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Fiche 1 Pro­­blé­­ma­­tiques et enjeux...............................

344

Fiche 2 Contexte, normes et acteurs. ....................... 351

Fiche 3 Outils clés. ...................................................... 358

Fiche 4 Méthodes et démarches.................................. 369

Fiche 5 Perspec­­tives et pros­­pec­­tives......................... 378


12
Maî­­tri­­ser les
12 coûts et les
performances
DOSSIER

cachés
Henri Savall et Véro­­nique Zardet

L
es coûts cachés repré­­sentent les impacts éco­­no­­miques des dysfonc­­
tion­­ne­­ments qui per­­turbent le mana­­ge­­ment et le fonctionnement
des entre­­prises et des orga­­ni­­sa­­tions en termes de conditions de
tra­­vail, d’orga­­ni­­sa­­tion du tra­­vail, de communication-­coordination-
concertation, de ges­­tion du temps, de for­­ma­­tion ou de mise en œuvre
stra­­té­­gique. Ces coûts sont appe­­lés cachés car ils ne sont géné­­ra­­le­­ment
pas, ou mal pris en compte par les systèmes comp­­tables clas­­siques des
orga­­ni­­sa­­tions. Les mesures réa­­li­­sées par l’Iseor1 depuis plus de qua­­rante
ans au sein de 1 310 entre­­prises ou orga­­ni­­sa­­tions dans 35 pays, montrent
que les coûts cachés repré­­sentent de l’ordre de 15 000 € à 60 000 € de
pertes de valeur ajou­­tée par per­­sonne et par an selon les entreprises.
Ils repré­­sentent ainsi un gigan­­tesque gise­­ment endo­­gène de valeur ajou­­
tée sous réserve de savoir, non seule­­ment les mesu­­rer, mais aussi mettre
en place des métho­­do­­logies adap­­tées pour les conver­­tir en per­­for­­mances
et auto­­fi­­nan­­cer des stra­­té­­gies de survie et de déve­­lop­­pe­­ment.

1.  Ins­­ti­­tut de socio-­économie des entre­­prises et des orga­­ni­­sa­­tions, centre de recherches en


ges­­tion asso­­cié à l’uni­­ver­­sité Jean Moulin-­Lyon III (www.iseor.com).
Maî­­tri­­ser les coûts…
1 Pro­­blé­­ma­­tiques
FICHE
et enjeux
Les coûts cachés n’appa­­raissent pas dans les sys­­tèmes d’infor­­ma­­tion,
comp­­ta­­bi­­li­­tés géné­­rale et ana­­ly­­tique ou bud­­get, d’une entre­­prise. Or, ils per­­
mettent à l’orga­­ni­­sa­­tion de comprendre cer­­taines de ses dif­­fi­­cultés éco­­no­­
miques et de trou­­ver des leviers d’amé­­lio­­ra­­tion de ses per­­for­­mances. Comme
ils ne sont ni mesu­­rés, ni sur­­veillés, les coûts cachés ne sont pas pris en compte
dans les déci­­sions de l’entre­­prise. Une telle omis­­sion abou­­tit à des ana­­lyses,
des inter­­pré­­ta­­tions erro­­nées et des décisions inap­­pro­­priées. Comment mesu­­
rer les coûts cachés et les intégrer dans la pré­­pa­­ra­­tion d’une déci­­sion ?
L’expres­­sion « coût caché » est une abré­­via­­tion de « coût-­performance
caché ». Selon la théo­­rie socio-­économique, une réduction de coût consti­­tue
un accrois­­se­­ment de per­­for­­mance et une réduc­­tion de per­­for­­mance consti­­tue
un coût. De même qu’il existe des coûts cachés dans l’entre­­prise, il existe aussi
des performances cachées, c’est-­à-dire non mesu­­rées, non sur­­veillées et non
prises en compte dans la prise de déci­­sion. Ainsi, les impacts posi­­tifs d’inves­­tis­­
se­­ments imma­­té­­riels, compo­­sés de temps passés par les per­­sonnes de l’entre­­
prise en for­­ma­­tion interne, dans des pro­­jets stra­­té­­giques ou d’amé­­lio­­ra­­tion
opé­­ra­­tion­­nelle, ne sont pas comp­­ta­­bi­­li­­sés comme tels et se trouvent assi­­mi­­lés
à des charges récur­­rentes. Par sim­­pli­­fi­­ca­­tion, l’expres­­sion abré­­gée coûts cachés
dans ce dos­­sier ren­­verra au concept complet de coût-­performance caché.


Dossier 12 Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés 345

Pro­­blé­­ma­­tiques et enjeux    
DÉfi­­ni­­tion des coûts- caché affé­­rent s’éva­­lue par la dif­­fé­­rence : (coût
de la pra­­tique actuelle – coût de la solu­­tion
­performances cachés alter­­na­­tive pré­­fé­­rable).
Une autre défi­­ni­­tion, plus usi­­tée est qu’un
Le coût caché est le coût dif­­fé­­ren­­tiel d’une coût caché consti­­tue une des­­truc­­tion, réelle
solu­­tion alter­­na­­tive pré­­fé­­rable, telle que : pro­­ ou poten­­tielle, de valeur ajou­­tée pro­­vo­­quée
duire ou vendre autre­­ment ou ailleurs ; amé­­ par un dys­­fonc­­tion­­ne­­ment opé­­ra­­tion­­nel avéré
lio­­rer la concep­­tion d’un pro­­duit au lieu de le tel qu’ab­sen­­téisme, acci­­dent du tra­­vail ou
main­­te­­nir tel qu’il est ; recru­­ter selon d’autres mala­­die pro­­fes­­sion­­nelle, rota­­tion du per­­son­­
méthodes plus effi­­caces ; mana­­ger autre­­ment nel, non-­qualité des pro­­duits – bien ou ser­­
les per­­sonnes et les équipes. vice – ou sous- pro­­duc­­ti­­vité directe. Il existe
S’il est vrai qu’il existe une bonne pra­­tique aussi des dys­­fonc­­tion­­ne­­ments stra­­té­­giques
pré­­fé­­rable à la manière dont on pro­­cède « cachés », tels que l’absence d’une inno­­va­­tion
actuel­­le­­ment, en termes de poli­­tique d’entre­­ qui aurait per­­mis un coût plus compé­­titif, une
prise, d’orga­­ni­­sa­­tion et de méthode de tra­­vail, conquête de parts de mar­­ché ou une per­­for­­
de pro­­cé­­dures, de normes, alors l’entre­­prise mance plus durable.
subit des dys­­fonc­­tion­­ne­­ments, et le coût

Ce qu’il faut rete­­nir

Coût cachÉ
En résumé, un coût caché est un coût ana­­ly­­tique, pro­­vo­­qué par un dysfonctionnement,
un défaut de fonc­­tion­­ne­­ment, une absence ou retard de déci­­sion ou d’action, afin de ne
pas l’impu­­ter abu­­si­­ve­­ment au coût d’un pro­­duit – bien ou ser­­vice –, celui-­ci n’étant pas en
soi res­­pon­­sable d’un mau­­vais fonc­­tion­­ne­­ment de l’orga­­ni­­sa­­tion qui l’a éla­­boré. Les coûts
assu­­més par l’entre­­prise sont donc segmentés en deux caté­­go­­ries : les coûts impu­­tables
au coût des biens et ser­­vices et les coûts impu­­tables à la qua­­lité du fonc­­tion­­ne­­ment de
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.

l’orga­­ni­­sa­­tion.

Par symé­­trie avec les coûts cachés, une mance, qui est cachée tant qu’elle n’est pas
entre­­prise ou orga­­ni­­sa­­tion génère des per­­ mesu­­rée ni mise en évi­­dence dans la comp­­
for­­mances cachées, gains non mesu­­rés dans ta­­bi­­lité ou les tableaux de bord de l’entre­­
l’entre­­prise, par suite d’une action d’amé­­lio­­ prise. La réduc­­tion des dys­­fonc­­tion­­ne­­ments
ra­­tion. Par exemple, une for­­ma­­tion inté­­grée entraîne une réduc­­tion des coûts cachés,
des commer­­ciaux a per­­mis de réduire les c’est-­à-dire une créa­­tion de valeur ajou­­tée
litiges commer­­ciaux. Le gain sur réduc­­tion de qui consti­­tue une per­­for­­mance cachée, tant
litiges commer­­ciaux engen­­dré par ce déve­­ qu’elle n’est pas mesu­­rée par des indi­­ca­­teurs
lop­­pe­­ment des compé­­tences est une per­­for­­ appro­­priés.
346 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

! À SAVOIr
Compo­­si­­tion des coÛts cachés
• Sur­­charges : charges exces­­sives consom­­mées pour cor­­ri­­ger les dysfonctionnements, telles que le recours à des inté­­ri­­maires
pour pal­­lier des absences mala­­dies, l’achat de matières pre­­mières incor­­po­­rées dans des pro­­duits défec­­tueux qu’il a fallu jeter.
Ces sur­­charges alour­­dissent le débit du compte de résul­­tat.
• Non-­produits : insuf­­fi­­sance de chiffre d’affaires, de pro­­duits finan­­ciers, de marge provoquée par des dys­­fonc­­tion­­ne­­ments ; par
exemple, une pres­­ta­­tion faite mais non facturée à un client, un avoir qu’il a fallu consen­­tir à un client mécontent du fait d’un retard de
livrai­­son ou encore un pro­­duit défectueux vendu en deuxième choix. Les non-­produits allègent le cré­­dit du compte de résul­­tat.
En éco­­no­­mie, les sur­­charges se nomment coûts his­­to­­riques et les non-­produits coûts d’oppor­­tu­­nité.
Lors­­qu’une entre­­prise réus­­sit à « réduire » ses coûts cachés, cela se véri­­fie dans son compte de résul­­tat par une réduc­­tion de
ses charges fixes et/ou variables et par un accroissement de pro­­duits comp­­tables. En pra­­tique, on dit que l’entre­­prise a réussi à
conver­­tir ses coûts cachés en valeur ajou­­tée, par réduc­­tion des charges et/ou déve­­lop­­pe­­ment de ses pro­­duits d’exploi­­ta­­tion.

une mobi­­li­­sa­­tion des per­­sonnes et la conduite


! À SAVOIR métho­­dique du chan­­ge­­ment au sein de
l’orga­­ni­­sa­­tion. Les coûts cachés consti­­tuent
un phé­­no­­mène uni­­ver­­sel, qui touche toutes
Base de don­­nées de mesures
des coûts cachés les entre­­prises et les orga­­ni­­sa­­tions, quels
que soient leur sta­­tut, leur taille, leur sec­­teur
Dans 35 pays Entre 15 000 et
Sur 4 conti­­nents 60 000 euros de d’acti­­vité.
72 sec­­teurs d’acti­­vité coûts cachés
dif­­fé­­rents par per­­sonne et
1 310 entre­­prises ou par an
orga­­ni­­sa­­tions

Les coûts cachés ont deux impacts, ils entraînent des amÉ­­lio­­rer
carences de pro­­grès et entachent la qua­­lité des déci­­ l’infor­­ma­­tion
sions, par manque de visi­­bi­­lité du mana­­ge­­ment sur le
mon­­tant de ces coûts et l’enjeu qu’ils consti­­tuent.
comp­­table
et finan­­ciÈre

La conjonc­­tion des infor­­ma­­tions tirées des


por­­tÉe de l’Éva­­lua­­tion comp­­ta­­bi­­li­­tés géné­­rale et ana­­ly­­tique et de
celles que four­­nissent les outils de maî­­trise
des coÛts cachés des coûts-­performances cachés met à dis­­
po­­si­­tion des déci­­deurs et res­­pon­­sables, un
Les coûts cachés consti­­tuent une source, un sys­­tème d’infor­­ma­­tion éco­­no­­mique plus
gise­­ment de pro­­grès. Ce sont des res­­sources complet qui rend plus per­­ti­­nents les modèles
gas­­pillées, par­­tiel­­le­­ment récu­­pé­­rables par de gou­­ver­­nance et d’aide à la déci­­sion.
Dossier 12 Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés 347

Pro­­blé­­ma­­tiques et enjeux    
Per­­fec­­tion­­ner l’ana­­lyse Les coûts cachés dans
des coûts des biens le compte de résul­­tat
et des ser­­vices
La mesure des coûts cachés amé­­liore aussi
La non-­prise en compte des coûts cachés la qua­­lité et la per­­ti­­nence de l’inter­­pré­­ta­­tion
intro­­duit des dis­­tor­­sions et des biais impor­­ des comptes en comp­­ta­­bi­­lité géné­­rale. Elle
tants. En effet, on impute au coût des pro­­ per­­met de comprendre l’ori­­gine du défi­­cit, ou
duits des consom­­ma­­tions de res­­sources qui d’une insuf ­­fi­­sance de résul­­tat béné­­fi­­ciaire. En
sont impu­­tables non pas à la pro­­duc­­tion et effet, les coûts cachés se situent en par­­tie au
commer­­cia­­li­­sa­­tion des biens et ser­­vices, mais débit, en par­­tie au cré­­dit du compte de résul­­
aux défauts de fonc­­tion­­ne­­ment de l’entre­­ tat.
prise. Par exemple, si des rup­­tures de stock La simu­­la­­tion d’une inté­­gra­­tion des coûts
conduisent à frac­­tion­­ner les livrai­­sons aux cachés dans le compte de résul­­tat normé
clients, le coût de commer­­cia­­li­­sa­­tion du pro­­ pour­­rait se faire en expli­­ci­­tant pour chaque
duit est arti­­fi­­ciel­­le­­ment gon­­flé par les coûts compte de charge les notions de coût caché
cachés liés aux rup­­tures. Les coûts de trans­­ et d’ortho­fonction­­ne­­ment. Ce der­­nier cor­­res­­
port (per­­son­­nel, amor­­tis­­se­­ment des véhi­­ pond à un coût stan­­dard de réfé­­rence exo­­néré
cules, consom­­ma­­tions d’éner­­gie, de frais de de tout dys­­fonc­­tion­­ne­­ment (cf. fiche 1).
péage…) intègrent ces sur­coûts des livrai­­
sons addi­­tion­­nelles évi­­tables. Or ces ana­­lyses Indi­­ca­­teurs d’ana­­lyse de la
de coûts des pro­­duits sont à la source des
compé­­titi­­vité et de pilo­­tage
déci­­sions stra­­té­­giques sur le prix de vente,
de la per­­for­­mance
l’externalisation de ser­­vices, l’im­partition de
sous-­traitance ou le rapa­­trie­­ment d’acti­­vi­­tés Toute orga­­ni­­sa­­tion subit des coûts cachés.
dans l’entre­­prise. Il importe d’appré­­cier par des ratios simples
Les coûts cachés contri­­buent à mieux la pro­­por­­tion que repré­­sentent ces coûts
comprendre et inter­­préter les coûts et les cachés par rap­­port aux coûts et per­­for­­
résul­­tats four­­nis par la comp­­ta­­bi­­lité ana­­ly­­ mances visibles. Cela per­­met de détecter si
tique. Ils aident les contrô­­leurs de ges­­tion, l’entre­­prise est en train de perdre le contrôle
appuyés par les res­­pon­­sables opé­­ra­­tion­­nels, à du pilo­­tage de sa per­­for­­mance éco­­no­­mique,
trou­­ver cer­­tains fac­­teurs expli­­ca­­tifs des écarts ou, au contraire, de conso­­li­­der sa posi­­tion
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sur coûts stan­­dards consta­­tés. compé­­titive.


348 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

CAS D’ENTREPRISE

Tableau 12.1 – Compte de résul­­tat fai­­sant appa­­raître les coûts cachés


(entre­­prise de 720 per­­sonnes)

En milliers d’euros

60 Achats (coûts visibles) 20 354  Ventes 75 479


- coûts d’ortho­fonction­­ne­­ment 19 586 et autres
- coûts cachés de dys­­fonc­­tion­­ne­­ments 768 pro­­duits

61/62 Autres charges externes (c. visibles) 6 327 


- coûts d’ortho­fonction­­ne­­ment 6 327
- coûts cachés de dys­­fonc­­tion­­ne­­ments 0

63 Impôts et taxes et ver­­se­­ments 1 704  Pro­­duits 2 028


- coûts d’ortho­fonction­­ne­­ment 1 396 vir­­tuels
- coûts cachés de dys­­fonc­­tion­­ne­­ments 307 (non-
­produits)
64 Charges de per­­son­­nel (coûts visibles) 27 018 
- coûts d’ortho­fonction­­ne­­ment 20 461
- coûts cachés de dys­­fonc­­tion­­ne­­ments 6 556

65 Autres charges de ges­­tion cou­­rante 7 832


(coûts visibles)
- coûts d’ortho­fonction­­ne­­ment 7 832
- coûts cachés de dys­­fonc­­tion­­ne­­ments 0

66 Charges finan­­cières (coûts visibles) 2 670


- coûts d’ortho­fonction­­ne­­ment 2 131
- coûts cachés de dys­­fonc­­tion­­ne­­ments 538

68 Dota­­tions aux amor­­tis­­se­­ments et aux 8 633


pro­­vi­­sions (coûts visibles)
- coûts d’ortho­fonction­­ne­­ment 6 940
- coûts cachés de dys­­fonc­­tion­­ne­­ments 1 693

Total des coûts visibles = charges réelles 74 541

Coûts cachés non incor­­po­­rés (dans les 2 028


charges visibles)

Résul­­tat 939

76 569 76 569

NB : le mon­­tant des coûts cachés est, dans ce cas d’entre­­prise, de : 768 + 307 + 6 556
+ 538 + 1 693 + 2 028 = 11 890 € répar­­tis en 9 862 k€ de sur­­charges et 2 028 k€ de non-
­produits.
Dossier 12 Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés 349

Pro­­blé­­ma­­tiques et enjeux    
En Pratique
Ratios d’ana­­lyse, d’alerte et de pilo­­tage

La sur­­veillance de l’évo­­lu­­tion de ces ratios per­­met de bali­­ser le pilo­­tage de la per­­for­­


mance de l’entre­­prise. Toute aug­­men­­ta­­tion de ces ratios tra­­duit une dété­­rio­­ra­­tion immé­­
diate de sa compé­­titi­­vité et de sa situa­­tion finan­­cière.
Dans l’exemple pré­­cé­­dent, la valeur des ratios est :
11890
ratio coûts cachés moyens/per­­sonne/an : = 16 500 €
720
11890
ratio coûts cachés/charges : = 16 %
74 541
11890
ratio coûts cachés/masse sala­­riale : = 44 %
27 018
11890
ratio coûts cachés/ventes : = 15, 8 %
75 749
11890
ratio coûts cachés/résul­­tat net : =12 670 %  = 12 670 %
75 749
Dans cet exemple, une récu­­pé­­ra­­tion modeste de 10 % des coûts cachés (cf. fiche 2)
permet­­trait grosso modo de dou­­bler le résul­­tat net compte tenu du coût de l’action de
réduc­­tion des dys­­fonc­­tion­­ne­­ments et de l’impôt.

FOCUS… FOCUS… FOCUS…


L’ori­­gine des coûts cachés
Performance sociale
(degré de satisfaction
des acteurs internes
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et externes)

Structures Comportements Dysfoncionnements

Performance économique Coûts cachés subis


de l’entreprise par l’entreprise

Figure 12.1 – L’hypo­­thèse théo­­rique fon­­da­­men­­tale de l’ana­­lyse socio-­économique validée


dans 1310 entre­­prises et orga­­ni­­sa­­tions
350 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

FOCUS… FOCUS… FOCUS… (SUITE)


Une orga­­ni­­sa­­tion pro­­duc­­tive de biens ou de ser­­vices est un ensemble de struc­­tures et de compor­­
te­­ments humains en inter­­ac­­tion per­­ma­­nente.

S C
Le niveau de per­­for­­mance éco­­no­­mique (PE) de cette orga­­ni­­sa­­tion dépend du niveau de coûts-
­ erformances cachés (CC) non repé­­rés expli­­ci­­te­­ment par les sys­­tèmes d’infor­­ma­­tion éco­­no­­mique
p
usuels des orga­­ni­­sa­­tions (comp­­ta­­bi­­lité, bud­­get, tableau de bord, cal­­cul é­conomi­que pour la
déci­­sion).

CC PE
Les coûts cachés sont l’expres­­sion finan­­cière de cer­­tains dys­­fonc­­tion­­ne­­ments subis par l’orga­­
ni­­sa­­tion, c’est-­à-dire des écarts obser­­vés entre le fonc­­tion­­ne­­ment effec­­tif de l’orga­­ni­­sa­­tion et le
fonc­­tion­­ne­­ment attendu ou sou­­hai­­table (ortho­fonction­­ne­­ment).

Dy CC
L’ana­­lyse socio-­économique montre que les dys­­fonc­­tion­­ne­­ments comprennent une part incom­­
pres­­sible inhé­­rente au fonc­­tion­­ne­­ment, si satis­­faisant soit-­il, de toute orga­­ni­­sa­­tion, et une part
compres­­sible qui résulte d’un cou­­plage rela­­ti­­ve­­ment inef ­­fi­­cace (compte tenu de l’objec­­tif fixé)
du sys­­tème.

S C
Il convient d’obser­­ver que le niveau de dys­­fonc­­tion­­ne­­ments Dy signale aussi le niveau de per­­for­­
mance sociale, c’est-­à-dire de satis­­faction des besoins, consti­­tuée d’un ensemble d’indi­­ca­­teurs de
qua­­lité du fonc­­tion­­ne­­ment de l’orga­­ni­­sa­­tion et de qua­­lité de vie dans l’orga­­ni­­sa­­tion.
Une telle théo­­rie, lar­­ge­­ment vali­­dée dans plus d’un millier d’entre­­prises et d’orga­­ni­­sa­­tions, four­­nit
une repré­­sen­­ta­­tion de l’orga­­ni­­sa­­tion d’essence socio-­économique. En effet l’éva­­lua­­tion de la per­­
for­­mance éco­­no­­mique n’a de sens véri­­table qu’à condi­­tion de s’expri­­mer à la fois au moyen de
variables éco­­no­­miques et de variables sociales (de nature psy­­cho­­lo­­gique, phy­­sio­­lo­­gique, socio­­
lo­­gique).
Le pro­­gramme de recherches de l’Iseor, conduit selon un pro­­ces­­sus alter­­na­­ti­­ve­­ment empirique-
­inductif et logique-­déductif, a été réa­­lisé à par­­tir de nom­­breux «  chan­­tiers  » de recherches-
­interventions au sein des entre­­prises et des orga­­ni­­sa­­tions, dont la durée moyenne a varié pour
cha­­cun entre neuf mois et cinq ans.
Maî­­tri­­ser les coûts…

2
FICHE
Contexte, normes
et acteurs
Cha­­peau ?

Contexte stra­­tÉ­­gique au cœur de la sur­­vie et du déve­­lop­­pe­­ment


durables des entre­­prises, des orga­­ni­­sa­­tions,
des ter­­ri­­toires locaux, régio­­naux et natio­­naux.
L’exi­­gence de la compé­­titi­­vité, aussi bien entre L’exis­­tence de gise­­ments exploi­­tables
les entre­­prises du sec­­teur privé qu’entre les de coûts cachés conver­­tibles en créa­­tion de
admi­­nis­­tra­­tions du sec­­teur public, inten­­si­­fiée valeur ajou­­tée, ouvre des perspec­­tives à cette
par la crise éco­­no­­mique inédite, depuis 2007, quête de sources nou­­velles de finan­­ce­­ment
a mis à l’ordre du jour l’impor­­tance de la per­­ des acti­­vi­­tés des entre­­prises et des pro­­jets
for­­mance glo­­bale durable des entre­­prises et pri­­vés et publics.
des orga­­ni­­sa­­tions. Ainsi, la notion de pro­­duc­­ti­­
vité (interne) et ses deux compo­­santes prin­­ci­­
pales, l’effi­­ca­­cité et l’effi­­cience, sont désor­­mais Pour­­quoi cal­­cu­­ler
reconnues comme les moteurs de la pros­­pé­­ les coûts cachés ?
rité durable. En effet, les crises répé­­tées de
ces vingt der­­nières années – l’immo­­bi­­lier, la Une saine pra­­tique, pour les déci­­deurs publics
bulle élec­­tro­­nique, les scan­­dales finan­­ciers, et pri­­vés, consiste à équi­­li­­brer les dépenses et
les faillites ban­­caires –, ont révélé la fra­­gi­­lité les res­­sources bud­­gé­­taires, les charges et les
des finances publiques, la situa­­tion de faillite pro­­duits, afin d’assu­­rer un auto­­fi­­nan­­ce­­ment,
poten­­tielle des États, due à leur sur­endet­­te­­ au moins par­­tiel, des actions et des pro­­jets. Un
ment per­­manent et à leur pra­­tique de défi­­cit réflexe effi­­cace est de cal­­cu­­ler les coûts cachés
bud­­gé­­taire chro­­nique. pério­­di­­que­­ment, au moins une fois l’an, lors de
La recherche de res­­sources nou­­velles, au la pré­­pa­­ra­­tion du bud­­get ou, mieux, chaque
sein des entre­­prises et des orga­­ni­­sa­­tions, grâce semestre, étant donné la pres­­sion finan­­cière
à une meilleure uti­­li­­sation de leurs res­­sources qui tend à dégra­­der, aujourd’hui en quelques
bud­­gé­­taires, replacent le contrôle de ges­­tion mois, une situa­­tion robuste d’entre­­prise (ou


352 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

d’admi­­nis­­tra­­tion). Cela per­­met d’ajou­­ter une vi­­sions de réduc­­tion sont pos­­sibles et les
troi­­sième source de finan­­ce­­ment des actions actions d’amé­­lio­­ra­­tion doivent être renou­­ve­­
aux capi­­taux propres et à la capa­­cité d’endet­­ lées compte tenu de la résur­­gence des dys­­
te­­ment de l’orga­­ni­­sa­­tion. fonc­­tion­­ne­­ments.

Pour­­quoi exploi­­ter le Les coûts cachés sont-­ils


gise­­ment de coûts cachés ? tous réduc­­tibles,
récu­­pé­­rables, conver­­tibles
Les membres actifs de l’entre­­prise – diri­­geant, en valeur ajou­­tée ?
équipe de direc­­tion, cadres, agents de maî­­trise
et l’ensemble du per­­son­­nel – ont une aspi­­ra­­ L’expé­­rience montre qu’une orga­­ni­­sa­­tion
tion légi­­time à voir pro­­gres­­ser leur pou­­voir ne peut pas fonc­­tion­­ner sans coûts cachés,
d’achat. Des attentes ana­­logues émanent des sans dys­­fonc­­tion­­ne­­ments. Une par­­tie des
action­­naires de l’entre­­prise et des ins­­ti­­tutions coûts cachés est incom­­pres­­sible car elle est
de pré­­lè­­ve­­ments fis­­caux et sociaux pour faire néces­­saire au bon fonc­­tion­­ne­­ment de l’orga­­
face à leurs besoins crois­­sants de res­­sources. ni­­sa­­tion. Elle est en quelque sorte de nature
De même, les four­­nis­­seurs et les clients sont phy­­sio­­lo­­gique. L’autre par­­tie des coûts cachés
confron­­tés aux mêmes pres­­sions de leurs est compres­­sible, réduc­­tible par des actions
propres par­­ties pre­­nantes internes et externes. d’amé­­lio­­ra­­tion du fonc­­tion­­ne­­ment de l’entre­­
Or, étant donné les contraintes consi­­dé­­ prise. Elle est de nature patho­­lo­­gique, puisque
rables liées à l’état des finances publiques, le l’entre­­prise est en meilleure santé éco­­no­­mique
pou­­voir d’achat sera désor­­mais pro­­duit prin­­ lors­­qu’elle subit moins de coûts cachés et de
ci­­pa­­le­­ment dans les espaces où se génère la dys­­fonc­­tion­­ne­­ments réduc­­tibles.
valeur éco­­no­­mique, les entre­­prises et les orga­­ L’expé­­rience montre qu’il n’est pas pos­­sible
ni­­sa­­tions en inter­­ac­­tion avec leurs mar­­chés de pré­­dé­­ter­­mi­­ner la fron­­tière entre la par­­tie
envi­­ron­­nants. En effet, l’espoir his­­to­­rique sus­­ phy­­sio­­lo­­gique des coûts cachée et la par­­tie
cité par les trans­­ferts de res­­sources impo­­sés patho­­lo­­gique. Seules les actions d’amé­­lio­­ra­­tion
par les pou­­voirs publics se trouve désor­­mais visant à réduire les dys­­fonc­­tion­­ne­­ments et les
tari, lorsque leurs excès conduisent à l’abs­­ten­­ coûts cachés qu’ils engendrent, per­­mettent de
tion­­nisme éco­­no­­mique des par­­ties pre­­nantes, déter­­mi­­ner de façon prag­­ma­­tique quelle sera
qui se tra­­duit par le renon­­ce­­ment à des ini­­ la par­­tie irré­­cu­­pé­­rable des coûts cachés. Il est
tiatives, l’aban­­don de pro­­jet, la réten­­tion de donc prudent d’effec­­tuer les cal­­culs de coûts
créa­­tion de valeur. cachés à par­­tir de la base zéro, tout en sachant
que le niveau ainsi estimé comprend une par­­tie
phy­­sio­­lo­­gique irré­­duc­­tible et une par­­tie patho­­
lo­­gique qu’il convient d’éli­­mi­­ner. En effet zéro
conver­­sion des coÛts est le seul point fixe per­­met­­tant des cal­­culs
cachés en valeur sans a priori sur la par­­tie réduc­­tible des coûts

ajou­­tÉe cachés. Nous appel­­le­­rons coûts cachés abso­­lus


le niveau de coûts cachés cal­­cu­­lés sur la base
zéro. On pour­­rait dénom­­mer coûts cachés rela­­
Les coûts cachés sont par­­tiel­­le­­ment réduc­­ tifs la part compres­­sible des coûts cachés dont
tibles par l’action des per­­son­­nels ; il en résulte on ne pourra déter­­mi­­ner le niveau qu’ulté­­rieu­­
une amé­­lio­­ra­­tion de la pro­­duc­­ti­­vité. Des pré­­ re­­ment et de façon prag­­ma­­tique.
Dossier 12 Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés 353

Contexte, normes et acteurs    


CAS D’ENTREPRISE

Titre ?
Tableau 12.2 – Dimi­­nu­­tion des coûts cachés et accrois­­se­­ment des per­­
for­­mances dans une entre­­prise agro-­a limentaire (400 per­­sonnes)
En équi­­va­­lent milliers d’euros 2013 :
Recen­­se­­ment des prin­­ci­­pales amé­­ Éva­­lua­­tion
Éva­­lua­­tion quan­­ti­­tative
lio­­ra­­tions chif­­frées sur un an finan­­cière
- Accrois­­se­­ment de la pro­­duc­­ti­­vité 2 % de gain par jour (16 h x
sur les lignes 27,50 €x 250 j) 110
- Dimi­­nu­­tion des pertes - 0,5 % sur 45 000 k€ 225
- Amé­­lio­­ra­­tion de la qua­­lité (dimi­­nu­­ - 0,39 % 340
Sec­­teur de pro­­duc­­tion

tion du taux des produits repris, enre­­


gis­­trée par le ser­­vice commer­­cial) 60
- Réduc­­tion de l’absen­­téisme à - 0,98 %
l’embal­­lage 912
- Sup­­pres­­sion d’une ligne défi­­ci­­taire 76 k€/mois 123
liée à l’amé­­lio­­ra­­tion des outils de ü 2 mi-­temps déga­­gés
ges­­tion ü - 50 % du temps passé par la 14
- Gain de temps dans l’orga­­ni­­sa­­tion pré­­pa­­ra­­tion du plan­­ning (250 j
de la pro­­duc­­tion x 1 h x 2 pers. X 27,50 €) 214
- Réduc­­tion des inter­­ven­­tions en 2 per­­sonnes déga­­gées sur une
entre­­tien nou­­velle usine
(salaire + charges sociales x 1 an)
Sous-­total pro­­duc­­tion 1 998
- Amé­­lio­­ra­­tion de la ges­­tion des - 500 k€ sur matière pre­­mière x 60
Ges­­tion

sto­­cks 12 % 60
- 500 k€ sur négoce x 12 % 30
- Cré­­dit dépas­­se­­ment client - 250 k€ x 12 % 90
- Pla­­ce­­ment finan­­cier - sur 1 500 k€ x 6 %
Sous-­total ges­­tion 240
- Accrois­­se­­ment de la pro­­duc­­ti­­vité de % d’accrois­­se­­ment du ratio : Amé­­lio­­ra­­
la force de vente tions non
CA chiffre d’affaries
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- Dimi­­nu­­tion du nombre des sai­­sies éva­­luées


de commandes effectif effectif finan­­ciè­­re­­
Commer­­cial

- Réduc­­tion du temps passé quo­­ ment (car


ti­­dien­­ne­­ment à la ges­­tion par les Par rap­­port à l’année pré­­cé­­dente le résul­­tat
ven­­deurs Jan­­vier + 33 % posi­­tif était
- Réduc­­tion du nombre de docu­­ Février + 36 % évident pour
ments trans­­mis aux régions (temps Mars + 47 % l’entre­­prise)
de pré­­pa­­ra­­tion, coût de dif­­fu­­sion, Avril + 44,8 %
temps de prise de connais­­sance)
Total des esti­­mations par­­tielles 2 238

Source : Rap­­port Iseor 1986-2013.


354 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

Élas­­ti­­cité de la pro­­duc­­ti­­vité Quel niveau de conver­­sion


humaine indi­­vi­­duelle de coûts cachés en valeur
et col­­lec­­tive ajou­­tée peut-­on
pro­­nos­­ti­­quer ?
Les recherches-­interventions conduites dans
plus d’un millier d’entre­­prises et d’orga­­ni­­ La base de don­­nées créée et mise à jour par
sa­­tions ont révélé qu’il existe tou­­jours une l’Ins­­ti­­tut de socio-­économie des entre­­prises
par­­tie compres­­sible des coûts cachés car et des orga­­ni­­sa­­tions (Iseor) comporte envi­­ron
une cer­­taine pro­­por­­tion des dys­­fonc­­tion­­ 2 000 diag­­nos­­tics de coûts cachés effec­­tués
ne­­ments est réduc­­tible. Cela montre que les dans 1  310 entre­­prises et orga­­ni­­sa­­tions. Le
per­­sonnes actives dans l’entre­­prise peuvent, niveau des coûts cachés abso­­lus est compris
indi­­vi­­duel­­le­­ment et en équipe, amé­­lio­­rer le entre 15 000 et 60 000 € par per­­sonne et par
niveau de per­­for­­mance sans accrois­­se­­ment an. Dans trois quarts des cas, la pro­­por­­tion de
d’effec­­tifs ni d’horaires de tra­­vail, au moyen coûts cachés conver­­tibles en valeur ajou­­tée
d’actions d’amé­­lio­­ra­­tion des condi­­tions de est de 35 % à 55 %, selon l’inten­­sité des actions
tra­­vail, de l’orga­­ni­­sa­­tion du tra­­vail, de la d’amé­­lio­­ra­­tion conduites par l’entre­­prise et le
ges­­tion du temps, de la communication- degré d’iner­­tie due à la résis­­tance au chan­­
­coordination-concertation, de la for­­ma­­tion ge­­ment des per­­sonnes. Il est donc prudent
inté­­grée et de la mise en œuvre stra­­té­­gique. et rai­­son­­nable de pré­­voir une réduc­­tion des
Les deux leviers prin­­ci­­paux de ces amé­­lio­­ra­­ coûts cachés de l’ordre de 20 % du mon­­tant
tions de per­­for­­mances durables sont l’impli­­ révélé par le diag­­nos­­tic socio-­économique (cf.
ca­­tion et l’enga­­ge­­ment des per­­sonnes dans fiches 3 et 4).
leur acti­­vité au sein de l’orga­­ni­­sa­­tion d’une
part, et d’autre part, l’inten­­sité de pilo­­tage
Après une réduc­­tion des
des acti­­vi­­tés et des per­­sonnes. L’effi­­ca­­cité du
pilo­­tage dépend prin­­ci­­pa­­le­­ment de la qua­­lité
coûts cachés, est-­il encore
du mana­­ge­­ment assuré par les en­cadrants, pos­­sible de les réduire ?
aux dif­­fé­­rents niveaux de res­­pon­­sa­­bi­­lité
Les dys­­fonc­­tion­­ne­­ments et les coûts cachés
de l’entre­­prise. La qua­­lité du mana­­ge­­ment
affé­­rents évo­­luent au fil du temps. Ils suivent
peut se repérer par deux traits, la qua­­lité
une courbe de vie, naissent, croissent,
de l’ani­­ma­­tion des équipes et le niveau de
subissent une inter­­ven­­tion visant à les réduire
lea­­der­­ship ou ascen­­dant. Celui-­ci désigne
puis dis­­pa­­raissent. Or l’obser­­va­­tion de la vie
la capa­­cité à obte­­nir des col­­la­­bo­­ra­­teurs un
réelle des orga­­ni­­sa­­tions a mon­­tré une pro­­pen­­
niveau de per­­for­­mance satis­­faisant per­­met­­
sion à la résur­­gence cyclique des dys­­fonc­­tion­­
tant d’assu­­rer la sur­­vie et le déve­­lop­­pe­­ment
ne­­ments et des coûts cachés. Aucune action
de l’entre­­prise.
d’amé­­lio­­ra­­tion du fonc­­tion­­ne­­ment n’a été
La mesure de la réduc­­tion des coûts
capable de les éra­­di­­quer. Ils resur­­gissent donc,
cachés (cf. fiches 3 et 4) démontre l’exis­­tence
repoussent comme les mau­­vaises herbes dans
de cette élas­­ti­­cité poten­­tielle de la pro­­duc­­ti­­
les jar­­dins et les plan­­ta­­tions, comme les che­­
vité humaine.
veux des humains ou les poils des ani­­maux.
Cette méta­­phore est des­­ti­­née à mon­­trer que
l’orga­­ni­­sa­­tion est un être vivant qui subit des
phé­­no­­mènes bio­­lo­­giques et que l’inter­­ven­­tion
Dossier 12 Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés 355

Contexte, normes et acteurs    


du mana­­ge­­ment sur les dys­­fonc­­tion­­ne­­ments Il est donc pos­­sible de pro­­nos­­ti­­quer, à
et les coûts cachés doit être récur­­rente. Ainsi, chaque période bud­­gé­­taire, des conver­­sions
le tra­­vail du jar­­di­­nier, du coif­­feur, de l’éle­­veur de coûts cachés en valeur ajou­­tée, ce qui
est per­­manent. La résur­­gence des coûts cachés néces­­site des actions de pré­­ven­­tion de cer­­
met­­tra de nou­­veau en péril la per­­for­­mance tains dys­­fonc­­tion­­ne­­ments. L’allo­­ca­­tion de res­­
éco­­no­­mique de l’entre­­prise, si cette der­­nière sources pour réa­­li­­ser ces actions consti­­tue un
n’orga­­nise pas pério­­di­­que­­ment des actions de inves­­tis­­se­­ment incor­­po­­rel à très haute ren­­ta­­
réduc­­tion des dys­­fonc­­tion­­ne­­ments. bi­­lité (cf. fiche 3).

Exemple

Titre ?

Tableau 12.3 – Posi­­tion­­ne­­ment des coûts cachés dans la comp­­ta­­bi­­lité géné­­rale


yy En début d’année, l’entre­­prise En milliers d’euros
éta­­blit son bud­­get pré­­vi­­sion­­nel : Charges 72 000 Pro­­duits 80 000
Résul­­tat net (béné­­fice)  8 000

yy En cours d’année, des dys­­fonc­­tion­­ne­­ments Charges 76 000 Pro­­duits 72 000


se pro­­duisent, qui entraînent à la fois un Résul­­tat net  4 000
alourdissement des charges et un allé­­ge­­ment (défi­­cit)
des pro­­duits : le compte de résul­­tat effec­­tif se
pré­­sente ainsi en fin d’exer­­cice :
Les non-­productions s’élèvent à 8 000 k€.
Les charges variables repré­­sentent 30 % du chiffre d’affaires.
Les charges variables éco­­no­­mi­­sées du fait de ces non-­produits s’élèvent à 8 000 k€x 30 % = 2 400 K€.
Donc les charges effec­­tives, s’il n’y avait pas eu de sur­­charges liées aux dysfonctionnements, auraient
dû être, sur base du bud­­get pré­­vi­­sion­­nel, de 69 600 (72 000 - 2 400).
Les sur­­charges sont de 6 400 k€ (76 000 - 69 600).
Puisque les charges variables repré­­sentent 30  % du Non-­produits 8 000
chiffre d’affaires, les non-­produits (8 000) ont engen­­dré Sur­­charges + 6 400
une éco­­no­­mie de charges variables de 2 400 k€. Ainsi, Total coûts cachés en k€ 14 400
les coûts cachés glo­­baux s’élèvent à :
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.

Ce même compte de résul­­tat pour­­rait être pré­­senté de façon à mettre en évi­­dence des coûts cachés :
Charges visibles 76 000 Pro­­duits visibles 72 000
(incluant coûts cachés de sur­­ (compte tenu d’un coût caché
charges : 6 400) de non-­produits de 8 000)
_______ Résul­­tat net (Défi­­cit) 4 000
_______
Total 76 000 Total 76 000

Ou, autre pré­­sen­­ta­­tion :


Charges visibles Pro­­duits visibles 72 000
ortho­fonction­­nelles 69 600 Plus non-­produits 8 000
Plus coûts cachés
des dys­­fonc­­tion­­ne­­ments 14 400 Pro­­duits pré­­vi­­sion­­nels 80 000
(sur­­charges cachées 6 400) d’orhofonctionnement 4 000
(non-­produits cachés 8 000) _______ Défi­­cit ______
Total 84 000 Total 84 000
356 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

Le nou­­veau contrÔle donné nais­­sance à une concep­­tion innovante :


le nou­­veau contrôle de ges­­tion (Savall, Zardet,
de ges­­tion, fonc­­tion 1992). Celui-­ci conjugue l’action d’auto­
par­­ta­­gÉe contrôle de ges­­tion des opé­­ra­­tion­­nels et
un rôle de sti­­mu­­la­­teur et d’assis­­tance tech­­
nique des contrô­­leurs de ges­­tion auprès des
La méthode la plus effi­­cace pour évi­­ter et res­­pon­­sables opé­­ra­­tion­­nels. Le contrôle de
réduire des coûts cachés est d’inter­­ve­­nir à la ges­­tion socio-­économique combi­­nant la vigi­­
source. C’est lorsque se réa­­lisent les actes de lance clas­­sique sur les coûts visibles et sur les
pro­­duc­­tion, de commer­­cia­­li­­sa­­tion, de logis­­ coûts-­performances cachés fonc­­tionne dans
tique et de ges­­tion que s’engendrent les plu­­sieurs dizaines d’entre­­prises employant au
coûts des acti­­vi­­tés et des pro­­duits, biens et total plus de 12 000 per­­sonnes1.
ser­­vices. L’amé­­lio­­ra­­tion des coûts de revient
pro­­vient prin­­ci­­pa­­le­­ment de l’action des opé­­
ra­­tion­­nels de tous niveaux dans l’orga­­ni­­sa­­tion. 1.  Ennajem C., Évo­­lu­­tion du rôle du contrô­­leur de ges­­tion,
C’est pour­­quoi la méthode des coûts cachés a Édi­­tions uni­­ver­­si­­taires euro­­péennes (Allemagne), 2011.

En Pratique
Que deviennent le contrô­­leur de ges­­tion et les res­­pon­­sables
opérationnels dans l’orga­­ni­­sa­­tion ?

Le pilo­­tage de la ges­­tion de l’entre­­prise est désor­­mais par­­tagé entre les res­­pon­­sables


opération­­nels et les contrô­­leurs de ges­­tion, pour une mise en œuvre effec­­tive de la
stra­­té­­gie de l’entre­­prise.
Le contrôle de ges­­tion socio-­économique per­­met d’attri­­buer aux res­­pon­­sables d’unité
deux mis­­sions d’auto­contrôle de ges­­tion : le constat d’écarts plus pré­­cis, mieux iden­­ti­­
fiés, plus concrets, mieux loca­­li­­sés et l’action sur les causes pro­­fondes de ces écarts.
Il favo­­rise des pra­­tiques plus actives d’un contrôle de ges­­tion plus enra­­ciné dans
l’ensemble de l’entre­­prise, mieux compris et ayant comme base de réfé­­rence  : la
méthode des coûts cachés.
Le contrôle de ges­­tion socio-­économique ins­­taure ou ren­­force le concept de client-
­fournisseur entre le res­­pon­­sable d’unité et le ser­­vice de contrôle de ges­­tion, pour réduire ou
atté­­nuer les conflits, les ten­­sions et les jeux de pou­­voirs, lourds de coûts cachés, qui existent
entre les ser­­vices fonc­­tion­­nels et opé­­ra­­tion­­nels et empêchent ou réduisent leur syner­­gie.
Les outils socio-­économiques de contrôle de ges­­tion per­­mettent de réa­­li­­ser une mise
en œuvre effec­­tive et syn­­chro­­ni­­sée de la stra­­té­­gie.
Le contrô­­leur de ges­­tion exerce une vigi­­lance éco­­no­­mique, une assis­­tance de la hié­­rar­­
chie opé­­ra­­tion­­nelle. Celle-­ci éla­­bore et pilote les plans d’actions priori­­taires, les contrats
d’acti­­vité pério­­di­­que­­ment négo­­ciables et le bud­­get, éva­­lue les situa­­tions aux­­quelles il
doit faire face, notam­­ment au moyen de son tableau de bord, et prend les déci­­sions de
pilo­­tage des acti­­vi­­tés.
Dossier 12 Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés 357

Contexte, normes et acteurs    


L’avis des pros1

Pierre Perot, direc­­teur géné­­ral, et Claude Bossens, contrô­­leur de ges­­tion,


Forem Sup­­port (Belgique)

« Le Forem dis­­pose d’envi­­ron 300 mil­­lions d’euros. 242 000 demandeurs d’emploi


sont concer­­nés par l’acti­­vité du Forem, soit 16,54 % de la popu­­la­­tion active.
Par ailleurs, le gou­­ver­­ne­­ment nous demande doré­­na­­vant de prendre en charge l’en­
semble des demandeurs d’emplois. Nous nous trou­­vons face à un pro­­blème de bud­
get, d’aug­­men­­ta­­tion de la mis­­sion et, fina­­le­­ment de la pro­­duc­­ti­­vité.
Nous essayons donc actuel­­le­­ment de trans­­fé­­rer, notam­­ment grâce à nos tra­­vaux sur
l’effi­­cience, des res­­sources de l’acti­­vité de sup­­port vers des acti­­vi­­tés de pro­­duc­­tion…
Une étape majeure dans l’implan­­ta­­tion du mana­­ge­­ment socio-­économique a été
le développement du contrôle de ges­­tion socio-­économique dont l’implan­­ta­­tion a
débuté 5 ans après le démar­­rage des tra­­vaux avec Iseor.
L’apport du contrôle de ges­­tion socio-­économique nous a déjà été béné­­fique
comme l’illustre la situa­­tion sui­­vante. En 2009, notre tutelle (le Gou­­ver­­ne­­ment wal­­
lon) nous demande de modi­­fier sen­­si­­ble­­ment une ligne de pro­­duc­­tion impor­­tante,
à savoir l’accom­­pa­­gne­­ment des demandeurs d’emploi en l’orga­­ni­­sant de manière
plus individualisée au béné­­fice de chaque demandeur d’emploi, qui se verra attri­­
buer un conseiller référent. Cet objec­­tif consti­­tuait un défi impor­­tant dans la mesure
où le nombre de conseillers dis­­po­­nibles en 2008 s’avère lar­­ge­­ment insuf ­­fi­­sant pour
prendre en charge l’ensemble des demandeurs d’emploi selon ce nou­­veau mode
opé­­ra­­toire. Les res­­sources néces­­saires étaient esti­­mées à 617 conseillers. Or, le Gou­­
ver­­ne­­ment wal­­lon nous deman­­dait d’orga­­ni­­ser cette muta­­tion sans bud­­get sup­­plé­­
men­­taire, donc sans pos­­si­­bi­­lité de recou­­rir à des recru­­te­­ments…
Les per­­sonnes se sont appro­­prié le concept d’effi­­cience.
Nous avons constaté une aug­­men­­ta­­tion de la pro­­duc­­ti­­vité, pour l’ensemble de l’en­
tité Forem Conseil, qui se tra­­duit par une aug­­men­­ta­­tion de la pro­­duc­­tion avec un
effec­­tif stable. En matière finan­­cière, les gains se tra­­duisent dans un compte d’exploi­­
ta­­tion consolidé. La compa­­rai­­son des dif­­fé­­rents niveaux de charges pour les exer­­
cices comp­­tables 2010 et 2009 fait appa­­raître prin­­ci­­pa­­le­­ment : une dimi­­nu­­tion des
ser­­vices et biens divers à rai­­son de 12,19 %.
Il nous fau­­dra éga­­le­­ment har­­mo­­ni­­ser les méthodes de cal­­cul du coût de revient.
Nous utilisons éga­­le­­ment la contri­­bu­­tion horaire à la valeur ajou­­tée sur coût variable
(CHVACV) pour cal­­cu­­ler les coûts cachés. »

1.  Savall H. et Zardet V. (coord.), Entre­­prises fami­­liales, Economica, 2012, p. 123-148.


Maî­­tri­­ser les coûts…
3 Outils clés
FICHE

Des outils sty­­li­­sés, simples et d’emploi facile, ont été créés pour aider
les pro­­fes­­sion­­nels à amé­­lio­­rer les per­­for­­mances socio-­économiques de leur
entre­­prise en uti­­li­­sant le levier des coûts-­performances cachés. Cer­­tains sont
des­­ti­­nés sur­­tout aux managers opé­­ra­­tion­­nels, d’autres à la direc­­tion, d’autres
enfin aux contrôleurs de ges­­tion.

grille de cal­­cul des Quel temps y ont-­elles passé ? Quels biens et


ser­­vices ont été consom­­més pen­­dant ces acti­­
coÛts cachés d’un vi­­tés de régu­­la­­tion ? Ces élé­­ments sont syn­­
dys­­fonc­­tion­­ne­­ment thé­­ti­­sés dans la colonne « détail du cal­­cul » du
tableau 12.41. Les coûts cachés pro­­vo­­qués par
ce dys­­fonc­­tion­­ne­­ment sont éva­­lués en addi­­
Le tableau 12.4 pré­­sente une illus­­tra­­tion d’un tion­­nant le coût de réa­­li­­sa­­tion de cha­­cune des
cal­­cul de coûts cachés. L’uti­­li­­sation de cet outil opé­­ra­­tions de la régu­­la­­tion.
est à la por­­tée de tous et il suf ­­fi t de prendre Les coûts cachés sont donc la tra­­duc­­tion
soin d’iden­­ti­­fier la chaîne sui­­vante : moné­­taire des couples [dys­­fonc­­tion­­ne­­ments
[dys­­fonc­­tion­­ne­­ment  régu­­la­­tion  coût caché] - régu­­la­­tions]. Le mon­­tant des coûts cachés
Le point de départ est l’iden­­ti­­fi­­cation d’un dépend de deux fac­­teurs : la fré­­quence du dys­­
dys­­fonc­­tion­­ne­­ment, écart obser­­vable entre le fonc­­tion­­ne­­ment et la nature de la régu­­la­­tion. En
fonc­­tion­­ne­­ment sou­­haité et le fonc­­tion­­ne­­ment pra­­tique on retient deux types de coûts cachés
constaté. Sa fré­­quence est indi­­quée, en fonc­­ éle­­vés, un dys­­fonc­­tion­­ne­­ment peu coû­­teux à
tion soit d’une obser­­va­­tion pré­­cise, soit d’une haute fré­­quence, ou un dys­­fonc­­tion­­ne­­ment
esti­­mation de la per­­sonne qui éla­­bore la grille. peu fré­­quent dont la régu­­la­­tion complexe est
L’étape sui­­vante consiste à décrire la régu­­ très coû­­teuse. Pour réduire les coûts cachés
la­­tion du dys­­fonc­­tion­­ne­­ment consti­­tué d’un d’un dys­­fonc­­tion­­ne­­ment, deux actions conco­­
ensemble d’opé­­ra­­tions des­­ti­­nées à cor­­ri­­ger mi­­tantes sont pos­­sibles : réduire la fré­­quence
le dys­­fonc­­tion­­ne­­ment. La régu­­la­­tion absorbe du dys­­fonc­­tion­­ne­­ment et/ou modi­­fier sa régu­­
des res­­sources temps et des consom­­ma­­tions la­­tion, afin qu’elle soit plus effi­­ciente.
externes. Quelles sont les opé­­ra­­tions qu’il a
fallu réa­­li­­ser pour assu­­rer l’acti­­vité pré­­vue
mal­­gré l’occur­­rence du dys­­fonc­­tion­­ne­­ment ?
1.  La fiche 4 expli­­cite les méthodes de cal­­cul
Combien de per­­sonnes sont inter­­ve­­nues  ? opé­­ra­­toires.


Exemple

Tableau 12.4 – Grille de cal­­cul de coûts cachés (entre­­prise de télé­­sur­­veillance)

Effets au plan économique


Dysfonc­ Causes invoquées
Fréquence Non Non créa­
tionnement du dys­fonc­ Sur­ Sur­ Surconsom­
indicative Détail du calcul Produc­ tion de Risques Total
élémentaire tionnement salaires temps mations
tions potentiel
Délai excessif Manque de coordi­ Tous les 1 technicien a
des livraisons nation technique mois recours à 1 livrai­
Dossier 12

aux cients commercial son express par


mois d’un mon­
tant de 100€
100€ x 10,5 mois 1 050 € 1 050 €
Tous les 58 techniciens
mois attendent la
livraison en
moyenne pen­
dant 1 heure
par mois sur le
chantier
58 pers. X 10,5 24 960 € 24 960 €
mois x
1 h x 41€
Toutes les 1 avoir par
semaines semaine d’un
montant de 200€
est fait au client
à cause du retard
dans la livraison
du matériel
200€ x 47 sem 9 400 €
24 960 € 1 050 € 9 400 € 35 410 €
Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés

Outils clés    
359
360 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

la balance quels nou­­veaux coûts cachés risque d’entraî­­ner


une déci­­sion de réduc­­tion de coûts visibles.
Éco­­no­­mique, outil
pour les mana­­gers Exemple
Afin d’accroître soi-­disant la pro­­duc­­ti­­vité de
L’éva­­lua­­tion des coûts cachés asso­­ciés à un son per­­son­­nel, le diri­­geant d’une PME envi­­
dys­­fonc­­tion­­ne­­ment est utile pour construire sage de sup­­pri­­mer la réunion heb­­do­­ma­­
des pra­­tiques innovantes qui per­­met­­tront de daire de coor­­di­­na­­tion des prin­­ci­­paux cadres
réduire ce dys­­fonc­­tion­­ne­­ment et ses impacts de l’entre­­prise. Le gain escompté s’éva­­lue
éco­­no­­miques et sociaux. aisé­­ment en heures de temps récu­­péré, s’il
est réalloué à des acti­­vi­­tés pro­­duc­­tives. Par
Une balance éco­­no­­mique simple est à
contre, une ques­­tion essen­­tielle doit être
la por­­tée de tout mana­­ger qui, envi­­sa­­geant
posée avant de prendre une telle déci­­sion.
une autre façon de fonc­­tion­­ner, va mettre en Compte tenu des points et des déci­­sions trai­­
regard, d’un côté le coût de mise en place de tées dans cette réunion heb­­do­­ma­­daire, quels
cette solu­­tion, et de l’autre les per­­for­­mances dys­­fonc­­tion­­ne­­ments risquent de se pro­­duire,
escomp­­tées, sous la forme d’une réduc­­tion ou qui nécessiteront du temps de régu­­la­­tion en
d’une sup­­pres­­sion des coûts cachés des dys­­ cours de semaine ? L’expé­­rience montre que
fonc­­tion­­ne­­ments pro­­vo­­qués par les pra­­tiques les mana­­gers opé­­ra­­tion­­nels savent pré­­voir et
esti­­mer les élé­­ments sui­­vants :
anté­­rieures. Uti­­li­­sée dans sa ver­­sion pré­­vi­­sion­­
yy des erreurs que réa­­li­­se­­ront les cadres de
nelle, la balance éco­­no­­mique consti­­tue un élé­­
l’entre­­prise faute d’avoir eu connais­­sance
ment de la prise de déci­­sion. Uti­­li­­sée dans sa d’une infor­­ma­­tion impor­­tante ;
ver­­sion réa­­li­­sée, la balance éco­­no­­mique per­­met yy des temps de concer­­ta­­tion que met­­tront
de véri­­fier a pos­­te­­riori le bien-­fondé de la prise en place spon­­ta­­né­­ment cer­­tains cadres de
de déci­­sion, et devient un outil de pilo­­tage de l’entre­­prise entre eux pour assu­­rer la syn­­
la mise en œuvre de la bonne pra­­tique. L’incor­­ chro­­ni­­sa­­tion de leurs acti­­vi­­tés.
po­­ra­­tion des coûts cachés dans la balance La balance éco­­no­­mique pré­­vi­­sion­­nelle per­­
met ainsi de mettre en évi­­dence la non-
éco­­no­­mique consiste en par­­ti­­cu­­lier à éva­­luer
­rationalité de cette déci­­sion de sup­­pres­­sion
le niveau de réduc­­tion des sur­­charges et des
de la réunion heb­­do­­ma­­daire, avec un solde
non-­produits, sans se limi­­ter aux élé­­ments de pré­­vi­­sion­­nel de 200  € de coûts cachés par
coûts-­performances visibles et de consom­­ma­­ semaine (140 de sur­­charges et 60 de non-
tions externes. En par­­ti­­cu­­lier la balance éco­­no­­ ­produits), soit plus de 10 000 € par an, outre
mique consti­­tue un outil pré­­cieux pour éva­­luer la perte d’image et de clients.

Tableau 12.5 – Balance éco­­no­­mique pré­­vi­­sion­­nelle simple (en euros)

Dif­­fé­­ren­­tiel de charges Dif­­fé­­ren­­tiel de pro­­duits


Éco­­no­­mie d’une réunion hebdoma­ - 350 Avoirs consen­­tis pour litiges commer­ - 60
daire : 1 h x 10 p x 35 € ciaux engen­­drés par la mau­­vaise coor­­di­­
na­­tion pro­­duc­­tion/ventes : 1 ‰ CA
Temps de recherche d’infor­­ma­­tions + 175
par cha­­cun : 1 h x 5 p x 35 €
Erreurs liées à manque d’infor­­ma­­ + 175
tions actua­­li­­sées, nécessitant du
temps pour les cor­­ri­­ger : 5 h x 35 €
Dossier 12 Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés 361

Outils clés    
Dif­­fé­­ren­­tiel de charges Dif­­fé­­ren­­tiel de pro­­duits

Temps de concer­­ta­­tion spontanée : + 140


4 p x 1 h x 35 €

Total net charges + 140 Total pro­­duit - 60

Solde net pré­­vi­­sion­­nel de la balance éco­­no­­mique : + 200 €/ semaine


= accrois­­se­­ment des coûts cachés liés à cette déci­­sion
= dégra­­da­­tion du coût de revient des acti­­vi­­tés et du résul­­tat net de l’entre­­prise

CAS D’ENTREPRISE

Titre ?
Le tableau 12.6 montre un exemple de balance éco­­no­­mique appro­­fon­­die ciblée sur le
commer­­cial, compor­­tant un pro­­gramme d’actions dans une agence ban­­caire (lignes
1 à 4), son coût de mise en place, ainsi que les gains atten­­dus par la mise en place de
ce pro­­gramme d’action. La balance prévisionnelle per­­met ainsi d’éva­­luer le retour sur
inves­­tis­­se­­ment d’un tel pro­­gramme d’action. Cette méthode per­­fec­­tionne le bud­­get
pré­­vi­­sion­­nel que l’on fait habi­­tuel­­le­­ment pour les inves­­tis­­se­­ments indus­­triels. Elle per­­
met de sys­­té­­ma­­ti­­ser dans les acti­­vi­­tés de ser­­vice où cette pra­­tique est plus rare, et de
l’étendre aux inves­­tis­­se­­ments incor­­po­­rels.

Tableau 12.6 – Balance éco­­no­­mique dans une agence ban­­caire


(en équi­­va­­lents milliers d’euros 2013)

Charges Pro­­duits sup­


Rubriques de charges et de pro­­duits
Sup­­plé­­men­­taires plémentaires

1. Action commer­­ciale dépôts à vue entre­­prises 4 110


2. Action commer­­ciale dépôts à vue par­­ti­­cu­­liers 3 75
3. Action commer­­ciale épargne 76 150
4. Action commer­­ciale cré­­dits 115 195
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.

5. Mise en œuvre stra­­té­­gique : frais de trans­­ports liés


à l’action commer­­ciale cré­­dits 7
6. Ges­­tion du temps : temps sup­­plé­­men­­taire passé
en contacts commer­­ciaux 25
7. Orga­­ni­­sa­­tion du tra­­vail : gains de pro­­duc­­ti­­vité
humaine nécessaire (contre­­par­­tie de 6) 25
8. For­­ma­­tion inté­­grée : inves­­tis­­se­­ment sur per­­son­­nel
en place et/ou embau­­ché
9. [Communication-­coordination-concertation] :
temps supplémentaire de coor­­di­­na­­tion pour action 4 11
10. Charges diverses
241 555

Gain net 314


Source : Rap­­port Iseor, 1985-2013.
362 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

CAS D’ENTREPRISE (suite)

Le tableau 12.7 est un autre exemple de balance éco­­no­­mique appro­­fon­­die d’un pro­­jet


d’inno­­va­­tion socio-­économique dans un contexte indus­­triel, compor­­tant une amé­­lio­­
ra­­tion des condi­­tions matérielles de tra­­vail, un enri­­chis­­se­­ment du rôle de la maî­­trise,
une amé­­lio­­ra­­tion de la coor­­di­­na­­tion entre la pro­­duc­­tion et les ser­­vices envi­­ron­­nants et,
enfin, un décloisonnement impor­­tant au sein de la production, asso­­cié à un déve­­lop­­
pe­­ment de la poly­valence du per­­son­­nel ouvrier. Le mon­­tant total de l’inves­­tis­­se­­ment
maté­­riel et incor­­po­­rel s’élève à plus de 2 790 000 € ; les per­­for­­mances obte­­nues en ter­
mes de réduc­­tion de l’absen­­téisme, des acci­­dents du tra­­vail, de la rota­­tion du per­­son­­nel,
des défauts de qua­­lité et de la sous-­productivité directe étant éva­­luées à 1 490 000 €
dès la pre­­mière année de mise en œuvre du pro­­jet. Si l’on amor­­tit cet inves­­tis­­se­­ment
sur trois ans : on constate que les per­­for­­mances déga­­gées sont supé­­rieures à la dota­­tion
annuelle de l’inves­­tis­­se­­ment dès la pre­­mière année (2 790 000 : 3 = 930 000). En outre,
ces per­­for­­mances éco­­no­­miques sont complé­­tées par d’autres per­­for­­mances qua­­li­­ta­­tives
stra­­té­­giques rela­­tives au cli­­mat social interne, à la qua­­lité des relations commer­­ciales et
à l’adap­­ta­­tion de l’usine aux évo­­lu­­tions de son envi­­ron­­ne­­ment externe.

Tableau 12.7 – Balance éco­­no­­mique glo­­bale du pro­­jet d’inno­­va­­tion


socio-­é conomique d’une usine de 700 per­­sonnes
(en équi­­va­­lents milliers d’euros 2013)
Résul­­tat la 1ère
Actions Inves­­tis­­
Solu­­tions année après
d’amé­­lio­­ra­­tion se­­ments
amor­­tis­­se­­ment
Condi­­tions • Petits maté­­riels 150 520
de tra­­vail • Pauses au conditionnement 124
• Condi­­tions phy­­siques de tra­­vail 330 10
Reva­­lo­­ri­­sa­­tion • Concer­­ta­­tion au sein de la hié­­
du rôle de la maî­­trise rar­­chie 6 60
• Ges­­tion du temps et charge de 2 75
tra­­vail de la maî­­trise 55 65
• Bureaux
Communication- • Appro­­vi­­sion­­ne­­ments 125 210
­coordination- • Pièces déta­­chées
concertation entre • Rela­­tions avec la maintenance
pro­­duc­­tion et ser­­
vices envi­­ron­­nants
Décloisonnement • Cir­­cu­­la­­tion de l’infor­­ma­­tion au
au sein de long de la ligne 12 78
la pro­­duc­­tion • Auto­contrôle qua­­lité 680 238
• Orga­­ni­­sa­­tion en ligne 1 020 110

Coût du groupe de pro­­jet (temps pas­­sés) 410

Total 2 790 1 490


Dossier 12 Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés 363

Outils clés    
CAS D’ENTREPRISE (suite)
Autres per­­for­­mances stra­­té­­giques éva­­luées qua­­li­­ta­­ti­­ve­­ment :
- amé­­lio­­ra­­tion de la qua­­lité et réduc­­tion des récla­­ma­­tions ;
- amé­­lio­­ra­­tion du cli­­mat social et du sen­­ti­­ment d’appar­­te­­nance à l’entre­­prise ;
- accrois­­se­­ment des capa­­ci­­tés d’adap­­ta­­tion de l’usine à son envi­­ron­­ne­­ment.
Source : Rap­­port Iseor, 1989-2013.

La balance éco­­no­­mique pré­­sente l’inté­­ et indi­­ca­­teurs de pilo­­tage une direc­­tion géné­­


rêt de for­­ma­­li­­ser le mon­­tant d’inves­­tis­­se­­ rale peut-­elle s’assu­­rer qu’elle est en train de
ment et les liens escomp­­tés par la mise en mieux maî­­tri­­ser ses coûts cachés ? La per­­for­­
place d’une action de créa­­tion de poten­­tiel, mance éco­­no­­mique actuelle d’une entre­­prise
de niveau «  nanoscopique  » (la per­­sonne), s’explique et se pré­­dit grâce à trois ratios stra­­
micro­­sco­­pique (l’équipe de tra­­vail) ou encore té­­giques, per­­met­­tant cha­­cun de cer­­ner une
« mésoscopique » (l’entre­­prise). facette des coûts cachés :
De mul­­tiples exemples de la vie pro­­fes­­sion­­ zz Le ratio coûts cachés/coûts visibles (cf. fiche

nelle ordi­­naire relèvent d’une telle démarche, 1, tableau 12.1) per­­met d’esti­­mer la part des
par exemple la ren­­ta­­bi­­lité d’une action de coûts fai­­ble­­ment maî­­tri­­sés par l’entre­­prise,
rangement-­c lassement-programmation  : puis­­qu’ils ne sont pas sur­­veillés dans le sys­­
combien de temps investi pour combien de tème d’infor­­ma­­tion de ges­­tion. Le rap­­port
temps éco­­no­­misé dans la recherche per­­ma­­ coûts cachés/masse sala­­riale per­­met à une
nente de docu­­ments ou de fichiers  ? Autre direc­­tion géné­­rale de mieux situer l’enjeu
exemple : quelle est la ren­­ta­­bi­­lité pré­­vi­­sion­­nelle rela­­tif d’une négo­­cia­­tion sala­­riale eu égard
d’une bonne pré­­pa­­ra­­tion et exploi­­ta­­tion d’une au gise­­ment non exploité des coûts liés à
opé­­ra­­tion cou­­rante telle que fabri­­ca­­tion, vente, l’absen­­téisme, aux acci­­dents du tra­­vail et
négo­­cia­­tion ou encore un pro­­jet stra­­té­­gique ? mala­­dies pro­­fes­­sion­­nelles, à la rota­­tion du
Le rai­­son­­ne­­ment fré­­quent consis­­tant à dire per­­son­­nel, au défaut de qua­­lité et à la sous-
qu’« on n’a pas le temps » n’est pas per­­tinent, ­productivité. Lorsque ce ratio repré­­sente
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.

car la balance éco­­no­­mique met en évi­­dence 44  % voire 220  % de la masse sala­­riale, il
le temps perdu quo­­ti­­dien­­ne­­ment, et donc alerte sérieu­­se­­ment la direc­­tion sur la perte
le retour sur inves­­tis­­se­­ment extrê­­me­­ment de maî­­trise de son pilo­­tage éco­­no­­mique.
rapide d’une action de créa­­tion de poten­­tiel zz Le ratio coûts externés/coûts inter­­nés. Les

pour l’amé­­lio­­ra­­tion de la vie quo­­ti­­dienne. coûts externés sont des coûts que l’entre­­prise
devrait assu­­mer et qu’elle exporte vers ses par­­
ties pre­­nantes. Les coûts inter­­nés sont ceux
Outils de pilo­­tage que l’entre­­prise assume. Les coûts externés
peuvent prendre la forme de refus d’aug­­men­­
pour la direc­­tion ta­­tion de tarif jus­­ti­­fiés de four­­nis­­seurs, d’aug­­
men­­ta­­tion exces­­sive de tarifs aux clients, de
De la mesure à la maî­­trise des coûts cachés, pol­­lu­­tion impo­­sée au voi­­si­­nage, de refus répé­­
tel est l’enjeu : comment et avec quels outils tés d’aug­­men­­ta­­tion de rému­­né­­ra­­tion lorsque
364 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

les résul­­tats pro­­gressent. Les externalisations Ceux-­ci sont tels que : le ratio TCP/TDP (temps
abu­­sives ou mal tolé­­rées pro­­voquent un de créa­­tion de poten­­tiel/temps direc­­te­­ment
effet boo­­me­­rang, car les acteurs ayant sup­­ pro­­duc­­tif ) alerte l’entre­­prise sur le niveau de
porté ces coûts externés vont à leur tour se res­­sources temps inves­­ties par les acteurs de
« ven­­ger », en fai­­sant subir à l’entre­­prise, sous l’entre­­prise en créa­­tion de poten­­tiel, par rap­­
d’autres formes, des coûts, qui peuvent être port au temps direc­­te­­ment pro­­duc­­tif. Lorsque
supé­­rieurs aux éco­­no­­mies espé­­rées. Ceux- ce ratio est trop faible, il annonce ou explique
­ci sont sou­­vent cachés, tels que défauts de des dys­­fonc­­tion­­ne­­ments impor­­tants, qui se
qua­­lité de la part de four­­nis­­seurs, pertes de tra­­duisent par des coûts cachés éle­­vés (cf.
clien­­tèle, baisse de pro­­duc­­ti­­vité du per­­son­­nel. l’outil de cal­­cul de ren­­ta­­bi­­lité ci-­après).

L’avis des pros1

Serge et Pas­­cal Pasquier, ancien et actuel PDG du groupe Brioche Pasquier

« Un évé­­ne­­ment impor­­tant inter­­vient en 1985. L’entre­­prise avait besoin d’argent,


nous sommes donc entrés au second mar­­ché, en Bourse de Nantes. Nous en sommes
sor­­tis en 2007 parce que la Bourse ne répon­­dait plus à nos aspi­­ra­­tions, étant donné
qu’elle était trop complexe et lourde à gérer…
Aujourd’hui, le groupe Pasquier compte presque 4 000 per­­sonnes. Nous avons iden­­
ti­­fié trois fon­­da­­men­­taux :
•  Le pre­­mier est l’orga­­ni­­sa­­tion décen­­tra­­li­­sée. Ainsi, la décen­­tra­­li­­sa­­tion sur des sites
nous a per­­mis de nous rap­­pro­­cher des lieux de consom­­ma­­tion.
•  Le deuxième point fon­­da­­men­­tal est la vision stra­­té­­gique concen­­trée. Ce sujet a fait
l’objet d’un impor­­tant débat et de nom­­breuses dis­­cus­­sions avec l’Iseor, notam­­ment
concer­­nant le choix d’un sys­­tème cen­­tra­­lisé ou décen­­tra­­lisé puisque nous avions fait
le choix de nous répar­­tir sur l’ensemble des ter­­ri­­toires fran­­çais. Notre objec­­tif était de
faire en sorte que ces sites vivent plei­­ne­­ment en contri­­buant au déve­­lop­­pe­­ment, à la
stra­­té­­gie et à la construc­­tion de l’entre­­prise.
•  Le troi­­sième point est la proxi­­mité hié­­rar­­chique. Nous vou­­lons absolument res­­ter, au
sein de l’entre­­prise, avec une struc­­ture à quatre ou cinq niveaux hié­­rar­­chiques au maxi­­
mum, c’est-­à-dire qu’entre moi-­même, qui ai aujourd’hui la res­­pon­­sa­­bi­­lité de l’entre­­prise,
et l’opé­­ra­­teur, il n’y a pas plus de cinq niveaux hié­­rar­­chiques. Nous voulons gar­­der cette
proxi­­mité afin de res­­ter en contact per­­manent avec le monde et la vie éco­­no­­mique…
Dans nos tableaux de bords finan­­ciers, tout ce qui est maté­­riel était chif­­fré et l’orga­­ni­­
sa­­tion finan­­cière de l’entre­­prise était bien faite. Cepen­­dant, nous n’avions absolument
rien concer­­nant l’imma­­té­­riel. C’est la rai­­son pour laquelle j’étais séduit par l’approche
de l’Iseor. Par exemple, la for­­ma­­tion devient un inves­­tis­­se­­ment, avec une rentabilité à
terme à condi­­tion de la pro­­gram­­mer, de la réa­­li­­ser et d’en faire un réel pro­­jet. »

1.  Savall H. et Zardet V. (coord.), Entre­­prises fami­­liales, Economica, 2012, p. 9-49.


Dossier 12 Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés 365

Outils clés    
La CHVACV excellent objec­­tif éco­­no­­mique, qui peut être
intro­­duit dans un sys­­tème d’inté­­res­­se­­ment
col­­lec­­tif du per­­son­­nel. Il s’applique aussi bien
à des orga­­ni­­sa­­tions à but non lucra­­tif, telles

! À SAVOIR que des hôpi­­taux qu’à des entre­­prises indus­­


trielles ou de ser­­vice. Cet indi­­ca­­teur pré­­sente
La CHVACV l’avan­­tage de mesu­­rer un accrois­­se­­ment de
Un indi­­ca­­teur simple de per­­for­­mance éco­­no­­mique glo­­ per­­for­­mance éco­­no­­mique, tenant compte
bale durable de toute entre­­prise ou orga­­ni­­sa­­tion per­­ de la situa­­tion du mar­­ché : stag­­na­­tion, crois­­
met de véri­­fier si sa tra­­jec­­toire est en pro­­gres­­sion. Cet sance, réces­­sion.
indi­­ca­­teur, de fréquence semes­­trielle ou tri­­mestrielle, Il sert éga­­le­­ment de base pour la pré­­pa­­ra­­
voire men­­suelle, se cal­­cule de la façon sui­­vante : tion bud­­gé­­taire, et per­­met de pro­­cé­­der à des
arbi­­trages sur les res­­sources, qu’il convient
CA − CV
CHVACV = d’affec­­ter, d’une part à des actions de créa­­
HA
tion de poten­­tiel, d’autre part à l’obten­­tion
CHVACV : contri­­bu­­tion horaire à la valeur ajou­­tée sur des résul­­tats de l’année. En effet la carac­­té­­
coûts variables ; CA : chiffre d’affaires ; CV : charges ris­­tique des actions de créa­­tion de poten­­tiel
variables ; HA : nombre d’heures atten­­dues de l’en­ est que le retour sur inves­­tis­­se­­ment est dif­­
semble du personnel, diri­­geants inclus. féré, au moins par­­tiel­­le­­ment, sur les années
futures. En pra­­tique cette répar­­tition entre
Ce mon­­tant repré­­sente la valeur horaire la créa­­tion de poten­­tiel et les résul­­tats dits
moyenne géné­­rée par une heure d’acti­­vité immé­­diats s’opère lors de la pré­­pa­­ra­­tion des
du per­­son­­nel. Son aug­­men­­ta­­tion signi­­fie que plans d’actions priori­­taires, en sélec­­tion­­nant
la per­­for­­mance glo­­bale de l’entre­­prise s’est des actions d’inno­­va­­tion qui per­­mettent de
accrue, soit parce que le numé­­ra­­teur, c’est-­à- réduire les coûts cachés de dys­­fonc­­tion­­ne­­
dire la valeur ajou­­tée sur coûts variables de ments. La maî­­trise des coûts cachés a donc
l’entre­­prise, a aug­­menté sans accrois­­se­­ment un effet sti­­mu­­lant sur la créa­­ti­­vité et l’inno­­
du nombre d’heures d’acti­­vité, soit que le va­­tion, dans tous les domaines de la vie de
déno­­mi­­na­­teur, le nombre d’heures d’acti­­vité, l’entre­­prise : pro­­duits, mar­­chés, tech­­no­­logie,
a dimi­­nué pour une valeur ajou­­tée sur coûts orga­­ni­­sa­­tion, poten­­tiel humain.
variables iden­­tique.
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Dans les deux cas, le nombre d’heures


d’acti­­vi­­tés consa­­crées à réguler des dys­­fonc­­
tion­­ne­­ments a baissé, ce qui a per­­mis de
l’ IIDQPH
ré­allouer ces temps récu­­pérés à de la pro­­
duc­­tion et de la vente sup­­plé­­men­­taires, ou L’IIDQPH désigne le temps de créa­­tion de
de réa­­li­­ser le même volume d’acti­­vité avec poten­­tiel que les per­­sonnes de l’entre­­prise
moins d’heures. Par exemple, les heures sup­­ consacrent à for­­mer, se for­­mer, créer de nou­­
plé­­men­­taires ont été réduites, par le départ velles pro­­cé­­dures et méthodes plus effi­­caces
d’une per­­sonne qui n’a pas été rem­­pla­­cée, ou et effi­­cientes, à par­­ti­­ci­­per à des groupes de
de cer­­tains sala­­riés qui ont demandé à pas­­ser pro­­jet, à créer des pro­­duits nou­­veaux, pré­­pa­­
à temps par­­tiel. rer la conquête de nou­­veaux mar­­chés, amé­­
L’indi­­ca­­teur de contri­­bu­­tion horaire à la lio­­rer la qua­­lité de l’ani­­ma­­tion des équipes,
valeur ajou­­tée sur coûts variables consti­­tue un inté­­grer dans les pra­­tiques pro­­fes­­sion­­nelles
366 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

de nou­­velles tech­­no­­logies, réor­­ga­­ni­­ser pério­­ zz l’accrois­­se­­ment de valeur ajou­­tée, obtenu


di­­que­­ment les acti­­vi­­tés et les équipes afin après l’implan­­ta­­tion de l’inves­­tis­­se­­ment
d’entre­­te­­nir une bonne adé­­qua­­tion aux exi­­ incor­­po­­rel (colonnes R à U), en cal­­cu­­lant, à
gences de l’envi­­ron­­ne­­ment. par­­tir du compte de résul­­tat, la valeur ajou­­
S’il est vrai que la balance éco­­no­­mique est tée sur coûts variables et la CHVACV ;
un outil par­­ti­­cu­­liè­­re­­ment adapté aux mana­­ zz la ren­­ta­­bi­­lité de l’inves­­tis­­se­­ment incor­­po­­

gers non spé­­cia­­listes du contrôle de ges­­tion, rel (colonnes V à Y) : le taux de ren­­ta­­bi­­lité glo­­
le contrô­­leur de ges­­tion de l’entre­­prise peut bale de cet inves­­tis­­se­­ment est cal­­culé par la
néan­­moins appor­­ter son sou­­tien et son exper­­ varia­­tion de la CHVACV par rap­­port à l’inves­­
tise métho­­do­­lo­­gique pour l’éla­­bo­­rer et pro­­cé­­ tis­­se­­ment incor­­po­­rel par per­­sonne et par
der à la valo­­ri­­sa­­tion. Par ailleurs, des outils de an ; la vitesse de retour sur inves­­tis­­se­­ment
cal­­cul de ren­­ta­­bi­­lité lui sont par­­ti­­cu­­liè­­re­­ment est éva­­luée par le rap­­port : (amor­­tis­­se­­ment
des­­ti­­nés, tels que la grille de cal­­cul de la ren­­ta­­ annuel de l’inves­­tis­­se­­ment incor­­po­­rel/varia­­
bi­­lité d’un inves­­tis­­se­­ment incor­­po­­rel en déve­­ tion annuelle moyenne de la valeur ajou­­tée
lop­­pe­­ment qua­­li­­ta­­tif du poten­­tiel humain sur coûts variables) x 12 mois. On cal­­cule éga­­
(IIDQPH). le­­ment un gain éco­­no­­mique net par la dif­­fé­­
La grille réca­­pi­­tule l’éva­­lua­­tion des variables rence entre la varia­­tion annuelle moyenne
sui­­vantes : de la valeur ajou­­tée sur coûts variables et
zz le coût de l’inves­­tis­­se­­ment incor­­po­­rel (II) l’inves­­tis­­se­­ment incor­­po­­rel total.
(colonnes E à O) : qui se décom­­pose en un Le tableau 12.8 pré­­sente les résul­­tats obte­­
coût exo­­gène de for­­ma­­tion, d’hono­­raires et nus dans 40 cas d’entre­­prises, de toutes tailles
de frais de dépla­­ce­­ment, et un coût endo­­ et dif­­fé­­rents sec­­teurs d’acti­­vité. L’outil per­­met
gène cor­­res­­pon­­dant au temps passé par de mesu­­rer le délai de retour sur inves­­tis­­se­­
l’ensemble des acteurs dans la démarche ment et le taux de ren­­ta­­bi­­lité de l’inves­­tis­­
d’inves­­tis­­se­­ment incor­­po­­rel, valo­­risé à la se­­ment. Au demeu­­rant, ces inves­­tis­­se­­ments
CHVACV. Le mon­­tant de l’inves­­tis­­se­­ment incor­­po­­rels étant rapi­­de­­ment amor­­tis, il n’est
incor­­po­­rel est amorti sur trois ans ; pas néces­­saire de pro­­cé­­der à une actua­­li­­sa­­
zz le mon­­tant des coûts cachés ini­­tiaux éva­­ tion des flux moné­­taires, car cela ne modi­­fie­­
lués au démar­­rage du pro­­ces­­sus d’inno­­va­­ rait pas sen­­si­­ble­­ment le résul­­tat.
tion et d’inves­­tis­­se­­ment incor­­po­­rel (colonnes
P et Q) ;
Dossier 12 Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés 367

Outils clés    
Tableau 12.8 – Grille de cal­­cul de ren­­ta­­bi­­lité de l’inves­­tis­­se­­ment incor­­po­­rel
en développement qua­­li­­ta­­tif du poten­­tiel humain (IIDQPH)

A N° d’ordre
5 Brioche P.
4 Banque

3 Adm.
Emploi DRM 2002 73 2,5 5

Entreprise et secteur d’activité


B
1984 112 1
1985 181 1

Année(s) (initiale)
C

COÛT DE L’INVESTISSEMENT INCORPOREL (II)


Effectif
D
années

Durée de réalisation de I’ll


E

Durée de l’amortissement de I’ll


3
3

COÛT
GENE
EXO­
198
75
57

k€
G
2950 47,2 122 1,09 40,7 0,36 1,88
5780 110 167 0,92 55,6 0,31 2,06
540

temps passé
H
h

ENDO­
COÛT
GENE
H × V
1000 G+I J/D

valorisation à la CHVACV
21

k€ k€ k€
I
217 2,98 43,4 0,60 2,01 19,8 2158 29,6 2612,8 35,8 517

II TOTAL
J

Il total par personne


K

Amortissement annuel moyen total


J/F L/D L/P
k€
L

Amortissement annuel par personne


k€
M

annuelle)

II / coûts cachés initiaux


%
N

RATIOS
(base
T/R

Variation VA/CV
35
31

%
O
2184 19,3 4671 41,7 1635 14,60
2700 14,9 5450 30,1 1690

annuelle)

total entreprise ou entité INITAUX


CACHÉS
k€
P

COÛTS
(base
P/D

par personne et par an


k€
Q

Valeur ajoutée sur coûts variables (VA/CV)


CACHÉS (base annuelle)

CREATION DE VALEUR
k€
R

AJOUTÉE PAR RECY­

initiale
CLAGE DES COÛTS
R/D

VA/CV initiale par personne


k€
S
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RÉDUCTION
DES COÛTS

∆ VA/CV moyenne annuelle


k€

annuelle)
T

CACHÉS
(base
9,34
7,08

T/D

∆ VA/CV annuelle par personne


k€
U
38,9

Contribution horaire à la valeur ajoutée sur coûts variables initiale


16
19

V

GLOBALE

POREL (II) D’INNOVATION
RENTA­
BILITE

TAUX

VESTISSEMENT INCOR­

R1 = (∆ VACV/personne/an)
4014
3039
1190

U/M

SOCIO-ECONOMIQUE

RENTABILITE DE L’IN­
W
%

(Il/personne/an)
1513
1523

(base annuelle)
300

gain économique net


T-J
k€

RETOUR SUR
X

INVESTISSE­
MENT de l’Il

VITESSE
12 × L/T
mois
0,30
0,39
1,01

Période de rémboursement de I’ll


Y

Source : Iseor, 2007.


368 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

Tableau 12.9 – Résul­­tats du retour sur inves­­tis­­se­­ment en déve­­lop­­pe­­ment


qua­­li­­ta­­tif du poten­­tiel humain

40 Entreprises (effectif total 6 500 personnes)

Taux de rentabilité de Nombre % Période de rem­ Nombre %


l’IIDQPH cumulé boursement de cumulé
l'IIDQPH

210% à 980% 15 37,5 % Moins de 1 mois 21 50%

1000% à 1980% 16 77,5% Entre 1 et 2 mois 12 80%

2000% à 3000% 6 92,5% Entre 2 et 3 mois 2 85%

3000% à 4014% 3 100% Entre 4 et 6 mois 5 100%

Total 40 100% Total 40 100%


Maî­­tri­­ser les coûts…

4
FICHE
Méthodes
et démarches
Toute per­­sonne peut décou­­vrir et cal­­cu­­ler des coûts cachés. La dif­­
fi­­culté pro­­vient du fait que les coûts cachés sont des coûts invisibles d’évé­­
ne­­ments incor­­po­­rels. Ils doivent dont être détec­­tés par les témoins de ces
évé­­ne­­ments, dont il n’existe pas, le plus sou­­vent, de traces maté­­rielles. Le
cal­­cul des coûts cachés nécessite donc la coopé­­ra­­tion active des membres de
l’entre­­prise ou de l’orga­­ni­­sa­­tion témoins des dys­­fonc­­tion­­ne­­ments et de leur
régulation. Quel inté­­rêt y trouvent-­ils  ? Leur coopé­­ra­­tion est d’autant plus
active qu’ils se découvrent des enjeux pro­­fes­­sion­­nels à mettre en évi­­dence
les coûts engen­­drés par les dysfonctionnements, par exemple pour jus­­ti­­fier
le bien fondé d’une action d’amé­­lio­­ra­­tion ou d’un inves­­tis­­se­­ment maté­­riel ou
incor­­po­­rel qu’ils pro­­posent.
La vigi­­lance sur les coûts cachés pour pilo­­ter en per­­ma­­nence la
compé­­titi­­vité de l’entre­­prise est donc l’affaire de tous. Cha­­cun est ainsi appelé
à deve­­nir « auto-­contrôleur de ges­­tion », c’est-­à-dire à por­­ter une sen­­si­­bi­­lité et
une res­­pon­­sa­­bi­­lité éco­­no­­miques de ses pra­­tiques pro­­fes­­sion­­nelles et de celles
de son entou­­rage, qui ne se résume pas à minimi­­ser les charges visibles, mais
intègre aussi des élé­­ments de coûts-­performances cachés.

Valo­­ri­­ser les coÛts Ainsi, les coûts cachés liés à l’absen­­téisme


dépendent à la fois du taux d’absen­­téisme et
cachÉs de la régu­­la­­tion de l’absen­­téisme, c’est-­à-dire
de la manière dont l’entre­­prise s’orga­­nise pour
Les coûts cachés sont la tra­­duc­­tion moné­­taire assu­­rer son acti­­vité mal­­gré les absences. Les
des couples [dys­­fonc­­tion­­ne­­ment - régu­­la­­tion] prin­­ci­­paux modes de régu­­la­­tion de l’absen­­
(cf. fiche 3). Un dys­­fonc­­tion­­ne­­ment est cor­­ téisme sont le recours à des inté­­ri­­maires, le
rigé par une régu­­la­­tion, ensemble d’actions recru­­te­­ment de per­­sonnes pour une durée
qui consomment des res­­sources de temps déter­­mi­­née, des heures sup­­plé­­men­­taires
humains et des achats externes. de sala­­riés pré­­sents, le rap­­pel de sala­­riés en


370 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

congés ou en récu­­pé­­ra­­tion, la non-­réalisation un diag­­nos­­tic appro­­fondi, ver­­ti­­cal dans un ser­­


du tra­­vail de l’absent (non-­production), le vice ou trans­­ver­­sal, s’ins­­cri­­vant dans un pro­­
dépla­­ce­­ment de sala­­riés d’un poste de tra­­vail ces­­sus d’acti­­vité de l’entre­­prise.
à l’autre. La méthode pour pas­­ser de l’iden­­ti­­fi­­cation
La méthode géné­­rale de cal­­cul des coûts des dys­­fonc­­tion­­ne­­ments à la valo­­ri­­sa­­tion
cachés suit le même rai­­son­­ne­­ment sché­­ma­­ des coûts cachés comporte trois étapes ou
tique : un dys­­fonc­­tion­­ne­­ment induit une régu­­ modules : social, orga­­ni­­sa­­tion­­nel et finan­­cier.
la­­tion qui entraîne un coût caché, tel qu’il est
retracé dans l’outil « Fiche d’éva­­lua­­tion d’un
Un micro diag­­nos­­tic
coût caché » (cf. tableau 12.4, fiche 3).
indi­­vi­­duel
Un acteur iden­­ti­­fie un dys­­fonc­­tion­­ne­­ment, qui
déclenche une régu­­la­­tion, absor­­bant des res­­
Trois types sources temps et éven­­tuel­­le­­ment des consom­­
de diag­­nos­­tics ma­­tions d’achat externes. Par une tech­­nique
d’auto-­observation, il décrit les actes de régu­­
des coÛts cachÉs la­­tion qu’il réa­­lise et iden­­ti­­fie les temps pas­­
sés. Puis il estime la fré­­quence d’occur­­rence
Pour esti­­mer le « tré­­sor » de coûts cachés ou de ce dys­­fonc­­tion­­ne­­ment, par jour, semaine,
gise­­ment de res­­sources éva­­po­­rées, trois sortes mois ou année. Les coûts cachés pro­­vo­­qués
de diag­­nos­­tics de coûts cachés peuvent être par ce dys­­fonc­­tion­­ne­­ment lui font prendre
réa­­li­­sées : un micro diag­­nos­­tic, au niveau de conscience de l’inci­­dence éco­­no­­mique de ce
l’indi­­vidu, un mini diag­­nos­­tic, au niveau d’une dys­­fonc­­tion­­ne­­ment sur la per­­for­­mance éco­­
équipe de tra­­vail et de son proche entou­­rage, no­­mique glo­­bale de l’entre­­prise.

Tableau 12.10 – La méthode SOF

Module Objec­­tif

– Détecter les dys­­fonc­­tion­­ne­­ments élé­­men­­taires (inven­­taire des dysfonction­


nements).
Social
– Mettre en évi­­dence les causes mul­­tiples des dys­­fonc­­tion­­ne­­ments selon la
liaison : [Struc­­tures  Compor­­te­­ments]  Dys­­fonc­­tion­­ne­­ments

– Mettre en évi­­dence les modes de régu­­la­­tion des dys­­fonc­­tion­­ne­­ments :


étude des effets.
Orga­­ni­­sa­­tion­­nel
– Dres­­ser l’inven­­taire des inci­­dences éco­­no­­miques des régu­­la­­tions : quan­­tité
de temps, de consom­­ma­­tions, de « pertes » de pro­­duc­­tion.

– Recher­­cher prix et coûts uni­­taires des compo­­sants des régu­­la­­tions.


Finan­­cier
– Éva­­luer en uni­­tés moné­­taires les inci­­dences éco­­no­­miques des régu­­la­­tions.
Dossier 12 Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés 371

Méthodes et démarches    
Exemple prennent du retard depuis plu­­sieurs mois, et
engen­­dre­­ront une valeur ajou­­tée sur coûts
Titre ? variables pour l’entre­­prise sous forme de pro­­
duits, au sens comp­­table, sup­­plé­­men­­taires.
yy Étape 1 : un acteur uti­­lise un logi­­ciel, pour
lequel il n’a pas reçu une for­­ma­­tion appro­­ Dans ce cas, il a sup­­primé le dys­­fonc­­tion­­ne­­
fon­­die. Lors de chaque uti­­li­­sation, il constate ment par une action d’inves­­tis­­se­­ment incor­­
qu’il commet des erreurs qu’il doit cor­­ri­­ger, po­­rel dénommé IIDQPH, qui a des effets
ou encore qu’il consacre un temps sup­­plé­­ posi­­tifs sur une assez longue période.
men­­taire dû à des recherches pour trou­­ver
les fonc­­tion­­na­­li­­tés du logi­­ciel.
yy Étape 2 : à chaque uti­­li­­sation du logi­­ciel, il Un mini diag­­nos­­tic d’équipe
consacre en moyenne une heure au lieu de
30 minutes. La régu­­la­­tion entraîne donc à Un res­­pon­­sable envi­­sage de pro­­cé­­der à une
chaque fois un sur­temps de 30 minutes. ana­­lyse des dys­­fonc­­tion­­ne­­ments et une
yy Étape 3 : il uti­­lise ce logi­­ciel deux fois par esti­­mation des coûts cachés subis par les
semaine, tout au long de l’année, soit 47
membres de son équipe. Il réunit ses col­­la­­
semaines ouvrables par an.
bo­­ra­­teurs pen­­dant 2 heures et leur demande
yy Étape 4 : le coût caché (CC) engen­­dré par la
maî­­trise insuf ­­fi­­sante du logi­­ciel s’élève donc à : d’expri­­mer les dys­­fonc­­tion­­ne­­ments qu’ils ren­­
contrent dans leur acti­­vité pro­­fes­­sion­­nelle.
CC = 0,5 h × 2 fois × 47 sem × 35 € = 1 645 €
Cette réunion semi-­directive est ani­­mée par
yy Étape 5 : s’il dégage une demi-­journée de
le res­­pon­­sable d’équipe, qui répar­­tit les temps
tra­­vail (3,5  heures) pour par­­ti­­ci­­per à la for­­
de parole afin que cha­­cun s’exprime, et note
ma­­tion appro­­fon­­die au logi­­ciel, il amor­­tit
cet inves­­tis­­se­­ment incor­­po­­rel en un mois. au tableau de papier les dys­­fonc­­tion­­ne­­ments
Au-­delà, sur les 11 mois sui­­vants de l’année, expri­­més, en s’appuyant sur la nomen­­cla­­ture
il dégage 43  heures, soit 1  500  € (43 sem x des six domaines de dys­­fonc­­tion­­ne­­ments (cf.
1 h x 35 €), qu’il affec­­tera à des missions qui tableau 12.11).

Tableau 12.11 – Thèmes et sous-­t hèmes de dys­­fonc­­tion­­ne­­ments

Thèmes Sous-­thèmes
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1. Condi­­tions de tra­­vail 101 Amé­­na­­ge­­ment et agen­­ce­­ment des locaux


102 Maté­­riel et four­­ni­­tures
103 Nui­­sances
104 Condi­­tions phy­­siques de tra­­vail
105 Charge phy­­sique de tra­­vail
106 Horaires de tra­­vail
107 Ambiance de tra­­vail

2. Orga­­ni­­sa­­tion du tra­­vail 201 Répar­­tition des tâches, des mis­­sions, des fonc­­tions
202 Régu­­la­­tion de l’absen­­téisme
203 Inté­­rêt du tra­­vail
204 Auto­­no­­mie dans le tra­­vail
205 Charge de tra­­vail
206 Règles et pro­­cé­­dures
207 Orga­­ni­­gramme
372 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

Thèmes Sous-­thèmes

3. Communication-­coordination- 301 3C interne au ser­­vice


concertation [3C] 302 Rela­­tion avec les ser­­vices envi­­ron­­nants
303 3C entre réseau et siège
304 3C entre maison-­mère et filiale
305 3C au niveau de l’équipe de direc­­tion
306 3C entre élus et fonc­­tion­­naires
307 Dis­­po­­si­­tifs 3C
308 Trans­­mis­­sion des infor­­ma­­tions
309 3C ver­­ti­­cale
310 3C hori­­zon­­tale

4. Ges­­tion du temps 401 Respect des délais


402 Pla­­ni­­fi­­ca­­tion, pro­­gram­­ma­­tion des acti­­vi­­tés
403 Tâches mal assu­­mées
404 Fac­­teurs per­­tur­­ba­­teurs de la ges­­tion du temps

5. For­­ma­­tion inté­­grée 501 Adé­­qua­­tion formation-­emploi


502 Besoins de for­­ma­­tion
503 Compé­­tences dis­­po­­nibles
504 Dis­­po­­si­­tifs de for­­ma­­tion
505 For­­ma­­tion et chan­­ge­­ment tech­­nique

6. Mise en œuvre stra­­té­­gique 601 Orien­­ta­­tions stra­­té­­giques


602 Auteurs de la stra­­té­­gie
603 Démul­­ti­­pli­­cation et orga­­ni­­sa­­tion de la mise en œuvre
stra­­té­­gique
604 Outils de la mise en œuvre stra­­té­­gique
605 Sys­­tème d’infor­­ma­­tion
606 Moyens de la mise en œuvre stra­­té­­gique
607 Ges­­tion du per­­son­­nel
608 Mode de mana­­ge­­ment

À l’issue de cette séance, il reprend les dys­­ incor­­po­­rel pour réduire ses coûts cachés et les
fonc­­tion­­ne­­ments élé­­men­­taires, en éva­­lue la conver­­tir en valeur ajou­­tée. Elle fait appel à un
fré­­quence puis décrit les régu­­la­­tions réa­­li­­sées orga­­nisme externe, lequel déploiera un pro­­
par les membres de son équipe et lui-­même, ces­­sus chro­­no­­lo­­gique struc­­turé, compor­­tant
en esti­­mant leurs inci­­dences éco­­no­­miques : d’abord des entre­­tiens qua­­li­­ta­­tifs avec chaque
quan­­tité de temps, de consom­­ma­­tions, de membre de l’enca­­dre­­ment et des entre­­tiens
pertes de pro­­duc­­tion. Il pro­­cède ensuite à une en petits groupes avec une par­­tie du per­­son­­
esti­­mation des coûts cachés glo­­baux liés à ces nel (30 à 60 % du sec­­teur diag­­nos­­ti­­qué), afin
dys­­fonc­­tion­­ne­­ments (lire plus haut « Un micro de repérer les dys­­fonc­­tion­­ne­­ments. Puis des
diag­­nos­­tic indi­­vi­­duel »). entre­­tiens appro­­fon­­dis auprès de l’enca­­dre­­
ment per­­mettent de col­­lec­­ter les infor­­ma­­tions
Un diag­­nos­­tic appro­­fondi néces­­saires à l’éva­­lua­­tion des coûts cachés. Un
sur un ou plu­­sieurs effet miroir est ainsi éla­­boré en pré­­sen­­tant à
toutes les per­­sonnes inter­­viewées un diag­­nos­­
dépar­­te­­ments
tic qua­­li­­ta­­tif, struc­­turé dans les six caté­­go­­ries
Une entre­­prise envi­­sage de mettre en place de dys­­fonc­­tion­­ne­­ments, suivi d’une éva­­lua­­tion
un pro­­gramme ambi­­tieux d’inves­­tis­­se­­ment appro­­fon­­die des coûts cachés (cf. figure 12.2).
Dossier 12 Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés 373

Méthodes et démarches    
Entretien Entretiens
Entretiens Présentation
avec Visite du coûts
qualitatifs Présentation orale de l’avis
responsable service Analyse de cachés
+ orale des d’expert en
du service (observation documents +
observation résultats complément
directe) observation
directe du diagnostic
directe

Collecte Exploitation
Commande Programmation de des donées Remise du
de des documents collctées rapport cent
documents entretiens de diagnostic

Figure 12.2 – Chro­­no­­logie des tech­­niques de recueil des infor­­ma­­tions


lors du diagnostic socio-­économique

Ces tech­­niques sont, certes, complé­­men­­ Cette éva­­lua­­tion est réa­­li­­sée à l’aide de
taires, on peut tou­­te­­fois asso­­cier cha­­cune la grille de cal­­cul de coûts cachés (cf. fiche 3,
d’elles à des types d’infor­­ma­­tions recher­­chées tableau 12.4), et l’ensemble des coûts cachés
en priorité. Ainsi, les entre­­tiens consti­­tuent la de dys­­fonc­­tion­­ne­­ments sont addi­­tion­­nés
tech­­nique pri­­vi­­lé­­giée pour recueillir une des­­ dans un tableau de syn­­thèse. Celui-­ci pré­­sente
crip­­tion des dys­­fonc­­tion­­ne­­ments ; l’obser­­va­­ une ven­­ti­­lation des coûts cachés en cinq indi­­
tion directe est indis­­pen­­sable pour étu­­dier ca­­teurs et six compo­­sants.
cer­­taines régu­­la­­tions des dys­­fonc­­tion­­ne­­ Les dys­­fonc­­tion­­ne­­ments élé­­men­­taires
ments  ; enfin l’ana­­lyse docu­­men­­taire est sont impu­­tés à l’un des cinq indi­­ca­­teurs de
essen­­tielle pour cal­­cu­­ler les coûts uni­­taires, coûts cachés. Les res­­sources éco­­no­­miques
par exemple la contri­­bu­­tion à la valeur ajou­­ consom­­mées pen­­dant les régu­­la­­tions sont
tée sur coûts variables. clas­­sées dans un ou plu­­sieurs compo­­sants de
coûts cachés (tableau 12.11).
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374
Partie 2

Exemple

Tableau 12.12 – Syn­­thèse des indi­­ca­­teurs et des compo­­sants de coûts cachés (entreprise belge de ser­­vices)

Surcharges Non - production

SUR­ SURCONSOM­ NON NON CREATION RISQUES TOTAL


Contrôle de ges­­tion

SURTEMPS
SALAIRES MATIONS PRODUCTIONS DE POTENTIEL

ABSENTÉISME 389 800 N.E. N.E. N.E. N.E. N.E.

ACCIDENTS DU TRA­ N.E. N.E. N.E. N.E. N.E. N.E. N.E.


VAIL ET MALADIES
PROFESSIONNELLES

ROTATION DU PER­ N.E. 20 800 N.E. 645 600 N.E. N.E. 666 400
SONNEL

DÉFAUTS DE QUALITÉ 2 900 829 600 3 500 289 300 73 600 N.E. 1 198 900

ÉCARTS DE PRODUC­ 1 300 496 100 118 900 791 000 241 800 45 800 1 694 900
TIVITÉ DIRECTE

TOTAL 394 000 1 346 500 122 400 1 725 900 315 400 45 800 3 950 000

personnes dans par personne et par an en


N.E. Non évalué 43 91 800 €
le secteur, soit : moyenne
Dossier 12 Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés 375

Méthodes et démarches    
valo­­ri­­sa­­tion des dys­­fonc­­tion­­ne­­ments. Ces temps auraient été
évi­­tés en l’absence de dys­­fonc­­tion­­ne­­ment.
coÛts cachés selon Méthode d’éva­­lua­­tion : les temps pas­­sés
les compo­­sants sont mul­­ti­­pliés par la valeur de la contri­­bu­­tion
horaire à la valeur ajou­­tée sur coûts variables
(CHVACV), selon la for­­mule pré­­sen­­tée dans la
Chaque acte de régu­­la­­tion est affecté à un ou fiche 3.
plu­­sieurs compo­­sants selon ses carac­­té­­ris­­
tiques. La méthode de valo­­ri­­sa­­tion en coûts
Sur­­consom­­ma­­tions
cachés de chaque acte est direc­­te­­ment asso­­
ciée à ces compo­­sants. Les trois pre­­mières Les sur­­consom­­ma­­tions cor­­res­­pondent aux
caté­­go­­ries consti­­tuent des sur­­charges, ou achats externes de biens et de ser­­vices qui ont
coûts his­­to­­riques  : sur­­sa­­laires, sur­temps et été pro­­vo­­qués par un dys­­fonc­­tion­­ne­­ment. Ces
sur­­consom­­ma­­tions. Les non-­produits ou achats auraient été évi­­tés en l’absence de dys­­
coûts d’oppor­­tu­­nité, au sens comp­­table, à fonc­­tion­­ne­­ment.
carac­­tère cer­­tain sont de deux sortes : les non- Méthode d’éva­­lua­­tion  : les sur­­consom­­
­productions et les non-­créations de poten­­ ma­­tions sont éva­­luées à leur coût d’acqui­­si­­
tiel ; le troi­­sième est à carac­­tère aléa­­toire : les tion par l’entre­­prise, telle qu’enre­­gis­­trées en
risques, coûts pro­­bables mais incer­­tains. comp­­ta­­bi­­lité. Par exemple  : fac­­tures d’inté­­
rim suite à une absence d’un sala­­rié ; frais de
trans­­port sup­­plé­­men­­taires pro­­vo­­qués par une
Coûts his­­to­­riques
commande frac­­tion­­née.

Sur­­sa­­laires
Coûts d’oppor­­tu­­nité
Les sur­­sa­­laires cor­­res­­pondent aux glis­­se­­ments
de fonc­­tion entre deux per­­sonnes de caté­­go­­
ries dif­­fé­­rentes.
Non-­productions
Méthode d’éva­­lua­­tion : le temps passé par Les non-­productions cor­­res­­pondent aux
une per­­sonne P1 à effec­­tuer une opé­­ra­­tion à la manques à gagner, manque de chiffre d’af­
place d’une autre P2 est mul­­ti­­plié par la dif­­fé­­ faires, manque de marge ou encore manque
rence de taux sala­­riaux horaires entre P1 et P2. de sub­­ven­­tions pro­­vo­­qués par un dys­­fonc­­
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Les sur­­sa­­laires cor­­res­­pondent aussi aux tion­­ne­­ment.


salaires ver­­sés à des absents par l’entre­­prise Méthode d’éva­­lua­­tion : les non-­productions
sans contre­­par­­tie d’acti­­vité. sont éva­­luées à la valeur per­­due par l’entre­­
Méthode d’éva­­lua­­tion : les salaires et charges prise qui, selon les normes comp­­tables, n’a
asso­­ciées à la charge de l’entre­­prise sont éva­­lués pas été enre­­gis­­trée au compte de pro­­duits.
ainsi en cas d’absence d’une per­­sonne néan­­ Par exemple : une vente per­­due suite à un
moins indem­­ni­­sée. La par­­tie de son indem­­ni­­ retard impor­­tant de livrai­­son est éva­­luée à la
sa­­tion prise en charge par les orga­­nismes de perte de marge, sauf si le pro­­duit était déjà
sécu­­rité sociale n’est pas prise en compte. fabri­­qué et ne peut être revendu, auquel cas la
non-­production s’élève à la valeur totale de la
Sur­temps
vente per­­due. Une pres­­ta­­tion de ser­­vices réa­­
Les sur­temps cor­­res­­pondent à des temps sup­­ li­­sée mais non fac­­tu­­rée est éva­­luée à la valeur
plé­­men­­taires pro­­vo­­qués par les régu­­la­­tions de totale de la vente non réa­­li­­sée. Un pro­­duit
376 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

vendu en deuxième choix par suite de défauts Risques


de qua­­lité pro­­voque une non-­production cal­­
cu­­lée par la dif­­fé­­rence entre le prix de vente Les risques cor­­res­­pondent aux inci­­dences
nor­­mal et le prix de vente réel. pos­­sibles mais non cer­­taines des dys­­fonc­­
tion­­ne­­ments de la période actuelle. Ces
Non-­créations de poten­­tiel risques peuvent tou­­cher dif­­fé­­rents domaines :
commer­­cial, indus­­triel, finan­­cier, orga­­ni­­sa­­tion,
Les non-­créations de poten­­tiel cor­­res­­pondent res­­sources humaines.
aux manques à gagner des années futures Méthode d’éva­­lua­­tion : le plus sou­­vent les
pro­­vo­­qués par les dys­­fonc­­tion­­ne­­ments. risques sont signa­­lés pour mémoire sans être
Méthodes d’éva­­lua­­tion : les non-­créations cal­­cu­­lés. Néan­­moins dans cer­­tains cas, une
de poten­­tiels sont éva­­luées à la valeur per­­due éva­­lua­­tion est pos­­sible.
par l’entre­­prise au titre des années futures. Par exemple, des erreurs en matière de
Par exemple : le retard de mise au point ges­­tion des contrats de tra­­vail et d’éla­­bo­­ra­­
d’un nou­­veau pro­­duit engendre un retard de tion des bul­­le­­tins de paye pour­­raient entraî­­
six mois dans sa commer­­cia­­li­­sa­­tion pré­­vue ner, en cas de contrôle, un redres­­se­­ment à la
dans deux ans. La perte de marge sur le chiffre charge de l’entre­­prise. Le mon­­tant pro­­bable
d’affaires prévu pour dans deux ans consti­­tue du redres­­se­­ment, incluant les péna­­li­­tés, peut
le coût de la non-­création de poten­­tiel. être cal­­culé dans ce cas, quitte à l’assor­­tir d’un
D’autres non-­créations de poten­­tiel se coef ­­fi­­cient de pro­­ba­­bi­­lité.
mesurent a minima par la valeur d’inves­­tis­­ On notera que les coûts cachés de non-
se­­ment incor­­po­­rel (IIDQPH) que l’entre­­prise ­productions et de non-­créations de poten­­
aurait dû réa­­li­­ser au cours de cette année et tiel repré­­sentent une part impor­­tante des
qu’elle reporte à l’exer­­cice sui­­vant, car les res­­ mon­­tants éva­­lués. L’inté­­rêt de ce volet de
sources néces­­saires ont été absor­­bées par les l’éva­­lua­­tion est de faire prendre conscience à
dys­­fonc­­tion­­ne­­ments. l’entre­­prise de sa res­­pon­­sa­­bi­­lité quant à son
Exemple : le plan d’action pré­­voyait une niveau de vente et de marge, indé­­pen­­dam­­ment
for­­ma­­tion interne de 2 000 heures des ouvriers des carac­­té­­ris­­tiques du mar­­ché et de l’envi­­ron­­
à une nou­­velle tech­­no­­logie, mais 2 000 heures ne­­ment externe. Il per­­met de comprendre que
sup­­plé­­men­­taires absor­­bées par de lourds l’enjeu des coûts cachés n’est pas tant « l’opti­­
dys­­fonc­­tion­­ne­­ments l’ont empê­­chée. Le coût mi­­sation » des charges que la ré­alloca­­tion des
caché de non-­création de poten­­tiel est de temps récu­­pérés dans des acti­­vi­­tés de pro­­
2  000 h x 35  € =  70  000  € d’inves­­tis­­se­­ment duc­­tion, géné­­ra­­trices de valeur ajou­­tée et de
incor­­po­­rel perdu pour cette année. chiffre d’affaires sup­­plé­­men­­taires.
Dossier 12 Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés 377

Méthodes et démarches    
L’avis des pros

Jean Caghassi, PDG du Groupe de fabri­­ca­­tion de véhi­­cules de secours


(France)

L’inté­­gra­­tion du mana­­ge­­ment socio-­économique dans un contexte de fusion et


un envi­­ron­­ne­­ment instable :
« Le groupe est une entre­­prise de fabri­­ca­­tion de véhi­­cules de secours, telles que les
ambulances. Notre effec­­tif de 170 per­­sonnes est réparti sur trois sites de pro­­duc­­tion.
La pré­­sen­­ta­­tion du diag­­nos­­tic à l’ensemble de l’équipe (a mon­­tré) un mon­­tant de
coûts cachés de 3 400 000 euros soit 22 000 euros par per­­sonne et par an. Nous
avons construit le pro­­jet durant trois mois, puis nous avons mis en place des actions
et uti­­lisé des outils, tels que la grille d’auto-­analyse de ges­­tion du temps et les
tableaux de bord de pilo­­tage.
Par la suite, nous avons pro­­cédé à une éva­­lua­­tion socio-­économique dont les résul­­
tats financiers cor­­res­­pon­­daient à une conver­­sion des coûts cachés en valeur ajou­­tée
d’un montant de 1 800 000 euros soit 13 500 euros par per­­sonne et par an. Celle-­ci
s’est tra­­duite par une amé­­lio­­ra­­tion de la Contri­­bu­­tion horaire à la valeur ajou­­tée sur
coûts variables (CHVACV) de 20 %.
Dans la mise en place du contrôle de ges­­tion socio-­économique, notre pro­­chaine
étape concerne la mise en place d’indi­­ca­­teurs pour mieux appré­­hen­­der la conver­­sion
des coûts cachés iden­­ti­­fiés dans les balances éco­­no­­miques ainsi que la mise en place
d’un contrôleur de ges­­tion socio-­économique.
Le contrôle de ges­­tion socio-­économique va éga­­le­­ment appor­­ter de réels chan­­ge­­
ments dans notre manière d’effec­­tuer la pré­­vi­­sion, la délé­­ga­­tion et le pilo­­tage des
actions. Il va fal­­loir que nous sou­­te­­nions une régu­­la­­rité de l’effort durant trois ans
afin d’évi­­ter le risque d’essouf­­fl e­­ment. Notre vrai chal­­lenge est donc d’assu­­rer une
par­­ti­­cipation de tous à la démarche, de manière la plus inté­­grée pos­­sible. »

1.  Savall H., Zardet V. et Bon­­net M. (coord.), Mana­­ge­­ment socio-­économique. Une approche innovante, Economica,
2008, p. 49-56.
Maî­­tri­­ser les coûts…
5 Perspec­­tives
FICHE
et pros­­pec­­tives
Le concept de coûts-­performances cachés, ainsi que les outils conçus
pour les trai­­ter ouvrent des perspec­­tives consi­­dé­­rables, expé­­ri­­men­­tées et vali­­
dées dans plus d’un millier d’entre­­prises et d’orga­­ni­­sa­­tions.

vigi­­lance Éco­­no­­mique ­ erformances cachés, l’effet observé est un


p
accrois­­se­­ment de sa capa­­cité d’auto­­fi­­nan­­
et CHVACV ce­­ment. Cette action sur les coûts cachés
per­­met à l’entre­­prise d’amé­­lio­­rer sa sécu­­
Ce ratio, simple à cal­­cu­­ler à par­­tir de la comp­­ rité finan­­cière, d’auto­­fi­­nan­­cer une par­­tie
ta­­bi­­lité géné­­rale, a de mul­­tiples appli­­ca­­tions. Il signi­­fi­­ca­­tive de ses pro­­jets opé­­ra­­tion­­nels et
per­­met d’éva­­luer les coûts cachés à par­­tir des stra­­té­­giques et de réduire son taux d’endet­­
dys­­fonc­­tion­­ne­­ments détec­­tés, de cal­­cu­­ler les te­­ment.
coûts-­valeurs par acti­­vité ainsi que la valeur La prise en compte des coûts-­performances
de la créa­­tion de poten­­tiel, source essen­­tielle cachés dans les pro­­jets amé­­liore la déci­­sion
de l’amé­­lio­­ra­­tion des per­­for­­mances futures. opé­­ra­­tion­­nelle ainsi que la fia­­bi­­lité des pro­­
Il per­­met aussi d’éva­­luer pério­­di­­que­­ment jets stra­­té­­giques.
l’accrois­­se­­ment de per­­for­­mance éco­­no­­mique, Les outils par­­ta­­gés, grilles de cal­­cul de
l’évo­­lu­­tion de l’effi­­cience et la compé­­titi­­vité, coûts cachés, balance éco­­no­­mique de pro­­
comme le pra­­tiquent cer­­taines entre­­prises, jets, notam­­ment, per­­mettent de faire par­­ti­­
sou­­cieuses de détecter à temps une ten­­dance ci­­per tous les niveaux de l’enca­­dre­­ment à la
à la baisse de leur per­­for­­mance. pré­­pa­­ra­­tion bud­­gé­­taire. De nom­­breux cas
d’entre­­prises montrent que cela per­­met de
réduire les écarts néga­­tifs, les mau­­vaises sur­­
prises consta­­tées en fin de mois, de semestre
DÉve­­lop­­per ou d’exer­­cice. Ces outils simples per­­mettent
la capa­­citÉ d’amé­­lio­­rer la fia­­bi­­lité des dos­­siers de choix
d’inves­­tis­­se­­ment et de déve­­lop­­per des réflexes
d’auto­­fi­­nan­­ce­­ment de responsabilisation quant à la per­­for­­mance
éco­­no­­mique durable.
Lorsque l’entre­­prise apprend à détecter ses
dys­­fonc­­tion­­ne­­ments et à maî­­tri­­ser les coûts-


Dossier 12 Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés 379

Perspec­­tives et pros­­pec­­tives   
Poli­­tique façon plus har­­mo­­nieuse grâce à un endet­­te­­
ment contenu et rai­­sonné et un auto­­fi­­nan­­ce­­
d’aug­­men­­ta­­tion ment accru, grâce à la conver­­sion des coûts
des rÉMU­­NÉ­­ra­­tions cachés en valeur ajou­­tée.
Cela devrait inté­­res­­ser notam­­ment les
auto­­fi­­nan­­cÉes entre­­prises qui ne peuvent accé­­der à la
Bourse, les PME et les toutes petites entre­­
La situa­­tion de crise mon­­diale durable, les prises (TPE) qui consti­­tuent la majo­­rité des
risques per­­çus de poli­­tique de défla­­tion de entre­­prises et du poten­­tiel de créa­­tion de
trop longue durée, la perte de confiance valeur dans la plu­­part des pays du monde.
dans la robus­­tesse finan­­cière des États et des La ques­­tion lan­­ci­­nante du finan­­ce­­ment des
banques, inter­­pelle employeurs, per­­sonnes PME par les banques, par­­ti­­cu­­liè­­re­­ment aigu
et syn­­di­­cats quant à l’ave­­nir des rému­­né­­ra­­ en France, peut trou­­ver dans ce finan­­ce­­ment
tions. Quelles pré­­vi­­sions peut-­on faire sur mixte une réponse et construire une zone
la pro­­gres­­sion du pou­­voir d’achat des sala­­ d’entente entre le ban­­quier et le chef d’entre­­
riés, des diri­­geants de l’entre­­prise ainsi que prise, ce qui per­­met à la fois le déve­­lop­­pe­­ment
ceux de ses par­­ties pre­­nantes (clients, four­­ et la limi­­ta­­tion du risque finan­­cier conjoint.
nis­­seurs, par­­te­­naires…) ? La décou­­verte des Au lieu de se contenter de la demande clas­­
gise­­ments récur­­rents de coûts cachés ouvre sique des trois der­­niers bilans de l’entre­­prise,
des perspec­­tives pour répondre à cette grave le ban­­quier pour­­rait conseiller un pro­­gramme
ques­­tion. L’entre­­prise qui a appris à maî­­tri­­ de finan­­ce­­ment mixte compor­­tant une
ser ses coûts-­performances cachés dis­­pose part d’endet­­te­­ment rai­­son­­nable et un pro­­
d’une marge de manœuvre consi­­dé­­rable gramme de conver­­sion des coûts cachés en
pour envi­­sa­­ger des pro­­gres­­sions de pou­­voir valeur ajou­­tée. Le rôle de pres­­crip­­teur et de
d’achat. conseiller du ban­­quier, dans cette perspec­­
tive, pour­­rait être une inno­­va­­tion salu­­taire et
réduire le nombre d’entre­­prises accu­­lées au
dépôt de bilan.

Finan­­ce­­ment mixte
de la crois­­sance
Redres­­se­­ment
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et du dÉve­­lop­­pe­­ment
d’entre­­prises
La décou­­verte du tré­­sor caché de res­­sources
en dif­­fi­­cultÉ et
re­cyclables, à l’ins­­tar des pro­­grès réa­­li­­sés en appli­­ca­­tion aux
matière d’éco­­no­­mie d’éner­­gie depuis une
fusions-­acquisitions
tren­­taine d’années, ouvre la voie à des poli­­
tiques de finan­­ce­­ment plus équi­­li­­brées, moins
ris­­quées pour l’entre­­prise et ses financeurs. La méthode des coûts-­performances cachés
Dans une entre­­prise qui a appris à maî­­tri­­ser peut aussi faci­­li­­ter le redres­­se­­ment d’entre­­
ses coûts-­performances cachés, la crois­­sance prises en dif­­fi­­culté ainsi que les pro­­ces­­sus de
et le déve­­lop­­pe­­ment peuvent être finan­­cés de fusion-­acquisition.
380 Partie 2 Contrôle de ges­­tion

INDICATEURS DE COÛTS CACHÉS

Absentéisme Accidents Rotation du Qualité des produits Productivité directe


du travail personnel (biens ou services)
• Par secteurs, Pour les 3 dernières
• Par catégories • Taux de gravité, • Recrutement des 10 • Image externe : années :
ouvriers, • Taux de dernières années : CDI 1)/ retours service • Chiffre d’affaires :
maîtrise, fréquence, CDD (2) après-vente, - par tête,
cadres). • Évolution des • Départs volontaires, réclamations, délais - par heure
cotisations des 5 • Licenciements, externes, avoirs... travaillée.
dernières années • Retraites, • Image interne, • Contribution
(>20 salaries). • Fins de CDD (2), rebuts, retouches, horaire à la marge
• Mobilité interne : délais internes, sur coûts variables
- demandes de erreurs de (CHMCV).
mutations, traitement.
- mutations décidées par
la hiérarchie.

(1) CDI : Contrats à durée


indéterminée.
(2) CDD : Contrats à
durée déterminée.

Figure 12.3 – Infor­­ma­­tions à col­­lec­­ter dans la perspec­­tive d’une reprise d’entre­­prise

FOCUS… FOCUS… FOCUS…


Amé­­lio­­ra­­tion du lien entre la comp­­ta­­bi­­lité d’entre­­prise
et la comp­­ta­­bi­­lité nationale
yyL’indi­­ca­­teur contri­­bu­­tion horaire à la valeur ajou­­tée sur coûts variables (CHVACV), facile à cal­­
cu­­ler dans n’importe quel type d’entre­­prise (TPE, PME, ETI, grandes entreprises) ou orga­­ni­­sa­­tion
publique, asso­­cia­­tive ou pri­­vée, consti­­tue un « nano-­PIB ». Ce ratio mesure en effet la valeur
éco­­no­­mique moyenne d’une heure d’acti­­vité réa­­li­­sée dans une entre­­prise ou orga­­ni­­sa­­tion, c’est-
­à-dire la valeur ajoutée par une heure d’acti­­vité humaine aux inputs, valeurs ache­­tées en amont
à ses four­­nis­­seurs. Cela per­­met de four­­nir, en aval, un bien ou ser­­vice à ses clients dont la valeur
est consti­­tuée des coûts d’achat aux four­­nis­­seurs et de la valeur ajou­­tée pro­­duite par l’entre­­prise,
la somme consti­­tuant le prix payé par les clients.
yyCet indi­­ca­­teur montre qu’il existe une rela­­tion entre la per­­for­­mance d’un indi­­vidu, celle de son
équipe de tra­­vail, celle de l’entre­­prise, de l’ensemble des orga­­ni­­sa­­tions d’un même sec­­teur ou
d’un ter­­ri­­toire, et la pros­­pé­­rité natio­­nale mesu­­rée par le Pro­­duit Inté­­rieur Brut (PIB). Lors­­qu’une
per­­sonne effec­­tue cor­­rec­­te­­ment un tra­­vail incor­­poré dans un bien ou ser­­vice elle satis­­fait le
besoin d’un client et contri­­bue au PIB natio­­nal. En revanche, lors­­qu’un ensemble de per­­sonnes,
en inter­­ac­­tion, ont commis un dys­­fonc­­tion­­ne­­ment qui néces­­site 20 heures de régu­­la­­tion et un
coût caché de 20 fois la CHVACV, ces acteurs ont affecté néga­­ti­­ve­­ment le PIB natio­­nal. On se rend
compte aujourd’hui que la créa­­tion de valeur éco­­no­­mique, à par­­ta­­ger entre les par­­ties pre­­nantes,
se crée à l’inté­­rieur des entre­­prises et des orga­­ni­­sa­­tions, et que la pros­­pé­­rité locale, régio­­nale
ou natio­­nale, voire inter­­na­­tionale, dépend de la pros­­pé­­rité des entre­­prises. Il importe donc de
mon­­trer le lien entre le minus­­cule PIB (nano-­PIB) pro­­duit par une per­­sonne et le PIB pro­­duit
par l’ensemble de la population active. En comp­­ta­­bi­­lité natio­­nale, en effet, le PIB est un agré­­gat
consti­­tué de la somme des valeurs ajou­­tées par la popu­­la­­tion active.
Dossier 12 Maî­­tri­­ser les coûts et les performances cachés 381

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