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de Rome
Thomas Yan. La romanistique allemande et l'État depuis les pandectistes. In: Die späte römische Republik. La fin de la
République romaine. Un débat franco-allemand d’histoire et d’historiographie. Rome : École Française de Rome, 1997. pp.
113-125. (Publications de l'École française de Rome, 235);
http://www.persee.fr/doc/efr_0223-5099_1997_act_235_1_5188
qu'aient pu être les formes sous lesquelles elle l'a exposé, la romanis-
tique moderne et contemporaine n'a cessé de le professer.
Pour décrire ce sujet impersonnel, le grand romaniste F. Schulz
retrouvait en 1949 les métaphores par lesquelles, depuis Savigny,
l'école historique et le pandectisme avait véhiculé l'image d'une
jurisprudence systématiquement idéalisée. C'est d'abord sur la science
du droit, et presque exclusivement sur elle, qu'était selon cette
tradition bâti le droit romain. Cette science excluait ensuite de son
domaine aussi bien le monde des faits que le monde des normes
extérieures à elle -normes éthiques, normes religieuses, normes
politiques surtout. Au fond, les seules normes reconnues par cette
science n'auraient été autres que ses propres rationes decidendi.
Encore pense-t-on généralement qu'elles furent très rarement
formulées, mais plutôt implicites; les juristes auraient montré par là qu'ils
tiraient la ratio iuns d'une immédiate considération des données qui
leur étaient soumises : une sorte de raison intuitive issue de la
nature des choses. D'où, selon Schulz, qui se fait ici l'écho d'opinions
bien antérieures à la sienne, cette sûreté de décision qui apparente le
droit romain à une sorte de droit naturel. Or cette jurisprudence,
faute d'être mise à sa place dans une hiérarchie des sources
formelles (hiérarchie à peine ébauchée à Rome, comme on le sait), et
faute surtout d'être inscrite dans un ordre juridique rapporté à une
quelconque instance étatique, instance singulièrement absente de la
tradition pandectiste et même bien au delà, reçoit une forme d'unité
purement métaphorique. Sous le nom de jurisprudence est évoquée
la croissance d'un organisme autonome et vivant, depuis sa
naissance jusqu'à sa mort. Enfance, adolescence, maturité et senescence
représentent autant d'étapes d'un développement dont l'autonomie
est imaginairement fondée sur la métaphore du corps naturel2 :
image à travers laquelle le droit, dans sa modalité de science du
droit, se voit attribuer une unité qu'il ne peut recevoir autrement,
faute d'être analysé en termes d'ordre légal, d'ordre suspendu à des
normes extra-jurisprudentielles.
Il est vrai que les Romains eux-mêmes voyaient dans leur
jurisprudence l'œuvre d'un sujet trans-individuel, dont aucun juriste
n'était separable, et qui faisait corps avec la cité : l'idéologie sapien-
tielle et anti-légaliste qui domine la culture juridique allemande au
cours du XIXe siècle s'emparera de cette référence - déjà très
fortement idéalisée - comme d'un modèle absolu. Rappelons simplement
ici que c'était un topos, à Rome, que d'affirmer, par rapport à la
Grèce, l'originalité d'un droit largement indépendant de la loi. En
2 Schulz, F., History of Roman Legal Science, (2e éd.), 1953 : 263sq. 299.
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8 Eod. /oc, 35 : iurìs civilis scientiam plurimi et maximi viri professi sunt.
9 Parmi les plus représentatifs, voir Dlppolito, F., Ideologia e diritto in Gaio
Cassio Longino, Naples, 1969; D'Ippolito, F., I giuristi e la città, Naples, 1978;
Schiavone, Α., Studi sulle logiche dei giuristi romani, Naples, 1971; Schiavone, Α.,
Nascita della giurisprudenza, Rome, 1976; Schiavone, Α., Giuristi e nobili nella
roma repubblicana, Rome-Bari, 1987; Bretone, M., Techniche e ideologie dei giuristi
romani, Naples, 1987.
10 In : Leibniz, Sämtliche Schriften und Briefe, VI, Berlin-New-York : 460.
Voir sur ce texte Bretone, M., Quaderni Fiorentini 9, 1980 : 205-206.
11 Nouveaux Essais sur l'Entendement, TV, 2, § 12.
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12 Savigny, Friedrich Karl von, Ueber den Beruf unserer Zeit für Gesetzgebung
und Rechtswissenschaft, Heidelberg, 1814 (cité ici dans la 3e édition de 1840).
13 Savigny, 1814 : 30 (cf. note 12).
14 Cf. Bretone, M., Quaderni Fiorentini, 9, 1980.
15 Savigny, 1814 : 29 sq. (cf. note 12); De même Puchta, Cursus der
Institutionen, 1841 I : 36 sq.
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16 Savigny 1814 : 35 (cf. note 12); System des heutigen römischen Rechts I,
Berlin, 1840 (préface); "Ueber den Zweck der Zeitschrift für geschichtliche
Rechtswissenschaft", 1815, in : Vermischte Schriften, Berlin, 1834 I : 105 sq.
17 Savigny, Geschichte des römischen Rechts, (2e éd.), Heidelberg, 1834 III :
152 sq.
18 Savigny 1834, préface et 1 : 155sq. (cf. note 17).
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37 Kunkel 1966 : 105 (cf. note 26); Kaser 1967 : 105 (cf. note 36).
38 Savigny 1814 : 29 (cf. note 12).
39 En dehors de Savigny, voir aussi Mommsen, Th. "Die Bedeutung des
römischen Rechts" in : Juristische Schriften III : 591 sq.
40 Voir en particulier, Koschaker, P., Europa und das Römische Recht, 3e éd.;
Schmitt, C, "La situation de la science européenne du droit", traduction
française dans Droits, 1991, n° 14 : 114 sq, textes de conférences prononcées entre
1944 et 1945, publié en 1950 dans les Verfassungsgeschichtliche Aufsätze, Berlin,
1950 : 386-427.
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Yan Thomas
Wilfried Nippel
Yan Thomas stellt pointiert die Tendenz der deutschen Romanistik des
19. und 20. Jahrhunderts heraus, das "klassische römische Recht" als
Schöpfung einer "scientific community" zu verstehen, die sich ganz allein auf die
Entwicklung ihrer internen Regeln konzentriere; mit der Abkoppelung von
der staatlichen Rechtssetzung wie von der sozialen Realität habe es kaum
Spielräume für individuelle Rechtsmeinungen gegeben; aufs Ganze
erscheine die Entwicklung des römischen Rechts somit als quasi-natürlich,
da es Ergebnis eines sich über Generationen erstreckenden Kol-
lektivunternehmens sei. Dies habe zwar Anhaltspunkte im Selbstverständnis
der römischen Juristen der Republik und des Principats, erkläre sich jedoch
auch aus spezifisch deutschen Konstellationen des 19. Jahrhunderts,
namentlich aus der Abwehr von Kodifikationsbestrebungen nach
napoleonischem Vorbild.
Mein Eindruck - notabene der eines juristischen Laien - ist der, daß mit
der Annahme einer Kontinuität in der deutschen Romanistik von Savigny
bis Fritz Schulz, Max Käser und Wolfgang Kunkel ein Bild gezeichnet wird,
das die Veränderung in der Funktion dieser Grundannahme zu wenig
berücksichtigt. So verweist Thomas für die Kontinuität der von Savigny
geprägten Metaphorik des Organischen auf W. Kunkel. An der zitierten Stelle
ist aber deutlich, daß es Kunkel mit dieser Metapher darum geht, die
Historizität des römischen Rechts im Sinne seiner Genese aus unterschiedlichen
"Rechtsquellen und Rechtsschichten" zu betonen. Jedes Rechtsinstitut zeige
noch nach langer Zeit "die Spuren seines Ursprungs aus dieser oder jener
Schicht der Rechtsentwicklung" und könne nur aus seiner Geschichte ganz
begriffen werden; das abstrakte System "römischrechtlicher" Sätze, das
namentlich die deutsche Theorie des 19. Jahrhunderts entwickelt habe, könne