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Fell Claude. Diego Rivera et les débuts du muralisme mexicain. Etude iconologique. In: América : Cahiers du CRICCAL, n°1,
1986. Politiques et productions culturelles dans l'Amérique latine contemporaine. pp. 11-28;
doi : 10.3406/ameri.1986.881
http://www.persee.fr/doc/ameri_0982-9237_1986_num_1_1_881
Claude FELL
Université de Paris ni
Diego Rivera :
prolégomènes à l'élaboration d'une "pensée plastique"
Pour Rivera, l'oeuvre d'art est avant tout communication et, en premier lieu,
instauration d'un "nouvel ordre libérateur*1 pour le public mais aussi, et plus encore,
pour l'artiste lui-même. L'acte esthétique consiste à édifier, non pas une "tour
d'ivoire" mais une "tour de Babel", "qu'il construira tout seul pour éviter le risque de
la confusion des langues et qu'il dotera, bien entendu, d'une bonne architecture" (3).
12 AMERICA
L'œuvre picturale sera donc ouverte à tous, sans distinction d'origine sociale ou
culturelle, mais cette "lisibilité" maximale implique qu'elle soit organisée,
"construite", afin de se préserver de la cacophonie et de la confusion.
Tous les "langages" (cubisme, futurisme, impressionnisme) y auront droit de
cité, à condition que l'unité de l'œuvre soit préservée et que l'ensemble reste
solidement structuré : "Tout est architecture", souligne Rivera, qui ne dédaignera
pas, par la suite, faire des incursions dans cette discipline qui n'était pas exactement
la sienne. Cette notion de "construction" est donc primordiale à ses yeux et à ceux
qui lui objecteraient que "l'instinct" peut s'estomper dans l'instauration d'un "ordre",
Rivera répond que les organismes les plus simples, comme par exemple, une cellule
ou un cristal, ont des mouvements instinctifs "accordés et conséquents". Reprenant
une expression employée par Alfonso Reyes dans El suicida (1917), Diego Rivera
accorde à l'artiste un "super-instinct" qui peut établir entre les choses des rapports
tout aussi harmonieux que ceux d'origine naturelle, même s'ils s'effectuent "dans un
ordre différent ou en sens contraire". La peinture n'a pas une vocation
"photographique" : la nature possède ses lois et l'art les siennes. Sa fonction (ne
parlons pas de "mission" ou de "message") (4) consiste à élaborer et à introduire une
"structure", c'est-à-dire un ordre imaginaire nouveau qui servira désormais de réfèrent
à la connaissance, à l'interprétation et à la représentation du monde sensible. La
démarche suivie par les muralistes correspondra donc à une remise en cause des
rapports artiste/univers, artiste/société, artiste/public et artiste/technique. Cette
nouvelle structure intègre également de nouveaux rapports de l'artiste avec la
"tradition" et "l'avant-garde".
Par ailleurs, les six mois passés par Rivera en Italie (décembre-mai 1921),
avant son retour au Mexique, ont laissé des traces profondes dans l'élaboration de son
système iconique. Ce séjour a été une véritable "retraite spirituelle", selon le mot de
Jean
hommes"
Chariot
à Ravenne,
(S), au cours
à Venise,
de laquelle
en Etrurie,
il a admiré
à Padoue,
et assimilé
à Assise,
les "choses
et en Sicile
faites (6).
par Sa
les
première peinture murale, "La Création", exécutée entre 1921 et 1922 à l'Ecole
Nationale Préparatoire, montre à l'évidence combien cette influence a été forte (7).
L'expérience italienne lui a révélé l'absence de solution de continuité entre l'art et le
quotidien : "Ce voyage marque le début d'une nouvelle période de ma vie - écrit
Rivera. Grâce à lui je possède de la matière pour plusieurs années de travail. Rien de
tel pour éclairer et humaniser. Ici il n'y a pas de différence entre la vie des gens et
l'œuvre d'art. Les fresques ne se terminent pas une fois franchies les portes des
églises ; elles vivent dans la rue, sur les maisons, de quelque côté que l'on tourne les
yeux. Tout est familier, populaire ; les peintres les plus racés sont des peintres de
"pulqueria". Tout est simple, domestique, populaire, aristocratique, rien n'est vieux ;
rien, sauf la Renaissance et l'Art Nouveau 1900. Les aciéries, les mines, les
arsenaux s'accordent à merveille avec les temples, les campaniles et les palais. En
Sicile les frontons sont le portrait des collines et les maisons villageoises bâties par
de simples maçons ont la même harmonie". L'acte esthétique, jadis décrit et envisagé
dans son "mystère", dans sa soudaineté, entouré d'un halo romantique, sacralisé par
les affres de la création, devient ici - et pour Rivera il devra constituer l'orientation
dominante du muralisme mexicain - l'expression de la mentalité et des sentiments
collectifs.
Autre conviction de Rivera, qui s'affirme dès son retour au Mexique : son
opposition aux "académies" et, plus précisément, au représentant de l'académisme à
DIEGO RIVERA, ETUDE ICONOLOGIQUE 13
L'action de l'Etat
que je leur ai adressées a été de leur dire que nous devions liquider l'art de salon, pour
rétablir la peinture murale et la toile de vastes dimensions. Je leur ai précisé que le
tableau de salon est représentatif d'un art bourgeois, d'un art servile que l'Etat ne doit
pas patronner, car il est destiné à servir d'ornement aux maisons des riches et non
pas à plaire au grand public. Un véritable artiste ne doit pas sacrifier son talent à la
vanité d'un sot ou à la pédanterie d'un "connaisseur". Le véritable artiste doit
travailler pour l'art et pour la religion moderne, le fétiche moderne, c'est-à-dire l'Etat
socialiste, organisé pour le bien de tous ; c'est pourquoi nous n'avons pas organisé
de ces expositions où on vend de petits tableaux, mais nous avons décoré les écoles
et les édifices publics. Ensuite j'ai dit aux peintres que toute mon esthétique se
réduisait à deux impératifs : qu'ils peignent rapidement et qu'ils couvrent un
maximum de murs : vitesse et surface. Comme je sais qu'ils ont du talent, ces
consignes sont suffisantes. En réalité, j'ai de l'estime pour les peintres et je crois que
si nous avions une génération de musiciens comparable à celle des peintres et
caractérisée par une production autochtone abondante, le nom du Mexique serait
connu du monde entier. Pour ce qui est du problème de la durée, que considère-t-on
comme une œuvre durable ?" (17).
Pour Vasconcelos, la peinture murale est avant tout complémentaire de
l'architecture. L'activité picturale s'intégrait mal à sa théorie de l'élan mystique, ne
serait-ce qu'à cause de la matérialité même du support émotionnel : le tableau ou la
fresque. Aussi, à ses yeux, la peinture de Diego Rivera, José Clémente Orozco, Jean
Chariot, Fermin Revueltas, David Alfaro Siqueiros, Xavier Guerrero, Carlos Mérida
devra- t-elle inciter le spectateur à l'action plus qu'à la contemplation.
Néanmoins il défendra avec constance les peintres de la "Secretarîa de Education
Publica" contre les attaques qui se multiplient à partir de juin 1923. En mars de cette
même année, l'Université de Mexico avait organisé, dans le grand amphithéâtre de
l'Ecole Nationale Préparatoire, une cérémonie en l'honneur de Diego Rivera, présidée
par Vasconcelos et par Antonio Caso. Dans la courte allocution qu'il prononce, le
Ministre souligne que Rivera "a été un esprit inquiet, un chercheur de nouveaux
procédés techniques et un éternel rebelle contre les méthodes classiques consacrées
par la tradition et la routine" (18). Plus tard, en mai 1924, alors que les agressions
redoublent contre les peintures de l'Ecole Nationale Préparatoire (19) et que les
fresques de la S.E.P. sont vivement critiquées, Vasconcelos - qui a associé les
peintres à ce qui doit être l'apothéose architecturale de la présidence d'Obregon :
l'inauguration du Grand Stade de Mexico - prend la défense des muralistes en réfutant
l'un après l'autre les griefs exprimés dans la presse : "Rivera, Montenegro, Enciso,
les sculpteurs et les autres personnes qui sont intervenues dans les travaux de
construction du Ministère - déclare Vasconcelos - ne l'ont pas fait par effraction,
mais sur ma très pressante insistance. C'est moi qui les ai imposés aux ingénieurs et
aux architectes. On a très justement donné à ces derniers, par contrat, des honoraires
élevés pour leur participation ; en revanche, les peintres, qui ont fourni les idées les
plus lumineuses, l'ont fait gratuitement. En règle générale, ils ont offert leurs
services par amour pour la beauté et par dévotion envers l'action menée par le
Ministère. (...) Par ailleurs, je n'hésite pas à affirmer que je suis persuadé que
beaucoup parmi nos modestes réalisations actuelles laisseront un souvenir grâce aux
peintres qui les ont décorées. Certains architectes doivent se sentir fiers d'avoir eu à
travailler à une telle renaissance artistique. En outre, comme je me suis moi-même
16 AMERICA
montré critique à l'égard de Diego Rivera, je crois convenable d'ajouter qu'à mon avis
Diego Rivera a du génie" (20).
Au-delà de la réfutation circonstanciée d'attaques précises, cette réponse à
Vasconcelos est une reconnaissance de l'action créatrice et inventive du mouvement
muraliste. On retrouve également dans ces affirmations la volonté du Ministre de
faire collaborer les artistes de disciplines différentes à une œuvre commune, dont les
objectifs, à la fois sociaux et esthétiques, étaient clairement revendiqués. Plus que
jamais, la croyance de Vasconcelos dans les "fonctions aménageantes" (Francastel) de
l'art, révélateur de la beauté du monde, organisateur de l'espace vital et garant de
l'harmonie sociale, était proclamée. A la différence des musiciens, pourvoyeurs
d'émotions cathartiques, les peintres travaillaient à la fois pour le présent, en
l'embellissant, et pour l'avenir, en créant une sorte de réserve d'objets esthétiques
exploitables à long terme.
publique". L'art doit être porteur de "valeur idéologique pour le peuple", il devient
une "puissance d'éducation et de lutte" (23).
Ce texte, que José Clémente Orozco qualifiera, vingt ans plus tard, dans son
Autobiographie, d"'extraordinairement important", dans la mesure où il engageait
l'avenir du mouvement muraliste et l'orientation d'une peinture mexicaine qui se
voulait "officielle", soulevait une foule de questions : qu'entendait-on exactement par
"socialisation de l'art" ? La peinture doit-elle être le porteur prioritaire des critères
esthétiques "du peuple" (24) ? Cette socialisation de l'art était-elle possible sans un
bouleversement profond des tinctures de la société mexicaine ? Pouvait-on répudier
impunément toute la peinture de chevalet et condamner Rembrandt, Le Greco, Le
Titien au bûcher ? La contemplation d'un tableau pouvait-elle pousser le spectateur à
l'action révolutionnaire ? Le fait de privilégier le contenu ne conduit-il pas à
réduire la représentation picturale à n'être plus qu'une simple illustration anecdotique
et décorative ?
Orozco sacrifiera dans d'autres fresques de rE.NP. ("Le banquet des riches", "La Loi
et la Justice", "Dieu, les riches et les pauvres", "Ordure", peints en 1923 et 1924), la
fonction picturale consiste à accumuler les chocs émotifs et à donner une stature
mythique à de nouvelles figures, jadis exclues ou ignorées : l'homme et la femme du
peuple. Ici, plus que le "donné", l'image exprime le "voulu" (32) : les fresques se
veulent dénonciatrices des rapports conflictuels entre la masse et ceux qui
l'exploitent ; elles sont également une interpellation adressée au pouvoir politique :
la dignité et la vitalité du peuple ne s'accommoderont plus de la moindre
tergiversation dans le secteur social et économique.
On assiste donc à une "exaltation" du prolétariat, même si Orozco a tendance
à le montrer, comme Mariano Azuela dans ses romans, floué, bafoué, meurtri. Ces
fresques, "populaires" dans leurs thèmes, utilisent les techniques les plus novatrices
pour ce qui est de la répartition des volumes, afin de conférer une troisième
dimension à la surface murale, sans avoir uniquement recours aux lois de la
perspective. La palette elle aussi a évolué : les bruns, les gris, les rouges, les noirs
deviennent les tons dominants. A la symbolique des formes répond celle des
couleurs : "La tranchée" de José Clémente Orozco baigne dans une lueur rouge qui
est celle du sang des sacrifiés ; dans "Le mineur fouillé", peint par Rivera à la
S.E.P., l'ouvrier, crucifié sur l'autel de la mine et vêtu du coton blanc de
l'innocence, se découpe sur un ciel noir.
Esthétique et engagement
essentiels
1° II
: est nécessaire de reconnaître la valeur et la dignité des activités
artistiques : le rayonnement d'un pays ne s'identifie pas uniquement, comme le
soutenaient les positivistes, à son potentiel économique, agricole ou industriel, mais
aussi à ses productions artistiques. Une "renaissance" - le mot revient constamment -
artistique et culturelle est souvent le signe annonciateur d'un "renouveau" national
(39).
2° Chacun des deux "camps" doit faire preuve d'une plus grande tolérance au
nom de la pluralité des expressions esthétiques : pourquoi condamner sans appel le
muralisme, animé par des peintres confirmés comme Rivera ou Orozco, dont chacun
reconnaît l'expérience et le talent, au-delà d'une certaine agressivité dans le traitement
des sujets qu'ils abordent ? Pourquoi rejeter la peinture de chevalet (que Rivera
continue d'ailleurs à pratiquer) ou la "pintura de pulqueria", naïve, populaire,
fréquemment satirique, qui témoigne de la volonté de s'exprimer propre à une partie
de la population
3° Ces excommunications
trop souvent condamnée
réciproques
au silence
- c'est
(40)
José
? Juan Tablada qui pose la
question mais dans son esprit elle s'adresse surtout aux contempteurs du muralisme,
DIEGO RIVERA, ETUDE ICONOLOGIQUE 21
que, pour sa part, il défend - ne sont-elles pas dues en premier lieu à un exercice
abusivement "sentimental" de la critique esthétique, pratiqué par des personnes non
qualifiées : "Nous ignorons - écrit Tablada - la critique affirmative et créatrice,
surtout pour ce qui est des arts plastiques, celle qui aide le public à se rendre compte
des objectifs de l'artiste et à distinguer clairement les beautés qu'un observateur non
averti décèlerait péniblement". Tablada reconnaît que, pendant des années, la peinture
mexicaine est restée "anecdotique", "littéraire", "sentimentale" ou "photographique",
ce qui a eu pour conséquence de faire perdre au public la notion de l'autonomie de
l'objet plastique et de son droit à être jugé en fonction de critères particuliers. Il faut
donc bannir "l'analyse de l'amateur frivole, de la demoiselle de bon goût, du
littérateur ou du musicien qui ignorent trop souvent les lois de leur propres
profession et qui viennent grossir le troupeau des pédants et des représentants de la
corruption intellectuelle" (41).
En juillet 1924, des étudiants de 1TLN.P. passent à l'action directe contre les
fresques d'Orozco, de Siqueiros et de Rivera, avec l'approbation apparemment
unanime de la population de la capitale. De plus, Vasconcelos, qui démissionne à
cette époque, a pris à la fin du mois de juin 1924 une série de mesures qui sont en
contradiction totale avec la politique qu'il avait lui-même suivie jusque-là : les
peintres qui travaillaient pour la S.E.P. ne reçoivent plus aucune nouvelle
commande et doivent se contenter de terminer les travaux en cours ; certaines
fresques de José Clémente Orozco sont recouvertes de chaux. Un décret du Président
Obregon, en août 1924, confirma ces dispositions.
Cette volte-face de Vasconcelos marquait-elle son désarroi devant une peinture
qui ne semblait plus emprunter les voies pythagoriciennes de l'élévation vers la
Beauté et vers la Pureté, mais choisir au contraire une orientation plus
"newtonienne", celle de l'endoctrinement des masses (42) ? On touche là au cœur du
problème. Ainsi, dès juillet 1923, certains commentateurs se demandaient si
l'inspiration "indigéniste" des fresques peintes par Jean Chariot, Fermin Revueltas et
Fernando Leal sur les murs de l'E.N.P. n'étaient pas un alibi démagogique derrière
lequel s'abritait l'impuissance des peintres modernes à vaincre certaines difficultés
techniques, et si derrière ce "primitivisme artificiel" ne se dissimulait pas un
"archaïsme glacé et vide" (43). Sur cette question de l'indigénisme vient se greffer
celle du prosélytisme idéologique. Des personnages politiques influents, comme
Alberto Pani, interviendront auprès de Vasconcelos pour qu'il fasse disparaître
certains slogans d'inspiration libertaire du poète Carlos Gutierrez Cruz qui
encadraient les fresques de Rivera et qui leur paraissaient impropres à figurer sur les
murs d'édifices publics (44).
Si Vasconcelos et les puralistes coïncidaient sur la nécessité d'une éducation
sociale et esthétique du peuple, les moyens préconisés de part et d'autre divergeaient
profondément. Pour le Ministre, un enseignement primaire et universitaire bien
conçu doit se préoccuper de l'instruction civique du peuple ; dans un second temps,
l'art est chargé de proposer une nouvelle "mystique" à des foules alphabétisées et
policées. Pour Diego Rivera, l'art "pur" n'existe pas et la prise de conscience
politique prime sur l'éveil de l'esprit à l'émotion esthétique et mystique :
"Vasconcelos - ; déclare
"unanimistes" c'est pourquoi
Rivera -ilest
voit
un en
de Berta
ces hommes
Singermann
qu'en France
la rénovatrice
on appelle
du
spectacle en plein air et qu'il la croit capable d'éveiller le sentiment de la beauté chez
les foules. Il est vrai que tout a un début, mais il faut quelque chose de plus fort et
22 AMERICA
Claude FELL
NOTES
(37) Manuel Gômez Morïn, "Los frescos de Diego Rivera". La Antorcha, 20, 14
février 1925, pp. 13-14.
(38) Cf. "El caso del pintor Diego Rivera". El Heraldo, 10 et 19 juin 1923.
(39) "Pintura Oficial". El Demôcrata, 2 juillet 1923.
(40) "Renacimiento y nacionalismo". El Demôcrata, 16 juillet 1923.
(40) "Pintura de caballete y pintura de pulqueria". El Demôcrata, 20 juillet 1923.
Cet editorial contient une attaque très violente contre Rivera. Cf. également : "Pintura
y opiniones", ibid., 5 juillet 1923.
(41) José Juan Tablada, "El arte, los artistas y el publico". Revista de Revistas, 2
septembre 1923, p. 82.
(42) C'est la thèse de Jean Chariot, op. cit., pp. 295-296.
(43) "Renacimiento y nacionalismo". El Demôcrata, 16 juillet 1923.
(44) "Diego Rivera, ratimo", por Ortega. El Universal Ilustrado, 10 janvier
1924, p. 48 : "En sus frescos iniciales - "Los mineros", "Los tejedores", etc. - del
Ministerio de Educaciôn Publica, inscribiô versos libertarios de Carlos Gutierrez Cruz.
Por gestiones de don Alberto Pani, se borrarôn, mâs estân en una botella, dentro del
muro, para "cuando llegue el dfa".
(45) Ibid., p. 33
(46) "Un paisajista que se echô a perder." El Universal, 10 juillet 1923.
(47) C'est le cas de Renato Molina Enrfquez, jadis un des plus chauds partisans de
Rivera. Cf. Manuel Montenegro (comp.), "i Que importancia tiene la obra de Diego
Rivera ?". La Antorcha, 7, 15 novembre 1924, pp. 17-18 (Réponses de Fernando
Bolanos Cachi, Renato Molina Enriquez, Nicolas Puente, Fermln Revueltas et Diego
Rivera. Repris de la revue Survey Graphic).
(48) Ibid., p. 18. Réponse du peintre Nicolas Puente.
(49) "Diego Rivera diserta sobre su extrano arte pictorico". El Demôcrata, 2 mars
1924.
(50) "El caso del pintor Diego Rivera". El Heraldo, 10 juillet 1923.
(51) J. Vasconcelos, "Discurso inaugural del Edificio de la Secretaria". Obras
Complétas, II, p. 800.
(52) Roberto Barrios, "Diego Rivera pintor". El Universal Ilustrado, 28 juillet
1921, p. 22.
Mi querido Alfonso :
Aquf van las gracias por el Piano Oblicuo que Angelina y yo releemos
cada dfa un poco reviviendo las horas de Madrid durante los primeros tiempos de
guerra y dificultades. No me coja Ud demasiado desprecio retroactivo si le digo que
ahora me gustan mâs algunas de las piezas que cuando Ud me las leyô alla, y no
porque entonces me faltara entusiasmo por ellas, ya Ud se acuerda, pero han pasado
afios, quizâ entonces fuese "aun oh ! demasiado joven !" este pobre hombre de mi.
Ahora las cosas me aparecen con mayor profundidad y mâs incisivas. Decididamente
habrâ cosas que en 1914-1915 me pasaron delante de la nariz.
DIEGO RIVERA, ETUDE ICONOLOGIQUE 27
Diego Rivera
H. 19 de mayo de 1961
Mi querido Alfonso :
Acabo de recibir su carta, gracias por acordarse siempre de mî. Ahora mismo
voy a escribir a Orozco pidiéndole me indique en cuanto sea posible el formato, la
calidad del material y el tipo que comportarâ la ediciôn, de manera de hacer los
dibujos lo mâs ûtilmente posible, encantado del encargo y lleno de deseos de
cumplirlo los menos mal que se pueda para ver si le gusta a Ud una vez hecho.
Gracias a Ud y a los amigos de Mexico he hecho un viaje estupendo por Italia
- acabo de llegar a Paris encontrando su carta, me fui desde fines de Diciembre. Inûtil
tratar de contarle a Ud nada, pero le dire que el viaje marca el comienzo de un nuevo
periodo de vida. Me encuentro gracias a él con material para algunos afios de trabajo.
Nada como aquello para aclarar y humanizar. Allî no hay diferencia entre la vida de
las gentes y la obra de arte. Los frescos no se acaban fuera de las puertas de las
iglesias, viven en las calles, en las casas, por dondequiera que uno vuelve los ojos
todo es familiar, popular. Los pintores mâs linajudos son pintores de pulquerîa.
Todo es llano, casero, popular y aristôcrata, nada es viejo, nada, aparté el
renacimiento y el "art nouveau" 1900. Las acierîas, minas, arsenales van a
maravilla con templos, campaniles y palacios. Los frontones en Cicilia (sic) son el
retrato de las colinas y las casas aldeanas se levantan por los simples albaniles bajo
la misma harmonîa. Solo lo romântico "hace viejo" alli ; v. g. el futurismo
cinquecentismo, 16ismo, 17ismo, 18ismo, 19ismo, es decir la civilizaciôn burguesa
salida del Romano burgués = derecho civil y casco * apelotoniamento pompier y
magistral, apefiuscamiento suntuoso = pero se acabô = Italia esta magnifica en este
momento. Que estilo, que energia, que sobriedad ! Los vi a las manos muchas veces
y que eficacia, corecciôn y elegancia, y que industria, y que mujeres querido Alfonso.
Ademas no sabia yo hasta que punto pueden retorcer las tripas cosas hechas por los
hombres (Ravenna, San Marco, El Tintoretto en su ciudad, Etruria y los Etruscos,
San Antonio en Padua, Asis, Paestum y la Cicilia entera). Pero enfin, hemos de
vernos un dia y ya le daré la lata con mis charlas. Espero darle algo, tal vez, de
hecho con las manos gracias al viaje a Italia, es decir gracias a Ud.
El 7 de junio saldré para Mexico, antes de poner el pie en el estribo que le
parece a Ud ? Digame luego.
Mis respetos y muchos saludos mios de Angelina para su esposa de nosotros
dos. Carinos a Alfonsito de Angelina y para Ud tantos y tan afectuosos saludos
como para Manuela, y este su servidor para su merced las pilas de abrazos los mâs
fuertes posibles.
Diego Rivera