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© 1977, VAAP.
© 1979, Éditions Solar, pour la traduction française.
© 2003, Éditions Payot & Rivages, pour la présente édition.
106, bd Saint-Germain - 75006 Paris.
PREFACE
-6-
INTRODUCTION : UNE EXPERIENCE
HORS DU COMMUN
- 10-
L'ANALYSE DES VARIANTES
Savez-vous analyser ?
0°1
ab cdef gh
- 12-
L'attaque blanche sur l'aile-Roi paraît très menaçante ;
aussi le maître qui conduisait les Blancs chercha soit à mater le
Roi ennemi, soit à obtenir un quelconque avantage décisif.
Comme il est facile de s'en persuader, la solution passe par un
sacrifice.
«Je dois sacrifier », se dit le maître « mais quelle pièce ?
Il y a plusieurs possibilités: 26. Fxh6, 26. Cxg6, 26. Cg4 suivi
de 27. Cxh6+. Laquelle choisir? Analysons.
26. Cxg6, Fxg3 27. hxg3, fxg6 28. Txé6, gxh5 29. Txf6+,
Rh7: -une qualité de moins, le Pion-Dame faible, le Fou noir est
fort, non ça ne va pas. Et que se passe-t-il après 26. Fxh6?
Voyons : 26... gxh6 27. Dxh6, Fxé5 28. Txé5, Dg7 29. Dé3
( 29. Txg6, Dxg6!), F d5, après quoi les Blancs n'ont rien obtenu
de concret.
Pe,u,t-étre 26. Cg4 est-il plus fort? Où va la Dame noire? Pas en
f5, car après 27. Cxh6+, gxh6 28. Dxf5+, éxf5 29. Txg6+,
Rh7 30. Txh6+, Rg7 31. Th4 les Blancs seraient mieux grâce
aux deux Pions de plus. 26... Dxd4 est également réfuté, par 27.
Cxh6+, gxh6 28. Txg6+ ou même 28. Txé6!, avec une attaque
gagnante contre le Roi noir.
Ainsi 26. Cg4 semble bon ... Et si 26... Dh4? Sur 27. Cxh6+,
Rf8!. Non, les Blancs ne peuvent accepter cela: après l'échange des
Dames ils restent avec pfasieurs pièces en prise. ] ouer le Cavalier
en g4 ne donne pas non plus satisfaction ; revoyons donc les
captures sur g6 et h6. »
Et à nouveau les pensées du joueur se fixèrent aux ramifica-
tions de ces deux coups (26. Cxg6 et 26. Fxh6), et à nouveau les
positions qui en résultaient ne lui plurent nullement. Il reconsi-
déra alors la possibilité 26. Cg4 qui, une fois encore, ne lui
sembla pas conduire à la victoire. Combien de fois son esprit alla
d'une variante à une autre, combien il tritura et retritura ces
mêmes variantes à la recherche du gain - Dieu seul le sait !
Mais soudainement la perspective du zeitnot se précisa et le
maître se décida à « jouer un coup tranquille», lequel ne nécessi-
tait précisément aucune analyse rigoureuse : 26. Fç3. Las,
c'était aussi et surtout le plus mauvais coup qu'il pouvait
choisir 1Les Noirs répondirent 26 ..• Cf4 ! et après 27. D~4, b5
28. Ddl, h4 ! les Blancs durent abandonner. Notons pour la
petite histoire que les Blancs eurent tort de rejeter 26. Cg4, ils
auraient en effet obtenu une position gagnante après 26... Dh4
-13-
27. Cxh6+, Rf8 28. Dxh4, Cxh4 29. Cxf7, Rxf7 30. Fxé6+,
Rf8 31. Tg4, Cxg2 32. Fb4+, Fd6 33. Fxd6+. Txd6 34.
Fxç8, Cxér 35. Fxb7.
Digression historique
14 -
nique déficiente en finale, mais d'une faible compréhension des
milieux de partie. Mon pire défaut résidait dans l'inaptitude à
calculer les variantes. Je passais un temps exagérément long à
considérer des positions relativement simples, après quoi je me
retrouvais mal au temps. De plus, je commettais souvent de
grosses erreurs. Enfin, après la partie, je découvrais systémati-
quement que mon adversaire avait vu au cours du jeu beaucoup
plus de choses que moi. Il me fallait donc travailler dur pour
améliorer ma technique d'analyse. »je me montrais encore plus
sévère dans mes · cahiers personnels ; voici ma conclusion au
terme d'une partie avec A. Yeltsov : « Pour avoir étudié très
approximativement les conséquences de mes coups, j'ai été
justement puni par mon adversaire. De telles analyses incer-
taines constituent le défaut majeur de mon jeu et je dois tout
faire pour corriger cela. » Autre note tout aussi sombre : «Un
manque de volonté pour approfondir de façon concrète les
variantes, un relatif laisser-aller, voilà quelles furent mes fai-
blesses caractéristiques durant le championnat de Moscou r936. »
J'étais particulièrement abattu après ma partie contre Panov
(Noirs), où une lutte aiguë dans l'ouverture amena la position
suivante :
n°2
abcdefgh
003
ab cdefgh
n° 4
abcdefgh
abcdefgh
L'arbre d'analyse
n°6
abcdefgh
,.. .........
~ ····~
17.Txf6+, g:d6 18.DhS+
~
+ ····1'·9,\
······~
····· c.is...Rg7
~
Î' l .19...Fg7
.2.2...f'h6+
Fig. 1
-27-
La vue de ce que nous obtenons évoque irrésistiblement un
arbre généalogique.
Le tronc de l'arbre représente à partir du point de départ la
suite que nous avons choisie; les diverses réponses de l'adver-
saire constituent ensuite les quatre branches principales (A 18...
Ré7, B. 18... Ré6, C. 18... Rg7, D. 18... Rg8). Ces branches se
partagent à leur tour en d'autres ramifications, et le processus
continue. Le nombre de branches est fonction des caractéris-
tiques de la position ainsi que de notre aptitude à découvrir des
coups-candidats; c'est donc un indicateur de notre capacité
analytique.
Nous ne tarderons pas à utiliser à nouveau l'arbre d'analyse,
mais d'ores et déjà nous sommes en mesure d'énoncer une règle
que vous devrez toujours vous efforcer de respecter : lorsque
des variantes compliquées sont analysées, chaque
branche de l'arbre doit être examinée une fois, et une fois
seulement. Gardez-vous d'errer, de sauter d'une branche à une
autre, de ne vous soucier que de vérifications répétées ; une telle
anxiété montre seulement un manque de confiance en soi-même.
Mieux vaut supporter les conséquences d'une éventuelle faille
dans les calculs que s'affoler et paniquer dans des analyses
désordonnées.
Un lecteur soucieux peut s'interroger:« Et si aucun des coups
que j'examine ne me donne satis/action ? Que faire dans ce cas ? »
Je ne puis vous recommander qu'une seule chose : même dans
· une situation aussi critique, ne réitérez pas vos calculs. Pouvez-
vous d'ailleurs affirmer que vous trouverez systématiquement
une ligne de jeu plus séduisante? Non, évidemment 1 De plus
ces vaines recherches vous coûteraient beaucoup de temps.
Optez pour la suite qui vous semble la meilleure; rappelez-vous
l'histoire de l'âne de Buridan, qui mourut de ne pouvoir se
décider à partir de quel tas de foin il allait commencer son repas.
De deux maux, choisissez le moindre ; si vous êtes vraiment en
mauvaise posture faites un nouveau tour d'horizon de la posi-
tion, à la recherche d'un coup salvateur.
Afin que le lecteur se familiarise avec ce nouveau matériau
qu'est l'arbre d'analyse, qu'il s'habitue à analyser chaque
var~ante une fois et une fois seulement, penchons-nous sur un
nouvel exemple intéressant. Le lecteur tirera. pleinement profit
de cet exercice s'il s'astreint à redécouvrir par lui-même l'arbre,
ou tout au moins l'une de ses ramifications; il aura su alors
joindre l'utile à l'agréable.
-28 -
n°7
abcdefgh
-29-
mais effectué avec le plu::; grand soin. Un coup apparemment
négligeable pourra se révéler être celui qui sauve la partie. Nous
répétons la règle : il faut en premier lieu dresser la liste des
coups-candidats et clairement les énumérer. Ce travail
doit se faire d'un bloc ; étudier un coup à fond puis partir à la
recherche du suivant perturberait votre réflexion. L'ignorance
du nombre de coups-candidats pourrait vous amener à consacrer
trop de temps à l'un d'entre eux et, après avoir fini d'examiner
ses ramifications, vous vous apercevriez alors que le temps vous
manque pour analyser les autres.
Aussi dressons systématiquement la liste de tous les coups-
candidats ; il n'est pas difficile de deviner que les meilleures pers-
pectives des Noirs résident dans les réponses suivantes: A. 24...
Rh8 ; B. 24 ... f5 et C. 24... Fxd5.
Mais ce n'est pas tout. Un regard plus attentif sur la position
permet de déceler un mode de défense subtil, à savoir amener
une Tour en é8 pour après 25. Dh6, protéger f6 par 25 ... Té6.
Nous ajoutons donc deux coups-candidats supplémentaires: D.
24... Taé8 et E. 24 ... Tfé8. Assurons-nous avant de nous lancer
dans la phase de calcul si nous n'avons rien oublié. Avez-vous
bien vérifié? Très bien, nous n'avons en effet omis aucun coup-
candidat ; le temps est venu de passer au calcul 1
A. 24 ... Rh8. Maintenant 25. Dh6 est contré par 25 ... Tg8,
et la Tour viendra en g7 défendre le point crucial h7. Comment
gagner? Un effort soutenu conduira l'analyste à trouver dans
cette position une manœuvre gagnante, dont on obtiendra
d'ailleurs ultérieurement un écho dans d'autres variantes :
25. Fç5!, Dé6 26. Fé7!!. Voyons-en les conséquences.
26 ... Fxd5 27. éxd5 avec une attaque de la Dame noire et une
menace de mat sur h7. Insuffisant est également 26 ... Tg8
27. Fxf6+, Tg7 28. Dg5, Tg8 29. Cé7!, Dxé7 (sinon 30. Cf5 ou
30. Cxg8) 30. Fxg7+, Txg7 3r. Dxé7.
B. 24 ... f5. Cette défense paraît excellente puisque la Dame
noire est prête à participer à la défense de l'aile-Roi. Les Blancs
disposent toutefois d'un gain assez caché. 25. Fç5 (toujours le
même leitmotiv), Dé6 (on voit aisément que tout autre coup
de la Dame perd sur-le-champ) 26. Dg5+, Rh8 (26... Dg6
27. Cé7+) 27. Fxf8!, Dg6 (mauvais est 27 ... Txf8 à cause de
28. Cf6 et il n'existe pas de défense contre la menace 29. Dh6
avec double attaque sur h7 et f8) 28. Dxg6, hxg6 (ou 28 ... fxg6
-30-
29. Fd6, Té8 30. Cé7 attaquant le Fou ç6 et menaçant 3x. Fxé5
mat) 29. Fd6 et les Blancs, grâce à leur avantage matériel, doi-
~ent gagner sans difficulté.
n°8
abcdefgb
n°9
4
abcdefgh
n°10
abcdcfgh
Le tronc unique
Commentant sa partie contre Treybal (tournoi de Pistyan,
1922), Alékhine remarque au suj et de son 33e coup Db5-d7 + :
« Les Noirs for cent l'entrée en une finale de Pions gagnante au
moyen de la plus longue combinaison que j'aie jamais conçue. »
33... Dd7+ ! 34. Rg2, dl= D! 35. Txdl, Dxdl
36. Dxç4+,Tf737. Dxb4,Dxç138. Db8+,Tf839. f7+ !.
Les Blancs récupèrent la Tour, mais cela avait été prévu par
Alékhine, qui a imaginé une élégante manœuvre de Dame por-
- 37-
n°11
abcdefgh
n°12
abcdefgh
-39 -
Les Blancs, qui ne pouvaient plus roquer, viennent de jouer
I. Rd1, comptant sur une simplification après 1... Dç8 2. TçI.
Mais la réponse des Noirs est cinglante : ils sacrifient la Tour,
ce qui introduit une variante s'étendant sur 14 coups.
La partie se poursuivit ainsi : 1... Da5 ! 2. Rxç2, Dç3 +
3. Rbl.
Reculer sur di signifierait non seulement rendre la Tour mais
aussi abandonner les Pions de l'aile-Dame.
3 .•• Fxd3 + ! 4. éxd3, Dxd3 + 5. Rb2.
5. Rçr est clairement mauvais, les Noirs amenant leur Tour
sur la colonne ç avec tempo.
5 ... Dç3 + 6. Ra3.
Sur 6. RbI gagne la poussée 6... dJ.
6 ..• Dç5 + ! 7. b4.
Ici se situe l'unique ramification d'une variante par ailleurs
«ligne directe». Si 7. Rb2? alors 7... dJ+, tandis que sur 7. R~
suit un mat rapide par 7... b5+ 8. Ra5, Db6+ g. Rb4, as+
10. Ra3, Dçs+ n. Rb2, dJ+.
7 ••• Dç3 + 8. Ra4, b5 + ! 9. Rxb5.
On voit facilement qu'après g. Ra5, Dç6! les Blancs devraient
rendre la Dame pour éviter le mat.
9... é5 ! 10. Dçl, Tb8 + 11. Ra6, Dxb4 12. Dç7,
Da4+ (*) 13. Da5, Tb6+ 14. Rxa7, Dxa5 mat.
Le lecteur pourra considérer l'exemple suivant comme une
authentique curiosité de l'échiquier.
Une partie Kotov-Plater, Moscou 1947, fut ajournée dans la
position du diagramme
n°13
abcdefgh
(*) 12 ... Tb6+ semble faire mat un coup plus tôt (ndt).
Le maître polonais mit sous enveloppe l'excellent coup
43 •.. Dh6 !. En rendant une pièce, les Noirs transposent en une
finale intéressante dans laquelle les Blancs auront beaucoup de
mal à réaliser leurs deux Pions de plus, car leur Roi ne dispose
d'aucune voie de pénétration dans le camp ennemi.
44. Dxh6, Cxh6 45. Fxé8, Cg8.
Durant l'ajournement, j'étudiai cette position à la maison,
recherchant le moyen de frayer un chemin à mon Roi, et mon
analyse s'étendit sur pas moins de ... 50 coups. C'est difficile à
admettre mais c'est la pure vérité. En fait, le lecteur se rendra
compte que cet exploit ne fut rendu possible que grâce à la
nature exceptionnelle de la position initiale et à la présence d'un
arbre d'analyse au tronc totalement nu.
A la reprise, la partie demeura pendant très longtemps dans
le cadre de mon analyse, sans que mon adversaire s'en aperçoive.
46. d6, Cf6 47. Fç6, Rd8.
Comment assurer la pénétration du Roi ? La tentative de
s'infiltrer sur le flanc-est - via les brèches g4 et hs - est facile-
ment contrée par les Noirs : ils installent le Cavalier sur f6 et
font aller et venir leur Roi de ç8 à d8.
La méthode de gain est longue, mais pas très compliquée. En
voici les étapes successives :
Premier point : contraindre les Noirs à avancer leur Pion a1
d'une case, en a6. Cela se fera en amenant notre Roi sur 34,
menaçant de pénétrer en b5, puis ç6 ou a6. Les Noirs devront
donc jouer leur Pion « a ».
Deuxième point : éliminer le Pion «a» des Noirs en l'échan-
geant contre notre Pion d6. Il faudra toutefois prendre garde
qu'à aucun moment les Noirs ne soient en mesure de jouer gs-g4,
la partie devenant alors nulle. Dans cette idée, le Roi blanc
devra s'en revenir à gJ.
Troisième point: après la disparition du Pion a6, transférer le
Fou de a6 en h3 et retourner avec le Roi de gJ en a4. Cela pro-
voquera une position de zugzwang et le Fou en profitera pour
gagner sa nouvelle destination : ds.
Quatrième point : en dS, le Fou rayonnera et contrôlera les
opérations sur tous les fronts. Pour en arriver là le Fou aura dû
passer par h5. C'est pourquoi, une fois le Fou posté en g4, les
- 41 -
Blancs manœuvrent avec leur Roi sur l'autre aile de façon à
obliger le Cavalier à quitter f6 et donc à laisser venir le Fou ends.
Tout cela fut bien précisé lors de l'analyse, mais... ce que
recouvre ce <' mais ll, le lecteur le saura bientôt.
48. Ré2, Rç8 49. Rd2, Rd8 50. Rçl, Rç8 51. Rb3, Rb8.
Les Noirs pourraient également faire osciller le Cavalier entre
g8 et f6.
52. Ra4, a6.
Le premier objectif étant atteint, il s'agit maintenant d'abor-
der la deuxième étape - la liquidation du Pion a6. Cependant le
Roi blanc doit d'abord revenir en g3 pour enrayer la percée gs-g4.
53. Rb3 !, Rç8 54. Rç2, Rb8 55. Rd2, Rç8 56. Ré2, Rb8
57. Rf2, Rç8 58. Rg3.
Le Roi est arrivé à la place qu'on lui avait assignée. Durant ce
voyage à travers l'échiquier, il était sans cesse désavantageux
pour les Noirs de jouer gs-g4, le Roi blanc n'ayant alors aucune
peine à pénétrer par h4.
58 ... Rb8 59. d7!, Rç7 60. Fb7!, Rxd7.
La seule chance; fautif était 60... as à cause de 61. Fç6 et le
Roi revient en ~. la voie vers a6 via bs étant alors ouverte.
61. Fxa6, Rç7.
Voici achevée la deuxième étape du plan. Il convient doréna-
vant de diriger le Fou sur ds; mais comment procéder? h5 se
trouve soigneusement surveillée et l'on ne voit pas d'autre case
de passage...
62. Fb5, Rd6 63. Fa4, Rç7 64. Fdl, Rd6 65. Rf2.
Comme le coup gs-g4 est interdit - le Fou surcontrôle la
case de rupture· - le Roi part pour un nouveau périple.
65 ... Rç7 66. Ré3, Rç6 67. Rd3, Rb7 68. Fé2, Ra7
69. Ffl, Rb7 70. Fh3, Ra7 71. Rç2, Ra6 (Diagr. 14).
Cette imperceptible erreur perd rapidement. La ligne de jeu
que j'avais envisagée lors de mon analyse était :
71 ... Rb7 72. Rb3, Cg8 73. R~, Ra6 74. Fg4, Cf6.
-42-
n°14
abcdefgh
Le buisson
Après avoir travaillé sur des exemples d'analyse à variante
unique nous allons nous entraîner à un exercice radicalement
contraire. Il arrive fréquemment, dans le jeu de compétition,
que le choix du coup juste résulte du calcul d'un grand nombre
de variantes courtes et simples. Une parfaite illustration en est
la partie Alékhine-Réti, Vienne 1922.
Après les coups 1. é4, é5 2. Cf3, Cç6 3. Fb5, a6 4. Fa4,
Cf6 5. Cç3, b5 6. Fb3, Fç5 7. Cxé5, Cxé5 8. d4, Fd6
9. dxé5, Fxé5 10. f4, Fxç3 + 11. bxç3, o-o 12. é5 fut
atteinte la position suivante:
n° 15
abcdefgh
- 44-
Réti appliqua une idée intéressante, basée sur des complica-
tions aux variantes multiples. Il joua 12 ... ç5 ! , coup qui avait
dû tenir minutieusement compte de nombreuses réponses
possibles :
I. 13. éxf6, Té8+ 14. RfI, ç4, avec un beau jeu aux mains
des Noirs.
II. 13. ç4, ds! 14. éxf6, Té8+ 15. RfI, Dxf6. Quand les
Blancs auront protégé leur Tour, alors 16... dxç4 offrira aux
Noirs une excellente partie.
III. 13. o-o, ç4 14. éxf6, Dxf6 15. Dd5, Db6+ suivi de 16...
Fb7 assurant un jeu confortable.
IV. 13. Fd5, Cxd5 14. Dxd5, Db6! 15. Fé3, Fb7 16. Dxç5,
Dg6!, ou 16. Fxç5, Fxd5 17. Fxb6, Fxg2 18. Tg1, Fé4, donnant
un jeu sans problème.
V. 13. Fa3 ! ! , le coup effectivement joué par Alékhine.
Il suivit 13 ... Da5 ! 14. o-o ! , Dxa3 15. éxf6, ç4 16. Dd5,
Da5 17. fxg7, Db6 + 18. Rhl, Rxg7 ! 19. Fxç4 !, et le Fou
s'échappe de sa prison - puisque 19... bxç4 serait contré par
20. Dxa8, Fb7 21. Tab1!.
Regardons le graphe de cette analyse (figure 4) ; c'est un
petit arbre aux troncs multiples, et nous pensons plutôt à un
buisson ou à des fourrés. Nous retiendrons le terme« buisson»
en espérant que cette appellation symbolique aidera le lecteur
lors de ses propres analyses.
. .
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Fig. 4
abcdefgb
n° 17
abcdcfgh
n°18
abcdefgb
ab cdefgh
Les coups-candidats
(•) Kotov a rédigé cet ouvrage en 1970. Depuis, les choses ont
pas mal évolué en matière d'ordinateurs (ndt) !
- 53 -
n°20
abcdefgh
abcdef gh
n° 22
abcdefgh
n°23
abcdefgh
n° 24
abcdcfgh
- 63-
Noirs ont l'attaque. Cette attaque aurait cependant piétiné
sans l'impulsion nouvelle que lui communique le coup étour-
dissant 30 ... Dxh3 + !! . Le Roi blanc fut contraint de s'aven-
turer au cœur des lignes ennc>mies, où il finit par périr.
n° 25
abcdefgh
n° 26
abcdefgh
-64-
Les Blancs disposent de menaces désagréables. Leur Dame
peut venir en h7 quand elle le veut, forçant le Roi adverse à
se diriger vers le centre. Il est bien connu depuis l'époque
d'Anderssen et de Morphy qu'un Roi ainsi exposé au centre
est promis à une existence pleine de vicissitudes !
Il suivit pourtant 23 ... Rf7 ! ! • Le monarque noir gagne de
lui-même le centre, car il a repéré que la place pour lui la plus
sûre est, dans cette position particulière, la case é7. Aussi le
Roi avisé se met en route sans tarder. Ce coup paradoxal fut
une heureuse trouvaille et permit aux Noirs de l'emporter
rapidement. Sur 24. Cg3, Ré7 25. Dé2 (mieux 25. Ch5),
h5 ! les Noirs prirent l'initiative et gagnèrent après 26.
Cxh5., Th8 27. Dxg4, Txh5 28. Dxh5, Th8 29. Fh7,
Fé4 30. f4, Db2 31. Dxg5 +, Ff6 32 . Dxf6 +, Rxf6 33.
Fxé4, Dxa2, etc.
En conclusion, recherchez toujours des coups inattendus,
indépendamment du fait que vous soyez en attaque ou en
défense.
0° 27
abcdefgh
n° 28
abcdefgh
n° 29
a b c d e
abcdefgh
La griserie du succès
« Quand je donne échec je n'ai peur de personne », affirmait
avec orgueil un joueur de Leningrad. Il faut l'admettre, rien
n'est plus concret, plus intransigeant qu'un échec, si ce n'est
le mat - encore que le mat soit lui aussi un échec, le dernier de
la 1'artie. D'où la grande considération qu'accordent les joueurs
envers l'échec, gardant sans cesse à l'esprit durant leurs ana-
lyses l'éventualité d'une telle ressource.
Un échec imprévu, pour une quelconque raison d'ordre
psychologique, peut à lui seul faire basculer une partie et en
influencer irrémédiablement le résultat final. Si nous parvenons
à établir pourquoi un joueur oublie tout à coup un échec
possible, nous saurons mieux nous préserver nous-mêmes de ces
coups de poignard.
0° 31
abcdefgh
- 70-
Dans ma lointaine enfance, à Toula, j'obtins au cours d'une
partie de tournoi la position du diagramme 31 - je ne saurais
jurer de l'absolue exactitude de la position, mais ses caractéris-
tiques essentielles se sont assez fixées dans ma mémoire pour
que je ne les oublie jamais.
Jouant avec les Noirs, je m'étais procuré une position archi-
gagnante et c'était à présent mon tour de jouer. Je regrettais
seulement que mon adversaire - un certain Golubev - n'ait
pas déjà abandonné, ayant une Tour en moins, mais je comptais
bien que la joie de la victoire ne se ferait plus longtemps atten-
dre : d'ailleurs Golubev ne venait-il pas d'écrire «abandon»
sur sa feuille de partie, de la plier en deux et de la glisser dans
la poche de son veston !? Arborant un air résigné il laissait
errer un regard désabusé et tout dans son maintien incitait à
croire qu'il abandonnerait sitôt mon coup effectué.
Aussi jouai-je le coup le plus évident, la prise de son Fou
sur f7 par ma Tour. Aussitôt, l'autre Fou fendit l'air et atterrit
avec fracas à d8! Tout aussi bruyamment mon adversaire mit
en marche ma pendule, après quoi il défia d'un air vainqueur le
public qui suivait la partie. Puis il ressortit de sa poche la
feuille de partie, y inscrivit son coup et le mien puis biffa la
mention« abandon». En fait c'était alors à moi d'abandonner 1
Autant dire que ma déception était immense. Peu après
cette mésaventure, je tombais sur un article de la revue Shakh-
matny Listok dans lequel le maître Iline-Jenevsky rapportait
avec verve comment il s'était fait surprendre au cours d'une
importante partie par un échec inattendu, gâchant ainsi l'avan-
tage acquis au terme de plusieurs heures de travail.
abcdefgh
-71-
«j'avais une pièce pour deux Pions et de surcroît une bonne
position, écrit Iline-Jenevsky, et souhaitais donc liquider au
plus vite cette partie. ]'imaginai donc une combinaison « spiri-
tuelle» : 1. éxf6, Fxf6 2. Cé5 (menace à la fois la Dame et le
Fou /5), Dé6 (2 ... Fxé5 abandonnerait la paire de Fous et
laisserait définitivement exposé le Pion ds) 3. Fa3 (tout se
déroule comme prévu, ; je pensais à ce moment gagner la qualité),
Tf7 4. Db5 (les Noirs se retrouvent avec plein de choses en
prise), Fxé5 5. Fxd5, et brusquement vint 5 .•. Dg6 +.
Le moindre mal aurait alors été de renoncer au gain de la
qualité et de jouer 6. F g2 en admettant de rendre la pièce, mais
dans le feu de l'action j'optai pour 6. Rhl; après 6 ... Fé4+
7. Fxé4, Dxé4+ 8. Rgl, Dxé3+, je dus abandonner pour
éviter d'être maté. Si vous regardez la position deux coups avant
le funeste échec, vous comprendrez pourquoi il m'a échappé. Le
Fou f6 empêche la Dame de se rendre en g6 tandis que mon Fou
sur g2 protège d'un échec vertical. L'échec ne devient réalisable
que parce que chacun des deux Fous quitte son poste respectif. »
n° 33
ab cdef g h
n° 34
ab cdefgh
- 74 -
Au lieu de simplement échanger les Dames, Lasker étonna
tout le monde en jouant 1. .• Dxa2 2. Tat, Dxbl 3. Tfbt,
Dxbt +, donnant sa Dame contre Tour, Fou et Pion. Je dois
avouer qu' aujoud'hui encore je ne comprends guère cette combi-
naison et je partage l'opinion de Bogolioubov qui écrivit dans
ses commentaires sur la partie qit'en jouant ainsi, les Noirs
avaient frôlé la défaite. A l'époque, je crus tout comme les autres
participants au tournoi, Bogolioubov inclus, que Lasker venait
de commettre une erreur. ] e commençais à entrevoir l'avenir avec
sérénité. Pensez donc : la veille, j'avais battu Capablanca et
aujourd'hui je m'offrais le scalp de Lasker. Tout allait décidément
pour le mieux! Comme j'approchai du zeitnot, je décidai de jouer,
de façon aiguë. Il s'ensuivit 4. Txbl, Tfd8 5. ç4, Cé8 6. f4.
a6 7. Rhl, Cç7 8. Dé3, Tb8 9. Tdl, Cb4 10. Dç3, a5 11.
Tal, b6 12. Dé3, mais après 12 ... é5 Lasker gagna d'abord
la qualité puis, dans la foulée, la partie. Mon dernier coup était
bien sûr fautif, toutefois j'avais déjà à ce moment sérieusement
détérioré ma position. Ainsi se trouve-t-on puni pour avoir trop
vite cru au succès. »
Voilà comme l'on dit une histoire qui se passe de tout commen-
taire.
J'ai souvent eu l'occasion d'analyser avec Paul Kérès des
positions issues ou non de parties ajournées et, chaque fois,
j'ai été frappé par un aspect particulier de sa méthode de
travail. Ayant trouvé une variante gagnante, le grand-maître
estonien, loin de s'en tenir là, se met aussitôt à en chercher
une autre. Tout paraît simple - les Blancs gagnent une
pièce-, mais il n'est pas satisfait et recherche une suite encore
plus décisive : ne peut-on gagner la Dame, ou mieux, donner
mat? Sur quoi je m'impatiente et ne peux m'empêcher de lui
dire : «Tout cela est-il vraiment nécessaire ? », mais mon ami
s'abstient de répondre et continue à déplacer en silence les
pièces à travers l'échiquier - c'est chez lui une vieille habitude
dont il ne s'est jamais départi.
Cette attitude s'explique par le besoin pour un esprit cher-
cheur de tirer le maximum de chaque position - découvrir
toutes les finesses, solutionner les problèmes stratégiques,
épuiser les ressources tactiques.
Cette façon d'agir n'est toutefois pas sans dangers. Ainsi,
ayant trouvé une suite gagnante, vous n'en restez pas là pour
autant et vous mettez en quête d'en dénicher une nouvelle.
- 75-
Y étant parvenu, vous vous exclamerez vraisemblablement :
«J'ai vraiment une position formidable 1je peux déjà l'emporter
de deux manières différentes. » C'est alors que vous trouvez
une troisième variante de gain, et que vous devenez vraiment
très fier de votre personne. A partir de ce moment-là, le succès
vous montera à la tête, votre objectivité se transformera en
auto-contemplation, et vous serez tout disposé à faire le faux
pas.
Voici une position atteinte au cours de la partie Kérès-Filip,
tournoi des Candidats, Amsterdam 1956:
n°35
abcdefgh
n° 36
abcdefgh
abcdefg h
n° 38
abcdefgh
-79-
en 1919. (Alexandre Fedorovitch Iline-Jenevsky semble donc
avoir largement contribué à enrichir le chapitre des mésaven-
tures et diverses curiosités de l'échiquier. Soit parce que sa
propre personne s'y prêtait particulièrement, soit parce qu'il
appartient à une époque où l'intrépidité l'emportait sur la
précision.)
r. f4, g6 2. g4! aurait assuré l'initiative aux Blancs, mais
ceux-ci décidèrent mécaniquement de «jouer la sécurité» par
1. h3?. Ce coup se révéla une perte de temps décisive, et les
Noirs gagnèrent en arrivant les premiers sur l'autre aile :
1. •• b5 2. f4, b4 3. axb4, axb4 4. Ffl, bxç3 5. Fxç4,
Dxç4 6. bxç3, Fxh3, etc. Pourquoi les Blancs voulurent-ils
contrôler g4? Après tout, il n'était pas question que le Fou noir
quittât la case é6 sans laisser le Pion ds en prise. Reste alors
une seule explication : automatisme !
L'une des manifestations les plus intéressantes de réflexes
conditionnés consiste en le respect puissamment ancré que nous
portons à la valeur hiérarchisée des figures - hiérarchie dont
nous prîmes connaissance dès nos premiers pas au royaume des
échecs. Ce respect se trouve notamment voué à la Dame, la
pièce traditionnellement la plus forte, même dans des situations
où le gain de la partie implique son sacrifice. Et nul n'échappe à
pareil aveuglement, pas même les meilleurs joueurs.
n° 39
a b c d e f g h
n° 40
abcdefgh
Euwe joua 27. Dé3, et cette importante partie n'en finit pas
de traîner, alors qu'un gain « visible » lui tendait les bras :
27. Dxf7+I, Txf7 28. Tç8+ suivi après 28 ... Rg7 ou 28 ...
Tf8 29.Txf8+, Rxf8 d'une fourchette par le Cavalier en é6.
Cette position extraite du match Botvinnik-Bronstein, cham-
pionnat du monde 1951, nous offre un dramatique exemple de
coup rendu «évident>> par l'interaction de certains réflexes :
-81-
Dans cette position de nullité, Bronstein (qui menait les
Blancs) tenta un dernier essai par 57. Rç2, estimant qu'après
l'évident 57 ... Rf3, son Cavalier aurait encore le temp? de
stopper le Pion <( é » grâcè à l'échec sur d4. Cependant Botvinnik
joua le coup «non évident » 57 ... Rg3 ! et les Blancs n'eurent
plus qu'à abandonner, le Cavalier se trouvant maintenant
incapable d'empêcher l'avance du Pion. Commentaire de Bot-
vinnik :
« Une faute tragique. Bien sûr, comme le lecteur peut s'en
convaincre, les Blancs au.raient facilement annulé en ramenant
leur Cavalier ... Il semble que les Blancs aient perdu le sens du
danger, mis en confiance par leur avantage matériel I Remarquez
que le coup perdant fut effectué après le contr6le du temps. »
Remarque pertinente, qui souligne à nouveau qu'au plus chaud
de la bataille un joueur peut se montrer excessivement confiant
parce qu'il aura auparavant gagné du matériel. Nous avons
déjà précédemment évoqué cette tendance. Des exemples non
moins significatifs nous montrent Botvinnik lui-même péchant
de la sorte et s'en trouvant puni. Ainsi que dire de la 15e partie
du match-revanche avec Smyslov (1958) où, après le premier
ajournement, Botvinnik obtint une position très supérieure
mais perdit par le temps alors qu'il s'acharnait à trouver la
variante de gain la plus sûre.
Nous attirons aussi votre attention sur la remarque de Bot-
vinnik concernant la perte de la notion du danger, point sur
lequel nous reviendrons. Notons simplement pour l'instant
que, dans le cas de la finale perdue par Bronstein, on peut
assimiler à un réflexe conditionné le fait de croire que le chemin
le plus économique pour aller de f4 en fa passe nécessairement
par f3, ce qui est inexact si l'on s'intéresse à la marche du Roi (ce
qu'omit de remarquer Bronstein durant cette partie). Dévelop-
pons un peu le sujet que nous venons d'aborder, celui de la géo-
métrie particulière de l'échiquier. Nous rapportions tout à
l'heure l'épilogue tragique de la partie Kotov-Smyslov (dia-
gramme 33). L'oubli par les Blancs de l'échec de la Tour sur fa
n'est pas seulement dû à un état d'euphorie mentale. Il dérive
aussi du réflexe conditionné selon lequel la Tour précède la
Dame le long de la colonne g, et que cette disposition ne
saurait être inversée. Si vous songez aux diverses attaques
contre le Roi que vous avez réalisées à l'aide des pièces lourdes,
vous admettrez qu'au niveau du subconscient on détermine
-82-
une bonne fois pour toutes que la Dame se trouve devant
la Tour sur une colonne ouverte, ou vice versa.
S'il y avait eu dans la partie précitée la moindre chance
pour que les pièces noires échangent leurs positions respectives
(soit la Darne en g2 et la Tour en g8), il est clair qu'aucun grand-
maître n'aurait ignoré le danger- alors qu'au contraire les
Blancs s'estimaient en parfaite sécurité du fait même que cette
permutation apparaissait invraisemblable. Une telle certitude
de la non-réalisation d'un événement, cette assurance bien
enracinée comme quoi certaines caractéristiques de la position
sont immuables, constituent la source de nombreuses fautes.
Prenons un autre exemple de la même veine : avez-vous
toujours examiné les conséquences, lorsque dans vos parties les
Blancs avaient le Fou sur d3 et la Dame en ç2, d'un échec
donné sur hJ? Avouez que non! Pourquoi? Parce qu'il n'y a
pas de mat en vue et que dans la grande majorité des cas cet
échec ne sert à rien. Ainsi, petit à petit, l'esprit s'habitue à ne
pas se soucier d'une telle configuration de pièces. C'est bien sûr
une autre paire de manches si les deux pièces se suivent dans
l'ordre inverse, le grand-maître n'hésitant alors pas à consacrer
le temps nécessaire à l'étude de toutes les conséquences de
l'échec en h7 donné par la Dame!
C'est précisément cette indifférence envers l'échec par le Fou
sur la case h7 qui perdit les Noirs dans la position suivante
-partie Lengyel-Kotov, Amsterdam 1968.
n° 42
abcdefgh
n° 43
abcdefgh
n° 44
abcdefgh
- 85-
Le Pion sur éS protège bien le Fou blanc des rayons de la
Dame noire; les Blancs jouèrent donc 1. Tfl, g6 2. Dé3,
Cé7 3. f4, et il suivit 3 .•• éxf4 4. Dxf4, Dxb5. «Cette possi-
bilité ne m'avait pas effleuré l'esprit, écrit Iline-Jenevsky, qui
ajoute: L'idée que la Dame ne pouvait nullement inquiéter mon
Fou, à cause de la barrière constituée par le Pion é5, s'était si
ancrée dans mon esprit qu'à l'instant précis où la Dame prit le
Fou, je crus assister à l'exécution d'un coup illégal, à savoir
le saut d'une pièce par-dessus itn Pion. »
Le point aveugle
Dans un de ses ouvrages de récréation, Perelman mentionne
une expérience désormais célèbre : dites à un sujet de fixer
obstinément un carré dessiné sur une table. Au bout d'un
petit moment, cette personne sera incapable de repérer une
tache noire pourtant visible située juste à l'extérieur du
carré ; cela parce que notre œil comporte un point dit
«aveugle» et que tout objet qui s'adresse à ce« point aveugle»
échappe à notre champ de vision. Un phénomène similaire
se produit aux échecs. On connaît d'assez nombreux cas,
où un très fort joueur ne remarqua pas une menace élémen-
taire dirigée contre l'une de ses pièces - comme si durant un
moment cette pièce échappait à son champ de vision et qu'il
l'oubliait tout à fait.
Un exemple classique de «point aveugle» nous est fourni
par la partie Alékhine-Blackbume, Saint-Pétersbourg r9r4.
n°45
abcdcfgh
- 86-
Alékhine joua ici 1. Cd2?? et après 1. .. Da5 2. a4, a6,
les Blancs perdirent leur Fou-Roi. Lorsqu'après la partie on
demanda à Alékhine comment il expliquait cette gaffe, il
déclara qu'il avait tout simplement oublié son Fou, comme
s'il était absent de l'échiquier.
Oui, oublié! Ce super grand-maître, futur champion du monde,
avait omis la présence d'un Fou ... Après cela, on ne peut nier
l'existence du point aveugle.
L'exemple suivant est peut-être encore plus net; il s'agit
encore d'un futur champion du monde qui, cette fois, oublie sa
Dame et perd non pas en deux coups comme précédemment,
mais sur-le-champ.
Dans la partie Pétrossian-Bronstein, tournoi des Candidats
1956, les Blancs avaient après 35 coups une partie absolument
gagnante.
n°46
abcdefgh
n° 47
abcdef gh
abcdefgh
n° 49
abcdefgh
0°50
abcdefgh
n° 51
e f g h
Jugement ou analyse?
En nous intéressant précédemment aux méthodes d'analyse,
nous avons passé en revue un certain nombre de positions où
l'un des joueurs ne s'ouvrait la voie vers la victoire qu'en
s'engageant dans le dédale de variantes complexes, la nature
de ces positions étant telle qu'elles ne pouvaient être appréhen-
dées autrement.
Nous avons par ailleurs insisté sur la nécessité pour un joueur
qui souhaite devenir grand-maître d'être en mesure d'analyser
avec exactitude, car c'est ainsi que se gagnent la majorité des
parties. Il y a néanmoins des positions, et même des parties
entières, où l'analyse cède le pas devant le simple jugement
positionne!, l'estimation globale. Dans de telles situations, un
grand-maître s'en remet à ce que nous appellerons sa compré-
hension de la position, ou sens positionne!.
Comment reconnaît-on qu'une position appelle à être esti-
mée, jugée, ou qu'elle exige une analyse approfondie ? Il me
semble que la réponse ne choquera personne. Le caractère
-96-
d'une position est généralement déterminé par la nature de
l'ouverture qui l'a engendrée. Dans une position fermée, où
il n'y a encore aucun contact entre les deux camps, le choix
du meilleur coup se fera normalement sur la base de considé-
rations positionnelles et le jugement s'avérera capital ; lorsque
l'ouverture donne lieu d'entrée à un violent corps à corps,
alors il faut analyser sans relâche.
Pour illustrer cette opposition, prenons deux exemples
d'ouverture. Dans le Gambit de la Dame, après les coups
1. d4, d5 2. ç4, é6 3. Cç3, Cf6 4. çxd5, éxd5 5. F~5, ç6
6. é3, Fé7 7. Fd3, o-o 8. Cf3, Cbd7 9. Dç2, Té8 10. o-o,
Cf8, vouloir analyser les variantes serait vain et coûterait
du temps et de l'énergie.
n° 52
abcdefgh
abcdefgh
0° 54
abcdefgh
-98 -
Alékhine-Flohr, Nottingham 1936. Les Blancs Jouèrent
46. Txé6 ! , et commentent ainsi le coup :
«Une de ces combinaisons que le joueur expérimenté n'analyse
pas jusqu'à la fin, car il sait que les Pions de l'aile-Roi feront
la décision. >>
Aussi assurez-vous d'être en possession d'un tel arsenal,
afin également de savoir ce qui arrivera.
n° SS
abcdcfgh
-99-
Ragozine-Levenfi.sh, tournoi d'entraînement :r922. Trait
aux Noirs. Voici les variantes analysées par Levenfish :
A. lJ ... Dxé3+ 14. Rfr, Fxç3 15. bxç3, Cé4! 16. Fxé4,
rlxé4 17. Tér, Dd3+ 18. Rfa, o-o-o 19. Dxé4, Dxç3 20. Tb1,
Cb6 2r. Thç1, Da3, et les Noirs sont mieux.
B. lJ ... Dxé3+ 14. Rfr, Fxç3 15. bxç3, Rf8!! r6. Té1, Cg4!
17. Cé5, Cdxé5 (c'est pour rendre ce coup possible que les
Noirs ont mis leur Roi en f8 plutôt que de faire le grand roque)
18. dxé5, Té8 19. h3, Dxé1+, et gain.
Que souhaiter de plus? La prise sur éJ donne l'avantage
dans tous les cas, et pourtant Levenfish joua le faible
13 .•.h3?. Voici comment il expliqua par la suite son erreur :
« L'appétit vient en mangeant. Dans les deux variantes précé-
dentes les Blancs pouvaient entrer en finale ai1ec un Pion de
moins, aussi je cherchai à obtenir plus et vis alors la combinaison
13... Cg4 l 4. Dxg4, Dxé3+ 15. Fé2, Fxç3+ 16. bxç3, Dxç3+
17. R/2, C/6 18. D/4, Cé4+ forçant un abandon immédiat. Mais les
Blancs peuvent jouer autrement après 13... Cg4: 14. o-o!,Dxé3+
15. Rh1, Fxç3 16. bxç3, C/2+ 17. Tx/2, Dx/2 18. Té1+.
Rd8 19. Dx/7, et ce sont eux qui doivent gagner et non plus les
Noirs. je choisis donc un coup qiû prépare la combinaison intro-
duite par Cg4 et la rend correcte même après le petit roque blanc.»
Levenfish joua donc 13 .•. h3 avec l'idée, sur la réponse auto-
matique 14. gJ - le coup en lequel il avait placé tous ses
espoirs-, de jouer avec encore plus de force 14... Cg4, les
Blancs n'ayant plus la ressource de prendre en f7 avec la
Dame en fin de variante.
Et si les Blancs jouent un autre quatorzième coup ? Cette
pensée n'a pas dû retenir l'attention des Noirs, qui s'attendaient
à ce que Ragozine ne décèle pas toutes les finesses cachées de la
position ·et précipite sa perte par 14. gJ. Ce coup, bien sûr, ne
fut pas joué par Ragozine...
Cet exemple d'estimation catastrophique nous fait énoncer
une nouvelle règle : Ne comptez jamais sur une erreur
de l'adversaire! Combien de positions favorables ont été
gâchées par des joueurs qui, voulant en terminer rapidement.
n'ont pas respecté ce précepte. Jouez logiquement, ne comptez
pas sur votre ennemi pour vous aider!
Considérons un autre cas. Votre adversaire se met à réfléchir
pendant une demi-heure et sacrifie un Pion. Devez-vous
prendre ou ne pas prendre ce Pion? Du point de vue stricte-
ment théorique. vous êtes censé vous atteler à la tâche et à
- 100-
votre tour étudier toutes les variantes de A à Z; seule une ana-
lyse peut vous dicter la réplique exacte.
Mais en pratique un joueur réagit souvent de façon diffé-
rente. Il fait confiance au jugement de son adversaire, estimant
que le sacrifice d'un Pion venant au terme d'une si longue
cogitation ne peut être que correct. L'adversaire l'a bien vérifié
et a dû voir quelque chose. Pourquoi donc dépenser une demi-
heure à son tour pour aboutir vraisemblablement à une conclu-
sion identique? N'est-il pas plus avisé de simplement croire
l'adversaire et ainsi d'économiser du temps?
Si vous connaissez bien votre adversaire, un autre facteur
entre en ligne de compte. Quelle sorte de joueur est-il? Si vous
le savez très précis dans ses calculs, alors vous pouvez d'emblée
refuser le sacrifice. S'il appartient plutôt à ce type de joueurs
peu rationnels qui affectionnent les complications et le jeu risqué,
si vous avez perçu dans son style une tendance au bluff, alors
vous avez tout intérêt à vérifier son analyse, dans la mesure où
votre pendule l'autorise. Si, au cours de ce contrôle, vous décou-
vrez que l'offre du Pion n'est pas fondée, eh bien, vous n'aurez
plus qu'à gober ce Pion 1 La connaissance de votre adversaire
vous aidera donc à établir si vous vérifiez ses calculs, ou si vous
faites confiance en ses capacités d'analyse et économisez du
temps, qui pourra se révéler utile par la suite.
Une dernière remarque. Il est établi depuis longtemps que
de nombreux joueurs pensent au coup exact immédiatement
après que leur adversaire a joué le sien. Ce travail inconscient
provient de ce que l'on appelle l'intuition, qui se développe
avec l'expérience et se nourrit de l'ensemble des parties de
tournoi disputées par le joueur. J'ai personnellement eu l'occa-
sion de remarquer que les coups que j'effectuais à contrecœur,
«comme si je forçais ma main», se révélaient souvent être une
faute décisive.
C'est bien sûr à vous d'étudier vos propres réactions. Le coup
que votre main a une furieuse envie d'exécuter s'avère-t-il
généralement une bonne réplique sur le plan positionne!? Si
oui, vous pouvez dans l'ensemble vous fier à votre inspiration.
Je répète que cette aptitude est le fruit de l'expérience. Votre
réaction spontanée, votre désir impérieux de diriger votre main
vers une pièce pour la jouer sur une certaine case, et cela sans
analyse, proviennent d'un processus de pensée très particulier;
dans l'ensemble, ces impulsions ont du bon, mais dans certaines
limites.
- 101 -
Au sujet du zeitnot
Un grand-maître s'assoit pour des heures devant l'échiquier,
dans le calme feutré de la salle de tournoi. Abîmé dans ses pen-
sées, tout ce qu'il fait, et encore de temps en temps, c'est
bouger une pièce, presser le bouton de sa pendule et changer
de position sur sa chaise. Tandis que se succèdent des périodes
tranquilles d'apparente inactivité ...
Ce tableau, qui décrit assez bien l'ambiance au début de la
ronde, se modifie au fur et à mesure qu'approche la fin de la
séance. L'atmosphère devient dans la salle beaucoup plus ten-
due. Les spectateurs s'excitent, les arbitres s'affairent, les
joueurs eux-mêmes deviennent nerveux. Tels sont les signes
avant-coureurs du zeitnot, cette phase de la partie aussi pas-
sionnante que pénible. Là où la partie se décide parfois en un
éclair, là où la plupart des fautes sont commises. C'est en
zeitnot que se forgent bien des joies imméritées et bien des
chagrins.
Lorsque le drapeau se lève et qu'il ne vous reste plus que
quelques secondes pour atteindre le contrôle, vous ne pouvez
calmer votre nervosité. Certains forts joueurs ne parviennent
pas à se dominer. Ainsi Reshevsky se balance sur sa chaise à
une cadence accélérée, se chuchote à lui-même et lance des
regards effrayés à sa pendule.
Chez d'autres c'est l'inverse qui se produit. Bronstein, même
dans les zeitnots les plus redoutables, prend encore le temps non
seulement d'écrire les coups mais aussi continue à noter en
~arge de sa feuille de partie le temps consommé par chaque
1oueur.
Le zeitnot est un moment privilégié pour les gaffes. Serait-il
raisonnable de vous piaindre, en faisant remarquer combien
vous étiez pressé, quelle misérable poignée de secondes il vous
restait pour prendre des décisions cruciales? Non, personne ne
vous écouterait, pas un arbitre n'irait changer le résultat sur la
grille du tournoi. Je vous conseille d'avoir une attitude extrême-
ment sévère vis-à-vis des erreurs de zeitnot; écoutez ce que
disait Alékhine après avoir gaffé contre Taylor à Nottingham
en 1936 : «Un coup épouvantable. A mon avis, le fait que les
Blancs étaient en zeitnot lorsqu'ils commirent cette erreur ne les
rend pas moins coupables qu'un assassin qui tenterait de faire
valoir au fu.ge qu'il était ivre au moment de son crime. L'incapa-
cité d'un maître expérimenté à résoudre le problème posé par la
- 102 -
pendule doit être considérée comme une faute, au même titre
qu'une omission dans le calcul d'une variante. »
Rappelez-vous bien cela!
Il n'empêche que le zeitnot demeure une réelle épreuve, et il
m'a donné l'occasion au cours de ma carrière d'assister à toutes
sortes de réactions d'humeur ou de comportements inhabituels.
Ainsi cet arbitre qui, ayant perdu son sang-froid, lança aux
joueurs :
«Ne jouez pas si vite, je ne peux plus vous suivre ! »
Je vis une autre fois dans un club de Moscou deux joueurs
de première catégorie expulser les pièces si violemment lors
des échanges qu'elles tombaient systématiquement sur le
sol. On aurait plutôt imaginé qu'ils jouaient aux quilles qu'aux
échecs! Une fois, le maître I. Mazel, qui avait cessé de noter
les coups, voulut savoir s'il avait fait assez de coups en
jetant un regard sur la feuille de son adversaire, le maître
N. Kopaev. Celui-ci, mécontent, cacha sa feuille sous la table
et ne l'exhiba à nouveau qu'après que Mazel eut mis une pièce
en prise au 52e coup, lorsque se trouvait atteint déjà le contrôle
de temps suivant 1
Autant d'événements étranges, autant de tragédies 1 Mais
quelle est la meilleure marche à suivre lorsque vous vous
trouvez en zeitnot? Quels conseils donner? C'est un vaste
sujet qui mériterait que l'on y consacre des pages et des pages et
que nous ne pouvions ignorer dans le cadre de ce livre.
L'approche du zeitnot entraîne une modification du mode de
réflexion du joueur. Il cherche plus à trouver des coups à court
terme qu'à se pencher sur des problèmes généraux ; comme le
remarque Bronstein, « Pfas vous êtes en zeitnot, plus vous délais-
sez la stratégie au profit de la tactique». Lui-même est un expert
en la matière, et ses nombreuses expériences du zeitnot ont
généralement tourné en sa faveur.
Le principal est peut-être de garder son sang-froid. Tout le
monde n'en est pas capable, c'est pourquoi certains joueurs
rusés recherchent délibérément à se trouver en zeitnot à partir
du moment où ils ont obtenu une position difficile. Ils espèrent
que leur adversaire perdra la tête et commettra une faute.
Il faut savoir comment contrer ces joueurs.
Dans une certaine mesure, il est normal que le zeitnot de
votre adversaire vous trouble. Comment en effet rester insen-
sible à ses gesticulations, à ses contorsions et à ses grimaces ?
- 103 -
Smyslov m'a expliqué comment il réagissait face à une telle
conduite. Lorsque je lui avouai que je ne pouvais supporter
les geignements et les soupirs de supplicié de Reshevsky,
comme si on lui brûlait la plante des pieds, Smyslov me dit :
«Vous n'avez qu'à vous éloigner de l'échiquier; votre pendule vous
le permet. Allez faire un petit tour et laissez-le mijoter dans son
jus. Lorsque ce sera à vous de jouer, revenez, et puis recommencez le
procédé. »J'ai essayé cette méthode; même si vous perdez ainsi
un peu de temps, elle vous sera d'un grand secours.
Certains prétendent qu'il faut exploiter le zeitnot de l'adver-
saire en jouant soi-même rapidement, afin de ne pas lui donner
la possibilité de réfléchir sur un temps qui n'est pas le sien.
Conscients du fait qu'on ne peut jouer vite sans risquer de
commettre une bourde, ils tentent de mettre sur pied une longue
variante puis en exécutent les coups à toute allure, avec l'espoir
de désarçonner leur adversaire. Cette méthode de jouer par
à-coups se retourne toutefois très souvent contre le joueur qui
ne subit pas la crise de temps !
Mais les plus graves problèmes surgissent lorsque c'est vous
qui êtes en zeitnot, et non votre adversaire. Avant toute chose,
comment vous y prenez-vous pour tenir la comptabilité des
coups déjà joués et de ceux qui restent à effectuer jusqu'au
contrôle? Il se peut en effet que vous ayez cessé de tenir à jour
votre feuille de partie, et vous ne pouvez alors espérer aucune
aide de l'extérieur - les règles de la FIDE n'autorisent pas
à se renseigner auprès de qui que ce soit. Des joueurs inventifs
ont imaginé divers expédients en guise de solution. Certains
prennent la précaution de disposer une rangée de pièces (parmi
celles qui ont déjà été échangées) à côté de l'échiquier, dont la
quantité correspond au nombre de coups qui restent à jouer.
A chaque nouveau coup ils écartent une pièce, si bien qu'ils
disposent à tout moment d'un contrôle visuel. Mais si, dans leur
hâte extrême, ils oublient de retirer une ou plusieurs pièces,
ils auront à effectuer autant de coups supplémentaires avant
de se sentir en sécurité.
D'autres écrivent sur leur feuille de partie des instructions.
Par exemple en face du 3oc coup ils inscrivent « 2 heures » et
en face du 35e coup<< 2 heures 15 minutes n. Mais dans la pratique
ils n'observent pas leurs propres recommandations et se retrou-
vent régulièrement à court de temps!
Je ne me permettrai qu'un seul conseil : ne soyez jamais en
zeitnot, ou, si cela YOUS arrive tout de même, entraînez-vous à
- 104 -
jouer alors comme si vous n'étiez pas pressé par le temps. Si
votre adversaire se trouve en zeitnot, n'en tenez pas compte et
jouez comme si de rien n'était. Enfin, si vous êtes en zeitnot,
je le répète, ne vous affolez surtout pas. Maintenez la même
écriture claire pour noter vos coups, étudiez toujours aussi
méthodiquement les variantes - mais à un ryt l}me accéléré.
A ceux qui m'objecteront : «C'est très bien de prodiguer des
conseils, mais vous, comment vous comportez-vous? », je
répondrai qu'en principe les meilleurs joueurs du monde jouent
en zeitnot comme s'ils n'y étaient pas. Puissiez-vous donc
suivre leur exemple.
Exercices
n° 56
ab cd e f gh
n°58
abcdefgh
abcdefgh
n° 60
abcdefgh
ab cde f gh
n°62
ab cdef gh
abcdefgh
n°64
abcdefgh
abcdefgh
n° 66
abcdefgh
- 111 -
LE JEU POSITIONNEL
n°68
abcdefgh
n°69
abcdefgh
n°70
abcdefgh
n° 71
abcdefgh
- 117 -
L'entreprise des Blancs est un succès total : leur artillerie
lourde domine la colonne (( g »et menace de rentrer en gJ. Les
Noirs vont s'y opposer mais la Tour blanche pénétrera tout de
même en g6 pour assener au coup suivant un coup mortel en g8 1
Les Noirs sont impuissants face au triplement des pièces
lourdes adverses le long de la colonne « g ».
33 .•• Tdf7. Se préparant astucieusement à réfuter 34. Tg7
par 34... Dé8; 35. Dg6, Dé4+; 36. Rh2, Dç2+; 37. Tg2, Dxgz+I,
avec avantage noir.
34. Tg6 !. Menace 35. Txh6+, Th7 36. Dg7 mat, et n'auto-
rise aucune défense.
34... Dé7 ; 35. Tg8 +, abandon.
Impressionnant est également le travail des Tours blanches
dans la partie Alékhine-Nimzovitch, San Remo 1930.
n° 72.
abcdefgh
n°73
ab cdef gh
n°74
a b c d e f g h
n°75
abcdefgh
n°76
abcdefgh
17. Dél, Fé4; 18. Tf4, Fg6 ; 19. h4, çxd4 ; 20. téxd4,
TaçS; 21.Dé2, Tç7; 22. Tdfl ,h5; 23. Tlf3, TéçS; 24.Fd3,
Fxd3; 25. Txd3, g6. Les Blancs ont tout le jeu, la venue des
Tours noires en ç2 ou en ç1 n'a rien de préoccupant.
26. Tg3, Rh7 ; 27. Tg5, DfS ; 28. Dé4, Dh6 ; 29. d5. Donne
une chance aux Noirs de s'en tirer. 29. Tf6, amenant un blocus
complet sur l'aile-Roi, était plus efficace.
- 123 -
29 ..• éxd5; 30. Dxd5, DfS ; 31. é6, Dç5 +.Les Noirs s'affo-
lent sans raison; ils devaient essayer 31 ... f5, avec des chances
de nullité. A présent, la finale est désespérée.
32. Dxç5, bxç5 ; 33. éxf7, Rg7 ; 34. fS = D,+ Txf8 ;
35. Txf8, RxfS; 36. Txg6, ç4; 37. Tg5, Tb7 ; 38. Txb5,
Txb2 ; 39. Tç5, Tç2 ; 40. Rh2, Ré7; 41. h5, ç3 ; 42. Tç6.
abandon.
abcdefgh
n°78
abcdefgh
30. Dél, Céxd5 ; 31. Cdl, Cd7. Une nouvelle pièce gagne
le théâtre des opérations. Les Blancs sont débordés, l'arrivée
d'un quatrième agresseur de b2 étant imminente. Ils se décident
pour une suite forcée.
32. Tç4, Txç4 ; 33. Dxç4, Cxé3 ; 34. Cxé3, Fxbl ;
35. Db3, Fg7 ; 36. Txd7. Cette tentative sera facilement réfu-
tée, mais la cause blanche était de toute façon sans espoir.
36. Dxb7, Txb7+ donnait également aux Noirs une finale
gagnante.
36 •.• Dxd7; 37. Dxb8, Dd3 + ; 38. Rçl (38. Cç2, Dd1 mat),
Dxé3 + ; 39. abandon.
Si dans l'Est-Indienne le souci des Noirs est de rendre mobile
leur Fou-Roi, en revanche dans la Défense Nimzo-Indienne ce
sont les Blancs qui tentent d'offrir de l'activité à leur Fou-Dame
à partir de la case b2. L'étudiant que ce début intéresse devrait
prendre connaissance des divers rôles susceptibles d'être tenus
par ce Fou, puis expérimenter ces possibilités dans ses propres
parties. Personnellement, je me suis aperçu que ce Fou pouvait
souvent participer à des attaques.
Quand les Blancs forcent par a2-a3 dans une Nimzo-Indienne
- 126-
leur adversaire à se séparer de son Fou-Roi, celui-ci pratique
volontiers l'échange. En effet, qu'a-t-il à craindre? La grande
diagonale a1-h8, que lorgne le Fou-Dame blanc, est embou-
teillée par les Pions ç3 et d4. Seulement les Blancs ont parfois
l'occasion en milieu de partie de se débarrasser de ces gêne~rs,
soit en les échangeant, soit en les avançant, et leur Fou-Dame
a de bonnes chances de jouer un rôle décisif.
Dans la partie suivante ce n'est pas le Fou qui exécute le coup
décisif; il se contente de stationner sur la grande diagonale, mais
quel support efficace il apporte aux deux Tours 1 Procurez-vous
un Fou de ce calibre, et vos attaques se développeront avec
bonheur!
n°79
abcdefgh
n°80
abcdefgh
n° 81
n°82
abcdcfgh
Les Blancs ont un Pion de plus, mais cela est sans importance.
Les Tours noires occuperont bientôt les colonnes «a» et « b »
tandis que le Fou g1 coupe l'échiquier en deux. Non seulement
Capablanca accule rapidement son adversaire à une position
désespérée, mais il parvient même à pulvériser la belle ordon-
nance des Blancs sur l'aile-Dame.
-130-
14. Da6, Tfé8; 15. Dd3, Dé6; 16. f3, Cd7 ! ; 17. Fd2, Cé5;
18. Dé2, Cç4; 19. Tabl, Ta8 ; 20. a4, Cxd2 ; 21. Dxdl,
Dç4; 22. Tfdl, Téb8; 23. Dé3, Tb4. Capablanca se refuse
bien sûr à renoncer à sa pression positionnelle pour ramasser un
misérable Pion. Son intention est de démolir l'aile-Dame enne-
rme.
24. Dg5, Fd4 + ; 25. Rhl, Tab8; 26. Txd4. Nimzovitch
cède la qualité car il n'y avait plus de défense contre la menace
Fxç3. Capablanca remporte ensuite la victoire d'autant plus
facilement que ses pièces occupent toujours des positions domi-
nantes.
De telles parties n'ont pas échappé à l'attention des théoriciens
modernes qui, par la suite, se sont penchés sur des variantes où
un Pion est sacrifié en échange d'une pression positionnelle sur
des lignes ouvertes. Nous conseillons à l'étudiant d'étudier les
exemples qu'il trouvera au hasard de ses lectures. S'il parvient à
maîtriser la technique de tels sacrifices de Pions au niveau de
l'ouverture, il pourra en tirer un grand profit. Ainsi, Gligoric a
connu beaucoup de succès avec la variante employée dans la
partie suivante.
Taïmanov-Bronstein, tournoi des Candidats, Zurich 1953 :
1. d4, Cf6; 2. ç4, ç5; 3. d5, g6; 4. Cç3, d6; 5. é4, b5. ;
6. çxb5, Fg7; 7. Cf3, o-o; 8. Fé2, a6; 9 . bxa6, Fxa6;
10. o-o, Dç7; 11. Tél, Cbd7; 12. Fxa6, Txa6.
n°83
n° 84
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n° 85
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- 134-
Les Pions blancs agissent comme une tenaille sur la position
adverse, qui souffre également de « trous »en b6 et d6. Dans une
mesure moindre, as et f5 sont également faibles. Les Blancs utili-
sent énergiquement ces plates-formes pour leur cavalerie.
1. Ca5, Tç7; 2. Tdl, h5; 3. Tfd2, Tçd7; 4. Ca4, Ré8;
5. Cb6, Tç7; 6. Caç4, Fd7; 7. Cd6 + , Ré7. Les Cavaliers se
promènent littéralement dans les lignes adverses, grâce aux
points d'appui en b6 et d6.
8 . Cb5!, Tçç8; 9. Cxç8+, Txç8; 10. Cd6, Tb8; 11. Cç4,
g5; 12. Cb6, Fé8; 13. d6 +, Rd8; 14. d7, Ff7; 15. Td6. La
Tour fait elle aussi irruption en d6. Concédez de telles cases
faibles dans votre camp et attendez-vous à des visiteurs indé-
licats 1
15 •.. Fb3; 16. Tld2,Ch7; 17. Cç8,h4; 18. Ca7!.Lecar-
rousel continue 1
18 .•• abandon. La menace 19. Txç6 est en effet imparable.
Nous n'avons pour l'instant discuté que des cases faibles. Le
concept des Pions faibles est tout aussi clair. Combien de fois
avons-nous dû assumer de tels Pions, comme on traîne un bou-
let 1Combien de ces Pions sont finalement tombés dans la gibe-
cière de leur agresseur 1 L'affaire peut toutefois tourner diffé-
remment. Le défendeur assure si bien la protection de ses fai-
blesses que l'attaquant est tenu en respect, ses troupes se heur-
tant à une véritable forteresse. Ou bien le joueur parvient à
liquider ses Pions faibles par des échanges. Enfin, il reste tou-
jours la possibilité de les sacrifier.
Toutes ces possibilités surgissent en permanence dans les
parties de maîtres. Je tiens simplement à souligner que les
concepts de Steinitz relatifs aux faiblesses ont été enrichis et
modifiés par la stratégie moderne. Alors que pour juger une
position Steinitz s'appuyait plutôt sur des considérations figées,
on tient aujourd'hui particulièrement compte, dans le juge-
ment global, de la dynamique d'une position, de son énergie
potentielle cachée. Si, comme nous le disions, les lignes ouvertes
sont toujours à peu près considérées de la même façon qu'il y a
plusieurs décennies, la façon d'envisager les faiblesses a en
revanche bien changé.
Examinons par exemple une position que le lecteur a déjà dû
rencontrer dans ses propres parties.
- 135 -
n° 86
abcdcfgh
n° 87
n°88
abcdefgh
0° 89
abcdefgh
- 138 -
Les Blancs ont un Pion de plus mais développer le Fou-Dame
sur la diagonale ç1-h6 reviendrait à rendre le Pion à cause de
Dé7-a3. Aussi Smyslov décide-t-il d'utiliser sans tarder son Pion
passé, lequel menace vite de parvenir à la promotion.
22. Ff4 ! , Tfd8. Sur l'immédiat 22 ... Da3, suivrait 23. Fç6,
Fxç6; 24. dxç6, Dxç3; 25. Dxç3, Fxç3; 26. Taç1, puis; 27. Txç4
avec une finale gagnante.
23. d6, Dé4; 24. Tél, Df5; 25. d7 !. Un cas rarissime où, en
milieu de partie, un Pion s'aventure jusqu'à la septième rangée
et s'y trouve en parfaite sécurité. Désormais l'armée blanche est
appelée à assister le Pion dans son entreprise - la conquête
de d8.
25 .•• h5; 26. Té8+, Rh7; 27. h4, Ta6; 28. Fg5!. Menace
29. Txd8; la Tour d8 serait également condamnée après 28 ...
Fxg5 29. Dxg5. Kérès se résout à donner la qualité, mais cela ne
fait que prolonger le combat.
28 ..• Txd7; 29. Fxd7, Dxd7; 30. Taél, Td6; 31. Fxf6,
Txf6 ; 32 . Db8, et les Blancs gagnèrent vite par une attaque
contre le Roi.
n°90
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n° 91
abcdefgh
0° 92
abcdefgh
ab cdefgh
12. Ré2, Cç6; 13. Tdl, Tad8; 14. Txd8, Txd8; 15.Cg5,
Té8; 16. Cgé4, Cxé4; 17. Cxé4, b6; 18. Tbl, Cb4; 19. Fd2 ! ,
Cd5. 19... Cxa2 est bien sûr réfuté par 20. Ta1, Cb4 21. Fxb4,
çxb4 22. Txa7.
20. a4, Tç8; 21. . b3, Ff8; 22. Tçl, Fé7; 23. b4 !, ç4;
24. b5,Rf7 ;25. Fç3 ! , Fa3;26. Tç2,Cxç3+ ;27. Txç3, Fb4;
28. Tç2, Ré7; 29. Cd2, ç3. La finale de Tours consécutive à
l'échange des dernières pièces mineures serait mauvaise pour les
Noirs, qui perdraient vite leur Pion << ç ». Malgré tout, le Roi
blanc entre à présent dans la position ennemie, par la voie
centrale.
30. Cé4, Fa5; 31. Rd3 , Td8 + ; 32. Rç4, Tdl; 33. Cxç3,
Thl; 34. Cé4 ! , Txh2; 35. Rd4, Rd7; 36. g3, Fb4; 37. Ré5.
n°94
abcdefgh
- 143 -
Annonce la fin. Sa majesté le monarque blanc se charge lui-
même d'aller tondre le gazon chez son infortuné collègue ...
37 ... Th5 +; 38. Rf6, Fé7 +; 39. Rg7, é5; 40. Tç6, Thl;
41. Rf7 ! , Tal ; 42. Té6, Fd8; 43. Td6 + , Rç8; 44. Ré8, Fç7;
45. Tç6, Tdl ; 46. Cg5, Td8 + ; 47. Rf7, Td7 + ; 48. Rg8,
abandon.
Faiblesse périphérique
Selon l'ouverture choisie et les aléas de la partie, les Pions
restant sur l'échiquier assument des fonctions étranges et variées
Nous connaissons tous les allures caractéristiques des configura-
tions de Pions issues de la variante du Dragon de la Sicilienne,
ou les longues chaînes de Pions si particulières à la Française.
C'est généralement l'ouverture qui détermine pour longtemps
les formations de Pions; c'est la raison pour laquelle un joueur
expérimenté peut souvent reconnaître, même à un stade avancé
de la partie, quel fut le début choisi.
Les joueurs disposent parfois leurs Pions de sorte qu'ils soient
tous placés sur des cases de la même couleur. L'aspect positif de
ces chaînes est que les Pions se soutiennent entre eux, mais il y a
en revanche un grave inconvénient : les cases adjacentes de
couleur opposée, totalement délaissées par les Pions, deviennent
accessibles aux pièces adverses. Cela est encore plus sensible
lorsqu'il n'y a plus de Fou pour défendre ces cases. On parle alors
de faiblesse des cases blanches (noires). Abordons cette épineuse
question de « faiblesse périphérique » en rapportant la conversa-
tion que j'eus un jour avec mon adversaire. Cette anecdote
amènera le lecteur à tirer certaines conclusions importantes.
Voici dans quelle position se trouva ajournée ma partie contre
le grand-maître argentin Pilnik (Noirs), au tournoi interzonal
de Stockholm 1952 :
«]e vous offre la nullité», me dit !'Argentin.
«Je souhaite jouer encore un peu », répondis-je, sentant en moi-
même que je devrais gagner cette position.
Pilnik alors insista: «Vous n'avez aucun avantage, sauf peut-
être un peu plus d'espace. D'autre part mes Pions sont bien pro-
tégés. n
«Par quoi ? », ne pus-je m'empêcher de lui demander.
«Par mon Fou», répliqua-t-il, et je ne pus jamais savoir si, en
disant cela, il avait été sérieux ou bien s'il avait voulu plaisanter.
- 144-
n°9S
abcdefgh
A tout hasard je préférai ne pas lui ôter ses illusions, pour le cas
où il trouverait soudain une façon de réarranger ses Pions.
J e déduisis de ce dialogue que même chez les grands-maîtres
le problème du placement des Pions lorsqu'on ne possède plus
qu'un Fou demeurait assez obscur.
Il ne fait pourtant aucun doute que les Pions qui se trouvent
sur la couleur du Fou, et qui donc contrarient sa mobilité, cons-
tituent un désavantage positionne! certain - car les Pions
devraient venir en aide à leurs pièces, et non les gêner.
A la reprise de la partie, les Blancs parvinrent à exprimer leur
avantage - précisément ces Pions noirs «bien protégés par
leur Fou». Voici comment à l'époque je jugeai la position
d'ajournement.
« Les Blancs ont un énorme avantage, qu'un jeu préci's devrait
convertir en gain. V oici les éléments de cet avantage :
r. Tous les Pions noirs sont placés sur des cases de la couleur
du Fou ,·sa mobilité s'en trouve entravée, à tel point qu'il paraît
hors jeu.
2. Les pièces blanches sont toutes mobiles, par opposition aux
pièces noires agglutinées dans une zone retirée.
3. L es Noirs sont accablés par deux faiblesses, en a6 et /7;
une attaque combinée devrait forcer un gain matériel.
Le plan est facile à tracer : après une préparation adéquate,
avancer le Pion cc h »puis sur g6xh5 reprendre du Fou et enfin
exercer une pression victorieuse sur le Pion f7· »
- 145 -
Un jugement correct, plus un plan exact permettent aux
Blancs d'arriver à leurs fins.
42 . Fé2, Cb8; 43. Cd3, Ré7; 44. Cé5, Cç6 ; 45. Rb2 !.
Comptant échanger les Cavaliers puis les Tours par Ta1-ç1,
après quoi les Noirs perdront la finale de Fous à cause de l'effet
auto paralysant de leurs propres Pions.
45 ... Tb7 + ;46. Rç3,Rd6;47. Cxç6, Tç7;48. Rb3, Txç6;
49. Tfl, Tç7; 50 . h5, gxh5. Il fallait bien sûr empêcher les
Blancs de pousser en h6.
51. Fxh5, Tb7 + ; 52. Rç3, Tç7 + ; 53. Rb3, Tb7 + ;
54. Rç3, Tç7 +; 55 . Rd2, Tb7; 56. Txf7. Ce Pion disparu, les
Blancs ne rencontrèrent plus de difficulté majeure et l'emportè-
rent au 73e coup.
Il ne devrait donc plus y avoir de doutes dans v otre esprit :
n 'ayez jamais les Pions sur la couleur du Fou qui vous reste.
L'exploitation d'une faiblesse périphérique dans le voisinage
d'un squelette de Pions fixé représente le leitmotiv de nombreux
plans stratégiques. Voici une démonstration artistique de jeu sur
un complexe de cases affaiblies - Makogonov-Botvinnik,
Sverdlovsk 1943.
1. d4, d5; 2. ç4, é6; 3. Cç3, ç6; 4. é3, Cf6; 5. Cf3, Cbd7;
6. Cé5, Cxé5; 7. dxé5, Cd7; 8. f4, Fb4; 9 . çxd5?, éxd5;
10. Fd3, Cç5; 11. Fç2, Dh4+; 12. g3, Dh3.
n° 96
abcdefgh
- 146-
Dans l'ensemble, la position blanche est satisfaisante, si ce
n'est que les cases blanches de l'aile-Roi sont sérieusement
affaiblies. Cela sera encore plus net lorsque les Noirs auront réussi
à échanger les Fous de cases blanches. Le combat qui suit, oppo-
sant deux joueurs ingénieux de toute première classe, illustre
parfaitement la manière de profiter d'une telle faiblesse de zone,
ainsi que les ressources de la défense.
13. Rf2 !, Fxç3 ! ; 14. bxç3, Ff5 ! ; 15. Fxf5, Dxf5; 16. g4 !.
«Très bien joué», écrit Botvinnik, «car après ce coup, l'affaiblis-
sement des cases blanches devient moins sensible».
Nous devons ajouter que le colmatage de la faiblesse s'effectue
au détriment de la sécurité du Roi, qui doit désormais vivre
dangereusement.
16 ... Dé6; 17. Fa3!, Cé4+; 18. Rf3, b5; 19. b3, f6!.
Excellent. Les Blancs ne peuvent prendre en f6 sous peine de
trop exposer leur Roi; mais cela revient à abandonner un Pion.
20. ç4, hxg4 + ; 21. bxg4, Txhl ; 22. Dxhl, o-o-o ;
23. Tdl, fxé5; 24. çxd5, çxd5; 25. Tçl +, Rb8, et les Noirs
réalisèrent leurs avantages - matériel et positionne!.
Le problème des cases faibles est loin d'être simple, cela sera
montré dans la partie suivante. En guise de présentation de cette
partie, laissons s'exprimer Bronstein: «Lorsque je lisais dans les
livres spécialisés des chapitres concernant la faiblesse des cases
noires, ou l'attaque sur un complexe de cases noires, je me suis
toujours douté que le sujet abordé était aussi peu clair pour les
auteurs que pour moi-m2me. Et je me disais: supposons que les
cases noires de mon adversaire soient faibles parce que ses Pions
sont sur blanc et qu'il n'a plus de Fou noir ,·mais il peut alors
retirer toutes ses pièces des cases noires, et que me reste-t-il à
attaquer?
Voilà comme je voyais les choses jusqu'au jour où je réalisai tout .
d'un coup que la faiblesse des cases noires entraînait nécessaire-
ment la faiblesse des cases blanches. Attaquer sur les cases noires
signifie que mes propres Pions et pièces sont sur noir et qu'ils atta-
quent l'ennemi stationné sur cases blanches, lequel n'a plus de
retraite sûre pour échapper à ma pression. »
Suit alors un exemple concret pour supporter cet intéressant
exp9sé :
- 147-
n° 97
abcdefgh
abcdefgh
abc defgh
n°100
abcdefgh
- 152 -
Kotov-Kashdan, match par radio URSS-EU 1945· Les Blancs
ont un avantage certain, mais la manœuvre suivante, qui met
hors jeu le Fou adverse, accélère le gain :
34. Fxé6!, fxé6; 35. Tb8, Txb8; 36. Fxb8, b4; 37. Rd3,
Fh6; 38. f4 !. Pose les scellés. Le Fou prisonnier ne peut sortir de
sa cage qu'en s'échangeant contre le Fou blanc, ce qui amènerait
une finale de Roi perdante.
38 ... g5; 39. g4, hxg4; 40. hxg4, gxf4; 41. éxf4, abandon.
Les Blancs gagnent très simplement en plaçant leur Fou sur éS
puis en allant prendre les Pions de l'aile-Dame; le Roi gagne
ensuite d], forçant son collègue noir à jouer sur f7, et l'avance
g4-g5 amène un zugzwang total.
La mauvaise position du Fou a donc permis aux Blancs de
gagner. Plus courante est l'exploitation du mauvais placement
d'un Cavalier; les exemples sont légion. L'aphorisme de Tar-
rasch « Un Cavalier sur b3 (b6) est toujours mal placé» est bien
sûr excessif, mais il contient une part de vérité et Tarrasch le
prouva souvent en pratique. Les connaisseurs de la Partie Espa-
gnole savent par exemple que le Cavalier-Dame des Noirs est
généralement mal placé sur la case b7. L'affaire est pourtant
moins claire en ce qui concerne le même Cavalier que l'on
retrouve souvent en as dans des variantes classiques de l'Est-
Indienne. Voyons un exemple favorable aux Blancs.
n°102
4
a b c d e
n°103
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n°104
abcdefgh
0°105
abcdefgh
6
5
n°106
4
3
abcdefgh
n°107
abcdefgh
ri 0 108
ab cdef gh
161 -
L'achèvement d'un plan parfait 1 La cavalerie noire est
définitivement enlisée, et, à cause de la menace 29. g4, le
désastre est imminent.
28 ... Dç6; 29. Df4, Db5; 30. Rh2. Rien ne presse, un lasso
s'est abattu sur les Cavaliers. Botvinnik prévient un éventuel
échec en éz.
30 ••. Rg8; 31. Té5, Dfl; 32. Fxf5, Cé2; 33. Fh7 +, Rh8;
34. Txé2, Dxé2 ; 35. Dxf7, abandon.
Cet exemple nous a montré deux pièces liées, mais il y a
des parties, opposant de très bons joueurs, où ce sont toutes
les pièces d'un camp qui sont malheureusement disposées. C'est
généralement la conséquence d'une ouverture mal traitée, d'un
oubli quelconque ou encore d'une hâte excessive. Un seul joli
coup suffit alors parfois à désorganiser l'ennemi, et il peut en
résulter une fin rapide. C'est pourquoi les bons joueurs apportent
un soin extrême à harmoniser leurs troupes et à désorganiser
celles de l'adversaire. Dans la partie qui suit, après un faible
début, les Noirs se retrouvent avec des pièces tristement dispo-
sées et les Blancs en profitent.
Botvinnik-Yudovitch, championnat d'URSS I933.
1. ç4, Cf6 ; 2. d4, g6; 3. Cç3, d5; 4. Cf3, Fg7; 5. Db3,
ç6; ~. çxd5, Cxd5; 7. Fd2, o-o; 8. é4, Cb6. Correct était
8 ... Cxç3 9. Fxç3 avec seulement un léger avantage blanc. Non
seulement le Cavalier b6 est mal placé, mais il obligera plusieurs
autres pièces noires à voler à son secours.
9. Tdl ! , C8d7; 10. a4, a5; 11. Fé3.
n°109
abcdefgh
- 162 -
Commentaire de Botvinnik : « Il s'est produit une position
remarquable ; le Cavalier b6 sera la cause de tous les tracas des
Noirs. Ce Cavalier n'a aucun coup et nécessite sans arrêt une
double protection, les Blancs menaçant à tout moment de jouer
d4-d5. Il en résulte que cinq pièces noires - Dame, Tour,
Fou et les deux Cavaliers - sont liées. »
11. .• Dç7; 12. Fé2, Dd6; 13. Cal, é6; 14. o-o, h6. Les
intentions des Noirs sont claires: jouerf7-f5 afin de conquérir ds
pour leur infortuné Cavalier. Ils pourraient alors démêler leurs
pièces bottelées. Botvinnik avait maintenant l'occasion par
r5. Cé5!! d'immobiliser définitivement l'ensemble des pièces
noires, mais - comme il le reconnut après la partie - il ne
remarqua pas que le coup f7-f5 était devenu possible.
15. Tçl,f5; 16. Cç3,Rh7; 17. Tfdl,fxé4;18. Cxé4,
Db4. Erreur des Noirs, cette fois. Ils pouvaient opposer une
certaine résistance par r8 ... Dé7 ; à présent leur position
tombe en ruines.
19. Dç2, Dxa4;20. b3, Da3;21. Ch4!, Dé7; 22. Cxg6!,
Rxg6; 23. Fh5 + ! ! , abandon. Le mat est imparable.
Une autre tare fréquente dans la disposition des pièces est
l'agglutination. Cela se produit lorsque plusieurs pièces sont
entassées les unes à côté des autres - à l'instar d'une foule
rassemblée dans une ruelle étroite. Un tel état de choses ne
peut bien sûr aboutir qu'à une catastrophe. Empêtrées, les
pièces ne peuvent se défendre normalement.
Zamikhovsky-Botvinnik, championnat d'URSS r93r. Les
Blancs optèrent pour une manœuvre de Fous ...
n°110
abcdefgh
- 163 -
13. Fh3 (Correct était 13. Cé5, Fd6 14. Cd3), Cg6; 14. Fg5,
h6 ; 15. Fé3, Fd6; 16. Ff5, Cé7; 17. Fd3, Dd7; 18. Rg2,
Fç8; 19. Cgl, Cg4; 20. Fd2, Fb7; 21. f3, Cf6; 22. Ch3.
Qu'ont obtenu les Blancs? Regardez leurs pièces. Pourquoi les
ont-ils entassées au centre? Est-ce pour parvenir à quelque fin
d'ordre stratégique? Non, elles sont là- un point c'est tout!
On ne s'étonnera pas de voir Botvinnik se jouer de l'armée
blanche par une série de coups précis !
22 ... ç5 ; 23. é3, ç4; 24. Ffl, b5 25 . Tél, Fç6; 26. Cdl,
Cf5;27.Rgl, b4 ;28.Cf2,Dç8;29 .Fh3,Fd7; 30.Fxf5, Fxf5;
31. é4, Fg6; 32. Da4, dxé4; 33. Cé3, éxf3 ! ; 34. Fxb4,
Fxb4; 35. Dxb4, Tb8 ! ; 36. Dxç4, Db7. Avec la forte menace
36... Tbç8, gagnant le Cavalier é3. La suite se passe de commen-
taires.
37. d5, Dxb2; 38. Df4·, Dxa2; 39. Dxf3, Da3; 40. Tal,
Dç5; 41. Tadl, Tb3; 42. Tçl, Téxé3; 43. Txç5, Txf3;
44. Tç7, Tb2 ; 45. Cd1, Td2 46. abandon.
Dans la partie suivante, r entassement des pièces fut puni plus
vite et plus férocemen t.
Horberg-Kotov, Stockholm 1959· Insensiblement, les pièces
de mon adversaire s'agglomérèrent funestement au centre de
l'échiquier.
1. é4, d6; 2. d4, g6; 3 . Cf3, F g7 4.; Fç4, Cf6; 5. Cç3,
o-o ; 6. o-o, Fg4; 7. h3, Fxf3; 8. Dxf3, Cfd7; 9. Fé3, Cç6;
10. Ddl, Cb6 11.; Fb5, Ca5; 12. Dé2, ç6; 13. Fd3, d5; 14.
Tadt.
n° 111
a b c d c f g h
- 164 -
A première vue, la position des Blancs est enviable, mais si
vous y regardez de plus près vous remarquerez que leurs
pièces ne coopèrent pas. Dans ces conditions, l'énergique
14 ... é5 ! garantit le gain des Noirs. Pour s'opposer à la menace
de fourchette sur d4, les Blancs essayèrent 15. éxd5, éxd4;
16. dxç6 mais se retrouvèrent franchement mal après 16 •••
Cxç6 ! 17.; Fb5, Dç7; 18. Fxç6, dxç3; 19. Fé4, çxbl. Enfin,
ils gaffèrent par 20. Fd4 et 20 ••• bl=D les força à l'abandon.
Un autre défaut que l'on constate souvent dans la disposition
des pièces est l'isolement, qui se produit lorsqu'une partie
de vos pièces ignore ce que fait l'autre. En général, cela ne
présage rien de bon.
n°112
abcdefgh
n°113
ab cd ef gh
Espace et centre
n° 114
abcdefgh
n° 115
- 169 -
Tout le centre est aux mains des Blancs et les Noirs n'ont
même pas encore engagé la lutte pour la moindre case centrale
(si ce n'est l'attaque par le Fou gJ du point d4)· Malgré cela, les
maîtres d'aujourd'hui ne sont nullement impressionnés par ce
formidable centre. Ils reportent leurs espoirs en milieu de jeu,
où ils comptent fortement contester les bastions centraux enne-
mis et finir au terme d'une bagarre tumultueuse par anéantir
ou au moins mettre en fuite une armée blanche qui paraissait
pourtant assise sur des positions inébranlables.
Nous traiterons plus en détail la question du centre lorsque
nous parlerons du plan de jeu. Rappelez-vous pour l'instant que
chaque position doit être estimée de façon concrète et qu'il faut
faire preuve de souplesse lorsqu'une décision d'ordre stratégique
est à prendre. D'une part ne soyez pas effrayé par le centre
adverse, de l'autre ne lui vouez pas que du mépris. Même à
l'ère atomique, un centre de Pions bien soutenu par les pièces
demeure un sérieux atout 1
Ainsi, qui bouderait la position blanche du diagramme sui-
vant?
n°116
abcdefgh
abcdefgh
ab c def gh
Exercices
n° 119
a b c d e· f g h
abcdefgh
n°121
abcdefgh
n° 123
abcdefgh
ab cdef gh
- 176 -
L'ETABLISSEMENT D'UN PLAN
Un plan unique
n°125
ab cdefgh
Dans la partie suivante, les Blancs ont très mal joué, et pour-
tant Sokolsky est un maître de valeur. Mais en l'occurrence il
n'oppose aucune résistance sérieuse à son formidable adver-
saire, qui impose inexorablement sa stratégie d'un bout à
l'autre de la partie et conduit l'attaque finale contre le Roi avec
une implacable rigueur.
Ce n'est hélas pas t ous les jours que l'on tombe sur des
adversaires aussi coopératifs qui semblent vouloir vous aider
à créer une impeccable œuvre d'art 1
On pourrait penser que cette partie serait mieux à sa place
- 182 -
dans la section précédente ; on verra bientôt pour quelle raison
nous la donnons ici.
Sokolsky-Botvinnik, demi-finale du championnat d'URSS
1939.
1. ç4, Cf6 ; 2. Cç3, d5 ; 3. d4, g6 ; 4 . Cf3, Fg7 ; 5. é3,
o-o ; 6. Fé2, é6 ; 7 . o-o, b6 ; 8. çxd5, éxd5 ; 9 . b3,
Fb7 ; 10. Fb2, Cbd7 ; 11. Dç2 .
n° 126
abcdefgh
o0 127
abcdefgh
n°128
abcdefg h
n°129
abcdefgh
- 186 -
Il s'agit de Gligoric-Kotov, tournoi des Candidats, Zurich
1953·
Bronstein écrit : «Les Blancs ont obten-u un avantage certain,
et ils ont effectué tous les coups préparatoires nécessaires. Le
moment est venu pour eux de répondre à la question essentielle :
comment continuer pour avoir des chances de gagner la partie ?
«Parfois il suffit de jouer les coups dits «naturels » : occuper
des colonnes ouvertes avec les Tours, les amener sur la septième ran-
gée, attaquer un pion arriéré, se créer un pion passé protégé, le
pousser à dame ... Bien des parties ont été dûment gagnées de cette
manière franche et directe. On lit de temps à autre des commentaires
de ce genre:« Et les Blancs, grâce à des coups simples (logiques,
évidents), augmentent leur avantage et gagnent», ou bien
«l'attaque des Blancs se développe pour ainsi dire d'elle-même ».
Mais de nos jours, la technique de la défense s'étant considérable-
ment améliorée, il est risqué de s'attendre à ce que la partie vous
mène toute seule à destination, comme un cheval fidèle et bien_
dressé.
« Quand on joue contre un adversaire expérimenté, qui sait
tirer parti de toutes les ressources défensives à sa disposition, il
est parfois nécessaire d'entrer par la porte étroite, c'est-à-dire de
trouver " le seul bon coup ". »
Dans la position du diagramme, les Blancs devaient trouver
une continuation leur permettant de conserver nettement l'ini-
tiative. La suite répondant le mieux aux exigences de la position
était r8. g4, Fg6 ; 19. f4 ; les Noirs auraient alors à faire
un choix douloureux entre 19... éxf4. 20. Fxg7, Tg8; 21. Fd4
et les Blancs dominent, ou bien 19 ... f6 ; 20. f5, Ff7 ; 2r. Cg3,
suivi par une pression croissante du côté-est, où le Roi noir
doit roquer.
C'était donc un devoir pour les Blancs de trouver un plan
répondant aux exigences de la position et qe s'y tenir. Au lieu
de quoi Gligoric joue au coup par coup et laisse finalement
les Noirs s'emparer de l'initiative.
18. f4, Fxél ; 19. Dxé2, Ff6 ; 20. Dç4, o•o: ; 21. Dç6,
Tfd8 ; 22. Taél, Db8 ; 23. Tbl, Ta7 ; 24. Dç4, Tç8 ;
25. Dé4, Db3 ; 26. fxé5, Fxé5 ; 27. Df5, Tf8 ; 28. Df2.
«En pratiquant ce genre de menace au, coup par coup, les Blancs
ont perdu tout leur avantage initial », remarque ici Bronstein.
28 ... Tça8 ; 29. Df5, Dxa4 ; 30. Tf4, Fxf4 ; 31. gxf4,
g6, et les Blancs abandonnèrent quelques coups plus tard.
- 187 -
Soyez souple
n°130
abcdefgh
- 188 -
plan visant un objectif concret. Leur manœuvre sur l'aile-Dame va
s'avérer erronée ,· au mieux, c'est une perte de temps. Et pourtant,
les Blancs n'avaient pas moins de trois bons plans à leur dispo-
sition, posant chacun de difficiles problèmes aux Noirs.
En premier lieu 14. b4 vaut la peine d'être envisagé. L'intention
des Blancs serait de poursuivre par 15. Db3 et une avance géné-
rale des pions sur l'aile-Dame. Il ne serait pas facile aux Noirs
de se défendre, parce que, telles qu'elles sont placées, leurs pièces
sont passives.
D'autre part, 14. Ch4, g6 15. Dd2! est une continuation
très forte, menaçant de faire passer la Dame sur l'aile-Roi et
puis de jouer f 4 au moment opportun.
Enfin, le doublement des Tours sur la colonne« d » suivi de Fh3
constituerait une fort bonne ligne de jeu. »
On remarquera donc que, selon un grand-maître, cette posi-
tion permet trois plans valables très différents. On peut agir
soit sur l'aile-Dame, soit sur l'aile-Roi, soit au centre. Ceci
donne une idée de l'étendue des possibilités aux échecs et
montre que le choix est en dernier ressort affaire de goût ou
de préférence artistique. Conclusion : il faut jouer conformément
à un plan valable, mais entre plusieurs plans possibles le choix
est entièrement libre ; à vous de voir lequel vous convient.
Kérès a fait un commentaire du même ordre à propos de sa
partie contre Fine (Noirs), au tournoi d'Ostende 1937, après
les dix coups d'ouverture que voici: 1. Cf3, d5 ; 2. d4, Cf6 ;
3. ç4, é6 ; 4. Cç3, ç5 ; 5. çxd5, Cxd5 ; 6. é4, Cxç3 ;
7. bxç3,çxd4 ;8. çxd4,Fb4+ ;9. Fd2,Fxd2+; 10. Dxd2,
o-o.
n°131
abcdefgh
- 189 -
« Les Blancs ont le choix entre deux plans bienfondés du point
de vue positionnel. L'un consiste à essayer de tirer parti de leur
avantage au centre en préparant l'avance d4-d5 pour obtenir
un puissant Pion passé, l'autre à concentrer leurs pièces en vue
d'une attaque contre le Roi ennemi. Il est d11ficile de dire lequel
offre les meilleures chances de gain ; il est donc souhaitable de
pouvoir tenir les deux options en réserve pendant quelques coups.
Comme II. FÇ.J. est un coup utile dans les deux cas, il me paraît
plus logique que I I . Fé2 et II. Fd3 qui ont été joués dans
cette position. »
Ici-encore, les Blancs avaient un choix à faire ; ils ont préféré
faire un choix double et virtuel, c'est-à-dire tenir en réserve les
deux options possibles de manière à pouvoir attendre le moment
où l'une d'elles s'avérera meilleure que l'autre. Les joueurs sont
fréquemment placés devant des décisions de ce genre. Elles
demandent une longue réflexion, car le choix du plan est
indéniablement une affaire cruciale ; le sort de toute la partie
peut dépendre de l'effort que l'on aura fait pour choisir le
meilleur.
Commentant les différents apports en matière de stratégie
et de tactique lors du tournoi des Candidats de Zurich 1953,
Bronstein écrivit dans le livre du tournoi : cc Il y a une caracté-
ristique des échecs modernes que le lecteur pourra maintes fois
constater dans les parties de ce tournoi - c'est l'aptitude des
joueurs à réagir promptement devant un changement de plan de la
part de l'adversaire, à modifier considérablement leur p ropre plan
si cette mesure est véritablement justifiée. ,,
L'exemple suivant montre quel fâcheux résultat peut entraî-
ner l'entêtement c\ maintrnir un plan drYenu défectueux :
n° 132
abcdefgh
- 190 -
Nous voici dans la partie Bondarevsky-Botvinnik, tournoi
match pour le titre de champion d'URSS 1941. Bondarevsky
examina soigneusement les diverses possibilités d'ouvrir le
centre et finit par conclure qu'elles ne lui étaient pas favo-
rables. Il décida donc de laisser le Pion éS .avancer en é4 de
manière à l'attaquer ensuite par f2-f3. Ce plan est parfaitement
valable et s'accorde avec les données de la position.
La partie se poursuivit par 10. Fé2, é4 ; 11. Cd2, Fxé2 ;
12. Dxé2, Fb4. Botvinnik s'empresse de parer à f2-f3, qui
menaçait déjà.
13. a3, Fxç3; 14. Fxç3, Té8 ; 15. f3. Botvinnik remarque
ici : « Il est parfois très ennuyeux de renoncer à son plan. Dès le
dixième coup, en jouant Fé2, les Blancs avaient l'intention de
se livrer à un travail de sape par f 2j3 si le Pion é5 venait en é4.
Mais les Noirs se sont préparés en prévision de ce coup ( f 3) et
se so.n t si bien défendus que les Blancs n'ont désormais plus
aucune chance d'obtenir un avantage quelconque en pratiquant
l'échange au centre.
Les Blancs devraient donc abandonner leur plan initial et
jouer 15. f 4. Il se pourrait que les Noirs s'opposent à cette
avance et répliquent par 15... éxf3 e. p. 16. gxf3, CJ8, avec des
chances à peu près équilibrées. Mais maintenant, voyant que les
Blancs se sont engagés dans la mauvaise voie, les Noirs n'échan-
gent pas les P ions. !>
Très précieuse et judicieuse observation ! Nous avons déjà
dit qu'il vaut mieux se conformer à un plan, même si ce n'est
pas absolument le meilleur, plutôt que de ne pas avoir de plan
du tout. Oui, mais d'un autre côté il importe de vérifier que le
plan choisi demeure toujours valable et ne s'avère pas soudain
contraire aux exigences d'une position qui s'est modifiée.
Il faut savoir virer de bord, changer de cap, et donc de plan,
en temps voulu, sinon l'on s'expose à de graves ennuis.
Ici, l'entêtement des Blancs à poursuivre un plan devenu
erroné les conduit à la catastrophe.
15 ... Cf8 ; 16. Tf2, Dd7 ; 17. Taft, éxf3. Joué au bon
moment. Les Blancs doivent reprendre avec la Tour, car 18.
gxf3, Cg6; 19. Dd3, Dé6. permet aux Noirs de gagner un Pion.
18. Txf3,Té6 ;19. Dd3,Taé8 ;20. Cbl,Cg6 ;21. Fél,
dxç4 ; 22. Dxç4; Txé3, et les Noirs gagnèrent.
Les deux parties suivantes montrent également à quoi peut
- 191 -
aboutir un plan erroné. Elles débutèrent toutes deux par la
même variante d'ouverture.
Première partie: Najdorf-Pétrossian, tournoi des Candidats,
Zurich 1953. Voici la position :
n° 133
abcdefgh
Le centre
Centre fermé
Dans un certain nombre de variantes de la Ruy Lopez, de la
Défense Nimzo-Indienne et de la Défense Est-Indienne, les
Pions centraux se bloquent mutuellement, de sorte qu'aucun
d'eux ne peut, au moins dans l'immédiat, avancer. On est en
présence d'un centre fermé, avec absence de colonnes ouvertes
ou de longues diagonales. De plus, les cases centrales ne peuvent
pas être occupées par des pièces.
Que faire en ce cas? Quel plan choisir? Le jeu au centre
étant exclu, presque toute l'activité se reporte naturellement
sur les ailes. Chaque camp s'efforce d'avancer sur un des côtés
de l'échiquier, cherche à ouvrir des colonnes et à prendre
l'armée ennemie à revers, à l'attaquer sur ses arrières.
Selon que l'on attaque ou que l'on défend, le genre de plan
que l'on mettra en œuvre sera un des suivants :
Plan actif. Il s'agit d'exercer une pression croissante sur
l'aile où l'on a l'avantage. Dans la majorité des cas, on entre-
prend une avance massive de Pions, car, le centre étant fermé,
on ne court pas de gros risques à découvrir la position de son
Roi. En principe, en effet, la formation centrale des Pions
- 194-
empêche pratiquement le défenseur d'ouvrir les lignes au centre
- ce qui est normalement la plus puissante riposte à une
attaque de flanc.
Plan défensif. Il consiste à dresser des obstacles pour freiner
l'avance ennemie tandis que, par une contre-attaque déclenchée
sur l'autre aile, on espère être le premier à porter un coup
décisif.
Réussir le premier l'attaque ou la contre-attaque : tel est le
principal problème à résoudre dans ce type de position. Mais
par ailleurs les deux joueurs devront constamment surveiller le
centre, car un coup frappé là n'est pas totalement exclu, et c'est,
nous l'avons dit, la meilleure parade à une offensive sur l'aile.
La partie Kotov-Spassky, championnat d'URSS 1958,
est un exemple typique du jeu pratiqué dans ce genre de
position.
n°134
abcdefgh
n°135
ab cdef gh
Centre ouvert
Lorsqu'une armée ne se heurte pas à des obstacles tels que
fleuves ou contreforts, lorsqu'une vaste plaine s'étend devant
elle, permettant de voir et de s'orienter facilement, rien ne
l'empêche de progresser sur un large front et à une allure rapide.
Il en va de même aux échecs. Lorsque le centre est dépourvu
de Pions, le rôle des pièces est plus grand. La réussite d'une
offensive ne dépend pas ici essentiellement d'un travail de sape
effectué par les Pions, mais de la puissance d'attaque des pièces.
La bataille devient souvent une lutte au corps à corps, où toutes
les pièces s'affrontent directement.
Il est aisé de voir quels plans s'imposent dans ce genre de
lutte :
Celui qui attaque essaie de provoquer des faiblesses dans lP
camp ennemi au moyen · de ses pièces, et puis il attaque ces
points faibles. En général, on n'entreprend pas une ruée de
Pions, car, le centre étant ouvert, on risque alors nettement
d'affaiblir sa propre position.
Celui qui se défend s'efforce de repousser l'attaque et évite
autant que possible la création de points faibles dans son propre
camp.
Un exemple classique d'attaque par les pièces avec centre
ouvert est fourni par la phase finale de la partie Alékhine-
Laskeri Zurich 1934.
o 0 136
abcdefgh
- 197 -
Etant donné qu'il n'y a pas de Pions au centre, un vaste
champ d'action s'offre aux pièces de part et d'autre. Mais les
Blancs ont plus lieu de s'en réjouir que les Noirs, car, telles
qu'elles sont placées, leurs pièces sont plus actives. Les Noirs
n'ont apparemment pas de faiblesse pour l'instant, et la ligne
à suivre n'est pas aisément décelable, mais, par une série
de coups bien calculés, Alékhine provoque bientôt l'apparition
de ces points faibles dans la zone des Pions environnant le Roi
noir.
22. Cd6, Rg7; 23. é4!, Cfg8; 24. Td3, f6. Ceci permet
une conclusion fracassante, mais les Noirs n'avaient pas de
bonne défense. Au meilleur coup 24 ... h6 répondrait 25. Cf5+,
Rh7; 26. Cxh6, f6; 27. Cf5!!, fxg5; 28. Th3+, Ch6; 29. Txh6
mat.
Centre mobile
n°137
abcdefgh
- 199 -
Tél, Fç8; 2. f3, Cxç3; 3.Fxç3, Ff5 ;4. Dd2,h5.Les
Noirs font participer ce Pion à la défense; il empêche g3-g4, qui
pourrait être utile aux Blancs dans certaines variantes. En
outre, les Noirs pourraient eux-mêmes avoir éventuellement
l'occasion d'attaquer par h3-h4.
Centre fixe
n°138
ab cdef gh
19. a5, Fç5 ; 20. b6, a6 ; 21. Cb2, Tç3 ; 22. Fd2,
Tb3 ; 23. Dç2, Db5 ; 24. Tçl, Fç8 ; 25. Tdl, Té2.
Parvenant par les cases centrales droit au cœur de la position
ennemie. Tel est le résultat de l'impeccable stratégie de Botvin-
nik. Il est temps pour les Blancs d'abandonner.
Tension au centre
abcdefgh
Exercices
n° 140
abcdefgh
n°141
abcdefgh
- 204 -
Diagramme 141. La tâche des Blancs est ici de faire
avancer leurs Pions centraux. Quel plan mettent-ils en œuvre
pour placer leurs pièces sur les bonnes cases et forcer cette
avance ? Trait aux Blancs.
n°142
-205 -
LA FIN DE PARTIE
-207 -
n°143
abcdefgh
n°144
abcdefgh
24. dxé5, Txé5 ; 25. Cf3, Té3. Il devient clair qu'il existe
maintes possibilités faisant ressembler cette position à une
<<étude». C'est ainsi qu'à 25 ... Tsé7 peut répondre 26. Cg5,
Fé6; 27. Té1! et les Noirs sont perdus en raison des deux
menaces : 28. Txé6, Txé6 ; 29. Cf7 mat et 28. Tgé3.
31. .. Fg4 ; 32. Tf4, Fç8 ; 33. Ta4, Cg4 ; 34. Fa6, Ff5 ;
35. Tf4, Cé3 ; 36. ç3, Rg6 ; 37. Tf2, Fé4 ; 38. b3, Fxg2 ;
39. Fd3 +, Rg5 ; 40. Tf8, Rg4 ; 41. Tg8 +, Rf3 ; 42. Tg6.
Lasker a trouvé la bonne méthode pour gagner. Il va échanger
les Pions latéraux du côté Roi et puis attaquer à fond les
Pions faibles de l'autre côté.
42 ... Cg4 ; 43. Ff5, h5 ; 44. Tg5, Tél+ ; 45. Rb2, ThJ
46. Fg6, Rxg3 ; 47. Fxh5, Fh3 ; 48. Fxg4, Fxg4 ;
49. Tg6, Th2 + ; 50. Ra3, Tç2 ; 51. Cd3 !, et non pas
5r. Txç6?, Txç3; 52. Cé4+. dxé4; 53. Txç3+, Rfz, et ce sont
les Blancs qui doivent lutter pour obtenir la nullité.
51. .. Rh4 ; 52. Cé5, Ff5 ; 53. Txç6, Rg3 ; 54. Tç5,
et les Blancs forcèrent le gain, bien que l'abandon ne soit inter-
venu qu'au 85{! coup.
C'est une merveilleuse finale. Elle m'incita à me pencher sur
les parties de Lasker, et j'y ai trouvé maints exemples similaires.
J'ai particulièrement apprécié la méthode lente mais sûre qui lui
- 212 --
permit d'améliorer sa position contre Bogolioubov (Blancs) au
tournoi de New York 1924.
n°145
abcdefgh
32 ... Td2 ; 33. a4. Une autre possibilité était 33. a3. Nous
y reviendrons.
35. Rgl. Ou 35. Rér, Txg2 ; 36. Tç8+, Rh7 ; 37. ç5, Tb2
(37... g5 ;38. ç6, g4; 39. ç7, Tç2 ; 40. Rdr, Tç4; 4r. Té8 est
mauvais pour les Noirs) ; 38. Fa5, Tç2 ; 39. ç6, Cd6; 40. Tç7,
Tç4, et les Noirs gagnent en amenant rapidement leur Roi au
centre et en avançant leurs Pions de l'aile-Roi.
35 ... Ta2 ! ; 36. Fél, Txa4 ; 37. Fxh4, Cd2 !.
Les Noirs vont maintenant gagner le Pion ç4 et donc rester
avec un Pion de plus. Que se serait-il passé si les Blancs avaient
joué 33. a3? La Tour noire se trouverait alors en a3 précisé-
- 213 -
n°146
abcdefgh
n° 147
ahcdefgh
abcdefgh
- 218 -
LES CONNAISSANCES D'UN JOUEUR
L'étude de l'ouverture
n°150
abcdefgh
n° 151
ab cd e f g h
Voilà une question que l'on s'est constamment posé au fil des
générations, et pendant longtemps on y a répondu par la néga-
tive. Cependant, depuis quelques décennies, les connaissances
échiquéennes ont progressé à pas de géant, qu'il s'agisse de
l'ouverture ou d'autres phases de la partie, si bien que laques-
tion se pose avec plus d'acuité et que la réponse ne saurait être
aussi tranchée.
Qu'étudient donc les experts dans le milieu de partie? Nous
avons déjà examiné les points fondamentaux ayant trait aux
divers éléments d'une position, ainsi que le plan qui en découle.
A cela, nous pouvons maintenant ajouter l'étude des combi-
- 226-
naisons, que l'on divise généralement ainsi : d'une part celle des
trois éléments essentiels du motif (base positionnelle permettant
la combinaison, thème, position finale et moyens de l'obtenir),
d'autre part celle de l'ordre exact des coups aboutissant à la
position finale.
Les études modernes sur le milieu de partie concernent aussi
particulièrement les nombreux types d'attaque possibles. On
s'est livré à une étude exhaustive des ruées de Pions avec roques
en sens opposés, ainsi que des divers types d'attaque avec pièces
et Pions lorsque les Rois ont roqué du même côté. Mais l'on a
estimé cela insuffisant, et les grands-maîtres modernes s'efforcent
de classer systématiquement d'autres positions typiques en vue
de découvrir leurs secrets et de trouver les méthodes d'attaque
et de défense appropriées.
Les théoriciens du milieu de partie sont toujours de forts
joueurs dans la pratique, car, à la différence de l'ouverture et de
la fin de partie, le milieu de partie ne peut être compris et traité à
fond que par ceux qui ont une expérience pratique et ont eu
affaire à de nombreuses positions typiques survenues sur l'échi-
quier dans cette phase de la partie. En parlant de l'évaluation
de la position et du jugement positionne}, nous avons signalé que
les parties disputées par Botvinnik en tournoi fournissent
presque intégralement la solution des problèmes soulevés par
une position où les Blancs disposent d'une case forte en d5 (il
peut s'agir en certains cas des Noirs et de d4)·
On trouve de même à maintes reprises dans les parties de
Botvinnik l'exploitation d'une formation de Pions du type
illustré par le prochain diagramme (152).
n°152
abcdefgh
-227 -
Ce dernier est tiré de Kirilov-Botvinnik, championnat
d'URSS, 1931. A partir de ce type de position,Botvinnik a gagné
des parties contre Lilienthal à Moscou 1936, contre Lisitsyn
dans le championnat d'URSS et contre bien d'autres joueurs.
Dans ces parties, l'adversaire s'est défendu d'une façon
passive et a perdu rapidement; l'avance en f4, trouvée ultérieu-
rement, constitue une défense adéquate (Fine-Botvinnik, Not-
tingham 1936, et Kotov-Furman, championnat d'URSS).
La Défense Est-Indienne fait apparaître de nombreuses posi-
tions typiques. Nous en avons déjà examiné une, et j'ajouterai
que j'ai fréquemment vu Boleslavsky et Bronstein analyser des
positions de fin de partie issues de cette variante.
Est-il besoin de mentionner les positions typiques issues de la
variante Rauser, de la Ruy Lopez ou celles issues de la Défense
Sicilienne? Les meilleures méthodes d'attaque et de défense
dans toutes ces variantes ont été analysées par le menu, et
lorsqu'elles se présentent dans les tournois, vous pourrez sou-
vent remarquer avec quelle célérité les coups sont effectués par
des autorités en la matière telles que Bronstein, Shamkovich
et Vasioukov.
De nos jours, les meilleurs joueurs se sont familiarisés avec les
positions typiques à un point surprenant. Lors du tournoi de
Palma de Majorque 1967, Botvinnik, s'entretenant avec Smys-
lov et moi-même après avoir ajourné sa partie contre Matulovic,
nous déclara : «Dans cette position, le gain pour les Blancs est
facile. Au moment opportun doit intervenir un sacrifice de Cavalier
décisif en g6 ou h5. ]'ai analysé des positions similaires quand je
me suis préparé pour mon match contre Tal. » Et il trouva très
vite la bonne façon de procéder pour obtenir le gain. Tel est le
degré de développement de la technique à notre époque.
Le lecteur devra donc à son tour analyser des positions
typiques du milieu de partie. Analysez des parties intéressan"tes
à ce point de vue et recherchez les méthodes qui se présentent le
plus fréquemment dans vos propres parties. De jour en jour, et
de tournoi en tournoi, vous saurez mieux traiter le milieu de
partie en connaissant de plus en plus de positions qui ont déjà
fait l'objet d'analyses théoriques. Ceci ne veut pas dire que les
possibilités aux échecs sont en train de s'épuiser. Bien au con-
traire, leur richesse ne fait que croître; la beauté des combinai-
sons, la profondeur et la complexité des concepts stratégiques,
tout cela ne fait qu'augmenter.
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Les parties ajournées
8
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n°153
abcde gh
n°154
abcdefgh
n°155
abcdefgh
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SOLUTION DES EXERCICES
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SOMMAIRE
En grand format :
Frank Brady
Bobby Fischer (386 p.)
Frank Brady a rencontré le « kid de Brooklyn » à l'âge de onze ans et,
depuis. il a suivi toute la carrière du champion le plus controversé des
soixante-quatre cases. La première grande biographie de l'enfant terrible
des échecs.
David Bronstein
L'art du combat aux échecs (473 p., 352 diagr.)
Considéré dans le monde entier comme l'un des plus grands classiques de
la littérature échiquéenne, ce livre dévoile les secrets du milieu de partie.
Bronstein analyse toutes les parties de l'un des tournois les plus fascinants
de l'histoire du jeu : l'interzonal de Zurich 1953. Peu de variantes sont
données. Mais le style est si limpide que l'on revit vraiment une à une ces
pièces d'anthologie.
José-Rau] Capablanca
Principes fondamentaux du jeu d'échecs (177 p., 150 diagr.)
Le champion du monde cubain avait le sens de l'économie aux échecs, car là où
les pédagogues ont développé, Capablanca a dit ce qu'il estimait essentiel. Un
manuel fondamental pour les joueurs de tous niveaux.
M. 1. Cherechevski et L. M. Sloutski
Choisir son ouverture, t.I (318 p., 272 diagr.), t. II (350 p., 281 diagr.)
Transfonner un avantage en un schéma gagnant de finale est un art réservé aux
maîtres. C'est l'art de la transition. Les auteurs nous en livrent tous les secrets et
scrutent à la loupe toutes les ouvertures et les structures de pions qui en décou-
lent.
François Chevaldonnet
L'art de la combinaison (200 p., 658 diagr.)
Beaucoup de livres apprennent la marche des pièces, la stratégie, les finales, etc.
Mais peu d'entre eux sont de véritables livres d'exercices. L'art de la combinai-
son est appelé à devenir un livre de fond mais aussi un incontournable, car le pre-
mier du genre dans la collection. Particulièrement adapté pour les débutants, il
conviendra aussi aux joueurs confinnés avec ses 600 exercices.
MaxEuwe
Les échecs, t. 1 : Position et combinaison (214 p., 132 diagr.), t. II : Jugement et
plan (317 p., 168 diagr.)
Deux grands classiques de la littérature échiquéenne dans lesquels l'ex-cham-
pion du monde détaille de manière analytique comment apprendre et comprendre
le jeu dans toutes ses phases.
MaxEuwe
L'indispensable aux échecs (286 p., 260 diagr.)
Aux échecs, le débutant est très vite confronté à ce qui lui paraît insurmontable.
Comment progresser alors ? En proposant son « chemin d'apprentissage »,
le Néerlandais Max Euwe, ancien champion du monde, trace une voie pour tous,
des enfants aux parents, en passant par les enseignants.
Reuben Fine
Les idées cachées dans les ouvertures d'échecs (280 p., 82 diagr.)
Ce livre fait partie des quelques ouvrages qui ont marqué la littérature échi-
quéenne. Il éclaire le novice, nourrit le praticien et ramène aux sources tous ceux
qui se sont égarés dans la théorie des ouvertures.
Jean Hébert
Secrets des grandes parties au coup par coup (228 p., 157 diagr.)
En démontant une dizaine de grandes parties appartenant à l'Histoire, le mai"tre
international Jean Hébert nous aide à comprendre les mécanismes qui entraînent
la décision sur tel ou tel coup.
Hans Kmoch
L'art de jouer les pions (287 p., 346 diagr.)
«Les pions sont l'âme du jeu d'échecs», écrivait le grand maître Philidor. Près
de deux siècles se sont écoulés depuis et la théorie se penche toujours sur les pro-
blèmes posés par les pions, qui sont le thème essentiel des manuels sur le milieu
du jeu. Si Kmoch n'est pas un philosophe échiquéen comme A. Nimzovitsch, il
est pourtant l'un des plus grands pédagogues de cette discipline, et, à cet égard,
sans aucun doute le plus digne successeur du Dr Tarrasch.
Alexandre Kotov
Pensez comme un grand maître (245 p., 156 diagr.)
Comment pensent les plus forts joueurs du monde? En montrant à partir de nom-
breux exemples les méthodes analytiques employées pour gagner du temps dans
la réflexion, le grand maître Kotov a fait avancer la pensée échiquéenne. En
appliquant avec beaucoup de discipline les principes employés par tous les
grands joueurs du passé comme du présent, de nombreux joueurs, amateurs
comme joueurs plus engagés, ont pu grandement améliorer leur niveau de jeu. La
qualité des exemples est remarquable et les anecdotes rendent ce livre très
agréable.
Bent Larsen
Les coups de maître aux échecs (169 p., 219 diagr.)
Le grand maître, qui fut candidat au titre mondial, fait partie de ces rares joueurs
de haut niveau vraiment pédagogues. En rassemblant des parties et des positions
exemplaires à plus d'un titre, il communique au lecteur l'amour de l'étude, avec
humour et talent.
François Le Lionnais
Les prix de beauté aux échecs (456 p., 477 diagr.)
Cette troisième édition entièrement revue et corrigée techniquement nous fait
redécouvrir de fabuleuses parties des deux derniers siècles founnillant de com-
binaisons et dont le sèul but sera de donner du bonheur aux amateurs comme aux
joueurs de compétition.
Alexandre Nikitine
Kasparov (351 p., 95 diagr.)
Alexandre Nikitine a été pendant des années l'entraîneur de Kasparov. Cette bio-
graphie. unique et spécialement enrichie pour la version française. nous dévoile
la fonnation d' un formidable champion, du petit« Garik »au grand Garri domi-
nateur. Les dessous politiques et techniques des championnats du monde contre
Karpov sont révélés pour la première fois. En complément, l'auteur analyse les
cinquante parties marquantes de la carrière du plus jeune champion du monde de
tous les temps.
Lev Polougaïevsky
Le labyrinthe sicilien. t. I (247 p., 211 diagr.). t. II (209 p., 217 diagr.)
Adepte inconditionnel de la défense Sicilienne. Lev Polougaïevsky fait partager
au lecteur son amour de cette défense. C'est la première fois que la défense
Sicilienne est traitée en français de manière exhaustive dans un ouvrage à la fois
technique et pédagogique. Un modèle du genre.
Eugène Znosko-Borovsky
Comment jouer les fins de parties (264 p., 167 diagr.)
Tous les jeunes joueurs ayant commencé par étudier les fins de parties ont mieux
compris ensuite les mécanismes des échecs et sont devenus plus forts que s'ils
avaient démarré par l'étude des ouvertures. Maîtrisant ce qui est à la fois une
technique et un exercice de style en raison du peu de pièces présentes. ils antici-
peront de meilleures positions ... et de meilleurs résultats. Les positions expli-
quées dans ce livre n'ont pas vieilli. car la technique des finales ne se démode
pas.
Au format poche :
Assiac
Plaisir des échecs (240 p., 152 diagr.)
Rendre sensible à autrui la beauté du jeu est l'un des premiers objectifs du péda-
gogue. En s'appuyant sur des exemples venus du monde entier et en abordant de
manière originale et humoristique des thèmes comme l'amitié aux échecs, la
valeur du temps et les aspects historiques. l' auteur a voulu rendre son livre gai et
indispensable.
Michel Benoit
Les échecs en trois jours (279 p., 316 cliagr.)
Dans ce manuel pour tous les débutants, le parti pris du champion de France
Michel Benoit a été de commencer par enseigner les mats fondamentaux et les
fins de partie. Cette approche rare, mais systématiquement recommandée par les
joueurs forts, rend possible une compréhension rapide des bases de la stratégie.
Bernard Cafferty
Les 100 meilleures parties de Spassky (330 p., l 14 diagr.)
Boris Spassky vit en France. S'il joue moins aujourd'hui, son immense expé-
rience fait de lui un champion presque imbattable.
Emanuel Lasker
Le bon sens aux échecs (158 p., 35 diagr.)
En douze conférences données en 1895, le jeune champion du monde Emanuel
Lasker (1868-1941) exposa les notions de base du jeu d'échecs. Son succès fut
tel qu'on lui demanda d'en faire un livre.
Pierre Meinsohn
Les secrets des maîtres d'échecs (146 p., 88 diagr.)
Comment les maîtres appliquent-ils les principes fondamentaux aux échecs ?
L'auteur fait le point sur les techniques d'estimation de la position, élabore douze
principes fondamentaux, distille les conseils des plus grands joueurs et donne
une série de tests pour calculer son vrai classement Elo.
Aaron Nimzowitsch
Mon système, t. 1 (189 p., 31 cliagr.) et t. II (139 p., 75 diagr.)
Nimzowitsch (1886-1935) est le premier à avoir su scinder la stratégie du jeu en
plusieurs thèmes. Son livre, qui ne donne pas de recettes mais réapprend l'art de
la réflexion. fut en 1925 le manifeste de J' école « hypermodeme ».
Aaron Nimzowitsch
Pratique de mon système (282 p., 130 diagr.)
Cette traduction inédite, la première à respecter scrupuleusement lédition alle-
mande, est une formidable synthèse de tous les principes de Nimzowitsch, illus
trée par ses parties avec les plus grands de ses contemporains.
Ludek Pachman
Les ouvertures (158 p., 35 diagr.)
Bien connaître les ouvertures est une étape importante si l'on veut ne pas perdre
dès les premiers coups. Ludek Pachman, inlassable pédagogue du jeu d'échecs,
a donc répertorié toutes les ouvertures à l'aide de nombreuses variantes. Un petit
missel indispensable si l'on ne veut pas perdre... dans l'ouverture.
Georges Renaud et Victor Kahn
L'art de faire mat (204 p., 303 diagr.)
Le but de la partie d'échecs, c'est le mat. Les maîtres français G. Renaud et
V. Kahn ont rassemblé dans un seul ouvrage tous les tableaux de mat. Un ouvra-
ge systématique unique.
Richard Réti
Cours scientifique d'échecs (86 p., 55 diagr.)
Après avoir battu en brèche l'école classique, Réti s'est attaché à classer les
grands principes échiquéens de manière scientifique. Les qualités pédagogiques
de ce livre offrent toutes les armes pour bien débuter.
Richard Réti
Les idées modernes aux échecs (88 p., 34 diagr.)
À 1' aide de parties expliquées avec une grande sobriété, mais avec toute la scien-
ce du maître, Réti revient en profondeur sur les principes qui régissent la straté-
gie et la tactique du jeu d'échecs depuis plus de cent ans. Au passage, il brosse
le portrait des grands maîtres d'autrefois et de leur style.
Michael Stean
Les échecs simples (110 p., 83 diagr.)
Pour accompagner le boom des échecs anglais à la fin des années soixante-dix,
le grand maître a voulu expliquer la stratégie en termes simples et pragmatiques.
Pari tenu, dans une sorte de bible pennanente et pratique du jeu d'échecs.
Siegbert Tarrasch
Traité pratique du jeu d'échecs (463 p., 339 diagr.)
Douzième édition de ce grand classique, qui connaît un succès constant depuis
1931. Dans ce modèle de précision sont répertoriés tableaux de mat, finales et
finesses du milieu de jeu. Exception faite de la théorie des ouvertures, ce livre
n'a pas pris une ride.
Xavier Tartacover
Tartacover vous parle (335 p., 140 diagr.)
Le premier grand livre d'échecs de l'après-guerre, resté pourtant inédit depuis
1953. L'auteur du très célèbre Bréviaire des échecs raconte ici ses tournois et
commente ses parties, de 1905 à 1931, le tout dans un français pétillant.
Échecs Payot
Sous la direction de Christophe Bouton
Illustration : Jeu d'échecs, galerie « 13 rue Jacob », Paris. Photo : François Tissler.
03·2003
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Code Seuil : 59950
IS8N : 2-228-89718·3