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La Réunion, France
À La Réunion, les performances économiques ont été fortement influencées par les
tranferts sociaux en provenance de la métropole. Si cette politique a permis un certain
rattrapage sur le reste du pays, elle ne parvient plus à diminuer significativement le
chômage et à réduire les inégalités. L’île a besoin d’une stratégie d’ouverture aux
économies voisines et de diversification de sa base économique. Ce rapport recommande
de mettre l’accent sur l’amélioration de l’environnement concurrentiel et d’accélérer les
coopérations avec les économies voisines. Il suggère de restructurer et d’optimiser le
système d’aides et de donner plus de moyens aux instances locales et régionales pour
mener des politiques d’investissement dynamiques.
«
Examens territoriaux
de l’OCDE
La Réunion,
France
www.oecd.org
ISBN 92-64-10665-0
04 2004 03 2 P
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REMERCIEMENTS
Les informations de base ont été fournies par un groupe de travail ad hoc
mis en place par la Région Réunion et la coordination régionale assurée par
Mr Jean-Yves Dalleau, Chargé de Mission à la Présidence de la Région. Leur
collaboration et leur assistance nous ont été particulièrement utiles.
3
4
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS ...................................................................................... 3
ÉVALUATION ET RECOMMANDATIONS .............................................. 9
CHAPITRE 1 TENDANCES ET DÉFIS.................................................... 25
Introduction............................................................................................... 25
Évolution de la population et de l’emploi................................................. 32
Environnement social, contexte spatial et qualité de vie .......................... 38
La dynamique de l’économie.................................................................... 46
Le renforcement de la compétitivité ......................................................... 62
CHAPITRE 2 STRATÉGIES ET POLITIQUES........................................ 77
Introduction............................................................................................... 77
La stratégie de la Commission européenne vis-à-vis
des régions ultra-périphériques................................................................. 78
La politique de développement des Autorités françaises
en faveur de l’Outre-Mer .......................................................................... 85
Les systèmes régionaux de promotion de l’activité économique ............. 97
Les nouvelles priorités ............................................................................ 101
CHAPITRE 3 LA GOUVERNANCE....................................................... 115
Le système de gouvernance à l’Île de La Réunion ................................. 115
Rôle et responsabilités des acteurs dans la coopération régionale.......... 129
ANNEXE 1. LES PAYS VOISINS DE LA RÉUNION ......................... 137
L’île Maurice .......................................................................................... 137
Les Seychelles ........................................................................................ 138
Les Comores ........................................................................................... 138
Mayotte................................................................................................... 139
Madagascar ............................................................................................. 140
Afrique du Sud........................................................................................ 141
BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................... 143
5
Tableaux
Figures
6
Encadrés
7
8
ÉVALUATION ET RECOMMANDATIONS
9
pays de l’OCDE non européens comme par exemple
les États-Unis.
10
considérablement supérieur à celui de ses voisins y
compris l’Afrique du Sud. La qualité de la vie s’est
élevée nettement et l’espérance de vie a augmenté.
Les infrastructures sanitaires sont maintenant de bon
niveau quoique inférieures à celles de la métropole et
le nombre de médecins s’est accru. Des conclusions
similaires peuvent être tirées pour les équipements
culturels et sportifs et les infrastructures de transport
et d’ouverture sur l’extérieur. Le port de La Réunion
est le cinquième port français pour le trafic des
containers et l’aéroport Roland Garros le douzième
aéroport de France. Enfin la qualité de la
gouvernance régionale et locale a fortement
progressé.
11
des emplois sur place (3 000 environ par an) et
l’augmentation de la population active (7 250 h par
an pour une population totale de 750 000 h). Même si
l’activité continue de suivre le rythme rapide des
dernières années, le chômage ne devrait pas repasser
sous la barre des 15% avant 2015 et cela en dépit du
vieillissement de la population réunionnaise qui fera
sentir ses effets à la fin de la décennie (une étude du
Conseil économique et social de La Réunion est plus
pessimiste et se cale sur un scénario où le chômage
est encore de 20% en 2020). La jeunesse de la
population et la progression de la démographie
pourraient certes représenter des opportunités. Dans
le contexte de vieillissement présent de la population
métropolitaine, La Réunion pourrait fournir une offre
de main d’œuvre. Cependant tant que les avantages
sociaux et les incitations liés aux
« surrémunérations » persistent, les flux de
population vers la métropole resteront peu
significatifs. L’île enregistre d’ailleurs un solde
migratoire positif depuis le début des années 1980.
12
jeunes (1/3 de la population de La Réunion est en
formation initiale) ne doit pas conduire à négliger
l’effort de formation tout au long de la vie.
L’augmentation globale des demandeurs
d’emplois (diplômés ou non) et l’allongement de la
durée moyenne d’inactivité induisent une forte
progression de la demande de formation continue.
Compte tenu de l’élévation du niveau d’éducation, la
modernisation de ce secteur nécessite la mise en
place de nouveaux programmes sectoriels et
d’actions en direction des PME.
13
résident à La Réunion, il perçoit en complément une
prime d’éloignement. De manière similaire, un agent
hospitalier ou un agent titulaire des collectivités
locales bénéficie d’un traitement supérieur de 53%
par rapport à ses collègues de la métropole. Dans les
entreprises d’État, cet écart est de 28 % en
moyenne (EDF, etc.). Le mécanisme des
« surrémunérations » introduit des distorsions sur le
marché du travail. Il se répercute sur les autres
secteurs et affecte de manière négative la création
d’entreprise. De plus, il pose des problèmes aux
collectivités locales. Les communes éprouvent en
effet des difficultés pour titulariser la grande majorité
des employés municipaux, les plaçant ainsi dans une
situation précaire avec des contrats de courte durée.
Si ce système a été institué à une certaine époque
pour d’attirer du personnel qualifié sur l’île, la
situation actuelle du marché du travail ne le justifie
plus, notamment dans un contexte de solde
migratoire positif persistant.
14
compétences. Toute l’attention doit être dirigée vers
les points forts de l’activité insulaire dont le potentiel
est sous utilisé. Le tourisme est sans doute le secteur
dans lequel on peut nourrir les plus grands espoirs de
développement. Principal ressource de l’île (avec des
recettes de 37 % supérieurs à toutes les autres
exportations) et premier créateur d’emploi (1 sur 9),
il cristallise une grande variété d’expertise du coté de
la main d’œuvre et ses produits peuvent être
aisément diversifiés. Il faut certes améliorer l’accès
de l’île handicapée par une desserte aérienne
insuffisante et chère avec des liaisons peu
concurrentielles. Il s’agit aussi d’augmenter la qualité
des prestations. Des formations de gestionnaire
hôtelier commencent à être mis en place notamment
à l’université et une première promotion obtiendra
son diplôme en 2004. On peut aussi mieux
professionnaliser l’offre d’accueil notamment dans
les Hauts en misant sur les aménités, en favorisant
les coopérations entre opérateurs et en associant plus
les communes et les citoyens à ces activités.
L’ouverture en 2004 du Parc National des Hauts
devrait permettre l’éclosion de nouveaux projets
touristiques notamment dans la zone périphérique. La
région et les structures intercommunales pourraient
s’engager dans une démarche de pôle d’économie du
patrimoine pour tirer mieux parti du potentiel de l’île
et de ses particularités (saveurs et senteurs,
biodiversité et exotisme, pluralisme et harmonie).
15
qu’avec la création de structures intermédiaires il est
possible d’abaisser le coût du crédit notamment pour
les artisans et les petites PME. Si la plateforme
d’initiatives locales est très performante à
La Réunion et s’il existe des structures pour fournir
des micro-crédits et des prêts d’honneur, l’ingénierie
d’accompagnement des petites firmes semble par
contre moins efficace. De plus, les marges des
banques sont supérieures dans l’île à ce qu’elles sont
en métropole. Comme ceci n’est pas seulement dû à
des différences de financement, un potentiel
d’amélioration existe en matière de distribution de
crédit.
16
est improbable tant que les caractéristiques du trafic
resteront identiques : concentration de voyageurs
français, forte clientèle saisonnière, faible
pourcentage de voyageurs première classe. La
défiscalisation ne pourrait aider que des transporteurs
français. Des affrètements partagés avec les
territoires voisins pourraient cependant donner le
signal du changement et susciter un potentiel de
concurrence. Enfin en matière de communications
France Telecom est tout à la fois le propriétaire des
réseaux locaux, le représentant du consortium de
câble sous marin et le détenteur d’un quasi monopole
sur le satellite. La faible présence des autres
opérateurs défavorise La Réunion. L’offre de service
est souvent plus chère. L’accès au haut débit est
limité et l’accès à Internet a été tardif. Le
renforcement de l’environnement concurrentiel reste
un impératif notamment pour mieux relier l’île aux
marchés internationaux et nationaux et donc accroître
ses exportations et ses opportunités de croissance.
17
partenariats. La pratique des soumissionnements aux
appels d’offre européen et l’accès à un large spectre
de programmes a comme dans d’autres régions
françaises facilité la professionnalisation et accru
l’expertise des collectivités locales. Les Autorités
régionales sont donc bien placées pour mettre à profit
les expériences de régions avancées quoique
différentes et pour progresser sur la courbe
d’apprentissage.
18
La mise en œuvre de ce Une plus grande insertion de La Réunion dans
potentiel nécessite que l’économie de la Grande Région de l’Océan Indien
soient mises en œuvre suppose néanmoins que l’on concentre les
des politiques de investissements dans les secteurs où l’île a des
coopération et des avantages comparatifs, c'est-à-dire compte tenu de
politiques ses coûts dans des secteurs à forte productivité. L’île
commerciales pourrait fournir en particulier de l’assistance
dynamiques… technique, engager des partenariats notamment dans
les domaines où elle investit en R&D (agronomie,
santé, risques naturels, science de l’ingénieur) et dans
ceux où elle a acquis de l’expérience (eau,
aquaculture, éducation) et s’ouvrir ainsi des marchés.
Une division du travail régional pourrait s’instaurer
qui concentrerait l’activité capitalistique dans l’île et
les travaux intensifs en main d’œuvre dans les pays
riverains. On peut trouver des exemples de telles
coopérations avec l’Île Maurice dans le textile
notamment. Des actions conjointes des pays de la
Grande Région pourraient favoriser l’émergence de
clusters intra régionaux. Dans ce cadre La Réunion
pourrait jouer un rôle de tête de pont technologique.
Il reste que pour l’heure les échanges entre pays de la
zone sont freinés par la faible solvabilité des
économies voisines, par le mauvais fonctionnement
de leur secteur public, par l’instabilité politique et
l’insécurité juridique. La mise en place d’accords de
coopération entre La Réunion et ces pays, voire de
libre échange ou de réduction des droits de douane
pourrait donner une impulsion bienvenue au
commerce extérieur de l’île.
19
en 1995 un document consensuel, intitulé « Pour un
développement actif de La Réunion. » L’idée d’une
ouverture régionale est aussi partagée par le
gouvernement central puisqu’elle figure dans de
nombreux projets de développement préparés depuis
une quinzaine d’années comme le rapport du
Commissariat au plan sur l’Outre-Mer en 1992 ou
plus récemment le document de programmation
élaboré avec la Commission européenne ou encore
différents rapports parlementaires nationaux et
européens. Dans ce domaine, le dispositif législatif a
toutefois limité les capacités d’initiatives. Enfin à
l’échelon européen, l’absence de coordination entre
le FEDER (Fonds européen de développement
régional), instrument de la politique régionale et le
FED (Fonds européen de développement),
instrument d’aide au développement des pays tiers,
ne facilite pas l’intégration de La Réunion aux
accords de coopération dans la Grande Région de
l’Océan Indien.
20
locale, elle introduit aussi une distorsion entre
produits locaux et produits importés et donc renchérit
les coûts. Pour l’heure le taux de protection est
particulièrement élevé pour les secteurs de l’agro-
alimentaire et du BTP. L’ensemble du dispositif
vient à expiration fin 2003 et le gouvernement
français négocie avec la Commission européenne une
reconduction du système pour 15 ans. Si les
propositions faites s’orientent vers la souplesse, la
simplification et l’instauration de différentiels
maximum pour les taux appliquées aux productions
locales et aux importations, l’instauration d’un
marché de plus en plus concurrentiel doit rester un
objectif central. Même si le régime d’exonération est
considéré comme compatible avec le bon
fonctionnement du marché européen, il tend à
favoriser les rentes de situation. Il pourrait en outre
poser des problèmes lors de la négociation d’accords
de coopération avec les pays de la Grande Région.
De manière générale, l’octroi de mer gagnerait à être
réévalué en fonction de la structuration d’une
économie exportatrice.
21
Girardin (2003) devraient favoriser la baisse des
coûts unitaires, et encourager la création
d’entreprises, mais elles ont un coût budgétaire élevé.
Si la défiscalisation a eu des effets positifs sur
l’emploi, les changements fréquents du système et
son manque de transparence ont nui à son efficacité.
22
Enfin la Région La stratégie de développement et d’ouverture
Réunion pourrait suppose un effort accru d’investissement et une
dynamiser sa politique réaffectation des transferts financiers. Pour l’heure
de croissance et de les transferts publics visent essentiellement la
coopération personne et ont un caractère social. Leur
décentralisée, si elle redéploiement partiel vers l’investissement
disposait d’un fonds permettrait de mieux asseoir la croissance de l’île.
spécial de L’un des points en débat est celui de la
développement « surrémunération » dont le coût budgétaire
régional alimenté par annuel (environ 300 millions d’Euros) est proche de
la conversion partielle celui de la politique régionale dans son ensemble.
de certains transferts Des propositions ont été faites pour réallouer ces
ressources et financer un fonds de développement
spécial que La Réunion pourrait investir en fonction
de ses objectifs. La nouvelle législation sur les
transferts de compétences aux collectivités locales
accroît l’intérêt de ces propositions.
23
l’Océan Indien à laquelle appartient l’île. Cette
stratégie d’ouverture nécessite aussi de simplifier, de
rationaliser et parfois de réévaluer les systèmes
d’incitations mis en œuvre dans l’île. Compte tenu de
la taille du marché insulaire, la masse critique est
difficile à atteindre pour la plupart des activités. Le
gouvernement central et les instances régionales sont
donc amenés à développer une politique de filières
spécialisées et à promouvoir des réseaux avec les
pays voisins en misant sur des niches capitalistiques
et technologiques. Il est nécessaire que les
entreprises puissent dans ce contexte trouver les
soutiens nécessaires en R&D auprès de l’université et
des pôles de compétences de l’île et donc que la
politique régionale soit activement orientée vers
l’innovation au travers des
infrastructures (incubateurs, centres de transfert de
technologies) ou d’initiatives stratégiques (plans
technologiques). Pour que cette nouvelle stratégie
réussisse, elle doit non seulement bénéficier de
moyens suffisants - la création d’un fonds spécial de
développement régional semble la meilleure solution
pour ce faire - mais aussi mobiliser et trouver des
synergies entre les différents niveaux de
gouvernements.
24
CHAPITRE 1
TENDANCES ET DÉFIS
Introduction
La Réunion, est une île de l’océan Indien marquée par une ambivalence.
C’est un territoire français éloigné de la métropole et la seule région européenne
de l’océan Indien et de l’hémisphère sud. C’est aussi un territoire qui fait partie
d’une zone régionale vaste intégrant des pays du sud-est du continent africain et
du sud de l’Asie, Madagascar et des îles de petite taille. Du fait de son histoire
et des relations étroites avec la métropole, la diversification des débouchés est
restée très limitée et les échanges avec cette grande région et avec l’UE hors
métropole sont faibles. L’île doit trouver de nouveaux marchés, car la pression
démographique est forte et la taille du marché intérieur modeste. En dépit du
dynamisme de la création d’emplois (le record de France sur la
période 1996-2001), le taux de chômage, même s’il a un peu diminué
récemment, est très élevé, proche de 30% au début de 2003 avec d’importantes
disparités infra-régionales. Le rattrapage sur la métropole a été réalisé jusqu’à
présent par la mise à niveau des infrastructures, par une politique d’assistance et
par d’importants transferts notamment sociaux (près de 45 % du PIB de île).
Plus de 20 % de la population ne survit qu’avec le RMI. Cet alignement des
conditions sociales n’empêche pas la persistance d’inégalités très fortes de
revenus et engendre des déséquilibres structurels de plus en plus difficiles à
surmonter: coûts élevés du travail, faible couverture des importations, forte
dépendance des financements sociaux de la métropole. La politique de
substitution des importations appliquée jusqu’à présent a certes remporté des
succès. L’auto-suffisance alimentaire est maintenant largement assurée pour
bon nombre de produits et la croissance a été substantielle tout au long de la
dernière décennie, supérieure à celle de la métropole. Les dividendes de cette
politique sont néanmoins pratiquement épuisés. Le secteur agro-alimentaire a
été restructuré et les services marchands se sont développés. Le défi pour l’île
est maintenant de développer sa compétitivité en se fondant beaucoup plus sur
ses avantages comparatifs dans un cadre mondialisé. Même si la qualité des
infrastructures est en général bonne, les mises à niveau peuvent exiger des
investissements coûteux. La situation pour l’éducation, la formation et la
recherche est enviable dans le contexte de l’océan Indien, mais l’écart avec la
25
métropole n’est pas encore totalement comblé. Enfin il est nécessaire de
concentrer l’attention sur les secteurs dont le potentiel est à l’évidence
sous-utilisé.
Taux
Espérance Taux PIB PIB/hab
de
Population de vie, d’alphabétisme millions de USD/hab
mortalité
femme 15-24 ans USD 1997
pour 1000
La Réunion 685 000 5 79 97.7 7 823 11 421
Maurice 1 136 000 7 74 94.1 4 187 3 686
Seychelles 76 670 7 73 N/D 519 6 782
Comores 504 680 12 59 58.9 20 40
Madagascar 13 704 620 13 56 80.8 3 453 252
Afrique du
37 643 000 N/D 49 8.7 128 212 3 406
Sud
Source : Secrétariat d'État à l'Outre-Mer, TER 2002, ONU, World Development Indicators.
26
Encadré 1.1. Une géographie très spécifique
L’île de La Réunion est située dans l’hémisphère sud légèrement au nord du tropique du
Capricorne, dans la partie extrême-sud du bassin des Mascareignes à 9 200 km de Paris.
La Réunion représente une superficie totale de 2 500 km2. Les deux points culminants sont au
sud-est le Piton de la fournaise (2 631 mètres) qui est un volcan en activité et au nord-ouest le Piton
des Neiges (3 069 mètres) qui est un volcan endormi. La Réunion dans son ensemble est un édifice
volcanique dont seulement 3 % sont émergés. L’intérieur de l’île présente un relief élevé et escarpé
avec peu de plaines littorales débouchant rapidement sur des planèzes puis sur des zones à pentes
très fortes : 40 % de l’île se trouve à plus de 1 000 mètres d’altitude. La Réunion ne dispose que
d’environ 1 000 km2 de surface utile (40 % de la superficie totale) ; la densité de la population y est
forte au quatrième rang des 26 régions françaises et 80 % de la population vit sur les côtes où la
densité atteint 600 habitants au km2. Du fait de la jeunesse géologique de l’île, les 207 km de littoral
ne comportent que 40 km de plage, soit 20 % de la longueur totale. Les 208 km de côtes peuvent
être divisés en trois catégories : des falaises vives et des côtes rocheuses ou le volcan et la mer se
rencontrent, des grands cordons d’alluvions et des baies de comblement créées par l’érosion
torrentielle (les seules vraies plaines de l’île). La conjugaison de ces deux phénomènes d’érosion
est à l’origine de la topographie, unique au monde, de La Réunion.
Le relief particulier de l’île induit une grande variabilité spatiale du climat, en particulier des écarts
de température importants entre les zones côtières et les hauts, avec un nombre élevé de
microclimats. Les pluies ont une distribution très irrégulière car la géographie de l’île fait obstacle à
la course des alizés. La région est sous le vent reçoit en moyenne de trois à 5 m d’eau par an alors
que la région ouest reçoit moins de 1 m. Peu de ces pluies sont directement utilisables par l’homme
car toute l’eau infiltrée ne réapparaît pas et le relief de l’île implique un ruissellement intense jusqu’à
la mer. Avec l’augmentation des besoins (démographie – agriculture) l’eau est devenue une
ressource rare et l’inégale pluviométrie sur l’île pose le problème du transfert de l’eau de l’est vers
l’ouest. Les ressources en eau et en terres agricoles sont limitées en premier lieu en raison de
l’accroissement rapide de la population, mais aussi de l’érosion elle-même accélérée par les
pratiques agricoles.
La Réunion est aussi singulière par sa richesse bio-géographique : savane, zones agricoles
typiques (canne à sucre et géranium par exemple), forêts (50 % de l’île est boisée), pelouses
altimontaines parsemées de bosquets arbustifs. De plus, l’insularité se traduit par une richesse
endémique végétale et animale, avec plus de 160 espèces animales (souvent en danger, certaines
ayant déjà disparue comme les tortues) et 500 plantes à fleurs à 30 % endémiques (dont 9 en
danger d’extinction). Enfin, le littoral, les baies et les 25 km de récifs coralliens enrichissent la
biodiversité de La Réunion avec 706 espèces associées répertoriées (bien en dessous de la
probable vraie valeur puisque aucun recensement exhaustif n’a été entrepris à ce jour). Cette
biodiversité exceptionnelle permet à l’île d’être classée par la WWF internationale parmi les 10 sites
les plus remarquables de la planète. La Réunion est en définitive un assemblage complexe
d’écosystèmes endémiques et d’une extrême fragilité. Pour protéger ces espaces, deux réserves
naturelles ont été instituées par décret : la Réserve de la roche écrite (forêt de plus de deux millions
d’années) et la Réserve de Saint Philippe (accueillant 218 espèces végétales). A ces deux réserves
s’ajoutent, entre autres, une réserve volontaire et six réserves biologiques et un Parc national des
Hauts de La Réunion est en création. La presque intégralité du centre de l’île est composée soit
d’espaces agricoles protégés soit d’espaces verts fortement protégés. La biodiversité est menacée
par les pestes végétales et la pression touristique sur les milieux naturels.
27
Cette situation globalement favorable vis-à-vis des États proches ne lui
confère cependant pas d’avantages particuliers en matière de commerce ou
d’intégration régionale. Le poids économique de l’île en comparaison avec les
États voisins est faible. Il existe de nombreux facteurs objectifs qui expliquent
la mise à l’écart de La Réunion dans la région et son faible poids économique
ainsi que son influence géopolitique, bien en deçà de ses capacités. Loin de
jouer un rôle de « puissance locale », elle n’occupe qu’une place marginale dans
l’économie régionale. Cet isolement s’est perpétué au travers de l’histoire de
l’île (encadré 1.2). Ses échanges sont essentiellement dirigés vers la métropole
et constitués pour l’essentiel d’importations de biens. De ce fait, et même si ses
infrastructures sont plus modernes, les structures les plus utilisées, pour le
transport aérien ou maritime, se trouvent pour l’essentiel à Maurice. L’aéroport
de Maurice, Plaisance, du fait de la diversité et de la fréquence de ses liaisons
aériennes, est devenu le hub dominant de cette zone sud-ouest de l’océan
Indien. L’aéroport international de La Réunion, Gillot, malgré un trafic
comparable à celui de Maurice est désavantagé par la polarisation de ses
échanges avec la France continentale.
Son histoire, commence en 1638, lors de sa prise de possession par la France, un siècle après sa
découverte par les Portugais. C’est alors une île déserte, qui n’abrite aucune population indigène.
Sa colonisation systématique fut décidée par Colbert dans le cadre du développement de sa
politique mercantile. La Compagnie des indes orientales, créée en 1664, obtint la concession de
l’île. Mais elle s’est longtemps contentée de l’utiliser uniquement comme escale et lieu de
ravitaillement sur la route des Indes1 en relation avec le comptoir de Madagascar, car les cultures
vivrières de ses débuts ne présentaient pas suffisamment d’intérêt pour que la Compagnie des
Indes ait envie de favoriser et d’organiser leur développement.
Les choses changeront lorsqu’au début du XVIII siècle, l’introduction du café conjuguée avec le
développement de sa consommation, alors très à la mode en Europe, incita la Compagnie à se
préoccuper activement de sa mise en valeur économique.
28
Encadré 1.2. (cont.)
L’île se voit alors imposer par la Compagnie des indes la culture du café au travers des deux
variétés locales, Bourbon pointu et Bourbon rond, dont l’excellence reconnue aujourd’hui conduit à
envisager d’en reprendre l’exploitation. Le développement qui résulte de l’exportation du café vers
l’Europe amène un afflux d’immigrants et l’organisation d’un système d’exploitation basé sur l’achat
d’esclaves2 aux Indes et à Madagascar. L’île se couvre alors, jusqu’à 400 mètres d’altitude de
« caféières ». De vastes exploitations s’installent sur des concessions accordées entre deux
ravines, « du battant des lames, au sommet des montagnes ». La Compagnie des indes assure en
totalité la commercialisation de la production en vertu de son monopole d’introduction du café dans
le Royaume de France. Elle bénéficie en outre du monopole de l’importation de marchandises à
Bourbon, ce qui accroît l’endettement, alors endémique, des habitants de l’île.3
Autres conséquences : tout au long du XIXe siècle, la culture de la canne, très capitalistique, va
entraîner une concentration croissante du foncier, des investissements industriels et de la finance.
La population continue de croître et atteint 110 000 en 1848, année de l’abolition effective de
l’esclavage : conséquence d’une natalité en augmentation, d’une immigration européenne forte et
de l’arrivée massive d’esclaves entre 1815 et 1830. La fin de l’esclavage, qui libère 62 000 esclaves
et les met à égalité, du moins en théorie, avec les 35 000 individus libres, conduit les agriculteurs
de La Réunion à aller chercher de la main d’œuvre dans les territoires voisins : engagés
mozambicains, comoriens, somalis et yéménites ainsi que migrants spontanés, indiens musulmans
et chinois originaires de la région de Canton4. Se construit ainsi la population de La Réunion,
kaléidoscope de races, de religions, d’ethnies, de culture et dans laquelle aucun groupe n’est
dominant, en nombre.
Cette période économique du second Empire, localement exceptionnelle à tous points de vue, voit
même La Réunion couvrir pratiquement ses importations par ses exportations, essentiellement de
sucre : en 1847, 14,5 millions de Francs d’importations contre 11 millions d’exportations (soit un
taux de couverture de 75,6 %) et en 1860, 40 millions d’importations pour 36 millions
d’exportations (soit un taux de couverture de 90 %).
Mais cette euphorie ne dure pas : le caractère spéculatif des cours du sucre et l’importance des
investissements de productivité conduisent les propriétaires à s’endetter ; la fin de l’esclavage a
entraîné une hausse des coûts de main d’œuvre ; le développement, en Europe, de la culture de la
betterave accélère la chute des cours. La crise s’installe en dépit de tentatives pour diversifier la
production agricole.5
29
Encadré 1.2. (cont.)
Si la première guerre mondiale fit bénéficier La Réunion des besoins croissants de sucre de la
métropole – alors privée de ses récoltes par les champs de bataille -, la seconde guerre qui l’isola
dans son éloignement la laissa totalement ruinée. Elle connut alors une période difficile de remise à
flot, troublée par des débats quant à l’avenir de l’empire colonial français. La Réunion se partageait
entre les partisans de l’hypothèse de l’indépendance et ceux de l’intégration dans un cadre
départemental. En fait, l’intégration politique de La Réunion fut acquise dès 1946, par un vote de
l’Assemblée nationale qui le 14 mars 1946 faisait de La Réunion un « département d’Outre-Mer ».
Mais son intégration économique et sociale ne s’est faite que par étapes pour s’achever au tournant
du siècle : ainsi l’instauration du SMIG fut-elle acquise dès 1951. L’alignement social sur la
métropole fut le résultat de crises revendicatives marquées par des concessions successives et
limitées qui ont fini par permettre d’accéder à la parité sociale. Pendant ce temps, la réalisation d’un
programme d’équipements considérable a permis de mettre en place le réseau routier, de
construire le Port de la Pointe des Galets, de développer une politique sanitaire, de faire connaître
et de mettre en place les méthodes du planning familial : ainsi La Réunion a-t-elle achevé la
transition démographique et maîtrisé la fécondité en même temps que diminué la mortalité. Ce qui
ne l’empêche pas, du fait de l’importance de la population en âge de procréer de continuer à
s’accroître à un rythme rapide. L’importance de cette jeunesse a conduit à doter l’île d’un système
éducatif qui lui a permis de sortir de l’illettrisme, de généraliser la scolarisation des enfants et de
créer une université de qualité adossée à des centres de recherche.
30
produits intensifs en main d’œuvre très peu compétitifs. La faible solvabilité des
États voisins réduit encore plus les perspectives de commerce régional.
Seychelles
2%
Singapour Divers
2% 7%
Afrique du Sud
7%
Maurice
51%
Madagascar
31%
Source : IEDOM.
31
En ce qui concerne la coopération régionale, la faiblesse des moyens
financiers mis en œuvre et la compétition internationale dans certains secteurs
d’activité comme le tourisme sont des freins importants au
développement (graphique 1.1). Il y a une incitation forte pour les pays voisins
d’adopter un comportement de passager clandestin lors des différents accords de
partenariats régionaux, car les possibilités d’influence de la Région Réunion
vis-à-vis d’États souverains sont faibles. La tutelle de la métropole ne lui permet
pas non plus de participer pleinement aux grandes alliances commerciales
régionales telles quelles le SADC (Communauté pour le développement de
l’Afrique Australe) et la COMESA (Marché commun de l’Afrique Orientale et
Australe),6 qui sont réservées aux États souverains.7 La Réunion est écartée, en
pratique, de certaines de ces associations car leurs États membres ne souhaitent
pas incorporer officiellement un territoire qui demeure sous la tutelle d’une
ancienne puissance coloniale. Et, par ailleurs, étant membre de
l’Union européenne La Réunion ne peut pas appartenir à une autre union
douanière.
La pression démographique
La Réunion se place parmi les îles les plus peuplées de la zone. Avec
299 habitants au km2, La Réunion est au troisième rang derrière
Maurice (600 h / km2) et les Comores (430 h / km2) et avant les
Seychelles (178 h / km2) et Madagascar (29 hab / km2). L’île connaît une
augmentation soutenue de la population depuis de très nombreuses années :
ainsi depuis 1990, 1,8 % en moyenne contre 0.37 pour la métropole (ce chiffre
inclut le solde naturel et l’apport dû à l’immigration qui est faiblement positif).
Bien que la natalité ait baissé, passant de 28 pour 1 000 en 1974 à 23 pour 1 000
en 1990, puis à 20.5 pour 1 000 en 2000 (taux tout de même le plus élevé parmi
les différentes régions françaises après la Guyane), ce phénomène s’est
accompagné d’une hausse de l’espérance de vie (73.5 ans en 1990 pour 74.7 ans
en 2000, à comparer au 79 ans de la métropole). Il a aussi été concomitant à une
régression de la mortalité infantile (passant de 6.8 pour mille en 1990 à 6 pour
mille en 2000). La combinaison de ces phénomènes associée à un taux de
mortalité constant explique l’augmentation de la population. De plus, la
32
population reste jeune (38 % de la population a moins de 20 ans), mais a
légèrement vieilli depuis 1990 en raison de l’allongement de la durée de
vie (graphique 1.2). Quatre-vingt cinq pourcent de l’augmentation de la
population résulte de l’accroissement naturel qui est de l’ordre de
11 000 personnes par an depuis 1990 (tableau 1.2).
Femmes Hommes
70 à 74 ans
60 à 64 ans
50 à 54 ans
40 à 44 ans
30 à 34 ans
20 à 24 ans
moins de 15 ans
33
années (61 000 personnes) est resté inférieur à celui de la
période 1974-1982 (65 529 personnes).
Union européenne
La Réunion France métropolitaine
(15 membres)
Population 1999
7 06 58 518 375 346
(en milliers)
Superficie en km2 2 504 543 965 3 191 120
Densité en 1999
282 108 118
(h/km2)
Taux d’accroissement
de la population 1.72 0.43 0.26
en 1999 (%)
Dont accroissement dû
au solde migratoire 0.27 0.13 0.19
en 1999 (%)
Population de mois
45.8 32.2 30.7
de 25 ans en 1996 (%)
Population de moins de
6.6 15.2 15.6
65 ans en 1996 (%)
Taux de chômage au
sens du 38.2 11.4 9.4
BIT (avril 1999)
Emplois dans
l’agriculture 5.0 4.8 5.1
en 1996 (%)
Emplois dans
l’industrie et le 14.6 26.5 29.8
bâtiment en 1996 (%)
Emplois dans les
80.4 68.6 65.1
services en 1996 (%)
PIB par habitant –
10 908 21 815 20 213
1998 (en Euros)
34
principalement en raison des coûts du foncier nourrissant l’urbanisation des
communes voisines.
L’emploi
La population active
Les jeunes entrent plus tard sur le marché du travail. La population, âgée
de 15 ans et plus, est majoritairement composée de sans emplois (40.5 %) et
7 % de cette population n’a jamais travaillé. La population active ayant un
emploi en 1999 travaille principalement dans le secteur tertiaire (plus de 80 %
contre 68,5% en métropole). Plus de 45 % de la population active occupe des
postes dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’action sociale et dans
l’administration. La majorité des hommes actifs sont des ouvriers (68 653),
alors que les femmes sont des employées soit dans la fonction publique (25 781)
soit dans les services directs aux particuliers (21 885). Il y a plus de femmes
inactives que d’hommes (226 329 contre 173 139).
35
diplômes ou avec seulement le certificat d’étude sont sans emploi. Si
l’obtention d’un diplôme est un moyen d’accès à l’emploi, il n’en reste pas
moins vrai que les titulaires du baccalauréat ou ayant fait des études supérieures
sont aussi touchés par le chômage. De plus, le chômage des diplômés est en
augmentation et bien souvent les titulaires d’un diplôme de l’enseignement
supérieur sont amenés à accepter des emplois pour lesquels ils sont
surdiplômés (sans différences significatives avec la métropole).
Catégories
Total %
socioprofessionnelles
Agriculteurs 7 606 1.5
Artisans, commerçant, chefs
15 435 3.0
d'entreprises
Cadres et professions
15 942 3.1
intellectuelles supérieures
Professions intermédiaires 44 824 8.7
Employés 101 381 19.7
Ouvriers 76 320 14.8
Retraités 45 204 8.8
Sans activités 208 637 40.5
Total 515 349 100.0
Le chômage
36
taux de chômage, mais partant d’un taux déjà fort le taux de croissance est plus
faible.
25
20
15
10
0
he
e
s
es
s
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n
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n,
tu
gr
ie
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Se
io
ul
at
ric
uc
Ag
Depuis 1990, bon nombre des emplois créés l’ont été sous un statut
précaire [Contrats emploi-solidarité (CES) et Emploi jeune (CEJ) ou encore en
Contrats à durée déterminée CDD]. Seulement un peu plus d’un tiers des
emplois proposés par l’ANPE ne correspondent pas à des contrats aidés. Cela
étant, le contrat à durée indéterminée et la titularisation dans la fonction
publique restent les formes principales d’emplois (65.6 % de la population
active) mais les CDD sont en forte croissance, puisque leur nombre a doublé
en 10 ans. En avril 2002 plus de 70 % des offres d’emplois sont des CDD ou
37
des missions en intérim et le plus souvent pour une durée inférieure à six mois.
Ces formes d’emplois concernent plus les femmes et les jeunes, c’est-à-dire une
population peu diplômée, mis à part pour les personnes ayant un CEJ dont les
trois-quarts ont au moins le baccalauréat. Enfin, le travail à temps partiel existe
de manière significative dans l’île avec environ 17 % de la population
active (taux proche de celui de la métropole) (tableau 1.4).
Évolution
Nombre de contrats
1998 1999 2000 2001 2000/2001
signés
%
Exonération à
2 008 1 917 1 345 N/D N/D
l’embauche
Contrats en
3 944 4 370 4 587 3 925 -14.4
alternance
Contrats d’accès
3 161 3 300 3 512 2 270 -35.4
à l’emploi
Aides à la
création 311 416 365 279 -23.6
d’entreprises
Projets
N/D N/D N/D 430 N/D
initiatives Jeunes
Apprentissage
N/D 12 13 48 269.2
secteur public
Contrats emploi
27 818 31 874 28 221 29 962 6.2
solidarité
Contrats emploi
3 066 4 415 3 902 5 798 48.6
consolidé
Contrats 10 199 9 681 8 232 11 697 42.1
d’insertion par
l’activité
Contrats emploi 166 158 135 77 -43.0
ville
Contrats emploi 3 193 2 640 1 195 1 003 -16.1
jeune
Total 53 866 58 783 51 507 55 489 7.7
Source : DTEFP.
Face aux tendances de l’emploi, l’accent a été surtout mis sur le traitement
social du chômage, la parité avec la métropole et la lutte contre les disparités.
Ce modèle de développement est maintenant plus difficile à soutenir compte
tenu du niveau des déséquilibres sur le marché du travail. Il renchérit
considérablement les coûts et n’a pas réussi à enrayer les inégalités de revenus
et de développement spatial.
38
Revenus et inégalités
Seulement 22.5 % des foyers fiscaux sont imposés en 1999, ce qui est
nettement en dessous des 50 % de la métropole. La région est caractérisée par
une forte dispersion des revenus mais avec une grande proportion de ménages à
bas revenus (tableau 1.5). En 1998, à l’exception des cadres pour lesquels les
écarts de salaires entre homme et femme atteignent 27 %, les différences
salariales ne sont pas très marquées (de 1 à 5 %).
En Millions d’Euros
Le revenu net moyen imposable est en 1999 de 26 986 EUR ; plus des trois
quarts des revenus imposés sont des revenus salariaux et des pensions. Compte
tenu de la part des salariés faiblement qualifiés dans la population active, la
source de revenu la plus importante est le SMIC (qui n’a été aligné qu’à partir
de 1995 sur la valeur nationale, 1 126.40 EUR en 2000). Cette augmentation du
SMIC a entraîné une augmentation de l’ensemble des rémunérations en
particulier pour les revenus les plus faibles (+35 % pour les employés, +25 %
pour les ouvriers, + 16 % pour les cadres entre 1993 et 1996), très supérieure au
taux de l’inflation. A titre de comparaison le salaire minimum dans
l’administration est - pour la même période - de 1 646.80 EUR. En 2000, plus
de 3.3 milliards d’Euros ont été distribué sous forme de prestations sociales.
39
total et concerne en 2001, 63 483 bénéficiaires, le poste des prestations sociales
le plus important en volume restant celui de la santé qui compte pour 31 % du
total. La principale raison qui explique d’une part le volume de ce poste et son
augmentation entre 1999 et 2000 est la mise en place de la Couverture maladie
universelle (CMU) dont l’objet est de proposer aux plus faibles revenus de
bénéficier d’une part de la sécurité sociale et d’autre part d’une couverture
maladie complémentaire (415 000 inscrits en 2001, traduisant l’importance de
la pauvreté et de la précarité pour les habitants de l’île).
Millions €
1999 2000
Accident du travail
Santé
Chômage
RMI
Vieilles se et veuvage
40
En 2000, 183 185 réunionnais ont bénéficié d’une prestation familiale dont
63 417 RMIistes (+3.6 % par rapport à l’année précédente, +6.5 % en moyenne
entre 1996 et 1998 à comparer aux 2 % de croissance de la population adulte)
soit un montant total de 223.8 millions d’Euros. En considérant les conjoints et
les enfants à charge, l’INSEE estime que 20 % au moins des réunionnais sont
couverts par le RMI. Et cela, avec une répartition géographique inégale : les
communes de La Possession, de Saint-Denis et de Sainte Marie ayant une plus
faible part de leur population couverte par le RMI (graphique 1.4).
41
familiales (210.9 millions d’Euros). Enfin, en ce qui concerne les retraités, 54 %
d’entre eux ne touchent que le minimum vieillesse.
42
Habitat et logements
Les logements sont de plus en plus occupés par des locataires (40 % des
occupants en 1999) que ce soit dans les logements sociaux (55 % des
locataires), ou dans le secteur privé moderne et traditionnel (45 %). Les
logements locatifs privés sont pour les trois quarts des constructions modernes
et pour le dernier quart des cases traditionnelles souvent inconfortables et en
mauvais état. Les ménages, dans lesquels la personne de référence est sans
activité professionnelle (inactif ou chômeur) sont plus de 63 % à habiter dans
des logements sociaux où les loyers sont presque deux fois inférieurs à ceux du
secteur collectif privé (4.50 EUR contre 8.45 EUR au mètre carré). Il existe
d’ailleurs une forte corrélation entre zone d’activité et prix du logement.
En 1997, toutes choses égales par ailleurs un logement au sud se loue 40 %
moins cher que dans le nord ou dans l’ouest. L’INSEE estime qu’un quart du
budget du ménage est consacré au logement.
43
permis de construire et de prêts et du coût du foncier (ce qui raréfie l’offre). Elle
est liée aussi aux problèmes de solvabilité des accédants (ce qui handicape la
demande). Il y a proportionnellement de moins en moins de logements sociaux
par rapport aux logements privés. De plus, l’urbanisation s’est concrétisée par
une extension des communes et une faible densification conduisant à la
disparition de surfaces agricoles et d’espaces verts. Ainsi, le taux de
constructions neuves est en moyenne de 14 pour 1 000 habitants en 1999
contre 5 pour 1 000 en métropole. Cette différence repose en particulier sur la
forte croissance du nombre de ménages à La Réunion.
44
zones inconstructibles / inhabitables (zones à risques, espaces verts protégés).
En complément, la pression démographique, qui implique une construction
incessante de nouveaux logements et d’infrastructures de transport, est forte et
les risques climatiques comme les cyclones, les inondations, les glissements de
terrain et dans une moindre mesure l’érosion des côtes imposent des contraintes
supplémentaires sur l’aménagement du territoire.
45
Encadré 1.3. L’équipement des communes
Une des particularités de La Réunion est le nombre réduit de communes et donc leur taille en
termes de population (en moyenne 3.5 fois plus élevée qu’en métropole) et, en même temps,
l’exiguïté du territoire. Il est donc délicat de comparer ces communes et leur niveau d’équipements
avec celles de la métropole. Les magasins et services spécialisés (par exemple les banques) et les
grandes surfaces commerciales sont concentrées dans les communes plus importantes :
Saint Denis, qui est une commune d’attraction pour la population du nord, Saint Pierre qui draine
les habitants du sud et, marginalement, Saint Benoît qui est une commune attractive pour son
environnement proche dans l’est. A l’ouest Saint Paul et le Port, jouent ce rôle. En ce qui concerne
les services publics, leur implantation reste stable ou progresse légèrement pour les commissariats,
les postes de police. Paradoxalement ce sont les zones périurbaines qui sont les plus défavorisées,
les services ayant tendance à se localiser dans les centres urbains (effet dépressif des centres
urbains). Le niveau des équipements de ces zones est inférieur à la moyenne de l’île.
La protection des espaces ruraux a pour effet une augmentation du prix des
terres, incitant les maires à favoriser la construction de logements privés et
accroissant les dérives dans le déclassement des terrains non constructibles. Au
lieu de pratiquer une politique volontariste dans le domaine des logements
sociaux, une attitude parfois complaisante est affichée vis-à-vis des
constructions illégales, c’est-à-dire sans permis, dans les terres réservées en fait
pour l’agriculture pour ne pas réduire la disponibilité d’espaces pour
l’urbanisation. De toute façon, la politique de la ville est un défi et les modèles
du nord de l’Europe ne correspondent pas aux tendances régionales actuelles.
Le Schéma d’aménagement régional (SAR)11 devra être actualisé en tout état de
cause en 2005.
La dynamique de l’économie
46
qu’à peine 3% du PIB (encadré 1.4). Néanmoins depuis 1997, les exportations
hors métropole sont en hausse (15 % de taux de croissance annuel moyen). Ces
exportations sont principalement tirées par le secteur
agroalimentaire (tableau 1.6). En 2000, environ 4 500 entreprises ont été créées
dans île dont 1 400 dans la distribution.
Quel que soit le partenaire commercial de La Réunion, force est de constater la très forte
dépendance de l’île puisqu’elle ne couvre ses importations qu’à hauteur de 8% en
moyenne (graphique 1.5). Depuis l’immédiat après seconde guerre mondiale, période pour laquelle
les échanges étaient équilibrés, la situation n’a pas cessé de se dégrader aboutissant à une
situation de déficit structurel du commerce extérieur. À l’origine de ce phénomène, d’une part la
faible industrialisation de l’île, mais aussi le développement de la société de consommation. Ainsi,
les deux postes principaux des importations sont ceux des biens alimentaires et des produits de
l’industrie automobile (au total en 2001 ces deux postes représentent 28 % des importations
totales).
14
12
10
0
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
47
Encadré 1.4. (cont.)
De plus, les importations et les exportations sont concentrées de/vers un partenaire majoritaire : la
métropole (67 % des exportations et 62 % des importations). Le commerce avec les membres de la
Commission de l’océan Indien est marginal en 2001 avec 1.33% des importations et 6.92% des
importations. Depuis 1995, les échanges commerciaux de La Réunion avec le reste du monde sont
extrêmement déséquilibrés. Mais, le tourisme et les flux financiers qu’il génère améliorent le solde
de la balance des paiements.
En termes de flux de règlements, La Réunion affiche en 2000 l’une des meilleures performances
des DOM avec un taux de couverture supérieur à 40 %. De plus, 64 % des échanges se font avec
les pays de la zone océan Indien, signe d’une intégration régionale. Les trois partenaires privilégiés
de la région sont l’Île Maurice, Madagascar et l’Afrique du Sud. Mais globalement le solde est
négatif (-43.6 millions d’Euros en 2000). Les principaux flux nets négatifs sont le règlement des
biens (car l’île est importatrice nette), le tourisme et les revenus d’investissement. Les principaux
flux nets positifs sont les investissements directs étrangers et le secteur des transports (grâce à la
petite compagnie régionale Air Austral).
48
reproductible une nouvelle fois et cela rend incertaines les perspectives
d’avenir.
En Million d'Euros
49
La filière agricole et la pêche
50
production bovine les consommateurs locaux ayant reporté leur demande de la
viande d’importation vers la production locale.
En pourcentage
Autres cultures
Autres industrielles
1% 2%
Fruits
13% Légumes
22%
51
secteur fortement exportateur (il s’agit d’ailleurs du seul produit agroalimentaire
exporté). Ses deux premières destinations sont la métropole et l’Allemagne.
Mais ce secteur est soumis à beaucoup d’aléas : le climat, les fléaux de
l’agriculture comme le ver blanc et les conflits sociaux.
52
Antarctiques Françaises – et 3 078 tonnes de poissons dont 135 tonnes de
langoustes et 2 828 tonnes de légines). La petite pêche forme l’essentiel de la
flottille, mais contribue pour moins de 30 % aux quantités pêchées et est
intégralement consommée sur place. La pêche industrielle prend place dans les
zones économiques exclusives des terres australes antarctiques françaises en
obéissant à un quota maximal de prises défini par le Muséum d’histoire
naturelle attribué individuellement à chaque armement (une compagnie pouvant
être écartée et interdite de pêche dans cette zone). La presque totalité des
produits pêchés sont exportés (thon, espadon, langouste) et contribuent à
l’exportation à hauteur de 36 millions d’Euros. Toutefois cette activité est
menacée par la pêche illégale, pourtant sévèrement réprimée par la Justice et la
Marine nationale (un navire arraisonné et 2 navires coulés en 2001).
L’industrie et l’artisanat
53
Graphique 1.7. Taux de création d’entreprises par activité, 2002
En pourcentage
La Réunion Metropole
25
20
15
10
0
Industrie Construction Commerce et Services
réparation
54
Graphique 1.8. Répartition des artisans par secteurs professionnels, 2001
Hygiène et divers
Alimentation
24%
12%
Cuir, textiles,
vêtements
2%
Bâtiment
35%
Métaux,
Bois et
mécanique et
ameublement
éléctricité
7%
20%
55
services s’est développé tardivement comparé à la métropole, et bien que la
croissance de ce secteur soit rapide, le rattrapage est limité (tableau 1.7).
56
Graphique 1.9. Écart des taux moyens pondérés du crédit, La Réunion-La France
En points
Escompte Découvert
Autres crédits à court terme Crédits à moyen et long terme
4.5
4
3.5
3
2.5
2
1.5
1
0.5
janvier 2000 juillet 2000 janvier 2001 juillet 2001 janvier 2002
Le tourisme
57
proposées de manière croissante (plongée, VTT, randonnées pédestres et
équestres, parapente, etc.). L’activité en pleine expansion est la plaisance avec
six ports, mais les infrastructures restent insuffisantes. Enfin, de nombreux
événements ont lieu dans l’île : fêtes traditionnelles, échanges artistiques avec
les pays de la région et des événements sportifs (rallye auto, surf, courses de
montagne). La publicité de ces produits reste sur support papier avec une percée
significative de l’Internet.
Infrastructures et services
Les taux d’occupation des hôtels ont varié entre 1997 et 2001 entre 61,5
et 64,8%. La modernisation de ces infrastuctures pourrait permettre
d’augmenter significativement la fréquentation. La Réunion compte en 2002 sur
un parc hôtelier de 2 850 chambres réparties dans 62 établissements classés. En
comparaison, l’Île Maurice dispose de 10 000 chambres dans les hôtels classés
et de 5 000 chambres dans l’hôtellerie alternative. Trois grandes chaînes
hôtelières12 gèrent plus de 20 % des chambres du parc. La moitié des chambres
disponibles est située dans l’ouest balnéaire entre St-Gilles et
58
Étang-salé-les-bains. La région de Saint-Denis est aussi relativement bien
équipée avec un parc hôtelier de 833 chambres. Les régions sur le littoral sud et
est ainsi que les zones dans la région des Hauts sont faiblement dotées
d’équipements hôteliers classés.
Les tendances
Depuis 1995, près d’un tiers des touristes en partance pour l’océan Indien
ont pour destination La Réunion et environ 80 % d’entre eux sont originaires de
la métropole. Le nombre de touristes est passé de 350 000 en 1997 à 424 000
en 2001, ce qui représente une croissance annuelle moyenne de 5,1 %. Deux
caractéristiques principales peuvent décrire le tourisme à l’Île de La Réunion.
D’une part, et en dépit de l’exiguïté du territoire, les fortes disparités
climatiques et de paysages génèrent une offre variée (tourisme rural, balnéaire,
tropical, volcanique, etc.). D’autre part, une partie significative des touristes
sont des résidents de l’île compte tenu de la diversité de l’espace
territorial (11 % en 2000).
59
constructibles (pour répondre à la demande croissante liée à la pression
démographique) zones agricoles, zones industrielles, zones protégées et zones
inconstructibles (éboulements, zones à risques, etc.). Ponctuellement quelques
zones littorales ont été privatisées et rendues inaccessibles au public. La
concurrence des zones touristiques proches dans les îles voisines où les coûts
sont moindres est forte, surtout pour la clientèle non métropolitaine. La presque
totalité des touristes arrive par voie aérienne.
60
Encadré 1.6. Le tourisme dans deux autres îles
L’Île Maurice a connu un flux touristique de 660 000 personnes en 2001 originaire par ordre
d’importance de la France, de La Réunion, d’Afrique du Sud, du Royaume Uni et d’Italie. L’apport
économique du tourisme à l’Île Maurice fut en 2001 de 800 millions de dollars américains
contribuant à la création de 18 571 emplois directs.
Hawaii a reçu en 2002 6,7 millions de touristes dont 3,9 millions en provenance des États-Unis,
1.8 million d’Asie de l’est, 0,5 million d’Europe et 0,5 million des Amériques. Les touristes
dépensent annuellement plus de 10 milliards de dollars à Hawaï. Ils contribuent au maintien de
20 % des emplois et comptent pour 21 % des revenus fiscaux du gouvernement local (State’s tax
revenue).
Pour l’année 2001, près de 270 millions d’Euros ont été dépensés par les
touristes (en augmentation de 137% par rapport à 1990), l’ensemble des recettes
étant évalué pour l’année précédente à 300 millions d’Euros. Le poste le plus
important est l’hébergement, puis la restauration et enfin la location de voitures.
Toutefois, la dépense réelle des touristes est certainement sous-évaluée car les
dépenses de consommation courante des touristes affinitaires sont difficilement
mesurables. De même, les dépenses des industries liées au tourisme ne sont pas
connues. Les recettes du secteur surpassent nettement les exportations de
marchandises (226 millions d’Euros en 2000). Plus de 10 000 emplois sont liés
directement ou indirectement au tourisme (dont plus du tiers dans le secteur
hôtels, cafés, restaurants).
61
liée au fait que plus de 80 % des touristes sont d’origine métropolitaine.
L’apport du tourisme au PIB et aux recettes départementales est donc
intra-territorial.
Le renforcement de la compétitivité
Les aéroports
62
total. Les vols vont/viennent principalement de la métropole puis de l’Île
Maurice et de Madagascar. Le trafic était en 2000 en augmentation de 7.6 %.
Le port
En 2000 le trafic total s’est élevé à près de 3.3 millions de tonnes (en
croissance de 6.8% par rapport à l’année précédente). Il s’agit du cinquième
port français pour le trafic des conteneurs. Les mouvements de
passagers (croisières et voyages inter - îles) sont marginaux, surtout en
comparaison avec le trafic aérien. Les principaux produits débarqués sont les
produits pétroliers (essence, approvisionnement énergétique EDF, etc.) et les
matériaux de construction (ciment, clinker). Le trafic de marchandises se
compose pour 49.6 % de trafic en vrac (huile, blé) et pour 43 % de conteneurs.
Les tonnages manipulés sont à 85 % des importations (les réexportations sont
embryonnaires). Les principales destinations de ces importations et des
exportations par voie de mer sont la métropole (29 % du total), le bloc Afrique
Australe, Orientale et les îles de l’océan Indien (22 %), le Moyen-Orient (20 %)
puis l’Asie du sud-est et l’Extrême-Orient (13 %) et enfin le reste de
l’Europe (11%). Les produits embarqués sont majoritairement du sucre brut et
du rhum. L’activité du port est caractérisée par un très fort déséquilibre entre le
tonnage débarqué (2 783 700 tonnes) et le tonnage embarqué (482 000 tonnes),
les capacités de sortie n’étant utilisées qu’à hauteur de 20 %. L’île importe la
majeure partie de ce quelle consomme et principalement par voie de mer.
Le réseau routier
63
étant faible par rapport à celui de la métropole). Dans son ensemble, le réseau
est moins dense qu’en métropole et le réseau secondaire est peu maillé
entraînant des allongements de parcours importants et une surcharge du réseau
principal.
Bien que le taux d’équipement des ménages soit plus faible qu’en
métropole (34.6 % contre 58 %), les évolutions sont rapides. La Réunion est en
première position en ce qui concerne la proportion d’utilisateurs
d’Internet (18,6 %) et le taux d’abonnement aux téléphones mobiles (79,56 %),
loin devant Maurice (7,3 % de connectés à Internet) et les Seychelles (5,5 %).
Ainsi, plus de 20 % des ménages ont accès à l’Internet. Une majorité
d’entreprises ont un accès Internet (74%), un bon nombre d’entre elles ont
développé un réseau Intranet (18 %), et 37 % ont un site en ligne avec quelques
tentatives de commerce électronique. De même, le nombre de ménages
disposant d’un ordinateur a doublé entre 1998 et 2000. Enfin, l’île est dotée de
réseaux thématiques comme celui de l’université.
64
des entreprises québécoises. D’autre part, la politique volontariste menée par la
région avec l’Union européenne à travers un système d’aides favorise le
développement du secteur.
La répartition des élèves dans les différentes filières est corrélée avec le
sexe de l’élève et la catégorie socioprofessionnelle du chef de famille. Ainsi, les
filles ont plus tendance à choisir les filières générales alors que les garçons
s’orientent principalement vers des cursus professionnalisés (soit le second
cycle professionnel soit l’apprentissage en optant généralement pour des cycles
courts). Les catégories sociales favorisées ont un taux de réussite nettement
supérieur à celui des enfants issus de catégories sociales défavorisées comme
les enfants de chômeurs. À titre d’exemple, 60 % des élèves issus des catégories
sociales très favorisées accèdent à la première générale contre 22 % dans les
catégories défavorisées. De même, le taux de réussite au baccalauréat, quelle
que soit la filière, est d’autant plus élevé que la catégorie sociale d’origine est
favorisée. Les inégalités sociales expliquent ainsi en grande partie la répartition
et les chances de réussites dans les études scolaires.
En 1999, sept mois après leur sortie du lycée, plus de 60 % des jeunes qui
ne poursuivaient pas leurs études étaient encore au chômage, pourcentage limité
par l’usage de contrats d’insertion et d’emplois jeunes. Il existe ainsi une
dynamique de la précarisation, les enfants ayant tendance à connaître une
65
évolution sociale équivalente ou inférieure à celle de leurs parents. S’il n’existe
pas de preuves indiscutables que l’éducation contribue à diminuer les inégalités
sociales sur le marché du travail, les groupes sociaux vulnérables partent avec
un désavantage et sont plus exposés à l’exclusion sociale. Au total, les deux
tiers de la population sont sans diplôme et plus de 40% des demandeurs
d’emploi. Moins de 20 % de la population active détient un diplôme supérieur
au baccalauréat, et moins de 6 % un diplôme supérieur à un bac plus deux
années d’études supérieures. Enfin, au minimum 100 000 adultes sont
concernés par l’illettrisme.
La recherche et le développement
Bien que cela reste relativement peu visible et en apparence du moins peu
développé, La Réunion est dotée d’atouts indéniables et d’une assise solide
en R&D. Depuis 10 ans, et plus particulièrement ces dernières années, l’île
développe le volume et la variété de son dispositif de recherche. En 2002 le
secteur de la R&D comportait 25 structures de recherche (privées et publiques)
regroupées en cinq pôles : ressources végétales, agronomie et
agro-transformation, ressources maritimes et aquacoles, pôle santé, pôle
sciences de l’homme et de la société, pôle risques naturels et enfin pôle science
de l’ingénieur.
66
Mais les effectifs restent faibles avec environ 485 chercheurs et doctorants
et les synergies entre les différents acteurs sont peu développées. La situation de
l’île est un désavantage car la faible mobilité des chercheurs en raison des coûts
de transport freine la coopération et isole les équipes de recherche.
Paradoxalement des équipes qui travaillent sur des thèmes qui concernent
directement la région préfèrent s’établir en métropole où l’interaction entre
chercheurs est plus forte. Le suivi dans la coopération internationale est aussi
plus lâche, les chercheurs étrangers ne restant pas plus de 3 à 4 ans dans
l’île (tableau 1.9). En ce qui concerne le matériel, les coûts d’importation sont
élevés et le personnel pour l’installation et l’entretien des équipements vient le
plus souvent de la métropole, d’Europe ou des États-Unis.
67
Au niveau régional, l’État intervient principalement par le biais du
Ministère de la recherche représenté par la Délégation régionale à la recherche
et à la technologie (DRRT) mais aussi par les actions du Ministère de
l’éducation nationale.13 La DRRT a trois rôles principaux : coordination des
actions État-région, soutien aux entreprises pour l’insertion des jeunes diplômés
et les transferts de technologie, encouragement à la diffusion de l’information
scientifique. Toutefois la faiblesse de son budget et de son
personnel (2 personnes) limite considérablement son efficacité. Le Ministère de
l’Outre-Mer joue aussi un rôle important à travers l’impulsion, l’incitation et la
coordination des dossiers relatifs à l’Outre-Mer. Mais si les acteurs sont
nombreux à intervenir dans le domaine de la formation et de la recherche, le
Ministère, délégué à la recherche et aux nouvelles technologies, garde le rôle
principal.
Cela étant, La Réunion apparaît aux yeux de ses voisins régionaux comme
un lieu où les activités de recherche se sont fortement développées au cours des
dix dernières années avec une accélération depuis 3 ans. Ce fait a été mis en
évidence lors des Assises de la recherche dans l’océan Indien qui se sont tenues
à Saint Denis de La Réunion les 3, 4 et 5 juin 2003. Les participants ont pu
constater que l’île se situait à une période charnière. De nouveaux moyens
financiers ont été déployés pour la R&D ; de telle sorte que désormais
La Réunion se trouve dans une dynamique de croissance et de meilleure
structuration de la recherche. Et, surtout, il est apparu que l’île s’orientait de
plus en plus vers la coopération internationale, en particulier dans l’océan
Indien.
− Un pôle mer ;
68
− Un pôle transversal « traitement de l’information, modélisation,
raisonnement ».
− Meteo France enfin dont les sept chercheurs se sont spécialisés sur
les cyclones et les modèles de prévision de trajectoire.
69
La modernisation du secteur touristique
70
Les liaisons aériennes directes avec l’Europe passent exclusivement par la
France métropolitaine. La Réunion n’a, par ailleurs, aucune liaison directe avec
l’Asie. Le flux touristique alimenté à 80 % par la France métropolitaine entraîne
une réduction de l’intérêt des transporteurs des autres pays européens. On peut
argumenter a contrario que le tête-à-tête entre La Réunion et Paris est si exclusif
sur le plan des transports aérien qu’il explique la faible demande des autres
vacanciers européens (encadré 1.7.).
Quatre compagnies (Air Maurice, Air France, British Airways et Condor) relient l’Île Maurice et le
continent européen alors que deux compagnies (Air Maurice et Singapore Airlines) la relient à
l’Asie. Dix villes européennes situées dans sept pays peuvent compter sur au moins un vol par
semaine alors que deux villes asiatiques et deux villes australiennes bénéficient d’une liaison
équivalente.
Deux compagnies aériennes relient les Açores et le Portugal par des vols réguliers. En saison
touristique, une liaison relie les Açores à l’Allemagne (Francfort). Des avions affrétés assurent le
flux touristique entre ces îles, les États-Unis et le Canada.
Par sa position centrale, Hawaii est une importante plaque tournante du trafic aérien dans la région
Asie-Pacifique. Plus de 24 compagnies relient Hawaii à diverses villes des continents
nord-américain et asiatique. Aucun vol direct ne relie l’Europe à Hawaii.
71
Dans ce contexte, le budget de promotion internationale du tourisme est
peu concurrentiel avec celui des autres destinations de l’océan Indien : l’Office
réunionnais du tourisme peut tabler sur un budget annuel de 4,3 millions
d’Euros alors que son concurrent de l’Île Maurice dispose d’un budget de
21 millions d’Euros. Les apports publics (3 millions pour La Réunion et
4,5 millions pour Maurice) sont assez comparables. Toutefois, la capacité
contributive des opérateurs privés mauriciens (16,5 millions) est sans commune
mesure avec celle de leurs homologues réunionnais (1,3 millions). Les
opérateurs réunionnais ont pour la grande majorité d’entre eux un chiffre
d’affaires relativement modeste et leur marge, malgré les mesures fiscales et la
réduction des charges sociales, est beaucoup plus faible que celle de leurs
confrères mauriciens. Le coût de main d’œuvre est significativement plus élevé
à La Réunion qu’à Maurice et dans les autres territoires de l’océan Indien.
72
NOTES
Ces chiffres sont extraits du livre sur La Réunion publié en novembre 1994
par l’Institut d’émission des Départements d’Outre-Mer. Ce document inspire
l’essentiel du paragraphe.
73
Si la colonie entretient un commerce avec les étrangers ou si l’on y
consomme les marchandises étrangères, le montant de ce commerce est vol
fait à la métropole. »
« Les hasards historiques ont fait que notre île inhabitée a été peuplée comme
aucune île au monde, par des apports venus de tous les continents, d’Europe
et de France, beaucoup plus qu’aux Antilles ou ailleurs, de Magadascar,
d’Afrique, de l’Inde du Sud dravidienne, de l’Inde Moghol musulmane et de
Chine. Ces apports ont été confrontés à des conditions extrêmement inégales
et extrêmement brutales. Notre île est une terre de souffrance et d’humiliation
sans nom. Mais comment à travers cette coexistence, ce miracle de l’échange
a-t-il pu avoir lieu, ce miracle de la création d’une langue qui a permis
d’unifier ce pays et de maintenir, à travers des humiliations sans nom, une
foi, des convictions et de l’espoir ? »
74
7 La Loi d’orientation pour l’Outre Mer (LOOM) donne depuis 2000 au
Président de la Région et au Conseil général la possibilité d’adresser des
requêtes au Gouvernement ou aux représentants de l’État en vue de signer
des accords internationaux de coopération régionale avec les états voisins. Le
Président de la Région peut être amené à représenter la France dans certaines
réunions internationales.
8 La raison principale est la mise en place du RSO, Revenu de solidarité qui est
versé aux titulaires du RMI de plus de 50 ans qui s’engagent à sortir
définitivement du marché du travail jusqu’à ce qu’ils touchent leur
retraite (4 631 personnes en 2001).
10 Une ZAC est un territoire pour lequel une collectivité publique définit et met
en œuvre, à travers un aménageur public ou privé, un projet urbain
comprenant le type de logements à construire, les équipements publics et les
réseaux à mettre en place.
75
76
CHAPITRE 2
STRATÉGIES ET POLITIQUES
Introduction
77
développement des réseaux et l’apprentissage organisationnel reste cependant
limité.
78
Tableau 2.1. Les indicateurs des régions ultra-périphériques
La
Açores Canaries Madère Guadeloupe Martinique Guyane
Réunion
Population au 673 000 242 620 1 606 54 257 670 428 000 387 700 152 00
01/01/96 9 0
Superficie (km2) 2 504 2 333 7 747 798 1 705 1 100 84 000
Densité (hab/km2) 269 104 207 323 251 352 2
Accroissement de 12.6 1.9 1.1 1.6 9.1 7.8 32.5
la population
(1990-1996)
Taux de natalité 19.6 14.5 10.4 13 16.8 14.7 30.4
pour 1000
Taux de mortalité 5.2 11.2 6.6 10.8 5.8 6.1 3.9
pour 1000
Pop. Moins de 29.3 23.5 18.9 24.5 26 23.9 36.2
15 ans %
Pop. plus de 6.6 12.1 10.5 11.6 8.3 10.1 4
64 ans %
Chômage (%) 37.2 5.6 21.7 5.5 29.5 28.8 26.5
Chômage des 62.2 15.9 36.3 13.3 54.4 63.2 56.2
jeunes (%)
Emploi, 5.2 16.8 8.3 12.2 7 7.7 7.8
Agriculture %
Emploi, Industrie 14.6 22.9 18.3 28.8 16.6 17.3 10
et Bâtiment %
Emploi, 80.4 60.3 73.3 59.1 77.4 75.1 82.2
Services %
PIB par tête – 50 50 75 52 40 54 N/D
SPA EUROSTAT
(Europe des
15=100)
Lors de la création de l’Europe, en 1957, les départements d’Outre-Mer étaient, avec les
départements français d’Algérie, les seuls de leur genre. Ils étaient alors de façon paradoxale, des
régions européennes de plein exercice, sans appartenir pour autant à l’espace géographique
européen.
Partie intégrante d’un État membre de la CEE, ces départements faisaient pleinement partie de
l’Union.3 Dés lors, ils avaient légitimité à se réclamer de l’article 2 de ce même traité qui stipulait
outre la création d’un espace sans frontière, la volonté d’assurer « le renforcement de la cohésion
économique et sociale », de promouvoir « le progrès économique et social » ainsi qu’un « niveau
d’emploi élevé » et de parvenir à un « développement équilibré et durable ». Mais ils étaient situés
dans des zones non européennes, à plusieurs milliers de km de leur métropole, entourés de Pays
en voie de développement, avec lesquels l’Europe négociait des accords de coopération
horizontale tant à Yaoundé qu’à Lomé.
79
Encadré 2.1. (cont.)
Deux conceptions vis-à-vis de l’Europe prévalaient alors : d’un coté, une conception, basée sur le
principe d’intégration, analysait leur niveau de développement pour ensuite utiliser les outils
traditionnels découlant des politiques communes ; de l’autre, une deuxième conception privilégiait la
mise en œuvre de mécanismes de dérogation, de façon à placer ces départements en dehors du
champ des politiques communes. Il a fallu attendre le 10 octobre 1978 (arrêt Hansen) pour que la
Cour de justice donne une interprétation, claire et définitive, du contenu de l’article 227-2 du traité
de Rome. Analysant cette période, Patrick Guillaumin, Directeur Général adjoint de la
Région Réunion, déclarait : « Il n’est pas excessif d’affirmer que les DOM évoluèrent brutalement
d’une politique subie du « Tout Région » basée sur l’indifférence, non fondée juridiquement et niant
la dimension non continentale de l’Europe, à la politique du « Tout Europe » contrainte, irréaliste sur
le plan économique et peu conforme aux objectifs assignés aux Institutions dans l’article 227-24 ».
Plus tard, la Communauté européenne dut prendre en compte les conséquences des traités
d’adhésion de l’Espagne et du Portugal, qui entraînaient avec eux les Açores, Madère et les
Canaries. Ces régions disposaient d’un environnement juridique particulier caractérisé par une
large autonomie administrative ainsi que par des régimes économiques et fiscaux spécifiques. Des
modalités particulières durent même être retenues pour les Canaries. Pour pouvoir mettre en
oeuvre une solution cohérente pour l’ensemble de ces régions, à la fois européennes et hors
d’Europe, la Commission européenne a créé un groupe inter services. Placé sous son autorité
celui-ci a proposé, dès 1987, des orientations décisives : nécessité de sortir de l’ambiguïté
entretenue depuis plus de trente ans vis-à-vis des Dom et depuis peu vis-à-vis des demandes des
nouveaux territoires ; privilégier une approche horizontale pour renforcer la coordination des
actions ; et, surtout, aborder de manière globale et parallèle, la problématique de territoires soumis
à un contexte géographique particulier.
Prenant acte du fait que les DOM étaient tout à la fois partie intégrante de la CEE et partie prenante
de leur espace géographique de proximité, le Groupe se prononçât en faveur « d’autant
d’intégration qu’il était possible mais, en même temps, d’autant de spécificités qu’il était
nécessaire5 ». Il en tirât les conséquences en cherchant une voie médiane, pragmatique, entre une
application du traité, identique pour chaque région, et la reconnaissance de leur réalité régionale,
notamment de leur grand éloignement. Mettant en pratique ces principes, la Commission définit les
programmes POSEI (Programmes d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité) qui
donnèrent ensuite naissance à Poseidon. Cet anagramme, qui évoque symboliquement la présence
tutélaire du Dieu de la mer, correspond à une approche commune au travers de programmes
consécutifs (Poseima, Poseican) qui entend réussir à atteindre la mise à niveau économique et
sociale6 et à maintenir l’effort d’adaptation, tant que n’aura pas été atteint le niveau moyen de la
Communauté.
En même temps l’adoption des programmes POSEIDOM7 permettait d’adopter la PAC (Politique
agricole commune) et PCP (Politique commune de la pêche) dans les régions ultra-périphériques
pour prendre en compte non seulement la nature spécifique des produits tropicaux mais aussi leurs
conditions socio économiques de production. Le maintien et l’aménagement des dispositions
fiscales et douanières dont bénéficiaient ces régions étaient alors confirmés.
80
proprement local » ; l’isolement relatif découlant de la position d’île,
naturellement enclavée ; les conditions géographiques et climatiques, enfin, qui
limitent naturellement le développement des secteurs primaires et secondaires.
81
Tableau 2.2. Croisement des axes et des priorités stratégiques du DOCUP
Lutte contre
Renforcement Promotion des
Aménagement Grands projets l’exclusion et
Axe Libellé du tissu ressources
du territoire d’infrastructures maintien de la
économique humaines
cohésion sociale
A Développement
économique
X X
créateur d’emplois
durables
B Politique
volontariste
X X
d’aménagement du
territoire
C Gestion préventive
et durable des
X X
ressources et
richesses naturelles
D Infrastructures de
formation et X
d’éducation
E Ouverture de
la réunion sur X X X
l’extérieur
F Poursuivre le
développement de
X
la filière pêche et
de l’aquaculture
G Insertion et lutte
X
contre l’exclusion
H Formation et
apprentissage tout X
au long de la vie
I Accompagnement
X X
et ingénierie
J Aménagement et
développement X X
rural
K Structures
d’exploitation et
X
productions
agricoles
82
Tableau 2.3. Prévisions de dépenses du DOCUP, 2000-2006
En Millions d’Euros
Structure
Total maquetté financière des
Total maquetté Dont national
Axe Libellé en coût total Dont l’Europe contributions
(coût total) public
public publiques
nationales
A Développement 490 900 326 723 191 091 135 632 14.8 %
économique
créateur d’emplois
durables
B Politique 323 046 322 528 180 053 142 475 15.5%
volontariste
d’aménagement du
territoire
C Gestion préventive 326 860 319 055 191 423 127 632 13.9%
et durable des
ressources et
richesses naturelles
D Infrastructures de 206 779 206 779 124 067 82 712 9%
formation et
d’éducation
E Ouverture de 141 886 116 153 56 414 59 739 6.5%
la réunion sur
l’extérieur
F Poursuivre le 36 852 21 736 15 588 6 148 0.7%
développement de
la filière pêche et
de l’aquaculture
G Insertion et lutte 131 566 131 565 97 099 34 466 3.8%
contre l’exclusion
H Formation et 446 002 438 299 322 436 115 863 12.6%
apprentissage tout
au long de la vie
I Accompagnement 50 913 50 913 37 436 13 477 1.5%
et ingénierie
J Aménagement et 281 179 258 668 155 019 103 649 11.3%
développement
rural
K Structures 410 550 239 822 145 913 94 629 10.3%
d’exploitation et
productions
agricoles
Total 2 846 533 2 432 241 1 515 819 916 422 100%
83
Le DOCUP s’assigne, de façon très explicite deux grandes finalités :
maintenir et renforcer la cohésion sociale ; assurer un développement à
caractère durable. Les thématiques qui sont inscrites dans le DOCUP n’épuisent
pas le sujet et doivent être complétées par des thèmes hors DOCUP. Au total,
on peut classer ces thèmes selon trois rubriques (tableau 2.2) :
84
En complément du prix de base industriel, les producteurs de canne à sucre
bénéficient d’une aide de l’État constituée pour tous les planteurs d’une aide
économique et pour les agriculteurs à titre principal d’une aide à la production.
En 2001-2002, 4 102 planteurs ont perçu l’aide économique et 3 391 l’aide à la
production. En outre, une prime bagasse – qui correspond à la moitié de la
recette résultant des économies d’énergie – dans le cadre de la mise en service
des centrales électriques charbon / bagasse, est versée aux planteurs pour autant
que la production totale dépasse 1,5 millions de tonnes de cannes. La recette
brute des planteurs était en 2000 de 76,7 millions d’Euros. Le total des aides
convention canne atteignait 32,3 millions d’Euros. Soit une recette brute totale
de 110,4 millions d’Euros. En outre la filière bénéficie d’aides structurelles,
dans le cadre du DOCUP : elles visent à améliorer le cadre de production, les
structures d’exploitation ainsi que la logistique de collecte et de transport.
Toutes ces aides s’inscrivent dans le cadre du Programme de consolidation de
l’économie sucrière (PCES canne) dont l’origine remonte à 1983 mais qui a pris
une ampleur nouvelle à partir de la campagne 2001, dans le cadre du
DOCUP 2000-2006 : amélioration foncière, remise en état des voiries
d’exploitation, replantation de surfaces en cannes. Le montant des aides
octroyées dans ce cadre pour 2001 se montait à 5,7 millions d’Euros, financées
à 70 % par le FEOGA et 30 % par le Conseil général.
Les mesures prises dans la période récente ont surtout visé à faire évoluer
les dispositifs anciens comme par exemple l’octroi de mer ou la défiscalisation
des investissements. Sauf pour ce qui est du financement des collectivités
locales, ces politiques ont eu parfois des effets mitigés. L’exemple de la
démonopolisation montre que la situation particulière de l’île, l’étroitesse de
l’offre et la fragmentation des débouchés allongent considérablement le temps
nécessaire pour voir se matérialiser les effets des initiatives engagées. Il reste
qu’à terme le succès sera conditionné par une plus grande cohérence des
dispositifs et la suppression progressive des obstacles à la concurrence.
85
l’octroi de mer à l’ensemble des produits importés, français et étrangers. La loi
du 11 janvier 1892 limita les pouvoirs des Conseils généraux des colonies
concernées au seul octroi de mer et décida que ses tarifs ne seraient exécutoires
qu’après leur approbation par décret. Ces dispositions codifiées dans la loi de
finances de 1918 subsistèrent jusqu’en 1946, année de la départementalisation.
Dans le cadre de cette départementalisation, les dispositions douanières
métropolitaines furent étendues aux nouveaux départements par les décrets
du 27 décembre 1947 : ce texte précisait que les dispositions en vigueur en
matière d’octroi de mer ainsi que l’affectation de leur produit au budget des
communes étaient provisoirement maintenues. Il est à noter que ces
dispositions, bien que modifiées, sont toujours en vigueur. Mais, depuis la loi
du 2 août 1984, ce sont les Conseils régionaux qui votent les taux d’octroi.
Cette situation n’a pas été remis en cause par l’intégration de l’île dans le
territoire douanier de l’UE. Avec l’organisation, à la fin des années 80, d’une
réflexion sur la problématique ultra-marine, le Conseil européen, « constatant le
poids des handicaps structurels permanents que subissent les départements
d’Outre-Mer » reconnaissait dans le cadre de sa décision n° 89/687
du 22 décembre 1989, la nécessité d’une fiscalité spécifique à l’Outre-Mer « qui
valorise la maîtrise de leur propre développement par les collectivités locales à
partir de la libre disposition de ressources susceptibles de soutenir les
productions locales ». En conséquence le Conseil décidait d’accorder au secteur
productif de La Réunion, comme à celui des autres DOM, un régime spécifique
d’exonération d’octroi de mer, les attendus de cette décision sont intéressants à
rappeler :
86
Le régime intérimaire ainsi établi généralise donc l’octroi de mer à
l’ensemble des biens meubles corporels mis à la consommation dans les
départements d’Outre-Mer.
87
Les modalités de la Loi de 1992 arrivant à expiration le 31 décembre 2002,
elles ont été prorogées d’une année par l’UE à la demande de la France. De
nouvelles modalités - visant à définir plus précisément les productions locales
pouvant bénéficier d’une taxation différenciée par rapport à leurs équivalents
importés et à encadrer ces différenciations dans des écarts maximum autorisés –
sont actuellement négociées entre la France et la Commission européenne.
En 1986, la Loi Pons, inscrit le système dans la durée en lui fixant une
période d’application de dix années. Le taux de la déduction fiscale passe de 50
à 100 % et les secteurs considérés comme éligibles sont ceux exposés à la
concurrence extérieure, soit l’industrie, le tourisme, l’agriculture, la pêche,
le BTP, les transports, l’artisanat et les énergies nouvelles. L’État prend à sa
charge la quasi totalité des investissements, non seulement par la déduction
initiale, mais aussi par la prise en compte ultérieure des déficits reportables, liés
en particulier à l’amortissement des investissements et au règlement des frais
financiers. Cette même loi prévoyait également une réduction des impôts
de 50% pour les particuliers faisant l’acquisition de logements ou souscrivant au
capital de sociétés dans les secteurs éligibles à la déduction. Les dérives du
système, et notamment la recherche de la prime fiscale maximum plutôt que
l’efficacité économique, conduisirent le gouvernement, suivant en cela les
propositions du Rapport Richard, à réintroduire, dans la loi de finances
pour 1992, la procédure d’agrément supprimée en 1980. Le système est à
plusieurs reprises réaménagé au cours des années suivantes : l’octroi de
l’agrément est réputé acquis en cas de non réponse dans un délai de trois mois ;
il n’est pas nécessaire si l’investissement est inférieur à 1 MF mais doit faire
l’objet d’un accord préalable si il est supérieur à 30 MF. La loi de finances
pour 1998 exclut les subventions publiques de l’assiette défiscalisable et
supprime la double défiscalisation : la première sur l’investissement, la seconde
sur les pertes d’exploitation. Ces évolutions constantes du système ont
incontestablement nui à son développement.
88
La nouvelle loi-programme promulguée en juillet 2003 (Loi Girardin)
revient sur la défiscalisation qui en constitue un des principaux volets. Si le coût
global du projet de loi est estimé à 240 millions d’Euros, la majeure partie de
cette somme sera consacrée à la « relance de l’investissement privé » c’est à
dire la défiscalisation. Tout en mettant effectivement en place un certain nombre
de garde-fous pour prévenir le retour des dérives antérieures, il renforce les
dispositifs existants et ouvre de nouvelles possibilités d’exonération, que ce soit
pour l’impôt sur le revenu ou l’impôt sur les sociétés : le plafonnement à 50 %
de la cotisation d’impôt sur le revenu est ainsi supprimé de même qu’est
abrogée la distinction entre l’investisseur professionnel et l’investisseur qui
pratique des montages externalisés et recherche des effets d’aubaine. Le taux de
réduction d’impôt, de 50 % en moyenne, est porté à 70 % pour les travaux de
réhabilitation. L’innovation majeure réside dans la création d’un nouvel outil de
financement des entreprises, les SOFIOM, permettant notamment d’élargir la
mobilisation de l’épargne des particuliers au bénéfice d’un apport permanent de
fonds propres aux entreprises locales qui investissent.
89
essentiellement les RMIistes, les chômeurs de longue durée et les travailleurs
handicapés, ainsi, depuis 1997 que tous les jeunes de moins de 26 ans. C’est un
contrat à mi-temps, rémunéré à la moitié du SMIC, à durée déterminée ou
indéterminée. Les entreprises bénéficient à la fois d’une exonération de charges
sociales et d’une prime de 305 EUR. L’évaluation de l’impact des dispositifs est
prévue par la loi en 2006.
90
Les avatars de la démonopolisation
91
Tableau 2.4. Décomposition des coûts des carburants à La Réunion
En pourcentage
Source : IEDOM.
Le transport aérien
92
• Une très forte clientèle saisonnière. Cette clientèle se concentre en
début et en fin de période scolaire et est formée très majoritairement
de métropolitains, de réunionnais ou de touristes affinitaires.
Air France occupe sur les vols longs courriers entre l’Europe et
La Réunion une position largement dominante, contestée seulement par Corsair
et deux compagnies régionales: Air Bourbon et Air Austral. La position
dominante d’Air France constitue une entrave sérieuse à la venue d’autres
opérateurs capables de développer une liaison long-courrier. En effet,
Air France, au travers de sa politique commerciale et de ses participations au
93
capital de compagnies régionales (Air Austral) contrôle en pratique la liaison
réunionnaise.
Air France a proposé de son côté que l’État prenne des mesures fiscales
comme la défiscalisation, l’exonération des charges sociales et des aides
directes à la continuité territoriale. De telles mesures rendraient la destination
plus attractive et plus facilement rentabilisable. La défiscalisation aiderait les
transporteurs français, mais n’aurait aucun effet pour susciter l’intérêt des autres
transporteurs européens ou étrangers. L’allégement ou l’élimination des charges
sociales est une autre mesure dont les effets seraient sensibles sur les prix. Il
faut noter que la Loi-Programme pour l’Outre-Mer de Juillet 2003 prévoit
d’agir sur le coût des billets d’avion d’une part en exonérant de charges sociales
les entreprises de transport aérien (dans la limite des effectifs exclusivement
employés à la desserte de l’Outre-Mer et affectés dans leurs établissements
locaux), et d’autre part en versant à chaque collectivité locale une dotation
destinée à accorder aux passagers résidant Outre-Mer une aide forfaitaire. Par
ailleurs une aide annuelle spécifique à la mobilité des jeunes étudiants ou en
formation professionnelle (Passeport mobilité) a été mis en place par le
gouvernement. Enfin, les opérateurs du tourisme réunionnais pourraient
concourir à l’augmentation et à la diversification de l’offre de siéges en
intensifiant par des campagnes de promotion hors métropole, la demande pour
la destination surtout durant les périodes peu sollicitées par les touristes
affinitaires. La Réunion se trouve ainsi dans un cercle vicieux qu’il ne sera pas
facile de briser à moins de se tourner vers des affrètements partagés tant avec
Maurice, qu’avec les autres îles et territoires de la région.
94
domaine de la téléphonie fixe. France Telecom est, tout à la fois : le propriétaire
des réseaux locaux d’accès à l’abonné ; le propriétaire du réseau de fibre
optique qui ceinture l’île ; le représentant local du consortium du câble
sous-marin SAFE dont il a l’exclusivité de la commercialisation à La Réunion;
le détenteur d’un quasi-monopole sur le satellite bien que Cegetel et Outremer
Telecom y aient accès pour leurs besoins propres. Ce monopole est renforcé par
le fait que les infrastructures alternatives sont peu mobilisables. Seul le réseau
d’EDF offre des possibilités de servir de support à un second câble de fibre
optique. Les autorités locales ont commencé à explorer cette possibilité.
95
• Le déploiement est tardif. Internet et le GSM furent disponibles en
1995 seulement. Il faut noter que La Réunion a effectué un rattrapage
spectaculaire puisque le taux de pénétration se rapproche de celui de la
métropole pour le GSM (60 % contre 62 %) et dans une moindre
mesure pour Internet (23 % contre 38 %)
96
Les systèmes régionaux de promotion de l’activité économique
97
la plantation et une prime bagasse est versée selon les économies d’énergies
réalisées.
98
Encadré 2.2. Produits du terroir et marketing des régions
En raison de leur enracinement dans le terroir et les traditions, les produits locaux peuvent jouer un
rôle majeur dans les dynamiques de développement rural. Lorsqu’elles sont labellisées, les
spécialités régionales accroissent leur visibilité pour le consommateur et contribuent à forger
l’image des territoires.
Teruel, Espagne - Dans la province rurale de Teruel, la région de Maestrazgo a pris des mesures
pour promouvoir sa production artisanale de denrées alimentaires. En 1995, l’association des
entreprises alimentaires du Maestrazgo—un groupe de producteurs locaux —a créé le logo
Maestrazgo, un label de qualité pour distinguer les productions des affiliés. Pour augmenter le
marketing et les ventes, une compagnie a été formée en 1998 pour prendre en main la promotion et
les ventes des produits de la région. Cette activité consiste à faire de la publicité sur Internet, à
participer aux foires et à mettre en place des stands de ventes des produits dans les grands
magasins de la région. La distribution s’opère au travers de cinq boutiques spécialisées, trois à
Teruel et deux dans la région de Valence, mais les produits peuvent aussi être écoulés par
correspondance (OCDE 2001a).
Sienne, Italie - Sienne est une région rurale avec une forte tradition agricole. Elle est connue pour
son vin et ses produits alimentaires dont la qualité a été consacrée par des appellations
contrôlées (AOC). C’est le cas de l’huile d’olive de Toscane. Cette dénomination d’origine a été
accordée à la région par la Commission européenne en 1998 et le nom est protégé depuis cette
année. Cette appellation certifiée constitue un instrument de marketing pour la région et a permis
de conquérir des marchés. L’huile d’olive de Toscane est vendue dans les grands supermarchés
nationaux ou dans d’autres pays (60% de la production est exporté). Le prix est monté sur le
marché à Florence. Par ailleurs, les territoires de Toscane qui n’avait pas une réputation ni de
produits particuliers ont profité de cette notoriété (OCDE 2002b).
Le secteur de la pêche, quant à lui est fortement soutenu par les aides
publiques et dispose d’aides spécifiques avec l’Instrument financier
d’orientation de la pêche (IFOP) avec 15 588 000 EUR crédités pour la
période 2000-2006. L’objectif principal poursuivi est la modernisation,
l’entretien et le renouvellement de la flotte. De plus, pour structurer et de
professionnaliser cette filière, le Conseil général dans le Contrat de plan
État-région décline un ensemble de mesures allant de la protection et du
développement des ressources aquatiques à l’équipement des ports de pêche en
passant par la modernisation de la flottille et l’incitation à l’implantation
d’entreprises innovantes. Près de 5 millions d’Euros ont été inscrits au budget
pour la période 2000-2006.
L’industrie et l’artisanat
99
leur charge la différence entre les recettes locatives de ces infrastructures et les
coûts réels.
Depuis 1980, La Réunion promeut son image à travers les thèmes du grand
spectacle et de l’intensité des découvertes que propose l’île (volcan, diversité).
Acteur principal de la promotion, le Comité du tourisme de
La Réunion (www.la-reunion-tourisme.com) gère un budget de 1.6 millions
d’Euros (en 2000) dont 43 % pour la communication (en diminution de 25% par
rapport à 1999), 22 % pour la promotion en métropole, 14 % pour la promotion
à l’étranger et le reste pour les supports de promotions (prospectus, dépliants).
Les pays étrangers ciblés sont principalement les pays d’Europe. Cette action
est complétée par celle des acteurs privés qui a été principalement d’organiser et
de financer des séjours pour les journalistes et les professionnels du voyage.
Marginalement, des actions non cordonnées sont entreprises par des acteurs du
secteur parapublic et associatif. Le comité est financé par la région et le
département. Dans le cadre du CPER, plus de 30 millions d’Euros sont à
disposition de ce secteur et plus de 150 millions sont programmés dans le
FEDER pour le développement et le soutien de cette filière.
100
Les formations dans le secteur du tourisme sont assurées aussi bien par des
établissements relevant de l’éducation nationale que des organismes privés ou
bien encore par le CENTHOR (Centre technique du tourisme, de l’hôtellerie et
de la restauration). Cette dernière structure associe professionnels de la branche
et institutions publiques. Elle est gérée par la Chambre de commerce et
d’industrie et s’occupe à la fois de la formation des 16–25 ans et des actifs
comme des demandeurs d’emploi. Entre 60 et 75 % des personnes formées à
La Réunion dans ces divers organismes trouvent une place après leur formation
et environ un quart d’entre eux partent pour la métropole.
101
vraie politique de valorisation des aménités pour fédérer une offre très
fragmentée et augmenter la qualité des prestations au travers de mesures actives
pour labelliser les services touristiques. La Réunion a par ailleurs entrepris
depuis les années 70 un processus de rattrapage dans le domaine de la
formation, de la recherche et de la génération des savoirs qui maintenant
commence à porter ses fruits. Il est crucial d’augmenter la visibilité de ses
résultats et de les transférer vers le secteur des entreprises. Un entrepreneuriat
vivace rendra ces transferts plus aisés. Des politiques judicieuses pour améliorer
l’environnement des firmes et les services aux entreprises peuvent aussi
utilement catalyser ces transferts.
Pour l’heure les exportations de l’île vers les pays de la COI (6.3% des
biens et services vendus hors du marché local) et même Mayotte (5.5%) sont
faibles et les importations encore plus. Un potentiel de croissance important
existe en matière de commerce avec les pays voisins, même si leur
environnement juridique et économique, les barrières douanières et le mauvais
fonctionnement de leur secteur public constituent des obstacles aux échanges et
à l’investissements direct. L’île pourrait fournir en particulier de l’assistance
technique, engager des coopérations notamment dans les domaines où elle
investit en R&D (agronomie, santé, risques naturels, science de l’ingénieur) et
s’ouvrir ainsi des marchés. Elle pourrait approfondir ses spécialisations en
concentrant l’activité capitalistique et technologique sur son sol et les travaux
intensifs en main d’œuvre dans les pays riverains. Des programmes conjoints
avec les pays de la Grande Région pourraient en outre favoriser l’émergence de
réseaux de production et de grappes intra régionales (voir encadré 2.3). Dans ce
contexte il faut distinguer deux types de voisins.
• Les pays de la première couronne, les plus proches, ceux sans doute
avec lesquels, malgré des écarts structurels importants, les partenariats
devraient être les plus aisés. On trouve dans cette catégorie l’Afrique
du Sud et Madagascar, bien entendu, mais aussi, les Comores,
Maurice, Mayotte et les Seychelles ;
102
Encadré 2.3. Les réseaux de production internationaux
Le Réseau textile de Hong Kong - Les firmes de Hong Kong ont commencé dès 1964 à
internationaliser leur production textile en raison des restrictions d’importations imposées par le
Royaume Uni. Les firmes de vêtements ont d’abord transféré leurs activités manufacturières à
Singapour, Taiwan et Macau. A Singapour elles ont mis à profit les préférences pour le
Commonwealth dans les importations du Royaume-Uni. Ces firmes se sont ensuite redéployées
vers les Philippines, la Malaisie et Maurice dès les années 70. Ce second transfert a été la
conséquence de l’érection de nouveau quota et de la mise en place de systèmes d’incitations
intéressants dans les pays hôtes. Par exemple à Maurice, ils ont bénéficié des faibles droits de
douane vers l’Europe dans la zone d’exportation. Si au total Hong Kong a connu un déclin de la
production et de l’emploi dans le textile (de moitié entre 1984 et 1994), on a pu aussi constater une
très forte augmentation des firmes commerciales tant en chiffres d’affaires qu’en création
d’emploi [celui-ci ayant progressé de 400% dans entre 1978 et 1991] (Gereffi, 2002).
103
sur le partenariat, l’échange ou la complémentarité, dans la perspective d’établir
une forme de co-développement, plus global dont les contours et les moyens
restent à inventer au cas par cas.
Consolider le tourisme
104
série d’activités d’interprétation et d’observation. Les Hauts offrent enfin des
opportunités de développement grâce aux stations thermales axées sur les
besoins du tourisme.Les autorités pourraient mobiliser au profit de ces activités
les ressources déjà disponibles dans les différents programmes d’aide à
l’emploi (emplois jeunes) et d’aide financière à l’entreprise touristique et faire
migrer la politique de développement de l’agriculture vers une stratégie de la
ruralité. Le développement des Hauts devra favoriser la pluriactivité qui permet
de créer des complémentarités entre les activités agricoles, les initiatives de
loisirs et les opérations d’accueil.
Le Canada compte 38 parcs nationaux et 131 sites historiques. La Réserve du parc national de
Kluane, dans le sud-ouest du Yukon, contient les plus hautes montagnes du Canada, les plus
vastes champs de glace du monde en dehors des régions polaires et abrite une extrême diversité
végétale et animale. Les sites historiques nationaux du Chilkoot trail et du Klondike commémorent
l’histoire de la ruée vers l’or et son impact sur l’économie canadienne. Depuis 1994 tous les
visiteurs doivent payer des droits d’accès aux parcs nationaux et aux sites historiques nationaux.
Ces recettes sont réinvesties dans les actions et services proposés dans les sites et parcs
nationaux. En 1996-1997, Parks Canada a collecté environ 16 % de son budget auprès des
visiteurs par le biais de ces droits d’entrées et de la vente de services.
La concurrence sera vive entre les pays et les territoires de l’océan Indien
pour s’accaparer les parts de marché des touristes européens. Il faut donc
renforcer dès maintenant la capacité de promotion du Comité du tourisme. La
capacité touristique de La Réunion repose surtout sur de petits opérateurs qui
n’ont pas les ressources financières pour contribuer massivement aux
campagnes de promotion de l’île à l’étranger. La région devra, pour un certain
temps encore, palier cette carence en contribuant significativement au budget de
promotion du tourisme. Cette promotion devra s’élargir pour viser non
seulement la métropole mais aussi un éventail plus large de pays européens.
105
fréquence et la diversité de l’origine des vols vers cette île. Paris devra alors
accorder les droits d’atterrissage en fonction de la demande. Encore faudrait-il
que les conditions d’atterrissage et de service à La Réunion soient au moins
comparables à celles qui sont faites dans les territoires concurrents.
106
nouvelles (Louis Lengrand & Associés, 2001). Il reste que les fertilisations
croisées résultant de la proximité géographique et de synergies ne sont pas
automatiques. Dans le cas de la métropole, on estime que la moitié des
technopoles fonctionnent dans de bonnes conditions (OECD 2002).
Le programme de liaison avec l’industrie du MIT - Créé en 1948, ce programme d’interaction avec
l’industrie (ILP) est une référence dans le domaine des interfaces université / industrie. L’ILP a pour
but de construire une relation entre le MIT et les entreprises. Il s’efforce d’identifier les besoins et
les intérêts des firmes, de renforcer les liens entre elles et les experts compétents du MIT et de les
impliquer dans les projets des firmes lorsque cela est souhaitable. L’élément central du programme
est le correspondant industriel (ILO). Les Compagnies se voient en effet assignées un
correspondant chargé de pourvoir aux besoins de l’entreprise. Il / elle est l’intermédiaire de la
compagnie au MIT et représente les intérêts de l’administration du MIT. Les compagnies peuvent
prendre connaissance des nouvelles recherches de l’institut et collaborer avec les professeurs et
les chercheurs et discuter les progrès accomplis. Ils peuvent rencontrer ceux qui sont directement
impliqués dans leur domaine d’intérêt et/ou financer de la R&D dans des domaines spécifiques. En
conséquence, pour les membres des facultés du MIT, les chercheurs et les étudiants , les capacités
de financement des recherches sont accrues, de même que les chances de devenir consultants ou
même d’être recrutées par les firmes affiliées au programme. Du fait de ces interactions, le
transferts des technologies et des résultats des recherches vers l’industrie est plus efficace et plus
rapide (http://ilp.mit.edu/ilp/).
107
l’innovation » (CCRRI) et souhaite parvenir à une vision cohérente et
prospective.
Renforcer l’entrepreneuriat
Une étude conduite par l’INSEE à partir de 1994 dont les résultats ont été
publiés en 1999 en utilisant les données du répertoire SIREN montre que 37 %
des entreprises exercent toujours une activité quatre années après leur création,
alors qu’environ 25 % ferment après la première année (graphique 2.1.). De
nombreux facteurs affectent la probabilité de survie de l’entreprise. D’une part,
le positionnement géographique, les entreprises localisées au nord ou à l’ouest
ayant une probabilité de survie plus forte. Les situations qui ont un effet positif
sur la probabilité de survie d’une entreprise sont les suivantes : être la filiale
d’une autre entreprise, avoir mené avant la création de l’entreprise une étude sur
la concurrence, avoir une solide assise financière, avoir une expérience comme
chef d’entreprise ou avoir été cadre, être diplômé, avoir une connaissance du
marché. Réciproquement, les chômeurs qui montent leurs propres affaires pour
sortir d’une période de chômage ont une probabilité de succès très réduite.
108
Graphique 2.1. Dynamique de l'emploi et des entreprises, 1999-2000
Source : ASSEDIC.
109
Encadré 2.6. Enseigner l’entrepreneuriat
Irlande - Le gouvernement irlandais a aussi mis l’accent sur le développement et l’acquisition des
compétences entreptreneuriales. L’éducation et la formation reliées aux activités entrepreneuriales
sont d’ailleurs des objectifs du Plan national de développement 2000-2006. Des programmes
comme le programme des jeunes entrepreneurs (YES) et le programme l’entreprise pour les
diplômés (GES) ciblent des groupes d’âge particuliers. Le premier concerne des étudiants entre
12 et 18 ans alors que le deuxième cible des étudiants de niveau universitaire. YES fournit une
assistance à la création et à la gestion de micro-enterprises. En 1999-2000, plus de 9 200 élèves
ont participé à la création et au fonctionnement de plus de 2 800 mini compagnies. GES opère de
manière différente. Les cours sur l’entreprise et le management des PME sont maintenant des
éléments du curriculum dans de nombreux business schools. L’ université de Limerick propose
notamment un diplôme d’entrepreneuriat, et University College de Dublin a créé une faculté—La
faculté Tony Ryan d’entrepreneuriat—qui assure l’éducation des futurs
entrepreneurs (Commission européenne, 2001).
110
Améliorer les services aux entreprises
Les initiatives prises ont surtout consisté à mettre en place des zones
d’accueil. En 1999, ces zones représentent une superficie totale d’environ
620 hectares, accueillent près de 1 500 entreprises et 15 000 emplois.
Historiquement la commune du Port a vu la première implantation d’une telle
zone. Depuis ce moment, la micro-région ouest concentre à elle seule près
de 50 % des pôles économiques. Vient ensuite la micro-région nord. La
répartition est inégale. Ainsi, la commune de Saint Paul dans la micro-région
ouest accueille plus d’entreprises et d’emplois que l’ensemble de la micro
région est. Trois communes (Saint Pierre, Le Port et Saint Denis)
concentrent 73 % du total des surfaces des zones d'activité et 81 % des emplois.
111
NOTES
4 Dans une contribution à un ouvrage collectif, « Quel statut pour les Iles
d’Europe ? », publié par les éditions L’Harmattan, en 2000, sous l’égide de la
CRPM (Conférence des régions périphériques et maritimes).
5 Selon la formule de Michel Rocard, alors Premier Ministre, lors d’un voyage
officiel à La Réunion, en 1989.
8 L’octroi de mer est un droit ancien. Il a été institué dans les colonies de la
République au cours du XIXème siècle : 1819 pour la Martinique, 1825 pour
la Guadeloupe et 1850 à La Réunion. Sa consécration officielle résulte du
Senatus Consulte du 4 juillet 1866.
10 Ces chiffres sont extraits du rapport sur « la situation économique dans les
DOM »rédigé par Eliane Mossé en janvier 1998.
11 Les obligations minimales de service public sont les suivants: assurer tout au
long de l’année au moins une fréquence hebdomadaire ; accepter d’assurer
les évacuations sanitaires ; garantir que le nombre d’annulations de vols
imputables au transporteur ne dépassera pas 10 % du programme déposé ;
garantir un préavis de 6 mois avant l’interruption des services ; prévoir
l’existence d’un tarif enfant réduit de 33 %.
112
12 Dans le cadre du plan d’aménagement des hauts, la Réunion est d’ailleurs
candidate en 2003 au programme LEADER+ avec un projet d’exploitation
des produits du terroir.
113
114
CHAPITRE 3
LA GOUVERNANCE
115
Encadré 3.1. Le cadre de gouvernance à La Réunion
La région est gérée par un Conseil régional élu pour une durée de 6 ans, au suffrage universel
direct et au scrutin proportionnel. Le Conseil élit son Président. Les compétences dévolues à cet
échelon administratif s’étendent à l’action économique incluant l’économie alternative,
l’aménagement du territoire, l’enseignement secondaire, la formation professionnelle et la
recherche, les affaires européennes et la coopération régionale, l’agriculture sauf l’élevage et enfin
la culture et le sport. La région a aussi une responsabilité de planification stratégique horizontale à
long terme. En 2000, le budget primitif de la région était de 388 millions d’Euros.
Le département est, de façon parallèle, dirigé par un Conseil général élu pour 6 ans, au suffrage
universel direct et au scrutin uninominal majoritaire à deux tours par les électeurs de chaque
Canton. Le Conseil élit son Président. Le département est en particulier compétent dans les
domaines suivants : l’action sociale et sanitaire, l’éducation secondaire et notamment le transport
scolaire, la construction et de l’entretien des collèges, l’entretien des routes départementales,
l’élevage et l’équipement rural, le logement, l’environnement et enfin la culture et les sports. D’une
façon générale, le département se spécialise dans la mise en œuvre des programmes de proximité
sociale. Ce qui explique que son budget de 614 millions d’Euros en 2000 est le double de celui de
la région.
Enfin, les communes gérées par un Conseil municipal élu au suffrage universel direct pour six ans
s’occupent des compétences de proximité et notamment de l’état civil, du recensement, des
services d’hygiène et de sécurité, de l’élaboration du plan d’occupation des sols et de l’urbanisme,
de l’enseignement primaire et des équipements collectifs locaux, du logement social, de la voirie
communale et des transports urbains. Les communes disposaient en 2000 d’un budget
de 526,2 millions d’Euros auquel s’ajoutaient une dotation globale de fonctionnement et des
compensations au titre de l’urbanisme, des transports urbains et des services d’hygiène et de
santé. Les communes ont récolté en 2000, 80 % de leurs recettes fiscales au titre de l’octroi de mer
soit 184,3 millions d’Euros. Depuis ces dernières années, on assiste à la mise en place de
regroupements pour l’exercice commun de certaines compétences communales.
A ces niveaux il faut ajouter, l’Union européenne et l’État qui, à travers le Préfet et ses services
déconcentrés, intervient dans le traitement des affaires économiques, sociales et
environnementales. Ainsi, le Préfet veille au respect des lois dans le département et exerce le
contrôle sur les actes administratifs des collectivités locales. Les organes déconcentrés, services
d’exécution des différents ministères, sont sous la double autorité du Préfet et de l’administration
centrale. Leurs champs de compétences sont restreints ce qui explique leur diversité. De manière
non exhaustive agissent dans l’île : la Direction départementale de l’équipement (DDE) compétente
dans la gestion des routes, la sécurité routière, le maritime, le fluvial et l'aéroportuaire, l'habitat, le
logement, les constructions publiques, l'urbanisme, l'aménagement, l'environnement et les risques
naturels ; La Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement (DRIRE) qui
intervient dans des domaines aussi divers que l’énergie, l’environnement et le développement
économique. Il en est de même dans les autres secteurs d’activité avec la Direction départementale
de l’agriculture, la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales, la Direction
départementale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle et le rectorat.
Enfin, sont associées dans les processus de développement économiques les chambres
consulaires : la Chambre de commerce et d’industrie, la Chambre de métiers et la Chambre
d’agriculture. Ce sont des établissements publics chargés de la promotion de leurs secteurs
associés ainsi que de la formation, de l’aide et de la diffusion de l’information auprès des
entrepreneurs.
Outre les institutions publiques, plusieurs organismes associatifs d’intérêt public participent au
système de gouvernance de l’île. Ces acteurs représentent les entreprises (banques, tourisme,
sucre) les travailleurs et la vie collective (associations familiales, groupements de femmes, groupes
de consommateurs, organisations syndicales).
116
L’architecture des pouvoirs à La Réunion présente des caractéristiques
propres. D’abord le Ministère de l’Outre-Mer exerce l’autorité de l’État sur ce
département. À ce titre, il coordonne les interventions de l’ensemble des
ministères français et assure la prise en compte des particularités des
départements éloignés de l’hexagone. Il est investi de plusieurs missions.
117
Les instruments de la planification stratégique
L’Europe est devenue un acteur important dans le domaine du développement socio économique.
Ses actions sont menées en adaptant les politiques communautaires à la réalité ultra-périphérique
notamment en intervenant par le biais de quatre fonds structurels :
1. Le Fonds social européen est l’instrument financier de l’Union européenne qui vise à lutter contre
le chômage, améliorer la qualification de la main d’œuvre et stimuler l’esprit d’entreprise.
118
Encadré 3.2. (cont.)
La coordination de l’action de ces fonds structurels au niveau des régions européennes se fait sur
la base d’un Document unique de programmation (DOCUP) rédigé en partenariat par l’État, les
collectivités locales et les partenaires sociaux. Il est ensuite négocié avec la
Commission européenne.
Il comprend :
-Un diagnostic de la région, principalement pour La Réunion une analyse socio économique et une
analyse de la situation de l’emploi et de la formation.
-Les activités à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs ainsi que les stratégies à mener.
119
Le CPER a une approche régionale et territoriale. Le volet régional recense
les actions ou les politiques d’intérêt régional, ainsi que les actions de
coopération régionale alors que le volet territorial constitue un cadre au sein
duquel s’organiseront la politique de la ville, la politique d’aménagement des
hauts et la politique des pays et agglomérations. L’ensemble des acteurs
institutionnels ou socioprofessionnels du développement est associé à la
réflexion. Dans leur démarche commune, le souci des partenaires est d’articuler
le contrat de plan avec l’ensemble des orientations engageant l’avenir de
La Réunion, à moyen terme. La définition du CPER a notamment été guidée par
la recherche d’une étroite complémentarité avec le Plan de développement
régional (PDR III). Les partenaires ont également veillé à tenir compte des
schémas de services collectifs tels qu’ils ont été définis par la loi d’orientation
pour l’aménagement et le développement durable du territoire.
120
intervenir dans le domaine de l’action économique à condition que les aides
directes fournies ne dépassent pas un plafond légal, et viennent en complément
des aides de la région. En matière d’environnement, la région peut conduire
toutes les actions nécessaires pour la protection des sites et du patrimoine alors
que le département est compétent pour conduire une politique de protection des
espaces naturels. Le département est compétent pour la partie culture des
activités agricoles alors que la région s’occupe de l’élevage et de l’équipement
rural. Les dossiers ruraux qui exigent une approche horizontale et qui
concernent l’élevage et l’agriculture posent, de ce fait, des problèmes de
coordination au niveau de la planification et de la mise en œuvre. Dans le cas de
La Réunion, on est ainsi conduit à s’interroger, par exemple, sur qui est
vraiment responsable de la protection des champs de canne à sucre, à la fois
activité économique, espace naturel et partie intégrante du patrimoine de l’île.
De même, dans le secteur de l’habitat, la région peut définir les priorités en
matière d’habitat alors que les communes ont la responsabilité de la gestion de
l’urbanisme et interviennent aussi dans les politiques de logements sociaux.
121
fonctionner tantôt comme freins et tantôt comme moteurs du développement de
l’île.
122
d’aménagement du territoire. Elle leur demande notamment d’adopter un
schéma d’aménagement régional (SAR) qui fixe les orientations fondamentales
en matière d'aménagement du territoire et de protection de l’environnement.
Pour La Réunion, ce schéma a été approuvé par décret pris après avis du
Conseil d'État en 1995. Le SAR, bien qu’établi à l’instigation de la région, est
discuté, construit et finalisé par une commission formée par les représentants de
la région, du département, de l’État, des communes, des chambres consulaires et
des organisations professionnelles.
Source : INSEE.
123
compétent pour l’agriculture hors élevage et la région compétente pour
l’élevage, les dossiers dont les conséquences couvrent plusieurs champs posent
problème et le plus souvent le partenariat n’existe plus. Un exemple significatif
est celui du projet d’implantation de l’usine de traitement des déchets
municipaux. Il s’agit d’un projet dont les conséquences sont économiques à
travers la création d’emplois mais aussi énergétiques car les déchets seront
incinérés pour produire de l’électricité et environnementales car la gestion de la
filière-déchets reste problématique pour l’île. Sont concernés en premier les
communes mais aussi la région, le département, le Préfet, les services
déconcentrés de l’État en particulier la DIREN (Direction régionale de
l’environnement), ou l’ADEME responsable de la gestion des énergies. Du fait
du nombre d’acteurs et de la complexité du dossier le projet progresse
lentement.
124
contiguës (Civis et Ccsud). Suite aux dernières élections municipales, la
question de la recomposition des associations volontaires de communes afin de
les faire coïncider avec les micro-régions du SAR (Schéma d’aménagement
régional) est à nouveau posée.
125
Graphique 3.2. Pôles urbains et communes attractives
Source : INSEE.
126
personnalité propre dans la formulation des politiques et des programmes. La
création de nouvelles communes rapprocherait aussi les gouvernants des
citoyens. La création et le renforcement des communautés de communes ou
d’agglomération rendent possible un tel projet (encadré 3.3). La communauté
par le rôle d’équité fiscale qu’elle assume permet à ces nouvelles communes de
compter sur une base financière que ne pourrait lui procurer sa seule capacité
fiscale. Toutefois, la création de nouvelles communes n’est pas le seul moyen
de tenir compte des spécificités des hauts. On pourrait par exemple renforcer les
responsabilités des sous divisions des communes actuelles.
Les principes de solidarité et d’équité : le développement d’un territoire ne saurait se faire sans un
partage des ressources pour atténuer les disparités fiscales entre les communes membres et
l’inégalité des citoyens devant les services publics.
Le principe de subsidiarité : il concilie la responsabilité municipale pour les questions qui relèvent
de la commune et responsabilité communautaire dans les matières où l’intercommunalité a une
valeur ajoutée. L’intérêt communautaire régit cette distinction essentielle.
127
touristique, etc. Le SCOT se fixe comme objectifs : l’équilibre entre le
renouvellement urbain, le développement urbain et celui de l’espace rural, la
préservation des espaces affectés aux activités agricoles et forestières et la
protection des espaces naturels ; la diversité des fonctions urbaines et la mixité
sociale dans l’habitat urbain et rural ; l’utilisation économe du territoire, la
préservation de l’environnement, la prévention et la gestion des risques.
Bien qu’il n’existe pas de modèle universel pour les partenariats, il est clair que l’implication dans
des projets conjoints d’acteurs publics et privés représentant des intérêts divers- syndicats, PME,
ONG, société civiles- a gagné en importance dans les pays de l’OCDE. Les gouvernements
soutiennent souvent ces initiatives au moyen de programmes spécifiques.
Les pactes territoriaux en Italie - En Italie, les pactes territoriaux (TP) sont le résultat de démarches
ascendantes (c'est-à-dire qu’ils prennent naissance localement). Les TP constituent un instrument
de gouvernance conçu explicitement pour favoriser les collaborations sur un territoire donné et pour
stimuler et coordonner les investissements des administrations locales et du secteur des affaires.
Certains d’entre eux comme le TP d’Alto Belice-Corleonese en Sicile ciblent les questions d’emploi.
Dans ce cas précis le pacte associe 20 municipalités et regroupe 122 000 habitants. Le Comité de
Direction est formé de neuf maires et de deux représentants du secteur social. Chaque municipalité
peut bénéficier au minimum de deux projets sociaux et d’une assistance calculée en fonction de
son nombre d’habitant. Le pacte concerne six domaines principaux : la production agricole, le
tourisme et les aménités rurales, les PME, les produits de l’artisanat, les ressources humaines et
les activités sociales. On s’attend à ce que le pacte conduise à la création de
700 emplois (OCDE, 2001). La Commission européenne finance près de 60% des dépenses
prévues dans ce cadre, le reste du financement étant assuré par le gouvernement central et des
instances publiques locales.
Les Conseils de développement des villes et comtés en Irlande - Dans le cadre du programme
irlandais pour la renouveau des gouvernement locaux, des Conseils de développement des villes et
comtés (CDB) ont été établis en 2000 dans 29 comtés et 5 grandes villes. Les CDB sont composés
de représentants d’institutions locales, d’agences gouvernementales et des partenaires sociaux. Ils
coordonnent l’offre et la fourniture de services de développement local que ceux-ci proviennent du
gouvernement central ou des instances infranationales. Chaque CDB est chargé de préparer et de
superviser la mise en œuvre de la stratégie décennale de développement économique, social et
culturel sur son territoire. Cette stratégie intégrée de développement local fournit le cadre
nécessaire pour les services publics et les activités locales connexes. Elle apporte un supplément
de cohérence à la programmation et à la mise en oeuvre des services pour les dix prochaines
années. C’est la première fois en Irlande que des acteurs clé de l’espace local participent à la
stratégie à long terme de leur comtés ou de leurs zones urbaines (www.cdb.ie).
128
financiers et humains. Il permet aussi une plus grande transparence et
éventuellement le développement de la part des citoyens d’un sentiment
d’appartenance à une communauté plus large que leur commune de résidence.
Pour bien se positionner dans cette région et profiter des avantages que lui
procurent un personnel mieux formé et la possibilité d’avoir accès aux
technologies de pointe de l’Europe, La Réunion a besoin de tisser des liens
actifs avec ses partenaires régionaux de manière à s’imposer comme vitrine
européenne et à dynamiser son économie. Dans ce contexte plusieurs options
pourraient être activement explorées :
129
aux discussions relatives notamment aux relations économiques et à la
coopération régionale. Certains États fédéraux ont d’ailleurs
expérimenté depuis de nombreuses années des modalités de
collaboration avec leurs gouvernements sub-nationaux qui permettent
à ces derniers une présence dans les forums internationaux pour
discuter de questions qui les concernent directement. Ainsi la
Belgique, la Suisse et le Canada ont imaginé des mécanismes
novateurs pour permettre à leurs régions francophones de participer
aux institutions internationales de la francophonie.
130
des mécanismes financiers visant à encourager et soutenir les
initiatives de leurs universités qui s’engagent à développer des
relations de coopération directe avec des institutions homologues du
tiers-monde. Cet engagement renforce l’efficacité des programmes
d’aide au développement tout en internationalisant les universités.
131
Dans ce domaine, beaucoup de progrès ont été accomplis dans la dernière
décennie. Au plan national, les lois de décentralisation et d’amélioration de la
décentralisation (février 1992) ont fixé un cadre à la coopération décentralisée
et reconnu des compétences particulières aux régions d’Outre-Mer. La Loi
d’orientation de 2000 permet maintenant au président du Conseil régional et au
Président du Conseil général de participer à des forums internationaux. Ils
peuvent aussi conclure des accords avec les États voisins dans leur domaine de
compétences. Ainsi, en 2003, La Réunion a-t-elle signé des protocoles de
coopération avec des régions sud-africaines, mozambicaines et chinoises.
132
L’adaptation de la législation et de la réglementation
133
autorités régionales aient une meilleure maîtrise des transferts financiers publics
et une plus grande capacité d’adapter les législations et réglementations
nationales ou européennes à leur environnement spécifique.
134
NOTES
1 On cite souvent la mésaventure d’un sanatorium dont les plans avaient été
soumis aux « bureaux parisiens ». L’administrateur civil a renvoyé les plans
inversés, en oubliant que La Réunion est situé dans l’hémisphère sud. Le
sanatorium a été ainsi construit avec le solarium exposé plein sud et donc
parfaitement à l’ombre !
135
136
ANNEXE 1. LES PAYS VOISINS DE LA RÉUNION
L’Île Maurice
Les îles qui composent Maurice sont situées à l'est de Madagascar, dans
l'océan Indien. L'île principale qui a donné son nom au pays est d'origine
volcanique, entourée de récifs coralliens. Rodrigues, Saint-Brandon et les îles
Agalera, situées à 500 km au nord de Maurice font partie du même ensemble.
Depuis une vingtaine d'année, le développement du tourisme et la
diversification de l'industrie ont amené une certaine prospérité au pays,
prospérité qui ne profite pas à tout le monde.
Les bases de son économie reposent sur l’industrie sucrière – qui contribue
pour 30 % à ses exportations, sur le tourisme, en fort développement depuis une
dizaine d’années, et sur sa zone de traitement des exportations. Elle a accueilli,
137
en 2001, 650 000 visiteurs, en hausse de 14 % sur l’année précédente : ils
venaient de France pour 29 %, de La Réunion pour 15 %, d’Afrique du Sud
pour 9 %. Mais Maurice importe 75 % de sa nourriture et la totalité de son
pétrole. Son équilibre des échanges est, de ce fait sensible, tant aux fluctuations
des cours du sucre qu’au niveau de la sécheresse. Son environnement est
menacé par l’industrialisation, le développement sauvage des infrastructures
hôtelières et le rejet d’effluents non traités dans la mer.
Les Seychelles
Les Comores
138
Le PNB est de 40 millions USD; le PNB par habitant est de 350 USD ;
l’espérance de vie est de 59 ans ; la taux d’alphabétisation de 60 % ; et la
mortalité infantile de 6 %. L’île bénéficie d’une importante aide internationale
en provenance de la France, des États-Unis, de la Banque mondiale. En 1999,
elle se montait à 21 millions USD, en baisse de 40 %.
Mayotte
139
L’île souffre d’une grande pauvreté, d’un chômage endémique et d’un coût
de la vie deux fois plus élevé qu’en métropole. La France a investi dans la
construction d’un port et d’un aéroport, mais le tourisme ne démarre que très
lentement. Mais il semble que la prospérité, toute relative, de Mayotte ait
conduit les autres Îles des Comores à tenter d’établir des liens plus étroits avec
la France.
Madagascar
140
Afrique du Sud
Son PNB s’élève à 7.800 Millions USD et son PNB par habitant est
de 3170 USD. L’espérance de vie est de 54 ans ; le taux d’alphabétisation
atteint 85 % ; la mortalité infantile atteint 6,2 % et l’indice de développement
humain place l’Afrique du Sud au 94ème rang. La balance des paiements est
négative de 464 Millions USD ; l’inflation tourne autour de 5 % et le chômage
est aux environ de 30 %.
Le tourisme attire six millions de visiteurs dont les deux tiers viennent, il
est vrai, d’enclaves ou de territoires voisins. Les touristes viennent pour ses
plages, ses réserves naturelles, sa faune et sa flore. D’ici 2005, il est attendu que
ce secteur génère, a lui seul, 450 000 emplois. Les infrastructures de l’Afrique
du Sud sont modernes. Ses ressources minières sont les plus importantes du
continent : charbon – que l’on transforme en pétrole, or, platine, diamants, mais
aussi chrome, manganèse, vanadium.
141
NOTES
1 Les chiffres et éléments statistiques donnés ici, comme celles des autres
monographies, sont extraits de Tellus, l’encyclopédie du monde, Nathan, 4ème
édition, 2002.
142
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