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- Flora Holler & Aurélien Marion - - Littérature comparée - 2010 -

MÉTÉOROLOGIE et PAYSAGE dans UNE VIE


(par Guy de MAUPASSANT)

Haute-Normandie, région administrative du


nord-ouest de la France, recouvrant la partie
orientale de l'ancienne province historique
de Normandie. Jeanne y habitera presque
toute “sa vie”. La résidence des Peuples se
situe dans le Pays de Caux.

Dans quelle mesure et dans quelles conditions (météorologiques) la distance


séparant lʼactant Jeanne dʼune Vie (comme paysage) évolue-t-elle ? dans quelles
circonstances cette Vie devient-elle celle de Jeanne ?

Afin dʼen tirer des enseignements quant au roman maupassantin, nous examinerons, dans
un premier temps, les paysages dʼUne Vie comme oscillation entre contemplations et
spectacles (I); nous pourrons ensuite mieux comprendre les conditions
météorologiques de la désubjectivation cosmologique de Jeanne (II).

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I - Paysages dʼUne Vie : entre contemplations et Spectacle.

1 - Focalisations du personnage de Jeanne : regarder, voir, comprendre.

2 - Paysages réflexifs : conscience dʼune Vie et contemplations.

3 - Paysages spéculatifs : le Spectacle dʼune Vie, projeté ailleurs.

II - Conditions météorologiques de la désubjectivation cosmologique de


Jeanne.

1 - Le poids du temps : altérations entre Chronos et Cosmos.

2 - Atmosphères pénétrantes et répétitives : destin des fluides.

3 - Atmosphères anticycloniques et dépressives : entre Ciel et Terre.

Bibliographie

MAUPASSANT, Guy, Une Vie, éd. Gallimard, 1974

GREIMAS, A. J., Maupassant. La sémiotique du texte : exercices pratiques,


éd. du Seuil, 1976

COQUET, J. C., “Temporalité et phénoménologie du langage”,


Sémiotiques, n°5, déc. 1993
DUFOUR, L., “Les Écrivains et la météorologie”, Ciel et Terre, n°74, 1958
KENNEL, Elisabeth, “Jeanne”, http://elisabeth.kennel.perso.neuf.fr,
consulté le 08/02/2010
LAUS, Thierry, “La parole infinie, « cela ne sʼachève pas »”,
Emmanuel Lévinas-Maurice Blanchot, penser la différence, éd. PUP10, 2008
TOELLE, Heidi, “Les destinateurs cosmologiques dans La Nuit Cauchemar de
Maupassant”, NAS, n°112, 2009
ZAGURY-ORLY, Raphaël & HABIB, Stéphane, “États du ciel.
Ou méthéorologie”, Emmanuel Lévinas-Maurice Blanchot, penser la différence, éd.
PUP10, 2008

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« Jeanne, ayant fini ses malles, sʼapprocha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas.
Lʼaverse, toute la nuit, avait sonné contre les carreaux et les toits. Le ciel bas et chargé dʼeau semblait
crevé, se vidant sur terre, la délayant en bouillie, la fondant comme du sucre. Des rafales passaient pleines
dʼune chaleur lourde. Le ronflement des ruisseaux débordés emplissait les rues désertes où les maisons,
comme des éponges, buvaient lʼhumidité qui pénétrait au-dedans et faisait suer les murs de la cave au
grenier. » (P. 27)

« Une vie charmante et libre commença pour Jeanne. Elle lisait, rêvait et vagabondait, toute seule, aux
environs. Elle errait à pas lents le long des routes, lʼesprit parti dans les rêves; ou bien, elle descendait, en
gambadant, les petites vallées tortueuses, dont les deux croupes portaient, comme une chape dʼor, une
toison de fleurs dʼajoncs. Leur odeur forte et douce, exaspérée par la chaleur, la grisait à la façon dʼun vin
parfumé; et, au bruit lointain des vagues roulant sur une plage, une houle berçait son esprit. » (P. 44)

« Et comme elle savourait la fraîcheur de lʼeau, il lui prit la taille et tâcha de lui voler sa place au bout du
conduit de bois. Elle résista; leurs lèvres se battaient, se rencontraient, se repoussaient. Dans les hasards
de la lutte, ils saisissaient tour à tour la mince extrémité du tube et la mordaient pour ne point lâcher. Et le
filet dʼeau froide, repris et quitté sans cesse, se brisait et se renouait, éclaboussait les visages, les cous, les
habits, les mains. Des gouttelettes pareilles à des perles luisaient dans leurs cheveux. Et des baisers
coulaient dans le courant.
Soudain Jeanne eut une inspiration dʼamour. Elle emplit sa bouche du clair liquide, et, les joues gonflées
comme des outres, fit comprendre à Julien que, lèvre à lèvre, elle voulait le désaltérer.
Il tendit sa gorge, souriant, la tête en arrière, les bras ouverts; et il but dʼun trait à cette source de chair vive
qui lui versa dans les entrailles un désir enflammé.
Jeanne sʼappuyait sur lui avec une tendresse inusitée; son coeur palpitait; ses seins se soulevaient; ses
yeux semblaient amollis, trempés dʼeau. Elle murmura tout bas : “Julien… je tʼaime !” et, lʼattirant à son tour,
elle se renversa et cacha dans ses mains son visage empourpré de honte.
Il sʼabattit sur elle, lʼétreignant avec emportement. Elle haletait dans une attente énervée; et tout à coup elle
poussa un cri, frappée, comme de la foudre, par la sensation quʼelle appelait. » (P. 98-99)

« Et la journée sʼécoula comme celle de la veille, froide, au lieu dʼêtre humide. Et les autres jours de la
semaine ressemblèrent à ces deux-là; et toutes les semaines du mois ressemblèrent à la première.
Peu à peu, cependant, son regret des contrées lointaines sʼaffaiblit. Lʼhabitude mettait sur sa vie une couche
de résignation pareille au revêtement de calcaire que certaines eaux déposent sur les objets. (…) » (P. 110)

« Elle fut attelée par un jour clair de décembre et, après deux heures de route à travers les plaines
normandes, on commença à descendre en un petit vallon dont les flancs étaient boisés, et le fond mis en
culture./ Puis les terres ensemencées furent bientôt remplacées par des prairies, et les prairies par un
marécage plein de grands roseaux secs en cette saison, et dont les longues feuilles bruissaient, pareilles à
des rubans jaunes. » (P. 164)

« Restée seule, Jeanne se mit à errer par les chambres du château, saisie dʼune crise affreuse de
désespoir, embrassant, en des élans dʼamours exalté, tout ce quʼelle ne pouvait prendre avec elle, les
grands oiseaux blancs des tapisseries du salon, des vieux flambeaux, tout ce quʼelle rencontrait. Elle allait
dʼune pièce à lʼautre, affolée, les yeux ruisselants de larmes; puis elle sortit pour “dire adieu” à la mer.
Cʼétait vers la fin de septembre, un ciel bas et gris semblait peser sur le monde; les flots tristes et jaunâtres
sʼétendaient à perte de vue. Elle resta longtemps debout sur la falaise, roulant en sa tête des pensées
torturantes. Puis, comme la nuit tombait, elle rentra, ayant souffert en ce jour autant quʼen ses plus grands
chagrins. » (P. 248)

« Le soleil baissait vers lʼhorizon, inondant de clarté les plaines verdoyantes, tachées de place en place par
lʼor des colzas en fleur, et par le sang des coquelicots. Une quiétude infinie planait sur la terre tranquille où
germaient les sèves. La carriole allait grand train, le paysan claquant de la langue pour exciter son cheval.
Et Jeanne regardait droit devant elle en lʼair, dans le ciel que coupait, comme des fusées, le vol cintré des
hirondelles. Et soudain une tiédeur douce, une chaleur de vie traversant ses robes, gagna ses jambes,
pénétra sa chair; cʼétait la chaleur du petit être qui dormait sur ses genoux. (…)
“la vie, voyez-vous, ça nʼest jamais si bon ni si mauvais quʼon croit.” » (P. 278)

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