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Dépôt légal – 2e trimestre 2002


Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada

ISBN-2-921184-22-2 (ensemble)
ISBN-2-921184-25-7 (volume 1)

Copyright © Les Éditions du IIIe millénaire, 2002

La première édition de cet ouvrage a été publiée aux États-Unis en 1954 par
l’Agni Yoga Society Inc., 319 West, 107 Street, New York, N.Y. 10025, U.S.A.
Copyright © Agni Yoga Society 1954

Tous droits réservés. On ne peut reproduire, enregistrer ni diffuser aucune


partie du présent ouvrage, sous quelque forme ou par quelque procédé que ce
soit, électronique, mécanique, photographique, sonore, magnétique ou autres,
sans avoir obtenu au préalable l’autorisation écrite de l’éditeur.

Les Éditions du IIIe millénaire


Sherbrooke (Québec)
Canada
(819) 823-0426
Courriel : info@editions3m.com
Internet : http://www.editions3m.com

Conception graphique de la couverture : Graphic-Art, Sherbrooke.


Mise en pages : Gina Fattore, Sherbrooke.

_____________________________________________________________
* Première de couverture : CELLE QUI GUIDE, Série « Son Pays », 1924.
Nicolas Roerich. Détrempe sur toile. Centre International des Roerichs,
Moscou.
* Quatrième de couverture : ÉLÉNA IVANOVNA ROERICH, 1931.
Svétoslav Roerich. Huile sur toile. Musée Nicolas Roerich, New York.

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PRÉFACE

« C’est lorsque les portraits de grandes figures historiques nous par-


viennent de la lointaine antiquité qu’ils peuvent le plus facilement être
assimilés par nos consciences. Même voilés dans des mythes et des
légendes, ils deviennent très présents. Avec le passage du temps, tout
semble possible. Écrivains et artistes de toutes les époques attribuent leurs
plus précieuses inspirations à ces figures du passé. Des générations entières
s’inspirent de ces héros et héroïnes. Personne ne les jalouse et personne
ne réfléchit vraiment au prix qu’ils ont dû payer pour la réalisation de leurs
accomplissements. Seul nous reste le souvenir d’une glorieuse ascension.
« Il en va tout autrement, cependant, lorsqu’il s’agit de personnalités
qui ont vécu dans un passé plus récent, pour ne rien dire de celles du temps
présent. Prenons par exemple les esquisses biographiques de grandes per-
sonnalités qui se sont éteintes récemment. On y mentionne tant de choses
qui ne sont ni caractéristiques ni essentielles ! Cela montre que leur vie
n’a pas encore été évaluée ni appréciée correctement. On y inclut systéma-
tiquement les éléments les plus incertains et les moins documentés, si bien
que les conclusions, même si elles ne sont pas franchement hostiles,
laissent une impression négative.
« Bien entendu, avec les années, les plateaux de la balance retrouvent
leur équilibre. La justice populaire finit par éliminer en grande partie ce
qui obscurcissait la vision des contemporains. Le jugement des âges ne
demeure pas nécessairement négatif. Même si, sur la courte période d’un
siècle, nous voyons que bien des déséquilibres ont été rétablis, il subsiste
encore de longues pages de calomnies contre de grandes âmes. De même,
nos aïeux ont pu voir évoluer les opinions à l’égard de certaines actions
ou certains événements qui, d’abord condamnés par un grand nombre
de gens, sont ensuite devenus la fierté de leur nation et même du monde
entier. Ce genre de choses se produit encore aujourd’hui.
« De magnifiques personnalités passent devant nous, des hommes et
des femmes qui sont les vrais créateurs de la culture. Et nous devrions
les découvrir immédiatement plutôt que d’attendre si longtemps. Pourquoi
les oublier dans des archives et les soustraire à la vue jusqu’à ce qu’elles
resurgissent dans la fantaisie de l’imagination populaire ?

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« Nous rencontrons ici une figure contemporaine remarquable, une
femme exceptionnelle. Révélant dès l’enfance des qualités inhabituelles,
on la voit, toute petite, emporter en secret le lourd volume de la Bible
illustrée par Gustave Doré. Ployant sous son poids, le cachant des grandes
personnes, elle a pris ce trésor pour en approfondir les illustrations et,
finalement, après avoir appris à lire toute seule, pour en étudier les
Testaments.
« À un âge étonnamment précoce, elle prenait aussi des rayons de la
bibliothèque de son père des volumes de philosophie. Dans un environne-
ment bruyant – même riche en distractions – elle a été capable de déve-
lopper une profonde contemplation de la vie, comme si cela était un
acquis de longue date. La droiture, la justice, la recherche constante de
la Vérité et l’amour pour le travail créatif, tout cela transformait la vie autour
de cet esprit jeune et fort. Toute la famille, la maisonnée entière était
influencée par les mêmes principes de bienveillance. Éléna Ivanovna
supportait toutes les difficultés, tous les dangers, grâce à la même volonté
stoïque. La connaissance acquise et les efforts vers la perfection suscitaient
des solutions aux problèmes et menaient ses proches vers une voie
lumineuse. Elle repérait toujours avec acuité l’ignorance, l’obscurité et
la méchanceté. Partout où cela était possible, elle guérissait physique-
ment et spirituellement. Sa vie était remplie d’un véritable travail. Du
matin au soir, tout ce qu’elle faisait était pour le bien de l’humanité. Elle
entretenait une énorme correspondance, elle écrivait des livres, elle tradui-
sait des œuvres en plusieurs volumes, et tout cela avec une énergie sans
faille. Elle venait même à bout des circonstances les plus difficiles par une
foi véritable qui se transforma en une réelle connaissance directe. Assuré-
ment, il faut de merveilleuses accumulations pour manifester pareilles
connaissances ! Tous les jeunes gens devraient pouvoir tirer de cette vie
infatigable un exemple d’austères accomplissements, de bienveillance
et de travail constructif. Lorsque seront connues les difficultés de cette
œuvre inspirée, elle deviendra une aide particulièrement utile pour prendre
conscience qu’un progrès incessant est possible. On pense souvent que
tout est désespéré, que le bien est sans défense contre le mal, tant sont
grandes les illusions crées par le désespoir des hommes. C’est pourquoi
des exemples valeureux sont d’une si grande importance. Nous pouvons
nous réjouir de l’encouragement que représente son exemple pour tous
ceux et celles qui entreprennent un travail constructif. » (Nicolas
Roerich, Nerushimoye).
C’est ainsi que s’exprime le témoin le plus intime ! Nous qui sommes
les amis et les admirateurs des œuvres d’Éléna Ivanovna, nous pouvons

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recevoir à travers ses lettres des éclairs ardents de sa vaste et sage
contemplation. Sa vie entière n’est-elle pas imprégnée de feu ? Le mouve-
ment féminin, les recherches cosmologiques, l’Éthique Vivante – on
peut trouver tout cela dans ses lettres à ses amis. Éléna Ivanovna ne
voulait pas qu’on publie ses lettres, mais nous, ses nombreux amis, nous
nous sommes échangé des copies de ses indications les plus précieu-
ses. Finalement, face à la demande grandissante d’un nombre toujours
croissant d’amis et de collaborateurs, nous sommes arrivés à la conclu-
sion qu’il devenait nécessaire de les publier. Éléna Ivanovna a enfin
donné sa permission. Bien sûr, ce premier volume contient un nombre
relativement restreint de lettres, ou plutôt de fragments de lettres, qui
dans la plupart des cas ne sont que des réponses à différentes questions
de collaborateurs. Les noms des collaborateurs et leur lieu de résidence
ne sont pas mentionnés, car ce qui importe est le sujet traité. Quant aux
correspondants, ils savent eux-mêmes à qui les lettres étaient destinées
et à quelle occasion elles furent écrites.
La publication de ces lettres révélera l’étendue de la pensée de
cette femme remarquable. En Russie comme à l’étranger, pendant ses
voyages à travers le monde, elle s’est toujours consacrée au service de
sa patrie et de l’humanité.
La Russie a donné au monde un nombre considérable de femmes
remarquables dans divers domaines. Pensons à des héroïnes comme
Kovalevskaïa, Blavatsky, Dashkova, Volkonsky, Morozova et beaucoup
d’autres encore. Maintenant comme dans le passé, elles ont mis au service
de l’humanité leurs connaissances et leurs talents exceptionnels. Les activi-
tés des femmes ne sont reconnues que depuis peu, mais nous pouvons
déjà voir l’influence de la femme dans toutes les sphères d’activité : arts,
littérature, philosophie, médecine, éducation, industrie, aviation – bref,
partout où le monde nouveau est en construction. Éléna Ivanovna a
toujours souhaité publier un livre de valeur, une œuvre bibliographique
consacrée à la femme. En outre, elle n’a jamais eu l’intention de s’éloigner
du monde. Au contraire, elle pense toujours en termes de la collaboration
la plus grande et la plus étroite qui mettrait fin à jamais aux limitations
conventionnelles de l’ignorance.
Ayant le privilège de présenter les pensées d’une femme extraordi-
naire, les éditeurs se font une joie d’offrir à tous les chercheurs de la
vérité et de la culture la possibilité de se familiariser avec les lettres
profondément inspirantes d’Éléna Ivanovna Roerich.

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NOTE DES ÉDITEURS
pour l’édition en langue anglaise

L’édition originale du présent livre a été publiée en 1940, en Russie,


par l’Association Roerich lettone de Riga.
Les éditeurs expriment leurs plus sincères remerciements à madame
V.L. Dutko, qui a réalisé la première traduction anglaise des lettres,
pour la qualité et la subtilité de son travail. Sans sa patience et son
dévouement, la présente publication n’aurait pas été possible.
Les Lettres d’Éléna Roerich font partie intégrale de l’Enseignement
de l’Éthique Vivante transmis par l’Association Agni Yoga.

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NOTE DES ÉDITEURS
pour l’édition en langue française

Les Éditions du IIIe millénaire sont heureuses de contribuer à faire


connaître l’œuvre d’Éléna Roerich et de rendre enfin accessibles aux
lecteurs de langue française ces textes d’une rare qualité et d’une grande
profondeur.
Cette publication n’aurait pas été possible sans l’assistance de nom-
breuses personnes. Nous souhaitons tout d’abord remercier pour leur
précieuse collaboration les membres de l’Association Corona Mundi de
Genève, et plus particulièrement mesdames Suzanne Wohlgemuth et
Édith Schaer et monsieur Matthis Behrens. Nous souhaitons également
souligner la collaboration de mesdames Marianne Chaumette, Jean Fletcher
et Aida Tulskaya et de messieurs Yves Chaumette, Daniel Entin et Gvido
Trepsa. Finalement, un merci très sincère à tous ceux et celles dont le
nom n’est pas mentionné et qui nous ont apporté une aide souvent
importante et très appréciée.
Nous considérons ces lettres comme une merveilleuse prairie de fleurs
vivantes et riches. Puissent les effluves puissants qui s’en dégagent
revivifier la sphère de la spiritualité terrestre et aider chacun et chacune
à édifier une vie de valeur, pleine d’audacieux accomplissements.

Michel Mercier et Claudette Nadon

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TABLE DES MATIÈRES

Préface ....................................................................................................... vii

Note des éditeurs pour l’édition en langue anglaise ..................................... x

Note des éditeurs pour l’édition en langue française ................................... xi

PARTIE I – LETTRES À L’AMÉRIQUE – 1929-1932


Lettre 1 – 1929 .......................................................................................... 3
Lettre 2 – 1er mars 1929 ............................................................................ 6
Lettre 3 – 19 octobre 1929 ...................................................................... 10
Lettre 4 – 13 octobre 1929 ...................................................................... 12
Lettre 5 – 11 février 1929 ....................................................................... 15
Lettre 6 – 17 décembre 1929 .................................................................. 20
Lettre 7 – 11 septembre ........................................................................... 22
Lettre 8 – 15 janvier 1930 ....................................................................... 26
Lettre 9 – 24 février 1930 ....................................................................... 30
Lettre 10 – 24 juin 1930 .......................................................................... 35
Lettre 11 – 17 août 1930 ......................................................................... 37
Lettre 12 – 7 octobre 1930 ...................................................................... 43
Lettre 13 – 13 octobre 1930 .................................................................... 46
Lettre 14 – 3 décembre 1930 .................................................................. 51
Lettre 15 – 17 décembre 1930 ................................................................ 56
Lettre 16 – 7 janvier 1931 ....................................................................... 60
Lettre 17 – 15 janvier 1931 ..................................................................... 63
Lettre 18 – 21 janvier 1931 ..................................................................... 67
Lettre 19 – 13 mai 1931 .......................................................................... 71
Lettre 20 – 29 mai 1931 .......................................................................... 75
Lettre 21 – 3 juin 1931 ............................................................................ 82
Lettre 22 – 11 juin 1931 .......................................................................... 89
Lettre 23 – 17 juin 1931 .......................................................................... 90
Lettre 24 – 30 juin 1931 .......................................................................... 95
Lettre 25 – 20 juillet 1931....................................................................... 99
Lettre 26 – 21 août 1931 ....................................................................... 101
Lettre 27 – 7 octobre 1931 .................................................................... 107
Lettre 28 – 21 octobre 1931 .................................................................. 111
Lettre 29 – 8 novembre 1931 ................................................................ 116
Lettre 30 – 12 décembre 1931 .............................................................. 118
Lettre 31 – 5 mai 1932 .......................................................................... 121

xiii
Lettre 32 – 27 juin 1932 ........................................................................ 122
Lettre 33 – 7 juillet 1932 ....................................................................... 125
Lettre 34 – 6 octobre 1932 .................................................................... 127
Lettre 35 – 12 octobre 1932 .................................................................. 130
Lettre 36 – 10 novembre 1932 .............................................................. 132
Lettre 37 – 17 novembre 1932 .............................................................. 135
Lettre 38 – 10 décembre 1932 .............................................................. 137
Lettre 39 – 29 décembre 1932 .............................................................. 139

PARTIE II – LETTRES À L’EUROPE – 1931-1934


Lettre 1 – 24 avril 1931 ......................................................................... 147
Lettre 2 – 28 août 1931 ......................................................................... 148
Lettre 3 – 26 décembre 1931 ................................................................ 153
Lettre 4 – 15 janvier 1932 ..................................................................... 155
Lettre 5 – 24 novembre 1932 ................................................................ 157
Lettre 6 – 1933 ...................................................................................... 159
Lettre 7 – 27 janvier 1933 ..................................................................... 161
Lettre 8 – 10 mai 1933 .......................................................................... 167
Lettre 9 – 19 juin 1933 .......................................................................... 169
Lettre 10 – 8 février 1934 ..................................................................... 175
Lettre 11 – 17 février 1934 ................................................................... 178
Lettre 12 – 17 avril 1934 ....................................................................... 184
Lettre 13 – 17 avril 1934 ....................................................................... 193
Lettre 14 – 26 avril 1934 ....................................................................... 195
Lettre 15 – 5 mai 1934 .......................................................................... 200
Lettre 16 – 6 mai 1934 .......................................................................... 207
Lettre 17 – 25 mai 1934 ........................................................................ 214
Lettre 18 – 26 mai 1934 ........................................................................ 216
Lettre 19a – 2 juin 1934 ........................................................................ 222
Lettre 19b – 7 juin 1934 ........................................................................ 232
Lettre 20 – 14 juin 1934 ........................................................................ 239
Lettre 21 – 30 juin 1934 ........................................................................ 245
Lettre 22 – 6 juillet 1934 ....................................................................... 251
Lettre 23 – 21 juillet 1934..................................................................... 253
Lettre 24 – 1er août 1934 ....................................................................... 263
Lettre 25 – 8 août 1934 ......................................................................... 269
Lettre 26 – 11 août 1934 ....................................................................... 274
Lettre 27 – 12 août 1934 ....................................................................... 278
Lettre 28 – 17 août 1934 ....................................................................... 280
Lettre 29 – 23 août 1934 ....................................................................... 288
Lettre 30 – 29 août 1934 ....................................................................... 291
Lettre 31 – 8 septembre 1934 ............................................................... 299
Lettre 32 – 12 septembre 1934 ............................................................. 311
Lettre 33 – 15 septembre 1934 ............................................................. 324
Lettre 34 – 10 octobre 1934 .................................................................. 326

xiv
Lettre 35 – 18 octobre 1934 .................................................................. 334
Lettre 36 – 8 novembre 1934 ................................................................ 337
Lettre 37 – 15 novembre 1934 .............................................................. 342
Lettre 38 – 6 décembre 1934 ................................................................ 346
Lettre 39 – 12 décembre 1934 .............................................................. 353
Lettre 40 – 12 décembre 1934 .............................................................. 359
Lettre 41 – 12 décembre 1934 .............................................................. 366
Lettre 42 – 20 décembre 1934 .............................................................. 369

PARTIE III – 1935


Lettre 1 – 9 janvier 1935 ....................................................................... 379
Lettre 2 – 11 janvier 1935 ..................................................................... 382
Lettre 3 – 16 janvier 1935 ..................................................................... 385
Lettre 4 – 1er février 1935 ..................................................................... 393
Lettre 5 – 28 février 1935 ..................................................................... 403
Lettre 6 – 5 mars 1935 .......................................................................... 406
Lettre 7 – 5 mars 1935 .......................................................................... 411
Lettre 8 – 8 mars 1935 .......................................................................... 413
Lettre 9 – 12 mars 1935 ........................................................................ 418
Lettre 10 – 22 mars 1935 ...................................................................... 422
Lettre 11 – 25 mars 1935 ...................................................................... 427
Lettre 12 – 12 avril 1935 ....................................................................... 433
Lettre 13 – 18 avril 1935 ....................................................................... 440
Lettre 14 – 20 avril 1935 ....................................................................... 443
Lettre 15 – 30 avril 1935 ....................................................................... 450
Lettre 16 – 8 mai 1935 .......................................................................... 457
Lettre 17 – 21 mai 1935 ........................................................................ 463
Lettre 18 – 31 mai 1935 ........................................................................ 467
Lettre 19 – 6 juin 1935 .......................................................................... 474
Lettre 20 – 11 juin 1935 ........................................................................ 481
Lettre 21 – 11 juin 1935 ........................................................................ 483
Lettre 22 – 18 juin 1935 ........................................................................ 493
Lettre 23 – 18 juin 1935 ........................................................................ 497
Lettre 24 – 24 juin 1935 ........................................................................ 503
Lettre 25 – 8 juillet 1935 ....................................................................... 509
Lettre 26 – 6 juillet 1935 ....................................................................... 512
Lettre 27 – 9 juillet 1935 ....................................................................... 516

Table analytique des matières ................................................................... 521

xv
xvi
PARTIE I

LETTRES À L’AMÉRIQUE

1929 – 1932
2
LETTRE 1

1929

Mes jeunes amis,


C’est depuis l’Inde lointaine, le pays de la beauté, des réalisations
de l’esprit et des pensées élevées, que j’envoie à vous tous qui êtes
rassemblés au nom du grand labeur et de la structure de l’avenir mes
salutations affectueuses ! Je vous convie à votre perfectionnement et
aux accomplissements sans limites.
Le livre des nouvelles découvertes et la lumière de l’audace s’ouvrent
à l’humanité, et vous avez déjà entendu parler de l’approche de l’Ère
Nouvelle. Chaque époque est définie par son Appel. Celui de la Nouvelle
Ère aura pour fondement le pouvoir de la pensée. C’est pourquoi nous
vous invitons à vous pénétrer de la grande importance de la pensée créa-
trice. Le premier pas dans cette direction sera l’ouverture de la cons-
cience et l’absence de préjugé et d’idées imposées ou tendancieuses.
Jetons un regard sur l’immensité du ciel nocturne. Survolons en pen-
sée les mondes innombrables et les profondeurs cachées de l’espace infini.
Dans sa substance la pensée est elle aussi infinie, et ses seules limites
sont celles que notre conscience essaie de lui imposer. En conséquence,
entreprenons sans délai la seconde étape, soit l’élargissement de la cons-
cience. L’antique sagesse de l’Inde dit : « La pensée est la cause première
de la création du monde. » Le valeureux Bouddha a souligné que le con-
tenu de la pensée forme notre essence. Il a enseigné à ses disciples
comment élargir leur conscience. Lao-Tseu, Confucius, le Christ – tous ces
Instructeurs de l’esprit et grands penseurs – ont enseigné la même chose.
Le grand Platon disait : « Les pensées gouvernent le monde. » Les
scientifiques d’aujourd’hui, et notamment le professeur Compton, ont
déclaré qu’il est probable qu’il existe une force active et rationnelle au
sein de chaque phénomène de la nature, et que la pensée influe sur la
matière. Le professeur Compton conclut avec ces mots remarquables :
« Il est possible que les pensées des hommes soient les facteurs les plus
importants dans le monde. »
Dans cette perspective, familiarisons-nous avec l’histoire du déve-
loppement de la pensée. En mettant de côté tous les préjugés de lieu,

3
d’époque et de nationalité, nous récolterons comme des abeilles le miel
précieux de la pensée créatrice de l’homme !
Après avoir utilisé comme fondation les puissantes réalisations des
grands créateurs qui ont façonné notre conscience, entreprenons la troi-
sième étape : le développement de notre propre pensée, de notre propre
créativité. Ces nouvelles combinaisons nous permettront de tirer des
étincelles du feu de la pensée, cette couronne de l’Univers.
Souvenons-nous qu’un être pensant n’est jamais seul, car la pensée
est un aimant très puissant et qu’elle attire de l’espace une réponse de
même nature. Par conséquent, si nous voulons recevoir de belles répon-
ses, nous devrions envoyer dans l’espace vibrant nos pensées tendues
par l’effort et saturées du pur feu du cœur. Seule la pensée spiritualisée
par l’effort, nourrie par le cœur, peut créer et attirer une réponse comme
un aimant puissant. Sans cette qualité d’effort et de feu, la pensée est
stérile. Aspirons donc à la connaissance, à des pensées universelles, et
dans notre effort ayons de l’audace, car seule la pensée audacieuse
trace de nouvelles voies.
Vous, mes jeunes amis, qui êtes familiers de l’art et de la création,
vous devriez être capables d’utiliser vos talents comme une condensation
de vos forces, car le son et la couleur, la pensée et le rythme sont les fonde-
ments de l’Univers et de notre existence. Le son et la couleur, la connais-
sance et la création sont le calice d’Amrita, le calice de l’Immortalité !
L’éternelle et continuelle création de la vie universelle nous entoure.
Nous en faisons partie et nous devrions donc créer à chaque instant de
notre vie par nos pensées, par nos paroles et par nos actions.
Mes jeunes amis, emplissez le trésor de votre esprit. Absorbez tous
les sons, toutes les couleurs, tous les rythmes de la source insondable
de l’espace. Ces vibrations subtiles, si vous les absorbez consciemment,
affineront votre réceptivité et votre pensée.
L’affinement de votre réceptivité vous permettra de pénétrer dans
les Sanctuaires de l’Espace et vous ouvrira le sentier glorieux de l’accom-
plissement et de l’ascension continue et sans fin.
Mes amis, travaillez avec toute la tension de vos forces, car ce n’est
que lorsque vous atteindrez la limite de cette tension que de nouvelles pos-
sibilités s’offriront à vous. Les lois sont les mêmes pour toutes choses.
Nous savons que les plus grands efforts donnent naissance à des énergies
sublimes. Ainsi, une activité accrue et une force intensifiée pourront
seules vous permettre d’atteindre la beauté.

4
Et je vous en conjure, ne craignez pas les difficultés. Montrez-
vous disposés à affronter tous les obstacles, car chaque obstacle vous
fortifie et vous conduit vers une victoire future. Essayez d’aimer les
difficultés et dites : « Bénis soient les obstacles, car ils nous rendent
plus forts. » Courageusement, inspirés par l’effort, réalisant la majesté
du perfectionnement sans fin de la vie créatrice, dirigez-vous vers l’appel
de l’Infinité – l’infinité des vies, l’infinité des accomplissements, l’infinité
des connaissances, l’infinité des créations et l’infinité de la beauté !
Mes jeunes amis, écoutez l’Appel de l’Infinité Créatrice !

5
LETTRE 2

1er mars 1929

La grande époque qui approche est étroitement liée à l’influence de


la femme. Comme aux meilleurs jours de l’humanité, l’époque à venir
offrira de nouveau à la femme sa place légitime, à côté de son compagnon
et coéquipier de toujours, l’homme. Vous devez vous rappeler que la gran-
deur du Cosmos est construite à partir d’une double Origine. Est-il
possible, par conséquent, de faire fi d’un de ses Éléments ?
Toutes les misères actuelles et à venir ainsi que les cataclysmes cosmi-
ques sont, dans une grande mesure, le résultat de l’assujettissement et
de l’humiliation de la femme. Le déclin épouvantable de la moralité, les
maladies et la dégénérescence de certaines nations sont également le
résultat de la dépendance servile de la femme. Celle-ci n’a pas droit au privi-
lège humain le plus grand : la participation totale à la pensée créatrice et
au travail constructif. Elle est privée non seulement de droits égaux à
l’homme, mais aussi, dans de nombreux pays, d’une éducation égale à
celle de l’homme. On ne lui permet pas de montrer qu’elle est capable
d’établir la vie sociale et gouvernementale, alors que, de par la Loi Cosmi-
que et le Droit Cosmique, elle en fait partie intégrante. Mais une esclave
féminine ne peut donner au monde que des esclaves. Le proverbe « Telle
mère, tel fils » a un fondement cosmique et scientifique. Comme les fils
ressemblent le plus souvent à leur mère et les filles à leur père, grande est
la justice cosmique ! En humiliant la femme, l’homme s’humilie lui-même !
Cela explique aujourd’hui le manque de génie de l’homme.
Les terreurs et les crimes d’aujourd’hui auraient-ils été possibles si
les deux Origines avaient été équilibrées ? C’est entre les mains de la
femme que repose le salut de l’humanité et de notre planète. La femme
doit prendre conscience de son importance, de la grande mission de la
Mère du Monde ; elle devrait être prête à assumer la responsabilité de la
destinée de l’humanité. La mère, dispensatrice de la vie, a pleinement le
droit d’orienter la destinée de ses enfants. La voix de la femme, la mère,
devrait être entendue parmi les dirigeants de l’humanité. La mère suggère
les premières pensées conscientes à son enfant. Elle dirige ses aspirations
ainsi que ses capacités, et leur donne les qualités nécessaires. Mais la
mère qui n’a aucune notion de culture ne pourra suggérer que des expres-
sions inférieures de la nature humaine.

6
La femme qui s’efforce vers la connaissance et la beauté, et qui a
conscience de sa haute responsabilité, élèvera énormément le niveau
total de la vie. Il n’y aura pas de place pour les vices repoussants qui
conduisent à la dégénérescence et à la destruction de pays entiers.
Mais en cherchant à s’éduquer, la femme doit se souvenir que tous
les systèmes d’éducation ne sont que des moyens pour développer une
connaissance et une culture supérieures. La véritable culture de la pensée
se développe par la culture de l’esprit et du cœur. Seule cette association
permet d’obtenir cette grande synthèse sans laquelle il est impossible
de comprendre la grandeur, la diversité et la complexité réelles de la vie
humaine dans son évolution cosmique. Par conséquent, tout en recherchant
la connaissance, puisse la femme se rappeler la Source de la Lumière
et les Guides de l’Esprit – à savoir les grands Esprits qui ont vraiment
créé la conscience de l’humanité. En approchant de cette Source, de ce
Principe de Synthèse puissant, l’humanité trouvera la voie qui mène à
l’évolution véritable.
Et la femme est celle qui devrait connaître et proclamer ce Principe
dominant, car depuis le commencement, elle a été choisie pour lier les
deux mondes, le visible et l’invisible. La femme possède le pouvoir de
l’énergie sacrée de la vie. L’époque qui arrive apporte la connaissance
relative à cette puissante énergie omniprésente, qui se manifeste dans
toutes les créations immortelles du génie humain.
La femme occidentale est éveillée et a conscience de ses pouvoirs.
Ses contributions à la culture sont déjà évidentes. Cependant, la majorité
des femmes occidentales – comme tous les débutants – commencent par
l’imitation, alors que la vraie beauté et l’harmonie réelle se trouvent dans
l’expression originale de soi-même. Aimerions-nous voir l’homme
perdre la beauté virile de sa nature ? L’homme qui a le sens de la beauté
ne désire certainement pas voir une femme imiter ses habitudes et rivaliser
avec ses vices. L’imitation commence toujours avec ce qui est le plus
facile. Mais nous espérons que cette première étape sera vite dépassée et
que la femme approfondira sa connaissance de la Mère Nature et trouvera
des modes d’expression personnels et authentiques.
Le Cosmos manifeste l’unité de la loi et pourtant il n’y a pas de répéti-
tion dans sa variété. Pourquoi donc l’humanité recherche-t-elle l’unifor-
mité en tout, alors qu’elle viole en même temps l’unité fondamentale de
la loi ? L’homme recherche l’uniformité de perception, l’uniformité de
vie et plus particulièrement l’uniformité de pensée. On oublie que l’unifor-
mité d’expression mène à la stagnation et à la mort. La vie et son pouvoir

7
changent perpétuellement de forme. Il convient d’appliquer ce principe
fécondant dans toutes les expressions de notre existence.
Recueillons les images les plus belles et les plus héroïques des plus
grands personnages de tous les temps et de tous les pays et, avec une
imagination créatrice, adaptons leurs accomplissements à notre vie en
prenant en considération les particularités de notre époque. Seule pareille
imitation fournira un fondement correct aux progrès ultérieurs.
Je terminerai mon message à la femme par une page tirée de l’Ensei-
gnement de Vie :
« Quand les nations ont commencé à se désunir, il en est résulté
l’autodestruction. Seul un retour à l’équilibre peut y mettre fin. L’huma-
nité n’applique pas les principes de créativité dans une proportion cor-
recte et elle viole de ce fait les fondements de l’Être. Quand, par la loi de
l’Aimant Cosmique, les formes inférieures sont subordonnées aux formes
supérieures, cela ne concerne que les énergies qui devraient être
transmutées. Mais, quand les Origines sont appelées à créer et à donner
la vie, il est impossible d’écarter l’une d’elles sans qu’il en résulte l’autodes-
truction. Par conséquent, l’humanité ne commencera sa véritable évolu-
tion que lorsque les deux Origines seront affirmées dans la vie. Tous les
principes qui n’incluent pas la compréhension de la double Origine ne
peuvent qu’accroître le manque d’équilibre. L’humanité doit comprendre
la loi de l’Aimant Cosmique. On peut grandement aider l’évolution en
prenant conscience de la splendeur de la double Origine qui est le fon-
dement de la Vie. »
Même cette simple vérité n’a pourtant pas encore trouvé sa place
dans la conscience de l’être humain ! Les scientifiques – biologistes, chi-
mistes et physiciens – devraient connaître la vérité sur le double Élément,
ou polarité, mais ils sont silencieux. Une telle vérité, dans son application
la plus sacrée et la plus vitale, est méprisée, et la loi du plus fort domine
égoïstement. Le malheur vient du fait que le mental de l’homme est coupé
de sa source, la Conscience Cosmique. Bien qu’il fasse partie du Cosmos,
l’être humain ne saisit pas encore sa solidarité, son unité avec le Cosmos.
Et ses observations des manifestations de la nature ne lui suggèrent aucune
analogie. Pourtant, ce n’est que par l’observation et les comparaisons
avec la nature humaine qu’il est possible de trouver des clefs à tous les
mystères de la vie et, par conséquent, la solution à de nombreux problè-
mes de la vie quotidienne. Les gens, comme des perroquets, aiment à
répéter cette formule ancienne : « Tout ce qui est en haut est comme ce
qui est en bas ! » On dit et répète bien des choses, sans faire réellement
attention à leur signification. Les dogmes imposés, les lois humaines et

8
le niveau de vie ont conduit l’humanité à négliger le processus de la pen-
sée. La pensée humaine, à de rares exceptions près, est devenue mécani-
que. Tout le monde prêche diverses libertés, mais les écoles de pensée
les plus opposées s’apparentent sur une chose : elles ont toutes peur de
la liberté de pensée !
C’est pourquoi la femme doit défendre non seulement ses propres
droits, mais aussi le droit de penser librement pour l’ensemble de l’huma-
nité ! Grâce au développement de la pensée, nos possibilités s’étendront.
Ayons les pensées les plus larges et les plus pures. Il est dit :
« Un royaume n’est pas composé de personnages royaux et de sujets,
mais est créé par des idées cosmiques. Créons nos propres villes, nos pays,
nos planètes ! Mais que ces pensées soient créées par le cœur, puisque
seule la pensée née du cœur est vivante. Le cœur est le plus grand
Aimant Cosmique. Toutes les énergies cosmiques sont attirées par le
cœur, qui les assimile. Le cœur manifeste dans la vie toutes les aspirations.
Le feu de l’espace est attiré vers le cœur et le processus cosmique tout
entier repose sur ce principe. Par conséquent, le Cosmos existe dans
l’attraction du cœur. Seules les énergies qui sont fondées sur l’attraction
du cœur sont vitales. C’est ainsi qu’à l’infini la chaîne de la vie est
forgée par le cœur. »
Avez-vous écouté votre cœur ? Est-ce qu’il bat au rythme du Cœur
Parfait qui tous vous étreint ?
C’est avec ces mots que je terminerai cet exposé sur le cœur. Que
la femme affirme ce grand symbole qui peut transfigurer la vie tout
entière. Puisse-t-elle s’efforcer de transmuter la vie spirituelle de l’huma-
nité.
Puisse la mère qui donne la vie et la protège devenir également la
Mère, celle qui Guide, celle qui Donne Tout et Reçoit Tout.

9
LETTRE 3

19 octobre 1929

Aujourd’hui, j’écris en employant les mots du Grand Instructeur con-


cernant le Sacrement de la Hiérarchie. Il s’agit d’un véritable sacrement,
puisqu’il est fondé sur la loi immuable et exacte de l’Aimant Cosmique
qui conduit tous les êtres vers la perfection. Il est nécessaire de compren-
dre avec clarté, avec précision et d’une façon globale, que la Hiérarchie
est la seule voie vers le progrès. Nous devons comprendre la chaîne de la
Hiérarchie dans sa totalité, tout en nous attachant fermement au maillon
qui est le plus près de nous. Malheur à celui qui essaie de sauter ce maillon
et qui perd ainsi le contact. Il lui sera alors impossible de s’y rattacher, car
le mouvement de l’ensemble de la chaîne éloignera le maillon salutaire.
C’est là une très grave erreur ! Il perdra beaucoup de temps à essayer de
retrouver le maillon vibrant qui répond à son appel. Mais comme l’ancien
maillon aura été emporté dans le mouvement rythmique de l’ensemble de
la chaîne hiérarchique, le nouveau maillon sera nécessairement différent
en séquence et en tension.
« Le Cosmos tout entier est fondé sur la subordination de l’inférieur
au supérieur. La subordination de l’inférieur au supérieur apportera la purifi-
cation. Mais l’humanité soumet à l’inférieur ce qui devrait diriger. Quand
le supérieur dirige, l’inférieur est transmuté. Cette transmutation produit
un enchaînement précieux qui croît à l’infini. Par transmutation, Nous enten-
dons la subordination de l’inférieur au supérieur, et Nous voulons soutenir
la conscience de l’humanité dans le processus du progrès infini. »
Aussi, ne retardons pas la transmutation de notre conscience. Pensons
au premier Hiérarque et honorons celui qui est le plus près de nous, le
Guide terrestre. « Le Guide terrestre est donné pour la vénération, pour
le progrès, pour l’unité, pour la construction. » Si on néglige le Guide terres-
tre, si on le déprécie, on néglige et on rabaisse le Maître qui a confirmé ce
guide comme son représentant. Gardons en mémoire à quel point les
Seigneurs de Lumière tiennent pour inviolable le Sacrement de la Hié-
rarchie. Le Hiérarque est porteur de la Synthèse du Calice et, de ce fait,
il détient à la fois l’obéissance et le commandement. Celui qui ne maîtrise
pas l’art d’obéir n’atteindra jamais l’art de commander. Qu’ils sont beaux
ces deux concepts. La subordination consciente ouvre au commandement.

10
En accordant un appui ferme à la Hiérarchie, nous amenons notre cœur
à une compréhension plus profonde de l’Enseignement de Vie. Cela fait
mal au cœur de sentir à quel point les trésors que l’Instructeur dispense
si généreusement sont si peu compris. C’est sur ces trésors que la nou-
velle race sera fondée. Réfléchissez à la majesté de ce qui est donné !
Je suis remplie d’effroi lorsque je pense à la responsabilité que nous
assumons lorsque nous acceptons ces trésors, sachant que parmi nous
certains n’arrivent toujours pas à comprendre à quel point ils sont impor-
tants pour l’humanité. Ce qui est donné pour être distribué comme nourri-
ture essentielle aux âmes affamées, ce qui devrait faire partie des fonda-
tions de la nouvelle évolution, demeure lettre morte pour eux. Sentez l’appel
de mon esprit ! Relisez le plus souvent possible vos trésors. Recueillez-en
toutes les miettes, et de tout votre être assimilez-les. Elles vous donneront
une compréhension claire et vaste des problèmes les plus difficiles de
l’existence. La seule façon d’agir est de les absorber, et la joie austère
du progrès infini emplira votre cœur. Mon cœur désire ardemment vous
inspirer la joie de la majesté et de la beauté que l’Enseignement de Vie
vous offre. De nouvelles âmes arrivent, toujours plus nombreuses. Nous
devons être capables de les soutenir. Il est nécessaire de donner à chacun
selon sa conscience. Rien n’attire plus les êtres que la parole essentielle
qui libère l’esprit et ouvre de nouvelles possibilités. Tous les êtres sont
attirés vers la Lumière. C’est là la première loi du Cosmos. L’Ensei-
gnement – et la capacité de le donner dans toute son étendue – est
l’aimant qui attire tous les êtres et toutes les opportunités. C’est une
armure qui peut repousser toutes les attaques, une source qui déverse une
joie infinie. Mais elle doit être acceptée par le cœur et non seulement
par la tête.
Aimez-vous les uns les autres, respectez-vous les uns les autres,
mais laissez la vie intérieure de chacun être son Saint des Saints. Vous
êtes unis par le Maître, par l’Enseignement et par l’action. Mais vous
ne devez pas vous juger les uns les autres. Celui qui juge peut aisément
devenir celui qui est jugé aux yeux des Maîtres. N’oublions jamais que
leurs mesures ne sont pas nos mesures terrestres. Une pierre jetée contre
un frère sera pour nous un lourd fardeau. Après avoir accepté la Hiérar-
chie, assimilez l’Enseignement, car la seule joie indestructible est celle
que procure l’élargissement de notre conscience qui nous propulse à
un niveau supérieur du très haut Sacrement de l’Être, là où nos efforts
les plus sacrés et les plus saints se matérialisent, puisque la Réalité
Supérieure est au-delà de toute imagination humaine.

11
LETTRE 4

13 octobre 1929

Ces derniers temps, j’ai beaucoup pensé aux membres de votre groupe,
et je suis toujours convaincue qu’aucun d’entre vous ne peut-être rem-
placé, que chacun est nécessaire. Comme il est simple en de pareilles
circonstances de réaliser la complète harmonie qui garantit la victoire
dans toutes les directions. Mais mon cœur sent que quelque chose
empêche cette unité. Quel est le remède ? La seule solution se trouve,
bien sûr, dans la compréhension du Maître et de l’Enseignement, avec
le cœur et non seulement avec la tête. C’est pourquoi nous devons
consacrer notre attention au développement de notre cœur, cet organe
extraordinaire qui contient en lui-même, dans ses nombreux centres,
toute la créativité et la vie psychique. Sans le développement des centres
du cœur, nous sommes stériles : pas de vie psychique créatrice, pas de
vie dans les sphères supérieures, et la couronne de l’Arhat reste hors
d’atteinte. Ce n’est qu’avec le cœur que nous pouvons approcher la
conscience de l’Arhat, du Maître, puisque sa conscience est dans le
cœur. L’humanité a une compréhension obscure de l’Arhat, mais sans
compréhension véritable, il est impossible d’avancer.
Dans le livre Hiérarchie il est dit :
« […] Habituellement on pense à un Arhat comme s’il habitait les
nuages. Les annales de la pensée contiennent, à ce sujet, des déviations
grotesques. En vérité, Nous, les Frères de l’humanité, ne Nous recon-
naissons nullement dans les images que l’on se fait de Nous avec une
telle imagination. Cela Nous fait dire que si les hommes employaient
bien cette imagination, Nos images revêtiraient leurs formes vraies.
« Pour avoir une vision de l’Arhat conforme à la réalité, il faudrait
comprendre la vie de l’Arhat dans sa dimension véritable. Les divers
éléments ne seraient plus invraisemblables, mais en rapport avec la
réalité. Dans les Mondes Supérieurs, le pouvoir de l’Arhat est sans
limite. » (Hiérarchie, no 12).
« […] L’Arhat avance, portant dans son Cœur la Puissance de
l’Aimant Cosmique ! » (Hiérarchie, no 21).
Mais voyons comment cette Image est décrite par la Conscience
Supérieure :

12
« Le cœur de l’Arhat est comme le Cœur du Cosmos. Le cœur de
l’Arhat est comme le feu du soleil. L’éternité et le mouvement du Cosmos
remplissent le cœur de l’Arhat. Maitreya vient, rayonnant de tous Ses
feux. Son Cœur est embrasé de compassion pour l’humanité déchue.
Son Cœur est embrasé par l’affirmation de nouvelles Alliances.
« Il existe dans la mentalité humaine la conception d’Arhats figés ;
et de misérables faux yogis nourrissent l’imagination des hommes de
leur propre image. Mais lorsque l’humanité réalisera que l’Arhat est la
plus haute manifestation de la Materia Lucida, elle comprendra qu’il
n’y a pas de différence entre la Materia Lucida qui émet la Lumière et
la Substance d’Amour qui imprègne tout de Lumière. L’humanité se
fait une image austère de l’Arhat qui, tout comme la Materia Lucida,
irradie l’Amour. » (Hiérarchie, no 3).
« […] Quand sera-t-il possible d’éclairer les hommes par Notre
Image ? […] La tendance de la pensée humaine rend difficile la compré-
hension de la pureté des sphères supérieures. » (Hiérarchie, no 26).
« […] À celui qui sait qu’un chemin conduit jusqu’à Nous, Nous
disons : “Prenez le sentier de l’amour. Prenez le sentier du labeur. Prenez
le sentier du bouclier de la foi !” À celui qui a trouvé Notre Image dans
son cœur, Nous disons : “Prenez le sentier du cœur et le Calice affirmera
le sentier.” À celui qui, plein de vanité, se croit sur le sentier, Nous con-
seillons : “Apprenez auprès de l’esprit qui connaît.” La suffisance arrête
tout progrès. » (Hiérarchie, no 24).
« Toute la création est contenue dans l’appel du cœur. L’étendue du
Cosmos dans sa totalité est pénétrée par l’appel du cœur. Le Cœur du Cos-
mos et le Cœur de l’Arhat sont pénétrés par cet appel. Appel et réponse
incluent la combinaison des Feux Cosmiques. » (Hiérarchie, no 6).
« […] Le Cœur de Notre Fraternité protège pour l’humanité le sen-
tier vers le Bien Commun. » (Hiérarchie, no 11).

Chacun doit trouver la clé de l’Enseignement dans son propre cœur.


La compréhension de l’Enseignement de Vie devrait libérer la créativité
de l’esprit. L’Image du Maître peut ouvrir une voie illuminée vers l’es-
pace cosmique. Lorsque nous acceptons dans nos cœurs l’Image choisie,
nos cœurs ne sont-ils pas enflammés d’amour envers tous les êtres ? La
Materia Lucida créatrice sert d’incarnation à l’esprit supérieur, mais cette
énergie est attirée par l’amour. Le Cosmos tout entier est soutenu par
l’amour. L’amour est l’aimant le plus puissant.

13
Mon amour pour vous tous et mon désir ardent de vous voir progres-
ser pressent mon cœur de vous indiquer la nécessité du perfectionnement.
[…] Voici maintenant une suggestion d’ordre général. En mettant cette
suggestion en pratique vous devez vous souvenir du décret de l’Ins-
tructeur : « La sévérité envers vous-même et le cœur ouvert pour votre
frère. Seul le regard bienveillant peut créer. » L’Instructeur conseille
toujours d’appliquer l’Enseignement en premier lieu pour soi-même,
sinon nous resterons à la même place. « Il est déplorable, après avoir
parcouru le cycle de sa vie, de voir l’esprit se retrouver au même point.
Il est également déplorable de voir l’esprit se fixer les mêmes limites,
car les résultats d’un tel acte, comme des compagnons de voyage fidèles,
seront inévitablement là à l’attendre au seuil de l’étape suivante. »
Par-dessus tout, développez en vous le sens de la justice et de la
comesure. Ces qualités sont toutes deux évaluées par le cœur. C’est
pourquoi vous devez commencer d’abord à penser au cœur pour vous en
souvenir et ainsi être attentifs à son appel. L’aimant du cœur croît avec
la sincérité et l’effort. Cela n’a rien d’abstrait, car les énergies cosmiques
les plus fines passent à travers le cœur – les énergies les plus fines, les
plus puissantes et les plus créatrices. Mais, pour attirer ces énergies
créatrices, chacun doit allumer ses propres feux. Développez donc tous
vos feux ! Et ne confondez pas la sentimentalité, cette gentillesse pleur-
nicharde, avec les manifestations rigoureuses et sages du cœur. Gardez
en mémoire ce que l’Enseignement dit sur la compassion et la pitié.
Aimez-vous les uns les autres, prenez soin les uns des autres et donnez-
vous de la joie les uns aux autres.

14
LETTRE 5

11 février 1929

Dans vos lettres, vous parlez tous des efforts que vous faites pour
atteindre l’unité. Qu’est-ce donc qui y fait obstacle, alors que vous en ressen-
tez pleinement la nécessité ? Ma réponse : le manque de discipline spiri-
tuelle et l’incapacité d’appliquer en premier lieu l’Enseignement sur vous-
même. Lorsqu’on a besoin de montrer de la tolérance, la vieille habitude
d’un antagonisme incontrôlable ou d’un atavisme pas encore dépassé nous
envahit de toute sa force, et les meilleures intentions sont immédiatement
oubliées. Bien sûr, il est difficile d’extirper d’un seul coup toutes les mauvai-
ses habitudes. Commençons donc par éradiquer le plus urgent – l’intolé-
rance. Dans nos consciences, écrivons en lettres de feu ce testament de
l’Enseignement et pensons-y en commençant et en terminant notre journée,
pendant le travail et pendant le repos.
Souvenons-nous de ce que le Seigneur Bouddha enseignait à Ses disci-
ples, comment Il leur demandait en tout premier lieu d’apprendre à maîtri-
ser leur humeur. Ce n’est que lorsqu’ils avaient appris à contrôler leurs
émotions que le Béni soulevait un peu le voile de l’Enseignement sacré.
Aujourd’hui, la voie de l’Enseignement est restée la même. Pour s’en
approcher et pour en partager les secrets, les mêmes fondations sont
nécessaires : le respect de la Hiérarchie et la discipline de l’esprit.
Nous pouvons construire beaucoup en appliquant les indications et
en saisissant les opportunités accordées par la Généreuse Main du Maître.
Ainsi, en adoptant la direction indiquée, nous nous élevons aux yeux du
monde et, en cette vie, nous menons à bien un bon karma. Mais quels
trésors réels accumulerons-nous si nous ne transmutons pas nos senti-
ments et nos motivations en les dirigeant vers les buts les plus élevés ?
En dépit de tout notre travail dans la direction indiquée par le Grand
Instructeur, la Tour restera inaccessible. Tout cela paraît si compliqué
et si difficile. Et pourtant, en même temps, tout est si facile et si simple.
Si le cœur brûle d’amour et d’enthousiasme pour l’Instructeur, et s’il
brûle également d’amour pour la beauté et l’étendue de l’Enseigne-
ment de Vie, les étincelles ainsi créées pourraient facilement s’attiser
et devenir la flamme de l’effort inextinguible qui transporte au-dessus
de tout et de tous. Luttez mes amis ! Est-ce vraiment si difficile quand

15
l’Image de la Beauté est devant vous ? Pouvoir amener chaque parcelle
de votre être au service du Bien Commun, n’est-ce pas là la joie la plus
grande ? De tels accomplissements sont merveilleux, et rien ne peut les
limiter ! Pourtant, ce qui les rend possible et pleins de joie ne se trouve qu’en
vous. Personne ne peut recevoir plus qu’il ne peut assimiler, sans quoi
s’ensuivrait la destruction. Les lois du Cosmos sont exactes et immuables.
S’il n’y a pas assimilation, ce qui produit la plus grande joie chez l’un peut
entraîner une angoisse intense chez l’autre. Vous devez le comprendre !
Les Rayons envoyés par l’Instructeur dans la joie sublime de son Esprit
susciteront notre angoisse et même ruineront peut-être notre organisme
si nous ne sommes pas préparés à les recevoir. Mes amis, comprenez
bien ceci et préparez-vous à recevoir les Rayons de l’Instructeur. Chaque
rayon du Cosmos peut soit créer, soit détruire. Tout dépend de l’harmo-
nie et de l’assimilation, car « l’être humain faisant partie du Cosmos est
exposé à toutes ses lois ».
Voici une citation tirée du livre Infinité :
« La créativité cosmique utilise toutes les impulsions vitales et tend
les leviers les plus vitaux. De toutes les impulsions, la plus puissante est
l’unification. En elle se trouve la manifestation totale de la vie, par elle
se crée la plus vitale combinaison. Alors, pourquoi ne pas appliquer ce prin-
cipe dans la vie ? Lorsque la différenciation s’oppose à l’unification, une
explosion se produit ; les fragments sont souvent projetés loin les uns
des autres, et ces fragments perdent leur pouvoir d’attraction mutuelle.
De même, en repoussant les forces auxquelles il est relié par le karma,
l’homme génère des forces explosives. La loi ne construit que par unifica-
tion. L’élément d’attraction indique la direction de toutes les énergies qui
tendent vers le but. Les Frères de l’humanité donnent la direction à tous
ceux qui s’affirment sur le sentier de l’évolution. Ainsi, le pouvoir d’attrac-
tion se manifeste en tant que loi de l’Être. Ce pouvoir cosmique d’unifi-
cation confirme le pouvoir de l’Esprit Cosmique. » (Infinité, volume 2, no 7).

Et encore une autre citation :


« Considérons la révolte d’un disciple. Lorsque le disciple camoufle
sa révolte contre la Main Dispensatrice du Maître, cela signifie qu’il cache
derrière lui une poignée de pierres. Nous devons rappeler à un tel disciple
que sa colère se retournera contre lui. Que le disciple qui fait le compte
de ses offrandes les confronte à celles de la Main Dispensatrice – il
constatera combien elles valent peu ! Le disciple qui se considère plus
important que le Guide terrestre coupe son lien avec le Maître. En

16
faisant le compte de ses offrandes, ce disciple a déjà reçu sa récom-
pense. Il n’est pas digne de proclamer sa propre importance. Comme
les remarques d’un tel disciple portent la marque de la légèreté, on
peut présumer que sa liste est incomplète. S’il ne réussit pas à régler
ses dettes karmiques, son voyage sera long. La suffisance est un poi-
son ! On peut déplorer ses propres faiblesses, mais se révolter contre la
Main Dispensatrice, c’est comme tirer une flèche contre un Bouclier.
Les piliers de l’Enseignement soutiennent nos actions ! N’oublions
jamais cela. »
On dit aussi justement à propos de la Hiérarchie :
« Certes, la spirale de la vie est construite uniquement par ce prin-
cipe. La créativité de l’Instructeur se manifeste également dans ce
mouvement éternel. Par conséquent, le développement du disciple doit
progresser au moyen de la créativité de l’Instructeur. Le disciple qui
considère ses réalisations comme lui étant personnelles se rejette hors
des liens de la vérité. En conséquence, je dis qu’il n’existe qu’un Bou-
clier : la Hiérarchie. Le disciple qui pense que son fauteuil confortable
est plus haut que le trône du Guide terrestre doit vraiment se souvenir
de la Main Dispensatrice. Lorsque Je vois un disciple agir avec une
telle arrogance, Je le déplore. Nous considérons l’arrogance envers le
Guide terrestre comme le comble de la suffisance. Que les disciples
s’en souviennent à toutes les étapes. » (Infinité, volume 2, no 27).
Quelqu’un se demande : « Est-ce que les résultats ne sont pas ce
qui importe en premier lieu ? » À ceci je réponds : « Est-ce que quel-
qu’un est déjà en mesure de les évaluer ? » Une telle évaluation pour-
rait bien s’avérer inférieure aux attentes.
Soyez les porteurs des trésors qui vous sont confiés par l’Esprit
illuminé et semez les graines de la créativité spirituelle, en faisant le
plus d’efforts possible, et en comprenant la signification du précieux
Don. Le résultat dépend des efforts qui engendrent la créativité spiri-
tuelle.
Quelqu’un peut se sentir irrité par la sévérité de ce qui vient d’être
dit. Mais puis-je demander : « Est-il possible d’en demeurer encore
aux premières étapes de l’appel, alors que tant de choses agréables
sont offertes ? Sommes-nous toujours restés dans une phase enfantine,
là où le remède salutaire, mais amer, doit être offert enrobé de choco-
lat ? » Il faut avoir du courage et de la patience pour rejeter la vieille
coquille et renaître en cet esprit fait de joie et de lumière. Nous avons
tous fait l’expérience des chutes de l’esprit. Bien que ces chutes soient

17
quasi inévitables, il faut cependant demeurer sur ses gardes, car si la der-
nière se fait plus profondément que la précédente, cela peut s’avérer dange-
reux. La remontée sera difficile et les pertes seront grandes.
Écoutons la voix du cœur qui parle doucement à notre être de l’exis-
tence dans la Forteresse de Lumière des Grands Cœurs Aimants, et qui nous
dit comment l’inaccessible se transforme en un aimant des plus puissants
pour le cœur qui fait des efforts. Rien ne peut arrêter cette attraction si
l’esprit a transmuté ses feux intérieurs.
Vous m’êtes tous si chers et j’aimerais tellement vous avoir autour de
moi pour vous transmettre un petit mot d’encouragement, et surtout pour
grandir avec vous dans la joie de la compréhension de l’Enseignement
infini.
Souvent vos appels me parviennent. Je sens que ce n’est pas facile
pour vous, mais la victoire en sera d’autant plus grande. Souvent mon
cœur vous parle et vous appelle, car la grande tâche est devant nous.
Rendons-la plus facile en appliquant l’Enseignement. Je connais votre
fermeté et votre dévouement, mais tout peut être affiné, et c’est en cela
que réside la joie de notre existence.
Pour l’esprit fort, la difficulté est l’indication du chemin le plus court.
Accueillons toutes les difficultés. La joie est prédestinée, mais auparavant
il est nécessaire de résister aux attaques des ténèbres. Souvenons-nous que
« la volonté et l’énergie sont les maîtres du karma ». Appliquons la puis-
sance de la volonté à la transmutation de nos feux. Attirons le pur feu de
l’espace. Toute joie se révélera avec ce feu pur. Souvenons-nous que l’essence
du feu pur et intense contient la qualité d’unification. Aussi, là où l’unifica-
tion ne se manifeste pas encore, il n’y a pas de feu pur. Seul le feu pur mène
à la Tour.
Je vous envoie tout mon amour et tout mon soutien en ces temps diffici-
les des luttes de l’esprit. Vous êtes constamment protégés. N’en doutez pas.
Chaque disciple est précieux pour le Maître. Chaque mouvement de votre
cœur fait écho dans le Grand Cœur. Les rayons projetés n’atteignent pas
toujours notre conscience physique, mais à chaque minute, ils dispensent
et annihilent tant d’étincelles hostiles autour de vous. Apportez votre appui à
ces messages inestimables par des efforts et une attitude consciente envers
eux. Ils sont envoyés par le Cœur Parfait et par le Mental Parfait.

Êtes-vous convaincus de l’échec complet et de l’équivoque des


manifestations « d’ordre spirituel » de la majorité des médiums ? Chacun

18
ne peut voir que dans sa propre sphère, pas plus et pas moins. Allez-vous
rechercher la connaissance chez une personne seulement parce qu’elle
connaît l’alphabet ? Recherchez l’accumulation du Calice ou la grande
Synthèse. Vous avez accès à ce qu’il y a de plus Haut. Ne chargez pas
votre aura en contactant des sphères imparfaites.

19
LETTRE 6

17 décembre 1929

Du livre Infinité, je cite une page qui révèle l’étroite analogie existant
entre les sept manifestations cosmiques et humaines. Elle vous aidera une
fois de plus à réfléchir au sérieux des événements.
« Le dessein cosmique ne peut naître que dans la tension. Ce n’est que
lorsque toutes les cordes résonnent que ce dessein prend vie. Ce n’est que
lorsque ce dessein assume une forme tendue que ce qui est prédestiné peut
voir le jour.
« Lorsque les fondations du Cosmos soutiennent, par attraction, le dôme
du firmament terrestre, celui-ci peut se maintenir. Mais lorsque les fonda-
tions entravent l’attraction mutuelle, le dôme subit des fluctuations. Ainsi,
les fondations peuvent maintenir ou détruire le dessein. Les fondations
peuvent toujours rassembler les énergies les plus diverses. Le Cosmos
dirige les énergies conformément à la loi de polarité. Ensemble, le négatif
et le positif réalisent la manifestation des diverses combinaisons. » (Infinité,
volume 1, no 322).
Pensez à la profondeur des quelques lignes que je viens de citer, et ne
mettez pas d’obstacle à vos attractions mutuelles. N’évoquez pas ce qui
fait trembler les fondations. Comment pourrez-vous évaluer les effets de
telles secousses ? Quand l’explosion est partielle, on peut en prenant des
précautions bâtir de nouvelles fondations, mais il arrive souvent qu’une seule
explosion par la force de la détonation ébranle les foyers les plus proches.
Partout nous trouvons la grande loi d’analogie et de similitude.
Rappelez-vous aussi […] « d’éviter de transformer des forces utiles
en une jarre pleine de scorpions ». Cette éventualité a été prévue il y a
longtemps et l’avertissement a été lancé. Apprenons comment utiliser les
indications. Imprégnons-nous de la gravité du temps présent. Tout ce qu’on
prend à la légère est à la limite du crime.
Quand nous remplacerons le concept limité du « je » par le puissant,
créatif et joyeux « nous », toutes les possibilités et la richesse de l’esprit
fleuriront à l’infini. Notre pouvoir sera immensément accru. Les gens
ont peur du concept du « nous ». Le « je » peut toujours être vérifié, tandis
que le « nous » contient des inconnues et par conséquent fait peur.

20
La grande époque prédite depuis longtemps est arrivée. Ne la ressentez-
vous pas dans toute la tension des explosions cosmiques et humaines ? Toute
la croûte terrestre tressaille et un grand changement se prépare. Cette fois-
ci, il ne s’agit pas de l’action relativement inoffensive d’une comète, mais
bien de nos propres émanations qui, par leur dissonance avec les énergies
ardentes supérieures qui approchent, peuvent provoquer – ou plutôt provo-
queront – un changement inattendu. Il convient pendant de telles pertur-
bations de se trouver sur le solide rocher indiqué, sous la protection du
parapluie de Doukkar. Toutes nos tâches auront leur place sous cet abri !
Voici encore une autre indication :
« Lorsque vous créez une nouvelle étape, quand Uranus rassemble la
sixième race, alors imprégnez-vous de la grande époque qui s’affirme et
écartez tous les soucis qui peuvent interférer. »
Nous devons accueillir tous ceux qui nous sont chers et proches en
esprit. Mais tous ceux qui détruisent, ceux qui amènent la division doi-
vent, soit être écartés, soit être remis à leur place. Nous oeuvrons et créons
non pas pour notre propre fierté, non pas pour des personnalités indivi-
duelles, mais pour le Bien Commun.
Aussi, gravez dans votre mémoire cette période sans précédent, belle
et menaçante. Ne perdez pas une seule minute ! Renforcez l’unité de toutes
les forces de votre esprit et renvoyez au plus strict ostracisme le concept
insignifiant du « je ».
Je vous transmets les vibrations de toutes les cordes de mon cœur.
Puisse chacun d’entre vous trouver celle qui fera résonance en son être.

21
LETTRE 7

11 septembre 1929

Des gens viendront à vous avec des questions et des indications au


sujet des divers phénomènes psychiques et médiumniques, les considérant
comme des manifestations de l’Agni Yoga. Par conséquent, je vais essayer
d’en clarifier la différence en citant les dires et les livres de l’Enseigne-
ment.
« L’esprit d’un Agni Yogi nous harmonise avec les sphères supérieu-
res et nous met en contact avec les courants de l’Aimant Cosmique. »
« La qualité du feu est assurée par la tension de l’aimant. L’aimant de
l’esprit détermine le degré qui peut être manifesté. » (Infinité, volume 1,
no 216).
« Les mêmes principes gouvernent l’éveil des centres. L’esprit dont la
conscience est fixée sur les sphères inférieures ne peut pas allumer les feux
des centres supérieurs. En effet, seul le supérieur attire le supérieur. Par
conséquent, là où n’existe que l’effort physique, il ne peut y avoir qu’une
réceptivité ou résultat correspondants. Alors que l’époque de l’Agni Yoga
approche, il est nécessaire de connaître le principe des manifestations for-
cées.
« Dans la nature, il existe aussi une concordance directe qui souligne
ces limites. Seul le plus subtil peut assimiler le plus subtil, et en cela se
trouve le principe de l’aimant. Tout comme ce principe des énergies sub-
tiles est caractéristique de l’Agni Yogi le plus élevé, de même une récepti-
vité physique suscite des manifestations correspondantes. Tout ce qui est
forcé, tout ce qui est grossièrement exhibé avec ostentation, tout ce qui est
manifesté physiquement est inférieur au principe des énergies subtiles. »
(Infinité, volume 1, no 217).
« […] Un Agni Yogi représente l’équilibre le plus élevé, car la créati-
vité altruiste de son esprit conduit à l’équilibre des correspondances uni-
verselles. Par conséquent, le déséquilibre et l’inharmonie des centres sont
transformés en équilibre. L’Enseignement rappelle souvent ces différen-
ces subtiles. C’est pourquoi pour accéder au degré suivant, il est impor-
tant de comprendre le déséquilibre des manifestations inférieures et
l’harmonie des manifestations supérieures.

22
« […] La nature d’un Agni Yogi est tellement sublime que toute com-
paraison avec quelque manifestation médiumnique que ce soit serait
comme verser de l’eau boueuse dans un calice ardent. Par conséquent, je
dois dire que la compréhension des feux supérieurs élèvera jusqu’au feu
pur. » (Infinité, volume 1, no 221).
« L’Agni Yogi est le rassembleur d’une nouvelle race. Son travail se
situe au niveau des sphères supérieures, attirant les esprits vers la nouvelle
race. »
« […] La manifestation du feu d’un Agni Yogi a sa place sur Terre ainsi
que dans les sphères supérieures. Par conséquent, l’Agni Yogi est un fil
de liaison entre les mondes. » (Infinité, volume 1, no 206).
« […] Une distinction précise doit être faite dans la conscience des
hommes entre un instrument créé pour des fins diverses et un moteur affirmé
de l’évolution. Quand nous parlons de la transmutation des feux, il faut
la comprendre comme l’affirmation du Feu le plus intense de l’Aimant
Cosmique. Et lorsque l’humanité saisira toute la puissance créatrice de
l’esprit d’un Agni Yogi, il sera possible de révéler de quelle façon vibrent
tous les centres en réponse aux événements cosmiques. Il n’est vraiment
pas possible de comparer l’instrument utilisé pour la simple photographie
à un appareil reflétant chaque souffle du Cosmos. Par conséquent, que tous
ceux qui tendent vers l’Agni Yoga cherchent la compréhension supérieure
des centres ouverts. » (Infinité, volume 1, no 212).
« En vérité, un médium n’a pas les centres ouverts et il ne peut pas non
plus parvenir à la vision psychique nécessaire au contact avec les mondes
supérieurs. L’homme se trompe quant au pouvoir du médium, et nous
sommes fréquemment affligés de voir la séduction que les phénomènes
psychiques exercent sur les humains. Une matérialisation les attire comme
un aimant. » (Infinité, volume 1, no 106).
Ainsi, l’on peut dire que ce sont habituellement les centres inférieurs
du médium qui agissent sous l’effet de leur tension primitive. C’est
souvent un phénomène forcé qui ne mène pas à l’ouverture des centres,
mais seulement à leur irritation temporaire. Par contre, les feux de l’Agni
Yogi proviennent de l’embrasement des centres les plus élevés qui sont
réellement ouverts.
Strictement parlant, il n’y a pas de centres inférieurs. Les centres « infé-
rieurs » de l’Agni Yogi évolué ont été transmutés par les feux les plus subtils.
Toutefois, cette transmutation ne se produit qu’après l’embrasement des
centres les plus élevés, et alors tous les centres « inférieurs » sont subor-
donnés au plexus solaire. Souvenons-nous également que la gradation de

23
ces feux, ou plutôt leur qualité, est perfectible à l’infini comme toute
chose dans le Cosmos. Cependant, il existe un principe, sans aucun doute
déterminant, en ce qui concerne l’Agni Yogi : c’est le principe de syn-
thèse. Il est impossible d’embraser les feux sans la Synthèse du Calice.
Par ce principe, vous pouvez déjà déterminer la qualité des feux.
Vous avez ainsi l’indication principale qui vous permet de faire la
différence entre les manifestations qui résultent de l’embrasement réel
des centres et les manifestations psychiques inférieures. « Un Agni Yogi est
porteur de la Synthèse du Calice. Par cette indication vous serez à même
de juger. » Aussi, emplissez vos calices avec la réalisation de la beauté et
avec la connaissance véritable de la sagesse de l’Enseignement de Vie, et
assimilez-les dans votre cœur. Souvenez-vous que le cœur est un aimant
puissant capable d’attirer toute connaissance, toute possibilité et tout
accomplissement. Rappelez-vous également qu’il n’y a rien de forcé dans
les manifestations d’un Agni Yogi, car l’Agni Yogi est son propre labo-
ratoire. C’est lui qui, par la force de son esprit, transforme ses feux.
L’Instructeur donne les indications de l’Enseignement pour l’élargis-
sement de la conscience, mais il appartient au disciple de les appliquer.
L’Instructeur surveille le processus d’embrasement et couvre les centres
de soma lorsque cet embrasement risque de se transformer en conflagra-
tion. Mais sans la participation de l’esprit du disciple, aucune transmu-
tation n’est possible.
Bien sûr, soyez prudents dans vos réponses, surtout dans les défini-
tions données à ceux qui vous questionnent, parce qu’il est nécessaire de
toujours se souvenir du principe présenté par l’Instructeur : « La réponse
doit être comme le rayon d’un médecin, non comme le clou d’un cercueil. »
Il est important « de ne pas interférer », et de tenir compte du niveau de
conscience des gens. C’est en élargissant avec attention ce niveau de cons-
cience qu’il est possible de susciter une véritable compréhension. Mais
souvent, ce processus est très long, et il est alors nécessaire de faire preuve
de la même patience attentionnée qu’emploie le Grand Instructeur à notre
égard. Au début, chacun a besoin d’être encouragé et de voir ses capacités
reconnues. Il est alors facile d’effrayer et beaucoup plus difficile de soute-
nir, mais l’Instructeur nous montre comment retenir les nouveaux arrivants !
D’ailleurs, il arrive parfois qu’un esprit possédant de grandes accumula-
tions reçoive un organisme pourvu d’une structure médiumnique en vue
d’un objectif bien déterminé. Par le développement d’une volonté ferme
et avec l’assistance de l’Instructeur, il pourra maîtriser les manifestations
inconscientes et les soumettre à sa volonté. Mais cela n’est pas facile.

24
Nous passons par des temps difficiles, mais nous nous en souvien-
drons avec joie, car ce n’est que dans les actions difficiles que la force
se développe. De même, la technique d’un musicien ne se perfectionne
qu’à travers des exercices continus qui laissent ses doigts endoloris.

25
LETTRE 8

15 janvier 1930

Parfois, j’aimerais tant être parmi vous afin de pouvoir partager la joie
de votre tension créatrice. Vous savez déjà que l’attraction des possibilités
est inévitable lorsque toutes les forces sont tendues. La loi est une dans
l’ensemble du Cosmos. Nous avons déjà appris à aimer les obstacles, et
nous savons que « ceux qui engendrent la faiblesse de l’esprit produi-
ront l’échec, tandis que ceux qui mobilisent tout le feu de l’esprit pour
la bataille agissent comme élément créatif ». La Sagesse ancienne dit :
« Accueillez le jour de la bataille. Ne fuyez pas les obstacles. » Les éviter
n’est qu’un palliatif et non une délivrance. Celui qui ne craint pas de partici-
per au mouvement éternel et infini peut véritablement accepter le rôle du
combattant. La disponibilité et le rythme continu le feront s’élancer dans
le rayonnement du Cosmos. Remarque : « La peur et l’hésitation sont
pareilles à des digues qui retiennent l’esprit. »
Habituons-nous au combat sans fin et essayons de l’aimer. Chaque
atome du Cosmos se bat ! Quand une victoire est acquise, nous devons être
prêts pour la suivante, plus grande encore, car nos actions grandissent
proportionnellement à l’expansion de notre conscience, et la bataille
s’élargit et suscite plus de responsabilités. Cette bataille sans fin prend
place dans l’ensemble du Cosmos et nous tous, sur les plans visible et
invisible, y prenons part. Il est grand temps de réaliser cela, car c’est en
le comprenant bien et en fortifiant notre esprit que nous deviendrons de
véritables vainqueurs. Guidés par la plus Haute Sagesse qui nous indique
la juste direction, nous traverserons tous les abîmes ! Et sans être éblouis
par une telle vision, nous pourrons alors porter un regard joyeux et lumi-
neux vers le futur. Où sont-ils ceux qui seraient pareillement fortunés pour
pouvoir dire des choses semblables ? Pensez au privilège que nous donne
cette connaissance, à l’assurance qu’elle donne à nos actions et décisions !
La plus grande joie n’est-elle pas de pouvoir avancer vers le but indiqué,
en étant pleinement conscient des événements et en sachant que notre
destinée est d’acquérir au maximum l’élargissement de nos consciences
pour un meilleur service du Bien Commun ? La menace est très proche.
Les éclairs de chaleur se sont déjà manifestés et les messagers sinistres
du feu souterrain en éveil se sont déjà frayés un chemin. Nous qui

26
savons devons rapidement transmuter nos feux intérieurs afin d’assi-
miler la tempête des feux qui s’annonce, car cela seul nous donnera la
stabilité dans le combat, nous rapprochera de la Hiérarchie de Lumière et
nous aidera à remplir notre calice. Transmutons donc toutes nos énergies.
Commençons par les énergies les plus rebelles : l’égoïsme (ce furieux
dragon à la longue queue), l’autosuffisance, l’amour du pouvoir, le narcis-
sisme, la susceptibilité, l’irritabilité, la peur, le doute, et toutes sortes
d’autres ornementations similaires. Remplaçons-les par les ailes de
l’unité affirmée, une solidarité entière envers tous les collaborateurs,
l’acceptation de la Hiérarchie, le renforcement joyeux des tâches assignées,
la tolérance et la gratitude pour les justes recommandations. Nous devrions
conclure avec la confiance, jusqu’à la fin. Toutes ces transmutations sont
grandement simplifiées quand le cœur brûle de dévotion et d’amour
envers Celui qui appelle à la construction et qui indique le chemin qui
mène à la Tour.
Que chacun se critique lui-même. Que chacun se juge avec sévérité
et soit plein de considérations pour les autres collaborateurs. Il ne faut
critiquer que soi-même ! Nous grandirons énormément en pratiquant une
telle sévérité personnelle. Si quelqu’un n’a pas terminé ce qui lui était
confié, gardez-vous de le blâmer, mais si c’est possible, finissez-le vous-
même. Et je vous en prie, ne vous faites pas de reproches les uns aux
autres. Des condamnations sans cesse répétées font apparaître des cals
sur le cerveau. Comment alors parvenir à l’expansion de la conscience ?
Chaque moment libre doit être employé pour l’action progressive, pour
enrichir le trésor et pour assimiler l’Enseignement qui est encore si peu
compris et appliqué. Chaque ligne évoque tant de questions, de compa-
raisons, et invite à une application immédiate dans la vie de tous les jours.
Qu’est-ce qui est appliqué en fait ? L’Instructeur veut nous voir unis, il
veut nous voir comme un seul cœur, un seul esprit, un seul organisme. Si
une partie de l’organisme est malade, les parties saines accomplissent son
travail, offrant à l’organe malade la possibilité de se rétablir. Vous devez
agir de la même façon.
Il est dit : « Nous offrons la meilleure armure. Aussi, s’ils ne souhai-
tent pas substituer les vieilles habitudes pour une armure étincelante,
l’approche de la Tour est fermée ! Oui, Oui, Oui ! Il est nécessaire de réali-
ser l’époque menaçante et de ne pas maintenir les vieilles habitudes. » Il
me fait mal d’écrire cela, mais je sais qu’il est grand temps de le faire,
sans quoi quelque chose d’irrémédiable peut se produire. En apparence,
les choses peuvent paraître les mêmes qu’auparavant, mais ce qu’on ne
voit pas et ce qu’on ne peut remplacer risque de s’en aller. La douleur

27
du Maître est si évidente, et mon esprit connaît et voit la configuration de
l’esprit des collaborateurs.
Qui émergera le premier de cette pénible bataille ?
Mais souvenez-vous, il n’y a pas d’autre chemin. Si l’esprit est
trop lent à se réveiller, ne sera-t-il pas alors terrible d’ouvrir les yeux
devant des portes closes ? Dans le monde spirituel, de même que dans
le monde subtil, les lois sont encore plus immuables. Dans ces mondes,
les démarcations entre les relations sont incommensurablement plus
ténues que sur le plan physique, parce que c’est là que s’effectue la
grande sélection. Prenez tout ce qui vient d’être dit avec courage. Avec
courage, que chacun se critique lui-même, conscient du temps qui
presse.
J’aimerais ajouter des citations du livre Infinité :
« Dans la créativité cosmique, les énergies sont fusionnées par la
tension la plus élevée. Les combinaisons des énergies en fusion se
multiplient avec l’accroissement de la tension. La synthèse de la tension
est confirmée par la puissance des feux supérieurs. Dans toute la créa-
tivité cosmique, la loi de tension peut créer une nouvelle combinaison.
Avec l’accroissement de cette tension, des énergies différentes sont
impliquées. Lorsque les énergies qui s’unissent dans la fusion magnéti-
que attirent des courants identiques, les énergies peuvent s’harmoniser.
Mais quand les énergies se projettent d’elles-mêmes dans diverses direc-
tions, il s’effectue une dissipation évidente de l’énergie de l’Aimant. Il en
est de même des actions humaines. Pourquoi l’esprit humain est-il attiré
dans des courants inharmonieux ? Les courants qui tendent vers le Feu de
l’Espace peuvent réellement offrir la meilleure formule, mais cette formule
doit être établie par une action personnelle. » (Infinité, volume 1, no 374).
« Il faut comprendre l’action personnelle. Elle est la base de la syn-
thèse de l’activité. […] Lorsque l’esprit peut découvrir sa semence et discer-
ner les enveloppes qui l’entourent, il peut alors comprendre la beauté du
Cosmos. L’enveloppe qui entoure l’esprit humain obstrue les chemins vers
l’affirmation. Par conséquent, nos collaborateurs doivent prendre cons-
cience qu’une enveloppe ne peut s’appliquer à nos conditions. Ils doivent
comprendre l’indignité d’utiliser, comme une enveloppe, le vêtement
de l’esprit, alors que nous apprécions si hautement le rayonnement du
voile de la Mère du Monde. » (Infinité, volume 1, no 375).
« Pensez à l’Instructeur et efforcez-vous de diriger votre esprit vers Lui !
C’est seulement de cette façon que vous réussirez. L’activité autonome
des centres se développe comme une spirale ascendante. »

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Écartons toutes les apparences, faisons preuve d’initiative, efforçons-
nous d’affiner la qualité de la pensée et nous serons vainqueurs ! Le soin
apporté à la qualité dans toutes choses est la précaution la plus nécessaire.
Le haut et le bas ne diffèrent qu’en qualité. Ils montrent des similitudes
dans tout le reste.

29
LETTRE 9

24 février 1930

En vérité, seule une petite conscience peut être contrariée par l’auto-
rité du Guide terrestre. En effet, qu’est-ce que l’autorité du Guide terrestre
sinon l’autorité du Hiérarque ? L’autorité du Hiérarque ne signifie pas
domination sur les aspirations de tout ce qui est subordonné. L’autorité du
Hiérarque et du Guide terrestre n’est pas une tyrannie. Cette autorité est
la connaissance la plus élevée. Il est dit : « Le Hiérarque utilise le pouvoir
pour le progrès cosmique. Nous Frères de l’Humanité possédons ce pou-
voir d’agir à l’unisson avec l’Aimant Cosmique. » Le Hiérarque et le Guide
terrestre sont ces pilotes expérimentés qui, lors d’une violente tempête,
conduisent le bateau qui leur est confié à travers les vagues destructrices, à
travers les récifs, ce bateau dans lequel nous tous, telle une cargaison
« précieuse », avons notre place. Par conséquent, ne l’oublions pas.
N’abandonnons pas la Main tendue qui transmet les Directives salutaires !
Le pouvoir et la domination sont deux choses différentes. La domination
est la forme la plus basse de la conscience, parce qu’elle provient d’un
égoïsme apeuré qui exclut, tandis que le pouvoir, consacré par la connais-
sance la plus élevée et filtré par le cœur, est le sacrifice suprême. Rappelons-
nous le livre qui parle du « Sacrifice » [Les Feuilles du jardin de Morya,
volume 1, nos 353 à 356]. Le cœur a toujours été considéré comme le
symbole du Leader.
Essayez de ressentir avec votre cœur le pouvoir de la joie dans le
dévouement et l’amour de la Main qui Guide. J’affirme par la connaissance
de l’esprit et du cœur que vous n’avez pas d’Ami ni de Protecteur plus
grand.
Nous devrions nous rendre compte de la modestie de nos offrandes –
s’il en existe – comparée au pouvoir salutaire et à la dispensation de cette
puissance sans prix. La conscience élargie comprendra cela. Personne n’est
rabaissé, mais tous sont honorés. La voie des accomplissements les
plus élevés est ouverte à tous, à condition de ne pas laisser gaspiller les
possibilités nous-mêmes. Il existe des moments au cours d’une ascension
difficile où la seule issue possible est d’avancer. Toute hésitation risque
de tourner au désastre. Une pierre branlante ne peut soutenir celui qui
s’attarde. Pour le moment, il nous faut poursuivre l’ascension, et la

30
seule voie possible est de marcher devant nous, sans doutes, sans regrets,
sans recompter les petits bouquets d’offrandes. Chaque pensée de ce genre
sera un poids de plus sur nos jambes et compliquera l’ascension périlleuse.
Nous avons besoin des ailes de l’amour, de confiance dans la Main qui
Guide et des ailes de la joie dans le Grand Service. Chaque application
des paroles de l’Enseignement à la vie allègera considérablement notre
fardeau.
Je vous supplie de tout mon cœur d’écarter toute autosuffisance, toute
pensée d’exclusivité dans vos offrandes ainsi que toute pensée de doute et
de suspicion, car le moment est trop inquiétant et lourd de responsabilité.
La durée de la lutte est-elle si longue ? Environ la moitié a déjà été accom-
plie et, en réalité, personne n’a rien perdu. L’avenir paraît si beau et si vaste.
Puissent nos noms être inscrits parmi ceux des grands collaborateurs de
l’évolution. Quoi de plus élevé et de plus beau que de coopérer au Bien
Commun de la culture des nations !
Voici des pages tirées du livre Infinité :
« Une grande unité règne dans le Cosmos, c’est une loi puissante,
et seuls ceux qui adhèrent à cette loi peuvent vraiment prendre part à la
coopération cosmique. Lorsque la conscience puise dans le trésor de
l’Espace, l’Aimant Cosmique répond. Le trésor contient l’expression de
l’énergie pénétrée par l’Unité. Par conséquent, chaque semence de l’esprit
doit ressentir l’Unité dans laquelle est comprise toute la créativité cos-
mique. En toute chose, l’Unité de la substance pousse l’humanité à la
créativité ; l’humanité se dépossède lorsqu’elle déroge à la loi de l’Unité
en érigeant les murs de l’isolement. Immuable est la loi de l’Unité dans
son infinie diversité !
« On ne bâtit que par cette loi, car lorsque l’attraction existe, le
pouvoir qui réside dans l’action est l’Unité. Dans cette Unité, la créativité
du Cosmos est illimitée ! (Infinité, volume 2, no 48).
« Dans l’Unité se tient affirmée toute la loi de l’Être, loi si prodigieuse
que toute la construction cosmique repose sur ce principe. Dans chaque
manifestation, cette loi assemble, unit les parties en concordance. Cette
grande loi est la couronne du Cosmos ! » (Infinité, volume 2, no 49).
« La loi d’Unité est présente dans l’éternelle créativité qui avance
comme un ordre ardent, un ordre qui préordonne la fusion, un ordre qui
préordonne la destinée, un ordre qui préordonne le remplacement, un
ordre qui préordonne l’accomplissement, un ordre qui préordonne l’immorta-
lité, un ordre qui préordonne la vie de chaque atome, un ordre qui préordonne
l’approche d’une nouvelle énergie, un ordre qui préordonne l’Ère Nouvelle.

31
Ainsi, la création cosmique s’accomplit-elle par l’aimant de vie. Comment
alors est-il possible de diviser la création du Cosmos ? Comment alors les
choses qui sont vraiment issues l’une de l’autre peuvent-elles être sépa-
rées ? En vérité, dans sa saturation, le Cosmos tend vers la fusion ardente !
Seule la Raison Cosmique donne à l’humanité l’image de l’Unité. La Raison
donne à l’humanité l’image suprême de la création du Cœur le plus Ardent !
La Raison assemble tout dans le Cosmos, son action est sacrée, par consé-
quent la loi d’Unité est créée par la Vie. Où donc alors se trouve la fin,
lorsque toutes les manifestations cosmiques proviennent de la double
Origine ? Lorsque l’esprit contacte les sphères supérieures, la créativité
se révèle à lui comme la loi de l’Unité infinie. » (Infinité, volume 2,
no 50).
« L’esprit frémit à la pensée de la mort. Mais lorsque la conscience
pénètre l’essence de la loi de l’Être, la conception de l’Unité est confir-
mée. Lorsque l’esprit comprend que les manifestations de la vie se dé-
roulent sans intermittence, il peut recevoir l’indication de la continuité
de toutes les chaînes : chaîne de la pensée, chaîne de l’action, chaîne des
effets, chaînes des efforts, chaîne des vies. Chaque chaîne prédétermine
celle qui lui succède. La créativité de l’aimant de la vie repose sur ces
chaînes. L’esprit doit frémir, non pas à la pensée de la mort et du change-
ment, mais à la pensée qu’il peut briser la chaîne. Si on pouvait observer
la quantité de chaînes rompues supportées par l’Espace, l’esprit en fré-
mirait véritablement ! Lorsque le grand changement aura lieu, seul réussira
celui qui a adhéré à l’unité de l’évolution. » (Infinité, volume 2, no 51).
Ne brisons pas la chaîne qui nous relie à la Main qui Guide. Comment
nous approcher autrement ?
D’autres citations du même ouvrage :
« Les dates cosmiques sont réglées par l’assertion des feux souterrains
et surterrestres. Cette relation est reliée aux sphères des actions humaines.
Lorsque le moment approche et que l’action commence, on peut observer
que la conscience humaine est toujours affectée par les perturbations cosmi-
ques. L’immuabilité de la loi relie toutes les sphères, et l’interrelation de
toutes les forces cosmiques est évidente dans l’affirmation d’une action
rationnelle. Ainsi, l’époque est composée de tous les effets et n’est pas
confinée à une seule sphère. » (Infinité, volume 1, no 397).
« En effet, actuellement, les Feux de toutes les sphères sont tendus
fortement et la décision cosmique commande ainsi les événements. […]
Les courants magnétiques attirent très fortement le feu souterrain. »
(Infinité, volume 1, no 398).

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« Pour les transmissions cosmiques, l’aura de l’homme dépend des
différentes conditions de réceptivité comme tout conducteur d’électricité.
Lorsque les sphères humaines exigent certains chocs, les transmissions
cosmiques affluent en conséquence, mais seuls les éléments pouvant être
absorbés par les auras affirmées adhèrent aux sphères. Lorsque les sphères
réclament une destruction violente, elles sont incapables d’absorber les
transmissions affluant du Cosmos. De ce fait, l’obscurité qui entoure la
planète n’en permettra jamais l’affirmation sans manifestation d’explo-
sion. Ces forces de purification illumineront l’humanité. Les feux cosmi-
ques précipitent les échéances préordonnées. » (Infinité, volume 2, no 3).
« Les feux purificateurs de l’Univers pénètrent toutes les régions de la
planète. Les étincelles de la conflagration se propagent le long de tous les
canaux d’action karmique ; ces feux explosent comme des volcans. La force
du karma déplace et transfère le pouvoir de mains en mains. Le cours cosmi-
que est dirigé vers ces conflagrations purificatrices, d’où le glissement
rapide de la comète à travers l’Infini. La tension des courants est très grande
et les effets correspondent aux feux de la planète. Les centres d’un Agni
Yogi enregistrent tous les courants cosmiques. » (Infinité, volume 2, no 4).

Combien d’avertissements et de signes sont lancés concernant l’époque


menaçante qui approche ! Mais grande est l’ignorance. Je me souviens d’avoir
lu dans une revue scientifique qu’un homme de science des pays scandi-
naves avait fait des recherches sur l’activité des volcans. Il avait constaté
que les ceintures de feu laissaient apparaître une tension inhabituelle, et
que tous les volcans soi-disant éteints étaient une fois de plus en train de
s’éveiller à la vie du feu. Des éruptions inattendues se produisent dans
de nouveaux endroits et les perturbations les plus redoutables se trouvent
au fond des océans. En conclusion, le scientifique admet la possibilité d’un
cataclysme planétaire gigantesque, qui pourrait même se produire dans un
avenir très rapproché.
Le paragraphe suivant tiré du livre Infinité explique cela en partie :
« Si l’humanité voulait comprendre le but véritable de l’existence,
elle pourrait alors se joindre à la créativité cosmique. Comment peut-on
avancer si l’on n’a aucune idée de l’éternel changement dans le Cosmos ?
Seuls les efforts qui se manifestent au-delà des limites révélées par la vie
permettent de percevoir la créativité cosmique. Un mur de sottises s’est
formé, la brume du contentement de soi agit comme un écran. Lorsqu’il
est possible de pénétrer les sphères de la véritable créativité, la conscience
cosmique se manifeste. » (Infinité, volume 2, no 54).

33
« Vous avez raison de parler du manque de discernement de l’huma-
nité. Comme nous approchons de l’heure menaçante, toutes les forces doi-
vent se mobiliser pour le grand pas en avant. Il a déjà été dit que l’époque
de Maitreya approche et que les signes en sont disséminés telles des se-
mences ardentes. Cette heure menaçante sera un temps de Lumière pour
ceux qui marchent dans le sens de l’Aimant Cosmique. » (Infinité, volume 2,
no 55).
« […] Ces temps menaçants apporteront aussi la Lumière de l’avenir
à ceux qui se battent pour signifier la Nouvelle Époque. »
Mais les gens s’obstinent à ne pas vouloir comprendre les présentes
difficultés de la vie sur notre planète, ni même où et en quoi nous devons
chercher les causes du danger imminent.

34
LETTRE 10
24 juin 1930

Dans vos dernières lettres, vous disiez combien vous êtes heureux
d’avoir les responsabilités que chaque collaborateur doit assumer dans la
direction du département qui lui est confié. La réalisation de la responsabi-
lité personnelle est tout à fait juste, mais j’aimerais aussi vous écouter
parler de la coopération. Je crains que ma conception de la responsabilité
ne diffère quelque peu de la vôtre. La responsabilité personnelle n’est pas
seulement en rapport avec la coopération la plus large, mais pour dire vrai,
cette coopération ou collaboration est le fondement de la responsabilité
personnelle. Le Cosmos est bâti sur la coopération, et l’être humain, qui
en fait partie et qui en est une réplique, ne peut s’exclure de cette loi sans
souhaiter se détruire lui-même. Chaque institution ayant un collaborateur
à sa tête doit coopérer le plus possible avec tous les autres départements
ou toutes les autres institutions. Tous les secteurs travaillent selon le
même plan, et nous devons veiller à ce qu’ils collaborent ensemble
comme les doigts de la même main, sans se gêner mutuellement, mais
en s’aidant et se complétant les uns les autres. Le retrait de la coopération
d’un des secteurs est comme une gangrène et provoquera éventuellement
une désintégration générale, à moins qu’une opération salutaire ne soit
pratiquée à temps.
Si vous pensez que responsabilité veut dire retrait et indépendance
dans l’action, vous révélez un sens très bien dissimulé d’ambition et de
possessivité. Et nous savons combien tous les Instructeurs désapprouvent
de tels sentiments. Si nous n’abolissons pas en nous-mêmes le sentiment
de la propriété dans tous ses aspects, nous ne pourrons atteindre facilement
la prochaine étape. Il se peut que nous considérions de manière possessive,
non seulement notre propre secteur, mais aussi nos disciples et nos rela-
tions. Peut-être même nous sentirions-nous offensés si quelque collabora-
teur leur manifestait de l’intérêt.
L’attitude esclavagiste découle d’un sentiment de possession, et vous
savez combien il est difficile d’extirper de tels sentiments. Mais peut-on
tolérer de tels atavismes à l’époque de la Mère du Monde, l’époque de
la suprême coopération ?
Les sociétés et les institutions n’existent pas pour augmenter notre
prestige personnel. Par conséquent, nous devons travailler selon le plan

35
général pour les développer toutes. En réalisant leur importance, nous nous
élevons nous-mêmes. Mais si nous pensons d’abord à mettre en valeur
notre propre personne, alors nous les affaiblirons et ce sera notre ruine.
Je crains que mes directives ne plaisent pas à certains et j’ai de
bonnes raisons de le penser. Mais comme il est dit : « L’Enseignement n’est
pas un sirop sédatif, pas plus qu’un jeu de jonchets argentés. C’est une
crucifixion sévère du soi et une transformation pleine de tension de la
nature inférieure par l’action des feux les plus subtils. Un sirop sédatif
peut être approprié au début, mais l’Enseignement demande les belles
fleurs austères de l’abnégation. Ceux qui préfèrent le sirop sédatif feraient
mieux de ne pas toucher la nourriture ardente préparée pour ceux qui
choisissent l’abnégation. »
Oui, tous les coins obscurs devraient être éclairés et la poussière
nettoyée, sans quoi il sera impossible de construire la prochaine étape.
Pardonnez, je vous prie, la sévérité de mes remarques. J’écris de tout
mon cœur. Je veux vous aider et vous donner une compréhension nouvelle.
Des paroles doucereuses endorment notre conscience et augmentent notre
ignorance, et l’ignorance est stagnation et rétrogradation. Donnez de
la joie à l’Instructeur. Montrez-Lui votre ardent désir de comprendre
l’ascension joyeuse. Suivez ce nouveau sentier avec un sévère contrôle
de vous-même. La fondation de la joie supérieure est pleine de souffrance.
Ne l’oublions pas : « La souffrance précède la joie. »
Les âmes unies par la même lutte forment une seule et unique
chaîne. Lorsqu’elles sont unies par le même Enseignement, cette chaîne
devient indestructible.

36
LETTRE 11

17 août 1930

De tout mon cœur, je suis d’accord avec l’édit de l’Instructeur au sujet


de la pressante nécessité de commencer une nouvelle étape. Que signifie
cette nouvelle étape ? Non pas seulement des exclamations et de l’enthou-
siasme quant à la beauté et à la sagesse de l’Enseignement, non pas
seulement des promesses de dévouement et de nouvelle compréhension,
mais des actions en accord avec cette nouvelle compréhension de l’Ensei-
gnement. Appliquons donc l’Enseignement dans notre vie, honorons la
Hiérarchie et inaugurons une fraternelle et consciente coopération.
Menons à bien, avec soin et concentration, les tâches qui nous sont
confiées. Tendons tous nos efforts pour bien comprendre la majesté du
plan pour le Bien Commun ainsi que notre propre responsabilité. Incluons
dans les fondations toutes les assurances données au cours des dix derniè-
res années. Rassemblez-les et relisez-les avec tout votre cœur. La place
de chacun a été clairement indiquée, car les résultats les plus grands et les
plus bénéfiques ne pouvaient être obtenus que de cette façon.
Aussi, dès les premiers jours, certains collaborateurs ont montré
des traits de caractère qui auraient dû être écartés immédiatement. Mais
qu’a-t-on fait pour mettre en œuvre ces indications utiles et salutaires ?
Pourquoi cette impardonnable légèreté d’esprit face à un problème aussi
urgent ? En vérité, à cause de l’urgence très réelle, seul un effort honnête
pour extirper nos défauts peut nous faire avancer sur la voie du Service.
Que chacun regarde au plus profond de sa conscience. Qu’il éveille son
cœur. Qu’il procède pour lui-même à un examen sévère de tous les motifs
qui dirigent ses actions. Et qu’il commence à l’instant même à éradiquer
toutes les accumulations nocives, car le temps presse !
L’Enseignement signale les faiblesses qui, si on les laissait se déve-
lopper chez les collaborateurs, les empêcheraient de construire les fonda-
tions de la nouvelle étape. Ces faiblesses sont l’ambition, l’autosuffisance,
l’égoïsme, la méfiance et la légèreté d’esprit. En outre, prenons ferme-
ment conscience dans nos cœurs de la désapprobation de l’Instructeur à
l’égard de la tendance à l’autoritarisme. Comme je vous l’ai déjà écrit
auparavant, le désir de domination et le vrai sens du commandement
sont aux antipodes. Alors que le premier est le rejeton des ténèbres, l’autre

37
procède de la lumière de la connaissance au sein de l’effort éternel vers
la perfection. En premier lieu, l’autoritarisme est vulgaire. C’est pourquoi
il est si facile de se laisser aller à cette attitude. « Le désir de domination
est le principal obstacle sur la voie du discipulat. » L’autosuffisance et l’auto-
ritarisme sont inséparables et conduisent à l’appauvrissement spirituel
ainsi qu’à la destruction.
L’Instructeur ne fait pas usage de la force. Il agit en fonction de
l’intelligence des collaborateurs. Il arrive souvent qu’un responsable
perçoive une marche à suivre simple et courte, et dont l’extrême simpli-
cité échappe à la conscience des collaborateurs. En de telles circonstan-
ces, le sage conducteur n’insistera pas sur sa propre approche, mais après
avoir considéré les capacités des travailleurs, il choisira une méthode
qui sera facilement accessible à la majorité.
Est nécessaire, non pas la tyrannie, mais la coopération véritable. La
coopération la plus large est inscrite sur la Bannière de l’Ère Nouvelle.
La véritable qualité d’un responsable est d’être capable de réunir des
travailleurs aux natures les plus diverses et de les unir dans un même
effort. Notre unification n’est-elle pas réalisée par notre dévotion au Maî-
tre ? Souvenons-nous donc que l’Instructeur dirige notre progrès au sein
d’une généreuse coopération, non par la contrainte. De sages concessions
pour des détails sans importance envers une conscience qui demande à
grandir peuvent ne pas donner des résultats entièrement satisfaisants,
mais au moins n’engendreront pas une atmosphère ruineuse d’irritation
et de désaccord.
Pour l’amour d’une coopération bienveillante dans la création d’une
nouvelle étape, il est vraiment nécessaire d’assimiler la signification
de la pensée. Il faut créer une meilleure atmosphère dans notre vie
quotidienne en purifiant nos pensées. Nous attirerons ainsi de meilleures
possibilités. Dans tous les titres de l’Enseignement, un bon nombre de
textes traitent de cette question, mais jusqu’ici nous n’avons pas été
capables de comprendre le fondement, non seulement de notre bien-être,
mais de notre existence même. Le Cosmos est créé par la pensée. Le bon-
heur comme la destruction s’appuient sur la pensée. La pensée engendre
la vie, mais peut aussi engendrer la mort. Quand les gens comprendront-
ils cela ? Il n’existe pas de levier plus puissant dans le Cosmos que la
pensée saturée d’énergie psychique !
La pensée est un aimant, et chaque pensée sombre crée un stratum de
fluides épais qui est attiré et recueilli par des consciences similaires !
« La joie, par un courant magnétique, peut attirer la joie de l’espace. »
Rappelez-vous que la pensée agit comme un boomerang. C’est pourquoi

38
une pensée envoyée consciemment à une personne dont les vibrations
n’ont aucune correspondance avec l’émetteur retournera à celui qui l’a émise,
amplifiée par des vibrations identiques qui oscillent dans l’espace et qui
cherchent à s’agglomérer. Il est facile d’imaginer les résultats destructeurs
qu’une pensée peut apporter à celui qui l’a émise avec une mauvaise inten-
tion. De même, pendant une faiblesse temporaire de l’aura protectrice,
en cas de maladie, les envois malveillants vont compliquer la lutte de l’or-
ganisme et ainsi provoquer d’irréparables dégâts. Serons-nous assez fous
pour engendrer de telles pensées sombres ? Chassez toute pensée impure.
Remplacez-la par une pensée de bienveillance. Hâtez-vous de purifier votre
esprit par de vastes pensées créatrices tournées vers le merveilleux avenir.
De même, il est nécessaire de se souvenir constamment des effets
désastreux de l’irritabilité. « L’irritabilité rend fragile notre réceptacle. »
Le livre Agni Yoga décrit le poison de l’irritabilité et toutes ses conséquen-
ces. Ce poison attaque les précieuses précipitations de l’énergie psychique.
Et que pouvons-nous accomplir sans l’accumulation de l’énergie psychi-
que ? Les résultats en seraient la stupidité et la destruction. Bien sûr, cha-
cun est libre de se détruire, mais il est criminel de répandre cette terri-
ble infection. Ainsi, gardant à l’esprit la signification de la pensée et de
l’irritabilité, nous commencerons à mettre en œuvre une atmosphère
bienveillante.

Tout en établissant les relations entre les collaborateurs, n’oubliez


surtout pas les petits travailleurs. Le vrai dirigeant sera très attentif à ne
pas blesser en paroles ou en actions le moindre des travailleurs. Seule
la trahison doit être sévèrement condamnée. Notre atmosphère et toutes
nos possibilités seront considérablement améliorées si nous sommes
entourés d’amis. Il a souvent été mentionné combien vous devriez appré-
cier chaque cœur dédié et l’importance que représente les petites aides
ayant un lien avec votre vie quotidienne. Même le traitement bien-
veillant des animaux améliore l’atmosphère autour de nous.
L’Enseignement procure les conseils les plus vitaux et les plus pra-
tiques qui soient. Nous devons nous efforcer d’absorber le Trésor de
l’Enseignement qui nous est confié. Rappelons-nous l’âne et son char-
gement mentionné dans l’un des livres de l’Enseignement1, et évitons
d’agir de la même façon.
Tant de déceptions, tant d’échecs auraient pu être évités si toutes
les indications contenues dans l’Enseignement avaient été appliquées
littéralement dans la vie de tous les jours. En nous fournissant une

39
compréhension de la vie, une compréhension des bases de l’existence,
l’Enseignement apporte, lorsqu’on applique consciemment tout ce qu’il
contient, une ardente purification ou transmutation de nos centres en
feux supérieurs, et ainsi nous offre le calice d’Amrita.
Seule cette purification par le feu dégage le chemin vers la Tour. Mais
cette transmutation ne peut s’effectuer que lorsque l’esprit a conquis
l’égoïsme. Il est dit :
« […] L’égoïsme est responsable de toutes les accumulations grisâ-
tres. Par conséquent, lorsque les manifestations de l’égoïsme obscur-
cissent l’esprit, on peut être certain que le Feu de la transmutation ne
peut nous atteindre. » (Infinité, volume 2, no 121).
« Lorsque l’esprit entoure de pénibles accumulations le pouvoir ma-
nifesté par son essence, il s’éloigne de l’accomplissement. Son fardeau
devient si lourd que l’esprit en perd l’accès à la Tour. C’est pourquoi ceux
qui connaissent cette affirmation avancent en transmutant leur ego.
Lorsque l’esprit ne fait aucun effort pour diminuer son fardeau, une
cristallisation s’installe et de solides obstacles sont créés. Ainsi, le résul-
tat est en rapport avec l’effort. Les ailes de l’esprit donnent le pouvoir
de s’envoler vers les sphères supérieures, mais le poids de l’égoïsme
entraîne vers les sphères inférieures. » (Infinité, volume 2, no 125).
« Ceux qui s’entourent d’un mur d’égoïsme développent l’autosuffi-
sance. Lorsque c’est le cas, ce mur fait obstacle et seule sa destruction
mènera aux premières étapes de la transmutation. Lorsque l’ego devient le
point focal, ceci engendre les causes qui conduisent à l’isolement. Seule la
coopération du cœur et de l’esprit conduit aux clés de l’Enseignement. »
L’autosuffisance est nourrie par l’ignorance. L’autosuffisance bloque
les chemins de la connaissance. L’autosuffisance prive l’homme de
superbes efforts. Que de remarquables définitions de la lutte, cette clé
de tous les Portails, sont données dans les livres de l’Enseignement !

Chacun doit évaluer pour lui-même comment et en quoi il a passé


les épreuves de ces sept dernières années. Rappelons-nous les épreuves
auxquelles ont été soumis tous ceux qui furent mis en contact avec l’Enseigne-
ment aux premiers jours de l’Appel des Grands Instructeurs. Chacun a eu
l’occasion de découvrir complètement sa propre nature. Lisez attentive-
ment les lettres qui concernent « la probation et l’état de Chéla » dans
le livre Lettres des Mahatmas M. et K.H. à A.P. Sinnett2. Elles sont tout
à fait édifiantes. Je les ai déjà mentionnées, mais il est toujours bon de

40
le rappeler. Le Maître poursuit un système d’examen continuel. Sinon,
comment pourraient se révéler les accumulations profondément cachées ?
Comment pourraient-elles être brûlées au feu du dévouement et de l’effort ?
Les Maîtres ont plusieurs moyens psychologiques pour éprouver et
guider leurs disciples. Ceux qui, avec ardeur, mettent en pratique chaque
conseil du Maître, ceux qui se montrent sévères pour eux-mêmes et bien-
veillants envers les autres passeront avec succès toutes les épreuves. Mais
malheur à celui qui est imbu de son importance et qui se considère
comme un pilier de l’Enseignement. Sa ruine sera effrayante !
Je dois également vous mettre en garde contre la basse et vulgaire mé-
fiance. Celui qui soupçonne les autres montre qu’il porte en lui-même de
semblables accumulations. En étant méfiants, nous montrons notre tendance
à faire les choses que nous soupçonnons chez les autres. Ayons honte de
dévoiler si ouvertement notre nature. Détruisons énergiquement la moin-
dre insinuation de cette vulgarité. L’esclave du soupçon n’aura confiance
en personne. Un esprit royal considère que tout est beauté et évoque tout
ce qu’il y a de meilleur. La loi de l’aimant s’applique à tout.
Toutes les paroles et les indications du Guide terrestre ont une signifi-
cation profonde. Il n’y a pas d’effet sans cause. Chaque indication du
Guide terrestre, si elle est suivie, apporte d’excellents résultats, non
seulement en ce qui concerne le travail lui-même, mais aussi à celui qui
l’a exécuté. En rejetant ou en négligeant de suivre les indications données,
nous nous coupons d’occasions uniques. Et plus tard, quand notre intellect
se sera développé, nous réaliserons ce que nous avons irrémédiablement
perdu et nous gémirons avec une profonde tristesse : « Le bonheur était
à la portée de ma main. » Les voies du karma sont insondables, et nous
ne savons jamais quel maillon, quel fil peut être la source du bonheur
souhaité ! C’est pourquoi nous ne devons négliger aucun des nœuds si
sagement noués par la main du Guide terrestre.
Repoussons les ombres obscures qui murmurent dans notre dos et
qui chassent tant de félicité !

La plupart des défauts et des faiblesses prennent leur origine dans


la légèreté. Donc en éliminant ce mal plus grand, nous nous approche-
rons de la perfection à pas de géant.

J’ai encore une demande à faire. Faites une copie de la lettre que
vous m’envoyez et, avant de m’écrire à nouveau, relisez son contenu.

41
Cela vous permettra de mieux comprendre l’intention de votre esprit.
Vos lettres contiendront moins de contradictions et feront moins appel
à la sentimentalité. Et, lorsque vous me faites part d’une nouvelle compré-
hension, indiquez quelles actions confirment et soulignent cette nouvelle
attitude. J’aimerais aussi vous voir poser plus de questions sur la véri-
table portée des événements, sans nécessairement appliquer la sélec-
tion aux circonstances favorables. Faites preuve d’une plus grande sincé-
rité, de plus de concentration. Montrez l’étendue de votre conscience. Par
votre désir incorrect de me faire plaisir en m’annonçant de bonnes
nouvelles, vos lettres souvent ne reflètent pas la réalité.
« Il reste trop peu de temps pour brûler l’huile de vos lanternes. »
Je vous conjure de réaliser combien cette Indication est importante. Ceux
qui n’approchent pas de la Hiérarchie de Lumière en cette vie risquent
de rater cette connexion à jamais. Vous savez combien il me répugne
de vous faire peur et comme j’aimerais de tout mon être n’apporter que
joie, mais vous savez également que le temps presse.
Ne rompez pas le merveilleux fil qui nous relie. Après la rupture, vous
seriez emportés très loin. Gardez courage et que les Indications salutai-
res de la Hiérarchie de Lumière vous apportent la joie. Soyez fermement
convaincus que la puissance la plus grande, celle qui transmute bien
des énergies, est l’aimant du cœur. « Tous les courants sont transmutés
par cet aimant. L’être humain est attiré par cet aimant. C’est pourquoi
la puissance de transmutation réside dans le cœur. »
Développons en nous cette capacité. Nous en retirerons la joie la
plus haute qui soit !
____________
1 N.D.É. L’exemple mentionné se trouve à la section 35 du livre Agni Yoga dont
voici le texte :
« Lorsqu’on parle de l’utilité de quelqu’un, cela ne signifie pas qu’il soit un pilier de
l’Enseignement. Il faut considérer les choses dans leur réalité, car exagérer et mini-
miser sont de même nature. Nul ne doit être porté aux nues malgré lui. À l’heure
fixée l’aveugle recouvrera la vue. Il est utile de faire remarquer la mesure propre à
l’ordre de la vie, pour que même les plus humbles puissent voir la logique des
applications techniques, ce qui évitera des pertes superflues. Mais il n’est pas néces-
saire de débarbouiller les gens malgré eux. Notez l’utilité de chaque messager, et ne
placez pas la charge d’un chameau sur le dos d’un âne. »
2 N.D.É. Lettres des Mahatmas M. et K.H. à A.P. Sinnett, Section III, Condition du
probationnaire et du Chéla.

42
LETTRE 12

7 octobre 1930

Il est grand temps de lancer l’idée de « l’Unité des Femmes » du


monde entier.
En cette période pénible de soulèvement mondial et de désunion, de
méconnaissance des principes supérieurs de l’Être qui sont les seuls vrais
dispensateurs de vie et qui guident l’évolution du monde, il faut que soit
entendu l’appel à la régénération de l’esprit et à la manifestation du feu
de l’accomplissement dans toutes les actions de la vie. Et, en vérité, cet
appel doit provenir de la femme, elle qui a dû pendant des millénaires
boire la coupe de souffrance et d’humiliation, et qui a forgé son esprit
dans la plus grande patience.
Maintenant, que la femme – la Mère du Monde – dise : « Que la
Lumière soit ! » Et que la femme puisse affirmer ses ardentes réalisa-
tions. Que sera cette Lumière et lesquelles de ces réalisations seront
les plus ardentes ? La bannière de l’esprit sera brandie et portera
l’inscription « Amour, Connaissance, Beauté ». En effet, seul le cœur de
la femme, de la mère, rassemblera sous cette Bannière les enfants du monde
entier, sans distinction de race, de sexe, de nationalité et de religion.
La femme – la mère et l’épouse – témoin du développement du génie
humain, peut évaluer la grande signification de la culture de la pensée et
de la connaissance.
La femme – inspiratrice de beauté – connaît toute la force, tout le
pouvoir de synthèse de la beauté.
La femme – porteuse du pouvoir sacré et de la connaissance de
l’esprit – peut en effet devenir « Celle qui Guide ».
Sans attendre, brandissons la grande Bannière de l’Ère Nouvelle –
l’Ère de la Mère du Monde. Que chaque femme élargisse les limites de
son foyer pour y intégrer tous les foyers du monde. Ces innombrables feux
renforceront et embelliront son propre foyer.
Sachant que les limitations mènent à la destruction et que l’expansion
est source de création, tendons de toutes nos forces vers l’élargissement
de notre conscience, vers l’amélioration de notre pensée et de nos émotions,

43
de telle sorte qu’avec les feux créateurs qui en résultent nécessairement
nous puissions embraser notre propre foyer.
Puissions-nous inclure dans les fondations de « l’Unité des Femmes »
l’aspiration vers une vraie connaissance, celle qui ignore les démarcations
ou les limitations humaines. Mais on peut nous demander comment on
peut acquérir une connaissance authentique. Nous répondrons : « Cette
connaissance existe dans votre esprit, dans votre cœur. Soyez capable de
l’éveiller ! »
L’effort vers la beauté en sera la clé. Cette connaissance occupe
chaque recherche pour le Bien Commun. Elle se retrouve dans tous les
Grands Enseignements qui ont été donnés au monde. Elle existe dans
chaque manifestation de la nature. En omettant d’observer les manifes-
tations cosmiques, l’humanité a perdu la clé de bien des mystères de l’Être,
et ce sont justement ces mystères qui seraient en mesure d’expliquer toutes
les raisons des soulèvements et malheurs actuels. En rassemblant les com-
battants de l’esprit, indiquons-leur donc la direction de l’éveil à cette
connaissance sacrée.
L’humanité devrait comprendre que la majestueuse loi d’équivalence –
la loi de la double Origine – est la fondation de l’existence. La prédomi-
nance de l’une des Origines sur l’autre a créé le déséquilibre et la destruc-
tion qu’on peut observer maintenant partout dans la vie. Toutefois, une femme
consciente de cette loi, et qui travaille au rétablissement de l’équilibre, ne
doit pas abdiquer la beauté de l’image féminine. Qu’elle ne perde pas la
tendresse du cœur, la finesse des sentiments, l’abnégation et le courage
de la patience.
La femme, porteuse de la connaissance sacrée, peut devenir une puis-
sance qui appelle et enflamme de ses paroles les âmes préparées. Il faut
offrir des occasions à chaque femme, selon les capacités de sa conscience,
sans entraver sa croissance naturelle et personnelle. Par des touches bien
dosées, il faut ouvrir son esprit au fondement de l’Enseignement de Vie.
Que chaque âme se développe naturellement, apportant le meilleur d’elle-
même, selon son degré de conscience. La beauté réside dans la variété,
mais tout devrait s’élever à partir d’une fondation commune, la fondation
de l’effort vers le Bien Commun. La coopération la plus large est inscrite
sur la Bannière de la Mère du Monde, c’est pourquoi nous devons faire
preuve de la plus grande tolérance.
Sœurs de la Montagne Dorée, nous sommes à l’aube d’une période
dangereuse, mais combien magnifique – une période de grandes réalisa-
tions. Je vous transmets l’appel de mon cœur. Armons-nous d’un effort

44
ardent. À travers tous les obstacles et avec courage, tenons bien haut la
Bannière de la Mère du Monde – la Bannière d’Amour, d’Abnégation
et de Beauté – pour qu’à l’heure de la victoire nous puissions la dresser
sur les Sommets du Monde.

45
LETTRE 13

13 octobre 1930

J’ai reçu une série de lettres qui me donnent une idée de la direction
que suit votre travail et comment vous essayez d’appliquer dans votre
vie certaines lois de l’Enseignement. J’ai été heureuse de constater votre
compréhension de l’Enseignement. Les pensées tirées du livre Agni Yoga
sont très opportunes. Il est en effet bien nécessaire d’affirmer la grande
importance de l’activité créatrice, ainsi que l’effort courageux et la foi
dans le succès final. Nous devons regarder l’ennemi en face, et garder une
complète présence d’esprit. Souvent, l’ennemi n’est autre qu’un insecte
repoussant mais inoffensif sur un mur ensoleillé. Seuls les individus névro-
sés en seront effrayés. Certains ennemis prennent l’apparence de yacks,
mais nous avons besoin des yacks pour traverser les sommets des monta-
gnes les plus dangereuses. Le loup également se déguisera parfois en mou-
ton, mais nous avons été mis en garde contre une confiance trop grande.
Et nous savons que nous devons adapter nos armes à chaque cas indivi-
duel. Ainsi, nous n’allons pas tirer sur un tigre avec une flèche destinée
à un moineau.
L’intrépidité et l’effort sont deux des qualités fondamentales de
l’Enseignement. Il est pratiquement impossible d’arrêter une chose que
l’effort a mise en mouvement. De même, une pensée intense vient à bout
de tous les obstacles. Vous devez être maintenant en possession du nou-
veau volume de l’Enseignement. Vous y trouverez bon nombre de formu-
les splendides. Vous devez les comprendre et les appliquer dans votre
vie. Notez tout ce qui est dit à propos des qualités de l’action. Seule la
connaissance de l’Enseignement vous donnera la présence d’esprit néces-
saire dans vos réponses, parce que l’Enseignement prévoit toutes les
situations de la vie.
Il est également utile de se rappeler ce qui a été dit à propos de l’audace :
il est très important d’éviter les idées toutes faites – elles empêchent
l’élévation dans les petites choses aussi bien que dans les grandes. Vous
pouvez parler de la nécessité d’utiliser de nouveaux moyens, mais faites-
le avec tact et précaution, car la léthargie et l’assoupissement n’aiment
pas être secoués. « Il vaut mieux se rendre au cimetière que d’être entravé
par des lois surannées. » Toutes les lois sont inscrites au plus profond de

46
notre conscience. En élargissant notre conscience, nous comprenons les
lois. Il en résulte une grande mobilité. Pourtant, que voyons-nous en réa-
lité ? Une stagnation coupable du mental ! Les pays qui maintiennent des
lois mortes se désintègrent en s’opposant aux lois de l’évolution. Regar-
dez autour de vous « avec les yeux d’un faucon ». Étudiez la situation
actuelle et les événements qui se préparent sur notre planète ! En vérité,
on peut dire que les événements à venir projettent déjà leur ombre sur
la Terre. Il est impossible d’arrêter les forces éveillées de la conscience
nouvelle ou de la compréhension qui s’installent dans les masses. Chaque
retard n’en sera que plus destructeur. Nous ne sommes pas de ceux qui
détruisent, mais de ceux qui créent. Construisons donc les bastions de
la culture, de la connaissance de l’Éthique Vivante et de la Beauté. La
Connaissance et la Beauté sont les fondations et la couronne de l’évolu-
tion cosmique.
Je souhaite ardemment vous appuyer dans votre courageuse patience,
votre intrépidité et votre ingéniosité.
Seule la pensée et une conscience étendue viennent à bout de toutes
les difficultés. Voilà pourquoi vous devez prendre tous les moyens pour
élargir votre conscience en absorbant chaque ligne de l’Enseignement dans
tout votre être. Une conscience profonde aux connaissances multiples dou-
blée de l’application dans votre vie de l’Alliance de l’Enseignement vous
fourniront la clé de chaque chose, puisque vous posséderez une vue
d’ensemble.

En comparant toutes les indications données avec les événements qui


se produisent actuellement, nous pouvons nous rendre compte que chaque
indication était pertinente et qu’elle a été donnée en temps opportun. Avec
quel soin et avec quelle attention notre conscience avait été préparée
pour l’étape suivante. Bénie soit la Main qui allège notre fardeau !
Des années d’efforts soutenus mais magnifiques nous attendent, alors
que les résultats de cette bataille sont déjà assurés. Pour cela, il faut que
nous préparions nos armes et trempions l’acier de nos épées. Il faut que
les « boucliers protecteurs » donnés soient toujours prêts afin de pouvoir
fournir la bonne protection au bon moment. Notez et gardez en mémoire
toutes les fois que c’est possible chaque rencontre, chaque défense, ainsi
que la protection qui vous a été offerte par chaque bouclier. Le nombre
des protections mises à votre disposition excède le nombre d’institutions.
Elles couvrent et protègent toutes vos activités. Exercez-vous en groupe !
Chaque travailleur peut faire preuve de ressource et montrer la force

47
de la protection sous un angle neuf et souvent inattendu. Il est précieux
de terminer toute discussion par de pareils exercices. Vous pouvez même
imaginer les questions que pourraient poser vos adversaires et vous
préparer et vous exercer à y répondre.
Lorsque nous énumérons les boucliers de nos sociétés et de nos
communautés, n’oublions pas le bouclier de nos expéditions scientifiques,
le bouclier de la grande idée de la Bannière de la Paix, le bouclier de notre
réputation internationale et, finalement, le bouclier de notre lutte contre
l’attitude cruelle et ignorante envers la créativité culturelle ! Il est souvent
difficile pour nous de comprendre toute la signification de notre travail
d’éducation ou de création de sorte que, les faits et les arguments les plus
puissants ne nous viennent pas à l’esprit quand nous en avons besoin.
Cela n’arrive pas toujours parce que notre mémoire n’est pas en mesure
de réunir les pensées adéquates. Voilà pourquoi il est si important de
passer en revue nos tâches, tout en inspectant nos boucliers et les accumu-
lations générales. En premier lieu, nous devons être convaincus que nous
collaborons à un grand travail d’une importance mondiale, et que nous
sommes invulnérables derrière nos boucliers.
Il est possible que l’idée d’une « Cité de la Connaissance » soit moins
claire dans la conscience des collaborateurs que d’autres concepts. Aussi,
je vais vous donner – ou plutôt vous rappeler – quelques idées pour votre
protection externe. Concernant votre protection interne, vous en bénéfi-
ciez déjà. Le centre devrait être développé en cité de la connaissance. Dans
cette cité, nous souhaitons créer une synthèse des réussites scientifiques.
C’est pourquoi toutes les branches de la science devraient y être repré-
sentées. La source des connaissances étant le Cosmos, tous les savants
de ce centre scientifique devraient appartenir au monde entier, et donc
venir de toutes les nations. Et comme le Cosmos ne connaît pas de
divisions dans ses fonctions, les scientifiques du monde ne devraient
pas être séparés dans leurs réalisations. En d’autres termes, ils devraient
être associés dans la collaboration la plus étroite. L’emplacement de ce
centre, dans l’Himalaya, est soigneusement choisi en vue du but pour-
suivi, car des possibilités infinies y sont offertes et l’attention du monde
scientifique commence à se diriger vers ces hauteurs. La découverte de
nouveaux rayons cosmiques qui apportent à l’humanité de nouvelles
énergies précieuses ne peut se faire que dans les couches pures de l’atmos-
phère des montagnes.
Les montagnes ne sont-elles pas les plus grandes stations magnétiques ?
Et ne serait-il pas approprié d’en explorer les conditions magnétiques
et électriques ? L’étude des courants magnétiques n’apporterait-elle pas

48
plus de sécurité en aérostatique ? En ce qui concerne les courants magnéti-
ques, la science en est encore à ses débuts et les instruments modernes
sont de simples jouets, tandis que de « grandes découvertes pourraient se
faire au moyen d’études et de recherches sérieuses ». La raison pour
laquelle nous aimerions tant commencer ces recherches dans notre cen-
tre est que les conditions de cet emplacement sont particulièrement favo-
rables. Ne serait-ce pas le temps de porter attention à toutes les accumu-
lations météoriques qui se produisent sur les sommets neigeux et qui
sont charriées jusqu’aux plaines par l’action et la force des cours d’eau ?
Les observations astronomiques jouissent de conditions exceptionnelle-
ment favorables et il serait possible d’établir une succursale de la station
principale dans le Petit-Tibet qui est tout proche.
Sur le plan géologique, l’Himalaya est également très intéressante
et ses grottes recèlent beaucoup de mystères pour les archéologues, les
zoologues et les anthropologues. Si on en croit les populations indigènes,
il s’y trouve un grand nombre de sources chaudes et d’autres types de
sources non explorées ainsi que des lacs salés aux propriétés diverses.
Quant à la botanique, la zoologie et l’ornithologie, vous avez déjà appris
par les lettres de notre botaniste-zoologue à quel point il était satisfait
des résultats de son travail. On trouve sur ces montagnes les plantes et les
herbes médicinales les plus rares, et la variété des espèces botaniques
y est insurpassable.
Du point de vue archéologique, notre vallée est l’une des plus riches
et des plus anciennes. On y trouve des traces d’une ancienne culture
bouddhique. Le nombre de dialectes locaux parmi les tribus monta-
gnardes est très élevé. Il arrive souvent que les habitants de deux villages
voisins ne se comprennent pas entre eux. On peut également observer
ici des manifestations d’atmosphère incandescente et les « lumières hima-
layennes », comme on les appelle. L’installation ici d’une station météoro-
logique serait très souhaitable pour commencer l’étude et l’observation
des courants magnétiques, avec l’intention de l’agrandir plus tard puisque
les conditions sont tellement favorables. À ce sujet, laissez-moi vous
donner certaines indications :
« En outre, les mouvements en avant des courants magnétiques qui se
développent à la surface de la Terre définissent les lignes de changements
atmosphériques. Des stations d’observation devraient être établies en divers
endroits et un lien serré et aussi précis que possible devrait exister entre elles.
Il est vrai que le problème est l’absence de synthèse. Beaucoup d’énergie
et des études valables sont ainsi perdues. Par conséquent, il faut mettre
sur pied, sur Terre, une organisation de vrais collaborateurs. »

49
Pensons aux immenses possibilités. « L’étendue de la pensée et de la
conscience vous serviront de test. » Avez-vous déjà constaté que géné-
ralement tous les pessimistes ont une conscience restreinte et très peu
d’imagination ?
La construction d’une ville des sciences est une question d’importance
mondiale. C’est pourquoi nous ne devrions pas quémander de l’aide, mais
bien l’exiger. Nous ne travaillons pas pour nous-mêmes, mais pour
l’humanité. Chacun d’entre nous est prêt à donner le meilleur de lui-
même pour le Bien Commun. Il faut que les gens comprennent ces efforts
désintéressés et peut-être qu’ainsi naîtra en eux le désir de faire avancer
l’humanité vers une synthèse de toutes les connaissances.
Insistez donc pour que vos collaborateurs examinent et nettoient leurs
boucliers. Recherchez cette protection dans chaque indication, chaque
pensée exposée dans les volumes de l’Éthique Vivante. Les magnifiques
formules de construction disponibles doivent être prêtes à être utilisées.
Même avec la plus grande imagination, nous sommes incapables d’estimer
correctement la signification des événements actuels qui se rassemblent
autour des activités culturelles. Par conséquent, nous devons accepter
l’idée qu’une grande tâche mondiale s’accomplit et, sans relâcher notre
effort, continuer à transporter des pierres pour la construction du Temple
de la Connaissance.
Une fois encore, je demande à tous ceux qui participent de réfléchir
à la signification d’une grande coopération. Voici un exemple donné par
le Maître :
« Des forces qui agissent en opposition directe s’annulent mutuel-
lement. Des forces qui agissent en parallèle ont le même effet qu’une
force ayant la somme de leur mutuelle intensité. Des forces divergentes
voient leur efficacité diminuer en fonction de l’angle qu’elles forment.
Pourquoi ne pas admettre qu’une loi fondamentale de la physique est
également une loi fondamentale de la coopération. » (Infinité, volume 2,
no 433).
Aplanissez donc vos divergences pour que vos forces agissent dans
la même direction. Considérez les conséquences de vos divergences. Dans
une véritable coopération, personne n’est rabaissé, et celui qui sait et voit
plus peut le mieux aider. Plus une personne ou une nation est ignorante,
moins évidente est sa coopération. Qui souhaiterait pour lui-même le
qualificatif de stupide ou d’ignorant ? Le dicton : « Je ne sais rien de cette
affaire et ne veux pas m’en mêler » est très caractéristique. Mais celui
qui ne sait rien risque de ne jamais rien apprendre.

50
LETTRE 14
3 décembre 1930

Nous sommes si heureux du développement de vos activités cultu-


relles. Chaque pensée culturelle appliquée à la vie est un trésor précieux !
Et il existe un immense réservoir de pensées de ce genre, prêtes à être
mises en application. Ceux qui prennent contact avec ce réservoir y
puiseront les éléments qu’ils pourront utiliser conformément à la direc-
tion de leurs efforts. Par conséquent, notre principal problème est de
réveiller chez les nouveaux arrivants la disposition à l’effort. Chacun
d’eux, lorsqu’il s’enflammera, découvrira son propre potentiel, le déve-
loppera à sa façon, et enrichira ainsi le trésor commun. Mais si nous
voulons inspirer les autres, nous devons porter ce feu inextinguible en
nous-mêmes. Nous devons le conserver dans une pureté absolue et
combattre la multitude des basses pensées qui prennent origine dans
l’égoïsme. Il est certain qu’aucune pensée créée par l’égoïsme ne peut
s’harmoniser avec le grand plan de l’évolution cosmique. En consé-
quence, quand vous subissez un échec, vous devez d’abord chercher le
ver qui ronge les fondations. C’est la seule chose à chercher. En réalité,
l’égoïsme est étroitesse d’esprit. Mais l’étroitesse d’esprit conduit à la
stagnation et à la mort, alors que le Cosmos existe selon le principe de
l’Infini.
Comment détruire ce ver ? Seulement en faisant preuve de tolérance,
de largeur d’esprit et en se pénétrant de la grande loi de la comesure. En
d’autres mots, en élargissant notre conscience. Par conséquent, efforçons-
nous avec ardeur à élargir notre conscience. Toutes les étapes nécessaires
à l’atteinte de cet objectif libérateur sont présentées dans les livres de
l’Enseignement. Enrichissons notre vie avec ces trésors en nous rappelant
que l’effort de l’esprit et de la volonté peut transformer la vie.
L’esprit qui cherche à enflammer son énergie en faisant des efforts peut
fondre la matière. Après l’avoir fondue, il peut l’affiner, ce qui permet
d’obtenir les perceptions les plus délicates. C’est là la condition néces-
saire pour atteindre la vraie vie et l’immortalité ! L’aspiration à l’effort doit
constituer le fondement de notre vie.
C’est pourquoi vous devez tendre vers les sommets, parce que ceux
qui se limitent à un petit cercle sont perdus et que leurs possibilités ne
dépasseront pas le rayon de ce cercle. Une conscience limitée attire

51
des énergies imparfaites ou des possibilités limitées. Et même si, pour des
raisons karmiques, l’esprit réussit à attirer des possibilités plus larges, une
petite conscience tentera d’en faire un poulailler ! Seule une conscience
capable de saisir les plus grandes actions du monde peut collaborer
avec le Cosmos et avec les Grands Frères de l’Humanité.
La perception et la compréhension pratique de l’existence de
l’aimant qui met notre esprit en contact avec les énergies supérieures –
lesquelles entraînent l’élargissement de notre conscience – peuvent nous
rapprocher de la conscience de l’Aimant Cosmique et nous plonger
vraiment dans le courant de l’Évolution Cosmique. Cela nous conduira
au grand Sacrement – l’accomplissement suprême de l’Être – appelé
« Couronne du Cosmos ».
Hâtez-vous d’allumer les feux conducteurs de votre aimant spiri-
tuel en éveillant votre cœur. Ce n’est qu’en unissant les feux du cœur aux
feux de l’esprit que nous pouvons libérer notre créativité et obtenir de
formidables résultats.

Toutes vos motivations doivent être évaluées par votre cœur. Votre
cœur est le seul juge, le seul accumulateur et le seul gardien des pré-
cieuses énergies acquises. La structure de ces énergies accumulées
constitue notre individualité et notre destinée. La loi des correspon-
dances est une loi cosmique fondamentale. En conséquence, chaque
énergie acquise attirera de l’espace une énergie équivalente et provo-
quera ainsi une réaction correspondante chez les personnes rencontrées.
Ce fait explique les sympathies et les antipathies. Il explique également
pourquoi une personne donnée peut très bien s’entendre avec un grand
nombre d’individus alors qu’une autre, malgré tous ses efforts, ne suscite
que de l’opposition. Mais comme toutes les possibilités nous sont fournies
par d’autres êtres, l’importance de la qualité des énergies que nous accu-
mulons devient très claire.
L’accumulation des précipitations d’énergie n’est pas le résultat
d’une seule vie. Il faut des milliers d’années pour remplir le Calice. C’est
pourquoi il est essentiel de fournir de façon continue et ininterrompue des
efforts orientés vers le bien, car ce sont ces efforts qui déposent dans notre
coffre les trésors sans prix. Les personnes possédant de grandes accu-
mulations dans leur Calice constituent les trésors des nations. Il suffit
parfois de très peu pour finir de remplir le Calice, et cette petite partie
manquante pourrait être ajoutée dans le cours d’une seule vie consacrée
à l’altruisme. Mais, par négligence, certains remettent ce travail à plus tard,

52
ce qui les amène à régresser. Rien ni personne ne peut arrêter le mouve-
ment infini et la transmutation des énergies. Il n’y a que deux possibilités :
s’efforcer d’avancer ou reculer. Mais qui voudrait se condamner à reculer –
en d’autres mots, qui voudrait s’associer à des déchets cosmiques ? L’effort
est un moteur puissant pour l’évolution de tous les êtres!
Parlons maintenant de l’Agni Yoga. Comment pouvons-nous donner
des interprétations de l’Agni Yoga si nous n’élargissons pas notre conscience ?
Nos plus beaux discours pour décrire sa nature et ses réalisations seront
dénués de conviction si nous n’avons pas nous-mêmes allumé les feux
de notre cœur. Quelqu’un a rédigé un texte sur la nécessité de tolérer
toutes les interprétations. L’idée est juste. Il est toutefois nécessaire de
veiller à ce que chaque interprétation individuelle soit correcte. Autrement,
il pourrait en résulter un nombre de buissons tels que l’instructeur lui-
même s’y perdrait ! Souvent, une interprétation erronée est plus nuisible
que pas d’interprétation du tout. Chaque instructeur doit être bien cons-
cient qu’il est de sa responsabilité de fournir une interprétation correcte
des principes de base. Il devrait prendre bien soin de ne pas donner d’expli-
cation irréfléchie de certains énoncés des Enseignements qui pourraient
être obscurs pour lui, mais qu’il pourrait vouloir interpréter quand même
afin de protéger son autorité. Quand on est perplexe, il est préférable de
déclarer honnêtement : « Je ne donnerai pas d’interprétation pour le mo-
ment, parce que je veux d’abord approfondir cette question. » Pour ma
part, je serai toujours heureuse de vous expliquer, avec l’aide du Grand
Instructeur, tout ce qui pourrait être obscur pour vous.
Ce que vous écrivez sur votre recherche de l’harmonie est très beau.
Appliquez l’harmonie dans votre vie, car tout ne trouve sa valeur que dans
la vie et pour la vie. Faites preuve de discernement jusque dans les plus
petites choses. Évitez l’hypocrisie. Il est mieux d’avoir un vêtement ra-
piécé qu’un vêtement troué, mais tous préfèrent porter des tissus résis-
tants. Efforçons-nous donc de ne pas faire de trous ! Pratiquons une disci-
pline sévère sur le plan du langage. Pesons chaque mot et souvenons-nous
que « les effets d’un mot ne peuvent être éliminés, même par un Arhat ».
Appliquons largement l’indication mentionnant que « chaque mot doit être
un rayon de lumière et non un clou dans le cercueil ». Sachez discerner
en votre esprit quand il est approprié de dire la vérité, même si celle-ci
est difficile à avaler, et quand il est préférable de garder le silence. La
flatterie et l’exagération sont des comportements non seulement mépri-
sants, mais tout bonnement inadmissibles.
Chacun d’entre vous possède des qualités particulières. Personne
n’a été oublié. Vous n’avez donc aucune raison de vous jalouser les uns

53
les autres. Mais bien sûr, chacun de vous doit développer lui-même son
potentiel. Et la seule compétition acceptable entre les membres d’un
groupe est une compétition pour la meilleure application des efforts et
la meilleure compréhension du Bien Commun. Chacun devrait savoir que
cette aptitude de la conscience individuelle constitue le seul indicateur
de progrès, et que l’esprit occupe un niveau correspondant – ni plus bas,
ni plus haut. Je citerai ici les mots de l’Instructeur : « Lorsqu’il est ques-
tion d’égoïsme, cela ne doit pas être interprété séparément. Tout dans la
vie, tout pour la vie. L’Instructeur voit. L’Instructeur sait. L’Instructeur
n’affirmera rien qui ne soit applicable à la vie. Celui qui répète ses pro-
pres formules ne connaît pas les formules de l’Instructeur. Les vieilles
formules ne conduisent pas vers le progrès. Il est nécessaire de dire :
“L’égoïsme construit ses barrages partout.” » En outre, il est mentionné
d’expliquer que l’égoïsme coupe le canal de communication. Souvenons-
nous que la qualité de nos motivations peut soit nous rapprocher de
l’Instructeur, soit nous éloigner de Lui. Il n’existe pas d’endroit où nous
puissions échapper à l’Œil qui voit tout, qui pénètre jusqu’aux replis
les plus secrets de notre cœur. Il faut manifester le pouvoir de l’esprit
et s’efforcer sans relâche d’éradiquer les lourdes et persistantes accumula-
tions, car autrement aucun affinement n’est possible. Seul l’affinement
de toutes les émotions donne accès aux meilleures possibilités.
Mon cœur souhaite vivement voir croître la compréhension de l’Ensei-
gnement : croissance de l’effort sincère libre de tout espoir de récom-
pense, croissance de l’altruisme, croissance de l’offrande de pratiquement
tout au service du Bien Commun, croissance d’une approche correcte
du travail qui nous a été confié et, par-dessus tout, croissance du sens
de la comesure. Il faut comprendre qu’on peut s’épuiser dans l’action
et l’effort. Cependant, sans la commensurabilité, l’action et l’effort
produiront un résultat semblable à celui d’un écureuil qui court sans
arrêt à l’intérieur d’une roue. L’action non équilibrée par la
commensurabilité, privée du feu créateur du cœur, ne permettra jamais
d’avancer sur le sentier.

J’approuve entièrement la méthode que vous employez pour dévelop-


per l’attention chez les enfants. L’utilisation de représentations d’œuvres
d’art à cet effet est une excellente idée. Il y a tant de choses à voir dans ces
trésors artistiques. L’attention est la base de l’accumulation de la connais-
sance. L’attention est la première étape de l’affinement de la réceptivité.
Nous savons que seul l’affinement de la conscience entraîne son élargis-
sement, et que le pouvoir créateur est stimulé par les centres récepteurs

54
subtils. Plus la réceptivité est subtile, plus elle est élevée. Plus elle est
élevée, plus elle est puissante. Rien n’entrave autant l’évolution que
l’incapacité de percevoir ce qui est subtil !
Si nous voulons approcher la Conscience Supérieure, nous devons
avant tout affiner notre propre réceptivité. Ce n’est que là où se trouve
l’équilibre – comme sur une balance – que peut se manifester la vraie
coopération. C’est pour cette raison qu’une structure fondée sur les princi-
pes de l’harmonie est si précieuse. La perception subtile des pensées po-
sera la fondation d’une action vigilante. La création de ce qui est beau est
basée sur ce principe. Si on trouve si peu de beauté dans les créations des
gens, c’est que même les meilleures idées ne sont réalisées qu’en partie
et que, par conséquent, la beauté de l’intention première est perdue.
N’oubliez jamais ceci : vous êtes entourés de possibilités, mais elles
ne se matérialiseront que si votre conscience les perçoit. Toute pensée
provient d’un contact avec le réservoir de l’espace. Essayez d’imaginer
combien de pensées non appliquées flottent dans les couches supérieures
de l’espace ! Essayez de saisir ces pensées en affinant votre réceptivité.
C’est ce que nous appelons la coopération cosmique, mais vous devez
d’abord allumer vos feux intérieurs.
Il n’y a pas de plus grande joie que celle d’une conscience qui s’agran-
dit ! Dans les vagues de la conscience se trouve toute la joie de l’Être !
Une fois de plus, je fais appel à vous. Je vous en prie, soyez attentifs
à toutes les qualités de vos collègues. Apprenez à être tolérants, mais sans
complaisance. Que le feu de votre cœur inspire vos collègues à mani-
fester dans leur vie leurs meilleures qualités. Efforcez-vous de les unir
dans les sentiments les plus élevés de dévouement et de gratitude pour
l’Instructeur qui leur a tant donné.
Hâtez-vous d’apprendre comment vous estimer et vous aimer les
uns les autres. Mais rien n’exige autant de soins délicats et attentifs que
l’amour !
Puissiez-vous manifester au moins une petite partie de la tolérance et
du soin manifestés par le Grand Cœur qui nous invite à nous unir pour
bâtir le Temple !
Prêtez l’oreille à l’appel du cœur !

55
LETTRE 15

17 décembre 1930

Aux jours de la victoire, je souhaite vous féliciter et vous préparer


pour des batailles nouvelles et plus ardentes encore ! Aux jours de la
victoire, je souhaite vous remettre en mémoire les paroles du Maître :
« Apprenez à connaître la sensation forte que procure la bataille. » Aux
jours de la victoire, examinons soigneusement nos armes et préparons nos
boucliers, car notre ennemi se tient prêt. Il observe de ses yeux per-
çants nos faiblesses pour nous atteindre à travers elles. Il sait combien
une victoire berce l’entendement et diminue l’effort et la vigilance.
C’est pourquoi après une victoire, nous devons redoubler de vigilance
pour faire face à la prochaine bataille qui sera plus grande encore, tout
comme la victoire. Un relâchement de l’effort mène à la défaite. Seule
une conscience élargie se rendra véritablement compte du danger que
représente une vigilance moins alerte suite aux premières victoires.
C’est pourquoi nous devons nous efforcer d’acquérir la joie d’une
vigilance continuelle et d’un effort soutenu. Ces deux qualités participent
aux fondations de l’Enseignement et de la vie. Seul l’effort nous conduit
vers l’étape suivante. Seule la vigilance nous permet de surmonter avec
succès tous les obstacles. L’Instructeur nous appelle à un travail urgent
pour l’amour de la victoire. Chaque victoire dépend de la tension de
notre effort. Aussi, lorsque l’effort se relâche, soit à cause de la myopie
résultant de notre conscience limitée, ou encore par mésentente et manque
de coordination entre les combattants, la défaite est inévitable. Par con-
séquent, je vous demande de ne pas vous laisser affaiblir par des dissen-
sions internes lorsque vous approchez un passage dangereux. Il est égale-
ment périlleux de vous pousser, car celui qui pousse risque fort de parta-
ger le sort de celui qui est poussé.
Vous devez également faire preuve d’un grand discernement lorsque
vous confiez des responsabilités à de nouveaux arrivants. Mettez-les à
l’épreuve avant de les faire avancer jusqu’aux premiers rangs. Imaginez
les difficultés provoquées par un travailleur qui rate une occasion !
Ne permettez pas aux étrangers de critiquer ou de condamner un
seul collaborateur en votre présence. Cherchez toujours des paroles
dignes pour arrêter les ragots et les accusations – cela vous vaudra du

56
respect. Rappelez-vous qu’aussi longtemps que vous serez unis, vous
traverserez tous les obstacles, mais le moindre désaccord entre vous
provoquera une fissure jusque dans les fondations. Quelle structure peut
être érigée sur des fondations fissurées ? Le premier orage détruirait
l’édifice. Rapprochez-vous les uns des autres et soyez attentifs à exécuter
toutes les Indications de l’Instructeur. C’est la seule voie vers la victoire.
Vous devez vous rappeler que le Guide terrestre n’a pas une seule
pensée personnelle. Absolument tout est orienté et donné pour le service
du Bien Commun. Aussi, celui qui change les indications ou se permet de
douter ne devrait s’en prendre qu’à lui-même. Tout ce qui est fait à moi-
tié donne des résultats à moitié. Nous savons qu’une dose entière d’un
médicament salutaire rend la vie, tandis qu’une demi-dose ne procure
qu’une amélioration passagère qui peut se terminer par la mort. C’est
pourquoi nous devons accepter les précieuses indications dans leur
ensemble afin de ne pas perdre une seule parcelle de cette énergie vitale.
L’obéissance totale aux injonctions et l’exécution fidèle des indications
procurent la santé et conduisent à une grande victoire, à une grande
Lumière. Dans l’antiquité, l’obéissance était une étape vers un degré
supérieur. Celui qui était incapable d’atteindre l’obéissance totale n’attei-
gnait jamais les paliers suivants. Celui qui savait obéir et exécuter les ordres
était en mesure d’assumer une grande responsabilité et de comprendre
l’immuabilité d’un ordre.
En comprenant ce qui précède, on se rend bien compte que tous les
ordres donnés ne sauront jamais asservir l’esprit d’un disciple, car la
liberté d’expression individuelle est toujours accordée. Et nous savons
qu’il n’y a pas de limites pour élever la qualité en remplissant chacune
des tâches. Seul un esclave du passé peut se rebeller contre un ordre.
Seul un esprit mesquin peut craindre de perdre sa personnalité en accomplis-
sant les plans du Guide terrestre. Si nous ne nous fions qu’à nos propres
expériences, et repoussons tout ce que nous sommes incapables d’assimiler
de la conscience élevée du Maître, cela signifie que nous refusons de
nouvelles expériences. L’individu est le résultat de ces nouvelles assimila-
tions ajoutées aux expériences acquises précédemment.
Qu’il est heureux celui qui peut puiser dans le Trésor d’une Grande
Conscience. J’aimerais citer les passages suivants tirés du livre Hiérarchie :
« La pensée de l’obéissance à l’Instructeur est étrangère aux hommes.
Comment l’esprit peut-il craindre de s’égarer alors que le Maître est le
Phare qui guide ? Comment le disciple ne pourrait-il pas s’enflammer alors
qu’il a déjà reçu l’inspiration ardente de son Maître ? Comment le disciple
pourrait-il s’attarder alors que le Maître l’inspire et le protège de son

57
Bouclier ? Pour tiède qu’il soit, le désir de lutter pour un travail mutuelle-
ment bénéfique vit dans la conscience de l’humanité. Mais l’homme doit
apprendre à agir par lui-même et à mettre en action toutes les pensées
du Maître. C’est ainsi que l’Esprit Cosmique conduit l’évolution. C’est
ainsi que l’humanité doit apprendre à construire par la voie supérieure.
En vérité, en suivant l’Instructeur, le disciple assimile son Image. »
(Hiérarchie, no 30).
« Comment pouvons-nous parvenir à une meilleure compréhen-
sion de l’Aimant si nous mettons en doute les indications de l’Esprit
Cosmique ? Comment pouvons-nous triompher d’un ennemi si nous
doutons du pouvoir qui nous est accordé ? Comment pouvons-nous
espérer construire quelque chose de grand si nous n’acceptons pas les
indications irrévocables de la Hiérarchie ? » (Hiérarchie, no 32).
Il peut sembler que je me répète, mais à cause de votre démarche
hésitante dans l’action, il faut faire une étude attentive des Indications.
Souvenez-vous que l’Enseignement encourage le perfectionnement du
travail.
Je vous conseille également de donner un ton positif à vos discours,
vous souvenant que seul ce qui est positif entraîne les gens. De même,
en entreprenant des actions d’une façon non conventionnelle, on attire
l’attention. Certaines personnes pourront voir un « manque de tact » dans
ces modes insolites, révélant ainsi leur manque d’intelligence. Seul l’inhabi-
tuel attire et garde en haleine les courageux. Tous les grands événements
ont été créés, non par la masse, mais par de fortes personnalités, et l’his-
toire les distingue. Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. Déve-
loppez donc un discours inhabituel, un discours puissant et affirmatif,
un langage de bâtisseurs, car seul un tel langage correspond à la tâche qui
vous est confiée. Les effusions et les paroles mielleuses appartiennent
à une sentimentalité sans compétences et à une médiocrité déplorable.
Vous rappelez-vous l’admiration que tous vous portiez à une certaine
personne lors de ses conférences ? En même temps pourtant, vous remar-
quiez justement qu’elle n’arrêtait pas de critiquer et d’attaquer. Mais nous
devons être créatifs et ainsi nous affirmerons et indiquerons la direction
juste. Souvenez-vous que tous les Enseignements condamnent la tiédeur.
Donc soyons ardents. Embrasons-nous, manifestant le discernement
nécessaire pour éviter de provoquer une conflagration s’il est seulement
nécessaire d’entretenir le feu. Un élargissement de la conscience indi-
quera la bonne voie. Un élargissement de la conscience changera la
qualité de la pensée. Un élargissement de la conscience apportera la
puissance de la Victoire.

58
Mais chassez les pensées mesquines. Évitez la critique, car en rabais-
sant le travail qui vous est confié vous rabaissez l’Instructeur. Un tel compor-
tement serait traître et injurieux pour les fondations sur lesquelles sont
basées votre propre bien-être ainsi que le Bien Commun. Chassez tous
les doutes, car où le doute existe le développement de la conscience est
arrêté. Celui qui doute, qui ne fait pas confiance, ne peut espérer gagner
la confiance du Maître. C’est pourquoi il n’avance plus.
J’aimerais tant vous enseigner à apprécier le trésor de chaque Indi-
cation, de chaque Conseil du Maître et du Guide terrestre, car ils sont si
précieux ! Découvrez en vous-mêmes les impulsions ardentes pour tendre
vers la grande tâche de porter la lumière de la culture. Imaginez que vous
habitez une maison de verre et faites attention à toutes vos paroles et vos
actions. Imprégnez tout votre travail de la beauté du Service. Restez joyeux
dans la bataille parce que vous savez que la victoire est promise, pour
autant que vous mainteniez la pleine tension de votre abnégation.

59
LETTRE 16

7 janvier 1931

Celui qui rabaisse ou déforme la Volonté du Maître se détruit lui-même.


Celui qui dénigre le Guide terrestre est pareil à l’homme qui scie la
branche de l’arbre sur laquelle il est assis. Plus notre Guide terrestre est
grand et plus nous sommes grandis, mais cet axiome simple est mal
compris. Toute l’histoire de l’humanité démontre que les grandes figures
historiques, les vrais chefs et philosophes, révéraient leurs Guides terres-
tres sous la direction desquels ils étaient devenus des géants de l’esprit
et avaient accompli de grands exploits.
Le livre Hiérarchie sera prochainement publié. En vérité, la loi
cosmique immuable de la Hiérarchie est mal connue de nos jours, mais
l’humanité doit reconnaître cette loi à nouveau. Le principe de la Hiérar-
chie est une loi maîtresse et dispensatrice de Vie. C’est pourquoi nous devons
imprégner notre conscience de la compréhension de cette loi si nous
voulons faire des progrès et apporter notre contribution au Bien Commun.
La loi de la chaîne de la Hiérarchie est très forte et maintenue ferme-
ment par la Fraternité Blanche. Personne ne peut éviter le chaînon le plus
proche, parce que ce lien a été forgé au cours d’une approche de longue
durée ainsi que par des accumulations de milliers d’années. Par conséquent,
nous devons tenir fermement ce lien le plus proche afin de ne pas perdre
le contact avec toute la chaîne.
Dans la dévotion et la gratitude envers le Guide terrestre réside une
si grande beauté ! On dit dans l’Enseignement que la flamme de la dévo-
tion et de la gratitude surpasse toutes les autres offrandes ardentes.
Malheureusement, ces deux qualités sont particulièrement rares chez
les habitants de cette planète. Mais plus précisément, la possession de
ces qualités aide considérablement à produire des géants de l’esprit et
de la volonté. L’esprit doué de brillants talents, mais auquel manquent
ces deux qualités, n’aura jamais la permission d’approcher au-delà de
certaines limites.
Il est utile de noter dans les livres de l’Enseignement tout ce qui
concerne la relation entre le Maître et le disciple. Il est dit que chacune
des marques de respect témoignées au Maître révèle une compréhension

60
appropriée de l’Enseignement. Mais pour celui qui considère les directives
comme une corvée, il n’y aura jamais d’approche possible jusqu’au Maître.
L’Enseignement n’est pas abstrait, mais inspire les suggestions les plus
pratiques applicables dans la vie. Par conséquent, gardons bien dans notre
cœur tout ce qui est dit sur la Hiérarchie et maintenons nos pensées
pures, car garder cette pureté est semblable à de l’ozone.
Voici des citations tirées du livre Hiérarchie :
« Les mauvaises pensées sont comparables à des reptiles. Rien ne
ressemble plus à des reptiles que ces rebuts de la conscience. Peut-on
s’asseoir dans un fauteuil sachant que rampent dessous des scorpions et
des serpents venimeux ? Libérez-vous des reptiles, ils ne sont pas tolérés
sur le sentier qui mène à la Hiérarchie. Condamnation et blasphème contre
le Maître sont très préjudiciables. Celui qui condamne la Hiérarchie doit
savoir que sa légèreté et son crime pèseront lourd et longtemps dans son
karma. En vérité, il n’y a qu’une voie qui mène à la Lumière Une, celle
de l’Instructeur. Seule une extrême ignorance peut détruire cet unique
sentier. Ressentez l’union avec le Très-Haut comme l’essence de la vie.
En rabaissant le Hiérarque, on se condamne soi-même, sans compter qu’on
cause un grand préjudice à son entourage. Personne ne doit ignorer cela. »
(Hiérarchie, no 57).
En vérité, il est nécessaire de tenir le fil conducteur qui procure à
la fois bien-être et bénédictions.
« On ne peut espérer obtenir le succès lorsque les fondations mêmes
sont en décomposition ! Bien sûr, les Grands Instructeurs feront le néces-
saire, mais il est important d’arrêter la légèreté et la trahison. La trahison
peut prendre plusieurs formes, mais ne sont-elles pas toutes semblables ?
Il est essentiel de réfléchir pour savoir si on a le droit de compliquer le
sentier déjà prédestiné. Il doit arriver des événements merveilleux, et
les dates approchent déjà. Laissons le fil conducteur rayonner ! »
« Lorsque l’Espace est obscurci par le brouillard de l’incompréhen-
sion, il est difficile aux rayons créateurs de le pénétrer. Chaque couche est
imprégnée d’une substance conforme à la force qui l’anime. C’est pour cette
raison que les couches terrestres sont si impénétrables. La quête de l’esprit
attire vers l’Aimant de la Hiérarchie. Cette quête doit procéder dans un
rythme soutenu, car chaque force a sa correspondance sur Terre. Ainsi la
loi de la Hiérarchie est appliquée de façon vitale. » (Hiérarchie, no 58).
« Il faut savoir que les forces des ténèbres essaient d’infiltrer les
fondations. Il faut donc être attentifs et manifester une surveillance des
plus alertes. Les forces des ténèbres peuvent même essayer d’utiliser un

61
Bouclier de l’Instructeur. Extérieurement, elles pourront faire l’éloge
du Guide terrestre, alors qu’insidieusement elles essayeront de saper son
travail. Il faut donc se tenir sur ses gardes et manifester de la résistance.
Pour que la victoire ait lieu, il faut comprendre l’importance de la Forte-
resse. Fortifions donc toutes les positions et apprenons à vénérer le Nom
de l’Instructeur. Le pouvoir de la victoire se manifeste seulement lorsque
les fondations sont puissantes. Protégeons donc les fondations. Il faut être
convaincu de vaincre ; la prudence est donc de mise. »
Toutes les indications montrent un grand souci pour l’élargissement
de la conscience. Soyez sur vos gardes. Prenez des précautions, car l’ennemi
peut s’infiltrer dans la maison sous le masque d’un ami ! Serrez mieux les
rangs et surveillez avec attention les efforts de ceux qui essaient de vous
désunir. Les voies de la flatterie et de l’excitation de l’ambition sont les
plus sûres. Qui, après tout, n’aime pas entendre des éloges ? C’est un trait
de caractère généralement répandu, et chaque point faible est exploité par
les forces des ténèbres. En gonflant notre fierté, ils rabaissent impercep-
tiblement ce que nous avons de plus élevé et ce qui nous fait vivre.
Soyez sur vos gardes !

62
LETTRE 17

15 janvier 1931

Je vais répondre à vos questions sur le service. Le service de la


Hiérarchie de Lumière est un service pour le Bien Commun. Il est certain
que les efforts dirigés vers le Bien Commun ouvrent les portails de la
connaissance supérieure et du Service. Mais j’aimerais que vous compre-
niez quelles qualités vous devez d’abord développer pour progresser sur
le sentier du Service. Bien des gens rêvent du Bien Commun et sont
prêts à y travailler aussi longtemps que leurs habitudes et leur prospérité
ne sont pas mises en cause. Mais le vrai service pour le Bien Commun,
qui conduit à la Forteresse de Lumière, exige le sacrifice et le renoncement
à tout ce qui est personnel – en d’autres termes, le total abandon de soi.
Quand la conscience est élargie, quand les émotions et la compréhension
sont purifiées, la loi du sacrifice peut être acceptée comme l’accomplis-
sement le plus élevé. Il ne reste alors plus de place pour l’apitoiement, la
crainte de l’avenir, les offenses et l’envie, car avec chaque respiration
le sublime, la beauté et la haute joie du service se trouvent réalisés.
L’esprit mûr qui choisit consciemment la voie du Service connaît la
joie d’une conscience élargie et l’ardente lutte vers la Conscience la plus
Haute. Il connaît la joie d’accomplir la plus Haute Volonté. Il connaît la
joie de la découverte ainsi que la destination de la vie. Et quand l’heure
aura sonné, il apprendra la beauté et la sublimité du Sacrement final.
Ainsi, après avoir compris et accepté de tout notre cœur la signi-
fication du sacrifice suprême et libérateur, efforçons-nous de développer
en nous-mêmes l’amour, le dévouement, la gratitude et l’obéissance à la
Hiérarchie. Soyons prêts à porter n’importe quel fardeau, nous souvenant
que plus il sera lourd, plus court sera notre chemin. En vérité, de l’amour
et du dévouement découlent toutes les autres qualités qui favorisent
notre avancement. Cultivons-les donc comme des fleurs infiniment
précieuses. Et puisque ces fleurs de l’esprit croissent et s’alimentent entre
elles, le plus grand amour sera porteur de la réponse la plus grande.
Entourons donc le Grand Instructeur du feu de l’amour. Manifestons-
Lui notre respect. Témoignons la compréhension la plus attentive et la
plus élevée pour l’Enseignement ainsi que pour les Indications, puis
religieusement, avec révérence et un cœur frémissant, considérons la

63
beauté et la majesté de la créativité qu’ils nous procurent. Je vous le
rappelle, ceux qui manifesteront l’entendement le plus élevé atteindront
les plus hauts sommets.
Voici une citation de l’Enseignement :
« Certains déversent un gruau quotidien devant l’Image de l’Instruc-
teur et s’imaginent être dans le Grand Service. L’Enseignement et le
Service demandent avant tout l’expansion de la conscience sur la base de
l’adhésion à l’Enseignement et du respect pour l’Instructeur. En étudiant
l’Infinité, constatez que l’amour et le dévouement n’ont pas de limites.
Dire que l’excès d’amour et de dévouement est démodé ne peut que nuire
à l’aspirant. Vous devez voir l’amour et le dévouement illimités comme
la première étape vers le Service et le Yoga. Prenez en main votre propre
évolution et avancez vers l’Instructeur, car c’est alors seulement que vous
recevrez de l’aide. Déverser un gruau quotidien ne mène nulle part, mais
l’amour et le respect envers l’Instructeur sont des sentiments sacrés et
un moyen sûr de régénération. » (Hiérarchie, no 59).
Ainsi, mes chers amis, une conception vulgaire, des sarcasmes
envers des idées sacrées provenant de consciences limitées par le manque
du sens des proportions et le dénigrement des valeurs fondamentales
les plus hautes doivent être éliminés de notre vie si nous désirons fouler
le sentier du Service.
Certains recherchent le bonheur de vivre, mais la béatitude ne nous
est donnée que si nous accomplissons la Volonté du Maître. Il n’y a pas
d’autres moyens. Il faut chercher à comprendre avec zèle ces paroles profon-
des du Maître et s’en souvenir constamment : « En accomplissant Ma
Volonté, vous Me donnez la possibilité d’accomplir votre volonté. »
Qui d’autre, si ce n’est le Maître, connaît nos aspirations sacrées et nos
luttes ? N’est-ce pas le Maître qui nous procure la possibilité de les
réaliser en les purifiant et en les cristallisant par l’Enseignement donné –
c’est-à-dire par l’élargissement de notre conscience ? Qui serait assez
fou pour vouloir détruire son propre bonheur ?
Efforçons-nous avec ardeur d’accomplir la Volonté rédemptrice qui
nous conduit vers le service prévu pour le Bien Commun.
« Quand la pensée s’efforce d’accomplir la Volonté Supérieure, un
rapport direct s’établit avec le Bouclier de cette Volonté Supérieure. »
Comment ce Bouclier peut-il nous protéger si les Indications ne sont
réalisées qu’à moitié ? C’est pourquoi les disciples qui s’efforcent d’obser-
ver religieusement les testaments, de pratiquer et d’appliquer les moindres
Indications développeront leur créativité et élargiront leur conscience.

64
Du livre Hiérarchie :
« […] Peut-on atteindre sans efforts à une compréhension du Cosmos
et accéder aux sphères supérieures ? Seule la continuité assure le succès
de l’effort. Tout ce qui existe procède de la loi de Continuité. L’isolement
résulte uniquement de la perte de ce qui est prédestiné. Ainsi, la pensée
est génératrice de continuité. Ainsi, la loi de la Volonté Supérieure crée
sans fin. » (Hiérarchie, no 61).
« La loi de la Volonté Supérieure crée toute action conforme au but.
Cette loi sature l’espace et seul l’accomplissement de la Volonté Supé-
rieure suscite une fin heureuse à nos actions. Comment est-il possible de
refuser une Indication de la Volonté Supérieure sans compromettre la
victoire ? Comment est-il possible de trouver de meilleures façons de faire
lorsque le Bouclier de l’Instructeur est soutenu et assuré par la Hiérar-
chie ? Ceux qui exécutent la Volonté de la Hiérarchie conduisent à la vic-
toire. En conséquence, les disciples doivent appliquer les efforts les plus
méticuleux pour réaliser la Volonté Supérieure. C’est la seule façon de
réussir et c’est également la seule façon d’assurer la victoire. »
« L’attachement à une idée et le dévouement envers le chef produisent
des miracles. À toutes les époques, les gens ont réalisé l’importance du
dévouement et, selon le développement de leur conscience, ont utilisé
différentes méthodes pour en assurer la manifestation, allant de l’obliga-
tion de prêter serment jusqu’à l’anathème proféré par l’Église ou encore
la mise en place de l’Inquisition. Et aujourd’hui encore, seuls les traîtres
à l’esprit étroit, pleins d’envie et de doutes, motivés par la peur avant l’avène-
ment de l’extraordinaire Lumière, se lèvent devant le pouvoir invincible
de la Hiérarchie. À ces traîtres nous disons : “Misérables fous, vous avez
peur de tout ce qui est puissance et beauté. Vous avez peur des pensées
vastes et de la créativité. Vous n’êtes pas nos compagnons. Nous ne pou-
vons pas trouver place dans vos terriers et vous ne seriez pas confortables
dans nos salles spacieuses, car nos salles ne présentent pas cette étouffante
odeur de moisi que vous aimez tant”. »
J’affirme au nom du Maître, j’affirme par mon esprit, j’affirme de tout
mon cœur que les plus dévoués seront les plus grands. N’est-il pas dit
qu’Ananda, le disciple le plus dévoué du Bouddha, était mille fois plus
grand que les autres Arhats ?
Prêtons attention à certaines formules de nos ennemis. Elles sont plus
fortes et plus solides que maintes formules timides de nos sympathisants.
Nos ennemis peuvent nous apprendre comment nous défendre, comment
louer, mais nos amis refusent souvent de reconnaître nos plus grands

65
succès. Les sages Romains disaient : « Dis-moi qui sont tes ennemis et
je te dirai qui tu es. »
Acceptez dans votre cœur tout ce qui vient d’être dit et, avec ardeur,
mettez-le en pratique dans votre vie quotidienne. Qu’un effort incessant
vous porte vers le Grand Aimant comme une aiguille aimantée. Tout le sens,
toute la joie et toute la beauté de notre existence résident dans cet Aimant.
Vous ne vous en rendez peut-être pas compte pour le moment, mais quand
le Maître le permettra, je vous expliquerai cela plus en détail.
Rappelez-vous que des tests reviennent régulièrement tous les trois
ans. Il est plus ardu de répéter la même épreuve, car l’environnement
change. Il devient plus difficile de rattraper le temps perdu et aussi plus
difficile de rétablir le rythme perdu qui continue sans égard pour les
retardataires. Voilà pourquoi nous ne devons pas relâcher nos efforts et
devons élever nos vibrations pour recevoir les Rayons qui nous sont
destinés, sans quoi ils ne nous atteindront pas.
Le temps presse et nous devons acquérir tant d’expérience. Le travail
augmente. Il y aura des problèmes si la somme de travail dépasse la capa-
cité d’élévation des collaborateurs. Élargissez, élargissez votre conscience
en vous libérant des pensées mesquines, des banalités et de la médiocrité.
Une pensée mesquine peut ruiner le monde, tout comme un brin d’herbe
sur un sentier de montagne peut provoquer la chute d’un géant dans
l’abîme. Les pensées mesquines sont du niveau des esclaves. Soyez des
rois de l’esprit et élargissez les limites de votre entendement à l’échelle
planétaire ! Souvenez-vous qu’un organisme purifié ne supporte pas
l’atmosphère suffocante des pensées mesquines. Oubliez toutes les
condamnations et cherchez dans chacun ce qu’il y a de meilleur. Soyez
des rois de l’esprit !

66
LETTRE 18

21 janvier 1931

Pendant les temps difficiles que nous traversons, évaluons pour nous-
mêmes les raisons des difficultés que nous rencontrons. Faisons une
analyse honnête des raisons fondamentales de ces difficultés. Nous verrons
qu’elles ne prennent pas tant racine dans les circonstances extérieures que
dans notre incompréhension des indications négligées ou ignorées, et
particulièrement dans les dissensions entre collaborateurs. Toute travail
constructif est fondé sur l’unité. L’avez-vous démontré ?
Est-ce que le disciple peut créer et obtenir du succès s’il ne réussit pas
à travailler harmonieusement et à remplir les Alliances de l’Enseignement ?
Non, mille fois non ! Que chacun réfléchisse et se souvienne combien
d’indications n’ont pas été acceptées, combien n’ont été prises en consi-
dération qu’à moitié et combien de conseils précieux et de suggestions
n’ont pas été appliqués du tout. Soyons honnêtes, il n’y a pas de sentier
hors de l’honnêteté.
Je vous prie de comprendre, mes amis, que chaque cellule de notre
être devrait se réjouir en accomplissant la Volonté Supérieure, puisque
c’est seulement de cette façon que nous apprenons et que nous élargis-
sons notre conscience. Celui qui applique les directives le plus fidèlement
approchera plus près du but. Imaginez un maître ordinaire et un élève
ordinaire. Qu’arriverait-il si l’élève refusait l’expérience et les indications
de ce maître, et suivait ses propres méthodes ? Cet insensé gaspillerait un
temps énorme avant d’obtenir une synthèse égale à celle du maître ! En
prodiguant la synthèse de toutes ses expériences, un maître aide l’élève
à gagner un temps précieux en avancement rapide, en profondeur et en
créativité individuelle. Sans le partage continuel des expériences, comment
l’évolution serait-elle possible ?
Si chacun n’apprenait qu’à partir de son expérience personnelle,
en rejetant la Main qui Conduit, nous ne serions guère plus avancés que
nos ancêtres de l’Âge de pierre ! Nous devons comprendre que l’accom-
plissement de la Volonté du Maître ne signifie pas l’abdication de notre
individualité en faveur d’une volonté étrangère, comme certaines person-
nes superficielles le pensent. Cela signifie plutôt un développement
plus élevé de notre sensibilité et de notre créativité, car si nous suivons les

67
Indications du Maître, beaucoup d’occasions et de possibilités se présen-
tent. Généralement, un disciple n’en découvre, ni n’en applique même
pas le dixième. Nos difficultés actuelles sont causées par notre rejet
d’une des indications. Pouvons-nous reconnaître laquelle ? Chacun sait
que si nous frappons un objet dans une pièce, l’écho peut résonner
dans un endroit totalement différent et contre les objets les plus inat-
tendus. Rappelons-nous que rien n’échappe à l’Oeil qui voit tout, que
nous sommes continuellement soumis à l’épreuve, et qu’on attend une
contribution plus élevée de celui qui a reçu le plus de talents. Lorsque
notre compréhension de la Hiérarchie devient partie intégrante de notre
vie, alors seulement quelque chose de plus élevé peut nous être donné.
Ne rejetez pas les occasions offertes et ne détruisez pas ce que vous
avez reçu. N’auriez-vous pas à faire ensuite une grande dépense d’énergie
pour une réparation incertaine ? Voici des citations de l’Enseignement :
« Le disciple doit comprendre non seulement le pouvoir de la per-
ception, mais également le fait qu’il existe une seule loi qui gouverne
tout le Cosmos : la loi de la Volonté Supérieure. Le long de cette ligne
se crée l’évolution de l’esprit. Cette grande loi unit tous les éléments
manifestés qui en dépendent. L’effort vers l’accomplissement de la
Volonté Supérieure développe la sensibilité de perception qui permet
la décision juste ainsi que la réalisation de cette Volonté. » (Hiérarchie,
no 88).
« Ainsi, la puissance de la Raison s’exprime sur Terre à travers la
Hiérarchie. Comprenez toute la beauté et toute l’étendue de la créativité
de la Hiérarchie. Cette compréhension vous en révélera toutes les possibi-
lités. Vous pouvez concevoir la Hiérarchie et sa loi comme le Sommet de
la Créativité Cosmique. La Hiérarchie répand abondamment sa Lumière.
Dirigez vos efforts vers ce Sommet. C’est seulement lorsque la quête
la plus haute entre consciemment dans la vie que le plus élevé peut être
donné. » (Hiérarchie, no 83).
« Chaque effort menant à la fusion de la conscience du disciple dans
celle de l’Instructeur conduit à la connaissance des lois Supérieures. Le
disciple qui rejette l’Instructeur démontre sa propre ignorance et bloque
son développement. Chaque force qui attire l’esprit vers le haut aide au
développement. » (Hiérarchie, no 128).
« Vous connaissez déjà la tension de ces temps difficiles, la peur qui
peut saisir certains. Lorsque le Maître vit dans le cœur, la peur n’existe
pas. À chacun est alloué une demeure pour le corps, un palais pour
l’esprit. Vous devez garder votre cœur pur afin que le Maître puisse y
entrer et vous entourer d’une armure. Rappelez-vous que ce qui est donné

68
en esprit est rendu au centuple. Dirigez vos pensées vers le Suprême et
laissez-le entrer dans votre cœur. Dans l’étroitesse d’un cœur vide la co-
lère peut résonner comme des haricots dans une peau de mouton sèche.
Que votre cœur soit si plein d’amour pour le Maître qu’aucun ennemi
ne puisse s’y frayer un chemin. Paix à vous ! » (Hiérarchie, no 79).
Notre cheminement n’est pas celui de la logique courante. Jusqu’à
présent, vous pouvez témoigner que les événements ne se sont pas dérou-
lés selon une logique ordinaire. Observez le déroulement des événements,
et cette expérience vous rapprochera de la compréhension du plan. Vous
remarquerez que la Main du Maître n’intervient qu’au dernier moment.
C’est une formule à retenir. Nous devrions apprendre à agir en toute
indépendance et nous souvenir que la couronne du succès se présente
seulement lorsque le cœur est rempli du Maître. En vérité, un tel cœur
brille comme une Épée de Lumière dont la flamme secourt et soutient.
Je vous conjure donc de consacrer toute la force de votre esprit à entourer
le cœur d’une armure protectrice. Il y a eu tant de doutes et d’accusations,
que vous devez considérer les Indications reçues comme une consé-
quence de l’immuable réponse.
Beaucoup a été refusé, mais ne regardons pas en arrière. Je vous
demande en conséquence de mettre vos cœurs à l’épreuve en les remplis-
sant de l’Image du Maître. Le Maître a mené à bien des tâches beaucoup
plus compliquées que celles des temps présents. Souvenez-vous comment
vous avez été guidés par l’Instructeur quand votre cœur Lui appartenait.
Il en sera de même pour tous ceux qui n’enfreindront pas ses Indications.
Vous souvenez-vous de ce conte persan dans lequel un homme au long nez
se le fracture contre une pierre minuscule ?
« En dédiant tous ses efforts à l’Instructeur, le disciple prend place
dans une orbite centrée sur le Point Focal. À cause de l’amoncellement des
nuages, nos Piliers et nos Fondations devraient être protégés et ce, même
si la victoire est assurée. Ce sont les plus grands efforts qui font naître
les plus grandes possibilités. Les temps sont difficiles, mais les possibilités sont
nombreuses. Temps de destruction, mais aussi de reconstruction. Temps de
grande tension dans la bataille terrestre. C’est une époque où s’écrit une
grande page et où se construit un vaste avenir. C’est ce qui explique le
déchaînement des adversaires de la Lumière, car la loi Supérieure entre
dans la vie. » (Hiérarchie, no 120).
« Que chacun soit comme le roc – portant ses responsabilités au nom
du Guide terrestre. En vérité, le nom du Guide terrestre est un bouclier de
Lumière. Que chacun écoute attentivement l’opinion de ceux qui appro-
chent. La plus petite critique du Guide terrestre devrait être considérée

69
comme l’indice le plus évident de l’approche de l’ennemi. C’est de cette
façon seulement que nous apprendrons à distinguer la Lumière des
ténèbres. »
L’aura du Guide terrestre1 est l’expert le plus sûr, la meilleure pierre de
touche pour les nouveaux arrivants. Ceux qui pourraient vouloir rabaisser
le Guide terrestre dénigrent pareillement la Hiérarchie de Lumière. Par
conséquent, soyons doublement vigilants et pleinement sur nos gardes
lorsque nous rencontrons ceux qui injurient et calomnient.
Jour et nuit, que la grande époque soit présente à votre esprit. Chaque
imprudence, chaque inconstance, chaque inattention peut avoir de graves
conséquences. Revêtez une pleine armure et témoignez sans arrêt la plus
grande dévotion aux Fondations. Les Fondations seules sont garantes
du salut dans cette bataille dangereuse, mais si belle. Souvenez-vous
des paroles de N.K.2 :
« Nous devons bâtir sur la vérité. Toutes nos paroles et toutes nos
actions doivent être aussi transparentes que du cristal, puisque le monde
entier nous regarde. »
____________
1 N.D.É. Ici, le terme « Guide terrestre » réfère au professeur Nicolas K. Roerich.
2 N.D.É. Le professeur Nicolas K. Roerich.

70
LETTRE 19

13 mai 1931

Je continue d’écrire sur la Hiérarchie, puisque ce concept – qui couvre


l’entière fondation de la vie, l’évolution de l’esprit et toute action cons-
tructive – n’est pas encore correctement compris. Nous devons nous
hâter de le comprendre, car l’Armageddon fait furieusement rage et,
par conséquent, nous n’avons que peu de temps devant nous. Ce n’est
qu’en acceptant de tout notre cœur le grand principe de la Hiérarchie
que nous pouvons élargir notre conscience, cette condition nécessaire
au succès. En portant quotidiennement le plus grand soin à tout ce qui
nous est confié, nous exécuterons notre travail victorieusement.
En premier lieu, soyons francs et reconnaissons que tous les échecs
et toutes les difficultés sont le résultat de notre négligence à observer les
indications données ainsi que le résultat d’oublis, d’inconstances, de dou-
tes et d’une envie égoïste. On ne peut pas cacher le ver du doute. Même
un observateur inexpérimenté s’en rend compte. Faisons disparaître ce
parasite à l’aide du remède le plus efficace qui soit : la gratitude envers
le Grand Instructeur. Il est parfois utile de se comparer aux millions d’âmes
ballottées, à toutes celles qui n’ont aucune idée de quoi demain sera
fait. Il est parfois utile de faire une rétrospective et d’essayer d’établir
un bilan impartial de ce que l’on était et de ce que l’on est devenu. Il est
parfois utile également de se représenter, dans un exercice d’imagination,
ce que l’on serait maintenant sans le Guide bienveillant. Et bien sûr, il
sera aussi certainement des plus utiles de garder constamment présente
à l’esprit l’idée du travail constructif indiqué pour le développement
de la culture dans l’avenir.
Si après pareille revue honnête et exhaustive, nos cœurs ne débordent
pas de gratitude, de dévotion et d’amour envers Celui qui Donne et
Celui qui Conduit, alors nos cœurs se sont véritablement desséchés et
notre conscience s’est lamentablement rétrécie. Si pendant un instant,
notre intelligence pouvait comprendre toute la puissance, toute la beauté
et toute l’immuabilité de la grande loi de la Hiérarchie, nos pensées et
nos sentiments mesquins et bas se fondraient dans l’effort infini tourné
vers l’accomplissement de ce principe directeur et créatif. Gardons bien
clair en mémoire que si nous suivons les indications, nous nous aidons

71
nous-mêmes avant tout. Aucune indication n’est donnée si elle ne peut
être appliquée et réalisée. Une impossibilité apparente signifie que nous
ne sommes pas encore à la hauteur, que nous n’exerçons pas notre pré-
sence d’esprit et que nous baissons les bras devant le premier obstacle.
Elle signifie également que nous prenons en compte l’opinion de gens peu
développés, vulgaires et vaniteux, et que nous murmurons avec crainte :
« Que vont-ils penser de nous ? » Mais qui donc va penser ? Il est temps de
lutter contre cette crainte par tous les moyens et de réaliser notre puissance
et notre dignité. Selon les mots d’un grand penseur : « Celui qui a peur
des qu’en-dira-t-on ne s’élèvera jamais au-dessus de la masse. »
L’Enseignement réprouve sévèrement la présomption, mais la con-
fiance en ses propres possibilités n’est pas de la présomption. Cette con-
fiance, si elle s’allie à un respect sincère de la Hiérarchie, sera garante
des meilleurs résultats. La présomption n’est pas compatible avec le
respect de la Hiérarchie, puisque l’une exclut l’autre. Le présomptueux
n’accomplira jamais les indications avec exactitude, mais il les déformera
selon le niveau de sa conscience limitée par l’égoïsme. Il est aisé d’imagi-
ner le résultat des indications déformées ! N’apporteront-elles pas des
résultats contraires ? Il est dit fréquemment : « Une indication déformée
équivaut à un train qui a déraillé. » Il est dit aussi : « Une indication défor-
mée, à moitié exécutée, ressemble à une maison sans toit ou à la demi-dose
d’un remède salutaire – les deux apportent, soit du tort, soit la mort. »
Si nous voulons sortir indemnes de cette période éprouvante –
éprouvante pour le monde entier – nous devons nous fortifier dans les
fondations de l’Enseignement de Lumière et, avec la plus grande atten-
tion, avec vigilance et en ayant recours à la connaissance directe, appli-
quer sans attendre l’Enseignement à notre vie, car le succès dépend
surtout de l’accomplissement au juste moment. Toutes les indications du
Guide terrestre sont prodiguées – et ont été prodiguées – avec l’idée d’une
exécution dans un temps donné. Leur exécution au mauvais moment peut
être fatale ou n’apporter aucun résultat. La connaissance des dates est une
science profonde, car dans tous les domaines de la vie le succès dépend
du maintien du bon déroulement dans le temps et du discernement de la
bonne direction. Ainsi, vous à qui ont été confiées ces deux sciences,
prenez soin de ces Trésors !
Maintenant, vous êtes peut-être en mesure de mieux évaluer toute la
persistance de N.K., toutes ses affirmations sur la nécessité de maintenir le
caractère public – et non seulement personnel – de nos institutions cultu-
relles, toutes ses luttes contre la vulgarité. Tout cela avait une profonde

72
signification et une compréhension incomplète de cette signification a pro-
voqué et provoquera encore des difficultés.

Le temps n’est pas éloigné où les représentants de plusieurs pays


donneront leur soutien officiel à nos projets culturels sur une grande
échelle. Que toutes les femmes et les générations montantes s’élèvent pour
défendre la culture contre toute forme d’oppression et de persécution.
Qu’elles nourrissent de toute leur force la flamme dispensatrice de vie.
Les nations ne peuvent pas vivre sans ce feu créateur. La destruction est
inévitable là où le « Culte d’Ur » ou « Culte de la Lumière » s’éteint. Je
veux croire que la puissante « Unité des Femmes » fera entendre sa voix
et imprégnera l’intelligence des jeunes d’une nouvelle et saine direction,
leur montrant les vraies valeurs et les aidant à trouver la joie de l’exis-
tence par l’enrichissement d’une nouvelle compréhension de chaque vie
et de chaque tâche. Femmes, c’est à votre tour de dire des choses nouvelles !

Du livre Hiérarchie :
« À combien de manifestations inutiles les hommes se livrent-ils !
Combien d’entraves karmiques superflues les hommes se créent ! Et tout
ceci par refus d’admettre la Hiérarchie dans leur coeur. Lorsque la conscience
accepte les affirmations de la Hiérarchie et que celles-ci pénètrent dans la
vie, alors tout peut se réaliser. Dans le monde, chaque démon est engen-
dré par la résistance au grand principe de la Hiérarchie, mais chaque vic-
toire s’obtient dans l’adhésion totale à ce grand principe. » (Hiérarchie,
no 276).
J’aimerais citer d’autres paragraphes au sujet de l’amour, car ces deux
idées, Hiérarchie et Amour, sont inséparables.
« Revenons au concept d’amour. Chaque ouvrage devrait consacrer
la plus grande place à ce concept fondamental. Trop souvent on attribue
au mot “amour” des motivations qui lui sont complètement étrangères. Il
est en fait juste de penser que l’amour est un principe directeur et créateur,
et que l’amour fait d’effort et d’abnégation est un amour purement créa-
teur. Si l’amour conduit à la faiblesse ou est marqué d’un intérêt pour
soi-même, il ne peut être ce haut concept qui exalte et pousse à l’accom-
plissement. Le cœur rempli du véritable amour sera actif, vaillant, et
grandira jusqu’à ce qu’il puisse contenir toute la connaissance. Un tel
cœur prie sans mots et peut baigner dans la béatitude. Il est très important
que les humains activent en eux-mêmes le feu de l’amour vrai. Une

73
étoile pourpre, de la plus haute tension, correspond à ce feu. » (Hiérarchie,
no 280).
« Il est nécessaire de comprendre très exactement le concept fonda-
mental de “l’Être”. L’amour de l’accomplissement n’est pas chose austère
pour ceux dont le cœur est embrasé, mais il effraie les faibles et les hési-
tants qui aiment trop leur “petit moi” illusoire. L’amour qui peut faire mou-
voir les mondes n’a rien de commun avec ce sentiment malsain sembla-
ble à la pourriture qui stagne au-dessus des marais. Au-dessus des marais,
vacillent les feux follets de la décomposition, mais l’éternel feu créatif
du cœur ne vacille pas, il s’élève impétueusement, gravissant les marches
de la Hiérarchie qui conduisent à la plus haute Lumière. L’amour est le
principe directeur et créateur.
« Insoutenable est la Lumière Toute Puissante. La Hiérarchie est
ce lien qui relie à ce Sommet étincelant. La Hiérarchie conduit l’esprit
illuminé à ce point de Lumière aveuglante. L’Amour est la Couronne
de la Lumière. » (Hiérarchie, no 281).
Avec ces lignes superbes, je termine ma lettre. Amis, ayez le cœur
rempli d’amour ! Le Grand Diamant n’est-il pas au faîte de notre temple ?

Souvenez-vous de ce qui vient d’être dit et acceptez les obstacles.


Seuls les obstacles dévoileront les merveilleux plans de notre lumineuse
bataille. L’épilogue de la grande victoire ne survient-il pas au dernier
moment ? C’est une loi magnifique que nous avons pu constater à plusieurs
reprises. Soyez fermes ! La grande justice est de votre côté, et il n’est
jamais arrivé que les prévisions soient fausses lorsque les plus proches
collaborateurs se sont montrés fermes et dévoués. Luttez de toutes vos
forces et avec un esprit joyeux. Rangez dans le trésor de votre expérience
chaque page de difficultés, car seules ces pages et rien d’autre vous
apporteront la couronne de la victoire et inscriront votre nom dans
l’histoire de la culture. La joie dans la bataille est une note fondamentale
de l’Être. Dans la lutte se révèlent le grand pouvoir de l’esprit et le grand
don de l’immortalité. N’accordez pas trop d’importance aux échecs
passagers. Essayez d’apprendre la leçon de chaque chose et, je vous en
prie, soyez prêts – prêts pour d’autres ascensions, d’autres avancées.
Rien n’est plus fort que la volonté humaine quand elle est dirigée avec
une puissance concentrée et aiguisée par l’amour envers la Hiérarchie
de Lumière. Réjouissez-vous de la grande tâche qui vous est confiée !
Tout arrivera, tout est prêt – donnez-vous seulement avec fermeté et
dévotion à la Hiérarchie.

74
LETTRE 20
29 mai 1931

Il est dit : « Il est nécessaire d’acquérir un mental de roi. » Soyez donc


des rois de la pensée et de l’esprit. Soyez les plus dévoués, les plus ardents
exécuteurs de la Volonté de la Hiérarchie. Accueillez chaque indication
de tout votre cœur. Le dévouement et la loyauté sont les qualités les
plus hautes, et c’est pourquoi elles sont si méprisées maintenant. Seule
la loyauté crée. Pourtant le monde s’approche de la destruction. C’est
pour cette raison que les destructeurs bannissent bien vite cette qualité
fondamentale et constructrice. La loyauté orne tout ce qui est grand ou,
plus précisément, sans loyauté il n’y a pas de vraie grandeur. Faisons
donc preuve de cette puissance créatrice dans toutes nos pensées et
toutes nos actions.
Lorsqu’on aime le dévouement de tout son cœur, il n’est pas difficile
de suivre la bonne direction. En aimant l’effort, nous devons pareillement
développer la vigilance nécessaire pour atteindre la réussite. Soyons pareils
à une mère vigilante qui ressent et prévoit tous les dangers qui menacent
son enfant. Qui saurait dire combien de coups fatals sont évités par cette
présence d’esprit !
En temps de danger et de grande bataille, restons fermes sur nos fonda-
tions et manifestons un esprit invincible. Maintenant, le temps est venu
pour des actions courageuses, des actions de grande envergure et des
affirmations éclatantes. Passons en revue notre arsenal et nous constate-
rons qu’il est inépuisable. Il est seulement nécessaire dans chaque cas de
choisir l’arme adéquate. Examinons avec attention tous les trésors que
nous possédons. Ne profanons pas les perles qui nous sont envoyées et,
là où nous devons montrer notre richesse, sachons le faire avec sagesse.
Nous ne permettrons pas que nos trésors les plus précieux soient négligés
uniquement parce que certains n’en réalisent pas la vraie valeur. Mais nous
apprécierons également les plus petits d’entre eux, car leur valeur n’est
pas nécessairement proportionnelle à leur taille. Pour parler en termes clairs,
il est nécessaire de profiter de chaque chose et de savoir comment en tirer
le meilleur parti. Cette capacité s’avère une vraie économie de forces, et
chaque sage constructeur devrait la posséder. La vraie économie ne
signifie pas abandonner les fondements. Elle signifie une application
sage de la comesure.

75
Oui, tout changera pour le mieux lorsque nous commencerons à
appliquer intégralement l’Enseignement dans nos vies, lorsque nous
pratiquerons la coopération véritable, lorsque nous cesserons de construire
d’une main en détruisant de l’autre, lorsque nous comprendrons que le
travail entrepris n’est pas pour notre avantage personnel, mais pour le
Bien Commun, lorsque nous apprendrons que le manque d’attention, la
négligence, les erreurs et l’infraction aux principes par un seul collabora-
teur devraient être considérées comme une négligence de tous les mem-
bres – alors seulement la vraie responsabilité sera comprise. L’idée de
responsabilité n’a rien à voir avec l’aliénation, le manque de volonté et
« l’autoritarisme ». En premier lieu, la responsabilité demande de veiller
au meilleur équilibre, à l’efficacité, à la comesure, qui ne peuvent s’acqué-
rir que par une ardente coopération. Chaque travailleur doit avoir présente
à l’esprit la synthèse de toutes les activités de toutes les sections. Cela
n’est pas simple, mais il est nécessaire de s’y exercer, car sans synthèse
il est impossible de faire preuve de discernement correct, donc de faire
de bonnes prévisions pour chaque section. Toutes les sociétés ou sections
forment ensemble un seul organisme, et c’est le devoir de chacun d’entre
vous de veiller à la croissance et au développement général. Mais bien sûr,
un esprit et un cœur sains peuvent facilement corriger les fautes passagères
des autres organes. Par conséquent, nous devons être doublement at-
tentifs à ces fondations !
Nous regrettons vivement que dans vos rapports il n’y ait pas une
seule proposition, pas la moindre opinion personnelle sur les problèmes
discutés. Il est difficile d’imaginer qu’à votre stade de conscience toutes
les décisions soient prises à l’unanimité. C’est pourquoi il serait recom-
mandable d’ajouter les opinions et les propositions particulières aux
rapports de vos séances de travail et de les prendre en considération
lorsqu’une conscience unifiée aura été acquise. Cela serait précieux pour
l’historique des Institutions et bien des calomnies et des ennuis pourraient
ainsi être évités. Quand les opinions sont notées, on ne peut les nier en
évoquant un trou de mémoire. Par exemple, en ce moment, il serait très
important de savoir comment et quelle sorte de remarques et proposi-
tions ont été exprimées concernant la publication du prospectus sur la
« Bannière de la Paix ». Si les idées exprimées n’ont pas été écrites, il
se peut que les plus valables restent ignorées. Les gens oublient facile-
ment, particulièrement ce qui leur est désagréable. En sachant que notre
opinion sera couchée sur le papier, nous serons plus responsables et ferons
preuve de toute notre créativité, car chacun souhaite ne voir noté que ce
qu’il a de meilleur. Le fait qu’aucune pensée, qu’aucune impulsion,
aussi fugace soit-elle, n’est perdue – puisque chacune est enregistrée dans

76
notre aura et dans l’espace – ne nous gêne pas, parce que notre imagination
est pauvre et que notre intellect est incapable de le comprendre. Accordons-
nous donc une aide dans cette importante réalisation et prenons note de
tout. Nous étendrons énormément notre compréhension si nous vérifions
nos décisions et les évaluons par rapport aux conséquences.

Je dois aussi vous faire part de mes pensées concernant l’absence de


préjugés et le manque de principes. Il est effrayant de voir certaines per-
sonnes confondre l’absence de préjugés d’une conscience ouverte avec
le manque total de principes, alors que ces deux idées sont opposées.
Un esprit sans préjugés cherche en tout ce qui est fondamentalement vrai
et exerce en permanence sa capacité de discernement. Le discerne-
ment est le premier pas vers la vraie connaissance, et la vraie connais-
sance doit toujours être bâtie sur des principes solides, sans quoi elle n’est
pas une connaissance vraie. Il peut y avoir de nombreuses raisons pour
l’application de principes dans une vie, mais leur base sera invariablement
la même : le bien-fondé, c’est-à-dire la vérité. En d’autres termes, un
principe ou une loi est toujours conforme au but, et nous savons déjà
que la conformité cosmique est le principe qui mène à la beauté. Par
conséquent, toutes les actions d’une personne sans préjugés devraient
porter le sceau de la vérité et de la beauté.
Une personne sans préjugés est ferme dans ses convictions fonda-
mentales, parce qu’elles sont basées sur une vérité maîtresse. Une per-
sonne sans principes n’a généralement pas de convictions. Elle manque
consciemment et volontairement de discernement, et sa destinée ressem-
ble à une balle poussée par les coups aléatoires des circonstances. N’est-il
pas dit dans l’Enseignement concernant une telle personne : « Balle de la
destinée, où tomberas-tu et où rebondiras-tu ? Tu as reçu la lumière –
efforce-toi, balle, d’attraper cette lumière à temps ! Arrête de faire du mal,
tourbillon rusé. » Que les Forces de Lumière nous protègent du tourbillon
du mal ! Chacun d’entre nous doit bâtir fermement sur les fondations et
les principes établis afin de ne jamais les violer, même pour des baga-
telles. Comment est-il possible de déterminer lesquelles des bagatelles
peuvent causer la chute ?
Voici donc des citations du livre Hiérarchie :
« Il arrive que l’on puisse démontrer les lois les plus complexes avec
un dispositif des plus simples. La loi du karma est complexe, mais prenez
comme exemple la bobine d’induction, dite bobine de Rhumkorff1, ou
toute autre bobine électrique. Étudiez-la et vous aurez une image schématique

77
du karma. Lorsque le courant électrique circule le long des spires [du
premier enroulement] sans interruption, l’enroulement protecteur [secon-
daire] subit une influence extérieure. Ainsi, chaque enroulement est
influencé par l’enroulement précédent, prenant sur lui les conséquences
du passé. Chaque heure transforme le karma d’un individu, car chaque
heure évoque le passé correspondant. De cette façon, quelqu’un peut
entrer en contact avec la chaîne entière des manifestations du passé.
« Ce même exemple montre comment la graine de l’esprit n’est pas
touchée. Par un effort d’élévation, elle nourrit son enveloppe sans craindre
le passé. En vérité, le karma est menaçant seulement pour ceux qui sont
plongés dans l’inaction. La pensée qui s’efforce se libère du fardeau du
passé, tout comme un corps céleste qui se propulse avec puissance, sans
crainte de retour. Par conséquent, même avec un karma difficile on peut
parvenir à une libération salvatrice. » (Hiérarchie, no 294).
« Comment les hommes comprennent-ils le service envers le Seigneur
et la Hiérarchie ? Celui qui pense s’élever uniquement par la prière est
éloigné du sens du Service, mais celui qui dans son labeur dirige ses
meilleurs efforts en vue de l’évolution de l’humanité, celui-là doit adopter
le Seigneur dans son cœur. Celui qui ne renonce pas complètement à son
confort est incapable de servir la Hiérarchie. Celui qui ne comprend
pas ou n’accepte pas la Hiérarchie ne peut savoir ce qu’est le Service.
C’est seulement lorsque le cœur est prêt à accepter consciemment les
affirmations de la Volonté Supérieure qu’il est possible de dire que la
manifestation du service a été adoptée. Nous ne sommes pas des adora-
teurs de rites funéraires et d’invocations vides de sens. Nous apprécions
les efforts des disciples qui cherchent à servir, mais nous ne sommes pas
dupes du jeu de celui qui vénère le Seigneur ou la Hiérarchie au seul
moment où cela lui convient. Nous tenons compte de tous les efforts,
grands et petits, pour soulager le fardeau de la Hiérarchie. Nous consi-
dérons les actes et non les mots, et nous déplorons cette sorte de véné-
ration qui ne se traduit qu’en mots. » (Hiérarchie, no 295).
Ainsi, lorsque le sage Guide terrestre2 porte l’entier fardeau de la ba-
taille terrestre, nous devons savoir comment en alléger le poids pour lui.
« L’effort des hommes se mesure toujours au service qu’ils consacrent
soit à la Lumière, soit aux ténèbres. La destinée de leur vie est ainsi
clairement définie. La demi-mesure en pensée et en action est la pire
chose. Seule la demi-mesure permet aux destructeurs de lancer leurs
actions. Il n’y a rien de plus triste qu’un demi-serviteur qui se cache
derrière un travail à demi fait. Nous préférons un ennemi avoué de la
Lumière. Nous n’admettons pas, dans la grande bataille qui se livre, les

78
petits vermisseaux qui rampent dans le brouillard. Évitez la demi-mesure.
Évitez également par tous les moyens de cheminer avec les tièdes. La
tiédeur chez le disciple le rejette en arrière pour des millénaires. Sachez
comment affirmer votre conscience. Le serviteur de la Lumière ne peut
tolérer la faiblesse. » (Hiérarchie, no 302).
« Lorsque la pernicieuse tiédeur s’insinue chez celui qui foule le
sentier, il en résulte une dualité de pensée et d’action. Cet état – ennemi
de l’Enseignement – ne peut que nuire, car aucune tiédeur n’est possible
dans les relations avec la Hiérarchie. Cet état de chose doit être éliminé,
car sans intégrité la construction est impossible. Les disciples doivent
comprendre combien il est important de vivre dans la permanence de
l’effort. La réussite est dans le renoncement au luxe, à l’égoïsme, à
l’apitoiement sur soi, à la vanité. Gardez constamment à l’esprit que vous
ne devez pas alourdir la tâche de la Hiérarchie. Il faut bien comprendre
cela pour éviter de concevoir le service comme un moyen de s’appuyer
sur la Hiérarchie. Il faut apporter au service la force et non la faiblesse. »
(Hiérarchie, no 303).

Ainsi, nous allons affronter une période grande et dangereuse, et


seule l’extrême tension de notre force concentrée pourra vaincre. Partagez
vos pensées avec les autres. Discutez ensemble comment vous pouvez le
mieux comprendre et mettre en pratique ce qui vous est envoyé ! Appre-
nez à vous défendre dignement contre les ignorants et les destructeurs de
la culture. Il est aujourd’hui nécessaire de bien comprendre la « Bannière
de la Paix ». Il est essentiel de comprendre que la « Bannière de la Paix et
de la Culture » constitue le plus grand symbole. Oui, je peux voir que,
dans un très proche avenir, la « Ligue de la Culture » sera constituée. Elle
rassemblera les meilleurs représentants de la pensée, de la connaissance,
de la créativité, et la femme y aura une part entière. Cette « Ligue de la
Culture » prendra la place de la désuète « Ligue des Nations ». Les événe-
ments d’Espagne, à nouveau, devraient prouver au monde combien est
actuelle l’idée de la « Bannière de la Paix » ! De nouveaux événements
s’annoncent et ils forceront les adversaires de la Culture dans leurs
retranchements […] mais ne sera-t-il pas trop tard ? Il faut avoir des
réponses pour les ignorants et pour tous ceux qui essaient de supprimer
la culture. […] Vous avez toutes les formules à votre disposition et
chaque jour confirme leur actualité.
Aujourd’hui, chaque pays doit réfléchir sur les meilleurs moyens de
préserver les trésors de sa culture et doit, par tous les moyens, s’interdire

79
de mettre un frein aux activités qui embellissent l’image de la nation et du
pays. Ces activités attirent l’attention du monde entier vers les possibili-
tés de l’importance culturelle de l’Amérique. Il est indéniable que jusqu’ici
l’Amérique n’a pas fait partie des nations de pointe sur le plan culturel.
L’Amérique n’a été considérée que par rapport aux dollars et à la civili-
sation mécanisée. Et les formules prononcées par le fonctionnaire officiel
que vous citez confirment ce que je viens de dire. Si nous devions parler
à ce fonctionnaire de la « Bannière de la Paix » et des activités culturelles
de nos organisations, il se demanderait très sincèrement : « Pourquoi se
tracasser à propos de choses aussi ennuyeuses et inutiles ? Et puisqu’ils
veulent s’occuper de culture, pourquoi n’utilisent-ils pas leur imagination
exubérante et leurs connaissances artistiques pour organiser quelque club
de jeu et peut-être un ciné avec des représentations un peu risquées ? Ce
serait acceptable, agréable et rapporterait gros. » Des individus de cet aca-
bit ne comprendront jamais la culture. Comment pourraient-ils concevoir
la signification historique de l’alliance des vrais représentants de la cul-
ture unis sous la « Bannière de la Paix » ?
Dans son exposé, N.K. a donné une définition remarquable de la cul-
ture. Il a dit : « Un ignorant doit premièrement devenir un être civilisé.
Puis recevoir une éducation. Après avoir acquis cette éducation, il devient
intelligent. Puis viennent le raffinement et la réalisation de la synthèse
qui sont couronnés par son adhésion à l’idée de la Culture. »
Aucun spécialiste borné, quelles que soient ses qualifications pro-
fessionnelles, ne peut être considéré comme un leader culturel. Culture
signifie synthèse. La culture comprend et connaît les fondements de la
vie et de la créativité, car c’est le culte – ou l’adoration, ou la révérence –
du feu créateur qui est la vie. Mais qui donc a réalisé les fondations de
la vie ?
Mais de nouveaux événements approchent et une réévaluation des
valeurs est annoncée. La conscience grandit et rien ne peut arrêter cette
croissance. Cette vague gigantesque renverse tout sur son passage. Il
n’y a de salut qu’en se trouvant dans l’embarcation dirigée par la puis-
sante Main d’un Pilote qui n’est pas de ce monde. Tous ceux qui ont
pris place dans l’embarcation ont pour consigne de ne pas se pousser,
de ne pas changer de place, de ne pas se pencher sur le bord, de ne pas
regarder en arrière. Au contraire, ils doivent faire tous les efforts pour
voguer avec le rythme de la rapide embarcation qui ne saurait attendre,
même si quelqu’un passait par-dessus bord, car le salut de toute l’embar-
cation dépend justement de cette rapidité. Rassemblons donc toute l’ar-
deur de notre esprit et, prenant en considération les dangers actuels,

80
accélérons notre travail. Élevons notre pensée de façon à comprendre
la majesté des événements et de tout ce qui est opportun. Évitez d’avoir
une attitude indifférente concernant des détails qui pourraient vous
sembler insignifiants. À l’époque actuelle, le moindre détail requiert
notre attention. L’action la plus insignifiante doit démarrer avec précau-
tion. En vérité, l’inconstance en cette période d’extrême tension est presque
déloyale. C’est surtout difficile lorsque l’occasion est ratée.
Observez combien d’événements merveilleux se déroulent ! Les mor-
ceaux d’une mosaïque brisée sont rassemblés en une majestueuse image
par une Main puissante. Les détails ressortent d’une façon inattendue, mais
une intelligence attentive remarquera comment sont délimités dans ce des-
sein complexe les degrés d’un nouveau et merveilleux palier d’évolution.
En conséquence, mes amis, renforcez la tension de votre conscience
et forgez l’avenir ! Affermissez-vous dans les fondations magnifiques et
légitimes, et apprenez à les protéger ! Souvenez-vous que seule la pensée
peut vaincre, et ayez toujours en réserve la réponse qui va désarçonner
votre adversaire. De quelle façon gagner ? Par la puissance de la pensée
et la force d’arguments convaincants.
____________
1 N.D.É. La bobine de Ruhmkorff, du nom de son inventeur, comprend en réalité
deux bobines : une bobine primaire (ou enroulement primaire) formée d’un gros fil
qui constitue le circuit inducteur et une bobine secondaire (ou enroulement secon-
daire) formée d’un fil de faible diamètre. Pour construire une bobine de Ruhmkorff,
on enroule sur un noyau de fer doux un gros fil avec quelques centaines de spires
(enroulement primaire). Sur ce premier bobinage sont enroulées par la suite un très
grand nombre (plusieurs milliers) de spires de fil fin (enroulement secondaire). Si
un courant est établi dans l’enroulement primaire, il apparaît au moment de l’inter-
ruption du circuit une forte tension aux bornes de l’enroulement secondaire. Le courant
induit dans l’enroulement secondaire fournit une force électromotrice de forte inten-
sité.
2 N.D.É. Nicolas Roerich.

81
LETTRE 21

3 juin 1931

J’aimerais citer d’autres extraits du livre Hiérarchie que je trouve


particulièrement actuels :
« Observez comment agissent les forces noires. Il faut connaître leurs
habitudes. Elles ne s’attaquent pas à l’homme ordinaire, elles considèrent
même que les premières étapes sur le sentier peuvent leur être utiles. La
trahison de l’homme non évolué est de peu d’intérêt. La trahison est plus
précisément la base principale de leur travail de sape dirigé vers ceux qui
ont déjà acquis quelques connaissances. Ces connaissances relatives, non
renforcées par le dévouement, représentent le danger que l’on rencontre
au cours des premières étapes. Sachez que le dévouement superficiel expose
à ce danger. Il est triste d’observer les déviations imperceptibles du disciple
qui commence à glisser dans l’indifférence et trouve d’éloquentes justifi-
cations à son attitude. Le cœur perd alors sa gaine protectrice comme
la lame son fourreau. Sans fourreau, la lame peut blesser le porteur lui-
même et ces blessures ne conduisent pas à l’accomplissement, mais font
naître l’irritation. Si l’on se permet d’abaisser l’Instructeur, pourquoi
les blasphèmes contre le Très-Haut ne suivraient-ils pas ? Si le fil d’argent
qui relie le Maître et le disciple est brisé, le cœur du disciple, durcit et
devenu tranchant comme une lame, est prêt à s’infliger des blessures. »
(Hiérarchie, no 311).
« Observez les hésitants, mais gardez-vous de la contagion. Ils sont
sur le point de sombrer dans les masses obscures, mais leur rancœur et
leurs blasphèmes peuvent blesser de nombreux innocents. Armez-vous
contre l’indifférence, elle corrode tous les commencements, et les feux ne
peuvent s’allumer dans la froideur de l’indifférence. Mais les affirmations
de l’Instructeur sont comme l’ondée qui fait revivre les fleurs. Le jardin
qui reçoit l’eau vitale ne se desséchera pas. Avancez et nous vous révé-
lerons des dimensions nouvelles. Ne soyez jamais indifférents à l’égard
de nos affirmations ! » (Hiérarchie, no 312).
« Un esprit qui s’adonne à l’effort n’a pas de temps pour l’indiffé-
rence. Lorsque l’esprit est embrasé, il n’y a pas de place pour l’indiffé-
rence. Ces qualités immunisent contre l’indifférence. Ce n’est que lorsque
l’esprit cultive l’égoïsme que sa mort peut se produire. Là où niche

82
l’indifférence, naîtront les résultats de l’indifférence. Il n’est pas toujours
facile au début de comprendre les ravages que l’indifférence engendre.
Ce n’est qu’avec une vigilance sans faille que l’on peut se protéger et
construire. Si vous voulez bâtir une grande œuvre, vous devez com-
prendre que l’égoïsme et l’indifférence sont inadmissibles. Nous vous
conseillons de diriger vos premières pensées vers l’Instructeur. La réussite
est-elle possible pour le disciple qui se croit plus important que Lui ?
N’avons-nous pas placé la beauté comme fondation ? Nous avons donné
au monde de grandes fondations. Par conséquent, il faut comprendre que
chaque pensée a sa place dans les fondations d’une grande structure.
En vérité, l’avenir est grand ! » (Hiérarchie, no 313).
« Parmi toutes les formes de courage, le plus puissant est le courage
d’un cœur enflammé. Résolument poussé vers l’action, le guerrier ne
connaît que le sentier qui conduit en avant. Cette forme de courage ne peut
se comparer qu’avec la détermination extrême engendrée par le désir in-
tense de remporter une nouvelle victoire. C’est avec promptitude que le
cœur embrasé saisit l’avenir, tout comme le désir intense de la victoire fait
oublier le passé. Ainsi, si le courage d’un cœur embrasé vient à manquer,
que l’on s’anime du désir intense de vaincre. Ce n’est qu’ainsi que les
guerriers peuvent remporter la victoire dans une grande offensive. Tout
autre forme de courage est sans valeur, car on y trouve la demi-mesure,
qualité à proscrire comme la lâcheté et la trahison. » (Hiérarchie, no 314).
Que chacun s’enveloppe de cette vaillance d’après son esprit. Heureux
celui qui possède la vaillance d’un cœur embrasé ! Tout lui est facile et il
combat joyeusement sous la direction de la Hiérarchie de Lumière. Il prendra
un soin jaloux des armes qui lui sont confiées et il se souviendra de tous
les ordres et indications, car tout est inscrit dans son cœur ardent et non
dans des écrits stériles. Il sera superflu de lui refaire encore les mêmes
suggestions ou de lui rappeler ses boucliers oubliés suspendus contre le
mur. Son cœur sera une source de force inépuisable. Sa conscience ne sera
pas partagée parce que le but à atteindre resplendira radieux devant lui.
Toutes ses pensées et toutes ses aspirations fendront l’air comme des
flèches d’acier, obéissant aux ordres de la Hiérarchie de Lumière.
Oui, il est temps de purifier la conscience, de se débarrasser des vieilles
habitudes, car le temps n’attend pas. Ce serait terrible si les événements
nous dépassaient. Je vous supplie d’oublier vos vieilles querelles et de ne
penser qu’à apporter votre contribution à la tâche. Chacun doit apporter
la meilleure contribution possible au travail dans son ensemble. Appre-
nons à dépasser les allusions désobligeantes qui blessent notre amour-
propre. Apprenons à discerner pourquoi nous ne devons pas être offensés

83
par de futiles complications causées par quelque proche. En vérité, celui
qui est capable de recevoir la mesquinerie avec le sourire sera un conqué-
rant. Il est méprisable celui qui jette une pierre sous les pieds d’un
collaborateur ! Il n’échappera pas au regard du Seigneur ! Et il est écrit :
« Ces pierres grandiront et deviendront des montagnes pour lui. »

Vous demandez comment guider ceux qui montrent un désir d’étudier


les livres de l’Enseignement. Avant tout, il est nécessaire d’apprendre à
connaître – jusqu’à un certain degré – la personnalité de ces gens, avec
leurs conditions de vie, leur profession, leurs capacités, etc. Dans chaque
cas, ils doivent être guidés et conseillés individuellement. Il est judicieux
de leur demander jusqu’à quel point les idées contenues dans l’Enseigne-
ment exercent une influence sur leur vie quotidienne et si leur vie en est
changée. La meilleure chose pourtant est d’observer leur comportement.
Si l’Enseignement n’est rien de plus pour eux qu’une distraction dans leur
train-train, il vaut mieux ne pas les garder près de vous. Il se peut qu’ils
lisent l’Enseignement dans la solitude – et c’est peut-être plus profitable
ainsi. Quant à l’intérêt qu’ils portent aux mondes supérieurs, il est bon
de se rappeler qu’il vaut mieux ne pas livrer certains de ces détails à des
âmes qui ne se rendent même pas compte de la responsabilité qu’elles
portent sur cette Terre – ce serait plus que de l’imprudence. Dans les
livres de l’Enseignement, il est bien sûr fait amplement mention que les
hommes doivent être conscients de leur vie dans les mondes supérieurs et
de leurs liens avec le Cosmos. C’est pourquoi vous devez laisser à chacun
le soin d’aspirer à cette conscience à sa façon. Mais le désir d’en savoir
plus que ce que l’Enseignement offre et l’incapacité de montrer qu’on est
digne de ce privilège sont des preuves d’inconstance et de curiosité mal-
saine. Il faut remarquer soigneusement ces personnes qui, au tout début,
demandent des connaissances spéciales, inaccessibles aux autres mortels.
Ce sont généralement celles qui n’appliquent pas l’Enseignement à leur
vie.
Il est fréquent aussi que certaines personnes, après avoir lu un seul
livre de l’Enseignement, demandent : « Est-il possible de savoir quels sont
les sept ingrédients figurant dans l’émulsion mentionnée ? » ou « Est-ce
que le mélange de L. signifie sels de citron ? » ou « Serait-il possible que
les rythmes de Mahavan et de Chotavan, ainsi que les formules de l’énergie
psychique me soient envoyés ? » À part cela, pas un mot sur les bases
véritables de l’Enseignement. Il est inconcevable que pareilles questions
soient posées par des personnes soi-disant intelligentes ! Elles lisent

84
les livres sans comprendre leur contenu. Souvent, elles me font penser
à des moineaux qui picorent le premier grain qu’ils trouvent. Mais dès
qu’ils en voient un second, ils laissent tomber le premier, puis volent vers
un troisième et ainsi de suite. Le résultat est une perte au lieu d’un gain.
Ainsi, ceux qui veulent s’approcher de l’Enseignement devraient
soigneusement analyser à quel point leurs habitudes ont changé après
avoir accepté l’Enseignement. Qu’est-il advenu de leurs préjugés ? Ont-
ils changé leur vie ou seulement leur vocabulaire ? Qu’ils confessent leurs
pensées à eux-mêmes ou au guide de leur choix. Il existe trop de perro-
quets et il est inutile d’en augmenter le nombre. Souvent, les perroquets
mettent leurs propriétaires dans l’embarras. Ils disent des blasphèmes
à la place des louanges et vice-versa.
Il est également utile de noter nos habitudes les plus mauvaises et de
nous employer à les déraciner immédiatement. Chaque jour, les disciples
devraient inscrire dans leur journal ce qu’ils ont entrepris dans ce but.
Qu’ils s’attaquent d’abord à une seule de ces habitudes, parce qu’il n’est
pas simple de se changer soi-même. Il est très utile également d’observer
la qualité de ses pensées et de barrer la route à la malice, à la mesquinerie
et en général à toutes les pensées indignes. La purification de la cons-
cience constitue le premier pas. Nous conseillons ensuite la discipline de
la pensée : apprendre à ne penser que dans une seule direction, sans se
laisser distraire un seul instant. Il est merveilleux de pouvoir se concen-
trer sur l’Image du Maître.
Je vous envoie mes meilleurs vœux. Que votre conscience grandisse
et s’élargisse ! L’union de belles consciences produit une grande joie !
Aucun obstacle ne résiste à cette force.
J’aimerais terminer cette lettre, mais je pense qu’il serait utile de citer
encore quelques paragraphes de l’Enseignement, étant donné qu’ils sont
très appropriés.
« La réorganisation du monde intensifie toutes les forces du Cosmos.
Si l’humanité comprenait que la réorganisation exige l’effort de l’esprit,
il serait facile d’établir un équilibre dans le monde. Il faut que les nations
réfléchissent à ce qu’il est nécessaire de placer sur les plateaux de la
balance pour garantir cet équilibre. Le chaos de la pensée est tel dans
l’humanité que les nations disloquées peuvent sombrer dans l’abîme
sans avoir pris les mesures nécessaires pour entreprendre un renouveau
spirituel. Il est grand temps de réfléchir et de prendre au sérieux les
besoins spirituels. Lorsque les perturbations cosmiques exigent une
puissante tension, l’humanité doit savoir où chercher le Centre de salut.

85
« La quête spirituelle conduit inévitablement à la Hiérarchie. L’huma-
nité a perdu la formule de salut nécessaire. L’ancre de salut réside dans le
Point Focal représenté par la Hiérarchie. Seules une quête consciente et
l’adhésion à la Hiérarchie peuvent apporter ce salut. Oui, Oui, Oui ! Nous avons
établi les fondations pour que les actions et les œuvres soient édifiées
dans la Beauté. » (Hiérarchie, no 315).
Il faut bien comprendre les pensées et les trésors de la beauté. Il est
également nécessaire de comprendre le feu des centres. C’est ainsi seulement
qu’on atteint la victoire. Bien sûr, les forces sombres essaient de blesser.
Il est nécessaire de bien les observer. Leur peur est grande. Assurons donc
les fondations.
« Le Sentier du Service exige des disciples la plus grande conscience
dans ce qu’ils entreprennent. Les plus beaux résultats ne demandent-ils pas
de donner le meilleur de soi-même ? Les résultats ne sont-ils pas à la mesure
de l’effort ? Lorsque les hommes s’étonnent de leurs échecs, demandez-
leur si l’impulsion qui était à l’origine de leurs entreprises était suffisamment
forte, s’ils ne se sont pas laissés gagner par la légèreté d’esprit, la lourdeur de
l’inflexibilité, ou peut-être le manque d’ardeur envers la Hiérarchie ? On ne
peut attendre d’une mauvaise cause qu’elle produise un bon effet. Chaque
pensée non contrôlée et chaque acte non conforme au but fixé ne peuvent
qu’engendrer des conséquences nuisibles, parfois douloureuses, si le
disciple ne met pas sa force et son ardeur dans le travail qu’il peut offrir
à la Hiérarchie. » (Hiérarchie, no 317).
« Développez la vigilance et soyez constamment attentifs à la créati-
vité qui émane de la Hiérarchie. Ce n’est que lorsque le disciple réunit ces
qualités qu’il peut espérer atteindre le succès dans son entreprise. Pour
cela, manifestez une grande attention envers tout ce qui peut venir du
Point Focal, et soyez extrêmement vigilants en ce qui vous concerne,
car toute erreur qui échappe à votre attention produira la récolte qui lui
est propre. » (Hiérarchie, no 318).
« On peut poser la question à savoir pourquoi nous tardons souvent à
supprimer des ennemis. À cela, il y a plusieurs raisons. La première con-
cerne le karma. En frappant un ennemi, nous pourrions porter préjudice à
un disciple qui se trouve lié à cette personne par le karma. Cela est compa-
rable à une opération chirurgicale délicate. Un chirurgien évitera l’opéra-
tion si celle-ci doit causer un préjudice grave à l’organisme. Les liens
karmiques sont extrêmement complexes. Nous considérons plus utile
d’isoler un dangereux compagnon de voyage plutôt que d’arrêter toute la
caravane. La deuxième raison est que les ennemis constituent une source
de tension. Rien n’accroît autant l’énergie. Pourquoi supprimerions-nous

86
des obstacles naturels, alors que les adversaires servent si bien à accroître
votre énergie ? » (Hiérarchie, no 319).
« Il faut comprendre la totale signification de la lutte mondiale
lorsque, au lieu de gaz empoisonnés, ce sont les projectiles de l’énergie
psychique qui volent tout autour. Il devient nécessaire d’observer l’arri-
vée d’événements inhabituels […] L’idée de la culture survivra, et vous
avez raison de réfléchir au rôle souverain de la culture dans le monde. »
Mes amis, je vous prie de réaliser sur quelle base solide vous vous
tenez lorsque vous défendez tous les accomplissements de la Culture.
Gardez donc vos esprits bien hauts et trouvez les termes ardents qui por-
tent ! N’oubliez pas que seuls l’enthousiasme, la foi et l’effort ardents
peuvent enflammer et inspirer l’esprit des gens que vous contactez.
Allumez dans vos cœurs le feu créateur. Je vous envoie une consigne :
« Attaquez comme si vous étiez poursuivis par le feu. »
Vous souvenez-vous comment le grand Tamerlan a réussi une de ses
plus grandes victoires ? Il a mis le feu à la steppe derrière ses armées.
Poursuivies par l’incendie, les troupes se précipitèrent et détruisirent un
ennemi bien supérieur en nombre. Il vous faut également comprendre la
majesté de cette époque formidable et réaliser que, derrière vous, tout
est en feu et que le salut est uniquement devant vous. Progressez donc
et tenez fermement la Bannière qui vous est confiée !
Nos aimerions ressentir dans vos lettres une note de combativité et
tout votre enthousiasme. Attachez-vous des collaborateurs ardents, qui
comprennent la signification de la Culture ! Soyez vigilants et rejetez tout
ce qui est mort et ignorance, et acceptez toujours la bataille. En vérité,
vous ne pouvez augmenter vos possibilités que dans le combat. Vous
devriez être capables de parler avec autorité de vos activités culturelles
internationales ! Le « Pacte pour la Défense des Trésors Culturels » et
l’intérêt soulevé dans les milieux cultivés du monde – vous avez reçu
maintes lettres qui font état de cet intérêt – vous donnent le droit d’attirer
l’attention et favorisent vos efforts pour hausser le niveau général de la
culture dans votre pays. Remarquez comment l’histoire met en exergue
le nom de ceux qui ont contribué au développement des idées humanitaires
et culturelles. Faites mention du fait que l’ample réaction favorable des
pays à l’appel du « Pacte pour la Défense des Trésors Culturels » prouve
à quel point la conscience de tous les peuples se réveille et demande la
défense des trésors de la créativité humaine. Aussi, chaque gouvernement
qui avance au rythme de l’évolution devrait être attentif aux besoins
cosmiques et protéger les accomplissements de la culture. L’espace est
saturé de ces demandes. Il est impératif de lutter contre les événements qui

87
approchent, événements causés par les convulsions des forces obscures.
Plusieurs années passeront et il se produira des choses irrémédiables !
Rassemblez donc tous les faits, assimilez tout le matériel à votre
disposition et montrez-vous invincibles. Vous êtes les représentants de
l’Ère Nouvelle, l’Ère d’une large coopération et de la proclamation de
la suprématie de la culture.
Il y a toute une série de signes plus dangereux que les gens pressen-
tent. Les feux souterrains font surface et bien des choses flamberont comme
paille. Seuls les aveugles ne peuvent réaliser sur quel genre de volcan ils
habitent !

88
LETTRE 22

11 juin 1931

Vous avez déjà reçu l’appel au combat et l’ordre d’attaquer comme si


le feu faisait rage derrière vous. Nous vous demandons de ne pas tarder
à mettre ces consignes à exécution, car en vérité le feu vous talonne et
chaque faux-pas, chaque retard vous expose au feu. Allez de l’avant,
sans vous retourner, parce qu’il faut sauver de la destruction tout ce qu’il
est possible. « Faites comprendre en Amérique que la crise dans le
pays même n’est rien moins qu’un champ de bataille ». Il n’y a pas de
meilleure possibilité ! L’Enseignement dit qu’aussi longtemps que l’esprit
humain se complaît dans d’heureux et confortables abris, il ne se réveillera
jamais. C’est donc seulement aux jours de chocs que l’on peut s’attendre
à une ascension spirituelle et à la réalisation des vraies valeurs. L’heure
du danger en obligera plus d’un à chercher une manière de s’en sortir et
une voie de salut. Soyez au sommet de votre forme et branchez-vous sur
le grand Point Focal sans attendre ! Que personne ne se laisse bercer
par le calme apparent, car il est trompeur – ce calme risque d’être plus
dangereux que la tempête.
Luttez de toute votre force. Au nom du Bien Général, au nom de la
culture, affirmez vos droits. La demi-mesure est toujours pernicieuse.
Recherchez la victoire totale, une libération complète pour que toutes
vos forces se concentrent sur le développement de la culture dans votre
pays. Il faut agir aujourd’hui même et l’action doit être la plus vaste
possible. N’ayez donc pas peur du nombre croissant de vos comités et
d’un travail plus intense. Votre travail est magnifique, vos actions sont
en accord avec la loi, comme le sont d’ailleurs tous vos projets. Semez
aussi largement que possible, car vous ne pouvez jamais prévoir où la
récolte sera la plus abondante. « Les cloches de tous les pays sont néces-
saires et leur carillonnement crée une symphonie. » Quand la déchéance
et la destruction approcheront, nous allons construire et créer. Nous
protégerons les biens culturels et affirmerons les fondations de l’Être.

89
LETTRE 23
17 juin 1931

Nous sommes extrêmement heureux de votre audace et de votre


courage, de vos efforts pour avancer et de vos plans pour l’avenir. Oui, seul
celui qui a une aspiration spirituelle peut être aidé à passer le précipice.
Oui, le mot « précipice » est adéquat, car ne voyons-nous pas beaucoup
d’hommes qui se détruisent eux-mêmes ? La chute des banques américai-
nes est en elle-même très significative. La prospérité malsaine, artificielle
et déséquilibrée ne peut durer longtemps. L’abcès caché doit crever, et
malheur à ceux qui failliront en ne se dressant pas au bon moment
contre ces maux en proposant une élévation de la santé spirituelle de
toute la population !
Ils sont aveugles ceux qui pensent qu’en renonçant à leur idéal et en
disant du mal du « Calice du Monde », ils peuvent vivre et prospérer !
Le châtiment approche et les atteindra inévitablement. Ce châtiment
sera terrible dans sa correspondance cosmique et sa justice, car on ne
peut pas se livrer au pillage de la planète dans ses composantes les plus
essentielles sans encourir sa propre perte. Utilisez donc la vue perçante
d’un faucon pour regarder loin à l’avant. Observez les événements et
faites vos prévisions sur l’avenir.
La future « Ligue de la Culture » établira son autorité et ramènera
l’équilibre en ce monde. Il est encore trop tôt pour en parler. Même si
cette « Ligue » existe déjà sans qu’on la voie, il faudrait d’abord que la
« Bannière de la Paix » soit acceptée. Les gens doivent être convaincus
de la valeur de la créativité spirituelle et apprendre à respecter chacune
de ses manifestations. Les porteurs du feu spirituel deviendront de vraies
richesses pour leurs pays. Premièrement, que les femmes se rendent
compte qu’il est important de hisser la « Bannière de la Paix et de la
Culture » et, puissamment unies – non en théorie mais en pratique –
qu’elles apportent chacune leur pierre pour la construction du Monde
Nouveau. Les montagnes sont faites de pierres. N’en négligeons pas la
moindre !

Une fois encore je vous écris pour vous demander de faire double-
ment attention à tout ce qui a été dit à propos de la responsabilité. Nous

90
espérons qu’il arrivera un temps où cette idée sera parfaitement assimi-
lée par la conscience humaine. À ce moment-là seulement pourra commen-
cer le vrai travail créatif promis au succès. J’ai déjà écrit à plusieurs
reprises que la responsabilité n’est correctement comprise que par ceux
qui appliquent dans leur vie de tous les jours la plus large coopération.
Chaque responsable d’un département a la responsabilité personnelle
d’en assurer la réalisation d’une façon créatrice. Il faut pourtant que
chaque responsable comprenne qu’il n’est qu’un élément d’une grande
organisation et qu’il doit collaborer harmonieusement avec les autres
membres pour ne pas empêcher la croissance normale de l’organisation
et ne pas nuire à sa propre capacité vitale. Chacun doit veiller attentive-
ment au développement général. Bien sûr, selon les termes de N.K., « il
est ridicule que sept personnes portent une chaise », mais il est néces-
saire de discuter ensemble pour décider où la chaise doit être placée, puisque
la décision collective permettra de la placer à un endroit où aucun colla-
borateur ne se cassera le nez dessus.

Du temps, du temps, du temps ! Si nous ne réalisons pas l’importance


du temps, bien des possibilités nous échapperont. Comment bâtir un
avenir victorieux si nous sommes négligents ou toujours trop lents ? Il nous
faut aller en mesure avec le rythme cosmique qui est « presto prestissimo ».
Laissons les « moderato », « diminuendo » et « morendo » à nos ennemis.
Nous vivons des événements extrêmement significatifs. En vérité, il n’y
a pas de période plus importante dans l’histoire de notre époque !

Pourquoi les sociétés d’Amérique du Sud gardent-elles le silence ?


J’espère ne pas être une prophétesse comme ce fut le cas pour le président
du Pérou ! On peut bien être un orateur éloquent, mais seul l’aimant de
l’esprit est en mesure de maintenir les succès obtenus. L’aimant spirituel
ne se développe que si l’aspiration est sincère et l’abnégation totale. Le
succès de chaque action est soutenu par l’aimant du cœur.
Il faut également manifester envers la presse une attitude réfléchie,
prévenante et de haute culture. Bien des articles dus à la plume de nos
ennemis, et qui vous effraient encore, nous réjouissent, car ils éveillent
l’intérêt des lecteurs et en même temps ils ne peuvent pas vraiment nous
humilier. Nous craignons plus les interprétations fades et supposément
« précises » de ces soi-disant personnes « amies ». Mais la déformation
des faits par des ennemis est toujours frappante et nous aide énormément.
Nous sommes maintenant au temps du « chaud » et du « froid », tous les

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« tièdes » seront mis hors-jeu. Qu’une note de combativité imprègne toute
la force de votre esprit, soyez courageux, soyez conscients de l’importance
du moment et de ce que vous possédez !
Réalisez votre importance personnelle, sans orgueil, sans prétention,
ni arrogance. L’orgueil de la présomption distrait de la saine recherche
et donc du progrès. Sans recherche, on ne peut trouver, rencontrer, ni
accepter le Rayon de la Hiérarchie.

J’espère vraiment que vous ne gâtez pas le « guerrier en devenir ».


Enseignez-lui l’application, l’attention et l’assiduité. Développez son
sens de la collaboration et de l’aide, ainsi que la compassion envers les
animaux et ceux qui sont dans le besoin. Qu’il apprenne à aider les autres
dès l’âge le plus tendre. Les enfants sont si heureux quand les adultes leur
demandent de l’aide. Vous pouvez créer pour lui des occasions de rendre
service. Enseignez-lui à être aimable et respectueux envers les adultes. Qu’il
apprenne à penser aux autres et à être heureux toutes les fois qu’il peut leur
apporter de la joie. La chose la plus grave est de développer l’égoïsme
et la mesquinerie chez un enfant, car ces faiblesses limitent la croissance
de son esprit. Il n’y a rien de plus affreux qu’une personne égoïste ou
mesquine. Il n’est pas étonnant que la littérature de tous les peuples
perpétue cette terrible plaie de l’humanité dans des images immortelles.
Ces faiblesses ont causé la présente dégénérescence de l’humanité et
entraîneront une terrible catastrophe. L’égoïsme provoque une totale
stérilité créatrice. Voyons ce qu’en dit l’Enseignement de l’Éthique
Vivante :
« Individualité et égoïsme sont comme la naissance et la mort. L’indivi-
dualité est constructive lorsqu’elle manifeste sa conception d’un Monde
Nouveau, alors que l’égoïsme se reflète dans les cratères morts de la Lune.
L’égoïste se détruit lui-même, mais il peut aussi frapper son entourage de
stérilité, alors que l’individualité affirmée allume des feux autour d’elle.
La coopération est la couronne de l’individualité, mais le fléau de l’égoïsme
est comme le dard du scorpion. Peut-on faire confiance à l’égoïste ? Pas
plus qu’à une vipère. Mais la véritable individualité possède en elle les
fondements de la Justice Universelle. Travaillez à rassembler ces indivi-
dualités qui, ensemble, tailleront le nouveau diamant. Si la loi condamne
l’égoïste à passer par de nombreuses incarnations, nous lui conseillons
de changer son destin en s’embrasant au contact d’un cœur ardent. »
(Hiérarchie, no 342).

92
« Ce n’est pas sans intention que nous aidons les phares d’un cœur
ardent à s’allumer. Ce cœur est comme un refuge pour le voyageur. La
tâche n’est pas facile pour le cœur ardent, mais de tels sacrifices pour son
prochain constituent justement le Commandement du Bonheur. La joie
est une sagesse particulière. » (Hiérarchie, no 343).
Essayons de surmonter toutes les difficultés, la culpabilité et même
les trahisons. Une conscience élargie aidera en toutes circonstances.
Par conséquent, il faut diriger sa conscience là où la Grande Lumière sera
allumée très bientôt. L’échelle se trouve dans les mains de la Volonté
Supérieure et qu’avons-nous à faire des oppositions qui, aveuglément, sont
dirigées contre nous ? Il est impossible de tromper la Justice Cosmique.
Toute l’histoire de l’humanité le prouve. Que reste-t-il de ceux qui
s’estimaient plus que ces grands travailleurs qui ont œuvré pour le bien
de l’humanité ? L’oubli total de leurs noms et un mépris silencieux.
J’aimerais citer maintenant ces lignes remarquables :
« Dans la douleur et les privations extrêmes, dans la famine, dans la
sueur et le sang, la Russie a pris sur elle de chercher la vérité pour tous. La
Russie explore et lutte, et recherche le Royaume de la Lumière. […]
« Ce ne sont pas les vaniteux, si fiers de leur connaissance pourtant
limitée, qui écrivent les pages les plus émouvantes de l’histoire. L’inspi-
ration ardente ne descend pas sur ceux qui possèdent la vérité, mais sur
ceux dont l’esprit ne cesse de la chercher. Les ailes des Anges troublent
l’eau des fonts baptismaux.
« Il semble que rien ne change dans le monde […] sauf que pour le
monde civilisé bien confortable, la Russie n’existe plus. […] Dans cette
absence se trouve une certaine forme de changement, car dans cette
non-existence particulière, la Russie, d’une certaine façon, est en train
de devenir le centre idéologique du monde.
« Dans le langage de la réalité, cela signifie qu’à ce stade de l’histoire
mondiale apparaît un nouveau monde géographique et culturel qui
n’avait pas jusqu’ici l’importance d’une puissance de premier plan. Mais
regardons l’avenir. La déesse de la culture, qui réside en Europe de l’Ouest
depuis si longtemps, ne se tourne-t-elle pas vers l’Est ? […] Ne se déplace-
t-elle pas vers les affamés, les pauvres et ceux qui ont tant souffert ?
« Nous exprimons des pressentiments […] Ces pressentiments
apportent avec eux une certaine forme de vanité, la vanité de la souffrance.
Si on s’abandonne à cette vanité, on est perdu. On ne doit pas cacher ce que
l’on considère comme la vérité. Mais il est impossible de se satisfaire de
simples pressentiments. L’histoire ne se fait pas dans la tranquillité, mais

93
par les accomplissements héroïques de ceux qui recherchent la perfection.
Les vaniteux ne peuvent connaître les délices que procure une telle
recherche. Et les vaniteux sont condamnés à la stérilité. […] Il n’y a
pas de fatalité, seulement des possibilités.
« C’est seulement par un intense travail créatif, en ne craignant pas
d’admettre nos erreurs et nos faiblesses, au prix d’efforts continus maté-
rialisés au sein d’un monde plastique (soumis à notre volonté), que les
possibilités deviendront la Réalité. (Écrit en 1921).

94
LETTRE 24

30 juin 1931

Vous écrivez que certaines personnes de valeur ne comprennent pas


le livre Hiérarchie. Ce fait nous montre une fois de plus qu’il faut être
très prudent pour éviter de désorienter ceux dont la conscience n’est pas
assez développée. Le processus de croissance de la conscience et d’assi-
milation d’idées nouvelles est lent, extrêmement lent. C’est pourquoi il
est dangereux de forcer les consciences. Seule une conscience dévelop-
pée peut réaliser pleinement et accepter sans réserve la grande loi de la
Hiérarchie. Souvenons-nous que notre propre conscience a été préparée
graduellement pour pouvoir accepter ce grand fondement de la création
cosmique et de l’évolution. Je vous en prie, essayez de faire preuve de
la plus grande tolérance envers les nouveaux arrivants et n’exigez pas
trop d’eux. Nous devons nous attendre à une tension extrême seulement
de nos plus proches collaborateurs, ceux dont la conscience croît en
même temps que leur travail. Ils savent qu’une importante bataille cos-
mique fait rage. Ils savent que plus leur voie est directe, plus leurs
réalisations sont difficiles et chargées de responsabilités. Ils savent que la
difficulté en elle-même est un indice de l’accomplissement le plus rapide.
Ils sont habitués à surmonter les difficultés par l’effort de leur esprit. Ils
connaissent et ont été les témoins de nombreuses victoires.
Ne pensez pas que les conditions de la vie sur la Terre vont s’améliorer
rapidement. Non, la période dangereuse prédite est arrivée dans toute sa
force et tout est même plus compliqué maintenant que jamais. Puisque
vous avez certaines connaissances, veillez soigneusement aux recommanda-
tions sacrées, aux conseils et aux indications. Ce n’est qu’au moyen d’une
coopération intense, en exécutant avec rapidité et précision ce qui vous
est suggéré, que vous traverserez cette période en vainqueurs.
Prenez garde aux collaborateurs dont la conscience est limitée, car la
conscience limitée rabaisse toute chose. Nous savons que la destruction
procède justement du dénigrement et du manque d’appréciation. La
comesure est une qualité qu’il est très difficile et nécessaire d’acquérir.
Sans elle, on ne peut ni avancer, ni construire. L’Enseignement déclare que
sans la qualité de comesure une personne ne saurait être considérée comme
spirituelle.

95
Je vous exhorte à bien comprendre l’importance du travail que
vous avez entrepris ! Comment pouvez-vous faire comprendre à d’autres
personnes si vous ne comprenez pas vous-mêmes ? Et comment donner
de la force à nos collaborateurs si nous n’en avons pas nous-mêmes ? La
promotion de la « Bannière de la Paix » et de « l’Unité des Femmes »
au nom de la Nouvelle Ère de la Culture sont deux des grandes tâches
historiques. Rendez-vous compte combien la situation mondiale est
sérieuse, et appliquez tous vos efforts à accepter ces idées salutaires.
Chacun de vos pas devrait être soigneusement calculé et effectué confor-
mément à la grandeur des tâches. Ne prêtez jamais l’oreille aux conseils
conventionnels banals ! Chaque retard provoquera des dommages pires
encore. Portez bien haut la « Bannière de la Culture » et les pures affirma-
tions reçues. « Semez largement, car il serait fautif de ne laisser tomber
les précieuses graines que dans votre jardin. » Le plus important est de ne
pas craindre les critiques, parce que toutes vos offrandes pour le Bien
Commun ne portent pas en elles la moindre trace de destruction ou
d’égoïsme ! Défendez vos droits au nom des sacrifices que vous faites
pour votre pays !

Je crains que de nombreuses déclarations et conseils précieux de N.K.


ne soient pas mis en pratique, et que vous n’en fassiez pas usage dans la
défense de vos droits. Ne soyez pas paresseux et relisez-les. Rappelez-
vous que tout ne peut pas être assimilé d’emblée. Mais en assimilant et
même en mémorisant certaines formules, vous simplifierez beaucoup de
choses. Vous développerez une rapidité et une vivacité de pensée qui sont
vraiment essentielles. N’oubliez jamais que nous conquérons par la
pensée.
En outre, ne vous laissez pas impressionner par une amabilité superfi-
cielle qui ne mène nulle part. Discernez entre la véritable amabilité et
l’hypocrisie aux dehors aimables. Un bon combat procurera une victoire
plus rapidement qu’une brève amabilité ! Attaquez avec courage. Que vos
armes et vos boucliers soient prêts – soyez exigeants ! Certains collabo-
rateurs n’ont pas eu à livrer de bataille difficile pour chacun de leur
succès, ils sont arrivés au sommet trop rapidement. C’est pourquoi ils
ne savent pas apprécier pleinement les succès de ceux qui ont dû lutter
durement. Grandissez, grandissez en conscience. Rappelez-vous l’impor-
tance du temps présent qui tient en réserve un si grand potentiel. Soyez
inspirés par vos pensées et chaque barque apportera son précieux char-
gement ! Veuillez vous souvenir que nous devons aujourd’hui nous
occuper de grands groupes parce que les hommes sont déjà capables

96
d’assimiler le feu vivant d’un travail créateur et constructif. Parmi les gens
de la masse, il y a beaucoup d’âmes qui cherchent et qui sont capables de
ce sacrifice au nom du Bien Commun.
J’inclus quelques conseils essentiels :
« Que la nécessité des répétitions apparentes ne vous trouble pas.
Sachez que rien ne se répète vraiment, les mêmes mots ont une valeur diffé-
rente selon le moment. Parlez sans cesse de la Hiérarchie. Vous avez raison
de penser que la hiérarchie du monde de l’esclavage se termine. Ceux qui
souffrent attendent l’émergence d’une Hiérarchie fondée sur la conscience.
Il y a trop d’esclaves dans le monde et la flamme de la conscience est trop
opprimée. La réalisation consciente de la Hiérarchie et l’esclavage sont
comme le jour et la nuit. Gardez sans cesse présent à l’esprit que les con-
cepts de la Hiérarchie pour l’humanité sont “Liberté”, “Connaissance”,
“Lumière”. Laissez les moqueurs ignorer l’émergence d’un Monde Nou-
veau, ils sont effrayés par le changement. L’infinité n’est-elle pas terri-
fiante pour eux ? La Hiérarchie ne représente-t-elle pas un fardeau ? Étant
eux-mêmes d’ignorants despotes, ils ne peuvent comprendre le rôle cons-
tructeur de la chaîne de la Hiérarchie. Le lâche ne peut être que terrifié
devant les efforts que demande l’accomplissement. Disciples, mettez en
évidence les plus urgents concepts de la grande Époque qui approche –
Infinité et Hiérarchie. » (Hiérarchie, no 345).
« Adhérer à la Hiérarchie, c’est adhérer à un système évolutif. Aux
esprits qui ne sont pas complètement sortis de l’esclavage, répétez que
la Hiérarchie n’a rien de commun avec le despotisme. Même un ramoneur
doit monter sur le toit pour nettoyer les cheminées ; on ne peut le faire d’en
bas. Et on ne saurait composer une symphonie sans adopter un même
diapason pour tous les instruments. Pour illustrer les principes de la
Hiérarchie, on pourrait donner beaucoup d’exemples, citer la vie labo-
rieuse des abeilles ou des fourmis, mais pour l’homme moderne, le
meilleur exemple que l’on puisse donner de l’indispensable rôle de la
Hiérarchie se trouve dans la chimie. Il est facile de comprendre qu’une
réaction ne peut se produire que dans des conditions précises. De même,
la Hiérarchie correspond exactement aux principes d’une astrochimie
que même un néophyte en science ne niera pas. Nous avons déjà fait
remarquer l’importance de la découverte de l’énergie psychique. Pour
la coordination de la prise de conscience de cette énergie, la Hiérarchie est
aussi indispensable que le plus utile processus chimique. » (Hiérarchie,
no 351).
« On trouve dans le monde un grand nombre de statues de sel. Il
n’y a pas que la femme de Loth qui soit tournée vers le passé. Ceux qui

97
regardent en arrière sont innombrables. Qu’espèrent-ils voir dans la cité
en flammes ? Peut-être souhaitent-ils dire un dernier adieu aux vieux tem-
ples ? Cherchent-ils leur foyer confortable ou souhaitent-ils voir s’effon-
drer la maison de leur ennemi ? L’enchaînement au passé peut durer
longtemps. Efforcez-vous d’avancer vers l’illumination, source de santé,
source de force, qui pousse dans le futur. Il devrait toujours en être
ainsi, mais il y a aussi des conjonctions cosmiques où un impétueux
mouvement en avant s’impose. Ne vous troublez pas, ne vous lamentez
pas sur le passé. Vous pouvez commettre des erreurs, mais la caravane
n’attend pas, les événements poussent en avant. Nous nous hâtons, et
nous vous appelons à vous hâter vers le futur. Le futur est peuplé, mais
il n’y aura pas de ténèbres dans le futur. » (Hiérarchie, no 347).
« Certains ne peuvent tolérer nos fréquents appels au combat. Selon
eux, il n’y a pas de lutte, seulement l’ouverture des Portes. Mais le proces-
sus d’ouverture des Portes exige aussi de l’énergie, et sans cacher hypocrite-
ment la vérité, nous disons que la lutte des forces de la Lumière contre
les forces des ténèbres se poursuit sans cesse. De nombreux guerriers partici-
pent à ce combat, sinon vous seriez submergés par le chaos. Souvent les
participants à ce combat demandent pourquoi leur cerveau physique
n’enregistre pas les activités accomplies dans leur corps subtil. Il serait
cruel de notre part de permettre cet enregistrement. Le cœur ne pourrait
supporter la réalité d’une bataille aussi gigantesque. Le cœur pourrait
s’arrêter, soit en réalisant l’immensité de la lutte, soit par sclérose. Seul
un cœur spécialement enflammé peut enregistrer dans sa conscience le
souvenir des noirs projectiles. Mais la mémoire de la bataille cosmique
peut détruire le cœur le plus fort.
« Soyez conscients de l’affrontement. Lorsque cet affrontement prend
un aspect aussi colossal, le feu souterrain s’équilibre difficilement et les
couches des courants magnétiques s’entrecroisent. Mais n’oubliez pas que
cette perturbation apporte avec elle de nouvelles possibilités. » (Hiérarchie,
no 354).

98
LETTRE 25

20 juillet 1931

J’ai été très attristée de voir que notre train a déraillé une nouvelle fois.
Est-il possible qu’une structure si clairement expliquée n’ait pas été
comprise ? Pendant deux ans, nous avons répété chaque jour la nécessité
de chérir chaque perle de la connaissance qui vous a été prodiguée. Récem-
ment, j’ai entendu : « Encore une perle de perdue. » Quand apprendrons-
nous à ne pas jeter ces perles, mais à estimer chacune d’entre elles pour
qu’elle ne perde pas sa valeur ? Pouvez-vous vous attendre à obtenir des
succès quand les vraies valeurs sont éparpillées et remplacées par des succé-
danés à bon marché ? […] En ce qui nous concerne, nous ne tenons pas
compte des actions de basse qualité. Des milliers d’yeux du monde entier
épient nos institutions. Cela nous oblige à user d’une grande habileté
et d’une solide détermination pour exécuter les programmes prescrits.
Manquons-nous à ce point de création individuelle et de vigilance qu’un
stupide étranger puisse réduire à néant nos possibilités par sa vulgarité
et ses idées vieillottes ? Certainement pas. Nous avons besoin de collabora-
teurs aux larges horizons, courageux et cultivés. Il me semble qu’avec
vos défenseurs vous n’irez pas bien loin. À quoi servent des conseillers
qui baissent les bras à la première opposition !
Nous et nos collaborateurs devons savoir comment défendre nos
droits sur-le-champ. Nous devons trouver dix nouveaux arguments pour
contre-attaquer à chaque opposition. Par-dessus tout, nous devons obtenir
une compréhension totale de nos activités culturelles. Nous devons être
capables d’unir les consciences de nos collaborateurs aux nôtres. Bien sûr,
nous ne pouvons nous attendre d’emblée à ce qu’ils pensent exactement
comme nous, mais nous devons observer leurs idées et les corriger avec
tact si nécessaire. Nous avons déjà expérimenté un exemple d’une telle
direction. Vous devez donc être attentifs et rectifier les idées de vos
conseillers et collaborateurs lorsque nécessaire. Il ne suffit pas d’écouter
l’Enseignement et être d’accord avec ce qu’il dit, mais il faut aussi
devenir actifs et créatifs dans l’accomplissement des tâches.
Il semble que la chute des banques et les événements présents et à
venir prouvent la justesse, la sagesse et l’opportunité de toutes les indi-
cations. Souvenons-nous combien d’indications n’ont pas été suivies à

99
temps ou ont été déformées ! J’aimerais tant vous trouver sans peur !
J’aimerais vous entendre rugir comme des lions ! La puissance de l’esprit
peut venir à bout de tout. Tout ce qui est petit et mesquin a peur de la puis-
sance, alors que tout ce qui est grand lui montre du respect. Conduisez-
vous donc en lions !
Et puis, je vous en prie, ne discutez pas d’idées que vous n’avez pas
encore assimilées avec des collaborateurs qui ne sont pas fiables. Toute
grande idée peut être aisément détruite par des actions effectuées sans
tact. N’oubliez pas que nous comptons être soutenus par les membres
des organisations féminines et autres sociétés culturelles. Nous avons
déjà établi d’excellents contacts et nous envisageons la possibilité de
propager des séries de reproductions sur cartes postales – « Le Royaume
de la Culture ». Trois millions d’acheteurs signifie trois millions de
dollars. Combien de femmes achèteraient volontiers une part de un
dollar pour collaborer à promouvoir leur dignité de femme !
Mes amis, j’aimerais vous dire que ce qui a été promis arrivera, et
dans un avenir pas trop lointain ! Ouvrez seulement vos yeux plus grands
et faites un effort pour élargir et purifier votre conscience. Et quoi de
meilleur pour cet élargissement que l’application vive et créatrice des
règles de l’Enseignement ? Oui vraiment, développez votre créativité !
Approfondissez davantage chacune des idées qui vous ont été transmises !
Les idées se développent parallèlement à l’apparition d’occasions, mais
il ne faut pas rater ces occasions. Un temps viendra où la « Bannière de la
Paix » et la « Bannière de la Culture » flotteront sur toute la Terre. Ne
sentez-vous pas la beauté et la puissance de ces symboles ?

100
LETTRE 26

21 août 1931

Veuillez s’il vous plaît relire encore souvent ma lettre du 29 juillet.


Dans cette lettre, vous trouverez un Conseil pressant du Maître qui
devrait être appliqué sans délai. Assimilez ce conseil de tout votre cœur
et mettez-le en pratique tant dans les petites que dans les grandes choses.
Qui sait vraiment en quoi consiste ce qui est grand ou petit. Qui sait quel
est le brin d’herbe ou quel est le grain de sable qui a fait culbuter le géant
dans l’abîme ?
C’est pourquoi nous devons être sur nos gardes, sans être méprisants.
Nous devons comprendre pleinement le danger qui menace sur notre
époque et la signification des fondements de nos activités. N’oublions
jamais que chaque dénigrement ou omission aura pour résultat l’amoin-
drissement et la destruction du travail de tous les collaborateurs, et dix
fois pire encore, puisque ces soulèvements sont à l’opposé des affirma-
tions de la Hiérarchie. Il a été dit depuis si longtemps que : « Tous vos
coffres resteront vides et vos plumes sans encre si vous ne comprenez pas
les principes de base. Si les temps étaient difficiles lorsque l’organisation
a été fondée, ils le sont mille fois plus maintenant. Si la situation était
sérieuse alors, elle l’est encore mille fois plus maintenant. » Voilà ce qui
a été dit.
Rappelons-nous cela, et ne nous laissons pas bercer au point d’être
réduit au silence ou de nous endormir. Ne succombons pas aux flatteries
et aux paroles agréables de nombreux « dougpas ». Les circonstances se
compliqueront de plus en plus. C’est pourquoi vous devez suivre le Maître.
Si vous cessez de le critiquer, votre Guide terrestre vous aidera à traver-
ser tous les dangers et vous mènera en sûreté. Il est des moments où la
critique et l’hypocrisie sont pires que les contrariétés les plus féroces ou
les calomnies. Ce n’est donc pas étonnant que la critique et l’hypocrisie
soient considérées par les Grands Instructeurs comme des trahisons subti-
les. Se pourrait-il que nous soyons coupables à ce point ? Nous ferions
bien de nous rappeler que la glorification personnelle obtenue au moyen
d’une critique désobligeante à l’égard du chef mène à une impasse. En
glorifiant le chef, nous nous glorifions. En le critiquant, nous nous détrui-
sons nous-mêmes. La loi cosmique des correspondances est inexorable.

101
Les plus grandes pages de l’histoire ont été écrites lorsqu’à la tête d’un
mouvement se trouvait un chef appuyé de collaborateurs dévoués et
consciencieux, prêts à chaque instant à tout sacrifier pour la réussite du
travail. Ne révérons-nous pas les noms des collaborateurs en même temps
que celui du chef ? Même à l’école, nous apprenons les noms des collabo-
rateurs des grands dirigeants, maîtres et penseurs. L’histoire ne cible-t-elle
pas aussi le nom des apostats et ne sont-ils pas considérés avec mépris ?
Souvenons-nous que toutes les occasions nous parviennent avec le
Rayon du Maître, par la voie illuminée de son Rayon. Mais si nous
sommes rongés par le doute, par la peur ou par le manque de confiance,
il est certain que nous dévierons de cette voie illuminée par le Rayon et,
en tombant dans l’obscurité, nous risquons dans le meilleur des cas de
nous casser le nez !

Nous avons reçu un livre, un livre précieux, publié dans une édition
grossière et bon marché. N.K. en a été tellement déçu qu’il s’est installé
sur-le-champ pour écrire un article concernant « l’amour des livres ». Si
nous ne comprenons pas que la qualité doit être soignée, nous ne contri-
buons pas à la croissance de la culture. Comment parler du soin de la cons-
cience et de la culture si nous ne réalisons pas ce que cela signifie ?
Bien sûr, la perfection ne s’installe pas d’emblée, mais la basse qualité
est indigne des disciples. Il est très vexant de voir des cartes postales
montrant de pauvres reproductions des peintures. Elles jettent le discré-
dit sur l’œuvre de l’artiste. Et n’avons-nous pas appris l’ancienne vérité
qu’en achetant de la camelote, nous payons toujours trop cher. Ne vous
rappelez-vous pas qu’après avoir effectué certaines dépenses, nous
avons été obligés de repayer pour de nouvelles impressions ? Tous nos
commencements devraient être présentés d’une manière digne. Nous
devons rechercher et exiger la plus haute qualité. C’est ainsi seulement
que nous servirons la culture.

Nous nous faisons également du souci en ce qui concerne la publica-


tion et la diffusion de nos livres. Il doit y avoir un certain système, une
certaine organisation en ce domaine si important. Nous devons trouver
une personne experte qui aime faire ce travail et qui devrait rendre
compte de la destination exacte des livres et des sommes reçues. Il
faudrait aussi établir dans quels catalogues nos livres devraient être
inclus et trouver les meilleurs points de vente. Il y a tellement de librairies
partout dans le monde ! Nous devrons faire en sorte que nos publications

102
soient accessibles sans retard ! Tant de possibilités ont été gâchées à cause
de retards. Les publications doivent devenir une source de revenus.
Je sais que vous accepterez ce conseil avec un esprit ouvert parce que
j’ai la preuve que vous le suivrez, mais pourrais-je avoir la même certi-
tude en ce qui concerne les autres collaborateurs ? Certains seront offen-
sés, mais en se montrant susceptibles ils se désavoueront eux-mêmes, car
ils montreront combien ils sont encore loin de leur propre perfectionne-
ment. La royauté de l’esprit n’est pas à leur portée. Un roi de l’esprit est
heureux de chaque occasion qui lui est offerte de réaliser son propre
perfectionnement. Il ne répètera pas ses erreurs et une faute déracinée
et expiée est un pas en avant, voire une approche de ce qui est prédestiné.
C’est pourquoi nous devons comprendre toute la portée de l’heure actuelle,
si sérieuse et si urgente. Suivons la Hiérarchie et exécutons ses suggestions.

Aucune faiblesse n’est excusable aujourd’hui, même lorsqu’elle est


dictée par de bons motifs. L’enjeu est de taille, et nous ne passerons qu’en
nous affirmant. Vous devez affirmer, vous devez répandre la bienveillance.
Faites usage de toutes vos connaissances et de toute la force des messa-
ges que vous recevez de la haute source de la Connaissance et de la Créati-
vité pour réaliser une vaste diffusion. Au nom de la culture, efforcez-vous
de comprendre la grande tâche créatrice de la nouvelle étape, l’époque
d’une conscience et d’une coopération mondiale soutenues par des
découvertes scientifiques sans précédent.
La saturation de l’espace doit se manifester dans toutes les directions.
Aucune occasion ne devrait être manquée. Vous devez être capables
d’interpréter la moindre indication pour en faire une grande chose. La
possibilité de saturation de l’espace est énorme. Faites en sorte que
l’image de votre Guide terrestre se manifeste à l’échelle mondiale. Ne
permettez pas qu’elle soit le moins du monde dénigrée. Ne craignez
pas de paraître ridicules, car vous pourrez toujours rétorquer : « Vous riez
de vous-mêmes, essayez de mieux comprendre. » La raillerie est un
signe certain d’ignorance, et une personne érudite ne se permet pas de
ridiculiser quoi que ce soit.
Nous étions ravis d’apprendre l’arrivée d’un nouveau collaborateur.
Nous lui souhaitons la plus cordiale bienvenue au service du bien-être
de l’humanité. Son nom vivra dans nos cœurs, car nous apprécions celui
qui, dès le début, prête main-forte et protège les grains qui germent. Le
meilleur arbre lui appartiendra à juste titre. Lorsque cet arbre grandira,
nombreux seront ceux qui viendront chercher protection sous son ombre.
Mais rares sont ceux qui peuvent apprécier l’importance et le potentiel d’une

103
graine. Par conséquent, nous devons accueillir chaleureusement les
nouveaux arrivants. De tout cœur, joie et meilleurs vœux à ce nouveau
collaborateur.

Des lettres en provenance de l’Amérique nous apprennent que même


d’éminents chefs d’entreprise sont incapables de maintenir leur influence
et d’équilibrer leurs affaires. Cela se retrouve sur tout le globe. Les vieilles
formules sont dépassées, mais les formules nouvelles et constructives ne
sont pas encore assimilées. La conscience des masses submerge même
leurs dirigeants. Les barrages érigés pour contenir la croissance de la
conscience présentent toujours un danger. Inévitablement pourtant, ils
seront détruits par de terribles soulèvements. Et puisque la loi des corres-
pondances reste immuable, plus la résistance est tenace, plus le renverse-
ment final sera violent. Le vrai chef est toujours à l’avant-garde des événe-
ments. Mais en vérité, il devrait se tourner fermement vers la Hiérarchie
de Lumière.
Le salut du monde se trouve dans de nouvelles formulations, dans une
nouvelle approche spirituelle et culturelle concernant les questions vitales,
qu’elles concernent la vie publique ou la vie privée.
L’idée de la « Bannière de la Paix et de la Culture », lorsqu’elle sera
complètement réalisée, deviendra le fondement d’une nouvelle créativité.
Les générations futures devraient, dès l’âge scolaire, apprendre la signifi-
cation de tous les aspects d’un travail constructif et créatif. Dans le Monde
Nouveau, il ne peut y avoir de place pour le luxe de la destruction nourri
par l’ignorance et la violence sauvage. Les résultats ne seront ni immédiats,
ni visibles partout, mais on peut déjà pressentir l’aube poindre par endroits.
Même maintenant, les idées de paix et de culture sont comprises
différemment ! La majorité des gens associent la culture à une civilisation
superficielle, avec tout le luxe frivole qui accompagne une telle civilisa-
tion, tandis qu’ils associent la paix à « une invasion paisible » des marchés
et à des discussions sur le désarmement. On entend par là le remplace-
ment des vieilles armes démodées par de nouvelles armes plus destruc-
trices. Il est pénible de réfléchir à la condition actuelle du monde ! La
situation est terrible, et elle empirera encore, puisqu’il est impossible de
mettre un terme à l’aveuglement de ceux qui s’apprêtent à se précipiter
dans l’abîme. Mais nous savons qu’il existe une Forteresse de la Connais-
sance et de l’Esprit. Ceux qui recherchent la Lumière seront toujours
aidés. Lançons donc un appel ardent à nos frères spirituels que nous ne
connaissons pas encore pour qu’ils se joignent à nous sous la « Bannière

104
de la Culture ». Le feu de l’esprit et une conscience illuminée mettront fin
aux terreurs de la destruction. Semons donc les graines de la bienveillance
et elles porteront un jour leurs fruits. La réponse que vous avez reçue
concernant la « Bannière de la Paix et de la Culture » est caractéristique.
Cette réponse renferme toute l’impuissance, toute l’incapacité de compren-
dre les occasions offertes, et elle révèle un manque total de responsabilité.
Quel beau geste historique ce serait de participer à la conférence du
« Pacte de la Paix et de la Bannière de la Paix » ! Mais les intelligences
ordinaires se contentent des derniers rangs. Que leur importe l’histoire,
puisque l’idée de la responsabilité n’a pas pris place dans leur conscience,
pour ne rien dire d’une responsabilité à l’échelle mondiale. Leur concep-
tion de la responsabilité ne va pas plus loin que le désir de se réserver une
place chaude et confortable. Pour une telle fin, la banalité, la faiblesse et
l’ignorance sont les plus appropriées. Mais ces gens oublient une chose :
les conditions changent et parfois seules des qualités hors du commun ou
une préparation ardente peuvent préserver leur cher confort et leur bien-
être. Oui, le monde est plein d’automates, d’ombres et d’auxiliaires actifs
du mal. Ces automates qui répètent sans réfléchir les formules désuètes
et ces ombres qui ne protestent pas contre le mal – ne devraient-ils pas
tous être rangés dans le camp des auxiliaires du mal ?
Luttons donc contre la moindre marque de faiblesse et d’ignorance,
en nous-mêmes et chez nos proches collaborateurs. Ne nous sentons
pas déprimés par l’arrivée fortuite de nouveaux arrivants. Mais avec le
sourire, inscrivons dans nos archives une page de plus sur l’ignorance
et l’immobilisme, qui ensemble forgent le karma de tout un pays.

C’est vrai, nous ne devrions pas accepter les propos flatteurs. Grand
est le mépris du flatteur quand il constate avec quelle facilité nous
tombons dans ses stratagèmes plutôt grossiers. N’agissons pas comme
des esclaves corrompus, mais développons plutôt la fierté et l’indépen-
dance de maîtres de l’esprit pour lesquels la flatterie n’existe pas. Rien
n’abaisse ni ne détruit autant une personne que de se complaire dans la
flatterie. Il est clair que celui qui aime la flatterie est l’esclave du passé.
Une personne qui se sert de la flatterie – ou celle qui y succombe – ne
pourra jamais devenir un proche collaborateur. Ces gens sont d’une
grande vénalité. N’oublions pas cela.

J’étais heureuse d’apprendre vos efforts en vue d’une coopération plus


étroite et d’un plus grand sens de la justice entre collaborateurs. Un esprit

105
fort saura comment se débarrasser de certains atavismes, alors que le bon
sens et la compréhension du grand exemple du Maître rappelleront que la
coopération consciente est noble et joyeuse. Un cœur réchauffé par l’amour
rayonnera d’une merveilleuse puissance d’attraction. L’aspiration de
l’esprit procure courage et justice.
Chacun d’entre vous nous est cher. Ne sommes-nous pas tous unis par
le même Enseignement, le même Instructeur ? Si nous sommes capables
de repousser les ombres murmurantes, l’irritation, la susceptibilité et une
attitude nonchalante envers le travail, nous avancerons à pas de géants.
En vérité, n’est-il pas désastreux de rester à la même place ? Le pire des
obstacles est la susceptibilité, qui nous retient en arrière et sape notre sens
de l’effort. De superbes occasions nous échappent lorsque nous sommes
occupés à analyser les outrages que nous avons essuyés et qui, dans bien
des cas, sont le fruit de notre imagination et de l’autosuggestion. Laissons
tomber ces habitudes destructrices, et mettons tout notre cœur à accom-
plir le travail qui nous a été confié. Engageons tous nos intérêts, toute
notre vie dans le travail, et un miracle s’accomplira. Cette abnégation
même nous procurera les joies les plus inattendues, les plus sublimes.
Une personne égoïste se condamne à une terrible solitude et à l’oubli
total. Le bonheur réside dans l’amour généreux. Plus heureux encore
est celui qui aime que celui qui est aimé. Ceux qui comprennent cette
vérité peuvent vraiment connaître le bonheur. Apprenez donc à aimer,
habituez-vous à aimer tout ce qui est beau et développez une compassion
active pour tout ce qui n’a pas encore atteint un certain degré de perfec-
tion. Soyez aimables et polis envers vos subordonnés, car tel est le
privilège et la beauté d’un seigneur de l’esprit !
J’aime la légende d’Akbar qui raconte qu’aux jours de fêtes solennelles,
lorsque tous les rajahs suzerains et les gens du peuple venaient lui
apporter leurs présents, Akbar choisissait parmi tous les cadeaux précieux
le plus humble et, le tenant sur son cœur, il venait se présenter ainsi devant
son peuple. Il exprimait ainsi sa sollicitude à l’égard des plus humbles
de ses sujets, insistant sur le fait qu’il appréciait non les présents
luxueux, mais ceux qui provenaient d’un cœur dévoué. Agissons de
même et ne jugeons pas selon l’aspect extérieur et le rang, mais selon
l’intention profonde et la qualité intérieure. Et bien sûr, les pensées les
meilleures et les cœurs les plus dévoués sont plus fréquemment dissimulés
sous des habits simples et des positions modestes. Estimez vos humbles
collaborateurs ! La ponctualité et la politesse étaient considérées autrefois
comme les qualités particulières aux rois.

106
LETTRE 27

7 octobre 1931

Nous sommes heureux que vous compreniez l’importance des dates,


et nous sommes également reconnaissants pour votre enthousiasme. Il est
de plus en plus impérieux de hâter le développement de notre œuvre en
prévision de la séquence prévue des événements. Seul un esprit déve-
loppé peut vraiment se rendre compte de cette nécessité de procéder en
rythme avec l’Aimant Cosmique. Tous ceux qui retardent le mouvement
ou y font obstacle font preuve d’une conscience inférieure et nous ne
pouvons qu’être affligés par un tel état d’esprit. Essayons de passer
une partie de leur fardeau à ceux qui sont tournés vers l’avenir et font
des efforts pour hâter l’évolution.
Préparez-vous des collaborateurs. N’oubliez pas ce qui est dit à
propos du remplacement des roses fanées par des fleurs sauvages !
Essayez d’apprendre quelque chose chaque jour et soyez reconnaissant
envers chaque travailleur qui vous offre l’occasion de développer l’atti-
tude qu’il faut observer à l’égard des mesquineries, vous permettant
ainsi de vous en libérer. Ce n’est qu’en nous efforçant de comprendre leur
principale cause que nous pourrons apprendre à ignorer les attaques de
cœurs sans culture. N.K. se souvient toujours avec reconnaissance de
ses associés les plus hostiles, parce que ce sont eux qui l’ont aidé à
développer son œil vigilant, sa présence d’esprit et une essentielle fermeté
et une discipline essentielles. Vous devez vous aussi apprendre à consi-
dérer la conduite de gens mesquins comme basée sur des lubies incapa-
bles de vous blesser, mais seulement susceptibles de vous inspirer de
la pitié pour leur infantilisme.
Nous savons combien la vie est difficile aujourd’hui, combien elle
est compliquée, et nous sommes attristés par chaque manque de compré-
hension, par chaque retard et par tout ce qui nuit au progrès. La négli-
gence à l’égard du devoir de chacun est impardonnable. Votre tâche n’est
pas du tout facile, mais on ne peut se perfectionner dans la facilité. Un pur
effort a toujours obtenu le soutien du Grand Instructeur. Soyez donc
victorieux ! Le Grand Instructeur est toujours prêt à tendre la main au
disciple qui fait des efforts, mais cette aide n’est accordée normale-
ment que lorsque le disciple lui-même a épuisé toutes les possibilités. Il

107
s’agit là d’une grande loi cosmique de l’évolution, et de la plus haute
sagesse. Ce n’est qu’à l’extrême limite de la tension que nos forces
subissent une transmutation vers les énergies les plus subtiles. Nos
pensées sont avec vous et nous savons que tout s’accomplira sûrement,
pour autant que nous ne coupions pas le fil d’argent par notre égoïsme,
par notre paresse et par une attitude négligente en prenant à la légère
les Recommandations.

Pour être en mesure de juger de la hauteur d’une montagne, nous


devons prendre un certain recul. C’est la même chose avec le travail. Il
est parfois conseillé de s’en éloigner pour en saisir l’importance culturelle.
Il est très important de comprendre que nous travaillons à un mouvement
culturel d’envergure mondiale ; si nous n’en sommes pas conscients,
nos actions manqueront de la comesure nécessaire sans laquelle le succès
serait vraiment impossible. Pourquoi les Enseignements insistent-ils
tant sur la nécessité de la confiance ou sur la profonde compréhension
de la tâche entreprise ? C’est justement parce que la connaissance intui-
tive ou la confiance fait d’un simple humain un géant. En éliminant le
doute, cette confiance procure une persistance invincible qui mène iné-
vitablement au but. Étant limités par notre propre corps physique, nous
sommes incapables de saisir la séquence prévue des événements. C’est
la raison pour laquelle nous ne pouvons accomplir par nous-mêmes ce
qui a été prévu. Par conséquent, si nous manquons de confiance, nous
dévions de la direction indiquée par le Maître ou, en négligeant des
recommandations, nous faisons obstacle aux plans établis et dont nous
sommes des éléments nécessaires. La confiance est à la fois une grande
connaissance et une grande sagesse. La personne qui manque de confiance
ou de connaissances est comme une girouette. Elle tourne au gré des
conditions qui changent constamment, sans pouvoir dans son aveugle-
ment les prévoir ou les éviter.

« Il est juste de promouvoir les principes de la “Bannière de la Paix”


partout où cela est possible. Je vous prie de vous rappeler que les occasions
se présentent d’une façon inattendue. Le fait de résister au mal engendre
de nouvelles possibilités. » Les articles écrits contre la « Bannière de la
Paix » sont tellement mesquins qu’on s’étonne que des gens puissent
exprimer de telles pensées. Je suis quelque peu désemparée en ce qui
concerne la « Ligue des Nations ». Pourquoi devrait-on donner tant d’impor-
tance à l’opinion et à l’appui de cette organisation ? Un mouvement de

108
rassemblement culturel ainsi que le développement d’une réelle compré-
hension de la portée spirituelle de l’art auprès des jeunes générations
sont tout à fait essentiels, si bien qu’il est absolument inutile d’attendre
l’approbation de telles organisations vouées à l’échec. Chaque gouverne-
ment clairvoyant devrait se rendre compte que dans le « Pacte de la Paix »
et la « Bannière de la Paix » se trouve véritablement le mouvement qui
doit apporter protection, ordre et construction. Donc, que la « Ligue des
Nations » approuve ou non la « Bannière de la Paix », cela ne devrait en
aucun cas influencer l’établissement de la grande « Bannière de la Culture ».
Serait-il possible que les organisations féminines d’Amérique restent
indifférentes à la « Bannière de la Culture » et ne la soutiennent pas ?
J’ose espérer que nous ne surestimons pas leur réceptivité spirituelle.
Bien longtemps avant la première conférence, à Bruges, j’avais saisi la
valeur réelle de nombreuses organisations modernes et compris tout le
travail qu’il faut fournir pour éveiller la conscience des masses et pour
leur faire percevoir les vraies valeurs et la créativité culturelle. Cela ne
peut s’obtenir que par une diffusion constante et systématique des idées
et non par des démonstrations occasionnelles. C’est pourquoi nous ne
devons pas nous décourager face à l’attitude indifférente qu’affichent
certains gouvernements et groupes de la société civilisée. Nous devons
plutôt déployer tous nos efforts pour faire disparaître les idées superfi-
cielles de nos proches collaborateurs et pour leur inculquer une com-
préhension plus profonde de l’impérieux besoin de mettre ce concept à
exécution.
« […] Mon conseil est, une fois encore, de faire de l’Enseignement
une nécessité quotidienne. Mon conseil est d’observer votre efficacité dans
votre environnement. En petits groupes, surveillez particulièrement vos
pensées mutuelles pour ne pas alourdir et interrompre le courant. Maints
enseignements ont conseillé cette simple discipline. Chaque livre devrait
le rappeler afin que le plus vital, le plus nécessaire, s’applique dans la vie
quotidienne. Grande est notre joie lorsque nous avons une confiance aussi
grande en quelqu’un qu’en nous-même. Puissante est la citadelle du cœur
ouvert. » (Cœur, no 16).
« Sans interruption et à toutes les époques, l’Enseignement de Vie se
déverse sur Terre. L’existence terrestre ne peut s’envisager sans ce lien avec
le monde invisible. Telle une ancre de salut, tel un phare, l’Enseignement
fortifie notre avancée dans les ténèbres. Comme avec les vagues de la mer,
au sein de l’averse de bienfaisance, se remarque le rythme avec des
expansions définies, alors les Enseignements apparaissent. Le rythme

109
du monde entier peut s’expliquer par poussées et imprégnations, en d’autres
termes, elles inscrivent l’évolution de l’existence. (Cœur, no 17).
« L’interruption du rythme est due à de nombreux facteurs, mais le
moyen le plus sûr d’éviter cette perturbation est, dans l’unité, de se
diriger vers nous, où tout trouve une solution. Par comparaison, tout
comme un grain de sable arrête le rouage le plus perfectionné, la rupture
du rythme interrompt le courant. L’heure présente est justement un moment
de grande tension. Les possibilités sont imminentes, les événements
s’enchaînent déjà comme une avalanche, et la terreur apparaîtra comme
une planche de salut. » (Cœur, no 18).
Ne brisons donc pas le courant salutaire !

110
LETTRE 28

21 octobre 1931

Le dernier courrier nous a apporté la description d’une conversation


typique. Quelle illustration de pauvreté d’esprit et de décadence ! Que
faut-il faire lorsque des représentants officiels de diverses organisations
sont incapables de comprendre l’importance de l’éducation ? Pour eux, le
mot « culture » correspond à tout ce qu’ils méprisent, à ce qu’ils appellent
« idées abstraites », à moins qu’ils l’associent à quelque chose suscep-
tible de bousculer leurs chères habitudes !
Oui, il serait déplacé de citer à de telles personnes les noms de
Pavlov, Bechterev, Pupin, Abel, Millikan, Rutherford, Einstein, Jagadis
Bose ou Tagore.
Aujourd’hui la conscience des hommes devrait comprendre ces
paroles du Seigneur Bouddha : « L’ignorance est le pire des crimes car
elle crée les souffrances de l’humanité. » Tant que les dirigeants des
pays ne disposeront pas de brillants intellects et plus particulièrement
d’une synthèse spirituelle qui englobera tous les plans d’existence, il
n’y aura pas de véritable progrès. Comme l’immobilité n’existe pas dans
la nature, tous les êtres ignares doivent nécessairement rétrograder,
avec toute la dégénérescence et la déchéance qui s’ensuit. N’assistons-
nous pas déjà à cela ? Certains scientifiques notables ont déjà remarqué
les signes menaçants d’une telle dégénérescence, soit une augmentation
des maladies psychiques et une faiblesse d’esprit dans la génération
montante. Bien des gens commencent à se demander si ces conditions
anormales ne sont pas dues à une mauvaise instruction et une mauvaise
éducation. D’une façon générale, l’instruction moderne manque d’une
base culturelle, laquelle devrait comprendre avant tout une synthèse des
capacités humaines. La spécialisation mène toujours à un déséquilibre,
qui produit les maladies psychiques observées aujourd’hui.
Passons par dessus la peur et les railleries, et avançons courageusement
vers la victoire sous la « Bannière de la Culture » ! Mais gardez continuel-
lement en mémoire le fait que vous participez à une étape préparatoire
lourde de responsabilités, qui demande une intuition raffinée ainsi qu’une
attention minutieuse afin qu’aucun détail, utile ou nuisible, ne puisse
échapper à l’œil vigilant. Il faut aussi faire preuve du plus grand tact dans

111
nos rapports avec les gens. Souvenez-vous que des ennemis déclarés sont
beaucoup moins dangereux que des masses de petits vers. Le pas le plus
assuré peut glisser sur cette masse gluante.
Faisons également preuve de patience, car sans patience on ne peut
rien réaliser. En vérité, il arrive très souvent que les gens renoncent après
un départ prometteur uniquement à cause d’un manque de patience. Ils
oublient que toute tâche importante s’accompagne de difficultés. En
fuyant devant ces difficultés, ils se condamnent à la lassitude et à des
répétitions interminables. Comment passer aux étapes suivantes si on n’a
pas maîtrisé les premières ? Il est certain qu’on peut parcourir les étapes
rapidement en fournissant de grands efforts, mais nos pieds doivent quand
même se poser sur chaque marche. Le degré de l’effort déterminera le temps
à passer sur chaque palier. C’est pourquoi préparons-nous de toutes nos
forces pour une étape plus élevée en nous souvenant que notre temps est
compté. Vous devez savoir que notre patience est soutenue par nos
connaissances. Nous savons qu’il existe une étape finale. Nous savons
également que notre attente ne sera pas trop longue. Mais les étapes de
préparation exigent notre plus grande attention, de la circonspection et
du tact. Travaillez aussi rapidement que possible, et envolez-vous sur
les ailes de cette grande époque de l’équilibre de la double Origine,
d’une coopération plus vaste et d’une culture érigée sur les bases de la
connaissance spirituelle.
Les yeux du cœur ne manqueront rien, ils pressentiront et donneront
les directives. Brillez comme des flambeaux. Embrasez tout de votre flamme
purificatrice. Éclairez dans la bonne direction ! Unissez vos cœurs dans
cette action merveilleuse, dans cette aspiration spirituelle. Efforcez-vous
de vibrer à tous les appels, à toutes les pensées d’encouragement, et
essayez de ressentir tous les fluides de l’énergie du cœur et tout ce qui
vous est envoyé sous la forme d’une impulsion ardente prête à aider !
Unis dans l’effort, portons le lourd fardeau. Le fardeau n’est difficile
à porter qu’au début. Une fois le poids soulevé de terre, il deviendra
aussi léger qu’une plume.
Gardons en mémoire que la plus grande réussite des forces sombres
réside dans leurs méthodes de semer la zizanie. Ils marquent des points
lorsque les collaborateurs ne réalisent pas la gravité du moment, qu’ils
sont insouciants et qu’ils mettent de côté des affaires urgentes. Nous
devons nous souvenir que l’irritabilité et la susceptibilité sont les canaux
les plus faciles par où peut s’infiltrer tout ce qui appartient aux ténèbres.
« Vous avez raison de comprendre que l’attaque dans sa forme finale
ne sera que bénéfique. Toutefois, vous devez apprendre à attendre que

112
la fleur de Satan ait fleuri. La bataille est intense. Soyez très attentifs.
Veillez à votre santé. Ne laissez pas l’irritabilité vous affaiblir. Tenez
fermement le fil d’argent et purifiez vos pensées ! »
N.K. donne une dernière main à l’introduction de son Spinoza et
Goethe. C’est magnifiquement écrit, et la traduction devrait refléter la beauté
de l’original sans la trahir. Lorsque nous lisons la description de la vie
de Spinoza, nous pouvons voir une fois de plus que les attaques et les
calomnies portées contre lui étaient nécessaires. Elles ont fortement
renforcé son image dans la conscience des générations qui suivirent. En
effet, à ce stade de notre évolution, tous les Judas et toutes les résistances
grossières des forces des ténèbres sont absolument nécessaires. Les
forces des ténèbres donnent l’occasion de déployer toutes nos forces et
toute notre vigilance, et élargissent nos occasions d’agir. Elles répandent
de l’information à notre sujet et attirent ainsi sur nous l’attention des
personnes de valeur. Au début, ces personnes peuvent nous approcher
simplement par curiosité, voire par indignation, mais ensuite leur largeur
d’esprit leur permettra de réaliser la vraie valeur des choses et elles
deviendront nos amis. Il y a beaucoup d’amis qui portent temporaire-
ment le masque de nos ennemis. Ces métamorphoses ne sont pas rares
dans la vie.

Laissez la connaissance directe se développer, et plus particulièrement


en ces jours. Que rien de valable ne soit négligé. Il faut se souvenir qu’un
détail insignifiant peut souvent se transformer en une arme puissante
contre l’ennemi. Vous avez dans votre arsenal un grand nombre de
formules magnifiques prêtes à l’emploi ! Apprenez à les manier de façon
à désarmer votre adversaire ! Que vos paroles soient efficaces. Prenez
en considération la mentalité de votre interlocuteur et construisez toujours
votre discours sur la base de faits établis – vous en avez beaucoup à votre
disposition ! L’ennui est que vous n’évaluez pas toujours les événements
à leur juste valeur. Il arrive souvent qu’un certain détail ou un fait qui
semble plutôt anodin s’avère ensuite de grande importance alors qu’il
n’a pas été pris en considération. Rappelons-nous que tout ce qui procède
directement du travail constructif de la Hiérarchie recèle une signification
très profonde, et chacun l’applaudira demain, même si elle n’est pas
encore perceptible aujourd’hui. Qui connaît les sentiers de l’évolution ?
Qui peut prédire quand le présent chaos se terminera ? Qui sait quelles
forces seront mobilisées ? Vous devez donc agir hardiment, mais avec
discernement, et montrez une confiance totale en la Hiérarchie de Lumière !

113
Que les collaborateurs mènent le combat jusqu’à la fin. Cette bataille sera
difficile, mais vous recevrez une aide continuelle si vous faites preuve
de constance dans votre détermination – et vous atteindrez le glorieux but.
Une seule condition est nécessaire : une confiance totale, jusqu’au bout,
même au fond du désespoir. L’invincible « Tactica Adversa » conduira
l’ennemi jusqu’à la limite de l’absurdité et toutes les agressions hostiles
disparaîtront en raison même de leur évidente absurdité. Souvenez-vous
donc de ce fait lorsque le mal et la laideur s’accumulent et atteignent leur
paroxysme. C’est alors que vous pouvez transpercer leur centre avec
« une seule flèche ». Souvenez-vous également que seul le contraste de
la Lumière avec l’obscurité dévoile la possibilité de création. Toutes les
lois cosmiques sont réfléchies et reproduites dans la vie humaine. Faites
donc preuve de courage et de détermination, supportez pour quelque temps
encore le fardeau de notre époque, et vous serez aidés au moment opportun !
En outre, s’il vous plaît, veillez à ce que la publicité qui nous concerne
ne soit pas enjolivée ou présentée d’une façon artificielle, mais qu’elle
soit basée sur des faits. Et lorsqu’il est question de la personnalité de
N.K., il est très important d’insister sur le fait que N.K. donne à toute
personne qui l’approche une impulsion créatrice et qu’il exige dans le travail
la plus haute qualité. Faites connaître sa merveilleuse capacité d’obtenir
de chacun ce qu’il a de meilleur et les résultats puissants obtenus grâce
à ses conseils ! Comment il enseigne à tirer le maximum de chaque
circonstance par une concentration sur les aspects positifs ! N.K. n’est
pas seulement un prophète plein de bienveillance, qui en appelle à un
raisonnement clair, à la privation et à la miséricorde, comme les gens
peuvent le constater, mais c’est aussi un vrai chef et un bâtisseur actif,
car il connaît la bataille de la vie et il arme ses collaborateurs pour
participer à ce combat. Il combat tout ce qui est associé aux ténèbres et
à l’ignorance. Parfois, il semble que sa sagesse et sa prévoyance sont
infinies, et ses proches peuvent confirmer comment il a prévu des événe-
ments qui se sont produits par la suite et qui ont été corroborés par de
nombreux témoins. N’a-t-il pas aussi, à plusieurs reprises, indiqué la
juste direction que devrait suivre l’humanité pour éviter ses misères ?
La principale condition de salut se trouve dans son appel à l’unité de
la totalité du monde culturel. Il prône également que l’éducation des
jeunes soit orientée vers une nouvelle compréhension de la pensée créatrice
et vers une vaste collaboration basée sur l’idée de la grande culture – le
« Culte d’Ur » ou « Culte de la Lumière ». On peut mieux comprendre
la personnalité de N.K. en lisant de grands extraits de l’introduction à
son Spinoza et Goethe. Sa description de Goethe, qu’il appelle un

114
« Porte-Flambeau Solaire » s’applique également à lui. Ressentez-vous
toute la puissance et la force invisible de cet homme qui bâtit une vie
pleine de soleil ? Le soleil de sa vie consume tout ce qui est ténébreux,
malsain ou destructeur. C’est pour cette raison que sa vie est remplie de
tant de réalisations exceptionnelles. Pourtant, il est préférable de ne pas
faire de comparaisons. Que chaque esprit se présente à sa façon et dans
toute la beauté de ses propres réalisations. Il ne nous appartient réellement
pas de comparer les faits. Chaque grand esprit accomplit sa propre tâche,
et chaque manifestation est magnifique à sa manière inimitable. Il y a
longtemps, on disait : « Comment est-il possible de comparer la lumière
des étoiles lointaines ? » Cet énoncé peut s’appliquer à beaucoup de cas.

115
LETTRE 29

8 novembre 1931

J’ai reçu votre lettre aimable et sincère et j’ai été particulièrement


touchée par la joie que vous avez éprouvée dans votre approche de
l’Enseignement. En effet, l’intensité de cette joie est la vraie mesure de
votre aptitude à assimiler les fondations de l’Enseignement de Lumière.
Gardez soigneusement cette joie et cette gratitude tout au long des jours
de grisaille, car c’est le moyen le plus rapide d’élargir votre conscience.
N’est-ce pas là le but de l’Enseignement ?
À en juger par ce que j’apprends sur vous dans les lettres des proches
collaborateurs, je pressens que vous n’en resterez pas à ces premiers pas
suite à l’Appel, mais que vous trouverez le courage qu’il faut pour suivre
la voie très difficile qui vous attend peut-être. En lisant les livres de
l’Enseignement, je vous prie d’appliquer d’abord sur vous-mêmes tout
ce qui s’y trouve. Beaucoup de gens lisent l’Enseignement, mais la
plupart pensent généralement que son contenu s’applique aux autres et
non à eux-mêmes. Ils ne font pas attention ou même rejettent ce qui
principalement s’adresse d’abord à eux. C’est ainsi qu’ils retardent
leur progression. Mais un véritable disciple appliquera tout à lui-même.
Et en réalité, qui peut être assuré qu’il ne possède pas déjà, à l’état
embryonnaire, telle qualité, bonne ou mauvaise ? Si nous appliquons
l’Enseignement à nous-mêmes d’abord, nous serons capables de pénétrer
les profondeurs de notre nature et nous pourrons y découvrir des choses
qui pourraient peut-être nous étonner. L’Enseignement indique que dans
la mesure où nous sommes préparés à suivre le sentier du perfectionne-
ment de soi, ces découvertes inattendues aideront énormément notre
future progression.
Vous devez avant tout comprendre que le disciple doit montrer
une confiance totale même s’il ne comprend pas tout. Plus tard, avec
l’élargissement de sa conscience, une grande partie de ce qui pouvait
paraître contradictoire trouvera sa juste place. Ma formule préférée est :
« Confiance totale jusqu’au bout. » Acceptez ce conseil, c’est la voie
la plus courte ! Si vous suivez ce sentier, la joie viendra à vous !
Lorsqu’une personne se dévoue au service de la Lumière, je peux
vous affirmer qu’elle n’est jamais seule spirituellement. Attachez-vous

116
à vous rappeler, à chaque instant de votre vie, que l’Oeil d’Aigle et le
Cœur Ardent de celui qui vous a appelé vous suivent constamment !
Notre corps grossier et les limites de nos sens sont les seuls obstacles
qui nous empêchent de réaliser sa Présence. Mais si vraiment vous
avez fait la merveilleuse expérience que vous me rapportez, cela est un
bon signe. Cela signifie que d’autres expériences pourraient se présenter.
Soyez patient, car en réalité « vous ne connaissez ni le jour ni l’heure » –
il y a une profonde vérité dans ces paroles. Le but de l’Instructeur n’est pas
d’affaiblir notre organisme, mais de l’aguerrir pour lui donner la récepti-
vité la plus élevée, laquelle exige une sensibilité extrême. La joie, la
gratitude et la confiance sont les principales auxiliaires.
Aimez et aidez les autres à aimer !
Je vous souhaite donc la bienvenue sur le sentier de la Lumière et
je vous transmets toute la joie de mon cœur à vous accueillir comme
collaborateur.

117
LETTRE 30
12 décembre 1931

En cette difficile période de votre vie, mon cœur vous envoie toute
la fermeté et la force de mon esprit. Vous savez que l’heure de la Grande
Bataille a sonné. De nombreuses prophéties et révélations ont été données
à plusieurs reprises dans tous les Enseignements. Le Grand Armageddon
a commencé à la fin de l’an 1931, inaugurant la Grande Bataille pour
laquelle le Maître nous avait préparés. Nous devons comprendre les
proportions de cette Bataille qui se déroule dans toutes les sphères ou
mondes. Nous devons comprendre la dureté de notre époque et le fait que
la bataille céleste est suivie d’une bataille terrestre. Nous ne devons
donc pas être surpris de la succession des événements.
« […] Beaucoup de choses ont été dites sur l’Armée Céleste, sur
Michel le Grand Stratège, et sur l’apparition d’un Chef Suprême, et sur
toutes les calamités. C’est pourquoi je dis : Prudence ! » (Cœur, no 176).
Nous sommes déjà en plein combat, nous marchons à l’avant-garde.
Brandissons donc la Bannière qui nous a été confiée, tenons-nous près
du Hiérarque qui nous conduit. N’oubliez pas cela. Les projectiles de
l’ennemi n’éclatent qu’au milieu des derniers rangs, comme cela m’a
été montré dans une vision magnifique de l’armée victorieuse conduite
par le Chef. Que nos cœurs ne tremblent pas sous l’agression des forces
des ténèbres, puisque la proximité du Grand Cœur nous donnera la force
de résistance nécessaire. Manifestons l’intrépidité royale de l’esprit.
Écrivons une page de bravoure, d’action grandiose dans l’histoire de
nos vies ! Qu’on ne puisse pas dire de nous :
« En vérité, à peine a-t-on fait mention de la Grande Bataille que
quelqu’un exprime déjà sa lassitude. Que dira une telle personne en
présence de l’imposante armée adverse ? […] » (Cœur, no 180).
À ce propos, je vais faire mention de plusieurs prophéties qui concer-
nent cette Grande Bataille :
« […] Chaque Youga a son époque significative en tant que période
préparatoire, mais il peut se produire des accélérations qui intensifient
exceptionnellement toutes les forces. Ne considérez pas la Grande
Bataille décisive comme une simple guerre. L’existence même de cette
Bataille provient de beaucoup plus loin. Elle se déroulera à travers

118
tous les Mondes, Subtil et Terrestre. Elle s’exprimera non seulement par
des combats, mais aussi par des affrontements inhabituels de collectivités.
Les frontières entre les belligérants seront aussi tortueuses que celle entre
le bien et le mal. Nombre de combats décisifs passeront inaperçus à l’oeil
terrestre. Les menaçants affrontements du Monde Subtil auront des
répercussions sur Terre sous forme de catastrophes. De même, le courage
sur Terre se reflétera dans les Mondes Subtil et de Feu. La Grande
Bataille sera le premier maillon d’assemblages des Mondes. Aussi, attendez-
vous à des actions rapides dans toutes les directions. La coopération
possède une importance immense dans cette Bataille. Dès maintenant,
l’étoile d’un cœur enflammé est d’une grande aide. Celle-ci n’est pas
toujours visible, tel un écrivain qui exerce une énorme influence sans pour
autant connaître ses lecteurs. Le parallèle est exact dans la coopération
entre les deux mondes. Les jours de bataille exigent une grande tension,
ce qui n’exclut pas les labeurs quotidiens. Durant tout travail, souvenez-
vous de le diffuser par la pensée pour le bénéfice de la Lumière. De même,
pour chaque flèche hostile, il faut encaisser le coup au nom de la Grande
Bataille ! » (Cœur, no 180).
« Je voudrais que l’époque actuelle constitue un point tournant dans
votre vie. Ce qui était encore possible hier pourrait ne pas l’être demain.
En vérité, il pourrait être possible demain de faire preuve d’un courage
encore inimaginable hier. La bataille sur Terre sera aussi terrible que
celle dans les Mondes Subtils. Le monde est divisé en nombreuses
factions. Seul un total effort vers Nous vous apportera le salut. Naturelle-
ment, le moindre petit signe de désordre ou d’hostilité parmi vous sera
douloureux pour Moi. Rappelez-vous cela ! Ainsi, je confirme la pour-
suite de nos activités et ce, malgré des attaques sans précédent ! Mais dans
cette bataille, il n’y a aucune réconciliation possible. Nous pourrons
constater des troubles en Europe et pourrons témoigner de plusieurs
trahisons, mais la Grande Bataille résoudra les problèmes du monde.
Nous pourrons également nous rendre compte que la Lumière est invinci-
ble. Les manifestations des ténèbres sont signe d’ignorance. Je répète que
demain nous nous éveillerons entièrement différents. Dans le Monde Subtil,
les affrontements ont lieu le long de la ligne des cœurs éteints. Sur la Terre,
vous verrez sous peu les résultats de ces luttes. Partout il y aura de l’incohé-
rence, la chute de pays, des épidémies, de maigres récoltes, et le monde
se divisera en de nouvelles entités. »
Ainsi les forces sont en désaccord les unes avec les autres. La situa-
tion mondiale est terrible et il faut se montrer ferme jusqu’à ce que de
nouvelles circonstances nous aident. Chacun devrait être fort.

119
« En dehors du fait que les forces des ténèbres sont actives dans tous
les pays et influencent leurs alliés des différentes classes, certains des nôtres
sont moralement faibles à cause de leur étroitesse d’esprit. Il faut absolu-
ment maintenir notre position jusqu’à ce que nous ayons pu améliorer la
situation. La période actuelle est inévitable et chacun doit l’accepter comme
une marche vers le futur. Toutefois, il faut faire preuve de beaucoup de
vigilance […] »

120
LETTRE 31
5 mai 1932

Vous passez par une période terrible et vous devriez faire un grand
effort pour maintenir votre harmonie intérieure. En vérité, seule l’harmonie
du cœur peut renverser l’ennemi. Il ne peut jamais traverser cette armure !
Toutes les attaques sont déviées par l’énergie bienfaisante qui émane
de cœurs unis. Ce fait n’est pas une abstraction, mais une grande vérité
scientifique. Ne soyons pas irréfléchis ou ignorants. Vous avez déjà
appris par les livres de l’Enseignement quels remous destructeurs provo-
quent dans l’espace amplificateur l’irritation et la disharmonie des
humains, et comment les forces les plus négatives, incluant la maladie,
sont attirées par ces tourbillons.
Se pourrait-il que la honteuse faiblesse de volonté de l’un d’entre
vous puisse mettre en péril le succès de notre travail ? Une telle attitude
l’entraînerait dans le malheur et il ne pourrait s’en rendre compte qu’après
l’ouverture des yeux de son cœur. Le mot « unité » est maintenant la
directive pour la bataille, et il ne peut y avoir de victoire complète sans
l’accomplissement exact de cette consigne essentielle. Il est des plus
avantageux de relire les recommandations, puisqu’elles ne concernent pas
seulement une journée en particulier. Il est bon de toujours les garder en
mémoire. Par exemple, l’an dernier, l’importance de la « Bannière de
la Paix » pour la défense des trésors artistiques en temps de guerre a été
constamment soulignée, de telle sorte que l’idée a finalement pu être
assimilée. Rappelons aux sceptiques les débuts de la « Croix-Rouge », les
difficultés qu’a dû traverser ce mouvement pour convaincre les fonction-
naires bornés qui étaient chargés de traiter ce projet hautement humani-
taire. Vraiment, on a parfois l’impression que la conscience humaine
rétrograde plutôt qu’elle n’avance.
Je vous conjure de tout mon cœur, souvenez-vous de « l’unité ». Mon
cœur se préoccupe de chacun d’entre vous. J’aimerais tellement pouvoir
alléger les difficultés actuelles, mais de telles périodes sont absolument
nécessaires. Appliquons les efforts les plus ardents en nous aidant les uns
les autres autant que possible. Laissons nos difficultés élever et embellir
nos actions effectuées pour le Bien Commun.
Mes combattants courageux, souvenez-vous de « l’unification » !
Je signe cette lettre « Pic bois ».

121
LETTRE 32

27 juin 1932

De même que nous devons être capables de donner à chaque per-


sonne qui vient à nous tout ce qu’elle est en mesure d’assimiler, ainsi
devons-nous être capables de recevoir de chacun ce qu’il peut apporter
pour le Travail Commun. N’écartez pas les nouveaux arrivants !
Ne craignez pas l’extrême tension. Seules les cordes tendues réson-
nent. Nous savons par la loi cosmique que les énergies ne peuvent être
transmises et que les formes ne peuvent être purifiées que sous le seul
effet d’une extrême tension. Cette loi pose deux règles fondamentales
dans tous les Enseignements. Premièrement, pour se perfectionner spiri-
tuellement, le disciple doit user de toutes ses forces. Il y a des limites à
cela, puisque le Maître veille à ce que cette tension ne soit pas préjudi-
ciable à la santé. Deuxièmement, chaque particule d’énergie psychique
consciente est infiniment précieuse. C’est pourquoi le Grand Instructeur
ne peut la prodiguer que dans les cas où toutes les ressources et tous les
moyens ont été épuisés. Ces deux règles expliquent pourquoi l’aide
n’intervient qu’au dernier moment. Mais un grand nombre d’âmes faibles
sont incapables de supporter la tension jusqu’à cette limite, et se condam-
nent à glisser et à recommencer perpétuellement la pénible ascension ! Il
y a beaucoup de Sisyphes qui roulent leur pierre de lâcheté et de doutes.
Toutes les perplexités et contradictions apparentes sont causées par
la difficulté pour les consciences non développées de saisir les antithèses.
Tant qu’on ne peut comprendre cela, on ne peut faire de progrès dans la
vie spirituelle. La compréhension des antithèses est pour la plupart des
gens la chose la plus difficile à saisir. Mais chaque Enseignement spiri-
tuel considère une telle compréhension comme essentielle. Voici quelques
exemples : une complète indifférence pour la réputation tout en sachant
s’affirmer ; le renoncement à la propriété, tout en restant au milieu de ses
possessions ; l’absence de désirs mondains et en même temps un intérêt
profond pour le travail terrestre pratique. Toutes ces antithèses devraient
être harmonisées dans l’esprit des disciples. L’important est de compren-
dre que tout renoncement s’atteint essentiellement en esprit. Souvenez-
vous comment le Bouddha réprimandait pour sa possessivité l’un de
ses disciples qui avait sacrifié toutes ses possessions, alors qu’au même

122
moment il permettait à un autre de vivre au milieu de ses biens. Pourquoi ?
Parce que l’un, malgré son renoncement, était continuellement préoccupé
par ses biens, tandis que l’autre, resté en leur possession, en était détaché
intérieurement. Tant de gens paraissent détachés de leurs possessions qui,
pourtant dans leurs pensées, en convoitent toujours plus. Et combien
de ceux qui se prétendent sans « ambition » et qui « ne souhaitent aucune
publicité » espèrent tout au fond d’eux-mêmes être remarqués.
Et qu’en est-il de ceux qui jeûnent et qui en même temps rêvent de
la nourriture à laquelle ils viennent de renoncer ? Et de ceux qui espèrent
être doublement récompensés pour leur travail et leurs sacrifices ! Pauvres
prisonniers qui se dupent eux-mêmes ! Comment leur expliquer que leurs
efforts sont vains et ne leur apporteront jamais la libération joyeuse, mais
qu’ils risquent plutôt d’endurcir leur cœur. La libération spirituelle s’accom-
plit non par la force, mais par l’affirmation du cœur. La personne libre de
tous les attachements matériels n’en parlera pas, parce que son renonce-
ment est simple et naturel et qu’il va de soi. Cette attitude « qui va de soi »
est l’exploit le plus important, car si la personne ressent le moindre regret
ou reproche à l’égard des autres, tous ses efforts seront vains. Les disci-
ples ne devraient pas se débattre contre leur nature inférieure en se tortu-
rant eux-mêmes. Ils devraient plutôt développer leur cœur et approfondir
leur sagesse au contact de l’Enseignement de la Nouvelle Vie.
En général, les reproches proviennent des gens qui souffrent de leurs
attachements. Ils agissent comme les Pharisiens qui attendent de grandes
récompenses pour leurs chandelles fumantes ! Et même si la récompense
leur était accordée, ils seraient incapables de l’apprécier. Ne la traiteraient-
ils pas comme un coq qui a trouvé une perle ?

En vérité, on devrait rappeler à ceux qui n’acceptent pas la Hiérarchie


que selon toutes les lois physiques et spirituelles, aucune action, aucun
travail ne peut être réalisé sans point focal. Pour un pays, c’est son gou-
vernement. Chaque parti politique a son représentant. Chaque entre-
prise, chaque maison de commerce a son directeur. Chaque énergie
doit être focalisée pour pouvoir se manifester. L’évolution du Cosmos
est entièrement construite sur ces données, ces contrats, ces liens et ces
chaînons – appelez-les comme vous voulez ! À ceux qui ont de la peine
à le comprendre, indiquez le chapitre sur le Sacrifice dans le livre Les
Feuilles du jardin de Morya [volume 1, nos 353 à 356]. Le renoncement
est joie ! Mais le concept opposé est vraiment lamentable. Le « Fardeau
du Monde », le « Calice de la Rédemption », « l’Absorption de la Potion

123
Empoisonnée du Monde » sont les noms donnés à différentes missions
sur le sentier de la grande responsabilité et de la Lumière. Ces tâches
extrêmement lourdes ne sont confiées qu’à ceux qui comprennent spiri-
tuellement l’idée de libération. Je crois que de plus amples explications
seraient superflues.

N’oubliez pas vos contacts culturels et internationaux ! Si nous ne


les entretenons pas, qui le fera à notre place ? Un temps viendra où les
choses seront réglées, mais pour le moment nous devons sans relâche
travailler et combattre. L’étendue des tâches culturelles devrait conti-
nuellement préoccuper votre esprit. Et je vous en prie, n’ignorez pas
même les plus petites indications. Elles peuvent vous paraître sans intérêt,
mais vous ne pouvez jamais évaluer leur importance potentielle. Toutes
ont pour objectif ce qu’il y a de plus élevé, même si parfois elles semblent
n’avoir aucun rapport avec votre travail quotidien. Rappelez-vous que
les plus petits insectes peuvent répandre des infections mortelles !
Gardez à l’esprit la proportion de toute chose. Seule une grande pensée
peut comprendre tous les stratagèmes de l’ennemi.

124
LETTRE 33
7 juillet 1932

Que les disciples réalisent bien les résultats désastreux qu’a entraînés
la négligence de la Recommandation donnée par le Maître. Ils ne devraient
pas douter ni être déçus si la mise en pratique du conseil n’apporte pas
de bons résultats immédiatement. Nous devons nous souvenir que parfois
nous n’avons aucune idée des résultats attendus par l’Instructeur. Souvent,
c’est quelque chose de complètement opposé à nos attentes ! Il arrive
quelquefois que le Maître veuille jeter un pont par-dessus un abîme et
nous ne pouvons jamais savoir quelle personne, quelle chose, quelle
pensée ou quelle parole peut être utilisée comme pont ! Il nous est
seulement demander d’exécuter l’indication avec précision. L’importance
et le résultat de l’application nous seront révélés en temps voulu.
Voici quelques paragraphes tirés de l’Enseignement :
« Les rapports entre Instructeur et disciple sont souvent difficiles.
Le disciple promet de suivre toutes les Instructions de l’Instructeur,
mais dès qu’il en reçoit une, il trouve immédiatement des raisons pour
la modifier. L’Instructeur éprouve la même difficulté lorsqu’on le blâme de
son inaction. Imaginez la situation d’un archer prêt à décocher sa flèche,
et que derrière lui quelqu’un crie : “Mais pourquoi ne tire-t-il pas ?”
« Même sans en percevoir la raison, les jeunes enfants obéissent à
la main qui les guide. Mais les adultes essaient d’ajouter à la réaction
préparée quelque chose en rapport avec leur état d’âme. On peut les
comparer à des gens qui, surpris par un incendie, abandonnent des
manuscrits irremplaçables, mais sauvent leur matelas bien-aimé.
« D’où provient ce manque de respect du Commandement ? De la
méfiance. Il est incompréhensible de voir l’empressement avec lequel
on accepte les dons de l’Instructeur, alors qu’on néglige Ses meilleures
Instructions. De nombreuses transmissions prévues ont été rejetées et
de nombreuses actions efficaces ont été anéanties par légèreté ! Une main
esquisse un geste de respect, tandis que l’autre éparpille les perles au-
dessus du précipice. On oublie que le fait d’imprégner l’espace d’envois
personnels est une contamination de cet espace et que le Guide, choisi
pour son expérience même, n’humiliera jamais le disciple. Il faut donc
apprécier grandement une coopération renforcée par la confiance !

125
« Lorsque vous deviendrez vous-mêmes instructeurs, insistez sur
l’exécution immédiate d’un ordre. N’en donnez pas souvent, ils perdraient
de leur autorité. Mais si le travail l’exige, donnez un ordre bref, et que l’on
sache qu’il est irrévocable. L’exécution est plus facile lorsqu’on associe
travail indépendant et coopération. L’ordre déformé est comparable à
un train qui a déraillé […] » (Agni Yoga, no 278).

126
LETTRE 34

6 octobre 1932

Je vous envoie les premières pages du nouveau livre intitulé Monde


de Feu, en espérant que cette source intarissable de sagesse nourrira vos
cœurs en permanence. Tirez de ce livre toute force, toute protection et
toute possibilité. Ce Trésor, qui coule de la Source Éternelle, contient
tout cela et plus encore.
En lisant ces textes sur le grand feu créateur, celui qui donne vie,
essayons d’éveiller en nous-mêmes le feu qui réchauffe le cœur. Soyons
comme ces vestales de jadis qui, lorsque le feu était allumé, devaient le
garder sous peine de mort. Cette garde du feu contenait un grand symbole,
puisque l’extinction de la flamme de l’esprit mène à la mort de l’âme.
Le feu du cœur nous empêchera de prendre du retard, de déformer les
choses ou d’avoir peur de qui ou quoi que ce soit, car il embrasera nos
consciences en allumant l’ardente connaissance directe. Il est dit :
« Soyons comme ceux qui souhaitent ardemment la venue du Grand
Avènement, toujours attentifs au moindre bruit de pas et le cœur dédié
au service de l’humanité. Nous ne devons surtout pas permettre à la
légèreté ou à quoi que ce soit de négatif de s’infiltrer dans nos cœurs,
car ces faiblesses feraient se tourner les langues de feu contre nous. »
(Monde de Feu, volume 1, no 34).
« Ne soyons donc pas effrayés par cette bataille pour la culture de
l’esprit et pour le droit à l’existence, car seules les valeurs spirituelles
soutiennent le monde. Que cet appel au combat ne vous déconcerte pas.
Ceux qui restent inactifs sont mille fois plus exposés au danger que ceux
qui s’engagent. L’effort doit cependant se situer dans le cœur et les pen-
sées, et pas seulement dans les pieds ! » (Monde de Feu, volume 1, no 36).
« Et rappelez- vous que sur le grand Sentier, mieux vaut être calomnié
que d’aller à l’encontre des décisions des Forces de la Lumière. Apprenons
donc à apprécier à sa juste valeur le fait d’être calomnié, car aucun
sentier ardent n’existe sans son tapis de calomnies. » (Monde de Feu,
volume 1, no 35).
« Cela concerne tous les amis qui sont dans le doute ou l’incertitude,
et qui ne comprennent pas d’où sont venues autant d’attaques. Mais

127
rappelons aux bigots et aux hypocrites l’Enseignement et le destin du
Grand Instructeur qu’ils ne cessent de crucifier. »
Seul un cœur ardent accepte volontiers un très lourd fardeau. Soyons
ces cœurs ardents. Acceptons les plus lourds fardeaux qui nous mèneront
plus rapidement à la libération. Et tandis que ceux qui ont refusé de suppor-
ter tout le poids devront retourner pour rattraper ce qu’ils ont laissé derrière
eux, nous pourrons entreprendre la prochaine mission avec la joie au coeur.
Que personne ne soit assez faible pour évaluer ses contributions ou ses
soi-disant sacrifices. Cela constituerait un obstacle sur le sentier. Toutes
les vraies contributions et les vrais sacrifices sont pesés sur la balance
présente en chacun, dans les profondeurs les plus secrètes de sa conscience.
Si nous calculons nos contributions, même dans les profondeurs de
la conscience, nous nous privons du privilège de donner quelque chose
pour le bien de l’humanité. Et le feu de ce sacrifice se répandra sur la
Terre comme celui du Caïn de la Bible. Tous ces anciens symboles
jouent un rôle capital. Les Forces de Lumière apprécient les sacrifices
faits avec joie, car ce sont les seuls qui soient efficaces et porteurs de
victoire. Il faudrait porter le « Livre du Sacrifice » dans nos cœurs.
N’oubliez pas que les qualités du sacrifice sont multiples. C’est ce
que nous aimerions rappeler à ceux qui, dès qu’ils ont foulé le sentier
de l’Enseignement, en attendent des récompenses immédiates pour leurs
soi-disant sacrifices. Donnez-leur à lire les lignes suivantes :
« L’Enseignement concernant le sacrifice vous a déjà été donné.
Le sacrifice est pouvoir. Le pouvoir est possibilité. En conséquence,
chaque sacrifice est avant tout une possibilité.
« Il est temps de mettre de côté l’hypocrisie voulant que le sacrifice
constitue une privation. Nous n’acceptons pas les privations, mais Nous
donnons des possibilités.
« Voyons quelles possibilités naissent de ce qu’on appelle le sacrifice.
Où y a-t-il un vrai sacrifice qui puisse abaisser celui qui le fait ? Dans
notre Trésor se trouve une grande collection de sacrifices, et chacun d’eux
fut utile à celui qui l’a fait. Nous n’aimons pas parler de sacrifice, car un
sacrifice est l’entreprise la plus profitable.
« Les petits commerçants aiment pleurer sur leurs dépenses et feindre
des pertes. Mais dans la vie, un véritable fournisseur ne regarde sa dépense
que comme une garantie commerciale. Ce n’est pas par le sacrifice, mais
par le pillage que vous avez perdu.
« Le Christ conseillait de distribuer les biens spirituels. Mais comme
les clés qui y conduisent sont éloignées, les gens ont appliqué ce conseil

128
à la distribution d’argent provenant de pillages. D’abord voler, puis
donner en versant une larme et être ravi de sa propre bonté. Comme si,
lorsqu’Il parlait de distribution, l’Instructeur avait pu penser à des chaises
et à des vieux manteaux ! L’Instructeur pensait à des biens impondérables.
Seul le don spirituel peut faire bouger le plateau de la balance.
« Regardons la lignée des collaborateurs. Est-ce que quelqu’un a
manqué de quelque chose ? Non, tous se sont enrichis. N’est ce pas un
enrichissement que de devenir un gouverneur du nouveau royaume ?
Ce royaume est si riche que ce n’est pas un grand dommage de casser
quelques assiettes. Que les mains soient nombreuses et le livre de la
gratitude se remplira.
« Je conseille de prévoir dans la vie des remplaçants pour toutes
les situations.
« Dans les grandes entreprises, le commerce repose sur l’activité
et non sur la personnalité.
« Qui peut affirmer avec certitude qu’il fut celui qui donna ? Nous
ouvrirons nos livres de comptes et Nous montrerons combien chacun
reçut. Car il n’est pas du tout facile de se sacrifier lorsque le sacrifice
est une possibilité, et que la possibilité est un profit, et que le profit est
une coopération saine, et que la coopération est la Pierre Alatir qui, ou
bien fait revivre, ou consume.
« Mais l’abnégation peut ouvrir les Portes de la Compréhension,
alors que le sacrifice de choses inutiles sera considéré de la même
façon que l’amour de soi. » (Les Feuilles du jardin de Morya, volume 2,
no 183).

129
LETTRE 35

12 octobre 1932

J’étais très heureuse de lire dans votre dernière lettre vos commentaires
sur l’unité. Il semble pourtant qu’une unification plus étendue et plus
complète soit nécessaire, puisqu’il m’a été inspiré de vous écrire ceci :
« Une grande unité est requise. La route étant assez large, vous n’avez pas
à vous pousser les uns les autres. N’oubliez pas que même une toute
petite pierre peut frapper très dur. Le combat contre les forces obscures
doit évoquer les pensées les plus nobles. Soyons donc purs et prudents. »
En effet, notre mental mieux éclairé nous donne l’obligation d’être
doublement prudents dans nos pensées et nos actions, d’abord entre
nous et aussi avec les personnes qui viennent en contact étroit avec
nous. Souvenez-vous que des milliers d’yeux nous observent avec
grande attention et – ne nous berçons pas d’illusions – cette attention
provient principalement du désir de mettre le doigt sur nos faiblesses pour
nous détruire. Il est très important que les collaborateurs se respectent et
ne se critiquent pas les uns les autres devant les employés ou d’autres
personnes de l’extérieur. Des petits riens, des pointes, des plaisanteries
ironiques, des sourires complices, etc., détruisent le respect. Vous ne
devez sous aucun prétexte permettre à des étrangers de perdre leur
respect pour votre groupe en leur permettant d’entendre des insinuations
désobligeantes. Le respect, une fois détruit, ne peut plus être rétabli. Et
il peut être anéanti si facilement par les choses les plus ordinaires,
comme les remarques désobligeantes. Plus d’une fois, il a été dit :
« Même pour rire, vous ne devez pas vous dénigrer ou vous critiquer
les uns les autres. Il est temps de réaliser le mal que les petits insectes
peuvent faire. Le dard d’un petit insecte peut empoisonner tout un orga-
nisme. Vous devez vous souvenir que l’ennemi tente de pénétrer non
par la porte, mais par la plus petite fente. » Et des querelles internes ne
sont pas seulement des fentes, mais une porte grande ouverte !
Dans les dangereuses attaques des forces obscures, même la moindre
allusion à des reproches est fatale. Imaginez le nombre de personnes
potentiellement utiles qui peuvent ainsi être éloignées. Il est dit : « Il
se peut que des personnes utiles vous soient envoyées, mais vous devriez
savoir comment les retenir. » Imaginez la position de gens qui ont entendu

130
parler de vos activités culturelles et qui, après vous avoir rencontrés, se
rendent compte que vous n’êtes en rien différents des autres gens ! Quelle
sera leur attitude envers vous et votre travail après une telle découverte ?
Pensez également à ceux qui vous approchent par le biais des livres de
l’Enseignement. Quelle déception ils auront en voyant que vous ne
pratiquez pas les règles fondamentales de cet Enseignement ! Pensez à
votre grande responsabilité ! Je n’en dirai pas plus sur l’étendue de cette
responsabilité, puisque cela devrait être clair pour quiconque possède les
sept livres de l’Enseignement. Mais vous devriez réfléchir plus souvent
à cette responsabilité et aux effets de la surdité et de la négligence
spirituelles.
Votre vie se transformera en un joyeux conte de fées, si seulement
vous pouvez comprendre la Haute Direction qui vous est dispensée
chaque jour ainsi que votre propre responsabilité à cet égard. Il y a tant de
joie pour vous en réserve, si vous pouvez seulement accepter cette
responsabilité de tout votre cœur et si votre conte de fées n’est pas
couvert de la poussière de la banalité ! Vous devez être capables d’enlever
cette poussière et de regarder avec objectivité tout ce qui se présente
dans votre entourage et dans votre travail.
Tendons vers la perfection. Observons-nous avec soin et illuminons
du feu de notre cœur toutes les Indications de l’Enseignement. Soyons
fortement unis à l’heure du danger. Cette exigence ne doit pas demeurer
une idée éthique abstraite, sans application pratique à la vie. Ce serait
faire preuve d’une intelligence superficielle. Mais un collaborateur
sérieux, et particulièrement un disciple, se fixera sur cette idée de toute
l’ardeur de son cœur, parce qu’il sait que l’unité est la base et la force
du travail tout entier. Voilà pourquoi l’exhortation à l’unification devrait
être votre première considération dans toutes vos décisions. Plus que
jamais, toutes les institutions doivent se compléter les unes les autres.
Notre premier devoir est de protéger et faire avancer le plan de toutes
nos activités culturelles. Chacun doit donc apprendre à ne pas se limiter
à son travail particulier ou à sa section. De la manière la plus imper-
sonnelle et avec sagesse, il doit déterminer ce qui est particulièrement
urgent, ce qui requiert une aide et quel travail peut momentanément
être laissé en attente. Entre bâtisseurs, il n’est pas permis de s’en tenir
chacun à son petit travail. Nous connaissons le grand Plan de notre
œuvre, et une création aussi vaste ne peut être limitée à deux sociétés
ou à un seul pays.

131
LETTRE 36
10 novembre 1932

Ces derniers temps, je suis abattue car je constate que les fondations
se délabrent. Est-il possible que le cœur de certains collaborateurs ait pu
s’endurcir et leur conscience s’obscurcir à tel point qu’ils soient incapa-
bles de voir l’abîme dans lequel ils vont tomber ? Ne vont-ils pas réaliser
le terrible danger du temps présent et arrêter de servir les forces des
ténèbres ? N’a-t-il pas été dit que « chaque parole méchante, chaque
mésentente est un encouragement pour les forces obscures » ? Rappelez-
vous : « Le dangereux couteau n’est pas dans votre poche, mais en
vérité au bout de votre langue. Un jour, vous aurez à réaliser qu’un
mot, une pensée, ne s’effacent jamais. Quiconque pense en termes de
Bien Commun peut se réjouir et vice versa. La morale et les habitudes
des serviteurs des ténèbres n’ont pas notre faveur. »
Pour l’amour de vous-mêmes, considérez ce qui a été dit et répété
sans cesse. C’est seulement par des efforts unifiés que nous pourrons
atteindre le but. Il est dur de penser combien de magnifiques possibilités
se sont évanouies à cause de disputes cachées ! Qu’est-ce qui peut être bâti
sur l’aura de l’irritation, de l’offense et de l’inimitié ? Le principe de l’aimant
a été soigneusement discuté que nous ne pouvons prétexter l’ignorance !
Dès le premier jour, nous avons insisté sur la nécessité de l’harmonie,
mais en vain à ce qu’il paraît. Le pire est que le sens de l’honnêteté
s’est perdu, et que quelqu’un est prêt à blâmer les autres, oubliant que
son âme est comme un livre ouvert pour le Guide terrestre. Il est temps
d’avoir honte de notre manque de maturité et de comprendre que lorsque
nous ne suivons pas le Conseil, nous ne sommes rien moins que des
traîtres. Pardonnez-moi d’utiliser ce terme, mais mon cœur saigne en
voyant le genre de difficultés que vous continuez obstinément à créer sur
votre sentier. Essayez d’imaginer ce que vous deviendrez si l’Enseigne-
ment cesse de vous conduire. Où irez-vous ? Où vous tournerez-vous ?
Qui vous écoutera et vous aidera dans votre malheur ? Qui vous montrera
la façon de vous tirer de cette difficile situation ? Le temps menaçant,
le temps affreux approche pour tous. Pensez un instant que vous étiez
ceux à qui il avait été permis de travailler au salut d’un si grand nombre !
Est-ce une façon d’y arriver ? Est-ce votre façon de justifier la confiance
de celui qui vous avait appelés ?

132
Je veux que vous sachiez toute ma peine ainsi que mon intense désir
de vous voir travailler en complète harmonie et comprendre l’énorme
responsabilité de votre travail. Quelle est la meilleure façon de vous faire
comprendre cela ? Comment fortifier en vous cette compréhension ? Je
déteste brandir des menaces, mais je ne peux me retenir de sonner
l’alarme lorsque je vois quelqu’un se précipiter dans l’abîme en entraînant
d’autres à sa suite. Comment le retenir ?
Il y a quelques temps, j’ai pensé que mes appels réitérés à l’unification
seraient bien compris. J’avais espéré que vous comprendriez que l’ama-
bilité est importante, non pas lorsque votre autorité est acceptée ou
lorsque votre vanité est satisfaite, mais bien plutôt lorsqu’il vous faut
céder en bien des points afin d’assurer une coopération efficace.
Certaines personnes écrivent des appels très sincères, mais vous
devriez montrer de l’amabilité et de l’attention dans l’action – ce sont
les actions qui comptent, pas les belles paroles, car les mots sont comme
de l’eau courante. Dans mes rêves, j’ai vu l’un d’entre vous porter
fidèlement la bannière du nom du Guide terrestre. Je rêvais que les
paroles de cet être seraient chargées de force magnétique et de beauté.
Depuis le moment où il fut indiqué que la nouvelle Société devait être
établie, sept années ont passé – une période longue et pleine de signifi-
cation à tous égards. Pendant ce temps, une régénération spirituelle
complète aurait pu se réaliser, si on avait fait preuve d’une réelle aspi-
ration. Il était prescrit avec précision dans quels groupes ces paroles
devaient être dites et quelles relations devaient être nouées. Mais si nous
faisons un bilan, nous devons reconnaître que des conditions internes ont
empêché ce développement. Au cours des premières années, nous avons
dû faire face à certains obstacles qu’il n’était pas facile de surmonter.
Mais en 1926, il y a eu plusieurs nouvelles occasions, mais les vieilles
habitudes qui n’avaient pas été déracinées ont repris le dessus. Je n’ai
pourtant pas perdu l’espoir que votre cœur s’enflamme à nouveau et
que vous vous exprimerez dans de belles actions ardentes. Les succès
peuvent être si grandioses !
Il est navrant d’avoir à écrire des lettres de réprimande au lieu de
faire part d’heureuses nouvelles des travaux d’autres groupes de colla-
borateurs couronnés de succès.
Cela déchire le cœur de savoir que l’énergie la plus précieuse doit
être dépensée en travail correctif, que les avertissements sont restés vains.
Cela arrive à un moment terrible, le moment où les forces obscures
lancent leur assaut le plus violent et le plus agressif ! Pour faire face à
ce moment, vous devriez avoir développé une énergie maximale et une

133
stabilité intérieure vous permettant de préserver tous les acquis ! Dans ma
grande détresse, je vous demande de m’aider. Trouvez le courage d’être
patients et de faire la paix […] « Bénis soient les artisans de la paix.
[…] »
Essayez au moins de diminuer mes soucis et mon chagrin un tant soit
peu. Peut-être était-ce ma faute ? Qui sait ! Je n’ai peut-être pas réussi à
vous unir suffisamment. J’ai peut-être été incapable de vous faire bien
comprendre l’amour du Grand Cœur et l’effort à l’action altruiste. Peut-être
ne vous ai-je pas montré par l’exemple comment appliquer l’Enseigne-
ment dans votre vie de tous les jours et, par-dessus tout, peut-être n’ai-je
pas réussi à embraser vos cœurs du feu du perfectionnement de soi et de
l’énorme responsabilité assumée.
Je vous supplie de m’aider dans ma propre responsabilité à votre
égard ! Mon cœur lance un appel à chacun de vous. Aidez-moi !

134
LETTRE 37
17 novembre 1932

Il m’est pénible d’exprimer ma tristesse. Je vois à nouveau que


l’affreuse décomposition intérieure continue à gagner du terrain. Je vois
que la conscience de certains collaborateurs ne progresse pas et que les
trésors de l’Enseignement sont acceptés comme paroles vides de sens.
En vérité, c’est la déficience intérieure qui est si fatale. « Vous pouvez
sortir vainqueur de tous les litiges, vous pouvez vous faire de nouveaux
amis, mais la décomposition intérieure chassera votre meilleur ami.
Quand l’air est saturé de poivre, les gens se mettent à éternuer. L’impéril
peut se répandre de la même façon. À maintes reprises, vous avez vu
comment de nouvelles circonstances se sont présentées, mais il faut
savoir comment les aborder. C’est pourquoi vous devriez au moins
comprendre combien l’impéril est infectieux. Vous ne pouvez traiter la
décomposition n’importe comment. C’est un processus aussi contagieux
que la lèpre. Soit il y a renforcement, soit il y a décomposition – il n’y
a pas de troisième condition possible. »
Quel homme choisit délibérément la décomposition pour lui-même ?
À présent, tous les événements se précipitent à une si grande vitesse qu’il
n’est pas possible d’en rester aux premiers pas. Il a été dit : « Nous ne
pouvons pas suggérer le renforcement par la contrainte. Nous ne pouvons
pas non plus préserver quelqu’un de la lèpre ou empêcher par la force
la formation d’impéril. L’amabilité ne peut être imposée de force. Il est
impossible de forcer un cœur à se développer, mais un magnifique
jardin ne se développera que par de magnifiques actions. La calomnie
envers la Hiérarchie est un mal irréparable. » Connaissant cette loi, je
suis désespérée de n’être d’aucun secours. Que puis-je faire si les paroles
de l’Instructeur Lui-même ne sont pas acceptées ? Comment puis-je
faire en sorte que le désir de mon cœur, si intense et passionné, arrive
jusqu’à vos âmes endurcies et votre conscience obnubilée ? Il est affreux
de penser que les rangs vont s’éclaircir et que quelqu’un va se retrouver
tout à fait seul, que l’insigne privilège d’approcher la Lumière peut être
échangé pour l’amour d’un lamentable égoïsme, cet éternel ennemi de la
Lumière ! Et penser que cela se produit après douze années de discipulat !
Mise à part la destruction personnelle, la disharmonie intérieure peut
se terminer par la destruction de l’œuvre tout entière ! Le grand danger

135
réside dans le fait qu’au lieu de nous concentrer sur l’essentiel – soit la
construction de la culture qui nous rallie tous – nous nous habituerons
à nous concentrer sur des affaires triviales, des ennuis, des offenses, de
l’envie. Comment maintiendrons-nous nos acquis ? Quels succès pouvons-
nous attendre ? Nos amis ne nous fuiront-ils pas en détectant l’atmosphère
polluée ?
Je regrette d’avoir à citer une autre page triste :
« Il faut apprendre à ne pas gaspiller le travail. La dispersion de
l’esprit mène à la négligence des affaires les plus importantes. Voyez
comment l’essentiel manque dans les deux lettres que vous avez reçues.
Je ne le reproche pas tant à leurs auteurs qu’à ceux qui les ont remplis de
confusion. Une telle insouciance pour les choses les plus importantes est
fatale. Une personne qui trouble la conscience de ses semblables commet
une faute grave. Elle ne pourra pas non plus vivre heureuse. Au contraire,
son existence s’assombrira, car sa conscience s’égare dans ce qui n’est pas
essentiel. Savoir discerner et se concentrer sur l’essentiel, c’est être
sur le chemin de la victoire. Mais perdre ce chemin, c’est devenir une
pierre au cou de ses semblables. » (Monde de Feu, volume 1, no 146).
« Chacun devrait toujours être préoccupé d’apprendre à distinguer
ce qui est important de ce qui ne l’est pas. Alors qu’apparaissent des
trésors irremplaçables, nul n’a le droit de transpercer le cœur d’un autre
ou même de lui causer une migraine ! Les gens ne peuvent considérer
comme irremplaçable ce qu’ils ne remarquent pas. » (Monde de Feu,
volume 1, no 147).
À ceux qui doutent et qui manquent de fermeté, je suggère de copier
des livres de l’Enseignement tout ce qu’on dit à propos du doute, de
l’instabilité et du soupçon. Surtout de nos jours, il existe un très grand
nombre de ces réels serviteurs des ténèbres. Il est utile d’avoir sous la
main les définitions de toutes ces faiblesses odieuses et de les relire
souvent.
Bien que la manifestation conventionnelle de l’unité ne soit pas la
plus haute, c’est mieux que rien. La nature animale de l’homme est un
mélange d’habitudes. Il est donc possible en s’observant soi-même
d’établir certaines bonnes habitudes. À la longue, vous allumerez une
petite flamme dans vos cœurs et alors ce processus fastidieux de pratique
des bonnes habitudes peut, en un moment d’illumination, devenir une
partie intrinsèque et joyeuse de votre conscience éclairée. Une fois
encore, je vous demande d’être honnêtes envers vous-mêmes. Se leurrer
soi-même est le pire des péchés. Cela blesse la conscience et provoque même
la soi-disant mort de l’esprit.

136
LETTRE 38

10 décembre 1932

De quoi dois-je parler ? De cette éternelle vieille chose, soit la


grande unification comme seule voie de salut. Entre temps, tout a déjà été
dit, toutes les raisons ont déjà été données, mais les conséquences de la
mésentente persistent. Ordre est donné à l’un d’entre vous de répéter sans
relâche les Indications de l’Instructeur. […] Je ne perds pas l’espoir que
dès maintenant, toutes les Indications et suggestions seront recopiées
et relues avec beaucoup d’amour et de soin pour qu’elles ne soient ni
oubliées, ni déformées.
Tournez une page dans le livre de vos vies et commencez à la rem-
plir d’actions de tolérance, de compréhension et de générosité ! Il est
dit : « Il n’est pas raisonnable de remuer la poussière. » En remuant
cette vieille poussière vous n’arriverez à rien et cela infectera vos yeux
et votre nez. Je vous en prie, laissez tout cela, car c’est indigne de
vous. Vous économiserez ainsi beaucoup de temps que vous pourrez
consacrer à un travail productif qui est plus nécessaire que jamais. Il
reste très peu de temps pour renforcer les fondations et l’aimant de nos
travaux. Notre tâche primordiale, si nous désirons réussir, est de renforcer
les fondations ! Vous devez bien comprendre à quel point une fondation
solide est nécessaire pour atteindre le succès promis ! Que notre mouve-
ment victorieux ne soit arrêté par aucune pensée vulgaire, ni par aucun
soupçon ! Vous devriez comprendre dans vos cœurs qu’il n’y a rien de
personnel dans ma demande, mais seulement une préoccupation pour
le magnifique Plan ! Les Indications devraient être acceptées avec votre
cœur. Vous devez vous concentrer sur ces Indications avec toute votre
détermination. C’est alors seulement qu’une totale compréhension sim-
plifiera bien des choses.
Il n’est pas raisonnable de surcharger les Forces qui supportent tout.
Il est difficile de concevoir que l’idée orientale de révérence envers
l’Instructeur soit morte en Occident. Tâchez de comprendre ce que
signifie surcharger les Forces de Lumière et le prix que vous-mêmes
payez pour cela.
« Certains viennent pour éteindre, calomnier ou profaner. En vérité,
il s’agit des âmes les plus ténébreuses. La décomposition une fois amorcée

137
ne peut être arrêtée. Mais les sages ne regardent pas en arrière, car ils
savent que le feu est éternel lorsqu’il est embrasé. »
Il n’est pas étonnant que j’insiste en répétant les Indications de
l’Instructeur. Même une simple répétition pourrait renforcer les fondations.
« Il est insensé de remuer la poussière alors que les nuages s’amon-
cellent. Il est insensé de tourner la tête vers l’arrière lorsque le sentier
se trouve bordé par un précipice. Je vous rappelle que la fondation
principale est une ancre de salut pour tous. »
« Ainsi, unissez-vous au nom du salut. Même si nous étions capables
de compter toutes les étoiles, de mesurer toutes les profondeurs invisibles,
nous ne saurions toujours pas trouver les ressources pour améliorer
l’époque présente. Avec tout le courage de nos cœurs, nous devons faire
face à la terreur de l’obscurité qui approche alors que les feux s’éteignent.
Plusieurs pensent que l’unité est un concept inutile et démodé. Ils considè-
rent que l’individualité est mieux préservée par la séparation – telle est la
logique des ténèbres. Mais lors de dangereuses épidémies, on se souvient
parfois des remèdes simples et on trouve en eux le salut. L’unification est
ce remède simple. Manifestement, il met en échec les ténèbres. Gardez
donc l’épée fermement au-dessus du dragon. »
« Je puis seulement vous conseiller de vous rappeler constamment
les Indications. Les temps sont compliqués et le fil conducteur ne doit pas
être abandonné. Je vous demande donc de leur rappeler le problème de
l’exécution fidèle des Indications. »
Je crois que les sombres nuages qui obscurcissent votre vue se
lèveront et que vous comprendrez avec votre cœur et votre esprit les
fruits qu’engendre la désunion. Abstenons-nous de condamner qui ou
quoi que ce soit, mais examinons-nous avec lucidité et éliminons tout
ce qui retarde notre progrès.

138
LETTRE 39

29 décembre 1932

La bataille d’Armageddon ne peut pas être une marche directe vers


la victoire, car de Grandes Forces sont engagées de part et d’autre. La
victoire des Forces de Lumière est cependant assurée puisqu’elles sont
alliées à l’Aimant Cosmique. Ce dernier engendre d’énormes énergies
contre lesquelles les forces obscures ne peuvent rien. L’élément du
Feu pur les consume. Mais il nous faut avoir de la patience. La bataille
a été engagée par les forces obscures, car dans leur rage elles essaient
de détruire autant qu’elles le peuvent avant que leurs jours ne s’achèvent.
De leur part et de la part de leurs meilleurs collaborateurs – les tièdes
et les neutres – proviennent toutes les terreurs des révolutions, toute la
violence. Elles essaient de créer la confusion et le chaos total en abaissant
le niveau spirituel général. Les violents courants de Saturne et les combinai-
sons défavorables d’autres planètes leur sont d’une aide toute spéciale.
Pour le moment, les Forces de Lumière s’efforcent de contenir les élé-
ments dérangés par les forces obscures. Personne ne peut imaginer
combien d’énergie divine est mobilisée uniquement pour contrôler les
feux souterrains ! Les forces des ténèbres essaient par tous les moyens
d’anéantir ce qui est lumière et pureté. C’est pourquoi l’unification est
tellement nécessaire. Comme il est dit : « Notez les attaques inexplicables
qui dépriment toute la planète. Il n’est pas fortuit que des Rayons soient
constamment envoyés comme défense. De sérieux dangers ont déjà été
évités. »
La semaine dernière, dans notre vallée, des prophéties ont été faites
à l’effet qu’un violent tremblement de terre devait se déclencher le 22 dé-
cembre pour durer trois jours et détruire entièrement notre vallée. Mais
le 21, il y a eu de grandes chutes de neige et la température a baissé. Cela
a duré jusqu’au 27 décembre. On nous a dit : « Portez attention aux pro-
phéties des habitants locaux qui, très souvent, prédisent correctement les
événements cosmiques. Mais bien sûr, vous ne pouvez vous y fier complè-
tement. » Plus tard on nous a dit : « Nous pouvons confirmer que le dan-
ger mortel a été évité. Vous savez combien de courants furent employés.
En outre, la neige contenant des particules météoriques a provoqué des
vapeurs glacées. Il est très compréhensible que vous ressentiez tension

139
et indisposition. Ainsi, les forces des ténèbres n’ont pas réussi, mais
vous avez aussi aidé en ne dérangeant pas nos courants parce que vous
étiez harmonieusement unis. Il est essentiel de comprendre comment la
résistance – même indirecte – aux Rayons est dangereuse, sans parler des
véritables dissensions et querelles qui peuvent paralyser les courants. Les
suppôts de Satan préparent d’autres choses atroces. Tenez bien notre
Main. Je parle à qui de droit. »
« Voyez comment la paralysie et la désunion sont semblables dans
leurs actions. La paralysie ne survient pas tout de suite après les actions
fautives. De plus, la paralysie requiert un long traitement et est souvent
incurable. C’est pour cette raison que Je vous recommande l’unification.
Tenez-vous au-dessus de toutes ces sortes d’humeurs et discussions.
Encore une fois, Je demande l’unification, car autrement Je refuse
d’aider. L’unité doit être ferme. Ne permettez pas la plus petite hypo-
crisie – les temps sont beaucoup trop dangereux. Lequel des collabora-
teurs peut dire quand et par qui la paralysie a été provoquée ? Où se
trouve cette tache, cette aura, c’est-à-dire cette combinaison qui a causé
la paralysie et par laquelle le pouvoir des Rayons salutaires a été bloqué ?
Qui sait combien de temps il faudra pour traiter l’aura qui a coupé le
contact avec la Hiérarchie par son irritabilité ? En attendant, l’ennemi
ne perd pas de temps et emploie le feu noir, lequel bien sûr s’enflamme
très facilement et se répand partout où l’aimant de l’irritabilité est évident.
Le feu noir n’est rien d’autre que l’irritabilité, tellement appréciée des
forces obscures. En ce moment, les conditions leurs sont favorables.
Par conséquent, une très grande prudence est de mise. Souvenez-vous
que là où le Rayon est accepté, il est plus puissant que n’importe quelle
armure. Les suppôts de Satan recherchent donc les points faibles afin
de pouvoir pénétrer à travers les fissures. Ils n’ont cure de savoir par
où et par qui elles sont causées, ou encore dans quelle partie du monde
ils doivent les rechercher. Ils utiliseront toutes les occasions, pensant
que Mes Rayons ne peuvent couvrir le monde entier. Pour tromper
notre vigilance, ils utilisent les masques les plus inattendus. Vous avez
raison, les suppôts de Satan sont répandus partout à travers le monde.
Nous connaissons les traîtres, et nous savons aussi que seule l’unité peut
vous protéger et vous mener à la victoire. Il est vrai que des circonstances
favorables se présenteront, mais nous devons combattre vigoureusement
jusqu’à l’arrivée de ce moment. »
« Je voudrais concentrer toute l’énergie sur plusieurs événements
extérieurs. Par conséquent, votre unification est essentielle afin que le
calice soit pur. L’unité est toujours profitable, mais dans certaines circons-

140
tances cosmiques elle est particulièrement nécessaire. Imaginez que
quelqu’un pousse la main qui soulève le calice plein jusqu’au bord ! Quel
feu peut se manifester à partir des gouttes ardentes déversées ! Lorsque
Je vous transmettais un avertissement concernant une période où l’accom-
plissement le plus pur des Indications serait nécessaire, Je voulais parler
du temps actuel en particulier. Vous pouvez très bien imaginer que Je
procède à une accumulation d’énergie, alors vous ne devez laisser aucun
scorpion s’échapper ! »
J’espère que cette recommandation attentionnée et austère créera
une juste impression et que quelqu’un aura des regrets, sinon pour les
autres ou le travail, du moins pour lui-même.
Je vous conjure de trouver le courage de désarmer le principal adver-
saire intérieur – la désunion. Chacun la traite avec condescendance, mais
si vous réussissiez à la surmonter, la victoire serait certaine. Répétons-
nous que l’hypocrisie est une impossibilité entre collaborateurs, et exerçons-
nous à être aimables et tolérants. Cela n’est pas si difficile si nos cœurs
brûlent d’efforts envers l’Instructeur. C’est ce que devrait faire chacun
sans exception. Que chaque collaborateur s’astreigne lui-même d’abord
à ce que je viens de dire. Qu’il ne l’écarte pas comme quelque chose qui
concerne son voisin et pas lui-même. Fréquemment, celui qui devrait sé-
rieusement y prêter attention critique égoïstement ce que fait son voisin.
Mais le disciple sage et sincère appliquera toutes les règles, d’abord à lui-
même et non aux autres, car autrement comment se perfectionnera-t-il ?
De même, une fois pour toutes, éliminons toutes les offenses et
considérons-les comme un véritable poison. La susceptibilité doit être
étrangère au disciple, sans quoi il se coupe de tout progrès. Un vieux
dicton dit : « Il n’est pas honorable de cultiver un jardin d’offenses. »
Et aussi : « La personne qui s’estime offensée s’attache à l’offense et perd
toute liberté de pensée, et si nous perdons cette liberté, nous devenons
inévitablement stupides. En toutes choses, nous devrions garder le sens
des proportions, connaissant la grande portée de notre travail ! Quelle place
y a-t-il pour les offenses ? Les quatre bases données au début de l’Ensei-
gnement devraient toujours être dans votre mémoire. » Je vais les énumé-
rer : 1. Respect pour la Hiérarchie ; 2. Unité ; 3. Comesure ; 4. Grande
Tolérance. Évitons donc de regarder en arrière, dans les recoins sombres
où toutes les mauvaises habitudes sont entassées. Elles nous privent
seulement de joie. De tout notre cœur, aspirons vers l’Instructeur de
Lumière qui sans relâche nous envoie Ses Rayons de joie et de sollicitude.
Ouvrons nos cœurs pour recevoir cette félicité.

141
Ne troublez pas par vos disputes les nouveaux arrivants et ceux qui
ont déjà joint vos rangs. Cela est nuisible pour vous, pour le travail et pour
eux. Nous pouvons prévoir le dommage et en sommes attristés. Les
nouveaux arrivants devraient être inspirés, non troublés par ces absurdi-
tés. Je souffre de voir que nous qui proclamons les principes de l’unité
pratiquons la discorde. Comment construire dans ces conditions ? Seul
l’exemple personnel inspire et élève.
Je crois que vous allez exercer tous vos efforts vers une coopération
bienveillante et tolérante. Je sais que c’est difficile, mais vos résultats
en seront d’autant plus magnifiques.

142
143
144
PARTIE II

LETTRES À L’EUROPE

1931 – 1934
146
LETTRE 1

24 avril 1931

Je tiens à vous envoyer quelques mots du fond du cœur. La Sagesse


Antique dit que les paroles sincères se passent de fioritures. C’est pourquoi
en toute simplicité, je vous dis que nous sommes profondément touchés
par votre effort constant vers l’Enseignement et par votre travail créatif
tellement imprégné de sentiments élevés.
La sincérité et la simplicité sont deux aimants puissants. Le grand art
des relations humaines repose sur eux. Peu de gens réalisent l’impor-
tance de cet art qui est la fondation de tout ce qui est constructif et en
accord avec l’évolution ! Cet art oublié, qui demande tant de sensibilité,
de vigilance et de synthèse de l’esprit, doit être intégré à la vie sans
retard. C’est un accomplissement essentiel. Comment pouvons-nous
autrement construire ce Monde Nouveau de beauté et de coopération
efficace ?
J’ai l’impression que votre constance et votre approche sincère
constitueront un exemple, un phare qui guidera les autres dans la bonne
direction. Par votre appel plein de joie, vous leur apprendrez à aimer
les obstacles et l’effort – comment sans cela pourront s’allumer leurs
feux intérieurs ? Vous attirerez leur attention sur le service dans la joie
pour le Bien Commun. Et aux plus courageux, vous murmurerez la
profonde joie de l’abnégation, le constant empressement à se donner
sans réserve au Service de la Grande Hiérarchie de Lumière !
Nous vous envoyons – et continuerons à le faire – des pages des
livres de l’Enseignement. Elles vous apporteront un grand soutien pour
raffermir les jeunes âmes, dont ces adorables enfants comme notre petite
amie Serioja.
Acceptez ces paroles comme venant d’un cœur qui vous est ouvert.
Nous pensons souvent à vous et vous tenez une place dans tous nos
travaux.
Transmettez nos souhaits sincères à tous vos proches, car quiconque
vous tient à cœur est près de nous.

147
LETTRE 2

28 août 1931

Vous avez raison – « la compréhension totale de l’Agni Yoga et son


application dans la vie n’est pas une tâche accessible à tous ». Mais la
connaissance qui n’est pas appliquée dans la vie est sans valeur et n’appor-
tera pas les résultats espérés. La première formule qu’un disciple devrait
assimiler est la suivante : « Tout pour la vie – rien ne devrait rester
abstrait. Tout devrait être exécuté par des mains humaines et par des pieds
humains. Sans la tension de toutes les forces, aucune transmutation –
perfectionnement – n’est possible. » Nous savons tous que dans les
expériences de physique et de chimie, les nouvelles combinaisons ne
sont créées qu’à la limite de la tension la plus grande. C’est pourquoi
faisant usage de la grande analogie qui existe dans le Cosmos, nous
devons nous efforcer sans relâche et intensifier toutes nos aptitudes.
En premier lieu, l’Enseignement requiert de la part du disciple l’indé-
pendance dans l’action. L’Enseignement donne des directives, prodigue
généreusement de précieux conseils, mais le disciple doit lui-même « de
ses propres mains et ses propres pieds » tracer son sentier. Par conséquent,
n’attendez donc pas des formules toutes faites. À partir de modestes
conseils, bâtissez une grande structure.
Et maintenant voici mes réponses à vos questions.
1. Les diverses disciplines du Yoga ont été traduites en partie dans
les langues européennes. Les meilleures œuvres sont celles de Patanjali,
Vivekananda et Avalon. En plus de ces œuvres, je conseillerais à tout
médecin de se familiariser avec le petit livre publié récemment par un
docteur en médecine indien. Nous essaierons de nous le procurer pour
vous. Mais l’Agni Yoga est la synthèse de tous les Yogas.
2. Le musc est le sédiment, le dépôt de l’énergie psychique incons-
ciente à laquelle il est si souvent fait allusion dans les livres de l’Agni
Yoga. Le musc n’a rien de commun avec les narcotiques qui tuent l’intel-
lect. Ce n’est pas non plus un stimulant dans le sens propre de ce terme.
Il équilibre le système nerveux central et régularise le système nerveux
sympathique qui vibre si puissamment chez tous les Yogis avancés. Il
est également vrai qu’en prenant du musc le besoin de nourriture baisse

148
parce que l’énergie psychique nourrit le corps physique, tout en renforçant
le système nerveux. Posologie : une pastille petite ou moyenne une
fois par jour. Mais certaines personnes prennent deux pastilles d’un
coup, ce qui peut être considéré comme une forte dose. Il est difficile
de trouver un produit de remplacement pour le musc. Ce qui s’en rappro-
che le plus est le « Castoreum » ou encore le « Spermin » développé
par le Dr Pell. On donne également à cette même substance, l’énergie
psychique, le nom de « précipitation du feu de l’inconscient ». Voilà
pourquoi le musc peut être considéré comme un tel feu. On appelle
aussi l’énergie psychique « phosphore de l’esprit ». Vous savez déjà
que l’énergie psychique est la plus puissante, la plus pénétrante et la plus
transformante des énergies, qu’elle protège contre les maladies et bien
d’autres choses. Bien entendu, elle n’effectue cette action miraculeuse
que lorsqu’elle est consciemment maîtrisée, ou du moins comprise.
Cependant, même la précipitation inconsciente de cette substance est
infiniment précieuse.
3. La valériane fait partie de la catégorie des « donneurs de vie »,
et son importance équivaut à celle du sang dans le corps. D’un point de
vue occulte, la valériane est considérée comme le sang du règne végétal.
Elle devrait être consommée régulièrement comme nourriture journalière.
On peut la prendre sous la forme de teinture faite avec de l’alcool, mais
en évitant strictement l’addition d’éther. Posologie : dix à quarante-cinq
gouttes. Mais la meilleure façon reste la tisane de valériane, par infusion
des racines de cette plante dans l’eau – une ou deux fois par jour.
En règle générale, gardez à l’esprit que les narcotiques ne sont pas
conseillés aux adeptes de l’Agni Yoga. Également, fumer ou prendre trop
d’alcool est néfaste. Même la viande est également nocive, puisqu’elle
remplit l’organisme de particules en décomposition. Bien sûr, en tant
que médecin, vous vous rendez compte que chacun doit changer ses
habitudes avec grand soin de façon à éviter les réactions nuisibles.
Existe-t-il beaucoup de gens capables de le faire graduellement ? Quoi
qu’il en soit, l’Agni Yoga est inaccessible aux fumeurs et aux buveurs.
4. La résine de cèdre ainsi que d’autres résines, comme par exemple
celle provenant de l’eucalyptus, sont des produits de l’énergie psychique
des arbres et de ce fait sont extrêmement bienfaisantes pour fortifier,
purifier, guérir, etc. Connaissant ces vertus, chacun devrait essayer de
les utiliser de la meilleure façon possible. La meilleure résine provient
des cèdres de Sibérie.
Lorsqu’elles sont purifiées, les résines ou les essences peuvent être
prises par voie orale. Posologie : cinq gouttes ou plus – tout cela est très

149
individuel. Peut-être que votre intuition vous aidera à trouver les
meilleures combinaisons.
Les émanations des pins sont bien sûr irremplaçables. Les pins,
tels des appareils électriques, accumulent les forces vitales, une source
concentrée de prana ou « naturovaloris ». Les druides considéraient
une coupe d’essence de pin comme un calice de vie.
Il est toujours bienfaisant d’avoir, dans certaines pièces de la maison,
de jeunes pins ou encore d’y vaporiser de l’essence de pin. De cette
façon, l’atmosphère se trouve purifiée et les entités indésirables, qui sont
si nombreuses dans l’aura des humains, sont chassées.
L’essence de menthe est aussi excellente à cet effet – qu’elle soit
vaporisée dans l’air ou encore placée sur de l’eau chaude pour être
évaporée. Un bol d’une telle eau devrait être déposé au chevet du lit.
Dans tous les cas que vous mentionnez, cela serait utile.
5. Les préparations à la menthe ou au menthol n’ont pas leurs pareilles
pour l’anesthésie locale ainsi que pour le soulagement des symptômes
inflammatoires si fréquents chez les Yogis débutants. La plupart des
douleurs des Yogis ont un rapport avec l’inflammation des centres nerveux
et des glandes, parce que les faisceaux nerveux sont en étroite correspon-
dance avec les glandes. C’est pourquoi le simple « Migrenstift » ou bâton
anti-migraine est très utile, de même que l’application du « Baume Bengué »
dans la composition duquel se trouve une forte proportion de menthol. J’en
ai fait personnellement l’expérience.
6. Il est conseillé de protéger le haut de la tête de l’action directe des
rayons du soleil. C’est la raison pour laquelle les Yogis nouent leurs che-
veux sur le haut de leur tête. À part la chaleur, les rayons du soleil sont
porteurs d’un certain « chimisme » qui, lors de l’augmentation des taches
solaires, peut être nocif. En règle générale, lorsque les centres commen-
cent à s’ouvrir, il conviendrait d’éviter le contact direct avec les rayons
du soleil. Des exercices physiques abusifs, comme certains sports, sont
assez dangereux.
7. Le « troisième œil » a bien sûr sa contrepartie physique dans un
centre du système nerveux. Portez attention particulièrement aux deux
glandes du cerveau : la pituitaire et la pinéale. Les mouvements molé-
culaires de la glande pituitaire développent la vision psychique, mais
pour la vision spirituelle la plus élevée, il faut aussi les mouvements
moléculaires de la glande pinéale. Les radiations ou émanations de ces
deux glandes, lorsqu’elles sont unifiées, apportent les meilleurs résultats.

150
J’aimerais aussi vous conseiller de porter la plus grande attention aux
centres nerveux que parfois nous ne remarquons pas consciemment.
Lorsqu’ils sont partiellement ouverts, ils présentent souvent des symptômes
de tuberculose, d’asthme, de rhumatisme ou d’autres maladies. Un des
centres les plus importants dans l’étude du Yoga est le plexus solaire,
mais on n’y prête pas suffisamment attention. Il produit plusieurs sen-
sations douloureuses dans le processus de développement du Yogi.
Je crains que vous ne soyez pas satisfait de mes brèves explications,
mais il faut faire montre d’intuition et d’initiative personnelle, car il n’y
a pas de progrès véritable sans ces qualités. Comme vous devriez vous en
être rendu compte, l’Agni Yoga demande avant tout un développement
spirituel. Sans un tel développement, toutes les médications et mesures
secondaires sont inutiles. Par conséquent, du fond de mon cœur, je sou-
haite pour vous des succès non seulement sur le plan physique, mais
aussi sur le plan spirituel. Pour cela, vous recevrez toujours de l’aide
même si vous ne le réalisez pas immédiatement.
Évitez la magie et le pseudo-occultisme ! Sans le développement
requis et l’élargissement de la conscience, toute la gamme des suggestions
pour sortir de son corps, comme toutes les autres expériences, conjura-
tions ou autres manifestations, pourraient être nuisibles.
En premier lieu, avec fermeté, commencez votre développement
spirituel et, sans préjugés, de réelles recherches scientifiques. Le reste
suivra tout naturellement.
À propos, que pensez-vous d’un traitement utilisant des rayons de
couleurs ?
Pour conclure, je tiens à vous rappeler que l’Ère Nouvelle arrive
d’une façon absolument inévitable. Les énergies de Feu, dans leur tension
la plus grande, sont attirées vers la Terre et si elles ne sont pas acceptées,
réalisées ou assimilées, elles vont causer de terribles tremblements de
terre et d’autres perturbations cosmiques, ainsi que des révolutions, des
guerres et de nouvelles épidémies. Nous sommes vraiment au seuil de
l’Ère Nouvelle, d’une Nouvelle Race, et c’est pourquoi cette période
peut être comparée à celle de l’Atlantide, dont l’existence devient de
plus en plus évidente pour le monde scientifique.
Soyez aux aguets de tous signes insolites et destructeurs dans tous
les domaines de la vie et bien des choses trouveront leur explication. Vous
découvrirez où se trouvent les étincelles de l’Ère Nouvelle, l’ère de la
connaissance spirituelle et de la grande coopération des peuples sous
le signe de la culture. La réalisation de cette grande période qui approche

151
devrait multiplier la force de chaque personne sensible et la guider vers
un travail joyeux et constructif pour le Bien Commun sous la bannière que
nous appellerons la « Bannière de la Paix et de la Culture ».

152
LETTRE 3

26 décembre 1931

Votre programme d’activités éducatives est vraiment magnifique.


Chaque point que vous touchez est des plus précieux et si vous les
appliquez avec l’intelligence raffinée du cœur, les résultats seront admira-
bles. Bien sûr, nous supposons que les conservateurs que vous propo-
sez pour le musée – non seulement des hommes mais également des
femmes – ne seront pas seulement de simples fonctionnaires, mais des
personnes spirituellement évoluées et des conseillers ayant une bonne
expérience des questions d’éducation.
En outre, l’idée de pacifisme ne devrait pas être considérée comme
quelque chose de passif, donc de négatif, mais comme une action créatrice
de paix pure et active. C’est pourquoi en général, il est préférable de
remplacer le mot limité de « pacifisme » par la très belle expression
« construction de la paix ».
À propos des légendes, vous pourrez trouver certaines informations
dans l’essai de N.K. sur « l’Âme des Peuples ». Naturellement, dans chaque
pays, dans les poèmes épiques, les gens ont leurs propres héros qui leur
sont particulièrement chers. De ce fait, vous ne devriez jamais limiter
l’imagination de la jeune génération, mais laisser plutôt les jeunes témoi-
gner de l’intérêt pour ce qui peut les inspirer le plus sur l’héroïsme, sur
le bien. Dans quel costume ou en quel siècle certains actes héroïques ont
été accomplis n’a vraiment aucune importance ! En étudiant les livres
de l’Éthique Vivante, vous pourrez trouver bien des idées précieuses
sur tous ces problèmes, puisqu’ils y sont traités abondamment.
En vérité, nous aimerions accueillir votre pays les bras ouverts
maintenant qu’une idée comme « les Sœurs de la Montagne Dorée » est
en voie de réalisation. Les infirmières dont vous parlez, ne sont-elles
pas des représentantes du Bien Commun et de l’Ère Nouvelle ? C’est
une bonne chose que vous ayez une petite communauté où chacune
peut s’entraîner elle-même dans une certaine discipline spirituelle, et
où toutes peuvent s’aider mutuellement dans la pratique des bonnes
actions ainsi que dans la réalisation de l’idéal de joie comme étant une
« sagesse particulière ». Vous savez combien il est essentiel de développer
l’initiative et d’encourager chaque bonne possibilité, car rien n’est

153
impossible à qui se tourne vers l’Infinité, quelles que soient les difficultés
de la vie de tous les jours. Il est juste de cultiver vos pensées pour les
générations à venir, car c’est uniquement pour l’avenir que nous préser-
vons les Testaments du passé. Et au nom de ces Alliances lumineuses,
qui ouvriront tous les cœurs et matérialiseront nos espérances, nous
vous transmettons nos meilleures salutations. Seule la culture la plus
haute, la plus pure, conquerra les inutiles différences qui dérangent et
créera cette magnifique armée de l’Esprit qui, dans une construction
active de la paix, bâtira l’avenir lumineux de l’humanité.

154
LETTRE 4

15 janvier 1932

J’aimerais vous dire encore une fois combien j’étais heureuse d’en
savoir davantage sur votre programme. Je suis très touchée lorsque je
me rappelle que, parmi vos membres, des enseignants de la ville et de
la campagne dépensent un tiers de leur salaire en déplacement pour
pouvoir participer à vos réunions. Une fois encore, c’est la preuve que
les meilleures pensées et les meilleures actions ne naissent pas dans
l’abondance et le luxe.
Il est parfaitement juste de vouer autant d’attention à la littérature
des enfants et des adolescents. C’est un problème essentiel, car non
seulement durant l’enfance, mais aussi plus tard dans la vie, la menta-
lité d’une personne dépend beaucoup des premières impressions reçues,
car ce sont les plus fortes. Très souvent, un bon livre pourrait corriger
les résultats d’un entourage familial imparfait ! Il y a assurément de
nombreux livres de valeur dans la littérature du passé. Il suffit de choisir
à bon escient, et surtout d’écarter ce qui est nuisible.
Chacun sait pratiquement que le bien-être matériel et spirituel de pays
entiers dépend des fondations établies dans la conscience des enfants.
Pourtant, presque rien ne se fait dans cette direction. Je suis d’accord
avec vous que les livres d’actions héroïques sont les plus précieux. De
tels livres peuvent influencer la mentalité d’un enfant et le protéger de
ce mal terrible qui sévit aujourd’hui : une attitude superficielle envers
les concepts sacrés et une pauvre qualité de la pensée. À cause de cela,
toute la structure de la vie est présentement construite sur du sable, et
elle se désagrégera et se désintégrera au premier choc.
Enseignez aux enfants l’importance de chaque pensée et de chaque
action, et également de toute manifestation de la nature qui suit des
lois infaillibles. Dites-leur que la violation de ces lois est punie de
façon stricte. Montrez-leur que la vitalité et la créativité des humains et
des créatures des autres règnes de la nature dépendent du monde invi-
sible ainsi que des vibrations invisibles des grands Sages spirituels du
passé et du présent. Les enfants sont prêts à accepter l’invisible comme
une réalité, parce que leur intelligence n’est pas encore sapée par le
doute destructeur. En outre, de nos jours, de nombreuses expériences

155
avec les rayons prouvent l’influence subtile de l’invisible. Le simple
exemple des négatifs en photographie sera tout à fait convainquant
pour l’esprit d’un enfant. Les scènes les plus compliquées sont peut-
être déjà enregistrées sur le négatif, mais à moins que ne survienne un
développement chimique, on ne pourra pas les voir ! De la même façon,
un film sensible fixe les étoiles les plus éloignées qui ne peuvent être
vues au travers du télescope le plus puissant. Cela est vrai également
en ce qui concerne les enregistrements scientifiques d’autres manifes-
tations qui sont invisibles à nos yeux physiques. Il est nécessaire de
faire comprendre avec insistance à l’enfant que des sphères subtiles
nous entourent de toutes parts, et aussi de faire disparaître en lui la
peur de la mort et des contacts avec le Monde Subtil. Le Monde Subtil
est inévitable, tout comme notre vie terrestre. Lorsque cela sera bien
compris – ce qui constitue la sublimation de la vie sur cette Terre – la
conscience s’ouvrira à une beauté indicible. C’est pourquoi vous devez
enseigner aux enfants à ne pas craindre la mort, qui n’est qu’illusion,
et à ne pas avoir peur des soi-disant « fantômes ». D’habitude, les enfants
qui ont la vision psychique développée ne sont pas effrayés par ce qu’ils
voient jusqu’à ce que des adultes les influencent, soit par une attitude
moqueuse ou soit par des histoires au sujet des fantômes ou du « froid
cadavérique des tombes ». Ce « froid cadavérique » n’est autre qu’une
réaction chimique causée par le contact des mondes subtil et matériel.
Je suis contente que vous ayez certaines perceptions du Monde
Subtil. Vos explications me paraissent justes, car le visionnaire qui
juge selon son esprit comprend bien. Les symboles sont très individuels,
et correspondent à la conscience de chacun. Il arrive souvent qu’un
symbole ait une signification totalement différente d’une personne à
l’autre. Écoutez votre cœur et vous ne commettrez pas d’erreur !

156
LETTRE 5

24 novembre 1932

Merci de votre confiance. Le récit de votre vie m’a profondément


touchée, car toutes vos aspirations me sont très chères. Quelle tâche
est plus haute que celle de guérir les désordres physiques et mentaux ?
Et tout particulièrement en ces affreux temps de désunion et de signes
effrayants sur l’émergence de nouvelles épidémies encore inconnues.
Je suis certaine que vous trouverez une approche spirituelle en traitant
les maladies du corps. Je vous souhaite tout le succès possible dans
vos tâches.
J’approuve l’idée de notre cher Félix Denissovitch de vous confier
un travail aussi important et aussi lourd de responsabilités que celui de
rassembler plusieurs petites sociétés culturelles pour les unir sous la
« Ligue de la Bannière de Lumière ». Il va de soi que je souscris de
tout mon cœur à votre idée concernant la « Ligue de la Culture ». La
coupole de la culture inclut tout l’ensemble. La « Ligue de la Culture »
est comparable à un grand temple où tous ceux qui veulent se perfec-
tionner et servir l’humanité trouveront leur place. Tous ceux qui ont un
juste désir de se parfaire, que ce soit dans les sciences, dans les arts ou
dans toute autre discipline, apportent déjà leur pierre à la construction de
la future grande « Ligue de la Culture ». Que tous ces maçons se rassem-
blent. Puisse-t-il ne pas y avoir de barrières ou de limites étroites dans
votre travail ! Quiconque désire donner le maximum, quiconque a de
la considération pour ses frères humains a sa place dans ce temple. Il est
tout à fait souhaitable d’inclure différents groupes de travailleurs cultu-
rels et il serait excellent d’accepter plusieurs nationalités. Toutes les socié-
tés devraient garder leur appellation d’origine en ajoutant simplement
au nom la dénomination « Ligue de la Culture ». Et si pour quelque
raison, cela n’est pas souhaitable, il suffit simplement qu’elles annoncent
leur affiliation avec la Ligue.
De cette façon, toutes les personnes des diverses organisations
deviendront membres de la « Ligue Mondiale de la Culture ».
Je vais maintenant mentionner les différents genres de sociétés
susceptibles de devenir membres de la « Ligue de la Culture ».

157
En premier, les sociétés qui encouragent la paix. Deuxièmement, les
sociétés oeuvrant pour le développement spirituel, incluant celles qui
s’occupent de l’étude de la religion et de la philosophie. Troisièmement,
celles qui représentent les sciences. Quatrièmement, celles qui représen-
tent les arts. Cinquièmement, celles qui se consacrent à la maternité et à
l’éducation. Sixièmement, les sociétés qui se vouent à l’artisanat et aux
métiers. Septièmement, celles qui s’occupent de la coopération et de l’indus-
trie. Huitièmement, celles qui s’occupent de la sécurité. Neuvièmement,
celles qui se consacrent à l’agriculture et à l’architecture. Dixièmement,
celles qui oeuvrent dans le domaine de la santé et de la prévention. Il
est plus facile d’éliminer que d’ajouter. C’est pourquoi je vous donne
un si grand éventail. Prenez avantage d’un programme vaste et ne vous
laissez pas décourager par de petits ennuis. La capacité de céder du
terrain est absolument nécessaire, surtout au début. Par conséquent,
pratiquez la patience et la tolérance. Avec de la tolérance, de l’amabilité
et de la patience, il est possible de transformer l’opposant le plus entêté.
Je suis tout à fait d’accord avec votre idée de la « tasse de thé » – une
table modeste et une nourriture simple ne seront jamais un obstacle et,
comme vous le dites, peuvent créer une ambiance sympathique.
Bien sûr, vous réalisez que chaque commencement devrait être
orienté vers l’unification, et bénis sont ceux qui comprendront et accepte-
ront cela. Une telle compréhension consolidera leur propre position. Il est
si important d’accroître nos réussites. Alors, bonne chance ! Commencez
par rassembler les gens en appliquant largement le principe de tolérance :
la règle « par ton Dieu ». Mais attention aux traîtres, car l’infection qu’ils
sèment est grande. Il est de notre devoir de protéger tous ceux qui se joi-
gnent à nous en confiance sous la coupole du « Temple de la Culture » !
La faiblesse et la non-résistance au mal ne sont pas notre apanage.
Quand c’est nécessaire, nous brandissons l’épée de l’esprit indigné et
défendons ce qui nous fut confié.
Une grande tâche vous est donnée. Collaborons sincèrement dans
cette difficile mais joyeuse tâche. L’avenir est étincelant. Joie dans
l’effort au nom de la Beauté !

158
LETTRE 6

1933

J’ai hâte de répondre à vos questions sur la possession. Toutes ces


questions sont justes. Il faudrait savoir qu’il existe un grand nombre de cas.
Il y a plusieurs sortes et degrés de possession. Et les entités possédantes
elles-mêmes peuvent appartenir à différentes classes.
Nous connaissions par exemple une pieuse vieille dame qui était
possédée par son oncle – un évêque. Il n’y avait rien de mauvais dans
cette vieille dame. Elle travaillait dans une organisation de charité et
prônait les idées de son oncle – l’évêque – qui semble-t-il n’avait pas
rempli sa mission pendant sa vie. Quoi qu’il en soit, de tels cas sont
très tristes du fait qu’une personne possédée perd toujours graduellement
sa propre volonté et devient une victime de l’entité possédante. Toute
la vie d’une telle victime se passe sans vrais accomplissements ni acquis.
Les humains sont tellement effrayés à l’idée de perdre leur individua-
lité et leur liberté de décision. Pourtant, en même temps, ceux qui sont
si « conscients de leur individualité » ne la possèdent pas – dans le vrai
sens du terme – et plus encore, sont eux-mêmes possédés plus que les
gens ordinaires. La plupart des gens pensent que l’individualité est
simplement le « moi » affirmé avec force. Il serait très intéressant de
demander à de nombreuses personnes ce qu’elles entendent par indivi-
dualité. Les réponses seraient des plus bizarres !
En ce qui concerne la « Ligue de la Culture » et « l’Unité des Femmes »,
ne soyez pas déçus par la lenteur de son développement. Rien ne devrait
être forcé. Pour commencer, seul un petit groupe est nécessaire. Mettez
soigneusement à l’épreuve les nouveaux arrivants. Savoir comment par-
ler aux gens selon le degré de leur conscience est un grand art de même
que savoir leur donner ni plus ni moins que ce qu’ils sont capables
d’assimiler à ce moment là.
En ce qui concerne la calomnie et la diffamation, sachant qu’elles sont
généralement provoquées par l’envie, vous devriez réagir très calme-
ment. Vous devriez pourtant essayer d’en localiser la source. Connaître
l’ennemi est déjà la moitié de la victoire. Vous devez savoir qu’un
véritable partisan ne prêtera jamais l’oreille aux calomnies, qu’il ne jugera

159
jamais une personne selon ce qu’on lui dit, ni ne dira lui-même jamais
de mal d’autrui.
Il serait très souhaitable que les membres de la « Société des Femmes »
commencent leur travail par un perfectionnement et une éducation per-
sonnels, et s’emploient par des efforts unifiés à les appliquer dans la
vie courante. Dans l’Ère de la Mère du Monde qui s’annonce, il faudra
un grand nombre de femmes cultivées – des femmes formées dans les
différentes branches de la connaissance, des arts, de l’artisanat, etc.
Chaque femme devrait aussi avoir de l’expérience comme infirmière
ou devrait du moins avoir des notions d’hygiène et de médecine. En outre,
ne serait-il pas magnifique si elles apprenaient la guérison spirituelle.
Pour quelle raison se joindre à un groupe s’il n’existe pas un désir de
se perfectionner ou d’offrir volontiers de l’aide à son prochain ? Elles ne
se rencontrent certainement pas pour échanger des potins frivoles ou pour
des réunions conventionnelles ! Toutes les nouvelles arrivées devraient se
rendre compte que l’époque est dangereuse, et l’aborder bien préparées.
Il est nécessaire d’élargir la conscience, d’observer les événements et
de réaliser combien est exceptionnelle la période que nous vivons. C’est
pourquoi j’estime que de pareils groupes devraient être formés avant
tout de personnes qui sont déjà familières avec les principes de l’Éthique
Vivante. Mais surtout, ne faites pas de sollicitation. Les personnes ainsi
attirées seraient inutiles. Comme en tout, c’est la qualité qui importe,
non la quantité.
On pourrait proposer de nombreuses activités, mais tant qu’elles ne
peuvent être comprises par la conscience des membres, elles ne servent à
rien. Il est important que les membres développent une certaine indépen-
dance de pensée afin d’être productifs. Nous voyons cela chaque jour.
Nous voyons combien de temps il faut, même aux disciples avancés, pour
comprendre l’Enseignement donné. Cela fortifie nos pensées, lesquelles
bien sûr avaient déjà été dirigées pendant bien longtemps par la Main
Aimante sans que le processus d’assimilation n’ait été forcé.
Donc, je vous en prie, ne soyez pas déçus par la lenteur du progrès.
Un jour viendra où votre arche ne sera pas assez grande pour abriter
toutes les personnes qui chercheront le salut. Et les impurs viendront
en plus grand nombre que les purs. Et vous, les Noés d’aujourd’hui,
vous vous trouverez alors dans une position plutôt difficile ! Votre travail a
une grande valeur et nous l’apprécions beaucoup. Si seulement il y
avait plus de tels travailleurs !

160
LETTRE 7

27 janvier 1933

Nos sincères remerciements pour votre lettre dans laquelle sont


exprimées vos belles aspirations. Je vais tâcher de répondre à tous les
éléments.
1. Votre opinion que la « Ligue de la Culture » a des chances d’être
rejetée par des « individualistes convaincus » ne concerne que ces igno-
rants qui ne réalisent pas ce qu’est l’idée de la « Ligue de la Culture ».
Pourtant, si vous expliquez qu’elle a pour but la purification de la cons-
cience au moyen d’une véritable illumination spirituelle et ne peut pas
de ce fait troubler une véritable individualité, personne pratiquement
ne pourrait rester sur la position contraire, hostile et ignorante. Aucune
purification de la pensée ne peut en fait intervenir sans une individualité
marquée. L’ennui, c’est qu’on mélange toujours individualité et égoïsme.
Ce dernier exclut toute coopération et est, de ce fait, asocial.
Il faut à tout prix apprendre à discerner entre ces conceptions tout
à fait opposées : égoïsme et individualité. L’égoïsme est la pire des
plaies de l’humanité, une source de destruction et avant tout d’auto-
destruction. L’égoïsme est un séparatisme mortel. L’antique vérité à
propos de l’unité du Cosmos et de l’humanité formant un tout intégral
est très mal comprise, mais devrait finalement atteindre la conscience
des gens. Qu’arriverait-il si quelqu’un essayait de séparer ou d’isoler
un organe de son corps ? L’individualité est le réceptacle qui retient la
vie. L’individualité est beauté, la couronne de l’homme, la synthèse de
tout ce qu’il a accumulé. Mais comment peut-il accumuler s’il se coupe
des autres réceptacles de vie ? L’individualité est comme du miel butiné
par l’homme-abeille auprès des meilleures fleurs dans les prairies les
plus diverses. Pourtant, quel genre de miel peut butiner une personne
qui s’enferme dans l’obscurité de l’égoïsme ?
L’idée de la « Ligue de la Culture » est plus qu’actuelle. D’un côté
se trouvent de prodigieuses manifestations stériles d’égoïsme, alors
que de l’autre il y a un matérialisme grossier et affreux, niant le feu
créateur de l’esprit, dépersonnalisant, nivelant et réduisant l’homme
au néant. Il faudrait que la « Ligue de la Culture » présente les problèmes
d’éducation à la lumière de cette nouvelle spiritualité. Ainsi, cela donnerait à

161
la génération montante une compréhension nouvelle de l’éducation et une
appréciation réelle des vraies valeurs de l’esprit humain qui, dans la plupart
des cas, sont entièrement oubliées. C’est pourquoi la « Ligue de la Culture »
doit être formée de très petits groupes. En temps voulu, ils se dévelop-
peront, mais en attendant, laissons-les réaliser l’énorme importance de
leur tâche. Notre époque est dangereuse et sans pitié, et les éléments
conscients de chaque pays devraient utiliser tous les moyens spirituels
possibles afin de s’élever contre la subversion. Sans doute, chacun
cherche une échappatoire à cet égarement, mais la majorité se précipite
sur des solutions mécaniques, oubliant qu’un vrai changement n’intervient
que par un élargissement de la conscience et par l’acceptation d’une
direction spirituelle. Il est dit : « […] Seul, un élargissement de la cons-
cience permet de résoudre les problèmes de la vie. Chacun peut observer
comment les hypothèses mécaniques étouffent l’espérance des gens.
Ce fait était connu des anciens sous le nom de “Maya”, laquelle peut
être détruite par le moindre souffle. » (Monde de Feu, volume 1, no 349).
2. Vous écrivez que les membres de votre groupe sont très différents
les uns des autres. Mais cela ne devrait pas vous préoccuper, et vous ne
devriez pas non plus critiquer à ce propos. Chacun a son approche per-
sonnelle. Encore une fois, je dois donner une citation de l’Enseignement :
« Les uns choisissent un chemin plus facile. D’autres préfèrent un
chemin plus difficile. Certains ne savent pas s’exprimer, mais se tiennent
fermement en garde. D’autres possèdent un langage éloquent et s’envo-
lent avec les mots. Certains réalisent des choses très significatives et d’autres
préfèrent rester dans l’ombre auprès de ceux qui ont besoin d’aide. On
pourrait énumérer ces différences sans fin, mais seul le feu du cœur
justifiera la personne. Aussi, Nous ne Nous lasserons jamais de rappeler
la diversité. Le jardiner sait comment combiner ses plantes, sans quoi
il ne serait pas le maître du jardin. » (Monde de Feu, volume 1, no 347).
Notez le passage : « mais seul le feu du cœur justifiera la personne ».
Voilà pourquoi il faut faire montre d’un soin particulier là où les feux
de la dévotion sont allumés. Peu importe si au début les disciples sont
quelque peu fanatiques. Quand ils comprendront mieux l’Enseignement
de Vie, leur conscience s’élargira et ils seront animés par le vrai feu de
la dévotion qui est en fait une sublimation du fanatisme. Précieux sont les
feux allumés ! Les disciples ont raison de désirer abandonner toute autre
lecture pour se concentrer uniquement sur les livres de l’Enseignement,
afin de ne pas être divisés dans leur pensée. Pour un étudiant sérieux dési-
rant devenir un disciple du Grand Hiérarque – et ne pas rester seulement
dans les rangs des auditeurs – une totale immersion dans les premiers

162
pas de la dévotion est essentielle et devrait se poursuivre jusqu’à ce
qu’une compréhension complète soit atteinte. Autrement, comment le
disciple peut-il créer cette unité de conscience avec son Maître ? Comment
peut-il créer la corde d’argent qui l’unit à son Maître ? Comme vous le
savez déjà, cette union au Maître ouvre toutes les possibilités. Et cette
union se crée par des efforts acharnés et une continuelle concentration
vers le Point Focal. De façon similaire, une plante délicate est protégée
afin que rien ne nuise à sa croissance.
« […] Ceux qui apprennent par cœur les paroles de l’Enseignement
n’ont pas tellement tort. À l’école, les enfants apprennent des choses par
cœur pour affermir leur mémoire. Pareillement, quand l’Enseignement
brûle dans la conscience, on peut l’affirmer par des formules courtes et
précises. Pour certaines personnes, il est plus facile de saisir le sens de
la phrase originale lorsqu’elle est apprise par cœur. N’empêchez personne
de suivre le cours de son karma ! Il vaut mieux ne pas essayer d’influen-
cer une personne dont les feux brûlent. » (Monde de Feu, volume 1, no 346).
Ainsi dit l’Enseignement.
C’est pourquoi vous avez raison de ne pas étouffer ces feux de la
dévotion, laissez-les brûler. Leur flamme est déjà une purification de
l’atmosphère ambiante. Et qui sait combien d’autres petits feux ils peu-
vent ainsi embraser sans même le savoir ! Les feux du cœur sont puissants,
bien qu’invisibles.
En Orient, les gens sont assurés que la seule présence d’un Bhakti
Yogi purifie et sanctifie les lieux dans un rayon de plusieurs kilomètres,
et que tous les villages environnants s’en trouvent élevés. Ainsi, sachons
apprécier chaque manifestation d’amour désintéressé.
3. Quant à votre question concernant l’obtention d’informations
exactes sur les événements, je vais répondre par des extraits de l’Ensei-
gnement :
« Le Guide peut demander à son disciple : “Que fais-tu, que veux-
tu, qu’est-ce qui te tourmente, qu’est-ce qui te donne de la joie ?” Ces
questions ne signifieront pas que le Guide ne perçoit pas l’état d’esprit
du disciple. Au contraire, avec une complète connaissance, Il souhaite voir
ce que le disciple considère comme essentiel. Par manque d’expérience,
le disciple peut indiquer la plus insignifiante de toutes les circonstances.
L’Instructeur n’interroge donc pas simplement par politesse, Il teste la
conscience de son disciple. Par conséquent, il faudrait peser soigneu-
sement ses réponses à l’Instructeur. L’Instructeur ne se préoccupe pas

163
de soi-disant courtoisies, mais de l’élargissement de la conscience. »
(Monde de Feu, volume 1, no 345).
« Le disciple doit aussi se souvenir de la divisibilité de l’esprit. Il faut
s’efforcer de développer sa conscience de façon à réaliser en esprit la
présence de l’Instructeur. […] » (Monde de Feu, volume 1, no 346).
Vous devriez lire ce que dit l’Enseignement sur la divisibilité de
l’esprit. Comme en toutes choses, il en existe différents degrés. Mais
parfois au sommet de son développement, elle atteint l’échelle cosmique,
et alors ses applications sont vraiment de plusieurs sortes. Il n’est pas
toujours possible de tout faire comprendre en détail au cerveau physique,
car le cœur ne le supporterait pas dans l’atmosphère terrestre polluée.
Quoi qu’il en soit, l’essence des événements est ressentie avec inten-
sité. Par exemple, N.K. et moi-même savons pratiquement toujours les
moments critiques dans la vie de nos collaborateurs. Parfois, c’est une
connaissance concrète. D’autres fois, il s’agit d’impressions pénibles
en rapport plus précisément avec la date de certains événements. Souvent,
nous connaissons les résultats bien à l’avance. Tout aussi souvent, nous
ressentons comme une fuite d’énergie psychique. Parfois, cela est si
puissant que nous expérimentons un vertige ainsi qu’un moment d’absence.
Alors, nous savons avec certitude que notre énergie était nécessaire
ailleurs. La divisibilité de l’esprit peut s’exprimer sous plusieurs formes.
La vie du disciple contient bien des mystères. Le vrai discipulat
purifie toutes les réactions du disciple. En vérité, il devient comme une
harpe d’or dans les Mains du Maître. Il y a tant de joie dans la cons-
cience unifiée. Nous avons de nombreux cas – à vrai dire il en arrive
constamment – où nous avons la preuve d’une telle unité avec nos
collaborateurs de longue date. Souvent, nous entendons leurs voix et
apprenons leurs ennuis. Nous voyons aussi une forme concrète de leurs
esprits. Nos lettres apportent toujours des réponses à leurs besoins,
bien que vous sachiez quelles distances nous séparent.
De nombreux miracles nous entourent. Il suffit de les remarquer.
En vérité, merveilleuse est la vie du disciple. Mais ce n’est pas facile,
car il doit porter une énorme responsabilité et il y a tant de difficultés,
particulièrement en ces jours d’Armageddon quand tant de forces obscu-
res essaient de l’attaquer. Mais avec le développement de la conscience,
toutes ces difficultés se changent en joie, parce que le cœur déborde de
dévotion envers le Maître et désire prouver concrètement sa dévotion
en venant à bout de toutes les difficultés. Le sacrifice de soi devient
naturel et source de joie. Tout l’esprit a déjà pris ses distances des
choses terrestres et comprend quelle est sa vraie demeure. Tout ce qui

164
reste est un ardent désir de remplir sa mission le mieux possible et de
justifier la confiance que le Maître à mise en lui, sans se soucier des
résultats. On dit en Orient : « Nous devons travailler sans penser aux
résultats. » Je le comprends de la façon suivante : nous devons apprendre
à faire notre travail aussi bien que possible par amour et non pour la
récompense. Alors seulement, notre travail sera magnifique. La clé de
tous les succès se trouve dans un tel amour désintéressé pour chaque
tâche que nous entreprenons.
4. Quant à votre remarque : « L’Enseignement inclut la vie dans
son ensemble et n’est pas limité à un certain nombre de livres. » Je suis
d’accord. La vie est le meilleur des maîtres et sans la vie rien ne peut
s’apprendre. Mais quelqu’un doit ouvrir nos yeux, et sans un Principe
directeur, toute évolution serait retardée pour d’innombrables siècles.
C’est pourquoi les livres de l’Enseignement sont si essentiels. Dans
des formules concises se trouvent réunies des connaissances profondes
et l’expérience multiple des âges. Un disciple appliqué trouvera dans
les livres de l’Enseignement des solutions aux problèmes les plus com-
pliqués de la vie, qui sont analysés à partir de divers points de vue.
Sans parler des nombreuses indications pratiques concernant toutes les
disciplines de la science. Et une approche correcte de la science n’inter-
vient qu’après une compréhension des multiples facettes de l’Enseigne-
ment. C’est alors seulement qu’on peut se concentrer sur l’essentiel
sans perdre de nombreuses années à errer dans une fausse direction.
Les livres de l’Enseignement, qui incluent il va sans dire toutes les
perles de l’Orient de même que La Doctrine secrète et les Lettres des
Mahatmas, sont une nourriture réelle pour l’esprit et l’intelligence. Et
il est douteux qu’une seule vie suffise pour les étudier à fond. Ainsi,
connaissant La Doctrine secrète même imparfaitement, nous nous réjouis-
sons en voyant que les découvertes de la science confirment de plus en
plus ce qui nous avait été révélé dans ces volumes. Voilà pourquoi je
préfère me documenter soigneusement avec l’Enseignement. Cela
m’évitera du retard et, pire encore, de faire des erreurs de calcul. Nous
sommes prêts à accueillir toutes les branches de la science, plus particu-
lièrement celles qui se sont libérées des limitations de la science orthodoxe.
Les préjugés et la superstition peuvent être pires en science qu’en religion !
Mais en suivant la voie de l’Enseignement, il est possible de se libérer de
ces préjugés et de ces superstitions, car l’Enseignement montre clairement
et fermement le chemin vers la synthèse de la vraie connaissance.
Essayez donc de distinguer soigneusement entre superstition et
préjugés ! Et je vous en prie, n’en concluez pas que je suis en général

165
opposée à d’autres livres. Je dois pourtant admettre qu’il n’y a pas
beaucoup de bons livres, et même les meilleurs contiennent souvent, à
côté de très belles pages, beaucoup d’absurdités nocives. C’est pourquoi
il est très important de cultiver un esprit ouvert sans préjugés et d’être
capable de discernement.
Il me semble avoir répondu à toutes vos questions. Je vous prie de
vous souvenir que je suis toujours heureuse de vous répondre du mieux
que je le peux. Si vous n’êtes pas d’accord, dites-le moi. Un échange
d’opinions est toujours utile, car il aiguise la pensée.
Évitons donc toute contrainte et faisons preuve de la plus grande
tolérance, de sollicitude et de bienveillance. Que chacun se développe selon
ses capacités. Il ne faut se permettre que des interventions prudentes, car
autrement nous pourrions effrayer le rossignol qui vient visiter notre
jardin !

166
LETTRE 8

10 mai 1933

Ne vous privez pas de dormir. Le sommeil est bienfaisant et absolu-


ment nécessaire pour la nourriture de notre corps subtil. C’est seulement
pendant le sommeil qu’il peut facilement se dégager et se nourrir intensi-
vement des très fines énergies – pour ne rien dire des grandes leçons
que nous recevons dans cet état Non seulement nous apprenons alors à
nous immerger dans les différentes sphères, mais nous remplissons
également des tâches pour le service de nos Maîtres, et souvent nous
prenons part aux combats contre les forces obscures. Pourquoi nous
priverions-nous d’un si grand privilège, qui est accordé avant tout aux
disciples de la Grande Loge Blanche ? Tout ce qui est artificiel va à
l’encontre de l’Enseignement de Lumière. S’il est nécessaire de réduire
notre nourriture, notre organisme nous l’indiquera. Cela est également
vrai pour le sommeil. Il arrive souvent que le travail fourni dans le
Monde Subtil soit plus important que le travail effectué dans le monde
physique.
L’Enseignement dit qu’au seuil du sommeil nous pénétrons alors
dans des mondes situés au-delà de la Terre. Et cela devrait se produire
tout naturellement. Il suffit de nous entraîner à être sur nos gardes, à
être attentifs, et les Mondes Subtils s’ouvriront à nous et, au bon moment,
nous entendrons et verrons comme il se doit. Lorsque je voulais hâter mes
propres expériences qui étaient pratiquées sous la supervision du Maître,
j’avais l’habitude de demander : « Que dois-je faire ? Quel régime con-
vient le mieux au but ? » Et ainsi de suite. J’ai toujours reçu la même
réponse : « Sois simplement sereine. » Dans une telle sérénité et un tel
équilibre se trouve tout le secret de l’accomplissement. Et maintenant, en
ces jours de terrible bataille entre les Forces de la Lumière et les forces
de l’ombre, nous entendons toujours la même chose : « Soyez prudents,
prenez soin de votre santé. Cela est de la plus grande importance. »
Vous devriez aussi vous souvenir que les courants sont très denses
maintenant et que tous les organismes sensibles réagissent en connaissant
périodiquement des réactions d’angoisse, des étourdissements et des dé-
pressions. Pourtant, connaissant les raisons d’une telle dépression, il
vous faut attendre patiemment le changement des courants ou plutôt

167
leur prochaine alternance. Voilà pourquoi chère amie, vous ne devez pas
considérer ces angoisses et dépressions périodiques comme des chutes de
votre esprit, c’est-à-dire comme des échecs personnels ou de l’instabilité
de votre part. La plupart du temps, elles prennent leur origine dans le
changement des courants. Il est indiqué : « Ces courants sont comparables
à des bruits d’épées. » Souvenons-nous toujours du grand bonheur d’être
des collaborateurs des Forces de la Lumière. En prononçant avec amour
le nom du Grand Instructeur, nous serons toujours protégés.
L’Enseignement n’a jamais dit qu’il était avantageux ou possible
de se passer de sommeil. La seule chose qui a été mentionnée est qu’à
l’altitude de vingt et un mille pieds, il est presque possible de vivre
sans sommeil. Mais où y a-t-il des gens qui vivent ou peuvent vivre à
une telle altitude ? En passant à de telles altitudes pendant notre traversée
de l’Asie Centrale, nous avons pu vérifier la véracité de ces déclarations.
Mais la vie dans les vallées exige du sommeil. Quand, par exemple, nous
vivions dans les villes, il nous était recommandé de dormir au moins
sept ou huit heures. Il en va de même pour la nourriture. En altitude, la
quantité devrait être réduite et cela se produit tout naturellement, parce que
l’organisme réclame moins. Mais dans les villes polluées, la nourriture est
nécessaire.
De même, à une altitude de sept ou huit mille pieds, pendant une
importante expérience avec les énergies du Feu, il nous fut indiqué de
prendre du poids afin que les nerfs ne soient pas trop exposés. Dans
l’Enseignement antique, un « Juste Milieu » ou Équilibre était conseillé.
Et ceux qui voulaient approcher la grande connaissance ne devaient
jamais toucher l’une ou l’autre des extrêmes. Rien n’est plus déformé que
ce concept d’Équilibre. Il me semble que cela s’est produit et continue à
se produire surtout parce que les gens ont de la peine à pratiquer la disci-
pline. Il est plus facile de se laisser aller à des excès puis d’entreprendre
un jeûne complet, de s’encombrer de chaînes – en général en pratiquant
l’ascétisme – plutôt que de développer sa vigilance et de se maîtriser tout
en préservant ses forces. Mais sans maîtrise de soi, rien n’est possible.
Une fois encore, je tiens à ajouter que puisque nourriture et sommeil
sont indispensables, il existe des normes différentes pour chaque organisme.
Nous conseillons de considérer comme un avertissement la diminution
de force. Et une telle diminution peut ne pas être évidente avant un
certain temps, apparaissant alors tout d’un coup. Par conséquent, évitez
de vous affaiblir et de toutes vos forces essayez de préserver l’inestimable
substance de l’énergie ardente.

168
LETTRE 9

19 juin 1933

J’ai reçu votre « Appel aux Femmes » et je dois dire que je l’approuve
grandement. C’est exactement ce qui est nécessaire et, ainsi que vous
le dites, cela correspond au niveau de la conscience des gens. Bien sûr, il
faut répandre cet appel le plus largement possible pour que l’idée soit
assimilée par un grand nombre. Le temps passe vite, et parfois je crains
que nous ne puissions pas remplir tout notre programme. Le Monde
Nouveau se crée, et nous devons préparer des groupes de gens capables
de présenter les nouveaux concepts. Les femmes se réveillent partout
dans le monde. Déjà à partir de 1920, les femmes de l’Extrême-Orient
ont commencé à lutter pour leurs droits, et cela est également vrai pour les
femmes de l’Inde. Malgré toutes leurs difficultés, les femmes indiennes
obtiennent déjà d’excellents résultats.

Dans la phrase que vous soumettez à mon appréciation, je préférerais


que vous remplaciez le terme « combatif » par « fonceur » – si vous n’y
voyez pas d’inconvénient. Premièrement, parce que dans ce cas parti-
culier le mot « fonceur » aura un impact plus grand, et deuxièmement,
parce que j’aime trop le concept du guerrier et je ne veux pas l’utiliser
dans un sens négatif. Dans tous les Enseignements religieux, ceux qui
s’engagent sur le sentier spirituel sont appelés des guerriers. Tous les
Bodhisattvas, et même les représentations les plus sacrées du Bouddha,
ont dans leur main ou à leur côté une épée – comme une attribut impé-
rissable.
Rappelons-nous nos saints – Michel le Grand Stratège, saint Georges
le vainqueur. Également, saint Serge de Radonège le grand Éducateur
et Protecteur de la terre de Russie. N’a-t-il pas donné la bénédiction au
prince Dimitri au commencement de la grande lutte contre les Tartares
et ne lui a-t-il pas envoyé ses propres moines en renfort ? En vérité,
tous les Sages Héros ne sont-ils pas des guerriers du Bien Commun ?
Et n’entendons-nous pas souvent parler des flèches lumineuses tirées
contre l’obscurité des hordes sataniques ? La lutte contre le chaos est
vraiment la fondation de la vie du Cosmos. Et cette lutte, en même

169
temps que l’ascension, augmente en tension et change seulement en
qualité et en motivation. Rien n’est comparable à la rigueur de la lutte
contre le chaos invisible !
Voici une citation de l’Enseignement :
« Certains peuvent penser : quelle facilité ont les Seigneurs, lorsqu’Ils
ont dépassé les frontières des fardeaux terrestres ! Mais celui qui dit
cela ne connaît pas l’étendue de la réalité. En fait, c’est sur la Terre
comme au Ciel. Les fardeaux terrestres s’éloignent, mais d’incomparables
soucis cosmiques prennent leur place. Justement, si c’est difficile sur
Terre, c’est encore plus difficile dans les Cieux. Ne tenons pas compte des
moments du Dévachan où l’illusion peut cacher le travail du lendemain.
Dans l’action, au sein du chaos, l’existence ne peut être facile. Vous
souffrez des ténèbres et du chaos. Dans toutes les demeures, le même
chaos et de nombreux aspects sombres rendent l’existence aussi difficile.
Heureusement pour vous, vous sentez seulement les attaques du chaos,
et vous ne voyez pas ses mouvements ténébreux. En vérité, la difficulté
pour les hommes provient de leur ignorance et de leur servilité envers
les ténèbres. La difficulté est encore plus grande lorsqu’on voit le mou-
vement de masses de matière se transformer en chaos. Lorsque le feu
souterrain destructeur tente de percer prématurément la croûte terrestre,
ou quand les couches de gaz empoisonnent l’espace, la difficulté dépasse
toute imagination terrestre. Actuellement, ce qui aide à parler des diffi-
cultés, ce n’est pas d’évoquer les charges, c’est seulement de faire des
comparaisons. Car les ignorants croient qu’hymnes et harpes sont le lot
des Habitants des Cieux. Dissipez cette erreur. Il n’y a nulle part d’indi-
cation disant que les difficultés se limitent à la Terre. Il faut dire par com-
paraison : si sur Terre les démons vous harcèlent, l’Archange est menacé
par Satan lui-même. Saisissez donc l’action et la bataille incessante contre
le chaos. Comprenez que cela est le seul sentier, et parvenez à l’aimer comme
le signe de la confiance du Créateur. » (Monde de Feu, volume 2, no 30).
C’est pourquoi j’aime tant le mot « guerrier » et j’admire chaque action
héroïque et courageuse. Par nature, je suis moi-même courageuse et comba-
tive. Il n’est dit nulle part que nous devons pratiquer la non-résistance au
mal. Le Christ Lui-même n’a-t-il pas chassé les marchands qui violaient
l’enceinte sacrée du Temple ?
C’est pourquoi chaque mère doit élever son enfant dans l’esprit
des grandes actions, dans l’héroïsme et l’abnégation en faveur du Bien
Commun. Cela ne signifie pas une approbation de la guerre dans son
sens habituel, mais ne nous dupons pas nous-mêmes, car nous vivons
en plein milieu de la guerre la plus atroce et la plus ruineuse de toutes.

170
Pourtant, la bataille spirituelle est encore beaucoup plus féroce que
toute autre guerre. C’est pourquoi il est si important de cultiver le courage
et l’intrépidité, ces qualités qu’un disciple des Maîtres de Lumière devrait
développer avant tout. Quoi qu’il en soit, si le lien avec la Hiérarchie
est solide, le courage et l’intrépidité viennent naturellement, car la Main
du Hiérarque retiendra toujours le danger final et indiquera la voie
vers la victoire. Mais, je le répète, c’est uniquement lorsque l’Image
du Maître est constamment présente à l’esprit. Nous avons plus d’une
fois eu l’occasion de faire l’expérience de cette merveilleuse influence.
Au moment du danger, nous devenions soudainement et incroyablement
sereins, et nous savions que tout se terminerait bien.
Pour ma part, je préfère un sacrifice courageux dans l’exercice des
devoirs patriotiques à l’attitude de certains jeunes qui ont exprimé récem-
ment leur résolution de ne pas lutter pour leur pays en cas de guerre.
Vous allez demander : « Et l’idée de la Bannière de la Paix donc ? » Et
vous allez même penser que j’appuie en secret la guerre ! Non, la guerre
est pour moi épouvantablement affreuse. Je ne peux imaginer pire
manifestation d’ignorance ! Mais puisque nous vivons dans un monde
où la puissance physique est encore hautement respectée, nous devons
inculquer aux jeunes générations l’idée de l’illégalité de la mise à mort
et de la violence. En même temps, nous devons enseigner de ne pas
avoir peur de faire son devoir envers sa patrie, car cela est beau et
courageux. Qui souhaiterait être un agneau sans défense devant un loup
et un tigre ? Mais les tigres et les loups rôdent dans tous les endroits
qui ne sont pas protégés. Aussi longtemps qu’il n’y aura pas de vraie
coopération entre les peuples, nous serons constamment à la merci des
guerres et des invasions. Seule la « Ligue Mondiale de la Culture »,
comprise correctement, pourrait apporter dans l’avenir une solution
aux problèmes nombreux qui semblent insolubles aujourd’hui.

Que les femmes se rappellent le courage si nécessaire dans leur


combat pour les droits qui leur sont dus. Mais qu’elles ne comprennent pas
le courage comme de la violence, comme les suffragettes qui brisaient
des vitres et brûlaient les boîtes aux lettres ! De telles manifestations
sont indignes, mais il y a d’autres moyens de faire preuve d’un courage
vrai. C’est d’abord un effort vers la connaissance et la beauté orientées
vers le Bien Commun.

171
Parlons maintenant de la « connaissance directe ». Quelqu’un a
dit : « Souvent une femme simple a plus le sens de connaissance directe
qu’une femme graduée de l’université. » Je dois faire remarquer ici :
« Une telle femme est peut-être “simple” dans le sens qu’elle n’a pas
de position sociale ou une certaine éducation, mais non pas simple
dans le sens de manquer de sérénité spirituelle. » Les gens confondent
souvent une grande connaissance directe – laquelle est le résultat de
nombreuses expériences s’étendant sur de nombreuses incarnations –
avec un certain psychisme. Ce dernier se manifeste en pressentiments
plus ou moins corrects, en rêves et en certaines perceptions du plan
astral, selon le degré de conscience de chacun. D’autre part, la connais-
sance directe sait infailliblement, connaît l’essence juste des choses, la
direction de l’évolution de même que l’avenir. La connaissance directe
est la synthèse de la spiritualité et, bien sûr, seul un esprit développé
avec un Calice rempli la possède et ce, sans tenir compte de la position
modeste occupée dans la vie. Souvent la position la plus modeste est
choisie pour accomplir une certaine mission. Celui qui écoute la voix
de son cœur éveillera le plus facilement la connaissance directe. Le
cœur est le meilleur instructeur pour tous les problèmes de la vie.

Arrivons-en maintenant au problème de l’avortement. Il est opportun


d’en parler maintenant. De méprisables articles paraissent couramment
à ce sujet et certains sont écrits avec la permission du clergé. À ce
sujet, j’aimerais citer quelques paragraphes de l’Enseignement :
« L’esprit crée un lien avec l’embryon dès le moment de la concep-
tion. Il commence à entrer dans le corps au début du quatrième mois,
lorsque les premiers réseaux des nerfs et du cerveau sont formés. La
formation de la colonne vertébrale amorce le prochain degré de posses-
sion du corps. La naissance est un moment merveilleux, car c’est alors
que la conscience étincelante de l’esprit se manifeste et qu’elle s’unit à
la matière. Il existe même des cas où des mots sont prononcés à la
naissance. La possession finale du corps a lieu vers la septième année
de la vie d’un enfant. »
Il est dit également :
« De même que celui qui a faim désire de la nourriture, ainsi un
esprit prêt à s’incarner désire une nouvelle incarnation, car seule la
matière peut fournir de nouvelles impulsions. »
De ce fait, il n’est pas difficile d’imaginer les souffrances que l’esprit
prêt à s’incarner doit endurer lors d’une interruption brutale de la grossesse

172
d’une vie déjà commencée ou de l’empêchement d’une incarnation
prévue par le karma. Quel karma difficile les parents ignorants et criminels
se préparent pour eux-mêmes !

Je vais essayer d’ajouter quelques mots sur l’art de N.K. Son art
est apprécié pour sa pureté, sa transparence et son infinie diversité des
combinaisons de couleurs qui s’allient à la puissance et à la profondeur
des tons. Chaque peinture est une magnifique symphonie d’accords de
couleurs. Nous savons que les couleurs, les nuances et leur harmonie
provoquent chez celui qui les regarde une impression occulte. Il est
connu que de très beaux tableaux ont le pouvoir de guérir, et nous
avons eu plusieurs occasions d’en être les témoins. Bien entendu, pour
cela, il faut avoir « un cœur ouvert et un œil ouvert ». Comme dit
l’adage : « Il est possible de rester dans l’obscurité la plus totale même
en regardant les plus ineffables œuvres d’art, si l’obscurité est en nous. »
Pourtant, il ne faudrait pas moins prêter attention aux dons excep-
tionnels de N.K. dans la composition qui, soit dit en passant, est un
don très rare. Toutes les étranges déviations – pour ne pas dire plus –
que nous observons périodiquement dans le monde le l’art sont dues
principalement au manque du don de composition. Mais chaque création
de N.K. frappe par l’harmonieuse combinaison de tous les éléments et
cette harmonie est convaincante. Rien à ajouter, rien à enlever. Tout est
absolument juste. Cette harmonie des formes et des couleurs, cette
maîtrise, voilà la valeur qui est la caractéristique de tout grand créateur.
Les créations de N.K. me sont particulièrement chères à cause de la
beauté de la pensée exprimée dans ses images majestueuses, mais simples,
et parfois profondément touchantes.
Moi qui suis continuellement témoin de son art, c’est une source
d’étonnement toujours renouvelée – l’inépuisable pensée alliée au jeu
audacieux et inattendu des couleurs! Tout aussi remarquables sont
l’aisance et la sûreté dont il fait preuve quand il évoque ses images.
Vraiment, elles parlent et vivent sur ses toiles, et il est très rare qu’il ait
à changer quelque chose ou ait à abandonner sa première esquisse. En
vérité, lorsqu’on suit l’évolution de son œuvre, il est difficile de savoir
ce qui est le plus extraordinaire : la beauté de la toile ou la virtuosité
dans l’exécution.

Je ne suis pas d’accord que l’art grec manque de spiritualité. Je


pense que la spiritualité des anciens Grecs était à un niveau supérieur

173
au nôtre, ce qui est prouvé par leur haute philosophie et la contribution
de leurs plus grands travailleurs, créateurs et penseurs. Leur philosophie
a exprimé de grandes idées sous des formes admirables. Il me semble
que c’est plutôt nous qui avons perdu la spiritualité et en même temps
la capacité de ressentir et d’apprécier la beauté. Du fait que l’art exprime
le caractère des peuples où il naît et se développe, bien souvent il n’est pas
compris par d’autres peuples qui vivent et créent dans un environnement
différent. Par exemple, les statues de marbre des Grecs peuvent sembler
déplacées dans un climat nordique, mais elles étaient merveilleuses
sous un soleil éclatant, sur les sables pourpres ou sur un fond de mer
turquoise ou de cyprès foncés de la Grèce.
L’art dans toutes ses manifestations et ses formes conventionnelles
reste fondamentalement spirituel. Il réveille notre besoin de beauté pour
le Très-Haut. C’est là sa signification principale et la plus importante.
Selon vos propos : « Le vrai problème de l’art est d’amener l’homme
vers la compréhension de la beauté. » En vérité, l’effort véritable vers
le beau conduira à la compréhension de la beauté supérieure des lois
qui régissent l’Univers et qui sont exprimées dans l’Entendement Parfait
et le Cœur Parfait.

Aussi, remplissez votre grande mission de restaurer la santé physique


et de semer les graines de la connaissance spirituelle partout où cela
est possible. La chose la plus importante est de le faire selon le degré
de conscience de vos patients ! Il est plus dangereux de donner trop
que trop peu. Laissez-vous guider par votre cœur !
Parlez-nous de vous dans vos lettres, et souvenez-vous que nous
sommes souvent en pensées avec vous. Dites à vos amis de chasser
tous leurs doutes, car ce sont les ennemis les plus dangereux ! Quels
doutes pouvons-nous avoir quand le pur Enseignement nous présente
des solutions claires et merveilleuses dans lesquelles rien ni personne n’est
abaissé, mais où tout est élevé et élargi sans limite. Que la Bénédiction
des Forces de Lumière soit avec vous.

174
LETTRE 10

8 février 1934

Votre excellent travail nous a procuré une grande joie. C’est exacte-
ment ce qui est particulièrement nécessaire aujourd’hui. Nous devons
réveiller la conscience des gens, laquelle stagne dans des préjugés anciens
et est déprimée par les événements qui menacent. L’aube de l’Ère Nouvelle
jette déjà ses lueurs au loin et il est essentiel de l’accueillir avec un
esprit neuf et éveillé. J’attends avec impatience la suite de votre travail
qui devrait être imprimé et largement distribué.
« […] Proposez à des collaborateurs de s’habituer à un tel travail.
Ils peuvent sélectionner des passages de l’Enseignement qui leur sont
proches et les comparer à ceux d’autres Alliances. Ils pourront ainsi
observer l’empreinte du temps sur les mêmes vérités. L’étude de cette
évolution sera par elle-même un labeur bien nécessaire. Nous nous
opposons aux condamnations, mais on pourrait dire que la comparaison
est comme le polissage d’une pierre. Par amour pour le sujet, on trouve
de nouvelles comparaisons et des points communs intéressants. Ces
méditations sont comme des fleurs dans une prairie. » (Monde de Feu,
volume 2, no 432).
Gardez ce paragraphe à l’esprit.
Vous écrivez : « Il n’est pas étonnant que le Christ n’ait pu révéler
cette vérité (la loi de la Réincarnation) directement et ouvertement aux
esprits humains sous-développés. » Mais je crois qu’il serait plus correct
de dire qu’au temps de Jésus déjà – bien que la loi de la Réincarnation
ait été une pierre d’angle pour chaque ancienne religion de l’Orient et
que la religion juive n’était certainement pas une exception – cette loi
était gravement déformée par le clergé et qu’elle n’a gardé sa pureté
que chez certaines sectes particulières. Dans le Nouveau Testament se
trouvent d’abondantes preuves de l’existence d’une telle connaissance
chez les Juifs. Le Christ Lui-même l’a confirmé. Par exemple, dans
l’Évangile de saint Matthieu (17 : 10-13), il est dit : « Les disciples lui
demandèrent : “Pourquoi donc les scribes disent-ils qu’Élie doit venir
d’abord ?” Il répondit : “Élie vient et il va tout restaurer. Toutefois, je
vous le dis, Élie est déjà venu, et ils ne l’ont pas reconnu ; ils ont même
fait de lui ce qui leur a plu, et le Fils de l’homme sera traité par eux de

175
la même façon”. Alors les disciples comprirent qu’il leur avait parlé de
Jean le Baptiste. » Et, dans l’Évangile de saint Jean (9 : 1-3) : « Et en
passant, il vit un homme qui était aveugle de naissance. Ses disciples lui
demandèrent : “Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit
né aveugle ?” Jésus répondit : “Ni lui n’a péché, ni ses parents. Mais
c’est afin que les œuvres de Dieu apparaissent au grand jour en sa
personne.” […] » En effet, comment un aveugle de naissance aurait-il
pu être responsable de ses péchés sans la loi de la Réincarnation ! Il y
a d’autres signes très clairs, mais vous devriez les découvrir vous-mêmes.
Vous écrivez : « Les habitants de l’Orient sont devenus tellement
passifs à cause de leur connaissance de la réincarnation, que cela a
finalement eu pour résultat un ralentissement du rythme de vie, une
stagnation et une immobilité. » Ce n’est pas tout à fait juste. Bien d’autres
raisons sont responsables de cette stagnation. Bien sûr, tout ce qui endur-
cit et développe la force de l’être humain – la rigueur de la nature, la
rigueur des conditions climatiques et la lutte pour l’existence qui en
résulte – tout cela n’existe pratiquement pas en Orient. D’autre part, le
climat et les autres conditions étaient favorables à une vie méditative.
Mais le vrai mal de l’Inde, qui a amené la stagnation et la dégénérescence,
n’est pas « dans la connaissance de la réincarnation », mais dans le
système dépassé des castes. Ce système, avec la perte de la réelle compré-
hension du passé et la corruption de la classe dirigeante, est devenu
pareil à un étau de fer sur une nation des plus compétentes qui compte
des individus par millions. Qui n’a pas vécu en Inde est incapable d’ima-
giner vraiment cet abominable esclavage ! Pour le moment, à part les
quatre principales castes, il y a un grand nombre de subdivisions de
toutes sortes – aussi nombreuses que les professions et les occupations.
Chaque caste est limitée par toutes sortes d’interdictions absurdes et,
plus élevée est la caste, plus les interdictions sont nombreuses. De là
provient la dégénérescence bien connue des castes supérieures.
Même si nous prenons en considération d’une part les hauteurs
insurpassables de leurs principaux Enseignements spirituels et d’autre part
l’ignorance et la convoitise de la majorité de leur actuel clergé, il est
difficile de comprendre comment une telle absurdité, une telle cruauté
flagrante et une telle monstruosité criminelle ont pu s’installer ! Mais
telle est la triste réalité. À part le système des castes, les mariages des
enfants sont un facteur de dégénérescence. Il n’est pas rare de voir une
fillette de neuf ans mariée à un homme de soixante ans, et déjà maman
mutilée d’un enfant mort-né. Oui, il y a beaucoup de merveilles en
Inde, mais aussi beaucoup de choses terribles ! Cet exemple peut être

176
une illustration de cette loi : « Plus brillante est la Lumière, plus épaisses
sont les ténèbres. » Cela explique pourquoi nulle part ailleurs on ne peut
trouver autant de spiritualité et de pureté qu’ici. Si ce pays magnifique
pouvait venir à bout de ce fléau épouvantable et destructeur, son dévelop-
pement étonnerait le monde entier. Il existe certains signes de renou-
veau. La femme indienne se réveille et son cœur réagit aux souffrances
des opprimés. C’est pourquoi elle est destinée à faire revivre son pays.
Je serai toujours heureuse de vous aider si vous avez des questions
ou des incompréhensions. Le travail dans lequel vous discutez si claire-
ment des fondations de l’Être est des plus précieux, et nous espérons
que vous continuerez à écrire dans la même direction. L’Enseignement
de Vie révèle tant de thèmes nouveaux qui n’ont pas encore été traités !
Nous sommes heureux de vous voir si capable d’appliquer l’Ensei-
gnement. Appliquez l’Enseignement librement et amplement. De telles
graines sont accordées pour être semées généreusement. Qui plus est,
beaucoup est donné seulement sous forme de suggestions ou est à peine
révélé, mais les grandes masses de gens doivent être préparées, et il faut
des explications plus détaillées pour rejoindre leur entendement. L’étude
des travaux de H.P. Blavatsky vous aiderait grandement à comprendre
bien des choses.

177
LETTRE 11

17 février 1934

Tout ce que vous dites à propos de groupes soi-disant occultes ne nous


surprend pas, mais confirme ce que nous craignions, car nous sommes
au courant de la triste situation qui prévaut au sein de plusieurs organi-
sations et nous savons que la nature humaine est la même partout. Le
mal est toujours le même : un manque de tolérance et une exclusivité qui
sape les fondations. Les présidents de plusieurs sociétés et loges pré-
tendent avoir le monopole exclusif et l’autorité en tout ce qui concerne
l’Enseignement donné par la Grande Fraternité Blanche. À cela s’ajoute
le désir d’être le seul agent par lequel on accède au Grand Enseignement.
Mais la pauvreté de leur imagination les empêche de voir que la Grande
Fraternité qui guide l’évolution de toute l’humanité ne peut se limiter à
un ou même dix courants ou récepteurs qui, dans tous les cas, ne sont
que temporaires !
La Grande Fraternité travaille sans relâche pour le Bien Commun
du monde entier et fait largement usage de chaque occasion pour faire
connaître son Enseignement salutaire. Le bateau de l’humanité est en
train de couler, et seuls les aveugles et les imbéciles ne se rendent pas
compte du danger de la vie actuelle.
Bien sûr, la Grande Hiérarchie de Lumière a, sur le plan terrestre, des
aides conscients et inconscients dont le travail s’effectue à différents
degrés. Il y a également ceux qui leur sont particulièrement chers et qui
jouissent de toute leur confiance. De plus, bon nombre de personnes
reçoivent de merveilleux messages, souvent sans même connaître
l’image du Messager, mais elles apportent aussi leur participation aux
grandes semailles. Ce serait faire preuve d’une grande ignorance que
d’associer la Grande Hiérarchie de Lumière à de quelconques limitations
ou à tout ce qui revêt une forme conventionnelle ! La Hiérarchie vit et agit
en employant la loi de grande commensurabilité, seule loi qui puisse
garantir une véritable évolution.
Il ne fait également aucun doute, lorsque le temps arrive, que la
Grande Fraternité choisisse une ou deux personnes pour renouveler la
conscience humaine et introduire un nouveau degré de l’Enseignement.
Ce fut le cas de H.P. Blavatsky et, après sa mort, de Francia La Due par

178
qui le Maître Hilarion a transmis son Enseignement. Malheureusement,
Francia La Due est décédée en 1923. Elle était la fondatrice en Californie
d’une société et la rédactrice de la revue Temple Artisan [L’Artisan du
Temple] dans laquelle les Messages furent publiés. Mais je répète qu’à
part ces principaux récepteurs qui reçoivent « l’Océan de l’Enseignement »,
comme l’un des Grands Instructeurs aime l’appeler, il existe plusieurs
autres personnes à qui des messages individuels de moindre importance
ont été transmis et nous connaissons un certain nombre d’excellents
petits recueils, généralement transcris sous écriture automatique ou, ce
qui est plus rare, sous dictée. La beauté de la valeur morale de ces
recueils n’en est pas moindre parce qu’ils ont été écrits sans l’approbation
de certaines autorités ! À ma connaissance, aucune de ces « autorités »
n’a reçu durant sa vie le moindre livre inspiré par la Grande Source. Au
contraire, de tels livres furent systématiquement critiqués, condamnés et
frappés d’interdits par ces personnes. Ne serait-il pas approprié de
s’informer à ce sujet ? Pourquoi ne produisent-elles pas la suite du
« Livre de Dzyan » ? Et la suite existe. Il serait également intéressant
de savoir ce que les blasphémateurs de l’Éthique Vivante – qu’ils n’ont
même pas étudiée – pensent de la société fondée par Francia La Due et
William Dower, et des livres qui ont parus grâce à eux. Cette société a
été fondée dans les années quatre-vingt-dix du siècle dernier et a aussi
des branches dans d’autres pays. Le grand Enseignement qui a été trans-
mis à travers eux n’est pas en contradiction avec ce qui est énoncé dans
l’Éthique Vivante et nous avons d’excellents rapports avec eux – nous
ne nous excluons pas mutuellement. Il y a « l’École Arcane » aux États-
Unis où l’on trouve certaines classes spéciales d’étude des livres de
l’Agni Yoga. Les livres de l’Éthique Vivante sont répandus dans de
nombreux pays et attirent de nouveaux groupes. Aujourd’hui, beaucoup
d’âmes sont à la recherche de la Lumière, mais l’intolérance n’attirera
certainement personne.
Certaines autorités, après avoir lu un volume de l’Agni Yoga, l’ont
trouvé très dangereux et ont interdit à leurs adeptes de l’étudier. Nous
n’allons certainement pas chercher à découvrir dans quel livre ils ont
détecté ce danger, pas plus que nous n’imposons l’Enseignement reçu.
Mais ceux qui ont été dérangés par cette déclaration verbale trouveront
par eux-mêmes. Que diraient ces supposées autorités – et l’une d’entre
elles prétend appartenir à la Grande Hiérarchie Solaire – si on leur
racontait les rencontres extraordinaires que nous avons faites et les
événements qui nous sont arrivés, et si nous leur montrions les objets
sacrés qui nous ont été confiés ? Ils nous considéreraient probablement
comme des imposteurs. Et dans leur « indignation justifiée », ils s’allieraient

179
avec les fanatiques et les bigots de l’Église, et puis, tous ensemble, ils ne
manqueraient pas de fulminer et de nous jeter l’anathème pour l’éternité !
C’est très dommage que des livres de valeur comme les Lettres des
Mahatmas et les Lettres de H.P. Blavatsky ne soient toujours pas encore
traduites en russe. Elles donnent beaucoup d’explications sur l’environne-
ment qui entourait H.P. Blavatsky.
Mais toutes ces attaques ne sont pas importantes. Ce qui est vraiment
terrible, c’est l’intolérance de certaines Églises. Vraiment, « […] le
plus difficile de tout est de rendre la véritable Image du Christ » comme
l’un des Grands Instructeurs l’a exprimé. La cause principale de l’intolé-
rance est l’ignorance. Mais les choses ne peuvent continuer ainsi, et la
génération montante demande déjà de nouvelles explications sur les
problèmes de l’Être. Si les autorités spirituelles ne veulent pas être
totalement ignorées, elles feraient bien de considérer cette demande et de
lui apporter une réponse satisfaisante. La conscience des masses grandit
et s’ouvre, et on ne peut plus la garder enfermée dans des chambres de
torture moyenâgeuses ! L’Église d’Occident est aussi en état d’alarme,
mais pour ne pas perdre entièrement son autorité, elle commence à
observer la science et même certains Enseignements de l’Orient. Dans
le clergé, certains reconnaissent l’existence de la Grande Fraternité. Et
en vérité, qu’est-ce que la Hiérarchie de Lumière, sinon « l’Échelle de
Jacob » ? D’autres prêtent attention à la loi de la Réincarnation. Le
Nouveau Testament, les paroles du Christ Lui-même, confirment cette
loi qui était une pierre d’angle pour toutes les plus anciennes religions. De
ces sources, le Christianisme a emprunté plus tard tous ses symboles et
cérémonies. Une Conférence des Évêques aux États-Unis a proposé
récemment l’étude des œuvres du grand Origène. C’est un grand pas
en avant, car l’étude d’Origène pourrait élargir le cadre ecclésiastique
et ses dogmes. Nous ne devrions pas oublier que la loi de la Réincarna-
tion n’a été rejetée qu’au VIe siècle par le concile de Constantinople.
Et on voudrait que nous acceptions l’autorité des Pères de l’Église
comme une révélation et un dogme, eux qui avec le plus grand sérieux
discutèrent des problèmes comme : « Combien d’esprits peuvent se
tenir sur la pointe d’une aiguille ? » Ou d’autres trésors comme : « La
femme a-t-elle une âme ? » Et ces révérends Pères, ces éducateurs de
notre conscience, n’ont pas hésité à se battre les uns contre les autres et
à se tirer la barbe et les cheveux ! Encore aujourd’hui, il y a des gens
bien éduqués à certains égards qui croient sincèrement qu’ils seront
ressuscités des morts – dans leur corps physique – au jour du Jugement
dernier ! C’est la principale raison pour laquelle ils s’opposent tellement

180
à l’incinération. Comment comprendre un tel aveuglement, par hypno-
tisme ou par atavisme ?
Il est temps de comprendre que le monde a besoin d’âmes vives,
capables de comprendre rapidement, intensément et profondément que
l’essence des événements actuels est une preuve évidente de l’inutilité
des idées et des structures qui ont fait leur temps, et qu’au milieu de
destructions sans précédents, de nouvelles idées de grande tolérance et
de direction culturelle sont engendrées, idées qui sont comparables à
des éclairs de chaleur sur un ciel noir.
Pourtant, parmi les prêtres Orthodoxes russes, nous en connaissons
qui ont du bon sens et un esprit libéral. Ils étaient nos vrais amis. Je
suis sûre que nous trouverons des âmes remplies de lumière dans le
Nouveau Pays. Maintenant, en ce qui concerne les loges de Francs-
maçons, il est certain qu’il s’y trouve plusieurs hommes orientés uni-
quement vers la politique et très dangereux. Dans plusieurs pays, à
quelques exceptions près, la Maçonnerie a dégénéré en bouffonnerie.
Pareille dégénérescence d’un concept, qui était hautement moral et
magnifique à l’origine, est vraiment tragique et les Grands Instructeurs
en sont indiciblement navrés. Ayez également présent à l’esprit qu’il y
a aujourd’hui une quantité encore jamais égalée de la pire magie noire
et de la sorcellerie, et cela se retrouve pratiquement partout. Souvent,
des gens non pas méchants, mais ignorants, sont pris dans ce piège
noir. C’est pourquoi les Grands Instructeurs sont opposés à toute forme
de magie. Les loges noires sont très actives en ce moment. C’est pourquoi
les forces de Lumière devraient s’unir sans tarder et, dans une activité
consciente, travailler contre les forces sombres du mal. Mais hélas,
pour le moment, il y a moins d’unité dans leur sein que chez les noirs
qui sont réunis par la peur et qui agissent sous son impulsion.

Assurément, le blasphème contre l’Enseignement de Lumière n’est


pas une bagatelle, puisqu’il s’agit d’un blasphème contre le Saint-Esprit.
La destinée de ces blasphémateurs est terrible, et ce, dans tous les mondes.
Pour paralyser les blasphémateurs, il est nécessaire d’éduquer les audi-
teurs. L’ignorance est tellement grande ! On vérifie cela constamment.
Quoi qu’il en soit, une complète ignorance est parfois préférable à une
faible éducation, car une faible éducation produit de la suffisance et
bloque tout développement potentiel. Les gens sont accoutumés à toutes
sortes d’interdictions et de limitations. Et par-dessus tout, ils sont effrayés
par la pensée élargie, car ils pressentent qu’une telle ouverture exigera

181
une responsabilité plus grande. Et qui souhaite des responsabilités ?
Chacun essaie de se désister et de la rejeter sur quelqu’un d’autre. En géné-
ral, si dans l’avenir il y avait moins d’interdictions et de négations, et si
la nécessité de la responsabilité était fortement soulignée, plusieurs évite-
raient la coupe amère qu’ils doivent boire maintenant. Par conséquent,
un seul conseil peut être donné à tous les renonciateurs : « Ne niez pas,
mais apprenez davantage. »

Ceux qui croient que l’Enseignement donné est écrit par une seule
personne font preuve d’une grande ignorance et d’une grande pauvreté
d’imagination – cela serait impossible quelle que puisse être l’ingéniosité
de cette personne. Certes, une longue expérience de la vie et une étude
infatigable de la nature humaine soumise à toutes les influences cosmi-
ques sont nécessaires quand on veut appréhender toutes les questions
et tous les problèmes présentés par l’Enseignement. Il en est de même
lorsqu’on veut les éclairer complètement et universellement sous tous
leurs aspects.

En vérité, la vie est pleine de miracles lorsque nous l’approchons


avec un cœur ouvert et que nous sommes tendus vers la beauté et le
perfectionnement de soi. Et non à travers toutes sortes de méditations
ou de concentrations artificielles et pratiques mécaniques, mais dans
la grande action de la vie de tous les jours. Cette grande action de la vie
dans son austère beauté est pratiquée par N.K. Sa vie est faite de totale
renonciation. Il vit pour le grand service à l’humanité. Rien ne lui appar-
tient et il ne s’appartient même pas à lui-même. Sa nature est imprégnée
de la plus grande tolérance et, tel un aimant, il attire les gens les plus
différents autour de lui pour les regrouper autour de son nom. La Sagesse
du Maître est sa sagesse. Si ce n’eut été le cas, comment pourrait-il être
un tel prophète ? Comment pourrait-il réussir dans la mission qui lui a été
confiée malgré les terribles obstacles que les forces obscures dressent
contre lui en cette fin de Kali Youga, pendant le terrible Armageddon ?

J’aimerais vous dire maintenant que vous êtes très sage en étant si
prudent pour ce qui vous a été confié. Mais vous ne devriez pas avoir
peur des ennemis, car ce sont eux qui nous attribuent les pouvoirs et
les possibilités les plus fantastiques et, dans leur colère, ils ne réussissent

182
pas à vous rabaisser. Plutôt, de cette façon ils attirent l’attention des gens
sur vous. Dans notre vie, nous avons rencontré de nombreux ennemis,
mais ils n’ont pu qu’augmenter notre succès. Je vous rappelle ce que
l’Enseignement dit au sujet de la calomnie :
« […] Que les calomniateurs dressent la liste de tout ce qu’ils ont
calomnié. Ne sera-t-elle pas la liste de ceux qui ont le plus contribués
aux découvertes de l’évolution humaine? (Monde de Feu, volume 2,
no 213).
« […] Par conséquent, définissons la calomnie comme un flambeau
hostile. Mais durant les traversées de la nuit, tout feu est utile ! » (Agni
Yoga, no 21).
L’expérience nous a révélé l’utilité des ennemis. Si bien que je
finirai par louer les ennemis.

En ce qui concerne la diffusion de l’Enseignement, ne soyez pas non


plus trop déçu. Vous ne devriez jamais forcer personne. Seul un grand
mal résulte de telles pressions. Souvenez-vous comment l’Enseignement
met en garde contre toute coercition :
« […] Apprenez et comprenez que l’Enseignement, conscient de
sa connaissance, ne s’exposera pas au bazar.
« […] Il n’y a qu’une subtile démarcation entre assurance et importu-
nité. Il est facile de dénigrer sans profit. Chaque goutte qui tombe à côté
se change en acide corrosif. Mais une enflure exagérée signifie seulement
hydropisie, et vous savez que sa guérison est impossible. Donc, la qualité,
pas la quantité.
« Celui qui frappe librement à la porte en prend lui-même la responsa-
bilité, mais celui qui est entraîné de force sera comme une meule au
cou de celui qui a sonné.
« Par conséquent, ne sonnez qu’au bon moment. Vous éviterez ainsi
la coercition. » (Ère Nouvelle – Communauté, no 129).
Ainsi, ne vous inquiétez pas concernant la popularisation de l’Ensei-
gnement de Lumière. L’Enseignement se propage de façon imprévue.
Gardez seulement votre cœur ouvert et n’ignorez pas les appels de
ceux qui souffrent ou de ceux qui arrivent !

183
LETTRE 12
17 avril 1934

Votre lettre nous est parvenue presque en même temps que la triste
nouvelle du décès de notre cher, inoubliable, Félix Denissovitch. Nous
avons perdu un ami véritable et un collaborateur dévoué et plein d’abné-
gation. Nous avions reçu plusieurs signes de cette mort imminente et le
cerveau essayait de refuser alors que le cœur ressentait l’angoisse. Cette
perte est un grand choc pour tous nos amis et collaborateurs. Comme
vous le mentionnez, son cœur savait unir et réchauffer. […] La meilleure
preuve de respect à la mémoire de F.D. sera bien sûr l’unification de
tous ses collaborateurs et le renforcement ainsi que le développement
de la grande œuvre qu’il avait entreprise. C’est pourquoi j’apprécie
beaucoup que vous ressentiez toute cette responsabilité pour tous les
travaux commencés, et je me hâte de répondre à toutes vos questions
dans l’ordre :
1. Bien entendu, la société pour « l’Unité des Femmes » a besoin
de la main de la femme. Pourtant, la collaboration de l’homme n’est
pas indésirable et peut se montrer des plus bénéfiques. Souvent,
l’homme se montre un meilleur collaborateur, apologiste et défenseur
des droits de la femme que maintes femmes.
2. Les statuts que vous avez établis pour « l’Unité des Femmes »
sont très beaux. Que Dieu aide à les réaliser, même si ce n’est qu’en
partie. Je souscris particulièrement au point qui traite de l’égalité dans
l’éducation pour les deux sexes ou comme vous les appelez « les droits
égaux ». C’est un sujet très important. Une éducation égale éliminera
la nocive supériorité envers les femmes et établira l’équilibre nécessaire
dans beaucoup d’autres domaines. L’égalité des droits entre les deux
sexes, de même qu’entre les nations, devrait former les fondations pre-
mières de chaque gouvernement. Tout ce qui concerne l’éducation et
la scolarité des enfants me tient très à cœur et je vous ferai bien volontiers
part de mes idées là-dessus.
3. Vous soulevez un problème très pénible de la vie d’aujourd’hui –
la question de la légalité de l’avortement. Il n’y a pas bien sûr deux
positions à ce sujet : l’avortement est sans aucun doute un crime. Donc,
il ne devrait être pratiqué que dans les cas où la vie de la mère est en
danger. Mais il est faux de penser qu’une femme coupable d’avortement

184
attire de mauvaises entités. Il faudrait prendre en considération le karma
familial dans son ensemble. Nous pouvons remarquer souvent que dans
une famille où l’un des enfants est un bon à rien, les autres enfants ne
sont pas nécessairement mauvais. Le karma lie des groupes de personnes
pour de longues périodes, voire pour des milliers d’années. Souvent, même
un esprit très avancé n’a pas des parents sans fautes ou irréprochables.
Et il est important de remarquer que les forces obscures sont férocement
opposées à la réincarnation d’esprits très évolués et qu’elles font tout ce
qu’elles peuvent pour empêcher les réincarnations qui constituent un dan-
ger pour elles. Et une fois encore, ce n’est pas le purgatoire du Monde
Subtil qui empêche des esprits de se réincarner, mais seulement le crime
des parents. Il n’y a pas de purgatoire plus puissant que la vie terrestre si
toutes les possibilités de l’individualité sont intensifiées. L’Enseignement
dit : « De même que celui qui a faim désire de la nourriture, ainsi un
esprit prêt à s’incarner désire une nouvelle incarnation. » Par conséquent,
on peut imaginer les souffrances qu’un esprit doit subir à cause d’une
intervention non naturelle. L’esprit est relié à l’embryon au moment de
la conception et entre graduellement dans son corps au quatrième mois
quand les premiers réseaux des nerfs et du cerveau sont formés. C’est
pourquoi l’avortement n’est tolérable que dans des cas exceptionnels.
4. Bien sûr, la femme ne devrait pas seulement être donneuse de
vie physique. Elle a ses autres tâches très élevées. Et dans ce but, il y a
une abstinence des plus naturelles, facile à pratiquer, et ainsi la famille
peut être maintenue dans des proportions acceptables. Cela est tout à
fait possible lorsque la tête et le cœur obéissent à des intérêts supérieurs.
Bien sûr, je m’attends à beaucoup d’opposition et pourtant j’insiste.
Sans doute, dans l’état présent de la famille, c’est une chose très difficile,
mais il existe déjà de telles familles et leur nombre augmentera dans
l’avenir. Dans l’antiquité la plus reculée, les gens savaient comment
contrôler leur famille en utilisant les phases de la Lune. Plus tard, cela
a été considéré comme de la magie noire, mais de nos jours pareilles
mesures seraient préférables aux atroces avortements qui mutilent les
femmes et les générations à venir.
Je vais m’arrêter maintenant aux deux cas que vous me soumettez
en rapport avec ce problème difficile. Le premier cas concerne cette
femme qui a choisi la profession d’institutrice « par amour pour les
enfants ». Le cas est plutôt illogique, car cette femme considérait comme
un préjudice de craindre d’avoir un enfant illégal. Elle aurait donc dû
rester fidèle à cette opinion. Et une fois la décision prise d’avoir un enfant
illégitime, elle ne pouvait s’attendre à ce qu’il devienne légitime. Qui plus

185
est, elle était censée connaître les règles de l’école. Je ne peux m’imaginer
qu’elle les ignorait. Par conséquent, beaucoup de légèreté transparaît
dans ce cas particulier et je dirais même une dangereuse légèreté puisqu’il
s’est terminé par un crime. Ce qui me semble très contradictoire est
son « amour profond pour les enfants », car cet amour même aurait dû
la retenir de prendre cette stupide décision.
La sagesse de l’Inde considère l’amour exclusif de son enfant
comme une sorte d’égoïsme animal. Lorsqu’il existe tant d’orphelins
malheureux autour de nous, pouvons-nous être aussi indifférents et ne
pas ressentir pour eux un grand amour maternel ? Avec son « amour
profond pour les enfants », cette femme ne pouvait-elle pas adopter un
de ces petits malheureux sans foyer et satisfaire ainsi son sentiment
profond ? Elle aurait montré une grande noblesse en agissant ainsi et
qui sait, peut-être aurait-elle pu élever son vrai fils ou sa vraie fille. Le
karma nous pousse d’une façon surprenante vers des âmes auxquelles
le passé nous rattache.
Vous dites qu’elle a lu Sœur Béatrice. Mais Sœur Béatrice était mue
par un amour puissant, tandis que cette femme ne parle que du désir
d’avoir un enfant. Cela manque de cohérence. Je ne jetterai jamais la
pierre à une femme qui passe par-dessus toutes les conventions à cause
d’un amour passionné, pour autant qu’elle ne construise pas son bonheur
sur le malheur des autres. Je considère comme sacrées les obligations
qu’une personne a envers sa famille et ses enfants.
Dans l’autre cas que vous décrivez, la femme en question mérite
plus de sympathie. Mais dans son cas également, aussi longtemps que
le désir d’avoir son propre enfant l’emportait, nous pouvons appliquer
le judicieux dicton indien sur l’égoïsme d’un tel amour. Pour pouvoir
juger correctement, il est nécessaire de connaître en premier lieu les
vraies motivations ainsi que les circonstances. Mais toujours et en toutes
choses, il est tout à fait essentiel d’avoir une parfaite harmonie entre le
cœur et l’intelligence, ce grand équilibre qui est à la base du perfection-
nement et qui se trouve confirmé par tous les grands Enseignements.
Un grand amour maternel ne peut être limité à l’amour de son propre
enfant seulement. Une telle limitation devrait être dépassée. Et il arrive
très souvent que des personnes d’un sang différent au nôtre aient avec
nous un rapport plus harmonieux que nos propres enfants. L’affinité
spirituelle est plus puissante que les liens du sang.
5. Vous demandez : « Est-ce que chaque femme a le droit d’avoir
son propre enfant ? » Si nous examinons cette question du point de vue
du Droit Cosmique, ma réponse est bien sûr – Oui. Mais comme les

186
lois cosmiques n’ont rien à voir avec les déformations que l’homme
leur a apportées, je dois dire que ce n’est pas chaque femme qui a le droit
d’avoir son propre enfant. La conception de la famille est sacrée. Mais
dans l’état où en sont les choses aujourd’hui, il n’y a rien en elle de
sacré ou presque rien. Beaucoup de familles sont coupables. Et je répète
que je ne condamnerai jamais une femme qui est sincèrement emportée
par son amour, car tous nous savons combien le conventionnalisme ou
encore toutes sortes de circonstances interfèrent avec la légalisation de
telles unions. Plus grave encore est le fait de punir un enfant issu d’une
telle union. Mais aujourd’hui, beaucoup d’hommes et de femmes ne
méritent pas d’avoir des enfants à cause de leur profonde dépravation
spirituelle.
6. Les lignes que vous citez du livre d’Ernst Bergman reflètent
vraiment les idées de l’avenir et correspondent à des problèmes qui
nous touchent de près. N’est-il pas fait mention dans l’Enseignement
de la grande importance de la femme dans toutes les activités de la
vie ? N’y est-il pas dit que les nombreuses misères de notre planète et de
l’humanité proviennent d’un manque d’équilibre entre les deux sexes ?
Le Cosmos est construit sur ces Origines et, à l’échelle Cosmique, les
deux Origines sont également grandes et nécessaires, car l’une ne peut
exister sans l’autre. Mais que voyons-nous dans la vie et dans les cou-
tumes développées par les gens ? Dans certains pays, la femme est
ravalée au rang d’esclave, et même dans les pays plus civilisés tous les
privilèges appartiennent à l’homme.
Sans doute, dans bien des cas, c’est la faute de la femme, surtout
lorsqu’elle essaie d’imiter les vices de l’homme au lieu d’exprimer son
caractère et son originalité propres. Le résultat est une caricature indé-
cente. Bien sûr, il n’y a pas de restriction en ce qui concerne la créativité
spirituelle des deux sexes. La créativité dans la pensée, dans l’art et dans
la construction de la vie font partie de l’esprit et appartiennent aux
deux sexes. Tous deux ont leurs traits caractéristiques et cela rend la vie
d’autant plus belle. Et ces traits devraient être affirmés avec plus de con-
viction afin de raviver la salutaire beauté du romantisme et de l’héroïsme.
Suite à ce raffinement de la conscience et des sentiments, la superbe
destinée des deux sexes se manifestera de façon éclatante.
En conclusion, je puis dire que beaucoup de familles n’ont pas droit
à cette appellation parce qu’elles sont unies illégalement. En vérité, bien
des unions légalisées par les lois humaines devraient être considérées
comme illégales. La véritable union légale est une grande science de
l’avenir. Cette science sera construite sur des lois cosmiques immuables.

187
On a beaucoup parlé et on parle encore de l’affinité des âmes. Mais qui
connaît et comprend cette vérité dans toute la grandeur de la loi Cosmique ?
Vous vous souvenez que dans les livres de l’Enseignement de Vie, il est
dit que les humains devraient être réunis selon les Éléments. Seuls des
parents appartenant au même Élément peuvent engendrer des enfants
sains et équilibrés. « Et dans la vie, on voit fréquemment que le Feu est
allié à l’Eau, ou l’Air à la Terre. La dégénérescence de nations entières
est le résultat de ces mélanges. » Il arrivera un temps où cette vérité
sera comprise dans toute sa gloire et les gens l’appliqueront dans la vie
comme le plus essentiel. Les formes de vie et toutes les fonctions humaines
doivent être reconstruites selon les lois du Cosmos – c’est-à-dire, pour
autant que l’humanité prenne à cœur la continuité de son existence et
de son évolution sur cette planète – sans quoi, la destinée de la Lémurie
nous attend, soit la destruction par le feu.
7. Cela est certain, j’approuve le combat contre l’avortement, mais
comment allez-vous combattre ce fléau ? Il n’existe pas de lois qui
puissent garder ou abolir quoi que ce soit. C’est pourquoi je pense pour
ma part que vous devez avant tout lutter pour élever le niveau de cons-
cience des générations montantes et les orienter vers une juste compré-
hension de la mission cosmique de l’homme en général et de celle de
la maternité en particulier. On devrait consacrer plus de réflexions au
travail créatif et au vaste problème du Bien Commun à l’échelle cos-
mique. Il est important de chercher à se situer à une échelle mondiale.
Et de nouveau, nous retournons à la même question fondamentale –
élever et éduquer. Un Grand Esprit s’est exprimé ainsi : « L’ignorance
est la source de tous les maux. » Et cela est tellement juste. L’histoire
de l’humanité, avec les sombres pages des persécutions de ses plus
valeureux représentants de la connaissance, en est une preuve.
8. Sans doute, chaque mère et chaque enfant ont droit à la sécurité
et ici non plus il n’y a pas lieu de distinguer entre légitime et illégitime.
Mais nous devrions aller plus loin et dire que chaque citoyen à droit à
la sécurité au travail. Tant de changements doivent intervenir. Et ici, la
voix du cœur – la femme – devrait aider.
9. Vous demandez : « Est-il dans le plan de la Fraternité Blanche
de préserver les anciennes formes de la famille et de les renouveler
spirituellement ? » Certainement, les formes en elles-mêmes sont sans
grande importance. Ce qui importe est la conscience spirituelle qui
anime ces forces. J’ai déjà répondu à votre question en traitant de la
grande science du futur, laquelle devrait être basée sur des lois cosmi-
ques immuables. C’est pourquoi nous ne devons pas nous faire de souci

188
quant aux nouvelles formes, mais devrions animer les anciennes avec
une nouvelle compréhension. J’ajoute ces lignes de l’Enseignement :
« Si l’humanité s’intéressait aux lois cosmiques au lieu de se préoccu-
per de règlements et de ce qu’on appelle les innovations, il aurait été
possible d’établir l’équilibre, qui est de moins en moins respecté, en
commençant par la loi de la génération jusqu’au couronnement cosmi-
que. Les lois cosmiques sont unitaires. Leur unité pourrait être démontrée
sur tous les plans. Le principe de l’évolution est une constante qui se
retrouve à tous les niveaux, physique et spirituel. Les gouvernements
et les institutions sociales pourraient donc utiliser les lois cosmiques
pour s’améliorer. »
10. Et maintenant à propos des groupes. Il est souhaitable de les
former selon le niveau de conscience. Le moyen idéal serait de regrouper
les membres selon la composition ou la couleur de leurs auras, parce
que le rayon qui réunit des auras harmonisées acquiert une puissance
d’attraction accrue, tandis que des combinaisons dissonantes repoussent.
Deux auras harmonisées peuvent garantir le succès, parce que la réaction
de rayons unifiés fait progresser chaque entreprise. Mais comme nous
sommes loin de pouvoir déterminer ne serait-ce que la couleur des auras –
quoiqu’on note quelques progrès dans cette direction – la seule chose à
faire est de mettre ensemble des gens qui s’entendent bien. Le responsable
devrait surveiller attentivement les caractéristiques de ses collaborateurs.
À ce propos, il y a aussi une indication dans l’Enseignement de Vie :
« […] L’Enseignement doit correspondre aux besoins des étudiants.
Lorsqu’un étudiant avance plus rapidement, il faut lui offrir les moyens
de progresser davantage. Si le navire le plus rapide réduit sa voilure
afin de rester au niveau des autres, ne diminue-t-il pas son potentiel ?
[…] L’instructeur vigilant devrait pouvoir discerner ceux qui sont capa-
bles de progresser rapidement. Inutile de les féliciter, mais on devrait leur
dégager le chemin. Il est préférable de leur fournir des cours intermé-
diaires, car ainsi les étudiants pourront s’élever plus rapidement. Ne
leur cachez pas les difficultés ! Pour un certain type de conscience,
chaque action héroïque constitue déjà une source de lumière et de joie.
« L’instructeur doit également déterminer rapidement la direction de
pensée d’un étudiant, parce que des conseils inadaptés sont très mauvais
et qu’ils peuvent faire fuir les meilleurs travailleurs. Tout programme
inflexible est comme un cadavre intolérable sous le soleil de la connais-
sance. » (Ère Nouvelle – Communauté, no 207).

189
Vous citez des passages du livre Agni Yoga avec l’idée juste qu’en
procédant à la formation de groupes il faut suivre les indications tirées de
ce livre. Il est nécessaire de se rappeler que ces indications se rapportent
à trois groupes différents. Alors que dans la section 137, les indications
concernent le groupe restreint des collaborateurs les plus proches, dans
la section 310, elles concernent les gens en général et non les proches
collaborateurs en particulier avec lesquels il faut faire preuve de tolé-
rance, car il va de soi que les proches collaborateurs « ne regardent pas
dans des directions différentes », à moins qu’ils n’illustrent la fable du
brochet, de l’écrevisse et du cygne1. La section 311 concerne un groupe
en formation et se préparant à s’unir dans l’Enseignement2.
L’unification des consciences ne peut se faire en une seule occasion.
Elle demande un grand effort. Il faut faire preuve de beaucoup de patience
mutuelle, de tact, de sincérité et de générosité. Mais quand on réussit, tout
devient possible, car alors de Hautes Directives sont constamment prodi-
guées.
Pourtant, s’il est difficile de former des groupes harmonieux, il est
encore plus difficile de trouver un instructeur adéquat. Il est particulière-
ment important d’avoir des instructeurs expérimentés pour les débutants.
Bien sûr, les capacités d’un instructeur se développent pendant son
travail. D’ailleurs, souvent les instructeurs apprennent davantage des
personnes dont la conscience est moins développée que de celles qui
sont à peu près à leur niveau. C’est parce que les personnes simples en
posant des questions intensifient nos ressources, de sorte que nous réussis-
sons à leur répondre selon leur réceptivité. Il en résulte un excellent
exercice d’éclaircissement de la pensée. En vérité, on apprend tout en
enseignant.
Oui, dans toutes les situations nous devrions avoir confiance en
notre connaissance directe, ou au cœur. Il n’y a pas d’autre appareil de
mesure. Chaque cas est différent et inédit, surtout s’il y a tout un extra-
ordinaire concours de circonstances. Et c’est le cœur qui doit indiquer
la décision juste en toutes choses.
Vous êtes maintenant au seuil d’un travail nouveau et chargé de
responsabilités. Selon votre belle expression, le « Cœur Ardent » qui savait
comment répandre la joie n’est plus. Mais chacun devrait trouver cette joie
au fond de lui-même, car la Lumière est en chacun de nous. Le « Cœur
Ardent » a allumé le feu. C’est votre devoir et celui de vos proches collabo-
rateurs de préserver ce feu et de le raviver en une flamme inextinguible.
L’œuvre commencée est si grandiose, si belle, si universelle et essentielle,
que cela devrait être une joie de pouvoir seulement y participer. Qu’y

190
a-t-il de plus grand que d’œuvrer pour le Bien Commun et pour la
Hiérarchie de Lumière ?
Des événements importants sont près d’arriver et plusieurs nouveaux
travailleurs seront nécessaires. Ceux qui ont assimilé les bases de l’Éthi-
que Vivante devraient aider à maintenir l’équilibre vital, et affirmer l’épo-
que qui vient en manifestant une véritable compréhension de l’esprit
de la beauté et de la coopération.
Alors, bonne chance dans cette nouvelle tâche. Courage et joie, car
la Main qui Guide n’abandonne pas ceux dont l’aspiration est sincère.
____________
1 N.D.É. La fable mentionnée dans la lettre est bien connue en Russie et concerne le
fait que le brochet, l’écrevisse et le cygne ne peuvent travailler ensemble, car le brochet
cherche toujours à plonger, l’écrevisse à avancer, mais lentement, et le cygne à s’envoler.
2 N.D.É. Voici les textes des trois sections mentionnées :
« Les hommes ne veulent pas comprendre que l’action du groupe multiplie les forces.
Le dodécaèdre est l’une des figures les plus parfaites. Cette formation dynamique peut
résister à maints assauts. Un groupe de douze personnes, systématiquement unies,
peut en vérité maîtriser même des événements cosmiques. Il faut aussi comprendre
que l’extension d’un tel groupe peut l’affaiblir, détruisant le pouvoir dynamique de
sa structure. C’est pour cette raison que Nous préférons former de petits groupes.
Sans doute, certaines conditions karmiques peuvent attirer des éléments karmiques
divers. On ne peut les expulser de force, mais on peut les éliminer rapidement. Le
devoir de chaque membre évolué du groupe est de repérer les indésirables et d’exercer
le pouvoir de la volonté pour régler les vieux comptes de la vie.
« Parfois, ce ne sont pas de mauvais mobiles qui attachent à une personne estimable
des éléments peu souhaitables – c’est un peu comparable à un navire surchargé
d’une marchandise impropre. Mais le pilote doit savoir discerner la qualité de la
cargaison et rejeter ce qui ne correspond pas. Il faut surtout éviter les promesses.
Ces engagements s’attachent au navire comme des coquillages. Reconnaissez les
mérites de celui qui est digne d’estime, mais ne l’accablez pas de promesses. Un
groupe uni doit être libre de promesses mutuelles. Seule la conscience de la struc-
ture à édifier doit être à la base des rapports de groupe. Je ne parle pas de cercles
magiques, mais du travail de véritables groupes. » (Agni Yoga, no 37).
« Imperceptibles sont les frontières du développement de la conscience. Bien entendu,
il existe des degrés, mais les lignes qui les distinguent les uns des autres sont sinueuses.
Il est difficile de juger au moyen de généralités. Spécialement en ce qui concerne les
stades inférieurs, le jugement doit être prudent pour ne pas causer de dommages.
« Comment obtenir que tous prennent la même direction ? Mais en regardant dans des
directions différentes, les gens peuvent voir différemment, sans porter atteinte à
l’Intérêt Général. Qu’on regarde donc de différents côtés. Qu’on observe tous les
points de l’espace étoilé. L’œil doit absolument apprendre à observer. Permettez-leur
d’utiliser tous les trésors publics, mais en respectant le Bien Commun. Qu’on utilise
toutes les sources et celui qui absorbera le plus sera le plus grand. Le feu de l’esprit
se manifeste dans une si large variété. Par conséquent, même si on doit se tromper,
il vaut mieux surestimer que diminuer les potentialités du bien.

191
« En traversant une prairie, ne cueillez pas de fleurs sans raison. Durant le parcours,
considérez que même le collaborateur le plus maladroit peut apporter sa pierre à l’édi-
fice. Il n’est pas nécessaire de rejeter qui que ce soit avant qu’il n’ait franchi la ligne
de trahison. C’est par ce signe noir qu’il faut juger. » (Agni Yoga, no 310).
« Dans l’action, Nos collaborateurs se distinguent des autres par la mobilité de leur
effort et leur large perception des choses. La vie cosmique est faite d’attraction et de
répulsion, ou en d’autres termes d’explosions et d’accumulations rythmiques. L’acti-
vité de Nos collaborateurs obéit à la loi de la nature. On peut observer comment
l’activité enrichit la conscience sans crainte des destructions par explosion. Une
chose demeure inconnue : le repos dans l’inaction. Nos collaborateurs, comme Nous-
mêmes, posent généreusement les fondations.
« Nous avons besoin de semer et Nous savons que les graines ne peuvent être per-
dues, car ce qui existe ne peut être détruit. Nous ne nous intéressons pas beaucoup
au caractère changeant des formes, car la semence n’est pas modifiable. Une telle
semence immuable se trouve en chaque être. Même les actes répugnants ne Nous
empêchent pas de Nous souvenir de l’identité de l’essence. Et cette conscience Nous
rend tolérants. Il Nous paraît évident que la discorde résulte ordinairement d’une
simple absence de corrélation entre les rythmes. Bien entendu, ce manque de corré-
lation fait obstacle à l’unité de l’énergie psychique de groupes entiers, alors que
c’est justement l’énergie du groupe qui permet de hâter l’utilisation des rayons sans
annihilation ou combustion des forces. On peut attribuer le vampirisme, pour une
grande part, à cette non-corrélation de rythme. Il en résulte la destruction, non la
coopération. Par conséquent, repérez ceux dont les ondes ne vous blessent pas,
même si extérieurement ils vous paraissent appartenir à l’âme d’une race étrangère.
« Deux personnes s’asseyant à une table, en face l’une de l’autre, ne peuvent être
des ennemis si elles appartiennent au même Instructeur. La retenue et la tolérance
sont une seule et même chose. Seule la trahison est intolérable. » (Agni Yoga, no 311).

192
LETTRE 13
11 avril 1934

Vous demandez des conseils afin de réussir au mieux dans votre


travail et votre développement personnel. Entre temps, vous avez reçu les
livres de l’Éthique Vivante qui contiennent des indications très précises,
et si au moins un dixième de cet enseignement se trouve appliqué, des
résultats positifs ne se feront pas attendre. Il me suffit d’ajouter que
pour le plus rapide perfectionnement de soi et le développement de la
spiritualité, la chose la plus essentielle est d’avoir constamment à l’esprit
l’idée du très Grand Hiérarque. C’est la concentration sacrée au sujet de
laquelle tant a été écrit et qui est souvent mal comprise. En se rappelant
chaque instant du jour et de la nuit l’Image lumineuse et en exécutant notre
travail en son nom, nous établissons graduellement cette union sacrée
qui finira par mettre à notre disposition l’immense pouvoir de la « Hiéro-
Inspiration ».
Connaissant vos talents littéraires, je vous conseillerais de les utiliser
pour des invocations ardentes, pour l’éveil de la conscience ainsi que
pour raviver l’esprit. En vérité, l’avenir repose sur le renouvellement
de l’esprit ! Après la lecture des livres de l’Enseignement, il ne fait
aucun doute que vous avez compris dans quelle période cruciale nous
vivons et, sachant la lenteur avec laquelle l’élargissement de la cons-
cience se produit, vous devez comprendre qu’il n’y a pas un moment à
perdre. L’existence même de notre planète est mise en cause sur la
Balance Cosmique, et seule l’humanité peut mettre le poids décisif sur
l’un ou l’autre des plateaux. La reconstruction du monde a lieu, et nous
devons fermement décider si nous voulons avancer avec l’Aimant Cos-
mique ou si nous voulons partager le sort des résidus cosmiques.
L’ennui avec la plupart de ceux qui approchent l’Enseignement est
que, tout en admirant sa sagesse universelle et sa beauté, ils ne le consi-
dèrent néanmoins guère plus qu’une belle création poétique. Ils ne com-
prennent pas combien cet Enseignement est essentiel et n’essaient même
pas de l’appliquer à la vie. Ils ne renoncent à aucune habitude, ni au
moindre confort. Pendant ce temps, les signes menaçants de l’orage de
feu, dont il est si souvent fait mention dans l’Enseignement, s’annoncent
et ceux qui ne sont pas éveillés et fermes spirituellement seront anéantis
par milliers dans d’atroces épidémies sans précédent.

193
Il est temps de penser à l’hygiène de l’esprit. L’hygiène du corps
n’est pas aussi importante que l’hygiène de l’esprit. Ni vitamine, ni
piqûre, ni vaccin ne sauveront ceux dont l’énergie psychique est épuisée
ou engourdie. La compréhension de la profonde signification du mot
« service », du grand service, des grandes actions pour l’amour de l’huma-
nité est tellement essentielle. Le terme « podvig »1 est si magnifique !
Il contient l’idée du perfectionnement personnel et de l’abnégation qui
ont pour conséquence un progrès de la conscience, non seulement pour
soi, mais pour toute la nation. En vérité, il faut maintenant faire appel
au « podvig ». Toutes les nations, le monde entier, sont impliqués dans ce
terrible combat et seuls les forts spirituellement en sortiront vainqueurs.
Nous ne devons pas nous duper et penser que les choses s’arrangeront
bien d’elles-mêmes. Non, chaque pays doit réaliser qu’il ne peut survi-
vre que si ses plus hauts représentants comprennent que le combat contre
l’ignorance et les forces de destruction ne peut pas être différé. Toutes les
nations sont mises à l’épreuve. Combien réussiront ? La carte du futur
est déjà dessinée dans les Mondes Subtils, mais beaucoup peut déjà
être facilité.
Soyez donc inspiré ! Écrivez des articles ardents pour la défense
de la culture de l’esprit. Exaltez l’héroïsme et le « podvig ». Ainsi qu’il
est dit dans l’Enseignement : « Là où l’idée d’héroïsme est considérée
comme quelque chose de ridicule ou même de malséant, il y a un réel
déclin. Par un tel signe, on peut juger du délabrement des nations. Les
derniers mots prononcés par le plus Grand des Esprits à ses Frères
avant de quitter cette Terre furent : “Créez des Héros !” »
Le temps est venu où nous devons tous être héroïques et susciter
des héros.
____________
1 N.D.É. Le terme russe « podvig » signifie de grands exploits héroïques accompagnés
d’accomplissements spirituels.

194
LETTRE 14

26 avril 1934

J’étais si heureuse de recevoir les lettres de mes collaborateurs


éloignés. Nous sommes tous unis par le même Enseignement et devrions
nous sentir comme une grande famille. Bien qu’il ne nous soit pas
encore possible de nous retrouver physiquement, il fait bon de savoir que
cela aura lieu un jour. Aussi, préparons-nous pour ce grand moment.
Attendons avec impatience cette fête de l’esprit et du cœur. Nous devons
observer un jeûne spirituel strict afin de pouvoir accueillir la Veillée
Pascale – la Résurrection de l’Esprit – avec une complète pureté de
corps et d’esprit. Aspirons de toutes nos pensées vers ce futur si proche,
et bien des ennuis ou moments difficiles de la vie quotidienne seront
simplifiés, puisque dans nos cœurs nous accepterons les coups inévitables
et les difficultés comme faisant partie d’une grande probation et que
nous vivrons dans la joie des temps qui viennent.
Dites, je vous prie, à vos chers collaborateurs de préserver la flamme
de leur cœur et d’appliquer leurs efforts créateurs pour apporter le
message joyeux de l’Enseignement aux cœurs assoiffés. Tous ceux qui
oeuvrent pour la connaissance nous sont très chers. Personne ne peut
élargir sa conscience sans de difficiles mises à l’épreuve, et il est bien
heureux celui à qui ces épreuves surviennent durant sa jeunesse. Dans le
travail que nous partageons tous ensemble, nous devrions être recon-
naissants pour tous les moments pénibles qui ont trempé notre esprit et
nous ont familiarisés avec la vie et l’âme d’une nation. Il est très juste de
penser que l’humanité sera sauvée par le grand miracle de l’illumination.
« Le miracle se produit au temps annoncé. »
Je suis tellement heureuse d’apprendre votre ferme décision de
vous dévouer au travail planifié par les Grands Maîtres pour le Bien
Commun. Sans une pareille décision, il n’y a pas de progrès sur le
Sentier. Nous avons reçu une prière : « Toi, Ô Seigneur, je Te servirai
en toute chose, toujours et partout. Permets que mon sentier soit marqué
du sceau de l’altruisme ! » Que cette prière devienne aussi la vôtre et celle
de chacun de ceux qui, dans la sincérité, prennent la voie du Service
envers l’humanité. À cet égard, je vais citer des passages de l’Enseigne-
ment :

195
« […] Lorsque le disciple réalise dans son cœur la joie du sentier,
un sentier qui ne connaît pas de friction parce que tout se transforme
dans la joie du Service, il est alors possible d’ouvrir devant lui les
Grandes Portes. Parmi les concepts supérieurs, le disciple doit se souve-
nir en son cœur des enregistrements de Lumière. Parmi les manifesta-
tions effrayantes, le disciple doit se souvenir des archives des ténèbres.
Il est inscrit sur le Bouclier de Lumière : “Seigneur, je viens seul, je
viens en un accomplissement manifesté, je parviendrai au but, j’y par-
viendrai !” Et sur ce Bouclier de Lumière sont également inscrits les
mots « Honnêteté », « Dévouement », « Abnégation ». Mais les archives
des ténèbres sont redoutables. Que la main du disciple s’abstienne d’écrire
sur ces parchemins permanents : « mensonge », « hypocrisie », « trahison »,
« égoïsme ». (Monde de Feu, volume 3, no 7).
« Parmi les facteurs qui nuisent particulièrement à l’ascension, il y
a le service mitigé. Il est impossible d’avancer sans rejeter cette terrible
demi-mesure. Souvenez-vous qu’une fois l’Instructeur choisi, le disciple
doit toujours agir en comprenant tous les effets nocifs de la demi-mesure.
Le danger ne vient pas seulement de l’évidente trahison, contre laquelle
on peut combattre ouvertement avec l’épée, mais aussi des galeries
pernicieuses de la demi-mesure.
« Orientez la conscience des hommes vers la voie de l’honnêteté. Ils
doivent comprendre que l’essentiel est l’honnêteté du Service. Comment
affirmer la croissance de l’esprit, comment prouver son dévouement à
la Hiérarchie, comment purifier la conscience ? En observant cette loi
unique : l’Honnêteté du Service. Gardons toujours à l’esprit le préjudice
causé par la demi-mesure. Les archives des ténèbres contiennent toutes
les décisions et actions mitigées. Aussi, sur le sentier de Feu, ayez à
l’esprit les conséquences de la demi-mesure. S’il était possible de rendre
manifestes toutes les annales du Monde Subtil, l’humanité serait terrifiée
de voir les ombres grises entourant la destruction, la demi-mesure, la
trahison, l’incitation au conflit, le blasphème, l’intolérance et l’égoïsme.
Aussi, sur le sentier de Feu, souvenons-nous du danger de la demi-
mesure […] » (Monde de Feu, volume 3, no 8).
C’est pourquoi tous les nouveaux arrivants ne devraient pas s’atten-
dre à une aide immédiate ou à des résultats spéciaux si dans leur cœur et
leur esprit ils ne sont pas préparés à servir la Lumière. Comme il est dit :
« […] On devrait considérer l’Enseignement comme l’ultime feu, le
dernier morceau de pain, la dernière goutte d’eau. On devrait manifester
l’amour et l’attention comme s’il s’agissait de la dernière possibilité ou
la dernière goutte d’eau. » (Ère Nouvelle – Communauté, no 130).

196
Si de tels efforts étaient développés, nos possibilités seraient accrues.
Un vrai disciple avance, poussé par un amour irrésistible pour le Maî-
tre de Lumière.
Et maintenant, je répondrai à vos questions :
1. Bien sûr, vous avez raison, il faut d’abord appliquer personnelle-
ment l’Enseignement à sa vie et se perfectionner. Comment autrement
pourrons-nous attirer les âmes qui cherchent sincèrement ? Chaque
personne ayant approché l’Enseignement est dans l’obligation de répan-
dre les graines reçues. Mais est-ce que de telles semailles pourront être
fructueuses si nous-mêmes ne sommes pas capables d’apprécier et
d’éprouver les graines qui nous ont été confiées ? Y en aura-t-il beaucoup
qui viendront apprécier nos graines ? La majorité d’entre eux voudront
voir les pousses produites par ces graines. Voilà pourquoi un exemple
personnel et concret de la part de ceux qui ont reçu les graines est très
important. Il est important aussi de montrer la réalité de l’Enseignement,
de prouver jusqu’à quel point il peut changer le caractère et la vie
d’une personne. On disait, il y a bien longtemps : « La foi sans les
actes est stérile. » Par conséquent, l’Enseignement sans son application
dans la vie n’apportera aucun avantage.
2. Vous demandez si vous devez continuer vos méditations. Tout ce
qui développe la concentration de la pensée est très utile. La clarté et la
cristallisation de la pensée devraient être grandement encouragées. En
ces temps-ci, il y a tellement de pensées chaotiques que chacun devrait
être particulièrement vigilant et travailler fort à dompter le courant de
ses pensées et ainsi en contrôler les sauts capricieux. Il est tout à fait
essentiel d’avoir de la suite dans les idées et dans les actes si on veut
élargir sa conscience.
J’ai lu vos méditations. Le thème qui se rapporte à la pensée est si
large. En vérité, la pensée est l’Univers ! Par conséquent, il est donc
conseillé de considérer ce thème universellement et de le rendre aussi
concret que possible. Il est aussi très utile de méditer sur la pensée en
tant que créateur du karma. Le thème « Et nous ouvrons les Portes »
devrait être élargi. Essayez d’imaginer tout le sentier ascendant divisé
en sept Portes, et cherchez l’une après l’autre les qualités qui devraient
être développées pour ouvrir ces Portes – sinon toutes les sept, du moins
quatre d’entre elles. Et un autre thème, « Souriez aux difficultés sur
votre Sentier ». Cela aussi mériterait d’être élargi. Vous devriez insister
encore davantage sur ce qui nous donne réellement la force de résister
aux difficultés, la force « de leur sourire », et sur ce qui nous procure
une source de joie intarissable. Puis développez l’idée de « La Joie comme

197
la Sagesse la plus haute ». Voilà simplement quelques brèves remarques.
De pareilles méditations sur des sujets de l’Enseignement ont une très
grande valeur. Il serait excellent de choisir des idées comme « La Simpli-
cité » ou « Le Podvig ». Ces deux idées sont tout particulièrement souli-
gnées dans les livres de l’Enseignement.
Et maintenant, prenons la quatrième méditation, « La Qualité de l’Air
et la Sérénité de l’Esprit ». Dans cette méditation, je ne suis pas d’accord
avec la phrase suivante : « Nous devons d’abord préparer le temple puis
éduquer l’âme. » L’esprit bâtit son temple, ce n’est pas le contraire. Bien
sûr que le psychisme et le physique sont étroitement liés, et pour être
parfaits, ils devraient être totalement équilibrés. Pourtant, sans le corps
nous pouvons exister, mais sans l’esprit nous sommes définitivement
morts. Je cite l’Enseignement :
« […] Il a été dit avec raison que l’esprit peut vivre sans corps,
parce qu’un corps déformé peut contenir une âme lumineuse. Mais un
corps ne peut, malgré toutes les perfections extérieures, contenir un
esprit qui ne se conforme pas aux accumulations du passé. Il est juste de
dire que [puisque pour la plupart l’esprit humain est étouffé] souvent
les maladies sont une bénédiction, car elles unissent l’esprit au Monde
Subtil. Chaque manifestation se base donc sur deux principes qui répon-
dent aux mesures des Monde Subtil et Terrestre. Certes, ces mesures se
trouvent souvent en proportion inverse. » (Monde de Feu, volume 3, no 88).
Il y a une page dans les livres de l’Enseignement sur le danger de
donner un corps parfait à une âme méchante et sans développement.
En vérité, le mal serait encore plus triomphant ! Il s’ensuit de ce qui vient
d’être dit que nous devrions nous concentrer plus sur le développement
de l’esprit et cultiver le corps physique en accord avec le bon sens.
L’adage qui dit « qu’un esprit sain n’existe que dans un corps sain »
pourrait aussi se dire « un corps sain n’appartient qu’à un esprit sain ».
Si nous commençons par fortifier le corps seulement, nous pouvons ne
jamais avancer. J’encourage tous les collaborateurs à apprendre comment
méditer.
Lorsqu’on a un talent littéraire et qu’on a assimilé l’essence de
l’Enseignement, il serait très utile d’écrire de petits recueils simples de
vulgarisation dans lesquels les idées de l’Enseignement seraient expli-
quées à la masse des gens. Ces courts commentaires accessibles à tous
sont essentiels ! Par exemple, il serait précieux d’écrire sur « l’impor-
tance de l’Instructeur » ou à propos du « pouvoir et de l’importance de
la pensée et de l’énergie psychique », etc., ou de rassembler les divers
paragraphes d’un concept donné dans l’Enseignement et d’y ajouter

198
quelques commentaires qui les rendraient plus clairs. En général, il existe
des possibilités illimitées de travailler sur l’Enseignement et j’accueille
toujours avec une joie particulière les talents littéraires qui peuvent être
mis à contribution. Il y aura tant à faire prochainement, tant de mains
seront nécessaires dans tous les domaines ! On devrait toujours le plus
possible développer ses propres talents tout en gardant à l’esprit la
nécessité d’utiliser et, éventuellement, d’appliquer cette connaissance.
3. Vous demandez s’il serait utile pour vous d’étudier les propriétés
médicinales des herbes. Chaque connaissance est bénéfique et ce domaine
est en effet très noble et extrêmement intéressant.
4. Vous voulez savoir comment on applique l’Enseignement à la vie.
En toute simplicité, de tout son cœur, exactement comme il est indiqué
dans les livres de l’Enseignement. Bien sûr, il peut exister des incom-
préhensions et des questions concernant certains énoncés. S’il vous
plaît, n’hésitez pas à demander. Je serai toujours heureuse de vous aider.
L’Enseignement a été donné pour la vie de tous les jours et il contient
souvent des réponses à des questions précises ainsi que des explications
sur les événements. C’est pourquoi certains passages ne sont pas toujours
clairs pour ceux qui ne partagent pas notre vie. Il m’est arrivée fréquem-
ment de rencontrer des interprétations de sens contraire à ce qui se trouvait
dans l’Enseignement. Cela est inévitable et je serai toujours heureuse de
répondre à vos questions en rapport avec l’Enseignement. Cela éta-
blira entre nous le nécessaire contact spirituel. Aussi longtemps qu’il n’y
a pas de questions, il ne peut y avoir d’Instructeur. Des contacts directs
sont une aide appréciable, particulièrement lorsque nous habitons des
contrées si éloignées l’une de l’autre, car il est très important d’avoir
souvent de longs et constants échanges entre auras. Entre temps, conti-
nuons d’échanger nos idées ainsi que les aspirations de notre cœur, et
transmettons notre énergie psychique imprégnée sur le papier.
Mon cœur est plein du désir de répandre la joie et l’apaisement à
chacun. Je vous prie de vous souvenir du sérieux et de la solennité du
moment, et de tendre de toutes vos forces vers le perfectionnement. Le
futur est grandiose et magnifique.

199
LETTRE 15

5 mai 1934

Il est erroné de dire que le corps subtil est sans forme puisque son
« manque de contours » est relatif. L’Enseignement indique qu’il est
incorporel et non « sans forme ». En outre, on trouve des énoncés dans
les Enseignements ésotériques à l’effet que ces corps primordiaux, subtils
et immatériels, avaient une forme belle et parfaite. Il est impossible de
déclarer qu’elles n’avaient rien de commun avec nos formes physiques
actuelles. Nous devrions considérer le corps subtil comme le prototype
du corps physique. Le premier type physique de l’animal le plus évolué
était sans doute dans son apparence très loin du corps subtil ou de
l’essence spirituelle qu’il revêtait.
Il serait aussi plus correct et compréhensible de dire qu’au tout début
de son évolution terrestre, l’être humain ne possédait pas d’intelligence,
mais que dans son développement spirituel il était en avance sur nous.
La spiritualité est avant tout conscience, et la conscience est le fondement
de l’Univers. Chaque atome possède sa conscience, puisque partout où il
y a vie, la conscience existe. Mais bien sûr, ses gradations sont infinies.
Il est vrai que dans le Monde Subtil, il existe des conditions posthumes
semi-conscientes ou même inconscientes, mais uniquement lorsque la
spiritualité est endormie ou fait défaut. Cela arrive aussi lorsqu’une
personne, au cours de sa vie terrestre, a échoué dans le développement
de ses capacités supérieures et a de ce fait coupé la communication
avec ses centres spirituels qui seuls peuvent lui accorder l’immortalité
de l’Homme-Dieu possédant une claire connaissance. En vérité, c’est
seulement dans le cas d’un Homme-Dieu, d’un Arhat, quand l’union
de l’entendement et de la conscience spirituelle est atteinte, que l’on
peut utiliser les termes « connaissance directe », « clairaudience » et
« clairvoyance ». Donc, en parlant de la spiritualité du premier homme,
il vaut mieux utiliser les expressions « conscience spirituelle », « ouïe
spirituelle » et « vue spirituelle ».
Je vais maintenant vous citer quelques passages parmi ceux qui
seront rassemblés dans le prochain livre. Cela pourrait vous être très utile.
« L’Enseignement sacré indique que l’hermaphrodite n’a jamais
existé dans la réalité, exception faite de quelques cas individuels et

200
isolés dont l’existence a été très brève. Par contre, la théorie des âmes
sœurs possède un réel fondement et enrichit d’une certaine façon le
symbole de l’androgyne. Tous les symboles concernant l’androgyne
ont pour but de montrer que dans toutes les manifestations du Cosmos,
afin de maintenir l’équilibre et la vie, l’existence d’Éléments jumeaux
est nécessaire. En outre, toutes les légendes se rapportant au concept
des âmes sœurs ont pour fondement une grande vérité, étant donné que
dans la loi primordiale l’union des deux Éléments est fondamentale.
[…] Le Feu possède une nature double. En conséquence, dans les mys-
tères de l’antiquité, une flamme double s’élevait de tous les calices. En
outre, tous les dieux de l’antiquité avaient auprès d’eux leur épouse qui
personnifiait l’énergie cosmique. Toutes les Écritures et représentations
sacrées révèlent cette loi cosmique fondamentale. La différentiation a
eu pour résultat la séparation des Éléments, et les Éléments ont été
dispersés dans de lointaines sphères ou mondes. L’attraction qui existe
depuis des éons entre les Éléments les rassemblera et les unira à nouveau,
suite à une complète purification et transmutation. C’est ce qu’on appelle
le « Grand Couronnement » ou la « Couronne du Cosmos ».
Jusqu’à ce jour, cette connaissance a été intentionnellement cachée,
car l’humanité n’était pas préparée à l’accepter dans toute sa pureté et
toute sa beauté. Mais maintenant, l’humanité a atteint un point crucial et
la spiritualité doit dominer, sans quoi la planète risque d’être détruite.
Voilà pourquoi cette loi cosmique très sacrée doit être graduellement
présentée et assimilée pour tenir en échec et purifier l’horrible licence
sexuelle.
L’union spirituelle des deux Éléments est d’une grande beauté, mais
sur le plan physique, les choses sont loin d’être spirituelles. Tout chan-
gement de forme doit correspondre à un élargissement de la conscience.
De magnifiques vases ne devraient être utilisés que dans des lieux
magnifiques. Mais en toutes choses, l’Esprit doit commander. Par consé-
quent, la laideur des hermaphrodites ou des êtres à deux colonnes verté-
brales, ou encore possédant toutes autres particularités monstrueuses
imaginées par certains écrivains ignorants aux idées sordides, n’a pas
sa place dans la future évolution. L’évolution se caractérise par la beauté,
et les races futures seront perfectionnées et affinées en accord avec leur
progrès spirituel. À la fin de la sixième race et au début de la septième
race aura lieu la matérialisation du corps astral. Ce perfectionnement de
la forme et l’augmentation de la spiritualité pourraient être accélérés
par des unions ou mariages corrects. La Grande Fraternité se tient prête
à aider l’humanité dans l’application de cette connaissance sacrée.

201
Maintenant pour continuer, la séparation des sexes signifie qu’après
l’immersion dans la matière grossière, l’attraction des Éléments s’est
affaiblie et les gens ont commencé à se mêler et à s’unir incorrectement.
Le grand martyr Origène a exprimé cela magnifiquement : « Les veuves
sont des âmes qui ont abandonné le mari auquel elles étaient unies
illicitement, mais elles restent veuves parce qu’elles ne sont pas encore
assez parfaites pour être unies à leur Fiancé Céleste. » Bien sûr, nous
devons prendre en considération que – d’après Ruffin le biographe
d’Origène – les écrits d’Origène ont subi de nombreuses « corrections »,
sans quoi ils n’auraient jamais été publiés et auraient même été détruits.
Il est évident qu’il y a eu également des « corrections » ici et que le mot
« Fiancé » a été écrit avec un « F » majuscule pour faire croire qu’il
s’agissait du Christ. Mais dans un autre passage du même ouvrage inti-
tulé Traité des Principes – où il est également question de femmes qui
ont cessé de vivre avec leur époux illégitime, mais qui sont forcées à la
solitude et considérées comme veuves parce qu’elles ne méritent pas
encore leur fiancé – le mot « fiancé » est écrit avec un « f » minuscule.
Il existe certainement des cas contraires, lorsque le fiancé ne mérite pas
encore sa fiancée. Mais comment de pareilles choses ont-elles pu être
écrites en ce temps-là ! N’est-ce pas railler les choses sacrées lorsque
l’Église d’aujourd’hui parle de Mariage œcuménique, même symboli-
quement, en sous-entendant le Christ ? Cela m’a toujours indignée.
Et maintenant, pour répondre à votre question sur le karma. Dans
chaque vie, une personne peut neutraliser une certaine partie de l’ancien
karma qui lui échoit en cette incarnation, et elle commence alors un nou-
veau karma. Mais si la conscience est élargie, elle peut dépasser plus
rapidement le karma accumulé, et le nouveau karma qu’elle se crée
sera déjà d’une qualité supérieure. En outre, l’ancien karma ne sera plus
si effrayant, puisque sa pensée sera purifiée. Pour cette raison, une aura
purifiée réagira tout à fait différemment aux chocs qui lui reviennent.
C’est ainsi que l’homme peut se dégager du cercle envoûtant du karma.
Mais cela ne concerne que le karma terrestre, celui qui le retient à la
Terre, car le karma ne peut être entièrement éliminé aussi longtemps
qu’il y a conscience et pensée. Le karma qui est en harmonie avec les
lois cosmiques augmentera toujours en qualité, commençant puis ter-
minant de nouveaux cycles à l’Infini.
Le karma individuel est toujours le karma de base. Il est formé
premièrement par les tendances, les pensées et les motifs de l’être humain –
les actions étant des facteurs secondaires. Les Bouddhistes disent : « Le
karma est pensée. » S’il n’en était pas ainsi, l’homme ne pourrait pas

202
se défaire de son karma. En vérité, le karma individuel, qui est fonda-
mental et déterminant, peut influencer la création aussi bien que la
liquidation de tous les autres types de karma. En se faisant du tort à
elle-même, une personne fait du tort aux autres. Tout est lié dans le
Cosmos, tout est uni et rien ne peut être isolé de tout le reste du karma.
Par conséquent, le karma individuel aussi ne peut pas être séparé des
autres types de karma, comme le karma de groupe, le karma de race,
etc. Il est dit dans l’Enseignement :
« […] C’est avec difficulté que les étincelles de la créativité pénètrent
sur le chemin du karma. Et la Vérité de l’action karmique est encore moins
comprise. La juste estimation du karma ne vient pas de l’extérieur. Le
karma est contenu dans chaque cellule, et l’esprit transporte sa propre
réalisation et sa propre armure. » (Monde de Feu, volume 3, no 91).

Si le vieux système des castes et des classes avait un but dans le


passé, aujourd’hui il est des plus stupides et provoque la stagnation.
Les classes et les castes sont responsables des graves malentendus entre
les personnes soi-disant « éduquées » et les gens du peuple. Ce terrible
gouffre, cette différence de conscience, est tragique et menace maintenant
toute notre culture. Il y a un grand progrès dans la conscientisation des
grandes masses. Les gens ressentent instinctivement l’égalité fonda-
mentale de l’esprit. Mais, dans leur ignorance, ils ne peuvent percevoir
le grand principe, la vraie loi de la Hiérarchie qui est basée sur la loi de
l’évolution. C’est pourquoi leurs furieuses protestations se font entendre
continuellement sur toute la planète. Par conséquent, le principal pro-
blème des gouvernements devrait être l’éducation des masses, sinon
l’hydre sinistre engloutira tout. Seule la connaissance devrait procurer
des privilèges, mais non pas les distinctions de classes. Les partisans
du système de classes qui manquent de vraie connaissance allument les
passions des consciences ténébreuses. Effrayante et terrible est l’hydre
sinistre de l’ignorance.
Il est faux de croire que le mélange des classes affecte négativement
le karma des gens. En fait, il arrive assez souvent qu’une famille pay-
sanne, saine physiquement et spirituellement, offre le meilleur environne-
ment pour un esprit très développé. Le fait d’être né dans un palais ou
dans la cabane d’un cordonnier ne devrait pas être considéré comme
un mélange de classes, mais plutôt comme l’accomplissement d’un
karma personnel ou encore d’une mission définie. Ainsi, Böhme était
cordonnier, pour la bonne raison qu’en ce temps-là c’était ainsi qu’il

203
pouvait le mieux remplir sa grande mission dans un environnement
relativement paisible. L’épouvantable karma de l’humanité, en commen-
çant par la naissance, est le résultat de la violation des lois cosmiques,
mais ce n’est pas la faute du mélange des classes sociales. C’est ainsi
que dans l’avenir, le mariage sera traité scientifiquement. On dit même
que le choix des conjoints devrait s’effectuer selon leurs affinités avec
certains Éléments.
En négligeant les lois cosmiques fondamentales, l’humanité s’est
créée un triste karma de dégénérescence. C’est pourquoi le contraste
entre les accumulations d’un esprit hautement développé et l’environ-
nement modeste dans lequel il a pu naître n’est pas aussi important que
la disharmonie entre les Éléments de base des parents, laquelle est cause
de toutes sortes de dégradations spirituelles. La pauvreté et les épreuves
ne feront que développer la puissance d’un esprit fort. Les efforts qu’il
fournit pour surmonter les difficultés ont plus de valeur et sont plus
bénéfiques que le succès.
Maintenant, concernant les Seigneurs du karma. Il existe une grande
confusion autour de ce concept. Peut-on imaginer que les Seigneurs du
karma distribuent des parties de karma aux milliards d’âmes incarnées !
Il nous arrive d’entendre de pareilles absurdités. Nous lisons dans les
livres de l’Enseignement :
« Les Forces manifestées pour le Service de la Lumière n’empiètent
par sur le karma comme le pensent certains qui ne connaissent pas la
puissance du karma. Les Forces de Lumière observent les actions humai-
nes, donnant la direction, mais n’empiètent pas sur la vie. Il en existe de
nombreux exemples. Des messagers apparaissent, des avertissements sont
envoyés, la direction est donnée, les chemins sont indiqués. Mais le choix
de l’affirmation désignée est déterminé par la volonté humaine. C’est
de cette manière qu’apparaît la coopération entre les deux Mondes.
« Plus précisément, l’activité autonome de l’esprit attire un meilleur
karma. Ainsi s’explique la raison pour laquelle les Forces de Lumière
ne réfrènent pas l’esprit de certaines actions qui violent souvent ce qui
a été prédestiné. Les hommes s’étonnent souvent que d’autres chemins ne
soient pas indiqués. Ils se demandent pourquoi les Envois sont transmis
par divers canaux. Ils se demandent pourquoi les Forces de Lumière ne
détournent pas certains courants. Répondons : “Jamais les Forces de
Lumière n’empiètent sur le karma humain.” Souvenez-vous de cette
loi sur le chemin vers le Monde de Feu. » (Monde de Feu, volume 3,
no 104).

204
« La loi du libre-arbitre nous empêche souvent de clarifier une
manifestation qui paraît obscure. La même loi indique que vous croi-
sez notre chemin lorsque le libre-arbitre dirige un cœur vers un autre
cœur. » (Monde de Feu, volume 3, no 105).
La portée du karma dans le Monde Subtil, pendant l’état intermé-
diaire de l’âme, pourrait être souligné davantage.
« Le karma s’applique dans toutes les actions, dans tous les Mondes.
Si on peut hâter le karma, on peut aussi le prolonger. Une aggravation du
karma ne se reflète pas seulement dans la vie suivante. Tous les états
intermédiaires sont aussi affectés par cette aggravation. Le Monde Subtil
est étroitement connecté au monde terrestre et il est nécessaire de réflé-
chir à cette question. Celui qui comprend la signification du lien entre
les deux Mondes veillera à ses actions terrestres. Veiller à toutes les
énergies aide l’esprit qui se tend. Le principal obstacle est le manque
de compréhension de la vérité de la vie spatiale. Tout se transmute,
tout est racheté. Certains éléments de la loi du karma ont été indiqués à
juste titre. La loi du karma s’exerce jusque dans l’infini. Plus précisément,
l’aspiration s’élance dans l’infini, les possibilités aussi. Sur le chemin
vers le Monde de Feu, ayons une relation consciente avec la loi du
karma. » (Monde de Feu, volume 3, no 99).
« La transmutation des centres intensifie les énergies créatrices
nécessaires au passage dans le Monde Subtil. Tout effort spirituel produit
des sédiments qui prennent l’aspect d’énergies subtiles au moment du
passage dans le Monde Subtil. Il est donc important d’aspirer aux Sphères
Supérieures. L’extase de l’esprit et la joie du cœur accordent les énergies
qui nourrissent le corps subtil. Seul un sentiment imprégné d’impulsions
supérieures fournit les énergies nécessaires. Comprenez que l’impéril et
les désirs terrestres grossiers produisent d’affreux ulcères que l’esprit
doit guérir dans le corps subtil. Les ulcères spirituels se transmettent
dans le Monde Subtil si l’on ne s’en débarrasse pas sur Terre. La libéra-
tion du véhicule physique ne signifie pas délivrance des ulcères spirituels.
Lorsque l’esprit, sur le point de quitter la Terre, réalise comment il a
utilisé ses énergies, la conscience peut alors racheter une bonne part de
celles-ci. Incitons la conscience à penser aux Mondes Supérieurs. Même
le criminel le plus endurci peut être amené à comprendre le fardeau du
karma et, dans ce but, il faut changer les conditions sociales. Sur le
chemin vers le Monde de Feu, accoutumez-vous à penser à la transmuta-
tion des centres, parce que libération du véhicule physique ne signifie pas
délivrance des ulcères spirituels. » (Monde de Feu, volume 3, no 103).

205
Je vous en prie, faites usage de la littérature ésotérique avec la plus
grande circonspection. Et ne devenez pas trop abstrait. Toutes choses
doivent être présentées aussi concrètement que possible.

206
LETTRE 16

6 mai 1934

Vous dites que vous êtes le type de personne à n’avoir qu’un seul
amour. Cela est sans aucun doute une qualité très importante pour chaque
disciple sérieux. Mais pour un véritable succès, l’amour dévoué devrait
se concentrer sur un seul Instructeur. Il existe plusieurs Maîtres dans la
Grande Fraternité qui acceptent des disciples et les dirigent. Tout être
qui prend la voie du discipulat – et cela ne consiste pas seulement à
étudier la littérature occulte – doit décider au plus profond de son cœur
lequel des Grands Instructeurs de la Fraternité lui est le plus proche. Il
faut alors qu’il s’abandonne complètement à ses Hautes Directives,
sans limite, sans condition. Mais, très souvent, l’aspirant appelé, dans
son désir d’obtenir des progrès rapides, gaspille ses forces et cherche
d’autres Grands Instructeurs et d’autres Enseignements. En se partageant
ainsi deux fois, parfois même trois fois, il perd sa place sur l’escalier de
l’ascension. Réfléchissez à tout ce qui est dit dans l’Enseignement sur
le choix d’un Maître !
Je dois citer un paragraphe de l’Enseignement :
« Se baser du fond du cœur sur le Seigneur est la première condition
sur le chemin vers le Monde de Feu. Il est impossible d’arriver aux
Portails prédestinés sans cette exigence ardente. Bien sûr, reconnaissez
dans l’esprit et le cœur que vous êtes guidé, car la seule acceptation de la
Main du Seigneur ne suffit pas sans la consécration du cœur. Comprenez
cette loi qui unit Instructeur et disciple, car sans un attachement complet
au Seigneur, il ne peut y avoir de lien. Accepter pleinement d’être guidé
signifie relation consciente, car il faut comprendre et sentir dans le cœur
la chaleur qui s’élève des profondeurs de l’esprit. Il est particulièrement
nécessaire de percevoir et d’apprendre à discerner le lien qui unit Maître
et disciple. Souvenons-nous que les vibrations et le karma sont comme des
liens de connexion sur le chemin vers le Monde de Feu. » (Monde de
Feu, volume 3, no 106).
Oui, il est des plus dangereux de dissiper ses forces sur les premières
marches. Ne perdez pas de vue les années de probation et l’ajustement
de l’organisme. Tous les disciples sérieux qui empruntent la Voie du
Service doivent passer par un tel processus. Même les esprits très élevés

207
ne font pas exception sur ce point. Évidemment, tout ce qui a été dit
plus haut ne s’applique pas aux occultistes qui ne s’en tiennent qu’à la
théorie. Mais tel que je vous comprends, vous souhaitez être admis
dans le groupe des disciples réels et, selon vos paroles, votre unique
désir est de rencontrer le Maître et de travailler sous sa Direction. Je
n’ai certainement jamais rencontré personne qui, après s’être familiarisé
avec l’Enseignement, ne serait-ce que superficiellement, ne souhaiterait
pas quitter toutes ses tâches terrestres et rejoindre le Maître dans sa
Communauté. C’est généralement ceux qui ont appris l’Enseignement
de façon superficielle qui demandent à entrer dans la Communauté de
la Grande Fraternité ! Mais ils ne savent pas si leur corps physique
pourrait supporter l’atmosphère extrêmement tendue qui entoure cette
Forteresse. Il faut se souvenir que la transmutation de l’organisme et des
centres nerveux doit se produire ici, sur Terre, au milieu des luttes spiri-
tuelles, au milieu des peines et des difficultés de la vie, au milieu des
épreuves ennuyeuses de la vie de tous les jours. Seule cette lutte est à
même de susciter les énergies nécessaires à la transfiguration et au dé-
passement de tous les attachements et habitudes grossières. La vie terres-
tre est le vrai purgatoire et, si on ne passe pas par là, il est impossible
d’atteindre le Paradis ou d’arriver jusqu’à la Fraternité. Les feux des
énergies supérieures brûleraient l’aura surchargée. La communauté de la
Fraternité est bien trop éloignée d’un environnement terrestre ordinaire et,
par conséquent, ne pourrait fournir les conditions nécessaires aux épreuves.
Qui plus est, les Seigneurs ne s’immiscent jamais dans le karma
d’un être humain, et ils ne font aucune exception. Seul le karma peut
amener une personne dans leur Communauté. Donc, si un tel karma est
prêt, rien n’arrêtera sa réalisation, à moins que l’intéressé lui-même en
décide autrement. Que cette loi vous inspire. Mettez toute votre aspira-
tion à pratiquer dans la vie ce que vous avez appris dans les livres de
l’Enseignement et remettez le reste à votre karma et à la grande connais-
sance des Seigneurs!
Les Grandes Âmes chargées de remplir certaines missions n’ont
pas toujours eu accès à la Communauté de la Fraternité pendant leur
vie terrestre. Par exemple, Apollonios de Tyane fut appelé à visiter la
Fraternité, mais dans son incarnation en tant qu’Origène, il accepta la
tâche la plus difficile de garder la pureté de l’enseignement du Christ
et, pour cela, il fut jeté en prison au lieu d’habiter la Demeure de la
Fraternité et de participer au travail joyeux qui s’y effectue.
Dites aux amis qu’ils ne doivent pas attendre la fin du monde en
1936 comme cela est prédit. Rien de si draconien ne doit se produire.

208
Toutefois, il y aura des événements importants. Dans tous les cas, soyez
assuré qu’il n’y a pas de danger d’être détruit par quelque cataclysme
cosmique ou des catastrophes pour ceux qui de tout leur cœur sont
attachés au Grand Instructeur. En temps voulu, tous les pèlerins seront
rassemblés – mais pas nécessairement dans l’Himalaya, car il y a d’autres
endroits tout aussi importants. On ne devrait pas alourdir l’espace en men-
tionnant des dates fixes, quoiqu’il soit conseillé d’être toujours éveillé
spirituellement et prêt à partir. Penser à l’avenir est le meilleur exercice
pour réussir à se tenir prêt au départ n’importe quand, mais pour cela,
nous devrons faire preuve d’une plus haute qualité et d’une plus grande
attention dans nos activités quotidiennes.

Nous ne devrions pas surestimer les résultats du Hatha Yoga et


penser que « les adeptes du Hatha Yoga sont égaux à ceux du Raja Yoga
dans leur capacité d’éveiller la kundalini et d’acquérir certains siddhis, et
qu’ils atteignent la félicité et la libération de la matière ». Ce n’est pas
le cas ! Le degré de félicité que ces adeptes atteignent par la discipline
du Hatha Yoga est très relatif, et ils n’accèdent jamais à cette libération
de la matière – dans le sens que les Grands Instructeurs entendent. Il
est dit dans l’Enseignement : « Nous ne connaissons personne ayant
atteint le but par le Hatha Yoga. »
Même le développement des siddhis inférieurs atteint par les Hatha
Yogis après des exercices acharnés d’une difficulté physique extrême –
la littérature occidentale ne mentionne pas la moitié de ces horreurs –
n’est pas durable et, dans leur prochaine incarnation, il se peut qu’ils
perdent tous ces siddhis. N’ont de valeur, de stabilité et de durabilité
que les accomplissements qui viennent naturellement, car alors ils sont
le résultat d’un développement spirituel intérieur, et ne peuvent jamais
être perdus. Ce n’est qu’ainsi que les toutes puissantes manifestations
peuvent être atteintes. Les exercices du Hatha Yoga ne devraient pas
dépasser une pratique délicate et très prudente du pranayama, qui amé-
liore la santé, car autrement ils peuvent être dangereux et mener à la
médiumnité, à la possession ou à la folie.
Les Hindous de haut développement spirituel considèrent avec raison
le Hatha Yoga comme tout à fait indésirable, et ils disent qu’au mieux
il peut être utile aux « gens obèses ou malades ». Même Vivekananda –
qu’on cite si souvent maintenant et qui a bien fait mention d’exemples
de personnes de sa connaissance démoniaques et dangereuses qui étaient
capables d’exécuter les miracles les plus étonnants et de guérir des

209
malades condamnés d’un simple regard – était hostile à ces soi-disant
siddhis et à ces miracles.
Ainsi, le meilleur test pour tous les Instructeurs spirituels se trouve
dans l’aimant de leur propre cœur, dans leur capacité de changer spiri-
tuellement le milieu ambiant et de transformer la conscience et la nature
même de leurs disciples. Ce n’est pas dans leurs talents à produire de
soi-disant miracles. Un tel développement exige le rayon ardent d’une
synthèse inhérente à l’ouverture des centres et ne se trouve pas dans
l’obtention de siddhis inférieurs. Aucun pranayama ne procure la puri-
fication nécessaire ou des résultats élevés si la conscience n’est pas
unie au Grand Idéal. Les formes supérieures de Yoga n’ont pas besoin
de pranayama. En Inde, chaque coolie connaît le pranayama, chaque
Hindou moyen le pratique quotidiennement, mais ils sont quand même
assez éloignés d’un accomplissement spirituel. Par conséquent, ne
comptez pas seulement sur le pranayama !
L’accomplissement le plus élevé pour un Yogi est l’ouverture de l’œil
de Dangma, et cela n’est pas ce qu’on appelle la clairvoyance. Il s’agit de
l’éveil de perceptions qui ne peuvent jamais s’acquérir par des moyens
mécaniques, mais qui apparaissent comme résultat de l’accumulation
d’aspirations spirituelles ininterrompues ainsi que d’abnégation s’éten-
dant sur des milliers d’années. Et ces résultats se manifestent sous la
forme d’énergies très subtiles qui sont accumulées et préservées dans
le Calice. Un véritable Yogi devrait faire de son mieux pour éveiller
ces anciennes accumulations et préserver et protéger les nouvelles.
Autrement, il n’est qu’un occultiste ayant étudié les livres et la théorie.
Il est également tout à fait erroné de penser que « les sciences occultes
n’auraient jamais acquis une idée correcte du plan astral sans le travail
désintéressé des Hatha Yogis ». Pareille assertion équivaut à dire que les
bases de la physique et de la chimie auraient été inconnues à Ruhmkorff
ou à Crookes sans le présent travail des étudiants de première année
d’université ! Ou qu’un agronome en sait moins sur la chimie du sol
qu’un simple laboureur.
En outre, la différence entre le Hatha Yoga et le Raja Yoga est
qualitative et non quantitative comme vous le pensez. Le Hatha Yogi
ne peut jamais dépasser les phénomènes psychiques inférieurs. Et il n’y
a jamais eu de cas où un Hatha Yogi est devenu un Raja Yogi. Leur chemi-
nement est entièrement différent. Les véritables « perles efficaces »
comprennent le Raja Yoga, le Jnana Yoga, le Bhakti Yoga et l’Agni
Yoga, mais pas le Hatha Yoga comme certaines personnes ignorantes
le pensent, tout comme des perles artificielles ne peuvent être comparées à

210
de vraies perles. En outre, je ne peux comprendre l’idée suivante :
« Mais néanmoins, le Hatha Yoga donne à ses adhérents des perles
efficaces d’accomplissements élevés, et de la même façon chaque occul-
tiste doit considérer les accomplissements de l’Agni Yoga comme compa-
rables et comme une formidable victoire de l’esprit sur la chair. » Ici
encore, l’Agni Yoga est mis sur le même pied que le Hatha Yoga, alors
que ces deux Yogas sont diamétralement opposés. Comme il est dit :
« En vérité, l’Agni Yoga n’a rien de commun avec le Hatha Yoga. Cela
doit être compris profondément. » L’Agni Yoga travaille avec la trans-
mutation la plus haute des feux de tous les centres, et cela ne peut être
atteint par aucune méthode mécanique, mais requiert plutôt le contrôle
direct du Grand Instructeur. Le grand accomplissement que procure
l’Agni Yoga peut seulement être atteint par un esprit en possession
d’accumulations spirituelles de longue date rassemblées dans le Calice,
alors que ceci n’est pas une nécessité pour le Hatha Yogi. Une autre
caractéristique de l’Agni Yoga est que ces accomplissements doivent être
acquis dans la vie de tous les jours, tandis que tous les autres Yogas – à
l’exception du Karma Yoga – exigent un isolement de la vie habituelle
et sont de ce fait inadaptés à l’évolution actuelle et future.
Il est également faux d’appeler tout néophyte de n’importe quel
Yoga un « Yogi ». Le Yoga, ou communion, ne s’acquiert que par un
entraînement spirituel ardu et constant, et ne peut être accéléré, comme
je l’ai dit plus haut, que par des accumulations liées au karma. Par
conséquent, il est faux de dire « qu’un Raja Yogi devient parfois un
fanatique, qu’un Jnana Yogi devient un spéculateur intellectuel et qu’un
Bhakti Yogi devient un fanatique religieux qui se réjouit “de la juste”
punition des hérétiques ». Il serait plus juste de dire « que ceux qui ont
certaines tendances pouvant éventuellement les conduire à devenir des
Raja Yogis dans leurs prochaines incarnations peuvent se révéler première-
ment des fanatiques, que ceux ayant certaines tendances Jnana peuvent
se révéler des intellectuels pédants et que ceux ayant certaines tendances
Bhakti peuvent se révéler des pratiquants hypocrites ». Quoiqu’il en
soit, lorsqu’on a atteint un haut degré de vrai Yoga – que ce soit le
Raja, le Bhakti ou le Jnana – il ne peut plus y avoir de réelle perversion
des principes directeurs d’une façon aussi grave. Un roi de l’Esprit ne
peut devenir un fanatique, pas plus qu’un Philosophe Jnana ayant déve-
loppé l’œil de Dangma ne peut devenir un pédant intellectuel ou qu’un
Bhakti – un seigneur de l’aimant cosmique du cœur universel – ne peut
se réjouir d’une « juste punition ». Quant l’Enseignement dit qu’il y a
« des signes d’un Hatha Yogi chez l’athlète insupportable, des signes
d’un Bhakti Yogi chez l’hypocrite et des signes d’un Raja Yogi chez un

211
fanatique », il s’agit de tendances caractéristiques qui, si elles étaient
transmutées par le feu spirituel, pourraient conduire vers l’un ou l’autre
des différents types de Yoga. Mais non le contraire !
Il faudrait aussi prendre en considération que le Hatha Yoga est
dangereux parce que, d’une façon étrange, il renforce le corps astral et
le retient pour un temps très long dans les sphères astrales inférieures,
ce qui empêche l’évolution de l’esprit. Dans les temples de l’Inde, on
trouvait et on trouve encore la coutume d’entretenir des Hatha Yogis
capables de produire certains phénomènes du type astral inférieur. Ils
sont censés mener une vie très pure, mais même lorsque c’est le cas, ils
ne sont jamais initiés aux pouvoirs spirituels supérieurs. Et si un tel Hatha
Yogi quitte le temple, il n’y sera plus jamais accepté de nouveau, car en
se libérant du contrôle élevé il devient la victime et parfois même un
agent des forces des ténèbres, à cause de son facile accès aux sphères
inférieures du Monde Subtil. C’est aussi la raison pour laquelle les
Hiérophantes d’Égypte n’acceptaient jamais de disciples aux tendances
médiumniques et qu’ils évitaient même les serviteurs lymphatiques.
Aucun médium, aucune personne lymphatique, ne peut devenir un véri-
table Agni Yogi.
Les Grands Instructeurs sont attristés de la prédominance du psychisme
inférieur au détriment de la vraie spiritualité. Sans la compréhension et
l’application de l’Éthique Vivante, sans la spiritualité, le psychisme
inférieur peut mener aux conséquences les plus graves. C’est pourquoi
si l’on veut devenir un disciple accepté, il est nécessaire de travailler sur
soi, de s’améliorer moralement et spirituellement, et de vivre l’Ensei-
gnement dans la vie. Cela élargira la conscience et établira l’équilibre
nécessaire. L’Enseignement est magnifique et vrai lorsqu’il est compris,
mais aucun artifice de pseudo-occultisme ou de magie ne mènera au
vrai discipulat. Pour pouvoir remplir sa coupe à la Haute Source, chacun
a le devoir de produire les hautes vibrations correspondantes. L’appli-
cation dans la vie de l’Éthique Vivante est le moyen le plus rapide pour
atteindre le but.
Grande est la mission d’embraser la conscience des gens par le
« podvig » – par des grands actes de courage. Le podvig peut changer les
gens dans ce qu’ils ont de plus essentiel. Jamais peut-être, l’idée de
podvig n’a été aussi nécessaire que maintenant. Quel terme superbe
que podvig ! Combien expressif ! Et remarquez qu’il n’a pas d’équivalent
dans aucune autre langue occidentale. Souvenez-vous donc, je vous en
prie, que la communion avec l’Instructeur s’acquiert par le cœur, par
une pensée purifiée et par un long et infatigable travail sur soi.

212
Voici encore une autre mise en garde : l’occultisme théorique est des
plus dangereux. Un fleuve de livres des plus nocifs inonde le marché.
Peut-être – et heureusement – que tous ne sont pas traduits en russe.
Comme il est dit : « Beaucoup d’entre eux sont écrits par des mains
auxquelles manquent la beauté, la connaissance et l’honnêteté. »
Il a été dit par le Grand Instructeur que « seule Blavatsky savait »,
et c’est notre devoir de réhabiliter la mémoire de cette grande femme
martyre. Si vous connaissiez toutes les calomnies dont madame
Blavatsky a été l’objet, toutes les trahisons et les perfidies qui l’ont
entourée, vous seriez horrifié. Tant d’ingratitude, de méchanceté et
d’ignorance. Et bien sûr, toute cette laideur est le fruit de l’ignorance.

Vous avez demandé si votre article sur la « Bannière de la Paix » conte-


nait des choses superflues. Voici ma réponse. En établissant trop d’inter-
dictions, on peut faire peur ou arrêter l’aspiration. Parfois, il arrive qu’une
soi-disant nonchalance – produite dans une bonne intention – engendre
d’heureux résultats. Toutefois, n’en faites pas une règle. L’attention et
la prudence sont les qualités premières de chaque disciple, car il doit
savoir à quelles énergies il a affaire.
Je vous demande de ne pas être contrarié par mes remarques. Je sais
que vous avez le courage et les capacités nécessaires pour devenir un
disciple et collaborateur sérieux. C’est pourquoi je vous écris sans senti-
mentalité ni compliments. Rappelez-vous les paroles de l’Enseignement :
« L’Enseignement n’est pas un sirop sédatif […] seuls les forts en spiritua-
lité atteindront le but et deviendront des disciples acceptés. L’Enseigne-
ment de l’Éthique Vivante est magnifique dans sa vitalité, son austérité
et la concision de ses formules si claires. »

213
LETTRE 17

25 mai 1934

Vous écrivez sur l’incapacité des gens d’aujourd’hui à comprendre


les idées spirituelles. Mais quand y a-t-il eu des temps meilleurs ? J’ai
plutôt l’impression qu’il existe aujourd’hui une recherche de la vérité
plus sérieuse que jamais. De nombreuses catastrophes nous forcent à
réfléchir et à rechercher les causes profondes des événements actuels.
Nous avons eu la joie de rencontrer un grand nombre d’âmes magnifiques,
et certaines d’entre elles ont passé par de grandes détresses sans perdre
leur fermeté, et continuent de servir le Bien Commun sans compter.
Vous avez raison, de nos jours nous avons besoin de synthèse. Mais
la majorité ne peut l’accepter ni la réaliser, car la synthèse ou l’illumina-
tion de l’esprit est un accomplissement très rare. Cette synthèse consiste
en une accumulation de plusieurs énergies qui se sont cristallisées au
cours d’innombrables existences de dévouement. Mais trouvons-nous
vraiment beaucoup de travailleurs dévoués à la Lumière ? C’est pourquoi
le type de synthèse dont il est question dans les conférences publiques
et les homélies ne peut pas apporter de bons résultats. Comme vous le
dites vous-même, ces conférences ne sont pas suivies par des gens prêts
à les entendre, et souvent ils ne viennent qu’en curieux. Les chercheurs
sincères sont les bienvenus, et il dépend d’eux de recevoir autant qu’ils
le peuvent. Bien sûr, les chefs spirituels devraient être en possession de
la synthèse spirituelle et donner l’information avec sagesse, en étudiant
chaque cas séparément et en accordant juste ce qui est nécessaire à
chacun. Le responsable devrait trouver les paroles justes qui conviennent
à chacun. Son cœur ouvert à tous devrait avoir de la place pour quiconque
cherche sincèrement son aide. Personne ne devrait repartir déprimé
par la largeur de ses vues. Il devrait savoir exactement ce que chacun
peut assimiler. C’est alors seulement qu’il peut répandre la joie.
Vous écrivez que peut-être « dans votre pays il sera plus aisé de
bâtir la synthèse ». Espérons que les dirigeants choisis posséderont une
telle synthèse, car en vérité on ne peut construire solidement que par la
synthèse. Et l’échec du temps présent est la conséquence du manque
de synthèse dans l’esprit des dirigeants.
Je cite l’Enseignement :

214
« La crête où se tient le chef se fonde sur les principes les plus
élevés et ne tolère aucune déviation. Seul un vrai chef sait où se trouve
le lieu commun entre des points de vue opposés. Il doit localiser les
frontières cachées qui lui indiqueront la solution. À chaque jour, à chaque
heure, le chef doit résoudre des problèmes. Ici, il trouve un comportement
fondé sur l’amabilité, là un comportement fondé sur un manque de
fermeté. Bien sûr, l’un peut résulter de l’autre, mais entre les deux se
trouve suspendu le glaive de la justice. Car l’amabilité appartient à la
Lumière, et la mollesse de caractère aux ténèbres. L’esprit du chef,
comme un glaive acéré, doit saisir la frontière qui les sépare. Cependant,
l’endroit où il faut trancher est étroit. Tout aussi étroite est la frontière
entre le courage et la cruauté. Seul le cœur du chef peut percevoir le
lieu de cette frontière.
« Les problèmes de justice ne se trouvent pas seulement dans les
grandes choses. Toute la vie est pleine de ce genre de questions. C’est
pourquoi il n’y a pas pour le chef de « petites » ou de « grandes » choses
à traiter. Il accorde donc son entière attention et son entière vigilance à
toutes ses décisions, grandes ou petites. Le chef ne sollicite jamais
l’avis des autres, mais il est toujours prêt à accepter leur opinion. Il
n’est jamais en retard, mais il sait quand il doit partir. Il sait qu’il est
parfois avantageux d’arriver à l’improviste, et il peut calculer à l’avance
le temps nécessaire pour chaque tâche. Il lui importe peu qu’on dise du
mal de lui, mais il pèse chacune de ses paroles. Il est incorruptible, parce
que les richesses terrestres n’ont aucun attrait pour lui. Il comprend
l’importance du son et de la couleur, car il est un guérisseur des cœurs
humains. Il se réjouit à la vue de la Vérité et rejette l’illusion. Ainsi, la
voie du chef est la voie de la Vérité. »
Il y a tant de suggestions à puiser par les dirigeants dans les pages
de l’Éthique Vivante. Chaque livre parle de tolérance, de la capacité
d’inclure et de comprendre – ces qualités ne sont-elles pas en fait les
fondations de la synthèse ?

215
LETTRE 18

26 mai 1934

Voici les réponses à vos questions :


1. L’idée de l’Unité du Cosmos a été présentée à l’humanité depuis
les temps les plus reculés dans la « Première Révélation », dont le souve-
nir est conservé dans plusieurs traditions sacrées, dans les représentations
et les écrits de tous les peuples de l’antiquité.
2. Dans les temps anciens, parmi toutes les nations, il y avait toujours,
et il y a encore aujourd’hui, deux genres de religion – une pour les
initiés et une pour la masse. En d’autres mots, une religion ésotérique et
une religion exotérique. Et cela est bien compréhensible, si l’on consi-
dère le stade de développement des masses en ces temps-là.
3. Pour les initiés, tous les dieux n’étaient que les personnifications
de certaines forces cosmiques. Ceci explique parfois l’étrange aspect
de ces dieux de même que les symboles animaux utilisés.
4. Moïse était vraiment un grand chef et vous dites avec raison
qu’il était le fondateur d’Israël. Toutefois, l’idée du monothéisme n’est
pas de Moïse. Cette idée existe depuis les temps les plus reculés. C’est
pourquoi la croyance que le peuple Juif a introduit cette idée dans le
monde n’est pas tout à fait correcte.
Moïse, qui était un disciple des anciens prêtres égyptiens, avait été
initié à leur connaissance secrète – l’Unité du Cosmos, l’unité dans ses
multiples formes. Et c’est cette idée d’unité qu’il affirme dans le mono-
théisme – aux masses justement, en leur présentant Jéhovah comme un
aspect de la Divinité. Il y avait aussi d’autres raisons pour lesquelles
Jéhovah fut choisi comme Élément Directeur – ou Dieu – pour le peuple
Juif. Rappelons-nous à quel point la science de l’astrologie était avancée
dans l’Égypte ancienne. Jéhovah était relié à Saturne, et Israël en tant
que nation était né sous le signe de cette planète.
Bien que l’idée du monothéisme soit très prononcée dans la religion
exotérique des Juifs, leur panthéon sacré est aussi peuplé que celui des
autres peuples, incluant celui des chrétiens : la Hiérarchie des Forces,
l’Échelle de Jacob et tous les Esprits Planétaires vénérés par l’Église
catholique.

216
5. Moïse était Juif et les histoires sur son origine égyptienne sont
tout à fait fausses. Même analysée d’un point de vue purement psycho-
logique, une telle opinion n’est pas digne de critique. Tous les gestes et
développements de l’épopée de Moïse militent contre une telle thèse.
6. Moïse était un chef et un dirigeant dans tous les sens du terme et
il devait assumer la lourde tâche de fonder une nation à partir d’une
tribu nomade qui avait connu l’esclavage pendant une période très longue
et qui avait, de ce fait, développé de nombreuses qualités négatives. À
partir de cette tribu, il devait construire une nation et lui donner les
bases et les concepts nécessaires à l’organisation d’un gouvernement.
Toutes les allusions à la cruauté et à la vengeance de ses lois ne sont
pas justes et, lorsqu’on étudie ses lois objectivement, on est étonné de
voir leur sagesse et leur magnanimité. Sous bien des aspects, elles sont
plus généreuses que nos lois actuelles. Et si nous sommes réalistes,
nous ne devrions même pas essayer de critiquer la soi-disant cruauté
de Moïse, car notre époque actuelle est pleine de terreur et des crimes
les plus atroces.
Qui plus est, trouvez-vous cruel d’éliminer des hommes sauvages
et bestiaux ? Parmi les Israélites qui furent sortis de l’Égypte, il y en
avait un grand nombre qui n’étaient pas civilisés et qui étaient pareils à
des bêtes – la Bible en fait mention. Il a fallu que le chef sauve les
meilleurs éléments avec lesquels il espérait construire la nouvelle nation.
Voilà pourquoi la sévérité était nécessaire pour l’amour de la justice et
de la miséricorde. La sévérité et la miséricorde sont basées sur une
même idée fondamentale.
7. De même, en ce qui concerne le proverbe si souvent cité, « Œil
pour œil, dent pour dent » (Exode 21 : 21-25), qu’on considère toujours
comme un exemple de vengeance, ne pensez-vous pas qu’il s’agisse de
l’inévitable loi du karma ? Et considérez les paroles suivantes du Christ :
« Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras pas ; celui
qui tuera est bon pour la condamnation. – Et moi, je vous dis : Quiconque
se met en colère contre son frère est bon pour la condamnation. Quiconque
dira à son frère : Raca ! est bon pour le sanhédrin. Quiconque lui dira :
Fou ! est bon pour aller à la géhenne du feu. Si donc tu viens présenter ton
offrande à l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose
contre toi, laisse ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier
avec ton frère ; puis, reviens présenter ton offrande. » (Matthieu 5 : 21-22).
Nous trouvons les paroles du Christ encore plus sévères que celles de
Moïse, à moins que nous prenions en considération cette même loi du
karma. Par conséquent, soyons justes.

217
Et dans le même chapitre (17-18), le Christ dit : « N’allez pas croire
que je sois venu abroger la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu
abroger la Loi, mais la parfaire. Car, je vous le dis en vérité, avant que
passent le ciel et la terre, pas un seul iota ni un seul petit trait ne passera
de la Loi, que tout n’ait eu lieu. » Et comme nous le savons, les Juifs
suivaient la loi de Moïse. Les versets suivants (38-39) du même chapitre
peuvent paraître incohérents : « Vous avez appris qu’il a été dit : Œil
pour œil, et dent pour dent – Et moi, je vous dis de ne pas tenir tête au
méchant. Au contraire, si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui
encore ta joue gauche. » Mais cette déclaration du Christ, une fois encore,
s’explique à la lumière de la loi du karma. Je vais tenter plus loin de
l’expliquer plus à fond.
Maintenant, essayons d’imaginer la situation où se serait trouvé
Moïse s’il n’avait pas résisté au mal et s’il avait permis aux éléments les
plus mauvais et les plus grossiers de détruire les meilleurs – ceux qui
étaient capables d’assimiler les concepts de moralité et de d’ordre. Que
serait-il advenu de sa tâche ? Son devoir en tant que chef et dispensateur
de la loi terrestre était de protéger son peuple et de maintenir l’ordre.
C’est pourquoi la résistance au mal était fondamentalement nécessaire.
Tous les Enseignements de l’antiquité demandent la résistance active au
mal. C’est ainsi que le célèbre sage et dispensateur de la loi en Chine,
Confucius, disait : « Le bien pour le bien, mais pour le mal, la justice. »
Dans le Cosmos, il y a un combat perpétuel entre le chaos mani-
festé et ce qui n’est pas encore manifesté. C’est le combat des Forces
de Lumière contre les forces obscures. Le Christ Lui-même a résisté
activement au mal d’après les Évangiles. Souvenons-nous comment Il
a chassé les marchands du Temple et toutes les accusations qu’Il a
portées contre les scribes et les pharisiens. Aurions-nous l’intention de
l’accuser de se contredire ? Et de nouveau, si nous essayons de lire
objectivement les paroles attribuées au Christ, nous trouverons un Ensei-
gnement qui est sévère dans sa miséricorde. Voilà pourquoi j’accepte
les paroles suivantes du point de vue du karma : « Et moi, je vous dis
de ne pas tenir tête au méchant. Au contraire, si quelqu’un te gifle sur la
joue droite, tends-lui encore ta joue gauche. » Si cette loi du karma, « Œil
pour œil, dent pour dent », est l’inévitable et exacte justice, cela n’impli-
que aucunement que nous-mêmes, personnellement, devrions tenter de
l’appliquer de cette façon. Si nous le faisons, nous ne sortirons jamais
du cercle vicieux du karma. En effet, nous devons pardonner à nos
ennemis personnels, car qui sait si le coup que nous recevons n’est pas
un coup en retour, tout à fait mérité selon la loi du karma ? En rendant

218
coup pour coup et avec un sentiment de vengeance dans le cœur, nous
n’éliminons pas ce karma, mais le prolongeons et même l’intensifions
pour notre plus grand malheur. En outre, en pardonnant à nos ennemis,
nous diminuons la somme de mal accumulée dans l’espace et nous
nous immunisons contre toutes sortes de coups. De même, essayons de
comprendre les mots suivants : « Aime tes ennemis. » Quoiqu’il en soit,
avec tout ce que nous venons de dire, nous devons résister au mal si nous
ne voulons pas être engloutis par lui.
Il existe plusieurs façons de résister au mal. D’abord, par la puissance
de l’esprit – il est assuré qu’une résistance accomplie sans haine d’un
point de vue occulte est cent fois plus forte. Toutes ces assertions du Christ
prouvent qu’Il était un Initié et qu’Il connaissait la force du coup en retour.
De même, il faudrait qu’on comprenne les paroles tirées du Deutéronome
(le livre de Moïse) : « À moi la vengeance et la récompense. » L’apôtre
Paul use de la même maxime dans son Épître aux Romains. Nous voyons
une fois encore que le Christ n’est pas venu pour détruire la loi, mais
pour l’accomplir.
À part cela, nous ne connaissons pas exactement et complètement
les lois de Moïse. N’oublions pas que la Bible tout entière a été refaite,
sans parler des nombreuses inexactitudes et omissions dans les diffé-
rentes traductions. Il n’est peut être pas nécessaire de mentionner l’Ancien
Testament, puisque même dans le Nouveau Testament se trouvent tant de
contradictions – par exemple les différences entre les versions anglaise
et russe.
8. La Kabbale, de même que tout autre système religieux ou philo-
sophique, est un écho des Enseignements Sacrés de l’Orient – à travers
les Vedas et les Oupanishads, à travers les Enseignements de l’Égypte,
de la Chaldée et de l’Assyrie, à travers Orphée et Pythagore, etc. Dans tous
les cas, le substrat de La Kabbale ressemble beaucoup à celui d’autres
systèmes. Les bases de La Kabbale puisent leur origine dans l’anti-
quité la plus reculée. Dans La Doctrine secrète de H.P. Blavatsky, il est
indiqué que les Juifs ont emprunté leurs concepts de la cosmogonie à
l’Inde, à la Chaldée et à l’Égypte. C’est pourquoi Moïse en tant que
disciple des Prêtres égyptiens, devait connaître la doctrine du karma.
On apprend aussi dans La Doctrine secrète que le peuple Juif tire une
partie de ses origines de l’Inde. Une des tribus Tamoules inférieures
provenant de l’Inde s’est, par des mariages, mélangée aux tribus Sémi-
tiques qu’elle rencontra lors de ses migrations.
Il est dit en outre dans La Doctrine secrète : « Les Juifs se sont
coupés de l’évolution spirituelle en n’acceptant pas l’Enseignement

219
du Christ. » La situation décrite ainsi doit être mise en parallèle avec
d’autres. Certainement, en n’acceptant pas la purification apportée à
l’ancien Enseignement par le Christ, en permettant qu’il soit mis à
mort et en persécutant ses disciples, les Juifs ont sérieusement alourdi leur
karma. De la même façon, le peuple de l’Inde a créé sa triste destinée
en n’acceptant pas les Enseignements du Bouddha et en persécutant
ses disciples. Le Bouddha a apporté la liberté à l’Inde en rejetant le
système des castes. Mais en refusant le Bouddhisme, l’Inde a choisi
l’esclavage. L’acceptation théorique des Enseignements du Bouddha
et du Christ est une chose, mais leur mise en pratique et leur réalisation
par le cœur en sont une autre totalement différente. Le véritable adepte du
Christ et du Bouddha est celui qui comprend qu’une unique Doctrine,
fondamentale et universelle, est la source de leurs enseignements et
leur en fournit l’inspiration. Seul un tel adepte entre sur le sentier de
l’évolution.
Aussi, l’Enseignement du Christ est démesurément déformé. Et
maintenant, c’est au tour du monde chrétien de choisir son karma !
9. Dans leur désir de préserver les privilèges des castes, les Brahmanes
continuent d’inculquer aux communautés ignorantes les superstitions
les plus abominables. Dans ce fouillis de superstitions et de rituels, qui
ont perdu leur signification d’origine, il est très difficile de découvrir
quelque étincelle de ce qui, en son temps, était une connaissance pro-
fonde. Mais les Brahmanes ne nient pas la loi de la Réincarnation et ils
ne la craignent pas, car ils sont convaincus que chaque Brahmane étant
« né deux fois » ne se réincarnera jamais plus dans une caste inférieure.
Dans l’antiquité, le terme « né deux fois » signifiait la naissance spiri-
tuelle ou l’initiation, mais plus tard il devint un titre indiquant une
qualité générale inhérente aux Brahmanes.
La plupart des Brahmanes sont des parasites institutionnalisés sur
le corps malade de l’Inde. La dégénérescence de ce pays est la consé-
quence directe de ce système de castes si terrible, si cruel. Mais
aujourd’hui, les classes les plus éduquées de l’Inde commencent à pro-
tester contre les limitations des castes. Dans certaines parties de l’Inde,
les castes inférieures reçoivent la permission d’entrer dans les Temples.
Les femmes de l’Inde se réveillent aussi et cela pourrait devenir le
principal facteur de régénération du pays tout entier.
10. Maintenant, en ce qui concerne les « anges gardiens », il est
vrai que chaque être humain a son Ange Gardien personnel. Et nous ne
devrions pas nous les imaginer seulement comme de vraies Entités
provenant des sphères supérieures, mais plus souvent comme notre

220
propre esprit, notre propre triade supérieure, ou notre véritable Ego
individuel, qui malheureusement est très rarement en mesure de faire
entendre sa voix à la personnalité. Parfois, cette voix est associée à
notre conscience.
Il est également vrai que plusieurs personnes ont des amis ou des
parents, qui étant morts avant eux, interviennent parfois dans leur vie
en essayant de les diriger ou de les aider.
Les vrais Anges Gardiens sont les Grands Esprits, la Hiérarchie de
Lumière, la Grande Fraternité Sacrée qui prend continuellement soin des
nécessités humaines et de l’évolution. Certains de ces Anges Gardiens –
dans de très rares cas il est vrai – deviennent les Guides d’individus
exceptionnels. Leur Rayon est continuellement à la recherche de cons-
ciences éveillées et de cœurs ardents, dans le but de les aider et de les
diriger. Mais aujourd’hui, malheureusement, les anges gardiens de la
grande majorité sont des entités possédantes provenant des sphères
inférieures et dont les voix sont plus facilement entendues, car elles ne
sont jamais en désaccord avec nos désirs terrestres. Mais malheur à
ceux qui leur permettent d’approcher !
Voici un paragraphe de l’Enseignement :
« Tant de déformations, tant d’inexactitudes ont été admises dans
les Enseignements. En vérité, toute purification est un grand Service.
Tout effort pour renouveler la Vérité, telle qu’elle a été donnée à l’huma-
nité, est un Service ardent. Ces fils noirs que vous avez vus ne repré-
sentent pas seulement la noirceur de l’atmosphère terrestre, mais aussi le
réseau qui recouvre le mental et le cœur humain. Il est difficile d’ima-
giner combien d’intellects ont été obscurcis par de mauvaises interpré-
tations. Chacun cherche de nouvelles interprétations, mais s’éloigne
de plus en plus de la Vérité. Le fractionnement s’affirme avec éclat
dans les religions, dans la science et dans toute innovation. Chaque
Monde a ses corrélations avec un autre Monde. Chaque Vérité émane
d’une autre Vérité. La Vérité se révèle seulement au cœur ouvert. Aussi,
la conscience sous tension qui perçoit le pouls cosmique transmet à
travers son propre battement des pensées lumineuses. En vérité, grand
est le Pouls Ardent qui se révèle au cœur de Feu. » (Monde de Feu,
volume 3, no 125).

221
LETTRE 19a

2 juin 1934

Vous dites que vous êtes fatigué, que vous luttez contre la dépression
et que vous n’êtes pas certain de pouvoir la vaincre. Mais bien sûr, vous
la vaincrez ! Souvenez-vous que ces états d’esprit ne viennent pas toujours
du fond de nous-mêmes, mais sont très souvent le résultat de tensions
sans précédent de l’atmosphère ambiante. Dès que les courants changent,
ces états d’esprit devraient aussi changer. Vous écrivez très justement :
« Qu’un guerrier accablé peut espérer recevoir une aide inattendue et
miraculeuse ». Pourtant, vous devriez permettre à cette Puissance mer-
veilleuse de décider quand l’aide devrait venir. Nous-mêmes sommes
si souvent passés par des circonstances extrêmement difficiles et nous
avions l’impression de ne pas pouvoir tenir plus longtemps. C’est alors
que nous apprenions que nous étions capables de souffrir encore plus,
et ce n’est qu’après avoir épuisé totalement nos propres ressources que
nous recevions de l’aide, et toujours de la façon la plus inattendue.
Par l’Enseignement de Vie, vous savez déjà que les obstacles nous font
grandir et que c’est ainsi seulement que nous apprenons et aiguisons nos
capacités. À dire la vérité, comment tremper notre esprit autrement ?
N’imaginez pas, je vous prie, que les disciples et les serviteurs de la
Lumière marchent sur un sentier bordé de roses. Non, leur voie est
pleine de ronces, et plus ils s’approchent de la Lumière, plus les ordres
qu’ils reçoivent sont chargés de responsabilités et de difficultés. Le
sentier de l’Enseignement, le sentier du Service, est avant tout le sentier
de l’abnégation et du sacrifice. Mais plein de joie est ce sentier quand
le cœur déborde d’amour pour la Hiérarchie de Lumière – les ronces
deviennent des freesias parfumés ! Un exemple de pareil service nous
est fourni par N.K. S’il vous arrivait de connaître son fardeau, vous
seriez effrayé, car le poids en est véritablement énorme ! Mais il est si
plein d’amour, de dévotion et d’efforts qu’il accepte tout avec grande
joie et qu’il est prêt à se donner sans restriction pour le Bien Commun.
N’est-il pas exaltant de réaliser que nous remplissons notre devoir
envers l’humanité ? Quelle idée magnifique et puissante est contenue dans
l’accomplissement du devoir ! Tous les héros remplissent leur devoir.
Et vous, qui êtes un guerrier, devriez tout particulièrement apprécier

222
cette idée du devoir. Par conséquent, je suis convaincue que vous vaincrez
votre dépression, toutes les suggestions des ténèbres, toutes les craintes
et tous les doutes. Vous écrivez que vous avez votre arme. Alors, si en
votre conscience vous réalisez vraiment qu’il s’agit d’une arme et pas
seulement d’un symbole, vous vaincrez ! L’Enseignement, bien assimilé
et appliqué, est votre meilleure arme.
Sans doute, les épreuves matérielles sont pénibles, mais elles ne
sont rien en comparaison des plaies spirituelles. Les difficultés maté-
rielles, pour autant que l’esprit soit fort, trouvent parfois des solutions
immédiates, mais les plaies spirituelles demandent de longues années
pour guérir. J’espère que vous ne m’en voulez pas pour ces « leçons de
morale », mais j’aimerais beaucoup graver en vous l’idée que vous
aussi avez la possibilité d’améliorer votre situation matérielle. Savez-
vous ce que l’avenir immédiat vous réserve ? Aussi, je vous demande
sérieusement d’être courageux au cours de ces prochaines années. En
vérité, peu d’années devraient se passer avant que de grands changements
ne se produisent. Bien des choses vont changer, et il est nécessaire de
conserver notre force. Le monde entier gémit et passe par l’expérience
d’une crise matérielle incroyable qui est la conséquence d’une corruption
spirituelle totale. Et seuls ceux dont l’esprit est fort en viendront à bout.
L’Armageddon prédit n’est pas un mythe, mais une affreuse réalité.
Par conséquent, soyez fort ! Dieu soutient le brave !
J’ai été très heureuse d’apprendre que vous aimez les œuvres de
Vivekananda et de Ramakrisna. Leurs livres ont été et sont encore nos
plus grands amis. Malheureusement, ces deux grands esprits nous ont
déjà quittés. Vivekananda est mort en 1901 et Ramakrisna avant lui.
Pouvez-vous lire l’anglais ? Et quels ouvrages de Vivekananda et de
Ramakrisna possédez-vous ? Je regrette que ma bibliothèque ne soit
constituée que de livres en langues étrangères, pour la plupart en anglais.
Je n’ai pratiquement rien en russe. Mais si vous savez lire l’anglais, je
serai heureuse de vous faire parvenir des livres de Vivekananda, bien
que les seuls ouvrages que j’aie de lui soient ses conférences. Il est
mort assez jeune – à quarante ans seulement – mais il a accompli une
énorme mission. Il a institué un véritable lien entre l’Orient et l’Occident.
Ce fut la première fois où, avec clarté et amour, les concepts majes-
tueux de l’Inde, sa façon de considérer le monde ainsi que les principes
de l’Éthique Vivante furent présentés à l’Occident. Et c’est peut-être
lui qui a influencé la conscience de nos compatriotes, plus encore que
notre grande Héléna P. Blavatsky. Vous connaissez le proverbe – « Nul
n’est prophète dans son pays » – qui s’applique particulièrement à notre

223
peuple. Mais un temps viendra où les Russes réaliseront toute la grandeur
de l’Enseignement apporté au monde par H.P. Blavatsky et rendront
hommage à la grande femme qui a souffert pour ses idées.
Avez-vous lu cette perle de la littérature hindoue qu’est La
Bhagavad-Gîtâ ? Le poète Baltrusaïtis l’a traduite en russe. Une de mes
amis russes d’Amérique me l’a empruntée et, comme cela arrive souvent,
elle a oublié de la retourner.
Vous avez raison, pour autant que les mauvais résultats soient pris
en compte, il n’existe pas de crime pire que l’ignorance ! Les pseudo-
patriotes et la pseudo-religion sont sur leur déclin, et pour remplacer
ces épouvantails moribonds, l’ère future s’annonce avec sa vie nouvelle,
joyeuse et constructive, basée sur la coopération des peuples. Elle
marquera la renaissance et la purification de tous les Testaments de
tous les Grands Instructeurs. Ce sera la destinée de la Russie de devenir
la vraie mère, et non seulement la belle-mère, de tous les peuples qui
l’habitent. Le vrai patriotisme et le chauvinisme sont à l’opposé l’un
de l’autre. L’un de ces concepts est basé sur la tolérance, et est donc en
pleine croissance, tandis que l’autre est basé sur la haine, et de ce fait
se meurt. Les lois sont pareilles partout.
Avez-vous par hasard entendu que même la « Bannière de la Paix »
établie par N.K. a été déclarée antipatriotique ! Cela vous surprend-il ?
Mais c’est bel et bien le cas. Nous avons reçu une lettre pleine d’accu-
sations à ce sujet. Quelqu’un a trouvé dans cette grande idée une négli-
gence des problèmes de notre pays ! N.K. a été accusé d’être un
internationaliste, indifférent aux souffrances de sa mère patrie. Il a fallu
répondre à cette lettre et je vous en livre certains passages puisque
c’est dans ses grandes lignes la réponse que je donnerais à tous les
pseudo-patriotes du genre avec qui vous devez aussi faire affaire :
« Seul un travail largement constructif à l’échelle mondiale, inspiré
par le génie de la nation, peut augmenter l’importance d’un pays et sa
position parmi les autres pays. Pouvez-vous vous imaginer que les criti-
ques, qui ronchonnent depuis leur fauteuil, qui accusent et se moquent,
peuvent être de quelque utilité ? Sont-ils en mesure de faire plus que
ceux qui emploient leur énergie pour développer la culture ? Est-ce
que cette amélioration du niveau culturel ne va pas éveiller une véritable
estime pour un pays ? Pour établir une structure solide, il est nécessaire
premièrement d’avoir un centre puissant. Mais un centre qui reflète un
nationalisme étroit ne peut obtenir le succès dans la structure mon-
diale. Existe-t-il un seul pays dans le monde d’aujourd’hui qui ne soit
constitué que d’une seule race ?

224
« Et si certaines personnes pensent qu’un nationalisme étroit est
du patriotisme, elles font gravement erreur. Même si au premier abord,
certaines personnes peu clairvoyantes veulent y voir une question de
pouvoir, elles découvriront avec le temps que le développement d’un
mouvement érigé sur un tel principe conduit à l’autodestruction. Chaque
énergie libérée est comme un boomerang et, par conséquent, nous devons
faire attention à la façon dont nous lançons ces énergies dans l’espace,
car selon la loi du coup en retour, tôt ou tard ou bien elles nous détruiront,
ou bien elles nous élèveront, selon la façon dont nous en avons fait
usage.
« Le vrai patriotisme est tellement différent du chauvinisme. C’est
un amour désintéressé pour son pays tout en respectant les autres nations
qui, de différentes manières, ont contribué à la croissance et au déve-
loppement de notre propre pays. La vraie force et la beauté d’un pays
résident dans sa diversité, dans un assemblage qui n’exclut pas l’unité
fondamentale de la mère patrie. Et celui qui sait comment manifester
une telle unité dans la diversité est vraiment un grand leader. Le natio-
nalisme étroit de l’Allemagne a dégradé ce pays et s’il reprend vie, il
peut la mener encore une fois à sa perte. Le patriotisme est un sentiment
élevé, des plus noble et sacré, mais le nationalisme étroit et le chauvi-
nisme sont autodestructeurs. Il ne suffit pas de lire les journaux et d’écou-
ter les dirigeants politiques pour comprendre le développement des évé-
nements. Il est peut-être même préférable de ne pas prêter beaucoup
attention à ces informations, car souvent elles créent une confusion
plus grande encore. La mentalité des hommes d’aujourd’hui et la vie
en général ressemblent à un bateau à la dérive, sans voile ni gouvernail,
au milieu du chaos causé par les éléments déchaînés. Pour comprendre
un tel chaos, pour reconnaître la direction qui conduit au salut et vers un
avenir grandiose, et surtout pour pouvoir connaître les meilleures occa-
sions dans le temps, il faut posséder une grande vision spirituelle et connaî-
tre la Haute Direction, ou comme on l’appelle, la Hiéro-Inspiration. »
Et maintenant, en ce qui concerne un certain prêtre. C’est un men-
songe, un triple mensonge qu’il prétende connaître N.K. Il ne l’a ja-
mais rencontré, mais il a eu avec lui une courte correspondance lourde
de sens. Je devrai peut-être citer plus loin quelques extraits de cette
correspondance pour vous donner une idée de la personnalité de ce
prêtre. Nous avions reçu son petit livre de Paris. Après l’avoir lu, j’ai
demandé à N.K. de lui écrire une lettre aimable concernant ce petit
livre en disant que nous serions ravis de lire d’autres œuvres de lui.
N.K. a accompagné cette missive cordiale de son livre Le Royaume de

225
la Lumière ainsi que de quelques reproductions de ses tableaux. La
réponse fut renversante et accablante. C’était le véritable exemple d’un
sectaire étroit, dépourvu de spiritualité et extrêmement cruel. Sans connaî-
tre N.K. personnellement, n’ayant aucune idée de son travail désintéressé
au nom du Bien et de la Beauté – au nom de la spiritualité sans égard à
la façon dont elle s’exprime – ce vénérable prêtre s’est permis au bas de
sa lettre le reproche suivant : « Votre sentier, N.K., n’est pas évangélique.
Les gens font de vous une idole (et en Amérique cela devient rapide-
ment une source de revenus financiers), mais vous les laissez faire.
[…] Votre livre ne retient personne d’un monde aux valeurs et aux
conceptions spirituelles toutes relatives, et en ce qui concerne le culte
de votre nom, ce que vous encouragez, cela est pour nous tout à fait
alarmant… » [Les mots en italiques étaient soulignés dans l’original.]
Qui sont ces « nous » ? Ces pharisiens ignorants qui commercialisent
le nom du Christ ? Ce prêtre [moine-prêtre de l’Église Orthodoxe russe]
n’a pas réalisé que N.K. est par nature un constructeur de vie, un guide de
la culture, et que les critères conventionnels d’un moine sont inappropriés !
À cette lettre cruelle et répugnante, N.K. répondit en termes empreints
de tolérance et de gentillesse. Dans sa lettre, il parla aussi de ses activités
culturelles. Il n’écrivit pas la moindre parole d’insulte. Ainsi qu’on
pouvait s’attendre de la part d’un tel « prêtre aimable et droit », il accusa
réception de cette lettre avec toutes les calomnies qu’il put recueillir de
tous les calomniateurs. Il n’hésita pas à dénigrer avec sarcasme tout ce
qui nous est sacré et qui selon lui est une manifestation du diable, une
bouffonnerie d’Antéchrist ! En voyant que nous révérions les Enseigne-
ments de l’Orient, il cita certains extraits d’ouvrages d’orientalistes
pour prouver que ces Enseignements étaient hérétiques. Les ouvrages
cités sont non seulement considérés comme dépassés par les actuels
spécialistes du sanscrit, mais encore sont totalement ignorés des orien-
talistes les plus éminents qui les considèrent comme illettrés et très
peu fiables à cause de leur mauvaise traduction du sanscrit. Et c’est ici
que notre correspondant a dévoilé ses faiblesses. Ce n’est qu’au cours
des dix dernières années que l’Occident a commencé à vraiment
comprendre ce que le sanscrit a de grand (cette langue si difficile) et on
découvre maintenant les énormes et monstrueuses déformations des
premières traductions. Notre prêtre cite par exemple Bunge et son livre
The History of Paganism [L’histoire du paganisme]. « La vraie subs-
tance du monde n’est pas Dieu, n’est pas la Puissance Originelle, mais
le vide absolu, le néant absolu. Tout vient du néant, à travers le néant et
retournera au néant, car dès le commencement rien n’existe. Tout est

226
vanité des vanités dans le ciel et sur terre, car le ciel et la terre sont égale-
ment vains. Au-dessus des nuages de l’univers en désintégration règne
l’éternel non-être… »
Ensuite, notre prêtre rappelle une autre semblable absurdité extraite
de Religious Consciousness of Paganism [La Conscience religieuse
du paganisme], un essai du professeur Vedensky. Je ne recopie que la fin :
« Si pour un Bouddhiste il existe un quelconque but dans la vie, il ne
peut être que négatif – échapper à cette vie illusoire et insensée, rem-
plie d’amertume et de souffrance, pour un Nirvana de non-être... »
À ces déformations évidentes et d’autres citations pareillement
ignares, N.K. répondit ce qui suit :
« En ce qui concerne vos citations, je dirais que l’auteur de l’un de
ces livres ne connaissait pas les langues étrangères et ne consulta que
des traductions très limitées et déformées (comme celles de Bunge et
de Keppen). Cet auteur ne connaissait pas davantage la « Summa
Summarum » de la contemplation orientale sur le monde qui dit première-
ment : “Du néant ne peut venir que le néant” et ensuite “Le vide n’existe
pas”. Est-ce que ces deux déclarations n’ouvrent pas le chemin vers
Dieu ? N’oublions pas qu’en Orient, le Concept Suprême ne s’énonce
pas par profond respect. Une personne est libre de choisir les tristes
concepts déformés et de les suivre, ou alors de trouver parmi les nom-
breuses sources des pages magnifiques, pleines de l’Esprit divin qui
s’étend partout et qui est plein de compassion pour toutes les créatures.
« Quant au Nirvana, selon l’idée originelle orientale, cela signifie
le transcendantal, ou le plus haut état d’existence que l’intelligence
humaine moyenne est incapable de comprendre dans sa totalité. En
d’autres mots, c’est totalement l’opposé de la non-existence. Grande
est l’ignorance des traducteurs occidentaux et des commentateurs dont
nous dépendons ! »
C’est par une courte note qu’il fut répondu à cette lettre de N.K. Le
prêtre a probablement remarqué qu’il avait affaire à forte partie. Il exprima
le désir de rencontrer N.K. et ne se gêna pas d’ajouter : « Croyez-moi,
j’aimerais sentir que vous êtes meilleur et plus grand que moi. » Une
vraie prière de Pharisien : « Ô Dieu, je Te rends grâces de ce que je ne
suis pas comme le reste des hommes… ni même comme ce Publicain. Je
jeûne deux fois la semaine ; je paie la dîme de tout ce que j’acquiers. »
(Luc 18 : 11-12). Est-ce qu’il ne ressort pas des paroles de ce « père
spirituel » qu’il souffre lui-même de ce dont il accuse N.K. dans sa
première lettre ? N’est-il pas dit que celui qui a une poutre dans son
œil voit la paille dans l’œil de son frère ?

227
Et N.K. ne laissa pas cette dernière note sans réponse. Il envoya
une lettre amicale et pleine de sagesse. Je n’en citerai que la fin (au
début, N.K. le remerciait simplement pour ses livres) :
« Un jour peut-être, nous nous rencontrerons et discuterons amicale-
ment de cœur à cœur. Je répète que je suis heureux de trouver certaines
choses dans votre livre. Autant qu’il est de mon pouvoir, je m’efforce
d’utiliser les sources premières des Grands Testaments afin justement
d’éviter toutes sortes d’adjonctions tardives qui sont parfois à la fron-
tière du sacrilège ou de la moquerie des choses sacrées. “Dans tous vos
travaux recherchez les fondements et augmentez le bien.” Ce sont les
paroles que le père Jean de Kronstadt m’a confiées. Vous êtes sûrement
au courant de toutes les basses calomnies qu’on a répandues sur le père
Jean et que des gens superficiels ont répétées. Mais le fait de subir la calom-
nie n’est-il pas justement un autre signe de la grandeur de l’esprit ? Aussi,
en espérant vous voir personnellement, je vous envoie dans cette attente
mes meilleurs vœux… »
Ce fut la fin de cette éloquente correspondance. Mais cela reste un
très curieux exemple de l’ignorance, du pharisaïsme et de la cruauté de
nos chefs spirituels. Ce prêtre avait raison en admettant que le clergé
était responsable du déclin de l’Église. Vous qui admirez les écrits de
Vivekananda et de Ramakrisna, serez intéressé par ce que ce « prêtre
éclairé » a dit :
« Présentement, je parcours un ouvrage occulte des plus purs, spiri-
tuel et noble (pourquoi occulte !), L’Évangile de Ramakrisna, avec une
préface de Swami Abhedananda. En lisant la préface, on est étonné de
l’absence de vraies valeurs spirituelles. Par exemple : “Avant de commen-
cer à rencontrer les gens et leur enseigner, Ramakhrisna, tel un explo-
rateur scientifique, a passé douze années à étudier les dogmes et les
cérémonies de toutes les religions, accomplissant leurs cérémonies reli-
gieuses et leurs rituels, plein de foi et de profonde vénération, de sorte
qu’il puisse par expérience connaître où mènent les religions […] Et
finalement, en suivant toutes leurs méthodes, il réalisa que Dieu est Un et
présent en chacune d’elles.” Cela devrait suffire à vous faire comprendre
ma perplexité et comment pareille absurdité peut être comparée avec
la Révélation du Christ… »
À dire la vérité, cette dernière phrase du prêtre devrait être classée dans
la catégorie des « absurdités ». Il eût été préférable pour lui, avant de criti-
quer et jeter l’anathème sur les autres Religions et Enseignements, qu’il put
suivre honnêtement les exemples de Ramakhrisna et de Vivekananda,
et qu’il essayât d’étudier les fondations de chaque Enseignement et de

228
chaque Religion en participant à leurs services religieux, puis ensuite
seulement donner son opinion. Sans être prophète, on peut prédire que
ce « prêtre éclairé » n’a pas la bonté ni la tolérance que Vivekananda
possédaient et que ce dernier a si merveilleusement exprimées de la
façon suivante : « Si j’avais vécu en Palestine au temps de Jésus de
Nazareth, j’aurais lavé ses pieds non avec mes larmes, mais avec le
sang de mon cœur ! » Vivekananda a ressenti la vraie beauté de l’Image du
Christ qui n’était pas déformée par les ecclésiastiques. Mais en donnant
au Christ le tribut de son cœur, Vivekananda n’oubliait pas les Grandes
Images de sa propre religion. Lequel de ces deux est le plus grand ?
L’esprit de ce prêtre est tellement loin des déclarations universelles de
La Bhagavad-Gîtâ : « Par quelque voie que vous veniez à Moi, Je vous
bénirai par cette voie, car toutes les voies sont Miennes. »
Dans ces magnifiques paroles se trouve clairement exprimée que
la forme de la religion importe peu, mais que c’est l’idée qui est essen-
tielle. En vérité, nos chefs spirituels sont loin d’une telle sagesse, géné-
rosité, tolérance et compréhension ! Chacun sait que : « Ce qui est en
Haut est comme ce qui est en Bas. » Aussi, notre cœur ne devrait-il pas
ressembler au Cœur Cosmique en incluant tout ? Pourrait-on imaginer
injustice aussi flagrante qu’un Dieu, toute Sagesse et toute Compassion,
enverrait son Fils à une seule nation ? Après quoi, et même avant cela,
des milliards de gens, les « enfants de notre Père Céleste » (si nous
croyons les paroles mêmes de Christ), demeurent exclus malgré le fait
que beaucoup d’entre eux étaient et sont d’une moralité plus haute que ceux
qui ont eu le privilège de naître sous la houlette de l’Église chrétienne !
Vous ne devriez pas craindre que les paroles de ce prêtre puissent
créer des problèmes. Au contraire, il est toujours bon qu’une personne
révèle sa vraie nature. Nous ne devons pas craindre les accusations
d’hérésie. L’Image du vrai Christ – l’Instructeur – habite dans notre
cœur et notre intelligence, et nous nous joignons à Vivekananda pour
ce qu’il dit du Christ. Pourtant, nous voyons dans le Christ l’Homme-
Dieu et non un sectaire borné qui condamne comme Antéchrist tous
ceux qui n’acceptent pas les limitations doctrinaires ecclésiastiques et les
déformations de son Enseignement. Nous comptons beaucoup d’adhérents,
même parmi les représentants officiels des différentes Églises. On ne
peut pas arrêter le progrès et il est impossible de partager la mentalité
du vieux clergé, ces créateurs de dogmes chrétiens qui, par exemple,
discutaient très sérieusement pendant leurs synodes de problèmes
comme : « Combien d’esprits peuvent prendre place sur la pointe d’une
aiguille ? » Ou : « La femme possède-t-elle un âme ? » Et d’autres bijoux

229
de profondes révélations spirituelles. En plus, à leurs conciles, ces saints
vieillards s’attrapaient par la barbe et se donnaient des gifles sur les
oreilles ! N’oublions pas que la loi de la Réincarnation a été rejetée par ces
hommes sages au VIe siècle seulement, lors du concile de Constantinople.
Non, il est temps de considérer tous les Enseignements et d’abandonner
les additions et déformations ultérieures pour retourner aux pures sources
de l’origine.
Il serait à conseiller aux pères de l’Église de se souvenir des paroles
du Christ et de son disciple bien-aimé : « Aimez-vous les uns les autres. »
Alors, chaque chose prendrait sa juste place. Il est aussi particulièrement
urgent et nécessaire de regarder et d’étudier les ouvrages du grand Origène,
cette véritable Lumière de la chrétienté. Ses écrits sont maintenant étu-
diés par quelques-uns des clergés occidentaux en Amérique. Ces pères
comprennent que le niveau spirituel de leurs ouailles requiert de nou-
veaux enseignements et qu’ils ne peuvent plus les satisfaire avec les
idées naïves qui, peut-être, furent jadis nécessaires pour apprivoiser
les tribus de demi-sauvages nouvellement convertis au Christianisme.
Afin de ne pas perdre ce qu’il leur reste d’influence, certains membres
du clergé de l’Église d’Occident se hâtent d’améliorer et de parfaire
leurs connaissances. Si nos « pères spirituels » voulaient bien suivre
cet exemple, nous pourrions en attendre maints bons résultats !
Pensez simplement combien d’indications claires sur la réincarna-
tion et sur le karma sont fournies dans le Nouveau Testament, selon les
paroles mêmes du Christ ! Mais nos « pères spirituels » évitent soigneuse-
ment ces questions. Que Dieu soit leur juge !
Nous passons aujourd’hui par une affreuse crise spirituelle, par un
athéisme terrible qui corrompt tout, résultat d’un sectarisme étroit et
stérile, d’un dogmatisme étouffant et de la baisse de la moralité parmi
les représentants des Églises. Nous n’avons jamais parlé et ne dirons
jamais rien contre quelque Religion ou Église que ce soit, car il est
préférable d’appartenir à une Religion ou Église quelconque plutôt qu’à
aucune. Mais nous nous élèverons toujours contre le manque de tolé-
rance, de moralité et de connaissances. Les prêtres sont nécessaires,
mais ils devraient être de vrais chefs spirituels et ils devraient accepter
le progrès et ne pas se cantonner dans les chaînes d’un obscurantisme
moyenâgeux. L’esprit de l’Inquisition est encore très vivace. Si le Christ
revenait maintenant sur Terre, pensez-vous qu’il pourrait éviter d’être
crucifié ? Au mieux, il échapperait au lynchage ou à l’emprisonnement
à vie, avec le titre « d’Antéchrist ».

230
Des événements menaçants approchent et il est tragique d’observer
la désunion croissante dans tous les domaines de la vie. Tant de déme-
sure, de basses calomnies, d’envie et de haine parmi ceux qui devraient
travailler à unifier ! Il est temps de comprendre que le salut de toute
l’humanité et de la planète elle-même se joue devant nous. Et le salut
est dans les mains des gens eux-mêmes. Mais en attisant les feux de la
haine et des disputes personnelles, ils ne font qu’augmenter le danger
d’une période affreuse. Chacun veut penser que l’Armageddon annoncée
n’est rien d’autre qu’un mythe, mais en vérité c’est une terrible réalité
et un grand danger.
Quoiqu’il en soit, nous ne devrions pas perdre courage, car ceux
qui ont entendu l’Appel et qui supporteront les souffrances jusqu’au bout
seront sauvés. Songez qu’il reste peu de temps et que cette idée vous
donne de la force. Dans toutes vos actions, dans tous vos contacts,
souvenez-vous du principe qui vous a été enseigné : « Tolérance, géné-
rosité et effort vers le futur ! »

231
LETTRE 19b

7 juin 1934

La période par laquelle passe l’humanité est une période de transi-


tion de l’évolution de l’intellect à l’évolution de la spiritualité. Cette
période sera marquée par des accomplissements qui amèneront la prédo-
minance de l’esprit sur l’intellect. Cette transition sera terminée lors
du changement de race. Ainsi, la sixième race est maintenant en train
de prendre sa vraie place. Comme vous le savez, chaque changement de
race s’accompagne de cataclysmes cosmiques. Une telle purification est
nécessaire pour le développement de la nouvelle race. Ces cataclysmes
cosmiques se produiront à la suite d’un changement de l’axe de la Terre.
Les scientifiques d’aujourd’hui reconnaissent pleinement qu’un tel
changement d’axe se produit depuis un certain temps et qu’il peut causer
des catastrophes.
Plus précisément, la sixième race doit inaugurer l’Ère Nouvelle et
cette période préparatoire est très pénible. Mais il serait faux de croire
que cette sixième race est en train de naître dans un seul pays ou dans
une seule nationalité en particulier. Elle est largement répandue. Il est
certain qu’il y aura toujours un noyau principal de la sixième race et qu’au
moment de la catastrophe annoncée ses membres seront rassemblés dans
des endroits sûrs.
La grande purification par le feu approche. C’est pourquoi il est si
important de purifier les pensées et le cœur et d’essayer d’assimiler les
feux de l’espace.
Au moment d’un changement de race, il se produit une Grande
Révélation et, comme toujours, seuls ceux dont la conscience appartient
au degré de développement suivant – c’est-à-dire à la race qui vient –
peuvent l’assimiler pleinement. Les autres en prendront ce qu’ils pour-
ront. Il est toutefois faux de croire que les races restantes seront éliminées.
Les meilleures seront sauvées et certaines d’entre elles pourront même
se développer. Seules celles qui sont incapables de suivre l’évolution
dégénéreront ou s’éteindront complètement. Nous pouvons reconnaître
des exemples d’une telle dégénération parmi les peuplades primitives.
Ainsi, les aborigènes d’Australie sont les descendants dégénérés de la
sous-race qui appartenait jadis à la célèbre troisième race. Cette troisième

232
race était bien supérieure à la nôtre par ses accomplissements, car les
Grands Fils de la Raison s’y étaient incarnés.

Et maintenant, qu’est-ce qui vous fait croire que notre planète ne


peut être détruite ? Hélas justement, ce danger nous menace. En vérité,
les Grandes Forces de Lumière essaient au-delà de toute mesure de
sauver notre planète. Lisez attentivement dans le livre de Joséphine
Saint-Hilaire1, Au Carrefour de l’Orient, les deux cryptogrammes « L’Or »
et « L’Obscurité ». Ces légendes lui viennent de Haute Source.
« En vérité, l’esprit de l’homme jouera le rôle de détonateur pour
les volcans. »2
« En vérité, c’est justement cette noirceur qui commence à quitter
ses anciennes cachettes. Sur son chemin, elle corrode tous les éléments
et le gaz pousse les éléments destructeurs dans ces fissures. »3
Et j’ai pu voir cette obscurité. L’angoisse terrible que j’ai ressentie
fut si intense que j’en suis presque tombée malade, et durant les quelques
jours qui suivirent je fus incapable de retrouver mon équilibre.
Vous vous souvenez que l’Enseignement déclare que la destinée
de la planète est entre les mains de l’homme, et que c’est l’homme lui-
même qui provoque les tremblements de terre. Prenez ceci à la lettre, car
ce sont justement les pensées basses et les désirs maladifs des hommes –
non seulement sur Terre mais également dans les sphères inférieures du
Monde Subtil – qui créent cette atmosphère dangereuse et suffocante
autour de la planète et qui favorisent la fusion du feu de l’espace avec
le feu souterrain. Seules les âmes pures et ardentes réussissent à neutrali-
ser cette atmosphère, jouant en quelque sorte le rôle de paratonnerre.
C’est la raison pour laquelle l’époque du Feu est si dangereuse. Elle
apporte aussi bien la purification que d’épouvantables désastres, à savoir
la totale destruction de collectivités corrompues et une augmentation
des épidémies – tout cela étant causé par le feu souterrain. Ceux dont
l’aura est suffisamment pure et qui peuvent assimiler le feu de l’espace
seront les seuls à pouvoir résister. C’est la raison pour laquelle il est
tellement urgent d’appliquer dans nos vies les bases de l’Éthique Vivante et
de transmuter nos énergies par la pureté des pensées et des actes. Les
vagues du feu de l’espace seront particulièrement fortes dans les années
quarante de notre siècle. Mais les toutes prochaines années apporteront
également bien des explosions. La grande épreuve de la planète est
proche. L’avenir est dangereux ! Espérons qu’à cause de ces grands

233
désastres, l’humanité apprendra sa leçon et acceptera la conduite spiri-
tuelle, et changera ainsi sa destinée.
Il est certain que les Seigneurs de Lumière prennent toutes les
mesures pour sauver la planète de cette atroce destinée. Si l’humanité
choisit la destruction, la meilleur part – et ils sont nombreux à en faire
partie – sera transférée sur des planètes plus avancées. La masse
moyenne ira sur une planète semblable à la nôtre et qui s’approchera
de la Terre au cas où l’explosion aurait lieu. Pour le moment, cette
nouvelle planète n’est pas encore visible. Quant au reste de l’humanité,
ils suivront le Prince de ce Monde et seront bannis avec lui sur Saturne.
Mais hélas, personne ne réalise le retard qui surviendra dans l’évolution
de la majorité de l’humanité terrestre en cas de destruction de notre
planète. Combien d’éons devront s’écouler avant que la nouvelle
« Terre » soit en mesure de produire des corps appropriés !
Par conséquent, il est essentiel d’éveiller la conscience des gens
afin qu’ils réalisent qu’ils sont en train de créer eux-mêmes une situation
très critique et très dangereuse. L’Orient était depuis longtemps au courant
de cette période dangereuse. Dans les Écritures anciennes, des moments
sont indiqués qui se rapportent à l’arrivée de l’énergie de Feu et ils
correspondent aux années quarante de ce siècle. Il est intéressant de
noter que les calculs des Hiérophantes de l’Égypte ancienne indiquent
que l’année 1936 est très importante. Et ce qui plus est, les années
pendant lesquelles la destinée de notre planète devrait être décidée sont
indiquées. Cette destinée sera une magnifique époque de Grand Équilibre
ou alors ce sera la fin, l’explosion totale et définitive. Donc, le destin
de notre planète est entre les mains de l’humanité. En conséquence,
dans vos écrits, essayez de mettre l’accent sur le rôle de l’homme dans
tous les domaines qui touchent soit la pollution soit l’assainissement
de l’atmosphère. L’homme est véritablement celui qui met à feu ou celui
qui éteint les feux souterrains. Mentionnez également la Hiérarchie de
Lumière qui sans relâche nous surveille et nous aide !
Oui, d’innombrables mondes naissent et sont détruits dans l’Infinité,
et qui peut dire les raisons de ces destructions ? Est-ce que la négli-
gence des lois cosmiques et la perversion des principes les plus élevés
de la Vie ne seraient pas la cause principale des cataclysmes cosmiques ?
Les lois cosmiques sont immuables, et tout ce qui n’arrive pas à avancer
en harmonie avec les transformations évolutives est détruit. De tels rebuts
repartent à zéro. Les gens devraient essayer de comprendre ce qui se
passe sur la planète. Je cite quelques paragraphes de l’un des livres de
l’Enseignement qui ont une signification pour notre époque :

234
« Lors de la réorganisation des affirmations spatiales, rendue néces-
saire par l’accumulation des structures terrestres, toutes les mesures
doivent être prises pour éliminer les sombres agglomérats. Toute recons-
truction terrestre apparaît comme une résonance des sphères surterrestres.
Notre Période de Feu est saturée d’énergies particulières qui doivent
entrer dans la vie avant les dates désignées. Car la période de Feu peut
créer des manifestations ardentes, quand approche le temps où l’huma-
nité peut s’élever à sa rencontre. Ainsi devez-vous comprendre la Recons-
truction Ardente qui donnera le signal de la Nouvelle Ère. Mais affir-
mez l’esprit dans la compréhension des feux spatiaux, parce que seule
l’assimilation ardente produit l’énergie requise. Les dates ardentes se
rapprochent. Que ceux qui le peuvent voient. Une Grande Époque appro-
che ! » (Monde de Feu, volume 3, no 166).
« Avant la grande réorganisation du monde, toutes les forces noires
se révèlent, ce qui aboutit à une meilleure transmutation. Ce qui se passe
dans le monde ne peut être considéré comme une étape de l’évolution,
mais plutôt, ce qui se manifeste est ce qu’il y a de plus bas, de plus
intense, de plus saturé par les forces des ténèbres. Vaste est le travail
qui rassemble tout ce qui contribue à la grande reconstruction. Tout
comme les couches condensées des sphères terrestres se préparent à la
bataille, les Forces de Lumière se tiennent en garde. L’étape que traverse
la planète peut se comparer à un creuset du Feu Cosmique. Toutes les
énergies denses s’enflamment sous la tension et le Droit de Feu veille.
La créativité assemble toutes les énergies ardentes – ainsi se reconstruit
le monde grâce à la tension des deux polarités. Discernez clairement
ces énergies turbulentes. » (Monde de Feu, volume 3, no 167).
« Une époque de Feu a commencé. Actuellement on étudie bien
les phénomènes physiques, on étudiera aussi les phénomènes ardents
des centres. L’Agni Yoga se manifeste comme précurseur de la Grande
Ère – oui, oui, oui ! » (Monde de Feu, volume 3, no 168).
Vous connaissez le principe qui veut que les Forces de Lumière ne
s’immiscent jamais dans le karma d’une personne. Par conséquent, tous
les avertissements sont donnés sous forme d’indications. Une personne
doit donc découvrir par elle-même la meilleure façon d’appliquer ces avertis-
sements et ce à quoi ils doivent servir. Comment apprendre autrement ?
Justement, les forces des ténèbres utilisent tous les moyens pour se
glisser dans les entreprises pures afin de les anéantir.
Les forces des ténèbres, dans leur désir de perturber les purs commen-
cements, viendront au temple en prononçant les formules de l’Ensei-
gnement et, après avoir endormi les soupçons, tenteront les imbéciles

235
en leur offrant d’activer le développement de leur énergie psychique.
Bien sûr, pour accomplir leur dessein diabolique elles doivent percer
le filet protecteur de l’aura. Elles arrivent à ces fins odieuses par diverses
recettes et méthodes qui reposent sur l’affaiblissement de l’organisme
de leurs victimes. Ainsi, les forces des ténèbres pénètrent à travers une
brèche du filet protecteur de l’aura. Voilà pourquoi tant est écrit dans
l’Enseignement sur le filet protecteur et la nécessité de garder l’aura
pure afin d’empêcher les forces obscures d’approcher. Et le moyen le
plus sûr est le dévouement total à un seul Instructeur. Chaque écart –
même s’il n’est que temporaire – de la voie choisie peut nous mettre à
la merci des puissances obscures.
Je vous suggère de répandre largement les extraits suivants tirés de
l’Enseignement :
« Les forces des ténèbres avancent de diverses manières en s’ancrant
dans les couches proches de la Lumière. Ceci est naturellement impossi-
ble dans les Sphères Subtiles, mais dans les strates terrestres où l’atmos-
phère est si opacifiée par les gaz infectés, les forces des ténèbres tentent
justement d’approcher la Lumière. Une impulsion destructrice les pousse
vers ces Torches de Vérité. Les ennemis qui brandissent l’épée ne sont pas
aussi dangereux que ceux qui pénètrent sous le masque de la Lumière.
Les ténèbres ont des instruments conscients et inconscients. D’abord
semble-t-il, les inconscients créent à l’unisson du bien et, porteurs du
mal, ils infectent chaque pur commencement. Les serviteurs conscients
du mal, quant à eux, entrent dans le temple avec votre prière, et malheur
à ceux qui ne discernent pas ! Des pièges ténébreux les attendent. Il ne
convient pas d’admettre dans le Saint des Saints ceux qui offensent
l’esprit. Les djinns peuvent aider sur le plan terrestre, ils peuvent aussi
construire un temple, mais le plan spirituel leur est inaccessible. Sur le
chemin vers le Monde de Feu, souvenons-nous des serviteurs des ténèbres
qui tentent de pénétrer dans le Saint des Saints. » (Monde de Feu, volume 3,
no 165).
« Faites particulièrement preuve de prudence vis-à-vis des énergies
cosmiques. L’emploi erroné d’énergies est un danger lié à chaque affir-
mation de force cosmique. Seule une attitude consciente et attentive peut
écarter des conséquences désastreuses. Les forces invoquées depuis le
Monde Subtil exigent une retenue dont seul un esprit fort peut faire
preuve. Sinon cette force débridée affirmera le Chaos cosmique. Lorsque
s’approchent les dates ardentes, il est vraiment nécessaire de le savoir,
parce que vaste sera l’effet des invocations. » (Monde de Feu, volume 3,
no 158).

236
Partout des loges noires surgissent, avec leurs évocations et leurs
messes noires des plus repoussantes. Les journaux sont pleins de ces
récits, mais l’opinion publique ne semble pas s’inquiéter de ces graves
crimes et calamités.

C’est une grande erreur de penser qu’il est possible de développer


et d’augmenter l’énergie psychique par une extrême tension dans le
travail ou en se privant de sommeil et de nourriture. Le juste dévelop-
pement d’une haute qualité d’énergie psychique n’est possible que par
l’élargissement de la conscience et avec l’aide des Grands Êtres. Mais
le lien du cœur, qui rattache le disciple à l’Instructeur, doit être solide !
Toutes les autres méthodes et les exercices forcés ne mènent qu’à des
manifestations inférieures de l’énergie psychique ou au développement
de la médiumnité, puis avec le temps à la possession ou encore à la
mort. C’est pourquoi tous les Enseignements ont toujours prêché le
« Juste Milieu » ou « l’Équilibre ». Il faut prendre soin de sa santé. Le
sommeil est absolument nécessaire, car durant le sommeil le corps subtil
est nourri par la substance vitale du Monde Subtil, laquelle est en contact
avec des énergies supérieures. Lorsque l’esprit est privé de cette nourri-
ture, il s’affaiblit. Dans l’atmosphère polluée des villes, il est néces-
saire de dormir pas moins de sept ou huit heures par nuit. De même, la
nourriture devrait contenir une quantité suffisante de vitamines. Tous
les excès sont nocifs.
La tension mentionnée dans l’Enseignement ne concerne pas un
surmenage physique, mais une vigilance et une mobilité de conscience.
Cela influence à son tour notre vitalité, car une conscience éveillée et
élargie rend une personne deux fois plus forte. Pourtant, une telle vigi-
lance de la conscience ne signifie pas qu’on devrait se passer de sommeil.
Les centres ne peuvent être ouverts que dans les cas où la conscience
est élargie. Mais l’ouverture des centres n’est pas l’accomplissement
final. Vient ensuite leur transmutation ardente. La voie du disciple n’est
pas aussi simple que plusieurs le pensent. Elle est facilitée pour ceux
qui se sont efforcés de remplir leur Calice. Par conséquent, ne vous
attendez pas à voir des centres ouverts dans n’importe quelle manifes-
tation psychique. Et même s’il y a une petite ouverture de l’un des
centres, il existe une gradation infinie de ces centres partiellement
ouverts ! Par conséquent, souvenez-vous de ce qui est dit dans l’Ensei-
gnement à propos « des cercles de clairvoyance et de clairaudience ».

237
Vous pouvez appeler l’Enseignement « Éthique Vivante » si vous
préférez éviter la terminologie orientale qui semble étrange à certaines
personnes. J’ai déjà parlé de l’étude des Enseignements d’Origène. En
Amérique, le pasteur R.N. était notre grand ami et un admirateur de
N.K. Il était un excellent prédicateur et il proposa dans ses sermons ses
idées sur la réincarnation et le karma. Beaucoup d’auditeurs suivaient
ses présentations. L’Évangile du Christ est riche en allusions à ces lois.
Pourquoi alors devrions-nous les ignorer ? Il est essentiel de regarder
soigneusement les résolutions prises lors des conciles de l’Église. Quelle
somme d’ignorance, de cupidité et même de crimes pourrait-on y décou-
vrir ! Si on jette un regard à travers toute l’histoire de l’Église et de la
Papauté, on est terrifié ! Et on se demande si ceux qui étaient supposés
suivre la Grande Lumière révélée par le Christ n’étaient pas dirigés par les
forces des ténèbres ! Et est-ce que le Christ n’est pas encore aujourd’hui
toujours crucifié ? La tâche de purifier la religion n’est pas facile et peut
vous créer bien des ennemis, mais à la longue peut-être des amis plus
nombreux encore ! Voilà pourquoi il faut soigneusement peser si on est
préparé ou pas à accepter une telle tâche. Mais même si on limite cette
tâche, on peut faire beaucoup pour améliorer la conscience humaine.
Lorsque quelqu’un décide de commencer un tel travail, qu’il s’y pré-
pare soigneusement et qu’il rassemble des preuves irréfutables pour
pouvoir répondre à chaque question du point de vue de ce qui est le
plus important, compréhensible et bienveillant. Toute abstraction doit
être bannie. Il est essentiel de souligner les principes vitaux de tous les
Grands Enseignements. De grandes bénédictions attendent certainement
une telle personne. Mais je le répète, il y aura de l’opposition. Ces
tâches devraient être plus faciles en Amérique, car il n’y a pas dans ce
pays autant de préjugés pouvant asservir et déformer la faculté de pensée
comme dans d’autres pays. Et pourtant, même aux États-Unis la vie de notre
ami R.N. n’a pas été facile. Des gens d’église bornés lui étaient très hostiles.
Il faut maintenant que je vous conseille de ne pas être alarmé par
votre humeur dépressive. Souvent, ces états ne font que refléter la tension
incroyable de l’atmosphère ambiante. Les courants, lorsqu’ils auront
changé, apporteront un changement correspondant. Par conséquent,
soyez calme et attendez patiemment que ces pénibles courants changent.
Entre temps, une force renouvelée va vous parvenir.
____________
1 N.D.É. Nom de plume parfois utilisé par Éléna Roerich.
2 N.D.É. Livre Au Carrefour de l’Orient, cryptogramme « L’Or ».
3 N.D.É. Livre Au Carrefour de l’Orient, cryptogramme « L’Obscurité ».

238
LETTRE 20

14 juin 1934

Tout ce que vous écrivez est très juste, mais il faut espérer que le
pays ne restera pas longtemps à ce niveau de nationalisme étroit. Ce
stade de transition est bien sûr inévitable, mais plus les représentants
du pays seront cultivés, et plus ils auront hâte de s’occuper de cette
question. Le vrai patriotisme et le chauvinisme sont totalement opposés.
Le premier est un concept universel, et par conséquent capable de crois-
sance, tandis que l’autre est exclusif, limité, et donc voué à l’échec.
Les lois sont les mêmes en tout. Ceux qui confondent nationalisme
étroit et patriotisme font une grave erreur. Seuls les myopes peuvent
considérer pareil nationalisme comme une réelle qualité. Le vrai patrio-
tisme ne devrait pas seulement se traduire en attachement dévoué pour son
propre pays, ainsi que pour toutes les manifestations du génie national,
mais également en sollicitude et respect pour chacun des différents
groupes qui ont apporté leur contribution à sa culture. La tâche du
génie national est de reconnaître les efforts de toutes les minorités, de
toutes les nationalités qui composent un pays, de les rassembler et de
les harmoniser en un tout synthétique.
Les différents peuples et les différents pays doivent apprendre à
préserver leur caractère et leur individualité propres en s’enrichissant
de toutes les fleurs qui croissent dans leurs prairies ! Mais tout isolement
forcé en cette époque de coopération et d’unification mène à la ruine –
même si dans son présent stade de développement une telle unification
a surtout lieu dans la sphère des réalisations matérielles. Mais le temps
n’est pas si lointain, à l’occasion d’une prochaine étape, où des contrées
entières aspireront à une coopération et à des échanges culturels et spiri-
tuels, chacune offrant les fleurs de ses réussites. L’Enseignement de Vie
nous prépare à faire ce nouveau pas. Par conséquent, nous devons atten-
dre avec sagesse jusqu’à ce que cette période de nationalisme exagéré
soit dépassée et, en attendant, faire de notre mieux pour unifier en
ayant soin de ne jamais diviser.
Suivez donc le Conseil de ne pas argumenter avec ceux qui refusent
de vivre avec notre temps, parce que c’est sans espoir. Nous devrions
toujours suivre le Conseil qui nous a été prodigué de ne pas solliciter ni

239
forcer quiconque, car seul un esprit préparé peut parvenir à une compréhen-
sion générale de tous les problèmes vitaux.
En ce qui concerne la critique que notre Enseignement de Vie est
influencé par l’Orient, soyons objectifs et demandons-nous s’il existe
un seul enseignement ou une seule philosophie qui ne nous provienne pas
de l’Orient. Notre soi-disant philosophie occidentale n’est qu’une modeste
copie de la pensée orientale. La chrétienté elle-même découle d’une
influence orientale. Aussi, pour pouvoir comprendre l’Enseignement du
Christ dans sa totalité, il faut soit être oriental de naissance ou avoir étudié
à fond les doctrines sur lesquelles ses Enseignements sont basés.
Il est absolument certain que la chrétienté d’aujourd’hui et l’Ensei-
gnement d’origine du Christ sont deux choses totalement différentes. Même
le lamaïsme actuel et l’Enseignement d’origine du Bouddha Gautama sont
en complète opposition. L’un procède de l’esprit, l’autre est une création
de la cupidité et de l’ignorance humaines. Tout ce que je vous écris dans
cette lettre n’est pas destiné aux dogmatiques bornés avec lesquels il est
inutile de discuter. Il y a beaucoup d’âmes qui ont besoin de barrières
pour se protéger, de la même façon que des chevaux peureux ont besoin
d’œillères. Un proverbe oriental dit : « Il est excellent d’être né dans
un temple, mais il est très mauvais d’y mourir. » Il y a autant de degrés de
conscience qu’il en existe dans l’Infinité. C’est pourquoi il existe aussi
autant de lois et d’aspects de la vérité que de degrés de conscience.
Vous écrivez concernant le « Pacte de la Paix » et la « Bannière de
la Paix » que ces idées sont susceptibles de ne pas convenir à certaines
personnes opposées au pacifisme. Mais pourquoi devraient-elles ne
voir qu’une facette du mouvement ? Le « Pacte de la Paix » en lui-même
parle d’abord de l’importance de la « Bannière de la Paix » en cas de guerre
et d’événements destructeurs du même genre. La « Croix-Rouge », par
exemple, sert en temps de paix, mais son importance majeure est en cas
de guerre. De même, la « Bannière de la Paix » est avant tout néces-
saire maintenant, justement comme mesure de protection lorsque des
nations se préparent à des actions menaçantes. Les plus éminentes autori-
tés militaires de France et d’Amérique furent les premières à approuver
la « Bannière de la Paix ». Et les reconnaissances officielles du « Pacte de
la Paix » se poursuivent. Ainsi la République de Panama a officiellement
accepté le « Pacte de la Paix » et la « Bannière de la Paix ». Également,
l’Union Panaméricaine, qui a déjà projeté la ratification du « Pacte de
la Paix », espère remplir cette tâche culturelle urgente vers 1935.
Venons-en à la « Ligue de la Culture ». Vous écrivez que vous proje-
tez d’établir la « Ligue de la Culture » auprès d’une certaine société qui

240
est en accord avec ce travail. Cela est excellent. Veillez à y inclure des
groupes scientifiques et artistiques. J’ai l’impression que si vous éta-
blissez de tels groupes, ils pourraient se développer admirablement.
En temps voulu, ils pourraient devenir une très bonne école, un genre
d’université populaire. Et bien sûr, qu’ils devraient être indépendants
financièrement. Mais comme d’habitude, il convient de commencer
modestement et en accord avec les possibilités existantes. Il ne faut
rien exagérer. C’est une règle fondamentale. Il ne faudrait donc pas
insister sur l’acceptation de l’Enseignement de Vie. Aussi longtemps
que les gens ne sont pas mauvais, et surtout aussi longtemps qu’ils ne
trahissent pas, cela est acceptable. Avec le temps, il nous sera donné de
voir « qui est qui ». Rappelez-vous que la règle « par ton Dieu » est
supérieure à celle « par mon Dieu ».
Oui, vous avez comme on le dit des montagnes de travail. Pourtant,
les membres de la Société ne devraient pas commencer trop de choses
à la fois. Toutes les tâches devraient être maintenues dans certaines
limites qui s’élargiront d’elles-mêmes quand le besoin s’en fera sentir.
Et maintenant, en ce qui concerne ceux qui abandonnent. Vous savez
comment les anciens Enseignements regardent ceux qui brisent leur
lien avec un Maître pour en suivre un autre. Lorsque le lien est rompu,
rien ne peut le réparer. Seule la personne concernée, après beaucoup de
difficultés et d’efforts pour se perfectionner et après avoir pleinement
réalisé son erreur, peut demander au Maître de l’accepter à nouveau –
mais personne ne peut le faire à sa place. Il est de ce fait nécessaire de
mettre en garde les nouveaux arrivants qui avancent sur le sentier spirituel.
C’est à eux de décider, premièrement s’ils sont prêts à se donner complète-
ment, sans condition à la Haute Direction. Il arrive souvent qu’une
personne, dans son désir d’avancer rapidement et d’acquérir le plus de
connaissances possibles, coure après d’autres Enseignements et d’autres
Instructeurs et se partage en deux ou même parfois en trois, et perd
ainsi ce qu’elle avait déjà acquis. Mais la règle fondamentale de chaque
Enseignement est de se vouer à un Instructeur en particulier et de manifes-
ter un profond respect pour chacun des liens de la Chaîne de la Hiérarchie.
Le Grand Hiérarque a ses gens de confiance, et chaque disciple qui
s’approche ne peut passer par-dessus les chaînons les plus près sans
risquer de perdre sa place dans la grande chaîne. Mais ceci ne concerne
que les chercheurs engagés et ceux qui ont pris la ferme décision de
suivre la voie du Grand Service. Les autres peuvent tirer profit des
livres de l’Enseignement sans prétendre fouler le sentier du discipulat
ou recevoir des Directives spéciales. Il n’est même pas nécessaire qu’ils
connaissent la Source de l’Enseignement ! On a dit que plusieurs se

241
mettront à lire l’Enseignement en prenant leur retraite, le considérant
comme un somnifère. Nous avons connaissance de certains de ces cas
et aucune question n’est jamais posée sur l’origine de l’Enseignement.
Donc, ceux qui choisissent une voie plus rapide pour élargir leur conscience
devraient comprendre la loi de la Hiérarchie, sans quoi ils ne pourront
faire de réels progrès. L’Échelle de Jacob est une grande réalité et le
fondement de tout le Cosmos.
Et maintenant, je vous prie d’attirer l’attention de tous les nouveaux
arrivants sur le « Juste Milieu » conseillé par tous les Enseignements.
Tout ce qui est imposé ou exagéré est condamné. Par conséquent, lorsque
mention a été faite de la diminution de nourriture et des heures de sommeil,
j’ai dit très clairement que lorsque l’esprit est prêt, l’organisme lui-même
décidera ses besoins. On pourrait réduire le sommeil et la nourriture à
l’extrême, mais le résultat final serait des plus tristes : l’affaiblisse-
ment de l’organisme, la folie et même la mort. Une personne qui dort
normalement de sept à huit heures, et qui mange suffisamment, mais avec
une ardente aspiration à purifier ses pensées, peut obtenir d’excellents
résultats. Bien sûr, il a été indiqué que dans les montagnes on peut
réduire de beaucoup le sommeil et la nourriture, du fait que dans ces
conditions les besoins physiologiques diminuent d’une façon appréciable.
Mais dans l’atmosphère polluée des villes, il est fortement recommandé
de manger suffisamment, et par là on entend bien sûr que la quantité de
nourriture est moins importante que sa qualité ou son contenu en éléments
nutritifs et en vitamines. Même dans ce cas, il est préférable d’être
végétarien, surtout parce que la viande est cause de bien des empoison-
nements et maladies.
Un dicton bouddhiste dit : « Si la spiritualité pouvait être acquise
simplement en se nourrissant de végétaux, l’éléphant et la vache auraient
atteint le but depuis bien longtemps. » Il est dit également : « L’ascétisme
est inutile pour atteindre la libération. Il est plus difficile de trouver un
être humain vraiment patient qu’une personne qui vit d’air et de racines
et qui s’habille d’écorces et de feuilles. Si une personne est trop affaiblie
par le jeûne et la soif, ou trop fatiguée pour contrôler ses émotions et
ses pensées, comment réussira-t-elle à atteindre le but qui demande un
mental clair et une conscience élargie ? » Et encore : « Pour que les
cordes de la vina puissent résonner harmonieusement, elles doivent
être ni trop tendues, ni trop lâches. En vérité, chaque effort trop difficile
échoue, et s’il n’est pas assez ferme, il dégénère en passivité ou en inertie. »
Exercez donc votre sens de la mesure. Apprenez à connaître la
tension limite et équilibrez vos capacités !

242
Le renoncement aux excès terrestres devrait s’accomplir en esprit,
dans sa propre conscience. « La personne qui jeûne tout en pensant
avec envie à la nourriture est pire que celle qui mange de la viande à
chaque repas. » Il faut toujours bien se rappeler qu’un esprit préparé
renonce facilement à tous les excès. Il n’y pense même pas, et chaque
chose vient naturellement. Ainsi donc, le principal accomplissement
se situe dans une purification, un élargissement de la conscience, tout
le reste étant secondaire.
Il est stupide aussi de croire que quelqu’un peut développer et accroî-
tre son réservoir d’énergie psychique par un travail exagéré et une insuffi-
sance de sommeil. Le développement adéquat d’une énergie psychique
de haute qualité n’est possible que par l’expansion de sa conscience et
l’Aide des Sources Supérieures. Toutes les autres méthodes et les exer-
cices forcés conduisent seulement aux manifestations inférieures de
cette énergie, ou encore, comme je l’ai mentionné précédemment, abou-
tissent au développement de la médiumnité, à la possession et même à
la mort. Voilà pourquoi il est si important de faire connaître à chacun le
sentier du « Juste Milieu » et les soins à donner à sa santé.
L’idée de manger une saine nourriture végétarienne n’est pas basée
sur la sentimentalité, mais sur des raisons purement médicales. Ceux
qui s’engagent sur la voie du Service et du vrai discipulat devraient
soigner la pureté en toutes choses. Et vous devez insister sur l’absolue
nécessité du sommeil. Quand l’organisme n’interfère pas, l’esprit peut
se nourrir particulièrement bien des substances vivifiantes du Monde
Subtil. Privé de cette nourriture, l’esprit s’affaisse.

J’ai été surprise de connaître l’effectif de vos membres. S’ils répon-


dent tous aux principaux critères de l’Enseignement de Vie, cela est très
réjouissant. Toutefois, souvenons-nous que c’est la qualité qui importe
et non la quantité. « La capacité de bien choisir les gens est le premier
test de chaque dirigeant. Soyons donc prudents avec les nouveaux arri-
vants, surtout avec ceux qui ne font que répéter les formules de l’Ensei-
gnement. » Une grande armée ne fut jamais une garantie pour la vic-
toire. L’élément important est l’esprit qui l’unifie.
Nous voyons souvent dans les lettres qui nous sont envoyées que
beaucoup de gens interprètent mal certaines indications de l’Enseigne-
ment. Presque tout ce qui est dit dans un sens large et universel est pris
personnellement selon les besoins limités de chacun. Il en résulte un
manque pénible et désastreux de comesure. Je me rends compte que

243
certaines idées sont difficiles à comprendre, car l’Enseignement a été
donné et est toujours donné en relation avec certaines expériences et
événements de la vie de tous les jours. C’est la raison pour laquelle
certaines indications semblent incomplètes et ne peuvent être comprises
que par ceux qui en possèdent la clé. Si vous êtes perplexe, n’hésitez
pas, je vous prie, à me le mentionner. Je serai heureuse de vous fournir
toutes les explications possibles.
Ceux qui prétendent veiller attentivement à une interprétation correcte
de l’Enseignement pèchent souvent par le contraire.
Ne vous étonnez pas si ceux qui sont exaspérés et intolérants ressem-
blent à des possédés. Il faudrait se rappeler que les fanatiques sont
justement les possédés. Les degrés de la possession sont variables, et il
existe même des cas qui ne sont pas si mauvais. Ainsi, nous avons
connu autrefois une veille dame très charmante qui était complètement
contrôlée – ou possédée – par son oncle, un évêque anglais. Elle n’arrê-
tait pas de faire des sermons du même genre et du même niveau que
ceux que l’évêque faisait de son vivant. Il est tout à fait possible qu’elle
ait pu même aider certaines personnes, mais pour la vieille dame elle-
même cet état était néfaste, car la croissance de son esprit était entièrement
paralysée. Elle n’était que l’instrument de son « entité possédante ».

244
LETTRE 21

30 juin 1934

L’Enseignement de Vie, tout en révélant un nouvel aspect de la


Vérité une et éternelle, n’a pas pour but de remplacer les Enseignements
du passé. Il leur apporte une ardente purification et une confirmation.
Le Christ n’a-t-il pas dit qu’Il était venu non pour abolir la loi et les
prophètes, mais pour l’accomplir ? En vérité, chaque nouvel Instructeur
devient un dispensateur en même temps qu’un ardent purificateur de la
loi. Dans l’étude des manifestations historiques des Grands Instructeurs,
nous découvrons qu’Ils sont apparus lorsque l’Enseignement précé-
dent avait perdu sa pureté originelle et avait été complètement déformé.
En vérité, l’Enseignement de Vie ne rejette aucun Enseignement
précédent, mais il les approfondit et les libère des adjonctions profanes
accumulées au cours des âges.
Le paragraphe de l’Enseignement qui vous a été envoyé présente tout
un programme de travail. Je vous conseille de comparer l’Enseignement
avec les autres Testaments. Les marques du temps seront reconnaissables
sur la même vérité. Pourtant, il ne faudrait ni critiquer, ni rabaisser, mais
essayer de trouver de belles comparaisons et des rapports correspondants.
Il est essentiel de se documenter sur les fondements de tous les
grands Enseignements. Cette connaissance aidera à assimiler l’Ensei-
gnement de Vie et l’Enseignement du Christ. Il faut nous rappeler que
tous les Enseignements proviennent d’une même Source Unique. Il est
impossible d’en accepter un et d’en rejeter un autre. L’Orient reconnaît
pleinement l’importance de la succession des Enseignements, et ne
révère que les Instructeurs qui sont des maillons dans la Chaîne de la
Hiérarchie. Un instructeur qui réfute la succession des Enseignements
et qui ne jure que par le sien est appelé en Orient un « arbre sans racines ».
Et personne ne voudrait écouter cet instructeur. Ne critiquons pas, ne
dénigrons pas, mais comparons et trouvons les merveilleux liens ainsi
que les nouveaux prolongements de la Vérité.

Quelqu’un mentionne « que dans l’Ère Nouvelle, une mère doit


porter autant d’affection à l’enfant d’une autre qu’au sien propre ».

245
Cette affirmation va trop loin et par conséquent n’est pas convaincante.
Il est impossible d’exiger des sentiments surhumains d’une maman
terrestre. Accordons-lui ce droit naturel d’aimer son enfant davantage.
Mais nous pourrions ajouter qu’une vraie mère trouvera aussi dans son
cœur de la place pour un autre enfant. Tous les enfants devraient être
chers à son cœur accueillant. L’amour exclusif est terrible, mais un
amour inclusif aura plusieurs degrés.

Il existe sept centres principaux qui correspondent aux sept principes


de l’être humain. Mais le couronnement complet exige l’embrasement
des quarante-neuf Feux qui comprennent tous les Feux des centres et
leurs embranchements. L’Enseignement mentionne vingt et un centres,
parce que leur ouverture implique celle de tous les autres centres et de
leurs embranchements. Tous les centres spirituels dépendent du cœur.
Le cœur est le grand accumulateur et transformateur de toutes les énergies.
On peut l’appeler le soleil de l’organisme parce qu’il joue vraiment ce rôle.

La Diade composée des septième et sixième principes n’agit pas


comme une entité consciente sur le plan physique de l’existence. Par
conséquent, pour obtenir la véritable immortalité et atteindre à une
manifestation consciente sur tous les plans, c’est-à-dire devenir un
Arhat, un Bouddha ou un Dhyan-Chohan, l’homme doit réunir les trois
principes (le quatrième, le cinquième et le septième) ici, sur cette Terre,
et les fondre justement dans le sixième principe. Le septième principe
est la force vitale éternelle qui existe dans tout le Cosmos. Par conséquent,
il serait peut-être préférable de dire : l’Intelligence Absolue et le Cœur
Parfait, étant Un et procédant de la même Origine, correspondent à
l’aspect supérieur de l’homme dans lequel son esprit, son intellect ainsi
que tous ses sentiments sont transmutés en feux et sont focalisés dans
le cœur – en bref, quand l’intellect devient un cœur et que le cœur
devient un intellect. En comprenant ceci, le lecteur évitera beaucoup
d’incertitudes.
Vous associez le sixième principe au cœur et c’est tout à fait juste,
car rien n’échappe au cœur. C’est là que toutes les énergies sont
transmutées. Pourtant, plusieurs personnes ayant l’habitude d’associer
le sixième principe – c’est-à-dire Bouddhi – avec le centre cérébral
risquent de vous contredire. Néanmoins, le sixième principe dans son
aspect supérieur est justement manifesté dans le cœur.

246
Fréquemment, nous entendons la remarque : « Tout comme d’autres
textes sacrés, les livres de l’Agni Yoga n’indiquent pas de façon claire
et complète ce qu’on devrait faire et comment se comporter. » C’est
une grande erreur. Justement, les livres de l’Agni Yoga, tout comme
les autres textes sacrés, indiquent clairement comment il faut agir. Mais
les gens ignorent toujours l’essentiel et cherchent ce qui est acces-
soire. Tout comme dans leur vie de tous les jours, ils recherchent des
remèdes d’apothicaires ou des cures à la mode. On oublie trop souvent
que même un médecin honnête s’enquiert premièrement de l’état géné-
ral de son malade et prescrit les doses de ses remèdes en fonction de l’état
de l’organisme de son patient. Tous les Enseignements de Vie, y compris
ceux de l’Agni Yoga, indiquent toujours l’essentiel. Et les mesures
secondaires et accessoires sont laissées au choix de chacun, selon les
particularités de son organisme. Ce serait une grave erreur de donner la
même prescription à tous. Lorsque les bases sont comprises et appli-
quées dans la vie, le reste suivra tout naturellement.
La difficulté provient de l’impuissance des gens à comprendre que la
base du succès ne se trouve pas dans des moyens mécaniques, mais dans
la transmutation de l’homme intérieur dont la sphère d’activité est du
domaine de la pensée. Tous les Enseignements du monde entier insistent
toujours sur l’importance de « la pureté des pensées, des paroles et des
actions » qui sont les trois fondements pour ceux qui souhaitent s’élever
plus haut que l’humanité ordinaire et se joindre aux « dieux ». C’est
ainsi que s’exprimait Zoroastre, et c’est ce qu’ont dit tous les Grands
Instructeurs, du premier au dernier.
En conséquence, nous devons être justes et nous demander : les
qualités requises pour la transformation de l’homme intérieur ne sont-elles
pas mentionnées dans les livres de l’Enseignement de Vie ? Ces qualités
n’y sont-elles pas examinées sous tous les angles, de tous les points de
vue ? » En outre, on y trouve aussi bon nombre de conseils pratiques. Si
vous parcourez avec soin tous les livres, vous y trouverez non seulement
de nombreuses suggestions, mais même des remèdes d’apothicaires ! Il
est aussi conseillé de copier séparément toutes les qualités exigées d’un
disciple. Vous serez étonné de leur nombre ! En vérité, il faut plusieurs
vies pour arriver à cette perfection. Mais n’avons-nous pas la grande
Infinité devant nous ?
Et maintenant, je voudrais traiter de la question de la lecture d’autres
livres en général. Apparemment, cette question embarrasse tout le
monde. Il n’y a bien sûr aucune objection à lire des livres qui traitent
des nombreuses branches de la connaissance, de l’art et de la spiritualité,

247
car chacun devrait toujours étendre ses connaissances. Mais il est tout
à fait essentiel d’apprendre à évaluer la qualité. C’est ainsi que je mets
toujours en garde contre les écrits pseudo-occultes. Lorsqu’on a la possi-
bilité d’obtenir tous les trésors des livres de l’Enseignement de Vie qui
traitent de tous les problèmes de la vie et montrent les nouvelles voies
de la connaissance, et quand on a la chance de se familiariser avec les
Lettres des Mahatmas et avec les nombreux livres de H.P. Blavatsky,
alors la lecture des livres de moindre qualité sera une perte de temps. À
quelques rares exceptions près, les autres livres sont de pâles échos –
souvent truffés d’erreurs – des livres susmentionnés. Par exemple, Le
Bouddhisme ésotérique de A.P. Sinnett est basé entièrement sur les
Lettres des Mahatmas qu’il avait reçues par l’intermédiaire de H.P.
Blavatsky, mais toutes ces lettres sont plus complètes dans l’original.
Personnellement, je conseille toujours la lecture de textes traitant de la
philosophie orientale, pour autant qu’elle n’ait pas été déformée dans
la traduction.
Il serait excellent si vos collaborateurs pouvaient se familiariser
avec Les Fondations du Bouddhisme1, les Oupanishads, La Bhagavad-
Gîtâ, les Enseignements de Confucius, de Lao-Tseu, de Zoroastre,
d’Hermès et d’autres. Bien sûr, un grand obstacle se trouve dans le fait
que peu de ces livres sont traduits en russe. Une compréhension correcte
de ces Enseignements peut fortifier la conscience et aider à assimiler
les Enseignements de l’Éthique Vivante. Je recommande toujours la
lecture des livres de Vivekananda et L’Évangile de Ramakrisna. J’aime
aussi les quatre volumes dédiés à la vie de Ramakrisna et de
Vivekananda. En lisant ces livres, on est fasciné par le raffinement des
sentiments et des pensées de l’Orient. Les ouvrages de Sœur Nivedita
sur l’Inde et sur Vivekananda – qui était son Maître – sont excellents.
En somme, il y a beaucoup de livres orientaux magnifiques.
Il est certain qu’après avoir lu diverses théories qui exposent les
différents Yogas, beaucoup de gens voudront les comparer à l’Ensei-
gnement de Vie et seront déçus d’y trouver certaines divergences. C’est
pour cette raison que la lecture de mauvais livres qui traitent de sujets
occultes est si dangereuse pour les débutants qui ne possèdent pas encore
assez de solides connaissances du véritable Enseignement. Les erreurs
spirituelles provoquent de grands malheurs. Je terminerai en citant un
paragraphe de l’Enseignement sur le choix des livres :
« […] les erreurs dans les livres constituent des crimes graves. Les
mensonges contenus dans les livres doivent êtres poursuivis comme de
graves calomnies. Le mensonge d’un orateur est proportionnellement

248
dénoncé au nombre de ses auditeurs. Les mensonges d’un auteur devraient
être poursuivis d’après le nombre d’exemplaires vendus. Remplir les
bibliothèques de mensonges est une offense grave. […] En vérité, on ne
devrait pas entraver les nouvelles perspectives et les nouvelles structures.
Mais des données incorrectes ne doivent pas induire en erreur, car la
connaissance est l’armure de la communauté, et défendre la connaissance
est un devoir pour tous ses membres.
« Les livres doivent être vérifiés moins d’un an après leur parution,
sans quoi il y aura beaucoup de victimes. Il est spécialement néces-
saire de surveiller un livre quand sa valeur est mise en cause. Les rayons
des bibliothèques sont pleins de ramassis de mensonges. Il ne devrait
pas être permis de conserver ces parasites. Vous pouvez proposer à
quelqu’un de dormir dans un mauvais lit, mais il est impossible de lui
suggérer de lire un livre faux d’un bout à l’autre.
« Pourquoi abandonner à un bouffon menteur le meilleur coin de la
cheminée ? […] Le problème du livre doit être réglé. » (Ère Nouvelle –
Communauté, no 94).
Il existe d’autres pages de l’Enseignement sur le même sujet et de
temps en temps je les citerai aussi. Il faudrait surtout veiller aux enfants,
car de nombreuses maladies spirituelles et physiques des enfants sont
justement le résultat de lectures inappropriées et fausses.
Si les lecteurs de l’Enseignement de Vie, ou de l’Éthique Vivante,
réfléchissaient plus profondément à tous les problèmes de la vie, aux
nouveaux domaines de la connaissance qui y sont traités, et s’ils déci-
daient de les étudier sérieusement, ils auraient de la matière non pas
pour une vie, mais pour plusieurs. Mais les gens lisent généralement
avec leurs yeux, non avec leur cœur, et c’est pourquoi les plus remar-
quables indications, les plus grandes révélations, glissent sur leur cons-
cience sans y laisser la moindre trace. Moi qui connais la clé de bien
des déclarations des livres de l’Enseignement, j’en fais la triste expérience.
Ces livres donnent des directives pour tout ce qui concerne la pensée.
Ils indiquent les nouveaux domaines. Ils plantent de nouveaux jalons
pour toutes les recherches scientifiques. Ces livres sont vitaux, essentiels,
parce qu’ils conduisent vers le futur. Les livres de l’Enseignement de-
vraient être une source perpétuelle de connaissances pour les scientifiques
dont la conscience n’est pas obscurcie par les préjugés.
Une personne sans préjugés et prévoyante participe déjà à la création
de ce futur et facilite ainsi la vie présente. Des connaissances techniques
et toutes sortes de comparaisons sont très utiles, mais il arrive un temps

249
où ces sources d’informations se limitent à certaines investigations tech-
niques. Pourtant, la vraie connaissance n’arrive que lorsque les indica-
tions présentées dans l’Enseignement sont assimilées et appliquées,
lorsque ce processus se poursuit sans cesse, lorsque les formules ardentes
de l’Enseignement indiquent la direction des nouvelles étapes de l’expan-
sion de la conscience et les prochains accomplissements, et lorsqu’ils
lèvent toujours plus le voile vers la Grande Infinité.
Il ne faut donc pas croire que certaines lectures sont interdites. Ce
serait absurde. Mais enseigner aux gens à reconnaître la qualité des
livres. Il est très utile d’être au courant des derniers progrès de la science
pour réaliser une fois de plus à quel point ses récentes découvertes
s’approchent des affirmations de la Science Sacrée.
J’ai longtemps rêvé de publier une revue – à partir de notre principal
centre – qui traiterait des grandes réalisations de la vie. Je voulais expo-
ser à un large éventail de lecteurs une revue complète des accomplisse-
ments en science, dans les arts et la vie sociale, et ainsi montrer les
tendances de la pensée. Jusqu’ici, je n’ai pas eu la possibilité de le
faire, mais plus tard cela se fera aussi.
Et en attendant, je répète que personne ne doit croire qu’il est interdit
de nourrir sa pensée aux sources qui conviennent le plus à chacun selon
sa mentalité. Il n’y a pas d’interdits, mais seulement des avertissements
contre les informations fausses.
____________
1 N.D.É. Les Fondations du Bouddhisme, Éléna Roerich, Éditions du IIIe millénaire.

250
LETTRE 22
6 juillet 1934

Ce que vous écrivez sur le théâtre est très navrant, mais dans les
autres pays les choses ne vont guère mieux. La radio et le cinéma rempla-
cent l’art véritable, et l’influence directe du feu sacré de l’esprit créateur
s’estompe. C’est vrai aussi pour la photographie. Précieuse dans beaucoup
de domaines, elle supplante de plus en plus les œuvres artistiques et la
peinture dans les maisons privées et les immeubles publics. Malheu-
reusement, nous devons aussi passer par ce stade dans la lente évolution
de l’esprit humain. Pourtant, avec la croissance et le raffinement de la
conscience, et si nous élevons correctement la jeune génération, pour
autant qu’on porte respect au génie humain, tout retrouvera finalement
sa vraie place. Quoi qu’il en soit, il y a un grand travail à faire. Il est
nécessaire justement d’élever autant que possible le niveau du goût et
de la compréhension de l’homme moyen dans toutes les sphères de la
création, et à cet égard le théâtre est un excellent outil. Mais il est vain
d’attendre un véritable essor culturel aussi longtemps que les chefs de
gouvernement ne seront pas des personnalités hautement cultivées. La
direction est toujours imprimée par les dirigeants, et malgré la soi-disant
démocratie et l’individualité tant vantée, chacun – ou presque – suit,
comme hypnotisé, les modèles établis par ceux qui gouvernent. Et en
effet, ce modèle pour la plupart n’est pas très élevé.
Les drames de Kalidasa et les pièces de Tagore sont splendides,
mais j’aimerais vous suggérer de ne pas ignorer les légendes et les
magnifiques épisodes historiques de la vie de votre propre pays. Chaque
pays a ses propres trésors qu’il faudrait rappeler. Chaque nation devrait
connaître les fondations qui lui ont conféré son caractère spécifique.
Maintenant, nous approchons – ou plutôt nous sommes déjà entrés –
dans une période dangereuse et héroïque, pendant laquelle bien des
nations seront éprouvées. C’est pourquoi il me semble que tout ce qui
est héroïque, tout ce qui élève la conscience d’une nation et évoque les
accomplissements de l’esprit, devrait être particulièrement encouragé
maintenant. Vous savez que je suis particulièrement opposée au natio-
nalisme étroit et au chauvinisme, mais je suis toujours profondément
touchée par l’estime avec laquelle les citoyens des nations regardent
ce qui est beau et héroïque dans leur propre patrie. Ne prenez pas ceci

251
pour un appel au militantisme ! Non, mais certains événements sont si
exaltants que chacun d’entre nous serait prêt à devenir un guerrier de
l’esprit et, avec des armes spirituelles, trouverait le courage de défendre
les accomplissements spirituels. C’est une consolation d’entendre parler
des recherches spirituelles de la jeune génération. Nous ne devrions pas
manquer ce moment, mais être prêts à leur donner ce que leur esprit
désire. L’Enseignement de Vie contient exactement la réponse juste et
universelle à toutes les questions de l’esprit ! Aucun domaine, aucun
problème de la vie n’est négligé dans ces Alliances. Chaque situation est
traitée sous plusieurs angles et différents points de vue, et des conseils sont
prodigués pour leur application la plus pratique. Tant de belles conversa-
tions sont possibles avec des âmes qui cherchent ! Ne renvoyez jamais
les mains vides ceux qui frappent à votre porte. En même temps, il faut
user de beaucoup de discernement pour éviter d’accueillir ceux qui
doutent.
Nous sommes heureux d’entendre que vous ressentez l’approche
de l’Ère Nouvelle. Oui, elle vient et rien ne peut l’arrêter. La carte du
monde entier est en train de changer. De nombreux pays traverseront de
grandes souffrances, mais même maintenant il y a déjà certains signes de
Lumière au milieu des ténèbres. Je cite une page de l’Enseignement :
« Les formes existant dans la vie sont l’empreinte de l’esprit d’un
peuple. Il est possible de juger du déclin ou de l’élévation d’un peuple,
non seulement à partir de faits historiques, mais aussi sur la base de ses
expressions de créativité. Lorsque la grossièreté et l’ignorance prennent
possession de l’esprit, cela se reflète dans les lois et les coutumes de la vie.
En cette unité, tous les traits fondamentaux de l’époque peuvent être
repérés. Naturellement, les formes établies de la vie donnent une colo-
ration distincte aux diverses périodes historiques. Par quoi se distinguent
les trois premières décennies du vingtième siècle ? Par des guerres, des
terreurs, des cruautés, une plongée dans la grossièreté et les mensonges
les plus affreux ! Il est pourtant possible de discerner, parmi toute cette
obscurité, des formes de Lumière. Peu importe si elles sont rares, si
elles s’éparpillent à la surface de la Terre. L’équilibre de la Lumière ne
s’établit pas par la quantité mais par le potentiel, non par la congestion
mais par la vaillance de l’esprit. Sur le chemin vers le Monde de Feu,
imprégnons-nous de la signification des grandes formes et apprécions
particulièrement l’éclat des yeux qui donnent à l’humanité le pouvoir
de la beauté. » (Monde de Feu, volume 3, no 79).
Voilà pourquoi nous voulons créer des formes de Lumière. Que
leur petit nombre ne nous trouble pas, car leur potentiel est grand.

252
LETTRE 23

21 juillet 1934

Vos efforts vers le Maître sont magnifiques et si leur intensité ainsi


que votre compréhension de la Grande Image s’accroissent, vous attein-
drez de grandes choses. Ne soyez pas limité par le temps, ni par vos
propres hypothèses ou vos propres conditions, mais de tout votre cœur
ayez confiance dans la Haute Sagesse et tout se déroulera comme il se
doit – comme c’est le mieux pour vous. Quelquefois, il arrive que ce
qui est le plus terrible, le plus difficile à accepter, devienne la principale
source de notre bonheur.
Vous écrivez que vous concevez clairement ceci : « Ce n’est pas le
disciple qui attend le Maître, mais bien le Maître qui attend le disciple. »
Il me faut pourtant développer cette affirmation catégorique. Pour chaque
activité créatrice, pour chaque manifestation, la réciprocité et la concor-
dance sont nécessaires. C’est pourquoi s’il n’y a pas d’attente, il ne peut
y avoir de réponse. Là où il n’y a pas d’attente, il ne peut y avoir d’efforts.
Mais on nous demande d’appliquer l’effort le plus intense et le plus
vigilant.
Quoi qu’il en soit, la grande Promesse – « Quand le disciple est
prêt, le Maître apparaît » – est rarement comprise. Peu se demandent en
quoi cette préparation consiste réellement. Ne devrait-elle pas consis-
ter en certaines qualités ? La difficulté est que les gens ne veulent pas
comprendre qu’à la base de cette préparation, de tous les accomplisse-
ments, se trouve la poursuite d’un grand idéal qui implique la transmu-
tation ardente de tous nos sentiments, de notre caractère tout entier.
Les gens préféreraient renoncer à divers excès et pratiquer mécanique-
ment leur pranayama plutôt que d’abandonner une seule habitude qui
barre leur chemin vers un accomplissement spirituel. Mais comme il a
été dit, les moyens mécaniques sont sans valeur. La transformation de
l’homme intérieur ne peut être atteinte par des automatismes, et cette
transformation même est le but principal de tous les Enseignements.
Voilà pourquoi il faut toujours penser que tous les Grands Instructeurs
se préoccupent de l’homme intérieur dont le royaume se situe dans la
sphère des motivations et des pensées. Par conséquent, pas un seul
Raja Yogi ou Agni Yogi évolué n’a recours à des méthodes mécaniques,

253
ni à des exercices physiques. Et leur seule considération se situe au
niveau de la concentration sur le Grand Idéal choisi, sur l’effort résolu
et soutenu pour s’en approcher. Cette concentration est continuelle.
Quoi que fasse un tel Yogi ou disciple, ses pensées sont constamment
tournées vers son Idéal. Tout est fait au nom de cet Idéal et il sent
toujours en son cœur l’amour ainsi que la présence de cette Image.
Voilà la vraie concentration dictée par la philosophie ésotérique, laquelle
s’occupe uniquement du monde intérieur, du monde des Noumènes.
Cela est vrai aussi pour la prière du disciple. Elle consiste plus
précisément en ce même effort incessant du cœur ainsi qu’en la réali-
sation de la présence de l’Image choisie. À ce propos, je me rappelle
une anecdote au sujet du grand Confucius. Une fois qu’il était très
malade, ses amis pensant qu’il était au seuil de la mort le pressaient de
dire ses prières. Le Sage sourit et dit : « J’ai commencé à dire mes
prières il y a très longtemps. » En effet, est-ce que toute sa vie n’a pas
été un service incessant au Grand Idéal, service qui est la vraie prière
au Très-Haut ?
Quand la présence constante de l’Image choisie envahit la vie d’un
disciple, quand il ne se produit plus d’errements, alors il est préparé.
Le Maître apparaît et le disciple sous observation est accepté. Mais, bien
sûr, il peut aussi exister des communications par l’intermédiaire de certai-
nes personnes, et il peut arriver que de merveilleux petits livres présentant
les fondements de l’Enseignement soient transmis psychiquement par
l’intermédiaire de certains êtres purs, cependant le vrai discipulat est une
chose tout à fait différente. Pratiquement personne ne réalise l’extrême
fardeau qu’un Maître doit assumer en acceptant un disciple. C’est pourquoi
les Grands Instructeurs qui veillent sur le monde, qui dirigent l’effort
universel vers le bien et qui prennent part à de gigantesques batailles
cosmiques ne peuvent accepter que ceux en qui ils ont une entière con-
fiance. Seuls peuvent être acceptés ceux qui ont subi de nombreuses
épreuves par le Feu et qui ont montré leur préparation ainsi que leur
dévouement, non pas dans une ambiance confortable, mais au bord du
précipice. Voilà pourquoi il y a si peu de disciples acceptés.
Après avoir accepté un disciple, le Maître établit une union invisible
avec lui et l’inclut dans sa conscience. En d’autres termes, à partir de
ce moment, le Maître sait tout ce qui concerne son disciple. Il peut lire
chaque pensée, chaque sentiment – même les plus fugitifs – et Il peut
guider le disciple en conséquence. Quant au disciple, dès le moment de
son acceptation, sa vie change complètement. Ses énergies potentielles
s’éveillent et leur développement et leur transmutation sont accélérés. Une

254
véritable batterie de rayons invisibles, mais puissants, est dirigée sur lui.
Ces rayons deviennent de plus en plus perceptibles, proportionnellement
aux efforts et à la croissance de la conscience du disciple ainsi qu’à la
purification de son organisme. Cela a pour objet de transformer le soi
intérieur, d’affiner et de séparer les trois corps pour des tâches indépen-
dantes sur leur plan respectif. Grande est la tension à laquelle le disciple
est soumis. Sa force physique diminue temporairement, et il est soumis
à un certain régime sans pour autant abandonner ses devoirs habituels.
Ces rayons ne peuvent bien sûr être assimilés que si le disciple se donne
au maximum. Tout demande la réciprocité, la conformité et l’harmonie.
Par conséquent, sans aspiration il ne peut y avoir d’accomplissement !
Peut-être insisterez-vous à nouveau et direz-vous encore : « Que ce
n’est pas le disciple qui attend le Maître, mais le Maître qui attend le
disciple. » Il se peut donc que vous pensiez que je n’ai pas su vous
comprendre ! Avec mon cœur je vous comprends, mais je dois insister
sur certaines choses. Vous-même pouvez peut-être avoir à rencontrer
des âmes qui ne sont pas encore développées et à discuter avec elles.
Lorsque vous leur parlez du Maître et du discipulat, vous devez insister
sur le fait que sans efforts et sans une forte détermination on ne peut rien
atteindre. On a beaucoup parlé de ceux qui s’arrêtent à mi-chemin et du
dommage qu’ils provoquent. Le Maître n’attend que celui qui est ferme,
engagé sans retour, et qui dans un effort total s’avance vers le but. Et
lorsque le dernier obstacle qui sépare le disciple de son Instructeur est
écarté, alors l’Instructeur lui tend la Main. Il y a foule au bas de la
montagne, tous espèrent suivre le sentier, mais il est sûr que les Maîtres
ne les attendent pas tous ! Le sommet est élevé et le sentier étroit. Beaucoup
auront peur et abandonneront avant même d’avoir franchi la moitié du
chemin. Ce n’est qu’après avoir dépassé un certain point qu’un disciple
peut espérer attirer l’attention de l’Instructeur. Ce serait en vérité une
grande perte de temps et un manque de mesure que de s’occuper des
caprices d’instables voyageurs de l’esprit.
Il y a également les adeptes prédestinés, ceux qui furent des disciples
dans plusieurs de leurs vies précédentes. Dans la présente incarnation,
un tel disciple se trouve dès sa naissance sous la haute direction de son
Instructeur. Les conditions de sa naissance sont déterminées par le
Maître, et Il le connaît dès sa plus tendre enfance. C’est pourquoi il n’y
a pas d’errements pour ces esprits, et les événements de leur vie, comme
un torrent qu’on ne peut retenir, les mènent vers la rive prédestinée.
Je cite une page de l’Enseignement :

255
« En vérité, acceptez le symbole du Sommet comme le but de l’ascen-
sion de l’esprit. Tout disciple devrait se souvenir qu’éviter le Sommet dé-
tourne le voyageur du sentier. Toute charge superflue gênera le voyageur.
Le Sommet est pointu et tout attachement inutile au monde terrestre bloque
le voyageur. Il est difficile de s’arrêter sur une pente. Aussi, pensons au
Sommet en commençant l’ascension. Il est difficile de parvenir au Sommet
si l’esprit ne saisit pas les fondements de la Hiérarchie.
« […] Les pentes sont abruptes et souvenez-vous que seul le pied
de la montagne est vaste. » (Monde de Feu, volume 3, no 22).
À mon offre de vous aider à comprendre plus clairement certains
points difficiles de l’Enseignement, vous avez répondu que vous ne
voulez pas m’importuner par des questions à caractère personnel et
que ce serait pour moi une perte de temps inutile.
Je dois vous dire que vous avez tort. Vous ne devriez pas penser
qu’il peut y avoir quoi que ce soit de personnel ou d’inutile dans la
rectification des commentaires incorrects concernant l’Enseignement.
Vous ne sauriez imaginer la somme d’additions illogiques rassemblées
autour de l’Enseignement. C’est justement sur cette rectification qu’insis-
tent tant les Grands Instructeurs. Par conséquent, la personne qui peut
comprendre et qui veut sérieusement fouler le sentier du discipulat
devrait apprendre à approfondir sa compréhension.
De nombreuses indications sont disséminées dans l’Enseignement
et le mental désireux d’apprendre d’un lecteur sérieux peut commencer
à s’y intéresser et peut-être ainsi entrer sur la voie de probation du discipulat.
Alors, je suis prête à répondre et ce ne sera pas une perte de temps.
Toutefois, je n’ai pas le temps de répondre aux questions posées seulement
dans un but de curiosité oisive ou encore par des fainéants. Pourquoi
fournir des connaissances à des intelligences qui ne sont pas prépa-
rées ? Cela ne servirait à rien à ces personnes et sèmerait même en elles
la confusion. Savez-vous quelles sont les questions qui me sont posées
le plus souvent ? Quelles sont les sept composantes qui forment l’émul-
sion des Yogis ? Qu’est-ce que l’eau de L. ? Combien devrait-on manger
de carottes par jour ? Etc. Et tout cela lorsque les livres de l’Enseignement
sont pleins et traitent des mystères les plus profonds et les plus fonda-
mentaux de la vie ! Mais cela intéresse peu de gens.
Mais revenons à vos questions. Vous demandez : « Que signifie
Mahavan et Chotavan ? » En traduction littérale, cela veut dire « Grand
rythme » et « Petit rythme ».

256
Mahavan et Chotavan sont les rythmes cosmiques, les rythmes du Feu
de l’espace, et à certains moments ceux qui suivent la voie de l’Agni Yoga
les ressentent. Ils ne sont sentis que pour de courtes périodes, sans quoi
il serait trop difficile de les supporter, car ils se succèdent à de grandes
vitesses et de façon violente. J’ai fait l’expérience de tous ces rythmes
ainsi que celui du dodécaèdre double, mais il est très difficile de les
décrire. Tout ce que je puis dire c’est que chaque cellule de l’orga-
nisme est mise en vibration par ces rythmes, alors que le cœur – chose
intéressante à noter – maintient son rythme habituel, quoique légère-
ment plus fort.
Pensez-vous que cette information peut vous être utile dans vos
premiers pas ? Toutes ces expériences ardentes et ces rythmes se présen-
tent quand un disciple atteint le stade d’assimilation des feux de l’espace.
Si les gens, après avoir entendu parler de ces rythmes les considèrent
seulement du point de vue mécanique, ils ressembleront à ce tambour
militaire mentionné dans l’Enseignement comme le « batteur le plus
habile ». Par conséquent, lisez attentivement la section 401 dans le
livre Agni Yoga1.
Et maintenant, votre autre question : « Comment faut-il comprendre
le remplacement des liens consanguins par des liens spirituels ? » Il me
semble que cela est si évident, si clair ! Dans la vie, nous rencontrons
souvent des gens, même de nationalité différente, qui nous sont plus
proches par leur développement spirituel que nos parents par le sang.
Il y a plusieurs explications à cela. C’est parfois pour des raisons
karmiques, parfois parce qu’on appartient au même élément, ou encore
parce qu’il existe une similarité dans les énergies potentielles existant
à l’état embryonnaire dans l’esprit.
Mais même si nous prenons de simples exemples de la vie de tous
les jours, peut-on s’attendre d’une personne raisonnable – par exemple
de quelqu’un désirant améliorer son commerce – qu’elle recherche la
collaboration souhaitée non pas avec des personnes qui connaissent le
sujet, mais avec des membres de sa famille dont l’incapacité est évidente
et parfois même nuisible ?
Chacun d’entre nous a des devoirs précis envers sa famille, mais il ne
faut pas les exagérer. Souvent, des familles vivent en complète désunion
ou opposition, et sont un foyer de corruption spirituelle. Serait-il juste
et raisonnable d’épuiser ses forces et de sacrifier un idéal élevé pour
maintenir artificiellement des liens qui, dans la plupart des cas, sont
illicites, car ils s’opposent à la loi Supérieure ? Justement « illicites », parce
que beaucoup d’unions terrestres sanctionnées par les lois humaines

257
seraient considérées comme illégales du point de vue de la loi Cosmique.
Justement « des crimes terribles », la dégénérescence de nations entières
et l’écroulement de la civilisation sont le résultat de plusieurs faux maria-
ges de ce genre. La question de la légalité cosmique de la famille est très
profonde, cela touche à l’essence même de l’Être.
La compréhension de l’établissement d’unions justes et légales est
une grande science du futur. Et cette science sera basée sur des lois
cosmiques immuables.
On a beaucoup dit sur l’affinité des âmes, mais qui connaît et comprend
cette vérité dans toute la grandeur de la loi Cosmique Immuable ? L’Ensei-
gnement dit que les humains devraient s’unir selon les Éléments et que
seuls les parents appartenant au même Élément peuvent donner naissance
à des descendants équilibrés. Pourtant dans la vie pratique, nous voyons
souvent le Feu uni à l’Eau, ou l’Air à la Terre. C’est vrai, la stérilité et
la dégénérescence de nations entières est le résultat de tels mélanges.
Un temps viendra où cette vérité sera comprise par l’humanité et devien-
dra essentielle. Si l’humanité tient à continuer d’exister et de se dévelop-
per sur cette planète, les formes de vie, toutes les fonctions de l’humanité
doivent être construites en harmonie avec la loi Cosmique. Autrement
nous sommes menacés par la destinée de l’Atlantide.
Et aux hypocrites qui, après avoir lu un article sur le remplacement
des relations du sang par des relations basées sur la spiritualité, vont
manifester leur indignation et fustiger l’Enseignement « parce que les
devoirs familiaux sont dégradés », j’aimerais rappeler les paroles du
Christ qu’ils prétendent accepter : « En vérité, je vous le dis : Nul n’aura
laissé maison, ou frères, ou sœurs, ou mère, ou père, ou enfants, ou
champs à cause de moi et à cause du Bon message, qui ne reçoive le
centuple dès maintenant, en ce temps-ci, maisons, frères, sœurs, mères,
enfants, champs, […] et dans les siècles à venir la vie éternelle. »
(Marc 10 : 29-30). En passant, quelle claire affirmation de la loi de la
réincarnation se trouve dans ces mots et dans ceux similaires de l’Évangile
de saint Luc (18 : 29-30). Est également significative cette affirmation :
« Et vous serez livrés même par vos père et mère, vos frères, vos pa-
rents, vos amis ; il en est parmi vous que l’on mettra à mort. […] »
(Luc 21 : 16).
Que les questionneurs expliquent aussi ces paroles du Christ :
« N’allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la Terre; je ne
suis pas venu apporter la paix, mais la guerre. Je suis venu, en effet,
diviser et jeter l’homme contre son père, la fille contre sa mère, la bru
contre sa belle-mère, et chacun aura pour ennemis les gens de sa propre

258
maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas
digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est
pas digne de moi. Celui qui ne prend pas sa croix pour venir à ma suite
n’est pas digne de moi. […] » (Matthieu 10 : 34-38).
Il me semble après ces paroles que l’affirmation de remplacer les rela-
tions du sang par celles de la spiritualité paraît bien modeste ! Il n’y a pas
de plus grave faute que d’imposer des idées à l’esprit humain et combien
de fois voyons-nous que nos proches justement nous accablent de la sorte.
L’esprit ne supporte pas ces impositions et malheur à ceux qui imposent !
Préférez-vous discuter de l’Enseignement avec des gens qui le détes-
tent ou en parler avec des sympathisants, suivant ainsi le sage proverbe :
« Ne donnez pas aux chiens les choses sacrées et ne jetez pas vos perles
devant les porcs, de peur qu’ils ne les piétinent et ne se retournent pour
vous déchirer. » (Matthieu 7 : 6). Cela souligne aussi la nécessité de
remplacer les liens du sang par ceux de la spiritualité.
Cela est bel et bien si la famille est composée de membres unis
spirituellement. Sinon, lorsqu’un des membres cherche du soutien hors
du cadre familial personne n’a le droit de le condamner. Seuls les liens
spirituels, les liens du cœur, sont importants et peuvent nous unir pendant
des millénaires, tandis que les liens du sang sont transitoires et leurs
obligations peuvent être considérées comme étant en partie des dettes
karmiques. Combien de pères ne connaissent même pas leur fils ou
leur fille ! Ne soyons donc pas hypocrites.
Évitons donc la sentimentalité en ce qui concerne cette question,
mais efforçons-nous de comprendre quels sont les vrais devoirs d’un
père de famille. Lorsque nous atteignons une certaine maturité de compré-
hension concernant les vrais mariages légaux, la question des relations
par le sang ou par l’esprit se résoudra d’elle-même. Mais en attendant,
mettons l’accent sur la nécessité de perfectionner l’homme intérieur et
ce sera ce perfectionnement même qui nous aidera à résoudre beaucoup
de problèmes de la vie.

Maintenant, quelles sont les sept qualités astrales ? Elles correspon-


dent exactement au cinq sens qui fonctionnent dans notre corps physique,
plus le sixième (la connaissance directe qu’on appelle aussi intuition et
qui est encore très rare) et aussi le septième (la synthèse ou la spiritualité).
Les sensations astrales existent tout comme les sensations physiques,
mais elles sont leur équivalent subtil. Il est impossible de les séparer.
L’unité manifeste leur harmonie. Il y a une complète correspondance

259
entre les corps physique et subtil. Par conséquent, on doit toujours
garder à l’esprit l’axiome suivant : « Ce qui est en haut est comme ce
qui est en bas. »
Par ailleurs, tout comme les sentiments extérieurs ou les énergies ne
se manifestent que lorsque certaines conditions sont favorables, de même
les possibilités spirituelles intérieures ne se manifestent que lorsque certaines
conditions astrales ou spirituelles sont créées sur le plan intérieur. Le
monde extérieur n’est qu’une réflexion du monde intérieur.
Et maintenant, parlons de la solitude. Avec l’élargissement de la
conscience et de l’horizon de la pensée, une personne va inévitablement
éprouver de la solitude. Quiconque ayant de l’éducation et de la culture
aura de plus en plus de difficultés en s’élevant au-dessus du niveau ordi-
naire, à s’ajuster au mode de pensée des autres. Que peut-on dire alors de
ceux qui élèvent l’horizon de leur mental vers les mondes lointains ? Ceux
qui apprennent à ne pas juger superficiellement et à ne pas accepter
l’évidence pour la réalité ; ceux qui, voyant les situations dans lesquelles
l’humanité est impliquée, peuvent comprendre les causes profondes des
événements ; ceux qui comprennent et savent que les causes soi-disant
invisibles voilent toutes les vraies raisons et tous les puissants facteurs
de notre existence, et qui connaissent toutes les beautés des mondes
supérieurs – je vous demande quelles idées, quelle part de leurs desseins,
de la beauté de leur créativité peuvent-ils partager avec ceux qui n’ont pu
s’élever au-dessus du plan terrestre ? Qui peut les comprendre ? Et ne
doivent-ils pas dissimuler leurs connaissances pour éviter l’hostilité et
ne pas causer de mal ? Ils ne pourront montrer que les facettes de leur
personnalité qui peuvent être appréciées par leurs compagnons – ceux-là
même qui prennent les évidences insignifiantes pour la réalité !
Il est dit à juste titre que : « Celui qui découvre une formule précieuse
ne va pas la crier à la fenêtre, parce que le mal qui en résulterait serait
plus grand que le bienfait. » Il est très difficile de collaborer et de discuter
au niveau de nos interlocuteurs. Cela exige souvent d’énormes efforts.
« S’il est difficile de glisser une petite épée dans un grand fourreau, à
combien plus forte raison une grande épée dans un petit fourreau ! »
Par conséquent, l’esprit d’une telle personne brûle du désir de donner
de la joie aux gens par la lumière du Grand Enseignement, mais elle
doit faire silence et s’adapter à la conscience de ceux qui l’entourent,
de façon à ce qu’ils puissent accepter sa collaboration qui n’a qu’un
but, leur bien-être. C’est la grande Solitude.
En vérité, l’Agni Yogi est à la fois la « Lampe du Désert » et le
« Lion du Désert ».

260
En conclusion, j’ajouterai qu’en dépit de cette solitude, nous pouvons
féliciter quiconque réussit à élargir sa conscience. Rien d’autre ne peut
procurer le concept des possibilités illimitées. Et seule la connaissance de
l’esprit peut donner à l’être humain une place dans l’Infinité, là où il n’existe
pas de solitude, mais seulement une forte attirance vers la grandeur du
Monde de Feu.
Nous recevons une certaine pierre de touche à partir de laquelle
nous pouvons juger du degré de notre approche vers la Hiérarchie de
Lumière. C’est cette vibration sacrée du cœur, qui se traduit en vénération
et en amour pour la Hiérarchie de Lumière et qui devrait s’exprimer dans
toutes nos paroles et dans toutes nos actions qui se rapportent à ce concept
si élevé.
Gardez à l’esprit que le lieu géographique de la Citadelle principale
ne peut jamais être révélé, pas plus que celui des différents Ashrams.
De même, tous les portraits qu’on peut voir des Grands Instructeurs ne
sont que d’une ressemblance approximative ou n’ont rien de commun avec
l’apparence réelle des Maîtres. Beaucoup de sottises ont été répandues
sur le concept le plus grand, la Fraternité.

Je reçois fréquemment des informations sur la réincarnation de


H.P. Blavatsky. Plusieurs théosophes anglais l’ont identifiée sous les
traits d’une petite Anglaise née aux Indes. En outre, je reçois moi-même
de nombreuses lettres que des gens m’envoient en pensant que je suis
H.P. Blavatsky et qui demandent la permission de venir me voir ! Mais
je vous assure que je ne suis pas l’incarnation de H.P. Blavatsky. H.P.
Blavatsky s’est réincarnée il y a à peu près 40 ans, et en 1924 elle est
parvenue saine et sauve, dans son corps physique, à la Citadelle principale.
Je suis très touchée de la vénération que vous portez à H.P.
Blavatsky. Ce serait magnifique si vous pouviez écrire un article sur
cette femme au cœur de lion. Ce serait bon si quelqu’un voulait poser
la première pierre pour la reconnaissance de sa mémoire.
___________
1 N.D.É. Voici le texte de la section mentionnée :
« L’Enseignement se désagrège à cause des répétitions privées d’âme. C’est pourquoi il
est nécessaire de comprendre la qualité du rythme. Certes, à la base de tout cristal il
y a attraction et pulsation. Mais la pulsation – le rythme – est la manifestation du
principe de vie. Par conséquent, le rythme donné peut être vivant ou mort. Le rythme
vivant, spiritualisé par l’effet de la conscience, sera en corrélation avec les énergies
subtiles. Mais le rythme des lèvres produit un battement mort qui trouble le sage
silence, et qui, de ce fait, ne peut faire que du mal. Méfiez-vous des répétitions sans

261
âme ! En vérité, elles dissolvent les plus précieux joyaux de l’esprit. Si l’action de
celui-ci n’était basée que sur la peur ou la convoitise, alors même un squelette serait
capable de battre sur un rythme plus utile. Un tambour militaire serait dans ce cas le
batteur le plus habile. Pourrait-on s’attendre à la manifestation des feux à partir des
frétillements de la queue d’un chien qui attend impatiemment un os ? Souvenez-
vous de cela lorsque vous vous occupez des énergies les plus subtiles, lorsque vous
projetez d’approcher et de faire naître l’évidence du feu.
« Lorsque Je vous ai donné les rythmes des feux de l’espace, J’espérais certainement
l’application d’une conscience spirituelle, sans viles motivations. Il y a longtemps
qu’on parle des deux feux : le feu créateur et le feu destructeur. Alors que le premier
brille, chauffe et exalte, le deuxième brûle et réduit en cendres. Mais Je ne vous ai
orienté que vers le feu créateur. Vous avez pu constater sur vous-même comment
son approche était possible, et même la lumière du jour ne vous a pas empêché de
voir les messagers de l’espace. Et les étoiles étaient entourées de signes. Il faut
protéger ces signes ardents et apprendre à recueillir les meilleurs dons de la cons-
cience.
« C’est l’ascension aux ailes légères qui mène aux Portes, et non les coups de poing et
les menaces. Gardez-vous du quotidien abrutissant ! » (Agni Yoga, no 401).

262
LETTRE 24

1er août 1934

La principale puissance du musc se trouve dans ce qu’on pourrait


appeler son « laboratoire ardent » qui intensifie la force des centres, ce
qui nourrit les organes plus faibles avec une énergie ardente. On doit
comprendre que ceux qui ont un organisme raffiné réagiront positivement
lorsqu’ils seront saturés de feu, tandis que ceux qui sont plus portés
vers les attraits terrestres risquent d’avoir une réaction contraire. Dans
les cas de troubles passagers, si on prend du musc régulièrement, on
peut prévenir ces réactions étranges. La propriété ardente du musc est
sa plus grande vertu. On doit également comprendre que dans un orga-
nisme ardent, l’effet du musc est augmenté par les centres de feu. Il
faudrait prendre grand soin de ces centres. Leur transmutation, qui provo-
que une tension puissante d’énergie psychique, renforce également
chaque réaction des substances ardentes. Aussi, en parlant du musc,
nous devons noter une réaction interne qui met sous tension chaque
substance ardente. Donc, une compréhension subtile amènera des
moyens subtils. Il s’agit de la principale difficulté pour que se produise
une transmutation ardente. Toutes nos aspirations doivent être dirigées
vers une unification de l’intérieur avec l’extérieur, mais si nous nous
appuyons seulement sur les réactions extérieures, nous n’obtiendrons
qu’une petite partie des résultats escomptés. Ainsi, votre commentaire –
« si le néophyte utilise du musc exagérément et consomme chaque jour
de grandes doses de cette précieuse préparation, il y a peu de chances
qu’il obtienne de bons résultats puisque cela n’est qu’un palliatif » –
est tout à fait juste.
Mais puisque cette préparation, irremplaçable et inoffensive, est
vendue librement pour maintenir l’équilibre et comme protection contre
plusieurs maladies, dont le cancer, on devrait donc essayer de se procurer
cette substance précieuse qui est beaucoup moins chère maintenant.
En outre, la plupart des médicaments pour le cœur, à l’exception d’une
préparation de strophantus, laissent à la longue des résidus nuisibles et
peuvent empoisonner l’organisme.
Le musc, si on en croit les sources antiques, est relié au Soleil et
non à Vénus. Il est faux de prétendre catégoriquement que c’est un

263
aphrodisiaque. Il est vrai que l’activité équilibrante de cette préparation
rétablit toutes les fonctions normales de l’organisme, mais il ne faudrait
pas la considérer comme un stimulant sexuel, quoique nous sachions qu’à
la saison des amours c’est par l’odeur des sécrétions du musc laissées
par les mâles dans les buissons et sur les pierres que les femelles suivent
leurs traces. N’oublions pas non plus que ce qui augmente simplement
l’instinct chez l’animal peut produire, chez un être humain, une intensifi-
cation de l’action consciente des centres subtils. Le musc a précisément
cette propriété. C’est pourquoi il est particulièrement bénéfique pour
un travail mental.
Les recherches de la médecine ayurvédique et tibétaine montrent
que le musc était utilisé comme ingrédient dans presque tous les remèdes
tibétains et indiens. En Inde, on l’a utilisé dès la plus haute antiquité.
La médecine indienne est plus ancienne que l’arabe.

Voici maintenant quelques informations intéressantes sur la significa-


tion des arômes. Dans le livre Five Years of Theosophy [Cinq années de
Théosophie], il y a un excellent article d’un docteur en médecine, L. Salzer,
sous le titre de « Odorigen and Jîva ». Il y est question du rôle et de
l’importance des odeurs.
Bien sûr, on rencontre souvent dans diverses pharmacopées des
affirmations comme celle-ci au sujet des odeurs : « Leur action est pareille
à celle des huiles essentielles. » Il faut dire que cette déclaration est tout
à fait inexacte, car chaque substance aromatique a sa propre influence
spécifique qui n’a pas encore été suffisamment analysée. Dans l’avenir,
les soi-disant huiles essentielles – ces substances caractéristiques de
certaines plantes – verront leur importance mieux reconnue. Pourtant
jusqu’ici, cela n’a pas été réalisé, et des articles comme « Odorigen
and Jîva » restent des indicateurs pour l’avenir.
Je vais citer des extraits de cet article :
« Que ces substances aromatiques ne soient en aucune façon des
corps inactifs peut être déduit de leur grande volatilité, puisque la physi-
que reconnaît que la volatilité est le résultat d’un certain état d’activité
atomique. Prévost a décrit deux phénomènes produits par les substances
aromatiques. Premièrement, lorsqu’on les met sur de l’eau, elles se
mettent en mouvement. Deuxièmement, une mince couche d’eau placée
sur une surface de verre parfaitement propre se rétrécit lorsqu’on ajoute
à sa surface une substance aromatique, comme par exemple du camphre.
Monsieur Ligeois a d’autre part démontré que les particules d’une substance

264
aromatique placées sur de l’eau subissent une division rapide, et que les
mouvements du camphre ou de l’acide benzoïque sont ralentis ou même
complètement stoppés si une autre substance aromatique est mise en
contact avec l’eau dans laquelle ils se meuvent.
« Étant donné que les substances aromatiques, lorsqu’elles sont mises
en contact avec des corps liquides, adoptent un mouvement particulier
et qu’en même temps elles transmettent un mouvement au liquide, nous
pouvons en conclure avec assez de certitude que l’attribut distinctif lors
de la formation du protoplasme est dû, non au protoplasme lui-même –
puisqu’il est toujours pareil – mais bien à certaines substances aroma-
tiques spécifiques qui lui sont inhérentes. »
Et plus loin, une autre information utile : Les anciens parlent de la
science des « Caractéristiques ou des Signatures ». L’être humain, connais-
sant les caractéristiques d’une plante – c’est-à-dire, la forme, l’odeur et
l’espèce – pourrait utiliser ces données à des fins médicales ou autres
« sans avoir à effectuer des expériences à l’aveugle ou des découvertes
fortuites ». La même chose s’applique aux règnes minéral et animal.
C’est ce qu’on appelle la « Science des Correspondances ». Et puisque
la nature tout entière est bâtie sur un certain modèle, un chercheur à
l’esprit ouvert peut découvrir ces « correspondances » en toutes choses.
Paracelse a compris cette science, et ses miracles étaient le fruit de
l’application de ces principes. L’astrologie constitue un premier pas
dans ce domaine de la science. D’ailleurs, je crois que l’article
« Odorigen and Jîva » fut porté à la connaissance de Madame Blavatsky
par son Maître qui souhaitait le voir publié dans la revue « Lucifer ». Si
au lieu de traduire les ouvrages de L., les Russes s’attaquaient à la tra-
duction des articles de H.P. Blavatsky, ce serait un grand bienfait. Quant
aux amoureux des miracles, ils s’en trouvent énumérés plusieurs dans
le premier volume d’Olcott, À la découverte de l’occulte, ainsi que
dans celui de A.P. Sinnett, Le Monde occulte. Il va de soi qu’une grande
lumière pourrait être apportée par la lecture des Lettres des Mahatmas
de même que par celle des Lettres de H.P. Blavatsky à A.P. Sinnett.

Prenez note que le « soma » n’est pas le corps éthérique. Le « soma »


est une sécrétion subtile des glandes qui peut créer une sorte de filet
protecteur autour des centres. Donc, avec une protection de ce genre,
la transmutation des centres peut se poursuivre de façon continue, car
cette protection rend la transmutation moins dangereuse. Même sous
la neige, certaines plantes peuvent vivre et croître. Il arrive que des

265
plantes des plus merveilleuses se développent sous la neige pure. De la
même façon, le « soma » offre une protection contre le feu.

Il est faux de dire que le corps éthérique est une précipitation d’énergie
psychique. Comment cela se pourrait-il si le corps éthérique d’un homme
après sa mort demeure dans le champ d’attraction de la Terre et se
décompose rapidement, alors que précisément, après la mort, les accumu-
lations d’énergie psychique transportent l’esprit au niveau auquel il a
droit ?
Le corps éthérique – ou fluides subtils émis par le corps physique –
est une émanation des centres physiques. Le corps éthérique, qui témoi-
gne du corps physique et qui fortifie le corps astral, est le lien entre ces
deux corps.
N’exagérez pas l’importance du pranayama. La science de la respira-
tion pratiquée par les vrais Raja Yogis a peu de ressemblance avec le
pranayama ordinaire ! Les Hatha Yogis ne sont intéressés que par le con-
trôle de la respiration vitale des poumons, tandis que les anciens Raja
Yogis considéraient le pranayama comme une respiration mentale. En
vérité, c’est la maîtrise de cette respiration mentale qui seule procure
la clairvoyance la plus haute en rendant sa fonction au troisième œil et
en permettant d’atteindre les vraies réalisations du Raja Yoga.

Et maintenant, voici quelques réponses à vos questions :


1. Pour la science de l’avenir, il est beaucoup plus important de
savoir que le musc nourrit tous les centres nerveux avec de l’énergie
ardente plutôt que de connaître son histoire occulte.
2. Tout dans le Cosmos est bâti selon un plan unique. De là provient
la grande correspondance entre tous les organismes des différents règnes
de la nature. Par conséquent, quand on parle de l’énergie du cœur dans
la nature, on doit rechercher dans chaque organisme produit par la nature
la substance magnétique vitalisante nécessaire, laquelle correspond aux
précipitations de l’énergie du coeur. Dans l’Enseignement, plusieurs
exemples très clairs de précipitation de cette substance ardente sont
mentionnés : le déodar ou cèdre de l’Himalaya, le musc et l’ambre –
tous font partie des dispensateurs de vie.
3. Si le feu physique est le meilleur purificateur, à combien plus
forte raison peut l’être cette substance qui augmente en nous le feu

266
dispensateur de vie ! À plusieurs reprises, l’Enseignement dit que l’énergie
psychique est le remède pour toutes les maladies. La découverte du cristal
d’énergie psychique guérirait maintes maladies. Toutes les maladies
malignes comme le cancer ne sont possibles que dans un organisme
vidé de son énergie psychique. Il serait intéressant d’analyser et de
comparer le sang d’un organisme malade du cancer avec celui d’une
personne en bonne santé. On pourrait de cette façon faire de nombreuses
découvertes utiles. Quoi qu’il en soit, de telles expériences sont déjà
en cours.
4. Tout ce qui tend vers la pureté et la bonté devrait être encouragé
et protégé. Mais on doit comprendre qu’aucun Maître de la Fraternité,
après avoir passé plusieurs années dans la Citadelle principale, n’est
en mesure de vivre au milieu des gens pendant le temps de la bataille
d’Armageddon. Même des disciples avancés sont incapables de rester
longtemps dans les vallées, et ne supportent pas la proximité de certaines
auras. Cela est d’autant plus difficile pour les Maîtres de la Fraternité
Blanche ! Dans les Lettres des Mahatmas, on mentionne la grave maladie
du Grand Instructeur K.H. après ses contacts avec les gens dans les
vallées. Celui qui dirigeait alors à Shambhala le rappela au Tibet pour une
longue période afin de réparer son filet protecteur. Bien sûr, les Mahatmas
sont en mesure de se protéger complètement contre les influences de la
foule, mais s’Ils agissaient ainsi, beaucoup de gens se retrouveraient
soudainement dans le Monde Subtil. Voilà pourquoi les Maîtres ne
font pas usage de leurs pouvoirs. De même, le Grand Instructeur M.,
en se rendant au Sikkim pour rencontrer H.P. Blavatsky, fumait conti-
nuellement une préparation d’ozone pour se protéger. C’est d’ailleurs
ce qui a donné naissance au mythe que le Maître M. fumait du tabac.
Dans sa description de la rencontre avec le Maître M., H.P. Blavatsky
a fait mention d’une pipe indienne, mais a omis d’ajouter le genre de pipe
et de quoi elle était bourrée. C’est ainsi que naissent certains mythes.
5. Et maintenant, qu’entend-on par le « Feu d’Aryavarta » ? « Aryavarta »
signifie contrée des Aryens. C’est l’ancien nom de l’Inde septentrionale
où les premiers arrivants d’Asie Centrale s’installèrent après la destruc-
tion de l’Atlantide. Ce terme s’applique surtout aux vallées au pied de
l’Himalaya, mais pas à toutes les plaines de l’Inde. Notre Ashram est loca-
lisé dans le plus ancien et le plus sacré « Aryavarta ». Le « Feu d’Aryavarta »
veut dire le grand esprit et la capacité de cette nation. Les Indo-Aryens
se nomment eux-mêmes Aryavartas.
Le « Baume de la Mère du Monde » est un merveilleux remède que
mon fils Svétoslav prépare. Il est basé sur une très ancienne prescription

267
avec l’adjonction de nouveaux ingrédients. Il est en premier lieu insur-
passable dans les traitements de veilles blessures malignes.
6. Que signifie : « […] traverser Santana avec son cœur » ? « Santana »
veut dire « cours d’eau ». Le Bouddhisme compare la chaîne de nos vies
dans leur écoulement perpétuel à un cours d’eau. Par conséquent, « traver-
ser Santana avec son cœur » veut dire : « Traverser toutes ses vies avec
un cœur tendu, sans relâche vers l’effort. »

En lisant le livre que vous mentionnez, n’oubliez pas ce que je


vous ai dit dans ma dernière lettre à propos des visions et des rêves. Le
style fleuri et la mise en scène de l’initiation que vous me décrivez se
clarifieront en vous. Les Grands Instructeurs ne sauraient perdre leur
temps précieux en représentations aussi enfantines. La vraie Initiation
ne demande aucun rituel. Elle se produit lorsque l’être intérieur est prêt
et seul le Grand Instructeur est présent, car il dirige le rayon qui produit
la transmutation et que le disciple doit assimiler.
Souvenez-vous de ce qui est dit dans le livre Les Feuilles du jardin
de Morya, à la section 239, en ce qui concerne l’acte ultime et le plus
élevé de tous les Mystères1. Gardez toujours en mémoire que là où la
simplicité majestueuse fait défaut, il n’y a pas de beauté. C’est pourquoi
la Grande Présence ne peut y être. N’oubliez pas non plus que toutes
les cérémonies ont été créées sur Terre et pour la Terre – justement
pour la conscience terrestre – tandis que les plus grands Mystères étaient
tenus secrets et se déroulaient sans cérémonie.
____________
1 N.D.É. Voici le texte de la section mentionnée :
« […] Il faut comprendre les ablutions rituelles tant littéralement que symboliquement.
L’acte ultime et le plus élevé de tous les Mystères se distinguait par son absence de
rituel. Souvent l’Initiateur disait au néophyte : “Voilà, tu viens à Moi, armé du Secret.
Mais que puis-Je te donner lorsque la couronne de l’accomplissement est gardée en
toi-même. Assieds-toi, ouvre les dernières portes et Moi, par la prière, J’allégerai ta
dernière ascension.” » (Les Feuilles du jardin de Morya, volume 2, no 239).

268
LETTRE 25

8 août 1934

Il ne faudrait pas considérer la vie sur le plan terrestre comme


irréelle ou moins réelle que celle dans les autres mondes. Seule l’existence
terrestre offre la base d’un plus ample perfectionnement et d’une exis-
tence consciente dans le Monde Subtil. Ce n’est qu’ici, dans le laboratoire
de cette vie, que nous pouvons recevoir de nouveaux stimuli et de nouvelles
énergies, et les transformer immédiatement en accumulations plus éle-
vées, qui serviront dans une existence ultérieure dans les Mondes Subtils.
En vérité, la vie consciente sur Terre garantit la réalité de la vie dans
les autres mondes. En fait, il existe une parfaite correspondance dans
le Cosmos. Par conséquent, plus notre conscience terrestre est élargie et
profonde, et plus raffinées sont nos sensations, alors plus brillante et mer-
veilleuse nous apparaît la réalité de toutes les autres sphères d’existence.
En parlant de la Maya ou de l’illusion, les Enseignements de l’Orient
désignaient premièrement l’éternelle mutabilité de tout ce qui existe
dans l’Univers. Les Bouddhistes disent : « Rien n’est constant dans le
Cosmos, puisque même le plus simple objet est différent l’instant
d’après. » Deuxièmement, en soulignant la fugacité des conditions sur
notre Terre aussi bien que dans les mondes qui suivent, ils s’efforcent de
nous enseigner de n’être pas trop attachés à notre corps physique ainsi
qu’aux attraits terrestres inférieurs, mais d’aspirer plutôt au renouveau
éternel (c’est-à-dire à l’évolution) et aux nouvelles conquêtes. Ils veu-
lent nous voir rechercher les magnifiques accumulations spirituelles,
puisque c’est seulement ainsi que nous nous assurons une existence
réelle dans les Mondes Subtils et que nous aurons une vie plus cons-
ciente lors de notre prochaine incarnation sur Terre, et ainsi de suite.
Rappelez-vous que dans le Monde Subtil, malgré sa pleine réalité, la
vie peut être très terne pour un esprit possédant une conscience limitée,
sans aspirations. De ce fait, il est correct de dire que tous les mondes
sont réels, pour autant que notre conscience soit en mesure de les réa-
liser. Précisément, la Maya des anciens est l’équivalent de notre loi de
la relativité. Ainsi, dans le livre Monde de Feu, il est dit : « […] La
capacité de percevoir le Monde Subtil est relative, car elle dépend du
développement de la conscience. » (Monde de Feu, volume 1, no 322).

269
L’expression suivante de votre correspondant est étrange : « […] non
seulement la conscience d’un homme est immortelle, mais également
l’homme véritable. » Pourtant, comme vous le dites correctement, la cons-
cience est l’homme véritable ! Et bien sûr, étant une combinaison des
énergies supérieures et inférieures, la conscience doit avoir son propre
véhicule qui correspondra au degré et au plan sur lequel cet Ego (ou
conscience) existe.
« La conscience contient toutes les traces des vies passées, les impres-
sions de chaque manifestation tout comme celles de chaque pensée ou
effort, afin de révéler un vaste horizon. Calice et cœur nourrissent la
conscience. Chaque énergie intensifiée se dépose dans la conscience, qui
est indissolublement liée à l’esprit. L’esprit, en se séparant du corps, pré-
serve tous ses liens avec les énergies supérieures et inférieures. L’Instruc-
teur est sage de conseiller la transmutation vitale. En effet, grâce à
l’immortalité de l’esprit, toutes les manifestations des énergies vitales
sont préservées. Tels sont les sédiments, tels seront les futurs cristaux.
La pensée, le cœur, la créativité et toutes les autres manifestations uti-
lisent cette énergie. Le potentiel ardent de l’esprit dans sa totalité se
compose de radiations d’énergies vitales. En parlant d’esprit et de cons-
cience, considérez l’esprit comme le cristal de toutes les manifestations
supérieures. Les anciens connaissaient la qualité cristalline de l’esprit, et
celui-ci se révélait comme feu ou flamme dans toutes les manifestations
supérieures. Voilà pourquoi il est si important de comprendre la véritable
signification de la transmutation ardente. En vérité, esprit et matière
s’affinent dans l’élan vers la réalisation de la conscience ardente. »
(Monde de Feu, volume 3, no 227).
Plus loin, votre correspondant écrit : « […] qu’un Ego évolué construit
son corps physique à son image. » Oui certainement, un Ego évolué peut
apporter des améliorations, même dans la structure de son corps physique.
Pourtant, tout ce qui est manifesté sur le plan physique est soumis aux lois
de ce plan. Voilà pourquoi un Ego évolué qui naît dans une certaine race
ou nationalité porte les caractéristiques de cette race. Vous pouvez dire
à votre correspondant que dans les diverses incarnations du Grand Ins-
tructeur mentionnées par lui, il possédait les caractéristiques évidentes
de la race et nationalité dans laquelle il s’était incarné.
Également, il n’est pas correct de dire que l’étude de l’astrologie
empêche les gens d’avancer. Jusqu’ici, l’astrologie a été d’abord consi-
dérée comme une science de l’avenir. Il est vrai que dans les mains de ses
« adeptes » modernes, l’astrologie est loin d’être parfaite. Même en Inde,
il reste peu de bons astrologues.

270
La chimie des astres est la science d’un avenir très proche. On étu-
die déjà la chimie des taches solaires et l’influence de la Lune. Bientôt,
on entreprendra l’étude des planètes les plus proches de nous. Ce sera
un pas de plus vers la reconnaissance officielle de l’astrologie, car la
chimie des astres ou astrochimie est la fondation de l’astrologie. Pourtant,
l’astrologie ésotérique est très peu connue des astrologues modernes.
La clé se trouve en la possession des Grands Instructeurs, et ils ne la
confient qu’à leurs plus proches disciples, et seulement lorsque ces
derniers en ont besoin pour leur mission. La connaissance des calculs
secrets de l’astrologie ésotérique pourrait, dans les mains de personnes
mauvaises ou irresponsables, causer la destruction du monde.

Vous avez raison, pour le moment il s’écrit beaucoup d’invraisem-


blables et, la plupart du temps, médiocres absurdités sur les Grands
Instructeurs. On a accumulé beaucoup d’informations nuisibles autour
des Grandes Images et également autour de tous les Enseignements.
C’est vrai, le temps de la purification par le feu prévu par les Grands
Instructeurs est arrivé. Mais les invraisemblables absurdités de certains
écrivains ne sont peut-être pas si dangereuses, parce qu’au moins ces
écrivains présentent dans leurs histoires ce qu’ils considèrent comme
étant le « summum » de la puissance, de la grandeur et de la beauté !
Beaucoup plus dangereuses sont ces fausses assertions, conscientes ou
inconscientes, de personnes dont l’autorité fut reconnue pendant une
longue période. Et votre indignation est tout à fait justifiée. Bien sûr,
des incarnations comme celles d’Alexandre Ier ou de Dmitri Donskoï
ne sont rapportées dans aucun des livres mentionnant les vies des Grands
Instructeurs.

Vous avez raison de penser que dans toutes les tentatives des forces
obscures, il existe un certain système. Elles essaient justement de discrédi-
ter tout pur commencement. Et la façon la plus simple pour y arriver
consiste à introduire une personne mauvaise ou irresponsable au milieu
d’un groupe voué au service du Bien Commun. C’est la raison pour
laquelle les livres de l’Enseignement insistent tellement sur le discer-
nement dans le choix des nouveaux arrivants. Le discernement est la clé
de la réalisation et du succès. C’est la première qualité qu’un disciple
devrait développer. L’idée d’organiser des groupes d’étude de la science et
de l’art est sage et utile à tous points de vue. De pareilles études vous mettent
en harmonie avec la tâche de perfectionnement de soi que l’Enseignement

271
encourage plus que tout. En outre, cela devrait être une bonne occasion
d’observer le caractère des étudiants et de n’accepter dans l’Enseigne-
ment de l’Éthique Vivante que des personnes qui ont fait leurs preuves.
La Science, l’Art et l’Enseignement de Vie forment une magnifique
Trinité. Adoptez donc principalement comme règle de recherche la
qualité plutôt que la quantité, et accordez à ceux qui ne sont pas prêts à
suivre la voie de la Lumière la liberté de s’en aller. Rappelons-nous
qu’à une certaine occasion, après que le Bouddha eut fini de prêcher,
cinq mille de ses partisans le quittèrent et il n’en resta plus qu’un petit
groupe. Mais le Grand Instructeur sourit et dit : « Il est bon que la paille
ait été séparée du grain. Il reste la communauté, ferme dans son unité. »
Oui, les Grands Instructeurs apprécient un noyau uni de collaborateurs
qui ont fait leurs preuves et ne recherchent jamais la masse des gens.
Je cite l’Enseignement :
« Non sans raison, les anciens sages prescrivaient d’avoir pour occu-
pation un art ou de l’artisanat. Chacun devait acquérir quelque dextérité
manuelle. Ils avaient à l’esprit un moyen de concentration. Chacun,
dans son effort pour se perfectionner, intensifiait ainsi sa volonté et son
attention. Même dans les quelques objets qui sont parvenus jusqu’à
nous, on peut apprécier une haute qualité de travail. Il est temps
aujourd’hui de revenir à la qualité dans le travail manuel. Il est im-
possible de poser des limitations spirituelles en restant dans le domaine
de la machine. Prenez le temps de produire une qualité de travail qui
revivifie l’imagination. Précisément, qualité et imagination s’unissent sur
les marches de l’accomplissement ardent. » (Monde de Feu, volume 2,
no 293).
Ne trouvez-vous pas là une très belle invitation pour l’établissement
de nouveaux groupes ?

Vous rapportez le commentaire d’un de vos adversaires à l’effet que


« dans les livres de l’Éthique Vivante, on trouve trop de mises en garde
menaçantes, et cela n’est pas la méthode du Christ ». On pourrait répondre
que cette personne ne connaît pas ou ne comprend pas l’Enseignement du
Christ qui est sévère dans ses attaques contre l’hypocrisie et qui recher-
che ardemment à servir l’humanité avec abnégation. On peut aussi trouver
maintes mises en garde dans les paroles du Christ. Bien sûr, des cœurs
faibles préfèrent cacher leurs vices répugnants derrière une Image du Christ –
qu’ils ont créée eux-mêmes d’une manière sacrilège – souriant et pardon-
nant tout. Combien injuste, cruel et banal serait un pareil amour toute

272
indulgence et toute clémence. Jadis, il fut dit : « Toutes les eaux de l’Ourdar
et de l’Ourouvella ne pourraient blanchir les taches produites par les mains
sacrilèges qui ont souillé la tunique du Christ. » En vérité, l’heure est
venue de la purification par le feu des Grandes Images des Instructeurs
et de leurs Testaments !
Gardez présent à l’esprit que tous les possédés parlent de façon
sacrilège de l’Enseignement. C’est leur trait le plus caractéristique.
Maintenant, concernant vos trois questions. Le mot « Siddha » veut
dire un saint et un sage, quelqu’un qui est arrivé au but et qui a presque
atteint le niveau d’un dieu. Les « Siddhis » sont les attributs de perfection,
ou encore les capacités et pouvoirs phénoménaux que les Yogis ont acquis
par la pureté de leur vie. Le terme « Saddhou » désigne une sainte per-
sonne, un instructeur spirituel. C’est un titre qu’on donne pratiquement
à chaque moine-voyageur et à chaque pèlerin.
Vous questionnez sur l’expression « khatak de la Mère du Monde ».
Une « khatak » est une écharpe de soie sacrée que les Mongols et les
Tibétains offrent en signe de respect à tous les représentants religieux
et aux personnes qu’ils vénèrent particulièrement. Dans les sanctuaires
bouddhistes, toutes les Images sacrées sont couvertes ou enveloppées
de ces écharpes de soie dont la longueur varie de une à cinq verges [0,9
à 4,6 m] et la largeur de un quart à une verge [23 à 91 cm]. Elles sont
blanches et jaunes au Tibet, et bleues et jaunes en Mongolie. Quelquefois,
on incorpore dans le tissage de l’écharpe des Images saintes et des
signes heureux. La « khatak » est un symbole de protection et d’aide.
Sur les peintures sacrées du Tibet et de la Mongolie, qu’on appelle
communément « tankas » ou bannières, on peut souvent voir figurer
un saint du Monde Subtil qui présente à un pécheur des sphères infé-
rieures une « khatak » grâce à laquelle ce dernier peut se hisser.

Le Grand Esprit qui est à la tête du Nouveau Cycle doit posséder


en lui toute la synthèse, toutes les plus hautes Images du Cycle écoulé.
C’est pourquoi la Synthèse de Maitreya inclut tous les Rayons.

273
LETTRE 26
11 août 1934

Je ne peux pas souscrire à votre affirmation lorsque vous écrivez :


« Le mérite de l’Inquisition fut, en brûlant dix millions de sorcières et
sorciers, d’empêcher les masses de participer aux pratiques de la magie
noire et aux orgies nocturnes dédiées à Satan […] etc. » Ce n’est certai-
nement pas le cas ! En faisant tuer des millions de victimes, l’Inquisition
a créé la plus affreuse obsession du mal. Nous savons de tous les Ensei-
gnements Sacrés que les esprits forcés de pénétrer dans le Monde Subtil
avant l’expiration de leur durée naturelle d’existence ont une réserve
inépuisée de force d’attraction magnétique. Cela les attache à la Terre, du
fait qu’ils sont incapables d’assimiler les courants des vibrations élevées,
puisque leur conscience est insuffisamment développée. Pourtant, ils
brûlent de contacter cette force vitale par tous les moyens possibles.
Pendant l’Inquisition, la colère et le désir de vengeance attiraient ces
victimes vers leurs bourreaux. Ainsi, par possession, ils forçaient leurs
bourreaux à commettre des crimes pires encore et même menaient certains
au suicide pour jouir et aussi absorber les émanations du sang ainsi que
pour se donner l’illusion de la vie, même pour quelques instants.
Non, l’Inquisition n’a pas été établie seulement pour la persécution
de pitoyables sorciers et sorcières (pour la plupart des médiums), mais
pour l’extermination de toutes les personnes hostiles aux représentants
de l’Église, qui avaient décidé d’imposer un pouvoir absolu, et de tous
ceux qui ne pensaient pas comme eux. D’abord, parmi les soi-disant
ennemis de l’Église se trouvaient les intelligences les plus éclairées, ceux
qui travaillaient pour le Bien Commun et qui suivaient fidèlement les
Testaments du Christ. En effet, le moyen le plus simple pour se débar-
rasser de l’ennemi était de l’accuser d’être ligué avec le diable. Les soi-
disant « gardiens de la pureté des principes chrétiens » tentaient d’insi-
nuer cette psychologie diabolique dans la conscience des masses de toutes
les façons possibles. Il n’est pas étonnant qu’en ce temps-là les visions des
nonnes et des moines aient porté la marque de l’influence satanique,
chargées qu’elles étaient de toutes sortes d’images sataniques et basses
tentations.
La persécution de misérables sorciers et sorcières, de médiums et
de possédés, n’était qu’un simple prétexte. L’Inquisition n’était établie

274
que pour faire régner la terreur sur la population pauvre et apeurée. Le
moyen le plus efficace d’y parvenir consistait à poursuivre et exterminer
tous ceux qui aspiraient à éclairer le sombre Moyen-Âge – ceux qui fai-
saient preuve de trop d’indépendance, qui se risquaient à parler du Bien
Commun, qui s’élevaient contre cet empire du diable personnifié dans les
représentants de l’Inquisition. L’établissement de l’Inquisition a été une
horrible caricature de la Justice Divine. Elle a été développée à l’instiga-
tion du Prince de ce Monde pour la complète corruption et la destruction
à jamais de la foi de l’homme en la pureté, la bonté et la justice de l’Église.
Il est édifiant de lire les biographies des saints de l’Église catholique
écrites par ses propres religieux. L’histoire de l’Église est l’un des chapi-
tres les plus sanguinaires de l’histoire humaine. Un autre crime impardon-
nable fut le massacre de la nuit de la Saint-Barthélemy, qui est devenu
synonyme d’hécatombe ! Je vous conseille de relire Le Poème du grand
inquisiteur de Dostoïevski. Sans doute, cette œuvre lui a été dictée par
son inspiration. Il y eut également un livre remarquable publié en Occident
au siècle dernier, The Struggle of Religion with Science [Le Combat
entre la religion et la science], par E.D. White.
Vous avez parfaitement raison de mettre en garde contre l’intérêt pour
les expériences spirites. Je dois ajouter que jadis les rituels et actes
magiques tenaient une place d’honneur et étaient précisément utilisés
par certains représentants de l’Église d’Occident, et que ces pratiques sont
aujourd’hui même encore vivaces chez leurs successeurs et adeptes.
Souvenons-nous des grimoires du Pape Honorius et d’autres. Il y a
beaucoup de loges noires répandues sur toute la Terre. Et comment en
serait-il autrement ? Nous sommes maintenant en plein milieu de la
Grande Bataille prédite dans les plus anciennes prophéties et dans les
Écritures de tous les peuples. Nous approchons de la bataille décisive
entre les Armées de Lumière, conduites par Michel, le Grand Stratège,
et les hordes du Prince de ce Monde. Nous approchons du Grand Jour
du Jugement, quand l’armée entière de Gog doit être exterminée. Mais
immuable est la loi de la Lumière, et l’obscurité sera vaincue.
Vous avez raison de donner au spiritisme et à toutes les pratiques
de magie le nom de « corruption spirituelle ». Le spiritisme est une
violation. Il ouvre les portes à des entités désincarnées qui appartiennent
principalement aux sphères inférieures du monde subtil. Bien sûr, le
spiritisme et la magie ne peuvent certainement pas être considérés
comme conduisant à l’évolution. On peut observer que beaucoup de
lecteurs de traités d’occultisme se jettent sur tout ce qui, d’une manière
ou d’une autre, traite de psychisme et montre des possibilités d’acquérir

275
divers pouvoirs psychiques. Mais pratiquement personne ne se demande :
« Qu’est-ce que le développement spirituel ? Comment réveiller en soi
la connaissance directe, qui est la seule voie pour acquérir la véritable
illumination spirituelle ? »

Vous demandez : « Est-il nécessaire d’avoir un guide terrestre jusqu’à


ce qu’on soit accepté comme proche disciple du Grand Instructeur ? »
Mais puis-je vous rappeler que vous-même organisez des groupes spé-
ciaux et nommez des instructeurs ! Pourquoi agissez-vous ainsi ? Ne le
faites-vous pas pour permettre une meilleure compréhension lors des
premiers pas sur le sentier de l’Enseignement et conséquemment pour
le progrès ? Et quel nom donneriez-vous à ces instructeurs ? Ne sont-
ils pas des guides terrestres ? Et les grands Fondateurs des religions et
les grands philosophes ne furent-ils pas, en leur temps, simplement des
« guides terrestres » ? Et est-ce que le peuple ne s’est pas moqué d’eux,
ne s’est pas révolté contre eux ? Et ils sont maintenant tous élevés au statut
de Dieux et de Grands Illuminés par leurs adversaires eux-mêmes !
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi, dans la Grande Commu-
nauté, dite aussi Fraternité, nous rencontrons une majorité d’Orientaux
de naissance ? Est-ce que cela n’est pas en rapport avec le caractère des
Orientaux, caractère possédant des qualités particulières ? Et il en est bien
ainsi. La première de ces qualités qui a été imprégnée dans la cons-
cience de ces gens depuis des siècles est précisément la dévotion au
Guide ! En Orient, les liens entre le disciple et son Guide sont considérés
encore aujourd’hui comme des plus sacrés, plus encore que les liens de
la consanguinité ! Du point de vue occulte, c’est tout à fait juste, car le
Guide crée la conscience de l’homme véritable – l’homme intérieur qui
est porteur de son karma. En agissant ainsi, le Guide se rend responsable
d’une partie du karma de son disciple. C’est pourquoi le choix des disci-
ples, tout comme celui d’un Instructeur, doit être fait avec beaucoup de
réflexion et de soin.
Pourtant, nous ne devons pas forcer ceux qui ne comprennent pas
la conception sacrée du discipulat. Qu’ils suivent leur propre voie. Le
chemin le plus court – celui du cœur – est rarement atteint ou plutôt
rarement choisi. Il exige un haut degré de dévotion, cette très rare qualité
de noblesse qui de nos jours possède toutes sortes de substituts et qui
se traduit surtout par une dévotion au « veau d’or ».
Vous demandez : « Pourquoi tant de projets de valeur ne se déve-
loppent pas comme ils le devraient ? » Ma réponse est : « Parce que la

276
chaîne de la Hiérarchie s’est brisée. » La loi de la Hiérarchie est immua-
ble, car il s’agit d’une loi Cosmique. Personne ne peut sauter un seul
chaînon mis en place par la loi Cosmique et les Grands Instructeurs.
Que les aveugles se bernent pour un temps, mais leur réveil sera amer.
Révérons donc quiconque apporte la Lumière de l’Enseignement. Je
vais vous conter un merveilleux exemple de dévotion. Dans la Grande
Communauté, il y un Frère qui, au XVIIe siècle, était un grand chimiste.
Pendant sa vie terrestre, il avait un serviteur dévoué corps et âme et qui
passait son temps à travailler dans le laboratoire de son maître. Bien
qu’ayant un développement intellectuel très restreint, ce serviteur fut
accepté dans la Communauté après sa mort et maintenant, dans un corps
subtil, il est en mesure de servir son Maître comme par le passé. En vérité,
la dévotion produit des miracles. C’est la première qualité qui détermine
la spiritualité. En fait, la spiritualité est impossible sans cette qualité.
Après de telles définitions de la dévotion, vous comprendrez plus
clairement pourquoi on insiste tant sur l’importance de l’Instructeur et
de la Chaîne de la Hiérarchie. J’en ai fini avec mes explications, et je
souligne une fois encore que tous ceux qui s’efforcent d’appliquer cet
Enseignement à la vie sont avec certitude sous le Rayon du Grand
Instructeur. Et il ne s’agit plus que de persévérance et de karma accu-
mulé pour être enfin admis dans un discipulat plus proche. Par conséquent,
dans la joie tendons vers le grand but – je dirais même le but suprême –
car en foulant la voie du vrai service pour la Hiérarchie de Lumière,
nous remplissons une tâche de vie à l’échelle cosmique.

Certains disent que dans les sphères supérieures le mal n’existe pas.
Mais je dirais plutôt qu’il n’y a pas de mal conscient et actif dans les
sphères élevées, mais comme partout la lumière et l’ombre sont inévi-
tables, car Lumière et Ombre forment le grand Équilibre de l’Univers.

277
LETTRE 27

12 août 1934

L’intellect et l’érudition n’ont jamais été les facteurs les plus impor-
tants pour s’approcher de la source de la Vérité. Souvent, l’intellect se
développe aux dépens du cœur et étouffe le grand feu de la connaissance
directe. Le clivage entre l’intellect et le cœur fausse, comme un miroir
déformant, le reflet de la grande Vérité. L’être humain réfléchit chaque
grande tâche dans son propre miroir déformant. De là proviennent tant
de déformations des Enseignements, tant de caricatures des Hautes Images.
Comme il a été dit : « La purification de la conscience et des Enseigne-
ments est le plus grand devoir de notre temps. » Il y a maintenant de si
nombreux « initiés », « hiérophantes » et « grandes âmes incarnées », etc.
Mais il n’est pas si difficile de reconnaître les imposteurs. En premier lieu,
ils manquent de simplicité. Alors que les vrais initiés ou ceux qui ont des
missions importantes sont totalement simples dans leur vie, n’essaient
pas de prendre des allures particulières et gardent le silence sur leurs
accomplissements, tous ceux qui se trompent aiment beaucoup jouer
des rôles mystérieux, et ils parlent de leurs hautes initiations, tout en
utilisant des titres imposants, bien qu’ils n’aient aucune idée de ce que
signifie une vraie initiation. Les vraies initiations n’ont rien à voir avec les
rituels inventés pour les masses. L’initiation peut prendre place en divers
endroits, et une seule condition est nécessaire – la réelle préparation
intérieure du disciple. Et cette préparation est évaluée par le « thermo-
mètre » aux mains des Grands Instructeurs. L’initiation consiste en l’assi-
milation de hauts rayons, de qualités et de forces variées. Ceux qui font
preuve d’aspiration sincère sont bien souvent sous l’influence de ces hauts
rayons, même si au début ils n’en perçoivent pas l’existence. La prépara-
tion pour l’assimilation de ces hauts rayons dure parfois très longtemps.
Tout dépend des acquis du disciple.
Avec de la dévotion et de l’amour pour la Grande Hiérarchie de
Lumière tout, même ce qui est le plus pénible et le plus difficile, reçoit
une solution et se voit surmonté. Aussi, bonne chance !
Nous vous remercions du fond du cœur d’avoir conservé votre atti-
tude calme et gaie malgré les attaques des forces des ténèbres. Nous avons
souvent reçu des mises en garde concernant des intrigues et des répressions,

278
mais après enquête, nous avons découvert que dans la plupart des cas il
s’agissait d’inventions de nos ennemis qui souhaitent effrayer les faibles
pour saper la force de tout le mouvement. Mais vous avez agi d’une
façon excellente et sage en n’ignorant aucun des commérages et aucune
des histoires. En les vérifiant une à une et en les éliminant ainsi, vous
avez adopté le meilleur mode d’action. Nous n’avons aucune raison
d’avoir peur, car il n’y a rien d’illégal dans nos activités. Au contraire,
nous accordons notre soutien aux meilleures fondations, à tout ce sur quoi
une vie de valeur est basée. L’Enseignement de l’Éthique Vivante est
tellement nécessaire maintenant ! Comme je l’ai écrit à l’un de nos
collaborateurs : « Il est important de cultiver les idées sur l’éducation
et la culture sans imposer l’Enseignement à d’autres. D’autant plus que
les principes et les idées exprimées dans l’Enseignement ne portent pas
l’empreinte de normes ou bizarreries, et que chacune de ces idées peut
être magnifiquement mise en pratique sous le concept de l’Éthique
Vivante. On peut s’inspirer de nombreux thèmes de l’Enseignement pour
préparer des conférences. Maintenant, il est important d’élever et d’élargir
la conscience de tous ceux qui sont prêts à suivre la Lumière. Pourtant,
on ne peut révéler cette Lumière qu’à la conscience de gens qui ont un
certain développement, en faisant appel à des méthodes simples et à des
images compréhensibles. Graduellement, on étend ces concepts, en com-
mençant par le plus simple et en l’étendant jusqu’à l’échelle du monde. »

279
LETTRE 28

17 août 1934

Je vous ai déjà dit à plusieurs reprises, qu’il est très important de


susciter des idées sur la culture et l’éducation sans insister ni imposer
aux gens la lecture des livres de l’Enseignement. D’autant plus que les
principes et les idées qui s’y trouvent exprimés sont d’ordre général et
qu’ils peuvent tous être regroupés sous le concept de l’Éthique Vivante.
On pourrait puiser dans l’Enseignement de Vie plusieurs thèmes pour
des conférences et des essais. C’est pourquoi la règle fondamentale est
nécessairement de ne pas proclamer et de ne pas forcer. Bien qu’il soit
important d’élever la conscience de ceux qui sont capables d’avancer
au rythme de l’évolution, il faudrait utiliser des méthodes et des images
simples, en élargissant graduellement les concepts jusqu’à ce qu’ils
atteignent leur pleine portée. Bien sûr, je sais qu’il est difficile de se
tenir constamment au niveau de la majorité, mais il nous est laissé une
grande joie, cette possibilité de recevoir perpétuellement de la source
intarissable de la connaissance et de la beauté.
Ne pensez pas qu’il soit possible que nous soyons accablés par les
soucis. Pour quoi travaillons-nous donc ? Chaque souci concernant la
culture est une joie pour nous. Là où il n’y a pas de soucis, il n’y a pas
d’amour. Souvenez-vous de ce qui a été dit :
« […] Chargez-Moi d’avantage, mettez sur Mes épaules le poids du
monde. Pourtant, Je multiplierai Ma force. […] Lorsque nous appro-
chons du jardin de la Beauté, nous ne craignons aucun fardeau. » (Les
Feuilles du jardin de Morya, volume 1, no 433).
Aussi, votre décision de ne pas entreprendre ce travail « négatif »
n’est pas raisonnable – parce que selon vos propres termes « ce serait
ennuyeux de vous faire participer à nos soucis ». Et ce n’est pas raison-
nable dans le sens qu’aucun travail n’est négatif s’il est fait dans un but
constructif. En outre, rien de négatif ou de désagréable ne peut nous
effrayer. Notre vie est pleine de grands soucis – qu’il vous serait même
difficile d’imaginer ! Quant à votre énoncé – « Il est préférable que
nous résolvions ces problèmes par nos propres moyens » – il est judi-
cieux de développer la plus grande indépendance dans les actions ainsi
que la promptitude pour surmonter les obstacles. Comment sans cela

280
acquérir de l’expérience ? Au moment le plus difficile, quand on a épuisé
tous les moyens, le Conseil nous sera donné, mais son application deman-
dera aussi ingéniosité et talent.
Vous demandez : « Y a-t-il égoïsme dans une initiative quand elle est
utilisée pour le Bien Commun et le Service ? » Certainement pas ! Mais
la nature humaine est si compliquée que seule la connaissance directe
purifiée peut percer les motifs. Voilà pourquoi tous les Enseignements
ont insisté, et insistent encore, sur le développement de la connais-
sance directe, sans laquelle il ne peut y avoir de vraie spiritualité. Dans la
nature humaine, il y a tant d’aveuglement accumulé au cours des siècles
qu’il est difficile pour quelqu’un de devenir du jour au lendemain un juge
impartial des motifs qui poussent quelqu’un à agir.
L’appréciation des Grands Instructeurs pour chaque tâche dépend du
degré d’abnégation qu’on y met. C’est pourquoi les proches collaborateurs
doivent réaliser l’importance de l’abnégation dans le service, et chacun de-
vrait faire de son mieux dans toutes les circonstances. Il ne nous appartient
pas de juger qui la pratique plus ou moins. Ce qui importe, c’est le feu
intérieur que nous infusons dans tout travail qui nous est confié. Le temps
est un grand réformateur et après qu’il s’est écoulé, bien des choses
deviennent claires, incorporées dans des formes inattendues. Le vrai disci-
ple vit avec son cœur, pense et juge avec son cœur, et à cause de cela, il
développe en lui un aimant si puissant que tous les nouveaux arrivants
sont attirés à lui, au point même parfois de le surcharger. Par cet aimant,
on peut juger une personne. Un tel aimant est construit et développé par
plusieurs accumulations, et il est impossible de le cacher. De même qu’un
aimant ordinaire exerce une attraction qui semble incompréhensible en traver-
sant des barrières qui paraissent impénétrables, combien plus puissante
est la capacité de pénétration de l’aimant spirituel ! Par conséquent, avant
tout nous devrions être attentifs à notre propre aimant personnel et déve-
lopper sa puissance au point de pouvoir la partager avec ceux qui en ont
besoin.
La gentillesse dans la coopération aide énormément à irradier cette
puissance, et si on la pratique, sa force augmente. Les gens se trouvent
vivifiés quand ils sont mis en contact avec une aura fortement magnétique.
Il ne faut pas, bien sûr, s’attendre à un changement immédiat. Il faut du
temps pour toutes choses. Mais avec une attitude joviale, attentive et
ouverte, des miracles peuvent être accomplis. En tout, il faut faire preuve
de patience. Cela devrait être absolument votre grande et essentielle
discipline, car il est dit que « […] la personnalité la plus grande est
celle qui possède la plus grande patience ». Suivons cette règle sage et

281
exerçons-nous à la vraie patience. Cette période est si pleine de dangers,
si importante, que nous ne devrions pas compliquer les circonstances.
Franchement, partout chacun devrait n’avoir qu’une pensée :
« Comment accélérer mon développement spirituel. » Car seul l’esprit peut
nous élever et nous faire traverser l’abîme. De nombreux abîmes s’ouvrent
maintenant sous les pieds de l’humanité. Il est dit : « L’Enseignement est
présenté à l’heure du danger pour choisir et sauver ceux qui peuvent
suivre la Lumière. »
« Sur la Balance Cosmique s’évalue la destinée des nations. Celles
qui s’alignent sur l’Aimant Cosmique se tiendront devant la Lumière de
l’avenir, celles qui s’y opposent réaliseront le poids total du karma. La
bataille entre la Lumière et les ténèbres imprègne tout l’espace. Tant
de manifestations sont évaluées sur la Balance Cosmique ! Chaque heure
apporte une nouvelle onde cosmique et, sur la Balance Cosmique, de
nouvelles fluctuations se dessinent à chaque heure. L’espace retentit
de nouvelles conditions qui mènent au Monde de Feu. Dans la tension
cosmique se créent de nouvelles dispositions ardentes. Sur le chemin
vers le Monde de Feu, comprenons la loi de l’Aimant Cosmique dans
chaque action et chaque aspiration. » (Monde de Feu, volume 3, no 242).

La vie est des plus compliquées, et seule la conscience qui s’unit à


la Volonté Supérieure peut connaître la bonne direction et manœuvrer
son embarcation à travers toutes les tourmentes. Mais les tourmentes
sont inévitables et utiles, tant pour l’embarcation que pour son pilote,
et pour tout l’équipage, car c’est seulement ainsi que la force et la
fermeté sont testées, et l’intrépidité et la vigilance développées.
Bien sûr, on doit aussi être capable de résister fermement aux mé-
chantes intentions des calomniateurs s’ils appartiennent à ceux qui ont
le pouvoir de causer sérieusement du mal. Pourtant, certains calomniateurs
ne produisent souvent que des pépiements de moineaux, pour ainsi
dire, et on peut se rendre compte qu’il serait disproportionné d’utiliser
un canon contre eux !

Les instructeurs de groupes ne devraient pas seulement donner des


conférences, mais aussi discuter avec les étudiants des questions soule-
vées par l’Enseignement. Des questions doivent absolument être posées,
mais je sais par expérience comment il est difficile d’encourager les
élèves à poser les bonnes questions. Ils préfèrent que l’instructeur donne

282
un sujet et l’explique ! Mais l’important est qu’ils posent leurs questions,
car c’est ainsi seulement qu’il est possible de savoir ce qu’ils pensent et
à quel stade en est leur conscience. Sans compter que c’est aussi le meilleur
exercice pour l’instructeur lui-même. Souvent, l’élève approchera la
question de l’angle le plus inattendu et donnera ainsi à l’instructeur
l’occasion de vérifier sa propre compréhension. On ne naît pas instructeur,
on le devient ! En vérité, on apprend beaucoup en enseignant.
Maintenant concernant votre question : « En quoi la majorité des
femmes peuvent-elles coopérer ? » Nous devons procéder depuis la base
fondamentale. Par conséquent, je dirais qu’elles pourraient participer à
la tâche d’établir l’équilibre du monde. En vérité, le déséquilibre existant
menace vraiment l’humanité et la planète tout entière. Comment le monde
peut-il durer quand les bases de la vie sont violées ! Il en est souvent
question dans l’Enseignement, et on peut longuement traiter des indi-
cations qui sont données. Je vais citer plusieurs affirmations :
« […] la bannière du grand Équilibre du Monde a été donnée à la
femme pour qu’elle l’élève. Le temps est venu où la femme doit lutter
pour le droit qui lui a été retiré et qu’elle a volontairement abandonné. »
(Monde de Feu, volume 3, no 241).
Le manque universel d’organisation que nous observons aujourd’hui
ainsi que la dangereuse dégénérescence de bien des pays sont le résultat
de ce continuel déséquilibre causé par la dépendance et l’oppression de
la femme. En dégradant la femme, l’homme se dégrade lui-même, et sans
la renaissance d’une vraie chevalerie et d’une vraie bonté, l’esprit ne peut
s’élever.
Il est dit également : « [Comme] l’Instructeur crée à travers ses disci-
ples, la femme crée aussi à travers le principe masculin. C’est pourquoi
la femme élève l’homme par sa flamme. » (Monde de Feu, volume 3,
no 241).
C’est pourquoi la femme doit s’élever elle-même spirituellement,
moralement et intellectuellement, à un degré tel qu’il lui sera possible
d’entraîner l’homme avec elle. Souvenez-vous de la toile de N.K. « Celle
qui Guide ». Ainsi, la femme doit occuper la place qui lui est destinée. Elle
ne doit pas seulement devenir une coopératrice égale dans la conduite
de toute la vie, mais aussi une inspiratrice. Sa plus grande tâche est de
spiritualiser et de restaurer la santé de l’humanité en la remplissant
d’aspiration vers de hauts faits et vers la beauté. Mais avant tout, elle
doit se changer elle-même ! Aussi, l’appel à la femme est surtout un
appel à son perfectionnement, à la réalisation de sa dignité et de sa

283
grande destinée, et à l’établissement des fondations de l’Être et au réveil
de l’impulsion vers la créativité et la beauté. Il est dit :
« L’Équilibre du Monde ne peut s’établir sans véritable compréhen-
sion des Causes Premières. […] En conscience, affirmons-nous donc dans
la puissance de l’Équilibre, stimulus de l’Existence, des Causes Premières
et de la Beauté. » (Monde de Feu, volume 3, no 240).
« […] Pour cette raison, il est indispensable d’affirmer en esprit le
Principe Féminin. » (Monde de Feu, volume 3, no 241).
Comme devise je donnerais : « Spiritualité, Podvig, Beauté ». Cette
Trinité inclut tout.
Et maintenant, en ce qui concerne la question qui prend tant de place
dans votre esprit : « Comment déterminer l’élément auquel une personne
appartient ? » Certainement, l’horoscope pourrait le révéler. Même avec
les quelques notions que donne l’astrologie moderne, l’élément dominant
d’une personne peut être déterminé. Mais la connaissance ésotérique
insiste sur l’origine fondamentale de la semence de l’esprit.
En outre, les gens ne doivent pas seulement être appariés selon les élé-
ments ainsi que selon les principales planètes sous les rayons desquelles
la semence de l’esprit – pas la personnalité – est née, mais on doit égale-
ment prendre en considération une autre loi cosmique fondamentale
appelée le « Droit Cosmique ». C’est que, la légende sur les âmes sœurs
cache une profonde signification. Cette loi se manifeste dans les astres.
Les Anciens savaient comment interpréter ces signes et la clé en a été
confiée aux Grands Initiés. Mais aujourd’hui, mettre une telle connaissance
à la disposition d’une humanité corrompue apporterait plus de misère
et de calamité que de bienfait et de bonheur. C’est pourquoi les Grands
Instructeurs sont si désireux d’éveiller la spiritualité et d’élargir la cons-
cience, car ils désirent donner à l’humanité la connaissance de ces grandes
lois. C’est la raison pour laquelle ces grandes lois sont maintenant men-
tionnées comme quelque chose qui est uniquement à la portée de la science
de l’avenir. Néanmoins, il est tout à fait opportun de signaler l’existence
de ces lois, car il est nécessaire de préparer l’humanité à travailler dans cette
direction.
Il est vrai qu’une connaissance de l’astrologie, même superficielle,
peut parfois aider à établir des liens plus ou moins harmonieux entre
humains ou encore indiquer les dates favorables ou défavorables. Pourtant,
dans les mains de personnes irresponsables ou mal intentionnées, ces
connaissances pourraient causer beaucoup de mal. La clé de toutes les
complications se trouve dans la personne elle-même et est toujours à sa

284
disposition. Il y a des gens qui savent comment utiliser cette clé et leur
vie s’arrange comme par miracle. Appliquons donc tous nos efforts pour
hâter la venue de l’époque de la Résurrection de l’Esprit. Alors la clé de
bien des mystères sera mise entre les mains de ceux qui la méritent. Cette
époque approche.
Je regrette beaucoup de ne pouvoir vous faire cette joie, mais je n’ai
pas reçu la permission de révéler les mystères qui appartiennent aux
connaissances ésotériques. Consolons-nous dans la connaissance de la
magnifique loi du Droit Cosmique et faisons de notre mieux pour purifier
l’aimant de notre cœur qui peut et devrait attirer un aimant correspondant.
Mais malheureusement, à cause de l’immoralité qui a régné pendant
plusieurs siècles, et qui reste encore très vivace, les âmes qui devraient
connaître l’harmonie se sont beaucoup distancées et sont même souvent
devenues fortement antagonistes les unes les autres. Le karma est une
loi inexorable. Voilà pourquoi nous devons faire de notre mieux pour
purifier l’aimant de notre cœur. Il faut nous dégager du cycle du karma
qui nous attache aux résultats de nos propres actions et qui retarde ces
unions justes du point de vue cosmique. Seules ces unions peuvent
intensifier la créativité et produire une magnifique descendance.
J’aimerais insister sur le fait que l’égalité des sexes et des nationalités
doit être considérée comme la fondation principale de tout gouvernement.
J’ai déjà développé la première partie de cette affirmation, mais je pourrais
ajouter que puisque l’équilibre du monde est bâti sur une double Origine,
l’égalité des sexes doit être reconnue comme une loi cosmique. Ainsi, seul
l’ignorant pourra s’y opposer.
En ce qui concerne les statuts des différentes races qui constituent les
populations de certains pays, j’estime que tous les citoyens de ces pays,
quelle que soit leur nationalité, devraient être traités en égaux par les lois
fondamentales du gouvernement et ce, sans la moindre exception, privi-
lège ou limitation. Bien sûr, la question de la religion ne doit pas être
incluse dans ces lois fondamentales, de même que toutes les autres choses
secondaires qui devraient être exemptes de restrictions légales et qui
devraient varier selon les coutumes locales et les conditions. Une caracté-
ristique fondamentale de ces lois devrait justement être leur flexibilité
d’application. Si nous nous limitons à la lettre morte de la loi, nous
pouvons tout aussi bien déménager au cimetière ! Je ne me suis jamais
intéressée à la politique ainsi qu’aux formes extérieures du gouvernement
parce que je suis profondément convaincue que la forme n’est pas la
chose la plus importante, mais que c’est plutôt l’esprit qui l’imprègne
et le motive. J’ai toujours pensé que chaque système de gouvernement

285
devrait être guidé surtout par le bon sens, c’est-à-dire par la considération
du Bien-Être Général de la collectivité. Il n’y a pas d’autre motif valable
pour une tâche chargée de tant de responsabilités, je dirais même sacrée.
Je dois reconnaître que rien ne me choque davantage que la façon dont
de nos jours le chef d’un gouvernement est élu par les masses ignorantes !
J’ai vu bien trop de cette comédie abominable et criminelle. On dit que
la corruption est illégale, pourtant dans l’élection d’un chef d’état, cette
responsabilité sacrée, de grosses sommes sont dépensées et la corruption
se pratique ouvertement, sans parler d’autres procédés tout aussi répu-
gnants. Ainsi, à la veille des élections, il est possible de voir dans les
plus importants journaux d’un pays le nom du chef potentiel dénoncé
comme un scélérat et, le lendemain, s’il est élu, les mêmes journaux se
répandent en louanges sur ses qualités extraordinaires ! C’est ainsi que la
conscience d’un peuple se corrompt.
Le bon sens devrait nous dicter que les masses ignorantes qui sont
menées par leurs bas instincts ne peuvent pas juger de ce qui est le plus
élevé. Le droit d’élire un chef de gouvernement devrait échoir aux
personnes d’une haute moralité, cultivées et bien éduquées, ou aux
représentants du peuple d’une nation. Mais malheureusement, à une épo-
que où il serait si nécessaire d’avoir les gens les meilleurs et les plus
dignes de confiance à la tête des affaires, le pouvoir des masses prévaut.
Si un seul pays devait perdre ne serait-ce qu’un millier de ses meilleurs
représentants dans tous les domaines de la connaissance et du travail,
ce pays tomberait rapidement à un niveau très bas.
Oui, il est temps que la femme se prépare à participer aux charges et
à la direction des gouvernements. La femme qui dispense la vie, qui pose
les premières bases de l’éducation, a aussi le droit de procurer de meilleu-
res conditions à ceux qu’elle met au monde. Son bon sens, et surtout son
cœur, lui dicteront beaucoup de judicieuses décisions. Si nous considé-
rons les faits historiques ainsi que les biographies de plusieurs personnes
éminentes, nous verrons que souvent la source de leur inspiration ou leur
principal conseiller était une femme. Ainsi, dans l’Égypte ancienne, les
prêtresses en chef inspiraient souvent les hiérophantes en leur transmettant
la volonté de leur déesse. Pour cette raison, elles étaient appelées les inspira-
trices des gouvernants du peuple.
La grande époque de la femme approche. En vérité, la femme possède
une double tâche : s’élever elle-même et élever également son éternel compa-
gnon, l’homme. Toutes les Forces de Lumière attendent l’accomplis-
sement de cette grande tâche. L’Étoile de la Mère du Monde a indiqué
la grande date. Toutes les Écritures confirment que la femme coupera la

286
tête du Dragon. Que le cœur de la femme soit embrasé par cette tâche
pleine d’abnégation. Qu’elle lève sans peur l’Épée brillante, mais aiguisée
de l’Esprit.
À l’heure destinée, nous en appellerons aux cœurs embrasés et aux
mains prêtes à lever le Calice Salvateur du Monde.
Puisse chaque jour de nos vies être utilisé pour un service plein
d’abnégation pour la grande tâche.
La Grande Mère approche !

287
LETTRE 29
23 août 1934

Le Christ, en parlant de la fin du monde et du jour du Jugement


Dernier, ne pouvait avoir en vue l’achèvement de l’évolution de notre
planète. En fait, dans le cours de son développement naturel, l’évolution
devrait poursuivre son cours jusqu’à ce que la planète entre dans son
septième cycle et l’humanité dans la septième race, avec toutes ses
sous-races. Ainsi, au couronnement d’une telle évolution, il ne pourrait
y avoir de Jugement, car alors l’humanité et la planète auraient atteint la
condition des mondes supérieurs, là où il n’y a plus d’opposition entre
les forces du bien et du mal.
Mais bien sûr, le Christ connaissait le karma difficile de l’humanité.
Il connaissait le danger qui menace. C’est pourquoi Il avait à l’esprit le
changement de race qui est toujours accompagné de cataclysmes cosmi-
ques violents et est préfiguré par la séparation du bon grain de l’ivraie avant
le Jugement final. Comme Il était Initié, Il savait que cette catastrophe
pourrait devenir le Dernier Jour, provoqué par la terrible chute de la
spiritualité de la race humaine. Il est tout à fait possible que les éner-
gies élevées ne soient pas suffisantes pour contrebalancer, ou plutôt,
pour désamorcer la catastrophe et sauver la planète d’une gigantesque
explosion finale. Le Prince de ce Monde concentre tous ses efforts vers
cette explosion, sachant que dans une atmosphère purifiée, traversée
par les nouvelles énergies de Feu, les couches terrestres lui deviendront
intolérables et il ne pourra plus y demeurer. C’est pourquoi il essaie de
faire exploser la planète pour, ainsi qu’il est dit, « dériver avec le navire
naufragé ». Est-ce que l’apôtre Pierre ne parle pas du même changement
de race (Deuxième Épître, 3 : 9-13) ? De même, dans l’Apocalypse (21 : 1)
et dans Isaïe (66 : 22)1.
Il est précisément dit dans l’Enseignement que l’esprit de l’homme peut
agir comme détonateur de la planète. On mentionne aussi que le nombre
de ceux qui sont capables de résister est très petit, et qu’ils portent tout
le poids nécessaire pour maintenir l’équilibre de la planète. Un esprit
fort peut sauver toute une région d’un séisme. Ainsi, dans les temps
anciens, les Grands Instructeurs envoyaient leurs disciples avancés à
des endroits menacés de tremblements de terre.

288
Ce n’est pas la réduction de la nourriture, mais le manque de sommeil
qui fait du tort à l’organisme. Un humain a besoin de peu de nourriture et,
pour quelqu’un qui fournit un travail intellectuel, deux repas par jour,
trois au plus, sont suffisants. Le meilleur régime : deux à trois fruits ou
légumes, un peu de céréales, un peu de lait et de beurre. Mais il peut
être difficile pour ceux qui sont habitués de manger beaucoup de viande
de passer brusquement à un régime composé de végétaux et de féculents.
Cela peut même avoir des conséquences fâcheuses pour l’organisme.
Il faut donc être prudent et procéder graduellement. D’ailleurs, chaque
cas est tout à fait particulier ! Mais souvenons-nous que la majorité des
maladies proviennent de toutes sortes d’excès, et surtout d’un excès de
nourriture. En Amérique, où les gens travaillent durement et mangent
peu, on trouve une grande endurance et une longévité supérieure aux
autres pays où on se nourrit trop.

Bien des gens naïfs pensent que les forces obscures n’agissent que
par le mal, la corruption et le crime. Comme ils ont tort ! Seules des
factions grossières et relativement insignifiantes travaillent ainsi. Bien
plus dangereux sont ceux qui portent le masque de la Lumière. Et les
pauvres gens qui ne possèdent pas un cœur ardent pour leur permettre
de voir à travers le masque sont séduits et volent comme des papillons dans
le feu noir qui les dévore. L’ignorance et le manque d’intuition les jettent
dans les bras des forces obscures et les privent pour longtemps de l’influence
salutaire et du soutien des rayons émis par la Grande Citadelle de Lumière.
L’Armageddon est atroce. Les forces obscures se démènent pour leur survi-
vance même. C’est le désespoir qui leur fait serrer les rangs et les rend si
persévérants pour atteindre leur but. Le Prince de ce Monde a beaucoup
de collaborateurs pleins de talents – certains le savent, d’autres n’en sont
pas conscients – et il est stupide de penser qu’ils ne connaissent pas les
astuces les plus subtiles. Ils sont très rusés et ingénieux, et s’adaptent
savamment au niveau de leurs victimes. Il manque pourtant à tous la
chaleur du cœur. Voilà comment l’ombre et la Lumière s’entrelacent
sur notre Terre. Le piège des ténèbres est noué par des mains habiles.
Il se pratique beaucoup de choses terrifiantes maintenant. Toutes
sortes de sorcellerie répugnante sont répandues sur la Terre. Bien sûr,
les grandes agglomérations sont les lieux de prédilection pour les forces
obscures et leur servent de centres. Plus précisément, toute la couvée des
enfers rampe à la surface de la Terre et son arme la plus efficace se trouve
être la masse des ignorants. Voilà pourquoi l’unité des forces « blanches »
et « presque blanches » est si essentielle ! Mais les dernières passent si

289
facilement au gris et viennent grossir les rangs de ceux dont la Bible
dit : « Parce que vous êtes tièdes, ni froids, ni chauds, je vous vomirai
hors de ma bouche. » Seule la puissance de la dévotion et de l’effort
pour servir la Grande Hiérarchie de Lumière peut sauver des pièges si
largement répandus du Prince de ce Monde.
Tendons toutes nos forces pour créer par la pureté de nos pensées une
armure impénétrable. Les tentatives des forces obscures pour déchirer nos
auras ne peuvent être évitées, mais si le filet protecteur est assez solide,
ces attaques seront repoussées sans que nous ayons à subir quelque
dommage que ce soit. D’habitude, ces attaques sont dirigées sur nos
organes les plus faibles. L’aura saturée de dévotion envers la Hiérarchie
est capable de résister à toute attaque des forces sombres, mais nous ne
devons pas douter ou dévier un seul instant de ce point de Lumière. La
dévotion et la pureté de nos motifs sont notre seule ancre de salut dans
le chaos des éléments déchaînés.
____________
1 N.D.É. Voici les textes auxquels se réfère Éléna Roerich :
« Le Seigneur ne diffère pas l’exécution de sa promesse, comme d’aucuns le croient ;
il use de patience à votre endroit, voulant non que certains périssent, mais que tous
viennent à la repentance. Il viendra, le jour du Seigneur, comme un voleur ; en ce
jour, les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, et la
terre avec les ouvrages qu’on y trouve sera consumée.
« Puisque toutes choses seront ainsi dissoutes, combien sainte doit être votre vie et
grande votre piété ! Comme vous devez attendre et hâter l’avènement du jour de
Dieu, où seront dissous les cieux enflammés et se fondront les éléments embrasés !
Mais ce sont de nouveaux cieux et une terre nouvelle que nous attendons d’après sa
promesse ; la justice y résidera. » (Deuxième Épître de Pierre, 3 : 9-13).
« Puis je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première
terre avaient disparu, et il n’y avait plus de mer. » (Apocalypse de Jean, 21 : 1).
« Car, comme les nouveaux cieux et la nouvelle terre, que je vais créer, subsisteront
devant moi – oracle de Yahvé – ainsi subsisteront votre postérité et votre nom. De
nouvelle lune en nouvelle lune, et de sabbat en sabbat, toute chair viendra se prosterner
devant moi, dit Yahvé. » (Livre d’Isaïe, 66 : 22).

290
LETTRE 30
29 août 1934

Parlons des disciples acceptés et prédestinés, et également du


discipulat en général.
Dans leur ignorance, beaucoup de gens s’imaginent qu’aussi longtemps
qu’ils lisent les livres de l’Enseignement et ressentent quelque désir de
devenir des disciples de tel ou tel Grand Maître de la Fraternité Blanche,
ils seront acceptés à bras ouverts.
Mais pratiquement personne ne réfléchit à ce qu’il a fait dans sa
vie, ou plutôt dans ses vies, pour mériter ce privilège le plus grand qui
soit. En vérité, c’est ce qu’il y a de plus grand, et avant de penser
recevoir ce privilège, il nous faudrait réaliser ce qu’il signifie. Dans
leur naïveté, la majorité des gens pensent que les Grands Instructeurs
recherchent désespérément des disciples et qu’ils sont prêts à accepter
à bras ouverts toute personne qui ne présente pas trop de défauts ou qui
espère être acceptée. Il n’y a pas plus grande illusion ! Les Maîtres ne
cherchent pas des disciples, parce que la règle fondamentale veut que
ce soit le disciple qui parte à la recherche du Maître et qui doive Le
trouver. En même temps, les Maîtres recherchent réellement toutes les
possibilités de répandre leur aide par tous les canaux adéquats. Cela
explique pourquoi nous trouvons occasionnellement de magnifiques
petits recueils reçus en écriture automatique par des voyants au cœur
pur. Souvent, ces voyants, après avoir transmis leur message ne reçoivent
plus rien du véritable Auteur qui a donné à travers eux quelque précieux
joyau. Parfois même, l’Auteur reste inconnu, car il arrive souvent que
la Sagesse soit transmise par les Grands Instructeurs à travers un disciple
qui est déjà passé dans le Monde Subtil. En outre, ces voyants n’ont pas
à se soumettre à une discipline particulière, ce qui est une condition tout
à fait essentielle pour les disciples acceptés. Le signe principal et infailli-
ble de la proximité du Maître est le perpétuel « Océan de l’Enseignement »
que reçoit un tel disciple, tout en connaissant avec précision sa Source.
Les autres signes sont l’existence d’un vaste travail constructif, les
indications reçues, la connaissance de l’avenir ou de dates exactes et,
bien entendu, le caractère et le mode de vie d’un tel disciple.
La grande Promesse – « Quand le disciple est prêt, le Maître apparaît » –
n’est comprise que d’un petit nombre. Personne ou presque ne réalise

291
que cette préparation doit comporter en elle certaines qualités et con-
ditions. J’ai déjà traité le sujet, mais je veux bien me répéter pour vous
et aussi ajouter d’autres commentaires.
En ce qui concerne l’acceptation d’un disciple, son karma joue un rôle
primordial. Justement, en rapport avec le discipulat, il est essentiel de
tenir compte de la loi du karma et de la comprendre dans tous ses aspects.
Ainsi, une personne au lourd karma n’a aucun espoir de se voir admise
comme proche disciple. Seuls ceux dont le karma terrestre tire à sa fin
peuvent être acceptés parmi les disciples les plus près. Bien peu se
rendent compte du fardeau que le Maître assume en acceptant un disciple.
C’est pourquoi les Grands Instructeurs qui veillent continuellement et
dirigent les affaires du monde pour maintenir son équilibre et qui comman-
dent les gigantesques batailles cosmiques n’acceptent que les personnes
en qui ils ont une grande confiance, celles qui se sont purifiées et ont
passé par de nombreux tests par le feu et qui, en cette vie, ont à nouveau
prouvé leur disponibilité, leur dévotion et leur abnégation, non pas dans
des conditions confortables, mais au bord du précipice. Plus précisément,
celles dont les centres spirituels supérieurs sont non seulement ouverts,
mais subissent également une transmutation par le feu. Voilà pourquoi
le nombre des proches disciples est restreint.
Vous demanderez peut-être en quoi consiste le fardeau du Maître.
Je puis vous assurer qu’il est énorme. Il est presque impossible d’ima-
giner l’ampleur de cette tension sans être au courant des lois occultes.
En acceptant un disciple, le Maître l’inclut dans sa conscience et établit
avec lui des liens invisibles, mais actifs. Dès ce moment, le Maître sait
à chaque instant ce qui arrive à son disciple. Il peut même lire chacune
de ses pensées, même les plus fugaces, et peut ainsi lui donner des
directives en conséquence. Il nous faut donc comprendre combien diffici-
les, insupportables mêmes, seraient pour la Haute Conscience du Maître
les vibrations discordantes causées par les pensées impures d’un disci-
ple. Également, combien inadmissible apparaîtrait dans une union aussi
sublime et sacrée tout désir non assouvi. Chaque vibration discordante
produirait une interruption dans le courant de ce lien et, avec la répéti-
tion, cela pourrait même le rompre complètement. Chaque coupure de
lien engendre des conséquences des plus douloureuses. Elles sont, bien
sûr, d’un autre ordre pour le Maître que pour le disciple. Mais ceci
n’est qu’une partie du fardeau. Je ne peux parler de l’autre partie main-
tenant. C’est pourquoi l’acceptation d’un disciple est pesée avec le
plus grand soin et est considérée comme l’octroi du plus grand des
privilèges.

292
Dès le moment de son acceptation, commence pour le disciple une
vie nouvelle qui n’est pas facile à cause des terribles tensions internes
et externes. Au cours de ces moments de tension, non seulement toutes
les énergies du disciple s’éveillent – un tel état prend place en partie
lors des stades préparatoires – mais il se produit également en lui un
développement accéléré et une transmutation de ces énergies. Toute
une batterie de rayons invisibles, mais puissants, sont dirigés sur le
disciple. Ces rayons s’intensifient graduellement et varient en qualité
selon les efforts du disciple et la largeur de sa conscience, ainsi que
selon le degré de purification de son organisme. Leur but est la transfor-
mation de l’homme intérieur ainsi que la purification et la séparation
des trois corps du disciple en prévision de leur activité indépendante
dans les sphères correspondantes. Grande est la tension du disciple et sa
force physique diminue temporairement. Sans abandonner ses devoirs de
tous les jours, il doit vivre selon un certain régime. Une altitude élevée,
un pur prana ainsi qu’un certain isolement font partie des conditions inévi-
tables d’un tel régime. La totalité des rayons ne peut être assimilée par le
disciple que s’il déploie les plus grands efforts. Chaque action requiert
la réciprocité, la correspondance et l’harmonie.
Une telle harmonie, les Grands Instructeurs ne peuvent la découvrir
que chez des disciples appelés. Ainsi nous parlons de ceux qui dans leurs
vies précédentes étaient déjà des disciples des Grands Gardiens ou qui
étaient unis à eux par des liens de dévotion et d’amour. Dans sa pré-
sente incarnation, un tel disciple se trouve sous la Haute Direction du
Maître depuis le moment de sa naissance. Les conditions de sa nais-
sance même sont déterminées par le Maître, et ses principaux talents
développés en fonction de sa mission. Un tel disciple possède déjà un
calice bien rempli. Dès son plus jeune âge, il connaît son Maître et son
Image. Par conséquent, de tels esprits sont incapables de dévier, et les
événements de leur vie, tel un courant irrésistible, les portent vers les
rives prédestinées. Béni est le karma de ceux qui, dans leurs vies précé-
dentes, se sont unis par des liens de dévotion et d’amour avec l’un des
Grands Esprits ou avec l’un de leurs proches disciples. Ce karma cons-
titue le chemin le plus court pour atteindre le but. C’est pourquoi la
Chaîne de la Hiérarchie est tellement sacrée. C’est pourquoi égale-
ment, dans cette vie, chacun devrait manifester amour et dévotion, ces
qualités qui constituent la première condition sur le sentier d’approche.
Dans la deuxième condition, se retrouvent l’effort ainsi que l’empresse-
ment à sacrifier le moi au service du Bien Commun. Personne ne recevra
la permission d’approcher si son intention est d’obtenir la connaissance

293
pour son avantage personnel, car tel est le but du magicien noir. Quand
le renoncement et l’effort sont fermement gravés dans son cœur, ils
deviendront comme une deuxième nature. L’Enseignement qu’on applique
à soi-même et à sa vie de tous les jours emplit de joie. Il y a alors progrès
et on est même assuré d’atteindre le but sacré. Mais il faut se demander
à soi-même, et répondre avec une totale sincérité, si ce sont une volonté
ardente et une réelle abnégation qui nous motivent, ou s’il existe en nous
plutôt quelque secret désir égoïste d’obtenir une plus grande connais-
sance à des fins ambitieuses. Le plus petit signe d’un pareil désir secret
sera le plus grand obstacle sur le sentier du progrès spirituel. Pour obtenir
le succès, il faut faire preuve d’une bonne compréhension et être prêt à
pratiquer le « podvig » – la grande abnégation – dans la vie.
Il faut réfléchir sérieusement à ce concept du « podvig » comme
condition préalable. La compréhension profonde de toutes les qualités
contenues dans le terme « podvig » est extrêmement importante. C’est
pourquoi il est très utile de noter toutes les qualités nécessaires énumé-
rées dans les livres de l’Enseignement ainsi que les défauts qui font
obstacle sur le sentier. Les gens ont vraiment beaucoup de difficultés à
réaliser que le fondement du discipulat et de toutes les réalisations
spirituelles se trouve dans l’aspiration vers l’Idéal Suprême et la puri-
fication par le feu de tous les sentiments et du caractère tout entier.
J’aimerais citer une page que je viens juste d’envoyer à un de mes
correspondants :
« Les gens préféreraient renoncer à divers excès et sans réfléchir
pratiquer mécaniquement leur pranayama plutôt que d’abandonner une
seule habitude qui barre leur chemin vers un accomplissement spirituel.
Mais comme il a été dit, les moyens mécaniques sont sans valeur. La
transformation de l’homme intérieur ne peut être atteinte par des automa-
tismes, et cette transformation même est le but principal de tous les Ensei-
gnements. Voilà pourquoi il faut toujours penser que tous les Grands
Instructeurs s’occupent de l’homme intérieur dont le royaume se situe dans
la sphère des motivations et des pensées. Par conséquent, pas un seul Raja
Yogi ou Agni Yogi évolué n’a recours à des méthodes mécaniques ou à
des exercices physiques. Et leur seule considération se situe au niveau de
la concentration sur le Grand Idéal choisi, sur l’effort résolu et soutenu
pour s’en approcher. Cette concentration est continuelle. Quoi que fasse
un tel Yogi ou disciple, ses pensées sont constamment consacrées à son
Idéal. Tout est fait au nom de l’Image choisie, et il sent toujours en son
cœur l’amour et la présence de cette Image. Cela est vrai aussi pour la
prière du disciple. Elle consiste précisément en ce même effort incessant

294
du cœur ainsi qu’en la réalisation de la présence de l’Image choisie.
Quand la présence constante de l’Image choisie envahit la vie d’un
disciple, quand il ne se produit plus d’errements, alors il est préparé, et le
Maître ne tardera pas. »
Pour quiconque foule le sentier du discipulat, et n’est pas seulement
en train de lire des livres qui traitent d’occultisme, il est absolument
essentiel de décider au fond de son cœur lequel des Grands Instructeurs
de la Fraternité lui est le plus cher et de s’abandonner alors complètement
à sa Haute Direction, sans restrictions ni conditions. Le débutant ne rece-
vra pas nécessairement un message du Grand Instructeur choisi, mais il
ne doit pas perdre l’espoir. Il doit trouver grande patience et courage. Malgré
le silence du Grand Instructeur, l’aspirant doit poursuivre ses efforts et tra-
vailler à son perfectionnement, en utilisant toutes ses capacités pour le
Bien Commun.
Malheureusement, le désir de faire des progrès immédiats et d’obtenir
une plus grande connaissance pousse certaines personnes à rechercher
d’autres Enseignements et d’autres Instructeurs. Ils divisent ainsi leurs
efforts et perdent alors leur place sur l’échelle ascendante. Souvenons-nous
de ce que dit l’Enseignement concernant le choix d’un Instructeur :
« La première condition sur le chemin vers le Monde de Feu est de se
baser du fond du cœur sur le Seigneur. Il est impossible d’arriver aux
Portails prédestinés sans cette exigence ardente. Bien sûr, reconnaissez
dans l’esprit et le cœur que vous êtes guidé, car la seule acceptation de la
Main du Seigneur ne suffit pas sans la consécration du cœur. Comprenez
cette loi qui unit Instructeur et disciple, car sans un attachement complet
au Seigneur, il ne peut y avoir de lien. Accepter pleinement d’être guidé
signifie relation consciente, car il faut comprendre et sentir dans le
cœur la chaleur qui s’élève des profondeurs de l’esprit. Il est particu-
lièrement nécessaire de percevoir et d’apprendre à discerner le lien qui
unit Maître et disciple. Souvenons-nous que les vibrations et le karma
sont comme des liens de connexion sur le chemin vers le Monde de
Feu. » (Monde de Feu, volume 3, no 106).
Le disciple doit donc préparer son organisme en purifiant sa récepti-
vité, car qui d’autre que le Grand Instructeur peut savoir si le karma de
l’aspirant-disciple est favorable ou non à son acceptation ? Appliquez
donc tous vos efforts et vos aspirations à une meilleure compréhension
de l’Enseignement et à sa mise en pratique dans votre vie, et remettez
le reste à votre karma et à la profonde connaissance des Maîtres !
Vous serez peut-être encouragé d’apprendre que même si le sentier de
préparation au discipulat est long et parsemé d’embûches et d’épreuves,

295
en maîtrisant ces difficultés vous aurez des joies, des réussites et des
révélations. Vous devez également savoir que ces tests ne sont pas provo-
qués artificiellement, mais qu’ils ont un rapport étroit avec l’attitude inté-
rieure et la présence d’esprit du disciple, et lui donnent ainsi l’occasion
de montrer de quelle façon il agit en cas de difficultés soudaines au milieu
de circonstances pénibles. Dans la littérature théosophique, il est question
des sept années que dure habituellement la première période d’épreuves,
suivie d’une autre période de sept années. Pourtant, ces périodes peuvent
être raccourcies ou prolongées indéfiniment. Tout dépend du karma du
disciple, de son développement intérieur et de son aspiration. Il faut
arriver à l’ouverture graduelle des centres supérieurs, sans quoi il est
impossible de devenir un disciple accepté. Mais rappelez-vous qu’avant
l’âge de trente ans, tous les centres ne peuvent être éveillés sans qu’il en
résulte un grave dommage pour l’organisme. Forcer leur éveil équivaut
au suicide.
Et maintenant, j’aimerais une fois encore vous mettre en garde
contre le psychisme, du fait que cela est particulièrement dangereux
lors des premiers pas sur le sentier du discipulat. Les psychiques ont
des contacts avec les sphères inférieures du Monde Subtil et prennent
souvent la voix d’entités de ces sphères pour l’Appel et la Voix réelle
du Grand Instructeur que ces entités essaient de personnifier. Il est
faux de croire que ces voix vont toujours suggérer des actes mauvais,
la dépravation ou le crime. Seules les plus primitives de ces forces
inférieures agissent de cette manière. Celles qui s’approchent sous le
masque de l’Enseignement de Lumière sont infiniment plus dangereuses.
Nous connaissons plusieurs cas de ces voix qui « guident » et de ces
visions « lumineuses ». C’est pourquoi les Maîtres mettent toujours en
garde contre le psychisme acquis par la pratique du pranayama.
Lorsque quelqu’un désire suivre le sentier de la vraie Lumière, et
pourtant possède une certaine mesure de psychisme, il faut traiter cette
faculté avec une grande précaution en se souvenant que dans l’Inde
antique ainsi qu’en Égypte aucun médium de naissance ne pouvait être
accepté comme disciple et qu’il ne leur était pas permis d’entrer dans le
Saint des Saints du temple. Mais de nos jours, les personnes qui possèdent
les bas talents de psychisme se considèrent elles-mêmes comme particu-
lièrement avancées spirituellement. Quelle grande illusion ! Le psychisme
et la spiritualité sont à l’opposé l’un de l’autre. Une forte manifestation
de psychisme retarde la croissance de la spiritualité. Aussi, toutes les person-
nes qui sont fières de leurs manifestations psychiques devraient être
particulièrement prudentes. Il est dit dans l’Enseignement :

296
« […] Les Saints du Grand Service n’ont pas de psychisme, car ils sont
en permanence tendus dans l’effort de l’esprit vers la Hiérarchie et leur
cœur résonne de l’angoisse du Monde. Le psychisme est une fenêtre
ouverte sur le Monde Subtil, mais l’Instructeur dit à l’élève : “Ne te
tourne pas si souvent vers la fenêtre, lis le livre de la vie.”
« Le psychisme est souvent une influence affaiblissante. Le Grand
Service, lui, réside dans la connaissance directe. C’est pourquoi Nous
mettons en garde contre le psychisme, contre le regard tourné en arrière
sans objectif d’avenir déterminé. Les psychiques spirituellement faibles
sont souvent un plat de choix pour les agents sataniques. » (Monde de Feu,
volume 2, no 14).
Par conséquent, essayez de réaliser la grande différence qui existe
entre le psychisme et la sublime connaissance directe. Essayez de perce-
voir la voix du cœur. Purifiez et élargissez le champ de votre pensée
afin d’affiner tous vos sentiments !
Le premier conseil que je vous donne est de copier des livres de l’En-
seignement toutes les qualités essentielles pour la personne qui voudrait
joindre les disciples acceptés. Puis, de pénétrer profondément dans
votre for intérieur, de déterminer vos pires défauts et de choisir l’un
d’entre eux, et de toutes vos forces essayer de l’extirper en le remplaçant
par son opposé. Après avoir réussi à vous en débarrasser, prenez-en un
autre, et ainsi de suite. Ce n’est pas aisé du tout, mais pour la voie
royale qui mène au Monde de Feu, la facilité n’a pas de place.
Je pense qu’il serait utile que je cite un autre paragraphe :
« […] capacité est donnée à l’esprit ardent de recevoir des énergies
subtiles. Seule la conscience ardente est capable de transmettre un courant
d’énergies subtiles. Vous devez donc scruter les annales avec beaucoup
de discernement. L’humanité s’est habituée à visualiser le Très-Haut à un
bas niveau, raison pour laquelle les Images des Seigneurs ont pris des
formes aussi distordues. En fait, les hommes se sont habitués à la pensée
que le plus Haut devait servir le plus bas, mais ils ne réalisent pas que
seule la compréhension du Service donne le droit d’être un lien manifesté
de la Chaîne. C’est donc une compréhension déformée des Envois qui
produit les résultats qui encombrent l’espace. […] Nous donnerons à
cette fin un juste avertissement contre toutes les déformations et tous
les faux enregistrements. […] Mais que révèle un médium ou un capteur
empoisonné d’impéril ? Il est nécessaire de purifier les actions humaines
profanes et de détruire ces enregistrements à l’avenir. Dans le Monde
de Feu, seule la conscience de feu peut être un authentique capteur de
Nos Envois. (Monde de Feu, volume 3, no 10).

297
Et bien, lisez attentivement ma lettre et questionnez-vous honnête-
ment. Êtes-vous capable de choisir une vie pleine de renoncements, de
courage et de travail intense pour le Bien Commun ? Pouvez-vous atten-
dre un message du Grand Maître avec patience, malgré un silence qui peut
durer des années ? Mais si vous êtes proche de la voie du cœur – elle
demande une grande persévérance et de la dévotion, ces nobles qualités
sont si rares – votre sentier peut être subitement raccourci et devenir
magnifique. Tout est dans les mains de l’homme lui-même. Que cette
vérité vous encourage et vous inspire.
Bien sincèrement, je souhaite que vous trouviez dans votre cœur
l’aspiration d’amour pour la Grande Image et la disponibilité pour la
grande tâche. L’époque est si menaçante que tous ceux qui ont entendu
l’Appel doivent réaliser la signification du « podvig » et devenir de
véritables héros spirituels. Ainsi, devenez un héros !

298
LETTRE 31

8 septembre 1934

Jamais nous ne forçons personne ou ne faisons pression sur qui que


ce soit avec les livres de l’Enseignement. Toutes nos institutions sont
premièrement de nature culturelle et éducative, offrant des conférences
de toutes sortes, des concerts et, quand cela est possible, des cours sur
l’art, la religion et les sciences. Plus précisément, une conscience éclairée
peut mieux assimiler les concepts de l’Enseignement de l’Éthique Vivante.
Il est impossible à un mental primitif, sans culture et indiscipliné, de
concevoir et de comprendre la portée universelle et cosmique de l’Ensei-
gnement qui nous arrive du fond des âges, de la Source même de la
Connaissance et de la Lumière. L’Enseignement de l’Éthique Vivante
embrasse tous les domaines de la vie et touche à toutes les façons de
l’améliorer. C’est pourquoi en plus de son perfectionnement moral
continuel, chacun devrait pratiquer au moins une forme d’art ou d’arti-
sanat. L’idée de la mission de la femme est un rêve que j’ai nourri dès ma
tendre jeunesse. Je l’appelais « la Communauté des Sœurs Héroïques »
et je les imaginais apportant lumière et joie dans les dures conditions
de vie de notre pays. Cette communauté devait couvrir les divers champs
d’action de la vie, c’est-à-dire que certaines sœurs devaient se vouer à
la médecine, d’autres à l’agriculture et d’autres encore à l’enseignement
ainsi qu’à la préparation de conférences dans les diverses branches de
la connaissance, y compris les problèmes sociaux traités d’un point de vue
populaire. Bien entendu, l’étude et l’enseignement des arts devaient
tenir une grande place dans cette communauté, de même que l’étude de
l’importance de la couleur, des sons et des odeurs, et de leur influence
sur les conditions de vie de l’homme en général. Le rôle de l’Enseigne-
ment de l’Éthique Vivante devait être d’embellir tout le mouvement
bénévole des Sœurs Héroïques. Tels étaient mes rêves qui, bien sûr, se
sont élargis en même temps que ma conscience. Il est temps maintenant
de penser au futur immédiat et de recruter des âmes pures prêtes à
endosser une telle tâche de façon désintéressée. Toute une armée de
ces sœurs et de travailleurs sera nécessaire pour calmer la faim spiri-
tuelle des gens. Il faut maintenant remplir les rangs avec des institutrices
capables. Par conséquent, si pareil programme pouvait se matérialiser
dans votre groupe, cela serait bénéfique à bien des égards. Il est dit

299
magnifiquement dans les livres de l’Enseignement au sujet de telles
sœurs : « Qu’elles deviennent chères aux gens. Que les gens puissent
dire, “Une de ces bien-aimées est venue dans notre village”. »
Dans le groupe qui étudie l’Enseignement de l’Éthique Vivante, il
faudrait premièrement inculquer l’idée des bonnes actions et du service
désintéressé à son voisin et pour le Bien Commun. Tout pseudo-occultisme,
tous les exercices pour développer le psychisme doivent y être strictement
interdits. L’étudiant doit tendre vers le développement spirituel et vers
l’éveil de la connaissance directe, lesquels deviennent possibles seulement
par la purification du cœur et de la pensée de tous préjugés et idées
préconçues. Cela se passe précisément ainsi lorsque la conscience est
élargie et que le cœur est enflammé du désir d’accepter de grandes
tâches. Il est vrai qu’un tel programme ne peut s’adresser qu’à une
minorité, puisque peu de gens sont en mesure de comprendre et d’appré-
cier la beauté véritable et sa « compagne » – la simplicité. La majorité des
gens préfèrent s’encombrer la conscience de formules compliquées qu’ils
peuvent à peine comprendre et préfèrent aussi se complaire par-dessus
tout dans des phénomènes psychiques, sans réaliser que tout psychisme
qui n’est pas placé sous la Haute Conduite est un obstacle sur la voie
du vrai développement spirituel. J’ai déjà écrit plusieurs textes sur les
dangers du psychisme et j’y reviens une fois encore en relation avec
l’étrange expérience que vous aimeriez me voir expliquer. Mais pour
le moment, je dois continuer sur la mission des femmes.
En considérant les difficultés que vous décrivez, je choisirais pour
cette mission des femmes un groupe spécial. Je n’y accepterais que
celles qui ont une pensée ferme et qui comprennent que la dévotion est
une qualité très rare. Ce groupe devrait continuer l’étude des livres de
l’Enseignement de l’Éthique Vivante. Pour les autres, on pourrait suggé-
rer qu’elles se soumettent à la préparation de leur conscience en obtenant
plus d’informations ainsi qu’une plus large éducation, qu’elles pourraient
atteindre par le moyen de conférences ou d’études organisées en fonction
du choix de leur programme au « Centre de la Mission des Femmes ». Je
n’ai pas l’impression qu’il faille attendre quoi que ce soit de productif
des groupes religieux de gens d’église. C’est justement le dogmatisme
étroit qui a déformé les Testaments du Christ et qui se trouve bien
éloigné de l’évolution future ! Je pensais que votre prêtre était une de ces
âmes éclairées – si rares hélas – ayant réalisé qu’on ne peut entrer dans
le courant de l’évolution lorsqu’on est entravé par un dogmatisme sté-
rile. Nous avons eu personnellement la chance de rencontrer plusieurs
prêtres éclairés, mais tôt ou tard, vous allez immanquablement entrer

300
en conflit avec des ecclésiastiques bornés. Cela ne fait aucun doute.
Puisqu’il existe tant de pensées instables et de divisions, je n’établirais
pas de groupe religieux à part. Toutefois, je séparerais le groupe d’étude
de l’Enseignement de l’Éthique Vivante du reste, et je n’accepterais de
nouvelles participantes qu’avec grand discernement. Ne soyez pas ten-
tée par le grand nombre, mais considérez toujours la qualité ! Pensez à
la conscience humaine. Même ceux qui cheminent déjà sur la voie du
discipulat et se considèrent déjà très avancés sont surpris par de nou-
veaux aspects de la Vérité qui leur sont manifestés. Parfois même, ils
se moquent des choses sacrées. Voilà pourquoi l’acceptation d’un nou-
veau disciple est chose si rare et, comme on dit, on a trop de doigts à
une seule main pour les compter ! Ceux qui en sont au stade de la
probation doivent passer par de nombreuses épreuves avant de pouvoir
espérer être considérés comme candidats au vrai discipulat.
Le dogmatisme stérile a tué le lumineux Enseignement du Christ
et c’est pourquoi l’Église a dégénéré si facilement dans notre pays. Et
dans d’autres pays aussi elle est éprouvée. La différence réside unique-
ment dans le fait que les représentants d’autres Églises sont beaucoup
mieux éduqués et qu’ils se rendent compte qu’ils doivent prendre en
considération les lois de l’évolution et les exigences de notre temps.
En conséquence, certains membres du clergé de l’Église d’Occident
abandonnent l’état d’esprit moyenâgeux et commencent à accepter la
loi de la réincarnation. Il y a eu récemment une réunion d’évêques dans
laquelle il fut décidé de commencer l’étude des travaux d’Origène –
cette lumière de la vraie chrétienté et martyr de l’ignorance de ses con-
temporains. Oui, de graves péchés sont commis par l’Église qui interdit
aux ouailles qui lui sont confiées de penser en les maintenant dans
l’ignorance et l’obscurantisme du Moyen-Âge. Mais pour les intelli-
gences sans préjugés, que les sempiternels anathèmes n’effraient pas –
comment réconcilier l’idée de ces anathèmes avec la « miséricorde »
de leur Dieu – il leur suffit de lire les histoires des conciles et de la
papauté pour perdre totalement et à jamais le respect pour la plupart des
représentants de l’Église. Rappelons-nous le temps de l’Inquisition !
Pensons à tous les grands esprits qui en ont soufferts ! N’oublions pas
non plus les horreurs du massacre de la Saint-Barthélemy ! Lisons les
biographies des Saints écrites par des prêtres qui décrivent les crimes de
l’Église ! Les vrais documents, soient les Épîtres des Saints aux chefs
de l’Église, sont encore disponibles et dans ces lettres se trouvent de
sévères accusations de crimes sanglants. Mais vous allez peut-être pro-
tester en me disant que c’est l’Église d’Occident qui est coupable de
crimes et non notre Église orthodoxe ! Alors, je peux vous rappeler le

301
temps du patriarche Nikon qui introduisit le signe de croix tridactyle à
la place du didactyle. D’ailleurs, le signe de croix didactyle était utilisé
par un adepte sincère du Christ, le grand Créateur et Fondateur de la
sainte Russie, le très vénéré saint Serge de Radonège. Sous Nikon,
ceux qui utilisaient le signe de croix didactyle furent persécutés, torturés
et mis à mort sur le bûcher. Est-il possible que le révéré saint Serge ait
aussi été un hérétique ? Lisons soigneusement l’histoire des conciles
et nous trouverons des choses bien intéressantes qui montrent le niveau
de conscience de ceux qui dictèrent les dogmes encore pleinement en
vigueur aujourd’hui. Ainsi, nous trouverions que la loi de la réincarnation
a été rejetée par le concile de Constantinople au VIe siècle de notre ère,
bien que les Évangiles contiennent des paroles du Christ qui se réfèrent
ouvertement à la réincarnation. Si les gens prenaient la peine d’étudier
sérieusement l’Enseignement fondamental du Christ – et si possible
dans la langue d’origine des Évangiles au lieu de se contenter de textes
pour écoliers – ils découvriraient alors une nouvelle signification des
mots écrits et la vraie, la grande Image du Christ se révélerait à leur
vue spirituelle. Dans un lointain passé, les Grands Instructeurs disaient
que l’ignorance était le pire des crimes, et cela est bien vrai. Qu’est-ce
qui a nourri l’Inquisition si ce n’est l’ignorance ? L’Inquisition est la
plus atroce, la tache la plus indélébile sur les vêtements dorés de l’Église
chrétienne. L’Inquisition fut une terrible caricature de la Justice Divine.
Elle a été engagée par le Prince des ténèbres pour la complète corruption
et la complète destruction de la foi de l’homme en la pureté, la clémence
et la justice de l’Église.
Pensons à tous ces grands hommes qui ont souffert sous l’Inquisition
ou qui furent obligés de cacher leurs lumineuses connaissances sous le
masque de la folie ou de symboles des plus compliqués, dont la clé –
malheureusement pour l’humanité – est presque perdue. Souvenons-
nous de tous ces grands écrits, remplis de lumière et de bonté, dont la perte
irréparable était considérée par les meilleurs esprits de toutes les époques
suivantes comme le plus grand des malheurs. Il est reconnu que la
destruction par le feu de la bibliothèque d’Alexandrie fut honteuse,
mais bien des hypocrites préfèrent garder le silence sur la kyrielle de
feux allumés par l’Inquisition et qui ont pendant des siècles consumé
sur le bûcher des perles du génie humain !
La liste des crimes contre le bien-être de l’humanité est longue.
Longue est la liste des martyrs de la Connaissance et de la Lumière. Et
cette liste, pour la honte de l’humanité, continue de s’allonger dans
notre ère de « lumière ».

302
On dit dans l’Enseignement que dans chaque cornue des alchimistes,
les prêtres voyaient les cornes du diable ! Et maintenant aussi, ils voient les
signes de l’Antéchrist dans les livres de l’Enseignement de Lumière.
En vérité, chacun voit sa propre réflexion.
Il faut donc que nous ouvrions et purifiions notre conscience en y
faisant entrer plus de lumière. C’est vrai, le malheur vient de ce que,
dans notre pays, tous les porteurs de lumière ont été frappés d’ana-
thème. Ainsi, notre grande compatriote H.P. Blavatsky fut contrainte
de porter la Lumière de l’Enseignement en Amérique et en Europe, car
la conscience de la société russe n’était pas prête à la recevoir.
Le Gouvernement International mentionné dans les livres est la
Grande Hiérarchie de Lumière. Et pour nous chrétiens, qui puisons
notre terminologie chez les Juifs, c’est bien sûr « l’Échelle de Jacob »
mentionnée justement dans le deuxième volume du livre Les Feuilles
du jardin de Morya. Et pour l’Orient, c’est la « Grande Shambhala »,
ou « Shabistan », ou le « Mont Mérou ». Il y a aussi d’autres appellations
qui varient selon les peuples et les contrées. Quant à la maçonnerie,
elle était à ses débuts un grand et glorieux mouvement, souvent guidé
par de Grandes Âmes et, lorsque c’était le cas, elle était particulièrement
persécutée par les représentants de l’Église.
Mais tout comme l’Église s’est détournée du pur Enseignement du
Christ, la maçonnerie contemporaine s’est elle aussi détournée de la
grandeur première de ses traditions. Pour l’une et l’autre, seule demeure
la forme des dogmes stériles et les rituels. C’est pourquoi une renaissance
de l’esprit de l’Église primitive imprégnée de la pure essence de l’Ensei-
gnement du Christ devrait remplacer la décadence actuelle. Il faudrait
précisément que se produise une purification pour instaurer de nouveau
les Testaments du Christ.
On pourrait demander aux chefs des Églises pourquoi ils se permet-
tent de se déshonorer mutuellement et de se disputer alors qu’ils sont les
représentants d’un Enseignement Lumineux. Chaque Église exclut les
autres. Et qui, sinon elles, devrait apporter la concorde aujourd’hui ?
Elles auraient dû susciter une grande illumination, je dirais même une
illumination planétaire. Si elles avaient agi ainsi, on verrait aujourd’hui
une grande tolérance qui embrasserait tous les divers aspects et toutes les
manifestations de la Très-Haute Déité, Omniprésente, Toute-Pénétrante
et Toute-Compréhensive, qui n’exclut jamais d’Elle-même un seul
monde, un seul fils, une seule manifestation.
Donc, l’Enseignement de l’Éthique Vivante ne détruit rien, ne rejette
rien, mais appelle à la purification du cœur et de la pensée. Pourtant,

303
l’ignorance qui procède de l’obscurité combat toujours furieusement la
Lumière. La première impulsion du sauvage est de détruire ou de tuer tout
ce qui n’est pas clair pour lui. L’intolérance est un signe d’ignorance.
La Tolérance est la Couronne de la Grande Connaissance. À ce signe,
vous devriez déterminer la valeur de votre interlocuteur.
Je vais maintenant répondre à vos questions dans l’ordre.
Vous demandez comment comprendre les mots : « Toi l’Ardent,
tiens-toi à l’écart ! […] Ô Toi l’Ardent, pourquoi détournes-tu ta face ?
[…] » (Les Feuilles du jardin de Morya, volume 1, nos 9 et 11).
Ces paroles pourraient s’appliquer exactement aux cas que vous avez
mentionnés. Ces personnes ne sont-elles pas effrayées par le Feu des Porte-
Flambeaux ? Ne disent-elles pas : « Toi l’Ardent, tiens-toi à l’écart ! Ne
cache pas les Portails des Cieux ! » Et de nouveau, la réponse du Messager
Ardent : « Ma vue te fait souffrir. Tes ailes ne sont pas encore déployées ! »
(Les Feuilles du jardin de Morya, volume 1, no 11).
En vérité, les pièges de la superstition et des préjugés sont astucieuse-
ment créés – ces rejetons de l’ignorance qui entravent les ailes de l’esprit.
La peur s’empare de l’âme qui ne connaît pas le chemin vers la Lumière
et qui est incapable de voir dans le crépuscule qui l’enveloppe. Justement,
« la Connaissance ne pénètre pas facilement quand l’esprit est troublé ».
Il y a beaucoup de ces âmes malades, et personne ne peut les aider, car
la purification doit provenir du fond du cœur et de l’esprit. Mais qu’ils
lisent pour une dernière fois ce que l’Enseignement dit de la traîtrise et
du sacrilège, et puis alors qu’ils prennent la voie qu’ils ont choisie.
Maintenant, en ce qui concerne la condition que vous mentionnez. Il
est certain que la vision de formations lumineuses indique que certains
centres commencent à fonctionner. Mon conseil est une grande prudence.
Un bref et court pranayama, sans exagérer le contrôle de la respiration, ne
devrait pas faire de mal. Il ne faudrait pourtant pas pratiquer le pranayama
de la façon adoptée par certaines personnes qui se sont familiarisées
avec les instructions fournies dans les livres écrits par des pseudo-
yogis et qui les combinent avec certaines gymnastiques. Cette pratique
peut provoquer subitement des effets inattendus et désastreux ! Je vous
prie donc d’être très prudente. Je n’ai jamais pratiqué aucun exercice,
ni même un simple pranayama. À dire la vérité, j’ai toujours eu une
répulsion instinctive contre toutes les méthodes artificielles lorsqu’il
s’agit du feu sacré du cœur. N’oubliez pas que le pranayama exagéré
développe un état de psychisme inférieur et de médiumnité aux antipodes
de la spiritualité. Pour souligner le mal provoqué par toutes les méthodes

304
artificielles, je citerai les mots de H.P. Blavatsky dans le troisième vo-
lume de La Doctrine secrète :
« Maintenant, la science du Hatha Yoga s’appuie sur la “suppression
de la respiration”, ou le Pranayama, auquel nos Maîtres sont manifeste-
ment opposés. Qu’est-ce en fait que le Pranayama ? En traduction litté-
rale, il signifie “mort du souffle (de vie)”. […] Plusieurs chélas impatients,
que nous connaissions personnellement en Inde, se sont livrés à la pra-
tique du Hatha Yoga malgré nos mises en garde. Parmi eux, deux sont
devenus poitrinaires et l’un des deux en est mort ; les autres ont presque
perdu la raison ; un autre s’est suicidé ; et un autre est devenu un fidèle du
Tantrisme – un magicien noir, mais heureusement pour lui, sa carrière
fut interrompue brusquement par la mort. »
N’exagérez donc pas l’importance du pranayama. La science de la
respiration pratiquée par les vrais Raja Yogis a peu de rapport avec le
pranayama. Les Hatha Yogis sont intéressés par le contrôle de la respira-
tion vitale des poumons, tandis que les anciens Raja Yogis comprenaient
le pranayama comme une respiration mentale, car seul ce contrôle de la
respiration mentale produit un état élevé de clairvoyance et la restauration
du fonctionnement du troisième œil, en même temps que tous les vrais
accomplissements d’un Raja Yogi.
Vous savez combien les Grands Instructeurs sont opposés au déve-
loppement du psychisme et je cite :
« Au moment où l’un sacrifie son âme pour le bien du Monde,
l’autre s’assoit sur l’eau. Pendant que l’un offre son cœur pour le salut
de ses semblables, l’autre patauge dans les phénomènes du Monde
Subtil. Les saints du Grand Service n’ont pas de psychisme, car ils
sont en permanence tendus dans l’effort de l’esprit vers la Hiérarchie
et leur cœur résonne de l’angoisse du Monde. Le psychisme est une
fenêtre ouverte sur le Monde Subtil, mais l’instructeur dit à l’élève :
“Ne te tourne pas si souvent vers la fenêtre, lis le livre de la vie”.
« Le psychisme est souvent une influence affaiblissante. Le Grand
Service réside dans la connaissance directe. C’est pourquoi nous vous
mettons en garde contre le psychisme, contre le regard tourné en arrière,
sans objectif d’avenir déterminé. Les psychiques spirituellement faibles
sont souvent un plat de choix pour les agents sataniques.
« En vérité, dans le Grand Service existe un sens de haute responsabi-
lité. Habituez-vous à ce Calice, car il n’est pas de plus court sentier que
de vider celui-ci. Le cœur qui aspire vers la Hiérarchie sent combien le
Calice de l’Offrande est nécessaire et salutaire. Il n’est pour certains qu’un

305
objet de dérision et de condamnation, pour d’autres c’est un trésor
précieux. C’est Notre grand désir de voir se développer la véritable
connaissance directe. » (Monde de Feu, volume 2, no 14).
« Le domaine du psychisme est si complexe et si terrible. Il s’y cache
beaucoup de surprises pour les “adeptes” qui ne veulent pas s’ouvrir les
yeux. Les visions des médiums et des psychiques indisciplinés recèlent
beaucoup de tromperies conscientes ainsi qu’un nombre encore plus
élevé de tromperies inconscientes. Sans la Haute Direction, personne
ne peut se trouver en sûreté dans cette sphère. Ainsi, seul un disciple
qui se trouve sous la direction des Grands Instructeurs peut faire la
différence entre ces visions. Dans cette sphère, pour voir et comprendre
correctement, une personne doit apprendre à contrôler le Manas inférieur
de façon à ne pas lui permettre d’interférer. Il existe plusieurs exemples
de visions de ce genre dans lesquelles, avec l’aide du Manas supérieur,
se manifestait une grande vérité, mais où la présence d’un sentiment
d’égoïsme a amené la manifestation d’un aspect inférieur. Et le Manas
inférieur, par son interférence, a non seulement suscité ses propres adjonc-
tions, mais a complètement déformé le sens de la vérité manifestée. »
Ainsi, il nous faut toujours insister sur le mal causé par les mani-
festations psychiques. Dans l’Inde antique, les fakirs et les médiums
n’étaient pas admis dans le Saint des Saints des temples. De même, les
Hiérophantes d’Égypte n’acceptaient jamais comme disciples les médiums
et les psychiques. Ils évitaient même des serviteurs lymphatiques.
L’avancement spirituel dépend de l’accumulation et du développement
de la connaissance directe. J’ai déjà traité le sujet de la médiumnité
précédemment, mais la question est fondamentale et il est si important
de la traiter de plusieurs points de vue et d’y revenir souvent. On doit
se rendre compte que la médiumnité n’a rien de commun avec l’ouverture
des centres. Souvenez-vous que dans l’un des livres de l’Enseignement,
on se réfère aux médiums comme à « des auberges pour menteurs désin-
carnés » ! Cela s’applique aussi au psychisme, si éloigné des transmu-
tations ardentes des centres. Efforçons-nous donc de progresser sur la
voie du vrai discipulat et du service – qui s’exprime dans des accomplisse-
ments austères, continus et héroïques, et en travail désintéressé pour le
Bien Commun. Tout le reste se produira en temps voulu, sans moyens
artificiels qui ne font que retarder notre vrai progrès spirituel.
Vous parlez d’une façon très touchante de votre attirance pour l’idée
de la « Mère ». Aussi, j’aime m’adresser à vous comme à une « fille ».
Je crains que dans votre ardeur et par ignorance, vous ne vous fassiez
un mal irrémédiable. L’aspiration du cœur vers la Grande Image est

306
au-delà de tout exercice physique. Appliquons tous nos efforts, non à
des gymnastiques artificielles, mais au vrai service du Cœur Ardent, au
service de Celui qui dirige actuellement les Forces de Lumière contre
l’obscurité et qui, avec un courage de titan, veille continuellement.
L’Armageddon n’est plus un conte lointain. C’est une réalité dangereuse
et affreuse. Aussi, ceux qui servent et succombent à la désunion sont des
criminels. Est-il possible que les gens deviennent pareillement sourds et
aveugles pour ne pas enregistrer les signes menaçants de la Grande
Bataille ?
L’œuvre de Saint-Yves d’Alveydre, L’Agartha, n’est pas un rapport
véridique ou « remarquable ». En réalité, il a visité l’Agartha de son
imagination dans la fantasmagorie du Monde Subtil. Saint-Yves était
un psychique et médium typique. C’est pourquoi ses descriptions sont
si contraires à la vérité. En fait, son Agartha n’a pas de rapport avec la
Fraternité Blanche. Le domaine du psychisme est plein de tromperies.
Il y en a beaucoup dans le Monde Subtil qui aiment à jouer le rôle des
Grands Instructeurs.
Je dois aussi vous dire que j’ai été blessée par les lignes que vous
avez écrites sur H.P. Blavatsky. J’y ai reconnu un écho de l’opinion
déplacée si caractéristique des personnes d’un certain genre. Il faut
que je vous dise avec certitude que H.P. Blavatsky était une messagère
ardente de la Fraternité Blanche. Elle était vraiment porteuse d’une
connaissance qui lui a été confiée. Sans doute aucun, de tous les théoso-
phes, seule H.P. Blavatsky eut le privilège de recevoir un Enseignement
direct des Grands Instructeurs dans l’un de leurs Ashrams au Tibet.
Elle fut ce grand esprit qui accepta la tâche amère de transmettre à
l’humanité – alors perdue dans ses dogmes stériles sur le chemin qui
mène à l’athéisme – l’impulsion d’étudier les grandes Doctrines Sacrées
de l’Orient. C’est seulement par l’intermédiaire de H.P. Blavatsky qu’il
était possible d’approcher la Fraternité Blanche, puisqu’elle était le
maillon dans la Chaîne de la Hiérarchie. Mais certains de ceux qui
l’entouraient n’étaient pas à la hauteur de son esprit et de son cœur
ardent. Dans leur présomption, ils pensaient atteindre seuls les Hauteurs,
en ignorant ses mérites et le maillon Hiérarchique. Dans leur jalousie, ils
l’ont diffamée, critiquée et invectivée, elle qui leur avait fait confiance
et leur avait tout donné. Mais tous ces naïfs et arrogants personnages
n’ont rien obtenu, car la loi de la Hiérarchie est immuable. Pour l’avan-
cement du travail, les Mahatmas ont correspondu avec quelques-uns
de ses collaborateurs, bien qu’aucun d’entre eux n’ait été admis au
discipulat. Dans les écrits de H.P. Blavatsky et dans les Lettres des

307
Mahatmas vous trouverez l’assurance que H.P. Blavatsky était le véri-
table maillon Hiérarchique. Si on le négligeait, l’entreprise était vouée
à l’échec total. Et maintenant, ceux qui se sont trompés sont passés dans
le Monde Subtil et là, entourés de ceux qui les ont suivis, ils se trouvent
probablement plus éloignés que jamais de la Citadelle de la Fraternité
Blanche. Notre grande compatriote, cependant, à cause de ses efforts
ardents, se réincarna presque immédiatement après sa mort – en Hongrie –
et il y a maintenant dix années qu’elle est arrivée dans son corps physi-
que à la Citadelle principale et y travaille pour le salut de l’humanité sous
le nom de Frère X. C’est ainsi qu’agit la Justice Cosmique. H.P. Blavatsky
a été une grande martyre dans le vrai sens du terme. L’envie, la calomnie
et la persécution des ignorants ont causé sa mort, et son travail n’a pu être
achevé. La conclusion de La Doctrine secrète n’a pu être écrite. C’est
ainsi que les gens se privent eux-mêmes des biens les plus précieux.
J’ai une profonde vénération pour le grand esprit et le cœur ardent
de notre compatriote, et je sais que dans la Russie future son nom recevra
l’honneur qui lui est dû. H.P. Blavatsky devrait évoquer véritablement
en nous une grande fierté nationale. Grande martyre pour la Lumière
et la Vérité ! Qu’elle soit glorifiée à jamais !

J’ai déjà écrit à propos du livre Calice de l’Orient1. Savez-vous


qu’en Orient le mot « Mahatma » signifie « Grande Âme » – une âme qui
a accompli sa tâche terrestre et qui travaille maintenant au bien-être du
monde entier ? Il est donc impossible de dire qu’un Mahatma particulier
déteste les Chrétiens, puisqu’un Mahatma qui embrasse toutes les connais-
sances ne peut pas être sectaire.
De même, si vous lisez objectivement la « Lettre sur Dieu »2 dans les
Lettres des Mahatmas, vous verrez que le Mahatma répudie la concep-
tion sacrilège et anthropomorphique d’un Dieu personnifié, cruel et
injuste, qui envoie au châtiment éternel les soi-disant hérétiques et qui
justifie tous les crimes commis en son Saint Nom ! En vérité, pareil Dieu
ne peut avoir l’approbation et le respect d’un Mahatma. Mais il est
impossible de dire que le livre les Lettres des Mahatmas est athée, car
comment alors serait-il possible pour les Mahatmas d’avoir un rapport
quelconque avec un athéisme mort, eux qui proclament l’Immortalité
de l’Esprit qu’ils ont eux-mêmes ? Mais les gens ne sont pas encore prêts
pour comprendre ce livre – en ceci vous avez parfaitement raison. Mais
je vous prie, faites remarquer qu’il ne devrait pas y avoir de paroles de
condamnation concernant les Mahatmas. Grand sera l’étonnement de

308
plusieurs, et je pourrais même dire la mortification, lorsqu’ils sauront qui
en réalité est le Chef des Mahatmas. Les Grandes Images se présentent
sous plusieurs Aspects et possèdent plusieurs Noms.
En conclusion, j’aimerais que ma lettre, qui peut paraître sévère, ne
vous chagrine pas. Mais j’ai le cœur serré quand je vois combien peu de
gens réalisent le danger du temps présent. Ils ne semblent pas compren-
dre que c’est vraiment la dernière chance pour plusieurs. Et ils continuent
de ramper dans l’obscurantisme de l’ignorance, recherchant les contra-
dictions là où il n’y en a pas, y voyant les cornes du diable et le sceau
de l’Antéchrist, car leur conscience est attachée à la Terre. Ils ne peuvent
penser en toute indépendance et se bousculent aveuglément dans l’en-
ceinte créée par le fantôme du sempiternel anathème de leur Dieu
« Miséricordieux » ! Vraiment, il est dit : « Toutes les eaux de l’Ourdar
et de l’Ourouvella ne peuvent laver les taches laissées sur les vêtements
du Christ et de Bouddha par les mains sacrilèges. » Croyez-moi, l’esprit
de l’Inquisition est encore très vivace. Si le Christ apparaissait sur Terre
aujourd’hui, il pourrait peut-être échapper à la crucifixion et au bûcher,
mais il échapperait difficilement à une peine d’emprisonnement à vie,
sous l’inculpation d’être l’Antéchrist. Je vous suggère de relire Le
Poème du grand inquisiteur de Dostoïevski.

« L’humanité n’attache d’importance qu’aux concepts qui s’entassent


dans une conscience médiocre, car elle dispose chaque forme selon sa
conscience. Pourquoi tous les Concepts Supérieurs n’ont-ils donc pas été
inculqués ? Pourquoi tant de distorsions ? Pourquoi tant de réductions ?
Parce qu’en vérité, l’essentiel des recherches et des efforts humains
s’est tourné vers le bas. La difficulté du Monde Nouveau est d’éveiller la
conscience et de restaurer au monde l’Image prédestinée de la Beauté. La
créativité de l’esprit doit s’intensifier en s’élevant. Plus précisément,
ne pas rabaisser le plus Haut, mais lui permettre de s’élever. Ainsi,
l’exigence première sera de créer l’Image Divine en concordance avec la
Divinité. Lorsque la conscience humaine cessera de dépeindre le Divin
de façon anthropomorphique, les accomplissements seront de feu. »
(Monde de Feu, volume 3, no 266).

Permettez à vos collaboratrices de vous témoigner une petite flamme


de la gratitude. Vous leur avez indiqué le chemin et vous les avez mises
en contact avec l’Enseignement de Lumière, donnant ainsi à leur esprit
inspiration et joie. La dévotion est une qualité bien rare. Elle aide à

309
s’approcher du but plus rapidement que d’autres vertus. Laissez-les
s’affermir elles-mêmes dans l’Enseignement de Lumière, mais si quelque
chose n’est pas clair pour elles, laissez-les poser des questions. Je serai
heureuse de fournir toutes les explications possibles. Il est très important
de dissiper les doutes au tout début. Si la grande idée de la dévotion est
chère à leur esprit, qu’elles copient des livres de l’Enseignement tout ce
qu’on y trouve sur cette qualité. En relisant souvent ces notes, elles peu-
vent renforcer en elles cette manifestation de la vraie spiritualité. Il est dit
dans l’Enseignement : « La dévotion est le fondement de la spiritualité. »
Je lance un appel à toutes les personnes prêtes à apporter tous leurs
talents et toute leur énergie au service des autres. Car le temps approche
où chaque aide intelligente sera indispensable. Il est tellement important
de faire comprendre aux gens le respect pour la connaissance et pour chaque
instructeur. Chacun d’eux devrait être considéré comme un représentant
dans la vie de la lumière et du progrès.
____________
1 N.D.É. Le livre Calice de l’Orient est un petit recueil publié en russe et composé
d’extraits tirés des Lettres des Mahatmas.
2 N.D.É. Dans les Lettres des Mahatmas M. et K.H. à A.P. Sinnett, Lettre No X, Notes
du Maître K.H. sur un « Chapitre Préliminaire » intitulé « Dieu », par Hume, écrit
pour servir de préface à un exposé de la Philosophie Occulte. (Abrégé). Reçue à
Simla, en septembre 1882.

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LETTRE 32

12 septembre 1934

Vous pensez que l’auteur de la « Lettre sur Dieu »1 serait embarrassé


s’il apprenait que Serge de Radonège a accompli les réalisations austères
de sa longue vie au nom de ce « tyran céleste ». Puis-je répondre à ceci
par un passage du livre Cœur.
« […] Évitez les polémiques sur ce qui est indéniable. Récemment,
Je m’étonnais de la dissension entre les partisans de Jeanne d’Arc, de
saint Serge et de Moïse. Chacun proclamait que son Protecteur était en
désaccord avec les autres. Connaissant la vérité, il est triste d’entendre
ces inventions rédigées pour la discorde. » (Cœur, no 21).
Il se peut que ces mots ne soient pas clairs pour vous. Je vais donc
essayer de les expliquer. Chacun peut – et devrait – choisir son
Protecteur individuel, celui qui attire particulièrement son cœur, mais
en le choisissant on n’a pas le droit de rabaisser ou de renier un autre
Instructeur. Il arrive d’ailleurs que différents noms puissent désigner la
même personne. Les Grandes Images avaient et ont encore différents
aspects et noms. Connaissez-vous quels grands noms sont écrits dans
le livre des Vies du Mahatma en Chef ? En fait, seuls les Mahatmas, et
particulièrement leur Chef, connaissent la vérité. Aussi, dans votre igno-
rance, veillez à ne pas dire de blasphèmes !
Et maintenant, si vous prenez la peine de lire soigneusement et
objectivement cette «Lettre sur Dieu » dans les Lettres des Mahatmas,
vous verrez que le Mahatma rejette et ne fait un réquisitoire que contre la
conception sacrilège, et bien trop à l’image de l’homme, d’un Dieu person-
nel, d’un Dieu cruel et injuste, qui châtie d’un éternel anathème tout
hérétique, tout en justifiant tous les crimes commis en son Nom et pour
sa Gloire. C’est le Dieu des dogmes ecclésiastiques apaisé par le sacrifice
de son Fils, qui n’accueille dans son Royaume que ceux qui croient en
ce sacrifice. En outre, si nous considérons le fait que l’humanité, dès le
commencement de son existence, engendrait et continue d’engendrer
des multitudes qui ne font pas partie de l’Église chrétienne, nous devons
admettre de ce point de vue que la majorité de l’humanité est vouée à
la damnation éternelle. Est-ce alors leur faute si le « Père Miséricordieux »
a choisi d’envoyer son Fils unique à un moment particulier, vers un pays

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et un peuple particulier ? Pourquoi punir tous les autres ? Est-il possi-
ble que des milliards d’âmes soient vouées au feu éternel de l’enfer
seulement parce qu’elles ont été privées de voir et d’entendre l’Évangile
du Fils ? Les Mahatmas ne croient pas qu’un tel Dieu existe, ni ne
pourraient le tenir en estime. Pourtant, il est tout à fait impossible de
traiter les Mahatmas d’athées. Se pourrait-il que ceux qui proclament
l’immortalité spirituelle, qu’ils ont eux-mêmes atteinte, puissent avoir
quoi que ce soit de commun avec un athéisme mort ? Lisez attentivement,
ne s’opposent-ils pas aussi à l’agnosticisme ? « On peut nous appeler
panthéistes – agnostiques, JAMAIS. » Et ailleurs : « Ayant trouvé la
Gnose, nous ne pouvons lui tourner le dos et devenir agnostiques. »
Vous citez la déclaration hautement philosophique du Grand Mahatma :
« Quant à Dieu, puisque personne ne l’a jamais vu, en aucun temps, à
moins qu’il soit l’essence et la nature même de cette matière sans bornes
et éternelle, son énergie et son mouvement, nous ne pouvons le consi-
dérer soit comme éternel, soit comme infini ou bien comme existant
par lui-même. Nous refusons d’admettre un être ou une existence dont
nous ne savons absolument rien, et voici pourquoi : a) parce qu’il n’y a
point de place pour lui, en présence de cette matière dont les propriétés
et qualités indéniables nous sont parfaitement connues ; b) parce que
s’il fait simplement partie de la matière, il est ridicule de soutenir qu’il
meut et dirige ce dont il n’est qu’une partie dépendante ; c) parce que
si l’on nous dit que Dieu est un esprit auto-existant, pur et indépendant
de la matière, une déité extra-cosmique, nous répondons qu’en admettant
même la possibilité d’une telle impossibilité, c’est-à-dire son existence,
nous maintenons pourtant qu’un esprit purement immatériel ne peut
être un souverain intelligent et conscient, ni posséder aucun des attributs
que lui confère la théologie, et qu’ainsi un Dieu semblable n’est encore,
en fin de compte, qu’une force aveugle. […] En d’autres termes, nous
croyons à la MATIÈRE seule, à la matière sous la forme de la nature
visible, et à la matière considérée dans son invisibilité comme le Protée
invisible, omniprésent et omnipotent, au mouvement incessant qui est
vie et que la nature tire d’elle-même, puisqu’elle est le grand tout en
dehors duquel rien ne peut exister. »
Vous êtes indigné de cette exaltation de la matière. Mais savez-
vous qu’en ésotérisme, la matière et l’esprit ne font qu’un – que la
matière est une différenciation de l’esprit ? Savez-vous que la matière
est vraiment de l’énergie, puisque l’une ne peut exister sans l’autre ?
C’est pourquoi la matière séparée de l’esprit est regardée comme une
illusion. Ne savez-vous pas que tout procède de l’Élément Unique et

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que cet élément est considéré comme Principe Divin, triple dans sa
manifestation ? Ne savez-vous pas que l’esprit séparé de la matière est
privé d’expression, en d’autres termes, d’existence ? En effet, nous ne
pouvons pas nous séparer de la matière, soit dans nos actions, soit dans
nos pensées. Nous avons à faire soit avec l’aspect subtil, soit avec l’aspect
dense de cette même matière. Je vais traduire pour vous les mêmes
pensées tirées des Écritures Hindoues les plus anciennes dans l’Agni
Pourana :
« Cette nature est incompréhensible et surpasse toutes dimensions
et toute compréhension. Infinis sont les embryons des mondes et des
systèmes qui naissent continuellement sous les ailes de la Mère de
l’Univers. Puman, ou élément subjectif – le Brahmâ des Védantistes –
existe potentiellement dans les profondeurs de la Nature Cosmique,
tout comme le feu est caché dans un morceau de bois sec ou que l’huile
se trouve au centre de l’arbre kunjut. Puman, ou élément subjectif, est
caché dans la Nature comme un témoin psychique ou élément spirituel,
entièrement neutre et passif.
« L’union de Puman avec la Nature est produite par une force spéciale
connue sous le nom de Vishnou-Shakti – l’Énergie – qui contient tous
les embryons ainsi que les qualités fondamentales de tous les êtres et
de la Matière. Tout ceci doit peu à peu se développer de cette union de
la Nature Cosmique avec son époux Puman. La force dont il est question
ici est un médiateur actif pour l’accomplissement de leur union quand ils
occupent un état opposé et séparé, ou alors c’est une force qui décom-
pose et détruit ce contact dont l’Univers était né, en un résultat néces-
saire ! […]
« Les Dieux et autres créatures célestes sont des créatures nées de
cette action mutuelle de la Nature-Univers et de l’action dynamique de
la force de Vishnou, laquelle est mise en mouvement par l’impulsion
de la première. »
Vous pouvez trouver la même pensée dans la philosophie hermétique,
quoique sous des termes différents. Oui, la conception de la Déité, la
Source Incompréhensible de tous les Êtres, était majestueuse dans l’anti-
quité. Cette loi Cosmique conféra à chaque étincelle qui s’en échappa
toutes ses qualités, permettant le libre choix dans leur application, soit
pour la construction, soit pour la destruction.
Retournons maintenant à la déclaration du Mahatma : « Quant à
Dieu, personne ne l’a jamais vu, en aucun temps […] » Vous réalisez
certainement que c’est une citation de l’Évangile, que ce sont les paroles

313
authentiques de l’apôtre Jean que personne n’a jusqu’ici osé appeler – ou
pensé appeler – un hérétique ou un athée. Ainsi, nous lisons dans l’Évangile
de saint Jean (1 : 18) : « Personne n’a jamais vu Dieu. » Et les mêmes mots
apparaissent aussi dans sa Première Épître (4 : 12). Précisément, par ces
paroles, Jean nous donne à comprendre que par sa nature même, Dieu ne
peut être vu. Jean dit également : « Dieu est esprit, et ses adorateurs doivent
l’adorer en esprit et en vérité. » (Jean 4 : 24). Puis encore : « Et la Lumière
luit dans les Ténèbres, et les Ténèbres l’ont repoussée. » (Jean 1 : 5). Nous
savons pourtant que la Lumière est matière plus mouvement. Il y a de
nombreuses indications dans la Bible sur le « Dieu Inconnu » et sur la
nature ardente de ce Dieu. Dans le Deutéronome (4 : 24), Moïse dit : « Car
Yahvé, ton Dieu, est un feu dévorant, un Dieu jaloux. » Pour cette raison,
en vérité « Bienheureux ceux dont le cœur est pur, car ils verront Dieu ! »
(Matthieu 5 : 8). Il est aussi approprié de se rappeler les paroles de
l’apôtre Paul dans sa Seconde Épître aux Corinthiens (3 : 6) : « […] car
la lettre fait mourir, alors que l’Esprit fait vivre. » Rejetons donc la lettre
morte et les dogmes moyenâgeux et allumons en nous le feu de l’esprit
chaque fois que nous communions avec le Concept Sacré. Disons-nous
intérieurement : « Dieu est sans limites, sans frontières et intangible, sans
quoi il ne serait pas Dieu. » Le Dieu des Mahatmas est un Dieu Cosmique,
ou plutôt, le Cosmos même. N’est-il pas dit : « qu’il est Omniprésent,
Omnipotent et Omniscient » ? Et aussi : « C’est en lui, en effet, que nous
avons la vie, le mouvement et l’être […] » (Actes des apôtres 17 : 28).
Tout ceci se trouve dans la Bible. De même, dans l’Enseignement on trouve
cette déclaration : « Les gens ne comprennent pas la signification de Dieu
et de Boddhisattva. » En effet, ils ne comprennent pas !
Mais comme le dit le grand Origène : « Notre intelligence à elle seule
est incapable de comprendre Dieu, mais elle peut le ressentir comme le
Père de tous les êtres, à la beauté de ses créations et à la splendeur de la
Nature. »
De même, les Mahatmas conçoivent Dieu dans la Divinité de la Nature,
à la fois dans son aspect visible et dans son aspect spirituel invisible.
« Une personnification est toujours exigée pour l’adoration des masses.
Chacun crée la Grande Image selon sa propre conscience, alors que les
Grands Instructeurs aspirent à travers toutes les manifestations vers
leur Principe. »
Origène continue : « C’est pourquoi nous ne pouvons pas considérer
Dieu comme étant une incarnation particulière, ou même incarné du tout.
Dieu est une Nature Spirituelle non composée qui exclut tout complexe.
Il est intelligence et, en même temps, source et origine de toute intelligence

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dans la Nature et la Création. Dieu, qui est l’origine de toutes choses,
ne devrait pas être considéré comme complexe, sans quoi on pourrait
croire que les éléments ayant composé toutes choses, considérées
comme complexes, existaient avant leur origine. »
Voici une pensée purement philosophique. Elle est proche, je dirais
même identique, à toutes les propositions des anciennes philosophies.
En vérité, si nos pères de l’Église suivaient l’exemple de certains
membres du clergé en Occident et étudiaient les ouvrages d’Origène, cette
grande lumière de la chrétienté, les symboles et sacrements chrétiens
seraient révélés sous leur vrai jour et les dogmes ecclésiastiques tombe-
raient comme des chaînes de fer sectionnées, et l’Église – le Corps du
Christ – serait ressuscitée. Les petits enfants eux-mêmes commencent
à penser plus logiquement que nos instructeurs aux cheveux gris !
Oui, les pères de l’Église d’Occident ont compris que la conscience de
leurs ouailles demande une nourriture nouvelle et ne peut plus accepter
les déclarations naïves qui furent peut-être nécessaires jadis pour conver-
tir au christianisme des tribus à moitié sauvages. Afin de ne pas perdre
leur influence, quelques représentants de l’Église d’Occident se hâtent
de parfaire leurs connaissances et abandonnent les idées fausses. Pensez
simplement combien d’indications limpides sur la réincarnation et le
karma se trouvent dans les Évangiles donnés par le Christ en personne !
Mais le clergé évite d’en parler. Il est presque impossible qu’ils ne
remarquent pas que la loi de la réincarnation n’a été rejetée qu’au VIe
siècle par le concile de Constantinople ! Se peut-il que leur compré-
hension n’ait fait aucun progrès depuis lors ? À l’un de ces conciles, on
discuta aussi du sujet : « La femme possède-t-elle une âme ? » On tombe
sur beaucoup de bijoux semblables en lisant les archives de l’histoire de
l’obscurantisme. Et maintenant, considérant l’affreuse crise que traverse
l’humanité, crise causée par un athéisme terrifiant qui corrompt tout et
qui est le résultat d’un dogmatisme étouffant ainsi que d’une baisse de
la moralité dans le clergé, véritablement à cause de tout cela, tous les
prêtres devraient s’élever de nouveau contre toutes les marques d’into-
lérance, d’ignorance et d’immoralité. Ils devraient devenir de vrais chefs
spirituels et être en avance sur leur temps, et non plus ramper chargés des
chaînes de la sombre ignorance. Ainsi qu’il est dit dans l’Enseignement :
« La falsification du Christianisme a commencé à se répandre après Ori-
gène. » Et ailleurs : « […] On est saisi d’horreur à la vue de la supersti-
tion de cette époque. Origène a marché sur les charbons encore brûlants
de l’Ancien Monde. Connaissant le testament de Jésus, il a souffert en
voyant l’ignorance de la foule. Connaissant les Sacrements des Mystères

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Antiques, il a souffert en voyant l’incompréhension de l’unicité de la
Source. Connaissant la simplicité de l’Enseignement de Jésus, il a souffert
en voyant la construction des églises. […] Étant un apologiste de la connais-
sance, il fut indigné de voir le déclin de la connaissance des prêtres. » (Les
Feuilles du jardin de Morya, volume 2, no 245).
Il est important de se souvenir qu’à toutes les époques, les prêtres les
plus éclairés ont été persécutés par l’Église dominante. Que de calomnies
ont été répandues autour d’un contemporain, le père Jean de Kronstadt,
calomnies qui provenaient de ses propres adhérents ! Souvenons-nous de
« Optina Pustin », ce merveilleux groupe spirituel – que de persécutions
a-t-il dû subir de la part des hauts dignitaires ecclésiastiques ! Souvenons-
nous également de tant d’autres choses qu’on ne peut condenser dans une
simple lettre.
Voyons maintenant ce passage qui vous a tant indigné : « […] je vais
citer la plus grande cause, la cause principale de presque les deux tiers
des maux accablant l’humanité depuis que cette cause est devenue une
puissance. C’est la religion, sous quelque forme et dans quelque nation
que ce soit. C’est la caste sacerdotale, le clergé et les Églises […] »1
Cette déclaration est tout à fait exacte comme nous le verrons si nous
nous tournons vers les récits de l’histoire. Plus précisément, pour celui
qui étudie l’histoire de la religion et des Églises en général, cela est
l’incontestable et choquante vérité ! À toutes les époques et dans tous
les peuples, la question de la religion fut et demeure très grave et chargée
de craintes, et aucun problème humain n’est plus étroitement lié avec
des effusions de sang. Les guerres les plus cruelles ont toujours été
celles livrées au nom de la religion.
Pensez au fanatisme militant des Musulmans. N’oublions pas qu’en
Inde les Bouddhistes furent persécutés et puis exterminés par les Brahmanes.
Même aujourd’hui, des luttes sanglantes entre Musulmans et Hindous ne
sont pas si rares. De même, dans certaines provinces chinoises, des lamas
bouddhistes ont été cruellement persécutés – et le sont encore. Et vous
devez admettre que l’Inquisition est la tache la plus hideuse dans les
annales de la chrétienté. L’Inquisition ne fut certainement pas établie
pour la seule persécution des sorcières et des sorciers – la plupart des
médiums et des hérétiques – mais pour l’extermination de tous ceux qui
avaient d’autres convictions et des ennemis personnels des représentants
de l’Église qui avaient décidé d’obtenir un pouvoir absolu. En premier
lieu, parmi les ennemis de l’Église, on comptait les travailleurs les
plus éclairés consacrés au Bien Commun et les vrais disciples du Christ.
Et le moyen le plus simple de se débarrasser d’un ennemi consistait à

316
l’accuser d’avoir un pacte avec le diable. Les soi-disant « Gardiens de la
Pureté des Principes Chrétiens » s’efforcèrent par tous les moyens d’insti-
tuer dans la conscience des masses cette psychologie diabolique. Il n’est pas
étonnant qu’en ce temps-là, les visions des nonnes et des moines aient
porté le sceau d’influences sataniques et qu’elles aient été chargées de
représentations diaboliques et de toutes sortes de tentations sordides.
La persécution des pauvres sorcières, sorciers, médiums et possédés
n’était qu’un écran. L’Inquisition fut mise sur pied pour exercer un
pouvoir absolu sur les pauvres populations effrayées. La méthode la
plus efficace était le brigandage et l’extermination de tous ceux qui
aspiraient à apporter la lumière dans l’obscurantisme du Moyen-Âge,
de tous ceux qui se montraient trop indépendants, qui osaient parler du
Bien Commun, qui protestaient contre le royaume du mal personnifié
par les représentants de l’Inquisition. L’établissement de l’Inquisition
fut une affreuse caricature de la Justice Divine. Elle fut inspirée par le
Prince des ténèbres pour la corruption et la destruction de la foi de
l’homme en la pureté, la bonté et la justice de l’Église.
Il est édifiant de se rappeler les temps de l’Inquisition, la nuit de la
Saint-Barthélemy, et toute l’histoire de la papauté et des conciles de
l’Église dans lesquels les révérends pères spirituels en vinrent aux mains,
échangeant des coups et se tirant par les cheveux ! On ne peut avoir de
respect pour une telle Église et ses dogmes – mais seulement une indi-
gnation horrifiée pour des crimes sans pareils, une ambition tellement
monstrueuse et égoïste, une cupidité et une ignorance commises au
nom de celui qui rejetait toute violence et exhortait chacun à aimer
son prochain comme lui-même.
Pensons à toutes ces grandes âmes qui souffrirent sous l’Inquisition
ou qui furent contraintes de cacher leurs brillantes connaissances derrière
le masque de la folie ou en des symboles des plus compliqués et dont la
clé, malheureusement pour l’humanité, a été pratiquement perdue. Pensons
à ces montagnes de manuscrits détruits, ouvrages pleins de lumière, de bonté,
et dont la perte irréparable est considérée par les meilleurs esprits de
toutes les époques comme le plus grands des malheurs ! On est habitué à
l’indignation que soulève l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie, mais
bien des hypocrites préfèrent garder le silence sur la série de feux qui,
allumés par l’Inquisition, consumèrent sur le bûcher les perles du génie
humain ! La liste des martyrs de la lumière et de la connaissance est longue
et les noms ineffables de Giordano Bruno, de Jan Hus et de Jeanne d’Arc
resteront à jamais dans la conscience de l’humanité comme ceux qui

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portèrent sur le bûcher leur témoignage de l’existence du royaume du
diable au temps de l’Inquisition !
On est édifié de lire les biographies des saints de l’Église catholique
rapportées par son propre clergé. On a conservé des écrits authentiques
des saints adressés aux dirigeants de l’Église et qui condamnaient sévère-
ment leurs crimes sanglants. Et dire que ce sont justement ces criminels
qui ont créé et formé la conscience des masses ! L’histoire de la religion
fournit certains des chapitres les plus sombres, les plus sanguinaires de
l’histoire de l’humanité !
Vous allez dire que l’Inquisition fut instituée par l’Église d’Occident
et non par notre Église orthodoxe. Je vous rappellerai alors le temps du
patriarche Nikon qui introduisit le signe de croix tridactyle à la place
du signe de croix didactyle – le signe de croix didactyle était d’ailleurs
employé par ce véritable adepte de l’Évangile du Christ, le grand fon-
dateur de la Sainte Russie, le révéré saint Serge de Radonège. Sous
Nikon, tous ceux qui faisaient le signe de croix avec deux doigts étaient
persécutés, torturés et brûlés. Est-ce que le révéré Serge devrait aussi
être considéré comme un hérétique ? Lisons attentivement les annales
des conciles et nous découvrirons bien des choses intéressantes qui
sont caractéristiques du niveau de conscience des pères de l’Église qui
ont dicté les dogmes en vigueur encore aujourd’hui. Si les gens se
donnaient la peine de lire et d’étudier sérieusement l’Enseignement
fondamental du Christ – et si possible dans le texte original des Évangiles
au lieu de se contenter d’un catéchisme pour les écoliers – une signifi-
cation nouvelle dans les mots et la vraie grande Image du Christ se
révélerait à leur vision spirituelle, cette Image qui fut justement révérée
par saint Serge qui lui voua son austère vie, ce qui lui valut l’hostilité
des prêtres d’alors.
Et maintenant, quel est le péché le plus grave de l’Église ? C’est que,
depuis des siècles, elle a inculqué à ses adhérents un sens d’irresponsabi-
lité. Dès l’enfance, les gens apprennent qu’on peut commettre les pires
crimes et pourtant être déchargé de toute faute – si la personne va se
confesser, et que le prêtre accorde le pardon. Le procédé de se défaire de
ses péchés contre monnayage peut très bien se poursuivre, sauf que pro-
gressivement le pécheur paie des tarifs toujours plus élevés. Pourquoi ne
pas pécher si le pardon peut être acheté avec de l’argent ? Combien d’églises
n’a-t-on pas construites et financées sur les larmes des orphelins ? Et pour
l’érection des grandes cathédrales, d’où venaient généralement les fonds ?
Combien de cierges brûlés devant les Images Sacrées furent placés là par
des mains de traîtres ? En vérité, comme on dit : « Grande serait la vénalité

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du Christ s’il était prêt à cacher la traîtrise derrière un cierge ! » De tels
cierges sont des abominations. Le Christ n’a pas besoin de ces dévots.
Leurs cierges ne salissent-ils pas les chasubles ?
Quel manque de compréhension dans la prière suivante : « Moi,
prêtre indigne, par la puissance accordée par mon Dieu, je te pardonne tes
péchés ! » Oui, le pardon accordé au pécheur repentant en échange de son
argent est le plus grave des crimes. La corruption de la Divinité avec de
l’or – n’est-ce pas pire que toutes les pires formes de fétichisme ? Il faut
discuter cette question sous tous les angles. Cet ulcère hideux est répandu
sur toute la Terre, dans toutes les religions. Ainsi au Tibet, il y a une
bande de voleurs de grand chemin appelés « gollocks » qui suivent le
lamaïsme, une religion aussi éloignée des Testaments de Bouddha que
notre Église l’est du Christ. Chaque année, ces « gollocks » s’en vont à
Lhassa en pèlerinage pour obtenir l’absolution de leurs crimes. Pendant
ce voyage particulier, ils s’abstiennent de piller la population sans défense
dans l’espoir d’être reçus par les grands prêtres de leur secte. Mais après
avoir reçu l’absolution de leurs crimes contre paiement, ils donnent libre
cours à leurs débauches et retournent à leurs pratiques de brigandage,
plus violentes même s’ils le peuvent. Leur péché ne leur a-t-il pas été ôté
et ne reviendront-ils pas se purifier l’année suivante ? Ce n’est qu’une
question de tarif ! En Inde aussi, les pécheurs iront en hâte présenter en
expiation une chèvre à leur Brahmane. On offre aussi d’autres présents
en rapport avec l’importance du péché, et le transgresseur reçoit tout
aussi facilement l’absolution et la purification. Vous direz que cela
concerne les races primitives, pourtant la même chose ne se produit-
elle pas même dans les classes hautement intellectuelles d’Amérique et
d’Europe ? Pire encore ! Récemment, l’Église catholique a renouvelé
l’ancienne pratique d’accorder des indulgences. Et maintenant, les
Catholiques n’ont plus besoin de faire le fastidieux voyage à Rome ou
ailleurs pour faire pénitence pour leurs péchés ! Il leur suffit de verser une
certaine somme pour une indulgence et le paiement leur accordera l’entrée
au paradis. Sans doute, il doit exister une liste de prix pour ces indulgen-
ces, vu la variété des péchés. En vérité, il est possible de faire fortune
en estimant correctement les tarifs ! Hélas, qu’est-ce qui peut arrêter cela ?
Ne retournons-nous pas rapidement aux ténèbres moyenâgeuses ?
Il est certain qu’en instillant dans l’esprit des enfants l’idée que
l’Église, en puissant intercesseur, peut pour une larme de repentir et
une somme d’argent procurer un droit d’entrée au paradis pour celui
qui pèche, l’Église commet le plus grand des crimes. En ôtant à l’homme
le sens de la responsabilité, elle le coupe de son Origine Divine. L’Église

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a discrédité l’idée de la Justice Divine. En perdant la compréhension
de la responsabilité et de la justice, l’homme commence inévitablement
une dévolution, car ceux qui ne suivent pas les lois cosmiques sont
destinés à la décadence.
Le Cosmos est entièrement bâti sur la loi de la responsabilité, ou comme
on l’appelle souvent la loi de cause à effet ou loi du karma. Il est tout à fait
impossible d’ignorer cette loi et de la négliger sans provoquer à la longue
sa propre destruction. Tous les anciens Enseignements sans exception ont
enseigné cette loi de la grande responsabilité, cette promesse du Divin
en nous. Ce fait est clairement exprimé dans les paroles de Moïse « Œil
pour œil, dent pour dent », paroles mal interprétées et utilisées comme
exemple de l’esprit de vengeance du peuple Juif. Considérons pourtant
les paroles du Christ : « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu
ne tueras pas ; celui qui tuera est bon pour la condamnation. – Et moi, je
vous dis : Quiconque se met en colère contre son frère sans cause est bon
pour la condamnation. Quiconque dira à son frère : Raca ! Est bon pour
le sanhédrin. Quiconque lui dira : Fou ! est bon pour s’en aller à la géhenne
du feu. » (Matthieu 5 : 21-22). Est-ce que cela ne paraît pas plus sévère
que la loi de Moïse, si nous refusons d’y voir la même loi inexorable du
karma ?
Sans doute, connaissez-vous aussi les paroles du Christ : « En vérité,
je vous le dis : Nul n’aura laissé maison, ou frères, ou sœurs, ou mère, ou
père, ou enfants, ou champs à cause de moi et à cause du Bon Message,
qui ne reçoive au centuple dès maintenant, en ce temps-ci maisons, frères,
sœurs, mères, enfants et champs, au milieu des persécutions, et dans le
monde à venir la vie éternelle. » (Marc 10 : 29-30). Comment est-il
possible d’avoir « maintenant, en ce temps-ci » plusieurs pères et mères,
etc., si l’on n’admet pas la loi de la réincarnation ? C’est ici précisément
qu’est souligné le contraste entre « ce temps-ci » – un temps d’existences
terrestres « au milieu des persécutions » – et la vie dans le monde à venir.
Et encore : « Les disciples lui demandèrent : “Pourquoi donc les scribes
disent-ils qu’Élie doit venir d’abord ?” Il répondit : “Élie vient et il va tout
restaurer. Toutefois, je vous le dis, Élie est déjà venu, et ils ne l’ont pas
reconnu ; ils ont même fait de lui ce qui leur a plu, et le Fils de l’homme
sera traité par eux de la même façon.” Alors les disciples comprirent qu’il
leur avait parlé de Jean le Baptiste. » (Matthieu 17 : 10-13). Et plus loin :
« Et en passant, il vit un homme qui était aveugle de naissance. Ses
disciples lui demandèrent : “Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents,
pour qu’il soit né aveugle ?” » (Jean 9 : 1-2). Ces questions ne révèlent-
elles pas que les disciples connaissaient la loi du karma et que le Christ

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lui-même ne la rejetait pas ? On doit également comprendre de la même
façon la parabole des talents. Pourquoi les pères de l’Église ont-ils
donc refusé avec persistance d’accepter la grande loi cosmique qui seule
peut expliquer ce qui semble être injustice, toutes les différences dans
les conditions de la naissance et tous les malheurs qui nous accablent ?
Il n’y a qu’une réponse. Il existe partout un motif égoïste – ne pas
abandonner son pouvoir et augmenter son bien-être matériel et son
prestige. Aussi, les masses ignorantes sur toute la Terre, pendant de
longs siècles, ont été maintenues entre la peur de la damnation éternelle
du feu de l’enfer et l’espérance d’une paix éternelle dans la joie du
paradis, tandis que les clés des portes du ciel ont été confiées – à ce
qu’on dit – au prêtre par Dieu lui-même !
Jusqu’à ce que l’homme comprenne toute la grandeur de son origine,
qu’il comprenne que son être est une partie immortelle de l’Ego Divin et
qu’il change éternellement de forme, jusqu’à ce que l’homme comprenne
sa responsabilité, qu’il comprenne qu’il n’existe personne capable de
lui remettre ses péchés ou de le récompenser pour ses mérites, qu’il est
lui-même le créateur des causes et des effets, qu’il est le semeur et le
moissonneur de tout ce qu’il crée, jusqu’à ce qu’il réalise cela, il restera
celui qui sème et propage la folie, la criminalité et la corruption qui
menacent notre planète d’une terrible destruction.
L’irresponsabilité inculquée dans la conscience est déjà devenue
héréditaire. Pour sauver l’homme de la perdition, il est nécessaire que
les grands esprits éclairés s’unissent et qu’ils secouent avec vigueur la
conscience obscurcie de l’humanité. Il faut que les instructeurs spirituels
les plus avancés commencent immédiatement à purifier les Testaments du
Christ dans la lumière de l’Enseignement du dernier grand apologiste
du Christ, Origène le martyr. Après cette purification, la Nouvelle
Grande Prédiction brillera dans toute sa gloire, apportant la synthèse,
apportant la tolérance et la transformation de toutes les Alliances.
Pour conclure, je vais citer des paragraphes de l’Enseignement :
« L’humanité n’attache d’importance qu’aux concepts qui s’entassent
dans une conscience médiocre, car elle dispose chaque forme selon sa
conscience. Pourquoi les Concepts Supérieurs n’ont-ils donc pas été ensei-
gnés ? Pourquoi tant de distorsions ? Pourquoi tant de réductions ? Parce
qu’en vérité, l’essentiel des recherches et des efforts humains s’est tourné
vers le bas. La difficulté du Monde Nouveau est d’éveiller la cons-
cience et de restaurer au monde l’Image prédestinée de la Beauté. La
créativité de l’esprit doit s’intensifier en s’élevant. Précisément, l’exigence
première sera de créer l’Image Divine en concordance avec la Divinité.

321
Lorsque la conscience humaine cessera de dépeindre le Divin de façon
anthropomorphique, de feu seront les accomplissements de l’esprit. »
(Monde de Feu, volume 3, no 266).
« Certes, la conscience la plus élevée se tend vers le Principe du
Feu, alors que la conscience inférieure crée l’Image Supérieure à sa
propre ressemblance. La capacité de la conscience limitée détermine
l’Image créée, d’où tant de déformations évidentes ! Comment emplir une
conscience étroite d’un Concept Universel, alors que l’universel rend l’es-
prit fou furieux. Je dis : affligeante est l’ampleur de la pensée humaine !
L’horizon spatial n’est accessible qu’à celui qui connaît l’Universalité
du Principe, car l’esprit royal fusionne avec le Principe Supérieur, précisé-
ment comme le microcosme fusionne avec le Macrocosme. Un esprit
étroit ne peut donc fusionner avec le Principe du Feu. La puissance du
Feu révèle toute la fournaise qui se manifeste à celui qui perçoit le
pouls du Monde de Feu. Ce Principe donneur de vie construit la vie
selon Fohat. Souvenons-nous que seule une conscience étroite restreint
son acceptation, alors que l’esprit ardent inclut tout. Sur le chemin vers
le Monde de Feu, souvenons-nous du grand Principe. » (Monde de Feu,
volume 3, no 269).
C’est ainsi que les gens servent un Dieu créé à leur image et lui
attribuent leurs propres vices. Mais les Mahatmas servent l’Inexpri-
mable Principe Divin et révèrent ce Principe par la pureté de leur vie et
par leur service dans l’abnégation pour le Bien du monde entier.
Et puisque j’espère m’adresser à une conscience qui n’est pas hostile,
mais jeune et ardente, j’ajouterai un autre paragraphe de l’Enseignement :
« En cette période d’obstruction mondiale, il n’existe qu’une seule
voie : la régénération de la pensée. Plus précisément, il est important
d’éveiller la conscience. Lorsque l’esprit regarde en arrière et réalise que
la pensée d’hier est déjà dépassée, il y a transmutation du discernement.
Certes, le passé indique à l’esprit comment toutes les énergies passent
et sont retravaillées. Pourtant, c’est une honte de vouloir rencontrer le
futur en regardant en arrière ! L’esprit chargé des vestiges d’hier porte un
poids pesant. Avec un tel fardeau, impossible de gravir la Montagne,
impossible de passer les Seuils de Lumière, impossible de s’associer à
un Futur Lumineux. Si les pères de l’Église en appellent au passé, les
Serviteurs de Lumière en appellent à l’avenir. L’éveil de la conscience,
la clarification de l’Enseignement, l’appel du futur produiront une
grande régénération de pensée. Sur le chemin vers le Monde de Feu,
ma Main Directrice transfère les énergies. » (Monde de Feu, volume 3,
no 264).

322
Souvenez-vous de ce qui était dit dans l’un des premiers livres :
« […] Celui qui désire atteindre le Pays Nouveau doit non seulement
mettre de côté tout préjugé, mais encore entrer par un chemin nouveau. »
(Les Feuilles du jardin de Morya, volume 2, no 172).
Non, il n’est pas possible de construire sur les déchets du passé. Un
changement dans la conscience des masses s’est produit et doit être pris
en considération. Les hommes aspirent à la Lumière, après une nourriture
spirituelle. Mais cette nourriture doit être pure, et les chasubles des nou-
veaux chefs spirituels doivent être vraiment sans taches. Les instructeurs
doivent suivre la voie du Seigneur Christ comme le fit notre grand et vé-
néré Serge. En vérité, Serge, qui communia avec le Feu et reçut le
baptême ardent, connaissait et connaît la nature de l’Élément Divin.
Plus précisément, le grand Serge n’était pas qu’un théologien. Toute sa
vie fut une puissante imitation du Christ dans un service empreint
d’abnégation tant pour son pays que pour le monde. Oui, le vénérable
Serge appliqua le Testament du Christ, mais non les dogmes de l’Église.
Quant à son refus du poste de Métropolite, n’était-ce pas parce qu’il
savait combien les doctrines de l’Église étaient en conflit avec la Vérité ?
Beaucoup de mystères incompréhensibles à l’intellect sont révélés
lorsqu’on est en communion avec l’élément divin du Feu. Mais ces
mystères, l’esprit les garde précieusement dans le cœur. « Ne donnez
pas aux chiens les choses sacrées et ne jetez pas vos perles devant les
porcs, de peur qu’ils ne les piétinent et ne se retournent pour vous
déchirer. » (Matthieu 7 : 6). C’est pourquoi nous devons prendre garde de
ne pas blasphémer. Baissons humblement la tête devant le sacrement
du grand Élément Divin qui nous est révélé à nous autres mortels dans
la gloire de la création, visible et invisible. Rendons un culte à cet
Élément Divin par la pureté de nos vies et de nos intentions. Emplissons
nos cœurs d’amour et de dévotion pour celui qui nous a donné la Lumière
et consacrons-nous au service de l’humanité.
Père Serge, Toi le Merveilleux, nous marchons à Tes côtés, avec
Toi nous vaincrons !
____________
1 N.D.É. Dans les Lettres des Mahatmas M. et K.H. à A.P. Sinnett, Lettre No X, Notes
du Maître K.H. sur un « Chapitre Préliminaire » intitulé « Dieu », par Hume, écrit
pour servir de préface à un exposé de la Philosophie Occulte. (Abrégé). Reçue à
Simla, en septembre 1882.

323
LETTRE 33

15 septembre 1934

Il est instructif d’observer les gens qui demandent davantage de con-


naissances et rêvent de toutes sortes d’initiations, mais qui s’indignent et
se retirent lorsqu’on leur présente un nouvel aspect de la Vérité univer-
selle qui ne s’accorde pas tout à fait avec l’idée qu’on leur avait inculquée.
Ils sont pleins de suffisance et se plaisent à répéter que « l’homme est
le roi de la nature ». Pourtant, si on essaie de leur dire que la destinée de
l’homme est vraiment celle d’un créateur divin – d’un Homme-Dieu –
ils deviennent furieux et préféreront s’en tenir à l’ancien esclavage qui
a pour nom la peur, la peur de ce qui est nouveau et sublime.
Il est dit dans l’Enseignement :
« L’humanité n’attache d’importance qu’aux concepts qui s’entassent
dans une conscience médiocre, car elle dispose chaque forme selon sa
conscience. Pourquoi les Concepts Supérieurs n’ont-ils donc pas été
enseignés ? Pourquoi tant de distorsions ? Pourquoi tant de réductions ?
Parce qu’en vérité, l’essentiel des recherches et des efforts humains
s’est tourné vers le bas. La difficulté du Monde Nouveau est d’éveiller
la conscience et de restaurer au monde l’Image prédestinée de la Beauté.
La créativité de l’esprit doit s’intensifier en s’élevant. Plus précisément,
l’exigence première sera de créer l’Image Divine en concordance avec
la Divinité. Lorsque la conscience humaine cessera de dépeindre le
Divin de façon anthropomorphique, de feu seront les accomplissements
de l’esprit. » (Monde de Feu, volume 3, no 266).
« Certes, la conscience la plus élevée se tend vers le Principe du
Feu, alors que la conscience inférieure crée l’Image Supérieure à sa
propre ressemblance. La capacité de la conscience limitée détermine
l’Image créée, d’où tant de déformations évidentes ! Comment emplir une
conscience étroite d’un Concept Universel, alors que l’universel rend
l’esprit fou furieux. Je dis : affligeante est l’ampleur de la pensée humaine !
L’horizon spatial n’est accessible qu’à celui qui connaît l’Universalité du
Principe, car l’esprit royal fusionne avec le Principe Supérieur, précisément
comme le microcosme fusionne avec le Macrocosme. Un esprit étroit ne
peut donc fusionner avec le Principe du Feu. La puissance du Feu révèle
toute la fournaise qui se manifeste à celui qui perçoit le pouls du Monde

324
de Feu. Ce Principe donneur de vie construit la vie selon Fohat. Souvenons-
nous que seule une conscience étroite restreint son acceptation, alors
que l’esprit ardent inclut tout. Sur le chemin vers le Monde de Feu,
souvenons-nous du grand Principe. » (Monde de Feu, volume 3, no 269).
Je vous ai cité ces passages, car vous aurez peut-être à traiter ce sujet.
Bien sûr, il ne faut pas forcer la conscience, car sa croissance est lente.
Comme cela a toujours été le cas et demeure valable aussi maintenant,
les divers aspects de la Vérité sont révélés par les Grands Instructeurs en
fonction des divers degrés de conscience. Ils agissent ainsi pour des raisons
de compassion aussi bien que par profonde sagesse. La purification de la
conscience et la régénération de la pensée devraient se produire, mais
nous savons que, sans la préparation adéquate, une dose exagérée d’un
remède même s’il est particulièrement efficace peut causer un résultat
tout à fait opposé.

325
LETTRE 34
10 octobre 1934

Vous n’allez peut-être pas souscrire à mon affirmation si je prétends


que dans le monde actuel le danger dans les structures gouvernementales
est dû à l’absence de synthèse dans l’esprit des dirigeants des nations.
Pourtant, j’insiste que c’est le cas ! Bien sûr, comme je le comprends,
ce que vous appelez la direction des affaires n’est en réalité qu’une
caricature malveillante d’une véritable direction. Les chefs d’État élus
par le peuple manquent habituellement d’esprit de synthèse, car le peuple
lui-même ne l’a pas. La vraie direction n’a rien à voir avec ce genre de
travail de pseudo-direction, et n’est pas en contradiction avec le principe
de Hiérarchie qui en est la fondation. Le Hiérarque est avant tout un chef.
Qu’est-ce qui peut exister sans une idée directrice et un point focal ? L’idée
de la Hiérarchie est justement un concept cosmique, une loi cosmique.
L’Univers entier existe, est nourri et maintenu uniquement par ce prin-
cipe. Dans le Cosmos, chaque forme a pour fondation un noyau et chaque
centre de tension vit selon le principe de la Hiérarchie. Le Cosmos base
son activité sur l’attraction vers un centre reconnu et puissant. Plus précisé-
ment, dans le Cosmos, le principe inférieur est subordonné au supérieur.
Que serait autrement le fondement de l’évolution ?
Dans l’un des livres de l’Enseignement de Vie il est dit :
« De tous les principes conduisant à l’élargissement de la conscience,
celui de la Hiérarchie est le plus puissant. Chaque manifestation de
changement se base sur le principe de la Hiérarchie. Où l’esprit peut-il
aller sans la Main Conductrice ? À quoi l’œil et le cœur peuvent-ils
aspirer sans la Hiérarchie, alors que la Main Dispensatrice du Hiérarque
assure la direction du destin, que cette Main indique une meilleure date
et que les énergies supérieures assument l’exactitude des Images ? Par
conséquent, la semence de l’esprit est pénétrée du Rayon Cosmique
émanant du Hiérarque. Puisqu’un principe très puissant contient en
lui-même la potentialité du feu, le feu pur de l’esprit du Hiérarque est
considéré comme le principe suprême. À cause de cela, souvenons-nous
de nos Guides spirituels. Nous révérons ainsi la loi de la Hiérarchie. »
(Agni Yoga, no 668).
Vous qui êtes un admirateur de l’Hermétisme vous souviendrez
certainement de l’axiome : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en

326
haut. » La chaîne de la Hiérarchie de Lumière est infinie et elle a ses
représentants et ses chefs sur la Terre. Jamais pourtant ils ne furent
élus par le peuple.
La démocratie que vous décrivez comme « une démocratie vivante
et transformée, basée sur le fait que chacun remplisse ses responsabilités
et que ses droits soient en fonction de ces responsabilités, une démocratie
fondée sur la collaboration de tous, tout en favorisant au maximum
l’initiative personnelle pour le Bien Commun », bien sûr, une telle démo-
cratie nous la verrons peut-être à la fin de la septième race – à condition
que notre planète n’ait pas explosé d’ici là. Mais maintenant, nous sommes
encore dans la cinquième race, passant à la sixième, et nous pouvons
seulement envisager une pareille démocratie dans nos rêves les plus
optimistes. Ce fut le rêve du grand Platon et il est peut-être en train de le
réaliser sur quelque planète plus évoluée. Quoi qu’il en soit, une telle
démocratie idéale aurait nécessairement quelqu’un pour chef et celui-ci
posséderait nécessairement la synthèse spirituelle. Par contre, la démo-
cratie moderne qui sort des votes populaires est un échec total. Peut-on
s’attendre à ce que la conscience de la majorité se régénère assez rapide-
ment pour que chacun comprenne au moins sa responsabilité sociale et
apporte sa collaboration la plus élémentaire, sans parler des aspects
plus élevés de la responsabilité ?
Et puis, est-il possible de supposer qu’on puisse acquérir une cons-
cience de synthèse en une seule vie, à moins de l’avoir déjà accumulée
dans son esprit, au cours d’éons d’efforts acharnés pour acquérir des
connaissances spirituelles et de l’expérience ? Oui, la synthèse est l’accom-
plissement le plus ardu, le plus rare et le plus grand. En vérité, c’est le
couronnement de ceux qui ont terminé leur carrière terrestre. On peut
parler de synthèse, mais la réaliser complètement n’est possible que si
on possède de grands acquis, qui inévitablement élèvent au-dessus des
foules. C’est pourquoi il y aura toujours des chefs, car rien ne peut être
parfaitement nivelé, surtout la conscience et la pensée. Pourtant, les
chefs de l’avenir ne seront pas élus par les masses irresponsables, mais
bien par la Hiérarchie de Lumière et de Connaissance. Il y aura un
grand travail à faire pour que la conscience de l’humanité soit élevée
suffisamment pour accepter ce principe directeur de tout l’Univers.
Il serait à déconseiller de semer la confusion dans une conscience
non évoluée en mentionnant l’idée de la synthèse. Il n’en résulterait que
perplexité et éloignement. Le processus d’élargissement de la conscience
est très lent et même très dangereux. Un déséquilibre peut mener à la
folie, à l’affaiblissement de la volonté ou à la possession. Un jeune arbre

327
a besoin d’un tuteur. Un cheval nerveux et difficile a besoin d’œillères.
Il est extrêmement difficile d’élargir la conscience d’un intellectuel de
degré moyen, plein de présomption et de négation. Les gens savent
maintenant au fond de leur cœur que « la vie ne peut être joyeuse sans
héros ». Mais l’intellectuel moyen essaie de montrer son instruction et
ses connaissances en répudiant avec un air de supériorité tout ce que
son intelligence ne comprend pas. En adoptant une telle attitude, toute
sa personnalité est un échec. Aussi, je pense que l’expression « En
Russie il y a toujours eu moins de culte de la personnalité qu’à l’Ouest »
n’est pas vraiment correcte. Les gens du peuple – le proverbe que je
viens de citer le montre clairement – révèrent et chérissent l’idée d’un
héros valeureux et rutilant qui montre la voie vers la Lumière et le
Bien. Il suffit d’entendre divers poèmes épiques nationaux ! Pourtant,
si vous relisez Dostoïevski, vous remarquerez que l’intelligentsia russe,
vers la fin du siècle dernier, avait commencé de courir à sa perte dans
son refus destructeur et corrupteur des grandes bases de la vie. La honte
de soi et la mortification y sont tellement évidentes. L’homme se détruit,
c’est si clair !
Oui, rien ne provoque autant d’indignation auprès des intellectuels
moyens que l’idée de la Hiérarchie. Ils ont tellement peur d’admettre
une autorité supérieure, tout en se laissant influencer continuellement
par les jugements et les décisions de personnages insignifiants. La rupture
avec ce qui est élevé et la subordination à l’inférieur, ce qui équivaut
au nivellement par le bas, est le grand danger de notre temps et mène à
la détérioration de notre planète et rend possible sa destruction prématurée.
Si tous ceux qui sont indignés par le principe de la Hiérarchie étaient
seulement capables de se rendre compte de la discipline et de l’obéis-
sance qui règnent au sein de la Hiérarchie de Lumière et à quel entraîne-
ment à l’obéissance sont soumis les proches disciples ! Cette obéissance
n’est pas exigée pour contrôler le disciple dans l’intérêt des Maîtres,
mais pour leur donner l’occasion de faire les premiers pas qui les mènent
à la compréhension et à l’acceptation de la Volonté Cosmique. La disci-
pline est le commencement de toute connaissance et de tout pouvoir. Je
terminerai par d’autres lignes de l’Enseignement :
« Le bien-être des nations se façonne autour d’une seule personnalité.
Les exemples sont nombreux dans l’histoire et dans diverses régions.
Beaucoup de gens attribueront cette manifestation évidente à la personna-
lité elle-même. Ce sont les gens à courte vue qui pensent ainsi. Ceux
qui voient loin comprennent que cette synthèse n’est rien d’autre que
la manifestation du pouvoir de la Hiérarchie. En réalité, dans tous ces

328
exemples, la Hiérarchie choisit un point focal par où il sera possible de
diriger le courant. D’ailleurs, une personnalité de cet ordre possède un feu,
réalisé ou non, qui rend aisée la communion. Mais une certaine qualité de
la part des personnes elles-mêmes est indispensable : la confiance et la
reconnaissance de la puissance. C’est la raison pour laquelle J’ai souvent
parlé, à divers propos, de l’autorité. Cette qualité est nécessaire comme
lien pour le fonctionnement ardent. Vous voyez vous-mêmes à quel point
progressent les nations où s’affirme un chef. Vous voyez vous-mêmes
qu’il n’existe pas d’autre moyen. Efforcez-vous donc de comprendre
le lien avec la Hiérarchie. N’ayez pas la vue courte. » (Monde de Feu,
volume 1, no 525).

Vous avez parfaitement raison de dire : « Le fait que les livres de


l’Enseignement de Vie sont donnés en si grand nombre et avec de telles
révélations, souligne la gravité de cette époque. » Plus précisément, nous
approchons des décennies décisives – « être ou ne pas être » – pour le
bonheur de notre planète. Le changement de race, tous les déplacements
et les reconstructions pourraient bien finir cette fois-ci d’une façon
beaucoup plus tragique qu’aux jours de la Lémurie et de l’Atlantide. Il
est vrai que l’homme peut devenir le détonateur de la planète.

Il est aussi juste de dire que la connaissance des livres de l’Enseigne-


ment de Vie force une personne à appliquer ces indications dans la vie
de chaque jour. Sans quoi, au point de vue du karma, il serait préférable
de ne pas s’approcher de l’Enseignement. Quant aux ennemis, nous ne nous
tracassons pas, mais nous les prenons en considération. Souvent, il arrive
que parmi eux se cachent des personnes bien intentionnées qui deviennent
après quelques contacts personnels nos amis les plus dévoués, alors que
les autres nous sont utiles en intensifiant nos énergies ! La puissance d’un
coup est mesurée par la force de la résistance. En fait, les obstacles et les
ennemis aiguisent toutes nos capacités et intensifient l’énergie la plus
précieuse. C’est pourquoi nous reconnaissons la valeur de nos ennemis.
Il y a longtemps on disait : « Bénis soient les obstacles, ce sont eux qui
aident notre croissance. » Et « Sans les ennemis, l’humanité reconnais-
sante aurait enseveli ses plus vitales manifestations. » C’est à ce sujet que
Vivekananda a dit : « Le Bouddha et le Christ ont laissé leur trace dans la
mémoire des gens parce qu’ils eurent la grande chance d’être opposés à
des ennemis forts. » Dans l’Enseignement, la calomnie est comparée à un
flambeau hostile – mais durant les traversées de la nuit, tout feu est utile !

329
Vous dites plus loin que certaines personnes, qui se montraient
jusque là aimables et honnêtes, se mettent subitement à faire montre de
leurs pires défauts, cachés auparavant, après avoir lu les livres Illumina-
tion et Agni Yoga. C’est une manifestation occulte habituelle. En appro-
chant de l’Enseignement, on augmente la tension de toutes les énergies
actives et les forces qui sommeillaient commencent à se réveiller et
manifestent ainsi la nature réelle d’une personne. Voilà pourquoi nous
conseillons une grande prudence et vous répétons qu’il n’est pas permis
de forcer. Le prosélytisme n’est jamais préconisé par l’Enseignement.
C’est la qualité qui importe, non la quantité. La capacité de donner à
chacun selon l’état de sa conscience démontre la vraie connaissance
d’un disciple avancé. Aussi, il n’est pas nécessaire de répandre largement
les livres de l’Enseignement, mais plutôt d’adhérer largement à un pro-
gramme culturel et éducatif accessible à chacun. Les bases de l’Éthique
Vivante offertes dans l’Enseignement ne peuvent être correctement
assimilées que par des intelligences cultivées et disciplinées. Combien
y a-t-il de ces intelligences, même parmi les gens soi-disant éduqués ?
Sans une base de culture et de purification, comment s’attendre à ce qu’une
personne réagisse aux vibrations les plus subtiles ? Peut-on attendre
cela de quelqu’un qui a la vue et pourtant ne voit pas, qui a l’ouïe et
pourtant n’entend pas, dont les yeux et les oreilles sont fermés à la
réception des plus fines vibrations de la nature, pour qui la terre est
toujours noire et les montagnes toujours vertes ou grises, pour qui les
Hindous et les Chinois ont la même apparence, et pour qui la musique
des chutes d’eau, des rivières et des forêts n’est que du bruit ? Peut-on
espérer qu’une personne de ce genre reconnaisse les vibrations élevées ?
La première condition pour la réception est une conscience élargie. La
conscience est le seul aimant qui attirera et assemblera nos richesses.
Voilà pourquoi on insiste tant, dans les livres de l’Éthique Vivante, sur
l’ouverture, la purification et l’expansion de la conscience. L’Enseigne-
ment est pour ceux qui s’efforcent de le comprendre.
Et maintenant, en ce qui concerne le cœur, il faut le voir non comme
un symbole, mais comme un grand laboratoire où se réalise la transmuta-
tion de notre conscience, donc de notre être tout entier. Le cœur est la plus
haute manifestation du sixième principe. Le cœur est la demeure de
Brahmâ. On ne peut séparer le physique du spirituel. Toutes les choses
sont si entrelacées et si interdépendantes. Plus précisément, cette unité se
manifeste dans l’harmonie. Il existe des sensations astrales subtiles, tout
comme il y en a de physiques, mais leur courant est d’une subtilité corres-
pondante. Il est impossible de les traiter séparément. Il faut comprendre
la parfaite correspondance entre les corps physique et subtil. C’est

330
pourquoi la formule « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas »
devrait toujours être présente à l’esprit.
Sans le développement et la purification du cœur, il n’y a pas de
progrès. C’est pourquoi il convient de placer le grand aimant du cœur
à la base de chaque construction. Les représentants de la nouvelle race
seront reconnaissables à la pureté de leur cœur – cette clé de tous les
accomplissements.
Vous parlez de « la libération de l’esclavage de la personnalité, du
sexe et de la chair ». Mais la majorité des gens comprennent cette libé-
ration d’une façon différente, et je dirais « éloignée de la vérité » dans
son abstraction et son manque de réalisme ! Commencez à discuter de
ce sujet avec ceux qui vous entourent, et vous découvrirez les choses
les plus inattendues. Prenons par exemple la libération du sexe. Plusieurs
conçoivent cette libération dans le répugnant hermaphrodite, en le consi-
dérant comme « la couronne de la création de l’humanité ». Ils en veulent
pour preuve la répétition de ces cas, alors qu’en réalité c’est un signe
de dégénérescence. Dans la libération du sexe se trouve un grand mys-
tère cosmique. Le symbole de l’Androgyne est tellement profond. Et le
grand Platon avec ses âmes sœurs était beaucoup plus près de ce mystère
que les penseurs modernes.
Le concept de la personnalité est aussi déformé et vulgarisé au-
delà de toute mesure. La plupart des gens manquent de personnalité,
étouffés qu’ils sont dès l’enfance par des dogmes imposés, des idées
toutes faites et toutes sortes de conventions. Ils vivent leur vie comme
un rêve, sans réfléchir – pareils à des robots. Ne pensez-vous pas qu’il
serait utile dans un premier temps que ces personnes affirment « leur
personnalité » ?
De même, la libération de l’esclavage de la chair est comprise par
beaucoup de gens comme du fanatisme, de l’ascétisme et une complète
négligence du corps, alors que le corps est leur seul instrument pour
acquérir de nouvelles possibilités spirituelles. Dans les anciens Enseigne-
ments, la base de tous les accomplissements était reliée avec sagesse à
la grande Voie d’Or, appelée voie du « Juste Milieu ». Sans doute, vous
savez tout cela, mais puisque vous aurez affaire à des intelligences
moyennes, il serait bon que vous vous souveniez que les notions les
plus simples subissent des inversions des plus inattendues ! Je le sais
par expérience et vous conseille donc de vérifier et de purifier la cons-
cience de ceux qui viendront vers vous.
Que sont les téraphims ? Il existe une littérature abondante et compli-
quée à ce propos. Les téraphims ont plusieurs formes et aspects. De

331
façon générale, un téraphim est un talisman ou un accumulateur d’éner-
gies, si bien que chaque objet saturé des précipitations de l’énergie
psychique est un téraphim. Quand le talisman ou téraphim est saturé de
l’énergie psychique d’un ordre spécifique, il le transmet à la personne qui
le reçoit. Jadis, les téraphims rendaient souvent les oracles. Dans l’anti-
quité, la préparation de tels téraphims était extrêmement compliquée, et
pour cette préparation, les grandes connaissances astrologiques étaient
habituellement employées. Bien sûr, il existe aussi des téraphims astraux,
mais ces téraphims appartiennent uniquement à des esprits hautement
développés. Le secret de leur préparation est aux mains de grands Arhats.
Avec de tels téraphims, il est possible d’influencer puissamment une
personne et aussi de protéger sa santé. Si vous avez lu les documents
sur les expériences concernant l’extériorisation de la sensibilité, vous
pouvez jusqu’à un certain point imaginer l’influence de tels téraphims.
Dans le livre Agni Yoga, la création d’un téraphim simple est expliquée
en détail.
En Sanscrit, le mot « Santana » signifie courant. On a l’habitude
dans le Bouddhisme de comparer la chaîne de nos vies à un perpétuel
courant ou cours d’eau. Voilà pourquoi l’Enseignement nous dit de
« traverser Santana avec notre cœur ». En d’autres termes, de traverser
toutes nos vies dans un effort infatigable du cœur.
Qu’est-ce que l’Armageddon ? C’est la grande bataille décisive entre
les Forces de la Lumière et de l’obscurité. Elle a été prédite dans toutes
les anciennes Écritures et le nom « Armageddon » et sa description se
trouvent dans l’Apocalypse. L’année 1936 est annoncée comme très
significative. Il est intéressant de noter que ces calculs se trouvent aussi
inscrits dans la Pyramide de Chéops. Nous nous trouvons donc
aujourd’hui au beau milieu de cette bataille qui ira en augmentant.
Cette bataille est même encore plus terrifiante dans le Monde Subtil,
mais finalement ses réflexions s’intensifieront sur le plan terrestre. La
tension de l’espace est grande et les énergies de feu surgissent des
sphères souterraines et surterrestres, menaçant d’exploser. En effet, la
planète subit des convulsions. Ce temps est des plus dangereux et une
incroyable catastrophe mondiale nous menace. Ainsi qu’il est dit : « Les
éléments hostiles de la race refusent de se soumettre à la destinée. La
race qui est à son déclin s’efforce de détruire ses successeurs, mais
Nous devons les sauver. La destinée peut être facilitée et la bataille se
terminer plus rapidement. » Jusqu’ici, on ne perçoit pas encore de signes
de ce passage. Mais l’arche de la sixième race est déjà en construction.
Espérons qu’elle sera plus grande que celle de Noé.

332
Oui, la Nouvelle Époque demande une reconnaissance spirituelle.
La Nouvelle Époque doit exprimer son respect à la Mère du Monde, à
l’Élément Féminin. « L’oiseau de l’esprit de l’Humanité ne peut voler
avec une seule aile. » – ce sont les paroles de Vivekananda qui voulait
affirmer la grande signification du Principe Féminin. L’homme ne concède
pas volontiers les pleins droits à la femme. Toutefois, cette opposition
ne peut qu’intensifier les forces, et la femme combattant pour ses droits
cosmiques va acquérir la connaissance de son pouvoir.

333
LETTRE 35

18 octobre 1934

La noble idée de la « Bannière de la Paix » doit graduellement


entrer dans la vie et, comme un écrivain l’a exprimé : « Chaque homme de
science, chaque créateur, chaque enseignant, chaque élève et quiconque
réfléchit à la signification et au dessein de l’histoire, doit suivre sans
tarder l’appel de N.K. Roerich, qui brandit la “Bannière de la Paix” sur
le monde entier. Nous savons bien sûr que cette paix est aussi une lutte.
Mais ce n’est pas un combat égoïste, pour son propre bien-être, mais
plutôt une défense contre les forces obscures qui s’attaquent aux trésors
de l’esprit. […] Ce qui importe, ce ne sont pas les statuts, mais la volonté
individuelle des ouvriers de la culture. Ils ne sont pas encore unis, mais
il faut qu’ils se fondent en un courant, un fleuve qui coule et grossit par
ses affluents en se jetant dans le vaste océan des idées. »
L’idée de défendre les créations du génie humain est si belle et si
essentielle qu’il est impératif de la mettre en pratique dès que possible.
Imaginez seulement combien d’années devront s’écouler avant que la
conscience des masses soit prête à respecter ce que la « Bannière de la
Paix » propose de protéger ! Mais le temps n’attend pas. En Espagne, une
très ancienne église avec des peintures de quelques-uns des meilleurs
maîtres a été récemment détruite. Longue est la liste des trésors sans
prix qui ont été détruits. Il est temps d’arrêter ce vandalisme.

Vous avez parfaitement raison, il est nécessaire de purifier l’atmos-


phère. La possession est terriblement contagieuse. « Il est nécessaire
d’observer soigneusement la manifestation de la possession et de purifier
l’atmosphère. L’espace est plein de vampires et plusieurs attirent des enti-
tés des sphères inférieures. Il est nécessaire de purifier l’atmosphère dans
sa totalité. »
C’est pourquoi il est si important de mettre en garde contre le danger
des phénomènes psychiques. Je citerai un autre paragraphe au sujet de la
médiumnité :
« Nous avons déjà beaucoup parlé de la médiumnité, néanmoins
ce fléau de l’humanité reste mal compris. Les phénomènes psychiques

334
émoussent toute aspiration et l’accomplissement supérieur demeure
inaccessible. La sphère d’activité de l’homme qui a sombré dans la
médiumnité se limite au cercle enchanteur où se retrouvent naturellement
toutes les énergies retardant la croissance de l’esprit. La médiumnité
inclut la manifestation des énergies les plus basses et leurs précipitations
étouffent les feux des centres. Elle s’accompagne inévitablement d’un
désordre du système nerveux. De plus, la rupture d’avec les fonctions
vitales ferme la voie vers le perfectionnement. La créativité s’émousse,
et il s’ensuit un état passif qui fait de l’homme un instrument de l’influx
des forces de toutes sortes. Suite au relâchement de la volonté, le contrôle
de soi faiblit, ainsi l’attraction de diverses entités inférieures s’accroît.
Pour approcher le Monde de Feu, combattez ces forces du mal. » (Monde
de Feu, volume 3, no 309).
Nous avons souvent rencontré des médiums qui se complaisaient
tellement dans leurs visions astrales ainsi que dans leurs contacts avec
leurs visiteurs astraux, qu’ils considéraient du plus haut niveau, qu’ils
abandonnaient tout effort personnel de perfectionnement et se considé-
raient comme des privilégiés qui avaient atteint le but. Cela est affreux,
car du moment qu’on s’imagine soi-même tout savoir, le futur cesse
véritablement d’exister.
Voici encore un autre paragraphe :
« Les énergies ardentes mises sous tension par un centre accroissent
souvent l’action des énergies de ce centre. L’action partielle des énergies
donne au centre le pouvoir de se manifester partiellement. Ces tensions
partielles mènent à ces manifestations partielles qui induisent en erreur
les consciences de faible discernement. Ur. a justement indiqué ces phé-
nomènes, évoqués par la tension d’un centre, qui mènent au psychisme
inférieur. En vérité, chaque ouverture, imprégnation ou irritation des
centres donne une nette direction à l’énergie de feu. Seule la confor-
mité entre l’état de l’organisme et l’éveil spirituel produit, comme effet
inévitable, l’ouverture des centres dans leur plus haute tension. Une
pression partielle produira un accomplissement partiel qui peut s’avérer
un phénomène très dangereux. Sur le chemin vers le Monde de Feu, réali-
sons la plus haute tension de l’énergie de feu. » (Monde de Feu, volume 3,
no 308).
Rares sont ceux qui sont prêts à comprendre que l’accomplissement
le plus haut ne se trouve pas dans le psychisme et les visions astrales,
mais bien dans la synthèse, dans le développement de leurs propres
capacités. Cela s’obtient en remplissant scrupuleusement ses devoirs,
ou par le dharma comme on dit en Orient. En vérité, les manifestations

335
temporelles sont maintenues et développées par nos actions, et seules
nos actions engendrent de nouvelles énergies. On dit aussi que le monde
est créé par nos pensées, ou que la pensée engendre l’action. Voilà
pourquoi beaucoup de gens, supposant que la pensée est supérieure à
l’action, sombrent dans la rêverie et la prennent pour la pensée créa-
trice, en oubliant que seule la pensée saturée de volonté ardente est
capable de créer. On acquiert cette volonté uniquement en s’exerçant
avec persévérance et en appliquant dans la vie ainsi que dans l’action
ses propres pensées aussi bien que celles d’autres personnes. C’est la
raison pour laquelle il faut gagner tout d’abord le droit à une existence
purement mentale.
Dans leur vie terrestre, tous les Grands Instructeurs ont appliqué
leurs pensées expressément à l’action et à la construction. Aucun d’entre
eux n’a essayé de mener une vie retirée d’ermite. Tous ont travaillé de
leurs mains humaines et de leurs pieds humains à réaliser de nouveaux
accomplissements. Nous devons donc insister sur l’action, car les châ-
teaux en Espagne sont inutiles. Et maintenant, cela est plus nécessaire
que jamais, car il faut que l’humanité se batte contre les gigantesques
attaques des forces obscures.
Désormais, il convient de souligner combien il est important de
remplir activement le mieux possible ses devoirs terrestres ou comme
on dit « achever son dharma ». C’est le seul moyen d’obtenir un réel
progrès pour un perfectionnement de l’homme intérieur. « L’homme
atteint la perfection par le constant accomplissement de son dharma »,
dit Krishna dans La Bhagavad-Gîtâ.

336
LETTRE 36

8 novembre 1934

Je suis si heureuse que ma lettre vous ait fourni les explications


nécessaires, car il est très important d’avoir une compréhension claire
de ce que signifie le sentier du discipulat et la voie du service. Sans la
réalisation des difficultés et de l’austère beauté du service, sans la ferme
décision de choisir précisément cette voie d’accomplissement et d’abné-
gation, nous pourrions être engloutis dans les pièges horribles du psy-
chisme, de la médiumnité et de la magie noire. Je choisis l’épithète
« horrible » parce que, lorsqu’on est piégé, il faut des efforts incroyables
de volonté pour s’en défaire. Et combien possèdent une telle volonté ?
Évitez donc tous les exercices mécaniques qui développent la projection
du corps astral et l’acquisition des basses formes de psychisme.
Dans l’Enseignement, on indique un stade préparatoire durant lequel
l’organisme est graduellement préparé pour la réception des influx supé-
rieurs – mais tous les exercices mécaniques sont défendus. Les résultats
rapides que vous avez obtenus, lorsque vous avez appliqué les « métho-
des pour se projeter dans l’astral », prouvent simplement que vous avez
des tendances psychiques et médiumniques. C’est pourquoi vous devriez
vous montrer particulièrement prudent. Puisqu’il m’arrive souvent de
devoir aborder ce sujet, je vais citer quelques extraits de lettres à d’autres
correspondants pour gagner ainsi du temps :
« Vous me demandez de quelle façon vous devriez vous perfec-
tionner psychiquement ? Il n’y a qu’une seule réponse : en appliquant
l’Enseignement dans votre vie – le reste se produira en son temps.
Premièrement, c’est la purification complète de votre conscience qui
est nécessaire avec l’éradication du moindre signe d’irritabilité. Cette
dernière est extrêmement dangereuse dans le processus du développement
psychique. Des accomplissements élevés sont pratiquement impossibles
pour un organisme pollué par l’impéril. Il est clairement dit dans l’Ensei-
gnement qu’il est impossible d’acquérir la technique psychique sans un
Maître, du fait que cette technique est liée à un processus plein de dangers.
C’est pourquoi il ne nous reste qu’à préparer patiemment notre orga-
nisme en appliquant toutes les exhortations à notre vie de tous les jours.
Le Maître sait quand il est possible de développer les pouvoirs occultes.

337
« Croyez-moi, le Maître ne perdra pas un seul instant s’il voit que le
disciple est prêt à affronter les premières marches ou l’étape suivante
qui correspond à son développement spirituel. Il y a des degrés très
variés de psychisme, et les Grands Instructeurs sont extrêmement préoc-
cupés par l’augmentation des manifestations de ses formes inférieures.
Quant à l’ignorant, à celui qui est malhonnête ou dont la conscience
n’est pas développée, cela finit pour lui bien souvent en médiumnité
ou en possession. C’est la raison pour laquelle les Maîtres sont tellement
opposés à tous les exercices artificiels et aux méthodes qui conduisent
à l’acquisition rapide des pouvoirs psychiques inférieurs. Le moyen le
plus sûr, le plus naturel, consiste à développer son cœur et à purifier sa
conscience.
« On a peine à imaginer combien la contagion du psychisme inférieur
a pris possession des gens. Et combien on a déformé les grands concepts
et les grandes Images des Instructeurs ! Certains s’imaginent que les Ins-
tructeurs portent des tuniques décorées de pierres précieuses ou possèdent
des coffres remplis d’or et de diamants ! Qu’ils seraient étonnés s’ils
voyaient la véritable Image ! Rien n’est plus contraire à leur façon de
vivre que l’idée de la belle vie et du luxe. Leur vie est pleine de beauté,
pourtant la beauté et le luxe sont deux choses contraires.
« Il faut toujours se rappeler que le psychisme inférieur ne peut se
manifester que dans les basses sphères du Monde Subtil, là où se trouvent
certains qui se font passer pour des dieux de l’Olympe ou plusieurs
imitateurs des Grands Instructeurs de Lumière.
« Nous devons nous rappeler qu’il existe une très puissante Loge Noire
qui essaie par de nombreux moyens d’imiter les méthodes de la Fraternité
Blanche. Une de leurs caractéristiques est d’user de tous les moyens pour
attirer dans leur camp ceux qui font leur début dans l’Enseignement et dont
les convictions ne sont pas encore affermies. Chaque pensée hésitante,
chaque doute peut faire passer quelqu’un dans le camp opposé.
« Je vous écris ceci pour vous mettre en garde contre les terribles
dangers des exercices artificiels. Les seuls succès valables sont ceux
qui se produisent naturellement, car ils manifestent un développement
spirituel intérieur grâce auquel un pouvoir étendu devient finalement
possible. N’oublions pas que les forces développées par des méthodes
artificielles ne sont pas durables, alors que celles qu’on a acquises par
des efforts spirituels intérieurs ne peuvent se perdre. Toutes ces forces
cachées sont développées graduellement dans l’homme et, en règle
générale, par lui-même, proportionnellement à la maîtrise de sa nature
inférieure dans la longue succession de ses vies. C’est pourquoi certaines

338
personnes qui s’approchent de l’Enseignement commencent à montrer des
signes de ce développement à un âge relativement jeune. Par exemple – et
cela est indiqué dans les livres de l’Enseignement – elles peuvent voir
des étoiles de grandeur, de couleur et de clarté différentes. Chacune de
ces étoiles a sa propre signification, soit en avertissement, en indication
ou en consolation. Il se produit parfois des formations lumineuses et des
étincelles en soi ou à proximité de soi. Elles ont des visions de fleurs et
voient des scènes, et finalement la Voix du Maître se fait entendre. Mais
il se peut qu’elles perçoivent les voix d’amis aussi bien que les indési-
rables voix des sphères inférieures du Monde Subtil. Il faut faire preuve
d’un jugement très raffiné en ce qui concerne ces manifestations. La
fatigue ou une tension excessive des centres peut provoquer une inflamma-
tion, qui est très dangereuse et peut même causer la mort.
« Vous demandez si vous devez oui ou non poursuivre vos médita-
tions. Tout ce qui augmente votre faculté de concentration est très utile,
et la clarté de pensée doit être encouragée par tous les moyens. Il existe
maintenant tant de pensées chaotiques qu’il est essentiel d’apprendre à
maîtriser son mental et d’éviter tout saut involontaire. Le processus
d’élargissement de la conscience nécessite vraiment de la clarté et de
la suite dans les idées. »

Et maintenant, en ce qui concerne votre déclaration de ne pas oser


proférer de critique à l’égard d’un certain livre, j’aimerais dire qu’on doit
toujours être prêt à exprimer une critique intelligente, sans préjugé, ou
plutôt de donner son opinion sur ce qu’on a lu ou entendu. Comment sans
cela pourrait-on développer sa conscience et son mental ? Justement,
lorsque nous choisissons la voie du Service, il nous faut développer
notre faculté de discernement. C’est vrai, nous devons avoir une totale
confiance dans la sagesse de l’Enseignement que nous avons choisi.
Pourtant, on ne nous demande pas d’accepter toutes les indications
aveuglément, comme un acte de foi. Si on ne comprend pas quelque
chose, il ne faudrait jamais le répéter comme un perroquet seulement
parce que cela se trouve dans l’Enseignement. Ce serait le meilleur
moyen de donner dans le fanatisme. Il est de notre devoir de développer
notre mental de façon à comprendre tout ce qui ne paraît pas clair. Cela
ne sera pas une critique, mais procède plutôt d’une saine motivation
pour éviter que l’Enseignement soit déformé. Pensez simplement à tout
le mal qui s’est répandu à cause d’une foi aveugle et de l’acceptation
de la lettre morte des Écritures ! Il faut savoir qu’aucune question ne peut
recevoir de réponse absolue et que les réponses sont aussi nombreuses

339
que les consciences des demandeurs. Et de là proviennent toutes les
distorsions des Grands Enseignements. N’ayez donc pas peur d’analyser
ce que vous lisez des Enseignements et des Maîtres. Il y a trop de défigurations
de par le monde. Il n’est pas blasphématoire de rechercher honnêtement
et de discuter lorsqu’on est mû par un désir sincère de comprendre.
Et maintenant, concernant vos aveux. C’est très bien que vous-
même soyez arrivé de façon indépendante à la compréhension de ce
qui est habituellement très difficile à accepter pour tous ceux qui ont
été élevés dans les dogmes de l’Église, j’entends par là la perception
de Dieu comme Élément Unique et Impersonnel de l’Être. Même si dans
tous les livres que les gens reconnaissent comme porteurs de la vérité,
ils lisent « qu’en aucun temps et qu’en aucun lieu, personne n’a jamais
vu Dieu », ils continuent de lui attribuer une forme et de lui assigner un
lieu ! La compréhension indépendante de cette vérité indique des acquis
spirituels antérieurs et pour cela je dois sincèrement vous féliciter !
Me référant à la vision que vous décrivez, je peux seulement vous
dire que les Grands Instructeurs ne portent jamais de couronnes ! Les
couronnes des Seigneurs se trouvent dans leur merveilleux rayonnement
royal. Seul le cliché, qui est le fruit de l’imagination populaire, leur
attribue ce symbole astral de puissance terrestre. Il est également faux de
concevoir l’Avènement d’une façon aussi étroite. Le Grand Avènement
prédit par toutes les anciennes Écritures signifie la fin de l’Armageddon
et l’arrivée de l’ère de la régénération de l’esprit qui est liée avec la
formation de la sixième race.
Il est certain qu’aucun des Grands Seigneurs n’apparaîtra dans son
corps physique. Mais la puissance spirituelle des Trois Seigneurs se
manifestera sur Terre à l’heure cruciale. Rappelez-vous qu’il est dit
que le Fils de l’Homme apparaîtra dans le tonnerre et les éclairs et de
façon immédiate.

Vous demandez s’il est possible de se fier aux écrits d’Olcott. Oui
vraiment, plus qu’à beaucoup d’autres. Ses premières œuvres sont les
meilleures, car en acceptant l’autorité de H.P. Blavatsky, il s’est placé sous
le rayon des Grands Instructeurs. Vous connaissez l’immuable loi de la
Hiérarchie. C’est par H.P. Blavatsky seulement qu’il était possible de
s’approcher de la Fraternité Blanche.
Vous dites que vous vous sentez seul. Mais qu’en est-il de votre
intention de rassembler des jeunes autour de l’Enseignement et de l’idée
de « podvig » ? Ces jeunes forces pourraient grandement accroître votre

340
propre développement. Vous seriez contraint d’approfondir votre compré-
hension de l’Enseignement, puisque par leurs questions ils vous forceraient
à cristalliser vos idées. Il est bien exact que nous apprenons en enseignant.
Pourquoi ne pas essayer de mettre l’aimant de votre esprit en pratique
pour attirer de nouveaux jeunes gens qui en savent moins que vous ?
Alors, si vous mettez à exécution votre intention première, que cela
soit sous votre entière responsabilité et initiative et, au début, ne vous alliez
pas à des groupes déjà existants. Soyez donc prudent dans les actions que
vous entreprendrez, ayez du discernement, car il est facile de laisser
entrer les intrus des forces obscures qui souhaitent avec avidité infiltrer
les organisations pures. Si vous réussissez à construire un groupe vraiment
valable, vous aurez accompli quelque chose qui en vaut la peine. Il
existe de jeunes âmes qui devraient être soutenues par tous les moyens
accessibles à leur conscience.
Même les livres de Kryjanovsky ont joué un bon rôle. À côté d’une
vulgarité prononcée, ces livres contiennent de réels joyaux. La chose la
plus importante et la plus responsable est de savoir comment donner à
chacun selon le niveau de sa conscience. La grande erreur est de donner
plus que la conscience de son interlocuteur ne peut accepter. Fournir à une
conscience plus qu’elle n’est en mesure d’assimiler est comme si on
donnait une arme chargée à un enfant. Par conséquent, approchez-vous
de chacun selon la règle « par ton Dieu », puis dirigez-le discrètement
et ouvrez-lui de nouveaux horizons. Ainsi, il ne dépend que de vous de
rester isolé spirituellement ou non. Ne cédez pas à l’impulsion, mais
agissez plutôt avec l’intelligence de votre cœur ! L’intellect et les émo-
tions doivent être équilibrés dans tous les jugements et actions du disciple.
Ne confondez pas la sentimentalité et la bonté du cœur ! La sentimentalité
n’a rien à voir avec la bonté basée sur la connaissance et la justice supé-
rieures. La science des rapports entre les humains est très compliquée et
très difficile, car elle exige un cœur trempé et raffermi dans les nombreuses
batailles contre les criminels des forces obscures et les traîtres, de même
qu’un cœur fortifié par une patience invincible et de l’abnégation.
Fortifiez-vous donc sur les fondations de l’Éthique Vivante, et vérifier
vos capacités et vos possibilités en aidant les jeunes chercheurs. Bonne
chance ! Les efforts sincères produiront immanquablement des résultats.

341
LETTRE 37

15 novembre 1934

En ce qui concerne le développement ultérieur du « Pacte de la Paix »,


je vais rappeler une fois encore à G.G. de vous informer sur toutes ses
démarches, car cela est essentiel pour une complète coordination. C’est
seulement ainsi qu’on peut s’attendre à de bons résultats. Il devrait
également vous tenir informé, de façon détaillée, de tout ce qui concerne
l’historique et l’activité actuelle du « Pacte de la Paix » en Amérique et en
Europe, de même que de tous les articles sur cette question parus dans la
presse en Europe et en Amérique.
Durant ces derniers mois, en Amérique et en Europe, il y a eu de
nombreuses discussions concernant la ratification du « Pacte de la Paix »
par les États-Unis d’Amérique. Je vous enverrai donc quelques coupures
de journaux et je pense qu’il s’agit pour vous de l’information la plus
appropriée. J’y ajouterai aussi la liste des comités de la Belgique.
La Yougoslavie devait ratifier le « Pacte de la Paix » et à cet égard, le
roi Alexandre avait promis à G.G. de lui accorder une audience le lende-
main de son arrivée à Paris. Mais une main criminelle a mis fin à cette vie
belle et héroïque. De même, en France, le développement s’est trouvé
temporairement freiné à cause d’un changement de gouvernement.
Vous avez raison, les gens oublient facilement. Cela vaut sans doute
pour tout – des choses insignifiantes aux plus importantes. Il faut par-
tout rappeler et ranimer l’intérêt. Les gens qui sont pris par leurs affai-
res quotidiennes sont souvent incapables de saisir la signification d’une
grande idée qui dépasse le cadre de leur travail routinier.
Il existe très peu d’hommes à l’esprit assez ouvert pour comprendre
que la « Bannière de la Paix » est un nouveau pas dans le développement
de la conscience de l’humanité. Une telle conscience se construira sur la
conception et la réalisation de la grande importance et de l’inviolabilité
sacrée des créations du génie humain. Le pas suivant pourrait être l’accep-
tation de la Hiérarchie de l’Esprit.
Il nous arrive souvent d’entendre des remarques comme : « Tout ce
qui a trait à l’art pur et à la science pure est un luxe. » Ces déclarations
ne proviennent pas seulement de personnes médiocres, mais aussi de

342
plusieurs personnalités en vue. Il nous faut combattre cette opinion
absurde et malsaine. On s’étonne que la moralité soit en baisse et que la
prospérité florissante des nations ne soit qu’un mirage. Mais il est temps
de réaliser que si l’homme ne peut exister sans nourriture terrestre, il est
tout aussi incapable d’exister sans une nourriture spirituelle, qui produit
un raffinement des sentiments et des pensées à travers la compréhension
de la Beauté et des grandes lois de la Nature. Mais comment la Beauté et
les grandes lois de la Nature peuvent-elles être révélées à ceux qui s’abais-
sent au niveau de la conscience des masses ?
Maintenant, je vais répondre à vos questions. À la section 25 du livre
Agni Yoga, la phrase « Il est faux de penser que l’expérience faite par
mon Ami aurait pu ne pas réussir » est une allusion à l’effort de fonder
la Société Théosophique. Aussi, comme vous le savez, H.P. Blavatsky a
été envoyée dans le monde pour remplir cette grande mission, c’est-à-dire
donner à l’humanité La Doctrine secrète – pour élever la conscience de
l’humanité. Elle était chargée de dévoiler la vérité sur le spiritisme et éviter
ainsi beaucoup des conséquences nuisibles de ce mouvement. Les adeptes
ignorants étaient enjôlés et ne se rendaient pas compte des dangers inhé-
rents aux communications venant de l’au-delà. En ce temps-là, le spiritisme
se propageait rapidement, surtout en Amérique, et prenait des formes
hideuses et dangereuses.
À cause du désir intense et persistant des collaborateurs de H.P.
Blavatsky d’établir une société pour l’étude de l’ésotérisme, de toutes les
religions et des philosophies, afin de présenter une telle étude à ceux qui
étaient prêts à la recevoir, le Mahatma K.H. accepta de diriger cette société.
Aussi, avec l’assistance de H.P. Blavatsky, du colonel H.S. Olcott, de
W.Q. Judge, et de plusieurs autres, le travail fut mis en train et avec le
temps a pris la forme de ce qui est aujourd’hui la Société Théosophique.
On peut lire l’histoire de ce mouvement dans les Lettres des Mahatmas
M. et K.H. à A.P. Sinnett et dans le volume The Letters of H.P. Blavatsky to
A.P. Sinnett [Les Lettres de H.P. Blavatsky à A.P. Sinnett]. L’Enseignement
transmis par H.P. Blavatsky a accompli un grand travail en ce qu’il a éveillé
beaucoup d’âmes individuelles partout dans le monde, et les Sociétés
Théosophiques en furent partout grandement responsables. Il est donc faux
de dire que cette expérience n’a pas réussi. Bien sûr, si la nature humaine
était différente, les résultats auraient pu être bien meilleurs. Mais dans l’état
où en étaient les choses, on ne peut pas dire qu’il fut un échec et de telles
allégations proviennent de toute évidence des forces obscures. Il est dit :
« Les marches de la conscience ont été solidement construites. » Bien sûr,
en Amérique, ce mouvement est essentiellement lié au nom de H.P.

343
Blavatsky, et il continue à s’étendre et à être connu. Le Mahatma K.H.
a fourni un grand effort en établissant la Société Théosophique. Il est
même tombé malade suite à ses contacts avec les basses sphères terrestres
et les auras des humains. Pendant un certain temps, il a dû se retirer et
séjourner dans l’une des « Tours » isolées et inaccessibles – au commun
des mortels – de la Forteresse Tibétaine.

La référence à la section 277 du livre Agni Yoga sur l’année du


« Dragon de terre » est la désignation tibétaine pour l’année 1927. Au
Tibet, chaque année a un nom d’animal. Ainsi, il y a l’année de la « souris »,
du « porc », etc. On y ajoute un adjectif lié aux éléments, par exemple « de
fer », « de bois », etc. Ces définitions ont probablement une relation avec
le caractère de l’année à venir. L’année du « Dragon de terre » débuta avec
les pires attaques des forces obscures.
À la section 279 du livre Agni Yoga, il est question de la légende d’Indra.
Indra est le maître des dieux dans le panthéon hindou, et il y tient une
place qui correspond au dieu grec Zeus. Selon la tradition orale, avec
le début d’un nouveau cycle des manifestations d’Indra, la chaleur de
son trône s’intensifie jusqu’à ce qu’il soit forcé de sauter de son trône
et d’envoyer ses éclairs pour la purification – c’est-à-dire qu’il y a une
accumulation d’énergie psychique et que de nouvelles manifestations
de cette énergie sont requises.
À la section 416 du livre Agni Yoga, Sarasvatî est l’aspect féminin
ou l’épouse de Brahmâ – Déesse de la Sagesse, de la Parole et de la
Connaissance Ésotérique.

Vous demandez si le sang est en relation directe avec les Éléments.


C’est bien le cas, mais jusqu’ici la science n’a pas trouvé les méthodes
subtiles nécessaires à de telles recherches. C’est pourquoi nous devons
dire que, dans l’état actuel, cette définition n’est qu’approximative.
On reconnaît avec raison qu’il n’existe qu’un type de sang qui puisse se
mélanger avec tous les autres types. Bien sûr, ce type est le plus proche
de l’Élément Feu. Mais puisque même le sang des animaux contient des
particules de feu – c’est même sa principale caractéristique – lorsque
nous comparons le sang de divers individus, nous devrions nous souvenir
que, pour autant qu’il soit possible de le dire, un sang sain aura le plus
de particules de feu. Mais il ne sera possible de déterminer la parenté
entre les différents groupes sanguins et les différents Éléments que
lorsque les émanations subtiles auront suffisamment été étudiées et

344
explorées. Dans l’état actuel de la science, la définition et les connaissan-
ces sur le sang sont insuffisantes puisque nos découvertes sont incom-
plètes. Cela explique pourquoi tant de transfusions sanguines ratent.
Il est également assez inexact de dire que le sang du père est assimilé
par la mère. Dans le laboratoire ardent de la conception, les forces créatri-
ces de la mère produisent une affirmation ardente du sang. Tout le procédé
de développement et de formation du sang et de l’enfant se produit dans
la mère. La preuve convaincante que les processus ultimes s’effectuent
dans l’organisme de la femme se vérifie chez le singe puisque, comme
mentionné dans les anciens enseignements ésotériques, le singe avec
son apparence humaine provient de la copulation d’un mâle humain
avec des femelles animales. Cet élevage, bien qu’ayant reçu l’étincelle
divine, resta dans le règne animal.

345
LETTRE 38

6 décembre 1934

Le livre les Lettres des Mahatmas devrait être largement répandu,


car il est tout à fait essentiel pour sortir la conscience de l’humanité de
l’impasse dans laquelle elle est parvenue. Vous conjecturez avec raison
qu’il est particulièrement difficile pour les gens d’église conventionnels
d’accepter ce livre. Ils sont bien trop entravés par leurs dogmes – créés
par les esprits étroits du Moyen-Âge. La conscience de ces bigots est
vraiment effrayante par leur stagnation mortelle. Dans leur fanatisme –
qui égale celui des zélateurs de l’Inquisition – ils insistent sur la défor-
mation des Testaments de celui qu’ils considèrent comme leur Dieu. Dans
leur aveuglement, ils refusent de voir qu’eux-mêmes précisément le
trahissent et le crucifient à chaque instant. Il est terrifiant de rencontrer
pareille suffocation statique de la pensée qui s’est éternisée sur tant de
siècles ! Nous voulons espérer qu’avant longtemps la science tendra
une main secourable et montrera que la pensée nourrit la vie et que là
où la pensée est bloquée, le processus de décomposition commence.
Maintenant, parlons de la définition des divers degrés d’Intelligence.
Bien sûr, ce que les Mahatmas appellent « un Pouvoir actif, immuable,
donc un Principe privé de pensée » [Lettres des Mahatmas] est le principe
de Vie ou de la Conscience – et par conséquent le fondement de l’Intelli-
gence – qui est infini, éternel et absolu. L’Intelligence Cosmique est la
Hiérarchie de Lumière ou Échelle de Jacob. En outre, la Couronne de
cette Hiérarchie est formée des Esprits ou Intelligences qui ont terminé
leur évolution humaine dans ce système solaire ou en un autre, ceux
qu’on appelle les Esprits Planétaires, les Créateurs des Mondes. Ces
Créateurs des Mondes ou des planètes sont les Maîtres d’œuvre de
l’Univers présent et futur. Aux temps de Pralaya, ils sont chargés de la
grande Vigile de Brahma et ils dressent les plans de la prochaine évolu-
tion cosmique. La Couronne de l’Intelligence Cosmique ne dépend donc
pas des Manvantaras. En vérité, ils existent dans la dimension de l’Infinité.
Ainsi, le plus Haut Hiérarque de notre planète est l’un des diamants les
plus resplendissants de la Couronne de l’Intelligence Cosmique.
L’Aimant Cosmique est le Cœur Cosmique – ou la conscience de la
Couronne de l’Intelligence Cosmique – la Hiérarchie de Lumière.

346
L’Aimant Cosmique est précisément le lien avec les mondes supérieurs dans
l’ordre d’Être. Le lien de notre cœur avec le Cœur et la Conscience du
plus Haut Hiérarque de notre planète nous entraîne dans le majestueux
courant de l’Aimant Cosmique.
Je vais citer un extrait de l’Enseignement, qui je pense est approprié
ici :
« Si la conscience humaine pouvait comparer l’éternel et le transi-
toire, des éclairs de compréhension du Cosmos se manifesteraient, parce
que toutes les valeurs humaines sont basées sur une fondation éternelle.
L’humanité se fie tellement au transitoire qu’elle en oublie l’Éternel, alors
qu’il est facile de démontrer que la forme change, disparaît, puis est
remplacée par une nouvelle. L’aspect transitoire est tellement évident !
Chaque exemple indique la vie éternelle. L’esprit est le créateur de toute
forme, mais l’humanité le rejette. Lorsque l’on saisit le fait de l’éternité
de l’esprit, infinité et immortalité entreront dans la vie. Aussi, il est impératif
de diriger l’esprit des peuples vers la compréhension des Principes
Supérieurs. L’humanité s’englue dans les effets, alors que la créativité,
racine et principe de toute chose, a été oubliée. Lorsque l’esprit sera
vénéré comme feu sacré, la grande ascension se confirmera. » (Monde
de Feu, volume 3, no 363).
Vous dites très justement que presque toutes les philosophies de
Grèce étaient en étroite relation avec l’Enseignement. Les plus hautes
et les plus nobles philosophies et religions proviennent d’une seule
Grande Source, et les Grands Esprits qui apportèrent la Lumière et
donnèrent l’impulsion à l’apparition de la pensée avant l’aube de notre
humanité ont contribué à nous pourvoir durant le lent processus de
l’évolution de la conscience humaine. Souvenons-nous des sept Grands
Esprits appelés Kumaras que mentionne La Doctrine secrète. Plus préci-
sément, ces sept – le plus Grand parmi eux accepta la Protection du
Monde – se sont manifestés à tous les tournants de l’histoire de notre
planète. Leur conscience a nourri la conscience de l’humanité avec la
Vérité Une, qu’ils ont présentée sous la forme de nombreuses philosophies
et religions en rapport avec les époques. Vous l’exprimez très bien en
écrivant : « Le vrai sens de la Divinité nous est révélé selon le degré de notre
conscience. » Oui, les grands Mystères et la Beauté nous sont révélés
lorsque notre conscience entre en contact avec la Lumière de la cons-
cience de ceux qui nous guident. En effet, tant de merveilleuses accumu-
lations, « sons retentissants et éclairs de l’esprit », montent en nous
lorsque nous sommes en contact avec ces puissants Fils de Lumière. Je
serais très heureuse de lire vos derniers ouvrages. J’aime beaucoup

347
votre article sur la Beauté et j’apprécie votre compréhension spirituelle
très fine de l’Enseignement.
Plusieurs écrivent sur les concepts les plus élevés, mais lorsqu’ils
n’ont pas le sens de la beauté, ils n’hésitent pas à abaisser les idées les plus
sublimes et les transforment en formules d’apothicaires.
Combien les mythes de l’antiquité sont beaux et majestueux ! Quelle
élévation dans leur sens de la beauté ! Une des plaies de notre temps est
de tuer notre sens de la beauté en essayant de tout niveler sur la cons-
cience des masses. Un écrivain l’exprime ainsi : « Les magnifiques
couleurs du monde passent, la couleur qui prévaut est un gris protecteur.
Qu’il est pénible de vivre à notre époque ! Qu’il est dur de voir les
effets de la main qui nivelle tout ! » Voilà pourquoi je vous dis, écrivez !
Déployez les belles idées en accord avec les « éclairs et les résonances »
de votre esprit.
La description de vos sensations est des plus caractéristiques et vous
avez raison d’y voir plusieurs causes. L’angoisse et le cœur lourd peuvent
provenir de l’atmosphère dense. Rappelez-vous que nous sommes en plein
Armageddon. Les couches inférieures du Monde Subtil sont en cours
de destruction et leur décomposition empoisonne notre plan terrestre.
Plus notre organisme est purifié, plus nous devenons sensibles à toutes les
pressions atmosphériques. Que tous ceux qui ressentent cette pesanteur
et cette angoisse prennent note des jours et des heures de ces sensa-
tions et vérifient pour voir si elles coïncident avec quelque ouragan,
tremblement de terre ou typhon, etc.
Pourtant, il ne faudrait pas oublier qu’avec l’expansion de la cons-
cience, ces attaques d’angoisse sont tout à fait inévitables. Ces sensations
me sont très familières. Je sais toujours à l’avance quand il y aura des
tremblements de terre ou d’autres catastrophes. Je le sais, non seulement
en voyant l’atmosphère en rouge et des explosions de feu rouge, mais
également par des réactions physiques. Une pression derrière la tête
peut aussi être attribuée à la sensibilité croissante des centres. Lors de
chacune de ces sensations de tension ou de douleur, il vaut mieux se
reposer pendant quelque temps. Des enflures soudaines, qui disparaissent
tout aussi rapidement sans laisser de traces, sont également typiques.
Tout cela indique la préparation à l’ouverture et à l’entrée en activité
de différents centres. Je me souviens comment mes coudes enflaient et
mes épaules me faisaient terriblement mal.
Les idées qui importunent empirent et il faut les combattre en se
concentrant sur un travail et en fixant son attention. Il est vrai que le

348
lien mental avec la Hiérarchie et le fait de prononcer sept fois le Nom
du Maître effraient généralement et chassent les importunes. Pourtant,
cette répétition devrait être accompagnée du rythme du cœur. La vue de
particules ou d’étincelles noires est pour le moment tout à fait normale,
car actuellement l’espace est rempli de sombres explosions. D’habitude,
les taches noires indiquent l’approche de l’obscurité ou d’énergies chaoti-
ques, et il est alors recommandé d’user de prudence en tout. Ainsi, lorsque
je vois de petites taches noires, je sais que très souvent elles sont annon-
ciatrices de troubles ou sont une sonnette d’alarme pour ma santé. Plus
elles deviennent grandes et fréquentes, plus il faut faire attention. On peut
même voir parfois de grandes taches comme du velours noir flotter dans
l’espace. Celles qui sont violettes, bleues, argentées et parfois même
dorées sont toujours bonnes messagères ou sont des signes que les
émanations de l’Instructeur sont proches. Les jaunes mettent en garde contre
de possibles dangers et les rouges font état d’une extrême tension dans
l’atmosphère. C’est alors qu’on peut s’attendre à des tremblements de
terre, des ouragans et même des révolutions.
D’habitude, quand je pense à quelque chose, que je prends une
décision ou que je fais une lecture qui mérite approbation, je vois un
reflet bleu-argent soulignant et confirmant l’idée à poursuivre ou la
décision à prendre. Parfois, toute une partie est barrée par une ligne
lumineuse, et je sais alors que cette partie doit être éliminée. Et il arrive
aussi qu’une page entière soit illuminée par une claire lumière argentée
particulière. Oui, la Hiérarchie de Lumière envoie bien des signes à ceux
qui suivent le sentier de la Lumière. Prenez note de tous les signes et
marquez quand et en quelles circonstances vous ressentez ou vous voyez
quelque chose d’inhabituel. Aussi, les taches ou étincelles indiquent
souvent le caractère de nouveaux arrivants. On reconnaîtra la personne
de valeur à son étoile bleue ou argent, le traître à son étoile noire. En ce
cas, il convient d’être prudent, car l’étoile noire peut aussi bien indiquer
l’approche fortuite d’énergies chaotiques.
Il est certainement navrant de voir l’Enseignement rester abstrait
et n’être pas mis en pratique dans la vie. Nous connaissons trop de cas
de ce genre. Peu de gens se rendent compte de la signification du vrai
discipulat et de la proximité des Seigneurs de Lumière. La majorité n’est
intéressée que par les parties de l’Enseignement qui leur enseignent à
développer leurs facultés psychiques inférieures et, s’ils ont des ten-
dances médiumniques, ils y parviennent et s’ouvrent ainsi aux entités
possédantes. J’ai écrit de nombreux textes sur les dangers du psychisme
et j’ai cité plusieurs passages de l’Enseignement. Je suggère que tous

349
les nouveaux arrivants soient mis en garde. Il vous faut leur dire qu’ils ne
devraient, sous aucun prétexte, être attirés par des pratiques mécaniques,
mais qu’ils devraient employer toutes leurs forces à élargir et purifier leurs
pensées et à perdre les mauvaises habitudes qui leur barrent le chemin
vers la Lumière.
Je suis heureuse d’apprendre qu’en élargissant le programme de vos
activités, vous créez de nouvelles possibilités et de nouveaux contacts
avec des cercles culturels plus étendus. Nous ne pouvons ouvrir de
nouvelles possibilités créatrices qu’en touchant la conscience des gens.
Je suis très heureuse de l’expansion du travail culturel.
Et maintenant, parlons à propos de votre rêve significatif. Sans
doute, il provient de la Haute Source. Notre planète traverse une période
des plus dangereuses et même la période la plus critique. Si l’humanité
refuse la résurrection spirituelle avant l’approche des énergies du feu
cosmique, les cataclysmes qui accompagnent toujours un changement
de race pourraient entraîner une explosion totale et la destruction de
notre Terre. Mais avant que cette catastrophe ultime ne se produise,
beaucoup d’enfants auront le temps de se faire vieux. Sans aucun doute,
des catastrophes localisées se produiront dans les prochaines décennies.
C’est pourquoi plus que jamais, les Seigneurs de Lumière appellent
l’humanité à s’éveiller spirituellement et à constater la gravité de l’appro-
che de la reconstruction ardente. Tous ceux qui possédent une conscience
pure et sans préjugés seront sauvés et menés dans des endroits sûrs comme
ce fut le cas aux derniers jours de l’Atlantide. Bien sûr, chaque reconstruc-
tion du monde apporte aussi de grandes occasions et, bien que notre
époque soit menaçante, elle peut devenir magnifique et constructive. Il
faudrait s’efforcer intensément d’aider à poser les fondations de l’arrivée
de l’ère lumineuse et constructive qui est si proche – en fait beaucoup plus
proche que beaucoup de gens ne le pensent, entourés que nous sommes
de destructions et décadences.
Je joins quelques passages de l’Enseignement :
« La planète achève un cycle qui conduit chaque chose au couronne-
ment. Le temps vient où chaque principe doit manifester tout son poten-
tiel. Ces anneaux sont considérés dans l’histoire comme chute ou renais-
sance. Ces rythmes doivent être envisagés comme triomphe de la Lumière
ou des ténèbres. Le temps est venu où la planète approche un tel cercle
de couronnement et seule la plus grande tension du potentiel apportera
la victoire. Le cercle de couronnement éveille toutes les énergies, car dans
la bataille finale, toutes les forces de Lumière et des ténèbres participeront,
du Très Haut jusqu’à la lie. Les esprits sensibles savent pourquoi ce qui

350
est élevé se manifeste autant, côte à côte avec l’inerte et le coupable. Dans
le conflit précédant le cercle de couronnement se produiront des luttes de
toutes les Forces spatiales, terrestres et surterrestres. Sur le chemin vers
le Monde de Feu, que les collaborateurs se souviennent de l’Ordonnance
du Cosmos. » (Monde de Feu, volume 3, no 350).
« Le monde traverse ces étapes qui ont marqué tous les moments
décisifs de l’histoire humaine. Des étapes de destruction précèdent la
construction. La créativité, mise sous tension, appelle à la vie toutes les
énergies. L’époque dans laquelle entre l’humanité manifestera inévitable-
ment tous les potentiels des forces, car elle est décisive, et un tournant dans
l’histoire approche. La planète n’est pas parvenue à cet état par hasard,
chaque tension témoigne de ce courant qui submerge toutes les sphères.
Si le conflit est inexorable, la victoire elle aussi sera décisive. Toutes les
forces, toutes les sphères participent à cette Bataille Cosmique. Sur le che-
min vers le Monde de Feu, levons l’Épée de Lumière pour bâtir l’Ère
Nouvelle. » (Monde de Feu, volume 3, no 352).
« Les ondes qui submergent les nations proviennent du karma natio-
nal. Au cours de la Construction Cosmique, chaque époque dépose ses
ondes dans l’espace. Lorsque la date de l’attraction magnétique approche,
toutes les ondes entrent en action. Et le karma est inévitable. Lorsqu’il
est dit dans les anciennes écritures : “Tout vient du Père Céleste”, elles
désignent la loi du karma. Tout se crée selon ces ondes qui s’étendent
dans l’espace et préservent un lien éternel avec la planète. Le lien entre
les Mondes terrestre et surterrestre est conditionné par ces ondes. Elles
constituent les enregistrements spatiaux et les nations créent leurs ré-
demptions historiques. Réaliser que tout se transmet par les ondes spatiales
peut éveiller les plus belles aspirations. Sur le chemin vers le Monde de
Feu, luttons pour améliorer le karma national. » (Monde de Feu, volume 3,
no 353).
« La transmutation est inévitable sur l’ensemble du Plan Cosmique.
Seule la réorganisation par le feu donnera de nouvelles énergies créatrices.
L’Aimant Cosmique crée et intensifie tout ce qui existe, les dates appro-
chent, elles obligeront chacun, chaque chose, à participer à la bataille
Cosmique. L’espace doit subir une décharge. La Balance Cosmique
manifeste le changement. À travers tout l’espace résonne l’appel à la
tension finale. J’affirme que la transmutation des énergies produira de
nouvelles étapes de l’évolution. Tendez de cœur et d’esprit vers le
Monde de Feu. » (Monde de Feu, volume 3, no 361).
«Si nous réfléchissons à ce qui entrave les concepts supérieurs,
nous en arrivons inévitablement à la conscience qui compare tout aux

351
manifestations inférieures. Rabaisser toute chose pour la comparer au
plus bas est le travail des forces noires et l’humanité certes est sujette à
ces tendances. Chacun inconsciemment a recours à cette action destruc-
tive. L’état de conscience est donc le meilleur indicateur de l’évolution de
toutes les époques et de toutes les orientations humaines. Jusqu’où mène
une erreur comme la perte du lien avec le Monde de Feu ? La purification
de la conscience donnera accès aux énergies supérieures. Sur le chemin
vers le Monde de Feu, combattons l’obscurité de conscience. » (Monde
de Feu, volume 3, no 364).
J’aimerais réitérer ma joie de savoir que votre pensée n’est pas obs-
truée ni déformée par les préjugés et les formules toutes faites. Qu’est-ce
qui est pire qu’un cerveau étroit ? En vérité, c’est la mort de l’esprit.

352
LETTRE 39

12 décembre 1934

Pour un Chef, la capacité de juger les gens est un élément très


important. C’est la qualité et non la quantité qui importe, et il faudrait
appliquer ce principe en tout et toujours. Je dois également vous deman-
der de mettre à l’examen et de tester tous les nouveaux arrivants. Il existe
des cas où même ceux qui n’ont pas de mauvaises intentions succombent
à ce que leur insufflent les acolytes des forces obscures, les terrestres
aussi bien que ceux qui sont dans le Monde Subtil, et cela transforme
complètement leur nature.
Il est également nécessaire de comprendre que les gens non préparés
et faibles du point de vue spirituel et qui s’occupent de spiritisme s’expo-
sent à toutes sortes de possessions. Et qui peut dire quand un degré de
possession sans retour est atteint et que la victime ne peut plus se libérer
de l’entité possédante ? Les forces obscures utilisent précisément ces
instruments obéissants pour s’infiltrer par eux dans les purs groupes
spirituels pour les mener traîtreusement à leur ruine. Insensés ! Ils ne
comprennent pas l’affreux danger auquel ils s’exposent en permettant
aux entités de l’au-delà de pénétrer dans leur aura. Les médiums et les
psychiques faibles ne possèdent pas la synthèse spirituelle et sont souvent
victimes de ces obscurs souffleurs.
Les naïfs pensent généralement que les forces obscures sont toujours
brutales et criminelles dans leurs méthodes et leurs intentions. C’est une
erreur fatale. Seule une faible partie de leurs adhérents agissent ainsi.
Combien plus dangereux sont ceux qui s’approchent sous le masque
de la Lumière en prononçant nos formules. Les adhérents des forces de
l’ombre agissent toujours en rapport avec la conscience de leurs victi-
mes et – il faut le reconnaître – ils sont très subtils. Habilement, ils
flattent la vanité et d’autres faiblesses du caractère. D’habitude, les
victimes sont choisies parmi les personnes égoïstes et vaniteuses qui ne
cherchent que leur propre avantage. Ces personnes ne comprennent pas
l’idée d’abnégation. En conséquence, la vraie spiritualité n’est pas à leur
portée. C’est pourquoi nous ne pouvons juger les gens que par le feu
du cœur, par leur dévotion et leur capacité à se sacrifier et à coopérer
de toutes les façons possibles. Il n’y a pas d’autres critères.

353
Il y a aussi, bien sûr, ceux qui sacrifient tout dans l’espoir d’une
récompense. Ils se trouvent habituellement chez les fanatiques, mais eux
aussi sont bien loin du vrai discipulat et de la vraie ascension spirituelle.
Le disciple par destinée n’attend jamais rien. Il avance joyeusement
n’ayant en tête que le service, employant toutes ses capacités et tirant
parti de toutes les possibilités. C’est un fait étrange, que j’appellerais
une loi, que celui qui habituellement se donne à l’extrême n’attend
aucune récompense. Mais celui qui n’apporte qu’un karma chargé consi-
dère qu’il donne sa vie en sacrifice ! Cette remarquable particularité psy-
chologique est notée et analysée en détail dans les Enseignements
Bouddhistes.
En effet, il n’a jamais été conseillé de se défaire de tous ses biens
pour se retrouver dans la pauvreté ! Souvenez-vous de l’expression : « Qui
a dit qu’il fallait renoncer follement ? De cette manière, la folie reste ! »
Relisez donc le livre Les Feuilles du jardin de Morya [volume 1, no 381].
Toujours et en tout, il faut de la comesure. Sans la comesure, le discerne-
ment, l’honnêteté et le dévouement, le progrès sur le Sentier est difficile.
Ce sont les quatre pierres d’angle qui forment les fondations de chaque
construction.
De nos jours, la capacité de discernement est particulièrement néces-
saire parce que nous sommes en plein milieu de la grande Bataille
Cosmique. Les forces obscures se débattent pour leur existence même. La
peur les unit et les rend tenaces dans leurs agressions. Par contre, la majo-
rité des « blanchâtres » portent les vêtements gris de la non-résistance.
Certains agissent ainsi par hypocrisie subconsciente, d’autres par lâcheté,
d’autres encore par ignorance ou par peur. Mais le résultat de cette
non-résistance ou tiédeur est toujours pareil, la destinée prédite dans
l’Apocalypse : « Ainsi, parce que tu es tiède, et ni chaud ni froid, je te
vomirai de ma bouche. » Combien peu de gens réfléchissent à l’exactitude
scientifique de cette déclaration ! Mais il y a peu de raisons de s’étonner,
puisque depuis notre enfance nous n’avons pas reçu la permission de
poser des questions ou de réfléchir sur les grandes déclarations des
Écritures. L’anathème menace ceux qui osent insister sur la vérification
des Testaments du Christ qui furent déformés ! Et le sceau déshonorant
de « maçon » est tout prêt à leur être appliqué ! Bien sûr, l’abus honteux
de ce terme n’est possible qu’à l’ignorant.
Plusieurs termes étrangers sont curieusement déformés dans certaines
consciences. Il est conseillé d’employer certains termes avec prudence
quand ils ne nous sont pas familiers ! En général, il serait amusant – si
cela n’était pas bien triste – de constater le manque d’information de

354
certains cercles sur le rôle de la maçonnerie en Europe et en Amérique.
Apparemment, ils ne se rendent pas compte qu’une grande partie de
l’aristocratie, en Angleterre et en d’autres pays, appartient à différents
Ordres maçonniques. Même ici en Inde, chaque année lors d’une certaine
commémoration, des représentants officiels anglais et maçons paradent
dans les rues avec leur costume d’apparat maçonnique. Cela se fait
ouvertement, et les journaux et revues montrent des photographies de
rois, de princes et de nobles dans leurs robes maçonniques, de même
que l’indication de leurs loges et lieux de rassemblement. Les maçons
d’Amérique et d’Angleterre, en plus de leurs nombreuses loges, ont
aussi dans les grandes villes leurs propres temples grandioses. Il va de
soi qu’avec la popularité de ce mouvement – et je dirais même profana-
tion – il existe aussi des loges maléfiques. Comme cela se passe en tout,
une chose entièrement belle est une rare exception de nos jours. Et le
proverbe – « Un seul mouton malade est suffisant pour infecter tout le
troupeau » – reste complètement vrai. Mais les esprits qui prétendent
être cultivés devraient baser leurs opinions sur des faits et ne pas se
comporter comme des perroquets qui répètent sans réfléchir ce qu’ils
entendent. Ils devraient être mieux au courant de l’histoire de la culture
de leur propre pays. Certains de nos représentants les plus distingués,
nos meilleurs cerveaux, comme par exemple Novikov, le Prince
Koudachev, Souvorov, Golenishchev-Koutouzov (Prince de Smolensk),
Griboïedov, Pouchkine, Khieraskov, Bakounine et d’autres, étaient des
maçons. Pourquoi alors faire preuve de tant d’ignorance ? Ne serait-il
pas plus équitable et scientifique d’étudier ce que la maçonnerie a été
et ce qu’elle est aujourd’hui ? Après s’être familiarisés avec les principes
de base, certains seraient bien étonnés de connaître leur code moral élevé.
Oui, il faut lutter contre l’inertie, l’ignorance et l’étroitesse d’esprit.
C’est une tâche urgente et élevée. La Vie est nourrie seulement par des
idées sublimes, voilà pourquoi l’étouffement de la faculté mentale entraîne
inévitablement la décadence. Je vous cite quelques lignes de l’Ensei-
gnement :
« Tout comme la conscience peut être gage d’épanouissement, elle
peut favoriser la dissolution. La pensée limitée s’avère être un canal pour
tous les sombres développements. La pensée peut donc se développer
en une grande esquisse ou bien détruire toute ébauche. La pensée limitée
brise toutes les possibilités parce que le processus de construction se
base sur l’expansion de conscience. Comment aspirer à l’Idéal Suprême
sans élargir la conscience ? Seule la conscience ardente et intrépide
peut réaliser l’Image Supérieure, car elle ne connaît pas de limite. »
(Monde de Feu, volume 3, no 366).

355
Voilà pourquoi il est si important et exaltant d’amener à la vie les
fondations de l’Éthique Vivante basées sur la réalisation et l’acceptation
de la Grande Hiérarchie.

« Oui, il est difficile de porter une croix plus lourde que celle d’être
né génie en Russie ! Les géants de l’art russe, de la pensée russe, ont dû
toute leur vie boire une coupe empoisonnée, poursuivis outrageusement
et mesquinement par tous, sauf les indifférents. Les paroles amères de
Pouchkine – un lapsus dans un moment profond de désespoir – “Le
diable qui m’a forcé de naître en Russie” n’a pas perdu jusqu’à ce jour
de son aigreur convaincante lorsque nous observons encore et encore
comment les Russes ne manquent aucune occasion de s’humilier, de
s’attaquer les uns les autres, pour la seule raison que les autres osent être
meilleurs. » Voilà ce qu’écrit A.X., un des écrivains modernes les plus
talentueux, et nous partageons ses propos navrants. Il est juste de dire
que : « Plus de la moitié de l’humanité agit sous l’influence d’entités
possédantes. » Mais une époque de grands changements approche et il
se produira une grande purification.
Gardons les bases qui nous sont confiées en pureté, souvenons-nous
de la promesse reçue et gardons-nous des traîtres pleins de ruse. Relisez
la section 231 dans le livre Agni Yoga : « […] Que la forêt future soit
composée de troncs clairsemés, mais robustes. Mais de petits arbustes
se dévorent les uns les autres et engendrent des êtres malfaisants. »

Les Lettres des Mahatmas M. et K.H. à A.P. Sinnett atteignent leur


vingtième édition et, si je ne me trompe, elles sont traduites en d’autres
langues européennes, sauf bien sûr en russe. Nous sommes voués à
être encore maintenus au jardin d’enfant. Nous ne sommes pas encore
à l’âge adulte pour la liberté de pensée. Nous sommes encore dans
l’enfance, nous avons besoin de barrières et de brides. Voilà ce que
pensent nos chefs spirituels. Mais notre propre humiliation confirme
seulement notre manque de maturité. Pourtant, il y a bien longtemps, on
disait que ce ne serait pas les blasphémateurs bornés qui construiraient
le Nouveau Pays, mais le bon sens des gens simples. Plus précisément :
« Ce sont les centaines de milliers d’Ivan qui sauveront leur pays. » En
vérité, c’est au tour d’Ivan et il lui sera donné la possibilité d’exprimer
son potentiel. Mais cet Ivan n’est plus le même que dans le temps. Le
nouvel Ivan devra avoir une foi solide qui n’est pas en contradiction
avec la vie réelle. Et ceux qui voudront parler de cette foi devront

356
l’appliquer dans la vie par l’exemple personnel. Sans quoi on ne pourra
pas la confesser. La conscience d’un peuple qui a beaucoup souffert et
qui a perdu la foi dans la miséricorde et la justice d’un Père Céleste ne
pourrait plus jamais retourner dans les chaînes mortes de jadis. Si une
quelconque ascension spirituelle est possible, elle sera entièrement diffé-
rente dans sa signification et sa qualité, quoi qu’en pensent certains
esprits. Et pour qu’elle se matérialise, il faudra de nouvelles thèses
basées sur la raison et la logique. On ne peut fermer les yeux sur le fait
que la conscience populaire a beaucoup évolué. La souffrance est certai-
nement un grand instructeur et favorise la transmutation. L’illumination
ne viendra pas à nous aussi longtemps que nous resterons dans la grisaille
d’une vie confortable.
Il est nécessaire que chacun prépare sa conscience pour chercher
les solutions à de nombreux problèmes. Cela sera difficile pour les
consciences qui stagnent et qui n’ont pas dépassé les vieux préjugés.
Une Église nouvelle, avec une compréhension glorieuse de la beauté du
Grand Sacrifice de Jésus, remplacera l’ancienne. Elle devra organiser un
grand concile œcuménique pour réexaminer, avec une conscience exempte
de préjugés, tous les dogmes des conciles précédents et étudier les ouvrages
des premiers philosophes chrétiens et des pères de l’Église les plus pro-
ches du temps historique de Jésus. Alors, toute la beauté du sacrifice de
Jésus, le vaste élan de son Enseignement, seront compris dans toute leur
vérité et non seulement dans la lettre morte des Écritures si souvent
déformées. Alors seulement, la nouvelle religion sera établie. « […] l’heure
vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adore-
rez le Père. […] Mais l’heure vient, et c’est maintenant, où les vrais
adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; tels sont en effet les
adorateurs que le Père désire. Dieu est esprit, et il faut que les adorateurs
l’adorent en esprit et en vérité. » (Jean 4 : 21-24).
Je dois également vous rappeler que tous les Archanges et tous les
Anges ont dû passer par l’évolution humaine. Et l’Archange Varahael –
ou Uriel – était et est Homme. De même, Saint Michel Archange, bien
que faisant partie des Archanges les plus Hauts, a néanmoins foulé
notre terre coupable, nous apportant le salut. Si ces Esprits les plus
grands – qui donnèrent l’impulsion pour la création et le développement
de la pensée à l’aube de notre humanité physique terrestre et qui conti-
nuèrent de soutenir l’évolution de la conscience humaine durant ce
processus si long et difficile – n’avaient pas agi ainsi, notre humanité
même aujourd’hui en serait encore au stade de l’homme des cavernes.
C’est précisément de ces grands Archanges dont on parle dans les Écritures

357
de l’Orient ainsi que dans La Doctrine secrète et qui sont connus sous le
nom des sept Kumaras – y compris le plus Grand d’entre eux. Ils vinrent
de mondes plus évolués et firent un énorme sacrifice en s’incarnant comme
Fondateurs de religions, de royaumes et de philosophies, à chaque tour-
nant de l’histoire de la planète, de façon à activer l’évolution de l’huma-
nité. Ainsi, l’Archange Saint Michel garde maintenant la destinée de
notre planète. Son destin est de mener l’ultime bataille contre le Prince
de ce Monde. Cela se trouve aussi dans la Bible.

358
LETTRE 40

12 décembre 1934

Vous écrivez : « Votre lettre nous a été lue, mais nous ne l’avons
pas entièrement comprise. Je suis l’un de ceux qui n’ont pas compris. »
Cela m’a beaucoup étonnée ! Il me semblait que mes explications étaient
plutôt exhaustives, surtout si nous considérons que vous avez déjà quelques
livres de l’Enseignement dans lesquels la ligne de démarcation entre les
accomplissements spirituels et les manifestations du soi-disant psychisme
est clairement indiquée.
Ces difficultés proviennent certainement de l’incompréhension du terme
« psychisme ». Vous savez sans doute que le mot « psyché » vient du Grec
et signifiait à l’origine simplement le souffle vital et l’âme animale –
précisément ce qui appartient à la nature animale. Dans sa transformation
subséquente, il devint l’âme rationnelle – l’âme humaine – et fut appliqué
finalement au plus élevé, à la synthèse spirituelle, la couronne de l’être
humain. Par « psychisme », les Orientaux aussi bien que les Occidentaux
ont à l’esprit les manifestations du degré inférieur de cette énergie,
précisément les pouvoirs dont font montre les médiums et les psychiques.
Le terme « psychisme » est aussi utilisé par les Occidentaux pour décrire
ceux qui ont des pouvoirs supérieurs aux médiums habituels. Mais dans
les deux cas, l’énergie psychique supérieure est absente, puisque cette
qualité ne peut être manifestée que lorsque les centres sont ouverts et
transmutés par le feu. Cela provoque bien des malentendus. On obtient
des interprétations fausses ainsi que des explications bizarres parce
que les manifestations psychiques sont mal définies.
Le domaine psychique est vaste, et il comprend une infinie diver-
sité de manifestations, des plus hautes aux plus basses. Tout ce qui n’a
aucun rapport avec la vraie spiritualité, c’est-à-dire avec les plans du
Manas Supérieur et de Bouddhi, est appelé psychisme. Tout ce qui
s’obtient à l’aide d’exercices mécaniques est du domaine du psychisme
inférieur, du fait que ces méthodes ne peuvent jamais provoquer l’ouver-
ture des centres supérieurs et surtout pas leur transmutation ardente.
Ces essais mènent à la folie.
Les contacts avec les sphères inférieures du Monde Subtil sont
aisés pour les médiums comme pour les animaux. Il est certain que les

359
animaux voient, ressentent et entendent beaucoup plus finement que nous.
Ainsi que Luke Berk le dit : « La clairvoyance est une faculté très com-
mune ; les chiens, les idiots et les hommes ont d’égales dispositions
pour cela. » Il est curieux de noter que la grande majorité des médiums
et des psychiques – à de très rares exceptions près – n’ont pas de capacités
intellectuelles élevées. Plus précisément, il existe chez les médiums une
certaine particularité dans l’organisme, et chez les psychiques un manque
d’équilibre, qui freine le développement correct des centres supérieurs et
qui parfois même les paralyse complètement. C’est pourquoi nous
n’aimons pas les médiums, mais nous sommes plutôt navrés pour eux.
À cause de l’étrange structure de son organisme, un médium est ouvert,
dès sa naissance, à toutes les influences extérieures. La volonté d’un
médium plie facilement sous l’influence des entités possédantes, si
nombreuses dans les basses couches du Monde Subtil, et le danger
consiste en ce que le médium ne s’en rend pas compte. En effet, il est
extrêmement difficile pour le médium de fortifier sa volonté pour résis-
ter aux entités possédantes et aux souffleurs. Beaucoup d’humains ont des
tendances médiumniques. Toutefois, ces tendances sont dans un état
embryonnaire et restent insoupçonnées, et bienheureux sont ceux qui
ne les développent pas jusqu’à ce que la spiritualité soit complètement
éveillée.
Voilà pourquoi toutes les instructions sur le développement de certains
siddhis sont si dangereuses. Jusqu’à ce que la synthèse spirituelle soit
atteinte, ces siddhis n’apportent rien et finissent presque toujours par
provoquer des désordres du système nerveux, la possession et la mort
spirituelle, sinon physique. C’est la raison pour laquelle les livres qui
proposent des exercices mécaniques pour développer les manifestations
psychiques devraient être considérés comme très nuisibles. Au moins, il
serait préférable que ces livres mentionnent aussi tous les dangers qui
menacent les naïfs qui pataugent dans cette science. Elle exige en effet une
méthode prudente, subtile, précise et scientifique. Il est exact de dire avec
l’Enseignement que : « Sans le Maître, il est impossible de développer
l’énergie psychique, du fait que ce processus est lié à de graves dangers. »
Permettriez-vous à des enfants d’entrer dans un laboratoire de physique
sans surveillant ?
Il faudrait saluer toute méthode scientifique, chaque recherche
hardie. Il est certain que des expériences très dangereuses sur les énergies
inconnues sont entreprises. Mais des précautions sont prises à cet effet,
et des conditions spéciales sont créées. Non seulement les foules n’y
sont pas autorisées ni ne sont informées, mais même des personnes qui

360
connaissent le sujet ne sont pas admises dans les laboratoires. Pouvons-
nous permettre l’accès dans des laboratoires combien plus subtils, plus
compliqués et donc beaucoup plus dangereux ? Dans le genre de litté-
rature que nous mentionnons ici, n’importe quelle personne ignorante
ou spirituellement impure – donc sans protection – est invitée à participer
à ces investigations. Tous les livres qui traitent de ces sujets sans en même
temps donner d’explications sur les graves conséquences des méthodes
erronées et des fausses motivations ne reçoivent pas la bénédiction des
Grands Instructeurs.
C’est juste, une respiration correcte – c’est-à-dire la faculté de respirer
en rythme et profondément – est un précieux moyen de guérison pour
retrouver des forces tant spirituelles que physiques. Mais vous savez que
le pranayama conseillé par ces livres ne vise pas seulement une respi-
ration correcte, mais aussi le contrôle de la respiration et la concentration
sur les centres, et tout ce qui procède d’une telle gymnastique. Un méde-
cin honnête et progressiste prescrira pour chaque malade une dose d’un
médicament adapté aux besoins de l’individu. Ainsi, l’arsenic est salu-
taire quand il est pris à très faibles doses, mais si on exagère, il peut
causer un empoisonnement ou le cancer. Je considère que la diffusion
large de ce genre de manuels à sensation pour les grandes masses équivaut
à la vente légale de poisons. Non, c’est même pire, car un poison ne
détruit que le corps physique, tandis que la violation des centres subtils
mène à la mort spirituelle.
J’ai lu les livres d’Atkinson, alias Yogi Ramacharaka. Avant la
Grande Guerre, ses livres ont inondé le marché du livre russe, lequel
était malheureusement très pauvre en littérature traitant de philosophie
orientale et de ses enseignements psychophysiologiques. À ce moment-
là, je ne leur trouvais rien de mal, bien que je ne fusse pas enthousiaste
non plus, ayant toujours préféré les sources originales. Dans cet esprit,
l’image lumineuse de Ramakrisna et l’esprit clair de Vivekananda trou-
vaient une résonance dans mon cœur comme un appel puissant à la
synthèse spirituelle. Si je devais relire Atkinson aujourd’hui, j’aurais
probablement une attitude différente sur ses livres. Certainement, per-
sonne ne s’objectera au développement de l’attention, à la puissance
de la volonté et à l’élimination des défauts ; mais cela doit s’accompagner
d’une aspiration spirituelle et d’une discipline intellectuelle. Justement,
c’est de tout cela qu’il est question si exhaustivement dans les livres de
l’Enseignement.
Et maintenant, c’est à mon tour de ne pas comprendre comment
vous pouvez comparer des extraits des écrits de N.K. sur le développement

361
de l’attention avec les instructions données dans les livres mentionnés plus
haut. Le développement de l’attention est une chose, mais la concen-
tration sur les centres et leur rotation, de même que le contrôle de la
respiration, sont une chose tout à fait différente. Bien sûr, toutes les
expériences en rapport avec le développement de l’attention recom-
mandées par N.K. ne peuvent être considérées comme artificielles ou
mécaniques. Si cela était, le fait d’apprendre par cœur pourrait tout
aussi bien passer pour dangereux !
Plus loin, vous citez l’un des livres de N.K. : « Nous essayons d’étudier
et de traduire dans la vie de tous les jours la soi-disant abstraction. » Bien,
il n’y a que les gens ignares pour penser autrement ! Mais une fois encore,
je ne vois pas ce qu’il y a de commun entre cela et une approche aveugle
des expériences dangereuses dont nous parlons maintenant. Nous ne
sommes pas opposés à l’investigation des phénomènes en soi, mais
plutôt à leur approche non intelligente et non scientifique. Nous nous
opposons véritablement à l’ignorance. On ne permet pas aux enfants
de s’amuser avec du radium.
Plus loin, vous rapportez cette citation : « Les nouvelles écoles
doivent disposer de laboratoires consacrés aux sciences naturelles. »
Puis celle-ci : « Les meilleures cerveaux dirigent de plusieurs façons
la pensée humaine vers l’élargissement de la conscience, et cela est la
seule véritable prophylaxie et vision pour une vie future lumineuse et
une vie constructive. » Ici non plus, il n’y a pas de contradiction avec ce
que j’ai dit. Personne ne peut nier les avantages d’une bonne éducation
pour les enfants. Si dès leur plus jeune âge, on leur enseigne à compren-
dre les multiples développements de la nature qu’ils ont devant eux, ils
finiront par discerner ses manifestations subtiles. En vérité, non dans
l’ignorance, mais en parfaite connaissance de toutes les conditions
scientifiques. Tout cela est mentionné dans les livres de l’Enseignement.
En outre, l’Enseignement tout entier n’est-il pas dirigé vers l’élargisse-
ment de la conscience ? Pourtant, la simple concentration sur le bout de
son nez ou sur son ombilic sans tendre vers la synthèse spirituelle ou une
élaboration d’accumulations spirituelles ne mènera qu’à l’idiotie ou à la
possession.
De même, personne ne verrait d’objection à la nécessité d’institutions
pour les recherches parapsychiques, mais au point où en sont les choses
maintenant, ces recherches ne révèlent rien de nouveau. Bien que la
« Society for Psychical Research » [Société de Recherche Psychique]
ait été fondée en 1882, les rapports des phénomènes ne sont toujours

362
pas établis et sont contestés. Nous avons tous les livres sur ces sujets et
si vous lisez le résumé final de toutes ces études, vous verrez que les
recherches psychiques sont dans l’impasse. Nous connaissons un éminent
professeur qui est à la tête d’une société de recherche psychique, il a
dû reconnaître très franchement que la façon dont les recherches sont
menées actuellement n’offre rien d’élevé ni d’inspirant. Leur expérimen-
tation n’avance pas au-delà de ce qui avait été atteint précédemment.
Étant un homme hautement cultivé, il réalise parfaitement que l’ineffi-
cacité est due aux méthodes ignorantes et non scientifiques des chercheurs
eux-mêmes. Il y a un manque de compréhension du fait que des expé-
riences importantes doivent être menées par quelques personnes sélec-
tionnées pour leur degré élevé de synthèse spirituelle. Mais est-il possible
de trouver cette synthèse parmi les médiums ordinaires ? Cela est tout
aussi rare chez les savants qui s’appliquent à ces recherches. Mais sans
ces préalables, les sociétés de recherche psychique ne continueront
qu’à découvrir des banalités. Il y a donc plusieurs livres qui traitent de
psychisme dans notre bibliothèque, mais je ne les consulte que très
rarement, sauf parfois pour quelque information spécifique. Je ne me
vante aucunement, mais je dois reconnaître n’avoir jamais perdu de
temps ou d’efforts à contrôler ma respiration pas plus qu’à me concentrer
sur le bout de mon nez.
Vous dites que vous ne désirez pas devenir médium. Mais comment
peut-on souhaiter être ou ne pas être un médium ? N’oubliez pas que
c’est une faculté innée, une condition particulière de l’organisme qui n’a
rien à voir avec le développement de l’énergie psychique supérieure. Il
existe de nombreux médiums qui ne mettent pas en pratique leurs fa-
cultés, et ils sont très nombreux dans les basses classes. Comme je l’ai
expliqué déjà, il arrive que cette particularité reste endormie et c’est
très heureux pour eux. Mais malheur à ceux qui l’éveillent, car aussi
longtemps qu’ils ont une conscience limitée ou qu’ils sont empoisonnés
par leur égoïsme, il n’en résultera que détérioration. C’est la raison pour
laquelle en Orient, dans les temps anciens, les enfants médiums étaient
isolés pour être élevés dans la pureté afin qu’ils soient préservés des
influences astrales nocives. Mais malgré cette pureté, aucun d’entre eux
ne pouvait espérer devenir un Adepte ou Arhat, ou pouvoir pénétrer dans
le Saint des Saints. Le Pouvoir du Grand Instructeur de Lumière peut aider
un médium à conquérir sa médiumnité et l’élever au rang de médiateur,
mais seulement si le médium lui-même fait preuve d’une persévérante
et constante aspiration vers la Source de Lumière. La moindre déviation de
cette voie de travail réduira à néant tous les accomplissements précédents.

363
Tendons donc tous nos efforts vers les manifestations sublimes,
puisqu’il est non seulement insensé, mais également dangereux de contac-
ter les sphères inférieures du Monde Subtil. Je citerai d’autres paragraphes
de l’Enseignement :
« Nous avons déjà beaucoup parlé de la médiumnité, néanmoins
ce fléau de l’humanité reste mal compris. Les phénomènes psychiques
émoussent toute aspiration et l’accomplissement supérieur demeure
inaccessible. La sphère d’activité de l’homme qui a sombré dans la
médiumnité se limite au cercle enchanteur où naturellement toutes les
énergies retardant la croissance de l’esprit se retrouvent. La médiumnité
inclut la manifestation des énergies les plus basses et leurs précipitations
étouffent les feux des centres. Elle s’accompagne inévitablement d’un
désordre du système nerveux. De plus, la rupture d’avec les fonctions
vitales ferme la voie vers le perfectionnement. La créativité s’émousse
et il s’ensuit un état passif qui fait de l’homme un instrument de l’influx
des forces de toutes sortes. Suite au relâchement de la volonté, le contrôle
de soi faiblit, ainsi l’attraction de diverses entités inférieures s’accroît.
Pour approcher le Monde de Feu, combattez ces forces du mal. » (Monde
de Feu, volume 3, no 309).
« Les énergies ardentes mises sous tension par un centre accroissent
souvent l’action des énergies de ce centre. L’action partielle des énergies
donne au centre le pouvoir de se manifester partiellement. Ces tensions
partielles mènent à ces manifestations partielles qui induisent en erreur
les consciences de faible discernement. Ur. a justement décrit les phéno-
mènes, évoqués par la tension d’un centre, qui mènent au psychisme
inférieur. Vraiment, chaque ouverture, imprégnation ou irritation des
centres donne une nette direction à l’énergie de feu. Seule la conformité
entre l’état de l’organisme et l’éveil spirituel produit inévitablement
l’ouverture des centres dans leur plus haute tension. Une pression partielle
produira un accomplissement partiel qui peut s’avérer un phénomène
très dangereux. Sur le chemin vers le Monde de Feu, réalisons la plus
haute tension de l’énergie de feu. » (Monde de Feu, volume 3, no 308).
« […] Plus précisément, le psychisme inférieur et la médiumnité
détournent l’homme des Sphères Supérieures, car le corps subtil s’imprè-
gne tellement des émanations inférieures que tout son être en est altéré.
En réalité, la purification de conscience est l’un des processus les plus
difficiles. L’homme ne distingue pas clairement la différence entre l’état
ardent de la spiritualité et le psychisme inférieur. Aussi devons-nous
en surmonter les terreurs. En fait, les rangs de ces instruments sont
remplis de serviteurs des ténèbres. Sur le chemin vers le Monde de Feu,

364
nous devons donc affronter le psychisme inférieur. » (Monde de Feu,
volume 3, no 365).
Ces paragraphes, tout comme ceux que je vous avais envoyés précé-
demment, indiquent clairement le point de vue des Grands Instructeurs.
« Les temps sont maintenant si menaçants, si dangereux, parce que
c’est la dernière bataille entre la Lumière et les ténèbres. Par conséquent,
chacun doit honnêtement et fermement décider de quel côté il apposera
son nom. Chacun doit examiner son acquis spirituel et joindre définitive-
ment l’un des deux camps. Le choix doit être définitivement arrêté, car
autrement une personne ne peut s’attendre à rien de bon dans sa vie,
sauf à une détérioration. Notre sentier est la voie indiquée par tous les
grands Sages – la voie de la transfiguration spirituelle, la voie du développe-
ment du cœur, sans magie, ni contraintes. En vérité, le chemin des tièdes
ne peut être foulé lorsque l’Épée de la Lumière fend l’obscurité. »
Je sais que plusieurs personnes me trouveront sévère, mais seul
l’affreux danger auquel s’exposent les âmes bonnes et sensibles en
communiquant avec d’autres mondes sans posséder les connaissances
adéquates me force à parler avec autant de fermeté et d’insistance.
Chaque mauvais plaidoyer et chaque cas d’insouciance est maintenant
criminel. Les sphères les plus proches de la Terre sont encombrées à
cause des génocides de la guerre, des révolutions, etc. Et maintenant, ces
victimes s’efforcent d’entrer en contact avec des forces vitales pour recou-
vrer l’illusion de la vie. Sans doute, le fait qu’il existe un tel nombre de
déséquilibrés est l’effet de ce vampirisme ou de cette possession.
C’est pourquoi tenez fermement à la pureté de l’Enseignement dans
votre vie et en son temps, vous connaîtrez ce qu’il y a de plus mer-
veilleux et de plus joyeux. Mais l’organisme pollué au contact des sphères
inférieures ne peut assimiler les énergies supérieures.

365
LETTRE 41
12 décembre 1934

L’Appel a été lancé et vous l’avez entendu. Vous aimez les livres
de l’Enseignement et ainsi vous l’avez accepté. Mais au-delà de cette
acceptation de l’Appel, celui qui est prêt pour le service héroïque doit
travailler avec acharnement à son propre perfectionnement. Pourquoi
croire que les grandes actions devraient être exécutées non à l’endroit
où nous vivons, mais ailleurs, là où les conditions sont différentes ?
C’est en vérité un haut fait que d’appliquer l’Enseignement dans la vie
de tous les jours, répandant ainsi la joie et la connaissance à ceux qui nous
entourent et à ceux qui nous rencontrent. Comme Krishna le mentionne
dans La Bhagavad-Gîtâ : « L’homme atteint la perfection en remplissant
inlassablement son dharma [c’est-à-dire son devoir, son karma]. » N’est-
ce pas une grande tâche que de travailler à son propre perfectionnement,
d’avoir une influence bienveillante sur tout ce qui nous entoure, ainsi
qu’une totale disponibilité pour appliquer ses forces toutes les fois que
cela est nécessaire ?
Le karma, ou justice cosmique, place chacun dans les conditions
où il peut soit apprendre, soit réparer quelque chose. Mais pour rendre
le service héroïque avec abnégation, l’esprit doit être très fort. C’est
pourquoi la voie du discipulat n’est jamais facile. Il faut surmonter
beaucoup d’obstacles, car comment pourrions-nous autrement tester
notre force et tremper notre esprit ? Sans une telle force d’esprit, nous
ne pourrons pas réussir une vie de victoire et devenir un collaborateur de
la grande Fraternité Blanche. Tous les vrais aspirants doivent accepter
une grande renonciation. Dans l’Égypte ancienne, les néophytes devaient
passer par des dangers et des tentations terribles provoqués artificielle-
ment, et seul un petit nombre étaient capables de passer l’épreuve. De
nos jours, les épreuves artificielles sont abolies, et le disciple doit être
capable d’affronter les difficultés et les obstacles de la vie de chaque
jour. Et bien sûr, ses motivations intérieures sont toujours prises en
considération, tout comme sa promptitude, son courage, son discernement,
sa prudence, son honnêteté et son dévouement. Et de la même façon qu’en
ces temps reculés, un très petit nombre seulement parviennent au but.
Mais les disciples qui disposent d’un grand potentiel d’accumula-
tions provenant de leurs vies antérieures sont en mesure de venir à bout

366
de toutes les difficultés. C’est ainsi que les disciples les plus proches
apprennent à marcher au bord du précipice. Lorsque l’extrême limite
de l’endurance est atteinte, l’Aide miraculeuse ne manque jamais de
venir. Une grande confiance, de la dévotion et de la gratitude pour la
Hiérarchie de Lumière habitent le cœur des véritables disciples et c’est
la raison principale pour laquelle il est possible de donner une Protection
et une Direction si miraculeuses. Quand le fil d’argent qui relie le cœur
du disciple à celui du Maître est intact, rien ne semble dangereux et
tout ce qui est nécessaire est accordé. Pourtant, l’Aide ne vient qu’au
dernier moment, quand toutes nos possibilités sont épuisées et notre
effort tendu à l’extrême. Par quel autre moyen nos énergies pourraient-
elles être transmutées en des feux supérieurs ? Selon la loi physique
même, toutes les énergies ne se transforment qu’à la limite de leur
tension la plus élevée. La transmutation de nos énergies en feux supé-
rieurs est en fait le but de notre existence. Et ce n’est qu’en atteignant
cette transmutation que notre organisme est assez fort et capable d’assimi-
ler les énergies les plus subtiles émises par la Hiérarchie de Lumière.
Acceptons donc l’héroïque et magnifique service et incluons-le dans
notre travail quotidien. Que l’occasion d’approcher les Seigneurs de
Lumière devienne notre joie quotidienne. Cette possibilité est vraiment
en nous et nous sommes seuls à pouvoir activer cette réalisation.
Toute souffrance, aussi bien que toute félicité, est en nous. Les
Grands Instructeurs sont toujours prêts à tendre une Main Secourable,
mais il faut savoir comment l’accepter. Souvenez-vous comment cela est
exprimé dans l’Enseignement concernant ceux qui prient pour rece-
voir l’Aide la plus Haute et pourtant ne sont pas prêts à l’accepter.
« […] Tous ceux qui rêvent d’assistance ont déjà défini égoïstement
la direction et la mesure de celle-ci. Un éléphant pourrait-il se tenir dans
une cave basse ? Mais celui qui cherche de l’aide ne pense ni à l’impor-
tance, ni au genre d’aide qui lui est nécessaire. Les lys devraient fleurir
pendant l’hiver, et une source jaillir dans le désert, sinon le mérite de
l’Instructeur serait bien petit.
« […] “Ma source se trouve au-delà de votre regard et vous ne
vous êtes pas retourné vers Mes fleurs. Vous avez incrusté votre chemin
d’égoïsme et pris seulement le temps de protéger vos précieuses semelles
des épines que vous-même avez semées. Mon aide s’est envolée comme
un oiseau surpris. Mon messager à tourné bride […] Mon aide est rejetée.”
« Mais le voyageur continue stupidement à appeler à l’aide et dirige
son attention vers le lieu de sa future destruction. Aussi, conseillons-

367
Nous toujours la vigilance, la souplesse et l’ouverture d’esprit. Sinon on
ne peut marcher de pair avec la réalité. » (Agni Yoga, no 164).
Ainsi, pleins de confiance en la sagesse de la Main qui Guide,
continuons de purifier et perfectionner notre instrument intérieur. Nous
ne pouvons y réussir que par le moyen de la purification et de l’élargis-
sement de la conscience, et alors le service héroïque nous sera glorieu-
sement révélé dans toute sa beauté. En effet, les livres de l’Enseignement
fourmillent des explications les plus détaillées pour autant que nous
apprenions à les appliquer ! L’application de chaque indication à la vie ne
nous rapproche-t-elle pas du Grand Instructeur ? Il arrive un moment
crucial dans la vie de chacun ! En vérité, nous ne savons ni le jour ni
l’heure ! Je vous envoie donc les vœux enflammés de mon cœur. Tra-
vaillez avec amabilité, veillez à préserver une atmosphère harmonieuse
dans vos rencontres et vos échanges. Ces réunions ne doivent pas être
trop fréquentes, mais éclairées et inspirées par un amour enflammé
envers le Maître qui vous a appelés.
Les temps actuels sont si dangereux que seuls un grand dévouement
et de la solidarité vous aideront à tenir jusqu’au jour prédestiné de la
Nouvelle Ère. L’unité et le respect mutuel entre les esprits les plus
éclairés faciliteront grandement cette tâche.

368
LETTRE 42
20 décembre 1934

Souhaitez-vous vraiment tomber dans un sectarisme étroit ? C’est


vrai, si l’on tient à considérer l’Enseignement de Vie d’un point de vue
de chrétien, on est parfaitement libre de le faire, car il existe en effet
beaucoup d’éléments de l’Enseignement qui peuvent être expliqués à
partir des expériences de nombreux mystiques chrétiens. La source
n’est-elle pas unique ? Pourtant, les accomplissements des mystiques
chrétiens et le dogmatisme étroit de l’Église sont deux extrêmes. Celui
qui désire suivre la voie des mystiques et des premiers pères de l’Église
peut le faire tout en approfondissant la compréhension de l’Enseignement
de Vie. Que chacun choisisse l’approche individuelle qui lui convient, mais
qu’il se garde de blasphémer à l’égard d’autres aspects de cette même
grande Vérité. C’est pourquoi vous devez encourager chacun à fouler
son sentier individuel.
Je n’aime pas le moins du monde ces articles sur l’occultisme pratique
qui oublient de mentionner l’importance d’une soigneuse purification du
cœur avant d’entreprendre des expériences avec des énergies dange-
reuses. Je ne saurais trop vous dire combien j’exècre toutes ces mécani-
ques qui ne mènent qu’à la destruction. En vérité, si au lieu de se con-
centrer sur le bout de son nez ou sur son nombril, on rassemblait tous
ses efforts vers la synthèse spirituelle et la tâche de construire son corps
mental, les accomplissements pourraient être significatifs et bénéfiques.
Certainement plus grands en tous cas qu’en évaporant du parfum de
violette qu’on peut obtenir dans n’importe quelle parfumerie !

Pour votre information, il me faut vous dire qu’en langage occulte,


il est faux de dire « qu’une énergie devient partie d’une autre ». Il est plus
juste de dire que les qualités d’une énergie peuvent être transmutées en
d’autres qualités avec l’aide d’un élément qui unit, du stimulus d’un
troisième pouvoir, ou nouvel ingrédient, qui transforme une qualité en
une autre. C’est de cette façon que s’établit l’action réciproque des
énergies dans l’espace. En effet, tout dans l’espace est soumis à la
réciprocité. J’aimerais vous conseiller de lire Diary of a Physician [Journal
d’un médecin] par l’éminent Dr Pirogoff. Je ne l’ai pas lu, mais en son

369
temps H.P. Blavatsky appréciait beaucoup ses ouvrages et elle les a
souvent cités dans ses livres. Son esprit impartial, poursuivant le sentier
des recherches scientifiques, l’amena dans le domaine de l’occultisme.

La reconstruction du monde ne peut avoir lieu sans collisions ni


catastrophes. Tous les efforts de la Grande Fraternité Blanche se concen-
trent pour retenir la marée de folie jusqu’à ce que les aspects entre les
planètes soient plus favorables, permettant ainsi un salut plus étendu.
En occultisme, il est très nuisible et dangereux de lancer des formules
ou des dates précises dans l’espace. Effectivement, les dates précises
sont particulièrement gardées secrètes par les Forces de Lumière. C’est
pourquoi il est dit : « Les voies du Seigneur sont inscrutables. » Puis
encore : « Veillez, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. » C’est aussi
pourquoi les miracles arrivent toujours de façon inattendue. Les serviteurs
des ténèbres ont beaucoup d’oreilles, et beaucoup de prédictions favora-
bles ont été détruites par la sotte annonce de dates.
Je dois citer une page de l’Enseignement :
« La planète achève un cycle qui conduit chaque chose au couron-
nement. Le temps vient où chaque principe doit manifester tout son
potentiel. Ces anneaux sont considérés dans l’histoire comme chute ou
renaissance. Ces rythmes doivent être envisagés comme triomphe de la
Lumière ou des ténèbres. Le temps est venu où la planète approche un
tel cercle de couronnement, et seule la plus grande tension du potentiel
apportera la victoire. Le cercle de couronnement éveille toutes les éner-
gies, car dans la bataille finale toutes les forces de la Lumière et des
ténèbres participeront, du Très Haut jusqu’à la lie. Les esprits sensibles
savent pourquoi ce qui est élevé se manifeste autant, côte à côte avec
l’inerte et le coupable. Dans le conflit précédant le cercle de couronne-
ment se produiront des luttes de toutes les Forces spatiales, terrestres et
surterrestres. Sur le chemin vers le Monde de Feu, que les collaborateurs
se souviennent de l’Ordonnance du Cosmos. » (Monde de Feu, volume 3,
no 350).
« Le monde traverse ces étapes qui ont marqué tous les moments
décisifs de l’histoire humaine. Des étapes de destruction précèdent la
construction. La créativité, mise sous tension, appelle à la vie toutes les
énergies. L’époque dans laquelle entre l’humanité manifestera inévita-
blement tous les potentiels des forces, car elle est décisive, un tournant
dans l’histoire approche. La planète n’est pas parvenue à un tel état par
hasard, chaque tension témoigne de ce courant qui submerge toutes les

370
sphères. Si le conflit est inexorable, la victoire elle aussi sera décisive.
Toutes les forces, toutes les sphères participent à cette bataille Cosmique.
Sur le chemin vers le Monde de Feu, levons l’Épée de Lumière pour bâtir
l’Ère Nouvelle. » (Monde de Feu, volume 3, no 352).
Ainsi donc, cette époque est très tendue et de grands événements
approchent. Mais ceux qui se sont confiés à la Direction la plus Haute,
dont la conscience est sans faille et qui sont parfaitement prêts à tout offrir
au service de l’humanité, comment peuvent-ils avoir la moindre peur ?
En vérité, ceux qui sont dévoués seront sauvés. Aussi, convient-il de
décider irrévocablement si on sert les Forces de Lumière totalement ou
si, pour des raisons de sectarisme étroit, on sert les forces obscures. Il n’y
a pas de tiède chemin où l’Épée de la Lumière peut frapper. L’heure est
menaçante.
Pour le moment, les dates sacrées doivent restées cachées. Si tout ce
qui est prédit est annoncé prématurément, les gens très certainement
condamneront avec acharnement.
Oui, il faut être très prudent lorsqu’on prend contact avec autant
d’organismes. Il n’est pas difficile d’imaginer la variété des gens qui y
entrent. Les fondateurs de ces organismes peuvent être de très bonnes
personnes, mais leurs adeptes, à cause de leur grand nombre, pourraient
bien vous étonner de différentes manières. Par conséquent, soyez prudent.
Des exemples de pareils adeptes indignes de confiance ne sont pas loin
de vous.
Le Grande Règle est, et a toujours été : « Non pas la quantité, mais
la qualité. » Ce qui est Sacré n’est confié qu’aux plus dévoués, ceux
qui ont été mis à l’épreuve pendant des milliers d’années.
Le visage de bien des hommes révèle leur vrai moi et il est important
de savoir comment distinguer parmi eux. Pour ceux qui ont choisi la
voie du Grand Service à l’humanité, le discernement est une pierre de
touche. C’est la première chose qu’on demande sur la voie du vrai
discipulat. Ainsi, à un certain stade du développement spirituel, nous
sommes capables de voir de façon occulte la sculpture de l’esprit de
ceux qui nous entourent ou s’approchent de nous. Sans avoir acquis
cette faculté, il est vain d’espérer être accepté. Comment peut-on faire
confiance à un disciple s’il est incapable de voir la différence entre la
Lumière et l’obscurité, entre un ami et un traître ? Tout l’échafaudage de
la vie pourrait être ruiné par une telle ignorance. Il est certain que la connais-
sance directe est extrêmement utile au discernement, mais combien la
possèdent ? C’est certainement une qualité des plus rares qui se trouve

371
être le résultat d’éons d’infatigables efforts vers la Connaissance et la
Lumière. Je ne pense pas que nous puissions compter même une centaine
de ces bienheureux ! On a dit jadis qu’il n’y avait pas plus d’une centaine
d’esprits sur toute la surface de la Terre qui connaissaient la Vérité.
Pensez-y – un si petit nombre sur deux milliards d’habitants ! C’est
bien peu encourageant pour ceux qui se croient infaillibles.
D’autre part, beaucoup de gens pensent qu’ils ont la conscience
cosmique, qu’ils ont passé les plus hauts degrés d’initiation, etc. La
suffisance des gens est la page la plus tragique dans l’histoire de l’huma-
nité. Cette tragédie ne sera pleinement réalisée que lorsqu’ils verront
les vraies archives de l’histoire de la planète. Il arrivera un temps où ils
se rendront compte que sans le sacrifice volontaire du petit groupe des
Esprits les plus Avancés – qui se sont incarnés à travers les âges aux
périodes charnières de l’histoire de la planète pour redonner de l’élan à
la conscience humaine – et sans les efforts soutenus du petit groupe de
leurs disciples et collaborateurs, notre humanité en serait encore au
niveau des troglodytes !
C’est ainsi qu’on peut voir comment le même Ego, la même Très
Haute Individualité, est apparu dans toute une série de Grandes Images.
En vérité, il ne reste que très peu d’incarnations significatives aux habi-
tants de la Terre ! En vérité, nous devons à tous ces Bodhisattvas, ainsi
qu’on les nomme en Orient, de la reconnaissance pour tout ce que nous
avons de plus précieux, de plus sublime, de plus essentiel au monde,
car ils ont nourri la conscience humaine et ainsi transformé et prolongé
nos vies.
Je vais citer quelques extraits du livre Les Fondations du Bouddhisme
de N. Rokotoff 1 à propos des Bodhisattvas :
« Le mot Bodhisattva comprend deux concepts : Bodhi – illumination
ou éveil – et Sattva – essence. Qui sont ces Bodhisattvas ? Les disciples
du Bouddha qui, volontairement, ont renoncé à leur libération person-
nelle et qui, suivant l’exemple de leur Instructeur, sont entrés sur un long,
épineux et fatigant sentier d’aide à l’humanité. Ces Bodhisattvas appa-
raissent sur Terre dans les situations de vie les plus diverses. Ne se
distinguant physiquement d’aucune façon du reste de l’humanité, ils en
diffèrent complètement dans leur psychologie, car ils sont constamment
les hérauts du principe du Bien Commun. […]
« Quelles qualités doit posséder un Bodhisattva ? L’Enseignement
du Bouddha Gautama et l’Enseignement du Bodhisattva Maitreya,
donné par lui à Asanga d’après la tradition au quatrième siècle, ont

372
tous deux répondu et surtout souligné : développement maximum de
l’énergie, courage, patience, constance dans l’effort, intrépidité. L’énergie
est la base de toute chose, car elle seule contient toutes les possibilités.
“Les Bouddhas sont éternellement en action. L’immobilité leur est incon-
nue. Comme le mouvement éternel dans l’espace, les actions des Fils des
Conquérants se manifestent à travers les mondes.”
« “Puissant, vaillant, ferme dans ses pas, ne rejetant pas le fardeau
d’un accomplissement pour le Bien Commun.”
« “Un Bodhisattva éprouve trois joies : la joie de donner, la joie d’aider
et la joie de la perception éternelle. De la patience, toujours, en tout et
partout. Les Fils des Bouddhas, les Fils des Conquérants, les Bodhisattvas
dans leur compassion active sont les Mères de toute Existence.” »
(Mahayana Sutra)
Ces Bodhisattvas ne guident-ils pas la centaine de disciples qu’on
trouve sur notre planète ? Mais lourde est la tâche de ces Bodhisattvas.
Personne n’a enduré – et ils continuent de le faire – autant de calomnies
et de persécutions que ces véritables Sauveurs de la race humaine. C’est
de leur effectif que sont venus les Fondateurs des grands royaumes, des
grandes religions et philosophies, plusieurs alchimistes et de nombreux
saints. Mais ne les cherchez pas parmi les dogmatistes bornés ! Ils sont
les Fondateurs de la religion vivante du Cœur et non des dogmes qui
rendent esclaves. Ils sont les Fondateurs et les Ardents Purificateurs
des religions. Il faut maintenant que je m’arrête, je me suis trop écartée
et j’en reviens à votre lettre.
Vous demandez ce qu’il en est de ceux qui nient l’existence de la
Hiérarchie de Lumière. En Inde, les maîtres qui rejettent l’idée de la
succession de la Chaîne Hiérarchique sont considérés comme des « arbres
sans racines » et personne ne les écoute.
Vous pouvez dire à ceux qui vous interrogent qu’un Enseignement
véritable ne répudie jamais les fondements des Testaments les plus
anciens et que ces fondements sont basés sur le respect envers la Grande
Hiérarchie. Sans le lien avec la Hiérarchie de Lumière, notre destinée
ressemble à celle d’un chaton au milieu de la mer. Qu’est-ce qui peut
exister sans un Concept Directeur ? En vérité, le Concept de la Hiérarchie
est un concept Cosmique et une loi Cosmique. L’Univers entier est nourri
et maintenu par cette loi de Feu. C’est pourquoi tout Enseignement qui
refuse ce principe est un enseignement faux.
En ce qui concerne les initiations, je dirais que dans la vie il existe
plusieurs degrés d’initiation, et que chaque homme qui en sait un peu

373
plus que son voisin est déjà initié dans quelque chose. Je vous prie de bien
distinguer entre les Frères Blancs membres de la Communauté Hima-
layenne, et les simples frères blancs qui suivent l’Enseignement de
Lumière.
La majorité des Grands Frères se servent maintenant d’un corps
subtil densifié. Et ceux qui sont encore dans leur corps physique sont
maintenant rassemblés dans la Citadelle Principale. Tous les Ashrams du
Tibet sont cachés dans des défilés fermés et infranchissables. Les affreux
effluves de l’atmosphère terrestre n’encouragent guère la présence des
Grands Instructeurs parmi les hommes. D’ailleurs, pour le moment, leur
tâche n’exige pas leur présence physique. Les termes comme « Initié »,
« Adepte », « Frère Blanc » sont terriblement profanés ! Il serait bon de
réfléchir sur les mots du Grand Instructeur K.H. : « Un Adepte est la très
rare fleur de toute une série de générations de chercheurs. » Pourtant
en effet, combien de fois cette fleur s’est-elle épanouie au milieu de la
multitude des Sages qui se sont sacrifiés ? Manifestons donc ici la plus
grande prudence et gardons-nous de profaner les plus grands concepts !
Il est vraiment impossible d’imaginer toute la majesté d’un Arhat de la
Hiérarchie de Lumière ! Cela n’entre pas dans notre cerveau et notre
imagination limités. Seul un frémissement du cœur sera un signe de
l’exaltation spirituelle d’un disciple dévoué qui ressent l’approche du
Rayon du Maître de Lumière !
En conclusion, je citerai un paragraphe qui insiste sur nécessité de
savoir discerner :
« La bataille appelle à discerner les voies qui conduisent vers la
Lumière de celles des ténèbres. Au cours de la tension cosmique de
toutes les forces, ce discernement est indispensable, car l’espace est
rempli de flèches de feu. Chaque conscience doit ressentir la bataille
ardente. En vérité, durant cette tension ardente des flèches, l’humanité
doit sans tarder accepter la direction de salut indiquée par les Forces
de Lumière. Pour aider la planète, des courants de feu sont envoyés.
Accueillez-les avec l’esprit et le cœur. Sur le chemin vers le Monde de
Feu, il est important de réaliser le pouvoir qui se déploie pour sauver
l’humanité. » (Monde de Feu, volume 3, no 378).
____________
1 N.D.É. Nom de plume utilisé parfois par Éléna Roerich.

374
375
PARTIE III

1935
378
LETTRE 1

9 janvier 1935

Le processus d’expiation des dettes karmiques accumulées est pénible.


Mais c’est précisément ce processus qui nous mène le plus rapidement
sur la voie du Service à l’humanité. Répondez en toute honnêteté.
N’étaient-ce pas les coups du sort qui vous ont contraint à chercher la
voie de la vraie Lumière ? Est-ce que ce n’est pas le contact avec les
hideux ulcères de la réalité qui a élargi votre conscience et vous a donné
la possibilité de vous défaire des habitudes de pensée conventionnelle ?
J’ai l’impression que vous bénirez cette vie qui vous a révélé la source de
la renaissance spirituelle. Ne ressentez-vous pas de la joie lorsque votre
conscience réfléchit sur l’Être ? N’est-ce pas la joie d’une nouvelle com-
préhension sur le but de l’existence, la joie de la création spirituelle ?
De même, l’attraction et l’amour entre les Éléments opposés devraient
être vus comme une des manifestations de la loi Cosmique. En vérité,
celui qui n’a pas ce feu divin de l’inspiration et de la création, qui nous
est donné par la loi Cosmique de l’existence, est spirituellement mort.
Malheureusement, même aujourd’hui, il n’existe pas une juste compré-
hension de cette puissante fondation de la structure cosmique. Les gens
ont oublié, ou plutôt refusent d’admettre, la grande signification cosmi-
que de l’amour. Le matérialisme de notre époque abaisse l’amour au
niveau d’une fonction purement physiologique. Au mieux, l’amour est de
nos jours traité comme un processus psychologique. Mais si on pouvait
de nouveau réaliser la signification cosmique de l’amour, les humains
verraient en lui leur plus haute fonction, c’est-à-dire l’éveil des émotions
les plus hautes et des possibilités créatrices. Cet éveil est justement le
but principal et la véritable idée maîtresse de l’amour. L’amour est une
puissance créatrice qui unit. Sur les plans supérieurs de l’Être, tout est
créé par la pensée. Mais pour que se manifestent ces formes pensées, il
faut qu’il y ait les deux Éléments unis par l’Amour Cosmique. Il existe une
grande incompréhension autour de l’idée fondamentale de l’Élément
Double. C’est la faute des religions et surtout de la religion chrétienne.
L’Église a profané le plus grand des Mystères Cosmiques en dépréciant
le mariage et en dégradant la femme : par son mépris pour l’amour, par
ses vœux de célibat, par le monachisme et par sa déclaration que cet

379
appauvrissement spirituel était le plus grand mérite de l’esprit humain.
Ce fanatisme effrayant a provoqué de terribles conséquences, parmi
lesquelles la mortification de la chair était et est encore une des moins
graves. Pensons à l’hypocrisie criminelle, aux hideuses perversions
sexuelles et aux crimes provoqués par ces défenses et condamnations,
lesquelles sont tout à fait contraires à la loi Cosmique. De même, les
paroles du Christ – « Mais je vous le dis, quiconque regarde une femme
pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur » –
sont interprétées d’une façon totalement fausse. Ces mots devraient
être compris à la lumière de la loi Cosmique, qui se place au point de vue
de l’affinité des âmes et de la véritable légalité du mariage. J’ai déjà
développé ce sujet. La science du mariage correct rendra à l’humanité
l’équilibre nécessaire. Plus précisément, la plupart des unions qui sont
instituées dans le mariage d’aujourd’hui sont adultères du point de vue
cosmique, et elles risquent de ruiner la planète tout entière. La juste
compréhension de ce grand mystère et le juste respect rendu à la femme
peuvent régénérer le monde. Les gens devraient concevoir l’amour dans
sa manifestation supérieure et devraient veiller à le refléter ici sur Terre.
Alors vraiment, la postérité qui naîtrait de cet amour serait bien meilleure
que celle qui est actuellement le fruit de ces unions arbitraires. Le ma-
riage consommé seulement pour la procréation est une manifestation
hideuse et sacrilège. Nous devrions toujours nous souvenir que le destin
de l’homme est d’être le créateur du monde. C’est pourquoi toutes les
sortes de créativité devraient être la manifestation de la substance spiri-
tuelle de l’être humain, ce qui devient possible uniquement s’il est
enflammé par l’amour le plus élevé. Seul l’amour révèle tous les feux
cachés. C’est pourquoi à la base de chaque création se trouve la grande
Attraction, le grand Amour. Tout ce qui existe au monde dépend de
l’amour et est nourri par l’amour. L’amour doit conduire vers la plus
haute compréhension.
Qu’elle est belle l’Image de la Mère du Monde ! Tant de beauté,
d’abnégation et de tragédie dans cette majestueuse Figure ! Aspirez dans
votre cœur à ce qui est le plus Élevé, la joie et l’exultation empliront alors
votre âme. Toute la créativité de l’homme, toute son exaltation mysti-
que, sont le résultat de ce même Amour, qu’il soit exprimé ou caché. Et
nous devrions nous rappeler que pour celui qui est pur, tout est pur.
Un jour vous écrirez des hymnes magnifiques dédiés au Vêtement
de la Mère de l’Univers qui resplendit de toutes les couleurs de l’arc-
en-ciel et de toutes les joies de l’Être et de grande créativité. Car il n’y
a pas de vie, pas d’expression de l’esprit, sans la Mère de l’Univers, la

380
grande Matière de l’Être Absolu. Le fait de mettre l’esprit et la matière
dans des positions diamétralement opposées a donné naissance, dans la
conscience des ignorants, à la conception fanatique que la matière était
quelque chose d’inférieure, alors qu’en réalité esprit et matière ne font
qu’un. L’esprit sans la matière n’est rien, et la matière est la cristallisation
de l’esprit. L’univers manifesté, visible et invisible, du plus haut au plus
bas, nous révèle les aspects infinis de la Radieuse Matière. Là où il n’y
a pas de matière, il n’y a pas de vie.
Que votre esprit et votre cœur soient enflammés !

381
LETTRE 2
11 janvier 1935

L’expression à l’effet que « sur les plans supérieurs de l’Existence,


la matière peut être tellement subtile, si transparente, qu’on ne perçoit que
la vie qui en est enveloppée, non la matière elle-même » est des plus
vagues et erronée. Comment peut-on voir la vie sans voir la matière qui
la recouvre ? Il est faux d’imaginer la matière sur les plans supérieurs
comme quelque chose de transparent. La « Materia Lucida », qui est la
substance de la forme des esprits supérieurs, est parfaitement visible
pour la personne dont les centres sont ouverts. Cette matière, la
« Materia Lucida », quoique très subtile, n’est pas invisible. C’est une
substance lumineuse, une matière qui rayonne de couleurs au-delà de
la palette connue sur le plan physique.

Si je vous ai bien compris, vous voulez dire « que la conscience se


développe perpétuellement et que les accomplissements sont infinis » ?
Bien sûr, ceci est un principe correct, mais dans la vie ici sur Terre,
nous observons souvent comment une personne atteint une limite qu’elle
ne peut dépasser – ou plutôt qu’elle ne souhaite pas dépasser ou qu’elle
a peur de dépasser. Mais dans ces cas, étant donné que rien ne demeure
statique, la conscience régresse. Et ce faisant, elle peut se détériorer à tel
point que la graine de l’esprit, qui ne reçoit plus de nourriture des sources
supérieures, meurt. Nous donnons à ces gens le nom de « cadavres ambu-
lants ». Actuellement, un vaste recul se produit dans la conscience humaine,
et de là proviennent toutes les calamités qui s’abattent sur notre planète.
Vous dites que : « La continuité de la conscience est une condition
nécessaire à son développement. » Puis-je ajouter quelque chose à votre
déclaration ? Certainement, la continuité de la conscience est nécessaire
à son développement, mais l’idée d’une telle continuité est tout à fait rela-
tive. N’observons-nous pas la relativité de la continuité de conscience ici
sur Terre dans la périodicité du sommeil et de l’état de veille ? Le nombre
de personnes qui gardent une forte continuité de conscience en passant
dans le Monde Subtil, même dans ses sphères moyennes, n’est pas
particulièrement élevé. Arrivés à ce stade, beaucoup s’endorment ou
traînent une existence à demi-consciente et misérable. La variété des

382
degrés de conscience est infinie. Il y en a autant que de marches vers
l’Infinité. Il n’y a de complète conscience dans le Monde Subtil que
pour ceux qui ont créé le lien avec les Mondes Supérieurs pendant leur
vie terrestre, en aspirant de tout cœur vers l’évolution et en s’efforçant
constamment de garder cette conscience. Aussi, un matérialiste aura
beau posséder un intellect développé à l’extrême, s’il nie la spiritualité
et la possibilité d’exister dans les mondes supérieurs, il peut demeurer
sans vie consciente dans les sphères supérieures du Monde Subtil. Étant
donné qu’il n’a pas créé ou affirmé les hautes attirances, il sera attiré
presque immédiatement dans le tourbillon de l’attraction terrestre et il
attendra la prochaine incarnation dans un état à demi-conscient ou incons-
cient. Bien sûr, on peut bien imaginer le genre d’incarnation que ce sera !
De tels retours immédiats sur Terre, à moins qu’il ne s’agisse d’esprits
très évolués, ne sont pas souhaitables. Ainsi que vous le savez, le stage
dans le Monde Subtil est très important pour l’alimentation, l’intensi-
fication et la transmutation des énergies accumulées en forces spiri-
tuelles. C’est pourquoi on peut bien imaginer quelle détérioration de la
substance spirituelle se produit dans les cas d’une longue privation de
cette nourriture.
Dans l’Enseignement de Vie, il est dit : « Les gens ont un corps
subtil presque formé, mais la formation du corps mental est l’apanage
de quelques rares privilégiés. » C’est pourquoi une existence à moitié
consciente dans les sphères les plus élevées du Monde Subtil ou une
interruption temporaire de la conscience est pratiquement inévitable
dans la majorité des cas.
L’atteinte d’un état de continuité consciente de l’existence, c’est-
à-dire la préservation complète de la conscience dans tous les corps et
dans toutes les sphères, est l’accomplissement le plus élevé de l’Arhat.
C’est ce qu’on appelle « l’Amrita » ou véritable immortalité. C’est la
raison pour laquelle les efforts des Grands Instructeurs sont dirigés
vers l’élargissement de la conscience de l’humanité, le développement
du corps mental et l’éveil des aspirations les plus élevées pour établir
le courant magnétique qui élève l’esprit vers les sphères supérieures.
Le développement de la conscience est le processus le plus long et
le plus difficile dans le Cosmos. Si les gens pouvaient atteindre l’état
de continuité de conscience dans leur corps subtil ou dans les plans
supérieurs du Monde Subtil, ils pourraient accélérer leur évolution d’une
façon considérable.
L’entité spirituelle qui passe dans le Monde Subtil continue son exis-
tence consciente ou semi-consciente proportionnellement au développement

383
de son « Manas supérieur » ou « spiritualité ». Existe-t-il beaucoup de gens,
même ici sur Terre, qui vivent une vie entièrement consciente ? Ce qui
est en bas est comme ce qui est en haut. Mais il y a une différence, dans
les sphères les plus élevées, tout est plus éclatant et mieux défini, c’est-
à-dire que tout possède plus d’intensité, qu’on en fasse l’expérience
dans un état conscient ou inconscient. Il est certain que ce qui n’est pas
réalisé ici sur Terre ne sera pas réalisé dans le Monde Subtil. Vous vous
souvenez qu’il a été dit qu’il était pratiquement impossible d’acquérir
une nouvelle conscience dans le Monde Subtil. C’est pourquoi nous
devons semer dans notre vie terrestre les graines de l’aspiration qui
peuvent être transformées en connaissance dans le Monde Subtil. S’il
n’en était pas ainsi, nous ne serions pas obligés de revenir sur Terre.

L’Étoile de la Mère du Monde est la planète Vénus. En 1924, cette


planète s’est approchée pour un temps très court exceptionnellement
près de la Terre. Ses rayons inondèrent la Terre et cela provoqua de
nouvelles et puissantes combinaisons qui produiront de grands résultats.
De nombreux mouvements de femmes ont été suscités par ces puissants
rayons.
Il est faux d’appeler le Feu de l’espace « la Raison Cosmique »,
car le Feu de l’espace est la Source de Vie. Par conséquent, c’est le
réservoir de la conscience ou la base de l’Intelligence. L’Intelligence
Cosmique est l’Intelligence manifestée, ou Intelligence collective, ou
Raison de la Hiérarchie de Lumière. Le Feu de l’espace éveille, allume,
mais fait aussi exploser et se consumer les déchets.

Seuls les plus hauts Esprits peuvent avoir un téraphim astral. Oui
vraiment, seuls les Maîtres et les disciples les plus proches.

384
LETTRE 3

16 janvier 1935

Je vous suggère de ne pas faire trop d’exercices mentaux. Dans


l’atmosphère polluée des villes, cette concentration va seulement vous
mener à faire des erreurs. Souvenez-vous de ces lignes de l’Enseignement :
« Je considère dangereuses les écoles de concentration si l’atmosphère
est lourde. Les hommes se concentrent sur leurs désirs, mais le courant est
trop faible et ils ne créent une image que dans leur cerveau. Pour produire
des visions puissantes, il faut une atmosphère chargée d’électricité et une
conscience au repos. » (Les Feuilles du jardin de Morya, volume 1,
no 165).
Ne soyez donc pas pressé d’imposer au troisième œil l’Image du
Maître. Il est préférable que vous remplissiez votre cœur avec le sou-
venir constant et l’amour pour la Grande Image.
Témoignez de la gratitude pour chaque joie de votre vie, et si votre
sentiment est sincère et plein d’aspiration dans sa dévotion, il atteindra
sa destination. Peut-être votre aspiration est-elle tournée vers le révéré
Serge de Radonège. En effet, les Grands Instructeurs ont plusieurs
Images et chaque nation choisit celle qui lui est la plus proche et la
plus chère.
Avec l’élargissement de la conscience et la purification des sentiments
de tout l’organisme, l’assimilation des énergies subtiles deviendra possi-
ble. Mais cette purification ne peut pas s’effectuer aussi rapidement que
vous l’espérez. Plusieurs années de travail opiniâtre, de purification et
de développement seront requises. Et une fois encore, je vous mets en
garde contre la médiumnité et le psychisme qui n’ont rien de commun
avec la véritable purification de l’organisme. Seuls l’élargissement de
la conscience et l’ouverture des centres supérieurs, et leur subséquente
transmutation par le feu, mèneront à de vrais accomplissements. Mais
cela ne se produit pas instantanément – il faut des années. En outre, à
un certain stade de purification, il est nécessaire d’habiter dans le pur
prana des montagnes. La transmutation par le feu ne peut se réaliser
dans l’atmosphère empoisonnée d’une ville. Aussi, tous les exercices sont
extrêmement dangereux dans les villes et peuvent mener à la possession

385
et même à la mort. Combattez toujours le psychisme. Pensez au perfec-
tionnement du cœur et, temporairement, cessez toute concentration
mentale.
De même, la purification du cœur n’est pas caractérisée par une
molle sentimentalité, mais par le courage et un sens de la justice. La
sentimentalité et la justice sont opposées. Je cite de l’Enseignement :
« La réceptivité aux énergies subtiles s’accompagne toujours d’un
affinement de l’organisme. D’ailleurs, souvenez-vous que la conscience
y contribue en premier lieu, car les énergies subtiles sont perçues grâce
à l’affinement de l’organisme. Comprenez bien ce principe, parce que
d’ordinaire les concepts sont confondus. Cette incompréhension et cette
confusion sont sources d’erreurs très dangereuses. Au cours de la purifica-
tion de la conscience, il est indispensable de discerner ces processus, car
les hommes sont toujours disposés à se tourner vers le psychisme inférieur
et non vers les concepts supérieurs ardents. L’esprit qui tombe dans cet
extrême peut se trouver tellement environné de fluides psychiques qu’il
ne peut plus, même s’il le désire, attirer les autres énergies supérieures.
À cette fin, indiquons que la conscience est l’agent salutaire. Sur le
chemin vers le Monde de Feu, affirmons que la conscience ardente
accordera la clé du discernement. » (Monde de Feu, volume 3, no 391).
En outre, il faut garder présent à l’esprit que l’approche et la visite des
Grands Instructeurs sur le plan terrestre est toujours accompagnée d’un
terrible choc pour l’organisme de celui qui est approché. La secousse
dans l’être tout entier est tellement terrible que le cœur peut ne pas être
capable de la supporter. C’est pourquoi certains qui virent seulement
la lumière d’une telle approche ont été presque terrassés par le choc.
Rappelez-vous les visions des grands saints. Par exemple, celle de la
Sainte Mère apparue à saint Serge. Un tremblement le secoua et ses
cheveux devinrent gris, et un disciple présent à ce moment-là fut renversé
et faillit en mourir. Et nous connaissons la sublimité presque inaccessible
et la grandeur d’esprit du très vénéré Serge. Mais le corps physique,
même quand il est hautement purifié, ne peut contacter ni assimiler les
énergies les plus subtiles sans recevoir un choc. Aussi, lorsque des gens
vous parlent de leurs visions des Grands Instructeurs, soyez circonspect
à propos de ces récits. Rappelez-vous ceci : « Si les très Hautes Images
et les sphères supérieures étaient si faciles d’accès aux consciences
étroites, le monde aurait été détruit depuis longtemps. » Seules les sphères
inférieures, et les imposteurs qui les peuplent, sont d’accès facile. Cela
explique pourquoi il existe tant de déformations et tant de vanité, et
pourquoi aussi les médiums se trompent si souvent.

386
Un grand nombre de ceux qui insistent sur leurs visions ne sont ni
honnêtes ni discriminatoires. Veuillez considérer ceci et purifiez votre
conscience par l’aspiration de votre cœur ! Réfléchissez sérieusement sur
l’Enseignement, la raison et la comesure. Apprenez l’art du discernement
concernant les expériences de la vie. Car le discernement à l’égard des
personnes et de la réalité est une condition primordiale, l’exigence pre-
mière sur la voie du vrai discipulat. Si on n’a pas acquis cette faculté, on
ne peut faire de réel progrès spirituel ou approcher le Maître. Peut-on
avoir confiance en un disciple s’il n’est pas capable de distinguer entre
le vrai et le faux, la lumière et l’obscurité, l’ami ou le traître ? Tous les
succès seraient anéantis par une telle ignorance. Aiguisez donc votre
attention et votre capacité d’observation. Développez un jugement correct
dans la vie de tous les jours. Il se peut que vous rencontriez des gens qui
vous parleront de leurs prouesses, de leurs initiations et de la conscience
cosmique qui les a illuminés, etc. Sachez qu’exception faite de rares
individus, ils sont tous dans l’erreur ou trompés par des imposteurs du
Monde Subtil – ou même, et cela est pire encore, ils sont simplement
malhonnêtes. La vanité des gens est la page la plus tragique dans l’histoire
de l’humanité. L’ampleur de cette tragédie sera révélée dans toutes ses
proportions lorsqu’il sera possible pour les gens de consulter les archives
de l’histoire de notre planète. Mais ce temps est encore très éloigné et,
auparavant, nous verrons encore beaucoup de destructions causées par
cette plaie de l’humanité. La vanité amène une désagrégation profonde de
la conscience. Protégez-vous de la vanité comme s’il s’agissait d’une infec-
tion. Celui qui sait vraiment, le véritable Initié, ne fera pas l’annonce
de son initiation sur la place du marché.
En ce qui concerne les idées fausses que vous avez lues et adoptées,
nous lisons dans l’Enseignement ce qui suit :
« Mettons fin à la notion confuse d’âme de groupe. Le lien de l’esprit
s’exprime avec une force particulière chez les animaux, juste avant
l’individualisation. Mais il est incorrect d’appeler une âme concordante
une âme de groupe. Traductions et commentaires sont responsables de cette
confusion. Le concept des âmes sœurs de Platon n’est pas seulement
proche de la vérité, mais l’exprime magnifiquement. Aussi, n’utilisons pas
le terme erroné d’âme de groupe. Remplaçons-le par celui de concor-
dance spirituelle. […] » (Monde de Feu, volume 1, no 376).
Cela me paraît tellement clair. Si les animaux possédaient une « âme
de groupe », pourquoi alors toute cette diversité dans leurs caractères ?
Dans un même troupeau soumis aux mêmes conditions, des vaches par
exemple montrent des particularités de caractère et d’habitude différentes.

387
Il est possible bien sûr que dans un moment de stress ou de danger elles
agissent toutes de même, mais alors des hommes à la conscience limitée
agissent pareillement sous l’effet de la panique et ne valent guère plus
que les animaux domestiques. Est-ce que cela signifie que ces gens ont
une « âme de groupe » ? L’esprit ou monade demeure toujours dans sa
pureté première, qu’elle se trouve dans un animal ou un humain. Ce qui
constitue une individualité, ou si vous préférez une âme, ce sont seulement
les précipitations qui s’accumulent au contact d’autres énergies. Il découle
de tout ceci qu’il ne peut y avoir « d’âme de groupe ». Chaque monade,
qui rassemble ses propres accumulations ou provisions, suit un cours
évolutif défini, car l’attirance magnétique qui se trouve à la base de
chaque foyer de vie agit avec précision. Certains écrivains ont confondu
l’idée de la divisibilité de l’esprit avec celle de « l’âme de groupe ». Il y
a beaucoup d’erreurs, mais elles sont inévitables lorsqu’on regarde la
malhonnêteté humaine. De même, la vulgarisation des grandes Vérités
a encore augmenté leurs déformations. Ceux qui ne sont pas avertis ou
dont l’intelligence est incapable de saisir la profondeur d’une conception
entièrement nouvelle, en essayant de la comprendre avec la conscience
du passé, la déforment et parfois même à un tel point qu’elle en devient
totalement méconnaissable.
Certains se voient eux-mêmes dans de précédentes métamorphoses
sur Terre – comme éléphant, chien, chat, tapir ou tigre – mais peu se
demandent comment cela pourrait avoir été possible. Les animaux que
je viens de mentionner ne sont-ils pas des développements ultérieurs ou
des dégénérescences des races préhistoriques ? Pourtant, même si certaines
sections de notre humanité actuelle se trouvaient encore au stade animal
dans les premiers âges du développement de notre planète, ce type
animal était totalement différent de sa contrepartie contemporaine. Les
restes de l’homme de type animal, qui se trouveraient être le lien entre
l’animal et l’homme, ne viendront jamais à la connaissance de nos
scientifiques, puisque ce type existait dans des cycles planétaires précé-
dant le nôtre et qu’il est impossible d’en retrouver les vestiges. De même,
tous les animaux actuels ne deviendront pas des humains sur cette pla-
nète. C’est pourquoi si vous et moi ne représentons pas l’évolution
humaine de quelque dinosaure dans le présent cycle, ou même sur cette
planète, il est probable qu’à une certaine époque nos monades ont animé
quelque élégante du même genre sur quelque autre planète !

Lorsqu’il est prêt pour l’évolution physique humaine, l’esprit s’attaque


à une nouvelle tâche : le développement de l’intelligence. À cette fin,

388
l’esprit s’unit à « Manas ». Ce « Manas » à son stade primitif est bien
sûr encore incapable de guider l’humain. Aussi, cet « homme-animal » est
poussé pendant longtemps par ses impulsions, ou instincts, ou par les
aspects inférieurs de « Manas ». Des millénaires et des âges incroya-
blement longs doivent se passer avant que les facultés supérieures de
« Manas » puissent se développer et produire un véritable être humain, la
couronne du Cosmos manifesté. Sans le sacrifice des Grands Esprits,
nous en serions encore aujourd’hui au stade des hommes des cavernes.
Notre humanité terrestre doit l’accélération de son évolution à ses Frères
et Sœurs Aînés, les Grands Instructeurs.
L’esprit doit tendre vers son évolution et les efforts des Grands
Instructeurs sont dirigés vers l’accélération de l’éveil de la conscience
dans l’homme. Mais combien de fois l’esprit reste-t-il silencieux et
combien rares sont les cas de développement continu et sans interruption !
Tant de gens sans âmes remplissent l’espace ! Il y a une telle régression
dans le développement de l’humanité ! L’esprit ne peut se manifester et
guider efficacement que dans les cas d’une conscience hautement déve-
loppée ou d’une exceptionnelle pureté de cœur.
Je dois reconnaître que les autres questions suivantes que vous
m’avez posées ne sont pas formulées clairement. Je vais donc m’efforcer
d’y répondre au mieux de ma compréhension. Vous demandez : « Sur
un certain plan la chaîne des planètes ne devient-elle pas un tout indivisi-
ble, exactement comme une planète entière sur le plan physique, et est-ce
que ceci ne se produit pas avec le système solaire tout entier sur un plan
plus élevé encore, etc. ? » Je veux vous rappeler que dans les anciens
Enseignements, le Cosmos était considéré comme un organisme complet
et était comparé à un organisme humain. C’est pourquoi à ce point de vue,
tous les systèmes solaires peuvent être considérés comme une unité ou un
groupe dans la totalité du Cosmos, tout comme les corpuscules de sang
dans l’organisme humain. Qu’entendez-vous par la chaîne des planètes ?
Ceci est peut-être aussi un malentendu. La chaîne des planètes mention-
née dans les Lettres des Mahatmas et La Doctrine secrète représente
différentes phases de la même planète, y compris toutes les sphères qui
nous sont visibles ou invisibles et qui l’entourent, sans pour autant être
des planètes différentes.
Vous dites plus loin : « À supposer que dans l’état ou sur le plan du
Nirvana il y ait de la matière : le Pourousha de cet état se répand sans
fin sur l’entière chaîne planétaire et la matière d’un état plus élevé
encore se répand sans fin sur tout le système solaire. » Je reprends
votre texte et garde exactement la même ponctuation – deux points

389
après le mot « matière ». J’ai encore plus de peine à vous suivre ici,
mais je réponds au mieux, et si ma réponse ne vous satisfait pas, essayez
la prochaine fois de formuler vos pensées plus clairement. Car « à suppo-
ser qu’on prenne deux interlocuteurs qui sont au même niveau de dévelop-
pement mental, il est encore possible qu’ils ne puissent se comprendre.
Seul un accord complet produira l’unification des consciences. Souvent
une définition inexacte peut donner une idée complètement fausse. Il
faut s’exprimer avec précision sur plusieurs définitions du fait que bien
des gens font usage de définitions dans leur signification contraire sans
s’en rendre compte. »
Voici maintenant ma réponse. L’espace est rempli d’une matière
cosmique fondamentale ou substance cosmique – l’Esprit-Matière, ou
la substance Pourousha-Prakriti. Prenez la définition qui vous est la plus
familière ; elles sont toutes synonymes. Cette matière ou substance est
la base de notre Univers visible et invisible. Comme une fondation,
comme une potentialité de toute existence, cette substance est partout
une, mais ses différenciations sont infinies. Ainsi, chaque corps, chaque
astre, chaque système solaire a sa propre atmosphère, avec toutes les
qualités et caractéristiques qui lui sont exclusives. La tension de cette
atmosphère, et son degré de développement et de pureté, ou perfection,
seront différents de ceux des atmosphères qui entourent d’autres corps
ou systèmes, mais le substrat cosmique de ces différenciations est le
même dans l’étendue de l’espace infini. De même, la monade est une
dans son essence, qu’elle soit incorporée dans un minéral, une plante,
un animal ou un homme. Il faut réfléchir profondément sur l’idée fonda-
mentale de l’Unité dans le Cosmos.
Chaque étincelle de monade divine, dans son origine de Feu, est
une avec toutes les autres monades, mais la combinaison des énergies
qui viennent en contact avec elle manifeste sa potentialité distincte, lui
donnant la couleur correspondant à cette combinaison particulière. C’est
ainsi que se trouve créée la diversité. Il existe dans l’Enseignement
une superbe explication :
« […] que l’esprit demeure inviolé. L’ardente semence de l’esprit
garde sa constance originelle, car l’essence des éléments est immuable.
Mais l’émanation de cette semence se modifie d’après le développement
de la conscience. On peut ainsi comprendre que la semence de l’esprit
est un fragment du Feu élémentaire. Et l’énergie qui s’accumule autour
d’elle est conscience. […] Vous pouvez ajouter un quelconque ingré-
dient chimique à une flamme, mais la nature primordiale du feu restera
inchangée. » (Agni Yoga, no 275).

390
Rappelez-vous que la condition de Nirvana est la manifestation de
la plus haute perfection correspondant à un cycle donné de l’évolution
dans chaque règne et chaque espèce. De même, la conscience, c’est-à-dire
l’instinct des plantes et des animaux pendant le Pralaya, aura un Nirvana
correspondant. Il y a autant de degrés de Nirvana qu’il y a de cycles de
perfection dans l’Infinité. Mais le Nirvana sera toujours l’expression
de l’accomplissement maximum de perfection qui correspond à un stade
particulier d’évolution. Mais en ce qui concerne la Fondation Cosmique
ou Substance, nous pouvons seulement dire qu’elle demeure en potentiel
dans la condition de Paranirvana. La Substance Cosmique, l’Esprit-
Matière, répandue partout dans l’Infinité, est la Divine Fondation ou le
Potentiel de l’Être Universel. Dans ses manifestations infinies, ses diffé-
renciations et ses changements de formes, elle tend vers la perfection
infinie et la conscience de soi dans ces formes particulières. J’ignore si
votre curiosité est satisfaite, mais c’est ainsi que je conçois ce sujet.
Maintenant, parlons de votre groupe. Je me le représente, bien sûr,
comme composé de gens pleins d’aspiration et vraiment jeunes dans le vrai
sens. Il est certain que la jeunesse de l’esprit est la condition primordiale –
jeunesse dans le sens de mobilité et d’aspiration de la conscience.
Les discussions spirituelles simples sur des thèmes de l’Enseignement
sont beaucoup plus utiles que des cours ou des rituels. Construisez un
groupe de cœurs ardents qui n’ont pas besoin d’enveloppes ou de superfi-
cialités, mais bien du grain qui donne la vie. Souvent une conversation de
trois minutes apporte plus qu’une conférence de deux heures. Toutefois,
faites un choix parmi les néophytes et agissez au mieux, selon votre
propre initiative.
Je vous envoie mes meilleurs vœux. Affermissez votre pensée sur
le sentier de l’austère accomplissement pratique de la beauté du service
pour le Bien Commun, de la joie de la coopération avec les Forces de
Lumière, et alors la lumière et la beauté entreront dans votre vie. Sans
la liaison avec le Monde Supérieur, il n’y a ni progrès ni joie véritable.
Au moment de vous envoyer cette lettre, j’en reçois une seconde
de votre part, et puisqu’il reste de la place sur cette page, je vais y
écrire mes réponses.
La « Tara » est une déesse, l’équivalent féminin « d’Arhat », ou
Sœur de la Grande Fraternité Blanche. Je vous prie pourtant de ne pas
vous préoccuper outre mesure des noms des différentes initiations, cela
ne vous mènera nulle part. Dans les temps anciens, chaque école
philosophico-religieuse ou fraternité sacrée avait ses propres grades

391
ou degrés et leur donnait un nom particulier. Cependant, il est certain
que les véritables degrés n’étaient pas désignés par les noms que nous
lisons aujourd’hui dans les livres. Si cela vous intéresse, lisez les magnifi-
ques définitions des degrés de l’avancement spirituel données dans le livre
Agni Yoga. Effectivement, parmi les étudiants de l’occultisme, certains
sont convaincus que l’Initiation Solaire se produit sur le soleil physique !
Tous les degrés initiatiques sont en nous-mêmes. Quand un disciple est
prêt, il reçoit un Rayon d’Illumination qui correspond au degré de purifi-
cation qu’il a atteint, en même temps que s’accomplissent l’expansion
de sa conscience et la transmutation de ses centres par le feu.
Pour vous faire plaisir, je vais vous donner les noms de quelques
degrés d’initiations égyptiennes dans leur équivalent grec. Le premier
degré était appelé « Pastoforis », le deuxième « Neokoris », le troisième
« Melaneforis », le quatrième « Christoforis », le cinquième « Balahat »,
le sixième « Astrologos » et le septième « Propheta » ou « Safknaf-
Pankah ». Je me demande néanmoins si la connaissance de ces termes
relatifs peut vous être de quelque utilité dans votre développement spiri-
tuel. Il faut aussi que je mentionne que nous ne devons pas avancer sur
le sentier comme des torches fumeuses, mais comme une lumière qui
purifie et perce l’obscurité.
Et maintenant, en ce qui concerne la photographie des auras : elle
demande de grandes dépenses et beaucoup de patience. Il est essentiel
de maintenir les conditions pour des courants favorables, pour la pureté,
la paix et l’harmonie de l’atmosphère tout entière. Toutes les personnes
qui participent à ces expériences devraient être bien en harmonie les
unes avec les autres. Il faut se souvenir qu’aucune expérience scientifi-
que ne réussit sans beaucoup de travail et de patience. Dans la recherche
sur l’aura, il y a aussi un procédé mécanique utilisant une préparation
chimique. Cette préparation est répandue sur le verre à travers lequel
la personne est observée. Toutefois, cette préparation est très nocive
pour les yeux et, évidemment, cette méthode est bien imparfaite.

392
LETTRE 4

1er février 1935

Vous dites que vous avez trouvé dans le livre Calice de l’Orient
une répudiation complète, non seulement d’un Dieu personnel, mais
aussi d’un Dieu impersonnel. Cela ne peut pas être, car nulle part dans
l’Enseignement ou dans les lettres des Grands Instructeurs ne se trouve
un rejet d’un Dieu impersonnel. Il se peut que le malentendu ait surgi
d’une terminologie erronée. Qu’est-ce que ce Dieu impersonnel ? N’est-
il pas la Divinité Immanente, le Principe Infini ou la Cause Inconcevable
de toute existence qui, selon les apôtres Jean et Paul, de même que les
ouvrages des premiers grands Pères de la chrétienté, est « le Dieu Invisible
et Inconnu » ? Ne lisons-nous pas dans la Bible : « Personne n’a jamais
vu Dieu. » (Jean 1 : 18) Les mêmes paroles sont répétées dans la Première
Épître de Jean (4 : 12). Il y a de nombreuses références dans la Bible au
« Dieu Inconnu » et à la nature ardente de ce Dieu. Au Deutéronome
(4 : 24), Moïse dit : « Car Yahvé, ton Dieu, est un feu dévorant […] »
Je vous conseille fortement de lire les ouvrages du grand Origène qui
expose brillamment le véritable Enseignement du Christ. Incidemment,
l’Église d’Occident a commencé d’étudier ses écrits parce que le clergé
mieux informé comprend maintenant que l’Église avec ses dogmes
stériles est dans une impasse et ne peut maintenir son influence sur la
conscience des grandes masses qui réclament avant tout des lois logiques
et flexibles. Origène dans son Traité des Principes dit :
« C’est pourquoi nous ne pouvons considérer Dieu comme étant
une incarnation particulière, ou même incarné du tout. Dieu est une
Nature Spirituelle non composée qui exclut tout complexe. Il est intel-
ligence et, en même temps, source et origine de toute intelligence dans
la Nature et la Création. Dieu, qui est l’origine de toutes choses, ne
devrait pas être considéré comme complexe, sans quoi on pourrait croire
que les éléments ayant composé toutes choses, considérées comme
complexes, existaient avant leur origine. »
Est-il possible d’affirmer plus clairement l’idée de Dieu en tant
que Premier Principe ou Élément ontologique de l’Être que dans ces
paroles exprimées par le grand philosophe grec et Père de l’Église ?

393
De même, n’est-il pas dit que Dieu est Omniprésent, Omniscient
et Omnipotent ou « qu’en Lui nous avons la vie, le mouvement et
l’être » ? Tout ceci est écrit dans la Bible. Si donc nous rejetons la lettre
morte des Écritures, si souvent déformées par de mauvaises traductions,
et si nous nous défaisons des idées préconçues ancrées dans la pensée
lavée par des siècles de dogmatisme chrétien paralysant, nous verrons que
toutes les religions et tous les Enseignements avaient comme fondation
la majestueuse éternellement inconcevable Cause de Toute Existence –
que toutes les religions ont adoré cet « Élément Divin Un » sous divers
noms et aspects, en accord avec les particularités des différents peuples et
des différents pays.

Les Chrétiens ont choisi le terme « Dieu » pour exprimer leur concep-
tion de ce qui est le plus élevé. Pourquoi donc chercher une nouvelle
appellation pour cette Idée Majestueuse ? En vérité, à travers les siècles
les Chrétiens ont associé à ce terme tout ce qui existe de plus haut et de
plus beau, selon leur entendement. C’est pourquoi dans les livres de
l’Enseignement, ce Principe ou Élément Incompréhensible et Infini est
souvent désigné par le mot « Dieu ». Il est dit également : « Dieu est
Esprit, et ses adorateurs doivent l’adorer en esprit […] » Il est aussi dit :
« Mon Père et ton Père. » En effet, cet Élément Divin, Incompréhensible
et Invisible, existe spirituellement en nous et autour de nous. C’est
pourquoi le Dieu des Mahatmas est un Dieu Cosmique, plutôt le Cosmos
lui-même, dans toute sa nature Visible et Invisible. En vérité, « en Lui
nous avons la vie, le mouvement et l’être ».
Il est également dit dans le livre Agni Yoga [section 2] : « Les gens
ne réalisent pas la signification des mots “Dieu” et “Boddhisattva”. »
En effet, ils ne réalisent pas ! Mais comme l’a dit le grand Origène :
« Notre esprit à lui seul ne peut comprendre Dieu, mais il peut avoir
l’intuition qu’Il est le Père de tous les êtres à cause de la beauté de Ses
créations et la splendeur de la Nature. »
On ne peut pas mieux exprimer cette pensée. Oui, dans les temps
anciens, la conception de la Divinité, la Source Incompréhensible de
tous les êtres, était pleine de majesté. Cette loi Cosmique est vraiment
une loi juste. Elle donnait à chaque étincelle qui procédait d’elle ses
qualités, laissant au libre arbitre le choix d’appliquer ces qualités pour
la construction ou la destruction.
Gardons aussi présent à l’esprit que toutes les anciennes religions sans
exception comprenaient une branche ésotérique et une autre exotérique.

394
En fait, il s’est produit tant de complications dans notre religion chré-
tienne du fait que le clergé a perdu – ou plutôt rejeté – la clé de la com-
préhension de l’Enseignement du Christ. Cet Enseignement comprend
une grande partie d’ésotérisme, selon les paroles mêmes du Christ.
Pour en revenir à la définition d’un « Dieu impersonnel », je dois
ajouter que si nous attachons à l’idée de Dieu ce qu’une vaste majorité
de gens sous-entendent que cette définition de Dieu comme étant un
Être impersonnel, devient tout bonnement une absurdité monstrueuse,
sans queue ni tête. Ce n’est donc qu’en acceptant Dieu comme Élément
qui dépasse toute intelligence, comme la loi Unique gouvernant toute
Existence, que nous pouvons Le définir comme étant impersonnel. En
outre, si on dit que Dieu est Infini, comment est-il possible qu’Il ait
une forme ou une Image ? Comment, étant Infini, peut-Il se réduire à
des limitations ? Ainsi, seule l’idée de Dieu en tant que Principe Divin,
Immuable, Omniprésent, Infini et Inconcevable résout tous les problèmes
et donne des explications aux nombreuses perplexités.
Pensez simplement combien l’idée de Dieu diffère d’une conscience
à l’autre, selon le niveau de l’évolution humaine. Elle grandit et s’élargit
d’après la croissance de la conscience, mais les gens omettent généra-
lement de considérer l’évolution de ce concept. Car la grande majorité,
apathique, se laisse entraîner dans le sillon et suit aveuglément les dogmes
établis. Souvenons-nous du magnifique passage de La Bhagavad-Gîtâ :
« Je suis le fil sur lequel les idées sont enfilées et chacune d’entre elles
est une perle. » En vérité, il est possible de dire qu’il y a autant de
conceptions de Dieu qu’il y a de consciences.
Si nous acceptons la possibilité de l’existence « en tant que Personne »
d’un Dieu Omnipotent, Omniprésent, Omniscient, Tout Amour et Miséricor-
dieux, ne serait-il pas logique de se demander pourquoi un Souverain
Tout Puissant de l’Univers permet tant de cruautés et d’injustices ?
Comment se fait-il que la nature se maintienne par des espèces qui
s’entredévorent ? Personne ne saurait nier qu’au stade actuel le monde est
terrifiant, qu’il est l’enfer même ! Nous devons admettre que si un homme
se contentant des plaisirs matériels ne trouve pas le bonheur, celui qui
ose protester et exiger la justice et rechercher plus que les plaisirs ma-
tériels est malheureusement encore beaucoup plus misérable.
Est-ce qu’un Dieu qui voit tout, n’observe pas comment des milliards
de créatures – humaines et autres – sont perpétuellement détruites ?
Pouvons-nous seulement pousser un soupir ou faire un seul pas sans
détruire des milliers de vies infinitésimales ? Chaque instant de notre vie,
chaque respiration produit la mort de millions de ces vies. Pourquoi

395
doivent-elles mourir ? Pourquoi leur mort est-elle nécessaire ? Sans
doute, il s’en trouvera pour prouver que Dieu a tout créé pour nous en
faire bénéficier et que le mal mène au bien ! Mais ces raisonnements
infantiles ne sauraient en aucune façon satisfaire une personne pensante,
car nous savons combien le mal est contagieux et, si ce n’était des âmes
sublimes des grands esprits, les vagues du mal submergeraient le monde
entier. Serait-il possible qu’à l’exception de ces quelques consciences
supérieures qui ont gagné la victoire dans ce combat cruel et incessant,
Dieu souscrive aux souffrances perpétuelles de ces milliards d’autres
âmes pendant d’interminables siècles ?
Pourquoi y a-t-il une telle injustice dans les conditions de la naissance
qui laisse sa trace la vie durant ? Où est alors la toute miséricorde, la
toute science, la toute puissance ? Ne peut-on imaginer que le Dieu qui
possède tous ces attributs puisse créer une nature supérieure et plus
parfaite ? Que Lui servent ces destructions sans fin et la survie du plus
fort ? Non, il est tout à fait impossible de réconcilier les conditions qui
prévalent avec la providence d’un Dieu miséricordieux, omniscient et
tout puissant, tel que nous le présente l’Église. C’est pourquoi tous les
concepts concernant la nature de Dieu devraient être analysés à fond.
Il est temps de s’orienter vers l’Enseignement de l’Orient et les Grandes
Intelligences qui nous ont donné ces Enseignements. Il est temps d’accep-
ter ces Intelligences comme nos Instructeurs. Oui, l’Orient a abandonné
l’idée monothéiste de Dieu, Maître de l’Univers, et a atteint une concep-
tion plus élevée du Divin. Dans l’Absolu qui dépasse toute intelligence
se trouve l’Unité de tout l’Univers, car cet Absolu comporte le fini et
l’infini, ce qui est manifesté et ce qui est latent, et l’entendement humain
est incapable de dépasser cette conception d’universalité.
Cela explique pourquoi les Grands Instructeurs de l’humanité n’ont
jamais encouragé les raisonnements sur la Cause Inconnue. Elle a été
acceptée comme le Mystère Suprême qui demeure incompréhensible à
jamais. Si nous nous mettons à limiter l’Absolu par nos perceptions, il
cessera d’être l’Absolu et deviendra limité. Par conséquent, l’Absolu ne
peut pas être conçu, car il contient en lui-même le concept d’Infinité. Et
qui pourrait réfléchir sur cette majestueuse et redoutable idée d’Infinité ?
Voilà pourquoi nous ne pouvons comprendre que certains aspects, certaines
manifestations de cet Absolu. Mais puisque nous faisons partie de cet
Absolu et que chaque particule du Tout possède à l’état potentiel toutes
les qualités de ce Tout, nous pouvons graduellement développer ce po-
tentiel en nous-mêmes tout au long des innombrables incarnations et
des millénaires qui s’étendent jusqu’à l’Infini.

396
On dit dans les Vedas : « Il est la substance de ton âme. Il est la Vérité.
Il est Moi et Tu es Cela. » En étudiant tous les concepts de Dieu, ne
pourrions-nous pas dire que le Dieu Manifesté ne peut être que l’huma-
nité elle-même ? Mais à son stade actuel, l’humanité ressemble plus à
l’ombre de Dieu – à l’image de Satan.
Vous allez probablement souligner aussi que dans Calice de
l’Orient, les Mahatmas affirment qu’ils ne croient qu’en la matière.
Mais dans tous les Enseignements ésotériques de l’Orient, Matière et
Esprit sont considérés comme un tout inséparable. C’est pourquoi les
Dieux exotériques ont chacun leur Épouse qui personnifie la Matière et
son Pouvoir. Donc, Parabhrama est imperceptible et ne peut se manifes-
ter sans le voile subtil de Moulaprakriti – ou Matière – qui Le recouvre.
Bien sûr, la Matière dont il est question ici est sublimée à tel point que
nos sens grossiers seraient incapables de la percevoir. Vous connaissez
cette définition de la matière qui dit qu’elle est une cristallisation de
l’esprit. En vérité, l’esprit est énergie, mais nous savons que cette énergie
ne peut se manifester sans la matière. La lumière que nous voyons est une
sorte de matière très subtile en mouvement. Sur tous les plans, dans toutes
les actions et toutes les pensées, nous ne pouvons être séparés de la ma-
tière. Nous nous servons des aspects grossiers ou élevés de cette même
matière.
L’Élément Subjectif – Dieu – est présenté dans l’Agni Pourana de
la façon suivante : « Il existe potentiellement dans les profondeurs de
la Nature Cosmique, tout comme le feu est caché dans un morceau de
bois sec ou que l’huile existe au centre de l’arbre kunjut. Cet élément
subjectif repose dans la Nature, caché comme un témoin psychique ou
élément spirituel, entièrement neutre et passif. La fusion de cet élément
subjectif avec la Nature Cosmique est accomplie par cette force connue
sous le nom de Fohat – électricité cosmique. Cette énergie porte en elle
tous les embryons et toutes les qualités fondamentales de tous les êtres
et de la Matière. Tout doit par conséquent peu à peu se développer de
cette union de la Nature cosmique avec son époux Puman – Esprit,
Élément Subjectif, Dieu. »
La science moderne se rapproche rapidement de la Grande Vérité
exprimée dans les Enseignements des religions de l’Orient. Bientôt,
très bientôt, elles se retrouveront et se serreront la main. Espérons que
notre Église sera aussi éclairée par la conscience nouvelle et ne restera
pas seulement spectatrice de cette union. La science comprend maintenant
déjà que la matière n’existe pas comme telle, mais qu’elle est énergie –
et vice versa. De cette façon, la science se rapproche de la compréhension

397
spirituelle de l’Élément Unique. De même, des esprits progressistes
commencent à étudier la puissance de la pensée et font des essais pour
la photographier et la mesurer physiquement. Ainsi, le spirituel s’unit
au matériel. Et comment en serait-il autrement, puisque la Matière n’est
autre que la qualité de l’Esprit !
Plus loin, vous écrivez à propos de la Raison Cosmique. En effet, à
l’ensemble du summum bonum de la Raison, dans son état convoluté
ou involuté dans l’Univers non manifesté, nous pouvons donner le nom de
Dieu. Pourtant il faut établir une différence entre la Fondation Cosmique,
ou l’Intelligence Potentielle infinie dans son absolu, et l’Intelligence
Cosmique Manifestée. Ainsi, la Raison Supérieure et le Grand Cœur,
mentionnés dans Calice de l’Orient et dans les livres de l’Enseignement,
sont précisément l’Intelligence Collective et le Cœur de la Grande Hié-
rarchie de Lumière. Plus précisément, l’Intelligence et le Cœur de ces
très Grands Esprits qui ont complété leur évolution humaine dans ce
Manvantara – soit ici, soit dans d’autres mondes ou systèmes – dirigent
ces forces inférieures qui leur sont soumises de même que les nombreu-
ses destinées de diverses humanités dans divers mondes. Sans intervenir
dans le karma de l’humanité, ils montrent la direction de l’évolution et
posent les fondations de la conscience. Sans cette Direction, l’évolution
humaine accuserait un retard de millions d’années et parfois même
s’écroulerait complètement.
J’ai dû écrire à d’autres de mes correspondants qui tout comme vous
sont indignés à la lecture de certains passages du livre Calice de l’Orient.
Voici quelques extraits de l’une de mes lettres avec des passages d’un
livre de l’Enseignement qui n’est pas encore publié :
« Souvenons-nous que la conscience des masses demande toujours
une Individualité comme objet de culte et crée la Grande Image à sa
ressemblance, tandis qu’une grande conscience aspire toujours au Principe
dans toute manifestation. […] »
« L’humanité n’attache d’importance qu’aux concepts qui s’entassent
dans une conscience médiocre, car elle dispose chaque forme selon sa
conscience. Pourquoi les Concepts Supérieurs n’ont-ils donc pas été
enseignés ? Pourquoi tant de distorsions ? Pourquoi tant de réductions ?
Parce qu’en vérité, l’essentiel des recherches et des efforts humains
s’est tourné vers le bas. La difficulté du Monde Nouveau est d’éveiller
la conscience et de restaurer au Monde l’Image prédestinée de la Beauté.
La créativité de l’esprit doit s’intensifier en s’élevant. Ne pas rabaisser le
Plus Haut, mais lui permettre de s’élever. Plus précisément, l’exigence
première sera de créer l’Image Divine en concordance avec la Divinité.

398
Lorsque la conscience humaine cessera de dépeindre le Divin de façon
anthropomorphique, de feu seront les accomplissements de l’esprit. »
(Monde de Feu, volume 3, no 266).
« Certes, la conscience la plus élevée se tend vers le Principe du
Feu, alors que la conscience inférieure crée l’Image Supérieure à sa
propre ressemblance. La capacité de la conscience limitée détermine
l’Image créée, d’où tant de déformations évidentes ! Comment emplir
une conscience étroite d’un Concept Universel, alors que l’universel
rend l’esprit fou furieux. Je dis : affligeante est l’ampleur de la pensée
humaine ! L’horizon spatial n’est accessible qu’à celui qui connaît
l’Universalité du Principe, car l’esprit royal fusionne avec le Principe
Supérieur, précisément comme le microcosme fusionne avec le Macro-
cosme. Un esprit étroit ne peut donc fusionner avec le Principe du
Feu. La puissance du Feu révèle toute la Fournaise qui se manifeste à
celui qui perçoit le pouls du Monde de Feu. Ce Principe donneur de vie
construit la vie selon Fohat. Souvenons-nous que seule une conscience
étroite refuse d’intégrer des éléments, alors que l’esprit ardent inclut
tout. Sur le chemin vers le Monde de Feu, souvenons-nous du grand
Principe. » (Monde de Feu, volume 3, no 269).
De cette façon, les gens servent un Dieu à leur propre image et
l’adorent à travers leurs vices. Les Mahatmas servent l’Élément Divin
Inaltérable et L’adorent par la pureté de leurs vies et leur sacrifice pour
le Bien du monde entier. Ainsi, dans notre ignorance n’accusons pas
d’athéisme ceux qui sont incommensurablement supérieurs et dont l’Essence,
sublimée par le feu pur, est véritablement une manifestation de la Divinité.
Toutes les intelligences avancées s’en sont toujours tenues à un
haut concept impersonnel, mais il n’y a aucun mal si à un certain stade
la conscience en développement a besoin d’un Être personnifié pour se
représenter Dieu. Ce qui importe surtout, c’est que cette Personnification
ne soit pas une copie de nous-mêmes, mais qu’elle possède une vraie
ressemblance avec le plus Haut Hiérarque sur l’échelle de la Lumière.
Et vous avez raison d’accepter le « plus Grand Hiérarque sur l’Échelle
de Jacob » comme votre Dieu. C’est vrai, celui qui est en haut de la
Chaîne Hiérarchique de notre monde est, dans sa puissance, effectivement
la manifestation de Dieu pour nous.
Souvenons-nous des magnifiques lignes de La Bhagavad-Gîtâ :
« Par quelque voie que tu viennes à Moi, par cette voie Je te bénirai. »
Une fois encore, nous voyons que la forme extérieure a peu d’importance.
Seule la plus haute aspiration vers l’Idéal est essentielle. Plusieurs répètent
la formule qui est devenue un axiome : « Ce qui est en Haut est comme

399
ce qui est en Bas. » Mais combien peu nombreux sont ceux qui en
comprennent la signification profonde !
De même, les paroles de l’Enseignement que vous citez – « Il n’y
a pas de chemin sans Dieu » – sont parfaitement correctes. Car Dieu
est la Cause Originelle et la Fondation spirituelle de la vie dans son
ensemble, et si nous nions cette force suprême qui est en nous, nous
commettons un blasphème envers le Saint-Esprit. En perdant la voie et
l’union avec le Suprême, l’Élément Directeur, nous tombons dans
l’abîme du chaos et devenons un déchet cosmique, jusqu’au jour d’une
nouvelle reconstruction universelle.

Pour en revenir à vos questions, il n’y a pas de faute dans la traduction,


mais elle est incomplète. D’abord, les lettres étaient destinées à diverses
personnes se trouvant à des niveaux de conscience différents. Deuxième-
ment, dans la plupart des cas, elles répondaient à certaines questions et
n’étaient donc pas des traités indépendants.
Le livre dont vous parlez n’a pas pour but d’être un test particulier.
Mais il serait tout à fait juste de dire que tout livre, quel qu’il soit, peut
mettre à l’épreuve le niveau de conscience du lecteur. C’est pourquoi il
est tellement utile de relire des ouvrages après trois ans pour découvrir
jusqu’à quel point notre conscience et notre compréhension ont changé.
L’analogie que vous avez acceptée pour résoudre la question concer-
nant Dieu n’est pas mauvaise. Mais j’ajouterais que le complexe qui
dirige tout l’organisme est la Hiérarchie des Forces de Lumière. Il est
manifesté et concret, alors que l’Élément Inexprimable dans ce complexe
sera le Principe Suprême du Feu qui donne vie et fondation à toutes les
manifestations et qui unifie le complexe dans sa totalité, incluant le
Cosmos visible et invisible.
Donc, ne soyez pas malheureux de perdre ce Dieu anthropomorphe.
À la place d’une Image Inaccessible et Incompréhensible, puisque « per-
sonne, à quelque moment que ce soit n’a jamais vu Dieu », se lèvera
devant vous la Majestueuse Chaîne de la Hiérarchie des Forces de
Lumière qui protège et guide l’humanité entière vers le Bien. Une autre
chose encore que je souhaite vous rappeler est que notre Église elle-
même, ayant fait de Jésus un Dieu, a reconnu l’Archange Michel comme
Chef des Armées célestes et le plus grand après ce Dieu. En outre, dans
les Écritures juives très anciennes, Saint Michel Archange est appelé
« la Divine Réflexion de Dieu » et même Dieu, alors que Satan est son
ennemi ou son ombre. De là vient la représentation de Saint Michel

400
Archange anéantissant le dragon. Comment se fait-il qu’ayant pris notre
religion des Juifs et accepté la Bible, les Prophètes et les Tables de la loi
de Moïse, nous ayons oublié des passages et des détails de ces livres très
anciens dignes d’être retenus ? Le Christ Lui-même n’a-t-il pas dit :
« N’allez pas croire que Je sois venu abroger la loi ou les Prophètes :
Je ne suis pas venu abroger, mais parfaire. Car, Je vous le dis en vérité,
avant que passent le ciel et la terre, pas un seul iota ni un seul petit trait
ne passera de la loi, que tout n’ait eu lieu. »
Le Christ parlait en véritable Initié qui connaissait la loi Unique
reçue à l’aube de l’humanité physique par les Esprits Sublimes venus des
Mondes Supérieurs. Choisissez donc le Hiérarque Porteur de Lumière
qui vous est le plus proche en esprit et remettez-lui la Direction en toute
confiance, car en vérité, chaque Grand Hiérarque de la Lumière est une
réflexion de Dieu sur Terre. Dans la joie du Service pour le Grand Bien
Commun et l’évolution de l’humanité, remettons toutes nos pensées et
les efforts de notre cœur au Hiérarque que nous avons choisi.
Cela vous confortera peut-être de connaître ce qu’on dit en Orient :
« Il n’y a que deux sortes de personnes qui n’adorent pas un Dieu per-
sonnalisé : l’homme, qui n’a aucune religion, et l’âme qui a atteint la
libération et s’est élevée au-delà des faiblesses humaines, celle qui a
transcendé les limites de sa nature. Seules ces dernières âmes peuvent
vraiment adorer Dieu tel qu’Il est. » Comme toujours, les extrêmes se
rencontrent. Cela explique le grand respect que témoignent les Hindous
à leur Guide spirituel. Ils considèrent ce Guide terrestre comme une
manifestation de l’Élément Suprême, précisément un véritable couron-
nement de la création – un Homme – qui a atteint une plus grande
perfection par la révélation de la Divine Connaissance qui est poten-
tiellement en lui. Suivons ce noble exemple de respect et de dévotion,
et après avoir trouvé notre Guide, rendons-lui la vénération ardente et
la dévotion du cœur.
Je terminerai avec ces paroles de l’Enseignement : « La grandeur
du Cosmos est si peu perçue ! Au mieux, les hommes parlent de la
chaleur du soleil. Mais le système solaire dans le Cosmos n’est-il pas
comme un atome dans le soleil ? » (Monde de Feu, volume 3, no 431).
Alors que la science découvre journellement des milliards de mondes
et de systèmes qui dépassent l’ampleur de notre système solaire et de la
voie lactée, comment serait-il possible de limiter cette Immense Grandeur ?
Réfléchissez au principe d’Infinité et d’Immensité.
Vous avez sûrement raison : la subtilité des conceptions métaphysiques
de l’Orient pose des problèmes d’assimilation aux intelligences occidentales.

401
Donc, l’Orient sait, et croit en un Principe Divin, ineffable et éternel-
lement à découvrir – donc inconcevable – cet Élément Unique qui se
manifeste éternellement dans l’Univers visible et invisible. On connaît
aussi cet Élément comme l’Absolu, puisqu’en Lui sont contenues Toutes
Choses. Dans sa forme manifestée, Il est l’Esprit-Matière, car la Matière
en réalité n’en est qu’une différenciation ou Qualité. Le Pur Esprit ne
peut être manifesté ou perçu que sous le couvert de la Matière. C’est
pourquoi il est dit que sans la Matière, le pur Esprit n’est Rien.
Le mystère de la différenciation et de la fusion dans l’unité est le
plus grand Mystère et la plus grande Beauté de l’Être.

402
LETTRE 5
28 février 1935

Vous écrivez : « Il y a entre cinquante et soixante personnes qui


participent aux réunions de groupe avec un intérêt satisfaisant. » Ceci
est excellent. Si en fin de compte, il en reste six ou sept qui font preuve
d’une conscience solide, vouées à l’Enseignement et capables d’écrire
des articles et de donner des conférences sur les fondations de l’Éthique
Vivante, j’estimerais que c’est un grand succès.
Vous avez remarqué que certains membres montrent des signes de
fatigue parce que la plupart sont des gens qui travaillent. Je pense que
la raison principale est que la plupart d’entre eux ont déjà dépassé la
première période d’approche enthousiaste de l’Enseignement et que,
selon la loi occulte, ils commencent maintenant à révéler leur vraie
nature. Rappelez-vous toujours qu’au premier stade d’approche de l’Ensei-
gnement, chacun brûle d’un grand zèle et s’attend à un développement
immédiat de ses pouvoirs spirituels latents. Ils sont nombreux à ne pas
réaliser, ou à oublier, que l’éveil de l’homme intérieur et les degrés de
transfiguration qui s’ensuivent ne se produisent que par l’extrême tension
de toutes les forces. Ces personnes, dans la plupart des cas, n’ont pas en
elles la force spirituelle requise pour résister à la baisse de l’esprit qui
succède inévitablement à chaque transport d’enthousiasme. La loi de
l’alternance des rythmes est partout pareille.
Par expérience, je sais qu’au premier signe de dépression spiri-
tuelle, bien des gens perdent leur enthousiasme et abandonnent souvent
complètement l’Enseignement. Ce sont des âmes sans grandes accumu-
lations spirituelles. En vérité, ils sont ignis fatuus. Voilà pourquoi il est
si important de posséder une profonde compréhension de la signification
de l’approche de l’Enseignement ainsi que de la persévérance dans le
perfectionnement de soi pour réaliser la transfiguration de l’homme
intérieur, le vrai porteur de l’immortalité. Cette transfiguration révèle
une réserve inépuisable de puissance spirituelle et mène à la maîtrise
complète de la volonté spirituelle propre à chacun – la couronne de
l’accomplissement. En atteignant cette maîtrise de la volonté spirituelle,
on devient un collaborateur réel des Forces du Bien. Un énorme travail
est requis pour cette transfiguration, mais il arrive nécessairement un
temps où l’on construit un chemin et progresse.

403
Ces personnes exceptionnelles, qui ont développé en elles l’équilibre
spirituel ou l’autodiscipline, et qui suivent avec détermination un seul
chemin, peuvent assurément être appelées les piliers du monde. Quand
on aura réalisé que cet élargissement de la conscience est essentiel, on
pourra surmonter la fatigue. On ne manquera aucune occasion pour
remplir son trésor de l’esprit avec les joyaux de la connaissance et de
l’expérience. En vérité, beaucoup sont appelés, mais il y a peu d’élus.
Je peux parfaitement comprendre vos difficultés à diriger des adultes
de niveaux de conscience et d’éducation variables. Je vous suggère de
choisir en toute liberté les thèmes de vos conférences. N’insistez pas sur
la régularité de fréquentation. Chacun doit comprendre l’élémentaire
nécessité d’une discipline personnelle. Le progrès spirituel peut-il être
possible sans discipline ? Et comme vous avez raison de considérer
qu’une approche prudente est essentielle, et qu’on ne doit pas s’im-
miscer dans le karma d’autrui. Oui vraiment, il est interdit de forcer.
On peut indiquer la voie, faire des mises en garde, mais c’est tout.
Il ne fait pas de doute que bien des gens au développement spirituel
avancé, et particulièrement les disciples des Grands Instructeurs, tra-
vaillent pendant la nuit sur le plan astral, et même sur le plan mental, à
aider leurs proches et leurs amis, ou à remplir les missions des Maîtres.
Il faut se rappeler que les natures médiumniques ont un meilleur sou-
venir de leurs aventures nocturnes à cause de la structure particulière
de leur organisme. La raison pour laquelle même des gens de haut
niveau spirituel se souviennent comparativement rarement de leurs
activités sur d’autres plans est la grande différence entre les vibrations
des deux plans. Le cerveau physique ne peut pas saisir facilement ces
vibrations très fines, et si on les amplifiait artificiellement, l’organisme
serait inévitablement détruit. Ceux qui ont atteint un certain niveau
d’Agni Yoga peuvent plus facilement garder en mémoire leurs activités
nocturnes. Mais pour cela, il faut qu’existent certaines conditions cosmi-
ques et physiques : pureté et harmonie de l’atmosphère ambiante et une
haute altitude sont essentielles. Seul un Adepte complet préserve toute
sa conscience dans ses trois corps et n’est pas limité dans ses actions.
Mais il a lui aussi besoin d’un environnement spécial à cet effet.
Certains livres occultes racontent en détail des visions et des aven-
tures dans les Mondes Subtils, et souvent ceux qui ont lu ces récits,
voyant ces impressions du cerveau les confondent avec la réalité. Notre
tâche principale est de mettre les gens en garde contre les dangers d’un
psychisme développé artificiellement – ce qui peut se produire, si on
lit ces ouvrages de pseudo occultisme – et contre les dégâts causés par

404
le spiritisme. Il serait bien plus utile d’étudier le symbolisme des rêves.
Oui, chaque conscience a ses propres symboles qui souvent signifient
le contraire à une autre conscience. Les rêves sont si peu étudiés, alors
qu’une sérieuse recherche dans ce domaine pourrait mener à des décou-
vertes de valeur. Mais comme en toutes choses, l’honnêteté – cette
qualité tellement rare – est nécessaire. Et hélas ! sur le plan spirituel –
ou plutôt psychique – elle est plus rare encore.
D’autre part, peu de gens réalisent que le développement du cœur
signifie en premier lieu l’expansion de la conscience. En vérité, le cœur est
le trône de la conscience, mais pas de la sentimentalité, ce succédané
de la bienveillance. Il est significatif que les Orientaux, en parlant des
concepts les plus grands et les plus sacrés, portent toujours leur main
sur leur cœur qu’ils considèrent comme le siège de la conscience.

Oui en effet, il est vrai que l’horoscope de la personnalité coïncide


rarement avec celui de l’individu réel. Souvent l’esprit a dans l’horoscope
de sa personnalité tous les signes de feu, alors que sa substance fonda-
mentale appartient à l’élément opposé et vice versa. La substance du
feu est déterminée précisément par la graine fondamentale de l’esprit.
Quant à la passion d’enseigner, elle est caractéristique pour les
débutants. Je me souviens qu’au début, je brûlais de partager la joie qui
remplissait mon cœur ! Plus tard, l’expérience m’a appris la prudence
avec laquelle on devrait répandre les graines de l’Enseignement.

405
LETTRE 6

5 mars 1935

C’est merveilleux que vous acceptiez avec tant de bonne humeur tous
ces fardeaux terrestres qu’on ne peut pratiquement pas éviter. En ce qui
concerne votre inflammation ardente, il m’est difficile de poser un diagnos-
tic sur la cause réelle, du fait que je ne connais pas la condition de votre
organisme. Dans certaines manifestations occultes, les nerfs sont en opposi-
tion avec le sang. Voici le conseil qui vous est donné : « Durant ces
discordances entre les nerfs et la circulation sanguine, il faudrait garder
un calme tout particulier et ne pas surcharger l’estomac, car ces conges-
tions peuvent être si fortes et douloureuses qu’elles peuvent même pro-
voquer des évanouissements. » En effet, lorsque les centres supérieurs
commencent à fonctionner, un renversement dans la polarité se produit
souvent et se révèle fréquemment par de telles inflammations ardentes.
Mais il ne faudrait pas orienter ces vagues vers les centres inférieurs.
Efforcez-vous de préserver votre sérénité et surtout évitez toute irrita-
bilité quelle qu’elle soit. La valériane est excellente, et dans certains
cas on devrait en prendre deux et même trois fois par jour, mais bien
sûr pas trop concentrée.
Dans la pharmacopée orientale antique, on considérait le musc
comme un remède pour rétablir l’équilibre, mais évidemment cela dépend
beaucoup de la dose. Divers organismes réagissent différemment.
Beaucoup de gens ne peuvent simplement pas en prendre, car une dose
infinitésimale augmente l’inflammation et le pouls. Aussi, dans votre
cas, je conseillerais plutôt de prendre cinq ou six gouttes de teinture de
strophantus en une fois, trois jours de suite, et de répéter ceci toutes les
deux semaines.

Le triangle équilatéral avec la pointe en haut est l’un des signes de


la Fraternité Blanche, et très probablement vous est-il apparu comme
une assurance que votre prière a été entendue. Toute prière sincère est
acceptée, mais la réponse ne vient pas nécessairement tout de suite.
Elle est parfois retardée pour des raisons cosmiques.

406
Vous aimeriez savoir comment libérer une certaine jeune fille de la
médiumnité. Cela est extrêmement difficile, puisque la médiumnité
provient d’une structure particulière de l’organisme qui permet au double
éthérique – le corps astral inférieur – de se déplacer très facilement
sans le moindre contrôle de la volonté. La plupart des phénomènes
observés dans les séances spirites se produisent à travers ce double
éthérique qui est en quelque sorte un moyen de communication entre
l’âme et le corps physique. On peut comparer ce phénomène avec les
ondes de l’éther qui sont mises en mouvement entre des stations télé-
graphiques sans fil. Bien sûr, l’énergie psychique supérieure ne parti-
cipe pas à toutes ces manifestations des médiums. Il est absolument
impossible de changer la structure d’un organisme. On peut développer
sa volonté spirituelle et conquérir ainsi graduellement les projections
involontaires de son double. Les hôtes les plus indésirables du Monde
Subtil essaient de tirer un avantage de pareilles émanations éthériques
pour les détourner à leurs propres fins. Le contrôle de ces projections
involontaires exige premièrement l’orientation de la pensée vers le Très-
Haut, en s’efforçant de s’entourer d’une atmosphère de pureté et ce,
afin d’empêcher l’intrusion des entités de l’ombre. C’est ainsi qu’un
médium doit développer une forte résistance intérieure contre toutes
les influences mauvaises, et c’est précisément ce qui est le plus difficile
pour lui ou pour elle. Ainsi qu’on peut lire dans l’Enseignement [Livre
Agni Yoga, section 228] : « Un médium n’est rien d’autre qu’une
auberge pour menteurs désincarnés. » Donc, tout ce que vous pouvez
faire est de conseiller à cette jeune fille de purifier sa conscience et de
tendre fermement et consciemment vers le Très-Haut – il n’y a pas
d’autre voie. Pourtant, cela dépend beaucoup de son entourage. Si la
famille est assez intelligente, peut-être se laissera-t-elle influencer, et
si on peut lui faire réaliser la condition dans laquelle se trouve cette
jeune fille, cela pourrait aider considérablement.
Et maintenant, parlons du jeune homme qui a commencé de ressen-
tir le mouvement des centres après avoir effectué certains exercices de
façon mécanique. Il ne fait aucun doute qu’il a pu les ressentir, puisque
des exercices mécaniques stimulent surtout les plexus nerveux exposés.
Bien sûr, une telle irritation peut provoquer des résultats tout à fait
inattendus. Premièrement, une perte d’équilibre nerveux qui peut même
aller jusqu’à la folie. En outre, s’il existe une prédisposition à une
maladie, cette prédisposition s’en trouve augmentée. Ainsi, des pou-
mons faibles sont sujets à la tuberculose, une sexualité prononcée peut
tourner à la perversion sexuelle, etc. Je vous ai cité il y a quelque temps
des passages de H.P. Blavatsky sur les conséquences de pareils exercices.

407
Au cours du développement spirituel, l’ouverture des centres s’effec-
tue tout naturellement. L’ouverture et l’activité de ces centres devraient
d’abord se manifester dans leurs aspects psychiques ou spirituels. Par un
effort constant vers le Très-Haut et l’élargissement de la conscience, il est
tout à fait possible d’accélérer l’ouverture des centres. Cela se produit,
soit avec l’aide et la directive d’un Grand Instructeur de Lumière, ou
parfois par un contact avec l’aura ardente purifiée d’un disciple avancé.
Tout doit venir du haut vers le bas, du spirituel vers le physique, mais
non le contraire. En effet, seul ce qui est haut peut élever ce qui est
inférieur. En cela, le principe Hiérarchique est puissamment confirmé.
Il faut aussi que je vous prévienne qu’une sensation entre les sourcils
ne signifie pas nécessairement l’ouverture partielle du troisième œil.
Cela peut être simplement le résultat d’une tension musculaire. On croit
que l’organe correspondant au troisième œil est la glande pinéale. Avec la
glande pituitaire, on lui attribue maintenant une très grande importance
dans le fonctionnement correct de l’organisme. Dans l’Inde antique,
on les reconnaissait également comme les canaux des manifestations
spirituelles-manasiques.
Dans la vraie clairvoyance, on ne peut pas dire qu’on perçoit avec
un organe particulier, du fait que les visions peuvent se produire au-
dessus de la tête, ou derrière la tête, ou derrière le dos, sur le côté,
devant, ou dans le cercle du troisième œil, ou dans le plexus solaire, etc.
Et elles sont toutes également clairement perçues. Rappelons-nous l’image
de la déesse Doukkar – le cercle de son aura est fait d’innombrables yeux.
Souvenons-nous que les centres nerveux ont leur contrepartie subtile.
Aussi, chaque anomalie ou déséquilibre dans le développement de ces
conducteurs physiques se répercute inévitablement dans tous les corps.
Soyons donc prudents pour ne pas créer de déséquilibre.

Je suis sincèrement enchantée de votre article sur le « Pacte de la


Paix ». L’idée du « Pacte de la Paix » se répand. L’opinion publique réagit
très favorablement à cette noble conception. J’espère que vous avez reçu
le livret sur les « Procès-verbaux de la Convention de Washington ».
Évidemment, la moitié des félicitations reçues n’ont pas été reproduites
dans ce livret, mais il se peut que nous ayons l’occasion de sortir un
second volume. L’historique complet du « Pacte de la Paix » donnera
un livre très instructif dans lequel seront montrés les deux aspects :
l’aspect de la Lumière et l’aspect de l’obscurité seront clairement révélés,
et les nations verront la valeur et la nécessité de la ratification du « Pacte
de la Paix » et de l’acceptation de la « Bannière de la Paix ». Oui vraiment,

408
la « Bannière de la Paix » est une grande nécessité pour l’avenir. Elle
est essentielle comme pierre de touche pour le développement de la
conscience de l’humanité.

Maintenant, pour répondre à vos questions. En ce qui concerne le


paragraphe du livre Cœur à propos « d’une nouvelle forme de corps
subtil », cela a trait aux nouveaux essais visant à densifier le corps
subtil afin qu’il atteigne presque l’état physique. Dans l’avenir, cela
procurera à certains grands esprits la possibilité d’apparaître parmi les
habitants de la Terre à une altitude relativement basse et pour des pério-
des prolongées. En outre, ces corps seront parfaitement visibles et pour-
ront même être contactés physiquement sans l’aide d’un médiateur.
En langage Tibétain, « Rigden » est une partie du titre du Seigneur
de Shambhala.
Le « Kalachakra » – la Roue du Temps ou la Roue de la Loi – est
l’Enseignement attribué aux divers Seigneurs de Shambhala. Des traces
de cet Enseignement peuvent être retrouvées dans pratiquement tous
les systèmes philosophiques et enseignements de l’Inde. Actuellement,
il est probablement mieux connu au Tibet. Mais en réalité, cet Ensei-
gnement est la Grande Révélation apportée à l’humanité à l’aube de
son évolution consciente, dans la troisième race de la quatrième ronde
de la Terre, par les Seigneurs du Feu, les Fils de la Raison, qui étaient
et sont encore les Seigneurs de Shambhala.
« Ourouvella » était un bosquet sacré au bord d’une rivière là où, à ce
que raconte la légende, le Seigneur Bouddha parvint à l’Illumination.
Keely était un inventeur américain de la fin du XIXe siècle – à
Philadelphie. Il s’intéressait au problème des vibrations moléculaires
et de la désintégration de la matière. À l’aide de vibrations bien harmo-
nisées, il a essayé de libérer de l’énergie enfermée dans les molécules
et les atomes. Il y réussit, mais fut le seul à pouvoir en faire la démons-
tration. Selon l’explication de H.P. Blavatsky, cela était dû à une puis-
sance personnelle qui lui était propre. De nombreux spéculateurs et
financiers malhonnêtes ont essayé de faire fortune avec la découverte
de Keely, ce qui entacha sa réputation. Cela a eu pour résultat une
condamnation des autorités scientifiques qui le dénoncèrent officiellement
comme un charlatan, mais seulement après sa mort. Il est intéressant
de constater qu’il est extrêmement difficile d’obtenir ses écrits et,
comme d’habitude, ils sont probablement étudiés dans le secret. Keely
est une victime de plus de l’ignorance et de la lâcheté humaine.

409
« Ahamkara » signifie ici la condition élevée de la conscience au
moment de l’ouverture et de l’unification des centres supérieurs. Ce
concept est à l’opposé de la condition inférieure de l’égoïsme qu’on
appelle également parfois du nom « d’Ahamkara ».
Le « Preta Loka » correspond au purgatoire de la religion catholique.
« Marakara » est un lieu lugubre dans les couches inférieures du Monde
Subtil habité par les esprits des ténèbres. « Mara » est le Prince des Ténè-
bres. Il est aussi appelé le « Destructeur » et la « Mort » – de l’âme.
Le « Golem » est une légende du Moyen Âge qui a plusieurs points
en commun avec la fameuse nouvelle Frankenstein. Voici l’histoire du
Golem en résumé. Il y avait en Allemagne, pendant une période de
persécution des Juifs, un rabbin savant qui était alchimiste. Dans sa
soif de vengeance, il émit le souhait de punir les persécuteurs de son
peuple. C’est pourquoi il décida de créer artificiellement un géant pos-
sédant une force énorme et qui serait sous son contrôle et lui obéirait
totalement. Grâce à ses connaissances exceptionnelles, il réussit à créer
un tel géant en lui implantant une étincelle de vie animale. C’est après
de nombreux rituels magiques que la formule de vie fut découverte par
le rabbin. Elle pris la forme emblématique d’une étoile, et le rabbin la
plaça sur la poitrine du géant qui prit aussitôt vie et que son créateur
envoya remplir sa mission destructrice. Le Golem avançait, sans se
soucier des obstacles, n’obéissant qu’à la voix de celui qui l’avait créé,
détruisant tout sur son passage. Le Golem perpétra de grandes calamités
et beaucoup de meurtres parmi les persécuteurs des Juifs. Finalement,
après avoir détruit un village entier, il marcha vers un champ où il vit
une petite fille cueillant des fleurs. La vie animale lui avait conféré des
instincts et il se sentit attiré par l’enfant. Il la souleva, mais hésitait à la
tuer. À ce moment, l’enfant remarqua l’étoile sur sa poitrine et la détacha,
et aussitôt l’étincelle de vie abandonna le géant. D’après la légende,
seule une main pure pouvait enlever l’étoile, le symbole de la grande
formule de vie.

Bien, je crois avoir répondu à toutes vos questions. Je suis bien


contente d’apprendre que vous aimez l’action. En effet, c’est une qualité
précieuse, et malheureusement très rare chez les gens qui aiment géné-
ralement beaucoup parler et faire peu. La majorité des gens préfèrent
rêver et s’appuyer sur les autres, et bien peu désirent créer et cons-
truire. C’est pourquoi je vous accueille avec une joie particulière sur la
voie de la coopération active pour le Bien Commun.

410
LETTRE 7

5 mars 1935

Vous avez accepté l’Appel, sujet du premier livre de l’Enseignement


de Vie, et vous savez que l’Appel d’amour évoque la réponse de l’Aimé.
Cette réponse montre la nécessité dans la vie d’accomplissements austères.
Dans les livres suivants de l’Enseignement sont exposées toutes les étapes
qu’il faut traverser et qui conduisent à l’Aimé.
Il y a tant de beauté et de joie dans une vie consacrée à la coopération
avec les forces de Lumière pour le Bien Commun. Et en premier lieu,
cette joie est le résultat de la grande libération de l’attachement aux
banalités de la vie. Cela se produit inévitablement si notre conscience
s’attache d’une façon inébranlable à l’Idéal, et que le cœur est enflammé
de dévotion et de gratitude envers Celui qui nous a appelés. Ceux qui sont
vraiment dévoués rejettent non seulement tout le poids des attache-
ments, mais apprennent aussi à aimer tous les obstacles et toutes les
souffrances qu’ils rencontrent sur leur chemin. En vérité, ces obstacles
deviennent nos maîtres. Ils nous font pénétrer dans les mystères plus
profonds concernant l’épanouissement de la fleur de l’esprit. Ceux qui
disent qu’on peut atteindre l’avancement spirituel sans souffrances font
une grande erreur. Mais ces souffrances sont transformées en joie, en
une ascension nouvelle, pour autant que le feu d’un amour véritable
existe. Le chemin du cœur et de la dévotion est aisé et rapide. Il transforme
toutes les épines en un jardin fleuri. Toutes les autres méthodes sont
ardues, compliquées et péniblement longues. Voilà pourquoi l’Appel
du Grand Instructeur est une Appel d’Amour.
Le choix du chemin, une fois décidé, devrait être maintenu. Ne
vous en détournez pas, cela aurait la destruction pour seul résultat. Il y
a beaucoup de gens qui, dans leur désir de découvrir la finalité, courent
d’un idéal à l’autre, d’un Enseignement à l’autre. Cette chasse à la
nouveauté tourne à la maladie, une sorte de maladie mentale, d’intoxi-
cation religieuse. Ils veulent toujours entendre quelque chose de neuf,
simplement comme une excitation nerveuse temporaire, et dès que
l’exaltation est passée, ils sont prêts à répondre à une autre passion.
Cela est significatif d’une certaine intempérance du mental, et tous
leurs progrès s’arrêtent là. Mais il existe des âmes qui nous rappellent

411
la perle d’un conte oriental. « Cette huître vit au fond de la mer et
remonte en surface pour capter une goutte de pluie lorsque l’étoile
Svati monte au firmament. Elle se laisse alors porter à la surface de la
mer, sa coquille complètement ouverte, jusqu’à ce qu’elle obtienne le
succès escompté en captant une goutte de pluie. Elle redescend ensuite et
reste au fond de la mer, jusqu’à ce que la goutte de pluie se soit trans-
formée en une merveilleuse perle de l’esprit. » Les disciples véritables
devraient ressembler à cette huître. Ils devraient premièrement accepter
cette Image Unique, puis former à l’aide de son Enseignement une
merveilleuse perle de l’esprit.
Cette fidélité à une Image Unique est tout à fait essentielle dans
les premières étapes. Ce n’est que lorsque la fondation est fermement
construite que nous pouvons essayer d’ajouter à notre temple les orne-
ments trouvés dans d’autres Enseignements.
En outre, nous ne devrions pas nous imaginer que les succès de
l’esprit doivent nécessairement être acquis dans un lieu spécial et non
là où la destinée nous a placés. C’est véritablement une grande action
que d’appliquer l’Enseignement dans la vie de tous les jours, de prodiguer
joie et lumière à tous ceux qui nous approchent. Il est dit dans La
Bhagavad-Gîtâ : « L’homme atteint la perfection en remplissant conti-
nuellement son dharma. » Trempons donc notre esprit dans l’infatigable
travail du perfectionnement, communiquons notre influence bénéfique à
ceux qui nous entourent et utilisons avec joie nos capacités partout où
cela est possible.

412
LETTRE 8
8 mars 1935

Vous insistez pour dire que « le Principe Hiérarchique est aussi


utopique que la Démocratie Idéale ». Pour commencer, je ne considère
ni l’un ni l’autre de ces concepts comme utopiques, mais des deux, la
« Démocratie Idéale » est la plus difficile à réaliser. Ensuite, si le principe
de la Hiérarchie est la base fondamentale de la Création, la démocratie
Idéale est son couronnement naturel. Comment se peut-il alors que
l’effet précède la cause ? Vous ne nierez certainement pas qu’il est
plus facile de rassembler quelques personnes qui sont prêtes à accepter
la direction de la Grande Hiérarchie de Lumière plutôt que d’élever la
grande majorité de l’humanité au niveau nécessaire pour former la
Démocratie Idéale.
Vous dites : « Je sais que la direction spirituelle est essentielle,
mais je sais également que la pyramide doit être construite à partir de la
base. […] La base de la pyramide devrait être construite sur les principes
solides d’une démocratie renouvelée, et c’est dans cette optique qu’on
devrait éduquer les gens. […] C’est la seule façon pour les nations
préparées de répondre à la direction spirituelle. Ce n’est que là où se
trouve une fondation qu’il peut y avoir également un sommet de syn-
thèse à la pyramide. » Ici encore, je ne vous suis pas tout à fait. Vous
paraissez affirmer la direction Hiérarchique, mais en même temps vous
pensez qu’il faut d’abord établir la compréhension de cette direction
et, qu’après seulement, la structure ou direction Hiérarchique pourra
être acceptée. Mais comment donc les hommes peuvent-ils construire
la fondation et procéder à la construction s’ils ne reçoivent pas certaines
directives ? Tous les bâtiments sont construits selon le plan d’un archi-
tecte, et les simples travailleurs posent les pierres de la fondation sans
avoir la connaissance du plan d’ensemble de l’architecte. En vérité, un
grand nombre d’ouvriers, du plus humble au plus élevé, participent à cet
ouvrage, mais tous accomplissent le plan du créateur. Sans le Principe
Hiérarchique, les « habitants de la Terre », ainsi que vous les nommez,
bâtiront en effet, encore et encore, non pas une pyramide de synthèse,
mais bien plutôt une Tour de Babel. La civilisation moderne en désintégra-
tion n’illustre-t-elle pas avec une clarté étonnante ce symbole éternelle-
ment vivant ?

413
Plus loin, vous faites une autre remarque : « Afin qu’il soit possible
de créer ce que vous appelez un point focal à travers lequel les rayons
de Lumière puissent passer, il est premièrement à conseiller de coor-
donner la périphérie. […] » Mais le point focal ou noyau est toujours
construit avant la périphérie. Chaque cercle à nécessairement un centre.
La périphérie croît en proportion de la croissance de son foyer et sous
l’intensification du rayon de lumière qu’il reçoit et qui se déverse le
long de son rayon, et non le contraire. De même, rappelons-nous que
dans la vie, dans le Cosmos, rien n’est isolé – tout est construit concur-
remment. Tous les éléments nécessaires à la construction sont toujours
présents et forcent la marche vers le progrès. Partout où un centre apparaît,
se forme la périphérie, bien que souvent cette périphérie ne puisse être
définie avec exactitude selon des critères terrestres.

Vous dites que sur notre Terre, les idéaux sont inatteignables. Là
encore, je ne suis pas d’accord avec vous. Bien sûr, chacun comprend
différemment le mot « idéal », et on peut même dire qu’il y a autant
d’idéaux qu’il y a de niveaux de conscience. Pourtant, nous avons les
idéaux qui se trouvent exprimés dans les grands Enseignements. Nous
avons eu – et nous avons toujours – de tels idéaux personnifiés par des
êtres humains. Ainsi, l’existence sur notre Terre de la Grande Fraternité
Blanche n’est-elle pas l’accomplissement du plus haut idéal qui soit
possible à l’imagination de l’homme ? Nous sommes beaucoup plus
riches que nous ne le pensons, et seul notre aveuglement nous empêche
de voir toutes les splendeurs de la vie.
Vous soutenez que : « Les Russes sont mieux à même de comprendre
la synthèse que les Européens de l’Ouest, du fait que les Russes ne se
limitent pas à leurs petites personnalités terrestres. […] » Oui, le poten-
tiel de l’âme russe est grand. Quoi qu’il en soit, à l’heure actuelle, il som-
meille. Jusqu’à maintenant, nous nous sommes heurtés à l’ignorance et
à une terrible malveillance mutuelle – ce premier signe d’un pauvre
niveau de conscience, incapable de synthèse. Sans doute, Ivan – par
centaines et par milliers – est très doué, mais s’il néglige de mettre ses
talents en valeur à temps, nous pouvons tout aussi bien dire qu’il n’y a
pas d’espoir de salut pour notre race et que « l’arche » du nouveau Noé
restera inutilisée. C’est vrai, la destruction de notre planète serait un
désastre inexprimable et sans précédent, mais est-ce que les hommes si
cruels et si enclins à s’exterminer les uns les autres méritent dans leur
ensemble une meilleure destinée ? Le fait que l’avancement des masses
soit retardé pour un million de siècles ne les laisse-t-ils indifférents ?

414
L’imagination de la plupart des gens ne va pas plus loin que le lendemain
de toute façon !
Vous prenez à partie mon affirmation sur l’importance de la personna-
lité. Mais comment pouvons-nous ignorer la personnalité quand elle
construit précisément l’individualité ? Je prétends qu’il est très utile
d’exprimer sa personnalité le plus pleinement possible, mais pas dans
ses aspects négatifs. Il est certain que la vraie conception de la person-
nalité et de l’individualité n’est compréhensible qu’à une conscience
mûre. Dans une conscience faible, cette conception se traduit par des
expressions complaisantes, prétentieuses et hypocrites telles que :
« Mon individualité est si importante qu’elle peut à peine s’exprimer
par la personnalité actuelle héritée de mes ancêtres. C’est la raison pour
laquelle je vais plutôt me concentrer sur ma véritable individualité, sans
égard à mon apparence extérieure. » Nous avons été habitués à entendre
de ces déclarations « profondes ». Ces notions ignorantes et destructrices
poussent l’hypocrite plein de suffisance à admirer ses illusoires succès
antérieurs. Non, chacun d’entre nous doit s’efforcer de rendre sa person-
nalité actuelle plus belle que la précédente. Nous devons penser à la
beauté de notre vie présente et la considérer comme le ferait un lapi-
daire qui taille le plus fin des diamants pour le collier de la vie façonné
par notre esprit. C’est pourquoi chacun doit affirmer sa personnalité.
Et de quelle autre façon peut-on exprimer son individualité ?
Oui en effet, toutes les bases de l’Éthique Vivante doivent être
mises en pratique dans la vie, sans quoi la vie est impossible. Avec les
nouvelles configurations qui s’établiront entre les planètes, il se pro-
duira une radiation favorable pour les rayons spirituels qui rendront
les hommes capables de réveiller leurs énergies latentes. Et en vérité,
le sentiment de respect et de la plus haute dévotion doit être à nouveau
ressenti par l’humanité si elle veut continuer à évoluer. De même, la
coopération entre toutes les branches de la vie devient toujours plus
facile. Plus précisément, la science tendra une main secourable à la
religion, et les Indications des Grands Instructeurs se transmettront
depuis les laboratoires par le rayonnement et la puissance des rayons.

En effet, la séparation des humains d’avec le Cosmos, de même


que toutes leurs divisions, jettent la conscience dans le chaos. Oui,
vous percevez très correctement la crise que traverse maintenant la vie
de notre planète. L’Enseignement et de nombreux signes sont donnés
avec prodigalité, justement pour mettre les gens en garde face au dan-
ger qui menace l’humanité.

415
« Est-il vraiment possible que le tocsin ne se perçoive pas dans
chaque mouvement de la planète ? Chaque mouvement des êtres ne
traduit-il pas un cri d’angoisse ? Une rébellion ne gronde-t-elle pas à
chaque mouvement des esprits rivés au sol dans l’esclavage ? […] Il
vaut mieux percer l’abcès, et l’on pourra ensuite suturer la plaie. Mais
il faut d’abord faire sortir le pus. Par conséquent, nous n’employons
pas de demi-mesures. Nous attendons d’amples actions et, pendant le
tocsin, il est impossible de penser à un brin de laine. » (Ère Nouvelle –
Communauté, no 57).
De même, vous avez parfaitement compris les lignes du livre Infinité
qui traitent des énergies de Feu qui proviennent de l’espace, et qui
deviennent destructrices parce qu’elles ne trouvent pas assez de conduc-
teurs sur la Terre.

Vous vous plaignez de ce que la discipline personnelle est souvent


la plus ardue. Mais à dire vrai, toute discipline mène finalement à l’auto-
discipline. Celle qui est imposée par quelqu’un est purement extérieure
et ne mène pas à des accomplissements spirituels. Bien qu’on recon-
naisse d’habitude qu’il est plus aisé de fouler le sentier avec un Instruc-
teur – et selon vos propres termes, « nous avons devant nous un exemple
concret et glorieux » – en nous référant à l’histoire, nous faisons cependant
l’étonnante constatation que plus l’Instructeur est grand, moins les disci-
ples sont nombreux. Les événements actuels ne confirment-ils pas cette
loi des Correspondances d’une manière inversement proportionnelle ? Cela
ne prouve-t-il pas qu’il est difficile de suivre l’Instructeur ? En vérité,
la voie du disciple n’est pas aisée ! Il est certain qu’un maître terrestre à
l’aura ardente et purifiée peut accélérer l’avance de son disciple par sa sim-
ple présence. Mais pour cela, l’harmonisation des consciences est essen-
tielle, de même que la profonde dévotion du disciple pour son maître.
Alors vraiment, des miracles sont possibles. Mais ainsi que l’un des
Grands Instructeurs l’a dit : « On a trop des doigts d’une seule main
pour compter le nombre des disciples. »
L’aura de notre Terre est très ténébreuse. Si à un moment donné
elle était jaune, maintenant elle se rapproche de la couleur ardoise.
C’était terrifiant pour moi de voir cette atmosphère, particulièrement
l’avance d’une totale obscurité. Après cette expérience, je fus pendant
plusieurs jours sous l’effet d’un terrible choc nerveux. Je ressentais
douloureusement la calamité qui menace notre planète. Mais maintenant,
j’ai vaincu cette angoisse et j’accepte presque avec sérénité tous ces
signes qui montrent comment, sous les attaques des forces obscures,

416
toutes les ancres de salut du bateau de l’humanité se voient détruites
les unes après les autres.

Vous avez l’impression que le problème des âmes sœurs n’a pas
été résolu par Platon. Le grand Platon était un initié dans le mystère de
l’Être. Voilà pourquoi il ne pouvait présenter à des intelligences non
préparées sa vaste connaissance, et il se contentait de faire des allusions
à la Vérité. Ne dit-on pas : « Celui qui découvre une formule précieuse
ne va pas la crier sur les toits, car le mal qui en résulterait dépasserait
les bienfaits. » (Ère Nouvelle – Communauté, no 48).
Vous écrivez que la femme mérite son karma. Il est cruel de dire
que les humiliations auxquelles la femme est soumise sont méritées. Il
est vrai que tout arrive par cycles et que dans les temps où la force
brutale dominait, la femme était incapable de s’exprimer. Ce ne fut que
lorsque l’énergie psychique supérieure se manifesta à nouveau dans
l’humanité que le principe féminin a pu exiger ses droits légitimes. Le
chemin de la femme a été chargé d’abnégation et de don perpétuel de soi.
On dit : « Ceux qui affirment leurs droits n’en disposent pas nécessai-
rement. » L’équilibre entre les éléments est la fondation de la Vie et la
violation de cette loi mène à la destruction. Maintenant, les Grands
Instructeurs confirmeront les droits de la femme. C’est pourquoi l’ère
à venir ne sera pas seulement une époque de grande coopération, ce
sera aussi l’époque de la Femme. Il faudra que la femme s’arme de
courage. Elle devra surtout contrôler son cœur pour ne pas donner à
mauvais escient, car il doit y avoir un Équilibre Doré en toutes choses.
La femme doit s’affirmer et c’est la raison pour laquelle l’Épée de
l’Esprit est précisément remise dans ses mains. En Orient, on appelle
cette époque, l’Ère de Maitreya, l’Ère de la Grande Compassion et
l’Ère de la Mère du Monde.

Pour conclure, permettez-moi de dire qu’il est tout à fait possible que
« la mésentente entre nous provienne d’une différence dans la termino-
logie » ainsi que vous l’écrivez. En effet, seule un compréhension en tous
points peut produire l’unification des consciences. Il est dit : « Prenons
deux interlocuteurs de même niveau, il se peut malgré tout qu’ils ne se
comprennent pas s’il manque à la conscience de l’un des deux le moindre
chaînon. Cette infime différence peut se traduire par une vitesse différente
de l’engrenage de la pensée, et conduire à la mise en mouvement de
leviers entièrement différents. »

417
LETTRE 9
12 mars 1935

J’ai lu dans une revue hindoue une annonce concernant un centre


de Yoga en Europe. Maintenant, il existe aussi en Inde des groupes
semblables, à la mode européenne, dans lesquels les membres sont
ouvertement entraînés à développer leur psychisme inférieur et leurs
capacités médiumniques innées. Dans ces revues, on diffuse largement
des réclames offrant des cours sur le développement des forces latentes
en l’homme dans l’optique d’obtenir des postes lucratifs, de l’avancement,
etc. Cela est terrible ! À ce sujet, j’ai récemment reçu la lettre d’un
Américain – qu’on m’a passée – et dans laquelle il racontait quelques-
unes de ses expériences. Il fréquentait une de ces écoles établies par un
Hindou résidant en Amérique et il pratiquait sérieusement tous les exer-
cices demandés jusqu’à ce que sa santé en soit complètement ruinée.
Voici ce qu’il écrit : « Je ne connaissais aucune autre méthode de yoga
et n’avais pas d’autres contacts. C’est pourquoi je n’ai pas réalisé les
dangers auxquels j’étais vraiment exposé. Après deux années de pratique,
ayant perdu ma santé, j’ai dû tout arrêter. Ensuite, j’ai essayé plusieurs
fois d’entreprendre quelque chose ou de reprendre un travail, mais j’ai
dû chaque fois renoncer pour cause de santé. Mais enfin, toute une
série d’événements inexplicables m’ont amené jusque chez Mme S.
qui m’a parlé de l’Agni Yoga, et j’ai tout de suite réalisé que j’avais
trouvé ce que je recherchais depuis si longtemps. […] » Plus loin, il
décrit son état spirituel et termine sa lettre par ces mots : « Après avoir
consacré toute ma force au Grand Service, je me sens parfaitement
bien depuis ces derniers mois, tant sur le plan physique que spirituel. »
Vous pouvez constater dans ce cas que les forces obscures avaient réussi
à ruiner la santé, mais elles n’ont pu éteindre le feu de l’esprit.
Oui, il y a plusieurs écoles de ce genre dispersées sur toute la planète,
et elles sont florissantes sur le plan financier. Je connaissais personnel-
lement une de ces écoles à New York. À sa tête était un Hindou, et elle
était meublée avec grand luxe puisqu’il recevait des millionnaires oisifs des
deux sexes. Chaque étudiant disposait d’un appartement de plusieurs
pièces avec tout ce qu’il fallait pour s’exercer. Ils payaient cinq cents
dollars par mois et même plus, selon le nombre de pièces occupées. Je
connaissais personnellement une femme qui avait étudié là et elle se plaisait

418
à m’exhiber ses exploits. Par exemple, elle pouvait se tenir sur la tête !
Les acrobates des cirques sont capables de performances combien plus
difficiles et pourtant ils restent des acrobates. À la base, tous ces exer-
cices ont pour but d’augmenter l’afflux de sang dans les centres de la
tête et donc de les stimuler. Mais nous connaissons des cas où des gens
ont perdu la vue en essayant de se tenir sur la tête. On devrait pouvoir
régler soigneusement la pression sanguine en faisant de tels exercices
mécaniques. Il se produit toutes sortes de troubles à cause de ces pressions
irrégulières. Afin d’éviter une pression sanguine excessive qui suit
l’ouverture de certains centres, bien des Yogis passent cette période
dans les montagnes. Il n’est guère difficile d’imaginer combien ces
exercices forcés sont dangereux quand ils sont exécutés dans les grandes
villes où le pur prana essentiel fait défaut.
Il existe un nombre restreint de personnes qui sont conscientes que
tous les yogas sont basés sur le feu. L’Agni Yoga est la synthèse de tous
les Yogas. Dans les Écritures hindoues anciennes, il y a des prédictions
sur l’Époque de Feu qui approche. Il est dit qu’Agni – le Feu qu’on
trouve à différents degrés à la base de tous les Yogas – remplira puis-
samment l’atmosphère de notre planète et que toutes les branches des
Yogas seront fondues en une synthèse ardente. En vérité, l’Agni Yoga est
un baptême de Feu. Comme toujours, des gens aux notions fragmentaires
essaient de nier et se montrent très dogmatiques dans leurs assertions.
Il faut toujours s’en souvenir. Dans les Vedas, Agni est le Dieu du Feu,
le plus ancien et le plus révéré des Dieux de l’Inde. Ainsi, l’un des
chapitres les plus anciens des Écritures hindoues les plus anciennes – les
Pouranas – est appelé Agni Pourana. C’est pourquoi l’Hindou réalise
ce que le terme « Agni » signifie. Il résonne dans son cœur.
Il y a bien des gens qui, après avoir lu Raja Yoga de Vivekananda
considèrent que le Raja Yoga est très simple à pratiquer. Mais ils oublient
un point essentiel : en présentant les moyens de développer certains
centres par la respiration, Vivekananda insistait avant tout sur la complète
purification des pensées et du cœur – en d’autres termes, sur la complète
régénération de l’homme intérieur. C’est seulement après une telle
purification qu’il estimait possible de commencer avec les exercices
mécaniques. Combien trouve-t-on de personnes parmi celles qui font
ces exercices – qui sont en fin de compte des exercices du Hatha Yoga –
qui tiennent compte des conditions fondamentales établies par
Vivekananda ? Sans transmutation intérieure, la pratique du Raja Yoga
est impossible. En outre, la science de la respiration pratiquée par les
vrais Raja Yogis a peu de points communs avec le pranayama populaire.

419
Les Hatha Yogis recherchent le contrôle de la respiration vitale des
poumons, tandis que les anciens Raja Yogis considéraient la respiration
comme une respiration mentale. Seul l’accomplissement d’une telle
respiration mentale conduit aux formes supérieures de clairvoyance et
au recouvrement des fonctions du troisième œil, tout comme aux autres
accomplissements du Raja Yoga.
Et maintenant, parlons de la transmission de pensée. En effet, on ne
devrait émettre que les pensées les plus pures, qui proviennent du cœur,
sans quoi les résultats les plus inattendus peuvent se produire.
Ce serait très bien si vous pouviez organiser dans vos groupes des
cours spéciaux consacrés au développement de la pensée organisée. Ils
devraient être basés sur des fondations pratiques et non sur une psycholo-
gie abstraite, comme par exemple le sens de l’observation, de l’attention,
de la mémoire, de la concentration, etc. Dans toutes les anciennes écoles
de l’Inde, on commençait par le développement de l’observation. Seuls
étaient acceptés les disciples qui possédaient cette qualité dans une
large mesure. Je vous conseille vivement d’établir de pareils tests d’observa-
tion et d’attention. Cela peut se faire dans n’importe quel lieu et avec les
objets les plus simples. On peut apprendre de chaque objet et les gens
peuvent développer une faculté d’observation adaptable. Sans doute,
vous pouvez trouver certaines instructions à ce sujet dans la littérature
théosophique. Vous pourriez pour les débuts vous inspirer du petit livre
d’Ernest Wood, après quoi la vie elle-même vous fournira les meilleurs
exemples.

Il est utile de se familiariser avec le développement historique de


la pensée humaine. Je vous recommande l’étude de l’article sur le
« Symbolisme » par H.P. Blavatsky. La ressemblance des symboles des
différentes religions est très instructive.

Oui, l’atmosphère autour de H. est extrêmement lourde et stagnante


pour de nombreuses raisons. Mais il est dit : « Il est nécessaire de mettre
au jour le vrai visage. Dévoiler les visages est en soi une purification de
l’espace. » Il faut absolument que les abcès soient crevés pour laisser
sortir le pus. « Bien sûr, le Monde Nouveau demande de nouvelles con-
ditions et de nouvelles actions. Il est impossible d’entrer dans le Monde
Nouveau par d’anciens chemins. C’est pourquoi j’insiste tant sur le
renouvellement de la conscience. » (Monde de Feu, volume 3, no 434).

420
« Seule la manifestation d’une conscience nouvelle peut sauver le
monde. » Oui, cette régénération de la conscience est le principal but
de l’Enseignement de l’Éthique Vivante. Mais il faut comprendre que
cela ne peut se produire en se concentrant sur le bout de son nez.
J’aimerais que vous indiquiez toujours avec précision le livre et la
section dans laquelle vous rencontrerez des passages obscurs. Une
phrase peut souvent avoir plusieurs interprétations, et un étudiant peut
se faire dire d’adopter celle qui convient dans une section donnée. Par
exemple, « la densité de l’astral » peut signifier « la densité des couches
du Monde Subtil proches de notre Terre, couches produites par les
âmes forcées de se désincarner de façon violente » ou cela peut aussi
signifier « la densification des éléments du corps subtil ».

421
LETTRE 10

22 mars 1935

La réponse de Jésus à Salomé est véritablement superbe. Elle lui


demandait : « Quand Ton règne s’établira-t-il ? » Et Jésus dit : « Quand deux
feront un, quand le mâle sera femelle, et qu’il n’y aura plus ni homme ni
femme. » L’Enseignement de Vie prêche la même chose : la nécessité de
l’équilibre entre les Éléments jumeaux, leurs droits égaux et les unions
justes. Ce serait le salut de l’humanité et établirait le Royaume de l’Esprit.
En vérité, le Royaume de l’Esprit ne viendra pas sans une juste compré-
hension de l’Être.

Tous les Grands Instructeurs qui sont apparus dans les différents
pays et nations, sous différentes apparences, sont les Portes de l’Esprit.
Chacun d’entre eux est l’Alpha et l’Oméga, et cela est également valable
pour quiconque a trouvé et affirmé le principe Christique en lui-même.
Vous vous souvenez de l’expression : « Ce qui est en Haut est comme ce
qui est en Bas. » Nous savons tous que le terme « Christ » est emprunté
de la terminologie païenne et qu’il voulait dire à l’origine « Initié » ou
« Hiérophante ». Le Christ est notre Ego purifié et le plus élevé. Voici une
citation d’un verset de l’Épître aux Galates (4 : 19) : « Mes enfants,
pour qui j’endure encore une fois les douleurs de l’enfantement, jusqu’à
ce que le Christ soit formé en vous […] » Dans cette déclaration, il est clair
que le terme « Christ » signifiait en ce temps-là un état de conscience
supérieur. Une exégèse du concept « Christ » se trouve pareillement
dans le livre Dobrotolubye1 [L’Amour du Bien]. De même, les mots
« pour qui j’endure encore une fois les douleurs de l’enfantement »
confirment la loi de la réincarnation.

La race en cours de disparition ne nuit pas seulement à ceux qui


sont choisis pour lui succéder en tentant d’empêcher leur naissance,
mais également par les actions des forces obscures qui s’opposent aux
Forces de la Lumière et à leurs entreprises de tous les jours. En effet,
seule une intelligence sans culture pense que les Grands Esprits ont
une existence facile. Celui qui possède une conscience raffinée sait

422
que le contraire est vrai. En vérité, plus l’esprit est grand et plus sa voie est
ardue. Il est dit : « Un saint est harcelé par les démons, mais l’Archange
se bat avec Satan en personne ! » (Monde de Feu, volume 2, no 30).

Mais quelles que soient les difficultés sur le sentier, chaque victoire
renouvelle et augmente la joie spirituelle. Il est d’usage dans le Boudd-
hisme de juger de la qualité d’une personne par le nombre de ses ennemis
et des obstacles qu’il rencontre. De même, dans le magnifique livre
Dobrotolubye [L’Amour du Bien], on loue les ennemis, car personne
ne peut mieux susciter nos capacités cachées et nos qualités qu’eux.
Les ennemis ont aussi été appelés « les cautères du Christ », car dans
les temps anciens on utilisait beaucoup la cautérisation pour soigner
les maladies.
On peut être tout à fait certain que l’instruction religieuse conven-
tionnelle, privée de la connaissance de la Source Unique et sans l’histoire
comparée des religions de toutes les nations, ne donne qu’une fausse
idée de l’évolution spirituelle de l’humanité et développe un sens d’intolé-
rance religieuse. L’intolérance est un terrible fléau de la race humaine
et contredit tous les Testaments des Fondateurs des religions existantes.
Il se peut que la philosophie orientale soit inaccessible aux enfants,
mais les biographies des Grands Instructeurs et des Saints ainsi que
leurs indications pratiques trouveront toujours un écho dans le cœur
d’un enfant et affermiront en lui le respect dû aux valeurs spirituelles
et aux réalisations d’autres nations.

Il faut que je fasse une remarque sur le dommage provoqué par


l’engouement croissant pour les sports. Cela s’accompagne sans aucun
doute d’une baisse du « bon goût ». Bien sûr, le sport a sa place, mais
dans certaines limites et en rapport avec la beauté, bien que toutes les
variétés de boxe ne peuvent qu’évoquer un profond dégoût.
Il est particulièrement essentiel de développer dès la plus tendre
enfance la faculté de penser. Justement, ainsi qu’il est dit :
« […] Il faut établir une science de la pensée dans les écoles, non
pas comme une psychologie abstraite, mais comme base pratique de la
mémoire, de l’attention, de la concentration et de l’observation.
« Bien sûr, outre ces quatre branches de la science de la pensée, il
faut développer plusieurs autres qualités. Par exemple, la précision, la
débrouillardise, la rapidité, la synthèse, l’originalité et d’autres. […]

423
Si seulement une partie des efforts dépensés pour les sports à l’école
était dépensée pour l’art de la pensée, les résultats seraient étonnants. »
(Monde de Feu, volume 3, no 429).
Mais vraiment de nos jours, cette capacité divine effraie les médio-
cres. Plus que tout, les gens répugnent à penser. Ce n’est pas étonnant
que les chefs de l’Église médiévale se hâtèrent avec ruse de déclarer
cette faculté naissante « un cadeau du diable ». Ils savaient que leur
« paradis » s’appauvrirait aussitôt que l’intelligence viendrait à se mani-
fester. Et qui alors viendrait déposer à leurs pieds les richesses de la terre ?
De même, il est essentiel de souligner un des plus grands maux de
l’instruction religieuse moderne, soit l’inculcation dans la conscience
du sens de l’irresponsabilité. Plus précisément, pendant des siècles,
l’Église dégénérée a inculqué à ses ouailles un sens animal d’irrespon-
sabilité. Dès l’enfance, on permet aux gens de croire qu’ils peuvent
commettre les pires crimes parce que le prêtre, par le pouvoir qui lui
est conféré, peut libérer la personne de son péché par la confession et
la rémission. Puis, après cette libération, qu’est-ce qui peut prévenir de
l’erreur de commettre à nouveau le même péché et recevoir une fois
encore le pardon pour un tarif peut-être encore plus élevé ?
Souvenez-vous qu’il est dit : « Le pardon d’un pécheur repentant
contre de l’argent n’est-il pas le crime le plus abject ? La corruption de
la Divinité à prix d’or n’est-elle pas une forme primitive de fétichisme ?
Il faut traiter cette effrayante question de tous les angles. » Effrayante
en effet, car cet ulcère est répandu sur toute la Terre, dans toutes les
religions. Rappelez-vous les indulgences papales du Moyen-Âge. Même
maintenant, cette vieille règle est ranimée de nouveau et un Catholique
ne doit plus prendre la peine de faire un pèlerinage à Rome pour faire
pénitence pour ses péchés. Il suffit d’envoyer une certaine somme pour
l’indulgence et la rémission donnera droit à l’entrée au Ciel.
J’ai écrit tout ceci à l’un de mes correspondants et pour souligner
pleinement cette calamité, je vais copier des passages de ma lettre :
« […] Il est certain qu’en instillant dans l’esprit des enfants l’idée
que l’Église en puissant intercesseur peut, pour une larme de repentir
et une somme d’argent, procurer un droit d’entrée au paradis pour celui
qui pèche, l’Église commet le plus grand des crimes. En ôtant à l’homme
le sens de la responsabilité, elle le coupe de sa Divine Origine. L’Église
a discrédité l’idée de la Justice Divine. En perdant la compréhension
de la responsabilité et de la justice, l’homme commence inévitablement
une dévolution, car ceux qui ne suivent pas les lois cosmiques sont
destinés à la décadence.

424
« Le Cosmos est entièrement bâti sur la loi de la responsabilité, ou
comme on l’appelle souvent, la loi de cause à effet ou loi du karma. Il
est tout à fait impossible d’ignorer cette loi et de la négliger sans provo-
quer à la longue sa propre destruction. Tous les anciens Enseignements
sans exception ont enseigné cette loi de la grande responsabilité, cette
promesse du Divin en nous. Ce fait est clairement exprimé dans les
paroles de Moïse – “Œil pour œil, dent pour dent” – paroles mal interpré-
tées et utilisées comme exemple de l’esprit de vengeance du peuple Juif.
Considérons pourtant les paroles du Christ : “Vous avez appris qu’il a
été dit aux anciens : Tu ne tueras pas ; celui qui tuera est bon pour la
condamnation. – Et moi, je vous dis : Quiconque se met en colère contre
son frère est bon pour la condamnation. Quiconque dira à son frère : Raca !
est bon pour le sanhédrin. Quiconque lui dira : Fou ! est bon pour s’en
aller à la géhenne du feu.” (Matthieu 5 : 21-22) »

De même, il conviendrait d’insister d’avantage sur l’importance


du travail, car c’est le facteur le plus important – la pierre d’angle – de
notre existence. Il est judicieux de rappeler cette sage interprétation
d’une légende biblique :
« Voyons à quel point a été déformée la légende concernant l’exclu-
sion d’Adam du paradis. Dieu le condamna à travailler à la sueur de
son front. Quel Dieu étrange, qui punit en donnant un travail ! Un être
intelligent ne considérerait pas le travail comme une punition, car le
travail est la voie vers la Lumière. Sur quoi est donc basée cette légende ?
Lorsque l’homme, avec l’aide de l’intuition de la femme, a acquis la
maîtrise des forces de la nature, l’Instructeur Divin lui a remis un via-
tique. La principale leçon du viatique touchait la signification d’un
travail intense, qui est une bénédiction plutôt qu’une malédiction. La
“sueur” est donnée comme symbole de tension. »
« Il est absurde de penser que la transpiration n’est qu’une manifesta-
tion physique. Le travail mental produit une émanation particulière,
bénéfique à l’imprégnation de l’espace. Si la sueur du corps fertilise la
terre, cette de l’esprit restaure le prana en se transformant dans les
rayons du soleil. Le travail est la couronne de la Lumière. Les élèves
des écoles doivent se rappeler que le labeur est un facteur de création
du monde. Il en résultera la fermeté de conscience. » (Ère Nouvelle –
Communauté, no 117).

425
Quelqu’un a dit : « Qu’après être passé dans le Monde Subtil,
l’homme ne trouve pas l’enfer dont il avait eu tant peur avant de quitter
la Terre. […] » Il serait bon d’ajouter cependant l’adjectif « moyen » après
le mot « homme ». En vérité, l’enfer existe. Dans le Monde Subtil, non
seulement un criminel souffre terriblement, mais aussi ceux qui se sont
laissés aller à la dégradation spirituelle, ou qui sont remplis de désirs
quels qu’ils soient. Cela est enseigné dans les Écritures de tous les
peuples.
____________
1 N.D.É. Traduction en russe d’un livre écrit par les moines du mont Athos en Grèce.

426
LETTRE 11

25 mars 1935

J’ai été très heureuse de lire votre lettre. Par-dessus tout, j’aime à
féliciter les gens qui sont maîtres d’eux-mêmes, qui empoignent leur
karma et qui dans une recherche honnête réussissent à se libérer des
dogmes et des préjugés qu’on leur avait imposés. Je vous souhaite donc
la bienvenue sur la voie que vous avez choisie pour porter la lumière
dans la conscience des gens. Votre approche est tout à fait juste. On ne
devrait jamais forcer, mais ne donner que ce qui peut être assimilé.
Tous les instructeurs, du plus petit au plus grand, avaient et ont des
disciples à tous les degrés. Pour réussir, on devrait premièrement considé-
rer la conscience de ses auditeurs.
Beaucoup d’âmes désirent ardemment comprendre l’Enseignement
du Christ sous une un nouvel éclairage. Si les ouvrages d’Origène ne sont
pas disponibles, je vous conseille le livre remarquable Dobrotolubye
[L’Amour du Bien]. En lisant les conseils vitaux et les explications des
Évangiles que nous ont laissé les grands travailleurs spirituels des premiers
siècles de la Chrétienté, on voit clairement combien notre esprit moderne
est plein de confusion. Le terme « Christ » était pour ces grands Sages
justement ce principe divin suprême en nous, tel qu’il était à l’origine dans
les grands Mystères de l’antiquité. Les termes « Khrestos » et « Khristos »
étaient puisés des dictionnaires des Mystères païens. « Khrestos », qui veut
dire aussi néophyte, celui qui a traversé toutes les souffrances et passé tous
les tests de l’Initiation ultime, devenait après avoir été oint, le Christ, « le
purifié ». Sa personnalité limitée se fondait avec son individualité infinie,
et c’est alors qu’il devenait un Ego immortel. On retrouve la même concep-
tion du mot « Christ » dans l’Épître aux Galates (4 : 19) et dans la Première
Épître aux Corinthiens (3 : 16), de même que dans l’Évangile de saint
Jean (15 : 4) et l’Évangile de saint Luc (17 : 21).
Le livre Dobrotolubye [L’Amour du Bien] m’a été envoyé depuis
le mont Athos, mais je suis certaine que quelques-uns de nos « Vieux-
Croyants » devraient l’avoir. Certaines pages ressemblent beaucoup à
l’esprit des Enseignements de l’Orient et à l’Enseignement de l’Éthique
Vivante. Les déclarations du grand Antonius concernant la Voie Royale,
ou Voie de l’Équilibre, sont remarquables. Cette Voie Dorée du Juste

427
Milieu a été prêchée par tous les grands Instructeurs de l’humanité. Qu’elle
est belle la tâche de purifier l’Enseignement du Christ dans l’esprit de ces
premiers grands ouvriers du domaine spirituel et de l’exposer dans une
nouvelle compréhension ! Il vaudrait la peine d’étudier l’histoire et
toutes les résolutions des premiers conciles de l’Église et de découvrir
comment la majorité des représentants de l’Église se détournèrent de la
Vérité. Ce serait bien sûr très précieux si vous pouviez vous procurer
l’ouvrage d’Origène, le Traité des Principes. Il s’y trouve une foule de
commentaires sur toutes les parties obscures des Évangiles et de l’Ancien
Testament. La tâche consistant à purifier ce qu’on accepte comme étant
l’Enseignement du Christ et l’établissement de la façon correcte de le
relier en esprit et dans l’unité avec les autres grands Enseignements de
l’Orient constitueraient l’une des plus précieuses contributions à notre
littérature religieuse, qui est soit pauvre, soit inaccessible. En parcourant
les essais théologiques modernes, le feu du cœur peut littéralement
être étouffé. Cela s’applique aussi bien à la théologie chrétienne qu’à
celle des autres religions. Ce n’est qu’en revenant aux sources qu’on
peut découvrir la beauté et l’unité des grandes Révélations.

Votre question sur les animaux est très compliquée. Il est certain
que de tuer des animaux inoffensifs pour s’en nourrir alors que la nature
nous fournit abondamment en produits exempts de sang est en principe
inexcusable. Mais la vie est si compliquée ! On ne peut introduire immé-
diatement sur Terre toutes les conditions des mondes supérieurs. Notre
Terre avec ses populations n’est pas encore prête à accepter les lois et
les hautes conditions des mondes supérieurs. C’est pourquoi il nous
faut tolérer les habitudes et les circonstances actuelles, tout en nous
efforçant dans le même temps de les améliorer et de les ennoblir le
plus possible. Mais pour éviter d’être complètement perdus dans ce
labyrinthe de problèmes compliqués, et parfois presque insolubles, nous
devons garder en mémoire la règle suivante qui devrait devenir pour
nous un principe directeur : « Entre deux maux, choisissons le moindre ;
entre deux biens, choisissons le plus grand. »
Ainsi, notre première préoccupation est de nous occuper des hommes,
faisant passer les animaux au deuxième rang. Je partage tout à fait vos
sentiments, mais rappelez-vous que c’est graduellement, avec l’expansion
de la conscience et la purification de l’organisme, que beaucoup d’idées
seront véritablement appliquées. Je me souviens aussi avoir fait une
fois la remarque que les plantes réagissent moins aux douleurs que les
poissons. Il me fut répondu : « Ce n’est pas nécessairement ainsi, car la

428
conscience de certaines fleurs est plus avancée que celle de nombreux
poissons et insectes. » Après pareille déclaration, nous ne pouvons guère
prétendre qu’une plante ou un légume ne ressent pas de douleurs quand
on le coupe ou le cueille. Cela est prouvé en se fondant sur des expé-
riences scientifiques modernes sur les plantes menées à l’Institut du
savant hindou, Jagadis Bose à Calcutta. Ces expériences ont prouvé
que la sensibilité du système nerveux des plantes est étonnante.
Il ne nous reste qu’à accepter la grande loi qui est à la base de toute
vie dans le Cosmos : la loi du Grand Sacrifice. Oui, tout dans la Nature
vit au dépend d’autre chose. Mais avec l’élargissement de la conscience,
le sacrifice devient plus ténu et plus élevé, tout en restant un sacrifice.
Ce n’est que dans les sphères supérieures que ce don et cette renonciation
sont transformés en une source de joie sublime. Les Grands Esprits ne
sacrifient-ils pas leurs forces en répandant leurs émanations spirituelles
qui nous soutiennent dans le vrai sens du terme ? Ne sacrifient-ils pas
la félicité bien méritée d’une création éternelle, immuable, dans les
sphères qui leur reviennent de droit et, à la place, restent dans les sphères
terrestres pour l’amour de l’humanité qu’ils guident dans son évolution ?
À son stade actuel, l’humanité est un atroce vampire qui draine et absorbe
les forces des Grands Esprits qui mènent la garde éternellement et les
énergies de quiconque est un peu plus avancé que la majorité dans son
développement spirituel. Cela provoque souvent de l’épuisement et
parfois même une mort prématurée. Mais sans l’apport de cette puissance
spirituelle qu’envoient les plus Hauts Esprits, l’humanité serait perdue
depuis longtemps. Donc, pensons avant tout aux êtres humains et aidons-
les à ne pas s’exterminer et se tuer les uns les autres. En les rendant
meilleurs, nous améliorerons la destinée des animaux.
Soyons donc aimants et pleins de compassion pour les animaux,
mais n’en faisons pas des idoles et ne les plaçons pas au-dessus de
l’homme. Acceptons la loi du sacrifice éternel, ce tourbillon d’échange
d’énergies qui, dans la fournaise du Cosmos, transforme toutes choses
dans son effort éternel vers la perfection.

Aux vrais chercheurs sérieux, vous pouvez dire que la Citadelle de la


Grande Connaissance existe depuis la nuit des temps et protège sans trêve
l’évolution de l’humanité, observant et dirigeant le courant des événe-
ments mondiaux vers une issue salutaire. Tous les Grands Instructeurs
sont reliés à cette Demeure et ils en font tous partie. Les activités de
cette Citadelle de Lumière et de Connaissance sont variées. L’histoire de

429
toutes les périodes et de tous les peuples témoigne de cette Aide. Elle n’a
jamais été déclarée ouvertement, mais elle est toujours prodiguée à chaque
pays à un moment crucial de son histoire. L’acceptation ou le refus a
été invariablement suivi soit de la prospérité ou de la ruine de ce pays.
Cette Aide, sous forme d’avertissements, de conseils ou même d’Ensei-
gnements complets, s’est manifestée sous les aspects les plus inattendus
et les plus divers. Les avertissements marquent l’histoire avec une lettre
rouge. Avec quelques exceptions, ces mises en garde n’ont pas été accep-
tées. Souvenons-nous du roi de Suède, Charles XII, qui avait reçu un
sérieux avertissement de ne pas entreprendre de guerre contre la Russie.
Il la fit quand même, et cela retarda pour longtemps le développement
de son pays. La publication du journal de la comtesse d’Adémar, qui
faisait partie de la suite de la malheureuse Marie-Antoinette, a révélé
que de nombreux avertissements avaient été donnés à la reine. Ceux-ci
étaient transmis par lettre ou dans des rencontres arrangées par cette
même comtesse. Les messages soulignaient tous que le pays, la famille
royale et plusieurs amis étaient en danger, et chacun de ces messages
provenait du comte de Saint-Germain, un envoyé de la Fraternité de
l’Himalaya. Mais chacune de ces admonitions salutaires et chacun de
ces conseils furent considérés comme injurieux et de mauvaise foi –
Saint-Germain fut poursuivi et plus d’une fois risqua la Bastille. Les
conséquences tragiques de ces refus sont bien connues.
Nous pouvons aussi nous rappeler Napoléon qui, dans les premières
années de sa gloire, parlait volontiers de son « Étoile Directrice ». Mais,
obnubilé par son succès et par orgueil, il n’accepta pas les Conseils dans
leur ensemble et viola une clause importante en envahissant la Russie.
La défaite de ses armées et sa fin lamentable sont de triste mémoire.
Nous savons aussi que Washington était conseillé par un mystérieux
professeur dont on appliqua les Conseils avec un succès historique. Au
moment de la Déclaration d’Indépendance de l’Amérique, alors que la
séparation d’avec l’Angleterre était en cours, un événement remarquable
eut lieu. Durant les débats de cette convention historique, il se produisit
un moment d’hésitation et d’incertitude. Soudain, un étranger de haute
taille se leva du milieu de l’assemblée et fit un discours enflammé qui se
termina par ces mots : « Que l’Amérique soit libre ! » L’enthousiasme
de l’assemblée était soulevé et la Déclaration d’Indépendance fut signée.
Pourtant, lorsque les délégués cherchèrent, pour la féliciter, la personne qui
avait fait pencher la balance pour la grande décision, l’étranger avait
disparu. Ainsi, au cours de toute l’histoire on retrouve la Main Tendue

430
de la Grande Communauté de Lumière. Aux XIIe et XIIIe siècles de
l’histoire, l’Église d’Occident était au courant de l’existence d’une mysté-
rieuse Demeure Spirituelle au cœur de l’Asie, dirigée par le Prêtre Jean ainsi
que ce Grand Esprit s’appelait lui-même. Ce Prêtre Jean envoyait de temps
en temps aux Papes et aux autres dignitaires de l’Église d’Occident des
notes d’avertissements et des semonces. Un fait historique rapporte qu’un
des Papes envoya une ambassade vers le Prêtre Jean en Asie Centrale.
On imagine aisément le but d’une telle démarche ! Et bien entendu, après
bien des malheurs et des vicissitudes, l’ambassade revint, incapable de
trouver la Grande Demeure.
Oui, l’histoire connaît un nombre de personnes remarquables desti-
nées à jouer un rôle important dans l’avancement de l’évolution humaine
et qui ont passé un certain temps à la Citadelle de la Grande Connaissance.
Ainsi, Paracelse passa une certaine période dans l’un des Ashrams de la
Citadelle Transhimalayenne et y acquit de grandes connaissances. Plus
tard, Paracelse écrivit plusieurs volumes, mais il devait souvent utiliser
un langage très obscur pour échapper à la persécution sauvagement
dirigée en ce temps-là contre tout esprit illuminé. Des crimes ont été
perpétrés par ignorance contre la connaissance ! Sombres sont les pages
de l’histoire véritable ! N’oublions pas non plus Cagliostro, qui échappa
à l’exécution grâce à l’intercession d’un étranger mystérieux. Au moment
où celui-ci apparut devant le Pape à Rome, l’exécution fut suspendue
et plus tard, Cagliostro disparut de sa prison. N’oublions pas non plus
notre H.P. Blavatsky, qui fut calomniée ignominieusement. Elle passa
trois ans dans l’un des Ashrams du Tibet et retourna dans le monde
avec une large connaissance et une assurance inébranlable en ce qui
concerne les Mahatmas. Si elle n’avait pas été l’objet de tant de méchan-
cetés et de jalousies, elle aurait écrit deux autres livres de La Doctrine
secrète, dans lesquels auraient été expliquées les vies des Grands Instruc-
teurs. Mais les gens ont préféré la tuer, et son œuvre est restée inachevée.
C’est de cette façon que l’histoire se répète et que le karma de l’humanité
se construit. Travaillez donc sur la voie que vous avez choisie et vous
recevrez les bénédictions de la Hiérarchie de Lumière. Mais je vous en
conjure, continuez aussi sagement que vous avez commencé.
____________
1 N.D.É. Voici les textes mentionnés :
« Mes enfants, pour qui j’endure encore une fois, jusqu’à ce que le Christ soit formé
en vous, les douleurs de l’enfantement. » (Épître aux Galates 4 : 19).
« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite
en vous ? » (Première Épître aux Corinthiens 3 : 16).

431
« […] Demeurez en moi, et moi je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut
donner de fruit par lui-même, s’il ne demeure pas sur la vigne, ainsi vous non plus,
si vous ne demeurez pas en moi. » (Jean 15 : 4).
« […] On ne dira pas non plus : “Le voici !” ou : “Le voilà !” car déjà le royaume de
Dieu est en vous. » (Luc 17 : 21).

432
LETTRE 12
12 avril 1935

En réponse à votre lettre, je ne puis que répéter mon affirmation


avec la même force et la même conviction que la première fois : le
Grand Avènement ne se manifestera pas d’une façon ordinaire, et cela
ne pourra se faire dans un corps physique. Il serait bon de comprendre
que les Grands Seigneurs arborent ou présentent une Image choisie
selon les besoins du monde. Pourquoi est-il si difficile d’imaginer
qu’une Grande Individualité n’a pas besoin d’un corps physique pour
être près de nous ? En outre, les événements du passé et les exemples
des temps modernes montrent comment la venue des Grands Esprits a
été considérée comme étrange de la part des ignorants. Au mieux, on
leur a attribué l’épithète de charlatans ou d’espions, ou tous les deux.
En général, les gens attribuent aux autres leurs propres vices. Il serait
tout à fait édifiant de lire les faits historiques de la vie du comte de
Saint-Germain, l’envoyé de la Grande Fraternité Blanche. Mais même
si le Christ revenait en personne au milieu de nous, pourrait-Il échapper
à l’emprisonnement ou à la peine capitale ? Relisez, je vous prie, Le
Poème du grand inquisiteur de Dostoïevski. Il faut comprendre que la
plus Grande Individualité ne peut se manifester maintenant, au milieu des
pensées chaotiques et des vibrations des masses dépravées. Les Grands
Seigneurs appliquent en tout la loi de l’Efficacité. Veuillez comprendre
je vous prie, que pour le niveau de l’humanité d’aujourd’hui, le Grand
Avènement dans un corps physique est parfaitement impossible et serait
nuisible à l’évolution dans son ensemble. La Grande Individualité –
invisiblement visible – sera aux commandes, équipée des Rayons du
puissant, mais invisible Laboratoire.
J’étais également étonnée de lire votre phrase : « Si le Seigneur
Maitreya devenait un Bouddha, il lui faudrait très probablement se
manifester dans un corps physique. » Cette Individualité, qui dans la
conception orientale se cache sous l’Image de Maitreya, a déjà atteint
le degré de Bouddha il y a très longtemps. Aussi, la raison que vous
évoquez pour son incarnation physique s’élimine d’elle-même. Je puis
confirmer une nouvelle fois toutes les prophéties mentionnées dans le
livre Shambhala. C’est vrai, l’année 1936 a été indiquée comme étant
une année de grandes fondations et de grands changements. Pourtant,

433
le règne du Seigneur de Shambhala n’implique pas qu’Il viendra et prendra
part dans un corps physique à l’ultime bataille. C’est l’erreur commise par
les Bouddhistes les plus ignorants. Selon les plus anciennes chroniques,
le Seigneur de Shambhala combattra Lui-même le Prince des Ténèbres.
Premièrement, cette bataille aura lieu dans les sphères subtiles. Ici bas,
le Seigneur de Shambhala agira à travers ses guerriers terrestres. Lui-même
ne peut être vu qu’à des occasions très exceptionnelles et, assurément,
n’apparaîtra jamais dans la foule ou parmi des curieux. Quant à se
manifester sous une Apparence de Feu, ce serait un désastre pour tous,
du fait que son aura est chargée d’énergies d’une puissance terrible.
Dans l’Évangile selon saint Matthieu (24 : 27-39)1, l’Avènement et le
Jugement Dernier que notre planète connaîtra sont décrits avec assez
de précision. Quoiqu’il en soit, vous avez amplement le temps de devenir
vieux avant que cela n’arrive, même si des catastrophes partielles risquent
de se produire plus tôt.
Je vous déconseille de commencer votre lecture de La Doctrine
secrète par le volume III. Il ne saurait en résulter que confusion. Le
troisième volume a été rédigé après la mort de H.P. Blavatsky, et il s’y
trouve des passages sujets à caution. L’affirmation selon laquelle l’Ins-
tructeur Sankarâchârya utilisait le corps d’un défunt maharaja devrait
être prise dans un sens exotérique, c’est-à-dire basée sur des récits popu-
laires plus que sur des faits réels. Le fait que H.P. Blavatsky permettait
que certains Instructeurs puissent utiliser son corps comme véhicule est
rapporté par H.S. Olcott dans son livre À la Découverte de l’occulte.
Mais un véritable disciple sait parfaitement comment comprendre ce
genre de phénomène lorsqu’il s’agit des Grands Instructeurs. Ce phéno-
mène n’a rien de comparable avec les cas de possession ou d’obsession.
Les Grands Instructeurs sont tout à fait opposés à de pareilles violations
et à des phénomènes semblables. Il y a aussi des confusions en ce qui
concerne le concept des Avatars.

Maintenant, parlons de nos propres incarnations. Des connaissances


prématurées sont extrêmement dangereuses pour l’esprit en plein déve-
loppement. Voilà pourquoi la Nature, suivant en cela la loi de grande
efficacité, agit avec sagesse en les tenant cachées. Il arrive souvent que
la découverte inopportune d’incarnations passées arrête tout progrès
futur, soit que l’esprit tombe dans un profond désespoir – en découvrant
des fautes commises – ou dans la présomption, l’une des barrières les
plus sérieuses sur la voie du discipulat. Par conséquent, on devrait bénir

434
ce voile qui recouvre le passé. En outre, au bon moment et avec l’avan-
cement spirituel graduel, l’esprit pourra lui-même ôter ce voile et décou-
vrir et comprendre la signification de ses incarnations antérieures. On
rencontre souvent des personnes malhonnêtes ou vaniteuses qui s’attri-
buent des incarnations célèbres. Cela explique pourquoi il y a simultané-
ment tant de « Jules César », de « Tamerlan », « d’Aspasie », de « Sémira-
mis », de « Cléopâtre » etc., qui reviennent visiter notre Terre.

Quant aux chakras – ou centres – vous savez qu’il en existe quarante-


neuf en tout. Dans les livres de l’Agni Yoga on en mentionne vingt et un.
L’ouverture et la transmutation de ces vingt et un centres enflamment les
autres, car plusieurs possèdent un embranchement et sont donc doubles.
Pour un développement spirituel avancé, non seulement l’ouverture
des centres est essentielle, mais également leur transmutation, puisque
l’ouverture à elle seule d’un ou deux centres ne mène à rien d’autre
qu’à un psychisme de bas étage et à de grands dangers. En règle générale,
la juste ouverture des centres sans l’aide de l’Instructeur est tout à fait
impossible. J’entends bien sûr le très Grand Instructeur, car lui seul est
en mesure de connaître la vraie condition de l’organisme dans toutes
ses enveloppes. Il est seul à pouvoir équilibrer la pression sanguine qui
présente un si grand danger quand les centres s’ouvrent – et je ne parle
pas de leur transmutation par le feu. C’est pourquoi dans les livres de
l’Enseignement, on prescrit une longue période de préparation de l’orga-
nisme comme prophylaxie physique et spirituelle. La purification des
pensées et du cœur est indispensable. Ensuite, viennent l’élargissement
de la conscience, l’épuration de tous les sens et l’entraînement du cœur
qui est l’organe de synthèse. Le cœur peut nous procurer le développement
spirituel et provoquer l’ouverture des centres, tout en attirant l’attention
du Grand Instructeur qui pourra ensuite nous surveiller. Finalement, si
nous avons les qualités spirituelles requises pour cette dangereuse
épreuve, il se peut qu’il permette l’étape suivante – la transmutation des
centres par le feu. Sans une spiritualité irréprochable, on peut s’astrein-
dre à tous les exercices de stimulation des centres nerveux, on atteindra
tout au plus un psychisme déplorable ou encore on développera une
certaine médiumnité – si le potentiel existe à l’état latent – et on de-
viendra alors une proie facile pour n’importe quelle entité possédante.
Vous voulez savoir où sont localisés les chakras. On mentionne géné-
ralement les sept principaux chakras de la manière suivante :
1. Mouladhara-Kundalini, situé à la base de la colonne vertébrale ;
2. Svadhisthana-chakra, dans l’abdomen, entre le bas de la colonne et le

435
nombril ; 3. Manipoura-chakra ou le plexus solaire ; 4. Anahata-chakra
ou le Calice ; 5. Vishouddha-chakra ou centre du larynx ; 6. Ajna-chakra
ou Troisième Œil ; 7. Brahmarandra-chakra ou Cloche, au sommet de
la tête. Bien sûr, le cerveau à lui seul a des centres plus nombreux que
ceux mentionnés. Les centres des épaules, des joues, des poumons, des
poignets, des reins, etc., sont rarement mentionnés. Même dans la litté-
rature hindoue, tous ne sont pas unanimes en ce qui concerne l’empla-
cement du troisième œil. Certains l’associent à la glande pituitaire,
d’autres au plexus solaire, etc. Par expérience personnelle, je peux dire
que lorsqu’on a atteint la vraie clairvoyance, on perçoit surtout à l’aide
du centre de la Cloche. Il est possible de voir à travers le centre du
plexus solaire et on peut vraiment dire que chaque centre est capable
de voir. On peut même regarder l’intérieur de son organisme et tout
cela devient possible avec une accumulation suffisante de spiritualité
accompagnée des indispensables conditions de prana et d’altitude.
Dans les anciennes représentations de la Mère du Monde – dans le
langage tibétain, Doukkar aux multiples Yeux – son aura est faite d’yeux.
Chaque rayon se termine par un oeil. Les Anciens connaissaient donc
beaucoup de choses qui nous sont cachées.
Parmi les Grands Instructeurs aussi, la manifestation de l’œil de
Dangma est hautement appréciée. Ce n’est pas de la clairvoyance telle
qu’on la comprend généralement, mais la connaissance directe accu-
mulée dans le Calice pendant les milliers de vies ainsi que lors d’accom-
plissements pleins d’abnégation. Le but de cette accumulation est d’attein-
dre à la grande destinée en devenant un véritable Arhat, ou Homme-Dieu.

Que signifie « Aryavarta » ? C’est la partie septentrionale de l’Inde,


les vallées de l’Himalaya où les émigrants d’Asie Centrale s’établirent
après le désastre de l’Atlantide. Dans son sens littéral, ce terme signifie
« le pays des Aryens ». Ainsi, notre Ashram est situé dans la vallée la
plus ancienne et la plus sacrée de l’Aryavarta.

Il serait très utile pour vous de copier, à partir des livres de l’Ensei-
gnement, toutes les qualités essentielles au discipulat. Vous en aurez
besoin.
J’ajoute également que s’il est dit dans l’Enseignement que les forces
de l’ombre sont incapables par nature de pratiquer l’unité, il y est éga-
lement mentionné que leurs adhérents obéissent à leur hiérarchie bien

436
mieux que les soi-disant « lucioles ». C’est certainement le cas actuel-
lement, puisque les forces de l’ombre agissent poussées par la peur.
Elles savent que l’obscurité est leur seul salut. C’est pourquoi bien que
par nature elles soient peu enclines à l’unité, la peur est un puissant
unificateur. La panique qui pousse les gens à s’enfuir tous dans une
seule direction est un fait bien connu. « Les hommes de l’ombre ne
sommeillent pas. Ils maintiennent un contact beaucoup plus étroit avec
leur hiérarchie que ceux qu’on appelle les guerriers de la Lumière. Ils
savent que leur seul salut se trouve dans l’obscurité, mais les lucioles
volètent, discutent énormément et n’éprouvent que peu d’amour pour
leur Hiérarchie. » (Monde de Feu, volume 1, no 339).
« Il faut savoir et comprendre l’Enseignement dans toute son ampleur.
Il faut apprendre à percevoir les contraires sans quoi il n’y a pas de
progrès. »

J’ai déjà exprimé mon opinion sur l’article que vous avez mentionné.
Nous n’avons pas l’intention néanmoins d’influencer les idées de qui que
ce soit. Nous donnons, nous montrons la direction, c’est tout. Chacun
absorbe autant qu’il veut et peut.
Le Monde de Feu est l’une des gradations les plus hautes des mondes
ou sphères, dans la chaîne de notre planète.
Certainement, la Monade correspond à l’idée de l’esprit. Mais
quand on parle du point de vue de la spiritualité et de l’esprit en mani-
festation dans la vie, on entend toujours par là l’Ego supérieur. En
réalité, la Monade est formée du sixième principe et de l’universel
septième, et n’est pas une entité consciente sur les plans de manifestation.
Pour atteindre une manifestation consciente sur tous les plans, ou en
d’autres termes pour arriver à une immortalité réelle – c’est-à-dire de-
venir un Arhat, un Bouddha ou un Dhyan-Chohan – nous devons unir
trois principes, le quatrième, le cinquième et le septième, pendant que
nous vivons ici sur Terre, et les fondre dans le sixième principe. Le
septième principe est simplement une force vitale, éternelle, répandue
dans le Cosmos tout entier. N’oubliez pas non plus que chaque principe
a ses propres manifestations ou qualités, qui vont des plus élevées aux
plus basses. Ainsi, le corps subtil, qui habille l’esprit supérieur, corres-
pond aux sentiments les plus élevés. Ce qui signifie que les désirs sont
transmutés par un feu purificateur en sentiments et perceptions plus
subtils. Voilà pourquoi il y a tant de degrés des corps subtils et mentaux.

437
J’étais heureuse d’apprendre que vous n’êtes plus seul, que vous
avez trouvé un collaborateur qui, de plus, est en contact avec l’art.
Transmettez-lui mes salutations. Bien sûr, vous pouvez lui permettre
de copier tout ce qui, dans mes lettres, concerne le discipulat.

Il ne faut pas que j’oublie de vous conseiller de ne pas vous opposer


aux théosophes. Oui, dans leur conscience ils se sentent bien supérieurs
à beaucoup, beaucoup de gens. Nous recevons plusieurs adhérents dans
l’Agni Yoga qui sortent de leurs rangs. Nous ne devrions donc pas leur
être hostiles, mais plutôt trouver quelque chose de positif en tout. Ce qui
est nuisible doit évidemment être reconnu et arrêté. Nous n’avons pas
rencontré beaucoup de théosophes russes et n’en avons pas entendu
parler non plus, mais je dois dire qu’il était rare de rencontrer une
attitude carrément hostile. Il ne faudrait pas non plus condamner tous
les livres écrits par les élèves de H.P. Blavatsky. Parmi ces écrits, on
compte des pages bonnes et valables. La vie est tellement compliquée.
Soyez donc prudent dans vos critiques.
Je répondrai plus tard à votre dernière lettre, car elle contient certains
points qui demandent des réponses bien précises et cela exige plus de
temps que je n’en dispose à présent. Je n’ai pas non plus le temps de
consulter votre traduction et je remets cela à plus tard. Je serais très
heureuse que vous appliquiez l’Enseignement dans votre vie de tous
les jours. Oui, je vous conseille de vous consacrer davantage à votre
perfectionnement spirituel qu’à l’étude de la cosmogonie. Sans une
purification du cœur et un élargissement de la conscience, en suivant les
méthodes de l’Éthique Vivante, on ne peut obtenir de vraie connais-
sance. Ainsi, l’élimination de l’une de vos habitudes indésirables vous fera
progresser plus avant que si vous apprenez par cœur tous les systèmes
de cosmogonie existants. En effet, une profonde compréhension nous
est donnée lorsque nous nous approchons du Hiérarque et que notre
conscience s’unit à la sienne. Mais pareille unification ne peut intervenir
avant que notre essence intérieure soit purifiée, au point qu’elle puisse
percevoir les vibrations émises par le Grand Instructeur et y répondre.
Je ne me lasserai jamais de répéter l’importance de l’application de
l’Enseignement dans la vie de tous les jours, et je vous conseille une
fois de plus de vous atteler à votre propre perfectionnement. Il est dit
dans le livre Agni Yoga [no 185] : « Déterminez vos trois défauts majeurs
et efforcez-vous de vous en défaire. Ce sera une victoire énorme. »
Ne vous laissez pas submerger par les illusions. Avant toute autre
chose, chaque disciple devrait se débarrasser des illusions de toutes

438
sortes, particulièrement celles qui sont le fruit de sa propre volonté.
L’illusion nous détruit. L’illusion – ou Maya – est parfois mise sur le
même pied que « Mara » dans la littérature hindoue. Et « Mara » veut
dire obscurité. Combattez donc les vaines illusions avec toute la force
dont vous êtes capable.
Luttez donc, perfectionnez-vous et soyez dans la joie !
____________
1 N.D.É. Voici le texte mentionné :
« […] Car, tout comme l’éclair part du levant pour briller jusqu’au couchant, ainsi
sera l’Avènement du Fils de l’homme. Où que soit le cadavre, là se rassembleront
les aigles.
« Aussitôt après ce temps de tribulation, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera
plus sa clarté, les astres tomberont du ciel et les puissances des cieux seront ébranlées.
C’est alors qu’apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme, et alors toutes les
tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de l’homme arriver sur les
nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire. Et il enverra ses anges au son
de la grande trompette, et ils rassembleront ses élus des quatre points de l’horizon,
d’une extrémité des cieux à l’autre.
« Que le figuier vous fournisse une comparaison. Quand ses branches deviennent
molles et qu’il lui pousse des feuilles, vous savez que l’été est proche. De même
vous, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que l’événement est proche, qu’il
est aux portes. En vérité je vous le dis : Cette génération ne passera pas avant que tout
cela ne soit arrivé. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas.
« Quant à ce jour-là et à cette heure-là, nul n’en sait rien, pas même les anges des
cieux ; il n’y a que le Père qui le sache, lui seul.
« Tel a été le temps de Noé, tel sera l’Avènement du Fils de l’homme. De même
qu’en ce temps d’avant le déluge les gens mangeaient et buvaient, épousaient et
étaient épousés, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche, et qu’ils ne surent rien
jusqu’à ce que le déluge arrivât et les emportât tous, ainsi en sera-t-il de l’Avènement
du Fils de l’homme. » (Matthieu 24 : 27-39).

439
LETTRE 13
18 avril 1935

Je veux aborder un sujet extrêmement délicat et compliqué : l’écoute


de soi-disant condamnations et offenses réciproques. En principe bien sûr,
on devrait désapprouver toute tentative de calomnie. Mais un instructeur
doit connaître toutes les particularités de la pensée de ses élèves. Il arrive
souvent qu’en permettant à un disciple ou à un membre d’un groupe
d’exprimer les sentiments d’amertume qu’il a accumulés, nous l’aidons
à se décharger d’une énergie nuisible. Rien n’est plus dangereux qu’une
colère refoulée. Il est dit : « Écoutez et ne condamnez pas. Souvent, en
se déchargeant de ce poison, une personne se libère pour une tâche
nouvelle. L’Instructeur apporte de l’aide par son magnétisme, non par néga-
tion. » Ainsi, des interventions discrètes peuvent remettre de l’ordre
dans des esprits échauffés. Le déroulement souhaitable ne consiste pas
en un encouragement à l’accusation, mais en une tentative pour trouver
une solution aux offenses, aux soupçons et aux calomnies non fondés.
La tâche, ou plutôt ce que j’aime à appeler l’art de créer de bonnes
relations entre les gens, est l’un des plus grands arts. Il n’existe pas
d’activité plus noble que de répandre la paix. Mais c’est aussi une tâche
difficile et qui exige beaucoup d’efforts.
C’est ce que j’ai fait dans ma vie et dès mon enfance, entourée de
gens qui venaient me soumettre leurs difficultés, je réussissais presque
toujours à réconcilier ces brouilles sérieuses ou imaginaires. J’essayais
toujours de me souvenir du moindre élément positif que l’offensé pouvait
reconnaître chez celui qui accusait. Et cette simple méthode apportait
presque toujours de bons résultats. Les gens expriment souvent les
choses les plus horribles sans vraiment réaliser leur portée, oubliant
d’ailleurs immédiatement ce qu’ils ont dit ! En écoutant avec patience
toutes ces plaintes, nous pouvons expliquer bien des choses et aider nos
interlocuteurs à acquérir une nouvelle compréhension. Entre collabo-
rateurs, la médisance pour l’amour de la médisance est une chose détesta-
ble. Mais un instructeur devrait être en mesure de faire la distinction
entre les bavardages malveillants, ignorants et oiseux, et ce qui est
plus sérieux et demande son intervention calmante et sincère. Après
tout, les confessions sont provoquées par la demande de l’âme de se
défaire de toutes les énergies qui empêchent le progrès. Il vaut mieux se

440
confesser à son instructeur plutôt qu’à des étrangers. Je sais par expé-
rience combien il est difficile de guider les gens et quelles méthodes
variées il convient d’appliquer pour s’adapter à la conscience et au
caractère de chaque individu. Mais dans la plupart des cas, une chaleu-
reuse amitié produit les meilleurs résultats. N’ayez donc pas peur d’écou-
ter. Ce ne sera pas un encouragement au bavardage et à la médisance, mais
plutôt une démarche psychologique pour ceux qui ont confiance en vous,
ou une prophylaxie mentale bénéfique pour eux. Dans plusieurs cas, vous
trouverez l’explication nécessaire et de chaudes paroles d’encouragement.
Dans d’autres cas, vous aurez les paroles sévères qui s’imposent...

L’ascétisme, ou plutôt l’abstinence, exigé parfois par les Ensei-


gnements, fut introduit pour lutter contre un effrayant relâchement des
mœurs qui était devenu une caractéristique de l’humanité. En outre, il
ne fait aucun doute que ceux qui se consacrent à l’occultisme pratique
doivent s’entraîner à l’abstinence, puisque toutes les énergies doivent
être préservées pour le développement de facultés spéciales. Pourtant,
on peut aussi apporter sa contribution au Grand Service sans être un
ascète. Plusieurs pensent que pour la croissance spirituelle, un célibat
monacal est une condition indispensable et requise pour l’approche du
Maître. Ce n’est pas vraiment le cas. Par vie pure, on entend premièrement
pureté de pensée et d’intention, d’intrépidité, de stabilité, d’activité
indépendante, etc. Quant aux besoins et aux fonctions du corps, ils ne
devraient pas être considérés comme impurs, car ils sont naturels, et
seuls les excès sont préjudiciables, destructeurs et donc vicieux.
C’est une grande joie et un grand privilège d’avoir confiance dans
l’Instructeur. Et si des Indications venant de Lui requièrent de la part
du disciple qu’il traverse les sphères les plus empoisonnées de la vie
pour les exécuter, il verra qu’après avoir achevé sa mission il aura
réussi un exploit – pour autant qu’il ait tendu de tout son être vers la
réussite de la tâche assignée. Par contre, l’ascète fanatique peut s’impo-
ser une torture corporelle, mais si son cœur reste silencieux, il vivra dans
un désert spirituel qui ne lui ouvrira pas les portes de la Citadelle radieuse
de la vie éternelle. Non, nous ne devrions pas fuir loin de la vie, mais
plutôt transformer toutes nos émotions en beauté sublime. Les sentiments
d’amour et d’amitié envers notre famille et tous nos proches sont mer-
veilleux. En vérité, ils nous enseignent ce qui est le plus beau et le plus
grand. Ce sont les marches nécessaires qui nous conduisent à l’Amour
Cosmique, et quiconque réalise la grandeur de sa destinée peut s’approcher

441
de cet Amour. Je vais citer quelques lignes de l’Enseignement qui montrent
comment bien des idées sacrées ont été déformées :
« Le Monde est façonné selon des Principes de Beauté. L’expression
“renoncer au Monde” est impropre. On ne peut renoncer à la beauté
céleste. Le Monde entier a été donné à l’homme. C’est pourquoi il
serait beaucoup plus exact de parler de la découverte du sens des choses.
Quand surgit le renoncement, il concerne les concepts les plus pervertis,
les actions les plus nuisibles. Il est inadmissible de mésuser d’un concept
magnifique – le Monde – pour faire une généralisation de ces abomi-
nations de l’ignorance. Les affaires mondiales n’ont pas à être indignes
et honteuses. De grandes consciences se sont données de grandes peines
pour le Monde. Il est inapproprié de leur attribuer les distorsions de
l’ignorance ! En étudiant les fondations du Monde de Feu, il faut tout
d’abord s’accorder sur la compréhension de nombreux concepts. Est-il
jamais possible d’appeler affaires mondiales, la gloutonnerie, la perver-
sité, le vol, la trahison ? Elles sont en dessous des actions animales.
Les animaux connaissent la mesure de la nécessité, et si l’homme a
oublié la mesure de la justice, c’est uniquement parce qu’il a abandonné
le Monde en chutant dans les ténèbres. Celui qui ne réfléchit pas d’une
manière plus digne sur le Monde, n’est pas capable de distinguer le vrai
du faux. Comment pourrait-il comprendre le Feu béni ? Il frissonnerait
à la seule pensée du Monde Ardent. Conseillons aux amis de différencier
graduellement le Monde du chaos. Je conseille aux amis de commencer à
discourir sur l’élément feu comme sujet de révélations à venir. » (Monde
de Feu, volume 2, no 121).

442
LETTRE 14

20 avril 1935

C’est en séparant Dieu de la nature manifestée qu’on a provoqué tant


de fautes et de terribles contradictions. Rares sont ceux qui réfléchissent
à l’immanence de Dieu et réalisent que cela implique avant tout de
reconnaître que l’homme reçoit tout de Dieu.
Comment pouvez-vous être tellement certain « qu’il est impossible
de perdre les qualités qu’on a acquises ou développées » ? Oui vraiment,
le Cosmos comprend aussi bien l’évolution que l’involution. Et si quelque
chose de manifesté dans le Cosmos, le macrocosme, peut se détériorer
jusqu’à retourner au chaos, cela peut aussi arriver à l’homme, le micro-
cosme. C’est ce qui se passe quand les sentiments les meilleurs sont
transformés en énergie de destruction, en se mêlant aux manifestations
de l’égoïsme le plus bas et en étant submergées elles. L’exemple le
plus tragique est la chute du Prince de ce Monde. De telles chutes sont
possibles même lorsqu’un Esprit atteint un degré très élevé.
Nous devons penser très sérieusement à la conception de l’Absolu
et à ses synonymes, l’Infinité, la Raison Absolue, la Conscience Absolue
et l’Être Absolu, et nous demander alors si nous sommes capables de
les atteindre. Quand il est question d’une fusion avec le Cosmos, il faut
comprendre cela dans toute sa relativité. Sans quoi, ce sera en contra-
diction avec l’Infini. L’étincelle de la Divinité – ou Dieu en nous –
peut être si bien développée par les efforts du cœur, qu’elle en arrive à
se fondre avec les feux les plus élevés de l’espace. Elle peut alors révéler,
par la Lumière qu’elle projette, tous les trésors spirituels accumulés en
nous. Plus précisément, ces énergies se traduisent en Connaissance
Directe. Mais l’intensité de cette Lumière sera proportionnelle aux
accumulations du Calice de chacun. C’est pourquoi avec chaque nouveau
progrès, avec chaque nouveau degré de l’évolution humaine, avec chaque
cycle que notre planète accomplit, ces illuminations seront plus vives
et plus belles, et ainsi de suite jusqu’à l’infini.
Il est faux de considérer la Matière Primordiale comme dépourvue
d’esprit. La Matière Primordiale est le premier stade de la manifestation
de l’Esprit, et par conséquent le plus élevé. L’Esprit sans la matière
n’est rien. Par « matière sans esprit », nous entendons la condition de la

443
matière aux niveaux les plus bas, lorsque les énergies supérieures l’ont
abandonnée et qu’elle ne nourrit plus que la vie animale. Lorsque la
matière devient rebut, elle n’est bonne qu’à être remise sur le métier
cosmique.
Il est également faux d’appeler la condition de Pralaya « mort »,
du fait que dans le Cosmos la conception purement humaine de la mort
n’existe pas. Il y a seulement changement de forme à l’infini. Ainsi, la
Matière, pendant le Grand Pralaya, demeure dans sa condition la plus
élevée et n’est de ce fait pas privée d’Esprit. Car le Grand Souffle ne
s’arrête pas, même en période de Maha-Pralaya. Le Pralaya mineur
laisse tous les mondes tels qu’ils sont.
Il ne fait aucun doute que le Cosmos manifesté présente beaucoup
d’imperfections. Sinon, il ne pourrait y avoir amélioration, puisque la
vie du Cosmos est éternellement en mouvement et qu’il en découle
toute l’évolution, tout le processus de perfectionnement. Pourtant, s’il
est bien vrai que beaucoup de calamités sont en fin de compte plus un
bienfait qu’un désastre, il faut néanmoins comprendre que ces désastres
ont un rapport avec la condition de la conscience humaine. En consé-
quence, lorsque la conscience de l’humanité aura fait des progrès, les
désastres de la vie courante auront non seulement un autre caractère,
mais les cataclysmes cosmiques auront perdu leur aspect de terreur,
car la conscience de l’homme sera mieux apte à résister aux uns et aux
autres. En vérité, la grande loi de l’Efficacité régit le Cosmos.
Seul l’homme, en dégradant et en trahissant le don divin du libre-
arbitre, viole constamment cette loi et s’implique en même temps que
la planète tout entière dans d’affreux désastres. Grande est l’influence de
l’homme sur toutes les conditions cosmiques et vice-versa. Oui, il serait
sage et urgent d’étudier avec la plus grande attention cette puissante in-
fluence réciproque des forces cosmiques et humaines. La vie de l’homme
dans sa totalité deviendrait tellement plus vaste, plus facile et plus
magnifique !
J’aimerais ajouter simplement que l’Enseignement est accessible
à tout être qui a une spiritualité suffisamment développée et les qualités
requises – les qualités essentielles à qui souhaite s’approcher des Grands
Instructeurs. Mais sans les qualités de base mentionnées dans l’Ensei-
gnement, personne ne peut espérer être accepté comme disciple, quelque
grandes que soient ses facultés intellectuelles. En vérité, l’Enseignement
est accessible, car de tout temps cette partie de la Vérité que l’humanité
peut assimiler a toujours été prodiguée au monde. Mais il est tout à fait

444
impossible d’imposer cette vérité à qui que ce soit. Chacun doit la trouver
pour lui-même. On ne peut qu’indiquer la direction.

Quant aux expériences de lévitation, de matérialisation et de pro-


jection dans l’astral, etc., elles ont été réalisées à plusieurs reprises
dans des instituts de recherche psychique et elles n’ont rien de commun
avec les réalisations spirituelles et l’approche de l’Instructeur. Au contraire,
bien souvent elles ne sont qu’un obstacle sur le sentier du perfection-
nement. Tous les Grands Instructeurs sont fermement opposés à ces
phénomènes et, à de rares exceptions près, n’acceptent pas comme disci-
ples des gens qui ont des tendances médiumniques. Bien entendu, les
expériences avec les énergies du feu sont d’un tout autre ordre et dépas-
sent de loin la capacité d’un médium.
De même, à propos de la section 185 [livre Agni Yoga]1, il y a
beaucoup d’idées d’incompréhension. Cette incompréhension repose sur
quelque chose de plus sérieux que la naïveté. À la base, c’est la révolte
inconsciente du moi contre l’autorité de la Hiérarchie. Ce paragraphe
explique clairement la nécessité de choisir un Guide terrestre qui pourrait
devenir finalement le lien avec le Grand Instructeur. Il est sûr que les
Maîtres sont dans l’impossibilité de diriger chaque aspirant qui les appro-
che. Ils sont occupés à des tâches cosmiques et engagés maintenant dans
une bataille terrible contre les forces de l’ombre qui tentent de détruire
notre planète. Voilà pourquoi ils dispensent l’Enseignement par un agent
principal et surveillent ensuite les nombreux groupes et mouvements
qui s’en inspirent. Toutefois, ils ne peuvent diriger des individus que si
ceux-ci remplissent certaines conditions. Beaucoup de ceux qui viennent
à l’Enseignement en sont aux stades élémentaires, et leurs consciences
sont infestées de préjugés et d’idées préconçues inconscientes, ce qui
rend indispensable qu’ils aient d’abord un Guide terrestre. Celui-ci
peut aider à purifier le mental et préparer la conscience pour un degré
plus avancé, préparatoire à l’approche du Grand Instructeur. Oui, il est
très rare d’entendre la voix du Grand Instructeur. Il faut avoir de grandes
accumulations spirituelles pour cela. Et combien de fois il arrive que dans
leur illusion bien des personnes, après avoir jeté un coup d’œil dans les
livres de l’Enseignement, ont pris les voix du Monde Subtil pour la
voix du Maître ! Seuls les êtres dont la spiritualité est forte et équilibrée,
et qui sont doués de discernement, peuvent approcher et étudier l’Ensei-
gnement des Grands Frères de l’Humanité. Des illusions de toutes sortes
et des tentations du Monde Subtil attaquent celui qui marche sur le
sentier. La seule vraie mesure, la seule lumière qui mène au but est la pure

445
flamme du cœur. Oui, un cœur pur et une conscience éclairée révéleront
la juste voie. C’est pour cette raison que l’Enseignement insiste tellement
sur la purification de la pensée, l’élargissement de la conscience et la
culture des qualités du cœur.

Aucun des Grands Instructeurs de l’humanité n’a quitté notre système


solaire. Je dirais même plus, Ils n’ont pas quitté les sphères qui entourent
notre planète. Bien au contraire, Ils sont plus proches que jamais parce
que la fureur de l’Armageddon demande la tension de toutes les Forces
de la Hiérarchie de Lumière. Mais même si l’Armageddon n’avait pas
lieu, tous ces Esprits les plus Elevés continueraient leur perfectionnement
sur d’autres sphères et planètes en périphérie de notre système solaire.
La Terre n’est pas la planète la plus évoluée de notre système et les
Grands Esprits sont venus vers nous d’une planète plus avancée pour
accélérer l’évolution de notre humanité. Mais puisque leur planète n’a
pas encore terminé son cycle d’évolution, ils y retourneront lorsque ce
cycle correspondra à leur état spirituel.
Il y a une si grande confusion et de nombreux faux bruits autour de la
conception de la Grande Fraternité Blanche. Cela n’est pas étonnant,
car notre littérature est très pauvre sur ce sujet et, qui plus est, déformée
par des mains qui ne sont ni honnêtes ni bien intentionnées.

Qu’entendez-vous par « le choix du Maître s’applique aussi aux


disciples de la région, qui peuvent choisir l’un des Frères » ? Si vous
pensez aux Hindous de la région ou à ceux qui habitent en Inde, ils sont
dans la même position que vous ! Quant à la Citadelle de la Fraternité
Blanche, le nombre des disciples qui y habitent dans un corps physique
est extrêmement restreint. Tous sont d’ailleurs des Adeptes. Pas plus
d’un ou deux par siècle n’arrivent dans leur corps physique jusqu’à la
Fraternité Blanche. Ainsi en 1924, notre compatriote H.P. Blavatsky les a
rejoints – s’étant incarnée dans un corps mâle de nationalité hongroise.
Après avoir été ridiculisée, calomniée, persécutée, elle a pris maintenant
sa place parmi les Sauveurs de l’humanité. C’est ainsi que l’histoire se
répète et que la justice cosmique agit.

« Fohat » est l’énergie de feu la plus subtile et, si elle contacte un


organisme qui n’a pas reçu de préparation, elle peut brûler et causer la
mort par le feu avec des douleurs atroces. J’ai vu « Fohat » de mes

446
propres yeux et j’ai été émerveillée de voir éclater les rayons du soleil
en millions d’étincelles lumineuses de « Fohat ». Par la suite, j’ai souffert
de légères inflammations des centres. J’ai aussi vu le cristal de « Materia
Lucida ». Tout cela me fut montré par le Grand Instructeur. À deux
reprises, j’ai aussi risqué la mort par le feu et j’ai été sauvée par le
Rayon du Grand Instructeur. Mais ce degré d’expérience est plutôt rare
et il faut avoir traversé les degrés préparatoires aux hautes manifestations
ardentes, sans quoi une mort prématurée en résulterait. Au moment
opportun pour l’assimilation des hautes énergies du feu, les événements
de la vie s’arrangent de telle façon que le disciple se trouve à l’endroit où
une expérience de ce genre peut avoir lieu. Quand un disciple est prêt,
rien ne peut l’empêcher de recevoir ce qu’il a bien mérité. Comme il
est dit dans l’Enseignement : « Chacun recevra la part qui lui revient. »
Vos étincelles sont un très bon signe et je vous conseille de les
observer attentivement et avec bon espoir. Notez et inscrivez dans quelles
circonstances vous les observez. À part celles de couleur pourpre, bleue et
argentée, il peut y en avoir des noires et des noires entourées d’un halo,
de même que des jaunes et des rouges. Elles ont toutes une signification.
Nous sommes habitués à prendre les noires et les noires entourées d’un
halo pour des signes menaçants qui annoncent un danger pour la santé
ou la présence d’ennemis. Les jaunes avertissent qu’il faut être prudent.
Les rouges indiquent une tension de l’atmosphère et on peut s’attendre à
des tremblements de terre ou à des ouragans. Toutes les autres sont de bon
augure. Les taches de couleurs différentes que vous avez vues signifient
le commencement de l’ouverture des centres. On peut, bien sûr, attribuer
ces couleurs à certains états de manifestation de la « Materia Lucida ». De
même, lorsque vous vous voyez en quelque sorte partagé en deux images,
c’est également un bon signe. Voici un paragraphe de l’Enseignement :
« Vous vous voyez parfois en une réplique exacte, vivante devant
vous. Cette vision démontre que l’œil n’est qu’une accommodation et que
la vue réside dans le centre nerveux. Considérons aussi cette tension
du centre comme une qualité ardente. Dans le Monde de Feu, la vision
de l’esprit n’a pas besoin d’adaptations oculaires. Il est plus facile d’entrer
en possession de l’œil de feu si, dans l’état terrestre, on a déjà perçu des
éclairs de cette vision spirituelle. » (Monde de Feu, volume 2, no 145).

Je vous suis reconnaissante de m’avoir fait parvenir la réponse


concernant la discussion à l’université de votre région. L’intérêt exprimé
pour les problèmes de la vie me remplit de joie. Oui la science, par ses

447
meilleurs représentants, s’approche des idées exprimées dans la philo-
sophie orientale. Ainsi, j’ai récemment lu l’article d’un éminent physicien
américain, le professeur Pupin, sur les mêmes sujets. Lorsqu’on lui a
demandé comment il se représentait le ciel, il a répondu :
« C’est ce que les hommes de sciences appellent le monde véritable,
tandis que notre monde terrestre en est seulement la réflexion. Toutes les
recherches et explorations scientifiques sont orientées vers un déve-
loppement du monde au-delà des limites physiques.
« Où pensez-vous que demeure la Divine Intelligence ?
« Dans l’âme de l’homme. Dans ce vaste monde à l’intérieur de nous
habite la Divinité. L’âme humaine est la meilleure preuve de la création
Divine. Si nous réalisons que Dieu a mis des éons pour créer l’homme,
le dotant d’une âme qui reflète son Créateur, nous aurions du mal à croire
qu’un être ne vit sur cette Terre que pour une période restreinte et puis,
qu’il disparaît sans laisser de traces et que son âme meurt en même
temps que son corps physique – que l’existence de l’âme était vaine. »
Bien sûr, ces questions et réponses sont élémentaires pour l’Orient.
Mais pour la grande masse de l’Occident, elles sont pleines d’intérêt et
d’espoir. En Amérique également, le professeur Rhine de l’Université
de Duke a fait pendant plusieurs années des expériences de transmission
de pensée avec ses étudiants. Il a obtenu des résultats remarquables. On
a pu prouver qu’il est possible de transmettre à une antenne humaine
dans une autre ville, de longues citations, des poèmes, des problèmes
compliqués, etc., qui se trouvaient transcrits immédiatement avec la
plus grande précision. Bien entendu, le professeur avait sélectionné
une trentaine d’étudiants sur plusieurs milliers qui étaient des individus
très sensibles. Et au long des années, ils avaient exercé l’unification de
leur conscience. Quoiqu’il en soit, ces résultats furent très satisfaisants
pour notre époque.
____________
1 N.D.É. Voici le texte de la section mentionnée :
« L’adolescent pourrait demander : “Comment doit-on comprendre l’Agni Yoga ?”
Dites : “Comme la perception et l’application dans la vie de l’élément feu embrasant
tout, qui féconde la semence de l’esprit.”
« Il demandera : “Comment puis-je m’approcher de cette connaissance ?”
« Purifiez vos pensées et, après avoir déterminé quels sont vos trois défauts majeurs,
sacrifiez-les en les brûlant dans un effort ardent. Puis, choisissez un Guide terrestre
et, comprenant l’Enseignement, fortifiez votre corps avec la préparation prescrite et
le pranayama. Vous contemplerez les étoiles de l’esprit. Vous verrez les flammes qui
purifient vos centres. Vous entendrez la voix de l’Instructeur Invisible et acquerrez
les perceptions subtiles qui transforment la vie.

448
« Pour vous qui entrez, l’aide est prête et la mission est tracée. Vous avez compris
que la joie est une sagesse particulière. Vous ne retournerez pas vers l’ancienne rive
du fleuve. Vous avez pris conscience des batailles de l’espace. L’aveugle évidence
n’existe plus pour vous. Vous êtes un collaborateur et un frère accompli. » (Agni
Yoga, no 185).

449
LETTRE 15

30 avril 1935

Votre lettre met au jour plusieurs idées mal comprises. Naturellement,


ces conceptions vagues proviennent du fait que vous n’avez pas encore
assimilé le premier volume de La Doctrine secrète, mais que vous vous
êtes concentré sur le troisième qui est plein de passages obscurs. Je vais
m’efforcer de clarifier brièvement quelques idées fausses en suivant
autant que possible l’ordre de vos questions et assertions.
1. L’Absolu est le « Parabrahman » des Hindous. De même,
« Moulaprakriti » devrait être reconnue comme l’Absolu, étant le Divin
Principe Féminin abstrait. Dans leur concept le plus élevé, l’Esprit et la
Matière sont un : les deux principes sont unis et forment un « Élément
Unique ». Nous pouvons donc traiter toutes choses du point de vue de
l’esprit seul ou de la matière seule, mais nous devons embrasser le
nombre infini de leurs manifestations ou gradations. Et si nous pouvons
dire que l’esprit sans la matière est néant, nous pouvons également dire
que la matière n’existe pas, mais que tout est énergie. L’équivalent de
« Parabrahman » est « Brahman », tandis que « Brahmâ » est déjà une
Divinité manifestée qui apparaît et disparaît périodiquement. « Brahmâ »
en tant que Divinité manifestée a deux aspects : masculin et féminin,
les deux polarités – ou, à nouveau, c’est l’éternelle manifestation de la
Pensée Cosmique Fondamentale dans la Nature visible
2. « Atman » et « Atma » sont souvent considérés comme synonymes.
Du point de vue exotérique, ils manifestent le septième principe qui est
la force vitale éternelle répandue dans tout le Cosmos. Ésotériquement
toutefois, « Atma » signifie souvent « l’Âme du Monde ».
3. La Chaîne Planétaire comprend toutes les sphères du Monde
Subtil et du Monde de Feu qui entourent notre planète, et elles correspon-
dent aux principes de la structure humaine ou de l’organisme humain.
Bien entendu, Mars et Mercure font partie de la chaîne des planètes
qui appartiennent à notre système solaire, de même que plusieurs autres
que nos astronomes ne connaissent pas encore. La déformation dans la
littérature théosophique était involontaire, mais elle est due à l’ignorance
et aussi peut-être au manque d’une terminologie précise en ces jours-
là.

450
4. Il est impossible de dire que notre Terre, ou même le monde
manifesté, est le contraire de l’Absolu, car autrement on devrait admettre
qu’il puisse y avoir quelque chose hors de l’Absolu, ou qu’il existe deux
sortes d’Absolus, ce qui bien sûr est absurde. Précisément, l’Absolu
embrasse tout : le fini et l’infini, le manifesté et le non-manifesté, le
visible et l’invisible. Du fait qu’il est Tout, il est non seulement la
cause, mais aussi l’effet. L’intelligence humaine ne peut aller au-delà
de cette conception qui embrasse tout. Dès que nous limitons l’Absolu
avec nos propres idées, il cesse d’être l’Absolu et devient limité. Ainsi,
l’Absolu ne peut pas être compris et, par conséquent, nous ne pouvons
percevoir que les aspects variés et les manifestations de cet Absolu.
Puisque nous sommes une partie de l’Absolu, nous avons potentiellement
toutes ses qualités. C’est la raison pour laquelle nous sommes capables
de développer graduellement cette potentialité au cours des myriades
d’incarnations et des millénaires qui se déroulent dans l’Infini.
5. Il serait faux de dire que la matière est passive, puisque la matière
n’existe pas sans l’esprit. À proprement parler, il n’existe rien qu’on
puisse considérer comme « élément passif ». Dans le monde manifesté,
chaque chose est en même temps active et passive. N’oubliez pas la loi
de la relativité. Souvenez-vous également que les stades ou degrés de
manifestation de l’esprit-matière sont infinis ! Dans le deuxième volume
de l’Enseignement il est dit : « […] La Matière est une condition de
l’Esprit. » (Les Feuilles du jardin de Morya, volume 2, no 99).
Je vous suggère donc de revoir votre déclaration et d’y réfléchir
sérieusement. Vous dites : « La Terre n’est que matière, un élément
passif dans sa relation avec tout ce qui existe, et ce n’est en aucun cas
un élément spirituel ou actif. » Puisque nous savons qu’il n’y a pas,
dans tout le Cosmos, un seul atome sans vie ni conscience, c’est-à-dire
sans esprit, alors à combien plus forte raison les puissants astres célestes
qui le peuplent doivent-ils en être remplis, incluant notre propre planète.
Mais tout ceci est bien difficile à comprendre pour les gens, car ils
peuvent à peine s’imaginer la présence d’une conscience, même dans
des formes toutes proches. Dans les ouvrages philosophiques anciens,
on voit la Terre comparée à un énorme animal ayant sa vie propre, ce qui
signifie qu’elle possède une conscience et une manifestation spirituelle
particulières. Le Cosmos ne contient rien qu’on puisse considérer
comme « élément passif ». Souvenez-vous aussi que le Cosmos n’existe que
par l’interpénétration et l’action réciproque des énergies de l’espace
qui émanent des innombrables milliards de foyers ou centres qui le
remplissent et qui sont perpétuellement formés en lui.

451
6. Puisque la Monade est une particule de la Monade Divine – ou
Absolu – lorsqu’elle est entourée des énergies particulières à sa mani-
festation sur l’une ou l’autre sphère d’une planète, elle reste néanmoins
une particule divine de l’Absolu, ou l’esprit-matière sublimé. Ainsi,
dans le monde manifesté, on ne peut parler que de l’un ou de l’autre
état de manifestation de l’esprit-matière. L’Esprit est énergie, et nous
savons qu’aucune énergie ne peut se manifester sans la matière. Plus
précisément, sur tous les plans, dans toutes les actions et toutes les
pensées, nous ne pouvons nous dissocier de la matière. Peu importe
que nous ayons affaire aux formes les plus élevées ou aux plus grossières
de cette même matière. L’Esprit, l’élément subjectif ou énergie, se trouve
potentiellement au sein de la Nature Cosmique. Bien entendu, la différen-
ciation provoque une multitude de stades ou degrés de l’esprit-matière
manifesté. C’est ainsi que l’idée de la relativité et de la compensation
a pris naissance, car la relativité et la compensation sont les bases de
notre connaissance.
7. En ce qui concerne votre énoncé sur « la fusion avec Atman
dans la réalisation de l’Absolu », j’aimerais vous faire parvenir les lignes
que j’ai écrites à ce sujet à l’un de mes correspondants :
« Nous devons penser très sérieusement à la conception de l’Absolu
et à ses synonymes, l’Infini, la Raison Absolue, la Conscience Absolue
et l’Être Absolu, et nous demander alors si nous sommes capables de
les atteindre. Quand il est question d’une fusion avec le Cosmos, il faut
comprendre cela dans toute sa relativité, sans quoi ce sera en contra-
diction avec l’Infini. L’étincelle de la Divinité – ou Dieu en nous (la
Monade) – peut être si bien développée par les efforts du cœur, qu’elle
en arrive à se fondre avec les feux les plus élevés de l’espace. Elle peut
alors révéler, par la Lumière qu’elle projette, tous les trésors spirituels
accumulés en nous. Plus précisément, ces énergies se traduisent en
Connaissance Directe. Mais l’intensité de cette Lumière sera proportion-
nelle aux accumulations du Calice de chacun. C’est pourquoi avec chaque
nouveau progrès, avec chaque nouveau degré de l’évolution humaine,
avec chaque cycle que notre planète accomplit, ces illuminations seront
plus vives et plus belles, et ainsi de suite jusqu’à l’infini. »
8. « Bouddha » signifie en traduction littérale « l’Illuminé ». En
principe, le processus de perfectionnement est perpétuel. Aussi, lorsqu’on
parle de perfection, il faut se rappeler toutes les différentes gradations dans
la perfection se rapportant à des cycles particuliers sur notre planète ou sur
d’autres planètes, etc. Dans le cas du Bouddha, cette perfection est
d’une élévation incommensurable, puisqu’Il vint sur notre Terre de la

452
planète la plus évoluée avec plusieurs autres Esprits au cours de la
troisième race de notre cycle pour accélérer l’évolution de notre humanité.
Par conséquent, Il ne se réincarnera plus sur Terre, mais seulement
dans la dernière race du dernier cycle de la planète la plus évoluée de
notre système solaire.
9. Les paroles du Bouddha, « dans chaque bhikshou, il y a six
bhikshous et un Bouddha, et dans un Bouddha, sept Bouddhas », signifient
précisément que tous les principes, ou centres, ou feux, ont atteint dans le
Bouddha leur complète transmutation ardente dans la synthèse de leur
développement et de leur équilibre spirituels – bien entendu, cela s’appli-
que à un certain cycle. Mais comme on le dit dans les Lettres des Mahatmas,
même le Bouddha devra se réincarner dans les limites de notre système
solaire.
La Grande Individualité du Bouddha, son Ego de Feu, revêtu de Materia
Lucida, se trouve maintenant dans des sphères proches de notre planète.
À cause du risque de l’Armageddon, plusieurs Hôtes de Feu se trouvent
dans les sphères proches de notre Terre. L’approche d’énergies ardentes
rend leur présence possible. Vous pouvez certainement constater combien
notre temps est dangereux et quelles Forces participent au salut de
notre planète.
10. Le « Manas » du Bouddha demeure en lui, tout comme le vôtre
et le mien resteront en nous, du moins espérons-le. Il n’y a pas de vie
consciente sans « Manas ». Ainsi que je vous l’ai déjà écrit, il faut pour
parvenir à l’état d’Arhat ou de Bouddha réunir les trois principes – le
quatrième, le cinquième et le septième – et les fondre dans le sixième
principe.
C’est vrai, le chapitre « Le Mystère du Bouddha » est écrit d’une
façon obscure et ne devrait pas être pris à la lettre. Il est nécessaire de se
familiariser à fond avec les concepts métaphysiques qui ont trait aux
Avatars et aux incarnations momentanées des Esprits les plus sublimes
pour pouvoir comprendre ce chapitre. La matière, ou énergie, qui enve-
loppe un Esprit Sublime est invincible. Dans quelques cas particuliers,
elle peut de par la loi d’attraction ou d’affinité être utilisée comme base
pour la formation et l’utilisation d’un corps subtil par l’un ou l’autre des
Grands Esprits. Souvenez-vous de ce passage tiré du deuxième livre de
l’Enseignement : « […] La matière qui revêt un esprit sublime présente
des ressources bien supérieures, car elle ne se détériore pas. » (Les
Feuilles du jardin de Morya, volume 2, no 99).
Je puis vous assurer – et mes paroles s’appuient sur les déclarations
de la Grande Autorité – que le Bouddha, après son incarnation sous les

453
traits du prince Siddhârta, ne s’est plus incarné à nouveau. Certaines
incarnations des Grands Esprits doivent être comprises sous l’angle
métaphysique. Par exemple, elles peuvent être comprises comme un
envoi partiel, intensif ou même constant du rayon de l’Esprit Sublime
à un être sélectionné. C’est-à-dire qu’un Grand Esprit se trouvant
karmiquement proche d’un être qui s’incarne pour une mission définie,
peut lui envoyer son rayon qui accompagnera son âme sa vie durant. L’âme
qui vient de naître assimile ce rayon en même temps que l’influence des
planètes sous lesquelles elle est née. L’âme grandit sous l’influence de
ce rayon et, dans le cours de son développement spirituel, elle finit par
l’assimiler complètement. Ainsi se produit ce que nous appelons une
« incarnation de rayon » ou « hiéro-inspiration ».
11. Sri Sankarâchârya, fondateur de la philosophie du Védanta, était
l’incarnation du rayon de l’un des Grands Instructeurs de la Fraternité
Blanche.
Je vous envoie maintenant quelques sections supplémentaires d’un
volume qui n’est pas encore publié, Monde de Feu. Il est bon de les
connaître.
« Les anciennes Alliances ne prescrivaient pas la magie, mais l’inspira-
tion divine. Lorsque la Communion Supérieure a commencé à s’inter-
rompre, les hommes ont rédigé des recettes de magie à partir du monde
terrestre, comme moyen de communion forcée. Comme tout ce qui est
forcé, la magie se termine dans les plus sombres manifestations. La
frontière même entre magie blanche et magie noire devient insaisissable
dans sa complexité. Par conséquent, sur le chemin du futur, abstenez-vous
de toute magie. N’oubliez pas que les anciennes méthodes de magie étaient
liées à d’autres formes de vie. Bien sûr, la magie se fonde sur l’exécution
précise de conditions techniques, mais si toutes les formules de la vie se
sont modifiées, les effets magiques doivent aussi se transformer. C’est
pourquoi la magie contemporaine a sombré dans la nécromancie et les
autres basses manifestations. Tous ceux qui étudient la mécanique des
formules oublient de prendre en compte le fait qu’elles ont été écrites
pour une application entièrement différente. En outre, ils oublient complè-
tement que les formules supérieures, ainsi que toutes les conditions, n’ont
pas été pleinement transcrites. Et si jamais elles ont été notées, c’est
sous de tels symboles que leur sens est à présent totalement obscurci.
Ainsi, les études contemporaines de magie se bornent à une scolastique
absurde ou bien, en s’abaissant, elles sombrent dans la messe noire.
Nous formulons donc une mise en garde nécessaire en conseillant d’abolir
la magie. Laissez-la aux sombres nécromanciens. Il y a trop de possession

454
sur Terre. Le seul chemin vers la Communion Supérieure passe par le
cœur. La violence ne doit pas souiller ce chemin ardent.
« Les hommes peuvent-ils croire que l’invocation d’entités infé-
rieures restera impunie ? Quel genre d’amélioration de la vie peut résulter
d’une telle évocation ? Personne ne peut mentionner un seul bienfait tiré
de la nécromancie, ni un cœur qu’elle aurait élevé. Tournez-vous vers le
Sentier court, le Sentier supérieur, qui accorde la santé de l’esprit, d’où
découle la santé du corps. L’abolition de la magie sera une pierre blanche
sur le chemin du Monde. » (Monde de Feu, volume 2, no 249).
« Expulser la magie ne signifie pas interrompre les manifestations du
Monde Subtil. Au contraire, le lien avec le Monde Supérieur ne peut que
se renforcer par l’abolition de toute violence. Plus précisément, la contrainte
ignorante viole l’harmonie des combinaisons. La nature s’oppose à toute
violence, dans les petites choses comme dans les grandes. Étudier et
connaître les merveilleuses approches du Monde Subtil et du Monde de
Feu n’est pas magie. La prière du cœur n’est pas magie. L’aspiration de
l’esprit vers la Lumière n’est pas magie. Gardez-vous de toute forme d’igno-
rance, car elle est source de fausseté, et la fausseté est une voie d’accès
aux ténèbres. Soyez capable de trouver dans votre cœur la vérité pour vous
tourner vers la Lumière une. La terreur emplit le monde. Ne suivez pas
la voie de la terreur. Les exemples d’époques antérieures peuvent vous
fortifier. Les saints étaient en contact avec le Monde de Feu par l’intermé-
diaire de leur cœur, ce même cœur qui a été donné à chacun. La capacité
d’écouter la voix du cœur conduit déjà à la vérité. » (Monde de Feu,
volume 2, no 251).
« La Hiéro-Inspiration descend selon une seule condition fonda-
mentale. Ce ne sont ni la concentration, ni l’ordre de la volonté qui
produisent la Communion directe, c’est l’amour pour la Hiérarchie.
Nous ne connaissons meilleure et plus précise expression de la loi direc-
trice que le flot d’amour. C’est pourquoi il est si opportun de mettre de
côté la magie contraignante pour s’imprégner d’amour dans tout son
être. En conséquence, on peut facilement approcher le principe de l’Exis-
tence par le sens de la beauté. Plus précisément, au milieu de la disso-
lution planétaire, tournez-vous vers le principe qui donne le plus de santé.
Qu’est-ce qui unifie plus fortement que le mantra : “Je t’aime, Seigneur !”
Dans un tel appel, il est facile de recevoir un rayon de connaissance !
Observez ceci ! » (Monde de Feu, volume 2, no 296).
En guise de conclusion, je vous conseille de vous concentrer davan-
tage sur le perfectionnement spirituel que sur les idées abstraites, comme
l’incarnation des rayons subtils du Seigneur Bouddha, etc. Mettez de côté

455
le troisième volume de La Doctrine secrète et étudiez avec soin les deux
premiers. Ils vous fourniront assez de travail pour des années. Ne troublez
pas votre compréhension par des études fragmentaires et sans système !
Ne vous précipitez pas sur toutes sortes de sources sans étudier d’abord
les fondations.

Je ne vois pas pourquoi vous ne continueriez pas vos exercices de


gymnastique, puisque vous les avez pratiqués auparavant et qu’ils ne
vous fatiguent pas. Tout dépend du genre de gymnastique et comment
vous vous sentez après les exercices.
Continuez avec courage à vous perfectionner et ne vous laissez pas
trop absorber par la cosmogonie. Nous sommes à l’heure de la bataille
menaçante et tous les combattants de la Lumière doivent prendre position
pour repousser les attaques des forces sombres contre la Hiérarchie de
Lumière. Sur Terre, cette attaque se traduit par une opposition à toutes
les initiatives éclairées.
Tout dans ce monde se construit grâce à des mains humaines et à
des pieds humains.

456
LETTRE 16
8 mai 1935

J’ai été extrêmement heureuse d’apprendre les efforts que vous avez
librement choisis pour fonder une communauté spirituelle. En effet,
seul ce que l’esprit et le cœur ont nourri peut être établi avec succès. Il
faut tant de force pour mettre en place une base saine et constructive
dont les bienfaits s’adressent à la famille humaine tout entière, cette
famille qui a passé par de si longues souffrances ! C’est véritablement
une tâche colossale si l’on considère qu’il faudra rééduquer non seulement
une nation, mais des nations !
L’idée de la « communauté des Sœurs Héroïques » a été mon rêve
dès mon plus jeune âge ! J’imaginais ces femmes portant lumière et
joie dans les coins les plus reculés et dans les conditions les plus rudes
de notre pays. Sûrement, mes rêves ont grandi en même temps que ma
conscience, et maintenant je pense aux nombreux aspects de la vie qui
pourraient trouver leur application dans une pareille communauté.
Certaines de ces Sœurs pourraient se consacrer à la médecine, d’autres à
l’agriculture, d’autres pourraient être enseignantes ou conférencières dans
les nombreuses branches de la connaissance et des problèmes sociaux,
les exposant dans un style compréhensible et proche des gens. L’étude
des arts et la pratique d’artisanats, de même que leur enseignement,
auraient une grande importance dans ma communauté, sans oublier les
recherches sur la signification des couleurs, des sons et des parfums, et
leur influence sur la condition de l’humanité en général. L’étude de
l’Éthique Vivante aurait pour fonction de magnifier tout ce mouvement
tellement utile. Par petits groupes disséminés un peu partout, les Sœurs
pourraient organiser un roulement de visites pour des recherches et des
observations dans les districts dont elles auraient la supervision. Il faudrait
toute une armée de ces travailleuses pour remplir les besoins actuels et
pour satisfaire la faim physique et spirituelle du peuple. Des écoles
pourraient être établies par la communauté centrale, aussi bien que des
universités, des laboratoires et un institut de recherche sur l’énergie
psychique. Par la suite, des ateliers de toutes sortes, des sanatoriums,
des coopératives, des fermes modèles, etc., pourraient être construits –
en bref, une vraie cité de la connaissance ! Le Grand Instructeur, parlant
de ces Sœurs Héroïques a dit si magnifiquement : « Qu’elles se fassent

457
aimer des gens. Que chacun dise : “Une de ces chères Sœurs est passée dans
notre village.” ». Oui, mes Sœurs devraient apprendre premièrement à être
proches des gens. Je sais qu’il n’est pas facile de trouver ces héroïnes
dévouées, mais je ne perds pas espoir, car je sais que même un petit
groupe consacré à cette tâche peut faire des miracles. Vous pouvez
maintenant mesurer ma joie de découvrir de nouvelles âmes qui vibrent
aux pensées qui me sont les plus intimes. Il semble que l’époque qui
approche va attirer des âmes remplies d’aspiration pour réaliser des
actions magnifiques, désintéressées et efficaces. Récemment, j’ai reçu
la lettre d’un écrivain qui disait : « Nous avons traversé de nombreuses
régions, travaillé dans plusieurs pays, mais les graines que nous avons
semées n’ont pas germé ni porté de fruits. Quoi que nous semions, tout
était étouffé par les mauvaises herbes ! » Oui, nous avons aussi rencontré
pareille stérilité, mais cela ne doit pas nous décourager.
La quantité n’a jamais été garante du succès. Plus précisément, dans
l’Enseignement de l’Éthique Vivante on insiste toujours sur le fait qu’un
petit groupe de personnes unies par la conscience et le cœur peut produire
des miracles. C’est pourquoi nous devons conserver précieusement nos
pensées sacrées au fond de nos cœurs et au bon moment nous serons
bien armés ! L’idée de la communauté des Sœurs Héroïques se forme
déjà dans le Monde Subtil, sous la forme d’un merveilleux téraphim.
Et les collaboratrices de la contrepartie terrestre sont déjà sur Terre.
Comme on l’a dit, nous devons nous efforcer de recueillir connaissance
et expérience, afin de pouvoir les utiliser dans les pays qui avancent vers
le progrès. Ainsi donc, si vous vous sentez assez de force pour vous
consacrer à cette tâche de sacrifice, appliquez-vous de toute l’ardeur de
votre cœur pour assimiler encore mieux les fondements de l’Enseigne-
ment. En vérité, un médecin devrait avant tout être en mesure de traiter les
causes spirituelles des maladies, puisqu’elles ont toutes leur origine dans
le corps subtil. Il est précieux que vous soyez familiarisé avec l’astrolo-
gie ; pour un médecin, c’est très important. L’horoscope d’un malade peut
révéler plusieurs maladies et les traitements appropriés. Continuez donc
votre travail, en gardant votre grand but présent à l’esprit.
Je passe maintenant à vos questions :
L’Aimant Cosmique est le Cœur Cosmique, ou la Conscience de
l’Esprit Cosmique de la Hiérarchie de Lumière. L’Aimant Cosmique est
le lien avec les Mondes Supérieurs sur le plan de l’Être. Notre relation
intérieure avec le Cœur et la Conscience des Grands Maîtres de l’Huma-
nité nous mène dans le puissant courant de l’Aimant Cosmique.

458
La Connaissance Directe est la connaissance et l’expérience accumulées
dans notre Calice. C’est ce qu’on nomme également intuition, mais elle
est d’une qualité très supérieure.
La Connaissance Spirituelle signifie ici qu’il existe simultanément
l’esprit et ses manifestations. Dans les écoles de l’avenir, il sera essentiel
d’enseigner la physiologie de l’esprit.
« Moulaprakriti » est le principe féminin, abstrait et divin. C’est l’as-
pect féminin de « Parabrahman », Substance indifférenciée. En traduction
littérale : « Racine de la Nature » ou « Racine de la Matière ».
La « Tactica Adversa » est l’épuisement tactique de l’adversaire.
Justement, lorsque les Forces de Lumière veulent réaliser une action sur
Terre, elles tiennent compte de toutes les éventualités, prévoyant même
les pires circonstances pour réussir dans les pires conditions. De cette
façon, chaque amélioration des conditions est en soi déjà un avantage
inespéré. Ainsi, on tire toujours un bienfait du pire. Il arrive souvent
que les ennemis contribuent au succès de ces tactiques. Souvenez-vous
des éloges aux adversaires : « Sans les ennemis, l’humanité aurait enterré
ses meilleurs commencements depuis bien longtemps. » En effet, est-ce
qu’il n’existe pas des moments où les gens répugnent à dire du bien de
leurs amis de peur d’être accusés de partialité ? Bien des humains en
sont encore au stade de ce genre de sentiments indignes. Ainsi, soit que les
gens attaquent toutes les manifestations de la Lumière, soit qu’ils les
ignorent.
La « Materia Lucida » est la condition de la Matière Primordiale sur
le plan astral. Elle est toujours ouverte aux études, mais selon ses propres
critères et mesures. La « Materia Matrix » est au-delà du plan astral, et est
l’équivalent de « Moulaprakriti », « l’Akasha », la Substance Primor-
diale – substance la plus subtile, inaccessible aux sens et qui remplit
tout l’espace – le « Mysterium Magnum » des alchimistes.
Je ne connais pas de meilleur remède contre les entités astrales que
l’huile d’eucalyptus. Avant de vous mettre au lit, mettez-en quelques
gouttes dans un bol d’eau boullante. Bien sûr, l’huile de déodar est tout
aussi bonne, mais on ne peut l’obtenir dans le commerce.

Pour recevoir une idée ou une réponse de l’espace, il est nécessaire


d’atteindre une parfaite correspondance des vibrations – c’est le même
principe qu’en radio. Les gens reçoivent de l’espace beaucoup plus
d’idées qu’ils ne le croient, mais ces idées ne sont pas toujours du niveau

459
le plus élevé. L’espace est rempli de toutes sortes de messages mentaux,
et nous recevons exactement ce qui est en correspondance avec notre
récepteur mental. C’est pourquoi l’Enseignement insiste tellement sur
la purification du cœur et des pensées, de façon à ce que nous puissions
vibrer aux pensées du monde supérieur. Souvent, les soi-disant inspira-
tions ne proviennent que de l’harmonie des vibrations.
Je serai heureuse de vous aider spirituellement et vos questions ne me
fatigueront jamais. Ne dit-on pas que « sans questions, pas d’instructeur » ?
Mais, dans un travail spirituel, chaque démarche doit être entièrement
individuelle. Aussi, je serai mieux à même de vous conseiller lorsque
nous aurons fait plus ample connaissance. Pour le moment, j’aimerais
vous dire que votre aspiration vers la communauté spirituelle et votre
amour de l’action sont vraiment magnifiques. Nourrissez en vous cette
aspiration. Faites-en la majeure tâche de votre vie. Prenez des notes
sur l’Enseignement et recopiez tout ce qui y est écrit sur les succès
héroïques et mettez-les en pratique ! Oui, le temps est mûr pour que
chacun parle des faits héroïques dans la vie quotidienne. Sans cette
compréhension des actions héroïques dans la vie de tous les jours, toutes
nos connaissances sont vaines ! La connaissance supérieure ne s’ouvre
qu’à celui qui cherche les réalisations de la vie. Ce n’est pas le retrait
de la vie active, pas plus qu’une étude intensive des sciences occultes, qui
donneront la plus haute illumination. Elle ne se produit que pour celui
qui consacre son cœur et son âme au service du monde. Vous devriez
adopter ce mantra : « Que je puisse réaliser un service actif pour le
monde. » De même, parlez souvent à vos élèves des actes héroïques !
En cette période menaçante, il faut des travailleurs spirituels prêts au
sacrifice. Nous avons besoin de gens enthousiastes, nous avons besoin
de héros !
Voici quelques paragraphes tirés du deuxième volume du livre sur
le Monde de Feu :
« En règle générale, les hommes ne savent absolument pas comment
utiliser l’Enseignement. Lorsqu’ils entendent une formule qui leur semble
familière, ils s’exclament avec hauteur : “Encore la même chanson que
tout le monde connaît !” Ils ne tentent pas de vérifier dans quelle mesure
ils ont compris et appliqué cette formule familière. Ils ne prennent pas
le temps de penser que l’utile Enseignement est donné, non par souci
de la nouveauté, mais pour construire une vie de valeur.
« L’Enseignement de Vie n’est pas un recueil d’utopies. L’humanité
est d’une origine très ancienne. Au cours des âges, des étincelles de
Sagesse multiformes se sont déversées sur Terre. Cependant, chaque cycle

460
a sa clé. Si quelqu’un reconnaît la clé actuelle comme lui étant familière,
qu’il exprime sa gratitude et se réjouisse de recevoir une indication qui
lui est proche. Cela semble simple, mais en réalité c’est très difficile.
Les hommes aiment écouter les nouvelles et recevoir des jouets, mais
bien peu sont prêts à affiner leur conscience.
« Il est impossible que l’un des éléments n’ait pas été souligné
dans les Enseignements. Le Feu a été mentionné des milliers de fois,
pourtant, mettre l’accent sur le Feu n’est plus une répétition, c’est un
avertissement concernant des événements qui touchent le sort de la
planète. La majorité des gens ne seront pas capables de dire que, dans
leur cœur, ils se sont préparés au Baptême de Feu et ce, même si les
Enseignements les plus anciens ont prophétisé l’inévitable Époque du
Feu. » (Monde de Feu, volume 2, Introduction).
« Raj-Agni : ainsi était nommé le Feu que vous appelez enthou-
siasme. C’est enlever vraiment un Feu puissant et magnifique qui purifie
tout l’espace environnant. La pensée constructive se nourrit de ce Feu.
La pensée de la magnanimité croît dans la lumière argentée du Feu de
Raj-Agni. L’aide aux proches coule de la même source. Pour les ailes
rayonnantes de Raj-Agni, il n’y a pas de frontières ni de limitations.
Ne croyez pas que ce Feu puisse s’éveiller dans un coeur méchant.
Développez en vous la capacité d’appeler la source d’un tel transport.
Assurez-vous d’abord que le cœur est offert au Grand Service. Réflé-
chissez ensuite au fait que la gloire des œuvres n’appartient pas à soi, mais
à la Hiérarchie de Lumière. Il est alors possible de s’élever à l’aide de
la puissance de la Hiérarchie et de s’affirmer dans l’accomplissement
héroïque exigé par tous les mondes. C’est dans le Grand Service, et
non pour soi, que s’embrase Raj-Agni. Comprenez que le Monde Ardent
ne peut durer sans ce Feu. » (Monde de Feu, volume 2, no 22).
« Vous avez écrit aujourd’hui sur des remèdes physiques, mais pour
les foules, même des tonneaux de la substance la plus précieuse seraient
inutiles. Incitons tous les médecins du monde à commencer une mission
de spiritualisation du cœur. Tout médecin a accès à des foyers différents.
Il voit diverses générations et ses paroles sont écoutées avec attention.
Tout en donnant des instructions dans le domaine physique, il peut
aisément donner des conseils précieux. Il a le droit de connaître les
détails de la situation morale du foyer. Il peut donner un avis qui incitera
les habitants à réfléchir au-delà des actions de l’estomac. Il peut même
ordonner, car derrière lui se tient la peur de la mort. Le médecin est un
personnage sacré dans le foyer où se trouve un malade. Puisque l’huma-
nité a pris soin de rassembler une quantité suffisante de maladies, le médecin

461
peut donner les avertissements les plus précieux. Si nous avions au moins
des médecins éclairés ! Il y en a si peu à présent ! Nous estimons d’autant
plus les médecins éclairés qu’ils sont, bien sûr, sous la menace d’être exclus
de l’ordre des médecins. Partout où se trouve la Vérité, l’héroïsme est
nécessaire. » (Monde de Feu, volume 2, no 217).
« La conscience qui se dirige vers nous s’affine continuellement. Le
processus d’affinement devient une règle de tous les jours. Pourrait-on
admettre que l’énergie la plus subtile se transforme en chaos ? Il a été dit
partout : “Qui vient à Moi habitera aussi avec Moi.” Comprenez ceci
littéralement. L’énergie la plus subtile ne peut devenir amorphe. C’est
pourquoi je me préoccupe tant d’affiner la conscience. Une complication
issue de la balourdise démontre seulement que l’énergie du cœur n’a pas
atteint le niveau où elle ne risque plus de sombrer dans les vagues du
chaos. Hâtez-vous à effectuer ce processus d’affinement. Tout ulcère
débute par une minuscule décomposition du tissu. Une goutte de résine
peut soigner le tissu malade, mais face à un ulcère négligé tout un pot
de résine ne sera d’aucun secours. Faites preuve de raffinement au sein
même de la vie quotidienne. Et non pas seulement en paroles, ou dans le
regard, car l’énergie du cœur se multiplie précisément dans les pensées.
Si on collecte le bien le plus précieux, c’est dans le but de le redistribuer.
Qui donc ne voudrait pas donner un cadeau de la meilleure qualité ?
Seul un imposteur essaierait d’offrir un cadeau inadapté ou inutile.
Surveillez vos pensées pour envoyer celles de la meilleure qualité. Je
ne parle pas dans l’abstrait. » (Monde de Feu, volume 2, no 240).
« Vous avez raison de ne pas oublier l’importance de la soude. C’est
à juste titre qu’on l’appelait les cendres du Feu Divin. Elle fait partie des
remèdes largement répandus qui ont été envoyés pour l’usage de toute
l’humanité. Pensez à la soude, non seulement en cas de maladie, mais aussi
en pleine santé. En tant que lien avec les actions ardentes, elle sert de
bouclier contre l’obscurité de la destruction. Vous devez cependant y
accoutumer le corps progressivement, en prendre chaque jour avec de l’eau
ou du lait, et, en l’absorbant, la diriger vers les centres nerveux. On acquiert
ainsi graduellement l’immunité. » (Monde de Feu, volume 2, no 461).

En conclusion, j’aimerais dire que les femmes doivent protéger


religieusement le Calice qui leur est confié : l’avancement de la conscience
et le salut du monde. L’Époque de Maitreya est l’époque de la femme.
Consacrons-nous chaque jour au service du Grand Mouvement.

462
LETTRE 17

21 mai 1935

Il ne fait aucun doute que quiconque peut montrer quelle direction


prend l’évolution, devient par cette capacité même un enseignant pour
ceux dont la conscience manque de maturité et qui n’ont pas encore
atteint une compréhension rudimentaire des problèmes sociaux. Pourtant,
on ne peut comparer ces instructeurs à ceux de la Grande Communauté
Himalayenne – une telle comparaison serait hors de proportion. N’oubliez
pas que les Mahatmas de la Fraternité ont dans leurs rangs les Sept plus
Grands Esprits qui arrivèrent sur Terre, depuis des planètes plus avancées
que la nôtre, à la fin de la troisième race et ce afin d’accélérer notre évolu-
tion. Leur Force Spirituelle, leur Majesté n’ont de commune mesure avec
celles d’aucun génie humain reconnu à l’exception de ceux dans lesquels
ils se sont eux-mêmes incarnés. Par conséquent, votre comparaison est un
jugement déplacé et même un blasphème. L’enseignant que vous men-
tionnez est peut-être un esprit très pur et plein d’aspiration – peut-être
même est-il un aspirant disciple de la Fraternité Blanche – mais il ne peut
certainement pas être mis sur le même pied que les Grands Seigneurs
de la planète.
Et maintenant, en me référant au livre que vous mentionnez, vous
pourrez vous rendre compte, surtout après la sortie de votre livre, comment
certaines consciences contemporaines diffèrent peu de celles qui vivaient
au temps de l’Inquisition. Même si les auteurs de livres tels que le vôtre
ne risquent pas le bûcher, ils sont souvent l’objet de persécutions et d’ostra-
cisme. Vous savez que les Alchimistes du Moyen-Âge devaient cacher
leur profonde connaissance sous des allégories hermétiques et des symbo-
les variés, de façon à ne pas retrouver leurs aïeux trop tôt et à se maintenir
en vie pour pouvoir se sacrifier à leur travail pour le bien de l’humanité.
Aujourd’hui bien sûr, ces alchimistes qu’on avait tournés en ridicule
commencent à attirer sérieusement l’attention, et les ouvrages du grand
Paracelse trouvent leur place dans les bibliothèques de grands hommes
de science et de médecins. C’est ainsi que la Vérité a toujours dû être
présentée sous un certain déguisement et les Grands Instructeurs ont
fréquemment dû se servir d’une « pèlerine grise » pour ne pas éblouir
les gens de leur Lumière, de sorte que les gens pouvaient accepter les

463
Grands Instructeurs ainsi que les fragments de la Vérité préparés pour
eux dans ce cycle.
De même, Christian Rosenkreutz, fondateur de l’Ordre de la Rose-
Croix, fut contraint à son retour d’Asie de présenter l’enseignement de
l’Orient sous une forme à moitié chrétienne, sans quoi ses disciples
auraient été persécutés par les fanatiques et les bigots. Le niveau actuel
de l’humanité est tel que chaque grande Révélation doit être entourée
de protections extérieures. La vaste majorité des humains demeure aussi
intolérante et d’une cruauté aussi fanatique que par le passé. Les maté-
rialistes tout comme les personnes n’acceptant qu’un seul Élément
Spirituel critiquent ceux qui ne pensent pas comme eux. Tant que l’huma-
nité ne réalisera pas l’unité des Éléments jumeaux, elle ne sortira pas de
l’impasse.
Vous avez parfaitement raison de soupçonner que dans le plan de
l’évolution humaine il existe des rôles ingrats qui doivent être assumés
par quelques-uns. Ces rôles sont souvent acceptés par des esprits qui
ne sont pas aussi mauvais qu’on le croit et ils sont distribués par le
grand impresario qui s’appelle « loi du karma ». Très probablement,
même ces idées ne sont pas faciles à comprendre pour ceux dont la
conscience n’est pas préparée et qui ne pensent jamais à la grandeur
ainsi qu’à l’inévitabilité de la loi des causes et des effets. Lorsque nous
cherchons sans idées préconçues les raisons de telle ou telle calamité,
nous découvrirons les « révélations » les plus surprenantes.
Y a-t-il à proprement parler une différence si grande entre les person-
nes qui par profit personnel entraînent des nations entières dans des guerres
désastreuses et le genre d’individu que vous avez mentionné et que vous
déclarez coupable ? Apprenez à connaître l’histoire vraie de plusieurs
des guerres – ou plutôt de la plupart des guerres. Quelle cupidité outrecui-
dante, quelle ambition, quelle envie, quel esprit de vengeance personnelle,
ont conduit des pays vers d’effrayantes destructions ! La vie est tellement
compliquée qu’il faut connaître les vraies raisons qui ont mené à un
quelconque résultat désastreux avant de tirer nos conclusions. Bien sûr,
la difficulté de l’humanité c’est que la plupart des caractères forts, même
quand ils croient dans une idée valable, ne la comprennent que d’une
façon unilatérale et intolérante. De là proviennent toutes les actions
destructrices. L’histoire de tous les peuples est pleine de pages san-
glantes et révoltantes. Tant de sang a été répandu pour chaque nouvelle
construction, chaque nouvel enseignement ou nouvelle religion ! C’est
pourquoi l’humanité doit de façon urgente apprendre les deux grands

464
concepts : Tolérance et Coopération. C’est en se fondant sur ces deux
idées majeures que se bâtira l’Ère Nouvelle.
Vous avez donc été attristé par mes paroles : « Peut-être qu’une
arche sera inutile ? » Comme je vous comprends, car j’étais moi-même
déprimée à l’idée que notre Terre ne pourrait peut être pas supporter
tout ce qui arrive et que les énergies ardentes pourraient peut-être ne
pas suffire pour prévenir l’explosion finale. Aujourd’hui pourtant, j’ai
vaincu cette faiblesse. Les Grands Esprits sont ardemment désireux
d’aider l’humanité et la création de nouveaux rayons donnera peut-être
la possibilité de nous renouveler spirituellement et de manifester les pou-
voirs essentiels de l’esprit qui désamorceront les énergies dangereuses.
Alors, comme dans le passé, l’inévitable catastrophe sera uniquement
partielle. Les Grands Esprits, dans un effort soutenu et constamment
aux aguets, dissipent par leurs Rayons les énergies de destruction. Il y
a peu, très peu d’aides sur Terre pour cette tâche qui exige le sacrifice
de soi. Il est vrai que lorsque ces « Artificiers » se trouvent en des lieux
menacés de tremblements de terre, le désastre est considérablement
atténué et même parfois entièrement écarté. Cela s’applique aussi à
toutes sortes d’épidémies. Il a été dit :
« […] Les Artificiers des sphères sont les Serviteurs les plus puissants
du Cosmos. Les liens les plus subtils unissent ces grands Serviteurs du
Cosmos. Mais un tel travail ne peut prendre place que durant l’unification
ardente. L’équilibre du feu peut sauver la planète. Seul un pouvoir ardent
peut au dernier moment accorder une vie nouvelle. » (Monde de Feu,
volume 3, no 182).
Les centres de ces Serviteurs doivent être ardemment actifs. En guise
de consolation, je peux vous dire que tous ceux qui se consacrent à la vraie
Connaissance et au Bien Commun s’en iront vers les sphères supérieures.
Triste sera la destinée de ceux qui seront laissés sur les épaves du bateau
naufragé ou de ceux qui seront largués sur Saturne. Mais naturellement,
cette destinée n’arrivera qu’à ceux qui auront perdu tout vestige de valeur
humaine. Ne soyez donc pas triste, mais aspirez de tout votre cœur vers
la Hiérarchie de Lumière. Les Seigneurs de la Lumière sont véritablement
les Gardiens du Ciel et de la Terre. En vérité, il faut savoir que des
catastrophes partielles se produiront. Elles seront d’autant plus atroces
que les hommes continuent à saturer l’espace de haine, de cupidité,
d’intolérance, de négativité et de toutes sortes de divisions. L’heure
décisive n’est pas si lointaine, mais les enfants d’aujourd’hui auront
amplement le temps de devenir vieux. Je vous prie de parler en vous
adaptant au degré de conscience de ceux qui vous approchent. Ne surchargez

465
pas ceux qui ne sont pas encore prêts. Le mal qui pourrait en résulter
serait grave.
Les Grands Maîtres ont dû employer et emploient toujours des
Images inférieures pour que les cœurs intraitables puissent Les compren-
dre. Il est très difficile d’accepter – ou plutôt de pardonner la Grandeur !
Ne soyez plus triste, je vous prie. En attendant, intensifions toutes
nos énergies et nos forces pour pouvoir bâtir, non pas une nouvelle
arche, mais un aéronef spécial qui sera plus actuel et plus utile pour le
Monde Astral, car beaucoup devront être sauvés.

466
LETTRE 18

31 mai 1935

1. Il serait plus juste de dire que le cycle du Kali Youga tire à sa fin
sur notre planète et que nous sommes maintenant dans une période
transitoire. Le Satya Youga commencera avec l’établissement de la
sixième race, et des groupes isolés de cette race font déjà leur apparition
sur Terre. Mais l’ère véritable du Satya Youga ne pourra être inaugurée
que lorsque la planète sera purifiée de toute matière impropre et que de
nouveaux continents auront été formés. Comme toujours, les présages
de l’époque apparaissent beaucoup plus tôt, mais les continents qui
doivent recevoir la majorité de la sixième race peuvent manifester de
nombreux signes de l’Ère Nouvelle qui approche.
2. Je ne prétendrais pas que « la femme a été brûlée dans les feux
de l’Inquisition pour les crimes qu’elle a commis à cause de sa position
de faiblesse et d’esclavage ». Ce serait une affirmation partiale et injuste.
Les vrais criminels ont rarement été châtiés par les feux de l’Inquisition.
Les victimes furent les opposants personnels des inquisiteurs et des
individus inoffensifs qui avaient des tendances médiumniques ou psy-
chiques, tendances souvent plus prononcées chez les femmes.
Il n’est pas juste d’accuser la femme à cause de la position humi-
liante qu’elle occupe dans l’ordre social, même dans les nations dites
civilisées. Les personnes qui ont un niveau de développement intellec-
tuel et spirituel médiocre sont enclines à abaisser ce qui est élevé. Si on
étudie l’histoire sans parti pris, on constate que dans l’antiquité les
nations qui étaient florissantes révéraient l’élément féminin. Comme
on l’a dit : « Tous ceux qui affirment des droits ne les possèdent pas
pour autant. » En vérité, la prise de possession de droits par la force est
contre le Droit Cosmique, sans quoi on pourrait facilement dire que la
machine surpasse le subtil appareil qu’est l’homme. Une telle façon de
penser est assez largement répandue, et cela est déplorable pour l’ordre
social du monde. Dans les mondes supérieurs, le Principe Féminin est
hautement vénéré, car la femme personnifie l’abnégation et le don éternel
sur la voie difficile de l’évolution humaine. On disait : « La femme a
avancé en empruntant le chemin de l’accomplissement. » N’oublions
pas à quel point la Hiérarchie de Lumière révère la Mère du Monde !

467
3. Les affirmations, qu’on peut lire dans les livres selon lesquelles
toutes les religions et tous les enseignements rabaissent la femme, sont
fausses. Il semble que ces déformations et adjonctions ont été apportées
plus tard, par cupidité ou par ignorance, par ceux qui détenaient le
pouvoir. En vérité, les Grands Fondateurs des religions et des enseigne-
ments ne doivent pas être tenus pour responsables de cette ignorance
flagrante. Considérons maintenant combien de mains malhonnêtes et
cupides ont traité ces enseignements pendant des millénaires !
Le Bouddha tenait la femme en grande estime et a déclaré qu’elle
pouvait atteindre aussi bien que l’homme à l’état le plus élevé d’Arhat.
Oui, le même feu, la même monade brûle dans la femme, comme dans
l’homme. L’appareil psychique de la femme est plus subtil que celui de
l’homme. C’est la raison pour laquelle, dans l’Égypte ancienne, les grandes
prêtresses d’Isis transmettaient les ordres de la Déesse aux Hiérophantes,
jamais le contraire. Si notre Église chrétienne a humilié la femme au point
que dans le rituel du mariage, l’officiant proclame que « la femme doit
obéir à son mari », il en était tout autrement dans l’Égypte ancienne, parce
que la femme était à la tête de la maison. Il reste encore beaucoup de
choses étonnantes à découvrir. Oui, nous sommes encore restés dans la
Maya de notre ignorance. Cela est dû non seulement au manque de
faits et de preuves tangibles, mais aussi à une maladie héréditaire,
maladie d’idées préconçues et de négation. Dès l’enfance, cette maladie
ronge notre pensée comme un cancer.
L’histoire vraie, et surtout la vraie connaissance, révéleront bien
des pages surprenantes et des faits réels. Rappelons-nous ces paroles
importantes : « Il serait juste de dire qu’aucun des Testaments ne nous
est parvenu sans déformations. On a vu apparaître des altérations et des
déformations sans fin dans les traductions des grands écrivains. » Les
écrits des premiers Pères de l’Église chrétienne ont été affreusement
dénaturés. Prenons par exemple le grand Origène, ne voyons-nous pas des
déformations dans la préface de ses ouvrages, de la plume même de son
disciple ? En vérité, plus on se penche sur les origines de tous les Ensei-
gnements, plus on découvre l’unité et la majesté qu’ils manifestent. Ainsi,
dans notre ignorance, n’accusons pas les Créateurs des Enseignements,
qui assurément connaissaient la grande loi de l’Équilibre des Éléments.
Dans l’Antiquité, l’ultime et plus haute initiation se rapportait à cette
illumination et à cette connaissance. Tout le mystère, toute la beauté de
l’Être se trouvaient révélés à l’âme illuminée par la Lumière supérieure.
Même l’Hindouisme déformé a gardé quelques vestiges de l’importance
de l’Élément Féminin et, jusqu’à nos jours, le rituel le plus sacré ne peut
être accompli par un Brahmane sans la participation de sa femme.

468
Le Christ aussi a prêché l’égalité des Éléments. Mais les élèves de
ses disciples appartenaient aux ténèbres, et leur obscurantisme s’est
développé en quelque sorte selon une progression géométrique et non
arithmétique.
De même, Zoroastre avait une haute estime pour l’Élément Féminin.
Dans ses Testaments, on trouve des mentions frappantes de la majesté
de l’Amour Cosmique.
4. Il est dit dans les Enseignements : « Le lingam est le récipient de
la sagesse. » Cela signifie que cette substance vitale possède des proprié-
tés importantes. C’est justement en conservant cette substance que les for-
ces s’accumulent et que nous gardons cette puissance créatrice en nous.
Voilà pourquoi une continence totale est demandée à quiconque étudie
l’occultisme pratique. Ce n’est que plus tard que cette connaissance a
pris la forme du répugnant culte phallique. On comprend pourquoi un
Arhat mène une vie de complète continence.
5. On ne peut parler de perfection de l’homme au cours des deux
premières races, car cette perfection n’était qu’à l’état potentiel. Si
pendant la deuxième moitié de la troisième race, la civilisation de notre
planète fut d’un si haut niveau, c’est seulement parce qu’à ce moment-
là les Grands Elohim vinrent sur Terre – d’un point de vue ésotérique,
il se trouvait parmi eux des Esprits des deux sexes. Ils se sont incarnés
comme Divins Chefs et Souverains, et leurs descendants reçurent l’étin-
celle qui produisit l’éveil des capacités mentales. Les centres de ces
descendants commencèrent à fonctionner, tandis que dans la majorité
des humains, ils restaient encore inactifs. Ces Elohim, arrivés de mondes
ou de planètes plus évolués, s’incarnèrent dans les formes humaines qui
existaient alors et éveillèrent la conscience et les capacités mentales de
l’humanité. Ainsi, même si la spiritualité était prédominante dans les
premières races, on ne saurait les considérer comme parfaites, du fait
qu’il leur manquait la capacité de penser. La pensée est le couronnement
de la création dans le monde, car seule la pensée consciente est capable
de créer. C’est pourquoi l’homme pensant, illuminé par la lumière de la
spiritualité, est appelé « la couronne de la création » et « créateur ». Seul
l’esprit ayant passé par d’innombrables formes et existences peut acqué-
rir cette expérience et cette base des sentiments et de l’imagination sans
lesquelles il n’y a ni discernement, ni pensée, ni création. Le mental
illuminé par la spiritualité est véritablement un cadeau de Dieu. Il est
dit dans tous les Enseignements de l’Orient : « Il n’y a pas de dieu qui
n’ait été homme à un moment donné. » Et aussi : « Tous les dieux doivent
passer par l’évolution humaine. »

469
6. Les âmes sœurs ne se reconnaissent pas lorsqu’elles se rencontrent
si elles ont été séparées pendant des siècles. Plus précisément, ce sont
seulement les âmes qui durant des millénaires ont été unies sur le plan
terrestre par des sentiments hautement spirituels et sincères qui peuvent
atteindre l’union cosmique dans les mondes supérieurs. L’unification des
consciences et des cœurs ne s’obtient pas en une vie, pas même au cours
de plusieurs vies. Des milliers d’années sont nécessaires pour accumuler
les énergies capables de créer ces liens inséparables. La suprême beauté est
difficilement accessible !
7. En vérité, tous les esprits dans lesquels l’étincelle de l’aspiration
vers ce qui est beau et élevé n’a pas été étouffée revivent et revivront sous
des formes correspondant à leur niveau spirituel ou à ce que leur Calice
a accumulé.

L’imagination vulgaire correspond tout à fait à la médiocrité morale


de l’homme. C’est pourquoi nous sommes particulièrement responsables
de la préservation des Images les plus Hautes contre les atteintes du dénigre-
ment, des blasphèmes et des interprétations sacrilèges de toutes sortes.
Il est essentiel de savoir que le Couronnement Cosmique ne peut être
atteint que dans les mondes supérieurs, là où les problèmes de la création
cosmique ardente n’ont pas de commune mesure avec leurs équivalents
terrestres. Ce couronnement ne ressemble pas à l’interprétation terrestre
qu’on en donne. Il faut garder en mémoire que dans la Citadelle terrestre
de la Fraternité, les Arhats demeurent dans la solitude, selon le service
dont l’humanité a besoin. Chacun d’entre eux entreprend sa mission
spécifique et mène à bien les tâches les plus difficiles. Les âmes qui
leur sont les plus proches et liées karmiquement s’incarnent sur Terre
pendant la mise à exécution d’un nouveau plan d’évolution. Et tandis
qu’elles guident la conscience des hommes selon les nouvelles lignes de
l’évolution, ces âmes restent en contact avec les Arhats et accomplissent
leur Volonté. La variété des tâches exige de nombreuses conditions. À cet
effet, certains Arhats restent dans une forme astrale densifiée et seul un
petit groupe d’entre eux gardent leur corps physique pour des missions
spéciales. Oui, le poids de leur tâche pour le Bien Commun dépasse tout
ce qu’on peut imaginer ! Ces Serviteurs de la Vérité et du Bien Commun
adoptent le principe du sacrifice dans toute sa majesté et toute sa beauté.
Sous une pression énorme, dans une vigile éternelle, avec une patience
sans bornes et au prix d’un effort terrible, ils dirigent la barque de
l’humanité et sacrifient leurs vies pour leurs frères humains. Ils remettent

470
le bateau d’aplomb et maintiennent le gouvernail dans la juste direction.
Voici un paragraphe de l’Enseignement de Vie :
« Qu’est-ce qui ressemble le plus à notre Communauté – un chœur de
chanteurs de psaumes ou un camp armé ? Le deuxième plutôt. On peut
imaginer comme elle doit se conformer aux règles d’organisation et de
commandement militaires. Est-il possible d’instaurer les voies de la
progression de la Communauté, sans repousser ni attaquer ? Est-il possible
de prendre une forteresse d’assaut sans en connaître la position ? Les
moyens de défense et d’attaque doivent être évalués. Une connaissance
expérimentée et une vigilance aiguë sont nécessaires. Ceux qui consi-
dèrent la Communauté comme une maison de prières se trompent. Ceux
qui appellent la Communauté un atelier se trompent. Ceux qui considèrent
la Communauté seulement comme un laboratoire se trompent. La Commu-
nauté est une sentinelle aux cent yeux. La Communauté est l’ouragan du
messager. La Communauté est la bannière du conquérant. » (Ère Nouvelle –
Communauté, no 183).
J’aimerais ajouter que la Communauté est le phare et la seule ancre
de salut de l’humanité. C’est pourquoi les gens les meilleurs doivent les
aider dans leur insoutenable tâche. Et combien immense devrait être notre
gratitude pour ces Esprits Sublimes qui pendant des siècles se sont
sacrifiés et continuent de renoncer à la félicité à laquelle ils ont droit pour
soulager la destinée de l’humanité et sauver la planète de la destruction !

Peut-on vraiment tracer une ligne nette entre le monothéisme et le


polythéisme ? Peut-on mentionner une seule religion qui affiche un
monothéisme strict ? En vérité, toute la signification de la vie est l’unité
dans la diversité. Dans la religion chrétienne, on trouve le polythéisme
le plus évident. Le concept de Dieu le Père et de son Fils incarné Jésus-
Christ ne peut être considéré comme monothéiste. Est-ce que la Trinité
païenne n’est pas contenue dans la fondation de la religion chrétienne ? Et
que dire de la multitude des Anges et de l’Échelle de Jacob ? Oui vraiment,
on peut redire ici que ceux qui voient la paille dans l’œil du voisin ne
voient pas la poutre qui est dans le leur. On peut à bon droit prétendre que
l’Église chrétienne a su profiter de l’héritage païen qu’elle méprise,
mais dont elle a déformé et rabaissé plusieurs des grandes idées.

Qui saurait dire où les droits des femmes – droits qu’elles ont reçus
de la Nature – commencent et où ils finissent ? On pourrait poser la
même question pour les droits des hommes. Seule l’évolution donne

471
une réponse et indique la bonne direction. Il n’y a pas d’indication
dans la Nature que la femme doive rester cantonnée dans son foyer !
Oui, elle est la Mère et la Gardienne du Monde. Voilà pourquoi il n’est
aucun domaine où l’homme doive régner en maître. C’est précisément
la domination de l’un des deux Éléments qui est la cause des malheurs de
l’époque. La créativité est partagée équitablement entre les deux élé-
ments. Elle est actuellement plus prononcée chez l’homme parce que
la femme a été tout bonnement privée d’une éducation équivalente et
qu’elle n’a pas d’égales possibilités pour exercer ses forces de création
sur une large échelle. Encore aujourd’hui, la croyance erronée prévaut
que le cerveau féminin est plus léger et plus petit que celui de l’homme
et qu’elle est de ce fait plus stupide, etc. Je me rappelle l’étonnement
des hommes de science après la mort du brillant écrivain Anatole France,
lorsqu’on pesa son cerveau, et qu’on le trouva pratiquement aussi petit
que celui d’un enfant ! De même, lorsque quelqu’un a dit une fois que plus
un animal est développé, plus sa cervelle est grande, je me suis rappelé
une remarque du Maître à l’effet que certains insectes sont plus intelli-
gents que d’autres animaux. Prenez l’exemple des fourmis et des abeilles.
Une cervelle de poids est signe d’une grande endurance physique, mais
pas de sensibilité. Les marques d’intelligence sont entièrement diffé-
rentes. Les circonvolutions du cerveau sont significatives. Pourtant ici
encore, on n’a que des notions fragmentaires, car on sait si peu de
choses sur les mystères de l’homme intérieur. Il y avait une autre théorie
encore plus ridicule des anthropologues qui prétendait que plus le crâne
est grand, plus l’homme est intelligent. Ici aussi, la Nature prouve le con-
traire, car on a constaté que la taille du crâne d’un aborigène est plus grande
que celle d’un Français moyen plein d’humour. De nos jours, on a
largement accepté qu’il n’y a aucune raison de considérer les capacités
mentales de la femme comme inférieures à celles de l’homme.
L’obscurantisme s’est efforcé de faire de la femme une concubine
et une bonne d’enfants. Mais si la femme tient la position de la mère,
elle est non seulement mère de famille, mais aussi la Mère, la Grande
Enseignante de la conscience des nations ! C’est pourquoi il est dit
dans l’Enseignement : « […] La femme qui met des êtres au monde a le
droit de gouverner leur destinée. Nous voulons voir la femme participer
aux gouvernements, aux conseils des ministres et à toutes les activités
constructrices. » Mais en même temps, on peut lire : « […] la lutte
entre les deux Éléments sera rude, et c’est la femme elle-même qui
devra reconquérir les droits qu’elle a abandonnés de son plein gré. »
La perte de cet équilibre a eu un effet si terrible sur la vie de toute
la planète qu’elle est maintenant en danger d’être détruite ! Une fois

472
encore, la justice cosmique et la comesure viennent à la rescousse en
suscitant un nombre toujours croissant de femmes de talent. Dans les
pays jeunes destinés à promouvoir l’évolution, on peut observer de quelle
façon la femme s’exprime. Ainsi, en Amérique, il y a déjà des femmes
ministres, diplomates, ambassadrices, gouverneurs d’État, directrices de
grandes firmes, aviatrices et avocates qui gagnent des causes très compli-
quées. De même, la personne occupant le poste de confiance de secrétaire
personnel du Président est une femme. Oui en Amérique, les femmes sont
les principales instigatrices dans l’éducation et la culture. Et la plupart
des enfants surdoués sont des petites filles. Tout cela est de bon augure
pour l’époque qui s’annonce.
Je vous livre maintenant un sujet de réflexion : Au cours de l’évolu-
tion, la Nature éliminera les imperfections de la conception physique, de
la naissance et de la dépendance de la première enfance – qui passeront
dans la légende. Pour la formation du corps que prendra l’esprit qui
viendra s’incarner, on aura besoin des forces de la mère autant que de
celles du père, et ils participeront ensemble au processus de densification.
La nourriture n’exigera plus des fourneaux enfumés. Se pourrait-il qu’à
cette époque-là la sphère accessible à la femme se dégrade à ce point
qu’elle ne puisse que jouer le rôle « d’amuseuse » pour l’homme ? Non,
il est temps que les êtres d’élite réfléchissent à cela et se sentent gênés
du manque d’imagination qu’ils ont affiché jusqu’ici.

473
LETTRE 19
6 juin 1935

Vous exprimez le désir de recevoir mes lettres « à intervalles moins


espacés ». À vrai dire, je crains que mes messages ne dérangent la paix
de quelqu’un, puisque j’ignore les témoignages superficiels et me range
à la réalité que l’Instructeur me montre. Il est donc fort probable que
mes définitions et mes conclusions inattendues ne seront pas acceptées
par ceux qui voient un épouvantail à chaque tournant du chemin. Mais je
suis certaine que vous ne lirez pas mes lettres à ces gens-là. Que votre
discours s’adapte toujours au niveau de conscience de vos auditeurs.
Je ne partage pas votre affirmation « qu’en apparence, le clergé a
pratiqué une complète tolérance et qu’aucune sorte d’hostilité ouverte
n’a été démontrée de leur part ». Je suis en possession d’une information
qui affirme le contraire. Est-ce qu’un certain prêtre, par exemple, n’a
pas menacé d’anathème les membres de la communauté de saint Serge
alors qu’ils étaient venus simplement demander sa bénédiction ? J’ai
le rapport de témoins. Ce même prêtre n’a-t-il pas reconnu avoir donné
lui-même aux journaux de l’information qui a jeté la confusion parmi
les citoyens ? Et quand on lui a demandé pour quelle motivation il avait
fait cela, il a répondu : « Eh ! bien, juste parce que je voulais donner cette
information. » Non, la pratique d’une pareille « tolérance » est définie
d’une autre façon dans notre dictionnaire ! Je pourrais mentionner d’autres
faits, mais vous les connaissez probablement mieux que moi. Laissons
donc tomber toute cette discussion sur le clergé. D’ailleurs, quand je dis
« clergé », je ne pense pas seulement aux prêtres, mais à tous les fana-
tiques et hypocrites en général qui camouflent leurs sombres actions
sous des rituels, des génuflexions et des baisements de la croix, comme
monsieur X et consorts.
Vous vous souvenez peut-être que j’ai toujours essayé de rester à
l’écart de l’Église et de ses représentants, parce que je voulais que mes
fils gardent tout leur respect pour la religion, jusqu’au jour où leur
conscience serait assez forte pour juger mûrement par eux-mêmes, avec
sagesse, ce que leur Église a de magnifique et ce qu’elle a de négatif,
justement pour que leur attitude envers la religion comme telle ne soit
pas entachée. Je crois avoir réussi, car tous deux sont profondément
religieux et, en esprit, ils ont leur propre Église.

474
Aucun de nos collaborateurs ne saurait condamner quelque temple que
ce soit. Ils iraient plutôt brûler un cierge dans chacun d’eux. Mais il est
certain que les fanatiques et les hypocrites n’empruntent pas le même
chemin que ceux dont la conscience est illuminée.
Le temps menaçant – très menaçant même – approche, et un grand tri
est en train de se faire. La conscience des gens est en train de changer,
et un réveil pousse à la reconstruction de la vie sur une base nouvelle et
sur une large échelle. Les nations réalisent que « la vie sans héros est
monotone ». Partout, on peut voir une aspiration pour une direction
solide dans la vie culturelle, dans la vie sociale et dans les gouvernements.
Se pourrait-il qu’on veuille manquer l’aube glorieuse, occupés qu’on
serait à s’autodétruire et à trahir les valeurs spirituelles ? Oui, je dirais
que je conçois sous le terme « d’Église Vivante » une Église qui applique
les Évangiles du Christ dans toute leur tolérance – une Église qui a pour
objectif l’unification et non la désunion – et où l’amour du Christ est
inclus dans la construction des fondations. Mais là où il y a la moindre
trace d’intolérance et de fanatisme, il n’y a pas de Christ. J’ai lu un
article sur le patriarche Tikhon. On voit dans sa personnalité sa compré-
hension que le « Nouveau Ciel et la Nouvelle Terre remplaceront le
vieux monde ». Le Christ était vivant dans son cœur.
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi le clergé est tellement opposé
à un grand nombre de sociétés philosophico-religieuses ? C’est qu’il craint
que la lumière soit faite sur les symboles chrétiens qui sont une réplique
des anciens symboles païens. Les prêtres occidentaux les plus érudits le
savent très bien. Mais on ne peut pas cacher la vérité en permanence et elle
commence à apparaître. Récemment, j’ai vu dans un journal la photo-
graphie d’un patriarche grec en costume d’apparat tenant dans ses mains
un crucifix qui était une parfaite copie du caducée de Mercure, où l’on
pouvait voir la tête de deux serpents. On peut se demander : « Comment
est-il possible que l’image du serpent – symbole de la séduction selon
le dogme chrétien – se trouve sur le crucifix de ce patriarche de l’Église
Grecque ? » Si je n’avais pas connu la vérité, j’aurais pu penser qu’une
main sacrilège avait faussé l’image de ce saint homme.
En ce qui concerne le cas que vous avez mentionné, je dirais :
laissons de côté l’ignorance et concentrons notre attention sur une inter-
prétation véridique des faits. Demandons-nous qui est le plus à blâmer –
celui qui selon sa croyance a entouré la personne révérée des meilleurs
symboles ou celui qui par ignorance et avec malveillance a non seulement
calomnié une personne innocente, mais encore a blasphémé les très
hauts symboles dont il ne pouvait même pas imaginer la signification ?

475
Est-ce que tous ceux qui apportent la lumière de la connaissance, qui
élèvent le niveau culturel et éthique, ne sont pas les frères et les sœurs de
la Grande Fraternité Humaine ? En vérité, N.K. et moi appelons quiconque
apporte la Lumière « frère » ou « sœur », selon les instructions du Christ.
En Inde, on a l’habitude de recevoir tout inconnu en l’appelant « frère ».
Et cela est tellement beau !
En effet, vous ne risquez certainement pas de trouver dans la revue
que vous mentionnez les injures ou les avis vulgaires et ignares contenus
dans les coupures que j’ai reçues des journaux H. et T. J’ai été attristée
lorsque nos collaborateurs étrangers, après avoir lu ces articles diffa-
mants, m’ont écrit qu’ils n’auraient jamais imaginé que certains groupes
d’émigrés puissent être encore toujours aussi ignorants – « On ne peut
s’empêcher de croire les récits selon lesquels les cosaques russes mangent
des bougies de suif, qu’on peut voir des ours se promener dans les rues
des villes […] », etc.
Il est temps que les meilleures intelligences comprennent que la
conscience du monde entier subit une expansion très rapide et que les
nouvelles constructions approchent à pas de géant. On ne peut pas péné-
trer dans le Monde Nouveau avec les déchets du passé ! L’avenir promet
d’être magnifique, mais il faut apprendre à l’accueillir. L’Ère Nouvelle
porte sur sa Bannière le signe de la grande coopération dans tous les
aspects de la vie, basée sur la vraie connaissance et la tolérance. Mais
la coopération dans l’ignorance et le fanatisme est impossible.
J’ai envoyé – et je continue de le faire – les articles de N.K. à tous
ceux qui aspirent à recevoir les paroles de Lumière, et je ne fais aucune
discrimination entre païens, chrétiens, sectaires et orthodoxes. Les paro-
les de Lumière peuvent résonner partout et en toutes circonstances. Si
monsieur X et sa bande laissent des traces dans la mémoire du peuple, ce
sera en rapport avec leurs prédécesseurs qui ont exécuté tous ceux qui
ne pensaient pas comme eux !
Et maintenant, j’aimerais savoir comment avance le travail sur le
livre de N.K., La Vigile Sacrée. Je pense qu’il devrait être possible de
le publier dans un autre pays. Il est intéressant de remarquer qu’il a été
interdit par la censure de Harbin, et je voudrais qu’on m’indique quels
sont les points précis qui effraient les censeurs. Que cela est curieux !
Et dire que c’est l’âge de l’éducation ! Non, nous ne vivons pas à l’âge
de l’éducation, mais dans un âge de subtile inquisition et d’espionnage
irresponsable, dans lequel les esclaves de l’esprit deviennent de véritables
robots qui se verront bientôt dirigés par n’importe quel singe ! Il est
temps de reconnaître que là où l’esprit courageux s’efface devant la

476
non-résistance au mal, la lâcheté et la peur, il n’y a pas de place pour le
renouveau et le progrès. Il y a une profonde sagesse dans le dicton :
« Dieu vient en aide au courageux. »
C’est navrant, mais pour une certaine mentalité, on peut appliquer
les paroles du Christ dans toute leur sévérité : « Mais Jésus leur dit : “Nul
n’est prophète dans son pays, dans sa famille ou dans sa maison.” »
Pareillement, en rapport avec la discrimination des Grands Esprits,
je ne peux m’empêcher de penser à cette parabole de l’Orient : « Une fois,
un grand Rishi – ou Sage – fut questionné par ses disciples sur la façon
de reconnaître les Avatars, ces incarnations divines. Et il répondit :
“Un certain épicier eut l’occasion d’acheter un superbe diamant. Il le
regarda et déclara qu’il ne pouvait en offrir que dix livres d’aubergines,
pas une pièce de plus.” »
Des caractères comme J.L. et V.I. se sont montrés même pires que
cet épicier.
L’abominable calomnie de H. et de T. s’est répandue dans d’autres
pays et un imposteur prenant le nom de plume de « Mahatma » a repro-
duit cette horreur dans un journal local. Ce « Mahatma » de papier
s’est bien sûr heurté à une forte opposition de la part de nos amis et,
dans le même journal, le calomniateur a été forcé de reconnaître qu’il
voit en N.K. un grand artiste, et qu’il prétendait seulement qu’un grand
artiste ne devait pas essayer de corriger la religion de nos ancêtres – et
que dès maintenant il se tient à l’écart de la polémique. Ici comme
toujours, la « Tactica Adversa » a triomphé ! Il y a eu ensuite plusieurs
articles dans les journaux et les revues sur le « Pacte de la Paix », les
institutions et toutes les activités culturelles de N.K. La calomnie allume
la flamme de grandes actions, et les étincelles de ce feu intense sont
transportées à de grandes distances et dans des cachettes reculées, enflam-
mant de nouvelles aspirations, de nouvelles demeures de l’esprit.
J’aimerais maintenant demander à ceux qui accusent N.K. « de corri-
ger la religion de nos ancêtres », quels sont à proprement parler les dogmes
de notre Église que nous devrions considérer comme immuables. Ainsi,
n’avons-nous pas appris de l’histoire des conciles de l’Église les nom-
breux changements que les Pères de l’Église ont opérés eux-mêmes ? Il
serait utile de rappeler les disputes entre les prêtres pendant ces conciles.
Pour cette raison, ne serait-il pas plus logique d’accuser ces très « doctes
prêtres » et leurs partisans aveugles d’avoir corrigé la religion des ancê-
tres ? Pourtant, ils sont probablement de l’opinion que : « Quod licet Jovi
non licet Bovi ! » Et pour fustiger leur présomption, on pourrait citer

477
plusieurs exemples des Enseignements du grand Antonius, mais je
n’aimerais pas trop allonger cette lettre.
C’est le cœur meurtri que j’écris tout ceci, car j’aime mon pays et je
souffre de ses faiblesses. Le peuple russe a beaucoup reçu et méritait le
titre « d’Homme en quête de Dieu ». Nous avons eu des étoiles comme
saint Serge de Radonège, qui a non seulement établi les fondations de
la Nation Russe, mais qui a formé le caractère entier du peuple. Par ses
efforts, par l’aimant de son esprit et celui de ses collaborateurs, des
feux spirituels furent allumés qui ont nourri la conscience du peuple
pendant des siècles. Mais ses successeurs ont permis la dégradation du
trésor hérité. Lorsqu’ils se sont détournés du Chef envoyé par Dieu et
de son Principe Hiérarchique, la conscience du peuple s’est appauvrie et
des catastrophes incommensurables se sont abattues sur lui. Les prêtres
n’ont aucun droit de mettre la faute de la décadence sur le dos des sécu-
liers et des intellectuels ! C’est eux-mêmes qu’ils devraient blâmer d’abord,
car ils sont les gardiens des trésors spirituels qui leur ont été confiés par
saint Serge. Où sont passés l’esprit de vaillance, l’abstinence et la pureté
austère, ainsi que les accomplissements d’une vie éclairée par l’amour
de la patrie qui caractérisaient tous les disciples du très révéré Serge ?
En outre, quels furent les bénéfices acquis par l’Église d’Occident
en vendant des indulgences et en créant l’Inquisition ? Quelle igno-
rance se cache derrière la condamnation de Galilée et d’autres martyrs
de la Lumière de la connaissance ! Eux qui ont brûlé Giordano Bruno
et Jeanne d’Arc sur le bûcher, ont-ils de quoi se vanter ? Jeanne d’Arc
est maintenant canonisée par la même Église ! La nuit de la Saint-
Barthélemy n’est-elle pas synonyme de massacre ? Devons-nous vraiment
continuer d’insister sur l’infaillibilité de l’Église ?
Les crimes de l’Église contre les Testaments du Christ sont énormes.
Parcourons attentivement les pages sanglantes de la véritable histoire,
et dans l’inévitable indignation de notre esprit, peut-être pourrons-nous
acquérir suffisamment d’énergie pour rejeter toutes les entraves de
l’ignorance, de la cupidité, et retourner à la vie pure des Pères de la
chrétienté primitive. La puissance d’esprit de ces héros du royaume
spirituel serait énorme, et ils seraient grandement honorés par ceux qui
recherchent la Lumière et la direction de l’esprit. Mais aucune contre-
façon dorée ne peut tenter l’âme du peuple qui a souffert pendant si
longtemps. Il attend la vraie Lumière du Christ, les grandes actions au
nom du Christ, dans l’austérité, la pureté et la simplicité !
Que nos compatriotes aient l’esprit vivifié, bien que certains d’entre
eux doivent avoir honte de leur morale corrompue. Puissent ceux qui

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ont l’esprit renouvelé se rassembler sous la Bannière de saint Serge, le
Chef envoyé de Dieu pour diriger notre Terre de Russie. C’est notre seul
salut. Toutes les prédictions que j’avais reçues se sont effectivement
produites et continuent de se produire avec la plus grande exactitude.
C’est pourquoi je dis que l’heure du danger a sonné et qu’il est grand
temps de s’unir en esprit. Car autrement, à la place d’une forêt il ne
restera plus que des troncs et des copeaux, et le premier souffle appor-
tera l’étincelle de la destruction.
Je vous supplie de réfléchir plus profondément aux événements, et
de ressentir la Main qui Guide. Participons à la grande résurrection de
l’esprit. Nous avons reçu une forte assurance quant à la Victoire de la
Lumière sur les ténèbres. L’année importante du terrible Armageddon
est proche. Que les combattants pour la Lumière s’unissent sous la
Bannière qui nous a été donnée ! La Grande Garantie de la victoire est
entre nos mains.
Je vous envoie de très beaux chapitres de la récente monographie sur
N.K. écrite par le poète Richard Rudzitis. Beaucoup apprécieront le
raffinement et la pureté de cœur de ce grand écrivain que la lumineuse
figure de N.K. a tellement impressionné. Mais les cœurs d’un grand
nombre sont ternis et leur vocabulaire a chuté à un niveau très bas.
Apprenons à apprécier à sa juste valeur chaque travailleur de talent. Il
faut arrêter l’anéantissement inutile d’êtres sur lesquels se concentrent les
plus hautes énergies et qui portent en eux toute la signification de l’évo-
lution – qui représentent la vie de la nation et du pays tout entier. Il est
temps de changer notre façon de penser. Oui, nous sommes au bord du
précipice ! « Une Bannière Miraculeuse peut seule nous aider à atteindre
les Portes du Château Miraculeux. » Ne nous détournons pas de ce qui
est prédestiné ! Acceptons la Bienveillance qu’on nous envoie !
Saint Serge, le Miraculeux, nous marchons avec Toi, avec Toi nous
vaincrons !
Une fois encore, je vous prie de ne pas vous irriter à cause de cette
lettre. Nous vous aimons et souhaitons travailler avec vous harmonieuse-
ment et avec succès, mais cela exige une certaine unité de conscience, et
c’est pourquoi je vous livre mon credo. Je vous suggère de relire l’article
de G. Grebentchikoff, Je Proteste : « Notre compatriote russe Roerich
dirige ses collaborateurs de toutes nationalités, religions et positions,
qui acceptent de tout sacrifier pour répondre à son appel si beau vers la
Lumière. Serait-il possible que Roerich ne mérite pas que les Russes
eux-mêmes – quels que soient leur croyance et l’endroit où ils habitent –
se détournent de ses calomniateurs et cessent cette pollution de l’atmosphère ?

479
Roerich est notre fierté nationale, un astre de notre culture contempo-
raine, un des très rares hommes qui s’est constamment maintenu dans
une position élevée, spirituellement et culturellement. […] »
Voici une autre déclaration du poète Richard Rudzitis : « Nicolas
Roerich est connu non seulement comme artiste, mais aussi comme
chef culturel, un homme dont le nom est prononcé avec respect dans
les cercles culturels de l’Occident autant que de l’Orient. En vérité,
l’intelligence de son esprit est caractérisée par l’universalité. Le champ de
ses activités et de ses idées est d’une étendue vaste et harmonieuse. Nous
sommes particulièrement impressionnés par le fait que non seulement
il n’est pas un simple philosophe ni un rêveur, mais qu’il n’y a pas une
seule de ses idées qui ne soit réalisable. Il établit aussi une base solide
pour remplir tous ses objectifs. Il a créé un grand nombre de mouve-
ments culturels, d’institutions et de sociétés qui, par leur imposante
construction, rappellent les grands bâtisseurs de l’histoire. »
Ce sont les voix de témoins proches des activités de N.K.

480
LETTRE 20

11 juin 1935

Il y a quelques jours, j’ai reçu les très beaux chapitres de votre


nouvel ouvrage et, peu après me parvenait le livre entier. Mes très sincères
remerciements pour ce merveilleux cadeau. Toute la présentation du
volume est une joie pour les yeux. J’ai beaucoup aimé le lire et plus je le
lis, plus je l’aime. C’est un très bon signe. Mon cœur a été rempli de joie
en vibrant à l’unisson des cordes sensibles de l’âme d’un poète. Reconnaî-
tre et ressentir la beauté est un sentiment si élevé et si rare ! Il faudrait
vraiment avoir en très haute estime les êtres qui envoient ces vibrations
sublimes dans l’espace ! Oui, vraiment, seul celui qui aime l’art est en
mesure d’apprécier les plus fines nuances de l’âme humaine.
Je ressens une grande satisfaction du fait que vous ayez si fortement
souligné l’universalité de la personnalité de N.K. et que vous considériez
son oeuvre créatrice en harmonie avec la création cosmique. Comme est
juste et excellente votre estimation : « De la Beauté du monde, il recueille
en son cœur la rosée sacrée de l’esprit pour le remplir jusqu’au bord,
comme le Calice du Graal. » En effet, N.K. brandit le Calice d’actions
héroïques au nom de la Vérité et de la Beauté. De même, vous avez
subtilement remarqué son talent « à reconnaître et à saluer en chaque être
les aspirations créatrices positives, à affirmer chaque étincelle de Lumière,
la protégeant et l’activant pour en faire une flamme toujours plus claire ».
C’est vrai, « son oeil bienveillant » est fondamental dans sa relation
avec les gens et dans ses efforts pour les encourager vers la réalisation et
la joie d’une oeuvre créatrice. Cet « oeil du cœur » lui permet en fait d’em-
brasser toute la beauté de la vie créatrice et de l’appliquer simplement
et clairement, sans conventions et sans limitations, de façon à ce qu’elle
fasse vibrer les cœurs sensibles. Son sens profond et constant de la
Beauté ainsi que son enthousiasme rendent sa créativité inépuisable.
J’étais également heureuse de voir que votre travail de création est
imprégné des idées de l’Enseignement. Cette assimilation est précieuse
et il est rare de la rencontrer. Je sais que bien des gens lisent les livres de
l’Enseignement pendant des années sans en assimiler une seule grande
idée dans leur conscience. On peut réciter les aphorismes. Cependant,
l’important n’est pas une simple répétition, mais bien l’assimilation après

481
le passage à travers le prisme de la pensée ! Mais pour cela, il faut avoir
une âme de poète et être capable de penser de façon indépendante. Et
combien possèdent ces facultés ?
C’est pourquoi j’aimerais tant vous voir écrire sur les thèmes de
l’Enseignement. Votre cœur créera toute une merveilleuse symphonie.
Les cordes de votre lyre pourront exprimer toute la beauté des nuances
subtiles, lesquelles sont souvent oubliées ou non comprises à cause de
la profondeur et de la concision des formules.
Ainsi, créez ! Exprimez la totalité de votre être dans la joie de la
créativité. Il s’agit de l’unique signification et du sens réel de notre
existence !

482
LETTRE 21

11 juin 1935

Je vais essayer de répondre à votre question concernant l’esprit et


l’âme. Dans les livres d’occultisme, cette question demeure complexe et
vague parce que les explications données sont incomplètes. Les Ensei-
gnements de l’Orient diffèrent sur le nombre des principes, sur leurs
subdivisions et sur les associations, qui dépendent de la définition qu’on
donne de l’esprit et de l’âme. Mais en fait, il est difficile de séparer
l’âme de l’esprit, puisque toutes ces divisions se trouvent être plusieurs
aspects d’une même énergie fondamentale qui se manifeste sur différents
plans et à travers différents centres nerveux, dits aussi « véhicules ». Dans
tous les Enseignements, on trouve la subdivision de l’être humain en trois
principes de base : « spirituel, psychique et physique », ou « esprit, âme
et corps ». Dans les Enseignements orientaux, il existe une extension de
ces trois principes de base à des fins particulières, et nous trouvons les
quatrième, cinquième, sixième et septième principes. Ce développement
a été approuvé par les Mahatmas dans La Doctrine secrète. Donc, le
principe fondamental le plus élevé et qui potentiellement comprend la
synthèse de tous les autres est l’ardente énergie de vie, ou l’esprit, qui
est répandue dans tout le Cosmos. Elle a besoin, comme point focal, du
sixième principe, ou « Bouddhi » – souvent appelé âme spirituelle afin
de la distinguer de l’âme humaine animale. Ainsi se forme la monade,
qui est « l’Ego » primordial, inconscient, et qui s’incarne. Vient ensuite
le cinquième principe, « Manas », la conscience de soi, le penseur –
l’intelligence supérieure. Ces trois principes constituent la triade supé-
rieure, ou « l’Ego » conscient et immortel. Dans le Dévachan, cet « Ego »
survit après la dissolution des autres principes qui forment la person-
nalité humaine terrestre ou « l’ego inférieur » de l’homme, ou le « moi »,
comme le définissent les Orientaux. Dans l’Enseignement, « l’Ego
Supérieur », ou triade, est considéré comme la semence de l’esprit,
incapable de se manifester sur Terre directement et indépendamment. À
cet effet, il a besoin du quatrième principe appelé « Kama », par lequel le
désir s’exprime sous deux aspects : « Kama-Manas », ou intellect infé-
rieur – en traduction littérale, intellect des désirs – et « Kama-Roupa »,
ou forme subjective – forme des désirs mentaux ou physiques ainsi
que des pensées. C’est le penseur en action. « Kama », en relation avec

483
« Manas supérieur » et « Bouddhi », constitue le Corps Subtil supé-
rieur – le corps astral et afin de ne pas le confondre avec son double
éthérique, on l’appelle souvent astral inférieur – ou âme spirituelle de
l’homme développé. « Kama-Manas » est une espèce de pont qui relie
« Manas supérieur » avec « Kama-Roupa », reliant ainsi « Manas » et la
Forme pour en faire le corps de « Kama-Manas », ou l’âme humaine. Quand
ce pont entre « Manas » et son aspect inférieur, « Kama-Manas », est
construit – c’est-à-dire lorsque l’homme commence à recevoir les impres-
sions de « Bouddhi-Manas supérieur » – on peut dire que l’homme est
développé spirituellement et qu’il est proche de l’immortalité. Donc, pour
atteindre la véritable immortalité – en d’autres termes pour maintenir la
conscience éveillée sur les quatre plans de l’existence et pour devenir
un Arhat – il est essentiel de relier, et cela précisément dans le corps
physique, les quatrième, cinquième et septième principes et de les fondre
dans le sixième principe, « Bouddhi ». Toutes les qualités de l’énergie
fondamentale, qui sont transformées séparément par le feu de cette
énergie, doivent être harmonisées et exprimées dans la plus haute qualité
de l’énergie psychique.
En Orient, la technique de communication entre « Manas inférieur »
et « Manas supérieur » est appelée « Antakarana », ou pont, ou passage.
Par ce passage, « l’ego inférieur » transmet à son tour à « l’Ego supé-
rieur » toutes les impressions et pensées qui peuvent être assimilées –
grâce à leur haute qualité – à notre être éternel, devenant ainsi des accu-
mulations immortelles de notre Calice.
La véritable individualité de l’homme se trouve dans son corps causal,
ou âme spirituelle, tandis que l’âme inférieure est sa personnalité, c’est-
à-dire les manifestations terrestres changeantes. Cela montre clairement
que l’âme est un concept qui évolue et est sujet au changement. À ce
propos, je vous envoie quelques extraits du livre Les Fondations du
Bouddhisme.
Ainsi, « l’ego inférieur », ou ego personnel, ou âme humaine, est
constituée de cinq principes ; tandis que l’esprit ou « Ego supérieur »,
la vraie individualité ou âme spirituelle, forme une triade des septième,
sixième et cinquième principes.
Le rôle de la personnalité dans le développement humain est très
important, car elle constitue la base de toute son évolution. Seule cette
manifestation, dans ses diverses associations et dans des conditions en
perpétuelle mutation, nous donne l’occasion de nous développer, de
nous purifier et d’harmoniser toutes nos énergies et principes à travers
l’activité de nos centres nerveux. Le quatrième principe joue un très grand

484
rôle, car en lui réside le désir, le stimulus de la vie. Quand on a passé avec
succès les épreuves de la vie, il se transforme en une tension ardente,
appelée aussi volonté, sans laquelle il n’y a ni progrès, ni créativité.
Sachons donc apprécier chaque manifestation terrestre qui nous procure
une occasion d’améliorer et d’augmenter les accumulations de notre
Calice, ce moissonneur de l’Amrita.
Une personne intelligente reconnaît aisément les gens qui ont de gran-
des accumulations. C’est ainsi qu’une riche individualité aura un mental
capable de synthèse, alors que les esprits peu expérimentés se rencon-
treront parmi les spécialistes bornés. Celui dont le Calice est bien rempli
perçoit facilement la substance des choses. On peut vraiment dire d’une
telle personne qu’elle mange le fruit alors que les autres se contentent
de compter les feuilles qui se renouvellent chaque année.
Dans chaque nouvelle incarnation, l’homme apporte ces accumulations
qu’on peut définir comme « caractère » ou « tendances ». Les capacités
purement techniques ou physiques sont souvent héréditaires, et cela aussi
est le résultat du karma. Il arrive qu’un esprit aux riches accumulations,
à cause d’un karma de groupe ou même d’un karma national sans forcé-
ment être personnel, s’incarne dans un corps inadéquat qui ne correspond
pas à la qualité élevée de son esprit. Ce manque d’harmonie se traduit
parfois en idiosyncrasies incompréhensibles pour les autres. Même chez
des enfants, on rencontre des choses étranges, comme par exemple des
pleurs et des gémissements sans raisons apparentes, et cela peut expli-
quer le fait que cet esprit a reçu un corps physique inadapté. Ce « véhi-
cule », c’est-à-dire le corps humain, est modelé par les efforts collectifs
de l’humanité et comme celle-ci est restée à un niveau inférieur, il est
normal que les esprits évolués aient des difficultés à s’exprimer dans
des corps mal adaptés. Il est donc important d’élever le niveau général de
l’humanité pour donner aux grands esprits la possibilité de s’exprimer
le mieux possible. Dans les conditions actuelles, il est très difficile de
discerner la valeur réelle d’un homme. La photographie de l’aura devient
essentielle, puisqu’elle pourra révéler la vraie nature d’une personne.
Ce genre de photographie pourrait amener bien des gens à réfléchir et les
obliger à améliorer leur « passeport ».
Oui, la loi du karma est très complexe. Un Arhat est seul en mesure
d’en percevoir toutes les actions. À dire vrai, il n’existe rien d’autre
que le karma ! Tout ce qui existe est une chaîne sans fin de causes et
d’effets, et chaque effet devient la cause du prochain effet, et ainsi de
suite à l’infini. L’homme doit terminer son karma sur cette planète, de
façon à pouvoir le continuer dans d’autres mondes. La fin d’un cycle

485
karmique pour un homme se produit quand tous les éléments ou éner-
gies qui constituent son être sont parvenus à la plus haute perfection
possible sur cette planète.
Voici quelques pages du livre Les Fondations du Bouddhisme par
N. Rokotoff1 :
« L’idée d’un Dieu personnel qui sauva l’humanité est absurde pour
les Bouddhistes. L’idée de Dieu a sa propre interprétation pour les
Bouddhistes, en accord avec la loi du karma et avec la compréhension
de la nécessité d’efforts personnels pour se libérer. […]
« Qui donne une forme à nos vies ? Est-ce Ishvara, un créateur
personnel ? Si Ishvara était le créateur, toutes les choses vivantes devraient
se soumettre silencieusement au pouvoir de leur créateur. Elles seraient
comme des vases formés par la main du potier ; et s’il en était ainsi,
comment serait-il possible de pratiquer la vertu ? Si le monde avait été
fait par Ishvara, il n’existerait pas de choses telles que la souffrance, le
malheur ou le péché ; car aussi bien les choses pures qu’impures doivent
provenir de lui. Sinon, il y aurait une autre cause en plus de lui, et il ne
serait pas tout-puissant. Donc, tu vois, la pensée d’Ishvara est à rejeter.
[…]
« Si l’existence éternellement changeante de l’homme exclut l’hypo-
thèse d’une entité constante et inaltérable, par suite l’univers, ce complexe
des complexes, peut entièrement s’expliquer sans la nécessité, ou même
la possibilité, d’y introduire un Être qui soit immuable et éternel. […] »

« Le Bouddha désapprouvait particulièrement deux doctrines :


1. Affirmer que l’âme est éternelle et immuable ; 2. Affirmer que l’âme
est détruite après la mort. Ces deux doctrines étaient niées par la loi de
conception causale, qui établit que tous les Dharmas sont à la fois causes
et conséquences. Le Bouddha niait que l’âme était immuable en l’homme
et en toutes choses, car il ne voyait dans l’homme et dans tout l’Univers
qu’impermanence et transition.
« La thèse de la continuité du flux des phénomènes et la formule de
la conception causale excluent que l’âme soit considérée comme éternelle
et immuable, qu’il s’agisse de l’âme individuelle ou universelle.
« La connotation usuelle du mot “âme” est absolument inadmissible
pour le bouddhiste ; car la pensée que l’homme est un être séparé de
tous les autres et de l’univers entier ne peut ni se prouver par la logique
ni s’appuyer sur la science. “En ce monde, nul n’est indépendant. Tout

486
ce qui existe dépend de causes et de conditions.” “Chaque chose dépend
d’une autre, et la chose dont elle dépend n’est pas, à son tour, indépen-
dante.” (Bodhicaryavatara, volume 6, pages 26-31).
« L’Éveillé enseignait constamment qu’il n’existe pas de “Moi” indé-
pendant ni un monde séparé de ce “Moi”. Il n’y a pas de chose indépen-
dante, il n’y a pas de vie séparée – toutes choses sont indissolublement
corrélatives. S’il n’y a pas de “Moi” séparé, nous ne pouvons pas dire
que ceci ou cela est mien, et ainsi, à son origine, est détruit le concept
de propriété.
« Si le concept d’une âme humaine permanente et indépendante est
à rejeter, qu’est-ce qui donne alors à l’homme le sentiment qu’il est une
personnalité permanente ? La réponse est – Trishna, la soif d’exister. Un
être qui a engendré des causes dont il est responsable et qui est possédé
par cette soif va renaître selon son karma.
« D’un même complexe d’éléments – des Dharmas – naissent d’infi-
nies combinaisons de Skandhas – éléments qui se manifestent à un mo-
ment donné comme une certaine personnalité et qui, après une certaine
période de temps, apparaissent comme une autre, une troisième, une
quatrième, etc., à l’infini. Ce qui a lieu n’est pas une transmigration, mais
une transformation sans fin d’un complexe de Dharmas, ou éléments,
c’est-à-dire un continuel regroupement des éléments – les substrats qui
forment la personnalité humaine.
« Le dernier désir avant la mort de la personnalité a une grande influence
sur la qualité de la nouvelle combinaison de Skandhas – les éléments de
la nouvelle personnalité – car ce désir donne la direction au flux libéré.
« Le Bouddhisme considère un homme comme une individualité
construite par de nombreuses existences, mais qui ne se manifeste que
partiellement dans chaque nouvelle apparition sur le plan terrestre.
« L’existence individuelle, se composant d’une chaîne entière de vies,
qui commence, se déroule et finit pour recommencer à nouveau, à l’infini,
est comparée à une roue ou à une année de douze mois, invariablement
répétée. Avec l’Éveil, la chaîne des douze Nidanas ne devient plus une
chaîne, mais la Roue de la Vie avec douze rayons. Une fois mise en
mouvement, la Roue de la Vie, la Roue de la loi, ne s’arrête jamais : “La
Roue de la loi Bienveillante, dans son immuable rotation, écrase sans
répit la paille sans valeur et la sépare du blé doré. La main du karma
dirige la Roue, ses révolutions marquent le battement de son cœur.”
« Tous ces changements de forme ou d’existence mènent à un but,
la réalisation du Nirvana ; cela signifie le plein développement de toutes

487
les possibilités contenues dans l’organisme humain. Mais le bouddhisme
enseigne la connaissance et la création du bien, indépendamment de ce
but, puisque le contraire serait de l’égoïsme absolu, et une telle spécula-
tion se condamne à la déception. Comme il est dit, le Nirvana est l’incar-
nation du désintéressement, le complet renoncement à tout ce qui est
personnel pour l’amour de la Vérité. Un ignorant rêve et lutte pour le
Nirvana sans se rendre compte de sa véritable Essence. Faire le bien en
vue de produire des résultats ou mener une vie disciplinée pour parvenir
à la libération n’est pas le noble sentier ordonné par Gautama. La vie doit
se vivre sans idée de récompense ou de réalisation et une telle vie est la
plus noble. L’homme peut ainsi parvenir au Nirvana au cours de sa vie
terrestre.
« Le Bouddhisme ne reconnaît aucune différence entre le monde
physique et le monde psychique. La réalité attribuée à l’action de la
pensée est du même ordre que la réalité des objets perçus par nos sens.
[…]
« Le Bouddhisme considère tous les phénomènes existants comme
une seule et même réalité. Physiquement et psychiquement, ces phéno-
mènes sont des Dharmas, des objets de notre connaissance. En nous et
hors de nous, nous ne contactons que des Dharmas, car en nous et hors
de nous, il n’existe que des Dharmas. Le terme “Dharma” est un des
termes les plus difficiles à traduire et les plus importants de la termino-
logie bouddhiste. Le Dharma est un facteur multiple, un facteur de cons-
cience avec une propriété inhérente d’expression définie. Nos organes
des sens nous donnent des sensations qui se transforment en Dharmas
sous l’action de la connaissance. Idées, images et tous les processus
intellectuels sont, avant tout, des Dharmas.
« Le Dharma est à notre conscience ce que le son est à nos oreilles,
la couleur et la forme à nos yeux. Ils existent pour nous par leurs effets.
“La couleur bleue n’existe que dans la mesure où nous recevons la
sensation de bleu.”
« D’ordinaire, on appelle Dharma l’enseignement même du Bouddha,
puisque “Dharma” signifie aussi “loi”. Les phénomènes subjectifs et
objectifs se modifient continuellement. Ils sont réels ; mais leur réalité
est momentanée, car tout ce qui existe n’est qu’une partie d’un déve-
loppement qui se déploie éternellement – les Dharmas apparaissent un
moment et se modifient le moment suivant. Cette doctrine de l’éternel
flux de toutes choses était une caractéristique si fondamentale de l’En-
seignement qu’on l’a même appelée “La Théorie de la Destruction Ins-
tantanée”.

488
« Les Dharmas – porteurs transcendantaux de qualités définies – sont
attirés dans le courant de l’éternel changement des vibrations. Leurs
combinaisons déterminent les spécifications des objets et des individus.
Seul ce qui est au-delà des combinaisons est immuable. L’Enseignement
ancien ne connaissait qu’un concept qui était intégral, inconditionné et
éternel – le Nirvana.
« Tout Dharma est une cause, car tout Dharma est énergie. Si cette
énergie est inhérente à chaque être conscient, elle se manifeste de deux
manières : extérieurement comme cause immédiate des phénomènes,
intérieurement en transmutant celui qui l’a engendrée, car elle contient en
elle les conséquences qui se révéleront dans un avenir proche ou lointain.
« Nous trouvons que l’organisme physique et psychique de l’homme
n’est que la combinaison de cinq groupes d’agrégats ou Skandhas qui sont
classés selon leur proximité avec le physique : la forme (Roupa), les sen-
sations (Vedana), les idées abstraites (Samjnia), les forces (Samskara)
et la conscience (Vinnana). Tous les cinq sont également instables et
doubles. Samskara désigne les inclinations et les pouvoirs créateurs
qui expliquent les Dharmas présents par les Dharmas précédents et qui
indiquent lesquels des Dharmas présents préparent ceux de l’avenir.
« Samskara est l’ensemble des accumulations laissées par les sensa-
tions précédentes et qui prêtent leur parfum aux sensations futures.
D’après cette définition de Samskara (Skandhas), il est clair que ce groupe
d’éléments apparaît comme celui qui absorbe toutes les particularités
des autres Skandhas. Vinnana-Skandha, et en partie Samjnia, prêtent
leur couleur ou caractère aux autres combinaisons et, par conséquent, appa-
raissent comme la cause déterminant la prochaine existence dans le sens
des efforts et des inclinations.
« Roupa est comme l’assiette ; Vedana est comme la nourriture conte-
nue dans l’assiette ; Samjnia comme la sauce ; Samskara comme le cuisi-
nier et Vinnana comme le mangeur. […]
« Aucun élément ne va d’une existence à une autre, mais chaque nou-
velle existence sans exception a sa cause dans l’existence précédente.
Lorsque la vieille conscience cesse d’exister, c’est la mort. Lorsque la
conscience revient dans l’existence, c’est une nouvelle naissance. Il faut
comprendre que la conscience ne naît pas de l’ancienne conscience, mais
son état présent est le résultat de causes accumulées dans l’existence
précédente.
« D’une existence à l’autre, il n’y a pas transmission, mais comme
une apparente réflexion, une solidarité.

489
« L’homme qui sème n’est pas celui qui récolte ; toutefois, ce n’est
pas non plus un autre homme.
« Le contenu de la conscience se compose de Dharmas. Les Dharmas
sont des pensées. Ces pensées sont aussi réelles que les quatre éléments
ou les organes des sens, parce que depuis le moment où une chose est
conçue, elle existe déjà. L’homme est un complexe de combinaisons, et
à chaque moment sa nature est définie par la quantité et la qualité des
particules qui le composent. Toute modification dans cette combinaison
fait de lui un être nouveau. Mais ce changement n’exclut pas la continuité,
car le mouvement des Skandhas n’a pas lieu accidentellement ou en dehors
de la loi. Attirés dans l’éternel flux et reflux, les agrégats se modifient dans
une direction ou dans une autre, car les conditions de chaque nouvelle
combinaison sont déterminées par une cause ; et cette cause est la somme
de la combinaison précédente. Chaque combinaison successive récolte
le fruit des précédentes et plante la semence qui portera du fruit dans
les combinaisons futures.
« L’homme est un complexe de combinaisons et, en même temps, il
en est le lien. Il est le complexe parce qu’à chaque moment il contient un
grand nombre de Skandhas ; il en est le lien parce qu’entre deux condi-
tions successives il y a en même temps différence et solidarité. “S’il
n’y avait pas de différence, le lait ne se transformerait pas en lait caillé.
S’il n’y avait pas solidarité, il n’y aurait pas besoin de lait pour obtenir
du lait caillé.”
« Expliquons-nous par un autre exemple : physiologiquement, l’orga-
nisme humain change complètement tous les sept ans, et pourtant lorsque
l’homme A arrive à quarante ans, il est absolument le même que le jeune
homme A de dix-huit ans. Cependant, à cause de la constante destruc-
tion et renouvellement de son corps et des modifications de son mental
et de son caractère, c’est un être différent. Un homme âgé est la consé-
quence précise des pensées et des actes de chacune des étapes précé-
dentes de sa vie. De même, la nouvelle personnalité, étant une forme
modifiée de l’individualité précédente dans une nouvelle combinaison
de Skandhas, récolte en toute justice les conséquences des pensées et
des actes des existences précédentes.
« La conscience et ses contenus éternellement changeants sont un.
Il n’y a pas de “Moi” permanent qui resterait immuable. L’embryon
doit mourir pour que naisse l’enfant ; la mort de l’enfant est nécessaire
à la naissance de l’adolescent ; et la mort de l’adolescent produit le
jeune homme. (Sikshasamuccaya).

490
« On a coutume de comparer l’existence humaine à un collier –
chaque perle étant une des manifestations physiques. Mais il est peut-
être plus clair de concevoir cette évolution comme un mélange complexe
dans lequel, avec chaque nouvelle incarnation sur le plan terrestre, s’ajoute
un nouvel ingrédient, ce qui naturellement modifie tout le mélange.
« Chaque nouvelle manifestation est limitée par des éléments phy-
siques, Roupa-Skandha.
« L’énergie qui tend à créer un nouvel être et qui est dirigée par le
karma est appelée “Trishna” – le stimulus, la soif d’exister.
« Et ce stimulus, lorsqu’il est imprégné de l’essence de l’Enseigne-
ment, se révèle non seulement comme le plus grand principe cosmique,
mais aussi comme le plus grand, le plus beau mystère cosmique. Le
Bouddha Gautama, qui faisait sans cesse ressortir le flux éternellement
mouvant de nos vies, a ainsi affirmé l’aspect cosmique et, par conséquent,
l’infinité de ce stimulus que beaucoup de mauvais interprètes de l’Ensei-
gnement essayent de supprimer en eux-mêmes. L’esprit ardent de l’Instruc-
teur ne pouvait détruire que des conceptions inférieures, en les élargissant
à l’infini. Le Nirvana est la porte qui nous introduit dans le rythme du cou-
rant le plus élevé, le plus ardent, le plus créatif, en éternelle expansion,
de l’Existence infinie.
« L’Enseignement du Bouddha est un appel ardent, inlassable à réa-
liser la beauté et l’unité de la grande créativité de l’Existence infinie. »

Des données scientifiques modernes reconnaissent la théorie du karma


exposée dans le Bouddhisme. La science contemporaine enseigne que
chaque génération hérite des caractéristiques distinctives des générations
précédentes, non seulement dans la masse, mais aussi dans les cas indi-
viduels.
La psychologie est totalement associée à cette attention soutenue et
particulière que le Bouddhisme porte aux processus de la pensée ainsi
qu’à la purification et l’expansion de la conscience du disciple. Le
Bouddha a montré que la pensée est le facteur primordial de l’évolution
et, dans le Bouddhisme, les processus psychologiques sont en rapport étroit
avec la physiologie.
« On peut dire que la philosophie du Bouddhisme constitue l’analyse
d’éléments détachés attirés en combinaison par la formation d’un courant
individuel défini. Le courant individuel s’accumule et se nourrit de
manifestations innombrables de l’homme sur la Terre, sur d’autres plans

491
et d’autres mondes. Absorbant toutes les caractéristiques de chaque mani-
festation, ce courant se gonfle de possibilités, se transforme et reste éter-
nellement contenu en lui-même. La véritable individualité, la véritable
immortalité, est contenue dans la réalisation du véritable “Moi” construit
par d’innombrables combinaisons de manifestations humaines […]
« Dans le Bouddhisme, l’homme n’est pas un futile pygmée comme
il apparaît à la pensée occidentale, mais le Seigneur des Mondes. Puisqu’il
fait partie du Cosmos, ses possibilités sont illimitées, comme celles du
Cosmos lui-même. […] »
___________
1 N.D.É. Nom de plume parfois utilisé par Éléna Roerich.

492
LETTRE 22

18 juin 1935

J’étais heureuse de recevoir votre lettre. Qu’y a-t-il de plus beau que
le sentiment infini d’amour pour la Grande Image de l’Instructeur !
Oui, cette flamme nous nourrit et nous fait traverser en toute sécurité
tous les abîmes. Il n’y a pas de limites pour un cœur enflammé d’amour.
C’est pourquoi je salue avec respect cette profonde vibration du cœur
qui se trouve en vous. Suivez ce sentier magnifique qui est le plus
court. En temps voulu, les manifestations nécessaires se produiront,
mais ne soyez pas déçu si vous n’avez pas encore remarqué certains
signes mentionnés dans l’Enseignement. Vous devriez pouvoir réaliser
que la bataille la plus acharnée se livre actuellement entre les Forces de
Lumière et les forces des ténèbres. C’est pourquoi les manifestations
du Monde Subtil sont retardées. Cependant, on devrait faire attention,
étant donné que l’atmosphère de la Terre est empoisonnée tout comme
les sphères subtiles toutes proches, car cela pourrait provoquer une
tension trop forte sur le cœur. Pour ces raisons, les Forces de Lumière
prennent en considération plusieurs conditions, et en tout premier lieu l’état
de l’organisme humain. Par conséquent, l’approche d’une personne n’a
lieu que dans un moment favorable, le plus sûr pour sa santé. En effet,
en cette période d’épreuves, il est vital de porter sa « lampe » pour se
diriger dans l’obscurité. Il est dit dans les Enseignements de l’Orient :
« En vérité, le Kali Youga, le Youga noir, est excellent, puisqu’il nous
offre une possibilité d’accélérer notre approche vers la Lumière. Toutes
les difficultés sont des opportunités, et chaque victoire acquise est une
marche dans l’ascension. »
Le thème de votre allocution est de la plus grande importance. C’est
très bien d’avoir traité le thème de l’existence après la mort dans l’optique
de l’Enseignement. Il est nécessaire de susciter des réflexions par des allu-
sions inattendues, mais prudentes. Assurément, le vrai Christianisme n’est
pas en contradiction avec l’Enseignement de l’Orient ou l’Enseignement
de l’Éthique Vivante.
Je constate que vous devez faire attention à votre penchant vers le
nationalisme, et même le chauvinisme. Il est parfois nécessaire de protéger

493
un arbuste à l’aide d’une clôture, et la seule précaution spéciale à prendre
est de veiller à ce que la clôture ne soit pas trop près de l’arbuste pour ne
pas entraver son développement. Il faut qu’il ait de l’espace au bon mo-
ment. Ainsi, il nous faut attendre avec patience que cette période transi-
toire passe. L’Enseignement de l’Éthique Vivante ne porte pas le sceau d’une
nationalité précise. Par conséquent, on peut l’appliquer partout et en
tout temps. Il serait facile de remplacer certains termes orientaux par des
notions occidentales équivalentes. Il faut absolument pouvoir exprimer
la nouvelle conception des problèmes de la vie et de la loi immuable de
l’Être. Mais en cela aussi, comme d’habitude, seule une conscience ouverte
et sans préjugés peut assimiler l’étendue de cette nouvelle vision du monde.
Travaillez donc selon les possibilités de compréhension de votre audi-
toire. En tout, appliquez la conformité au but, cette grande loi qui régit
l’Univers. Ne forcez pas la conscience de ceux qui viennent à vous. Je
comprends la difficulté de donner à chacun ce qui est adapté à son enten-
dement. Je sais que le cœur brûle de faire partager ses richesses et de
communiquer la joie de contempler le monde sous de plus larges horizons.
Il n’empêche que nous devons faire preuve de sagesse lorsque nous
répandons les graines.
Je suis favorable à l’idée que vous et vos amis entrepreniez la pu-
blication d’une revue. Essayez de la rendre populaire et intéressante.
Parallèlement à des thèmes puisés dans l’Enseignement de l’Éthique
Vivante, vous pourrez peut-être souligner l’intérêt grandissant pour tout
ce qui concerne le Monde Subtil. Toutes les nations avancées s’efforcent
d’aborder scientifiquement les phénomènes psychiques et parapsychiques.
Je viens juste de lire dans un journal que, dans une université de Suède,
on a récemment mis au programme un cours sur le spiritisme. Ils y font
l’étude des phénomènes psychiques qui se sont tellement répandus
dernièrement. En Italie, dans un des journaux les plus populaires, on
peut voir une section consacrée à l’occultisme. Il serait donc intéres-
sant de maintenir dans votre revue une section sur les phénomènes
psychiques actuels et passés, car leur nombre est maintenant en croissance.
Les gens pourraient beaucoup apprendre de ces preuves irréfutables et,
comme ils aiment généralement le mystère, cela pourrait éveiller leur
intérêt pour une recherche ultérieure. Mais en même temps, il faut insister
sur le dommage que peut causer la médiumnité et expliquer les précau-
tions qu’il faut prendre pour protéger le médium et son entourage contre
les dangers de la possession. À la vue du nombre toujours croissant des
cas de médiumnité et de possession, de tels articles seraient très utiles.

494
Dans un échange d’articles avec d’autres revues, vous pourriez réunir
beaucoup d’informations intéressantes. Nombre d’études scientifiques
en cours nous conduisent à la frontière de l’au-delà !

Et maintenant, voici mes réponses à vos questions. On trouve la


divine monade partout, dans chaque minéral, dans chaque plante, car
sans cette parcelle ardente, il n’y a pas de vie. Au cours de l’ascension
des organismes les plus simples vers les plus complexes, la monade –
ou la semence de l’esprit – demeure toujours pareille dans son intégralité
première. Mais les émanations provenant de cette semence diffèrent
selon la croissance de la conscience de l’organisme qui en est animé. En
conséquence, plus l’organisme est évolué et purifié, plus les émanations
de la monade sont riches et subtiles.
L’intellect a commencé à se développer sur le plan physique au cours
de la quatrième race racine du quatrième cycle, au moment où s’est
produite l’immersion complète dans la matière. Mais l’impulsion pour
le développement de l’intellect fut donnée par les Grands Esprits, les
Fils et les Filles de la Sagesse – les Elohim – qui arrivèrent de mondes
plus avancés et qui s’incarnèrent à la fin de la troisième race. Bien sûr,
ils étaient de la Divine Dynastie des Instructeurs Spirituels dont il est
abondamment question dans les mythologies et les légendes les plus
anciennes. Grâce à leurs incarnations et à leur descendance directe, ils
ont transmis à l’humanité un organisme beaucoup plus raffiné, capable
de répondre à des vibrations plus élevées. De même, le contact de leurs
auras ardentes a enflammé ceux qui les approchaient. C’est ainsi qu’en
suivant la loi naturelle du développement, la plus grande partie de l’huma-
nité n’atteindra pas la perfection et n’aura pas ses sept principes, ou ses
quarante-neuf feux ouverts avant la septième race du septième cycle.
C’est sûr que tous ces principes sont latents dans l’être humain dès
sa naissance. Aussi, selon la loi de l’évolution, le cinquième principe –
« Manas » – ne sera pas complètement développé avant le cinquième
cycle. En conséquence, tous les intellects développés prématurément – sur
le plan spirituel – sont anormaux pour la race actuelle. Ce sont ceux que
les Grands Maîtres appellent « les gens du cinquième cycle ». Même
lorsque viendra la septième race de notre quatrième cycle, alors que nos
quatre principes inférieurs seront totalement développés, le cinquième
principe, « Manas », n’aura atteint qu’un développement proportionnel. Cette
limitation toutefois ne s’applique qu’au développement spirituel ou à l’in-
telligence supérieure. Gardez toujours présent à l’esprit la différence entre

495
« Manas supérieur », ou intelligence spirituelle, et « Kama-Manas », ou
l’intellect. Donc, le développement de l’intellect – « Kama-Manas » –
s’est réalisé dans la quatrième race racine de notre cycle.
De même, l’affirmation « que la divine monade ne se trouve pas
dans l’homme » est correcte jusqu’à un certain point, du fait que le
sixième et le septième principes forment le soi-disant champ magnétique
ou oeuf aurique. Ainsi donc, il est possible de déterminer la haute valeur
ou qualité de l’esprit à l’étendue et aux émanations de l’aura. C’est
pourquoi il est tellement important d’accélérer la recherche sur les
moyens de photographier les auras. Un instantané de ce genre serait
pour un homme le plus sûr des passeports !
Il est très important de faire avancer la conscience de l’humanité.
C’est un grand exploit d’éveiller peu à peu la conscience des hommes
les plus valeureux à la nécessité de retourner aux sources du Christia-
nisme, aux Pères de l’Église primitive qui vécurent dans les trois premiers
siècles de notre ère ! Les enseignements du grand Antonius sont magnifi-
ques ! En éveillant et en enflammant avec sagesse et prudence la cons-
cience de vos auditeurs, vous obtiendrez du succès dans votre grand travail.
Souvenez-vous toujours de la règle « par ton Dieu ». C’est-à-dire que vous
devez adapter votre discours au niveau de chacun. C’est très difficile !
Il est dit : « S’il est difficile de placer une petite épée dans un grand
fourreau, à plus forte raison sera-t-il difficile de mettre une grande
épée dans un petit fourreau. »
Que les bénédictions des Forces de Lumière vous soient accordées
dans cette valeureuse action de purification des véritables Testaments.
N’oubliez pas les paroles prophétiques de saint Antonius sur la condition
des églises et des monastères de l’avenir. Vous pouvez les trouver dans
le livre Dobrotolubye [L’Amour du Bien].
« En avant donc, toujours en avant – sans regarder en arrière ! »

496
LETTRE 23

18 juin 1935

Je ne vois pas d’objection à ce que mes lettres contenant des cita-


tions des livres de l’Éthique Vivante soient lues par des âmes pures à la
conscience réceptive. Car mon cœur brûle aussi de partager ce trésor
avec tous ceux qui sont capables de l’accepter. Pourtant, il faudrait être
très prudent en disséminant les graines de l’Enseignement et observer
le Conseil : « Que celui qui découvre une formule précieuse n’aille pas
la crier à la fenêtre, car il pourrait en résulter plus de mal que de bien. »
Au début, j’ai fait moi-même de grandes erreurs à cet égard, et maintenant
encore, par penchant naturel, il m’est difficile de garder quelque chose
pour moi. C’est pourquoi je comprends très bien votre désir de partager
avec d’autres, de leur donner espoir et joie. Mais l’expérience et les
trahisons viles nous apprennent graduellement à prendre plus de précau-
tions. Pourtant, maintenant encore, bien que plus rarement, je passe outre
à la prudente mise en garde : « Apprends à protéger ce qui t’est confié. »
Un avertissement donné à quiconque foule le sentier de l’Enseignement
de Lumière. Pour moi, la plus grande épreuve est de vivre avec des gens
sans pouvoir avoir confiance en eux ! Mais il nous faut aussi passer
par là. Nous devons apprendre à ne pas surcharger les autres avec nos
confidences excessives, tout en restant libre de toute affreuse suspicion.
La nature humaine est comme un livre scellé ! Un sage proverbe dit : « Si
tu veux connaître une personne, tu dois manger vingt kilos de sel avec
elle. » Je vous en prie, soyez prudent.
Il faut se rappeler qu’en s’approchant de l’Enseignement et des
Frères Aînés de l’Humanité nous révélons notre vraie nature beaucoup
plus rapidement – c’est une loi occulte infaillible. Certaines caractéris-
tiques remontent à la surface, qui autrement seraient restées endormies
jusqu’à une incarnation ultérieure. Souvenez-vous de ce qu’il est dit dans
le livre Calice de l’Orient : « De même qu’une ondée ne peut rendre
fertile un rocher, ainsi les enseignements occultes n’ont aucun effet sur
les intelligences non réceptives ; et de même que l’eau fait se dégager de
la chaleur lorsque mélangée à la soude caustique, ainsi l’Enseignement
réveille chaque potentiel latent insoupçonné dans le disciple. »

497
Il s’agit d’une loi immuable du domaine occulte. Plus l’aspirant
est engagé et sincère, et plus il réalise l’importance de sa tâche, plus
forte est l’application de cette loi.
L’axiome occulte très ancien « Connais-toi toi-même » doit être
familier à chaque disciple. Mais peu nombreux sont ceux qui compren-
nent la sage exhortation de l’oracle de Delphes. Je vous écris tout ceci
afin que vous compreniez pourquoi certains de ceux qui se sont appro-
chés de l’Enseignement ont subitement eu une conduite particulière.
J’aimerais que vous soyez bien préparé. Jusqu’à un certain point, cette
loi explique pourquoi tant de traîtres sont découverts autour de chaque
entreprise pure. Le libre-arbitre est le présent divin le plus élevé qui
soit, mais cela implique qu’on devrait utiliser ce présent d’une façon
vraiment divine ! J’aborde ce sujet, car maintenant justement j’ai l’âme
blessée par une trahison. Mais comme le dit l’Enseignement : « Nous
devons apprendre à dormir sous la même tente qu’un traître. » En vérité,
on doit exercer son cœur à ne pas surcharger les gens par des confidences
excessives. C’est un conseil d’ami qui s’appuie, comme vous pouvez
le voir, sur l’expérience.
À vos questions maintenant. Bien sûr, la « Mère du Monde » est à
la tête de la Grande Hiérarchie de Lumière de notre planète. Lisez dans
Au Carrefour de l’Orient les cryptogrammes sur le sujet de la « Mère du
Monde » et acceptez-les comme la plus haute réalité. Derrière chaque
symbole se dresse une Haute Individualité, et chaque symbole couvre une
grande réalité. Chaque Grande Individualité envoie ses représentants, qui
sont les plus près de son Rayon. Et parfois même, l’une de ces Grandes
Individualités s’incarne personnellement – de là provient le concept
d’Avatar.
De même, la Mère de l’Univers, ou du Cosmos manifesté, peut être
reconnue comme l’une des personnes de la sainte Trinité. En vérité, il
n’existe aucune religion, à l’exception du Christianisme ecclésiastique
tardif, dans laquelle l’Élément Féminin n’est pas représenté parmi les
Sources de l’Être. Ainsi, les Gnostiques considéraient le Saint-Esprit
comme étant l’Élément Féminin. Dans les Enseignements les plus anciens,
la Trinité, Père, Mère et Fils, était reconnue comme l’émanation de la
« Cause supérieure éternellement Cachée » ou la « Cause sans Cause ».
Cette « Cause sans Cause » est le Parabrahman des Hindous. Quoi
qu’il en soit, Parabrahman n’est pas un Dieu personnel. Il est le « Cela »
des Vedantins. Parabrahman est simplement la Réalité qui n’a pas
d’équivalent – l’Absolu, ou plutôt, l’Espace infini abstrait qui contient
l’espace potentiel appelé aussi Aditi.

498
Plus précisément, la première différenciation dans les manifestations
périodiques de la Nature éternelle, asexuée et infinie, est Aditi dans
« Cela », ou l’espace potentiel à l’intérieur de l’Espace abstrait. Dans
la manifestation suivante, elle apparaît comme la divine et immaculée
Mère-Nature au sein de l’Infini universel absolu. C’est ainsi que l’Espace
est appelé « Mère » jusqu’à ce que son activité cosmique commence,
et « Père-Mère » quand il s’éveille à son premier stade.
Il est dit dans les anciens Enseignements :
« Dès le commencement, avant que la Mère ne fut devenue Père-
Mère – le Dragon de Feu se mouvait dans l’Infini. […]
« Voici ce qu’on dit dans la Kabbale – Aïn Soph est Espace, Obscurité.
De lui procède en temps voulu, Sephira – l’élément vital. Lorsque Sephira
se manifeste en une force active, il prend les traits du Créateur et devient
l’Élément Mâle. C’est pourquoi il est Androgyne. C’est le Père-Mère ou
l’Aditi de la Cosmogonie Hindoue et de l’Enseignement Sacré. Ainsi,
l’Obscurité est Père-Mère ; la Lumière est leur Fils. L’Obscurité est la
matrice éternelle dans laquelle la source de Lumière apparaît et disparaît.
[…]
« Père et Mère sont les principes masculin et féminin dans la Racine
de la Nature, ou les pôles opposés en toutes choses, sur chaque plan du
Cosmos. Ils sont Esprit et Substance, qui engendrent le Fils. […]
« Lorsque la Mère se manifeste en sortant de son état d’indifféren-
ciation, elle devient la Vierge immaculée, parée du Mystère Universel,
“Cela”, mais elle est libérée de la conception. Et de là provient l’idée
de l’Immaculée Conception : Elle génère elle-même son Époux. Ainsi,
dans les religions orientales, on rencontre souvent des définitions qui
s’appliquent aux déités supérieures : “l’Époux de Sa Mère” et “le Fils de
l’Immaculée Conception”. Dans chaque système religieux les dieux
fusionnent leurs fonctions de Père, de Fils et d’Époux en une seule
fonction. Dans chaque cosmogonie, le Fils était considéré comme
“l’Époux de la Mère”. Le titre d’Amon, le plus grand des dieux égyptiens,
était “l’Époux de sa Mère”.
« Lorsque le Fils se sépare de la Mère, il devient le Père. C’est
pourquoi il est dit que dans le monde de l’Être, le Point Unique ou
Rayon, féconde la Matrice de la Vierge du Cosmos, et la Mère Immaculée
donne naissance à la Forme qui génère toutes les autres formes. Le
Prajapati Hindou (Brahmâ) est appelé “le premier Élément Masculin
générateur” et “l’Époux de sa Mère”. »

499
Je citerai de La Doctrine secrète les descriptions de Pralaya qu’on
trouve dans les stances du Livre de Dzyan qui en fut la source :
« STANCE I
« 1. La Mère Éternelle, enveloppée dans ses Robes à jamais Invi-
sibles, avait de nouveau sommeillé pendant Sept Éternités.
« La Mère, l’Espace, est la Cause éternelle, toujours présente, de
tout – la DIVINITÉ incompréhensible, dont les “Robes Invisibles” sont
la Racine mystique de toute Matière, et de l’Univers. L’Espace est la
seule chose éternelle que nous soyons capables d’imaginer facilement,
immuable dans son abstraction, non influencé autant par la présence que
par l’absence en lui d’un Univers objectif. Il est sans dimensions, dans
tous les sens, et soi-existant. L’Esprit est la première différenciation de
CELA, la Cause sans Cause de l’Esprit et de la Matière. Comme on le
dit dans le Catéchisme Ésotérique, il n’est ni le “vide sans bornes”, ni “la
plénitude conditionnée”, mais les deux à la fois. Il fut et sera toujours.
« Ainsi, les “Robes” représentent le noumène de la Matière Cosmi-
que non différenciée. Ce n’est pas la matière telle que nous la connais-
sons, mais l’essence spirituelle de la matière, et elle est co-éternelle et
même une avec l’Espace dans son sens abstrait. La Nature-Racine est
aussi la source des subtiles propriétés invisibles de la matière visible.
C’est, pour ainsi dire, l’Âme de l’Esprit Unique et Infini. Les Hindous
l’appellent Moulaprakriti, et disent que c’est la Substance primordiale
qui est la base de l’Oupadhi ou Véhicule de chaque phénomène, qu’il
soit physique, psychique ou mental. C’est la Source d’où rayonne
Akasha. »1
Vous pouvez constater d’après ces extraits de La Doctrine secrète à
quel point l’Élément Féminin était important dans les anciennes cosmo-
gonies. Seul le profond obscurantisme du Moyen-Âge a pu rayer l’Élé-
ment Féminin de la construction de toute Existence. En vérité, à l’origine,
les Éléments Mâle et Femelle sont unis, et l’un ne peut exister sans
l’autre. Si l’un des deux est abaissé, il en va de même de l’autre.
Ainsi, il n’y a qu’une Substance, qu’un Élément – appelez-le Dieu,
Esprit, Feu, Cela, etc., ou Parabrahman, Aïn Soph, Espace, Absolu, etc. –
qui contient potentiellement les deux polarités, et qui est l’Androgyne.
Voici un autre extrait de La Doctrine secrète :
« Depuis le commencement de l’héritage humain, depuis la première
apparition des architectes du globe sur lequel nous vivons, la Divinité
non révélée fut reconnue et considérée sous son unique aspect philosophi-
que – le Mouvement Universel, le frisson du Souffle créateur dans la

500
Nature. L’Occultisme résume ainsi l’Existence Unique : “La Divinité
est un FEU caché vivant (ou mouvant), et les éternels témoins de cette
Présence Invisible sont la Lumière, la Chaleur et l’Humidité” – cette
trinité incluant tous les phénomènes de la Nature et en étant la cause.
Le mouvement Intra-Cosmique est éternel et incessant ; le mouvement
cosmique – celui qui est visible ou perceptible – est fini et périodique.
Comme abstraction éternelle, c’est le TOUJOURS PRÉSENT ; comme
manifestation, il est fini et dans la direction de l’avenir et dans la direction
du passé, les deux étant l’Alpha et l’Oméga des reconstructions succes-
sives. Le Kosmos – le Noumène – n’a rien à faire avec les relations
causales du Monde phénoménal. C’est seulement par rapport à l’Âme
intracosmique, au Kosmos idéal dans l’immuable Pensée Divine, que
nous pouvons dire : “Il n’a jamais eu de commencement et n’aura jamais
de fin.” En ce qui concerne son corps, ou l’organisation cosmique, bien
qu’on puisse dire que jamais il n’a eu une première construction ou
doive en avoir une dernière, cependant, à chaque nouveau Manvantara,
son organisation peut être considérée comme la première et la dernière
de son espèce, car il évolue chaque fois sur un plan supérieur. »2

Nous pouvons dire que la Trinité est Atma, Bouddhi et Manas – ou


Esprit, Âme et Intelligence – ou Esprit, Substance et Lumière – ou
Esprit, Matière et Force, etc.

Vous ne devriez pas hésiter à me poser des questions. Je suis toujours


heureuse de vous faire quelques suggestions, bien qu’il me soit plutôt
difficile d’écrire plus en détail, car je n’ai pas d’aide malgré mon énorme
correspondance. Cela mis à part, les suggestions sont plus utiles, car
elles forcent à la réflexion.

Et maintenant, les autres questions. Ne soyez pas déçu que les signes
se fassent plus rares et moins clairs. Considérez plutôt la menace de
l’Armageddon et l’empoisonnement de toute l’atmosphère qui en résulte.
En vérité, ce ne sont pas seulement les couches terrestres qui nous
entourent directement, mais même les sphères distantes du Monde Subtil –
sans parler de celles qui sont très proches de la Terre – qui sont polluées
par la décomposition. Plus précisément, toutes ces manifestations subtiles
pendant une telle période peuvent affecter très sérieusement l’orga-
nisme. Les Forces de Lumière agissent conformément aux conditions

501
existantes et aux forces de notre organisme. En outre, après chaque
victoire, vient une période de silence, une sorte de repos, pour permettre
à l’organisme de mieux assimiler tout ce qui a été reçu et de se préparer
pour des perceptions et des épurations ultérieures. Les symptômes que
vous décrivez sont tout à fait caractéristiques de l’ouverture partielle
des centres. Aussi, je vous conseille de prendre bien soin de votre santé.
Tout premièrement, évitez le surmenage et les refroidissements. Je vous
suggère ensuite de prendre du bicarbonate de soude deux fois par jour.
N’oubliez pas qu’il n’y a pas de meilleur remède contre les douleurs
des parties inférieures de la poitrine que le bicarbonate de soude. Et en
général, le bicarbonate de soude est la meilleure des préparations pour
la santé. Il peut prévenir contre toutes sortes de maladies, entre autres le
cancer. Mais il faut en prendre régulièrement, chaque jour. C’est une aide
efficace pour soulager la douleur et les mouvements lors de crampes
du plexus solaire. Il est bon aussi pour les inflammations de la gorge. Il
faut le prendre dilué dans du lait chaud, mais pas bouillant. La dose
habituelle est d’une cuillerée à café par verre. C’est à conseiller à chacun.
Ayez aussi soin de ne pas surcharger l’estomac et les intestins. Prenez
deux fois par jour une infusion de valériane ou de la teinture de valé-
riane – de trente à quarante gouttes de cette dernière. Le bicarbonate
de soude est indispensable lorsque les centres sont en état d’inflammation.
Il décharge les énergies ardentes et prévient le feu dévorant.
J’ai été particulièrement heureuse d’apprendre que vous ressentez
des courants de chaleur dans le cœur.
Soyez donc attentif à chaque manifestation, et prenez l’habitude de
prendre quotidiennement des notes précises sur toutes vos sensations
et vos visions. Elles peuvent vous fournir un précieux complément dans
votre étude des énergies subtiles. Bonne chance ! Créez, écrivez et
observez ! Et par-dessus tout, conservez précieusement ce feu d’amour
divin pour la Grande Image de celui qui nous montre le sentier de la
Lumière, de la Beauté et de la Joie.
____________
1 N.D.É. Livre La Doctrine secrète, volume 1, « Commentaires des sept stances et de
leurs termes, selon leur numération en stances, et slokas ».
2 N.D.É. Livre La Doctrine secrète, volume 1, « Préface – Pages d’archive préhistori-
que ».

502
LETTRE 24

24 juin 1935

La sagesse populaire dit : « Avec un travail honnête, on ne se construit


pas un palais de marbre. » Oui, dans l’idée de l’effort librement consenti
réside une grande beauté. On devrait appliquer dans sa vie les grands
Testaments par des efforts personnels et sacrifier plus que son superflu,
donnant tout et ne gardant pour soi que l’essentiel.
Si ce n’était des difficultés et des trahisons, où se trouveraient les
accomplissements et le service à la Lumière ? Les intimes et les disciples
de la Fraternité Blanche n’ont jamais mené une vie de prospérité et de
luxe comparable à celle des mages des livres de Kryjanovsky ! Le confort
et le luxe n’ont jamais été prônés par aucun Enseignement. On y recom-
mande partout la Voie du Milieu, en mettant l’accent sur la qualité. Cela
implique qu’un disciple n’est pas obligé de mourir de faim et qu’il
peut jouir d’un confort raisonnable en accord avec la mission qui lui
est confiée, mais en même temps, il doit être prêt à sacrifier ce confort
si les circonstances l’exigent. Les obstacles matériels sur le sentier du
Service ne sont pas les plus ardus, même si les forces obscures ont une
prédilection pour attaquer les points vulnérables de leurs victimes,
mettant en lumière leurs défauts cachés. Bien plus difficile est la bataille
contre la conscience assombrie de l’homme. La nature humaine est
imprévisible et c’est affreux de découvrir autour de soi tant de trahisons,
dont le nombre augmente considérablement en cette période de posses-
sion des masses. Pourtant, notre combat le plus dur, le plus acharné, est
celui que nous déclarons à nos habitudes et à nos imperfections. L’action
des lois occultes immuables révèle notre vraie nature. Ces caractéristiques
seraient normalement restées cachées ou latentes en nous pour ne faire
surface que lors d’incarnations ultérieures. Il serait bon de relire souvent
les dernières lettres de Calice de l’Orient. À ce propos, je cite ici une
page des écrits de H.P. Blavatsky intitulée « Avertissement » :
« Il existe en Occultisme, une loi étrange qui a été confirmée et
démontrée par des milliers d’années d’expérience et qui n’a pas manqué
de s’affirmer, dans presque tous les cas, depuis des années que la Société
théosophique existe. Certains effets occultes se manifestent, dès que
quelqu’un s’engage en qualité de “Disciple en Probation”. Le premier

503
de tous ces effets est la mise en lumière de tout ce que la nature de
l’homme renferme à l’état latent : ses défauts, ses habitudes, ses qualités
ou ses désirs réprimés, qu’ils soient bons, mauvais ou neutres.
« Si par exemple, un homme est vain, sensuel ou ambitieux, que ce
soit par atavisme ou par héritage karmique, ces vices se manifesteront
sûrement, même s’il a réussi jusqu’alors à les cacher et à les réprimer.
Ils remonteront à la surface avec une force irrésistible, et l’homme
aura à lutter avec cent fois plus d’énergie qu’auparavant pour arriver à
tuer en lui toutes ces tendances.
« Par contre, s’il est bon, généreux, chaste et sobre, ou s’il possède
une vertu quelconque qui, jusqu’alors, est demeurée latente et cachée,
ces qualités se manifesteront avec une force aussi irrésistible que le
reste. […]
« C’est une loi immuable dans le domaine de l’occulte.
« Son action est d’autant plus marquée que les aspirations du candidat
sont plus ardentes et plus sincères et qu’il s’est mieux rendu compte de
la réalité et de l’importance de son engagement.
« L’antique axiome occulte “Connais-toi toi-même” doit être bien
familier à tout étudiant […] »1
Je vous parle de ceci parce que je veux vous rappeler que bien
souvent les disciples de l’Enseignement font preuve au début de particula-
rités de caractère tout à fait inattendues. « En vérité, un contact avec la
Source de Lumière constitue une pierre de touche pour chacun. »
Autre chose maintenant. Savez-vous que l’appel du cœur ardent et
sincère et les actions qui en résultent agissent comme une puissante
station radio émettrice qui parvient sans faute jusqu’au Grand Cœur ?
Donc, si votre ami aspire ardemment à la Lumière, cela aura pour effet
de le faire connaître au Grand Instructeur. Je n’ai pas l’intention de
minimiser P.D. aux yeux de votre ami, mais je dois vous dire que la
différence entre les Grands Instructeurs de la Citadelle de l’Himalaya
et chaque disciple d’ici-bas est incommensurable. H.P. Blavatsky avait
l’habitude de dire qu’elle n’atteindrait le degré de perfection du Grand
Esprit du Seigneur M. qu’après plusieurs Manvantaras. Rappelez-vous
ce que je vous ai écrit au sujet de cette Image ! En vérité, ce Hiérarque
n’est en rapport qu’avec ce qui est le plus sublime. Seuls les concepts
les plus élevés sont représentés dans cette Grande Image.
Assurément, on ne peut pas révéler toute la Vérité en une fois à
une conscience qui n’est pas préparée. Au cours des âges écoulés, seule
la portion susceptible d’être assimilée fut donnée à l’humanité. Par

504
conséquent, les Grandes Images portaient, et portent encore, une pèle-
rine grise pour que leur Lumière n’éblouisse pas les consciences incultes.
Laissez la conscience de votre ami s’ouvrir lentement à la Vérité. Je crois
que son âme est pure. C’est donc son cœur qui devrait décider et accueillir
la lumière intérieure que projettent les accumulations de son Calice. Ne
le forcez pas. Laissez-le décider lui-même quel sentier il veut suivre.
Dans cette bataille spirituelle, c’est lui seul qui doit sortir vainqueur.
Voici une page de l’Enseignement de Vie :
« Prenez garde au fanatisme, non seulement à celui qui provient
des autres, mais également par crainte que vous-mêmes ne deveniez
des missionnaires. Il est impossible de décrire tout le mal fait par les
missionnaires. On ne peut non plus observer sans mépris comment l’Ensei-
gnement est vendu au bazar à prix d’aubaine. Essayez de comprendre que
l’Enseignement, conscient de sa valeur, n’ira pas s’annoncer sur la place
du marché. »
Vous souvenez-vous, qu’à un certain moment, vous aviez l’impres-
sion d’être en mesure de réunir tous les groupes spirituels existants ? Mais
maintenant, votre propre expérience vous a appris que c’est impossible à
cause de la situation actuelle de l’humanité. La nature humaine n’est pas
encore prête pour la coopération, même la plus primitive ! L’expérience
nous a appris à ne jamais supplier ni forcer quiconque. Toutefois, si
quelqu’un accepte notre Signe, nous avons l’obligation de rester sur
nos gardes afin de ne pas accepter sous ce Signe quelque chose d’entière-
ment contraire à nos principes et règles fondamentaux.
En outre, le fanatisme des collaborateurs détruit toutes les fondations
construites par les Fondateurs et les Instructeurs. C’est ce qui se passait
et se passe encore. Aussi, je ne serais pas portée à croire les histoires
traitant des châtiments infligés aux opposants par la personne que vous
mentionnez, car ce serait de la pure magie noire et en flagrante contra-
diction avec l’esprit du petit livre que vous m’avez fait parvenir.
Sans doute, il existe des cas où un esprit obscur envoie des pensées
maléfiques à un esprit pur, et il en subit le contrecoup. Mais dans ce
cas, il se punit lui-même. Qu’arrive-t-il si l’aura lumineuse n’accepte
pas le gaz empoisonné qui lui était destiné ? Nous et nos amis avons
souvent été témoins de pareils contrecoups, mais je peux vous assurer
qu’à aucun moment il n’y eut le moindre désir de renvoyer le coup. Le
pardon est la vertu première du véritable Instructeur. Il peut ressentir de
l’indignation, mais jamais il n’enverra consciemment la flèche mortelle.
Seul le Grand Instructeur, le Seigneur du karma, a le droit de diriger un

505
Rayon fatal. En effet, l’Instructeur est une chose et ses disciples quelque
chose d’entièrement différent !
C’est pourquoi nous devons considérer ces récits avec circonspection.
C’est vrai, l’intention mauvaise d’une forte personnalité peut nous faire
beaucoup de mal si notre aura est affaiblie par la peur ou par la maladie.
Le meilleur remède contre ces flèches empoisonnées demeure notre
dévouement aux Fondations de l’Enseignement, notre amour pour la
Hiérarchie et une sérénité inébranlable. Nous devons nous habituer à
l’idée que nous vivons dans une atmosphère empoisonnée, traversée en
tous sens par des flèches elles aussi empoisonnées, et que seul notre lien
avec les Forces de Lumière nous aide à maintenir le filet protecteur. Mais
si jamais nous doutons de la puissance de la Hiérarchie, ou si nous
faisons preuve de lâcheté face à l’ennemi, nous paralysons immédiatement
nos émanations et détruisons le filet protecteur.

Je ressens une sincère sympathie pour votre ami et j’espère qu’il a


une âme ardente capable de comprendre le sérieux et l’importance de
l’épreuve qu’il est en train de traverser. Je vous demande en conséquence
de ne pas lui dissimuler que le sentier du Service, le sentier des accom-
plissements, est très, très difficile. Celui qui choisit ce sentier devrait se
préparer à tous les sacrifices. Les obstacles et les difficultés croissent
proportionnellement aux progrès qu’on enregistre sur ce sentier. Il est exact
qu’un disciple acquiert une connaissance plus vaste. Mais, dans la vie,
cela n’est pas toujours réjouissant, car il n’a souvent personne avec qui
la partager et aucun moyen de l’appliquer, car la responsabilité augmente
aussi proportionnellement à la connaissance. Qui plus est, cette connais-
sance crée précisément autour de lui envie et trahison. Oui, l’obscurité
ambiante est tragique.
Le sentier de l’accomplissement est ardu, et le disciple ne connaît pas
de soulagement jusqu’à ce que sa conscience reçoive une impulsion pour
une nouvelle étape. Il y a des périodes pénibles sur ce sentier, lorsque le
disciple est livré à lui-même, lorsqu’il doit prendre des décisions tout seul
et faire preuve de toute la vigilance et des ressources dont il est capable,
alors que même la voix de l’Instructeur reste temporairement muette.
Mais le cœur du véritable disciple est plein de joie et de tension, car il
sait que cette épreuve est un nouveau pas. Il garde la joie dans l’accom-
plissement de sa tâche et, de toute la force de son esprit, il essaie de
remplir son devoir encore mieux. Oui, il en tire toute sa joie.
Le sentier du Service est dur. Pourtant, ceux qui reçoivent la possibilité
de fouler ce sentier au cours de leur existence ne lâcheraient pas cette

506
couronne pour tous les trésors du monde, car aucune joie n’est compa-
rable aux grands moments d’exaltation spirituelle dont le vrai disciple fait
l’expérience. Plus ses accumulations sont précieuses, et plus ses accom-
plissements sont magnifiques. C’est vrai, il y a beaucoup de mites et de
papillons qui voltigent autour de l’Enseignement, mais les effets pour
les autres et pour eux-mêmes sont proportionnels au battement de leurs
ailes éphémères. Je m’adresse à vous et à votre ami comme à des cons-
ciences mûries qui ne se laissent pas rebuter par les difficultés. Oui, le
combattant expérimenté a le cœur qui bat, plein d’enthousiasme avant
la nouvelle bataille. Que vos cœurs brûlent pleinement de la nouvelle
flamme de la lumière d’Abhidharma à la perspective de nouveaux accom-
plissements et de la victoire. Ainsi, que votre ami ne considère pas cela
comme un appel pressant, mais plutôt comme un avertissement sincère.
Qui est prêt à la grande tâche du sacrifice de soi ? En vérité, seul le
don complet de soi est acceptable, car lui seul mène au but.
Je ne suis pas étonnée le moins du monde que certains de vos intel-
lectuels soient incapables de comprendre le livre Monde de Feu. Cette
soi-disant capacité intellectuelle s’est-elle jamais révélée comme un signe
de vraie connaissance ou d’accumulations du Calice ? L’intellect n’est pas
le « Manas supérieur ». L’Intelligence supérieure est une sagesse, le
fruit d’années d’accumulation. On peut être très brillant intellectuellement
sans posséder pour autant la grande synthèse qui confère la perception de
la vraie nature des choses. Bien souvent, les spécialistes bornés ont une
intelligence brillante, mais ils manquent totalement de synthèse. Aucune
explication ne les aide, car rien ne s’accumule plus lentement que la
synthèse. Bien sûr, la majorité des vrais « récepteurs » de l’Enseignement
ont dépassé l’âge du berceau, mais ils sont trop jeunes encore pour savoir
lire. Nous vivons en pleine disparition de la cinquième race et nous
assistons à la naissance des futurs porte-flambeaux de la sixième race.
Voici maintenant mes brèves réponses :
« Abhidharma » est un terme métaphysique bouddhiste. Dans le cas
présent, la « lumière d’Abhidharma » signifie la conscience supérieure,
« Bouddhi-Manas ».
« Doukkar » aux multiples yeux et bras est une divinité tibétaine
de l’Élément Féminin. Elle correspond à « Kali » et « Lakshmi » des
Hindous, le symbole de la « Mère du Monde ». D’habitude, sur les
tankas tibétaines, elle est représentée sous un parapluie, qui symbolise
le rassemblement des gouttes de la plus Haute Félicité.
Les « rayons des épaules » sont les radiations des centres des épaules.
Chaque plexus est un foyer de rayons.

507
L’énergie « Kamaduro » correspond aux feux souterrains.
« L’Uraeus » est un symbole sacré représentant la tête d’un cobra.
Il ornait la tête des Initiés et des Pharaons d’Égypte, ainsi que des Dieux
de l’Inde. L’Uraeus est un symbole d’initiation à la sagesse secrète. Le
serpent a de tous temps été un symbole de sagesse, et les anciens sages
de l’Inde étaient appelés « Nagas ». « Nag » signifie serpent. « Uraeus »
veut également dire feu cosmique.
La « densification de l’astral » est la densification du corps subtil –
presque jusqu’à l’état physique – l’état de la plupart des grands Adeptes
de l’Himalaya. Je ne peux vous fournir de plus amples explications sur
cette densification, car je n’en ai pas la permission.
____________
1 N.D.É. Livre La Doctrine secrète, VIe volume, Miscellanées, Introduction no 1,
« Avertissement ».

508
LETTRE 25

24 juin 1935

Votre lettre est parvenue jusqu’à nos montagnes et je vais essayer


de répondre de mon mieux à vos questions. Mais auparavant, je dois
vous poser une question. Ne pensez-vous pas qu’il existe une raison
profonde dans le fait que les livres de l’Éthique Vivante ne livrent souvent
pas de formules toutes faites, mais seulement des indications ? Justement,
il y a une règle dans la fondation de l’Enseignement – c’est même
plutôt une loi – que « tout doit être accompli par des mains humaines et
par des pieds humains ». Cette formule exprime toute la valeur des
accomplissements indépendants, ce privilège inaliénable qui est nôtre.
Venons-en à vos questions :
1. L’essence de « Morou », ou « Balou », est l’extrait d’une plante
qu’on trouve sur les pentes de l’Himalaya à une altitude de huit mille
pieds ou plus. Elle appartient à la famille des rhododendrons. On l’utilise
au Tibet comme encens dans les temples et les maisons.
2. Par « densification de l’astral », il faut comprendre la densification
du corps subtil atteignant presque le degré de concentration de l’état
physique. Pendant plusieurs siècles, la Fraternité Blanche a fait des
expériences dans ce sens et on obtient maintenant de magnifiques résul-
tats. Il va de soi qu’on ne peut donner aucun détail sur l’appareil et les
composants chimiques nécessaires, car il pourrait en résulter de grands
dommages. Quand le moment sera venu, l’apparition de corps densifiés
effacera tous les doutes quant à l’existence de l’au-delà, ce qui permettra
d’établir un lien visible avec le Monde Subtil.
3. Le dessin de l’appareil qui recueille l’énergie psychique est dispo-
nible pour celui qui y a karmiquement droit. On peut dire la même chose
des appareils qui mesurent la pression des feux de l’espace. Même si je
vous les décrivais, cela ne vous avancerait guère. Pourtant, chacun a la
permission de chercher et de trouver. C’est vrai, on reçoit maintes indi-
cations et toutes ces découvertes sont déjà définies dans l’espace. Tous
ces appareils sont utilisés non seulement dans le Monde Subtil, mais
même sur terre dans la Citadelle de la Grande Fraternité.

509
Chacun peut intensifier ses vibrations à l’unisson d’une idée précise
inscrite dans l’espace et peut recevoir ce qu’on appelle l’illumination,
ou l’inspiration – ou du moins un aperçu dans la direction souhaitée.
4. La « Conscience » est l’énergie fondamentale, et l’énergie psychi-
que en est sa qualité la plus élevée.
5. Les rythmes de « Mahavan » et de « Chotavan » sont les rythmes
du Feu Cosmique. Lorsque notre organisme atteint un certain degré de
perfectionnement dans le Yoga du Feu, il commence à percevoir ces
rythmes – qui proviennent de l’espace – et à entrer en résonance avec
eux. Pourtant leur simple répétition, comme tout ce qui est mécanique, ne
donnera aucun résultat. Pour que ces rythmes revêtent quelque importance,
il est essentiel d’avoir de l’énergie psychique en réserve. Sans l’assistance
de l’énergie psychique, ces rythmes demeurent morts. À ce sujet, je vous
livre une section du livre Agni Yoga :
« L’Enseignement se désagrège lorsqu’on effectue des répétitions
privées d’âme. C’est pourquoi il est nécessaire de comprendre la qualité
du rythme. Certes, à la base de tout cristal il y a attraction et pulsation.
Mais la pulsation – le rythme – est la manifestation du principe de vie.
Par conséquent, le rythme donné peut être vivant ou mort. Le rythme
vivant, spiritualisé par l’effet de la conscience, établira une harmonie avec
les énergies subtiles. Mais le rythme des lèvres produit un battement
mort qui trouble le sage silence, et qui de ce fait ne peut faire que du
mal. Méfiez-vous des répétitions sans âme ! En vérité, elles dissolvent
les plus précieux joyaux de l’esprit. Si l’action de l’esprit n’est basée que
sur la peur ou la convoitise, le rythme qu’il produit n’est pas plus utile
que celui d’un squelette. Un tambour militaire serait alors le meilleur
batteur. Un chien qui attend impatiemment un os frétille activement de
la queue. Doit-on en déduire qu’il manifeste les feux ? Souvenez-vous de
cela lorsque vous vous occupez des énergies les plus subtiles, lorsque
vous projetez d’approcher et de faire naître l’évidence du feu.
« Lorsque Je vous ai donné les rythmes des feux de l’espace, Je
comptais sur l’application d’une conscience spirituelle, exempte de
viles motivations. Il y a longtemps qu’on parle des deux feux : le feu
créateur et le feu destructeur. Alors que le premier brille, chauffe et
exalte, le deuxième réduit en cendres et brûle. Mais je ne vous ai orienté
que vers le feu créateur. Vous avez pu constater sur vous-même comment
son approche était possible, et même la lumière du jour ne vous a pas
empêché de voir les messagers de l’espace. Et les étoiles étaient entourées
de signes. Il faut protéger ces signes de feu et apprendre à recueillir les
meilleurs dons de la conscience.

510
« C’est l’ascension avec les ailes légères qui mène aux Portes, et non
les coups de poing et les menaces. Gardez-vous du quotidien abrutissant ! »
(Agni Yoga, no 401).
Lorsque vous aurez profondément réfléchi à l’Enseignement qui vous
est donné, vous comprendrez pourquoi je réponds aussi brièvement à vos
questions. L’Enseignement s’efforce avant tout de développer une haute
qualité d’énergie psychique sans laquelle l’appareil le plus précis et le
plus subtil sera inutile. La mécanique atteint maintenant une nouvelle
phase dans laquelle chaque appareil aura besoin de l’aide de l’énergie
psychique. Et le conducteur de cette énergie est l’homme. Cette réalisa-
tion suscitera le respect pour les porteurs de ce feu sacré et ces personnes
seront considérées comme des trésors pour leurs pays.
Donc, seul celui qui tient en réserve cette énergie et qui est en
contact avec les Gardiens du réservoir de ces pouvoirs peut espérer
s’approcher de la découverte de ce précieux appareil conducteur. C’est
la raison pour laquelle l’Enseignement met si fortement l’accent sur la
purification et l’expansion de la conscience, ainsi que sur l’épuration
de nos sentiments. Autrement, ni l’accumulation de la haute énergie
psychique, ni la communication correcte ne seront possibles.

511
LETTRE 26

6 juillet 1935

À tous ceux qui sont remplis de craintes, il faudrait remettre en


mémoire ce paragraphe de l’Enseignement :
« […] Accomplis notre Message. Sache dispenser la Lumière.
Comprends comment manifester la grandeur de la Beauté.
« Pour les ailes qui ont touché le soleil, pour le coursier avant
l’aurore, pour le chant qui remplit la nuit, le chemin n’est ni terrible, ni
cruel. » (Les Feuilles du jardin de Morya, volume 1, no 260).
Les appels enflammés à la nouvelle conscience, à la nouvelle créativité,
sont répétés de bien des façons dans l’Enseignement. C’est uniquement
avec une nouvelle compréhension, de nouveaux moyens et un esprit
renouvelé qu’on pourra entrer dans le Monde Nouveau. Il se produit
actuellement un tri important. « Je crée un Nouveau Ciel et une Nouvelle
Terre, et le Vieux Monde n’entrera pas dans le cœur et on n’en parlera
plus. »
Tout constructeur doit connaître le matériel qui est à sa disposition.
Tout ce qui a été détérioré ou qui n’est plus approprié devrait être rejeté.
Ce n’est pas la masse qu’il faut, mais quelques élus. La masse n’a
jamais créé. Sa destinée a plutôt été de détruire.
C’est pour cette raison que le grand penseur Nietzsche fait dire à
Zarathoustra : « Mes yeux se sont ouverts : J’ai besoin de compagnons,
de compagnons vivants – et non de compagnons morts. […] Mes yeux se
sont ouverts ; ce n’est pas à la foule que doit parler Zarathoustra, mais
à des compagnons ! Zarathoustra ne doit pas être le berger et le chien d’un
troupeau ! […] Des compagnons, voilà ce que cherche le créateur, et
non des cadavres, des troupeaux ou des croyants. Des créateurs comme
lui, voilà ce que cherche le créateur, de ceux qui inscrivent des valeurs
nouvelles sur des tables nouvelles. […] Je veux me joindre aux créateurs,
à ceux qui moissonnent et se réjouissent ; je leur montrerai l’arc-en-ciel
et tous les échelons qui mènent au Surhumain. »1
J’aime énormément ce livre. Bien sûr, beaucoup de gens se sont
indignés à cette lecture, mais ce sont justement ceux qui éprouveront
de la difficulté à entrer dans le Monde Nouveau. La période présente

512
est trop dangereuse pour qu’on puisse laisser place à la sentimentalité.
Tous ceux qui savent lutter et sont forts, persévérants et courageux,
doivent se rassembler. Il faut de véritables combattants, qui n’aient pas
peur de lever l’épée pour la Lumière et le Bien Commun. Certainement,
les Saints et les Boddhisattvas du Tibet sont représentés avec une épée –
symbole de l’intrépidité et du courage de l’esprit. Celui qui est timide
devrait s’en aller tout de suite, car il ne sera certainement pas capable
de résister au feu du Monde Nouveau. L’Enseignement n’est pas pour
les faibles et les poltrons. Nous sommes sur le seuil de la régénération
de l’esprit et de la véritable compréhension de la Vie, éclairée par le
parfait arc-en-ciel de la Beauté Infinie.
Oui, les révolutions et les changements de conscience sont nécessaires ;
sans quoi c’est la mort et la décomposition. Telle est la loi Cosmique.
Il est dit que le vrai visage des gens sera révélé parce que la purifica-
tion de l’espace doit se produire. Toutefois, ces révélations ne devraient
pas vous terrifier. Jadis, il y a longtemps, on a dit : « Ivan » – par centaines
et par milliers – sauvera sa nation ! La tragédie se produit par manque de
compréhension, car nombreux sont ceux qui ne veulent pas, ou plutôt,
qui ont peur de comprendre que la conscience des gens a changé –
qu’une nouvelle génération est apparue, totalement différente de l’ancienne.
Si notre façon de penser est tellement différente de celle de nos parents,
malgré la lenteur du siècle dernier, que peut-on dire de la psychologie
d’une génération élevée dans une ambiance de révolution ! Combien
leur psychologie doit différer de la nôtre ! En vérité, le manque d’imagina-
tion est un grand obstacle et une limitation radicale des possibilités.
Portez-vous donc avec calme à la rencontre des attaques. « Celui qui a
peur des loups évite la forêt. » Et « Dieu conduit celui qui est coura-
geux. » L’expérience de la vie confirme ces sages proverbes. L’édification
culturelle du Monde Nouveau exige des gens à la conscience courageuse
et ferme, qui sont dévoués au service du Bien et qui sont prêts à défendre
constamment la Grande Hiérarchie de Lumière. Voici des fragments de
mon livre préféré – Communauté :
« Nous n’avons pas besoin de Nicodèmes bien pensants qui viennent
la nuit et se taisent le jour dans le Sanhédrin. Chacun doit garder le
secret qui lui a été confié. Il doit pourtant être prêt à dire un mot à notre
sujet. De fermes propos peuvent étourdir les adversaires. Dites qu’il
est curieux de voir quelqu’un parler de ce qu’il ne connaît pas. S’ils
parlent contre les trésors cachés, rappelez-leur que la mer est pleine de
bouteilles scellées. S’ils parlent contre la Communauté, répondez que
celui qui vénère le Christ, le Bouddha ou Moïse, n’ose pas se dresser

513
contre la Communauté du Bien. Le pire est de porter de fausses accu-
sations, car en elles se trouvent mensonge et médisance, trahison et
ignorance. Dites : “Puisque l’Instructeur existe, pourquoi ne pas utiliser
Ses sages conseils ? Vous n’en faites rien, car vous ne savez comment
les recevoir. Hâtez-vous de prendre conscience des Mahatmas, non dans
l’histoire mais dans la vie ; en attendant, gardez pour vous votre igno-
rance.” » (Ère Nouvelle – Communauté, no 205).
« Nous expulsons toute crainte. Nous jetons au vent les plumes
multicolores de la peur : les plumes bleues de la terreur glacée, les
plumes vertes de la trahison tremblante, les plumes jaunes de la déro-
bade secrète, les plumes rouges des violents battements de cœur, les
plumes blanches de la réticence, les plumes noires de la chute dans
l’abîme. Il est nécessaire de rappeler les multiples formes de la peur,
sinon il reste quelque part une petite plume grise de marmottage com-
plaisant, ou même un peu de duvet de remue-ménage précipité, mais
derrière elles se tiendra la même idole : la peur. Chaque aile de la peur
entraîne vers le bas.
« Le “Lion” Béni, vêtu d’intrépidité, ordonna d’enseigner à faire
preuve de courage.
« Nageurs, si vous faites tout votre possible, à la limite de vos
forces, où donc la vague la plus destructrice peut-elle vous porter ? Elle
ne peut que vous pousser vers le haut. Et toi semeur, quand tu répandras
les graines, tu pourras attendre une moisson. Et toi berger, quand tu
recompteras tes brebis, tu t’embraseras d’une lumière évidente. » (Ère
Nouvelle – Communauté, no 41).
Continuez donc votre tâche bienfaisante, en faisant preuve d’une
sage prudence, mais ne cédez jamais à la peur. Ne craignez pas les
épouvantails. Oh ! ces ombres effrayantes de la peur. Elles causent la
destruction de tant de beauté, et c’en est autant dont nous nous privons.
Je sais bien qu’il est essentiel d’avoir des collaborateurs de talent, mais
ils sont malheureusement tellement rares actuellement !

Dans le dernier numéro de la revue Occultism and Yoga [Occultisme


et Yoga], j’ai lu avec attention l’analyse du livre The Foundations of a New
Contemplation of the World [Les Fondations d’une nouvelle conception
du monde]. J’ai été surprise par les critiques de la définition de « CELA »
en temps que « Ce qui ne peut être connu », « l’Infini » et «l’Éternel » !
Ici aussi plane l’ombre de l’anthropomorphisme. Bien sûr, « CELA »
en tant que « l’Indicible », « l’Inconcevable », « la Cause sans Cause »,

514
« la Racine sans Racine », « l’Absolu », etc., ne peut pas être considéré
comme une individualité, puisque chaque individualité est d’une façon
ou d’une autre limitée, tandis que l’Absolu est sans limites. Je pourrais
aussi demander au détracteur qui dit que « Dieu est Amour, mais seulement
un “quelqu’un”, en tant “qu’individualité capable d’aimer”, et non comme
principe impersonnel ou loi capable d’aimer », s’il ne lui est jamais
arrivé de réfléchir sur ce qu’est l’Amour Cosmique Divin et comment
celui-ci se révèle à l’infini dans des milliards de manifestations, comment
il s’exprime dans les différents états de conscience, comment le poten-
tiel infini de « CELA » se développe perpétuellement. L’Orient tient pour
sacré le Premier Principe Divin, et hésite même à lui donner un nom,
utilisant simplement le mot « CELA », c’est-à-dire « l’Inexprimable ».
Toute discussion sur ce Premier Principe est interdite en Orient, mais le
pouvoir entier de la perception est concentré sur les majestueuses mani-
festations de ce Mystère des Mystères. L’univers est bâti sur le Mystère.
Beaucoup de ceux qui se croient compétents en occultisme continuent
à sous-estimer terriblement le grand Mystère de l’Univers. Ils ont appris le mot
« Infini », mais très peu comprennent ce concept grandiose qui inspire le
plus grand respect. Ils continuent d’imposer des limitations à leur Dieu
avec tous les attributs étroits qu’ils ont eux-mêmes créés à cause des
limitations de leur propre pensée.
Je souhaite du fond du cœur que vous deveniez un véritable guerrier
et que vous trempiez votre esprit dans la pluie des flèches hostiles. Il existe
une joie extraordinaire à recevoir des flèches hostiles. En ce moment, une
trahison vient d’être découverte là où on pouvait s’y attendre le moins.
J’en ai le cœur meurtri, mais quelque part, tout au fond, la joie reprend
déjà le dessus. C’est la joie du guerrier, de l’occasion de mener une ba-
taille pour la Vérité et, par dessus tout, la joie d’une nouvelle libération !
____________
1 N.D.É. Livre Ainsi parlait Zarathoustra, de Frédéric Nietzsche, chapitre « Le Pro-
logue de Zarathoustra », no 9).

515
LETTRE 27

9 juillet 1935

Vous demandez si c’est une bonne ou une mauvaise chose de pardon-


ner les péchés. J’ai répondu à cette question dans une autre lettre dans
laquelle je citais les paroles de l’Enseignement : « Donner l’absolution
pour de l’argent à un pécheur qui se repent – n’est-ce pas le crime le
plus vil ? » Dans la même lettre, j’affirmais que ce genre de rémission
était une des plaies les plus affreuses de l’éducation spirituelle moderne,
justement parce que la possibilité d’obtenir ce pardon sous la protection
puissante et unique de l’Église, a instillé dans la conscience des gens un
sens d’irresponsabilité dégradant, dès leur plus tendre enfance. Tout en
prenant en considération certaines conditions locales, j’aimerais suggérer
que, dès le début de la scolarité, on devrait mettre l’accent sur l’impor-
tance de la responsabilité personnelle, en utilisant un discours simple et
compréhensible. À l’école, il faudrait enseigner aux enfants à être respon-
sables de chaque motivation, de chaque pensée et de chaque action. On
devrait également leur fournir une idée claire sur le sens et l’impor-
tance de leur existence. De cette façon, ils comprendraient la nécessité
de remplir les obligations de la vie. Il faudrait établir ces idées comme
base de l’éducation de la génération montante.
Je vous conseille de ne pas vous montrer trop critique à l’égard des
idées qui ont fait leur temps, car autrement, dans les circonstances actuelles,
votre livre risque de ne pas être publié ! Pourquoi l’image du serpent a-
t-elle été choisie comme symbole de la sagesse ? Une des nombreuses
explications est que le serpent tient toujours sa tête dressée et avance
droit devant lui. Seul son corps fait des courbes selon les obstacles qu’il
rencontre. Soyons donc sages comme les serpents. Dans la poursuite
de notre but, choisissons le meilleur itinéraire.
Pour comprendre correctement les paroles du Christ – « En vérité
je vous le dis : tout ce que vous lierez sur la terre sera tenu au ciel pour lié,
et tout ce que vous délierez sur la terre sera tenu au ciel pour délié. » –
il faudrait lire avec soin les versets précédents (Matthieu 18 : 15-17).
En effet, le verset dix-huit est en quelque sorte un résumé de la para-
bole qui précède et qui explique parfaitement l’action de la loi du karma1.
Oui, si nous ne sommes pas en mesure de résoudre nos disputes avec

516
nos proches, ici sur Terre, elles ne se résoudront pas non plus dans le
Monde Subtil, car nous récoltons dans le Monde Subtil ce que nous
semons ici-bas. C’est la raison pour laquelle nous devrions nous efforcer
de neutraliser notre karma le mieux possible ou, en d’autres termes, de
mettre en ordre nos rapports avec autrui aussi longtemps que nous vivons
sur Terre. Pourquoi le mot « vous » devrait-il s’appliquer aux seuls
Apôtres et non à chacun en général ? Il n’est certainement pas difficile
de comprendre pourquoi ces paroles ont été interprétées comme étant
le droit attribué par le Christ aux Apôtres de « lier et de délier » ou, en
d’autres termes, de punir ou de pardonner. D’ailleurs, toute cette para-
bole est loin de la sorte de non-résistance au mal qu’on attribue au
Christ avec tant d’insistance.
En effet, à strictement parler, même le plus Grand Esprit est inca-
pable de pardonner les péchés commis, car cela serait en contradiction
avec la loi du karma. Il pourrait adoucir le karma jusqu’à un certain
point, mais c’est tout. Si l’homme est le seul créateur et enregistreur de
chacun de ses motifs, de ses pensées et de ses actes, qui donc peut
changer quoi que ce soit dans son être et dans sa destinée sans sa propre
volonté ? Le Grand Esprit ne peut rien de plus que nous aider dans nos
efforts à réformer notre être intérieur. Oui, la coopération est nécessaire
en tout.
La véritable interprétation des paroles « tes péchés te sont pardonnés »
est que le Grand Maître a pu remarquer l’aura du malade. Il a vu que le
grand désir et la foi du malade dans son Grand Pouvoir avait eu pour
effet d’élever les vibrations de son aura, et que les rayons salutaires
pouvaient maintenant être assimilés et permettre la libération des effets
néfastes provenant d’actions et de pensées mauvaises. C’est pourquoi
il avait raison de dire « tes péchés te sont pardonnés ».
Donc, pardonner ou remettre les péchés signifie en effacer les consé-
quences. Dans ce processus d’éradication ou de remise d’une mauvaise
action, vient en premier lieu la neutralisation, pour ainsi dire, des courants
qui avaient perturbé l’aura de la personne à cause de l’énergie libérée
et utilisée pour commettre la mauvaise action. De même qu’un produit
chimique peut changer le caractère d’une substance composée de plusieurs
autres, ainsi l’action d’une bonne impulsion, ou d’une qualité élevée,
est en mesure de neutraliser et surmonter les résultats d’une action pro-
venant des défauts de la nature humaine, et donc de changer complète-
ment le caractère d’une personne en transformant sa nature.
Ce qui précède devrait nous montrer clairement que personne ne peut
pardonner ou remettre les péchés d’autrui. Cependant, quelqu’un peut

517
certainement aider à un moment donné à ouvrir le cœur de son frère à son
Ego supérieur, éveillant en lui des forces divines latentes. À leur tour,
ces forces divines constitueront un bienfait pour l’aura de celui qui a
fourni cette aide et qui participera donc aux résultats positifs dus à sa
bonne influence. La coopération toujours, partout et en toutes choses.
Le Christ Rédempteur habite certainement en chacun de nous. Vous
savez déjà que pour les premiers Chrétiens, de même que pour tout
l’Ancien Monde, le terme « Khristos » ou Christ, était synonyme
« d’Ego supérieur ». C’est dans ce sens que nous devrions comprendre
que le Christ est le Rédempteur de nos péchés. Ainsi, la rédemption de
nos propres péchés est induite par l’âme – le canal et le messager du
Christ – perpétuellement, au cours de la longue chaîne des vies terrestres
de notre Ego individuel. « Le Christ crucifié est représenté dans chaque
être humain qui, après avoir atteint un certain degré d’évolution, doit
descendre aux enfers et ramener à un état élevé ou normal l’âme qui y
est descendue à cause des actes illégaux de son ego inférieur. En d’autres
termes, l’Amour Divin doit pénétrer le cœur de l’homme, doit le recon-
quérir et le régénérer avant qu’il puisse se rendre compte de la gravité
de ses péchés contre la loi Divine. On n’atteint cela que par une fusion
complète, ainsi que par l’union, avec l’Ego supérieur ou la Divine loi
d’Amour. »
Les paroles du Christ à la pécheresse Marie-Madeleine, lorsqu’elle a
répandu de la myrrhe sur ses pieds, ont la même signification. La foi et
l’amour produisent un feu qui transmute tous nos sentiments, qui sont
eux-mêmes des énergies transformées en qualités de pensée et d’action.
Donc, seule la transmutation des énergies, c’est-à-dire des sentiments
ou des qualités de la pensée, peut nous libérer du cercle vicieux de
notre karma. C’est pourquoi nous devons élever nos vibrations en susci-
tant en nous-même des émotions élevées. Il est très important de cultiver
chez les enfants l’aspiration et l’amour de tout ce qui est beauté.
Pour cette intensification des vibrations, l’aide de l’Instructeur est
des plus importantes, car il peut transfigurer d’un simple geste le disciple
qui a réglé sa réception sur le rythme de ses vibrations. De même, les
émanations d’un Guide terrestre pur intensifient les vibrations autour de
lui, parfois même sur une énorme distance. Ceci fait que, non seulement
l’espace est purifié, mais parfois même les feux des êtres qui habitent
dans son voisinage sont enflammés. C’est pourquoi dans les temps
anciens, on considérait comme un grand privilège d’habiter auprès d’un
Instructeur et de le servir, car cela donnait la possibilité d’être en con-
tact avec son aura. L’Orient connaissait alors et révérait profondément

518
les lois sacrées. Dans l’Inde d’aujourd’hui, on considère comme une
bénédiction qu’un saint homme choisisse de vivre dans le voisinage.
Quant à votre crainte que personne ne croira ce que vous dites sans
une confirmation de la part de personnalités reconnues, je dirais que
pour ma part je préférerais entendre soit des déclarations intelligentes
et claires de ces autorités, soit des citations de sources entièrement
nouvelles, puisque les fonctions élevées mêmes de ces autorités les
amènent bien souvent à s’opposer à ce qui est nouveau et orienté vers
l’avenir – en d’autres termes, à l’évolution.
À propos, connaissez-vous les ouvrages d’Edward Carpenter ? Il a
écrit d’admirables pages sur l’Amour Cosmique et sur l’éducation de
la nouvelle génération. C’était un écrivain pur.
Utilisez toutes sortes d’exemples historiques et de récits tirés de la
vie pour attester de la nécessité de comprendre la responsabilité du
devoir d’éduquer la nouvelle génération. Vous pouvez également trouver
de superbes passages pour un chapitre dédié à l’éducation des jeunes
dans La Bhagavad-Gîtâ.

Rien ne surpasse la créativité et il n’existe pas de joie plus grande.


Créez donc et soyez dans la joie ! Je vous envoie mes pensées les meilleu-
res et vous souhaite du courage. Soyez audacieux dans vos envolées
créatrices. Malgré mes nombreux avertissements pratiques, j’aimerais
parfois murmurer à votre oreille : « Créez avec courage ! » Laissez les
pensées non déformées et non limitées s’imprimer dans l’espace et
dans la mémoire de votre être intérieur. Qu’elle se libère de l’ombre du
scalpel de la censure. Pour vous protéger, il ne sera jamais trop tard
pour couper, mutiler et vulgariser. Mais quand vous êtes seul ou avec
ceux qui vous sont proches spirituellement, créez et parlez en toute
liberté.
____________
1 Voici la parabole mentionnée :
« Si ton frère vient à pécher, va le trouver et reprends-le, seul à seul. S’il t’écoute, tu
auras gagné ton frère. S’il n’écoute pas, prends encore avec toi un ou deux autres,
pour que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou trois témoins. Malheureusement,
s’il refuse de les écouter, dis-le à la communauté. Et s’il refuse d’écouter même la com-
munauté, qu’il soit pour toi comme le païen et le publicain. » (Matthieu 18 : 15-17).

519
TABLE ANALYTIQUE
DES MATIÈRES

PARTIE I – LETTRES À L’AMÉRIQUE – 1929-1932

Lettre 1 – 1929 – Fondement de l’Ère Nouvelle – Bouddha – Lao-Tseu –


Confucius – Christ – Platon – Les pensées mènent le monde – Le professeur
Compton – Le développement de la pensée – Le calice d’Amrita –
L’affinement de la réceptivité – Ne pas craindre les difficultés.
Lettre 2 – 1er mars 1929 – L’époque de la femme – La Loi Cosmique et le
Droit Cosmique – « Telle mère, tel fils » – La grande mission de la Mère du
Monde – La vraie culture – La femme choisie pour lier les deux mondes –
Les débutants commencent par l’imitation – Le Cosmos manifeste l’unité
de la loi – La vie et son pouvoir changent perpétuellement de forme –
L’autodestruction est le résultat de la désunion des nations – La double
Origine est le fondement de la Vie – L’Aimant Cosmique – Toutes les énergies
cosmiques sont attirées par le cœur.
Lettre 3 – 19 octobre 1929 – Le Sacrement de la Hiérarchie – La subordination
de l’inférieur au supérieur – Le Hiérarque est porteur de la Synthèse du
Calice – Les trésors que l’Instructeur donne si précieusement sont si peu
compris – L’Enseignement de Vie est une nourriture essentielle pour les
âmes affamées – Celui qui juge peut aisément devenir celui qui est jugé.
Lettre 4 – 13 octobre 1929 – Nous devons vouer notre attention au
développement de notre cœur – L’humanité a une compréhension obscure
de l’Arhat – Livre Hiérarchie – Maitreya – L’Arhat est la plus haute
manifestation de la Materia Lucida – La suffisance arrête tout progrès –
L’amour est l’aimant le plus puissant – L’Instructeur conseille toujours
d’appliquer l’Enseignement en premier lieu pour soi-même – Développer le
sens de la justice – Être attentif à l’appel du cœur.
Lettre 5 – 11 février 1929 – L’éradication du plus urgent, l’intolérance – Le
Seigneur Bouddha et ses disciples – On peut construire beaucoup en
appliquant les indications – La flamme de l’effort inextinguible – Personne
ne peut recevoir plus qu’il ne peut assimiler – Les Rayons envoyés par
l’Instructeur – La loi ne construit que par unification – Les Frères de
l’humanité – La révolte d’un disciple – Il n’existe qu’un bouclier : la
Hiérarchie – Nous considérons l’arrogance envers le Guide terrestre comme
le comble de la suffisance – Les chutes de l’esprit – L’existence dans la
Forteresse de Lumière des Grands Cœurs Aimants – La volonté et l’énergie
sont les maîtres du karma – Chaque élève est précieux pour le Maître –

521
Échec et équivoque des manifestations de la majorité des médiums – Ne
chargez pas votre aura en contactant des sphères imparfaites.
Lettre 6 – 17 décembre 1929 – Livre Infinité – Les fondations du Cosmos –
Le Cosmos dirige les énergies conformément à la loi de polarité – La gravité
du temps présent – Tout ce qu’on prend à la légère est à la limite du crime –
Les concepts du « je » et du « nous » – La grande époque prédite depuis
longtemps est arrivée – Le parapluie de Doukkar – Uranus rassemble la
sixième race – Renforcez l’unité.
Lettre 7 – 11 septembre 1929 – Les phénomènes psychiques et médiumniques –
L’aimant de l’esprit – L’époque de l’Agni Yoga – Le principe de l’aimant –
L’Agni Yogi – Le médium – La transmutation des centres – Le plexus solaire –
La vraie compréhension, un processus lent – La patience du Grand Instructeur –
Chacun a besoin de l’encouragement et de la reconnaissance de ses capacités.
Lettre 8 – 15 janvier 1930 – Ne fuyez pas les obstacles – Habituons-nous au
combat sans fin – Chaque atome du Cosmos se bat – Guidés par la plus
Haute Sagesse qui nous indique la juste direction, nous traverserons tous les
abîmes – Transmutons toutes nos énergies – L’égoïsme, ce furieux dragon à
la longue queue – Nous grandirons énormément en pratiquant une telle
sévérité personnelle – L’Instructeur veut nous voir unis – Ne pas maintenir
les vieilles habitudes – Dans le monde spirituel, de même que dans le monde
subtil, les lois sont encore plus immuables – La loi de tension – L’enveloppe
qui entoure l’esprit humain – Le voile de la Mère du Monde – La qualité
dans toutes choses.
Lettre 9 – 24 février 1930 – L’autorité du Hiérarque et du Guide terrestre –
Le pouvoir et la domination – La Main qui Guide – Nous devrions nous
rendre compte de la modestie de nos offrandes – Une grande unité règne
dans le Cosmos – Chaque semence de l’esprit doit ressentir l’Unité – L’Ère
Nouvelle – Les manifestations cosmiques proviennent de la double Origine –
La chaîne des vies – Les époques cosmiques – L’aura de l’homme – Les
feux purificateurs de l’Univers pénètrent toutes les régions de la planète –
La force du karma – Les centres d’un Agni Yogi enregistrent tous les courants
cosmiques – Combien d’avertissements et de signes sont lancés – Les
perturbations les plus redoutables se trouvent au fond des océans – Livre
Infinité – L’époque de Maitreya approche.
Lettre 10 – 24 juin 1930 – Le Cosmos est bâti sur la coopération – Abolir le
sentiment de la propriété – L’époque de la Mère du Monde – L’Enseignement
n’est pas un sirop sédatif – L’ignorance est stagnation – « La souffrance
précède la joie » – Les âmes unies par la même lutte forment une seule et
unique chaîne.
Lettre 11 – 17 août 1930 – Tendre tous ses efforts pour bien comprendre la
majesté du plan pour le Bien Commun – Pourquoi cette impardonnable
légèreté d’esprit – L’éradication de toutes les accumulations nocives – Le
désir de domination et le vrai sens du commandement sont aux antipodes –

522
Le conducteur sage n’insistera pas sur sa propre approche – La Bannière de
l’Ère Nouvelle – La signification de la pensée – « La joie, par un courant
magnétique, peut attirer la joie de l’espace » – Le poison de l’irritabilité –
N’oubliez surtout pas les petits travailleurs – Le vrai dirigeant sera très attentif
à ne pas blesser en paroles ou en actions – L’Enseignement procure les
conseils les plus vitaux et les plus pratiques qui soient – Le calice d’Amrita –
Les manifestations de l’égoïsme obscurcissent l’esprit – L’autosuffisance –
La lutte, cette clé de tous les Portails – Les Lettres des Mahatmas M. et K.H.
à A.P. Sinnett – Le Maître poursuit un système d’examen continuel – Mise
en garde contre la basse et vulgaire méfiance – Toutes les paroles et les
indications du Guide terrestre ont une signification profonde – En rejetant
ou en négligeant de suivre les prescriptions, nous nous coupons d’occasions
uniques – Ne rompez pas le merveilleux fil qui nous relie – La puissance de
transmutation réside dans le cœur.
Lettre 12 – 7 octobre 1930 – « L’Unité des Femmes » – La coupe de souffrance –
L’Ère de la Mère du Monde – L’effort vers la beauté, clé de la connaissance –
La loi de la double Origine.
Lettre 13 – 13 octobre 1930 – Livre Agni Yoga – Nous devons regarder
l’ennemi en face – L’intrépidité et l’effort sont deux des qualités
fondamentales de l’Enseignement – L’Enseignement prévoit toutes les
situations de la vie – La léthargie et l’assoupissement n’aiment pas être
secoués – Il est impossible d’arrêter les forces éveillées de la conscience
nouvelle – Seule la pensée et une conscience étendue viennent à bout de
chaque difficulté – Chaque indication donnée était pertinente et elle a été
donnée en temps opportun – Les boucliers donnés – L’attitude cruelle et
ignorante envers la créativité culturelle – La « Cité de la Connaissance » –
La découverte de nouveaux rayons cosmiques – Les montagnes sont les
plus grandes stations magnétiques – Sur le plan géologique, l’Himalaya est
également très intéressante et ses grottes recèlent beaucoup de mystères –
Des stations d’observation devraient être établies en divers endroits – Une
loi fondamentale de la physique est aussi une loi fondamentale de la
coopération.
Lettre 14 – 3 décembre 1930 – Notre principal problème est de réveiller la
disposition à l’effort chez les nouveaux arrivants – L’égoïsme est étroitesse
d’esprit – L’effort de l’esprit et de la volonté peut transformer la vie – Une
conscience limitée attire des énergies imparfaites ou des possibilités limitées –
La compréhension pratique de l’existence de l’aimant – Explication des
sympathies et des antipathies – Il suffit parfois de très peu pour finir de
remplir le Calice – Concernant l’Agni Yoga – Pratiquons une discipline sévère
sur le plan du langage – L’Instructeur voit – L’Instructeur sait – La qualité
de nos motivations – S’efforcer sans relâche d’éradiquer les lourdes et
persistantes accumulations – L’offrande de pratiquement tout au service du
Bien Commun – Croissance du sens de la comesure – Développer l’attention
chez les enfants – Vous êtes entourés de possibilités – Essayez de saisir ces

523
pensées en affinant votre réceptivité – Rien n’exige autant de soins délicats
et attentifs que l’amour.
Lettre 15 – 17 décembre 1930 – Un relâchement de l’effort mène à la défaite –
Seule la vigilance nous permet de surmonter avec succès tous les obstacles –
Cherchez toujours des paroles dignes pour arrêter les ragots et les accusations –
Pour le Guide terrestre, absolument tout est orienté et donné pour le service
du Bien Commun – Une exécution fidèle des indications conduit à une grande
victoire, à une grande Lumière – La liberté d’expression individuelle est
toujours accordée – « La pensée de l’obéissance à l’Instructeur est étrangère
aux hommes » – Une approche hors du commun attire l’attention – Souvenez-
vous que tous les Enseignements condamnent la tiédeur – Chassez les pensées
mesquines – Évitez de rabaisser – Chassez tous les doutes – Imprégnez tout
votre travail de la beauté du Service.
Lettre 16 – 7 janvier 1931 – La déformation de la Volonté du Maître – Les
grandes figures historiques révéraient leurs Guides terrestres – Le principe
de la Hiérarchie est une loi maîtresse – La loi de la chaîne de la Hiérarchie
est maintenue par la Fraternité Blanche – La relation entre le Maître et le
disciple – La condamnation et le blasphème contre l’Instructeur sont très
préjudiciables – La trahison peut prendre plusieurs formes – Il est difficile
aux rayons créateurs de pénétrer – La quête de l’esprit attire vers l’Aimant
de la Hiérarchie – Il est nécessaire d’apprendre à vénérer le Nom de
l’Instructeur – L’ennemi peut s’infiltrer dans la maison sous le masque d’un
ami.
Lettre 17 – 15 janvier 1931 – Le vrai service pour le Bien Commun exige le
sacrifice – Plus le fardeau sera lourd, plus court sera le chemin – Entourons
le Grand Instructeur du feu de l’amour – Accomplir la Volonté du Maître –
Livre Hiérarchie – La loi de la Volonté Supérieure crée sans fin – La
dévouement accomplit des miracles – Ananda était le disciple le plus dévoué
du Bouddha – Nos ennemis – Des tests reviennent régulièrement tous les
trois ans – Un organisme purifié ne supporte pas l’atmosphère des pensées
mesquines.
Lettre 18 – 21 janvier 1931 – L’unité est le fondement de chaque travail
constructif – Combien d’indications n’ont pas été acceptées, combien n’ont
été prises en considération qu’à moitié – Soyons honnêtes –
L’accomplissement de la Volonté du Maître ne signifie pas l’abdication de
notre individualité en faveur d’une volonté étrangère – L’œil qui voit tout –
Nous sommes continuellement soumis à l’épreuve – Vous pouvez concevoir
la Hiérarchie et sa loi comme le Sommet de la Créativité Cosmique – La
fusion de la conscience du disciple dans celle de l’Instructeur conduit à la
connaissance des lois Supérieures – La Main du Maître n’intervient qu’au
dernier moment – Temps de grande tension dans la bataille terrestre –
Apprendre à distinguer la Lumière des ténèbres – Jour et nuit, que la grande
époque soit présente à votre esprit – Les paroles de N.K.

524
Lettre 19 – 13 mai 1931 – L’Armageddon fait furieusement rage – Le remède
le plus efficace qui soit : la gratitude envers le Grand Instructeur – Une
revue honnête de nous-mêmes est utile – La présomption n’est pas compatible
avec le respect de la Hiérarchie – La connaissance des dates est une science
profonde – N.K. – Que toutes les femmes et les générations montantes
s’élèvent pour défendre la culture – La destruction est inévitable là où le
« Culte d’Ur » s’éteint – « Unité des Femmes » – Livre Hiérarchie –
Manifestations inutiles et entraves karmiques créées par les hommes – Chaque
démon est engendré par la résistance au grand principe de la Hiérarchie –
Hiérarchie et Amour sont inséparables – La joie dans la bataille est une note
fondamentale de l’Être.
Lettre 20 – 29 mai 1931 – Le dévouement et la loyauté sont les qualités les
plus hautes – La vraie économie ne signifie pas abandonner les fondements –
La coopération et la responsabilité – Aucune pensée, aucune impulsion n’est
perdue puisque chacune est enregistrée dans notre aura – L’absence de
préjugés et le manque de principes sont deux idées opposées – La vraie
connaissance doit toujours être bâtie sur des principes solides – La bobine
de Ruhmkorff donne une image schématique du karma – La compréhension
du service envers le Seigneur et la Hiérarchie – Évitez la demi-mesure – Il
est essentiel de comprendre la « Bannière de la Paix et de la Culture » comme
le plus grand symbole – La « Ligue de la Culture » prendra la place de la
désuète « Ligue des Nations » – Les événements en Espagne – L’importance
culturelle de l’Amérique – La définition de la culture de N.K. – Une
réévaluation des valeurs est annoncée – Évitez une attitude indifférente pour
des détails qui pourraient vous sembler insignifiants.
Lettre 21 – 3 juin 1931 – Observez comment agissent les forces noires –
Observez les hésitants – Ne soyez jamais indifférents envers nos affirmations –
Ce n’est que lorsque l’esprit cultive l’égoïsme que sa mort peut se produire –
De grandes fondations ont été données au monde par les Maîtres – Le courage
d’un cœur enflammé – Apprenons à dépasser les allusions désobligeantes
qui blessent notre amour-propre – Ceux qui montrent un désir d’étudier les
livres de l’Enseignement doivent être guidés et conseillés individuellement –
Les hommes doivent être conscients de leur vie dans les mondes supérieurs
et de leurs liens avec le Cosmos – Il faut remarquer soigneusement les
personnes qui, au tout début, demandent des connaissances spéciales – Les
questions posées par quelques-uns ayant lu un seul livre de l’Enseignement –
Il est utile de noter nos habitudes les plus mauvaises et de nous employer à les
déraciner immédiatement – Il est très utile d’observer la qualité des pensées –
Il est merveilleux de pouvoir se concentrer sur l’Image du Maître – La
réorganisation du monde intensifie toutes les forces du Cosmos – Le chaos
de la pensée est tel que les nations disloquées peuvent sombrer dans l’abîme –
La quête spirituelle conduit inévitablement à la Hiérarchie – L’humanité a
perdu la formule de salut nécessaire – Les résultats sont à la mesure de
l’effort – Développez la vigilance – Les ennemis constituent une source de

525
tension – Le grand Tamerlan – Le « Pacte pour la Défense des Trésors
Culturels » – Chaque gouvernement devrait protéger les accomplissements
de la culture – Les feux souterrains font surface.
Lettre 22 – 11 juin 1931 – « Faites comprendre en Amérique que la crise dans
le pays même n’est rien moins qu’un champ de bataille » – L’heure du danger
obligera plus d’un à chercher une manière de s’en sortir et une voie de salut –
La demi-mesure est toujours pernicieuse – Il faut agir aujourd’hui même et
l’action doit être la plus vaste possible.
Lettre 23 – 17 juin 1931 – La prospérité malsaine, artificielle et déséquilibrée
ne peut durer longtemps – Le châtiment qui approche sera terrible dans sa
correspondance cosmique et sa justice – La future « Ligue de la Culture » –
La « Bannière de la Paix » – Les gens doivent être convaincus de la valeur
de la créativité spirituelle et apprendre à respecter chacune de ses
manifestations – La responsabilité – L’importance du temps – Nous craignons
plus les interprétations fades et supposément « précises » de ces soi-disant
personnes « amies » – Sans recherche, on ne peut trouver, rencontrer, ni
accepter le Rayon de la Hiérarchie – Que les enfants apprennent à aider dès
l’âge le plus tendre – L’individualité et l’égoïsme sont comme la naissance
et la mort – Il est impossible de tromper la Justice Cosmique – La Russie
cherche et lutte – La déesse de la culture se déplace vers l’Est – L’histoire ne
se fait pas dans la tranquillité.
Lettre 24 – 30 juin 1931 – Le processus de croissance de la conscience et
d’assimilation d’idées nouvelles est lent, extrêmement lent – Faire preuve
de la plus grande tolérance envers les nouveaux arrivants – Ne pensez pas
que les conditions de la vie sur Terre vont s’améliorer rapidement – Prenez
garde aux collaborateurs dont la conscience est limitée – L’enseignement
déclare que sans la qualité de comesure une personne ne saurait être
considérée comme étant spirituelle – La « Bannière de la Paix » et « l’Unité
des Femmes » sont deux des grandes tâches historiques – De nombreux
conseils et déclarations de N.K. ne sont pas mis en pratique – Nécessité des
répétitions apparentes – La réalisation consciente de la Hiérarchie et
l’esclavage sont comme le jour et la nuit – Adhérer à la Hiérarchie, c’est
adhérer à un système évolutif – La Hiérarchie correspond exactement aux
principes d’une astrochimie – Ne vous lamentez pas sur le passé – La lutte
des forces de la Lumière contre les ténèbres se poursuit sans cesse – Souvent
les participants à ce combat demandent pourquoi le cerveau physique
n’enregistre pas les activités accomplies dans leur corps subtil – La mémoire
de la bataille cosmique peut détruire le cœur le plus fort.
Lettre 25 – 20 juillet 1931 – Pouvez-vous vous attendre à compter sur des
succès quand les vraies valeurs sont éparpillées – Nous devons être capables
d’unir les consciences de nos collaborateurs aux nôtres – Le chute des banques
et les événements présents et à venir prouvent la justesse, la sagesse et
l’opportunité de toutes les indications – La puissance de l’esprit peut venir à

526
bout de tout – Toute grande idée peut être aisément détruite par des actions
effectuées sans tact – La « Bannière de la Paix » et la « Bannière de la
Culture ».
Lettre 26 – 21 août 1931 – La critique et l’hypocrisie sont considérées par les
Grands Instructeurs comme des trahisons subtiles – N.K. – La détérioration
de la qualité est indigne des disciples – Une faute déracinée et expiée est un
pas en avant – L’époque d’une conscience perfectionnée par des découvertes
scientifiques sans précédent et par une coopération mondiale – Faites en
sorte que l’image de votre Guide terrestre se manifeste à l’échelle mondiale –
Apprécions particulièrement les nouveaux arrivants – Le vrai chef est toujours
à l’avant-garde des événements – Le salut du monde se trouve dans de
nouvelles formulations, dans une nouvelle approche spirituelle et culturelle
concernant les questions vitales – La « Bannière de la Paix et de la Culture » –
Maintenant, les idées la paix et de culture sont comprises différemment – Il
existe une Forteresse de la Connaissance et de l’Esprit – L’ignorance et la
stagnation forgent le karma de tout un pays – Rien n’abaisse ni ne détruit
autant une personne que la complaisance dans la flatterie – L’aspiration de
l’esprit procure courage et justice – La susceptibilité nous retient en arrière
et sape notre sens de l’effort – L’abnégation nous procurera les joies les plus
inattendues, les plus sublimes – Habituez-vous à aimer tout ce qui est beau –
La légende d’Akbar.
Lettre 27 – 7 octobre 1931 – Soyez reconnaissant envers chaque travailleur
qui vous offre l’occasion de développer l’attitude qu’il faut observer à l’égard
des affronts mesquins – La négligence à l’égard du devoir de chacun est
impardonnable – Ce n’est qu’à l’extrême limite de la tension que nos forces
subissent une transmutation vers les énergies les plus subtiles – La
connaissance intuitive ou la confiance fait d’un simple humain un géant –
« Il est juste d’affirmer les principes de la “Bannière de la Paix” partout où
cela est possible » – La « Ligue des Nations » – La première conférence à
Bruges – « En petits groupes, surveillez particulièrement vos pensées
mutuelles » – « Sans interruption et à toutes les époques, l’Enseignement de
Vie se déverse sur Terre » – « L’interruption du rythme est due à de nombreux
facteurs ».
Lettre 28 – 21 octobre 1931 – Les représentants officiels de diverses
organisations sont incapables de comprendre l’importance de l’éducation –
Pavlov, Bechterev, Pupin, Abel, Millikan, Rutherford, Einstein, Jagadis Bose,
Tagore – Les paroles du Seigneur Bouddha mentionnant que « l’ignorance
est le pire des crimes » – L’éducation moderne manque d’une base culturelle –
La spécialisation mène toujours à un déséquilibre, qui produit les maladies
psychiques observées aujourd’hui – Chaque tâche importante est
accompagnée de difficultés – La grande époque d’équilibre de la double
Origine – L’irritabilité et la susceptibilité sont les canaux les plus faciles où
peut s’infiltrer tout ce qui appartient aux ténèbres – Introduction de N.K. à

527
son Spinoza et Goethe – L’invincible « Tactica Adversa » – Toutes les lois
cosmiques sont réfléchies et reproduites dans la vie humaine – La personnalité
de N.K. – Le « Culte d’Ur » ou « Culte de la Lumière ».
Lettre 29 – 8 novembre 1931 – En lisant les livres de l’Enseignement,
appliquez d’abord sur vous-mêmes tout ce qui s’y trouve – En appliquant
toute chose premièrement à nous-mêmes, nous serons capables de pénétrer
jusqu’aux profondeurs de notre nature et pourrons y découvrir certaines
choses qui pourraient peut-être nous étonner – La formule préférée d’Éléna
Roerich : « Confiance totale jusqu’au bout » – Une personne dévouée à la
Lumière n’est jamais seule spirituellement – Notre corps grossier et le
raffinement insuffisant de nos sens sont les seuls obstacles qui nous empêchent
de réaliser la Présence du Maître.
Lettre 30 – 12 décembre 1931 – Le Grand Armageddon a commencé – La
bataille céleste est suivie d’une bataille terrestre – Michel le Grand Stratège –
Plusieurs prophéties concernant la Grande Bataille – Les forces des ténèbres
sont actives dans tous les pays.
Lettre 31 – 5 mai 1932 – Seule l’unité du cœur peut renverser l’ennemi –
L’irritation humaine et la disharmonie produisent des remous destructeurs –
La « Bannière de la Paix » pour la défense des trésors artistiques en temps
de guerre – Les difficultés qu’a dû traverser la « Croix-Rouge » pour
convaincre les fonctionnaires bornés qui étaient chargés de traiter ce projet
hautement humanitaire – Souvenez-vous de « l’unité ».
Lettre 32 – 27 juin 1932 – Selon la loi cosmique, les énergies ne peuvent être
transmises et les formes ne peuvent être purifiées que sous le seul effet d’une
extrême tension – Cette loi pose deux règles fondamentales dans tous les
Enseignements – La compréhension des antithèses est pour la plupart des
gens la chose la plus difficile à saisir – Le Bouddha et ses disciples – La
personne libre de tous les attachements matériels n’en parlera pas – Les
Pharisiens – Aucune action, aucun travail ne peut être développé sans point
focal – Livre Les Feuilles du jardin de Morya [volume 1].
Lettre 33 – 7 juillet 1932 – Les résultats désastreux provoqués par la négligence
de la Recommandation donnée par le Maître – Les rapports entre Instructeur
et disciple.
Lettre 34 – 6 octobre 1932 – La garde du feu contenait un grand symbole –
Seules les valeurs spirituelles soutiennent le monde – Que personne ne soit
assez faible pour évaluer ses contributions ou ses soi-disant sacrifices – Les
Forces de Lumière apprécient les sacrifices faits avec joie, car ce sont les
seuls qui soient efficaces et porteurs de victoire – Le « Livre du Sacrifice » –
« Le Christ conseillait de distribuer les biens spirituels » – La Pierre Alatir.
Lettre 35 – 12 octobre 1932 – Le combat contre les forces obscures doit
évoquer les pensées les plus nobles – Il est très important que les
collaborateurs se respectent les uns les autres – Même pour rire, vous ne
devez pas vous dénigrer ou vous critiquer les uns les autres – Votre vie

528
pourrait se transformer en un joyeux conte de fées si seulement vous pouviez
comprendre la Haute Direction qui vous est dispensée chaque jour ainsi que
votre propre responsabilité – L’exhortation à l’unification devrait être votre
première considération dans toutes vos décisions.
Lettre 36 – 10 novembre 1932 – « Chaque parole méchante, chaque
mésentente est un encouragement pour les forces obscures » – « Le dangereux
couteau n’est pas dans votre poche, mais en vérité au bout de votre langue » –
L’âme est comme un livre ouvert pour le Guide terrestre – Le temps menaçant,
le temps affreux approche pour tous – L’amabilité est importante, non pas
lorsque l’autorité est acceptée ou lorsque la vanité est satisfaite, mais bien
plutôt lorsqu’il faut céder en bien des points afin d’assurer zune coopération
efficace – « Bénis soient les artisans de la paix ».
Lettre 37 – 17 novembre 1932 – La décomposition est un processus aussi
contagieux que la lèpre – La calomnie envers la Hiérarchie est un mal
irréparable – L’amour d’un lamentable égoïsme, cet éternel ennemi de la
Lumière – « Savoir discerner et se concentrer sur l’essentiel, c’est être sur le
chemin de la victoire » – En s’observant soi-même, il est possible d’établir
certaines bonnes habitudes.
Lettre 38 – 10 décembre 1932 – La grande unification comme seule voie de
salut – Les Indications devraient être acceptées avec votre cœur – Il n’est
pas raisonnable de surcharger les Forces qui supportent tout – Plusieurs
pensent que l’unité est un concept inutile et démodé – Comprenez avec votre
cœur et votre esprit les fruits qu’engendre la désunion.
Lettre 39 – 29 décembre 1932 – La bataille de l’Armageddon a été engagée
par les forces obscures – Les tièdes et les neutres sont les meilleurs
collaborateurs des forces obscures – Les violents courants de Saturne –
Personne ne peut imaginer combien d’énergie divine est mobilisée uniquement
pour contrôler les feux souterrains – La paralysie et la désunion sont semblables
dans leurs actions – Encore une fois, je demande l’unification – Le feu noir
n’est rien d’autre que l’irritabilité – Là où le Rayon est accepté, il est plus
puissant que n’importe quelle armure – Le principal adversaire intérieur est
la désunion – L’hypocrisie est une impossibilité entre collaborateurs – Le
disciple sage et sincère appliquera toutes les règles, premièrement à lui-
même et non aux autres, car autrement comment se perfectionnera-t-il – « Il
n’est pas honorable de cultiver un jardin d’offenses » – Les quatre bases de
l’Enseignement – Les nouveaux arrivants devraient être inspirés et non
troublés.

PARTIE II – LETTRES À L’EUROPE – 1931-1934

Lettre 1 – 24 avril 1931 – La sincérité et la simplicité sont deux aimants


puissants – Apprendre à aimer les obstacles et l’effort – La profonde joie de
l’abnégation.

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Lettre 2 – 28 août 1931 – La connaissance qui n’est pas appliquée dans la vie
est sans valeur - La première formule à assimiler pour un disciple – 1. Les
diverses disciplines du Yoga – 2. Le musc ; le Dr Pell – 3. La valériane ; Les
narcotiques – 4. Les résines – 5. Les préparations à la menthe et au menthol –
6. Protection contre l’action directe du soleil – 7. Le « troisième œil » ; Les
glandes pituitaire et pinéale ; La vision psychique ; Le plexus solaire – Évitez
la magie et le pseudo-occultisme – La seuil de la Nouvelle Ère est une période
comparable à celle de l’Atlantide – Un travail joyeux et constructif pour le
Bien Commun – La « Bannière de la Paix et de la Culture ».
Lettre 3 – 26 décembre 1931 – Il est préférable de remplacer l’expression
limitée de « pacifisme » par les très beaux termes de « construction de la
paix » – L’article de N.K. sur « l’Âme des Peuples » – « Les Sœurs de la
Montagne Dorée » – La réalisation de l’idéal de joie comme étant « une
sagesse particulière » – Seule la culture la plus haute, la plus pure, conquerra
les inutiles différences qui dérangent et créera cette magnifique armée de
l’Esprit.
Lettre 4 – 15 janvier 1932 – Les meilleures pensées et les meilleures actions
ne naissent pas dans l’abondance et le luxe – Il est parfaitement juste de
vouer autant d’attention à la littérature des enfants et des adolescents – Le
bien-être matériel et spirituel de pays entiers dépend des fondations établies
dans la conscience des enfants – Les enfants sont prêts à accepter l’invisible
comme une réalité – Vous devez enseigner aux enfants à ne pas être effrayés
par la mort – Les symboles sont très individuels et correspondent à la
conscience de chaque personne.
Lettre 5 – 24 novembre 1932 – Félix Denissovitch – « La Ligue Mondiale de
la Culture » – Pratiquez la patience et la tolérance – Commencez par
rassembler les gens en appliquant largement le principe de tolérance : la
règle « par ton Dieu » – Attention aux traîtres, car l’infection qu’ils sèment
est grande – La faiblesse et la non-résistance au mal ne sont pas notre apanage.
Lettre 6 – 1933 – Il y a plusieurs sortes et degrés d’obsession – La « Ligue de
la Culture » et « l’Unité des Femmes » – Mettez soigneusement à l’épreuve
les nouveaux arrivants – Les calomnies et les diffamations généralement
provoquées par l’envie – Des femmes cultivées seront nécessaires en grand
nombre – C’est la qualité qui importe, non la quantité – Il est important que
les membres développent une certaine indépendance dans les idées afin d’être
productifs.
Lettre 7 – 27 janvier 1933 – Les réponses aux questions : 1. La « Ligue de la
Culture » ; Il faut apprendre à discerner entre égoïsme et individualité ; Notre
époque est dangereuse et sans pitié ; Utiliser tous les moyens spirituels
possibles afin de s’élever contre la subversion ; Un vrai changement
n’intervient que par un élargissement de la conscience et par l’acceptation
d’une direction spirituelle ; Les hypothèses mécaniques prennent au piège
l’espérance des gens – 2. Les membres d’un groupe sont très différents les

530
uns des autres ; Une totale immersion dans les premiers pas de la dévotion
est essentielle pour devenir un disciple ; La présence d’un Bhakti Yogi dans
un lieu purifie et sanctifie à une distance de plusieurs kilomètres – 3. Comment
obtenir l’information exacte sur les événements ; Le Guide et son disciple ;
La divisibilité de l’esprit ; La vie du disciple contient bien des mystères ; La
clé de tous les succès se trouve dans un tel amour désintéressé pour chaque
tâche entreprise – 4. « L’Enseignement inclut la vie dans son ensemble » ;
Sans un Principe directeur toute l’évolution serait retardée pour
d’innombrables siècles ; La Doctrine secrète ; Les Lettres des Mahatmas ;
Essayez de discerner soigneusement entre superstition et préjugés – Faisons
preuve de la plus grande tolérance, de sollicitude et de bienveillance.
Lettre 8 – 10 mai 1933 – Le sommeil est bienfaisant et absolument nécessaire
pour la nourriture de notre corps subtil – Dans la sérénité et l’équilibre se
trouve tout le secret de l’accomplissement – Tous les organismes sensibles
réagissent en connaissant périodiquement des réactions d’angoisse, des
étourdissements et des dépressions – Le « Juste Milieu » ou Équilibre – Il
est plus facile de se laisser aller à certains excès plutôt que de développer la
vigilance et de se maîtriser – Considérer comme un avertissement la
diminution de force.
Lettre 9 – 19 juin 1933 – Le Monde Nouveau se crée – Les femmes indiennes
obtiennent déjà d’excellents résultats – Michel le Grand Stratège – Saint
Georges le vainqueur – Saint Serge de Radonège le grand Éducateur et
Protecteur de la terre de Russie – Le prince Dimitri – Tous ces Sages Héros
ne sont-ils pas des guerriers du Bien Commun – La lutte contre le chaos est
vraiment la fondation de la vie du Cosmos – Sur la Terre comme au Ciel –
L’Archange est menacé par Satan lui-même – Chaque mère doit élever son
enfant dans l’esprit des grandes actions – La bataille spirituelle est encore
plus féroce que toute autre guerre – Si le lien avec la Hiérarchie est solide, le
courage et l’intrépidité viennent naturellement – Je préfère un sacrifice
courageux dans l’exercice des devoirs patriotiques – La « Ligue Mondiale
de la Culture » – Que les femmes se rappellent le courage – Les suffragettes –
La connaissance directe sait infailliblement, connaît l’essence juste des
choses, la direction de l’évolution de même que l’avenir – « L’esprit crée un
lien avec l’embryon dès le moment de la conception » – « La naissance est
un moment merveilleux » – L’art de N.K. – L’art grec – L’art dans toutes ses
manifestations et toutes ses formes conventionnelles reste fondamentalement
spirituel – Les doutes sont les ennemis les plus dangereux – L’enseignement
présente des solutions claires et merveilleuses.
Lettre 10 – 8 février 1934 – L’aube de l’Ère Nouvelle jette déjà ses lueurs –
« Proposez à des collaborateurs de s’habituer à un tel travail » – La loi de la
Réincarnation – Le Christ lui-même l’a confirmée – Le vrai mal de l’Inde se
trouve dans le système dépassé des castes – La femme indienne est destinée
à faire revivre son pays – H.P. Blavatsky.

531
Lettre 11 – 17 février 1934 – Les groupes soi-disant occultes – La Grande
Fraternité guide l’évolution de toute l’humanité – Le bateau de l’humanité
est en train de couler – La Grande Hiérarchie de Lumière a, sur le plan
terrestre, des aides conscients et inconscients – La grande loi
d’incommensurabilité – H.P. Blavatsky – Francia La Due – Le Maître
Hilarion – Il existe plusieurs autres personnes à qui des messages individuels
de moindre importance ont été transmis – Le « Livre de Dzyan » – L’École
Arcane – Les livres de l’Éthique Vivante sont répandus dans de nombreux
pays et attirent de nouveaux groupes – Les livres de l’Agni Yoga – Des
livres de valeur comme les Lettres des Mahatmas et les Lettres de H.P.
Blavatsky – L’intolérance de certaines Églises – « Le plus difficile de tout
est de rendre la véritable image du Christ » – Qu’est-ce que la Hiérarchie de
Lumière sinon « l’Échelle de Jacob » – Le Nouveau Testament – Les œuvres
du grand Origène – Le concile de Constantinople – La principale raison de
l’opposition à l’incinération – La Maçonnerie – Les Grands Instructeurs
sont opposés à toute forme de magie – Le blasphème contre l’Enseignement
de Lumière est un blasphème contre le Saint-Esprit – Qui souhaite des
responsabilités – N.K. vit pour le grand service à l’humanité – La fin du
Kali Youga – L’utilité des ennemis – La diffusion de l’Enseignement.
Lettre 12 – 17 avril 1934 – La transition de Félix Denissovitch - Les réponses
aux questions : 1. « La société pour « l’Unité des Femmes » – 2. Une
éducation égale éliminera la nocive supériorité envers les femmes – 3. La
question de la légalité de l’avortement – 4. Dans l’antiquité la plus reculée,
les gens savaient comment contrôler leur famille en utilisant les phases de la
Lune ; La sagesse de l’Inde considère l’amour exclusif de son enfant comme
une sorte d’égoïsme animal ; Le karma nous pousse d’une façon surprenante
vers des âmes auxquelles le passé nous rattache ; Sœur Béatrice ; L’affinité
spirituelle est plus puissante que les liens du sang – 5. « Est-ce que chaque
femme a le droit d’avoir son propre enfant » – 6. Le livre d’Ernst Bergman ;
Les deux Origines sont également grandes et nécessaires ; Lorsque la femme
essaie d’imiter les vices de l’homme ; La véritable union légale est une grande
science de l’avenir ; Seuls des parents appartenant au même Élément peuvent
engendrer des enfants sains et équilibrés ; La destinée de la Lémurie – 7.
Élever et éduquer ; « L’ignorance est la source de tous les maux » – 8. Le
droit à la sécurité – 9. « Est-il dans le plan de la Fraternité Blanche de
préserver les anciennes formes de la famille et de les renouveler
spirituellement ? » – Le moyen idéal de regrouper des membres ; Deux auras
harmonisées peuvent être garantes du succès ; L’instructeur vigilant devrait
pouvoir discerner ceux qui sont capables de progresser ; L’unification des
consciences ne peut se faire en une seule occasion et demande un grand
effort ; Il est encore plus difficile de trouver un instructeur adéquat – C’est
le cœur qui doit indiquer la décision juste en toutes choses – Des événements
importants sont près d’arriver – L’époque qui vient doit être affirmée sur la
base de la vraie compréhension de l’esprit de la beauté et de la coopération.

532
Lettre 13 – 17 avril 1934 – Avoir constamment à l’esprit l’idée du très Grand
Hiérarque – L’élargissement de la conscience se produit lentement – La
reconstruction du monde a lieu – L’ennui avec la plupart de ceux qui
approchent l’Enseignement est que tout en admirant sa sagesse universelle
et sa beauté, ils ne le considèrent néanmoins guère plus qu’une belle création
poétique – Les signes menaçants de l’orage de feu s’annoncent – La carte du
futur est déjà dessinée dans les Mondes Subtils – Exaltez l’héroïsme et le
« podvig ».
Lettre 14 – 26 avril 1934 – La Résurrection de l’Esprit – Accepter les coups
inévitables et les difficultés comme faisant partie d’une grande probation –
Nous avons reçu une prière – Les effets nocifs de la demi-mesure – Orientez
la conscience des hommes sur la voie de l’honnêteté – S’il était possible de
rendre manifestes toutes les annales du Monde Subtil, l’humanité serait
terrifiée de voir les ombres grises entourant la destruction, la demi-mesure,
la trahison, l’incitation au conflit, le blasphème, l’intolérance et l’égoïsme –
Un vrai disciple avance, poussé par un amour irrésistible pour le Maître de
Lumière – Les réponses aux questions : 1. Il faut premièrement appliquer
personnellement l’Enseignement à sa vie et se perfectionner – 2. Les
méditations ; Le danger de donner un corps parfait à une âme méchante et
sans développement ; Il serait très utile d’écrire des petits recueils simples
de vulgarisation dans lesquels les idées de l’Enseignement seraient annotées
pour la masse des gens – 3. Chaque connaissance est bienvenue – 4. Appliquer
l’Enseignement en toute simplicité, de tout son cœur.
Lettre 15 – 5 mai 1934 – Il est erroné de dire que le corps subtil est sans forme
puisque son « manque de contours » est relatif – Au tout début de son
évolution terrestre l’être humain ne possédait pas d’intelligence – L’Homme-
Dieu ou Arhat – L’hermaphrodite – Toutes les légendes se rapportant aux
âmes sœurs ont pour fondement une grande vérité – L’humanité a atteint un
point crucial et la spiritualité doit dominer, sans quoi la planète risque d’être
détruite – L’évolution procède par des moyens caractérisés par la beauté –
À la fin de la sixième race et au début de la septième race aura lieu la
matérialisation du corps astral – La Grande Fraternité se tient prête à aider
l’humanité – Origène s’est exprimé sur la séparation des sexes – Le Mariage
œcuménique – La réponse à la question concernant le karma – Le système
des castes – Les gens ressentent instinctivement l’égalité fondamentale de
l’esprit – Le principal problème des gouvernements devrait être de s’occuper
de l’éducation des masses – Les effets du mélange des classes – Böhme –
L’épouvantable karma de l’humanité est le résultat de la violation des lois
cosmiques – Le choix des conjoints devrait s’effectuer selon leurs affinités
avec certains Éléments – En négligeant les lois cosmiques fondamentales,
l’humanité s’est créée un triste karma de dégénérescence – La pauvreté et
les épreuves ne feront que développer la puissance d’un esprit fort – Il existe
une grande confusion concernant le concept des Seigneurs du karma – « Le
Monde Subtil est étroitement connecté au monde terrestre » – « La

533
transmutation des centres intensifie les énergies créatrices » – « L’impéril et
les désirs terrestres grossiers produisent d’affreux ulcères que l’esprit doit
guérir dans le corps subtil » – « La libération du véhicule physique ne signifie
pas la délivrance des ulcères spirituels ».
Lettre 16 – 6 mai 1934 – Les Grands Instructeurs de la Fraternité – La loi qui
unit Instructeur et disciple – Les vibrations et le karma – La probation du
disciple – Il faut se souvenir que la transmutation de l’organisme et des
centres nerveux doit se produire sur Terre – La vie terrestre est le vrai
purgatoire – La Communauté de la Fraternité est bien trop éloignée d’un
environnement terrestre ordinaire et, par conséquent, ne pourrait fournir les
conditions nécessaires aux épreuves – Seul le karma peut amener une
personne dans la Communauté de la Fraternité – Apollonios de Tyane – Les
accomplissements qui viennent naturellement ne peuvent jamais se perdre,
car ils sont le résultat d’un développement spirituel intérieur – Vivekananda
était très hostile aux soi-disant siddhis et miracles – Le pranayama –
L’accomplissement le plus élevé pour un Yogi est l’ouverture de l’œil de
Dangma – Ruhmkorff – Crookes – Le Hatha Yoga et le Raja Yoga – L’Agni
Yoga et le Hatha Yoga sont diamétralement opposés – Il est faux d’appeler
tout néophyte de n’importe quel Yoga un « Yogi » – Les Grands Instructeurs
sont attristés de la prédominance du psychisme inférieur au détriment de la
vraie spiritualité – Sans la spiritualité, le psychisme inférieur peut mener
aux conséquences les plus graves – Le podvig – La communion avec
l’Instructeur s’acquiert par le cœur, par une pensée purifiée et par un long et
infatigable travail sur soi – Une marée de livres des plus nocifs inonde le
marché – « Seule Blavatsky savait » – « L’Enseignement de l’Éthique Vivante
est magnifique dans sa vitalité, son austérité et la concision de ses formules. »
Lettre 17 – 25 mai 1934 – Il existe aujourd’hui une recherche de la vérité plus
sérieuse que jamais – La majorité des gens ne peut accepter ni réaliser la
synthèse, car la synthèse ou l’illumination de l’esprit est un accomplissement
très rare – La synthèse consiste en une accumulation de plusieurs énergies
qui se sont cristallisées au cours d’innombrables existences de dévouement
– L’échec du temps présent est la conséquence du manque de synthèse dans
l’esprit des dirigeants – Les qualités d’un chef.
Lettre 18 – 26 mai 1934 – Les réponses aux questions : 1. L’idée de l’Unité
du Cosmos – 2. Il y a encore aujourd’hui deux genres de religion, une pour
les initiés et une pour la masse – 3. Tous les dieux étaient les personnifications
de certaines forces cosmiques – 4. Moïse était vraiment un chef ; Jéhovah
était relié à Saturne ; La Hiérarchie des Forces, l’Échelle de Jacob et tous
les Esprits Planétaires vénérés par l’Église catholique – 5. Les histoires sur
l’origine égyptienne de Moïse sont tout à fait fausses – 6. Les lois de Moïse –
7. Christ a résisté activement au mal ; L’apôtre Paul ; La Kabbale ; La
Doctrine secrète de H.P. Blavatsky ; En n’acceptant pas la purification
apportée à l’ancien Enseignement par le Christ, en permettant qu’il soit mis
à mort et en persécutant ses disciples, les Juifs ont sérieusement alourdi leur

534
karma ; En refusant le Bouddhisme, l’Inde a choisi l’esclavage ; Maintenant,
c’est au tour du monde chrétien de choisir son karma – 9. Les Brahmanes
continuent d’inculquer aux communautés ignorantes les superstitions les plus
abominables ; Les femmes de l’Inde se réveillent – 10. Les vrais Anges
Gardiens ; « Il est difficile d’imaginer combien d’intellects ont été obscurcis
par de mauvaises interprétations. »
Lettre 19a – 2 juin 1934 – Un exemple de service nous est fourni par N.K. –
Tous les héros remplissent leur devoir – L’Enseignement bien assimilé et
appliqué est la meilleure arme – Le monde passe par l’expérience d’une
crise matérielle incroyable qui est la conséquence d’une corruption spirituelle
totale – Vivekananda – Ramakrisna – H.P. Blavatsky – La Bhagavad-Gîtâ –
La renaissance et la purification de tous les Testaments de tous les Grands
Instructeurs – Le vrai patriotisme et le chauvinisme sont à l’opposé l’un de
l’autre – La « Bannière de la Paix » établie par N.K. – Le nationalisme étroit
et le chauvinisme sont autodestructeurs – Une personne devrait posséder
une grande vision spirituelle et devrait connaître la Haute Direction, ou
comme on l’appelle, la Hiéro-Inspiration – Le Royaume de la Lumière –
L’histoire du paganisme – La Conscience Religieuse du paganisme du
professeur Vedensky – La « Summa Summarum » de la contemplation
orientale sur le monde – Le Nirvana – Lettre de N.K. – Le père Jean de
Kronstadt – L’Évangile de Ramakrisna – Il est impossible de partager la
mentalité du vieux clergé, ces créateurs de dogmes chrétiens – Le grand
Origène – Des indications claires sur la réincarnation et sur le karma sont
fournies dans le Nouveau Testament – L’esprit de l’Inquisition est encore
très vivace – Il est tragique d’observer la désunion croissante dans tous les
domaines de la vie – Le salut est dans les mains des gens eux-mêmes.
Lettre 19b – 7 juin 1934 – Chaque changement de race est accompagné de
cataclysmes cosmiques – Le changement de l’axe de la Terre – La sixième
race doit inaugurer l’Ère Nouvelle – Les Grands Fils de la Raison s’étaient
incarnés dans la troisième race – Le livre Au Carrefour de l’Orient de
Joséphine Saint-Hilaire – « L’homme jouera le rôle de détonateur pour les
volcans » – C’est l’homme lui-même qui provoque les tremblements de terre –
L’époque du Feu est très dangereuse – L’époque du Feu apporte la totale
destruction de communautés corrompues et une augmentation des épidémies –
Ceux dont l’aura est suffisamment pure et qui peuvent assimiler les feux de
l’espace seront les seuls à pouvoir résister – Les Seigneurs de Lumière
prennent toutes les mesures pour sauver la planète de cette atroce destinée –
Le Prince de ce Monde – Personne ne réalise le retard qui surviendra dans
l’évolution de la majorité de l’humanité terrestre en cas de destruction de
notre planète – L’année 1936 est très importante – L’homme est véritablement
celui qui met le feu ou celui qui éteint les feux souterrains – Les rebuts
cosmiques repartent à zéro – Le Droit de Feu – Le monde se reconstruit
grâce à la tension des deux polarités – L’Agni Yoga se manifeste comme
précurseur de la Grande Ère – Les Forces de Lumière ne s’immiscent jamais

535
dans le karma d’une personne – Tous les avertissements sont donnés sous
forme d’indications – Le filet protecteur de l’aura – Les ennemis qui
brandissent l’épée ne sont pas aussi dangereux que ceux qui pénètrent sous
le masque de la Lumière – L’énergie psychique – Le « Juste Milieu » ou
« l’Équilibre » – Les exercices forcés mènent à des manifestations inférieures
de l’énergie psychique ou au développement de la médiumnité, puis
éventuellement à l’obsession ou encore peuvent même causer la mort – Le
sommeil est absolument nécessaire – Durant le sommeil, le corps subtil est
nourri par la substance vitale du Monde Subtil, laquelle est en contact avec
les énergies supérieures – Le sentier du discipulat n’est pas aussi simple que
plusieurs le pensent – Il existe une gradation infinie des centres partiellement
ouverts – L’Évangile du Christ – La tâche de purifier la religion – L’humeur
dépressive.
Lettre 20 – 14 juin 1934 – Ceux qui confondent le nationalisme étroit avec le
patriotisme font une grave erreur – Les différents peuples et les différentes
contrées doivent apprendre à préserver leur caractère et leur individualité
propres – L’Enseignement de Vie nous prépare à faire un nouveau pas – Le
Conseil prodigué de ne pas solliciter ni forcer quiconque – La chrétienté
elle-même découle d’une influence orientale – Les Enseignements actuels
du Christ et du Bouddha sont différents des Enseignements d’origine – Il est
inutile de discuter avec les dogmatiques bornés – La « Croix-Rouge » – Les
reconnaissances officielles du « Pacte de la Paix » et de la « Bannière de la
Paix » – La « Ligue de la Culture » – Concernant ceux qui abandonnent – Le
Grand Hiérarque a ses gens de confiance – Le disciple qui s’approche ne
peut passer par-dessus les chaînons les plus près sans risquer de perdre sa
place dans la grande chaîne – Ceux qui choisissent une voie plus rapide
pour l’expansion de leur conscience devraient comprendre la loi de la
Hiérarchie – Le « Juste Milieu » – La nourriture et le sommeil – Il est
préférable d’être végétarien – « L’ascétisme est inutile pour atteindre la
libération » – Le renoncement aux excès terrestres devrait s’accomplir en
esprit – Le développement adéquat de l’énergie psychique d’une haute qualité
n’est possible que par l’expansion de sa conscience et l’Aide des Sources
Supérieures – Ceux qui s’engagent sur la voie du Service et du vrai discipulat
devraient soigner la pureté en toutes choses – « La capacité de bien choisir
les gens est le premier test de chaque dirigeant » – Beaucoup de gens
interprètent mal certaines indications de l’Enseignement – Les degrés de
l’obsession sont variables.
Lettre 21 – 30 juin 1934 – Les Grands Instructeurs sont apparus lorsque
l’Enseignement précédent avait perdu sa pureté originelle et avait été
complètement déformé – Tous les Enseignements proviennent de la même
Source Unique – Il existe sept centres principaux qui correspondent aux
sept principes de l’être humain – Le cœur est le grand accumulateur et
transformateur de toutes les énergies – La Dyade est composée des septième
et sixième principes – Arhat, Bouddha, Dyan-Chohan – Le septième principe

536
est la force vitale éternelle qui existe dans tout le Cosmos – Le sixième
principe dans son aspect supérieur est justement manifesté dans le cœur –
Livre Agni Yoga – Les trois fondements pour ceux qui souhaitent s’élever
sont « la pureté des pensées, des paroles et des actions » – La question
concernant la lecture d’autres livres en général – Les Lettres des Mahatmas –
Les nombreux livres de H.P. Blavatsky – Le Bouddhisme ésotérique de A.P.
Sinnett – Les Fondations du Bouddhisme – Les Oupanishads – La Bhagavad-
Gîtâ – Les Enseignements de Confucius, de Lao-Tseu, de Zoroastre,
d’Hermès – Les volumes dédiés à la vie de Ramakrisna et de Vivekananda –
L’Évangile de Ramakrisna – Les ouvrages de Sœur Nivedita – La lecture de
mauvais livres qui traitent de sujets occultes est dangereuse pour les débutants –
Il faudrait surtout veiller aux enfants, car de nombreuses maladies spirituelles
et physiques des enfants sont justement le résultat de lectures inadéquates et
fausses – La vraie connaissance n’arrive que lorsque les indications présentées
dans l’Enseignement sont assimilées et appliquées.
Lettre 22 – 6 juillet 1934 – Le théâtre, la radio et le cinéma – Il est vain
d’attendre un véritable développement de réalisations culturelles aussi
longtemps que les chefs des gouvernements ne seront pas des personnalités
hautement cultivées – Les drames de Kalidasa – Les pièces de Tagore – Ne
pas ignorer les légendes et les magnifiques épisodes historiques de la vie de
chaque pays – Nous devrions être prêts à donner à la jeune génération ce
que leur esprit désire – L’Enseignement de Vie contient exactement la réponse
juste et universelle à toutes les questions de l’esprit – La Nouvelle Ère – La
carte du monde est en train de changer – Les trois première décennies du
vingtième siècle se distinguent par des guerres, des terreurs, des cruautés,
une plongée dans la grossièreté et les dénégations les plus affreuses –
L’équilibre de la Lumière ne s’établit pas par la quantité mais par le potentiel.
Lettre 23 – 21 juillet 1934 – Ayez confiance dans la Haute Sagesse – Le
Maître et le disciple – La grande Promesse, « Quand le disciple est prêt, le
Maître apparaît », est rarement comprise – La transformation de l’homme
intérieur ne peut être atteinte par des automatismes, et cette transformation
même est le but principal de tous les Enseignements – Pas un seul Raja Yogi
ou Agni Yogi évolué n’a recours à des méthodes mécaniques – Leur seule
considération se situe au niveau de la concentration sur le Grand Idéal choisi,
sur l’effort résolu et soutenu pour s’en approcher – Confucius – Personne ne
réalise l’extrême fardeau qu’un Maître doit assumer en acceptant un disciple –
Seuls peuvent être acceptés ceux qui ont passé par de nombreuses épreuves
par le Feu et qui ont montré leur préparation ainsi que leur dévouement, non
pas dans une ambiance confortable, mais au bord du précipice – De
nombreuses indications sont disséminées dans l’Enseignement – Les rythmes
cosmiques Mahavan et Chotavan – Le remplacement des liens consanguins
par des liens spirituels – La compréhension de l’établissement d’unions justes
et légales est une grande science du futur – L’affinité des âmes – Nous sommes
menacés par la destinée de l’Atlantide – Les paroles du Christ – Les sept

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qualités astrales – Concernant la solitude – La « Lampe du Désert » – Le
« Lion du Désert » – Le lieu géographique de la Citadelle principale ne peut
jamais être révélé, pas plus que celui des différents Ashrams – Tous les
portraits qu’on peut voir des Grands Instructeurs ne sont que d’une
ressemblance approximative ou n’ont rien de commun avec les réelles figures
des Maîtres – Beaucoup de sottises ont été répandues sur le concept le plus
grand, la Fraternité – La réincarnation de H.P. Blavatsky.
Lettre 24 – 1er août 1934 – La principale puissance du musc se trouve dans ce
qu’on pourrait appeler son « laboratoire ardent » qui intensifie la force des
centres – Le strophantus – Les recherches de la médecine ayurvédique et
tibétaine – La signification des arômes – Five Years of Theosophy – Un
article du Dr Salzer « Odorigen and Jîva » – La « Science des
Correspondances » se base sur le fait que la nature tout entière est bâtie sur
un certain modèle – En connaissant les caractéristiques, c’est-à-dire la forme,
l’odeur et l’espèce d’une plante, on pourrait utiliser ces données à des fins
médicales ou autres – Paracelse a compris cette science et ses miracles étaient
le fruit de l’application de ces principes – À la découverte de l’occulte – Le
Monde occulte – Lettres des Mahatmas – Lettres de H.P. Blavatsky – Le
« soma » est une sécrétion subtile des glandes qui peut créer une sorte de
filet protecteur pour les centres – Le corps éthérique, ou fluides subtils émis
par le corps physique, est une émanation des centres physiques – Le
pranayama – Les Hatha Yogis – Les anciens Raja Yogis considéraient le
pranayama comme une respiration mentale – Les réponses aux questions :
1. Le musc nourrit tous les centres nerveux avec de l’énergie ardente – 2. Il
existe une grande correspondance entre tous les organismes des différents
règnes de la nature ; Le déodar ou cèdre de l’Himalaya, le musc et l’ambre,
tous font partie des dispensateurs de vie – 3. L’Enseignement dit que l’énergie
psychique est la panacée pour toutes les maladies ; Toutes les maladies
malignes comme le cancer ne sont possibles que dans un organisme vidé de
son énergie psychique ; 4. Les Maîtres de la Fraternité – 5. Le « Feu
d’Aryavarta » ; Le « Baume de la Mère du Monde » ; 6. Santana – La vraie
Initiation ne demande aucun rituel – Les Feuilles du jardin de Morya –
Toutes les cérémonies ont été créées sur Terre et pour la Terre.
Lettre 25 – 8 août 1934 – Seule l’existence terrestre offre la base pour un plus
ample perfectionnement et pour une existence consciente dans le Monde
Subtil – La Maya des anciens est l’équivalent de notre loi de la relativité –
La capacité de percevoir le Monde Subtil est relative, car elle dépend du
développement de la conscience – La conscience est l’homme véritable –
Tels sont les sédiments, tels seront les futurs cristaux – Considérez l’esprit
comme le cristal de toutes les manifestations supérieures – Un Ego évolué –
L’étude de l’astrologie – La chimie des astres est la science d’un futur très
proche et la fondation de l’astrologie – Les Grands Instructeurs – Les
tentatives des forces obscures – Le discernement est la clé de la réalisation
et du succès – Les Grands Instructeurs apprécient un noyau uni de

538
collaborateurs – « Il est à nouveau temps de revenir à la qualité dans le
travail manuel » – L’Enseignement du Christ – L’heure est venue pour une
purification ardente des Grandes Images des Instructeurs et de leurs
Testaments – « Siddha » – « Siddhis » – « Saddhou » – La « khatak » – Sur
les peintures sacrées du Tibet et de la Mongolie on peut souvent voir figurer
un saint du Monde Subtil qui présente une « khatak » à un pécheur des sphères
inférieures et avec laquelle ce dernier peut se hisser – La Synthèse de Maitreya
inclut tous les Rayons.
Lettre 26 – 11 août 1934 – Les esprits forcés de pénétrer dans le Monde
Subtil avant l’expiration de leur durée naturelle d’existence ont une réserve
inépuisée de force d’attraction magnétique – L’Inquisition a été établie pour
l’extermination de tous ceux qui ne pensaient pas comme eux et de toutes
les personnes hostiles aux représentants de l’Église qui avaient décidé
d’imposer un pouvoir absolu – Elle a été développée sous l’instigation du
Prince de ce Monde – Un autre crime impardonnable fut le massacre de la
nuit de la Saint-Barthélemy – Le Poème du grand inquisiteur de Dostoïevski
– Le Combat entre la religion et la science par E.D. White – Une mise en
garde contre l’intérêt pour les expériences spirites – Les grimoires du Pape
Honorius et d’autres – Michel, le Grand Stratège – L’approche du Grand
Jour du Jugement – Le spiritisme tout comme la magie ne peuvent
certainement pas être considérés en ligne avec l’évolution – Dans la Grande
Communauté, dite aussi Fraternité, nous rencontrons une majorité
d’Orientaux de naissance – À l’Est, les liens entre le disciple et son Guide
sont considérés encore aujourd’hui comme des plus sacrés, plus encore que
les liens de la consanguinité – La conception sacrée du discipulat – La chaîne
de la Hiérarchie – La dévotion produit des miracles – En foulant la voie du
vrai service pour la Hiérarchie de Lumière, nous remplissons une tâche de
vie à l’échelle cosmique – Comme partout, la lumière et l’ombre sont
inévitables, car Lumière et Ombre forment le grand Équilibre de l’Univers.
Lettre 27 – 12 août 1934 – « La purification de la conscience et des
Enseignements est le plus grand devoir de notre temps » – Les imposteurs
manquent de simplicité – Les vraies initiations n’ont rien à voir avec les
rituels inventés pour les masses – Avec de la dévotion et de l’amour pour la
Grande Hiérarchie de Lumière tout, même ce qui est le plus pénible et le
plus difficile, reçoit une solution et se voit surmonté – Les intrigues et les
répressions – L’Enseignement de l’Éthique Vivante est tellement nécessaire
maintenant.
Lettre 28 – 17 août 1934 – La règle fondamentale est nécessairement de ne
pas proclamer et de ne pas forcer – Là où il n’y a pas de soucis, il n’y a pas
d’amour – Il est judicieux de développer la plus grande indépendance dans
les actions ainsi que la promptitude pour surmonter les obstacles – Il est
difficile de devenir du jour au lendemain un juge impartial des motifs qui
poussent quelqu’un à agir – L’importance de l’abnégation dans le service –

539
Le vrai disciple vit avec son cœur, pense et juge avec son cœur, et à cause de
cela, il développe en lui un aimant très puissant – Les gens se trouvent vivifiés
quand ils sont mis en contact avec une aura fortement magnétique – « La
personnalité la plus grande est celle qui possède la plus grande patience » –
De nombreux abîmes s’ouvrent maintenant sous les pieds de l’humanité –
« L’Enseignement est présenté à l’heure du danger pour choisir et sauver
ceux qui peuvent suivre la Lumière » – « Sur la balance Cosmique s’évalue
la destinée des nations » – « La bataille entre la Lumière et les ténèbres
imprègne tout l’espace » – Les tourmentes de la vie sont inévitables et utiles –
On doit être capable de résister fermement aux méchantes intentions des
calomniateurs – On apprend beaucoup en enseignant – « La bannière du
grand Équilibre du Monde a été donnée à la femme pour qu’elle l’élève » –
La toile de N.K. « Celle qui Guide » – Le « Droit Cosmique » – Les Grands
Instructeurs sont désireux d’éveiller la spiritualité et d’élargir la conscience –
La connaissance de l’astrologie – La clé de bien des mystères sera mise
entre les mains de ceux qui la méritent – L’équilibre du monde est bâti sur
une double Origine – Les lois fondamentales d’un pays – Le pouvoir des
masses prévaut – La femme possède une double tâche : s’élever elle-même
et élever également son éternel compagnon, l’homme.
Lettre 29 – 23 août 1934 – Le Christ connaissait le karma difficile de l’humanité –
Le Prince de ce Monde concentre tous ses efforts pour faire exploser la
planète – L’apôtre Pierre – L’Apocalypse – Le nombre de ceux capables de
résister est très petit et ils portent tout le poids pour maintenir l’équilibre de
la planète – Les Grands Instructeurs envoyaient leurs disciples Avancés à
des endroits menacés de tremblements de terre – La nourriture – Le sommeil –
Bien plus dangereuses sont les forces obscures qui portent le masque de la
Lumière – Les collaborateurs des forces obscures manquent de la chaleur
du cœur – L’aura saturée de dévotion envers la Hiérarchie est capable de
résister à toute attaque des forces sombres.
Lettre 30 – 29 août 1934 – Les disciples acceptés et prédestinés – Les Grands
Instructeurs – La règle fondamentale veut que ce soit le disciple qui parte à
la recherche du Maître et qui doive le trouver – Le fardeau du Maître –
Toute une batterie de rayons invisibles, mais puissants, est dirigée sur le
disciple – L’amour et la dévotion constituent la première condition sur le
sentier d’approche – L’effort ainsi que l’empressement à sacrifier le moi au
service du Bien Commun constituent la deuxième condition sur le sentier
d’approche – Le concept du « podvig » – L’homme intérieur et l’homme
extérieur – La concentration sur le Grand Idéal choisi – Pour quiconque
foule le sentier, il est absolument essentiel de décider au fond de son cœur
lequel des Grands Instructeurs de la Fraternité lui est le plus cher et de
s’abandonner alors complètement à sa Haute Direction, sans restrictions ni
conditions – Le désir de progrès immédiats – Les tests ne sont pas provoqués
artificiellement, mais ils ont un rapport étroit avec l’attitude intérieure et la
présence d’esprit du disciple – La littérature théosophique – Le psychisme

540
est particulièrement dangereux lors des premiers pas sur le sentier du
discipulat – Le médium – « Le psychisme s’avère souvent être une influence
affaiblissante » – Essayez de réaliser la grande différence qui existe entre le
psychisme et la sublime connaissance directe – Le remplacement d’un défaut
par sa qualité opposée – Livre Monde de Feu – « Seule la conscience ardente
est capable de transmettre un courant d’énergies subtiles » – Le choix d’une
vie pleine de renoncements, de courage et de travail intense pour le Bien
Commun – La voie du cœur demande une grande persévérance et de la
dévotion.
Lettre 31 – 8 septembre 1934 – L’idée de la mission de la femme – « La
communauté des Sœurs Héroïques » – Tout psychisme qui n’est pas placé
sous la Haute Conduite est un obstacle sur la voie du vrai développement
spirituel – L’acceptation d’un nouveau disciple est une chose rare – Le
dogmatisme stérile a tué le lumineux Enseignement du Christ – Certains
membres du clergé de l’Église d’Occident commencent à accepter la loi de
la réincarnation – Origène – Les massacres de la Saint-Barthélemy – Le
patriarche Nikon – Saint Serge – La loi de la réincarnation a été rejetée par
le concile de Constantinople au VIe siècle – L’Inquisition fut une terrible
caricature de la Justice Divine – La destruction par le feu de la bibliothèque
d’Alexandrie – Notre grande compatriote H.P. Blavatsky – Le Gouvernement
International est la Grande Hiérarchie de Lumière – Livre Les Feuilles du
jardin de Morya – La « Grande Shambhala », ou « Shabistan », ou le « Mont
Mérou » – La Maçonnerie était à ses débuts un grand et glorieux mouvement,
souvent guidé par de grandes Âmes – L’intolérance est un signe d’ignorance –
La Tolérance est la Couronne de la Grande Connaissance – Les réponses
aux questions : « Toi l’Ardent, tiens-toi à l’écart » – Le pranayama développe
un état de psychisme inférieur et de médiumnité aux antipodes de la
spiritualité – Le Hatha Yoga – Les Hatha Yogis – Les Raja Yogis – Les saints
du Grand Service n’ont pas de psychisme – « Le Calice de l’Offrande » – « Le
Manas supérieur et le Manas inférieur » – Dans l’Inde antique, les fakirs et
les médiums n’étaient pas admis dans le Saint des Saints – Les Hiérophantes
d’Égypte n’acceptaient jamais comme disciples les médiums et les psychiques –
La médiumnité n’a rien de commun avec l’ouverture des centres – L’Agartha
de Saint-Yves d’Alveydre – Il y en a beaucoup dans le Monde Subtil qui
aiment à jouer le rôle des Grands Instructeurs – H.P. Blavatsky était une
messagère ardente – La Fraternité Blanche – Les écrits de H.P. Blavatsky –
La conclusion de La Doctrine secrète n’a pu être écrite – La « Lettre sur
Dieu » dans les Lettres des Mahatmas – Les Grandes Images se présentent
sous plusieurs Aspects et possèdent plusieurs Noms – C’est vraiment la
dernière chance pour plusieurs – Les eaux de l’Ourdar et de l’Ourouvella –
L’esprit de l’Inquisition est encore très vivace – Le Poème du grand
inquisiteur de Dostoïevski – « L’essentiel des recherches et des efforts
humains s’est tourné vers le bas » – La dévotion est une qualité bien rare – Il
est tellement important de faire comprendre aux gens le respect pour la
connaissance ainsi que pour chaque instructeur.

541
Lettre 32 – 12 septembre 1934 – Serge de Radonège – Évitez les polémiques
sur ce qui est indéniable – On n’a pas le droit de rabaisser ou de renier un
autre Instructeur – La « Lettre sur Dieu » dans les Lettres des Mahatmas –
La déclaration du Grand Mahatma – En ésotérisme, la matière et l’esprit ne
font qu’un – Pensées tirées des Écritures Hindoues les plus anciennes dans
l’Agni Pourana – La philosophie Hermétique – « Personne n’a jamais vu
Dieu » – L’apôtre Jean – Moïse – L’apôtre Paul – Origène – Une
personnification est toujours exigée pour l’adoration des masses – Des
indications limpides sur la réincarnation et le karma se trouvent dans les
Évangiles donnés par le Christ en personne – Le concile de Constantinople –
Le fanatisme militant des Musulmans – Les Bouddhistes furent persécutés
par les Brahmanes – L’Inquisition est la tache la plus hideuse dans les annales
de la chrétienté – La persécution des misérables sorcières, sorciers, médiums
et obsédés n’était qu’un écran – Le Prince des ténèbres – La nuit de la Saint-
Barthélemy – La bibliothèque d’Alexandrie – Giordano Bruno – Jan Hus –
Jeanne d’Arc – Le Patriarche Nikon – Saint Serge de Radonège – Lisons
attentivement les annales des Conciles – Depuis des siècles, l’Église a
inculqué à ses adhérents un sens d’irresponsabilité – Au Tibet – En Inde –
L’ancienne pratique d’accorder des indulgences – Le fastidieux voyage à
Rome – Le Cosmos est entièrement bâti sur la loi de la responsabilité – La
loi du karma – Les paroles de Moïse – Les paroles du Christ – Élie et Jean le
Baptiste – Les masses ignorantes ont été maintenues entre la peur de la
damnation éternelle du feu de l’enfer et l’espérance d’une paix éternelle –
L’homme est le semeur et le moissonneur de tout ce qu’il crée –
L’irresponsabilité inculquée dans la conscience est déjà devenue héréditaire –
« La difficulté du Monde Nouveau est d’éveiller la conscience et de restaurer
au Monde l’Image prédestinée de Beauté » – « La capacité de la conscience
limitée détermine l’Image créée, d’où tant de déformations évidentes » –
Les gens servent un Dieu créé à leur image et lui attribuent leurs propres
vices – Un changement dans la conscience des masses s’est produit –
Beaucoup de mystères incompréhensibles à l’intellect sont révélés lorsqu’on
est en communion avec l’élément divin du Feu.
Lettre 33 – 15 septembre 1934 – La destinée de l’homme est vraiment celle
d’un créateur divin – L’Homme-Dieu – « L’exigence première sera de créer
l’Image Divine en concordance avec la Divinité » – « Affligeante est
l’ampleur de la pensée humaine » – « L’esprit royal fusionne avec le Principe
Supérieur » – Il ne faut pas forcer la conscience – Les divers aspects de la
Vérité sont révélés par les Grands Instructeurs.
Lettre 34 – 10 octobre 1934 – La vraie direction n’a rien à voir avec ce genre
de travail de pseudo-direction – « De tous les principes conduisant à
l’élargissement de la conscience, celui de la Hiérarchie est le plus puissant » –
Une telle démocratie idéale nous la verrons peut-être à la fin de la septième
race – Platon – La synthèse est l’accomplissement le plus ardu, le plus rare
et le plus grand – Un déséquilibre peut mener à la folie – L’intellectuel

542
moyen essaie de montrer son éducation et ses connaissances en répudiant
avec un air de supériorité toutes les choses que son intelligence ne comprend
pas – Dostoïevski – La rupture d’avec ce qui est élevé et la subordination à
l’inférieur, ce qui équivaut en d’autres termes au nivellement par le bas, est
la menace de notre temps et mène à la détérioration de notre planète ainsi
qu’à sa possible destruction prématurée – La discipline et l’obéissance règnent
au sein de la Hiérarchie de Lumière – « La Hiérarchie choisit un point focal
par où il sera possible de diriger le courant » – La Lémurie et l’Atlantide – Il
est vrai que l’homme peut devenir le détonateur de la planète – Vivekananda –
Le Bouddha et le Christ – Livres Illumination et Agni Yoga – En approchant
l’Enseignement, on augmente la tension de toutes les énergies actives et les
forces qui sommeillaient commencent à se réveiller et manifestent ainsi la
nature réelle d’une personne – Les bases de l’Éthique Vivante – Il faut voir
le cœur, non comme un symbole, mais comme un grand laboratoire où a lieu
la transmutation de notre conscience – On ne peut séparer le physique du
spirituel – Les représentants de la nouvelle race seront reconnaissables à la
pureté de leur cœur – Le grand Platon et les âmes sœurs – Le concept de la
personnalité est déformé et vulgarisé au-delà de toute mesure – La grande
Voie d’Or, appelée voie du « Juste Milieu » – Les téraphims – Le mot
« Santana » – L’Armageddon – L’Apocalypse – La pyramide de Chéops –
« La race qui est à son déclin s’efforce de détruire ses successeurs » – L’arche
de la sixième race est déjà en construction – La Nouvelle Époque – Les
paroles de Vivekananda – L’homme ne concède pas volontiers les pleins
droits à la femme.
Lettre 35 – 18 octobre 1934 – La « Bannière de la Paix » – L’appel de N.K.
Roerich – L’obsession est terriblement contagieuse – Mise en garde contre
le danger du psychisme – « Les énergies ardentes » – « Ur. a justement indiqué
ces phénomènes évoqués par la tension d’un centre qui mènent au psychisme
inférieur » – L’accomplissement le plus haut ne se trouve pas dans le
psychisme et les visions astrales, mais bien dans la synthèse – Le dharma –
Les Grands Instructeurs ont travaillé de leurs mains humaines et de leurs
pieds humains vers de nouveaux accomplissements – Il convient de souligner
combien il est important de remplir activement le mieux possible ses devoirs
terrestres – La Bhagavad-Gîtâ.
Lettre 36 – 8 novembre 1934 – Les pièges horribles du psychisme, de la
médiumnité et de la magie noire – Dans l’Enseignement, on indique un stade
préparatoire durant lequel l’organisme est graduellement préparé pour la
réception des influx supérieurs – L’irritation est des plus dangereuses dans
le processus de développement psychique – Il est impossible d’acquérir la
technique psychique sans un Maître – Les Maîtres sont opposés à tous les
exercices artificiels ou aux méthodes qui conduisent à l’acquisition rapide
des pouvoirs psychiques inférieurs – On a peine à imaginer comment on a
déformé les grands concepts et les grandes Images des Instructeurs – La
beauté et le luxe sont deux choses contraires – La Loge Noire essaie par de

543
nombreux moyens d’imiter les méthodes de la Fraternité Blanche –
N’oublions pas que les forces développées par des méthodes artificielles ne
sont pas durables, alors que celles qu’on a acquises par des efforts spirituels
intérieurs ne peuvent se perdre – Toutes ces forces se développent
graduellement dans l’homme – Pensez à tout le mal qui s’est répandu à
cause d’une foi aveugle – Il n’est pas blasphématoire de rechercher
honnêtement et de discuter lorsqu’on est mû par un désir sincère de
comprendre – Le Grand Avènement prédit signifie la fin de l’Armageddon
et l’arrivée de l’ère de la régénération de l’esprit qui est liée la formation de
la sixième race – Les écrits d’Olcott – H.P. Blavatsky – Les livres de
Kryjanovsky – Savoir comment donner à chacun selon le niveau de sa
conscience – La sentimentalité n’a rien de commun avec la bonté basée sur
la connaissance et la justice supérieures.
Lettre 37 – 15 novembre 1934 – La ratification du « Pacte de la Paix » par les
États-Unis d’Amérique – Le roi Alexandre – Les gens oublient facilement –
La « Bannière de la Paix » est un nouveau pas dans le développement de la
conscience de l’humanité – Si l’homme ne peut exister sans nourriture
terrestre, il est tout aussi incapable d’exister sans une nourriture spirituelle
qui produit un raffinement des sentiments et des pensées à travers la réalisation
de la Beauté et des grandes lois de la Nature – Les réponses aux questions :
L’expérience faite par H.P. Blavatsky ; La Doctrine secrète ; La Société
théosophique ; Le Maître K.H. – L’année du « Dragon de la Terre » – La
légende d’Indra ; Le dieu grec Zeus – Sarasvatî – La relation du sang avec
les éléments ; Le laboratoire ardent de la conception.
Lettre 38 – 6 décembre 1934 – Les Lettres des Mahatmas – Il est terrifiant de
rencontrer pareille suffocation statique de la pensée qui s’est éternisée sur
tant de siècles – L’Intelligence Cosmique est la Hiérarchie de Lumière ou
Échelle de Jacob – Les Esprits Planétaires sont les Créateurs des Mondes,
les Maîtres d’œuvre de l’Univers présent et futur – Le plus Haut Hiérarque
de notre planète est l’un des diamants les plus resplendissants de la Couronne
de l’Intelligence Cosmique – L’Aimant Cosmique est le Cœur Cosmique –
« L’humanité se fie tellement au transitoire qu’elle en oublie l’Éternel » –
« L’humanité s’englue dans les effets » – Les plus hautes et les plus nobles
philosophies et religions proviennent d’une seule Grande Source – Les sept
Grands Esprits, appelés Kumaras et mentionnés dans La Doctrine secrète,
ont fait leur apparition à tous les tournants de l’histoire de notre planète –
Une des plaies de notre temps est de tuer notre sens de la beauté en essayant
de tout niveler sur la conscience des masses – Nous sommes en plein
Armageddon – Les couches inférieures du Monde Subtil sont en cours de
destruction et leur décomposition empoisonne notre plan terrestre – Plus
notre organisme est purifié, plus nous devenons sensibles à toutes les pressions
atmosphériques – Avec l’expansion de la conscience, les attaques d’angoisse
sont tout à fait inévitables – Je sais toujours à l’avance quand il y aura des
tremblements de terre ou autres catastrophes en voyant l’atmosphère en rouge

544
et des explosions de feu rouge – La Hiérarchie de Lumière envoie plusieurs
signes – Il est navrant lorsque l’Enseignement reste quelque chose d’abstrait
et qu’il n’est pas mis en pratique – Les nouveaux arrivants doivent être mis
en garde contre les dangers du psychisme – Sans aucun doute, des
catastrophes localisées se produiront dans les prochaines décennies –
L’Atlantide – « La planète conclut un cycle » – « Dans la bataille finale,
toutes les forces de Lumière et des ténèbres participeront » – « Le karma
national » – « La transmutation des énergies produira de nouvelles étapes de
l’évolution ».
Lettre 39 – 12 décembre 1934 – Pour un chef, la capacité de juger les gens
est un élément très important – Les médiums et les psychiques faibles ne
possèdent pas la synthèse spirituelle et sont souvent les victimes d’obscurs
souffleurs – Les noirs agissent toujours en rapport avec la conscience de
leurs victimes et ils sont très subtils, et habilement ils flattent la vanité et
d’autres faiblesses du caractère – Nous ne pouvons juger les gens que par
le feu du cœur – Les fanatiques – Le disciple par destinée n’attend jamais
rien – Les quatre pierres d’angle qui constituent les fondations de chaque
construction : comesure, discernement, honnêteté et dévouement – La peur
unit les forces obscures et les rend tenaces dans leurs agressions – L’anathème
menace ceux qui osent insister sur la vérification des Testaments du Christ –
Les différents Ordres Maçonniques – Novikov – Le Prince Koudachev –
Souvorov – Golenishchev-Koutouzov – Griboïedov – Pouchkine –
Khieraskov – Bakounine – Le code moral élevé de la Maçonnerie –
L’étouffement de la faculté mentale entraîne inévitablement la décadence –
La croix d’être né génie en Russie – Livre Agni Yoga – Les Lettres des
Mahatmas M. et K.H. à A.P. Sinnett – Il y a longtemps on disait que le bon
sens des gens simples construirait le nouveau pays – La souffrance est
certainement un grand instructeur et favorise la transmutation – Une Église
nouvelle remplacera l’ancienne – Tous les Archanges et tous les Anges ont
dû passer par l’évolution humaine – Les Archanges Varahael et Saint Michel
– Les sept Kumaras – Les Écritures de l’Orient – La Doctrine secrète.
Lettre 40 – 12 décembre 1934 – L’incompréhension du terme « psychisme »
– Le domaine psychique est vaste et il comprend une infinie diversité de
manifestations des plus hautes aux plus basses – Le Manas supérieur et
Bouddhi – Les contacts avec les sphères inférieures du Monde Subtil sont
aisés pour les médiums comme pour les animaux – Luke Berk – Les
instructions sur le développement de certains siddhis sont dangereuses – Il
faudrait saluer toute méthode scientifique, chaque recherche hardie – Une
respiration correcte – Le pranayama – Les livres d’Atkinson, alias Yogi
Ramacharaka – Ramakrisna – Vivekananda – Les livres de N.K. – La
« Society for Psychical Research » – La médiumnité est une faculté innée,
une condition particulière de l’organisme qui n’a rien à voir avec le
développement de l’énergie psychique supérieure – Le Pouvoir du Grand
Instructeur de Lumière peut aider un médium à conquérir sa médiumnité et

545
l’élever au rang de médiateur – « La médiumnité, ce fléau de l’humanité,
reste mal comprise » – « Ur. » – « C’est la dernière bataille entre la Lumière
et les ténèbres » – Les sphères les plus proches de la Terre sont encombrées
à cause des génocides de la guerre, les révolutions, etc. – Le fait qu’il existe
un tel nombre de déséquilibrés est l’effet de ce vampirisme ou de cette
obsession – Tenez fermement à la pureté de l’Enseignement dans votre vie.
Lettre 41 – 12 décembre 1934 – L’Appel – La Bhagavad-Gîtâ – Le karma ou
justice cosmique – Sans la force d’esprit, nous ne pourrons pas réussir une
vie de victoire et devenir un collaborateur de la grande Fraternité Blanche –
Dans l’Égypte ancienne, les néophytes devaient passer par de terribles dangers
et tentations provoqués artificiellement, et seul un petit nombre était capable
de passer l’épreuve – De nos jours, les épreuves artificielles sont abolies et
le disciple doit être capable d’affronter les difficultés et les obstacles de la
vie de chaque jour – La Hiérarchie de Lumière – Selon la loi physique,
toutes les énergies ne se transforment qu’à la limite de leur tension la plus
élevée – Toute souffrance, aussi bien que toute félicité, est en nous – Ceux
qui prient pour recevoir l’Aide la plus Haute – Les livres de l’Enseignement
fourmillent des explications les plus détaillées pour autant que nous
apprenions à les appliquer.
Lettre 42 – 20 décembre 1934 – Les accomplissements des mystiques chrétiens
et le dogmatisme étroit de l’Église sont deux extrêmes – Tout dans l’espace
est soumis à la réciprocité – Diary of a Physician de l’éminent Dr Pirogoff –
Tous les efforts de la Grande Fraternité Blanche se concentrent pour retenir
la marée de folie jusqu’à ce que les aspects entre les planètes soient plus
favorables – Les dates précises sont particulièrement gardées secrètes par
les Forces de Lumière – De grands événements approchent – Le Grand Ordre –
« Non pas la quantité, mais la qualité » – Ce qui est sacré n’est confié qu’aux
plus dévoués – La connaissance directe est extrêmement utile au discernement –
Beaucoup pensent avoir la conscience cosmique – Le sacrifice volontaire
du petit groupe des Esprits les plus Avancés – Le même Ego, la même Très
Haute Individualité, est apparu dans toute une série de Grandes Images –
Quelques extraits du livre Les Fondations du Bouddhisme de N. Rokotoff –
Ceux qui nient l’existence de la Hiérarchie de Lumière – Le Concept de la
Hiérarchie est un concept Cosmique et une loi Cosmique – Concernant les
initiations – La majorité des Grands Frères se servent maintenant d’un corps
subtil densifié – Les mots du Grand Instructeur K.H. – Il est vraiment
impossible d’imaginer toute la majesté d’un Arhat de la Hiérarchie de Lumière –
L’humanité doit sans tarder accepter la direction de salut indiquée par les
Forces de Lumière.

PARTIE III – 1935

Lettre 1 – 9 janvier 1935 – Le processus d’expiation des dettes karmiques


accumulées est pénible – La grande signification cosmique de l’amour – Il

546
existe une grande incompréhension autour de l’idée fondamentale de
l’Élément Double – Les paroles du Christ – La science du mariage correct
rendra à l’humanité l’équilibre nécessaire – Nous devrions toujours nous
souvenir que le destin de l’homme est d’être le créateur du monde – La
Mère de l’Univers, la grande Matière de l’Être Absolu.
Lettre 2 – 11 janvier 1935 – La « Materia Lucida » est une substance
lumineuse, une matière qui rayonne des couleurs au-delà de la palette connue
sur le plan physique – Les « cadavres ambulants » – La variété des degrés
de conscience est infinie – Le corps mental – Ce qu’on appelle « l’Amrita »
ou véritable immortalité – Le développement de la conscience est le processus
le plus long et le plus difficile dans le Cosmos – L’Étoile de la Mère du
Monde est la planète Vénus – Le Feu de l’espace – La Raison Cosmique –
Un téraphim astral.
Lettre 3 – 16 janvier 1935 – Dans l’atmosphère polluée des villes, pareille
concentration va vous mener à faire des erreurs – Les Grands Instructeurs
ont plusieurs Images – La sentimentalité et la justice sont deux contraires –
La vision de la Sainte Mère à saint Serge – Un discernement sur les personnes
et sur la réalité est une condition primordiale, l’exigence première sur la
voie du vrai discipulat – La vanité amène une désagrégation profonde de la
conscience – « La notion confuse d’âme de groupe » – Les précédentes
métamorphoses sur Terre – Les restes de l’homme de type animal, qui se
trouveraient être le lien entre l’animal et l’homme, ne viendront jamais à la
connaissance de nos scientifiques, puisque ce type existait dans des cycles
planétaires précédant le nôtre et qu’il est impossible d’en retrouver les vestiges –
L’évolution physique humaine – Notre humanité terrestre doit l’accélération
de son évolution à ses Frères et Sœurs Aînés, les Grands Instructeurs – Il y a
une telle régression dans le développement de l’humanité – Dans les anciens
Enseignements, le Cosmos était considéré comme un organisme tout entier
et était comparé à un organisme humain – Les Lettres des Mahatmas – La
Doctrine secrète – L’espace est rempli d’une matière cosmique fondamentale
ou substance cosmique, l’Esprit-Matière – Cette matière ou substance est la
base de notre Univers visible et invisible – Chaque étincelle de monade
divine, dans son origine de Feu, est une avec toutes les autres monades –
L’ardente semence de l’esprit et le développement de la conscience – Le
Nirvana – L’Esprit-Matière tend vers la perfection infinie et la conscience
de soi – Les discussions spirituelles simples sur des thèmes de l’Enseignement
sont beaucoup plus utiles que des cours ou des rituels – Sans liaison avec le
Monde Supérieur, il n’y a ni progrès ni joie véritable – La « Tara » –
« L’Arhat » – Quand un disciple est prêt, il reçoit un Rayon d’Illumination
qui correspond au degré de purification qu’il a atteint – Les degrés
d’initiations égyptiennes – La photographie des auras.
Lettre 4 – 1er février 1935 – « Le Dieu Invisible et Inconnu » – L’Église
d’Occident – Le Traité des Principes d’Origène – Toutes les religions ont
adoré cet « Élément Divin Un » sous divers noms et aspects – Les chrétiens

547
ont choisi le terme « Dieu » pour exprimer leur conception de ce qui est le
plus élevé – La loi Cosmique est vraiment une loi juste – Les anciennes
religions étaient divisées en une branche ésotérique et en une autre exotérique –
La définition d’un « Dieu impersonnel » – La Bhagavad-Gîtâ – Pourquoi y
a-t-il une telle injustice dans les conditions de la naissance – L’Absolu ne
peut être conçu, car il contient en lui-même le concept d’Infinité – Les Védas –
Matière et Esprit sont considérés comme un tout inséparable – Parabhrama –
Moulaprakriti – Sur tous les plans, dans toutes les actions et toutes les pensées,
nous ne pouvons être séparés de la matière – L’Agni Pourana – La science
se rapproche de la compréhension spirituelle de l’Élément Unique – Les
Grands Esprits montrent la direction de l’évolution et posent les fondations
de la conscience – La conscience des masses demande toujours une
Individualité comme objet de culte et crée la Grande Image à sa ressemblance –
Les Mahatmas servent l’Élément Divin Inaltérable et l’adorent par la pureté
de leurs vies et leur sacrifice pour le Bien du monde entier – Saint Michel
Archange – Satan – Christ parlait en véritable Initié – Choisissez le Hiérarque
Porteur de Lumière qui vous est le plus proche en esprit et remettez-lui la
Direction en toute confiance – La subtilité des conceptions métaphysiques
de l’Orient pose des problèmes d’assimilation aux intelligences occidentales.
Lettre 5 – 28 février 1935 – La première période d’approche enthousiaste de
l’Enseignement – La persévérance dans le perfectionnement de soi – Les
personnes exceptionnelles qui ont développé en elles l’équilibre spirituel ou
l’autodiscipline – Il est interdit de forcer – On peut indiquer la voie, faire
des mises en garde, mais c’est tout – Les gens au développement spirituel
avancé travaillent pendant la nuit sur le plan astral, et même sur le plan
mental, à aider leurs proches et leurs amis, ou à remplir les missions des
Maîtres – Seul un Adepte complet préserve toute sa conscience dans ses
trois corps – Les rêves sont si peu étudiés – L’horoscope de la personnalité
coïncide rarement avec celui de l’individu réel – La prudence avec laquelle
on devrait répandre les graines de l’Enseignement.
Lettre 6 – 5 mars 1935 – L’inflammation ardente – La valériane – Le musc –
Le rétablissement de l’équilibre – Le triangle équilatéral avec la pointe en
haut est l’un des signes de la Fraternité Blanche, et très probablement vous
est-il apparu comme une assurance que votre prière a été entendue – La
médiumnité – Il est absolument impossible de changer la structure d’un
organisme – Un médium doit développer une forte résistance intérieure contre
toutes les influences mauvaises, et c’est précisément ce qui est le plus difficile –
Les exercices effectués de façon mécanique peuvent produire une perte
d’équilibre nerveux qui peut même aller jusqu’à la folie – L’ouverture et
l’activité des centres devraient d’abord se manifester dans leurs aspects
psychiques ou spirituels – Tout doit venir du haut vers le bas, du spirituel
vers le physique – La glande pinéale et la glande pituitaire – Dans la vraie
clairvoyance, on ne peut pas dire qu’on perçoit avec un organe en particulier –
Les centres nerveux ont leur contrepartie subtile – Le « Pacte de la Paix » et

548
la « Bannière de la Paix » – Les nouveaux essais pour densifier le corps
subtil afin qu’il atteigne presque l’état physique – Les réponses aux questions :
« Rigden » – Le « Kalachakra » – « Ourouvella » – Keely, un inventeur
américain – « Ahamkara » – « Preta Loka » – « Marakara » – Le « Golem ».
Lettre 7 – 5 mars 1935 – L’Appel d’amour évoque la réponse de l’Aimé –
Cette joie est le résultat de la grande libération de l’attachement aux banalités
de la vie – Les obstacles deviennent nos maîtres – Le choix du chemin, une
fois décidé, devrait être maintenu – Le conte oriental de l’huître – La fidélité
à une Image Unique est tout à fait essentielle dans les premières étapes –
C’est véritablement une grande action que d’appliquer l’Enseignement dans
la vie de tous les jours.
Lettre 8 – 8 mars 1935 – La démocratie idéale – La direction Hiérarchique –
La périphérie croît en proportion de la croissance de son foyer et sous
l’intensification du rayon de lumière qu’il reçoit et qui se déverse le long de
son rayon – L’existence sur notre Terre de la Grande Fraternité Blanche
n’est-elle pas l’accomplissement du plus haut idéal qui soit possible à
l’imagination de l’homme – L’âme russe – La personnalité construit
l’individualité – Nous devons penser à la beauté de notre vie présente et la
considérer comme le ferait un lapidaire qui taille le plus fin des diamants
pour le collier de la vie façonné par notre esprit – Le sentiment de respect et
de la plus haute dévotion doit être à nouveau ressenti par l’humanité si elle
veut continuer à évoluer – Plus l’Instructeur est grand, moins les disciples
sont nombreux – L’aura de notre Terre est très ténébreuse – Platon et les
âmes sœurs – Le karma de la femme – Le chemin de la femme a été chargé
d’abnégation et de don perpétuel de soi – L’Épée de l’Esprit est remise entre
les mains de la femme.
Lettre 9 – 12 mars 1935 – Il existe des groupes dans lesquels les membres
sont ouvertement entraînés à développer leur psychisme inférieur et leurs
capacités médiumniques innées – L’Agni Yoga est la synthèse de tous les
Yogas – Les Védas – Le Raja Yoga de Vivekananda – La transmission des
pensées – Établir des tests d’observation et d’attention – La littérature
théosophique – Ernest Wood – L’article sur le « Symbolisme » par H.P.
Blavatsky – La régénération de la conscience.
Lettre 10 – 22 mars 1935 – Les droits égaux et les unions justes – Le salut de
l’humanité – Les Grands Instructeurs – L’Alpha et l’Omega – Le terme
« Christ » – La race en cours de disparition nuit à ceux qui sont choisis pour
lui succéder – L’instruction religieuse conventionnelle donne une fausse idée
de l’évolution spirituelle de l’humanité et développe un sens d’intolérance
religieuse – Il est particulièrement essentiel de développer dès la plus tendre
enfance la faculté de penser – Les gens répugnent à penser – L’Église
dégénérée a pendant des siècles inculqué à ses ouailles un sens animal
d’irresponsabilité – La corruption de la Divinité à prix d’or – La loi de la
responsabilité, ou loi de cause à effet, ou loi du karma – Il conviendrait

549
d’insister davantage sur l’importance du travail – « La déformation de la
légende concernant l’exclusion d’Adam du paradis » – La souffrance dans
le Monde Subtil.
Lettre 11 – 25 mars 1935 – On ne devrait jamais forcer, mais ne donner que
ce qui peut être assimilé – Le livre Dobrotolubye [L’Amour du Bien] – Le
grand Antonius – La Voie Dorée du Juste Milieu – L’ouvrage d’Origène, le
Traité des Principes – La tâche de purifier l’Enseignement du Christ et la
façon correcte de le relier en esprit et dans l’unité avec les autres grands
Enseignements de l’Orient seraient l’une des plus précieuses contributions à
notre littérature religieuse – Une question à propos des animaux – Notre
Terre avec ses populations n’est pas encore prête à accepter les lois et les
hautes conditions des mondes supérieurs – Le savant hindou, Jagadis Bose –
La loi du Grand Sacrifice – Sans l’apport de cette puissance spirituelle
qu’envoient les plus Hauts Esprits, l’humanité serait perdue depuis longtemps –
En rendant les êtres humains meilleurs, nous améliorerons la destinée des
animaux – La Citadelle de la Grande Connaissance existe depuis la nuit des
temps et protège sans trêve – L’histoire de toutes les périodes et de tous les
peuples est témoin de cette Aide – Les avertissements au roi de Suède,
Charles XII – Les messages du comte de Saint-Germain à Marie-Antoinette –
Napoléon et son « Étoile Directrice » – Washington et le mystérieux professeur –
Dans les débats concernant la Déclaration d’Indépendance de l’Amérique, un
étranger se leva au milieu de l’Assemblée et prononça les mots : « Que
l’Amérique soit libre ! » – Le Prêtre Jean en Asie Centrale – Paracelse –
Cagliostro qui échappa à l’exécution grâce à l’intercession d’un mystérieux
étranger – H.P. Blavatsky aurait écrit deux autres livres de La Doctrine secrète
dans lesquels auraient été expliquées les vies des Grands Instructeurs.
Lettre 12 – 12 avril 1935 – Le Grand Avènement ne se réalisera pas d’une
façon ordinaire et ne peut se faire dans un corps physique – Le comte de
Saint-Germain, un envoyé de la Grande Fraternité Blanche – Le Poème du
grand inquisiteur de Dostoïevski – Les prophéties mentionnées dans le livre
Shambhala – H.P. Blavatsky et le troisième volume de La Doctrine secrète –
Les chakras ou centres – La juste ouverture des centres sans l’aide de
l’Instructeur est tout à fait impossible – Le cœur peut procurer le
développement spirituel et provoquer l’ouverture des centres, tout en attirant
l’attention du Grand Instructeur pour la surveillance de leur développement –
Les sept principaux chakras : 1. Muladhara-Kundalini, situé à la base de la
colonne vertébrale ; 2. Svadhisthana-chakra, dans l’abdomen, entre le bas
de la colonne et le nombril ; 3. Manipura-chakra ou le plexus solaire ; 4.
Anahata-chakra ou le Calice ; 5. Vishuddha-chakra ou centre du larynx ; 6.
Ajna-chakra ou Troisième Œil ; 7. Brahmarandra-chakra ou cloche, au
sommet de la tête – Doukkar aux multiples yeux – L’œil de Dangma –
« L’Aryavarta » – Les forces de l’ombre obéissent à leur hiérarchie – Le
Monde de Feu est l’une des gradations les plus hautes des mondes ou sphères,
dans la chaîne de notre planète – La Monade est formée du sixième principe

550
et de l’universel septième – Nous devons unir trois principes, le quatrième,
le cinquième et le septième, pendant que nous vivons ici sur Terre, et les
fondre dans le sixième principe – Il y a beaucoup de degrés des corps subtils
et mentaux – Les théosophes – Une profonde compréhension nous est donnée
lorsque nous nous approchons du Hiérarque et que notre conscience s’unit à
la sienne – L’importance de l’application de l’Enseignement dans la vie de
tous les jours – Livre Agni Yoga – La Maya – « Mara » veut dire obscurité –
Combattez les vaines illusions.
Lettre 13 – 18 avril 1935 – « L’Instructeur apporte de l’aide par son
magnétisme, non par négation » – J’essayais toujours de me souvenir du
moindre élément positif que l’offensé pouvait reconnaître chez celui qui
accusait – Dans la plupart des cas, une chaleureuse amitié produit les meilleurs
résultats – L’ascétisme – Par vie pure, on entend premièrement pureté de
pensée et d’intention, d’intrépidité, de stabilité, d’activité indépendante, etc. –
Les besoins et les fonctions du corps ne devraient pas être considérés comme
impurs, car ils sont naturels, et seuls les excès sont préjudiciables,
destructeurs et donc vicieux – C’est une grande joie et un grand privilège
d’avoir confiance dans l’Instructeur – Nous ne devrions pas nous enfuir de
la vie, mais transformer plutôt toutes nos émotions en beauté sublime – Les
marches nécessaires qui conduisent à l’Amour Cosmique.
Lettre 14 – 20 avril 1935 – C’est en séparant Dieu de la nature manifestée
qu’on a provoqué tant de fautes et de terribles contradictions – Le Cosmos
comprend aussi bien l’évolution que l’involution – L’exemple le plus tragique
est la chute du Prince de ce Monde – L’Absolu – La relativité – La
Connaissance Directe – La « matière sans esprit » – Il est faux d’appeler la
condition de Pralaya « mort » – Grande est l’influence de l’homme sur toutes
les conditions cosmiques et vice-versa – Les qualités essentielles à qui
souhaite s’approcher des Grands Instructeurs – Les expériences de lévitation,
de matérialisation et de projection dans l’astral n’ont rien de commun avec
les réalisations spirituelles et l’approche de l’Instructeur – La nécessité de
choisir un Guide terrestre qui pourrait devenir finalement le lien avec le
Grand Instructeur – Des illusions de toutes sortes et des tentations du Monde
Subtil attaquent celui qui marche sur le sentier – Les Grands Esprits sont
venus vers nous d’une planète plus avancée pour accélérer l’évolution de
notre humanité – Le nombre des disciples qui habitent la Citadelle de la
Fraternité Blanche dans un corps physique est extrêmement restreint – Pas
plus d’un ou deux par siècle n’arrivent dans leur corps physique jusqu’à la
Fraternité Blanche – « Fohat » est l’énergie de feu la plus subtile – Le cristal
de « Materia Lucida » – Les étincelles et les taches de couleurs différentes –
Se voir parfois en une réplique exacte, vivante devant nous – La représentation
du ciel du professeur Pupin – Le professeur Rhine de l’Université de Duke.
Lettre 15 – 30 avril 1935 – Les réponses aux questions concernant La Doctrine
secrète : 1. L’Absolu – 2. « Atman » et « Atma » – 3. La Chaîne Planétaire ;

551
Mars et Mercure – 4. Notre Terre et l’Absolu – 5. Il n’existe rien qu’on
puisse considérer comme « élément passif » ; Dans le monde manifesté,
chaque chose est en même temps active et passive – 6. La Monade ; La
relativité et la compensation sont les bases de notre connaissance – 7. « La
conception de l’Absolu et de ses synonymes » – 8. « Bouddha » – 9. Les
paroles du Bouddha ; Les Lettres des Mahatmas – 10. Le « Manas » ; Pour
parvenir à l’état d’Arhat ou de Bouddha ; Le chapitre « Le Mystère du
Bouddha » – 11. Sri Sankarâchârya ; Livre Monde de Feu ; L’abolition de la
Magie ; Les saints étaient en contact avec le Monde de Feu à travers le
cœur ; La Hiéro-Inspiration à travers l’amour pour la Hiérarchie produit la
Communion directe ; Se concentrer davantage sur le perfectionnement
spirituel que sur les idées abstraites – Nous sommes à l’heure de la bataille
menaçante – Tout dans le monde se construit grâce à des mains humaines et
à des pieds humains.
Lettre 16 – 8 mai 1935 – Il faudra éduquer non seulement une nation, mais
des nations – L’idée de la « communauté des Sœurs Héroïques » – Même un
petit groupe consacré à une tâche peut faire des miracles – La quantité n’a
jamais été garante du succès – Toutes les maladies ont leur origine dans le
corps subtil – L’horoscope d’un malade peut être révélateur de plusieurs
maladies et des traitements appropriés – Les réponses aux questions :
L’Aimant Cosmique – La Connaissance Directe – « Moulaprakriti » – La
« Tactica Adversa » – La « Materia Lucida » – La « Materia Matrix » – Le
« Mysterium Magnum » des alchimistes – Il n’y a pas de meilleur remède
contre les entités astrales que l’huile d’eucalyptus – Pour recevoir une pensée
ou une réponse de l’espace – Chacun devrait parler de faits héroïques dans
la vie de tous les jours – « L’utile Enseignement est donné, non par souci de
la nouveauté, mais pour construire une vie de valeur » – « L’inévitable époque
du Feu » – « Raj-Agni », le Feu de l’enthousiasme – « Incitons tous les
médecins du monde à commencer une mission de spiritualisation du cœur » –
« Le médecin a le droit de connaître les détails de la situation morale du
foyer » – « La conscience qui se dirige vers nous s’affine continuellement » –
« La soude était appelée les cendres du Feu Divin » – L’Époque de Maitreya
est l’époque de la femme.
Lettre 17 – 21 mai 1935 – Les Mahatmas de la Fraternité – Les Alchimistes
du Moyen Âge – Le grand Paracelse – Christian Rosenkreutz, fondateur de
l’Ordre de la Rose-Croix – Tant que l’humanité ne réalisera pas l’unité des
Éléments jumeaux, elle ne sortira pas de l’impasse – Apprenez à connaître
l’histoire vraie de plusieurs des guerres – C’est en se fondant sur la Tolérance
et la Coopération que se bâtira l’Ère Nouvelle – Les Grands Esprits dans un
effort soutenu et constamment aux aguets dissipent par leurs Rayons les
énergies de destruction – Lorsque de pareils « Artificiers » se trouvent en
des lieux menacés de tremblements de terre, le désastre est considérablement
atténué et même parfois entièrement écarté – Triste sera la destinée de ceux
qui seront laissés sur les fragments du bateau naufragé ou de ceux qui seront
largués sur Saturne – L’heure décisive n’est pas si lointaine – Les Grands

552
Maîtres ont dû faire et font toujours usage d’Images inférieures pour que les
cœurs intraitables puissent les comprendre.
Lettre 18 – 31 mai 1935 – Les réponses aux questions : 1. Le Kali Youga et le
Satya Youga – 2. Les feux de l’Inquisition ; La prise de position de certains
droits par la force est contre le Droit Cosmique ; Dans les mondes supérieurs,
le Principe Féminin est hautement vénéré – 3. Le Bouddha tenait la femme
en grande estime et a déclaré qu’elle pouvait atteindre aussi bien que l’homme
à l’état le plus élevé d’Arhat ; La même monade brûle dans la femme, comme
dans l’homme ; Aucun des Testaments ne nous est parvenu sans déformations ;
Le grand Origène ; La grande loi de l’Équilibre des Éléments – 4. On comprend
pourquoi un Arhat mène une vie de complète continence – 5. Les Grands
Élohim vinrent sur Terre et se sont incarnés comme Divins Chefs et
Souverains – 6. Les âmes sœurs – 7. Tous les esprits dans lesquels l’étincelle
de l’aspiration vers ce qui est beau et élevé n’a pas été étouffée revivent et
revivront sous des formes correspondant à leur niveau spirituel – Le
Couronnement Cosmique – Les Arhats qui demeurent dans la Citadelle
terrestre de la Fraternité – Combien immense devrait être notre gratitude
pour ces Esprits Sublimes qui pendant des siècles se sont sacrifiés et
continuent de renoncer à la félicité à laquelle ils ont droit pour soulager la
destinée de l’humanité et sauver la planète de la destruction – Le monothéisme
et le polythéisme – Les droits de la femme – La créativité est partagée
équitablement entre les deux éléments – Anatole France – L’équilibre qui a
été profané a eu un effet si terrible sur la vie de toute la planète qu’elle est
maintenant en danger d’être détruite – Les femmes en Amérique – Au cours
de l’évolution, la Nature éliminera les imperfections de la conception
physique, de la naissance et de la dépendance de la première enfance.
Lettre 19 – 6 juin 1935 – Que votre discours s’adapte au niveau de conscience
de vos auditeurs – La communauté de saint Serge – Aucun de nos
collaborateurs ne saurait condamner quelque temple que ce soit – La
conscience des gens est en train de changer – Le Patriarche Tikhon – Pourquoi
le clergé est tellement opposé à un grand nombre de sociétés philosophico-
religieuses – Nous ne vivons pas à l’âge de l’éducation, mais dans un âge de
subtile inquisition et d’espionnage irresponsable – La « Tactica Adversa » –
Saint Serge de Radonège – Giordano Bruno et Jeanne d’Arc – La nuit de la
Saint-Barthélemy – Les crimes de l’Église contre les Testaments du Christ –
Nous avons reçu une forte assurance quant à la Victoire de la Lumière sur
les ténèbres – Témoignages sur les activités de N.K.
Lettre 20 – 11 juin 1935 – Il faudrait vraiment avoir en très haute estime les
êtres qui envoient des vibrations sublimes dans l’espace – N.K. brandit le
Calice d’actions héroïques au nom de la Vérité et de la Beauté – Une pareille
assimilation de l’Enseignement est précieuse et il est rare de la rencontrer.
Lettre 21 – 11 juin 1935 – L’esprit et l’âme – Les trois principes de base,
« spirituel, psychique et physique » ou « esprit, âme et corps » – Il existe
une extension de ces trois principes de base qui est approuvée par les

553
Mahatmas dans La Doctrine secrète – « Bouddhi » – « Manas » – « Kama » –
« Kama-Manas » – « Kama-Roupa » – « Antakarana » – L’individualité –
La personnalité – L’âme est un concept qui évolue et est sujette au
changement – Le rôle de la personnalité dans le développement humain est
très important, car elle constitue la base de toute son évolution – « Caractère »
ou « tendances » – Le « véhicule », c’est-à-dire le corps humain – La
photographie de l’aura devient essentielle, puisqu’elle peut révéler la vraie
nature d’une personne – La loi du karma est très complexe – Livre Les
Fondations du Bouddhisme de Natalie Rokotoff – L’idée d’un Dieu personnel –
Le Bouddha désapprouvait l’idée que l’on puisse considérer l’âme considérée
comme éternelle et immuable – Le Bouddha enseignait constamment qu’il
n’existe pas de « Moi » indépendant ni un monde séparé de ce « Moi » – Les
Dharmas – Les Skandhas – Le Bouddhisme considère un homme comme
une individualité construite par de nombreuses existences, mais qui ne se
manifeste que partiellement dans chaque nouvelle apparition sur le plan
terrestre – La réalisation du Nirvana – Le Bouddhisme regarde tous les
phénomènes existants comme une seule et même réalité – Nous trouvons
dans l’organisme physique et psychique de l’homme une combinaison de
cinq groupes d’agrégats ou Skandhas : la forme (Roupa), les sensations
(Vedana), les idées abstraite (Samjnia), les forces (Samskara) et la conscience
(Vinnana) – L’homme est un complexe de combinaisons et, en même temps,
il en est le lien – Roupa-Skandha – « Trishna », le stimulus, la soif d’exister –
Le Nirvana est la porte qui nous introduit dans le rythme du courant le plus
élevé, le plus ardent, le plus créatif – L’Enseignement du Bouddha est un
appel ardent, inlassable à réaliser la beauté et l’unité de la grande créativité
de l’Existence infinie.
Lettre 22 – 18 juin 1935 – « Le Kali Youga, ou Youga noir, est excellent
puisqu’il nous offre une possibilité d’accélérer notre approche vers la
Lumière » – Le vrai Christianisme n’est pas en contradiction avec
l’Enseignement de l’Orient ou l’Enseignement de l’Éthique Vivante – Toutes
les nations avancées s’efforcent d’aborder scientifiquement les phénomènes
psychiques et parapsychiques – Les réponses aux questions : La divine
monade – L’intellect a commencé à se développer sur le plan physique au
cours de la quatrième race racine du quatrième cycle – Les Fils et les Filles
de la Sagesse – « Manas » – « Kama-Manas » – Il est possible de déterminer
la haute valeur ou qualité de l’esprit à l’étendue de l’émanation de l’aura – Il
est très important de faire avancer la conscience de l’humanité – Ne pas oublier
les paroles prophétiques de saint Antonius sur la condition des Églises et des
monastères de l’avenir qui sont publiées dans le livre Dobrotolubye [L’Amour
du Bien] – « En avant donc, toujours en avant – sans regarder en arrière ».
Lettre 23 – 18 juin 1935 – Il faut se rappeler qu’en s’approchant de
l’Enseignement et des Frères Aînés de l’Humanité, nous révélons notre vraie
nature beaucoup plus rapidement – Certaines caractéristiques remontent à
la surface, qui autrement seraient restées endormies jusqu’à une incarnation

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ultérieure – Les réponses aux questions : Les cryptogrammes sur « La Mère
du Monde » dans le livre Au Carrefour de l’Orient – Le concept de l’Avatar –
Parabrahman n’est pas un Dieu personnel – Aditi – La Kabbale – Père,
Mère et Fils – L’Immaculée Conception – Citations du « Livre de Dzyan »
et de la « Préface » tirées de La Doctrine secrète – La menace d’Armageddon
et l’empoisonnement de toute l’atmosphère qui en résulte – Le bicarbonate
de soude – La valériane – Prenez l’habitude de prendre quotidiennement
des notes précises sur toutes vos sensations et vos visions – Ces notes peuvent
fournir un précieux complément dans l’étude des énergies très subtiles.
Lettre 24 – 24 juin 1935 – Les livres de Kryjanovsky – Le confort et le luxe
n’ont jamais été prônés par aucun Enseignement – Les obstacles matériels
sur le sentier du Service ne sont pas les plus ardus – Notre combat le plus
dur, le plus acharné, est celui que nous déclarons à nos habitudes et à nos
imperfections – Une page des écrits de H.P. Blavatsky intitulée
« Avertissement » – La Société théosophique – « Certains effets occultes se
manifestent, dès que quelqu’un s’engage en qualité de “Disciple en
Probation” » – L’appel du cœur ardent et sincère et les actions qui en résultent
agissent comme une puissante station radio émettrice qui parvient sans faute
jusqu’au Grand Cœur – Les Grands Instructeurs de la Citadelle de l’Himalaya –
Le fanatisme des collaborateurs détruit toutes les fondations – Nous vivons
dans une atmosphère empoisonnée, traversée en tous sens par des flèches
elles aussi empoisonnées – Seul notre lien avec les Forces de Lumière nous
aide à maintenir le filet protecteur – Le sentier du Service, le sentier des
accomplissements – La responsabilité augmente proportionnellement à la
connaissance – Seul le don complet de soi est apprécié, car lui seul mène au
but – Le livre Monde de Feu – L’intellect n’est pas « Manas supérieur » –
Nous vivons en pleine disparition de la cinquième race et assistons à la
naissance des futurs porte-flambeaux de la sixième race – Les réponses aux
questions : « Abhidharma » – « Doukkar » – Les « rayons des épaules » –
L’énergie « Kamaduro » – « L’Uraeus » – La « densification de l’astral ».
Lettre 25 – 24 juin 1935 – Ne pensez-vous pas qu’il existe une raison profonde
dans le fait que les livres de l’Éthique Vivante ne livrent souvent pas de
formules toutes faites, mais seulement des indications – Les réponses aux
questions : 1. L’essence de « Morou » ou « Balou » – 2. La « densification
de l’astral » – 3. Le dessin de l’appareil qui recueille l’énergie psychique est
disponible pour celui qui y a karmiquement droit ; On peut dire la même
chose des appareils qui mesurent la pression des feux de l’espace – 4. La
« Conscience » est l’énergie fondamentale – 5. Les rythmes de « Mahavan »
et de « Chotavan » ; Section du livre Agni Yoga » – L’enseignement s’efforce
premièrement de développer une haute qualité d’énergie psychique sans
laquelle l’appareil le plus précis et le plus subtil sera inutile – Le conducteur
de cette énergie est l’homme – L’Enseignement met fortement l’accent sur
la purification et l’expansion de la conscience, ainsi que sur l’épuration de
nos sentiments.

555
Lettre 26 – 6 juillet 1935 – Les appels enflammés à la nouvelle conscience, à
la nouvelle créativité sont répétés de bien des façons dans l’Enseignement –
La destinée de la masse a plutôt été de détruire – Nietzsche et son livre
Zarathoustra – Il faut de véritables combattants, ceux qui n’ont pas peur de
lever l’épée pour la Lumière et le Bien Commun – L’Enseignement n’est
pas pour les faibles et les poltrons – Le vrai visage des gens sera révélé
parce que la purification de l’espace doit se produire – La conscience des
gens a changé – L’édification culturelle du Monde Nouveau exige des gens
à la conscience courageuse et ferme, qui sont dévoués au service du Bien et
qui sont prêts à défendre constamment la Grande Hiérarchie de Lumière –
Le livre Communauté – « Hâtez-vous de prendre conscience des Mahatmas,
non dans l’histoire, mais dans la vie » – La revue Occultisme et Yoga – Le
livre Les Fondations d’une nouvelle conception du monde – Il existe une
joie extraordinaire à recevoir des flèches hostiles.
Lettre 27 – 9 juillet 1935 – Depuis l’âge de la scolarité, on devait promouvoir
l’importance de la responsabilité personnelle dans un discours simple et
compréhensible – Le serpent comme symbole de la sagesse – Nous récoltons
dans le Monde Subtil ce que nous semons ici-bas – À strictement parler,
même le plus Grand Esprit est incapable de pardonner les péchés commis,
car cela serait en contradiction avec la loi du karma – Il pourrait adoucir le
karma jusqu’à un certain point, mais c’est tout – La véritable interprétation
des paroles « tes péchés te sont pardonnés » – Le Christ Rédempteur – Le
terme « Khristos » ou Christ – Marie-Madeleine – La puissance de la foi, la
puissance de l’amour, est ce feu qui transmute tous nos sentiments – Il est
très important de cultiver chez les enfants l’aspiration et l’amour de tout ce
qui est beauté – Dans les temps anciens, on considérait comme un grand
privilège d’habiter auprès d’un Instructeur et de le servir, car cela donnait la
possibilité d’être en contact avec son aura – Dans l’Inde d’aujourd’hui, c’est
une bénédiction quand un saint homme choisit de vivre dans le voisinage –
Les ouvrages d’Edward Carpenter – La Bhagavad-Gîtâ – « Créez avec
courage ».

556
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SÉRIE AGNI YOGA

Les Feuilles du jardin de Morya – L’Appel – 1924 – volume 1

Les Feuilles du jardin de Morya – Illumination – 1925 – volume 2

Ère Nouvelle – Communauté – 1926

Agni Yoga – 1929

Infinité – 1930 – volume 1

Infinité – 1930 – volume 2

Hiérarchie – 1931

Cœur – 1932

Monde de Feu – 1933 – volume 1

Monde de Feu – 1934 – volume 2

Monde de Feu – 1935 – volume 3

AUM – 1936

Fraternité – 1937

La vie intérieure de la Fraternité (composée de quatre volumes) :

- Surterrestre – 1938 – volume 1


- Surterrestre – 1938 – volume 2
- Surterrestre – 1938 – volume 3
- Surterrestre – 1938 – volume 4

558
Les livres de la série Agni Yoga sont publiés par :

Association Agni Yoga


Centre français de diffusion
33 rue Charles-de-Gaulle
91330 Yerres
France
Internet : http://agniyoga.n3.net/

Association Corona Mundi


81, rue de Lyon
CH-1203
Genève
Suisse
Courriel : coronamundi@befree.ch

Agni Yoga Society Inc.


319 West, 107 Street
New York
N.Y. 10025
U.S.A.

559
560
À PARAÎTRE BIENTÔT

Lettres d’Éléna Roerich (1935-1939) – Volume 2


Au Seuil d’un monde nouveau – Rêves, visions et lettres d’Éléna Roerich
Au Carrefour de l’Orient (Éléna Roerich)
Au Cœur de l’Asie (Nicolas Roerich)

DÉJÀ PARUS

Lettres d’Éléna Roerich (1934-1935) – Volume 1


Nicolas Roerich – La vie et l’œuvre d’un maître russe (Jacqueline Decter)
Shambhala (Nicolas Roerich)
Les Fondations du bouddhisme (Éléna Roerich)

Les Éditions du IIIe millénaire


Sherbrooke (Québec)
Canada
(819) 823-0426
Courriel : info@editions3m.com
Internet : http://www.editions3m.com

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le moment venu.

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