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Annales de pathologie (2010) 30S, S123—S125

SYMPOSIUM

Cancer du col de l’utérus en Algérie夽


Radia Fritih a,∗, Yamina Yousfi a, Nabila Maloum a,
Feriel Hadj Hammou a, Fatima Benserai a,
Zine Charaf Amir-Tidadini a, Ali Benamirouche b,
Séam Oukrif b, Nadjia Khiatti c, Ahmed Bendib c,
Fatima Asselah a

a
Service de pathologie, CHU Mustapha, Alger, Algérie
b
Service d’onco-radiothérapie, centre Pierre-et-Marie-Curie, Alger, Algérie
c
Service de chirurgie, centre Pierre-et-Marie-Curie, Alger, Algérie

Accepté pour publication le 29 juillet 2010


Disponible sur Internet le 24 septembre 2010

Malgré une baisse notable de l’incidence du cancer du col de l’utérus en Occident, en


rapport du moins en partie, avec un dépistage cytologique bien conduit (Pap test), le
cancer du col de l’utérus se situe au second rang des cancers féminins dans le monde et
au premier rang en Afrique. Son incidence est intermédiaire au Maghreb. Il représente le
prototype des tumeurs solides viro-induites.

Particularités épidémiologiques
En Algérie, l’incidence standardisée du cancer du col de l’utérus évaluée à 2/105 en
1950 était largement sous-estimée jusque dans les années 1960. Ces chiffres ont doublé
dans les années 1970 [1], pour augmenter de façon significative (12,6/105) dans les années
1990 [2], puis se stabiliser de 1998 à 2002 [3]. En 2007, l’incidence standardisée du can-
cer du col de l’utérus était de 15,6/105 (contre 13,2/105 au Maroc et 6,8/105 en Tunisie)
[4]. Premier cancer de la femme jusqu’aux années 1980 [1], il occupe actuellement en
termes d’incidence et de mortalité, la deuxième place après le cancer du sein [4]. Le pic
d’incidence se situe entre 45 et 54 ans (34,3 %) [2] avec des cas diagnostiqués à partir de
30 ans. Environ 80 à 90 % des cas sont diagnostiqués à un stade avancé.
La prévalence de l’infection HPV, principal facteur de risque du cancer du col de l’utérus
à Alger est de 12,4 % [2], deux à quatre fois inférieure à celle enregistrée en Afrique
subsaharienne [5]. À côté du portage viral HPV, les autres facteurs de risque établis [6,7]

夽 Symposium présenté le jeudi 25 novembre 2010, de 14 h 30 à 16 h 30 dans la salle 101.


∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : fritihr@yahoo.fr (R. Fritih).

0242-6498/$ — see front matter © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2010.07.040
S124 R. Fritih et al.

sont soit liés à l’HPV (précocité de l’âge du premier rap- Le diagnostic virologique de l’infection HPV est établi par
port sexuel, multiplicité des partenaires, comportement la détection de l’ADN viral à partir de cellules cervicales
sexuel à risque), soit liés à l’hôte (parité élevée, utilisation obtenues par lavage/brossage du col via deux procédés :
prolongée de contraceptifs oraux, tabagisme, coexistence le test hybride capture II (Digéne) et la polymerase chain
d’une autre maladie ou infection sexuellement transmissible reaction (PCR).
et bas niveau socioéconomique) soit liés à l’absence d’un Dans notre population, les HPVr sont retrouvés dans
dépistage systématique bien conduit. 97,7 % [2] des cancers du col de l’utérus avec un profil géno-
Les principaux cofacteurs reconnus dans notre popula- typique : HPV16 : 61,4—62 %, HPV 18 : 12—19 %, HPV 16 et
tion sont les rapports sexuels extraconjugaux des maris, HPV 18 : 71, 4 % se rapprochant des séries européennes et
la prostitution, la résidence en milieu rural et un niveau nord américaines [15,11] : HPV39 est parfois retrouvé avec
socioéconomique bas. La multiparité est un facteur de des taux similaires à HPV 18, alors que HPV 45 occupe la
risque lorsqu’il est ajusté aux comportements sexuels. Le troisième place.
risque relatif lié à la contraception orale et au nombre
de grossesses menées à terme n’est pas significatif [2]. À
l’inverse des séries publiées [8], l’âge des premiers rap- Profil clinicopathologique
ports sexuels et de la première grossesse n’est pas associé
de façon linéaire au risque de survenue du cancer du col de À partir d’une série de 744 lésions cervicales consécu-
l’utérus. tives colligées de 1990 à 2009 dans notre service, incluant
des condylomes (40,86 %), des néoplasies intra-épithéliales
de bas grade (25,26 %), de haut grade (18,5 %), 110 cas
Génotypes HPV incriminés dans le cancer de cancers du col de l’utérus (14,78 %) dont 92 % car-
cinomes épidermoïdes répartis également entre variante
du col de l’utérus
kératinisante et non kératinisante avec cinq carcinomes
Le rôle de l’HPV dans la genèse des lésions précancéreuses épidermoïdes micro-invasifs et un condylomateux, trois
et cancéreuses cervicales n’est plus à démontrer. Ces lésions adénosquameux dont un à cellules vitreuses, trois adéno-
sont initiées par la pénétration du virus au niveau des cel- carcinomes dont un mucineux, un endométrioïde et un à
lules basales cervicales de la jonction squamo-cylindrique ; cellules claires. Le délai diagnostique maximal de cancer
seul le portage viral persistant représente un facteur de du col de l’utérus après le premier symptôme était de
risque de progression lésionnelle. L’infection HPV est la plus 4 mois avec comme principal signe révélateur des métror-
fréquente des infections sexuellement transmissibles dans ragies (54 %). Les âges extrêmes étaient de 32 et 98 ans
le monde [9] et la voie sexuelle représente la voie classique (m = 54 ans), avec 29 % des patientes entre 45 et 54 ans. Entre
de contamination. 80—90 % étaient diagnostiqués à un stade avancé. Le traite-
Les papillomavirus possèdent une étroite spécificité ment était essentiellement à base de radio-chimiothérapie.
d’hôte avec un tropisme pour l’épithélium pavimenteux plus
rarement cylindrique des revêtements cutanéomuqueux.
Ils comptent parmi les Papillomas viridea avec plus de Qualité du dépistage et intérêt de la
200 génotypes décrits. L’HPV est un virus non enveloppé avec vaccination anti-HPV
une capside icosaédrique à ADN bicaténaire circulaire dont
un seul brin est codant. L’organisation génétique des virus La cytologie reste l’outil du dépistage de référence et repose
HPV est caractérisée par l’existence de huit gènes dont les sur le frottis cervical conventionnel et en milieu liquide.
produits interviennent dans la réplication du génome viral Ce dépistage doit être organisé pour permettre d’atteindre
(E1, E2), l’immortalisation et la transformation tumorale la population cible, de prendre en charge et de suivre des
(E6, E7 qui sont ainsi que dans la synthèse des protéines de femmes présentant des frottis cervicaux anormaux. Le test
la capside (L1, L2). Les HPV à haut risque (HPVr) sont les HPV est significativement plus sensible mais moins spéci-
HPV 16, 18, 31, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58, 59, 68,73 et 82 ; fique que la cytologie. La combinaison du test HPV et de la
HPV 16, 18 sont responsables de 60 % des cancers du col de cytologie améliore le diagnostic [12].
l’utérus dans le monde. Les pays qui disposent de programmes bien organisés
Le processus de cancérogenèse lié à HPV est lent, plus pour dépister et traiter les anomalies précancéreuses et le
de dix ans, amorcé par l’intégration du génome viral et stade précoce du cancer du col de l’utérus peuvent prévenir
complété par l’acquisition de mutations successives selon un jusqu’à 80 % de ces cancers. La mise en place, relativement
modèle « multi-étapes » impliquant trois oncoprotéines (E5, récente, d’un programme national de dépistage du cancer
E6, E7). La protéine E5 semble agir aux premières étapes du col de l’utérus rencontre des difficultés en Algérie.
de l’initiation mais ne paraît pas nécessaire au maintien Les principaux axes stratégiques d’intervention sont les
du pouvoir transformant. Les oncoprotéines E6 E7 joueraient suivants [13] : mise en place et organisation d’activités de
un rôle déterminant ; elles agissent en synergie et contri- diagnostic cytopathologique (screening), prise en charge et
buent aux différentes phases d’initiation et de progression suivi des frottis « anormaux » ou dysplasiques, renforcement
vers le cancer invasif par inhibition de l’activité des des capacités des services de références en matière de diag-
deux protéines p53/E6 et pRb/E7, issues des deux gènes nostic et traitement, institution d’un système de contrôle
suppresseurs de tumeurs majeurs. Cette inhibition ouvre de qualité, mise en place d’un système de collecte des don-
la voie à de multiples mutations génétiques favorables nées et d’évaluation continue des activités de dépistage et
au processus oncogénique. De plus, les oncoprotéines la mise en place de directives et procédures techniques pour
E6 et E7 possèdent d’autres fonctions telles que la réac- le recrutement et le suivi.
tivation transcriptionnelle des télomérases, l’induction Ce n’est qu’au prix de l’extension des activités de dépis-
d’instabilités génomiques, de modifications épigénétiques tage au niveau des régions et des wilayas non couvertes
et de l’adhésion cellulaire, favorisant ainsi le processus de (région Ouest), de la mise en réseau des wilayas éloignées
cancérisation [10]. et défavorisées ne disposant pas de services de référence
Cancer du col de l’utérus en Algérie S125

pour le diagnostic cytopathologique, de l’implication des protecteur et un dépistage ciblé cyto-moléculaire, seront
gestionnaires (Directeurs des secteurs sanitaires [DSP]), de probablement la réponse au contrôle et à l’éradication du
l’amélioration de la coordination entre les deux paliers cancer du col de l’utérus.
d’intervention, de l’évaluation périodique et régulière En conclusion le cancer du col de l’utérus reste grevé
des activités sur la base des supports d’évaluation stan- d’une lourde morbidité et mortalité en Algérie, du fait d’un
dard, du renforcement de la couverture des screeners, dépistage cytologique de masse non encore efficace, d’un
de l’introduction de nouvelles techniques dans l’approche diagnostic souvent tardif et d’une prise en charge théra-
diagnostique du programme (test HPV ; frottis en couches peutique insuffisante. Seule une stratégie globale intégrant
minces sur fraction liquide) et de la formation continue éducation et amélioration du niveau de vie de la population,
des praticiens (colposcopie), qu’on pourrait obtenir un dépistage cytologique de masse (Pap test, test virologique)
dépistage optimal permettant de réduire significativement, et vaccination anti-HPV, selon les dernières recommanda-
l’incidence et le taux de mortalité liés au cancer du col de tions de l’OMS [14], permettrait de réduire son incidence et
l’utérus dans notre pays [13]. sa gravité.
Concernant la vaccination, à l’heure actuelle, deux vac-
cins anti-HPV sont commercialisés dans le monde. À l’aide
des techniques de recombinaison, tous deux sont prépa- Conflit d’intérêt
rés à partir de protéines structurelles L1 purifiées. Les
vaccins anti-HPV sont uniquement destinés à but prophy- Le Dr Fritih Radia, déclare sur l’honneur n’avoir reçu aucune
lactique. Les mécanismes par lesquels ces vaccins induisent aide et n’avoir aucun lien avec l’industrie pharmaceutique.
une protection n’ont pas été entièrement élucidés mais
semblent faire intervenir à la fois l’immunité cellulaire et
des immunoglobulines G neutralisantes. Le vaccin quadri- Références
valent, homologué, contient des particules de type viral
des HPV de types 6, 11, 16 et 18. Le vaccin bivalent, [1] Bendib A. Aspects épidémiologiques et thérapeutiques du
homologué, contient des particules de type viral corres- cancer du col de l’utérus en Algérie avec déductions prophy-
pondant aux HPV 16 et 18. Ces deux vaccins sont destinés lactiques. À propos de 697 cas. Thèse de Doctorat en Sciences
Médicales. Alger 1981.
à l’administration chez la jeune fille avant le début de
[2] Hammouda D, Muñoz N, Herrero R, Arslan A, Bouhadef A, Oublil
l’activité sexuelle, c’est-à-dire avant la première exposi- M, et al. Cervical carcinoma in Algiers, Algeria: human papil-
tion à l’infection. La plupart des pays qui ont homologué ces lomavirus and lifestyle risk factors. Int J Cancer 2005;113:
vaccins recommandent de les utiliser chez les filles âgées de 483—9.
dix à 14 ans. Certains programmes nationaux recommandent [3] Zanetti R, Tazi MA, Rosso S. New data tells us more about cancer
également la vaccination systématique ou une vaccination incidence in North Africa. Eur J Cancer 2010;46:462—6.
de rattrapage temporaire chez les adolescentes plus âgées [4] Bouzekrini M, Bouzid K. Vaccination anti HPV en Algérie.
et les jeunes femmes. Les modèles prévoient que les pro- Congrès de la SAFEC. Alger, 7 mai 2010.
grammes de vaccination des jeunes adolescentes (définies [5] Thomas JO, Herrero R, Omigbodun AA, Ojemakinde K, Ajayi
comme ayant approximativement dix à 13 ans) permettront IO, Fawole A, et al. Prevalence of papillomavirus infection
in women in Ibadan, Nigeria: a population-based study. Br J
de réduire nettement l’incidence des cancers du col de
Cancer 2004;90:638—45.
l’utérus associés aux types de HPV liés au vaccin si la cou- [6] Castellsagué X, Bosch FX, Muñoz N. Environmental co-factors
verture est élevée (> 70 %) et si la protection conférée par in HPV carcinogenesis. Virus Res 2002;89:191—9.
le vaccin dure au moins dix ans [14]. [7] Collins S, Rollason TP, Young LS, Woodman CB. Cigarette smo-
En Algérie, les recommandations du groupe national king is an independent risk factor for cervical intraepithelial
d’experts mis en place pour une bonne couverture sont neoplasia in young women: a longitudinal study. Eur J Cancer
[4] : l’enregistrement du vaccin, son introduction dans le 2010;46:405—11.
programme national d’immunisation, sa mise à disposition [8] Muñoz N, Franceschi S, Bosetti C, Moreno V, Herrero R, Smith
dans les EPSP pour les personnes démunies et en pharma- JS, et al. Role of parity and human papillomavirus in cervi-
cie sur prescription médicale avec remboursement par la cal cancer: the IARC multicentric cases-control study. Lancet
2002;359:1093—101.
sécurité sociale, la mise en place de programmes pérennes
[9] Clifford GM, Gallus S, Herrero R, Muñoz N, Snijders PJ, Vacca-
d’information de sensibilisation et d’encouragement à la rella S, et al. Worldwide distribution of human papillomavirus
vaccination, une stratégie d’immunisation de rattrapage types in cytologically normal women in the International
visant à assurer que les adolescentes plus âgées et les jeunes Agency for Research on Cancer HPV: prevalence survey: a poo-
femmes puissent bénéficier de l’immunisation. L’âge du rat- led analysis. Lancet 2006;366:991—8.
trapage recommandé va de 13 ans à 26 ans ; les femmes [10] McLaughlin-Drubin ME, Münger K. Oncogenic activities of
âgées de plus de 26 ans peuvent aussi bénéficier de la vacci- human papillomaviruses. Virus Res 2009;143:195—208.
nation pour la prévention de l’infection par le HPV et de la [11] Sadouki N et al. Génotypage des papillomavirus humains en
pathologie associée. Un vaccin HPV 16 et 18 administré aux Algérie chez des patientes prises en charge dans un service
jeunes adolescentes, non encore exposées aux virus, protè- de chirurgie. Archives de l’Institut Pasteur d’Algérie : T66
2007/2008.
gerait du cancer du col dans 75 % des cas, cet effet serait
[12] Cuzick J. Long-term cervical cancer prevention strategies
perceptible dès les huit à dix ans après la vaccination avec across the globe. Gynecol Oncol 2010;117(Suppl. 1):S11—4.
diminution des frottis anormaux évalués à 85 % dans cette [13] Keddad N. Évaluation du programme national de lutte contre
population [4]. Ces chiffres sont satisfaisants mais non suffi- le cancer du col utérin. 4e Journées de la Société algérienne
sants, justifiant les recommandations de l’OMS de poursuivre de pathologie, Safex, 2004.
le dépistage du cancer du col de l’utérus. Quel sera ce dépis- [14] WHO. Weekly epidemiological record, No. 15, 10 April 2009.
tage futur ? Sera-t-il moléculaire, basé sur la détection de [15] Clifford G, Franceschi S, Diaz M, Muñoz N, Villa LL. HPV type-
l’ADN viral comme c’est le cas pour l’hépatite B ou sera t-il distribution in women with and without cervical neoplastic
cytologique et moléculaire ? Un vaccin anti-HPV, fortement diseases. Vaccine 2006;(Suppl. 3 S3/26—S3/34):24S3.

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