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« L’érosion de l’autorité professorale est à

lire à l’aune de l’importance qu’a pris le


présent dans nos sociétés »
Dans une tribune au « Monde », Eirick Prairat, professeur en sciences de l’éducation, analyse les
facteurs qui ont contribué au recul de l’autorité de l’école.

LE MONDE | 29.10.2018 à 05h15 • Mis à jour le 29.10.2018 à 10h08 | Par Eirick Prairat
(Professeur de sciences de l'éducation)

Tribune. Faut-il parler d’une crise de l’autorité professorale ? Dans son acception la plus
commune, l’idée de crise nous renvoie à l’idée d’une situation aiguë, à celle d’un point de
cristallisation. Il est préférable, nous semble-t-il, de parler d’érosion, car ce terme enferme l’idée
d’une temporalité plus lente. Il y a dans le concept d’érosion une dimension moins éruptive qui
rend finalement mieux compte de l’évolution et de la transformation des rapports d’autorité dans
le champ de l’éducation.

Comment comprendre ce procès qui est au travail depuis plusieurs décennies déjà dans nos
sociétés ? Risquons trois lectures : une lecture sociologique, dans laquelle ce processus tire son
origine d’une méfiance à l’égard de l’institution scolaire, une lecture philosophique, qui met
l’accent sur la difficulté à enseigner à l’heure où triomphe l’idée d’égalité, et une lecture que l’on
peut qualifier d’anthropologique, qui souligne la tyrannie de l’instant et de l’immédiat dans nos
sociétés.
La perte de confiance

Cette lecture affirme que l’affaiblissement de l’autorité des professeurs est une conséquence. Elle
découle de la perte de crédit que connaît aujourd’hui l’institution scolaire comme instance de
promotion. Il n’y a pas si longtemps, l’obtention du baccalauréat ouvrait la porte des études
supérieures et permettait, presque à coup sûr, l’accès à un emploi moyen ou supérieur.

La promesse d’emploi que faisait l’école d’hier, l’école d’aujourd’hui a plus de mal à la faire. Il
y a un affaiblissement de la valeur instrumentale de l’école produisant, pour certains élèves, un
décalage entre les contraintes – ce qui est exigé – et ce qu’ils peuvent raisonnablement espérer en
termes socio-professionnels. L’enseignant y est chahuté en tant que représentant d’une institution
qui déçoit.

L’autorité en salle de classe

P
Avoir de l’autorité en salle de classe est une belle chose pour un enseignant et ses élèves. Cette
influence qu’il exerce sur eux lui permet de les mettre dans les meilleures conditions pour qu’ils
puissent bien apprendre tous ensemble, avec lui.

Afin de mettre en œuvre au mieux cette importante compétence pédagogique qui concerne sa
pratique scolaire de tous les jours, il lui revient de travailler sur quatre registres de son
intervention. Pour avoir de l’autorité dans sa classe, le « prof » doit avoir des autorités.

Le savant

Il n’y pas d’enseignant qui ait autorité sur ses élèves s’il ne fait autorité sur la matière qu’il
enseigne. C’est d’abord son savoir qui fonde son autorité. Son intérêt et sa culture personnelle, le
parcours universitaire qu’il a suivi, les diplômes qu’il possède et les concours qu’il a passés
attestent de son haut niveau de compétences dans la discipline qu’il enseigne. Et c’est tant
mieux.

Car l’élève est toujours attentif, reconnaissant ou admiratif devant son professeur quand il en sait
beaucoup et qu’il est parfois comme un savant dans sa discipline ; que ce soit en mathématiques,
en philosophie ou en éducation physique et sportive. La puissance de sa connaissance fait la
reconnaissance de l’élève.

Le didacticien

Mais tout peut se défaire si ce savant du savoir est un ignorant de sa transmission. Il n’y pas de
rapport d’évidence dans ce domaine. La force du « bon prof » vient de sa capacité à transformer
son savoir savant en savoirs scolaires. Qu’il sache construire des tâches d’apprentissage et mettre
en œuvre des pratiques pédagogiques stimulantes qui soient au service des connaissances de ses
élèves.

Les outils peuvent être divers : le tableau noir ou le TBI, la craie ou la souris, le cahier ou la
tablette, le stylo ou le clavier, la page du livre ou la page Internet, le dictionnaire de la classe ou
le moteur de recherche Google. C’est la bonne utilisation de l’outil qui valide sa pertinence
pédagogique.

Les stratégies peuvent être nombreuses : de la transmission orale à la recherche en groupes, en


passant par l’investigation personnelle. Les mises en situation peuvent être multiples : le
magistral, le conflit cognitif, l’obstacle, le contrat, la coopération, le soutien, l’émulation, la
compétition, etc.

Avec, en souci surplombant, la différenciation qui permet à l’enseignant d’être au plus près du
rapport personnel que chacun de ses élèves entretient avec ses propres apprentissages. Côté
enseignant, ce qui doit être toujours au rendez-vous c’est l’intelligence et la multiplicité d’outils
qu’il utilise. Côté élève, ce qui doit être toujours au rendez-vous, c’est la volonté, le goût, la joie,
la passion qu’il a d’apprendre et de réussir le plus possible.

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