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ttsÇONtSi D'H[$T0[RE

i
AUX Ét ÈvEs
du Degré Moyen des Écoles Primaires
Sections prëparato;;rït, Écotes Moyennes
llises en rapport auec le prograrnme-type du 22 reptembre Hee

V. CLOBERT
INSTITUTEUR A BATTICE (JosÉ)

92" Éditlon

LéoPold l"'.

Irnp. LAMBERT-DE ROISIN, rue de I'Ange, 28, Namur


J. Dasnoy-Lambert, successeur.
| 926
Clovis, accompagné de guerriers. est dans la 0iscine sacrée. L'évêque, entouré de sa suite,
répand I'eau sur Ia tête du roi franc. Clotiltie assiste au bàptême. Déterminez les différents
persontrages d'après leur costume.
' "t,ii
dut-il la victoire? 6. Quelles furent les perte-s des Nerviens?.- ?-$ue
-
dit César de la bravoure de ces guerriers et- de-s tselges.en generalr :Oe
8. Comment la ville d'Anvers a-t-elle voulu honorer la ' memOlre
Boduognat? .

2. Le baptê,mo de Glovls (497).'.: '. ' '

Clovis fut I'un des principaux rois francs'; il n'avait ,gtr€,,,


16 ans quand il monta sur le trône (l). Il était brave et habjle
à'conduire les armées; malheureusement' il était ambiti"eux;
hypocrite et cruel. Il lit mourir plusieurs princes de sa tamille
pour s'emparer de leurs Etats.
Clovis, quoique paien, épousa Clotilde, princesse chrétiennê,
qui le suppliait de se convertir. Un jour, il iombattait contre
lès Allemands à Tolbiac; voyant la victoire lui échapper', il
s'écria : << Dieu de Clotilde, si tu me donnes Ia victoire, ie
croirai en toi! >> Ses ennemis furent battus et Clovis accomplit
son vceu.
Le jour de NoëI, il se rendit
à Reims avec 4.000 cle ses
guerriers pour y recevoir le
baptême. Les rues étaient dé-
) corées de tapisseries, le Pavé
était jonché de fleurs et des
parfums brûlaient en abon-
dan... Saint Remy, au moment de répandre l'eau sur le front
du roi franc, dit : << Baisse Ia tête, f ier Sicambre, adore ce que
tu as brûIë, brûIe ce que tu as adoré >>.
Sa conversion lui valut I'appui de I'Eglise catholique.
Clovis mourut à Paris en 511, à l'âge de 45 ans.

Questions. l. Qui était Clovis? 2. A qtrel âge monta-t-il sur le


trôiê?----5. -Ouèit trimei commit'il?- Pourqubi? - 4. Quelle religion

(l) L'inauguration d'un roi frattc avait lieu au Champ de Mai. Le


noùvêau roi, ëlevé sur un bouclier, revètu des habits foyaux, la couronne
sur la tête,'et le sceptre à la main, était pr-omené dans les rangs des
hommes libres qui l'àcclamaient en agitant leurs armes.
Leçons d'Hist. V. Clobert. 2
-
'Ë,w: F.æ,I;-,x;.1 :NÊ

Charlemagne visile l'école dLr palais;il exanrine Ies travaux des élèves;il encourage les
enfants studieux et btiinre les négligents ct les paresseur,
-t-
Dratiquait-il? 5. Qui épousa-t-il? --- 6. A^q-uelle o-ccasion se conve-rtit-
itî:-?:-ôuel - uéu-pràiioncâ-t-il? s. Oii eut lieu le baptême? -
- prononça en repandanl.9e-lSaq
9. Rappelez les paroles que l'évêque
sur le'front de Ciovis. 10. Que lui valut sa conversion'l I l. Uu et
quand mourut Clovis? -
3. Ghanlemagne et les écolee.
charlemagne, né en 742, tut le plus célèbre (1) cles rois
francs.
L'ignorance la plus grossière régnait alors parrni les masses;
les seigneurs eux-mêmes étaient illettrés et certains se vantaient
de lle savoir signer. Le puissant empereur
voulut réagir contre ce triste état de choses;
il ordonna aux moines de s'appliquer à
l'étude et ci'ouvrir des écoles afin de pouvoir
enseigner aux enfants du, peuple la lecture,
te calcul, la grammaire ét le chant d'église.
Il en créa plusieurs à Aix-la-Chapelle. sa
résidence habituelle. Désirant donner I'exem-
ple à ses guerriers, il commença par s'instruire (2) lui-même;
.lunu ce bUt, il fit venir auprès de lui, les principaux savants
connus,et, avec eux, il fonda l'école clu palais (école polatine,);
il en suivait les leçons, de même que les personnages les plus
distingués de sa cour.
Dans ses moments de loisir, Charlemagne aimait à visiter
une écoleô Alors, il se faisait désigner les bons élèves qu'il
plaçait à sa droite, et les mauvais, qu'il mettait à sa gauche.
Fuis s'adressant aux premiers, il leur disait : < Quand vaus
serez grands, je ne votts oublierai pas et votts aurez les meil-
leures places. Quant à votts, aioutait-il, en s'adressant aux
autres, vous Aurez beau être nobles et riches, votts n'obtiendrez
rien de moi, à moins que vous ne rAchetiez votre paresse et
votre négtigence par un travail assidu i>-

de'sés conquêtès, mais surtout par les lois_s4g.eq qu'll clonna a ses
ËËoËiJr;i';;il'i;t.iiiigénôô àvèô iâquelle il administra ses vastes Etats'
--ë\-\iâôpiit.i bie"n te latin qu'il s'en servait comme de sa propre
larigue; il ëtudia aussi le grec ef I'astronomie.
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IJÀRl-JES l)LI cllA'f l'lAll F(.,I?'|. Crt'ilcaux : t Vue cxtiricure; ii. Vue intérieure. Machi-
ccrrrlis. .J. Vuc t.rtérir:urr: ; :.Vue int jrreure . Merrrtrières : b Vur extéricure;6. Vue intérieure.
- 7 l.)ont-le', is. B. ['ultes. 9. Flersc. - i0. Archer. - - I l. Hallcbardier.
-9*-
Charlernagne mourut en 814. La ville de Liège lui a élevé
une statue équestre.
Charlemasne appréciait déià I'importance cle I'instruction. Mais- quel
-grand nos jours! Alors les
ctremin parcËuru ttèpuis cette-époquê jusqu'à écoles
n;Ataieni pas nombieuses et aiirsi'un nombre .d'enfants restaient
igndrants. Auiourd'hui il n'en est plus?e même, chaque village possède
a-u moins une-école. bien organiséè, avec des maîtres capables, ou tous
les enfants peuvent s'instruire; aussi les ignorants n'ont plus d'excuses.

Questions. l. Quand est né Charlema.gne?


-- l'isnorance qui régnait àcette 2. Comment voulut-
; époque?
il fàire disoaraître 3' Quelles
branches ônseienait-[n alors dans Ic'g écoles? 4. Où- en créa-t-il
-
5:Quel exemple donna-t-il à ses guerriers?
plusieurs?
- -i 7. Quetlê école fonda-t-il dans son patais?
il oàni ce but? -^6. QueJit-
8. Que
faisait-il parfois? -_ 9. Racontez une de ses visites' -
4. Un château font. !'

A tauche. ou aDcrcoit le rlonton,les appartements du seigneur et rrtt pottt-levis; au fond se


trouùênt la bhtrpelie.'les maxi,sins et les écuries. Àu devar t, se dresse un.haut Jtltli garllSF
créneaux et de ineurtrières; la porle d'er:tri.e, flanquée tle tr urs cretlelet s.e:t p.rec€oee ou p0nI-
levis Oestourcllcsélevéess'élèveutauxcoinsdumurd'enceinte.AupleCestDatleunccaDane
de serf.

Sous les successeurs de Charlemagne, les Seigtleurs firent


élever cles châteaux forts, potlt- se mettre à I'abri cles attaqttes
de leurs cnnemis.
,J:* ---_

Le seigneur se livre.au p-laisir dc Ia chasse; il pou-rsuit ult.sa g.ier à travers les champs
couverts de nroissons; les récoltes des nralheureux serfs sont dévastées.

Les deux chevalicr-s, sur des.coursiers superbernent lrirnachés. s'élancrnt I'un contre I'autre.
la Iance en avant. Mille cri.s divers, poussés par lrs spcctateurs.excitent les combattants. Lé
chevalier désar-çonnt: et lete par terre est le vaincu. [,e vainqueur cst alors cguronné par la reine
de la fète qui, dè sa Ioge, suit le tournoi.
ll
- -
IIs les bâtissaient de préÎérence sur le sommet des mon-
tagnes. Dans les pays de plaines, Ies châteaux étaient entourés
de hauts murs sur lesquels s'élevaient, de distance en distance,
des tourelles munies de meurtrières ( I ). Au pied de ces murs,
se trouvait un fossë large et profond rempli d'eau. Un pont'
levis permettait de le franchir. En cas d'attaque' les massives
portes d'entrée étaient fermées, la herse abaissée et le pont
relevé au moyen de lortes chaînes.
Au centre de la forteresse s'élevait le plus souvent l'habita-
tion du Seigneur, entourée aussi d'un fossé. C'était un vaste
bâtiment surmonté d'une haute tour crénelée (2), appelée
donjon, au sommet de laquelle un soldat veillait nuit et iour.
Une cloche d'alarme y était entermée
Le château fort comprènait aussi une chapelle, des apparte'
ments où logeaient les serviteurs et ,les soldats, cle grandes
salles où le seigneur donnait ses fêtes et rendait ta justice' de
vastes écuries et des magasins renfermant des provisions.
Des soaf errains se trouvaient sotis le château et se prolon-
geaient jusque dans les campagnes. Ils renfermaient des prisons
èt der oublie,tte s, où mouraient de faim ceux qui y étaient' jetés.

Questions. l. Pourquoi les seigneurs firent-ils élever des châteaux


toris? - les bâtislaient-ils dé préférence? 3. De quoi étaient-
2. Où
-
ils entourés dans les pays de plaineè? -
4. Comment franchissait-on
te fàssé? b. Qu'appètait-on dbnjon? Où- était-il situé? Que contenait-
il? A quoi- servàit-ii? 6. Citez quelques bâtiments que comprenait
encore'le château fort.- 7. Où ie tiouvaient les souterrains? Quc
renfermaient-ils? -
5. 9es habitants.
Les seigneurs vivaient dans des châteaux forts avec leur
lamille et de nombreux sujets.
En temps de paix, tout le monde se livrait aux plaisirs de la
-
(l') Meurtrières .' ouvertures étroites d'où I'on tire à couvert sur les
assiégeants
(2f Tour crénelëe .'munie de créneaux. Crëneau.r .' maçonnerie dente-
tée' âu haut des murs ou d'une {our. L'ouverture permet de tirer à
iiuvert ou de jeter sur les assiégeants, toutes sortes de projectiles
-t?-
chasse et des tournois, ou s'exerçait au maniement des armes
eÏ au dressage des 'chevaux. Souvent, le châtelain accordait
I'hospitalitê à des troubadours qui égayaient la soirée pgr leurs
chants et leurs récits ou à des pèlerins qui racontaient leurs
voyages. A certains jours, le seigneur rendait la justice à ses
sujets. Les épouses et les filles s'occupaient à broder des habits
de luxe et à confectionner des tapisseries.
La paix du châte au était souvent troublée par les guerres
que les seigneurs se faisaient entre eux.

_ Questions. Qui habitaient les châteaux forts? 2. A quels-éiàient


divêr-
-
tissements se livraient-ils en temps de paix? 3. par hul
;gu.v.e$ égayées leurs soirées? - '
4. Qui rèndait la justice? 5. arele
-
était I'occupation de la châtelaine et de ses filles? eu,arrivâit-it
souventàcetteépoque? -
,,.1i , i. ^l
6. Habltante des alentourg.
La plupart des habitants des campagnes s'apperaient serfs
ou vilains.
Leur vie était très dure. Ils habitaient de pauvres cabane$
bâties au pied des châteaux forts. Ils étaient Ia propriété du
seigneur qui avait droit . de les vendre, de les emprisonner et
de les tuer : ils ne jouissaient pas de la liberté individuelte.
IIs étaient corvëables : le châtelain leur faisait, sans paie-
ment, construire et entretenir les routes, cultiver les terres,
battre la nuit I'eau des fossés afin d'empêcher les grenouilles
de troubler son repos.
Ils étaient taillables : on pouvait établir sur eux toutes sortes
d'impôts qui se payaient soit en argent, soit en nature (grains,
. æufs, etc.).

Ils payaient la dîme, c'est-à-dire ra dixième partie des


produits qu'ils récoltaient. Ils étaient encore sorrmis aux bana-
Iités : ils devaient, moyennant payement, faire moudre leur
grain au moulin du seigneur, faire cuire reur pain à son
four, etc. Aussi vivaient-ils dans une profonde misère et dans
une grande ignorance.
-13-

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ià;;i si"it,Ir iitËii! î,iËÏs iéif À cibi vent,,u iei gn eur s'a ppe I I c co fvc e.
Enfin, les serfs ne pguvaient se marier ni quitter la seigneurie
sans I'autorisation de leur ntaître.

peuple était
Comme nous venons de le voir, sous le régime Îéodal" le
sans cesse victime de la rapacité des seigneur's'
Auiourd'hui, nôtre Constitution nôu-t âccorde. toutes les libertés ct
toùiËË-Ës gàrânties désirables p.our notre sécurité' i
Nlais n'ouurior.s ias î;;-,Ë ii-Uèrtés sont le p.rix du sang versé.prrr
nos ancêtres et sattrônà tourjours nous en servir en vlle du bonhtLtt
de la Belgique.

Questions._ l. Qu'appelait-o1-.serls ou vitains?. . ?..og, vivaient-ils|:


Ë;uiàuoi nilàilirialèni-irs rjâs de ta .tiberté individuetle?
--tQîe'sîsni'ri.t;t .Ër'itîir-"t-l'àiiîàttitt et corvéabtes? -6. 5. Citezimpôts
+.
qu.ei-
quù-èoi"îèi àù.q-ùËtË= Lr''.i6 étâient astreints. - Quels
Leçons d'Hist. V. Clobert.
-
,^i' P.ie.rre ['Ernrite prêche la première crois;rr]e. Mouté srrr un alue, ur
tete.el.les pieds nui, crucitix à la main,la
yeul, s'écriè la îoule.' vêtu <l'urr tnftnteau de bure, il appelle Ia'àiiiùùoe ài"r'âirné's'.-i)r-i;il iJ
2. totlefroiddetlouillorr,.fièrernentc.arnpésur-sonpurssarrtclreval,lèvesabannièreetsemble
gousser le cri cle guerro : L'itu Ic rcttt. ll eit représenté
au nronreut oir il part pour lr l,-croisade.

--T-
1*a=a-:
ri;b'l

. Les crois.s sont i1c.,'a;rt res murs rrr' ra vijre. Ils ont const.rit res rr
sgil:lkî:ÈiLi,ïiSr.?irli.ïituiil5i?tilfrtij#JIiù,T,?"ï;i,à,i!ï!J;il,,Ëi,:1,,r'.iid1: Hii"..".r,l,i'i
_t5_
oouvait établir le seigneu r? 7. A quelles obligations étaient encore
5;;mi; lèi serfs? E. Dans-quel étaf vivaient-ils donc?
-
?. Godof,r'old de Bouillon'
Godefroid de Bouillon naquit près de Nivelles
Il- possédait le duché de Bouillon
Jeunesse.
vers 1050.
et le marquisat d'Anvers. Haut de taille,
d'une force ( I ) sans égale, adroit dans le
maniement des armes, il fut le chevalier Ie
plus accompli de son temps. A peine âgé de
l7 ans, il sut défendre victorieusement son
duché de Bouillon contre le comte de Namur
qui voulait le lui ravir.
l'" Croisade. - Très pieux, il avait fait le væu de délivrer
le tombeau du Christ à Jérusalem, qui était au pouvoir des
Musulmans. Dans ce but, il prit part à la première croisade (2)
et s'y illustra. Il avait vendu son duché pour subvenir aux
frais de son expédition en Palestine.
En 1096, Godefroid se mit à la tête des croisés belges et se
dirigea vers Constantinople où 600.000 chrétiens se trouvèrent
réunis. Ceux-ci traversèrent le détroit et arrivèrent sous les
murs de Jérusalem au nombre de 60.000 seulement : les
fatigues, la faim, les attaques des Turcs avaient décimé I'armée.
Aprés un siège de 30 jours, les croisés prirent la ville et firent
uà effroyablê massacre des infidèles (1099). Godefroid de
Bouillon (3) ne prit point part à ces excès.

(l) Les chroniqueu-rs racontent : <. qu'il frappait dans les rangs
enùèâris, comme uhe faux qui coupe I'heïb-e d'un-pré; que d'un coup
d'épée. il fendait un cavaliei de la tête à la selle; que d'un revers, il
faiini'voler la tête d'un bceuf. > Un jour, forcé d'accepter un duel
iudiciaire, il brisa son épée au commencement du combat. Son adver-
Ëâiiè vôuiut profiter de'sa supériorité pour le battre. Mais Godefroid
le ietant par'terre, lui enleva lon arme'et sans lui faire aucun mal, le
forta
- à sè déclarér vaincu.
tTl nties durent ce nom à la craix d'étoffe rouge que les guerriers,
apùeiés croisés, portaient sur la poitrine oq sur l'épaule.
'13) Pendant'iet affreux massâcre, il alla, pieds nus, S'agenouiller
et frier devant le tombeau du Sauveur.

-1
-16-
Roi. Gouvetrrement. Proclamé roi
- (l)
de Jérusalem, it,
divisa son royaume en seigneuries qu'il distribua aux chevaliers
restés avec lui. II chargea les hommes les plus distingés par

leur savoir, de rédiger un code de lois uniformes pour tout le


royaume.
Mort ( I 100). Malheureusement, prince ne régna qu'un
- empoisonné par ce
an. Il mourut, dit-on, un chef musulman.
Bruxelles lui a élevé une statue équestre.

Questions. l. Où et quand naquit Codefroid de Bouillon?


-
2. Quelles seigneuries possédait-il?
--3. prit-il partmontra-t-il
comment sa bra-
voure, dès son jeune âge? 4. Pourquoi à la 1"" croisade?
-
5. Que fit-il pour payer les frais de-son expédition. 6. vers quefie
-ville les croisés belges se dirigèrent-ils? -
Qui avaient-ils à'.leur
tête? --7.
8. Quelle était la puissance de I'armée- chrétienne réunie à
-
Constantinople? 9. Combien étaient-ils encore à leur arrivée à

(1) Quand on Ie proclama roi, il dit : < A Dieune plaise que ie norte
une couronne d'or o[t mon Sauveur n'a porté' qu'unè cbuionne
d'épines. >> Il prit seulement le titre de défenseur du Saint-sépulcre.
_ r?_
10. Pourquoi l'armée était-elle décimée?
Jérusalem?
-à prendre
parvint-elle la ville sainte? - 11. Comment
12. Qui fut proclamé roi de
Jérusalem? -
13, C^omment organisa-t-il son royaume? 14. Quand
- -
mourut-il? 15. Quelle ville a élevé une stâtue à Godeiroid de
Bouillon?
8. totgen (972-100S).

Notger fut le premier prince-évêque de Liège. Il gouverna


la principauté avec beaucoup de sagesse et de fermeté.
Homme de grand savoir, il se consacra aux æuvres d'ensei-
gnement. Sous son gouvernement, les lettres ( I ) et les arts
brillèrent du plus vif éclat; les écoles de Liège devinrent si
célèbres, que les étudiants
arrivaient nombreux de toutes
les contrées voisines pour en
suivre les cours.
Il agrandit, embellit et for-
tifia la ville. Il édifia de
superbes églises, bâtit un
vaste palais épiscopal et en-
toura Liège d'une muraille
garnie de tours nombreuses.
Notger fit régner l'ordre et
la justice dans la principauté;
il pourchassa les seigneurs
qui se livraient au brigandage.
En 987, avec I'appui des
troupes impériales, il prit et
détruisit le château de C.hèvre-
mont clont le' seigneur pillait
et terrorisait les habitants des
alentours.
L'activité du prince-évêque
s'étendit en même temps à toute la princip auté. Plusieurs villes
furent entourées de fortitications et devinrent ainsi de puissants

(l) Lettres .' La littérature, I'histoire, la grammaire, l'éloquence et la


poésie. Arts : La peinture, la sculpture, I'architecture, la musique.
-
-t8-

c,?:r STATUE DE DE CONINC-( ET DE BREYDEL, À BRUGES. - Les deux héros sont représentés
f:;!t
rentrant victorieux de ta bataille des éperons d'or. Breydet tient t'étendard glorieux-des com-
I
ntuniers; de Coninck, serre datts sa main gauche un écrit portant la Iibération de Ia FIandre.

. Les chevalii:rs frarrçais, st croyant certains de la victoir'e, s'élaucent lrvec inrpétuosité sur
les F-larnands; lr:urs chevaux vont s'ernbourber dans les rnarais; ils sont alors éciasés plr lcs
vaillants corrrrnuniei-s. Indiquez chacun des belligérants. _*--:,
-. l9-
remparts pour ses Ftats. Aussi ceux-ci jouirent-ils d'une paix
bienfaisante sous son long règne (972 à 1008).
Notger mourut en 1008. Il fut enterré dans une chapelle de
l'église Saint-Jean, où ses restes reposent encore.

Un poète de l'époque lit son éloge dans deux vers latins dont voici la
traduction :

<< O Liège qui des lois porte Ie joug lëger,


>> Tu dois Notger au Christ et le reste à Notger >.

Questions. l. Qui fut le premier prince-évêque de Liège?


-
-
2. Comment gouverna-t-il la principaut,é? 3. A quoi consacra-t-il son
savoir? 4. Quels résultats obtint-il? - 5. Comment embellit-il et
- la ville de Lièse? 6. Comment
fortifia-t-il - parvint-il à faire régner
I'ordre dans ses Etats? -
Pourquoi fortifia-i-il plusieurs villes de la
principauté? -"?.
8. Quand mourut Notger? 9. Où' fut-il enterré?
- -
, 9. La bataille des Éperons d'on (1302).
Causes ; Matines brugeoises. Au commencement du
XIV" siècle, la Flandre était
gouvernée par un seigneur
français., Celui-ci accabla-
le peuple d'impôts : les
Flamands se révoltèrent.
Pierre de Coninck et Jean
Breyde'l se mirent à leur de Coninclt \
tête. Une nuit, ils péné-
trèrent dans Bruges et y massacrèrent quatre mille Français.
Batailte de Græninghe. Voulant se venger du massacre
- envoie en Flandre une brillante
de Bruges, le roi de France
armée de 50.000 hommes.
De Coninck et Breydel se mettent,de nouveau à la tête des
Flamands. Iils viennent camper derrière les plaines maréca-
geuses dê Grceninghe. nientOt les Français arrivent et se
précipitent avec furie sur leurs ennemis. Mais leurs chevaux
vont s'embourber dans les marais. Alors commence une véri-
table boucherie; ne pouvant ni avancer, ni reculer, les cavaliers
trançais tombent sous les coups des communiers (1302).
-20-
PAYS. BA.S qr.
gr.
sôus ?r.
Philippe.teFnn rsL
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i;i;d:i,ffi ih
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4-
:\ l, ûrrt nll lo !'t
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C'est lc soir, Les 601) braves sortent de la .ville en silence; avec n'rille précautions. ils
gravissent la montagne de Sainte-Waltturge; ils st rlirigent vers les trntes buurguignorines
qu'on aperçoit att loin. Malheureusement leur arrivee esl signalée. lls se Iont tu:r jusqu'au,
oern I er.
-2r -
Conséquences. 27.,OO0 Français succombèrent; cette bril-
-
lante victoire fut appelée bataille de Græninghe ou des Eperons
d'or à cause des sept cents éperons dorés recueillis sur le champ
de bataille; elle sauva I'indépendance de la Flandre.

Pour rappeler la bravoure des fiers communiers qui défendirent si


courageusêrirent l'indépendance de leur pays, la ville de Bruges a élevé
une siatue à leurs vaillants chefs de Côninck et Breydel.

Questions. l. Qui gouvernait la Flandre att XIV" siècle? -


- Flamànds
2. Pourquoi les se révoltèrent-ils? 3. Qui se mit à leur
tête? Que firent-ils une nuit? -
5. Pourquoi le roi de France
-'4. en Flandre une brillante- armée?
envova-t-il
bataille? 7. Que firent les cavaliers français? 8. Qu'en résulta-t-il?
-
9. Commeni -
appelle-t-on cette bataille? Pourquoi? 10. Que
sauva-t-elle? 11.'Pourquoi la ville de Bruges a-t-elle élevé une statue
à de Coninck- et Breydel?
t O, Le dévouemont doe 6(10 Franchimontois (1468).

En 1468, les Liégeois se révoltèrent pour-laJ*oisième-fuis


contre leur prince-évêque, parent de Chafles le Téméraire, duc
de Bourgogne. Le 27 octobre, celui-ci, -aæompagn€*du-=roi
de- France, arriva devant
Liège à la tête d'une forte
armée. Il prit position
sur les hauteurs de Sainte
lvValburge. Liège n'avait
plus, pour se défendre, ni
canons, ni portes, ni rem-
parts. Il ne restait dans Ia
ville que six cents hommes valides venant du pays de Franchi-
mont. Ils résolurent de vaincre ou de mourir. Un soir, vers dix
heures, conduits par Vincent de Bueren et Georges de Strailhe'
ils gravirent la montagne, égorgèrent plusieurs sentinelles et
parvinrent au centre de I'armée ennemie. Mais bientôt leur
présence est signalée..Les Bourguignons s'arrnent et un combat
terrible s'engage au milieu de I'obscurité. Malgré leur bravoure,
tres Franchimontois périssent jusqu'au dernier.
Le lendemain, les Bourguignons entrèrent dans la ville, la
Leçons d'Hist.
- V. Clobert.
-22-
pillèrent et I'incendièrent. Un grand nombre d'habitants, liés
plusieurs ensemble, furent précipités dans !a Meuse clu haut des
ponts. on rapporte que le roi de France, consulté sur le sort à
faire subir à la ville, répondit : Le ntoyen de chasser les oiseaux,
c'est de brûler leur nid (l).

_ Q_uestions. - l. ^Pourq-uoi charles re Téméraire marchait-il contre


les Liégeois? 2. Quels ïurent les défenseurs de la vilie oô Liose?
-
3. Quelles résolutions prirent-ils? -
attaquer l'grmée du duc? - 4. euel réussirent-ils
5. Pourquoi-ne
moment ctroisirent-ili uour
pas aanliéur
entreprise? _ _6. Que firent- les Boùrguignons pour punir lei îruué"
Franchimontois?

I l. La Guerre des Paysang.


Régime fra4ça!s. La révolution
,gg^e{re.entre - ct I'Autriche. française
la France Notie pays
de lzgg fut suivie de la
en fut le tnaatre.-en
les Français, victorieux à Fleurus, 'dévinrent
!?a, maîtres de la
bergrque.
Maux. -- Notre pays, comme la France, eut à souffrir des excès <lu

tous les objets précieux d'une église on arrête le prêtrequi


r.?i:3J331:J'*::H.:illèvent

(1) on ér'alue à 50.000 le rrcnrbre.dc pcrsonnes qui périrent darrs


cettc effroyable catastrophc. Liège, qui corirptait plus'ae 'tzo.o-oo riâui:
tants.,qucicpres anuécs..auparavant, ri'etait plLrs qir'u1 nnrAs de ruiles,
au mllletl flcsqtlclles s'clcuateltt que Iqrres égliscs et ntaisons de prêtres.
--23-
ré.g.ime dela Terre.ur (.17-93) : on persécuta les nobles et les prêtres, on
pilla et on ferma les églises, les Belges durent paver de for:tes coÉtri-
hutions, etc.
Bienfaits. cenendant cette réunion apporta de précieux avantages
à la Belgiqge - : elle fut divisée en neuf défartementi adn:inistrcs de-la
même manière; tqus lçg privilège_s f.urent abolis et les citoyens déclarés
igpu* devant.fa.loi;.I'Escaut redevint libre; Napcléon agiandit le port
d'Anvers, bâtit des écoles, des hospices et' des'hôpitaux.

La République, ayant à soutenir cles sLlerres nombreuses


contre les monarques euro-
péens, vota en 1798, une loi
appelant sous les clrapeaux,
tous les jeunes gens âgés de
20 à 25 ans. De ceux qui par-
taient pour l'arntée, bien peu
rentraient dans leurs foyers.
Aussi un soulèvement général
éclata parmi la population
des campagnes (l). k S'i/
faut mourir, s' ëcrièrent les
paysans, que ce soit pour
notre foi et pour notre' patrie
et non pour nos oppress€urs.>>
La bourgeoisie des villes et
les nobles restèrent indiffé-
rents à ce mouventent. Seul le
clergé le soutint et souvent on
vit des prêtres, portant la
croix, marcÈer à la tête des
volontaires. Ce fut Ia Guerre
des Paysans. Malheureuse-
ment, malgré le courage
qu'ils déployèrent, ils ne
réussirent pas à délivrer notre pays du joug cle l'étranger.

(l) C'est surtout dans les Flandres,. la Campine et Ie Luxembourg


que Ia révolte eut lieu. Dans cette dernrere partie du pays, on I'appela :
< La guerre des gourdins >.
-24-
Mal armés, sans chefs et' sans instruction militaire, jls
devaient bientôt succomber sous le nombre, la discipline et la
science stratégique des Français. Au début du mouvement, ils
s'emparèrent de Malines, de Diest et de Hasselt, mais ils furent
chassés de ces villes et massacrés dans leur fuite. A Hasselt,
plus de 800 trouvèrent une mort glorieuse. Après la lutte, de
nombreux prisonniers furent exécutés pour avoir pris les armes
contre les Français; ils surent mourir en braves.
Plus d'une fois leur grandeur d'âme toucha l'ennemi lui-même. Dans
le Luxembourg, les juges du conseil de guerre essayèrent de les arta-
cher à la mort, en leur suggérant des réponses qui les auraient sauvés
Alors se passa une scène d'une beauté admirable :
<< Vos fïsils n'étaient point chargés à balle, n'est-ce pas? demanda le

-président.
Nos fusils étaient chargés à balles répondirent-ils
- Mais vous les aviez décharsés sur le iibier du parc?sans hésiter.
- Non, nous les avons décha-rgés sur le--s Français.
- Mais enfin, vous n'avez pas votrlu les tuer; vous ne saviez pas ce
- faisiez?
vous
Nous avons voulu les tuer. Nous ne savons pas mentir. > (Kurth).
-Cette réponse fut la sentence de mort de ce-s braves qui 'allèreirt
courageusement au supplice.

En 1898, on a élevé, à Hasselt, un monument à la mémoire


de ces jeunes héros morts pour la foi et pour la patrie.

.Questions. l. D-e que_ls excès eut à souffrir notre pays sous le


rëgime de la -Terreur? 2. Quels avanta$s nous procuia-cependant
notre réunion à la France? 3. Pourquoi la réputjlique appeja-t-elle
-
les jeunes. gÊns.-sous les drapeaux? 4. Pour qirel m'otif lês paysans
-
- 5.lesCômment
se soulevèrent-ils contre cette mesure? a-t-on- a-nnelé
cette guerre? Pourquoi? 6. Quelles furent causes de la défaitè ac
-
I'armée composée de p_aysans? 7. Quelles villes prirent-ils au début
du mouvement? 8. Purent-ils-les conserver? 9. - résulta-t-il?
10. Comment - moururent ceux qui furent- faitsQu'en prisonniers?
ll. Quelle ville a élevé un monument à la mémoire de tous ces héros?
| 2. Le lion de Waterloo.
En 1815, Napoléon, empereur des Français, vint se faire
battre à \Materloo par les puissances européennes alliées (l).
Pour rappeler le souvenir de ce triomphe, les vainqueurs

(l) L'Angleterre, la Prusse, la Russie, la Hollande et les Belges.


Les Belgés et les Hollandâis, commandés par le prince d'Orange,
-25-
firent élever sur le champ de bataille une gigantesque butte
surmontée d'un lion.
Butte. La butte est un immense côhe de 40*.50 de hauteur
-
et 250 mètres de diamètre à la base. Elle
occupe une surtace d'un peu plus de deur
hectares et forme un volume de terre d'envi-
ron 300.000 mètres cubes. On parvient en
haut du monument par un escalier de pierres
bleues de 226 marches. Commencée en 1823,
elle a été terminée en 1826.
, Lion. -t Le piédestal du lion, construit en
pierres bleues, a une hauteur d'environ 6 mètres. Il est placé
sur une colonne en briques qui descend jusqu'au dessous de Ia
base de la butte.
Le lion est en
bronze; il a étê
coulé avec les
canons enlevés aux
Français par les
alliés; il mesure
4'",50 de hauteur et
pèse 28.000 kilo-
grammes. Ce lion
regarde le sud et
pose une patte sur un globe. Le piédestal porte, sur deux faces
opposées, I'inscription suivante: XVIII luni MDCCCXV
( l8 juin 1815).
Ce moriument a été élevé aux Trais des gouverirernents alliés;
actuellement, il est entretenu par l'Etat belge.

Questions. l. Quel f ait historique rappelle le lion de Waterloo?


2. Donnez- les dimensions : de [a butte, du lion. 3. Comment
-parvient-on en haut de cette butte? +. Quelle inscription
- . portent
deux des faces opposées? -
prirent une part glorieuse à la bataille. Voyant la bravoure de ses sol-
dats, le prince arraclta la décoration qu'ii portait à la poitrine et la
jeta atr milietr d'eux en s'écriant : trles enf ani-*,1,ous I'eyez tou.ç méritëe.
-26-

l,cs vrtlorttrtit'es bllges tirettt sLrr les i{,rllnitrlais réiugiés rlar;s le trart:. Challicr. avec soll
ù:lllot1r latlcc sur c':tt,t-ci de ttOrttltreu,t Dlrqlcls; les t:lrels l)r,Ln(liSSgtt ltrrr tlraDt;tu et excitcrtt
les volorttairts "l-r;rrs f,.lnt leur dcvolr- lrtciitlrrez cr:s tliff.rrcrrts ijersDnlrâtres.

1. (jL'nL{elticn. /. (lha'1,-':r Iiirlicr. ,l Jrtlr'. l. [)c I)r,ttcr. 5 \-ln i]c \I,:c).i-,:' rt. Ilarou
tlç t.'r;ppirt. 7. lr'llir il: )1 r,trle . \. \rurtiitrlirtrlcrr () Iiaro'r rl llorrg',.rtrst.
Pr:ttrlartt qtle lt s vail :utts slrriltis turrh:rt1l'irt lrrr: f ilrlip.-tt11iltcc,,.' 1 ' 1.1^tgitltrt,'t' rilrryr'r,
llelII(niltfr;lrsrri rtr st: t,:trriit pi),tr ilssilref le sucC.;s rl:' l;r rét'oltttirrtt.
-27-
13, Los iounnées de .septembre (1830).

Royaume des Pays-Bas. Après la défaite de Napoléon


- définitivement
à Waterloo, la Belgique ,fut
réunie à la Hollande pour former le royautne
des Pays-Bas, sous le sceptre de Guil-
laume I"'.
Bientaits de Guillauffie I"'. Le nouveau
roi s'occupa d'aborcl du -
[rien-être de son
peuple : il fit construire des routes et des
cânaux et créa de nombreuses écoles.
Causes de la Révolution. __ Malheureusement, ses injus-
tices (1) envers les Belges, amenèrent la révolution de 1830.
Ceux-ci réclamèrent, mais en vain, auprès du roi.
Pendant la nuit du 25 att
26 août, des troubles écla-
tèrent à Bruxelles : le peuple
saccagea les hôtels des prin-
cipaux fonctiorrnaires hollan-
dais.
Journées de Septembre.
Pour rétablir I'ordre,
Cuillaurne envoie son tils à
la tête d'une armée de 15.000
hommes. Le 23 septembre,
Ies troupes hollandaises atta-
quent la ville et parviennent
à pénétrer dans le parc; elles
sont aussitôt assaillies par
1.500 Bruxellois.
Bientôt arrivent les Lié-
geois avec I'artilleur Charlier,
dit lambe 'de bois. Ils 'sont conduits par un jeune avocat,
(1) Pour arriver aux emplois publics, il fallait connaître Ia langue
hollandaise; la Belgique devait payer de fortes contributions pour
acquitter les dettes de la Hollande; les personnes qui osaient blâmer
les'actes du gouvernement étaient condamnées à la prison, à I'exil, etc.
28-
Charles Rogier. Leur étendard porte pour devise ; Vsincre ou
mourir pour Bruxelles.
Chaque jour Ie nombre
des patriotes s'augmente
des volontaires accourus
de tous les points du pays.
Le combat dure quatre
jours; Ies Hollandais, se
sentant perdus, quittent la
ville pendant la nuit du 26 au 27 septembre, laissant le sol
couvert de cadavres.
Résultab. A la suite de
se soulevèrent- et chassèrentcelessuccès, toutes les villes belges
Hollandais cle notre pais;
I'indépendance de Ia Belgique fut proclamée.

La Belgique et la Hollande réunies auraient formé un Etat fort et


prospere, grâce aux ressources agricoles et industrielles de la première
gl î ta purssante marine et aux riches colonies de la beconde.
Malheureubement ûuillaume I"" foula aui- piear"i.r"suint.;-'loî;-à;ï
- - " l- '-
justice. ll en fut puni par la
_révolte de ses'suiàts-neieés.
Les memorables journées de septembrc- noué rappeiient les gloiieux
i èren r notre in dépgndànô .f iË'"o r.u
:::r.:l^.1F,
ctes .amèn
.gT qui
votontaires sâ l,îiôià u;
sont morts pour.ra'patrie. N'oublions pa"s ces Éeiôi
ê.qui Ia Betgiquè,reconnaissant'e a éiôvè-ii;';;;ffi;;i .u, ra prace des
Martyrs, à .Bruxettes. eue reur exempie ràndë-iggËr.i i.Ë-iuËriii&T
I'on doit faire pour asstrer le maintièn oe t'inoep-enào,r." nationare. à;;

-Questions. - I, Quel royaume forrnait la Belgique et la Hollande


réunies? 2. Qui en était"roi?
- -tes
4. Pourq-uoi - S, eliez Ceùii'dÀ
Betges se rêvoltèrentiis;ô;tr;
,es bienfaits.'
ffiitËïme Io"? 5. Où -
et quand eclatèrent les premiers troubles? _ - Ie ioi?
6. eue fait alors
7. 9ù. pénètre llarmée hoilandaise? g. eueis làntorts reçoivent les
=
Bruxelloid? 9. Combien de jourJ dura- IË'.ôrnnàtf _ rO. Quels furent
Ies résultats-
de Ia révolutionî

14. Léopold lu'.


Avant son avènement Léopold I"' naquit à cobourg
en 1790. Il fit de bonnes études et parlait couramment l,alle-
mand, le français, I'anglais et I'italien.
A 17 ans, il était général dans I'armée russe. Il prit part à la
-29-
bataille de Waterloo contre Napoléon et s'y fit remarquer par
sa bravoure.
Avènement. Elu roi des Belges, Ie 4 juin 1831, il fut
-
inauguré à Bruxelles, le 2l juillet de la même année.
Guerre contre la Hollande Les débuts de son règne
furent difficiles. Le2 août 1831, une armée hollandaise franchit
Ia frontière et se dirigea vers Bruxelles. Léopold lit appel à la
France; en attendant les secours, il tint tête aux envahisseurs
et les empêcha d'entrer dans la capitale. Devant I'armée fran-
çaise, les Hollandais se retirèrent.
Le traité des 24 articles. Le traité des 24 articles, signé'
par les grandes puissances (-I ), garantissait l'indépendance et
la neutralité de la Belgique. Mais il exigeait I'abandon du
Grand-Duché de Luxembourg et de la partie du Limbourg à
droite de Ia Meuse.
Famille royale. Au mois d'août 1832, Léopold I". épousa
-
Marie-Louise d'Orléans, fille de Louis-Philippe, roi des
Français.
De ce mariage sont nés : l" Léopold II, mort en 1,900; 2o le
comte de Flandre, mort en 1905;3'la princesse Charlotte, qui
fut mariée à I'archiduc Maximilien d'Autriche (2).
Organisation du pays. ._ Léopold I"" travailla au develop-
pement de notre pays. L'administration communale et pro-
vinciale fut perfectionnée; on créa les universités de Gand et
de Liège; on obligea chaque commune à posséder au moins
une école primaire; I'enseignenrent ntoyen fut organisé.
Le gouvernement prit aussi des mesures favorables à I'essor
du commerce et de l'industrie. En 1835, on inaugura le premier
chemin de f er et on créa Ie service postal. En' 1850, on établit
,le premier iélëgraphe. Les octrois furent supprimés et Ie péage
de I'Escaul tut racheté.
Années de crise. De 1845 à 1848, la Belgique fut
éprouvée par
_'jtj!_t:jy1"di:
jî rT_*ïj:t.".jld. 11

(l) La France, I'AnglÇterre, la Russie et la Prusse.


(2) .Maximilien, empe{eur du Mexique, a été fusillé en 1867, par
ses sujets

- V. Clobert.
Leçons d'Hist.
Une magnificlue esirade est i.levée sur la P ace Ro-valc; elle est occupée par lesautorités riu
Dars. Au pircl un a0erÇrit de rtonrlteux drape:iux et des nriliiers de spectateurs accourus oe
iotis es coins du tral s'; l.éopold prête le sertnent 1 ,, Jt: jurt d'cbserver !u ('onstittttiort et les
f

lois du peupla beI'tt, tlt ttaintettir l'indt:ltcrttlunt:t: intionulc tt I'intëgrite tlu territoire. " ll
prononcê erisrrite uir tliscours dans Icquel il dit : llon c(tfir ne connailra d'autreilmbititn
que cclle da ttotts voir lteure ux. > I-a ioule I'acclarnc.

V la 0orte d'etttrée de la villecst le ôltrcûrt de l'octroi Des agents Dercoivent une taxe sur
les marchandises introduites dans la cité. Indiquez les différe.rs personnaÈes représentés.
* 3l --
mauvaise récolte des céréales. Le peuple eut à souffrir, surtout
dans les Flandres, d'une affreuse rnisère. Par leurs abondantes
aumônes, le roi et la reine sauvèrent la vie à bien Ces malheu-
reux.
En 1848, la révolution bouleversa presque toute I'Europe.
La Belgique resta fidèle à son roi.
b( 25' anniversaire de l'inauguration du roi. L'amour des
Belges pour leur roi se manifesta à I'occasion du 25' anni-
versaire de son règne. De grandes fêtes furent organisées
en son honneur à Bruxelles et clans les grandes villes de la
Belgique.
Mort de nos souverains. La reine Louise-Marie s'éteignit
à Ostende, le 1 I octobre - 1850. Léopold I"" mourut le
10 décembre 1865. Tous deux lurent regrettés des Belges
dont ils avaient tait Ie bonheur.
Statues. Bruxelles, Laeken, Anvers, Namur et Mons ont
- à Léopold I"', Père de Ia Patrie.
élevé une statue
Conservons fidèlement le souvenir de notre premier roi, qui
a si bien tenu sa parole en consacrant toute sa vie au bonheur
de la nation.
<< Tou,te mon ambttian est de
faire le bonheur de mes semblables! je
n'ai iamais dësiré Ie pouvoir lue pour fairc te bien et un bien rtul
reste. >> Telles sont les'belles pdrole's que'Léopold I"" prononça lorsciue
la couronne de Belgique, lui fut offerte, Jamais paroles ne furent mieux
tenues; aussi notre premier Roi mérita-t-il le surnom de Sage et le
titre de Père de 'la Patrie.
Un cceur grand et généreux trouve son bonheur à faire celui de ses
semblables.

Questions. l. Où et quand est né Léopold Io"? 2. Que savez-


-
vous de ses connaissances? -
3. A quelle bataille célèbre prit-il part
et comment s'y comporta-t-il?- 4. Quand fut-il nommé roi des Belgesl
5. Où et quand eut lieu -son inauguration? 6. Que firent les
-Hollandais après son avènement? -
7.-Que fit Léopold I'"? 8.
-
garantissait le traité des 24 articles? L Quelles parties- deQuela
Belgique devions-nous céder à la Hollande? - 10. Quand eut lieu le
mariage de Léopold I"" avec Louise-Marie? - ll. Comment le gouver-
-
nement favorisa-t-il le commerce et I'industrie? 12. Qu'arriva-t-il de
1845 à 1848? -
13. Par quel moven nos souverains sauvèrent-ils la
-
vie à bien des malheureux? 14. D-e quelle manière les Belses fêtèrent-
- de Léoilold Iu"? I5. Quand moururent
ils le 25'anniVersaire du règne
Louise-Marie et Léopold I"n - villes qui ont'élevé
16. Citez quelques
une statue à notre premier Roi.-
-32-

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Le trâin, parti de Brttrcltcs, roule vc.r.s Malines- Carrri de drape-ar'x'tricolores. il S'avance


unïàIàiiiËiiestie curieux;la loctrmottve !ance desdt flots.de iunée;.elle traine une lonque
;iiii; à;ï"s li-"re-nt-piii,te tèveri]
uouaÉ{éuii; ies voitures 3" c'asse so.rrt déc-ottvell:-i19::fe^t-!T
t*i;;.;;i-ârnôruèiiiJ"i-its les-trr;rs en I'air;on.selrrrusculù [)ourmieuxvotrloncrle'
,rî' ilarif èsiê- uneloi e trïu ya ntc, La police maintient I'orclre'
33-
| 5, La création des pnemiens chemins de fer
de la Belgique (1835).
. Création. La Belgique lut le prernier pays du continent
-
qui adopta ce nûuveau moyen de transport si favorable au
commerce et à l'industrie. En 1834, Charles
Rogier, ministre de l'intérieur, proposa un
projet de loi pour l'établissement des chemins
de fer (1).
Rogier eut à vaincre- utle opposititln fortni-
dable. Des membres de I:r Chainbre prtl*
tendaient que les dépeirses excécleraient cle
beaucoup les recettes, qlle les tnines de tcr
seraient vite épuisées, que les æufs transportés arriveraient en
omelette, qu'on ne saurait tenir compte du transport des milliers
de voyageurs et de tant de marchandises, que les messagers,
les aubergistes, les bateliels moufraient de faim. En un mot,
la création des chemins de fer allait catlser la ruine du pays.
Toutefois, malgré ces protestations, la loi tut votée et après
bien des discussions, on clécidait la construction de quatre
grancles lignes partant de Malines pour aboutir : i" à Mons;
2o à Verviers; 3o à Ostencle; 4o à Anvers
Inauguration. -_ Le 5 mai 1835, la ligne cle lJruxelles à
Malines lut solennellement inaugurée. Deux trains étaient
fonnés à l'Allée verte, où tout Bruxelles était réuni.
Peu avant Ie départ, le clairon sonne, la troupe présente les
armes, cles cris cie Vive le Roi! retentissent. C'est Léopold I"'
qui vient assister à I'inauguration du premier train. Bientôt la
locomotive jette dans les airs un flot de vapeur et ies voitures
s'avancent au milieu de longues acclamations. Pendant long-
tcmps les stations furent encombrées de curieux qui venaient
assister à I'arrivée et au départ des trains. Les voitures de
troisième classe n'étaient alors que des chars à bancs décou-

( 1 ) L'inventeur de la locomotive est un Anglais, le célèLrre


Stephenson.
-34-

l. Le Palals deJustlOs de Bnuxellq;. - Ce Palris a été créé par I'ar^chitccte.Poelart.


Commencé er1 1866, il a été inauguré un l8$3. Son soubassement mesure 180 nl. de lo-ng sur
170 m. de large. 11 c'omprend 27 saltes d'audience. La s tlle des Pas-Perdus a une.stlperficie de
-s'élarrce
3.600 m c. La" couoole à 97,5 nr. au-dessus du p rveruent; elle est ornée de; quatre
colossales statues' : la.lustice, la Loi, la Forcc el la Clérnence.
2. Lo Palais des (leaux.Ârtg. - Dans ce Palais. sont installés le musee ro yal de
Deintures anciennes i XV'à XVlll'sièclel et le musée de sculplures. Safaçade est décorée de
4 colonnes surnrontées de st:rtues en br0nze : l'Architecture,laSculpturè,laPeinlure ella
Musigue. Au-dessus des trois portes, on remarque les bustes de Van Ruvsbroek, de leande
Bologne et de Rrrôens. A gauche de la {açade se trouve le groupe représentânt I'Enlseignement
des beaux-arts, à droite le Couronnetnent des beaux-arts.
-35-
verts; aussi y était-on exposé aux ardettrs du soleil, à la pluie
et au vent.
Les villes cle Bruxelles et cle Liège ont élevé une statue à
Rogier, créateur des premi:ï:h.:iins cle fer.
-quelle - L Qui créa les premiers
Questions. chemins de fer en Belgique?
En année? 2. Pourquoi certains membres de la Chambre
e{aieil-iis opposés à la création des chemins de fer? 3. Citez lcs
àiiâtiJ p*midte* lignes construites dans notre pilys. - -4. Quelle lignc
firt inariguré,: la prémière? 5. Quand et où eut lieu I'inauguratiolt /
-
Faites-cù une cottrtc description.
16, Léopold ll.
Avant son avènement. Léopold II naquit à Bruxelles,
le 9 avril 1835. Doué d'une intelligence supérieure, développée
par de fortes études, il aPPrit
facilement de nombreuses
langues étrangères. I1 s'a-
donna surtout aux scieilces
géographiques. A l'âge de
18 ans, il devint memhre du
Sénat et y prononça de
relnarquables cliscours sur
ies moyens. d'étendre les relations commerciales de la Belgique.
C'est aussi clans ce but qu'il entreprit de nombreux voyages ( I )
dans Ie monde entier.
En 1853, il épousa Marie-Henriette, archiduchesse d'Au'
triche.
De ce mariage sont nés : le prince Léopold, mort en 1869, à
l'âge de l0 ans; les trois princesses Louise, Stéphanie et
Clémentine.
Son règne. Léopold II succéda à son père, Léopold I"",
en 1865. Il fut-inauguré le 17 décembre de la même année.
Pendant son long règne, la prospérité nationale prit, dans
tous les domaines, un essor remarquable.
(t) L'Euroue, Ie notd de I'Afrique, I'Asie : I'lndo-Chine, I'Hindous-
tari êt Ia Chiné. Son but était dê faire pénétrer le commerce belge
jusqu'aux contrées les plus lointaines. < Un pays industriel comme
ie n'ôtre, disait-il, doit ch-ercher à se créer des débouchés nouveaux >.
-36-

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1:*gbarrlqedelaGileppe.--H-ttttleur.'irinr;I)n!:u(t!t.'arrpiurl,liJnr
nlet, lJt m.; .,/ri/is$(rrr ..0c ln. j la birse, l5 m. à la parli,-, supir.ir,rrrc. ,ausùrp-
Le Lion, - Htutcttr.. l:rib rn. ; lortgucur.' 16 m.; ldrpaur : \ n. ,

2..Ltpscenscun de La Louvière.- Sur 7.knr. cle so_n parcorrrs, le canal clu centre lt
une inclinaisott tlc 5t, nr .Lctie perrte Élant trop.lorte pour i éta6ii.-,i.i J.'iirï."'ôi.rl,i"î.iir i
Énornres a.-censeurs âfin tle pouvoir m
rep eseilte ascJnseu!- de [,a l_ouvière. Urr b c, ave,c torrte unent-r
ll,lu-:?.'.tT'glr^e_!]l{itre les bat,:; ux. t.a gravure
charge d.eau, ; s[efrsi,nriè
la péniche qu'il conlient, à une hauieui de is m.'Èiô,'iïi oîiîfrrre, rÀïêrË o-p,raiiôn
l*i.-f:fl
se prooull.
-37 -
VD. grands travaux lurent exécutés en vue de développer le
Tommerce et l'industrie : le barrage de la Gileppe, I'agrandis-
sement du port d'Anvers, I'ascenseur de La Louvière, etc.
De beaux édilices publics transformèrent les grandes villes :
les palais de justice et des beaux-arts de Bruxelles; les gares
monumentales de Bruxelles, d'Anvers, de Charleroi, etc.
X L. pays se couvrit d'un vaste réseau de voies de communica-
tion : construction de routes et de nombreux chemins de fer;
établissement de lignes télégraphiques et téléphoniques.
Le nombre et I'importance des écoles augmentèrent considé-
rablement par suite de [a création des écoles d'adultes et de la
réorganisation des écoles primaires et des ëcoles moyennes.

i\lonté sur 1c trôrre, le hias étentlu, t.Éopold II pr'ête le serment constitutionnel. Il cst cntouré
de oers,rirlr"gus otiiciels l)aus 'a lri:e, i Êauclie, sc trorrvcrrt la iarnille 11'y3le Êf dls prittces
étrarrgels: rlans les IrilrLrn,'s, lcs rnernlrres des deux Charttllres se sont tittttis. l.e Ro' prr ttottce
Iu tliscours rl:rrrs lerrrrel il prorne: rle travai'ler ;ru Irurrherrr et.à Iil prrrspériti dc la 13clgiqtte
La sa!le entière mani[este sa joie par des acclanratiotts prolongées.

Plrrsieurs /oi.ç socrc/c:s furent votées : Iois protectrices du


salaire des ouvriers, Ioi.sur le travoil des f entntes et des enfants
clans les mines, etc.
Leçons d'Hist. V' Clobert. 6
I -
-38-
La Belgique doit à Léopold II, la vaste et riche colonie du
Congo, æuvre toute personnelle réalisée grâce à sa volonté et
aux grands sacrifices,qu'il s'est imposes.
Anniversaires. En 1878, Ie pays fêta avec éclat les noces
d'argent du Roi et- de la Reine.
En 1880, les Belges célébrèrent le 5ff anniversaire de leur
indépendance par des fêtes publiques et par une magnitique
exposition nationale organisée à Bruxelles.
Le75" anniversaire du même événement donna lieu, en 1905,
à des réjouissances publiques dans toutes les communes du
pays et -à l'organisation de la splendide exposition interna-
tionale de Liège.
Mort de la Reine. Marie-Henriette mourut à Spa, le
19 septembre 1902.
Mort du Roi. Léopold II s'éteignit à Bruxelles, le
17 décembre 1909, après un règne de 44 ans. Les Belges lui
ont fait des funérailles grandioses.
Dans son disçours d'inauguration, Léopold II disait : << Si je ne
promets pas à Ia Belgique un grand règne comme celui qui a fondé
ion indëpendance, ni un grand roi comme celui que nous pleurons, je
lui promets du moins un roi belge de cæur et d'âme, dont la vie entière
Iui appartient. >> Ces promesses furent tenues. Le roi consacra sa vie
à la'grandeur du pays; il lui laissa un vaste empire colonial; il se
montra le protecteur éclairé de I'industrie, du commerce et de
I'agriculture, des lettres" des sciences et des arts. Nos rois ont placé la
Belgique au premier rang des nations civilisées. Restons fidèlement
attachés à la dynastie de Léopold In', qui nous a valu de nombreuses
années de paix,- de bonheur et de prospérité.

Questions. l. Où et quand Léopold II est-il né? 2. A quel âge


fil-il partie du- Sénat? 3. Quel heureux événement eut - lieu en 1853?
+ 4. Quand Léopold - fut-il inauguré roi des Belges? 5. Donnez
II
'quelques mesures prises, sous Ie règne de Léopold llffians - le but de
développer la prospérité nationale. 6. Rappelez les anniversaires
que les Belges célébrèrent en 1878, -en 1880 et en 1905. 7. Quand
rùourut : l"la reine Marie-Henriette; ?' le roi Léopold II? -

| 7. Lo Sergent IDe Bnuyno,


De même que les actions héroiques 4ccomplies par tant de
nos soldats pendant la grande guerre, le noble dévouement du
-39-
sergent De Bruyne prouve que les Belges d'aujourd'hui sont
dignes de leurs aïeux.
C'était au Congo, en 1892. Nos compatriotes livraient une
lutte glorieuse contre les chasseurs d'hommes ( 1) d'Afrique.
Dans une rencontre avec ceux-ci, le lieutenant Lippens et Ie
sergent De Bruyne furent faits prisonniers. En vue de conclure

la paix, Ies Arabes conduisirent De Bruyne sur les bords d,une


rivière d'où ils pouvaient parlementer avec ses anciens compa-
gnons d'armes placés sur l'autre rive. Les pourparrers n'abou-
tirent pas. Le dialogue suivant s'engagea alors entre De Bruyne

. (l) La,traite^des esclaves était pr-atiquée au congo, par des aventu-


rrers afaDes. ueux-c.I. exploraient Ie pâys, incendiaient les villases.
massacraient les habitants qui résistaient et emmenaient en-es'clàvâsË
Ies hommes valides, les fenimes et les enfants. 1râineJ t-tùud;ï;
déserts, beaucoup de ces malheureux ne pouvaient réilster aux fatiÀuài.
aux pnvatrons et.aux mauvais traitements; une petite partie seule"meni
arrivait au marché où on les vendait commê bêtes de somme.
_40_
et le chef belge :'<< Savez-vous nager, demande celui-ci? Oui,
répond Ie jeune sous-officier. Quelqu'un de votre - côté,
contprend-it Ie français? IJsn, réplique De Bruyne. l'ai de
bons tireurs cachés -
dans'I'herbe, ssutez dans Ia -
rivière, votts
pourrez vous sauver à la nage. Un silence émotionnant suivit
ces mots. C'était la liberté, c'était la vie sauve qu'on lui propo-
sait et pourtant, l'héroïque petit sergent refusa : << Non, merci,
j'ai donné ma parole. Et puis, je ne peux pas abandonner
Lippens. > Après cette simple réponse, le jeune héros se remit
entre les mains de ses gardiens arabes.
Quelques jours plus tard, on apprit que les têtes de De Bruyne
et de Lippens étaient exposées dans un village. Leur mort fut
bientôt vengée : peu de temps après, Ie chef arabe tombait sous
les balles des Belges.
Admirons la belle conduite de De Bruyne, qui préféra la
mort plutôt que d'abandonner son chef et de manquer à la
parole donnée.
Voulant honorer la mémoire de ce brave, Blankenberghe, son
village natal, Iui a élevé un monument digne de son héroisme.

Questions. l. Où et quand I'acte héroique du sergent De Bruvne


-
s'est-il produit? 2. Pouiquoi s'était-il rendu au Congo? 3. Que
lui arriva-t-il avec- le lieutenant Lippens? 4. Où f ut envoyé -le sergent
De Bruyne? 5. Que pouvait-il faire? - 6. Pourquoi ne voulut-il pas
se sauver? - 7. Quelle f ut la triste lin- de ce héros? 8. Comment
-
a-t-on honoré sa mémoire? -
| 8. AlbeFt let'.

Naissance. Albert I"' lils du Comte de Flandre et petit-fils


de Léopold I"',- naquit à Bruxelles, le 8 avril 1875.
Prince. En 1890, il entra à l'école militaire et y fit de
-
brillantes études. Son caractère simple lui gagna I'estime de ses
chefs et la sympathie de ses camarades. Il est très instruit; il
parle couramment plusieurs langues. Par ses voyages ( 1 ) à

(1) Il a visité successivement la Suède, I'ltalie, la France, I'Angle-


terre, I'Allemagne, la Turquie, l'Amérique, l'Algérie et le Congo.
-41 -
travers le monde, le prince Albert s'est acquis des connaissances
personnelles variées.
Mariage. Il épousa, err
-
1900, Ia princesse Elisabeth
de Bavière. De ce mariage
sont nés : Ies princes Léopold
et Charles et la princesse
Marie-José.
Avènernent. Albert suc-
- Léopold II,
céda à son oncle
' Albert.
Roi des Belges.
en 1909; il fut inauguré le 2J décembre de la même année.

Dès le matin de ce jour, une foule énorme encombrait les rues par où
devait pal^s_er Ie cortège. Des drapeaux tricolores flottaient à touies lep
fenêtrei. Monté sur ùn superbe'cheval, le prince Albert traversa là
capitale, accompagné d'un brillant état-rirajor:.
. Tout le long du parcours, il fut I'objet de manifestations enthou-
siastes : à toutts les-fenêtres, aux balcons, sur les toits, des milliers de
mains agitaient fiévreusement des chapéaux ou des'mouchoirs. De
toutes les poitrines sortait le cri de < Vive le Roi >.
Au palais de la Nation. Avant la cérémonie, les Représentants et
-
les sénateurs, Ies grands dignitaires de I'Etat, des princes et des ambas-
sadeurs étrangers, se trouvàient réunis au palais de la Nation.
I,a princesse Elisabeth et les petits princes, la comtesse de Flandre
et. les princesses royales de Bèlgiqud avaient pris place dans une
tribune réservée.
La prestation de serment. A onze heures et demie précises, le
- acclamation
pr!!.ce gntre . dans la salle. une formidable, ies cris' de
< vive le Roi > éclatent de toute:s parts. Emu, il salue de'divers côtés,
puis monte_les degrés_du trône. Débout, la mâin droite tendue, il dit;
Je jure d'observer-la constitution et les'lois du peuple belse. âe main-
te-nir l'indèpendance nationale et l'intëgrité du'teri'itoire.'puis le Roi
répète en flam.and la formule du serment. Sa Maiesté s'assied ensuite
et prononce, d'une voix vibrante, un fort beau discours, dans lequel.
après avoir rendu hommage aux fondateurs de notre indépendancè, il
promet de continuer l'æuvré corrgolaise, de s'occuper du sorf des clasôeC
laborieuses et de s'appliquer ari'dével'oppement des sciences, des àrti
et de l'instruction.
Des acclamations prolongées saluent ta fin de ce magnifique discours.
Le Roi quitte la salle.
Dans la rue, Ies marques de loyalisme qu'il a reçqes avant la céré-
monie se renouvellent. à- son retour, sur tout son passage.
-42-
Règne. Le roi Albert commença son règne sous les plus
-
heureux auspices. Il fit voter une loi qui accordait une pension
'de 360 francs aux vieux mineurs. En 1910, à Bruxelles et en
1913, à Gand, eurent lieu des expositions internationales qui
rnontrèrent que la Belgique devenait de plus en plus prospère.
Elle était la cinquième puissance économique du monde et
Anvers était le premier port du cotttinent.
Crest au milieu de cette prospérité qu'éclata la terrible guerre
mondiale de 1914. Albert I"" se mit à Ia tête de I'armée belge,
et pendant quatre ans, retiré avec ses troupes derrière I'Yser,
il résista courageusement aux Allemands. Infatigable, sans
crainte des balles, il descendait dans les tranchées et, par son
exemple et par sa présence, il encourageait ses soldats.
Pendant ce temps Ià, la Reine visitait, derrière le front, les
hôpitaux, s'asseyait au chevet des blessés et les consolait.
Lorsque le 28 septembre 1918, eut lieu Ia grande offensive, le
roi Albert, à la tête de ses valeureux soldats, mit en déroute la
puissante armée allemande. Le l l novembre, I'armistice était
conclu. La Belgique était redevenue libre. Le 23, notre souve-
rain faisait sa rentrée triomphale à Bruxelles, à la tête de ses
troupes, au milieu des acclamations de son peuple.
Depuis lors, il continue à travailler au bien-être et à la
prospérité de la nation.

Questions. l. Où et quand est né Albert Iu"? 2. Faites connaître


sa vie comme- prince. 3. Qui épousa-t-il? - Quels enfants sont
4.
issus de cette union? - 5. Quand Albert I"" monta-t-il
- sur le trône?
6. Que promit-il dans -son discours d'inauguration? -
7. Quelle loi fit-il
voter au commencement de son règne? - fut sa conduite
8. Quelle
en l9t4? 9. Qu'a fait la reine Elisabeth- pendant les terribles années
de guerre?- 10, Quand la Belgique redevlnt-elle libre? il. euand
eut lieu la -rentrée triomphale du roi dans sa capitale? - 12. Quels
sentiments devons-nous éprouver à l'égard de nos souverains? -
REgITS
relatifs à ka gLrerre de fgl 4-1918

| ' De Ltège à ItYsen.


Dans la grande guerre mondiale, notre Roi joua un rôle tellement
glorieux, qu'on l'a appelé Albert le Victorieux. Lorsque le 4 août 1914,
Ia puissante armée allemande entra brusquement en Belgique, il se mit

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spontanément à la tête de l'armée belge qu'il commanda jusqu'à la


victoire linale. Avec elle il gagna la bataille de l'Yser; avec elle il monta

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{
_44_
la garde de ce fleuve devenu légendaire; enfin, avec elle, il prit part à
I'offensive libératrice de 1918.
Au début de Ia campagne, nos troupes ùanquaient des moyens les
plus indispensables à une défense efficace; néanmoins, grâce à leur
bravoure, elles tinrent tête aux nombreuses divisions allemandes supé-
rieurement équipées et disposant d'un nombreux matériel. D'abord, ce
fut la résistance héroïque du général Leman, à Liège, qui permit à la
France de préparer la victoire de la Marne. Pendant que Liège se défend
courageusement, l'armée belge se concentre derrière la Gette et Ia
première rencontre de la cavalerie allemande avec la nôtre, nous vaut la
glorieuse journée de Haelen Les forts de Liège et de Namur étant
tombés, il faut se replier sur Anvers. Là encore, le rôle de nos rraillants
soldats fut cfficace. Par des sorties nombreuses et violentes, ils tiennent
l'allemand en haleine, ils immobilisent ses forces, ils I'obligent même à
rappeler des divisions engagées en France, et cela au moment où le
général français Joffre livre la bataille de la Marne. Mais cet effort
d'une petite armée, déjà fort éprouvée et dont Ie matériel est insuffisant,
ne peut durer. Anvers, attaqué par 200.000 hommes, succombe et une
nouvelle retraite est décidée afin de sauver ce qui reste de nos
bataillons. Alors les pauvres petits soldats flamands et wallons, éplisés
par plus de deux mois de luttes inégales, couverts de gloire, à Liège,
à Anvers et en tant d'autres endroits, se retirent sur- I'yser, où, *en
liaison avec nos alliés, ils vont soutenir, pendant quatre ans, le choc
des forces allemandes.

2, La bataille de |tYsen.
De la petite armée belge, si grande par ses exploits, si fougueuse
dans son élan contre le monstre allemand, si frémissante d,ardeur et
de haine en face de I'envahisseur, il reste, avec les jeunes volontaires,
environ 70.000 hommes. Le Roi leur dit z << Soldats! la patrie attend de
vous un ultime satifice! Il fau't défendre jusqu'à la dernière goutte de
votre sang, le dernier lambeau du sol belge! Considérez comme traîtrc
celui qui prononcera Ie mot de retraite sans que (ordre formel en soit
donnë! >> un seul cri sortit de toutes les poitrines : < vive le Roil > Et
la résistance se fit. Elle devait durer 48 heures avant que n'arrivent les
secours promis. Les 48 heures se passent, puis encore 4g heures et les
secours n'arrivent pas. Le 16 octobre, Ie canon allemand gronda et
depuis ce jour jusqu'au 23 octôbre, nos soldats résistèrent, sans reculer.
debout, tenant en échec le colosse dont la masse semblait devoir les
écraser en quelques heures! euels traits d'héroi:sme fou!
euel mépris
du danger! Quelles courses insensées vers la mort certaine
fendant ces
terribles journées! Enfin, le 23 octobre les Français apparurenr.
__45-
La lutte continua ardente, opiniâtre et meurtrière. Mais les limites de
Ia résistance humaine ont été dépassées. Jamais, dans notre histoire'
heure n'a été plus tragique. Ce fut devant cette situation alarmante'
critique, qu'on décida d'inonder le pays. Les Allemands durent se
retirèr, abandonnant leurs morts, leurs.blessés et un matériel considé-
rable. La victoire était complète. L'Yser était intact; il roulait ses eaux
à travers le sol resté libre. Mais 15.000 braves avaient payé de leur
vie cette éclatante victoire.

3, La ga;do de ltYson'

L'héroisme de nos soldats avait sauvé I'Europe; le Teuton, impuissant

dans sa rage, resta pour toujours cloué devant le petit fleuve. La guerre
de mouvement était terminée pour l'armée belge. La seconde phase de
-46-
son rôle commence; c'est la garde de l'Yser. La tâche fut encore
immense, ardue. Il fallut réorganiser I'armée, refaire les équipements,
reconstituer les êtablissements nécessaires : dépôts, hôpitaux, fabriques
de munitions, etc. Il fallut,, dans un terrain détrempé, dans la boue,
sous les bombardements sans fin, construire des tranchées. ,Mais, petit
à petit, la situation s'améliora : l'équipement des hommes se moder-
nisa; I'armée f ut munie des engins nécessaires, I'artillerie lourde
grandit. Pendant toute. cette période, l'armée belge ne cessa de contri-
buer à Ia réussiie des grandes actions militaires. La canonnade ne
cessait jamais; I'activité des patrouilles se maintenait toujours en éveil.
Le Roi demeurait au milieu de ses soldats, tandis que la Reine
accomplissait des æuvres de charité et de bonté dans les hôpitaux et
les asiles créés derrière Ie front.
Les opérations militaires, pendant la garde de I'Yser, furent surtout
importantes dans Ies circonstances suivantes :
En avril 1915, les Allemands attaquèrent les Français et les Anglais
au moyen de gaz asphyxiants, Nos alliés durent reculer momentané-
ment. Les Belges les aidèrent à reprendre tout le terrain perdu;
En avril lgl8, le haut commandement allemand voulut s'emparer de
calais. L'attaque d'Ypres fut enrayée par la bravoure des nôtres qui.
sous les ordres des généraux Jacques et Michel, arrêtèrent les Alle-
mands. Après des combats meurtriersr ceux-ci lurent refoulés avec des
pertes considérables. Ce fut la glorieuse bataille de Merckem.

{. La grando offenelve tibénatnlce.


La grande offensive. eut lieu à l'aube du zB septembre lgl8. Elle
commença aux environs de Dixmude, après une énergique action d'artil-
lerie. En une journée, I'avance était de 6 kilomètres sur un front de
l8 kilomètres. La forêt d'Houthulst, réputée inexpugnable, était emportée
et deux villages étaient conquis. Dès ce moment, l'offensive continua
irrésistible. Partout I'ennemi cédait devant nos troupes. Le 4 octobre, la
bafaille dut être interrompue, pour rétablir les communications et per-
mettre aux soldats de se reposer. Le 14 octobre, se déclancha la seconde
grande otfensive. La ville de Roulers et trois villages tombent. Le
16 octobre, Thourout, Iseghem, Ingelmunster sont pris. Le lz, finfan-
terie belge entre à ostende et dès ce moment, la victoire est décisive, la
grande bataille des Flandres est terminée. Les Allemands, battus, sont
en pleine déroute. Ils ne se ressaisissent que sur la Lys et le canal de
Deynze, à la frontière hollandaise, où, du 20 octobre au l1 novembre,
date de I'armistice, ils tentèrent une résistance qui devait être inutile.
-47 -
L,armistice trouva notre armée aux lisières ouest de Cand. Elle se reliait
aux troupes françaises sur I'Escaut.
Conclusion Pendant ces quatre années de luttes héroiques, de
-
résistance obstinée couronnée par I'oftensive foudroyante de septembre,
le rôle de notre armée fut glorieux.
Grâce à elle, le territoire belge ne fut pas tout à fait conquis; grâce
à elle, la France put se préparer et remporter la victoire de la Marne
et I'Angleterre put organiser ce formidable outillage de guerre qyi
devait peser d'un poids si lourd dans la bataille; grâce à elle enfin, le
droit des peuples était sauvé.
Par sa résistance héroique, la Belgique força la sympathie et l'admi-
ration du monde entier; elle s'est égalée à ces fameux peuples de
I'histoire, qui ont eu tant de gloire et de renommée' pour avoir résisté
courageusement à I'invasion étrangère.
Honneur donc! à notre grand Roi, immortel devant I'histoire et à
notre Reine bien-aimée, généreuse dispensatrice de bonté et de conso-
lation! Honneur! à notre admirable armée, chefs et soldats de Liège.
de I'Yser et des Flandres! Honneur! aux héros tombés dont nous entre-
tiendrons pieusement le souvenir! Honneur enfin! à ceux qui nous sont
revenus auréolés d'héroïsme et de triomphe!

5, Roi soldat.
Il faut remonter aux époques guerrières de la féodalité ou même de
I'antiquité, pour rencontrer des exemples de rois soldats se lançant dans
la mèlée. L'époque moderne ne nous en fournit aucun exemple. Il fallait
arriver à cette lutte monstrueuse du colossal empire allemand contre la
petite et paisible Belgique, pour assister à cette réédition du spectacle
antique : un roi cambattdnt.
Et pourtant, ne pouvait-il pas, le roi Albert, rester dans un palais,
accepter l'asile que lui offraient royalement les gouvernements alliés?
Ne pouvait-il pas, tout au moins, se tenir derrière les troupes, loin de la
Iigne de feu, au quartier général? Il ne I'a pas voulu! On faisait la
guerre à son peuple, il voulait être avec son peuple, non derrière lui,
rnais avec lui, là où sont les enfants du peuple : ces fils que les mères
ont confiés à la Patrie; ces pères pour lesquels les petits enfants prient
au foyer familial, la nation les lui a donnés, il partagera leur sort. Et
chaque jour, fidèlement, il descend auprès d'eux, leur parie, les encou-
rage, les console. Il est I'admirable exemple de dévouement et
d'héroïsme. Un jour que, la cigarette aux lèvres, il inspectait une
tranchée, pendant que les obus sifflaient, un schrapnell éclata non loin
-48-
de lui; il ne f ut pas atteint, mats son aide de camp fut gravement
blessé. Le Roi ne se départit pas de
son calme et continua à s'exposer
au danger. Une telle attitude
fortifiait le'sentaient
courage des jeunes
Belges; ils que dans ce
combat,' le cæur du Roi battait à
l'unisson du leur. Aussi était-il
I'idole de ses soldats, qui l'admi-
raient et I'aimaient.
Les homnres les plus illustres du
monde entier lui ont apporté I'hom-
mage d'une admiration due aux
héros couverts de gloi.re. lletenons
cclui de l'académicien - français
Herrri Lavadan : << ... roi-chevalier,
loi-paladin, roi sinrlrle so!dat, qui
n'a plus que son peuple épars et
son armée en lambeaux. roi sans
royaume enfin... Albert sans terre, Albert de Betgique et de France, est
à cette heure cependant, le plus fameux, le plus aimé, le prus puissant
des rois, car c'est sur nos esprits et sur nos cæurs transportés de
reconnaissance qu'il règne, d'une façon absolue, et qrr'il étend son
magique pouvoir >>.

6. Hoino lnfinmiàno,
Tandis que le Roi combattait à la tête de ses troupes, notre Reine
bien-aimée, joua un rôle aussi glorieux.
Pendant toute la durée de la guerre, elle
vécut dans une modeste villa, non loin du
front de combat. Elle s'occupait des ceuvres
de charité et on la rencontrait toujours là où
il y avait des larmes à essuyer, des courages
à relever, des plaies à panser. Une infir-
mière qui I'a vue dans les hôpitaux écrivait :
<< L'exemple était donné chaque jour par
cette petite Reine aux yeux souriants, si
doux et dont les mourants sur qui elle se
penchait, emportaient la vision dernière
d'une mère, d'une femme qu'on aimait tant
et qu'on ne reverra plus >>.
_49-_
aux soldats
Notre Reine ne craignait pas d'apporter le -réconfortdangereux du
jusqu'aui endroits les plus
combattants en se risqiant
trouvait encore le
front (l). Et mafgre ru ui. tôute de dévouement, elle
rendre visite aux glorieux disparus, ainsi que nous le dit dans
temps de
ces beaux vers, le poète belge Verhaeren :

< Parfois...
En robe toute droite ou de toile ou de laine'
Celle qu'ils acclamaient au iour d'orgueil' leur Reine'
Vient errer et prier parmi leurs pauvres croix'
Et son geste elt timide et son ombre est discrète.
Elle s'attarde et rêve, et, quand le soir se fait'
Vers les dunes,'là-bas, sa frêle silhouette
Avec lenteur s'efface et bientôt disparaît ;'
pitié du
Ainsi, dans I'horreur de la guerre, elle est la tendresse et la
monde (2).

?. Le soldat belge (3).


<Il faut l'avoir vu, au premier iour de la mobilisation, lorsque t'a-nnef
et
aux armes retentit brusquement àans notre ciel jusque-là si paisible
d'un coup, il sentit tressaillir en lui l'âme de ses ancêtres qui, si
lue,
durement, ont conquis son sol sur les forêts et sur les mers, et
qui
pendant iant de siôcles, ont si âprement lutté contre les dominations
étrangères
> Il iaut l'avoir vu, notre petit soldat belge, lorsque seul, au pont de
Visé et en avant de Liège, ll affronte le colosse germanique. Et, une
seule division belge, la- troisième, appuyée par une brigade mixte,
rejetant à 10 kilomètres en arrière, trois corps d'armée allemands'
Diautres lorces ennemies déferlent. Un contre cinq, les Belges tiennent
bon et mettent plus de 60.000 Allemands hors de combat. .

(l) Des photographies, publiées par l'lllustration,.montrent laReine qut


s'ensase sur une ôàsÀet'eite jetée â travers I'inondation;.qqi écoute.un
< iass 5 iouant du violon dans une tranchée; ou encore qul photograpnle
le'Roi dàns le terrible Boyau de la Mort.
'-
'., qui enseignait un jour à ses enfants,
ià]' &jitla sueire- Id Reine,
ecrli'âii- uî--tuUtË"u n-ôit t Lâ ïaillancà n'est p-às dans les belles
;;tc;l.J:-Ctest aux âctes seulg qu'on juge-no.g rôles. Princes,.retenez-le. >
Et les princes mettent en pratique cette belle !eç-on d'en-ergle..
(3) 'Extrait du discouis pfononcé, en 1915, en Angleterre, Pâ1
M. Carton de Wiart.

(
50-
> Il faut I'avoir vu, notre petit soldat belge, au rendemain de cette
glorieuse résistance de Liège, disputant pied à pied I'accès de la
Belgique centrale au terrible envahisseur, qui voyait déjà son plan
compromis. Il faut I'avoir vu se battant hérolquement à Eghezée, à
Haelen, à Diest, contre un adversaire follement inégal, tandis que, sur
nos grand'routes et dans nos champs, les populations fuyaient, silen-
cieuses et farouches, avec, dans les yeux, l'horreur des incendies et des
massacres qui les poursuivaient. Il faut I'avoir vu, notre petit soldat
belge, lorsque retranché dans l'enceinte d'Anvers, où l'Allemand le
croyait réduit et enfermé, il risque d'audacieuses sorties, harcelant
I'armée impériale, poussant de nouveau jusqu'aux portes d'Aerschot
détruit, reconquérant Malines, obligeant les Allemands, dans les
journées du 9 au 12 septembre, à faire remonter en toute hâte vers
Anvers, pour lui tenir'tête, deux 'corps d'armée qui descendaient déjâ
vers Ie sud, collaborant ainsi, à I'autre pôle, à cette miraculeuse victoiie
de la Marne, qui a marqué la destinée de cette guerre et a immortalisé
Ie nom de Joffre.
>> Il faut I'avoir vu, notre petit soldat berge, dans nos campagnes
de
I'Yser,, se battant encore, se battant toujours, cette fois sur là làmbeari
de terre inviolé, auquel s'accrochent, auquel se crispent, toute notre
volonté de vivre et toute notre volonté de vaincre >>.

8. La nentnée tnlomphale du Rol,


Le 4 aott 1914, après avoir lu à la chambre belge un discours
patriotique où il proclamait que le pays répondrait par une vigoureuse
défense à I'insolent défi de l'Allemagne, le Roi se mettait bravrement à
la tête de I'armée. Il lui adressait une fière proclamation dans laquelle
il disait : < Vaillants soldats d'une cause sacrée, j'ai confiance en votre
bravoure tenace. vous triompherez car vous êtes Ia force mise au
service du droit >>.

cinqtrante mois ont passé et la prophétie royale s,est réalisée. Le


I I novembre l9l8, le colosse ailemand voit s,âcrouler ses rêves de
domination; vaincu, il doit souscrire aux termes d,un ultimatum
humiliant.
Et, tandis que la révolution gronde dans tous les états allemands,
tandis que les têtes couronnées abandonnent leur trône, en Belgiquu,
contraire, le peuple entier se prépare à faire un accueil enthoisiasie "uà
ses souverains qui reviennent de l'exil auréolés de gloire. partout où ils
doivent passer, dans vilrage comme dans ù ville la plus popu-
-r'humble
leuse, des arcs de triomphe sont dressés; des banderolles, portant àes
inscriptions de reconnaissance pour nos vaillantes troupes, se tendent à
-51 -
travers les routes; les couleurs belges et les drapeaux alliés flottent:
voie
fièrement à toutes ies maisons. Et c'eit ainsi, en suivant une longue
triomphale, QUê la famille royale, à la tête des régiments vainqueurs'
s'apprête à faire sa joyeuse rentrée à Bruxelles'
Èàu, ." jour, à jàmais mémorable, la capitale s'est joliment parée-
Heureux de se s.niit enfin libres, les Bruxellois ont voulu que leur
bonne ville prenne des airs de fête. De tous côtés, ce ne sont que
drapeaux, oiiflurtn.s, tentures; fanfares joyeuses jouant les hymnes
nationaux des pays alliés. Dans toutes les rues déferle une véritable mer
humaine qui fait vibrer I'air de chants patriotiques'
C'est dâns ce décor féérique, au milieu d'une population qui crie son'
loyalisme, que te 22 novembre 1918, rentre à Bruxelles' en tête d'un
Uritlant .orièg*, le Roi, coiffé du casque des tranchées, en tenue de:
campagne, monté sur un cheval blanc; la Reine et le prince Albert,.
s*cond fils du roi d'Angleterre, chevauchent à ses côtés. Derrtère,
également à cheval, s'avàncent les princes Léopold et Charles, et la
piincesre Marie-José
Le cortège, vàrs qui montent toujours d'unanimes et frémissantes'
acclamations, parvienl jusqu'à la Grand'Place. Là le bourgmestre Max
harangue le Rôi; celui-ci répond. L'enthousiasme redouble. Albert I"" et-
sa suite se dirigent alors vers le Parlement. Devant Ia Chambre, il
assiste au Oètile de Ia 6-" division d'armée. En tête s'avancent des
détachements des troupes alliées : Américains, Français, Anglais et
Ecossais, puis c'est le tour des soldats belges dont on admire l'allure
martiale ei la betle prestance. Des ovations délirantes se tont entendre
au passage des drapeaux marqués de noms glorieux ; Passchendaele,
lVeif-Roosebeke, etc.; ainsi que devant les canous de 75 où s'inscrivent
d'autres noms immortels '. Yser, Ypres, Merckem, etc. Aussitôt le détilé
terminé, le Roi descend de cheval et se rend au Parlement où, cinquante
mois aupa ravant il avait pris congé des Représentants pour se mettre
à la tête de çes troupes qu'il ramenait victorieuses. A son entrée, tous
les députés le saluent d'acclamations indescriptibles. Il prononce alors
un discours empreint de la plus haute élévation de sentiments' Une
émotion intense envahit la salle lorsqu'il commence ainsi : << le votts
apporte
- Ie salut de I'armée.
Nous arriqons de l'Yser, mes soldats et moi, à travers nos villes et nos
campsgnes libérées.
Et me voici, devant,Ies représentants du peuple. Vous m'avez confié il"
y.s. qustre ens, I'armée de laNation pour dëfendre Ia Patrie en danger;
je
-ëtéviens vous rendre compte de mes ac|es. le
viens vous dire ce qu'ont
|es soldats de Betgique, l'endurance dont ils ont fait preuve, le
courage et Ia bravoure qu'ils ont déployés, les gronds résultats acquis'
par leurs elforts >.

/7
-52-
Et en termes simples et élevés, il expose aux représentants la tâche
surhumaine accomplie en quatre ans par ses sa/daf s hëros qui firent
l'admiration du monde entier.
Tous les points saillants de cette noble harangue furent soulignés de
f rénétiques appl4udissements.
Le Roi rentra alors au Palais et, sur tout son parcours, il fut de
nouveau I'objet d'acclamations interminables.

O, Le Gaponal Tr$eignlos.

Parmi tous les actes héroïques accomplis au cours de la grande


guerre, il n'en est pas de plus
'Trésignies.
poignant que le sacrifice du caporal

Mari, père de famille, il savait qu'en accomplissant sa mission, il


me reverrait plus ses êtres aimés.
Sa mort remonte aux sombres jours d'août 1914. Les Allemands
marchaient sur Paris et opposaient devant
I'armée belge, repliée sur Anvers, deux
corps d'armée déployés entre Malines
d'une part et Bruxelles et Louvain d'autre
part. Le 2" chasseur à pied s'empara du
village d'Eppeghem; le 3" bataillon.
celui de Trésignies, montait la garde sur
la rive gauche du canal de rù/illebroek,
au hameau dit Pont-Brûlé. Les Allemands
s'y étaient organisés, occupant les mai-
sons d'où ils tenaient sous leur feu le
pont-levis du canal dont la manceuvre
s'opère de la rive occupée par l'ennemi.
I)ans la nuit, le pont avait été relevé à
demi. A l'aube du 26 août, un ordre arrive : << coti.te que coû.te, il
faut
franchir le canal. >> comment faire? Le pont est levé! spontanément,
Trésignies s'offre à son commandant, le capitaine Hellin, pour aller
manceuvrer le pont. Calme, résolu, le vaillant chasseur se débarrasse de
son shako, de son sac, de sa capote, griffonne ces mots sur un bout de
papier : << Adieu, c'est pour Ie Roi. > Il remet ce billet à son sergent en
lui disant : << c'est pour les miens, si je ne reviens pds. )> Et il s'en va,
plonge, atteint I'autre rive à la nage. De toutes ses forces il actionne le
mécanisme. Hélas, il tourne en sens inverse; le pont se relève au lieu de
retomber. << Dans I'autre sens >>, lui crient ses camarades, qui le suivent
.anxieusement des yeux. Et il modifie sa manceuvre. Mais les cris
ont
donné l'éveil aux Allemands; fusils et mitrailleuses font pleuvoir les
-53-
balles sur l'héroïque chasseur qui tombe mortellement frappé' Trési-
gni.r, avant cle diiparaître dans ies eau*, fait un adieu de la main. Son"
àn.t lui crie : << Au nom du Colonel, Trésignies, ie votts trcmme
Pour cet acte de courage, pour ce 9a1fîice de sa vie' ce
'. caporal.>> jour de'
héios qui honore son régiment et la nation, fut cité à l'ordre du
I'armée héroique, Ie 1È septembre 1914. Grâce à une souscription'
nationale, un mcnument digne de son bel héroisme a été édifié sur la
rive du canal, à I'endroit où il trouva une mort si glorieuse.
Mais I'hommage rendu au caporal Trésignies va à tous ceux qui,
cotnme lui, soi'tt lombés pour la Patrie. C'est une dette de reconnais-
sance pour Llne nation, dihonorer ceux qui ont sacrifié letrr vie pottr la
Sallver. Puisse le souvenir de tous Ces martyrs, Setvir d'exemple si tttr'
jour la Belgique se voyait de nouveau attaquée'

I O. Le dennien défenseur dc Louvain'


Le 19 août 1914, I'a,rmée allemande s'avançait sur Louvaitt, pour-
Suivant nos troupes qui se repliaient Sur Atrvers. Une poignée de braves'
avaient feçu la mission périlleuse de protéger leur retraite' Voici
comment un témoin oculaire ( ) raconte I'aci.e héroïque posé paf
1

I'un d'eux, Léon Scheurs :


<< Ici se place un épisode que je ne puis évoquer sans la pltts
poignante
- émotion.
Dlpuis plus d'une heure, Louvain était totalement vid.e de soldats
belges; j'entends
-porte par là des formations rnilitaires.
À' la de Tirlemont, gn humble lignard, Léon Scheurs, de.
Molenbeek-Saint-Jean, était resté... Entêté, il ne voulait rien savoir, et
répondait à ceux' qui l'engageaient à s'en aller, pendant qu'il en était
temps encore, rejoindre son régiment :
On m'a commandé de rester ici, j'y reste.
-_- Mais malhegreux, que voulez-vous faire tout seul?
-_ J'ai encore huit balles j'aurai huit boches. Et maintenant, fichez-
moi le camp, voilà les boches!...
En effet, au loin, là-bas, sur la chaussée de 'Iirlemont, Ies pr€fliers:
éclaireurs S'avancent, Iongeant les murs des maisons, Scheurs, tranquil-
lement, courbé, va se blottir derrière Ia borne postale (que l'on peut.
encore votr) et, sûr de lui, mais sûr aussi de mourir, il vise, très calme-
Un coup de feu claque Sec, répercuté par l'éch'o. des rues vides.
Là-bas, un boche fait un bon... touché...!

(I ) Albert Fuglister, publiciste suisse.


\
-54-
Immédiatement,'une fusillade nourrie cépite; les boches furieux et
terrorisés, tirent comme des enragés.
Un coup isolé. Encore un boche à terre...
Scheurs en abattit cinq, puis, se découvrant pour se rendre compte
de I'avance de I'ennemi, il tomba, foudroyé par une salve...
Je l'ai vu, quelques heures plus tard : des boches, en défilant, repous-
saient son corps à coups de pied... Enfin, il fut possible de soustraire
les restes de ce brave à de si lâches injures. II repose à côté des
martyrs civils, les ayant précédés, au cimetière de Louvain >>.
Ainsi, ce jeune héros de 24 ans, qui aurait pu suivre ses camarades de
combat, préféra obéir aux impulsions de ses sentiments patriotiques.
Froidement il fit Ie sacrifice de sa vie.
La ville de Louvain a voulu rendre un homntage solennel à son déÎen-
seur, en lui élevant un monument de marbre à I'endroit même oft
l'héroïque soldat est tombé pour la défense de la Patrie. Ce monument,
comme ceux qui se dressent, modestes ou fastueux, dans tant de villages
de Belgique, perpétuera la mémoire d'un grand geste de justice.

I l, La jeuneese hénorquer .

A Neeroeteren, en Campine, on a élevé un monument à un jeune


héros de Herstal, Raoul Nahon, âgé de l6 ans. Ce monument incarnerâ
le courage extraordinaire de ces milliers de patriotes obscurs et
modestes qui montrèrent une volonté ferme et un courage à toute
épreuve, afin de surmonter des obstacles (1) inouis pour répondre à
I'appel de leur Rôi.
Durant la guerre, les Allemands avaient pris comme frontière, en
Campine, le canal de Maestricht à Anvers, facile à garder et difficile à
franchir. Des sentinelles circulaient en patrouilles sur les rives et sur-
veillaient les ponts. Mais à Neeroeteren, sor.rs le canal, sont construits
des aqueduil pour laisser s'écouler les eaux des ruisseaux qqi arrosent
la campagne. C'étaient ces égouts, longs d'une centaine de mètres et
remplis d'eau boueuse qu'il fallait traverser pendant les nuits obscures;

(l) Les Allemands avaient établi à la zone frontière, une haie de fils
de fer électrisés; des patrouilles sillonnaient Ia contrée; des postes de
garde y_étaient établis; des mitrailleuses étaient prêtes a balayer les
routes. Pour passer la frontière. on creusait un fo-ssé sous la hâie. on
franchissait la clôture à I'aide d'une double échelle, on coupait les fils
avec des cisailles aux poignées caoutchoutées ou bien encore on y allait
de vive force, le revolveiau poing. Hélas! certains tombaient électro-
cuté.s ou.frappés par les balles des Èentinelles, d'autres, Iaits prisonniers,
allaient languir dans les bagnes allemands
-55-
la tentative était dangereuse. cependant, le 7 juillet1915, par une nuit
sombre, sillonnée des éclairs d'un violent orage, cinq Liégeois s'appro-
chèreni avec précaution d'un aqueduc. Trois déjà, s'y étaient engagés
lorsque les Ailemands, qui faisaient le guet, donnèrent I'alarme' Les
deux derniers parvinrent à se sauver. Les trois autres, pris dans ltgout,
crièrent qu'ils se rendaient. Mais lorsqu'ils sortirent, les soldats tirèrent
.et Nahon fut atteint mortellement. Les autres furent faits prisonniers.
Le blessé" transporté à I'hÔpital de Maeseyck, y mourut le lendemain.
Ilien rr'était beau comme l'élan qui poussait tous ces jeunes volon-
taires (1) à affrolter des périls sans nombre pour aller défendre la
Patrie en danger. Quoi de plus émouvant que de voir ces fils qui, après
s'être arrachés des bras d'une mère éplorée ou en secret pour ne pas
faiblir, partaient pour aller renforcer les rangs si éprouvés de notre
armée, .sans crainte des fils électrisés otr des balles des sentinelles
allemandes.

| 2. Lee hénos de |tain.

Les aviateurs, soldats des airs, peuvent être placés parmi les plus
grands de nos héros. Attachés à des missions particulièrement impor-
ùntes et difficiles, exposés au hasard de tous les dangers, ils doivent
toujours déployer des aptitudes physiques et des vertus exceptionnelles'
Poùr illustrer les dangers qu'ils courent et le sangfroid qu'ils doivent
garder, il suffit de lire le récit .suivant de la dernière équipée de Willy

(l) Leur courage égalait leur patriotisme ainsi que le. montre le
dangereux et émouvant passage en bateau de quarante-cleux-Jeun€S
e'ô;;. Cêtait le 4 décembie I91"6. Zilliox, Alsacien-incorptrré malgré..lut
Eans I'armée allemande, décidait de forcer la frontière à bord cl'un
i.rorqiieur sui lequel pburraient prendre place des jeunes.volontaires
belges. Le jour fixé, par une nuit Sombfe, les passagers font prlsonnler
-de réquisitionné et dès
l'éq"uipage âllemand d'un remorqueur l'aube tentent
la 'grânlé aventure. Mais que monients anxieux,- que. de .transes
ans"oissantes pendant le voyàge! Atr début, tout marcha bien; le câblc
qui letmait le' passape de 1â Àîlerrse, près de la frontière, f ut coupé par
Itavant du rembrqueîr lancé à toute- allure. Mais l'alarme est donnée,
les projecteurs éclairent les fugitifs. Pour comble de malheur << I'Anna>>
s'enlise. Cependant, malgré i-es dangers mortels gu.'ils courent,-. les
hommes sodt conduits en.- barque du-bateau échoué à la rive hollan-
daise toute proche.
Le 3 janvier 1917, un autre remorqueur, <<I'Atlas >, suivait I'exemple
de <<l'Aima >> et pendant la nuit, profit-ant d'une crue des Sagx, il quittait
Liège bondé de ilassagers. Aorès url voyage mouvementé, durant lequel
il essuya des coups de feu, il arriva à Eysden.
-56-
Coppens, I'as belge : << Le 14 octobre fut le prenlier jour de la dernière
offensive. Ce jour-là j'ai été commandé de patrouille à cinq heures et
demie du matin. A six heures, j'ai incendié un ballon à Praet-Bosch, à
800 m. d'altitude. Aussitôt après, j'ai aperçu un ballon à 300 m. au-
dessus de Thourout. J'ai piqué dessus. Au moment où j'allais tirer, a
6 heures 5, j'ai été blessé à Ia jambe gauche par trois balles incendiaires
tirées par les mitrailleuses de terre. Ces balles sont creuses, expansit'es
par"conséquent et elles sont remplies de lroudre fusante. Vous imaginez
le genre de blesôures qu'elles produisent. Le mollet était déchiqueté, les
os fracassés. Le pied gauche ne dirigeant !lus, I'avion n'obéissait plus
qu'au pied droit, sans que je m'en rendisse compte tout de suite et je
perdis ie contrôle de mon appareil. Quand je compris, je pus reprendre
l'équilibre et la direction et je me mis à descendre. Cette ciescente fut
une chose véritablement horrible : lcs mitrailleuses allemandes me
tiraient dessus avec rage, tant qu'elles pouvaient; les balles sifflaient,
frappaient I'appareil comme un crépitement; mon sang coulait à flots;
je me sentais mollir et j'étais encore'à deux t-ents ntètres, avec la
conscience très nette que, si je faiblissais, j'étais un homme mort; lcs
balles claquaient toujours autour de moi; je me sentais comme une lrête
traquée, sur qui les coups s'abattaient commc grêle. J'ai tenu bon,
heureusement, tout juste Ie temlts qu'il fallait. Au moment oit la syncope
venait, j'atterrissais dans une pe tite prairie d'Eessen, non loin de
Dixmude. Mon appafeil a capoté cn douceur, et le train ct'atterrissage.
hâché par les balles est tombé en pièces cn toucha.nt terre... >>.
L'aviateur ( I ) n'a donc pas seulement ir crairrdre les lralles cles
mitrailler-rses ou des éclats d'obus ennemis, inais il per.rt encore, arl
cours cl'un vol, être brûlé vif par son moteur ou broyf stir le sol sous
les débris de son appareil.
Combien chevaleresque est le combat eutre aviateurs! Livré bien
au-dessus du sol, dans I'immensité des airs, homme contre homme, aveè
des risques tragiques, il ralrpelle les hauts faits des chevaliers dans les
tournois du moyen-âge.
| 3. Gabrielle Potlt,
Gabrielle Petit est une des plus pnres héroïnes que uous nrontre.
I'histoire. Volontairement, << pdr haine contre Ie régime allemand ef
surtout par dmour pour son pays et pour son Roi >>, elle sut faire, à
23 ans, le sacrifice de sa vie.

(l) Soixante-deux aviateurs ont trouvé la nrort au cour.q de la,guerrLl.


-5r-
A Ia décla-
infirmière.

jugée d.igne de la mort Ia plus belle qui soit :


la- mort poui la Patrie et Ia Justice. >>

Cette femme, frêle et jeune, a des res-


sources insoupçonnées d'énergie farouche, policiers
de force morale. Pour échapper aux pièges que tendent les Mais' si
allemands, elle est obligée dL'se déguiser-(l)-ôontinuellement'
ses missions sont fatigintes et dangereuses, Gabrielle
Petit a la douce
,"nOrî O. pré'cieul services aux Alliés' Dans leur
satisfaction de la cause I
accusation, les Allemands ne lui ont-ils pas dit : <<,vous êtes
certaine de ta perte tle milliers de soldats allemands >>.

la
En effet, toujours en éveil, elle aide des jeunes recrues à franchir
et fait parvenir à nos armées des rensei-
frontière, ou bien elle recueille
gnemetrts les Plus Précieux.
Hélas! l'arrestati,on de Gabrielle Petit, le 20 janvier 1916, met
un

terme à tant de vaillante activité.


Mais,aussibiendurantsonpénibleemprisonnementquedevantses
juges, elle garde une attitude digne ct fière. Loin de s'excuser et de
à.iruiro.r g-râce, elle ne craint pas de dire à ses bourreaux deKaiser dures
vérités : <<-Mon Roi est dans les tranchëes avec ses soldats; votre
est à l,arrière s.vec scs courtisans. > Et à la question
du juge: << Pour-
quoi, nous avez-vous fait tant de mal, à nous qui ne vous avians
rien,
: Vous avez piIIé, ravagë, brûlé
'pays.> Elle répond
iiiti fi'èrement << rytr1
vous svez massacré et torturé, non seulement nos vaillants
soldats, mais d.es civils innocents, des femmes et iusqu'ù des
petits
inlanti. !'a.i vu d.e mes yeux vos incendies, i'ai trouvé des mains
eo'upées àans les sacs de vos soldats. le vois encor,e,
près de Charleroi,
lier atrocement de pauures femmes et les ieter dans Ia sambre avec
(1) on la voit tour à tour bonne d'enfant, pêcheuse à la ligne'
oe cômrnerce, colporteuse de iournaux, etc'
"ovàâ.ù.è
_58_
des huëes féroces. Je vous ai vus tuer Ie mari innocent d'une lemme
qui te couvrait naivement de sa jupe pour le soustraire aux balles de
vos bourreaux; c'est moi qui ai enseveli Ie cadavre. l'ai vu... >> On ne
la laissa pas continuer.
Malgré les menaces, les promesses, les tortures, elle refuse de livrer
Ie moindre secret sur son service de renseignements : << Vous ne saurez
rien, dit-elle, mon service continue comme si j'y étais encore!
Le 3 mars 1916, elle est condamnée à mort et c'est seulement un mois
après que Ia sentence est exécutée. Ce mois d'attente, supplice affreux,
imaginé par les barbares germains, pour la faire passer par des transes.
sinistres, ne parvient pas à la démoraliser. Soutenue par sa foi et par
son amour pour la Belgique, elle reste héroïque et digne jusqu'à la
mort. Le jour de I'exécution, elle marche d'un pas ferme au devant du
peloton de soldats et refuse de se laisser bander les yeux : << Vous allez
voir, dit-elle à l'officier allemand, comment une jeune fille belge saît
mourir! >> Et selon sa promesse, c'est en soldat qu'elle tombe en criant :
<< Vive Ia Belgique! Vive Ie Roi! >>

Enfants, n'oubliez jamais l'héroisme cle cette jeune fille, qui donna
volontairement et bravement sa vie pour délivrer sa patrie de Fo'ppres-
sion étrangère. Qu'elle soit toujours poxr vous un modèle de vaillance
et de patriotisme! La Belgique reconnaissante a élevé, dans la capitale,
un monument digne de celle que nous considérons â juste titre, comme
notre héroïne nationale. Ce monument la représente dans Lnt geste
énergique et fier, semblant redire les paroles gravées sur le socle :
< le v[ens d'être condamnée à mort. le serai fusillée demain. Vive te
Roi! Vive Ia Belgique! >
Gabrielle Petit symbolise I'héroïsme féminin dans la grande guerre;
-
toutes les femmes qui furent vaillantes, loutes celles qui souffriient pour
la Patrie : les infirmières des champs de bataille; les affiliées aux
services de renseignements; les mères et les épouses des soldats.

| 4. Philippe Baucq.
Pendant Ia grande guerre, les héros civils furent si nombreux, qu'il
serait difficile de rendre à chacun d'eux I'hommage qu'ils ont mérité.
Philippe Baucq, l'une des plus nobles et des plus belles figures des
martyrs du patriotisme belge, devient un symbole et I'hommage qui tui
est rendu, s'adresse à tous ceux qui se sont sacrifiés pour la Patrie.
Marié, père.de deux petites filles, jouissant d'une situation prospère,
il aurait pu se désintéresser du grand drame où se jouait Ie sort de Ia
Belgique, et sauvegarder les intérêts de ceux dont il était le soutien.
Mais, patriote ardent, il voulait aider les soldats de l'Yser à sauver la
Patrie de la domination étrangère. Aussi, n'hésita-t-il pas à faire partie
-59-
de I'entreprise de haut patriotisme, mais combien dangereuse, qui con-'
lettr
sistait à assurer aux jeunes volontaires le moyen d'aller rejoindre
drapeau. Pendant les nuits obscures, il occupait son temps à distribuer
<< La libre Belgique >>, journal prohibé qui réconfortait
les foyers en y
apportant les noùvelles du froni et les actions d'éclat de notre glorieuse
armée. On le rencontrait encore parmi ces patriotes qui créèrént
< Le
mot du Soldat >> petites feuilles discrètes qui portèrent à tant de mères
un baiser de I'absent, à tant de soldats des nouvelles réconfortantes
de leurs familles.
Malheureusement, toutes ses démarches devaient attirer sur lui I'atten-
tion de ses .nn.*ir; le 31 juillet 1915, la police allemande fatsait
irruption dans la maison de Philippe Baucq et, après de longues per-
quisitions, découvrait des preuves de sa participation aux ceuvres
patriotiques belges. Envoyé en prison, il cornparut le 10 octobre 1915'
àevant le Conseil de gueire du Brabant. Il eut à répondre à la triple
accusation : << avoir ùpandu << La libre Belgique >>, avoir transmis au
front ennemi des nouuéll.r de famille, avoir fait passer des soldats à
I'ennemi >>.
A I'audience, Philippe Baucq se défenclit énergiquement; il revendiqua
fièrement le droit d'agir ainsi qu'il l'avait fait : < parce qu'iI aimait son
pays
' et lui était déuouë >>.

Après deux jours de débats, il fut condamné à la peine de mort-


Avant I'exécution, on lui permit de recevoir la visite de son épouse et
de sa mère s'il prenait I'engager4ent de .leur laisser ignorer la terrible
nouvelle. Il accepta; héroique, il eut le sublime courage' dans leur
dernière entrevue, de leur laisser croire qu'il allait partir' le lendemain
matin, pour I'Allemagne. Après la suprême étreinte, il employa les
quelquei heures qui lui restaient à vivre, à rédiger une longue lettre
dunr'laquelle il dit adieu aux siens et dicte à sa femme ses dernières
volontés concernant l'éducation de leurs enfants. Rappelons-en cette
seule phrase où il résume tout le devoir auquel il a obéi i << Ie n'aurais
impassible aux sacrif ices et aux souff rances
'desoriirft r en spectateur
pu
autres. >> Les Allemands poussèrent la cruauté jusqu'à lui refuser Ia
consolation dernière de recevoir la visite d'un prêtre belge. Au pied du
poteau d'exécution, il affirme de nouveau sa tendresse pour les siens,
ia foi en Dieu; il pardonne aux soldats qui sont là et refuse énergique-
ment de se laisser bander les yeux en déclarant : << Un Belge sait voir
Ia mort en f ace. > /-rlors, avec un ratfinement de cruauté, les Allemands
lui montrent son cercueil. Il reste impassible. On lui o{fre la vie sauve,
le retour auprès de sa femme et de ses enfants, s'il veut parler, divulguer
le nom de ses complices. A l'évocation des êtres aimés, il ne peut
retenir une laime. Les bourreaux se regardent; va-t-il parler? Non, il se
tait, et, soudain, bondissant devant le peloton, il place la main sur sa
- 60-
poitrirre pour montrer le but et crie : << Vive Ie Roi! Vive Ia Belgique! >
Il tombe sans Pousser une Plainte.
des premiers
Que le nom glorieux de Rtritippe Baucq, qui tomba I'un
,sous les balleJ du peloton, et que son intrépide attitude devant ses
un sublime exemple de patriotisme! Que nos jeunes
.juges restent comme
ge"norations n'oublient pas que si la Patrie existe encore, c'est parce
.{u'elle fut sauvée par ceux-là qui tombèrent au front-.ou qui o.ffrirent
.làur poitrine au peloton d'exécution! Nous ne vivons libres qu'à cause
'de leur sacrifice.

| 5. Lee atroctt6g allomandog'- Ileetruction de Tamirogr


Il faut remonter aux attaques des Barbares, aux premiers siècles de
,notre histoire, pour trouver une invasion aussi violente et aussi féroce
,que celle de notre pays par les Allemands en 1914. Bien plus, ces
-peuples non civilisés, n'apportaient pas, dans leurs crimes, autant de
.Iâcheté, d'hypocrisie el de méthode que nos bourreaux germains.
Partout, de la frontière violée à I'Yser infranchissable, les Allemands
laissèrent, comme des jalons de leUr marche en avant, de longues
traînées de fumée et de sang. Ils se vengeaient de la résistance héroique
et inattendue de nos soldats et des échecs humiliants que ceux-ci leur
.infligeaient.
Ainsi Tamines, jolie petite cité située sur la Sambre, jadis si .gaie et
.si travailleuse, n'était plus, après le passage des armées allemandes,
qu'un véritable lieu d'horreur.
Le 22 août 1914, les.Teutons, entrés en maîtres dans la localité,
forcèrent les habitants à évacuer leurs demeures; une grande partie de
.ces malheureux passèrent la nuit dans l'église. Le lendemain les
hommes, séparés des femmes et des enfants, sont amenés sur la place
publique. A ce moment, I'arrière-garde française, postée au-delà de la
Sambre, tiraille pour protéger la retraite des Français. venus à notre
secour's. Soudain, une balle atteint mortellement un o.fficier allemand.
C'est le signal d'incroyatrles actes de sauvagerie. Des ordres brefs,
terribles sont hurlés par les officiers. Les soldats'tournent !eurs armeS
contre les civils sans défense. Bientôt le crépitement lugubre d'une
mitrailleuse se joint aux détonations sèches des fusils. Ces malheureux,
criblés de balles, hurlent; se tordent et tombent les uns sur les autres.
Et alors on voit cette chose horrible : des soldats achevant les mouiants
à coups de baïonnettes ou leur fracassant Ia tête à coups de crosses
,de fusils.
Mais un second groupe de civils se trbuve entre les fusillés et la
Sambre. De nouveau la terrible machine s'apprête. Fous de terreur, ces
hommes s'enfuient. Et c'est alors, dans toutes les rues, une véritable
-61 -
chasse à I'homme. Traqués de toutes parts, beaucoup se précipitent dans
la rivière; mais peu hélas! y trouvent leur salut; les uns ne sachant
nager s'y noient; d'autres, dont la tête émerge, servent de cibles aux
soldats allemands. Et ceux-ci rient lorsqu'une tête fracassée disparaît
sous I'eau. Quatle cents paisibles habitants sont ainsi lâchement assas-
sinés. Et, comme si toutes ces victimes ne suffisaient pas à assouvir
leur rage, ils s'attaquent alors aux habitations. Après les avoir pillées,
ils les arrosent de pétrole et de benzine puis y mettent le feu. Bientôt
les maisons en flammes forment un immense brasier. Le spectacle est
lugubre : le ciel rougeoie de lueurs sinistres, des murs s'écroulent; des
femmes pleurent et gémissent ou se mettent à Ia recherche, parmi les
' victimes, d'êtres chers disparus. En présence de ce lamentable spectacle,
des soldats, insensibles, rient ou hurlent des chants de gloire.
Tant d'horribles tragédies, qui marquèrent le passage des hordes
allemandes à travers la Belgique, soulevèrent liindignation du monde
' entier et firent surgir ces millions de soldats luttant pour la cause du
Droit et de la Justice.
Quand on évoquera ces monstrueux attentats, Battice, Herve,"
Andenne, Tamines, Louvain, Ethe, Latour et tant d'autres localités
martyres, resteront comme un témoignage accablant de la barbarie
allemande.
I{onte éternelle aux bourreaux qui représentent I'injustice, la perfidie,
la cruauté!
| 6. Le Gandinal lllencier.
Son Eminence Monseigneur Mercier, Cardinal Archevêque de Malines,
mit pendant la grande guerre, au service de la Patrie, le prest'ige de son
titre et de sa science vaste et profonde. Loin d'assister impassible ou
indifférent aux maux cruels qu'enduraient
ses fidèles, il se dressa fièrement contre les
atrocités et les crimes de nos envahisseurs
qu'il dénonce ouvertement : << Par milliers,
nos braves ont été fauchés, les épouses, Ies
mères pleurent tes absents qu'elles ne rever-
ront plus; les foyers se vident; Ia misèrc
s'étend; l'angoisse est poignante. De nom-
breuses pcroisses furent privées de leur
pasteur. Des milliers de citoyens belges ont
été dëportds dans les prisons d'Allemagne >>.
Dès Ie début des hostilités, il releva le
courage et le patriotisme de ses ouailles et conquit la sympathie
générale en célébrant la gloire de la Belgique, de son chef et de ses
--62 -
lsoldats i<< Oh! oui, grande elte est. Grande dans son Roi qui commande,

intrëpide, aux trois armées alliées, pour la libération de notre territoire;


grandc dans son gouvernement, dans son Etat-Major, qui ont prëvu
pour nous Ia redoutuble ëchëance; grande dans ses lils qui tombent
pour affirmer que le droit et l'honneur valent plus que la vie, ou vont,
sans frémir, occuper les postes glorieux de ceux qui sont tombés. La
Belgique écrit, sur ses champs de bataille, Ia plus belle page de son
histoire >>.

C'est surtout par ses << Lettres pastorales >> qu'il s'est acquis des
droits à notre reconnaissarrce et qu'il a forcé I'admiration de tous.
I-e plus célèbre de ses mandements est celui qui, écrit pour la Noêl
de 1914, est intitulé << Patriotisme et endurance. >> Dans ce document, il
donne au peuple belge, d'excellents conseils de sagesse et de civisme,
il soutient son moral et rappelle les droits et les devoirs des citoyens
vis-à-vis de I'occupant. << Le pouvoir qui a envahi notre sol, n'est pas
une autorité légitime et dès lors, dans l'intime de votre â.me, vous ne'
Iui devez ni estime, ni attachement, ni obéissance. L'unlque pouvoir
Iégitime en Belgique est celui qui appartient ù notre Roi, à son gou-
yernement, aux représentants de la'Nation. Lui seul est pour nous
I'autorité. Lui seul a droit à I'affection de nos cæurs, à notre.soumis-
sion. >> Il ne prêche cependant pas une révolte qu'il sait impossible et
inutile. Au contraire, à cette population que surexcitent les vexations
et les violences de son oppresseur, il conseille sagement d'être patiente
et résignée, tout en restant digne. << Ne faisons pas consister Ie courage
dans Ia bravode, respectons les règlements que I'autorité nous tmpose,
aus.si longtemps qu'ils ne portent atteinte à nos consciences et à notre
libcrtë patriotique >>.

Gloire à S. E. Monseigneur Mercier, dont les écrits, empreints d'un


ardent patriotismen ont raffermi les courages, ont soutenu I'espérance
dans la victoire finale et par leur retentissement à l'étranger, amenèrent
à !a Belgique la sympathie du monde entier!
Il laissera dans I'histoire, un souvenir inoubliable, pour s'être penché
avec amour sur tout un peuple souffrant; pour s'être montré le pro-
tecteur des faibles, comme le fut le Christ qu'il représente; enfin pour
s'être dressé avec une fierté intrépide contre chacun des cnmes de
I'oppresseur.

| 7, Le Boungmegtre l[ax.
Dès leur entrée en Belgique,.les Allemands instituèrent un véritabte
régime de terreur et se conduisirent en barbares, afin d'intimider la
population : ils fusillèrent, sans motif, des hommes, des femmes et des
enfants; ils incendièrent des villages; ils déportèrent de nombreux
-63-
civils. Le Bourgmestre Max savait donc avec quelle rigueur ils le
châtieraient s'il osait leur résister.
Premier magistrat de la capitale dtt
pâys, il voulut cependant donner l'exem-
ple de l'énergie et de Ia dignité. Dès les
premiers jours d'août 1914, il sut prendrc
toutes les dispositions dictées par les
circonstances. L'un de ses premiers actes,
fut d'afficher l'admirable et réconfortante
proclamation suivante : << Aussi lottg-
tentps que je serai en vie et en libertë,
je prot,égerai de toutes mes f orces ies
droits et Ia dignité de mes concitoyens.
Quoi qu'il arriue, écoutez Iu voix rle votra
Bourgmestre et maintencz-lui votre con-
Jiance. Il ne la trahira pas >>.

Lorsque les Allemands arrivèrent en vue de Bruxelles, Max, accom-


pagné de deux échevins ct du secrétaire communal, se porta à'leur
rencontre; il protesta d'abord contre le passage des troupes etlnemies
sur le territoire de la capitale. Il s'éleva également
'il
contre les réquisi-
tions et la contribution de guerfe exigées; réussit à faire abandonner
à l'ennemi I'intention de retenir comme otages Ie Bourgmestre, le
conseil communal et cent notables de la ville : << Votts ne pouvez, dit-il,
nous faire prisonniers puisque nous sommes soas I'égide du drapeau
blanc. > Il ref usa de signer une convention stipulant que le bourgmestre
continuerait à remplir ses fonctions sous I'autorité allemande. A partir
de ce moment, il fut en lutte ouverte avec celle-ci.
A I'officier qui lui demande de faire enlever les drapeaux qui flottent
sur toutes les maisons, il répond d'une voix émue : << Respectez ces
drapeaux, Monsieur, c'est I'affirmation d'un peuple qui souffre et se
roccroche ù I'espoir. >> Devant ce refus, les.Allemands exécutent eux-
mêmes cet ordre. Mais Max aussitôt réconforte Ia population :
<< Acceptons PROVISOIREMENT /e sacrifice qui naus esf IMPOSÉ
Attendons patiemment I'heure de la réparation >>.
La droiture et la fermeté du vaillant Bourgmestre gênaient nos
ennemis. Aussi décidèrent-ils de lui ravir la liberté dont il faisait un
si noble usage. Le ?5 septembre 1914, tandis qu'il était en séance à
I'hôtel de ville, il reçut I'ordre de se rendre immédiatement à la
< Kommandantur >. M. Max continua Ia séance commencée. Irrité de ce
peu d'empressement, Ie Commandant allemand envoya deux soldats
porlr le prendre de force. Mais déjà prévenu, le Bourgmestre les
devança seul chez Ie gouverneur allemand. Sans même un simulacre de
-64-
procès, Ie vaillant magistrat fut déporté en Allemagne, où il subit une
dure captivité.
Rien ne pouvait abattre son énergie et sa foi dans la victoire des
Alliés. Malgré les rigueurs de I'internement, il trouvait encore assez de
force morale pour écrire à ses compatriotes des lettres encourageantes.
Profitant de la débacle allemande, il s'évada le 13 novembre 1918 et
après maintes péripéties, rentra le l5 à Bruxelles, où la population lui
fit un accueil enthousiaste.
Fervent patriote, défenseur de l'autonomie communale, M. le
Bourgmestre Max est la noble personnification du devoir civique et de
la résistance du Droit à l'oppression ennemie. Aussi a-t-il méritê
I'admiration de tous.

I L Le Génénal Léman ot la défenso de Llèger


On ne peut citer toutes les actions d'éclats accomplies pendant la
grande guerre par nos valeureux soldats, on ne peut raconter la
bravoure de tous les officiers qui les commandaient. Pour magnifier
cette foule de héros, dont tant, tombés humbleinent, resteront obscurs,
on est obligé d'exalter leurs vertus dans la personne de leur chef.
C'est donc rendre hommage atuË
soldats belges qui ont lutté un contre
cinq à Liège, que de montrer ce que
fut celui qui les comnrandait : le
général Léman, en qui la, bravoure
s'unissait à I'autorité d'un chef res-
pecté.
Lorsque dans la nuit du 4 au 5
août 1914, 125.000 Allemands se
ruaient à l'assaut des forts de la rive
droite de la Meuse, 25.000 Belges les
attendaient vaillamment et, dêvançant
Ies gestes immortels de nos héros de
I'Yser, infligeaient aux envahisseurs
leur lrremière et cuisante déÎaite.
Cependant, devant les nouvelles forces
écrasantes venues au secours des premières, notre armée dut se reptier
sur la Gette. Mais les forts tenaient toujours en échec le colosse.
allemand. Comprenant que, pour briser cette belle résistance, il' faut
s'emparpr de celui qui en est l'âme, d'audacieux officiers uhlans,
patviennent, en automobile, jusqu'à son quartier génêral et tentent
d'assassiner I'immortel défenseur de Liège qui a juré de tenir j'usqglar
bout.
-65-
L'héroique Léman se retire alors dans le fort de Loncin, d'où il
continue à diriger la résistance des forts de la rive gauche. Il donne
I'exemple de I'abnégation; il circule sur les glacis pour observer le tir
ennemi, il soutient le moral de ses soldats. Tandis que tous les autres
forts sont tombés, Ia garnison de Loncin continue la lutte; les yeux
brûlés, la gorge sèche, presqu'asphyxiés par la fumée du tir, les
défenseurs résistent quand même. Mais bientôt, le fort n'est plus qu'un
amas de ruines : la vie y est intenable.
Alors, comme un père, dans des moments douloureux, rassemblerait
ses enfants autour de lui pour leur donner du courage, le général Léman,
stoique et sublime, invite ses soldats à prendre place à ses côtés dans
le bureau du tir.
Un dernier obus, une suprême convulsion, le f'ort saute...
Le 15 aott, parmi ses solCats, ses frères d'armes, morts ou atteints
grièvement, le général Léman est retiré des décombres, vivant mais
blessé. Sa résistance a forcé l'admiration de ses ennemis : << II est iuste
et équitable de ne pas méconnaître Ie mérite de ce valeureux adver-
saire >, a dit un commandant allemand. En hoinmage à sa bravoure, il
fut permis au général de conserver son épée. Il écrivit alors à Son Roi
la lettre à jamais célèbre, où se manileste le plus pur patriotisme-
La résistance désespérée de Liège, a frappé d'admiration le monde
entier. Elle a coûté aux Allemands plus de 40.000 hommes et leur a fait
' perdre un temps précieux. La France reconnaissante et émue,, décerna
à la ville de Liège, la croix de la Légion d'honneur; les hommes d'Etat
et les éc.rivains les plus réputés, célébrèrent sa vaillance; l'ltalie lui
octroya la croix de guerre.
Gloire à tous ces héros, dont la lutte à outrance a permis la viétoire
de la Marne, en retardant de quinze jours la marche des armées
allemandes.
Oloire à leur chef, le général Léman, magnifique soldat; dont le nom
restera désormais inséparable de la première bataille de la grande
guerre : la dëlense de Liège.

I L Lottre du G6n6nal Léman.


Sire,

Après des combats honorables livrés les 4, 5 et 6 aott, par Ia


3*" division d'armée, renforcée à partir du 5, par la 15-" brigade, j'ai
estimé que les forts de Liège ne pouvaient plus jouer que le rôle des
forts-arrêts. J'ai néanmoins conservé le gouvernement militaire de la
place afin d'en coordonner la défense autant qu'il m'était possible et
afin d'exercer une action morale sur les garnisons des forts.
-66-
Le bien-fondé de ces résolutions a reçu par Ia suite des preuves
sérieuses.
Votre Majesté n'ignore du reste pas, que je m'étais installé au fort de
Loncin, à partir du 6 aott, vers midi.

Sire,

Vous apprendrez avec douleur que ce fort a sauté hier, à trois heures
vingt environ, ensevelissant sous ses ruines la majeure partie de la
garnison, peut-être les huit dixièmes.
Si je n'ai pas perdu la vie dans cette catastrophe, c'est parce que
mon escorte, composée comme suit : capitaine-commandant Collard,
un sous-o,fficier d'infanterie, qui n'a sans doute pas survécu, le gendarme
Thér'enin et mes deux ordonnances (Ch. Vandenbosche et Jos. Lecocq),
m'a tiré d'un endroit du lort où j'allais être asphyxié par les gaz de la
poudre. J'ai été porté dans le fossé, où je suis tombé. Un capitaine
allemand du nom de Grusson, m'a donné à boire, mais j'ai été fait
prisonnier, puis emmené à Liège.
Je suis certain d'avojr soutenu l'honneur de rios armes. Je n'ai rien
rendu, ni la forteresse, ni les forts.
Daignez me pardonner' Sire, la négligence de cette lettre, je suis
physiquement très abîmé par l'explosion de Loncin.
En Allemagne, où je vais être dirigé, mes pensées seront ce qu'elles
ont toujours été : la Belgique et son Roi. J'aurais volontiers donné ma
vie pour les mieux servir, mais la mort n'a pas voulu de moi.
Le Lieutenant-général,
LÉMAN.

2O. Le soldat inoonnu.


A Bruxelles, la colonne du Congrès, symbole de notre indépendance,
est devenue pour tous les Belges, un lieu sacré de pèlerinage.
Un soldat, exhumé d'un champ de bataille, repose pieusement sous la
dalle du monument que domine la fière statue de Léopold I"", le
fondateur de notre dynastie.
Le soldat inconnu personnifie, chez tout un peuple, la résistance qul
va. jusqu'au sacrifice, il symbolise l'héroiisme souvent obscur des
soldats, il nous rappelle la vaillance de toute une population.
Devant lui, tous les fronts se découvrent parce qu'il incarne aux yeux
de tous, l'image de la Patrie.
O Soldat! Nous ne savons rien de toi, pas même ton nom. Etais-tu
riche ou besogneux, fils de Wallonie laborieuse ou des Flandres fertiles.
-67-
Nous ne savons. Mais nous te reconnaissons lorsque nous évoquons tonr
geste et ta gloire.
Tu es un Belge! Tu fus parmi ceux de Liège, d'Anvers, de I'Yser
peut-être. Un soir de bataille, tu tombas, fauché dans un assaut ou'
enseveli dans un gouffre. Le ll novembre 1921, le Roi te décerna la
croix des braves; ce jour-là, le recueillement était général, toute Ia
nation pleurait.
Et depuis lors, c'est le. cortège pieux des veuves et des mères en
deuil, des petits enfants qui ont perdu leur père dans la mêlée, de tous.
les Belges qui ont souffert I'angoisse de la guerre et que tu as délivré,
ô Soldat! Ton sacrifice n'aura pas été vain : il sauva la Belgique, il
nous servira d'exemple!
Ton long calvaire nous impose I'impélieux devoir de nous nlontrer,
dans la paix, dignes de ce que tu fus dans la guerre. Nous travaillerons,
dans I'union, à la prospérité de notre chère Patrie et à la gloire immor-
telle de son grand Roi.
Leetures historiqLres
l. Le prognÔey la clvlllsation.
ll v a des milliers d'années, les oiseaux construisaient leurs nids, les
castors bâtissaient leurs huttes comme ils le font encore aujourd'hui.
Ils n'ont pas changé leurs mceurs; ils sont restés sauvages. L'homme
primitif vivait aussi à l'état sauvage; mais-contrairement a-ux animaux,
Ïl a touiours travaillé à améliorer sa manière de vivre, à chercher plus
de bien-être. Ainsi, à I'origihe, il habitait une hutte faite de branchages;
par la suite, il bâtit sa demeure en pierres otl en briques et y pratique
irn trou ou fenêtre pour y laisser pénétrer I'air et la lumière; plus tard,
il lui donne la forme rectangulaire et la construit plus spacieuse;
continuellement il y apporte de nouvelles
'd'habitations modifications pour en arriver
aux différents tybes modernes : mais'ons ouvrières,
maisons bourgeoises, villas, châteaux, etc.
L'homme qui a donc constamment amélioré son habitation, ses
vêtements, sa nourriture, son éclairage, ses moyens de locomotion, en
même temps qu'il prenait des mceurs plus policées, qu'il étendait le
champ de ses connaissances intellectuelles, scientif iques, est devenu
un être intelligent et moral, et c'est ainsi qu'à travers les siècles, la
civilisation a rémplacé petit à petit l'état sauvage et barbare.
Les premiers progrès, réalisés par I'homme à travers les âges,
remontent à la plus haute antiquité : tels sont I'art d'apprivoiser et
d'élever les animaux domestiques; la culture du blé, de légumes,
d'arbres fruitiers et la fabrication du pain; la confection des véhicules,
des outils de travail et des ustensiles de ménage; après la découverte
du feu, l'art de fondre et de travailler les métaux, de fabriciuer le verre
et les poteries; la manière de tisser et de teindre les étoffes, de
construire et de diriger les premiers bateaux.
Que de temps, de patience et d'efforts, il a fallu à I'homme pour
arriver à l'état actuel! Quelle différence entre notre vie et celle de nos
ancêtres! Maintenant la terre est bien cultivée, couverte de moissons
dorées, de gras pâturages, de riants vergers; partout on voit des fermes,
des villages, des villes ou une population dense et active .vient animer
les lieuxladls déserts et silencieux.
Les progrès, très lents d'abord, ont ensuite changé rapidement la
face du monde, lo_rsque sont apparues les inventions lues à la vapeur
et à l'électricité. C'est ainsi que la machine à vapeur nous a valû les
chemins de fer, les navires à-hélices, Ies machineries des usines, etc.;
-69-
tandis que les appareils électriques ont donné naissance au télégraphe'
-l'-éclairage
au télétihone, à électrique, aux trams, etc.

LE rJR O Gflq S

ffii*'

2' Lthabitation à tnavers les siècles.


Les 'habitations ont beaucouP varié à travers les siècles. Dès les
premiers âges, I'homme recherche les grottes ou les cavernes (fig. 1),
@

Æ .i?
-71 -
-à s'abriter csntre les intempéries. I-a nécessité le rendant industrieux,
trrour
il
défaut d'abri naturel, construit
de simples huttes (fig. 2) -en b1a1t-
chages, recouvertes d'arqile pétrie
ou de peaux o'anrmaux. l\os ance-
tres apprennent des Romains à
construire en pierres ou en briques,
des maisons (fiS. 3) plus solides
qu'ils couvrent de chaume ou de
tuiles. En même temps qu'on voit
apparaître les premierE monastères,
les chefs francs construisent de
vastes demeures dites fermes ntéro-
vingiennes (fig. ) avec une longue
suite de bâtiments. Pendant le
régime féodal, les nrassifs chiâteaux
Jorts (fig. 5) servent de refugc au
seigneur et à sa famille; au pied
de ces constructions, sont bâties cle
modestes clnumièrcs (fig. 6).
A I'époque des Communes, on
pettt admirer les pittoresques mai-
sdns en charpente, ailx étages cn
saillie, aux toits aigus et élevcs.
Maintenant. à côté de la bcllc
demeure du riche bourgeois, on
remarque la ntaison ntodcrne (f ig. 7)
de I'ouvrier, du petit ionctionnaire,
à l'aspect riarrt, où tout le confort
est réuni, sans compter l'air et la
lumière répandus partout err abon-
dance grâce à de hautes et large Maison au temPs des communeP
fenêtres,

3, Histolne do ltéclairage,
Dès les temps les plus reculés, les hommes éprouvèrent le besoin de
dissiper les ténèbres de la nuit et cherchèrent a
. remplacer la lumière solaire par la combustion de
certaines matières ( 1).
Nos ancêtres ne connurent d'abord d'autre
lumière artificielle que celle du foyer. Plus tard,
I ils se confectionnèrent, avec des branches d'arbres
résineux, des torches ou flambeaux, afin de traris-
porter le feu et la lumière d'un endroit à I'autre.
B.ou.g.ie
oflmrtlve. Par la suite, on s'éclaira au moyen de chandelles

(l) Il est probable que la découverte du feu fut tout à fait imprévue; en frollan
I'un contre I'autre tleux morceaux de silex. dans le but de se fahriquer uDe arme
I'homme primitif aura fait iaillir des étincel,les qui. communiquées à des leuilles
sèches, procurèrent le feu et partant la lumière. Torche.
-72-
fabriquées avec du suif de mouton. Elles ne donnaient qu'une faible
lumièie et répandaient une odeur forte et désagréable.
L'éclairage à I'huile grasse,_au moyen de lampes, fut introduit dans.
notre pays par les Rom_a-ing-. Ces lampes consistaient en'
de petits vases remplis d'huile, dans_lesquels on plongeait
une mêche. Elles donnaient une
lumière de plus longue durée que

Lampes à huile grasse.

la chandelle; elles furent alors considérées comme un _progrès. ces.


lampes, .de même que.les. cha-ndelles, continuèrent pendànt"plusieuii.
siècles, a
srecles,
SI lclairer 'et
à mal eclalrer
éclairer et à
a enfumer_
enfumer beaucoup les afpartemerits.
entumer aôpartemerits. A la
fin clu
ltn du xvlll'srècle,
XVIII" siècle, la lampe-la romaine
romai reçut un premier perfectionne-
ment. on imagina d'activer combustion-en donnant à là mêche une
forme cylindrique et, en ajoutant un verre faisant fonction de cheminée.
on donna à la flammg plus d'éclat; en même temps ori
supprima la fumée et la-mauvaise oâeur. Mais dans cette.

Lampe carcel. Lampe à ressort. Lampe à pétrolc.

lampe, il fallait constamment amencr l'huile au niveau de la mêche. .


Alors, on fit monter I'huile d'une manière régulière, d'abord par un
mouvement d'horlogerie, d'un prix élevé, ensuitè par ûn simple iessort,
beaucoup moins coûteux.
Depuis la découverte du pétrole (huile minérale), on a remplacé les.
lampes à l'huile par les lampes à pëtrole. Celles-ci sont d'un èntretien
plus facile et donnent une plus belle lumière; mais elles exigent plus .

de précautions à cause de I'inflammabilité du oétrole.


Ën 182ô, on parvint à fabriquer des bougies $ropres et dures, brûlant
sans odeur et sans fumée.
-73-
L'éclairage au gaz date du commencement du XIX" siècle il se
répandit bientôt dans les grandes villes et
éciaira les appartements, les rues .et les
places publiqùés. Désirant une lumière se
iapprochant de celle du soleil, ,,r
I'hbhrme inventa la lumière .Æ.

fntrÀFlamme Flamme
d'une ohandelle. d'une bougie. Bcc de gaz. Lampe electrique.

électrique, plus vive, plus blanche que celle du _gaz. Les villes et les
établis'senieirts indu'stiiels sont aujourd'hui éclàirés au moyen de
l'électricité.

.4. La navigation à travors los eiècles.


Il est à sunposer que l'homme primitif, lorsqu'il voutut traverser un
cours d'eau làige et profond, se hissa sur un trbnc d'arbre. abattu,..qu'i!
dirigea au moy"en d'une peréhe. avec ses outils de pierre. p_olie, il
-poutresPuis,'les
façonna de grossières et assembla pour en faire un
raileau (fiS. l) plus cominode. Il creusa ensuite le tronc pour en faire
un canoi ltle.'Z) plus léser. capablc de contenir son butin et il tailla
deux rames -poui' inanceuîrer I'tjmbarcation plus habilement.
Nos ancêtres, instruits par l'expérience, scièrent de fortes planches
et les assemblèrent avec de longs clous pour en former dt'5
bateaux (fis. 3) pareils à ceux des- Ménapien-s au temps de César.
Comme forcl piopulsive, ils utilisèrent le vênt. Un mât était calé au
fond de la coque et portait une voile en tissu grossier ou en peaux.
Par la suite, avec les outils de fer plus perfectionnés, {'art maritir:tl se
développa assez rapidement et nous yoyons les barques nttrm(tndt's
(fig. a)' se distinguèr à la fois par leurs- dimensions et par Ia heatrlé
de leurs formes.
L'invention de la boussole (l) fit faire de grands progrès à l'ar,t
nautique. EIle a permis les voyages au large (2). Alors, les navires qrri
devaient rester plus longtemps en pleine mer, eurent de plus grandt's
proportions pour emporter plus de monde, plus dr vivres et plus dr
marchandises. Les voiles se multiplient et Ieurs combinaisons renrltrtl

(1)^-Llinvention de la boussole est'due aux Chinois; etle lut perfectionnée par un italien
en 1300.
.-(2) Autrefois,- tes navires ne faisaient que du cabotage, c'est-à-dire naviguaientà faible
distance des côtes.
-75-
la.manceuvre des vaisseaux plus sûre. C'est avec trois navires (fie. b)
de ce type que Christophe Côlomb se lance à la découverte du nbu-veai.r
msnde (1492\.
En 1807, I'invention du bateau à vapeur, due à l'Américain Fulton"
, , apporta une véritable révo-
, ,rÀ- lution , dans . Ia navigation.
Alors, Ie marin put braver la
lureur des flots et des vents
et poursuivre sa route sans
entrave. Les bateaux à vapeur
furent d'abord mûs par deux
grandes roues à palettes
(fig. 6) placées des deux
côtés; par la suite, celles-ci
f urent remplacées par une
puissante trétice (fig.'7) fixée
à l'arrière du bâtiment.
La force de la vapeur a permis d'augmenter considérablement les
pro.portions. des navires nécessitées pai Ies relations commerciales.
S.gjourd,lhui,,_ceux-ci, tout d'acier, atteignent une longueur de plus de
200 mètres (l) et renferment des salôns. des salled à mans'er. cles
cabines et des couchettes commodes pdur les passasers. teitain*
navires transatlantiques parcourent ptus'de 40 kiltjmètreî à l'heure et
peuvent porter p,lus de 3.000 persorines. .Autrefois, il fallait des mois
pour aller en Amérique; actuellêment, c'est l'affaire de quelques jours(2)
'Le génie'dê
9.1 un voyage. sur mer est devenu une partie de plaisir.
I'homme a fait de..l'embarcation primitive une véritable ville fiottante,
une merveille de l'industrie

5. Les Yoyages sur tenne,


Avant l'invention des chemins de fer, les moyens de transport étaient
rargg et primitifs. Sur les grand'routes, on vôyait de lourâs chariots,
porres par des roues Iarges et massives, garnis d'énormes cerceaux en
bois soutenant une.bâche- goudronnée desfinée à protéger les marchan-
dises contre la pluie.
Le transport.des.voyageurs se faisait au moyen de diligences, grands
rarrosses lourds et grossie.rs, qui parcouraieni à peine îix tiéuës par
'et bagages. com'me
iour". ?ans ces. voitirres, s'enta'ssaient voyageurs
les fenêtres n'étaient pas garanties de vitrés,-on se garan"tis"sait du vent
:t de la plujg .en .bouôhanf les ouvertures avec des iideaux de cuir; Ies
/oyageurs étaient alors plongés dans l'obscurité, et serrés, cahotéd, ils
:tarent heureux de sortir de la voiture oour faire à pied une côte un
rcu forte. Autrefois, les voyages en diligence étaient'lents, coûteux àt
atigants.
Aujourd'hui, en chemin de fer, on voyage très rapidement et tres

,!) â73.,60 de longueur,r29.,9 de largeur et 29 m. de hauteur; it peut prendre


rcu passaqers.
^L)Fy::p:mesure
(2) Pour âller d'Anvers à New-York, on met 8 iours.
-?6-

YNAMû çRANIMI O]II


#drù'lbs:utst-l

_---4 I

1. Maclrile à rap:ur. -- 2. Dynanro. Quelques applicittiorls.: 3' I.ocomotive. -


il' Navi'
s. i;àm;'ly. -
-industrie 6. Locorrionité. 7. phaie éteôtriquè. u, Lumière électrique. 9. La grant
-
: Usine.
-77 -
commodément. Les voitures sont hautes, spacieuses, éclairées pendant
la nuit et chauffées en hiver: les portières et les fenêtres sont pourvues'
de rideaux et de glaces mobiles. Des trains express franchissent en
oueloues heures dàs distances énormes ou'on né parcourait autrefois.
<iu'eri plusieurs journées de voyage. Chaque !oùr, des milliers de
trains sont mis en mouvement et transportent, les uns un nombre

Lgs

incalcuiable de voyageurs, les autres, des quantités colossilles de


marchandises.

Cortclusion. __ Par les quelques lectures qui précèdent, nous pouvons


nous faire une idée des progrès réalisés par I'humanité à travers les
âges, en comparant le canot du sauvage à nos grands navires à vapeur;
sa misérable hutte aux maisons somptuL'Lrses de nos villes: son lourd
chariot à nos trains rapides; et sa forche funteuse à la lumière élec-
trique .
Pour toutes les circonstances de la vie, nous profitons donc des
efforts, des études, des travaux, des recherches de nos devanciers.
Soyons reconnaissants du natrimoine qu'ils nous ont laissé et à notre
tour travaillons pour I'augmenter.
-78-
6' La Yapoul'.
A partir du XIX" siècle, I'humanité a fait p.ty9 gq progrès matériels
que 'pendant toutes les autres périodes de I'histoire. Ce prodigieux
ciévelbppement de la civilisatfon e-st surtout dû aux progrès réalisés par
Ia vapeur
La découverte de la machine à vapeur revient att Français Denis
Papiin (lM7-1714) qui inventa un apiareil appelé marmite de Papin,
origine des machines de tout genre que la vapeur actionne maintenant.
Wattt (1736-1819), mécanicien anglais, la perfectionna et' la rendit
propre à être utilisée dans l'industrie.
L'Américain Fulton (1765-1815)réussit à appliquer la vapeur à la
navigation.
Enfin, I'Anslais Stéphenson (1781-'1848) fit servir Ia vapeur à la
locomotion, eù'. inventaht la locomotive.
La marmite de Papin, continuellemegt perfectionnée, a donc permis
4e construire ces puis-santes machines qui actionnent les g_randes usines;
ces énormes navires qui peuvent braver les flots et les vents; ces
locomotives géantes qui, dan_s une course vertiginettse, traînent à leur
suite une longue et lourde file de wagons.
7, Lt6loctnicité.
Les inventions dues à l'électricitisont encore plus merveilleuses que

E,gts
-79-
t
celles dues à la vapeur. Les plus importantes sont : le tëlëgraphe, le
tëlëphone et la lumière électrique.
Le télégraphe fut inyenté par I'Américain Marse. La première ligne
télégraphiqué fut établie en j8+4.
II existe maintenant le tëlégraphe sans fil, inventé en 1898 par
I'ltalien Nlarconi. Le téIéphone, imaginé en 1876, par I'Américain Bell,
.est le perfectiotrnement du télégraphe.
Actuellement, on a tlouvé le tëléphone san.ç f it, qui pêrmet d'entendre,
par exemple de chez soi, un concert qui se donnerait à Paris.
En 7872,'Zénobe Gramme, construisit sa première dynamo, machine
à courant intensc et continu, laqrrelle a rendu possible l'éclairage
électrique et I'application de Ia iorce motrice aux tramways, aùx
chemins de fer et aux nombreux mécanismes de nos industries.

8. Zénobe Gnamme,
Parmi les grands inventeurs de la fin du XIX" siècle, dont les décou-
vertes ont contribué au bien-être de l'humanité, la Belgique peut être
fière de compter deux de ses enfants : Zënobe
Gram-me,, l'illustre inventeur de la dynamo et lean
Irenoir, !q géniat constructcur tlu môte-ur à gaz. La ffi
biographie de ces modestes travailleurs est un f;.\%
,;ilisi:
:iiÏ',1iJi8,P,?i:,f,ff 3;i1 Ë':i'J'if?H"1f,
Gramme est né en 1826. à lehav-Bodesnée. en
ffif
Hesbaye- Le travail manuel' I'atiiraii, et, to"trt jeune
€ncOre, il qUitta' l'école. n'avaht oq'une instruction
rudiméntaiie, pour entrer cri apprèntissage chez urr
menuisier. A l'âge de 30 ans,-il partit pour Paris
et entra comme modeleur dans une fabrique d'appa-
reils électriques. Gramme sc prit de pa-ssion pôur
l'électricité; tous ses moments de loisiis. il les-consacra à l'étude de ce
phénomène, alla,nt sc perfectionner dans'plusieurs grands établissements
de I'industrie électrique. Son esprit inventif lui fiî construire un ingé-
_

nieu-x. régulateur des'lampes à arc. En 1867, il prit un brevet pour ùne


machine à courant alternatif. Mais il voulait irroduire un afpareil à
courant continu et intense. Il travailla sans relâche et en 1872 il eirt le
bonheur d'inventer sa dynamo qui a révolutionné l'industrie et qui
devait donner à son nom une renommée universelle.
Gramme est mort en 1901. La ville de Liège lui a élevé un magnifique
monument.
' g. Jean Lenoin.

-^Jean'Lenoir est né en 182?. à Mussy-la-Ville, près de Virtpn. A


!-6 qgs, ne possédant, comme Gramme, qù'une instrriction rudimentaire,
il alla chefcher fortune à Paris. ll fut'd'abord garçon de café. puié
ouvrier émailleur. Successiyement, it inventa des "freins et signaui de
chemin de fer, un moteur êlectriquc, un compteirr d'eau, ui 7Àà,te'ur a
-g)-

l. Moteur à gaz. *-Ouelques applications : 2. Dirigeable. - 3. Monoplan. 4. Biplan. -


5. Canot-automobile. - 6, Sous-marin 7. Motocyclette - ij. Automo'cile. - 9.- Caurion-auto-
rnobile. - 10. Batteuse. 11. La p:tite industrie: boulangerie.
-
-81 -
saz. un nétrin mécanique. un régulateur pour dynamo, etc' Mais
Pinvention qui rendit célëbrê Jean Lénoir, est la construction du moteur
à gaz applic:able à I'industrie. Si Gramme, avec sa dynamo, révolutionna
la"sranàè industrie. Lenoir, par son moteur à gaz, à permis à de petits
artisans d'industrialiser leûf métier. De plus,-il a rèndu possible les
automobiles, les motocyclettes, les sous-marins, les dirigeables et les
aéroplanes.
Voulant honorer Ia mémoire d'un modeste travailleur, arrivé par son
à jeter un nouveau lustre sur la BeJgique, ses concitoyens lui ont
g-eni-e
ëlevé uÈ monument commémorant son glorieux passé.
Lenoir est mort le 4 août 1900. dans une situation modeste.
I O. Lee chauesôGE fomainGg.

Lorsque les Romains eurcnt conquis notre pays, ils construisirent de


larges êt belles routes pavées, afin de pouvoÏr irânsporter rapidement
des troupes d'un point à I'autre de l'empire. Ces routes sont connues
sous le hom de ê:haussées romaines. Elies atteignaient parfois vingt
mètres et étaient solidement construites: elles se composaient d'épaisses
couches de grosses pierres et de cailloui assemblés aïec du mortier fait
à la chaux. Sur les deux accotements, relevés en trottoirs, étaient placés
des blocs carrés de pierre afin de permettre aux piétons de s'asseoir
et aux cavaliers de monter à cheval. Les distances étaient indiquées pgr
de hautes bornes placées de mille en mille (1480 m.). On rencontrait,
le long des chaussées, des relais, espèces d'auberges qui comprenaient
des écuries, des remises et des bâtiments pour loger les soldats,, les
courriers et les voyageurs.
Les chaussées avaient été d'abord un moyen de domination, en
facilitant le transport des troupes; elles devinrent, par la suite, un
moyen de civilisation en facilitant les relations avec Rome et en favo-
risant ainsi le commerce, l'industrie et l'agriculture.
Comme de grandes quantités de vivres étaient nécessaires aux
auberges, on se les procurait en défrichant et en cultivant les terrains
voisins. Il fallut aussi des meubles, des ustensiles de toutes sortes; des
artisans s'établirent aux environs ét y bâtirent en pierres et en brifuues,
des maisons plus solides que les hatiitations primiiives. Ç'est ainsi- que
des aggloméfations sc fo_r'mèrent pour donnei naissance h des villages
et des villes : Tongres, Gembloux, Tournai, etc.

l l, Les monastèneg,
.Après Ia conversion de Clovis et grâce au dévouement de pieux
missionna_ires,_ les Belges renoneèrent â I'idolâtrie, pour embrassèr la
religion du Christ.
on vit alors s'élever_ en Belgique de grands monastères. ceux-ci
étaient construits.dans,des. tieux-pittoresqtùs.
-des Ils se composaient d'une
€glir., de la mliiorl -de I'abbé, celfules des moine's, d'une salle
d'études avec bibliothèqr-re, d'une école pour v recevoir les cnfants des
alenfours, d'une hôtelleiie où logeaient'les éirangers. près du monas-
tèrc, on voyait encore des ateliers, un moulin, unà brasserie, une ferme
-82-
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avec ses granges et ses écuries. Toutes ces constructions étaient
entourées Èie mlrailles élevées et cet ensemble offrait l'aspect d'une'
petite cité fortifiée.
Les moines partageaient les heures de la journée entre la prière,.!e
travail manuel-et l'étude. Les uns défrichaient les bois, fertilisaient les.
terrains marécageux, initiaient les habitants à la culture du sol ou à
I'exercice d'un métier; d'autres étudiaient et copiaient les manuscrits
anciens, instruisaient la jeunesse ou enseignaient-la religion au peuple.
Ainsi, par la prédication, par le travail intellecfuel et manttel, Ies
-exercèrent
moines une influence salutaire sur la civilisa'tittn.
L'aspect du pavs se modifia rapidement près des monastères; les
malheûreux et ies opprimés vinrent y cherchèr asile et protection; de
nombreux artisans nb'tardèrent pas à se fixer dans leur voisinage. Les
monastères donnèrent ainsi naissànce à plusieurs villes : Mons, Soignies^
Stavelot, Saint-Trond, etc.

12. La chante dtAlbert de Guyck (1198).

A l'époque des croisades, des seigneurs vendirent des libertés (l)


(privilè-ees) à certaines communes. -Des princes, amis du peuple, €r!:
a-ccordèient gratuitement; ainsi, Albert_ de C.uycf,
;;iil.--i,;îTr.'' àà-' L i t sè,'' .o niè,iu ïii''
Li e geo-i i' ïË
Èrandes libertés, par un acte appelê Charte d'Albert
de Cuvck.
Cette charte renfermait les dispositions suivantes :
lo Tous les bourgeois de l-iège sont reputés libres:
2' Ils sont exempts de tailles et de services mili-
taires;
3' Ils ne sont obligés de suivre l'évêque à la guerre
que pour la défense du territoire envahi;
4" Nul impôt ne peut être établi sans le consente-
ment de la cbmmunê et des Etats;
5" Le domicile est inviolable, ce qui fit dire : A Liège, pauvre hontme
en sa maison est roi;
6o Les biens des condâmnés ne sont' pas confisqués; quiconque
meurt à Liège, peut laisser ses biens à sa femme et à ses enfants;
7o L'emprisonnement d'un bourgeois ne peut avolr lieu qu'avec le
consentement des échevins, sauf le cas de flagrant délit;
8' Chaque habitant peut choisir son juge naturel.
Grâce à ces srandes libertés. Lièee devint rapidement' une des villes
les plus florissàntes du pays :'de ù'ombreux aftisans vinrent s'y fixer
et y établirent des forges (2), des fabriques d'armes et de drap.

(1) Ils inscrivaient ces libertés sur un garchemin appeté charte, qu'ils revêtaient de leur
ceau. Les chartes étaient des pièces précieuses pour lis cornmunes; aussi les enfermait-on
ans une armoire en ler munie de plusieurs serrures, que I'on plaçait dans une chambre de
hôtet de ville.
<Z) Lf Oecouverte de la houille, due au forgeron Hullos, contribua égatement au dévelop-
ement de I'industrie métallurgique.
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UN lroNlsrÈRa .-- Vue rle l'anciennc ablla5'e de Stavelot: I E:lise - 2. Préau et cellulet
oeË'inïlnêJ.:lJ' furisorl-oi-t'iiitie.
'sl q Réléctoire. 5 Eôole et préau, - ô Hôtellerie-. -
1,
i.-Âiè]lJ;. S. Feitire.-" tvtbiitln. t0. Porte de'. murs de I'enceinie. - ll Terres.cu
tivées
jZ.-HàrritutionJCii colon.s et des artisans'r-orisine de la,villet. -- 13, Moinc prèchant. -
-14. Moine enseignant. 15. Moines cultivant.
-
-85-
La charte d'Albert de Cuyck garantissait, comrne notre Constitution-
l'inviolabilitë du domicile (n' 5), l'inviolabilité de Ia propriété (n' 6), la'
Iiberté individuette (n' 7). Les Liégeois étaient, à juste titre, fiers der

leur charte ertviée des autres commLlrres bclgcs; à plus f orte raisort
devons-nous être heureux de posséder une Cottstitution qui nous
garantit des droits bcaucoup plus nonrbrcux, qui font de la BelgiqLre
I'un des pays les plus libres de l'Euro1re.

| 3. Les cor"ponations ou métiers,


Au temps des communes, les honrnres de môme profession, dans le
but de se défendre et de s'entr'aider, formaient des associations appelées
corporations ou métiers.
Admissian Alors, pour faire partie d'une corporation, il fallait
-
jouir d'une bonne réputation, être catholique et âgé de 13 ans au
morns.
Organisation. Il comprenait : les apprentis, les compagnons, les.
-
maîtres et les patrons.
Le jeune homme entrait comme apprenti. Après son apprentissage,
il était compagnon. Il devenait maître quand il pouvait préparer son
chef-d'ceuvre (chapeau, soulier, pot, etc.) selon le métier qu'il exerçait.
Enfin, les patrons étaient les maîtres établis à leur compte. Ils ne-
pouvaient accepter plus de trois compagnons et trois apprentis.
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w_i

OuELouES MÉTIERS ÀvEc LEURS ARMolRlts.


5. Horloger.
- l.Potier
6' Drapier.
d'étain. - r.. Chapelier'
3. î6nnelier. - 4. Cordonrrier. - -
_-87-
Fonctionnaires. Dans la corporation, on distinguait : les gouver-
neurs ou doyens,-les jurës, les rewards, le greffier, le rentier et le
varlet.
Les gouverneurs, au nombre de deux, veillaient aux intérêts du
métier, -lc commandaient en temps de guerre, etc. Les iur,ës jugea.ient
les contestations qui s'élevaient entre les membres, sur des questions
relatives à leur prôfession. Les rewards inspectaient les ateliers et les
'magasirrs. Le gieffier ou secrétaire, rédigeait les procès-verbaux des
séances. Le rentier ou receveûr recevait les cotisations et payait les
dépenses. Enfin, le varlet ou domestique portait à domicile les convo-
.catrons aux seances et autres messages.
Propriétës.'- ls métier possédait : l" une halle pour la vente des
produits; 2" une maison où'avaient lieu les réuniond; 3' une chapelle
dédiée à un saint; 4" une coisse destinée à venir en aide aux compa-
gnons malades ou infirmes.
Signes distinctif s. I-es signes distinctifs de la corporation étaient :
des armoiries brodées - sur une bannière; un sceau ou ruchet.
Mode de travail. I-es compagnons travaiilaient à la journée. Tout
travail à la chandelle- était interdit.
Obligations des membres. Les membres résidaient dans un quartier
spécial. En temps de guerre,-ils marchaient, à la suite de leur bannière.
à la défense'du pays.
Privilèges. Les membres de chaque métier avaient Ie droit de
fabriquer et de- vendre seuls Ieurs produits dans la ville; de choisir leurs
juges ou jurés, de nommer des administrateurs communaux, etc.

| 4. Gharlcs Rogier.

Charles Rogier naquit à Saint-Quentin (France), en 1800. Il vint faire


à Liège ses- étudei d'arrocat. A la nouvelle des événements qui
s'accomplissent à Bruxelles, au mois d'août 1830,
Rogier se met à la tête des volontaires liégeois
et part pour la capitale. Il r'ait partie du Gouver-
'provisoire'et
neircnt du Congrès national. Il vote
cil faveur du prince Léopold de Saxe-Cobourg.
Rogier prend une grande part aux discussions d'oit
devait sortir Ia Constitution. Àlinistre de I'intérieur,
il fait adopter, et 1834, la loi qui crée les premiers
chemins de fer en Belgique. En 1860, lors de Ia
réconciliation de notre pays avec Ia Hollande, il
composa de nouvelles fiaioles pour notre chant
national. Sa vie fut un modèle de désintéressement.
Bruxelles et Liège ont élevé un superbe monument à la mémoire de
ce grand citoyen. Sa nrort, arrivée en 1890, fut un deuil national et
'Etàt se chargea de ses funérailles qui eurenf un caractère imposant.

\
__88-
15. Bnabançonne de 1860'
par Ch. ROCIER.

t. III.
.Après des siècles d'esclavage, Ouvrons nos rangs à d'ânciens frères,
Lé Belge sortant du tombeau, De nous trop longtemps
-de désunis.
A reconquls Par son courage Belges, Bata'ves, plus guerres :
Son nom, ses tlroits et son draPeau. Les peuples libres sont amis.
Et ta mâin souveraine et fière, A iamais resserrons ensemble
Peuple désormais indomPté LeË liens dela fraternité.
Graïa sur sa vieille bannière : Et qu'un même cri nous rassemble
Le Roi, la Loi, la Liberté. Le Roi, la Loi, Ia Liberté.
II. IV.

Marche de ton pas énergique, O Belgique, 6 mère chérie,.


Marche de proe-rès en progrès; A toi nos cæurs, à toi nos bras!
Dieu qui piotè-ge la Bèlgique,
- A- toi notre sang, ô Patrie,
Sourit'à tès mâ-les succèS. Nous le jurons tous, tu vivras!
Travaillons; notre labeur donne Tu vivras, -toujours grande et belle,
A nos chambs la fécondité. Et ton invincible unité
Et Ia splendèur des arts couronne Aura pour devise immortelle :
Le Roi, la Loi, la Liberté. Le Roi, la Loi, la Liberté

| 6.. Aimons notre Patrio.


<<J'aime mon pays, parce que ma ryèIe.y est née; parce que.le sang
qui ôoule dans ine-s veines est tout à lui; parce que sous cette terre
6énie, sont ensevelis tous les morts que.ma.m_ère- pleure et que mon
père ïénère; parce que la ville où je-suis né, la langue que je parle,
ies livres qui m'instruisent, parce
-au que _mon frère, na sæur, mes
camarades ét le grand peupie milièu duquel je vis, la belle nature
qui m'entoure, tout ce que je vois, enfin tout ce que j'aime, ce que
j'admire, fait partie de mon pays!
Oh ! tu ne peux encore le comprendre entièrement, ce sentiment,
patriotique! Td le sentiras quand tu-seras un homme; lorsq-ue, revenant'
d'un lorig voyage, à bord d'un navire, tu apercevras à I'horizon les
grandes moniagnes azurées de ton pays : tu sentiras alors I'onde
lmpétueuse qui ïera monter à tes yeux des larmes d'attendrissement et
ariachera à tes lèvres un cri de joÏe >.
I

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