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Pratiques psychologiques 12 (2006) 133–143

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Dossier

De l’irruption du trauma à l’intervention


psychologique d’urgence
From irruption of trauma to the emergency
psychological intervention
J.-M. Coq 1,*
Laboratoire de psychologie clinique et pathologique (PRIS), EA 3228, université de Rouen, Rouen, France

Reçu le 1er juillet 2005 ; accepté le 1er février 2006

Résumé
Le psychologue est aujourd’hui sollicité pour intervenir dans l’urgence auprès de personnes impli-
quées dans des événements violents ou catastrophiques. À partir de son expérience clinique en cellule
d’urgence médicopsychologique, l’auteur essaie de mettre en évidence l’intérêt thérapeutique que repré-
sente ce type de prise en charge. Après avoir rappelé quels sont les effets du trauma à court terme et à
plus long terme, plusieurs exemples d’interventions sont rapportés, tant dans l’immédiateté de l’événe-
ment, que dans les jours qui suivent. Celles-ci permettent une première action psychothérapeutique pou-
vant dans certains cas se poursuivre par une prise en charge à plus long terme. Il s’agit là d’une pratique
récente pour les psychologues, qui peuvent y trouver un champ d’investigation clinique et théorique à
même d’enrichir la compréhension des processus traumatiques.
© 2006 Société française de psychologie. Publié par Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Abstract
The psychologist is solicited today to intervene in the urgency near people implied in events violent
ones or catastrophic. From his clinical experiment in acute medicopsychological trauma center, the
author tries to highlight the therapeutic interest which this type of assumption of responsibility repre-
sents. After having recalled which are the effects of the trauma in the short run and longer-term, several

* Auteur correspondant. Samu de Paris, hôpital Necker–Enfants-Malades, 149, rue de Sèvres, 75743 Paris cedex 15,

France.
Adresse e-mail : jean-michel.coq@nck.aphp.fr (J.-M. Coq).
1
Psychologue clinicien, MCA

1269-1763/$ - see front matter © 2006 Société française de psychologie. Publié par Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.prps.2006.02.002
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examples of interventions are reported, so much in event, which in the days which follow. Those allow a
first psychotherapeutic action being able in certain cases to continue with a longer-term assumption of
responsibility. It is a recent practice for the psychologists, who can find there a field of clinical and the-
oretical investigation capable to enrich comprehension by the traumatic processes.
© 2006 Société française de psychologie. Publié par Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Traumatisme psychique ; Débriefing psychologique ; Intervention du psychologue ; Cellule d’urgence
médicopsychologique

Keywords: Psychic trauma; Psychological debriefing; Psychologist intervention; Acute medicopsychological trauma
center

Claudine circulait à bicyclette avec Charles son fils de quatre ans, qu’elle conduisait au cen-
tre de loisir de leur quartier. À un grand carrefour, un camion grillant un feu rouge les heurta
violemment, Claudine eut juste le temps de se dégager, mais elle ne put rien faire pour Char-
les, qui coincé dans son siège vélo eut la tête écrasée par une des roues du camion. Moment
insoutenable pendant lequel elle est confrontée à une vision d’horreur, qui lui fait vivre une
expérience terrifiante, dans laquelle elle est impuissante à arracher son fils d’une mort aussi
violente que brutale.
Évacuée par les policiers vers un café, avec deux femmes témoins directs de l’accident,
Claudine porte dans son regard cette image insupportable de la tête écrasée de son fils et sup-
plie à plusieurs reprises qu’on la débarrasse de cette vision. Pompiers, policiers, personnels des
secours médicaux, sont autour de cette femme, traversés eux-mêmes par l’émotion que suscite
un tel accident.

1. Le trauma et ses effets

Ce que vient de vivre Claudine, constitue une expérience à forte potentialité traumatique,
elle a vu son fils mourir sous ses yeux d’une manière horrible et elle-même aurait pu perdre
la vie dans cet accident. Le trauma, dans sa transposition métaphorique du corporel au psy-
chique se caractérise par un : « envahissement de l’appareil psychique par de grandes quantités
d’excitations » (Freud, 1920) qui sous l’effet d’un événement extérieur, viennent rompre la
barrière protectrice de l’appareil psychique. Freud insiste alors sur l’aspect économique de la
névrose traumatique, distinguant l’état d’angoisse, dans lequel le sujet mobilise une charge
énergétique lui permettant de préparer son système défensif face à un danger, de celui d’effroi,
pour lequel il n’y est pas prêt.

1.1. L’irruption du trauma

Dans Au-delà du principe de plaisir, Freud (1920) considère l’effroi comme un moment de
surprise devant le danger. Il correspond au moment où l’image traumatique pénètre dans l’ap-
pareil psychique, repoussant les représentations, pour s’incruster au plus profond de celui-ci
(Lebigot, 1997,2002). Cette image ne peut pas être métabolisée dans l’inconscient, faute de
pouvoir être accueillie par une représentation, la mort n’ayant jamais eu de présentation préa-
lable, il n’en existe que des substituts métaphoriques ou métonymiques tels que le sommeil ou
le cadavre (Barrois, 1988). Le sujet est alors confronté à une rencontre avec le réel de la mort,
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l’image traumatique trouve alors sa place dans le néant de l’originaire (Lebigot, 2004), c’est-à-
dire le monde sensoriel archaïque des premiers éprouvés du nourrisson. Ainsi incrustée dans
l’appareil psychique, cette image constituera alors pour lui une menace interne, surgissant au
détail près, à sa conscience ou dans ses cauchemars, comme si l’événement était à nouveau
en train de se produire.

1.2. Les effets du trauma à court terme

Juste après un événement violent, le sujet peut être envahi par l’angoisse, qui s’exprime
dans l’agitation ou au contraire l’inhibition psychomotrice. En référence au concept de stress
(Selye, 1956) on décrit après une catastrophe, un état de stress dépassé dans lequel se distin-
guent quatre types de réactions (Crocq et al., 1998). La première est la sidération qui empêche
toute réaction adaptée tant sur le plan, cognitif, affectif que psychomoteur, la seconde est l’agi-
tation, marquée par une libération désordonnée et inefficace des tensions psychiques et corpo-
relles. La troisième est la fuite panique incoercible, individuelle ou collective qui éloigne du
danger, mais qui peut se révéler inadaptée, voire violente à l’égard des autres impliqués. La
quatrième est l’action automatique, qui permet d’assurer la sauvegarde de la personne, exécu-
tée dans un état second, hors de la conscience de son auteur, elle donne souvent lieu à une
amnésie. Dans d’autres cas, on observe un état conversif susceptible de récidive à brève
échéance, plus rarement une bouffée délirante aiguë ou un état confusionnel qui régressent
spontanément en moins de 24 heures (Crocq, 1994).

1.3. Les effets du trauma à long terme

L’installation d’un syndrome psychotraumatique est parfois très précoce, survenant dans les
jours qui suivent l’événement, le syndrome de répétition devient vite envahissant pour la per-
sonne. Il peut aussi arriver que le sujet reste dans le moment de l’effroi pendant plusieurs
jours, hébété, sidéré, restant attaché et fasciné par la scène de l’événement, il est alors traversé
par des sentiments de déréalisation, voire de dépersonnalisation.
Ces troubles peuvent aussi se mettre en place après un temps de latence d’une durée extrê-
mement variable allant de quelques semaines à une année. Le syndrome de répétition se mani-
feste par des reviviscences qui peuvent survenir plusieurs fois par jours : le sujet revit sur le
plan sensoriel, particulièrement au niveau visuel et auditif, quelques fois olfactif, l’événement
traumatique. La nuit il est envahi par des cauchemars à caractère répétitif, qui le plongent à
nouveau dans son vécu traumatique. À côté de ces symptômes, on note des modifications de
la personnalité, les sujets sont perpétuellement en état d’hypervigilance et ils désinvestissent ce
qui auparavant étaient pour eux source d’intérêts et de plaisirs (Fénichel, 1945). Ils perdent
leurs motivations pour leurs loisirs et leur activité professionnelle et sont en perpétuelle quête
d’affection, tout en étant eux-mêmes dans l’incapacité de donner aux autres, amour ou affec-
tion. L’ensemble de ce tableau clinique est désigné sous le terme de névrose traumatique dans
la nosographie européenne classique et sous celui d’« état de stress post-traumatique » dans la
classification nord-américaine du DSMIV.
Des psychoses réactionnelles (Crocq, 1994) bien que rares peuvent survenir, telles les
manies ou les mélancolies de deuil, qui apparaissent en réaction à la perte d’un proche, lors
d’un accident ou d’une catastrophe, dont le sujet peut avoir lui même été la victime. Il est
plus fréquent qu’à la suite d’un traumatisme psychique, un état dépressif s’installe progressive-
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ment dans le premier mois qui suit l’événement (Atkeson, et al., 1982; Thomas et Morand,
1999) et perdure parfois pendant plusieurs années (Abenhaim et al., 1992; Crocq, 1992). Ali-
mentant cet état dépressif, des sentiments de culpabilité (Daligand et Gonin, 1993) et de honte
(Vinar, 1997) apparaissent parfois dès les premières heures qui suivent l’événement et s’instal-
lent de manière chronique.

2. Le psychologue dans les dispositifs de l’urgence psychologique

Les soins psychiques précoces ont été développés par les psychiatres militaires, confrontés
lors de la première guerre mondiale, à un nombre considérable de soldats présentant des trou-
bles psychiques graves. En 1917, Salmon psychiatre militaire américain, propose une prise en
charge immédiate des blessés psychiques, à partir de l’expérience de Guillain, qui plutôt que
d’évacuer vers l’arrière les soldats français traumatisés, propose de les maintenir dans leur
régiment. Cette prise en charge immédiate est dispensée à proximité du lieu où se trouvent
les soldats selon les principes de « la psychiatrie de l’avant » (Crocq, 1999) principes qui ont
été repris lors de la mise en place des cellules d’urgence médicopsychologique en 1997.
Depuis ces dix dernières années, des psychologues interviennent dans l’urgence auprès de
personnes impliquées dans des événements à potentialités traumatiques, tant dans le cadre de
missions humanitaires (guerres, catastrophes naturelles), que dans des structures associatives
prenant en charge les victimes de violences de diverses natures (agressions sexuelles et physi-
ques, braquage de banque). De même les grandes entreprises publiques de transports (RATP,
SNCF) emploient des psychologues qui interviennent auprès de leurs agents lorsque ceux-ci
sont confrontés à des accidents, des suicides, des agressions. Des psychologues ont également
été recrutés par les hôpitaux publics dans les services d’accueil d’urgence, ainsi que dans les
cellules d’urgence médicopsychologique, les illustrations cliniques présentées ici sont extraites
d’interventions effectuées dans ce cadre.

2.1. La cellule d’urgence médicopsychologique

Cette structure s’est mise en place en France, à la suite d’une vague d’attentats à la bombe
au cours de l’été 1995, qui a tué sept personnes et en a blessé des dizaines d’autres, dans la
capitale. Les représentants de l’état qui se rendent sur place ou dans les hôpitaux, sont alors
directement confrontés à la détresse psychologique des blessés et des rescapés de l’attentat,
cela amène le président de la république à demander la mise en place d’un dispositif de soins
psychologiques pour les victimes d’attentats et de catastrophes.
Ainsi dans la région parisienne une première cellule d’urgence médicopsychologique
(CUMP) se met en place, dès 1995 à titre expérimental et en 1997 la prise en charge psycho-
logique des victimes de catastrophes est organisée sur tout le territoire français. La circulaire
du 28 mai 1997 précise que les catastrophes entraînent non seulement des blessures physiques
mais aussi des blessures psychiques qui nécessitent des soins d’urgence dispensés par des
médecins psychiatres, des psychologues et des infirmiers. Ce dispositif de prise en charge est
déclenché, selon les termes de la circulaire, lors de catastrophes ou d’accidents : « impliquant
un grand nombre de victimes et/ou susceptibles d’entraîner d’importantes répercussions psy-
chologiques en raison des circonstances qui les entourent ». Cette organisation repose sur un
réseau national de l’urgence médicopsychologique en cas de catastrophe, qui comprend un
niveau interrégional composé de sept cellules permanentes composées d’un psychiatre, d’un
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psychologue et d’une secrétaire, tous à mis-temps. Il comporte au niveau départemental un


psychiatre référent animant un réseau formé de psychiatres, psychologues et infirmiers volon-
taires. Les psychologues du service public de santé, mais aussi du secteur associatif et libéral,
ont largement contribué à la constitution des listes départementales des personnels volontaires
de l’urgence médicopsychologique. Ils se sont formés à la clinique et la prise en charge du
psychotraumatisme et participent aux soins parfois dans l’immédiateté de l’événement, mais
surtout dans les jours suivants, en assurant des consultations ou des prises en charge indivi-
duelles ou de groupe, qui viennent s’ajouter à leurs activités professionnelles habituelles.
Une circulaire du 20 mai 2003 renforce le dispositif mis en place, en créant selon les
mêmes modalités, des cellules permanentes au niveau régional, ainsi que dans les départements
comptant une population supérieure à un million d’habitants et présentant un « risque potentiel
de catastrophe élevé ».
Les cellules d’urgence médicopsychologique sont intégrées dans chaque département fran-
çais au service d’aide médical urgente (Samu), caractérisé par une prise en charge préhospita-
lière et une régulation des appels téléphoniques d’urgence assurées par des médecins spécialis-
tes de l’urgence. C’est le médecin régulateur du service d’aide médical urgente ou les autorités
qui déclenchent l’intervention de la cellule d’urgence médicopsychologique.
Notre expérience clinique repose sur des interventions effectuées pendant cinq années
comme volontaire, lors de l’activation de la CUMP du Val-de-Marne ou de celle de Paris.
Depuis un an, elle se poursuit à la cellule permanente interrégionale rattachée au Samu de
Paris.

2.2. Les interventions immédiates

Elles visent à désamorcer le stress et l’angoisse, elles constituent une première action pré-
ventive contre l’installation d’un syndrome psychotraumatique. Le psychologue doit pouvoir
se rendre le plus rapidement possible auprès des victimes de l’événement, soi sur les lieux
même de celui-ci, soi au service d’urgence de l’hôpital où la victime a été transportée. Il tra-
vaille dans un cadre pluridisciplinaire, en liens avec des médecins, urgentistes, anesthésistes–
réanimateurs, psychiatres, ainsi qu’avec les équipes infirmières.
Dans ce type de situation, le psychologue se rend auprès du patient, il lui fait une offre de
soins qui précède une demande venant de sa part. Le soin psychique immédiat est un moment
d’accueil et d’étayage, comportant parfois une dimension corporelle : aider à s’asseoir, prendre
la main, entourer d’une couverture, faire amener des boissons chaudes. Ces actions simples
contribuent à redonner au sujet un sentiment d’unité, sentiment souvent mis à mal par l’effrac-
tion que crée la survenue d’un événement violent et inattendu. Ainsi le sujet est souvent sou-
mis à une détresse intense, le plongeant dans une angoisse d’abandon qui ne peut s’apaiser que
dans la rencontre avec un autre prêt à prendre en compte cette détresse. Un autre qui est là, qui
est disponible pour écouter, l’horreur, la peur, la culpabilité, la honte et contenir les affects
auxquels ils sont liés. Renvoyé au-delà du principe de plaisir (Freud, 1920), happé par l’origi-
naire, revenant des enfers (Crocq, 2000) avec une expérience qui peut apparaître indicible, le
sujet peut se sentir terriblement seul, voire même abandonné du genre humain.
Dans l’immédiateté de l’événement traumatique, marqué par la contraction du temps, par-
fois une impression d’irréalité, le psychologue tente de recréer un lien intersubjectif avec la
victime, dans une coconstruction de cette rencontre qui doit s’adapter à l’environnement. Il
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tente d’arracher la personne à la fascination qu’exerce sur elle la mort et l’horreur, pour l’ac-
compagner et écouter sa souffrance.
Dans ce type de situation, le psychologue, à travers ce qu’il représente de la figure de l’au-
tre, effectue ce que Winnicott (1960) a décrit en termes de holding, le sujet n’étant plus à
même de se protéger des excitations externes auxquelles il est soumis, ses processus défensifs
étant débordés. Il s’agit de contenir la souffrance psychique du patient, dans un moment où
elle n’est pas élaborable, la circonscrire et l’accompagner constitue une action qui permet de
limiter la désorganisation psychique qu’entraîne l’événement, tant sur le plan économique que
sur le plan défensif.
Le clinicien qui intervient dans l’immédiateté du trauma est confronté lui-même à travers
son patient, à la violence effractive de l’événement, dans un cadre d’intervention souvent ins-
table, dans lequel il met son propre pare-excitation en jeu, dans un moment où celui du patient
est débordé. L’ambiance d’une zone d’opération de secours ou d’un service d’urgence contient
de fortes tensions excitatrices, susceptibles de se sommer pour la victime à celle de l’événe-
ment lui-même. Face à cette arrivée massive d’excitations, il est important de favoriser des
effets de contenance, à un moment où « le Moi est hors jeu » (Damiani, 2001). Il ne s’agit
pas à cette étape d’inciter la victime à une verbalisation détaillée et circonstanciée de l’événe-
ment, pouvant l’entraîner vers une action abréactive, alors beaucoup trop prématurée et source
de risques supplémentaires de déstructuration (Vinar, 1997; Gomez Mango, 1997).
Dans ce moment, il faut mettre en place un cadre thérapeutique, qu’il soit individuel ou
groupal, qui constitue « un palier réel entre les Enfers et le monde des vivants » (Barrois,
1988). Les entretiens psychologiques proposés au plus près de l’événement, ont une visée pré-
ventive, tant vis-à-vis d’un enkystement des symptômes liés à l’angoisse et au stress, que
d’une désorganisation massive de la personnalité. Le psychologue soutient ainsi la personne à
réordonner et réorganiser sa parole afin de lui permettre d’exprimer par les mots, les affects
qu’il ressent. Cette réintroduction à l’ordre symbolique, place le psychologue dans une fonc-
tion paternelle par laquelle il tente de limiter les effets de vide de la pensée qu’engendre pour
le sujet une rencontre avec le réel de la mort.
Dans l’accident dont ont été victime Claudine et son fils, c’est le médecin de l’équipe du
service mobile d’urgence et de réanimation, restée sur place, qui a demandé l’intervention
immédiate de la cellule d’urgence médicopsychologique, pour cette mère et pour les témoins
directs de l’accident. Transportés rapidement sur place, nous rencontrons Claudine et le père
de Charles, qui prévenu par celle-ci, s’est rendu sur les lieux de l’accident. Claudine apparaît
comme sidérée, elle est immobile, son regard est terrorisé, elle nous semble confrontée à l’ef-
froi et soumise à une sidération psychique qui paralyse chez elle tout processus de pensée,
pouvant s’organiser en représentation de mots. L’image de la tête écrasée de son fils occupe
probablement tout son espace psychique, la laissant aux prises à une représentation de chose
de l’ordre de l’horreur, qu’aucun mot ne semble pouvoir prendre en charge. Claudine semble
inaccessible, prise dans un mécanisme de défense qui apparaît comme quasi autistique, nous
prenons cependant l’initiative de nous présenter et restons à côté d’elle, Claudine paraît indif-
férente à notre présence. Un moment donné, elle s’agite, parcours l’espace de la salle du café
de long en large, son agitation motrice nous apparaît alors comme une tentative désespérée de
chasser l’image traumatique. Lors de cette déambulation, son regard croise celui du père de
Charles, elle éclate en sanglots. À cet instant Claudine nous semble alors plus accessible à
l’autre, je lui tends alors un mouchoir et l’incite à nous parler de Charles, si elle le veut. Il
s’agit là de proposer à Claudine une autre représentation de son fils que celle de l’image trau-
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matogène qui la sidère, ce qu’elle accepte. Parler de son fils la réintroduit dans le langage et
dans la relation à l’autre, son récit est entrecoupé de pleurs, de moments de révolte face à la
mort de son fils, Claudine semble se dégager légèrement de l’horreur de l’accident, pour dire
avec des mots qui était son fils, sa vie quotidienne, son caractère, ses rapports avec elle. Le
père qui est séparé d’avec Claudine, est en pleurs, il exprime un sentiment de culpabilité,
expliquant qu’il regrette de ne pas avoir été là au moment de l’accident, imaginant peut-être
ainsi qu’il aurait pu sauver son fils. Il semble vivre son absence au moment de l’accident (sa
présence dans la réalité n’avait pas lieu d’être) comme une défaillance de sa part. Le père de
Charles éprouve une souffrance aiguë face à la perte de son fils, mais il n’a pas été soumis à
l’effroi comme Claudine, moins désorganisé dans son fonctionnement psychique, il parvient
avec notre aide à prévenir son frère dont il est proche. Celui-ci viendra les rejoindre et pourra
les soutenir efficacement, en particulier pour qu’ils quittent les lieux de l’accident. Nous avons
accompagné les parents de Charles jusqu’à un hôpital que nous avions auparavant contacté, où
ils ont pu être accueillis quelques heures, avant de regagner le domicile du père, entourés par
des proches.

2.3. Les interventions post-immédiates

Les soins immédiats doivent être de façon quasi systématique suivis d’une proposition
d’entretiens individuels ou de groupe selon les cas. Le terme de débriefing est plus générale-
ment utilisé pour désigner ce type d’entretiens, bien que le terme d’intervention psychothéra-
pique post-immédiate soit utilisé par certains auteurs francophones (Nehme et al., 2004). For-
malisée aux États-Unis par Mitchell (1983) en 1983, cette technique baptisée critical incident
stress debriefing, destinée initialement aux sauveteurs a vu son champ s’élargir à celui des vic-
times. Sa mise en place et son protocole, peu adaptés à la prise en compte de la subjectivité de
la personne, ont fait qu’une approche dite francophone, s’est développée. Ainsi pour Lebigot
et al. (2001) le débriefing consiste justement à reprendre minutieusement les faits, mais surtout
les émotions et les pensées qui y sont attachés, dans le cadre d’une approche groupale visant le
rétablissement des liens identificatoires (Freud, 1921). Pour ces auteurs il est important que le
débriefing collectif, ne réunisse que des personnes qui ont vécu ensemble l’événement et de
préférence qu’ils appartiennent à un groupe constitué avant l’événement.
Pour pratiquer un débriefing collectif, le psychologue doit posséder une solide expérience
de l’animation des groupes et de la dynamique psychique qui s’y mobilise (Anzieu, 1975 ;
Kaës, 1993), qu’il s’agisse de groupes d’adultes ou d’enfants. Ainsi nous avons rencontré les
élèves d’une classe de CM2 de province, en visite à Paris qui ont été confrontés des fenêtres
de l’auberge de jeunesse où ils sont accueillis, au cadavre d’un homme qui vient de se défe-
nestrer. Cette rencontre brutale et inattendue avec un cadavre entraîne pour certains des mani-
festations anxieuses qui par un effet de contamination émotionnelle, deviennent de plus en
plus importantes au fur et à mesure que l’heure du coucher se rapproche. Les enseignants de
cette classe demandent de l’aide face à cette situation,
Répartis en deux sous-groupes, les enfants abordent la question de la mort qu’ils connais-
sent pour certains à travers le décès d’un grand- ou arrière-grand-parent, certains évoquent
qu’ils ont déjà eu des idées suicidaires, d’autres expriment leur incompréhension quant au fait
de vouloir mettre fin à sa vie. Un débat s’engage, il s’agit d’en réguler la parole, d’aider les
enfants à communiquer leurs idées, leurs questionnements, leurs sentiments.
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Cette rencontre des enfants avec un cadavre mutilé, les confronte à la réalité de la mort, qui
les amène à évoquer toute une gamme de réactions émotionnelles qui s’élaborent et se métabo-
lisent dans une dynamique groupale, qui leur permet de contenir leurs affects. Procédant indi-
viduellement à un réaménagement de leurs modalités défensives, les enfants ont pu ensemble
coélaborer leur vécu et leur questionnement, ce qui leur a probablement permis de se dégager
de la fascination produite par la vision du cadavre.
Le débriefing individuel est un entretien centré sur l’événement, son objectif est la verbali-
sation et l’élaboration par le sujet de son vécu traumatique. Il est proposé aux victimes compo-
sant un groupe aléatoire, il peut aussi faire suite à un débriefing collectif, pour une personne
repérée comme psychologiquement fragile ou plus particulièrement éprouvée par l’événement.
Le clinicien à la suite du débriefing individuel peut être amené à proposer au sujet une prise en
charge psychothérapeutique régulière, voire une hospitalisation, lorsqu’un syndrome de répéti-
tion se développe ou qu’une psychose réactionnelle s’installe.
Nous rencontrons Mme A. en Thaïlande, dans un hôtel de Phuket, une semaine après la
catastrophe du Tsunami. En vacances avec son mari et leurs deux garçons âgés de cinq et
neuf ans, ils ont été tous les quatre pris par la vague, dans laquelle les deux enfants ont dis-
paru. Mme A. blessée assez sérieusement à la poitrine, a quitté l’hôpital il y a deux jours. La
veille du débriefing, les corps de leurs enfants ont été identifiés. Je suis surpris aux premiers
contacts, de voir une femme souriante et sereine, compte tenu des événements. Mme A. me
fait un récit très détaillé des événements, minutes par minutes, c’est dans le regard terrorisé
d’une vacancière qui était face à la vague, qu’elle a saisi le danger dans lequel elle se trouvait
avec ses garçons. Elle est restée dans la temporalité de l’événement, une légère participation
émotionnelle apparaît pour être aussitôt estompée par un discours dans lequel, elle énonce
qu’il est mieux que ses enfants aient disparu maintenant, brossant un tableau cataclysmique
du monde et de la pollution planétaire. Mme A. présente un état de déréalisation, associé à
des éléments quasi délirants de fin du monde qui sont inquiétants. Dans un cas comme celui-
ci, le débriefing individuel permet une évaluation clinique mettant en évidence la nécessité de
rapatrier rapidement Mme A. vers la France et d’organiser avec le psychiatre de la CUMP, son
hospitalisation en psychiatrie, qui durera une quinzaine de jours.
Quand une personne est confrontée à un événement violent et qu’elle ne peut bénéficier de
soins immédiats ou post-immédiats, elle risque de s’exposer elle-même à un nouveau trauma,
prise dans la fascination que celui-ci exerce sur elle. Ainsi Elodie, 14 ans, après être sortie de
son collège, a découvert avec deux de ses camarades, le corps sans vie d’un homme âgé qui
venait de se pendre. Alors que ses deux camarades s’éloignent immédiatement, Elodie fascinée
par la scène, reste sur place, elle est alors prise de nausées et de tremblement, puis perd
connaissance. Durant la nuit, elle fait des cauchemars à répétition avec l’image de l’homme
pendu et le lendemain matin au collège, elle ne peut assister aux cours, compte tenu de son
état d’angoisse et elle est accueillie à l’infirmerie. Nous la rencontrons en fin de journée, elle
rapporte avec émotions l’événement de la veille, puis évoque assez rapidement que deux ans
auparavant, une camarade avec qui elle venait de jouer, est décédée sous ses yeux, fauchée par
une voiture en traversant la rue. Elle évoque alors avec beaucoup d’angoisse les tentatives des
sauveteurs pour la réanimer et elle constate alors à cet instant, que ses résultats scolaires ont
commencé à chuter après cet événement et que c’est depuis qu’elle souhaite devenir pompier.
La découverte macabre à laquelle cette jeune fille est confrontée, réactive les effets d’un
événement plus ancien, qui n’a pas été sans conséquence sur elle, faute d’avoir été élaboré.
La sommation d’événements à potentialités traumatiques, fragilise les sujets qui en sont les
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victimes, voire les témoins directs, lorsqu’ils n’ont pas pu rencontrer un autre qui puisse les
écouter et supporter leur souffrance.
Constituant un cadre d’intervention tout à la fois pare-excitant et créatif, l’intervention psy-
chologique d’urgence permet de réinscrire le sujet dans une trame signifiante, dans laquelle les
différents éléments de l’expérience traumatique pourront prendre leur place. Elle restitue au
sujet son sentiment de continuité d’existence, souvent mis à mal, voire rompu par l’irruption
du trauma.

3. Discussion

Les psychologues sont à l’heure actuelle souvent sollicités pour intervenir dans des situa-
tions d’urgence. Cette pratique nécessite pour ceux qui s’y engagent, de développer une
réflexion constante et vigilante, sur le sens des demandes qui leurs sont adressées. Celles-ci
peuvent prendre la forme d’une exigence de rencontre immédiate, émanant de certains impli-
qués eux-même, mais pouvant aussi venir de leur entourage familial, de leurs employeurs ou
de responsables institutionnels. Il ne saurait être question pour des raisons éthiques et déonto-
logiques, d’imposer une rencontre, quelle soit individuelle ou collective, à une personne en
dehors de son consentement propre2. Une grande souplesse est en revanche, indispensable
dans la mise en œuvre des interventions, leurs modalités ne peuvent être construites à partir
d’un schéma type. Chaque événement nécessite de coconstruire avec toutes les personnes
impliquées (parfois à des degrés divers) une rencontre immédiate ou/et quelques jours plus
tard d’organiser un débriefing. Pour certaines victimes d’accidents individuels ou de catastro-
phes, cette action sera unique, pour d’autres plusieurs rencontres se mettront en place, en fonc-
tion des demandes et des propositions d’entretiens reposant sur l’évaluation clinique qui peut
être faite. Le psychologue est parfois amené à orienter la personne qu’il a prise en charge, vers
une structure de psychiatrie de secteur ou une association d’aide aux victimes, afin que soit
poursuivi le processus psychothérapeutique qui s’est engagé. Un travail en réseau interdiscipli-
naire est indispensable à mettre en place après bien des situations de catastrophe, il peut aussi
impliquer des services sociaux, de même que des organisations de secouristes.
Lors de catastrophes, les interventions psychologiques d’urgence, sont souvent rapportées
par la presse, suscitant divers commentaires et réflexions sur les représentations sociales, du
rôle des psychologues dans de telles situations. L’essai de Jacques Gaillard (2003) intitulé
« Des psychologues sont sur place… » illustre combien le débat sur la pertinence et le sens
de telles interventions, dépasse très largement le champ de la psychologie et des soins psychi-
ques. Il s’inscrit en effet, dans une demande sociale, d’écoute et de prise en compte de la souf-
france psychique engendrée par des événements extérieurs au sujet. Le modèle d’une causalité
traumatique réelle, donne alors au public un accès à une compréhension possible des troubles
psychopathologiques, alors que celui-ci reste toujours assez perplexe et défendu face à la mala-
die mentale (Cremniter, 2002). L’opposition entre réalité événementielle et dimension fantas-
matique du traumatisme, constitue un enjeu théorique et clinique important de la psychanalyse
(Freud et Breuer, 1895 ; Freud, 1920, 1926 ; Ferenczi, 1933,1934) depuis la naissance de
celle-ci, il en constitue en effet, l’un des concepts fondamentaux. La notion de transitionnalité

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Le code de déontologie des psychologues est à cet égard très explicite.
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(Winnicott, 1975) a permis une ouverture importante dans ce débat (Roussillon, 1988 ; Janin,
1996) amenant les cliniciens à de nouvelles approches thérapeutiques.
La pratique clinique de l’intervention psychologique d’urgence est à même d’enrichir ce
débat, si l’on considère que la prise en compte de la réalité événementielle n’empêche nulle-
ment d’aborder pour le sujet la dimension fantasmatique à laquelle elle fait écho. Pour le psy-
chologue engagé dans la prise en charge des sujets confrontés aux effets du trauma, la dyna-
mique interactive qui existe entre réalité interne et externe, constitue un champ d’investigation
pouvant se révéler extrêmement fertile, pour une meilleure compréhension du fonctionnement
psychique.

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