Вы находитесь на странице: 1из 14

Les régimes d'exception : l’état d'urgence et l’état de siège

L'état de siège et l'état d'urgence sont, tout deux, déclarés par


décret en conseil des ministres ( il y a, ici, compétence du pouvoir
exécutif ) mais leur prolongation au-delà de 12 jours doit être
autorisée par le parlement ( il a, également, une compétence du
législateur. Finalement, c'est pour limiter, pour encadrer la compétence
du pouvoir législatif en la matière ).

On va dire quelques mots plus particulièrement sur chacun de ces deux


régimes.

L'état de siège, tout d'abord.


L'état de siège ne peut être déclarée qu'en cas de guerre ou
d'insurrection armée. C'est un régime militaire. Puisque c'est un
régime de guerre, il en découle, donc, trois conséquences.
Première conséquence : Il permet de transférer les pouvoirs de
police aux autorités militaires.
Deuxième conséquence : Il investit les autorités militaires de pouvoirs
exorbitants. Quelques exemples de ces pouvoirs exorbitants qui sont
accordés aux autorités militaires dans le cadre de cet état de siège. C'est
par exemple, le pouvoir de faire des perquisitions de jours et de nuits
dans les domiciles. Autre exemple : le pouvoir d'ordonner la remise
des armes et des munitions. Troisième exemple : le pouvoir
d'interdire les publications et les réunions. Finalement, ça va à
l'encontre de nombreuses libertés, la liberté de la presse, la liberté
de réunion. On a, donc, des libertés qui sont restreintes dans le cadre
de cet état de sièges.
Troisième conséquence : L'état de siège confie aux tribunaux
militaires le soin de juger les crimes et délits contre la sûreté de
l’État.

L'état d'urgence, maintenant.


L'état d'urgence est encore plus dangereux pour les libertés
publiques que l'état de siège.
Première raison pour laquelle on peut dire que cet état d'urgence est
encore plus dangereux pour les libertés publiques que l'état de siège.
Ces conditions de mise en œuvre sont beaucoup plus floues que
pour l'état de siège. En effet, cet état d'urgence peut être, soit déclaré
en cas de péril imminent résultant d'atteinte grave à l'ordre public
( il s'agit d'une notion floue : Dans quelle circonstance peut-on parler de
péril imminent ? Voilà pourquoi ce régime est encore plus dangereux .
Parce que ses conditions de mise en œuvre sont très floues ). Il peut,
également, être déclaré en cas d'événements présentant par leur
nature ou leur gravité le caractère de calamité publique ( qu'est-ce
qu'une calamité publique ? Là encore, la notion n'est pas définie donc
finalement, c'est à l'appréciation ).
Deuxième raison : C'est un régime civil qui accroît de façon
considérable les pouvoirs du ministre de l'intérieur et des préfets.
Quelques exemples, ici, de ces pouvoirs accrus du ministre de l'intérieur
et des préfets : Le préfet peut interdire la circulation des personnes
et des véhicules ( ce pouvoir va à l'encontre de la liberté d'aller et
de venir. Liberté qui est normalement constitutionnellement
garantie ). Autre exemple : Le ministre de l'intérieur et le préfet
peuvent ordonner la fermeture provisoire des lieux de réunion et ils
peuvent opérer des réquisitions.
Cet état d'urgence a, notamment, été utilisé en 1955. Il a, également,
en 1961 et 1963. Dans les trois cas, l'état d'urgence avait été utilisé en
métropole. Et il a, également, été utilisé en 1985 en Nouvelle
Calédonie. Décision du conseil constitutionnel en 1985 qui
s'intitule « état d'urgence en Nouvelle Calédonie ».
Il y a eu tout un débat sur cet état d'urgence. Cet état porte atteinte aux
libertés : la liberté de réunion, la liberté d'aller et de venir. Donc, ça
soulève tout un débat. Et d'ailleurs, cet état d'urgence lorsqu'il a été
institué par les textes, ça a suscité de nombreuses réactions,
notamment, en doctrine, pour savoir s'il n'était pas attentatoire aux
libertés publiques.

Voilà pour cet état d'urgence et cet état de siège. Des régimes
d'exception prévus par les textes. Ces régimes d'exception portent
atteinte au principe de légalité, tout comme, la théorie
jurisprudentielle des circonstances exceptionnelles.

Donc, nous avons vu un premier type d'atteinte au principe de légalité


avec la théorie jurisprudentielle des circonstances exceptionnelles et les
régimes d'exceptions prévus par les textes. Deuxième type d'atteinte au
principe de légalité, c'est les actes de gouvernement.

B. Les actes de gouvernement

Qu'est-ce qu'un acte de gouvernement ?


Avant d'essayer d'en donner une définition, on va s'intéresse au régime
juridique des actes de gouvernement.
Les actes de gouvernement bénéficient d'une immunité
juridictionnelle. Cela signifie qu'aucune action contentieuse n'est
possible à l'encontre de ces actes. Et d'ailleurs, ni devant le juge
administratif ni devant celui judiciaire.
Par exemple : on ne peut pas demander l'annulation de ces actes de
gouvernement par la voie du recours pour excès de pouvoir ( la
recours pour excès de pouvoir, c'est un recours qui permet aux
particuliers de demander l'annulation d'un acte administratif ).
On ne peut pas, non plus, obtenir réparation d'un préjudice causé
par un acte de gouvernement ( Lorsqu'on demande réparation d'un
préjudice, c'est ce qu'on appelle un recours de plein contentieux ). Ces
recours de plein contentieux sont irrecevables à l'encontre des
actes de gouvernement.
Voilà pourquoi, on dit que ces actes de gouvernement bénéficient d'une
immunité juridictionnelle. Aucun recours contentieux n'est recevable à
leur encontre.
Voilà quel était le régime juridique de ces actes de gouvernement.
Retenez le c'est assez simple : aucun recours contentieux n'est
possible à leur encontre.

Alors comment définir, maintenant, ces actes de gouvernement ?


Voilà la définition qui est donnée dans la majorité des cas. Un acte de
gouvernement est un acte qui, bien qu'émanant d'une autorité du
pouvoir exécutif, est insusceptible de tout recours juridictionnel
direct ( lorsque je dis directe, c'est pas la voie du recours pour excès de
pouvoir ) ou indirect ( lorsque je dis indirect, c'est par la voie de
l'exception d'illégalité ).
Lorsque l'on donne cette définition, est-ce qu'on le définie ? Cette
définition renvoie au régime. Ce n'est pas véritablement une
définition. A priori, on ne sait pas quels vont être ces actes de
gouvernement. À vrai dire, cette définition est celle du régime des
actes de gouvernement et non de la notion elle-même.
Cette définition, c'est du régime et non de la notion, elle-même, parce
qu'on a jamais pu définir d'une façon satisfaisante les actes de
gouvernement.
La conséquence, c'est qu'il n'existe qu'une liste jurisprudentielle de
ces actes de gouvernement. C'est le juge qui au fil des décisions a
dressé la liste de ces actes de gouvernement.

Cette liste regroupe deux ensembles, deux types d'actes de


gouvernement.

On trouve, tout d'abord, parmi ces actes de gouvernement, les actes


concernant les rapports entre les pouvoirs publics
constitutionnels.

Et parmi ces actes, concernant les rapports entre les pouvoirs publics
constitutionnels, figurent notamment les actes s'inscrivant dans les
rapports du président de la république avec le gouvernement.

Exemples de ces actes s'inscrivant dans les rapports du président de


la république avec le gouvernement : le décret de nomination du
premier ministre ( c'est un acte d'une autorité du pouvoir exécutif qui
est insusceptible de tout recours juridictionnel ). Le décret relatif à la
composition du gouvernement ( c'est également un acte de
gouvernement c'est-à-dire un acte d'une autorité du pouvoir exécutif qui
est insusceptible de tout recours juridictionnel ).
Notamment, l'arrêt du conseil d’État du 16 septembre 2005, Mr. X.

Autre exemple, toujours dans les actes s'inscrivant dans les rapports
entre le président de la République et le gouvernement : la
présentation et acceptation de la démission du gouvernement
( c'est un acte de gouvernement c'est-à-dire un acte d'une autorité du
pouvoir exécutif qui est insusceptible de tout recours juridictionnel ).

Autre type d'actes, toujours dans ces actes concernant les rapports
entre les pouvoirs publics constitutionnels. Les actes s'inscrivant dans
les rapports entre le pouvoir exécutif et celui législatif. Exemple
de ces actes s'inscrivant dans les rapports entre le pouvoir exécutif et le
pouvoir législatif : La décision ou le refus de déposer ou de retirer
un projet de loi. C'est l'arrêt du conseil d’État du 29 novembre
1968, Tallagrand.

Autre exemple, toujours dans ces actes s'inscrivant dans les rapports
entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif : Le décret de
promulgation d'une loi ( c'est également un acte de gouvernement
donc insusceptible de recours juridictionnel ).

Autre exemple : La décision ou le refus de déclarer une loi au


conseil constitutionnel.

Autre exemple : Le décret de dissolution de l'assemblée


nationale ( NB : La dernière dissolution de l'assemblée nationale date de
1997 ).

Il y a d'autres exemples, ici, mais on va se limiter à ces actes.

Je vous avez dit que ces actes de gouvernement constituaient deux


ensembles. Le premier ensemble, ce sont les actes concernant les
rapports entre les pouvoirs publics constitutionnels. Le deuxième type
d'actes, ce sont les actes s'inscrivant dans la conduite des relations
internationales.

Deuxième ensemble : Les actes s'inscrivant dans la conduite des


relations internationales.
Et parmi ces actes s'inscrivant dans la conduite des relations
internationales ( qui sont considérés comme des actes de
gouvernement ), on retrouve les actes qui se rattachent à la
négociation, à la ratification ou à l'approbation des traités
internationaux.

Autre exemple : La décision du président de la république de


procéder à la reprise d'une série d'essais nucléaires ( c'est un acte
de gouvernement, c'est une décision qui est insusceptible de recours
juridictionnel ). Jacques Chirac avait proposé la reprise d'une série
d'essais nucléaires. Donc il y avait eu des recours exercés contre cette
décision. Et le conseil d’État a jugé que cette décision faisait
partie des actes de gouvernement et donc, cette décision était
insusceptible de recours. C'est l' arrêt du conseil d’État du 29
septembre 1995, association Green Peace France .

On voit que, toutefois, s'agissant de ces actes qui s'inscrivent dans la


conduite des relations internationales; certains actes, tout en
s'inscrivant dans cette logique, sont, toutefois, considérés comme
détachables de la conduite des relations internationales. Et en
tant qu'acte détachable de la conduite des relations internationales, ils
sont susceptible de recours.
Un exemple, ici : La décision rejetant une demande d'extradition.
Cette décision, donc, est détachable de la conduite des relations
diplomatiques de la France avec l’État dont émane la demande.
Et donc elle n'est pas un acte de gouvernement. Et donc, elle peut
faire l'objet d'un recours juridictionnel. C'est l'arrêt du conseil
d’État du 15 octobre 1995, Royaume-Uni de Grande Bretagne et
d'Irlande du Nord.

Voilà pour la présentation de ces actes de gouvernement. Mais, il y en a


d'autres, ce sont simplement quelques exemples. Et tous ces exemples
peuvent être finalement regroupés dans ces deux grands ensembles. Les
actes concernant les rapports entre les pouvoirs constitutionnels. Et les
actes s'inscrivant dans la conduite des relations internationales. Et à
l'intérieur de ces deux ensembles, on peut multiplier les exemples, je ne
vous en ai donné que quelques uns.
Plusieurs thèses ont été avancées par la doctrine pour justifier
l'existence de ces actes de gouvernement et donc de ces actes non
justiciables. Vous pouvez retenir la thèse qui est aujourd'hui retenue :
L'explication de l'existence de ces actes de gouvernement, de ces actes
non justiciable est fondée sur des considérations d'opportunité
politique. En effet, on relève chez le juge un double souci :
Premièrement, le souci de ne pas contrarier les différentes
manifestations du suffrage universel. Et deuxième préoccupation du
juge, c'est le soucis de ne pas compromettre la conduite des relations
internationales de la France.

Partie II : Les formes de l'action administrative ( C'est-à-dire les


activités administratives ou encore Les missions de l'administration ).

Dans le cadre de ce deuxième partie, nous verrons deux chapitres. Le


premier consacré à la police administrative et le second consacré aux
services publics.

CHAPITRE I . La police administrative

D'entrée, il faut voir que la police administrative correspond à deux


réalités. C'est d'une part, un ensemble de structures et de
personnels. Et c'est d'autre part, une activité dont la finalité est le
maintien de l'ordre public. Et on va surtout insister sur ce deuxième
aspect c'est-à-dire une activité dont la finalité est le maintien de l'ordre
public.

Section 1. La notion de police administrative

Paragraphe 1. Police administrative et police judiciaire

On va voir quels sont les critères qui permettent de distinguer, d'une


part, la police administrative et d'autre part, la police judiciaire. Donc on
va essayer de définir, d'une part, la police administrative et d'autre
part, en police judiciaire.

Cette distinction repose sur leurs caractères respectifs. Et justement


d'une part, on va voir sont les caractères respectifs de la police
administrative et de la police judiciaire.

La police administrative a un caractère préventif c'est-à-dire elle vise


à éviter les désordres par des mesures prises à l'avance.

La police judiciaire a un caractère répressif c'est-à-dire elle a pour objet


de rechercher et de constater les infractions pénales, d'en
identifier les auteurs et d'en rassembler les preuves.

Une fois qu'on a dit cela, il faut s'intéresser à deux choses. D'une part, la
portée de cette distinction. Il faudra voir quels sont les critères qui
permettent d'opérer cette distinction entre d'une part, la police
administrative et d'autre part, la polie judiciaire.

A. La portée de la distinction

Nous allons voir que sur le plan juridique cette distinction est essentielle
pour au moins deux raisons.

Premièrement : La police judiciaire relève de l'autorité judiciaire.


Et son contentieux appartient au juge judiciaire. Cette police est
toujours exercée au nom de l’État. Et donc l’État est seul responsable
en cas de dommage. Si une activité de police judiciaire cause un
dommage à un particulier, seul l'État sera responsable des dommages
causés. Et c'est d'ailleurs, le juge judiciaire qui statuera sur cette
responsabilité de l’État.

Deuxièmement : La police administrative quant à elle sauf dérogation


législative, relève de l'autorité administrative et du juge
administratif. Et selon les cas, la police administratif est exercée au
nom de l’État, au nom des départements ou des communes qui en
assument la responsabilité. Et, on le verra par exemple les maires
disposent, d'un pouvoir de police administrative et ils l'exercent au nom
de la commune. Que les présidents des conseils généraux disposent,
également, d'un pouvoir de police administrative et ils exercent au nom
des départements. Et les préfets disposent d'un pouvoir de police
administrative, qu'ils exercent au nom de l'État. Et en fonction de la
personne au nom de laquelle est exercé la police administrative, ce
sera telle ou telle personne personne publique qui sera responsable en
cas de dommages causés par une activité de police administrative. Par
exemple, si c'est le maire qui dans l'exercice de son pouvoir de police
administrative cause un dommage, le particulier pourra rechercher la
responsabilité de la commune. Et il pourra le faire devant le juge
administratif puisque je viens de dire que c'est le juge administratif qui
est compétent en matière de police administrative.

Il y a une distinction entre police administrative et police judiciaire


s'agissant du juge compétent en cas de contentieux mais également,
s'agissant de la personne publique responsable en cas de dommages
causés par l'activité de police.

Toutefois, en pratique, cette distinction est beaucoup moins tranchée,


et cela pour deux raisons.

Première raison : Les idées de prévention et de répression ne doivent


pas être entendues trop strictement. Exemple : La police
administrative peut avoir un aspect répressif, par exemple en cas de
dispersion d'une manifestation.

Deuxième raison : Sur le terrain, c'est souvent la même personne qui


assure une activité de police administrative et une de police
judiciaire. Par exemple, le maire qui est chargé de la police
administrative, a également des attributions judiciaires.
Autre exemple : La confusion est encore plus nette avec le personnel
d'exécution. Ce que je veux dire par là, c'est que le commissaire,
l'inspecteur, le gendarme cumulent des attributions relevant des deux
polices.

On le voit, la portée de la distinction entre police judiciaire et police


administrative a des conséquences importantes, en termes, de
contentieux ( quel est le juge compétent ? ), au niveau de la
responsabilité ( quelle est la personne qui est responsable de cette
activité de police ? ). Mais la distinction n'est pas toujours aussi nette
que police administrative, d'un côté et police judiciaire, de l'autre.
Notamment, parce que le personnel d'exécution exerce à la fois des
activités de police administrative et de police judiciaire.

Une fois qu'on a présenté la portée de cette distinction, on peut


s'intéresser au critère de la distinction. Quel est le critère qui permet
de dire que telle activité est une activité de police administrative et
telle autre activité est une activité de police judiciaire ?

B. Le critère de distinction

1. L'identification du critère

Ce critère résulte de deux arrêts, deux arrêts importants en la


matière puisque c'est eux qui vont fixer le critère de distinction entre
police administratif et police judiciaire. Le premier, c'est l'arrêt du
Conseil d’État du 11 mai 1951, arrêt Baud. Et le deuxième arrêt
important s'agissant de ce critère de d'identification, Tribunal des
conflits du 7 juin 1951, arrêt Dame Noualek.

Pour chacun de ces deux arrêts, nous allons voir quels sont les faits,
quels étaient les problèmes qui se posaient et quelle est la solutions qui
a été donnée par le juge.

D'abord, l'arrêt du Conseil d’État du 11 mai 1951, arrêt Baud.


Quels sont les faits, ici ?
Lors d'une vérification d'identité menée par des inspecteurs de police
dans un bar. Opération de vérification d'identité qui avait pour but
d'arrêter des individus soupçonnés d'appartenir à une bande de
malfaiteurs. Et au cours de cette vérification, Mr. Baud est abattu
après poursuite et sommation. Et l'instruction ne va pas établir
l'appartenance de la victime à la bande qui était cherchée. Famille de
Baud demande au ministre de l'intérieur une indemnisation pour le
préjudice subi. Le ministre de l'intérieur rejeta cette demande. Et la
famille saisit alors le conseil d’État qui a dû s'interroger sur sa
propre compétence. La question que devait se poser le conseil d'État
est de savoir si M. Baud a été abattu au cours d'une opération de police
judiciaire ou de police administrative ? Car si c'est une opération de
police judiciaire, c'est le juge judiciaire qui est compétente. Et si c'est
une opération de police administrative, c'est le juge administratif
qui est compétent.

La question que se pose le conseil d’État : M. Baud avait été abattu au


cours d'une opération de police judiciaire ou au cours d'une opération de
police administrative ?

Et la solution que va donner conseil d'État est la suivante : La mort


ayant été provoquée au cours d'une enquête destinée à
appréhender des malfaiteurs, le conseil d’État a considéré que cette
opération relevait de la police judiciaire. Puisque finalement, cette
opération était liée à une infraction. La police recherchait une bande de
malfaiteurs donc il y avait eu plusieurs infractions.

Deuxième arrêt, Tribunal des conflits du 7 juin 1951, arrêt Dame Noualek.

Quels sont les faits, ici ?


Une personne est blessée un soir alors qu'elle est à sa fenêtre par un
coup de feu tirée par un garde mis à la disposition d'agents de
police judiciaire. Agents de la police judiciaire qui procédaient à une
visite domiciliaire dans un immeuble.

La question de droit :
Le Tribunal des conflits a dû se demander s'agit-il d'une opération de
police administrative ou s'agit-il d'une opération de police
judiciaire ? Finalement est-ce que c'est le juge administratif ou est-ce
que c'est judiciaire qui est compétent ?

Le tribunal des conflits va apporter la décision suivante :


Le Tribunal des conflits va statuer en faveur de la compétence du juge
administratif, en estimant que l'opération n'avait pas pour objet la
recherche d'une infraction déterminée ( elle n'avait pas un caractère
répressif ). Mais elle était destinée à prévenir des troubles à l'ordre
public et ce, même si elle était dirigée par les officiers de police
judiciaire.

Quels sont les enseignements de ces deux arrêts ? Ces deux arrêts
consacrent un critère finaliste ou téléologique. C'est-à-dire que pour
déterminer s'il s'agit d'une opération de police judiciaire ou une
opération de police administrative, doivent être pris en considération, le
but poursuivi par les autorités de police et l'intention dans laquelle
elles ont agi.

En effet, le juge va rechercher si l'opération de police est menée en


relation avec une infraction pénale déterminée.
Il y a donc deux hypothèses? ici.

Première hypothèse : Si l'opération est liée à une infraction, et a eu


pour finalité de l'empêcher ou d'en rechercher les auteurs, alors
c'est une opération de police judiciaire.
Deuxième hypothèse : Si l'opération est dépourvue de tout lien avec
une infraction, et s'inscrit dans le cadre général d'une surveillance
et du maintien de l'ordre, alors c'est une opération de police
administrative.

On le voit donc c'est un critère finaliste. Le juge va rechercher quel était


le but recherché par l'opération de police, pour déterminer s'il s'agit
d'une opération de police administratif ou d'une opération de police
judiciaire. Et s'il s'agit d'une opération de police administrative, le juge
administratif sera compétent et si c'est une opération de police judiciaire,
le juge judiciaire sera compétent.

Voilà quel est le critère qui est posé par la jurisprudence avec ces deux
arrêts.

2. La mise en œuvre du critère

Dans les faits, la distinction n'est pas toujours aussi claire.

Trois points sont importants s'agissant de la mise en œuvre de ce


critère.

Premier point : La relation avec l'infraction qui permet de


reconnaître une opération de police judiciaire a été interprétée de
manière extensive par la jurisprudence. En effet, l'infraction peut
avoir été effectivement commise mais elle peut également
simplement sur le point d'être commise voire même supposée ou
soupçonnée. c'est l'arrêt du Tribunal des conflits du 15 janvier
1968, Consorts Tayeb. Cela signifie donc que ce qui compte n'est pas
le caractère réel ou fictif ( c'est-à-dire l'infraction peut être réelle ou
soupçonnée, supposée ) de l'infraction, c'est le but poursuivi par
l'agent ( c'est pourquoi on a parlé, tout à l'heure, d'un critère finaliste )
dès lors qu'il avait l'intention de prévenir une infraction ou même qu'il
a cru à l'existence d'une infraction qu'il a voulu réprimer.
Lorsqu'un agent a cru à l'existence d'une infraction qu'il a voulu réprimé,
c'est l'hypothèse d'un agent qui a cru qu'il y avait infraction alors que
la situation était parfaitement licite. Exemple : une voiture en
stationnement régulier mais la croyant en stationnement irrégulier,
l'agent prescrit l'enlèvement et la mise en fourrière de la voiture. A
ce moment là, c'est une opération de police judiciaire. Cet enlèvement
et la mise en fourrière sera une opération de police judiciaire même si il
n'y avait pas véritablement infraction, le simple fait que l'agent ait
cru qu'il y avait infraction suffit à qualifier l'opération de police judiciaire
dès lors que le but de l'agent était de réprimer cette infraction. Même
si, en fait, elle n'était que supposée, elle n'était pas réelle. C'est l'arrêt
du conseil d’État du 18 mai 1981, Consorts Ferran.
Voilà, le premier point important s'agissant de la mise en œuvre de deux
critères. L'infraction peut avoir un caractère réel ou fictif, mais ce qui
compte, finalement, c'est le but, l'intention dans laquelle l'agent a agi.

Deuxième point important de ce critère : Le critère finaliste permet


de censurer le détournement de pouvoir lorsque l'autorité de
police tente de camoufler une opération de police administrative
expéditive en la présentant comme une opération de police
judiciaire. En effet, le juge recherche le caractère réel des
opérations par delà des qualifications que l'autorité qui a pris les
mesures à pu leur donner. Un arrêt pour illustrer mon propos, c'est
l'arrêt du conseil d’État du 24 juin 1960, Société Frampar.

On va voir de quoi, il s'agit en l'espèce.


En l'espèce, un préfet avait ordonné des saisies de journaux entre
décembre 1956 et janvier 1957. Pour se faire, il avait utilisé la
procédure que le code de procédure pénal a organisé dans un but
précis, à savoir, la constations de crimes ou de délits contre la
sûreté de l’État. Ce qui signifie que du fait de la procédure suivie, ces
saisies sont donc présentées comme des opérations de la police
judiciaire. Hors il est apparu que ces saisies de journaux avaient eu pour
but d'empêcher la diffusion d'articles de ces journaux susceptibles de
troubler l'ordre public. Donc, le but ne correspondait pas au but qui
est poursuivi normalement par la procédure qui est utilisée. En effet, de
par leur but, ces saisies de journaux étaient donc des opérations de
police administrative. Puisque le but de la police administrative, c'est le
maintient de l'ordre public. Donc, il apparaît que pour atteindre un but
de police administrative, le préfet a utilisé une procédure de police
judiciaire. Et cela est illégal, cela constitue un détournement de
pouvoir.

Troisième point important dans la mise en œuvre de ce critère : Le


critère finaliste permet de résoudre certaines situations
complexes.
On va voir quelles sont ces situations complexes.

Première situation complexe : Les hypothèses de cumul. C'est-à-dire


les agents ont reçu une double mission de police administrative et
judiciaire ( cas relativement fréquent ).
On peut prendre l'exemple de l'arrêt du tribunal des conflits du 29
Octobre 1990, Mlle Morvan.
De quoi s'agit-il en l'espèce ?
En l'espèce, des gardiens de la paix étaient chargés de patrouiller au
cours d'une nuit. Et dans ce cadre, ils assumaient une mission de
surveillance générale c'est-à-dire le maintien de l'ordre public et,
ici, il s'agissait d'une mission de police administrative. Mais ces
policiers, qui étaient chargés de patrouille donc une mission de police
administrative, avaient également été chargés d'intercepter et
d'interpeller des individus qui avaient provoqués une bagarre dans
un café et qui s'étaient enfuis à bord d'un véhicule dont le signalement le
leur avait été donné. Ici, il s'agit donc d'une opération de police
judiciaire. On est dans l'hypothèse où les mêmes agents assument à
la fois, une mission de police administrative ( surveillance générale et
maintien de l'ordre public ) et une opération de police judiciaire ( c'est-
à-dire une infraction a été commise, ils en recherchent les auteurs ).
Au cours de la nuit, ces gardiens de la paix, qui exercent à la fois une
mission de police administrative et judiciaire, ont aperçu un véhicule qui
correspondait au véhicule recherché ( c'est-à-dire le véhicule dont on leur
avait donné le signalement ) et ils ont pris en chasse ce véhicule. Et à
cette occasion, le conducteur du véhicule a commis plusieurs infractions
au code de la route. Et les gardiens de la paix arrivent finalement à
intercepter le véhicule, font descendre les occupants,
entreprennent de les fouiller les occupants du véhicule. Et au cours de
la fouille, un coup de feu qui provient de l'arme d'un des gardiens
blesse accidentellement Mlle Morvan.

19.25
La question qui se pose aux juges est de savoir quel était le juge
compétent pour connaître de l'action en responsabilité dirigée par la
victime et par la caisse de sécurité sociale contre l’État
Le T. des conflits a jugé que le dommage ayant été causé dans le
cadre d'une opération visant à rechercher les auteurs d'une infraction,
il a été posé dans le cadre d'une opération de police judiciaire. Donc le
juge judiciaire est le seul compétent.

• Les hypothèses de changement de nature. Ou l'inverse. Il y a 3


situations.
1) Une opération de police judiciaire peut se transformer en opération
de police administrative.
C'est le cas en matière d'enlèvement et de mise en fourrière d'un
véhicule. Si cette mise en fourrière est motivée par une infraction aux
règles de stationnement, l'opération relève de la police judiciaire. Mais
dès lors que le véhicule est mis en fourrière, on passe dans le domaine
de la police administrative.
Cf CE 18 mars 1981 « Consœur Ferran ».
2) Une opération de police administrative devient une opération de
police judiciaire
Dans ce cas, C'est le fameux arrêt du T. des conflits du 5 décembre
1977 « demoiselle Motsch ».
Qu'est-il arrivé ? En l'espèce, la police de Cannes avait établit des
barrages sur la croisette, le but de ces barrages étant de vérifier
l'identité des automobilistes et de prévenir le banditisme estival. A ce
moment là, un véhicule force le barrage, brûle des feux rouges, prend
une rue en sens interdit et fonce sur un agent de police tenté de
l'arrêter. Un officier de police poursuivant le véhicule ouvre le feu et
blesse Mlle. Motsh que le conducteur avait pris en stop. Elle engage
donc la responsabilité de l’État devant les T. judiciaires mais le préfet
élève le conflit. Quel est le juge compétent ? Est-ce que Mlle. Motsch
est blessée au cours d'une opération de police administrative ou
judiciaire ?
Le T. des conflits suit le Commissaire du gouvernement qui relève que
différentes infractions ont été commises et que l'intention du policier
qui avait tiré n'était certainement pas d'obliger le conducteur à lui
remettre ses papiers mais plutôt de l'arrêter pour le livrer à la justice.
Elle a donc été victime d'un dommage dans le cadre d'une opération
de police judiciaire.

3) Lorsque différentes actions de police ont contribué à la réalisation


d'un même dommage
Dans cette hypothèse, la compétence du juge est déterminée par la
nature de l'opération qui est essentiellement à l'origine du préjudice.
C'est l'arrêt du T. des conflits du 12 juin 1978 «Société le profil ». En
l'espèce, depuis plusieurs années, cette société opère tous les 15
jours par ses employés des retraits sous la protection de la police.
C'est une opération de police administrative car le but n'est pas de
réprimer une infraction mais c'est un but de prévention. Le dispositif
policier habituel est mis en place ce jour là pour exporter la caissière
qui sort de la banque avec les fonds mais, elle est attaquée par 2
malfaiteurs qui lui arrachent la valise et prennent la fuite en voiture.
Dès lors, on entre dans le cadre d'une opération de police judiciaire.
Donc les agents de police ne tirent pas car il y a la foule. Autre
problème, la voiture de police est garée dans le mauvais sens donc ce
n'est qu'après avoir fait demi-tour que les policiers se lancent trop
tard à la poursuite des malfaiteurs. Que fait la société le profil ? Elle
demande réparation à l’État en raison tant de la mauvaise
organisation de la protection policière que de l'inaction des agents.
Quel type d'opération est a l'origine du litige
Le T. des conflits a refusé de dissocier les événements et il a considéré
que le préjudice trouvait essentiellement son origine dans les
conditions dans lesquelles avait été organisée la mission de protection
des fonds. C-a-d dans l'opération de police administrative. Le juge
compétent pour l'ensemble du litige est donc le juge administratif.
§2. Police administrative générale et police administrative spéciale

La Police administrative générale, c'est la police de l'ordre public. Elle a


pour objet le maintien de l'ordre public. C'est la police de l'ordre public.
Cette police coexiste avec de nombreuse polices spéciales qui ont pour
but de prévenir des désordres dans un domaine bien définit et qui
s'applique a une catégorie particulière de personnes ( police des
étrangers, des nomades, des aliénés ... ) soit à une branche d'activité. Ex
: la chasse, l'environnement, les débits de boisson, les spectacles, les
jeux... Entre ces polices, il existe différents facteurs de différentiation
quant aux autorité compétentes, but, modalité d'exercice...

Вам также может понравиться