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La reprise de la colonisation ne s'est pas fait attendre, marquée dès lundi par des
célébrations dans l'ensemble des territoires occupés, en pleine fête juive de Soukkot
(la fête des cabanes – voir la vidéo sur le site du Guardian).
"LES NÉGOCIATIONS, UN SHOW"
Dans la colonie d'Ariel, dans le nord de la Cisjordanie, des douzaines de familles
vivent dans des caravanes depuis leur évacuation en 2005 de la bande de Gaza et
attendent impatiemment la construction d'un nouveau quartier de cinquante unités
de logement. L'un d'eux, Itzik Vazana, cité par Yediot Aharonot, ne croit pas aux
négociations de paix engagées par son gouvernement. "Ces négociations sont juste
un show qui est sur le point de s'effondrer", prédit-il, convaincu d'être "ici de droit et
non par tolérance", au-delà d'une ligne verte qui n'est pour lui que "virtuelle et
politique".
A Hébron, la reprise de la colonisation est hautement symbolique. Le renforcement
de la communauté de 800 colons juifs, au cœur de cette ville palestinienne de 30 000
habitants, pose un véritable "défi pour la paix", estime l'agence de presse Reuters.
Au risque de raviver les conflits, les colons ont organisé des célébrations autour de la
pose de la première pierre d'une crèche, dans un quartier disputé de la vieille ville,
rapporte le quotidien Yediot Aharonot. Cette construction a reçu l'aval de l'ultra-
orthodoxe Meir Porush, secrétaire d'Etat à l'éducation, qui a évoqué la tristesse de
voir "des enfants, dont le seul péché est d'être né juif à Hébron, obligés de se serrer
dans des locaux sans fenêtres ni jardin".
DILEMME PALESTINIEN
La joie de la famille Shapira, qui a pu remettre en route le chantier de sa maison dans
la colonie d'Alpena (Shomron), contraste avec la discrétion teintée de gêne de ses six
ouvriers palestiniens, observée par un journaliste de Maariv. Rachid, le chef de
chantier, formule le dilemme auquel sont confrontés tous les Palestiniens tributaires
des colonies pour trouver un travail : "D'un côté, je voudrais qu'il y ait un nouveau
gel, mais de l'autre, ce sont des gens sympas et nous, de notre côté, nous avons
besoin d'argent." Les ouvriers palestiniens revenus travailler sur un chantier de la
colonie de Yakir sont confrontés aux mêmes interrogations : à demi mots, ils
expliquent à Haaretz être là du fait de la nécessité de gagner leur vie.
Dans les villages de Cisjordanie, la reprise de la colonisation a pris les habitants au
dépourvu, relate le quotidien londonien de langue arabe Al-Quds al-Arabi. Les récits
du retour intempestif des colons se multiplient. Le malaise des villageois palestiniens
traduit à quel point "la reprise de la colonisation est une déclaration de guerre à la
paix", selon les mots d'Omar Hilmi Al-Ghoul, conseiller de l'Autorité palestinienne
aux affaires nationales. Cet empressement des colons à réinvestir les lieux et à finir
les travaux au plus vite s'explique, selon un habitant d'Ariel, par la peur de l'annonce
éventuelle d'un nouveau moratoire sur le gel de la colonisation.
Dans le village de Burin, au sud-est de Naplouse, la chaîne qatarie de langue arabe
Al-Jazira a ainsi recueilli les témoignages d'habitants qui ont assisté aux manœuvres
des Israéliens de la colonie voisine de Yitzhar Nord, qui avaient amené, le 26
septembre, des bulldozers et des équipements afin d'entamer les travaux dès le
lendemain. Le maire de Deir Al-Khatab, un village à l'est de Naplouse, observait déjà
la semaine précédente pareils mouvements chez les habitants de la colonie voisine,
positionnant progressivement leurs caravanes et procédant à l'élargissement de la
route menant à de futures constructions.
LA JOIE TEINTÉE D'INCERTITUDE DES COLONS
En dépit d'une joie non feinte, célébrée en grande pompe, les colons "regardent le
futur de leurs communautés avec incertitude", nuance le Jerusalem Post. A
l'occasion des fêtes de Soukkot, ils ont décidé d'ouvrir grand leurs portes, non
seulement à leurs fidèles soutiens d'extrême droite, mais aussi aux Israéliens de
gauche, pour leur montrer qu'"ils ne sont pas des extrémistes". Pour les colons,
conquérir les cœurs de leurs compatriotes est un enjeu de taille tant ils ont besoin de
"soutien financier et moral", note Avi Zimmerman, directeur du fonds de
développement de la colonie d'Ariel.
Pour Ziv Barak, qui habite la colonie d'Alfei Menashe, ni les visites organisées
pendant les fêtes par les militants de gauche de La Paix maintenant, dépeignant les
colonies comme des "cancers", ni celles du Yesha, le conseil des colons de Judée et
Samarie, dans les domaines viticoles, ne rendent compte de la réalité de la vie dans
les colonies. Dans une tribune publiée dans le Yediot Aharonot, il invite les lecteurs à
venir découvrir la normalité de son quotidien dans une colonie où vit une population
composée de laïcs, de religieux et d'activistes politiques, affairés entre la crèche des
enfants et leur emploi à Tel-Aviv, et qui ont tous souffert du moratoire, se retrouvant
avec des terrains à construire et des maisons à louer sur les bras.
Une fois terminées les fêtes de Soukkot, dimanche prochain, la bataille pour gagner
l'opinion publique devrait laisser place au combat sur le terrain politique. Selon
Haaretz, le conseil du Yesha et les autorités des colons de Cisjordanie se préparent à
exercer une nouvelle pression politique sur Benyamin Nétanyahou. Car, comme le
note le président des colons de Shromron, Benni Ketzoubar, "à l'exception de 492
unités de logement qui ont reçu un feu vert il y a un an, le gouvernement
Nétanyahou n'a pas autorisé de nouvelles constructions dans les territoires".
Hélène Sallon