE, Narvekar R. The edentulous mandible
4. Kelly E. Changes caused by a mandibular removable partial den- opposing maxillary natural teeth. Treatment considerations. Dent
ture opposing complete denture. J Prosthet Dent, 1972; 2 7 : Clin North Am, 1990; 3 4 : 143-148.
140-150. 2 1 . Rees JS, Huggett R, Harrison A. Finite element analysis of the
5. Compagnon D, Woda A. Supraeruption of the unopposed maxil- stress-concentrating effect of fraenal notches in complete den-
lary first molar. J Prosthet Dent, 1991; 6 6 : 29-34. tures. Int J Prosthodont, 1990; 3 : 228-240.
Le passage de l'édentement partiel à l'édentement total est prothèse complète, surtout si le patient a déjà, aupara-
une étape clinique très délicate en raison des problèmes vant, eu une expérience néfaste avec des prothèses par-
psychologiques, techniques, physiologiques qu'elle pose. La tielles.
réponse thérapeutique à ces problèmes fait appel à trois pro-
positions : la prothèse de transition, la prothèse à recouvre-
ment radiculaire (overdenture), la prothèse immédiate. tableau 23-1 Motifs invoqués par les patients pour proposer
Le choix entre l'une de ces trois propositions découle de l'avulsion de l'ensemble des dents restantes1.
la recherche d'un juste équilibre entre les problèmes spéci-
fiques de ces solutions thérapeutiques, les données de l'exa-
men clinique, et les craintes et espérances du patient.
Le patient doit être capable d'assurer un maintien parfait de La valeur stabilisatrice des dents restantes découle de leur
l'hygiène de la prothèse adjointe, des éléments prothétiques situation au sein de leur propre arcade et vis-à-vis de l'arcade
endo-buccaux, des tissus dentaires et muqueux. De plus, ses antagoniste. Pour cela, la position des racines restantes est
aptitudes manuelles doivent lui permettre d'insérer et de évaluée en fonction de leur répartition sur l'arcade. Celle-ci se
Fig. 23-2 Contre-dépouille peu favorable à la mise en place d'une Fig. 23-3 Secteur de répartition des dents restantes selon Owall.
prothèse avec attachements. 1 ) secteur canin ; 2) secteur prémolaire ; 3) secteur incisif ; 4) sec-
teur molaire.
divise en quatre secteurs: secteur 1 canine - secteur 2 pré- antagoniste des dents de l'arcade dentée. Cependant, il faut
molaire - secteur 3 incisive - secteur 4 molaire (fig. 23-3). veiller à ce que la résistance des dents mandibulaires soit
L'objectif est d'utiliser une racine par secteur, mais en évitant, équivalente ou supérieure à celle des dents maxillaires. En
si possible, des dents contiguës5. cas d'édentement bimaxillaire, la conservation des racines
Le nombre idéal est de quatre racines, réparties symé- dans la région antérieure prévient de manière importante la
triquement dans les secteurs canines prémolaires. La pré- résorption osseuse 6,7 . Par contre, la résorption de la zone
sence de trois racines est une situation favorable dans la antérieure maxillaire n'est pas ralentie dans le cas de conser-
mesure où les dents sont largement espacées et réparties vation des canines uniquement.
sur les deux côtés de l'arcade. Deux racines offrent aussi une
situation favorable si elles se situent de manière symétrique.
Les dents supports doivent être largement espacées pour
assurer une parfaite stabilisation de la prothèse et ne pas pro-
voquer de lésions parodontales entre les dents collatérales.
De plus, la proximité radiculaire ne favorise pas l'hygiène.
Le maintien d'une seule racine est diversement appré- Le maintien et la conservation des racines sous-prothétiques
cié. Ce n'est pas l'idéal car cette situation s'accompagne à font appel à deux techniques: les racines enfouies, les
long terme d'instabilité et de fracture de la base prothétique. racines sur l'arcade sur lesquelles sont fixées des coiffes
Dans le cas d'une prothèse unimaxillaire, le maintien des paraboliques, des attachements de semi-précision ou de
racines s'impose en particulier lorsqu'elles se situent en précision, des aimants (fig. 23-4).
La présence de racines ou de dents incluses maintient le Dans ce cas, les racines sont recouvertes d'une chape métal-
capital osseux. La conservation des éléments dentaires lique coulée. La préparation radiculaire répond aux caracté-
nécessite qu'il n'existe aucune lésion périradiculaire quelle ristiques suivantes: limites périphériques du type congé
qu'en soit l'origine, que la racine soit totalement intra- large, dépouille accentuée, tenon radiculaire de 4 à 5 mm
osseuse et, surtout, que le patient soit informé de sa pré- de long, entrée canalaire présentant de petites gorges qui
sence, sa conservation découlant de l'application du principe assurent la mise en place sûre de la chape lors du scelle-
du consentement éclairé. ment (fig. 23-6).
Certains auteurs ont proposé de pratiquer la réinclusion L'empreinte de la préparation est prise puis adressée au
des racines restantes. Pour cela, il faut que la racine ne pré- laboratoire. Cette chape peut aussi être réalisée en tech-
sente aucune lésion périapicale, qu'elle ait été traitée endo- nique directe à l'aide de résine calcinable (fig. 23-7).
dontiquement, et que la longueur intra-osseuse soit d'envi-
ron 6 mm. Cependant, le succès de ce type de thérapeutique
est limité8.
Fig. 23-9a Excentric de Rotherman (a) Système de rétention pour les dents antérieures,
(b) Système de rétention pour les dents postérieures, (c) Système d'espacement pour
créer la résilience, (d) Partie mâle de l'attachement scellée sur la coiffe parabolique assu-
d rant la rétention. (Document Cendres et Métaux)
- Le Dalbo®: pour les prothèses à recouvrement, deux dans la base prothétique, offre une rétention mécanique
types d'attachements résilients sont disponibles : l'atta- de l'ordre de 4,5 N (500 g). Le réglage de l'intensité de
chement sphérique et l'attachement cylindrique. la rétention dépend du serrage des lames que le prati-
L'attachement résilient sphérique autorise 3 mouve- cien peut modifier par des clefs spécifiques activatrice
ments de rotation et un mouvement de translation ver- ou désactivatrice ou bien par la rotation d'une bague
ticale. La partie mâle sphérique est secondairement bra- dans le cas du modèle « Dalbo-Plus ». La résilience ver-
sée à un plateau de Richmond. La partie femelle, fixée ticale est créée par l'interposition d'une feuille d'étain de
4/10 mm environ entre les parties mâle et femelle de
l'attachement. Il est tout particulièrement indiqué en pro-
thèse complète surtout lorsque qu'il ne reste que deux
a ou trois racines (fig. 23-10a, b). L'attachement cylin-
drique résilient n'autorise qu'un mouvement de transla-
tion verticale, il n'est pas rupteur. Il est plus particulière-
ment indiqué lorsque les racines restantes sont
nombreuses et l'environnement muqueux favorable.
b
L'attachement
Son choix découle des trois critères suivants :
- Le volume - Selon Preiskel, on doit préférer un attache-
ment le plus gros possible dans la place qui lui est des-
Fig. 23-11 Barre d'Ackermann fixée sur deux canines mandibu- tinée. Cette proposition permet de choisir un attache-
laires.
ment qui offre la meilleure solidité, fiabilité, résistance à
l'usure et des possibilités de réglages. Cependant, le
- La barre de Dolder ovalaire présente deux dimensions :
volume de l'attachement doit laisser suffisamment de
1,6 mm et 2,2 mm, et une hauteur de 2,3 mm ou
place pour la dent et la base prothétique.
3,0 mm. Elle est rectiligne, non modelable. Elle permet
- Le type de liaison - Les mouvements de la prothèse vis-
des mouvements de translation verticale et une légère
à-vis des dents supports sont complexes. Ils se décompo-
rotation autour de l'axe de la barre.
sent en trois mouvements de rotation et de translations19
(fig. 23-13a, b). Selon la conception mécanique des atta-
Les aimants
chements, les mouvements sont, théoriquement, plus ou
Pendant une période, ils furent largement utilisés, en raison moins transmis aux racines supports. Plus le nombre de
de leur simplicité de mise en œuvre. Cependant, actuelle- déplacements autorisés est important, plus l'attachement
ment, ils sont beaucoup moins employés car ils présentent est dit rupteur, plus le nombre de mouvements est réduit,
de nombreux inconvénients : diminution de la rétention sans plus on parle de liaison rigide20. Les liaisons ruptrices trans-
possibilité de réactivation, phénomènes d'oxydation, créa- mettent théoriquement moins de forces aux racines res-
tion d'un champ magnétique18 (fig. 23-12a, b). tantes que les liaisons rigides. Cependant, in vitro, cette
notion n'est pas toujours confirmée21.
- L'axe de transfert ou analogue de laboratoire - La phase
Les critères de choix des attachements de laboratoire impose de reproduire la partie intra-buc-
cale de l'attachement sur le modèle de travail. Pour cela,
Le choix d'un attachement découle de facteurs liés aux carac- le laboratoire utilise l'original de l'élément prothétique
téristiques de l'attachement, des dents restantes et de la sur- ou, si elle existe, sa reproduction, dénommée axe de
face d'appui muqueuse. transfert ou analogue de laboratoire.
Les crêtes
La morphologie des crêtes et surtout la qualité de la
muqueuse offrent une résistance plus ou moins importante
aux mouvements de la prothèse. Si ces mouvements sont
limités par des crêtes saillantes, des tissus de soutien fermes
et adhérents, ils le sont moins en présence de tissus peu
adhérents, de crêtes flottantes. Dans la mesure où les dépla-
cements prothétiques sont limités, les dents supports ne
subissent que de petites contraintes alors qu'avec des tissus
flottants les contraintes sont plus fortes.
Cliniquement, la conception prothétique, le choix de l'at-
tachement, de la technique d'empreinte découlent de la
valeur des racines concernées et des tissus de soutien. Les
Fig. 23-13a Le déplacement de la prothèse par rapport à la racine situations cliniques sont parfaitement résumées dans les
se fait par trois mouvements de rotation : 1) frontale autour de la quatre classes proposées par Labaig22 (tableau 23-3).
crête ; 2) vestibulo-linguale ; 3) occluso-cervicale.
La réalisation pratique
1er temps
Traitement endodontique et assainissement parodontal.
2e temps
Préparations des unités dentaires, selon les mêmes critères
que ceux prescrits pour les coiffes paraboliques : Préparation
périphérique avec congé, limite cervicale juxta ou sous-gin-
givale.
Les empreintes des éléments dentaires et des arcades
sont réalisées, les modèles de travail montés en articulateur
en relation centrée à la dimension verticale d'occlusion choi-
sie.
Fig. 23-13b ...et trois déplacements en translation.
1) antéro-postérieure ; 2) frontale ; 3) occluso-cervicale.
3 e temps
Le montage des dents prothétiques est suivi d'un essai fonc-
tionnel dont les objectifs sont de contrôler et valider les
Les dents paramètres occlusaux et esthétiques.
Les critères de choix des dents sont, bien sûr, leur position
4e temps
et, surtout, la longueur radiculaire. Ce paramètre est essen-
tiel, il conditionne la résistance aux forces transmises par les Le laboratoire réalise une clef vestibulaire du montage.
systèmes de liaison ou attachements, aux structures radicu- Celle-ci objective la place et le volume réellement exploi-
laires. À cela s'ajoutent un environnement parodontal sain, tables par le laboratoire. Cela peut dans certains cas
et une hauteur de muqueuse attachée de 2 à 3 mm mini- conduire le praticien à changer le type d'attachement préa-
mum. lablement choisi.
6e temps
Contrôle au cabinet de l'adaptation des éléments prothé-
tiques coulés. À ce stade, 2 éventualités se présentent :
- Les éléments prothétiques peuvent être scellés dans la
mesure où des axes de transfert ou analogues de labo- Les thérapeutiques basées sur la conservation de racines
ratoire existent. sous-prothétiques présentent de nombreux avantages mais
- Les éléments prothétiques ne sont pas scellés s'il n'existe d'aussi nombreux inconvénients.
aucun analogue ou bien s'il s'agit d'une barre adaptée,
type Ackermann.
9e temps
L'analogue de laboratoire ou les éléments prothétiques sont
replacés dans l'empreinte et éventuellement collés à l'aide
de cyanolite, puis le plâtre est coulé (fig. 25-11)
10e temps
La prothèse adjointe est ensuite élaborée selon les
séquences habituelles.
11e temps
Fig. 23-14 Différence, après 1 an, entre la résorption osseuse au
Deux éventualités s'offrent au laboratoire et au praticien : réa- niveau canin et molaire en présence d'une prothèse à recouvre-
liser la polymérisation en incorporant, ou non, les éléments ment radiculaire (orange) et une prothèse immédiate (jaune).
rétentifs des attachements dans la base prothétique.
La polymérisation avec les éléments rétentifs en place
assure une solidarisation parfaite de ces éléments à la base
prothétique. De plus leur mise en place au laboratoire per- L'efficacité masticatoire
met une très grande précision, en particulier pour le choix La puissance masticatrice est fortement augmentée lorsque
de l'axe d'insertion. Mais cela n'autorise aucune imprécision des attachements sont placés sur les dents restantes, pas-
tout au long de la chaîne technologique, en particulier lors sant de 230 à 340 N, soit une augmentation de 50 %. De
de l'empreinte, de la polymérisation et après l'éventuel tas- plus, lors de la mastication le contact entre la base prothé-
sement de la muqueuse. tique et l'attachement améliore ce résultat. Cette améliora-
A contrario, la solidarisation des éléments rétentifs direc- tion est liée à l'influence des récepteurs parodontaux et à
tement dans la cavité buccale, à l'aide de résine autopoly- l'amélioration de la stabilité prothétique26"29.
L'apport psychologique Une hygiène défectueuse, ou absente, provoque l'aug-
Au niveau mandibulaire, les patients acceptent mieux les mentation des problèmes parodontaux par approfondisse-
prothèses à appui muco-dentaire qu'une prothèse conven- ment des poches auxquels s'ajoutent des lésions carieuses
tionnelle. Cela pourrait s'expliquer par le maintien de cer- (21,4 % des cas)31.32. Par contre, le brossage associé à
taines unités dentaires, prévenant la crainte de perdre toutes l'application journalière de gel contenant 1 % de chlo-
ses dents - symbole de vieillissement et de mort. Mais l'éva- rhexidine supprime le Streptocoque Mutans et par là même
luation de la satisfaction pour les prothèses à recouvrement les caries des dents supports. Mais contrairement à l'appli-
radiculaire est délicate. En effet après un an, la différence cation de vernis, cette approche préventive dépend d'une
entre les indices de satisfaction des patients porteurs d'une très bonne coopération du patient33"36. Enfin, l'atteinte
prothèse conventionnelle ou d'une prothèse à recouvre- carieuse et parodontale est augmentée chez les patients qui
ment radiculaire n'est pas réelle30. portent leur prothèse jour et nuit, 10 % à 20 % des dents
se carient.
À ces inconvénients majeurs, s'ajoutent des problèmes
esthétiques et techniques (tableau 23-4).
À long terme, le succès des prothèses à recouvrement L'esthétique peut être perturbée par les éléments métal-
dento-muqueux dépend de la participation du patient dans liques recouvrant les racines pouvant transparaître à travers
le contrôle et le maintien d'une hygiène excellente. En effet, la base prothétique ou par l'épaisseur de la base prothétique
cette thérapeutique s'accompagne d'une perte de 5 à 20 °/o en altérant le soutien de la lèvre37. Les problèmes tech-
des éléments supports si l'hygiène est parfaitement main- niques se traduisent par une augmentation de la fréquence
tenue. des fractures de la base.
Tableau 23-4 Pourcentage des pathologies observées au niveau des dents recouvertes par une prothèse.
LA PROTHÈSE IMMÉDIATE
La prothèse immédiate est le dernier stade du passage et insérée immédiatement après. Elle ne doit pas être
de l'édentement partiel à l'édentement total. confondue avec une prothèse provisoire.
Cette approche thérapeutique n'est pas une proposition
récente. En 1947, Meril Swenson écrivait: « La prothèse
immédiate n'est pas une nouveauté; elle est pratiquée
depuis 50 ans38. » Et il en donnait la définition suivante : « Le
terme de prothèse immédiate signifie que la prothèse est
La prothèse immédiate est une prothèse définitive conçue réalisée avant les extractions et posée immédiatement
et réalisée entièrement avant l'extraction des dents restantes après celles-ci39-41. »
Tableau 23-5 Comparaison entre l'avis du praticien et du patient sur l'extraction des dents restantes.
Fig. 23-15c Après retrait de l'empreinte, la protection en silicone Fig. 23-15d Puis replacée dans l'empreinte à l'alginate.
est découpée.
à la seringue. De même, les dents mobiles sont recouvertes 3e étape - La conservation des données
de silicone en veillant à donner une forme de dépouille à existantes
l'ensemble. Ensuite, l'empreinte est prise de préférence avec
un alginate rebasé : alginate dur au niveau des zones éden- Les empreintes préliminaires recueillent des données préa-
tées, puis plus fluide sur l'ensemble. Après gélification, l'em- lables aux extractions, données qui participent de manière
preinte est désinsérée, le silicone enveloppant les dents est directe ou indirecte à l'élaboration de la prothèse immédiate.
enlevé, puis replacé dans l'empreinte avant la coulée du Ces données sont esthétiques et occlusales.
plâtre (fig. 23-15 a, b, c, d).
Les données esthétiques
Dents fortement mobiles, forte rétention
À ce stade la motivation, les espérances et souhaits esthé-
Si les dents sont trop mobiles pour que la technique précé- tiques du patient doivent être parfaitement définis. En par-
dente soit utilisée, il est possible d'utiliser un porte- ticulier, le patient désire-t-il changer d'aspect ou bien désire-
empreinte en plastique dans lequel on prépare une ouver- t-il garder la teinte, la position des dents existantes? Cette
ture vestibulaire. L'empreinte englobe la surface d'appui, la option conditionne le choix des caractéristiques des dents
morphologie des faces linguales mais sans empiéter sur les prothétiques.
faces vestibulaires des dents restantes. Après gélification de - La forme et la dimension - Certains patients sont très
l'alginate, un silicone moyenne viscosité est injecté, enre- attachés aux irrégularités ou malpositions de leurs
gistrant les caractéristiques morphologiques des faces ves- propres dents. La conservation de la dimension, de la
tibulaires concernées. L'apport de silicone puis le porte- forme générale, de leurs petites caractéristiques telles
empreinte sont enlevés, l'ouverture vestibulaire permettant que l'usure, l'orientation des bords libres des dents anté-
alors au praticien de parfaitement contrôler la ou les dents rieures est capitale. Ce sont des éléments parfaitement
mobiles. L'empreinte est reconstituée avant la coulée du originaux qui personnalisent les dents naturelles. Leur
modèle. conservation puis leur reproduction contribuent à une
meilleure intégration psychologique de la prothèse Dents non mobiles de bonne valeur intrinsèque
immédiate44. - pas de zone rétentive
- La teinte est plus délicate à définir dans la mesure où le
Les dents restantes sont recouvertes d'une feuille de cire
vieillissement, les traitements endodontiques, restaura-
calibrée 1,5 mm afin de créer un futur espacement. Puis, le
teurs peuvent avoir altérés la teinte originelle. Cependant,
porte-empreinte, réalisé en résine, est adapté au niveau de
il est souvent possible de définir une teinte de base puis
la surface d'appui muqueuse, espacé par l'intermédiaire de
d'individualiser chaque dent grâce aux techniques de
la cire par rapport aux dents restantes.
maquillage.
- La position exacte des dents restantes dépend des condi-
Dents mobiles - zones faiblement rétentives
tions cliniques. Soit les dents restantes ne sont pas
mobiles et ne se sont pas déplacées lors des empreintes, La préparation est identique, les dents habillées d'une feuille
soit elles sont mobiles et peuvent s'être déplacées. En de cire. Par contre, le porte-empreinte présente une ouver-
effet, elles peuvent avoir migré, s'être situées en vesti- ture occlusale, secondairement operculée par un chapeau
bulo-position, présenter des égressions, avoir été dépla- amovible (fig. 23-16).
cées lors de l'empreinte; autant d'éléments que l'on ne
devra pas reproduire dans leur intégralité lors du mon-
tage final mais reproduire partiellement toujours avec
l'aval du patient.
Fig. 23-17c Coaptation des deux parties. Fig. 23-17d Modèle terminé.
Dents non mobiles de bonne valeur intrinsèque, Dents fortement mobiles, fortes rétentions
pas de rétention
L'empreinte enregistre la surface d'appui et les faces lin-
Après enduction de Permlastic light®, le porte-empreinte est guales des dents antérieures. Après prise du matériau, le
inséré dans la cavité buccale, mis en place sur la surface volet vestibulaire est garni de silicone de moyenne viscosité
d'appui. L'empreinte est réalisée selon les mêmes puis repositionné grâce aux encoches sur l'autre partie du
séquences que celles d'une prothèse adjointe complète porte-empreinte. L'utilisation de silicone ou de polyéther pré-
classique. Après prise du matériau, l'empreinte est enlevée, vient tout risque d'adhérence avec le Permlastic. Les deux
puis contrôlée. parties sont enlevées en deux temps puis l'empreinte est
reconstituée et les deux parties recollées à l'aide de cyano-
Dents mobiles, faibles ou fortes rétentions lite(fig. 23-17 c,d).
Fig. 23-18 Le recouvrement des faces vestibulaires des dents res- Celui se déroule en quatre temps.
tantes stabilise la base d'occlusion.
L'enregistrement de la position des dents
- éviter toute mobilisation des dents restantes dans la - Dans la mesure où le patient souhaite conserver la
cavité buccale. forme, la position, l'orientation des dents restantes, ces
Les modèles sont ensuite montés en articulateur selon données sont conservées : D'une part par l'utilisation de
les séquences habituelles, arc facial et relation centrée. repères (tracé de l'inclinaison de chaque dent, axe sagit-
tal médian), d'autre part par l'emploi de clefs en silicone
lourd qui enregistrent la forme, la position verticale, ves-
7e étape - Le montage des dents absentes
tibulaire, l'orientation des bords libres et des faces vesti-
Le choix de la forme, de la teinte, des dimensions des dents bulaires (fig. 23-19).
prothétiques antérieures et postérieures est réalisé en fonc- - Dans la mesure où le patient souhaite « changer », cer-
tion des données recueillies et du désir du patient. Si l'indi- tains éléments doivent être déterminés tels que le plan
cation est posée, le maquillage des dents prothétiques est sagittal médian, le plan occlusal parallèle à la ligne bipu-
alors réalisé. Le matériau sera de préférence de la porce- pillaire, la ligne du sourire.
laine. Le montage des dents absentes est réalisé en veillant
à parfaitement rétablir l'occlusion avec les dents antago- La simulation de la résorption
nistes (postérieures).
La simulation sur le modèle de la perte osseuse consécu-
tive aux avulsions dépend des conditions cliniques :
8e étape - L'essai fonctionnel
- En présence de dents dont l'environnement parodontal
La maquette est adressée au cabinet dentaire pour l'essai est sain, le plus souvent chez des patients jeunes, le pra-
final. Cette étape est comparable à celle de l'essai fonction- ticien pratique si nécessaire un remodelage du versant
nel d'une prothèse adjointe complète. Cependant, elle doit vestibulaire et occlusal de la crête de.manière à réduire
être conduite avec encore plus de rigueur et d'attention. Tous le volume osseux. Cette réduction évite un surcontour et
les paramètres relatifs à l'esthétique sont contrôlés et vali- un soutien excessif de la lèvre lors de l'insertion.
Fig. 23-19 Clef en silicone lourd enregistrant la forme, la position des bords libres des dents antérieures :
a) vue vestibulaire ; b) vue occlusale.
Fig. 23-20 La profondeur des poches est déterminée par son-
dage. .
Le versant vestibulaire de la crête est recouvert de cire jus- Prothèse sans plastie osseuse
qu'à la zone de réflexion enregistrée. La fausse gencive est
modelée selon les principes habituels. Par ailleurs, il ne faut Dans ce cas les avulsions doivent être réalisées avec beau-
jamais réaliser de dents dites ajustées. coup de précautions en évitant de fracturer les parois
osseuses intra-septales et vestibulaires. En effet, toute des-
truction osseuse s'accompagne d'un accroissement de la
10 e étape - La polymérisation résorption (fig. 23-23). Dans certains cas, il est possible
Dans un troisième temps le laboratoire finit les extrados pro- d'écraser le volet osseux vestibulaire pour mieux coapter les
thétiques en respectant les règles propres à la prothèse com- bords de l'alvéole. Les sutures ne sont pas indispensables,
plète. La phase de polymérisation se déroule selon les car la prothèse protège le caillot sanguin.
points douloureux au niveau de la surface d'appui, en parti-
culier au niveau des bosses canines, des parties vestibulaires
des tubérosités, de la limite postérieure, des lignes mylo-
hyoïdiennes, sont recherchés et corrigés. Ces corrections
doivent être rapides pour ne pas enlever la prothèse trop
longtemps. Les éventuelles interférences occlusales sont éli-
minées. Après avoir expliqué au patient comment enlever
ou remettre en place sa prothèse, les conseils d'hygiène sont
prodigués, les techniques de nettoyage de la prothèse sont
exposées. L'alimentation peut devenir plus dure, mais on doit
insister sur la prise d'aliments riches en calcium, ce qui
contribue à diminuer la résorption.
Pendant la première semaine, la prothèse est portée
24 heures sur 24 pour contrôler l'hématome et protéger le
caillot, sauf lors du nettoyage de la prothèse. Après ce laps
Fig. 23-23 Résorption en fonction de la technique d'extraction : de temps, les sutures (éventuelles) sont éliminées. Ces
a) extraction simple ; b) alvéolectomie vestibulaire ; c) alvéolecto- contrôles tissulaires et occlusaux se poursuivent pendant les
mie intraseptale. semaines qui suivent pour s'assurer de la parfaite répartition
des charges occlusales sur les surfaces d'appui.
Fig. 24-6a Maquillage d'un châssis métallique. Fig. 24-6b Maquillant de châssis métallique.
Fig. 24-6c Aspect du chassis colore. Fig. 24-6d Aspect final.
Les contre-indications
Elles recouvrent toutes les affections liées à un risque
infectieux potentiel et le risque d'aggraver l'état général du
patient. Elles se décomposent en contre-indications géné-
rales absolues ou relatives (tableau 25-1).
d'irradiation n'est que de 60 grays le taux de réussite des - Aux composants fondamentaux de l'occlusion11 -
implants est de 80,5 % soit une diminution de 15 à 18 % Dimension verticale d'occlusion, relation centrée, plan
par rapports aux taux habituels. d'occlusion.
Dans la mesure où l'âge ne semble pas affecter le poten- - Aux paramètres physiologiques et fonctionnels -
tiel d'ostéo-intégration, chez les patients en bonne santé ils Respect du couloir prothétique.
ne doivent pas être écartés de cette thérapeutique, sauf en - Aux paramètres esthétiques12 - Soutien des tissus mous
cas de résorption très importante associée à un risque de (les lèvres, les joues), ligne du sourire...
fracture3. Cette maquette validée permet d'évaluer l'espace pro-
Par contre, l'hygiène de la cavité buccale et des prothèses thétique disponible, facteur déterminant en prothèse
doit être appréciée, car l'inflammation péri-implantaire et adjointe supra-implantaire d'une part en raison du volume
l'hyperplasie des tissus muqueux comptent parmi les com- requis pour la mise en place des connexions implanto-pro-
plications les plus fréquentes de la prothèse à complément thétiques, et d'autre part, en raison de la valeur du bras de
de rétention10. levier généré par la prothèse vis-à-vis de l'implant.
Enfin, l'analyse de l'occlusion est fondamentale, car c'est Le montage des dents détermine les positions vestibu-
une cause d'échec non négligeable. laire, linguale et occlusale qui doivent impérativement être
respectées13. Ces limites peuvent être visualisées simple-
Les examens complémentaires ment grâce à la confection de clefs en silicone (fig. 25-1).
En cas de problèmes particuliers (espace prothétique
L'analyse de la radiographie panoramique limité, axe des implants et esthétique...), le montage direc-
teur peut être complété par une prévision de la situation des
La radio panoramique est le seul examen radiographique à
structures supra-implantaires (fig. 25-2). Ses objectifs prin-
prescrire en première intention.
Elle permet d'évaluer rapidement la hauteur d'os dispo-
nible, l'importance de la corticale, la densité de l'os spon-
gieux, la proximité d'éléments anatomiques (sinus, fosses
nasales, nerf alvéolaire inférieur), la présence de dents
incluses, d'apex, de lésions telles que des kystes, des granu-
lomes au niveau du ou des sites implantaire(s) envisagé(s).
Le montage directeur
C'est une véritable maquette de la future prothèse.
Des empreintes d'étude sont réalisées et les modèles
sont montés en articulateur en relation centrée, à la dimen-
sion verticale d'occlusion. Puis les dents sont choisies et le
montage exécuté. Fig. 25-2 Une maquette des structures implantaires est réalisée
À ce stade, la validation clinique de la maquette doit être en cire. Appréciation des volumes par rapport à la clef en silicone
rigoureuse et systématique, elle s'adresse : du montage directeur.
Fig. 25-3 L'analyse préimplantaire des modèles montés sur arti- Fig. 25-4 Le guide radiologique réalisé est un duplicata du mon-
culateur à la bonne dimension verticale d'occlusion met en évi- tage directeur. Des perforations ont été faites selon l'axe du mon-
dence un espace de 18 mm. tage et le point d'émergence souhaité des implants (Gutta- Percha
foulée dans ces perforations).
Le guide radiographique
Tableau 25-3a Appréciation du volume osseux observé. Tableau 25-3b Appréciation de la qualité du tissu osseux.
Fig. 25-10a Lors de la temporisation au stade post-chirugical Il est préférable de visser sur les implants les systèmes de
(stade 2), la prothèse est évidée en regard des vis de cicatrisation, rétention et de les serrer selon les données du fabricant. La
les bords de la prothèse ont été raccourcis. situation est alors comparable à celle précédemment décrite
pour les attachements intra-coronaires axiaux. Les
séquences cliniques empreintes préliminaire et secondaire
sont donc identiques. Les analogues sont replacés dans
l'empreinte secondaire, avant la coulée. Puis, la prothèse est
élaborée (fig. 25-11a, b, c, d, e).
Fig. 25-10c Prothèse rebasée en regard des vis de cicatrisation Fig. 25-11 b Attachement sphérique (a) - Dalro (b) - Analogue
avec un matériau souple (Coe-Soft GC®). de laboratoire (c).
L'empreinte préliminaire
Après dépose des vis de cicatrisation, les transferts standard
sont vissés sur les implants et leur adaptation éventuelle-
ment contrôlée radiographiquement. Le choix du porte-
empreinte de série et son adaptation sont souvent délicats
en raison de la présence des transferts. L'empreinte à l'algi-
nate rebasée s'impose le plus souvent.
Le porte-empreinte individuel
Au niveau de la surface d'appui muqueuse le porte-
empreinte est adapté, dans les secteurs édentés, un bour-
relet, en Stent's ou en résine, préfigure l'arcade et renforce
le porte-empreinte, évitant ainsi toute distorsion secondaire.
Au niveau des implants la conception varie selon le type de
Fig. 25-11c Détail de l'empreinte au niveau de l'attachement
transfert; si les transferts utilisés sont du type standard, le
sphérique.
porte-empreinte est fermé englobant les transferts; si les
transferts choisis sont du type transvissés le porte-empreinte
présente une fenêtre occlusale pour accéder aux vis des
transferts (fig. 25-12).
L'empreinte secondaire
Pour répondre aux trois objectifs précédemment cités, le pra-
ticien doit réaliser une empreinte dissociée24. Cette
empreinte peut se réaliser sous pression occlusale ou sous
pression digitale.
Aux critères présidant au choix de l'empreinte sous pres-
sion occlusale, critères précédemment décrits (chapitre 10),
s'ajoutent, pour les implants, les problèmes d'occlusion.
Fig. 25-1 le Modèle terminal avec les analogues reproduisant les Dans un premier temps le porte-empreinte individuel est
attachements intra-buccaux. ajusté selon les séquences et critères identiques à ceux défi-
nis pour une prothèse complète classique, le bourrelet du
porte-empreinte est réglé de manière à maintenir la dimen-
sion verticale d'occlusion et l'occlusion de relation centrée. Les
vis de cicatrisation sont déposées, les transferts vissés, le porte-
2e éventualité - Barre de conjonction
empreinte inséré. Le praticien vérifie s'il n'y a pas d'interférence
et/ou absence d'analogue de laboratoire
entre les transferts et les dents antagonistes. S'il n'y pas d'in-
Ces empreintes sont réalisées à l'aide de transferts d'im- terférence, l'empreinte peut-être réalisée sous pression occlu-
plants qui peuvent être du type standard vissé ou pick-up sale, par contre, s'il y d'importantes interférences, l'empreinte
transvissé. ne doit pas être prise selon cette procédure (fig. 25-13).
Fig. 25-13 Organigramme du choix de la
réalisation d'une empreinte secondaire.
L'empreinte dissociée sous pression occlusale : Le patient, guidé en occlusion de relation centrée,
- Elle se déroule en trois temps. maintient le porte-empreinte en exerçant une légère
- 1 er temps - Le réglage du bourrelet : celui-ci doit être pression par l'intermédiaire du bourrelet. Pour amé-
précis pour maintenir la dimension verticale d'occlu- liorer la précision des relations occlusales, il est pos-
sion et la relation centrée avec l'arcade antagoniste. sible de coller à la surface du bourrelet de la pâte
Cela sous-entend que l'arcade antagoniste assure thermoplastique. Puis, un plâtre à prise rapide est
une parfaite stabilisation de l'occlusion. préparé, et injecté à la seringue autour des transferts
- 2e temps - L'empreinte de la surface d'appui grâce à l'ouverture du PEI. Après la prise du plâtre,
muqueuse: Les phases cliniques sont identiques à les vis des transferts sont dévissées, et le porte-
celles utilisées en prothèse adjointe complète clas- empreinte peut alors être désinséré, le reste du trans-
sique. Recherche de la stabilité, puis de la rétention par fert restant «prisonnier » du plâtre (fig. 25-14a, b,cd).
un réglage des bords (chapitre 10). Les critères de choix Après contrôle, les vis de cicatrisation sont remises
des matériaux sont semblables à ceux développés. en place, l'empreinte adressée au laboratoire. La rigi-
- 3e temps - L'empreinte de positionnement des piliers : dité et la stabilité dimensionnelle des plâtres à
Les transferts transvissés sont mis en place, leur posi- empreinte assurent une précision maximale quant à
tion contrôlée radiographiquement. Le porte- l'enregistrement de la situation des piliers implan-
empreinte est inséré dans la cavité buccale, l'absence taires, et, pour ces raisons, ce matériau est particu-
d'interférence entre celui-ci et les transferts vérifiée. lièrement indiqué.
Fig. 25-14a Lors de l'empreinte secondaire des surfaces d'appui, Fig. 25-14b Le patient est à nouveau guidé en occlusion de rela-
le patient est en occlusion. tion centrée, puis du plâtre est injecté autour des transferts trans-
vissés.
Fig. 25-14c Retrait des vis des transfert qui restent «emprisonnés» Fig. 25-14d Aspect final de l'empreinte.
dans le plâtre.
La réalisation de la barre
La réalisation de la barre doit tenir compte des paramètres
suivants :
- Le type de liaison - La liaison entre la prothèse et la barre
peut être du type rigide ou ruptrice. Pour cela, il existe
trois types de barres et de cavaliers : les barres rigides en
Fig. 25-15 Le modèle secondaire obtenu après coulé à l'aide des U avec de longs cavaliers assurant une rétention par fric-
deux plâtres. tion, les barres ovalaires (type Dolder) ou des barres
Fig. 25-16 Amplitude des mou-
vements de rotation selon le type
de barre :
a) Dolder en U.
b) Dolder ovalaire.
a b c c) Ackermann Ronde.
rondes (Ackermann) (fig. 25-16). Dans ce cas, des cava- L'essayage de la barre
liers courts assurent la rétention par effet ressort ou de
Une méthodologie bien précise permet de valider la préci-
clipage et permettent aussi un mouvement de rotation.
sion d'adaptation de l'infrastructure, adaptation qui doit se
L'opposition entre ces deux types de liaison fait toujours
faire sans aucune contrainte.
l'objet de controverses sans qu'il soit possible d'effectuer
- Celle-ci est d'abord mise en place sans être vissée, aucun
un véritable choix.
hiatus ne doit apparaître entre la barre et le pilier.
- La position des dents - Les clefs de positionnement ves-
- Puis la première vis est mise en place et serrée. Lors du
tibulaire et linguale des dents permettent de délimiter et
serrage aucun soulèvement ne doit être observé au niveau
de définir le volume prothétique dévolu à la partie pro-
du second pilier, la manœuvre inverse est ensuite réali-
thétique supra-implantaire, car la réalisation de cette
sée.
barre ne doit en aucun cas se faire aux dépens de la pro-
- Des radios rétro-alvéolaires sont prises pour confirmer la
thèse complète (fig. 25-17).
mise en place.
Ce contrôle effectué, il est possible d'adjoindre une plaque
métallique pour renforcer la prothèse. Les modèles mon-
tés en articulateur, la barre en place, sont renvoyés au labo-
ratoire, qui réalise alors le châssis, tenant compte égale-
ment du montage prévisionnel et des clefs faites à partir
de ce montage.
La polymérisation
- La position des implants - La barre doit être en adé- Tous les contrôles effectués, la prothèse est envoyée à poly-
quation avec la position des implants. mériser (chapitre 26). Cette étape est délicate en particulier
- L'hygiène - Dans la mesure du possible il est préférable au niveau de la mise en place des éléments rétentifs. Comme
d'éloigner la barre de la muqueuse d'environ 3 mm, pour pour les attachements sur des dents naturelles, le choix se
faciliter l'hygiène. Si l'espace prothétique est insuffisant, porte entre une solidarisation sur modèle ou directement dans
il est préférable d'ajuster la barre au profil muqueux pour la cavité buccale. Pour notre part, la solidarisation en bouche
éviter des diapneusies secondaires de la muqueuse n'a pas lieu d'être en raison des imprécisions que cela entraîne
sous-jacente. et de la mauvaise qualité de la résine qui s'y associe.
Tableau 25-4 Caractéristiques des attachements axiaux.
La solidarisation des éléments rétentifs réellement ce parallélisme en solidarisant les élément réten-
lors de la polymérisation tifs dans la cavité buccale.
Au laboratoire, en présence d'attachements sphériques
Quel que soit le type d'attachement employé, les parties
ceux-ci sont directement scellés sur les analogues de labo-
femelles sont placées sur leurs parties mâles de sorte
ratoire avec du ciment oxyphosphate de zinc. Après poly-
qu'elles aient le même axe d'insertion, de préférence per-
mérisation, le ciment est enlevé facilement avec de l'acide
pendiculaire au plan occlusal (fig. 25-18a, b).
chlorhydrique.
On mesure ainsi d'une part l'importance de la mise en
En présence de cavaliers et d'une barre, ceux-ci sont
place des implants et d'autre part l'impossibilité d'obtenir
bloqués, l'espace sous la barre comblé avec du plâtre
(fig. 25-19) ; la mise en moufle se poursuit alors selon les
séquences habituelles.
Fig. 25-18a Mise en place avec un axe d'insertion identique pour Fig. 25-18b Scellement des attachements Dalro avec du ciment
récupérer le parallélisme. oxyphosphate.
Le suivi des patients porteurs de prothèses adjointes supra-
implantaires est un des paramètres essentiels au succès de
ces réhabilitations. Si l'hygiène est toujours un facteur pré-
pondérant en prothèse adjointe, c'est ici un élément plus
aigu encore à cause des éléments implantaires. L'ensemble
des études montre que les problèmes et/ou complications
survenus intéressent en premier lieu les tissus muqueux
péri-implantaires, les éléments rétentifs intra-prothétiques et
Fig. 25-19 Avant la mise en moufle, du plâtre est placé au niveau enfin la prothèse adjointe elle-même 23,24 .
de la partie contra-muqueuse de la barre et bloque les cavaliers. Les objectifs des rendez-vous de contrôles réguliers
concernent, d'une part, le maintien de l'état de santé des tis-
sus de la cavité buccale et, d'autre part, la qualité d'adapta-
tion prothétique vis-à-vis de la stabilité, de l'occlusion et,
La solidarisation des éléments rétentifs enfin, de la rétention des attachements.
après la polymérisation
Cette approche s'impose quelquefois, en particulier lorsque
la prothèse doit être réhabilitée. Dans ce cas il est préférable
de prendre l'empreinte de la partie rétentive implantaire
avec la prothèse, puis de réaliser un modèle de travail. La Les recommandations fondamentales d'hygiène sont un
solidarisation s'effectue ensuite sur modèle. pré-requis indispensable pour tous les patients porteurs de
prothèse adjointe à complément de rétention.
L'équilibration occlusale Ce type de prothèse augmente les risques d'accumula-
tion de plaque autour des piliers implantaires, ce qui
Après polymérisation, la prothèse est insérée en bouche et engendre alors un phénomène inflammatoire et concerne
les contrôles de l'insertion prothétique sont effectués (cha- directement la muqueuse marginale péri-implantaire26.
pitre 19). Cette inflammation crée une hyperplasie des tissus mous
Puis la relation centrée est enregistrée et la prothèse est qui seront traumatisés par la prothèse, amorçant ainsi un
équilibrée selon le schéma classique en prothèse complète cercle vicieux (fig. 25-20) ; la situation devient beaucoup
de l'occlusion bilatéralement équilibrée, les implants n'ayant plus critique chez un patient âgé qui ne pourra pas toujours
qu'un rôle complémentaire de stabilisation et les connexions suivre les recommandations. Il faudra insister alors sur l'as-
implanto-prothétiques ne pouvant pallier un déséquilibre pect démonstratif des mesures d'hygiène à appliquer:
prothétique. - Dans un premier temps, avec une brosse à dent clas-
sique ou une brosse de pédodontie, bien brosser les
L'insertion en bouche et les contrôles superstructures implantaires.
Fig. 26-1a Création de fissures sur la face vestibulaire d'une dent Fig. 26-1 b Apports de colorant orangé au niveau du collet et des
prothétique à l'aide d'un disque diamanté ultramince. faces proximales.
Fig. 26-1 c Polissage d'une dent résine à l'aide d'une meulette en Fig. 26-1d Aspects de la canine avant et après maquillage.
coton. (Réalisation J-Y ciers)
Fig. 26-2a Pigments de coloration (Candulor®). Fig. 26-2b Mise en place de résine claire au niveau des reliefs
radiculaires.
Fig. 26-2c Dépôts de résine plus rouge dans les espaces inter- Fig. 26-2d Aspect final.
radiculaires.
de la contrepartie. En effet, au stade de la finition, seul un chologiques qu'à une réelle nécessité esthétique car lors du
léger polissage est autorisé sous peine d'entraîner la dispa- sourire la fausse gencive ne doit pas apparaître, sauf si le
rition plus ou moins complète des maquillages. sourire correspond au type 3 de Tjan, soit 10,57 % des
Cependant, en règle générale, ces procédés de colora- patients7. Mais ces procédés trouvent leur indication de
tion et de maquillage répondent plus à des exigences psy- manière très spécifique dans des cas de colorations méla-
niques marquées.
Fig. 26-4a L'ensemble prothèse socle est placé dans la partie infé- Fig. 26-4b La prothèse est bloquée au niveau des dents prothé-
rieure de la bride. tiques par la deuxième partie de la bride.
Fig. 26-6a La prothèse maxillaire enfoncée dans du silicone. Fig. 26-6b Après retrait de la prothèse les deux volets du
« Duplicator » laissent apparaître l'empreinte de l'extrados et de l'in-
trados de la prothèse.
Fig. 26-6c De la résine dentine est coulée au niveau de l'em- Fig. 26-6d Aspect du bloc incisivo-canin fini.
preinte des dents.
Fig. 26-6e Mise en place et polymérisation de la résine chémo- Fig. 26-6f Après polymérisation de la résine de base, le « Dupli-
polymérisable. cator » est ouvert, le duplicata prêt à être fini.
La réalisation d'une base souple impose que l'ensemble
des corrections, modifications permettant l'adaptation de
l'intrados et des bords de la prothèse ait été préalablement
Le principe est d'enlever environ 2 mm d'épaisseur de la effectué.
base en PMMA pour la remplacer par un matériau souple. La mise en place se fera toujours par des techniques indi-
Ce remplacement intéresse tout ou partie de la surface d'ap- rectes réalisées au laboratoire, jamais par des techniques
pui et des bords. directes qui, bien que souvent proposées, n'offrent ni préci-
sion ni qualité.
Dans un premier temps, après coffrage de la prothèse,
Les procédés de réalisation d'une base souple permanente du plâtre est coulé dans l'intrados. Pour contourner le pro-
dépendent du type du matériau utilisé et de son mode de blème des contre-dépouilles de l'intrados, la coulée s'effec-
préparation : polymérisation à chaud ou à froid 10-12 . tue en 1 temps s'il n'y a pas de contre-dépouilles ou en 2 ou
Ici, seuls les matériaux dits souples permanents par 3 temps si elles sont nombreuses et accentuées (fig. 26-7a,
opposition aux matériaux souples temporaires ou semi-per- b, c, d).
manents seront abordés. Les matériaux utilisés sont essen- Dans un deuxième temps la base souple est réalisée par
tiellement des résines acryliques et des silicones, ces der- des techniques qui font appel à la mise en moufle ou à l'uti-
niers faisant appel à des processus de réticulation différents. lisation de bride.
Fig. 26-7a L'extrados de la prothèse mandibulaire est isolé pour Fîg. 26-7b Réalisation du premier fragment.
laisser apparent l'intrados et les bords. En fonction de la position des
contre-dépouilles le nombre de fragments est déterminé (ici deux).
Fig. 26-7c Préparation du deuxième fragment. Fig. 26-7d Modèle éclaté de l'intrados de la prothèse mandibu-
laire: 1, 2) fragments du modèle; 3) clefs de blocage des deux
fragments ; 4) prothèse isolée.
Fig. 26-7 Réalisation d'une base souple. (Suite)
Fig. 26-7e La réduction de l'intrados est calibrée à l'aide d'une Fig. 26-7f Mise en place des bandelettes du matériau souple
fraise boule. avant la pressée de la résine.
Fig. 26-8a Un modèle est coulé englobant l'intrados et les bords. Fig. 26-8b Aspect du modèle et de la clef vestibulaire, dent pro-
thétique en place.
Fig. 27-2a, b Brosse pour prothèse comportant une double tête pour nettoyer intrados et extrados et une seconde extrémité avec une
petite tête.
Fig. 27-2c Autre modèle de brosse pour prothèse. Fig. 27-4 Brosse pour prothèse dont le manche est adapté pour
une meilleure tenue (par un apport de silicone modelé à la main
du patient).
Les ultrasons
Les enzymes
Peu de préparations enzymatiques commercialisées exis-
tent, mais certains produits commerciaux tels que le Corega-
Tabs® ou le Polident® contiennent des enzymes protéoly-
tiques.
Fig. 27-6a Liaison de la chlorhexidine à la résine de la prothèse Fig. 27-6b Concentration salivaire de chlorhexidine après port
immergée dans une solution de digluconate de chlorhexidine à d'une prothèse préalablement immergée dans une solution de diglu-
0,2 %. (D'après Bonesvollet Olsen10) conate de chlorhexidine à 0,2 °/o. (D'après Bonesvollet Olsen10)
non, s'opposent avec davantage d'efficacité au développe- stimulation est alors absente 17,18 . De plus, une détersion
ment de la plaque dentaire et ils ont également un rôle des muqueuses par la salive est alors possible malgré une
important dans la prévention des caries cervicales pour les sécrétion salivaire réduite la nuit.
prothèses à appui radiculaire14.
De plus, chez les patients présentant une stomatite pro-
thétique, la chlorhexidine par son caractère antiseptique a
une incidence positive, la stomatite étant réduite de façon
significative par ce « traitement » de la base prothétique15.
Conseiller au patient de tremper sa prothèse dans ces
solutions a par ailleurs une action indirecte sur le niveau de L'information du patient est primordiale et, à ce titre, les
l'inflammation des muqueuses qui supportent la prothèse. conseils d'hygiène font partie à part entière du traitement
prothétique.
Faire une démonstration au patient pour lui expliquer
comment nettoyer sa prothèse et avec quel instrument reste
Depuis 1967, la position de l'académie américaine de prothèse la méthode la plus efficace. De même, lui conseiller de ne
amovible concernant le port des prothèses est la suivante: les pas porter sa prothèse la nuit pour assurer la pérennité des
patients doivent retirer leur prothèse amovible la nuit. tissus de soutien est important.
Le port nocturne entraîne une augmentation sévère de Enfin, il faudra expliquer au patient que des visites régu-
l'inflammation et des hyperplasies muqueuses, dont le taux lières chez son praticien demeurent essentielles pour assu-
est alors dix fois plus élevé. D'autre part, 74 % des patients rer un suivi non seulement de la qualité de l'adaptation pro-
présentant une stomatite prothétique portent leur prothèse thétique, de l'état de la muqueuse et du niveau de la
la nuit16. résorption osseuse, mais aussi un contrôle du vieillissement
A contrario, la dépose des prothèses la nuit offre une des matériaux prothétiques et, par conséquent, de l'hygiène
période de repos aux surfaces d'appui, durant laquelle toute des prothèses.
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Le vieillissement de la population est à l'heure actuelle une Le vieillissement physiologique
des caractéristiques majeures de tous les pays industrialisés
Le vieillissement est un phénomène « physiologique » qui
(Europe, Japon, Amérique du Nord). Ceci se traduit par une
atteint l'ensemble des êtres vivants. Il touche les structures
augmentation de 5 à 10 % du nombre de personnes de
moléculaires, cellulaires des individus, ce qui se traduit cli-
plus de 65 ans, et cette tranche d'âge devrait représenter,
niquement par un « ralentissement, une détérioration », de
en 2025, 20 % de la population (dont 5 % auront plus de
l'ensemble de l'organisme (système nerveux central, sys-
80 ans). À ce phénomène s'ajoute l'augmentation de l'es-
tème cardio-vasculaire, appareil respiratoire, système immu-
pérance de vie qui en 15 ans s'est élevée de 5 ans pour les
nitaire. ..) et par une inexorable régression des 5 sens (audi-
hommes et de 4 ans pour les femmes (tableau 28-1).
tion, vision, olfaction, gustation et tact)
Tableau 28-1 Évolution de l'espérance de vie entre 1985 et 2035 La personne âgée, en bonne santé, apparaît ainsi comme
(INSEE 2001). une personne fragile, dont la santé est précieuse et chez qui
tout risque de détérioration doit être parfaitement évalué.
En effet : « La santé est un état précaire qui ne présage
rien de bon » (Jules Renard, « Knock »)...
Le vieillissement pathologique
Avec l'âge, la fréquence de certaines pathologies augmente
Les thérapeutiques odontologiques s'adresseront donc comme les atteintes rhumatismales (52,8 %) et cardiaques
à des patients en moyenne plus âgés, voire très âgés. On (43,55 %) (tableau 28-2). La fréquence de ces polypatho-
aborde alors la gériatrie, partie de la médecine qui traite de logies peut être reliée à une diminution des défenses immu-
la vieillesse. De nouveaux paramètres généraux, locorégio- nitaires, à une longue période de latence de certaines affec-
naux, locaux devront être pris en compte par le praticien, car
ils influencent directement les choix cliniques et les moyens
Tableau 28-2 Fréquence des pathologies générales du patient âgé1.
thérapeutiques utilisés.
Fig. 28-1a Proportions des différents types de doléances. Fig. 28-1 b Répartition des doléances fonctionnelles.
(D'après Berg et coll.10)
Mais la tolérance vis-à-vis d'une prothèse inadaptée aug- remplaçant, soit une prothèse inadaptée très ancienne, soit
mente avec l'âge du patient4. Inconsciemment, ces patients une prothèse partielle peu volumineuse. Le patient s'était
acceptent la réduction de leurs capacités fonctionnelles habitué à un volume, à des formes, avait pallié l'inadapta-
comme une des nombreuses manifestations du processus tion qui s'était installée avec le temps. Une coordination neu-
de vieillissement, il existe ainsi une discordance importante romusculaire fine s'était développée, coordination muscu-
entre les besoins réels et les doléances des patients âgés5. laire spécifique de la situation existante et permettant une
Les attentes vis-à-vis d'une nouvelle prothèse sont fonction satisfaisante. L'insertion de la nouvelle prothèse
réduites, de plus, vient s'ajouter' une certaine anxiété à rompt l'équilibre obtenu, les mécanismes de contrôle mus-
affronter une nouvelle restauration, donc un changement culaire ne fonctionnent plus, l'adaptation à cette nouvelle
d'apparence, de nouvelles formes... prothèse peut alors être un échec complet.
Par conséquent, la décision de refaire une prothèse doit Les anciennes prothèses, conservées et transformées,
aussi prendre en considération ces paramètres subjectifs, car sont parfois un moyen de redonner au patient une prothèse
le succès de cette réhabilitation prothétique dépendra éga- esthétique et fonctionnelle, à condition cependant que la pro-
lement du facteur psychologique6,7. thèse existante réponde à certains impératifs (morphologie
des dents prothétiques, occlusion, DVO, plan d'occlusion.. .)9.
Fig. 28-2a Lésion muqueuse provoquée par un bord prothétique Fig. 28-2b Situation du bord prothétique par rapport à la lésion.
erroné.
Fig. 28-3a Dépôt de tartre dans l'intrados prothétique. Fig. 28-3b Irritation muqueuse répondant au tartre présent dans
l'intrados prothétique.
paramètres pour offrir au patient la « meilleure » solution. mêmes restrictions quant à leur hydrophilie. Les polysulfures
Dans les cas où la prothèse ne sera pas refaite, la réhabilita- (Permlastic) hydrophobes posent eux le problème d'un
tion de la prothèse existante et la réfection totale de la base temps de prise de 8 à 10 mn. Les résines à prise retardée
prothétique est, à moyen terme, ce qui permet de résoudre Fitt de Kerr®, Soft-Liner® en raison de leurs qualités intrin-
un grand nombre de cas. sèques, offrent une réponse adéquate aux problèmes posés.
clusion existante est satisfaisante, il est possible d'utiliser les Les dimensions vestibulo-linguales des dents posté-
anciennes prothèses comme référence pour éviter des rieures seront si possible plus étroites pour laisser le plus de
changements13. Si le praticien choisit les techniques clas- place possible à la langue.
siques, il convient de tenir compte de l'augmentation de l'es- Les dents cuspidées et le montage type Hanau doivent
pace libre chez les patients âgés. Cette augmentation est être éliminés, car ils nécessitent des équilibrations primaires,
d'environ 3 mm par rapport aux valeurs habituelles. En effet, secondaires et des contrôles suivis dans le temps. Le
la posture plus ou moins voûtée des patients entraîne une schéma occlusal idéal est le schéma d'occlusion lingualée
réduction de l'espace libre qu'il faut rétablir en sous-évaluant ou neutre, avec des dents cuspidées maxillaires et des dents
un peu la dimension verticale d'occlusion. plates mandibulaires, des courbes de compensation faibles
voire inexistantes (fig. 28-6). Cette organisation est facile-
La position condylienne ment réalisée avec des dents Cuspiform® maxillaire et
Synoform® mandibulaire ou bien des dents orthoplane ou
Dans ces conditions cliniques le principe de la relation cen-
ortholinguale®. Ces schémas occlusaux suppriment tout
trée, relation condylienne stricto sensu, doit être abandonné
risque de blocage occlusal, d'interférences donc de
au bénéfice d'une conception plus pondérée. La position des
contraintes au niveau des surfaces d'appui.
processus condyliens au sein de leurs fosses mandibulaires
respectives découle de l'équilibre complexe qui, par réaction
aux forces de gravité, s'établit entre les muscles élévateurs,
abaisseurs, posturaux. Cela impose de placer le patient dans
sa position habituelle, position assise adaptée à son équilibre La finition des cires et, par là-même, la finition des bases
postural. Les maquettes d'occlusion sont réglées à la dimen- prothétiques requièrent chez les patients âgés une attention
sion verticale d'occlusion choisie, le praticien guide délicate- particulière. En effet, comme cela a été signalé précédem-
ment la mandibule. L'enregistrement de l'arc gothique à l'aide ment, l'hygiène est souvent défectueuse. La finition des pro-
du point d'appui central est totalement contre-indiqué. thèses doit faciliter le nettoyage en supprimant tous les
reliefs, les irrégularités habituellement réalisés au bénéfice
de surfaces lisses et parfaitement polies14.
Par ailleurs, pour les patients vivant en institution, il est
très important d'identifier les prothèses pour éviter ou pré-
Les critères de choix des dents prothétiques sont comparables
venir les échanges, les pertes, incidents malheureusement
à ceux précédemment exposés. Les dents prothétiques seront
souvent constatés15. Cette identification peut être réalisée
de préférence en résine, pour les raisons suivantes :
pour chaque prothèse neuve au laboratoire par différents
- Les anciennes prothèses possèdent le plus souvent des
moyens: gravure des initiales du patient, petites boîtes
dents résine, et il sera très difficile pour le patient de s'ha-
situées préférentiellement dans les secteurs latéraux vesti-
bituer à des dents porcelaine.
bulaires, où seront placées les informations concernant le
- Le degré d'usure des dents résine est réduit, car les
patient, et refermées ensuite à l'aide de résine transparente.
forces masticatoires sont faibles.
- Les maladies neuro-dégénératives (parkinsonisme) s'ac-
compagnent souvent d'instabilité prothétique, les dents
porcelaine risquent de se fracturer et de faire du bruit.
- Lors des séances de nettoyage, les risques de fractures L'utilisation des adhésifs reste un sujet controversé opposant
consécutives à des chutes sont diminués. des praticiens reconnaissant une certaine efficacité aux
adhésifs quant à la rétention et à la stabilisation prothétique, cas particulièrement complexes avec une résorption
à ceux réfutant leur utilisation, car à leurs yeux, seule une majeure rendant une stabilisation et une rétention méca-
réalisation précise de la prothèse complète apporte réten- nique quasiment impossibles (fig. 28-7, 28-8) ; enfin, chez
tion et stabilisation. des patients que l'on ne peut pas appareiller à cause de leur
Cependant, les mentalités sont en train d'évoluer et force état de santé, dont la fonction masticatoire très limitée pour-
est de constater que ces produits, objets de multiples publi- rait engendrer des carences alimentaires.
cités, sont utilisés par les patients16.